identifier
stringlengths 14
257
| collection
stringclasses 5
values | open_type
stringclasses 1
value | license
stringclasses 4
values | date
float64 1.9k
2.02k
⌀ | title
stringlengths 1
975
⌀ | creator
stringclasses 774
values | language
stringclasses 1
value | language_type
stringclasses 1
value | word_count
int64 2
312k
| token_count
int64 10
553k
| text
stringlengths 23
2.08M
| __index_level_0__
int64 0
57.3k
|
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
c290f8219da9453ae13aad383deb27b6_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,021
|
Intérêt de certaines essences secondaires locales pour la facture instrumentale. Séminaire Tecnomed "Mieux valoriser les essences secondaires à bois d'artisanat !", 2007, Montpellier, France. pp.31-38. ⟨hal-00546315⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 4,676
| 7,546
|
Intérêt de certaines essences secondaires locales pour la facture instrumentale Joseph Gril, Iris Brémaud
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés
Gril, J. & I. Brémaud (2007). Intérêt de certaines essences secondaires locales pour la facture instrumentale. In : Bois d’art des essences forestières secondaires: Un développement possible de leur valorisation? (CRPF - TECNOMED), 07 Juin 2007, Montpellier. M. Lagacherie (ed.). pp 31-38.
Introduction
Plusieurs essences secondaires croissant dans le Sud de la France ont été utilisées historiquement dans diverses branches d’artisanat. La fabrication d’instruments de musique est un artisanat d’art dans lequel les bois remplissent des fonctions multiples et fines et où ils sont particulièrement soigneusement choisis. Quelles sont aujourd’hui les pistes pour l’utilisation d’essences secondaires locales dans les instruments? On peut envisager la question dans une vue « technique » et acoustique, ainsi que « culturelle » d’après des usages avérés en facture, qu’ils soient historiques, actuels, et pour des instruments de différentes cultures musicales. De nombreuses essences de bois sont employées dans la fabrication des instruments de musique, surtout si l’on prend en compte les différentes parties d’instruments et leurs différentes familles (instruments à cordes, à vents, etc.). Selon ces parties et familles d’instruments, les bois employés remplissent différentes fonctions et leur emploi repose plutôt sur des qualités qui peuvent être « acoustiques », physiques, technologiques, visuelles (cf. Figure 1). En ce qui concerne les propriétés impliquées dans l’acoustique –et dans la tenue mécanique, on peut considérer un jeu minimum de propriétés entrant en compte : -la densité ; -le « module d’élasticité » (plus il est élevé, moins une pièce de bois se déformera sous un chargement donné) ; -le « module d’élasticité spécifique » : il s’agit du « module d’élasticité » divisé par la densité. La vitesse de propagation du son dans le bois, ainsi que les fréquences de résonance d’une pièce de bois, lui sont proportionnelles ; -« l’amortissement » : plus il est élevé, et plus vite une vibration « s’éteindra » dans une pièce de bois. La durée du son produit en dépend. -Enfin, ces 3 dernières propriétés sont très différentes selon qu’on utilisera une pièce de bois dans le sens du fil, ou bien « perpendiculaire au fil ». Cette différence selon la direction (ou « anisotropie ») est importante aussi, mais peu de données existent entre différentes essences.
INSTRUMENT Famille organologique PARTIES MATERIAU Cordophones Cordes *Frottées *Pincées *Frappées Table Caisse Manche Archets Densité Elasticité Amortissement Anisotropie Aérophones Anches Corps Stabilité Dureté Grain fin Idiophones Touches, corps Esthétique Membranophones Fût (classification du
corps vibrant) Propriétés: Aptitude à la mise en oeuvre
Figure 1: Vue schématique des propriétés physiques et technologiques des bois importantes selon les fonctions dans les instruments. Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat! min
On doit bien sûr ajouter à ces propriétés matérielles du bois d’autres impératifs évidents : -d’une part les dimensions et « qualités » que l’ont peut obtenir dans l’espèce (diamètre des billes, bois de droit fil –ou bien bois figurés dans certains cas, gammes de variations de densité, de propriétés techniques et acoustiques....). -d’autre part, la disponibilité de l’essence elle-même pour les luthiers et facteurs d’instruments, ainsi que l’existence de réseaux pour se procurer la matière première. Dans le cas de plusieurs essences précieuses tropicales traditionnellement employées pour certaines parties d’instruments, des problèmes d’approvisionnement sont à présent rencontrés. On pensera en premier lieu aux essences menacées d’extinction commerciale et à celles qui font l’objet de réglementations sur le commerce international, notamment les essences inclues dans les annexes de la CITES1. D’après ce que l’on connait à l’heure actuelle, ces bois tropicaux dits « précieux » présentent certaines qualités physiques et acoustiques –en plus de leur aspect esthétique- qui n’ont pas encore été retrouvées dans des essences de forêts tempérées. Par exemple, on compte plusieurs espèces utilisées dans les instruments qui ont des densités nettement supérieures à celle du Buis (probablement le bois le plus dense de nos régions). Parmi ces essences tropicales très lourdes, bon nombre ont également la particularité d’être très stables vis à vis des changements d’humidité. On trouve aussi dans ces bois tropicaux précieux des bois qui « amortissent » très peu les vibrations (c’est à dire qu’ils n’absorbent que très peu l’énergie des vibrations, permettent qu’un son dure longtemps et soit « brillant »...). Ceci dit, beaucoup d’essences secondaires tempérées ou Méditerranéennes n’ont pas encore été étudiées. Très peu de données existent sur leurs propriétés générales, et encore moins sur leurs propriétés acoustiques. Par ailleurs, de nombreux bois d’essences « Méditerranéennes » sont effectivement utilisés, soit de façon traditionnelle, soit à titre d’essais actuels, dans différents types d’instruments. Ces usages sont basés sur les savoir-faire des facteurs d’instruments et font appel à de solides connaissances empiriques, en adéquation avec ce qui est attendu de l’instrument construit. Avec en tête les deux aspects ci-dessus (essences Méditerranéennes effectivement utilisées mais dont la diffusion manque souvent de réseaux, et recherche de nouvelles essences pour certaines applications), nous listons dans cet article certains de ces usages de bois « locaux » en instruments de différentes cultures musicales. Puis résumons les données actuellement disponibles sur les propriétés acoustiques de base de ces essences. Exemples d’usages d’essences secondaires locales dans la fabrication d’instruments de musique
Nous présentons dans cette partie des utilisations dans des instruments de musiques traditionnelles (Françaises et du pourtour de la Méditerranée), de musiques anciennes Européennes, ainsi que quelques utilisations établies ou bien à tester dans des instruments de musique classique occidentale. Nous nous sommes basés sur la liste d’essences établie pour ce programme sur les essences secondaires locales par le CRPF Languedoc –Roussillon. Quelques essences supplémentaires (fruitières et ornementales rencontrées dans la région) qui pourraient aussi être intéressantes pour les instruments sont rajoutées en fin de section. D’assez nombreuses essences de la liste associée au projet « essences secondaires à bois d’artisanat » se retrouvent dans d’autres régions et pays Méditerranéens ou bien du Proche-Orient. A ce titre, il est intéressant de se pencher sur leurs usages dans les instruments traditionnels de ces régions. Grâce à une base de données relationnelle «Espèces de bois et instruments du 1 CITES = « Convention sur le Commerce International des Espèces Menacées ». Parmi les bois traditionnellement employés en facture d’instruments, on peut relever : Palissandre de Rio, Acajous de Cuba et du Brésil, le Santal Rouge pour les instruments d’Extrême-Orient.... Le Pernambouc des archets de violons classiques a été inclus dans l’annexe II en Juin 2007. En même temps que ce dernier bois, étaient proposés aussi le Cédro utilisé tant en guitares « Occidentales », que dans de nombreux instruments d’Amérique Latine, ainsi que le Palissandre du Honduras des xylophones et marimbas de concert, et le Cocobolo, un Palissandre d’Amérique Centrale employé en instruments à vents et dans certaines guitares.... Ces derniers n’ont pas été inclus en 2007, mais il est probable Figure 2: Fond de guitare Flamenca qu’ils soient à nouveau proposés dans les années qui viennent. D’autres en Cyprès (origine Languedoc). essences menacées pourraient aussi être proposées entre-temps. (Iris Brémaud). Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat! Séminaire Montpellier 7 juin 2007 33 Monde » que nous avons crée2, nous pouvons générer des listes d’usage en facture pour ces différentes espèces, comprenant : pays, instrument, partie d’instrument, fréquence d’utilisation, propriétés acoustiques le cas échéant. Une bonne proportion des informations ci-dessous ont aussi été fournies par des facteurs d’instruments Français (voir les Remerciements p38). 1. Instruments à cordes Bois employés pour les caisses de résonnance
Dans les instruments à cordes, le choix de bois le plus critique en termes de « sonorité » est celui de la table d’harmonie. En ce qui concerne la caisse de résonance (le fond et les côtés ou éclisses), l’influence du bois n’a pas été assez étudiée au niveau scientifique, mais les luthiers reconnaissent généralement une influence du bois utilisé sur le timbre et la projection sonore notamment. Les Érables : l’Érable sycomore (Acer pseudoplatanus) et aussi l’Érable plane (A. platanoides), principalement lorsque leur bois est ondé, sont les bois des caisses et manches de la famille du violon. Les provenances les plus appréciées et utilisées sont d’Europe Centrale (Bosnie, Slovaquie, Roumanie), mais les luthiers Italiens ont aussi utilisé des érables « de pays ». Les érables sont aussi utilisés dans certaines guitares (guitares Romantique du XIXème siècle, guitares « folk », mais aussi des guitares classiques contemporaines) ainsi que dans plusieurs instruments à cordes de musiques traditionnelles. Dans le cadre de ce programme sur les essences locales en LR, on peut se poser deux questions : 1) quelles sont les dimensions et « qualités de bois» pour la ressource en Languedoc-Roussillon? 2) Quelles sont les possibilités d’utilisations des autres espèces d’Acer (érable de Montpellier, érable champêtre, érable à feuille d’Obier...)? Le Cyprès méditerranéen (Cupressus sempervirens): C’est le bois traditionnel des caisses de résonance des guitares flamenca. Cet emploi nécessite d’assez grandes dimensions de bois aussi exempt de défaut et autant de droit-fil que possible (80cm de long pour les éclisses, au moins 20cm de large sur quartier pour le fond). L’If (Taxus baccata): Il a été historiquement très utilisé pour les côtes –qui constituent la caisse- des luths Européens, pour lesquelles l’alternance entre l’aubier couleur crème et le duramen orange-doré était extrêmement appréciée. Le luthier Hugo Cuvilliez l’a appliqué avec succès en caisse de résonance de guitare classique. Les difficultés de dimensions « sans défaut » ci-dessus sont particulièrement cruciales pour ce bois souvent tourmenté et noueux. Le Noyer commun (Juglans regia) : Ce bois est souvent utilisé pour les caisses de résonance de plusieurs instruments à cordes Méditerranéens (dont le ‘Ud). Le Noyer noir d’Amérique (Juglans nigra): Est employé en caisse de résonance de guitares « classiques » et « folk ». Pour le moment, il est surtout vendu comme tel aux USA ; d’autres espèces de Juglans sont aussi utilisées fréquemment au Mexique. Des « Fruitiers »: On peut relever pour les caisses de résonance des utilisations occasionnelles de Poirier (parfois de Pommier, mais ce bois à tendance à « tourmenter » d’où des problèmes de stabilité). De même pour le Merisier, et le « Cerisier d’Amérique » est proposé en fonds de guitares par des fournisseurs aux USA. Le Mûrier blanc (Morus alba): c’est le bois favori pour plusieurs instruments (non seulement pour la caisse mais surtout pour la table d’harmonie) du Moyen-Orient (ex.: Setar Iranien) au Japon (luth Biwa). L’obtention de pièces de bois de dimensions suffisantes et sans défauts n’est pas toujours évidente. On doit aussi remarquer que les critères musicaux et les modes de jeu de ces instruments sont très différents: à priori, les propriétés de ce bois ne sont pas applicables aux mêmes fonctions en Instruments Européens Bois utilisés pour d’autres parties d’instruments
If, Chêne vert, Cormier, Cornouiller: l’archetière Nelly Poidevin utilise ces bois dans des archets pour les musiques anciennes (avant l’époque Baroque, où les baguettes d’archets sont faites de bois très denses et très 2 Nous avons présenté cette base de données en Septembre 2007 : (Brémaud, I., Thibaut, B., Minato, K.,
2007
:
« A database linking woody species, vibrational properties, and uses in musical instruments of the world. » ISMA (International Symposium on Musical Acoustics) 2007. 9-12 September 2007. Barcelona, Spain.). Nous espérons rendre sa consultation accessible au public dans l’année à venir. M
ieux
valoriser
les essences second
aires à bois d’artisanat! Séminaire Montpellier 7 juin 2007 34
rigides provenant
d’
Amérique Latine). On doit remarquer que ces bois ne sont pas applicables aux archets classiques modernes: la structure de l’archet, les modes de jeu, et au premier chef en ce qui nous concerne ici, les propriétés mécaniques de ces bois sont très différentes du « standard » (Pernambouc) en archets classiques « modernes ».
Figure 3: Archets pour les musiques anciennes par Nelly Poidevin. A gauche : Différents modèles pour Vièles médiévales, en Chêne vert, If, Cormier, Cyprès (+ Charme & Cytise). A droite : Modèle XVIIè siècle d’archet de violon, en Cormier. Le Buis: employé pour des « Accessoires » du quatuor : cordiers, chevilles... (cf. accessoires haut de gamme « Bois d’harmonie » de Éric Fouilhé, Figure 4. NB : le Jujubier et le Cormier peuvent aussi être intéressants pour cette utilisation). Figure 4: Cordiers et chevilles de haut de gamme pour violon, en Buis (Eric Fouilhé, “Bois d’harmonie”)
2. Instruments à vent
C’est probablement pour les instruments à vents de musiques traditionnelles ou de musiques anciennes qu’on trouve les usages les plus fréquents et « vivaces » des essences secondaires locales citées : les informations ci-dessous n’en sont qu’un bref résumé. En parallèle, des essences tropicales sont aussi utilisées pour certains de ces instruments, mais nous ne les listons pas ici. Les clarinettes et hautbois « modernes » utilisent eux principalement le « Grenadille » (ou « ébène du Mozambique »), un bois Africain extrêmement lourd et stable. On peut signaler que dans le cas des instruments à vent, le rôle du bois est un peu sujet à controverse entre les acousticiens, et les facteurs et les musiciens qui reconnaissent généralement des différences de sonorité selon les bois employés. A priori, les différences de porosité du bois, et leur aptitude à obtenir un bon fini de la surface de la perce et à assurer la stabilité de la forme sont importantes pour le timbre et la justesse. Instruments de musiques anciennes3: Le Buis est très utilisé en instruments à vent, et ce depuis l’époque Romaine. Les instruments de musique de la Renaissance emploient beaucoup de Cerisiers, Pruniers, Poirier, Érable. Les modèles d’instruments plus tardifs, qui comportent un clétage plus important et des ornementations fines sont très souvent réalisés en Buis, pour sa dureté et la finesse de détails et d’état de surface qu’il permet. Les bassons sont généralement réalisés en Érable (y compris à l’heure
Figure 5: Cha
brett
e Limousine en Buis. (Gaëtan Pol
teau
). 3 Zadro, M. G., 1973: “Woods used for woodwind instruments since the 16th century-1”. Early Music, Vol. 3, pp.134-137. & Zadro, M. G., 1973: “Woods used for woodwind instruments since the 16th century-2: A descriptive dictionary of the principal woods mentioned”. Early Music, Vol3, pp. 249-251. Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat! Séminaire Montpellier 7 juin 2007 35 actuelle), parfois en Poirier, pour des raisons de dimensions et de poids de l’instrument.
Nota : Ces bois, adaptés aux modèles ci-dessus, sont à priori délicats à appliquer aux modèles actuels, par exemple, de clarinettes (en Grenadille), ne serait-ce que pour des raisons de résilience et de tenue d’un système de clefs complexe, ainsi que de stabilité. Instruments de musiques traditionnelles : Il existe en France un très grand nombre de types de cornemuses, et leur fabrication comme leur pratique sont actuellement très dynamiques. Ce paragraphe n’est qu’un résumé4 des essences (hors bois tropicaux) employées dans ces cornemuses françaises. De façon générale, sont recherchées des bois denses (densité 0,8 ou plus), au « grain » très serré, pour obtenir un son « brillant ». Le Buis est, parmi les essences tempérées, le bois le plus prisé pour les différentes cornemuses (celles des Landes, du Languedoc, du Limousin -Figure 5, de Vendée, Bretagne, du Centre...). Ceci en raison de la précision d’usinage qu’il permet et du son « brillant » des hautbois (« tuyau » mélodique) de cornemuses faits en ce bois. Les difficultés rencontrées sont liées aux dimensions disponibles (il est ainsi moins souvent utilisé pour les cornemuses de grande taille) et à des aspects de stabilité (problèmes de gauchissement des pièces), ainsi qu’à l’approvisionnement (peu de réseaux, difficultés d’obtention de bois bien sec) et aux prix. Dans le cas des cornemuses du Centre, déclinées en plusieurs tessitures et donc tailles, d’autres essences « locales » sont aussi beaucoup utilisées. Le Cormier est très utilisé actuellement. Il donnerait un son un peu plus « mat » que le buis mais permet de plus grandes dimensions ; il est aussi employé dans des instruments d’étude. Le Poirier est utilisé de même (son un peu plus brillant que le cormier?) mais présente souvent de plus petites dimensions utilisables; idem pour le Pommier mais ce bois généralement tourmenté pose des problèmes de stabilité et d’usinage. Le Prunier semble avoir été très important historiquement et connaît actuellement un regain d’intérêt, malgré des réserves concernant les fentes de séchage et donc la perte de matière utilisable. L’Érable est employé pour les boîtiers.
Figure 6: Caisse de luth
Les « hautbois » traditionnels (tels bombardes, hautbois du Languedoc et Catalans), et Renaissance avec côtes en les flûtes traditionnelles, emploient fréquemment le Buis, l’Olivier, ainsi que d’autres Prunier. (Iris Brémaud). bois de la liste présentée (et pour certains des bois tropicaux que nous ne citons pas ici). Les instruments à vent du Moyen-Orient emploient souvent, en plus, l’Abricotier, l’Olivier, le Noyer....
3. Instruments « à percussion » (à membrane ou à corps vibrant)
Dans l’ensemble, nous connaissons pour le moment moins d’informations pour ce qui concerne les bois « locaux ». « Idiophones » : Ce terme désigne les instruments où c’est la pièce de bois elle-même qui est directement mise en vibration, tels que les xylophones. Les propriétés acoustiques du bois sont dans ce cas primordiales dans la sonorité de l’instrument. Les bois doivent aussi être durs et résister aux percussions – il s’ agit donc de bois denses, la dureté étant corrélée à la densité. « Xylophones » & percussions à clavier : ces instruments ont été introduits assez récemment –XIXème siècledans les musiques occidentales (à l’exception du Txalaparta Basque), et sont intimement associés à des essences tropicales. Des tests ont montré que leur « qualité sonore » était reliée en tout premier lieu à des bois qui amortissent exceptionnellement peu les vibrations. En contraste, la plupart des bois tempérés testés pour cette utilisation5 amortissaient trop le son; le Cerisier étant le « moins mauvais » mais toujours très différent. 4 Ces informations sont résumées de communications personnelles de Fabrice Lenormand et
de Gaëtan Pol
teau
.
Holz, D. (1996). "Acoustically important properties of xylophone-bar materials: can tropical woods be replaced by European species?" Acustica united with Acta Acustica 82: pp.878-884. & Holz, D. (1996). "tropical hardwoods used in musical instruments - can we substitute them by temperate zone species?" Holzforshung 50(2): pp.121-129. 5 Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat! Séminaire
Montpellier 7
juin 2007
Cependant, des essais concluants ont été obtenus pour l’utilisation du Robinier en grand xylophone à résonateurs. Petites percussions « idiophones »: Il peut s’agir de « Castagnettes », etc. Le Buis semble être assez souvent utilisé. Il l’est aussi pour des cuillères musicales en Buis (avec traitement thermique) en Turquie « Membranophones » ou « tambours » Nous n’avons pas encore récolté assez d’informations pour les « tambours ». Pour des instruments du MoyenOrient, on retrouve comme essences utilisées pour les fûts : Mûrier, Noyer, Abricotier, pour les tambours « en gobelet » (bois sculpté). Pour les tambours « sur cadre » (bois cintré), les Saules, le Noyer, sont souvent cités. 4. Quelques espèces supplémentaires qui pourraient être intéressantes... En plus des essences de la liste d’essences secondaires locales proposée par le CRPF LR, quelques autres essences rencontrées à relativement petite échelle dans la région fournissent des bois qu’il serait intéressant de collecter et diffuser. Il peut s’agir d’essences secondaires, ou bien de « fruitiers cultivés », ou encore d’espèces ornementales. Les Pruniers : leur bois est souvent utilisé en instruments à vent de musique ancienne et dans les cornemuses Françaises. Ils peuvent aussi avoir des utilisations pour certaines parties d’instruments à cordes (dont côtes de luth Renaissance, Figure 6). L’Abricotier : ce fruitier originaire du Moyen-Orient fournit un bois qui est souvent utilisé dans sa région d’origine pour des corps d’instruments à vent (c’est le bois du hautbois Duduk d’Arménie), mais aussi pour différentes parties d’instruments à cordes Moyen-Orientaux. Le Cytise (Laburnum, 2 espèces). Ce bois dense et dur, souvent finement veiné et dont le bois de cœur peut être de brun-vert à presque noir, a été utilisé dans différents artisanats, ainsi que dans la facture de cornemuses semble t’il. L’archetière Nelly Poidevin l’a utilisé pour des baguettes d’archets pour musiques anciennes, mais également –avec succès- en archet « moderne » de contrebasse. Il est très probable que cette essence au bois « atypique » pour nos régions puisse rencontrer plusieurs usages intéressants en facture instrumentale, ainsi que dans d’autres artisanats d’art. Le Jujubier (Ziziphus spp.): il peut être utilisé en « accessoires » ; Figure 7: Archet de contrebasse en Cytise il a également eu plusieurs usages historiques en facture par Nelly Poidevin (ensemble & d de instrumentale et en sculpture en Europe du Sud et au Moyen la tête) Orient. Ce fruitier est cependant plus répandu (une autre variété) en Espagne, semble t’il. Le Charme (Carpinus betulus): il a différents usages en: mécanique de piano; archets anciens; ornementation; côtes de luth (pour son aspect clair utilisé comme substitut de côtes en ivoire d’instruments anciens). L’Oranger des Osages (Maclura pommifera) : Le bois de cette essence, originaire d’Amérique du Nord et cultivée à titre ornemental, suscite apparemment l’intérêt de différents artisans (en Amérique ou en Europe), entre autre du fait qu’il ait traditionnellement été utilisé comme bois d’arcs par les Amérindiens. Il serait intéressant de mieux connaître ce bois. Le Plaqueminier ou Kaki (Diospyros kaki): cet arbre originaire du Japon, du genre des ébènes, est assez souvent planté comme fruitier et/ou ornemental. Son bois de cœur peut être veiné de noir et rencontre d’assez nombreux usages dans les artisanats d’art Japonais. Il pourrait être intéressant de le collecter, ne serait-ce qu’en vue d’utilisations « décoratives ». Que connait-on des propriétés acoustiques d’essences « Méditerranéennes »? Dans le cas des instruments de musique classique Occidentale, on peut parler d’un certain nombre de bois « archétypes » pour une fonction donnée dans les instruments. Les propriétés « acoustiques » élémentaires de ces bois (pour les instruments à cordes et les xylophones de concert) sont présentées sur la Figure 8. Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat!
Séminaire Montpellier 7 juin 2007 37 amplitude 15 temps Érable ondé Tan G faible Bois « normaux » Épicéa Palissandre Indien Palissandre de Rio Pernambouc Red cedar Palissandre du Honduras amplitude Coefficient d'amortissement tanG Tan G élevé 3 14 Module d’élasticité spécifique E/U (GPa)
30 E/U faible E/U élevé fréquence Figure 8: Comparaison des propriétés acoustiques élémentaires de bois représentatifs dans la fabrication d’instruments de musique classique Occidentale. La courbe de « bois normaux » correspond à ce qu’on peut attendre, statistiquement, pour des bois commerciaux « moyens » (Résineux & Feuillus mélangés). On peut constater que des essences tropicales favorites (et dont l’approvisionnement est à présent problématique) amortissent beaucoup moins les vibrations que ces « bois normaux ». Ceci montre aussi qu’on peut s’attendre à d’importantes variations de ce paramètre d’amortissement selon les essences considérées. Qu’en est-il pour des essences tempérées ou des essences « Méditerranéennes », et pour les essences secondaires locales considérées dans ce programme? Nous avons comparées les propriétés acoustiques ci-dessus (amortissement et module d’élasticité spécifique) pour 330 espèces. Il en ressortait que, en moyenne, les feuillus tropicaux –pris comme un ensemble- présentent des amortissements plus faibles que les feuillus tempérés. En séparant les essences, on retrouve effectivement des bois tropicaux ayant des modules spécifiques nettement plus élevés, et des amortissements plus faibles, que ce qui est relevé pour les feuillus tempérés étudiés jusqu’ici. Cependant, les ensembles se chevauchent en grande partie. En ce qui concerne les essences secondaires locales listées par le CRPF-Languedoc Roussillon, sur 48 espèces citées, des données « acoustiques » ne sont disponibles que pour 12 d’entre elles. Ces données sont présentées sur la Figure 9, avec les étendues de variations correspondant aux différentes essences.
Figure 9: Gammes de variations de module d’élasticité spécifique et d’amortissement pour les essences listées dans le programme du CRPF pour lesquelles des données ont pu être trouvées. Nota : Quelques Prunus spp. et Acer spp. (= érables) supplémentaires ont été inclus. «Nuage » en gris
: 330 espèces de bois (Résineux et Feuillus, tempérés et tropicaux) [Brémaud et al 2007]. Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat! Séminaire
D’après ces quelques données existantes, on peut remarquer que ces essences recouvrent déjà une bonne part des propriétés de bois de différentes régions. Evidemment, pour caractériser une utilisation de ces bois, on devra aussi prendre en compte d’autres propriétés : densité, stabilité, aptitude à l’usinage, etc. Cependant, dans un premier temps, on peut observer que, parmi les quelques essences « locales » pour lesquelles on a des données, on peut retrouver des bois peu amortissants (certaines qualités de Mûrier, de Prunus, et surtout le Robinier. Ces données sont bien sûr lacunaires, et il serait très intéressant de mener des caractérisations physiques et acoustiques plus poussées de ces bois, qu’on pourrait ensuite tenter de mieux relier à leurs utilisations effectives ou potentielles en facture d’instruments de musique.
Conclusion & perspectives
Une bonne proportion de la liste « Essences secondaires locales à bois d’artisanat » peuvent rencontrer des usages en facture d’instruments, notamment dans les instruments de musiques traditionnelles (de France, de Méditerranée, mais aussi d’autres espèces des mêmes genres botaniques dans le Monde) et les instruments de musiques anciennes. Il serait intéressant d’évaluer les possibilités d’application à des instruments « classiques » de modèles modernes. L’utilisation de ces essences en facture instrumentale concerne des applications en relativement petites quantités, mais il s’agit de bois recherchés et d’une branche « valorisante » pour les bois. Ces deux aspects semblent en adéquation avec la problématique des essences secondaires. Par ailleurs, l’approvisionnement n’est pas toujours simple pour les facteurs, notamment de fait du manque de réseaux existants pour ces essences. Cette branche d’application a aussi des besoins « spécifiques »: bois sans défauts et de droit fil (exceptions: bois figurés/ondés), dimensions appropriées, idéalement bois suffisamment secs... Dans une optique plus scientifique, dans l’ensemble les propriétés acoustiques (voire même technologiques) de ces bois n’ont été que peu ou pas étudiées : il serait très intéressant de mener des caractérisations. Cela pourrait aider d’une part à mieux comprendre les usages actuellement rencontrés, et mieux choisir les bois dans l’essence, et d’autre part on peut envisager que certaines espèces mal connues puissent être utilisées en parallèle d’essences menacées ou d’approvisionnement difficile, par exemple tropicales. Par ailleurs, dans le cas de propriétés acoustiques différentes de « standards » (tropicaux et/ou tempérés), on peut envisager des applications à d’autres styles musicaux et/ou à une diversification des sonorités. Concernant l’aspect de caractérisation des essences considérées, nous serions heureux de communiquer sur la question avec les différents acteurs potentiellement intéressés (contact : [email protected]).
Remerciements
Nous tenons à remercier très chaleureusement les luthiers et musiciens nous ayant fournit des informations sur les utilisations des essences citées dans la liste du CRPF Languedoc-Roussillon : x Nelly Poidevin, archetière, spécialisée en archets pour les musiques anciennes (22100 Dinan, http://www.archets-poidevin.com/); x Hugo Cuvilliez, luthier en guitares (26740 Marsanne) ; x Eric Fouilhé, fabriquant d’accessoires haut de gamme pour le quatuor (26400 Allex, http://www.harmonie.net/): x Gaëtan Polteau, facteur de chabrettes limousines (33670 Blesignac) ; x Fabrice Lenormand, musicien de cornemuses (« Cornemuses du Centre » et plus!), membre de l’association Les Brayauds (63200 St Bonnet près Riom). x Nicolas Gilles, luthier du qua
tuor (34000 Montpellier, http://www.luthier-gilles.com/) Contacts : Joseph Gril « Mécanique de l’Arbre et du Bois », Laboratoire de Mécanique et Génie Civil (LMGC), CNRS - Université Montpellier II. E-mail : [email protected] Iris Brémaud (Anciennement au LMGC&CIRAD) « Laboratoire des Matériaux Bois », Faculté d’Agriculture, Université de la Préfecture de Kyoto, JAPON. E-mail : [email protected]
Mieux valoriser les essences secondaires à bois d’artisanat! Séminaire Montpellier 7 juin 2007.
| 10,590
|
6464f7ceb13a90da714e0ec8e2f10d3c_5
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,013
|
Pourcentage de diplômés de l'enseignement tertiaire dans la population et différence de pourcentage de diplômés de ce niveau d'enseignement entre les 25-34 ans et les 55-64 ans (2011)
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,917
| 12,656
|
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932867381
Contexte
Les taux d’obtention d’un diplôme de fin d’études tertiaires montrent la capacité des pays à
former une main-d’œuvre qui se distingue par des savoirs et savoir-faire spécialisés de haut
niveau. Dans les pays de l’OCDE, il est très motivant de faire des études tertiaires, notamment
car un diplôme de ce niveau d’enseignement améliore les perspectives de revenu et d’emploi (voir
les indicateurs A5 et A6). La structure et l’étendue de l’enseignement tertiaire varient beaucoup
selon les pays. Le taux d’obtention d’un diplôme de ce niveau d’enseignement dépend semble-t-il
à la fois de l’accessibilité de ces formations, de la flexibilité des parcours et de l’élévation du niveau
de qualification demandé sur le marché du travail. L’accroissement des taux de scolarisation et de
la qualité de l’enseignement tertiaire est vital pour les économies de la connaissance, mais c’est
un objectif encore plus difficile à réaliser en temps d’austérité budgétaire.
56
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
L’accès à l’enseignement tertiaire s’est développé de façon spectaculaire au cours des dernières
décennies, et de nouveaux types d’établissements, d’offres et de modes d’enseignement ont fait leur
apparition (OCDE, 2008). En parallèle, les effectifs d’étudiants se caractérisent par une diversité
de plus en plus grande, car des groupes traditionnellement exclus de ce niveau d’enseignement
y accèdent désormais, des individus plus âgés cherchent à actualiser leurs qualifications pour
réussir sur un marché du travail plus concurrentiel, et les titulaires d’un premier diplôme tentent
d’en obtenir un deuxième.
Indicateur A3
Autres faits marquants
• Les femmes sont majoritaires parmi les diplômés de tous les niveaux d’enseignement tertiaire,
sauf dans les programmes de recherche de haut niveau. Sur la base des conditions actuelles
d’obtention d’un diplôme, on estime que parmi les jeunes adultes d’aujourd’hui, en moyenne
48 % des femmes et 32 % des hommes dans les pays de l’OCDE termineront une formation
tertiaire de type A au cours de leur vie.
• En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 1.6 % des jeunes adultes devraient mener à bien un
programme de recherche de haut niveau.
• Les étudiants en mobilité internationale représentent un pourcentage non négligeable
des diplômés de l’enseignement tertiaire dans un certain nombre de pays, notamment en
Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni.
Tendances
Dans les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, les taux d’obtention d’un diplôme
tertiaire de type A ont progressé de 20 points de pourcentage, en moyenne, au cours des 16 dernières
années, tandis que les taux d’obtention d’un diplôme tertiaire de type B sont restés stables. Les
doctorats ne représentent qu’une petite partie des formations de l’enseignement tertiaire, mais
le taux d’obtention de ce titre a doublé ces 16 dernières années.
Remarque
Le taux d’obtention d’un diplôme correspond à l’estimation du pourcentage d’individus d’une
cohorte d’âge qui obtiendront ce diplôme au cours de leur vie. Cette estimation est basée sur
le nombre d’individus qui ont obtenu leur diplôme en 2011 et sur la pyramide des âges dans ce
groupe. Comme les taux d’obtention d’un diplôme sont calculés sur la base des taux actuels, ils
sont sensibles à tout changement instauré dans le système d’éducation, par exemple la création
de nouvelles formations et l’allongement ou le raccourcissement de la durée des formations,
comme ceux qui s’observent dans le cadre de la mise en œuvre du processus de Bologne.
Dans cet indicateur, l’âge de 30 ans est considéré comme la limite supérieure de la plage d’âge
typique d’obtention d’un premier diplôme à l’issue d’une formation tertiaire de type A ou B. L’âge
de 35 ans est la limite supérieure de la plage d’âge typique d’obtention d’un titre sanctionnant un
programme de recherche de haut niveau.
La distinction entre les diplômes délivrés à l’issue d’une première et d’une deuxième formation
universitaire est explicite dans de nombreux pays (où ces études sont organisées en cycles). Dans
certains pays, toutefois, des diplômes équivalents à un mastère dans une optique internationale
sont délivrés à l’issue d’une seule formation de longue durée. Dans cet indicateur, les chiffres
portent sur l’obtention d’un premier diplôme – sauf mention contraire – pour permettre des
comparaisons précises.
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
57
chapitre A
Analyse
Sur la base des conditions d’obtention d’un diplôme observées en 2011, on estime que 40 % des jeunes adultes
termineront une première formation tertiaire de type A au cours de leur vie, en moyenne, dans les 28 pays de
l’OCDE dont les données sont comparables. Ce pourcentage est inférieur à 25 % en Arabie saoudite, au Chili,
au Mexique et en Turquie, mais égal ou supérieur à 50 % en Australie, au Danemark, en Islande, en NouvelleZélande, en Pologne et au Royaume-Uni (voir le graphique A3.2).
Arabie saoudite
Mexique
Turquie
Chili
Allemagne3
Espagne
Italie2
Suisse
Autriche
Canada1
Slovénie
États-Unis
Moyenne OCDE
Portugal
Israël
Suède
Rép. tchèque
Pays-Bas
Irlande2
Japon
Norvège
Formations tertiaires de type B (1995)
Rép. slovaque
Formations tertiaires de type B (2011)
Formations tertiaires de type A (1995)
Finlande
Danemark
Australie1, 2
Nouvelle-Zélande
Royaume-Uni2
70
60
50
40
30
20
10
0
Pologne2
%
Formations tertiaires de type A (2011)
Hongrie
Graphique A3.2. Taux d’obtention d’un premier diplôme à l’issue de formations tertiaires
de type A et de type B (1995 et 2011)
Islande1
A3
Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage
1. Année de référence : 2010 (et non 2011).
2. Année de référence : 2000 (et non 1995).
3. Rupture des séries chronologiques entre 2008 et 2009 en raison d’une réaffectation partielle des programmes professionnels dans les catégories
CITE 2 et CITE 5B.
Les pays sont classés par ordre décroissant du taux d’obtention d’un premier diplôme à l’issue d’une formation tertiaire de type A en 2011.
Source : OCDE. Données relatives à l’Arabie saoudite : Observatoire de l’enseignement supérieur. Tableau A3.2a. Voir les notes à l’annexe 3
(www.oecd.org/edu/rse.htm).
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932867400
Ces formations sont largement théoriques et sont conçues pour préparer les étudiants à suivre un programme
de recherche de haut niveau ou à exercer des professions exigeant un degré élevé de connaissances et de
compétences. Elles sont le plus souvent dispensées dans des universités.
Sur la base des conditions d’obtention d’un diplôme observées en 2011, on estime que dans les pays de
l’OCDE, en moyenne, 39 % des jeunes termineront avec succès une première formation tertiaire de type A
(sanctionnée par un diplôme souvent dit de « licence ») et 17 %, une deuxième formation tertiaire de type A
(sanctionnée par un diplôme souvent dit de « mastère »). Le taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une
première formation est égal ou supérieur à 50 % en Australie, au Danemark, en Fédération de Russie, en
Islande, en Nouvelle-Zélande et en Pologne, mais inférieur ou égal à 25 % en Afrique du Sud, en Arabie
saoudite, en Argentine, en Belgique, au Chili, en Chine, en Estonie, en Grèce, en Indonésie, au Mexique et en
Turquie. En Belgique et en Chine, ces taux peu élevés sont compensés par des taux plus élevés d’obtention
d’un diplôme à l’issue d’une première formation tertiaire de type B. En Chine, 16 % des jeunes d’aujourd’hui
devraient terminer une première formation tertiaire de type A et 19 %, une première formation tertiaire
de type B au cours de leur vie. Le taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une deuxième formation est
égal ou supérieur à 25 % en Belgique, en Pologne, en République slovaque, en République tchèque et au
Royaume‑Uni. Ces formations se sont fortement développées sous l’effet de la mise en œuvre du processus
de Bologne (voir le tableau A3.1a).
58
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Combien d’étudiants termineront leurs études tertiaires ? – Indicateur A3
chapitre A
Les formations tertiaires à vocation professionnelle (enseignement tertiaire de type B) de moins longue durée
permettent également de faire face au développement rapide de la demande de formations universitaires
enregistré au cours des dernières décennies. En 2011, les taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une formation
tertiaire de type B s’établissaient à 11 %, en moyenne, dans les 26 pays de l’OCDE dont les données sont
comparables ; ce pourcentage était de 13 % chez les femmes, contre 10 % chez les hommes. Ces formations se
classent au même niveau d’enseignement que les formations plus théoriques de type A, mais sont souvent plus
courtes (de l’ordre de deux à trois ans). Elles ne préparent généralement pas à l’obtention d’autres diplômes
universitaires, mais visent à enseigner aux étudiants des compétences qu’ils pourront valoriser directement
sur le marché du travail. Elles répondent aussi aux besoins de compétences spécifiques des employeurs (voir le
tableau A3.1a).
Données tendancielles
Entre 1995 et 2011, les taux d’obtention d’un diplôme tertiaire de type A ont augmenté dans tous les pays
dont les données sont comparables. Ils ont progressé à un rythme particulièrement élevé entre 1995 et 2005,
puis se sont stabilisés. Ces quatre dernières années, ils sont restés relativement stables, aux alentours de 39 %.
Depuis 1995 ou la première année pour laquelle les données sont disponibles, les taux prévus d’obtention
d’un diplôme de l’enseignement tertiaire ont augmenté de 20 points de pourcentage au moins en Autriche, au
Danemark, en Finlande, en Pologne, au Portugal, en République slovaque, en République tchèque et en Suisse
(voir le tableau A3.2a).
Graphique A3.3. Taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une formation tertiaire de type A,
avec inclusion ou non des étudiants en mobilité internationale, selon l’âge (2011)
Arabie saoudite3
Mexique2
Turquie2, 3
Chili
Hongrie2
Espagne2
Italie2
Suisse2
Allemagne
Arabie saoudite3
Chili
Allemagne
Canada
Autriche
À l’exclusion des étudiants
en mobilité internationale ≥ 30 ans
1
Slovénie
Portugal
Suède
Autriche
Canada1
Slovénie
États-Unis2, 3
Portugal
Israël2
Moyenne OCDE
Rép. tchèque1
Suède
Pays-Bas
Irlande
Irlande
Japon
3
Rép. slovaque
Australie
1
Danemark
Nouvelle-Zélande
Pologne
Islande1
Total dont ≥ 30 ans
À l’exclusion des étudiants
en mobilité internationale < 30 ans
Pays-Bas
Japon3
Rép. slovaque
Finlande2
Australie1
Danemark
Nouvelle-Zélande
Royaume-Uni2
Pologne
Islande1
Total dont < 30 ans
Total à l’exclusion des étudiants
en mobilité internationale
%
70
60
50
40
30
20
10
0
Norvège2
Total
%
70
60
50
40
30
20
10
0
Remarque : seuls les titulaires d’un premier diplôme à l’issue d’une formation tertiaire de type A sont pris en compte dans ce graphique.
1. Année de référence : 2010.
2. Les données relatives aux taux d’obtention des diplômes des étudiants en mobilité internationale ne sont pas disponibles.
3. Les données relatives aux taux d’obtention des diplômes ventilées par âge ne sont pas disponibles.
Les pays sont classés par ordre décroissant du taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une formation tertiaire de type A, tous étudiants confondus, en 2011.
Source : OCDE. Données relatives à l’Arabie saoudite : Observatoire de l’enseignement supérieur. Tableaux A3.1a et b.
Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932867419
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
59
A3
chapitre A
A3
Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage
Sous l’effet de la poursuite de l’harmonisation de l’enseignement supérieur dans les pays concernés par le
processus de Bologne et d’une préférence générale pour les formations de trois ans au détriment des
formations plus longues, certains pays ont enregistré une progression rapide de leurs taux d’obtention d’un
diplôme. Les taux d’obtention d’un diplôme ont, par exemple, fortement augmenté entre 2004 et 2007 en
République tchèque, et entre 2007 et 2008 en Finlande et en République slovaque, avec la mise en œuvre du
processus de Bologne.
Dans l’enseignement tertiaire de type B, les tendances varient entre 1995 et 2011, même si le taux moyen
d’obtention d’un diplôme calculé à l’échelle des pays de l’OCDE est resté stable. L’Espagne doit, par exemple, la
forte augmentation de son taux d’obtention d’un diplôme tertiaire de type B durant cette période à la création
de formations à vocation professionnelle de haut niveau. À l’inverse, la Finlande supprime progressivement les
formations tertiaires de type B, ce qui explique la baisse très sensible du pourcentage de diplômés de ce niveau
d’enseignement au profit de l’enseignement tertiaire plus théorique (voir le graphique A3.2).
Les données tendancielles par sexe montrent que les taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une formation
tertiaire de type A ont particulièrement augmenté chez les femmes dans plusieurs pays de l’OCDE, en
particulier en République slovaque, en République tchèque et en Slovénie, où la progression enregistrée entre
2005 et 2011 représente au moins 25 points de pourcentage. Les taux masculins ont également progressé dans
ces pays, mais dans une mesure nettement moindre (voir le tableau A3.2b, en ligne).
Taux d’obtention d’un diplôme en deçà de l’âge typique
Dans les pays de l’OCDE, l’âge d’obtention du premier diplôme de l’enseignement tertiaire est de 27 ans, en
moyenne, mais il varie fortement entre les pays. Les étudiants sont diplômés avant leur 25e anniversaire en
Indonésie et au Royaume-Uni, mais juste après leur 29e anniversaire au Brésil, en Finlande, en Islande, en
Israël et en Suède (voir le graphique A3.1).
Le pourcentage de jeunes adultes qui terminent avec succès une formation tertiaire varie selon les pays, comme
l’âge auquel ils obtiennent leur diplôme. Dans certains pays, un pourcentage important de diplômés sont plus
âgés. Les différences d’âge entre les diplômés peuvent s’expliquer par des facteurs structurels, notamment l’âge
d’obtention du diplôme de fin d’études secondaires, la durée des formations tertiaires ou le service militaire
obligatoire. Elles peuvent aussi être imputables à des facteurs économiques, tels que le manque d’aides
financières, les difficultés pour combiner études et travail, ou l’existence de mesures visant à encourager ceux
qui ont déjà une expérience professionnelle à entamer des études tertiaires et à améliorer leurs compétences ou
à en acquérir de nouvelles. Dans la conjoncture économique actuelle, des jeunes adultes ont préféré poursuivre
leurs études, au lieu de s’aventurer sur un marché du travail instable (voir l’indicateur C3). Le fait que ces
femmes et ces hommes entrent plus tardivement dans la vie active a des répercussions économiques dont
les décideurs politiques devraient tenir compte, notamment l’augmentation des dépenses par étudiant et le
manque à gagner fiscal résultant de leur carrière professionnelle plus courte.
Moins d’un tiers des jeunes adultes devraient réussir une formation tertiaire de type A avant l’âge de 30 ans ;
leur pourcentage est égal ou supérieur à 40 % en Australie, au Danemark, en Pologne et au Royaume-Uni, mais
ne représente pas plus de 20 % au Chili et au Mexique (voir le graphique A3.3).
Taux d’obtention d’un diplôme abstraction faite des étudiants en mobilité internationale
Les étudiants sont déclarés « en mobilité internationale » s’ils ont quitté leur pays d’origine pour se rendre
dans un autre pays dans l’intention spécifique d’y suivre des études. Ces étudiants ont un impact important
sur les estimations de taux d’obtention d’un diplôme, et ce, pour diverses raisons. Les étudiants en mobilité
internationale sont, par définition, classés parmi les individus qui obtiennent un premier diplôme, quel que
soit leur parcours antérieur dans d’autres pays (un étudiant en mobilité internationale qui termine avec
succès une deuxième formation sera considéré comme diplômé à l’issue d’une première formation). De plus,
comme ils se sont rendus à l’étranger dans l’intention de poursuivre leurs études et pas nécessairement d’y
travailler et de s’y installer, ils peuvent augmenter le nombre absolu de diplômés dans la population. Dans les
pays qui accueillent beaucoup d’étudiants en mobilité internationale, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande
60
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Combien d’étudiants termineront leurs études tertiaires ? – Indicateur A3
chapitre A
et le Royaume-Uni, les taux d’obtention d’un diplôme sont donc artificiellement gonflés. Ainsi, lorsque les
étudiants en mobilité internationale sont exclus des analyses, le taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une
première formation tertiaire de type A diminue de 16 points de pourcentage en Australie et de 10 points de
pourcentage en Nouvelle-Zélande, et le taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’une première formation
tertiaire de type B diminue de 8 points de pourcentage en Nouvelle-Zélande (voir le tableau A3.1a).
La contribution des étudiants en mobilité internationale est également sensible dans le premier cycle (sanctionné
par un diplôme de licence) de l’enseignement tertiaire de type A. En Australie, en Autriche, en Nouvelle‑Zélande,
au Royaume-Uni et en Suisse, 10 % au moins des diplômés à l’issue d’une première formation tertiaire sont des
étudiants en mobilité internationale. L’impact des étudiants en mobilité internationale sur les taux d’obtention
d’un diplôme à l’issue d’une deuxième formation (sanctionnée par un diplôme de mastère) tend à être encore
plus important. Les taux d’obtention d’un diplôme diminuent de 13 points de pourcentage en Australie et
de 12 points de pourcentage au Royaume-Uni si les étudiants en mobilité internationale sont exclus (voir le
graphique A3.3).
Taux d’obtention d’un diplôme à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau
Les titulaires d’un titre équivalent au doctorat sont ceux qui ont atteint le niveau d’enseignement le plus élevé.
Dans l’hypothèse du maintien des taux d’obtention d’un diplôme à leur niveau de 2011, en moyenne, dans les
pays de l’OCDE, 1.6 % des jeunes adultes devraient obtenir un titre sanctionnant un programme de recherche
de haut niveau, contre 1.0 % en 2000. Les taux d’obtention d’un titre à l’issue d’un programme de recherche
de haut niveau ont le plus progressé au Danemark, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en République slovaque
et au Royaume-Uni, où ils ont augmenté de 1 point de pourcentage au moins entre 2000 et 2011 (voir le
tableau A3.2c, en ligne). En Chine, le taux calculé sur la base des chiffres de 2011 (2.2 %) est supérieur à la
moyenne de l’OCDE (voir le tableau A3.1a).
À ce niveau d’enseignement, le taux d’obtention d’un diplôme est moins élevé chez les femmes (1.5 %) que
chez les hommes (1.7 %). C’est le cas dans tous les pays, sauf en Arabie saoudite, en Argentine, en Estonie,
aux États-Unis, en Finlande, en Israël, en Italie, en Pologne, au Portugal et en République slovaque, où le
pourcentage de femmes qui devraient obtenir un titre à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau
est supérieur au pourcentage d’hommes (voir le tableau A3.1a).
Certains pays s’emploient à attirer des étudiants en mobilité internationale à ce niveau d’enseignement.
Les taux élevés (supérieurs à 2.5 %) d’obtention d’un diplôme qui s’observent à ce niveau d’enseignement en
Allemagne, en Finlande, en Suède et en Suisse s’expliquent, par exemple, en partie par le grand nombre de
doctorants en mobilité internationale (voir le tableau A3.1a). Les taux d’obtention d’un diplôme diminuent
de 0.3 point de pourcentage en Finlande et de 1.6 point de pourcentage en Suisse si les étudiants en mobilité
internationale sont exclus.
En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les individus sont âgés de 35 ans lorsqu’ils obtiennent un titre
sanctionnant un programme de recherche de haut niveau. Toutefois, cet âge moyen varie de 32 ans en Italie
et aux Pays-Bas (et de 26 ans en Indonésie), à 38 ans, voire davantage, au Brésil, en Corée, en Finlande, en
Norvège, en Nouvelle-Zélande et au Portugal (voir le tableau A3.1a).
Différences de domaines d’études entre les sexes
La répartition des diplômés entre les domaines d’études dépend de la popularité relative des domaines
d’études auprès des étudiants, de la capacité d’accueil des universités et des établissements équivalents, et de
la structure, propre à chaque pays, de délivrance des diplômes dans les diverses disciplines.
Les femmes sont plus nombreuses parmi les diplômés dans le domaine de l’éducation : elles représentent au
moins 70 % des diplômés de l’enseignement tertiaire (type A et programmes de recherche de haut niveau) dans
ce domaine dans tous les pays, sauf en Arabie saoudite (66 %), au Japon (60 %) et en Turquie (57 %). Elles sont
également surreprésentées parmi les diplômés qui ont suivi une formation en rapport avec la santé et le secteur
social : en moyenne, les diplômés de ces domaines sont pour 75 % des femmes (voir le tableau A3.3, en ligne).
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
61
A3
chapitre A
A3
Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage
Par contraste, les femmes représentent au plus un tiers des diplômés dans le domaine de l’ingénierie, de la
production et de la construction dans tous les pays, sauf en Argentine, en Estonie, en Islande, en Italie, en
Pologne et en Slovénie. La situation n’a que peu évolué depuis 2000, en dépit des nombreuses initiatives qui
ont été prises pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes dans les pays de l’OCDE et de l’Union
européenne. En 2000, par exemple, l’Union européenne s’est fixé l’objectif d’accroître le nombre de diplômés
de l’enseignement tertiaire de type A en mathématiques, en sciences et en technologie d’au moins 15 % à
l’horizon 2010 et de réduire l’écart entre les sexes dans ces matières. Les progrès accomplis en ce sens restent
toutefois marginaux à ce jour. L’Allemagne, la République slovaque, la République tchèque et la Suisse sont les
seuls pays où le pourcentage de femmes parmi les diplômés en sciences a augmenté dans une mesure égale ou
supérieure à 10 points de pourcentage entre 2000 et 2011. Ces pays se sont donc rapprochés de la moyenne
de l’OCDE dans ce domaine. Dans les pays de l’OCDE, le pourcentage de femmes diplômées dans ces domaines
d’études a légèrement augmenté, passant de 40 % en 2000 à 41 % en 2011 – alors que le pourcentage de
femmes parmi les diplômés tous domaines d’études confondus est passé de 54 % à 58 % durant la même
période. Le pourcentage de femmes parmi les diplômés à l’issue d’une formation en rapport avec l’ingénierie, la
production et la construction est également faible, même s’il a légèrement progressé (de 23 % à 27 %) au cours
des dix dernières années (voir le tableau A3.3, en ligne).
Définitions
Les premières formations tertiaires de type A sont d’une durée cumulée théorique de trois ans minimum,
en équivalent temps plein. Ces formations sont sanctionnées par un titre de « bachelor » dans de nombreux
pays anglophones, par un « diplom » dans de nombreux pays germanophones et par une « licence » dans de
nombreux pays francophones.
Le taux d’obtention d’un premier diplôme est calculé compte tenu des individus qui ont obtenu pour la
première fois un diplôme au niveau d’enseignement visé – ou dans le cas du niveau CITE 5, à l’issue d’une
formation de type A ou de type B – durant la période de référence. En conséquence, si un étudiant a obtenu
plusieurs diplômes, il sera comptabilisé comme « diplômé » chaque année, mais n’interviendra qu’une seule
fois dans le calcul du taux d’obtention d’un premier diplôme.
Les étudiants sont déclarés « en mobilité internationale » s’ils ont quitté leur pays d’origine pour se rendre
dans un autre pays avec l’intention d’y suivre des études. Ces étudiants sont par définition considérés comme
diplômés à l’issue d’une première formation, quel que soit leur parcours antérieur dans d’autres pays.
Le taux net d’obtention d’un diplôme est l’estimation du pourcentage d’individus d’un groupe d’âge qui
termineront avec succès des études tertiaires au cours de leur vie, dans l’hypothèse que les taux d’obtention
d’un tel diplôme se maintiennent à leur niveau actuel.
Le diplôme obtenu à l’issue d’une deuxième formation théorique de plus haut niveau (le « master », le
« mastère» ou la « maîtrise » dans de nombreux pays) se classe dans une catégorie tertiaire de type A distincte
de la catégorie des programmes de recherche de haut niveau qui disposent, quant à eux, de leur propre
classification : le niveau CITE 6.
Les diplômés de l’enseignement tertiaire sont les individus qui ont obtenu un titre universitaire, une
qualification professionnelle ou encore un titre sanctionnant un programme de recherche de haut niveau
(équivalent au doctorat).
Méthodologie
Les données se rapportent à l’année scolaire 2010-11 et proviennent de l’exercice UOE de collecte de données
statistiques sur l’éducation réalisé par l’OCDE en 2012 (pour plus de précisions, voir l’annexe 3, www.oecd.org/
edu/rse.htm).
Les données concernant l’impact des étudiants en mobilité internationale sur les taux d’obtention d’un diplôme
de l’enseignement tertiaire proviennent d’une enquête spéciale réalisée en décembre 2012 par l’OCDE.
62
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Combien d’étudiants termineront leurs études tertiaires ? – Indicateur A3
chapitre A
Les données tendancielles sur les taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire en 1995 et entre
2000 et 2004 proviennent d’une enquête spéciale réalisée en janvier 2007.
Les formations universitaires sont réparties en sous-catégories en fonction du nombre (légal ou réglementaire)
d’années d’études à suivre pour obtenir le diplôme correspondant afin de permettre des comparaisons entre les
pays indépendamment de leur structure de délivrance des diplômes. Les diplômes sanctionnant les formations
d’une durée de moins de trois ans, qui ne sont pas considérés comme équivalents à ceux délivrés à l’issue d’une
formation tertiaire de type A, sont exclus de cet indicateur. Les formations sanctionnées par un deuxième
diplôme sont classées en fonction de leur durée cumulée avec celle des formations sanctionnées par un premier
diplôme. Les individus déjà titulaires d’un premier diplôme sont déduits.
Sauf mention contraire, les taux d’obtention d’un diplôme sont nets (ils correspondent à la somme des taux
d’obtention d’un diplôme par âge). Dans les pays qui ne peuvent fournir des données aussi détaillées, ce sont les
taux bruts qui sont indiqués. Les taux bruts sont calculés sur la base de l’âge typique d’obtention d’un diplôme
tertiaire communiqué par les pays (voir l’annexe 1). Le taux d’obtention d’un diplôme est calculé comme suit :
le nombre de diplômés du niveau d’enseignement considéré, quel que soit leur âge, est divisé par l’effectif de la
population ayant l’âge typique d’obtenir ce diplôme. Toutefois, dans de nombreux pays, il est difficile de définir
un âge typique d’obtention d’un diplôme, car celui-ci est très variable.
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes
compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de
Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Références
OCDE (2008), Tertiary Education for the Knowledge Society, volumes 1 et 2, Éditions OCDE.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264046535-en
Tableaux de l’indicateur A3
Tableau A3.1a Taux et âge moyen d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire (2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869357
Tableau A3.1b Taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire parmi les étudiants
en deçà de l’âge typique d’obtention d’un diplôme (2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869376
Tableau A3.2a Évolution du taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire (1995-2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869395
Web Tableau A3.2b Évolution du taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire, selon le sexe (2005-11)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869414
Web Tableau A3.2c Évolution du taux d’obtention d’un titre à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau
(1995-2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869433
Web Tableau A3.3
Pourcentage de diplômes ou titres obtenus par des femmes à l’issue de formations tertiaires
de type A ou de programmes de recherche de haut niveau, selon le domaine d’études (2000, 2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869452
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
63
A3
chapitre A
Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage
Tableau A3.1a. Taux et âge moyen d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire (2011)
Somme des taux d’obtention d’un diplôme à chaque âge, selon la finalité des programmes et le sexe
A3
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Âge moyen1
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Âge moyen1
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Âge moyen1
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Âge moyen1
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Âge moyen1
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Âge moyen1
Autres G20
OCDE
Obtention d’un
Obtention d’un
Obtention
diplôme à l’issue
Obtention
diplôme à l’issue
Obtention
d’un diplôme
Obtention
d’un programme
d’un diplôme
d’un programme
d’un diplôme
sanctionnant une d’un titre à l’issue
tertiaire de type B sanctionnant une tertiaire de type A sanctionnant une deuxième formation d’un programme
(sanctionné par un première formation (sanctionné par un première formation tertiaire de type A
de recherche
premier diplôme) tertiaire de type B premier diplôme) tertiaire de type A (voire davantage)
de haut niveau
(1)
(4)
(5)
(6)
(9)
(10)
(11)
(14)
(15)
(16)
(19)
(20)
(21)
(24)
(25)
(26)
(29)
(30)
Australie2
Autriche
Belgique
Canada2
Chili
Rép. tchèque
Danemark
Estonie
Finlande
France2
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande2
Irlande
Israël
Italie
Japon
Corée
Luxembourg
Mexique
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
Norvège
Pologne
Portugal
Rép. Les informations sur la méthode employée pour calculer les taux d’obtention des diplômes (taux nets ou taux bruts) ainsi que sur les âges typiques figurent
dans l’annexe 1.
Les taux d’obtention d’un diplôme peuvent être sous-estimés dans les pays exportateurs nets d’étudiants et surestimés dans les pays importateurs nets
d’étudiants à cause de différences de couverture entre les données démographiques et les données sur les diplômés. L’ajustement des taux d’obtention d’un
diplôme dans les tableaux A3.1a et b vise à compenser cet aspect.
1. Par âge moyen, on entend un âge moyen pondéré, soit généralement l’âge de l’étudiant au début de l’année civile. Il arrive que les étudiants aient un an de plus
que l’âge indiqué lorsqu’ils obtiennent leur diplôme en fin d’année scolaire. Voir l’annexe 3 pour plus de précisions sur les méthodes de calcul de l’âge moyen.
2. Année de référence : 2010.
Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine, la Chine et l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans
le monde). Données relatives à l’Arabie saoudite : Observatoire de l’enseignement supérieur. Données relatives à l’Afrique du Sud : Institut de statistique de
l’UNESCO. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869357
64
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
chapitre A
Combien d’étudiants termineront leurs études tertiaires ? – Indicateur A3
Tableau A3.1b. Taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire parmi les étudiants en deçà
de l’âge typique d’obtention d’un diplôme (2011)
Somme des taux d’obtention d’un diplôme à chaque âge jusqu’à 30 ans pour les programmes tertiaires de type A ou B, et jusqu’à 35 ans
pour les programmes de recherche de haut niveau, selon la finalité du programme et le sexe
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Total
Taux ajusté d’obtention
d’un diplôme (étudiants
étrangers/en mobilité
internationale non compris)
Autres G20
OCDE
Obtention d’un
Obtention d’un
Obtention
diplôme à l’issue d’un
Obtention
diplôme à l’issue
Obtention
d’un diplôme
Obtention
programme tertiaire
d’un diplôme
d’un programme
d’un diplôme
sanctionnant une
d’un titre à l’issue
de type B
sanctionnant une tertiaire de type A sanctionnant une deuxième formation d’un programme
(sanctionné par un première formation (sanctionné par un première formation tertiaire de type A
de recherche
premier diplôme)
tertiaire de type B
premier diplôme)
tertiaire de type A (voire davantage)
de haut niveau
(1)
(4)
(5)
(8)
(9)
(12)
(13)
(16)
(17)
(20)
(21)
(24)
Australie1
Autriche
Belgique
Canada1
Chili
Rép. tchèque
Danemark
Estonie
Finlande
France1
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande1
Irlande
Israël
Italie
Japon
Corée
Luxembourg
Mexique
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
Norvège
Pologne
Portugal
Rép. Les informations sur la méthode employée pour calculer les taux d’obtention des diplômes (taux nets ou taux bruts) ainsi que sur les âges typiques figurent
dans l’annexe 1.
Les taux d’obtention d’un diplôme peuvent être sous-estimés dans les pays exportateurs nets d’étudiants et surestimés dans les pays importateurs nets
d’étudiants à cause de différences de couverture entre les données démographiques et les données sur les diplômés. L’ajustement des taux d’obtention d’un
diplôme dans les tableaux A3.1a et b vise à compenser cet aspect.
1. Année de référence : 2010.
Source : OCDE. Données relatives à l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Voir les notes
à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869376
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
65
A3
chapitre A
Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage
Tableau A3.2a. Évolution du taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire (1995-2011)
Somme des taux d’obtention d’un diplôme à chaque âge, selon la finalité du programme
A3
Autres G20
OCDE
Programmes tertiaires de type 5A
(sanctionnés par un premier diplôme)
Programmes tertiaires de type 5B
(sanctionnés par un premier diplôme)
1995
2000
2005
2008
2009
2010
2011
1995
2000
2005
2008
2009
2010
2011
(1)
(2)
(7)
(10)
(11)
(12)
(13)
(14)
(15)
(20)
(23)
(24)
(25)
(26)
Australie
Autriche
Belgique
Canada
Chili
Rép. tchèque
Danemark
Estonie
Finlande
France
Allemagne1
Grèce
Hongrie
Islande
Irlande
Israël
Italie
Japon
Corée
Luxembourg
Mexique
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
Norvège
Pologne
Portugal
Rép. Avant l’année 2004, les taux d’obtention d’un diplôme tertiaire de type A ou B étaient calculés de façon brute. À partir de 2005, et pour les pays dont les
données sont disponibles, le taux d’obtention d’un diplôme est calculé comme taux net d’obtention d’un diplôme (c’est-à-dire comme la somme des taux
d’obtention d’un diplôme par âge spécifique). Les informations sur la méthode employée pour calculer les taux d’obtention des diplômes (taux nets ou taux
bruts) ainsi que sur les âges typiques figurent dans l’annexe 1.
1. Rupture des séries chronologiques entre 2008 et 2009 en raison d’une réaffectation partielle des programmes professionnels dans les catégories CITE 2 et
CITE 5B.
2. Rupture des séries chronologiques en raison d’une modification de la méthodologie en 2008 pour les programmes tertiaires de type A.
Source : OCDE. Données relatives à l’Arabie saoudite : Observatoire de l’enseignement supérieur. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932869395
66
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Indicateur A4
Combien d’étudiants terminent
leurs études tertiaires ?
• En moyenne, dans les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, 70 % environ des
étudiants qui entament une première formation tertiaire la terminent avec succès.
• Les femmes qui débutent des études tertiaires sont plus susceptibles que les hommes de les
terminer : leur taux de réussite est supérieur de 10 points de pourcentage, en moyenne, à celui
des hommes.
Graphique A4.1. Pourcentage d’étudiants qui entament une formation tertiaire
et obtiennent par la suite au moins un premier diplôme/une première qualification
de ce niveau d’enseignement, selon le sexe (2011)
Hongrie
États-Unis
Suède2
Norvège
Nouvelle-Zélande
Pologne
Autriche1
Mexique
Israël1
Portugal
Femmes
Moyenne OCDE
Rép. slovaque
Royaume-Uni
Hommes
Rép. tchèque1
Pays-Bas
Turquie
Allemagne1
Finlande
Espagne1
France
Danemark
Australie1
Japon
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Belgique (Fl.)
Total
%
Remarque : certains étudiants non diplômés peuvent être toujours scolarisés ou peuvent avoir terminé leurs études dans un autre
établissement que celui de leur inscription initiale, comme c’est souvent le cas aux États-Unis. Veuillez consulter la tableau A4.1
pour plus de précisions sur les méthodes utilisées pour le calcul des taux de réussite.
1. Formations tertiaires de type A uniquement.
2. Sont inclus les étudiants n’assistant qu’à certains cours sans suivre nécessairement la totalité des modules requis pour
l’obtention d’un diplôme.
Les pays sont classés par ordre décroissant du pourcentage d’étudiants qui obtiennent au moins un premier diplôme de l’enseignement tertiaire.
Source : OCDE, Tableau A4.1. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932867438
Contexte
Le taux de réussite dans l’enseignement tertiaire est en quelque sorte un indicateur de l’efficience
des systèmes d’enseignement tertiaire, car il montre le nombre d’étudiants qui sortent diplômés
de ce niveau d’enseignement parmi ceux qui entreprennent des études à ce niveau. Des taux
peu élevés de réussite n’impliquent toutefois pas nécessairement que les systèmes concernés
ne sont pas efficients, dans la mesure où les étudiants peuvent interrompre leurs études pour
diverses raisons : ils peuvent se rendre compte qu’ils se sont trompés de domaine d’études ou
de filière ou qu’ils n’ont pas le niveau requis par l’établissement, en particulier dans les systèmes
où l’accès à l’enseignement tertiaire est moins sélectif, ou encore trouver un emploi intéressant
avant d’avoir terminé leur formation. D’autres encore peuvent, par exemple, découvrir que les
formations proposées ne sont pas à la hauteur de leurs attentes ou des besoins du marché du
travail, ou estimer qu’elles sont trop longues et qu’ils ne peuvent se permettre d’être inactifs aussi
longtemps. Des taux de réussite peu élevés (soit des taux d’abandon élevés) peuvent toutefois
aussi indiquer que le système d’éducation ne répond pas aux besoins des étudiants.
68
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Autres faits marquants
• Moins de 60 % des étudiants qui entament une première formation tertiaire aux États-
Indicateur A4
Unis, en Hongrie, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Suède décrochent leur diplôme, un
pourcentage qui est supérieur à 75 % en Australie, au Danemark, en Espagne, en Finlande, en
France et au Japon.
• Les taux moyens de réussite sont légèrement moins élevés dans l’enseignement tertiaire
de type B (61 %) que dans l’enseignement tertiaire de type A, allant de 75 %, voire davantage,
en Allemagne, au Japon et en République slovaque, à 18 % aux États-Unis.
• Les étudiants sont plus susceptibles d’obtenir leur diplôme s’ils sont scolarisés à temps
plein plutôt qu’à temps partiel. Les différences de taux de réussite les plus marquées entre
les étudiants selon qu’ils sont scolarisés à temps plein ou à temps partiel s’observent en
Nouvelle‑Zélande où, dans l’enseignement tertiaire de type A, le taux de réussite des étudiants
à temps plein est supérieur de 34 points de pourcentage à celui des étudiants à temps partiel.
• Des étudiants peuvent choisir d’interrompre leurs études avant d’obtenir leur diplôme.
Dans certains pays, de bons débouchés s’offrent à eux sur le marché du travail après un an
d’études seulement. De même, des étudiants plus âgés peuvent aussi entamer une formation
tertiaire dans l’intention non pas d’obtenir le diplôme la sanctionnant, mais de suivre une
partie seulement des cours dans le cadre de leur apprentissage tout au long de la vie – c’est le
cas en Nouvelle-Zélande et en Suède.
• Il n’existe pas de corrélation nette entre les taux de réussite et les frais de scolarité dans
l’enseignement tertiaire de type A.
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
69
chapitre A
Analyse
Taux de réussite dans l’enseignement tertiaire
Le taux de réussite correspond au pourcentage d’étudiants qui obtiennent un diplôme tertiaire de type A ou B
après des études tertiaires de type A ou un diplôme tertiaire de type A ou B après des études tertiaires de
type B. En moyenne, dans les 18 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, quelque 32 % des étudiants
ne décrochent pas de diplôme sanctionnant les études tertiaires qu’ils ont entamées.
Plus de 40 % des étudiants qui entament des études tertiaires (de type A ou B) n’obtiennent pas un diplôme
de ce niveau d’enseignement aux États-Unis, en Hongrie, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Suède. Par
contraste, ce pourcentage est inférieur à 25 % au Danemark, en Finlande, en France et au Japon. Dans les pays
dont les données disponibles concernent uniquement l’enseignement tertiaire de type A, les taux d’abandon
sont compris entre 18 % en Australie et 35 % en Autriche (voir le graphique A4.1).
La différence entre le nombre d’emplois qualifiés et le nombre de diplômés de l’enseignement tertiaire (voir
l’indicateur A1) donne à penser que la plupart des pays pourraient bénéficier d’une augmentation du nombre
de diplômés de ce niveau d’enseignement. Accroître le nombre de diplômés passe par des stratégies différentes
selon les pays.
Graphique A4.2. Pourcentage d’étudiants qui entament une formation tertiaire de type A
et obtiennent par la suite au moins un premier diplôme de ce niveau d’enseignement,
selon le mode de scolarisation (2011)
Taux de réussite dans l’enseignement tertiaire de type A
Hongrie
Suède1
Norvège
Pologne
États-Unis
Autriche
Nouvelle-Zélande
Israël
Portugal
Mexique
Taux de réussite dans l’enseignement tertiaire de type A
(étudiants scolarisés à temps partiel)
France
Belgique (Fl.)
Moyenne OCDE
Rép. slovaque
Pays-Bas
Allemagne
Rép. tchèque
Finlande
Espagne
Royaume-Uni
Danemark
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Australie
%
Turquie
Non diplômés d’une formation tertiaire de type A avec réussite
de la réorientation vers une formation tertiaire de type B
Taux de réussite dans l’enseignement tertiaire
de type A (étudiants scolarisés à temps plein)
Japon
A4
Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage
Remarque : certains étudiants non diplômés peuvent être toujours scolarisés ou peuvent avoir terminé leurs études dans un autre établissement
que celui de leur inscription initiale, comme c’est souvent le cas aux États-Unis. Veuillez consulter la tableau A4.1 pour plus de précisions sur les
méthodes utilisées pour le calcul des taux de réussite.
1. Sont inclus les étudiants n’assistant qu’à certains cours sans suivre nécessairement la totalité des modules requis pour l’obtention d’un diplôme.
Les pays sont classés par ordre décroissant du pourcentage d’étudiants qui obtiennent au moins un premier diplôme de l’enseignement tertiaire de type A.
Source : OCDE. Tableaux A4.1 et A4.2. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
| 10,304
|
63/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00002834-document.txt_9
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,886
| 15,144
|
Le trait de définitude de la tête D° phonologiquement nulle n'est pas nécessairement marqué positivement; il peut être marqué négativement comme koyangi 'chat' en position objet dans l'exemple suivant: (i) Mina-ka [ DP D [ NP koyangi]]-lîl sakosiphôhäyo Mina-NOM chat-ACC vouloir acheter 'Mina veut acheter un chat [-déf]' 310 C
HAPITRE 8 - Q-F LOAT ET MNC/MAC A QN
Dans ce chapitre, nous avons donc présenté la dérivation complète des Constructions à Q-Float et à Cas Multiples (pour les Cas Nominatif et Accusatif). Nous avons montré que la seule différence entre les Constructions à Q-Float et les Constructions à Cas Multiples équivalentes réside dans le fait que, dans ces dernières, il y a réitération d'une tête fonctionnelle, alors que dans les premières, il n'y en a pas.
Chapitre 9 MAC à Adverbes de Mesure
Nous nous intéressons dans ce chapitre à un cas particulier de MAC, dans lequel un des éléments porteurs de la marque dite de l'Accusatif est un élément adverbial de mesure. Dans la première section, nous présentons quelques données et quelques analyses, dont l'une fait l'objet d'un examen plus détaillé dans la deuxième section. Enfin, dans la troisième section, nous proposons notre propre analyse pour les MAC à Adverbes de Mesure.
9.1 Quelques données
Trois classes bien déterminées d'adverbiaux en coréen ont la particularité de pouvoir porter la marque de Cas Accusatif. Ce sont (i) les adverbiaux durationnels (335), (ii) les adverbiaux multiplicatifs (336), et (iii) les adverbiaux de distance (337). (335) Jinsu-ka Mina-lîl se-sikan-îl kitaliôssôyo Jinsu-NOM Mina-ACC trois-heure-ACC avoir attendu 'Jinsu a attendu Mina trois heures' 312 C
HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (3
36) Mina
-ka
yaksok
-îl
se
-
pôn
-îl
ôkiô
ssôyo Mina-NOM rendez-vous-ACC trois fois-ACC avoir manqué 'Mina a manqué le rendez-vous trois fois' (337) Jinsu-ka 300 mithô-lîl taliôssôyo Jinsu-NOM 300 mètre-ACC avoir couru 'Jinsu a couru 300 mètres' Les autres classes d'adverbiaux comme les adverbes de localisation dans l'espace (338), les adverbes de localisation dans le temps (339), les adverbes dits time-span (340), etc., ne peuvent pas être marqués par le Cas Accusatif: (338) Jinsu-ka Seoul-esô(*-lîl) ilhäyo Jinsu-NOM Séoul-à-ACC travailler 'Jinsu travaille à Séoul' (339) Jinsu-ka se-si-e(*-lîl) 204 Mina-lîl man
nas
sôyo Jinsu-
NOM
trois-heure
-
à-
ACC
Mina-
ACC
avoir rencontré
'Jinsu a
rencontr
é Mina à trois heures' 204
Not
ons
que l'impossibilité du
marqu
age du Cas Accusatif dans (338)-(340) n'est pas simplement due au fait que la marque de l'Accusatif est précédée immédiatement de la postposition -esô/- e 'à', dans la mesure où (i) est parfaitement bon: (i) Jinsu-ka Paris-e-lîl kassôyo Jinsu-NOM Paris-à-ACC être allé 'Jinsu est allé
à Paris' 313 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (340) Jinsu-ka se-sikan-an-e(*-lîl) kî
Le contraste entre les exemples grammaticaux (335)-(337) et les exemples non grammaticaux (338)-(340) suggère qu'il doit y avoir une propriété commune qui peut nous permettre de regrouper les adverbiaux en (335)-(337) ensemble, tout en excluant les autres classes d'adverbiaux. En effet, certains linguistes ont essayé de trouver une dénomination commune pour les adverbiaux durationnels, multiplicatifs et de distance. Par exemple, Wechsler & Lee (1996) leur ont donné le nom de "Délimiteurs de Situation" (Situation Delimiters), et Cho (2000) le nom "d'Adverbiaux de Mesure" (Measure Adverbials). Selon Wechsler & Lee (1996), les adverbiaux fonctionnant comme Délimiteurs de Situation peuvent, à la différence des autres adverbiaux, être marqués par un Cas (soit Nominatif, soit Accusatif), grâce à la règle spécifique d'Extension du Domaine Casuel (Case Domain Extension: CDE). Cette règle stipule que le domaine d'assignation casuel peut éventuellement s'étendre, de façon qu'un trait du Cas soit assigné non seulement aux arguments sous-catégorisés du verbe, mais également aux Délimiteurs de Situation (Wechsler & Lee, 1996:640). expliquer le contraste entre (335)-(337) d'une part, et (338)-(340) d'autre part. Premièrement, il nous paraît douteux que le mécanisme d'assignation casuelle à un élément soit sensible à l'appartenance de cet élément à une certaine classe sémantique d'adverbiaux, comme la classe des "Délimiteurs de Situation" par exemple. Pour quelle raison une procédure formelle comme l'assignation casuelle devrait-elle être conditionnée par une classification sémantique? Deuxièmement, en introduisant la règle CDE, Wechsler & Lee (1996) postulent l'existence de deux sources distinctes de Cas, l'une provenant directement de la structure argumentale lexicale du verbe, et l'autre de la règle CDE. Par exemple, selon eux, dans (341) ci-dessous, si l'argument sous-catégorisé sul 'alcool' reçoit la Cas Accusatif par le verbe, puisque l'entrée lexicale du verbe masi- 'boire' précise que son argument THEME reçoit un Cas, le Délimiteur de Situation se-sikan 'trois-heures', lui, reçoit le Cas Accusatif grâce à la règle CDE. Plutôt que de postuler l'existence de deux distinctes de Cas, l'une pour les arguments, et l'autre pour les adverbiaux, comme le font Wechsler & Lee (1996), il nous semble beaucoup plus souhaitable et intéressant de rendre compte du marquage casuel des arguments et des adverbiaux par un seul et même mécanisme formel. Quant à Cho (2000), en suivant Tenny (1994) selon lequel l'argument interne du verbe peut être assimilé à la Mesure (Measure) de l'événement 315 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE décrit par le verbe, elle propose d'engendrer les adverbiaux de Mesure coréens, qu'elle considère comme des éléments de Mesure de l'événement, en position objet direct du verbe 205. Selon Cho (2000), lorsque l'on a un verbe transitif, la position soeur du verbe est occupée par l'adverbial de Mesure, qu'elle analyse comme un KP, et la position SPEC,VP par le DP objet direct du verbe, comme en (342): (342) D'après Cho (2000): VP qp DP V' 5 3 Mina-lîl KP V° Mina-[ACC] kitali5 se-sikan-îl attendre trois-heure-[ACC] Il n'est pas inutile ici de souligner certaines différences entre les suppositions fondamentales de Cho (2000) et les nôtres. Notons d'abord que Cho (2000) travaille dans le cadre minimaliste (Chomsky 1995, 1998). Cho continue à adopter le paramètre Tête-Complément, formulé dans le cadre GB, 205 Il faut préciser que le terme "Mesure de l'événement" n'a pas exactement le même sens dans Tenny (1994) et dans Cho (2000). Pour Tenny (1994), l'argument interne "mesure" l'événement en ce sens qu'il subit un changement d'état lorsque l'événement décrit par le verbe progresse, et qu'il fournit le terminus (la fin) aspectuel d'un événement. Par exemple, l'argument interne une pomme dans la phrase Marie a mangé une pomme "mesure" événement puisqu'il subit un changement d'état (la pomme disparaît petit à petit!) au fur et à mesure que l'événement'manger une pomme' progresse, et que la consommation complète de 'pomme' marque la fin de l'événement'manger'. Dans Cho (2000), le sens de "Mesure de l'événement" pour les Adverbes de Mesure n'a rien à voir avec la notion de changement d'état et de terminus aspectuel de l'événement. Malgré cet inconvénient, nous employons le terme Adverbe de Mesure, faute de meilleur terme. SURE et qui continue à être implicitement supposé dans le cadre minimaliste. Le coréen étant une langue superficiellement 'à tête finale', pour Cho (2000), le verbe coréen doit se placer en position finale, comme en (342). Pour nous, un tel paramètre ne fait pas partie de la Grammaire Universelle (cf. Kayne 1994), et les verbes coréens, comme les verbes français, se placent à la gauche de leur complément. En ce qui concerne l'insertion lexicale, pour Cho (2000), le DP objet en coréen est introduit en syntaxe entièrement fléchi, c'est-à-dire avec sa marque casuelle (i.e. Mina-lîl 'Mina-ACC'), comme c'est généralement supposé dans le cadre minimaliste. L'adverbial de Mesure sesikan 'trois heures' n'est pas une exception: lui aussi est introduit dès le départ avec sa marque casuelle, comme l'objet direct Mina, sauf que la catégorie syntaxique de l'adverbial de Mesure est, d'après Cho (2000), un KP, et non un simple DP 206 (cf. (342)). Pour nous, les marques casuelles ne sont pas introduites de façon subsidiaire en même temps que les arguments ou les adverbiaux, puisque, selon nous, elles occupent à elles seules une position fonctionnelle bien déterminée au sein de la structure phrastique, tout à fait indépendamment de celles des arguments ou des adverbiaux (cf. Whitman, 2001). En dehors de ces quelques différences directement liées au choix du cadre théorique adopté, il existe bien d'autres différences entre le traitement de Cho (2000) et le nôtre concernant l'analyse des adverbiaux de Mesure porteurs du Cas. Mais pour pouvoir comparer les deux traitements, il nous faut d'abord présenter de façon plus précise quelques hypothèses émises par Cho (2000) pour l'analyse des phrases simples à Double Accusatif comme 206 Nous verrons plus loin que l'analyse de l'adverbial de Mesure comme un KP est cruciale dans Cho (2000) pour expliquer le Double Accusatif. 9.2 Cho (2000)
Voici une série d'hypothèses que Cho (2000:155-161) formule: (i) l'adverbial de Mesure doit être analysé comme un KP, et non comme un DP; (ii) la tête K° de ce KP a un trait du Cas sous-spécifié, noté []; (iii) la tête K° s'incorpore dans la tête V° afin de pouvoir copier le trait du Cas ACC de la tête V°; (iv) le complexe verbal K°-V° se déplace dans la position v° en créant ainsi le complexe K°-V°-v°; (v) l'élément porteur du Cas Accusatif se déplace en position SPEC,vP, pour entrer dans la configuration de Vérification du trait du Cas avec le complexe verbal K-V-v; (vi) le second élément porteur du Cas Accusatif se déplace en seconde position SPEC,vP (extra SPEC) et entre dans une seconde relation de Vérification avec le même complexe verbal K-V-v. Les schémas en (343) illustrent cette série d'hypothèses: 318 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (343) D'après Cho (2000:157-158): a. Incorporation de K° dans V°: b. Copie du trait [ACC]: VP 3 DP V' 5 2 Mina-lîl KP V [ACC] 1 [ACC] DP K 5 [] se-sikan-îl VP 3 DP V' 5 2 Mina-lîl KP V [ACC] 1 1 DP t K V [ACC] [] 5 se-sikan-îl [ACC] [ACC] (cf. points (i), (ii) et (iii)) c. Première Vérification du trait 207 du Cas ACC en SPEC-TÊTE : (cf. point (iii)) d. Seconde Vérification du trait du Cas ACC en SPEC-TÊTE: vP ei DP v' 5 3 se-sikan-îl VP v [ACC] 2 1 DP V' V v 5 1 2 Mina-lîl KP t K V [ACC] 1 [ACC
[ACC] t t vP 3 DP vP 5 3 Mina-lîl DP v' [ACC] 5 2 se-sikan-îl VP v 1 1 t V' V v 1 1 KP t K V [ACC] 1 t t (cf. points (iv) et (v)) (cf. point (vi))
Remarquons que dans la description (343), la Vérification du trait du Cas de l'adverbial se-sikan-îl 'trois-heures-ACC' repose essentiellement sur 207 En respectant l'esprit minimaliste (Chomsky 1995), Cho (2000) n'emploie aucun indice pour les traces et leurs antécédents. Nous avons fidèlement reproduit sa représentation. l'introduction de la tête K° ayant le trait du Cas sous-catégorisé. C'est précisément elle qui rend possible la seconde Vérification du trait du Cas ((343c) montre que le trait du Cas de l'adverbial se vérifie avec le trait du Cas de K°). Selon Cho (2000), le recours à la tête K° a l'avantage de permettre une analyse bijective de la Vérification des traits dans l'approche minimaliste. Notons que l'analyse à SPEC multiple proposée dans Chomsky (1995) et dans Ura (1996, 2000) renonce à une relation bijective entre la tête Vérificateur et l'élément Vérifié, parce qu'elle permet qu'une seule tête fonctionnelle vérifie plusieurs éléments en position SPEC de cette tête. Chez Cho (2000), même si elle adopte la configuration de SPEC multiple, il existe toujours une relation bi-univoque entre le Vérifié et son Vérificateur grâce à la présence de K°. Par exemple, on peut observer que dans (343c) et dans (343d) ci-dessus, les deux éléments porteurs du Cas ont deux Vérificateurs distincts: dans (343c), l'adverbial de Mesure se-sikan-îl en position SPEC,vP interne voit son trait du Cas vérifié par la tête K° et dans (343d), le DP objet direct Mina-lîl en position SPEC,vP externe voit son trait du Cas vérifié par la tête V°. On peut bien sûr formuler quelques remarques critiques sur cette analyse. On peut, par exemple, mettre en question la légitimité du postulat de la tête K° elle-même. Introduire une telle tête dans le mécanisme de Vérification ne serait-il pas aller contre la tentative minimaliste de minimiser le nombre de têtes n'ayant aucun trait interprétable, comme la tête Agr° (Chomsky 1995, 208? Notre objectif n'étant pas de tenter de proposer 208 Le statut de la tête fonctionnelle K° paraît d'autant plus douteux qu'elle peut avoir tantôt le trait sous-spécifié noté [], tantôt le trait spécifique [ACC], selon la nature du verbe de la phrase: avec un verbe transitif, K° a le trait casuel sousspécifié [], tandis qu'avec un verbe intransitif, K° a le trait spécifique [ACC] (pour le détail, voir Cho, 2000:159-161) 320 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE une meilleure analyse en termes minimalistes, nous ne nous attarderons pas davantage sur la discussion de la proposition de Cho (2000). 9.3 Notre proposition
Nous ne proposerons, à la différence de Wechsler & Lee (1996), aucune règle spécifique comme la règle CDE, et ne ferons, à la différence de Cho (2000), aucun appel à la tête K°, pour rendre compte du marquage casuel sur les adverbiaux de Mesure. Résumons la proposition de Cho (2000) que l'on vient de voir dans la sous-section précédente. Cho (2000) propose en particulier d'engendrer l'adverbial de Mesure en position complément du verbe et le DP objet direct en position SPEC,VP (cf. (343a) plus haut, par exemple). On comprend immédiatement que cette proposition ne peut pas être retenue telle quelle dans notre approche, parce que pour nous, le verbe occupe la position initiale par rapport à son complément DP-objet, et celui-ci doit se déplacer en SPEC,VP 209, comme l'illustre (344): 209 L'effet de ce déplacement n'est pas visible lorsque le complément du verbe est un DP, puisque celui-ci se déplace par la suite dans une position SPEC plus haute (en SPEC,vP ou en SPEC,IP), mais son effet est immédiat lorsque le complément du verbe est un CP, car nous supposons que le CP complément déplacé en SPEC,VP peut ne pas bouger davantage, le bon ordre OV étant déjà dérivé. C HAPITRE - MAC A SURE 44) VP Mina i V' kitali ssôyo t i ] Mina avoir attendu VP 3 SPEC V' 5 3 V° DP kitaliôssôyo Mina
Dans (344), on voit bien que la position soeur de la tête V° n'est pas disponible pour accueillir l'adverbial de Mesure. D'ailleurs, la position SPEC,VP ne l'est pas non plus. Cela veut dire que si l'on veut toujours garder la structure (344), on doit supposer que l'adverbial de Mesure apparaît nécessairement en dehors de la projection minimale VP. En fait, l'idée d'engendrer l'adverbial de Mesure en dehors de VP ne nous semble pas constituer un inconvénient, mais plutôt un avantage, dans la mesure où l'adverbial de Mesure se-sikan 'trois-heures' par exemple doit mesurer l'événement "attendre Mina", plutôt que l'événement "attendre" tout court, dans la phrase coréenne (335), signifiant 'Jinsu a attendu Mina pendant trois heures'. Si l'on reconnaît effectivement que se-sikan 'trois heures' quantifie l'événement "attendre Mina", il paraît logique que se-sikan 'trois heures' porte sur le VP entier (V + son objet direct). Nous proposons donc la structure (345) suivante comme base de la
génér
ation de
la
phrase
(335): 322 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (345) MP
2 Adv de M M' 5 3 se-sikan M VP [+Mesure] 'trois heures' 2 DP i V' 5 1 Mina V t i g kitaliôssôyo
'avoir attendu'
En (345), l'adverbial de Mesure (Adv. de M.) se-sikan 'trois heures' apparaît en position SPEC de la projection MP (Measure rase, 'projection de Mesure'), dont la tête M sélectionne le VP complément. Dans cette position SPEC,MP, se-sikan peut avoir la portée sur le VP (V + son objet). Nous supposons que la tête M est dotée du trait [+Mesure], et qu'elle n'autorise par conséquent en position SPEC,MP que les éléments compatibles avec ce trait, pour respecter la relation d'Accord SPEC-TÊTE. Les adverbiaux durationnels comme se-sikan 'trois heures' en (335), les adverbiaux multiplicatifs comme se-pôn 'trois fois' en (336), les adverbiaux de distance comme 300 mithô '300 mètres' en (337), sont des adverbiaux susceptibles d'occuper la position SPEC,MP. C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (347) Dérivation partielle
pour
la phrase
(335): vP 2 SPEC v' 4 2 v vP -îl 2 SPEC v' 4 2 v vP -îl 2 SUJ v' 2 MP v 2 Adv de M M' 5 2 se-sikan M VP [+Mesure] 2 DP i V' 5 2 Mina V ti
On peut se demander pourquoi en (347) se-sikan 'trois heures' monte en premier en position SPEC,vP, et Mina en deuxième. En fait, la grammaticalité de la phrase (348) ci-dessous, à côté de la phrase (335), montre que l'ordre de montée entre les deux éléments est libre (348) Jinsu-ka se-sikan-îl 211 : Mina-lîl kitaliôssôyo (cf. (335)) Jinsu-NOM trois-heures-ACC Mina-ACC avoir attendu 'Jinsu a attendu Mina trois heures' 211 De même, à côté de (336), (i) est aussi bien formé: (i) Mina-ka se-pôn-îl yaksok-îl ôkiôssôyo Mina-NOM trois-fois-ACC rendez-vous-ACC avoir manqué 'Mina a manqué le rendez-vous trois fois' 325 (cf. (336))
C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE
Notons également que la montée de l'adverbe de Mesure se-sikan 'trois heures' n'est pas obligatoire: il peut bien rester in situ dans sa position initiale SPEC,MP sans recevoir de Cas. Dans ce cas, on obtient la phrase (349), qui est quasi synonyme de (335) et de (348): (349) Jinsu-ka Mina-lîl [ MP se-sikan kitaliôssôyo] Jinsu-NOM Mina-ACC trois-heures avoir attendu 'Jinsu a attendu Mina pendant trois heures' Remarquons qu'en supposant que tous les éléments sous la porté de v° peuvent en principe se déplacer en position SPEC,vP, et en supposant que les Adverbes de Mesure occupent la position SPEC de la projection MP qui apparaît comme complément de v° (cf. (347)), nous avons su donner une traduction structurale à la règle CDE de Wechsler & Lee (1996), qui dit, de façon simplifiée, que le domaine de l'assignation optionnellement s'étendre aux Adverbes de Mesure 212 casuelle peut. Maintenant que le MP apparaît sous la portée de v°, on a, comme candidat pour le déplacement en SPEC,vP, non seulement l'argument interne en position soeur de V°, mais également l'Adverbe de Mesure en position SPEC,MP. un Cas (cf. (349)). On parvient ainsi également à "étendre le domaine d'assignation casuelle". En donnant une réalité structurale à la condition CDE de Wechsler & Lee (1996), nous obtenons aussi le résultat favorable de réduire les deux sources distinctes de marquage casuel de ces auteurs en une seule: l'argument interne n'obtient plus son Cas grâce à la propriété lexicale du verbe, et l'Adverbe de Mesure grâce à la règle CDE; l'Adverbe de Mesure, tout comme l'argument interne, devient porteur du Cas (ACC) en montant dans une position SPEC,vP. Nous terminons cette sous-section en faisant quelques remarques et suggestions sur la phrase (337). Le verbe tali- 'courir' en (337) fait partie des verbes que l'on considère comme intransitifs. L'une des propriétés des verbes intransitifs réside dans leur incapacité à assigner le Cas Accusatif. Malgré cela, comme nous pouvons le voir en (337), l'adverbial de Mesure porte bel et bien la marque de Cas Accusatif, ou plutôt, selon nos termes, il se trouve en position SPEC,vP. Or, pour que la position SPEC,vP existe, logiquement, il doit donc y avoir la position tête v° et la projection vP dans la structure phrastique de la phrase (337). Mais est-il possible qu'un vP soit associé à un verbe intransitif comme 'courir'? La réponse semble bien sûr négative si la tête v° prend immédiatement le VP comme complément, mais semble positive si la projection MP s'insère entre le vP et le VP. Voici notre tentative d'explication du fait que la présence de MP rend possible la projection vP malgré le fait que le V soit un verbe intransitif . Si l'on considère d'abord le cas où la tête v° sélectionne VP comme complément, on observe qu'il y a une relation TÊTE-TÊTE entre V° et v°, en ce sens que seuls les verbes transitifs peuvent entrer dans une relation légitime avec v°; la 327 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE qualification [ transitif] de V° est importante. En revanche, dans le cas où v° sélectionne un MP et non un VP, le V° n'est plus en relation TÊTE-TÊTE directe avec v°. On le sait parce que l'exemple (337), dans lequel le vP est projeté malgré le fait que V° soit un verbe intransitif, est grammatical. *Jinsu-ka se-sikan-îl nômôciôssôyo Jinsu-NOM trois-heure-ACC être tombé lit. 'Jinsu est tombé pendant trois heures' b. *Jinsu-ka se-pôn-îl Jinsu-NOM trois-fois-ACC kitalikoissôyo être en train d'attendre lit. 'Jinsu est en train d'attendre trois fois'
213 Le trait Aktionsart [±étendu] est emprunté à Guéron (1997, 2001a). Voir également Guéron & Hoekstra (1988). 328 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (351) Incompatibilité des traits d'Aktionsart: a. b. MP 3 Adv de M M' 5 2 se-sikan M VP [+étendu] [+étendu] 2 SPEC V' SPEC-TÊTE t V nômôciôssôyo MP 3 Adv de M M' 5 2 se-pôn M VP [-étendu] [-étendu] 2 SPEC V' SPEC-TÊTE t V kitalikoissôyo [-étendu] [+étendu] incompatible incompatible
Le verbe nômôci- 'tomber' en (351a) est un verbe [-étendu]. Or, la tête M° avec laquelle la tête V° est en relation TÊTE-TÊTE directe, est marquée [+étendu], par la transmission du trait [+étendu] de l'Adverbe de Mesure sesikan 'trois heures' en position SPEC,MP. D'où l'incompatibilité de trait entre M° et V° et la bizarrerie de l'exemple (350a). La même remarque est valable pour (351b), avec la valeur opposée du trait 'étendu'. Le verbe marqué [+étendu] n'est pas compatible avec la tête M° marquée [-étendu]. Pour revenir à l'exemple (337), si le vP en (337) est légitime, c'est grâce à la présence de MP, et le fait que le verbe tali- 'courir' soit un verbe intransitif n'empêche pas que v° se projette. Comme le vP est légitimement projeté, l'Adverbe de Mesure 300 mithô '300 mètres' peut se déplacer en SPEC,vP: 329 C HAPITRE 9 - MAC A A DVERBES DE M ESURE (352) vP 2 Adv de M i v' 5 tO 300 mithô v MP -lîl 2 ti M' 2 M VP 5 taliôssôyo En bref, lorsque MP est présent, v° peut légitimement se projeter, indifféremment de la nature du V (transitif ou intransitif). Nous avancerons même l'hypothèse que, de çon universelle, la projection MP peut appeler la projection vP, quelle que soit la nature du verbe. Nous proposons ainsi la même structure et la même dérivation pour l'équivalent français de l'exemple coréen (337), par exemple. (353) vP 2 Adv de M i v' 5 tO 300 mètres v MP [ACC] 2 ti M' 2 M VP 5 courir
Dans (353), nous signifions que le verbe normalement caractérisé comme "verbe intransitif" courir, ne devient pas soudainement un verbe 330 C HAPITRE
9
- MAC
A A DVERBES
DE M ESURE
transitif afin de prendre l'Adverbe de Mesure 300 mètres en position complément. 300 mètres est engendré plutôt en position SPEC,MP 214, et monte, comme son homologue coréen, en position SPEC,vP pour des raisons casuelles. Seulement, la montée de 300 mètres en SPEC,vP en français ne produit aucun effet morphologique visible, contrairement à 300 mithô en coréen, qui devient porteur du Cas Accusatif visible 300 mithô-lîl. Ainsi, dans ce chapitre, après avoir exposé quelques données et analyses des MAC contenant un Adverbe de Mesure, nous avons proposé d'engendrer les Adverbes de Mesure en position SPEC,MP (Measure Phrase). Cette hypothèse nous a permis en particulier de dériver les phrases contenant un Adverbe de Mesure marqué du "Cas Accusatif", alors même que la phrase contient un verbe intransitif. 214 Nous supposons que trois fois en français occupe aussi la position SPEC,MP, comme 300 mètres.
331 Chapitre 10 "Alternance et empilage casuels" en coréen
Dans ce chapitre, nous discutons des phénomènes dits d'alternance et d'empilage casuels en coréen. Nous montrerons qu'en réalité, l'alternance n'est qu'apparente, car elle est due à la réalisation de l'une seule des deux têtes contiguës, P° et I° par exemple, et que c'est lorsque ces deux têtes se réalisent simultanément que l'on observe le phénomène appelé à tort "empilage casuel". 10.1 Alternance et empilage casuels avec le Cas Nominatif
Pour les chercheurs qui analysent -e comme une marque de Cas Locatif et -i/-ka comme une marque de Cas Nominatif, le couple d'exemples (a)-(b) ci-dessous illustrerait un phénomène "d'alternance casuelle" et l'exemple (c) un cas "d'empilage casuel" (Case Stacking): 332 C
HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
(354) a. kongcang-e usine-LOC pul-i nassôyo feu-NOM être né 'Un incendie s'est déclaré dans l'usine' b. kongcang-i usine-NOM c. kongcang-e-ka usine-LOC-NOM pul-i nassôyo feu-NOM être né pul-i nassôyo feu-NOM être né (355) a. mikuk-e Etats-Unis-LOC hanîntîl-i manhi salayo coréens-NOM beaucoup vivent 'Aux Etats-Unis vivent beaucoup de coréens' b. mikuk-i Etats-Unis-NOM c. mikuk-e-ka Etats-Unis-LOC-NOM hanîntîl-i manhi salayo coréens-NOM beaucoup vivent hanîntîl-i manhi coréens-NOM beaucoup vivent salayo Dans cette section, nous montrerons qu'en réalité le coréen ne dispose ni du procédé d'alternance casuelle, ni de l'empilage casuel au sens strict. Nous verrons que l'apparente "alternance casuelle" dans (a)-(b) ci-dessus n'est en fait que l'effet de la réalisation explicite de l'une seulement des deux têtes, qui sont ici occupées par -e et par -i/-ka, mais qui peuvent aussi avoir une réalisation implicite . Quant à l'apparent "empilage casuel", il s'agit s implement de la montée de PP dans la position SPEC, IP. Pour parvenir à cette conclusion, commençons par voir comment les exemples comme (354) et (355) s'analysent dans notre approche. C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Rappelons d'abord que pour nous, les marques de "Cas Nominatif" -i /-ka et de "Cas Accusatif" -îl/-lîl sont respectivement les têtes fonctionnelles I° et v°. Quant à la marque de locatif -e, elle est selon nous une simple postposition P° qui se projette jusqu'au PP. Nous avons déjà vu qu'une postposition prend son complément NP à sa droite et que celui-ci se déplace ensuite en position SPEC-PP pour engendrer la bonne suite de surface NP-P°. Les suites kongcang-e (usine-à) dans (354a) et mikuk-e (Etats-Unis-à) dans (355a) sont donc dérivées grâce à la montée du NP-complément comme l'illustre (356): (356) a. PP 3 NP i P' 6 2 kongcang P ti 'usine' -e 'à' b. PP 3 DP i P' 5 2 mikuk P ti 'Etats-Unis' -e 'à'
Dans ce qui suit, nous développerons notre discussion en nous basant notamment sur les exemples en (354), mais les mêmes remarques et les mêmes dérivations sont valables pour les exemples en (355). Supposons que les phrases (354a)-(354c) contiennent la même base, qui est la projection de la tête de Préd(icat) abstraite PrédP. Supposons également que cette projection prend comme spécificateur le NP pul, 'feu', et comme complément le PP kongcang-e, 'usine-à', ce qui nous donne (357): 334 C
PrédP NP Préd' pul Préd PP
'
feu g kongcang-e
'
usine-à'
Afin de dériver toutes les phrases grammaticales (354a)-(354c), on peut maintenant recourir à une série de montées des constituants. En ce qui concerne les conditions de montée des constituants, il convient de faire une remarque sur la différence de statut fonctionnel entre un PP-complément et un NP-spécificateur. Pour le NP 'feu', qui occupe dès le départ une position d'argument (puisqu'il occupe la position SPEC de PrédP), sa montée directe depuis la base dans un domaine fonctionnel ne semble poser aucun problème. Quant au PP kongcang-e, en revanche, étant donné qu'il est engendré en position complément de la tête Préd° et qu'il fait ainsi partie du prédicat, sa montée dans un domaine fonctionnel nécessite qu'il se déplace préalablement dans une position périphérique dans la base. Afin de fournir une sorte d'"escape hatch" à ce PP, nous supposons qu'une projection LocP se projette au- La projection PrédP a déjà été utilisée dans Chomsky (1965) et dans Bowers (1993), mais leur PrédP n'est pas exactement identique au nôtre. La projection PrédP dans Chomsky (son predicate-phrase), qui se réécrit AUX^VP (Place)(Time), correspond à la projection IP telle qu'on la connaît aujourd'hui. La projection PrédP dans Bower (son prP), est plutôt comparable à la projection vP (cf. Chomsky 1995, 1998, 1999), du fait qu'elle se situe entre I et VP, et que prP est considéré comme un CFC (Complete Functional Complex). Au sujet de la notion de CFC, cf. Chomsky (1986, 1995, 1998, 1999). 335 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
position SPEC de la projection LocP fournirait ainsi une position périphérique convenable pour PP: (358) LocP 3 PP Loc' 5 2 kongcang-e Loc PrédP 3 NP Préd' 4 3 pul Préd PP 6 kongcang-e On peut s'interroger sur la motivation d'une telle montée. A part le fait que cette montée rendra légitime les futures montées de PP dans un domaine fonctionnel, selon nous, la montée de PP en position SPEC, LocP est également motivée par la nécessité de créer une relation d'accord entre le PP et la tête Loc: le PP déplacé en SPEC,LocP kongcang-e (usine-à), s'accorderait en trait [+LOC] avec la tête Loc. Notre idée est la suivante. La tête Loc serait marquée [+LOC] contrairement à la tête Préd. La tête Préd serait purement un opérateur de prédication, de sorte que l'interprétation de PrédP nous donne quelque chose comme '(le) feu est dans (l') usine'. La tête Loc contiendrait un trait [+LOC] qui appelle un élément locatif (ici PP, kongcang-e) dans sa position SPEC. Le résultat de ce déplacement nous donne (359) et ce constituant (LocP) est engendré comme complément de la tête V. 336 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (359)
LocP 3 PP j 5 kongcang-e 'usine-à' [+LOC] Loc' 2 Loc PrédP [+LOC] 3 NP Préd' 4 3 pul Préd tj 'feu'
Considérons maintenant la manière dont on dérive les trois phrases bien formées (354a)-(354c) à partir de la base LocP. Rappelons ici de nouveau que la tête I° est occupée par la marque de "Cas Nominatif" -i/-ka, et que le coréen dispose du mécanisme de réitération des têtes fonctionnelles comme I°. Nous obtenons d'abord la phrase (354a) de la façon décrite en (360), par la montée du PrédP pul en SPEC, IP interne, et celle du LocP kongcang-e en SPEC,
IP
externe
: 337 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (360) (cf. (354a)) IP2
3 SPEC I2' 4 3 I2 IP1 3 SPEC I1' 4 3 I1 VP -i qp LocP k V' 3 3 216 PP z Loc' V tk b nassôyo 5 3 kongcang-e Loc PrédP 'être né' [+LOC] 'usine-à' 2 [+LOC] NP Préd' a 4 2 pul Préd tz 'feu' a: Remnant movement de PrédP en SPEC,IP interne. b: Remnant movement de LocP en SPEC,IP externe. 217
Dans le schéma ci-dessus, si la tête P° est , et que la tête I° est réalisée sous la forme -i/-ka, nous obtenons alors la phrase (354b) (cf. (361a)). Toujours dans le même schéma, si la tête P° et la tête I° sont toutes les deux remplies, on obtient la phrase (354c) (cf. (361b)). 216 En cor éen, selon nous, le complément du verbe se déplace en position SPEC,VP, comme le complément de la postposition se déplace en position SPEC,PP. 217 Concernant la postposition P°, on peut véritablement parler d'alternance entre Ø et -e. I2 -
ka Dans le schéma (360), le PrédP pul se déplace en position SPEC,IP1 pour entrer dans une relation de Vérification avec la tête I°. Dans cette position d'accueil, il s'accorde en traits f et en trait de Cas. Cette montée a pour conséquence l'ordre linéaire dérivé NP-I°. En PF, l'occupant de la tête I° (-i/-ka) "s'agglutine" au NP qui le précède immédiatement. La tête I° étant réitérée, après la montée de pul 'feu' en SPEC,IP1, i.e. après l'Attract de pul 'feu' par la tête I1, la tête I2 doit elle aussi attirer explicitement un élément dans sa position SPEC. La projection LocP kongcang-e (usine-à) étant un Attiré légitime en coréen, la tête I2 l'attire dans sa position SPEC, en dérivant l'ordre souhaité pour la phrase (354a). 10.1.1 Réitération de P° locatif et Inclusion spatiale
Passons maintenant à un cas plus complexe. Lorsque l'on veut préciser davantage le lieu de l'incendie à l'intérieur de l'usine, on peut employer l'une des six phrases (362)-(367). Les neuf phrases ci-dessous s'obtiennent en combinant "alternance casuelle" et "empilage casuel". Parmi ces neuf possibilités logiques, seules les cinq premières sont bien formées ; les trois dernières sont agrammaticales
: 339 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (362) kongcang-e changko-e pul-i nassôyo usine-à entrepôt-à feu-NOM être né 'Dans l'usine, un incendie s'est déclaré dans
l'entrepôt'
(3
63)
kongcang-i changko-e pul-i nassôyo usine-NOM entrepôt-à feu-NOM être né (364) kongcang-e changko-ka pul-i nassôyo usine-à entrepôt-NOM feu-NOM être né (365) kongcang-i changko-ka pul-i nassôyo usine-NOM entrepôt-NOM feu-NOM être né (366) kongcang-e changko-e-ka pul-i nassôyo usine-à entrepôt-à-NOM feu-NOM être né (367) kongcang-i changko-e-ka pul-i nassôyo usine-NOM entrepôt-à-NOM feu-NOM être né (368) *kongcang-e-ka usine-à-NOM (369) *kongcang-e-ka usine-à-NOM (370) *kongcang-e-ka usine-à-NOM changko-e entrepôt-à changko-ka entrepôt-NOM changko-e-ka entrepôt-à-NOM pul-i feu-NOM pul-i feu-NOM pul-i feu-NOM nassô
En ce qui concerne les neuf phrases ci-dessus, nous devons répondre au moins aux deux questions suivantes: (371) i. Comment obtient-on toutes les phrases grammaticales (i.e. (362)(367))? ii. Comment peut-on exclure toutes les phrases agrammaticales (i.e. (368)-(370))? Nous verrons que notre traitement des "suffixes" casuels et non casuels en coréen nous fournit simultanément une réponse plausible et naturelle à ces deux questions. 340 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Avant d'aller plus loin, il conviendrait d'illustrer d'abord un phénomène que nous n'avons pas encore vu jusqu'ici: la réitération de la postposition locative P°. Notre hypothèse est qu'en dehors des têtes fonctionnelles du niveau propositionnel (clausal heads) comme C°, ou du niveau syntagmatique comme nC°, les postpositions locatives comme -e peuvent elles aussi se réitérer. La tête P° est donc un autre type de tête (semi-)fonctionnelle du niveau syntagmatique. Or, nous observons que contrairement aux autres têtes fonctionnelles, la tête (semi-)fonctionnelle P° locative est assujettie à une contrainte. Cette contrainte est de nature sélectionnelle. En fait, pour qu'il y ait réitération de la tête P° locative, le complément de P° doit être de l'un des deux types suivants: il doit être soit un nIP, que l'on a déjà vu au sujet de la Quantification Numérique, soit un P, qui est supposé être la structure de base pour la Possession Inaliénable. En d'autres termes, on peut imaginer les deux grands cas de réitération de P° locatif suivants: (372) a. QN Jinsu-ka chinkutîl-îl [cha-e se-tä-e ] thäu-ôss-ôyo Jinsu-NOM amis-ACC [voiture-LOC 3-CL-LOC ] faire monter-PASS-DEC 'Jinsu a fait monter ses amis dans trois voitures' 341 C HAPITRE 10
- "
A L
TERNANCE
ET
EMPILAGE
CASUEL
S "
EN COREEN
b. POSS-IA Jinsu-ka [Mina-eke phal-e ] cusa-lîl noh-ass-ôyo Jinsu-NOM [M ina-LOC bras-LOC ] piqûre- donner-PASS-DEC 'Jinsu a fait une piqûre à Mina dans le bras' Ce qui nous concerne directement ici est le second cas de figure de réitération de P°. Rappelons que la structure que nous avons attribuée à une relation de possession inaliénable est une projection de la tête d'inclusion spatiale , qui projette la projection maximale P. P a le "possesseur", ou plutôt "localisateur/conteneur" dans sa position SPEC, et le "possédé", ou plutôt "localisé/contenu" dans sa position complément, comme dans (373): (373) P 3 ' kongcang 'usine' 3 changko 'entrepôt' = "inclusion spatiale" La projection P exprime que 'l'entrepôt' est spatialement contenu dans 'l'usine'. Le schéma (373) mériterait sans doute plus de précision. 343 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (375) PP2
3 SPEC P2' 3 P2 PP1 -e 3 SPEC P1' 3 P P1 -e 3 ' kongcang 'usine' 3 changko [+LOC] 'entrepôt'
En (375), la montée de changko 'entrepôt' dans la position SPEC,PP1, puis la montée résiduelle de kongcang 'usine' ( P) dans la position SPEC,PP2 nous donnent la suite attendue kongcang-e changko-e. Ces déplacements sont décrits en (376): (376) kongcang-e changko-e usine-à entrepôt-à PP2 3 SPEC P2' 4 3 P2 PP1
-e
3
S
PEC P1' 4 3
P P1
-
e
2
kongcang
'
b
'usine
'
2
changko
a
'entre
pôt
' 344
C
HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Intégrons ce PP2 dans la base des neuf phrases (dont six grammaticales et trois agrammaticales) plus haut. Exactement comme en (374), le PP2 locatif en (376) se déplace dans une périphérie à l'intérieur de la base pour les futurs déplacements dans un domaine fonctionnel. La position servant d'escape hatch est de nouveau la position SPEC de LocP, dont la tête Loc° est dotée du trait [+LOC]: (377)
[ PP2 LocP 3 PP2 Loc' 3 Loc PrédP 3 NP Préd' 4 3 pul Préd PP2 'feu' ei Pk P2' 6 2 [kongcang [ t j ]] P2 PP1 'usine' -e 'à' 2 changko j P1' 2 kongcang-e changko-e] P1 tk 'usine-à entrepôt-à' -e 'à'
La base (377) est engendrée comme complément du verbe nassôyo 'être né', et se déplace par la suite en position SPEC,VP. A partir de la position SPEC,VP, le NP pul et le PP2 kongcang-e changko-e se déplacent respectivement en position SPEC,IP1 et SPEC,IP2: 345 C
HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (378) (cf. (362))
IP2 qp LocP I2' 6 3 [[ kongcang-e changko-e] Loc] I2 IP1 'usine-à entrepôt-à' g 3 NP I1' 4 ri pul I1 VP 'feu' -i wp LocP q V' 3 2 PP2 w Loc' V tq 6 2 g [kongcang [ P2 -e Loc PrédP nassôyo [ PP1 changko [ P1 -e]]] 2 'être né' NP tw a 4 b pul La dérivation décrite en (378) nous donne la phrase grammaticale
(362) présentée plus haut
(
p. 340
). 347 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Nous voulons terminer cette section en montrant pourquoi les trois phrases (368)-(370) que l'on a vues plus haut (cf. p. 340) sont agrammaticales. Si nos schémas jusqu'ici sont corrects, nous pouvons nous attendre à ce que nos structures fournissent elles-mêmes des indices justifiant l'agrammaticalité de ces trois phrases. Tel est effectivement le cas, comme nous allons le voir. Revenons au schéma (378) de la page 346, et observons si la suite kongcang-e 'usine-à' est déplaçable. Voici la structure partielle de PP2: (380)
Structure partielle: * PP2 Mouvement illégitime 3 NP k P2' 5 2 kongcang t j P2 PP1 'usine' -e 3 NP j P1' 5 2 changko P1 tk
'
entrepôt'
-e Etant donné la structure attribuée à cette suite dans le cas de la réitération de la tête P° locative, on constate que kongcang et -e ne sont pas déplaçables ensemble puisqu'ils ne forment tout simplement pas un constituant unique, comme l'illustre la représentation (380). Or, la séquence de surface souhaitée kongcang-e-ka ne s'obtient, dans notre approche, que par le déplacement de kongcang-e dans la position SPEC,IP la plus externe (the outermost SPEC,IP). D'où l'impossibilité d'engendrer des phrases qui commencent par kongcang-e-ka suivi d'un autre PP changko{-e/-ka/-e-ka}. On 348 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN a ainsi une réponse directe et naturelle à la question de la source de l'agrammaticalité des trois phrases (368 - (370), sans avoir besoin d'introduire d'autres facteurs pour l'explication de ces faits empiriques, ce qui est un résultat souhaitable. 10.1.2 Réitération de P° locatif et Quantification Numérique
Nous avons vu plus haut que les postpositions locatives comme -e 'à/dans' peuvent être réitérées comme les têtes fonctionnelles I°, v°, C°, etc., à condition qu'elles prennent des compléments d'un certain type. Les deux types de compléments légitimes pour qu'une tête P° puisse être réitérée sont (i) un P encodant la relation de POSS-IA (plus exactement la relation d'inclusion spatiale) et (ii) un nIP exprimant la relation de Quantification Numérique. Après avoir vu le premier cas de réitération d'une P° locative, nous passons maintenant au second cas. Pour ce faire, reprenons l'exemple (354a) à partir duquel nous avons pu créer une relation de POSS-IA dans la section précédente. Nous allons maintenant créer, à partir de ce même exemple, une relation de Quantification Numérique. Voici les exemples: (381) kongcang-e tu-chä-e pul-i nassôyo usine-à deux-CL-à feu-NOM être né 'Un incendie s'est déclaré dans deux usines' (382) kongcang-i tu-chä-e pul-i nassôyo usine-NOM deux-CL-à feu-NOM être né (383)?kongcang-e tu-chä-ka pul-i nassôyo usine-à deux-CL-NOM feu-NOM être né (384) kongcang-i tu-chä-ka pul-i nassôyo usine-NOM deux-CL-NOM feu-NOM être né (385)?kongcang-e tu-chä-e-ka pul-i nassôyo usine-à deux-CL-à-NOM feu-NOM être né 349 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (386)?kongcang-i usine- NOM tu-chä-e-ka pul-i nassôyo deux-CL-à-NOM feu-NOM être né (387) *kongcang-e-ka usine-à-NOM (388) *kongcang-e-ka usine-à-NOM (389) *kongcang-e-ka usine-à-NOM tu-chä-e deux-CL-à tu-chä-ka deux-CL-NOM tu-chä-e-ka deux-CL-à-NOM pul-i feu-NOM pul-i feu-NOM pul-i feu-NOM nassôyo être né nassôyo être né nassôyo être né Dans les phrases à QN (381)-(389), nous observons exactement les mêmes jugements d'acceptabilité que dans les phrases à POSS-IA (362)(370): parmi les neuf possibilités de combinaison des deux modes de réalisation (i.e. explicite ou implicite) des deux têtes P° et I°, les six premières combinaisons sont bonnes 219 alors que les trois dernières ne le sont pas. Nous attribuons de nouveau l'agrammaticalité des phrases (387)-(389) à l'absence de constituance structurale entre les deux éléments kongcang et -e qui sont censés être déplacés en position SPEC,IP. Quant aux six phrases grammaticales, leur dérivation reste essentiellement la même que celle des phrases (362)-(367) vues précédemment. L'acceptabilité des exemples (383), (385) et (386) est légèrement dégradée par rapport à celle des exemples (381), (382) et (384), mais nettement meilleure que celle des exemples (387)-(389) qui sont agrammaticaux. L'acceptabilité des exemples (383), (385) et (386) est améliorée si l'on marque une courte pause après kongcang-e, et si l'on met l'accent sur tu-chä-ka en (383) et sur tu-chä-e-ka en (385) et (386). 350 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Ainsi, à partir de la structure de QN (390) ci-dessous, (390) nIP 3 NP nI' 5 3 kongcang nI NumP 'usine' 3 Num CLP g 3 tu CL NP 'deux' g 5 chä kongcang 'CL' on dérive une structure dans laquelle la tête P° locative se réitère de la façon suivante: 351 C
HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (391) PP2 3 nIP P2' 5 3 kongcang P2 PP1 'usine' -e 'à' 3 NumP P1' 5 3 tu chä P1 nIP -e 'à' 3 NP i nI' 5 3 kongcang nI NumP b 'usine' 3 Num CLP a g 3 tu CL ti 'deux' g chä
La dérivation en (391) nous donne la suite kongcang-e tu-chä-e 'usine-à deux-CL-à'. Pour dériver la phrase (381), on introduit le PP2 en (391) en position complément de la tête Préd. Le PP2 monte par la suite en position SPEC,LocP: 352 C
HAPITRE
10
-
"A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS
"
EN
COREEN
(392)
LocP 3 PP2 Loc' 3 Loc PrédP [+LOC] 3 NP Préd' 4 3 pul Préd PP2 'feu' 3 nIP k P2' 6 3 kongcang i t j P2 PP1 -e 3 NumP j P1' 6 2 [kongcang[-e [tu-chä[-e]]]] tu-chä t i P1 tk 'usine-à deux-CL-à' -e
Pour terminer la dérivation, on insère le LocP en position complément du V nassôyo 'être né', on déplace le PrédP pul en position SPEC,IP1,
le LocP en position SPEC,IP2: 353 C HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN (393)
IP2 qp LocP k I2' 6 3 [kongcang[-e[tu chä[-e]]]] I2 IP1 'usine-à deux-CL-à' g 3 PrédP I1' 4 rp pul I1 VP 'feu' -i qp LocP k V' 3 2 PP2 q Loc' V tk 6 2 g [kongcang[ P2 -e Loc PrédP nassôyo [+LOC] [ PP1 tu chä[ P1 -e ]]]] 'être né' 2 a NP Préd' 4 2 b pul Préd t q kongcang-e tu-chä-e pul-i nassôyo usine-à deux-CL-à feu-NOM être né 'Un incendie s'est déclaré dans deux usines' (cf. (381))
Le schéma (393), qui a servi à générer la phrase (381), permet également de générer les phrases (383) (P1=Ø, I2=ka) et (385) (P1=e, I2=ka ), selon que les têtes P1 et I2 ont une réalisation explicite ou implicite. b. IP 3 PP I' 3 1 NP i P' I Ø 5 1 kongcang P ti -e koncang-e usine-à IP 3 PP I' 3 1 NP i P' I -i 5 1 kongcang P ti Ø koncang-i usine-NOM
Lorsque les têtes P° et I° ont toutes les deux une réalisation explicite, on a alors un apparent empilage casuel: (397) IP 3 PP I' 3 1 NP i P' I 5 1 -ka kongcang P ti -e koncang-e-ka usine-à-NOM On peut même ajouter qu'il convient d'autant moins de parler d'empilage casuel que -e locatif n'est pas une marque casuelle, mais une simple postposition P°. De même, il convient d'autant moins de parler d'alternance casuelle que -e n'est pas une marque casuelle d'une part, et que -e et ka n'occupent pas la même position d'autre part. Dans cette section, nous avons aussi identifié les deux types de complément de la tête P° locative réitérée. Ce sont les P encodant la relation de POSS-IA et les nIP encodant la relation de QN. 357 C
HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Dans la section suivante, nous verrons que le Cas Accusatif -îl/lîl se comporte exactement de la même façon que le Cas Nominatif en ce qui concerne "l'alternance casuelle" et "l'empilage casuel". 10.2 Alternance et empilage casuels avec le Cas Accusatif 10.2.1 Réitération de P° locatif et Inclusion spatiale
Commençons par les trois phrases suivantes: (398) a. Jinsu-ka Mina-eke cusa-lîl
Jinsu-NOM Mina-à[+hum] piqûre-ACC nohassôyo avoir donné 'Jinsu a fait une piqûre à Mina' b. Jinsu-ka Mina-lîl Jinsu-NOM Mina-ACC c. Jinsu-ka Mina-eke-lîl Jinsu-NOM Mina-à-ACC cusa-lîl nohassôyo piqûre-ACC avoir donné cusa-lîl nohassôyo piq
ûre-ACC avoir donné Si ce que nous avons dit à propos des trois phrases impliquant le Cas Nominatif et la postposition -e est également valable pour les trois phrases (398a)-(398c) ci-dessus, on peut s'attendre à ce qu'à partir des phrases (398), on puisse générer neuf phrases impliquant la relation de POSS-IA (ou de Quantification Numérique), parmi lesquelles six seulement seront bonnes. 358 C
HAPITRE 10 - "A LTERNANCE ET EMPILAGE CASUELS " EN COREEN
Cette attente est confirmée par le jugement d'acceptabilité des neuf phrases suivantes 220 : (399) Jinsu-ka
Jinsu-NOM (400)
Jinsu-ka Jinsu-NOM (401) Jinsu-ka Jinsu-NOM (402) Jinsu-ka Jinsu-NOM (403) Jinsu-ka Jinsu-NOM (404) Jinsu-ka Jinsu-NOM Mina-eke Mina-à Mina-eke Mina-à Mina-eke Mina-à Mina-lîl Mina-ACC Mina-lîl Mina-ACC Mina-lîl Mina-ACC phal-e bras-à phal-îl bras-ACC phal-e-lîl bras-à-ACC phal-e bras-à phal-îl bras-ACC phal-e-lîl bras-à-ACC cu a-lîl pi qûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné (405) *Jinsu-ka Jinsu-NOM (406) *Jinsu-ka Jinsu-NOM (407) *Jinsu-ka Jinsu-NOM Mina-eke-lîl Mina-à-ACC Mina-eke-lîl Mina-à-ACC Mina-eke-lîl Mina-à-ACC phal-e bras-à phal-îl bras-ACC phal-e-lîl bras-à-ACC cusa-lîl piqûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC cusa-lîl piqûre-ACC nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné nohassôyo avoir donné
Commençons la dérivation des trois premières phrases grammaticales (399)-(401). Juste avant cela, rappelons la possibilité de réitérer la tête P° locative en coréen, la tête P° prenant un P comme complément ici.
| 2,206
|
hal-03798034-CAE_15_2021.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,022
|
Fraction molaire dans un plasma pour les mélanges Air-AgC et Air-AgSnO2. CAE15, 15ÈME COLLOQUE SUR LES ARCS ÉLECTRIQUES, CORIA, Jun 2021, Rouen, France. ⟨hal-03798034⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 573
| 1,015
|
Fraction molaire dans un plasma pour les mélanges Air-AgC et Air-AgSnO2
P André, M Chnani, Pierre Freton Jacques Gonzalez ouverte aire Fraction molaire dans un plasma pour les mélanges Air-AgC et Air-AgSnO2
P. André1, M. Chnani2, P. Freton3, J.J. Gonzalez3, P. Joyeux4, A. Risacher3 1 LPC, UCA, CNRS, 4 Avenue Blaise Pascal, 63178 Aubière Cedex SAFRAN (Zodiac AeroElectric), 7 Rue des Longs Quartiers, 93100 Montreuil 3 LAPLACE, CNRS, INPT, UPS, 118 route de Narbonne, F-31062 Toulouse cedex 9 4 Hager Electro SAS, 132 Boulevard d'Europe, 67210 Obernai France 2 mél: [email protected]
Dans le cadre d’un travail collaboratif soutenu par l’Association Arc Électrique (AAE), une étude est menée concernant l’« Étude expérimentale de la dynamique d’un arc électrique à courant continu évoluant entre deux rails », l’expérimentation étant située au laboratoire LAPLACE. Ce travail concerne plusieurs situations notamment l’arc électrique généré entre deux contacts électriques. Lors de l’ouverture de contact électrique ou après l’ignition de l’arc électrique, la température augmente et les matériaux de contact change d’état. Si ils se vaporisent, ils alimentent le plasma et se redéposent. Le plasma formé dans l’environnement immédiat des contacts électriques peut se trouver dans des états d’équilibre thermodynamique et de pression variés. L’étude de la température de vaporisation et de la gamme de température pour laquelle la surface est sous forme liquide pourrait aider à la compréhension des résultats expérimentaux. L’objectif de ces premiers calculs est la prise en compte des phases condensées dans un plasma d’air, d’argent et de carbone et dans un plasma d’air, d’argent et d’oxyde d’étain. Les méthodes de calcul sont données dans [1]. (Air,C,Ag) (50%,25%,25%); P= 1 Bar; =2 (Air,C,Ag) (50%,25%,25%); P= 1 Bar; =1 1 1 N N2 + Ag 0.1 graphite CN Ag + Ag - e CO 0.01 + C Ar CO2 C3 C2N
Fraction Molaire graphi
te
Fraction Molaire + N CO 0.1 N C O CN 0.01
+
C
2N
+ NO C3 C2 C2 4000 ++ Ag Ar Ag2 0.001 C2N2 2000 + O + C Ar CO2 + Ag2 NO 0.0001 e N Ag(liquide, solide) Ag CO 0.001 - N2 Ag(liquide, solide) 6000 C2N2 + O 8000 Température (K) 10000 0.0001 2000 4000 NO 6000 8000 10000 Température des espèces lourdes (K)
Figure 1: Fraction molaire pour un mélange de 50% Air, 25% C et 25% Ag pour une pression de 1 bar à l’équilibre thermique θ = 1 et pour θ = 2.
Sur la figure 1, nous présentons les premiers résultats qui concernent les mélanges d’air, d’argent et de carbone. Lors de l’augmentation de la température du contact électrique, l’argent va fondre, vers 1235 K, puis le liquide se vaporise aux alentours de 2170 K à l’équilibre thermique et de 2065 K hors de l’équilibre thermique. θ = Te Th = 2. Le carbone se sublime à une température d’environ 3330 K. Ainsi nous montrons que la composition du contact électrique va avoir une influence sur le plasma environnant, en apportant de l’argent après sa vaporisation et du carbone après avoir sublimé. De plus la surface du contact, va évoluer passant de solide, à argent liquide et carbone solide, à riche en carbone. Cependant, ces premières constations ne prennent pas en compte les conductibilités thermiques des matériaux et des enthalpies de fusion et de vaporisation [2]. Références [1] P. André, M. Abbaoui, A. Augeard, P. Desprez, T. Singo, PCPP, 36, 1161 (2016) [2] M. Abbaoui, P. André, A. Augeard, JITIPEE, 4, 1 (2018).
| 27,733
|
2012REN1S132_7
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,012
|
Couches minces et multicouches d'oxydes ferroélectrique (KTN) et diélectrique (BZN) pour applications en hyperfréquences
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,269
| 12,459
|
(A) (B) Figure IV-29 : (A) Diagrammes de DRX en mode θ-2θ des films minces déposés à 700°C sous 0,3 mbar en O2 sur (a) Pt(111)/saphir R et (b) Pt(111)/Si(100) ; les pics marqués (+) correspondent à BiNbO4 ; (B) diagrammes de DRX en mode φ-scan de la réflexion {004} de BZN, {222} de BZN, et {200} du Pt, ainsi que les ω-scans correspondant aux orientations (111) de BZN, (100) de BZN et (111) du Pt, respectivement. Les couches minces de BZN sont ensuite déposées dans des conditions identiques sur les deux électrodes, à une température de 700°C et sous une pression en oxygène de 0,3 mbar. Les diagrammes de DRX confirment la présence de la phase pyrochlore
avec deux orientations préférentielles des cristallites suivant les plans (111) et (100) (figure IV-29A
).
La phase BiNb
O4 précédemment observée sur LAO dans ces conditions de dépôt est détectée dans de très faibles proportions. Le type de croissance est directement corrélé à celui de
156 Chapitre
IV l'électrode avec un film texturé sur Pt(111)-texturée/Si(100) et une croissance épitaxiale de BZN sur Pt(111)-épitaxiée/saphir R (figure IV-29B). Le tableau IV-7 donne un récapitulatif des caractéristiques structurales des films (orientation, proportion et qualité d'ordre).
Proportion d'orientation Substrat Pt(111)texturée /Si(100) Pt(111)épitaxiée /saphir R Qualité d'ordre de l'orientation (111) Hors du plan Dans le plan (Δω) (Δφ) (111) (100) (110) 65 % 35 % - 5,3° - 80 % ≈ 20 % <1% 0,3° 0,9° Tableau IV-7 : Récapitulatif des caractéristiques structurales (orientation et qualité d'ordre) des couches minces de
ZN déposées par CSD sur une électrode de platine texturée ou épitaxiée (111). Le film texturé est composé de 65 % de l’orientation (111) avec une dispersion angulaire autour de l’axe de croissance Δω = 5,3°. Le film épitaxié est composé de 80 % de grains orientés (111) et de ≈ 20 % orientés (100) ayant des dispersions angulaires autour de l’axe de croissance de Δω = 0,3° et Δω = 0,5°, respectivement. Ces deux orientations (100) et (111) sont épitaxiées avec plusieurs familles d’orientation dans le plan qui sont liées à celles du substrat dont une très majoritaire de l’orientation (111) avec Δφ = 0,9°.
Figure IV-30 : Micrographies MEB de la surface des films de BZN déposés à 700°C sous 0,3 mbar de pression en oxygène sur un substrat de (a) Pt(111) – texturé /TiO2/SiO2/Si(100) et (b) Pt(111) – épitaxié / saphir R. 157
Chapitre IV
Quel que soit le type d'électrode utilisé, les films minces de BZN sont des films denses, avec une surface très plane et une épaisseur d’environ 160 nm (figure IV-30). Les mesures diélectriques sous champ électrique (à 100 kHz) ont montré pour le film BZNtexturé/Pt(111)/Si(100) une permittivité de 200 (0 kV/cm) et une accordabilité de 6 % alors que celui de BZN-épitaxié/Pt(111)/saphir R présente des valeurs plus élevées de 245 (εr) et 12 % (600 kV/cm) (figure IV-31). Les pertes diélectriques mesurées sur les deux couches minces sont de l'ordre de 0,05. Par comparaison avec la littérature, Thayer et al. [173] ont mesuré à 10 kHz une permittivité de l'ordre de 180, des pertes diélectriques de 0,005 et une agilité de 26 % (à 1,8 MV/cm ou ≈ 6 % à ≈ 600 kV/cm) sur des films polycristallins (épaisseur de 400 nm) de Bi1,5Zn0,5Nb1,5O6,5 déposé par CSD. Une étude publiée par Cao et al. [190] a montré une permittivité de l'ordre de 200, des pertes diélectriques de 0,008 et une agilité de 8 % (à 750 kV/cm) pour des films polycristallins (épaisseur de 200 nm) déposés par PLD à partir d'une cible de Bi1,5Zn1Nb1,5O7. Les valeurs de permittivité et d'agilité sont en accord avec la littérature, et la valeur élevée des pertes diélectriques peut être expliquée par la faible épaisseur du film (inférieure à 200 nm). En effet, une étude publiée en 2007 a montré qu’une diminution de l’épaisseur du film, de plus de 400 nm à 150 nm, est associée à une augmentation des pertes électriques de 0,004 à 0,01 (à 100 kHz) [182].
Figure IV-31 : Propriétés diélectriques de films minces déposés sur électrode de platine texturée et épitaxiée : permittivité et pertes diélectriques en fonction du champ électrique appliqué (300 K, 100 kHz). 158
Chapitre IV
Les différences de permittivité et d’accordabilité entre nos deux films peuvent s’expliquer par la croissance épitaxiale du film sur Pt(111)/saphir R et/ou la présence légèrement plus importante de l’orientation (111) qui permettent toutes deux d’améliorer la permittivité et l’agilité du matériau, tout en conservant des pertes diélectriques identiques. Une étude menée par Cao et al. sur des films épitaxiés, suivant deux directions de croissance (100) et (111), a montré des propriétés améliorées sur les films orientés (111) [182]. Une autre étude sur des films de BST montre que l'épitaxie augmente la permittivité, l'agilité et diminue très légèrement les pertes diélectriques par rapport à des films polycristallins [134]. Dans notre cas, l'amélioration des propriétés apparaît principalement liée à la croissance épitaxiale de la couche étant donné que les proportions de chaque orientation varient peu entre les deux films (variation de 15 %).
IV.2 Effet de la microstructure sur les caractéristiques diélectriques et optiques
L’étude des propriétés physiques a été réalisée sur des films minces épitaxiés de Bi1,3Zn0,5Nb1,5O7-δ déposés sur LAO et saphir R à une température de 700°C sous différentes pressions en oxygène. Les caractéristiques structurales et microstructurales de ces films ont été présentées dans les paragraphes II-3 et II-4 de ce chapitre. Les propriétés optiques de ces films ont été déterminés par ellipsométrie spectroscopique à l’aide d’un modèle détaillé dans le chapitre II § IV (schématisé sur la figure IV-32) qui tient compte du substrat (n(λ)), d’une couche du matériau étudié à gradient d’indice (loi de Cauchy) et d’une couche de rugosité pour le fit.
Figure IV : Schéma du modèle utilisé pour le fit des mesures par ellipsométrie spectroscopique et de la courbe de variation (linéaire) de l'indice dans la couche mince de l'interface à la surface. Les propriétés diélectriques à hautes fréquences ont été mesurées sur un dispositif électronique dont les principes de mesure et d’analyse sont expliqués en annexe I. Les figures IV159 Chapitre IV 33a et IV-34a représentent, en fonction de la longueur d’onde, les dispersions de l’indice de réfraction à différentes pressions d’oxygène de dépôt sur le substrat de LAO et saphir R, respectivement. L'évolution de l’indice de réfraction (à 630 nm) (figures IV-33b et IV-34b) et de la permittivité mesurée sur des lignes de transmission (à 10 GHz) (figures IV-34b) est donnée en fonction de la taille des grains et de la pression en oxygène sur les deux substrats.
IV.2.a Films BZN déposés sur substrat de LaAlO3(100)PC
Les films de BZN déposés sur LAO présentent une dispersion d’indice de réfraction caractéristique d’un diélectrique avec un décalage de l'indice de réfraction vers des valeurs plus élevées lorsque la pression en oxygène diminue (figures IV-33a). Aucune variation d’indice n’est observée le long de l’épaisseur, avec des valeurs (à 630 nm), comprises entre 2,47 et 2,50, proches et légèrement supérieures à celles trouvées en couches minces dans la littérature [204-205] et à celle du matériau massif (2,4) [204, 206]. Cette différence peut être due à la présence d’un déficit de bismuth et de zinc important dans la structure pyrochlore.
Figure IV-33 : Propriétés optiques des films BZN/LAO : (a) indice de réfraction de la couche de BZN déposée sous différentes pressions en oxygène (0,7, 0,5, 0,3 mbar) ; (b) indice de réfraction (à 630 nm) en fonction de la taille des grains. La légère augmentation de l’indice de réfraction de 2,47 à 2,50 lorsque la pression en oxygène diminue de 0,7 à 0,3 mbar peut être corrélée à l’augmentation de la taille moyenne des grains de 45 à 80 nm dans la couche (figure IV-33b). Néanmoins, il est assez difficile d’attribuer avec certitude cette augmentation d’indice uniquement à l’augmentation de la taille des grains. En effet, l’apparition et/ou l’augmentation de la présence, sous des pressions de 0,5 et 0,3 mbar en 160 Chapitre IV oxygène, de la phase BiNbO4 (matériau ayant un indice de 2,5 plus élevé [208]) peut aussi contribuer à l’augmentation de l’indice de la couche. De plus, la microstructure et l’aspect des couches sont différents, selon la pression en oxygène utilisée, allant d’une couche à croissance colonnaire (0,7 mbar) à des couches denses (0,5 et 0,3 mbar). La variation d’indice de réfraction de ces couches peut donc être induite par différents paramètres à la fois structuraux (phase secondaire) et microstructuraux (densification des couches, évolution de la taille des grains). IV.2.a Films BZN déposés sur substrat de saphir R
Les films déposés sur saphir R présentent également une dispersion de l’indice de réfraction caractéristique d’un matériau diélectrique. De plus, une variation continue de l’indice entre l’interface film-substrat (nbottom) et la surface (ntop) est mise en évidence (figure IV-34a). Ainsi l’indice évolue de l’interface avec un indice de 2,45 (nbottom) à des indices plus faibles en surface (2,29 ≤ ntop ≤ 2,35). L’indice de la couche à l’interface film-substrat semble être quasi indépendant de la pression en oxygène, avec une valeur légèrement supérieure à celle du matériau massif (2,4) [204, 206], mais proche de l’indice observé sur les films déposés sur LAO. L'augmentation de l’indice de surface de 2,29 à 2,39, lorsque la pression en oxygène diminue de 0,7 à 0,3 mbar, peut être corrélée à l’augmentation de la taille des grains de 37 à 77 nm (figures IV-34b).
Figure IV-34 : Propriétés optiques et diélectriques des films BZN/saphir R : (a) indice de réfraction de la couche de BZN déposée sous différentes pressions en oxygène (0,7, 0,5, 0,3 mbar) avec nbottom et ntop représentant l’indice à l’interface film-substrat et à la surface du film, respectivement ; (b) indice de réfraction (à 630 nm) et constante diélectrique (à 10 GHz) en fonction de la taille des grains. 161
Chapitre IV
Les couches minces possèdent une permittivité diélectrique comprise entre 85 et 135 à 10 GHz, et des pertes diélectriques effectives ( tan δ eff = ε "eff / ε 'eff ) faibles et semblables à celles mesurées sur le substrat nu. La couche de BZN possède des pertes diélectriques proches de celles du substrat (~10-4 à 10 GHz) et rend difficile l’étape de rétrosimulation afin de remonter aux pertes diélectriques intrinsèques de BZN. Pour comparaison, Booth et al. ont mesuré des permittivités de l’ordre de 150 (à 10 GHz) sur des films à croissance aléatoire, déposés sur substrat de saphir C par pulvérisation cathodique [209]. D’autres études ont montré que la diminution de la teneur en bismuth dans la structure pyrochlore entraîne une diminution de la permittivité [210], alors qu’une diminution en zinc implique une augmentation de la constante diélectrique [173]. Dans le cas présent, l’évolution de la permittivité avec la pression d’oxygène lors du dépôt ne peut être expliquée par une variation de la composition. En effet, les résultats EDS n’ont pas montré de variation significative de la composition qui est Bi1,3Zn0,5Nb1,5O7-δ, pour tous les films (à l’incertitude prêt de l’analyse EDS). Une étude publiée en 2010 montre une augmentation de la constante diélectrique de 120 à 180 (à 10 kHz), quand la pression d’oxygène diminue de 0,5 à 0,1 mbar pour des films déposés sur Pt/.../Si par PLD [184]. Les auteurs ont attribué cette variation aux contraintes, à l’orientation préférentielle (111) et aux aspects microstructuraux de la couche (forme, taille de grain et épaisseur du film). Dans notre étude, les films présentent des caractéristiques structurales et un aspect des couches minces semblables, seule la taille des grains diffère d’un film à l’autre. Avec le même raisonnement que pour l’évolution de l’indice de réfraction, l’augmentation de la permittivité de 85 à 135 peut être liée à l’augmentation de la taille de grain de 37 à 77 nm (figure IV-34b). Afin de comprendre et d’expliquer d’une manière qualitative la dépendance de l’indice de réfraction dans le domaine de transparence du matériau et de la permittivité à hautes fréquences (10 GHz), l’approximation effective de Bruggeman [211-212] peut être utilisée : fb ε g −εm εb −εm + (1 − f b ) =0 ε b + 2ε m ε g + 2ε m où ε m, ε g et ε b correspondent à la fonction diélectrique effective totale, celle liée aux grains et celle liées aux joints de grains, respectivement et f b représente la fraction volumique des joints de grains dans le matériau. Habituellement, la fonction diélectrique (ou le carré de l’indice de réfraction n 2 = ε r ) du grain est supérieure à celle aux joints de grains. En effet, la fonction diélectrique est proportionnelle à la densité d’atomes [213-214] et aux défauts locaux
162 Chapitre
IV ou étendus qui peuvent être présents aux joints de grain. En conséquence, plus la taille de grain est faible, plus la densité de joints de grain est grande et plus la fonction diélectrique sera faible. Néanmoins, il est difficile d’expliquer pourquoi l’indice de réfraction est plus élevé au niveau de l’interface. Comme vu précédent, un mode de croissance, en trois dimensions, de type Volmer-Weber peut être envisagé ici du fait d'une croissance colonnaire perpendiculairement à la surface observée par MEB. La valeur plus élevée d’indice à l’interface peut être expliquée par une augmentation de la densité d'atomes proche du substrat. Des contraintes compressives entre les îlots qui se forment dans les premières secondes de dépôt pourraient induire une augmentation de la densité d'atomes à la jonction de ceux-ci, et ainsi procurer une valeur d'indice plus élevée que le reste de la couche parfaitement relaxée. L’évolution de l’indice de réfraction et de la permittivité pourrait donc s’expliquer par une évolution de la microstructure le long de l’épaisseur du film et entre les films déposés sous différentes pressions d’oxygène (taille des grains, fraction volumique de joint de grains et densité d’atomes). Cette étude a permis de mettre en évidence l’importance de la microstructure et son impact sur les propriétés optiques et diélectriques du matériau, ainsi que des comportements similaires dans des domaines de fréquences différents : à 10 GHz (mesures diélectriques sur dispositif) et à 473 THz (mesures par ellipsométrie spectroscopique sur les films vierges). L’étude a aussi permis de mettre en évidence l’existence d’un gradient d’indice dans les films déposés sur saphir R sans utiliser de conditions particulières de dépôt. Conclusion Après avoir dressé un état de l'art du matériau BZN non-ferroélectrique, accordable en tension, nous avons pu mettre en évidence une grande influence des conditions de dépôt, par PLD, sur les caractéristiques des films. En effet, celles-ci diffèrent en fonction du type de substrat utilisé (LaAlO3(100)PC ou saphir R), choisis dans le but d’obtenir des films épitaxiés (100) et pour leur compatibilité avec les hyperfréquences. De plus, la température et la pression de dépôt modifient les caractéristiques microstructurales des films influençant, par la même occasion, les propriétés physiques (optique et diélectrique). Nous avons pu discuter de l'impact de la microstructure, et plus particulièrement de la taille des grains sur les propriétés 163 Chapitre IV optiques et diélectriques à hautes fréquences, pour des films minces déposés sur LAO et saphir R. Nous avons également observé un comportement similaire entre les propriétés optiques mesurées par ellipsométrie spectroscopique (n (ou √ε) à 633 nm ou 473 THz) et les propriétés diélectriques mesurées sur des lignes de transmission (εr à 10 GHz). En conséquence, l'ellipsométrie spectroscopique peut être utilisée comme outil de contrôle et ainsi pour prédire les propriétés diélectriques dans la gamme des hyperfréquences, qui pourraient être mesurées sur dispositif. Nous avons aussi découvert l'existence de gradient d'indice de réfraction dans les films de BZN déposés sur saphir R par PLD. Ces couches minces ont été obtenues dans des conditions (température, pression et énergie) classiquement utilisées au laboratoire. La variation d'indice de réfraction a été attribuée au mode de croissance particulier de BZN et à la variation de la microstructure de la couche (de l'interface substrat/film à la surface). Dans ce chapitre, nous avons également présenté une étude sur des films minces déposés par CSD où une croissance épitaxiale a été obtenue sur LAO. Cette technique a permis de déposer sur des substrats de grande surface (20x20 mm) en optimisant essentiellement les paramètres du spin coater (vitesse et temps de rotation). Durant cette étude, l'ellipsométrie spectroscopique (mesure de l'épaisseur et de la densité) a aussi permis de comprendre et d'établir un processus de densification et croissance des couches par CSD. Le chapitre suivant sera consacré à l'association de BZN avec le matériau ferroélectrique KTN. Nous avons choisi d'utiliser les hétérostructures multicouches car elles ont montré leur efficacité avec le matériau BST. Dans ce dernier chapitre, nous montrerons l'influence de l'ajout de cette couche sur les propriétés finales de l'hétérostructure. Nous mettrons aussi en avant les potentialités spécifiques de la méthode de dépôt par CSD.
164
CHAPITRE V : HETEROSTRUCTURES MULTICOUCHES ASSOCIANT KTa1-xNbxO
3
AVEC Bi1,5-xZn
0,
9-yN
b
1,5O7-δ Chapitre V Introduction
L'association du matériau diélectrique BZN avec KTN a été effectuée en vue de diminuer les pertes diélectriques de KTN, tout en conservant, au mieux, des agilités et permittivités élevées. Dans ce dernier chapitre, nous présenterons les différentes hétérostructures multicouches KTN-BZN, déposées par les deux méthodes de dépôt (PLD et CSD). Nous décrirons, tout d'abord, une étude préliminaire d'hétérostructures, déposées sur LaAlO3. Cette étude a permis de contrôler la croissance d'hétérostructures multicouches, avec l'analyse structurale, microstructurale et chimique (SIMS). Par suite, les propriétés diélectriques des multicouches équivalentes ont été analysées à basses fréquences sur des capacités MIM, où un effet du rapport de BZN ( BZN ) dans BZN + KTN la multicouche a été mis en évidence. Cette dernière étude est comparée à une autre, cette fois-ci, menée à des fréquences de 10 GHz et mesurée sur des dispositifs coplanaires. Enfin, nous décrirons les dépôts par CSD d'hétérostructures multicouches, avec différentes configurations. Dans cette dernière partie, nous montrerons les avantages de la technique de dépôt par CSD comparée à la PLD.
I. Dépôt d'hétérostructures multicouches par ablation laser pulsé BZN-KTN/ LAO(100)PC (étude préliminaire) I.1 Hétérostructure de type BZN/KTN/LAO(100)PC I.1.a Caractérisations structurales
Lors de cette étude, les conditions utilisées pour le dépôt des films de KTN sont conservées. Une étude préliminaire de croissance de multicouches a été réalisée sur le substrat de LAO afin de contrôler les conditions de dépôt et leur influence sur les caractéristiques structurales, microstructurales et chimiques. Les conditions utilisées pour le dépôt de BZN sur un film de KTN (65/35) ont été choisies afin d'obtenir, comme sur le substrat de LAO 165 Chapitre V (100)PC, deux microstructures différentes en surface. La couche d’environ 20 nm de BZN est déposée à partir d’une cible stœchiométrique (sans excès de bismuth ou zinc) sous 0,3 mbar de pression en oxygène et à des températures de 600°C et de 700°C.
N° Couche a KTN (65/35) BZN b KTN (65/35) BZN Orientation (proportion) (100) (110) (100) (111) → → → → ≈ 100 % (100) (110) (100) (111) → → → → ≈ 100 % <1% 95 % 5% <1% 80 % 20%
Type de
croissan
ce
épitaxiale texturée épitaxiale texturé - Figure V-1 : Diagrammes de DRX en mode θ-2θ des hétérostructures multicouches BZN/KTN(65/35)/LAO(100) avec la couche de BZN déposée à (a) 700°C et (b) 600°C, et des épaisseurs de 20 nm et 450 nm pour BZN et KTN, respectivement ; (c
film mince de KTN(65/35)/ LAO(100)PC.
Tableau V-1
:
Récapitul
atif
des caractéristiques
structural
es
des hétéro
structures
identifiées
sur les
diagrammes de D
RX. Pour les deux ensembles de conditions de dépôt, les films minces sont constitués des phases KTN (pérovskite) et BZN (pyrochlore) sans présence de phase secondaire (figure V1). Les caractéristiques structurales de chaque hétérostructure sont présentées dans le tableau V-1. La couche de KTN possède une croissance épitaxiale (100) comme observée et détaillée précédemment dans le chapitre III §-I.1. La couche supérieure de BZN est préférentiellement orientée (100) avec une proportion supérieure ou égale à 80 %. On note aussi une légère proportion de cristallites orientés (111). La vérification de l'ordre dans le plan a été problématique pour la couche de BZN, en raison de la faible quantité de matière déposée (20 nm) et de la difficulté à collecter une intensité suffisante par DRX en mode φ-scans. Cependant la proportion importante de l'orientation (100) laisse envisager que ces cristallites sont ordonnés cristallographiquement dans le plan et donc que la couche de BZN présente une épitaxie comme la couche de KTN. Les observations MEB (figure V-2) ne contredisent pas cette hypothèse (absence de gains désorientés en surface).
166
Chapitre V I.1.b Caractérisations microstructurales et chimiques
L'ajout d'une couche de BZN sur la couche de KTN modifie la microstructure de la surface de l'échantillon. La couche de 20 nm de BZN déposée à 600°C sur la couche de KTN tend à rendre les grains caractéristiques de la couche de KTN moins anguleux (figure V-2). Pour ces conditions de dépôt de BZN, il est très difficile de distinguer la couche et d'estimer la dimension des grains de BZN. le film de BZN déposé à une température de 700°C sur le film de KTN, possède un aspect "fondu" recouvrant les grains de KTN, avec une porosité apparente dans la couche de BZN. Une diminution de la rugosité de surface a été observée lors de l'ajout d'un film de 20 nm de BZN déposé à 600°C. Elle est diminuée de 40 % après ajout de BZN (déposé à 600°C) atteignant une rugosité de surface finale de 6 nm (mesurée sur 1μm2) ou 13 (mesurée sur 5μm2) (figure V-2).
700°C 600°C Figure V-2 : Micrographies MEB et images AFM associées de la surface de (a) la couche de KTN (65/35)/LAO(100)PC, et (b et c) des hétérostructures BZN/KTN/LAO(100)PC avec la couche de BZN déposée à (b) 700°C et (c) 600°C. Mesures à différentes échelles : Rq1 (mesure sur 5μm2) et Rq2 (mesure sur 1μm2).
L’interprétation du profil d’analyse de concentration en profondeur effectué par SIMS est délicate sur ce type d’échantillon avec un nombre important d’éléments présents dans l’hétérostructure (figure V-3). Toutefois une grande zone d’interdiffusion entre la couche 167 Chapitre V mince de KTN et le substrat peut être observée sur une distance d’environ 50 nm. Les éléments bismuth et zinc sont présents sur une distance d'environ 18 nm. Celles-ci peut correspondre soit à l’épaisseur de la couche de BZN en elle-même, soit, au vu des images MEB et des analyses AFM de la surface, à la rugosité de la couche de KTN et les s de BZN qui recouvrent les grains de KTN ("collines et vallée"). Epaisseur de : Couche de KTN ≈ 300 nm Couche de BZN ≈ 18 nm Diffusion KTN → ≈ 32 nm substrat : Ta et Nb Diffusion KTN → ≈ 10 nm substrat : K Diffusion substrat 16 nm → KTN : Al Diffusion substrat 13 nm → KTN : La Présence de Bi dans la couche de KTN
Figure V-3 : Profils de concentration réalisés par SIMS sur l’hétérostructure multicouche de BZN/KTN(65/35)/LAO(100)PC dont la couche de BZN a été déposée à une température de 600°C I.2 Hétérostructures de type KTN/ BZN/LAO(100)PC I.2.a Caractérisations structurales
Dans un second temps, l'hétérostructure multicouche inversée KTN/BZN/LAO(100)PC a été déposée avec une épaisseur de l'ordre 60 nm pour la couche de BZN. Dans cette configuration, la couche mince de 60 nm de BZN a été déposée à 600°C et 0,3 mbar et KTN dans les conditions standards. Le diagramme de DRX de cette hétérostructure (figure V-4A) révèle la présence de la phase pérovskite. La croissance directe de KTN sur une couche de BZN entraîne la formation d'une phase secondaire dans la couche de KTN. Cette phase secondaire est identifiée comme une phase de structure pyrochlore de type K2Ta2O6, avec une possible substitution du tantale 168 Chapitre V par du niobium; elle semble directement induite par la couche de BZN. La présence de cette phase pyrochlore non ferroélectrique tend à diminuer les propriétés d'agilité ainsi qu'à augmenter les pertes diélectriques de l'hétérostructure [8]. Pour éviter la formation de cette phase secondaire, nous avons inséré une couche intermédiaire de KNbO3 entre la couche de KTN et BZN. En effet, le système K-Nb-O exempt de Ta ne possède pas de phase pyrochlore tout en appartenant à la solution solide de KTaxNb1-xO3. Elle se caractérise donc par une structure proche. Cette solution s'avère efficace et permet la croissance de la phase pérovskite sans phase secondaire avec une couche de KNbO3 de 40 nm (figure V-4.A.a). (A)
(B) Figure V-4 : (A) Diagrammes de DRX en mode θ-2θ de l’hétérostructure multicouche (a) KTN(65/35)/KNbO3/BZN/LAO(100)pc avec une couche intermédiaire de KNbO3 et (b) KTN(65/35)/BZN/LAO(100)pc sans couche intermédiaire. Les pics marqués par o et ∗ correspondent à la phase isotype à K2Ta2O6 (pyrochlore) et au substrat, respectivement. (B) Diagrammes de DRX en mode φ-scan des réflexions {440} de BZN, {110}PC de KNbO3 et {110}PC de KTN pour l'hét
structure multicouches KTN(65/35)/KN/BZN/LAO(100)pc. Les trois couches (BZN, KNbO3 et KTN) possèdent des cristallites orientés préférentiellement (100) avec, pour la couche de KTN, environ 80 % des cristallites orientés (100). Une croissance épitaxiale de l'ensemble de l'hétérostructure a été mise en évidence par mesure DRX en mode φ-scan (figure V-4.B). Cette épitaxie est de meilleure qualité pour la couche de BZN (Δφ = 1,0°) que pour les couches plus éloignées du substrat telles que celle de KNbO3 (Δφ = 2,4°) et finalement celle de KTN (Δφ = 7°). Le réseau de BZN s'organise dans 169 Chapitre V le plan avec une rotation de 45° par rapport au réseau du substrat (cf. chapitre IV §-II.3.b). Il en va de même pour la croissance de KNbO3 (réseau pseudo cubique) sur la couche de BZN où une rotation de 45° est observée entre les deux réseaux. Enfin, la croissance de KTN est de type "cube sur cube" sur la couche de KNbO3 en raison de la grande proximité des structures.
I.2.b Caractérisations microstructurales et chimiques
Comme dans le cas de l’hétérostructure précédente, l’interprétation du profil d’analyse de concentration en profondeur effectué par SIMS est délicate (figure V-5). Toutefois, des différences sont observées entre l’hétérostructure avec et sans couche intermédiaire de KNbO3. Sur les deux échantillons, une diffusion importante entre le substrat et la couche de BZN est présente avec une zone d’interdiffusion d’environ 50 nm. Cette zone de diffusion est très différente des résultats obtenus sur une couche mince de BZN seule (cf. chapitre IV §-II.3.d). Dans le cas de l’hétérostructure multicouche sans couche intermédiaire, les éléments tantale et potassium de la couche de KTN diffusent fortement dans la couche de BZN. On peut supposer que la présence élevée de tantale et potassium dans BZN favorise la cristallisation et la croissance de la phase non désirée K2Ta2O6 (ou K2Ta2-δNbδO6) de structure pyrochlore, de façon assez analogue à ce qui a été observé sur saphir [71]. L'élément bismuth a également pu être observé de manière importante sur une distance de 50 nm dans la couche de KTN, avec des quantités non négligeables jusqu'à environ 100 nm. Dans le cas de l'hétérostructure avec une couche intermédiaire de KNbO3, des résultats semblables à l'hétérostructure précédente ont été observés comme : une zone d'interdiffusion moyenne (≈ 30 nm) entre le substrat et BZN plus importante que pour une couche mince de BZN seule ; une diffusion du bismuth sur une distance de 60 nm environ à travers la couche de KNbO3 et KTN ; une diffusion du potassium toujours aussi importante dans la couche de BZN. Mais, contrairement à l'hétérostructure précédente, la diffusion du tantale est diminuée par la couche intermédiaire de KNbO3 de structure pérovskite empêchant la formation de la phase K2Ta2O6 à l'interface. L'effet est ici analogue à ce qui a été observé antérieurement sur saphir [71]. Il est d'autant plus marqué que, contrairement au saphir R, BZN lui-même de structure pyrochlore favorise la croissance de cette phase secondaire. 170 Chapitre
V (a) (b) (a) (b) Epaisseur de : Couche de KTN Couche de BZN Présence du Zn dans BZN Epaisseur de : Couche de KTN Couche de KN Couche de BZN Diffusion BZN Substrat ≈ 335 nm ≈ 47 nm + importante proche du substrat (≈ 24 nm) que de la couche de KTN (≈ 23 nm) S'affaiblit proche du substrat (≈10 nm) Présence du Zn dans BZN Présence du Bi dans BZN Diffusion du Bi dans ≈ 46 nm KTN Diffusion du Zn dans Négligeable KTN Diffusion de La et Al ≈ 30 nm dans BZN Présence faible de Al dans la couche de KTN K a tendance à diffuser plus que Ta dans BZN 130 nm 25 nm 40 nm + importante proche du substrat (≈ 30 nm) que de la couche de KTN (≈ 10 nm) S'affaiblit proche du substrat (≈ 25 nm) Présence du Bi dans BZN Diffusion du Bi dans ≈ 55 nm KN et KTN Diffusion du Zn dans Négligeable KTN Diffusion importante de K dans BZN Diffusion du Ta dans KNbO3 seulement Diffusion importante de ≈35 à ≈ 40 nm La et Al dans BZN Palier de concentrations de Al entre les interfaces BZN/KNbO3 et KNbO3/KTN
Figure V-5 : Profils de concentration réalisés par SIMS sur les hétérostructures multicouches de KTN(65/35/BZN)/LAO(100)PC (a) sans couche intermédiaire et (b) avec une couche intermédiaire de KNbO3
Une variation de composition en zinc et bismuth est aussi observée dans la couche de BZN avec une concentration relative plus élevée en zinc et plus faible en bismuth proche du substrat et inversement proche de la couche de KNbO3. La couche de BZN, initialement de composition Bi Zn0,5Nb1,5O7-δ, se retrouve sous l'effet de la diffusion d'éléments (Zn, Bi et K), avec différentes compositions de structure pyrochlore. En effet, une étude publiée en 2000 171 Chapitre V a montré l'existence de phases pyrochlores déficitaires de type (Bi0,8K0,4)(Nb2)O6,4 (ou Bi2KNb5O16) avec un paramètre de maille a = 10,5389 Å [215]. La couche de BZN serait donc constituée de matériaux à structure pyrochlore avec une variation progressive de la composition, allant d'une pyrochlore riche en zinc et légèrement appauvrie en bismuth de type Bi1,3-xZn0,5+yNb1,5O7-δ à une pyrochlore pauvre en zinc et contenant du potassium de type (Bi0,8K0,4)(Nb2)O7-δ. La figure V-6 présente une coupe schématique de l'hétérostructure avec les évolutions de composition envisageable. Figure V-6 : Schéma représentatif des structures et compositions possibles de la couche de "BZN" avant et après dépôt de KNbO3 et KTN (interprétation des profils de concentration mesurés par SIMS). Lors de ces dépôts, une diffusion
importante
du
bismuth
est observée dans la couche de KTN pouvant
modifier les propriétés diélectriques du matériau.
En effet, des études publiées sur le dopage de films minces de BST avec du bismuth ont montré une diminution des pertes diélectriques (0,025 → < 0,01), mais également une diminution légère de la permittivité (360 → 335), et de l'agilité (34 → 31) avec 10 % de bismuth dans le film [216]. Le phénomène de diffusion souvent non désiré pourrait, dans notre cas, contribuer à diminuer les pertes diélectriques de l'hétérostructure par effet dopage.
172
Chapitre V II. Caractérisations diélectriques à basses fréquences et hautes fréquences des multicouches BZN/KTN/substrat
Suite à l’étude préliminaire sur la croissance de multicouches, l'hétérostructure de type BZN/KTN/substrat a été privilégiée par rapport à la configuration inversée (KTN/BZN/substrat) en raison de la simplicité de dépôt, du nombre d'interfaces minimum en ayant les phases souhaitées et des phénomènes de diffusion plus faibles. La composition du matériau KTN est fixée à KTa0,5Nb0,5O3 qui a présenté une permittivité et une agilité élevées, bien qu'associées aussi, à des pertes plus élevées que KTa0,65Nb0,35O3. Choisir cette composition avait pour but de voir l’influence possible de la couche de BZN sur la diminution des pertes ainsi que sur les autres caractéristiques diélectriques. Le film de BZN est déposé avec une cible enrichie en oxyde de bismuth et de zinc afin d’obtenir une Bi1,5Zn0,9Nb1,5O7-δ et ainsi de limiter le nombre de lacunes dans la structure et les phénomènes que cela peut engendrer (diffusion d’élément (K et Ta), conduction ionique,...). II.1 Caractérisations à basses fréquences de multicouches déposées sur Pt(111)/Si(100) II.1.a Caractérisations structurales et microstructurales
Afin de procéder à des mesures à basses fréquences avec une configuration MIM (Métal – Isolant Métal), il est nécessaire de déposer les couches minces sur un substrat conducteur ; notre choix s'est porté sur Pt(111)/TiO2/SiO2/Si(100) avec l’hétérostructure de type BZN/KTN/substrat. Ce substrat est couramment utilisé dans le domaine des films ferroélectriques en vue de déterminer leur comportement électrique. Nous avons réalisé des hétérostructures constituées d’une couche de 550 nm environ de KTN réalisée dans les conditions standards, sur laquelle différentes épaisseurs de BZN ont été déposées à une température de 600°C et une pression de 0,3 mbar. Dans ces conditions et sur ce type de substrat, les couches minces possèdent une orientation aléatoire (figure V-7).
173 Chapitre
V Figure V-7 : diagrammes de DRX en mode θ-2θ des hétérostructures multicouches BZN/KTN/Pt(111)/Si(100) : (a) BZN (290 nm)/KTN (550nm), (b) BZN (210 nm)/KTN (610nm), (c) BZN (30 nm)/KTN (500nm) et (d) d'un film de KTN (520 nm). Les pics marqués (∗) correspondent au substrat. Les clichés MEB de la surface des échantillons sont présentés sur la figure V-8.
La
micro
structure de la surface varie peu lors de l'ajout d'environ 30 nm de BZN sur un film de KTN (cf. paragraphe I.1.a), les grains apparaissent toutefois moins anguleux. Le film de KTN est recouvert d'une couche de BZN très difficile à distinguer. Un dépôt de 200 nm et plus de BZN modifie l'aspect de la surface avec un recouvrement total de la couche de KTN par des grains de petite taille. La rugosité de la couche semble être fortement diminuée laissant apparaître des zones avec des amas où étaient initialement situées les gouttelettes parfois présentes sur les films de KTN déposés par PLD. 174
Chapitre V
Figure V-8 : Images MEB de la surface et de la tranche des hétérostructures multicouches BZN/KTN/Pt(111)/Si(100) : (a) BZN (290 nm)/KTN (550nm), (b) BZN (210 nm)/KTN (610nm), (c) BZN (30 nm)/KTN (500 nm) et (d) pour comparaison dun film de KTN (520 nm).
II.1.b Caractérisations diélectriques
Les mesures diélectriques sous l'application d'un champ électrique ont été effectuées à température ambiante avec une fréquence de signal de 100 kHz avec un contact supérieur sur le plot de Pt (0,2 mm2) (figure V-9). Par comparaison avec une couche de KTN seule, lors de l'ajout de 290 nm de BZN, la permittivité à 0 kV/cm diminue de 1800 jusqu'à 725 et l'agilité de 25 % à 3 %. Une nette diminution est aussi observée sur les pertes diélectriques avec des valeurs qui diminuent de 0,06 à 0,015 lorsque la couche de BZN est insérée entre KTN et 175 Chapitre V l'électrode. La figure V-10 résume les résultats obtenus et répertorie les caractéristiques diélectriques des hétérostructures multicouches en fonction du ratio (a) BZN. BZN + KTN (b) Figure V-9 : Valeurs des (a) permittivités et (b) pertes diélectriques en fonction du champ électrique appliqué à 100 kHz pour les hétérostructures BZN/KTN/Pt/.../Si avec différentes épaisseurs de BZN : le film de KTN (520 nm), et les multicouches BZN (30 nm)/KTN (500nm) BZN (210 nm)/KTN (610nm) et BZN (290 nm)/KTN (550nm)
L'ajout d'une faible quantité de BZN de 6 % (30 nm) en ratio affecte très peu la permittivité avec une valeur de 1770, mais diminue l'agilité à 10 % ainsi que les pertes diélectriques à 0,045. Avec un ratio de BZN de 25 % (250 nm), la permittivité chute à une valeur de 830, l'agilité à 3 % et les pertes diélectriques à des valeurs de 0,015. Les propriétés diélectriques (permittivité, agilité et pertes diélectriques) évoluent progressivement lors de l'ajout de BZN et ne semblent plus être affectées, ou très peu, au-delà d'un ratio de 25 % de BZN dans l'hétérostructure. Cependant, le compromis agilité/pertes diminue fortement lors de l'ajout de 6 % de BZN et évolue très peu, par la suite jusqu'à 35 % (290 nm). Des phénomènes semblables ont été observés sur des hétérostructures associant un autre ferroélectrique (BST) avec BZN [90-92]. Une autre étude publiée en 2010 a montré une diminution de l'agilité de 69 % à 27 % (200 kV/cm), lors de l'ajout de seulement 40 nm de BZN, dans des hétérostructures de BaTi0,85Sn0,15O3/BZN/LaNiO3/SiO2/Si, comparées au film seul de
Ti0,85Sn0,15O3 [217]. 176
Chapitre V
Avec la configuration MIM, il est possible de déterminer la permittivité théorique de l'hétérostructure, en considérant d'un point de vue électronique des capacités connectées en série. La permittivité peut être décrite par la formule suivante (cf. chapitre I §-III.2.c) et représentée par la courbe de la figure V-10a : ε moy = dKTN ε KTN dTotal dBZN + (a)
ε
Diélectrique (
b
)
Figure V-10 : (a) valeur de la permittivité mesurée (carré) et théorique (ligne pointillée), avec les pertes diélectriques et (b) l'agilité et la figure de mérite (FoM) mesurées à -40 kV/cm en fonction du ratio de BZN dans l'hétérostructure. Les valeurs mesurées sur les couches minces
s'écartent des valeurs calculées attendues par la théorie et notamment pour l'hétérostructure constituée de 8 % de BZN où la permittivité du matériau est quasiment identique à celle du matériau KTN seul. Cette observation peut s'expliquer par la microstructure de la surface de l'échantillon (figure V-8c) et la rugosité de l'échantillon où les grains de petite taille de BZN recouvrent seulement en partie la couche de KTN. Avec cette caractéristique, le champ électrique ne traverse pas ou peu la couche de BZN mais peut tout aussi bien atteindre la couche de KTN directement, en raison de la rugosité qui fait apparaître des zones exemptes de BZN. La diminution des pertes diélectriques avec l'augmentation du ratio de BZN est compréhensible. En effet, les pertes diélectriques mesurées se situent bien entre les pertes diélectriques de KTN et celles de BZN observées dans la littérature sur MIM de l'ordre de 8.10-3 [190]. 177
Chapitre V
La diminution de la permittivité, lorsque le ratio de BZN augmente dans l'hétérostructure, est aussi compréhensible avec des valeurs comprises entre celles des matériaux KTN (εr ≈ 1850 ; agilité = 25 % à 40 kV/cm) et BZN (εr ≈ 200 ; agilité ≈ 0 % à 40 kV/cm).
II.2 Caractérisations à hautes fréquences de multicouches déposées sur saphir R
Suite à l'étude des propriétés physiques menées sur des hétérostructures BZN/KTN/Pt/.../Si(100) à basses fréquences, on peut noter qu'une trop grande proportion de BZN dans l'hétérostructure détériore nettement les propriétés diélectriques de l'ensemble. Lors de l'étude des propriétés à hautes fréquences le ratio de BZN a été fixé à environ 15 % dans la multicouche. Les mesures à hautes fréquences sont effectuées sur des dispositifs coplanaires avec des lignes de transmission et des stubs dont les principes de mesure et de calcul sont expliqués en annexe I. Les études ont été menées sur des hétérostructures BZN-KTN déposées sur un substrat de saphir R. Ce dernier est choisi en raison de son potentiel d'intégration dans les dispositifs. En effet, il est, à l'heure actuelle, utilisé dans la microélectronique et plus adapté aux applications visées, avec une permittivité et des pertes diélectriques plus faibles que le substrat de LAO.
II.2.a Caractérisations structurales et microstructurales
Les hétérostructures multicouches BZN/KTN/saphir R sont constituées d'une couche de KTN50/50 déposée dans les conditions standards et d'une couche de BZN déposée à partir d'une cible stœchiométrique à deux températures différentes (600°C et 700°C) et 0,3 mbar O2. Les épaisseurs respectives de KTN et BZN dans les hétérostructures sont d'environ 600 nm et 80 nm. Les diagrammes de diffraction des rayons X présentent des hétérostructures multicouches possédant des caractéristiques structurales identiques (figure V-11). En effet, l'intensité relative de chaque pic est identique quelle que soit la température de dépôt de la couche de BZN. Les couches de KTN sont texturées (cf. chapitre III §-I.1) et la couche de BZN possède une croissance polycristalline. Avec des caractéristiques structurales identiques, 178 Chapitre V les multicouches possèdent, néanmoins, des microstructures en surface totalement différentes (figure V-12). L'aspect de surface des hétérostructures est identique à celui présenté lors de l’étude préliminaire sur LAO avec le recouvrement par une couche d’allure fondue et par des grains de petite taille pour le dépôt de BZN à 700°C et 600°C, respectivement.
Figure V-11 : Diagrammes de DRX en mode θ-2θ des hétérostructures multicouches BZN/KTN/saphir R pour lesquelles la couche de BZN est déposée à 700°C (a) et 600°C (b) avec (c) la couche de KTN seule. Les pics marqués (∗) correspondent au substrat. Figure V-12 : Micrographies MEB de la surface à 0° (a,c) et tiltée à 45° (b,d)des hétérostructures BZN/KTN/LAO(100)PC avec la couche de BZN déposée à (a,b) 700°C et (c,d) 600°C.
179 Chapitre V II.2.b Simulation des propriétés diélectriques par logiciel HFSSTM
Avant toute mesure directe sur des dispositifs coplanaires, des simulations sur un dispositif Stub, placé sur les multicouches KTN-BZN/saphir R, ont été effectuées par Y. Corredores IETR). Ces simulations numériques ont été réalisées, entre 1 et 20 GHz, principalement avec le logiciel électromagnétique 3-D full-wave HFSSTM d’Ansoft (annexe IV). Les résultats obtenus pour l'hétérostructure constituée de KTN/BZN/saphir R montrent une faible influence de la couche de BZN sur les propriétés diélectriques. En effet, les pertes globales du stub estimées restent inchangées avec des valeurs autour de 0,4. Néanmoins l'agilité diminue de 57 à 52 % pour une hétérostructure constituée de 600 nm de KTN et 200 nm de BZN, par exemple. Les résultats obtenus sur les simulations de l'hétérostructure inversée BZN/KTN/saphir R diffèrent légèrement. L'évolution des propriétés diélectriques semble être légèrement plus marquée avec une baisse de l'agilité de 57 à 48 % pour une hétérostructure constituée de 600 nm de KTN et 200 nm de BZN, par exemple. Cette légère différence confirme bien l'importance d'insérer le diélectrique près de l'électrode située sur la surface de la couche. En effet, le champ diélectrique ne semble pas ou peu traverser la couche de BZN dans la configuration où elle est située entre KTN et le substrat. Ces simulations suggèrent que, pour une configuration coplanaire, la couche de BZN affecte très faiblement les propriétés diélectriques, quelle que soit l'ordre des couches dans l'hétérostructure multicouche. En effet, les pertes globales du dispositif restent inchangées, en raison, probablement, des pertes métalliques qui semblent être trop importantes et ont une contribution majeure sur ces pertes globales. II.2.c Mesures sur les lignes de transmission
Les mesures diélectriques ont été effectuées sur 3 lignes de transmission de 3, 5 et 8 mm (cf. annexe I). La figures V-13 présente les valeurs de permittivité relative du film en fonction du champ électrique appliqué ainsi que les pertes diélectriques correspondantes. Une couche de KTN de 600 nm est utilisée comme référence, ayant une permittivité de 860, des 180 Chapitre V pertes diélectriques de 0,31 et une agilité de 37 % (20 kV/cm). Lors de l'ajout de 100 nm de BZN (soit une proportion de 15 % de BZN), la permittivité diélectrique d'un film de KTN (≈ 550-600 nm) chute à 240 (à 0 kV/cm), accompagnée d'une diminution des pertes diélectriques à 0,25. L'impact d'une couche de BZN, sur les propriétés diélectriques finales de la multicouche, est différent selon la température de dépôt de BZN. Effectivement, pour des couches de BZN déposé à 700°C représentant 13,4 et 15,9 % de la multicouche, les permittivités sont, respectivement, de 605 et 460. L'agilité est aussi diminuée pour atteindre des valeurs de 28 et 22 %. Cependant le niveau de pertes diélectriques à 0 kV/cm est inchangé aux environs de 0,32. Nous pouvons remarquer que le comportement en tension des pertes diélectriques est quasi identique pour les couches de KTN, et les multicouches avec une couche de BZN déposée à 700°C. La diminution des pertes diélectriques, lorsque le champ électrique augmente peut-être corrélée à la diminution de la permittivité [218]. Ceci explique donc pourquoi la multicouche possédant une agilité très faible montre une diminution quasi inexistante des pertes en tension.
| 4,315
|
64/pastel.archives-ouvertes.fr-tel-01298545-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,559
| 12,488
|
Algorithme VRORV
Un autre algorithme, étudié plus particulièrement par Leimkuhler et al. [51] est l'algorithme dit VRORV (BAOAB dans leur terminologie). Il se décompose de la manière suivante :
e∆t(L0 +Lv +Lr +Lh ) ≈ e ∆t Lv 2 e ∆t Lr 2 e∆tLh e ∆t L0 2 e ∆t Lh 2 e ∆t Lr 2 e ∆t Lv 2 + ◦(∆t3 ) (2.52)
CHAPITRE 2. Pour cette décomposition de l'opérateur temps de ∆t L, les opérations nécessaires pour faire évoluer le pas de sont données par les équations t ~ n F 2mi i t n+ 12 n+ 1 ~v ~ri 2 = ~rin + 2
mi
i
0 c3 ~
n+ 1
n+ 1 ~vi 2 = c1~vi 2 + √ N
i
mi ∆t n+ 12 0 n+ 1 ~v ~rin+1 = ~ri 2 + 2mi i 0 ∆t ~ n+1 n+ 1 ~vin+1 =~vi 2 + F 2mi i n+ 12 ~vi
où
26
= ~vin − (
2.53
) (2.54) (2.55) (2.56) (2.57) ~i N est un vecteur de variables aléatoires distribuées normalement, indépendantes, de variance p 1−c1 et c3 = kT (1 − c21 ) et γ = mμi. unitaire et de moyenne nulle et
c1 = exp
(
−γ∆t
) et c2 = γ Cet algorithme a l'avantage d'avoir une limite suramortie à l'ordre deux en temps. 2.3.3 Commentaires et choix d'implémentation
Outre les algorithmes OVRVO et VRORV, les équations de Trotter permettent de dénir quatre autres algorithmes (ORVRO, RVOVR, VOROV et ROVOR) pour simuler les équations de Langevin. Ils ont diérentes propriétés[81]. La plupart d'entre eux se réduisent à l'équation d'EulerMaruyama dans la limite suramortie, de sorte qu'ils sont d'un faible intérêt dans notre cas. Nous retenons donc de la discussion précédente l'algorithme VROVR au sujet duquel Leimkuhler et al[51] ont remarqué que sa limite suramortie est d'ordre 2. Il permet d'explorer l'espace de façon pertinente, c'est à dire produit une distribution d'états qui converge vers la solution de l'équation de Langevin-Liouville [52]. Dans la limite suramortie, l'algorithme VRORV s'écrit [51] : ~rin+1 F~ n = ~rin + i ∆t + μ s kT ∆t ~n ~n+1 ζi + ζi 2μ où nous avons pris les coordonnées généralisées. L'algorithme complet pour la translation peut se résumer : 1 On fait évoluer les positions des particules d'un pas VRORV 2 On sauvegarde les coordonnées du vecteur ζ~i correspondant à la translation L'algorithme complet pour la rotation peut se résumer : (2.58)
CHAPITRE 2. 1 On eectue un changement de base sur les couples (base galiléenne vers base d'Euler) 2 On fait évoluer les positions angulaires des particules d'un pas VRORV 3 On fait évoluer les quaternions des particules (2.36) 4 On normalise les quaternions
2 2 2 2 =1 + q3i + q2i + q1i q0i 5
On
sauvegarde les coordonnées
du v
ecteur
ζ~i
correspondant
à la
translation Au cours de ce travail, diérents algorithmes ont été utilisés. D'abord, nous avons implémenté OVRVO pour l'équation de Langevin complète, puis constaté que la limite suramortie était bien pertinente dans notre situation. Euler-Maruyama étant seulement d'ordre 1, nous avons mis en ÷uvre SRK2, et constaté qu'il présentait des résultats cohérents quand on s'intéressait aux observables associées aux mouvements des particules (diusion, conformations de chaînes polymères). C'est assez tardivement, à travers l'étude de la pression dans les gels de polymères, que nous avons constaté une erreur dans la prédiction de la pression par SRK2. Cela nous a conduit à implémenter l'algorithme VRORV suramorti, de Leimkuhler et al [51]. Au moment de la n de la rédaction de ce manuscrit, un ensemble complet de données n'est encore disponible que pour l'algorithme SRK2. Cela entache toute nos mesures actuelles de contrainte et de pression d'une erreur qui trouve son origine, au fond, dans l'existence d'un shadow work [80]. Nous avons commencé à reproduire tout cet ensemble de données en utilisant VRORV, mais n'avons pas encore pu avoir un jeu complet. Nous avons donc fait le choix de ne conserver pour l'instant que les données SRK2, tout en mettant en ÷uvre les simulations nécess
. CHAPITRE 2. 2.3.4 Systèmes sous cisaillement 2.3.4.1 Conditions aux limites de Lees-Edwards et cisaillement
Figure 2.5 Représentation en 2D des conditions aux limites de Lees-Edwards. Un exemple de la position d'une image par rapport à sa particule est représenté en rouge.
Les limitations matérielles ne nous permettent pas de simuler des systèmes macroscopiques. Il est courant, pour atténuer ce problème, de dénir des conditions aux limites périodiques : le système est déni comme un milieu inni constitué de la cellule de simulation et d'une innité de copies qui se placent sur un réseau de bravais dont les vecteurs de base Lx ~a = 0 , 0 avec Lx, Ly et Lz 0 ~b = Ly , 0 ~a, ~b et ~c sont dénis comme 0 ~c = 0 Lz (2.59) les dimensions du système de référence. Dans la suite de cette thèse, nous serons conduits à étudier la réponse mécanique de diérents types de gels. La méthode classique pour solliciter une cellule de simulation périodique en déformation consiste à introduire les conditions de bord dites de Lees-Edwards. L'idée de Lees et Edwards [50] est d'utiliser ces conditions aux limites pour simuler le cisaillement en déformant le réseau de Bravais en ajoutant un paramètre D possiblement dépendant du temps, qui déforme le système de référence de la manière suivante
Lx ~a = 0 , 0 0 ~b = Ly , 0 D ~c = 0 Lz (2.60)
Ces conditions de Lees-Edwards peuvent être utilisées pour introduire deux types de sollicitations mécaniques. Soit en maintenant D constant, soit en le laissant croître à taux constant D = γ̇Lx. Ce second cas revient à imposer un gradient de vitesse moyen de la forme : 0 0 γ̇ ~ u = 0 0 0 ∇~ 0 0 0 (2.61) CHAPITRE 2. où γ̇ 29 est l'amplitude du gradient de vitesse. Ce gradient de vitesse correspond à un écoulement suivant l'axe ~x et dont le gradient est dirigé suivant la direction ~z. D est nul. Nous avons vu que i était représentée une innité de fois, grace aux images de la cellule de référence. leurs positions grace à trois paramètres (l,m,n) de la manière suivante A l'instant initial, la cellule n'est pas déformé, le paramètre chaque particule On peut dénir (l,m,n) = ~ri0 + l~a + m~b + n~c ~ri Où ~ri0 ane ~ u. ∇~ désigne la position de la particule ~cl,m,n i i (2.62) dans le système de référence. On dénit la vitesse non ~r ̇il,m,n moins la vitesse du au champ de cisaillement comme la vitesse de la particule (l,m,n) ~ci ~ u.~r(l,m,n) = ~r ̇il,m,n − ∇~ i (2.63) La déformation homogène impose, qu'en moyenne, toutes les images d'une particule vitesse non ane. Finalement, la vitesse des particules i i ont la même s'écrivent ~vi (t) = ~ci + γ̇zi (t)e~x (2.64) Notons que le tenseur gradient de vitesse peut se décomposer en une partie symétrique partie anti-symétrique D et une : ~u
=A+D ∇~ 0 0 γ̇2 0 0 γ̇2 = 0 0 0 + 0 0 0 γ̇ 0 0 − γ̇2 0 0 2
La partie anti-symétrique D D (2.65) correspond au taux de rotation local. Cela nous permet de d'écrire la vitesse d'une particule dans un champs de cisaillement simple comme ~ i (t) = γ̇ e~y Ω 2 2.3.4.2 (2.66)
Réécriture de l'algorithme SRK2 sous cisaillement
Les algorithmes développés equations (2.34) et (2.35) ne prennent pas en compte le terme de cisaillement. Il est nécessaire de les réécrire. Pour illustrer comment les conditions de LeesEdwards doivent être prises en compte, revenons vers l'algorithme de Honeycutt et sa méthode [39]. En developpant l'équation (2.64), on obtient d~rin F~ n = i + γ̇zin e~x dt μ Le terme d~ rin n'est fonction que de dt ~rin, on peut écrire une fonction d~rin = G(~rin ) dt (2.67) ~ ni G de ~rin tel que (2.68) CHAPITRE 2. 30 On commence par écrire l'algorithme d'Euler pour l'équation (2.68) n+1 ~n ~rEM = ~rin + ∆tG 1i i L'algorithme de Runge Kutta à l'ordre ~rin+1 = 2 (2.69) communément utilisé s'écrit n ~rEM i 1 ~n n ~ + ∆t G1i + G2i 2 Nous avons utilisé, dans les équations précédentes, deux termes (2.70) ~ n1i G et ~ n2i G que nous dénissons comme ~ n1i = G(~rin ) G n n n ~ ~ G2i = G ~ri + ∆tG1i (2.71) (2.72) Cela nous donne ~n ~ n = Fi + γ̇z n e~x G 1i i μ n n ~ ~ F ~ri + ∆tG1i n+1 ~n = G + γ̇zEM e~ 2i i x μ F~in (2.73) (2.74) t et zin = ~rin.e~z est la projection de la position de n n ~ ~ ~ la particule suivant l'axe e ~z au temps t. De la même manière, F ri + ∆tG1i est la force appliquée est la force appliquée sur la particule au temps sur la particule au temps t + ∆t après un pas d'Euler, et position de la particule suivant l'axe e~z n+1 n+1 zEM = ~rEM.e~z i i est la projection de la après un pas d'Euler. L'algorithme d'Euler modié s'écrit n+1 ~rEM = ~rin + ∆t i F~in + ∆tγ̇zin e~x μ (2.75) L'algorithme SRK2 modié s'écrit i ∆t h ~ n+1 FEM i − F~in 2μ 1 n+1 + ∆tγ̇ e~
x zEM − zin i 2 n+1 ~rin+1 = ~rEM + i (2.76)
On peut eectuer le même raisonnement pour la rotation. On obtient les équations suivantes
~n n+1 ~n + ∆t Ki + ∆t γ̇ e~y θ~EM = θ i i μ 2 h i ∆t ~ n+1 n ~n θ~in+1 = θ~EM + K − K i EM i i 2ν
Avec ~ 0 n1i = G se résumer : ~n K i ν (2.77) (2.78) + γ̇2 e~y. L'algorithme complet pour la translation avec un cisaillement constant peut CHAPITRE 2. 1 On sauvegarde les forces exercées sur les particules et les positions suivant e~y 2 On fait évoluer les positions des particules d'un pas d'Euler Maruyama (2.75) 3 On récupère les forces exercées sur les particules et les positions suivant e~y 4 On fait évoluer les positions des particules d'un pas de Runge Kutta (2.76)
L'algorithme complet pour la rotation avec un cisaillement constant peut se résumer : 1 On sauvegarde les couples exercées sur les particules 2 On eectue un changement de base sur les couples (base galiléenne vers base d'Euler) 3 On fait évoluer les positions angulaires des particules d'un pas d'Euler Maruyama (2.32) 4 On fait évoluer les quaternions des particules (2.36) 5 On normalise les quaternions
2 2 2 2 =1 + q3i + q2i + q1i q0i 6
On réc
u
père
les
couple
s exercés sur les particules 7
On
eectue un changement de base sur les couples
(
base galiléenne vers base
d
'
E
uler
) 8
On fait
évoluer les positions angulaires des particules
d'
un pas de Runge
Kutta (
2.35)
9
On
fait
évoluer les
quatern
ions des particules
(2.36) 10 On
normal
ise les
qua
tern
ions
2.3.4.3 2 2 2 2 q0i + q1i + q2i + q3i =1
Nous avons vu précedemment comment cisailler un matériau grace aux conditions aux limites périodiques de Lees-Edwards. Dans le cas où le système étudié est un solide, ce cisaillement va induire des contraintes que l'on va vouloir étudier. Cependant, les simulations de dynamique moléculaire ne traitent pas le système de manière continu, mais discrète. De plus le tenseur des contraintes est une donnée macroscopique que l'on cherche à obtenir avec les données microscopiques que la simulation nous met à disposition. Il faut donc l'étudier quement pour etre capable de relier les observables microscopiques avec les équations macroscroscopique. Irving et al [33, 43] ont démontré que cela est possible pour le tenseur contrainte σ et que celui- ci s'écrit comme l'addition d'un terme cinétique, qui ne dépend que de la vitesse des particules i contenues dans la cellule de simulation et d'un second terme qui dépend des forces d'interaction
CHAPITRE 2. F~ij entre particules i r~ij = r~i − r~j et j ainsi que de leurs positions relatives les unes par rapport aux autres σαβ α et β 32 1 = 3 L X i 1X mi viα viβ + Fij α rij β 2 i,j désignant les coordonnées du tenseur σ! (2.79) et des diérents vecteurs et L3 le volume de la cellule de simulation. Une remarque est à faire dans cette équation : dans notre dynamique nous ne calculons pas les vitesses, nous n'avons donc accès qu'au terme dit de contact qui dépend des forces entre paires. Cela ne signie pas que la contrainte due aux vitesses des particules n'existe pas, mais nous n'y avons pas directement accès. Il est possible décomposer le tenseur des contraintes pour obtenir la pression exercée dans le système.
1
p
= −
(
σxx + σyy + σzz
)
3 On peut aussi remonter au module de cisaillement la déformation G (2.80) grace à la contrainte de cisaillement σxz et à γ G= σxz γ (2.81)
2.4 Percolation et coloring
Pour repérer la percolation, nous nous servirons de l'algorithme de Newman et Zi [58], développé pour les méthodes de Monte-Carlo, mais que nous avons adapté à nos systèmes. Nous commençons par numéroter les particules de 1 à N, ce qui nous permet de les diérencier les unes des autres. Nous appelons le numéro assigné à chaque particule, l'id de celle-ci. Pour chaque particule, on assigne également un nombre que l'on prendra égale à −1 au début du test que nous appelerons le pointeur sur la particule. On repère ensuite les paires en interactions. Trois cas s'orent à nous : Les pointeurs des deux particules sont égales à −1. Cela indique que les deux particules n'ont pas encore été repérées comme faisant parties d'un cluster. On créé donc un nouveau cluster composé de ces deux particules. On assigne au pointeur de la première particule son id, et au pointeur de la deuxième particule l'id de la première particule. Un des pointeurs des deux particules est diérent de −1. Cela implique que l'une des deux particules appartient déjà à un cluster. On change donc la valeur du pointeur de la particule n'appartenant pas au cluster par la valeur du pointeur de la particule appartenant au cluster. Les pointeurs des deux particules sont diérent de −1 : les deux particules appartiennent à un cluster. Si leurs pointeurs respectifs sont égals, ils appartiennent au même cluster, on ne fait rien. Si leurs pointeurs respectifs sont diérents, ils appartiennent à deux clusters CHAPITRE 2. 33 distincts. Dans ce cas, on fusionne les clusters en faisant pointer tous les pointeurs d'un des deux clusters vers le deuxième cluster. Une fois toutes les paires étudiées, on obtient un tableau de pointeurs. Le nombre de cluster, c'est à dire d'ensemble contenant au moins deux particules, est donné par le nombre de numéro diérents que contient ce tableau. On obtient le nombre de particules par cluster en comptant le nombre de numéros identiques. Cela nous permet également de faire du coloring : on assigne à chaque particule d'un même cluster une couleur spécique. Cette couleur change pour chaque cluster. On peut ainsi repérer facilement les diérents clusters dans les visualisations. Finalement, on repère la percolation en applicant les méthodes précédentes uniquement sur les particules contenues dans la cellule de simulation, en ne prenant pas en compte les eets de bord périodique. On vérie ensuite la percolation en regardant les paires particules/images : si les pointeurs de ces paires ont la même valeur, alors elles appartiennent au même cluster et il y a percolation.
Chapitre 3 Gels de polymères : questions et outils 3.1 Introduction
Un polymère est une molécule formée de l'assemblage d'un grand nombre d'unités élémentaires, appelées monomères, jointes entre elles par des liaisons covalentes. Ils présentent de très nombreuses formes : des chaînes linéaires plus ou moins longues, des structures étoilées, ou diérents types de branchements. Ils peuvent être constitués de monomères identiques, ou de quelques monomères semblables, ou encore inclure des monomères très diérents qui peuvent conférer à certaines parties des chaînes des propriétés physiques variées (hydrophile ou hydrophobe, par exemple). De ce fait, les polymères sont présents dans un très grand nombre de matériaux et y remplissent des rôles divers [90, 79, 64]. Des matériaux tels que les plastiques sont essentiellement des polymères enchevêtrés. Ils subissent une transition de phase à haute température vers un état liquide. On les appelle alors des fondus de polymères. Les polymères tels que l'amidon ou le polyacrylamide sont solubles dans des solvants comme l'eau. Les solutions diluées de ces polymères présentent des propriétés viscoélastiques qui sont utiles pour l'industrie. Les élastomères sont des enchevêtrements de polymères que l'on rigidie par réticulation, conférant au matériau des propriétés de solide élastique. On peut citer comme exemple la vulcanisation du caoutchouc. On retrouve également les polymères dans les ciments, où ils jouent des rôles encore mal compris, soit en évitant l'agglomération de particules colloïdales, soit en formant entre elles des ponts attractifs. 35 et la stabilité du réseau résulte de l'anité de certaines branches de polymère entre elles. Les propriétés de ces gels dépendent d'un ensemble de facteurs extérieurs tels que leur degré de polymérisation, c'est à dire la taille moyenne des polymères individuels qui les compose, de la nature du solvant, de la température ou du pH La gélatine est un exemple de gel physique. À température ambiante, le collagène est organisé le plus souvent sous forme de brilles composées de trois brins de polymères organique (des protéines) enroulés entre eux. La gélatine est obtenue par hydrolyse partielle du collagène : les brins se séparent en solution et forment des amas reliés entre eux par des triples hélices, formant ainsi un gel physique. La gélation de la gélatine est étudiée depuis de nombreuses années [30], mais le lien entre microstructure et rigidité macroscopique reste largement incompris [35]. Les hydrogels sont principalement des gels chimiques [38]. On les retrouve dans les lentilles de contact, et dans diverses applications biomédicales [38, 82]. Ils sont composés d'une matrice de chaînes polymères gonée par une grande quantité d'eau ou de uide biologique. On peut citer également les réseaux formés de polymères biologiques comme le chitosan qui réagit grâce au glutaraldehyde et forme des ponts covalents [1], l'actine, ou le collagène, qui constitue la matière première permettant la production de gélatine. Les gels chimiques ou physiques sont donc essentiellement des réseaux ténus immergés dans des liquides et soumis à l'agitation thermique. Dès lors que le réseau est susament ponté ces gels sont susceptibles de développer une résistance en contrainte. Ce sont alors des solides qui présentent, en général, un domaine élastique très étendu, les seuils ruptures se situant typiquement à des déformations de l'ordre de 100 à 1000 pourcent [2, 10]. Cette propriété est une conséquence directe du fait que la contrainte est supportée par un réseau dilué et donc très déformable. Du fait de la dilution, les modules élastiques sont inévitablement faibles, de l'ordre de 1 à 10 kPa. Le comportement des gels aux faibles déformations est donc a priori entièrement déterminé par la structure du réseau. Dans le cas des gels physiques, le réseau peut se restructurer au cours du temps ce qui introduit des eets visco-élastiques [88], mais cet eet est absent pour les gels chimiques. La construction et la validation de notre modèle numérique nécessiteront de faire appel à un certain nombre d'éléments de la littérature, en particulier concernant les propriétés de chaînes polymères. Les notions nécessaires sont introduites dans ce chapitre où nous discutons aussi brièvement quelques modèles de gels de polymères. C'est au chapitre 4 que nous construirons et caractériserons un modèle de chaîne polymère qui nous permettra, au chapitre 5, d'étudier la formation et les propriétés de gels chimiques.
3.2 Modèles de chaînes polymères isolées
Nous nous concentrerons exclusivement dans le cas de gels formés de polymères linéaires semiexibles. Pour calibrer notre modèle, il est nécessaire de faire appel à un certain nombre de propriétés connues d'une chaîne de polymère simple en solution. Une chaîne polymère linéaire est en eet un objet physique assez complexe. Les modèles qui peuvent être traités analytiquement s'appuient sur des hypothèses très simplicatrices, par exemple en négligeant toute interaction entre monomères éloignés, ce qui n'est pas très réaliste. Nous examinons ici quelques éléments théoriques qui nous aideront à calibrer notre modèle numérique de chaîne semiexible. 3.2.1 Chaînes idéales exibles 3.2.1.1 Dénition du modèle
Le modèle le plus classique de polymère linéaire est celui dit des "chaînes idéales" [73]. Il consiste à représenter un polymère par une chaîne de particules ponctuelles, dont chacune représente un monomère, en imposant uniquement que des particules voisines le long de la chaîne restent à distance xée a. Toute interaction entre monomères non-voisins est complètement négligée : c'est une approximation très grossière, qui mène à des prédictions erronées sur certaines d'observables. Cependant, ce modèle reste d'un intérêt majeur, d'abord parce qu'il permet de comprendre l'origine et l'importance des eets entropiques en physique des polymères, et parce qu'il fournit une situation idéalisée de référence dans laquelle certains calculs peuvent être menés jusqu'au bout. Nous commencerons donc cette discussion par une présentation rapide des principales prédictions de ce modèle avant d'en examiner les limites.
CHAPITRE 3. 3.2.1.2 37 Conformations à l'équilibre
Figure 3.1 Une conformation possible d'une chaîne exible de N monomères. Le vecteur R~ N relie le centre du premier monomère au centre du dernier monomère. Soit un polymère linéaire exible composé de N monomères. Nous les numérotons dans l'ordre ~ i la position du centre du monomère i, R ~i − R ~ i−1, le vecteur reliant le centre de la particule i − 1 au centre de la particule i et R ~N, et ~ ri = R du contour de 0 à N −1 (voir gure 3.1). Nous noterons le vecteur reliant le centre des monomères situés aux extrémités de la chaîne. Le vecteur reliant les extrêmités du polymère est dénoté : ~N = R N −1 X ~ri (3.1) i=1 D'une façon générale, on caractérise les conformations à l'équilibre d'un polymère par des grandeurs qui sont moyennées sur l'ensemble des congurations qu'il présente. Dans la suite la notation h*i dénotera cette moyenne qui à l'équilibre peut être vue aussi bien comme une moyenne d'ensemble que comme une moyenne temporelle. À partir de l'équation ci-dessus, il est évident que ~ N i = 0, hR ce qui est aussi nécessaire par isotropie. Les uctuations du vecteur ~N R peuvent être CHAPITRE 3. 38 caractérisées simplement en écrivant : * ~2 i = hR N = N −1 X N −1 X! ~ri. i=1 N −1 N −1 XX!+ ~ri i=1 (3.2) h~ri.~rj i i=1 j=1 Puisque la norme des vecteurs ~ri est la même pour toute valeur de i, le produit scalaire θij se reformuler en fonction de cette norme et des angles ~ 2 i = a2 hR N N −1 N −1 X X entre les vecteurs ~ri et ~rj. ~ri.~rj peut On a alors hcos θij i (3.3) i=1 j=1 avec a la valeur de la norme des vecteurs ~ri. Dans le modèle des chaînes idéales exibles, la seule contrainte imposée est que les mononères voisins restent à distance a. Les angles θij entre segments successifs sont parfaitement indépendants, hcos θij i = 0 dès que i 6= j, de sorte qu'il ne reste que N − 1 termes ~ 2 i = (N − 1)a2. ci-dessus, et donc hR N en conséquence de quoi, on a non nuls dans la somme ~ 2 i fournit une information globale sur l'extension des chaînes. Des informations hR N ~ N k. plus précises sont contenues dans la distribution de probabilités des valeurs de la distance kR Pour un polymère linéaire idéal exible composé de N monomères tel que N 1, la distribution ~ N ) pour que le vecteur reliant les centres des extrémités de la chaîne soit le de probabilités P3dI (R ~ N est le produit de trois gausiennes [73]. Ces gausiennes sont centrées en zéro et ont une vecteur R ~2 i hR N ~ N ) s'écrit. La distribution de probabilités P3dI (R variance σv = 3! 23! ~2 3 3 R N ~N) = P3dI (R exp (3.4) 2 2 ~ ~ 2πhRN i 2hRN i L'observable ~ N k) pour que les centre monomères en bout de P3dI (kR ~ N k est obtenue en intégrant l'équation précédente sur une kR La distribution de probabilités chaîne soient éloignés d'une distance sphère de rayon
~Nk kR ~ N k) = P3dI (kR Z 0 2π Z π Z 0 ~ N k2 = 4πkR 0! 23! 3~r2 3 ~ N k − r)r2 cos θdrdθdφ exp δ(kR ~2 i ~2 i 2πhR 2h R N N! 32! ~ 2 3 3R N exp 2 ~ i ~2 i 2πhR 2hR ∞ N (3.5) N
La conformation d'une chaîne peut aussi être caractérisée par son rayon de giration, Rg qui est déni comme : Rg2 = N 1 X ~ ~ cm )2 (Ri −
R
N i=1 (3.6)
CHAPITRE 3. 1 ~ i Ri est la position du centre de N masse du polymère. Le rayon de giration fournit une information sur la taille pour tout type de où ~i R est la position du centre du monomère i et ~ cm = R P polymère (polymère branché, polymère en étoile, dendrimère, etc). Il est notamment accessible dans les expériences grâce aux méthodes de diusion aux petits angles. On peut réécrire l'équation précédente comme [73] : Rg2 Les quantités 2 hRN i et hRg2 i N N 2 1 XX~ ~ = 2 Ri − Rj N i=1 j=i (3.7) donnent toutes deux des informations sur l'espace occupé par un polymère. En fait, elles sont reliées : dans le cas considéré ici de chaînes idéales, on a en eet [73] hR2 i hRg2 i = 6N, dans la limite des chaînes de longueur de contour innie. Dans la suite, nous ne considérerons en fait que des chaînes de longueurs assez faibles. On peut montrer (voir annexe 2 i hRN N +1 2. C.1) que la correction à apporter s'écrit comme hRg i = 6 N
3.2.1.3 Forces
Nous nous sommes jusqu'à présent intéressés aux propriétés de la chaîne à l'équilibre, en l'absence de sollicitation. Considérons maintenant la façon dont une telle chaîne répond quand elle est soumise à des forces extérieures. Une sollicitation pertinente du point de vue mécanique consiste en deux forces opposées f~ et −f~, alignées suivant un axe xe dans le référentiel du laboratoire ~x. Ces forces sont appliquées respectivement sur les centres des monomères de bout de chaîne. Un exemple expérimental de cette situation est une chaîne étirée dans un écoulement uniforme [63]. L'énergie libre d'une chaîne idéale exible est exclusivement entropique. Les conformations d'une chaîne exible idéale libre ne sont pilotées que par l'entropie. Si on ajoute des forces extérieures faibles, le travail qu'elles génèrent reste faible par rapport à l'énergie entropique [73]. L'énergie de la chaîne reste donc principalement d'origine entropique. La chaîne suit alors la loi de Hooke. La force nécessaire f pour que les monomères situés aux extrémités de la chaîne soient éloignés en valeur moyenne d'une distance hRN i f= s'écrit 3kB T hR i ~ 2 if =0 N hR (3.8) N Le coecient 3kB T ~ 2 if =0 est appelé constante de raideur entropique d'une chaîne idéale exible. Il varie hR N linéairement avec la température. Cela implique que plus on chaue la chaîne, plus il sera dicile de l'étirer. La nature purement entropique de ce type de polymère rend donc leurs propriétés très diérentes d'autres matériaux comme les métaux qui perdent de la rigidité quand on les chaue. La loi de Hooke que nous avons énoncé pour les forces faibles n'est plus applicable quand les forces deviennent susamment fortes pour étirer les liaisons covalentes : leur énergie va concurrencer l'énergie entropique de la chaîne. Il devient alors de plus en plus dicile de l'étirer au fur et à mesure que l'on se rapproche de la conformation limite d'une ligne droite. En prenant en compte CHAPITRE 3. 40 l'énergie interne de la chaîne dans les calculs, on peut généraliser l'équation (3.8) [73]. La distance moyenne entre les extrémités d'une chaîne hRN i ~ 2 if =0 hR hRN i = Rc coth f N kB T Rc où Rc f en fonction de la force! − est la longueur du contour de la chaîne. Quand (3.8). Quand f s'écrit alors comme 1 f ~ 2 if =0 hR N kB T Rc f → 0, (3.9) on retrouve l'équation linéaire devient susamment grand, l'équation précédente dévie fortement de la linéarité et sature à sa valeur limite Rc.
3.2.2 Chaînes idéales semiexibles, chaînes réelles
Le modèle de chaînes idéales exibles permet d'expliquer l'apparition d'une raideur élastique associée à l'entropie. Mais il présente beaucoup de défauts. En particulier, il suppose que (i) les liaisons portées par un monomère sont parfaitement indépendantes, ce qui permet en principe aux chaînes de se déformer à très petite échelle ; (ii) que de monomères distants n'interagissent pas du tout. En pratique, ces deux hypothèses doivent être reconsidérées. D'abord parce que les liaisons covalentes dans lesquelles est engagé un monomère doivent en général être orientées de façon spéciques les unes par rapport aux autres. Cela interdit des contorsions des chaînes à trop petites échelle, ce qui revient essentiellement à leur conférer un certain degré de rigidité. D'autre part, des monomères même distants ne peuvent pas se recouvrir à cause d'eet stériques. Il peuvent même dans certains cas développer des interactions attractives ou répulsives qu'il faut pouvoir prendre en compte. 3.2.2.1 Chaînes idéales semi-exibles
Figure 3.2 Modélisation d'une chaîne d'après le modèle de Kratky Porod. La chaîne est représentée par des segments de droites de longueurs a formant un angle α entre chaque segment voisin
3.2.2.1.1 Chaînes de Kratky Porod
Souvent, les angles entre monomères successifs ne sont pas arbitraires. L'idée de Kratky et Porod a été de les rendre constants. Ils ont représenté une chaîne comme un ensemble de maillons de longueur xe successifs forme un angle α a et tels que chaque paire de maillons constant. Une illustration schématique est visible sur la gure 3.2.
CHAPITRE 3. Soit r~i 41 le vecteur dénissant le maillon d'ordre i, les contraintes sur ce vecteur s'expriment par h~ r i 2 i = a2 h~ri+1.~ri i = a2 cos α (3.10) (3.11) La dépendance en angle, entre maillons successifs, induit des corrélations à longue distance sur la chaîne. En utilisant une relation de récurrence sur l'équation (3.11) on obtient la relation : h~ri.~rj i = a2 cos αkj−ik Comme cos α < 1, (3.12) ces corrélations décroissent rapidement le long de la chaîne. On en déduit : ~ 2 i = a2 hR N N X N X cos αkj−ik (3.13) i=1 j=1 Nous supposerons par la suite que α 1 et que la chaîne possède un grand nombre de maillons. kj−ik kj−ikα2 2 α2 kj−ik ≈ e− 2. On pose α2 = lap où lp est une longueur de On a alors cos α ≈ 1− 2 corrélation liée aux chaînes de Kratky Porod que l'on nomme longueur de persistance. Elle dénit la distance nécessaire entre deux maillons le long de la chaîne pour que les évolutions au cours du temps de leurs angles respectifs ne soient plus dépendantes l'un de l'autre. En utilisant ces relations dans l'équation (3.13), on obtient : ~ 2 i = a2 hR N N X N X − e kj−ika lp (3.14) i=1 j=1 Le fait que la chaîne possède un grand nombre maillons, dont les paires sont reliées par des angles faibles, nous permet de passer d'un modèle discret à un modèle continu. On peut montrer [73] que dans ce modèle : − Rc 2 ~N hR i = 2lp Rc
−
2
l
p2 1 − e lp (3.15) L'équivalent continu du modèle de Kratky Porod est nommé modèle des Worm Like Chains (WLC). Notons que l'évolution des Worm Like Chains soumisent à des forces extérieures est diérentes de celle des chaînes idéales exibles. La relation (3.9) n'est donc plus valide. Pendant longtemps, il n'y avait pas de solutions analytiques simple à ce problème. On pouvait, cependant, approximer la solution grâce à la relation [56] : ~ 2 if =0 hR 2hRN i 1 f N ≈ + kB T Rc Rc 2 Rc Rc − hRN i 2 − 1 2 (3.16) Cette relation n'est valide que pour les petites forces (régime entropique) et les grandes forces (chaînes étirée). Récemment, Dobrynin, Carillo et Rubinstein ont démontré une expression valable pour toutes valeurs de forces appliquées [24]. Elle s'écrit f kB T où s = ~ N.e~x Rx = R 3hRx i 2hRx i + 2 ~ if =0 Rc a hR N κ2 kT a −2 s 2 2 2hRx i κ + 1− + 1 − 2 Rc kT a (3.17) la projection du vecteur reliant le centre des extrémités sur l'axe d'application des forces. Cette expression permet de décrire à la fois le comportement des chaînes idéales exibles et des chaînes idéales semiexible. Elle a également la particularité de bien décrire, pour toute intervalle de forces appliquées, la déformation des chaînes semiexibles. Il est à noter que dans cette expression, le comportement d'une chaîne semiexible dépend de son module de rigidité.
Figure 3.3 Chaîne de polymère assimilée à une poutre soumise à l'agitation thermique et à une force f~. La position suivant 3.2.2.1.2 ~y de la chaîne au point x et au temps t est u(x, t)
Modèle de MacKintosh
Le modèle de MacKintosh [10] s'intéresse aux polymères linéaires presque totalement rigides sur les extrémités desquelles sont appliquées des forces. Dans ce modèle, on compare la chaîne semiexible à un modèle de poutre de module de rigidité κ. On considère un polymère linéaire dont les centres des monomères situés aux extrémités de la ~x et sont distants au temps t de RN. Ces centres sont soumis −f~ dirigées suivant l'axe ~x. Le premier centre dénit l'origine d'un repère orthonormé O~ x~y. Soit u(x, t) la position suivant ~y du polymère au point x et au temps t. Les conditions aux limites sont xées par u(0, t) = u(RN, t) = 0. Une illustration de la chaîne chaîne sont placés suivant un axe respectivement à deux forces f~ et est visible sur la gure 3.3. Nous allons chercher une relation entre la contraction On suppose que la longueur du contour Rc ∆R = Rc − RN et les forces appliquées. est xe dans le temps, c'est à dire que la poutre est inextensible. La contraction due aux uctuations thermiques s'écrit (voir annexe D.3) : Z RN s dx 1 + ∆R = 0 RN X 2 2 ≈ q uq 4 q ∂u ∂x 2 − 1 (3.18) CHAPITRE 3. avec uq 43 l'amplitude du mode par unité de longueur H q de la transformée de Fourier de u(x, t) = P q uq (t) sin qx. L'énergie d'une poutre s'écrit (voir annexe D.2) " 2 2 # 2 ∂ u ∂u 1 dx κ +f H= 2 2 0 ∂x ∂x RN X 4 ≈ (κq + f q 2 )u2q 4 q Z RN (3.19) ∂2u ∂u. La chaîne étant assimilée à un modèle et ∂x2 ∂x de poutre, on considère que cette énergie est celle de la chaîne. Sous une tension f constante, chaque où nous avons utilisé les transformées de Fourier de mode est un degré de liberté indépendant du système. En appliquant le théorème d'équipartition de l'énergie, on trouve hu2q i = 2kB T hRN i(κq 4 + f q 2 ) (3.20) En prenant la moyenne par rapport au temps de l'équation (3.18) et en insérant le résultat précédent, on obtient l'équation : h∆Ri(κ, f ) = kB T X q 1 +f κq 2 (3.21) Il est à noter que le résultat précédent a été multiplié par deux. En eet, les raisonnements précédents ont été fait dans un plan. Le même raisonnement peut être fait dans les deux plans transverses à la chaîne. Il aboutit au même résultat, d'où la multiplication par un facteur deux. Ici, nous pouvons d'abord étudier le cas où aucune force n'est appliquée sur la chaîne (f=0). P 1 hRN i2 kB T On a alors h∆Ri(κ, f = 0) = kB T. On voit que h∆Ri varie linéairement q κq 2 = 6κ avec l'inverse du module de rigidité κ et dépend linéairement de la température. Pour une force appliqués f, l'équation (3.21) se résout analytiquement. On peut montrer que (voir
annexe D.4)
h∆Ri
(
κ
,
f
) = BT − k2f + hRN ik
B T √
2 κ
f
co
th q
f hRN i κ.
Il
est
à noter que le
comport
ement des chaînes dans le m
odèle
de MacKintosh est l'inverse de celui des chaînes exibles. En eet, les chaînes étant presque rigides, leurs énergies sont majoritairement d'origine enthalpique. Cela implique que plus on augmente la température, plus elles se ramolissent.
Nous reprenons le modèle précédent, dans le cas où aucune force
n'est
appliquée sur la chaîne. L'énergie de la chaîne
s'écrit : κ
H
= 2
Z R dx
0
∂ 2u ∂x2 2 (3.22
)
Le modèle précédent suppose un système continu. Cependant, un polymère est un objet discret, composé de monomères rigides, reliés entre eux par des liaisons covalentes. monomères ~ri+1 et l'axe 44 i et i + 1, θi et θi+1 étant déni comme les angles formés respectivement ~x. On peut modier l'équation précédente de cette manière : 2 κ X θi,i+1 H= 2 i a Par la suite, nous supposerons que chaque angle θi,i+1 entre ~ri et (3.23) est indépendant des autres et constitue un degré de liberté du système. On peut alors utiliser le théorème d'équipartition de l'énergie. On obtient : akB T κ j > i et θi,j = θj − θi, h(θi,i+1 )2 i = Soit deux points et θj. i et j de la chaîne tels que (3.24) la diérence des angles entre θi On a :
hcos
(
θi,j
)
i
= hcos (θi,i+1 ) cos (θi+1,j − θj ) + sin (θi,i+1 ) sin (θi+1,j − θj )i ≈ hcos (θi,i+1 )ihcos (θi+1,j − θj )i (3.25) j−i ≈ hcos (θi,i+1 )i θi,i+1
et
nous avons supposé que θi,i+1 << 1.
Il est possible d'utiliser un développement Pour cette équation, nous avons utilisé l'indépendance des angles la chaîne était susamment rigide pour que 2 (j−i)hθi,i+1 i 2 (j−i)hθi,i+1 i − 2 ≈ e. Nous limité sur l'équation précédente. On a alors hcos (θi,i+1 )i ≈ 1− 2 pouvons maintenant introduire l'équation (3.24) dans l'équation (3.25), ce qui nous donne :
j−i (j − i)akB T hcos (θi,j )i = exp − κ (3.26
) Comme précédemment, nous avons multiplié le terme dans l'exponentielle par deux, pour prendre en compte des deux dimensions transverses à la chaîne. On voit qu'une longueur caractéristique kB T apparait dans l'exponentielle. Ce terme dénit la longueur à partir de laquelle les angles se κ décorrèlent le long de la chaîne. Par analogie avec le modèle de Worm Like Chains et l'équation κ. (3.14), nous appellerons cette longueur de persistance lp = kB T On peut désormais comparer le modèle des WLC au modèle de MacKintosh, dans le cas où aucune force extérieure n'est appliquée sur la chaîne. Le modèle de MacKintosh suppose des chaînes Rc telles que << 1. Pour comparer les deux modèles, nous allons nous placer dans cette limite lp R et utiliser un développement limité à l'ordre 3 en c dans l'équation (3.15). Nous obtenons après lp développement : 2 hRN i ≈ Rc2 Rc 1− 3lp (3.27) En prenant la racine de cette equation, nous avons : q 2 hRN i ≈ Rc s 1− Rc 3lp Rc ≈ Rc 1 − 6lp (3.28)
CHAPITRE 3. Cela nous permet de dénir q ~ 2 i ≈ hRN i Rc ≈ hR N q ~2 i ≈ h∆Ri = Rc − hR N Rc2. La rigidité de la chaîne impose que 6lp hRN i2. On retrouve ici le même 6lp résultat que dans le modèle de MacKintosh. Ainsi, malgré la diérence de nature, les deux modèles et l'équation précédente se réécrit h∆Ri = ont le même comportement pour des chaînes presque totalement rigides.
3.2.2.1.3 Conformations des chaînes
On a vu que pour des chaînes idéales exibles, il y avait un ratio précis entre le rayon de giration et les uctuations de la distance entre extrémités. Il n'y a pas d'expression générale pour dénir ce ratio pour des chaînes semi-exibles. On notera, cependant, que pour des chaînes complètement rigides, c'est à dire pour des bâtonnets, on trouve 2 i hRN 2. Cette valeur est à corriger pour les chaînes de que ce ratio est aussi constant[73] : hRg i = 12 2 i hRN N +1 2 tailles nies (voir annexe C.2) et s'écrit : hRg i =. 12 N −1 N 2 hRN i −1 Le rapport varie donc en fonction de la rigidité de la chaîne sur l'intervalle 6, 12 N. hRg2 i N +1 N +1 Plus ce rapport sera proche de la borne inférieure et moins la chaîne sera rigide. Inversement, plus ce rapport sera proche de la borne supérieure et plus la chaîne sera rigide. 3.2.2.2 Chaînes réelles
Tous les modèles dont on a discuté jusqu'à présent sont idéaux dans le sens où l'on néglige toute interaction entre monomères éloignés, c'est à dire qu'on inclut dans l'ensemble des congurations possibles des conformations de polymères dans lesquelles certains monomères non-voisins pourraient occuper la même position. C'est évidemment une approximation grossière puisque les eets stériques interdisent ce type de congurations. Ces eets de volume exclu sont classiquement quantiés dans la littérature en dénissant [73] : ∞ Z f (r)d3 r Vexclu = − (3.29) 0 où f (r) est une fonction appelée fonction de Mayer. Elle est dénie comme la diérence entre le facteur de Boltzmann de deux particules dont les centres sont éloignés d'une distance r et le facteur de Boltzmann de deux particules dont les centres sont éloignés d'une distance innie U (r) BT −k f (r) = e et où U (r) −1 (3.30) dénit le potentiel d'interaction entre deux monomères qui ne sont pas en interaction covalente. Si les monomères n'aiment pas le solvant (par exemple des monomères hydrophobes dans de l'eau), ils auront tendance à se regrouper pour que la surface en contact avec celui-ci soit minimale. Le volume exclu sera alors négatif (Vexclu < 0) et le polymère formera une structure compacte. Inversement, si les monomères préfèrent être en contact du solvant plutot qu'entre eux, le polymère aura tendance à s'étirer et prendra des conformations plus proches d'une ligne droite. Le volume exclu sera alors positif (Vexclu > 0). Pour la distance au carré moyenne entre les centres des monomères, le volume exclu fait que certaines conformations sont plus diciles d'ac que d'autres. Cela crée des corrélations entre les CHAPITRE 3. 46 ~ 2 i ≈ (N − 1)2ν a2, ν hR N angles. Il est d'usage, dans la littérature [73], d'utiliser la relation étant un exposant qui dépend de l'anité entre les monomères et le solvant. A haute température, quand les monomères se comportent comme des sphères dures, on a ν ≈ 0.588 [22]. Nous appelerons ces systèmes chaînes athermales. N monomères tel que N 1, la distribution ~ ~ de probabilités P3dR (kRN k) kRN k pour que les centres des monomères en bout de chaîne soient ~ N k se déduit des théories de renormalisation [22]. Elle n'est pas calculable éloignés d'une distance kR Pour un polymère linéaire réel exible composé de analytiquement et nécessite des approximations. On peut l'estimer grâce à la formule ~ N k) ≈ kR ~ N k2 P3dR (kR où θp et D ~ k kR p N 2 hRN i!θp exp −D 1! 1−ν (3.31) ν et d'un coecient γ qui ne dépend γ = 1.16 en trois dimensions [22]. On sont des constantes dépendantes du coecient que de la dimension de l'espace. Ce coecient est égal à a alors ~ k kR p N 2 hRN i θp = γ−1 et ν D = (4−5ν+θp −νθp )! (2−3ν+θp −νθp )! 1 2(1−ν). Comme pour les chaînes idéales exibles, cette approximation n'est valable que pour les longues chaînes. L'énergie d'une chaîne réelle exible n'est plus purement entropique : il faut prendre en compte l'énergie due au volume exclu des monomères. La force nécessaire pour que les monomères situés aux extrémités de la chaîne soient éloignés en valeur moyenne d'une distance hRi s'écrit [73] ν 1−ν kB T q hRN i f≈q ~ 2 if =0 ~ 2 if =0 hR hR N N (3.32) On remarque que contrairement au chaînes idéales exibles, l'équation (3.32) n'est pas linéaire et dépend du coecient ν.
| 30,288
|
7f64862418c6418fd36032a3447c25d9_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,010
|
Gestion des connaissances d'un constructeur aéronautique dans son entreprise étendue : Méthodologie pour un échange d'éléments d'expérience techniques et organisationnels avec la sous-traitance globale. 7ème Congrès International de Génie Industriel (CIGI'07), Jun 2007, Trois-Rivières, Québec, Canada. 10 p. ⟨hal-00508960⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,201
| 8,178
|
Gestion des connaissances d’un constructeur aéronautique dans son entreprise étendue : Méthodologie pour un échange d’éléments d’expérience techniques et organisationnels avec la sous-traitance globale
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. 7e Congrès international de génie industriel 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) Gestion des connaissances d’un constructeur aéronautique dans son entreprise étendue : Méthodologie pour un échange d’éléments d’expérience techniques et organisationnels avec la sous-traitance globale
Colin Lalouette1 1 I3C-IRIT (UMR5055 CNRS), Université Paul Sabatier, 118 Route de Narbonne, F-31062 Toulouse Cedex 9, France, [email protected]
RÉSUMÉ
: Les constructeurs aéronautiques fonctionnant sur le modèle de l’ « entreprise étendue » se trouvent face à de nouvelles problématiques de gestion des connaissances. Cette affirmation est particulièrement vraie pour les projets de co-conception avec la Sous-Traitance Globale (STG), autrement dénommée par l’appellation « risk sharing partner ». Dans de telles structures, l’échange mutuel d’Eléments d’Expérience (ElEx) est un des facteurs clé pour l’efficience du système global. En suivant cette hypothèse, nous avons développé une méthodologie appropriée pour favoriser ce partage d’expérience. Des aspects contractuels sur les droits de propriété intellectuelle sont corrélés à ces travaux mais n’ont pas étés retenus dans la présente étude. Cette méthodologie se décompose en quatre processus : capture d’ElEx en interne concernant la STG, partage par divers moyens, vérification de la réutilisation puis capture de nouveaux ElEx provenant cette fois-ci de la STG. Une phase d’évaluation nous permettra à terme de mesurer le niveau de collaboration de plusieurs entreprises et de valider ainsi qualitativement et quantitativement notre méthodologie. MOTS-CLÉS : Dynamique des connaissances et des compétences, constructeur aéronautique, sous-traitance globale ( sharing partner), fiches d’éléments d’expérience, entreprise étendue. 1. Introduction
La Sous-Traitance (ST) dans le secteur aéronautique se décline sous diverses formes se nivelant selon un travail de collaboration croissant avec le Donneur d’Ordre (DO) (Alcouffe et al., 2004). L’un de ces niveaux le plus avancé est la Sous-Traitance Globale (STG) aussi dénommée sous l’appellation anglo-saxonne « risk sharing partner » (Prax, 2003). Cette ST spécifique prend le risque de partager les coûts de développement d’éléments constitutifs d’appareils aéronautiques et les produit en contrepartie : ils s’inscrivent dans une logique de retour sur investissement et non pas dans celle d’une prestation classique. L’inconvénient majeur d’une telle pratique de co-conception est que le DO risque de ne plus posséder à terme la maîtrise et l’expertise technique des produits conçus et, in fine, de ne plus être capable d’écrire parfaitement les spécifications techniques qu’il transmet en amont à la STG ; ce phénomène est appelé « amnésie d’entreprise » (Sharif et al., 2005). La question soustendante à cette problématique est : « Comment apporter de la robustesse sur le long terme à ce système socio-technique complexe par des pratiques de gestion des connaissances et d’échange d’éléments d’expérience (ElEx)? ». Afin de contribuer à la résolution d’un tel objectif théorique, nous proposons de mettre en pratique tout un ensemble de processus s’inscrivant dans une méthodologie globale innovante d’échange inter-organisationnel d’ElEx (Wunram et al., 2002). Cette méthodologie se déploie lors développement d’éléments constitutifs d’appareils aéronautiques où intervient la STG. Son opérationnalisation s’appuie
1 Les travaux présentés ont été soutenus par la Fondation pour une Culture de Sécurité
Industrielle 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) sur des fiches d’ElEx techniques et
organisationnels
(Mal
va et , 1993). Les actions class y sont liées sont la capture, la validation et le stockage (Weber, 2001) ; actions aux nous avons rajouté le partage, la vérification d’utilisation ainsi que la validation bipartie « DO STG ». Bien qu’intégrant a fortiori notre méthodologie, nous rappelons aspects contractuels concernant les droits de propriété intellectuelle ne présentement abord dans cet article Le premier processus capital en interne des ElEx de s pratiques ou d é à , avec la STG sur des programmes précédents. Le processus de partage transmet ces ElEx par de simples recommandations ou par une intégration dans le dossier de spécification. CONTROL
E
• Processus de vérification d’utilisation des fiches d’ElEx ENTREES • Processus de capture de fiches d’ElEx en interne en rapport avec la STG du programme n-1 • Processus de capture de fiches d’ElEx provenant de la STG du programme n-1 SORTIE + + Phases de développement d’un avion • Processus de capture de fiches d’ElEx provenant de la STG du programme n MOYEN • Processus de partage des fiches d’ElEx
Figure 1. Méthodologie d’amélioration continue appliquée à la dynamique des connaissances
2. Cadre théorique 2.1. L’entreprise étendue dans le secteur aéronautique
La concurrence industrielle en général, et celle du secteur aéronautique en particulier, sont telles qu’il est constamment nécessaire de diminuer les cycles de développement des produits. Cette réduction du temps du cycle permet de proposer un portefeuille de produits étant toujours un maximum en adéquation avec les besoins des clients, et par conséquent, d’être toujours plus compétitif sur le marché. C’est par la conjonction de ces deux causes principales – concurrence (temps de cycle, nécessité d’innovation) et fluctuation – que les constructeurs aéronautiques au niveau mondial sont obligés de se concentrer sur les projets, produits et processus issus de leurs cœurs de métier (Accart, 2003) où se trouvent leurs plus grandes 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) valeurs ajoutées. La conséquence directe est que la ST et la STG sont depuis plus de 20 ans en constante augmentation. En effet, pour notre constructeur aéronautique la STG produit aujourd’hui une majeure partie des éléments constitutifs qu’il assemble ensuite en éléments principaux ; mais bien qu’ils soient manufacturés à l’extérieur, ces éléments sont tout de même issus d’une co-conception lors d’une phase plateau de conception commune entre DO et STG. Ces pratiques industrielles se sont amorcées à la fin des années 1960 et croissent depuis de manière constante. Ces bouleversements nous amènent à une société fondée de plus en plus sur la connaissance (Hejduk, 2005) et les alliances d’entreprises basées sur cette connaissance (Reid, 2000) partagent une vision stratégique bien plus large que celles se trouvant dans le modèle en réseau plus classique dénommé par « supply chain » (Capraro et al., 2002). Ce nouveau mode de pilotage, fonctionnant en majeure partie grâce à un mode concourrant et collaboratif (Boughzala et al., 2001), est désigné comme étant une « entreprise étendue » (Davis et al , 2003) ; concept au cœur de nombreuses problématiques de recherche actuelles (Chang-Seop et al., 2004). Partant de cette constatation, nous sommes passés dans une nouvelle ère économique, avec de nouveaux enjeux, de nouveaux défis et de nouvelles contraintes. Les enjeux sont liés aux moyens que nous voulons mettre en œuvre, puis devons développer, pour gérer aux mieux nos connaissances dans cette entreprise étendue (Sellini et al., 2006) afin de conserver, puis d’améliorer, nos performances face à un environnement se mondialisant. Dans cette complexification des marchés et des flux, les défis sont corrélés à notre excellence à répondre pleinement aux nouveaux objectifs économiques ciblant leurs principales priorités sur les cœurs de métier, quitte à délaisser une partie ou l’intégralité des autres savoir-faire (Prax, 2003). 2.2. La gestion des connaissances dans l’entreprise étendue
La plupart des travaux de recherche relatant du REx dans l’entreprise étendue sont d’origine japonaise ; qu’il s’agisse du shukko qui est la migration temporaire d’employés d’une compagnie à une autre (Sato, 1996), du tensekki qui est un changement d’emploi sur un long terme dans une autre compagnie avant de revenir dans la sienne d’origine (Fujiki et al., 2001), le keiretsu (Lincoln et al., 1996) qui est une mise en réseau efficiente et très performante de plusieurs entreprises, ou encore du concept de Ba qui crée de nouvelles connaissances dans les communautés (Nonaka & Konno, 1998). Cependant ces approches s’appliquent souvent mal aux cultures occidentales. C’est pour cette raison que la méthodologie que nous allons vous présenter reste originale par rapport à l’ensemble de ces travaux de recherches par exemple. En se basant sur des fiches d’ElEx, elle s’oriente vers un fonctionnement plus approprié pour les entreprises occidentales qui sont naturellement plus hermétiques que leurs homologues nipponnes, et qui nécessitent donc plus d’artefacts matériels pour véhiculer leurs connaissances. Les fiches d’ElEx sont des connaissances tacites explicitées (Nonaka et al., 1995) qui peuvent faire apparaître soit une bonne pratique à réitérer, soit un écueil à éviter. Elles impactent donc fortement les performances futures de l’entreprise (Secchi, 1999 ). Malgré la difficile intégration des processus dédiés, et l’investissement humain qui s’y rattache, les entreprises continuent d’intégrer de tels systèmes ce qui démontre bien les réels avantages de l’échange d’ElEx (Weber et al., 2000). Weber, Aha & Becerra-Fernandez (2001) décrivent 5 processus types pour les actions liées aux fiches d’ElEx : collecte, vérification, stockage, dissémination et réutilisation. Ainsi, lors du départ d’un expert d’une 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) entreprise par exemple, les autres employés peuvent toujours bénéficier de fiches d’ElEx pouvant leur servir à résoudre de nouveaux problèmes s’il n’y a pas une trop forte décontextualisation (Kolmayer et al., 2006). Un des pionniers du genre dans l’utilisation intra-organisationnelle de telles fiches d’expérience est le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) avec son modèle de connaissance nommé REX (pour Retour d’EXpérience), qui constitue des « éléments d’expérience » par le biais de « fiches d’expérience » réalisées en 4 entretiens sur un expert suite à une analyse SADT de ses activités (Malvache et al., 1993). 3. Approche globale de la problématique 3.1. Démarche épistémologique
Nous nous inscrivons dans un courant de pensée constructiviste (LeMoigne, 1994, 1995) en essayant plus de comprendre que d’expliquer et en considérant que l’homme doit se retrouver au cœur des systèmes de décision et d’action. Cette épistémologie prend tout son sens lors du dernier processus avec la mise en place de workshops innovants entre DO et STG. Nous avons appliqué les principes de l’approche systémique (LeMoigne, 1999) à notre problématique, ce qui nous a permis de rendre plus intelligible les interrelations de ce système complexe tout en apportant une aide conceptuelle et méthodologique pour l’acquisition des connaissances. Si l’on veut obtenir une réelle efficience, il apparaît clairement qu’une adéquation est nécessaire entre l’identification de l’organisation et la mise en place dynamique d’une gestion de ses connaissances (Ravishankara et al., 2006) ; ce que nous nous sommes tachés de faire. Nous avons donc appliqué une démarche ergonomique originale (Pavard et al., 2006) se basant sur une analyse détaillée des activités des acteurs, l’analyse de l’existant, ainsi que la prise en compte des besoins des utilisateurs en intégrant une démarche participative de leur part. Le matériel de cette étude se base sur des interviews de cadres et d’ingénieurs de différents corps de métier chez le DO : conception, qualité, disciplines transverses, achats, organisation, stratégie, etc. Ainsi, nous avons révélé les réelles problématiques à remettre en cause et les possibles moyens organisationnels à mettre en place pour que notre système puisse davantage apprendre en continu. Cette intervention s’inscrit donc aussi dans le sens de l’apprentissage organisationnel en boucles (Argyris et al., 1978) et du retour d
expérience appliqué à l’apprentissage organisationnel (Wybo, 2004). 3.2. Cadre général de la méthodologie
Partant du fait qu’il est indispensable de partager son savoir dans le cadre de l’entreprise étendue tout en se concentrant sur son cœur de métier, nous avons considéré que les trois niveaux que sont la stratégie, la tactique, et l’opérationnel devaient tous être utilisés afin de surpasser un maximum barrières intra-organisationnelles (Firestone, 2001; Plessis, 2005), mais aussi inter-organisationnelles (Barson et al., 2000; Wunram et al., 2002). Notre stratégie consiste à créer au sein même de l’entreprise des groupes d’apprentissage synchrones et/ou asynchrones, ainsi que de favoriser l’émergence d’une émulation collective sur des connaissances communes. Cependant ces groupes d’apprentissage ne doivent pas s’approprier ou traiter des connaissances clés de chacune des parties ; c’est pour cette raison que notre stratégie consiste aussi à classifier au préalable les connaissances en « connaissances de cœur de métier » (Prax, 2003) et en « connaissances complémentaires », puis à intégrer cette variable d’aide à la décision dans les volets tactique et opérationnel de notre méthodologie. Notre tactique peut se résumer au fait de n’utiliser principalement que des moyens et artefacts existants (workshops, revues techniques, etc.) afin de ne pas surcharger le système en rendant des actions trop chronophages. La réalisation de cette tactique modifie aussi la contractualisation des actions à réaliser par la STG. Quant au côté opérationnel, c’est une O 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) simple déclinaison de notre objectif principal – d’améliorer la dynamique des connaissances entre le DO et la STG – qui se doit de suivre les volets stratégique et tactique ; cette opérationnalisation sera développée en particulier dans cet article à travers une explicitation détaillée des différents processus. Notre approche globale est résumée à travers la Figure 2. Niveau stratégique STG G DO Niveau tactique Coeur de métier Coeur de métier Niveau opérationnel Construction ergonomique de l’activité et de l'existant Connaissances complémentaires Connaissances complémentaires
Figure 2. Modèle canonique opération – information – décision du système « DO / STG »
L’application de ce cadre permettra à terme de générer de nouveaux flux de connaissances afin d’obtenir un produit final mature grâce, et à travers, l’entreprise étendue (cf. Figure 3). Cible de la méthodologie Connaissance mature et fiable Coeurs de métier Flux de connaissances DO STG STG de niveau 2
Figure 3. Stratégie désirée pour les flux de connaissances dans l’entreprise étendue
4. Méthodologie 4.1. Modification de l’existant
Une méthodologie d’utilisation de fiches d’ElEx est actuellement mise en oeuvre par notre constructeur aéronautique en interne. Son utilisation permet de formaliser des ElEx sur des documents prédéfinis et explicitant : le sujet, le contexte, une illustration si nécessaire, la solution appliquée et enfin la recommandation préconisée. Par ailleurs, tout un ensemble de processus dédiés permettent de : valider, récupérer ou maintenir ces documents. Un tel outil permet de capitaliser des connaissances en complément des manuels de conception qui font 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) bien entendu toujours force de loi. Actuellement, ces éléments de capitalisation ne sont usités qu’en interne et ne transitent en aucun cas à l’extérieur de la compagnie : l’approche n’est qu’intra-organisationnelle. Nous avons donc complété ces processus d’échange d’ElEx, tels que décrits par Weber et ses collègues en amont, par une vision inter-organisationnelle en rajoutant des processus de partage, de vérification d’utilisation et de validation bipartie pour les fiches d’ElEx provenant de la STG. Ainsi, les acteurs du DO pourront les réutiliser par la suite. Nous avons ensuite ajouté un jalon d’utilisation sur la fiche d’ElEx, dans la mesure du possible, afin de connaître le moment opportun de possible prise en compte. Enfin, nous avons ajouté des critères de pertinence à remplir – en termes de coût, de délai et de qualité – afin d’évaluer tant que faire se peut le capital intellectu transitant à travers chacune des fiches. De tels critères nous aideront par la suite à évaluer le niveau de collaboration réalisé. 4.2. Planification
Notre axe de recherche s’est focalisé sur la mise en place d’une méthodologie pragmatique (Thoben et al., 2000) dédiée à l’échange d’ElEx organisationnels et techniques avec la STG. Elle ne franchit donc qu’une partie, et ce volontairement, des barrières humaines et organisationnelles afin d’être applicable rapidement, et ce quitte à perdre en efficience. Une telle application est par définition intrinsèquement perfectible. Notre méthodologie se déploie tout au long des phases du développement d’éléments constitutifs aéronautiques où intervient la STG, celle-ci dure plus ou moins longtemps selon le niveau d’importance de l’élément développé. Ce développement se décompose en 3 phases : (1) la phase de conception commune en plateau technique allant de la revue A à la B ; (2) la phase de développement exsitu par la STG allant de la revue B à la C ; (3) la phase de montée en cadence de la production en série des éléments par la STG, cette phase est planifiée de la revue C à la D. 4.3. Détails de la méthodologie
La méthodologie que nous avons élaborée se déroule suivant quatre processus. L’agenda d’utilisation les intégrant se trouve résumé à la Figure 4. Le premier processus est le seul demandant un peu d’investissement, il capitalise en interne des ElEx de bonnes pratiques, ou d’écueils à éviter, avec la STG sur des programmes précédents. Ce processus doit se terminer idéalement avant l’écriture du dossier de spécification afin de pouvoir possiblement y intégrer des fiches d’ElEx qui deviendront alors des exigences rationalisées2. Les ElEx ne pouvant pas, ou ne méritant pas, une telle intégration seront alors échangés plus tard par le biais de recommandations. La première phase de ce processus est d’animer des réunions de brainstorming avec un maximum de profils différents afin d’identifier les ElEx du dernier programme pouvant être pertinents pour un partage. La deuxième phase doit être effectuée par des hauts responsables techniques devant prioriser puis décider ce qui peut-être partagé ou non avec la STG, ceci afin de pallier entre autre la fuite de connaissances issues du cœur de métier. Ensuite, des entretiens personnels ou collectifs permettent la création desdites fiches. Enfin, des experts doivent valider et se porter garant des fiches afin qu’elles puissent être réutilisées par la suite dans le cadre d’une responsabilité juridico-légale claire. Le processus de partage consiste à transmettre ces ElEx à la STG par une intégration dans le dossier de spécification ou par de simples recommandations. Il est utile de préciser qu’une contractualisation spécifique est définie pour chacun de ces deux cas bien que le présent papier ne s’intéressera pas à cet aspect. Dans le premier cas, il suffit de transmettre les fiches aux responsables de la spécification de l’élément sous-traité. Le second cas est plus complexe : le partage se fait dans un premier temps lors de la revue A, puis il est ré-effectué à 2 Une information rationalisée permet aux concepteurs de connaître et de comprendre les choix précédents (Karsenty, 2001) en connaissant le contexte, l’origine de la décision, etc. 7e Congrès international de génie industriel – juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CA ) la date du jalon de prise en compte spécifié dans la fiche d’ElEx si cette date possiblement définissable. Cette redondance d’action permet de maximiser la réutilisation par la STG. Le troisième processus, à l’instar du second, peut se réaliser selon deux cas possibles. Si les fiches ont été intégrées dans le dossier de spécification, alors notre méthodologie s’appuie sur les processus déjà existant d’ingénierie des exigences. Dans le cas des recommandations, notre processus permet de s’assurer que ces fiches d’ElEx ont bien été prises en compte dans la définition de l’élément constitutif, et le cas échéant, de capitaliser la possible raison d’une non utilisation. Cette vérification se réalise lors de la rencontre entre le responsable de la STG concerné par la fiche et le responsable du processus chez le DO. Cette action se déroule logiquement au jalon en aval du jalon de prise en compte de la fiche. Enfin, le dernier processus permet de capturer à nouveau des ElEx, mais provenant cette fois-ci directement de la STG après une validation bipartie ; il se déroule en deux phases répétitives. La première phase est de noter, lors des revues officielles, les plans d’actions proposés par la STG afin de palier leur problèmes techniques ou organisationnels. Ces plans d’actions pourront servir par la suite comme de possibles sujets à énoncer, pour créer de nouvelles fiches d’ElEx, lors des actions de la deuxième phase. Cette deuxième phase est composée de trois workshops spécifiquement dédiés à la création de fiches d’ElEx. Ces workshops ont lieu aux revues B, C et D, ce qui correspond à la fin de chacune des trois phases du développement (conception commune, finalisation de la conception de la STG ex-situ et fin de la phase de développement). Le contenu de ces workshops comprend un brainstorming, une récapitulation des plans d’actions méritant d’être capitalisés afin de les prioriser, et enfin la rédaction et la validation des fiches d’ElEx. Le déroulement de tels workshops permet une réelle émulation entre les acteurs amenant à un phénomène d’intelligence collective (Bonabeau et al., 1994 ; Theraulaz et al., 1997) dans le système « DO et STG ». Nous rappelons que ces nouvelles fiches serviront ensuite à alimenter en partie le premier processus des prochains programmes. Une fois de plus, les appropriations intellectuelles des ElEx pour chacune des deux parties dépendent de nombreux paramètres contractuels, définis au préalable et en un commun accord, et dont l’explicitation du déroulement et du contenu n’a pas été retenue pour ce présent article. Figure 4. Agenda d’utilisation des processus dans la planification d’un programme 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA)
4.4. Evaluation de la STG
Bien que l’on soit dans une logique « Gagnant - Gagnant » (Lazar, 2000; Prax, 2003) dès le début, en apportant gracieusement à la STG une vaste quantité d’ElEx, il serait utopique de croire qu’elle veuille bien expliciter, puis partager, toute son expérience avec le DO ; et ce même s’il ne s’agit pas de compétences de son cœur de métier. C’est pour cette raison que nous nous sommes penchés sur le concept de confiance pour pallier ce problème. Certains appuient le fait que la confiance est en fait le résultat d’une prise de décision, une confiance calculée (Geindre, 2002), ce qui est précisément ce dont nous avons besoin. La question que nous nous sommes posés a été alors de savoir comment calculer des indicateurs en liens directs avec cette confiance. Aujourd’hui beaucoup de notations et d’évaluations sont réalisées chez notre constructeur : coûts, innovation, performance technique, délais, etc. Cependant aucun de ces critères ne se base sur la notion d’échange d’ElEx. C’est pour cela que nous avons proposé d’évaluer la bonne collaboration – ou non – de la STG pour justifier par la suite d’une réelle confiance (calculée) envers eux. La logique étant d’utiliser ce nouveau critère pour travailler avec une vision à long terme désormais et ne portant plus uniquement sur des critères technico-économiques. L’évaluation mise en place pour les pilotes se base sur 6 paramètres : (1) le nombre de fiches apportées par le DO en dehors des workshops pondérées par leur pertinence moyenne ; (2) le nombre de fiches validées durant les workshops pondérées par leur pertinence moyenne ; (3) la rencontre avec un objectif prédéfini se calculant en fonction de la typologie de la STG ; (4) la réutilisation des fiches d’ElEx données en recommandations ainsi que l’explication ou le commentaire s’y rapportant le cas échéant ; (5) le niveau de motivation générale et de collaboration de la STG durant les workshops ; (6) les évaluations finales de la STG, lors des derniers programmes, pondérées par une fonction du temps. Ce dernier point est crucial car le calcul de la note d’évaluation en fonction des précédentes permet d’avoir une évaluation cumulée et de privilégier les collaborations sur le long terme. Sachant que ce critère intègre ceux des achats, ceci pourrait éviter par la suite de ne pas re-sélectionner une STG efficace depuis 20 ans qui aurait pu avoir un problème sur un dernier programme et dont la réponse financière au dernier appel d’offre serait légèrement supérieure à un concurrent inconnu : scenarii possible actuellement. 5. Discussion et conclusion
Les premiers pilotes sont en cours de lancement dans plusieurs services avec plusieurs STG afin d’avoir un échantillon statistique pertinent. Cependant, ils ne donneront que peu de résultats probants, et comparables entre eux, que d’ici la revue B dans moins d’un an. Ce temps va nous permettre de développer en parallèle des méthodes permettant une meilleure évaluation du capital intellectuel dans les fiches d’expérience car aucun outil n’existe à l’heure actuelle (Pawar et al., 2001). En perfectionnement de ce travail, nous essayons de développer un document permettant aux responsables des services opérationnels de décider quel est leur réel cœur de métier et comment faire en sorte de partager leurs connaissances complémentaires. Ce document nommé KMAS (pour Knowledge Management Audit and Strategy) fonctionnera sur une sorte de canevas à suivre. Après avoir précisé les évolutions intellectuelles que connaît actuellement notre société, et après avoir souligné les difficultés liées à la gestion des connaissances des constructeurs aéronautiques dans l’entreprise étendue, l’intérêt de notre méthodologie n’en a été que plus logiquement éclairé. De nombreuses personnes ont contribué à son élaboration par le biais de l’analyse de leurs activités ; cette vision se déclinant donc au pluriel nous permet d’avoir une approche robuste et proche du terrain. Nous prévoyons alors que cette méthodologie d’échange d’ElEx, adaptée tant que 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) faire se peut à nos mœurs occidentales au travail, démontrera très prochainement son efficacité et son potentiel d’amélioration pour la collaboration sur le long terme. Finalement, cinq processus de bases y sont réellement nécessaires capture d’ElEx en interne concernant la STG, partage avec la STG par divers moyens, vérification de la réutilisation puis capture de nouveaux ElEx provenant cette fois-ci de la STG et enfin évaluation du niveau de collaboration. Bien qu’intéressant, les aspects contractuels sur les droits de propriété intellectuelle qui sont corrélés à ces travaux n’ont pas été retenus en tant qu’objets d’études car ils n’y sont pas spécifiques. 7. Remerciements
Nous tenons à remercier en priorité la Fondation pour une Culture de Sécurité Industrielle qui a soutenu financièrement ces travaux. Mais nous tenons à remercier aussi tout particulièrement l’équipe Knowledge Management & Innovation, dédiée à la gestion transversale et transnationale des connaissances à Airbus, sans laquelle cette collaboration n’aurait jamais pu avoir lieu. Merci de nous avoir permis d’attacher ces problématiques dans une réalité industrielle à forts potentiels technique, économique et culturel.
8. Références Accart, J.-P. (2003). Veillez et partagez vos connaissances. Archimag (160), 32-34. Alcouffe, C. (2001). Formes de coopération interentreprises, l'organisation de la R&D dans l'aéronautique et le spatial (No. 356): LIRHE - Unité mixte de recherche CNRS/UT1. Argyris, C., & Schön, D. (1978). Organizational learning: a theory of action perspective: Addison Wesley. Balmisse, G. (2002). Gestion des connaissances - Outils et application du Knowledge management: Vuibert. Bonabeau, E., & Theraulaz, G. (1994). Intelligence collective. Paris: Hermes. Bontis, N. (2000). Assessing knowledge assets, A review of the models used to measure intellectual capital: Queen's university at Kingston. Boughzala, I., Zacklad, M., & Matta, N. (2001, 25-27 April). L'ingénierie de la coopération et l'entreprise étendue : Cas pratique dans l'industrie du textile. Paper presented at the Modélisation et Simulation “Conception, Analyse et Gestion des Systèmes Industriels”, Troyes, France. Capraro, M., & Baglin, G. (2002). L'entreprise étendue et le développement des fournisseurs. Lyon: Presses universitaires de Lyon. Chang-Seop, K., Tannock, J., Byrne, M., Farr, R., Cao, B., & Er, . (2004). State of the art review - Techniques to model the supply chain in an extended enterprise: VIVACE Consorium members. Davis, E. W., & Spekman., R. E. (2003). Extended enterprise: gaining competitive advantage through collaborative supply chains. Indianapolis (Indiana): Financial times prentice hall. Firestone, J. M. (2001). Key issues in knowledge management. Knowledge and innovation, 1(3), 8-17. Fujiki, H., Nakada, S. K., & Tachibanaki, T. (2001). Structural Issues in the Japanese Labor Market: An Era of Variety, Equity, and Efficiency or an Era of Bipolarization? Monetary and economic studies (special edition). Geindre, S. (2002, 23-25 octobre ). Proposition d’un modèle d’évaluation des relations de confiance. Paper presented at the 3ème colloque « Métamorphose des organisations », Nancy, France. 7e Congrès international de génie industriel – 5-8 juin 2007 – Trois-Rivières, Québec (CANADA) Hejduk, I. K. (2005). On the way to the future: The knowledge-based enterprise. Human factors and ergonomics in manufacturing, 15 (1), 5-14. Karsenty, L. (2001). Méthodes pour la création de mémoires de projet en conception. Revue française de gestion industrielle, 20, 35-51. Kolmayer, E., & Peyrelong, M.-F. Partage de connaissances ou partage de documents? http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/06/20/79/PDF/sic_00000100.pdf, from Lazar, F. D. (2000). Project Partnering: Improving the Likelihood of Win/Win Outcomes. Journal of Management in Engineering, 16(2), 71-83. LeMoigne, J.-L. (1999). La modélisation des systèmes complexes: Dunod. Malvache, P., & Prieur, P. (1993). Mastering Corporate Experience with the REX Method, Management of Industrial and Corporate Memory. Paper presented at the International Symposium on the Management of Industrial and Corporate Knowledge, Compiègne, France. Moigne, J.-L. L. (1994). Le constructivisme. Tome 1: des fondements. Paris: ESF. Moigne, J.-L. L. (1995). Le constructivisme. Tome 2: des épistémologies. Paris: ESF. Nonaka, I., & Konno, N. (1998). The concept of Ba: building foundation for knowledge creation. California Management Review, 40(3). Nonaka, I., & Take uchi, H. (1995). The Knowledge Creating Company: Oxford University Press. Pavard, B., Dugdale, J., Saoud, N. B.-B., Darcy, S., & Salembier, P. (2006). Design of robust socio-technical systems. Paper presented at the Resilience engineering, Juan les Pins, France. Pawar, K., Horton, A., Gupta, A., Wunram, M., Barson, R. J., & Weber, F. (2001, July). Inter-Organisational Knowledge Management: A Focus on Human Barriers in the Telecommunications Industry. Paper presented at the International Conference on Concurrent Engineering, Anaheim, California. Plessis, M. D. (2005). Drivers of knowledge management in the corporate environment. International journal of information management, 25, 193-202. Prax, J.-Y. (2003). Le manuel du knowledge management - Une approche de seconde génération. Paris: Dunod. Ravishankara, M. N., & Panb, S. L. (2006). The influence of organizational identification on organizational knowledge management. Omega. Reid, D. (2000). Alliance Formation Issues for Knowledge-Based Enterprises.pdf (pp. 29): Queen’s Management Research Centre for Knowledge-Based Enterprises. Sato, H. (1996). Keeping Employees Employed: Shukko and Tenseki Job Transfers - Formation of a Labor Market within Corporate Groups. Japan labor bulletin, 35(12). Secchi, P. (1999 ). An Effective way to prevent failures and problems. Paper presented at the Alerts and Lessons Learned, Noordwijk, The Neitherlands. Sellini, F., Cloonan, J., Carver, E., & WIlliams, P. (2006, 18-22 April 2006). Collaboration across the extended enterprise: barrier or opportunity to develop your knowledge assets. Paper presented at the TMCE. Sharif, M. N. A., Zakaria, N. H., Ching, L. S., & Fung, L. S. (2005). Facilitating Knowledge Sharing Through Lessons Learned System. Journal of Knowledge Management Practice, 12. Theraulaz, G., & Spitz, F. (Eds.). (1997). Auto-organisation et comportement. Paris: Hermès. Thoben, K.-D., Weber, F., & Wunram, M. (2000, 2000). Practical Approaches to Knowledge Management. Paper presented at the Advanced Summer Institute of ICIMS- E, Bordeaux, France. Weber, R., Aha, D. W., Muñoz-Ávila, H., & Breslow, L. A. (2000). Active Delivery for Lessons Learned Systems. Paper presented at the Advances in Case-Based Reasoning, 5th European Workshop, EWCBR2, Trento, Italy. Wunram, M., Weber, F., K.Pawar, Horton, A., & Gupta, A. (2002, 17-19 June). Proposition of a Human-centred Solution Framework for KM in the Concurrent Enterprise. Paper presented at the International Conference on Concurrent Enterprising Wybo, J. L. (2004, Octobre./Décembre). Le rôle de l'apprentissage dans la maîtrise des risques. Risques - Les cahiers de l'Assurance, 148-157.
| 52,997
|
ed2b047444267f4339ad8bf3ca5e2b39_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,023
|
Et si l’origine des progéniteurs fibro-adipeux contribuait à leur hétérogénéité dans le muscle ?
|
None
|
French
|
Spoken
| 4,683
| 9,560
|
médecine/sciences 2023 ; 39 (hors série n° 1) : 15-21
En 2010, deux groupes de chercheurs décrivent la
présence de progéniteurs fibro-adipogéniques (FAPs)
dans des muscles squelettiques de souris [1,2]. Les
FAPs appartiennent à la famille des cellules stromales
mésenchymateuses (CSMs) définies en 1974 par Friedenstein dans la moelle osseuse [3] et se caractérisent
par leur capacité à se différencier en adipocytes,
en chondrocytes et en ostéocytes. En outre, les FAPs
possèdent une valence fibroblastique [1,2]. Bien que
les FAPs aient d’abord été identifiés dans un contexte
physiopathologique visant à expliquer les mécanismes
cellulaires responsables de l’accumulation ectopique
de graisse dans le muscle squelettique malade, un
ensemble d’études a mis en lumière depuis 2010 leur
rôle bénéfique dans l’homéostasie et la régénération
musculaires [4].
Comme la plupart des populations cellulaires, les FAPs
présentent une hétérogénéité, soit intrinsèque, soit
influencée par le microenvironnement. L’étude de cette
hétérogénéité initialement réalisée par des mesures
d’expression génique sur FAPs triés et par cytométrie en
m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
DOI : 10.1051/medsci/2023129
SFM
Maxime Mathieu, Amandine Girousse,
Coralie Sengenès
PRIX
> Les progéniteurs fibro-adipogéniques
(FAPs), cellules stromales mésenchymateuses
(CSMs) résidentes du muscle squelettique,
jouent un rôle crucial dans l’homéostasie et
la régénération musculaire via leur activité
paracrine. Les avancées technologiques récentes
dans le domaine du séquençage de l’ARN en
cellule unique ont permis la description de
l’hétérogénéité de cette population cellulaire.
Dans cet article, nous présenterons les différentes
sous-populations de FAPs en condition basale,
lésionnelle ou de dégénérescence, ainsi que leurs
fonctions associées chez la souris et l’homme.
Nous discuterons ensuite de l’origine extramusculaire possible d’une population de FAPs
post-lésionnelle. En effet, nos travaux récents
démontrent que des CSMs provenant du tissu
adipeux et infiltrées dans le muscle pourraient
participer à l’hétérogénéité des FAPs. <
Et si l’origine
des progéniteurs
fibro-adipeux
contribuait à leur
hétérogénéité
dans le muscle ?
© N.B. Romero
médecine/sciences
Institut RESTORE, UMR Inserm
1301 / CNRS 5070, Toulouse,
France.
[email protected]
flux, s’est enrichie de technologies plus puissantes de séquençage de
l’ARN, sur groupe de cellules, puis en cellule unique. Cette revue a pour
objectif de présenter succinctement dans une première partie les différentes sous-populations de FAPs et leurs fonctions identifiées chez
la souris et chez l’homme. Dans une seconde partie, nous discuterons
de travaux récents mettant en jeu tissu adipeux et muscle squelettique, et qui permettent de proposer aujourd’hui une origine extramusculaire d’une population de FAPs participant à l’hétérogénéité de
cette famille cellulaire.
La fascinante mosaïque des FAPs
D’un point de vue fonctionnel, les FAPs sont décrits pour fournir un
environnement de soutien aux cellules myogéniques ; ils représentent
la principale source de composants de la matrice extra-cellulaire
(MEC), tels que les collagènes (par exemple Col6a1, Col5a1), la laminine (Lama2, Lamb1) et la fibronectine (Fbn1) [5]. Cette structure
joue un rôle essentiel dans la transmission de la force musculaire,
fonction principale du muscle. Les FAPs permettent ainsi le maintien de
l’organisation de la MEC et donc d’assurer la pérennité de la fonction
musculaire.
FAPs quiescents : les gardiens de la structure
Une vingtaine d’études fondées sur des analyses de type omics sur
cellule unique ont permis de documenter l’hétérogénéité de la popu15
lation de FAPs. Chez la souris, Malecova et al. ont d’abord rapporté
l’existence de deux populations, caractérisées par les marqueurs tie2
et vcam1, la forte expression de vcam1 étant préférentiellement associée à un profil pro-fibrotique [6]. Par la suite, d’autres études ont
décrit la présence de deux populations de FAPs: i) une population de
progéniteurs multipotents ayant pour marqueurs dpp4+, fbn1+ et cd55+
et ii) une population cxcl14+, lum+, exprimant des gènes impliqués dans
le remodelage de la MEC (Tableau 1) [7-10] . Le sécrétome « virtuel »
proposé par Negroni et al. soutient le rôle fonctionnel de ces deux
sous-populations de FAPs dans l’organisation structurelle de la MEC
[11].
Chez l’homme, la première description de l’hétérogénéité des FAPs a
été réalisée par Rubenstein et al. dans une étude incluant des jeunes
individus sains [9]. Dans ce travail, ils rapportent la présence de deux
populations de FAPs similaires à celles identifiées chez la souris, i.e.
une population FAPs lum+ et une autre fbn1+ (Tableau 1). Par ailleurs,
un atlas représentatif de toutes les populations cellulaires retrouvées
au sein du muscle squelettique chez l’homme a été publié [12] et a
confirmé la présence de ces sous-populations de FAPs (Tableau 1).
Récemment, Fitzgerald et ses collaborateurs ont identifié une population supplémentaire de FAPs exprimant le marqueur mme+ et présentant un profil pro-adipogénique (Tableau 1) [26].
FAPs activés : les émissaires de la régénération musculaire
Afin d’étudier la diversité et l’évolution des populations de FAPs en
condition de régénération musculaire, le modèle murin de lésion musculaire induite par des agents myotoxiques tels que la cardiotoxine
ou la notexine, est le plus utilisé en laboratoire. Quantitativement, la
population de FAPs, mesurée par cytométrie en flux, augmente dès le
premier jour post lésionnel (jpl) pour atteindre un maximum autour de
3-4 jpl. Cette augmentation de FAPs est soutenue par une prolifération
qui, elle, débute à 2 jpl [1,13], laissant la phase précoce d’amplification des FAPs sans explication (Figure 1). Qualitativement, dans la
phase précoce (0.5-2 jpl), différents auteurs décrivent un changement
d’expression génique des FAPs caractérisé par l’expression de marqueurs communs, dont de nombreuses cyto/chimiokines (Tableau 1),
et qui se traduit par une « activation » des FAPs. On notera que cette
population apparaît dès 12 h [7] en post-lésionnel et perdure à 48 h
[8,10].
D’un point de vue fonctionnel, l’importance de la production de cytokines par les FAPs nécessaire à une régénération musculaire efficace
a été largement démontrée [14-17]. C’est le cas, par exemple, de
l’interleukine (IL)-33, majoritairement produite par les FAPs au cours
des 12 premières heures après la lésion, et qui permet de stimuler la
prolifération des cellules immunitaires Treg [16]. Les FAPs sont aussi
connues pour sécréter de l’IL-10 en réponse à une lésion [18], jouant
ainsi un rôle important dans le changement phénotypique des macrophages vers un profil anti-inflammatoire et favorisant la régénération
musculaire [19]. De plus, les travaux de Negroni et al. visant à analyser
le « sécrétome virtuel » des FAPs, identifient la follistatine, l’IL-6, le
Cxcl1 et le Cxcl5 [11] à ce stade de la régénération musculaire. L’IL-6 et
la follistatine ont été rapportées comme étant produites au cours de
16
m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
la régénération [1,17] et favorisent respectivement la
prolifération [20] et la fusion [17] des cellules souches
musculaires.
En résumé, à ce stade précoce du processus de régénération, les FAPs « quiescents » subissent un changement d’état vers un statut « activé ». Ce profil d’expression génique distinct, orienté vers la sécrétion de
cytokines et de chimiokines, permettrait d’établir une
communication spécifique avec les cellules environnantes, notamment les cellules satellites et les cellules
immunitaires, lesquelles sont essentielles à l’initiation
du processus de régénération musculaire. Pour illustrer
l’adaptation très rapide des FAPs au changement du
microenvironnement induit par la lésion et leur mission
support dès l’initiation de la régénération musculaire,
nous proposons un statut de FAPs « réactifs » plutôt
qu’« activés » comme mentionné dans plusieurs articles
de la littérature [7,10].
FAPs de remodelage : les ouvriers de la régénération
La régénération musculaire est considérée comme
aboutie lorsque la morphologie et la fonction du tissu
sont rétablies, soit généralement à partir de 21-28 jpl
dans les modèles murins cités dans la revue de Hardy
et al. [21]. Dans le processus de régénération chez la
souris, le nombre de FAPs atteint un pic autour de 3 jpl
pour retrouver le nombre initial autour de 9 jpl [13].
Dans ce contexte, les analyses de type omics en cellule unique ont révélé un changement de l’expression
des gènes des FAPs « réactifs ». Entre 3 et 10 jpl, une
diminution de l’expression des cytokines et chimiokines est observée au profit de l’expression de gènes
liés à la modulation de la MEC tels que ceux codant
la grande famille des collagènes, les laminines et les
fibrillines [7,8,10] (Tableau 1). L’étude d’Oprescu et
al. définit cette population de FAPs par l’expression
dominante du marqueur wisp1 [7]. À 10 jpl, les FAPs
adoptent ensuite un profil qui se caractérise par
l’expression majeure de dlk1 (Figure 1), un marqueur
connu des progéniteurs adipogéniques [22]. Ces éléments suggèrent un engagement de cette population
vers un profil adipeux dans des temps plus tardifs de
la régénération. L’étude menée par Negroni et al. va à
l’appui de ces observations, mettant en évidence la
prédiction de la sécrétion de protéines essentielles
à la composition et l’organisation de la MEC [11],
un processus nécessaire à la régénération musculaire [23]. Par leurs sécrétions, les FAPs en quantité adéquate agissent transitoirement comme des
« ouvriers » capables de restaurer le réseau matriciel
ayant été désorganisé suite à une lésion musculaire
[24,25].
Marqueurs
Espèce
Références
F1 : Tie2 , Vcam1
high
high
F2 : Tie2 , Vcam1
souris
Malecova et al. 2018
F1 : Dpp4+, Pi16, Igfbp5, Fbn1, Cd55, Mfap5, Pcolce2
F2 : Cxcl14+, Smoc2, Gsn, Lum, Col15a1, Col4a1
souris
Oprescu et al. 2020
F1 : Sfrp4, Igfbp5, Sema3c, Dpp4, Tgfrb2,Wnt2
F2 : CxCl14,Col4a1,Col4a2, Col6a1,6a2, 6a3,Col15a1,Lum,
Sparcl1,Podn,Smoc2,Mgp,Bgn
souris
Scott et al. 2019
F1 : Fbn1+, Cd55, Mfap5,Fstl1
F2 : Lum+, Col4a2, Col15a1, Cxcl14, Smoc2, Dcn
Souris/
Humain
Rubenstein et al. 2020
F1 : Fbn1, Mfap5,Cd55
F2 : Smoc2,Adh1b,Abc18,Cxcl14
F3 : Col1a1,Sfrp4, Serpine1,Ccl2
Adipocytes : Apod, Gpx3, Glul, Cxcl14
Humain
De Michelli et al. 2020
F1 : Cd55+,Tnxb, Mfap5, Pcolce2,Fbn1,Prg4
F2 : Mme+,Ptgds,Cxcl14,Smoc2
F3 : Gpc3+, Sfrp2
Humain
Fitzgerald et al. 2023
Souris
Oprescu et al. 2020
Souris
Scott et al. 2019
low
Muscle
Muscle
Muscle
Muscle
FAPs
Quiescents
(État basal)
low
Cxcl5, Cxcl3, Ccl7, Ccl2
FAPs « Activés » / « Réactifs »
Cxcl1, Cxcl5, Cxcl2, Cxcl14, Csf1 et Ccl7
(0,5 - 1,5 jpl)
Ccl7, Cxcl5, Cxcl1
FAPs Remodelage
(3 - 10 jpl)
FAPs Résolution
(7 - 21 jpl)
Tissu ASCs Quiescents
adipeux (État basal)
Souris
De Michelli et al. 2020
Wisp+, Col8a1, Col12a1, Col16a1, Dlk1+,B830012L14Rik, Meg3,
Col11a1, Tnc, Fbn2 et Adam12
Airn, Peg3, Zim1, H19, et Igf2
Souris
Oprescu et al. 2020
Col8a2, Col14a1, Col15a1, Fbln1, Fbln5, Hspg2, Lama2, Lama4,
Lamc1, Lamb2,Nid2, Adam12, Postn, Lox, Acta2, Col1a1, Col1a2
Souris
Scott et al. 2019
Col1a1, Col1a2, Postn, Bgn,Sparc
Souris
De Michelli et al. 2020
Dpp4+, Pi16, Wnt2
Cxcl14+, Enpp2,Crispld2,Hsd11b1 Souris
SFM
Groupe de FAPs /
ASCs
PRIX
Tissu
Oprescu et al. 2020
« return to baseline level »
Souris
Scott et al. 2019
« return to baseline level »
Souris
De Michelli et al. 2020
A1 : Dpp4+, Wnt2,Bmp7,Pi16
A2 : Icam1+, Dlk1,Pparg,Fabp4,Cd36
A3 : Cd142+, Clec11a
Souris /
Humain
Merrick et al. 2019
A1 : Cd55, Il13ra1
A2 : Pparg,Fabp4,Prdm16,Adam12
A3 : Cd142,Abcg1
Souris
Schwalie et al. 2018
A1 : Pparg,Fabp4
A2 : Cd36,Plin1
Précurseurs fibro-inflammatoires : Ly6C1,Sfrp4,Pi16,Limch1
Souris
Emont et al. 2022
A1 : Foxp2,Hes1,Lox,Igf1,Lpb
A2 : Cd36,Lpl,Gata2,Pparg,Fgf10
A3 : Ebf2,Rock2,Zfp521,Bmp6,Ebf1
A4 : Fbn1,Klf4,Klf2,Fn1,Loxl1
Souris
Sárvári et al. 2021
A1 : Dpp4, Pi16
A2 : Icam1, Col4a2,Cav1
Diff. ASC : Lipe,Adipoq,Plin1,Car3
Souris
Burl et al. 2018
Tableau 1. Liste des gènes exprimés par chaque sous-populations de FAPs et ASCs murines et humaines. En gras, les marqueurs majeurs choisis par
les auteurs pour définir la sous-population. m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
17
Quantité de FAPs
FAPs quiescents
FAPs réactifs
Dpp4+/Fbn1+/
Cd55+
Entretien
de la MEC
Ref : 7,8,9
Cxcl1+/ Cxcl5+
Activation
de la
régénération
(réponse
immunitaire
+
cellules
satellites)
Cxcl14+/Lum+/
Mme+
Entretien
de la MEC
Réf : 7,8,9
FAPs de remodelage
Apparition
d’une nouvelle
population ?
Dpp4+/Fbn1+/
Cd55+
Dlk1+
Réf : 7,10
Pro-adipogénique
Cxcl4+/Lum+/
Mme+
Réf : 7
Réf : 7,8,9,10
1
4
10
Évolution
pathologique
Réf : 7,8,9,10
Wisp1+
Remodelage matriciel
Réf : 7,9,10
0
FAPs de résolution
Évolution
physiologique
28
Jours post lésion
Figure 1. Évolution de l’hétérogénéité des FAPs au cours de la régénération musculaire chez la souris. La courbe bleue correspond à l’évolution de
la quantité de FAPs en situation post-lésionnelle (tirée de l’étude de Lemos et al. 2015) [13]. Les encadrés correspondent à chaque population
de FAPs définie par leur(s) marqueur(s). Les flèches en gras correspondent au changement d’état de chacune des populations conformément à
l’hypothèse des différents auteurs.
FAPs de résolution : pour un retour à l’équilibre
Lors des stades ultimes de la régénération musculaire, entre 21 et 28
jpl, Oprescu et al. ont identifié une population de FAPs caractérisée par
l’expression de osr1. Au sein de cette population, l’étude de trajectoire
permettant de suggérer le devenir de cette population à partir de l’expression génique, a permis de révéler une divergence de la population
osr1+ vers deux sous-populations distinctes marquées par l’expression respective de dpp4 et cxcl14, décrits initialement à l’état basal
(Tableau 1). Entre 7 jpl [10] et 14 jpl [8], De Micheli et al. et Scott et
al. décrivent une réapparition des populations de FAPs « quiescents ».
Les FAPs en condition pathologique : émergence ou dérégulation ?
La perte de masse musculaire et son remplacement par des tissus
fibreux et adipeux sont des phénomènes fréquemment observés dans
de nombreuses maladies musculaires dont la myopathie de Duchenne
(DMD). Pour tenter d’expliquer l’origine de ces dépôts anormaux,
l’attention s’est portée sur les FAPs du fait de leur capacité à se différencier en adipocytes ou en cellules fibroblastiques [1,2]. Dans ce
contexte, l’hétérogénéité des FAPs a également été décrite [26].
Contrairement à une lésion aiguë qui induit une expansion transitoire
de la population de FAPs (Figure 1), une augmentation persistante du
nombre et de l’hétérogénéité des FAPs est observée dans les muscles
dystrophiques murins. Deux sous-populations de FAPs caractérisées
par leurs niveaux d’expression des marqueurs de surface Sca-1 et Cd34
[27] sont présentes dans les muscles dystrophiques de ces animaux.
Un niveau élevé de Sca-1 est associé à un état prolifératif tandis qu’un
18
m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
niveau faible semble plutôt pro-adipogénique [27].
Plus récemment, une étude a été réalisée chez l’homme
à partir de biopsies de patients ayant subi une arthroplastie de la hanche (THA), une condition également
associée à une dégénérescence adipeuse des muscles
à proximité. Les auteurs ont identifié et caractérisé
fonctionnellement une population particulière de FAPs
pro-adipogéniques exprimant le marqueur mme+ ainsi
que d’autres gènes comme ptgds, cxcl14 et smoc2
impliqués dans l’immunorégulation et l’organisation
de la MEC [26]. En revanche, cette étude n’apporte pas
d’éléments de comparaison avec des sujets sains, ce
qui aurait permis de mieux caractériser cette population et surtout de comprendre son évolution au début
du processus pathologique. À ce jour, les données de la
littérature ne permettent pas de déterminer si la fibrose
et/ou l’accumulation adipeuse observée dans des
conditions physiopathologiques résulte de l’émergence
d’une nouvelle population de FAPs dans le muscle ou de
modifications quantitatives et/ou qualitatives d’une
population déjà présente à l’état basal (Figure 1).
L’étude des facteurs micro-environnementaux régissant
l’engagement fibro-adipeux des FAPs demeure nécessaire
à la compréhension globale des myopathies. Différentes
études ont illustré le rôle du TGF-β, pro-fibrotique et
anti-adipogénique [24] en condition de régénération
Tissu adipeux
Condition lésionnelle
Identiques ?
Cxcl14+/
Lum+/Mme+
Icam1+
(Dlk1+)
« Pro-adipogéniques »
Dpp4+ /
Cd55+
« Pro-adipogéniques »
« Entretien MEC »
« Multipotence »
« Entretien MEC »
SFM
Condition basale
Figure 2. Représentation des différentes populations
d’ASCs et FAPs présentes dans le tissu
adipeux et le muscle
en conditions basale
et post-lésionnelle.
Dlk1+
Cxcl1+/
Cxcl5+
« Proadipogéniques »
« Dialogue
immunité »
Wisp1+
Cd142
« Régulatrices »
défectueuse. D’autre part, la sécrétion de TGF-β par les macrophages
inhibe l’apoptose des FAPs et favorise leur sécrétion de MEC mettant ainsi
en évidence leur rôle pro-fibrotique dans le muscle dystrophique [13].
Pour résumer, les techniques récentes de séquençage de l’ARN en cellule
unique ont permis d’affiner nos connaissances sur les FAPs et de décrire
la diversité de cette population cellulaire. Les différents travaux en
situation physiologique et suite à une lésion musculaire ont révélé des
sous-populations tour à tour « quiescentes », « réactives » et « remodelantes », avec réapparition du profil initial au terme de la régénération. Sur le plan quantitatif, les études montrent une augmentation du
nombre de FAPs dès les phases précoces de la régénération (1 jpl), mais
paradoxalement sans soutien prolifératif à ce stade. Cette observation
soulève l’hypothèse d’une origine extra-musculaire de certaines souspopulations de FAPs apparaissant en condition post-lésionnelle.
Deux mondes en synchronisation : le tissu adipeux
et le muscle
Le tissu adipeux : réservoir de progéniteurs hétérogènes
Au sein du tissu adipeux, il existe un type cellulaire étroitement similaire
aux FAPs appelé ASCs, pour Adipose Stromal Cells. Ces cellules appartiennent également à la famille des CSMs. Si les ASCs ont été caractérisées bien avant les FAPs [28], l’étude de leur hétérogénéité par des
méthodes de séquençage de l’ARN sur cellule unique est plus récente.
Les travaux ayant analysé les tissus adipeux murins (sous-cutané et
viscéral) s’accordent sur l’existence de trois sous-populations d’ASCs en
condition basale chez la souris : 1) une population de progéniteurs multipotents avec les marqueurs principaux dpp4, cd55 ou cd34 (Tableau 1)
douée d’une forte activité proliférative, 2) une population de précurseurs
engagés dans la voie adipogénique (avec marqueurs principaux icam1,
dlk1, pparg) et 3) une population d’ASCs régulatrices (avec marqueurs
m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
« Remodelage
MEC »
PRIX
+
principal cd142) capables de réprimer l’adipogenèse des
autres ASCs via leur activité paracrine [29-33] (Figure 1).
Ces populations sont conservées chez l’homme [26,29] en
conditions basale et pathologique [34].
FAPs et ASCs : ressemblances et dissonances ?
Jusqu’à présent, aucun travail n’avait réellement comparé les populations de FAPs du muscle squelettique
aux populations d’ASCs du tissu adipeux que ce soit
chez l’homme ou chez la souris. Ce n’est qu’en 2023 que
les travaux de Fitzgerald et al. [26], dans le cadre de
l’étude de la dégénérescence graisseuse des muscles
fessiers chez des patients subissant des THA, proposent
une comparaison de leurs données humaines dans le
muscle avec les résultats de Merrick et al. obtenus
en étudiant le tissu adipeux. La population de FAPs
cd55+est très étroitement apparentée à la population
d’ASCs multipotentes exprimant dpp4 dans le tissu
adipeux. En revanche, la population de FAPs pro-adipogénique (caractérisée par le marqueur Mme) semble
transcriptionnellement distincte de la populations
d’ASCs icam+/dlk1+ douée pourtant, au sein du tissu
adipeux, du même potentiel de différenciation.
On notera que cette population de précurseurs engagés
dans l’adipogenèse du tissu adipeux s’apparente fortement aux populations de FAPs respectivement dlk1+
et Icam1+ décrites dans le muscle en post-lésionnel et
soupçonnées de contribuer à la formation d’adipocytes
ectopiques en situation pathologique. Ceci soulève la
question de l’existence de sous-populations de MSCs
communes à ces deux tissus (Figure 2). Nos travaux de
19
séquençage d’ARN sur pools d’ASCs murines de tissu adipeux souscutané d’une part et de FAPs de muscle quadriceps d’autre part, avant
et 24 h post-lésion musculaire, ont renforcé cette hypothèse. Nous
avons en effet observé que le profil transcriptomique des FAPs postlésion s’apparente plus fortement à celui des ASCs qu’à celui des FAPs
avant la lésion [36].
Le tissu adipeux : contributeur à l’hétérogénéité des FAPs ?
Les travaux antérieurs de notre équipe démontrant que le tissu adipeux
sous-cutané de souris était capable de libérer des ASCs en réponse à
un stress d’origine inflammatoire [37] et métabolique [38], le profil
transcriptionnel préférentiel de ces cellules en faveur des mécanismes
de migration ainsi que les similitudes entre ASCs et FAPs évoquées
précédemment, nous ont permis de proposer l’hypothèse, avancée
dans l’article de Sastourné-Arrey et al., selon laquelle le tissu adipeux
serait capable de libérer des ACSs qui infiltrent le muscle suite à une
lésion.
Par des approches in vivo de traçage des ASCs couplées à des méthodes
de cytométrie en flux et d’immunohistochimie, nous avons démontré et
quantifié l’infiltration musculaire des ASCs du tissu adipeux souscutané dans le muscle à 1 jpl. Sur un plan fonctionnel, l’interruption
de cette infiltration affecte négativement la régénération musculaire.
Ce travail permet donc de démontrer chez la souris qu’à la suite d’une
lésion musculaire, une partie des FAPs du muscle sont en réalité des
ACSs provenant du tissu adipeux sous-cutané.
Conclusion
Jusqu’à présent, l’hétérogénéité de la population de FAPs observée
dans le muscle était attribuée aux changements d’expression génique
induites par un micro-environnement lésionnel permettant aux cellules
d’acquérir temporairement un profil transcriptionnel nécessaire pour
assurer leurs différentes fonctions au cours de la régénération musculaire. Nos récents travaux démontrent que cette hétérogénéité est
également alimentée par une origine extra-musculaire d’une partie
des FAPs. Le rôle de cette communication inter-organes ainsi que celui
de cette population cellulaire infiltrée restent à définir.
SUMMARY
What if the origin of FAPs was contributing to their heterogeneity in
muscle?
Fibro-adipogenic progenitors (FAPs) are resident mesenchymal stromal cells (MSCs) of skeletal muscle. They play a crucial role in muscle
homeostasis and regeneration through their paracrine activity. Recent
technological advances in single-cell RNA sequencing have allowed the
characterization of the heterogeneity within this cell population. In
this article, we will present the different subpopulations of FAPs under
basal, injury, or degenerative conditions, as well as their associated
functions in mice and humans. We will then discuss the potential extramuscular origin of a post-injury FAP population. Indeed, our recent work
demonstrates that MSCs from adipose tissue, infiltrating the muscle,
could contribute to FAP heterogeneity.
20
m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
PRIX SFM
Ce travail a fait l’objet du prix de la meilleure communication orale
lors du Congrès annuel de la Société Française de Myologie (SFM) à
Toulouse en 2022.
LIENS D’INTÉRÊT
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.
RÉFÉRENCES
1. Joe AWB, Yi L, Natarajan A, et al. Muscle injury activates resident fibro/
adipogenic progenitors that facilitate myogenesis. Nat Cell Biol 2010 ; 12 :
153-63.
2. Uezumi A, Fukada S, Yamamoto N, et al. Mesenchymal progenitors distinct
from satellite cells contribute to ectopic fat cell formation in skeletal
muscle. Nat Cell Biol 2010 ; 12 : 143-52.
3. Friedenstein AJ, Deriglasova UF, Kulagina NN, et al. Precursors for fibroblasts
in different populations of hematopoietic cells as detected by the in vitro
colony assay method. Exp Hematol 1974 ; 2 : 83-92.
4. Theret M, Rossi FMV, Contreras O. Evolving Roles of Muscle-Resident FibroAdipogenic Progenitors in Health, Regeneration, Neuromuscular Disorders,
and Aging. Front Physiol 2021 ; 12 : 673404.
5. Chapman MA, Mukund K, Subramaniam S, et al. Three distinct cell
populations express extracellular matrix proteins and increase in number
during skeletal muscle fibrosis. Am J Physiol Cell Physiol 2017 ; 312 : C131-43.
6. Malecova B, Gatto S, Etxaniz U, et al. Dynamics of cellular states of fibroadipogenic progenitors during myogenesis and muscular dystrophy. Nat
Commun 2018 ; 9 : 1-12.
7. Oprescu SN, Yue F, Qiu J, et al. Temporal dynamics and heterogeneity of
cell populations during Skeletal Muscle Regeneration. iScience 2020 ; 23 :
100993.
8. Scott RW, Arostegui M, Schweitzer R, et al. Hic1 Defines Quiescent
Mesenchymal Progenitor Subpopulations with Distinct Functions and Fates
in Skeletal Muscle Regeneration. Cell Stem Cell 2019 ; 25 : 797-813.e9.
9. Rubenstein AB, Smith GR, Raue U, et al. Single-cell transcriptional profiles
in human skeletal muscle. Sci Rep 2020 ; 10 : 229.
10. De Micheli AJ, Laurilliard EJ, Heinke CL, et al. Single-cell analysis of the
muscle stem cell hierarchy identifies heterotypic communication signals
Involved in skeletal muscle regeneration. Cell Rep 2020 ; 30 : 3583-95.e5.
11. Negroni E, Kondili M, Muraine L, et al. Muscle fibro-adipogenic progenitors
from a single-cell perspective: Focus on their “virtual” secretome. Front Cell
Dev Biol 2022 ; 10 : 952041.
12. De Micheli AJ, Spector JA, Elemento O, et al. A reference single-cell
transcriptomic atlas of human skeletal muscle tissue reveals bifurcated
muscle stem cell populations. Skelet Muscle 2020 ; 10 : 19.
13. Lemos DR, Babaeijandaghi F, Low M, et al. Nilotinib reduces muscle fibrosis
in chronic muscle injury by promoting TNF-mediated apoptosis of fibro/
adipogenic progenitors. Nat Med 2015 ; 21 : 786-94.
14. Biferali B, Proietti D, Mozzetta C, et al. Fibro-adipogenic progenitors crosstalk in skeletal muscle: The social network. Front Physiol 2019 ; 10 : 1074.
15. Chargé SBP, Rudnicki MA. Cellular and molecular regulation of muscle
regeneration. Physiol Rev 2004 ; 84 : 209-38.
16. Kuswanto W, Burzyn D, Panduro M, et al. Poor repair of skeletal muscle
in aging mice reflects a defect in local, interleukin-33-dependent
accumulation of regulatory T cells. Immunity 2016 ; 44 : 355-67.
17. Mozzetta C, Consalvi S, Saccone V, et al. Fibroadipogenic progenitors
mediate the ability of HDAC inhibitors to promote regeneration in dystrophic
muscles of young, but not old Mdx mice. EMBO Mol Med 2013 ; 5 : 626-39.
18. Lemos DR, Paylor B, Chang C, et al. Functionally convergent white adipogenic
progenitors of different lineages participate in a diffused system supporting
tissue regeneration. Stem Cells 2012 ; 30 : 1152-62.
19. Dort J, Fabre P, Molina T, et al. Macrophages are key regulators of stem cells
during skeletal muscle regeneration and diseases. Stem Cells Int 2019 ;
2019 : 4761427.
20. Serrano AL, Baeza-Raja B, Perdiguero E, et al. Interleukin-6 is an essential
regulator of satellite cell-mediated skeletal muscle hypertrophy. Cell Metab
2008 ; 7 : 33-44.
21. Hardy D, Besnard A, Latil M, et al. Comparative study of injury models for
studying muscle regeneration in mice. Plos One 2016 ; 11 : e0147198.
m/s hors série n° 1, vol. 39, novembre 2023
SFM
22. Sul HS. Minireview: Pref-1: Role in adipogenesis and mesenchymal cell fate. Mol Endocrinol 2009 ;
23 : 1717-25.
23. Gillies AR, Lieber RL. Structure and function of the skeletal muscle extracellular matrix. Muscle
Nerve 2011 ; 44 : 318-31.
24. Contreras O, Rossi FMV, Theret M. Origins, potency, and heterogeneity of skeletal muscle fibroadipogenic progenitors - time for new definitions. Skelet Muscle 2021 ; 11 : 16.
25. Laumonier T, Menetrey J. Muscle injuries and strategies for improving their repair. J Exp Orthop
2016 ; 3 : 15.
26. Fitzgerald G, Turiel G, Gorski T, et al. MME+ fibro-adipogenic progenitors are the dominant
adipogenic population during fatty infiltration in human skeletal muscle. Commun Biol 2023 ; 6 :
111.
27. Giuliani G, Vumbaca S, Fuoco C, et al. SCA-1 micro-heterogeneity in the fate decision of
dystrophic fibro/adipogenic progenitors. Cell Death Dis 2021 ; 12 : 1-24.
28. Zuk PA, Zhu M, Mizuno H, et al. Multilineage cells from human adipose tissue: implications for
cell-based therapies. Tissue Eng 2001 ; 7 : 211-28.
29. Merrick D, Sakers A, Irgebay Z, et al. Identification of a mesenchymal progenitor cell hierarchy in
adipose tissue. Science 2019 ; 364 : eaav2501.
30. Schwalie PC, Dong H, Zachara M, et al. A stromal cell population that inhibits adipogenesis in
mammalian fat depots. Nature 2018 ; 559 : 103-8.
31. Emont MP, Jacobs C, Essene AL, et al. A single-cell atlas of human and mouse white adipose
tissue. Nature 2022 ; 603 : 926-33.
32. Sárvári AK, Van Hauwaert EL, Markussen LK, et al. Plasticity of epididymal adipose tissue in
response to diet-induced obesity at single-nucleus resolution. Cell Metab 2021 ; 33 : 437-53.e5.
33. Burl RB, Ramseyer VD, Rondini EA, et al. Deconstructing adipogenesis
induced by β3-adrenergic receptor activation with single-cell expression
profiling. Cell Metab 2018 ; 28 : 300-9.e4.
34. Liu X, Yuan M, Xiang Q, et al. Single-cell RNA sequencing of subcutaneous
adipose tissues identifies therapeutic targets for cancer-associated
lymphedema. Cell Discov 2022 ; 8 : 1-20.
35. Biltz NK, Collins KH, Shen KC, et al. Infiltration of intramuscular adipose
tissue impairs skeletal muscle contraction. J Physiol 2020 ; 598 : 2669-83.
36. Sastourné-Arrey Q, Mathieu M, Contreras X, et al. Adipose tissue is a source
of regenerative cells that augment the repair of skeletal muscle after injury.
Nat Commun 2023 ; 14 : 80.
37. Gil-Ortega M, Garidou L, Barreau C, et al. Native adipose stromal cells egress
from adipose tissue in vivo: Evidence during lymph node activation. Stem
Cells 2013 ; 31 : 1309-20.
38. Girousse A, Gil-Ortega M, Bourlier V, et al. The release of adipose stromal
cells from subcutaneous adipose tissue regulates ectopic intramuscular
adipocyte deposition. Cell Rep 2019 ; 27 : 323-33.e5.
PRIX
RÉFÉRENCES
TIRÉS À PART
M. Mathieu
21.
| 47,855
|
19/hal.archives-ouvertes.fr-jpa-00249335-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,442
| 11,674
|
Analyse des possibilités de fonctionnement en régime des désexcitation des moteurs à aimants permanents
Bernard Multon, Jean Lucidarme, Laurent Prévond
Classification Physics Abstracts 86.30 Analyse des possibilit4s de h aimants des moteurs tation Multon, Bernard LESIR, Ecole (Regu le 30
Get excitation le courant par puissance Ceci proche ndcessite de la condition iddale bilan l'extension de amplitude par celle correspondant de des flux obtenir du de la et plage des de structures In a airgap this maximum flux paper, study we power weakening electromagnetic characteristics magnetic saliency on speed range. speed range theoretically constant power factor especially when Ld > Lq. power sine permanent and waveforms magnet Wilson, Pdt a structures rotor des dlectronique. de base sur une "ddsexitation" moteur dell au eflectude est un de la pour magndtique. Nous h puissance fonctionnement (ou alternateurs) moteurs dlectronique. La tension et d'obtenir L'objectif est une plage de vitesse dtendue. montrons constante puissance saturation, l'entrefer. Enfin, rdgime de en de de range of vitesse mettre motors de base. dvidence en qu'il existe une thdoriquement lorsque surtout des f-e-m- des et eflectuons nous ddsexcitation. made is We show unlimited. As sinusoidal to show that converter. (or generators) the exists influence ideal an The of Magnetic saliency permits reaction armature condition to to obtain enhance a the e-m-fhypotheses, we saturation, no recapitulate the airgap flux density. Finally, we obtain a flux-weakening operation. main able to de Introduction 1. Nous d'une mutable Q vitesse convertisseur the extending of speed supplied by electronic motor current du amplitude of phase electronic supply. The aim of this study is to limited by are extended speed range. This require of the base speed one on an near "flux-weakening" above base speed. A parametric analysis called so and and and Avenue 61 fonctionnement permettant rotors inductor magnet permanent voltage and waveforms current of saillance de de par r4gime au ou une plage l'alimentation d'entrefer d'induit rdaction de la alimentds et
Les Abstract. achieve D1375, CNRS janvier 1995) en with an URA La Lq. courants un Cachan, le 30 permanents rdduction pour Prdvond le facteur saillance magndtique permet d'accroitre principales hypothbses de cette dtude sont l'absence induction dans sinusoidaux spatiale sinusoidale et une illimitde. > traite paramdtrique l'influence Ld de une analyse Une article limitds Laurent de accept4 1994, aimants sont d4sexci- de France novembre R4sum4. h r4gime en permanents et Supdrieure Normale Cedex, Cachan 94235 Lucidarme Jean fonctionnement Les nous intdressons part, h la ici tension et, d'autre Editions de part, Physique limites aux continue aux 1995 d'alimentation de l'onduleur dans le et h dlectromagn4tiques plan son de la couple-vitesse, dues, courant maximal machine (flux produit com- JOURNAL 624 aimants, [es par lyser h la lumibre des structures nement dans inductances ph4nomAne de le des N°5 direct et transverse). L'objectif principal est d'ana(Flux-Weakening) des moteurs h aimants permanents eflectuds Ie sujet [3,4,6,10,21,23] et de faire un bilan sur dans divers [es travaux axes adapt4es d'inducteurs h Rappelons type de ce le que ("fonctionnement h puissance constante") d'applications la traction dlectrique (routiAre comJrJe d4sexcitation nombre certain III "ddsexcitation" rdgime de en un PHYSIQUE DE fonctionrecherchd est ferroviaire), ou machines-outils, d'avions de Ce mode de ceux gouvernes int4ressant fonctionnement particuliArement dans les g4n4rateurs1vitesse aussi variable est (alternateurs d'automobiles, avions, 401iennes). Dans cet article, l'analyse sera eflectu4e en les sinusoidale, (ddcomposition dont moteurs 1000 tr/mn).
2. Puissance parfaitement sont [es alimentation deux en le couple comparaisons (couple q), supdrieur au est
nominal ou "puissance silicium. puissance systkmes la entre Nm est n le facteur de et nombre maximales traintes de total en et est la le MAme puissance mdcanique utile cette du notion moteur et P~ (combinaison premiAre quantification utile. (2,I) oh Umax et Imax et sont leurs con- ~~ exemple, le hacheur s6rie (Fig. 1) de fd (gale h 1/~ (dans le cas sont ndgligeables). moyen) et iddal Un faudrait il alimentant minimale (2.3) P~ ~ = efficace courants (2.2) par pr4cise, Par moteur notions puissance 41ectrique la est insuffisamment est conduction courant base = ddfinie de du des de de rendement si d'eflectuer rdgime imax command4s P ~ est les courant fd oh P le pour avons, nous ddfini [9] les Umax n " tension pour quelques de (V.A Si) Psi off valable vitesses dventuellement, et, dlectriques, base), de h des en vitesse et n4gligde (hypothAse fonctionnant et de d'entrainements silicium" apparente environ Facteur instal14e induction d'induit rdsistance g4n4rateur. force 61ectromosatur6, non d'entrefer spatiale sinusoidale fonctionnement en magndtique circuit sinusoidaux, courants en valables suivantes d et axes apparente quantifier Afin de de sont principales hypothAses Les trice de conclusions les mais moteur broches de entr#nements un oh les hacheur et absorb4e en h collecteur ondulations quadrants 4 moteur. par le tenir compte des commutation, de moteur eflet de elle conduit tension h la une valeur d'alimentation et donnerait ~ fd pertes permet (2.4) = ~l L'onduleur modulation triphasd qui sinusoidale du nous coumnt int4resse conduit Id dans le cas des moteurs h aimants (Fig. 1), avec 1: l~ = ~ (2.5)
~~
MCC uric Fig. Structures 1. de MA uric convertisseurs pour moteurs h and for continu courant et triphas4s moteurs h courant alternatif. [Electronic converter DC for structures motors phase AC motors.] three oh ~J est l'angle de d6phasage du courant rapport au par de silicium ainsi plus de 8 fois la "quantitd" d'un hacheur Notons que pour a diphas6 onduleur un la Si Udc est la la simple fondamentale vaut, tension continue de l'onduleur rapport cyclique d'alimentation si le l'on considAre la dans [es axes d et q Vd,aim qu'une Notons commande quasi-crdneaux) h de type le cas prend l'on eflectuant [es En £. au j~ = couple 0, 61 = oh le de l'amplitude ddcoupage maximale tend vers l'amplitude maximale de 1 de la (2.7) Udc dlectromotrices faiblement est moteur trapdzoidales courants et en (petites dimensions) inductif une l'inductance compte en avance de l'angle de doit rester h basse que la tension maximale sion de infdrieur vitesse. Pour r4action h une en Id le se (on conduction mAme en est maximale. valeur maintenir d'induit (2.8) bobinage, du mise ~ # phases, au lieu de deux, sont alimentdes d'alimentation maximale pratique, la tension crAte de vaut trois rant facteur (2.6) traplze (forces dans triphas6, maximal triphasde-diphas6e, Id Si le plus faible de Id valeur une conduit faut II composants = classique, transformation fondamentale tension tension. j~ VIM Si ponts deux de la r4partie sur 6 complets (8 transistors), expression. mAme tension h fondamental sdrie courant croissent, h partir ddgrade par la le peut h une rdduire en situation oh source vitesse vitesse continue et le cou- correspond g6n6ralement dernibre lorsque la d'une on temps) [15]. limit6e
Cette et d'ailleurs arrive dite la f-e-m- augmente, vitesse de base, la ainsi ten- des vectorielle En g4n4ral, juste dgale h la somme tensions moteur. la puissance maximale du c'est h cette vitesse moteur et c'est pour ce point que l'on a atteint silicium est d6finie. Au dell de cette vitesse, si de fonctionnement apparente que la puissance constante), de (voire il ndcessaire puissance la plus dlevde possible l'on veut convertir est une (ou "ddfluxer" suflisant. "ddsexciter" le moteur continuer h injecter un courant pour disponible est JOURNAL Le I la I la tension le facteur tionnelle silicium et spire ainsi choisis Dans les flux inducteur. bobinage (pour spires du de fonctionnement base et Notons puissance de phase) une que d6pendent ne h bobinde, excitation le dans des cas ddsexcitation cette h moteurs MACHINE 3.I. de paramAtres, ou "h flux induit sont [es le cas direct axes continue et la du de le pour propor- puissance nombre de trAs addquate du champ de rdaction de rdduction de champ. encore d'induit. elle semble permanents D4sexcitation l'analyse simplement, avec synchrone h aimants saillance sans magndtique la saturation magn4tique, Notons de Les dans la [30], de zone minimum un magndtique rdluctance du trajet du hypothAses principales sinusoidales dlectromotrices rdfdrence la dans que difldrence inducteur. forces [es le sur 6vidente h l'axe du flux peu directe action par moins transverse (rdgulation id4ale). modifiait possible commencer machine saillance et absence saturation de la appelons Nous sinusoidaux la tension est aimants h Pour SAILLANCE. considdrons suivantes courants que SANS dans [es synchrone macine la p61es lisses". permanents, aimants n est, en rdalit6, possible que grice h une orientation On parle alors de "ddsexcitation", "ddfluxage", ou de ddtermind sensiblement est ddfinis. Mais #quations sa valeur de de la pas N°5 gdndralement est facteur le et 3. III "nominal", couple au et moteurs de vitesse PHYSIQUE DE l'auteur a et montr6 fonctionnement dite essentiellement puissance constante", rdduit. parce que le flux est justement Dans la pr4sente 6tude, on ne prend pas en compte la rdsistance des bobinages d'induit, cette hypothAse peut Atre justifide par le fait que l'on ne ne considAre que les hautes vitesses (alimenla tension maximale, donc chute R.I faible devant v) et le domaine de puissances tation sous (traction, broches). relatif applications de ddsexcitation aux Dans ces conditions, le couple moyen s'exprime par "h T = #f Iq 3 Iq oh = I cos et ~l Id I = (3.1) sin ~l (correspondant aux composantes de la f.m.m. ddmagndtisante) du courant d'une phase, if est la valeur eflicace du flux inducteur (sinusoidal) d'une phase, ~l est l'angle d'autopilotage, vectoriel de la figure 2 angle de I vers E (la f.em.). Notons que si I est en sur le diagramme retard E (amplitude de E E if w), ~l est positif (Id > 0, magn4tisant), sinon il est sur n4gatif (Id < 0, ddmagn6tisant). Toutes [es grandeurs I, V et E consid4r4es sont des valeurs Iq et Id dans composantes [es sont l'axe flux du transverse et directe magndtisante donc finducteur ou = eflicaces. L'dquation d'alimentation est V~=(E+L.w.Id)~+(L.w.Iq)~ la est et amplitude qu'il est moteur vitesse cyclique. On qu'h angle ~fi constate proportionnelle h la vitesse. Aussi, la tension maximale disponible est atteinte, si la vitesse croit, l'amplitude du courant possible de rdguler diminue et le couple diminue trAs rapidement. Autrement dit, le (courant I) couple maximal maximal Imax jusqu'h est capable de ddlivrer son une V dAs que simple, (3.2) E=#f.w avec fondamentale tension du courant fixds, la L l'inductance est d'alimentation tension est = de base fib ~~ = (P est le nombre paires de p61es) telle de que fl ld)2 "~ " p Pour une adopt4e la machine h ~/(j~ p61es lisses, [es pertes composante directe du courant + L Joule est + sont nulle ~~'~~ (L i~)2 minimales si ~l = 0 si cette strat4gie est Si~l=0:Id=0etIq=1,alors: i la de vitesse base et ~/(4f)2 cos~Jb On remarque machine foible soit que devant facteur le le flux puissance de (aimants foible est mont6s en Arctg cos = ~~'~~ (L.1)2 "nominal", le facteur couple au i "~ ~ puissance de ~ en alors ~ (3.5) ~f plus proche fait, il faut que d'autant est surface), vaut cos~2b de 1 que le flux de l'inductance r6action de la d'induit inducteur. h L.lob.I fl'>fib q Pmaxi L,~o'b,i' £"",_ qb" I "_ '. - iJ=0 I_ ;" ©f I n : nb'cercie
Fig. 2. puissance
Comme le le du d6croit vector montre le diagramme et, donc, le couple courant nul, diagramme vectoriel h une vitesse supdrie
ure rapidement.
diagram at speed higher base speed with yb Evolution
maximal
e
[Evolution of the cally decreases.] pour
une
vitesse V=constante vectoriel de la
ddcroissent.
En (
gale
maximale Au dell
de la
vitesse
On que la
peut tension remarquer induite de base
, le
=
The
0. figure 2, si la vitesse particulier, lorsque vitesse E de base, maximum d6passe la V, le = h yb = 0. La drasti- power vitesse de base, courant devient h
~~~~ Aussi, si l'on souhaite vitesse de base, il faut h la couple Eb ~~ ddcroit augmenter la puissance accepter de faire dvoluer ~~ ~~ ~~ cos~Jb trAs vite convertible et il en pour est des de m0me vitesses d'autopilotage ~l. E), on rdduit le flux avance que si ~l est ndgatif (I en sur totale, (gale h V lorsque l'on ndglige la chute ohmique. puissance. supdrieures h la de la l'angle rdsultant ainsi JOU Lorsque le puissance peut moteur alimentd est s'exprimer En tension sous III N°5 (la constante tension disponible), maximale la par ~ P PHYSIQUE DE ~/4 (V E)2 = (V2 (L + E2.1)2)2 w (3.7) posant ~ r ~ la ~f = r6action ~ °~ x ) e = = la = / wb relative, d'induit (3.8) rdduite vitesse b la f.e.m. = h la vitesse base de rdduite r obtient on ~ V.1 3 d'alimentation contraintes < r ~/~ (~ g)2 2 e repr4sente expression Cette = donndes maximale, 1, la puissance puissance la (1 + rdgime dell au de la vitesse inacceptable. l'importance de r pour montre 41evde. On n'a pas reprdsent4 ce qui se passe si d'intdrAt. et ce cas ne pr4sente pas La figure 3b montre le rdseau, paramdtr4 en ce de la Le figure cas de rdduite r 1, = de rapproche Le Donc La de I facteur pour identique = lorsque est limitde eflectu 4 h I le par courant On Cte. = peut est quelle que soit la vitesse. maximale lorsque l'angle de charge toujours sup4rieur h I, valeur "de une large plage de la V tension est puissance > 1, la r r, couple du alors est puissance toujours plus faible h vitesse disponible, normalisd On constante. vitesse cos ~Jb montre " "illimitde" maximale vitesse une de 3 fois la dell 1, 4a 1), > donc est obtenir en fonction peut remarquer et que correspond facteur le h un iddal cas puissance de se de base. puissance h la vitesse de base (oh de r figure d'avoir puissance h au (z base h vitesse z. permet fonctionnement (3 g) g)2 )2 donc est 3a vitesse ~ facteur le aussi (voir paragraphe 3.2, Fig. 8) et que le calcul eifet ddmontrer qu'il est possible d'atteindre I sous en Thdoriquement, h tension maximale donnde, la puissance 6 (entre V et E) est (gal h gr/2, mars alors le courant La (~ convertible, en fonction de la de puissance. Notons que, maximale c'est maximal base" (~ g)2 z r ~l = 0) vaut 0, 707. dvolue comment Fig. 2). le diagrarnme vectoriel (h la vitesse de base : cas repr4sent4 au dell de la vitesse de base (facteur de puissance unitaire). De la vitesse de correspond h la puissance maximale base jusqu'h la vitesse (en valeur rdduite xp~~~) correspondant h la puissance maximale, le la dell il est en tension, La figure 4b met en courant est, dons ce cas, en retard avance. sur au dvidence l'dvolution de l'angle d'avance (~l < 0) du h Celui-ci part la f.e.m. rapport courant par de 0, pour [es vitesses infdrieures h la vitesse de base, pour aller vers gr/2 h la vitesse maximale possible h en celui de rdgime de la Le "ddfluxage" point de zmfv.
fonctionn
ement
DESEXCITATION N°5 DES MOTEURS h PERMANENTS
AIM
ANTS
629 Pmax/3.V.I i'o.9 o-g 0.7 0.6 o.5 0.4 o.3 0.2 o-1 0 0.2 0 0A 0.6 0.8 IA 1.2 1-g 1.6 2.2 2 2A X"N/Nb 26 a) CmaX i o.9 o-g = o,8 0.7 0.6 o-5 = 0.4 = 0.3 0.2 o-i o 0.2 0 0.4 0.6 0.8 1.2 IA 1.6 1-g 2 2.2 2.4 X=N/Nb
2.6 b) Fig. la a) 3. r4action Puissance d'induit la) Maximum (Eq. 3.8). b) Notons que ddfinie par ~l maximale power Maximum cette gr/2, = vitesse versus maximale obtient alors maximal " fit - r en Parameter r (h P en valeurs = 0) is the de la z. vitesse normalised
Le
para
mbtre r
est normalisde
. armature reaction en r4gime de "ddsexcitation" est maintenant r4duites en gardant que, (3,12) a 1 normalisde vitesse fonction speed.] normalised Rappelons ZM
~
=0 de la fonction en speed. normalised versus torque on disponible (Eq. 3.8). b) Couple r4duite JOURNAL 630 N°5 III q ~ X-1' 11>lib cas n=nb cas,_ ( E / V [ ~~ a) d cercle psi V=constante avarice 90 go 70 60 50 b) 30 20 lo o m Fig. la) in a) Diagramme 4. fonction de la M de ~ U1 S S La puissance maximale, obtient est nul, on m r4gime en r4gime de en diagram in flux-weakening Vector flux-weakening mode.] tension ~ « m Q Fresnel normaIis4e vitesse ~ mode quant h elle, cq M ~ U1 cq cq cq d4sexcitation de ~ ~ rj rj m cq « M rj 0). b) Angle (yb < (-yb) d'avance 0). b) h atteinte angle Advance une (-yb)versus telle vitesse que le normalised ddphasage speed courant alors fi(3 zPmax Enfin, on peut sup4rieure sance h cette plage de peut Atre avance sur rechercher (gale ou la dans h celle fonctionnement d4terminAe tension. en d4sexcitation. (yb < est m cq par le Alors quelle plage h la atteinte h "puissance point de on " obtient de vitesse, il vitesse de tel est base. sensiblement 13) ~2 que possible La vitesse zonstante" cos~2 = de est cos puisune correspondant maintenir rdduite ~2b notde avec zpmc. le
c
ourant
Elle en DESEXCITATION °5 MOTEURS DES AIMANTS h P
ERMAN
ENTS
631 ~ ~2 zpmc figure La lative 5 d'4volution, courbes vitesse respondant h la puissance maximale) et h "puissance constante" ). Par exemple, un 1 h rapport 5, il en fonction rdaction de la d'induit nominale re- maxi zM~=o (courbe 1, vitesse maximale possible avec "d4sexcitation" possible sans "ddsexcitation"), ), zp~~~ (courbe 2, vitesse cor(courbe 3, vitesse maximale ddfinissant la plage r4duites vitesses (courbe 4, zmfv les montre des r, (3.14) fi " ndcessaire est que zpmc si > r l'on souhaite plage h puissance une dans constante 0, 82. =N/Nb x io 9 8 7 6 5 4 3 2 r o # = Ci r~ q U~ Kq ~ Oq c~ # # # # # # # # # (1), d4sexcitation possibles sans plage de vitesses h puissance constante [Maximum speeds with (4) and without field-weakening (1), speed speed range (3).] and constant power
Fig. maximales Vitesses 5. (cos~ maximale 1) (2) = et - (4), d4sexcitation
avec puissance h (3)
. at maximum
power
(cos ~J = 1) (2) h puissance dlevde (
voire
constante) aul'in
ductance
d'
optimiser la valeur de ndcessaire rapport dell de la vitesse de base, il est par h obtenir diflicile, impossible, condition "r voisin de voire La flux inducteur. 1" est
avec un
au
h
pi
A
ces
polaires
,
g
4ndralement
il
faut
donc
des montds en surface structures aimants rotor
h
fa
cteur
d'induit dlev4e est un plus faible rdaction La contrepartie de cette h aimants enterrds. de puissance h la vitesse de base. Ainsi, obtenir pour En outre, [es aimants. la Si des fonctionnement d4magn tisante ne doit pas polaires peuvent ainsi permettre au ddsaimanter flux de de maniAre d'induit rdaction irr4versible de ne pas aimants. structures faut possibilitd de d'induit rdaction Les piAces les "traverser" une h donc lisses.
II 3.2. MACHINES aimants faire AVEC une enterr4s 4tude SAILLANCE.
prdfdrables, sont
avec Ld Le et Lq couple
on
ne peut plus faire l'hypothAse de p61es diifdrentes. moyen s'exprime
aJors par : T=3.[#f.Iq+(Ld-Lq).Id.Iq]
(3.15 5, °5 Pour [es minimiser Ld si si rdaction La Joule, l'angle d'autopilotage pertes Lq ~Inpt > d'induit PHYSIQUE DE = Ld l~ Arc sin Lq ~Inpt < normalisde ~j ~ ddfinie maintenant est ~~ r ddfinit On le k avec Lq) I (3.16) < 0 ~ par ~~ (Ld = : ~ (3.17) #f saillance de rapport = vaut ~j l~ Arc sin N°5 optimal > 0 4 = III ~~ s Dans le la sur particulier cas figure oh r 1 = (cas = ddsexcitation), de la iddal (3.18) Ld la valeur de ~lapt est donnde rapport de saillance 6. 'Yopt 30 20 10 s=Lq/Ld 0 lo -20 -30 -40
Fig. Angle d'autopilotage 6. ~ur et s r [Optimum (ybopt) angle
Ainsi pour h la vitesse de base fonction en du base speed saliency versus ratio s and for r = 1.] d'induit est laquelle Ld > Lq (s < 1), l'angle ~l d'autopilotage optimal 30° lorsque s tend rdaction d'induit alors 0. La est vers vers (le plus fr4quent dans les machines h aimants enterrds), contraire cas d4magn4tisante et l'angle optimal tend vers 45° lorsque s tend vers facteur de puissance positif est = rdaction machine une (pour r 1) magn4tisante. la optimal (ybopt) I. = Dans le dans et tend l'infini. En outre, le par rapport au cas tend 0,866 et vers maximum La (3.20) lorsque s tend (O,72) au voisinage de figure par sans saillance 7 l'4volution montre rapport h un ~J h la cos (s = vers s = du fonctionnement vitesse de base ddpend 0,707 lorsque l'infini, il tend vers 0,707 1) ok il 2. II valait de h Id = 0 = peut et s 1. Si pour s s > tend I, il Atre vers passe am41iord 0, cos par ~J un d'avoir s < I. intdressant ainsi plus puissance (3.19) et du gain sur le couple Gc 0) en fonction du rapport de saillance s (~l semble facteur r de = 2.5 2 5 o.5 0
Fig. 7. h la [yb o = ~~~~~ ~ of if (yb maximale Ov, 8 courant de vitesse Sur trouve de vitesse the ~°~~ ~ + yb case factor speed (curve 2), base at i+~ ~~J~j~$t ~~~~~ ~ ~°~~ ~~'~~~ s) sin(2 ~lapt) (1 2 Power o. = (3.20) base. h on « reprdsentd le l'intdrieur du d4crit suivante points A, B, C, D ~ C Ov tirer adopter puissance en cerde la cas de (peu frdquent) maxi) courant oh r ok et (le > 1 s 1 > des centre (~l 0 < en ellipses, point dessous de la le meilleur stratdgie et Ov ellipses ces V Pour de Facteur o. = base). L'4quation Les ~ h yb diifdrentes les limit4 est figure, cette se cos~lapt = to commande une I). limites du trajet de l'extrdmitd du I dans le plan vecteur (pertes Joule, amplitude, d'une part, par la valeur maximale commutable cercle limite, d'autre part, par la tension par l'onduleur) qui donne un disponible et la vitesse qui conduisent h des ellipses dont la plus grande correspond courant h la regard in I rapport par courbe : ~~~~j~apt ~L~ repr4sente o = torque Gc La figure (Id, Iq). Le couple le sur (courbe 2) base
increasing
1)
.
]
curve
:
gain Gc
ybopt
= de ybopt
= (yb yb vitesse ~~
~~~~~~~~~~~~~~~
flfl
~~
cj
~~
~~~~~~ w = (Fig.8) (- Ld~~ + Ld Id )~ respectivement
~
Lq
,
+ 0, D bJb (3.21) (Lq Iq
)
2 coordon
nde
s pour
~
d
~
bJb ~ dans le plan (
Id
,
Iq
) ~
~~ ~ Lq.b
Jb
~ ~~ ~
(3.22
) Lq 0) caractdristiques
(Fig. 8,
9)
[10j parti
des
suivante ont ~ ~~ d~bJb (- Ld~~, /(#f de l'ensemble convertisseur-moteur, on peut i ~ ~ du trajet vector locu
s
Limites 8. [Limits of the lorsque fl lorsque fl I < de due l'extrdmitd du I vecteur values maximum to dons le fib, (zone (I) de Oi h P, figure 8) on maximise travailler h fib, on d4 phase le courant pour du cercle >1 plan (Id, Iq). (circle) of I ellipses des l'~ntdrieur sir
Fig. Id / / and le V (ellipses) ((Id, Iq) plane.] couple (~fi = ~fi~pt) (cercle Imax) rant plus dlevde possible. maxi), une troisiAme zone apparait : h l'int4rieur du cercle de Si r > 1 (point Ov h courant partir d'une vitesse flp~~~ (point Q, figure 8) on ne peut plus rdguler le courant h sa valeur maximale, le trajet de cherche la puissance h tension maximale seulement h maximiser et l'on Cste (zone (III)). Les I suit alors le lieu de puissance maximale h V l'extrdmitd du vecteur Cste sont, d'aprAs [10] 4quations de (Id, Iq) en fonction de uJ h puissance maximisde et h V que la > tension maximale le permet (zone (II) pour obtenir maximal courant la puissance la = = - ) Aid, ~ d Aid avec " 0 si s ~ ~ q 'W ~~~ j S (3.23) 1 et = -s.#f+/(s.#f)2+8.(s-1)2.())2 ~~~ 4.(s-1).Ld ~~~~~ l'influence du rapport de saillance s sur le facteur de puissance en r4ginie lorsque l'on respecte la condition de iddale (r d4sexcitation 1). On constate ldgAre am41ioration du facteur de puissance par rapport au cas sans que le cas s > 1 donne une saillance d'environ gain tout h fait intdressant, 20 $l lorsque et que le cas s < 1 permet un Ld 4Lq. Lorsque s < 0, 5, le facteur de puissance passe par un maximum (cosq? Gt 1 pour local (cosq? Gt 0,956 pour s 0,25 h x l% 2,1) puis ddcroit minimum 0,25 h vers un s 8,5) tendre h Plus trAs supdrieures. foible plus vitesses 1 l~ est pour nouveau vers aux s z faut dviter de puissance local faible. Ii donc les trks faibles le facteur minimum passe par un valeurs de s (< 0, 2). facteur d'avoir bon 0,25 penner de puissance Le couple de paramAtres r 1 et s un (sup4rieur h 0,82) sur une plage de vitesse th40riquement infinie et nous semble olfrir les constante". Nous dernier h puissance de "fonctionnement conditions meilleures verrons au la d'atteindre condition 1 de rotor paragraphe que la plupart des permettant structures r malheureusement h un conduisent rapport s supdrieur h 1. correspondant vitesse [Forms (in the les 1 > r cases cas et r 1) de la < ~ ~b ~ > 1 et r figure h la constant daexc>tat,on (I) (1) Fig. * saris courbe de puissance maximale en fonction de la 8. 1) of the < r maximum power curve speed ~ersus corresponding to Figure 8.] P/3.V.I i o.95 o.9 o.85 o-g o.75 0.7 --C4CD~WIKO~OOCNC4-C4CD~W~Kq~OOC~CD CiCiCiCiC4C4CiCiC4 zzz4z4z4z Fig. r = [Power Les est est Facteur 10. 1, le factor la valeur s ~ersus courbes solution puissance (ou puissance de pararnbtre est le de rapport speed when r 1, = normalisde) maximale de la fonction en vitesse lorsque saillance. parameter s saliency ratio.] the is figure lo ont did obtenues h partir de l'expression (3.24) dans laquelle ~fio fonctionnement h I et V et ~fi~pt constants l'dquation (3.25) correspondant h un les pertes Joule h la vitesse de base (expression minimiser optimale choisie pour de la de (3.16)). avec r~ (1 : ~' ~°~ I 3 e = [(1+ s~) sin~ ~fi ~°~~° ~ ~ r sin1fi~pt)~ + 2 r sin ~fi ~~ + ~ (s + 1 + ~~ ~ r ~~ ~~~ coslfi~pt)~) (s r)~ ~°~ (3.24) ~°'~ (e x)~~ = 0 (3.25) Globalement, entre dlevde 4. constante. Structures de apparait importance puissance (s h 1) et h = figure La rotor satisfaire et went permet faible une montre facteur de aimants contre la simple h rdaliser. La figure llc permet elle fonctionnement [20], l'intdrAt trouver puissance vitesse h La 1id maximale 41ev4 faible dlevde montre p61e et en Le de Assisted flux Dans la lamin4" aimants des dans les inducteur!). r4f4rence qui est togas entre les sup4rieur h 7,5 [4,19, 22] (les de 4td Reluctance" articles [28], c'est assist4e par le et un la rdfdrence une les Cet > 1. plage une radiale- agencement de vitesse en h "concentration de bonnes une d'aimants plus elfectu4e la vite aimants doit ne et pas Atre refdrence la pour le Dons la rdfdrence met en dvidence d'induit rdaction Dans r. diflicile. est est [1, 5, 20], de flux" flux, le que grande trop [20], pour plage une de obtenue. pour grande plage h puissance semble-t-il, h la fois un flux h trAs moteur un d'obtenir, permet rotor 4tud14e saillance ("Interior "1.P.M." est s pour sup4rieur h [3, 7,10] dons 1. des (P.M.A.S.R.). structure aimants q Dans correspond de type ferrites h la grandes plages de 1 h 4 r41uctance structure r4f4rence variable [16] synchrone h r41uctance de on dans obtient mini h la h vitesse environ. "Permanent de d'inductance celui fins h liant De dans fonctionnement d'un rapports synchrone h moteur qualifient auteurs cette de Magnet" Permanent l'obtention s m lo ici, h celui et "axialement rotor plastique (souples, Br lequel on Magnet = o,165 T) plage h puissance dans un constante rapport de de h la de base. puissance o,8 vitesse Ces derniAres obtenue est avec consid4r4es des synchrones h rdluctance alors plut6t variable machines moteurs sont comme plage maximale possible d'obtenir h "infinie" lesquels it puissance dans constante est une en if). compensant le flux dans l'axe q grice h des aimants (jLq Ii t61es empi14es permet ne suflisante. cit4s, l'axe des et aimantds sont s [4], large plage rapport propos4e et l'obtention est obtenues rotor un reprdsentd aimants dans des abondamment [12,14,16], dtd massif) rotor d'accroitre appe14e structure 1if est Synchronous (Attention, du figure une /ou et sensiblement enterr4s 1:3,5 d'induit out n'a r4alisdes inductance aimants Ce type de rapport de solution le flux structure et d4sexcitation de la rotor rajout4 a Le constante. r4gime h rapport r4action une figure 11e d4crit la litt4rature) [2-4, 7, lo,17] facteur d'avoir s < 1(Lq < Ld), donc permettant relative r suflisante et enfin de protdger les semble l'une des meilleures mais elle n'est pas L'dpaisseur r. une d'inducteurs dans d'induit permet entre d'un premiAre de est h bon disposition [22] Cette qui La puissance pas p61e 41evd. Mars (1:10) [24]. constante par a structure entrefer maximale atteinte. rdaction une d'augmenter le rapport juste compromis un donc (r faible), rdgime de ddsexcitation dans d'entrefer des "longueurs" et en d'un h insdrds dtd nouvelle par permanents dlectronique principales structures surface, qui conduit d'induit aimants 1 h 4 une un analyse une h ddsaimantation. flux puissance h constante. empildes ou de qualit4 moyenne, montre aimants compromis meilleur un vitesse ddsexcitation. de puissance, d'avoir en trouver de commutation maximale des de h rotor h des t61es d4sexcitation bon du machine rdaction rotor un dans rdgime "Flux Weakening" de La figure 11b montre une un conception permanents conditions insdr4s une d4sexcitation d'une aimants les 1la sent h la N°5 plage et la de la que l'obtention base vitesse large plage h puissance rdcapitule quelques unes La figure 11 proposdes. Le de dvidente quant h et h constante aptes rotors faqon de la III (s # 1) permet saillance de voire Ii pas pr4sence d'une puissance h la facteur le PHYSIQUE DE axialement. facteur un
Fig. Structures 11. [Permanent magnet qu'il Notons ddsexcitation.
d4sexcitation 5. Dans de existe MAmes sont les d'autres ne mAmes de types permettent sont pas celles que rdgime de en flux-weakening operation.] fonctionnement permitting structures s'ils le permettant rotor rotor ill, 26, 27, 29], qui rdf4rences f e sp4ciaux moteurs plus moins ou (pas conventionnels des moteurs h h bien de aimants ddsexcitation. par exemple dons les fonctionnement r4gime de en aimants, le champ tournant), les rAgles de plus classiques. Conclusion cet article, nous avons mis en 4vidence les limites d'alimentation des machines h aimants sinusoidaux onduleur, plus particuliArement en rdgu14s courants par la modulation machine de largeur d'impulsion. Les hypoth6ses de calcul concernant sont par induction sinusoidale trAs simplistes (f.e.m. sinusoidales, dans l'entrefer), elles ont permis une paramdtrique assez simple, g4n4rale et toutefois convenable. 4tude Mais it faudrait, dans des cas ddterminer pr4cis4ment les caract4ristiques 41ectromagn4tiques r4elles et elfectuer particuliers, l'influence simulations numdriques d'alimentation. des parades Nous ensuite analys4 avons d'une mAtres de la machine (flux inducteur dans le cas particulier inductance et inductance) ("p61es lisses"). Nous avons nominal d'induit montr4 r4action constante que plus le flux de (L I) dtait 41evd par rapport au flux inducteur, plus grande draft la plage de fonctionnement toutefois, it ne faut pas que l'amplitude de ce flux ddpasse celle du flux h puissance constante, permanents alimentdes JOURNAL 638 S'il y inducteur. La "d4sexcitation" h la force dgalitd a entre qui 41ectromotrice flux, on d4phasage deux ces grice au permet la obtenue est PHYSIQUE DE obtient N°5 plage une en du avance d'une crdation III "ddsexcitation" de d'induit courant de composante infinie. par rapport magn4tomotrice force le cas "iddal" de la plage de fonctionnement infih puissance constante foible (o,707) aussi il est malheureusement puissance h la vitesse de base est rechercher ndcessaire de compromis entre un bon facteur de puissance h la vitesse de base un fonctionnement maximale l'application envisagde. h puissance n4cessaire et la plage de pour dtudid le cas des rotors Ensuite, nous magn4tiquement anisotropiques "p61es saillants" avons qui permettent aussi le "ddfluxage" tout en am41iorant le facteur de puissance, et bien sir le "lisses". Nous couple moyen, par rapport aux rotors montr4 qu'il 4tait particuliArement avons int4ressant d'obtenir Ld > Lq (s < I) pour avoir un gain significatif du facteur de puissance. Enfin, nous pass4 en revue quelques structures de rotors h aimants dans le but d'dvaluer avons leur potentiel h la d4sexcitation. Seule une propos4e r4cemment [22] permet d'avoir un structure compromis facteur de puissance / rapport de saillance s inf4rieur h I et olfre donc un excellent plage de fonctionnement h puissance Remarquons que la composante ddmagndtisante constante. de la force magn4tomotrice ne doit pas d4saimanter les doit Atre aimants et que ce point considdr4 lors de la conception du rotor. attentivement En outre, on peut constater que la d'entrefer h haute du flux conduit h une r4duction diminution des pertes fer lorsque la vitesse l'accroissement des pertes m4caniques et adrodynamiques vitesse augmente. Si l'on considAre la vitesse, le rendement sensiblement dans la plage h reste, en pratique, constant toute avec C'est ce que les caract4ristiques des moteurs de la puissance constante. montrent notamment ddmagn4tisante. nie, le facteur LV de s4rie Au GEC-Alsthom dell de cette dimensionnels ddsaimantation reste de que l'on pourrait des machine plage et la aimants caract4ristiques valeur du champ leurs la il de la (couple /pertes Joule) [8,18]. Parvex dtude,
magn4tique sa
turation
mAtres Dans de rechercher pour 4tudier h puissance l'influence comme l'optimisation compromis bon un fonctionnement de profit, h mettre entre constante. de globale des paraperformances ses Enfin, le risque de Atre soigneusement analys4 d'autant plus que l'4volution de temp4rature est importante. Dans le cas des n40dyme-fer-bore, d4saimantation diminue lorsque la temp4rature augmente. doit la avec limite prob16mes h nombreux de
Bibliographie Ill Labraga M., Davat [2] Jahns For [3] Jahns G-B- et Drives" 7 1982) Neumann (IEEE T-M-, Flux-Weakening Regime Drive, IEEE Trans. Ind. Appl. Sebastian T. Drives, [5] Lajoie-Mazenc M., et (R.G.E. T-M-, Kliman Adjustable-Speed Motor [4] B. direct" entrainement IEEE Labraga M., ferrites h et Slemon Ind. Trans. Davat B. et entrainement pp. "Un T-W-, IAS I servomoteur aimants ferrites permanents pour 38-42. "Interior Operation IA-23 G-R-, Operating Appt. 23 (1987) Lajoie-Mazenc M., direct", 5b Colloque of Limits Motors 814-823. pp. Interior an (1987) Synchronous Magnet Permanent 1985) Conf. Synchronous Permanent-Magnet 681-689. Inverter-Driven of Permanent Magnet Motor 327-333. "Conception sur les d'un moteurs servomoteur pas h pas, h aimants permanents (Nancy, juin 1988) pp. 125- 134. [6] Fratta A., Vagati A. Behaviour [7] R-F- Schilferl Motors in et (Motorcon, et Variable Villata proc. F., AC Spindle Drives 1988) pp. : a Unified Approach to the Field Weakening 44-56. Lipo T-A-, Power Capability of Salient Speed Drive Applications, IEEE Trans. Pole Ind. Synchronous (1990) 115-123. Permanent Magnet . 26, N°1 DESEXCITATION N°5 [8] [9] Urgell J-J- et Rdgis A., "De flux magndtique (G.F.C.)", J. Multon [11] S., Morimoto aimants SEE "Size Power by Current AIMANTS I performances nouvelles PERMANENTS Converters for the Taniguchi K., Expansion Considering Inverter et contr61e Switched of du 1-6. pp. Reluctance 325-331. pp Operating Limits for Capacity", IEEE Trans. of Control Vector 639 de broche grhce au moteur (Grenoble, 56/4 juin 1990) du permanents Optimization Ratio Y., Hirasa T. Takeda Motor (1990) Permanent Ind. A ppl. 866-871. H., Weh MOTEURS (IMACS'TCI, Sept. 1990) Magnet 26 Glaize C., B. et Motors" [10] DES h., Mosebach Magnet Permanent Niemann W. Excitation in Control in Synchronous Mode", (I.C.E.M., Boston, A., Tareilus et "Fied Concentration Flux Machines with 1990) Vol. 1 pp. 143-148. [12] Fratta A., Vagati A. et Villata F., "Design Criteria Weakening", (I.C.E.M., Boston, 1990) pp. 1059-1065. [13] Mfihlegger W., Teppan W. et Rentmeister M., "Working Conditions Synchronous Motor in Flux-Weakening Mode", (I.C.E.M., Boston, Vol. [14] A., Vagati Fratta for Constant April 1992) [15] A., Vagati Fratta for Constant Magnet Analysis I-P-M- an of Excited Permanent a III 1990) Field for 1-4. pp. Synchronous Reluctance Drives Requirements" (PCIM Conf., Assisted of Suitable Machine Control 187-195. pp. A., Vagati A. et Villata Drive", (EPE, Firenze, Fratta shless [16] Villata F., "Permanent et Applications, Comparative A. Power of "Extending Sept. 91) F., Vol. 4, Villata F., "Permanent et Applications, Drive Power A. Power the Voltage pp. 134-138. Magnet Saturated Performance of DC a Synchronous Reluctance April 1992) proc. Assisted Drives (PCIM Conf., Limits" Bru- 196- pp. 203. [17] [18] Hippner M. Synchronous machine" J-F-, Maestre [20] IEEE "Construction EEA, (Belfort, [19] 1993) mars Laporte B., Ibtouene insdrds", Rev. aimants J-C-, Te a chronous "Looking Harley R-G., et for Optimal an (Houston, Conf. des moteurs synchrones High Speed for Rotor 1992) Vol.1 pp. aimants" I Magnet Permanent 265-270. dlectrotech. Joumdes club du p. 9. Chabane et "Optimisation M. d'une machine synchrone autopilotde Permanent Magnet Syn- I, Gen. C., Chillet Motors R. for IAS 7/93 (1993) Elec. 25-31. Comparison "Structure J-P-, Weakening Operation", 6th Conf. of Yonnet Flux Buried E-M-D- on (Oxford, Sept. 1993) pp. 365-370. [21] Soong Field-Weakening EPE Brighton, Vol. El-Entably A., "A New Design Concept of Operation" IEEE IAS Meeting, Vol.1 (Toronto, Oct. W-L- T-J-E-, Miller et Synchronous Brushless "Practical Drive", Motor AC Performance Five Classes September 1993) of the 5, (13-16 of pp. 303-310. [22] [23] [24] L., Ye Weakening Xu Yin H., Lin J-M- for Flux-Weakening Binns K-J- [25] [26] Liao Song Characteristics of PMSMS with Z., "Comparison on Operation" Conf. I-C-E-M-, Vol.4 (Paris, Sept. 1994) pp. Different Sanada M. Takeda et High with Y., Wide-Speed Current Performance Operation of Interior Regulator, IEEE Machine Electric for Flux Parameters 1-5. Controlled Considerations for a Vector D-W-, "Design Speed Range", Conf. I-C-E-M-, Vol.3 (Paris, Sept. 1994) pp. Motors Machine 3-8. Jin et J.F. et Matt D., "Vernier (Paris, Sept. 1994) Y. Drives", (28] pp. Magnet Permanent 220-224. Magnet Permanent Ind. Appl. Vehicle", Conf. Trans. 30 (1994) 926. Llibre Vol.1 [27] Wide Morimoto S., Synchronous 920- 1993) Shimmin et with Motor Magnet Permanent L. et et Lipo T-A-, Electric "A New Machines and D.A. WI., Staton Motor", I-E-E-E- Magnet et Reluctance Magnet for I-C.E.M., 251-256. pp, Doubly Power Miller IAS Salient 22 T-J-E-, "Design of Meeting, Vol.1 Magnet Permanent Systems, (1994) a.
| 35,952
|
21/halshs.archives-ouvertes.fr-halshs-00705917-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 3,903
| 6,195
|
CURSENTE
MIRE
ILLE
MOUSNIER « pseudo-épiscopat » d'Hainmar et même considérer comme plausible sa participation à la bataille de la Berre, en 737. On le voit, l'incertitude reste très grande sur datation de nombreux évêques du vnr s., et même sur la réalité voire sur l'ordre chronologique de certains épiscopats (ceux des quatre prédécesseurs d'Aidulf, par ex., qui ne que nom moire ou orale avait presque complètement disparu au temps d'Heiric et des deux chanoines qui la rassemblèrent. Il reste que ce premier volume des Gestes des évêques d'Auxerre est un très beau travail, qui rendra bien des services aux médiévistes. Yves Sassier. Les territoires du médiéviste, dir. Benoît Cursente et Mireille Mousnier. Rennes, PUR, 2005, 459 pp., 3 ill., 9 tabl., 18 cartes (Histoire). Les PUR, dont l'activité et la tenue scientifiques n'ont plus à être démontrées, nous livrent un fort volume (459 pp.) sur un phénomène essentiel dans toutes les sociétés humaines, la territorialité - néologisme peu élégant ni évocateur, mais qu'il aurait peut-être fallu préférer à « territoire », qui induit un objet fini, étudiable pour lui-même et non en ce qu'il révèle d'un système. Au-delà des rares et presque inévitables coquilles, le texte est fort propre et le volume soigné ; Yindex rerum final constitue un très utile lexique du vocabulaire de l'espace. Si l'introduction pose clairement les objectifs et les problématiques du volume, nous révélant qu'il est le fruit d'un programme de rencontres et séminaires organisés depuis 2001 et exposant des idées de fond fructueuses, on peut regretter que les « grilles » des différentes rencontres ne soient pas fournies, sinon par des allusions dispersées dans les communications ou alors sous forme d'une série de questions très sèches qui n'impliquent pas une problématique d'ensemble. Par ailleurs, certains choix, aboutissant à des exclusions (justifiées en introduction, et qui ne sont donc pas des oublis), laissent quelques regrets. - L'espace couvert se restreint à la France méridionale, incluant le nord de la Catalogne « espagnole » (art. d'A. Catafau), ce qui prive 211 le volume d'une perspective réellement comparative, notamment par rapport à l'Italie des communes (avec la centralité économique et administrative urbaine) et à la Péninsule ibérique de la Reconquête (avec la rapidité et la brutalité des changements territoriaux) ; pour un programme piloté par l'UMR « France méridionale - Espagne », on est surpris d'un choix aussi exclusif. - Les territoires abordés sont exclusivement ruraux (principalement des terroirs), c'est-à-dire informés par les pratiques agricoles et par la structuration socio-politique des communautés d'habitants ; si l'auteur de ce CR ne peut que souscrire à la défense de l'histoire rurale justifiant ce choix (p. 14), et s'il était acceptable d'écarter les « territoires urbains » proprement dits (les tissus d'habitat citadin), il me semble que l'exclusion de la territorialité mue par les villes prive la compréhension des terroirs de certaines dimensions économiques et administratives essentielles - car les territoires locaux, jamais total autarciques, sont « emboîtés » dans des territoires et des réseaux supra-locaux (dans lesquels les villes exercent une centralité fondamentale) qui contribuent à les informer. La restriction aux territoires locaux constitue une approche partielle de la territorialité, restreinte à un « territorio-centrisme » (même si l'étude de L. Schneider, notamment, aux pages 109-128, prend fort heureusement en compte cette polarisation supra-locale). - Si l'échelle locale est fondamentale (et la plus commode à étudier) et justifie donc la large place faite à des problématiques « sociales » (rapports d'autorité, stratification en groupes, production et redistribution des richesses), on regrettera également que la territorialisation locale du sacré soit totalement exclue ; certes des travaux très récents (dont un toulousain et un franco-méridional très proche)1 ont fourni des apports dans ce domaine, mais il serait bon que les deux approches confluent, car elles 1. Aux origines de la paroisse rurale en Gaule méridionale IV-
IX
'
siècle
s
. Actes du colloque international 21-23 mars 2003, salle Tolosa (Toulouse), éd. Christine Delaplace, Paris, Errance, 2005 et le n° spécial de la revue Médiévales, 49 (« La paroisse »), Saint-Denis, 2005 ; on peut voir aussi plusieurs articles ayant une forte connexion avec la problématique territoriale dans L'église au village. Lieux, formes et enjeux des pratiques religieuses, Toulouse, Privât, 2006 (Cahiers de
Fanjeaux
, 40). 212
portent
sur
le même espace (rural communautaire), se confondent parfois dans les mêmes territoires, ou, sinon, provoquent des phénomènes de co-spatialité des plus éclairants. - L'absence de la pensée savante médiévale sur l'espace et sur les territoires (qui ne se limite d'ailleurs pas à la cartographie et aux oeuvres géographiques) se justifie mieux, quoiqu'un programme de ce genre serait peut-être justement un lieu adéquat pour aborder l'histoire de la culture scientifique avec les yeux des usagers et des aménageurs - et des territoires tels que les diocèses, qui sont le fruit d'un lourd héritage matériel et administratif mais qui ont été en même temps théorisés par les clercs méritent une étude en ce sens. - Enfin, les directeurs placent leur recherche résolument du côté des territoires « politiques », c'est-à-dire conçus, voulus et vécus par leurs acteurs avec une pleine conscience de leur spatialité - ils parlent même en conclusion de « territorialisation des pouvoirs », ce qui est un peu restrictif - ; ils excluent donc de leur programme le concept d'auto-organisation des espaces (ce qu'on peut appeler les territoires « objectifs »), qu'ils assimilent abusivement aux réseaux de lieux, justifiant ainsi implicitement l'exclusion des « grands espaces » (principautés, diocèses, réseaux commerciaux). Pourtant, cette approche, exigeante et aux résultats incertains, est elle aussi nécessaire, et les compétences réunies des divers collaborateurs auraient permis de lancer une telle étude pionnière. Toutes ces limitations donnent une cohésion thématique au volume, mais son titre mériterait du coup d'être précisé ; on n'y trouvera pas un guide d'étude sur la territorialité au Moyen Âge, mais une systématisation de la réflexion sur la « mise en espace » des communautés locales, sur la base des travaux déjà très nombreux relatifs au peuplement et à l'organisation de l'espace (dans lesquels, il est vrai, la notion de territoire, très empirique, était beaucoup moins conceptualisée qu'ici). Très judicieusement, les directeurs, avec ce volume, commencent le programme d'étude d'un objet aussi complexe que le territoire par les méthodologies à mettre en oeuvre. Une première partie (de six contributions) étudie l'historiographie française, une deuxième (de huit articles) établit une lexicographie des territoires, une troisième (de cinq études), curieusement intitulée « Le territoire éclaté », évoque les méthodes COMPTES RENDUS d'analyses du territoire autres que l'histoire par les textes (une sorte de « détour » par les autres sciences), tandis que la quatrième (de trois études) est précisément réservée aux méthodes qui sont mises en oeuvre plus spécifiquement par les historiens ; cette ventilation du volume donne l'impression que le travail de l'historien - sous-entendu « par les textes », puisque l'approche par les sources matérielles figure en troisième partie - se limite aux mots et à la cartographie des données. La première partie jouit de conclusions (par M. Mousnier), un article d'A. Mailloux intercalé dans la deuxième partie se veut une sorte de synthèse des études lexicales, et les directeurs du volume tirent des conclusions générales in fine. La première partie (90 pp.) prend la forme un peu étrange d'une d'études critiques des approches et conceptions de l'espace rural chez Marc Bloch, André Deléage, Georges Duby, Robert Boutruche et Charles Higounet, à travers des espèces de fiches de lecture pourvues d'une lexicographie quantitative (fondée sur une grille d'analyse commune, la seule à être bien explicitée) ; au-delà d'un légitime hommage rendu aux « grands maîtres » de l'histoire rurale française, on peut se demander si un appareil aussi lourd méritait d'être déployé pour des résultats finalement assez minces. D'une part, les conceptions spatiales de ces auteurs n'étaient pas toujours d'une grande rigueur (sauf chez C. Higounet), d'autre part, le choix des grandes oeuvres (sauf pour C. Higounet, qui n'a pas écrit d'autre synthèse que sur la colonisation allemande) pose le problème de la composition littéraire (particulièrement chez ce véritable écrivain qu'était G. Duby). Finalement, l'habitude déplorable de n'honorer que les morts - mais pourquoi pas Jean-Marie Pesez alors? - conduit à écarter des auteurs plus récents, dont la contribution à l'étude de l'organisation spatiale est plus décisive (G. Fournier, P. Toubert, R. Fossier) ; et le choix « français » exclut un auteur de l'importance de José Ângel Garcia de Cortâzar. En dehors du premier article, qui ne s'imposait pas tant l'oeuvre de M. Bloch a été analysée (surtout dans les rééditions de ses oeuvres), chacune des études de cette partie est fort intéressante, quoique de longueur très inégale -(très la plus copieux fructueuse art. de étant J.-C. celle HélasdesurB. G.Cursente Duby) sur son maître C. Higounet, car son auteur réussit à mettre en oeuvre la théorisation indis- BENOIT CURSENTE ET MIREILLE MOUSNIER pensable pour rendre intelligible un objet tel que le territoire. Ces présentations critiques seront particulièrement utiles aux étudiants, qui, il faut le craindre, accéderont de moins en moins directement à ces oeuvres fondatrices. Cependant, pour les chercheurs, une compilation critique des travaux médiévistes européens intégrant une forte dimension spatiale aurait été plus lourde à réaliser mais, évitant beaucoup de répétitions, plus utile et utilisable que ce parcours personnalisé. La deuxième partie, la plus copieuse (160 pp.), intitulée « Le territoire décrit : lexicographie du territoire », aborde le lexique fois onnant et fluctuant des textes, avec une très grosse majorité d'occurrences de territoires et de relations spatiales dans les localisations de biens ; mais les problèmes du rapport entre une réalité objective touffue et les mots qui la résument sont d'une telle complexité que l'adjonction d'un linguiste à l'équipe aurait peut-être été utile et l'article de M. Mousnier et P. H. Billy sur l'énigmatique (au moins étymologiquement) dex s'efforce de pallier cette carence, avec son intéressant « corpus des occurrences sur dex », p 255-268. Laissant la part du lion aux IXexiir s., on est surpris que la problématique de Vincastellamento ne soit pas plus souvent posée - et tout le volume semble d'ailleurs éviter de se positionner par rapport à ce concept pourtant fondamental. L'exercice de lexicographie auquel se livrent les auteurs pose de nombreux problèmes techniques, et d'abord la constitution du corpus. La période choisie fait la part belle aux cartulaires (sauf l'article de M. Mousnier, qui se fonde sur les chartes de coutumes, et celui de L. Verdon, qui porte sur des enquêtes donc sur le xiif s.) ; or, ces compilations rétrospectives, avec leurs tris ciblés (qualitatifs autant que quantitatifs) dans les chartriers, risquent de déséquilibrer les évolutions chronologiques que l'on pense observer il est vrai que le risque de déséquilibre est encore plus grand si l'on recourt à des « collections diplomatiques » factices. Outre la floraison lexicale liée au droit romain à partir du xme s., la diversification progressive du vocabulaire aux xiP-xnr s. (jurisdictio, tenementum, decimarium), même au sein d'un corpus cohérent, risque d'être en partie l'effet de l'inflation documentaire. Par ailleurs, en excluant la bas Moyen Âge, on se prive de textes de nature très différente, administrative et non plus seulement juridictionnelle, 213 qui permettraient d'éclairer la territorialité économique, en plus des interprétations en termes de pouvoir ; en effet, le problème des actes, à valeur juridique, et plus encore des coutumes, est de nous fournir un lexique de positionnement forcément corrélé avec la juridiction (et servant fort peu à se repérer sur le terrain) - or, la notion de communauté, indissociable du territoire, inclut aussi des rapports non juridictionnels, comme nous le signale la définition anthropologique du territoire (un espace d'exploitation des ressources et d'articulation du lien social). Les méthodes employées varient notablement, depuis une simple analyse qualitative jusqu'à une étude réellement statistique (voir l'article de B. Cursente sur le cartulaire de Lézat, qui est le plus achevé à cet égard). Dans certains , les vocables de positionnement sont considérés implicitement comme exprimant forcément une étendue et non pas une simple relation juridictionnelle (ce qui pose les problèmes du « remplissage », de la continuité et de la délimitation de cette étendue) ; il est certain que le positionnement des biens et des hommes se fait par inclusion {dans [un ensemble plus vaste]) et non par proximité2, mais, pendant longtemps, il s'agit plus d'un rapport centre-périphérie que d'une étendue polarisée et hiérarchisée. De plus, le degré de confiance des auteurs envers la capacité des mots à exprimer une réalité matérielle et sociale est variable - même si l'article de synthèse d'A. Mailloux avance, p. 232, que le lexique des documents est nécessairement le fruit d'une synthèse entre usagers et praticiens du droit (ce que l'on pourrait discuter en comparant le lexique latin avec le lexique vernaculaire). Un autre objet d'interrogation est l'attention envers la « perception » de l'espace, tout à fait légitime mais qui fait courir le risque d'une sorte d'intégrisme littéraire ; s'il est bon de décrypter la mise en mot, la literacy des phénomènes sociaux, ce ne doit être pour l'historien des faits sociaux (notamment économiques) qu'une étape, une démarche heuristique et non un but en soi, sous peine d'adopter la thèse selon laquelle la seule dimension accessible à l'historien des textes est discursive, à 2. Celle-ci n'intervient qu'à l'échelle où elle est le plus sensible {Le. où elle devient une mitoyenneté), dans la localisation des parcelles, à travers la citation des confronts. 214 charge pour l'archéologue d'atteindre la « réalité » concrète. Les territoires médiévaux ont une existence matérielle et sociale qui va au-delà du vécu psychologique de leurs usagers. Cette diversité des approches rendrait bien nécessaires des conclusions, d'autant plus que cette deuxième partie a été orientée par une grille d'analyse qui écarte l'étude des processus de territorialisation, privant les études qui ont respecté cette consigne d'une clé d'explication essentielle, les formes du peuplement! Notons que l'article de B. Cursente, recourant avec le plus d'efficacité à des concepts spatiaux précis, fournit le schéma de fonctionnement de la territorialité le plus fructueux. Les nuances locales, surtout dans la chronologie du lexique territorial, sont innombrables, mais là n'est pas l'essentiel ; celui -ci se trouve au contraire dans les tendances, qui semblent plutôt convergentes : dans cette périphérie de l'empire carolingien, l'évolution socio-politique de l'époque féodale a des effets territoriaux assez semblables. COMPTES RENDUS
le bornage matériel ; la paroisse, en particulier, donne précocement une consistance matérielle aux communautés dans les régions d'habitat dispersé en mas4. Cette territorialisation locale, qui est un processus lourd (« superposant » de plus en plus exactement sur le même morceau d'espace une juridiction seigneuriale, un terroir, une paroisse, une zone d'action politique communautaire), reste toujours en rapport avec les pouvoirs englobants et leur dimension plus symbolique - comme le montre le passage des localisations (larges) prenant pour repère le comté ou le pagus au profit de références au diocèse. Une autre conclusion importante assez unanime (malgré les doutes exprimés par M. Mousnier en dernière partie, p. 420) est la linéarité des délimitations locales - même si leur vocabulaire a été étudié moins systématiquement que n'y incitaient les directives - ; ceci contredit un peu une des idées de départ, tirée des réflexions d'A. Guerreau, à savoir la « discontinuité » de l'espace à l'époque féodale : si les limites sont des lignes et donc les territoires des blocs, les nombreux « interstices » (non dominés ni appropriés ni définis ni même mentionnés) entre les territoires sont des réserves et non pas des « trous ». La troisième partie (110 pp.) est une très utile série de présentations synthétiques du concept de territoire, en géographie (article malheureusement surtout historiographique), en sociologie, en archéologie, en ethno-anthropologie (appliquée à un cas africain) et en approche paléo-environnementale ; on est surpris de trouver l'archéologie « classique » (attachée à l'étude des artefacts culturels) parmi ces disciplines connexes, comme si l'archéologue n'était pas un historien (certes spécialiste données matérielles, encore que la présence de L. Schneider dans la deuxième partie démontre que ce n'est pas exclusif) : il y aurait donc, selon une idée déplorablement répandue, un « territoire des historiens et un territoire des archéologues »? 4. C'est ce que montre l'article de F. Hautefeuille, mais on peut élargir ses conclusions à d'autres régions puisque j'ai observé le même phénomène dans le sud du Portugal (S. Boissellier, Le peuplement médiéval dans le sud du Portugal. Constitution et fonctionnement d'un réseau d'habitats et de territoires xiF-xv siècles, Paris, Centro cultural Calouste Gulbenkian, 2003).
BENOÎT CURSENTE ET MIREILLE MOUSNIER
C'est dans cette partie que l'historien des textes trouvera le plus d'idées et de méthodes qui ne lui sont pas familières. Même si cela demande une mise à niveau très lourde, on peut seulement regretter que les historiens ayant participé à ce programme collectif n'aient pas intégré plus fortement dans leurs études (en deuxième partie) certains concepts exposés ici ; les directeurs du volume justifient ceci, en conclusion générale, par une conception de l'interdisciplinarité comme conjonction de spécialistes et non pas fusion de spécialités - mais les articles produits ne sont pas toujours très soucieux, du coup, d'établir des passerelles avec la démarche historique. Les directeurs se sont bien gardés de hiérarchiser l'utilité de ces approches connexes, mais on peut observer que les approches les plus facilement (et fructueusement?) intégrables dans la réflexion historienne viennent de la géographie, suivie de près par la sociologie, ce qui n'a rien d'étonnant quand on réfléchit sur l'espace des sociétés. Le bel article de L. Schneider, fondé sur des dossiers concrets, démontre implicitement que, pour l'étude des territoires (contrairement à celle des tissus d'habitat), les données matérielles, fortement localisées, ne peuvent évidemment pas « couvrir » l'étendue, et que, donc, au-delà des relations entre sites (logique réticulaire), la démarche archéologique ne peut avoir aucune autonomie en l'occurrence ; c'est évidemment la conjonction des textes et des données matérielles qui doit primer. L'approche paléo-environnementale, présentée par A. Durand, qui porte sur les paysages (des systèmes géo-biologiques), est très utile, outre par les données qu'elle fournit à l'historien, en ce qu'elle appréhende les territoires comme des systèmes (pas seulement agraires) - et non pas comme des découpages imposés politiquement, en quelque sorte arbitr aires, ce que les études de la deuxième partie accréditent quelque peu ; même si la dialectique doit rester celle des rapports entre l'homme et le milieu, on se rapproche ici de la notion d'auto-organisation. Enfin, la quatrième partie, plus brève (57 pp.), présente, en trois articles, des méthodes d'analyse spatiale, qui, malgré leur caractère novateur, commencent à être plus familières aux médiévistes. J.-L. Abbé traite de la lecture régressive des paysages, dont il est l'éminent spécialiste ; à la fois historiographique et épistémologique, sa contribution marque les limites et les apports 215 respectifs des sources planimétriques (à utiliser forcément régressivement) et des sources fiscales et comptables médiévales (censiers, terriers, compoix), concluant à la nécessité de leur usage conjoint - et rejetant les chartes, également évoquées, comme inopérantes. Si cet article introduit pleinement à la territorialité agraire (qui, dans le cas des parcellaires planifiés, a aussi une évidente dimension « politique »), il occulte de ce fait la nature globalisante des territoires ainsi que leur relativité (mise en lumière par les processus de délimitation). F. Hautefeuille compare les circonscriptions administratives avec l'espace vécu et perçu des usagers (des paysans), ce dernier étant accessible à travers des livres de raison ou les énumérations de parcelles des registres fiscaux ; il en déduit que notre actuelle conception, fondamentalement cartographique, de l'espace diffère fortement de celle du Moyen Âge, et que la carte restitue donc mal les perceptions médiévales, ce qui justifie l'utilisation de SIG ou de méthodes telles que la théorie des graphes, malgré la lourdeur des saisies et leur inadaptation, parfois, aux sources médiévales. M. Mousnier - dont c'est la cinquième de ses six contributions dans le volume, ce qui montre son rôle moteur dans ce programme - se livre enfin à une brillante réflexion sur les usages de la carte dans la démarche historique, son histoire, ses apports et ses limites (une linéarité impuissante à rendre compte des dynamiques). La deuxième moitié de l'article discute donc l'apport des modélisations spatiales dites « chorèmes » et suggère aux historiens de s'en emparer pour élaborer des « chronochorèmes » ; on restera réservé sur ce point, car, outre le problème de la lisibilité de ces figures, elles donnent une impression trompeuse de réalité immédiate, alors qu'elles ne sont que de pures conventions graphiques, suggérant (avec toute la puissance de la suggestion) et ne montrant pas - à la limite, une poétique des phénomènes à représenter. Au-delà des mots des sources, une interrogation qui revient uvent, y compris dans les conclusions, est le lexique que doit employer l'historien : néologismes à tout crin, aux risques de la cuistrerie et de l'hermétisme, ou style classique, avec ses évidentes limites dans la précision et dans l'expression des concepts (comme le montre l'exemple des « grands maîtres » critiqués en première partie)? 216 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE,50, 2007 Finalement, les travaux réunis dans ce livre constituent une sorte de boîte à outils des plus utiles (sauf la première partie, qui relève d'une historiographie quelque peu nombriliste). COMPTES RENDUS
Les recherches de l'A. se sont étendues aux textes et commentaires mis à jour et, autant que faire se peut, aux témoignages archéologiques du culte (monuments et images). Les nombreuses notes bibliographiques complètent ce qui ne pouvait tenir en un seul volume. Les saints sont présentés suivant leur rang dans la hiérarchie céleste, chaque dossier traitant de leur vie, de leur historicité, de leur culte. Ils sont numérotés, ce qui facilite la consultation de leur dossier, développé ou bref suivant les cas. Le premier chapitre (p. 9-33) est consacré au tréfonds antique et chrétien du concept de saint militaire et martyr. À la représentation symbolique du dieu Horus en cavalier romain vainqueur du dragon (fig. 14), on ajoutera quelques icônes païennes, comme celles du dieu Herôn et d'un dieu qui brandit une bipenne, accostés de leurs fidèles (cf. Maggy RassartDebergh, « Plaquettes peintes d'époque romaine », Bulletin de la Société d'archéologie copte, XXX, 1991, p. 43-47 ; Ead., « De l'icône païenne à l'icône chrétienne », Le monde copte, 18/1, 1990 p. 39-69. Corpus en cours de Th. Mathews et V. Rondot). Le culte des dieux protecteurs des armées amène l'A. aux soldats martyrisés pour avoir refusé de s'y soumettre ; les exemples en étaient nombreux dans les guerres d'Orient. L'étude suit l'ordre hiérarchique : cinq saints dits de Y état-major, neuf de second rang, quinze de troisième ordre, certains en groupe, enfin, en annexe, une dernière série de vingt-quatre saints, seuls ou réunis dans une même mort. Les saints de Yétat- (ch. 2, p. 41-144), ont un pouvoir protecteur égal à celui des anges des armées célestes. I. Les deux Théodore (p. 44-66). Ce sont Théodore Tirôn (la « recrue ») et Thédore Stratilate. Sur le premier, les sources sont nombreuses et leur authenticité discutée, mais la popularité de son pèlerinage à Euchaïta est bien attestée, et l'archéologie (p. 49-50) témoigne de l'extension de son culte dès le IVe s. : sanctuaire cité par Grégoire de Nysse, basilique du Ve s. à Gerasa, chapelle ca 452 à Constantinople, martyrium du VIe s. à Jérusalem, etc. Sa popularité tient surtout à sa victoire sur le dragon, relatée dans plusieurs récits, dont le plus ancien serait de 754. Sur un sceau d'un Pierre d'Euchaïta (daté entre 650 et 730), il figure avec.
| 47,362
|
01/hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr-tel-01922479-document.txt_6
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 10,226
| 19,192
|
Série 3, Sciences de la vie 313, 489–494. Germano, J.D., 1995. Sediment profile imaging : A rapid seafloor impact assessment tool for oil spills, in : ARCTIC AND MARINE OILSPILL PROGRAM TECHNICAL SEMINAR, MINISTRY OF SUPPLY AND SERVICES, CANADA. pp. 1271–1280. Germano, J.D., 2012. Germano & Associates, Inc. : Sediment Profile Imaging. http: //www.remots.com/. Germano, J.D., Rhoads, D.C., Valente, R.M., Carey, D.A., Solan, M., 2011. The use of Sediment Profile Imaging (SPI) for environmental impact assessments and monitoring studies : Lessons learned from the past four decades, in : Gibson, R.N., Atkinson, R.J.A., Gordon, J.D.M., Smith, I.P., Hughes, D.J. (Eds.), Oceanography and Marine Biology : An Annual Review. volume 49, Crc press edition. pp. 235–298. Gersonde, R., Seidenkrantz, M.S., 2013. Sampling marine sediment. Inside PAGES. Gilbert, F., 2003. Bioturbation et Biogéochimie Des Sédiments Marins Côtiers : Cycle de L'azote et Devenir de La Matière Organique. Demande d'Habilitation à Diriger des Recherches. Université de la Méditerranée. Gilbert, F., Hulth, S., Grossi, V., Poggiale, J.C., Desrosiers, G., Rosenberg, R., Gérino, M., François-Carcaillet, F., Michaud, E., Stora, G., 2007. Sediment reworking by marine benthic species from the Gullmar Fjord (Western Sweden) : Importance of faunal biovolume. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 348, 133–144. Gilbert, F., Hulth, S., Strömberg, N., Ringdahl, K., Poggiale, J. ., 2003. 2-D optical quantification of particle reworking activities in marine surface sediments. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 285–286, 251–263. 195
BIBLIOGRAPHI
Gilbert, F., Stora, G., Bonin, P., 1998. Influence of bioturbation on denitrification activity in Mediterranean coastal sediments : An in situ experimental approach. Marine Ecology Progress Series 163, 99–107. Glass, B.P., Baker, R.N., Storzer, D., Wagner, G.A., 1973. North American microtektites from the Caribbean Sea and their fission track age. Earth and Planetary Science Letters 19, 184–192. de Goeij, P., Luttikhuizen, P.C., van der Meer, J., Piersma, T., 2001. Facilitation on an intertidal mudflat : The effect of siphon nipping by flatfish on burying depth of the bivalve Macoma balthica. Oecologia 126, 500–506. Gordon, D.C., 1966. The Effects of the Deposit Feeding Polychaete Pectinaria Gouldii on the Intertidal Sediments of Barnstable Harbor1. Limnology and Oceanography 11, 327–332. Gray, J., Elliott, M., 2009. Ecology of Marine Sediments : From Science to Management. Oxford Biology. second edition edition. Grémare, A., Duchêne, J.C., Rosenberg, R., David, E., Desmalades, M., 2004. Feeding behaviour and functional response of Abra ovata and A. nitida compared by image analysis. Marine Ecology Progress Series 267, 195–208. Hessler, R.R., Jumars, P.A., 1974. Abyssal community analysis from replicate box cores in the central North Pacific. Deep Sea Research and Oceanographic Abstracts 21, 185–209. Hines, A.H., Comtois, K.L., 1985. Vertical distribution of infauna in sediments of a subestuary of central Chesapeake Bay. Estuaries 8, 296–304. Holland, K., Elmore, P., 2008. A review of heterogeneous sediments in coastal environments. Earth-Science Reviews 89, 116–134. Holler, P., Kögler, F.C., 1990. Computer tomography : A nondestructive, high-resolution technique for investigation of sedimentary structures. Marine Geology 91, 263–266. Hollertz, K., Duchene, J.C., 2001. Burrowing behaviour and sediment reworking in the heart urchin Brissopsis lyrifera Forbes (Spatangoida). Marine Biology 139, 951–957. - New york. Holme, N.A., 1961. The Bottom Fauna of the English Channel. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom 41, 397–461. Holyer, R.J., Young, D.K., Sandidge, J.C., Briggs, K.B., 1996. Sediment density structure derived from textural analysis of cross-sectional X-radiographs. Geo-Marine Letters 16, 204–211. Hounsfield, G.N., 1973. Computerized transverse axial scanning (tomography) : Part 1. Description of system. The British Journal of Radiology 46, 1016–1022. Howard, J.D., 1968. X-Ray radiography for examination of burrowing in sediments by marine invertebrate organisms. Sedimentology 11, 249–258. Howard, J.D., Mayou, T.V., Heard, R.W., 1977. Biogenic sedimentary structures formed by rays. Journal Sedimentary Research 47, 339–346. Jackson, P.D., Briggs, K.B., Flint, R.C., 1996. Evaluation of sediment heterogeneity using microresistivity imaging and X-radiography. Geo-Marine Letters 16, 219–225. Jamieson, A.J., Boorman, B., Jones, D.O., 2013. Deep-Sea Benthic Sampling, in : Eleftheriou, A. (Ed.), Methods for the Study of Marine Benthos. John Wiley & Sons, Ltd, pp. 285–347. Janson, A.L., 2007. Evolution de La Biodiversité Benthique Des Vasières Subtidales de L'estuaire de La Seine En Réponse À La Dynamqiue Sédimentaire. De L'approche Descriptive À L'approche Fonctionnelle. Ph.D. thesis. Jenkins, R., Vries, J.L., 1969. Practical X-Ray Spectrometry. OCLC : 913654907. Jørgensen, B.B., 1982. Mineralization of organic matter in the sea bed-the role of sulphate reduction. Nature 296, 643–645. Jørgensen, B.B., Kasten, S., 2006. Sulfur Cycling and Methane Oxidation, in : Schulz, P.D.H.D., Zabel, D.M. (Eds.), Marine Geochemistry. Springer Berlin Heidelberg, pp. 271–309. Jumars, P.A., Nowell, A.R.M., 1984. Effects of benthos on sediment transport : Difficulties with functional grouping. Continental Shelf Research 3, 115–130. ISI Document Oxford. Jumars, P.A., Self, R.F., Nowell, A.R., 1982. Mechanics of particle selection by tentaculate deposit-feeders. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 64, 47–70. Kantzas, A., Marentette, D., Jha, K.N., 1992. Computer-Assisted Tomography : From Qualitative Visualization To Quantitative Core Analysis. Journal of Canadian Petroleum Technology 31. Koretsky, C.M., Meile, C., Cappellen, P.V., 2002. Quantifying bioirrigation using ecological parameters : A stochastic approach†. Geochemical Transactions 3, 17–30. Kristensen, E., Penha-Lopes, G., Delefosse, M., Valdemarsen, T., Quintana, C., Banta, G., 2012. What is bioturbation? The need for a precise definition for fauna in aquatic sciences. Marine Ecology Progress Series 446, 285–302. Kullenberg, B., Sweden, Hydrografisk-biologiska kommissionen, 1947. The Piston Core Sampler. Elanders boktr., Guteborg. OCLC : 23376539. Labrune, C., Romero-Ramirez, A., Amouroux, J.M., Duchêne, J.C., Desmalades, M., Escoubeyrou, K., Buscail, R., Grémare, A., 2012. Comparison of ecological quality indices based on benthic macrofauna and sediment profile images : A case study along an organic enrichment gradient off the Rhône River. Ecological Indicators 12, 133–142. Larsonneur, C., Bouysse, P., Auffret, J.P., 1982. The superficial sediments of the English Channel and its Western Approaches. Sedimentology 29, 851–864. Lee, Y.H., Koh, C.H., 1994. Biogenic sedimentary structures on a Korean mud flat : Spring-neap variations. Netherlands Journal of Sea Research 32, 81–90. Legendre, P., Gallagher, E., 2001. Ecologically meaningful transformations for ordination of species data. Oecologia 129, 271–280. Legendre, P., Legendre, L., 2012. Numerical Ecology. Number 24 in Developments in environmental modelling, Elsevier, Amsterdam. third english edition edition. Lemoine, J.P., Verney, R., 2015. Fonctionnement hydro-sédimentaire de l'estuaire de la Seine. Fascicule Seine-Aval 3.3. Leri, A.C., Hakala, J.A., Marcus, M.A., Lanzirotti, A., Reddy, C.M., Myneni, S.C.B., 2010. Natural organobromine in marine sediments : New evidence of biogeochemical Br cycling. Global Biogeochemical Cycles 24, 1–15. Leri, A.C., Mayer, L.M., Thornton, K.R., Ravel, B., 2014. Bromination of marine particulate organic matter through oxidative mechanisms. Geochimica et Cosmochimica Acta 142, 53–63. Leri, A.C., Myneni, S.C., 2012. Natural organobromine in terrestrial ecosystems. Geochimica et Cosmochimica Acta 77, 1–10. Lesourd, S., 2000. Processus D'envasement D'un Estuaire Macrotidal : Zoom Temporel Du Siecle a L'heure ; Application a L'estuaire de La Seine. Ph.D. thesis. Caen. Lesourd, S., Lesueur, P., Brun-Cottan, J.C., Auffret, J.P., Poupinet, N., Laignel, B., 2001. Morphosedimentary evolution of the macrotidal Seine estuary subjected to human impact. Estuaries 24, 940. Lesourd, S., Lesueur, P., Brun-Cottan, J.C., Garnaud, S., Poupinet, N., 2003. Seasonal variations in the characteristics of superficial sediments in a macrotidal estuary (the Seine inlet, France). Estuarine, Coastal and Shelf Science 58, 3–16. Lesourd, S., Lesueur, P., Fisson, C., Dauvin, J.C., 2016. Sediment evolution in the mouth of the Seine estuary (France) : A long-term monitoring during the last 150 years. Comptes Rendus Geoscience 348, 442–450. Lesueur, P., Lesourd, S., Lefebvre, D., Garnaud, S., Brun-Cottan, J.C., 2003. Holocene and modern sediments in the Seine estuary (France) : A synthesis. Journal of Quaternary Science 18, 339–349. Ligier, Y., Ratib, O., Logean, M., Girard, C., 1994. Osiris : A medical image-manipulation system. M.D. Computing : Computers in Medical Practice 11, 212–218. Lofi, J., Weber, O., 2001. SCOPIX - digital processing of X-ray images for the enhancement of sedimentary structures in undisturbed core slabs. Geo-Marine Letters 20, 182–186. Lohrer, A.M., Thrush, S.F., Hunt, L., Hancock, N., Lundquist, C., 2005. Rapid reworking of subtidal sediments by burrowing spatangoid urchins. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 321, 155–169. Lontoc-Roy, M., Dutilleul, P., Prasher, S.O., Han, L., Brouillet, T., Smith, D.L., 2006. Advances in the acquisition and analysis of CT scan data to isolate a crop root system from the soil medium and quantify root system complexity in 3-D space. Geoderma 137, 231–241. Lozach, S., 2011. Habitats Benthiques Marins Du Bass Oriental de La Manche : Enjeux Écologiques Dans Le Contexte D'extraction de Granulats Marins. Ph.D. thesis. Lille 1. Lozach, S., Dauvin, J.C., Méar, Y., Murat, A., Davoult, D., Migné, A., 2011. Sampling epifauna, a necessity for a better assessment of benthic ecosystem functioning : An example of the epibenthic aggregated species Ophiothrix fragilis from the Bay of Seine. Marine Pollution Bulletin 62, 2753–2760. Mahaut, M.L., Graf, G., 1987. A luminophore tracer technique for bioturbation studies. Oceanologica acta 10, 323–328. Maire, O., 2006. Développement et Applications de Protocoles Automatisés D'acquisition et de Traitement D'image Pour L'étude de L'influence Des Paramètres Environnementaux Sur L'écophysiologie Des Invertébrés Benthiques. Ph.D. thesis. Maire, O., Duchêne, J.C., Amouroux, J.M., Grémare, A., 2007a. Activity patterns in the terebellid polychaete Eupolymnia nebulosa assessed using a new image analysis system. Marine Biology 151, 737–749. 200 BIBLIOGRAPHIE Maire, O., Duchêne, J.C., Bigot, L., Grémare, A., 2007b. Linking feeding activity and sediment reworking in the deposit-feeding bivalve Abra ovata with image analysis, laser telemetry, and luminophore tracers. Marine Ecology Progress Series 351, 139–150. Maire, O., Duchêne, J.C., Grémare, A., Malyuga, V.S., Meysman, F.J.R., 2007c. A comparison of sediment reworking rates by the surface deposit-feeding bivalve Abra ovata during summertime and wintertime, with a comparison between two models of sediment reworking. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 343, 21–36. Maire, O., Duchene, J.C., Rosenberg, R., de Mendonca, J.B., Grémare, A., 2006. Effects of food availability on sediment reworking in Abra ovata and A. nitida*. Marine Ecology Progress Series 319, 135. Maire, O., Lecroart, P., Meysman, F., Rosenberg, R., Duchêne, J.C., Grémare, A., 2008. Quantification of sediment reworking rates in bioturbation research : A review. Aquatic Biology 2, 219–238. Marchant, R., 1988. Vertical distribution of benthic invertebrates in the bed of the Thomson River, Victoria. Marine and Freshwater Research 39, 775–784. Massé, C., 2014. Effets de La Bioturbation Sur La Diversité Des Communautés Bactériennes Du Sédiment : Approches Expérimentale et in-Situ : De Melinna Palmata Aux Communautés de La Vasière Ouest-Gironde. Ph.D. thesis. Bordeaux. Mayer, L.M., Macko, S.A., Mook, W.H., Murray, S., 1981. The distribution of bromine in coastal sediments and its use as a source indicator for organic matter. Organic Geochemistry 3, 37–42. Mayer, L.M., Schick, L.L., Allison, M.A., Ruttenberg, K.C., Bentley, S.J., 2007. Marine vs. terrigenous organic matter in Louisiana coastal sediments : The uses of bromine :organic carbon ratios. Marine Chemistry 107, 244–254. Mazik, K., Curtis, N., Fagan, M.J., Taft, S., Elliott, M., 2008. Accurate quantification of the influence of benthic macro- and meio-fauna on the geometric properties of estuarine muds by micro computer tomography. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 354, 192–201. McNally, W., Mehta, A., 2009. Sediment transport in estuaries, in : Coastal Zones and Estuaries. EOLSS Publications. Google-Books-ID : eVeHCwAAQBAJ. Méar, Y., Poizot, E., Murat, A., Lesueur, P., Thomas, M., 2006. Fine-grained sediment spatial distribution on the basis of a geostatistical analysis : Example of the eastern Bay of the Seine (France). Continental Shelf Research 26, 2335–2351. Ménard, F., Gentil, F., Dauvin, J.C., 1990. Population dynamics and secondary production of Owenia fusiformis Delle Chiaje (Polychaeta) from the Bay of Seine (eastern English Channel). Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 133, 151–167. Mermillod-Blondin, F., François-Carcaillet, F., Rosenberg, R., 2005. Biodiversity of benthic invertebrates and organic matter processing in shallow marine sediments : An experimental study. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 315, 187– 209. Mermillod-Blondin, F., Marie, S., Desrosiers, G., Long, B., de Montety, L., Michaud, E., Stora, G., 2003. Assessment of the spatial variability of intertidal benthic communities by axial tomodensitometry : Importance of fine-scale heterogeneity. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 287, 193–208. Mermillod-Blondin, F., Rosenberg, R., François-Carcaillet, F., Norling, K., Mauclaire, L., 2004. Influence of bioturbation by three benthic infaunal species on microbial communities and biogeochemical processes in marine sediment. Aquatic Microbial Ecology 36, 271–284. Meysman, F.J., Galaktionov, O.S., Gribsholt, B., Middelburg, J.J., 2006a. Bioirrigation in permeable sediments : Advective pore-water transport induced by burrow ventilation. Limnology and Oceanography 51, 142. Meysman, F.J., Middelburg, J.J., Heip, C.H., 2006b. Bioturbation : A fresh look at Darwin's last idea. Trends in Ecology & Evolution 21, 688–695. Michaud, E., Aller, C., R., Stora, G., 2010. Sedimentary organic matter distributions, burrowing activity, and biogeochemical cycling : Natural patterns and experimental artifacts. Estuarine, Coastal and Shelf Science 90, 21–34. Michaud, E., Desrosiers, G., Long, B., de Montety, L., Crémer, J.F., Pelletier, E., Locat, J., Gilbert, F., Stora, G., 2003. Use of axial tomography to follow temporal changes of benthic communities in an unstable sedimentary environment (Baie des Ha! Ha!, Saguenay Fjord). Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 285–286, 265– 282. Michaud, E., Desrosiers, G., Mermillod-Blondin, F., Sundby, B., Stora, G., 2005. The functional group approach to bioturbation : The effects of biodiffusers and gallerydiffusers of the Macoma balthica community on sediment oxygen uptake. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 326, 77–88. Migeon, S., Weber, O., Faugeres, J.C., Saint-Paul, J., 1998. SCOPIX : A new X-ray imaging system for core analysis. Geo-Marine Letters 18, 251–255. Miron, G., Desrosiers, G., Retière, C., Lambert, R., 1991. Évolution spatio-temporelle du réseau de galeries chez le polychète Nereis virens (Sars) en relation avec la densité. Canadian Journal of Zoology 69, 39–42. Mucha, A.P., Costa, M.H., 1999. Macrozoobenthic community structure in two Portuguese estuaries : Relationship with organic enrichment and nutrient gradients. Acta Oecologica 20, 363–376. Mucha, A.P., Vasconcelos, M.S., Bordalo, A.A., 2004. Vertical distribution of the macrobenthic community and its relationships to trace metals and natural sediment characteristics in the lower Douro estuary, Portugal. Estuarine, Coastal and Shelf Science 59, 663–673. Munro, C., 2013. Diving, in : Eleftheriou, A. (Ed.), Methods for the Study of Marine Benthos. John Wiley & Sons, Ltd, pp. 125–173. Murat, A., Méar, Y., Poizot, E., Dauvin, J., Beryouni, K., 2016. Silting up and development of anoxic conditions enhanced by high abundance of the geoengineer species Ophiothrix fragilis. Continental Shelf Research 118, 11–22. 203 BIBLIOGRAPHIE Noffke, A., Hertweck, G., Kröncke, I., Wehrmann, A., 2009. Particle size selection and tube structure of the polychaete Owenia fusiformis. Estuarine, Coastal and Shelf Science 81, 160–168. Oksanen, J., Blanchet, F.G., Friendly, M., Kindt, R., Legendre, P., McGlinn, D., Minchin, P.R., O'Hara, R.B., Simpson, G.L., Solymos, P., Stevens, M.H.H., Szoecs, E., Wagner, H., 2016. Vegan : Community Ecology Package. R package version 2.4-0. Olivier, F., Vallet, C., Dauvin, J.C., Retière, C., 1996. Drifting in post-larvae and juveniles in an Abra alba (wood) community of the eastern part of the Bay of Seine (English Channel). Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 199, 89–109. Orland, C., Queirós, A.M., Spicer, J.I., McNeill, C.L., Higgins, S., Goldworthy, S., Zananiri, T., Archer, L., Widdicombe, S., 2016. Application of computer-aided tomography techniques to visualize kelp holdfast structure reveals the importance of habitat complexity for supporting marine biodiversity. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 477, 47–56. Orsi, T.H., Edwards, C.M., Anderson, A.L., 1994. X-Ray Computed Tomography : A Nondestructive Method for Quantitative Analysis of Sediment Cores. Journal of Sedimentary Research 64. Patterson, A., Kennedy, R., O'Reilly R., Keegan, B.F., 2006. Field test of a novel, lowcost, scanner-based sediment profile imaging camera. Limnology and Oceanography : Methods 4, 30–37. Perez, K.T., Davey, E.W., Moore, R.H., Burn, P.R., Rosol, M.S., Cardin, J.A., Johnson, R.L., Kopans, D.N., 1999. Application of Computer-Aided Tomography (CT) to the Study of Estuarine Benthic Communities. Ecological Applications 9, 1050–1058. Persson, A., Svensson, J.M., 2006. Vertical distribution of benthic community responses to fish predators, and effects on algae and suspended material. Aquatic Ecology 40, 85–95. Pielou, E.C., 1975. Ecological Diversity. Wiley. 204 Price, N.B., Calvert, S.E., 1977. The contrasting geochemical behaviours of iodine and bromine in recent sediments from the Namibian shelf. Geochimica et Cosmochimica Acta 41, 1769–1775. QGIS Development Team, 2009. QGIS Geographic Information System. Open Source Geospatial Foundation. Queirós, A.M., Birchenough, S.N.R., Bremner, J., Godbold, J.A., Parker, R.E., RomeroRamirez, A., Reiss, H., Solan, M., Somerfield, P.J., Van Colen, C., Van Hoey, G., Widdicombe, S., 2013. A bioturbation classification of European marine infaunal invertebrates. Ecology and Evolution 3, 3958–3985. R Development Core Team, 2008. R : A Language and Environment for Statistical Computing. R Foundation for Statistical Computing, Vienna, Austria. ISBN 3-900051-07-0. Reise, K., 1981. High abundance of small zoobenthos around biogenic structures in tidal sediments of the Wadden Sea. Helgoländer Meeresuntersuchungen 34, 413–425. Reise, K., 2002. Sediment mediated species interactions in coastal waters. Journal of Sea Research 48, 127–141. Reise, K., Elliott, M., Ducrotoy, J., 1991. Macrofauna in mud and sand of tropical and temperate tidal flats. Estuaries and coasts : spatial and temporal intercomparisons, 211–216. Renz, J.R., Forster, S., 2013. Are similar worms different? A comparative tracer study on bioturbation in the three sibling species Marenzelleria arctia, M. viridis, and M. neglecta from the Baltic Sea. Limnology and Oceanography 58, 2046–2058. Rhoads, D.C., 1963. Rates of sediment reworking by Yoldia limatula in Buzzards Bay, Massachusetts, and Long Island Sound. Journal of Sedimentary Research 33, 723–727. Rhoads, D.C., 1967. Biogenic reworking of intertidal and subtidal sediments in Barnstable Harbor and Buzzards Bay, Massachusetts. The Journal of Geology 75, 461–476. Rhoads, D.C., 1974. Organism-sediment relations on the muddy sea floor. Oceanography and Marine Biology : An Annual Review. 205
BIBLIOGRAPHIE
Rhoads, D.C., Cande, S., 1971. Sediment Profile Camera for in situ Study of OrganismSediment Relations1. Limnology and Oceanography 16, 110–114. Rhoads, D.C., Germano, J.D., 1982. Characterization of Organism-Sediment Relations Using Sediment Profile Imaging : An Efficient Method of Remote Ecological Monitoring of the Seafloor(REMOTS super (TM) System). Marine ecology progress series. Oldendorf 8, 115–128. Riddle, M.J., 1989. Bite profiles of some benthic grab samplers. Estuarine, Coastal and Shelf Science 29, 285–292. Rig olet, C., Dubois, S.F., Thiébaut, E., 2014. Benthic control freaks : Effects of the tubiculous amphipod Haploops nirae on the specific diversity and functional structure of benthic communities. Journal of Sea Research 85, 413–427. Romero-Ramirez, A., Grémare, A., Desmalades, M., Duchêne, J., 2013. Semi-automatic analysis and interpretation of sediment profile images. Environmental Modelling & Software 47, 42–54. Ronan, T.E., 1977. Formation and paleontologic recognition of structures caused by marine annelids. Paleobiology 3, 389–403. Rosenberg, R., Davey, E., Gunnarsson, J., Norling, K., Frank, M., 2007. Application of computer-aided tomography to visualize and quantify biogenic structures in marine sediments. Marine Ecology Progress Series 331, 23–34. Rosenberg, R., Grémare, A., Duchêne, J.C., Davey, E., Frank, M., 2008. 3D visualization and quantification of marine benthic biogenic structures and particle transport utilizing computer-aided tomography. Marine Ecology Progress Series 363, 171–182. Rosenberg, R., Ringdahl, K., 2005. Quantification of biogenic 3-D structures in marine sediments. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 326, 67–76. Rothwell, R.G., Rack, F.R., 2006. New techniques in sediment core analysis : An introduction. Geological Society, London, Special Publications 267, 1–29. 206 Rumohr, H., Schomann, H., 1992. REMOTS sediment profiles around an exploratory drilling rig in the southern North Sea. Marine Ecology - Progress Series 91, 303–311. Rutledge, P.A., Fleeger, J.W., 1988. Laboratory studies on core sampling with application to subtidal meiobenthos collection. Limnology and Oceanography 33, 274–280. Salvo, F., Dufour, S.C., Archambault, P., Stora, G., Desrosiers, G., 2013. Spatial distribution of Alitta virens burrows in intertidal sediments studied by axial tomodensitometry. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom 93, 1543–1552. Schaffner, L.C., 1990. Small-scale organism distributions and patterns of species diversity : Evidence for positive interactions in an estuarine benthic community. Marine ecology progress series. Oldendorf 61, 107–117. Schindelin, J., Arganda-Carreras, I., Frise, E., Kaynig, V., Longair, M., Pietzsch, T., Preibisch, S., Rueden, C., Saalfeld, S., Schmid, B., Tinevez, J.Y., White, D.J., Hartenstein, V., Eliceiri, K., Tomancak, P., Cardona, A., 2012. Fiji : An open-source platform for biological-image analysis. Nature Methods 9, 676–682. Schmidt, S., Jouanneau, J.M., Weber, O., Lecroart, P., Radakovitch, O., Gilbert, F., Jézéquel, D., 2007. Sedimentary processes in the Thau Lagoon (France) : From seasonal to century time scales. Estuarine, Coastal Shelf Science 72, 534–542. Shepard, F.P., 1954. Nomenclature based on sand-silt-clay ratios. Journal of Sedimentary Research 24, 151–158. Shinn, E.A., 1968. Burrowing in Recent Lime Sediments of Florida and the Bahamas. Journal of Paleontology 42, 879–894. Shull, D.H., Yasuda, M., 2001. Size-selective downward particle transport by cirratulid polychaetes. Journal of Marine Research 59, 453–473. Simonini, R., Ansaloni, I., Pagliai, A.M.B., Prevedelli, D., 2004. Organic enrichment and structure of the macrozoobenthic community in the northern Adriatic Sea in an area facing Adige and Po mouths. ICES Journal of Marine Science : Journal du Conseil 61, 871–881. Smith, C.J., Rumohr, H., 2013. Imaging Techniques, in : Eleftheriou, A. (Ed.), Methods for the Study of Marine Benthos. John Wiley & Sons, Ltd, pp. 97–124. Smith, K.L., Howard, J.D., 1972. Comparison of a Grab Sampler and Large Volume Corer. Limnology and Oceanography 17, 142–145. Snelgrove, P.V., Butman, C.A., 1994. Animal-sediment relationships revisited : Cause versus effect. Oceanography and Marine Biology : an Annual Review 32. Snelgrove, P.V.R., 1998. The biodiversity of macrofaunal organisms in marine sediments. Biodiversity & Conservation 7, 1123–1132. Snelgrove, P.V.R., 1999. Getting to the Bottom of Marine Biodiversity : Sedimentary Habitats : Ocean bottoms are the most widespread habitat on Earth and support high biodiversity and key ecosystem services. BioScience 49, 129–138. Solan, M., Cardinale, B.J., Downing, A.L., Engelhardt, K.A.M., Ruesink, J.L., Srivastava, D.S., 2004. Extinction and Ecosystem Function in the Marine Benthos. Science 306, 1177–1180. Solan, M., Germano, J.D., Rhoads, D.C., Smith, C., Michaud, E., Parry, D., Wenzhöfer, F., Kennedy, B., Henriques, C., Battle, E., Carey, D., Iocco, L., Valente, R., Watson, J., Rosenberg, R., 2003. Towards a greater understanding of pattern, scale and process in marine benthic systems : A picture is worth a thousand worms. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 285–286, 313–338. Solan, M., Kennedy, R., 2002. Observation and quantification of in situ animal-sediment relations using time-lapse sediment profile imagery (t-SPI). Marine Ecology Progress Series 228, 179–191. Solan, M., Wigham, B.D., 2005. Biogenic particle reworking and bacterial-invertebrate interactions in marine sediments, in : Kristensen, E., Haese, R.R., Kostka, J.E. (Eds.), Coastal and Estuarine Studies. American Geophysical Union, Washington, D. C volume 60, pp. 105–124. Somerfield, P.J., Clarke, K.R., 1997. A comparison of some methods commonly used for the collection of sublittoral sediments and their associated fauna. Marine Environmental Research 43, 145–156. St-Onge, ., Long, B.F., 2009. CAT-scan analysis of sedimentary sequences : An ultrahighresolution paleoclimatic tool. Engineering Geology 103, 127–133. Stockdale, A., Davison, W., Zhang, H., 2009. Micro-scale biogeochemical heterogeneity in sediments : A review of available technology and observed evidence. Earth-Science Reviews 92, 81–97. Stocker, Z.S.J., Williams, D.D., 1972. A freezing core method for describing the vertical distribution of sediments in a streambed. Limnology and Oceanography 17, 136–138. Suchanek, T.H., Colin, P.L., McMurtry, G.M., Suchanek, C.S., 1986. Bioturbation and redistribution of sediment radionuclides in Enewetak Atoll lagoon by callianassid shrimp : Biological aspects. Bulletin of Marine Science 38, 144–154. Sun, M., Aller, R.C., Lee, C., 1991. Early diagenesis of chlorophyll-a in Long Island Sound sediments : A measure of carbon flux and particle reworking. Journal of Marine Research 49, 379–401. Taina, I.A., Heck, R.J., Elliot, T.R., 2008. Application of X-ray computed tomography to soil science : A literature review. Canadian Journal of Soil Science 88, 1–19. Thiébaut, E., Cabioch, L., Dauvin, J.C., Retiere, C., Gentil, F., 1997. I.2 Carte des peuplements macrobenthiques à l'échelle de la baie de Seine, redessinée de
Gentil
and
Cabioch (1997)...
................
I.
3
3 6 Vue tridimensionnelle d'organismes benthiques. Les numéros font références à différentes espèces de trois zones géographique d'après Reise et al. (1991)...................................... I.4 8
Schématisation de la bioturbation comme un phénomène « parapluie », divisé en deux catégories principales : le remaniement sédimentaire et la ventilation induite par les terriers, c'est-à-dire les mouvements d'eau. Ces deux catégories sont ensuite subdivisées en d'autres catégories selon les fonctions des organismes et des terriers (Kristensen et al., 2012)...... I.5 9 Principaux processus physiques et biotiques structurant l'écosystème marin côtier benthique d'arpès Reise (2002). 10 II.1 Relation entre le diamètre des particules, la
typ
ologie de Went
worth
, le mode de
transport
des particules et leur cohésion (
Lemoine and Verney, 2015).
14 II.2
Profils de pénétration de bennes benthiques de 0,1 m2, redessiné de Riddle (1989).
18 II.3 (a) Carottier à main avec en 1) le corps en P.V.C., 2) barres de manutention, 3) plaque métallique de rétention du sédiment et 4) un couvercle grillagé ;
(b) le s
ystème
de remontée des pré
lè
vements
avec
en 1) le bac de stockage et 2) le parachute de levage (
Clavier
, 1983). 211. 22 TABLE DES
FIGURES II.4 (a) Carottier manoeuvré en plongée muni de ses plaques séparatrices pour l'étude de la distribution verticale pour un échantillonnage de 30 cm de profondeur ; (b) dispositif permettant de séparer une carotte de sédiment en fraction régulière de 1 cm avec en 1) le boîtier en plexiglas, 2) le carottier en P.V.C., 3) les plaques séparatrices métalliques et 4) le godet amovible (hauteur 1 cm) (Clavier, 1984). 25
II.
5
Perturbation verticale des couches sédimentaires suite à la congélation dans un congélateur du commerce (FZ), à de la neige carbonique et de l'acétone (DA) et de l'azote liquide (LN) (Rutledge and Fleeger, 1988). 27 II.6 (a) Principe d'utilisation du
Se
diment
Profile
Image
ry
(
SPI
) et
(b
) le
détail
du
prisme
p
éné
trant dans le sédiment
pour la prise de vue de
l'interface
eau
-sé
diment
(German
o
, 1995).
30
II.7 Exemples de trois images que l'on peut obtenir avec le SPI
(Germano, 2012).
II.8 (a) Photos du système SCOPIX avec en photo 1, le système de rayons X, en photo 2 le chargeur d'échantillons, en photo 3, la commande de contrôle. (b) Schéma des deux principales méthodes d'analyses radioscopiques : à gauche, l'enregistrement de la carotte avec la courbe d'intensité de gris et à droite, les analyses d'images déterminant les faciès et structures sédimentaires (Migeon et al., 1998). 35 II.9 (a) Schéma d'un scanner rotatif (Boespflug et al., 1994). (b) Principe de la tomographie par ordinateur d'un scanner de 3ème génération (Duliu, 1999). 37 II.10 Représentation d'image obtenue par CAT-Scan avec à gauche les structures de faible densité et à droite la représentation des coquilles pour la même carotte (Bouchet et al., 2009). 39 II.11 Exemple d'images issues de CAT-Scan seuillées sur les densités de l'air (A) et de la matière organique (B) (Dufour et al., 2005).
TABLE
DES FIGURES II.12 Principe général de quantification du remaniement sédimentaire par la méthode de mesure de profils verticaux de traceurs sédimentaires. (1) Les traceurs déposés à la surface du sédiment sont mélangés dans la colonne sédimentaire par l'activité des organismes. (2) Un profil vertical des traceurs est obtenu par dénombrement des traceurs en fonction de la profondeur. (3) Calcul du coefficient de bioturbation par ajustement d'un modèle mathématique (line noire) par rapport au profil des traceurs (ligne grise). Modifié de Maire et al. (2008) tiré de Bernard (2013).
46 II.13 Prélèvement raté au carottier Reineck dans un sédiment sablo-vaseux. On peut apercevoir la présence d'organismes dans le prélèvement comme des bivalves Abra alba ou des polychètes Owenia fusiformis. 48 III.1 Navire océanographique de l'INSU CNRS utilisé pour les campagnes en mer : le Côtes de la Manche. 54 III.2 Carte des zones de prélèvements avec les faciès sédimentaires de surface (Dauvin et al., 2012b
;
Lesourd et al., 2016
)
III.3. 56 Carte des points sélectionnées pour les prélèvements de carottes à la benne Flucha. 57 III.4 Benne Flucha (a) avec sa boîte de prélèvement amovible où l'on voit les 3 faces transparentes (b) et la même boîte avec la lame de fermeture de la boîte (c). 58 III.5 Sous-échantillonnage dans une boîte de la benne Flucha. Le cylindre gris correspond aux carottes en PVC d'un diamètre de 16 cm pour l'étude de la macrofaune et le tube transparent correspond aux carotte de 8 cm de diamètre pour l'étude des paramètres abiotiques granulométrie, teneur en eau et en matière organique, analyse des éléments chimiques par XRF). 59
III.6 Étapes de conditionnement des carottes prélevées avec (a) la mise
en
circuit d'eau de mer ouvert des carottes de macrofaune, (b) le découpage des carottes des paramètres abiotiques, (c) l'homogénéisation de ses tranches et (d) le sous-échantillonnage dans des piluliers pour chaque paramètre abiotique. 59
TABLE DES FIGURES III.7 Schéma récapitulatif du protocole d'échantillonnage des carottes prélevées à l'aide de la benne Flucha. 61 III.8 Carte de tous les prélèvements réalisés à l'aide de la benne Flucha pour les 3 campagnes. 63 III.9 Carte des 17 prélèvements réalisés à l'aide de la benne Flucha sélectionnés pour analyse. 65 III.10 Résultats des CAT-Scan de 4 carottes types de chaque zone avec en (a) la carotte H2O 163 de la zone 1, en (b) la carotte H2O 188 de la zone 3, en (c) la carotte H2O 200 de la zone 4 et en (d) la carotte H2O 197 de la zone 5. 66 III.11 Carte des 17 carottes sélectionnées pour analyse avec la répartition des 3 faciès. 68 III.12 Courbes des analyses par granulométrie laser de toutes les tranches de toutes les carottes confondues avec leur profondeur, du gris clair pour les tranches de surface au noir pour les tranches les plus
profondes.
En arrière plan des
courbes,
la classification granulométrique selon Wentworth (1922)
est
en représentation
colorée
. 69 III.13 Diagramme ternaire de Shepard représentant la répartition granulométrique selon les proportions en argiles, silt et sable. Toutes les tranches de toutes les carottes analysées sont représentées
avec
leur profondeur par un dégradé de bleu depuis
la surface
en bleu clair
aux plus
profond
es en
bleu foncé
avec en
(
a
) leur zone
de
prélèvement et
en
(b)
leur
faciès symbolisés
.
70 III.14 Diagramme ternaire
représentant la répartition granulométrique selon les proportions en vase (argiles et silts donc <
63 μ
m),
en
sable
fin (de
63
μm
à
200
μm
) et en
sable
grossier
(de
200
μm
à
2000 μm
).
72
III
.15
Comparaison
des
granulométries des tranches par faciès entre les diagrammes ternaires de She
pard
(a) et les diagrammes ternaires modifiés des
s
ables
(b).
73
TABLE DES FIGURES III.16 Courbes des analyses par granulométrie laser de toutes les tranches de toutes les carottes confondues groupées par faciès avec leur profondeur, du gris clair pour les tranches de surface au noir pour les tranches les plus profondes. En arrière plan des courbes,
classifications granulométriques selon Wentworth (1922) est en représentation colorée. 74 III.17 Comparaisons des spectres granulométriques entre les 3 faciès selon la classification granulométrique issue de Wentworth (1922) (en haut) et la nouvelle classification granulométrique (en bas) issues des observations granulométriques des échantillons. 76 III.18 Comparaison des moyennes granulométriques avec écart-types de chaque classe entre la classification classique (a) et la nouvelle classification établie (b) selon les 3 faciès. 78 III.19 Matrice des corrélations de Spearman des classes granulométriques avec la profondeur et la latitude. En partie inférieure est représentée les graphiques de chaque paramètre avec la droite de régression linéaire et l'intervalle de confiance à 5 % en gris. Le faciès des Graviers Envasés (GE) est représenté en bleu, le faciès en Mélange sur Base Litée (MBL) est représenté en vert et le faciès Fortement Lité (FL) est représenté en rose. En partie supérieure sont présentés les coefficients des corrélations de Spearman suivant les mêmes couleurs pour les faciès et en noir le coefficient de corrélation tous faciès confondus. Les densités des paramètres sont présentés par des histogramme dans la diagonale.
79
III.
20
Représentations des coefficients de corrélations de Spearman de chaque paramètres avec leur coefficient de corrélation avec en (a) le faciès des Graviers envasés, en (b) le faciès En mélange sur base litée et en (c) le faciès Fortement lité. Les coefficient de corrélation non significatif au seuil de 5 % sont présentés en blanc. 80
III.21 (
a
) L'appareil
xSORT
avec
le
cylindre rempli de sédiment sec broyé p
rêt
à être analys
é
et en (b)
le
détail
du
cylindre avec la feuille de polypropylène
et un
piston
de
seringue
permettant la
compaction
du
sédiment contre la fine feuille.
82 215
TABLE DES FIGURES III.22 Profils de la teneur en soufre (%) moyenne (± écart-types) en fonction de la profondeur selon les trois faciès. La partie grisée représente les valeurs supérieurs à 0,4 % indiquant la zone anoxique dans laquelle s'effectuent les réactions sulfato-réductrices. 84 III.23 Régression linéaire entre le Brorg et le Br total et coefficient de corrélation de Spearman. 85 III.24 Profils des moyennes (± écart-types) des rapports Brorg /COT et l'écarttype en fonction
la profondeur selon les trois faciès. 86 III.25 Profils de la teneur en eau moyenne (± écart-types) en fonction de la profondeur selon les trois faciès.
88 III.26 Profils de la teneur en matière organique moyenne (± écart-types) en fonction de la profondeur selon les trois faciès. 89 III.27 Profils de la teneur en carbone organique total (COT) moyenne (± écarttypes) en fonction de la profondeur selon les trois faciès. 89 III.28 Matrice des corrélations de
Spe
arman de
la
ten
eur
en eau
, de la
ten
eur en
matière organique
et
du
COT
avec la profondeur et la latitude de
tous les
échantillons. En partie inférieure sont représentés les graphiques de chaque paramètre avec la droite de régression linéaire et l'intervalle de confiance à 5 % en gris. Le faciès des Graviers Envasés (GE) est représenté en bleu, le faciès en Mélange sur Base Litée (MBL) est représenté en vert et le faciès Fortement Lité (FL) est représenté en rose. En partie supérieure sont présentés les coefficients des corrélations de Spearman suivant les mêmes couleurs pour les faciès et en noir le coefficient de corrélation tous faciès confondus. Les densités des paramètres sont présentés par des histogrammes dans la diagonale.
90
III.29
Ré
sultats de
l'ACP
projetée
sur les axes 1 et 2. La projection des échantillons est présent
ée
en (a) avec les échantillons
des
graviers envasés
en
bleu,
en mé
lange sur base lit
ée en
vert et
fortement
lité
en
rose
a
insi que
les ellipses de
confiance
à 95% pour cha
que faciès
.
En
(b) sont représentées les variables des facteurs.
92
TABLE DES FIGURES III.30 Résultats de l'ACP des échantillons du faciès graviers envasés projetée sur les axes 1 et 2. La projection des échantillons est présentée sur la gauche et la variables sont présentées sur la droite. (a) et (b) sont les résultats de l'ACP réalisée sur tous les moyennes des tranches et en (c) et (d), les résultats de l'ACP sans les tranches au-delà de 9,5 cm de la carotte H2O 176. 93 III.31 Résultats des ACP du faciès En mélange sur base litée projetée sur les axes 1 et 2 en (a) et (b), et en (c) et (d) pour le faciès Fortement lité. La projection des échantillons est présentée sur la gauche et la variables sont présentées sur la droite. 95 III.32 Scan d'une car
de macrofaune au scanner du laboratoire Cyceron de l'Université Caen Normandie. 97 III.33 Étapes de traitement des CAT-scans pour chaque carotte. Ici sont présentées les images de la carotte H2O 163 du faciès graviers envasés. En (a), le résultat sorti par le scanner, (b) vue transversale pour le calcul selon la profondeur, (c) inversion des couleurs pour le traitement par 3D OC, (d) réglages du seuil précisé visible sur l'image (e) pour obtenir les voxels des volumes de vie (f) qui sont dénombrés par Voxel Counter. 98 III.34 Représentation en trois dimensions des volumes vides pur une carotte de chacun des faciès. 99 III.35 Volumes de vie moyens en fonction de la profondeur pour chacun des faciès. En gris sont représentés les écart-types. 100 III.36 Proportion relative des individus selon la macrofaune pour tous les faciès confondus. 102 III.37 Moyennes et écart-types des abondances selon la profondeur pour chacun des faciès. 103 III.38 Diagrammes rang-fréquences réalisés pour chacun des faciès et la totalité des échantillons. 106 III.39 Richesse spécifique (S), indice de Shannon (H') et équitabilité de Pielou (J') calculés sur les abondances moyennes de chaque espèce par profondeur pour chaque faciès. 108
TABLE DES FIGURES III.40 Pourcentage d'abondance relative des phylums en fonction de la profondeur pour chacun des faciès.
109 III.41 Représentations des abondances relatives des espèces de polychètes pour chacun des faciès. Les espèces présentent à une seule profondeur ne sont pas représentées. 111 III.42 Représentations des abondances relatives des espèces de bivalves pour chacun des faciès. Les espèces présentent à une seule profondeur ne sont pas représentées. 112
III.43 nMDS réalisée à partir des données d'abondances moyennées par tranche pour chacun des faciès. Chaque faciès est représenté par une couleur, bleu pour graviers envasés (GE), vert pour en mélange sur base litée (MBL) et rose pour fortement lité (FL). Les
profond
eurs
sont associ
ées au nom de chaque
faciès. 113 III.44 Tailles moyennes (mm) (± écart-types) des cinq espèces de bivalves en fonction de la profondeur pour tous les faciès confondus. 115
III.45 Représentation de la tb-RDA de la macrofaune contrainte par la combinaison des paramètres abiotiques la plus parcimonieuse d'
après la méthode
"Forward selection
".
Ces paramètres environnementaux sont és par les flèches bleues. Chaque faciès est représenté par une couleur, bleu pour graviers envasés (GE), vert pour en mélange sur base litée (MBL) et rose pour fortement lité (FL). Les profondeurs sont associées au nom de chaque faciès.
118 IV.1 Représentation du remaniement sédimentaire par les quatre principaux groupes de bioturbateurs avec en (A) les biodiffuseurs, en (B) les convoyeurs vers le haut, en (C) les convoyeurs vers le bas et en (D) les régénérateurs. Modifié de Francois et al. (1997), d'après Kristensen et al. (2012). 129 IV.2 Carottes en circuit d'eau de mer ouvert et à l'obscurité pour les expérimentations du remaniement sédimentaire. La circulation d'eau de mer se fait par écoulement gravitaire. 132
TABLE DES FIGURES IV.3 Comparaison des luminophores avant agitation (a) et après une nuit d'agitation magnétique (b). 134 IV.4 Schéma du protocole expérimental pour les deux configurations sédimentaires testées. 136 IV
.
5 Box-plot des tailles de chaque espèce pour chaque réplicat. Les couleurs représentent les différentes expérience. En (a) Acrocnida brachiata, (b) Abra alba, (c) Phaxas pellucidus, (d) Lagis koreni, (e) Owenia fusiformis et (f) Nephtys spp.
141 IV.6
Profils
des
moyennes
(
±
é
cart
-
types) des pourcentage
s
de luminophores
de
l'
expérience
1 [< 63 μm ; 160 μm[ avec en vert le profil des luminophores vert, en rouge les luminophores rouges et en bleu le total des
lumin
ophores.
En
(a)
Acrocnida
bra
chiata
, (b)
Abra
alba, (c) Phaxas pellucidus et (d) Lagis koreni.
143
IV.6 Suite des profils des moyennes (±
écart-types) des pourcentages de luminophores
de
l'
expérience
1 avec en (e) Owenia fusiformis, (f) Nephtys
spp. et (g) le témoin.
144
IV
.
7 Profils
des
moyennes (±
écart-types)
des pour
centage
s de
luminophores
de
l'expérience 2 [< 63 μm ; 1000 μm[ avec en vert le profil des luminophores vert, en rouge les luminophores rouges et en bleu
le total des lumin
ophores
. En (a) Acrocnida brachiata, (
b) Abra alba, (c) Phaxas pellucidus et (d) Lagis koreni. 146 IV.7 Suite des profils des moyennes (±
écart-types) des pourcentages de luminophores de l'expérience 2 avec en (e) Owenia fusiformis, (f) Nephtys spp. et (g) le témoin. 147 IV
.
8 Photographies des carottes
expérimentales de Lagis koreni en configuration hétérométrique homogène. 149 IV.9 Profils des moyennes (± écart
types) des pourcentages de luminophores de l'expérience 3 avec en vert le profil des luminophores vert, en rouge les luminophores rouges et en bleu le total des luminophores. En (a) Acrocnida brachiata, (b) Abra alba, (c) Phaxas pellucidus et (d) Lagis koreni.
TABLE DES FIGURES IV.9 Suite des profils des moyennes (± écart-types) des pourcentages de luminophores de l'expérience 3 (e) Owenia fusiformis, (f) Nephtys spp. et (g) le témoin. 154 IV.10 Profil des pourcentages de vase de chaque réplicats pour chaque espèce pour les expérience 3 (a) et 4 (b). 155 IV.11 Photographie des litages de l'expérience 3 lors de leur mise en place (a) puis après 15 jours d'incubations avec Lagis koreni montrant les conséquences de sa capacité bioturbatrice (b). 156 V.1 Exemple de la variation de la porosité en fonction de l'échelle d'observation. La variabilité de la section centrale est due aux caractéristiques du sédiment comme par exemple un terrier de macrofaune, des organismes benthiques, des pelotes fécales. Modifiée
de Boud
reau
(1997
) d'
après Stockdale
et
al.
(2009)
.
173 B.1 Carte des prélèvements de prospection à la benne Shipek dans les 5 zones de prélèvement. 232 C.1 CAT-Scan des carottes sélectionnées pour analyses. 234 D.1 Diagrammes ternaires de chaque carotte du faciès des Graviers envasés avec le diagramme de Shepard à gauche et le diagramme des sables à droite.237 D.2 Diagrammes ternaires de chaque carotte du faciès du faciès En mélange sur base litée avec le diagramme de Shepard à gauche et le diagramme des sables à droite. 238 D.3 Diagrammes ternaires de chaque carotte du faciès du faciès Fortement lité avec le diagramme de Shepard à gauche et le diagramme des sables à droite.240 E.1 Comparaison des classes granulométriques de Wentworth et de la nouvelle classification des carottes des Graviers envasés. 242 E.2 Comparaison des classes granulométriques
de
Wentworth et
de la nouvelle classification des car
ott
es En mélange sur base litée. 243 E.3 Comparaison des classes granulométriques de Wentworth et de la nouvelle classification des carottes Fortement lité. 244
TABLE DES FIGURES F.1 Comparaison des moyennes granulométriques avec écart-types de chaque classe entre la classification classique (a) et la nouvelle classification établie (b) pour le faciès des Graviers envasés. 246 F.2 Comparaison des moyennes granulométriques avec écart-types de chaque classe entre la classification classique (a) et la nouvelle classification établie (b) pour le faciès En mélange sur base litée. 247 F.3 Comparaison des moyennes granulométrique
s
avec
écart-types
de cha
que
classe
entre
la
classification classique (
a
) et la nouvelle classification établie (b) pour le faciès Fortement lité
. 248 G.1 Distribution des valeurs de teneur en soufre de tous les
lèvements. 249 G.2 Profils verticaux de la teneur en soufre (en orange) et du rapport Brorg /COT (en vert) pour chaque carotte du faciès Graviers envasés. (Voir page suivante pour le reste des carottes). 250 G.2 Suite des profils verticaux de la teneur en soufre (en orange) et du rapport Brorg /COT (en vert) pour chaque carotte du faciès Graviers envasés. 251 G.3 Profils verticaux de la teneur en soufre (en orange) et du rapport Brorg /COT (en vert) pour chaque carotte du faciès En mélange sur base litée. 252 G.4 Profils verticaux de la teneur en soufre (en orange) et du rapport Brorg /COT (en vert) pour chaque carotte du faciès Fortement lité. (Voir page suivante pour le reste des carottes). 253 G.4 Suite des profils verticaux de la teneur en soufre (en orange) et du rapport Brorg /COT (en vert) pour chaque carotte du faciès Fortement lité. 254 H.1 Profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès Graviers envasés. (Voir page suivante pour le reste des carottes). 256 H.1 Suite des profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès Graviers envasés. (Voir page suivante pour le reste des carottes). 257
TABLE DES
FIGURES H.1 Suite des profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès Graviers envasés. 258 H.2 Profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès En mélange sur base litée. 259 H.3 Profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès Fortement lité. (Voir page suivante pour le reste des carottes). 260 H.3 Suite des profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès Fortement lité. (Voir page suivante pour le reste des carottes). 261 H.3 Suite des profils verticaux de la teneur en eau (en bleu foncé), en matière organique (en marron) et du COT (en rouge) pour chaque carotte du faciès Fortement lité. 262 I.1 Représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en
de la profondeur pour chacune des carottes des Graviers envasés. 264 I.1 Suite de la représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en fonction de la profondeur pour chacune des carottes des Graviers envasés.265 I.1 Suite de la représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en fonction de la profondeur pour chacune des carottes des Graviers envasés.266 I.2 Représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en fonction de la profondeur pour chacune des carottes du faciès En mélange sur base litée. 267 I.3 Représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en fonction de la profondeur pour chacune des carottes du faciès Fortement lité. 268 I.3 Suite de la représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en fonction de la profondeur pour chacune des carottes du faciès Fortement lité. 269 222 TABLE DES
FIGURES I
.3 Suite de la représentation des volumes vides et des profils de ces volumes en fonction de la profondeur pour chacune des carottes du
faci
ès Fortement lité. 270 223 TABLE DES
FIGURES 224 Liste
des tableaux II.1 Taille et cohésion du sédiment d'après McNally and Mehta (2009). 15 II.2 Les différents engins de prélèvement de macrofaune benthique. 17 II.3 Densité et IT d'après Boespflug et al. (1994). 38 II.4 Tailles des carottes utilisées pour l'étude de la distribution de la macrofaune d'après la bibliographie. 51 III.1 Efficacité des prélèvements à la benne Flucha selon les différents points d'échantillonnage pour toutes les campagnes confondues. 64 III.2 Correspondance entre la classification classique de Wentworth et la nouvelle classification établie à partir des analyses granulométriques. 77 III.3 Résultats des tests des corrélations de la teneur en soufre et du rapport Brorg /COT avec la profondeur pour tous les échantillons et selon chaque faciès. 86 III.4 Moyennes des pourcentages de teneur en eau, en matière organique et en carbone organique total ainsi que les écarts-types pour la totalité des échantillons et pour chaque faciès. 87 III.5 Résultats des tests des corrélations entre la profondeur et la teneur en soufre et le rapport Brorg /COT pour tous les échantillons et selon chaque faciès. 91 III.6 Moyennes des hauteurs des carottes de macrofaune et des paramètres géochimiques
avec les
é
cart-
pour chaque faciès. 96 III.7 Moyennes (± écart-types) du nombre d'individus par profondeur pour chacun des faciès. 102 225 TABLEAUX III.8 Richesse spécifique (S), indices de Shannon (H') et équitabilité de Pielou (J') pour chacun des faciès et l'ensemble de prélèvements. 105 III.9 Pourcentage d'abondance relative des phylums pour chacun des faciès et l'ensemble des faciès. 108 III.10 Résultats des corrélations de Spearman entre la profondeur et
la
taille
(
mm) des individus pour les cinq espèces de bivalves les plus abondantes et présentes
à plusieurs profondeurs.
Les (-
) correspondent aux espèces ne présentant
pas
a
ssez de donnée
s
pour le calcul de la corré
lation
. 116
IV
.1 Composition granulométrique des sédiments utilisés pour les expérimentations. ..................................... 142 Coefficients
moyens
de bioturbation (
±
écart
-
type
) (Db) et d'advection (Vb) calculés d'après les profils de luminophores
pour
les
expérience
s
1
et
2 et
pour chacune des esp
èces
selon
les
différent
es
tailles de luminophores. 148 IV.5 Résultats des ANOVAs entre les deux expérimentations (Exp 1 et Exp 2) pour les coefficients de bioturbation (Db) et d'advection (Vb). Les p-value des tests significa
tifs
à 5 %
sont
symbol
isés
par
des
?,
ceux
significa
tifs
à
1 % par IV.6?? et ceux significatifs à 0,1 % par???
................
151 Résultats des corrélations de Spearman entre les profils de la proportion en vases (< 63 μm) des réplicat
s des espèces et le
profil
du témoin. Les p-value des corrélations significatives à 5 % sont symbolisés par des?, ceux significatifs à 1 % par 226?? et ceux significatifs à 0,1 % par???. LISTE TABLEAUX
J.1 Pourcentage d'abondance relatif de chaque espèce au sein de chaque faciès. Les valeurs vides indiquent l'absence de l'espèce concernée dans le faciès.Les couleurs représentent les espèces communes à plusieurs faciès. Les espèces en rouge sont présentes dans les trois faciès, en vert, elles sont communes aux graviers envasés et en mélange sur base litée, en bleu, communes entre les graviers envasés et fortement lité, et en mauve, communes entre en mélange sur base litée et fortement lité. 272 J.1 Suite des pourcentage d'abondance relatif de chaque espèce au sein de chaque faciès. Les valeurs vides indiquent l'absence de l'espèce concernée dans le faciès.Les couleurs représentent les espèces communes à plusieurs faciès. Les espèces en rouge sont présentes dans les trois faciès, en vert, elles sont communes aux graviers envasés et en mélange sur base litée, en bleu, communes entre les graviers envasés et fortement lité, et en mauve, communes entre en mélange sur base litée et fortement lité. 273 J.2 Pourcentage d'abondance relative des phylums pour chacun des faciès et l'ensemble des faciès. 274 J.2 Suite des pourcentage d'abondance relative des phylums pour chacun des faciès et l'ensemble des faciès. 275 J.3 Pourcentages relatifs d'abondance de chaque espèce de POLYCHETES en fonction de la profondeur et pour chacun des faciès. Les valeurs grisées représente les espèces présentes uniquement à une profondeur pour le faciès concerné. Les espèces en gris-bleu présentes uniquement dans le faciès concerné. Ainsi les espèces avec la combinaison gris-bleu et la valeur grisée sont des espèces qui ont été trouvées à une unique profondeur dans un seul faciès. J.3 Suite des pourcentages relatifs d'abondance de chaque espèce de POLYCHETES en fonction de la profondeur et pour chacun des faciès. Les valeurs grisées représente les espèces présentes uniquement à une profondeur pour le faciès concerné. Les espèces en gris-bleu présentes uniquement dans le faciès concerné. Ainsi les espèces avec la combinaison gris-bleu et la valeur grisée sont des espèces qui ont été trouvées à une unique profondeur dans un seul faciès. 277 J.4 Pourcentages relatifs d'abondance de chaque espèce des BIVALVES en fonction de la profondeur et pour chacun des faciès. Les valeurs grisées représente les espèces présentes uniquement à une profondeur pour le faciès concerné. Les espèces en gris-bleu présentes uniquement dans le faciès concerné. 229 A. Logiciels utilisés 230 Annexe B Prospection à la benne Shipek Carte des prospections réalisées à la benne Shipek afin de sélectionner les futurs sites de prélèvements de carottes (voir section III.1.2. 231 49°27′0′′N 49°30′0′′N 49°33′0′′N B. Prospection à la benne Shipek 0 1 2 km 0°1′48′′E 0°4′12′′E 0°6′36′′E Figure B.1 – Carte des prélèvements de prospection à la benne Shipek dans les 5 zones de prélèvement. 232 Annexe C CAT-Scan des carottes sélectionnées pour analyses Résultats des CAT-Scans bruts en sortie de scanner pour les 17 carottes sélectionnées pour être analysées. Les carottes sont rangées par faciès en ligne, et les pointillés regroupent les prélèvements d'une même campagne. 233 Graviers envasés H2O 167 En mélange sur base lité H2O 163 H2O 169 H2O 173 H2O 176 Octobre H2O 188 H2O 193 Août H2O 185 H2O 200 Fortement lité Mars H2O 181 H2O 190 H2O 178 H2O 137 H2O 138 H2O 139 Figure C.1 – CAT-Scan des carottes
sélectionnées pour analyses. H2O
140
H2
O 197 C
. CAT-Scan des carottes sélectionnées
pour analyses 234 Sélection des carottes pour analyses Annexe D Diagramme ternaire de chaque carotte
Les diagrammes ternaires de chaque carotte sont présentés avec sur la colonne de gauche, les diagrammes de Shepard en opposition aux diagrammes des sables de la même carotte à droite. Chaque page représente toutes les carottes d'un même faciès avec en premier les carottes du faciès graviers envasés (figure D.1), puis les carottes du faciès en mélange sur base litée (figure D.2) et les carottes du faciès fortement lité (figure D.3). D. Diagramme ternaire de chaque carotte
Diagramme ternaire de Shepard de H2O 185 Diagramme ternaire des sables H2O 185 Faciès ● Argiles 100 Sable grossier 100 80 Faciès ge nta 40 fin ble Sa ier 60 Sable + Silt + Argiles 20 15 60 Silt 40 Silt Argileux Sable argileux ss es 60 gro ge Ar gil ble nta Sable Silteux 10 Silt Sableux Silt Argileux 5 ● 80 ● ● ● ● ●● 20 Silt Sableux Silt ● ●● ● ● ●● ●●●●●● ● ● ● ●●● 0 10 Sable fin 5 80 0 10 0 20 40 60 80 0 10 10 10 15 Silt 60 ● ● 40 Sable Silteux Sable Sable 20 ● 20 20 80 ●● ● ● ●●● ● ● ● ●● ● ●● Sa rce 40 ● Sable argileux 40 u Po t/ Sil rce 80 Argiles Silteuses Sable 60 /P ou 20 Argiles Vase Vase Diagramme ternaire de Shepard de H2O 200 Diagramme ternaire des sables H2O 200 Faciès ● Argiles 100 Sable grossier 100 80 fin ble ier ge 60 60 Silt ● ● 10 Sable fin ● ● ● ● ● ●● ●●● ● ● ●●● ● ● ●●● ●● 10 0 20 40 60 80 0 10 Silt ● ● ● 0 10 20 80 Silt 60 ● 40 ● ●● 20 20 ● 10 0 ● 80 Sable Silteux Sable ● ● ● ● ● ●●●● ●● ● ● ● ● ●● ● Silt●Sableux● ● 10 Silt Sableux Silt Argileux 80 Sable argileux 20 20 40 Silt Argileux Sable + Silt + Argiles ss Sa ge nta 40 60 gro es ble nta Sable Silteux Sa rce Ar gil ● Sable argileux 40 u Po t/ Sil rce Faciès Sable 60 /P ou 80 40 Sable 20 Argiles Vase Vase
Figure D.2 – Diagrammes ternaires de chaque carotte du faciès du faciès En mélange sur base litée avec le diagramme de Shepard gauche et le diagramme des sables à droite. des sables H2O 137 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 137 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 Faciès 40 fin ble Sa ge nta es r 60 20 60 Silt 40 Silt Argileux Sable + Silt + Argiles Sable Silteux ● ● ●●●● ● ● ● ● Silt Sableux ● Silt 80 20 20 20 ●● ●● ●●●● ●● 10 80 ● 60 Sable fin 40 10 20 0 Silt 0 ● 0 20 40 60 80 10 Sable 10 10 0 Sable 10 Silt Sableux Silt Argileux 80 Sable argileux Fortement lité ie ss ge gil 60 gro Sable Silteux nta Ar ble rce 40 ● Sable argileux 40 u Po t/ Sa Sil rce 80 Argiles Silteuses Sable 60 /P ou 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase Diagramme ternaire des sables H2O 138 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 138 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 fin ss 60 15 40 Silt Argileux Sable + Silt + Argiles 20 Silt Sableux ● 20 Silt 10 80 60 0 ● ● ● ● ● ●●●● ● Sable fin 40 5 0 20 40 60 80 0 10 10 10 10 0 15 Silt 20 Sable Silteux 5 ● ● ● ●● ● ● ● 80 20 Sable 10 Silt Sableux Silt Argileux 80 Sable argileux 20 ier ge Silt Fortement lité gro nta Sable Silteux 60 60 Sa ble ge nta 40 ble 40 Sable argileux rce Ar gil es ● u Po t/ Sa Sil rce Faciès Sable 60 /P ou 80 40 Sable 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase Diagramme ternaire des sables H2O 139 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 139 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 fin ss ier ge 60 Silt 80 ● ● ● ● ● Sableux Silt ● ● ● ● 20 15 Silt ● ●● ●● ● ● ● 40 Sable fin 10 0 ● 20 5 80 0 20 40 60 80 0 10 Silt 60 10 10 10 0 ● 5 80 20 Sable Silteux 10 Silt Sableux Silt Argileux Sable 15 40 Silt Argileux Sable argileux Fortement lité gro nta Sable Silteux 60 60 Sa ble ge nta 40 ble 40 Sable argileux rce Ar gil es ● u Po t/ Sa Sil rce Faciès Sable 60 /P ou 80 40 Sable 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase Diagramme ternaire des sables H2O 140 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 140 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 80 Faciès 40 fin Sa ble Sable Silteux 60 Sable + Silt + Argiles Silt Sableux 80 Silt Argileux ● ● ● ● ● ● ● ● Silt Sableux 15 Silt ● 60 40 Sable fin ● ● ● ● ● ● ●● 10 0 ● 0 20 40 60 80 0 10 5 80 10 Silt 10 10 0 ● 20 20 Sable Silteux Sable 5 80 20 10 40 Silt Argileux Sable argileux 15 r 60 Silt Fortement lité sie s/ 60 s gro gil e Sable argileux ge Ar ● ble Sa ta en urc Po t/ 60 40 nta ge Sable Sil Po urc e 40 Sable 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase 239 D. Diagramme ternaire de chaque carotte
Diagramme ternaire des sables H2O 181 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 181 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 Faciès ge nta 40 fin ble Sa r es 8 60 6 60 Silt 40 Silt Argileux Sable + Silt + Argiles 4 Silt Sableux Silt Argileux 80 Sable argileux 2 80 20 Fortement lité ie ss ge gil 60 gro Sable Silteux nta Ar ble 40 Sable argileux rce 40 ● u Po t/ Sa Sil rce 80 Argiles Silteuses Sable 60 /P ou 20 Argiles 80 20 8 Silt ● ● ● ● Sable fin ●● ●● ● 0 0 2 0 4 10 10 0 6 Silt 10 20 40 60 80 10 Sable 80 ●● ● ● ●Silt Sableux 60 ● ● 40 ● 20 ● Sable Silteux Sable Vase Sable / Pourcentage Vase Diagramme ternaire des sables H2O 197 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 197 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 fin ss ier ge 60 Silt 80 5 ● ● ●● ●●●● ● ● ● ●● ● ●●●● ●●● ● ● Silt Sableux ● ● 10 80 20 20 Silt ● ● ●● ● ●●●● ● ● ●●●●●●● ● ● 0 ●● ● 10 ● Sable fin 80 5 60 10 40 0 10 20 40 60 80 0 10 0 10 15 Silt 20 Sable Silteux Sable 15 Silt Sableux Silt Argileux 20 20 40 Silt Argileux Sable argileux Fortement lité gro nta Sable Silteux 60 60 Sa ble ge nta 40 ble 40 Sable argileux rce Ar gil es ● u Po t/ Sa Sil rce Faciès Sable 60 /P ou 80 40 Sable 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase Diagramme ternaire des sables H2O 190 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 190 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 fin ier 60 t Argileux 20 20 Silt Sableux 15 ● ●● ● ●●● ● ● ●● ● ● ●● ●●● 80 60 ● ● Sable fin 10 0 0 20 40 60 80 0 10 5 10 10 Silt 40 Silt 10 0 Sable 20 Sable Silteux 5 ●●● ● ● ●● ● ● ● ● ●● ● ● ● ● ● ●●● 80 20 10 Silt Sableux 80 Sable argileux 15 40 Silt Argileux Sable + Silt + Argiles 20 ss ge Silt Fortement lité gro nta Sable Silteux 60 60 Sa ble ge nta 40 ble 40 Sable argileux rce Ar gil es ● u Po t/ Sa Sil rce Faciès Sable 60 /P ou 80 40 Sable 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase Diagramme ternaire des sables H2O 197 Diagramme ternaire de Shepard de H2O 197 Faciès Argiles ● Sable grossier Fortement lité 100 100 80 Faciès 40 fin Sa ble Sable Silteux 60 Sable + Silt + Argiles 80 20 20 Silt ● ● ●● ● ●●●● ● ● ●●●●●●● ● ● 10 0 ●● ● ● 60 Sable fin 40 5 20 10 80 0 20 40 60 80 0 10 Silt 10 15 10 0 ● 5 ● ● ●● ●●●● ● ● ● ●● ● ●●●● ●●● ● ● Silt Sableux ● 80 Sable Silteux Sable 10 Silt Sableux Silt Argileux 20 15 40 Silt Argileux Sable argileux 20 r 60 Silt Fortement lité sie s/ 60 s gro gil e ble Sa Sable argileux ge Ar ● ta en urc Po t/ 60 40 nta ge Sable Sil Po urc e 40 Sable 20 Argiles 80 Vase Sable / Pourcentage Vase
Figure D.3 – Diagrammes ternaires de chaque carotte du faciès du faciès Fortement lité avec le diagramme de Shepard à gauche et le diagramme des sables à droite.
| 16,276
|
56/tel.archives-ouvertes.fr-tel-01601589-document.txt_7
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 11,420
| 20,372
|
(1639) ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. VII, p. 222. Copie d'une lettre du cardinal de Richelieu à Charles de Schomberg, duc d'Halluin, s.l., le 9/5/1639 ; A.C., série M, t. XXII, f° 296, lettre de Paul Ducros à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, le 26/4/1641 ; id., f° 311. Lettre des présidents trésoriers généraux de France de Toulouse à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, le 30/4/1641. 85 M.P. Montarlot (éd.), « Correspondance du maréchal de Brézé », Mémoires de la société Éduenne, t. XXIV, 1896, p. 282. Lettre d'Hercule Vauquelin à Urbain de Maillé-Brézé, Montauban, le 15/11/1641 ; M. le duc d'Aumale, Histoire des princes de Condé pendant les XVIe et XVIIe siècle, t. III, Paris, Calmann Lévy, 1886, p. 413-418. 81 161
celle du Languedoc après 1632, ce dernier n'était pas le seul client du Cardinal dans la province. À Bordeaux, le premier président du parlement, Antoine d'Aguesseau était l'un de ses fidèles86. Le président à mortier Sarran de Lalanne avait été nommé par Richelieu, en tant que Grand maître et surintendant général de la Navigation, son lieutenant en Guyenne et en Saintonge87. Le gouverneur du Béarn et de la ville de Bayonne, qui était aux avant-postes sur la frontière espagnole, Antoine Ier de Gramont, maria son fils, Antoine II de Gramont, avec une nièce de Richelieu en 163488. Le gouverneur de Blaye, qui contrôlait l'embouchure de la Garonne et le commerce bordelais, Claude de Rouvroy de Saint-Simon récompensé du titre de Duc et Pair en 1635 et se maintint dans la confiance du Cardinal jusqu'en octobre 163689. Le propre fils du duc d'Épernon, le duc de La Valette qui devait lui succéder à la tête de son gouvernement, était dans la parentèle de Richelieu, le Cardinal déclarant néanmoins à Sourdis qu'il « [lui ferait] tort si [il croyait] qu'une alliance fut capable de [l']empescher de [l']assister90 ». Le duc d'Épernon et ses alliés se trouvaient pris au piège du pouvoir cardinal dans leur propre bastion. Seules les émeutes antifiscales bordelaises de mai et juin 1635 permirent au gouverneur de rétablir en partie son autorité dans la capitale de la province91. Alors que Sourdis avait quitté la Guyenne pour se consacrer à l'armée navale que Richelieu lui avait confiée, laissant sans protection ses clients, la première mesure que le duc d'Épernon prit après la sédition fut de destituer les jurats bordelais qui avaient été installés par l'archevêque en 1634. Par la suite, en 1636, il réussit à obtenir des lettres de cachet du roi pour nommer à la jurade ses propres candidats et en 1637 et 1638 furent réélus les jurats qui avaient été destitués par Sourdis en 163492. L'offensive espagnole en Guyenne à l'automne 1636 permit au duc d'Épernon d'organiser la défense de sa province, et d'affirmer de nouveau son autorité en matière militaire, secondé par le comte de Gramont et, à sa demande, par son fils Bernard de Nogaret de La Valette. Il semblerait que le cardinal de Richelieu comptait alors réellement sur la collaboration du duc de La Valette, à qui il était à présent allié, pour s'assurer de la loyauté de son père et du bon
Sur
le
premier président Antoine d'
A
guess
eau
comme
client
de
Richelieu
, voir infra chapitre II. A.D.G., 1B 22, f° 48 ; Marcel Gouron, L'amirauté de Guyenne, Paris, Librairie du recueil Sirey, 1938, p. 254-255. 88
Antoine II de Gramont, selon Tallemant des Réaux, aurait alors confié à Richelieu que « c'était Son Éminence qu'il épousoit, et non ses parentes, et qu'il prendroit celle qu'on lui donneroit » (Louis Monmerqué (éd.), Les historiettes, op. cit., t. II, p. 342) ; Antoine-Alfred-Agénor de Gramont, Histoire et généalogie, op. cit., p. 214. 89
Denis-Louis-Mar
Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 640. Minute d'une lettre du cardinal de Richelieu à Claude de Rouvroy de Saint-Simon, s.l., le 23/10/1636 ; François Formel-Le-Vavasseur, « Un seigneur de La Ferté-Vidame, Claude de Saint-Simon, père du mémorialiste : un tricentenaire inédit (1693-1993) », Bulletin Municipal La FertéVidame, 1992-1993, p. 49-54. 90 Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. IV, p. 790. Lettre du cardinal de Richelieu à Henri d'Escoubleau de Sourdis, s.l., fin 11/1634. 91 Sur les événements bordelais de 1635, voir supra chapitre V. 92 Inventaire sommaire, op. cit., t. VIII, p. 314-317. 86 87
162 déroulement des opérations militaires en Guyenne93. Mais en réalité, au même moment, le duc de La Valette prenait part à un complot fomenté par Gaston d'Orléans pour se défaire de Richelieu. Claude de Bourdeille, comte de Montrésor, fut chargé par Monsieur d'obtenir le ralliement du duc d'Épernon après que le duc de La Valette se soit engagé à soutenir leur cause. Néanmoins, le duc d'Épernon refusa de prendre part à l'affaire et celle-ci fut finalement découverte par Richelieu. Il apparaît que le Cardinal ne fut pas immédiatement assuré de l'engagement du duc de La Valette dans le complot, ne lui en faisant le reproche qu'au mois de mai 163794. Le duc de La Valette, à la demande de son père malade, avait pris la tête des armées en Guyenne au début de l'année 1637 et la victoire qu'il remporta sur les Croquants du Périgord le 1er juin lui permit de s'assurer du pardon de Richelieu95. Le Cardinal l'engagea alors à mener ses troupes contre les forces espagnoles96. Mais ni le duc de La Valette, ni le duc d'Épernon, ne remportèrent de victoire décisive, contrairement à la situation languedocienne où le duc d'Halluin triomphait à Leucate. Louis XIII et Richelieu décidèrent alors en octobre de donner le commandement des troupes au prince de Condé97. À nouveau, c'était l'alliance condéenne qui était mobilisée par le Cardinal. Condé reçut un pouvoir de commandement ample, portant son autorité sur les armées de Guyenne, du Languedoc et de Navarre qu'il fit vérifier par le parlement de Bordeaux le 19 avril 1638, tandis qu'un ordre était donné au duc d'Épernon de se retirer, comme en 1633, dans son château de Plassac98. Mais la campagne militaire fut catastrophique, l'armée royale, dirigée par le prince de Condé secondé du duc de La Valette et de l'archevêque de Bordeaux, subissant une importante défaite à Fontara le 7 septembre 1638. Condé et Sourdis s'empressèrent d'en faire porter la responsabilité au duc de La Valette99. Louis XIII et Richelieu prirent le parti de Condé, ordonnant à La Valette de venir rendre raison de son comportement à la cour et au duc A.N., KK 1216, ff° 473 et 483. Lettres de Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, au cardinal de Richelieu, Bordeaux, les 10/8 et 10/9/1636 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 698
. Minute d'une lettre du cardinal de Richelieu à Bernard de Nogaret, duc de La Valette, s.
l
., le 27/11/1636. 94 Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujalat (éd.), Mémoires de Montrésor, t. III, Paris, 1838, p. 205205 ; Guillaume Girard, Histoire de la vie, op. cit., p. 549-550 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 718 Lettre du cardinal de Richelieu à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, Ruel, 27/12/1636 ; id., p. 780. Minute d'une lettre du cardinal de Richelieu à Bernard de Nogaret, duc de La Valette, s.l., le 30/5/1637. 95 A.N., KK 1216, f° 73. Lettre de Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, au cardinal de Richelieu, Bordeaux, le 20/12/1636 ; Nicholas Buck Fessenden, Epernon and Guyenne, op. cit., p. 152 ; Yves-Marie, Histoire des Croquants. Etude des soulèvements populaires au XVIIe siècle dans le sud-ouest de la France, Genève, Dalloz, 1974, p. 426-427. 96 Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 1056-1057. Lettre du cardinal de Richelieu à Bernard de Nogaret, duc de La Valette, s.l., 24/6/1637 ; Guillaume Girard, Histoire de la vie, op. cit., p. 553. 97 Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 871. Lettre de Louis XIII à Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, s.l., le 10/10/1637 ; id., p. 1060. Lettre du cardinal de Richelieu à Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, s.l., le 10/10/1637. 98 A.D.G., 1B 24, f° 81 v° ; A.M.Bx., ms. 788, ff° 646-647, R.S. du 19/4/1638 ; Joseph-François Michaud et JeanJoseph-François Poujalat (éd.), Mémoires du cardinal de Richelieu, t. , Paris, 1838, p. 248. 99 Véronique Larcade, « L'affaire de Fontarabie (1638-1639) : l'exploitation politique d'une défaite », dans Maurice Vaïsse (éd.), La défaite. Études offertes à Annie Rey-Goldzeiguer, Reims, P.U.R., 1994, p. 29-42. 93 163
d'Épernon de ne plus sortir de Plassac, tandis que le gouvernement de Guyenne était confié au Prince100. Le duc de La Valette préféra prendre la fuite, à la manière du duc de Guise sept ans plus tôt, et prit depuis Bordeaux le premier navire pour l'Angleterre autour des 22-23 octobre. Dès le 16 octobre 1638, le prince de Condé avait fait vérifier par le parlement de Bordeaux son nouveau pouvoir de gouverneur de Guyenne, retrouvant une charge qu'il avait exercée de 1596 à 1618101. Début décembre, Condé destitua les jurats de Bordeaux et changea le gouverneur du château Trompette, tous soupçonnés de sympathie envers le duc d'Épernon102. Un client du prince de Condé, M. de Millières, fut installé dans le château. Le duc de La Valette, jugé in abstentia le 24 mai 1639 par une commission spéciale présidée par Louis XIII, fut condamné à mort. Le 8 juin, dans les villes de Paris, Bordeaux et Bayonne, son effigie fut pendue sur la place des exécutions103. Le duc d'Épernon, étroitement surveillé par les agents de Richelieu et de Condé, fut contraint en juin 1641 de prendre pour nouvelle résidence forcée son inoffensif gouvernement de Loches, loin de la Guyenne en Touraine, où il mourut le 13 janvier de l'année suivante104. En Provence, le successeur du duc de Guise, le maréchal de Vitry entretenait une relation difficile avec Richelieu. En 1611, Nicolas de L'Hospital, marquis de Vitry, avait succédé à son père à la charge de garde du corps du roi. Il obtint la faveur particulière de Louis XIII en 1617 lorsqu'il accepta d'exécuter Concino Concini, le favori de Marie de Médicis. Il l'abattit de trois coups de pistolet sur le pont dormant à l'entrée du Louvre et fut récompensé par le roi du titre de maréchal de France105. De la sorte, il devait sa situation en ayant mis à mort le premier protecteur de Richelieu, ce qui valut au Cardinal sa première disgrâce et celui-ci lui en conserva une sourde inimitié. Le maréchal de Vitry dut sa nomination au gouvernement de Provence à la seule protection de Louis XIII que le roi semble avoir imposé à Richelieu. Vitry n'hésitait pas à écrire au Cardinal pour lui rappeler la protection que le roi lui aurait promise lorsqu'il lui remit le commandement de cette province, forçant ainsi Richelieu à lui apporter son soutien106. Le visage Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. VI, p. 191-192, « Copie d'
un mémoire
en
voyé à M
.
de Chav
igny
sur le sujet de
Mrs d'Espernon et de La Valette », le 22/9/1638. 101 Véronique L
, Jean-Louis Nogaret de La Valette duc d'Épernon, op. cit., p. 133 ; A.D.G., 1B 24, f° 99 ; A.M.Bx., ms. 788, ff° 741-744, R.S. du 16/10/1638. 102 A.M.Bx., ms. 788, ff° 767-771, R.S. du 3/12/1638 ; Inventaire sommaire, op. cit., t. III, p. 212 et t. VIII, p. 318-321. 103 Véronique Larcade, Jean-Louis Nogaret de La Valette duc d'Épernon, op. cit., p. 136 ; Nicholas Buck Fessenden, Epernon and Guyenne, op. cit., p. 166-167. 104 A.C., série M, t. XV, f° 386. Lettre de Joseph d'Andrault à Henri II de Bourbon-Condé, Bordeaux, le 12/3/1639 ; id., t. XXIV, f° 162. Lettre de Joseph d'Andrault à Henri II de Bourbon-Condé, Bordeaux, le 22/7/1641 ; Guillaume Girard, Histoire de la vie, op. cit., p. 586-590. 105 Édouard Lelièvre (éd.), Mémoires authentiques, op. cit., t. IV, p. 33-38. 106 B.n.F., ms. fr. 9354, ff° 131 et 171. Lettres de Nicolas de L'Hospital au cardinal de Richelieu, Aix-en-Provence, les 10/4 et 25/10/1633. 100 164
rond, les cheveux ondulés et la moustache longue et grise, à la réputation d'homme entreprenant et violent, le maréchal de Vitry n'était pas dans le cercle des confidents du Cardinal107. Richelieu pouvait néanmoins compter sur d'autres créatures en Provence pouvant l'informer sur les actions du maréchal de Vitry et sur la situation de la vie politique locale. Dès avant, la destitution du duc de Guise, Richelieu avait réussi à attirer dans sa clientèle des anciens fidèles de ce gouverneur. Le premier président du parlement de Provence, Vincent-Anne de ForbinMaynier, baron d'Oppède, faisait partie de ce groupe. Son successeur, le premier président Hélie de Laisné était tout autant attaché au service du Cardinal108. Le cousin du premier président d'Oppède, Gaspard de Forbin, sieur de La Barben, obtint de Richelieu le gouvernement de la citadelle d'Antibes109. Antoine de Valbelle, le lieutenant de l'Amirauté de Marseille, qui appuyait le duc de Guise pour le contrôle des élections au consulat de la cité phocéenne, semble s'être brouillé avec son ancien patron lorsque celui-ci décida, en tant qu'amiral du Levant, de multiplier les sièges d'amirauté en Provence, lésant ainsi ses intérêts. Antoine de Valbelle se a alors vers Richelieu, le nouvel homme fort de la marine depuis 1626110. Pour superviser ses affaires maritimes, le Cardinal pouvait aussi se fier au premier président à la chambre des comptes de Provence, Henri de Séguiran, sieur de Bouc et apparenté aux Valbelle, qui obtint en 1632 de Richelieu la charge de lieutenant général de l'amirauté de Provence111. Le président de Séguiran était un ancien capitaine de galère qui avait participé au combat naval contre les Rochelais en 1622 sous la direction du duc de Guise. Il devint à partir de l'année 1632 l'un des principaux informateurs provençaux de Richelieu112. De plus, le Cardinal pouvait compter sur la fidélité de Pault-Albert de Forbin, Grand prieur de Saint-Gilles et lieutenant général des galères dès 1626, qui dirigea la flotte méditerranéenne au nom de deux neveux de Richelieu qui furent successivement nommés à la charge de général des galères, François de Vignerot, marquis de Pontcourlay et Jean-Armand de Maillé-Brézé. Richelieu le surnommait « son oracle du Paul Masson (dir.), Les Bouches-du-Rhones, op. cit.,, t. III, p. 401 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. I, p. 353, n. 1.
108 Sur le recrutement de Vincent-Anne de Forbin-Maynier, baron d'Oppède, et d'Hélie de Laisné dans la clientèle de Richelieu voir infra chapitre II. 109 A.D.B.R., B 3348 f° 316 v° ; Pierre-Joseph de Haitze, Histoire de la ville d'Aix, op. cit., t. IV, p. 168. 110 Jean-Marc David, L'amirauté de Provence et des mers du Levant, Marseille, Imprimerie Antoine Ged, 1942, p. 128-129. 111 Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance de Richelieu, inédits : années 1632-1633, publication en ligne, p. 201. Lettre de Henri de Séguiran au cardinal de Richelieu, Aix-en-Provence, le 8/10/1632. 112 Balthasar de Clapiers-Collongues, Chronologie des officiers des cours souveraines de Provence, Aix-en-Provence, Édition de la Société d'études provençales, 1904, p. 196 ; « Voyage et inspection de M. de Séguiran sur les côtes de Provence » (1633) dans Eugène Sue (éd.), Correspondance de Henri d'Escoubleau de Sourdis, t. III, Paris, Imprimerie de Crapelet, 1839
Levant »113. Enfin, conjointement à la nomination du maréchal de Vitry au gouvernement de Provence, le Cardinal obtint du roi celle d'un nouveau lieutenant général, charge qui était restée non pourvue depuis 1613. Le nouveau titulaire, Melchior Mitte, marquis de Saint-Chamond, était un gentilhomme forézien qui avait servi comme négociateur pour Richelieu auprès du légat François Barberini et du duc de Mantoue dès 1625, du duc de Savoie en 1629, de Marie de Médicis exilée à Bruxelles en 1631 et du roi et de la reine d'Angleterre en 1632114. Le Cardinal nommait ainsi un de ses hommes de confiance en Provence. Le marquis de Saint-Chamond se désignait lui-même comme « créature » de Richelieu115. Dès mai 1632, le maréchal de Vitry commença à entrer en conflit avec le parlement d'Aix. Face aux multiples plaintes provenant de la province, Louis XIII, à la demande de Richelieu, envoya le 17 septembre 1634 une lettre au maréchal de Vitry lui ordonnant de se rendre à la cour afin qu'il puisse s'expliquer sur sa conduite en Provence116. Le 8 octobre, Louis XIII et le secrétaire d'État Abel Servien firent parvenir à Saint-Chamond l'ordre de se rendre en Provence117. Or, il semblerait qu'un contre-ordre fut dépêché le 17 octobre au maréchal de Vitry, lui ordonnant de rester dans la province pour renforcer les garnisons en procédant à des levées militaires. Le maréchal de Vitry accusa Servien, son ennemi à la cour, d'être à l'origine de ces errements gouvernementaux pour le pousser à la faute118. La présence en Provence, de deux commandants militaires, pourvus d'ordres contradictoires, conduisit à un conflit d'autorité entre les deux hommes, Vitry se retranchant dans la ville de Toulon et Saint-Chamond à Marseille, tous deux réunissant des troupes. Ce ne fut que le 12 novembre qu'un ordre clair fut envoyé de Paris au maréchal de Vitry, le sommant de se rendre auprès du roi. Le gouverneur se retira autour du 22 novembre119. Saint-Chamond fit alors l'erreur de présider en janvier 1635 une assemblée des communautés de Provence, demandant le remplacement du maréchal de Vitry et proposant Paul-Martial Cousot, « Paul-Albert de Forbin, Grand prieur de Saint-Gilles, lieutenant général des galères (15801661) », Actes du 93e Congrès national des sociétés savantes : Tours, 1968, t. III, Paris, Bibliothèque nationale, 1971, p. 171196. 114
Maurice de Boissieur, « Un diplomate au XVIIe siècle. Le marquis de Saint-Chamond », Mémoires de l' cadémie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, t. X, 1910, p. 193-214 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. IV, p. 117, « Instructions au sieur marquis de Sainct-Chaumont », le 2/4/1631 ; A.D.B.R., B 3348, f° 856. 115 A.A.E., M.D. France, Provence, vol. 1702, f° 56. Lettre de Melchior Mitte, marquis de Saint-Chamond, au cardinal de Richelieu, s.l., le 30/5/1632. 116 Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. IV, p. 612. Lettre du cardinal de Richelieu à Louis XIII, Paris, le 22/9/1634 ; B. Méjanes, ms. 973 (952), ff° 95-96, R.S. du 13/5/1632 ; id., ff° 204 v°-205 v°, R.S. du 26/9/1634. 117 Sur cette affaire : Hubert Méthivier, « Un conflit d'autorité en Provence sous Louis XIII : l'affaire Vitry – SaintChamond (octobre 1634-janvier 1635) », dans Mélanges historiques et littéraires sur le XVIIe siècle offerts à Georges Mongrédien par ses amis, Paris, Publications de la Société d'étude du XVIIe siècle, t. II, 1974, pp. 17-23. 118 Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Le trésor pillé du roi. Correspondance de Richelieu. Année 1634, t. II, Paris, L'Harmattan, 2013, p. 314. Lettre d'Henri de Séguiran au cardinal de Richelieu, Aix-en-Provence, le 23 octobre 1634 ; id., p. 352. Lettre de Nicolas de L'Hospital au cardinal de Richelieu, Toulon, le 6/11/1634. 119 Pierre-Joseph de Haitze, Histoire de la ville d'Aix, op. cit., t. IV, p. 257-260 ; Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Correspondance de Richelieu. Année 1634, op. cit., t. II, p. 314. Lettre de Nicolas de L'Hospital au cardinal de Richelieu, Mondragon, le 22/11/1634. 113
166 comme candidat le propre frère ainé de Richelieu, le cardinal de Lyon Alphonse-Louis du Plessis, qui avait été archevêque d'Aix entre 1625 et 1629. L'importunité de cette demande qui déplut à Richelieu et la menace espagnole sur les côtes provençales, obligèrent le Cardinal à renvoyer le maréchal de Vitry dans son gouvernement au mois de mars 1635120. Saint-Chamond fut de nouveau employé à des missions diplomatiques et Jean de Pontevès, comte de Carcès fut nommé lieutenant général à sa place au mois d'août121. La nomination de ce membre de l'ancienne noblesse provençale, à une charge que son père avait exercée vingt- ans plus tôt, semble avoir été un moyen de mobiliser la noblesse locale en temps de guerre. En effet, alors qu'un projet de la couronne d'Espagne d'invasion des îles d'Hyères était évoqué depuis 1632, une flotte espagnole attaqua et s'empara des îles de Lérins le 15 septembre 1635122. Les opérations militaires qui s'en suivirent pour leur reprise donnèrent lieu à de nouvelles luttes de pouvoir au sein du commandement militaire en Provence123. Le commandement maritime était confié à Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, secondé par l'archevêque de Bordeaux, Henri d'Escoubleau de Sourdis. Les sept régiments d'infanterie étaient entre les mains du maréchal de Vitry. Dès septembre 1636, de graves dissensions apparurent entre les trois hommes, Vitry refusant de prêter son concours à une entreprise dont le commandement était confié au comte d'Harcourt124. Le 25 novembre 1636, le gouverneur frappa de sa canne l'archevêque de Bordeaux en plein conseil de guerre, reproduisant le geste du duc d'Épernon quatre années auparavant. Apprenant la nouvelle, Richelieu furieux écrivit au maréchal de Vitry pour se plaindre de sa conduite, tandis que dans une autre lettre il assurait Sourdis de sa protection. Seule la nécessité de ne pas déstabiliser le commandement en attendant l'attaque des îles aurait retenu le Cardinal d'engager des poursuites contre Vitry125. La situation du gouverneur était devenue extrêmement précaire malgré ses tentatives de justification126. En avril 1637, alors que les îles n'étaient toujours pas reprises et que Louis XIII et Richelieu attribuaient cet échec aux Pierre-Joseph de Haitze, Histoire de la ville d'Aix, op. cit., t. IV, p. 263-265 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. IV,
p.
678
, « Projet d'ordre a donner pour toute la France
», vers le 15/3/
1635. 121 Maurice de Boissieur, « Un diplomate au XVIIe siècle», op. cit., p. 201 ; A.D.G., B 3350, f° 503. 122 Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance de Richelieu, op. cit., 1632, p. 230-231. Lettre de Nicolas de L'Hospital au cardinal de Richelieu, La Tour d'Aigues, le 24/5/1632. 123 Hubert Méthivier, « Richelieu et le front de mer de Provence », Revue historique, t. CLXXXV, 1939, p. 137-139. 124 Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 989. Lettres du cardinal de Richelieu à Nicolas de L'Hospital et à Henri d'Escoubleau de Sourdis, abbaye de La Victoire, les et 12/9/1636 ; Eugène Sue (éd.), Correspondance, op. cit., t. I, p. 119. Lettre de François de Sublet de Noyers à Henri d'Escoubleau de Sourdis, abbaye de La Victoire, le 14/9/1636. 125 Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 708-709. Minutes de lettres du cardinal de Richelieu à Henri d'Escoubleau de Sourdis et à Nicolas de L'Hospital, s.l., le 9/12/1636 ; id., p. 709, n. 1. 126 Eugène Sue (éd.), Correspondance, op. cit., t. I, p. 193-202, « Réponse de M. le maréchal de Vitry » et « Justification du maréchal de Vitry », s.l.n.d ; id., p. 360. Lettre de Louis XIII à Henri d'Escoubleau de Sourdis, Versailles, le 16/4/1637 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. V, p. 768. Minute d'une lettre du cardinal de Richelieu à Henri II de Bourbon-Condé, s.l., le 6/4/1637. Eugène Sue (éd.), Correspondance, op. cit., t. I, p. 360. Lettre de Louis XIII à Henri d'Escoubleau de Sourdis, Versailles, le 16/4/1637 ; id., p. 437-438. Lettre d'Henri d'Escoubleau de Sourdis au cardinal de Richelieu, s.l., 6/1637. 128 Ibid., p. 370. Lettre de François de Sublet de Noyers à Henri d'Escoubleau de Sourdis, Charonne, le 9/5/1637 ; id., p. 498-500. Lettre de Charles de Guitaud à Henri d'Escoubleau de Sourdis, sur l'île Sainte-Marguerite, s.d. (9/1637) ; id., p. 501. Lettre de Louis XIII à Nicolas de L'Hospital, Fontainebleau, le 18/7/1637 ; id., p. 520. Lettre de François de Sublet de Noyers à Henri d'Escoubleau de Sourdis, Ruel, le 29/10/1637. 129 Pierre-Joseph de Haitze, Histoire de la ville d'Aix, op. cit., t. IV, p. 296-297 ; A.D.B.R., B 3351, f° 284. 130 Eugène Sue (éd.), Correspondance, op. cit., t. III, p. 84. Lettre du chevalier Paul à Henri d'Escoubleau de Sourdis, Toulon, le 12/10/1641 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), op. cit., t. VI, p. 872. Lettre du cardinal de Richelieu à Henri II de Bourbon-Condé, Chaunes, le 19/9/1641. 131 Pierre-Joseph de Haitze, Histoire de la ville d'Aix, op. cit., t. IV, p. 390 ; A.A.E., M.D. France, Provence, vol. 1716, f° 266. Lettre anonyme au cardinal Mazarin, s.l.n.d (mars 1650). 132 Sur les recompositions politiques à
cour au début de la régence, on consultera avec profit Jean-Marie Constant, « Langue de bois et lutte de pouvoir : la cabale des Importants de 1643 », dans Bernard Barbiche, Alain Tallon, Jean127 168 Si Henri II de Bourbon-Condé atteint un niveau de pouvoir inédit en étant promu chef du conseil de régence, il ne fut pas seul à gérer l'héritage politique de Richelieu. L'ancienne créature du Cardinal, Jules Mazarin, appelé au Conseil et nommé ministre d'État par Louis XIII après la mort de l'homme rouge, apparut très vite comme un successeur potentiel à Richelieu. Enfin, dans les luttes d'influence, devait aussi être pris en considération Gaston d'Orléans, l'ancien opposant au Cardinal, devenu sous la régence lieutenant général du royaume. Les luttes de pouvoir au sein de ce triumvirat remirent en cause le compromis forgé durant les années 1630 entre le prince de Condé et le cardinal de Richelieu. Les attributions des charges de gouverneur et les configurations clientélaires qui en découlaient dans les provinces méridionales en furent profondément affectées. Bernard de Nogaret de La Valette, second duc d'Épernon depuis le décès de son père, fut rappelé à la cour par Louis XIII dès la mort de Richelieu. Grâce à la protection du cardinal Mazarin et de la régente, il fut rétabli dans son gouvernement de Guyenne le 13 août 1643 et fit enregistrer son pouvoir par le parlement de Bordeaux le 21 août suivant. La régence s'ouvrait ainsi par une perte nette pour le chef du clan condéen et le duc d'Épernon accusait encore en 1646 Henri II de Bourbon-Condé de vouloir l'exclure de son gouvernement en faveur de son fils le duc d'Enghien, Louis II de Bourbon-Condé133. Le duc d'Épernon obtint de même de recouvrer le gouvernement du château Trompette où il installa l'un de ses hommes, M. du Haumont134. En Languedoc, le prince de Condé perdit de la même manière l'autorité qu'il avait commencé à bâtir dans la province, alors que celle-ci faisait partie de ses premières revendications auprès de la régente135. Néanmoins, cela ne fut pas pour le maréchal de Schomberg un parfait rétablissement de son pouvoir. Le gouvernement fut en effet attribué au duc d'Orléans, « pour l'oster à M. le Prince, qui en mouroit d'envie » selon Nicolas Goulas, le plaçant à la tête d'une province qu'il avait cherché à soulever douze ans plus tôt136. Nommé le 25 avril 1644, Gaston d'Orléans fit vérifier son pouvoir par le parlement de Toulouse le 4 juin 1644. Le maréchal de Schomberg dut aussi se défaire des gouvernements de la ville et de la citadelle de Montpellier et du fort de Brescou que le duc d'Orléans confia à deux de ses créatures, François-Jacques d'Amboise, comte d'Aubijoux Jean-Baptiste Gaston de Lancy, marquis de Raray. En échange, l'ancien gouverneur dut accepter le gouvernement du Pont-Saint-Esprit de la part du duc Pierre Poussou (dir.), Pouvoirs, contestations et comportements dans l'Europe moderne. Mélanges offerts à Yves-Marie Bercé, Paris, P.U.P.S., 2005, p. 631-644. 133 A.D.G., 1B 25, f° 41 v° ; A.M.Bx., ms. 789, ff° 404-407, R.S
.
du 21
/8/1643
;
Arch. hist. Gir., t. II, p. 10. Lettre de Bernard de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, au cardinal Mazarin, Bordeaux, le 11/10/1643 ; id., t. IV, p. 271. Lettre de Bernard de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, au cardinal Mazarin, Bordeaux, 12/1646. 134 Inventaire sommaire, op. cit., t. III, p. 212. 169 d'Orléans, ainsi que de la part de la régente celui de la ville de Metz accompagné d'un grand dédommagement en argent. Surtout, il négocia avec le favori du duc d'Orléans, l'abbé de La Rivière, afin de conserver le titre de lieutenant général du Languedoc et de jouir des mêmes pouvoirs et émoluments dont il jouissait en tant que gouverneur137. Du fait de l'absence du duc d'Orléans, retenu à la cour pour exercer son pouvoir au sein du Conseil de régence et de lieutenant général du royaume, le maréchal de Schomberg espérait rester le véritable gouverneur en acte dans la province. Protégé durant ces tractations par le cardinal Mazarin, Schomberg fut néanmoins recherché par les clients du duc d'Orléans afin qu'il défende les intérêts de leur patron dans le Languedoc, lui proposant même de lui faire épouser La Grande Mademoiselle138. Mais le voyant défavorable à ce rapprochement, la clientèle de Gaston d'Orléans s'ingénia à discréditer le maréchal de Schomberg dans la province et celui-ci finit par se défaire de sa charge de lieutenant général au début de l'année 1647 en échange de celle de colonel général des gardes suisses139. Entre 1645 et 1649, le duc d'Orléans obtint enfin la nomination de trois de ses propres clients aux charges de lieutenants généraux qui avaient été exercées depuis 1632 par des soutiens de Richelieu. François-Jacques d'Amboise, comte d'Aubijoux fut nommé pour le Haut-Languedoc, Louis de Cardaillac et Lévis, comte de Bioule, pour le Bas-Languedoc et Scipion Grimoard de Beauvoir, comte du Roure, pour les Cévennes. Tous les trois avaient été inquiétés en 1632 pour leur participation à la « de Monsieur » en Languedoc140. En Provence, le gouvernement resta entre les mains du comte d'Alais jusqu'à la Fronde. Il fut soutenu à la cour par Henri II de Bourbon-Condé, puis par le fils de celui-ci qui lui succéda comme chef de clan en 1646, Louis II de Bourbon-Condé141. Au contraire, la relation du comte d'Alais avec Mazarin se dégrada lorsqu'il refusa en 1648 de donner pour époux à sa fille le neveu du Cardinal, alliance recherchée par ce dernier depuis 1647. Ce faisant, le gouverneur de Provence se soumettait aux intérêts claniques expressément recommandés par le Grand Condé142. Dans la province, cette divergence d'intérêt se fit ressentir dans les rapports qu'entretint le frère A.D.H.-G., B 1916, f° 253 v° ; Charles Constant (éd.), Mémoires de Nicolas Goulas, op. cit., t. II, p. 22 ; Charles Baillon (éd.), Mémoires de Philippe Boudon, sieur de La Salle (1626-1652), Paris, Léon Techener, 1870, p. 115-117. 138 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1634, f° 37. Lettre de Jean-Baptiste Baltazar au cardinal Mazarin, s.l., le 23/2/1644 ; id., f° 44. « Mémoire de l'intendant Jean-Baptiste Baltazar au sujet des affaires du Languedoc », s.l., le 9/8/1644. 139 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1634, f° 75, « Mémoire pour Monseigneur le cardinal [Mazarin] » de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, s.l., le 5/2/1645 ; id., f° 89. Lettre de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, au cardinal Mazarin, s.l., le 17/2/1645 ; id., f° 264, « Mémoire de M. Baltazar », s.l.n.d. (début 1637). 140 A.D.H.-G., ms. 193, f° 66 v° ; id., B 1917, f° 80. 141 Katia Béguin, Les princes de Condé, op. cit., p. 78-79. 142 A.C., série P, t. II, f° 65. Lettre de Louis-Emmanuel de Valois, comte d'Alais à Louis II de Bourbon-Condé, Aixen-Provence, le 10/5/1648 ; Adolphe Chéruel (éd.), Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère, t. II, Paris, Imprimerie nationale, 1879, p. 882. Lettre du cardinal Mazarin à Louis-Emmanuel de Valois, comte d'Alais, Paris, le 12/4/1647 ; id., t. III, p. 1037. Lettre du cardinal Mazarin à Louis-Emmanuel de Valois,
comte d'Alais, Paris, le 3/7/1648. 137 170
du Cardinal-ministre, Michel Mazarin, installé à l'archevêché d'Aix en 1645, avec le comte d'Alais. Alors qu'il fut dépêché en Provence avec pour ordre formel du Cardinal de cultiver l'amitié du gouverneur, les deux hommes commencèrent à s'affronter à partir de 1648, réunissant autour d'eux des factions provinciales hostiles143. Pour le comte d'Alais, le Cardinal ne pouvait être un soutien fiable à la cour, ce dont il avait fait l'expérience amère dès 1646 lorsque Mazarin lui refusa le gouvernement de Toulon et y installa l'un de ses propres clients144. Entre l'accession de Richelieu au Conseil du roi et la Fronde, les relations des gouverneurs des provinces méridionales avec l'autorité royale connurent différentes configurations qui se succédèrent. Trois périodes peuvent être distinguées. La décennie qui courut de 1624 à 1634 se caractérisa par une mise au pas de gouverneurs hostiles au dispositif du pouvoir voulu par Louis XIII et qui renforçait les positions du cardinal de Richelieu et du prince de Condé au sein de l'État. II. MAGISTRATURE PROVINCIALE ET GOUVERNEURS : LUTTES D'INFLUENCE ET CLIENTELISME
Les gouverneurs et lieutenants généraux qui se succédèrent à la tête des provinces méridionales des années 1620 à la Fronde, ainsi que tous les hommes forts pourvus d'une parcelle d'autorité militaire en province, cherchèrent à s'assurer du soutien de membres de la magistrature provinciale. La constitution de ces réseaux d'alliés permettait de s'assurer de la coopération des parlements ou, en cas d'affrontement, de bloquer leur opposition en semant la division au sein des compagnies. Tous les gouverneurs, quelque soit le destin historiographique de leur relation avec les parlements, des brutaux ducs d'Épernon au « père de la patrie145 » Gaston d'Orléans, veillèrent à se forger une clientèle parmi les parlementaires et attirèrent à eux des juges satisfaits de pouvoir jouir d'une puissante protection. La quête de ces soutiens faisait partie des luttes de pouvoir qui caractérisaient la vie politique au sein de l'État. Les gouverneurs cherchèrent par ailleurs à être secondés par des intendants qui appartenaient à leur clientèle, alors que ces magistrats acquéraient de nouvelles responsabilités dans les provinces qui les mettaient souvent en porte-à-faux avec les parlements. Néanmoins, ces clientèles ne sont pas aisées à reconstituer du fait de la nature non officielle de ces allégeances. Depuis le milieu du XVIe siècle, il était ainsi expressément interdit aux officiers des parlements de s'attacher à un membre de l'aristocratie. À l'issue de la Fronde, l'interdiction dut à nouveau être réitérée, tant la pratique était courante et avait participé de l'exacerbation des troubles146. est donc le plus souvent au détour des correspondances et des mémoires que peuvent se dessiner ces alliances. 1. Un parti du gouverneur aux parlements
En Languedoc, Henri II de Montmorency aurait entretenu de nombreux liens avec les magistrats du parlement de Toulouse147. Vient à l'appui de cette idée, comme le rapportent les histoires du temps, la scène de la condamnation à mort du gouverneur du Languedoc par la Jean-Marie Constant, Gaston d'Orléans. Prince de la liberté, Paris, Perrin, 2013, p. 319. A.D.H.-G., B 1905, ff° 159 et 186 ; id., B 1917, f° 199. 147 William Beik indiqua des pistes de recherche quant aux clientèles en Languedoc dans William Beik, Absolutism and Society, op. cit., p. 234-243. Nous nous attachons ici à préciser les clientèles des gouverneurs au parlement de Toulouse. 145 146 172 compagnie, les juges toulousains ne prononçant pas un mot et se réfugiant chez eux pour pleurer à chaudes larmes148. Mais au-delà de l'anecdote, dès lors qu'il s'agit de repérer nominativement des magistrats étroitement liés au duc Montmorency, l'enquête apparaît beaucoup plus malaisée. L'une des principales difficultés provient de la disparition de la majeure partie de la correspondance du gouverneur. Néanmoins, la consultation de celle de son père, le connétable Henri Ier de Montmorency, permet de repérer les magistrats qui, une génération auparavant, appartenaient à la clientèle montmorencienne. Le connétable avait contrôlé la nomination à la première présidence du parlement de Toulouse en 1600 et en 1611. En 1600, il imposa son client, le président au parlement de Paris Nicolas de Verdun, contre les trois candidats proposés selon la procédure locale par le parlement de Toulouse, qui étaient d'anciens ligueurs149. En 1611, François de Clary, juge-mage de Toulouse maître des Requêtes et l'un des principaux informateurs du connétable à Toulouse, fut nommé pour remplacer Verdun150. Après la mort du connétable, François de Clary se défit de sa charge de premier président en 1615 en faveur de son beau-fils Gilles Le Mazuyer, protégé de Marie de Médicis et de Concini, malgré l'opposition de l'ancien ligueur Antoine-Jean de Paulo et de ses alliés151. Il est probable qu'Henri II de Montmorency, comme son père, veilla à exclure des premières responsabilités au sein du Parlement les anciens ligueurs. Gilles Le Mazuyer se révéla par la suite, durant les années 1620, un soutien important du duc de Montmorency pour ses entreprises militaires en Languedoc contre les réformés152. En revanche, Jean de Bertier, baron de Montrabe, qui succéda à Le Mazuyer dans la charge de premier président grâce à Richelieu en février 1632, ne semble pas avoir entretenu de liens étroits avec les Montmorency. Durant la Ligue, son oncle le président de Paulo appartenait à la clientèle des Guise et Jean de Bertier commença sa carrière au Parlement sous les auspices du duc de Mayenne153. Son père, le président Philippe de Bertier tenta A.D.H.-G., M. Perrier (copiste), Histoire du Parlement de Toulouse, t. III (1589-1643), 1877, ff° 522-523. Il s'agit de l'analyse de la scène qui est faite par Hélène Fernandez-Lacôte, Les procès du cardinal de Richelieu. Droits, grâce et politique sous Louis Le Juste, Seyssel, Champ Vallon, p. 169-170. 149 A.C., série L, t. LIII, f° 212
. Lettre du parlement de Toulouse à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 26/5/1600
; id.
, t.
LIV
, f° 240. Lettre de Jean de Paulo à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 1/7/1600 ; JeanBaptiste Dubédat, Histoire du parlement de Toulouse, t. I, Paris, Arthur Rousseau, 1885, p. 644. 150 A.C., série L, t. LIII, f° 183. Lettre de François de Clary à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 21/5/1600 ; id., t. LVI, f° 15. Lettre de François de Clary à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 28/11/1600 ; id., f° 126. Lettre de François de Clary à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 19/12/1600 ; id., t. LXXXVIII, f° 9. Lettre de François de Clary à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 16/7/1607 ; A.D.H.-G., ms 147, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 57-58. 151 Marquis de Chantérac (éd.), Journal de ma vie, op. cit., t. I, p. 391 ; A.D.H.-G., ms 147, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 153-157. Il s'agit des présidents Jean-Gaubert de Caminade, époux d'une nièce de Paulo, Jean de Bertier, neveu de Paulo, et Jean de Maniban, non apparenté. 152 A.D.H.-G., ms 147, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 211-224 ; A.D.H.-G., M. Perrier (copiste), Histoire du Parlement de Toulouse, op. cit., t. III, f° 428. 153 Germain de La Faille, Annales de la ville de Toulouse, t. II, Toulouse, 1701, p. 419 ; A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n° 48, f° 96. A.C., série L, t. XLIII, f° 93. Lettre de Philippe de Bertier à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, le 28/8/1598 ; A.D.H.-G., ms 147, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 270-276. 155 A.C., série L, t. XLVI, f° 25, t. LXII, ff° 99 et 207, t. LXIV, f° 181, t. LXVI, f° 111 et t. LXXXVIII, f° 108. Lettres de Jean de Potier de La Terrasse à Henri Ier de Montmorency, La Terrasse, le 12/1/1599, Castres, les 3/11 et 26/12/1601, 3/3 et 15/8/1602 et 13/8/1607. 156 A.C., série L, t. LII, f° 2 et t. LIII, f° 183. Lettres de Jean-Gaubert de Caminade à Henri Ier de Montmorency, Toulouse, les 1/1 et 25/5/1600. 157 Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance de Richelieu, 1632-1633, op. cit., p. 155. Lettre de Louis Lemaître, sieur de Bellejambe, au cardinal de Richelieu, Toulouse, le 11/8/1632. 158 A.C., série L, t. LXVII, f° 269. Lettre de Claude de Saint-Félix à M. Castillon, secrétaire du duc de Montmorency, Castres, le 30/10/1602. 159 A.D.H.-G., M. Perrier (copiste), Histoire du Parlement de Toulouse, op. cit., t. III, f° 336. A.C., série L, t. LXXXVIII, f° 210. Lettre de Pierre de Barthélemy, sieur de Grammont, Toulouse, le 30/9/1607. 160 A.D.H.-G., ms 147, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 186-197 ; Antonin Cros Mayrevieille (éd.), « Mémoire touchant les familles plus ancienne de la Ville de Carcassone (XVIIe siècle) », Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, t. 2, 1906, p. 90-103.
Son successeur, le maréchal de Schomberg, ne semble pas avoir entretenu une clientèle parlementaire très étoffée. Schomberg résidait le plus souvent dans le Bas-Languedoc, à Montpellier tout particulièrement, ville dont il était aussi gouverneur, puis, à partir de l'été 1635, il fut fréquemment retenu par ses obligations militaires sur le front le long de la côte languedocienne161. Le gouverneur ne vint à Toulouse qu'à quatre reprises entre 1633 et 1647 et il eut donc davantage affaire à la cour des comptes, aides et finances de Montpellier qu'au Parlement162. Le président Pierre Desplats, sieur de Gragnague, semble avoir été attaché au service de son père, le premier maréchal de Schomberg avec qui il collabora, et avoir joui de la protection particulière du gouverneur163. Le conseiller Christophe de Maynard de Lestang était aussi l'un de ses protégés164. Schomberg put aussi intercéder auprès de Richelieu en faveur du président Jean-Gaubert de Caminade en 1633, ancien client montmorencien, soulignant à la fois la versatilité des engagements clientélaires et l'importance pour les gouverneurs de s'assurer de l'appui des principaux magistrats, même ceux dont la fidélité pouvait être la plus douteuse165. Si le partage d'un patron commun, le cardinal de Richelieu, avait dû rapprocher le maréchal de Schomberg du premier président Jean de Bertier, il semble que le gouverneur n'eut jamais totalement confiance en ce magistrat, sans pour autant se retenir de collaborer avec lui lorsque le nécessitaient les affaires militaires en Languedoc. Bertier put ainsi relayer les demandes du maréchal de Schomberg auprès du capitoulat de Toulouse à plusieurs occasions166. Le clientélisme du gouverneur vis-à-vis du parlement de Toulouse apparaît ainsi relativement distant. Au contraire, Henri II de Bourbon-Condé qui supplanta puis écarta entre 1638 et 1642 le maréchal de Schomberg du gouvernement du Languedoc veilla à s'attirer des fidélités A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1629, f° 47, « Memoire général de l'estat present de la province, des places, et des choses sur lesquelles j'attends les commandements de Monseigneur le Cardinal » de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, s.l.n.d. (juillet 1635) ; Alexandra Lublinskaya (éd.), Documents pour servir à l'Histoire de France.
Lettres et me moires adressées au
chancelier P. Séguier (
1633-
1649), Leningrad, Académie des
sciences
, 1966
, p.
55. Lettre de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, à Pierre Séguier, Montpellier, le 21/12/1643 162 A.D.H.-G., ms 148, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 5-9 et 25-27 ; A.M.T., BB 30, f° 301 ; id., BB 31, f° 5 v° ; id., BB 32, f° 244 v° ; id., BB 33, f° 286 v° ; A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1630, f° 364. Lettre des officiers de la cour des comptes, aides et finances de Montpellier au cardinal Richelieu, Montpellier, le 26/1/1638 ; id., f° 366. Lettre de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, au cardinal de Richelieu, s.l.n.d. (janvier 1638) ; id., vol. 1634, f° 249. Lettre de Jean-Baptiste Baltazar au cardinal Mazarin, s.l., le 9/10/1646. 163 B.n.F., coll. Baluze, ms. 339, f° 39. Lettre de Jean-Baptiste Baltazar à Denis Charpentier, s.l.n.d. 164 A.C., série M, t. XXII, f° 296. Lettre de Paul Ducros à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, le 26/4/1641. 165 B.n.F., ms. fr. 9354, f° 149. Lettre de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, au cardinal de Richelieu, Castres, le 13/9/1633. 166 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1629, f° 181, « Mémoire pour Monsieur le vicomte d'Arpajon » de la main du secrétaire de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, s.l.n.d. (juin 1635) ; A.M.T., BB 30, f° 381 ; id., BB 31, f° 141.
Malheureusement, lorsque le Fonds Bertier, auparavant conservé au château de Pinsaguel, a été versé aux A.D.H.-G., les donateurs en ont retenu les liasses 77, 80 et 81, qui contenaient des lettres de Louis XIII, de Louis XIV, de Richelieu et des gouverneurs au premier président et qui auraient sans doute permis de préciser la nature exacte des rapports entretenus par Bertier avec le maréchal de Schomberg. Toutes nos démarches pour accéder à cette correspondance ont échoué. 161 175 parlementaires toulousaines. Dès 1635, le premier président Jean de Bertier cultivait son attachement au prince de Condé en le complimentant sur les thèses soutenues par son jeune fils, écrivant « avec toute la France que ce [n'était] qun commencement des grandes merveilles quon [attendait] de Monseigneur le duc Denghien167 ». Le premier président collabora efficacement avec le prince de Condé lorsque celui obtint le commandement des armées royales en Languedoc168. Bertier contrôla par ailleurs pour Condé les nominations au capitoulat de Toulouse169. En échange le premier président lui demanda à l'occasion le retrait de troupes logées sur les propriétés de son gendre, le conseiller Jean de Garibal, ou de protéger les intérêts de ce même gendre en Provence170. Toujours en matière militaire, les conseillers Pierre de Rességuier et Guillaume Masnau, sieur de Bousignac, furent employés par Condé pour l'exécution de commissions pour financer la guerre171. Par ailleurs, des intérêts financiers propres au Prince attirèrent à son service d'autres magistrats toulousains. L'avocat général Jacques de Marmiesse était ainsi intendant des affaires du prince dans le ressort du parlement de Toulouse et disait tenir sa charge au sein de la compagnie de la seule volonté de ce dernier172. La politique foncière du Prince, orientée vers la reconstitution du patrimoine des Montmorency entre ses mains, lui fit procéder à des rachats de terres en Languedoc173. Les affaires financières liées à ces transactions attirèrent dans sa clientèle le président aux Enquêtes Gabriel II de Barthélemy de Grammont, ainsi que son frère le conseiller François de Barthélemy de Beauregard174. Ces deux magistrats, fils d'un client du duc de Montmorency, devenaient ainsi factotum des intérêts condéens en Languedoc. Même après la mort de Condé, le président de Grammont resta intendant des affaires de la princesse douairière et chef de son conseil en Guyenne et au Languedoc175. Les conseillers Rességuier et Masnau étaient des cousins du président de Grammont176. Le président Pierre II de A.C., série M, t. VI,
f
° 261 v°
. Lettre de Jean de Bertier à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, le 3/9/1635. A.C., série M, t. XVII, f° 389, t. XX, f° 85, t. XXI, f° 407, t. XXI, f° 452, t. XXII, f° 450, t. XXIII, f° 68, t. XXIII, f° 313 et t. XXV, f° 244. Lettres de Jean de Bertier à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, les 21/9/1639, 7/7 et 25/9/1640, s.d., (juillet 1640), 21 et 25/5, 12/6 et 14/9/1641. 169 A.C., série M, t. XXIII, f° 107. Lettre de Guillaume de Masnau, sieur de Bousignac, à Henri II de BourbonCondé, Toulouse, le 24/5/1641 ; id., t. XXVI, f° 209. Lettre de Jean de Bertier à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, le 15/11/1641. 170 A.C., série M, t., XXII, f° 350 et t. XXIV, f° 341. Lettres de Jean de Bertier à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, les 5/5 et 3/8/1641. 171 A.C., série M, t., XIX, f° 227. Lettres de Pierre de Rességuier à Charles de Machault, Toulouse, le 2/4/1640 ; A.D.H.-G. B 1879, Affaires du Roi et du Public, t. I, ff° 284-285. 172 A.C., série M, t. XIII, f° 168, t. XX, ff° 64 et 123 et t. XXV, f° 230. Lettres de Jacques de Marmiesse à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, les 14/4/1638, 31/6 et 16/7/1640 et 13/9/1641 ; id., série P, t. I, f° 67. Lettre de François de Chévery, chevalier de La Rivière à Louis II de Bourbon-Condé, Paris, le 3/5/1647. 173 Katia Béguin, Les princes de Condé, op. cit., p. 34. 174 A.C., série M, t. XIX, f° 395. Lettre de Gabriel de Barthélemy de Grammont à Jean Perrault, s.l.n.d. (Paris, 1640) ; id., t. XX ; f° 26. Lettre de Gabriel Roquette à Henri II de Bourbon-Condé, Toulouse, le 23/6/1640. 175 A.C., série P, t. VIII, f° 111. Lettre de Gabriel de Barthélemy de Grammont à Jean de Veyrac, baron de Paulhan, Toulouse, le 12/7/1650. 176 Alexandra Lublinskaya (éd.), op. cit., p. 68. Potier, sieur de La Terrasse, suivit une logique comparable. Alors que son père appartenait à la clientèle montmorencienne, il chercha à obtenir les grâces du Prince pour lui et son fils, Étienne II de Potier de La Terrasse177. Deux pôles de ralliement au clientélisme condéen se dégagent ainsi au sein du parlement de Toulouse. À la collaboration fiscale et militaire d'un Jean de Bertier s'ajoutait un groupe anciennement attaché aux intérêts montmorenciens en Languedoc, réorientant leur fidélité vers le prince de Condé qui apparaissait, malgré son ralliement à Richelieu, comme le véritable héritier du clan Montmorency. Le duc d'Orléans fut, d'une manière différente, lui aussi perçu en Languedoc comme un continuateur du dernier Montmorency et de sa clientèle. Après Castelnaudary, une partie de la noblesse languedocienne fit son entrée dans la clientèle du frère de Louis XIII, souvent, pour les plus compromis, pour échapper à la répression menée par les hommes de Richelieu et de Condé178. En 1644, lorsque Gaston d'Orléans fut nommé à la tête du Languedoc, ces hommes se trouvèrent en position de force dans leur province. Parmi eux, certains étaient apparentés aux magistrats toulousains, donnant à ces juges un accès privilégié au palais du Luxembourg. Amans de Barthélemy, surnommé le « petit Gramond179 », le chambellan du duc d'Orléans, était ainsi un autre frère du président aux Enquêtes Gabriel II de Barthélemy de Grammont180. Amans de Barthélemy joua un rôle de médiateur entre le duc d'Orléans et les États de Languedoc, et fit l'acquisition de la baronnie de Lanta en 1647 qui lui permit d'y siéger181. Son frère le président de Grammont, joua un rôle similaire pour le duc d'Orléans auprès du Parlement et du capitoulat de Toulouse182. De la même façon, Jean de Lordat, sieur de Bram, qui est décrit par un capitoul de Toulouse comme une « personne confidente dans la maison de Monsieur » et qui obtint le gouvernement de la ville de Carcassonne, était le beau-frère du président Étienne II de Potier de A.C., série M, t. XIX, f° 72 et t. XXIII, f° 401. Lettres de Pierre de Potier, sieur de La Terrasse, à Henri II de Bourbon-Condé, Castres et Toulouse, les 25/1/1640 et 18/6/1641. 178 C.E.J. Caldicott, « Le gouvernement de Gaston d'Orléans », op. cit., p. 25-28. Malheureusement pour nous, si JeanMarie Constant prête une grande attention à l'entourage curial du duc d'Orléans, il n'évoque pas du tout sa clientèle provinciale (Jean-Marie Constant, Gaston d'Orléans, op. cit., p. 168-185). De même, Pierre Gatulle prête peu d'attention au duc d'Orléans gouverneur du Languedoc, et ne mentionne pas de magistrats toulousains parmi ses clients (Pierre Gatulle, Gaston d'Orléans. Entre mécénat et impatience du pouvoir, Seyssel, Champ Vallon, 2012, p. 374-398). 179 Un autre « Gramont » est au service du duc de Montmorency en 1632, selon le biographe du duc, sans pour autant qu'il soit assuré qu'il s'agisse du même personnage.
Simon Duc
ros
, Mémoires,
op
. cit., p. 237 ; Louis Monmerqué (éd.), Les historiettes, op. cit., t. VIII, p. 36-40. 180 Sur Amans de Barthélemy dans la maison du duc d'Orléans, voir Charles Constant (éd.), Mémoires de Nicolas Goulas, t. I, p. 406, 409 et 419, t. II, p. 329-330 et 466 et t. III, p. 399. 181 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1634, f° 98. Lettre de Claude de Rebé au cardinal Mazarin, Narbonne, le 25/3/1645 ; id., f° 106. Lettre de Charles de Schomberg, duc d'Halluin, au cardinal Mazarin, Narbonne, le 26/3/1645 ; Clément Tournier, « Deux grandes dames de Toulouse romanisantes aux XVIIe et XVIIIe siècles », Revue historique de Toulouse, t. XII, 1925, p. 281. 182 A.D.H.-G., ms 149, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 191-192 ; A.M.T
La Terrasse, lui donnant ainsi accès au duc d'Orléans183. Les présidents de Grammont et de La Terrasse étaient donc liés à la fois aux intérêts condéens et orléanistes en Languedoc. Potier de La Terrasse fut accusé d'être « chef de party pour les princes » en 1652, c'est-à-dire précisément lorsque, dans un basculement d'alliance, le duc d'Orléans apporta son soutien au Grand Condé contre le cardinal Mazarin et la régente184. En Guyenne, Jean-Louis de Nogaret de La Valette, premier duc d'Épernon, cultiva aussi des liens avec certains magistrats bordelais. Parmi ceux-ci, se distinguent dans les années 1620 le président François de Pichon et le conseiller Jean de Briet. En janvier 1627, le président de Pichon refusa d'être évincé par ses confrères d'une délibération qui portait sur le gouverneur auquel il semblait attaché et il fut exclu en conséquence du palais durant trois mois par la compagnie. Durant cette délibération agitée, Jean de Briet fut de la même manière désigné comme affidé au gouverneur185. Tous deux se brouillèrent néanmoins avec le duc d'Épernon au cours des années 1630, alors que son étoile palissait à la cour. Le conseiller de Briet se détacha de la clientèle du gouverneur semble-t-il après que celui-ci ait fait bastonner à mort son fils unique en 1632. Le président de Pichon rompit en 1637 avec le duc d'Épernon lorsque celui-ci refusa de lui rendre justice après que le lieutenant de ses gardes ait injurié son fils, Bernard de PichonLongueville, alors conseiller au Parlement186. Durant les années 1630, les partisans du duc d'Épernon se rencontraient surtout dans la parenté des présidents Sarran de Lalanne et Arnaud de Pontac. Le président de Lalanne, malgré son appartenance à la clientèle de Richelieu, était tout autant un protégé du duc d'Épernon. Son cousin, le président de Pontac, se disait apparenté au gouverneur et fut l'un de ses exécuteurs testamentaires187. En novembre 1637, lorsque la compagnie décida de porter au roi des remontrances contre le duc d'Épernon, sur les quinze magistrats qui décidèrent de ne pas être associés à la délibération, dix apparaissent alliés à ces deux présidents188. La clientèle épernoniste au Parlement comptait aussi le conseiller Bernard d'Arche, dont le père avait été juge général des terres de la maison de Candale appartenant au gouverneur. Son frère, Henri d'Arche, doyen du chapitre de Saint-André grâce à l'appui du M. Brégail, « M. de Salinié, syndic des Capitouls de Toulouse. Épisodes de la Fronde », Revue de Gasc
, t. XLI, 1900, p. 47. 184 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1636, f° 49 v°. Lettre de Jean-Baptiste-Gaston de Maugiron au cardinal Mazarin, Toulouse, le 8/5/1652 ; id., f° 75. Lettre de Guy de Maniban au cardinal Mazarin, Toulouse, le 20/6/1652. 185 A.M.Bx., ms. 786, ff° 302-311, R.S. du 9/1/1627. 186 Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre. La congrégation des Feuillants dans l'affirmation des États et des pouvoirs princiers (vers 1560-vers 1660), Paris, Publications de la Sorbonne, Paris, 2006, p. 470 ; Jean de Gaufreteau, Chronique Bordeloise, op. cit., t. II, p. 165, 229-230 et 236. 187 A. Grellet-Dumazeau, « Les faux monnayeurs de Guyenne », Revue de Paris, t. V, septembre-octobre 1912, p. 190 ; A.M.Bx., ms. 788, ff° 573-575, R.S. du 18/11/1637 ; B.M.Bx., ms. 1501, ff° 334-335, R.S. du 13/7/1651 ; Arch. hist. Gir., t. gouverneur, affronta l'archevêque de Bordeaux Henri d'Escoubleau de Sourdis dans les affaires de l'Église bordelaise189. Comme les Montmorency, le duc d'Épernon essaya d'avoir un premier président au parlement de Bordeaux qui soit favorable à ses intérêts. En 1633, lorsqu'il prit connaissance d'une rumeur annonçant que le premier président Antoine d'Aguesseau cherchait à se défaire de sa charge, il écrivit à son allié politique le garde des Sceaux Pierre Séguier pour obtenir la nomination d'un de « [ses] meilleurs amys190 ». Mais d'Aguesseau, client de Richelieu, ne fut pas remplacé. Le contrôle de cette charge apparaissait stratégique pour le gouverneur, ayant eu affaire entre 1622 et 1628 au premier président Marc-Antoine de Gourgues, un magistrat qui lui fut très hostile191. Le développement par l'archevêque de Bordeaux de sa propre clientèle représenta tout autant une menace pour le duc d'Épernon dans les années 1630. Jean de Briet passa ainsi au service de l'archevêque. Il le rencontra peut-être durant le siège de La Rochelle où Sourdis, alors évêque de Maillezais, officiait comme intendant de l'artillerie et durant lequel Briet fréquenta les milieux gouvernementaux192. Autre transfuge de la fidélité épernoniste, le président Joseph Dubernet, dont l'oncle paternel avait été juge général des terres de la maison de Candale, devint contraire au duc d'Épernon au milieu des années 1620 et intégra dans les années 1630 la clientèle sourdiste193. La protection de l'archevêque lui permit l'obtention de la première présidence en Provence 1636 et Sourdis chercha en 1637 à lui obtenir une charge identique à Bordeaux194. Avec les conseillers Joseph d'Andrault, Geoffroy de Malvin, Pierre de Ragueneau et Jean-Guy de Voisin, le président Dubernet et le conseiller Briet appartenaient au groupe de magistrats bordelais que Sourdis chercha à protéger des actes de violence et d'intimidation des hommes du duc d'Épernon en 1634195. Le conseiller Joseph d'Andrault évoquait dès 1633, dans une lettre à Séguier, les menaces dont il fit l'objet de la part du gouverneur durant les années 1620196. Du fait de cette profonde inimitié, le conseiller d'Andrault fut toujours associé aux clientèles opposées aux intérêts Antoine de Lantenay, Mélanges de biographie et d'histoire, Bordeaux, Librairie Feret et fils, 1885, p. 212-241. Arch. hist. Gir., t. III, p. 224. Lettre de Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, à Pierre Séguier, Bordeaux, le 20/3/1633. 191 Louis de Villepreux, « Le premier président de Gourgues et le duc d'Épernon », Revue critique de législation et de 189 190 jurisprudence, t. XXXVI, 1870, p. 346-372, 420-455 et 508-535 et t. XXXVII, 1870, p. 171-185. Jean de Briet avait déjà servi comme intendant de justice dans l'île de Ré en 1623. Michel Antoine, « Genèse de l'institution des intendants », Journal des savants, 1982, n° 3-4, p. 304, n. 73 ; Philippe Tamizey de Larroque, « Denis Guillemin à Bordeaux », Revue catholique de Bordeaux, 1897, p. 711. 193 A.M.Bx., ms. 785, f° 965, R.S. du 12/5/1626 ; id., ms. 786, f° 306, R.S. du 9/1/1627. 194 B. Méjanes, ms. 950 (634), f° 78 ; Arch. hist. Gir., t. XIV, p. 511. Lettre d'Henri d'Escoubleau de Sourdis à Denis Charpentier, Theouse, le 9/3/1637. 195 A.D.G., G 535, pièce intitulée « Plainctes contre Monsieur Despernon », f° 3. 196 Arch. hist. Gir., t. XVIII, p. 420. Lettre de Joseph d'Andrault à Pierre Séguier, Bordeaux, le 21/3/1631. 192 179
épernoniste. Lorsque le duc d'Épernon fut déchu de son gouvernement de Guyenne en 1638, Joseph d'Andrault se révéla l'un des plus fermes partisans du prince de Condé qui le remplaça. À Bordeaux, Condé cultiva un parti au sein du Parlement qui se révèle non pas plus important, mais davantage politisé que celui qu'il put construire en Languedoc. Le premier président Antoine d'Aguesseau joua à Bordeaux un rôle similaire à celui exercé par Jean de Bertier en faveur du prince de Condé à Toulouse. Il s'as ainsi pour le Prince du contrôle des nominations à la jurade dès 1638 et il s'employa par la suite à obtenir la collaboration des magistrats du Parlement avec Condé197. Le président Guillaume Daffis logeait le Prince lorsqu'il venait à Bordeaux198. Mais les véritables relais condéens au sein de la compagnie furent trois conseillers, Joseph d'Andrault, Sauvat de Pomiès-Francon et Pierre de Blanc de Mauvesin199. S'ils furent amenés à agir en faveur des affaires patrimoniales et financières condéennes, en particulier lorsque Henri II de BourbonCondé fit l'acquisition en 1641 du duché d'Albret et du château de Nérac, leur rôle fut davantage politique, surveillant étroitement les agissements du duc d'Épernon et de ses affidés200. Autour de ces magistrats se constitua une sociabilité condéenne, se réunissant à l'occasion pour célébrer le Prince et boire à sa santé, glorifiant ainsi la domination princière après seize années de pouvoir épernoniste en Guyenne201. Le prince de Condé fut alors particulièrement et durablement attentif aux luttes de pouvoir qui déchiraient la compagnie bordelaise, veillant à favoriser les magistrats hostiles au duc d'Épernon ainsi que leurs familles. Il protégea de la sorte les intérêts financiers de la veuve du premier président Marc-Antoine de Gourgues, Olive de Lestonnac202. Le clan de Gourgues, après la mort de Marc-Antoine, avait fait l'objet de l'hostilité du duc d'Épernon203. Deux membres de cette famille furent pourvus de deux nouvelles charges de président à mortier alors que le prince de Condé était gouverneur de Guyenne. L'un d'entre eux, Jean II de Gourgues de Vayres, avait pour « plus confident ami » le conseiller Joseph d'Andrault, le partisan de Condé204. L'avocat général Thibault de Lavie, qui appartenait au clan de Gourgues, se fit remarquer du Prince durant ces années 1638-1643 et intégra alors sa clientèle205. Véritable parenthèse condéenne à Bordeaux, cette période permit la constitution d'un authentique parti du A.C., série M, t. XIV, ff° 14 et 126. Lettres d'Antoine d'Aguesseau
à
Henri II
de
Bourbon
-
Condé
,
Bordeaux
, les 2
3/6 et
12/7/1638
; id
.
,
t.
XV
, ff° 16 et 61. Lettre d'Antoine d'Aguesseau à Henri II de Bourbon-Condé, Paris, les 10 et 27/11/1638. 198 A.C., série M, t. XVI, f° 20. Lettre de Joseph d'Andrault à Henri II de Bourbon-Condé, Bordeaux, le 7/4/1639.
Aux archives de Chantilly, trente lettres de Joseph d'Andrault ont été conservées, dix-sept de Sauvat de PomièsFrancon et six de Pierre de Blanc de Mauvesin. 200 A.C., série M, t. XV, f° 277. Lettre de Jacques Duduc à Henri II de Bourbon-Condé, s.l., le 29/1/1639 ; id., t. XXII, f° 344. Lettre de Joseph d'Andrault à Henri II de Bourbon-Condé, Bordeaux, le 4/5/1641. 201 A.C., série M, t. XVI, f° 43.
Lettre de Joseph
d'
And
rault
à Henri II de
Bourbon
-Cond
é
, Bordeaux, le 11/4/1639. 202 A
.
C
.,
série
M
,
t
.
XXII, f° 216. Lettre d'Olive de Lestonnac à Monsieur de Lisle, Margaux, le 15/4/1641. 203 Philippe Tamizey de Larroque, « Denis Guillemin », op. cit., p. 710. 204 Arch. hist. Gir., t. II, p. 222. Lettre de Jean I de Gourgues à Pierre Séguier, Bordeaux, le 1/10/1643. 205 A.C., série M, t. XX, f° 224. Prince au sein du Parlement. Le retour en grâce de Bernard de Nogaret de La Valette et le rétablissement de ce second duc d'Épernon dans son gouvernement de Guyenne en 1643 n'empêcha pas la persistance de ces liens de fidélité. En 1645, tandis qu'il s'appliquait à rétablir le pouvoir des anciens affidés de son père, le gouverneur se plaignait de la clientèle condéenne qui représentait à présent l'opposition à son pouvoir206. En Provence, Charles de Lorraine, duc de Guise, ne chercha à s'attacher des magistrats provençaux qu'au commencement des années 1620. Auparavant, il avait collaboré efficacement avec Guillaume du Vair, premier président de Provence de 1599 à 1616, puis garde des Sceaux de 1617 à 1621207. Ce premier président aurait eu des sympathies guisardes au commencement de sa carrière, mais rien ne nous permet d'affirmer qu'il dût sa charge à l'intercession du gouverneur208. Ils appartenaient néanmoins au même monde politique d'anciens ligueurs modérés ralliés à Henri IV. Du Vair s'était constitué son propre groupe de magistrats, favorisant les carrières des présidents Laurent de Coriolis et Jean-Baptiste du Chaine et, en 1616, il avait choisi MarcAntoine d'Escalis, baron de Bras, pour lui succéder à la première présidence209. En 1621, alors que le baron de Bras avait désigné pour successeur Henri Dufaur de Pibrac, sieur de Tarabel, un magistrat apparenté dans le parlement de Toulouse, le duc de Guise « épuisa tout son crédit pour remporter charge » et y voir nommer le président Vincent-Anne de Forbin-Maynier, baron d'Oppède, gendre de son favori La Verdière210. Guise pouvait espérer coopérer aussi efficacement avec sa créature qu'il l'avait fait avec Du Vair. Mais dès 1625, le duc de Guise se brouilla avec son ancien client. En mai 1626, courait la rumeur selon laquelle le duc de Guise déclarait que « le president d'Oppede [était] un ingrat, qu'il [devait s'assurer qu'il quitterait sa] charge, ou [qu'il] le [ferait] démettre de la sienne », ajoutant que s'il n'arrivait pas à ses fins, « qu'il ne luy [pouvait] pas manquer un coup de pistolet dans la teste211 ». Selon le conseiller Peiresc, un allié d'Oppède, le duc de Guise chercha alors à s'attirer de nouveaux clients, parmi lesquels se rencontrent l'avocat général Pierre de Cormis, les conseillers Jean-Baptiste de Boyer, Louis Arch. hist. Gir., t. II, p. 29. Lettre de Bernard de Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, à Jean Silhon, Bordeaux, le 5/1/1645
. 207 « Mémoire sur la vie de M. le garde des Sceaux du Vair », dans Philippe Tamizey de Larroque, Lettres inédites de Guillaume Du Vair, Paris, A. Aubry, 1873, p. 75-78 ; Charles Alexandre Sapey, Études biographiques pour servir à l'histoire de l'ancienne magistrature, Paris, Amyot, 1858, p. 404. Lettre de Guillaume du Vair à Henri IV, Aix-en-Provence, le 9/7/1601. 208 Alexandre Tarrête, « Un gallican sous la Ligue : Guillaume Du Vair (1556-1621) », Revue de l'histoire des religions, n°3, 2009, p. 512. 209 Charles Alexandre Sapey, Études biographiques, op. cit., p. 397 et 406. Lettres de Guillaume du Vair à Henri IV, Aixen-Provence, les 26/5/1600 et 13/3/1602 ; Pierre-Joseph de Haitze, Portraits ou éloges historiques des premiers présidents du parlement de Provence, Avignon, D. Chastel, 1727, p. 94. 210 B. Méjanes, ms. 792 (800), f° 2. 211 Philippe Tamizey de Larroque (éd.), Lettres de Peiresc, t. VI, Paris, Imprimerie nationale, 1896, p. 505. Lettre de Vincent-Anne de Forbin-Maynier, baron d'Oppède à Palamède de Fabri de Valavez, s.l.n.d. (mai 1626). 206 181 d'Antelmy et Honoré d'Agut et, peut-être,
président de Coriolis212. À l'exception du conseiller d'Agut, tous ces magistrats furent compromis à des degrés divers dans l'affaire des Cascaveoux213. Néanmoins, la perte du soutien du premier président fut pour le gouverneur un véritable coup porté à l'efficacité de son pouvoir en Provence. Par exemple, il ne put jamais faire accepter au Parlement que son fils, le prince de Joinville, François de Lorraine, puisse commander en son absence. Il savait qu'il n'aurait jamais les appuis nécessaires au sein de la compagnie, amputant considérablement sa capacité d'action214. Le baron d'Oppède se détacha de la clientèle du duc de Guise alors qu'il intégrait celle du cardinal de Richelieu et cultivait la protection du prince de Condé215. Le maréchal de Vitry, lorsqu'il remplaça le duc de Guise, ne s'appuya pas sur Hélie de Laisné, nommé par Richelieu pour exercer la première présidence après le décès du baron d'Oppède. Laisné qualifiait Vitry en mai 1633 dans une de ses lettres à Séguier d'« homme qui nest que feu et ne plie jamais aus affaires quil n'entend216 ». Le gouverneur gagna plusieurs magistrats à sa cause afin de concurrencer l'influence du premier président au sein de la compagnie. Il s'appuya ainsi successivement sur les présidents Jean-Louis de Monier et Louis de Paule, puis sur le président Jean-Baptiste de Forbin de La Roque, dont le cousin germain l'évêque de Sisteron Toussaint de Glandèves fut un temps principal conseiller de Vitry, et enfin sur le président Jean-Augustin de Foresta de La Roquette, désigné comme « chef du parti Vitrien217 », les conseillers Louis d'Antelmy et Pierre de Laurens et même l'avocat général Pierre de Porcellets, que le premier président avait lui-même recommandé à Richelieu218. Pour récompenser ses affidés, Vitry leur confia la présidence à l'assemblée des communautés de Provence, s'assurant ainsi de la collaboration de leurs alliés provençaux. Le conseiller de Laurens fut nommé à ce siège en mai 1634, le président de Foresta de La Roquette en juin 1635 et l'avocat général de Porcellets au mois de novembre de la même année219. Les déçus de sa faveur, comme le président Forbin de La Roque, devinrent au contraire ses plus farouches opposants. Ils illustrent les difficultés du maréchal de Vitry à maintenir une clientèle stable dans la compagnie. Durant l'hiver 1634, le Ibid., p. 348, 373-374 et 450. Lettres de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc à Palamède de Fabri de Valavez, s.l., les 9/1/, 8/2 et 10/4/1626. 213
Sur l'épisode des Cascaveoux
, voir
supra chap
itre IV
. 214 Philippe Tamizey de Larroque (éd. Lettres de Peiresc, op. cit., t. II, p. 46. Lettre de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc à Pierre Dupuy, s.l., le 2/3/1629 ; B. Méjanes, ms. 792 (800), f° 4. 215 Antoine Aubery, Mémoires pour l'histoire du cardinal duc de Richelieu, t. I, Paris, Antoine Bertier, 1660, p. 303-304, « Relation du voyage de Monsieur le Prince », s.l.n.d. (1627). 216 B.n.F., ms. fr. 17367, f° 187 v°. Lettre d'Hélie de Laisné à Pierre Séguier, Aix-en-Provence, le 10/5/1633. 217 Pierre-Joseph de Haitze, Histoire de la ville d'Aix, op. cit., t. IV, p. 282. 218 B. Méjanes, ms. 792 (800), ff° 44 et 48 ; Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance de Richelieu, op. cit., 1632, p. 282. Lettre d'Hélie de Laisné au cardinal de Richelieu, Aix-en-Provence, le 19/6/1632. 219 B.
| 5,705
|
02/tel.archives-ouvertes.fr-tel-01170922-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,270
| 14,341
|
Perspectives
Pour la résolution complète de la description de l'espace de modules des courbes hyperelliptiques de genre 3 restent en suspens : • quelques questions arithmétiques en lien avec le corps de modules des courbes en caractéristique 7 annulant l'invariant I6 = J22 + 5J23 ; • le cas de la caractéristique 5 qui, à la vue de nos résultats, ne peut pas être traité par l'intermédiaire de l'algèbre des invariants des octiques binaires ; • nous n'abordons pas directement le cas des tordues dans ce manuscrit, i.e. des courbes définies et non isomorphes sur k, mais qui le sont sur K [Sil09, Sec. X.2]. Toutefois des algorithmes génériques existent déjà pour cette question [LRRS14] et sont déjà intégrés à notre code sous Magma. En outre, un traitement général de cette question par Rovetta [Rov15] est en cours. Plus généralement, pour les courbes de genre 3, se pose aussi la question de la description de l'espace de modules des courbes non-hyperelliptiques, à savoir les quartiques planes. On dispose pour cet espace des invariants de Dixmier-Ohno, en caractéristique nulle, relié à l'action du groupe SL3 sur les quartiques ternaires ; toutefois il n'existe pas d'analogue de la méthode de Mestre pour la phase de reconstruction. Pour les espaces de modules de courbes hyperelliptiques de genre g, il semble aussi difficile de procéder plus avant selon le même schéma, sachant que les invariants fondamentaux de la C-algèbre d'invariants I10, qui correspond au cas g = 4, est formée de 106 éléments [BP10a]. Enfin, concernant plus spécifiquement les algèbres des octiques binaires, nous avons seulement su formuler des conjectures quant à leur système de générateurs fondamentaux et leur résolution libre minimale. Conventions et notations
Dans l'ensemble de ce manuscrit k désigne un corps, p sa caractéristique, F son sous-corps premier et K une clôture algébrique de k. Pour un entier g, une courbe hyperelliptique C de genre g définie sur un corps k est toujours supposée lisse, projective et absolument irréductible ; notamment, lorsque cette courbe est donnée via une équation définissant un modèle singulier, C est le modèle lisse associée à cette équation.
Introduction 13
En revanche, une courbe, e.g. une conique, peut être singulière. Par classe d'isomorphisme, on entend les classes sur la clôture algébrique K et on spécifie le corps k dans le cas contraire. En outre, la notation Aut(C) pour le groupe d'automorphismes d'une courbe C vaut pour AutK (C). Le cardinal d'un ensemble X sera noté |X| et l'idéal engendré par des éléments a1,., an d'un anneau par ha1,., an i. Lorsque l'on mentionne le profil des degrés d'éléments homogènes d'une algèbre graduée, un exposant indique une répétition, e.g. 11, 133, 14, 17 vaut pour 11, 13, 13, 13, 14, 17. Pour d'autres notations propres à ce document, on pourra se reporter à la liste des symboles, qui précède cette introduction page xii. Enfin, au sein de chaque section principale d'un chapitre, les définitions, théorèmes, propositions, etc adoptent une numérotation continue, e.g. les chiffres X et Y pour la définition Définition X.Y.Z indiquent respectivement le numéro de chapitre et de section. Pour les lecteurs qui accèdent à ce document sous forme électronique, les références croisées (en bleu) et les références bibliographiques (en rouge) sont des liens hypertextes « cliquables ».
Chapitre 1 Espaces de modules des courbes hyperelliptiques vs invariants de formes binaires
L'objet de ce chapitre est d'établir le lien entre l'espace de modules Hg des courbes hyperelliptiques de genre g définies sur k et les orbites de l'espace des formes binaires de degré 2g + 2 pour l'action du groupe GL2 (K), lorsque p 6= 2, ouvrant ainsi la voie à une paramétrisation de l'espace Hg. Précisément, à l'action du groupe GL2 (K) sur l'espace des formes binaires de degré 2g + 2 est associée une algèbre d'invariants I2g+2, qui s'avère être une K-algèbre graduée de type fini. Ainsi, si (J1,. 1.1 Des courbes hyperelliptiques aux formes binaires
Dé
finition
1.1.1 Une courbe C de genre g > 1 définie sur k est dite hyperelliptique lorsqu'il existe un morphisme séparable de degré 2 de C sur P1 défini sur K. L'extension K(C)/K(x)'K(P1 ) quadratique est donc galoisienne ; ainsi la courbe C/K admet une involution, notée ◆ par la suite. Par exemple, une courbe elliptique est hyperelliptique et munie de l'involution donnée par l'inversion pour la loi de groupe. Lemme 1.1.2 - [Har77, Prop. IV.5.3]. L'automorphisme ◆ est l'unique involution de C/K telle que C/h◆i soit de genre 0. Il commute avec tous les automorphismes de C/K et est appelé l'involution hyperelliptique. Par unicité ◆ est définie sur k et induit un morphisme ⇢ : C! Q = C/h◆i, où Q/k est donc une courbe de genre 0, isomorphe à P1 sur k si et seulement si elle possède un k-point rationnel. Le cas échéant, C est birationnellement équivalente à une courbe donnée par un modèle plan affine lisse y 2 + h(x)y = f(x), (1.1) 16 1. Courbes hyperelliptiques vs formes binaires où f et h 2 k[x] avec
deg
f
6 2g + 2
et deg h 6 g
+
1. L'involution hyperelliptique est alors ◆ : (x, y) 7! (x, y h(x)). Définition
1.1.3 On dit qu'une courbe hyperelliptique C définie sur k possède un modèle hyperelliptique ou un modèle de Weierstrass, lorsqu'une courbe dans sa classe de k-isomorphisme admet un modèle de la forme de celui donné en (1.1). Une courbe hyperelliptique a automatiquement un modèle hyperelliptique lorsqu'elle est définie sur un corps algébriquement clos ou sur un corps fini. En revanche, pour un corps quelconque en genre impair, ceci peut être en défaut (cf. chapitre 8). Supposons dorénavant la caractéristique p 6= 2 ; le cas p = 2 est abordé à la partie III. On peut alors annuler h, via le changement de variable y y + h(x)/2, et le modèle (1.1) devient y 2 = f(x), (1.2) où f est un polynôme séparable de degré 2g + 1 ou 2g + 2, pour lequel on adopte par la suite la dénomination de polynôme hyperelliptique. En homogénéisant le modèle précédent dans l'espace projectif pondéré de poids (1, g + 1, 1) (cf. l'exemple 1.3.2 de la section 1.3), on aboutit à un modèle projectif donné par y 2 = f(x, z), où f est une forme binaire de degré 2g + 2, prenant en compte une « racine » à l'infini, en l'occurrence le point (0 : 1 : 0), lorsque f est de degré 2g + 1. Précisément, f(x, z) s'obtient comme z 2g+2 f(x/z). Avec cette convention, les racines de f sont les points de ramification du revêtement ⇢ : C! Q = C/h◆i, qui se confondent, puisque p 6= 2, avec les points de Weierstrass de la courbe hyperelliptique C. On a donc bien, en vertu de la formule de Hurwitz pour le genre [Har77, p. 301], X 2g(C ) 2 = 2(2g(P1 ) 2) + (eP 1), P ramifié où eP est l'indice de ramification du point P, soit 2 dans notre cas. Nous utiliserons toujours par la suite cette convention concernant les racines et le degré lorsque f sera un polynôme ou une forme associée à une courbe hyperelliptique. Notre objectif est la description de l'espace de modules H3 des courbes hyperelliptiques de genre g = 3, qui est relié à la notion d'isomorphisme entre deux courbes hyperelliptiques. Commençons par préciser la forme des isomorphismes entre deux telles courbes.
Proposition 1.1.4 Soit deux courbes hyperelliptiques de genre g définies sur
k
, données par C/
K
: y 2 = f(
x
,
z
) et C
0
/
K
:
y
2 =
f
0 (x, z). Si : C! C0 est un isomorphisme, il existe alors M = ac db 2 GL2 (K) et
e 2 K? tels que : (x : y : z) 7! (ax + bz : ey : cx + dz) 2 P(1, g + 1, 1). Le couple (M, e) est unique au changement près ( M, g+1 e), où 2 K?. K étant algébriquement clos, on peut donc toujours supposer e = 1, ainsi deux courbes hyperelliptiques sont isomorphes si et seulement si leurs polynômes hyperelliptiques sont GL2 (K)équivalents. Nous introduisons donc dans la section suivante la notion d'invariants relative à l'action du groupe GL2 (K) sur l'espace des formes binaires.
1.2. Invariants et covariants de formes binaires Invariants et covariants de formes binaires
Pour un entier naturel n 2 N⇤, on considère l'espace vectoriel des formes binaires de degré n à coefficients dans K : ⇢X n Vn := a i x i z n i / ai 2 K. i=0 De l'action d'un sous-groupe G de GL2 (K) sur K2, donnée par M * (x, z) = (ax + bz, cx + dz), pour tout M = a b c d 2 G et (x, z) 2 K2, on déduit une action de G sur Vn : (M * f)(x, z) = f(M 1 * (x, z)), 8 (x, z) 2 K2, pour tout f 2 Vn et M 2 G. En lien avec notre problème de classification des courbes hyperelliptiques à isomorphisme près, exposée à la section précédente, nous nous intéressons donc à la séparation des orbites pour l'action ci-dessus lorsque G = GL2 (K) et ce à travers la notion d'invariants. 1.2.1 Définitions et propriétés de séparations
Nous introduisons maintenant les notions d'invariants et plus généralement de covariants d'une forme binaire, qui permettent, comme l'énonce le théorème 1.2.4 ci-après, de séparer les orbites « génériques » de Vn pour l'action de GL2 (K) et SL2 (K).
Définition
1.2.1
Soit r 2 N, (n1,..., nm ) 2 (N⇤ )m et G un sous-groupe de GL2 (K). L • Une fonction polynomiale multi-homogène q : Vni! Vr de multi-degré (d1,..., dm ) est un covariant L lorsqu'il existe un entier! 2 Z tel que, pour tout M 2 G et tout (f1,..., fm ) 2 Vni, on a q(M * f1,..., M * fm ) = det(M )! q(f1,..., fm ). On nomme alors respectivement! et r le poids et l'ordre du covariant q. • On appelle invariants (relatifs) les covariants d'ordre 0. Remarque 1.2.2 Via l'action de la matrice scalaire d'ordre r soit défini, r nd doit être pair. Exemples 1.2.3 I2, pour qu'un covariant de degré d et Pour tout sous-groupe G de GL2 (K) : • f 2 Vn est un covariant de degré 1 et d'ordre n ; Q • Le discriminant d'une forme binaire f = ni=1 (↵i x + i z) de degré n, en caractéristique p 6= 2, est un invariant de degré 2(n 1), défini par Y 2 (f) = (↵i j i ↵j ).
i
<
j 18
1. Courbes hyperelliptiques vs formes binaires
À l'exception de la partie III, où nous nous intéresserons à l'action jointe de SL2 (K) sur V4 V4 en caractéristique 2, nous allons essentiellement considérer le cas m = 1 d'une seule forme binaire de degré n pour l'action de G = GL2 (K) ou G = SL2 (K). Relativement à notre problème de classification des courbes hyperelliptiques à isomorphisme près, nous devons considérer l'action de GL2 (K). Or celle de SL2 (K) est a priori plus commode, dans la mesure où pour celle-ci les déterminants det M sont triviaux et la notion de poids! s'évanouit. Ainsi, il est loisible de considérer des sommes de covariants de poids distincts et donc les algèbres des covariants et des invariants pour les formes binaires de degré n sous l'action de SL2 (K), que nous noterons Cn et In par la suite. Heureusement, les notions de covariants, et donc d'invariants, coïncident pour ces deux groupes. Natur ellement tout covariant pour l'action de GL2 (K) est un covariant pour celle de SL2 (K). La réciproque, moins évidente, s'avère également vraie. Soit q un covariant de degré d et d'ordre r pour SL2 (K), alors, pour une matrice scalaire I2, q( I2 * f) = nd r q(f). p Ainsi, pour M 2 GL2 (K), ayant M 0 = M/ det M 2 SL2 (K), on en déduit que q(M * f) = (det M ) (nd r)/2 q(f). Autrement dit, q est un covariant pour GL2 (K) de poids (r nd)/2. Achevons cette partie par l'énoncé du résultat de classification suivant, qui exprime que les algèbres In sont suffisantes pour discriminer les orbites de formes binaires séparables. Théorème 1.2.4 - [MF82, p. 78], [Dix90, p. 47]. Soit f et f 0 deux formes binaires de degré n supérieur à 3 dont les multiplicités des racines (dans K) sont inférieures à n/2. Alors f et f 0 sont dans la même orbite sous l'action de GL2 (K) (resp. SL2 (K)) si et seulement s'il existe 2 K tel que I(f) = d I(f 0 ) (resp. I(f) = I(f 0 )), pour tout I 2 In homogène de degré d. On notera que la contrainte sur la multiplicité des racines est satisfaite pour une forme associée à un modèle y 2 = f(x) de courbe hyperelliptique, f étant séparable. Concernant la limitation relative à la multiplicité des racines, on pourra se reporter à la notion de nullcone (cf. section 2.4). Remarques 1.2.5 • On pourrait s'attendre à voir apparaître le poids en lieu et place du degré d dans l'énoncé du théorème précédent. Toutefois cela est indifférent, puisque, dans le cas présent,! = n/2 * d. • La condition sur le degré n > 3 dans le théorème précédent est optimale. En effet, pour n = 2, le discriminant d'une forme binaire quadratique (a0 x2 + a1 xz + a2 z 2 ) = a21 4a0 a2 engendre l'algèbre I2, en caractéristique p 6= 2. Or cet invariant permet uniquement de distinguer la séparabilité des formes binaires quadratiques.
1.2. Invariants et covariants de formes binaires 19
En relation avec notre objectif initial, à savoir décrire l'espace de modules H3 des courbes hyperelliptiques de genre 3 en caractéristiques 3 et 7 notamment, il s'agit donc de donner une tournure effective aux résultats précédents. Autrement dit, être en mesure d'exhiber des éléments de In et s'assurer que le « pour tout I 2 In » du théorème 1.2.4 puisse se relaxer en un nombre fini d'éléments de In. À ce sujet nous donnons des premiers éléments de réponses, de nature historique, au paragraphe suivant. De plus amples détails seront fournis aux chapitres 2 et 4. 1.2.2 Opérations de transvection
Les algèbres In et Cn ont été intensivement étudiées dès la seconde moitié du XIXème siècle lorsque K = C. Notamment via une opération fondamentale, introduite par Clebsch et Gordan dans [Cle72, Gor68] sous le nom d'Überschiebung, que nous nommerons transvectant et qui permet la construction de covariants et d'invariants à partir d'une forme binaire. Le transvectant est défini à partir de l'opérateur différentiel de Cayley ⌦i,j = @ xi @ zi @ xj = @ xi @ z j @ zj @ z i @ xj, pour lequel on notera multiplicativement la composition. Définition 1.2.6 Étant donné deux formes binaires f 2 Vm et g 2 Vn et un entier naturel k 6 min {m, n}, on définit le kème -transvectant des formes f et g comme la
forme binaire : i (m k)!(n k)! h k (f, g)k := ⌦i,j (f(xi, zi ), g(xj, zj )) 2 Vm+n 2k. m!n! (xi,zi )=(xj,zj )=(x,z)
Exemple 1.2.7 elle-même : Soit f = a2 x2 + a1 xz + a0 z 2 2 V2, déterminons le 2ème -transvectant de f avec 4
(f, f)2 = = = h h @ xi f @ z j f @x22 f i @z22 f j 2(@x22 f @ z i f @ xj f + @z22 f i @z22 f = 2(4a2 a0 @x22 f j 2 (@xz f)2 ) 2 i (xi,zi )=(xj,zj )=(x,z) 2@x2i zi f @x2j zj f i (xi,zi )=(xj,zj )=(
x,z) a21 ) qui n'est rien d'autre que le discriminant d'une forme binaire quadratique, à un scalaire près. De façon générale, le transvectant permet d'engendrer un covariant à partir de deux covariants initiaux, comme l'énonce la proposition suivante. Proposition 1.2.8 Si qi et qj sont deux covariants d'ordre ri et rj et de degré di et dj d'une forme binaire f, i.e. des éléments de Vri et Vrj, alors (qi, qj )k, pour k 6 min {ri, rj }, est un covariant d'ordre ri + rj 2k et de degré di + dj. Dans l'exemple 1.2.7 précédent, f est un covariant de degré 1 et d'ordre 2 d'elle-même et son est effectivement un covariant de degré 1 + 1 = 2 et d'ordre 2 + 2 2 ⇥ 2 = 0, autrement dit un
in
variant de degré 2. 1.3 Espaces projectifs pondérés
La définition est similaire à celle d'un espace projectif classique, avec l'apparition d'une pondération de la relation de colinéarité.
Définition
1.3.1 Un espace projectif pondéré de dimension n et de poids (w0,..., wn ) sur k est le quotient, noté P(w0,..., wn ), kn+1 \ {0} /⇠ pour la relation d'équivalence (x0,..., xn ) ⇠ (y0,..., yn ) () 9 ⇤ 2 k, xi = wi yi, 8 0 6 i 6 n. La classe d'équivalence de (x0,..., xn ) sera notée (x0 :... : xn ). Exempl
e
1.3.2 - Courbes hyperelliptiques. Considérons l'équation y 2 = f(x, z), où f est un polynôme homogène séparable de degré 2g + 2. Cette équation définie une hypersurface C ⇢ P(1, g + 1, 1) qui est une courbe hyperelliptique de genre g. La courbe C est l'union des deux morceaux affines donnés par x = 1 et z = 1, de telle sorte que C! P1 est le revêtement double ramifié en les 2g + 2 points donnés par f = 0. Remarquons que l'alternative consistant à considérer la clôture projective de la courbe affine 2 y = f(x, 1) dans P2 = P(1, 1, 1), soit le modèle projectif y 2 z 2g = f(x, z), aboutit à un modèle singulier avec une singularité non triviale en l'infini, autrement dit est loin d'être optimale.
1.4. Écriture d'un invariant 21
Algorithme 1 : Égalité dans un espace projectif pondéré. Entrée : Deux éléments (x0,..., xn ) et (y0,..., yn ) de kn+1 et P un espace projectif pondéré de dimension n et de poids (w0,..., wn ). Sortie : Le booléen « vrai » si (x0 :... : xn ) = (y0 :... : yn ), « faux » sinon. 1 2 3 4 5 6 Sx {i 2 {0,..., n} / xi 6= 0} ; Sy si Sx 6= Sy alors renvoyer faux; {i 2 {0,..., n} / yi 6= 0}; d, (ciQ )i2Sx PGCD _etendu(wi )i2Sx ; ci ⇤ i2Sx (yi /xi ) ; renvoyer vrai si yi /xi = ⇤di /d, pour tout i 2 Sx, faux sinon. 1.4 Écriture d'un invariant relativement à un système de générateurs
La seconde opération algorithmique fondamentale pour notre propos est liée à l'écriture d'un élément de In comme un polynôme en les éléments d'une famille génératrice (J1,., Jm ) de l'algèbre In. Cette dernière étant graduée par le degré, on peut se limiter au cas des invariants homogènes (cf. section 2.2). Cette opération de réécriture est par exemple essentielle pour la mise en oeuvre de la méthode de Mestre au chapitre 6. Elle s'adapte en outre pour l'obtention des équations décrivant les strates de l'espace de modules H3 (cf. chapitre 7). Enfin elle permet aussi de tester si un invariant 22 1. Courbes hyperelliptiques vs formes binaires appartient à une sous-algèbre de In engendrée par une
famille
finie d'invariants, ce qui s'exprime par
la possibilité
ou non de cette opération de ré
écriture
;
test
dont on fait par exemple usage pour générer des invariants pour l'algèbre I8 en caractéristiques 3, 5 et 7 aux chapitre 4. Pour sa mise en oeuvre, on suit l'approche « boite-noire » introduite par Lercier et Ritzenthaler dans [LR12, Sec. 2.3]. Celle-ci consiste à considérer un invariant d'une forme binaire, de degré n, f 2 k[a0,., an ][x, z], non pas comme une expression formelle en les ai, mais comme un programme d'évaluation qui à une forme f 2 k[x, z] associe la valeur de l'invariant dans k. Selon ce paradigme, pour écrire un invariant homogène I de degré d en fonction des Ji, on peut alors recourir à un procédé d'évaluation-interpolation. Précisément, il suffit de construire la Q P famille génératrice B = {
w
Je ww / w w ew = d } de la composante d-homogène k[J2,., Jm ]d et d'évaluer les éléments de cette famille, ainsi que l'invariant I, en |B| + O(1) formes binaires choisies aléatoirement sur k (voire une extension de k). Il reste seulement alors à inverser le système linéaire correspondant. Cette procédure est résumée par l'algorithme ci-après. Algorithme 2 : Écrire un invariant comme un polynôme en les Ji. Entrée : Un invariant I de degré d. Sortie : Un polynôme P 2 k[J2,., Jm ] tel que I = P (J2,., Jm ). 1 2 3 4 5 6 7 8 // Base Q pour la P composante d-homogène k[J2,. , Jm ]d B { w Jeww / w w ew = d }; // Générer aléatoirement |B| + O(1) octiques sur k F a8 x8 +. + a1 x + a0 pour |B| + O(1) 9 uplets aléatoires (a0,., a8 ) 2 k9 ; // Évaluer l'invariant I et les éléments de la base B en chacune des formes de F pour i = 1 à |F| faire Vi I(Fi ); pour j = 1 à |B| faire Mi,j Bj (Fi ) // Résoudre le s
ystème
linéaire M X = V trouver U tel que M ⇥ U = V ; P renvoyer i Ui Bi pour chaque U ; Notons qu'il est en général bien plus
efficient
de
travailler
dans
l'algèbre k[J
2,., Jm ] plutôt que dans l'
alg
èbre k
[
a0,.
,
an ] pour l'algorithme de réécriture 2 ; la première solution permet en effet de réduire la taille de la famille B. Pour un exemple, voir le deuxième point de la remarque 6.3.1. L'illustration la plus remarquable de la force de ce point de vue pour la manipulation des invariants est sans nul doute le résultat que nous avons obtenu en collaboration avec Lercier, Ritzenthaler et Sijsling au sujet de l'invariant de Lüroth [BLRS13]. On pourra se reporter au chapitre 3 pour de plus amples détails à ce sujet.
Première partie Invariants de formes binaires Chapitre 2 Structure des algèbres d'invariants
Notre premier chapitre introductif a permis d'établir le lien entre la paramétrisation de l'espace de modules Hg et la détermination de familles génératrices finies pour l'algèbre I2g+2. De telles familles de générateurs pour les algèbres In sur C étaient connues depuis la seconde moitié du XIXème siècle pour n 6 6 et n = 8. Toutefois, à partir du rang n = 5, l'algèbre In n'est plus une algèbre de polynômes. Si une description en termes de résolutions libres (cf. section 2.5), donnant notamment les relations entre les éléments d'un système générateur minimal, des algèbres I5 et I6 était connue dès le XIXème siècle [Her54, Cle72], il fallut en revanche attendre 1967 et les travaux de Shioda [Shi67] pour disposer d'une telle description pour I8. 1. Pour les définitions et les propriétés en liens avec les groupes algébriques, on pourra se reporter à l'annexe 26 2. Structure des algèbres d'invariants dans [Eis95, KP00, DK02]. Les résultats propres au cas G = SL2 (K) en caractéristique positive sont essentiellement rassemblés à la section 2.9.
2.1 Définitions et propriété de finitude
Soit G un groupe algébrique linéaire et X une G-variété définis sur K. On définit, à partir de l'action de G sur X, une action de G sur l'anneau de coordonnées de X par : (g * f)(x) = f(g 1 * x), 8 x 2 X, pour f 2 K[X] et g 2 G. Une notion d'invariant est alors naturellement associée à cette action.
Définition
2.1.1 On dit que f 2 K[X] est un invariant lorsque g * f = f, pour tout g 2 G. L'algèbre des invariants de la K-algèbre K[X] pour l'action de G est ainsi
K[X]G
:
= {f 2 K[X] | g.f = f, 8 g 2 G}. On s'intéresse plus particulièrement au cas où X = V est une représentation rationnelle de G de degré fini, i.e. une représentation linéaire de dimension finie pour laquelle le morphisme de groupes G! GL(V) est aussi un morphisme de variétés. La K-algèbre K[V] est alors isomorphe à l'algèbre de polynômes K[x1,., xn ], où n est la dimension de V en tant que K-espace vectoriel. Notons alors que K[V] et K[V]G sont munies d'une structure de K-algèbre graduée, ce qui va se révéler fort utile. Remarque 2.1.2 Si H est un sous-groupe de GL(V) et H son adhérence, pour la topologie de H Zariski, on a K[V] = K[V]H, ce qui justifie de se restreindre aux groupes linéaires algébriques. Un problème fondamental de la théorie des invariants consiste à déterminer des générateurs de l'algèbre des invariants K[V]G, ce qui mène naturellement à la question : « L'algèbre des invariants est-elle de type fini? ». Précisément, nous adoptons la terminologie suivante. Dé
finition
2.1.3 Une famille (a1,., am ) d'éléments d'une K-algèbre A est une famille génératrice finie de cette algèbre lorsque A = K[a1,., am ]. Lorsqu'une telle famille existe, la K-algèbre A est dite de type fini. Une famille génératrice finie est dite minimale lorsque toute sous-famille stricte de celle-ci n'est plus génératrice. Le premier résultat de finitude fut établi par Paul Gordan en 1868 [Gor68] pour le cas particulier des algèbres de covariants de formes binaires sous l'action de SL2 (C), la démonstration propos ée par Gordan étant effective. Le résultat général pour les groupes algébriques linéairement réductifs est toutefois dû à Hilbert qui démontra en 1890, dans [Hil90], le théorème ci-après et établit à cette occasion les 2.1. Définitions et propriété de finitude 27 prémices de l'algèbre de commutative avec notamment le théorème de la base de Hilbert et le Nullstellensatz.
Théorème 2.1.4 - Théorème
de
fin
itude
de
Hilbert. Si G est un groupe algébrique linéairement réductif et V une représentation rationnelle de G de degré fini, alors l'algèbre des invariants K[V]G est de type fini. Gordan reprocha toutefois à Hilbert d'avoir donné une preuve non constructive de ce résultat et se serait exclamé « Das ist Theologie und nicht Mathematik ». Hilbert publia finalement une démonstration constructive de son théorème trois ans plus tard [Hil93]. Pour une version moderne, on pourra se reporter à [Der99]. On a alors le résultat bien connu [Stu93] : K[x1,., xn ]Sn'K[1,., n ], P où j = 16i1 <***<ij 6n xi1. xij est le j ème polynôme symétrique élémentaire. Une autre famille P génératrice minimale est donnée par les n premières sommes de Newton Sk = ni=1 xki, pour 1 6 k 6 n. Cette question de finitude est plus généralement englobée par le 14ème problème de Hilbert, formulé par ce dernier parmi une liste de vingt-trois problèmes lors du Congrès International des Mathématiciens à Paris en 1900. Problème 2.1.6 - 14ème problème de Hilbert. Soit K[a1,., ak ] une K-algèbre intègre de type fini, F son corps des fractions et H un sous-corps intermédiaire K ⇢ H ⇢ F. La K-algèbre K[a1,., ak ] \ H est-elle de type fini? Nagata proposa le contre-exemple suivant en 1959 [Nag59]. Soit K = C et (ai,j )16i63,16j616 une famille de nombres complexes algébriquement indépendants sur Q. Soit G ⇢ GL32 (C) le groupe des matrices diagonales par blocs formé des matrices 0 B @ A1 1. A16 C A, où Aj = ✓ cj 0 c j bj cj ◆ et les arbitraires vérifiant, pour tout 1 6 i 6 3, c1 * * * c16 = 1 P cj et bj sont des nombres complexes G n'est pas une K-algèbre de type fini. et 16 a b = 0. Alors K[x,., x ] i,j j 1 32 j=1 28 2.
Structure des algèbres d'invariants 2.2 Systèmes minimaux de générateurs pour les algèbres graduées de type fini
So it A une k-algèbre graduée A= M Ai, i2N où A0 = k, telle que Ai est un k-espace vectoriel de dimension finie et Ai Aj ⇢ Ai+j, pour tout i et j. Un élément de Ai est dit homogène de degré i. Pour L une telle algèbre, on note A+ l'idéal gradué de A engendré par ses éléments non constants, i.e. i2N⇤ Ai. La finitude de A est alors liée à celle du quotient A+ /(A+ )2.
Proposition 2.2.1
Pour la k-algèbre graduée A, s'équivalent (i) a1,., am engendrent A, vu comme k-algèbre ; (ii) a1,., am engendrent A+ /(A+ )2, vu comme k-espace vectoriel. 2.3 Systèmes homogènes de paramètres et algèbres de Cohen-Macaulay
Considérons toujours une k-algèbre graduée A = L i2N Ai, avec A0 = k. Dé
finition
2.3.1 On appelle système homogène de paramètres tout ensemble d'éléments homogènes ✓1,..., ✓r 2 A tel que : (i) ✓1,..., ✓r sont algébriquement indépendants sur k ; (ii) A est un k[✓1,..., ✓r ]-module de type fini, i.e. il existe ⌘1,..., ⌘s 2 A, A = ⌘1 k[✓1,..., ✓r ] + * * * + ⌘s k[✓1,..., ✓r ].
2.3. ystème de -Macaulay 29
Lorsque A = K[V]G et que les ⌘i sont homogènes, on appelle les ✓i (resp. les ⌘i ) les invariants primaires (resp. secondaires). Formulons quelques observations au sujet de cette définition. Remarques 2.3.2 • Quitte à décomposer les éléments ⌘i selon leurs composantes homogènes, il est loisible de les supposer homogènes. • La condition (ii) équivaut à dire que A est une extension entière de l'anneau k[✓1,..., ✓r ]. • L'entier r est égal à la dimension de Krull de A, qui est d'ailleurs le degré de transcendance du corps de fraction de A sur k [Kna07]. • Un système homogène de paramètres constitue nécessairement une famille algébriquement libre maximale ; la réciproque est toutefois erronée. Considérons en effet l' algèbre K[x, y, z]/hxy zi. On peut vérifier que la dimension de Krull de cette algèbre est 2 et que les classes x et z forment une famille algébriquement libre maximale. Or la classe y ne saurait être entière sur K[x, z] et la famille (x, z) ne forme donc pas un système homogène de paramètres. En vertu du lemme de normalisation de Noether [Eis95, Th. 13.3], une algèbre graduée de type fini admet toujours un système homogène de paramètres. Un critère pour l'obtention de tels systèmes est décrit à la section suivante. Remarque 2.3.3 D'après un résultat de Brion [Bri82, Th. 3], la situation est plus délicate pour les algèbres multi-graduées, en effet pour la C algèbre A = C[Vn1 * * * Vnm ]SL2 (C), qui est Nm -graduée, s'équivalent : (i) A admet un système (multi-)homogène de paramètres ; (ii) (n1,... nm ) fait partie de la liste suivante : (1, 1), (1, 2), (1, 3), (1, 4), (2, 2), (2, 3), (2, 4), (3, 3), (4, 4), (1, 1, 1), (1, 1, 2), (1, 2, 2), (2, 2, 2). Exemples 2.3.4 - Polynômes symétriques, suite de l'exemple 2.1.5.
La famille génératrice (1,., n ) de l'algèbre K[x1,., xn ]Sn est algébriquement libre [Stu93]. Il s'agit ainsi d'une famille génératrice minimale et d'un système homogène de paramètres de cette algèbre, qui est donc isomorphe à la K-algèbre de polynômes K[x1,., xn ]. En revanche, l'algèbre des polynômes alternés, i.e. B = K[x1,., xn ]An, Q est engendrée par les polynômes symétriques élémentaires 1,., n et le discriminant = i<j (xi xj ). Or on a 2 2 K[x1,., xn ]Sn, ainsi la famille (1,., n ) forme toujours un système homogène de
paramètres pour B
,
auquel est associé les deux invariants secondaires 1 et. Exemple 2.3.5 n > 3, Pour les algèbres d'invariants de formes binaires, on a [Bri96, Chap. 3], pour dimKrull In = n 2. 30
2. Structure des algèbres d'invariants
Le lemme de normalisation de Noether garantit donc l'existence de systèmes homogènes de paramètres pour les algèbres graduées de type fini. Autrement dit, toute algèbre de ce type se réalise comme un module de type fini sur une algèbre de polynômes. L'inconvénient de cette décomposition réside en l'absence d'unicité a priori dans l'écriture des éléments. Pour palier ceci, on peut exiger la propriété plus forte d'être un module libre de type fini, qui est liée à la propriété de Cohen-Macaulay 2 pour une telle algèbre.
Proposition 2.3.6
Pour une k-algèbre graduée A de type fini s'équivalent (i) il existe un système homogène de paramètres {✓1,., ✓r } de A tel que A soit un module libre sur k[✓1,., ✓r ] ; (ii) pour tout système homogène de paramètres {✓1,., ✓r } de A, A est un module libre sur k[✓1,., ✓r ]. Le cas échéant, l'algèbre A est dite de Cohen-Macaulay. Il existe alors des éléments (homogènes) ⌘1,., ⌘s 2 A tels que A = ⌘1 k[✓1,., ✓r ] * * * ⌘s k[✓1,., ✓r ]. Une telle décomposition de l'algèbre A est appelée décomposition de Hironaka. L'énoncé fondamental concernant les algèbres d'invariants est alors le suivant [HR74]. Théorème 2.3.7 - Hochster-Roberts, 1974. Si V est une représentation rationnelle de degré fini d'un groupe linéairement réductif G sur K, alors K[V]G est de Cohen-Macaulay. 2.4 Nullcone
Comme l'indique le quatrième point de la remarque 2.3.2 de la section précédente, pour établir qu'une famille d'éléments homogènes d'une algèbre graduée est un système homogène de paramètres, il ne suffit pas de montrer que cette famille est algébriquement libre et maximale pour cette propriété. Nous exposons ainsi dans cette section un critère géométrique pour déterminer de tels systèmes, basé sur la notion de nullcone et le critère de Hilbert-Mumford. 2. Pour un exposé plus général sur la propriété de Cohen-Macaulay d'un anneau, on pourra se reporter à [Eis95, Chap. 18] 2.4. Nullcone 31 On considère pour cela une représentation rationnelle V d'un groupe réductif G sur un corps algébriquement clos K. Définition 2.4.1 Le nullcone NG,V ⇢ V est la variété affine définie par l'idéal K[V]G + : n o NG,V := v 2 V | I(v) = 0, 8 I 2 K[V]G +. Lorsque le contexte est sans ambiguïté au sujet de G, on se contentera de la notation NV. On dispose alors de la caractérisation suivante [DK02, Lem. 2.4.2]. Lemme 2.4.2 Le nullcone NV est l'ensemble de tous les v 2 V tel que 0 soit dans l'adhérence de l'orbite G.v. Le raffinement de ce lemme consiste en le critère de Hilbert-Mumford, établi initialement par Hilbert pour SLn (C) [Hil93] et généralisé par Mumford pour un groupe réductif quelconque [MF82]. Théorème 2.4.3 - Critère de Hilbert-Mumford. Soit T un tore maximal de G, on a NG,V = G * NT,V. Ce critère s'avère redoutablement efficace pour caractériser les éléments du nullcone, e.g. pour les formes binaires sous l'action de SL2 (K).
Co
rollaire
2.
4.4 Pour l'action du groupe SL2 (K) sur l'espace Vn des formes binaires de degré n, une forme f 2 Vn appartient au nullcone si et seulement si elle possède une racine de multiplicité strictement supérieure à n/2. Démonstration. Considérons le tore maximal ⇢ ✓ T= = 0 1 0 de SL2 (K). Pour une forme binaire f = an xn + an * f = an n n x + an 1 ◆ 1x n 1z n 2 n 1 x | 2 K⇤ + * * * + a0 z n 2 Vn et z + * * * + a0 n n 2 T, on a z. Ainsi, d'après le lemme 2.4.2, f 2 NT,Vn si et seulement si f est divisible par xr ou z r, avec r = bn/2c + 1. Par conséquent, selon le théorème 2.4.3, f 2 NSL2 (K),Vn si et seulement si f est divisible par ( * x)r, pour un 2 SL2 (K), d'où la conclusion. QED Nous aboutissons finalement au critère espéré, donné par exemple dans [DK02, Lem. 2.4.5].
Proposition 2.4.5
Si la variété affine défini
e
par les éléments homogènes ✓1,..., ✓r 2 K[V]G
est le
nullcone
NV, alors K[V]G est un K[✓1,..., ✓r ]-module de type fini. Ce résultat fut initialement énoncé par Hilbert [Hil93] pour le groupe SL2 (C) et se reformule dans ce cas, vu le résultat sur la dimension de Krull de K[Vn ]SL2 (K) donné à l'exemple 2.3.5, de la façon suivante. Proposition 2.4.6 - Hilbert, 1893. Pour des éléments homogènes ✓1,..., ✓n 2 2 K[Vn ]SL2 (K), lorsque n > 3, s'équivalent 32 2. Structure
des algèbres d'invariants (i) la variété affine définie par ✓1,..., ✓n (ii)
✓1
,
...
,
✓n
2 2
est NVn
; est un système homogène de paramètres de K[Vn ]SL2 (K). Malgré la commodité de ce critère, il n'est en pratique pas si aisé de le mettre en oeuvre pour exhiber un système homogène de paramètres pour l'algèbre K[Vn ]SL2 (K), comme on peut s'en convaincre en consultant les calculs menés dans [Shi67, BP10a, BP10b] pour les cas n = 8, 10 et 9 respectivement en caractéristique nulle. Dixmier donne toutefois un critère [Dix85, Lem. 5.2] permettant d'obtenir le profil des degrés d'un système homogène de paramètres pour l'algèbre C[Vn ]SL2 (C). Il lui permit en pratique d'établir l'existence d'un système homogène de paramètres pour C[V9 ]SL2 (C) avec le profil de degré : 4, 8, 10, 12, 12, 14, 16. Un système explicite correspondant à ces degrés ne fut déterminé qu'un quart de siècle plus tard par Brouwer et Popoviciu [BP10b]. En outre, le critère sur les degrés de Dixmier est exploité dans [BDP14] pour la classification complète des profils de degrés des systèmes homogènes de paramètres des algèbres C[Vn ]SL2 (C) pour n 6 8. 2.5 Modules de syzygies et suites de résolution
Jusqu'à présent, notre attention s'est essentiellement portée sur les générateurs des algèbres d'invariants. Toutefois, comme nous l'avons préalablement évoqué, ces algèbres ne sont pas en général des algèbres de polynômes et il est par conséquent naturel de s'intéresser aux relations entre les éléments d'une famille génératrice minimale, soit la détermination de modules des syzygies. Une fois lancé dans cette direction, rien ne nous empêche de poursuivre en cherchant les relations entre les relations, etc ce qui mène à la notion de résolution libre minimale pour un S-module graduée et ainsi à une autre forme de décomposition des algèbres d'invariants, alternative à celle de Hironaka introduite à la section 2.3. Pour notre propos, nous nous limitons au cas où l'anneau S est une algèbre de polynômes sur un corps, e.g. celle engendrée par un système homogène de paramètres d'une k-algèbre de type fini. En outre, soulignons que ces relations, ou syzygies, correspondent à une information de nature géométrique relative aux objets en lien avec les modules en questions. À ce sujet, on pourra consulter l'ouvrage, au titre évocateur, de Eisenbud : The Geometry of Syzygies [Eis05, Sec. 0B]. On note S la k-algèbre de polynômes k[x1,., xn ] et Sr pour un S-module libre de rang r. Dans ce qui suit, M désigne un S-module de type fini, e.g. une k-algèbre graduée de type fini considérée comme un k[✓1,., ✓r ]-module (cf. section 2.3). Définition 2.5.1 On appelle module de syzygies des éléments m1,., mr 2 M, le sous-module de Sr Syz(m
1,., mr ) = {(s1,., sr ) 2 Sr / s1 m1 + * * * + sr mr = 0}.
P Autrement dit, il s'agit du noyau M0 de l'application linéaire Sr! M, s 7! ri=1 si mi, qui est à nouveau un S-module de type fini, d'après le théorème de la base de Hilbert. On peut alors réitérer ce processus en s'intéressant au module de syzygies de M0, par l'intermédiaire 2.6. Séries de Hilbert 33 d'une application linéaire d1 : Ss! Sr dont l'image est M0. Via ce processus, on construit une résolution libre du S-module M, comme nous le définissons ci-après. Cette décomposition serait sûrement de peu d'intérêt si elle était infinie, toutefois on dispose du résultat suivant de Hilbert pour les modules de type fini, dont on trouvera une démonstration dans [Eis05, Sec.2A.3].
Théorème 2.5.3 - Théorème des syzygies de Hilbert.
Tout S-module M de type fini admet une résolution libre finie d d d " 2 1 0! Sm m!! S1! S0! M! 0. En outre, M admet une telle résolution libre de longueur m 6 n, le nombre d'indéterminée de S. En outre, en choisissant à chaque étape une famille génératrice minimale, on peut rendre cette décomposition unique à isomorphisme près (cf. [Eis05, Sec. 1B]). Shioda [Shi67] a déterminé la résolution minimale de l'algèbre d'invariants I8 en caractéristique nulle, que l'on indique au théorème 4.1.1. Pour notre part, nous avons conjecturée une telle résolution pour I8 en caractéristiques 3 et 7 (cf. les conjectures 4.2.6 et 4.3.5). En pratique, Schreyer [Sch80] a proposé un algorithme générique pour les calculs de modules de syzygies, basé sur les bases de Gröbner. Toutefois, pour l'obtention de nos résultats menant aux conjectures 4.2.6 et 4.3.5, soit le calcul explicite des (premiers) modules de syzygies de l'algèbre d'invariants I8 en caractéristiques 3 et 7, il est bien plus efficace de se ramener à de l'algèbre linéaire via l'utilisation d'une version ad hoc de l'algorithme 2 d'écriture d'un invariant relativement à un système de générateurs (cf. section 4.2.2). 2.6 Séries de Hilbert L
Pour une k-algèbre graduée de type fini A = i2N Ai, avec A0 = k, chaque composante homogène Ai est un k-espace vectoriel de dimension finie. On peut ainsi lui associer la série formelle suivante +1 X H(A, t) := dimk Ai ti, i=0 Hilbert 3 appelée série de de l'algèbre graduée A. Cette série encode donc les dimensions des composantes homogènes de A et s'avère être un outil puissant pour l'étude des algèbres graduées de type fini. Ne serait-ce déjà que pour minorer le nombres d'invariants fondamentaux nécessaire pour générer l'algèbre A (cf. section 2.2). 3. On recense également les dénominations série de Poincaré et série de Molien. 34
2. Structure des algèbres d'invariants
On dispose des « règles de calculs » suivantes.
Proposition 2.6.1
Pour trois k-algèbres graduées de type fini A1, A2, A3, on a H(A1 A2
,
t) = H(A1, t) + H(A2, t) et H(A1 ⌦k A2, t) = H(A1, t)H(A2, t
) et
si la suite 0! A1! A2! A3! 0 est une suite exacte respectant la graduation
,
alors H(A1,
t) Exemple 2.6.2 H
(A
2,
t)
+ H(A3, t) = 0
.
Puisque k
[x1
,
...
,
xn ]'k[x1 ] ⌦... ⌦ k[xn ], notant di le degré de xi, H(k[x1,..., xn ], t) = 1 (1 td
1 ) * * * (1 td n ). Des deux décompositions décrites précédemment pour une algèbre graduée de type fini A, la décomposition de Hironaka pour les algèbres de Cohen-Macaulay (cf. proposition 2.3.6) et la résolution libre (cf. 2.5.3), on déduit, en vertu des règles édictées à la proposition 2.6.1, une écriture sous forme de fraction rationnelle de la série de Hilbert H(A, t). Précisément, si A = ⌘1 k[✓1,., ✓r ] * * * ⌘s k[✓1,., ✓r ] est une décomposition de Hironaka de l'algèbre A, alors Ps ei i=1 t H(A, t) =, (2.1) d 1 (1 t ) * * * (1 tdr ) où di (resp. ei ) est le degré de ✓i (resp. ⌘i ). Lorsque le système homogène de paramètres {✓1,., ✓r } est fixé, les entiers ei, i.e. les degrés des invariants secondaires associés, sont uniquement déterminés, à l'ordre près. Toutefois, lorsque A 6= k, il existe une infinité de systèmes homogène de paramètres pour A, e.g. si {✓1,., ✓r } est un système homogène de paramètres, il en va de même de {✓1a1,., ✓rar }, pour ai 2 N⇤. Ainsi l'écriture de la série de Hilbert sous la forme précédente, i.e. N (t)/(1 td1 ). (1 tdr ) avec N (t) un polynôme à coefficients entiers naturels, n'est pas unique. On peut ainsi s'interroger sur le degré d'information que l'on peut déduire d'une telle écriture a priori. Certaines quantités li ées à l'écriture (2.1) sont en effet indépendantes du choix {✓1,., ✓r }, et témoignent de propriétés intrinsèques de l'algèbre A (cf. [DK02, Sec. 1.4] et [Shi67, Lem. 1]). Proposition
2.
6.3 Pour une k-algèbre A graduée de type fini, avec k = A0, (i) H(A, t) est la série entière d'une fraction rationnelle, dont le rayon de convergence est supérieur à 1 et l'ordre du pôle en t = 1 est égal au degré de transcendance r de A sur k ; (ii) si k est de caractéristique nulle, Frac(A) est une extension de Frac(k[✓1,., ✓r ]) de degré s = deg ✓1 * * * deg ✓r [H(A, t)(1 t)r ]t=1. Le minimum de s pour tous les choix possibles de système homogène de paramètres peut être appelé la complexité de A ; ce nombre mesure la distance de A à une algèbre de polynômes.
2.6. Observons immédiatement que la question II est loin d'être anecdotique. En effet, lorsqu'une telle écriture de la série de Hilbert provient d'un système homogène de paramètres d'une algèbre graduée A de type fini et de Cohen-Macaulay, et donc d'une décomposition de Hironaka de celle-ci, elle aboutit à une majoration assez fine des degrés des systèmes de générateurs fondamentaux de A. Précisément la majoration est donnée par max {d1,., dr, e1,., es }. Pour d'autres majorations a priori des degrés des générateurs de In, voir la section 2.7. Voici les écritures minimales des séries de Hilbert des algèbres In en caractéristique nulle pour n 6 8. Pour la détermination de ces dernières, voir le paragraphe suivant.
1, 1 t2 1 + t18 t4 )(1 t8 )(1 H(I2, t) = H(I5, t) = H(I3, t) = 1 1 t4, H(I4, t) = 1, (1 t2 )(1 t3 ) 1 + t15, t4 )(1 t6 )(1 t10 ) N2 (t), t8 )2 (1 t12 )(1 t30 ), H(I6, t) = t12 ) (1 t2 )(1 N1 (t) H(I7, t) = = (1 t4 )(1 t8 )(1 t12 )2 (1 t20 ) (1 t4 )(1 8 9 1 + t + t + t10 + t18 H(I8, t) = (1 t2 )(1 t3 )(1 t4 )(1 t5 )(1 t6 )(1 (1 t7 ) (2.3),
où N1 (t) = 1 + 2t8 + 4t12 + 4t14 + 5t16 + 9t18 + 6t20 + 9t22 + 8t24 + 9t26 + 6t28 + 9t30 + 5t32 + 4t34 + 4t36 + 2t40 + t48 (2.4) et N2 (t) = 1 + t8 + 5t12 + 4t14 + 3t16 + 9t18 + 4t20 + 5t22 + 8t24 + 36 2. Structure des algèbres d'invariants 4t26 + 4t28 + 8t30 + 5t32 + 4t34 + 9t36 + 3t38 + 4t40 + 5t42 + t46 + t54. (2.5)
L'écriture est unique et provient de système homogène de paramètres pour 2 6 n 6 6 (cf. [Gor87, GY03] par exemple) et n = 8 (cf. [Shi67]). La première écriture minimale de H(I7, t) est connue depuis le XIXème siècle, tandis que la seconde a été déterminée par Dixmier [Dix82], qui prouvent également qu'elles proviennent toutes les deux de systèmes homogènes de paramètres. Dixmier [Dix82] évoque également sept écritures minimales pour H(I9, t) et Brouwer et Popoviciu montrent [BP10b] qu'elles proviennent (au moins) pour cinq d'entre elles de systèmes homogènes de paramètres. Pour n > 10, ces questions n'ont, à notre connaissance, pas été abordées. Notons au passage la complexité des algèbres In en caractéristique nulle pour n 6 8 : 1, 1, 1, 2, 2, 88, 5. Concernant cette question de la représentativité, on peut aussi consulter [Dix85]. Concernant la seconde question, une réponse négative a été donnée pour l'action d'un groupe fini [Sta78, Ex. 3.8]. Pour le cas des algèbres In, le problème reste, à notre connaissance, ouvert en caractéristique nulle. Pour la caractéristique positive, nous apportons potentiellement une réponse négative, vu nos résultats conjecturaux en caractéristiques 3 et 7 pour l'algèbre I8 (cf. remarques 4.2.7 et le dernier paragraphe de la section 4.3.2). Nous présumons en effet que la série de Hilbert H(I8, t) en caractéristique nulle, donnée en (2.6), est encore la série de Hilbert de l'algèbre I8 en caractéristique 3 et 7. Or nous montrons qu'il n'existe pas de système homogène de paramètres avec le profil de degré ad hoc en caractéristiques 3 et 7. Outre ce que nous venons de détailler, en lien avec les décompositions de Hironaka d'une algèbre graduée de type fini, terminons en évoquant l'information en lien avec une résolution libre minimale, en traitant l'exemple de l'algèbre I8 en caractéristique nulle (cf. la section 4.1.1 pour une description complète de cette algèbre). Relativement à cette décomposition sous forme de résolution libre minimale, on réécrit la série de Hilbert en plaçant au dénominateur des facteurs (1 tdi ) pour les degrés correspondant à ceux d'un système de générateurs fondamentaux de l'algèbre, soit dans le cas de I8 : H(I8, t) = 1 P20 P29 d d=16 t + Q10 d=2 (1 d=25 t td ) d t45, relativement au système de générateurs fondamentaux J2,., J10, où Ji est de degré i. L'alternance des signes au numérateur reflète alors la règle de calcul, établie à la proposition 2.6.1, concernant la série de Hilbert d'une suite exacte d'algèbres graduées. Dans le cas de l'algèbre I8 en caractéristique nulle, on voit apparaître précisément les profils de degrés des éléments de systèmes de générateurs minimaux des modules de syzygies successifs liés aux neuf invariants fondamentaux J2,., J10.
| 16,963
|
02/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00009356-document.txt_30
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 3,101
| 6,053
|
QUESSADA Dominique, L'Esclavemaître. L'achèvement de la philosophie dans le discours publicitaire, Paris, Éditions Verticales / Le Seuil, 2002, 522 pages. RADDEN Günter, « The conceptualisation of emotional causality by means of prepositional phrases », pp. 273-294, in ATHANASIADOU Angeliki et TABAKOWSKA Elzbieta (éds), Speaking of Emotions: Conceptualisation and Expression, Berlin et New York, Mouton De Gruyter, 1998. RAJAGOPALAN Kanavillil, « Emotion and Language Politics: The Brazilian Case », pp. 105-123, Journal of Multilingual & Multicultural Development, vol. 25, n°2&3, « Languages and Emotions: A Crosslinguistic Perspective », 2004. RAMOND Charles, « Sur quelques problèmes posés par la conception mécaniste du corps humain au XVIIe siècle », pp. 107-122, in GODDARD Jean-Christophe et LABRUNE Monique (dirs), Le corps, Paris, Vrin, 1992. RASTIER François, « L'Être naquit dans le langage. Un aspect de la mimésis philosophique », Methodos, Savoirs et textes, « La philosophie et ses textes », vol. 1, 2001, revue électronique, document en ligne, <http://methodos.revues.org/document206.html>, consulté le 7 juillet 2004. recalcitrance.com/, <http://www.recalcitrance.com>, 29 janvier 2005, consulté le 31 mars 2005. REICH Wilhelm, La révolution sexuelle, trad. de l'anglais par Constantin Sinelnikoff (éd. orig. : 1936), Paris, Plon, 1968, 384 pages. REY Alain (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, 2 tomes, Paris, dictionnaires Le Robert, 1992. REISS Timothy J., « Revising Descartes: on subject and community », pp. 16-38, in COLEMAN Patrick, LEWIS Jayne et KOWALIK Jill (éds), Representations of the Self from the to Romanticism, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, document en ligne, <http://assets.cambridge.org/0521661463/sample/ 0521661463WSC00.PDF>, consulté le 7 juillet 2004. RIBEIRO Renato Janine, « "Les intellectuels et le pouvoir" revisited », pp. 390-402, in ALLIEZ Eric (dir.), Gilles Deleuze. Une vie philosophique, Le Plessis-Robinson (92), Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, coll. Les Empêcheurs de penser en rond, 1998. RIMÉ Bernard et SCHERER Klaus (dirs), Les Émotions. Textes de base, Neuchatel, Delachaux et Niestlé, 1989, 303 pages (bibliographie). RICHARDS Paul et RUIVENKAMP Guido, « New tools for conviviality. Society and biotechnology », pp. 274-295, in DESCOLA Philippe et PÁLSSON Gísli (éds), Nature and Society. Anthropological perspectives, Londres et New York, Routledge, 1996. RICHIR Marc, « Affectivité », pp. 347-352, in Encyclopaedia Universalis, vol. 1, 1998, édition électronique, 1998. DE ROBILLARD Didier, « Peut-on construire des "faits linguistiques" comme chaotiques? Quelques éléments de réflexion pour amorcer le débat », in Marges Linguistiques, vol. 1, mai 2001, document en ligne, <http://marg.lng.free.fr/documents/artml0008_robillard_dd/artml0008.hqx>, consulté le 7 juillet 2004. ROHOU Jean, Le XVIIe siècle, une révolution de la condition humaine, Paris, Le Seuil, 2002, 670 pages (bibliographie, index des principaux acteurs et témoins, index thématique). ROMAN Joël, La démocratie des individus, Paris, Calmann-Lévy, 1998, 225 pages. ROMEYER DHERBEY Gilbert, Les Sophistes, Paris, Presses Universitaires de France, Que-Sais-Je? n°2223, 1989 (1e éd. : 1985). RORTY Amélie Oksenberg, « From Passions pp. 159-172, in Philosophy, 57, 1982. to Emotions and Sentiments », ROSALDO Michelle Z., « The Things We Do With Words: Ilongot Speech Acts and Speech Act Theory in Philosophy », pp. 373-408, in CARBAUGH Donal (éd.), DISCOURS DE L'ÉMOTION 558 Cultural Communication and Intercultural Contact, Hillsdale (NJ), Lawrence Erlbaum Associates, 1990. ROSALDO Michelle Z., Knowledge and Passion: Ilongot Notions of Self and Social Life, Cambridge, Cambridge University Press, 1980, xv+286 pages (bibliographie, index). ROSENTHAL David M., « Emotions and the Self », pp. 164-191, in MYERS Gerald E. et IRANI K. D. (éds), Emotion: Philosophical Studies, New York, Haven Publications, 1983, document en ligne, <http://web.gc.cuny.edu/cogsci/emotions.htm>, consulté le 12 décembre 2002. ROSIER Irène, La parole comme acte. Sur la grammaire et la sémantique au XIIIe siècle, Paris, Vrin, 1994, 369 pages (bibliographie, index nominum, index rerum, manuscrits cités). ROSIER Irène et DE LIERA Alain, « Intention de signifier et engendrement du discours chez Roger Bacon », pp. 63-79, Histoire, Épistémologie, Langage, VIII-2, 1986. SAARNI Carloyn, « The Social Context of Emotional Development », pp. 306-322, in LEWIS Michael et HAVILAND Jeanette (éds), Handbook of Emotion, New York, Guilford Press, 2000. SARTRE Jean-Paul, Esquisse d'une théorie des émotions, Paris, Hermann, 1957, 68 pages. SCHAEFFER Jean-Marie, L'art de l'âge moderne. L'esthétique et la philosophie de l'art du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Gallimard, 1992, 446 pages (index des notions et index des noms propres). SCHAPIRA Charlotte, Les stéréotypes en français : proverbes et autres formules, Paris, Ophrys, 1999, 172 (bibliographie, glossaire et index). SCHLANGER Judith, Les métaphores de l'organisme, Paris, L'Harmattan, coll. Histoire des Sciences Humaines, 1995 (1e éd. : 1971), 262 pages (index). SEARLE John R., « A classification of illocutionary acts » (1971), pp. 349-372, in CARBAUGH Donal (éd.), Cultural Communication and Intercultural Contact, Hillsdale (NJ), Lawrence Erlbaum Associates, 1990. SEARLE John R., « Epilogue to the Taxonomy of Illocutionary Acts », pp. 409-417, in CARBAUGH Donal (éd.), Cultural Communication and Intercultural Contact, Hillsdale (NJ), Lawrence Erlbaum Associates, 1990. SEARLE John R., Sens et expression. Études de théories des actes du langage, traduction et préface par Joëlle Proust (éd. orig. : 1979), Paris, éd. de Minuit, 1982, 243 pages (bibliographie et index). SENAULT Jean-François, De l'usage des passions (1641), Paris, Fayard, 1987, 353 pages. SENGHOR Léopold Sédar, Liberté I, Négritude et humanisme, Paris, Le Seuil, 1964, 446 pages. SHAPIN Steven, « La politique des cerveaux : la querelle phrénologique au XIXème siècle à Édimbourg », pp. 146-199, in CALLON Michel et LATOUR Bruno (dirs), La science telle qu'elle se fait, Paris, La Découverte, 1991. BIBLIOGRAPHIE 559 SHIELDS Stephanie A., Speaking from the Heart: Gender and the Social Meaning of Emotion, Londres, Cambridge University Press, 2002, xiv+214 pages (bibliographie et index). SHUGER Debora, « The "I" of the Beholder: Renaissance Mirrors and the Reflexive Mind », pp. 21-41, in FUMERTON Patricia et HUNT Simon (éds), Renaissance Culture and the Everyday, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1999, vi+367 pages (index). SINGLETON Michael, « Sciences et/ou ethnosciences? », pp. 135-146, in Alliage, n°41-42, Hiver 1999-Printemps 2000. SMART Ariane, « Déviance et barbarie : nouvelles perceptions de la violence populaire à Paris au XIXe siècle », pp. 65-76, in DOUSTEYSSIER-KHOZE Catherine et SCOTT Paul (éds), (Ab)Normalities, Durham, Durham University Press, 2001(?), 180 pages, document en ligne, <http://www.dur.ac.uk/j.c.m.starkey/ DMLS/Abnormalities/05D%E9viance%20Et%20Barbarie.pdf>, consulté le 7 juillet 2004. SMITH Glenn, « Émotions et décisions violentes. Le cas madourais », pp. 145-199, in KISS Adam (dir.), Les Émotions. Asie, Europe, Paris, L'Harmattan, 2000. SOLOMON Robert C., « The Politics of Emotion », in Midwest Studies In Philosophy, XXII, 1998, document en ligne, <http://membres.lycos.fr/pdfzentrum/ Midwest/xtt3u3/solomon_polit_emot.pdf>, consulté le 7 juillet 2004. SOLOMON Robert C., « Some notes on emotion, 'east and west' », pp. 171-202, in Philosophy East & West, vol. 45, n°2, avril 1995, document en ligne, <http://sinosv3.sino.uni-heidelberg.de/FULLTEXT/JR-PHIL/slolmon.htm>, consulté le 31 mars 2003. SOLOMON Robert C., The passions, Notre Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 1983 (1e éd. : Garden City (NY), Anchor Press/Doubleday, 1976), 448 pages (index). SOPHOCLE, Tragédies, tome II : « Ajax, OEdipe Roi, Électre », texte établi par Alphonse Dain et traduit du grec ancien par Paul Mazon, Paris, Les Belles Lettres, 2002 (1e éd. : 1958), 194 pages. SPEER Michael, PhilosophyofMind.net: Philosophy of Emotions Portal: 200+ relevant links, <http://www.philosophyofmind.net/>, 29 mai 2003, consulté le 9 février 2005. SPERBER Dan et WILSON Deirdre, Relevance. Communication and Cognition, Oxford, Blackwell, 1995 (2e éd.), viii+326 pages (bibliographie et index). SPINOZA Baruch, Éthique, démontrée suivant l'ordre géométrique et divisée en cinq parties (1677), traduit du latin par Charles Appuhn, Paris, Vrin, 1983, 432+258 pages. STAROBINSKI Jean, « Le passé de l'émotion », pp. 51-76, Nouvelle Revue de psychanalyse, n°21, Paris, Gallimard, 1980. 2003, THROOP C. Jason, « Shifting From a Constructivist to an Experiential Approach to the Anthropology of Self and Emotion: An investigation 'within and beyond' the boundaries of culture », pp. 27-52, in Journal of Consciousness Studies, vol. 7, n°3, mars 2000. THUILLIER Pierre, Les savoirs ventriloques. Ou comment la culture parle à travers la science, Paris, Le Seuil, 1983, 183 pages (bibliographie et index). TOURAINE Alain, Critique de la modernité, Paris, Fayard, (bibliographie, index des noms cités, index thématique). 1992, 462 pages TRAVIS Catherine, « Omoiyari as a core Japanese value: Japanese-style empathy? », pp. 55-81, in ATHANASIADOU Angeliki et TABAKOWSKA Elzbieta (éds), Speaking of Emotions: Conceptualisation and Expression, Berlin et New York, Mouton De Gruyter, 1998. TRICAUD François, L'accusation. Recherche sur les figures de l'agression éthique, Paris, Dalloz, 1977, 209 pages (bibliographie). TRILLING Lionel, Sincerity and Authenticity, Londres, Oxford University Press, 1974 (1e éd. : 1972), 188 pages (index des noms). TURCHETTI Mario, « A la racine de toutes les libertés : la liberté de conscience », pp. 625-639, in Bulletin d'Humanisme et Renaissance, tome 56, 1994, document. en ligne, <http://www.unifr.ch/spc/UF/94juin/turchetti.html>, consulté le 7 juillet 2004. TURNER Mark et FAUCONNIER Gilles, « Metaphor, Metonymy, and Binding », 1998, édition en ligne : <http://markturner.org/metmet.html>, consulté le 13 octobre 2004. UNGERE Friedrich, « Emotions and emotional language in English and German new stories », pp. 307-328, in NIEMEIER Susanne et DIRVEN René (éds), The Language of Emotions. Conceptualization, expression, and theoretical foundation, Amsterdam et Philadelphie, John Benjamins, 1997. UNTERSTEINER Mario, Les Sophistes, 2 tomes, traduit de l'italien par Alonso Tordesillas (éd. orig. : 1967), Paris, Vrin, 1993, xxii+295 et 351 pages (bibliographie et index). VARELA Francisco J., Connaître. Les sciences cognitives : tendances et perspectives, éd. du Seuil, Paris, 1989, 122 pages. VARELA Francisco J., THOMPSON Evan et ROSCH Eleanor, L'inscription corporelle de l'esprit. Sciences cognitives et humaine, traduction de l'anglais par Véronique Havelange (éd. orig. : 1991), Paris, Le Seuil, coll. « La couleur des idées », 1993, 377 pages (bibliographie et index). VERNANT Jean-Pierre, Mythe et Pensée chez les Grecs. Études de Psychologie Historique, Paris, éditions La Découverte, 1990 (1e éd. : 1965), 428 pages (index). 562 VERVAECKE Geert, « Logodadaloi. La critique du langage dans la Grèce classique », pp. 134-163, in SWIGGERS Pierre et WOUTERS Alfons (dirs), Le langage dans l'antiquité, Louvain et Paris, Leuven University Press / Peeters, 1990. VINCENT Jean-Didier, Biologie des passions, Paris, Odile Jacob, 1986, 344 pages. VINCK Dominique, Sociologie des sciences, Paris, Armand Colin, 1995, 292 pages (bibliographie, index). VIVEIROS DE CASTRO Eduardo, « Les pronoms cosmologiques et le perspectivisme amérindien », pp. 429-462, in ALLIEZ Eric (dir.), Gilles Deleuze. Une vie philosophique, Le Plessis-Robinson (92), Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, 1998. WARDHAUGH Ronald, An Introduction to Sociolinguistics, Oxford, Basil Blackwell, 1986, 384 pages (bibliographie et index). WELLS Susan, Sweet reason, rhetoric and discourses of modernity, Chicago, University of Chicago Press, 1996, 287 pages. WERTH Paul, « TIRED and EMOTIONAL - On the semantics and pragmatics of emotion verb complementation », pp. 409-440, in ATHANASIADOU Angeliki et TABAKOWSKA Elzbieta (éds), Speaking of Emotions: Conceptualisation and Expression, Berlin et New York, Mouton De Gruyter, 1998. WHITE Geoffrey M., « Representing Emotional Meaning: Category, Metaphor, Schema, Discourse », pp. 30-44, in LEWIS Michael et HAVILAND Jeanette (éds), Handbook of Emotion, New York, Guilford Press, 2000. WHITEHEAD Alfred North, Le Concept de Nature, traduit de l'anglais par Jean Douchement (éd. orig. : 1920), Paris, Vrin, 1998, 186 pages. WIERZBICKA Anna, « L'amour, la colère, la joie, l'ennui - la sémantique des émotions dans une perspective transculturelle », pp. 97-108, in Langages, n°89, Paris, Larousse, mars 1988. WILLIAMS Bernard, « The Analogy of City and Soul in Plato's Republic », pp. 255-264, in FINE Gail (éd.), Plato 2. Ethics, Politics, Religion, and the Soul, Oxford, Oxford University Press, 1999, viii+481 pages (bibliographie, index des noms et index des passages de Platon). WITTGENSTEIN Ludwig, Tractatus logico-philosophicus, suivi de Investigations philosophiques, traduit de l'allemand par Pierre Klossowski (éd. orig. : 1953), Paris, Gallimard, coll. Tel, 1961, 364 pages. WOLF Hans-Georg, A Folk Model of the "Internal Self" in Light of the Contemporary View of Metaphor. The Self as Subject and Object, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 1994, 315 pages (bibliographie). WOUTERS Cas, « On Status Competition and Emotion Management: The Study of Emotions as a New Field », pp. 229-252, in Theory, Culture & Society, vol. 9, n°1, 1992. BIBLIOGRAPHIE 563 WOUTERS Cas, « Formalization and Informalization: Changing Tension Balances in Civilizing Processes », pp. 1-18, in Theory, Culture & Society, vol. 3, n°2, 1986. ZACCAÏ Edwin, « Entretien avec Tobie Nathan. Des ethnies à la psychiatrie : allers et retours », pp. 163-175, in Cahiers de Psychologie Clinique, vol. 4 : La pensée magique, Bruxelles, De Boeck Université, 1995. ZEITLIN Froma I., « Signifying difference: the myth of Pandora », pp. 58-74, in HAWLEY Richard et LEVICK Barbara (éds), Women in antiquity. New assessments, Londres et New York, Routledge, 1995. Tables Table des matières
NOTE LIMINAIRE 3 I 1 INTRODUCTION5 1. ÉMERGENCE HISTORIQUE DU CONCEPT D'ÉMOTION
25 L'INVENTION PLATONICIENNE 27 Passions présocratiques 27 La définition de l'âme, ou le projet politique de Platon 29 Passions, discours de maîtrise et projet politique 30 La tyrannie des passions 32 L'analogie entre l'âme et la cité 34 Composition tripartite de l'âme et domination 36 Le discours de maîtrise 39 La condamnation du corps : corps-prison et passion-pharmakon 41 Passions et mise à distance 44 Condamnation et séparation du corps 45 Les rapports entre contrôle et mise à distance chez Platon 49 LA CRISTALLISATION AUGUSTINIENNE 53 L'apport aristotélicien et sa postérité 54 L'épisode stoïcien 57 Synthèses et traductions de Cicéron 59 Une version chrétienne des passions, des passions structurant la pensée chrétienne 61 LES THÉORIES MÉDIÉVALES DES PASSIONS 68 La passion selon Thomas d'Aquin : passivité, subdivision et mouvements de l'âme 68 L'influence des courants mystiques 71 LES TEMPS BOULEVERSÉS 74 DISCOURS DE L'ÉMOTION 568 La dislocation religieuse de l'Europe chrétienne 74 L'autonomisation du politique 76 Paix de religion et pax civilis : l'État comme solution aux conflits 76 Du regimen au gouvernement (des passions) 78 Les transformations sociales, intellectuelles, techniques et économiques 81 Des mutations intellectuelles 81 Introduction et valorisation de la notion d'intérêt au XVIe siècle 84 LA RÉVOLUTION CARTÉSIENNE 88 Un traité des passions s'inscrivant dans une mutation épistémologique 90 Une révision radicale du corps, de l'âme et de leurs rapports 94 Les innovations de René Descartes 97 PASSIONS ET ÉMOTIONS AUTOUR DE L'ÂGE CLASSIQUE 100 L'émotion et la passion dans les Aventures de Télémaque de Fénelon 102 Émotion, émouvoir et ému 103 Passion et passions 105 L'opposition entre raison et passion
105 Enjeux de pouvoir : la métaphore tyrannique des passions 108 La métaphore sémiotique des passions 111 La passion amoureuse 112 Le coeur, entre passion et volonté 114 Le visage, lieu du visible de la passion 116 Autour de la passion et de la raison : le sentiment et l'intérêt 116 Discours de maîtrise : la métaphore tyrannique généralisée 118 Les passions du Télémaque à la lumière de la Princesse de Clèves 120 La métaphore sémiotique dans la Princesse de Clèves 122 Une métaphore tyrannique fortement travaillée par la métaphore sémiotique
124 La
violence
125 L
'aliénation 126 Discours de dissimulation et de contrôle : les métaphores sémiotique et tyrannique généralisées 127 La passion comme moteur de l'action ou comme cause
131
L'évaluation morale de la passion 137 En guise de synthèse
139 PASSIONS ET INTÉRÊT : ÉVOLUTIONS ET RECONFIGURATIONS AUX XVIIE ET XVIIIE SIÈCLES
145 Le renforcement de la subjectivité et de l'individuation par l'absolutisme 147 La reconfiguration de la triade passions-raison-volonté 150 Au-delà de l'apátheia et de la metriopátheia : distinction conceptuelle et équilibre réciproque
156
TABLE DES MATIÈRES 569
La valorisation de la sensibilité et des passions 161 LA PSYCHOLOGIE DE L'ÉMOTION 164 L'emotion de Thomas Brown et Thomas Chalmers 165 L'émotion scientifique ou la volonté de faire-science 167 L'élaboration du concept 168 Les exigences du laboratoire 169 Une émotion naturelle et mesurable 170 L'authenticité : le label physiologique 171 Le réquisit causaliste 173 La mobilisation rhétorique de l'émotion 179 L'émotion et l'animal 180 L'émotion et la femme, l'enfant ou le primitif 182 L'émotion et la foule 187 2 2. VERBALISATION DE L'ÉMOTION191 GÉNÉRALITÉS 194 Principes métaphoriques 195 Stéréotypes émotionnels 202 Rappels historiques 205 CARACTÉRISTIQUES FONDAMENTALES 207 Internalité, individualité, personnalisation 208 L'opposition raison-émotions 212 La qualité eu-/dysphorique de l'émotion 215 La réaction émotionnelle 217 La naturalité 223 Variation et inconstance 227 Intensité, extrémité, violence 230 L'intensité de l'émotion 230 La force de l'émotion 232 Autres mesures de l'émotion 236 L'intensité comme violence 241 Profondeur et subtilité 242 PLUSIEURS MODÈLES MÉTAPHORIQUES GÉNÉRAUX 246 DISCOURS DE L'ÉMOTION 570 La métaphore hydraulique 246 La métaphore sémiotique 250 L'émotion s'exprime 251 Profondeurs et surface 256 La métaphore pathologique 256 La métaphore gravitationnelle 258 L'analogie macro-/microcosme : l'émotion comme force de la Nature 261 La bête sauvage au coeur de la nature humaine 266 L'émotion comme être vivant 266 L'émotion comme un fauve en cage 268 DYNAMIQUES DE L'ÉMOTION : GENÈSE, CAUSES ET EFFETS 269 Principe d'accumulation de l'émotion 270 Le remplissage liquide 271 L'accumulation thermique 273 Émotion et actions physiologiques 277 Imageries ethnothéoriques : la réponse viscérale 277 Le coeur 277 Les viscères 281 Des traces de la théorie des humeurs 283 Le(s) sang(s) 283 Les autres humeurs 285 La physiologie homéostatique 286 Les localisations de l'émotion 287 Le visage, lieu de manifestation de l'émotion 287 Les couleurs de l'émotion 290 Les non-couleurs de la froideur 291 Les couleurs de la chaleur 294 La dynamique des couleurs 295 La sueur 296 Le mouvement émotionnel : animation et transport 297 L'agitation 298 La perturbation 301 La modification 303 Le déplacement 304 Les effets incapacitants de l'émotion 306 'étreinte 306 La parole perturbée 309 La paralysie 313 L'aliénation de l'esprit 315 Le contact émotionnel 317 La douceur 319 L'empreinte 320 TABLE DES MATIÈRES 571 Le choc 321 La circulation de l'émotion 323 L'échange 324 La communication 324 Le partage 325 La contagion 327 La pénétration 329 L'inspiration 330
VALEURS ET ATTENTES SOCIALES : LES RÉACTIONS
AUX ÉMOTIONS
331 La modération de l'émotion 332 L'excès 333 La justesse 336 L'opposition à et de l'émotion 337 Dissimulations, feintes et simulations 337 Maîtrise, domination ou contrôle de l'émotion 341 Maîtrise des émotions et maîtrise de soi 343 La contention 346 Émotion et liberté 347 La trahison 348 Dynamiques de l'affrontement 349 Le management de l'émotion 354 MODÈLES ALTERNATIFS DE L'ÉMOTION 357 L'émotion comme critère discriminatoire 358 Individuation versus collectif 360 L'émotion dite populaire 360 L'articulation entre individuel et collectif 364 L'émotion et l'individuation à l'âge mineur 364 Des versions positives de l'émotion 367 L'émotion comme critère d'humanité 368 Émotion et principe vital 372 Présence et richesse intérieure 377 Sentimentalité, sensiblerie et ambivalences de l'émotion 379 L'émotion esthétique 380 L'émotion comme critère discriminant artistique 383 L'émotion esthétique comme agir 386 Émotion et transfert 386 Émotion et convocation 388 Émotion et accès : par-delà le transfert et la convocation 392 Le spectacle : art et émotion 394 L'émotion religieuse 396
ÉMOTION ET THÉORIE DU LANGAGE 398
DISC
OURS DE L'ÉMOTION 572
Des marques linguistiques de l'émotion? 398
L'émotion indescriptible et son expression
,
ou quel principe sémiotique au fondement de l'efficace langagière
| 13,892
|
63/pastel.archives-ouvertes.fr-pastel-00798252-document.txt_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,321
| 12,793
|
28 L'Institution nationale de la statistique et des études économiques (INSEE) est une direction générale du ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi qui analyse et diffuse des informations sur l'économie et la société françaises. L'INSEE organise, contrôle et exploite notamment le recensement annuel (depuis 2004) de la population résidant en France qui fournit des statistiques finement localisées sur le nombre d'habitants et sur leurs caractéristiques (âge, profession, logement, famille) en apportant également des informations sur les logements. Le recensement est une compétence partagée de l'État et des communes depuis 2002 (www.insee.fr). 29 SITADEL (système d'information de traitement automatisé des données élémentaires sur les logements) est la base de données (MEEDDM) du système statistique public relative à la construction neuve de logements et de locaux non résidentiels. Cette base est alimentée par les informations des permis de construire, permis d'aménager, permis de démolir et déclarations préalables. Ces données sont transmises chaque mois par les centres instructeurs des directions départementales de l'équipement et par les communes (ou groupements de communes) autonomes. Sit@del2 est la continuité de SITADEL, prenant en compte les nouvelles variables des formulaires mis en place lors de réforme du droit des sols en octobre 2007 (source : www.statistiques.equipement.gouv.fr). 30 FILOCOM (FIchier des LOgements par COMmunes) est un fichier élaboré par la Direction générale des finances publiques (DGFiP) par l'appariement du fichier de la taxe d'habitation, du fichier foncier des propriétés bâties, du fichier des propriétaires et du fichier de l'impôt sur les revenus des personnes physiques. Il fournit des informations quantitatives, exhaustives et localisées sur le parc de logements ainsi que ses occupants au profit des organismes publics chargés de la définition, de la mise en oeuvre et de l'évaluation des politiques générales ou locales de l'habitat (source : www.statistiques.equipement.gouv.fr et www.observationurbaine.certu.equipement.gouv.fr). 31 Outil de pilotage et d'échange sur le réseau de l'ANAH : système d'information qui gère les données issues des fichiers de gestion de l'agence. 56 Le Service de l'observation et des statistiques (SOeS) du Commissariat général au développement durable (CGDD) propose des informations croisées provenant d'une multitude de sources (FILOCOM, SITADEL2, ECLN32, enquête PLS, ERDF33, PTZ)34. Le recensement de l'INSEE reste une référence incontournable qui permet de suivre l'évolution du parc par enquêtes successives à partir de définitions génériques reconnues. Les rapports de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) permettent d'obtenir une vision complémentaire assez précise du parc des logements (privés) existants. I.2.1.3 Une nomenclature immobilière générale articulée autour de la notion de local
Ces différents organismes recourent à un lexique immobilier assez similaire qui recouvre toutefois des interprétations et des logiques d'emploi des données statistiques assez différentes. Il est donc nécessaire de choisir des définitions communes dont les données statistiques se recoupent et permettent d'obtenir une vision du bâtiment sous l'angle énergétique. La nomenclature que nous avons retenue, est un compromis entre celle qui est utilisée dans les statistiques de recensement des bâtiments neufs ou existants (SITADEL, INSEE, ANAH), celle à laquelle se réfèrent les estimations de consommation d'énergie (CEREN) et la nomenclature des branches de la comptabilité nationale (Allaire et al, 2007).
I.2.1.3.1 • Les objets immobiliers élémentaires du parc immobilier national
Le local correspond à une pièce ou à un ensemble de pièces situé dans une construction à vocation résidentielle ou non. Il peut y avoir des locaux résidentiels et non résidentiels au 32 L'ECLN (Enquête sur la Construction des Logements Neufs) est une enquête trimestrielle assurant, à partir de la base de données sit@del2 le suivi de la commercialisation des logements neufs destinés à la vente aux particuliers. 33 Le dispositif de distribution de l'électricité en France (assurée successivement par EDF, EDF-GDF Distribution et désormais ERDF) permettait d'identifier les logements dans lesquels étaient supprimés les raccordements d'électricité et de les classer, dans SITADEL, comme destinés normalement à la démolition. EDF ne vérifiant pas l'effectivité des démolitions, leur nombre restait souvent surestimé. L'intégration des permis de démolir dans la base sit@del2 depuis 2008 devrait permettre d'obtenir une vision plus précise du taux de renouvellement du parc immobilier • Les locaux non résidentiels sont destinés à un usage différent de l'habitation. Les constructions destinées à l'hébergement collectif (hôtels, foyers de personnes âgées, étudiants, jeunes travailleurs, migrants, enfants ou adolescents inadaptés, handicapés mentaux, ) sont classées dans les locaux non résidentiels. Le type d'ouvrage des locaux décrit l'usage et, dans certains cas, la nature de l'activité économique à laquelle ils sont consacrés (industriel, agricoles, secteur tertiaire). Les locaux du secteur tertiaire sont par défaut non résidentiels. • Un local vacant est un local inoccupé (proposé à la vente, à la location, déjà attribué à un acheteur ou un locataire, en attente d'occupation, en attente de règlement de succession, gardé vacant et sans affectation précise par le propriétaire). Il appartient au parc immobilier existant et n'intervient pas dans la mesure du flux immobilier.
I.2.1.3.2 La typologie d'utilisation des locaux et des bâtiments
L'analyse de la consommation énergétique immobilière implique de connaître l'activité humaine associée à chaque local ou bâtiment. Il est distingué classiquement deux types de parcs immobiliers : le parc dit « résidentiel » réunissant les bâtiments d'habitation et le parc dit « non résidentiel » regroupant les bâtiments utilisés dans le cadre d'une activité économique (tertiaire, industrielle et agricole). Les logements peuvent être segmentés en trois types : les résidences principales, les résidences secondaires et les logements vacants. Les bâtiments et les locaux sont identifiés à partir du secteur économique pour lequel ils sont destinés : un local dit tertiaire abrite une activité du secteur tertiaire au sens de la nomenclature d'activités françaises (NAF). Le secteur tertiaire au sens de l'INSEE Cf. Annexe 3) peut se décomposer en 13 branches d'activités correspondant au premier niveau de la NAF (Tableau 3) : 58
Tableau 3. Nomenclature d'activités françaises (NAF) ème
NAF (2 révision, 2008) - Niveau 1 - Liste des sections Code Libellé PRIMAIRE SECONDAIRE SECONDAIRE SECONDAIRE SECONDAIRE SECONDAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE TERTIAIRE Agriculture, sylviculture et pêche Industries extractives Industrie manufacturière Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné Production et distribution d'eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution Construction Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles Transports et entreposage Hébergement et restauration Information et communication Activités financières et d'assurance Activités immobilières Activités spécialisées, scientifiques et techniques Activités de services administratifs et de soutien Administration publique Enseignement Santé humaine et action sociale Arts, spectacles et activités récréatives Autres activités de services Activités des ménages en tant qu'employeurs ; activités indifférenciées des ménages en tant que producteurs de biens et services pour usage propre Activités « extra-territoriales » T U
D'après site Internet www.insee.fr (2010). L'essentiel des études nationales (Pelletier, 2008 ; Girault, 2001 ; Orselli, 2008 ; ADEME, 2010) menées sur la consommation énergétique des bâtiments se référence à la classification en huit catégories de locaux généralement employées par le CEREN : • les bureaux ; • les commerces ; • les équipements collectifs en transport et les aires de stationnement ; • les équipements collectifs en enseignement et en recherche ; • les équipements collectifs en santé ; • les équipements collectifs de sports, de culture et de loisirs ; • les hôtels, les cafés et les restaurants ; • les locaux d'hébergement ou d'habitat communautaire (foyers). Les locaux vacants du tertiaire correspondent alors à un neuvième segment tertiaire. Les locaux abritant une activité industrielle35 constituent chacun une catégorie particulière qui nécessite une étude énergétique spécifique à chaque processus de production, de fabrication ou 35 La nomenclature des activités économiques pour l'étude des livraisons et des consommations d'énergie (NCE 2003) prévoit 23 activités industrielles, hors industries agroalimentaires, et la nomenclature d'activités française (NAF 2008 rev2) y fait correspondre plus de 300 types d'activités industrielles. 59 d'extraction. Il est essentiel de discerner ces locaux dits industriels des grands ensembles immobiliers industriels qui rassemblent aussi des locaux tertiaires (bureaux, logistique, stockage, vente commerciale ). L'incomplétude des données statistiques ne permet pas d'atteindre ce niveau de précision et la totalité des surfaces utiles est assimilée au domaine industriel dans les études statistiques menées à l'échelle du parc immobilier national. L'activité agricole rassemblant la quasi-totalité des bâtiments du secteur primaire, nous n'aborderons pas le cas marginal des constructions utilisées dans la sylviculture et la pêche à l'échelle immobilière d'un parc.
I.2.1.3.3 Les différents usages du bâtiment sur le territoire national
La majorité des rapports faisant état des consommations énergétiques dans le secteur immobilier se limite à l'étude du parc résidentiel et du parc dit tertiaire. Il convient d'apporter des précisions complémentaires sur les estimations permettant d'aboutir à une telle vision énergétique du parc immobilier en France. L'analyse énergétique du parc immobilier national français, qui rassemble l'ensemble des bâtiments implantés sur le territoire métropolitain, procède généralement d'une décomposition articulée selon les deux grandes familles de constructions précédemment évoquées. Le parc résidentiel métropolitain (84% du domaine privé) regroupe plus de 31 millions de logements, soit un total de 2700 Mm2 (2005)36 répartis entre 18 millions de logements individuels et 13 millions de logements collectifs. Les bâtiments non résidentiels (secteurs agricoles, industriels et tertiaires) représentent une superficie d'environ 2400 Mm2.
La Figure 10 présente la répartition totale surfacique pour les bâtiments non résidentiels : Bâtiments du secteur industriel (environ 490 Mm2)
21% Bâtiments agricoles (environ 1000 Mm2) 38% Bâtiments du secteur tertaire (environ 900 Mm2) 38%
Figure 10. Répartition surfacique des bâtiments non résidentiels D'après une estimation menée à partir de données de l'INSEE et du ministère du développement durable (2010). Ces familles de bâtiments ne proposent pas les mêmes opportunités d'amélioration de l'efficacité énergétique. Le secteur agricole, qui rassemble près de 1000 Mm2 de surface, ne représente que 2% des consommations énergétiques finales. L'industrie totalise environ un quart des consommations. Cette énergie est essentiellement utilisée pour la mise en oeuvre de processus industriels supportés par des installations à part entière et ne contribue que faiblement au fonctionnement des bâtiments. La très grande variété de ces procédés (extraction, transformation et fabrication) ne permet pas d'étudier ces bâtiments de manière générale et implique de mener une approche au cas par cas. Malgré l'existence d'une grande diversité de fonctions, les bâtiments à usage résidentiel ou tertiaire possèdent des caractéristiques énergétiques suffisamment similaires (besoins, équipements, structure) pour envisager une étude générale (Thiers, 2008). La rénovation énergétique des parcs résidentiels et tertiaires qui totalisent, presque la moitié des consommations nationales en énergie finale, propose des gisements d'économie d'énergie plus conséquents et nettement plus accessibles à l'action publique. Des mécanismes d'incitation financière ont été mis en oeuvre pour encourager les propriétaires (crédits d'impôts, subvention, TPZ) à investir dans des actions d'isolation thermique ou dans la modernisation de leurs équipements énergétiques. La hausse constante des prix de l'énergie conjuguée à certaines subventions stimule l'intérêt des propriétaires pour la recherche de solution économique dans le domaine énergétique. L'amélioration de l'efficacité énergétique permet, suivant le même principe, à certaines entreprises de limiter leur coût de fonctionnement. I.2.1.4 L'analyse de cycle de vie (ACV) du bâtiment
L'étude du secteur économique de la construction met en perspective trois familles d'activités (Bougrain et al, 2003) : • Les activités de fabrication industrielle et de distribution (matériaux, équipements, installations) incluant la location et la commercialisation ; • Les activités liées à la mise en oeuvre des opérations sur chantier (programmation, conception, réalisation, réhabilitation, démolition) ; • Les activités de gestion continue et de transactions (achat, vente, mise en location, gestion, exploitation, maintenance). Ces activités interviennent dans la « vie » d'un ouvrage à un moment donnée. Ces différentes périodes correspondent au « cycle de vie » du bâtiment.
I.2.1.4.1 La vie d'un bâtiment
Ce cycle de vie peut se décomposer en quatre phases distinctes : la construction, l'utilisation, la réhabilitation et la disparition (démolition ou déconstruction). Chacune des phases peut être, à son 61 tour, décomposée en phases élémentaires. La disparition prend en considération le recyclage sur place, le transport vers un site de recyclage, le transport et l'incinération ou la mise en décharge. La construction des bâtiments correspond à la consommation directe pour la réalisation des chantiers, la consommation indirecte pour la fabrication des matériaux, leur approvisionnement et leur transport vers les chantiers, ainsi que les consommations annexes issues des autres branches de l'économie (ex : assurances) imputable au secteur du bâtiment (ADEME, 2005b). La durée de vie de l'ouvrage reste fortement corrélée à la qualité de la maintenance réalisée qui dépendant elle-même de la qualité du dispositif de gestion du bâtiment. La Figure 11 schématise l'effet des actes de maintenance sur la longévité du bâtiment :
Taux d'usure 100% Durée de vie sans maintenance Augmentation de la durée de vie Acte de maintenance Acte de maintenance Temps 0%
Figure 11. Effet des opérations de maintenance sur la longévité du bâtiment D'après (CERTU, 2005). Les ouvrages sont construits pour une durée de fonctionnement déterminée à la conception sur laquelle s'établit un système de garantie limitée dans le temps à la réception des travaux. Le code civil prévoit en France une garantie de parfait achèvement pour les vices apparents ou une garantie décennale des constructeurs pour les vices cachés. Le code de la construction et de l'habitation définit un bail à construction (Art. L251-1) permettant au preneur d'édifier des constructions sur le terrain du bailleur et de les conserver en bon état d'entretien pendant toute la durée du bail qui peut être comprise entre dix-huit et quatre-vingt-dix-neuf ans sans prolongement par tacite reconduction. Ces références temporelles traduisent implicitement l'existence d'une durée fonctionnelle pour l'ouvrage, communément nommée « durée de vie », qui varie en fonction du type de construction et surtout de son maintien en condition opérationnelle.
I.2.1.4.2 L'analyse du cycle de vie (ACV)
Issue d'une méthode d'évaluation économique du cycle de vie des systèmes d'arme au profit du secteur industriel de l'armement (Kohler, 2002), l'analyse du cycle de vie (ACV) s'est 62 progressivement imposée dans les secteurs de la production et du service. Cette approche méthodologique consiste à assimiler les évènements passés et à venir intervenant dans la gestion ou l'exploitation d'un produit. Cette démarche projective bénéficie d'un cadre normatif industriel (ISO 14040) depuis 1997 (AFNOR, 2006) et son application au bâtiment s'est développée pendant cette même période à l'occasion de projets européens de recherche comme REGENER37. L'analyse du cycle de vie des bâtiments repose sur une application rigoureuse (Mandallena, 2006) fondée sur la connaissance et le suivi des « flux de masse » comme l'énergie et la matière (Peuportier, 1998 Elle met en relation des considérations économiques et écologiques ancrées dans le temps pour mesurer38 des impacts environnementaux et les implications liées à l'emploi des ressources énergétiques (Kohler, 2002). Elle propose un outil d'aide à la décision pour les concepteurs capable de fournir une vision globale et transverse facilitant le travail collaboratif pour l'atteinte d'objectifs quantifiables de « performance environnementale ». La notion de cycle de vie propose un support d'étude pour d'autres phénomènes plus macroscopiques comme la dynamique des flux immobiliers. La longévité ou l'âge d'un bâtiment 37
Projet d'intégration des énergies renouvelables (1995-1996) utilisant le logiciel français EQUER développé par l'ENSMP (Mandallena, 2006). 38 Exemples de logiciels récents issus de la recherche : EQUER (Ecole des Mines - Paris Tech,), LEGOE (Institut für industrielle bauproduktion, www.ifib.uni-karlsruhe.de/web/ifib_dokumente/downloads/gbc00-lg.pdf) et BEES (National institute of standards and technology, www.nist.gov/el/economics/BEESSoftware.cfm). 63 est un critère qui apparaît essentiel pour l'évaluation de la situation du parc immobilier à venir. La segmentation par « â
ge
» (
date
de
construction) rend ainsi possible l'anticipation des phénomènes associés au flux immobilier comme l'arrivée de vague de réhabilitations ou de démolitions (constructions des années 1960) pour une tranche d'âge considérée. La période du cycle de vie complet d'un bien immobilier pourrait être supérieure à 100 ans. Par convention (AFNOR, 2007b), la durée utilisée dans les calculs d'estimation des coûts générés par l'utilisation d'un bâtiment varie entre 80 ans (Peuportier, 2008) et 100 ans parce qu'il est « peu probable que le calcul soit affecté de manière significative au-delà de cette période » (AFNOR, 2007b). Cet horizon temporel et la quantité massive des bâtiments existants expliquent en partie le faible flux immobilier constaté en sortie des grands parcs immobiliers nationaux. Le cycle de vie est une notion qui peut s'appliquer, par extension, à tout type de construction ou d'ouvrage pour des durées de vie variable. Elle doit tenir compte de la durée vie des éléments constitutifs comme les composants ou les principales installations d'un bâtiment qui varie dans les modélisations entre 30 et 40 ans (Axenne et al, 2007).
I.2.1.4.3 L'énergie dans le cycle de vie d'un bâtiment
L'utilisation des bâtiments constitue le premier poste de consommation énergétique. La Figure 13 propose le résultat d'une étude, menée à la fin des années 1990, sur la consommation énergétique des bâtiments au cours de leur cycle de vie : Résultat d'une étude menée sur l'ACV des bâtiments aux Etats-Unis et en Union européenne situés dans différentes zones climatiques : Production, transport et construction : 12% Usage (chauffage, ventilation, ECS et électricité non spécifique) : 84% Maintenance et rénovation : 4%
Figure 13. Répartition de la consommation énergétique d'un bâtiment pendant son cycle de vie D'après (Adalberth, 2008). Environ 80% des coûts induits par la vie d'un bâtiment, dépenses énergétiques comprises, sont déterminés par des décisions intervenant avant le début des travaux de construction (AFNOR, 2007a) ou de réhabilitation (programmation, conception et élaboration). Les 20% de marge décisionnelle sont essentiellement fournis par la latitude des choix de gestion émis à l'occasion de la phase d'exploitation. La Figure 14 illustre cet effet structurant des décisions d'amont sur les coûts de fonctionnement du bâtiment :
Coût global 100% ~ 80% Part relative des coûts figés par les décisions antérieures Coût cumulé lié au fonctionnement du bâtiment 0% Temps CONCEPTION Part relative du coût cumulé lié au fonctionnement ~ 5% REALISATION EXPLOITATION ET MAINTENANCE ~20% ~ 75%
Figure 14. Répartition des coûts générés par une construction pendant son cycle de vie D'après (MICCP, 2006 ; MEDDAT, 2009). Bien évidemment, il s'agit d'un schéma de principe destiné à présenter des ordres de grandeur. Les coûts cumulés générés par l'utilisation varient dans le temps en fonction de nombreux facteurs comme le type d'ouvrage ou encore le type d'activité. Le coût moyen unitaire surfacique d'un hôpital (fonctionnement continu) sera ainsi supérieur à la majorité des bâtiments du secteur tertiaire ou résidentiel : 65 us ine hôpita l pisc ine
Coût (%) a
re bu
u
loge Coût de la construction (base de référence) Construction Utilisation m en t Temps (années)
Figure 15. Variation du coût de fonctionnement selon le type d'activité du bâtiment
Cette notion soulève le problème de pilotage et de suivi des opérations ou projets d'amélioration de la performance énergétique dans le temps. La décision de réhabiliter un bâtiment ancien pour satisfaire une demande nouvelle, d'ordre énergétique ou non, doit prendre en considération le facteur temps mais aussi le facteur ressource. Le bâtiment est conçu pour remplir une fonction pendant une période de temps donnée subissant une altération de ses performances initiales due à l'exposition d'agents extérieurs. Cette conception doit privilégier l'emploi raisonnable et raisonné des ressources nécessaires (dont l'énergie) dans le respect de l'environnement. L'analyse du coût global d'un bâtiment permet de développer cette nécessaire approche globale et de définir, pour une opération de réhabilitation énergétique, le meilleur choix articulant les facteurs temps et ressources aux disponibilités financières destinées à faire vivre l'ouvrage considéré. Cette approche en coût global est fondamentale pour analyser le cycle de vie des bâtiments. Elle propose une méthode d'arbitrage évolutive permettant au maître d'ouvrage de mieux appréhender l'effet des coûts différés dans leur choix d' . La démarche en coût global peut s'appliquer à tous les types de travaux (construction, réhabilitation ou rénovation) à l'occasion des différentes phases d'un projet sous réserve d'avoir préalablement défini les objectifs attendus dans tous les domaines. La norme ISO 15686-539 décrit l'approche globale comme « une comparaison entre plusieurs variantes ou une estimation des coûts futurs au niveau du patrimoine, de l'ouvrage ou du composant » (AFNOR, 2007a). La MIQCP propose une typologie en trois catégories qui permet d'appréhender les coûts liés à la vie d'un bâtiment (MIQCP, 2006). La notion de coût global élémentaire fait intervenir, en plus de la construction, l'exploitation et la maintenance du bâtiment en termes de coûts différés techniques et énergétiques dans une proportion de 75%. I.2.1.5 La dynamique immobilière à l'échelle du local
Le cycle de vie d'un ensemble de bâtiments constitutifs d'un même parc génère un flux de locaux entrant (achat et construction) et un flux de locaux sortant (cession et démolition).
I.2.1.5.1 Les flux externes
Ces flux immobiliers, qui correspondent à l'acquisition et à la disparition de locaux, proviennent d'une interaction avec l'environnement extérieur et génèrent un mouvement interne de renouvellement immobilier (Figure 16).
Figure 16. Les flux externes d'un parc immobilier
I.2.1.5.2 Les flux internes
Cette dynamique externe globale est accompagnée d'évolutions immobilières internes très localisées (Cf. Figure 17) comme les changements d'affectations, les éclatements (divisions), les fusions ou les opérations de rénovation s'effectuant à l'échelle du local (Merlin et al, 2005) : 40 La norme ISO 15686 utilise le terme de « coût global étendu ». 67
Figure 17. La dynamique interne d'un parc immobilier
• l'affectation désigne la destination d'un local à un usage déterminé ; • la désaffectation correspond à une cessation ou à un changement d'affectation ; • l'éclatement correspond à la division d'un local en plusieurs autres locaux ; • la fusion désigne la transformation de plusieurs locaux en un seul local ; • le terme rénovation recouvre deux définitions différentes. La première, s'il est employé à l'échelle du bâtiment, désigne une réhabilitation. La seconde, s'il s'interprète à l'échelle urbaine, désigne un processus global d'amélioration d'un quartier combinant de la réhabilitation et de la démolition-reconstruction (cas des grands ensembles). Nous retiendrons le premier sens énoncé, par opposition à la seule opération de démolitionreconstruction, et expliciterons le second sens employant directement l'expression « rénovation urbaine ». I.2.1.5.3 La dynamique générale immobilière
Au sein d'un parc immobilier, la fin de vie de construction peut prendre d'autres formes que la démolition. Ainsi, un logement peut disparaître du parc immobilier résidentiel au profit du parc tertiaire à la suite d'un changement d'usage vers le secteur tertiaire comme bureau (désaffectation) ou à la suite d'une démolition partielle dans le cadre de travaux d'aménagement au sein d'une construction (fusion). Ces changements d'usage introduisent la notion de sous ensemble immobilier : un parc immobilier pourra se composer d'un parc immobilier tertiaire, d'un parc de logement ou encore d'un parc industriel.
68 Figure 18. La dynamique immobilière générée par un parc
Les termes disparition ou sortie de parc seront utilisés pour définir la fin de vie d'un local quittant son parc principal ou son parc d'usage à la suite d'une démolition, d'une désaffectation, d'une fusion ou d'une cession. Les termes acquisition ou entrée de parc seront employés pour désigner les phénomènes inverses.
I.2.2 L'élargissement du concept de parc à la notion de patrimoine
Le concept statistique considérant le parc immobilier comme un ensemble de bâtiments ne permet pas d'intégrer l'ensemble des phénomènes immobiliers intervenant au sein de l'objet immobilier réel. La notion de patrimoine permet d'élargir cette vision classique et de poser les bases d'une future perception systémique.
I.2.2.1 Les éléments constitutifs du patrimoine immobilier
Le bâtiment (objet bâti vertical) n'est pas le seul élément constitutif du parc immobilier qui se caractérise aussi par la présence complémentaire de deux autres entités élémentaires : l'infrastructure (objet bâti horizontal) et éventuellement le terrain non aménagé (objet non bâti). Pierre Merlin et Françoise Choay définissent le bâtiment comme l'édifice servant d'abri aux hommes, aux animaux ou aux objets (Merlin et al, 2005), reprenant le sens commun originel du terme (Rey, 2005). Ils distinguent l'infrastructure du bâtiment en posant une définition que nous choisirons en référence dans le cadre de notre analyse réalisée sous l'angle de l'ingénierie urbaine. 69 L'infrastructure correspond à l'« ensemble des installations au sol ou en souterrain permettant l'exercice des activités humaines à travers l'espace » (Merlin et al, 2005) et comporte notamment les infrastructures de transport, les aménagements énergétiques et de communication, les réseaux divers et les espaces collectifs aménagés. Cette typologie peut se décliner en trois sous-catégories (Tableau 4) en fonction des implications fonctionnelles et de la portée géographique de l'infrastructure considérée.
Tableau 4. Echelle Type Transport Amménagement électrique et de Infrastructure communication Réseaux divers Espaces collectifs aménagés Les différents types d'infrastructures urbaines macroscopique Infrastructure primaire Ville, communauté intercommunale ou région voie ferrée, métro, rivière, canaux, aéroport, port maritime barrage hydroélectrique, champs éolien, usine de production d'eau eau, assainissement, électricité, gaz, télécommunication parc, stade, place mésoscopique Infrastructure secondaire Quartier et opération urbaine stationnement, voierie microscopique Infrastructure tertiaire Bâtiment stationnement, voierie microhydroélectrique,ante Chaufferie centrale nne relais, château d'eau eau, assainissement, eau, assainissement, électricité, électricité, gaz, gaz, télécommunication télécommunication jardin,cimetière, terrain de jardin, terrain de sport sport, place d'arme
D
'
après (Merlin, 2009).
Les terrains non aménagés réunissent des parcelles laissées à l'état naturel supportant un éco ystème diversifié. Les terrains cultivés, c'est-à-dire organisés en vue d'un usage d'exploitation, sont considérés comme aménagés. Ils constituent un aménagement agricole à classer comme une catégorie particulière des infrastructures au sens large. Par convention, un parc sera constitué d'au moins deux bâtiments qui peuvent être implantés sur différentes parcelles. Nous écartons de notre étude le parc immobilier constitué uniquement de parcelles non construites qui procèdent davantage de la réserve foncière et ne représentent pas un intérêt immédiat pour notre réflexion énergétique axée sur l'utilisation des constructions. Les terrains non bâtis ne doivent pas être négligés pour autant puisqu'ils constituent un potentiel d'aménagement et un véritable atout pour des parcs immobiliers majoritairement bâtis. Il convient d'introduire d'autres entités immobilières composant le parc. L'emprise correspond à une seule parcelle sur laquelle repose une combinaison des trois entités élémentaires présentes en nombre variable. La finalité de chaque emprise procède d'une logique fonctionnelle globale guidée par l'usage complémentaire de chacun des bâtiments et des terrains non bâtis qui la constituent, l'infrastructure restant dédiée essentiellement au fonctionnement des bâtiments. 70 Le site est une entité immobilière, constituée d'une ou plusieurs emprises, qui correspond au support fonctionnel d'une activité ou d'une mission générale relativement homogène41. Un même organisme peut être réparti sur différentes emprises situées sur un même lieu géographique. Cet ensemble d'emprises forme alors le site de cet organisme. Nous emploierons le terme site multioccupants pour désigner les emprises réunissant des organismes différents. Le site sera défini par rapport à cette double finalité : être le support fonctionnel d'un organisme homogène ou de différents organismes dans le cadre d'une mutualisation. I.2.2.2 L'analyse sémantique de la notion de « parc »
Le mot « parc » provient du latin parricus qui signifie l'enclos, la clôture ou le terrain clos (Rey, 2005). Le parc se définit avant tout à partir d'un cadre géographique fini. Il désigne aussi le « nombre total des véhicules, appareils ou installations dont dispose une collectivité (entreprise, armée, pays) à un moment donné, dans une région » (Rey, 2005 ; CNRTL, 2010). Le parc des bâtiments publics, le parc de logements, le parc des lycées ou encore le parc « tertiaire » en proposent quelques exemples représentatifs. Mais le « parc automobile français » réunit aussi l'ensemble des véhicules immatriculés en France. Cette deuxième définition introduit la dimension temporelle du parc qui suit un processus chronique lié au fonctionnement ou à la transformation de sa structure. Pierre Merlin confirme cette nécessaire association en définissant le « parc de logements » comme « un ensemble de logements situés dans un cadre géographique (quartier, ville, pays) et à une époque donnée » (Merlin et al, 2005). Ainsi, nous retiendrons la définition suivante : le parc (immobilier) correspond à la réunion d'entités matérielles (immeubles), ayant une caractéristique commune, localisées sur une aire géographique à un moment donné. La notion de parc immobilier est généralement employée pour décrire des ensembles qui regroupent soit des bâtiments, soit des sites ayant la même fonction (habitation) ou la même utilisation (activité économique sectorielle). Cette approche fournit une vision statistique du parc modélisée sous la forme d'agrégat de bâtiments. Elle propose une base utile pour l'élaboration et la conduite des politiques publiques dans le domaine de l'immobilier et en particulier dans celui de l'habitat. L'accessibilité au logement est un sujet sensible en France qui concentre de nombreuses actions publiques d'outils statistiques développés à l'échelle nationale. Mais ce modèle propose une vision réduisant la notion de parc à celle de « stock de bâtiments ». Une cité administrative est un site regroupant différents organismes dans le cadre d'une mission commune de service publique. Un aéroport est un site accueillant une multitude d'occupants et d'utilisateurs dans le cadre d'une même branche économique, le transport aérien commercial.
I.2.2.3 Introduire la dimension patrimoniale en recentrant le parc sur l'immobilier
Le terme immobilier embrasse une acception plus large et rappelle que le parc immobilier reste avant tout un ensemble d' « immeubles » (Rey, 2005) qui regroupe, sur un ou plusieurs sites, des bâtiments mais aussi des infrastructures (réseaux, voierie) et des terrains non bâtis. L'immeuble est un « fonds de terre et ce qui y est incorporé (immeubles par nature), ainsi que les biens mobiliers qui en permettent l'exploitation (immeubles par destination). » (Guillien et al, 2005). Il introduit le concept de bien et ouvre le champ sémantique vers la notion de patrimoine immobilier. Le parc immobilier est souvent assimilé à la notion de patrimoine immobilier et de biens valorisables, recentrant le parc autour du concept achronique de propriété (Taillandier, 2006). Le terme « patrimoine » présente une richesse sémantique42 que l'association au terme immobilier permet de limiter à certains types de biens. Le patrimoine immobilier comprend « indistinctement les immeubles bâtis, les propriétés foncières, les immeubles locatifs.» (Bonetto et al, 2006a). Il sera interprété comme l'ensemble des biens et des obligations d'une personne (Guillien et al, 2005) morale ou physique (le propriétaire), se composant d'éléments corporels et incorporels. La structure « mobilière » se distingue du socle immobilier : il correspond à l'instrument directement utilisée pour la réalisation de l'activité (« outil de travail »), comme une chaîne industrielle de production (usinage, montage ou assemblage) ou comme des serveurs informatiques. La gestion patrimoniale englobe dans son périmètre la totalité des actions de gestions optimisant l'utilisation et le fonctionnement des immeubles : « gérer un patrimoine signifie prévoir, adapter et fournir les moyens immobiliers dont ont besoin des activités, les mettre à disposition dans les meilleurs conditions de sécurité, d'usage, de coût global et de confort. » (Bonetto et al, 2006a). Le parc immobilier constitue l'ensemble des moyens physiques immobiliers d'un patrimoine supportant la réalisation d'activités. Nous avons identifié finalement deux interprétations possibles qui diffèrent suivant le but recherché. 42 Trois idées peuvent être mises en exergue pour définir le patrimoine : le patrimoine concerne un bien qui peut être matériel ou immatériel, ce bien appartient à quelqu'un (personne, groupe, entreprise) et le patrimoine se définit dans le temps.
I.2.2.4 La finalité de l'ouvrage : produire un service immobilier
Cette interprétation s'inscrit dans un changement culturel, une véritable « mutation » dans le secteur de la construction, qui s'est opérée progressivement en France par la prise en compte toujours plus effective des attentes de l'utilisateur. C'est le passage du culte de l'exploit constructif au développement de la qualité du service rendu par l'ouvrage à l'utilisateur (sécurité, stationnement, régularité thermique, renouvellement de l'air, isolation phonique). Le service « immobilier », c'est-à-dire le service produit par l'ouvrage n'est pas un phénomène nouveau : « ce qui est nouveau est l'accent mis récemment par les utilisateurs sur cette dimension de l'ouvrage » (Carassus, 2002). Ce phénomène n'est pas propre au secteur de la construction et concerne désormais l'ensemble des secteurs (industriel ou tertiaire) avec un changement tendanciel du marché qui s'oriente vers une meilleure prise en compte de la satisfaction du besoin de l'utilisateur. Le service immobilier est entendu comme « l'ensemble organisé d'activités destinées à remplir le besoin (fonction) » (Rey, 2005) immobilier de l'usager. Il implique de combiner efficacement, en toute compatibilité, une multitude de services particuliers dans des domaines très différents. La notion de service immobilier est liée à l'utilisation des ouvrages et doit être en correspondance avec l'activité pratiquée au sein de ces ouvrages. Lorsque la réciproque ne se vérifie pas, l' est déclaré non conforme à la destination de l'entité immobilière. Cette non-conformité engendre une remise en question du service immobilier, incluant des aspects concernant directement la sécurité des personnes. Nous ne considérerons dans la suite de notre analyse que les cas d'utilisations conformes (respectant la réglementation), en intégrant les distorsions d'usage parmi les facteurs d'altération possibles générés par l'utilisateur sur le parc. La notion de service immobilier exprime le lien logique existant entre l'entité physique et son utilisation nominale. La qualité du service rendu s'évalue au regard du niveau de satisfaction de l'utilisateur dans le cadre d'un usage conforme. Lorsque le service immobilier ne satisfait pas les attentes de l'utilisateur, ce dernier est contraint de modifier son activité. L'objectif d'un parc immobilier est de produire un service immobilier permettant la réalisation d'activités.
I.2.3 L'objet de notre recherche : les grands parcs immobiliers de dimension nationale
Notre orientation vers l'étude d'un modèle de grand parc immobilier national étend la portée de notre démarche en lui procurant une dimension plus générique. I.2.3.1 Analyser l'objet immobilier national pour interpréter le parc immobilier général
L'exhaustivité immobilière acquise par la modélisation d'un tel objet patrimonial permet d'atteindre des parcs immobiliers plus modestes en opérant une diminution graduelle (une « dégradation ») du modèle établi. L'analyse particulière de l'objet immobilier national devient le moyen d'interpréter le parc immobilier de manière générale. Nous posons ainsi l'hypothèse d'une analogie possible entre le modèle immobilier national et le parc immobilier général. Le processus de dégradation sous-entend aussi l'existence d'une approche immobilière catégorielle capable de discriminer les parcs entre eux. Nous admettons que la maîtrise fonctionnelle d'un parc d'envergure nationale reste moins accessible que celle d'un pool immobilier composé de quelques bâtiments. Il existe une complexité qui varie en fonction de certains paramètres comme le nombre et la diversité des bâtiments, mais aussi la multitude probable des usages exercés ou la dispersion géographique des sites. Il est possible de percevoir cette complexité en observant le type d'organisation et le niveau d'intrication du dispositif de gestion patrimoniale. La mesure de cette complexité ouvre la possibilité d'une forme de catégorisation suffisamment transverse pour distinguer les parcs immobiliers entre eux à l'échelle macroscopique, quel que soit le domaine d'activité. La difficulté et les limites d'une telle approche proviennent du sens à accorder à la complexité et au moyen de la mesurer : cette question esquisse déjà le choix du cheminement suivi vers l'approche systémique.
L'impossible catégorisation universelle
La catégorisation consiste à classer les éléments d'un ensemble donné suivant des critères prédéfinis. Cet exercice est généralement mené dans le cadre de références particulières comprenant une échelle de valeurs souvent spécifique à chaque domaine Le secteur de la construction vérifie ce principe et propose une vaste typologie qui varie en fonction de la discipline étudiée (génie civil, urbanisme, droit, finance, gestion foncière) ou du phénomène observé (dynamique sociale, altération structurelle, effets thermiques, valorisation des biens immobiliers). Il ne peut exister de catégorisation universelle, à proprement dit, permettant de distinguer les bâtiments et les infrastructures (Bonetto et al, 2006a) de manière unique et définitive. Ce constat est aussi valable pour les ensembles de bâtiments et donc les parcs immobiliers qui regroupent des sites immobiliers de dimensions et de configurations très variables. Ce choix permet aussi de fixer l'échelle de notre démarche, avant tout macroscopique, en posant d'emblée le bâtiment comme un composant élémentaire du grand parc immobilier national. Il convient alors de décrire précisément notre objet et notre champ d'étude.
I.2.3.2 Définir le parc immobilier autour d'une caractéristique propre : son propriétaire
Nous avons défini le parc immobilier comme la réunion d'entités matérielles, ayant une caractéristique commune, localisées sur une aire géographique à un moment donné. Cette définition avait été complétée en précisant que le parc immobilier constitue le socle matériel (constructions et équipements) du patrimoine immobilier, sa structure support pour la réalisation d'activités. Parmi les différentes interprétations possibles du parc immobilier national, nous avions identifié celle du stock de bâtiments rassemblant une multitude de propriétaires. Cette approche statistique s'est développée pour répondre aux problématiques soulevées par le domaine spécifique de l'habitat en cherchant à atteindre des millions de propriétaires. L'objet de notre recherche porte sur un parc immobilier appartenant à un même propriétaire. Ainsi, « la caractéristique commune » évoquée dans la définition matérielle du parc doit être interprétée sous le prisme patrimonial en considérant que le parc immobilier appartient à un seul et même propriétaire (personne morale ou physique). Ce propriétaire peut recourir, de manière marginale, à des biens immobiliers pris à bail destinés à ajuster sa ressource immobilière ou sa marge de manoeuvre en gestion. Le spectre des actions énergétiques possibles reste, dans le cas d'une prise à bail, dépendant du type de bail et des droits réels octroyés au locataire. Nous nous limiterons aux parcs constitués de biens immobiliers matériels acquis, ou utilisés sous couvert d'un bail emphytéotique. Le fonctionnement du parc doit s'interpréter à travers l'exercice des droits réels et des obligations juridiques du propriétaire. Certains pouvoirs peuvent être transmis par le propriétaire à des mandataires (secteur privé) ou à des délégataires (secteur public). En distinguant trois formes de droit réels (usus, fructus et abusus), il devient aussi possible de discerner trois fonctions principales qui peuvent être dévolues à trois acteurs distincts intervenant dans la gestion, l'exploitation et l'occupation du parc immobilier : le propriétaire, le gestionnaire et l'usager. Seul le propriétaire a la possibilité de cumuler ces trois fonctions. Il ne s'agit pas de mener une approche juridique du partage des responsabilités mais de souligner à travers ces trois acteurs potentiels l'existence de différentes organisations pour la gestion patrimoniale de grands parcs immobiliers nationaux. Quatre configurations générales sont alors envisageables (Tableau 5) : 75
Tableau 5. Les principales configurations des fonctions de gestionnaire et d'usager
Fonction de PROPRIETAIRE Fonction de GESTIONNAIRE Fonction d'USAGER PROPRIETAIRE PROPRIETAIRE PROPRIETAIRE PROPRIETAIRE PROPRIETAIRE AUTRE PROPRIETAIRE (mandant) AUTRE (mandataire) PROPRIETAIRE PROPRIETAIRE (mandant) AUTRE (mandataire) AUTRE Exemple de propriétaires emblématiques pour chaque type de configuration Etat (parc immobilier domanial), grandes entreprises, collectivités territoriales Office publique de l'habitat, société foncière immobilière Etat et collectivités territoriales (logements des fonctionnaires), grandes entreprises de service public 43 Investisseur immobilier (groupe financier)
Le parc immobilier national se définit autour de la notion de propriétaire unique. Nous devons expliciter notre interprétation du dispositif de gestion à associer au parc. I.2.3.3 Définir l'envergure nationale d'un parc à partir de son système de gestion
Le parc immobilier est un objet physique qui ne peut fonctionner sans l'existence d'un dispositif humain dédié à sa gestion, c'est-à-dire à l'organisation et à la conduite des fonctions immobilières concourant à la réalisation des activités de base de l'occupant (Bonetto et al, 2006a).
I.2.3.3.1 Définir préalablement notre compréhension de la gestion patrimoniale
La première étape consiste donc à préciser notre propre interprétation de la gestion patrimoniale. Nous avons retenu la définition de Régis Bonetto et Gérard Sauce (Bonetto et al, 2006a), fondée sur une approche systémique du patrimoine immobilier, élargie à tous les types de propriétaire et aux impératifs de développement durable (Taillandier, 2008) : « La gestion de patrimoine immobilier consiste à prévoir, adapter et fournir les moyens immobiliers requis pour supporter les activités [de l'organisme utilisateur] dans les meilleures conditions de sécurité, d'usage, de coût global et de confort en se plaçant dans une volonté de développement durable.» Cette vision, présentée sur la figure suivante, repose sur une perception de la gestion en trois niveaux d'activité (asset management, property management et facility management) et en trois domaines transverses (comptabilité, connaissance patrimoniale et gestion des moyens) : 43 Les principaux investisseurs français ou étranger sont les compagnies d'assurances, les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) et les sociétés immobilières cotées. Les objectifs d'un investisseur sont d'obtenir un rendement annuel satisfaisant et de se constituer un patrimoine laissant espérer, lors de sa cession, une plusvalue (Ledoit, 2004).
Gestion de
l
'usage
Maintenance FACILITY MANAGEMENT Exploitation Services associés Domaine d'actions Analyse et décisions globales Achat, Vente, Location Démolition, Construction Gestion juridique Gestion des taxes Gestions des assurances Gestion des contrôles réglementaires (CVPO) Conception et Programmation Conduite et Réalisation Réception Gestion locative Gestion de l'utilisation surfacique Maintenance corrective Maintenance préventive Pilotage des installations Contrôle d'accès, de clés GTB, GTC Gestion des énergies Accueil, téléphone, gardiennage etc Gestion transverse Gestion des moyens Gestion des ressources humaines Gestion et suivi des activités Gestion de la connaissance du patrimoine Inventaire alpha numérique Gestion des plans Niveau de gestion La gestion patrimoniale en trois niveaux d'activité Gestion comptable et économique Comptabilités générale et analytique Gestion des marchés Tableau 6. D'après (Bonetto et al, 2006a). L'asset management englobe de manière générale toutes les activités décisionnelles liées à l'évolution du patrimoine. Le property management se consacre à l'administration et l'application des opérations structurelles sur les ouvrages et des aspects réglementaires encadrant notamment la sécurité des biens et des personnes. Le facility management recouvre toutes les actions concourant directement au fonctionnement opérationnel du parc immobilier. Il s'agit d'une approche théorique destinée à fournir un canevas catégoriel et non un cadre strict : certaines activités comme la gestion de l'usage peuvent être aussi bien classées dans le property que dans le facility en fonction de l'activité économique de l'entreprise propriétaire ou de la stratégie patrimoniale suivie par cette entreprise.
I.2.3.3.2 La pratique de la gestion patrimoniale en France
Les pratiques de gestion patrimoniale, en France, sont plus réactives que proactives, qu'il s'agisse des bâtiments publics ou des bâtiments privés : elles sont souvent guidées par des objectifs financiers de court terme et n'évoluent que sous l'impact de la réglementation (Cantin, 2008). La gestion des bâtiments existants est un domaine qui peine à se développer parce que le secteur économique du bâtiment reste encore centré sur la construction et doit composer avec une dispersion des filières et une grande diversité des acteurs (Carassus, 2002 ; Bougrain et al, 2003 ; Bonetto et al, 2006a). Ce constat peut être relativisé pour les grands parcs immobiliers. Le début de la financiarisation et de l'internationalisation du marché de l'immobilier d'entreprise en France a toutefois contraint, à la fin des années 1990, les grandes entreprises françaises à revoir 77 leur système de gestion patrimoniale. Les grands groupes ont alors très nettement diminué leur investissement immobilier et révisé leur stratégie dans le domaine. Ils ont dû se doter d'une véritable fonction immobilière capable de rationaliser l'utilisation de leur ressource immobilière en professionnalisant de manière spécifique certaines de leurs fonctions internes (achat, construction, maintenance ou vente) ou en recourant à certaines formes plus ou moins élaborées d'externalisation. Une analyse comparative des formes de gestion patrimoniale menée en 2005 au sein des grandes entreprises nationales (Tron, 2005) souligne ainsi que la gestion dévolue normalement au propriétaire (property management), comme la prestation des services aux occupants (facility management), a pu être partiellement (ex : SNCF, RATP, Crédit lyonnais) ou totalement (ex : Thales, BNP Paribas, AXA) externalisée. La Poste a ainsi décidé de confier, depuis 2005, la gestion de son patrimoine immobilier à une société affiliée totalement consacrée à cette mission44. D'autres propriétaires de parcs nationaux ont fait le choix de se réapproprier entièrement leur fonction de propriétaire en modernisant leur propre système de gestion patrimoniale. C'est le cas de l'Etat qui a entrepris, en 2006, de remédier aux nombreux « dysfonctionnements présents dans la gestion de l'immobilier public » (Tron, 2005) en procédant à une révision générale de son système de gestion sur le modèle du secteur privé.
I.2.3.3.3 Le dispositif de gestion d'un parc immobilier national
La gestion patrimoniale constitue une fonction stratégique ou un enjeu de premier plan pour le propriétaire d'un parc immobilier de dimension nationale. Ce type de parc correspond à un vaste ensemble patrimonial réunissant un nombre conséquent d'entités immobilières implantées de manière dispersée sur l'ensemble du territoire métropolitain. Ils sont généralement le support d'une activité économique ou d'un service public à vocation nationale. Le parc immobilier utilisé par la société La poste45 (plus de 14 000 bâtiments, dont 4000 en pleine propriété, représentant environ 8 Mm2 de surface bâtie), la SNCF46 (environ 18 000 bâtiments dont 4000 gares représentant 9 Mm2 de surface bâtie, dont 300 000 m2 pris à bail), France Télécom ou encore certaines banques en sont des exemples emblématiques. Ils requièrent la mise en place d'un système de gestion nationale capable d'administrer, d'exploiter ou d'entretenir globalement et localement l'ensemble des biens immobiliers. Ce besoin se concrétise par le 44 POSTE IMMO est une filiale de La Poste Entreprise nationale française chargée de la collecte, du tri, du transport et de la distribution des envois postaux (société anonyme aux capitaux publics d'environ 290 000 personnes). 46 La SNCF (société nationale des chemins de fer) est un établissement public à caractère industriel et commercial qui emploie environ 160 000 personnes, centrée sur l'activité de transport ferroviaire, qui appartient au groupe SNCF (environ 240 000 personnes). 45 78 recours aux services d'une organisation dédiée ou d'un opérateur spécialisé extérieur. Cette nécessité caractérise les grands parcs immobiliers et permet de préciser le type de parc considéré dans notre analyse. Le parc immobilier national est un ensemble patrimonial dont l'envergure nécessite une organisation humaine spécifique pouvant assurer la gestion des biens immobiliers sur l'ensemble du territoire métropolitain. Ce type d'organisation s'articule généralement en trois niveaux d'actions : un échelon central qui décide de la politique immobilière générale (choix structurel d'investissement), un échelon intermédiaire qui centralise l'expertise et assure la coordination des moyens (choix fonctionnel) sur une aire géographique régionale, et un échelon de proximité qui met en oeuvre les actions locales de gestion immobilière (collecte du besoin, conduite et suivi des travaux, maintenance, réception). Cette forme hiérarchique peut transparaître de manière très centralisée au sein des établissements publics ou suivre un mode de fonctionnement décentralisé au sein d'entreprises organisées en filiales régionales. I.2.3.4 Limiter le périmètre des activités considérées dans notre modèle de parc immobilier
Les propriétaires des parcs immobiliers nationaux sont confrontés aux mêmes besoins fonctionnels et organisationnels liés à l'adaptation et à la conservation d'un vaste patrimoine. Ces 79 similitudes confirment la possibilité de définir un modèle de parc immobilier d'envergure nationale. Il convient toutefois de préciser davantage le périmètre de notre étude en fonction des données dont nous disposons. Les informations immobilières représentent un volume de données difficilement accessibles notamment à l'échelle du territoire métropolitain et plus particulièrement dans le secteur privé. « La donnée a une valeur intrinsèque et marchande. Son propriétaire en assume les frais d'acquisition, de gestion et de mise à jour. Il n'est donc pas toujours prêt à partager gratuitement cette donnée » (Robert et al, 2009). Les infrastructures immobilières utilisées pour des activités d'extraction, de transformation ou de production, que ce soit dans le secteur industriel ou agricole, représentent des cas très spécifiques où l'outil de travail prévaut dans l'analyse. Les entreprises industrielles regroupent toutefois de nombreuses branches d'activités tertiaires comme la commercialisation, le soutien logistique, ou l'administration. Les activités de fabrication de nombreux produits manufacturiers (alimentation, textile, plastique, papier, informatique) nécessitent des bâtiments de grandes superficies dont la conception ne présente pas d'atypisme au regard du marché. L'étude du fonctionnement énergétique des équipements et des installations fixes industriels (immobilier par destination) implique des connaissances qui dépassent le cadre de notre discipline urbaine. Les audits spécialisés analysant les propriétés énergétiques d'un patrimoine industriel ou agricole différencient généralement la structure immobilière (les bâtiments) des installations de production. De plus, la majorité des plus grands propriétaire fonciers en France exerce a priori47 une activité commerciale (bailleur sociaux ou société foncière immobilière) ou de service public (Etat, établissement publics et sociétés à capitaux publics). Notre approche méthodologique s'est appuyée sur ces deux observations en considérant l'appareil de production comme un outil de travail distinct du parc mais associé à un service immobilière (ex : abris, refroidissement, alimentation en énergie). Cette interprétation nous a permis d'élaborer, à partir de données empiriques, un modèle immobilier général ouvert sur l'ensemble des grands parcs nationaux quelle que soit leur activité. I.2.3.5 Considérer un environnement essentiellement urbanisé
Les agglomérations urbaines concentrent la majorité de la population (environ 80%) et des activités économiques. Même s'il est observé un phénomène persistant de desserrement autour des grandes agglomérations urbaines qui modifie l'organisation spatiale des métropoles 47 Il n'existe pas de classement public officiel permettant d'établir la liste complète et précise des plus grands patrimoines immobiliers français. 80 françaises48 (Halbert, 2004), les activités continuent à se développer au profit des territoires limitrophes ou périphériques mais toujours sur des aires urbaines (Potier, 2007). D'ailleurs certaines branches d'activités ont tendance à se concentrer au coeur des villes : les entreprises privilégient l'installation de leur siège social et de leur bureau d'étude au centre des agglomérations ou dans des zones urbaines spécifiques (quartiers d'affaire) pour bénéficier de la concentration des fonctions décisionnelles de haut niveau (présence des administrations, des décideurs politiques ou financiers). Les espaces urbains, comme nous le montrerons ultérieurement, concentrent aussi diverses formes de consommation et d'infrastructures énergétiques à l'origine de la complexité fonctionnelle des parcs immobiliers. Nous considérerons que la majorité des sites immobiliers constituant le modèle de parc étudié sont implantés sur des espaces urbanisés. Notre interprétation du grand parc immobilier national repose sur quatre caractéristiques principales : • l'existence d'un seul propriétaire ; • le recours à une organisation nationale dédiée pour sa gestion patrimoniale ; • la distinction entre l'entité immobilière (support) et l'appareil de production (outil) ; • un ensemble constitué de sites immobiliers implantés majoritairement dans des espaces urbanisés Cette description propose la première ébauche d'un modèle général de grand parc qui doit re de comprendre un fonctionnement immobilier par l'observation et l'étude de phénomènes considérés comme macroscopiques. Le bâtiment représente un composant élémentaire abritant des processus microscopiques à l'échelle de notre analyse. Notre champ d'exploration se limite au fonctionnement d'un parc immobilier national existant et nous excluons l'étude les phases correspondant à la création et à la disparition d'un tel parc.
| 43,973
|
63/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00611111-document.txt_5
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,537
| 11,549
|
Nous avons choisi une fréquence de commutation de 200 kHz, en faisant un compromis entre la fréquence maximale limitée par la consommation dynamique et la fréquence minimale nécessaire sous faible éclairement. Nous avons de plus limité le rapport cyclique à une valeur minimale du centième de la période. On remarque que, comme la puissance Pswitch est constante, celle-ci devient dominante pour les faibles puissances de sortie, domaine où les pertes résistives sont faibles dues aux faibles courants traversant les résistances. La modification de la taille W des transistors de puissance permet de faire varier le rapport entre les pertes capacitives et résistives (figure III-10). On obtient ainsi deux points distincts où les pertes du système sont équilibrées (entourés en pointillés rouges), ce qui va permettre d'améliorer le rendement du système.
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. Le rendement du système peut est exprimé par l'équation (III-6).
η
= 1
avec Putile = v s ⋅ iR PTotal 1+ Putile (III-6)
Si nous traçons le rendement calculé à partir de l'équation (III-6) pour les deux cas décrits précédemment, nous obtenons la figure III-11. Grand W (Ron=1Ω, C=8.8pF)
Fa
ible
W
(R
on=10Ω, C
=
0.8pF) Amélioration du rendement iR (A) Figure III-11 : Rendement de l'élévateur en conduction discontinue. On remarque sur la figure II-11 que l'on atteint des rendements supérieurs à 90%, avec une marge de courant de sortie très satisfaisante allant de 25 μA à 100 mA. Ceci est rendu possible grâce à l'adaptation des tailles des transistors qui permet de diminuer les pertes résistives à forts éclairements et les pertes capacitives à faibles éclairements. On peut ainsi augmenter la plage de fonctionnement de deux décades aux extrémités. Nous pouvons maintenant étudier l'effet de la variation de la tension d'entrée et du courant de sortie sur le système.
b) Modélisation du rapport de conversion du convertisseur de type boost
Le convertisseur survolteur de type boost permet de fournir à partir d'une tension continue en entrée, une tension continue plus élevée en sortie. La commande discrète des interrupteurs de puissance permet d'élever la valeur continue de la tension d'entrée. La tension d'entrée est filtrée par une capacité de découplage Cdec. Le convertisseur charge une capacité de sortie CS avec une ondulation autour de la valeur continue souhaitée, le fonctionnement de l'architecture et les calculs sont détaillés à l'ANNEXE 1 : Fonctionnement d'un convertisseur survolteur de type boost. On peut tracer l'allure idéale de la tension vL(t) et du courant iL(t) de l'inductance en fonction de l'évolution de la commande (U) des interrupteurs de puissance (figure III-12).
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
Figure III-12 : Allures de vL et iL en fonction de U en conduction discontinue. La conduction discontinue ajoute une phase où le courant au sein de l'inductance iL(t) est nul. Ceci a un effet sur l'expression du rapport de conversion. En effet, nous n'avons plus α2 = 1-α comme dans le cas de la conduction continue. L'instant où le système passe dans la troisième phase (T-α3T) évolue en fonction des paramètres d'entrée et de sortie du système. Après résolution du système, on obtient la relation (III-7) entre les tensions d'entrée ve et de sortie vs du convertisseur.
vs = 1+ 1+ 2 4α 2 K ⋅v e avec K= 2L Rch arg e.T (III-7)
Cette relation n'est valable que si K < K crit (α ), sachant que K crit = α (1 − α ) 2, c'est-àdire si l'on se trouve en mode de conduction discontinue. Dans notre cas, avec L= 22 μH, Rcharge=100 kΩ et T=5 μs, on a K= 8.8 10-5. On est donc bien en conduction discontinue puisque K < Kcrit= 0.125. Nous pouvons tracer l'allure de la tension de sortie vs en fonction du rapport cyclique α (figure III-13), pour les conditions intérieures et extérieures.
vs=f(α), condition intérieure vs(V) vs=f(α), condition extérieure vs(V) α (a) α (b)
Figure III-13 : Tension de sortie vs en fonction du rapport cyclique α, en condition intérieure (a, avec P = 545 μW) et extérieure (b, avec P = 3.63 mW).
Chapitre III : Modélisation du module de du microsystème autonome. On voit que, théoriquement, le rapport de conversion évolue fortement en fonction des caractéristiques de l'entrée et qu'il peut atteindre des valeurs élevées. En pratique, le rapport de conversion sera limité à cause des non-idéalités des composants (pertes résistives et imperfections des horloges de commande).
c) Modélisation du système avec les deux sorties
Comme nous l'avons vu dans le deuxième chapitre du manuscrit, un convertisseur à sorties multiples dit Single Inductor Multiple Output (SIMO) fonctionnant en mode Ordered Power Distributive Control (OPDC) a été proposé par Le et al. en 2007 [LE 2007]. Nous allons développer un convertisseur survolteur de type boost basé sur le même principe (figure III-14). Il aura le fonctionnement suivant : dans la première partie du cycle, l'inductance sera chargée, puis elle sera déchargée dans la seconde partie, successivement vers chaque sortie. Le système passera de la première sortie à la seconde sortie dès que la consigne de la première sortie sera atteinte. Si l'énergie stockée dans l'inductance est insuffisante pour recharger chaque sortie, le système devra augmenter le rapport cyclique du convertisseur pour charger d'avantage d'énergie dans l'inductance à chaque cycle.
D P1 N P2 Distribution de l'énergie vers les sorties Stockage de l'énergie dans l'inductance
Figure III-14 : Architecture de type boost à deux sorties. Pour limiter le nombre de commutations entre les deux chemins de puissance, nous utiliserons un comparateur à hystérésis. La valeur de l'hystérésis définira l'ondulation de la tension régulée obtenue en sortie du premier chemin de puissance. On considère de plus, que les capacités ne présentent pas de pertes et que l'inductance et les interrupteurs de puissance ne présentent que des pertes résistives. Pour pouvoir simuler le système de gestion d'énergie à double sortie, nous allons placer en entrée du convertisseur une source de tension fixe (composée d'une force électromotrice ve et d'une résistance interne r). La première sortie va avoir une charge résistive Rcharge et la deuxième une charge résistive RBAT.
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. Dans le cas d'une conduction discontinue, on peut distinguer trois phases qui se répètent. L'architecture peut donc être décomposée en trois états distincts, comme on peut le voir (figure III-14) : - un premier état noté 1 pendant lequel l'inductance est chargée, - un état 2 avec deux configurations possibles suivant la sortie activée, - un troisième état où le courant de l'inductance est nul jusqu'au prochain cycle. Les configurations 2a et 2b de la figure III-14 correspondent respectivement aux cas où la première sortie est activée et où la deuxième sortie est activée.
d) Etude de l'état (1)
Durant la première phase, N est fermé, la diode D est passante, et les interrupteurs P1 et P2 sont ouverts. Nous pouvons écrire les systèmes d'équations (III-8) et (III-9).
di (t ) ve (t ) = ( RD + RL + Ron )iL (t ) + vD + vL (t ) ve (t ) = ( RD + RL + Ron )iL (t ) + vD + L L dt (III-9) (III-8) iC1 (t ) = −iR1 (t ) dv (t ) v s (t ) s i (t ) = −i (t ) =− C1 R2 C2 dt Rch arg e dv (t ) v (t ) C2 BAT = − BAT dt RBAT
On isole iL, vs et vBAT pour la modélisation et on préférera utiliser des intégrales plutôt que des dérivés qui créent des erreurs de linéarisation dans Matlab/Simulink. On obtient ainsi le système d'équations (III
-10). i L (t ) = 1 [v e (t ) − v D + ( R D + R L + Ron )i L (t )]dt L∫ (III-10) 1 v s (t ) − dt v s (t ) = C1 ∫ Rch arg e v (t ) = 1 − v BAT (t ) dt BAT C 2 ∫ R BAT
Durant cette première phase, la tension ve est appliquée à la bobine L qui accumule de l'énergie. On observe alors une augmentation du courant iL de la bobine. Les capacités de sortie ne sont soumises qu'aux courants prélevés par leurs charges respectives, aucun courant ne provient de l'inductance. e) Etude l'état (2) Durant la phase 2, N est ouvert et la diode D est passante. On obtient le système d'équation (III-13).
iL (t ) = 1 [ve (t ) − ( RD + RL + RON )iL (t ) − vD − vs (t )]dt L∫ (III-13) 1 vs (t ) v ( t ) = i ( t ) − dt L s C1 ∫ Rch arg e v (t ) = 1 − vBAT (t ) dt BAT C2 ∫ RBAT
Dans le deuxième cas : la sortie 2 est active (P1 ouvert et P2 fermé), on a les systèmes d'équations (III-14) et (III-15).
di (t ) ve (t ) = ( RD + RL + RON )iL (t ) + L L + vD + vBAT (t ) ve (t ) = ( RD + RL + RON )iL (t ) + vL (t ) + vD + vs (t ) dt (III-14) (III-15) iL (t ) = iC 2 (t ) + iR 2 (t ) dvBAT (t ) vBAT (t ) i ( t ) = C + ic (t ) = −i (t ) L 2 dt RBAT R1 1 dvs (t ) v (t ) =− s C1 dt R ch arg e
On obtient le système d'équations (III-16).
i L (t ) = 1 [v e (t ) − ( R D + R L + RON )i L (t ) − v D − v BAT (t )]dt L∫ (III-16) 1 v s (t ) − dt v s (t ) = C1 ∫ Rch arg e v (t ) = 1 i (t ) − v BAT (t ) dt L BAT C2 ∫ R BAT
Durant cette deuxième phase, le courant iL accumulé précédemment est transmis à la capacité C1 et à Rcharge, ou à C2 et RBAT, suivant les cas. La capacité C1 (respectivement C2) se charge et impose une tension aux bornes de Rcharge (respectivement RBAT). La capacité C2 (respectivement C1) non connectée à l'inductance est déchargée au travers de la charge associée RBAT (respectivement Rcharge) en attendant d'être sélectionnée à la prochaine arrivée d'un courant iL. On obtient le système d'équations (III-19).
i L (t ) = 0 1 v s (t ) − dt (III-19) v s (t ) = ∫ C R 1 ch arg e v (t ) = 1 − v BAT (t ) dt BAT C 2 ∫ R BAT
Si la phase de non-conduction de la bobine est trop longue, la tension de sortie risque de diminuer et de ne plus être régulée. Ceci impose une fréquence minimale de hachage ou une puissance maximale pour la charge sous faibles éclairements. On fait intervenir les commandes U et W pour former un seul système de quatre équations (III-20), donnant iL, vs, vBAT et ve. U est le signal numérique qui commande les interrupteurs NMOS et PMOS, W est le signal numérique qui dirige la commande U soit sur l'interrupteur P1 soit sur l'interrupteur P2, permettant de sélectionner l'un ou l'autre chemin de puissance.
1 i L (t ) = L ∫ [ve (t ) − ( RD + R L + RON )i L (t ) − v D − (v s (t )).(1 − U ).W − (v BAT (t )).(1 − U ).(1 − W )]dt v s (t ) 1 i L (t ).(1 − U ).W − dt v s (t ) = ∫ C1 Rch arg e (III v (t ) = 1 i (t ).(1 − U ).(1 − W ) − v BAT (t ) dt L BAT C2 ∫ RBAT 1 ve (t ) = C ∫ [iin (t ) − i L (t )] dec 20)
Si W est égal à '0' nous avons le système d'équation (III-21) où l'on charge la batterie et si W est égal à '1' nous avons le système d'équations (III-22) où l'on alimente le chemin direct. g) Simulation du convertisseur survolteur en conduction discontinue
On utilise les équations trouvées précédemment pour modéliser le convertisseur survolteur sous Matlab/Simulink (figure III-15). On utilise les commandes U et W, mais aussi la valeur du courant iL, afin de déterminer dans quel cas on se trouve.
Figure III-15 : Modélisation du convertisseur survolteur en conduction discontinue. Cha
que bloc
en pointillé
s
modélise
une des trois premières équations du système précédent (III-20). Le bloc « Diode » modélise l'action de la diode suivant la valeur de la commande et du courant iL. Par exemple, si la commande est à '0' et que le courant iL est inférieur ou égal à 0, la diode se bloque et Vd=0. Par contre, pour la même commande, si iL>0 alors la diode est passante et la tension Vd intervient. Enfin, si la commande U est à '1', la diode est bloquée et Vd=0. Le bloc « integr_reset_nnull » contient un intégrateur que l'on remet à zéro à chaque fois que le courant iL est inférieur ou égal à 0. On utilise le système représenté sur la figure III-16 pour simuler le convertisseur survolteur de tension en conduction discontinue.
110 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. Commandes Filtre de puissance
Figure III-16 : Modèle Simulink du convertisseur survolteur en conduction discontinue. La source de tension utilisée est une source idéale de 1 V. On applique un signal carré sur la commande avec un rapport cyclique de 0.2, qu'on fera varier par la suite. Nous utilisons la fréquence de commutation de 200 kHz et des capacités de filtrage de 25 μF. Ces composants nous permettent, d'une part d'alimenter de manière continue les charges et d'autre part de filtrer les variations du courant prélevé sur le module PV. Nous considérons que le système voit une charge moyenne de 15 μA, et qu'à chaque transfert d'énergie le courant passe par deux interrupteurs de puissance ayant une résistance équivalente de 1 Ω On visualise la commande U, le courant dans la charge iR et le courant dans la bobine iL, ainsi que la tension de sortie vs sur la figure III-17.
ZOOM : Figure III-17 : Les signaux en conduction discontinue.
111 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
La visualisation des différents signaux nous permet d'observer les commutations de l'inductance ainsi que leurs effets sur les tensions de sortie du système (figure III-17). Ces simulations nous permettent de valider le fonctionnement du convertisseur survolteur de type boost en mode de conduction discontinue, de vérifier l'élévation en tension des deux sorties du système et de visualiser les valeurs des courants maximums dans le système pour pouvoir par la suite déterminer les valeurs des composants remplissant ces conditions d'utilisation. La simulation du convertisseur pour différents cas de puissance en entrée nous permet d'obtenir le courant maximum qui peut traverser la bobine. Ce courant est de 600 mA dans le cas de forts éclairements.
3.2 Le convertisseur à double sortie avec la cellule photovoltaïque
La source de tension est maintenant remplacée par le module PV. On obtient le schéma de la figure III-18 pour les trois étapes de la conduction discontinue.
D P1 N P2
Avec la cellule PV équivalent au circuit suivant : Figure III-18 : Architecture du convertisseur de type boost à deux sorties avec le module PV. Nous réitérons la même mise en équation que précédemment en étudiant chacune des étapes de conduction pour modéliser le fonctionnement du convertisseur (ANNEXE 2). Comme précédemment on fait intervenir les commandes U et W pour former un seul système de quatre équations, donnant iL, vs, vBAT, et ve. On rappelle que U est le signal numérique qui commande les interrupteurs N, P1 et P2, et que W est le signal numérique qui dirige la commande U soit sur l'interrupteur P1 soit sur l'interrupteur P2, permettant de sélectionner l'un ou l'autre chemin de puissance. On obtient le couple d'équations (III-23).
1 i L (t ) = L ∫ [ve (t ) − ( R L + RON )i L (t ) − v D − (v s (t )).(1 − U ).W − (v BAT (t )).(1 − U ).(1 − W )]dt v s (t ) 1 i L (t ).(1 − U ).W − dt v s (t ) = ∫ C1 Rch arg e v (t ) = 1 i (t ).(1 − U ).(1 − W ) − v BAT (t ) dt L BAT C2 ∫ R BAT ve (t ) + i PV (t ).RS v (t ) + i PV (t ).RS 1 − 1) − e − i L (t ) S.G.Sun − S.I o. exp( v e (t ) = ∫ C dec Vt RP (III-23)
Dans ce système seul l'équation de ve est modifiée. La tension délivrée par le module PV est fonction de la valeur du courant iPV prélevé par le système. Nous rajoutons un module permettant de modéliser l'évolution de cette tension ve qui est fonction de l'irradiance, des paramètres de la technologie de la cellule et du courant prélevé (figure III-19).
Figure III-19 : Modèle du module photovoltaïque avec la capacité de filtrage Cin et un nombre N de cellules en séries. Les pertes et le rendement ont des expressions qui restent inchangées et dépendent
de l'éclairement auquel est soumis le module PV. 113 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
Comme précédemment, on applique un signal carré sur la commande U avec un rapport cyclique de 0.2, que l'on fera varier par la suite. On visualise la commande, le courant dans la charge iR et dans la bobine iL, la tension de sortie vs, ainsi que la tension du module PV (figure III-20).
ZOOM : Figure III-20 : Signaux en conduction discontinue avec le module PV.
Ces
simulations
nous permettent de valider le fonctionnement du boost avec le module PV et de vérifier l'élévation en tension des deux sorties du système vs et vBAT qui sont bien chargées par intermittence. L'observation de la tension du module PV nous montre que la capacité Cin filtre bien les appels de courant du convertisseur tout en laissant la tension évoluer en fonction de l'état du convertisseur (modification du courant moyen prélevé en fonction de l'évolution du rapport cyclique). L'ajout du modèle du module PV nous permet d'avoir une modélisation plus fine des courants qui seront gérés par le système, permettant ainsi de valider les composants que nous avons sélectionnés. Nous pouvons maintenant insérer la méthode de recherche du point de puissance maximale pour contrôler le système de gestion d'énergie pour différentes conditions d'utilisations et d'environnements.
114 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. 4. Etude et segmentation de la méthode du MPPT
Pour extraire à tout instant le maximum de puissance de la source photovoltaïque, nous mettons en oeuvre une méthode de recherche qui contrôle le fonctionnement du convertisseur survolteur. La méthode de recherche du point de puissance maximum (MPPT) nous permet de suivre les variations non-linéaires des caractéristiques du module PV en fonction des variations d'éclairement et de température. La méthode du MPPT permet d'adapter l'horloge de hachage du système de gestion d'énergie de manière à faire fonctionner le module PV à un couple tension-courant optimal et d'atteindre ainsi son point de puissance maximale (MPP). Nous allons voir en détails le fonctionnement de la méthode et montrer comment elle agit sur le convertisseur de manière à pouvoir l'implémenter efficacement.
4.1 La méthode du MPPT simple capteur de tension a) Le
principe
de la
méthode
Comme présenté dans le deuxième chapitre nous allons mettre en oeuvre la méthode du MPPT présentée par Pandey en 2007 [PAN 2007]. Cette méthode est basée sur l'observation empirique que la dérivée de la tension de fonctionnement du module PV en fonction du rapport cyclique présente un maximum autour du MPP. Pour rechercher le MPP, on définit une méthode de recherche basée sur la recherche du maximum de la fonction Pest.j (figure III-21), qui est une estimation à un coefficient k de la puissance délivrée par le module PV. Elle est obtenue à partir de l'évolution de la variation de la tension du module PV en fonction de la modification du rapport cyclique du système de gestion d'énergie. (Pest.j)
Figure III-21 : Tension, dérivée de la tension et puissance du module PV en fonction du rapport cyclique [PAN 2007]. De manière empirique, l'observation montre, qu'autour du MPP, nous avons la relation (III-24). ∆V (III= κ.Pest. j ∆D 243) avec : κ une constante de proportionnalité empirique qui dépend du type de cellules Si l'on travaille à un pas de variation du rapport cyclique ∆D fixé, nous obtenons l'équation (III-25).
(III-25) ∆V = κ 1.Pest. j
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. D'où l'équation (III-26). Pest.
j
= ∆V (III-26) κ1 avec ∆V = ∆V j = V j − V j
−1
Nous obtenons ainsi la fonction Pest.j reliant les variations de la tension de la cellule à la puissance qu'elle délivre. A chaque pas de la méthode, on modifie le rapport cyclique D d'une quantité ±∆D. L'historique d'un cycle suffit pour déterminer le sens de variation du rapport cyclique (+∆D ou -∆D). Si la valeur précédente de Pest.j est supérieure à la nouvelle valeur de Pest.j, cela signifie que la puissance disponible diminue et que le système s'éloigne du MPP. Il faut par conséquent changer le sens de variation du rapport cyclique. Dans le cas inverse, on continue à modifier le rapport cyclique dans le même sens.
b) Segmentation de la méthode du MPPT
Nous allons mettre en oeuvre la méthode du MPPT en utilisant l'algorithme décrit sur la figure III-22.
Initialisation Vk = VPV Echantillonnage de VPV Pest. j = V j − V j −1 Calcul de Pest. V j −1 = VPV Mémorisation de VPV oui Pest. j ≤ Pest. j −1 Direction = inv(Direction) non Direction
= Direction D=D+Direction*∆D Figure III-22 : Algorithme de recherche du point de puissance maximal proposé, le maximum de P est recherché au travers de la maximisation de la fonction Pest.. La méthode du MPPT peut être divisée en trois sous-blocs élémentaires (figure III-23). Deux sous-blocs sont propres à la méthode du MPPT. Le premier sous-bloc échantillonne la tension VPV du module PV pour fournir le signe de la variation de la puissance estimée PPV du module PV et le deuxième sous-bloc convertit ce signe pour obtenir le nouveau rapport cyclique de l'horloge de commutation. Le dernier sous-bloc, indépendant de la méthode du MPPT, est le générateur de l'horloge de type PWM33.
33 PWM : Pulse Width Modulation, modulation de la largeur d'impulsion
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. Echantillonnage de VPV => ∆VPV => ∆PPV => Nouveau rapport cyclique => PWM
Figure III-23 : Blocs Simulink de la méthode du MPPT.
4.2 Simulation des sous-blocs de la méthode du MPPT
Nous présentons les résultats de la simulation du seul bloc de la méthode du MPPT en boucle ouverte pour vérifier le comportement de chacun de ses sous-blocs. Pour valider le bloc implémenté sous Matlab/Simulink, nous avons reproduit les variations que subirait la tension du module PV en cas de changement du rapport cyclique. Les variations de tension permettent de simuler en boucle ouverte un éloignement du MPP, ainsi qu'un rapprochement. La fréquence est de 13 Hz et nous nous sommes placés dans le cas d'une évolution croissante de la tension. En effet, on peut se rapprocher du MPP bien que la tension décroisse ou que celle-ci croisse.
1 0.95 0.9 0.85 0.8 0.75 0.7 0.757 0.756 0.755 0.754 0.753 0.752 0.751 Phase 1 Phase 2 MPP Evolution de VPV imposée VPV ∆VPV =>Evolution de ∆Pest. Contrôle du rapport cyclique D par la méthode du MPPT 1 0 -1 Signe de ∆D 0 Conservation du sens de variation de D 2 Inversion du sens 6 4 8 10 (s)
Figure III-24 : Evolution de la tension du module PV, de la dérivée discrète de cette tension ainsi que du rapport cyclique déterminé par le MPPT.
117 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
La simulation est décomposée en deux phases représentées sur la figure III-24. Lors de la première phase (Phase 1), on simule une augmentation de la dérivée de la tension du module PV. Lors de la deuxième phase (Phase 2), on simule une diminution de la dérivée de la tension du module PV. Le pas de variation du rapport cyclique est fixe et vaut 0.005. On simule ainsi le cas où le système se rapproche du MPP (Phase 1) et le cas où il s'en éloigne (Phase 2). On observe que, lors de la Phase 1, le bloc de la méthode du MPPT maintient le sens de variation du rapport cyclique pour se rapprocher du MPP. Lors de la Phase 2, le bloc de la méthode du MPPT modifie constamment la direction du rapport cyclique car il observe qu'il s'éloigne du MPP. On observe que le système est prêt à tout instant à modifier son sens de variation du rapport cyclique. Ceci prouve que le système est capable à tout moment de rechercher un nouveau point de puissance maximale dû a un changement d'état du système (évolution de la charge ou de l'énergie incidente du module PV). Nous pouvons maintenant simuler le système en boucle fermée en activant la méthode du MPPT. 5. Simulations globales
Le convertisseur que nous proposons est constitué de deux boucles de régulation (figure III-25). La première permet de faire fonctionner la source PV à son point de puissance maximale (MPPT), et la seconde permet de sélectionner le chemin de puissance pour optimiser le transfert d'énergie au sein du microsystème (PPM).
Figure III-25 : Architecture simplifiée du convertisseur proposé avec ses deux boucles de régulation, Maximum Power Point Tracking (MPPT) et Power Paths Management (PPM). Le bloc
DTCL
(
Dead Time Control Logic
)
gén
ère les
signaux de commande des interrupteurs N
,
P
1
et P
2. Il
ins
ère
des temps morts au signal
de
commande
PWM pour
éviter tout court-circuit au sein
du filtre de puissance (cf. 3.1 a) Pertes et rende
ments
en conduction discontinue).
118 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
Nous allons simuler l'ensemble du modèle en boucle fermée pour montrer comment le système extrait le maximum d'énergie. Enfin, la modélisation haut-niveau sous Matlab/Simulink du système complet (figure III-26) nous permet de définir les contraintes que nous devrons respecter lors de la conception des blocs analogiques.
M
PPT PPM Filtre de puissance Module PV
Figure III-26 : Architecture du convertisseur proposé, avec ses deux boucles de régulation, Maximum Power Point Tracking (MPPT) et Power Paths Management (PPM). On retrouve sur la figure III-26 les deux boucles de régulation du système : la boucle de MPPT et celle du PPM qui gère la distribution de puissance entre les sorties du système.
5.1 Extraction du maximum d'énergie a) Validation du contrôle du convertisseur par la méthode du MPPT
Nous avons simulé le convertisseur à double sortie avec ses boucles de régulation dans le cas d'un éclairement constant à 10 mSun. Le système de gestion d'énergie est simulé en boucle fermée avec une seule de ses sorties active. Cette simulation nous permet d'observer l'ensemble de la chaîne de contrôle et de voir comment le système se rapproche du rapport cyclique optimum, permettant d'être au MPP. Nous allons nous aider des résultats de la simulation représentés sur la figure III-27, figure III-28, ainsi que sur la figure III-29 pour décrire et vérifier le fonctionnement de la méthode de MPPT. La figure III-27 représente l'évolution de la tension du module PV en fonction des changements de rapport cyclique, à la fréquence du MPPT (20 Hz) et la figure III-28 représente l'évolution du courant de la bobine contrôlé par la commande PWM, à la fréquence de 200 kHz. La figure III-29 représente les signaux internes de la méthode du MPPT. (V) (s)
Figure III-27 : Variation de la tension du module PV en fonction du temps. Les traits en pointillés indiquent les instants où le rapport cyclique est modifié par la méthode de MPPT.
Chapitre III : Modélisation du module du ystème autonome.
(
A)
(s) Figure III-28 : Variation du courant de l'inductance en fonction du temps. Les traits en pointillés indiquent les instants où le rapport cyclique est modifié par la méthode de MPPT. On observe sur la figure III-27 que la tension VPV fluctue en fonction du rapport cyclique D du convertisseur. En effet, chaque variation du rapport cyclique modifie le courant IL prélevé par l'inductance (figure III-28). La puissance fournie par le module PV dépend de la valeur du courant moyen prélevé par le convertisseur. La variation du courant moyen entraîne la variation de la tension du module PV qui se stabilise vers son nouveau point de fonctionnement. On observe une variation moyenne de 28 mV à chaque changement de rapport cyclique. La figure III-29 permet de suivre les étapes de fonctionnement de la méthode du MPPT. Nous allons nous appuyer sur ces résultats pour valider le modèle du bloc de la méthode du MPPT.
-1 +1 -1 +1 -1 +1 (s
) Figure III-29 : Variation des signaux de commande du système avec la méthode de MPPT. On observe sur la figure III-29 l'évolution du rapport cyclique (DutyCycleMPP) en fonction de l'évolution de la variation de la tension du module PV donnée par le signal VariationdeDV. Pour bien comprendre le fonctionnement du
système,
nous pouvons nous focaliser sur les signaux
Dnew
sign
défini
ssant le nouveau
signe
de
variation
du rapport 120
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. cyclique, et DeltaVpv2a fournissant l'évolution absolue de la tension VPV quel que soit son sens de variation (que la tension VPV croisse ou décroisse). Si DeltaVpv2a décroît le bloc de MPPT impose une inversion du sens de variation du rapport cyclique (-1 si 1 précédemment et vice versa). On observe ainsi une variation du signal Dnewsign à chaque fois que DeltaVpv2a décroît par rapport à sa valeur précédente, et une conservation du signe de Dnewsign à chaque fois que DeltaVpv2a croît. On peut finalement observer que la variation du rapport cyclique donnée par le signal DutyCycleMPP correspondant bien au signe du signal Dnewsign. Les sous-blocs de la méthode du MPPT sont donc validés.
b) Evolution de la tension du module PV pour différents cas d'irradiance
Les simulations du système complet nous permettent d'observer l'évolution de la tension du module PV en fonction des états du système pour différents cas d'irradiance (5 mSun et 500 mSun). Pour effectuer ces simulations nous avons appliqué une charge de 10 μW sur la sortie à faible tension. Pour le bon fonctionnement de la méthode du MPPT, nous devons nous assurer que la tension utilisée avant le changement de rapport cyclique soit proche de la tension en régime stationnaire du système. Ces temps de stabilisation nous imposent une fréquence maximale pour la méthode du MPPT, qui va pouvoir être définie à l'aide de l'étude des deux cas d'irradiance (5 mSun (figure III-30) et 500 mSun (figure III-31)).
(V) (s) Figure III-30 : Variation de la tension du module PV avec la méthode de MPPT pour 5 mSun. (V) (s) Figure III-31 : Variation de la tension du module PV avec la méthode de MPPT pour 500 mSun. Les résultats de simulation représentés sur les figure III-30 et figure III-31 nous permettent de spécifier la fréquence maximale de la méthode du MPPT. La limitation en fréquence est imposée par le fonctionnement du système sous l'irradiance la plus faible. Celle-ci doit être inférieure à 20 Hz pour qu'à chaque estimation de la variation de la puissance du module PV, les tensions mesurées correspondent bien à des tensions stabilisées du système.
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
Pour le bon fonctionnement de la méthode il faut que le bloc d'échantillonnage de la tension du module PV soit capable d'observer une variation minimale de cette tension. Ce minimum est atteint lorsque le module PV est faiblement éclairé. Nous allons observer la variation de cette tension dans le cas le plus contraignant, soit le cas où le module PV est soumis à une irradiance de seulement 5 mSun (figure III-32).
Figure III-32 : Evolution de la tension du module PV avec la méthode de MPPT pour 5 mSun. Pour une irradiance de seulement 5 mSun, le système doit être capable de mesurer une variation de tension de 1 mV pour le bon fonctionnement de la méthode de MPPT. Ceci impose une contrainte sur les fuites admissibles au sein du bloc de MPPT permettant la mémorisation de la tension du module entre deux variations du rapport cyclique.
c) Efficacité de la méthode du MPPT
Nous avons simulé le système pour différents cas d'irradiance pour observer l'efficacité de la méthode du MPPT. Nous avons choisi de ne présenter les résultats de simulation de la puissance récupérée que pour deux cas significatif d'irradiance (5 mSun et 500 mSun). Pour effectuer ces simulations nous avons appliqué une charge nécessitant une puissance de 10 μW sur la sortie à faible tension. Maintenant que nous nous sommes assurés de la bonne utilisation du bloc intégrant la méthode de MPPT, nous pouvons observer la puissance maximale qui est extraite par le convertisseur pour les deux irradiances. Il s'agit de déterminer l'efficacité de la méthode du MPPT sur le contrôle de la puissance délivrée par le module PV (figure III-33, figure II-34).
122 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome.
Pour 5 mSun : (W) pinductance (s) Figure III-33 : Variation de la puissance avec le MPPT pour 5 mSun. La puissance moyenne extraite par le convertisseur dans le cas d'une irradiance de 5 mSun est de 186 μW, alors que la puissance maximale théorique pour cette irradiance est de 228μW (2.1 Le module photovoltaïque en CIGS). Ceci correspond à une efficacité de 82%. Pour 500 mSun : (W) pinductance (s) Figure III-34 : Variation de la puissance avec le MPPT pour 500 mSun. La puissance extraite par le convertisseur dans le cas d'une irradiance de 500 mSun oscille autour de 30.5 mW, alors que la puissance maximale théorique pour cette irradiance est de 33.9 mW (2.1 Le module photovoltaïque en CIGS), soit une efficacité de 90%. Nous avons observé que la méthode du MPPT mise en oeuvre permet de récupérer le maximum d'énergie quelle que soit l'irradiance. On peut donc utiliser cette méthode du MPPT sur l'ensemble de la gamme de variation d'irradiance subie par le microsystème autonome. La méthode du MPPT permet ainsi d'extraire le maximum de puissance du module PV avec une efficacité comprise en 82% et 90%. De plus, nous pouvons observer que le système nécessite d'avoir une horloge de type PWM pouvant varier sur une plage de rapport cyclique comprise entre 0.05 et 0.1. Le pas de variation minimal nécessaire est de 0.005 pour les faibles irradiances. Pour conserver sa rapidité et son efficacité sous fortes irradiances, nous avons pu observer grâce aux simulations du modèle complet, qu'il est intéressant d'augmenter le pas de variation à 0.025. Si nous prenons le cas du module PV constitué de trois cellules CIGS, les simulations nous ont permi de montrer qu'il est intéressant de changer le pas de variation du rapport cyclique une fois que celui-ci a atteint la valeur seuil de 0.24. Ce changement de pas peut créer une erreur sur l'estimation de ∆PPV, mais cette erreur est limitée à la seule estimation qui a lieu entre deux pas différents et elle sera corrigée par la méthode du MPPT dès l'estimation suivante.
d) Evolution du système dans le cas d'un changement d'irradiance
Nous cherchons à savoir dans cette étude si la méthode permet efficacement de passer d'un optimum à un autre. Pour cela, nous avons simulé le système dans le cas d'un changement d'irradiance allant de 5 mSun à 10 mSun puis revenant à 5 mSun (figure III-35).
pinductance 459 μW 187 μW 96% 82%
Figure III-35 : Evolution de la puissance pour une variation d'irradiance de 5 mSun à 10 mSun. Le système passe d'une puissance récupérée de 187 μW sous 5 mSun à 459 μW sous 10 mSun. Les deux points de puissance sont obtenus avec des précisions respectives vis-à-vis du point de puissance maximale de 82% et 96%. Nous pouvons observer que la méthode suit l'évolution de l'irradiance et s'adapte pour obtenir pour chaque irradiance la puissance maximale du module PV.
itre III : Modélisation . e) Evolution du système dans le cas d'un changement de sortie active
Nous avons simulé le système en boucle fermée et nous avons imposé un changement entre les deux sorties de distribution de l'énergie. On passe ainsi d'un système où l'énergie est transférée à la batterie, à un système où l'énergie est transférée à la sortie vs. Nous avons délibérément désactivé la régulation de la sortie vs pour observer le comportement de la méthode du MPPT dans le cas où la tension de sortie évolue au cours du temps.
Phase où l'énergie est distribuée à la batterie pinductance Phase où l'énergie est distribuée à la sortie Vs
Rapport cyclique optimal Figure III-36 : Evolution de la puissance dans le cas d'un changement de sortie.
Nous observons sur la figure III-36 que la méthode du MPPT, après une première phase d'initialisation, s'adapte à l'évolution imposée par la sortie. Ainsi elle atteint pour la valeur de la tension vbat le rapport cyclique optimal pour que le système de gestion d'énergie extraie le maximum de puissance du module PV. On observe qu'elle atteint et conserve ce rapport cyclique optimal jusqu'à ce que l'on refasse évoluer la sortie active. Par la suite, la méthode du MPPT continue de s'adapter à l'évolution de la tension de sortie vs et cherche à obtenir, pour chaque niveau de tension de vs, le maximum de puissance du module PV.
Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. 5.2 Synthèse des spécifications
Le logiciel Matlab/Simulink nous a permis d'effectuer une modélisation haut niveau du système de récupération d'énergie (figure III-37) avec des temps de simulations acceptables (jusqu'à trois jours pour les plus longues). nous a permis de faire varier rapidement les paramètres du système pour différentes conditions d'utilisation. Sortie 1 Sortie 2
Figure III-37 : Le microsystème photo
volta
ïque proposé et
ses
différents
blocs.
Ces premières simulations sous Matlab/Simulink nous ont permis de définir les caractéristiques des blocs
à
concevoir
sous
CAD
ENCE
. Nous avons regroupé les spécifications des différents
blocs dans
le
tableau III-5.
Nom du bloc Régulation PPM : Comparateur/Sélection : Références de tension : MPPT : Détection variation de puissance Création du nouveau rapport cyclique Génération du signal PWM : Horloge : PWM : Transistors de puissance : transistors de puissance segmentés et buffers Logique de non recouvrement (DTCL) Transfert unidirectionnel : Diode sans seuil : Protection contre la surtension : Shunt : Alimentaion 0.9 - 1.5 V 0.9 - 1.5 V +/- 10 mV 1.2 V et 1. 5 V +/- 10 mV < 20 Hz +/- 1mV +/- 0.005 et +/- 0.05 1.2 - 1.5V 1.2 - 1.5 V 0.9 - 1.5 V 0.9 - 1.5 V 200kHz +/-10% Rapport cyclique de 0.025 à 0.6, pas min. 0.005 niveau batterie 1.2 - 1.5 V RON de 1 à 10 Ω C de 0.8 à 8.8 pF 10 ns +/-10% 0.9- 1.5 V Seuil nul niveau batterie Déclenchement entre 3.6 V - 3.8 V. Tableau
III-5
:
Spécifications des différents blocs du système de récupération.
126 Chapitre III : Modélisation du module de récupération photovoltaïque du microsystème autonome. La précision de la référence BandGap et du comparateur à hystérésis va directement influer sur la précision de la régulation de la sortie. La précision des blocs de la méthode du MPPT doit être de 1 mV pour garantir une bonne analyse des variations de la tension du module PV. Le bloc générant le nouveau rapport cyclique doit permettre de passer d'un pas de variation de 0.005 à un pas de 0.05 dès que le rapport cyclique est supérieur à 0.24. La fréquence de la méthode du MPPT doit être inférieure à 20 Hz. Le bloc DTCL doit générer des temps mort de 10 ns avec une précision de plus ou moins 10%. Enfin, le bloc de protection contre la surtension doit empêcher toute tension supérieure à 3.8 V. Pour cela une marge de sécurité est prise avec un déclenchement possible entre 3.6 V et 3.8 V. De plus, notre système est soumis à une contrainte de consommation. Cette contrainte est maximale pour l'irradiance la plus faible que notre système doit accepter, soit 5 mSun. Pour cette irradiance, la méthode de MPPT permet de polariser le module PV au MPP avec une efficacité de 82%. Le module PV délivre ainsi 187 μW. Dans la mesure où nous souhaitons avoir un rendement de 90% notre système peut consommer jusqu'à 17 μW. Nous verrons dans le chapitre IV que les simulations du circuit demandent beaucoup de ressources et ne permettent pas de simuler le circuit dans toutes les conditions. L'étape de validation se ferra donc sur une étude du système par morceaux, qui seront définis à l'aide de la présente modélisation haut niveau. 6. Conclusion
Après avoir modélisé la source photovoltaïque, nous avons comparé deux systèmes permettant de récupérer l'énergie délivrée par celle-ci. Nous en avons déduit que le nouveau système actif est intéressant dans les cas où l'irradiance et la température varient sur de larges gammes. L'intérêt est plus marqué pour les puissances moyennes et fortes. En effet, pour les très faibles puissances, le système basique avec sa faible puissance consommée reste le plus intéressant pour des irradiances inférieures à 5 mSun (cas d'un module PV de 5 cm2). Nous avons modélisé le système de gestion d'énergie à deux chemins de puissance avec le module PV. A l'aide de ce modèle nous avons déterminé les paramètres de l'architecture. Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il est intéressant d'utiliser une fréquence de hachage de 200 kHz et une inductance d'une valeur de 22 μH. De plus, pour que le système soit fonctionnel sur une large gamme de puissance d'entrée, nous avons décidé d'utiliser des transistors de puissance de largeurs différentes suivant la quantité de puissance à transférer. Les dimensions des transistors de puissance sont le résultat d'un compromis entre les pertes statiques et les pertes dynamiques, déterminées respectivement par les résistances séries équivalentes et les capacités équivalentes. Après avoir étudié l'architecture du système de gestion d'énergie, nous nous sommes focalisés sur le contrôle de celui-ci. Nous avons mis en oeuvre une méthode de MPPT qui a l'avantage de ne nécessiter qu'une mesure de la tension de travail du module PV pour pouvoir rétro-actionner le système afin qu'il se rapproche du point de puissance maximale. Nous avons simulé la méthode pour évaluer son erreur vis-à-vis du véritable point de puissance maximale du module PV pour une irradiance donnée. Nous avons par la suite déterminé les spécifications de chaque bloc permettant la mesure de l'évolution de la tension du module PV, l'estimation de la variation de la puissance du module PV et la génération de la nouvelle horloge permettant le contrôle du système de gestion d'énergie au plus près du point de fonctionnement optimal pour le module PV. Les simulations globales ont permis d'affiner les paramètres du système, donnant une fréquence maximale du MPPT de 20 Hz, une variation avec un pas de cinq millième du rapport cyclique pour les faibles irradiances et de vingt cinq millième pour les fortes irradiances, et une mesure différentielle de l'ordre de 1 mV. Nous avons simulé le système pour différents cas d'utilisation et nous avons obtenus une puissance extraite comprise entre 82% et 96% de la puissance maximale lorsque l'irradiance varie de 5 mSun à 10 mSun. Nous allons dans le chapitre suivant concevoir les différents blocs de l'architecture dans la plate-forme technologique UMC 180 nm. Pour cela, nous allons mettre en oeuvre toutes les méthodes permettant de réduire la consommation des blocs du système de récupération d'énergie.
| 47,045
|
63/hal.inrae.fr-hal-02599911-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,351
| 12,819
|
Intérêt des zones intertidales et rivulaires de la Gironde comme habitats des poissons et des macrocrustacés : Importance pour l'accueil des juvéniles et potentiel de restauration par dépoldérisation
Intérêt des zones intertidales et rivulaires de la Gironde comme habitats des poissons et des macrocrustacés Importance pour l'accueil des juvéniles et potentiel de restauration par dépoldérisation Version finale
Flore RIMOND, Alain LECHÊNE (Irstea) ● AUTEURS Auteur principal : Flore RIMOND, assistante ingénieur (Irstea) Auteur associé : Alain LECHÊNE, ingénieur de l'agriculture et de l'environnement (Irstea) ● CORRESPONDANTS
Onema : Marie-Claude XIMENES, marie-claude.ximenes@onema
.
fr
Droits d'usage : accès libre Niveau géographique : national Couverture géographique : France, Aquitaine, Poitou Charentes, estuaire de la Gironde Niveau de lecture : professionnels, experts Intérêt des zones intertidales et rivulaires de la Gironde comme habitats des poissons et des macrocrustacés Rapport d'avancement pour l'année 2013 du 28/02/2014 Flore Rimond/ ● RÉSUMÉ
Les estuaires sont des zones de transition qui abritent une grande diversité d'habitats pouvant servir de zones de refuge, de nourricerie et d'alimentation pour la faune aquatique. différence de la zone centrale, subtidale de l'estuaire de la Gironde qui est échantillonnée mensuellement depuis une trentaine d'années, la structure des assemblages de poissons et crustacés des zones intertidales de la Gironde était jusqu'alors peu connue. Dans la Gironde, plusieurs opérations accidentelles de dépoldérisation permettent d'observer l'évolution écologique de marais intertidaux en cours de formation et le retour des fonctions d'alimentation et de nourricerie pour les poissons et les crustacés. L'objectif de l'étude est de mieux caractériser les assemblages de poissons et de macrocrustacés de la Gironde en tenant compte de la diversité des habitats qui le composent et de leur position dans le gradient de salinité. L'analyse globale de la fonction de nourricerie à l'échelle de la Gironde a servi de support pour discuter de l'intérêt de la dépoldérisation comme mesure de restauration de fonctions écologiques clés. Le travail s'appuie sur une analyse saisonnière des assemblages de poissons et crustacés (crevettes, crabes) présents sur différents habitats, avec un focus sur les juvéniles et les espèces d'intérêt halieutique. L'analyse est menée à partir de données d'échantillonnage recueillies en 2011-2012 dans le cadre d'un projet portant sur la contribution des habitats estuariens à la fonctionnalité trophique du milieu (projet « Capalest ») où neuf sites intertidaux et rivulaires – cinq vasières intertidales, un marais endigué, un marais intertidal naturel et deux marais dépoldérisés – ont été échantillonnés à l'aide de deux types de verveux doubles. En zone subtidale, 17 stations réparties sur 6 transects (lignes transversales qui relient chaque rive de l'estuaire) ont été prospectées à l'haveneau et au traîneau supra-benthique. Neuf autres stations, situées sur une partie des stations des transects ou aux abords des stations intertidales, ont été échantillonnées au chalut à perche. Les pêches scientifiques sur les zones intertidales montrent la présence d'espèces d'intérêt commercial telles que la sole commune, le flet, l'anguille, le bar, la dorade royale, l'anchois, le sprat, le maigre et la crevette blanche. Avec le protocole employé, contrairement aux attentes, le milieu intertidal présente une richesse spécifique plus élevée que le milieu subtidal. Les anguilles, les juvéniles de soles, de flets, de bars communs et de mulets représentent une plus forte proportion des peuplements de poissons et crustacés du milieu intertidal par rapport au milieu subtidal. Ces résultats permettent d'inférer l'existence d'un rôle d'alimentation et/ou de nourricerie joué par les zones intertidales de la Gironde pour une ou plusieurs de espèces. Inversement, les juvéniles des trois espèces de Clupéidés – alose feinte, sprat et anchois – sont présents en proportion beaucoup plus élevée dans le milieu subtidal par rapport au milieu intertidal. Les peuplements du marais endigué sont très différents des autres stations intertidales et rivulaires. Le site est caractérisé par des abondances et une richesse spécifique particulièrement faibles. L'ichtyocarcinofaune est composée principalement de poissons d'eau douce qui, pour la majorité, n'ont été observés sur aucune autre station intertidale. Les trois vasières intertidales situées les plus en aval de l'estuaire de la Gironde ont une composition assez proche. Elle se différencient des autres sites par une contribution plus importante des poissons plats – soles et flet – à la biomasse totale des assemblages. Les marais dépoldérisés – le marais de Mortagne et l'île Nouvelle – présentent une richesse spécifique et une dynamique d'occupation saisonnière comparables aux vasières intertidales dont ils sont proches. Ces marais font partie des sites intertidaux et rivulaires qui présentent les plus fortes abondances pondérales, en raison d'une fréquentation intense par les mulets. Le bar franc et le bar moucheté sont présents et abondants sur les cinq sites intertidaux situés le plus en aval de l'estuaire. Pour les deux espèces, les abondances les plus fortes sont répertoriées dans le marais dépoldérisé de Mortagne. Les fonctions d'alimentation et de nourricerie pour les poissons marins semblent essentiellement assurées par les marais et vasières intertidaux dont la salinité moyenne est supérieure à 10 ‰. A partir de l'exemple du marais de Mortagne dépoldérisé en 1999, la dépoldérisation paraît une mesure efficace pour recréer des milieux propices à l'accueil de juvéniles de poissons marins, en particulier les bars.
● MOTS CLÉS (THÉMATIQUE ET GÉOGRAPHIQUE) Poissons, macrocrustacés, vasières intertidales, marais intertidaux, estuaire de la Gironde, fonction de nourricerie, fonction d'alimentation, dépoldérisation, restauration écologique ● SOMMAIRE SOM
M
AIRE
1. Introduction6 2. Objectif de l'étude6
3. Échantillonnage de l'ichtyocarcinofaune des zones intertidales et subtidales de la Gironde7 3.1. Échantillonnage des habitats intertidaux et rivulaires7 3.1.1. Sites étudiés 7 3.1.2. Matériel et protocole 11 3.2. Échantillonnage en zone subtidale12 3.2.1. Sites étudiés 12 3.2.2. M
atériel
et protocole 13 3.3. Traitement des échantillons biologiques14 3.4
.
Périodes
d
'échantillonnage14 3.5. Bancarisation et analyse des données15 3.5.1. Gestion des difficultés d'identification 3.5.2. Gestion des espèces rares 15 3.5.3. Richesse spécifique 15 3.5.4. Calcul des fréquences d'occurrence16 3.5.5. Calcul des efforts de pêche16 3.5.6. Regroupement des captures en milieu inter- et subtidal16
4. Assemblages de poissons et macrocrustacés des zones rivulaires et intertidales16
4.1. Composition et richesse spécifiques par site16 4.2. Effectifs totaux par espèce ou taxon18 4.3. Effectifs et biomasses par site19 4.3.1. Effectifs 19 4.3.2. Biomasses 20 4.4. Analyse par groupes d'espèces de poissons et de macrocrustacés21 4.4.1. Occupation des habitats intertidaux par les deux espèces de gobie résidentes de l'estuaire22 4.4.2. Occupation des habitats intertidaux par les poissons marins euryhalins23 4.4.3. Occupation des habitats intertidaux par les poissons migrateurs amphihalins24 4.4.4. Occupation des habitats intertidaux par les crustacés26 5. Comparaison des assemblages de poissons et macrocrustacés
des zones
intertidales
et
subtidales 27 5.1. Bilan des captures en zone subtidale27 5.2. Composition et richesse spécifiques par zone haline : intertidal vs. 2. Objectif de l'étude
L'objectif de l'étude est de mieux caractériser les assemblages de poissons et de macrocrustacés de la Gironde en tenant compte de la diversité des habitats qui le composent et de leur position dans le gradient de salinité estuarien. Il s'agit notamment de caractériser le potentiel d'accueil que représentent ces différents types d'habitats intertidaux et rivulaires pour les juvéniles et les adultes de différentes espèces de poissons – marins notamment – et pour les crustacés. Il s'agit également de mettre en évidence les différences qui existent entre la partie centrale, subtidale de l'estuaire et la mosaïque des habitats intertidaux et rivulaires : vasières intertidales, marais naturels, marais endigués et dépoldérisés. Le travail s'appuie sur une analyse saisonnière des assemblages de poissons et crustacés (crevettes, crabes) présents sur différents habitats, avec un focus sur les juvéniles et les espèces d'intérêt halieutique. L'analyse est menée à partir de données d'échantillonnage recueillies en 2011-2012 dans le cadre d'un projet portant sur la contribution des habitats estuariens à la fonctionnalité trophique du milieu (projet « Capalest »). L'analyse globale de la fonction de nourricerie à l'échelle de la Gironde sert de support pour discuter de l'intérêt de la dépoldérisation comme mesure de restauration de fonctions écologiques clés des estuaires (alimentation, nourricerie). La présence parmi les milieux échantillonnés de deux marais dépoldérisés – l'un dans la zone mésohaline, l'autre dans la zone oligohaline de la Gironde –permet d'intégrer la position dans le gradient de salinité comme facteur de réussite de ce type de restauration. 3. Échantillonnage de l'ichtyocarcinofaune des zones intertidales et subtidales de la Gironde 3.1. Échantillonnage des habitats intertidaux et rivulaires 3.1.1. Sites étudiés
Le choix des sites d'étude s'est porté sur neuf sites illustrant la diversité des habitats intertidaux et rivulaires de l'estuaire de la Gironde (Figure 1 et Table 1). Quatre types de zones humides estuariennes ont été prospectés : cinq vasières intertidales, un marais endigué, un marais intertidal naturel et deux marais dépoldérisés.
Figure 1. Localisation des stations de pêche dans la zone intertidale de l'estuaire de la Gironde 6/34
Table 1. Description sommaire des stations de pêche intertidales et salinité moyenne relevée en 2011 et 2012
Localisation Rive droite (Saintonge) Rive gauche (Médoc) Ile Nouvelle Site échantillonné Type de milieu Code station Baie de Chant Dorat Salinité (‰) Moyenne Ecart-type V5 18,68 5,16 Marais dépoldérisé MD2 13,06 4,15 Étier de Mortagne Chenal de marée naturel ET 12,26 3,80 Marais de Saint-Dizant-du-Gua Marais endigué ME2 0,33 0,05 V4 17,92 5,70 Saint-Christoly V3 10,94 4,61 Saint-Estèphe V2 5,98 4,00 Lamarque V1 2,28 2,76 Bouchaud centre Marais dépoldérisé
MD1 2,68 2,57 3.1.1.1. Les vasières intertidales
Cinq vasières intertidales ont été retenues comme sites d'étude : l'une est localisée sur la rive Saintonge (Figure 2), les quatre autres se trouvent sur la rive Médoc (Figure 3 à Figure 6).
Figure 2. Vasière de Chant Dorat Figure 3. Vasière de Phare Richard Figure 5. Vasière de Saint Estèphe Figure 4. Vasière de Saint Christoly Figure 6. Vasière de Lamarque 7/34
3.1.1.2. L'étier de Mortagne
L'étier de Mortagne correspond à un chenal de marée intertidal situé près du
de Mortagne-sur-Gironde (Figure 7). Figure 7. L'étier de Mortagne
3.1.1.3. Le marais de Mortagne-sur-Gironde
Situé dans le secteur mésohalin de l'estuaire de la Gironde, le marais de Mortagne a la forme d'un rectangle de 2 km de long et d'1 km de large orienté selon un axe sud-est nord-ouest. Il a été endigué en 1966 et cultivé pendant plus de 30 ans (Figure 8 et Figure 9). La digue de protection du marais de Mortagne a cédé au cours de la tempête de décembre 1999 (tempête « Martin ») : une brèche s'est formée au nord-ouest du marais, permettant le rétablissement d'une submersion régulière des terres cultivées par les eaux estuariennes. Figure 9. Vue aérienne du marais de Mortagne en 2010, après dépoldérisation Figure 8. Orthophotographie du marais de Mortagne après dépoldérisation 8/34
3.1.1.4. L'île Nouvelle
L'île Nouvelle est située dans le secteur oligohalin de l'estuaire de la Gironde. Orientée selon un axe nordsud, l'île est longue de 6,3 km avec une largeur maximale de 0,7 km. Sa superficie totale avoisine 336 hectares. Jusqu'en 2009, les terrains protégés par les digues représentaient environ 265 hectares ; depuis le passage de la tempête Xynthia, seuls 117 hectares sont toujours endigués (Figure 10). L'île Nouvelle résulte de la jonction de l'île Bouchaud (au nord) et de l'île Sans-Pain (au sud), suite à l'endiguement en 1955 de l'espace réduit qui les séparait. Dans la suite du rapport, la partie nord de l'île Nouvelle sera désignée par le nom de Bouchaud centre (Table 1). Les îles Sans Pain et Bouchaud ont été exploitées en viticulture entre 1867 et 1955. A cette activité a succédé la culture des peupliers entre 1961 et 1972, puis la maïsiculture entre 1972 et 1991. L'achat de l'île Nouvelle par le Conservatoire du Littoral en 1991 marque l'abandon de l'exploitation agricole du site au profit de la mise en valeur du potentiel écologique du site. L'île Bouchaud s'étend sur une superficie totale de 168,8 hectares, dont 141,4 hectares étaient endiguées avant 2009. L'île Bouchaud est désormais une étendue intertidale, dépoldérisée, régulièrement submergée par les eaux estuariennes. La dépoldérisation s'est produite lors du passage de la tempête Xynthia les 27 et 28 février 2009, suite à l'ouverture d'une large brèche dans la partie nord-ouest de l'île (Figure 11 et Figure Figure 11. Chenal d'érosion dans la partie dépoldérisée de l'île Nouvelle en mai 2011 (crédit : D. Uny) Figure 10. L'île Nouvelle. La partie dépoldérisée, appelée « Bouchaud Centre », est délimitée en rouge (IGN, Scan25) Figure 12. Station de pêche « Bouchaud Centre » 9/34
3.1.1.5. Le marais endigué de Saint Dizant-du-Gua
Le marais de Saint Dizant-du-Gua est un marais exploité en agriculture, isolé de l'influence des eaux estuariennes par une digue en terre et des ouvrages hydrauliques de régulation. Les échantillonnages sont effectués dans un chenal qui alimente le marais en eau douce et longe sa digue de protection (Figure 13). Figure 13. Marais de Saint Dizant-du-Gua
3.1.2. Matériel et protocole 3.1.2.1. Engins de pêche
Le type d'engin de pêche retenu pour les échantillonnages de poissons et de macrocrustacés en zone intertidale est le verveux double. L'un des avantages majeurs de cet engin est qu'il peut être déployé sur une gamme étendue d'habitats et de substrats. Deux modèles de verveux double ont été déployés dans le cadre de la présente étude: le modèle « DCE » et le modèle « 4mm ». Les verveux doubles DCE (Figure 14) ont été initialement conçus pour être intégrés au protocole d'échantillonnage servant à diagnostiquer l'état écologique des estuaires dans le cadre de la directive cadre sur l'eau (DCE). Les verveux doubles 4mm (Figure 15) ont quant à eux été créés sur mesure, pour les besoin de l'étude. Si les dimensions des deux modèles de verveux double sont équivalentes – profondeur de chambre de 3 mètres, hauteur de l'entrée de 55 à 60 cm, paradière de 6 mètres de long, etc. –, ils diffèrent fondamentalement par leur maillage. La taille de maille du modèle DCE diminue progressivement de la paradière à l'extrémité des chambres (de 15 mm à 8 mm de côté de maille) tandis que le modèle 4 mm présente un maillage uniforme, de 4 mm de côté. Figure 14. Chambre d'un verveux double DCE Figure 15. Chambre d'un verveux double 4mm 10/34
3.1.2.2. Protocole de capture des poissons et macrocrustacés
Deux verveux double 4 mm et un verveux double DCE sont déployés sur chaque site. Ces trois verveux, alignés et espacés d'une dizaine de mètres, sont disposés parallèlement aux courants principaux afin de limiter la tension exercée par le courant et d'éviter l'accumulation de déchets végétaux au niveau de la paradière. Afin d'éviter des pertes provoquées par une émersion prolongée des organismes lors des marées basses, les filets sont posés et relevés à mi-marée, soit mis en pêche durant six heures environ pour les sites concernés par ce risque. D'autres sites, caractérisés par des retenues d'eau par exemple, sont échantillonnés sur de plus longues durées.
3.1.2.3. Constitution des échantillons biologiques
Pour chaque verveux double, les captures des deux chambres sont traitées séparément, permettant la constitution de deux échantillons pour un seul piège.
3.2. Échantillonnage en zone subtidale 3.2.1. Sites étudiés
Les stations de pêche sont réparties sur l'ensemble de l'estuaire et sont toutes accessibles par la navigation. Deux protocoles d'échantillonnage sont suivis. Un premier plan d'échantillonnage par transect est appliqué. Six transects, lignes transversales qui relient chaque rive de l'estuaire, ont été tracés. Chaque transect – à l'exception du transect situé le plus en amont de l'estuaire – est composé de trois stations fixes, une première située à proximité de la rive Saintonge, une deuxième au centre de la ligne transversale et une troisième aux abords de la rive Médoc ( Figure 16). Dixsept stations de pêche sont ainsi définies et échantillonnées. Un deuxième protocole, consistant à répéter des traits de chalut dans des secteurs fixes, est appliqué (traits orange représentés sur la Figure 16). Figure 16. Localisation des stations et secteurs de pêche dans les zones inter- et subtidale de l de la de
3.2.2. Matériel et protocole
Les pêches en milieu subtidal sont réalisées à bord du navire de recherche d'Irstea : l'Esturial.
3.2.2.1. Engins de pêche
Trois engins de pêche sont utilisés pour échantillonner l'ensemble de la colonne d'eau dans la zone subtidale de l'estuaire : le haveneau de surface, le traîneau supra-benthique et le chalut à perche. Les haveneaux de surface et le traîneau supra-benthique sont déployés sur les stations fixes des transects. Les haveneaux de surface (Figure 17) sont équipés de filets coniques de 1 mm de maille étirée dans leur partie terminale et montés sur un cadre métallique de 4 m de large. Le traîneau supra-benthique (Figure 18) est constitué d'un filet de même maillage et lui aussi équipé d'une fermeture Éclair à son extrémité. Il possède un cadre métallique de 2 m de large. Les deux grands patins dont il dispose lui permettent d'échantillonner 20 cm au-dessus du fond. Le chalut à perche (Figure 19) est utilisé dans les secteurs fixes (traits orange de la Figure 16). Il est composé d'une perche de 2,80 m qui assure l'ouverture horizontale du filet et de deux patins de 50 cm de haut. Le filet possède un maillage de 10 mm en maille étirée en partie terminale. L'engin est directement en contact avec le fond mais il n'est pas pourvu d'un racasseur (chaîne de grattage). Figure 17. Haveneau de surface Figure 18. Traîneau supra-benthique Figure 19. Chalut à perche
3.2.2.2. Protocole de capture
Les trois engins de pêche sont mis en oeuvre de jour, entre la moitié du flot et de l'étale de pleine mer (ou du mi-jusant en cas de débordement de la mission). Les échantillonnages ont une durée de 7 minutes hors temps de filage et de virage. Ce temps peut cependant être réduit en cas de captures trop importantes (abondance de méduses, etc.). Les temps de filage et de virage sont contrôlés de manière à ne pas dépasser 10 % du temps de pêche. Les engins de pêche sont toujours utilisés à contre-courant à une vitesse proche de 3 noeuds. Deux traits de chalut à perche sont effectués dans chaque secteur fixe de manière à obtenir deux réplicats.
3.3. Traitement des échantillons biologiques
Les individus capturés sont identifiés à l'espèce, et à défaut au rang taxonomique supérieur le plus bas possible. Pour chaque taxon, les effectifs sont dénombrés. Un sous-échantillon aléatoire de 50 individus par taxon fait l'objet de mesures de longueur. La longueur relevée est la longueur à la fourche (LF) pour les poissons dont la nageoire caudale est fourchue, la longueur totale (LT) dans les autres cas. Les crabes et crevettes font également l'objet de mesures de longueur: la largeur maximale du céphalothorax pour les crabes (LCT) et la longueur post-orbitale du céphalothorax pour les crevettes (LCT-). Une masse totale par taxon est mesurée. Les poissons, crabes et crevettes ne pouvant être identifiés à l'espèce sont sous-échantillonnés, conditionnés et examinés en laboratoire. Cela concerne systématiquement les poissons de moins de 60 et les crevettes. 3.4. Périodes d'échantillonnage
Les zones intertidales et subtidales ont été échantillonnées à cinq reprises sur une période de deux ans (2011-2012) et de manière à couvrir les quatre saisons (Table 2). 13/34
Table 2. Périodes d'échantillonnage des zones inter- et subtidales de l'estuaire de la Gironde en 2011- 2012
Campagnes prévues Printemps 2011 Zones d'échantillonnage Intertidale Dates Rive Saintonge Du 02/05/11 au 04/05/11 Rive Médoc Du 10/05/11 au 11/05/11 Île Nouvelle Du 16/05/11 au 17/05/11 Subtidale Automne 2011 Intertidale Du 09/05/11 au 11/05/11 Rive Médoc Du 04/10/11 au 05/10/11 Rive Saintonge Du 10/10/11 au 12/10/11 Île Nouvelle Du 15/09/11 au 16/09/11 Subtidale Hiver 2012 Intertidale Du 19/10/11 au 21/10/11 Rive Médoc Du 28/02/12 au 29/02/12 Rive Saintonge Du 05/03/12 au 07/03/12 Île Nouvelle Du 20/03/12 au 21/03/12 Subtidale Intertidale Printemps 2012 Du 14/02/12 au 17/02/12 Rive Médoc Du 14/05/12 au 15/05/12 Rive Saintonge Du 21/05/12 au 23/05/12 Île Nouvelle Du 06/06/12 au 07/06/12 Du 02/05/12 au 03/05/12 et du 14/05/12 au 15/05/12 Subtidale Eté 2012 Intertidale Rive Médoc Du 02/07/12 au 04/07/12 Rive Saintonge Du 16/07/12 au 19/07/12 Île Nouvelle Du 23/07/12 au 24/07/12 Subtidale Du 09/07/12 au 12/07/12 Problèmes rencontrés - Vandalisme sur le site de Saint- Dizant-du-Gua
- 3.5. Bancarisation et analyse des données
Les données biologiques issues des campagnes d'échantillonnage réalisées en 2011-2012 sont enregistrées dans une base de données relationnelle conçue sous le logiciel PostgreSQL. 3.5.1. Gestion des difficultés d'identification
L'identification de certains organismes de petite taille est difficile et source d'erreurs. Par précaution, certaines espèces sont classées uniquement par genre ou par un autre niveau taxonomique plus élévé. C'est le cas des crabes du genre Liocarcinus ou Hemigrapsus. Suivant la finalité des analyses et par souci de simplification, le choix de regrouper certaines espèces au niveau du genre ou de la famille a été effectué dans certaines parties du rapport. C'est le cas par exemple des mulets (Mugilidae sp), des soles (Solea sp) et des bars (Dicentrarchus sp).
3.5.2. Gestion des espèces rares
Dans le présent rapport, les espèces rares sont distinguées des espèces plus fréquentes ou abondantes, et sont dans certains cas écartées des analyses statistiques. La définition de la rareté retenue est celle de Mouillot et al. (2013) : elle s'applique aux espèces ayant une abondance par station toujours inférieure à 5 % de l'abondance maximale observée sur ces stations, après transformation logarithmique des abondances.
3.5.3. Richesse spécifique
Dans le présent rapport, le terme de richesse spécifique est employé pour désigner un nombre total d'espèces recensées, indépendamment de toute procédure de raréfaction.
3.5.4. Calcul des fréquences d'occurrence
Pour chaque type d'engin de pêche, l'occurrence est calculée comme la proportion de stations où une espèce donnée est présente. 3.5.5. Calcul des efforts de pêche 3.5.5.1. Verveux doubles
L'effort de pêche d'un verveux est la durée de pêche efficace de cet engin. La durée de pêche efficace est la durée pendant laquelle le niveau d'eau est suffisant pour que les poissons puissent s'engager dans l'une ou l'autre chambre d'un verveux double. Pour les verveux utilisés dans la présente étude, il faut environ 25 cm d'eau pour que l'entrée des chambres soit accessible par les poissons. Lorsque les hauteurs d'eau restent constamment supérieures à 25 cm, la durée de pêche efficace correspond au temps de pose des verveux.
3.5.5.2. Traîneau supra-benthique et haveneaux
L'effort de pêche est évalué à partir des volumes filtrés durant un trait, grâce aux courantomètres placés à l'entrée des engins.
3.5.5.3. Chalut à perche
La surface balayée par le chalut à perche est calculée grâce aux coordonnées GPS de début et de fin de trait. 3.5.6. Regroupement des captures en milieu inter- et subtidal
Afin de comparer les effectifs relatifs de poissons et crustacés entre le milieu intertidal et le milieu subtidal, les captures issues des différents types d'engins déployés dans chaque milieu – intertidal et subtidal – ont été regroupées en suivant la méthodologie décrite dans les deux sous-sections suivantes. On fait l'hypothèse que le regroupement des captures issues des différents engins donne une vision fidèle des assemblages de poissons et crustacés et de leurs effectifs relatifs. Il s'agit d'une hypothèse forte qui n'a pas été vérifiée dans le cadre du présent rapport mais qui répond aux besoins d'une analyse exploratoire.
3.5.6.1. Milieu intertidal
Les captures issues des deux types de verveux doubles – 4mm et DCE – sont sommées en donnant le même poids à chaque modèle de verveux.
3.5.6.2. Milieu subtidal
L'effort de pêche d'un chalut se calcule en surface chalutée tandis que celui des haveneaux et du traîneau s'évalue en volume d'eau filtrée. Afin de regrouper les captures issues de ces trois engins – haveneau de surface, traîneau supra-benthique et chalut à perche – et de comparer l'ensemble constitué aux captures en milieu intertidal, les efforts de pêche du traîneau et des haveneaux sont convertis en unité de surface horizontale. Les captures moyennes par unité de surface issues de trois engins sont sommées par zone haline.
4. Assemblages de poissons et macrocrustacés des zones rivulaires et intertidales 4.1. Composition et richesse spécifiques par site
La liste des espèces de poissons et crustacés capturées sur les stations de pêche intertidales, tous engins confondus, figure dans la Table 3. Table 3. Liste des espèces recensées sur les stations de pêche intertidales et rivulaires, tous engins confondus (verveux doubles DCE et 4mm)
Stations intertidales et rivulaires Groupe Nom scientifique Alosa fallax Poissons Anguilla anguilla migrateurs amphihalins Liza ramada Platichthys flesus Pomatoschistus Poissons microps résidents estuariens Pomatoschistus minutus Saint Estèphe Lamarque Chant Dorat Alose feinte X X X X X X Anguille X X X X X X X Mulet porc Flet X X X X X X X X X X X X X X Gobie tacheté X X X X X X Gobie buhotte X X X X X X Nom commun Abramis brama Brème commune Ameiurus melas Poisson chat Carassin argenté Carpe commune Épinoche Poissons d'eau douce Gymnocephalus cernuus euryhalins Lepomis gibbosus X X X 78 X 100 89 X 100 X X 89 X X 89 X X X X X X 11 X 56 X 11 X 22 X X X X Occurrence (%) X X X X X 22 X 100 Grémille X 11 Perche soleil X 11 X X 56 X X 22 Pseudorasbora Gardon Sandre Rotengle Silurus glanis Silure glane Maigre X Motelle à cinq barbillons X Conger conger Congre X Bar franc X X Bar moucheté X Anchois X Sole sénégalaise Solea solea Sparus aurata X X X X 11 X 11 X X X X 11 X X X 78 X 22 11 X X X X X X X X X X X X X X X Sole commune X X X X Dorade royale X Sprat X X Syngnathus sp Syngnathe Crabe vert X X Crevette grise X X X Crabe chinois X X X Hemigrapsus penicillatus Crabe japonais Hemigrapsus takanoi Crabe à pinceaux X X Liocarcinus sp Crabe nageur Crustacés Palaemon adspersus X X Poissons marins Engraulis encrasicolus euryhalins Solea senegalensis Saint Dizant X X X 56 X 56 22 X X X 11 X X 56 X X X X X 89 X X X X 78 X X X X X 56 X 44 X 56 X 11 X Bouquet de l'Elbe Bouquet de flaque X X Crevette des marais X X X X X Bouquet migrateur X X Bouquet commun X 67 44 X X 78 11 X X 44 X X X X X 89 X X X X X X 89 X X X X X X 89 X 22 X 16/34 11
Au total 43 taxons sont recensés en zone intertidale : ils comprennent 13 espèces de crustacés et 30 espèces de poissons, dont 5 espèces ont été capturées de manière exceptionnelle. 4.2. Effectifs totaux par espèce ou taxon
Les effectifs totaux par espèce capturés sur l'ensemble des campagnes de pêche en milieu intertidal et rivulaire avec les deux modèles de verveux double sont présentés dans la Table 5. Les verveux déployés sur le site de Bouchaud centre étant mis en pêche au cours de deux cycles de marée, les effectifs capturés sur ce site ont été divisés par deux. 17/34
Table 5. Effectifs totaux par espèce capturés sur l'ensemble des stations intertidales en 2011 et 2012 tous engins confondus (verveux doubles DCE et 4mm) Taxon Taxon Nom commun Nt Nom commun Nt Gobie tacheté 104 488 Sprat 40 31 983 Bouquet de flaque 38 Crevette grise 17 427 Hemigrapsus sp Crabe Hemigrapsus 37 Crevette des marais 6 793 Pseudorasbora 26 Gobie buhotte 3 341 Crabe chinois 22 Bouquet migrateur 1 876 Sparus aurata Dorade royale 19 Bar franc 664 Liocarcinus sp Crabe nageur 12 Mugilidae sp Mulet indéterminé 637 Bouquet de l'Elbe 8 Solea sp Sole indéterminée 409 Sandre 8 Epinoche 310 Ameiurus melas Poisson chat 7 Flet 223 Motelle à cinq barbillons 6 Crabe vert 199 3 Anguille 198 Carassius sp Carassin 2 Alosa fallax Alose feinte 159 Conger conger Congre 1 Maigre 103 Carpe commune 1 Anchois 89 Gardon 1 Bar moucheté 84 Silurus glanis Silure glane 1 Palaemonidae sp Crevette indéterminée 62 Syngnathus sp Syngnathe 1 Bouquet commun 42 Total 169 328
Les mulets, les gobies et les quatre espèces de crevette, qui sont présentes sur l'ensemble des sites en lien direct avec l'estuaire, sont aussi les espèces les plus capturées. Le gobie tacheté, espèce résidente de l'estuaire, est l'espèce la plus représentée avec 104 488 individus capturés (62 % des effectifs totaux) durant l'étude. 4.3. Effectifs et biomasses par site 4.3.1. Effectifs
Les effectifs maximums sont recensés sur la vasière de Saint Christoly. Le marais de Mortagne présente également des abondances numériques supérieures à la moyenne des autres sites. Peu de poissons et de macrocrustacés ont été capturés dans le marais endigué de Saint Dizant (Figure 20a). Quatre espèces de poissons et crevettes dominent les assemblages des sites intertidaux : le gobie tacheté, la crevette blanche (Palaemon spp), la crevette grise et la crevette des marais (Figure 20b). La composition en poissons et macrocrustaés des trois vasières intertidales situées le plus en aval de l'estuaire est proche : elle se caractérise par une dominance nette du gobie tacheté, suivi par la crevette grise et la crevette blanche. Le marais de Mortagne présente les plus fortes abondances relatives en gobie tacheté. Dans l'étier de Mortagne, le gobie tacheté et la crevette des marais dominent à parts presque égales la composition des assemblages. Sur les vasières intertidales en amont de l'estuaire, la crevette planche (P. longirostris) domine numériquement des peuplements. Sur le marais dépoldérisé de l'île Nouvelle, la dominance se partage essentiellement entre deux espèces de crevettes : la crevette blanche (Palaemon sp) et la crevette des marais. La composition spécifique du marais de Saint Dizant, largement dominée par des espèces de poissons d'eau douce de la famille des Cyprinidés, diffère radicalement de la composition des autres sites rivulaires et intertidaux. (a) (b) Figure 20. Moyenne des effectifs totaux (a) et des effectifs relatifs par taxon (b) capturés sur les stations de pêche intertidales et rivulaires avec les verveux doubles 4mm 4.3.2.
Biomasses
Les biomasses totales capturées avec les verveux doubles 4mm sur les habitats intertidaux et rivulaires sont présentées en Figure 21a. Les marais dépoldérisés de Mortagne et de Bouchaud centre font partie des trois sites qui présentent les plus fortes abondances pondérales. La vasière de Saint Christoly occupe le second rang et forme un groupe assez homogène avec les deux autres vasières situées en aval de l'estuaire – Chant Dorat et Phare Richard. Comme pour les effectifs, les biomasses capturées sont minimales dans le marais endigué de Saint Dizant. Par rapport aux effectifs, l'examen des biomasses relatives par taxon (Figure 21b) montre une répartition plus équilibrée des assemblages entre les taxons dominants. Les trois vasières aval ont une composition proche. Elle se différencient des autres sites par une contribution plus importante des poissons plats – soles et flet – à la biomasse totale des assemblages. Les deux marais dépoldérisés se distinguent par une forte proportion de mulets : 58 % pour le marais de Mortagne et à 72 % pour Bouchaud centre. La biomasse relative des bars n'est substantielle – 1,5 à 12 % – que sur les cinq sites intertidaux situés le plus en aval de l'estuaire. La biomasse des poissons et crustacés capturés sur le marais de Saint Dizant est principalement constituée de Cyprinidés, de perches soleils, d'écrevisses de Louisiane et de grémilles. (
a
)
(b) Figure 21. Moyenne des biomasses totales (a) et des biomasses relatives par taxon (b) capturées sur les stations de pêche intertidales et rivulaires avec les verveux doubles 4mm 4.4. Analyse par groupes d'espèces de poissons et de macrocrustacés
Les diagrammes suivants présentent l'occupation saisonnière des sites intertidaux par les espèces de poissons et crustacés les plus fréquentes et les plus abond
antes.
20/34 4.4.1. Occupation des habitats intertidaux par les deux espèces de gobie résidentes de l'estuaire 4.4.1.1. Le gobie buhotte
Le gobie buhotte est très présent en été et quasiment absent aux saisons froides. On peut noter sa quasiabsence au printemps 2011, contrairement au mois de mai 2012. Les plus forts effectifs de gobie buhotte ont été capturés sur le marais dépoldérisé de Mortagne (Figure 22).
Figure 22. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par le gobie buhotte (Pomatoschistus minutus) 4.4.1.2. Le gobie tacheté
A la différence du gobie buhotte, le gobie tacheté est présent toute l'année. Des captures très importantes ont été observées au cours du printemps 2011, en particulier sur la vasière de Saint Christoly et le marais de Mortagne (Figure 23). Figure 23. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par le gobie tacheté (Pomatoschistus microps)
4.4.2. Occupation des habitats intertidaux par les poissons marins euryhalins 4.4.2.1. Le bar franc et le bar moucheté
Le bar franc et le bar moucheté sont présents et abondants sur les cinq sites intertidaux situés le plus en aval de l'estuaire (Figure 24 et Figure 25). Pour les deux espèces, les abondances les plus fortes sont capturées dans le marais dépoldérisé de Mortagne. La présence du bar franc et du bar moucheté dans l'estuaire est décalée dans le temps. Les juvéniles de bar commun sont majoritairement présents en été tandis que les bars mouchetés le sont en automne.
Figure 24. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par le bar franc (Dicentrarchus labrax) Figure 25. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par le bar moucheté (Dicentrarchus punctatus)
4.4.2.2. La sole commune et la sole sénégalaise
Comme pour les bars, les soles sont présentes sur les cinq sites intertidaux situés le plus en aval de l'estuaire. Les abondances sont maximales sur les trois vasières intertidales de l'aval, que les soles fréquentent à la toutes les saisons sauf l'hiver (Figure 26).
22/34
Au printemps 2012, les quantités de soles capturées dans le marais de Mortagne sont équivalentes à celles des vasières proches. Les abondances restent faibles dans l'étier de Mortagne. Figure 26. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par la sole commune (Solea solea) et la sole sénégalaise (Solea senegalensis)
4.4.3. Occupation des habitats intertidaux par les poissons migrateurs amphihalins 4.4.3.1. Le flet
Les flets sont pêchés principalement au printemps et en été, sur l'ensemble des stations de pêche intertidales. A la différence des soles, ils occupent aussi les sites amont caractérisées par des salinités faibles. Ils sont échantillonnés en faibles effectifs aux saisons froides, uniquement sur les vasières aval (Figure 27).
Figure 27. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par le flet (Platichthys flesus)
4.4.3.2. Les mulets (toutes espèces confondues)
Les mulets fréquentent l'ensemble des stations de pêche intertidales et sont absents du marais endigué de Saint Dizant (Figure 28). Les abondances de mulet sont maximales sur les sites dépoldérisés – marais de Mortagne et Bouchaud centre. Les périodes d'abondance maximale diffèrent cependant entre ces deux sites : printemps-été pour le marais de Mortagne et automne-hiver pour Bouchaud centre. Cette différence est liée au schéma saisonnier de migration du mulet porc dans l'estuaire de la Gironde.
Figure 28. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par les mulets (toutes espèces confondues)
4.4.3.3. L'anguille
Les plus forts effectifs d'anguilles sont capturés sur les vasières en aval de l'estuaire – Chant Dorat et Phare de Richard – et sur le site dépoldérisé de Mortagne (Figure 29). Les captures sont principalement effectuées au printemps et en été. Les abondances d'anguille sont minimales dans le chenal intertidal de Mortagne et dans le marais endigué de Saint Dizant. Figure 29. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par l'anguille (Anguilla anguilla) 24/34
4.4.4. Occupation des habitats intertidaux par les crustacés 4.4.4.1. La crevette blanche (Palaemon longirostris)
Les plus grandes quantités de crevettes blanches sont capturées sur les vasières intertidales de la rive Médoc, en amont de l'estuaire. Comparé au printemps 2012, le printemps 2011 est caractérisé par des abondances importantes sur les vasières de Saint Christoly et Lamarque (Figure 30).
Figure 30. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par la crevette blanche (Palaemon longirostris)
4.4.4.2. La crevette grise
Les crevettes grises sont capturées à toutes les saisons. Les vasières intertidales présentent les abondances les plus fortes. Les captures sont faibles dans le marais dépoldérisé de Bouchaud centre et nulles dans le marais endigué de Saint Dizant (Figure 31).
Figure 31. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par la crevette grise (Crangon crangon) 25/34
4.4.4.3. Le crabe vert
Les crabes verts sont présents toute l'année dans l'estuaire, essentiellement en aval de la rive Saintonge (Figure 32).
Figure 32. Occupation saisonnière des habitats intertidaux par le crabe vert (Carcinus maenas)
5. Comparaison des assemblages de poissons et macrocrustacés des zones intertidales et subtidales 5.1. Bilan des captures en zone subtidale
La crevette blanche Palaemon longirostris domine numériquement les assemblages de poissons et crevettes en milieu subtidal, avec 26 % des captures totales. Viennent ensuite les deux espèces de gobie avec respectivement 15 % et 13 % des captures pour P. microps et P. minutus et les crevettes grises (13 % des captures). Trois espèces de poissons appartenant à la famille des Clupéidés – le sprat, l'anchois et l'alose te – représentent à elles trois 25 % du total des individus capturés en milieu subtidal (Table 6). Table 6. Effectifs totaux par espèce capturés sur l'ensemble des stations subtidales en 2011 et 2012 tous engins confondus (haveneaux de surface, traîneau supra-benthique et chalut à perche)
Taxon Taxon Nt Nom commun Nt 9 132 Hemigrapsus sp Crabe Hemigrapsus 34 Gobie tacheté 5 241 Crabe chinois 9 Gobie buhotte 4 640 Motelle à cinq barbillons 8 Crevette grise 4 596 Pseudorasbora 6 Sprat 3 146 Alosa alosa Grande alose 3 Anchois 2 699 Barbus barbus 3 Alosa fallax Alose feinte 2 695 Ombrine commune 3 Bouquet migrateur 824 Belone belone Orphie 2 Mugilidae sp Mulet indéterminé 638 Crabe vert 2 Épinoche 351 Lançon équille 1 Bar moucheté 134 Aphia minuta Gobie transparent 1 Syngnathus sp Syngnathe 132 Carassius sp Carassin 1 Bar franc 119 Hippocampe à nez court 1 Maigre 93 Bouquet de flaque 1 Solea sp Sole indéterminée 67 Crevette des marais 1 Anguille 62 Écrevisse de Louisiane 1 Flet 42 Liocarcinus sp Crabe nageur 36 Nom commun Total 34 726
5.2. Composition et richesse spécifiques par zone haline : intertidal vs. subtidal
Dans les résultats qui suivent, le marais endigué de Saint Dizant-du-Gua a été écarté des stations de pêche intertidales et rivulaires en raison de la forte dissimilarité de ses assemblages de poissons et macrocrustacés. Si l'on exclut les espèces rares, la richesse spécifique en poissons migrateurs amphihalins et en poissons résidents estuariens est identique quel que soit le type de milieu (intertidal vs. subtidal) ou la zone haline considérés (Table 7 et Table 8). On observe également une diminution du nombre d'espèces de poissons marins et de crustacés d'aval en amont de l'estuaire et, à l'inverse, une augmentation du nombre d'espèces de po d'eau douce euryhalins d'aval en amont. Cependant, ces gradients de richesse spécifique ne peuvent être mis en évidence que lorsque les captures d'espèces rares sont prises en compte.
Table 7. Nombre total d'espèces de poissons et crustacés recensés en 2011 et 2012 sur les stations de pêche intertidales et en milieu subtidal, tous engins confondus. Le nombre d'espèces rares apparaît en gris. Zone polyhaline Zone mésohaline Zone oligohaline Intertidal Subtidal Intertidal Subtidal Intertidal Subtidal Poissons migrateurs amphihalins 4 4+1 4 4+2 4 4 Poissons résidents estuariens 2 2 2 2 2 2 Poissons d'eau douce euryhalins 1+1 1 2+2 1+1 2+5 1+3 Poissons marins 8+1 7+6 7+1 7+3 5 7+1 Crustacés 10 5+1 8 4+3 7 4+3 25+2 19+8 23+3 18+9 20+5 18+7 27/34 Table 8. Liste des espèces recensées par zone haline sur les stations de pêche intertidales et en milieu subtidal, tous engins confondus
Zone polyhaline Groupe Nom scientifique Intertidale Subtidale Intertidale Subtidale Zone oligohaline Intertidale Subtidale Occurrence (%) Alosa alosa Grande alose Alosa fallax Alose feinte X X X X X X 100 Anguille X X X X X X 100 Mulet porc X X X X X X 100 Flet X X X X X X 100 Salmo salar Saumon atlantique Gobie tacheté X X X X X X 100 Gobie buhotte X X X X X X 100 Poisson chat X Poissons Anguilla anguilla migrateurs amphihalins Liza ramada Poissons résidents Pomatoschistus microps estuariens Pomatoschistus minutus Ameiurus melas X X 33 X 17 X Barbus barbus X Carassius sp Carassin X Poissons Cyprinus carpio d'eau douce euryhalins Gasterosteus aculeatus X X 17 17 X 33 X Carpe commune Épinoche 33 X 17 X X X X 100 X X X 67 Pseudorasbora X Gardon X 17 Sandre X 17 Silurus glanis Silure glane Lançon équille X 17 Aphia minuta Gobie transparent X 17 Maigre Belone belone Orphie X X X Motelle à cinq barbillons X X Conger conger Congre X Bar franc X X X X Bar moucheté X X X X Anchois X X X X Poissons Dicentrarchus punctatus marins Engraulis encrasicolus Crustacés Nom commun Zone mésohaline X X X X 17 X 100 X 33 X 50 17 Hippocampe à nez court Raja clavata Raie bouclée Solea sp Sole X Sparus aurata Dorade royale X Sprat X Syngnathus sp Syngnathe Ombrine commune Crabe vert X Crevette grise X Crabe chinois X Hemigrapsus sp Crabe Hemigrapsus Liocarcinus sp Crabe nageur Bouquet de l'Elbe Bouquet de flaque X X X Bouquet migrateur X X Bouquet commun X Crevette des marais X X X X 100 X 83 100 X 17 X X 17 X X X X X 33 X X X X X X X 100 X X 100 X 67 X 33 X X 50 X X X X X 100 X X X X X 100 X X X X X X 100 X X X X X X X X 100 X X X X 100 X X 67 X 17 33 33 X 33 17 X 28/34
5.3. Abondances relatives : intertidal vs. subtidal 5.3.1. Estuaire global
Les assemblages de poissons et crustacés des milieux intertidaux sont fortement dominés par une seule espèce, le gobie tacheté, qui représente 69 % des effectifs capturés tandis que la dominance en zone subtidale est distribuée entre quatre espèces principales : la crevette blanche P. longirostris (26 % des effectifs), le gobie tacheté (22 %), le gobie buhotte (20 %) et la crevette grise (14 %) (Table 9).
Table 9. Abondances relatives des poissons et macrocrustacés dans la zone intertidale et subtidale de la Gironde
Rang Milieu subtidal %N %N Rang 1 26,4 % 68,8 % 1 2 22,1 % 13,5 % 2 3 19,8 % 8,5 % 3 4 13,9 % 3,8 % 4 5 4,5 % 1,9 % 5 6 3,9 % 0,87 % 6 7 Alosa fallax 3,1 % Mugilidae sp 0,61 % 7 8 2,7 % 0,42 % 8 9 Mugilidae sp 1,2 % Solea sp 0,29 % 9 10 0,71 0,71 % 0,17 % 10 11 Syngnathus sp 0,35 % 0,17 % 11 12 0.26 % 0,15 % 12 13 0,25 % 0,14 % 13 14 Solea sp 0,24 % 0,08 % 14 15 0,21 % Alosa fallax 0,08 % 15 16 0,16 % 0,08 % 16 17 0,11 % 0,07 % 17 18 Hemigrapsus sp 0,10 % 0,04 % 18 19 Liocarcinus sp 0,09 % 0,04 % 19 20 0,03 % Hemigrapsus sp 0,04 % 20 21 0,02 % 0,03 % 21 22 0,013 0,013 % 0,02 % 22 23 Aphia minuta 0,011 % 0,017 % 23 24 Barbus barbus 0,01 0,01 % 0,013 % 24 25 0,008 % Sparus aurata 0,011 % 25 26 Alosa alosa 0,007 % Liocarcinus sp 0,008 % 26 27 0,006 % 0,006 % 27 28 0,005 % 0,005 % 28 29 0,005 % Ameiurus melas 0,004 % 29 30 0,004 % 0,002 % 30 31 Belone belone 0,004 % Syngnathus sp 0,001 % 31 32 Carassius sp 0,004 0,004 % 0,001 % 32 33 Raja clavata 0,003 % Carassius sp 0,001 % 33 34 0,003 % Conger conger 0,001 % 34 35 0,002 % 0,001 % 35 36 Salmo salar 0,002 % Silurus glanis 0,001 % 36 (Légende : poissons migrateurs, poissons marins, poissons résidents, poissons d'eau douce, crustacés) 29/34
Les proportions de sprat, d'anchois et d'alose feinte sont nettement plus importantes en milieu subtidal qu'en milieu intertidal : abondances relatives respectivement aux 5 , 6ème et 7ème rangs avec en moyenne 4.9 %, 4,4 % et 3.4 % des captures en zone subtidale par rapport aux 22ème, 16ème et 15ème rangs en milieu intertidal avec 0,02 %, 0,08 % et 0,08 % des captures totales.
| 12,094
|
hal-04147797-CST_42_03_Faburel.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,023
|
Evaluation du coût social du bruit des avions. Application de la méthode d’évaluation contingente au cas d’Orly. Les Cahiers Scientifiques du Transport / Scientific Papers in Transportation, 2002, 42 | 2002, pp.43-74. ⟨10.46298/cst.12005⟩. ⟨hal-04147797⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,773
| 10,399
|
Evaluation du coût social du bruit des avions. Application de la méthode d’évaluation contingente au cas d’Orly Fab
HAL a multi-disciplinary open access archive for and dissemination of scientific research documents, whether or not. The documents may from teaching and research institutions in France or abroad, or public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi ou non, des établissements d’enseignement et
Guillaume Faburel
Évaluation du coût social du brui . Application conting cas ÉVALUATION DU COÛT SOCIAL DU BRUIT DES AVIONS. APPLICATION DE LA MÉTHODE D’ÉVALUATION CONTINGENTE AU CAS D’ORLY GUILLAUME FABUREL C.R.E.T.E.I.L.
INSTITUT D’URBANISME DE PARIS UNIVERSIT
É
PARIS XII
Sur les 20 dernières années, le bruit des transports, et plus particulièrement celui des avions, s’est affirmé comme l’une des toutes premières causes de la détérioration de la qualité de vie et alors d’insatisfaction environnementale1. Nombre de résultats d'enquêtes réalisées depuis quinze ans le montrent2. Ce bruit peut provoquer une gêne intense, participer d’un stress latent, révéler ou entraîner certains problèmes de santé, dévaloriser des biens immobiliers, déqualifier des quartiers urbains entiers et alors altérer des dynamiques locales (ex : abords de certains aéroports)...
1 L’auteur remercie Jean-Pierre ORFEUIL et Remy PRUD’HOMME pour leur lecture attentive et leurs précieux conseils pour la rédaction de cet article. 2 Depuis ceux issus de l’enquête de l’INRETS (1988) sur les nuisances sonores, jusqu’à l’enquête INSEE (2002) sur les conditions de vie des ménages, en passant par CREDOC (1989), SOFRES (1992), INSEE 1996, INSEE – Institut Français de l’Environnement (1998), IPSOS (1999). 44 les Cahiers Scientifiques du Transport - N° 42-2002
Tous ces impacts induisent des coûts : coûts médicaux, coûts de protection des logements exposés, coûts de requalification ou de redynamisation des espaces dont le fonctionnement est altéré par le bruit des transports... Parce qu’ils ne sont, pour nombre, pas facturés aux agents qui en sont responsables, ces coûts sont supportés par la collectivité en dehors de toute transaction marchande directe. Ils sont alors dénommés coûts sociaux3. Leur évaluation pourrait grandement aider à des arbitrages politiques afin d’infléchir les situations d’inconfort et d’insatisfaction, situations porteuses d’inégalités sociales parfois importantes4. Évaluer de tels coûts sociaux offre plusieurs opportunités, et notamment, via la fiscalité, la tarification ou la fixation de valeurs tutélaires pour l'intégration préventive des coûts environnementaux dans l’analyse des projets de transports (CONSEIL NATIONAL DES TRANSPORTS, ), celui de donner la possibilité aux pouvoirs publics de facturer le coût estimé aux responsables donc d’appliquer le principe de régulation pollueur-payeur. Mais, malgré le potentiel offert pour impulser certaines décisions, les démarches d'évaluation de coûts sociaux ont, en France, longtemps été délaissées par les organismes de recherches et les pouvoirs publics. Les raisons sont multiples, renvoyant autant à des questionnements scientifiques qu’à des enjeux politiques. Pour ce qui concerne les raisons scientifiques, il s’agit au premier chef des biais et des difficultés de mise en œuvre sur lesquels butent tous les procédés d’évaluation de coûts sociaux. Pour cette raison au moins, les chiffrages des coûts sociaux du bruit des transports ont longtemps fait défaut, notamment en France. Dès lors, les données circulant à ce jour proviennent essentiellement de résultats des quelques démarches empiriques appliquées à l’étranger puis rapportées à la situation sonore nationale au moment du transfert5. Cette situation explique alors en partie les hésitations quant aux valeurs tutélaires fixées par l’administration des transports en vue d’une internalisation préventive de l’externalité bruit lors des projets d’équipement (Cf. rapports du COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN, 1994 et 2001). Néanmoins, l'émergence d'une demande sociale pour une meilleure prise en compte de la dimension environnementale lors des décisions et notamment 3 Pour la conceptualisation des externalités négatives et des coûts sociaux, nous renvoyons ici à MARSHALL (1890), PIGOU (1932) et COASE (1960). 4 En 1986, les personnes exposées à plus de 68 dB (A) étaient 4 fois plus nombreuses dans les couches sociales les plus modestes, et 50 % des logements exposés à plus de 70 dB (A) appartiennent au parc de logements sociaux (MAURIN et alii, 1988). 5 Pour une vue exhaustive des résultats empiriques issus de différents pays et portant sur le bruit des transports, voir notamment COMITÉ DES APPLICATIONS DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES (1999) ; Compte national du transport de voyageurs 1998 (CERTU, SYSTRA, 2001) ; Séminaires Commission Européenne de 1997 et 2001, avec notamment les contributions du groupe Pricing European Transport Systems (PETS). G. Faburel – Évaluation du coût social du bruit des avions... 45 des choix d’aménagement a incité les pouvoirs publics français à revoir progressivement leur position face à de telles évaluations empiriques des coûts sociaux6. Cette posture nouvelle fait écho à nombre de recommandations internationales sur la décennie écoulée7. « Une estimation correcte du coût social du bruit reste à faire ». « Des chiffrages ont été proposés pour évaluer le coût social du bruit mais ils mériteraient d’être affinés et vérifiés pour que les pouvoirs publics prennent enfin la mesure réelle de cette nuisance (...) » (CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, 1998). C’est dans ce contexte qu’une estimation empirique du coût social d’un des principaux effets du bruit, la gêne, a été réalisée à proximité de l’aéroport d’Orly8. La première section de l’article présente les principes, limites et avantages du procédé utilisé pour pratiquer cette évaluation : la méthode d'évaluation contingente. La deuxième expose l’objectif d’évaluation et insiste sur la nécessité de l’interdisciplinarité pour y répondre. Puis, dans les sections 3 et 4, nous décrivons l’enquête réalisée auprès de 607 personnes exposées au bruit des avions et présentons les résultats produits non seulement sur la gêne des riverains mais surtout sur leurs consentements à payer pour une modulation de cette gêne, et alors sur les paramètres qui les expliquent. Enfin, dans la section 5, nous exposons les valeurs monétaires obtenues (consentement à payer moyen, coût social déduit à l’échelle des 6 communes d’enquête, coût de la personne se disant gênée...). Nous avançons alors le produit des inférences réalisées pour en déduire le coût social de la gêne à l’échelle nationale. La conclusion engage une réflexion sur l’utilisation concrète de ces résultats dans le champ du bruit des avions.
1. LE CHOIX DE LA MÉTHODE D’ÉVALUATION CONTINGENTE
Toutes les méthodes de monétarisation ont des avantages et des limites9. Toutefois, nous avons opté pour la méthode d’évaluation contingente (MEC). 6 Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996 (articles 16 et 19 du Titre IV), travaux dans le cadre de la Commission Monétarisation du PREDIT 2... 7 Agenda 21, 1992 ; PNUE, 1995 ; Banque mondiale, 1995 ; OCDE, 1996 ; Livre Vert de la Commission Européenne, 1996 ; Comité Européen des Ministres des Transports, 1997... 8 Dans le cadre d’un doctorat cofinancé par le Conseil Général du Val-de-Marne et l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie, sous la direction de R. PRUD’HOMME (Université de Paris XII) et de J. LAMBERT (INRETS). 9 Pour une vue exhaustive des principes, avantages et limites de l’ensemble des méthodes de monétarisation, notamment dans leur application aux externalités environnementales des transports, nous renvoyons ici notamment à : BONNIEUX, DESAIGUES, 1998 ; ANDAN, FAIVRE D’ARCIER, 1996 ; LAMBERT, LAMURE, 1995 ; BATEMAN, TURNER, 1993 ; BAUMOL, OATES, 1988. A la différence de la majorité des méthodes d’évaluation de coûts sociaux (méthodes de préférences révélées), l’évaluation contingente prend appui sur des comportements hypothétiques. Elle s’applique, par voie d’enquête, à confronter un échantillon représentatif d’une population donnée à un scénario. Ce scénario présente un marché hypothétique sur lequel s’échange le bien environnemental, par exemple, pour ce qui nous concerne, le bruit des avions. Cette mise en condition d'échange hypothétique vise à recueillir les préférences monétarisées des personnes enquêtées. Pour cela, ces personnes sont généralement incitées, à l’issue de scénario, à préciser le prix auquel elles se porteraient acquéreuses (consentement à payer) du bien considéré dont on aura fait varier l’offre, donc l’utilité. Il peut s’agir d’une demande de consentement à payer pour une diminution de moitié du bruit, pour une suppression du ressenti de gêne... Sous contraintes de validité statistique (représentativité de l’échantillon, nombre d’observations, forme fonctionnelle explicative...) et de cohérence théorique10, le coût social de l’externalité est alors déduit du modèle explicatif des consentements à payer déclarés (ou révélés si l’on utilise l’un des procédés ressortissant de la première famille de méthodes). Certes, la MEC s’expose à des difficultés d’analyse importantes. Ces difficultés découlent non seulement de limites opératoires (ex : lourdeur du dispositif d’enquête) mais aussi de multiples biais qu’elle peut impliquer (BONNIEUX, 1998 ; CARSON, 1999). Il s’agit notamment du caractère fictif de l’échange proposé qui impose de s’interroger sur la solidité des consentements à payer déclarés ex ante. C’est le biais hypothétique. Il s’agit aussi de la méconnaissance des conséquences de l’amélioration avancée dans le scénario qui implique une sensibilité parfois extrême des réponses au contenu du scénario, au protocole d’enquête et aux informations véhiculées par d’autres questions. C’est le biais informationnel (WILLINGER, 1996). Du fait au moins de ces deux biais, nous savons depuis les recherches réalisées par TVERSKY et KAHNEMAN que cette méthode présente le risque de construire les réponses qu’elle vise à recueillir. Aussi, une littérature foisonnante aborde cette problématique des biais. Elle traite cette question le plus souvent sous l’angle de la résolution économétrique du biais induit par les questions servant aux enquêtés pour déclarer leur intention de payer : question ouverte ou fermée, nombre des montants ou intervalles proposés... Tenter de maîtriser cette distorsion (ex : spécification des modèles de traitement) revient à répondre à la question suivante : comment le mode de révélation retenu peut-il influencer les réponses de consentements à payer? Toutefois, concernant cette problématique des biais, nous avons pu montrer que la nature de l’objet « bruit des avions » pouvait aider à contourner certaines des distorsions impliquées (FABUREL, 2002). A titre d’exemple, la tifs identifiés et les consentements à payer (ex : plus la personne a des revenus élevés et plus elle consentirait à payer).
G. Faburel – Évaluation du coût social du bruit des avions... sensibilité collective à cette question ainsi que le caractère concret des effets de la charge sonore induisent, comme nous allons le constater, non seulement de larges connaissances chez nombre de riverains mais surtout une certaine familiarité avec la valorisation monétaire de ces effets tangibles : dépréciations immobilières, coûts de déménagement pour cause de gêne... Ces caractéristiques peuvent alors aider par exemple à maîtriser l’occurrence du biais informationnel sur les consentements à payer déclarés. En outre, et peut-être surtout, cette méthode présente un avantage comparatif pour notre problématique. Elle prend appui sur un dispositif d’enquête. Elle offre alors l'opportunité de préciser directement, et non par la déduction d’une fonction de demande inverse, le rôle de la sensibilité et/ou de la gêne individuelle due au bruit dans les réponses apportées à la demande de consentements à payer. Plus globalement, parce que procédé heuristique, elle permet d’approcher statistiquement le potentiel explicatif de paramètres ne pouvant être directement abordés par les autres procédés d’évaluation. En ce sens, et malgré les limites et biais qu’elle implique, elle permet d’étoffer la fonction de demande, donc de mieux saisir l’intentionnalité et la rationalité qu’elle incarne. L’engouement, en France depuis peu, pour cette méthode découle pour partie de ce potentiel explicatif11. Dès lors, cette méthode présente en théorie l’avantage de produire des consentements à payer individuels précisés selon la nature, la source, la genèse, le vécu... de la nuisance ou de la pollution analysée. Elle peut ainsi faciliter l’élaboration d’une courbe de distribution des consentements à payer plus conforme à la diversité des situations et des attitudes des populations exposées ou sensibles au phénomène étudié. Les résultats ainsi produits peuvent dès lors apporter d’autres clés d’interprétation et possibilités d’analyse des écarts constatés entre données de coûts sociaux portant sur une même externalité. Rappelons que les indéterminations que véhiculent habituellement les données de coûts sociaux ont longtemps obéré en France la mobilisation de tels procédés d’évaluation pour l’aide à la décision. Néanmoins, pour se saisir de ce potentiel explicatif, il nous fallait approfondir la question de la sensibilité au bruit des riverains d’aéroports, donc recourir à des éclairages complémentaires à l'économie, corpus d’origine des procédés d’évaluation des externalités12.
11 Travaux depuis 1992 de l’équipe de F. BONNIEUX sur la valeur des haies, marais et bocages notamment du Cotentin ; de A. STENGER-LETHEUX sur les nappes phréatiques d’Alsace ; de O. CHANEL, S. MASSON, A. RABL, A. ROZAN, Ph. VERGNAUD et de M. WILLINGER, sur la pollution atmosphérique... 12 Ce dépassement de frontières fait d’ailleurs l’objet d’un large débat scientifique, débuté il y a maintenant une décennie outre-atlantique (DIAMOND, HAUSMAN, 1994). Il a pour pierre d’angle l’assise conceptuelle de cette méthode et sa concordance avec la théorie é 2. OBJECTIF SCIENTIFIQUE : ÉTOFFER LA FONCTION DE DEMANDE PAR UN APPROFONDISSEMENT DU VÉCU DU BRUIT DES AVIONS
Seuls quelques travaux ont été réalisés pour évaluer le coût social du bruit des transports à partir de l'évaluation contingente13. Dans ces évaluations, la relation qui unit l'individu au bruit des transports figurait logiquement parmi les dimensions abordées. Elle était grandement susceptible de participer à l’explication des consentements à payer pour une réduction du bruit ou de la gêne. La plupart de ces démarches se sont appliquées à intégrer cette relation dans la fonction de demande : soit par l'estimation de l'exposition acoustique du logement des personnes enquêtées, selon le postulat que l’intensité sonore explique en grande partie la sensibilité au bruit et plus largement la gêne ; soit, mais plus rarement, par la demande du niveau de gêne sur une échelle verbale ou numérique, et/ou la demande de perturbations comportementales associées (quand, comment...), donc par la seule posture descriptive du désagrément (KIHLMAN et alii, 1993 ; SOGUEL, 1994 ; NAVRUD, 2000...). Mais, des travaux plus qualitatifs ont aussi mis en évidence que cette relation à l’environnement sonore n'était pas référée seulement à la gêne et surtout que cette dernière, toute comme la sensibilité, n'était pas systématiquement corrélée aux caractéristiques physiques des sons (intensité, nombre d'événements, moments d'apparition...). Dès lors, les instruments acoustiques ou les seules questions d’opinion ne peuvent que difficilement appréhender les dimensions qualitatives non acoustiques, tels que les facteurs psychosociologiques, qui pourtant peuvent jouer un rôle prépondérant sur la variabilité du ressenti des sons extérieurs et donc son expression (AUBRÉE, 1992 ; PERIAÑEZ, 1993 ; AUGOYARD, 1995). Or, ce ressenti pouvait considérablement moduler les consentements à payer pour une diminution du bruit et/ou une diminution de ses effets (ex : gêne). Les approximations d'analyse qui découlent de cette posture participeraient à l’explication de certaines des inconnues et limites, suggérées par les auteurs eux-mêmes, que plusieurs évaluations du coût social du bruit des transports véhiculent (FEITELSON et alii, 1996 : 11-12). Ainsi, au contact de l'objet bruit, nous étions invités à solliciter des savoirs et savoir-faire proposés par la psychologie de l’environnement, la psycho13 Avant notre évaluation, environ 10 évaluations contingentes avaient été appliquées au bruit des transports, dont une en France, datant de plus de 20 ans (SEDES,1978). La toute première a été le fait de la Commission ROSKILL chargée d’étudier, entre 1968 et 1971, la faisabilité d’implantation d’un troisième aéroport à Londres. Puis cette méthode a été appliquée au bruit en Allemagne (WEINBERGER, 1991), en Suède (KIHLMAN et alii, 1993), en Suisse (POMMEREHNE 1987 ; SOGUEL, 1994), en Finlande (VAINIO, 1995), en Norvège (THUNELARSEN, 1995)... Depuis 1999, outre celle présentée ici, cinq nouvelles applications sont à recenser : VAN PRAAG, BAARSMA (2000), NAVRUD (2000), BARREIRO et alii (2000), FABUREL et alii (2001), LAMBERT et alii (2001). Sur ce total, 4 évaluations contingentes ont porté sur le bruit des avions. Nous renvoyons aussi à la méta-analyse de SCHIPPER (1997), ainsi qu’à l’état de l’art réalisé par NAVRUD (2002). G. Faburel – Évaluation du coût social du bruit des avions...
49
sociologie et la géographie sociale. Il nous fallait, par l’entremise de ces disciplines, user du dispositif d’enquête pour tester certaines hypothèses concernant le rôle sur le consentement à payer : - du vécu des charges environnementales provoquées par les trafics aériens : certes, la gêne déclarée et les perturbations occasionnées (troubles du sommeil, fermeture des fenêtres, intelligibilité des échanges, usage du jardin...), ou les désagréments provoqués par d’autres impact environnementaux des avions (phénomènes dits de contagion), mais aussi l’importance octroyée à la réduction des nuisances sonores, le niveau de connaissances sur les moyens de contrevenir aux nuisances sonores, sur les acteurs à impliquer... - de pratiques ou attitudes en relation avec ce vécu : appartenance à une association de lutte contre le bruit, utilisation des transports désignés comme responsables de la gêne, initiative individuelle d’isolation phonique du logement, attention manifestée à l'exposition sonore lors de la recherche du logement habité à ce jour, ambition de déménager, éloignement régulier (week-end et vacances) de l’endroit d’exposition, temps quotidien et hebdomadaire passé à domicile, usage du jardin... Ces toutes dernières variables, c'est-à-dire celles relatives aux attitudes et pratiques liées à l'habitat, découlent de l'analyse de 16 entretiens exploratoires que nous avons réalisés préalablement à l’enquête. Les caractéristiques même du contexte d’Orly nous incitaient à poursuivre dans cette voie plus exploratoire. Certaines spécificités de l’histoire politique et spatiale, ainsi que du tissu social, pouvaient rejaillir sur les consentements à payer des ménages : l’ancienneté et la densité résidentielle des habitants des communes proches de l’aéroport (plus de 800 000 personnes dans un rayon de 10 km)14 ; un statut d’occupation des logements dominé par la petite propriété résidentielle ; des conditions sociales globalement modestes ou moyennes ; des réactions nombreuses notamment inclinées par une intense mobilisation associative et une forte emprise médiatique du sujet ; et des enjeux politiques locaux fédérés par l’activité aéroportuaire (plafonnement du nombre de mouvements aériens à 250 00015, projet de redynamisation du pôle Orly-Rungis notamment par la création d’une plate-forme intermodale...). Enfin, bien qu’insuffisant pour comprendre le vécu sonore des riverains de l’aéroport, le niveau de bruit a logiquement aussi été retenu comme l’une des variables pouvant participer à l’explication des consentements à payer qui seraient déclarés lors de l’enquête. De plus, ces données de bruit ont permis de caractériser les contextes acoustiques des communautés que nous 14 Selon ce critère de densité démographique, l’aéroport d’Orly figure en seconde position à l’échelle européenne, derrière Londres Heathrow. 15 Pour 23 millions de passagers en 2001 (2ème rang français et 8ème en Europe). 50 les Cahiers Scientifiques du Transport - N° 42-2002 souhaitions enquêter16. Elles ont alors permis de franchir la phase d’échantillonnage, qui comportait comme autres critères la profession et catégorie socioprofessionnelle (PCS) ainsi que le sexe. En définitive, le croisement disciplinaire a aidé à bâtir un questionnaire qui permet de mesurer l'influence sur le consentement à payer de variables explicatives qui pour certaines, à l’exemple du bruit, sont assez conventionnelles (profession et catégorie socioprofessionnelle, taille et revenu du ménage, âge et sexe de la personne enquêtée, statut d'occupation et type de logement...) mais, pour d’autres, bien plus nouvelles comparativement aux démarches de monétarisations réalisées jusqu’à ce jour. 3. L’OBJET DU SCÉNARIO D’ÉCHANGE : UNE MODULATION DU RESSENTI DU BRUIT
Cette posture plus exploratoire du vécu du bruit et de son influence sur les consentements à payer ouvrait une autre voie, plus opérationnelle. Nombre des évaluations contingentes appliquées au bruit des transports (Cf. supra) ont demandé, via le scénario, un consentement à payer pour une diminution du bruit, par exemple de moitié (SOGUEL, 1994). Des recherches en psychoacoustique ont montré qu’une réduction du bruit de l’ordre de 10 dB(A) coïncidait avec une diminution de moitié de la sensation auditive procurée, dénommée sonie (KRYTER, 1970). Certes, cette corrélation est commode pour les prolongements statistiques, puisqu’elle permet de joindre consentements à payer et ressenti du bruit via les niveaux sonores. Mais, que signifie une variation de moitié du bruit pour une personne exposée? Comment alors étalonne-t-elle son consentement à payer? Travailler sur le vécu du bruit, grâce notamment à des éclairages disciplinaires complémentaires, donnait la possibilité d’asseoir le scénario d’échange sur une modulation du ressenti direct, et notamment de la gêne provoquée et de ses diverses manifestations (comportementales, psychologiques, sociales...). Ceci pouvait en outre ancrer le scénario donc permettre de contourner en partie l’écueil d’une périlleuse mise en condition de marché. Enfin, ce choix ne remettait nullement en cause l’objectif évaluatif. Au contraire, nous pouvions même imaginer que c’est le coût social de cette gêne, premier des effets du bruit pointés par les enquêtes et sondages (Cf. supra), que les pouvoirs publics cherchaient à connaître. Toutefois, en vue d’éviter de substituer une inconnue à une autre, nous avons opté pour une proposition de suppression de la gêne et non pour sa variation partielle. Certes, cette option pouvait malmener la vraisemblance générale de l’échange. Mais, la clarté et la complétude du scénario devaient permettre de 16 Campagne de mesures réalisée par le Beture Conseil en 1996 distribuant l'espace enquêté en 3 zones d’égales expositions (Lmax + de 80 dB (A) pour la zone 1, de 75 à 80 dB (A) pour la zone 2 et de 70 à 75 dB (A) pour la zone 3. G. Faburel – Évaluation du coût social du bruit des avions... 51 compenser cette fragilité. Aussi, en conformité aux recommandations internationales (MITCHELL, CARSON, 1989 : 3), nous avons pris le parti de bâtir un scénario qui détaille : le programme d’actions visant à supprimer la gêne ; ses effets directs en termes d’amélioration de confort sonore et de réduction des impacts sanitaires ; les effets induits de la décision (notamment économiques) ; son cadre institutionnel et alors les donneurs d’ordre ainsi que l’organisme ayant la charge de sa réalisation ; les modalités de mise en œuvre (durée, déroulement, coût global, population concernée, autres participants à ce financement...) ; et le véhicule de paiement (i.e. mode de prélèvement du paiement). Au final, ce scénario, conçu grâce à la vague préalable d’entretiens exploratoires dont il a été fait mention plus haut, proposait à l’échantillon enquêté de participer financièrement (consentement à payer), et à l'appui d'une redevance mensuelle versée pendant deux ans, à la réalisation d’un programme d’actions visant à supprimer la gêne. Ce programme, qui associait pour sa réalisation l’ensemble des acteurs du contexte, y compris les associations de riverains, visait à modifier l'axe des pistes donc de l’ensemble des trajectoires de décollage et d’atterrissage, à l’exemple d’une des options du programme d’actions envisagé à Amsterdam Schiphol en 1997-1998 ou de ce qui va être réalisé à Chicago O’hare, deuxième aéroport du monde selon le nombre annuel de passagers. A la fin du scénario, nous rappelions aux enquêtés l’existence de contraintes budgétaires afin que toutes les substitutions demeurent possibles pour rendre l’arbitrage (« la somme déclarée ne pourra dès lors être affectée à d’autres dépenses »)17. Ce scénario a ensuite été testé lors de la pré-enquête (70 observations en octobre 1998). De plus, tel que préconisé par la littérature, des questions de suivi (dénommés aussi de contrôle) ont été insérées dans tous les questionnaires. Elles portaient, pour certaines, l’objectif de mieux comprendre comment le scénario et la demande de consentements à payer avaient été perçus. En outre, les enquêteurs avaient immédiatement après chaque passation à évaluer, grâce à une grille spécifique, les degrés d’intérêt, de motivation et de compréhension du questionnaire, et, durant cet exercice, à rendre compte plus spécifiquement des attitudes constatées à la lecture du scénario. Les réponses apportées stipulent que le scénario est apparu suffisamment clair, complet et crédible pour constituer un support solide d’échange. Plus de 97 % des personnes interrogées dans le cadre de notre enquête l’ont trouvé clair, et 77 % complet. En outre, un peu moins de 18 % des personnes, soit 109 observations, ont émis un avis sur le contenu du scénario. Au sein de ces 18 %, seul un quart, soit 27 personnes, estime qu’il n’est pas réalisable, le terme « utopique » revenant le plus souvent. Précisons que la couverture médiatique de la construction, à la même période, de deux nouvelles pistes à Roissy CDG a, d’après les dotations en connaissances 17 Pour une présentation détaillée du scénario
,
voir
F
ABU
REL (2001). 52 les Cahiers Scientifiques du Transport - N° 42-2002
affichées
lors de l’enquête
par les riverains, grandement aidé à la crédibilisation du scénario d’échange. Outre le scénario, la demande de consentement à payer et les questions de suivi évoquées ci-dessus, le questionnaire était au final structuré autour de 26 variables, distribuées en un peu plus de 80 questions. L’enquête a été réalisée en face à face de novembre 1998 à avril 1999 auprès d'un échantillon de 607 personnes représentatif d’une population de 69 922 habitants répartie sur les six communes du Val-de-Marne les plus exposées au bruit des avions : Ablon-sur-Seine, Boissy-St-Léger, Limeil-Brévannes, Orly, Valenton et Villeneuve-le-Roi. Les questionnaires ont été administrés par des étudiants en troisième cycle de l’Institut d'Urbanisme de Paris (Université de Paris XII). De par leur formation initiale et les enseignements suivis dans cet institut, tous étaient rompus aux techniques de passation. Ils ont toutefois reçu un complément de formation visant à les familiariser avec la problématique particulière de l’enquête, et notamment avec la mise en condition d’échange.
4. GÊNE SONORE ET FACTEURS EXPLICATIFS
Les premières exploitations des données d’enquête ont porté sur la gêne sonore, variable potentiellement explicative du consentement à payer pour sa suppression. Lors de cette étape, nous souhaitions, grâce à une modalité d’analyse statistique plus exploratoire (Analyse Factorielle de Correspondances), approfondir les ressorts psychosociologiques et géographiques du désagrément, en vue de garantir l’usage des données de gêne et des facteurs qui peuvent l’expliquer lors des traitements économétriques sur les consentements à payer. Les résultats soulignent, en premier lieu, un important niveau de désagrément pour près de la moitié de l’échantillon enquêté : 48,5 % des personnes se déclarent au minimum beaucoup gênées. Ceci représente un premier élément de confirmation de la sensibilité collective à la question des nuisances sonores à proximité de l’aéroport d’Orly. Concernant plus spécifiquement la population se déclarant « extrêmement gênée », sur une échelle verbale en 5 points (de pas du tout à extrêmement), les résultats exprimés en Pourcentage de l’Ecart Maximum (CIBOIS, 1993) confirment que l’exposition acoustique des personnes enquêtées n’influe que faiblement sur le niveau de gêne qu’elles déclarent. Seules 40 des 96 personnes composant cette sous-population habitent dans les communes les plus intensément soumises aux bruits des avions, Villeneuve-le-Roi et Ablon-surSeine (Tableau 1). Les régressions statistiques réalisées par la suite font apparaître une corrélation entre le bruit et la gêne certes significative selon le test de PEARSON mais d’un coefficient faible : 0,26. Ce résultat est convergent notamment avec ceux issus de travaux plus récents, notamment avec certains portant aussi sur l’aéroport d’Orly (VALLET et alii, 2000). Précisons que cette gêne pourtant justifiée par le bruit semble peu dissociable d'autres
G. Faburel – Évaluation du coût social du bruit des avions... 53 impacts environnementaux des transports aux premiers rangs desquels figurent la pollution atmosphérique et les risques d'accident (71/96). Tableau 1 : Profil de la population qui se déclare « extrêmement gênée » par le bruit des avions (96 personnes) Variables significatives Effectif PEM* Intérêt prononcé pour les reportages et/ou articles sur le bruit Qui connaît et se sent proche des assoc. de défense de l’environnement Qui envisage de déménager à cause du bruit des transports Pour qui une contagion existe avec la pollution de l’air et les risques d’accident Qui connaît des actions permettant de réduire le bruit Estimant que le bruit a fait baisser le prix de son logement Habitant Villeneuve-le-Roi et Ablon, dans la zone la plus exposée (Zone 1) Propriétaire occupant D’une maison avec jardin Passant beaucoup de temps à domicile (+ de 6 heures par jour de semaine) Ayant emménagé au début des années 1980 Et ayant accès à une résidence secondaire où il se rend quelquefois le WE Personne âgée de 40 à 50 ans 87 64 20 71 62 42 40 47 43 51 34 39 24 74 44 28 28 22 22 20 19 17 17 17 10 7 * Pourcentage de l’Écart Maximum Source : CRETEIL
Toujours selon l’indicateur PEM, plusieurs facteurs de nature psychosociologique et géographique exercent aussi une influence, pour certains de manière plus circulaire que linéaire. Il s’agit pour l’essentiel de pratiques ou attitudes. Nous trouvons par exemple des pratiques d’information au travers de l’intérêt prononcé porté aux reportages et articles traitant de la question ; des pratiques du logement tel le temps passé à domicile (plus de 6 heures par jour de semaine sans pour autant être contraint financièrement ou physiquement), l’usage du jardin ou le fait de partir quelquefois dans un endroit calme ; des pratiques ou connivences associatives. Il s’agit aussi d’opinions telles que celles, souvent rudes, portant sur l’attitude des pou s publics. Précisons que nombre de ces caractéristiques ont été confirmées par les réponses apportées à d'autres questions, mais cette fois ouvertes : ces personnes font preuve d'un discernement souvent éloquent en matière d'actions à engager pour contrevenir aux situations sonores, précisent pour la plupart le nom de l'une des associations locales qui militent contre le bruit des avions... En outre, certains facteurs dits d’état socio-économique entretiennent une relation assez étroite avec la gêne déclarée. Parmi ceux ayant l’effet le plus important figurent le statut d’occupation du logement (propriétaire), le type d’habitat (maison avec jardin), l’ancienneté d’habitation ou l’antériorité résidentielle par rapport à la croissance rapide des trafics durant les années 19801990 (emménagement au début des années 1980). En premier lieu ces facteurs d’état permettent de mieux interpréter le rôle des pratiques du logement dans le ressenti du bruit. De plus, ils renseignent sur la force de la 54 les Cahiers Scientifiques du Transport - N° 42-2002 volonté déclarée de déménager. Enfin, ils sont pour certains aussi évocateurs d’une empreinte territoriale de nos données d’enquête, celle de l’histoire du développement local. Les personnes se déclarant pas du tout gênées se distinguent véritablement des précédentes, selon l’indicateur PEM. Les 91 personnes composant cette sous-population sont désintéressées des débats relatifs au bruit des avions : elles ne portent aucune attention aux reportages et articles pour 60 d'entre elles et 50 ne connaissent pas d'actions pour réduire le bruit des avions. Logiquement, la gêne, parce que limitée ou absente, n'influe pas sur les pratiques éventuelles ou réelles (notamment en relation avec l'habitat) : ces personnes n'envisagent pas de déménager (35). Cette population est globalement plus jeune (moins de 30 ans), masculine (54) et sans enfants (43). Elle passe peu de temps à domicile en semaine comme le week-end (51). Compte tenu de ces caractéristiques, elle paraît plus mobile (année d'emménagement postérieure à 1994 pour 40 personnes) et donc préfère la location (70) d'appartement (77). Il semble que ces habitants soient plutôt des résidents de passage pour qui l’installation sur le site est perçue comme une étape. A l’opposé de la précédente sous-population, la gêne n’influe pas ou peu sur les opinions, attitudes et pratiques. Enfin, de nouveau, la dimension acoustique ne semble pouvoir expliquer seule ce constat : 32 de ces 91 personnes habitent dans la zone dite la moins exposée, dans la commune d’Orly. Les résultats issus de ces premiers traitements statistiques sont apparus globalement cohérents avec les données et analyses que la littérature scientifique avance sur ce sujet : le niveau de bruit n’est que très partiellement explicatif de la gêne énoncée (GUSKI, 1999), d'autres impacts environnementaux des transports aux premiers rangs desquels figurent la pollution atmosphérique et les risques d'accident influent sur la gêne imputée au bruit (MIEDEMA, VOS, 1999). De même, plusieurs facteurs, tels que la sensibilité qui s'exprime au travers de pratiques d'information (JOB, 1988), ou l'âge de la personne (FIELDS, 1992) ont un impact sur les déclarations de gêne recueillies. Par ces résultats, nous étions dès lors assuré de la robustesse de la mesure du désagrément par l'intermédiaire de l'indice de gêne retenu (ISO, 2001), ainsi que de l’intérêt des nombreuses informations recueillies. Il était alors possible, deuxième stade de l'exploitation des données, d’insérer les réponses portant sur la gêne et la sensibilité au bruit dans les traitements économétriques afin d'analyser selon quelle intensité cette gêne sonore et les facteurs explicatifs ainsi suggérés pouvaient influer sur les consentements à payer, donc sur le montant du coût social qui en serait déduit.
G. Faburel – Évaluation du coût social du bruit des avions...
5. CONSENTEMENTS À PAYER POUR UNE SUPPRESSION DE LA GÊNE DUE AU BRUIT 5.1. MODE DE RÉVÉLATION DES CONSENTEMENTS À PAYER ET BIAIS D’ANCRAGE
A l’issue de la présentation du scénario d’échange, les personnes enquêtées étaient invitées à déclarer leur consentement à payer. Le mode de révélation retenu a été celui dit du référendum à double intervalle, c’est-à-dire d’une question fermée à deux offres successives, suivie d’une question ouverte de maximisation du consentement à payer. Le choix de cette technique de déclaration découle en premier lieu des règles édictées en 1993 par le NOAA Panel18. Il s’agit de proposer un montant à payer, que le répondant accepte ou refuse. Cette technique met les enquêtés en situation d’être des preneurs de prix (price taker), à l’identique, en théorie, d’un échange marchand. En outre, elle facilite l’exercice de valorisation monétaire (take-it or leave-it approach). Toutefois, l’indicateur discret obtenu est chargé de moins d’informations que, par exemple, une question ouverte ou des enchères itératives. L’analyse requiert alors, pour préciser les valeurs un plus vaste échantillon, l’adjonction de une voire deux autres offres en fonction de la première réponse (technique à double, ou triple, intervalle définie par MITCHEL et CARSON en 1989) et/ou une question ouverte de maximisation du consentement à payer à la suite du processus (CAMERON, QUIGGIN, 1994). Ces précautions et compléments compliquent considérablement les traitements économétriques (HANEMANN, KANNINEN, 1999 ; HANEMANN et alii, 1991 ; BISHOP, HEBERLEIN, 1990). Mais, ils permettent de prétendre approcher avec plus de précisions les consentements à payer des ménages. Concrètement, les enquêteurs avaient, après présentation du scénario, à tirer de façon aléatoire un montant au sein d’une grille de valeurs et à le soumettre aux enquêtés. Un montant différent a donc été proposé à chaque personne. En fonction de la réponse apportée (acceptation ou refus), un montant supérieur ou inférieur à la première enchère était proposé. Comme pour le premier, ce second montant était différent pour chacun des enquêtés. Le nombre de questionnaires administrés a alors permis de s’assurer tous les écarts possibles entre le premier et le second montant étaient proposés lors de l’enquête (équiprobabilité). Enfin, tel que recommandé par la littérature, une question ouverte de consentement à payer maximal était posée en toute fin de processus. Les grilles de valeur ont été bâties à partir des résultats du test du questionnaire lors de la pré-enquête d’octobre 1998, qui servait aussi à valider le scénario (Cf. supra). Lors de cette phase, la demande de consen18 Les consignes proposées par cette commission ont grandement guidé, sur la décennie écoulée, les applications de la méthode d'évaluation contingente. 56 les Cahiers Scientifiques du Transport - N° 42-2002 tement à payer pour la réalisation du scénario faisait l’objet d’une question ouverte (Combien consentiriez-vous à payer pour la réalisation de ce programme d’actions?). Les montants déclarés lors de cette première étape ont permis de tracer une courbe de distribution et alors de calibrer les valeurs devant être proposées aux personnes enquêtées par la suite selon le procédé du référendum à double intervalle. La première grille de ces valeurs était bornée de 10 à 1 000 FF par mois et pour le ménage. En outre, cette grille a été recalculée à mi-parcours de la passation, suite aux 300 premières réponses apportées. Cette seconde grille avait comme valeurs limites 5 et 400 FF. Bien que contraignant, ce choix méthodologique avait un second intérêt. Nous savons que la technique du référendum peut conduire à un biais d'ancrage, c’est-à-dire que la réponse apportée à la demande de consentement à payer maximal soit dépendante du montant proposé. Depuis HERRIGES et SHOGREN (1996), nous savons même que ce biais persiste malgré la proposition de plusieurs montants. En fait, le dernier proposé rend crédible les valeurs au voisinage, donc peut être interprété par l’enquêté comme une référence consensuelle dont il convient de ne pas trop s’écarter. Toutefois, en adaptant les valeurs suite à la première vague de passation, nous avons entrepris de distribuer l’ancrage sur plusieurs valeurs moyennes et médianes. Ce choix a permis de réduire tant que possible les a priori sur les valeurs déclarées19.
5.2. TAUX DE CONSENTEMENTS À PAYER ET VARIABLES EXPLICATIVES
Pour conserver une cohérence dans les modèles probabilistes et éviter un degré de complexité trop élevé, nous n’avons tenu compte que des consentements à payer déclarés suite à des montants proposés, desquels en outre ont été déduits les 20 faux zéros, c’est-à-dire les individus qui ont adopté un comportement stratégique pour masquer leur véritable consentement à payer. Ces comportements ont été identifiés par le croisement de trois variables : gêne sonore de rang 8, 9 ou 10 sur une échelle numérique de 0 à 10, nécessité déclarée d’actions de réduction du bruit des avions à partir d’une question à modalité unique de réponse suivie d’une question texte, et consentements à payer nuls. En définitive, ce sont un peu plus de 500 consentements à payer qui ont fait l’objet de cette deuxième phase d’analyse statistique. En premier lieu, le taux de consentements à payer positif obtenu est de 51 %20. Ce taux est globalement supérieur à ceux obtenus lors de la réalisation des quelques évaluations contingentes sur le bruit des transports et 19 25 % des ménages se sont vus proposer un montant initial inférieur ou égal à 50 FF par mois, un tiers compris entre 51 et 100 FF, 19 % entre 101 et 150 FF, 12,5 % de 151 à 200 FF et enfin près de 11 % un montant initial supérieur à 200 FF. 20 L’auteur tient remercie S. LUCHINI du GREQAM (EHESS/CNRS) pour l’aide apportée à la alisation des traitements économétriques. notamment sur le bruit des avions (Cf. supra). A titre d'exemple, la dernière en date sur le bruit des avions met en avant un taux de consentements à payer de 41,8 % (NAVRUD, 2000). C'est donc globalement une volonté de participer au programme d'actions proposé qui a été constatée. Le fait que près de la moitié des effectifs totaux de l'échantillon se déclare au minimum beaucoup gênée n’y est pas étranger. Les variables discriminantes des consentements à payer déclarés confirment selon nous cette réceptivité. Pour cette deuxième phase de traitements statistiques, nous avons retenu la procédure des modèles emboîtés. Cette procédure, qui consiste à n’intégrer que progressivement les variables selon des affinités explicatives, permet d’identifier puis d’explorer les colinéarités statistiques. Nous ne reportons ici que les données issues du dernier modèle, celui qui présente le maximum de vraisemblance. La spécification du modèle économétrique utilisé est celle proposée par MCFADDEN et LEONARD (1993) appliquée à la technique du référendum à double intervalle (HANEMANN, KANNINEN, 1999). Ce modèle, plus conforme aux hypothèses de la théorie de consommateur, permet de tenir compte de la possible non linéarité entre le revenu et le consentement à payer. Dans la pratique, cela consiste en une transformation de type Box-Cox de la variable dépendante, le consentement à payer, associée au revenu de l’individu. En procédant de la sorte, on introduit un nouveau paramètre (lambda) qui peut être interprété comme l’élasticité du consentement à payer au revenu21. En outre, afin de mieux interpréter les résultats avancés, seules les variables ayant une incidence significative sur les consentements à payer sont reportées ici. De plus, par souci de clarté, nous avons conventionnellement complété la valeur des tests statistiques (T de STUDENT) par des degrés de significativité dans les résultats pour permettre une lecture plus aisée. Ainsi, « *** » est valable pour une variable très significative (seuil de 1 % d'erreur), « ** » pour une variable significative à 5 %, « * » pour une variable significative à 10 %. Enfin, le signe positif ou négatif du paramètre estimé indique le sens de cette influence. Le niveau de gêne constitue la variable exerçant l’influence la plus significative sur les consentements à payer déclarés (Tableau 2), parmi les 26 transcrites dans le questionnaire et triées progressivement (modèles emboîtés). Loin d’être des resquilleurs ou de s’opposer par principe éthique (ex : pollueur-payeur) à l’idée de payer pour la suppression d’une gêne qui leur est imposée, les personnes enquêtées fondent le montant déclaré notamment sur une forme de ressenti du bruit : la gêne. Ce résultat confirme empiriquement ce qui était pressenti : la gêne est bien un paramètre déterminant, et non le moindre, des consentements à payer pour une amélioration
21 Pour la spécification détaillée des modèles et les résultats de toutes les étapes de la procédure dite emboîtée, voir FABUREL (2001).
| 28,837
|
35/hal.univ-lorraine.fr-tel-01749021-document.txt_6
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,266
| 12,512
|
La mise en oeuvre ou l'exécution, au sens où la Cour de justice l'a entendu en 1970422, des mesures sanitaires communautaires résulte d'une procédure très complexe, désignée sous le terme de « comitologie ». Cette expression fait référence aux comités composés de représentants des Etats membres chargés d'encadrer l'adoption, par la Commission, des normes d'exécution de la législation communautaire. Il ne s'agit plus ici de comités chargés de fournir une expertise scientifique à la Commission mais bien d' « acteurs à part entière du jeu institutionnel »423, disposant de compétences normatives précises424. Avant d'étudier l'application de ce phénomène au domaine de la santé, il convient, au préalable, de donner un aperçu du mécanisme et notamment de ses origines. La « comitologie » s'est développée spontanément, en dehors des Traités et peut être considérée comme une réponse pragmatique à l'imparfaite répartition de la compétence exécutive dans le Traité CEE425. En effet, les rédacteurs du traité avaient prévu, à l'article 211 TCE (ex. article 155) les dispositions suivantes : « En vue d'assurer le fonctionnement et le développement du marché commun, la Commission () exerce les compétences que le Conseil lui confère pour l'exécution des règles qu'il établit ». Le Conseil pouvait donc habiliter la Commission à prendre des mesures exécutives pour l'application des textes adoptés par lui mais il ne s'agissait là que d'une faculté. Par conséquent, le Conseil pouvait tout aussi bien se réserver cette compétence d'exécution. En outre, dans les faits, et lorsque le Conseil décidait de déléguer ce pouvoir à la Commission, il prit l'habitude d'assortir la délégation d'une procédure permettant à la Commission de prendre ses décisions en consultation avec les représentants des Etats membres. L'intervention de ces comités, composés de représentants des gouvernements nationaux, assurait un contrôle pour le compte 422 La notion d'exécution est largement entendue par la Cour de justice (CJCE, 15 juillet 1970, Chemiepharma NV c/ Commission, aff. 41/69, concl. M. GAND, rec., pp. 661-730). Dans cette décision, la Cour a admis deux choses fondamentales. La première est relative à l'existence de règlements du Conseil comme de la Commission, c'est à dire à la faculté pour les deux institutions de prendre des actes de portée générale dans le cadre de l'exécution du Traité. En outre, la Cour précise que cette première possibilité n est pas exclusive d'une exécution différente sous-entendue matérielle ou administrative. Autrement dit, à l'existence de règlements de base du Conseil se superpose l'existence de règlements d'application de ce dernier mais aussi de la Commission. Quelques mois plus tard (CJCE, 17 décembre 1970, Köster, aff. 25/70, rec. pp. 1171-1172 ; Otto Scheer c/ Einfuhr und Vorratsstelle für Getreide unf Futtermittel, aff. 30/70, rec. pp. 1197 et s.), la Cour a eu l'occasion de préciser que ces règlements d'application peuvent non seulement consister en l'application d'une norme à une situation particulière « sa matérialisation concrète et spécifique » mais également être d'ordre normatif ou réglementaire, c'est à dire consister en l'édiction d' « une norme qui s'interpose entre la norme première et sa mise en oeuvre concrète, dans le but de faciliter cette dernière opération » V. 108 du Conseil, de l'usage par la Commission de ses pouvoirs délégués. Si cette pratique est née dans le cadre de la Politique agricole commune426, elle s'est progressivement étendue aux autres domaines communautaires pour lesquels la Commission se voit conférer des compétences d'exécution, si bien qu'aujourd'hui, pratiquement aucun domaine n'échappe à son application potentielle. Toutefois l'instauration de ces comités n'allait pas sans créer certaines réactions d'hostilité et notamment de la part du Parlement427. Dès 1968, celui-ci s'interrogeait sur les risques de dérives que pouvaient faire courir à l'équilibre institutionnel voulu par le Traité, la multiplication de ces comités dans les procédures d'exécution du droit communautaire dérivé. Ces contestations n'ont toutefois pas été confirmées par la Cour de justice qui avalisa la procédure des comités. Procédant à ce qu'on a pu qualifier de raisonnement « a fortiori »428, la Cour considéra que le Conseil, qui pouvait librement habiliter la Commission à exercer le pouvoir d'exécution pouvait dès lors assujettir cette délégation à certaines modalités. Ainsi, dans un arrêt « Köster » du 17 décembre 1970429, relatif à l'ancienne procédure du comité de gestion, la Cour affirma que « cette disposition (l'article 155 TCEE (art. 211 TCE actuel)), dont l'emploi est facultatif, permet au Conseil de déterminer les modalités éventuelles auxquelles il subordonne l'exercice par la Commission, du pouvoir à elle attribué : que la procédure dite du « comité de gestion » fait partie des modalités auxquelles le Conseil peut légitimement subordonner une habilitation de la Commission ; () ; que celle-ci peut arrêter des mesures im ement applicables quel que soit l'avis du comité de gestion, (), que le comité de gestion n'a donc pas le pouvoir de prendre une décision au lieu et place de la Commission et du Conseil ; que dès lors, sans fausser le jeu de la structure communautaire et l'équilibre institutionnel, le mécanisme du comité de gestion permet au Conseil d'attribuer à la Commission un pouvoir d'exécution d'une étendue appréciable (), et ce sans préjudice du droit d'évocation du Conseil ». Une jurisprudence semblable a été rendue concernant l'ancienne procédure du comité de réglementation, bien que plus contraignante que la précédente, dans un arrêt « Denkavit » du 5 octobre 1977430, relatif à un comité intervenant justement sur le plan sanitaire, l'ancien Comité permanent des aliments pour animaux. 426 On fait généralement remonter à 1962 l'apparition des comités de gestion, suite au règlement agricole de la même année, et à 1968 celle des comités de réglementation. V. AYRAL M., Essai de classification des groupes et comités, RMC, 1975, p.334-335. 427 V. rapport de la commission juridique sur les procédures communautaires d'exécution du droit communautaire dérivé, doc. 115 du 30 septembre 1968, JOCE n°L108/1968. 428 BLUMANN C., DUBOUIS
L., Droit institution
nel de l'Union européenne
,
Litec
, 2004
, p.210. 429 CJCE, 17 dé
cembre
1970, Köster, aff.
25/70
, rec., p.1161, concl.° Dutheillet et Lamothe. 430 CJCE, 5 octobre 1977, Tedeschi c/ Denkavit, aff. 5/77, rec., p.1555 et s. 109 Depuis l'Acte unique européen, l'article 202 TCE (ex. article 145) dispose à son troisième tiret que : « Le Conseil confère à la Commission, dans les actes qu'il adopte, les compétences d'exécution des règles qu'il établit ». Cette nouvelle disposition fait de la délégation des compétences d'exécution à la Commission la règle431 mais confirme également la compétence du Conseil qui peut « () se réserver dans des cas spécifiques, d'exercer directement des compétences d'exécution ». Le phénomène de la « comitologie » n'étant pas abordé directement dans le contenu même de l'Acte unique, celui-ci est complété par une déclaration, élaborée par la conférence intergouvernementale, laquelle « demande aux instances communautaires d'adopter, avant l'entrée en vigueur de l'Acte, les principes et règles sur la base desquels seront définies, dans chaque cas, les compétences d'exécution de la Commission ». C'est ainsi qu'une première décision, dite décision « comitologie », fut adoptée par le Conseil, le 18 juillet 1987432, de même qu'une deuxième le 28 juin 1999433 et enfin une troisième, le 17 juillet 2006434. Ces textes se prononcent sur la composition des comités et sur leur mode de fonctionnement, points sur lesquels nous nous arrêterons ultérieurement en raison des particularités que présente leur application aux questions de santé. Ce qu'il importe de souligner dès à présent, c'est la place des Etats dans le système exécutif communautaire et plus particulièrement dans le domaine de la santé. En effet, au problème de répartition horizontale des compétences d'exécution entre le Conseil et la Commission, s'ajoute celui de la répartition verticale entre les institutions communautaires et les Etats membres. En vertu de l'article 10 TCE, « les Etats membres prennent toutes mesures générales ou particulières propres à assurer l'exécution des obligations découlant du présent traité ou résultant des actes des institutions communautaires ». Il résulte de cette disposition, combiné avec le principe de la compétence d'attribution des institutions communautaires435, que l'exécution du droit communautaire relève normalement de la compétence des Etats membres. Ainsi, en l'absence dans les Traités ou les actes dérivés d'habilitation exécutive 431 L'indicatif ayant valeur d'impératif, le Conseil est obligé de transférer les compétences d'exécution à la Commission. 432 Décision 87/373 du Conseil, fixant les modalités de l'exercice des compétences d'exécution conférées à la Commission, JOCE n°L197 du 18 juillet 1987, pp.33-35. 433 Décision 1999/468/CE du conseil, du 28 juin 1999, fixant les modalités de l'exercice des compétences d'exécution conférées à la Commission, JOCE n°L184 du 17 juillet 1999, pp.23-26. 434 Décision 2006/512/CE du Conseil du 17 juillet 2006, modifiant la décision 1999/468/CE fixant les modalités de l'exercice des compétences d'exécution conférées à la Commission, JOCE n°L200 du 22 juillet 2006, pp. 1113. 435 Principe posé à l'article 5 TCE. 110 claire au profit de la Commission ou du Conseil, les Etats restent compétents de plein droit pour prendre les mesures exécutives qui s'imposent436. Toutefois, et le plus souvent, l'adoption de mesures d'exécution au niveau communautaire paraît nécessaire afin notamment d'assurer l'uniformité d'application au niveau national. Dans ce cas, le Conseil, organe représentant les intérêts des Etats membres, peut décider d'exercer lui-même la compétence d'exécution ou alors de la déléguer à la Commission, organe représentant l'intérêt communautaire. Le transfert des compétences d'exécution à la Commission étant devenu la règle depuis l'Acte unique européen, c'est la seconde option qui est le plus souvent choisie. Néanmoins, lorsque le Conseil décide d'une telle délégation, il paraît légitime que les Etats conservent un droit de regard sur l'adoption de ces mesures d'autant plus qu'il leur appartiendra, au final, de mettre en oeuvre ces mesures d'exécution. Tel est le rôle des comités de « comitologie ». Ils constituent, dans cette optique, le point de départ de ce qu'on qualifie de principe d'administration indirecte437, qui domine le système exécutif communautaire. Ainsi, en pratique, c'est surtout à la Commission qu'il revient de définir les principes de la mise en oeuvre du droit communautaire438 en accord avec les Etats qui se doivent ensuite de l'appliquer au cas par cas. L'institutionnalisation des comités est donc fondamentalement liée à la recherche de compromis entre les intérêts de la Communauté et ceux des Etats membres439, finalité que l'on retrouve notamment dans le domaine de la santé. Ainsi donc, quelle soit exercée par le lui-même ou par la Commission, l'exécution de la législation sanitaire se caractérise par la représentation des intérêts nationaux au niveau communautaire (A). Ce contrôle effectué par les représentants des Etats membres a toutefois révélé ses faiblesses lors de l'affaire de la « vache folle » (B). A Une exécution placée sous le contrôle étroit des Etats membres
Depuis l'Acte unique européen, le principe est celui de l'attribution des compétences d'exécution à la Commission. Ce principe, qui concerne le pouvoir d'exécution dans son ensemble, a donc vocation à s'appliquer au domaine de l'exécution de la législation sanitaire. 436 CJCE, 21 septembre 1983, Deutsch Milchkontor GmbH, aff. 205-215/82, rec. p.2633
. Sur les avantages de l'exercice de la compétence d'exécution par les Etats membres V., KORTENBERG H., Comitologie : le retour, RTDE, juil.- sept. 1998, pp. 317-327. 437 BLUMANN C., Le Parlement européen et la comitologie : une complication pour la conférence intergouvernementale de 1996, RTDE, janv. – mars 1996, p.21. 438
Notamment en raison de la difficulté pratique pour le Conseil, qui présente à la fois la nature d'un législatif et d'un exécutif, d'entrer dans le détail de questions administratives et techniques
. 439 AYRAL M., Essai de classification des groupes et comités, RMC, 1975, p.330. 111
Pour apprécier sa portée et les conditions de sa mise en oeuvre, il faut cependant prendre en considération le fait que l'exécution des actes normatifs appartient normalement aux Etats membres. La logique du système est simple. L'exécution relève des Etats membres et lorsqu'il est fait exception à cette règle, les Etats conservent un droit de contrôle sur l'exercice de cette compétence. La mise en pratique de ce droit de regard s'effectue sous deux formes distinctes, soit le Conseil, instance représentative des intérêts nationaux, se réserve l'exercice des compétences d'exécution (I) soit il décide de déléguer à l'autre organe exécutif en l'assujettissant toutefois à certaines modalités, sachant que ce sont les modalités les plus restrictives qui s'appliquent dans le domaine de l'exécution des mesures sanitaires (I). I- Subsistance de cas réservés au Conseil
La délégation du pouvoir exécutif à la Commission s'opère sous condition que le Conseil ne s'auto-habilite pas en quelque sorte de compétences d'exécution. Le Conseil conserve, en effet, dans des « cas spécifiques », la possibilité d'exercer ce pouvoir. Il a d'ailleurs fait usage de cette faculté dans le domaine de la santé. Toutefois, loin de constituer un pouvoir discrétionnaire440, cette compétence demeure exceptionnelle et ne peut s'exercer que dans le respect d'exigences procédurales strictes. Le troisième tiret de l'article 202 TCE (ex ; article 145) dispose que le Conseil peut « () également se réserver, dans des cas spécifiques, d'exercer directement les compétences d'exécution ». Autrefois discrétionnaire, cette faculté n'existe plus aujourd'hui que dans des « cas spécifiques », et donc à titre exceptionnel. Tel est le sens de la nouvelle rédaction de l'article 202 TCE issue de l'Acte unique. Ces « cas spécifiques » n'ont pour l'instant fait l'objet d'aucune délimitation précise mais l'idée générale consisterait à les faire correspondre « à des sujets hautement politiques, à des matières où l'exécution risque de se heurter à des résistances des Etats »441, ou encore à des domaines peu intégrés442, c'est à dire à des cas sensibles pour ces derniers. Concrètement, « l'hypothèse se présente assez souvent lorsque, dans le domaine vétérinaire ou sanitaire ou en matière de médicaments, il s'agit de dresser
440 BLUMANN C., Le pouvoir exécutif de la Commission à la lumière de l'Acte unique européen, RTDE, janv. – mars 1988, p.40. 441 BLUMANN C , Le pouvoir exécutif de la Commission à la lumière de l'Acte unique européen, RTDE, janv. – mars 1988, p.41. 442 BLUMANN C., Le pouvoir exécutif de la Commission à la lumière de l'Acte unique européen, RTDE, janv. – mars 1988, p.41. une liste de produits dangereux, toxiques ou à hauts risques »443. Dans ce cas, plutôt que de conférer la compétence exécutive à la Commission assortie de la consultation d'un comité de réglementation, le Conseil préfère trancher lui-même. Ainsi, la directive cadre, du 21 décembre 1988, relative au rapprochement des législations des Etats membres concernant les additifs pouvant être employés dans les denrées destinées à l'alimentation humaine444, réserve au Conseil le pouvoir, non seulement d'arrêter les listes positives d'additifs et de mettre à jour les listes existantes mais aussi celui de fixer les conditions d'emploi de chaque additif se trouvant sur une liste positive. La délégation à la Commission se limitant à la définition des critères de pureté des additifs ainsi qu'aux modalités de leur contrôle. Un exemple semblable nous est fourni par la directive du 20 mars 2000, relative au rapprochement des législations des Etats membres concernant l'étiquetage et la présentation des denrées alimentaires ainsi que la publicité faite à leur égard445, qui prévoit la compétence du Conseil pour arrêter une liste exhaustive des allégations interdites ou dont l'usage doit être restreint. Cette autohabilitation ne peut toutefois se faire que dans le respect d'exigences procédurales strictes. En effet, en vertu de l'exigence de motivation des actes en droit communautaire446, le Conseil se doit de préciser la raison pour laquelle il s'agit d'un cas spécifique. Une décision du Tribunal de première instance du 19 février 1998 a ainsi rappelé qu' « il ressort d'une jurisprudence bien établie que la motivation doit faire apparaître, de façon claire et non équivoque, le raisonnement de l'autorité communautaire, auteur de l' incriminé, de façon à permettre aux intéressés de connaître des justifications de la mesure prise afin de défendre leurs droits et au juge communautaire d'exercer son contrôle () »447. C'est ainsi qu'a pu aboutir l'action de la Commission à l'encontre du Conseil, dans une affaire relative à des questions financières, la Cour ayant considéré, le 24 octobre 1989, que le Conseil devait « motiver de façon circonstanciée » sa décision de conserver la compétence d'exécution pour un cas spécifique448. Cette obligation de motivation est d'ailleurs rappelée à l'article 1er de la décision « comitologie » du 28 juin 1999. Ainsi, contrairement à ce qui se passait avant l'Acte 443 BLUMANN C., DUBOUIS L., Droit institutionnel de l'Union européenne, Litec, 2004, p.208. II- Prédominance des comités d'exécution les plus rigoureux dans le domaine de la santé publique
Si la délégation de compétences d'exécution à la Commission est la règle, il n'en reste pas moins que, en vertu de l'article 202 TCE, le Conseil peut soumettre l'exercice de cette compétence à certaines « modalités ». C'est ainsi que, le plus souvent, le Conseil assortit les délégations qu'il consent à la Commission, de l'institution de comités jouissant de prérogatives plus ou moins étendues mais qui ont pour objet commun de permettre un contrôle de la part des gouvernements des Etats membres. Ainsi donc, la Commission, loin de disposer d'une marge de manoeuvre étendue ne « jouit que d'une liberté surveillée »451 et ce, particulièrement dans le domaine de la santé. L'extension progressive du phénomène de la « comitologie » à l'ensemble des domaines communautaires et la multiplicité des pratiques en usage452 ont conduit le Conseil à codifier ces procédures dans la décision 87/373/CEE du 13 juillet 1987453. A l'heure actuelle, quatre procédures sont prévues : la procédure des comités consultatifs454, la procédure des 449 JORDA J., Le pouvoir exécutif de l'Union européenne, thèse de droit communautaire, Presses universitaires d'Aix-Marseille
,
2001, p.110.
450 BLUMANN C., Le pouvoir exécutif de la Commission à la lumière de l'Acte unique européen, RTDE, janv. – mars 1988, p.40. 451 BLUMANN C., Le pouvoir exécutif de la Commission à la lumière de l'Acte unique européen, RTDE, janv. – mars 1988, p.42. 452 V. Comités fonctionnant auprès du Conseil ou de la Commission, Bull. comm. europ., supplément 2/80, pour la diversité organique et fonctionnelle des anciens comités. 453 Décision abrogée et
remplacée par
la décision
1999
/468/CE du 18 juillet 1999, elle-même modifiée par la décision 2006/512/CE du 17 juillet 2006. 454 Article 3 de la dé
cision 468/1999/CE du 28 juin 1999, précitée. 114 comités de gestion455, la procédure des comités de réglementation456 et enfin, la procédure instaurée par la décision 2006/512 du 17 juillet 2006, à savoir celle des comités de réglementation avec contrôle457. L'encadrement qui pèse sur la Commission peut être plus ou moins contraignant selon la procédure choisie par le Conseil. Ainsi, dans le cadre de la procédure des comités consultatifs, les comités ne sont investis que d'une fonction consultative ; dans le cadre de la procédure des comités de gestion, plus spécifique au secteur agricole, les comités ont un pouvoir de blocage et, dans le cadre de la procédure des comités de réglementation, qui connaît un champ d'application très vaste en matière sanitaire458, les comités disposent d'une compétence d'approbation459. Jusqu'à l'adoption de la décision 468/1999/CE du 28 juin 1999, le Conseil choisissait librement entre ces différentes procédures et la tendance allait plutôt au choix des procédures d'exécution les plus rigoureuses pour la Commission460, contrairement à la déclaration annexée à l'Acte unique européen, laquelle recommandait au Conseil de réserver une place prépondérante à la procédure des comités consultatifs pour la réalisation du marché intérieur. Ce choix était critiqué par la Commission et de manière plus vive encore par le Parlement européen, notamment suite à l'introduction, par le traité de Maastricht, de la procédure de codécision461. Si la critique du Parlement portait sur la « comitologie » dans son ensemble et 455 Article 4 de la décision 468/1999/CE du 28 juin 1999, précitée. Article 5 de la décision 468/1999/CE du 28 juin 1999, précitée. 457 Article 5 bis de la décision 468/1999/CE du 28 juin 1999, précitée, inséré par la décision 512/2006/CE du 17 juillet , précitée. 458 Dès les débuts de la « comitologie » dans le cadre de la PAC, le choix du comité de réglementation s'est imposé pour les questions de normes sanitaires. Puis, il s'est étendu dans les secteurs de l'harmonisation des législations nationales relatives aux produits alimentaires ou agro-alimentaires, aux médicaments, etc.
459 MISTO M., La collégialité de la Commission européenne, RDUE, 1/2003, pp. 189-200. 460 V. Comités fonctionnant auprès du Conseil et de la Commission, Bull. comm. europ., supplément 2/80
. Le Parlement s'est d'abord opposé, devant la Cour de justice, à l'ancienne variante du contre-filet de la procédure des comités de réglementation, au motif qu'elle paralysait le pouvoir exécutif mais son action s'est soldé par un échec (CJCE, 27 septembre 1988, Parlement européen c/ Conseil, aff. 302/87, rec., p.5615), la Cour ayant refusée d'admettre la légitimation active du Parlement européen (La Cour admis la qualité du parlement pour agir en annulation quelques temps après dans un arrêt du 21 mai 1990, Parlement c/ Conseil, aff. 70/88, rec., p. I-2041 et s.). L'instauration de la co-décision par le Traité de Maastricht relança la contestation parlementaire. Sans entrer dans le détail, rappelons simplement que cette dernière associe pleinement, en vertu de l'article 189 B TCE le Parlement européen au processus législatif, en lui octroyant un droit qualifié de droit de veto sur les actes communautaires pris selon cette procédure. Pour le Parlement, « la co-décision législative entraîne une forme de co-décision exécutive » (Résolution du Parlement européen sur les problèmes de comitologie liés à l'entrée en vigueur du Traité sur l'UE (rapport De Giovanni du 6 décembre 1993) JOCE, n°C20 du 24 janvier 1994, p.176). Sur l'ensemble des critiques du Parlement européen V. notamment BLUMANN C., Le Parlement européen et la comitologie : une complication pour la conférence intergouvernementale de 1996, RTDE, janv. – mars 1996, pp. 1-24 ; NUTTENS D., La « comitologie » et la conférence intergouvernementale, RMCUE, n°397, avril 1996, pp.314-327 ; KORTENBERG H., Comitologie : le retour, RTDE, juil. – sept. , pp.317-327 ; SAURON J.-L., Comitologie : comment sortir de la confusion?, RMUE, 1/1999, pp.31-78 ; CIAVARINI AZZI G., Comitologie : le voile se lève, RAE – LEA, 2001-2002, pp. 16-28 ; SZAPIRO M., Comitologie : le début d'une nouvelle ère?, RMCUE, n°501, sept. 2006, pp. 558-562 et Comitologie : rétrospective et prospective après la réforme de 2006, RDUE, 3/2006, pp.545-585 ; etc. surtout sur l'absence de rôle joué par lui dans cette matière, celle de la Commission portait essentiellement sur l'ancienne variante dite du « contre-filet » de la procédure des comités de réglementation, variante qui ne garantissait pas la prise de mesures d'exécution462. Dans l'ancienne version, en effet, la procédure débutait463 par la soumission du projet de mesure d'exécution de la Commission au comité composé des représentants des Etats membres. 462 V. la déclaration figurant au procès verbal du Conseil du 13 juillet 1987 : « 1. La Commission regrette que, pour le comité de réglementation, le Conseil est retenu la formule du « contre-filet » qui, en l'absence de décision du conseil, peut aboutir à empêcher la Commission d'arrêter les mesures d'exécution qu'elle a proposées. Celle-ci aurait préféré que le Conseil s'en tienne à la seule formule dite du « filet » qui prévoit que le Conseil peut, dans les limites d'un certain délai, adopter ou amender les mesures d'exécution proposées par la Commission, mais laisse celle-ci libre d'arrêter elle-même ces mesures si le Conseil n'a rien décidé. () ». Bull. comm. europ. 6/87, pp. 111 et 112. 463 Et débute toujours. 464 C'est à dire en cas de silence du conseil ou en cas d'impossibilité de réunir une majorité qualifiée. 465 Doc. SEC (89)1143 final. 466 Proposition de décision du Conseil fixant les modalités de l'exercice des compétences d'exécution conférées à la Commission, COM(1998)380 final, JOCE, n°C279 du 8 septembre 1998, pp. 6-7.
467 LEWANDOWSKI-ARBITRE M., Droit communautaire et international de la sécurité des aliments, Lavoisier, 2006, p.92. Sans reprendre à l'identique la solution que préconisait la Commission468, la décision de 1999 remplace effectivement la variante du « contre-filet » par une solution différente. Désormais, en cas d'avis négatif ou d'absence d'avis du comité, le Conseil peut, le cas échéant à la lumière de la position du Parlement, statuer à la majorité qualifiée sur la proposition. Si le Conseil, toujours à la majorité qualifiée, s'oppose à la proposition de la Commission, celle-ci doit la réexaminer et peut, suite à ce réexamen, soumettre une proposition modifiée ou la même proposition ou présenter une proposition législative sur la base du Traité. Si à l'expiration du délai, le Conseil n'a pas adopté la mesure d'application proposée ou s'il n'a pas manifesté son opposition à la proposition de mesure d'application, les mesures d'application sont arrêtées par la Commission469. Ainsi, « la solution adoptée consiste en un « filet » qui ne joue qu'après une deuxième saisine du Conseil () » et un « « contre-filet », lequel n'agit qu'après que la Commission a eu la possibilité de cette deuxième saisine, et nécessite une majorité du Conseil normalement plus élevé que celle dont se suffisait le « contre-filet » prévu par la comitologie précédente »470, à savoir la majorité des membres composant le Conseil. En définitive, si la procédure des comités de réglementation reste très contraignante, il n'en reste pas moins que le contrôle exercé par les Etats sur l'exercice par la Commission de ses pouvoirs d'exécution risque d'être plus ténu que par le passé471. L'autre apport de la décision 468/1999 du 28 juin 1999 réside dans l'instauration de critères indicatifs472 visant à orienter le choix, le législateur, de la procédure à retenir. Ainsi, la procédure des comités de réglementation devrait s'appliquer « aux mesures de portée générale ayant pour objet de mettre en application les éléments essentiels d'actes de base, 468 L'article 5 de la proposition du 16 juillet 1998 prévoyait qu'en cas d'avis négatif ou d'absence d'avis, la Commission ne pouvait arrêter les mesures en cause. Par contre, elle pouvait présenter une proposition relative aux mesures à prendre conformément aux dispositions du traité, c'est à dire un renvoi à l'autorité législative, comprenant, dans le cas de la co-décision, le Parlement européen et le Conseil. Comme l'écrit J.-L. 117 notamment les mesures concernant la santé ou la sécurité des personnes, des animaux ou des plantes, ainsi que pour les mesures ayant pour objet de mettre à jour certaines dispositions non essentielles d'un acte de base »473. C'est ainsi que dans le domaine de notre étude, le recours aux procédures des comités de réglementation est privilégié. Interviennent notamment le Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, le Comité d'urgence ou encore le Comité permanent des médicaments à usage humain. Plus précisément, le Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, institué par le règlement 178/2002CE du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2002474, remplace le Comité permanent des denrées alimentaires, le Comité permanent de l'alimentation des animaux, le Comité vétérinaire permanent ainsi que le Comité permanent phytosanitaire qui existaient auparavant. Les Comités permanents intervenant dans le domaine de la sécurité alimentaire ont donc été regroupés en une nouvelle structure unique. Cette nouvelle structure dispose d'une compétence générale dans le domaine de la sécurité alimentaire. En effet, toutes les décisions relatives au système d'alerte rapide, à la gestion des crises ainsi qu'aux situations d'urgence sont prises avec ce Comité475. Il en est de même encore en ce qui concerne les autorisations de mise sur le marché des aliments génétiquement modifiés476 ou des décisions d'inscription de vitamines ou minéraux sur une liste positive communautaire relative aux vitamines et minéraux pouvant être utilisés pour la fabrication de compléments alimentaires477. C'est encore le Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale qui intervient dans la fixation de limites maximales applicables aux résidus de pesticides présents dans les 473 Considérant n°7 de la décision 468/1999 du Conseil du 28 juin 1999, itée. Règlement 178/2002/CE du Parlement européen et du Conseil, du 28 janvier 2002, établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation alimentaire, instituant l'Autorité européenne de sécurité des aliments et fixant les procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires, JOCE, n°L31 du 1er février 2002, pp. 1-24. 475 V. article 50 à 59 du règlement 178/2002CE du 28 janvier 2002, précité. 476 Règlement 1829/2003/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 septembre 2003, concernant les denrées alimentaires et les aliments pour animaux génétiquement modifiés, JOCE n°L268 du 18 octobre 2003, p.1. En dépit des fortes contestations dont il fait l'objet, le recours aux procédures de « comitologie » présente notamment deux avantages. En premier lieu, il permet d'impliquer fortement les administrations nationales chargées de la mise en oeuvre des actes d'exécution. En cela la « comitologie » repose sur une « logique de coopération »484. Déjà en 1987, le Président de la Commission européenne, Jacques DELORS, avait reconnu quelques mérites à la procédure de « comitologie » et notamment à la procédure contraignante du comité de réglementation : « () Le comité de réglementation peut être utile lorsqu'une décision du Conseil permet d'adapter, avec 478 Règlement 396/2005/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 février 2005, concernant les limites maximales applicables aux résidus de pesticides présents dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux d'origine végétale et animale et modifiant la directive 91/414/CE du Conseil, JOUE n°L70 du 16 mars 2005, pp. 1-16. 479 Directive 2001/83/CE du Parlement européen et du Conseil, du 6 novembre 2001, instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain, JOCE n°L311 du 28 novembre 2001, p.67. (directive plusieurs fois modifiée). 480 C'est le cas notamment pour les mesures relatives aux modifications apportées aux termes d'une autorisation de mise sur le marché délivrée dans le cadre de la procédure communautaire centralisée. V. article 16 du règlement 726/2002/CE du Parlement européen et du Conseil du 31 mars 2004, établissant des procédures communautaires pour l'autorisation et la surveillance en ce qui concerne les médicaments à usage humain et à usage vétérinaire, et instituant une Agence européenne des médicaments, JOUE n°L136 du 30 avril 2004, p.1. 481 C' le cas notamment pour les décisions d'autorisation de mise sur le marché des médicaments adoptées dans le cadre de la procédure communautaire centralisée. V. article 10 du règlement 726/2004/CE du 31 mars 2004, précité. 482 V. Directive 2001/95/CE du Parlement européen et du Conseil, du 3 décembre 2001, relative à la sécurité générale des produits, JOCE n°L11 du 15 janvier 2002, pp. 4-17.
483
Directive 2001/37/CE du Parlement européen et du Conseil, du 5 juin 2001, relative au rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats membres en matière de fabrication, de présentation et de vente des produits du tabac, JOCE n°L194 du 18 juillet 2001, p.26. 484 SZAPIRO
M
., Comit
ologie
:
rétrospective et
prospective
après la réforme de 2006, RDUE,
3/2006
, 560. réalisme et sans heurter les opinions publiques, les directives aux situations nationales (). Pour nous, ce comité ne doit pas être la règle générale, mais il est vrai que dans certains cas, lorsque les législations nationales, les habitudes, les coutumes, sont très différentes, le comité de réglementation permet d'avoir une adaptation plus réaliste avec la compréhension des administrations nationales ou peut-être des opinions publiques »485. Il s'agit donc d'associer étroitement les administrations nationales à l'adoption, par la Commission, des mesures d'exécution, qu'elles seront par la suite chargées d'appliquer. En outre, et c'est le second avantage, le recours aux procédures de « comitologie » s'inscrit dans une « logique de contrôle »486. Il permet un contrôle du Conseil, par l'intervention des comités composés de représentants des Etats membres, sur l'exercice de la compétence d'exécution déléguée à la Commission. Ainsi, grâce à ces comités, les Etats membres conservent un droit de regard sur les mesures adoptées par la Commission. Ce droit de regard est d'ailleurs considérable, notamment dans la procédure des comités de réglementation dont l'utilisation culmine pour les questions sanitaires. En effet, dans cette procédure, la Commission ne pourra définitivement prendre les mesures d'exécution qu'elle envisage que si le comité ne s'y oppose pas. Dans le cas contraire, c'est le Conseil qui est saisi. Finalement, qu'il s'agisse du rôle du Conseil dans la détermination des modalités d'exécution lors de la proposition d'actes de base ou des négociations pour l'adoption d'une mesure d'exécution, on se rend compte de l'emprise des intérêts nationaux en amont des procédures de « comitologie ». A cet égard, et même après l'Acte unique européen, on constate que la Commission n'a eu de cesse de reprocher au Conseil deux choses qui en disent long sur l'influence de ce dernier à ce stade préalable de l'exécution. D'une part, il ne recourrait pas suffisamment à la délégation et ne suivrait pas les propositions faites par la Commission en ce domaine487. D'autre part, et contrairement aux recommandations faites dans la déclaration annexée à l'Acte unique européen, le Conseil aurait trop souvent écarté la procédure des comités consultatifs, au profit des deux autres plus contraignantes. Si le choix de ces procédures rigoureuses restreint la marge de manoeuvre de la Commission, il se comprend aisément dans le domaine de la santé, d'autant plus qu'il n'a pas empêché un bon
485 Débat du 9 juillet 1996, JOCE n°2341. SZAPIRO M., Comitologie : rétrospective et perspective après la réforme de 2006, RDUE, 3/2006, p.560. 487 V. notamment les 25, 26, 27 et 28èmes Rapports généraux sur l'activité de l'Union européenne de 1991, 1992, 1993 et 1994, aux n° respectivement 1150, p.420, 1092, p.402, 1003, p.393 et 1174-1175, p.445. 486 120 fonctionnement488 de
la « comitologie » dans son ensemble, même si l'affaire dite de la maladie de la « vache folle » a pu révéler les défaillances du système. B La crise de la « vache folle » : symbole des dérives de la « comitologie »
La crise de la « vache folle » constitue l'évènement révélateur du dysfonctionnement des procédures de « comitologie ». En effet, la procédure en cause, à savoir la procédure contraignante du comité de réglementation, n'a pas permis de protéger efficacement la santé du consommateur (I), ce qui a entraîné une vague de critiques et un besoin de réformes (II). 488 V. notamment les rapports annuels de la Commission sur les travaux des comités : JO n°C37 du 9 février 2002 pour l'année 2000 ; COM(2002)733 pour l'année 2000 ; COM(2003)530 pour l'année 2002 ; COM(2004)860 pour l'année 2003 ; COM(2005)554 pour l'année 2004 ; COM(2006)446 pour l'année 2005.
121 I- Le dysfonctionnement des procédures de « comitologie » dans l'affaire de la « vache folle » Avant de s'intéresser aux lacunes affectant le système de la « comitologie », il convient au préalable, de revenir brièvement sur le contexte qui a permis de révéler ces déficiences. On se souvient, en effet, que bien qu'identifiée dix ans auparavant, l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ou maladie de la « vache folle » fut à l'origine d'un vent de panique à partir du 20 mars 1996, date à laquelle le gouvernement britannique annonça l'existence d'un lien éventuel entre cette dernière et la maladie humaine dite de CreutzfeldJakob489, dont plusieurs personnes avaient succombé. Malgré l'incertitude des informations et après maintes tergiversations scientifiques et politiques sur la question, la réaction des autres Etats membres puis de la Commission ne s'est pas fait attendre. Dès le lendemain, plusieurs pays étrangers et européens, dont la France, la Belgique et l'Allemagne, fermèrent leurs frontières aux exportations britanniques490 et le 27 mars 1996, la Commission légalisait ces décisions en décidant elle-même un embargo à l'encontre de plusieurs types de produits bovins en provenance d'Outre-Manche491. De tels pouvoirs étaient reconnus aux Etats membres et à la Commission par les articles 9§4, de la directive 89/662/CEE du 11 décembre 1989492, traitant des produits animaux, et 10§4 de la directive 90/425/CEE du 26 juin 1990493, concernant les animaux vivants, et encadrés, s'agissant de la Commission, par la procédure très rigoureuse du comité de réglementation avec « contre-filet ». En dépit d'un recours en annulation et d'un renvoi préjudiciel concernant la décision communautaire d'embargo, la Cour légalisa cette dernière494. Toutefois, dès le mois de mai, l'idée d'un assouplissement de la mesure fut invoquée et devint effective à compter d'une nouvelle décision de la 489 Affection mortelle qui réduit le cerveau à l'état d'éponge.
Europolitique n°2118, p.8. 491 Décision 96/239 du 27 mars 1996, JOCE n°L78 du 28 mars 1996. 492 Directive 89/662/CEE, du 11 décembre 1989, relative aux contrôles vétérinaires applicables dans les échanges intra-communautaires dans la perspective de la réalisation du marché intérieur, JOCE, n°L395 du 30 décembre 1989. 493 Directive 90/425/CEE du 26 juin 1990, relative aux contrôles vétérinaires t zootechniques applicables dans les échanges intra-communautaires de certains animaux vivants et produits dans la perspective de la réalisation du marché intérieur, JOCE n°L224 du 18 août 1990. 494 CJCE, 5 mai 1998, Royaume-Uni c/ Commission, aff. C-180/96, rec. p. I-2265 et s. ; CJCE, 5 mai 1998, National Farmers' Union e.a., aff. C-157/96, rec. p. I-2211 et s. 490 122 Commission en date du 11 juin 1996495. Celle-ci fixait les conditions pour la levée de l'embargo sur certains produits bovins britanniques. Le risque d'épidémie semblait enrayé. L'adoption de la décision relative à l'embargo sur les produits bovins britanniques a d'abord mis en exergue la prédominance des intérêts nationaux dans le fonctionnement de ces comités. En effet, suite à l'avis du Comité scientifique vétérinaire (CSV), organe composé d'organes scientifiques indépendants497, la Commission préconisa l'interdiction de l'exportation des produits bovins en provenance du Royaume-Uni. Intervenant en aval, le Comité vétérinaire permanent (CVP), comité de réglementation relevant de l'ancienne procédure des comités de réglementation avec « contre-filet » de la décision de 1987, devait se prononcer à la majorité qualifiée sur la proposition de la Commission. Aisément dégagée, celle-ci permit à la Commission de prendre les mesures requises. Si, en apparence, la « comitologie » a bien fonctionné, il faut souligner que seuls les représentants de la GrandeBretagne se sont prononcés contre le projet de la Commission, attitude mettant un doute sur l'impartialité des membres du CVP498. La défaillance du Comité vétérinaire permanent est encore plus flagrante dans le processus décisionnel de levée de l'embargo sur les produits bovins britanniques. En effet, l'impossibilité pour les représentants des Etats membres aussi bien au niveau du Comité vétérinaire permanent qu'au sein du Conseil de se mettre d'accord sur une position claire et ferme a conduit la Commission à adopter seule la mesure de levée de l'embargo. Plus précisément, dès le 10 avril, et contrairement aux recommandations de la Commission et des 495 Décision 96/362 du 11 juin 1996, JOCE n°L139 du 12 juin 1996, p.17. Décision 96/239 du 17 juillet 1996, JOCE n°C239 du 17 août 1996. 497 La composition de ce comité a été critiquée la gestion de son sous-groupe ESB étant en permanence présidée par un vétérinaire anglais et sur-représenté plus généralement par les experts de cet Etat.
V. PETIT Y., A propos du rapport de la Commission temporaire d'enquête du Parlement européen sur la maladie de la « vache folle », Europe, juin 1997, p.6. 498
Une attitude semblable s'est d'ailleurs manifestée au sein de la Commission européenne, où les deux commissaires britanniques se sont opposés aux mesures préconisées par le commissaire européen à l'agriculture. Les décisions de la Commission devant être prises à l'unanimité, cette position conduisit au report de la décision du 25 au 27 mars, date à laquelle la Commission l'a adoptée à l'unanimité.
V. GARCIA T., Crise de la « vache folle », crise dans l'Union européenne, RMCUE, n°407, avril 1997, p.244. 499 V. Europolitique n°2123, du 13 avril 1997, pp.12-13. Saisi en urgence. 501 BLUMANN C., ADAM V., La politique agricole commune dans la tourmente : la crise de la vache folle, RTDE, avril – juin 1997, p.266. 502 BLUMANN C., ADAM V., La politique agricole commune dans la tourmente : la crise de la vache folle, RTDE, avril –juin 1997, p.268. 503 BLUMANN C., ADAM V., La politique agricole commune dans la tourmente : la crise de la vache folle, RTDE, avril – juin 1997, p.268. 504 BLUMANN C., DUBOUIS L., Droit institutionnel de l'Union européenne, Litec, 2004, p.213. 500 124
L'autre inconvénient vivement dénoncé par la Commission temporaire d'enquête réside dans l'opacité de la « comitologie » agricole. Le fonctionnement du Comité vétérinaire permanent a ainsi été fortement critiqué, ses réunions n'étant pas suivies de procès verbaux mais seulement de résumés succincts, qui n'ont d'ailleurs pas été transmis à la Commission temporaire d'enquête, malgré les demandes faites en ce sens505. Des dysfonctionnements de ce Comité, il apparaît également que le Conseil serait « coresponsable de la carence et de la lenteur observée dans la lutte contre l'épidémie au Royaume-Uni, des décisions erronées et de la mauvaise coordination constatée dans le domaine de la protection de la santé, ainsi que de la désinformation de l'opinion publique »506. De même est soulignée la « bizzarerie »507 qui caractérise les règles de travail de ce comité, car « dans la pratique, le Conseil, sauf circonstances exceptionnelles, traite uniquement des problèmes vétérinaires, qu'ils touchent à la santé animale ou à la santé publique, lorsque l'intér politique prend le pas sur les compétences « techniques » du CVP »508. Pour Y. PETIT, un tel partage des tâches entre le CVP et le Conseil témoigne du caractère « scientifico-politique »509 du CVP, « mélange des genres »510 qui n'est pas favorable au bon fonctionnement de la « comitologie »511. La mise en relief de la complexité et de l'opacité des procédures de « comitologie » dans l'affaire de la « vache folle » ne pouvait rester sans suite. Des réformes étaient nécessaires et ont dès lors été engagées.
505 PETIT Y., A propos du rapport de la Commission temporaire d'enquête du parlement européen sur la maladie de la « vache folle », Europe, juin 1997, p.5. 506 Doc. A4-0020/97/Partie A, point 4, p.18. 507 PETIT Y., A propos du rapport de la Commission temporaire d'enquête du parlement européen sur la maladie de la « vache folle », Europe, juin 1997, p.5. 508 Doc. A4-0020/97/Partie A, points 4-8, p.21. 509 PETIT Y., A propos du rapport de la Commission temporaire d'enquête du parlement européen sur la maladie de la « vache folle », Europe, juin 1997, p.5. 510 PETIT Y., A propos du rapport de la Commission temporaire d'enquête du parlement européen sur la maladie de la « vache folle », Europe, juin 1997, p.5. 511
Dans l'affaire de la « vache folle », il semblerait, en outre que le Conseil n'ai « pas pris ses responsabilités et se sont les procédures décisionnelles techniques du CVP qui ont continué à s'appliquer ».
V. BLANQUET M., Le contrôle parlementaire européen sur la crise de la « vache folle », RMCUE, juil. – août 1998, p.462.
Le Conseil
s'en serait donc remis au CVP lequel se fonde sur les avis du CSV dont le manque d'impartialité
a déjà été souligné
. 125 II- L'amélioration des procédures de comitologie
Les réformes entreprises pour pallier les carences du fonctionnement des procédures de « comitologie » ont visé, pour l'essentiel, à accroître la visibilité générale du système512. La voie choisie a consisté en une amélioration de l'information du public, notamment par l'application du droit d'accès aux documents, et surtout en un renforcement du rôle du Parlement européen qui s'est vu reconnaître, dans un premier temps, un « droit de regard » par la décision « comitologie » du 28 juin 1999, puis un véritable « droit de veto », concernant certaines mesures d'exécution, par la décision de 2006. La décision 468/1999/CE du 28 juin 1999 répond, dans un premier temps, aux « critiques qui assimilent la comitologie à un système clos, voire secret »513. En effet, la « comitologie » a très longtemps été marquée par un déficit majeur en termes de transparence, lacune notamment révélée lors de la crise de la « vache folle ». Aucune liste des comités n'était publiée et le nombre de ces comités ainsi que leurs activités étaient peu voire pas du tout connus. Désormais, la Commission établira une liste de tous les comités chargés d'assister la Commission dans ses compétences d'exécution ainsi qu'un rapport sur l'activité annuelle de ces comités514. Cette liste et ce rapport feront l'objet d'une publication au Journal Officiel des Communautés Européennes515. Il en est de même s'agissant du règlement intérieur type des comités516. En outre, les documents discutés en comité seront accessibles au grand public dans les mêmes conditions que celles applicables à la Commission517. Enfin, est également prévue la publication dans un registre de toutes des références aux documents relatifs aux comités qui ont été transmis au Parlement européen518. Concernant ce dernier, la décision améliore non seulement son information mais également son rôle d'intervention dans la procédure d'exécution. 512 La décision « comitologie » du 28 juin 1999 a également supprimé les variantes des procédures de comitologies.
513 CIAVARINI AZZI G., Comitologie : le voile se lève, RAE-LEA, 2001-2002, p.19. 514 Article 7 point 4 de la décision 568/1999/CE.
515
Pour la liste
des
com
ités
chargés d'assister la Commission dans l'exercice de ses compétences d'exécution
, V. notamment JOCE n°C225 du 8 août 2000. 516 Article 7 point de la décision 468/1999/CE. 517 Article 7 point 2 de la décision 468/1999/CE. 518 Article 7 point 5 de la décision 468/1999/CE. Une série d'accords entre les institutions communautaires avait déjà permis un certain progrès dans la transmission d'informations au Parlement. Ainsi, les accords Plumb-Delors de 1988519, Klepsch-Millan de 1993520, le Modus Vivendi de 1994521, ou encore l'accord SamladWilliamson de 1996522. Mais le Parlement ne s'en était pas satisfait. Le Modus Vivendi était d'ailleurs explicitement un texte provisoire valant jusqu'à la conclusion d'un nouveau traité. En outre, contrairement à ce qui était prévu dans cet accord, l'adoption du traité d'Amsterdam n'a pas été l'occasion d'une réforme en profondeur des procédures de « comitologie », les négociateurs s'étant bornés à inclure une déclaration n°31 dans l'Acte final, invitant la Commission à présenter une proposition de modification de la décision du 13 juillet 1987, qui a finalement été adoptée le 28 juin 1999. Cette décision constitue une « avancée décisive pour l'accès aux documents dans la sphère exécutive »523. Outre les dispositions adoptées pour assurer l'information du public, elle prévoit également que « le Parlement est régulièrement informé par la Commission des travaux des comités. A cet effet, il reçoit les ordres du jour des réunions, les projets soumis aux comités concernant des mesures d'exécution des actes arrêtés selon la procédure visée à l'article 251 du Traité, ainsi que le résultat des votes, les comptes-rendus sommaires des réunions et les listes des autorités et organismes auxquels appartiennent les personnes désignées par les Etats membres pour les représenter »524. Les modalités d'application pratique de cette décision ont toutefois nécessité la conclusion d'un accord entre la Commission et le Parlement, adopté en octobre 2000 . Cet accord est important notamment dans la mesure où il prévoit que les projets d'exécution dont les actes n'ont pas été adoptés en co-décision (article 251) mais qui revêtent une importance particulière pour le Parlement lui sont également envoyés à sa demande. Ainsi, non seulement le champ d'intervention du Parlement est accru mais en plus il dispose d'instruments concrets lui permettant d'exercer une influence réelle dans ce domaine. 519 Il s'agit d'un échange de courriers (décembre 1987 – mars 1988) entre M. Plumb, Président de la Commission et M. Delors, Président de la Commission. 520 Accord Klepsch (Président du Parlement européen) – Millan (Président de la Commission) du 13 juillet 1993 sur « un code de conduite sur la mise en oeuvre par la Commission des politiques structurelles », JOCE n°C255 du 20 septembre 1993, p.19-20. 521 Modus Vivendi conclu le 20 décembre 1994, entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission, concernant les mesures d'exécution des actes arrêtés selon la procédure visée à l'article 189 B du traité CE, JOCE n°C293 du 8 novembre 1995. 522 Accord Samlad (Président du budget du Parlement européen) – Williamson (Secrétaire général de la Commission) du 25 septembre 1996, Commission européenne – Rapport général sur l'activité de l'Union européenne,
p
.
48. 523 SZAPIRO M., Comitologie : rétrospective et perspective après la réforme de 2006, RDUE, 3/2006, p.562. 524 Article 7 point 3 de la décision 468/1999/CE. 525 JOCE n°L256 du 10 octobre 2000, pp. 19-20. La décision « comitologie » de 1999 a donc permis d'incontestables progrès en termes de transparence. Non seulement l'information des citoyens est assurée mais en plus, le droit de regard du Parlement est devenu réalité526. Toutefois, ce dernier ne peut toujours pas « intervenir en tant que décideur, en comitologie »527. C'est cette situation que la décision du 17 juillet 2006 est venue transformer. La nouvelle décision « comitologie » ajoute une nouvelle procédure dite de « réglementation avec contrôle »528. Celle-ci donne au Parlement un véritable « droit de veto »529 sur le contenu de certaines mesures d'exécution. Il s'agit des « mesures de portée générale ayant pour objet de modifier les éléments non essentiels d'un acte adopté selon la procédure visée à l'article 251, y compris en supprimant certains de ces éléments ou en le complétant par l'ajout de nouveaux éléments non essentiels »530. En outre, la nouvelle décision « comitologie », vise à assurer une meilleure information au Parlement européen en prévoyant notamment une information régulière de la part de la Commission, des travaux des comités, une transmission des documents liés aux travaux des comités ainsi qu'une information sur les mesures ou projets de mesures, proposés par la Commission au Conseil. En bref, le Parlement doit être informé aux différentes étapes de la procédure et, « selon les modalités qui assurent la transparence du système de transmission et une identification des informations transmises () »531.
| 12,040
|
02/halshs.archives-ouvertes.fr-halshs-00613738-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,028
| 8,082
|
La médiation formative dans l'autoformation institutionnelle : de la galaxie au paradigme Marie-José Gremmo
La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. La médiation formative dans l‟autoformation institutionnelle : de la galaxie au paradigme Marie-José GREMMO LISEC (EA 2351), Nancy-Université
La médiation est une notion nomade, qui, après avoir franchi de nombreuses barrières disciplinaires, est maintenant très présente dans le champ éducatif. Cependant ses conceptualisations et ses usages sont encore très variés, et parfois divergents. Cet article vise à montrer comment, dans le champ de recherche et de pratique spécifique auquel l‟auteure se rattache, celui de l‟autoformation institutionnelle1, le concept de médiation peut servir à caractériser le rapport formatif innovant, entre l‟enseignant et l‟apprenant, qui participe de cette spécificité. Le titre de cet article reprend d‟ailleurs des métaphores utilisées dans le champ des recherches sur l‟autoformation. En effet, comme il est rappelé dans l‟introduction de cet ouvrage, ou comme le propose également Jean-Pierre Astolfi2, on peut envisager les usages sociaux de la médiation selon trois « lignes de sens »: comme interface, comme transition, ou comme séparation. Dans cette vision, le concept de médiation peut apparaître comme une galaxie, à la manière dont Philippe Carré3 se réfère à la galaxie de l‟autoformation pour rendre compte des différents courants de pensée développés autour de cette notion. Mais, d‟un autre côté, l‟utilisation du terme médiation pour caractériser le rapport formatif de l‟autoformation institutionnelle peut permettre de se référer à un rapport formatif différent de celui de l‟enseignement, à la fois au niveau pédagogique et au niveau didactique, qui permet de concevoir de manière séparée la fonction de facilitation de l‟apprentissage qui fonde l‟autoformation institutionnelle et qui la distingue de l‟hétéroformation. Claire Bélisle4 donne de la médiation la définition suivante5 : « l‟ des processus par lesquels une personne (ou un groupe de personnes) s‟intercale entre le sujet apprenant et les savoirs à acquérir pour lui en faciliter l‟apprentissage ». En cela, le terme « médiation » va permettre de nommer ce 1 L‟autoformation institutionnelle peut être définie comme « une proposition formative » qui repose sur une « logique d‟apprentissage » et vise à faciliter les apprentissages autonomes.
2 ASTOLFI, J-P. (1996). Médiation(s) in Educations n°9, juin-octobre 1996, p. 13 3 CARRE, P. (1994) « Autoformation » in Champy P. et Etévé C. (dir), Dictionnaire encyclopédique de l'Education et de la Formation. Paris : Nathan Université, p. 96-97 4 BELISLE C. (2003) « Médiations humaines et médiatisations technologiques. Médiatiser l‟apprentissage aujourd‟hui » in BARBOT M-J. et LANCIEN T. qu‟on doit envisager comme un nouveau paradigme de rapport formatif, tout comme Brigitte Albero6 montre que le développement de l‟autoformation institutionnelle relève de la création d‟un nouveau paradigme éducatif. On peut alors parler d‟une actualisation cohérente des « lignes de sens » dont parle JeanPierre Astolfi7, dans un contexte formatif spécifique, celui de l‟autoformation institutionnelle. Les principes sur lequel repose l‟autoformation institutionnelle délimitent le cadre pédagogique dans lequel s‟inscrit la médiation formative et en définissent les modalités. Ainsi est déterminé un paradigme de rapport formatif entre l‟enseignant et l‟apprenant, à la fois en termes d‟interface, de transition et de séparation. 1. Un paradigme de rapport formatif
L‟autoformation institutionnelle repose sur deux dimensions fondamentales. La première dimension est, comme le qualifie Brigitte Albero8, la « logique d‟apprentissage », qui permet de focaliser la proposition formative autour de l‟autonomie de l‟apprenant. Le dispositif formatif donne au sujet apprenant sa pleine responsabilité, en lui permettant à la fois choix et contrôle, selon l‟analyse de Paul Bouchard9. Il se centre sur l‟activité d‟apprentissage de l‟apprenant, ce qui implique notamment de lui donner l‟accès direct aux ressources d‟apprentissage, que celles-ci soient humaines ou technologiques. La deuxième dimension constitutive du dispositif d‟autoformation est que l‟autonomie de l‟apprenant n‟est pas un prérequis à l‟entrée dans le dispositif, mais un objectif de la formation. C‟est le dispositif qui doit permettre l‟autonomisation du sujet apprenant, la prise de contrôle de l‟apprenant se construisant progressivement grâce à une médiation formative dont l‟objectif est de faciliter la prise en charge par l‟apprenant de la complexité de l‟action d‟apprentissage. C‟est le jeu entre cet accompagnement et l‟action directe de l‟apprenant autour des ressources qui ouvre la voie au développement de la compétence d‟apprentissage et de l‟autodirection. De par la première dimension mentionnée plus haut, le rôle de médiation ne relève en rien du rôle de l‟enseignant, qui prépare, met en oeuvre et contrôle non seulement l‟accès aux savoirs et leur programmation, mais aussi l‟application et l‟évaluation.
Dans l‟autoformation
6 ALBERO, B. (2000) L‟autoformation en contexte institutionnel. Du paradigme de l‟instruction au paradigme de l‟autonomie. Paris, L‟Harmattan. 7 ASTOLFI, ibid. 8 ALBERO ibid. 9 BOUCHARD, P. (2002) « Distance médiatique et autoformation dans les environnements d‟apprentissage médiatisés, in CARRE, P. et MOISAN, A. (dir.) La formation autodirigée, aspects psychologiques et pédagogiques, Paris, L‟Harmattan, pp. 223-236 2 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. institutionnelle, l‟activité de médiation sépare nettement l‟acte de facilitation de l‟acte d‟apprentissage proprement dit : la médiation formative s‟intercale certes entre l‟apprenant et son activité d‟apprentissage, mais elle s‟intercale aussi entre deux moments d‟apprentissage. Ainsi, elle ne relève pas seulement d‟une logique d‟interface, comme le propose Jean.Pierre Astolfi10, pour qui la « nouvelle posture enseignante » qui « respecte le cheminement propre de l‟apprenant » correspond plus précisément à la ligne de sens médiation-interface. Elle joue aussi un rôle de transition, en introduisant la « latence » décrite par Jean-Pierre Astolfi, et en aidant l‟apprenant à développer des « formulations » et des « outils » « intermédiaires » « devant ensuite être dépassés ». De même, la médiation apporte la « séparation » que ce chercheur mentionne, en aidant l‟apprenant à mettre en place la « rupture épistémologique » qui le conduit d‟une part à instaurer la bonne « distance » entre lui et son apprentissage, et d‟autre part à s‟autonomiser vis à vis de la médiation et de l‟accompagnateur. Ainsi la médiation formative de l‟autoformation institutionnelle relève non pas d‟une, mais des trois lignes de sens dégagées par Jean-Pierre Astolfi11, et de ce fait, traverse la galaxie décrite plus haut. D‟un autre côté, l‟activité de médiation, si elle consiste bien à aider l‟apprenant à construire et réaliser son parcours d‟apprentissage, ne vient en aucun cas se substituer à l‟activité de l‟apprenant. La première dimension de l‟autoformation institutionnelle décrite plus haut implique en effet que la médiation repose non pas sur un pilotage par l‟offre (ce qui relèverait plutôt l‟ordre de l‟enseignement individualisé) mais sur un pilotage par la demande sous la forme d‟une aide à la construction de savoirs singuliers par l‟apprenant, dans une "spirale réflexive" qui se situe à la fois en amont et en aval de l‟activité de l‟apprenant. D‟autre part, la deuxième dimension citée implique que l‟apprenant puisse se trouver en situation de responsabilité de son activité autoformative : la relation de médiation ne doit pas venir contrecarrer cette nécessité. De cela, il ressort que la médiation de facilitation dans l‟autoformation institutionnelle est : - non-décisionnelle, et non fondée sur une relation de pouvoir - focalisée sur le processus, bien plus que sur les contenus - en réaction, négociatrice et adaptative - non-programmable et non-programmée, mais relevant de cadres conceptuels organisés portant sur l‟apprentissage de savoirs ou savoir-faire déterminés. ASTOLFI, ibid 3 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78.
On voit donc comment les principes fondateurs de l‟autoformation institutionnelle donnent au rapport formatif entre conseiller12 et apprenant des caractéristiques particulières qui en font un ensemble paradigmatique qui se distingue des autres conceptualisations et des autres usages que comporte la galaxie de la médiation. Si tous les niveaux de constitution d‟un paradigme formatif sont concernés par cette transformation, seuls certains éléments vont maintenant être discutés, dans la mesure où ils paraissent être particulièrement représentatifs de la logique d‟apprentissage que l‟autoformation institutionnelle implique. 1. Apprentissage et interaction langagière. Il est incontestable que la médiation de conseil telle qu‟elle est définie dans le paradigme de l‟autoformation institutionnelle trouve ses racines dans les théories du développement. Elle se fonde sur une vision de la construction des connaissances comme d‟un processus dynamique singulier, fondé sur l‟expérience personnelle du réel et l‟interaction du sujet avec son environnement. Dans l‟autoformation institutionnelle, l‟interaction sujet/apprenant bénéficie de l‟interaction sociale entre l‟individu apprenant et un conseiller, et s‟appuie sur le caractère fondamental du rôle du langage à la fois en termes de communications et de cognition. Pour reprendre les termes de Jean-Paul Roux13, « le langage a une fonction organisatrice fondamentale ». L‟autonomisation de l‟apprenant se construit donc, au moins en partie, au travers de ce que certains ont appelé des « conversations d‟apprentissage » entre le sujet apprenant et le conseiller. Mais l‟intégration des objectifs formatifs d‟autoformation et d‟autonomisation détermine les contours conversationnels du cadre socio-pédagogique de l‟interaction langagière de médiation, en définissant de manière particulière les droits et les devoirs de chacun des deux participants, en termes de leurs statuts et de leurs rôles. Pour exemplifier cela, nous nous référerons ici à ce que Robert Vion14 nomme le rapport de place, qui fait référence à la position réciproque des deux sujets sur l‟axe vertical de la hiérarchie et l‟axe horizontal de l‟égalité. En effet, dans l‟autoformation institutionnelle, la médiation est définie comme non-décisionnelle, ce qui conduit à fixer les dimensions d‟égalité et d‟asymétrie. Poser le sujet apprenant comme détenteur du contrôle de son activité se traduit par les caractéristique suivantes : les deux participants sont dans un rapport d‟égal à égal, 12 il n‟y a pas encore de terme fixe pour nommer ce nouveau rôle formatif qui se distingue du rôle d‟enseignant. Le terme utilisé par l‟auteure (cf. Gremmo 2003) est celui de"conseiller", qui sera retenu pour la suite de l‟article. Mais dans le champ de l‟autoformation institutionnelle, on rencontre également des termes tels que " formateur-facilitateur " ou " tuteur ".
13 ROUX, J-P. (1996). Les exigences d‟un enseignement constructiviste » in Educations n° 9, juin-octobre 1996, pp. 20-22 14 VION, R. (1992). La communication verbale, Paris, Hachette 4 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. mais dans des rôle dissymétriques, qui résultent de la différence non seulement des savoirs, mais aussi des actions des deux partenaires interactifs. La médiation de conseil se situant dans une interaction langagière, le conseiller n‟a accès à l‟activité de l‟apprenant que par les dires de celui-ci. Ce différentiel d‟information est fondamental et fonde l‟engagement " authentique " des deux participants à la conversation d‟apprentissage. Le sujet apprenant est placé dans un rôle où son apport de contenu est indispensable pour faire vivre l‟interaction. Cependant, les rôles interactifs sont dans une asymétrie complémentaire, car il existe aussi un différentiel d‟information « en faveur » du conseiller, qui est lui aussi un sujet interactif au sein plein du terme, dans la mesure où il apporte son expertise. D‟autre part, comme l‟indique E. Esch15, « la principale innovation dans cette nouvelle pédagogie a été le renversement de pouvoir des rôles interactionnels traditionnels de l‟enseignement et de la transmission des savoirs »16. C‟est en effet l‟apprenant qui, par sa demande, crée la situation interactive, qui initie l‟interaction et la clôt, et qui en construit l‟organisation thématique : Selon les normes sociales, c‟est donc lui qui est en position de " pouvoir" et de dominance pour la réalisation de l‟activité langagière. Il faut également noter que cette conversation d‟apprentissage n‟est pas pour autant une interaction naturelle ou évidente pour les apprenants, bien au contraire. D‟une part, les routines interactionnelles éducatives que l‟immense majorité des apprenants connaissent relèvent de l‟enseignement classique. Les modalités de l‟interaction de médiation de conseil doivent donc être apprises : les recherches effectuées sur des entretiens de ce type17 montrent qu‟une partie des interactions est dévolue à l‟explicitation de ces nouvelles modalités interactives, ce qui est en cohérence avec la troisième des quatre exigences que Jean-Paul Roux18 donne à l‟organisation d‟un dispositif socioconstructiviste : « un contrat de communication le plus explicite possible au sein duquel ce sont les actes de parole échangés qui génèrent l‟accomplissement des cognitions ». D‟autre part, ces études montrent clairement que la prise en charge de l‟interaction par l‟apprenant évolue de manière positive au fur et à mesure des entretiens et est en corrélation avec le développement de son autonomie d‟apprentissage. 15 ESCH, E. (2001) "Disseminating the practice of advising : Towards a new evaluation framework" in MOZZON-McPHERSON, M. & VISMANS, R. (dir), Beyond Language Teaching towards Language Advising, Londres, CILT, pp 25-29 16 Traduction de l‟auteure 17 cf Gremmo (2003), Ciekanski (2005 et dans ce même ouvrage°, ou pour le domaine anglo-saxon, Cotterrall et al. (2001) 18 Roux, ibid. 5 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. 2. Dimension didactique de l‟expertise et des savoirs
La médiation de conseil constitutive de l‟autoformation institutionnelle relève à la fois d‟une dimension didactique, puisqu‟il y a acquisition de savoirs et de savoir-faire spécifiques, et d‟une dimension pédagogique puisqu‟elle redéfinit les rapports entre sujet apprenant, environnement et conseiller. L‟émergence de l‟autoformation institutionnelle a conduit à des modifications épistémologiques de la dimension didactique. En effet, si l‟expertise didactique d‟un enseignant se définit en termes de contenus disciplinaires, comment définir celle d‟un conseiller? En d‟autres termes, quels sont les liens entre critères de description scientifique des contenus, et problématique d‟aide à l‟apprentissage? D‟un autre côté, la situation d‟autoformation, parce qu‟elle donne la priorité à l‟accès direct aux ressources d‟apprentissage pour l‟apprenant, complexifie les relations didactiques entre le sujet apprenant, les savoirs et le formateur. En fait, le principe d‟accès direct ne concerne pas les savoirs, mais des objets (les ressources) qui constituent eux-mêmes une mise en contexte et une médiatisation de ces savoirs. Or, comme le dit Claire Bélisle19 : « « un objet ne devient pas un outil par la simple décision de vouloir s‟en servir. Un objet ne devient un outil que dans un cadre référentiel de pensée et d‟action, cela doit s‟inscrire dans une activité finalisée, dans un rapport instrumental à l‟action du sujet ». En quoi peut alors consister l‟apport didactique d‟une médiation de conseil qui doit aider les apprenants à transformer des objets en outils d‟apprentissage? On voit comment se marque pour l‟apprenant l‟importance de la métacognition, en termes d‟apprendre à apprendre, pour qu‟il sache identifier les outils et les opérations d‟apprentissage, et évaluer ses propres connaissances et schèmes d‟action. La médiation d‟autoformation doit ainsi aider les apprenants, tant en termes de cadres de pensée qu‟en termes d‟activités pratiques, à développer une faculté que G. Pineau20 a mis en évidence chez les autodidactes, celle de « rendre les éléments de l‟environnement éducogènes ». Ceci implique, pour chaque apprenant, une mise en cohérence entre son environnement et les objets qui en font partie, les usages sociaux de ces objets, et ses schèmes personnels d‟usage. Or la didactique actuelle peine encore à prendre en compte cette mise en cohérence " personnalisée ". L‟autoformation institutionnelle fait également jouer une logique de production de savoirs singuliers, qui contraste avec les modes d‟hétéroformation "classiques" qui privilégient les savoirs constitués et leur transposition didactique. sur l‟activité du sujet, beaucoup plus que sur les résultats de cette activité. On peut alors aller jusqu‟à poser qu‟elle amène à penser la situation d‟apprentissage comme une situation de travail, ce qui a notamment pour intérêt de rapprocher la problématique de l‟autoformation institutionnelle de la problématique des apprentissages informels. Dans un article où ils appellent à « optimiser les apprentissages informels », Philippe Carré et Olivier Charbonnier21 rappellent certaines des limites actuelles de la didactique : « des pans entiers de la compétence échappent actuellement aux apprentissages formels, d‟une part parce que les délais et moments d‟acquisition de certaines d‟entre elles sont incompatibles avec la programmation d‟apprentissages formels et d‟autre part parce que les modes de formation classiques sont parfois mal adaptés à certaines de celles basées sur des savoirs d‟action ou expérientiels ». Ils notent également que‟ « il est des connaissances que l‟on parvient difficilement à circonscrire ou qui exigeraient un temps d‟identification trop long. [L‟expression] de "savoir-être " () traduit bien, malgré son imprécision, la montée de ces habiletés comportementales stratégiques ». Ils mettent ainsi l‟accent sur les liens que l‟on peut faire entre apprentissage en autoformation institutionnelle et apprentissages informels22. Mais ils pointent surtout certaines des zones encore impensées par la didactique (ou les didactiques). On peut alors se rendre compte que l‟un des enjeux actuels des travaux didactiques sur la médiation formative, au moins dans l‟autoformation institutionnelle, est de réfléchir sur l‟aide à l‟appropriation de savoirs singuliers, et sur le développement de compétences relevant tout autant des dimensions relationnelles, méthodologiques, motivationnelles à l‟oeuvre dans l‟activité d‟apprentissage, que des connaissances ou des compétences référentielles plus classiquement prises en charge en didactique. D‟un autre côté, ces auteurs appellent également à optimiser les apprentissages informels par la mise en place, dans les situations d‟activité professionnelle, de structures de facilitation des l‟apprentissages, qui apparaissent alors tout à fait congruentes avec l‟activité de conseil. Il semblerait donc qu‟on puisse mettre en place un continuum de médiation formative qui prendrait son origine dans un contexte éducatif formalisé en termes d‟autoformation institutionnelle, avec les caractéristiques qui en découlent, pour évoluer vers une médiation plus informelle s‟appuyant sur des contacts entre pairs effectués de manière plus aléatoire. 21 CARRE, P. et CHARBONNIER, O. (2003) « Optimiser les apprentissages informels », Actualité de la Formation Permanente n°182, Janvier-Février 2003, Centre Inffo, pp. 105-113 22 qu‟ils analysent dans le cadre des entreprises. 7 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. On se situe bien ici, et à plusieurs niveaux, dans la dimension de transition que Jean-Pierre Astolfi23 discute dans son analyse des lignes de sens de la médiation.
3. Dimension pédagogique de l‟expertise
La question de l‟expertise peut être envisagée aussi dans une problématique pédagogique. En effet, les caractéristiques non-décisionnelles, non programmées, en réaction à l‟apprenant, de la médiation de conseil dans l‟autoformation institutionnelle réinterrogent, et parfois mettent à mal, les moteurs de l‟action de l‟expert. Pour le dire plus prosaïquement, certains des enseignants qui se convertissent au rôle de conseiller dans lequel l‟activité du sujet apprenant est pensée et agie comme prioritaire, vivent mal ce qu‟ils voient comme des situations frustrantes de rétention d‟information ou d‟inaction. Ils ont du mal à penser leur action autrement que comme pro-active, prévisionnelle, et nécessaire. Dans les actions de formation au rôle de conseil, se font parfois jour des réactions d‟incompréhension de certains aspirant-conseillers qui demandent : « Pourquoi ne pas proposer de corriger l‟exercice? Pourquoi ne pas donner d‟explication puisque je la connais, au lieu de renvoyer l‟apprenant à des sources qui peuvent se révéler moins explicites?» D‟autres, au contraire, surinvestissent la réactivité de la médiation et adoptent des attitudes de non-intervention constante, dans la mesure où ils comprennent que le caractère non-décisionnel implique que tout doit émerger de l‟apprenant. On touche alors ici ce que Dominique Violet24 décrit comme « l‟ambiguïté des compétences nécessaires à la pratique de la fonction de « tuteur ». Dans son article, Dominique Violet rend en effet compte des représentations des pratiques de tutorat de stages en responsabilité dans les formations des professeurs en IU FM, activité de tutorat qui comporte beaucoup de traits communs avec la médiation de conseil en autoformation institutionnelle. La première attitude des aspirants-conseillers qui a été décrite plus haut correspond pour Dominique Violet à des stratégies d‟aide25 « directe », « inconditionnelle », « humaniste », qui visent à faciliter la tâche du stagiaire, mais qui peuvent de ce fait relever du don aliénant et contredire le processus de développement recherché. D‟un autre côté, la deuxième attitude décrite relève de stratégies d‟aide « indirecte », « détournée », « contrariante »26, dont l‟objectif est d‟amener les apprenants à se débrouiller par eux-mêmes, et à trouver en eux-mêmes le moyen de dépasser leur problème, « en transformant le détour en 23 Astolfi, ibid. raccourci ». Mais, là encore, ce type d‟aide peut se révéler une non-aide, dans la mesure où l‟apprenant ne trouve pas de solution, voire même accroître les difficultés de l‟apprenant, dans la mesure où il peut s‟égarer. Ainsi, pour Dominique Violet, « la fonction tutoriale contient les prémisses d‟une situation de double contrainte », et dans les deux cas, la stratégie développée par le conseiller « risque de ne pas atteindre () l‟objectif de la formation ». Il propose alors une troisième voie, celle de l‟immédiateté et de la naïveté27, qui permet de concevoir la fonction de médiation formative comme une action ancrée dans la sensibilité de la personne qu‟est le conseiller, fondée sur l‟action spontanée, qui parie que cette action spontanée, déterminée dans l‟immédiateté de la situation dans sa globalité, et les perturbations, favorables ou déstabilisantes, qu‟elle engendre vont contribuer au développement de l‟apprenant, dans la mesure où celui-ci va être amené à gérer les perturbations. On peut voir ici une équivalence avec la notion de « posture formative » de médiation proposée par Maud Ciekanski28 (2005). Maud Ciekanski montre en effet comment les conseillères expérimentées qui ont fait l‟objet de son étude justifient le recours qu‟elles font temporairement et transitoirement à des comportements qui ne relèvent pas tous de la médiation de conseil à laquelle elles souscrivent, par l‟analyse qu‟elle font, dans le hic et nunc du moment de conseil, de l‟état spécifique du sujet apprenant et de la modalité optimale d‟aide qu‟elles sentent pouvoir et devoir leur fournir. Maud Ciekanski catégorise alors cinq « postures formatives » : enseignement, conseil, accompagnement, compagnonnage, tutorat. Elle montre que, pour ces conseillères expérimentées, ces postures sont des outils relationnels, des postures " ressources ", utilisables et utilisées dans la temporalité de la construction d‟une relation de médiation de conseil en autoformation. Il faut alors mettre l‟accent sur une différence qui se fait jour, et séparer nettement la compréhension de la médiation formative en tant que paradigme et les formes de "postures" que cette médiation peut recouvrir dans une interaction particulière apprenant/conseiller. En effet, un certain nombre d‟auteurs qui analysent les pratiques d‟enseignement (comme, par exemple dans le monde anglo-saxon, Ian Tudor29) développent l‟idée d‟une possible contamination entre les deux genres de rapport formatif que sont l‟enseignement et la médiation d‟autoformation, cette dernière apparaissant alors à ces auteurs comme un des types de pratiques possibles dans les situations d‟hétéroformation. Ian Tudor fait ainsi remarquer que la forte valeur ajoutée que l‟on met actuellement à l‟autonomie de l‟apprenant dans le champ de l‟éducation favorise la
27 Correspondant au mythe d‟ Epiméthée CIEKANSKI, M. (2005) L'accompagnement à l'autoformation en langue étrangère : contribution à l'analyse des pratiques professionnelles, Doctorat de Sciences du langage, Université Nancy2 29 TUDOR, I. (1997). Learner-centredness as Language Education, Cambridge, Cambridge University Press 28 9 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. dissémination des pratiques de médiation. Il lui semble alors qu‟on se trouve devant une seule et même conception qui renouvelle le rapport enseignant/apprenant. Mais c‟est mélanger posture interactive et paradigme formatif. La nature des pratiques formatives est déterminée par la spécificité de la relation formative : partant, la médiation de conseil ne peut avoir lieu que dans un rapport formatif d‟autoformation institutionnelle et ne peut être constitutive de l‟hétéroformation. Cette différenciation est l‟un des enjeux fondamentaux de la formation des conseillers en autoformation institutionnelle : il faut en effet les amener à comprendre le paradigme de l„autoformation tout autant que le paradigme de la médiation de conseil. C‟est à cette condition que les pratiques de médiation de conseil seront bien ancrées dans les principes fondateurs de l‟autoformation institutionnelle, et pourront se distinguer des pratiques plus habituelles qui relèvent fondamentalement de l‟hétéroformation, même si celleci prend la forme d‟un enseignement individualisé et coopératif.
4. Médiation et liberté de l‟apprenant
Ce point analyse la manière dans laquelle la médiation de conseil aborde la question de la liberté de l‟apprenant. La médiation de conseil repose sur une relation pédagogique nouvelle, et requiert donc du temps pour s‟établir. Cette nécessité de « latence », comme la nomme Jean-Pierre Astolfi30, est également justifiée par le fait qu‟on se situe dans un processus développemental d‟autonomisation. De ce fait, la réussite de la médiation requiert bien évidemment l‟adhésion de l‟apprenant à la situation d‟autoformation dans son ensemble, mais aussi à l‟utilité de la médiation de conseil. A ce niveau, se mettent donc en tension d‟une part la liberté de l‟apprenant d‟organiser son apprentissage, et d‟autre part, la "contrainte" nalisée d‟apprendre à apprendre. Or il est intéressant de remarquer que cette tension a d‟une part subi une évolution parallèle au développement des technologies, et que d‟autre part, elle influe sur la manière dont l‟institution peut envisager l‟offre de médiation. Les apprenants qui ont participé aux premiers dispositifs d‟autoformation institutionnelle dans les années 70 et 80 semblaient plutôt effrayés par la liberté qui leur était offerte. Ils étaient très anxieux de se retrouver « seuls », quelque peu frustrés de ne plus pouvoir se situer dans un rapport d‟enseignement qui leur apparaissait comme la solution idéale, alors qu‟elle constituait en fait la seule solution qu‟ils connaissaient. Pouvoir bénéficier de moments de rencontre pédagogique leur semblait fondamental, et la proposition d‟entretiens de conseil rencontrait facilement leur adhésion. 10 in E. Prairat (coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. enseignant » : cette phrase semble le mieux décrire leur attitude. Mais le contexte sociétal et le contexte pédagogique ont évolué depuis ces années pionnières, et les nouveaux usages sociaux issus de l‟essor rapide des technologies de l‟information et de la communication ont influencé les attentes cognitives, les habitudes mentales et comportementales des individus, et transformé leur rapport au savoir. Les apprenants actuels ont plutôt tendance à apprécier la liberté que leur donne l‟accès direct aux ressources. Pour beaucoup d‟entre eux, c‟est l‟activité même d‟autoformation qui est considérée comme la partie fondamentale de la formation dans un dispositif d‟autoformation institutionnelle, et ce qui la rend efficace. Grâce à la conception de l‟acte d‟apprentissage comme une entité indépendante, ils ont l‟impression d‟avoir un véritable pouvoir sur leur formation. Le temps qu‟ils y mettent est vécu comme un temps productif, qualitativement important. Pour un certain nombre d‟apprenants, utiliser la médiation de conseil devient alors une contrainte qui limite la marge de liberté que donne l‟autonomie et l‟autodirection. La plus-value que cette médiation peut représenter n‟est pas forcément perçue par les apprenants. « Laissez-moi apprendre tout seul » semble mieux représenter leur approche. Dans un tel contexte, le sentiment de liberté ressenti par l‟apprenant a tendance à valoriser le non-recours à la médiation, plutôt qu‟à en rendre le recours attrayant, voire même nécessaire. Ce paradoxe est accentué par le fait que, dans la continuité de la nature nondécisionnelle de la médiation d‟autoformation, cette médiation est souvent proposée de manière facultative. Dans beaucoup de dispositifs, c‟est à l‟apprenant de demander un entretien de conseil. Or les apprenants do percevoir les bénéfices qu‟il est possible de tirer d‟un entretien de conseil pour demander à en bénéficier, L‟enjeu de la médiation se situe alors à un autre niveau : comment pouvoir montrer et faire ressentir l‟utilité d‟un contact pédagogique de médiation à un apprenant si celui-ci ne se met jamais dans cette situation? C‟est une question à laquelle un certain nombre de centres d‟autoformation institutionnelle répondent de manière paradoxale, en rendant le passage par un entretien de conseil explicitement obligatoire, soit de manière plus coercitive (les entretiens de conseil faisant par exemple partie du contrat de formation), soit de manière plus indirecte (notamment en donnant au conseiller la possibilité de provoquer la rencontre). 5. Formes langagières de la médiation
Le développement des formations ouvertes via des plates-formes technologiques interroge de manière différente le paradigme de la médiation de conseil. En effet, les dispositifs de formation ouverte et à distance (FOAD) proposent pour la grande majorité 11
in E.
Prai
rat
(
coord.). (2007) La médiation. Explorations, usages, figures. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Pp. 65-78. d‟entre eux des procédures de contacts pédagogiques médiatisés par la technologie, via le canal de l‟écrit principalement, que ce soit par courriel ou sous forme de forums synchrones ou asynchrones. Ces contacts écrits peuvent-ils relever de la médiation de conseil? Il semble en effet difficile d‟envisager la mise en place d‟une véritable médiation de conseil, correspondant au paradigme décrit plus haut, via une médiation technologique qui utilise le canal de l‟écrit. Les travaux qui ont été mentionnés au cours de cet article mettent tous en évidence que les relations de médiation de conseil dans l‟autoformation institutionnelle sont des interrelations humaines très complexes, où entrent en jeu, ainsi qu‟on vient de le voir, de nombreux facteurs. L‟une des dimensions qui définit la médiation d‟autoformation est son caractère de négociation. Elle semble de ce fait requérir de manière incontournable une interaction orale en face à face, afin que le discours puisse refléter au mieux la coconstruction cognitive et affective nécessaire à l‟apprentissage et à l‟autonomisation de l‟apprenant. Il semble que seul ce type d‟interaction, orale, en face à face, peut garantir les conditions d‟exhaustivité (l‟environnement étant constitué de tous les canaux de communication utiles), d‟immédiateté, d‟adaptabilité (tant dans le contenu que dans la forme), et de réactivité à l‟imprévu qui sont fondamentales pour la mise en oeuvre de cette médiation spécifique. La monocanalité de l‟écrit apparaît donc être trop limitante pour être utilisable, et souligne ainsi, en négatif, certaines des caractéristiques du paradigme de médiation formative qu‟est la médiation en autoformation institutionnelle. Les cinq éléments qui viennent d‟être discutés ont permis de mettre en évidence de manière précise, bien que partielle, comment le cadrage théo rique qui constitue l‟autoformation institutionnelle aboutit à une détermination précise de la modalité de rapport formatif à mettre en place. Ce rapport formatif est bien une médiation, mais une médiation dont les éléments constitutifs sont particularisés, et permettent donc de contraster la "médiation de conseil " d‟autres usages formatifs, ou même sociaux de médiation. En cela, la médiation de conseil nous semble bien appartenir à la "galaxie" de la médiation éducative, mais en constitue un paradigme singulier..
| 29,138
|
43/hal.archives-ouvertes.fr-hal-01255892-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,653
| 8,942
|
Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts S. Dupire, F. Bourrier, J.M. Monnet, F. Berger
Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
SYLVACCESS : UN MODÈLE POUR CARTOGRAPHIER AUTOMATIQUEMENT L'ACCESSIBILITÉ DES FORÊTS
Sylvain DUPIRE 1, 2 Franck BOURRIER 1,2 Jean-Matthieu MONNET 1,2 Frédéric BERGER 1,2 1 Irstea, UR EMGR, 2 rue de la Papeterie-BP 76, F-38402 Saint-Martin-d'Hères, France 2 Univ. Grenoble Alpes, F-38402 Grenoble, France Sylvain DUPIRE (Auteur correspondant) Doctorant – Ingénieur forestier Tel : +33 4 76 76 28 29 Fax : +33 4 76 54 38 03 E-mail: [email protected] Franck BOURRIER Chargé de recherche E-mail: [email protected] Jean-Matthieu MONNET Ingénieur de recherche E-mail: [email protected] Frédéric BERGER Ingénieur de recherche E-mail: [email protected]
Mots-clés : Accessibilité Forêt Exploitation forestière Cartographie Outils d'aide à la décision Tracteur forestier Débusqueur Porteur Débardage par câble
Modélisation
SIG
Sujets de l'article : Outils et méthodes
Exploitation forestière Cartographie/géomatique 1 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
RÉSUMÉ SYLVACCESS : UN MODÈLE POUR AUTOMATIQUEMENT L'ACCESSIBILITÉ DES FORÊTS CARTOGRAPHIER
Identifier et caractériser les conditions d'accès aux ressources forestières sont des points stratégiques pour assurer leur gestion durable et multifonctionnelle. Le modèle Sylvaccess présenté dans cet article permet de cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts en fonction des principaux systèmes de débardage actuellement utilisés en France : le tracteur forestier (ou « débusqueur »), le porteur forestier et le débardage par câble. Le modèle s'appuie sur des sources d'information spatiale et des paramètres techniques propres à chaque système de débardage. Il offre aussi la possibilité d'intégrer des obstacles physiques ou environnementaux dans l'analyse. Les résultats du modèle sont utilisables pour de nombreuses applications forestières allant de l'aménagement et de la planification des opérations d'exploitation jusqu'à la comparaison et la sélection de projets de desserte. ABSTRACT - SYLVACCESS: A MODEL FOR AUTOMATIC MAPPING OF THE FOREST ACCESSIBILITY
Identifying and characterizing the conditions of access to the forest resources are strategic points for their sustainable and multifunctional management. The model Sylvaccess presented in this article is designed to automatically map the accessibility of forests with the tree main logging techniques currently used in France: skidder, forwarder and cable yarder. The model is based on spatial information and specific parameters of each logging technique. It can also integrate physical or environmental obstacles in the analysis. The outputs of the model can be used for many applications ranging from forest management and planning of logging operations to the comparison and selection of new forest roads projects. 1 INTRODUCTION
Les forêts couvrent environ 16,5 millions d'hectares en France métropolitaine, soit un peu moins du tiers du territoire. En plus de la ressource en bois qu'elles représentent, elles jouent un rôle de protection actif contre les aléas naturels, constituent une réserve de biodiversité et contribuent à l'attractivité paysagère et la qualité environnementale de notre pays. Les conditions d'accès aux parcelles forestières influencent grandement la gestion forestière permettant de valoriser ce patrimoine naturel tout en conservant ses différentes fonctions. En France, depuis une cinquantaine d'années, le réseau de desserte forestière est principalement conçu et adapté pour les modes de débardages terrestres tels que le débusqueur (aussi appelé tracteur forestier ou encore skidder) et le porteur forestier. De ce fait, sur les terrains à forte pente, de nombreuses forêts autrefois exploitées par des techniques alternatives (câblage, lançage, cheval) sont aujourd'hui inexploitées. Il en résulte une diminution du capital sur pied dans les zones exploitables par tracteur débusqueur ou par porteur et, inversement, une accumulation de bois dans les zones autrefois exploitées mais délaissées aujourd'hui (IGN 2012). Près de la moitié des forêts de montagne sont ainsi considérées comme difficilement exploitables (IGN 2014). En parallèle de ce constat, l'objectif national fixé lors du Grenelle de l'Environnement (2007) et réaffirmé lors des Assises de la forêt (2008) est d'augmenter la récolte de bois de 20 millions de m3 à l'horizon 2020. L'amélioration de la mobilisation des bois en montagne, où se situe a priori une partie
2 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no
, pp. 111-126 non négligeable des forêts surcapitalisées, pourrait ainsi contribuer favorablement à cet objectif. Le développement de systèmes de débardage aériens, notamment le câble-mât, apparait comme une opportunité pour mobiliser plus de bois dans les terrains à forte pente. Ce système a en effet fait ses preuves en Suisse (Brändli 2010), en Autriche ou encore dans la région alpine du Trento en Italie (Bartoli 2008) où la part de bois débardés grâce à ce mode d'exploitation représente plus de 25 % du volume total exploité. À titre de comparaison, en Rhône-Alpes, le volume débardé par câble en forêt publique représente seulement 5% (soit un peu moins de 40 000 m3/an) du volume total exploité (Grulois 2013). La marge de progression est donc plus qu'importante. 2 DESCRIPTION DU MODELE DE CARTOGRAPHIE 2.1 Données spatiales en entrée du modèle
Le modèle Sylvaccess nécessite différentes couches d'informations géographiques. Certaines sont indispensables et d'autres optionnelles. Les trois couches nécessaires à son fonctionnement sont : un modèle numérique de terrain (MNT). Cette donnée est de type raster. Elle se présente sous la forme d'un maillage carré où chaque cellule, appelé pixel, contient la valeur de l'altitude. La taille du pixel est appelée résolution. En France l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) dispose d'un MNT à 25 m sur l'ensemble du territoire (BD ALTI®). Cependant, de plus en plus de territoires disposent de MNT plus précis (5 à 10 m) voire très précis (1 m) lorsque le territoire est couvert par des données Radar ou Lidar. La résolution du MNT fixe celle que le modèle utilisera pour l'ensemble du traitement.
3 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
le réseau de desserte. Cette donnée est un vecteur de polylignes. Elle répertorie l'ensemble du réseau public, des routes forestières (accessibles aux camions de bois) et des pistes forestières (seulement accessibles aux engins d'exploitation). Un champ spécifique dans la table attributaire, préalablement renseigné par l'utilisateur, permet au modèle de distinguer automatiquement ces trois types de desserte. La qualité du traitement dépendra de l'exhaustivité de cette couche. Une préparation soignée de cette information est ainsi importante. Avant d'effectuer le traitement, le modèle vérifie la connexion entre la desserte forestière et le réseau public. Si erreurs sont détectées, il renvoie un message d'avertissement et une couche SIG permettant de localiser les éventuels problèmes. La surface forestière. Cette donnée est un vecteur de polygones. Elle permet au modèle d'identifier les zones forestières. La BD Forêt® fournie par l'IGN constitue une source d'information adaptée à l'échelle d'analyse. L'utilisateur peut, s'il le souhaite, compléter la description du territoire par des couches optionnelles supplémentaires qui amélioreront le résultat final. Ces couches sont de différentes natures : couches d'obstacles infranchissables. Ces couches vectorielles définissent des zones où un mode de débardage est totalement à proscrire. À titre d'exemple, les axes de circulations importants (routes principales, voies ferrées) et les bâtiments sont des obstacles pour n'importe quel mode de débardage. Les cours d'eau ne sont généralement problématiques que pour le débusqueur et le porteur. À l'inverse les lignes électriques peuvent poser des problèmes pour le débardage par câble. couches d'obstacles partiels (seulement pour le débusqueur). Les obstacles partiels n'excluent pas totalement le débardage sur la zone mais interdisent la circulation de l'engin sur celle-ci. Par exemple, dans les zones humides ou les périmètres rapprochés de captage d'eau le débusqueur se cantonnera sur le réseau de desserte et utilisera son treuil pour débusquer les bois. couche de volume sur pied. Cette donnée, de type raster, est principalement utile pour le modèle câble afin de juger de la pertinence de la mise en place d'une ligne en fonction du volume à exploiter. Cette couche peut être construite à partir d'un aménagement ou par traitement de données Lidar (Dupire et al. 2015, White et al. 2013). La préparation des données spatiales se fait manuellement à l'aide d'un SIG. Une fois cette étape terminée, suite du traitement se fait automatiquement dans le modèle Sylvaccess. 2.2 Paramètres et processus de modélisation
Le modèle Sylvaccess met en oeuvre de nombreux paramètres techniques propres à chaque mode de débardage. L'utilisateur peut fixer la valeur de tous les paramètres. Dans la suite de l'article, les valeurs proposées sont celles fixées par défaut. Elles ont été choisies d'une part d'après les pratiques constatées, principalement dans les Alpes du nord, et d'autre part en fonction du parc matériel existant ou intervenant en France. 4 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
2.2.1 Prétraitement automatique commun à tous les modes
La première étape consiste à prétraiter les données SIG fournies en entrée. Le modèle calcule ainsi les rasters de pente et d'exposition à partir du MNT. Toutes les données vectorielles sont aussi rastérisées à la même résolution que celle du MNT. Le modèle exclu enfin toutes les zones où l'abattage manuel n'est pas envisageable (pente > 110 %) et identifie les zones concernées par des obstacles.
2.2.2 Le cas du débusqueur (appelé aussi « tracteur forestier » ou « skidder »)
Le modèle débusqueur reprend les paramètres de CARTUVI (Clouet et al. 2010). Seul le débusqueur à câble est considéré dans le modèle, ceux équipés d'une pince ou d'un grappin restant cantonnés aux zones de plaine. Pour rappel, sur les zones à pente faible (≤ 25 %), le débusqueur peut pénétrer directement dans le peuplement. Sur les zones plus pentues (> 25%), il reste exclusivement sur les pistes et routes forestières. Il utilise alors son treuil pour débusquer les bois à proximité de la desserte avec une longueur différentielle selon l'orientation : 50 m en amont et 150 m en aval. Le principal élément ajouté à l'analyse par rapport au modèle CARTUVI est la prise en compte d'obstacles infranchissables et partiels. De nouvelles informations viennent aussi enrichir les différentes sorties spatiales (format raster) du modèle
: - Zone accessible Zone directement parcourable par le débusqueur Zone non accessible Distance de treuillage des
Distance de traînage en forêt
Distance de traînage sur piste Distance totale de débardage (somme des trois distances précédentes) Trajet optimal du bois depuis son lieu d'abattage vers la place dépôt la plus proche Unités de vidange optimales
Par ailleurs, un fichier
rappelle
les paramètres
utilisés dans
la modélisation et un autre
renvoie un tableau synthétique des surfaces accessibles par classe de distance totale de débardage.
2.2.3 Le cas du porteur
Le paramètre le plus limitant pour le porteur est la pente en travers (figure 1.a). Si celle-ci est trop forte, le porteur risque de se renverser. La pente en travers maximale est par défaut fixée à 15 %. [ ] (1) Le processus de modélisation suit les étapes suivantes : 1. Identification des zones à proximité de la desserte où la pente en travers est faible et où le porteur peut librement circuler. 2. Identification des zones accessibles sur les pentes fortes. Le modèle essaye
tous les
azi
muts
avec
un
pas
de 1
degré
(
360 au total) autour de chaque pixel de route ou de piste forestière et le long de la bordure de la zone accessible identifiée précédemment. Il déplace le porteur en ligne
droit
e le long de ces azimuts tant que toutes les conditions sont réunies
(pente
en
long et pente à travers) et ju
squ
'à atteindre une distance maximale (par dé
faut
300 m). Les sorties
du
modèle porteur sont similaires à celles du modèle débusqueur à l'exception de la distance de treuillage qui n'a pas lieu d'être calculée pour cet engin. 6 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
2.2.4 Le cas du câble
Le modèle câble teste de manière exhaustive la faisabilité technique des lignes de câble sur un territoire, en fonction des caractéristiques mécaniques et techniques du matériel testé et de la topographie locale. Pour cela, la première étape a été de développer un modèle mécanique, à l'échelle de la ligne de câble, permettant de calculer précisément la trajectoire suivie par la charge et la tension du câble porteur en fonction de la position de celle-ci. Ce modèle, nommé CableHelp, a été validé lors de suivis de chantier en conditions réelles (Dupire et al. 2015). Lors de ces suivis, l'erreur entre les mesures de terrain et les modélisations est de l'ordre de 0.1 % (soit 15 cm) sur la trajectoire de la charge et de 1.5 % (soit 1 000 N) pour la tension dans le câble.
Figure 2. Schéma d'une opération de débardage par câble (débardage vers l'amont).
S
.
DUPIRE 2014 Tableau 1. Liste des paramètres nécessaires pour le modèle câble
Description Caractéristiques du matériel testé (données constructeur) Configuration technique (renseignée par l'utilisateur) Hauteur du mât Longueur max. du câble porteur Diamètre du câble porteur Masse linéaire du câble porteur Élasticité du câble porteur – Module de Young Tension de rupture du câble porteur Masse linéaire du câble tracteur Tension de rupture du câble tracteur Masse linéaire du câble retour Tension de rupture du câble retour Masse à vide du charriot Charge max. autorisée Longueur minimale d'une ligne de câble Hauteur des supports intermédiaires Hauteur du mât terminal Hauteur min. du câ porteur en tout point Hauteur max. du câble porteur en tout point Distance latérale de pêchage des bois Nombre max. de supports intermédiaires Angle max. du câble au niveau des supports intermédiaires Coefficient de sécurité Unité m m m kg.m-1 N.m-1 N kg.m-1 N kg.m-1 N kg kg m m m m m m / ° / 7
Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. Tableau 2. Paramètres par défaut associés aux différents types de câble intégrés dans le modèle
Description Hauteur du mât Longueur max. du câble porteur Diamètre du câble porteur Masse linéaire du câble porteur Tension de rupture du câble porteur Unité Câble mât sur tracteur agricole Câble mât sur remorque Câble mât sur camion Câble long m m m kg.m-1 N 8.5 500 16 1.4 25 000 10.5 750 18 1.9 35 000 14 1 000 22 2.6 18 000 8 1 500 22 2.6 48 000
Figure 3. Étape du traitement pour le modèle câble. S. DUPIRE 2014
Pour chaque pixel de route forestière, le modèle trace une ligne, de longueur égale à la longueur maximale du câble porteur, dans toutes les directions avec un pas de 1 degré (soient 360 lignes par pixel). Deux critères permettent de tester la faisabilité technique de chaque ligne : 1. la hauteur du câble porteur doit être suffisante pour permettre à la charge de circuler (seuil par défaut de 4 m) mais elle ne doit pas être trop élevée pour éviter des temps de pêchage des bois trop long (seuil par défaut de 30 m), 2. la tension du câble porteur ne doit pas excéder une tension maximale égale à la tension de rupture divisée par un coefficient de sécurité. L'optimisation du nombre et de l'emplacement des pylônes intermédiaires repose sur ces mêmes règles. Elle est réalisée en testant tout d'abord la configuration sans utiliser de support intermédiaire. Si les critères ne sont pas remplis, le modèle teste tour à tour avec un seul support puis deux, et ceci jusqu'à utiliser le nombre maximum de supports intermédiaires fixé par l'utilisateur. Si ce maximum
8 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts.
vue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126 est atteint, la ligne est raccourcie jusqu'à remplir les règles définies ci-dessus. La ligne optimisée est validée si sa longueur est supérieure à une longueur minimale définie par l'utilisateur. Les caractéristiques techniques et forestières (surface de forêt, volume de bois, etc.) de chaque ligne validée sont alors sauvegardées dans une base de données. Les résultats bruts du traitement se présentent sous la forme d'une base de données regroupant toutes les lignes techniquement réalisables et d'un raster représentant l'ensemble de la zone accessible par câble. 2.3 Langage de programmation et logiciels nécessaires
La politique de diffusion de Sylvaccess est de rendre le modèle disponible au plus grand nombre d'utilisateur. De ce fait, pour éviter toute dépendance logicielle, le modèle est développé dans le langage libre Python 2.7. Il utilise les librairies scientifiques Numpy et Scipy ainsi que la librairie GDAL pour la gestion des données SIG. Une interface graphique a été ajoutée pour faciliter le paramétrage et l'exécution. Des valeurs par défaut pour chaque mode de débardage sont proposées mais peuvent être modifiées par l'utilisateur. Aucune visualisation directe des résultats n'est pour l'instant proposée. Tout comme la préparation des données spatiales en entrée, l'affichage des résultats se fait donc directement à partir d'un SIG classique.
3 RÉSULTATS
Deux zones d'études distinctes sont décrites ci-après pour illustrer les résultats. La première zone, d'une superficie totale de 540 ha (dont 450 ha de forêt), est située dans le massif du Beaufortain en Savoie (45° 41' 48 N, 6° 35' 25 E). Les sorties des modèles débusqueur et câble y sont présentées. La seconde zone (Dupire et al 2015) s'étend sur une superficie totale de 30 000 ha (dont 20 900 ha de forêt) dans le nord de la Haute-Loire en Auvergne (45° 19′ 20′′ N, 3° 41′ 51′′ E). Une carte des modes de débardage établie à partir des sorties du modèle est présentée. Pour ces zones, les couches forêt et les couches de desserte sont issues de la BD TOPO® de l'IGN. La desserte a cependant été mise à jour et complétée par digitalisation manuelle. 3.1 Exemple dans le massif du Beaufortain (Savoie)
Le MNT utilisé sur cette zone est issu de données Lidar à une résolution de 1 m acquises lors d'un projet de recherche. Cette zone, très pentue (pente moyenne de 60 %), illustre bien la problématique
9 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126 alpine. Seuls les résultats des modèles débusqueur et câble sont présentés ici, le porteur n'étant pas adapté à ce type de terrain.
Figure 4. Modélisation de l'accessibilité pour le débusqueur. S. DUPIRE 2014
La figure 4 est une carte de la distance totale de débardage (incluant débusquage et trainage) pour le débusqueur. L'essentiel de la zone accessible se situe à proximité immédiate de la desserte et représente une surface de 175 ha. Le versant nord, dépourvu de desserte car trop pentu, est ainsi totalement inaccessible par ce mode de débardage. La figure 5 présente les résultats pour un câble mât sur remorque disposant d'un câble porteur d'une longueur de 750 m maximum. Ce type de matériel est utilisé par plusieurs câblistes du secteur. Sur les 980 280 lignes de câble testées, un peu plus du quart ont été validées par le modèle. La zone accessible par câble représente 260 ha. Lorsque les critères IPC et longueur sont définis pour sélectionner les meilleures lignes, le modèle ne garde finalement que 101 lignes. Cette sélection permettrait de traiter 170 ha (65% de la surface forestière accessible par câble) pour une récolte totale de bois d'environ 14 000 m3 (estimation avec un taux de prélèvement de 25 % du volume sur pied calculé par Lidar). 10 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
Figure 5. Modélisation de l'accessibilité pour le câble. S. DUPIRE
2014
Une ligne validée est techniquement possible, une ligne gardée a été sélectionnée par le modèle selon les critères définis par l'utilisateur. 3.2 Exemple d'un traitement à grande échelle en Auvergne
Le MNT utilisé sur cette zone est issu de données Lidar à une résolution de 5 m fourni par le centre régional auvergnat de l'information géographique (CRAIG). La topographie sur cette zone est beaucoup moins accidentée que sur la précédente (pente moyenne de 17 %). Tous les modes d'exploitations ont ainsi pu être testés. La zone accessible par débusqueur représente environ 18 600 ha dont 90 % avec une distance de débardage inférieure à 500 m. Celle accessible par porteur atteint 10 700 ha dont 85 % avec une distance de débardage inférieure à 500 m. Le câble mât sur tracteur (longueur maximale de ligne : 500 m) permet d'accéder à 8 600 ha. Les forêts accessibles avec un câble mât sur remorque (longueur maximale de ligne : 750 m) représentent 13 800 ha. Plusieurs modes de débardage peuvent parfois être envisagés sur la même zone. À partir des résultats du modèle, l'utilisateur peut appliquer une règle pour sélectionner le meilleur mode de débardage sur l'ensemble du territoire. La figure 6 présente une carte des modes de débardage préférentiels pour le territoire concerné en fonction de la chaîne de sélection suivante visant à minimiser le coût global du débardage sur le territoire: 1. S
élection
des
zones
accessibles au
porteur
avec
une
distance
de
débardage inférieure
à 500 m 2.
Sélection des
zones
accessibles au débusqueur
avec
une
distance
de débar
dage
inférieure à
500 m et
n'étant pas déjà sélectionnées précédemment
3. Sélection des meilleures
ligne
s de câble sur les zones
non
accessibles
par
le
porteur et
le
débusqueur
4. Ajout des zones accessibles au débusqueur avec débardage de plus de 500 m sur les zones apparaissant comme inaccessibles après les trois étapes précédentes. 11 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126
Figure 6. Carte des modes
de dé
bardage (Zone « La Chaise-Dieu », Haute-Loire). S.
DUPIRE 2014
Les modes de débardage traditionnels (porteur et débusqueur) représentent sans surprise la majorité de la zone accessible. Le débardage par câble, actuellement inexistant sur la zone, peut pourtant s'avérer prometteur. En effet, 325 lignes de câble potentielles ressortent de l'analyse. Elles permettraient d'exploiter environ 35 000 m3 de bois (estimation avec un taux de prélèvement de 25 % du volume sur pied calculé par Lidar). 4 DISCUSSION 4.1 Influence de la qualité et de l'exhaustivité de l'information spatiale en entrée
La qualité des résultats du modèle Sylvaccess dépend fortement de la qualité de l'information spatiale fournie en entrée. La précision et la résolution du MNT est ainsi de première importance. L'influence de la résolution a été évaluée sur une troisième zone située au nord du massif du Vercors en Isère (45° 10' 14 N, 5° 32' 35 E). Les résultats obtenus avec un MNT issu de données Lidar à une résolution de 1 m sont pris comme référence. Ces résultats ont été comparés avec ceux obtenus avec le même MNT mais dégradé aux résolutions de 5, 10 et 25 m (tableau 3). Les critères d'évaluation choisis varient en fonction du système de débardage : les distances de débusquage et de trainage pour le débusqueur et le porteur, la longueur des lignes ainsi que le nombre et l'emplacement des pylônes intermédiaires pour le câble. Les résultats observés varient peu jusqu'à 5 m de résolution mais ils divergent de plus en plus au-delà, et ce quel que soit le modèle utilisé. Pour les modèles porteur et débusqueur cette augmentation de l'erreur s'explique d'une part par une dégradation de l'information sur les pentes et d'autre part par la variation des distances de trainage sur piste. En effet, plus la taille du pixel augmente, plus le tracé de la piste s'éloigne du tracé réel et plus le calcul des pentes est lissé. Une piste ou une route forestière d'une largeur moyenne de 3 à 4 m, est ainsi mieux représentée par un pixel de 5 m que par un pixel de 25 m.
12 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilit
Tableau 3. Influence de la qualité du MNT sur les résultats du modèle
L'erreur affichée est égale à 1 - (valeur de la variable indicatrice avec le MNT testé)/(valeur de variable indicatrice observée avec le MNT de référence issue de donnée Lidar à 1m). Le signe (-) signifie que l'erreur a tendance à sous-estimer l'indicateur, si rien n'est précisé l'erreur peut aller dans les deux sens. Pour les modèles débusqueur et porteur il s'agit de l'erreur moyenne sur l'ensemble des pixels de la zone d'étude (5 000 ha). MNT (source) Résolution (m) Lidar Lidar Lidar BDALTI IGN BDALTI IGN 5 10 25 5 25 * * * * Modèle débusqueur Modèle porteur Distance de débardage 2% 7 % (-) 15 % (-) 10 % 18 % Distance de débardage 2% 8 % (-) 14 % (-) 9% 19 % Modèle câble Longueur de ligne 6% 8% 13 % 15 % 20 % Nombre de supports nécessaires 3% 11 % 21 % 30% 30 % Emplacement des supports 4% 14 % 30 % 35 % 40 %
* : MNT re-échantillonné par la méthode bilinéaire Par conséquent, les éventuels virages serrés ou en épingle à
chev
eux sur les
routes
et
piste
s sont de plus en plus mal représent
és quand la taille du pixel augmente.
Pour
le modèle câble cette divergence s'explique par le lissage de la microtopographie qui s'accentue quand la taille du pixel augmente. Ceci influence fortement le nombre et l'emplacement des supports intermédiaires et donc la faisabilité des lignes de câble. Une résolution de 5 m semble donc être le meilleur compromis entre qualité des résultats et volume de la donnée. L'utilisation de la BD ALTI® de l'IGN (résolution de 25 m) n'est cependant pas totalement à exclure, excepté pour le modèle câble où les résultats ne seront pas du tout représentatifs de la réalité. Pour les autres modèles, elle peut être utilisée en passant la résolution de 25 m à 5 m afin de limiter l'erreur due à la mauvaise représentation de la desserte forestière. Ce changement de résolution ne modifiera cependant pas l'information sur les pentes. Outre la qualité et la résolution du MNT, l'exhaustivité des données vectorielles (desserte, forêt et obstacles) est aussi importante. Cette raison a ainsi conduit à rajouter la couche d'obstacles partiels pour le modèle débusqueur. En , sur la zone située dans le Vercors, le modèle affichait une partie de la surface comme accessible alors qu'en réalité elle ne l'était pas. Ceci était essentiellement dû à la présence de lapiaz recouvrant une partie du territoire, formant ainsi une rugosité au sol importante interdisant le parcours des parcelles au débusqueur. Dans la pratique la zone est ainsi seulement exploitée à proximité de la desserte même si la pente est faible. Le même phénomène peut se produire avec des engins traversant des autoroutes ou des rivières si elles n'apparaissent pas comme obstacles. 4.2 Préparation des données d'entrée et temps de calcul
La préparation des données spatiales en entrée doit faire l'objet d'une attention particulière. L'utilisateur doit tout d'abord veiller à ce que toutes les couches soient dans le même système de coordonnées géographiques. La préparation de la couche desserte est probablement la phase la plus chronophage. L'IGN mène actuellement un projet de base de données nationale sur la desserte forestière (communication 29 mars 13 Dupire, S., Bourrier, F., Monnet, J.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126 2013), mais actuellement l'information est soit inexistante, soit dispersée chez les différents acteurs de la filière bois (ONF, coopératives) et de qualité inégale (précision, exhaustivité). Certains territoires, comme la région Alsace, ont fait l'objet de la constitution d'une base de données centralisée, cependant dans la plupart des cas, le travail de consolidation reste considérable. En l'absence de bases de données existantes ou de relevés de terrain, la digitalisation à partir de données aériennes (orthophoto, MNT lidar si disponible) permet de compléter, vérifier et modifier la couche desserte de la BD TOPO® de l'IGN au prix d'un important temps opérateur. À titre d'exemple, pour la zone en Auvergne présentée dans la figure 6, le travail de préparation et de vérification de la desserte a duré une trentaine d'heures (compter environ 1h pour 1 000 ha). De plus, si l'utilisateur est totalement étranger au territoire, une phase de validation avec les opérateurs de terrain est obligatoire. Une fois les données préparées, le temps de calcul dépend du système de débardage modélisé, de la surface traitée la densité de desserte. À titre d'exemple la zone située en Auvergne (figure 6) est caractérisée par une surface totale de 30 000 ha, 785 km de piste forestière et 660 km de route forestière. Les temps d'exécution avec une résolution de 5 m ont été de 20 min pour le débusqueur, 10 min pour le porteur, 25 h pour le câble mât sur tracteur agricole, 38 h pour le câble mât sur remorque et 5 min pour la sélection des meilleures lignes de câble. Alors que l'exécution des modèles débusqueur et porteur est rapide, le temps nécessaire au modèle câble est non négligeable. 4.3 Des applications concrètes pour l'aménagement et la planification forestière
Le modèle Sylvaccess est un outil de diagnostic et d'aide à la décision utile pour le gestionnaire forestier et le décideur public. Plusieurs applications ont été testées en plus de la seule possibilité d'identifier les forêts accessibles avec les principaux modes de débardages. Le modèle a ainsi servi à plusieurs reprises à comparer différentes alternatives lors de projets de desserte (dans les massifs du Vercors et du Jura). En pratique, cette comparaison est réalisée en effectuant une modélisation pour chaque alternative ce qui permet de quantifier l'amélioration de l'accessibilité (surface supplémentaire accessible, volume exploitable) au regard des investissements envisagés en desserte. Comme présenté dans la figure 6, il est par ailleurs possible de synthétiser les résultats avec une carte des modes d'exploitations. Cette carte peut servir de base à l'aménagiste et au gestionnaire pour la planification des coupes et la sylviculture à mener qui seront de natures différentes en fonction du mode d'exploitation choisi. Cette analyse chiffrée des surfaces, voire des volumes concernées par les différents systèmes de débardage est aussi intéressante pour encourager l'installation de nouvelles entreprises de travaux forestiers et notamment des câblistes. Le modèle permet notamment d'identifier le type de matériel le mieux adapté à une zone pour optimiser les futurs investissements ainsi que les systèmes de subventions publiques. Sylvaccess s'avère également utile pour proposer une planification opérationnelle des coupes à câble garantissant à court et moyen terme du travail pour les entreprises. Enfin, les sorties du modèle sont suffisamment détaillées pour estimer les coûts de débardage comme par exemple avec le logiciel suisse Hepromo (Erni et al. 2003) ou avec des grilles tarifaires plus
.M., Berger, F. 2015. Sylvaccess : un modèle pour cartographier automatiquement l'accessibilité des forêts. Revue Forestière Française, vol. 70, no2, pp. 111-126 simples. Lorsqu'une cartographie des volumes sur pied est disponible il devient possible de réaliser une étude spatialisée de la ressource forestière incluant un volet économique, par exemple en vue de projets d'implantation de sites consommateurs de bois. 4.4 Perspectives d'évolution
L'objectif premier du modèle est de cartographie automatiquement l'accessibilité technique des peuplements forestiers. À ce titre, seules les contraintes techniques liées au matériel et à la topographie sont prises en compte. Les contraintes liées à la propriété et au volume unitaire du bois à débarder sont cependant des données importantes pour la réflexion sur le système d'exploitation à utiliser. Les données Lidar permettent par exemple de modéliser la distribution des diamètres, ou les essences, mais pour passer à la distribution des arbres martelés, il faut au préalable modéliser la gestion, ce qui est difficile à faire à vaste échelle. La décision du gestionnaire lors de la coupe nécessite une visite sur le terrain, qui lui permettra de décider de la sylviculture à appliquer en fonction de la configuration locale. Si une couche spatialisée des volumes unitaires des bois à débarder est disponible, il est tout à fait envisageable de l'intégrer lors de la sélection automatique des meilleurs systèmes d'exploitation. La prise en compte de la propriété pourrait faire l'objet d'un développement additionnel du modèle Sylvaccess. Cela supposerait cependant de disposer d'un parcellaire précis avec une information permettant d'identifier les parcelles appartenant à différents propriétaires (un identifiant pour chaque propriétaire par exemple). Pour chacun des modes de débardages ont pourraient par exemple vérifier si le propriétaire change lorsqu'on change de parcelle plutôt qu'autoriser l'accès sans contrainte comme c'est le cas actuellement. Pour l'heure, le croisement des sorties actuelles du modèle avec le parcellaire ainsi que la connaissance des forestiers locaux peuvent permettre d'identifier des zones techniquement accessibles mais où aucun bois ne sort actuellement. Ces zones peuvent alors faire l'objet d'une animation appropriée auprès des propriétaires forestiers améliorer la mobilisation des bois. 4.5 Conditions de déploiement
Le modèle Sylvaccess est téléchargeable à l'adresse suivante : https://sourcesup.renater.fr/projects/sylvaccess/. Il est régi par la licence CeCILL soumise au droit français et respectant les principes de diffusion des logiciels libres. N'importe quel gestionnaire forestier, privé ou public, pourra ainsi l'utiliser gratuitement pour ses propres besoins. Un système de retours d'expérience et de reports de bug sera par ailleurs mis en place pour assurer la maintenance et l'amélioration de l'outil dans le temps. REMERCIEMENTS Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet Interreg Newfor n° 2-3-2-FR, financé par le programme européen sur l'Arc Alpin. www.newfor.net.
| 5,146
|
82aa8a7c1f58b27d4158750788be74a6_18
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,017
|
Exposition annuelle moyenne de la population aux PM2.5, 1990 et 2015
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,305
| 14,154
|
L’amygdalectomie est un des actes chirurgicaux les plus
fréquemment pratiqués chez les enfants, habituellement pour
ceux souffrant d’infections répétées ou chroniques des
amygdales, ou de difficultés respiratoires ou d’apnée
obstructive du sommeil dues à la grosseur de ces glandes. Bien
que cette opération s’effectue sous anesthésie générale, elle se
pratique maintenant principalement en chirurgie de jour dans
plusieurs pays, les enfants retournant chez eux le jour même
(graphique 9.23). Cependant, le pourcentage d’opérations en
ambulatoire n’est pas encore aussi élevé que pour la cataracte,
188
avec une moyenne de 34 % dans la zone OCDE et un maximum
de 86 % en Finlande. De nombreux pays sont toujours en
retard, mais montrent des signes de rattrapage. Cette forte
variabilité de la proportion de la chirurgie de jour peut refléter
une perception différente des risques de complications
postopératoires, ou simplement une tradition clinique
consistant à garder les enfants au moins une nuit à l’hôpital
après l’opération.
Les incitations financières peuvent avoir une incidence sur le
nombre de chirurgies mineures effectuées en chirurgie de jour.
En Hongrie, les plafonds budgétaires pour la chirurgie de jour
ont découragé financièrement cette pratique. Une mesure
récente visant à supprimer ce plafond budgétaire devrait
augmenter les taux de chirurgies de jour en ce qui concerne les
opérations de la cataracte et autres chirurgies mineures. Au
Danemark et en France, les groupes homogènes de malades
(GHM) ont été adaptés en vue d’inciter à la chirurgie de jour. Au
Royaume-Uni, une incitation financière d’environ 300 GBP par
opération est attr ibuée pour certaines interventions
chirurgicales si le patient est pris en charge dans le cadre d’une
chirurgie de jour (OCDE, 2017).
Définition et comparabilité
L’opération de la cataracte consiste à extraire de l’œil le
cristallin du fait d’une opacification partielle ou
complète de ce dernier et à le remplacer par un cristallin
artificiel. Elle s’effectue principalement chez les
personnes âgées. L’amygdalectomie consiste à enlever
les amygdales, glandes situées au fond de la gorge. Elle
s’effectue principalement chez les enfants.
Pour plusieurs pays, les données n’incluent pas les
patients ambulatoires en milieu hospitalier ou hors
milieu hospitalier (c’est-à-dire les patients non
officiellement admis puis sortis), d’où une sousestimation. En Irlande, au Mexique, en Nouvelle-Zélande
et au Royaume-Uni, les données ne prennent en compte
que les opérations de la cataracte pratiquées dans les
hôpitaux publics ou financés sur des fonds publics (on
estime que les hôpitaux privés contribuent à hauteur de
15 % environ à l’activité hospitalière en Irlande). Les
données pour le Portugal ne concernent que les hôpitaux
publics sur le continent. Celles pour l’Espagne n’incluent
que partiellement les activités des hôpitaux privés.
Références
OCDE (2017), Tackling Wasteful Spending on Health, Éditions
OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264266414-en.
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
9. SERVICES DE SANTÉ
Chirurgie ambulatoire
Graphique 9.22. Opérations de la cataracte effectuées en chirurgie de jour, 2000 et 2015 (ou année la plus proche)
2000
%
2015
99.8 99.1 98.7 98.7 98.6 98.6
98.2 98.2 97.8 96.7 96.7
96.6 96.6 96.2 95.6 95.4
94.2 93.1 92.7
100
90.4
86.8
81.8
80
79.2
74.9
63.8 57.2
60
54.3 53.3
40
34.6
20
n
ne ie
m
a
Fi rk
nl
an
Pa de
Ro y sya B a
um s
eU
E s ni
pa
gn
e
Su
è
Sl d e
ov
én
ie
It a
l
Po ie
r tu
Ré
pu
Au gal
bl
iq s tr
ue al
tc ie
hè
qu
No
u v N or e
ell
vè
g
eZé e
la
nd
Be e
lg
iq
u
Ir l e
an
de
Is
ra
ël
Co
ré
e
Fr
an
c
OC e
D
Al E2
8
le
m
Lu
a
xe gn e
m
bo
u
Au rg
Ré
tr i
c
pu
M he
bl
e
iq
u e x iq
slo ue
va
qu
Ho e
ng
r
Tu ie
rq
u
Po ie
lo
gn
e
to
Da
Es
Ca
na
da
0
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609834
Graphique 9.23. Amygdalectomies effectuées en chirurgie de jour, 2000 et 2015 (ou année la plus proche)
2000
%
100
2015
86.3
80
73.6
73.5
70.8
67.9
63.3
60
55.6
53.0
47.8
49.8
42.8
37.9
40
34.1
30.6
30.4
24.2
18.3
10.7
8.8
6.6
5.9
3.7
3.7
0.0
0.0
e
21.0
rie
20
0.1
Ho
ng
ie
ch
én
tr i
Au
de
an
Sl
le
ov
Ir l
e
ne
ag
m
g
gn
Po
lo
Al
e
ur
ré
bo
Co
m
Lu
xe
ie
li e
Au
st
ra
ël
qu
Tu
r
ce
ra
Is
li e
an
It a
Fr
ne
m
e - ar k
Zé
la
nd
Es e
to
n
OC ie
DE
2
Es 6
pa
gn
e
uv
ell
i
ue
No
M
Da
ex
iq
l
Un
e-
um
e
ga
r tu
Po
Ro
ya
as
èg
rv
No
ue
Pa
ys
-B
e
iq
èd
lg
Be
da
Su
na
Ca
Fi
nl
an
de
0
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609853
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
189
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Dépenses pharmaceutiques
Pharmaciens et pharmacies
Consommation de produits pharmaceutiques
Part du marché des génériques
Recherche et développement dans le secteur pharmaceutique
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités
israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des
hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie
aux termes du droit international.
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
191
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Dépenses pharmaceutiques
Les produits pharmaceutiques jouent un rôle essentiel dans le
système de santé. Les responsables publics doivent établir un
juste équilibre entre l’accès aux nouveaux médicaments et les
incitations proposées aux professionnels du secteur, tout en
reconnaissant les limites des budgets de santé. Après les soins
hospitaliers et les soins ambulatoires, les produits
pharmaceutiques représentent le troisième poste de dépenses
de santé le plus important : ils constituaient en moyenne plus
d’un sixième (16 %) du total de ces dépenses en 2015 dans les
pays de l’OCDE (sans compter les dépenses en produits
pharmaceutiques dans les hôpitaux).
La réduction a été particulièrement marquée dans les pays
européens qui ont été frappés par la crise économique et
financière, comme la Grèce (-6.5 %), le Portugal (-5.9 %) et
l’Irlande (-4.4 %). Face à des budgets publics de plus en plus
tendus, de nombreux gouvernements ont fait de la réduction
des dépenses en produits pharmaceutiques une priorité pour
contenir les dépenses publiques. Parmi ces mesures figurent le
déremboursement de certains produits et l’introduction ou
l’augmentation de la redevance payée par les patients pour les
médicaments sur ordonnance vendus en pharmacie (Belloni
et al., 2016).
Tout comme les autres postes de soins de santé, les dépenses
en produits pharmaceutiques sont largement financées par
l’État ou par les régimes d’assurance obligatoires
(graphique 10.1). Dans les pays de l’OCDE, ces régimes
couvrent en moyenne environ 57 % de l’ensemble des
dépenses pharmaceutiques de détail, les patients eux-mêmes
(39 %) et les assurances privées souscrites à titre volontaire
(4 %) finançant le reste. C’est en Allemagne et au Luxembourg
que la couverture est la plus généreuse puisque l’État et les
régimes d’assurance obligatoires prennent en charge 80 % ou
plus de l’ensemble des frais pharmaceutiques. Dans huit pays
de l’OCDE, les régimes publics ou obligatoires couvrent moins
de la moitié des sommes dépensées en médicaments. C’est le
cas en Pologne (34 %), en Lettonie (35 %), au Canada et aux
États-Unis (36 % dans les deux cas). Dans ces pays, l’assurance
privée volontaire ou les dépenses à la charge du patient jouent
un rôle beaucoup plus important dans le financement des
produits pharmaceutiques.
Plus récemment, plusieurs pays, dont l’Allemagne, la Suisse, la
Belgique et les États-Unis ont vu les dépenses en produits
pharmaceutiques repartir à la hausse, en partie en raison de
fortes augmentations des dépenses pour certains
médicaments coûteux tels que les traitements contre
l’hépatite C ou le cancer.
Le total de la facture pharmaceutique de détail dans les pays de
l’OCDE s’est élevé à plus de 800 milliards USD en 2015.
Toutefois, les dépenses en produits pharmaceutiques par
habitant varient fortement entre les pays, du fait des
différences de volume, d’habitudes de consommation et de
prix de ces produits, ainsi que de l’utilisation des médicaments
génériques (graphique 10.2). Par habitant, les États-Unis
dépensent beaucoup plus en produits pharmaceutiques que
tout autre pays de l’OCDE (1 162 USD), et plus du double de la
moyenne de l’OCDE. La Suisse (982 USD) et le Japon (798 USD)
dépensent aussi considérablement plus en médicaments par
habitant que les autres pays de l’OCDE. À l’opposé, le
Danemark (240 USD), Israël (313 USD) et l’Estonie (326 USD)
affichent des niveaux de dépense relativement bas.
Environ 80 % du total des dépenses pharmaceutiques de détail
concernent les médicaments sur ordonnance, le reste
c orre s pondant aux médic am ents en vente libre. Le s
médicaments en vente libre s’achètent sans ordonnance et les
patients en paient en général intégralement le coût. La part des
médicaments en vente libre est particulièrement élevée en
Pologne, représentant la moitié des dépenses en produits
pharmaceutiques, mais aussi en Espagne (34 %) et en Australie
(31 %).
La croissance annuelle moyenne des dépenses
pharmaceutiques au cours de la période 2009-15 a été bien
in férie ure à c elle des année s ayant préc édé la crise
(graphique 10.3). Entre 2009 et 2015, les dépenses en produits
pharmaceutiques ont reculé de 0.5 % par an en moyenne dans
l’OCDE, principalement du fait de réductions des dépenses de
l’État ou des régimes obligatoires et des expirations de brevet
de certains produits dits « blockbusters », tandis qu’elles
ont augmenté de 2.3 % par an sur la période 2003-09.
192
Définition et comparabilité
Les dépenses pharmaceutiques sont celles consacrées
aux médicaments sur ordonnance et à l’automédication
(produits en vente libre). Dans certains pays, d’autres
biens médicaux non durables y sont aussi inclus. Ces
dépenses couvrent aussi la rémunération des
pharmaciens quand celle-ci est séparée du prix des
médicaments. La dépense finale au titre des produits
pharmaceutiques inclut les marges des grossistes et des
détaillants et la taxe sur la valeur ajoutée. Dans la plupart
des pays, les dépenses pharmaceutiques totales sont
« nettes », c’est-à-dire qu’elles prennent en compte les
ristournes éventuelles que les laboratoires
pharmaceutiques, les grossistes ou les pharmacies
peuvent avoir à consentir.
Les produits pharmaceutiques consommés dans les
hôpitaux et d’autres structures de soins de santé dans le
cadre de traitements avec hospitalisation ou en
ambulatoire sont exclus (les données disponibles
semblent indiquer que leur inclusion renchérirait les
dépenses pharmaceutiques de 10-20 %). On observe des
problèmes de comparabilité en matière d’administration
et de mise à disposition des produits pharmaceutiques
aux patients ambulatoires dans les hôpitaux. Dans
certains pays, les coûts sont inclus dans la catégorie des
soins curatifs tandis que dans d’autres ils figurent dans
celle des produits pharmaceutiques.
Les dépenses pharmaceutiques par habitant sont
ajustées pour tenir compte des différences de pouvoir
d’achat.
Références
Belloni, A., D. Morgan et V. Paris (2016), « Pharmaceutical
e x p e n d i t u r e a n d p o l i c i e s : Pa s t t r e n d s a n d f u t u re
challenges », Documents de travail de l’OCDE sur la santé,
n° 87, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/
5jm0q1f4cdq7-en.
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Dépenses pharmaceutiques
Graphique 10.1. Dépenses en produits pharmaceutiques au détail¹ par type de financement, 2015 (ou année la plus proche)
%
100
13
16
25
7
80
Assurance maladie publique ou obligatoire
Assurance maladie volontaire
Reste à charge des ménages
Autres
17
27
29
31
31
33
34
12
1
1
24
38
41
41
39
42
40
44
4
84
80
75
72
71
71
69
47
48
45
49
48
68
67
65
62
59
59
58
57
55
1
55
4
1
55
52
20
33
34
31
36
36
58
26
5
29
51
51
1
60
40
44
6
52
51
51
51
50
48
44
38
65
66
35
34
Al
le
Lu ma
xe gn
m e
bo
ur
Ir l g
an
de
Ré
Ja
pu
po
bl
iq
F n
ue r an
slo c e
va
q
Be ue
lg
iq
A u
Ro u t r e
ya ich
um e
eP a Un
ys i
Ré
-B
pu
as
bl
iq
I
ue t al
tc ie
hè
q
Es ue
pa
g
No ne
rv
è
OC ge
DE
Fi 30
nl
an
d
Su e
is
Po s e
r tu
ga
Gr l
èc
e
Co
ré
Es e
to
ni
e
Su
èd
Ho e
ng
Sl r i e
ov
é
A u ni e
st
Da r ali
ne e
m
a
Is r k
la
Ét nd
at
s- e
Un
C a is
na
Le da
t to
Po ni e
lo
gn
e
0
Note : La catégorie « Autres » comprend les financements assurés par les régimes à but non lucratif, les entreprises et le reste du monde.
1. Produits médicaux non-durables inclus.
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609872
Graphique 10.2. Dépenses en produits pharmaceutiques au détail par habitant, 2015 (ou année la plus proche)
Médicaments avec ordonnance
Médicaments sans ordonnance
Total (sans décomposition)
1 162
USD PPA
1 400
282
313
352
326
387
369
401
413
400
404
417
479
480
497
484
509
525
535
550
553
553
572
601
600
617
621
637
684
756
766
798
800
663
982
1 200
1 000
200
Ét
at
s-
Un
i
Su s
is
se
J
A l apo
le
m n
ag
n
Ca e
na
Ir l d a
an
Be de¹
lg
iq
u
Fr e
an
Au ce
tr i
Au che
st
ra
li e
Ré
It a
pu
li e
bl
¹
iq
u e Gr è
slo ce¹
va
q
OC ue
DE
Es 31
pa
g
H ne
Lu on
g
xe
m rie
bo
ur
g
Ro
ya Co
um r é e
eU
F i n i¹
nl
an
Sl de
ov
én
i
Su e
Pa èd
ys e
Ré
-B
pu
as
P
o
bl
iq r tu ¹
ue ga
t c l¹
hè
q
No ue
rv
èg
Is e
la
nd
Le e
t to
Po ni e
lo
g
Es ne
to
ni
Is e
r
Da aë
n e l¹
m
ar
k
0
1. Produits médicaux non-durables inclus (d’où une surestimation d’environ 5-10 %).
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609891
Graphique 10.3. Croissance annuelle moyenne des dépenses en produits pharmaceutiques¹ par habitant, en termes réels,
2003-09 et 2009-15 (ou période la plus proche)
4.2
3.1
3.8
3.8
2.1
2.0
-2.2
-0.4
2.5
1.8
1.5
1.9
0.6
2.0
0.7
0.7
0.7
2.5
0.7
0.7
0.4
2.5
3.9
-0.1
-0.1
-0.2
-0.5
-0.6
-0.6
-0.7
0.4
0.9
0.0
2.2
3.1
2.3
2.1
0.0
-0.8
-0.9
-1.0
1.0
2.0
2.5
1.1
-1.3
-1.5
-2.2
-0.3
-1.7
-2.8
0.1
0.7
-3.9
-4.4
-5.9
0.5
0.8
2.7
6.3
7.0
11.0
r tu
Po
Gr
èc
e
ga
Ir l l
an
d
Is e
la
Pa nde
ys
Da -B a
n
Ré
em s
pu
a
bl M e r k
iq
ue x iq
tc ue
hè
q
Ho ue
ng
r
Fr i e
an
Sl c e
ov
é
F i ni e
Ré
nl
L
pu u x a n
bl em d e
iq
ue bo
s l o ur g
va
B e qu e
lg
iq
OC ue
DE
3
Ca 1
na
Es da
pa
g
Po ne
lo
gn
Su e
èd
e
Is
r
Au aël
s
A l tr al
le ie
m
ag
ne
It a
A u li e
t
Ét r i c h
at
s- e
Un
Es is
to
ni
Su e
is
No se
rv
èg
e
Co
ré
e
Ja
p
L e on
t to
ni
e
-6.5
2009-15
6.4
2003-09
%
12
10
8
6
4
2
0
-2
-4
-6
-8
1. Produits médicaux non-durables inclus.
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609910
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
193
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Pharmaciens et pharmacies
Les pharmaciens sont des professionnels de la santé formés
qui gèrent la distribution des médicaments aux
consommateurs/patients et qui contribuent à s’assurer de leur
utilisation sûre et efficace. Ces dernières années, le rôle des
pharmaciens a changé. Si leur fonction principale reste de
dispenser des médicaments dans des pharmacies de détail, ils
fournissent de plus en plus des soins directs aux patients (par
exemple, des vaccinations contre la grippe en Irlande et en
Nouvelle-Zélande, et une aide à l’observance des traitements
médicamenteux en Australie, au Japon, en Angleterre et en
Nouvelle-Zélande), aussi bien dans les pharmacies de ville que
dans le cadre d’équipes intégrées de prestataires de soins.
Entre 2000 et 2015, le nombre de pharmaciens a augmenté de
30 % dans les pays de l’OCDE. Le Japon a de loin la plus forte
densité de pharmaciens (le double de la moyenne de l’OCDE)
tandis que celle-ci est faible en Turquie, au Chili et aux Pays-Bas
(graphique 10.4). Entre 2000 et 2015, le nombre de pharmaciens
par habitant a augmenté dans presque tous les pays de l’OCDE,
à l’exception de la Suisse. Le Portugal, l’Espagne, la Slovénie et
la République slovaque ont enregistré la hausse la plus rapide.
Au Japon, la croissance du nombre de pharmaciens est dans
une grande mesure attribuable aux efforts menés par le
gouvernement pour séparer plus clairement la prescription de
médicaments par les médecins et leur distribution par les
pharmaciens (système Bungyo). Traditionnellement, au Japon,
la grande majorité des médicaments sur ordonnance étaient
dispensés directement par les médecins. Toutefois, ces
dernières décennies, le gouvernement japonais a pris
différentes mesures pour encourager la séparation entre la
prescription et la distribution.
La plupart des pharmaciens travaillent dans des pharmacies de
ville, mais certains sont aussi employés dans les hôpitaux,
l’industrie, la recherche et le monde universitaire (FIP, 2015). Au
Canada, par exemple, plus des trois quarts des pharmaciens en
exercice travaillaient dans une pharmacie de ville, tandis que
20 % étaient employés dans des hôpitaux ou d’autres
établissements de soins en 2012 (ICIS, 2015). Au Japon, environ
55 % des pharmaciens travaillaient dans des pharmacies de ville
en 2012, et environ 20 % étaient employés dans des hôpitaux ou
des cliniques, et dans d’autres environnements pour les 25 %
restants (Survey of Physicians, Dentists and Pharmacists 2014).
La variation du nombre de pharmacies de ville selon les pays
de l’OCDE (graphique 10.5) peut s’expliquer par les différents
canaux de délivrance des médicaments. Outre les pharmacies
de ville, les médicaments peuvent être distribués par les
pharmacies des hôpitaux (à la fois aux patients hospitalisés et
ambulatoires) ou fournis directement par les médecins dans
quelques pays. Par exemple, le nombre relativement faible de
pharmacies de ville aux Pays-Bas peut s’expliquer en partie par
le fait que les patients peuvent aussi acheter directement leurs
médicaments sur ordonnance auprès de certains médecins
194
(Vogler et al., 2012). Au Danemark, les pharmacies de ville sont
moins nombreuses mais elles sont souvent de grande taille,
avec des succursales et des unités complémentaires rattachées
à la pharmacie principale (Vogler et al., 2012).
La gamme des produits et services fournis par les pharmacies
varie d’un pays à l’autre. Dans la plupart des pays d’Europe, par
e x e m p l e, l e s p h a r m a c i e s p e u v e n t a u s s i v e n d r e d e s
cosmétiques, des compléments alimentaires, des appareils
médicaux et des produits homéopathiques. Dans quelques
pays, les pharmacies peuvent aussi vendre des lunettes de
lecture ou des jouets didactiques (Martins et al., 2015).
Définition et comparabilité
Les pharmaciens en exercice sont ceux qui sont autorisés à
exercer et qui fournissent des services directs aux clients
ou patients. Ils peuvent être salariés ou libéraux et
travailler dans des pharmacies de ville, des hôpitaux ou
d’autres cadres. Les aides-pharmaciens et autres
employés des pharmacies sont normalement exclus de
cette catégorie.
E n I r l a n d e, l e s c h i f f r e s c o m p r e n n e n t t o u s l e s
pharmaciens inscrits à la Pharmaceutical Society of Ireland,
et peuvent inclure des pharmaciens qui ne sont pas en
activité. Les aides-pharmaciens sont inclus en Islande.
Les pharmacies de ville sont les établissements qui,
conformément aux dispositions et définitions légales du
pays, sont autorisés à fournir des services de pharmacie
à l’échelon local. Le nombre indiqué de pharmacies de
ville correspond aux établissements où des médicaments
sont délivrés sous la supervision d’un pharmacien.
Références
ICIS – Institut canadien d’information sur la santé (2015), « Les
pharmaciennes et pharmaciens 2012 – Faits saillants
provinciaux et territoriaux », Ottawa, Canada.
FIP – Fédération internationale pharmaceutique (2015),
« Global Trends Shaping Pharmacy Regulatory Frameworks,
Distribution of Medicines and Professional Services. 20132015 ».
Martins, S.F. et al. (2015), « The Organizational Framework of
Community Pharmacies in Europe », International Journal of
Clinical Pharmany, 28 mai.
Vogler, S. et al. (2012), « Impact of Pharmacy Deregulation and
Regulation in European Countries », Vienne.
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Pharmaciens et pharmacies
Graphique 10.4. Pharmaciens en exercice, 2000 et 2015 (ou année la plus proche)
2000
2015
170
Pour 100 000 habitants
180
160
104
110
104
112
111
120
112
116
119
121
140
63
65
66
64
71
70
72
71
74
72
74
76
80
74
80
76
83
82
84
85
92
100
35
54
44
51
60
21
40
20
Ja
B e pon
lg
i
E s qu e
pa
gn
It a e
Fr lie¹
an
Is ce¹
la
n
Irl de¹
an
F i de ²
nl
an
C a de
na
da
¹
Ét Gr è
at ce
s- ¹
U
A u nis
st ¹
ra
Ro P o r l i e
ya tu
um g a
e- l
O C Un
No
D i
uv L E 3 4
el e t t
le o
-Z ni
él e
an
de
Su ¹
èd
Is e
No r aël
rv
Po ège
lo
g
Es ne
to
Ré
Ho ni e
pu
ng
bl
iq Au r i e
ue tr
s ic
Ré L lov he
pu u x aq
bl em ue¹
iq b
ue ou
tc rg
hè
qu
e
A l C or
le ée
m
a
Sl gn e
ov
én
S ie
Da ui s
ne se
m
ar
k
Ch
Tu ili²
r
P a qui e
ys ¹
-B
as
0
1. Les données concernent non seulement les pharmaciens qui fournissent des services directs aux patients, mais aussi ceux travaillant dans le
secteur de la santé en tant que chercheurs, pour des entreprises pharmaceutiques, etc.
2. Les données font référence à tous les pharmaciens habilités à exercer.
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609929
Graphique 10.5. Pharmacies de ville, 2015 (ou année la plus proche)
41.8
35.7
3.9
6.0
10
10.1
11.7
14.9
13.3
15.0
e
15
de
15.4
20
16.9
19.2
21.3
22.1
23.1
24.7
25
23.6
24.8
26
26.7
30
ne
29.9
31.5
35
28.0
37.5
40
34.0
45
43.9
45.0
47.2
Pour 100 000 habitants
50
5
Ét
ys
-B
as
at
s- ¹
Un
is¹
Is
r
Da aël
ne
m
ar
k
e¹
Su
èd
Pa
an
èg
Fi
nl
rv
Au
No
ch
tr i
e
g
e
ur
nd
bo
m
xe
Lu
i
se
la
Is
is
Su
um
e-
Un
li e
rie
ra
st
Au
Ro
ya
ng
Ho
DE
OC
m
le
Al
Ca
na
ag
da
l
ga
r tu
Po
ie
li e
It a
qu
Tu
r
e
ce
Fr
an
gn
lo
Po
e
de
ré
an
Ir l
Co
n
ue
iq
lg
Ja
po
Be
Es
pa
gn
e
0
1. Estimations.
Source : FIP (2015), « Global Trends Shaping Pharmacy Regulatory Frameworks, Distribution of Medicines and Professional Services. 2013-2015 ».
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609948
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
195
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Consommation de produits pharmaceutiques
De façon générale, la consommation de produits
pharmaceutiques continue d’augmenter, à la fois sous l’effet
de la demande croissante de médicaments destinés à traiter
les maladies liées à l’âge et les affections chroniques, et de
l’évolution de la pratique clinique. La présente section examine
la consommation de quatre catégories de produits pharmaceutiques : les antihypertenseurs, les hypocholestérolémiants,
les antidiabétiques et les antidépresseurs.
La consommation d’antihypertenseurs a presque doublé dans
les pays de l’OCDE entre 2000 et 2015. Elle a pratiquement
quadruplé au Luxembourg et en Estonie (graphique 10.6). Elle
atteint un maximum en Allemagne et en Hongrie, où elle est
presque cinq fois plus forte qu’en Corée ou en Turquie. Ces
variations reflètent des différences à la fois dans la prévalence
de l’hypertension et dans les pratiques cliniques.
L’utilisation d’hypocholestérolémiants a presque quadruplé
dans les pays de l’OCDE entre 2000 et 2015 (graphique 10.7). La
République slovaque, le Danemark et le Royaume-Uni
affichaient la plus forte consommation par personne en 2015.
Les niveaux de consommation de médicaments destinés à
faire baisser le cholestérol peuvent varier de un à huit d’un
pays de l’OCDE à l’autre.
L’utilisation d’antidiabétiques a presque doublé dans les pays
de l’OCDE entre 2000 et 2015 (graphique 10.8). Cette hausse
peut s’expliquer par la prévalence croissante du diabète, liée
en grande partie à l’augmentation de celle de l’obésité (voir les
indicateurs sur la surcharge pondérale et l’obésité dans le
chapitre 4), qui est un facteur de risque majeur pour le
développement du diabète de type 2. En 2015, la Finlande, la
République tchèque et la Grèce enregistraient les taux de
consommation d’antidiabétiques les plus élevés.
La consommation d’antidépresseurs a doublé dans les pays de
l’OCDE entre 2000 et 2015 (graphique 10.9). Cela pourrait
indiquer une meilleure reconnaissance de la dépression, une
disponibilité des thérapies, des recommandations pour la
pratique clinique et des changements dans les attitudes des
patients et des professionnels (Mars et al., 2017). Toutefois, la
consommation d’antidépresseurs est très variable d’un pays à
l ’ a u t re. E n 2 0 1 5 , l ’ I s l a n d e e n r eg i s t ra i t l e n ive a u d e
consommation le plus élevé (le double de la moyenne de
l’OCDE), suivie par l’Australie, le Portugal et le Royaume-Uni. La
Lettonie, la Corée et l’Estonie affichent un faible niveau de
consommation d’antidépresseurs.
Définition et comparabilité
La dose quotidienne définie (DQD) correspond à la dose
supposée moyenne de traitement par jour du
médicament utilisé dans son indication principale chez
l’adulte. Les DQD sont attribuées par un consensus
d’experts international à chaque principe actif dans une
catégorie thérapeutique donnée. Par exemple, la DQD de
l’aspirine orale est de 3 g, ce qui est la dose quotidienne
supposée pour traiter les douleurs chez l’adulte. Les DQD
ne reflètent pas nécessairement la dose quotidienne
moyenne effectivement utilisée dans un pays donné. Les
DQD peuvent être cumulées au sein et entre les
catégories thérapeutiques de la Classification
thérapeutique anatomique (ATC). Plus d’informations à
l’adresse : www.whocc.no/atcddd.
Le volume de la consommation de médicaments contre
l’hypertension présenté dans le graphique 10.6 correspond
à la somme de cinq catégories de l’ATC2 qui peuvent toutes
être prescrites à cet effet (antihypertenseurs, diurétiques,
bêtabloquants, inhibiteurs des canaux calciques et agents
agissant sur le système rénine-angiotensine).
Les données concernent généralement la consommation
uniquement en dehors de l’hôpital, à l’exception du Chili,
de la République tchèque, de l’Estonie, de la Finlande, de
la France, de l’Islande, de l’Italie, de la Corée, de la
Norvège, de la République slovaque et de la Suède, où les
chiffres couvrent aussi la consommation hospitalière.
Les données du Canada ne couvrent que trois provinces
(Colombie-Britannique, Manitoba et Saskatchewan). Les
données pour le Luxembourg et l’Espagne concernent la
consommation en dehors de l’hôpital pour les
médicaments sur ordonnance couverts par le système
national de santé (assurance publique). Les données du
Luxembourg sont sous-estimées en raison de la prise en
compte incomplète des produits contenant de multiples
ingrédients actifs.
Références
Belloni, A., D. Morgan et V. Paris (2016), « Pharmaceutical
E x pe n di tu re a n d Po l ic ie s : Pa s t Tre nd s a n d F u t u re
Challenges », Documents de travail de l’OCDE sur la santé,
n° 87, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/ 10.1787/
5jm0q1f4cdq7-en.
Grandfils, N. et C. Sermet (2009), « Evolution 1998-2002 of the
Antidepressant Consumption in France, Germany and the
United Kingdom », Document de travail IRDES, n° 21, Paris.
Mars, B. et al. (2017), “Influences on Antidepressant Prescribing
Trends in the UK: 1995-2011”, Social Psychiatry and Psychiatric
Epidemiology, vol. 52, n° 2, pp. 193-200.
OCDE (2014), Making Mental Health Count: The Social and Economic
Costs of Neglecting Mental Health Care, Éditions OCDE, Paris,
http://dx.doi.org/10.1787/9789264208445-en.
196
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Consommation de produits pharmaceutiques
Graphique 10.6. Consommation d’antihypertenseurs,
2000 et 2015 (ou année la plus proche)
2000
Turquie
Corée
Autriche
Lettonie
Israël
Luxembourg
Australie
Portugal
Chili
France
Islande
Norvège
Espagne
Grèce
Pays-Bas
Canada
OCDE28
Belgique
Estonie
Suède
Royaume-Uni
Danemark
Slovénie
République slovaque
Italie
Finlande
République tchèque
Hongrie
Allemagne
2015
2000
126.6
127.6
170.0
189.7
210.2
214.8
229.2
247.9
260.4
265.7
271.6
273.1
289.2
290.5
299.3
304.6
317.0
325.5
331.1
374.3
380.4
396.1
411.5
420.9
432.7
433.7
451.1
557.2
591.3
0
Graphique 10.7. Consommation d’hypocholestérolémiants,
2000 et 2015 (ou année la plus proche)
Turquie
Chili
Estonie
Corée
Lettonie
Autriche
Allemagne
Islande
France
Italie
Suède
OCDE28
Canada
Grèce
Finlande
Portugal
Hongrie
Espagne
Israël
Luxembourg
République tchèque
Slovénie
Pays-Bas
Norvège
Australie
Belgique
Royaume-Uni
Danemark
République slovaque
100
200
300
400
500
600
Dose quotidienne définie, pour 1 000 habitants par jour
2015
17.8
48.8
51.6
58.8
62.5
75.9
79.3
89.7
91.7
92.0
99.3
100.7
103.4
104.6
105.3
107.0
107.6
110.2
112.2
117.3
117.7
118.3
120.4
127.9
134.1
134.3
139.0
141.3
152.0
0
30
60
90
120
150
180
Dose quotidienne définie, pour 1 000 habitants par jour
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609967
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933609986
Graphique 10.8. Consommation d’antidiabétiques,
2000 et 2015 (ou année la plus proche)
Graphique 10.9. Consommation d’antidépresseurs,
2000 et 2015 (ou année la plus proche)
2000
Autriche
Lettonie
Islande
Norvège
Danemark
Australie
Canada
Suède
Estonie
Israël
Turquie
Corée
Luxembourg
France
OCDE28
Portugal
Belgique
Hongrie
Italie
Espagne
Chili
République slovaque
Pays-Bas
Slovénie
Allemagne
Royaume-Uni
Grèce
République tchèque
Finlande
2000
2015
38.0
43.8
46.1
51.4
53.8
57.5
58.3
58.7
59.6
59.6
60.7
61.7
65.2
65.7
66.5
67.3
68.1
69.9
70.9
72.9
74.0
75.2
75.6
76.1
82.6
84.7
86.2
88.1
90.1
0
20
40
60
80
100
Dose quotidienne définie, pour 1 000 habitants par jour
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933610005
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
Lettonie
Corée
Estonie
Hongrie
Chili
Turquie
République slovaque
Israël
Pays-Bas
Italie
Grèce
France
Luxembourg
République tchèque
Allemagne
Norvège
Slovénie
OCDE29
Autriche
Finlande
Nouvelle-Zélande
Espagne
Danemark
Belgique
Canada
Suède
Royaume-Uni
Portugal
Australie
Islande
2015
12.3
20.3
24.8
28.3
37.3
38.0
40.0
44.4
45.1
46.5
48.1
49.8
53.7
55.0
56.4
56.5
56.8
60.3
60.3
68.2
72.8
73.1
77.0
78.3
90.1
92.5
94.2
95.1
104.2
129.6
0
20
40
60
80
100
Dose quotidienne définie, pour 1 000 habitants par jour
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933610024
197
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Génériques et biosimilaires
Tous les pays de l’OCDE voient dans le développement du
marché des génériques une bonne occasion de renforcer
l’efficience des dépenses pharmaceutiques, mais beaucoup ne
tirent pas pleinement parti des possibilités offertes par les
génériques (graphique 10.10). Ces derniers ont représenté en
2015 plus des trois quarts du volume des produits
pharmaceutiques vendus aux États-Unis, au Chili, en
Allemagne, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, mais
moins d’un quart du marché au Luxembourg, en Italie, en
Suisse et en Grèce.
Les différences de consommation des génériques s’expliquent
en partie par la structure du marché, notamment par le
nombre de médicaments tombés dans le domaine public, et
par les pratiques de prescription, mais la consommation de
génériques dépend aussi des politiques nationales (EGA, 2011 ;
Vogler, 2012). Depuis le début de la crise économique en 2008,
plusieurs pays ont intensifié leur action en faveur de
l’utilisation des génériques.
Des incitations financières ont été mises en place à l’intention
des médecins, des pharmaciens et des patients pour stimuler le
développement du marché des génériques. La France a par
exemple pris des mesures (en 2009 et 2012) pour inciter les
médecins généralistes à prescrire des génériques par le biais
d’un dispositif de rémunération fondée sur la performance,
tandis qu’au Japon (en 2012) le versement de primes a
également contribué à une hausse de la part des génériques
dans les prescriptions totales. Les pharmacies sont souvent
rémunérées par des marges basées sur le prix des médicaments.
Certains pays se sont attaqués à cette mesure qui dissuade de
substituer par un générique un médicament plus coûteux. En
France, par exemple, une marge équivalente est garantie aux
pharmaciens, tandis qu’en Suisse le pharmacien reçoit, en cas
de substitution par un générique, une rémunération. Les
patients ont un intérêt financier à choisir des médicaments
moins chers quand la part restant à leur charge est plus faible
pour les génériques que pour leurs princeps. C’est généralement
le cas dans tous les systèmes qui appliquent des prix de
référence (ou un montant de remboursement fixe) pour les
groupes de produits. En Grèce, les patients qui choisissent le
princeps de préférence aux génériques doivent désormais
s’acquitter de la différence de prix.
Un biosimilaire est un médicament biologique extrêmement
proche d’un autre médicament biologique déjà autorisé (le
« médicament de référence »). Les médicaments biologiques
contiennent des substances actives provenant d’une source
biologique, comme des cellules vivantes ou des organismes. Le
but de l’introduction de biosimilaires est d’accroître la
concurrence sur les prix et ainsi de favoriser une baisse des
prix. L’adoption de deux biosimilaires – l’époétine et l’anticorps
anti-facteur de nécrose tumorale (anti-TNF) – est très variable
d’un pays de l’OCDE à l’autre (graphique 10.11). Les
biosimilaires représentent 100 % de la part de marché de
l’époétine en Finlande, en Hongrie, en Pologne, en République
slovaque et en République tchèque, contre 2 % en Belgique et
6 % au Royaume-Uni. En ce qui concerne les anti-TNF, les
biosimilaires représentent respectivement 90 % et 82 % de la
part de marché au Danemark et en Norvège, contre 2 % en
Suisse et 5 % en Belgique et en Irlande.
198
Définition et comparabilité
Un générique est un produit pharmaceutique qui a la
même composition qualitative et quantitative en
principes actifs et la même forme pharmaceutique que le
produit de référence et dont la bioéquivalence avec ce
dernier a été prouvée. On peut distinguer les génériques
portant un nom commercial spécifique et les génériques
sans marque (qui mentionnent seulement la
dénomination commune internationale et le nom du
laboratoire).
Il a été demandé aux pays de fournir des données pour
l’ensemble du marché. Toutefois de nombreux pays ont
fourni des chiffres concernant uniquement le marché
des pharmacies de ville ou le marché des médicaments
remboursables (voir les notes du graphique). La part du
marché des génériques exprimée en valeur peut
représenter le chiffre d’affaires des entreprises
pharmaceutiques, le montant payé par des tiers-payeurs
pour des médicaments, ou le montant payé par tous les
payeurs (tiers-payeurs ou consommateurs). La part du
marché des génériques en volume peut être exprimée en
DQD ou en nombre de boîtes ou unités standard.
Un produit médical biosimilaire est un produit qui a
obtenu l’homologation réglementaire, qui présente des
similitudes avec le produit médical de référence en
termes de caractéristiques qualitatives, d’activité
biologique, de sécurité et d’efficacité. Le produit médical
r é f é re n c é e s t l e p ro d u i t o r i g i n a l , q u i a o b t e nu
l’exclusivité sur le marché au début de sa vie, mais qui,
après expiration de l’exclusivité, a été classé comme
référencé. La part de marché des biosimilaires correspond
au nombre de jours de traitement avec des biosimilaires
en proportion du volume du/des biosimilaires et du/des
produit(s) référencés.Le volume est mesuré en dose
quotidienne définie, qui est une mesure de la dose
moyenne prescrite définie par l’OMS.
Références
EGA – European Generic Medicines (2011), « Market Review –
The European Generic Medicines Markets », European
Generic Medicines.
OECD (2017), Tackling Wasteful Spending on Health, Éditions
OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264266414-en.
Quintiles IMS (2017), « The Impact of Biosimilar Competition in
Europe », Londres.
Vogler, S. (2012), « The Impact of Pharmaceutical Pricing and
R e i m b u r s e m e n t Po l i c i e s o n G e n e r i c U p t a k e :
Implementation of Policy Options on Generics in 29
European Countries – An Overview », Generics and Biosimilars
Initiative Journal, vol. 1, n° 2, pp. 44-51.
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Génériques et biosimilaires
Graphique 10.10. Part des génériques dans le marché pharmaceutique total, 2015 (ou année la plus proche)
Volume
Valeur
%
90
86
84
81
79
78
75
73
71
72
70
61
60
55
53
52
50
48
49
48
47
45
42
42
40
39
39
36
36
34
31
32
29
28
28
30
25
23
23
23
20
19
17
30
18
17
16
17
16
22
19
18
16
15
12
24
11
8
6
ili
Ch
ell
No
uv
Ét
Al
at
s-
Un
is
²
le
m ²
a
e - gn e
Z
Ro é l a ¹
ya nd
um e¹
eUn
L e i¹
t to
ni
Ca e
Ré
na
pu
d
P
bl ay s a
iq
ue -B a
slo s¹
v
D a aqu
ne e
m
ar
k
Tu ¹
rq
u
Au ie
tr i
ch
OC e¹
DE
Sl 2 7
ov
én
i
No e ²
rv
è
Es ge
pa
Ré
gn
e
pu
bl Por ¹
iq
tu
ue
g
tc al
hè
qu
e
Fi
nl
an
de
Ir l
an
de
Es ¹
to
ni
e
Ja
po
Be n
lg
iq
u
Fr e
an
ce
¹
Gr
èc
e¹
Su
is
se
Lu
I
xe t a li
e
m
bo
ur
g¹
0
1. Marché des médicaments remboursés.
2. Marché des pharmacies de ville.
Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2017.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933610043
Graphique 10.11. Époétine et anticorps anti-facteur de nécrose tumorale (anti-TNF), parts de marché des biosimilaires
par rapport aux médicaments de référence, 2015 (ou année la plus proche)
Époétine
%
100
100
100
100
100
Anti-TNF
99
94
91
90
90
87
87
82
81
80
76
70
70
68
65
61
60
60
50
46
45
40
30
29
30
26
25
24
23
22
20
18
20
19
17
14
10
33
32
27
6
14
6
5
5
2
2
ue
i
Un
iq
lg
Be
se
e-
is
as
Ro
ya
um
Su
-B
ys
Pa
an
ce
ie
Fr
én
ov
Sl
gn
e
li e
pa
Es
It a
20
ar
DE
OC
m
ne
Da
Au
tr i
ch
k
e
ne
Al
le
m
ag
ga
l
e
èg
rv
r tu
Po
e
de
No
an
Ir l
e
èd
Su
hè
tc
ue
iq
Ré
pu
bl
iq
bl
pu
Ré
qu
e
qu
e
ue
slo
Po
lo
va
gn
rie
ng
Ho
Fi
nl
an
de
0
Source : Quintiles IMS (2017), « The Impact of Biosimilar Competition in Europe », Londres.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933610062
PANORAMA DE LA SANTÉ 2017 © OCDE 2017
199
10. SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Recherche et développement dans le secteur pharmaceutique
Le financement de la R-D (recherche-développement)
pharmaceutique résulte d’une combinaison complexe de sources
publiques et privées. Les gouvernements soutiennent
principalement la recherche fondamentale et les travaux de
recherche préliminaires. Ce financement se fait au moyen de
dotations budgétaires directes, de subventions de recherche, au
travers d’établissements de recherche publics et en finançant des
établissements d’enseignement supérieur. L’industrie
pharmaceutique traduit et applique les connaissances générées
par la recherche fondamentale pour développer des produits, et
investit dans les vastes essais cliniques nécessaires à l’obtention
de l’autorisation de mise sur le marché. Le secteur reçoit
également des subventions directes de R-D ou bénéficie de crédits
d’impôt dans de nombreux pays.
En 2014, les gouvernements des pays de l’OCDE ont alloués des
budgets d’environ 51 milliards USD à la R-D dans le domaine de la
santé (un domaine plus large que les produits pharmaceutiques).
Ce chiffre sous-estime le total du soutien public, puisqu’il exclut
la plupart des régimes d’incitation fiscale, les financements de
l’enseignement supérieur ou les entreprises publiques. En
parallèle, l’industrie pharmaceutique a consacré environ
100 milliards USD à la R-D dans les différents pays de l’OCDE.
Dans les pays à revenu élevé, on estime que les entreprises
financent à hauteur de 60 % l’ensemble de la R-D dans le domaine
de la santé, tandis que 30 % des financements proviennent des
gouvernements et 10 % d’autres sources, y compris des
organisations privées sans but lucratif et des fonds propres des
universités (Røttingen et al., 2013).
La plupart de la R-D pharmaceutique se déroule dans des pays de
l’OCDE. Toutefois, la part des pays non membres de l’OCDE dans les
dépenses mondiales de R-D du secteur est en hausse (Chakma et
al., 2014), en particulier en Chine, où environ 11 milliards USD ont
été consacrés à la RD en 2014 (0.05 % du PIB). Plus de la moitié des
dépenses effectuées dans les pays de l’OCDE (graphique 10.12)
interviennent aux États-Unis, où l’industrie pharmaceutique a
dépensé environ 56 milliards USD (0.3 % du PIB), et où les budgets
gouvernementaux directs en R-D dans le domaine de la santé se
sont élevés à 33 milliards USD (0.2 % du PIB). En Europe, l’industrie
a dépensé 26 milliards USD (0.1 % du PIB) et les gouvernements ont
alloués 11 milliards USD (0.05 % du PIB) à la R-D, et au Japon,
respectivement 15 milliards USD (0.3 % du PIB) et 1.6 milliards USD
(0.03 % du PIB). En proportion du PIB, les dépenses de l’industrie
sont les plus élevées en Suisse (0.6 %), en Belgique (0.6 %) et en
Slovénie (0.4 %), qui sont des pays plus petits dotés de secteurs
pharmaceutiques relativement importants.
L’industrie pharmaceutique affiche une intensité de R-D forte. En
moyenne dans les pays de l’OCDE, l’industrie a dépensé quelque
14 % de sa valeur ajoutée brute en R-D, une part presque aussi
élevée que dans les industries aéronautique et spatiale (18 %) et le
secteur des produits électroniques et optiques (17 %), et
considérablement supérieure à la moyenne de l’ensemble du
secteur manufacturier (6 %) (graphique 10.13).
| 43,242
|
63/hal.inrae.fr-tel-02800240-document.txt_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,803
| 15,348
|
Les modèles qui intègrent les connaissances sur les sols et les cultures et la représentation des phénomènes qui s'y déroulent deviennent de plus en plus complexes. C'est pourquoi le schéma précédent est important pour délimiter les futurs axes de recherche. L'analyse des travaux effectués conduit à proposer des sujets de recherche aussi bien aux candidats du sud qu'en zone méditerranéenne. Dans le premier cas, il s'agit de sujets sur l'amélioration de la gestion de l'urée en riziculture inondée. Dans le second cas, il s'agit d'améliorer la gestion de l'eau dans la perspective de changements globaux climatiques qui pourraient mettre à rude épreuve les systèmes viticoles. Les connaissances existantes qui sous-tendent ces systèmes devraient trouver leurs limites. Il y a en agronomie un réel besoin de revenir aux questions fondamentales des mécanismes. Les systèmes agricoles seront vraisemblablement à repenser en s'appuyant sur des données (et des modèles) en relation avec la physiologie des plantes. Dans le cas de la vigne, l'irrigation est un moyen d'action qui permet de déplacer le curseur sur l'axe qui va de la survie de la plante à la production d'un rendement qualitatif puis quantitatif. La question de la qualité en climat méditerranéen est aussi une question de régularité. Les modèles sont des outils de conception et d'application qui doivent aider à répondre à ces nouvelles problématiques. C'est pour toutes ces raisons que j'ai intitulé le document d'habilitation « Des modèles agronomiques pour comprendre, prévoir, intervenir ». 2. Projets de recherche
Les projets de recherche que j'ai en perspective visent à approfondir les connaissances et solutions pour la fertilisation du riz repiqué et à cerner le meilleur compromis entretien du sol et gestion hydrique du vignoble. Le tableau 7 précise les thématiques des sujets proposés.
Tableau 7. Matrice des sujets de thèse à développer. En colonnes, les cultures ; en ligne, les sujets scientifiques Culture Questions scientifiques à traiter Phénomène physique étudié Phénomène biologique Modélisation Sorties attendues Projets Riz repiqué Acquérir un modèle complet du fonctionnement riz-supergranule d'urée Le transformer pour une géométrie cylindrique Diffusion avec échange Assimilation de l'ammoniaque Hydrolyse de l'urée Diffusion Prélèvement racinaire Cinétique d'assimilation pour les géométries sphérique et cylindrique Définition d'un nouvel engrais azoté Thèses 1 et 2 Vigne Remontée capillaire sous vigne (en situation de plaine) Interactions entre irrigation du vignoble et son enherbement Transfert d'eau dans la zone insaturée Bilan hydrique, entretien du sol Transpiration (vigne et enherbement) Remontée capillaire Bilan hydrique en scénario de changement climatique Marge de manoeuvre en situation avec nappe Besoin en eau d'arrosage en relation avec les stratégies d'entretien du vignoble Thèses 3 et 4
2.1. Les perspectives pour la fertilisation du riz repiqué 2.1.1. Des choix dans les grandes lignes directrices
Par rapport aux résultats obtenus, beaucoup de thèmes peuvent faire l'objet de recherches approfondies : i) L'étude du lien entre toxicité ferreuse et mauvais prélèvement de l'azote dans les parties des bas-fonds mal drainées (Fig. 48) ; les résultats obtenus dans le cadre du projet bas-fond apportent de très fortes suspicions d'un syndrome de déséquilibre nutrition 37, 38 mais des expérimentations plus poussées sont nécessaires pour établir un lien causal ; 37 Gaudin R. 1988. Les problèmes de nutrition minérale (en particulier azotée
) posés par l
'
étude
de la fertilisation supergranule d'urée en différents points du bas-fond d'Ambohitrakoho
. In : Bilan hydrique et minéral d'un bas-fond des hautes terres de Madagascar. Rapport d'avancement. M. Raunet (éd.), Montpellier, CIRAD, p. 107-130
73 0 ammonia
: lo g 1 0 c (m ol L - 1 ) -1 urea: theoretical up position low position plain up position low position plain -2 -3 -4 -5 0 20 40 60 80 100 Tim e ( d)
Figure 48. 74 réaction du premier ordre au-dessus de 0,2 M. Le cas d'un placement en bande est traité par Shah et al (2004). Le niveau de concentration est plus élevé que pour l'apport en plan et il faut tenir compte de l'inhibition provoquée par l'urée à très forte concentration. Pour ces auteurs, l'hydrolyse est même complètement bloquée autour de 6,7 M. Dans le cas du supergranule d'urée, il faudra éventuellement considérer une période (très courte) où seule la diffusion de l'urée fait baisser sa concentration jusqu'à un niveau où l'hydrolyse sera déclenchée. On pourrait avoir avec ce mécanisme une explication des différences observées (Tableau 8) entre SGU de masse différente40.
Tableau 8. Niveau de concentration en urée et pourcentage d'hydrolyse pour des SGU de 1 à 4 g apportés au repiquage du riz (mesure au point d'apport) Masse du SGU Concentration en N uréïque (mM) (et pourcentage d'hydrolyse) 4 jours 13 jours 24 jours 31 jours 1g 9 (91,6) 0,4 (98,1) 0,1 (99,4) 0 (100) 2g 32,7 (90,8) 2,6 (94,6) 0,2 (99,3) 0 (100) 3g 60,8 (85,7) 2,6 (96,3) 0,6 (98,6) 0,2 (99,3) 4g 100,7 (77,5) 2,9 (96,4) 0,6 (98,5)
0,2 (99,2) iii) L'interfaçage du modèle de diffusion avec échange avec un module de prélèvement racinaire ; cette étape permettrait de faire le lien avec les résultats des cinétiques de marquage assez nombreuses dans la littérature. Mes résultats montrent que le prélèvement racinaire suit un mécanisme du premier ordre ; il faudra appliquer cette réaction d'ordre 1 au niveau local, c'est-à-dire à l'échelle du pas d'espace retenu dans le calcul numérique ; iv) passage de ce modèle interfacé à d'autres géométries d'apport (urée-bâtonnet) ; c'est ce modèle final qui conduira à tester de nouvelles géométries en adéquation avec les niveaux de fertilisation entre 100 et 150 kg d'azote par ha, dans les situations très favorables de fertilité du sol. L'ensemble de ce programme de recherche dont j'ai fixé les grandes lignes peut offrir deux sujets de thèse pour des jeunes malgaches qu'il conviendra de former aux concepts et techniques pour une agronomie en milieu inondé (rizières). Le premier point de ce projet est sans doute le sujet le plus pointu en termes de recherche et il demanderait de gros investissements en matériel. En effet, le phénomène de toxicité ferreuse se passe dans un environnement extra-racinaire qui est chimiquement en état réduit. 2.1.2. Sujet 1 : un modèle complet pour la symétrie sphérique
Le premier sujet sera consacré à la construction et validation d'un modèle complet du fonctionnement du système supergranule d'urée-riz repiqué, de la diffusion à l'assimilation azotée. La partie diffusion avec échange a été réalisée dans le cadre de ma thèse. L'adjonction du module d'hydrolyse de l'urée est assez facile à réaliser sur un ordinateur scientifique portable, elle permettra de couvrir plus de situations au champ. C'est la partie prélèvement-assimilation qui sera au coeur de cette première thèse. Comme indiqué précédemment, il faudra appliquer le mécanisme d'ordre 1 au pas d'espace du calcul numérique (0,25 cm dans ma thèse) à partir d'une valeur seuil de concentration en ammoniaque (autour de 10 mM pour le début de la réaction). Une hypothèse de calcul sera à préciser, à savoir le caractère négligeable (ou non) de la diffusion relativement à l'absorption dès lors que celle-ci est engagée. Comme le phénomène va se dérouler sur une sphère d'environ 4 cm de rayon, cette hypothèse n'est pas forcément localement vérifiée et il faudra dès lors faire le calcul pour les deux alternatives. Le résultat final en termes de cinétique globale d'absorption ne sera pas forcément affecté par ce choix. La dernière partie de cette thèse consistera à relier cette cinétique d'absorption à la cinétique de prélèvement telle qu'elle a été mesurée dans les essais 15N menés par le LRI41 (Fig. 49-50) ou bien dans d'autres régions du monde (Chen & Zhu, 1982 ; Savant et al., 1982 ; Cao et al., 1984). L'intérêt de cette thèse est la compréhension la plus fine possible de l'assimilation à l'échelle de la plante. Il serait possible de prolonger par des observations sur le système racinaire et l'acquisition des activités enzymatiques in situ mais cela suppose une collaboration avec des institutions spécialisées en ce domaine. J., Gaudin R. & ofrio G. 1990. Etude à l'étude d'urée enrichie en N de la fertilisation azotée du riz inondé à Madagascar. III. Cinétique de prélèvement de l'azote apporté sous forme de supergranules d'urée ou de perlurée au repiquage du riz ou 21 jours après. L'Agronomie Tropicale 45(1):21-30 76
80 Coefficient Réel d'Utilisation (CRU) de l'azote en % 60 PER-0 PER-21 40 SGU-0 SGU-21 20 0 0 50 100 150
Temps (jours) Figure 49. Cinétique de prélèvement de l'azote apporté sous forme de supergranule (SGU) ou perlurée (PER) au repiquage ou 21 jours après (essai du LRI à Arivonimamo). La dose d'azote est 58 kg N par hectare (A) iso-c à 28 j (F) répartition de l'azote du supergranule (E) iso-c à 56 j Figure 50. Synthèse des approches IRRI (A, E : courbes d'iso-concentration en N ammoniacal, F : répartition de l'azote) et LRI (B, C : évolution de log c et du pH, D : cinétique du coefficient réel d'utilisation) pour l'étude du devenir de l'azote dans le cas d'un SGU de 2 g 77
La sortie du modèle sera une réponse de la culture (sa vitesse d'acquisition de l'ammoniaque, son rendement) selon la masse du supergranule (entre 1 et 3 grammes) et le niveau de fertilité de la rizière qui apparaît dans la constante de vitesse. 2.1.3. Sujet 2 : géométrie cylindrique de l'apport d'engrais azoté
L'autre intérêt de la première thèse est d'introduire la modélisation qui sera forcément au coeur du sujet de la seconde thèse que je propose. Il s'agit d'appliquer le formalisme précédent au cas d'un engrais de géométrie cylindrique. Dans le dernier papier42 paru dans Paddy and Water Environment, j'ai mis en évidence la relation suivante : cb (0, t) / cg (0, t) = (2A/Q) (Dt)1/2 (20) cb et cg étant les concentrations azote ammoniacal à la ligne et au point d'apport de l'urée, A la densité linéaire de la source en ligne, Q la quantité d'urée apportée par la source ponctuelle, D le coefficient de diffusion de l'ammoniaque, t le temps. Pour une ligne continue, A prend la valeur Q /40 (A exprimé en mmol/cm) et 2A/Q la valeur 0,05 par cm. Ceci vaut pour une équivalence de dose d'azote à l'hectare. On a donc :
cb / cg = (0,05 cm-1) (Dt)0,5 équivalent à cg / cb = (20 cm) / (Dt)0,5 représenté sur la Fig. 51 Pour t = 20 jours et D = 1 cm2/jour, (Dt)0,5 vaut 7,92 cm, cg /cb = 0,42 Pour t = 40 jours et D = 1 cm2/jour, (Dt) 0,5 vaut 11,2 cm, cg /cb = 0,55 Pour t = 60 jours et D = 1 cm2/jour, (Dt)0,5 vaut 13,7 cm, cg /cb = 0,69
Ceci signifie qu'avec une dose doublée (116 kg d'azote par ha), la ligne continue permettrait d'obtenir à 30-40 jours approximativement la même que le supergranule d'urée de 2 g, soit 10 à 12 mmol/L. La thèse proposée consistera à tester cette nouvelle formulation en plein champ dans des essais agronomiques classiques (mesure de tallage et des composantes du rendement) et à suivre en parallèle le devenir de l'azote ammoniacal. Sur ce dernier point, cette thèse pourra être l'occasion de tester de nouveaux capteurs qui assurent en continu le suivi de la concentration en azote ammoniacal. Figure 51. Evolution temporelle du rapport des concentrations en ammoniaque générées par une source ponctuelle et une source cylindrique pour la même dose d'azote à l'hectare et la même géométrie d'apport (une interligne sur deux) Bien entendu, il faudra transformer le modèle de diffusion avec échange du cas sphérique (apport de SGU) au cas cylindrique. Les données
expérimentales permettront de valider les résultats obtenus
dans
la phase
de
calcul
numérique à proprement parler. Mais il ne faut pas sous-estimer certaines difficultés qui pourraient apparaître dans la réécriture des algorithmes conçus au départ pour le cas de la symétrie sphérique ou bien revenir à la famille de l'algorithme source (Richtmyer & Morton, 1967 ; Pinner & Nye, 1982). Le modèle complet développé dans le cas de la source sphérique sera transformé pour le cas de la symétrie cylindrique. Si les essais agronomiques sont concluants, il conviendrait d'envisager aussi une expérimentation avec de l'urée marquée à l'azote 15 pour caractériser la cinétique de prélèvement de l'azote et la comparer aux résultats du modèle. 2.2. La place des remontées capillaires dans le bilan hydrique de la vigne 2.2.1. Sujet 3 : une première analyse à l'aide des outils proposés dans la littérature
Le bilan hydrique des cultures est difficile à mettre en oeuvre dès lors que l'un des termes en entrée ou en sortie est inaccessible ou bien entaché d'une grande imprécision. En entrée, le manque de précision peut concerner l'eau rentrant effectivement dans le sol, la pluie diminuée du ruissellement dans le cas des forts orages ou d'épisodes pluvieux très productifs. Mais ce cas concerne des moments connus (en fin d'été ou à l'automne) et il peut être soumis à une analyse critique. Si la réserve en eau était presque pleine avant l'évènement, sa quantification devient secondaire puisque l'état final de la réserve est connu via une grandeur, la quantité d'eau totale transpirable du sol (TTSW). La situation devient plus problématique si une nappe est présente. Il y a alors possibilité d'une ascension 79 capillaire de l'eau de la nappe vers les racines de la vigne. Quelle contribution apporte cette remontée au bilan hydrique de la culture? J'ai déjà étudié cette question pour une culture de céréales (voir 1.3.1.) et mis en évidence l'influence de plusieurs facteurs dont deux très importants : la distance entre les racines et la nappe, les propriétés hydriques du sol. Dans le cas de la vigne, les choses se compliquent pour plusieurs raisons : i) La consommation journalière en eau de la vigne est moindre que celle d'une céréale, en ordre de grandeur deux à quatre fois moins. Il faut donc dans le cas de la vigne une moindre différence de potentiel hydrique pour assurer ce moindre flux sur la même distance. i i) L'intensité du phénomène diminue rapidement quand la distance entre la nappe et la base des racines est trop grande par rapport à ce que permet la transmission de l'eau par le sol non saturé. La figure 52 construite à partir de données de la thèse de De Laat (1980) illustre le phénomène pour un sol léger. Dans la pratique, c'est souvent la descente de la nappe qui enclenche le tarissement du phénomène, notamment pour les textures trop sableuse ou argileuse. Figure 52. Profils d'humidité volumique assurant un flux hydrique ascendant constant à partir de la nappe ou un flux hydrique descendant (cas particulier d'une infiltration). On voit que le flux ascendant ne peut guère dépasser 1 mm/j à partir de 100 cm au-dessus de la nappe. Données de De Laat (1980) pour un sol sableux fin 80
iii) L'enracinement de la vigne est beaucoup plus profond que celui d'une céréale et il semble revêtir un caractère dynamique assez marqué. On peut imaginer que dans certaines situations les racines profitent plus de l'eau libérée par la descente de la nappe que d'une véritable remontée capillaire. Les hydrologues évaluent ce phénomène à travers un coefficient dit de restitution. iv) Les couches de sol concernées sont donc en conséquence plus profondes, donc plus difficilement accessibles à l'observation. v) Des phénomènes de bicouches peuvent jouer un rôle non négligeable. En hydrodynamique (insaturée ou non), on appelle bicouche la superposition de matériaux aux propriétés hydriques contrastées, notamment la conductivité hydraulique. C'est le cas d'un sable limoneux sur une argile ou inversement. Certaines couches peuvent donc être très favorables à la mise en place de ces remontées, d'autre beaucoup moins. Leur disposition dans l'espace et le positionnement relatif de la nappe deviennent des facteurs très importants. Je propose que la thèse (troisième sujet) débute par une synthèse exhaustive de toute la bibliographie publiée sur le sujet et qu'ensuite soient testés les logiciels qui simulent ce phénomène. Un premier outil pédagogique est le logiciel Upflow (Raes et Deproost, 2003) mis en ligne par l'Université de Louvain (Belgique). Le logiciel Hydrus 1D permet aussi le calcul de cette remontée Ces outils seront utilisés pour évaluer l'influence de la texture et pour préciser le comportement hydrodynamique du système associant la vigne et une nappe, notamment sa plage de fonctionnalité intéressante pour l'agronome. Les logiciels ne sont pas la panacée. Il ne faut pas sous-estimer les travaux théoriques menés par Gardner (1958) qui a introduit des formules mathématiques pour approcher la relation K(h) et a ainsi pu résoudre analytiquement (intégrer h entre la surface de la nappe et une hauteur z) l'équation de flux ascendant conservatif. Cette équation se déduit de (1) : dh/ dz = (qc+ K(h))/ K(h) (21) avec comme condition h = 0 à z = z0 (surface de la nappe) et qc valeur constante du flux conservatif. 81 Figure 53. Succession des états de remontée capillaire au cours d'une centaine de jours (De Laat, 1980). La courbe en pointillé indique l'état hydrique de départ (équilibre hydrostatique) avec une nappe à 100 cm de profondeur. Les courbes suivantes indiquent les profils d'humidité qui correspondent aux différentes valeurs de flux ascendant, en décroissance au cours de la saison : 0,125-0,060-0,040 et 0,030 cm.j-1, au fur et à mesure que descend aussi la nappe. Le flux ascendant est récupéré par les racines à la base de la couche supérieure du sol. Le sol est ici un sable fin Van Walsum et Groenendijk (2008)
justifient la
reprise de
l'approche de De
Laat
par le fait que la résolution numérique de l'équation (21) nécessite trop de temps de calcul sur ordinateur si on envisage de travailler sur des surfaces limitées à 25 m2. Cette surface est l'unité de base de leur système d'informations géographiques qui sert pour représenter l'altitude (variation minimale de 20 cm). Pour eux, le phénomène de remontée capillaire est très dépendant sur le terrain de la variation du relief et de la variation de la profondeur de la nappe. Une différence de 20 cm sur l'un de ces paramètres produit des effets significatifs si la nappe est à faible profondeur. Pour contourner le problème du calcul numérique des flux de remontées capillaires sur de grandes surfaces (à l'échelle d'une commune) où le relief n'est pas complètement plat, ni même la nappe, la succession des états d'équilibre hydrique envisagée par De Laat offre une économie de calcul considérable. L'étude approfondie de ces documents et de tous ceux qui concernent l'alimentation en eau de la vigne dans les zones profondes du sol permettra de préciser le cadre théorique dans lequel s'insèrera l'expérimentation. Ce cadre théorique pourrait inclure la définition d'un nouveau concept, celui de « transmissivité hydrique » du sol, en envisageant la remontée capillaire comme un problème mathématique d'optimisation d'une fonction conjointe de la conductivité hydraulique et du gradient de potentiel hydrique. 2.2.2. Sujet 3 (suite) : étude expérimentale
Peu d'expérimentations ont été mises en place sur vigne pour traiter cette question. Signalons le travail de Guix-Hébrard et al. (2007) visant à mettre en évidence à l'échelle d'un bassin versant l'influence de la profondeur des nappes sur le statut hydrique de la vigne. Les difficultés signalées dans le paragraphe précédent expliquent vraisemblablement ce manque d'études. Elles doivent guider le choix de l'expérimentation. Dans un premier temps, il faut se limiter à des textures sablo-limoneuses qui sont bien favorables au phénomène. La nappe doit être assurément présente, même si sa profondeur est non maîtrisable. Ces deux conditions sont remplies en certains tronçons des plaines alluviales des fleuves côtiers (Orb, Hérault, etc.). Il faudra s'assurer de la bonne homogénéité du profil textural, à tout le moins qu'il n'y ait pas de variation brusque de texture sur quelques décimètres. L'expérimentation pourra combiner traitement sans apport pluvial (sol recouvert à chaque fois qu'est annoncé un évènement pluvieux majeur) et traitement pluvial, traitement sol enherbé et sol nu. Elle devra étudier la réponse dynamique de l'enracinement et les gradients de charge hydraulique sur l'ensemble du profil concerné (de la zone racinaire à la nappe). Les données obtenues seront importantes pour la compréhension du fonctionnement hydrique de la vigne dans de telles situations. Il pourrait y avoir couplage de la vie hydrique de la plante à la nappe via le flux de remontée capillaire, avec une dégressivité (en relation avec la descente de nappe) plus ou moins favorable à la qualité du raisin ou au rendement. Mais l'étude propos dépasse ce cadre. En effet, beaucoup de situations rencontrées au champ ont un lien indirect avec le phénomène des remontées capillaires. C'est le cas dans les jours qui suivent une forte pluie lorsque l'évaporation de surface déclenche un processus de flux ascendant à partir de couches humidifiées en profondeur. Le viticulteur doit-il alors intervenir en travail superficiel du sol pour casser la transmission de l'eau vers le haut? A partir de quelle hauteur de pluie? Combien d'eau économise-t'on alors? Ce sont quelques-unes des multiples questions qui devraient trouver un début de réponse lorsqu'on en saura plus sur les remontées capillaires. Une autre justification à cette étude est l'évolution probable de la valeur agronomique des terres en relation avec le changement climatique. 2.3.2. Sujet 4 : concilier enherbement et irrigation dans l'entretien du sol en vignoble méditerranéen
Ce sujet de thèse sera scindé en deux volets, un premier qui fera une analyse critique des outils informatiques qui permettent théoriquement de traiter cette question. Il s'agit du modèle SIMDualKc développé par Rosa et al. (2011) et utilisé sur vigne enherbée par Fandino et al. (2012). Ce modèle offre la possibilité de prendre en compte de l'irrigation. Il correspond bien donc à notre besoin pour le calcul des termes du bilan hydrique d'une vigne enherbée. Le modèle WABOL sera aussi testé car il a été conçu pour étudier la question de l'enherbement dans les conditions hydriques encore plus limitantes, celles rencontrées par les oliveraies dans le sud de l'Espagne (Abazi et al., 2013). Le deuxième volet de cette thèse abordera la question de l'enchaînement des opérations culturales à mettre en oeuvre par le viticulteur. Il est vraisemblable que le meilleur compromis entre aspect positif (protection du sol contre l'érosion, portance améliorée) et aspect négatif (concurrence hydrique) de l'enherbement soit de passer selon les années de parcelles intégralement enherbées (année médiane) à un enherbement un rang sur deux (année sèche). Une gestion dynamique est donc à mettre en oeuvre, à l'image de celle développée au sein de l'UMR System pour le cas sans arrosage43. Cette approche initiée par Ripoche et al. (2011) sera appliquée au cas d'une vigne enherbée irriguée. Elle pourrait permettre de calculer les compromis permis par l'association de l'irrigation et de l'enherbement dans différents systèmes de production, AOP et IGP. Un aspect important à 43 Gary C., Gaudin R. & Metay A. 2014. Gestion de 'entretien du sol et fonctionnement hydrique du vignoble. prendre en compte sera la moindre évacuation de résidus phytosanitaires par les eaux de drainage ou de ruissellement dans le cas de vignes enherbées puisqu'on peut supposer qu'une partie de ces résidus sera dégradée au sein du couvert herbacé. 2.3.3. L'impact du changement climatique Enfin, l'influence du changement climatique sur les besoins en eau d'irrigation pourra être abordée grâce à l'emploi de scénarii climatiques sur les 30 années à venir (fourniture de données par la base agro-climatique d'Avignon). 2.4. Conclusion
Le présent document met en évidence la trajectoire d'un spécialiste du bilan hydrique des cultures et de la fertilisation azotée du riz repiqué. Cette trajectoire a été initiée très tôt par le choix d'investir un domaine pointu de l'agronomie (la radio-agronomie) puis de s'ouvrir sur le domaine complémentaire de l'étude de l'emploi des engrais azotés en milieu inondé. Les travaux que j'ai encadrés portent sur le suivi de la solution du sol en rizière, la détermination des besoins en eau d'irrigation (vigne) et le pilotage d'arrosages (canne à sucre, vigne). L'expérience acquise aussi bien en milieu tropical (Afrique de l'Ouest et Océan Indien) que méditerranéen montre à la fois une continuité dans les thématiques de recherche et une ouverture sur la valorisation de la production en vigne. L'étude du bilan hydrique a été approfondie sur canne à sucre et sur vigne, qui sont à cet égard des cultures très différentes. Les données acquises sur le placement d'urée en riziculture repiquée ont été valorisées dans la durée. Elles ont conduit à mieux articuler deux disciplines, la science du sol et la physiologie végétale. Il ressort de cette expérience un besoin d'aller plus loin en certaines thématiques pour continuer à faire progresser la science et les techniques agricoles. C'est notamment le cas pour la définition d'un engrais optimal à mettre en avant en riziculture inondée. C'est 85 aussi le cas dans l'identification de compromis via la recherche de conditions optimales d'entretien du sol et d'arrosage pour des vignobles enherbés irrigués. Cette thématique est à rattacher aux objectifs de production des appellations et à placer dans le contexte du changement climatique en cours. Ces deux thématiques ouvrent éventail pour le développement de recherches à mener personnellement et en encadrement de thèse. J'espère que la thématique du nouvel engrais azoté et les deux thèses proposées trouveront un écho favorable auprès de jeunes étudiants malgaches (ou européens) et des universités et institutions de recherche qui seraient prêtes à apporter leur financement (France, Madagascar, IFDC, IRRI) pour envisager un stade de développement. La seconde thématique est depuis de nombreuses années au coeur de l'activité de l'UMR System, à Montpellier. Dès l'obtention de l'Habilitation à Diriger des Recherches, il me faudra trouver les financements pour lancer ces thèses qui portent sur des thématiques largement ouvertes sur l'avenir. Bibliographie
Abazi U., Lorite I.J., Carceles B., Martinez Raya A., Duran V.H., Francia J.R. & Gomez J.A. 2013. WABOL: A conceptual water balance model for analyzing rainfall water use in olive orchards under different soil and cover crop management strategies. Computers and Electronics in Agriculture 91:35-48 Allen R.G., Pereira L.S., Raes D. & Smith M. 1998. Crop evapotranspiration: guidelines for computing crop water requirements. Irrigation and drainage paper no. 56. FAO, Rome, Italie, 300 pages Andriamanampisoa O., Randrianarison S., Randianarison M., Ranoharison M., Marini P., Villemin P. & Jourdan O. 1975. Définition des propriétés hydrodynamiques des sols du périmètre sucrier d'Analaiva. Laboratoire de Radio Isotopes, Tananarive, 41 pages Bandaogo A., Bidjokazo F., Youl S., Safo E., Abaidoo R. & Andrews O. 2015. Effect of fertilizer deep placement with urea supergranule on nitrogen use efficiency of irrigated rice in Sourou Valley (Burkina Faso). Nutrient Cycling in Agroecosystems DOI 10.1007/s10705-014-9653-6 Bennett N.D., Croke B.F.W., Guariso G., Guillaume J.H.A., Hamilton S.H. et al. 2013. Characterising performance of environmental models. Environmental Modelling and Software 40:1-20 Brown G.O. 2002. Henry Darcy and the making of a law. Water Resources Research 38:7-11 Buckingham E. 1907. Studies on the movement of soil moisture. USDA, Bureau of SoilsBulletin n° 38, Washington Cao Z.H., DeDatta S.K. & Fillery I.R.P. 1984. Effects of placement methods on floodwater properties and recovery of applied N (15N labeled urea) in wetland rice. Soil Science Society of America Journal 48:196-203 Celette F. 2007. Dynamique des fonctionnements hydrique et azoté dans une Celette F., Ripoche A. & Gary C. 2010. WaLIS-A simple model to simulate water partitioning in a crop association: The example of an intercropped vineyard. Agricultural Water Management 97: 1749-1759 Chen R.Y. & Zhu Z.L. 1982. Characteristics of the fate and efficiency of nitrogen in supergranules of urea. Fertilizer Research 3:63-71 De Giudici P. 1993. Caractérisation physico-chimique des sols rizicultivés d'un bas-fond des hautes terres de Madagascar : variabilité topologique des paramètres et influence sur la productivité. In : Bas-fonds et riziculture, Antananarivo, 9-14 décembre 1991, CIRAD édition, p. 305-312 87 De Laat P.J.M. 1976. A pseudo steady-state solution of water movement in the unsaturated zone of the soil. Journal of Hydrology 30:19-27 De Laat P.J.M. 1980. Model for unsaturated flow above a shallow water-table, applied to a regional sub-surface flow problem. Fandino M., Cancela J.J., Rey B.J., Martinez E.M., Rosa R.G. & Pereira L.S. 2012. Using the dual-Kc approach to model evapotranspiration of Albarino vineyards (Vitis vinifera L. cv. Albarino) with consideration of active ground cover. Agricultural Water Management 112:75-87 Galison P. 1987. How experiments end. The University of Chicago Press, 337 pages Gardner W.R. 1958. Some steady-state solutions of the unsaturated moisture flow equation with application to evaporation from a water table. Soil Science 85:228-232 Gasser J.K.R. & Ross G.J.S. 1975. The distribution in the soil of aqueous ammonia injected under grass. Journal of the Science of Food and Agriculture 26:719-729 Guix-Hébrard N., Voltz M., Trambouze W., Garnier F., Gaudillère J.P. & Lagacherie P. 2007. Influence of watertable depths on the variation of grapevine water status at the landscape scale. European Journal of Agronomy 27:187-196 Hillel D., Krentos V. & Stylianou Y. 1972. Procedure and test of an internal drainage method for measuring soil hydraulic characteristics in situ. Soil Science 114:395-400 Hillel D. 1980. Fundamentals of soil physics. Academic Press, 413 pages Hillel D. 1987. On the tortuous path of research. Soil Science 143:304-305 Hofman M., Lux R. & Schultz H.R. 2014. Constructing a framework for risk analysis of climate change effects on the water budget of differently sloped vineyards with a numerical simulation using the Monte Carlo method coupled to a water balance model. Frontiers in Plant Science 5:645 Hoque M.A., Wohab M.A., Hossain M.A., Saha K.K. & Hassan M.S. 2013. Improvement and evaluation of Bari USG applicator. Agricultural Engineering International: CIGR Journal 15(2):87-94 Hove R.M. Bhave M. 2011. Plant aquaporins with non-aqua functions: deciphering the signature sequences. Plant Molecular Biology 75:413-430 Jakeman A.J., Letcher R.E. & Norton J.P. 2006. Ten iterative steps in development and evaluation of environmental models. Environmental Modelling and Software 21:602614 Jourdan O. 1983. Contribution à l'étude de la capacité de rétention en eau des sols. Cas de deux sols malgaches. Thèse de Docteur Ingénieur en agronomie option pédologie de l'Université des Sciences et Techniques du Languedoc, 135 pages Lebon E., Dumas V., Pieri P. & Schultz H.R. 2003. Modelling the seasonal dynamics of the soil water balance of vineyards. Functional Plant Biology 30:679-710 Legates D.R. & McCabe G.J. 1999. Evaluating the use of "goodness-of-fit" measures in hydrologic and hydroclimatic model validation. Water Resources Research 35:233241 Legros J.P. 2007. Les grands sols du monde. Presses polytechniques et universitaires romandes, 574 pages Medrano H., Tomas M., Martorell S., Escalona J.M., Pou A., Fuentes S., Flexas J. & Bota J. 2015. Improving water use efficiency of vineyards in semi-arid regions. A review. Agronomy for Sustainable Development DOI 10.1007/s13593-014-0280-z Moutonnet P. 1972. Contribution à l'étude des remontées capillaires sous culture cotonnière de décrue du nord-ouest de Madagascar. Terre Malgache 12:161-178 Nimmo J.R. & Landa E.R. 2005. The soil physics contributions of Edgar Buckingham. Soil Science Society of America Journal 69:328-342 Nishiuchi S., Yamauchi T., Takahashi H., Kotula L. &Nakazano M. 2012. Mechanisms for coping with submergence and waterlogging in rice. Rice 5:2 Ojeda H. 2007. Irrigation qualitative de précision de la vigne. Progrès Agricole et Viticole 124(7) :133-141 Pellegrino A. 2003. Elaboration d'un outil de diagnostic du stress hydrique utilisable sur la vigne en parcelle agricole par couplage d'un modèle de bilan hydrique et d'indicateurs de fonctionnement de la plante. Thèse de doctorat spécialité sciences agronomiques, SupAgro Montpellier, 138 pages Pellegrino A., Lebon E., Voltz M. & Wery J. 2004. Relationships between plant and soil water status in vine (Vitis vinifera L.). Plant and Soil 266:129–142 Pinner A. & Nye P.H. 1982. A pulse method for studying effects of dead-end pores, slow equilibration and soil structure on diffusion of solutes in soil. Journal of Soil Science 33:25-35 Quénol H. 2014. Changement climatique et terroirs viticoles. Lavoisier Tec et Doc, 444 pages (16 planches couleur) Rachhpal-Singh & Nye P.H. 1984. Diffusion of urea, ammonium and soil alkalinity from surface applied urea. Journal of So Rachhpal-Singh & Nye P.H. 1986. A model of ammonia volatilization from applied urea. I. Development of the model. II.Experimental testing. III. Sensitivity analysis, mechanisms, and applications. Journal of Soil Science 37:9-40 Rachhpal-Singh & Nye P.H. 1988. A model of ammonia volatilization from applied urea. IV. Effect of method of urea application. Journal of Soil Science 39:9-14 89 Raes D. & Deproost P. 2003. Model to assess water movement from a shallow water table to the root zone. Agricultural Water Management 62:79-91 Raunet M. 1993. Structure et fonctionnement d'un bas-fond rizicole sur les hautes terres de Madagascar. In : Bas-fonds et riziculture, Antananarivo, 9-14 décembre 1991, CIRAD édition, p. 99-125 Rawat S.R., Silim S.N., Kronzucker H.J., Siddiqi M.Y. & Glass A.D.M. 1999. AtAMT1 gene expression and NH4+ uptake in roots of Arabidopsis thaliana: evidence for regulation by root glutamine levels. The Plant Journal 19(2):143-152 Rawls W.J., Brakensiek D.L. & Saxton K.E. 1982. Estimation of soil water properties. Trans. ASAE 25:1316-1320 Richards L.A. 1960. Advances in soil physics. Volume 1, P. 67-78 In: Proceeding of the 7th International Congress of Soil Science, Madison, Wisconsin, USA Richtmyer R.D. & Morton K.W. 1967. Difference method for initial value problems. John Wiley and Sons, New York, 405 pages Ripoche A., Rellier J.P., Martin-Clouaire R., Paré N., Biarnès A. & Gary C. 2011. Modelling adaptive management of intercropping in vineyards to satisfy agronomic and environmental performances under Mediterranean climate. Environmental Modelling and Software 26:1467-1480 Romero P., Castro G. & Gomez J.A. 2007. Curve number values for olive orchards under different soil management. Soil Science Society of America Journal 71:1758-1769 Rosa R.D., Paredes P., Rodrigues G.C., Fernando R.M., Alves I., Pereira L.S. & Allen R.G. 2011. Implementing the dual crop coefficient approach in an interactive software: 2 Model testing. Agricultural Water Management 103:62-77 Roux S., Brun F. & Wallach D. 2014. Combining input uncertainty and residual error in crop model predictions: A case study on vineyards. European Journal of Agronomy 52:191197 Savant N.K., De Datta S.K & Craswell E.T. 1982. Distribution patterns of ammonium nitrogen and 15N uptake by rice after deep placement of urea supergranules in wetland rice. Soil Science Society of America Journal 46:567-573 Savant N.K. & Stangel P.J. 1990. Deep placement of urea supergranules in transplanted rice: principles and practices. Fertilizer Research 25:1-83 Shah S.B., Wolfe M.L. & Borggaard J.T. 2004. Simulating the fate of subsurface-banded urea. Nutrient Cycling in Agroecosystems 70:47-66 Taiz L. & Zeiger E. 1991. Plant physiology. The Benjamin / Cummings Company, 565 pages 90 Totin E., Stroosnijder L. & Agbossou E. 2013. Mulching upland rice for efficient water management: A collaborative approach in Benin. Agricultural Water Management 125:71-80 Tron G., Isbérie C. & Chol P. 2000. La tensiométrie pour piloter les irrigations. Editions Educagri, 247 pages UNEP. 2008. Afrique. Atlas d'un monde en mutation, 393 pages Van Leeuwen C., Pieri C. & Vivin P. 2010. Comparison of three operational tools for the assessment of vine water status: stem water potential, carbon isotope discrimination and water balance. P. 87-106 In: S. Delrot, H. Medrano, E.Or, L. Bavaresco & S. Grando (eds.), Methodologies and results in grapevine research. Springer Science and Business Media Van Walsum P.E.V. & Groenendijk P. 2008. Quasi steady-state simulation of the unsaturated zone in groundwater modeling of lowland regions. Vadose Zone Journal 7:769-781 Watanabe K., Nishiuchi S., Kulichikhin K. & Nakazono M. 2013. Does suberin accumulation in plant roots contribute to waterlogging tolerance. Frontiers in Plant Science 4:178 Yamaya T. & Kusano M. 2014. Evidence supporting distinct functions of three cytosolic glutamine synthetases and two NADH-glutamate synthases in rice. Journal of Experimental Botany 65: 5519-5525 Yoshida S. 1981. Fundamentals of rice crop production. IRRI, Los Banos (Philippines), 269 pages 91 92
4. Curriculum vitae
4.1.
Formation De 1985 à 1987
,
préparation au Laboratoire de Radio Isotopes, Antananarivo
,
d'une thèse de Doctorat en Sciences
Agronomiques
soutenue en décembre 1987
à
l
'
Institut Polytechnique
de Lo
rraine
. o Jury de thèse : Michel Schiavon, MCF, Directeur de thèse (ENSAIA, Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie et des Industries Alimentaires, Nancy), examinateur ; Armand Guckert, Pr., ENSAIA, rapporteur ; Raoul Calvet, Pr., INA-PG, rapporteur ; Paul Fallavier, ingénieur IRAT, examinateur Septembre 1978 – Juillet 1979 : DEA Sciences du Sol à l'Université de Nancy-I Septembre 1976 – Juillet 1979 : cursus d'Ingénieur Agronome à l'ENSAIA de Nancy Septembre 1974 – Juin 1976 : classe préparatoire de Biologie-Mathématiques Supérieures et Spéciales au Lycée d'Etat Chateaubriand à Rennes (admis au Concours A des ENSA, admissible au Concours de l'ENSET, section A3, Biochimie) Baccalauréat Série C, avec mention AB 4.2. Parcours professionnel
Juillet 2013 – à présent : Ingénieur Divisionnaire de l'Agriculture et de l'Environnement à SupAgro Montpellier (JO du 11 juillet 2013) Juin 2012 : Inscription sur la liste des spécialistes et référents du Conseil Général du Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et l'Espace Rural Janvier 2003 – Juin 2013 : Ingénieur de l'Agriculture et de l'Environnement à SupAgro Montpellier Avril 2001 – Décembre 2002 : Ingénieur contractuel, Ministère de l'Agriculture Janvier 1999 – Mars 2001 : Ingénieur de Recherche mis à disposition du CIRAD Montpellier, Programme Canne à Sucre, par le Ministère de la Coopération Septembre 1996 – Décembre 1998 : Agent du Ministère de la coopération en portage « Le Pors » (mission de préparation du « futur » service civique de la défense) Décembre 1991 – Août 1996 : Enseignant Chercheur en Physiologie Végétale au Département de Biologie de la Faculté des Sciences de Niamey, contrat du Ministère de la Coopération 93 Septembre 1981 – Septembre 1991 : Radio agronome au Laboratoire de Radio Isotopes de l'Université de Madagascar, contrat du Ministère de la Coopération Avril 1980 – Juillet 1981 : Volontaire du Service National au Laboratoire de Radio Isotopes de l'ORSTOM à Adiopodoumé (République de Côte d'Ivoire) Septembre 1979 – Mars 1980 : Stagiaire longue durée du CEA puis attaché CNRS au CEN Cadarache, service de Radio-Agronomie
4.3. Production scientifique Le nom des étudiants
que
j'ai directement encadrés est souligné
Synthèse 26 publications 2 chapitres d'ouvrages 9 projets de recherche (participation ou direction) 4 communications à des congrès 14 rapports scientifiques
4.3.1. Publications
Publications dans des revues internationales [19] Gaudin R. & D'Onofrio G. 2015. Is the source-sink relationship in transplanted rice receiving deep placed urea supergranules dependent upon the geometry of transplanting? Paddy and Water Environment doi: 10.1007/s10333-014-0461-z [18] Gaudin R., Kansou K., Payan J.C., Pellegrino A. & Gary C. 2014. A water stress index based on water balance modelling for discrimination of grapevine quality and yield. Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin 48(1):1-9 [17] Kouam E.B., Pasquet R.S., Campagne P., Tignegre J.B., Thoen K., Gaudin R., Ouedraogo J.T., Salifu A.B., Muluvi G.M. & Gepts P. 2012. Genetic structure and mating system of wild cowpea populations in West Africa. BMC Plant Biology 12:113 [16] Gaudin R. & Gary C. 2012. Model-based evaluation of irrigation needs in Mediterranean vineyards. Irrigation Science 30(5):449-459 [15] Gaudin R. 2012. The kinetics of ammonia disappearance from deep-placed urea supergranules (USG) in transplanted rice: the effects of split USG application and PK fertiliser. Paddy and Water Environment 10(1):1-5 94 [14] Gaudin R., Celette F. & Gary C. 2010. Contribution of runoff to incomplete off season soil water refilling in a Mediterranean vineyard. Agricultural Water Management 97(10):1534-1540 [13] Celette F., Gaudin R. & Gary C. 2008. Spatial and temporal changes to the water regime of a Mediterranean vineyard due to the adoption of cover cropping. European Journal of Agronomy 29:153-162 [12] Gaudin R. & Rapanoelina M. 2003. Irrigation based on a nomogram using soil suction measurements. Agricultural Water Management 58(1):45-53 [11] Gaudin R. & Dupuy J. 1999. Ammoniacal nutrition of transplanted rice fertilized with large urea granules. Agronomy Journal 91(1):33-36 [10] Gaudin R., Rapanoelina M. & Oriol P. 1998. Analyses tensiométriques appliquées au pilotage d'irrigation. Cahiers Agricultures 7:131-138 [9] Gaudin R. 1992. Evaluation de la remontée capillaire sous triticale de contre-saison en sol de rizière. L'Agronomie Tropicale 46(2):83-87 [8] Gaudin R. 1991. Un outil enterré pour caractériser l'alimentation ammoniacale du riz irrigué. C.R. Académie des Sciences de Paris, t. 313, série III, p. 221-225 [7] Dupuy J., Gaudin R. & D'Onofrio G. 1990. Etude à l'étude d'urée enrichie en 15N de la fertilisation azotée du riz inondé à Madagascar. III. Cinétique de prélèvement de l'azote apporté sous forme de supergranules d'urée ou de perlurée au repiquage du riz ou 21 jours après. L'Agronomie Tropicale 45(1):21-30 [6] Dupuy J. Gaudin R. & D'Onofrio G. 1990. Etude à l'étude d'urée enrichie en 15N de la fertilisation azotée du riz inondé à Madagascar. II. Effets d'un apport unique ou de deux apports de supergranules d'urée ou de perlurée au cours de la phase initiale de croissance du riz inondé. L'Agronomie Tropicale 45(1):11-20 [5] Dupuy J., D'Onofrio G. & Gaudin R. 1990. Etude à l'étude d'urée enrichie en 15N de la fertilisation azotée du riz inondé à Madagascar. I. Comparaison entre supergranules d'urée, perlurée et solution d'urée placés à 1 cm ou 10 cm de profondeur. L'Agronomie Tropicale 45(1):3-10 [4] Gaudin R. 1988. L'ammoniac NH3, une clé pour comprendre l'efficacité des supergranules d'urée en riziculture irriguée. L'Agronomie Tropicale 43(1):30-39 [3] Gaudin R., Dupuy J. & Bournat P. 1987. Suivi du contenu en azote de la solution du sol d'une rizière après placement d'urée. L'Agronomie Tropicale, 42(1):13-9 [2] Gaudin R., Dupuy J. & Ranaivo J. 1985. Les bougies poreuses, un outil pour suivre l'ammonium et le nitrate en solution dans les sols de rizières. 2. Etude expérimentale L'Agronomie Tropicale 40(1):33-38 95 [1] Gaudin R., Dupuy J. & Ranaivo J. 1985. Les bougies poreuses, un outil pour suivre l'ammonium et le nitrate en solution dans les sols de rizières. 1. Etude bibliographique L'Agronomie Tropicale 40(1):28-32
Facteur d'impact (I.F
.
) 2013 des revues internationales dans lesquelles j'ai publié Revues
Agricultural Water Management Agronomy Journal BMC Plant Biology Cahiers Agricultures European Journal of Agronomy Irrigation Science Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin Paddy and Water
Environment
Nombre de publications dans chaque revue 2 1 1 1 1 1 1 Place de l'auteur comme signataire 1er 1er 6ème 1er 2nd 1er 1er Numéro de l'article IF2013 [12], [14] [11] [17] [10] [13] [16] [18] 2,33 1,54 3,94 0,39 2,92 2,84 0,80 2 1er [15], [19] 1,25
Communication à l'Académie Malgache [20] Gaudin R. 1988. Le rôle de l'ammoniac dans l'alimentation azotée des plantes : un problème remis à jour par l'étude de la fertilisation azotée du riz irrigué. Bulletin de l'Académie Malgache 66(1-2):181-184 Publications dans des revues de développement avec comité de lecture [26] Gary C., Gaudin R. & Metay A. 2014. Gestion de l'entretien du sol et fonctionnement hydrique du vignoble. Innovations Agronomiques 38:109-116 [25] Rapanoelina M., Gaudin R. & Oriol P. 1999. Sables roux, pivots, tensiomètres : comment ajuster l'irrigation? Agriculture et Développement 24:127-130 [24] Gaudin R., Brouwers M. & Chopart J.L. 1999. L'eau utile et les c aractéristiques hydrodynamiques des sols sous culture de canne à sucre. Agriculture et Développement 24:30-38 [23] Gaudin R. 1999. L'évaluation des besoins en eau de la canne. Agriculture et Développement 24:10-20 [22] Gaudin R. 1999. Incidence de l'eau sur la culture de la canne. Agriculture et Développement 24:4-8 [21] Oriol P., Rapanoelina M. & Gaudin R. 1995. Le pilotage de l'irrigation de la canne à sucre par tensiomètres. Agriculture et Développement 6:39-48 96 4.3.2.
Contributions à des congrès
Avec publications des actes du congrès [C2] Gaudin R., Gary C., Wery J., Coulon V. & Cazes E. 2014. Monitoring of irrigation in a Mediterranean vineyard: water balance simulation versus pressure chamber measurement. Acta Hort. (ISHS) 1038:295-302. In: Proceedings of the Seventh International Symposium on Irrigation of Horticultural Crops (symposium held at Geisenheim, Germany in July 2012), editors: P. Braun, M. Stoll and J. Zinkernagel. [C1] Gaudin R. Autres contributions [C3] Dufourcq T., Barraud G., Delpuech X., Debord C. & Gaudin R. 2013. Application du modèle de bilan hydrique WaLIS pour prédire le potentiel hydrique foliaire de tige sur cépage Colombard en Côtes de Gascogne. Ciência e Técnica Vitivinicola Volume 28, Proceedings 18th International Symposium GiESCO, Porto, 7-11 July 2013, p.75 -79. Oriol P., Rapanoelina M., Gaudin R. & Rasolo J. 1991. Suivi tensiométrique d'une culture de canne à sucre irriguée par rampe pivotante sur sol alluvionnaire léger. AFCAS : 1ère rencontre internationale en langue française sur la canne à sucre, p.174-180. 4.3.3. Rapports scientifiques (14 rapports) [R14] Gaudin R. & Papin O. 2010. Bilan carbone-Etude pilote. UMR 1230 Fonctionnement et analyse des systèmes de culture tropicaux et méditerranéens. Données 2008. ECICCO2-FACTOR X-SYMOE, 50 pages [R13] Gaudin R. 1995. La distribution des plantes C3, C4 et CAM au Niger. Atelier National sur les Ressources Phytogénétiques, Niamey, 8 pages [R12] Gaudin R., Rapanoelina M. & Oriol P. 1990. Rapport des études tensiométriques pour l'irrigation à la SIRANALA. Laboratoire de Radio Isotopes / SIRANALA, 42 pages [R11] Gaudin R. 1989. Rapport de la mission effectuée à la SIRAMA Ambilobé, 8-9 décembre 1989. Laboratoire de Radio Isotopes, 9 pages [R10] Gaudin R. 1989. De l'absorption de l'azote ammoniacal sous sa forme moléculaire NH3 à la sonde de fertilité : implication physiologique et intérêt agronomique. In : Bilan hydrique et minéral d'un bas-fond sur les hautes terres de Madagascar. Rapport d'avancement. M. Raunet (éd.), Montpellier, CIRAD, p. 77-97 97 [R9] Gaudin R. 1988. Projet d'étude des remontées capillaires pour l'alimentation hydrique du blé de contre-saison au Lac Alaotra. Laboratoire de Radio Isotopes, 5 pages [R8] Gaudin R. 1988. Les problèmes de nutrition minérale (en particulier azotée) posés par l'étude de la fertilisation supergranule d'urée en différents points du bas-fond d'Ambohitrakoho. In : Bilan hydrique et minéral d'un bas-fond des hautes terres de Madagascar. Rapport d'avancement. M. Raunet (éd.), Montpellier, CIRAD, p. 107130 [R7] Gaudin R. Non daté. Etude du rôle des impluvia dans l'alimentation hydrique des pins. Rapport des études menées à la Fanalamanga, Université de Madagascar, 15 pages [R6] D'Onofrio G., Dupuy J., Gaudin R. & Ravohitrarivo P. 1985. Effets comparés de l'application de perlurée et de supergranules d'urée sur riz inondé à Madagascar. 26 pages. Ministère de la Production Agricole et de la Réforme Agraire de Madagascar / Programme Engrais Malgache de la FAO [R5] Gaudin R. 1985. L'eau, le sol et la plante. Qu'est-ce que la courbe caractéristique et à quoi sert-elle? Centre d'Informations Scientifiques et Techniques de Tananarive, 15 pages [R4] Gaudin R. & Dupuy J. 1985. La sonde à neutrons et les tensiomètres. Méthodologie, Application, ou comment : déterminer avec précision les qualités hydrodynamiques d'un sol, connaître les besoins en eau d'une culture, piloter une irrigation. Université de Madagascar, 43 pages [R3] Gaudin R. & Dupuy J. 1984. Etude bibliographique sur les bougies poreuses utilisées comme préleveurs de la solution du sol. 2008-2011 : Participation au Projet Climfourel, projet PSDR (projet pour et sur le Développement Régional) à financement INRA, CEMAGREF, CIRAD et SupAgro : 98 Adaptations au changement climatique des systèmes d'élevage de l'arc périméditerranéen (Sud du massif central). Durée : 3 ans. Valorisation par 2 projets collectifs d'ingénieurs. 2003-2011 : Participation au Programme vigne de l'UMR System sur le partage de la ressource hydrique dans le système vigne-enherbement. Durée : 8 ans. 1999-2000 : Coordination du numéro spécial d'Agriculture et Développement (Programme Canne à sucre du CIRAD) sur l'irrigation de la canne à sucre. Durée : 2 ans. 1993-1994 : Lancement du programme recherche de l'IRD : Biodiversité du niébé en Afrique de l'Ouest. Durée : 1 an. Valorisation dans la publication de synthèse [17] d'un doctorant africain. 1987-1990 : Initiation et mise en oeuvre de la convention de travail entre LRI et SIRANALA (Analaiva-Morondava, Madagascar) pour les études sur le pilotage des arrosages au sein du périmètre sucrier. Durée : 3 ans. Valorisation dans revue de développement [21, 25] pour l'aspect pratique du pilotage en sols légers, dans revue internationale [10, 12] pour les avancées théoriques sur les flux d'eau dans le sol. 1986-1989 : Etude du bilan hydrique et minéral d'un bas-fond représentatif des Hautes Terres Malgaches. Participation à l'Action Thématique Programmée « Bas-Fonds ». Durée : 3 ans. Coordinateur de l'action du LRI (Laboratoire de Radio Isotopes) ; financement : CIRAD-CNRS-INRA-ORSTOM et Ministère de la Coopération. Valorisation par le colloque international « Bas-fond et Riziculture » tenu en décembre 1991 à A 1983-1986 : Etude à l'aide d'urée enrichie en 15N de la réponse du riz repiqué à la fertilisation supergranules d'urée. Participation au Programme Engrais Malgache (FAOMinistère de la Réforme Agraire et du Développement Rural). Durée : 4 ans. Valorisation par une série d'articles dans la revue de référence [5, 6, 7]. 1982-1984 : Collaboration avec le groupe d'étude de la solution du sol (IRAT). Durée : 2 ans. Tableau synthétisant mes principales collaborations nationales et internationales (hors équipe actuelle d'appartenance) ayant donné lieu à des publications Collaborateur
(s) Structure Pays C. Pieri, R. Oliver G. D'Onofrio M. Raunet M. Rapanoelina, P. Oriol M. Brouwers R. Pasquet E. Cazes, V. Coulon IRAT FAO CIRAD SIRANALA/ CIRAD CIRAD IRD Advini France Italie, Madagascar France Madagascar France Niger France 99 Numéro de publication 1, 2 5, 6, 7, 19 4, C1 10, 12, 21, 25 24 17 C2 la 4.5.
Activités pédagogiques
J'ai assuré le temps plein d'un enseignant chercheur (192 h équivalent TD par an) à la Faculté des Sciences de Niamey, de 1992 à 1996, en physiologie végétale. Deux publics concernés : amphi de 120 étudiants en CB-BG* 2 (70 étudiants) et Agro 2 (50 étudiants) et salle de 12 étudiants en licence sciences naturelles. *CB-BG correspond à Chimie-Biologie/ Biologie-Géologie De 1982 à 1991, j'ai délivré un volume de 20 h annuelles en radio agronomie auprès de 20 étudiants de la spécialisation agriculture de l'Etablissement des Sciences Supérieures Agronomiques de Tananarive. Depuis 2008, j'assure un réalisé pédagogique d'environ 120 h annuelles dans les formations de Licences Professionnelles « Raisonnée et Certification environnementale » et « Viticulture Raisonnée et Certification Environnementale » de Montpellier SupAgro (cohabilitation avec l'Université Paul-Valéry Montpellier, UFR3). 4.5.1. Enseignement Détail des enseignements
Radio Agronomie, de 1982 à 1991 : Etablissement d'Enseignement Supérieur des Sciences Agronomiques de Tananarive, spécialisation agriculture ; 20 h par an. Durée : 10 ans. Généralités sur la physique nucléaire et les rayonnements : constitution de la matière – les 4 interactions fondamentales – la radioactivité – méthode de mesure des rayonnements – radioprotection Utilisation des radio-isotopes en sources scellées en agronomie : l'eau dans le sol / la sonde à neutrons (avec TP) – la densité des sols / le gamma-densimètre (avec TP) – la méthode du drainage interne (TD) – irradiation des denrées Utilisation des radio-isotopes en sources non scellées en agronomie : radioentomologie – dilution isotopique Utilisation des isotopes stables en agronomie : l'azote-15 Physiologie Végétale, de 1992 à 1996 : Faculté des Sciences de Niamey ; 192 h équivalent TD par an. Durée : 6 ans. a) Niveau CB-BG 2 (70 étudiants) et Agro 2 (50 étudiants) La cellule végétale. La plante dans son milieu. Alimentation hydrique : eau dans le sol –
po
ils
absorb
ants –
stomates
(avec
TP
) – caractérisation
des sèves
(TD) – caractérisation du
continuum sol-plante
atmosphère à l'aide de la
notion de potentiel hydrique
(
TP
pression
osm
otique
)
– circulation de l'eau –
rég
ulation stomatique
Photosynthèse : chloroplastes – pigments photorécepteurs – métabolisme C3 et photo-respiration – mé
tabolism
es
C4
et CAM Métabolisme de l'azote : assimilation de
l'
ammoniaque – fixation
symbio
tique de l'a
zote
atmosphérique – assimil
ation
du
n
itrate Etude des relations eau-sol-plante b) Niveau Licence Sciences Naturelles (12 étudiants) Nutrition minérale La germination (y compris aspects biochimiques) Médiateurs moléculaires de la croissance et du développement (avec TP et TD) Agronomie, de 2008 à actuel : Montpellier SupAgro ; Licences Professionnelles Agriculture Raisonnée et Certification Environnementale (20 étudiants) / Viticulture Raisonnée et Certification Environnementale (12 étudiants) ; 120 h équivalent TD par an. Durée : 6 ans. Physiologie et agronomie générale
Description, Caractérisation et
Formation des sols agricoles
Constituants et propriétés : complexe argilo-humique – capacité d'échange des cations – mesure de l'acidité (ou basicité) des sols – calcul du besoin éventuel en chaux L'eau dans le sol : définition du potentiel hydrique – méthodes de mesure de l'humidité et du potentiel hydrique – flux d'eau dans
le sol Bilan hydrique et pilotage des arrosages (avec TD) Analyse de sols (TD)
Responsabilités pédagogiques
Depuis 2008, Responsable de l'UE2 Agronomie de la licence professionnelle Agriculture Raisonnée et Certification Environnementale (cohabilitation SupAgro et Université PaulValéry) Depuis 2008, Responsable de l'UE2 Agronomie de la licence professionnelle Viticulture Rais
et Certification Environnementale (licence en alternance) (cohabilitation SupAgro et Université Paul-Valéry) 101 Enseignant invité Septembre 2014 :
«
Le placement
d'urée (supergranules d'urée) en riziculture repiquée ; intérêts et limites ». Cours donné à l'école thématique sur les services systémiques rendus par les sols, organisée par le LRI et l'IRD à Tananarive (financement FSP-PARRUR et AUF) 4.5.2.
Encadrement
d'
étudiants
Au total, j'ai assuré l'encadrement de 22 étudiants dans le cadre de leur stage de fin d'études : 3 en Master 2, 1 en DEA, 1 en DESSA, 13 en Licence professionnelle Agriculture Raisonnée et Certification Environnementale, 3 en Licence professionnelle Viticulture Raisonnée et Certification Environnementale. J'ai aussi encadré 3 projets collectifs d'Ingénieurs, spécialisation Production Végétale Durable.
| 37,241
|
2002PA066499_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,002
|
Recherche d'effets de microlentille gravitationnelle en direction de M31 : application de la méthode des pixels aux données Point-Agape
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,870
| 9,653
|
Recherche
d’
effets
de
microlentille gravitationnelle en direction
de M31
: application
de la
méthode des pixels aux données
POINT-AGAPE Stephane Paulin-Henriksson To cite this version: Stephane Paulin-Henriksson. Recherche d’effets de microlentille gravitationnelle en direction de M31 : application de la méthode des pixels aux données POINT-AGAPE. Astrophysique [astro-ph]. Université Pierre et Marie Curie Paris VI, 2002. Français. NNT :. tel-00002698 HAL Id: tel-00002698 https://theses.hal.science/tel-00002698 Submitted on 8 Apr 2003 HAL is
a multi-disciplinary open access
archive
for the
deposit
and dissemination
of scientific
research documents, w
hether they are published or not
.
The
documents may come from teaching and research institutions
in
France
or
abroad, or
from
public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. TH
ÈSE
de
DOCTORAT
de l’Université Paris VI présentée par Stéphane Paulin-Henriksson pour obtenir le grade
de Do
cteur
de l’
Université
Paris
VI
Spécialité : Physique Recherche d’effets de microlentille gravitationnelle en direction de M31 : application de la méthode des pixels aux données POINT-AGAPE. Soutenue le 5 juin 2002 devant la Commission d’Examen composée de : Pierre Encrenaz président du jury Alain Falvard
Andrew
Gould
Jean
Ka
plan
directeur de thèse
James Rich rapporteur Annie Robin rapporteur Daniel Vignaud
Rés
umé La nature de la matière sombre demeure aujourd’hui une des interrogations majeures de la cosmologie. Une hypothèse envisageable est qu’elle soit en partie constituée de matière baryonique ordinaire sous forme d’objets compacts sombres, appelés “MACHOs” (MAssive Compact Halo Objects), situés dans le halo des galaxies. Pour détecter de tels objets, il est possible de rechercher les effets de microlentille gravitationnelle qu’ils produisent lorsqu’ils passent devant une étoile d’arrière plan. La collaboration AGAPE effectue cette recherche en direction de la galaxie M31 (Andromède), située à environ 725 kpc. A cette distance, très peu d’étoiles sont résolues, c’est pourquoi la collaboration a dû imaginer et mettre en œuvre une méthode d’analyse, nommée “méthode des pixels”, permettant de détecter les variations de luminosité directement dans les pixels de la caméra CCD. La collaboration POINT-AGAPE a observé M31 entre 1999 et 2002, à l’aide du télescope de 2,5 m Isaac Newton (INT), à La Palma, aux ı̂les Canaries, avec la caméra grand champ WFC, couvrant deux champs de 0, 3 deg2. Cette thèse porte sur l’analyse des données issues des deux premières saisons d’observation (d’août 1999 à janvier 2001). Une dizaine de candidats microlentille ont été détectés. Dans la plupart des cas l’hypothèse d’étoiles variables reste vraisemblable et sera mieux contrainte lorsque la dernière saison de données sera analysée. Quatres candidats ont cependant particulièrement retenu l’attention car, ayant eu lieu sur des échelles de temps de quel ques jours, il est particulièrement difficile d’envisager une alternative à leur interprétation en tant que microlentille. Pour deux candidats sur les quatre, l’hypothèse d’auto-lentilles (i.e : les lentilles sont elles-mêmes des étoiles de M31 situées en avant plan des étoiles sources) est favorisée car ils sont situés proches du bulbe de la galaxie. Un troisième candidat se trouve à 20 5400 du centre de M32, une galaxie elliptique naine satellite de M31. Si M32 se trouve en avant plan de M31, la profondeur optique est vraisemblablement dominée à cet endroit par les événements ayant comme étoile source une étoile du disque de M31 et comme lentille une étoile de M32. Le dernier candidat est une étoile du disque de M31 amplifiée soit par un MACHO soit par une autre étoile du disque. Bien que la seconde éventualité semble moins vraisemblable, elle n’est pas exclue. Quoi qu’il en soit, le nombre d’événements détectés est très inférieur à celui prédit par la simulation Monte Carlo de l’expérience, même dans le cas d’un halo exempt de MACHO. Ceci montre que : soit il existe un biais mal compris dans l’efficacité de détection ; soit les modèles (fonctions de luminosité, de densité, etc.) adoptés pour simuler la galaxie doivent être revus. La première éventualité est en cours d’investigation. Mots-clefs : cosmologie matière sombre
MACHO micro
lentille gravitationnelle
M
31 méthode des pixels Abstract
The nature of the dark matter is a major question in cosmology today. A plausible hypothesis is that the dark matter is composed partly of ordinary baryons in the form of MAssive Compact Halo Objects, or “MACHOs”, which reside in galactic halos. To detect such objects, one may search for the effects of graviational microlensing that are produced when a MACHO passes in front of a more distant star. The AGAPE collaboration is carrying out this search in the direction of M31, the Andromeda galaxy, about 725 kpc away. At this distance, very few stars are resolved, which is why AGAPE had to design and put into practice a method of analysis, called “pixel lensing”, that allows the detection of flux variations directly in the pixels of the CCD camera. The POINT-AGAPE collaboration observed M31 from 1999 to 2002 using the 2.5 m Isaac Newton Telescope (INT), at La Palma in the Canary Islands, and employing the widefield camera (WFC) to image two fields, each 0.3 deg 2. This thesis concerns the analysis of the data obtained during the first two seasons of observation (August 1999 to January 2001). About 10 microlensing candidates were detected. For the majority, source-star variability is the likely explanation for the events. This hypothesis will be better constrained when the final season’s data are analyzed. Four microlensing candidates are, however, especially worthy of notice because they took place on time scales of only a few days, and it is therefore particularly difficult to think of an alternatively interpretation to microlensing. For two of the four candidates, self-lensing (in which the lenses are themselves M31 stars that lie in front of the M31 sources) is the mostplausible hypothesis since the events lie projected close to the M31 bulge. A third candidate lies 20 5400 from the center of M32, a dwarf elliptical satellite galaxy of M31. If M32 lies in front of M31, the optical depth is most likely dominated at this position by events having a source in the M31 disk lensed by either a MACHO or an M32 star. The last candidate is a star in the M31 disk lensed by either a MACHO or another star in the disk of M31. Although the latter possibility is less likely, it is not ruled out. Regardless, the number of detected events is much less than what is predicted by Monte Carlo simulations of the experiment, even if the halo contains no MACHOs. This shows that either there is a poorly understood bias in the detection efficiency or the models (luminosity function, density profile, etc) used in the simulations require revision. The former possibility is under investigation.
Key-words : cosmology dark matter MACHO gravitational microlensing M31 pixel method i
TABLE DES MATIÈRES
Table des matières Préface
1 I La recherche
d’
effet
s de microlentille gravit
ationnelle
pour
l’étude
de la ma
tière
sombre 5 1 La matière sombre 7 1.1 Indications issues de l’observation....................... M L 8 1.1.1 Le rapport masse–luminosité :................... 8
1.1.2 Présence de
matière sombre dans les galaxies spirales........ 9 1.1.3 Présence de matière sombre dans la Voie Lactée........... 11 1.1.4 Présence de matière sombre dans les galaxies elliptiques....... 12 1.1.5 Présence de matière sombre dans les groupes et amas de galaxies.. 13 1.1.6 Présence de matière sombre aux échelles supérieures aux amas... 15 1.2 Arguments dans le cadre du modèle cosmologique de FRW......... 16 1.2.1 Contraintes sur ΩB par la nucléosynthèse primordiale........ 17 1.2.2 Mesure directe de Ωtot par les anisotropies du CMB......... 21 1.2.3 Contraintes sur Ωmatiere pour la formation des structures...... 27 1.2.4 Contraintes sur ΩΛ et Ωmatiere par l’observation des supernovae de type Ia.................................. 28 1.3 Arguments théoriques.............................. 29 1.3.1 Evolution de Ωtot avec le temps.................... 29 1.3.2 La théorie de l’inflation.......................
.. 29
1.4 Hypothèses quant à la nature de la matière sombre............. 31 1.4.1 Matière sombre baryonique....................... 31 1.4.2 Matière sombre non baryonique.................... 35
2 Détection des MACHOs par effet de microlentille gravitationnelle
2.1 Microlentilles gravitationnelles avec source et lentille ponctuelles...... 39 39 TABLE DES MATIÈRES ii 2.1.1 Le phénomène de lentille gravitationnelle............... 39 2.1.2 Positions des images virtuelles de la source.............. 41 2.1.3 Le phénomène de microlentille..................... 42 2.1.4 Varition transitoire du
flux
....................... 45 2.1.5
Propriété
s
des
courbes de Pa
czyński
.................. 46 2.1.6
La profond
eur op
tique......................... 47 2.1.7 Discution sur les propriétés des microlentilles............. 50 2.2 Complément sur l’effet de microlentille..
.................. 51
2.2.1 Dégénérescence des paramètres de la courbe de Paczyński...... 51 2.2.2 L’effet de taille finie de la source.................... 53 2.2.3 Effets de microlentille avec une lentille binaire............ 58 2.3 L’effet de microlentille pour la détection d’objets massifs.......... 60 2.3.1 Recherche de MACHOs en direction des Nuages de Magellan.... 61 2.3.2 Recherche d’effets de microlentille en direction du centre galactique 65 2.3.3 Recherche de MACHOs en direction de M31............. 65 II AGAPE : recherche en direction de M31 d’effets de microlentille sur des étoiles non résolues, par la méthode des pixels 67 3 L’expérience AGAPE 3.1 Les observations AGAPE-Pic du Midi..................... 69 70 3.1.1 Présentation............................... 70 3.1.2 Résultats................................ 72 3.2 Observations avec le télescope MDM McGraw-Hill.............. 73 3.2.1 Présentation..........
..................... 73 3.2.2 Résultats................................ 74 3.3 POINT-AGAPE................................ 77 3.3.1 Présentation............................... 77 3.3.2 Volume des données.......................... 79 4 Application de la méthode des pixels aux données POINT-AGAPE 81
4.1 Motivations de la méthode des pixels..................... 81 4.2 Stabilité photométrique des
pixels
.......................
83 4.3 Alignement géométrique............
................
84 4.4 Alignement photométrique...........................
86
4.5 La stabilisation de seeing............................ 87 iii
TABLE DES MATIÈRES
4.5.1 Définition de la fraction de seeing d’une source ponctuelle..... 4.5.2
Première étape de la méthode parisienne
de stabilisation de seeing
:
utilisation de super-
pixels....................... 4.5.3 89 Seconde étape de la stabilisation de seeing : correction statistique du
flux
des super pixels.......................... 4.5.4 87 91 Détermination de l’incertitude résiduelle à l’issue de la stabilisation de seeing................................. 10 1.2
Photo de
Fritz Zw
icky
............................. 14 1.3 Contraintes issues de la nucléosynthèse primordiale sur le paramètre η... 20
1.4 Spectr
e de
corps
noir du
C
MB......................... 22
1.5
Exempl
es de
spectres
d’a
niso
tropies
du CMB
................. 24 1.6 Lien entre les oscillations acoustiques et les pics Doppler.......... 25 1.7 Effet de la géométrie de l’univers sur la taille angulaire des anisotropies du CMB....................................... 26 2.1 Déviation d’un rayon lumineux par la gravité................. 40 2.2 L’effet de lentille gravitationnelle (1)..................... 40 2.3 L’effet de lentille gravitationnelle (2)..................... 42 2.4 Flux lumineux perçu par l’
observateur.................... 43 2.5 Le rayon d’Einstein............................... 44 2.6 Exemple de courbe de Paczyński....................... 46 2.7 Dégéréscence des paramètres du fit de Paczyński (1)............. 52 2.8 Dégéréscence des paramètres du fit de Paczyński (2)............. 53 2.9 Courbes de lumière avec effet de taille finie.................. 55 2.10 Effet de la taille finie de la source sur la courbe de lumière de l’événement 57 2.11 Effet de la taille finie de la source sur l’amplification au maximum..... 58 2.12 Exemple de lentille binaire........................... 59 2.13 Principales expériences de recherche de microlentilles et leurs lignes de visée 61 2.14 Superposition des résultats EROS et MACHO................ 64 2.15 Inclinaison du disque de M31 par rapport à notre ligne de visée...... 66 3.1 Champs d’observation des différentes collaboration AGAPE........ 70 3.2 Télescope Bernard Lyot
............
................ 71
3.3
Champ
s d’observation du Pic du Midi..................... 71
TABLE
DES FIGURES vi 3.4 Le candidat microlentille
AGAPE-
Z1.....
................
73
3.5 Le télescope MDM-McGraw Hill........................ 74 3.6 Candidats microlentille
MDM
.........................
76 3.7 Bandes spectrales utilisées lors des observations POINT-AGAPE......
78
3.8 Distribution du seeing dans les données
INT................. 79
4.1 Extrait des données
POINT
-AGAPE
..................... 82
4.2 Schéma de superposition des pixels......
................ 85 4.3
Fr
action
m
oyenne de
seeing
.............
............. 89
4.4 Représentation de
super-pixels
.........
................ 90 4.5 Fraction moyenne de
seeing des super-pixels................. e cour et Φref − Φ e ref (1)............... 4.6 Corrélation entre Φcour − Φ e cour et Φref − Φ e ref (2)............... 4.7
Corr
élation entre Φcour − Φ 91 courante et l’image de référence........................ 95 4.9 Illustration de l’effet de la stabilisation de seeing............... e cour et Φref − Φ e ref (3)............... 4.10 Corrélation entre Φcour − Φ 96 93 94 4.8 Dépendance de la pente du cigare avec la différence de seeing entre l’image 4.11 L’incertitude résiduelle σsee à l’issue de la stabilisation de seeing...... 97 99
4.12 Corrélation entre σsee
et
le
seeing. 100 4.13 Distribution des χ2 des courbes de lumière avant et après stabilisation de seeing. 101 4.14 Paramétrisation de
σ
see en fonction du
seeing
.
103 4.15 Rapport
signal
sur bruit en fonction de la taille des super-pixels. 104 5.1 Schéma de la chaine de réduction des images. 111 5.2 Distribution des paramètres a, b et α. 114 5.3 Estimation de la ligne de base
.
118
5.4
Proportion de cour
bes
de lumière fluctuantes
.
121 5.5 Illustration d’une carte de vraisemblance. 123 5.6 Diagrammes HR de la totalité des variations détectées. 124 5.7 Exemples de fluctuations asymétriques quasi-compatibles Paczyński. 129 5.8 Distribution du coefficient de Durbin-
Watson
des courbes de lumière stables 130 5.9 Diagrammes HR des 362 fluctuations avec χ2 /d.l. < 5. 132 5.10 Magnitude
des
362 fluctuations fonction de la largeur à mi-hauteur. 133
5.11
Courbe
de lu
mière
du candidat
N
1 entre août et novembre 1999. 135 5.12 Courbe de lumière du candidat N1 entre août 1999 et janvier 2001. 136 5.13 Astrométrie du candidat N
1
sur les images
HST
. 138
vii TABLE DES
FIG
URES
5.14 Diagramme HR des étoiles résolues par le HST.
139 5.15 Courbe de lumière du candidat N2. 141 5.16 Résidus de l’ajustement du candidat N2. 142 5.17 Zones de confiance dans le plan tE versus Φ∗,r0 du candidat N2. 144 5.18 Courbe de lumière du candidat S3. 145 5.19 Zoom sur la courbe de lumière du candidat S3. 146 5.20 Zones de confiance dans le plan tE versus Φ∗,r0 du candidat S3. 148 5.21 Courbe de lumière du candidat S4. 149 5.22 Zoom sur la courbe de lumière du candidat S4. 150 5.23 Zone à 70% de niveau de confiance dans le plan tE versus R du candidat S4 152 5.24 Courbe de lumière de l’événement S8. 153 5.25 Distribution des efficients de Durbin-Watson des 362 événements avec χ2 /d.l. < 5. 154 5.26 Coefficient de Durbin-Watson fonction de la largeur à mi-hauteur. 155 5.27 Courbe de lumière de l’événement S10. 158 5.28 Courbe de lumière de l’événement N11. 159 5.29 Courbe de lumière de l’événement N12. 160 5.30 Courbe de lumière de l’événement S13. 161 5.31 Courbe de lumière de l’événement N14. 162 5.32 Courbe de lumière de l’événement S15. 163 5.33 Positions dans le champ d’observation des candidats issus des différentes étapes
de la sélection
. 75 3.2 Nombre de nuits d’observation dans les trois filtres au cours des trois saisons. 78 5.1 Liste des images de référence. 112 5.2 Calibration astrométrique des images de référence. 115 5.3 Equations de couleurs des images de référence. 116 5.4 Paramètres de la courbe de Paczyński ajustée sur le candidat N1. 134 5.5 Paramètres de la courbe de Paczyński ajustée sur le candidat N2. 143 5.6 Paramètres de la courbe de Paczyński ajustée sur le candidat S3. 146 5.7 Paramètres de la courbe de Paczyński ajustée sur le candidat S4. 151 5.8 Paramètres des courbes de Paczyński ajustées sur les six événements longs 157
Liste des symboles
Unités Quantité Symbole unité astronomique UA parsec pc kiloparsec kpc mégaparsec Mpc arcminute 0 arcseconde 00 Valeur 15 × 1010 m 3 × 1016 m 1000 pc = 3 × 1019 m 1000 kpc = 3 × 1022 m 2, 9 × 10−4 rad = 0, 017◦ 4, 8 × 10−6 rad = 2, 8 × 10−4 ◦ Constantes physiques Quantité Symbole vitesse de la lumière dans le vide c constante gravitationnelle G constante de Hubble H0 facteur de Hubble h100 masse du soleil M rayon solaire R x Valeur 3 × 105 km.s−1 6, 67 × 10−11 m3.kg−1.s−2 H0 = 70 ± 10 km.s−1.Mpc−1 H0 100 km.s−1.Mpc−1 30 2 × 10 kg 7 × 108 m = 0, 7 ± 0, 1
Préface
La nature de la matière sombre demeure aujourd’hui une des interrogations majeures de la cosmologie. Une hypothèse envisageable est qu’elle soit en partie constituée de matière baryonique ordinaire sous forme de corps compacts sombres, appelés “MACHOs” (MAssive Compact Halo Objects), situés dans le halo des galaxies. En 1986, B. Paczyński suggéra une manière de mettre en évidence de tels corps en cherchant les effets de microlentille gravitationnelle qu’ils produisent lorsqu’ils passent devant une étoile d’arrière plan. Bien que l’image de l’étoile soit trop petite pour que l’on puisse en observer la déformation, on peut détecter une amplification du flux lumineux de l’étoile durant le processus. Les premières expériences à mettre cette suggestion en pratique (EROS, MACHO, OGLE) démontrèrent au cours des années 90 que ce type d’expérience était réalisable et étudièrent, entre autre, le halo de la Voie Lactée en direction des Nuages de Magellan. Parallèlement, P. Baillon et A. Crotts proposèrent en 1992 d’étudier suivant le même principe le halo de la galaxie M31 (Andromède). Cette ligne de visée est motivée par essentiellement quatre raisons : – M31 contient plusieurs dizaines de milliers d’étoiles susceptibles de subir une amplification détectable, permettant ainsi d’obtenir une bonne statistique ; – M31 est la galaxie similaire à la nôtre (spirale, de masse comparable, etc.) la plus proche de nous ; – le halo de M31 est observable dans son ensemble, contrairement au halo de la Voie Lactée ; – la ligne de visée en direction de M31 traverse également la halo de la Voie Lactée et permet donc d’étudier ce dernier dans une direction différente de celle des Nuages de Magellan. 1 Plusieurs programmes de recherche, dont AGAPE dans le cadre duquel s’inscrit cette thèse, s’attachèrent à ce travail. M31 se situe à environ 720 kpc (14 fois plus loin que les Nuages de Magellan), ce qui entraine que les étoiles ne sont pas résolues. L’équipe parisienne de la collaboration AGAPE a alors imaginé et mis en œuvre une méthode d’analyse originale nécessitant un faible temps de calcul, nommée “méthode des pixels”, consistant à étudier directement les courbes de lumière des pixels de la caméra CCD plutôt que les courbes de lumière des étoiles. La principale difficulté d’une telle analyse réside dans l’instabilité photométrique des pixels entrainée par les variations de “seeing” (une source ponctuelle est observée sur les images astronomiques comme ayant une certaine étendue caractérisée par le seeing). Une méthode dı̂te de “stabilisation de seeing” a été développée, au fur et à mesure des différentes collaborations, qui permet une correction approximative des effets de variations du seeing. La collaboration POINT-AGAPE a observé M31 entre août 1999 et janvier 2002 durant trois saisons de six mois, avec la caméra grand champ nommée WFC (Wide Field Camera) montée sur le télescope de 2,5 m Isaac Newton (INT), à La Palma, aux ı̂les Canaries, couvrant deux champs de 0, 3 deg2, c’est à dire la quasi-totalité de M31. L’objet de cette thèse est l’analyse des données issues des deux premières saisons d’observation (d’août 1999 à janvier 2001). Outre cette analyse, le travail a tout d’abord consisté à tirer parti des travaux antérieurs, afin d’élaborer une chaine de traitement offrant une bonne efficacité de détection. Les améliorations apportées à la méthode des pixels tiennent essentiellement en deux points : – l’amélioration importante de l’efficacité de détection dans les régions les plus encombrées du champ d’observation (i.e : proches du centre de M31), via l’utilisation de cartes de vraisemblance (voir chapitre 5). – la détermination exacte des incertitudes à l’issue de la stabilisation de seeing (voir chapitre 4), ce qui permet la détermination rigoureuse de la largeur des super pixels, ainsi qu’un meilleur contrôle des critères de sélection, tels que le test de DurbinWatson ; L’analyse met en évidence un fond d’étoiles variables dont les courbes de lumière sont très proches de celles d’effets de microlentille et dont il est difficile de s’affranchir. L’analyse des données issues de la troisième saison permettra sans doute de mieux caractériser ces étoiles. En attendant, une première recherche d’effets de microlentille parmi les événements courts (fluctuations sur des échelles de temps inférieures à 25 jours) et brillants (magnitude de l’accroissement dans le filtre standard (i.e : Cousins) R inférieure à 21) mène à quatre candidats. 2 Cette thèse est organisée en six chapitres. Le premier présente une revue sur la matière sombre et place le contexte cosmologique dans lequel la recherche de MACHOs prend place. Tout d’abord il montre que la masse des galaxies est due à plus de 90% à la matière sombre qui, au moins dans le cas des galaxies spirales, est essentiellement répartie sous forme de halo entourant la partie visible, elle-même essentiellement composée d’étoiles. Il montre ensuite que plus de 99% des baryons de l’Univers ne se trouvent pas dans les étoiles. Une quantité importante de ces derniers pourrait se trouver sous forme de matière sombre galactique, et notamment de MACHOs. Le second chapitre explique le phénomène de microlentille gravitationnelle. Cet effet peut être compris comme un cas particulier de l’effet de lentille gravitationnelle pour lequel l’image de la source est trop petite pour qu’on puisse en observer la déformation mais pour lequel l’amplification du flux lumineux en direction de l’observateur demeure détectable. Vient ensuite un exposé sur la manière dont la recherche d’effets de microlentille permet de mettre en évidence la présence de MACHOs sur la ligne de visée ; puis une présentation des principaux résultats expérimentaux obtenus par cette méthode. Le chapitre 3 décrit les différents travaux de la collaboration AGAPE. Depuis 1994, trois campagnes d’observations se sont succedées, élargissant chaque fois le champ d’observation jusqu’à couvrir, dans le cas de POINT-AGAPE, la quasi totalité de la surface de M31. Le chapitre 4 explique les étapes de la méthode des pixels, élaborée afin de détecter les variations de flux d’objets non résolus avec un temps de calcul réduit. Une grande partie de l’exposé est consacré à la stabilisation de seeing. L’analyse proprement dite des 67 millions de courbes de lumière durant les deux premières saisons d’observation est décrite au chapitre 5. L’analyse comprend toutes les étapes depuis la réduction des images à la sortie du télescope jusqu’à la sélection et l’étude au cas par cas des quatre candidats microlentille. Enfin, dans le chapitre 6, on procède à l’interprétation des résultats de l’analyse. Il ressort de la simulation Monte Carlo de l’expérience que le nombre d’effets de microlentille attendu est largement plus important que le nombre d’événements effectivement détectés, même dans l’hypothèse d’un halo exempt de MACHO. La détermination de l’efficacité de détection permettra bientôt de savoir s’il existe un biais dans la chaine d’analyse qui serait mal pris en compte dans le Monte Carlo ou s’il faut revoir le modèle adopté pour décrire la galaxie. 3 4 5
Première partie La recherche d’effets de microlentille gravitationnelle pour l’étude de la matière sombre 7 1. La matière sombre Chapitre 1 La matière sombre
La “matière sombre”, également appelée “matière noire”, est ainsi qualifiée parce qu’elle n’est pas suffisamment lumineuse pour être détectée par l’observation directe. En revanche, sa présence est révélée par ses interactions avec la matière visible, et notamment ses interactions gravitationnelles. Depuis les travaux de F.Zwicky au début des années 1930 [Zwicky 1933], l’astronomie n’a cessé de mettre en évidence l’existence de la matière sombre dans des proportions considérables et à des échelles très diverses : halos galactiques, amas de galaxies, super-amas, etc. L’exemple le plus spectaculaire en est certainement les courbes de rotations des galaxies spirales (voir section 1.1.2). Même si l’évolution des technologies a permis à l’astronomie l’observation d’objets de plus en plus faibles, repoussant ainsi la frontière entre matière lumineuse et matière sombre, on estime aujourd’hui que la masse sombre de l’Univers représente environ cent fois sa masse lumineuse. De nombreux arguments théoriques viennent également appuyer cette thèse. L’existence de la matière sombre (en si grande quantité) s’impose donc comme une évidence ; cependant sa nature demeure une des principales interrogations à laquelle la cosmologie tente encore de répondre. Il semble clair qu’il faille la réponse chercher dans plusieurs directions. En effet, comme il va être montré dans ce chapitre, la matière sombre se présente essentiellement sous forme non baryonique mais possède également une composante baryonique non négligeable. De plus, dans ces deux composantes, rien n’indique qu’il ne faille pas également chercher plusieurs formes. Ce chapitre retrace les principaux arguments ayant permis de révéler la matière sombre puis présente les hypothèses actuellement plausibles quant à sa nature. Les arguments sont structurés en trois parties. Tout d’abord les indications tirées directement des observations, puis les arguments reposant sur les observations mais dont l’interprétation nécessite l’introduction d’un modèle cosmologique minimal, et enfin les arguments théoriques. Le modèle cosmologique adopté dans cette thèse est celui de Friedmann-Lemaı̂tre-Robertson-Walker 1. La matière sombre 8 (noté “modèle FRW”) décrit en annexe A. Il constitue le modèle minimal adopté suivant un large consensus. Ainsi, les paramètres cosmologiques (h0, Ωtot, ΩB, ΩM, Ωλ,etc.) dont il est fait mention au cours du chapitre sont ceux habituellement utilisés en cosmologie. Leurs définitions dans le cadre du modèle FRW se trouvent également en annexe A. Qualitativement : H0 est la constante de Hubble, c’est à dire la vitesse expansion de l’Univers ; et les paramètres Ω(s) sont les rapports de la densité d’énergie sous une certaine forme (B pour baryons, M pour matière, Λ pour le vide, etc.) sur la densité critique. 1.1 Indications issues de l’observation
Du point de vue de l’observation, le problème de la matière sombre se pose lorsque l’on tente de déterminer la masse d’un système et qu’il est possible d’estimer d’une part la masse de ses composants lumineux et d’autre part, en se basant sur des considérations dynamiques, sa masse totale. Dès lors que le système étudié est au moins de la taille typique d’une galaxie, la masse dynamique est toujours beaucoup plus grande que la masse lumineuse. La différence entre ces deux masses, appelée “masse manquante”, est généralement expliquée par la présence de matière non lumineuse, d’où le terme “matière sombre”. Cette section introduit tout d’abord la notion de rapport masse–luminosité, fréquemment utilisé en astrophysique. Cette notion permet ensuite de résumer les principaux travaux qui ont conduit à l’estimation de la masse manquante dans les halos galactiques et les amas de galaxies. 1.1.1 Le rapport masse–luminosité : M L
Pour exprimer la quantité de matière présente à un endroit par rapport à la quantité d’étoiles, on utilise le rapport M L où M est la masse du système et L sa luminosité. M et L sont toutes deux exprimées en unités solaires : M définition un rapport M L et L. Le soleil possède donc par = 1 mais ce n’est pas le cas de toutes les étoiles ; en effet la luminosité d’une étoile croı̂t grossièrement avec la masse 1 selon une loi de puissance : L∗ ∝ M∗3,6. Une étoile moins massive que le soleil aura donc un rapport M L supérieur à 1 tandis que pour une étoile plus massive que le soleil il sera inférieur à 1. Les premières étant beaucoup plus nombreuses que les secondes 2, le rapport M L d’une région de l’espace est généralement 1. Le rapport M L dépend également du stade d’évolution de l’étoile. 2. Le fait que les étoiles de faibles masses soient plus nombreuses que les étoiles massives est essentiellement dû à deux facteurs qui se cumulent. Tout d’abord les processus de formation des étoiles privilégient les étoiles de faibles masses. Ainsi, la fonction de masse initiale, ou IMF (Initial Mass Function), des étoiles jeunes est une loi de puissance : dN dM ∝ M α avec α & −2 [Warner 1961]. Ensuite, les étoiles de faibles
9 1.1
Indications issues de l’observation
supérieur
à
1. Ainsi, le rapport M L de notre région de la galaxie est typiquement : M L ∼ 3. Le problème de la matière sombre peut se poser alors ainsi : on constate une augmentation régulière du rapport M L avec la taille de la région examinée. Ainsi, pour la partie lumineuse de la Voie Lactée, on a : M L ∼ 4 [Schwarzschild 1954] tandis que les galaxies dans leur ensemble présentent des rapports vraisemblablement M L M L de 30 à 50 [Trimble 1987] et que l’univers approche ∼ 500 (voir la suite). Il semble donc qu’il existe énormément de matière très peu (ou non) lumineuse, répartie dans l’univers de manière plus diffuse que la matière lumineuse, de telle sorte que dans les régions lumineuses des galaxies la proportion de masse sombre par rapport à la masse lumineuse est faible mais que, en revanche, elle domine totalement l’univers à grande échelle. 1.1.2 Présence de matière sombre dans les galaxies spirales
Le disque d’une galaxie spirale est en rotation autour de son centre. Dans l’approximation d’une distribution de matière sphérique et d’une orbite circulaire, la vitesse de rotation V ne dépend que du rayon de l’orbite r et de la quantité de matière M (r) présente à l’intérieur de l’orbite : r GM (r) (1.1) r Des mesures pour diverses valeurs de r de la vitesse de rotation V (r) permettent donc de V (r) = déduire la distribution de la matière en fonction de r. Or, cette mesure est possible par observation des décalages Doppler des raies d’émission des étoiles et du gaz composant le disque. Les raies d’émission des étoiles peuvent en général être détectées jusqu’à une dizaine de kpc du centre galactique ; plus loin la population d’étoiles devient trop peu dense et le disque est trop sombre pour que l’on puisse les observer. En revanche le gaz, et en particulier l’hydrogène atomique qui possède une raie à 21 cm, peut en général être observé jusqu’à une vingtaine de kpc. La plupart du temps, on peut donc connaitre la vitesse de rotation V (r) en fonction du rayon r pour r compris entre 0 et ∼ 20 kpc. Une telle courbe est appelée “courbe de rotation”. Parfois, lorsque la galaxie est particulièrement riche en gaz, il est possible de prolonger plus loin les observations. Dans les cas les plus favorables on mesure ainsi la courbe de rotation dans un rayon de ∼ 40 kpc. La figure 1.1 montre les courbes de rotation de quatre de ces galaxies. La luminosité du disque des galaxies spirales décroı̂t très rapisement avec la distance au centre. Au-delà de 10 kpc le disque est relativement sombre et au-delà de 15 ou 20 kpc il devient invisible. Si la lumière était un bon indicateur de la masse, c’est à dire si la densité lumineuse et la densité massique étaient très corrélées, la totalité de la masse de la masses brillent plus longtemps que les étoiles massives. 1. La matière sombre 10 galaxie serait concentrée dans un rayon d’une vingtaine de kpc et au-delà de cette distance la courbe de rotation devrait décroitre conformément à la relation (1.1) : 1 V (r) ∝ √. r Or ce n’est absolument pas ce qui est observé. Comme on peut le voir sur la figure 1.1, à partir d’une certaine distance la vitesse de rotation semble être à peu près stationnaire aussi loin que les observations permettent de la mesurer. Cela indique que la densité de matière reste importante même lorsque la luminosité devient très faible, ce qui révèle la présence d’une grande quantité de matière sombre au-delà de la partie visible de la galaxie. Fig. 1.1: Courbes de rotation des galaxies spirales (de droite à gauche et de haut en bas) : NGC 2841, NGC 3198, NGC 5053 et NGC 5055 [Kent 1986] et [Kent 1987]. Les croix représentent les points de mesure qui sont ajustés par la courbe en trait plein. La courbe en pointillés (resp. tirés–pointillés, tirés) illustre la courbe de rotation que l’on observerait en présence du disque (resp. bulbe, halo) galactique seul, c’est à dire en l’absence de bulbe et de halo (resp. de disque et de halo, de bulbe et de disque). Les contributions du bulbe et du disque (courbes en pointillés et en tirés–pointillés) sont déduites de la répartition de matière visible. La contribution du halo (courbe en tirés), en revanche, est calculée et reflète la masse manquante entre la courbe observée (trait plein) et les deux autres. 11
1.1 Indications issues de l’observation
L’étude des courbes de rotation a été effectuée systématiquement sur plusieurs milliers de galaxies spirales et montre que le phénomène est universel. La courbe de rotation est parfois légèrement décroissante au-delà de ∼ 15 kpc (c’est le cas par exemple de la galaxie NGC 5055 sur la figure 1.1) mais même dans ce cas, elle décroit beaucoup moins vite que la loi en √1 r attendue. A l’aide de la relation (1.1), on peut facilement calculer la densité totale de matière ρ(r) (toujours dans l’hypothèse d’une distribution de matière sphérique) en fonction du profil de la vitesse de rotation : 1 d 2 V (r) r 4π G r2 dr En extrapolant la courbe de rotation au-delà de la distance à laquelle elle est observable, ρ(r) = on peut donc calculer la masse totale de la galaxie, aussi appelée “masse dynamique” par opposition, justement, à la masse lumineuse. Dans le modèle simple où l’on suppose que la courbe de rotation reste plate jusqu’à une distance Rhalo puis décroit normalement en c’est à dire que la densité totale a la forme : ( 2 ρ(r) = 4πVG r2 ρ(r) = 0 on obtient des rapports M L pour r < Rhalo pour r > Rhalo (1.2) pour l’ensemble de la galaxie de l’ordre de : M Rhalo ∼ h100 L 1 kpc où h100 est le facteur de Hubble non dimensionnée : h100 = Pour des valeurs typiques : h100 = 0, 72 et Rhalo = 50 kpc, 1.1.3 √1, r (1.3) H0 (voir 100 km.s−1.Mpc−1 M on a donc : L ∼ 36. annexe A). Présence de matière sombre dans la Voie Lactée
La courbe de rotation de la Voie Lactée est plus difficile à obtenir car seule une petite partie de la galaxie est observable, et les aberrations dues à notre perspective sont souvent difficiles à corriger. Cependant, bien que les barres d’erreur restent importantes, on a pu mettre en évidence que cette courbe est également à peu près plate dans la région solaire jusqu’à une distance d’environ 20 kpc du centre galactique [Fich et Tremaine 1991]. La Voie Lactée ne fait donc pas exception par rapport aux autres galaxies spirales. On peut également évaluer la taille du halo de la Voie Lactée en considérant la notion de vitesse d’échappement des étoiles [Binney et Tremaine 1987]. La vitesse d’échappement est la vitesse à partir de laquelle les étoiles ne sont plus liées gravitationnellement à la galaxie. Les étoiles possédant une vitesse supérieure à la vitesse d’échappement sont donc statistiquement très rares dans notre voisinage. La distribution des vitesses des étoiles dans le 1. La matière sombre 12 voisinage montre donc une coupure abrupte au niveau de la vitesse d’échappement notée V e.
| 56,177
|
21/hal.archives-ouvertes.fr-hal-03530719-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,002
| 8,472
|
Détection précoce du risque d'invasion par des espèces végétales exotiques introduites en arboretum forestier dans le Sud-Est de la France. Émergence des espèces du genre Hakea. Mesures de gestion Catherine Ducatillion, Vincent Badeau, Richard Bellanger, Sophie Buchlin, Katia Diadema, Aurore Gili, Jean Thevenet DÉTECTION PRÉCOCE DU RISQUE D'INVASION PAR DES ESPÈCES VÉGÉTALES EXOTIQUES INTRODUITES EN ARBORETUM FORESTIER DANS LE SUD-EST DE LA FRANCE. ÉMERGENCE DES ESPÈCES DU GENRE HAKEA. MESURES DE GESTION Catherine DUCATILLION1, Vincent BADEAU2
, Richard
BELL
ANGER1,
Sophie BUCHLIN1, Katia DIADEMA3, Aurore GILI1
& Jean
THÉVENET
4
1 Unité expérimentale Villa Thuret, INRA Centre de Recherche Provence-Alpes-Côte d'Azur. 90 chemin Raymond. F06160 Juan-les-Pins. E-mail: [email protected] 2 Unité Écologie et Écophysiologie Forestières, INRA Centre de Nancy. F-54280 Champenoux. E-mail: [email protected] 3 Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles (CBNM ). Bureau Alpes-Maritimes, Villa Thuret. 90, chemin Raymond. F-06160 Juan-les-Pins. E-mail: [email protected] 4 Unité expérimentale Entomologie et forêt méditerranéenne. INRA Centre de recherche Provence-Alpes-Côte d'Azur. Domaine Saint Paul- Site Agroparc, 228, route de l'Aérodrome. F-84914 Avignon Cedex 9. E-mail: jean.thé[email protected]
SUMMARY.- Early detection of invasion risk by exotic plant species introduced in forest arboretum in south-eastern France. Emergence of species of the genus Hakea. Measures for management.-
The introduction and acclimatization of exotic plant species in the South-East of France, in particular since the second half of the nineteenth century, have contributed to the domestication of wild species used in ornamental horticulture, perfume industry and landscape. A few species have naturalized, some have become invasive and are impacting the highly endemic indigenous flora. Early detection of naturalizing species and evaluation of biological invasion risk are useful for control or eradication operations. The question arises for woody plant species introduced since 1973 in a forest arboretum of the Esterel Mountains. Out of 400 species planted initially, 13 are naturalizing, among which several species of Hakea genus (Proteaceae) native of Australia. RÉSUMÉ.-
L'acclimatation d'espèces
végétales exotiques dans le sud-est de la France, en particulier depuis la 2ème moitié du XIXème siècle, a contribué à la domestication d'espèces sauvages destinées à l'horticulture ornementale, l'industrie de la parfumerie ou le paysage. Quelques espèces exotiques se sont naturalisées ; certaines sont devenues envahissantes et impactent la flore indigène à fort taux d'endémisme de cette région. La détection précoce d'espèces en cours de naturalisation et l'évaluation des risques d'invasion biologique permettent d'alerter les politiques publiques pour la mise en place d'opérations de contrôle ou d'éradication. La question est posée pour des espèces végétales ligneuses introduites à partir de 1973 dans un arboretum forestier du massif de l'Estérel. Sur 400 espèces plantées initialement, 13 se naturalisent, parmi lesquelles plusieurs espèces du genre Hakea (Proteaceae), originaires d'Australie. L'objectif de cette étude était de rassembler les données utiles à l'évaluation du risque d'invasion : traits de reproduction, banque de graines, modalités de dispersion, histoire de l'introduction. L'analyse de risque a confirmé que plusieurs espèces peuvent devenir une menace pour l'environnement si elles se naturalisent à l'extérieur de l'arboretum. Deux d'entre elles (Hakea salicifolia (Vent.) B.L. Burtt et Hakea sericea Schrad. & J.C. Wendl.) ont déjà un statut d'espèces exotiques envahissantes dans d'autres pays méditerranéens. L'étude a conduit à la réalisation d'un itinéraire technique et à la sensibilisation des opérateurs locaux pour mettre en place des actions de contrôle La méthode pourra être appliquée à d'autres arboretums, en particulier ceux qui sont situés en région méditerranéenne. L'acclimatation d'espèces végétales exotiques a été particulièrement active depuis la seconde moitié du XIXème siècle sur le littoral du sud-est de la France, entre Hyères et Menton. Le processus a été favorisé par la situation biogéographique de ce territoire, par l'afflux de 139 populations sur le littoral méditerranéen et par la croissance d'une économie horticole locale basée sur l'exotisme. L'acclimatation d'espèces exotiques issues du sauvage a permis de diversifier les gammes de plantes ornementales pour le paysage, la parfumerie ou les bouquets (Ducatillion et al., 2010). Des plantations de production ont été réalisées en plein air, en limite de milieu naturel, favorisant la naturalisation d'espèces bien adaptées à leur milieu d'accueil. Certaines d'entre elles sont devenues envahissantes, comme Acacia dealbata Link (Kull et al., 2011). À partir de 1973, des arboretums forestiers d'élimination ont été réalisés en région méditerranéenne française. L'objectif initial était de tester et de repérer des espèces d'arbres et d'arbustes exotiques susceptibles de répondre à des problèmes de régénération de la forêt naturelle (Allemand, 1989). Les changements globaux, les nouveaux besoins en espèces ligneuses adaptées à ces changements, l'émergence de la problématique des plantes envahissantes suscitent l'intérêt de la communauté scientifique pour ces dispositifs aujourd'hui âgés de plusieurs décennies. Que sont devenues ces plantes? Parmi les espèces qui se régénèrent naturellement, trois espèces d'origine australienne appartenant à la famille des Proteaceae: Hakea sericea Schrad. & J.C. Wendl., Hakea salicifolia (Vent.) B.L. Burtt et Hakea dactyloides (Gaertn.) . se propagent à l'intérieur et en périphérie immédiate de l'arboretum. L'augmentation des effectifs, par rapport à ceux plantés initialement dans l'arboretum, a permis d'alerter et de mobiliser les institutions, plusieurs espèces du genre Hakea étant envahissantes (Richardson et al., 2011), notamment au Portugal (Marchante et al., 2005). Peut-on évaluer le risque d'invasion qu'elles représentent dans le sud de la France? Le cas échéant, la détection précoce d'espèces végétales exotiques envahissantes émergentes permet-elle d'alerter les gestionnaires d'espaces naturels avant que la pression de propagules ne soit trop importante (Moodley et al., 2014) et d'empêcher leur propagation tant que c'est encore possible techniquement et économiquement? Cette étude préliminaire propose des éléments de réponse et teste un modèle de prévention du risque d'invasion, simple et robuste, applicable à d'autres arboretums, en particulier ceux qui sont situés en région Provence-Alpes-Côte d'Azur qui compte déjà 17 % d'espèces exotiques dans le milieu naturel (Noble et al., 2013). La terminologie se rapportant aux espèces végétales exotiques envahissantes est complexe ; elle a été discutée par Richardson et al. (2000). Colautti et Maclsaac (2004) proposent également une terminologie sur les invasions et distinguent des étapes successives et obligatoires dans le processus d'invasion. Richardson et al. (2011) proposent un glossaire sur les concepts et la terminologie de l'écologie des invasions. Nous adopterons les définitions suivantes, en lien avec la stratégie régionale en région PACA sur les espèces végétales exotiques envahissantes (Terrin et al. 2014) : l'indigénat d'un taxon peut être défini suivant la présence du taxon au sein ou en dehors de son aire de répartition naturelle au regard du territoire considéré et suivant son temps de résidence sur ce territoire. Ainsi une espèce est indigène si elle est naturellement présente dans la région ou le pays considéré ou arrivée dans la région avant 1500. La définition adoptée ici inclut les archéophytes qui ont été introduites entre le Néolithique et 1492. Une espèce est considérée comme exotique ou néophyte si sa présence est due à l'implication, intentionnelle ou non, de l'homme après 1492 sur le territoire considéré. Une fois que l'espèce végétale est à même de se reproduire et de se maintenir depuis au moins 10 ans sans intervention directe de l'homme, on considère qu'elle est naturalisée car elle a réussi à surmonter les barrières environnementales et les obstacles à la reproduction régulière (Pysek et al., 2004). Ces espèces naturalisées produisent souvent leurs descendants près des plants adultes et n'envahissent pas nécessairement les écosystèmes naturels, semi-naturels ou construits par l'homme. Les espèces exotiques envahissantes peuvent créer une descendance nombreuse car elles assurent une reproduction végétative ou sexuée e et ont une dynamique d'expansion rapide sur le territoire d'introduction (Richardson et al., 2000). Elles sont au centre des préoccupations écologiques, étant l'une des causes majeures d'appauvrissement de la biodiversité au niveau mondial après la destruction des habitats naturels (Meerts et al., 2004). Le processus d'invasion est complexe et peu 140 d'espèces introduites parviennent au stade d'invasion. Le succès écologique d'une espèce exotique dans son aire d'introduction dépend de ses caractéristiques intrinsèques. Il dépend aussi, et surtout, de ses interactions avec l'écosystème de l'aire d'introduction, à la fois biotiques et abiotiques (Meerts et al., 2004). Certaines espèces naturalisées deviennent envahissantes plusieurs dizaines d'années après la naturalisation. Elles sont appelées espèces dormantes (Grice & Ainsworth, 2003) lorsque la durée entre la naturalisation et l'invasion excède 50 ans (Groves, 2006). Pour mieux expliquer le processus d'invasion, de nombreuses hypothèses ont été formulées quant aux facteurs permettant sa réussite. Elles ont été détaillées par Hierro et al. (2005) et schématisées pour l'espèce exotique envahissante Lantana camara L. par Sharma et al. (2005), puis pour Acacia dealbata Link par Lorenzo et al. (2010). La plupart des auteurs s'appuient sur des critères écologiques et biogéographiques et définissent les espèces exotiques envahissantes comme des espèces exotiques qui maintiennent des populations autonomes à une distance considérable de leur site d'introduction (Richardson et al., 2011 ; Blackburn et al., 2011). Si la proportion d'espèces exotiques envahissantes paraît relativement faible par rapport au nombre d'espèces introduites, une seule espèce devenue envahissante peut perturber gravement les écosystèmes. L'Union européenne a récemment estimé le coût des dommages causés par les espèces exotiques envahissantes de son territoire à 12 milliards d'euros par an (Parlement européen, 2014). Les coûts de gestion de ces espèces sont importants (Le Maitre et al., 2002) et les moyens de lutte complexes (Esler et al., 2010). L'objectif de ce travail est (i) d'inventorier les espèces introduites capables de se reproduire naturellement dans un arboretum forestier où elles ont été plantées et/ou dans sa périphérie, (ii) de les caractériser, (iii) de les analyser dans un but de prévention de risques éventuels d'évasion du site afin d'identifier les espèces potentiellement envahissantes et (iv) de proposer des modalités d'alerte à destination des gestionnaires des mesures de gestion adaptées. Les résultats obtenus dans l'arboretum conduiront à l'analyse des espèces du genre Hakea.
MATÉRIEL ET MÉTHODE CONTEXTE
Neuf arboretums forestiers d'élimination, créés à partir de 1973, ont permis de tester et d'identifier des essences ligneuses capables de s'acclimater dans des contextes pédoclimatiques difficiles et contrastés. Il s'agit de collections dendrologiques comparatives comportant des espèces exotiques et des espèces indigènes (témoins). Outre une base génétique aussi large que possible, l'homologie écologique entre les aires d'origine des espèces et de la zone d'introduction a servi de guide ; cette notion a parfois été dépassée, certains pools génétiques se révélant particulièrement plastiques (Allemand, 1989). BILAN DES ESSAIS D'INTRODUCTION
L'inventaire complet des espèces présentes sur le site a été réalisé et comparé aux listes de plantation et aux plans initiaux. La survie est interprétée ici comme effective à partir d'un individu vivant, quel que soit le nombre de plants initiaux. Les espèces produisant des fruits et des graines ont été inventoriées, les fruits récoltés et la capacité germinative des semences testée en pépinière administrative. Pour cela, les graines des espèces du genre Acacia ont subi au préalable un 141 choc thermique (elles ont été ébouillantées durant 5 à 10 secondes, refroidies à l'eau froide et trempées pendant 24 heures); les graines des cônes ont été extraites par passage à l'étuve à 40°C pendant 48 à 72 heures.
Figure 1.- Carte de la zone de propagation des espèces exotiques par rapport à leur emplacement d'origine. INVENTAIRE DES PROPAGULES, CARTOGRAPHIE ET ANALYSE DE RISQUE
La capacité de reproduction naturelle et la capacité de dissémination in situ ont été évaluées pour chaque espèce. L'inventaire exhaustif des propagules de régénération issues des espèces plantées initialement a été réalisé ; les plantules ont été échantillonnées et déterminées. L'herbier est déposé à la Villa Thuret à Antibes (Index Herbarium : VTA). En raison de contraintes du terrain (topographie, hétérogénéité et densité de végétation), il n'a pas été possible d'effectuer un maillage régulier pour l'inventaire des propagules. Leur abondance a été évaluée et leur zone de dissémination cartographiée selon les modalités suivantes. Le nombre de plants issus de semis naturels a été estimé pour chaque espèce : comptage des plants atteignant une hauteur au moins égale à 50 cm et des plantules visibles et individualisables ; estimation du nombre de plantules en cas de semis très serré. Le nombre de propagules a été rapporté à 3 classes d'importance numérique : de 1 à 5, de 5 à 50 et supérieure à 50. La zone périphérique a également été explorée sur une largeur de 50 mètres. Concernant la cartographie, les bordures des zones de présence des propagules de régénération naturelle ont été mesurées par GPS. La distance de dissémination de chaque espèce a été mesurée par rapport à la placette initiale, au décamètre quand elle était inférieure à 20 m ou au GPS pour les distances supérieures à 20 m. S'il n'existe pas de « portrait-robot » universel des espèces exotiques envahissantes (Rejmanek & Richardson, 1996), les traits morphologiques, physiologiques, d'histoire de vie et de reproduction ont permis de caractériser les espèces qui se rég èrent naturellement dans l'arboretum en fonction des facteurs-clés suivants : - origine de l'espèce : indigène ou exotique pour la France ou pour le massif de l'Estérel ; - histoire d'invasion, si l'espèce en est pourvue ; - modalités de reproduction (sexuée et végétative) ; - abondance des propagules dans l'arboretum et en périphérie (Lockwood et al., 2005) ; - capacité de dissémination (mesure de la distance de propagation par rapport aux placettes de plantation initiale) ; - allocation de ressources, évaluée par la mesure de biomasse relative de l'appareil végétatif et de l'appareil reproducteur pour 3 espèces du genre Hakea ; - temps de résidence dans l'arboretum, à la date de l'étude : 38 ans ; - calcul de l'indice de risque selon Weber & Gut (2004). PARTICULIER DES ESPÈCES DU GENRE HAKEA
Les fruits sont des follicules persistant jusqu'à la mort de la branche (ou de la plante) ; celle-ci est donc nécessaire à la libération de deux graines ailées (sérotinie). Les arbrisseaux des deux espèces H. sericea et H. salicifolia plantés initialement ont gelé lors des froids exceptionnels de 1985/86 et ont disparu. En conséquence, la population aujourd'hui présente dans l'arboretum ou sa périphérie immédiate, est exclusivement issue de régénération naturelle. Les plants initiaux de l'espèce Hakea dactyloides ont en revanche gelé sans être détruits. La banque aérienne de graines a été mesurée sur un individu «adulte» de chaque espèce. L'ensemble des fruits a été prélevé, séché, pesé. Trois lots de 3 kg ont été comptés pour chaque espèce ; la moyenne obtenue a permis d'estimer le nombre total de follicules.
RÉSULTATS INVENTAIRE ET CARACTÉRISATION DES ESPÈCES QUI SE REPRODUISENT (TABLEAU I)
Sur les 398 espèces de départ, environ 50% (200 espèces) sont encore présentes aujourd'hui, 12,6% (50 espèces) produisent des graines fertiles (test de germination positifs) et 4,5% (18 espèces) se régénèrent spontanément. Parmi celles-ci 13 sont exotiques et 5 sont autochtones pour la France, dont 2 ne sont pas présentes naturellement dans le massif de le massif de l'Estérel.
TABLEAU I Liste des espèces qui se ressèment naturellement dans l'arboretum du Caneiret Effectifs
Taxon Famille Origine de l'espèce Nb. plants initiaux % survie Nb. propagules Test de Weber Statut de l'espèce dans l'arboretum Semis Drageons score x 22 Naturalisée 28 Envahissante Acacia implexa Benth. Fabaceae Mimosoideae Australie 30 33,3 Entre 5 et 50 Acacia melanoxylon R. Br. Fabaceae Mimosoideae Australie 98 91,8 Supérieur à 50 x Arbutus canariensis Veillard ex Duhamel Ericaceae Iles canaries 100 17,0 De 1 à 5 x 11 Anecdotique Banksia integrifolia L. f. Proteaceae Australie 9 11,1 De 1 à 5 x 22 Anecdotique Callitris rhomboidea R. Br. ex Rich. Cupressaceae Australie 60 6,0 De 1 à 5 x 15 Anecdotique Cotoneaster spp. Rosaceae Asie tempérée et tropicale 60 0 Supérieur à 50 x - Naturalisée Cupressus spp. Cupressaceae Hemisphère nord Supérieur à 100 nc De 1 à 5 x - Anecdotique Eucalyptus spp. Myrtaceae Australie 100 nc Entre 5 et 50 x - Naturalisée Hakea dactyloides (Gaernt.) Cav. Proteaceae Australie 5 80,0 Entre 5 et 50 x 24 Envahissante Hakea salicifolia (Vent.) B.L. Burtt Proteaceae Australie 48 0 Supérieur à 50 x 36 Envahissante Hakea sericea Schrad. & J.C. Wendl. Proteaceae Australie 50 0 Supérieur à 50 x 36 Envahissante Prunus serotina Ehrh. Rosaceae 90 22,2 De 1 à 5 x 18 Fugace Fabaceae Faboideae 53 0 Entre 5 et 50 x 34 Naturalisée 143 x ●
Principales espèces ligneuses indigènes : Arbutus unedo L. (Ericaceae), Ficus carica L. (Moraceae), Quercus suber L. (Fagaceae). Elles se disséminent au fur et à mesure que leur habitat naturel se reconstitue. Le taux de survie de Ficus carica est très faible ; quelques individus demeurent à proximité du ravin et de la ressource en eau où ils parviennent à se reproduire. ● Espèces indigènes en France, absentes naturellement du massif de l'Estérel, introduites volontairement dans l'arboretum pour tenir les talus : Ampelodesmos mauritanicus (Poir.) T. Durand & Schinz (Poaceae) et Cistus ladanifer L. (Cistaceae). Ces deux espèces sciaphiles et méso-oligotrophes ont trouvé ici un habitat favorable à leur développement et à leur extension. Elles prolifèrent. ● Espèces qui germent mais ne se maintiennent pas : Prunus serotina Ehrh. (Rosaceae). Cette espèce est une exotique envahissante avérée dans presque tous les pays du nord de l'Europe et pousse principalement sur des sols acides, pauvres et sablonneux dans son aire d'introduction. Dans l'arboretum, 22 % des arbres initiaux ont survécu et se sont bien développés ; des semis naturels démarrent chaque année à la faveur des hivers doux et humides et meurent durant l'été. L'espèce est qualifiée de fugace ou accidentelle (Terrin et al., 2014). ● Espèces dont ne persistent que quelques individus issus de semis naturel : Arbutus canariensis Duhamel (Ericaceae), Banksia integrifolia L.f. (Proteaceae), Callitris rhomboidea R.Br ex A.Rich. & Rich. (Cupressaceae), Robinia pseudoacacia L. (Fabaceae - Faboideae), Cupressus spp1. (Cupressaceae). Ces espèces ont produit une faible descendance par rapport au temps de résidence. Pour Banksia integrifolia, planté en 1974, une seule plante issue de semis naturel a été trouvée, bien qu'il soit considéré comme envahissant en Europe (Delivering alien invasive species, 2008). Les espèces de Callitris rhomboidea et du genre Cupressus n'ont pas d'histoire d'invasion connue ; elles se régénèrent très peu dans l'arboretum. Ces espèces sont qualifiées d'anecdotiques ou accidentelles (Terrin et al., 2014). Robinia pseudoacacia est envahissant en Europe. Dans l'arboretum, les plants initiaux n'ont pas survécu mais l'espèce se reproduit dans le ravin où elle a été plantée. ● Espèces se ressemant bien dans l'arboretum, à proximité des emplacements d'origine et ne se disséminant pas à l'extérieur, dans le milieu naturel : Acacia implexa Benth. Les plantules des genres Cupressus, Cotoneaster et Eucalyptus n'ont pas permis de déterminer les espèces. La pérennité des plants issus de semis naturel a toutefois été perturbée par le débroussaillage de l'arboretum jusqu'en 1987.
DISTANCES DE PROPAGATION
Les distances de propagation ont été mesurées et représentées pour chaque espèce par rapport à l'emplacement de plantation initiale (Fig. 1). Ampelodesmos mauritanicus et Cistus ladanifer se sont largement disséminés à la faveur des espaces laissés libres par les débroussaillages successifs. Les espèces du genre Cotoneaster se disséminent de manière aléatoire dans tout l'arboretum. Les deux espèces du genre Acacia demeurent concentrées autour de la zone de plantation, la distance moyenne de propagation atteignant 16 m pour Acacia melanoxylon. Hakea sericea et H. dactyloides se propagent relativement peu ; le processus devrait s'intensifier avec la mort de quatre pieds de H. sericea et des branches de H. dactyloides. Les semis naturels de l'espèce H. dactyloides s'effectuent préférentiellement dans la zone pare-feu où le milieu est totalement ouvert ; c'est aussi le cas des semis naturels d'H. sericea et d'H. salicifolia se situant à l'ouest de l'arboretum qui tendent à sortir à la faveur du coupe-feu, dans le sens de la pente. Si Hakea salicifolia présente une distance moyenne de propagation de 48 m, plusieurs sujets dépassent les 100 m, avec un maximum de 229 m ; les distances moyennes de propagation (moyenne des mesures effectuées pour chaque plant) sont données dans le tableau II pour les principales espèces.
TABLEAU II Estimation de la banque de graines aérienne initiale et distances moyennes de propagation chez trois espèces du genre Hakea Nombre de
grain
récoltées sur un individu
Nombre d'individus initiaux Banque de graines aérienne initiale estimée Distance moyenne de propagation (en m) Hakea dactyloides Hakea salicifolia Hakea sericea 50 000 2 000 52 000 5 48 50 250 000 96 000 2 600 000 26 48 31
CARACTÉRISATION DE LA BANQUE AÉRIENNE DE GRAINES DES ESPÈCES DU GENRE HAKEA
L'inventaire des propagules et la mesure des distances de dissémination ont mis en évidence le caractère potentiellement envahissant des espèces du genre Hakea. La population initiale de H. dactyloides étant peu importante, les propagules sont encore peu nombreuses. Le nombre d'individus plantés initialement pour Hakea salicifolia et Hakea sericea sont presque identiques (48 et 50 individus respectivement, Tab. I). En revanche, la banque de graines aérienne comptée chez H. sericea est 26 fois supérieure à celle trouvée chez H. salicifolia. Le nombre de graines produites par les plants initiaux est estimé à 250 000 chez H. dactyloides, 96 000 chez H. salicifolia et 2 600 000 chez H. sericea (Tab. II). La proportion de réussite des graines, suite au gel de 1985, s'est donc avérée relativement faible. Néanmoins, la banque de graines aérienne est désormais considérable et les sujets adultes de deuxième génération commencent à mourir.
ELÉMENTS HISTORIQUES DE L'INTRODUCTION DES ESPÈCES DU GENRE HAKEA EN FRANCE
Des échantillons du genre Hakea ont été rapportés en France pour la première fois par Guichenot lors de l'expédition du capitaine Baudin à la Nouvelle Hollande sur les bateaux « Le Géographe » et « Le Naturaliste » (1800-1804), sans précision des espèces (Société nationale de protection de la nature (France), 1861). La première introduction de Hakea saligna (syn. H. salicifolia) a été effectuée à la Villa Thuret en 1858, en provenance du Jardin des Plantes de Paris (Enumeratio Plantarum in horto Thuretiano cultarum, 1872. Archives INRA Villa Thuret, 145 Antibes). La présence d'Hakea salicifolia est signalée dans la Flore des serres et des jardins de l'Europe (1861). G. Thuret écrit plus tard à J. Decaisne: « des plants de H. saligna sont élevés par milliers par les jardiniers de Cannes » (Correspondance, 1867, Bibliothèque de l'Institut de France, Paris). La présence de cette espèce est attestée dans la région de Cannes depuis la moitié du XIXème siècle, ce qui n'est pas le cas des deux autres. Enfin, Hakea sericea a été signalée par A. Martel en 1917 à Saint-Raphaël « sur une des pointes du Cap Roux (pointe de Mau ) rocher du Trayas » où il s'est maintenu depuis (base de données SILENE-flore des Conservatoires botaniques nationaux méditerranéen et alpin, flore.silene.eu), puis par divers naturalistes en forêt de Théoule au début des années 2000 (http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-30807-synthese; flore.silene.eu).
ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE
La méthode de cotation de Weber & Gut (2004) est habituellement utilisée pour l'évaluation du risque d'invasion, y compris par les Conservatoires botaniques Nationaux (Terrin et al., 2014) ; proche de celle développée en Australie par Phelloung en 1999 (cité dans Fried, 2009), elle a été appliquée pour Hakea sericea et Hakea salicifolia qui ont toutes deux obtenu le score de 36. Ce score correspond aux espèces à risque élevé, soit à des espèces qui ont des chances de devenir une menace sur l'environnement si elles se naturalisent. Hakea dactyloides a obtenu un score de 24, correspondant aux espèces à risque intermédiaire, nécessitant d'aller plus loin dans les observations.
DISCUSSION ET PERSPECTIVES
Parmi les nombreux facteurs influençant le succès d'introduction et de propagation des espèces introduites, la biologie et l'écologie de l'espèce, la présence ou l'absence de prédateurs dans la zone d'introduction et la correspondance climatique entre la zone d'origine et la zone d'introduction sont des éléments majeurs (ex. Lambdon et al., 2008 ; Von Holle & Simberloff, 2005 ; Williamson et al., 2009). Ce dernier facteur intervient particulièrement dans le succès d'installation des espèces exotiques nouvellement introduites (acclimatation et reproduction autonome) et influence le temps de latence de chacune des espèces, ou temps durant lequel une espèce introduite reste dans le milieu naturel sans devenir envahissante. Il permet d'expliquer en partie la forte proportion (près de 40 %) en région PACA d'espèces végétales envahissantes originaires de territoires à climat méditerranéen (Terrin et al., 2014), ce qui est également le cas des espèces identifiées à ce jour comme exotiques envahissantes sur le site du Caneiret, toutes originaires du sud de l'Australie. Néanmoins le nombre d'espèces exotiques à caractère envahissant et potentiellement envahissant au sein de l'arboretum du Caneiret est supérieur au nombre que nous aurait donné la règle des 3 x 10 (Williamson et al., 1996) car il atteint 3 % dans cette étude (12 espèces). La majorité des taxons introduits dans l'arboretum avait toutefois réussi une première étape d'acclimatation en jardin botanique et les critères de choix initiaux avaient favorisé ceux ayant de bonnes capacités à s'implanter dans des milieux ouverts et difficiles. À ce facteur s'ajoute l'implication importante des propagules dans la dynamique d'invasion des trois taxons d'Hakea sur le site du Caneiret, dans et à proximité de l'arboretum, montrant que ces espèces ont su s'adapter à leur nouvel habitat. En effet, leur physiologie requiert un sol bien drainant, non calcaire, de préférence à pH acide et s'accommode de la sécheresse et de la canicule estivale, comme d'un sol pauvre en phosphore, grâce à ses racines protéoïdes (Watt & Evans, 1999 ; Sousa et al., 2007). La production de nouvelles propagules et leur libération de plus en plus fréquente à la faveur d'une branche cassée ou de la mort d'un plant adulte, facilite de manière expansive la colonisation du milieu indigène. Les 3 taxons pourraient poursuivre leur dissémination à partir du site d'étude et envahir progressivement le massif de l'Estérel, riche en 146 espèces indigènes et patrimoniales, notamment à la faveur d'accidents climatiques ou d'incendies. Différents moyens de contrôle biologique, mécanique ou chimique ont déjà été expérimentés en Afrique du Sud ou au Portugal (Le Maitre et al., 2008 ; Gordon et al., 2011 ; Pepo et al., 2009). Ces moyens sont toutefois complexes à mettre en oeuvre et coûteux. En conséquence, le choix d'une intervention précoce a été adopté ainsi qu'un ensemble de mesures préventives, avant même d'avoir des résultats quantitatifs statistiques, conformément à la première stratégie européenne relative aux espèces exotiques envahissantes proposée et adoptée en 2004 par la Convention de Berne (Genovesi & Shine, 2004). Parmi les principales recommandations de cette stratégie, on retrouve en effet la détection précoce des nouvelles populations et la réaction rapide avant que l'espèce ne s'installe et provoque des nuisances pour l'environnement ou la biodiversité. Ainsi les priorités sont mises sur la prévention de nouvelles invasions, la mise en oeuvre d'actions rapides d'éradication, de confinement et de contrôle des espèces exotiques envahissantes. L'arboretum du Caneiret a été mis sous contrôle, avec éradication systématique des espèces exotiques se trouvant hors de son périmètre, renforcement des pare-feu périphériques et surveillance accrue par le personnel technique qui a été sensibilisé et formé. La prévention a été étendue à plusieurs autres dispositifs expérimentaux présentant des analogies. Les données historiques laissant craindre la présence d'espèces du genre Hakea dans le milieu naturel, nous avons édé à (i) la recherche et la localisation d'autres stations en conditions naturelles, (ii) la sensibilisation et l'alerte des gestionnaires des espaces naturels concernés, et (iii) la production de fiches techniques. Ces mesures sont en adéquation avec la stratégie régionale relative aux espèces végétales exotiques envahissantes en PACA (Terrin et al., 2014) qui préconise la mise en place d'actions de gestion en fonction des milieux, des territoires et des catégories d'espèces. Les Hakea du site du Caneiret, en particulier H. salicifolia et H. sericea, dont le risque d'invasion est élevé, ont été identifiés comme espèces végétales exotiques envahissantes de la catégorie « émergente » pour la région PACA et des actions de contrôle de ces espèces sont prioritaires, quel que soit le milieu considéré. TABLEAU III Biomasse comparée des organes végétatifs et reproducteurs chez trois espèces du genre Hakea (en kg et en pourcentage de plante entière
) Troncs Branches (diam. > 1 cm) Branches (diam. < 1 cm) Feuilles Fruits Poids de 150 graines H. dactyloides 128 (33%) 43 (11%) 62 (16%) 101 (26%) 56 (14%) 0,003 H. salicifolia 220 (55%) 73 (18%) 66 (16%) 37 (9%) 3 (1%) 0,002 H. sericea 208 (35%) 46 (8%) 43 (7%) 88 (15%) 215 (36%) 0,005
CONCLUSION
La flore de la région PACA comprend 4082 espèces dont près de 687, soit environ 17 % (Noble et al. 2014), ont été introduites par l'homme, de manière volontaire ou accidentelle à partir de zones géographiques plus ou moins éloignées, et se retrouvent en milieu naturel. Parmi toutes les espèces exotiques, beaucoup sont mal adaptées à leur nouvel environnement et n'apparaissent que de manière fugace, souvent à la faveur d'introductions successives, sans persister dans l'environnement. D'autres espèces, suffisamment adaptées à leur nouvel environnement pour se reproduire durablement sans l'assistance de l'homme, vont persister dans leur aire d'introduction. Certaines, suffisamment prolifiques et capables de se disperser rapidement à longue distance, vont même étendre leur aire de répartition pour devenir envahissantes. C'est le cas de 127 d'entre elles en région PACA (Terrin et al., 2014) dont les impacts peuvent être négatifs sur la biodiversité et l'environnement (ex. Vilà et al., 2011), sur la santé et la sécurité humaine (ex. source EPPO) ou sur l'économie (Pimentel et al., 2001). Dans ce contexte, la mise en place de suivi dans les arboretums tels que celui du Caneiret est primordiale afin détecter précocement les espèces arborées qui se naturalisent et peuvent devenir envahissantes et de tester des méthodes de lutte adaptées à chacune d'elles. La détection précoce des espèces exotiques envahissantes émergentes permet de mettre en oeuvre une éradication mécanique d'autant moins coûteuse que la population est encore réduite. La méthode utilisée dans cette étude est progressivement étendue aux autres arboretums de l'Estérel (Plan Estérel et Mourlanchin) ; elle permettra de comparer le comportement des espèces sur les différents sites. Enfin, ces actions menées sur les arboretums pourraient répondre à l'attente des gestionnaires de milieux naturels et des politiques publiques, et contribuer à la mise en oeuvre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (2011-2020) et de la Stratégie Globale pour la Biodiversité en région PACA.
| 14,336
|
2019LORR0191_8
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,019
|
Modélisation et représentation des exigences spatiales qualitatives : Vers des pratiques BIM orientées « espace »
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,357
| 12,098
|
Cette deuxième étape d’évaluation a permis de constater que les deux expériences se sont bien déroulées dans le respect du protocole expérimental défini. Elle a toutefois révélé que l’approche de conception développée n’a pas été utilisée à l’identique conformément à la démarche fonctionnelle prévue. Certaines différences d’usage ont été détectées. Ces différences sont liées soit à des difficultés de changement de démarche, soit au mode de fonctionnement actuel de l’outil Revit. Nous avons également constaté que l’approche proposée ne présente pas de failles empêchant son utilisation et que certaines nouvelles fonctionnalités des outils BIM actuels se trouvent plus adaptées à son application. Nous rappelons que, dans son état actuel, notre approche de conception ne peut être utilisée qu’avec l’outil Revit qui est compatible avec les scripts Dynamo développés. Son utilisation avec d’autres outils BIM nécessite la traduction de ces scripts dans les langages de programmation visuelle compatibles (ex. traduction des scripts en Grasshopper pour ArchiCAD). Le travail d’évaluation a permis de valider les hypothèses de ce travail de recherche. Il a également constitué une première étape de validation de l’approche de conception développée qui encourage à la réalisation d’une validation à une plus large échelle. 210
CONCLUSION GENERALE
Bien que la couverture de la technologie BIM de toute l’information sur le bâtiment constitue depuis quelques années un sujet de multiples travaux de recherche, celle-ci reste encore incapable de couvrir un large éventail d’informations qui concernent la programmation architecturale, plus particulièrement les ESQL. Ceci est dû principalement à la structure actuelle des formats BIM, et plus particulièrement le format IFC, quoique fournissant une représentation plus ou moins complète des informations sur le bâtiment durant les phases de conception et de construction, ils montrent encore certaines limites quant à la prise en compte des ESQL de la phase de programmation. Le lien entre les pratiques BIM actuelles et celles préconisées dans le monde de la recherche dans ce contexte reste extrêmement faible. Même si, notre étude a modestement contribué à l’enrichir, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore à faire. Les ESQL jouent un rôle important dans la mise en forme et dans l’évaluation de la conception. Leur présence dans l’outil BIM est essentielle et doit faire l’objet d’une réflexion approfondie. Ces exigences permettent d’assister la co-production architecturale en orientant la vision des concepteurs vers le respect du programme tout au long du processus de conception. De plus, disposer des ESQL dans l’outil BIM permet d’instaurer une démarche d’évaluation automatique de la conformité de la conception qui vise à assister les concepteurs à produire des modèles BIM plus conformes aux exigences du programme, mais également à optimiser le temps de conception. Apport
Appréhender les ESQL les plus fréquemment utilisées dans la description des contraintes sur les espaces en phase de programmation architecturale a été l’un des objectifs premiers de notre étude. Grâce à une analyse qualitative auprès d’une sélection de documents de programmation architecturale, nous avons pu identifier, catégoriser et répartir par ordre d’importance les qualificatifs utilisés pour décrire ces exigences. Trois types d’ESQL ont été identifiés, à savoir les exigences d’accessibilité, les exigences de topologie (disposition, relation et distribution) et celles de confort (confort lumineux, hygrométrique, acoustique, thermique et de sécurité). Cette étape nous a sensibilisé davantage à l’importance des ESQL en phase de programmation architecturale et à la nécessité de leur prise en compte dans les pratiques BIM actuelles. Il est toutefois à noter que ce travail d’identification est loin d’être suffisant pour couvrir tous les qualificatifs possibles et imaginables. La sélection d’un corpus de documents encore plus large permettrait de détecter d’autres qualificatifs qui pourraient alimenter nos grilles de catégorisation et enrichir les diagrammes de répartition des ESQL résultants de cette étude. 211 L’état de l’art a ensuite confirmé que les outils BIM actuels montrent effectivement des limites quant à la prise en compte des informations concernant les ESQL identifiées. À travers l’analyse de différents outils BIM couramment utilisés de nos jours, nous avons réalisé que la plupart de ces outils sont beaucoup plus orientés vers les ouvrages du bâtiment que vers les espaces et que, parmi les outils disponibles actuellement sur le marché, seul Revit permet d’associer aux espaces des paramètres partagés pouvant être d’ordre qualitatif (sous forme textuelle). Toutefois, cet outil n’envisage aucune structuration de ces informations en tant que contra de programmation. En marge de son objectif principal, cette étape nous a également permis de nous familiariser avec les différentes fonctionnalités de chaque outil BIM et avec les éventuels plug-ins qui leur sont dédiés. Ce qui nous a permis de construire une idée sur les possibilités et les modalités de proposition de développement fournies par chaque outil. L’état de l’art a en outre révélé les limites des modèles d’espace existants à décrire les ESQL. Notre travail d’analyse a porté sur les modèles d’espace qui ont été proposés durant les trente dernières années et a permis de souligner que, parmi les exigences du programme, la plupart de ces modèles ne prennent en compte, en effet, que les exigences d’ordre quantitatif (ESQN) comme les exigences géométriques (ex. surface, hauteur sous plafond) et celles d’occupation (ex. nombre d’occupants, durée d’occupation). Seul le modèle IFC inclut certaines exigences spatiales d’ordre qualitatif (ex. l’usage type d’un espace, la nature de son revêtement). Les exigences qualitatives décrites par le modèle IFC ne représentent que 13% des ESQL spécifiées par notre modèle et ne touchent, vraisemblablement, aucune des exigences de topologie spécifiées, bien que celles-ci sont indispensables durant la phase de conception. Notre recherche a mis au jour un modèle d’espace capable de prendre en compte et de structurer les informations concernant les ESQL du programme qui sont quasiment absentes dans tous les modèles d’espace existants. Notre travail d’identification des ESQL a représenté l’élément essentiel que nous avons exploité dans la spécification de ce modèle. Nos spécifications ne portent pas uniquement sur les exigences spatiales de la phase de programmation, mais s’étendent à toute l’information autour du concept d’espace architectural utile durant la phase de conception, incluant la topologie des espaces, mais aussi et surtout les concepts d’activité et de d’espace qui constituent les concepts clés permettant d’associer les ESQL aux espaces et de représenter l’ensemble dans un même modèle. Pour mettre en exergue nos spécifications, notre modèle d’espace utilise les entités IFC existantes auxquelles de nouvelles entités et relations ont été ajoutées. Le modèle spécifié n’est pas, bien entendu, le modèle complet des espaces et des exigences spatiales, il représente toutefois un élément de modélisation ouvert qui devrait être amélioré et alimenté par d’autres valeurs d’exigences. 212
Cette étude a également apporté une première réponse quant à la prise en compte des ESQL dans les pratiques BIM courantes. Vu les limites des formats BIM existants à prendre en compte l’information sur ces exigences, nous nous sommes basés sur notre modèle d’espace pour développer une nouvelle approche qui permet d’intégrer et de représenter les ESQL dans un outil BIM (Revit) et de vérifier ainsi une certaine conformité de la conception. Cette approche permet d’assister aussi bien le concepteur dans sa quête de réponse architecturale (conception et évaluation), que le programmiste dans la désignation de ses exigences et leur affectation aux espaces. Notre approche se base sur une saisie des ESQL sous forme numérique reconnaissable par l’outil BIM et assure ensuite leur intégration et leur vérification à travers un ensemble de scripts (Dynamo) développés à cet effet. À travers l’approche développée, nous ne prétendons pas avoir trouvé la réponse optimale à l’intégration des ESQL dans les pratiques BIM, mais plutôt une première piste d’intégration possible. Cette piste touche à ce stade à un seul outil BIM, certes, mais nécessite encore du travail pour être améliorée, et pourquoi pas, être généralisée. Nous nous inscrivons clairement dans un processus long et délicat qui ne fait que commencer. Ce travail de recherche a enfin prouvé l’utilité de la prise en compte des ESQ L dans la démarche BIM. L’expérimentation pédagogique de l’approche développée face à l’approche habituelle de conception a permis de mettre en exergue l’apport de notre approche, non seulement en matière de respect des exigences, mais aussi en matière de gain de temps de conception. Le travail d’expérimentation a été suivi d’une étape d’inspection et d’évaluation en retour d’expériences. Cette dernière étape a été très utile pour s’assurer du bon déroulement des expériences dans le respect du protocole défini, mais également de l’absence de failles dans l’utilisation de l’approche développée. Nous sommes convaincus que cette approche doit être à présent expérimentée à plus grande échelle pour déterminer comment cette piste de résolution de l’intégration des ESQL dans le BIM devrait être améliorée, mais aussi comment notre proposition de modèle d’espace devrait évoluer à l’avenir. En conclusion de ce mémoire, il nous semble important de souligner que la prise en compte des informations concernant le bâtiment en phase de programmation architecturale dans le processus BIM reste encore peu abordée et que les approches traditionnelles de consultation et de vérification des informations doivent être remplacées par des méthodes numériques plus précises et plus fiables qui pourraient garantir des méthodes de conception plus cohérentes et plus optimisées.
213 Perspectives de recherche
Ce travail de recherche ouvre un large spectre de recherche et de vastes études complémentaires pourraient en être inspirées. Nous évoquons d’abord les perspectives qui pourraient venir améliorer et prolonger notre approche, pour s’attarder ensuite sur les perspectives de recherche qui pourraient être envisagées à court terme, mais aussi à long terme. Tout d’abord, les règles de vérification proposées restent des exemples de règles peu complets. Approfondir la recherche sur la définition des règles de vérification pourrait permettre de vérifier encore plus de valeurs d’exigences, puisque nous sommes parvenus à vérifier environ 16% des ESQL qui ont été intégrés à Revit (8 scripts de vérification sur une cinquantaine de valeurs d’exigences intégrées). Du travail reste à faire pour parvenir à vérifier encore plus de valeurs d’exigences. De plus, notre approche se base sur une visualisation des résultats de vérification en 2D et par niveau. Prévoir une visualisation des résultats en 3D sur l’ensemble du projet pourrait représenter une amélioration de l’approche développée vers un processus de vérification beaucoup plus rapide proposant une vérification générale de tout le projet en un seul clic. Il ne faut pas nier qu’un processus de vérification par niveau se montre très contraignant dans le cas de constructions qui s’étalent sur plusieurs étages. Cet aboutissement nécessite d’approfondir encore les recherches en programmation visuelle afin de pouvoir afficher les pièces en couleur sur la vue en 3D. Perspectives à court terme
Une première perspective se manifeste dans la combinaison de notre approche avec l’un des outils de programmation architecturale existants, pour faire évoluer ses fonctionnalités le long du processus de conception, afin de constituer également un outil d’assistance et d’accompagnement de la conception. L’outil dRofus en est un exemple concret, puisqu’il partage la même démarche de vérification que celle de notre approche (associer les exigences aux espaces, puis ajouter les espaces à Revit et vérifier ensuite). Nous rappelons que cet outil ne permet de vérifier, à présent, que les exigences spatiales quantitatives (ESQN) et les exigences spatiales qualitatives d’ordre réglementaire (figure 26). La combinaison de notre approche avec cet outil pourrait étendre son volet de vérification pour couvrir un large spectre des ESQL identifiées par notre étude (exigences d’accessibilité, de topologie et de confort). Cette perspective pourrait assurer la pérennité de notre approche et sa généralisation sur plusieurs outils BIM. 214 Une deuxième perspective à court terme qui se trouve plus orientée vers l’informatique consiste en la proposition d’un plug-in Revit permettant d’automatiser la vérification des ESQL. Il est possible de commencer par le développement d’un premier Plug-In basé sur la démarche fonctionnelle de notre approche de conception, en se référant au guide de création de premiers plug-in Revit « My First Plug-in », qui est un guide didactique personnalisé qui assure une introduction en douceur au monde de la programmation (une maitrise des langages de programmation C# ou VB.NET est toutefois nécessaire). Le partage de ce premier Plug-in dans Autodesk App Store 93 avec les différents professionnels du secteur AEC utilisant Revit, permettrait d’avoir des retours très enrichissants pouvant inspirer l’évolution de notre approche. Perspectives à long terme
Des perspectives sont à envisager en ce qui concerne la prise en compte et la vérification des ESQL subjectives (ex. très proche de, bien ouvert sur l’extérieur), couramment présentes dans les documents de programmation architecturale. La définition de différentes échelles de valeurs d’exigences (ex. très proche / assez proche / peu proche / loin) et leur vérification à travers l’utilisation des modèles flous ou encore des systèmes d’inférence semblent représenter des pistes de résolutions bien efficaces, mais qui restent bien loin de la portée de ma formation d’architecte. La vérification des ESQL subjectives pourrait constituer ainsi une problématique intéressante en collaboration avec d’autres travaux de recherche encore plus orientés vers l’informatique. Pour illustrer les exigences spatiales, les documents de programmation architecturale contiennent généralement des descriptifs textuels, des schémas, des organigrammes fonctionnels, des tableaux de surfaces, des fiches d’espaces, etc. La variation de la manière dont ces éléments sont présentés d’une étude de programmation à une autre représente une véritable contrainte au travail du concepteur. Celui-ci, dès qu’il commence à s’habituer à une forme de représentation, se retrouve au point de départ avec un nouveau programme architectural et une nouvelle forme de présentation. La situation devient, bien évidemment, plus contraignante quand le concepteur est impliqué dans la conception de plusieurs projets en parallèle, ce qui est souvent le cas. Dans ce contexte, il serait intéressant de définir un formalisme associé à un service en ligne standardisé qui permet de générer, à partir de documents de programmation architecturale, les données des exigences (Excel) intégrables dans l’outil BIM. 93 https://apps.autodesk.com/fr 215
Dans la continuité de cette dernière problématique d’assistance à la programmation, une autre alternative se manifeste dans la proposition d’un outil de représentation graphique de schémas et d’organigrammes fonctionnels qui pourrait faciliter l’acquisition des contraintes précisées par les programmistes de la part des concepteurs. Si un tel outil pouvait fournir des organigrammes modélisables par l’outil BIM, cette alternative pourrait constituer un lien pertinent entre les exigences fonctionnelles, forcément qualitatives, du programme et les fonctionnalités de conception de volume « In-Situ » récemment proposées par certains outils BIM, à l’image de Revit (version 2018). Cette approche de conception serait avant-gardiste, puisqu’elle tend à repenser catégoriquement la manière actuelle de concevoir. En effet, en concevant l’architecte pense en termes d’espaces, mais il agit sur les ouvrages pour délimiter les vides destinés à accueillir les espaces (Siala 2016). Cette problématique a d’ailleurs été présente depuis les temps de la conception manuelle, où la conception a toujours été avant tout une question de dessin d’ouvrages. Dans ce contexte, utiliser les avancées du BIM pour aborder une nouvelle approche de conception qui marque une coupure avec ces pratiques et qui instaure une conception par espaces, représenterait une problématique intéressante et un défi à relever dans de futurs travaux de recherche. De tels liens entre la phase de programmation et celle de conception font de toute évidence partie des clés permettant d’approfondir de façon pérenne la couverture du BIM sur tout le cycle de vie du bâtiment. 216 GLOSSAIRE
BIM : Building Information Model, Modeling ou Management CAO / CAD : Conception assisté par ordinateur / Computer Aided Design CAAD : Computer Aided Architectural Design ESQL : Exigences Spatiales Qualitatives ESQN : Exigences Spatiales Quantitatives IFC : Industry Foundation Classes MEP : Mécanique, électricité, plomberie MVD : Model View Definitions 217
LISTE DES PUBLICATIONS
Dates Lieu Nom Thèmes Type de communication Intitulé Auteurs Mai 2017 Paris, France Séminaire MAP Modèles et simulations pour l’Architecture et le Patrimoine Poster « Prise en compte des exigences spatiales dans les pratiques BIM» Aida Siala, Gilles Halin, Najla Allani, Mohamed Bouattour Dates Lieu Nom Thèmes Type de communication Pages Intitulé Auteurs Avril 2017 Cardiff, Wales, United Kingdom Symposium RIS eCAADe 2017 The virtual and the physical Article 65-72 « Architectural space from virtual to physical» Aida Siala, Najla Allani, Mohamed Bouattour, Gilles Halin Dates Lieu Nom Thèmes Type de communication Pages Intitulé Septembre 2016 ENSA Toulouse, France Conférence SCAN 2016 Mètre et paramètre, mesure et démesure du projet Article 237-246 « Donner un sens à l’espace architectural, vers une intégration de la dimension sensible de l’architecture dans les pratiques BIM» Aida Siala, Najla Allani, Gilles Halin, Mohamed Bouattour Auteurs Dates Lieu Nom Thèmes Type de communication Pages Intitulé Auteurs Aout 2016 École d’Architecture d’Oulu, Oulu Finlande Conférence eCAADe 2016 Complexity & Simplicity Article 653-662 « Toward space oriented BIM practices » Aida Siala, Najla Allani, Gilles Halin, Mohamed Bouattour Dates Juin 2014 Lieu CRP Henti Tudor, Luxembourg Nom Conférence SCAN’14 Thèmes Interaction(s) des maquettes numériques Type de communication Article Pages 71-80 Intitulé «Modélisation de la notion d’espace dans le contexte de
coopération numérique»
Auteur
s
Aida Siala, Mohamed Bouattour, Bilel Grissa
218
Dates Lieu Nom Thèmes Type de communication Intitulé Auteurs Observations Mai 2014 ENAU Tunis, Tunisie Colloque 01-Design 9 Conception et réutilisation Poster «Re-création conceptuelle fondée sur la sémantique des objets » Aida Siala, Mohamed Bouattour 1er Prix scientifique 219
BIBLIOGRAPHIE Ahmed, N. C. (2015). Fully Bayesian learning and spatial reasoning with flexible human sensor networks. Proceedings of the ACM/IEEE Sixth International Conference on Cyber-Physical Systems (pp. 8089). Seattle, Washington: ACM. Aish, R. J. (2018). Topologic: tools to explore architectural topology. Advances in Architectural Geometry (pp. 316-341). Gothenburg, Sweden: Klein Publishing GmbH. Anonymous. (2004). Information requirements specification – [AR-5] early design. International Alliance for Interoperability. UK Chapter. Arangarasan, R. G. (2000). Geometric modeling and collaborative design in a multi-modal multi-sensory virtual environment. ASME 2000 Design Engineering Technical Conferences and Computers and Information in Engineering (pp. 10-13). Baltimore, Maryland: ASME. Azhar, S. N. (2008). Building Information Modeling (BIM): A new paradigm for visual interactive modeling and simulation for construction projects. Proc., First International Conference on Construction in Developing Countries (Vol. 1), 435-446. Bardin, L. (1997). L'analyse de contenu (Vol. 69). Paris: Presses universitaires de France. Barekati, E. (2014). A Universal Format for Architectural Program of. Fusion, (pp. 385-394). Newcastle. Barekati, E. (2016). A BIM compatible schema for architectural programming. Barekati, E. (2015). A BIM-compatible schema for architectural programming information. International Conference on Computer-Aided Architectural Design Futures (pp. 311-328). Berlin: Springer. Baudouï, R. (1988). Marcel Poëte et Le Corbusier: L'histoire dans le projet d'urbanisme. Les Annales de la recherche urbaine (Vol. 37, No. 1), 46-54. Becerik-Gerber, B., Rice, S. (2010). The perceived value of building information modeling in the US building industry. Information Technology in Construction (ITcon) 15, 185-201. Bhatt, M. (2014). The ‘Space’ in Spatial Assistance Systems: Conception, Formalisation and Computation. Dans T. W. Tenbrink, Representing Space in Cognition: Interrelations of behaviour, 220 language, and formal models (pp. 1-32). Oxford: Oxford University Press. Bjork, B. C. (1992). A conceptual model of spaces, space boundaries and enclosing structures. Automation in Construction, 1(3), 193-214. Borr , A. K. (2018). Building Information Modeling: Why? What? How? Dans A. K. Borrmann, Building Information Modeling. technology Foundations and Industry Practice (pp. 1-24). Cham: Springer. Bouattour, M. (2005). Assistance à la conception coopérative fondée sur la sémantique des ouvrages. Application au domaine du bois. Boudon, P. (2003). Sur l'espace architectural. Paris: Dunod. Brucker, B. A. (2005). Initiating the building information model from owner and operator criteria and requirements. Computing in Civil Engineering, 1-12. Cohn, A. G. (2001). Qualitative spatial representation and reasoning: An overview. Fundamenta informaticae 46, 1-29. Corinne, B., Laabid, H. (2001, Septembre). Espace et Temps, seuil et proximité. Les annales de la recherche unrbaine, pp. 126-129. Dagnelie, P. (2012). Principes d'expérimentation. Planification des expériences et analyse de leurs résultats. Gembloux: Les presses agronomiques de Gembloux. De Luca, L. V. (2006). Reverse engineering of architectural buildings based on a hybrid modeling approach. Computers & Graphics, 30(2), 160-176. De Luca, L. V. (2007). A generic formalism for the semantic modeling and representation of architectural elements. The Visual Computer, 23(3), 181-205. Deering, M. (1995). A Virtual Reality Sketching / Animation Tool. ACM transactions on Computer Human Interaction, 2(3), 220-238. East,. W. (2007). Construction operations building information exchange (COBie). ENGINEER RESEARCH AND DEVELOPMENT CENTER CHAMPAIGN IL CONSTRUCTION ENGINEERING RESEARCH LAB. East, W. (2012). Building Programming information exchange (BPie). BuildingSmartAlliance. East, W. (2009). Spatial Compliance information exchange (SCie). Dans BuildingSMARTAlliance. Eastman, C. S. (1995). A generic building product model incorporating building type information. Automation in construction 3(4), 283304. 221 Ekholm, A., Fridqvist, S. (2000). A concept of space for building classification, product modelling, and design. Automation in Construction, 9(3), 315-328. Ellis, C. a. (1994). A Conceptual Model of Groupware. CSCW 94, ACM Conference on Computer Supported Cooperative Work, (pp. 7988). North Carolina, USA. Fukuda, T. H. (2018). FBSMAP: The Spatial Representation Method for Intelligent Semantic Service in Indoor Environment. Proceedings of the 23rd CAADRIA Conference, V2, 587-596. Bachelard, G. (1957). La poétique de l'espace. Paris: Vrin. Grilo, A., Jardim-Goncalves, R.,(2010). Value proposition on interoperability of BIM and collaborative working environments. Automation in construction, 19(5), 522-530. Halin, G., Gallas MA. (2016). Une approche pédagogique par les modèles pour la sensibilisation au concept de BIM (Maquette Numérique). Séminaire de Conception Architecturale Numérique SCAN’16, (pp. 85-96). Toulouse. Halin, G. (2004). Modèles et outils pour l'assistance à la conception. Application à la conception architecturale. Habilitation à Diriger les Recherches. Nancy: Institut National Polytechnique de Lorraine. Hardin, B., McCool, D. (2015). BIM and construction management: proven tools, methods, and workflows. John Wiley & Sons. Hardin, B. (2009). BIM and Construction Management: proven Tools, Methods, and Workflows. Indianapolis, Indiana: Wiley Publishing Inc.. Hyun, L. O. (2016). The language of design: Spatial cognition and spatial language in parametric design. International Journal of Architectural Computing (V.14), 277-288. Ireland, T. (2015). An Artificial Life Approach to Configuring Architectural Space. Future Trajectories, (pp. 581-590). Vienna, Austria. Kagermann, H. J. (2013). Recommendations for Implementing the strategic initiative INDUSTRIE 4.0; final report of the Industrie. Forschungsunion. Raboudi K., Bensassi, A. (2014). Génération de volumes de contrôle solaire. Interaction(s) des maquettes numériques : Acte du Séminaire de Conception Architecturale Numérique (pp. 221-231). Luxembourg: Presses universitaires de Nancy. Kim, T. W. (2015). Automated updating of space design requirements connecting user activities and space types. Automation in Construction, 50, 102-110. 222 Kiviniemi, A. (2005). Requirement Management Interface to Building Product Models. CIFE technical report 161, Stanford University. Lédeczi, Á. B. ). Composing domain-specific design environments. Computer, 34(11), 44-51. Macher, H. (2017). Du nuage de points à la maquette numérique de bâtiment : Reconstruction 3D semi-automatique de bâtiments existants. Moïnfar, M. D. (1975). Bibliographie des travaux d’Emile Benveniste (Extrait des Mélanges Linguistiques Offerts à Emile Benveniste). Paris: Editions Peeters. Myung, S., Han, S. (2001). Knowledge-based parametric design of mechanical products based on configuration design method. Expert Systems with applications, 21(2), 99-107. Paillé, P., ucchielli, A.. (2016). L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales-4e éd. Armand Colin. Poincaré, H. (1895). L’espace et la géométrie.. Revue de métaphysique et de morale, 3, 631-646. Robert, AD., Bouillaguet, A. (1997). L'analyse de contenu. Presses universitaires de France. Siala & al., 1. (2016). Toward Space Oriented BIM Practices. eCAADe (pp. 653-662). Oulu, Finland: Oulu School of architecture. Siala & al., 1. (2017). Architectural space from virtual to physical. Symposium RIS eCAADe (pp. 65-72). Cardiff, Wales UK: eCAADe, Brussels and the Welsh School of Architecture, Cardiff University. Siala & al., 2. (2016). Donner du sens à l'espace architectural. Vers une intégration de la dimension sensible de l’architecture dans les pratiques BIM. SCAN (pp. 237-246). Toulouse: PUN-Editions Universitaires de Lorraine. Siala & al., 2. (2017). Prise en compte des exigences spatiales qualitatives dans les pratiques BIM. Séminaire MAP. Paris. Siala, A. &. (2014). Modélisation de la notion d'espace dans le contexte de la coopération numérique. SCAN (pp. 71-80). Luxembourg: PUNEditions Universitaires de Lorraine. Siala, A. &. (2014). Re-création conceptuelle foncdée sur la sémantique des objets. 0.1-Design. Tunis. Steel, J. D. (2012). Model interoperability in building information modelling. Software & Systems Modeling, 99-109. Student. (1908). The probable error of a mean. Biometrika, 1-25. Succar, B. (2009). Building information modelling framework: A research and delivery foundation for industry stakeholders. Succar, B . 223 (2009). Building information modelling framework: A research and delivery foundation for industry stakeholders. Automation in construction, 18(3), 357-375. Wanlin, P. (2007). L’analyse de contenu comme méthode d’analyse qualitative d’entretiens: une comparaison entre les traitements manuels et l’utilisation de logiciels. Recherches qualitatives, 243272. Weldu, Y. W. (2012). Automated generation of 4D building information models through spatial reasoning. Construction research congress (pp. 612-621). Indiana, United States: ASCE, USA. Zuppa, D. I. (2009). BIM's impact on the success measures of construction projects. Computing in Civil Engineering, 503-512. 224
ANNEXES Annexe 1 : Grilles de catégorisation des exigences de topologie et de confort Annexe 2 : Grille d’analyse des ESQL Annexe 3 : Grille d’analyse des ESQL avec pourcentages mesurant l’apparition des qualificatifs Annexe 4 : Exigences spatiales définies par le format IFC (5.1) Annexe 5 : Feuilles du tableau des exigences (Excel) Annexe 6 : Règles de vérification Annexe 7 : Enoncé du test de niveau
Annexe
8 :
Classement des participants selon les résultats du test de niveau Annexe 9 : Enoncé du projet de l’expérimentation Annexe 10 : Fiche de suivi de l’expérimentation Annexe 11 : Exemple de rendu de chaque groupe (avec et sans prototype)
225 Annexe 1 : Grilles de catégorisation des exigences de topologie et de confort
Grille de catégorisation des exigences de topologie avec détails des descripteurs 226 Grille de catégorisation des exigences de confort avec détails des descripteurs 227 Annexe
2 : Grille d’analyse des ESQL 228
Annexe
3
:
Grill
e d’analyse des
ESQL
avec
pourcentages
mesur
ant
l’
appari
tion des
qualificatifs
229 230 Annexe 4 : Exigences spatiales définies par le format IFC
EXIGENCE NOM TYPE INDICATION COMMUNE Reference IfcIdentifier Référence l'identifiant d'un type d’espace IsExternal IfcBoolean Sin l’espace doit être extérieur (vrai ou faux) GrossPlannedArea IfcAreaMeasure Surface brute demandée NetPlannedArea IfcAreaMeasure Surface nette demandée PubliclyAccessible IfcBoolean si l'espace doit être
au public
HandicapAccessible IfcBoolean S’il doit être accessible aux handicapés FloorCovering/ IfcLabel Nature des revêtements de plancher / mur / plafond / plinthe / moulure. EquipmentSensible IfcPowerMeasure Gains et pertes de chaleur liés aux équipements VentilationIndoorAir/ IfcPowerMeasure Charge de ventilation de l’air intérieur / extérieur / recyclé HeatingDesignAirflow TotalSensibleHeatGain/ TotalHeatGain/ TotalHeatLoss HeatingDryBulb CoolingRelativeHumidity HeatingRelativeHumidity DE LA CHARGE THERMIQUE VentilationOutdoorAir/ RecirculatedAir/ 233 ExhaustAir / IfcPowerMeasure Charge de l’air échappé / du taux de changement d’air / celle due à la température sèche / celle de l’humidité relative InfiltrationSensible IfcPowerMeasure Gains et pertes de chaleur dues à l'infiltration TotalSensibleLoad/ IfcPowerMeasure Energie totale ajoutée ou retirée de l'air qui affecte sa température/ son humidité / IfcPowerMeasure Énergie électromagnétique totale ajoutée ou éliminée par émission ou par absorption AirExchangeRate/ DryBulbTemperature/ RelativeHumidity TotalLatentLoad/ TotalRadiantLoad Exigences quantitatives (29%) Exigences qualitatives (71%) AAA ESQL identifiées au chapitre 3, qui sont prises en compte par le modèle IFC.
234 Annexe 5 : Feuilles du tableau des exigences (Excel)
Figure 1 Capture d’écran Excel du tableau des exigences, extrait de la fenêtre des exigences d’accessibilité <Accessibility> Figure 2 Capture d’écran Excel du tableau des exigences, extrait de la fenêtre des exigences lumineuses <Lighting> Figure 3 Capture d’écran Excel du tableau des exigences, extrait de la fenêtre des exigences hygrométriques <Hygrometric> 235 Figure 4 Capture d’écran Excel du tableau des exigences, fenêtre des exigences thermiques <Thermal> Figure 5 Capture d’écran Excel du tableau des exigences, fenêtre des exigences acoustiques <Acoustic> Figure 6 Capture d’écran Excel du tableau des exigences, fenêtre des exigences de sécurité <Security> 236
Annexe 6 : Règles de vérification EXIGENCE VÉRIFICATION
Type Catégorie Nom de paramètre Valeur de paramètre Règle Démarche de vérification Nœuds Dynamo utilisés Confort Exigences lumineuses Éclairage naturel Oui La pièce contient au moins une ouverture qui donne sur l’extérieur. Sélectionner la liste des pièces dont le paramètre d’éclairage naturel == Oui ; Pour chaque pièce ; sélectionner la liste des fenêtres et les fonctions des murs hôtes correspondants ; finPour Si liste des fenêtres ≥1 ; ET ; Si fonction du mur hôte == Extérieur ; Alors visualiser la pièce en vert ; Sinon visualiser la pièce en rouge ; finSi ; finSi ; Element.GetPaameterValueByName List.FilterByBoolMask Ensoleillement Oui La pièce contient au moins une ouverture qui donne sur l’extérieur dont le vecteur d’orientation se trouve dans l’intervalle du parcours du soleil au solstice d’hiver en 237 Sélectionner la liste des pièces dont le paramètre d’ensoleillement == Oui ; Pour chaque pièce ; sélectionner la liste des fenêtres et les fonctions des murs hôtes correspondants ; finPour Room.Windows et WallType.Function List.ContainsItem et WallType.Function == Extérieur Element.OverrideColorInView RemoveListFromList, où : Liste A est la liste des pièces à visualiser en vert Liste B est la liste des pièces ayant l’exigence d’éclairage naturel Element.GetPaameterValueByName List.AllIndicesOf Room.Windows et WallType.Function List.ContainsItem et Exigences hygrométriqu es Ventilation naturelle Oui Tunisie (entre 120° à l’est et 240° à l’ouest). Pour chaque fenêtre dont fonction de mur hôte == Extérieur ; sélectionner le vecteur d’orientation ; finPour ; Déterminer l’intervalle du parcours du soleil au solstice d’hiver en Tunisie ; [210°-330°] ; Si 210° ≤ vecteur d’orientation ≤ 330° ; Alors visualiser la pièce en vert ; Sinon visualiser la pièce en rouge : finSi ; WallType.Function == « Extérieur » FamilyInstance.HandOrientation et Vector.AngleAboutAxis Document.ProjectPostion Code Block : Y≤X && X≤Z, où : X est le vecteur d’orientation d’une ouverture Y est l’angle du lever du soleil Z est l’angle du coucher du soleil Element.OverrideColorInView RemoveListFromList, où : Liste A est la liste des pièces à visualiser en vert Liste B est la liste des pièces ayant l’exigence d’ensoleillement. La pièce contient au moins une ouverture qui donne sur l’extérieur. Sélectionner la liste des pièces dont le paramètre de ventilation naturelle == Oui ; Pour chaque pièce ; sélectionner la liste des fenêtres et les fonctions des murs hôtes correspondants ; finPour ; Si liste des fenêtres ≥1 ; ET ; Si fonction du mur hôte == Extérieur ; Alors visualiser la pièce en vert ; Sinon visualiser la pièce en rouge ; finSi ; finSi ; Element.GetPaameterValueByName List.FilterByBoolMask 238 Room.Windows et WallType.Function List.ContainsItem et WallType.Function == Extérieur Element.OverrideColorInView RemoveListFromList, où : Liste A est la liste des pièces à visualiser en vert Liste B est la liste des pièces ayant l’exigence d’éclairage naturel
Topologie Exigences de distribution À partir de et Caractère de distribution (verticale) À partir de et Caractère de distribution (horizontale) Liste de sous-types de p
Liste de sous-types de pièces
Les pièces desservies et les pièces de distribution n’appartiennent pas au même niveau. Les pièces desservies et les pièces de distribution appartiennent au même niveau. 239
Sélectionner la liste des pièces ayant l’exigence d’être desservies horizontalement ; Pour chaque pièce sélectionner le niveau (1) auquel elle appartient ; finPour ; Sélectionner la liste des pièces à travers lesquelles doit se faire la distribution ; Pour chaque pièce sélectionner le niveau (2) auquel elle appartient ; finPour ; Si niveau (1) == niveau (2) ; Alors visualiser la pièce en vert ; sinon visualiser la pièce en rouge ; finSi ; Element.GetParameterValueBy
Name
Sélectionner la liste des pièces ayant l’exigence d’être desservies horizontalement ; Pour chaque pièce sélectionner le niveau (1) auquel elle appartient ; finPour ; Sélectionner la liste des pièces à travers lesquelles doit se faire la distribution ; Pour chaque pièce sélectionner le niveau (2) auquel elle appartient ; finPour ; Si niveau (1) == niveau (2) ; Alors visualiser la pièce en rouge ; sinon visualiser la pièce en vert ; finSi ; Element.
GetParameterValueByName Element.GetParameterValueByName Element.GetParameterValueByName Element.GetParameterValueByName == Element.OverrideColorInView Element.GetParameterValueByName Element.GetParameterValueByName Element.GetParameterValueByName == Element.OverrideColorInView
Exigences de relation En avec relation Liste de sous-types de pièces
Les pièces sont en relation directe et partagent un point d’accès, ou elles sont en relation indirecte et reliées à travers une pièce intermédiaire. Sélectionner la liste des pièces ayant l’exigence d’être en relation ; Pour chaque pièce sélectionner la liste des points d’accès (1); finPour ; Sélectionner la liste des pièces avec lesquelles doit se faire la relation ; Pour chaque pièce sélectionner la liste des points d’accès (2); finPour ; Pour chaque point d’accès (1) sélectionner la liste des pièces intermédiaires accessibles à travers; finPour ; Pour chaque pièce intermédiaire sélectionner la liste des points d’accès (3) ; finPour ; Si la liste des points d’accès (1) et (2) ont un élément en commun ; Ou ; Si la liste des points d’accès (1) et (3) ont un élément en commun Et ; Si la liste des points d’accès (3) et (2) ont un élément en commun Alors visualiser les pièces en vert (les pièces en relation ainsi que celle intermédiaire) ; Sinon visualiser les deux pièces en rouge ; finSi ; finSi ;
240 Element.GetParameterValueByName Room.Doors et Room.Windows (portesfenêtre
s) Element.GetParameterValueByName Room.Doors et Room.Windows (portesfenêtres) List.ContainsItem Element.OverrideColorInView Door.Rooms et Window.Rooms, Room.Doors, Room.Windows List.ContainsItem If Element.OverrideColorInView et Exigences de disposition Exigen
ces de proximité Contiguë à À proximité de Liste de sous-types de pièces Liste de sous-types de pièces
Les pièces partagent au moins deux murs en commun qui sont perpendiculaires. La distance entre les points d’accès des deux pièces ne dépasse pas la limité indiquée (fixée à 5 mètres au niveau de ce travail, mais qui peut être modifiée selon le type de projet). 241 Sélectionner la liste des pièces ayant l’exigence d’être en contiguës à d’autres ; Pour chaque pièce sélectionner la liste des murs délimitant (1); finPour ; Sélectionner la liste des pièces auxquelles elles doivent être contiguës ; Pour chaque pièce sélectionner la liste des murs délimitant (2) ; finPour ; Si les listes des murs délimitant (1) et (2) ont deux éléments en commun ; alors sélectionner le vecteur de chaque mur ; Et ; Si vecteur (1) est orthogonal à vecteur (2) ; alors visualiser les deux pièces en vert ; sinon visualiser les deux pièces en rouge ; finSi ; Element.GetParameterValueByName Sélectionner la liste des pièces ayant l’exigence d’être à proximité d’autres pièces ; Pour chaque pièce sélectionner la localisation des portes ; finPour ; Sélectionner la liste des pièces auxquelles elles doivent être proches
;
Pour chaque pièce sélectionner la localisation des portes ; finPour ; Calculer la distance entre les localisations des portes
; Element.
Get
ParameterValueByName Room.Boundaries Element.GetParameterValueByName Room.Boundaries Lists.DuplicatedItemIndices Element.Location, Line.Direction et Vector.IsOrthogonalToVector If et Element.OverrideColorInView Room.Doors et Element.Location Element.GetParameterValueByName Room.Doors et Element.Location Geometry.DistanceTo et Code Block : x <= y, où : Accessibilité De surface Exigences d’accessibilité De surface Accessible de Surface prévue Liste de sous-types de pièces Surface Si distance
≤ valeur prédéfinie ; Alors visualiser les deux pièces en vert ; Sinon visualiser les deux pièces en
rouge
;
finSi ; x est la distance entre les portes des deux pièces y
est
la
distance maximale de proximité de 5 mètres (indiquée dans un
Slider). Element.OverrideColorInView
Les deux pièces sont soit totalement ouvertes l’une sur l’autre, soit séparées par un mur tout en gardant un point d’accès partagé (une ouverture de passage ou une porte). Sélectionner la liste des pièces ayant l’exigence d’être accessibles depuis d’autres pièces ; Pour chaque pièce sélectionner la liste des portes ; finPour ; Sélectionner la liste des pièces qui doivent donner l’accès ; Pour chaque pièce sélectionner la liste des portes ; finPour ; Si les deux listes de portes ont un élément en commun ; alors visualiser les deux pièces en vert ; sinon visualiser les deux pièces en rouge ; finSi ; Element.GetParameterValueByName La surface de la pièce conçue est égale à la surface prévue par le programme. Avec une marge d’acceptabilité de 12%. Sélectionner la liste des pièces demandées par le programme ; Pour chaque pièce sélectionner la surface prévue ; finPour ; Sélectionner la liste des pièces conçues ; Pour chaque pièce sélectionner la surface ; finPour ; Element. GetParameterValueByName
242 Room.Doors
Element.GetParameterValueByName Room.Doors List.ContainsItem Element.OverrideColorInView RemoveListFromList, où : Liste A est la liste des pièces à visualiser en vert Liste B est la liste des pièces ayant l’exigence d’être verticalement desservies Element. GetParameterValueByName Element. GetParameterValueByName Code Block : x > [ y + (y x 12/100 ) ] Si la surface conçue est supérieure à celle Code Block : x < [ y ( y x 12/100 ) ], où : prévue avec une marge d’acceptabilité 95 de x est la surface de la pièce dans le 12% ; modèle conçu, alors visualiser la pièces en rouge ; y est la surface prévue par le sinon visualiser la pièce en vert ; programme. finSi ; Si la surface conçue est inférieure à la surface Element.OverrideColorInView prévue (marge d’acceptabilité de 12%) ; alors visualiser la pièces en rouge claire ; finSi ; 95 Nous avons adopté dans la vérification des surfaces la marge d’acceptabilité de 12% qui est celle communément utilisée dans le domaine du bâtiment dans le calcul des surfaces pour des fins de vérification ou de calcul de métré.
243
Annexe 7 : Enoncé du test de niveau
Niveau : 3ème année Exercice court Durée : 1 h :55
Date : 02/03/2018 Objectifs : Cet exercice permettra d’évaluer les compétences des étudiants en troisième année architecture en termes de maitrise de l’outil Revit. Il a également pour objectif d’évaluer leur rapidité à utiliser l’outil durant la phase conception architecturale, quand le concepteur est confronté à plusieurs contraintes de programme qu’il doit résoudre au fur et à mesure de l’avancement de la conception. Durée : Une séance. Énoncé : Nous prévoyons dans cet exercice concevoir un espace de vie pour un étudiant en architecture. Un studio qui s’étale sur 12 m2 de surface (3m x 4m) avec possibilité de mezzanine. Cet espace doit fournir à l’étudiant un cadre propice au travail, à la distraction et au repos. Il doit lui offrir ainsi : - un espace pour dormir, un espace pour travailler, un espace pour avoir de la visite, pour jouer à un instrument musical ou autre. une salle d’eau, une kitchenette, et un dressing. Rendu : A rendre en fin de séance au format Revit (.rvt). Une planche A3 comportant un plan, deux coupes et deux façades à l’échelle 1/100, avec deux vues extérieures en 3D et une axonométrie arrachée. Cri ères d’évaluation : Réponse architecturale (10 points). Maitrise du logiciel (10 points)
244 Annexe 8 : Classement des participants selon les résultats du test de niveau Rang GROUPE 1
GROUP
E 2 1er 2ème 3ème
245
4ème
5
ème 246 Annexe 9 : Enoncé du projet de l’expérimentation PROGRAMME ARCHITECTURAL
Niveau : 3ème année Enseignante : Aida Siala Du 09 mars au 13 avril 2018
Contexte et objectifs : Cet exercice se situe en continuité avec l’atelier informatique pour les étudiants en troisième année architecture. Il vise à mettre en épreuve l’acquisition des notions abordées tout au long de l’année universitaire au tour de l’outil Revit. Il a également pour objectif d’initier les étudiants à utiliser Revit en phase de conception architecturale, quand le concepteur est confronté à plusieurs contraintes de programme. La formation à l’outil étant focalisée durant le début de cette année universitaire sur certaines fonctionnalités ponctuées de l’outil, appliquées sur des exercices de reproduction d’ouvrages bâtis. Au niveau de cet exercice, l’étudiant va se familiariser encore plus avec l’outil, il va le redécouvrir d’un autre point de vue, celui d’un concepteur. Sujet et programme : Une famille compte construire une villa dans la commune de la Soukra sur un terrain rectangulaire de 20 x 25 mètres. Soit une surface totale de 500 m2 (voir situation au verso). Le programme demandé par les futurs usagers de la villa est le suivant (voir tableau). Ils recommandent néanmoins des exigences en termes de fonctionnalité, de relation entre espaces et de confort à l’intérieur des espaces demandés. Exigen
ces
spatiales : Pour le confort lumineux à l’intérieur des espaces, il est recommandé d’assurer l’éclairage naturel du hall d’entrée, de la cuisine et du dressing de la chambre des parents. L’ensoleillement des espaces de jour (salon, SAM, cuisine, séjour) et de la chambre des parents est souhaitable. Pour assurer un certain confort hygrométrique à l’intérieur des espaces humides (buanderie et points d’eau), une ventilation naturelle est à préconiser. Les propriétaires demandent des espaces de jour ouverts sur l’extérieur et communicants, avec une salle à manger à la fois accessible du salon et de la cuisine (Accès direct), pour une meilleure fonctionnalité quand ils auront de la visite. À cet effet, la salle d’eau des invités sera ainsi proche de la SAM. Pour l’utilisation journalière de la famille, il est préférable d’avoir le séjour à proximité de la cuisine. La cuisine doit être à son tour en relation avec le garage. Pour préserver l’intimité des chambres à couchers, cellesci seront distribuées verticalement à partir du hall d’entrée principale. Les chambres enfants étant de préférence contiguës. Contraintes réglementaires : - La surface couverte totale à ne pas dépasser est de 300m2 (dont 170 m2 au maximum au RDC). L’alignement par rapport à la voie publique et le retrait par rapport aux limites séparatives à une distance minimale de 4 m. Construction en R+1 avec un maximum de 8m de hauteur à l’acrotère.
247 Éléments du rendu : - Plan à l’échelle 1/100. 2 façades à l’échelle 1/100. Une vue en 3D.
Conditions de travail et mode d’é
valuation
:
L’exerci
ce se déroulera
sur
4 séances (
les
vendredis
09
mars
16
mars – 6
avril
et 13
avril). Le
travail
sera
effectué en
et jamais en dehors des séances prévues à cet effet. Il sera enregistré par capture vidéo d’écran pour être évalué ultérieurement. Critères d’évaluation : - Qualité de la réponse architecturale fournie (15 points). Maitrise de Revit (5 point). Extrait du levé topographique du terrain 248
Annexe
10
: Fiche de suivi de l’
expérimentation
FICHE DE SUIVI DATE.......................
N° de séance....................... Groupe....................... Observations générales.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................. Observations par étudiant E
tudiant 1 Etudiant 2 Etudiant 3 Etudiant 4 Etudiant 5
249 Annexe 11 : Exemple de rendu de chaque groupe expérimental (avec et sans prototype) 250 Avec prototype 251 Sans prototype 252 TABLE DES ILLUSTRATIONS LISTE DES FIGURES
Figure 1 Gestion du cycle de vie d’un bâtiment à travers la démarche BIM................................................. 19 Figure 2 Exemple d’un objet de bâtiment avec la liste de ses propriétés dans l’environnement de Revit... 23 Figure 3 Organigramme fonctionnel de l’extension du groupe scolaire de Vany......................................... 25 Figure 4 Diagramme UML de base du format UFPOR (Barekati E. C., 2014).............................................. 36 Figure 5 Synapsie engendrée par la recherche du mot accès dans l’étude de programmation du Pôle des métiers de Metz............................................................................................................................................... 49 Figure 6 Le diagramme circulaire comme forme de représentation de la répartition des données de chaque type d’exigences par ordre d’importance....................................................................................................... 53 Figure 7 Diagramme de répartition des exigences d’accessibilité................................................................ 54 Figure 8 Diagramme de répartition des exigences de topologie................................................................... 55 Figure 9 Diagramme de classification des exigences de confort................................................................... 56 Figure 10 Natures des descriptions illustrées dans les exigences d’accessibilité, de topologie et de confort et récapitulation des pourcentages mesurant les natures des descriptions dans les ESQL.............................. 57 Figure 11 Superposition des diagrammes de répartition des exigences d’accessibilité............................... 59 Figure 12 Superposition des diagrammes de répartition des exigences de topologie................................. 60 Figure 13 Superposition des diagrammes de répartition des exigences de confort..................................... 60 Figure 14 Interface du plug-in dRofus pour Revit, liste des gabarits des pièces et visualisation sur Revit (https://wiki.drofus.com)............................................................................................................................... 66 Figure 15 Capture d’écran de l’évaluateur d’accessibilité de Xinaps............................................................ 67 Figure 16 Capture d’écran de la fenêtre volante de l’évaluateur de sécurité incendie de Xinaps, résultats du calcul du parcours de secours......................................................................................................................... 67 Figure 17 Capture d’écran BIM 360 Design
Collaboration, état des mises à jour, consultation et consommation
des
packages
(https://
info
.
bim
360.autodesk
.
com/bim-360-design)..
................
................ 68 Figure 18 Les différentes étapes de collaboration de BIM 360 pour Revit (https://info.bim360.autodesk.com/bim-360-design).................................................................................. 69 Figure 19 Détection des conflits entre les versions (https://bimtrack.co/features).................................... 70 Figure 20 Capture d’écran Tekla BIMsight, visualisation du modèle BIM d’un immeuble en R+4 selon deux plans de coupe verticaux pour isoler la cage d’escalier et vérifier l’échappée............................................. .........................................................
................................................................................
................................
92 Figure 34 Schéma de la représentation de la forme d’un objet (Ekholm, 2000).......................................... 93 Figure 35 Structure principale du schéma de l’espace d’entité de construction (Ekholm, 2000)................ 94 253 Figure 36 Schéma de classification des exigences spatiales (Kim, 2015).................................................... 96 Figure 37 Représentation de la relation entre les espaces, les usagers et les exigences spatiales (Kim, 2015).
| 14,745
|
5f19ced67a7a249283f50cdd02e1d617_19
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,014
|
Dépôt de brevet dans les zones métropolitaines
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,448
| 13,114
|
70.0
53.0
58.6
62.9
68.1
49.2
51.9
1990
2000
2011 ou dernière
année disponible
75.3
77.0
75.6
76.1
77.6
72.9
71.4
74.9
77.0
69.8
75.3
75.0
76.9
77.1
69.5
74.9
78.1
76.7
77.1
78.9
75.5
70.5
76.7
75.5
77.0
70.8
74.1
71.2
71.5
75.7
73.8
77.7
77.5
67.5
..
74.8
61.6
66.5
69.5
68.9
58.4
62.1
78.2
79.3
78.2
77.8
79.0
76.8
75.9
76.9
79.4
70.7
76.7
77.7
79.2
78.1
71.9
76.6
79.7
78.8
79.9
81.2
78.0
73.3
78.8
78.4
78.2
73.8
76.7
73.4
75.1
77.9
76.1
79.7
79.9
71.1
..
77.1
54.8
70.3
71.3
65.3
61.6
65.6
80.8
82.0
81.1
80.5
81.0
78.3
81.1
79.9
82.4
76.3
78.7
80.6
82.2
80.8
75.0
80.6
82.4
81.8
82.7
82.7
81.1
74.2
81.4
81.2
81.3
76.9
80.8
76.1
78.0
81.1
80.1
81.9
82.8
74.6
..
80.1
52.6
73.4
73.5
69.0
65.5
69.3
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933040091
Espérance de vie à la naissance
Nombre d'années
2011 ou dernière année disponible
1970 ou première année disponible
90
85
80
75
70
65
60
55
50
45
40
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037849
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
237
SANTÉ • ÉTAT DE SANTÉ
MORTALITÉ INFANTILE
La mortalité infantile exprime les effets de la situation matérielle et sociale des mères et des nouveau-nés, mais aussi du
milieu social, des modes de vie individuels ainsi que des caractéristiques des systèmes de santé. De nombreuses études,
notamment sur les pays à faible revenu où la mortalité infantile reste élevée, utilisent cet indicateur pour examiner l’effet
de multiples déterminants médicaux et autres de la santé sur
la mortalité des jeunes enfants.
Définition
Le taux de mortalité infantile est le nombre de décès d’enfants
de moins d’un an pour 1 000 naissances vivantes. La mortalité
néonatale recouvre les décès d’enfants pendant leurs quatre
premières semaines de vie. La mortalité post-néonatale
recouvre les décès d’enfants survenant entre le deuxième et le
douzième mois.
Comparabilité
Les écarts entre pays concernant les taux de mortalité infantile
et néonatale peuvent être dus dans une certaine mesure aux
pratiques différentes qu’ils suivent pour enregistrer les enfants
prématurés. Les États-Unis et le Canada par exemple, enregistrent une proportion bien plus élevée de bébés pesant moins
de 500 g, avec peu de chances de survie, et donc un taux de
mortalité infantile déclaré plus élevé. En Europe, plusieurs
pays appliquent une durée de grossesse minimale de 22
semaines (ou un poids de naissance minimum de 500 g) pour
que les nourrissons soient déclarés vivants à la naissance.
En bref
Dans la plupart des pays de l’OCDE, le taux de mortalité
infantile est faible, de même que les écarts entre les pays.
En 2011, ce taux était en moyenne d’à peine plus de 4 décès
pour 1 000 naissances vivantes dans les pays de l’OCDE, les
seuils les plus bas se trouvant dans les pays nordiques
(Islande, Suède, Finlande and Norvège), au Japon et en
Estonie. Un petit groupe de pays membres enregistre
encore un taux de mortalité infantile relativement élevé
(Mexique, Turquie et Chili), même si dans ces trois pays, il
a diminué rapidement au cours des dernières décennies.
D a n s c e r t a i n s g ra n d s p ay s n o n m e m b re s ( I n d e,
Afrique du Sud et Indonésie), le taux de mortalité infantile
reste supérieur à 20 décès pour 1 000 naissances vivantes.
En Inde, près d’un enfant sur vingt meurt avant son premier anniversaire, même si ce taux a beaucoup baissé au
cours des dernières décennies. La mortalité infantile a également beaucoup diminué en Indonésie.
Dans la zone OCDE, environ deux tiers des décès qui se
produisent au cours de la première année de vie sont des
décès néonataux (c’est-à-dire au cours des quatre premières semaines). Les malformations congénitales, la prématurité et d’autres problèmes survenant pendant la
grossesse constituent les principaux facteurs de mortalité
néonatale dans les pays développés. Étant donné que les
femmes sont de plus en plus nombreuses à différer leur
maternité et que les naissances multiples liées au traitement de la stérilité augmentent, le nombre de naissances
prématurées tend à s’accroître. S’agissant des décès survenant après un mois (mortalité post-néonatale), les causes
sont généralement plus diverses, la plus courante étant le
syndrome de la mort subite du nourrisson (MSN), les malformations congénitales, les infections et les accidents.
Tous les pays de l’OCDE ont accompli des progrès remarquables dans la réduction du taux de mortalité infantile
depuis 1970, époque à laquelle la moyenne était de près de
30 décès pour mille naissances vivantes, alors qu’elle est
aujourd’hui à peine supérieur à quatre. Outre le Mexique,
le Chili et la Turquie, où les taux se rapprochent rapidement de la moyenne de l’OCDE, on relève également une
forte baisse du taux de mortalité infantile au Portugal et en
Corée, et une réduction plus lente aux États-Unis.
238
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• OCDE (2011), Assurer le bien-être des familles, Éditions OCDE.
• OCDE (2009), Assurer le bien-être des enfants, Éditions OCDE.
Publications statistiques
• OCDE (2012), Health at a Glance: Asia/Pacific 2012, Éditions
OCDE.
• OCDE (2012), Health at a Glance: Europe 2012, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • ÉTAT DE SANTÉ
MORTALITÉ INFANTILE
Taux de mortalité infantile
2011 ou dernière année disponible
Néonatale
Post-néonatale
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037868
Mortalité infantile dans certains pays de l’OCDE
Morts pour 1 000 naissances vivantes
Chili
Mexique
Turquie
OCDE
150
120
90
60
30
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037887
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
239
SANTÉ • ÉTAT DE SANTÉ
SUICIDES
Le suicide est une cause de décès importante dans de nombreux pays de l’OCDE. On a ainsi dénombré plus de 150 000
décès par suicide en 2011. Un ensemble complexe de raisons
peut expliquer pourquoi certains tentent de mettre fin ou
mettent fin à leurs jours. Une grande majorité de personnes
dans ce cas souffrent de troubles psychiatriques (dépression
grave, troubles bipolaires, schizophrénie, par exemple). La
situation sociale dans laquelle ces personnes vivent est également importante : des revenus faibles, une consommation
excessive d’alcool et de médicaments, le chômage et l’isolement sont tous associés à un taux de suicide plus élevé.
Définition
L’Organisation mondiale de la santé définit le suicide comme
un acte délibéré, accompli par une personne qui sait parfaitement ou espère qu’il aura une issue fatale. Les données relatives au taux de suicide sont établies à partir des registres
officiels où sont consignées les causes de décès.
Les taux de mortalité sont calculés en rapportant le nombre de
décès enregistrés à l’effectif de la population correspondante.
Les taux obtenus ont été directement normalisés selon l’âge
d’après la structure d’âge de la population de l’OCDE en 2010,
ce qui a permis de neutraliser les variations liées aux différences de structure d’âge entre pays et dans le temps. Les données utilisées sont issues de la Base de données de l’OMS sur la
mortalité.
En bref
Comparabilité
En 2011, c’est en Grèce, en Turquie, au Mexique et en Italie
que le taux de suicide était le plus faible de la zone OCDE,
avec six décès ou moins pour 100 000 habitants. Il était
également faible au Brésil. À l’inverse, en Corée, en Hongrie, en Russie et au Japon, il était de plus de 20 pour
100 000 habitants. Le taux de suicide est dix fois plus élevé
en Corée qu’en Grèce, les deux pays qui enregistrent respectivement le taux le plus élevé et le taux de plus faible de
décès par suicide.
Le taux de décès par suicide est quatre fois plus élevé chez
les hommes que chez les femmes dans la zone OCDE. En
Grèce et en Pologne, les hommes sont au moins sept fois
plus susceptibles de se suicider que les femmes, et l’écart
entre les sexes s’est creusé dans ces deux pays depuis ces
dernières années. Au Luxembourg et aux Pays-Bas, l’écart
est bien moindre, mais le taux de suicide chez les hommes
reste deux fois plus élevé que celui des femmes. Le suicide
est également lié à l’âge, les jeunes et les personnes âgées
étant des sujets particulièrement à risque.
Depuis 1990, le taux de suicide a diminué de plus de 20 %
dans l’ensemble des pays membres, et encore plus dans
certains pays, tels que la Hongrie et l’Estonie (plus de 40 %).
Cependant, il a augmenté dans des pays tels que la Corée
et le Japon. Le nombre de décès par suicide s’est nettement
accru au Japon dans la seconde moitié des années 90,
période de la crise financière asiatique, mais il s’est depuis
stabilisé. Le taux de suicide a également beaucoup augmenté en Corée pendant cette période, mais, contrairement au Japon, il a continué de progresser, jusqu’à
représenter la quatrième cause de décès dans le pays. Les
services psychiatriques en Corée sont en retard par rapport
à ceux des autres pays, ils sont morcelés et apportent un
soutien insuffisant aux personnes qui en ont besoin. Des
efforts sont également nécessaires pour lutter contre la
stigmatisation dont souffrent les personnes qui souhaitent
être aidées.
Dans certains pays, le taux de suicide a légèrement augmenté au début de la crise économique en 2008, mais des
données plus récentes laissent supposer que cette tendance a été de courte durée. Il est néanmoins indispensable que les pays continuent de suivre la situation de près
pour pouvoir réagir rapidement, notamment en ce qui
concerne les groupes à haut risque tels que les chômeurs
et les personnes atteintes de troubles psychiatriques.
La comparabilité internationale des taux de suicide peut être
altérée par un certain nombre de critères de déclaration,
notamment la méthode de constatation, les personnes chargées d’établir le certificat de décès, la réalisation ou non d’une
enquête médicolégale et les dispositions relatives au caractère
confidentiel de la cause du décès. En outre, le nombre de décès
par suicide peut être sous-estimé dans certains pays en raison
du tabou qui entoure ce phénomène dans la société ou à cause
des problèmes de données liés aux critères de déclaration. Une
certaine prudence s’impose donc dans l’interprétation des différences de taux entre pays.
240
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• OCDE (2011), Mal-être au travail ? Mythes et réalités sur la
santé mentale et l’emploi, Santé mentale et emploi, Éditions
OCDE.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Panorama de la santé (matériel supplémentaire),
www.oecd.org/sante/panoramadelasante.
• Le projet de l’OCDE sur la santé mentale et
l’emploi,www.oecd.org/els/invalidite.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • ÉTAT DE SANTÉ
SUICIDES
Taux de suicide
Normalisé selon l'âge, pour 100 000 habitants, 2011 ou dernière année disponible
35
30
25
20
15
10
5
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037906
Tendance du taux de suicide
Normalisé selon l'âge, pour 100 000 habitants
Estonie
Grèce
Hongrie
Irlande
Japon
Corée
Espagne
OCDE
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037925
Évolution du taux de suicide
Pourcentage, 1990-2011 ou dernière période disponible
60
90
278
40
20
0
-20
-40
-60
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037944
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
241
SANTÉ • FACTEURS DE RISQUES
TABAGISME
Facteurs de risques
Le tabagisme entraîne près de 6 millions de décès chaque
année, dont plus de 5 millions sont directement imputables à
la consommation de tabac et plus de 600 000 au tabagisme passif. Il constitue un important facteur de risque pour au moins
deux des principales causes de mortalité prématurée, à savoir
les affections de l’appareil circulatoire et le cancer, car il
accroît le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, de cancer du poumon, de cancer du larynx et de cancer de
la cavité buccale. De plus, il favorise nettement les maladies
respiratoires. Le tabac demeure le plus gros risque évitable
pour la santé dans les pays de l’OCDE.
En bref
En 2011, la proportion des fumeurs était inférieure à 20 %
dans 15 des 34 pays de l’OCDE. C’est en Suède, en Islande
et aux États-Unis qu’elle est la plus faible (moins de 15 %).
Elle est également inférieure à 15 % en Inde, en
Afrique du Sud et au Brésil. Bien qu’il subsiste de fortes
disparités, le taux de tabagisme a nettement reculé dans la
majorité des pays de l’OCDE. Il a diminué en moyenne
d’environ un cinquième au cours des dix dernières années,
la baisse ayant été plus forte chez les hommes que chez les
femmes. Il a beaucoup reculé depuis 2000 en Norvège, au
Danemark et aux Pays-Bas. La Grèce continue d’enregistrer
le taux de fumeurs le plus élevé de l’OCDE, avec le Chili et
l’Irlande : environ 30 % de la population fume quotidiennement (même si les chiffres pour l’Irlande datent de 2007).
Les taux sont même encore plus élevés en Russie.
Dans les années d’après-guerre, la plupart des pays de
l’OCDE ont eu tendance à suivre un schéma général marqué par l’existence d’une très forte proportion de fumeurs
parmi les hommes (50 % ou plus) jusqu’aux années 60 et
70, puis par une nette diminution de la consommation de
tabac dans les années 80 et 90. Cette baisse est due en
grande partie aux mesures prises pour réduire le tabagisme, comme les campagnes de sensibilisation, l’interdiction de la publicité et l’augmentation des taxes, afin de
remédier à la progression des maladies liées au tabac. Aux
politiques mises en œuvre par les pouvoirs publics se sont
ajoutées les actions des associations de lutte contre le
tabagisme, qui sont parvenues, en particulier en Amérique
du Nord, à réduire la consommation de tabac en faisant
connaître les véritables effets de celle-ci sur la santé.
La prévalence du tabagisme est plus élevée chez les
hommes dans tous les pays de l’OCDE à l’exception de la
Norvège, même s’il y a peu d’écart entre hommes et
femmes au Danemark, en Islande et au Royaume-Uni. Le
taux de tabagisme continue de diminuer chez les femmes
dans la plupart des pays de l’OCDE, à l’exception de trois
pays, où il augmente depuis dix ans : la République
Tchèque, le Portugal et la Corée, mais même dans ces pays,
les femmes sont toujours moins susceptibles que les
hommes de fumer. En 2011, l’écart entre femmes et
hommes était particulièrement grand en Corée, au Japon,
au Mexique et en Turquie, de même qu’en Russie, en Inde,
en Indonésie et en Chine.
242
Définition
La proportion de fumeurs quotidiens correspond au pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui déclare fumer
chaque jour.
Comparabilité
La comparabilité internationale est limitée en raison du
manque de normalisation des indicateurs utilisés par les pays
de l’OCDE pour évaluer les habitudes en matière de consommation de tabac dans les enquêtes sur la santé. Il subsiste des
différences quant aux groupes d’âge visés par les enquêtes, au
libellé des questions, aux catégories de réponses et aux
méthodes d’enquête appliquées. Par exemple, dans certains
pays, on demande aux personnes interrogées si elles fument
régulièrement et non si elles fument quotidiennement.
La proportion de fumeurs quotidiens dans la population adulte
diffère sensiblement d’un pays à l’autre, même entre pays voisins. De nombreux éléments mettent clairement en évidence
des différences socioéconomiques quant au tabagisme et à la
mortalité qui lui est associée. Les personnes situées au bas de
l’échelle sociale se caractérisent par une consommation de
tabac plus répandue et plus forte, et donc, par un taux de mortalité induit par le tabac plus élevé.
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• OCDE (2013), Cancer Care: Assuring Quality to Improve Survival,
Éditions OCDE.
• OCDE (2011), Systèmes de santé, efficacité et politiques, Éditions
OCDE.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
• OCDE (2012), Health at a Glance: Asia/Pacific 2012, Éditions
OCDE.
• OCDE (2012), Health at a Glance: Europe 2012, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
• Panorama de la santé (matériel supplémentaire),
www.oecd.org/sante/panoramadelasante.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • FACTEURS DE RISQUES
TABAGISME
Population adulte fumant quotidiennement
En pourcentage de la population adulte, 2011 ou dernière année disponible
35
30
25
20
15
10
5
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037963
Évolution du taux de tabagisme
Pourcentage, évolution sur la période 2000-11 ou dernière période disponible
10
0
-10
-20
-30
-40
-50
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037982
Population adulte fumant quotidiennement par sexe
Pourcentage de la population agée de 15 ans et plus, 2011 ou dernière année disponible
Femmes
Hommes
60
50
40
30
20
10
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038001
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
243
SANTÉ • FACTEURS DE RISQUES
CONSOMMATION D’ALCOOL
Le bilan sanitaire de la consommation excessive d’alcool,
s’agissant tant de la morbidité que de la mortalité, est considérable. La consommation d’alcool a de nombreuses conséquences négatives pour la santé et sur le plan social,
notamment un risque aggravé d’apparition de plusieurs cancers, d’accident vasculaire cérébral et de cirrhose du foie.
L’alcool constitue également un facteur de risque de décès et
de handicap en raison des accidents et des agressions, des
actes de violence, des homicides et des suicides dont il peut
être à l’origine. L’OMS estime qu’il est à l’origine de plus de
2.5 millions de décès par an à travers le monde.
Définition
La consommation d’alcool est mesurée d’après les ventes
annuelles d’alcool pur, en nombre de litres, par personne âgée
de 15 ans et plus.
Comparabilité
Les méthodes utilisées pour convertir les boissons alcoolisées
en alcool pur peuvent différer d’un pays à l’autre. Les statistiques officielles n’intègrent pas la consommation d’alcool non
recensée, comme celle des boissons alcoolisées produites à
domicile. Dans certains pays (ex. Luxembourg), le volume des
ventes nationales ne reflète pas exactement la consommation
réelle des résidents car les achats des non-résidents peuvent
créer une importante différence entre ces ventes et la consommation.
En bref
La consommation d’alcool mesurée d’après les ventes
annuelles à l’aide des données disponibles les plus
récentes se situe à 9.4 litres par adulte en moyenne dans
l’ensemble des pays de l’OCDE. Si l’on excepte le
Luxembourg, où le volume des ventes nationales entraîne
une surestimation de la consommation, l’Autriche, l’Estonie et la France sont les pays où la consommation d’alcool
était la plus élevée en 2011 (12 litres ou plus par adulte et
par an). Une faible consommation d’alcool a été relevée en
Turquie et en Israël, ainsi qu’en Indonésie et en Inde, où les
traditions religieuses et culturelles en restreignent la
consommation dans certaines catégories de la population.
Si la consommation moyenne d’alcool a progressivement
diminué dans beaucoup de pays de l’OCDE au cours des
vingt dernières années, elle a augmenté dans plusieurs
pays d’Europe du Nord (Islande, Suède, Norvège et
Finlande) ainsi qu’en Pologne et en Israël. On observe un
certain rapprochement des habitudes de consommation
dans l’ensemble des pays de l’OCDE, avec une progression
de la consommation de vin dans nombre de pays traditionnellement buveurs de bière, et vice-versa. Dans les pays
producteurs de vin de longue date que sont l’Italie, la
Grèce, l’Espagne, le Portugal et la France, ainsi que la
République slovaque, la Suisse et la Hongrie, la consommation par habitant a reculé d’au moins un cinquième
depuis 1990. La consommation d’alcool a nettement augmenté en Russie, ainsi qu’au Brésil, en Chine et en Inde,
mais dans ces deux derniers pays, la consommation par
habitant reste faible.
Les variations de la consommation d’alcool d’un pays à
l’autre et dans le temps tiennent non seulement à l’évolution des habitudes de consommation, mais aussi aux
mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre
l’abus d’alcool. Les restrictions visant la publicité et la
vente ainsi que les mesures fiscales se sont révélées efficaces pour en réduire la consommation.
En 2010, l’Organisation mondiale de la santé a adopté une
stratégie mondiale de lutte contre l’usage nocif de l’alcool,
qui repose sur des mesures directes, comme la mise en
place de services médicaux pour traiter les problèmes de
santé liés à l’alcool, et des mesures indirectes telles que la
diffusion d’informations sur les risques liés à l’alcool.
244
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• Huerta, M. et F. Borgonovi (2010), “Education, alcohol use and
abuse among young adults in Britain”, OECD Education
Working Papers, No. 50.
• OMS (2011), Global Status Report on Alcohol and Health,
Organisation mondiale de la Santé, Genève.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
• OCDE (2012), Health at a Glance: Asia/Pacific 2012, Éditions
OCDE.
• OCDE (2012), Health at a Glance: Europe 2012, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
• Panorama de la santé (matériel supplémentaire),
www.oecd.org/sante/panoramadelasante.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • FACTEURS DE RISQUES
CONSOMMATION D’ALCOOL
Consommation d’alcool des personnes âgées de 15 ans et plus
Litres par habitant, 2011 ou dernière année disponible
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038020
Évolution de la consommation d’alcool en litre par habitant parmi les personnes âgées de 15 ans
et plus
Évolution (%) en litres par habitant sur la période 1990-2011 ou dernière période disponible
70
60
50
40
30
20
10
0
-10
-20
-30
-40
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038039
Évolution de la consommation d’alcool des personnes âgées de 15 ans et plus
Litres par habitant
Italie
France
Irlande
Pologne
OCDE
18
16
14
12
10
8
6
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038058
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
245
SANTÉ • FACTEURS DE RISQUES
SURPOIDS ET OBÉSITÉ
L’augmentation des situations de surpoids et d’obésité représente un grave problème de santé publique. L’obésité constitue
un facteur de risque connu pour de nombreux problèmes de
santé, dont l’hypertension, l’excès de cholestérol, le diabète,
les maladies cardiovasculaires, les problèmes respiratoires
(asthme), les troubles musculo-squelettiques (arthrite), et certaines formes de cancer. L’obésité est associée à une augmentation du risque de contracter une maladie chronique, et donc
susceptible d’entraîner un important surcroît de dépenses de
santé. On observe un décalage de plusieurs années entre
l’apparition de l’obésité et les problèmes de santé qui lui sont
associés, ce qui donne à penser que l’accroissement de l’obésité au cours des deux dernières décennies va générer dans les
années à venir des coûts de santé plus élevés. Le taux de mortalité augmente aussi très fortement lorsque le seuil de
surpoids est dépassé.
En bref
Il ressort des dernières enquêtes disponibles que plus de la
moitié (53 %) de la population adulte des pays de l’OCDE se
dit aujourd’hui en surpoids ou obèse. Dans les pays où le
poids et la taille sont mesurés (et non auto-déclarés), cette
proportion est encore plus élevée : 56 %. Le surpoids et
l’obésité chez les adultes dépasse 50 % dans pas moins de
20 pays membres sur 34. À l’inverse, les taux de surpoids et
d’obésité sont beaucoup plus bas au Japon et en Corée, et
dans certains pays d’Europe (France et Suisse), même s’ils
progressent aussi dans ces pays.
La prévalence de l’obésité (qui présente des risques plus
grands pour la santé que la surcharge pondérale) varie
dans un rapport d’environ un à dix dans les pays de
l’OCDE : il oscille de 4 % en Corée et au Japon à plus de 32 %
aux États-Unis et au Mexique. En moyenne dans les pays
de l’OCDE, 18 % des adultes souffrent d’obésité. Le taux
d’obésité moyen est similaire pour les hommes et les
femmes dans la plupart des pays. Cependant, en
Afrique du Sud, en Russie, en Turquie, au Chili et au
Mexique, ce taux est plus élevé parmi les femmes, alors
que c’est l’inverse en Islande et en Norvège.
La prévalence de l’obésité progresse dans tous les pays de
l’OCDE depuis dix ans. En 2011, au moins un adulte sur
cinq était obèse dans dix pays membres, alors que ce
n’était le cas que dans cinq pays dix ans plus tôt. Depuis
2000, le taux d’obésité a augmenté d’au moins un tiers
dans 16 pays. Cette progression rapide est observée partout, quelle que soit la situation d’il y a dix ans.
La hausse concerne tous les groupes de population, quels
que soient le sexe, l’âge, les revenus ou le niveau de formation, mais à des degrés divers. Des éléments en provenance d’Australie, d’Autriche, du Canada, de France,
d’Italie, de Corée, d’Espagne et des États-Unis montrent
que l’obésité est généralement plus répandue au sein des
groupes socioéconomiques défavorisés, en particulier chez
les femmes. Une corrélation a également été établie entre
le nombre d’années d’études et l’obésité : les personnes
plus instruites sont aussi celles qui affichent des taux
d’obésité plus faibles.
246
Définition
Le surpoids et l’obésité se définissent comme un poids excessif
présentant des risques pour la santé en raison d’une forte proportion de graisse corporelle. Pour les mesures, on se sert le
plus souvent de l’indice de masse corporelle (IMC), chiffre
représentant le rapport du poids d’un individu à sa taille
(poids/taille², le poids étant exprimé en kilogrammes et la taille
en mètre). Selon la classification de l’OMS, un adulte est en
surpoids lorsque son IMC se situe entre 25 et 30, et il est obèse
si son IMC est supérieur à 30.
Comparabilité
La classification fondée sur l’IMC n’est pas nécessairement
adaptée à tous les groupes ethniques, qui peuvent être exposés
à des niveaux de risques équivalents avec un IMC plus ou
moins élevé. Les seuils applicables aux adultes ne conviennent
pas non plus pour déterminer s’il y a surpoids ou obésité chez
les enfants.
Dans la plupart des pays, les données sur le surpoids et l’obésité sont recueillies au moyen d’enquêtes réalisées auprès de la
population. Toutefois, un tiers environ des pays de l’OCDE
tirent leurs estimations d’examens de santé. Ces différences
limitent la comparabilité des données, les estimations tirées
d’examens de santé étant généralement plus élevées et plus
fiables que les informations fournies lors d’entretiens sur l’état
de santé.
Les pays suivants utilisent des données tirées d’examens de
santé : Australie, Canada, Chili, Corée, États-Unis, Irlande,
Japon, Luxembourg, Mexique, Nouvelle-Zélande,
République tchèque, Royaume-Uni et République slovaque.
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• OCDE (2013), Cancer Care: Assuring Quality to Improve Survival,
Éditions OCDE.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
• The economics of prevention, www.oecd.org/health/prevention.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • FACTEURS DE RISQUES
SURPOIDS ET OBÉSITÉ
Obésité chez les adultes
Pourcentage de la population agée de 15 ans et plus, 2011 ou dernière année disponible
Données recueillies par enquêtes
Femmes
Données mesurées
Hommes
IND
IDN
CHN
JPN
KOR
CHE
NOR
ITA
SWE
NLD
AUT
FRA
DNK
BEL
DEU
PRT
ISR
BRA
POL
ZAF
RUS
SVN
ESP
FIN
SVK
EST
TUR
GRC
OCDE
HUN
CZE
ISL
IRL
LUX
GBR
CHL
CAN
AUS
NZL
MEX
USA
40
30
20
10
0
0
10
20
30
40
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038077
Augmentation du taux d’obésité de la population adulte
Pourcentage de la population agée de 15 ans et plus, 2011 ou dernière année disponible
2011 ou derniere année disponible
2000
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038096
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
247
SANTÉ • RESSOURCES
MÉDECINS
Ressources
Les médecins occupent une place centrale dans les systèmes
de santé. De nombreux pays de l’OCDE s’inquiètent des pénuries de médecins actuelles et futures, en particulier des généralistes et des médecins exerçant en zone rurale ou dans les
zones urbaines défavorisées.
Il est difficile d’estimer l’offre et la demande futures de médecins en raison des incertitudes qui pèsent sur les heures de travail et les décisions de départ à la retraite du côté de l’offre, et
de l’évolution des besoins de populations vieillissantes et de la
progression des dépenses de santé, du côté de la demande.
Définition
Les médecins en activité sont ceux qui dispensent des soins
directs aux malades. Les généralistes comprennent les médecins qui dispensent de façon continue des soins aux particuliers et aux familles, ainsi que d’autres catégories de praticiens
généralistes/non spécialistes. Parmi les spécialistes figurent
les pédiatres, les gynécologues/obstétriciens, les psychiatres,
les spécialistes médicaux et les spécialistes chirurgicaux. Les
autres médecins comprennent les internes/résidents non
comptabilisés dans le domaine dans lequel ils se forment et les
médecins non classés dans les autres catégories. Les chiffres
indiqués se rapportent au nombre de personnes physiques.
Comparabilité
Dans plusieurs pays (Canada, Finlande, France, Grèce, Islande,
Pays-Bas, République slovaque et Turquie), les données comprennent non seulement les médecins qui s’occupent directement des patients, mais aussi ceux qui travaillent dans le
secteur de la santé en tant qu’administrateurs, enseignants,
chercheurs, etc., ce qui peut représenter 5 à 10 % de médecins
de plus. Les données relatives au Portugal se rapportent à tous
les médecins autorisés à exercer (d’où une forte surestimation). Dans le cas de l’Espagne, les données incluent les dentistes jusqu’en 2010, et dans celui de la Belgique, elles
comprennent les stomatologues. Les données concernant
l’Inde sont probablement surestimées car elles s’appuient sur
des dossiers médicaux qui ne sont pas régulièrement mis à
jour et ne tiennent donc pas toujours compte des migrations,
décès, départs à la retraite et enregistrements de personnes
dans plusieurs États.
En raison d’un manque d’informations, tous les pays ne sont
pas en mesure de recenser la totalité de leurs médecins appartenant aux deux grandes catégories que sont les spécialistes et
les généralistes.
En bref
Entre 2000 et 2011, le nombre de médecins a augmenté
dans la plupart des pays membres, tant en valeur absolue
que par habitant. Le rythme de progression est particulièrement élevé dans des pays qui partaient de taux plus
faibles en 2000 (Turquie, Corée et Mexique), mais aussi en
Australie, au Royaume-Uni et en Grèce. En Australie et au
Royaume-Uni, le nombre croissant de médecins s’explique
pour l’essentiel par une forte hausse des taux de diplômés
au niveau national. En Grèce, leur nombre a fortement
augmenté entre 2000 et 2008, puis s’est stabilisé. En
revanche, le nombre de médecins pour 1 000 habitants n’a
quasiment pas augmenté en Estonie et en France entre
2000 et 2011, et a reculé en Israël.
Dans quasiment tous les pays, la répartition entre généralistes et spécialistes a évolué au cours des dernières décennies, le nombre de médecins spécialistes progressant
beaucoup plus vite. En conséquence, on comptait en 2011
plus de deux spécialistes pour un généraliste en moyenne
dans la zone OCDE. Dans de nombreux pays, les spécialistes gagnent plus que les généralistes et leur rémunération progresse plus vite, ce qui incite financièrement les
médecins à se spécialiser, même si d’autres facteurs, tels
que les conditions de travail et le prestige professionnel,
influent également sur leur choix.
Tous les pays membres ou presque exercent un certain
contrôle sur le nombre de candidats admis en école de
médecine, souvent en limitant le nombre de places de formation (numerus clausus, par exemple). En 2011,
l’Autriche, le Danemark et l’Irlande affichaient le plus
grand nombre de diplômés en médecine pour 100 000
habitants. Les taux de diplômés les plus faibles ont été
enregistrés en Israël, au Japon et en France. Dans la plupart
des pays membres, le nombre de nouveaux diplômés en
médecine a augmenté depuis 2000.
248
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• OCDE (2008), "Les personnels de santé dans les pays de l’OCDE,
Comment répondre à la crise imminente ?", Études de l’OCDE sur
les politiques de santé, Éditions OCDE.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
• Panorama de la santé (matériel supplémentaire),
www.oecd.org/sante/panoramadelasante.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • RESSOURCES
MÉDECINS
Médecins en activité
Pour 1 000 habitants
2010 ou dernière année disponible
2000 ou première année disponible
7
6
5
4
3
2
1
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038115
Catégories de médecins
En pourcentage de tous les praticiens, 2011 ou dernière année disponible
Généralistes
Spécialistes
Autres médecins non spécifiés
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038134
Diplômés de médecine
Pour 100 000 habitants
2011 ou dernière année disponible
2000 ou première année disponible
25
20
15
10
5
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038153
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
249
SANTÉ • RESSOURCES
PERSONNEL INFIRMIER
Le personnel infirmier constitue généralement la catégorie la
plus nombreuse des professionnels de la santé : ils sont en
effet près de trois pour un médecin en moyenne dans les pays
de l’OCDE. Cependant, beaucoup de pays craignent une pénurie de personnel infirmier et leur inquiétude à cet égard pourrait bien s’intensifier dans les années à venir car la demande
d’infirmiers continue d’augmenter et le vieillissement de la
génération du « baby-boom » entraîne de manière accélérée
une vague de départs à la retraite chez les infirmiers. Cette
situation a conduit de nombreux pays à prendre des mesures
pour former davantage d’infirmiers et accroître en même
temps les taux de maintien en poste.
Définition
Le nombre d’infirmiers recouvre l’ensemble du personnel infirmier employé dans des structures publiques et privées et fournissant des services aux patients (« infirmiers en activité »), y
compris les infirmiers libéraux. Dans les pays où il existe des
infirmiers de niveaux différents, les données comprennent
aussi bien « les infirmiers de niveau supérieur », qui ont un
niveau de formation élevé et accomplissent des tâches de haut
niveau, que les « infirmiers de niveau intermédiaire », dont le
niveau de formation est moindre, mais qui sont néanmoins
reconnus et enregistrés comme infirmiers. Les sages-femmes
et les aides-soignants qui ne sont pas considérés comme infirmiers ne sont en principe pas pris en compte.
Comparabilité
En bref
En moyenne dans l’ensemble des pays de l’OCDE, on
dénombrait 8.8 infirmiers pour 1 000 habitants en 2011.
C’est en Suisse, au Danemark et en Belgique que ce
nombre était le plus élevé : plus de 15 infirmiers pour 1 000
habitants (même si le chiffre de la Belgique est surestimé
car il représente l’ensemble des infirmiers autorisés à exercer). Les pays de l’OCDE qui enregistraient la densité
d’infirmiers la plus faible étaient la Turquie, le Mexique et
la Grèce. Par rapport à la moyenne de l’OCDE, la densité est
également faible dans des pays émergents clés, tels que
l’Indonésie, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil et la Chine, où
l’on comptait moins de deux infirmiers pour 1 000 habitants en 2011, bien que les chiffres aient progressé assez
rapidement dans certains de ces pays au cours des dernières années.
La densité d’infirmiers a augmenté dans la quasi-totalité
des pays de l’OCDE au cours des dix dernières années, à
l’exception d’Israël et de la République slovaque . La
hausse a été particulièrement rapide en Corée, en Espagne,
au Portugal et en Turquie, même si le nombre d’infirmiers
pour 1 000 habitants dans ces quatre pays est resté bien
inférieur à la moyenne de l’OCDE en 2011.
En 2011, le nombre d’infirmiers par médecin allait de 4.5 au
Japon à 0.5 en Grèce et 1 en Turquie. Ce rapport était également relativement faible au Mexique, en Espagne, en Israël
et au Portugal, où il était de 1.5 au maximum. La moyenne
de la zone de l’OCDE était légèrement inférieure à 3 infirmiers par médecin, la majorité des pays comptant entre 2
et 4 infirmiers pour 1 médecin.
En 2011, on dénombrait 43 infirmiers nouvellement diplômés pour 100 000 habitants en moyenne dans l’OCDE. C’est
en Corée, en Slovénie, au Danemark et en Suisse que ce
chiffre était le plus élevé, et au Mexique, en Israël, en
République Tchèque, en Turquie, en Italie et au
Luxembourg qu’il était le plus faible et représentait moins
de la moitié de la moyenne de l’OCDE. Les taux de diplômés dans cette profession sont traditionnellement faibles
au Mexique, en Turquie et en Israël, trois pays où le nombre
d’infirmiers pour 1 000 habitants est relativement faible.
Au Luxembourg, le taux d’infirmiers nouvellement diplômés est également faible mais bon nombre d’infirmiers se
forment à l’étranger.
250
Dans plusieurs pays (États-Unis, France, Grèce, Irlande,
Islande, Italie, Pays-Bas, Portugal, République slovaque et
Turquie), les données comprennent non seulement les infirmiers qui dispensent directement des soins aux patients, mais
aussi ceux qui travaillent dans le secteur de la santé en tant
qu’administrateurs, enseignants, chercheurs, etc. Les données
concernant la Belgique se rapportent à tous les infirmiers autorisés à exercer (d’où une forte surestimation).
S’agissant de l’Autriche, n’est pris en compte que le personnel
infirmier employé dans les hôpitaux, ce qui entraîne une sousestimation des effectifs. Les données relatives à l’Allemagne ne
comprennent pas les quelque 277 500 infirmiers qui ont suivi
trois ans d’études et interviennent auprès des personnes âgées
(soit un effectif supplémentaire de 30 %).
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• Delamaire, M. et G. Lafortune (2010), “Les pratiques
infirmières avancées : Une description et évaluation des
expériences dans 12 pays développés”, , OECD Health Working
Papers, No. 54.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • RESSOURCES
PERSONNEL INFIRMIER
Personnel infirmier en activité
Pour 1 000 habitants
2011 ou dernière année disponible
2000 ou première année disponible
18
15
12
9
6
3
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038172
Rapport du nombre d’infirmiers sur le nombre de médecins
2011 ou dernière année disponible
6
5
4
3
2
1
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038191
Diplômés en études d’infirmier
Pour 100 000 habitants
2011 ou dernière année disponible
2000 ou première année disponible
101
100
80
60
40
20
0
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933038210
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
251
SANTÉ • RESSOURCES
DÉPENSES DE SANTÉ
Dans la plupart des pays de l’OCDE, les dépenses de santé
représentent une part élevée et croissante des dépenses
publiques et privées. Leur poids en pourcentage du PIB avait
augmenté au cours des dernières décennies, mais depuis
quelques années, il stagne ou diminue dans de nombreux pays
du fait de la crise économique mondiale. Les ressources financières consacrées à la santé peuvent être très variables d’un
pays à l’autre, du fait de la priorité relative accordée à la santé
ainsi que de la diversité des modes de financement et d’organisation des systèmes de santé nationaux.
Définition
Les dépenses totales de santé représentent la consommation
finale de biens et services de santé, augmentée des dépenses
d’investissement dans les infrastructures sanitaires. Elles
comprennent les dépenses d’origine publique comme privée (y
compris celles des ménages) consacrées aux soins curatifs, de
réadaptation et de longue durée, aux biens médicaux tels que
les produits pharmaceutiques, aux programmes de santé
publique et de prévention, et à l’administration. Les soins
peuvent être dispensés à l’hôpital ou en ambulatoire, ou parfois dans des établissements de soins de jour ou à domicile.
Pour une évaluation plus globale des dépenses de santé, il
convient de considérer les dépenses de santé par habitant en
même temps que les dépenses de santé en proportion du PIB.
Des pays ayant un ratio dépenses de santé/PIB relativement
élevé peuvent avoir des dépenses de santé par habitant relativement faibles, mais l’inverse est également vrai.
Comparabilité
Les pays de l’OCDE en sont à des stades variables de présentation de leurs dépenses totales de santé selon les catégories proposées dans l’édition 2011 du Système de comptes de la santé. La
comparabilité des données sur les dépenses de santé s’est
améliorée au cours des dernières années, mais certaines
limites subsistent, notamment sur la mesure des dépenses de
soins de longue durée et des services administratifs.
Aux Pays-Bas, il n’est pas possible de distinguer clairement la
part privée de la part publique dans les dépenses de santé liées
aux investissements. En Belgique et en Nouvelle-Zélande, les
dépenses totales sont calculées hors investissements.
L’Estonie, la Grèce, Israël et la Pologne indiquent les dépenses
financées par des fonds étrangers ou d’autres mécanismes de
financement, dépenses qui sont comptabilisées avec les financements privés. Au Luxembourg, les dépenses de santé sont
déterminées par assuré et non par habitant.
En bref
L’évolution des dépenses de santé en proportion du PIB est
le résultat de l’effet combiné des évolutions du PIB et des
dépenses de santé. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les
dépenses de santé ont progressé plus rapidement que le
PIB entre 2000 et 2009. En conséquence, la part moyenne
du PIB consacrée à la santé est passée de 7.8 % en 2000 à
9.6 % en 2009, avant de redescendre à 9.4 % du PIB en 2010
puis à nouveau à 9.3 % en 2011. Cette baisse s’explique
essentiellement par la progression ralentie voire négative
des dépenses publiques depuis la crise financière et économique de 2008, lorsque de nombreux pays tels que la
Grèce, l’Irlande et le Portugal ont mis en place toute une
batterie de mesures afin de réduire les dépenses publiques
dans le cadre d’efforts plus larges visant à diminuer les
déficits et la dette publics.
Les dépenses de santé en proportion du PIB demeurent
très variables d’un pays membre à l’autre. En 2011, c’est
aux États-Unis qu’elles étaient - de loin - les plus élevées
(17.7 %), venaient ensuite les Pays-Bas (11.9 %) et la France
(11.6 %). L’Estonie, le Mexique et la Turquie ont consacré
environ 6 % de leur PIB à la santé.
La Chine et l’Inde ont dépensé respectivement 5.2 % et
3.9 % de leur PIB pour la santé en 2011, alors que
l’Afrique du Sud et le Brésil y ont consacré 8.5 % et 8.9 %,
des niveaux proches de la moyenne de l’OCDE (9.3 %).
La part du PIB consacrée aux dépenses de santé est également variable à l’intérieur de la zone OCDE : elle va de 4 %
environ ou moins au Mexique, au Chili et en Corée, à plus
de 9 % au Danemark et aux Pays-Bas.
En 2011, les dépenses publiques constituaient la principale
source de financement de la santé dans tout l’OCDE, à
l’exception du Chili, du Mexique et des États-Unis. Les
dépenses de santé privées étaient également la principale
source de financement en Inde, au Brésil, en Indonésie et
en Afrique du Sud.
252
Sources
• OCDE (2013), Statistiques de l’OCDE sur la santé
(Base de données).
• Organisation mondiale de la santé (OMS), Observatoire
mondial de la santé.
Pour en savoir plus
Publications analytiques
• OCDE (2010), Optimiser les dépenses de santé, Études de l’OCDE
sur les politiques de santé, Éditions OCDE.
Publications statistiques
• OCDE (2013), Panorama de la santé, Éditions OCDE.
Publications méthodologiques
• OCDE, Organisation mondiale de la Santé et Eurostat (2011),
A System of Health Accounts, 2011 Edition, Éditions OCDE.
Bases de données en ligne
• Statistiques de l’OCDE sur la santé
Sites Internet
• Base de données de l’OCDE sur la santé (matériel
supplémentaire), www.oecd.org/sante/basedonnees.
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014
SANTÉ • RESSOURCES
DÉPENSES DE SANTÉ
Dépenses de santé publiques et privées
En pourcentage du PIB
Dépenses publiques
Allemagne
Australie
Autriche
Belgique
Canada
Chili
Corée
Danemark
Espagne
Estonie
États-Unis
Finlande
France
Grèce
Hongrie
Irlande
Islande
Israël
Italie
Japon
Luxembourg
Mexique
Norvège
Nouvelle-Zélande
Pays-Bas
Pologne
Portugal
République slovaque
République tchèque
Royaume-Uni
Slovénie
Suède
Suisse
Turquie
UE-28
OCDE
Afrique du Sud
Brésil
Chine
Fédération de Russie
Inde
Indonésie
Dépenses privées
1980
1990
2000
2011 ou dernière
année disponible
6.6
3.9
5.1
..
5.3
..
0.8
7.9
4.2
..
| 785
|
49/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00007548-document.txt_7
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,059
| 11,763
|
Le TFE est un solvant largement répandu dans l'étude de structure de protéines. Sa constante diélectrique faible renforce les liaisons intra-moléculaires et stabilise les structures secondaires. Bien qu'il favorise la formation d'hélices α, il semble qu'il n'induise cette apparition d'hélices que lorsque la séquence protéique est favorable à cette formation (Millichip et al., 1996). Malheureusement, le TFA masque le spectre de la protéine aux longueurs d'onde inférieures à 200 nm qui correspondent aux feuillets β. De plus, il s'agit là d'oléosines recombinantes isolées, sorties de leur contexte interfacial eau / huile (Lacey et al., 1998). Il faut donc rester prudent quant à l'évaluation du degré de ressemblance (structures secondaires, tertiaires et formations d'oligomères) entre une protéine membranaire reconstituée et sa conformation native in situ. Mais, d'après Silvius (1992) les hélices α transmembranaires purement hydrophobes sont des éléments structuraux très stables. Il est donc vraisemblable que les oléosines recombinantes purifiées S4 soient composées majoritairement d'hélices α. Ces résultats sont cohérents avec la prédiction de structure donnée par le serveur « proteinpredict » du site web EMBL : 58 % d'hélices et 2 % de feuillets pour rS4, ce qui classe cette protéine en « tout alpha » (respectivement 55 % d'hélices et 5 % de feuillets pour rS3).
5.5.2. Hypothèse de structure d'une oléosine dans un corps lipidique
A partir des données issues de la bibliographie (chapitre 1.4.2), du modèle de la structure de l'ABC transporteur (permettant la translocation de substrats variés - ions inorganiques, sucres ou même polypeptides - à travers les membranes cellulaires grâce à l'énergie d'hydrolyse de 151 l'ATP, Higgins et Linton, 2001) et de nos données expérimentales, nous proposons un nouveau modèle (Figure 75). Nous nous appuyons aussi sur le fait qu'un segment protéique s'insère dans une couche de PLs en faisant un angle de 20° (pris en compte par Abell et al., 2002) et sur Segrest et al. (2000) qui rappellent qu'un motif commun des protéines associées aux corps lipidiques de transport animaux est une hélice α amphiphile qui stabilise la taille et la structure de ces particules lipoprotéiques. La monocouche de PLs a une épaisseur de l'ordre de 2 à 3 nm.
TGs PLs N- -C Figure 75 : Hypothèse de structure de l'oléosine S4 au sein de l'oléosome. Cette structure peu organisée du fragment N-terminal est en accord avec la bibliographie (chapitre 1.4.2.1), de même, la présence d'une hélice α dans le domaine C-terminal est acceptée par tous les auteurs. En revanche, l'organisation du segment central hydrophobe porte toujours à discussion. En nous appuyant sur nos mesures de DC et en accord avec les résultats de certaines équipes de recherche (chapitre 1.4.2.3), nous suggérons un fragment central transmembranaire enchassé dans la matrice de TGs. Néanmoins, la liaison peptidique est théoriquement intrinsèquement trop polaire pour pénétrer dans un coeur de lipides neutres. Bien que nous ayons solubilisé les oléosines partiellement dans du chloroforme, sous forme de monomères et de dimères, solvant de polarité comparable aux TGs, un autre modèle pourrait donc être proposé. Ce modèle tient compte de la polarité de la liaison peptidique et du fait qu'un segment transmembranaire n'est généralement jamais aussi long (Figure 76).
TGs PLs N- -C Figure 76 : Deuxième hypothèse de structure secondaire de l'oléosine S4 au sein de l'oléosome. 152
5.5.3. Afin d'observer le comportement des oléosines en solution, nous avons mesuré leur diamètre hydrodynamique par diffusion de la lumière. 5.5
.
3.1. Paramètres de viscosité
Les paramètres nécessaires aux calculs des diamètres hydrodynamiques par diffusion dynamique de la lumière sont la viscosité des solutions et les indices de réfraction. Nous avons obtenu pour les mesures de viscosités les résultats présentés dans le Tableau 17. Lors de l'utilisation des deux appareils, une mesure de viscosité de l'eau distillée est réalisée. Grâce à cette valeur, et en utilisant les tables de viscosités de l'eau en fonction de la température (Handbook of Chemistry and Physics, 1962, annexe 1), la température est réestimée (température « tables »).
Tableau 17 : Valeurs expérimentales de viscosités des solvants des oléosines (en mPa.s). Les valeurs en noir ont été déterminées à l'aide d'un tube viscosimétrique, celles en violet par cisaillement. Les températures « thermomètre » sont lues et les valeurs « tables » sont les températures recalculées à partir des tables de viscosité de l'eau distillée. eau TFA / TFE urée 8 M thermomètre tables (°C) (°C) 14 12 1,230 2,780 15 14 1,174 2,780 2,044 23 20 1,004 2,188 1,678 30 27,5 0,850 (1 % / 50 %) 1,485
A partir de ces valeurs et de la loi d'Arrhénius, nous avons extrapolé les valeurs de viscosité de ces deux solvants à d'autres températures (Figure 77). Les résultats obtenus avec le tube viscosimétrique à deux températures ont servi à déterminer les paramètres des équations d'Arrhénius.
153 3,5 eau TFA/TFE urée 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 280 285 290 295 température (°K) 300 305
Figure 77 : Évolution des viscosités avec la température. Les courbes sont obtenues par la loi d'Arrhénius et les points correspondent aux valeurs
expérimentales des deux méthodes. 5.5.3.2. Les résultats pour les indices de réfraction sont ceux indiqués dans le Tableau 18.
Tableau 18 : Indices de réfraction du mélange TFA 1 % / TFE 50 % et de la solution E d'élution (urée 8 M, pH 4,5). L'indice de réfraction des protéines provient d'une notice de la société Malvern. n eau TFA / TFE urée 8 M protéines 1,332 1,319 1,398 1,36
5.5.3.3. Résultats en diffusion de la lumière
Nous voulions déterminer la structure des oléosines en solution. Et comme nous avons observé, sur gels d'électrophorèse SDS-PAGE, des dimères d'oléosines, nous supposons que la composante hydrophobe des oléosines joue un rôle très important dans les interactions des protéines entre elles. La température jouant par ailleurs un rôle primordial dans la solubilité des oléosines, nous voulions savoir si la taille des agrégats d'oléosines évoluait en fonction de la température. C'est pourquoi, nous avons fait varier la température entre 15 et 45 °C et mesuré la taille des particules en suspension dans le TFA / TFE. Les résultats obtenus sont présentés sur la Figure 78.
154 diamètre hydrodynamique (nm) 600 rS3 rS4 500 400 300 200
100
0 15 20 25 30 35 40 45 température (°C) Figure 78 : Diamètres hydrodynamiques d'oléosines solubilisées dans un mélange TFA / TFE (1 % / 50 %). D'après la figure précédente, les oléosines sont sous forme de particules ayant des diamètres hydrodynamiques de l'ordre de 300 nm. Par ailleurs, la taille des particules est stable pour rS4, avec des diamètres légèrement inférieurs à 15 et 20 °C, mais aussi pour des températures plus élevées de 40 et 45 °C. Les résultats obtenus avec rS3 sont moins réguliers mais la même tendance - diminution du diamètre hydrodynamique - est observée pour les faibles températures et les températures élevées. Globalement, nous pouvons en déduire que, même en solution dans un mélange TFA / TFE, les oléosines ne sont pas solubles sous forme de monomère. Néanmoins, par microscopie, quelques gouttelettes (rares) sont visibles dans la solution précédente (non montré ici). Ainsi, ces gouttelettes masqueraient en diffusion de la lumière les oléosines solubles. En effet, des caséines β en solution aqueuse, à 15 °C présentent des particules de diamètre hydrodynamique de 5 à 10 nm (S. Dauphas, Laboratoire d'Étude des Interactions des Molécules Alimentaires, Nantes, INRA, communication personnelle). De plus, la température semble avoir finalement peu d'influence sur la taille de ces agrégats, mais du fait des limites de l'effet Peltier, nous n'avons pas pu mesurer la taille des particules à des températures inférieures à 15 °C. 5.6. Étude des oléosines aux interfaces
Actuellement, peu de données sont disponibles sur les propriétés tensioactives des oléosines. Seule la stabilité d'oléosomes artificiels reconstitués à partir de TGs, PLs et oléosines a été 155 publiée, les autres recherches étant protégées par des brevets. La formation et la stabilisation d'émulsions relèvent d'une part des propriétés physiques des fluides et d'autre part de la présence d'espèces ayant une activité de surface à l'interface entre les fluides. Des propriétés importantes des fluides sont les viscosités des phases continue et dispersée, leurs densités, leurs puretés, leurs polarités et le pH et la force ionique de la phase continue. Les aspects importants concernant les molécules tensioactives sont leur capacité à diminuer la tension interfaciale, la vitesse de diminution de la tension, le taux de molécules adsorbées, leur capacité à se désorber, la possibilité de changer de conformation pendant et après l'adsorption, l'épaisseur de la phase adsorbée, les interactions entre les molécules adsorbées et leur mobilité latérale (Bos et Van Vliet, 2001). Afin d'étudier les propriétés de surface aux interfaces des oléosines, nous avons fait des études d'une part de profil de goutte à deux interfaces air / eau et huile / eau et d'autre part sur une balance de Langmuir, à une interface eau / air simple et sur une monocouche de PLs disposée à cette même interface.
5.6.1. Étude du comportement des oléosines aux interfaces air / eau et huile / eau
Une première méthode utilisée pour étudier les propriétés de surface aux interfaces des oléosines a été la génération de gouttes pendantes de protéine dans l'air ou dans bain d'huile. Nous pouvons ainsi déterminer les paramètres qui permettent de mesurer l'efficacité d'un tensioactif : la valeur minimale d'IFT atteinte et la CMC (Fiechter, 1992). 5.6.1.1. Interface air / eau
L'interface air / eau est un très bon modèle de surface hydrophobe pour étudier l'adsorption des protéines. En effet, elle est homogène et facilement reproductible (Harzallah et al., 1998). Tripp et ses collaborateurs (1995) ont étudié le comportement de huit protéines à l'interface air / eau par mesure de l'IFT de gouttes pendantes de protéine (en tampon phosphate de sodium pH 7,4, concentrations de 0,01 à 1 mg.mL-1). Il décrit le phénomène en trois phases : tout d'abord la diffusion des molécules solubilisées vers la périphérie de la goutte, ensuite l'adsorption des molécules de la périphérie à l'interface air / eau, enfin, des réarrangements de conformation des protéines adsorbées. Il représente ceci par le schéma de la Figure 79.
156 IFT (1) (2) (4) Aspect de surface (3) Figure 79 : Relation schématique de l'IFT avec la couverture de l'interface par les molécules (en ronds noirs). (1) temps d'induction (plus ou moins long selon la concentration en émulsifiant), (2) Remplissage de la surface, rapide diminution de l'IFT, (3) méso-équilibre de l'IFT, changement de conformation des molécules, (4) équilibre de l'IFT. L'hydrophobie effective de surface à l'interface air / eau est la meilleure pour la caséine β, puis pour le lysozyme. La caséine β est polaire, elle possède 4 ou 5 groupements phosphates. Elle est très flexible, du fait d'un repliement aléatoire. La caséine β a une masse moléculaire de 23-24 kDa (209 résidus d'acides aminés). Elle forme peu de structures secondaires en solution aqueuse et, tout comme les oléosines, ne comporte pas de pont disulfure. Son pI est de 4,9 à 5,2. La plupart des cinquante premiers acides aminés porte une charge négative à pH 7, ce qui rend cette partie de la molécule hydrophile, alors que le reste de la protéine est majoritairement constitué de résidus hydrophobes. Cette nature amphiphile de la molécule lui confère une grande activité de surface, contribuant à stabiliser les mousses et les émulsions (Rosario Rodriguez Nino et al., 1999). Elle a un effet similaire à des détergents sur l'IFT. Le phénomène est réversible. En revanche, le lysozyme est très rigide. Il s'adsorbe lentement à l'interface, de façon irréversible. Nous avons donc choisi ces deux protéines pour témoins.
157 80,00 eau -1 IFT (mN.m ) 75,00 lysozyme 70,00 rS3 65,00 rS4 caséiness 60,00 urée 55,00 50,00 45,00 40,00 35,00 30,00 0 20 40 60 80 100 120 temps (min)
Figure 80 : Gouttes pendantes de protéines en solution dans de l'urée 8 M à pH 4,5 à 0,05 g.L-1 à l'interface avec l'air. Mesure de l'IFT pendant 2 h. La goutte d'eau dans l'air présente bien une IFT constante de 73 mN.m-1 à 20 °C. En revanche, le témoin solution E (urée 8 M, pH 4,5, sans imidazole) a une IFT qui chute fortement au cours du temps (Figure 80). Ceci pourrait être dû à la présence d'impuretés contenues dans la solution ou encore à la solubilisation dans l'urée de molécules présentes dans l'atmosphère. Une filtration, à 0,2 μm, de la solution d'urée au préalable n'a pas permis d'améliorer la ligne de base. Néanmoins, les protéines solubilisées dans cette solution d'urée diminuent la tension de surface plus fortement que le témoin (Tableau 19). La caséine β a un effet quasi immédiat : dès la première minute, l'IFT est déjà inférieure à 55 mN.m-1 alors que pour toutes les autres protéines, elle est comparable à celle du témoin à 73 mN.m-1. Après 30 min, il n'y a plus d'effet marqué des protéines sur l'IFT, l'évolution est parallèle à celle du témoin urée. Les oléosines ont la capacité de se placer à l'interface air / eau et possèdent un faible pouvoir abaisseur d'IFT à cette interface. La diminution de l'IFT reste, après 2 h, inférieure à celle engendrée par la caséine β. La diminution de l'IFT est plus tardive en présence d'oléosines qu'avec la caséine β. Ceci provient certainement d'une diffusion des oléosines vers l'interface air / eau plus lente que celle des caséines et du rôle d'émulsifiant huile dans eau des oléosines in vivo.
Tableau 19 : Diminution, après 2 h, de l'IFT à l'interface air / eau par les protéines, par rapport au té
urée au temps 2 h (en %). (*) = au temps 80 min. IFT2hprot/IFT2hurée 5.6.1.2. Interface huile / eau
Cette fois-ci, les mesures ont été réalisées à l'interface eau / huile. Les mesures ont tout d'abord été faites dans de l'huile d'olive lavée selon la méthode décrite dans le chapitre 2.1.1.2. En effet, cette huile est couramment utilisée au laboratoire (cinétiques de lipases, induction de la synthèse de protéines dans la levure Y. lipolytica, ). Néanmoins, même de qualité de laboratoire (huile d'olive provenant de chez Sigma), cette source végétale est très riche en émulsifiants endogènes, et les lavages étaient longs. Nous avons donc décidé de nous orienter vers une huile beaucoup plus raffinée : l'huile de tournesol commerciale. En effet, l'étape préliminaire au raffinage de toute huile est l'élimination des PLs qui, par leurs propriétés émulsifiantes, gênent le raffinage de l'huile. L'huile de tournesol, bien que moins contaminée par des PLs que l'huile d'olive, n'est pas non plus indemne de molécules tensioactives (vu dans le chapitre 3.1.1). Avec du recul, nous pensons maintenant qu'il aurait été intéressant de faire des mesures en utilisant de l'huile de colza. Cette huile présente l'avantage, tout comme le tournesol d'être une huile commerciale très raffinée et de plus, elle s'apparente à l'arabette (famille des crucifères) (Tableau 20). L'huile d'olive fait partie des huiles riches en acides gras saturés et en acide oléique, l'huile de tournesol est riche en acides polyinsaturés et l'huile de colza est une huile intermédiaire (Linden et L , 1994). Nous avons vu dans l'introduction (chapitre 1.3.4.2) qu'en effet, la composition des oléosomes est fortement liée à l'espèce végétale étudiée et que cette composition est similaire entre deux plantes appartenant à une même famille végétale (colza et moutarde pour les crucifères). Pour améliorer le raffinage de d'huile et donc la pureté des TGs de l'huile, il existe aussi des petites colonnes de silice sur lesquelles on peut filtrer l'huile. Nous avons utilisé ce système pour toutes les expériences réalisées avec la balance de Langmuir en présence de TGs (chapitre 2.4). Tableau 20 : Composition en acides gras d'huiles végétales commerciales (en %), d'après Linden et Lorient, 1994. température C16 :0 C18 :0 C18 :1 C18 :2 C18 :3 olive 10 4 75 10 1 -6 °C tournesol 8 5 20 65 1 -17 °C colza 6 2 58 23 9 -10 °C solidification
Des gouttes d'urée contenant des protéines à 0,05 g.L-1 ont été formées dans une cuve d'huile de tournesol. Après 2 h de mesure, nous avons obtenu les points de la Figure 81. Les valeurs expérimentales ont ensuite été ajustées selon l'Équation 2, ce qui correspond aux courbes pleines sur la Figure 81.
Équation 2
: Modélisation de l'IFT en fonction du temps. IFT = a + b.exp(-t/c) a,b et c sont des constantes, t est le temps en min. urée lyso caséine rS3 rS4 30,00
28,00 -1
IFT
(
mN
.m ) 26,00 24,00 22,00 20,00 18,00 16,00 14,00 12,00 10,00 0 20 40 60 80 100 120 temps (min)
Figure 81 : Gouttes pendantes de protéines en solution dans de l'urée 8 M à pH 4,5 à 0,05 g.L-1 à l'interface avec de l'huile de tournesol. Mesure de l'IFT pendant 2 h. Points expérimentaux (x) et courbes ajustées (-). Il y a toujours une dérive du témoin urée au cours du temps, mais cette dérive est minime comparée aux effets des protéines (Tableau 21). La caséine β a encore un effet immédiat. En revanche, les oléosines ont toujours peu d'effet au temps zéro, mais après 10 min pour rS3 (respectivement 70 min pour rS4), le pourvoir abaisseur de tension de surface des oléosines 160 devient supérieur à celui de la caséine β. Nos résultats sont en accord avec ceux de Tai et al. (2002) qui ont trouvé une meilleure stabilisation d'émulsion huile dans eau avec les isoformes de BMM d'oléosine (rS3) qu'avec ceux de HMM (rS4).
Tableau 21 : Diminution de l'IFT à l'interface eau / huile par des protéines après 2 heures (en % du témoin urée à 2 h). IFT2hprot/IFT2hurée rS3 rS4 lysozyme caséine β 38,2 11,6 8,3 21,7
Nous avons ensuite fait varier la concentration de protéines en solution dans l'urée. Les résultats obtenus (IFT à 2 h en fonction de la concentration en protéines) sont représentés sur la Figure 82. Ce type de courbes peut théoriquement permettre de déterminer la CMC d'un émulsifiant. La CMC est atteinte lorsque l'IFT ne varie plus avec l'augmentation de la concentration. Dès la plus petite concentration protéique étudiée (0,025 g.L-1) en urée, la caséine β atteint un pouvoir abaisseur tension de surface maximal. Cette concentration est donc supérieure à la concentration micellaire critique (CMC). En revanche, les oléosines ont des CMC supérieures à 0,025 g.L-1 (et même supérieure à 0,1 g.L-1 pour rS4). La CMC ainsi déterminée est certainement surestimée car la CMC et la solubilité des détergents augmentent à concentration élevée en urée. L'urée est le seul soluté à augmenter la CMC car l'urée diminue le coefficient de partition huile / eau et augmente les solubilités des composés non -1 IFT (mN.m ) polaires dans l'eau (Walter et al., 2000).
25 lysozyme 23 caséine ß 21 rS3 19 rS4 17 15 13 11 9 7 5 0 0,05 0,1 0,15 0,2 -1 concentration protéines (g.L )
Figure 82 : Gouttes pendantes de protéines en solution dans de l'urée 8 M à pH 4,5 à l'interface avec de l'huile de tournesol. L'IFT à l'équilibre (après 2 h) est donnée en fonction des concentrations protéiques (variables de 0 à 0,2 g.L-1). Nos mesures d'IFT sur des gouttes pendantes ont été limitées à 2 h car au-delà de ce temps, soit la goutte tombait sous l'effet de la gravité, soit elle s'était évaporée car il y avait certainement des fuites au niveau du piston de la seringue, malgré toutes les précautions prises.
5.6.2. 5.6.2.1. Insertion des oléosines dans des couches de phospholipides Oléosines à l'interface air / eau
Nous avons utilisé l'oléosine de BMM rS3 qui devrait être plus susceptible de stabiliser des émulsions huile dans eau (d'après les résultats précédents et Tai et al., 2002). • Sur la balance de Langmuir, des oléosines S3, en solution dans de l'urée 8 M à pH 4,5, déposées par-dessus un film d'eau ont donné les images de la Figure 83. Une photographie représente 4 x 5 mm de la surface de la balance. Les parties grisées représentent une surface homogène alors que les points blancs sont des poussières ou des agrégats. Sur cette photographie, de gros agrégats de protéines sont visibles sur l'eau.
Figure 83 : Balance de Langmuir. Dépôt de 35 μg de rS3 en solution dans l'urée sur un film d'eau de 350 cm2. Image du BAM après 15 min de repos. Si au contraire, des gouttes d'eau sont déposées sur un film d'oléosines en solution dans l'urée, pour de faibles quantités d'eau ajoutées, on obtient la formation transitoire d'auréoles qui disparaissent instantanément (Figure 84 a). Mais si l'eau est ajoutée en quantité massive (une dizaine de mL) sur ce même film, les images obtenues au BAM sont représentées sur la Figure 84 b. Ainsi, lorsque l'urée 8 M n'est diluée que localement, il y a une légère agrégation des oléosines. L'équilibre en concentration en urée se faisant rapidement à la surface de la balance, la concentration est à nouveau à 8 M en urée et l'agégration des oléosines dans ces conditions est transitoire et réversible. En revanche, une réelle dilution du solvant provoque 162 l'agrégation rapide et irréversible des protéines. Les oléosines S3 sont effectivement insolubles dans l'eau à 20 °C (voir chapitre 4.5.2).
a b Figure 84 : Balance de Langmuir à 350 cm2. Dépôt d'une (a) ou plusieurs (b) gouttes d'eau sur un film de 45 μg de rS3 en solution dans l'urée. Les photographies ont été prises au BAM.
• Nous n'avons pas utilisé les oléosines solubilisées dans le mélange TFA / TFE du fait des propriétés tensioactives de ce solvant (S. Dauphas, Laboratoire d'Étude des Interactions des Molécules Alimentaires, INRA, Nantes). • Lorsque les oléosines sont solubilisées dans le chloroforme, et qu'elles sont déposées sur un film d'eau, l'isotherme obtenu est représenté sur la Figure 85. Dans ces conditions, les oléosines forment des agrégats moins gros sur l'eau. L'agrégation sous forme de réseau, plus homogène qu'en urée. Un léger effet sur l'IFT est mesuré lorsque la couche est fortement comprimée, mais cet effet reste très faible et une partie des protéines agrégées a certainement disparu de la surface. 163 -1 -1,m N.m PiA,PiAmN.m 20 20 15 15 10 10 55 00 50 50 150 150 250 250 350 450 350 450 aire, cm2 2 aire, cm 550 550 650 650
Figure 85 : Balance de Langmuir. Isocycle sur un film d'eau de 700 cm2 initial par-dessus lequel, 100 μL de rS3 à 1 g.L-1 en solution dans du chloroforme ont été déposés. La photographie a été prise au BAM lors de la compression à 150 cm2. 5.6.2.2. • PLs à l'interface air / eau
Des PLs sont déposés à une interface air / eau sur la balance de Langmuir, puis la surface est comprimée par la fermeture des barrières. Nous obtenons alors un isotherme en quatre parties que l'on peut définir de la manière suivante (Figure 86, d'après Maget-Dana, 1999) : lorsque l'ouverture des barrières est maximale, la pression est nulle, l'état des molécules à la surface peut être assimilé à un gaz. En refermant les barrières, on passe ensuite à un état « liquide » où les molécules forment un film continu, c'est la phase douce de montée en pression. Puis vient une étape qualifiée de « solide » où toutes les molécules sont arrangées les unes contre les autres et ne peuvent plus se réorganiser. C'est le « mur » de montée en pression. Enfin, lorsque la pression devient trop importante (supérieure à 40 mN.m-1), on atteint une phase de collapse où certaines molécules vont passer sous la monocouche.
164 b Pc S L Pt G As At A0 Figure 86 : Représentation schématique d'une balance de Langmuir (b = barrière mobile) et isotherme de compression d'une monocouche (G = état de liquide expansé, L = liquide condensé, S = solide ; Pc = pression de collapse, Pt = pression de transition ; A0 = aire limitante, At = aire de transition et As = aire dans la phase solide). La PC seule déposée sur un film d'eau donne ainsi un isotherme représenté sur la Figure 87. Nous avons
observé, en contrôle, l'effet de 70 μL du solvant des oléosines, CHCl3 /
mét
hanol
(95
/
5)
déposé
s
sur ce
même film de PC comprimé sous forme « liquide » à 5 mN.m-1. PiA, mN.m -1 L'ajout du solvant provoque un léger saut de pression (+ 1,4 mN.m-1).
45 40 35 30 25 PC PC-CHCl3/méthanol 150 250 350 450 550 650 2 aire, c m
Figure 87 : Balance de Langmuir. Dépôt de 70 μL de PC à 1 g.L-1 sur un film d'eau de 700 cm2. Compression du film à 50 cm2.min-1. Dépôt de 70 μL de chloroforme / méthanol par-dessus le film de PC comprimé à 5 mN.m-1.
• L'isotherme obtenu avec la PC a été comparé à celui obtenu avec la même quantité de Pi, qui est un PL chargé négativement à pH neutre (Figure 88). Nos mesures ont à nouveau été 165 effectuées sur de l'eau (pH 5,6). Il y a peu de différences entre les deux isothermes lors de la compression, en revanche, la réouverture des barrières montre deux comportements différents P iA, m N.m -1 des monocouches lors de la décompression.
PC Pi S L 50 150 250 350 aire, cm 450 550 G 650 2
Figure 88 : Balance de Langmuir. Dépôt de 70 μL de PLs à 1 g.L-1 (Pi en vert, PC en bleu) sur un film d'eau de 700 cm2. Compression du film à 50 cm2.min-1 (G = phase « gaz », L = « liquide » et S = « solide ») puis réouverture des barrières à la même vitesse. Les images du BAM de film de PLs purs sont toujours uniformément grisées, les PLs (PC ou Pi) sont donc répartis de façon homogène dans la monocouche.
5.6.2.3. • Oléosines sur une monocouche de PLs rS3 sur une monocouche de PC
Nous avons déposé des oléosines par-dessus (pour éviter l'agrégation en solution aqueuse) le film de PC (voir Figure 89), soit en phase « gazeuse », on a alors une IFT = 0 mN.m-1 (Figure 89 a), soit après que le film de PC a été comprimé à 5 mN.m-1 (phase liquide, Figure 89 b), soit à 20 mN.m-1 (début de la phase solide, Figure 89 c). Le BAM montre une surface homogène, grise, pendant tout le cycle lorsque les oléosines sont introduites en phases condensées liquides ou solides, mais pas en phase gazeuse. Si la monocouche de PC est dense, les oléosines s'insèrent dedans et ne s'agrègent plus. En revanche, si la monocouche de PC n'est pas bien formée, l'eau est apparente à la surface de la balance. La surface reste donc hydrophile et les oléosines s'agrègent au contact du film d'eau. Les agrégats sont néanmoins plus fins que lorsque les oléosines étaient introduites sur un simple film d'eau (photographies a1 et a2). Les agrégats sont répartis de façon homogène sur la surface pour des pressions faibles (photographie a1), puis se regroupent lorsque la compression augmente (photographie a2). Si l'on ajoute des oléosines sur la phase « gazeuse » d'un film de PC, la pression augmente immédiatement, l'isotherme est décalé. La surface est donc plus rapidement 166 occupée par les oléosines. On remarque de plus la présence d'un point d' flexion à 26 mN.m-1 qui traduit une phase supplémentaire de réorganisation du film superficiel. Dans tous les cas (phases « gaz », « liquide » ou « solide »), on retrouve le point d'inflexion entre 26 et 36 mN.m-1 et la pression augmente brusquement de 7 mN.m-1 lors de l'ajout des protéines, ceci est très supérieur à l'effet du témoin solvant seul. Ce saut de pression est 2 fois plus important si la quantité de protéines introduite est double (Figure 90). Les oléosines, si elles sont ajoutées sur un film de PLs ne forment pas d'agrégats (ou uniquement des petits) qui ne coulent donc pas au fond de la cuve. PiA,mN.m -1 45 40 35 (a) 30 25 20 15 + rS3 10 5 0 50 150 250 350 450 550 650 2 aire, cm a1 a2 167 -1 PiA,mN.m 45 40 35 30 25 (b) +rS3 150 250 350 450 550 650 2 PiA,mN.m -1 aire, cm 45 40 35 30 25 (c) +rS3 150 250 350 450 550 650 2 aire, cm
Figure 89 : Balance de Langmuir. Dépôt de 70 μg de PC sur de l'eau à 700 cm2. Compression du film jusqu'à 5 mN.m-1 (b) ou 20 mN.m-1 (c). 50 μg de rS3 sont déposés sur le film de PC non comprimé (a) ou sur les films comprimés après 30 min de repos. Poursuite de l'isocycle. La photographie a1 a été prise au PiA,mN.m -1 BAM lors de la compression à 38 mN.m-1 et la photographie a2 à 15 mN.m-1 lors de la réouverture. + rS3 50 150 250 350 450 550 650 2 aire, cm Figure 90 : Balance de Langmuir. Dépôt de 70 μg de PC sur de l'eau à 700 cm2. Compression du film jusqu'à 5 mN.m-1. 100 μg de rS3 sont déposés sur le film de PC après 30 min de repos. Poursuite de l'isocyle. 168 Pour savoir si l'ordre de dépôt sur la surface de la balance est important et si les interactions entre les PLs et les protéines sont lentes à se mettre en place, la PC et la rS3 sont ensuite incubés ensemble dans du chloroforme pendant une nuit avant d'être déposés sur le film d'eau. L'isotherme de compression est représenté dans la Figure 91. Quelques agrégats sont visibles lorsque la pression est faible, puis disparaissent lorsque la pression augmente. De plus, l'isotherme présente la même allure que celui de la Figure 89. Ainsi, les oléosines s'agrégent à nouveau au contact du film d'eau lors du dépôt puis ont le même effet que sur une monocouche de PLs. Le prémélange dans du chloroforme ne permet donc pas de mettre en place des interactions entre les oléosines et les PLs. Il faut certainement être à une interface hydrophile / hydrophobe (eau / huile ou eau / air) pour que les molécules puissent s'organiser.
45 40 PiA,mN.m -1 35 30 25 20 15 10 5 0 50 150 250 350 450 550 650 2 aire, cm a b
Figure 91 : Balance de Langmuir. Dépôt d'un mélange, pré incubé sur la nuit, de PC (70 μL à 1 g.L-1) et de rS3 (100 μL à 0,5 g.L-1) sur un film d'eau de 700 cm2. Compression du film à 50 cm2.min-1. La photographie (a) a été prise au BAM à 10 mN.m-1 et (b) à 30 mN.m-1. • rS3 et rS4 sur une monocouche de PC
Enfin, nous avons voulu comparer l'effet des deux isoformes d'oléosines sur la tension de surface d'une monocouche de PC (Figure 92). Nous avions, en effet, trouvé une différence de comportement des oléosines 1 et 2 à l'interface urée 8 M pH 4,5 / huile de tournesol par des mesures de tension de surface de gouttes (Figure 81). Sur la balance de Langmuir, pour les deux isoformes, la surface observée au BAM est homogène. Il n'y a pas de différence PiA, mN.m -1 significative selon l'isoforme d'oléosine déposée sur la monocouche de PC.
PC-rS3 PC-rS4 50 150 250 350 450 550 650 2 aire, cm
Figure 92 : Balance de Langmuir. Dépôt de 70 μg de PC sur de l'eau à 700 cm2. Compression du film jusqu'à 5 mN.m-1. 35 μg d'oléosine (rS3 en orange, rS4 en bleu) sont déposés sur le film de PLs après 30 min de repos. Poursuite de l'isocyle. • rS3 sur une monocouche de Pi
Du fait de leur caractère amphiphile, les PLs ont tendance à former des structures lamellaires (bicouches) ou des structures fermées sphériques ou ovales en solutions aqueuses, selon notamment la concentration des lipides dans l'eau (Lasic, 1988). L'enveloppe de l'oléosome de maïs contient une grande proportion, inhabituelle pour des tissus végétaux, de PLs chargés négativement : Pi et PS (Figure 94). Ces PLs chargés négativement, ainsi que quelques acides gras libres, pourraient théoriquement interagir avec les acides aminés basiques des oléosines à la surface de la monocouche de PLs pour stabiliser l'oléosome (Tzen et al., 1992). Nous avons donc ensuite déposé rS3 sur une monocouche de Pi. Au vu des résultats précédents avec la PC, nous avons choisi de déposer l'oléosine sur une couche de Pi comprimée au préalable à 5 mN.m-1 (Figure 93). Des quantités inférieures de rS3 ont été apportées à celles précédemment utilisées, ce qui peut expliquer l'absence d'un point d'inflexion marqué sur l'isotherme de pression vers 27 mN.m-1. L'apport de rS3 provoque une augmentation de tension immédiate de 6 mN.m-1. La surface est homogène (vu au BAM), il n'y a pas 170 formation d'agrégats d'oléosines. Dans les deux cas, les oléosines s'insèrent donc bien dans la monocouche de PLs comprimée en phase « liquide » et il n'y a pas de différences significatives d'interaction des oléosines avec la PC ou avec le Pi. PiA,mN.m -1 45 40 35 PC-rS3 Pi-rS3 30 25 20 15 10 5 0 50 150 250 350 450 550 650 2 aire, cm
Figure 93 : Balance de Langmuir. Dépôt de 70 μg de PLs (Pi en vert, PC en bleu) sur de l'eau à 700 cm2. Compression du film jusqu'à 5 mN.m-1. 35 μg de rS3 sont déposés sur le film de PLs après 30 min de repos. Poursuite de l'isocyle.
Contrairement
à la littérature (voir chapitre 1.4.
2),
nous
n'
avons pas pu mettre en
évidence ici de différence nette d'interaction des oléosines avec des phospholipides neutres (PC) ou chargés négativement (Pi
), ni
de différences entre les deux isoformes d'oléosine (Tzen et al
.
, 1998 ; Tai et al
.
, 2002
). Ceci peut provenir à la fois de la conformation des oléosines dans le solvant d'apport (une dénaturation de la protéine préalablement à l'adsorption peut donner des propriétés d'émulsion complètement différentes (Rosenberg et Ron, 1999)), mais aussi du pH de la couche inférieure d'eau (pH 5,6). En effet, il est délicat de préparer des tampons suffisament purs (par filtration) pour remplir toute la balance de Langmuir. Kim et al. (2002) n'avaient pas non plus pu mettre en évidence de différence nette de stabilisation des oléosomes artificiels à pH neutre par la PC ou la PS (chargé négativement).
171 + NH3 + PE PS
-
- PC NH3 + Pi - - Figure 94 : Formules chimiques des PLs : PC, PE, Pi et PS à pH neutre. • Relaxation de la surface
Le suivi de l'IFT en fonction du temps, hors compressions, est rapporté sur la Figure 95. Ainsi, l'IFT de la monocouche de PLs en phase liquide (après compression à 5 mN.m-1) diminue de 20 % en 30 min. La monocouche se réorganise tout au long des 30 min de pause. Pour des raisons pratiques, nous n'attendons donc pas tout à fait assez longtemps pour avoir une bonne stabilisation de la première couche de PLs avant d'ajouter les protéines. A l'ajout des protéines, nous avons un saut immédiat de pression de + 5 mN.m-1. Ensuite, l'IFT diminue de moins de 10 % en 30 min. L'effet des oléosines sur la monocouche de PLs semble donc rapide mais une réorganisation des molécules à l'interface a tout de même lieu après le dépôt (Figure 95).
172 relaxation (% de PiA) 100 Pi Pi-rS3 5 10 15 20 25 30 temps, min
Figure 95 : Pourcentage de relaxation des couches déposées sur la balance de Langmuir. Dépôt de 70 μg de Pi. Attente 30 min. Compression à 50 cm2.min-1. Arrêt à 5 mN.m-1. Début de l'isotherme de relaxation (en vert). Après 30 min, ajout de 35 μg de rS3. Nouvel isotherme de relaxation (en orange sur le graphe) pendant 30 min. • Pour la monocouche sur la balance de Langmuir, nous proposons une organisation telle que celle représentée dans la Figure 96 (ou apparentée à la Figure 76 du chapitre 5.5.2). Les oléosines pourraient donc s'intégrer directement dans le globule lipidique (TGs + PLs) après leur biosynthèse. Nous considérons sur la gauche de cette figure que la couche de PLs est constituée de PLs ayant des têtes polaires chargées négativement, tels que Pi et PS. Ces PLs chargés pourraient interagir avec les acides aminés basiques chargés positivement. En présence de PC (partie droite de la figure), les extrémités amphiphiles des oléosines ne sont vraisemblablement pas collées aux PLs, mais plutôt en solution dans l'eau.
rS3 air Pi ou PS PC eau
Figure 96 : Hypothèse de l'organisation d'une monocouche de PLs et rS3 sur un film d'eau (balance de Langmuir). Actuellement, la composition du corps lipidique d'A. thaliana en PLs est mal connue. Il existe de plus d'autres molécules entrant dans la composition des oléosomes : des stérols, d'autres protéines, qui interagissent certainement avec les oléosines et les PLs pour donner les caractéristiques physico-chimiques de surface des oléosomes.
173 Conclusion et perspectives 174
Les réserves lipidiques des animaux, des levures et des végétaux sont stockées sous la forme de globules, composés d'un coeur de lipides neutres, entouré d'une demi-membrane de PLs dans laquelle s'insèrent des protéines. Les globules lipidiques des plantes soumises à dessiccation sont résistants à la coalescence lors des cycles de déshydratation / réhydratation des graines. Les oléosines, protéines majoritaires de l'oléosome végétal, jouent certainement un rôle primordial dans cette protection. Dans une première partie, afin de comparer des globules lipidiques de végétaux et de levures, nous avons isolé les particules lipidiques d'une levure riche en lipides, Y. lipolytica, cultivée en présence d'acide oléique et celles d'une plante modèle, A. thaliana. Des protocoles de purification des globules lipidiques ont été mis au point. Ils permettent d'obtenir des globules exempts de contamination extérieure à l'organite de réserve lipidique. Des points communs ont été trouvés entre les corps lipidiques des deux organismes. Ils ont des tailles proches de 2 μm, une membrane de PLs composée essentiellement de PC et un coeur de TGs. En revanche, les profils protéiques divergent. Il s'agit majoritairement de quatre isoformes d'oléosines pour l'oléosome d'A. thaliana, alors que la composition en protéines de la ure est beaucoup plus complexe et la présence de protéines homologues aux oléosines n'a pas été mise en évidence. Dans une seconde partie, nous nous sommes intéressés aux propriétés de surface aux interfaces des oléosines. Une isoforme d'oléosine d'A. thaliana a ainsi été clonée et exprimée chez Y. lipolytica. L'insertion du gène ne modifie pas la croissance de la levure et la protéine est correctement adressée au niveau des corps lipidiques de réserve, mais le niveau d'expression reste faible. Deux oléosines d'A. thaliana ont aussi été clonées dans E. coli. Les colonies bactériennes sont viables et expriment bien les oléosines. Un protocole de purification a été developpé, basé sur l'affinité d'une queue poly-histidine C-terminale de la protéine avec une résine contenant un métal complexé. Du fait des caractéristiques hydrophobes exceptionnelles des oléosines (72 acides aminés hydrophobes contigus dans leur région centrale), elles ont été purifiées en conditions dénaturantes avec de l'urée 8 M à froid (4 °C), à la quasi homogénéité. Nous avons ensuite su trouver d'autres solvants des oléosines : un mélange TFA / TFE (1 % / 50 %) à froid, un mélange chloroforme / méthanol (95 / 5) à chaud ou encore de l'éthanol dilué à 70 %. Même dans le solvant le plus efficace, le mélange TFA / TFE, les oléosines existent sous la forme de polymères de très haute masse moléculaire. 175 La diversité des milieux de solubilisation des oléosines nous a permis d'utiliser des techniques variées pour analyser la structure et les propriétés tensioactives des protéines. En tenant compte de la littérature et de considérations telles qu'un segment transmembranaire protéique en hélice α s'insère en faisant un angle de 20 ° dans une membrane (Branden et Tooze, 1999), nous proposons deux nouveaux modèles de structure de l'oléosine à la surface de l'oléosome. Enfin, par des mesures de tension de surface à l'interface de gouttes aqueuses avec de l'huile, nous avons montré que l'une des deux isoformes d'oléosine s'inséraient à une interface eau / huile et qu'elles abaissaient la tension de la surface plus efficacement que la caséine β (protéine connue pour ses propriétés tensioactives). D'autres mesures, en surface plane comprimée, nous ont permis d'établir que les oléosines s'inséraient dans une monocouche de PLs à l'interface eau / air en augmentant significativement la tension de surface. Les oléosines ont donc des caractéristiques molécules tensioactives et elles sont très efficaces comptetenu de leur nature uniquement protéique. D'autres techniques (RMN) vont être utilisées, en complément du DC, pour confirmer et affiner l'hypothèse de structure des oléosines en solution et la répartition des oléosines à une interface va être étudiée par suivi au microscope électronique à transmission d'émission de fluorescence X. Par ailleurs, d'autres isoformes d'oléosines d'A. thaliana sont maintenant clonées et exprimées au laboratoire. Il va ainsi être possible de jouer sur le rapport de masse des différentes isoformes entre elles aux interfaces. En effet, in vivo, il existe toujours au moins deux isoformes d'oléosines à la surface d'un oléosome, ceci impliquant peut-être la nécessité d'interactions entre les isoformes. Chapitre dans un ouvrage imprimé BARTH G. et GAILLARDIN C., 1996. Yarrowia lipolytica. p313-388. In : W.K. Wolf (eds), Non-conventional yeasts in biotechnology, vol. 1. Springer-Verlag. Berlin, Germany. BRANDEN C. et TOOZE J., 1999. Membrane proteins. p223-250. In : Introduction to protein structure. 2nd edition. Garland, New York, USA. BUSSARD L et FRON G., 1905. Tourteaux rares. p203-206. In : Tourteaux de graines oléagineuses. Amat éditeur, Paris, France. DE GENNES P.-G., BROCHARD-WYART F. et QUÉRÉ D., 2002. Surfactants. p171-188. In : Gouttes, bulles, perles et ondes. Belin, Paris, France. LINDEN G. et LORIENT D., 1994. Huiles et graisses végétales, composition. p90-91. In : Biochimie agro-industrielle. Valorisation alimentaire de la production agricole. Masson. Paris, France. RAWN J.D., 1989. Lipids are transported with proteins as lipoproteins in plasma. p572-579. In : Biochemistry - international edition. Patterson eds. Burlington, North Carolina, USA. Travaux universitaires BEAUDOIN F., 1999. Targeting of a sunflower seed oleosin to the endoplasmic reticulum and its implication in the oil body biogenesis. Thèse de l'université de Paris XI. 221 p. BEISSON F., 1999. Étude des oléosomes de plantes et de leur lipolyse. Méthodes de dosage de l'activité des lipases. Thèse de l'université de la méditerranée. 154 p. LANDRY J., 1979. Étude de la zéine, groupe des protéines de réserve du grain de maïs : caractérisation et accumulation. Thèse du doctorat d'état, université de Paris VI. 64 p.
| 8,333
|
fa615dc2cffb0df3f6a4bb0bcb21642a_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,023
|
Rapport d'opération de fin de diagnostic archéologique.
Le Thuit-Anger - Camp Perrier. Mission Archéologique Départementale de l'Eure. 2009. ⟨hal-04345818⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 1,043
| 1,544
|
00 137.82 137.50 137.10 138.00 136.57 136.92 137.24 Y = 174.350 137.69 Y = 174.350 137.11 137.28 S. 07 136.82 137.12 ZA 30 S. 11 137.25 137.73 137.91 137.92 ZA 274 ZA 210 137.82 Y = 174.300 136.86 ZA 209 137.29 N ZA 295 ZA 31 Y = 174.300 100 m X = 501.300 X = 501.250 X = 501.200 X = 501.150 X = 501.100 X = 501.050 X = 501.000 X = 500.950 X = 500.900 X = 500.850 X = 501.250 X = 501.200 X = 501.150 X = 501.100 X = 501.050 X = 501.000 X = 500.950 X = 500.900 X = 500.850 Y = 174.800 Y = 174.800 ZA 270 28 ZA 38 1 27 Y = 174.750 S. 14 ZA 192 Y = 174.750 ZA 191 2 S. 20 S. 15 7 1 Y = 174.700 Y = 174.700 3 3 24 22 ZA 190 4 7 6 S. 19 S. 21 20 18 19 28 4 Y = 174.550 6 15 14 10 12 3 6 8 9 12 14 10 10 14 15 16 9 Y = 174.450 18 6 20 S. 12 1 2 20 16 8 S. 24 6 17 1 2 4 2 5 4 9 S. 05 1 28 15 14 23 19 S. 09 12 13 Limite de fouille et numérotation des sondages Y = 174.450 2 Localisation et numérotation des structures ponctuelles 29 Limite de commune 32 Limite de parcelle Y = 174.400 N° de parcelle 26 Commune de La Saussaye 27 S. 22 Localisation et numérotation des structures linéaires 31 1 S. 08 23 22 24 3 3 5 2 2 14 17 S. 06 23 S. 10 16 1 1 4 Y = 174.500 19 19 22 6 7 11 18 17 8 10 16 9 21 4 3 9 14 Y = 174.550 21 17 15 12 S. 09 S. 04 5 11 7 5 22 2 ZA 103 10 13 25 1 23 7 8 S. 03 24 1 11 1 2 S. 23 12 S. 13 Y = 174.500 14 10 13 ZA 264 S. 17 5 7 Y = 174.600 3 4 17 16 6 5 ZA 39 Y = 174.600 S. 16 1 1 8 Y = 174.650 S. 02 1 S. 18 21
Planche 33 - Plan de répartition des vestiges mis au jour lors du diagnostic
ZA
200
5 23 Y = 174.650 ZA 189 S. 01 2 Y = 174.400 ZA 188 ZA 256 ZA 209 Bâti existant 4 5 Y = 174.350 S. 07 1 2 ZA 209 1 ZA 30 ZA 274 S. 11 Y = 174.300 Y = 174.350 34 3 ZA 210 N ZA 295 ZA 31 Y = 174.300 100 m X = 501.300 X = 501.250 X = 501.200 X = 501.150 X = 501.100 X = 501.050 X = 501.000 X = 500.950 X = 500.900 X = 500.850 Lever topographique - Cabinet Leroy-Deboos 501.300 X = 501.250 X = 501.200 X = 501.150 X = 501.100 X = 501.050 X = 501.000 X = 500.950 X = 500.900 X = 500.850 Y = 174.800 Y = 174.800 ZA 270 S. 14 ZA 38 ZA 192 Y = 174.750 Y = 174.750 000.007 ZA 191 8 S. 20 S. 15 1 6 3 4 Y = 174.700 26 4 4 2 11 13 12 21 000.003 S. 19 S. 21 27 13 1 S. 09 S. 23 3 5 3 4 9 6 7 11 9 6 4 20 19 18 S. 13 ZA 103 Y = 174.500 15 13 7 12 ZA 264 12 2 4 8 9 Y = 174.600 8 10 5 4 Y = 174.550 000.010 14 17 S. 03 2 4 000.006 1 2 26 Y = 174.650 1 2 16 19 S. 17 ZA 190 S. 02 7 15 18 1 3 9 14 19 17 et 18 15 ZA 200 16 22 20 3 29 5 2 6 8 10 11 13 000.008 Y = 174.600 2 5 31 30 S. 16 S. 18 000.009 ZA 189 S. 01 1 Y = 174.650 3 11 13 1 14 S. 04 Y = 174.550 000.004 5 Y = 174.500 13 000.002
Planche 34 - Plan de localisation du mobilier isolé mis au jour lors du diagnostic
ZA 256 Y = 174.700 25 ZA 39 ZA 188 000.001 2 8 11 12 13 8 7 Y = 174.450 S. 05 6 21 S. 06 000.005 7 Y = 174.400 20 21 25 26 10 18 27 17 11 16 S. 09 Limite de fouille et numérotation des sondages Y = 174.450 24 22 Limite de commune 3 S. 24 23 S. 12 Localisation et numérotation du mobilier isolé et hors sondage 12 Limite de parcelle Y = 174.400 S. 10 1 000.012 5 N° de parcelle S. 08 5 S. 22 4 Commune de La Saussaye 33 3 ZA 209 Bâti existant 2 Y = 174.350 Y = 174.350 S. 07 ZA 209 ZA 30 S. 11 Y = 174.300 3 ZA 274 ZA 210 N ZA 295 ZA 31 Y = 174.300 100 m X = 501.300 X = 501.250 X = 501.200 X = 501.150 X = 501.100 X = 501.050 X = 501.000 X = 500.950 X = 500.900 X = 500.850 Lever topographique - Cabinet Leroy-Deboos DAO P. Wech / MADE / Novembre 2009 80 Rapport d’opération archéologique AP 09.026 / Le Thuit-Anger - Camp Perrier / Décembre 2009 012.021 018.001 012.024 012.027 016.001 023.007 008.023 ZA 270 S. 14 ZA 38 ZA 192 012.013 ZA 191 S. 20 S. 15 ZA 188 008.014 ZA 256 ZA 189 S. 01
Planche 35 - Coupe des différents fossés mis au jour lors du diagnostic
013.001 ZA 190 ZA 200 S. 02 S. 16 S. 18 004.009 ZA 39 S. 19 S. 21 ZA 264 S. 17 021.013 S. 03 S. 09 S. 23 S. 04 005.001 S. 13 ZA 103 012.003 S. 05 004.023 S. 06 S. 24 S. 12 S. 10 012.002 S. 08 S. 22 001 S. 07 ZA 209 ZA 30 ZA 274 S. 11 022.009 ZA 210 ZA 295 ZA 31 024.001 024.004 008.001 008.004 009.027 1m DAO P.
| 8,559
|
12/tel.archives-ouvertes.fr-tel-03483509-document.txt_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,713
| 13,685
|
Des expériences permettent de fortement supposer que le gradient Ran joue un rôle essentiel dans la formation de la « spindle matrix », chez les vertébrés ou la drosophile. Dans des oeufs de Xénopes, Ran est essentiel pour l'assemblage de la Lamine B (Tsai et al., 2006). De plus, l'injection d'une protéine de Ran dominant négatif dans des embryons de drosophiles, perturbe la localisation de la protéine Skeletor (SilvermanGavrila and Wilde, 2006). Plus récemment, il a été montré que le gradient Ran-GTP est essentiel pour permettre la dissociation de BuGZ et Bub3 en métaphase permettant l'entrée en anaphase (Jiang et al., 2014). Par conséquent, ces données préliminaires nous permettent de soupçonner un rôle direct de Ran dans la formation de la « spindle matrix ». Cependant il est important de préciser que lorsque que l'on compare le gradient Ran-GTP entre les cellules humaines Hela (mitose ouverte) et les cellules S2 de drosophile (mitose semi-ouverte) en utilisant des senseurs FRET, le gradient RanGTPest beaucoup plus fort dans les mitoses de drosophiles, ce qui indique que le degré de compatimentation est différent entre les cellules humaines et de drosophiles (Moutinho-Pereira et al., 2013). Nos connaissances incomplètes sur la nature exacte de la structure, la fonction et la composition de cette « spindle matrix » en font un sujet controversé. La découverte de nouvelles protéines associées à cette matrice permettrait de mieux caractériser ses propriétés structurelles et son rôle dans l'assemblage du fuseau mitotique. Monotélique Amphitélique Mérotélique Syntélique Activité du point de controle du fuseau mitotique Non actif Faiblement actif Actif
Figure 14 : Les différents types d'attachement des microtubules
L'attachement amphitélique est l'attachement qui permet de ségréger correctement les chromatides soeurs. Les attachements monotéliques et syntéliques ne satisferont pas le SAC qui bloque l'entrée en anaphase afin de corriger les défauts d'attachements Dans le cas de l'attachement mérotélique, le SAC est satisfait et n'empêche pas l'entrée en anaphase. 48
III. Le point de contrôle de l'assemblage du fuseau mitotique
Précédemment, nous avons vu comment le fuseau mitotique était assemblé afin de permettre la fine et précise ségrégation des chromosomes. La mauvaise transmission du matériel génétique entre les deux cellules filles mène à la perte d'information génétique ou à l'aneuploïdie, un état ou les cellules se retrouvent avec un nombre aberrant de chromosomes. Afin d'éviter les erreurs de ségrégation des chromosomes, un système de surveillance, le SAC (Spindle Assembly Checkpoint), permet de vérifier que les kinétochores (de larges complexes protéiques qui s'assemblent au niveau de L'ADN centromérique) sont correctement attachés par les microtubules et de retarder la progression en anaphase si nécessaire.
III.A Les différents types d'attachement
Les microtubules peuvent lier les kinétochores à partir des deux pôles des fuseaux mitotiques, pouvant mener à plusieurs configurations d'attachements possibles. Dans le cas d'un attachement amphitélique, les deux kinétochores du chromosome sont attachés par les deux pôles opposés du fuseau mitotique, le chromosome est donc biorienté. En revanche, lors d'un attachement monotélique, un seul kinétochore est attaché par un seul pôle, le chromosome dit mono-orienté. Lors de l'attachement de type syntélique, les deux kinétochores sont attachés mais seulement par un pôle de la cellule. Finalement, l'attachement mérotélique correspond à un kinétochore attaché par les deux pôles du fuseau mitotique (Figure 14). Les chromatides soeurs sont liées par le complexe cohésine jusqu'au début de l'anaphase. Les microtubules tentent de tirer les chromosomes de chaque côté, induisant des tensions dans le cas d'attachements amphitéliques ce qui inactive le SAC. Lors d'attachements monotéliques ou syntéliques, des tensions sont exercées d'un seul côté menant à un maintien du SAC actif. En revanche, le SAC n'est pas capable de détecter les attachements mérotéliques, parce que des tensions sont exercées en direction des deux pôles de la cellule sur chaque kinétochore (Musacchio and Salmon. 2007) (Figure 13).
49 Figure 15 : Structure et l'ultrastructure du kinétochore À gauche, la structure général d'un kinétochore qui est assemblé au niveau du centromère de chaque chromatide. Le kinétochore est une structure trilamellaire composé de différentes plaques (interne, centrale, externe) et d'une couronne fibreuse. À droite, l'ultrastructure du kinétochore et les différentes protéines recrutées. Au coeur du kinétochore CENP-A (Centromeric Protein A) et un groupe de protéines appelées CCAN (Constitutive Centromere Associated Network). Le groupe de protéines
appel
ées KMN (KNL-1/
Mis12C
/Ndc-80) de la région externe du kinétochore permet l'interaction avec le microtubule est composé de MisC12, KNL-1, Ndc-80. Ndc-80
via son
domaine CH (Calponin Homology) interagit avec le microtubule. III.B Les Kinétochores et le SAC III.B.1 L'ultrastructure du kinétochore et sa liaison avec les microtubules
Les kinétochores sont constitués de complexes protéiques composés d'au moins 80 protéines différentes. Ces complexes sont présents dans différentes régions du kinétochore, appelées régions internes et externes, qui sont assemblées au niveau des centromères de chaque chromatides soeurs (Santaguida and Musacchio, 2009). Au coeur du kinétochore, un variant de l'histone-H3, CENP-A (Centromeric Protein A) ainsi que plusieurs autres composants seront recrutés tout au long du cycle cellulaire, formant un complexe appelé le CCAN (Constitutive Centromere Associated Network) (Cleveland et al., 2003). D'autres protéines sont retrouvées au niveau de la région externe du kinétochore formant un réseau KMN (KNL-1/Mis12C/Ndc-80) qui est constitué de sous complexe comme le KNL-1 (Kinetochore null protein1), Mis12C (Missegregation 12) et Ndc-80 (Nuclear division cycle 80). Ces protéines servent de plateforme pour les protéines du SAC ou encore pour permettre la liaison avec les microtubules au travers du domaine CH (Calponin-homology) de Ndc-80 (Cleveland et al. 2003, Chan et al., 2005, DeLuca et al., 2006) (Figure 14).
III.B.2 La régulation du SAC par le kinétochore
Lorsque les chromosomes sont correctement attachés par les microtubules, le SAC est dit « satisfait » et va activer l'APC/C (Anaphase Promoting Complex/Cyclosome) qui entraine la dégradation de la cycline B1 et de la Sécurine. Par conséquent, la Séparase n'est pas inhibée et peut cliver les cohésines, entrainant la séparation des chromatides soeurs. La dégradation de la cycline B permet la sortie mitose. En revanche, un kinétochore non attaché génère un signal, le SAC est « insatisfait ». Ce signal inhibe l'APC/C grâce au MCC (Mitotic Checkpoint Complex) composé de Mad2, BubR1, Bub3 et Cdc20. L'inhibition de l'APC/C passe principalement par la séquestration du facteur Cdc20 indispensable à l'activité de l'APC/C. Le MCC séquestre Cdc20 empêchant ainsi de lier ses substrats (Alfieri et al., 2016). Ainsi, la cycline B et la sécurine ne sont pas dégradées retardant la sortie de mitose (Figure 16). 51
Figure 16 : Le point de contrôle du fuseau mitotique (SAC : Spindle Assembly Checkpoint) Lorsque
tous
les ki
nétoch
ores sont attachés par les
micro
tubules
le SAC
est dit «
satisfait
»
(à
gauche
). L'APC/C est une ubiquitine ligase qui permet la sortie de mitose et la séparation des chromatides
soeurs
par la polyubiquitinilation de la
Cycline B et la Sécurine, men
ant
à
leurs dégradations par le protéasome.
En
rev
anche, lorsqu'un kinétochore est mal ou non attaché par le fuseau mitotique, le SAC est dit « insatisfait » (à droite) et va émettre un signal. Le kinétochore va recruter des protéines pour former le MCC (Mitotic Checkpoint Complex) composé de Mad2, cdc20, Bub3 et BubR1. Le MCC inhibe l'activité de l'APC, ce qui stabilise la cycline B et la Sécurine empêchant la sortie de mitose (Dick and Gerblich. 2015) (à droite). 52
IV. Contexte et objectifs
La compréhension des mécanismes d'assemblage du fuseau mitotique est l'objet de nombreux travaux depuis sa première description faite par Flemming dans une cellule animale en 1882. L'assemblage de cette structure est complexe car elle est composée de nombreux microtubules (pouvant aller jusqu'à des centaines de milliers) qui sont les principaux constituants. De plus, environ 1000 MAPs différentes en assurent la fonction dont une centaine d'entre elles sont encore non caractérisées à ce jour (Petry et al., 2016). Une des principales thématiques de notre équipe est l'étude fonctionnelle et l'identification de nouveaux acteurs impliqués dans l'assemblage du fuseau mitotique chez un organisme modèle, la drosophile. La drosophile est un modèle de choix pour les expériences de génétiques et de biologie cellulaire et est utilisée depuis plus d'un siècle. Cet organisme est facile à manipuler (cycle de vie, génome simple ) et de façon intéressante, 50% des protéines retrouvées chez la drosophile ont des orthologues fonctionnels chez les mammifères. Une étude protéomique a permis à l'équipe d'analyser l'interactome des protéines interagissant avec les microtubules chez l'embryon de drosophile (Gallaud et al., 2014). Dans cette étude, notre équipe a comparé des extraits d'embryons de 0-2h, qui se divisent de façon rapide et synchrone (extraits « mitotiques ») avec des échantillons d'embryons plus vieux (0-17h), dans lesquels la majorité des cellules ne se divisent pas (extrait « interphasique »). Le but est de pouvoir comparer des différences d'affinités entre les microtubules en interphase et en mitose pour les MAPs identifiées. La polymérisation des microtubules a été induite avec du taxol additionné de GTP puis les microtubules et les MAP ont ensuite été récupérées par centrifugation (Figure 17A) et résolus par SDS-PAGE (Figure 17B). Une analyse par spectrométrie de masse a permis d'identifier 855 protéines dans les deux échantillons. Les protéines ont ensuite été classées en trois catégories en fonction de leurs profils enrichissements : mitotique, interphasique ou les deux (Figure 17C-17E). Par la suite, 96 gènes pour lesquels aucun rôle dans l'assemblage du fuseau mitotique n'est connu ont été sélectionnés. Chez la drosophile il est facile d'exprimer des ARNi dans le SNC (Système Nerveux Central) grâce au système UAS-Gal4 (Brand et Perrimon, 1993) et de regarder l'impact sur les cellules souches, les Neuroblastes (Nbs). Grâce à l'expression 53 de ces ARNi, un crible protéique a été effectué. C'est ainsi que 18 candidats ont été retenus car leurs pertes de fonctions induisent des phénotypes mitotiques tels que : l'hypercondensation des chromosomes, des défauts dans l'assemblage du fuseau mitotique et/ou une perte de l'orientation du fuseau mitotique (Figure 17G). Une protéine retenue suite au crible est dTBCE. Cette protéine semble être associée aux microtubules uniquement en mitose (4 peptides identifiés en mitose contre 0 en interphase). L'inhibition de TBCE dans le SNC de la drosophile mène à une augmentation de l'index mitotique, ce qui suggére une activation prolongée du SAC. De plus, lorsque TBCE est inhibée, les fuseaux mitotiques des Nbs possèdent une faible densité de microtubules. Pendant ma thèse, j'ai principalement travaillé sur le rôle de cette protéine dans l'assemblage fuseau mitotique. Un autre projet auquel j'ai participé est l'étude d'Ensconsine (également connu sous le nom de MAP7). Cette protéine a été précédemment décrite par l'équipe pour son rôle dans l'assemblage du fuseau mitotique (contrôle de la longueur du fuseau). De plus, Ensconsine est impliquée dans la séparation des centrosomes en interphase. La séparation des centrosomes est dépendante du recrutement de la kinésine-1. En revanche le contrôle de la longueur du fuseau mitotique par Ensconsine est indépendant de la kinésine-1 (Gallaud et al., 2014). Ensconsine possède deux domaines, un domaine de liaison aux microtubules (MBD) et un domaine de liaison à la kinésine-1 (KBD). Nous avons donc tenté de séparer ces deux fonctions en exprimant : 1) le MBD, pour obtenir des drosophiles ou la longueur du fuseau est normale mais les centrosomes sont mal séparés. 2) le KBD pour espérer sauver la séparation des centrosomes mais pas la longueur du fuseau. Les résultats se sont avérés différents de ce que nous avions envisagé. Cependant, cette étude nous a permis de mettre en évidence une double activation de la kinésine-1 par Ensconsine dans différents tissus et à différents stades du développement. 54 Figure 17 : L'intéractome des microtubules chez l'embryon de drosophile (Figure S1 Gallaud et al., 2014). Légende au dos
55 A) Des embryons précoces mitotiques (0 à 2 h) et interphasique (2 à 17 h) ont été recueillis pour la préparation d'extraits de mitose et d'interphase. Afin de permettre l'assemblage de microtubules, ces extraits ont ensuite été incubés avec du GTP et du taxol à 25°C. Les microtubules et les MAPs ont été sédimentés par centrifugation à travers un coussin de glycérol et ont été séparés par SDS-PAGE. B) SYPRO SDS-PAGE
représent
ant les profils protéiques d'extrait mitotiques (Mit) et Interphasiques (Int) des culots de microtubules avant la spectrométrie de masse. C) Les protéines identifiées ont été classées en trois catégories sur la base de leurs quantités relatives dans chaque échantillon : générales (protéines associées aux microtubules interphases et mitotiques), mitotiques ou interphasiques.
D) Exemples de protéines connues identifiées dans les culots d'échantillons mitotiques et interphasiques. Les nombres entre parenthèses indiquent le nombre de peptides identifiés dans les culots d'interphase (nombre à gauche) et mitotiques (nombre à droite). E) Classification des processus biologiques identifiés (avec la valeur p corrigée), basée sur les termes d'annotation GO Slim correspondant aux trois classes différentes de protéines identifiées dans cette étude
. F) Stratégie de crible des gènes mitotiques dans le SNC de la drosophile. Des drosophiles femelles exprimant Gal80ts (répresseur Gal4) et Gal4 dans le cerveau ont été croisées avec des mâles portant le promoteur UAS et des séquences en aval pour l'expression d'ARNi ciblant les gènes analyser. À 20°C, Gal80ts inhibe Gal4. Cependant, l'augmentation de la température à 29°C permet l'expression des ARNi. Après 3 jours, les cerveaux ont été fixés et des anomalies mitotiques ont été détectées par immunofluorescence. G) Nbs mitotiques après ARNi dirigés contre plusieurs nouveaux gènes mitotiques déjà connus (klp61F, polo) ou nouvellement identifiés dans cette étude (Tcp-1, CG2943, CG14998/Ensconsin). L'aPKC apparaît en rouge, la tubuline en vert et la phospho-histone H3 (Ser10) en bleu. Barre d'échelle : 10 μm. 56 RÉSULTATS 57 58 I. Étude du rôle de dTBCE dans l'assemblage du fuseau mitotique I.A Introduction
Les microtubules sont des composants dynamiques essentiels du cytosquelette qui s'assemblent à partir de dimères de tubulines α et β (Desai et Mitchison, 1997). Lors de la division cellulaire, les cellules méiotiques et mitotiques forment un fuseau bipolaire à base de microtubules qui permettent la ségrégation des chromosomes entre les deux cellules filles. In vitro, la nucléation des microtubules peut se produire spontanément en présence de GTP lorsque la concentration en dimères de tubuline α et β atteint une concentration dite critique. Dans les organismes vivants, la nucléation des microtubules du fuseau mitotique se produit à différents sites de l'appareil mitotique (au niveau des centrosomes et autour de la chromatine mitotique). La nucléation des microtubules au cours de l'assemblage du fuseau méiotique et mitotique nécessite de nombreux facteurs supplémentaires. Un groupe de protéines clé permettant la nucléation des microtubules est le complexe γ-TuRC qui est recruté aux différents sites de nucléation (Kollman et al., 2011; Roostalu et Surrey, 2017; Goshima et al., 2008; Petry et al., 2013). La nucléation des microtubules requiert également un gradient Ran-GTP autour de la chromatine qui permet la libération locale de facteurs d'assemblages du fuseau mitotique (SAFs) grâce à un système d'importines (Kalab et Heald, 2008). Cependant, la voie Ran n'est pas toujours indispensable pour la nucléation des microtubules dans tous les organismes modèles (Dumont et al., 2007; Cesario et al., 2012). En effet, il semble que le complexe de chromosomes passagers (CPC) contribue également à la nucléation (Moutinho-Pereira et al., 2013; Maresca et al., 2009). Fait intéressant, même si, in vitro, la nucléation des microtubules est dépendante de la concentration en tubuline, l'accumulation locale de tubuline n'a que très récemment été considérée comme un élément clé in vivo (Woodruff et al., 2017). Cependant, chez C.elegans et D. melanogaster, une forte accumulation de tubuline libre autour des centrosomes et des chromosomes a été observée au cours de la mitose, même si la pertinence physiologique de cette augmentation locale de la tubuline pour la nucléation des microtubules reste mal comprise (Hayashi et al., 2012; Schweizer et al., 2015; Woodruff et al., 2018; Yao et al., 2012). Nous avons récemment isolé le cofacteur de la tubuline E (dTBCE) comme une protéine essentielle pour l'assemblage du fuseau 59 mitotique dans les neuroblastes (Nbs) du système nerveux central de Drosophila melanogaster (Gallaud et al., 2014). Nous montrons ici que dTBCE est essentielle pour l'accumulation de la tubuline soluble fonctionnelle autour de la chromatine après la rupture de l'enveloppe nucléaire (NEBD). Ce processus semble être un mécanisme général essentiel pour contrôler dans l'espace et le temps la polymérisation des microtubules et l'assemblage du fuseau mitotique. I.B Matériels et méthodes I.B.1 Constructions ADN
Le cadre de lecture ouvert de dTBCE a été obtenu par PCR en utilisant le clone GM13256 d'ADNc que l'on a eu auprès du Drosophila Genomic Ressource Center (DGRC, Université de l'Indiana) et cloné sans le codon Stop dans pENTR (InvitroGen) pour générer le clone d'entrée pENTR-TBCE. Ce clone a ensuite été utilisé pour la mutagenèse à l'aide du kit de mutagenèse dirigée sur site Quick II (Stratagene). Le site NLS putatif GLVMKRFRLS détecté à l'extrémité C-ter du gène tbce a été muté en GLVMAAFALS pour générer le pENTR-TBCEmutNLS. La délétion de HsTBCE à proximité du motif conservé du domaine CAP-GLY observée chez les patients présentant un hypoparathyroïdisme, un dysmorphisme facial avec un retard mental a été reproduite en supprimant la séquence d'acides aminés IVDG correspondante de dTBCE afin de générer le pENTR-TBCEHMF. Le motif CAP-GLY conservé GLRGKHNG présent dans la région N-ter de la séquence de dTBCE a été mutée en GLRGAANG (Michel Steinmetz, communication personnelle) pour générer le pENTR-TBCEmutCG. Pour générer des protéines TBCE sauvages et mutantes fusionnées avec l'étiquette GFP (ou Vénus) en C-ter, les clones d'entrée mutés correspondants ont été recombinés à l'aide d'un kit de clonase LR (InVitrogen) dans pUWG, pTWG ou pPWG obtenu auprès du DGRC. Les vecteurs de destination ont ensuite été injectés dans des embryons de drosophiles pour la transformation médiée par l'élément P (BestGene). Le domaine N-ter de dTBCE (a aminés 1 à 207) a été cloné en utilisant le système In-Fusion (Takara) dans le plasmide pET23B (Clontech) pour générer le vecteur pET-NtTBCE et permettre la production d'anticorps chez le cobaye. Pour la génération de lignées cellulaires stables exprimant TBCE-GFP (ou Venus) ou TBCEmutCG-GFP, les clones d'entrée correspondants ont été recombinés dans pPUROGFP, permettant l'expression de protéines de fusion C-ter GFP exprimées sous le contrôle du promoteur actine5C et la sélection de la Puromycine (Roger Karess, Institut Jacques Monod, PARIS).
I.B.2 Lignées de drosophile utilisées
Les drosophiles ont été maintenues dans des conditions standard à 25°C. Les mutants tbceLH15 et tbcez0241, décrits précédemment, et correspondent à des allèles nuls où la létalité est embryonnaire (Jin et al., 2009). La combinaison hétéroallélique tbceLH15/tbceZ0241 a été utilisée dans nos expériences de sauvetages pour les différents variants de TBCE étiquetée par GFP (ou Vénus) et nommée dans le manuscrit tbce. L'expression de TBCE-GFP sous le contrôle d'un promoteur poly-ubiquitine sauve à la fois la viabilité du mutant tbce. Des drosophiles transgéniques présentant les génotypes suivants ont été utilisées pour l'expression des ARNi ou des protéines : TubGAL80ts; 69B-GAL4, TubGAL80ts, 69B-GAL4, Insc-Gal4, UAS-Cherry-αtubuline, actine5C-GAL4, V32C-GAL4 et ont été obtenues chez Bloomington Drosophila Stock Center (Université de l'Indiana). Les drosophiles β-tubuline-GFP ont déjà été utilisées dans certaines études (Inoue et al., 2004). L'expression des transgènes TBCE-GFP, TBCEmutCG-GFP, TBCEmutNLS- GFP ou TBCEHRD-GFP sont inductibles grâce aux promoteurs UAS. lignées transgéniques (avec le promoteur UAS) ont été obtenues auprès du Centre Vienna Drosophila Center (VDRC) pour dépléter TBCE, Mad2 et RAN. Les drosophiles exprimant EB1-GFP ont été décrites dans notre précédente étude (Gallaud et al., 2014). L'expression de TBCE-GFP, TBCEmutNLS-GFP ou TBCEHRD-GFP (avec pUASt ou pUASp) exprimé avec l'activateur actine5C-Gal4 ont sauvé la létalité des mutants tbce. En revanche, l'expression de TBCEmutCG-GFP ne sauve pas la létalité. La lignée Nup-107-RFP nous a été donnée par le docteur Valérie Doye (Katsani et al., 2008). Les lignées LamineGFP et CD8-GFP ont été obtenues auprès de Bloomington. II.B.3 Expression et purification de la protéine recombinante
Le vecteur d'expression pET-NtTBCE a été transformé dans la souche E. coli BL21 (DE3) (New England Biolabs). L'expression de la protéine recombinante a été induite avec de l'IPTG 1 mM pendant 4 heures à 25°C et le culot bactérien a été stocké à -20°C jusqu'à son utilisation. Le culot a été remis en suspension sur glace dans du tampon de lyse (LB: Tris 10mM, 10% de glycérol, 500mM de NaCl, pH 7,4) contenant 1% de Triton X-100 (Sigma), supplémenté d'inhibiteurs de protéases (Roche) et de lysozyme (1 mg/mL). Le culot bactérien remis en suspension a ensuite été traité aux ultrasons 10 fois pendant 10sec sur glace et centrifugé à 10 000g pendant 30 min à 4 ° C. La protéine marquée à l'hexa-histidine dans le surnagent a été purifiée conformément aux instructions du fabricant sur une colonne de nickel. (Qiagen), dialysé pendant une nuit dans du PBS à 4°C et utilisé pour l'immunisation du cobaye (Covalab).
II.B.4 Anticorps
L'anticorps polyclonal anti-Ran de lapin (ab11693) provenait de Abcam et a été utilisé au 1:200 pour l'immunomarquage et au 1:2000 pour le Western blot. L'anticorps monoclonal anti-tubuline tyrosiné YL1/2 de rat (1:200) et les anticorps monoclonaux de souris et d'histones anti-phosphorylés polyclonaux de lapin H3 (Ser10) (1:500) ont été obtenus auprès de Millipore. L'anticorps monoclonal de souris anti-GFP (1:1000) a été obtenu auprès de Roche. Les anticorps anti-β-tubuline de souris (1:1000) et l'anti-actine de lapin (1:5000) ont été obtenus de Santa Cruz. Les anticorps anti-Skeletor (1:100) de souris, anti-Mégator (1:100), anti-Chromator (1:100), anti-lamine (1:100) ont été achetés auprès de la banque d'hybridomes de Drosophila Studies. L'anticorps monoclonal de souris anti-TBCE (1:500) nous a été gracieusement donné par le Dr Zhang (Jin et al., 2009). L'anticorps anti-TBCE de cobaye est dirigé contre la région située entre les acides aminés 1 et 207 (1:2000). Les anticorps anti-importine alpha 1, 2 et 3 de souris ont été aimablement fournis par Pr M. Siomi (Yashiro et al., 2018). Le polyclonal anti-TBCE-Nt de cobaye a été utilisé au 1:1000 pour l'immunocoloration et au 1:10 000 pour le transfert Western Blot. Les anticorps secondaires de chèvre conjugués à la peroxydase (1:5000) ont été obtenus auprès de Jackson ImmunoResearch 62 Laboratories, et les anticorps secondaires Alexa Fluor (1:1000) auprès de Life Technologies. II.B.6 Culture cellulaire S2
Sauf indication contraire, les réactifs utilisés pour la culture cellulaire proviennent de la société InVitrogen. Les cellules S2 ont été cultivées à 25°C dans du milieu Schneider additionné de 10% de sérum décomplémenté de veau foetal (FCS), de péniciline (100U/ml) et de streptomycine (100 U/ml). La transfection plasmidique a été réalisée à l'aide de Fugene HD (Qiagen) et des lignées cellulaires stables exprimant la GFP, la TBCE-GFP et la TBCEmutCG-GFP ont été sélectionnées avec de la puromycine à 8 μg/ml (technologies Life). II.B.7 Analyse d'immunofluorescence
Les cellules S2 ont été déposées sur des lamelles couvertes de concanavaline A et incubées pendant 1h à 25°C. Les cellules sont fixées pendant 10min avec du fixateur de Bouin puis 5min dans du méthanol à -20°C (Qi et al., 2004). D'autres cellules S2 ont été fixées pendant 10min dans un tampon (NaCl 137mM, KCl 5mM, Na2HPO4 1,1mM, KH2PO4 0,4mM, MgCl2 2mM, PIPES 5mM, glucose 5,5mM, pH 6,9), complété par 7% de formaldéhyde (réf. F-1635, Sigma). Les cellules fixées ont été traitées pour les analyses d'immunofluorescence comme décrit précédemment (Romé et al., 2010). Les embryons, 63 recueillis sur des plaques d'agar additionnées de jus de raisin et de levure, ont été lavés dans du TBS contenant 0,1% de triton et déchorionés dans de l'eau de Javel diluée à 50%. Les embryons ont été fixés dans un mélange contenant 50% de fixateur de Bouin et 50% d'heptane pendant 20min à température ambiante, puis transférés dans du méthanol à -20°C et traités pour l'immunofluorescence comme décrit précédemment (Walker et al., 2000). L'immunomarquage des Nbs, ainsi que le test au froid ont été réalisés comme décrit précédemment (Gallaud et al., 2014). Les cerveaux, les embryons ou les cellules S2 ont été montés dans le milieu de montage ProLong Gold (Life Technologies) et les images ont été acquises sous un microscope confocal SP5 vertical (Leica) équipé d'un objectif 63X1,3NA. Pour les tests de polymérisation, les cerveaux ont été incubés avant la fixation pendant 30min dans du milieu de drosophile Schneider contenant 10% de FCS sup é avec du Taxol (Sigma) à une concentration finale de 20μM. II.B.8 Microscopie en temps réelle
Des embryons pondus entre 0 à 2h exprimant des protéines fluorescentes ont été immobilisés sur du scotch double face et déchorionés doucement à la main avec une pince. Ces embryons ont été déposés dans une goutte d'huile Voltalef sur une lame de verre séparée par deux lamelles de 22x22 mm qui servent de cale. Les embryons ont ensuite été recouverts d'une lamelle de 40x22 mm avant leur imagerie immédiate. Les cerveaux exprimant les différentes protéines marquées ont été disséqués dans le milieu de drosophile Schneider contenant 10% de FCS. Pour les expériences de dépolymérisation de microtubules, le milieu a été supplémenté en colchicine (Sigma) à une concentration finale de 20μM. Les préparations ont été scellées avec de l'huile minérale (Sigma). Les images ont été acquises avec un Spinning Disc monté sur un microscope inversé (Elipse Ti :Nikon) équipé d'un objectif 60X 1,4 NA à 25°C. Les séries en Z ont été acquises toutes les 20, 30 ou 60sec avec une caméra CCD (CoolSnap HQ2; Photometrics) et un sCMOS ORCA Flash 4.0 (Hamamatsu) contrôlée par le logiciel d'acquisition MetaMorph. Les images ont été traitées avec le logiciel ImageJ et sont présentées sous forme de projections à intensité maximale. II.B.9 Immunoprécipitation
Les cellules S2 stables exprimant GFP, TBCE-GFP et TBCEmutCG-GFP ont été cultivées et collectées par centrifugation. Les cellules ont été remises en suspension dans du PBS, centrifugées et les culots cellulaires ont été congelés rapidement dans de l'azote liquide et stockés à -80°C ou utilisés immédiatement pour les immunoprécipitations. Les culots cellulaires ou les embryons sont repris dans 200μl de tampon de lyse (10mM Tris/Cl; 150mM NaCL; 0,5mM EDTA) à 4°C supplémenté d'inhibiteur de protéases (Roche) et de phosphatases (Roche). Le culot remis en suspension est traité aux ultrasons 10 fois pendant 10 sec sur de la glace et centrifugé à 20 000g pendant 30min à 4°C. Le lysat est transféré dans un nouveau tube et 300μl sont ajouté. En parallèle 10μl de billes GFP-Trap (Chromotek) sont lavées dans 500μl de tampon à 4°C de lyse. Les billes sont récupérées sur un support magnétique. Le Surnagent est éliminé et l'opération est répété trois fois. Le lysat cellulaire est ajouté aux billes et incubé 1h à 4°C sur roue. Le surnagent est ensuite éliminé et les billes lavées dans du tampon trois fois pendant 5min. Pour l'expérience d'affinité avec la tubuline soluble, les immunoprécipitations ont été répétées dans les mêmes conditions avec des extraits d'embryons. Les billes ont ensuite été incubées avec de la tubuline pure (contenant 20% de tubuline rhodamine provenant de Cytoskeleton, Inc) à une concentration finale de 20μM pendant 5min à 37°C. Les billes sont ensuite déposées entre deux lamelles de 18x18mm et de 22x22mm précédemment traitées avec polyéthylène glycol comme décrit précédemment (Field and Mitchison, 2018). Les billes sont ensuite observées pour analyses au microscope. II.B.10 Spectrométrie de masse a) Digestion des protéines sur billes
Les billes ont été remises en suspension dans un tampon de digestion contenant 75mM de bicarbonate d'ammonium, pH 8,0, réduites à l'aide de DTT 10 mM pendant 20 min, puis alkylées à température ambiante pendant 20min à l'obscurité avec du chloroacétamide 40mM. Les protéines liées aux billes ont été digérées avec 1μg de 65 mélange trypsine/Lys-C (Promega) pendant 3 h à 37°C, puis 150ng de trypsine/Lys-C est ajouté pour digestion. Les peptides ont été isolés sur des pointes C18 conformément aux instructions du fabricant (Thermo Fisher Scientific) et séchés jusqu'à leurs achèvements dans un concentrateur SpeedVac équipé d'un piège de condensation intégré à -100°C.
b) Analyse LC-MS/MS
Les échantillons de peptides ont été analysés par nano LC-MS/MS avec un système de chromatographie Dionex UltiMate 3000 nanoRSLC (Thermo Fisher Scientific / Dionex Softron GmbH, Germering, Allemagne) connecté à un spectromètre de masse Orbitrap FusionTM TribridTM (Thermo Fisher Scientific, San Jose, CA, USA) équipé d'une source d'ions nanoélectrospray. Les peptides ont été piégés à 20μl/min dans le solvant de charge (2% acétonitrile, 0,05% TFA) sur une pré-colonne de cartouche p18 C18 de 5 mmx300um (Thermo Fisher Scientific / Dionex Softron GmbH, Germering, Allemagne) pendant 5min. Ensuite, la pré-colonne a été mise en ligne avec la colonne Pepmap Acclaim (ThermoFisher), une colonne de séparation de diamètre interne de 50cm x75 μm et les peptides ont été élués avec un gradient linéaire 5-40% de solvant B (A: 0,1% d'acide formique). B: 80% acétonitrile, 0,1% acide formique) en 30min à 300 nL/min. Les spectres de masse ont été acquis en utilisant un mode d'acquisition dépendant des données en utilisant le logiciel Thermo XCalibur version 4.1.50. Des spectres de masse à balayage complet (350 à 1800m/z) ont été acquis dans l'Orbitrap en utilisant une cible AGC de 4e5, un temps d'injection maximal de 50ms et une résolution de 120 000. L'étalonnage interne à été effectué à l'aide de la masse de verrouillage sur le siloxane m/z ion. Chaque balayage MS a été suivi de l'acquisition des spectres MS/MS de fragmentation des ions les plus intenses pendant une durée de cycle totale de 3 secondes (mode vitesse maximale). Les ions sélectionnés ont été isolés à l'aide de l'analyseur quadripolaire dans une fenêtre de 1,6m/z et fragmentés par dissociation induite par collision à haute énergie (HCD) avec 35% d'énergie de collision. 66 c) Recherche dans la base de données
Les données de spectrométrie de masses générées par l'instrument OrbitrapTM FusionTM TribridTM (fichiers *.raw) ont été analysées par MaxQuant (Tyanova et al., 2016) (version 1.5.2.8) en utilisant les paramètres par défaut et la quantification sans étiquette (LFQ). Andromeda (Cox et al., 2011) a été utilisé pour rechercher les données MS / MS par rapport à un protéome de référence au format FASTA Drosophila melanogaster téléchargé à partir d'Uniprot (2019) (21 923 entrées) et complété par une liste de contaminants communs (245 entrées) maintenu par MaxQuant et concaténé avec la version inversée de toutes les séquences (mode leurre). La longueur minimale du peptide a été fixée à 7 acides aminés et la trypsine a été spécifiée comme protéase permettant jusqu'à deux clivages manqués. La carbamidométhylation des cystéines [+57,02146 Da] a été définie comme une modification fixe, tandis que les additions en masse suivantes ont été utilisées comme modifications variables : oxydation de la méthionine [+15,99491 Da], désamidation de l'asparagine et de la glutamine [+0,98401 Da], N-ter et de la lysine acétylation [+42,01056 Da] et pyro-glu à partir d'acide glutamique [-18,01055 Da] et de glutamine [-17,02654 Da]. Les résultats négatifs (leurres) et les contaminations communes ont été supprimés. d) Annotation fonctionnelle
La base de données pour l'annotation, la visualisation et la découverte intégrée (DAVID) (Huang da et al., 2009a; Huang da et al., 2009b) a été utilisée pour l'annotation de protéines. L'outil d'annotation fonctionnelle a été utilisé pour effectuer la classification GO (ontologie) des gènes correspondants à l'aide des paramètres par défaut (http://david.abcc.ncifcrf.gov/). Les protéines de TBCE dont l'interaction est perdue lors avec les substitutions dans le domaine CAP-GLY ont été sélectionnées pour l'analyse par GO. Les trois termes de catégories GO les plus significatifs pour chaque sous-ontologie (basés sur les valeurs p des termes GO) ont été sélectionnés.
e) Modélisation du réseau de protéines
Le réseau d'interactions protéine-protéine (IPP) de TBCE a été construit à l'aide de la base de données STRING (https://string-db.org/) (Jensen et al., 2009). Un groupe de protéines portant les affectations GO avec les termes suivants ont été sélectionné pour générer un sous-réseau spécifique de protéines interagissant avec TBCE : Processus biologique : importation de protéines dans le noyau ; Composant cellulaire : pore nucléaire ; Fonction moléculaire : constituant structurel du pore nucléaire. I.C Résultats
I.C.1 La protéine dTBCE est nécessaire pour l'assemblage du fuseau mitotique. Pour étudier le phénotype de perte de fonction de dTBCE, nous avons utilisé des traitements de deux jours avec des ARNi spécifiques de dTBCE dans le SNC (Système nerveux central) de la drosophile (voir méthodes). L'efficacité des lignées transgéniques exprimant deux différents ARNi a été testée par Western blot. Nous avons observé que ces lignées diminuent les niveaux de protéines de dTBCE endogène (Figure 1A). Les cerveaux déplétés pour dTBCE étaient environ 2 fois plus petits que les contrôles, indiquant un retard de développement sévère du tissu neural (Figure 1B, n>50). Dans nos premières analyses tissulaires, les mitoses dans les cerveaux déplétés pour dTBCE présentent de nombreux chromosomes surcondensés suggérant un retard mitotique (Figure 1C). En accord avec ces observations, les analyses d'index mitotiques révèlent que l'inactivation de dTBCE augmente significativement le nombre de cellules en mitoses (Figure 1D). Les immunofluorescences des cellules souches du SNC, les Nbs, montrent que les cellules en métaphases dans les cerveaux déplétés pour dTBCE ont une densité de microtubules plus faible, ainsi qu'une diminution significative de la longueur des fuseaux mitotiques (Figure 1E_F), pouvant potentiellement engendrer des erreurs d'assemblage du fuseau mitotique et donc des délais de mitose. Afin de valider cette hypothèse, nous avons filmé des Nbs exprimant la tubuline-GFP (Figure 1G). La déplétion de dTBCE entraine une augmentation significative du temps de mitose (Figure 1H). Ce retard mitotique associé aux anomalies morphologiques d'assemblage du fuseau 68 mitotique est souvent le signe de l'activation prolong du point de contrôle de l'assemblage du fuseau (SAC). Dans le but de confirmer si les délais de mitoses observés sont effectivement induits par le SAC, nous avons inactivé celui-ci en déplétant un de ses composants essentiels, Mad2. Nous avons d'abord analysé les indices mitotiques des neuroblastes mitotiques déplétés pour Mad2, dTBCE et la double déplétion dTBCE et Mad2. Nous avons constaté que la double déplétion dTBCE et Mad2 mène à la disparition de cellules mitotiques aux chromosomes surcondensés précédemment observés avec la déplétion de dTBCE seul (Figure S1A) ainsi que l'apparition de cellules aneuploïdes (Figure S1A), suggérant une diminution du nombre de cellules mitotiques. En effet, l'indice mitotique est significativement réduit lorsque dTBCE et Mad2 sont toutes les deux déplétées par rapport à dTBCE ARNi seul (Figure S1B). I.C.2 La protéine dTBCE est nécessaire pour la polymérisation des microtubules autour de la chromatine
Pour étudier en détail la diminution de la densité de microtubules observée dans la région du fuseau dans les cellules déplétée pour dTBCE, nous avons d'abord analysé la capacité de renucléation des microtubules après dépolymérisation au froid. Les cerveaux sont incubés dans la glace pendant 30min afin de dépolymériser totalement les microtubules puis ils sont fixés à différents temps après un retour à 25°C afin de permettre aux microtubules de nucléer à nouveau (comme décrit précédemment 69 Gallaud et al., 2014) (Figure 2A). Dans les cellules contrôles, après 30sec à 25°C une forte nucléation de microtubules autour des centrosomes et des chromosomes est observée (n=8). Après 90sec, les fuseaux mitotiques ont une structure bipolaire normale (Figure 2B, à gauche n=6). En revanche, dans les cellules exprimant des ARNi dTBCE, nous constatons que, bien que la nucléation soit forte au niveau des centrosomes, les microtubules semblent incapables de nucléer autour des chromosomes après une incubation de 30sec à 25°C (n=7). Lorsque l'on incube les cerveaux exprimant les ARNi dirigés contre dTBCE à 25°C pendant 90sec, même si les centrosomes semblent conserver leurs potentiels de nucléation, les fuseaux mitotiques des Nbs ont toujours cette faible densité de microtubules autour des chromosomes, (Figure 2B, à droite n=9). Nous avons décidé de confirmer ces observations en suivant la protéine EB1 étiqueté avec la GFP. Cette protéine s'associe à l'extrémité (+) des microtubules, ce qui nous a permis d'observer dans le temps et l'espace la polymér des microtubules de cellules métaphasiques. La vitesse de polymérisation des microtubules ne semble pas avoir été affectée par la déplétion de dTBCE par rapport aux cellules contrôles. Dans les contrôles, les projections maximales révèlent que les microtubules polymérisent principalement au niveau de deux sites principaux de la cellule. Une forte polymérisation est ainsi détectée au niveau des centrosomes ainsi qu'autour des chromosomes (Figure 2C, à gauche). Dans les cellules déplétées pour dTBCE, la polymérisation des microtubules semblait normale dans la région du centrosome, mais elle était clairement affectée dans la région du fuseau, suggérant une nucléation défectueuse des microtubules autour de la chromatine (Figure 2C, à droite). La quantification du ratio de fluorescence EB1-GFP des microtubules entre les centrosomes et la région des chromosomes a révélé une diminution de 50% entre les cellules contrôles et les cellules déplétées pour dTBCE (Figure 2D). La déplétion de dTBCE n'entrainant pas la dégradation des niveaux de tubulines endogènes (Figure 1A), nous avons vérifié que la tubuline était fonctionelle et donc capable de polymériser en microtubules. Nous avons incubé les cerveaux avec du taxol, 70 un agent qui empêche la déstabilisation des microtubules. Après 1h d'incubation, nous avons fixé les cerveaux et observé que la quantité de microtubules polymérisés dans les Nbs déplétés pour dTBCE est bien inférieure aux Nbs contrôles (Figure 1F-G). Ceci suggère que sans dTBCE une fraction des hétérodimères ne peut plus être correctement incorporés dans le microtubule. I.C.3 La protéine dTBCE endogène est localisée dans la région du fuseau mitotique pendant la mitose. Nous avons précédemment isolé dTBCE à partir de culots de microtubules stabilisés au taxol obtenus à partir d'échantillons d'embryons mitotiques, ce qui suggère que cette protéine présente une affinité directe ou indirecte pour les microtubules (Gallaud et al., 2014; Hughes et al., 2008). Pour étudier la localisation de dTBCE, nous avons produit un anticorps polyclonal spécifiquement dirigé contre le domaine N-ter de dTBCE, capable de reconnaître spécifiquement notre protéine de 60KDa par Western blot avec des échantillons issus d'embryons contrôles (Figure 3A). Grâce à cet anticorps nous avons analysé la localisation de dTBCE endogène pendant la division cellulaire dans des embryons syncitiaux de drosophiles (Figure 3B). Nous avons constaté que dTBCE est localisée dans le cytoplasme et également dans le noyau pendant l'interphase. A partir de la rupture de l'enveloppe nucléaire (NEBD), dTBCE s'accumule dans la région du fuseau jusqu'à être principalement localisée dans cette région à la métaphase. Cette localisation de dTBCE en métaphase dans la région du fuseau, est apparue similaire à des localisations subcellulaires précédemment observées pour d'autres protéines. Elles ont été nommées Skeletor, Mégator et Chromator qui s'assemblent dans la « spindle matrix » au cours de la mitose chez la drosophile (Qi et al., 2004; Rath et al., 2004; Walker et al., 2000). Lors de la métaphase, nous avons constaté que dTBCE colocalise avec certaines de ces protéines de la matrice telles que Skeletor et Chromator (Figure S3). De façon intéressante, la localisation de d E sur la matrice du fuseau semble être limité par la présence de l'enveloppe nucléaire (Figure 1C). Pour confirmer la localisation de dTBCE obtenue par immunofluorescence, nous avons généré des mouches transgéniques exprimant une protéine dTBCE étiquetée avec la GFP et exprimée cette protéine de fusion sous le contrôle d'un promoteur poly- 71 ubiquitine (Figure 4 et vidéo 1). Ce transgène est fonctionnel car il est capable de sauver la létalité des mouches mutantes (voir méthodes). Dans les embryons syncitiaux, dTBCE-GFP apparaît cytoplasmique et nucléaire, mais est aussi visible sur la membrane nucléaire et sur les centrosomes (Figure 4A, -01:00, et 4B en haut). Lorsque la cellule entre en mitose, immédiatement après la NEBD (Figure 4A, 00 :00 et Figure 4B à gauche), dTBCE-GFP commence à envahir l'espace nucléaire. Le signal dTBCE-GFP le plus élevé a été observé autour des chromosomes durant la prométaphase. I.C.4 La localisation de dTBCE et la viabilité des drosophiles est dépendante de la présence du motif conservé présent dans le domaine CAP-Gly.
TBCE possède un domaine CAP-Gly en N-ter très conservé, avec un motif GKHNG. Ce motif est potentiellement responsable des interactions avec d'autres protéines et notamment de la liaison avec la queue C-ter de l'α-tubuline (Steinmetz and Akhmanova, 2008). Il est intéressant de noter qu'une délétion des 4 acides aminés en aval de ce motif conservé dans le domaine CAP-Gly est retrouvée chez des patients humains souffrant d'hypoparathyroïdie, de dysmorphie faciale et de retard mental (HMF) (Parvari et al., 2002). De plus, dTBCE possède un signal de localisation nucléaire putatif (NLS). Nous avons donc généré plusieurs mutants de dTBCE pour observer la contribution de ces deux séquences dans la fonctionnalité de la protéine. Deux mutants du domaine CAP-Gly ont été créés. Nous avons d'abord muté les deux résidus les plus conservés du motif CAP-Gly afin de perturber sa fonctionnalité (TBCEmutCG). Ensuite, nous avons supprimé les 4 acides aminés en aval du motif conservé pour reproduire la délétion observée chez les patients HMF (TBCEdelHMF-GFP). Enfin, nous avons muté le NLS putatif (TBCEmutNLS) (Récapitulatif des constructions S4A). Les analyses par Western blot révèlent que toutes les protéines étiquetées par la GFP étaient correctement exprimées à des niveaux sensiblement similaires (Figure S4B). Nous avons ensuite analysé la capacité des TBCEmutCG-GFP, TBCEdel-GFP et TBCEmutNLS-GFP à sauver la viabilité des mutants tbce (voir méthodes). Nous s constaté que les deux lignées transgéniques indépendantes exprimant TBCEmutCG-GFP ne sont pas en mesure de sauver la létalité. En revanche, 72 TBCEdelHMF-GFP et TBCEmutNLS-GFP sont en mesure de sauver la létalité des drosophiles tbce. Cela suggère que le motif CAP-Gly de dTBCE est essentiel à la viabilité des drosophiles, mais que la délétion observée chez les patients HMF ainsi que l'abrogation du NLS putatif n'altèrent pas de manière significative le développement des drosophiles. Nous avons également observé la localisation de TBCE-GFP, TBCEmutCG-GFP, TBCEdelHMFGFP et TBCEmutNLS-GFP dans des embryons. Nous n'avons observé aucune différence avec nos précédentes observations de localisation avec les transgènes TBCEdelHMF-GFP et TBCEmutNLS-GFP. Cependant, la lignée transgénique exprimant la protéine TBCEmutCGGFP, est principalement cytoplasmique, elle n'est pas retrouvée sur l'enveloppe nucléaire pendant l'interphase ni au niveau des centrosomes. I.C.5 La protéine dTBCE s'associe aux protéines de pores nucléaires
et aux
composants
de la
voie Ran.
Pour approfondir la compréhension de la fonction moléculaire de dTBCE, nous avons réalisé des immunoprécipitations avec les lignées transgéniques de cellules S2 exprimant la GFP, TBCE-GFP et TBCEmutCG-GFP (voir méthodes). Les immunoprécipités ont été soumis à des analyses de spectrométrie de masse pour identifier les protéines interagissant avec dTBCE (voir méthodes) (Figure 5 A-B). C'est avec surprise que nos différentes analyses protéomiques ne nous ont pas permis de détecter les partenaires connus de TBCE précédemment décris dans la littérature, tel que les autres chaperonnes de la tubuline (TBC A-D). En revanche, ces analyses nous ont permis d'identifier de nouveaux partenaires en adéquation avec nos analyses de localisation. Tout d'abord, les protéines du pore nucléaire (Nups) sont les protéines les plus abondantes retrouvées sur les billes TBCE-GFP. De façon intéressante, ces interactions sont absentes des billes TBCEmutCG-GFP. En observant la localisation de la nucléoporine Nup-107 dans les embryons syncitiaux, nous avons constaté que cette nucléoporine et dTBCE ont des localisations très similaires. Nup107 et dTBCE se colocalisent au niveau de l'enveloppe 73 nucléaire en interphase, elles s'accumulent en même temps dans la région du fuseau et colocalisent dans cette région pendant la division cellulaire (Figure S5). dTBCE présente également une forte association dépendant du motif conservé du CAP-Gly avec les protéines Ran et les importines (α et β), ce qui suggère un rôle du gradient Ran en amont ou en aval de dTBCE. Nous avons répété ces expériences d'immunopréci ations et confirmé par Western blot que dTBCE-GFP interagit effectivement avec Ran et l'importine-α2 (Figure 5C). I.C.6 dTBCE est essentielle pour l'accumulation de tubuline fonctionnelle dans la région du fuseau mitotique
Au vu de ces résultats, nous avons décidé d'étudier un mécanisme encore mal compris, l'accumulation de tubuline soluble dans la région du fuseau. Cette accumulation de tubuline est observée dans les mitoses semi-ouvertes de D. melanogaster et C. elegans (Yao et al., 2012 ; Hayashi et al; 2012). De plus, chez C.elegans, il a été décrit que Ran est nécessaire pour cette accumulation (Hayashi et al., 2102). Nous avons émis l'hypothèse que dTBCE via son affinité avec les protéines du gradient Ran et la tubuline soluble, pouvait jouer un rôle clé dans ce processus. Dans le but de confirmer que dTBCE est capable d'accumuler de la tubuline soluble dans la région du fuseau in vitro, nous avons immunoprécipité des extraits embryonnaires exprimant la GFP, TBCE-GFP et TBCEmutCGGFP avec des billes anti-GFP. Les billes sont ensuite incubées avec de la tubuline pure (additionnée de 20% de tubuline rhodamine) (Figure 6A). Après une incubation de 5min à 37°C, les billes sont observées sous un microscope à fluorescence. Nous pouvons observer que les billes TBCE-GFP sont capables d'accumuler la tubuline soluble mais pas les billes couplées à la GFP seule. Nous avons confirmé que l'interaction ente dTBCE et la tubuline soluble interagissent via le motif CAP-Gly car une diminution significative de l'accumulation de tubuline soluble est observée avec les billes TBCEmutCG-GFP (Figure 6B). Ces résultats confirment que dTBCE possède la propriété d'intéragir avec la tubuline soluble via son domaine CAP-Gly. Afin de visualiser l'accumulation de la tubuline soluble dans la région du fuseau mitotique, nous avons filmé des Nbs exprimant cherry-α-tubuline après un traitement 74 avec de la colchicine afin empêcher la polymérisation des microtubules. Avec ce traitement, on peut observer que la tubuline soluble s'accumule dans la région du fuseau à la NEBD indépendamment de la présence des microtubules pré-éxistants (Figure 6C) et confirmer les observations faites chez C. elegans (Hayashi et al., 2012). L'enrichissement maximal dans la région du fuseau est observé une minute après la NEBD. Dans un premier temps nous avons confirmé que Ran est impliqué dans ce mécanisme chez la D.melanogaster (Figure S6A). Nous avons utilisé des ARNi dirigé contre Ran afin d'inactiver la protéine et obtenu de nombreux phénotypes comme précédemment observé (Figure S6B-C). De plus, nous avons observé que la tubuline soluble n'est plus capable de s'accumuler correctement dans la région du fuseau mitotique lorsque Ran est déplété (Figure S6B-C) (Silverman-Gavrila et al., 2006). Nous avons réitéré cette expérience avec les Nbs exprimant des ARNi dTBCE et observé un résultat sensiblement similaire (Figure 6C-D). La perte de fonction de TBCE ou Ran entraine un delai et une diminution de l'enrichissement de tubuline, ce qui suggère que ces deux protéines sont nécessaires pour l'accumulation de tubuline soluble dans la région du fuseau après la NEBD. Afin de déterminer si dTBCE et l'α-tubuline sont accumulés en même temps dans l'espace nucléaire, nous avons filmé des Nbs exprimant TBCE-Vénus et cherry-α- tubuline. Nous avons pu observer que TBCE-Vénus est enrichie quelques instant avant la tubuline (Figure S7). Cette observation nous indique que les protéines sont recrutées séquentiellement au sein de la matrice du fuseau. Nos résultats permettent de conclure que l'enrichissement de la tubuline est un processus en plusieurs étapes ou dTBCE est recruté en amont.
| 27,428
|
12/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00579641-document.txt_8
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,134
| 12,688
|
194 CHAPITRE 4 : Oscillations et écoulements hydrodynamiques en goutte
Conclusion du chapitre 4 : Ce chapitre a permis de confirmer le lien existant entre les oscillations de la goutte et les recirculations hydrodynamiques. Dans la partie A, les oscillations de goutte ont été étudiées. Une approche similaire à celle menée par Oh et al.(2008) a été adaptée à notre configuration d'électrodes hémi-circulaires séparées de 3 μm et l'analyse expérimentale a été approfondie notamment grâce au logiciel d'analyse développé. Les observations montrent que dans notre configuration coplanaire, les oscillations sont axisymétriques et assez reproductibles si un film d'huile est déposé sur la surface de la puce pour la lubrifier. Un premier modèle basé sur l'instabilité linéaire d'une goutte permet de calculer ses différentes fréquences de résonance (Lamb) et sa vérification expérimentale donne des résultats satisfaisants. Un second modèle est ensuite détaillé pour prédire les oscillations induites par l'électromouillage mais les amplitudes prédites surestiment largement les valeurs expérimentales. Une approche non linéaire serait nécessaire pour améliorer les résultats concernant ce point. Cette partie a permis de définir les conditions expérimentales permettant de produire un phénomène d'oscillations de goutte suffisamment robuste et de mener une étude permettant de quantifier les régimes d'oscillations. Dans la partie B, les écoulements produits par les oscillations de la goutte sont décrits et modélisés pour la même configuration que dans la partie A. Le phénomène de courant de dérive est introduit et l'adaptation d'un modèle existant permet de calculer des structures d'écoulement en goutte originales générées par les oscillations interfaciales. L'originalité du travail est accentuée par l observation expérimentale de ces mêmes structures ; la comparaison modèle-expérience donne des résultats satisfaisants jusqu'au mode 6. Les lignes de courant observées sont identiques à celles prédites par le modèle fondé sur le courant de dérive tandis que la mesure de vitesse donne des résultats cohérents avec le calcul. Au-delà de 450 Hz néanmoins, les écoulements ne sont plus reproductibles : une rupture d'axisymétrie et des instabilités sont observées. L'écoulement n'est plus imposé par les modes d'oscillations et une structure récurrente semble apparaître montrant une configuration tourbillonnaire de type dipôle et dont l'orientation est aléatoire. Au contraire, dans la partie C, une structure d'écoulement très reproductible est étudiée : il s'agit de la structure quadripolaire observée avant le lancement de la thèse et à l'origine de celle-ci. 196 CHAPITRE 4 : Oscillations et écoulements hydrodynamiques en goutte
Rachid Malk
198 CHAPITRE 5 : Applications potentielles CHAPITRE 5 : Applications potentielles
L es parties précédentes ont permis d'étudier le phénomène responsable des recirculations hydrodynamiques et de montrer le lien entre les oscillations de goutte et les recirculations hydrodynamiques. On étudie maintenant la possibilité de développer des applications pratiques dans le cadre des laboratoires sur puce. Pour le moment, l'exploitation de ces phénomènes semble difficile et aucune application n'a réellement émergé dans la littérature. Une présentation réalisée lors du dernier workshop d'électromouillage (Pohang, 2010) concernait la possibilité de créer un moyen de propulsion en faisant osciller une bulle d'air située à l'arrière d'un objet immergé et activée par électromouillage. Très récemment, les oscillations de gouttes activées par électromouillage ont été exploitées afin de caractériser la stabilité physico-chimique du substrat d'un laboratoire sur puce EWOD [Malk, Davoust et al. 2010]. Ce dernier point n'est pas évoqué dans ce chapitre, dévolu à l'utilisation des écoulements induits. On étudie ici la possibilité d'exploiter les recirculations en goutte à des fins relatives aux protocoles biologiques. On se place dans un milieu liquide composé d'huile silicone. L'huile est quasi-systématiquement utilisée dans les applications liées aux laboratoires sur puce car elle permet une bonne reproductibilité des protocoles EWOD tout en évitant l'évaporation des échantillons. Dans la partie A les expériences sont réalisées sous huile. L'utilisation de billes de polymère permet de mettre en évidence un effet de concentration des traceurs et de déplacement des agglomérats par le biais d'un changement de fréquence. Ces deux caractéristiques notables de l' coulement se produisent également lorsque des cellules sont introduites dans les gouttes. Le cas spécifique des cellules U373B est approfondi et la possibilité d'exploiter ces recirculations à des fins protocolaires est ensuite discutée. Dans la partie B nous abandonnons la configuration ouverte pour vérifier si les phénomènes de recirculation en goutte apparaissent également en configuration fermée. Les configurations fermées sont beaucoup plus utilisées en pratique pour développer des protocoles car les fonctions fluidiques sont encore mieux maîtrisées. L'existence des recirculations hydrodynamiques en configuration fermée est mise en évidence. L'application pour le mélange en goutte ou la concentration de cellules est alors discutée. Ces dernières expériences ont été réalisées en collaboration avec Arnaud Rival, doctorant au sein du même laboratoire et dont le sujet de thèse concerne l'intégration d'un protocole biologique spécifique en puce. 199 CHAPITRE 5 : Applications potentielles 200 CHAPITRE 5 : Applications potentielles Partie A : Manipulation d'objets dans les gouttes
L ors de la phase de montage du banc expérimental (mise en place de la visualisation de profil, réalisation des logiciels de pilotage), de nombreuses expériences étaient réalisées sous huile. L'huile permettait de prévenir l'évaporation des gouttes et de limiter le dépôt de poussières et d'impuretés en tous genres sur la surface des puces. Le motif utilisé pour ces phases de préparation est représenté sur la figure 131. Il s'agit d'un motif circulaire dont les deux électrodes sont séparées l'une de l'autre par un espace de 100 μm. Le choix de ce motif était avant tout stratégique : l'idée était alors de préserver les motifs les plus rares et les plus 'intéressants' d'un point de vue de la modélisation (espace interélectrodes de 3 μm assurant l'axisymétrie de mouillage, électrodes rectangulaires permettant de reproduire les expériences initiales) jusqu'à ce que la banc de caractérisation soit entièrement opérationnel. C'est durant cette phase de réglages que nous avons mis en évidence des écoulements sous huile dont les caractéristiques nous ont poussés à produire un second lot de puce afin de mener davantage d'expériences notamment avec des cellules biologiques. Nous présentons ici ces expériences et discutons de leur potentiel applicatif. 201 CHAPITRE 5 : Applications potentielles 1. Dispositif expérimental et protocole
L'expérience se déroule sous huile silicone (RT5, Paragon Scientific) dont la viscosité dynamique est de 4,9 mPa.s. Le motif utilisé comporte un espace inter-électrodes de 100 μm (Fig. 131). Nous réalisons les expériences avec les billes fluorescentes identiques à celles que nous avons utilisées dans les expériences précédentes, puis des expériences sont menées avec des cellules biologiques.
Vue de profil transversale Vue de profil longitudinale Fig. 131 Motif d'électrodes et vues de profils utilisés dans cette partie. On s'intéresse alors aux oscillations et au brassage induit dans la goutte. Celle-ci est visualisée de dessus ainsi que de profil suivant les deux directions d'observation indiquées sur la figure 131. 2. Mise en évidence de recirculations sous huile avec des billes de polymère
En appliquant un signal électrique alternatif, on crée des oscillations et des recirculations hydrodynamiques au sein de la goutte. Les phénomènes étudiés jusqu'ici sous air se retrouvent donc également sous huile [Malk, Fouillet et al. 2010]. Toutefois, dans ce cas, les recirculations et les oscillations présentent des caractéristiques notables que nous présentons ici avec des billes puis avec des cellules dans les paragraphes qui suivent. a. Oscillations et écoulements sous huile
La figure 132 représente différents profils d'oscillation d'une goutte de PBS contenant des billes et observée sous huile. Suivant la fréquence du signal électrique, la goutte oscille à différents modes mais en raison d'une dissipation visqueuse de la quantité de mouvement plus efficace dans l'huile, les amplitudes des modes sont très atténuées, ce qui rend l'étude du phénomène plus difficile que dans l'air. Quelques valeurs de fréquence de résonance sont La tension de surface étant plus faible que dans l'air (environ 28 mN/m), les fréquences de résonance surviennent plus tôt (résonance du mode 6 à 150 Hz environ contre 393 Hz sous air). Au delà du mode 10, les oscillations ne sont déjà plus visibles au sommet de la goutte et autour de 1 kHz, seule la ligne de contact oscille tandis que le reste de la goutte semble quasi-statique comme nous le verrons par la suite.
f0 ( 20 Hz) Mode 6 90 Hz Mode 6 150 Hz Mode 8 240 Hz Mode 10 300 Hz
Tab. 20
Fréquence de résonance de différents modes sous huile. Une étude détaillée des oscillations sous huile serait nécessaire mais dans cette partie on se contente d'observer les phénomènes et d'évaluer leur potentiel applicatif.
Fig. 132 Profils de goutte sous huile à 150 Hz, 300 Hz et 3000 Hz de gauche à droite. En observant les billes de densité 1,05, très voisine de celle du PBS, on se rend compte que certaines sédimentent tandis que d'autres viennent se loger à l'interface entre le PBS et l'huile. Une structure surfacique quadripolaire assez semblable à celle mise en évidence précédemment (chap. 4/partie C) est alors observée mais les vitesses d'écoulement sont beaucoup plus faibles (quelques centaines de μm/s à 1 mm/s). Ces structures sont représentées à 150 Hz sur la figure 133. Elles sont parfaitement symétriques et centrées sur l'espace interélectrodes. (a)
(b) Fig. 133 (a) Vue de profil de l'écoulement à 150 Hz (suivant la direction longitudinale) et schéma des lignes de courant vue de dessus (b). b.
Concentration et déplacement des
agglomérats
.
Deux caractéristiques notables du comportement des billes sont alors mises en évidence : i) En augmentant la fréquence du signal électrique, les tourbillons deviennent plus petits et les traceurs situés en surface convergent vers le centre de chacun des vortex. Une fois qu'elles ont convergées, les billes restent agglomérées jusqu'à la fin de l'expérience. On obtient donc un effet de concentration des billes au sein de structures tourbillonnaires. 203 CHAPITRE 5 : Applications potentielles
ii) A cet effet de concentration, s'ajoute un déplacement des vortex à la surface de la goutte induit par le changement de fréquence du signal électrique. Ainsi, pour les fréquences les plus basses, les agglomérats se positionnent à mi-hauteur de la goutte tandis que lorsque la fréquence est augmentée, les vortex se rapprochent peu à peu du plan de mouillage et convergent vers l'espace inter-électrodes qui agit comme un puits de collecte. Le positionnement des structures tourbillonnaires à la surface de la goutte est totalement réversible et reproductible et la fréquence du signal électrique est l'unique paramètre de contrôle. Ces deux effets remarquables sont illustrés sur la figure 134.
Fig. 134 Localisation des agglomérats pour des fréquences de 150, 300 et 3000 Hz de gauche à droite respectivement. (a) Vue de profil longitudinale (le trait blanc représente l'espace inter-électrodes). (b) vue de dessus. Les flèches indiquent la direction d'observation de la vue de profil. Image tirée de [Malk, Fouillet et al. 2010]. Ainsi, les écoulements et les oscillations se produisent également sous huile. A la différence des écoulements sous air, un effet de concentration des traceurs est obtenu à fréquence élevée (1000 Hz) et un déplacement des agglomérats à la surface de la goutte est alors possible en ajustant la fréquence du signal électrique
. Une
convergence
des
structures vers
l'espace interélectrodes est observée lorsque la
fré
quence est augmentée. La suite de cette partie permet de vérifier si des écoulements se produisent également dans des gouttes contenant du matériel biologique. 3. Recirculations en goutte contenant des cellules biologiques
Les expériences ont été réalisées avec trois types de cellules couramment utilisés dans le laboratoire : des globules rouges, des globules blancs et des cellules U373B. Les caractéristiques de ces cellules sont résumées sur le tableau 21. Les globules rouges sont des cellules sanguines permettant le transport de l'oxygène dans le corps. Les globules blancs sont d'autres types de cellules sanguines et sont impliqués dans les réactions immunitaires de l'organisme. En raison de leur apparence transparente, ils ont été marqués en fluorescence pour faciliter leur observation. Enfin les cellules U373B sont des 204 CHAPITRE 5 : Applications potentielles cellules abondamment cultivées dans le laboratoire. Contrairement aux globules, elles ont un caractère adhérent ce qui signifie qu'elles ont tendance à se coller aux surfaces solides. Ces cellules sont des astrocytes6 modifiés servant de témoin pour identifier la cyto-toxicité de certains composants. Elles sont contenues dans un milieu de culture comportant 10% de sérum de voeu foetal. Les concentrations en cellules correspondent à des valeurs arbitraires obtenues lors des phases de préparation des échantillons.
Taille Forme, propriétés Globule rouge 2-8 μm disque, Globule blanc 10-30 μm sphère Concentration (cellules/μl) Milieu liquide 5,5.103 PBS 0,5.103-1.103 PBS U373B 20-40 μm sphère, cellules adhérentes 1,5.103 Milieu de culture Tab. 21 Informations relatives aux différents types de cellules testés lors des expériences. Une goutte d'un volume de 1,5 μl est déposée sur la puce ; afin de faciliter son dépôt, les électrodes sont au préalable activées évitant ainsi que la goutte ne reste arrimée au bout du cône de la pipette. a. Concentration et manipulation de cellules
L'effet des recirculations sur les gouttes contenant les cellules est représenté sur la figure 135 : f = 150 Hz f = 300 Hz f = 600
Hz f = 1000 Hz (a) (b) (c) Fig. 135 Effet des recirculations en goutte sur différents types de cellules ; (a) globules rouges, (b) globules blancs, (c) cellules U373B. Vues de profil suivant la direction longitudinale. On observe
dans
les trois cas un effet de concentration plus ou moins marqué suivant le type de cellules. Ainsi, pour les globules rouges, l'effet de concentration n'est pas très visible
et
les cellules sont dispersées dans tout le volume de la goutte.
Au contraire, pour les
glob
ules blancs et les
cellul
es U373B, la constitution d'agglomérats est très nette. Les cellules qui étaient à l'état initial uniformément reparties dans toute la goutte convergent au centre de structures tourbillonnaires. Le changement de fréquence induit alors un déplacement des amas 6 Cellules gliales représentant environ 50% du volume cérébral. 205 CHAPITRE 5 : Applications potentielles
dans le même sens que celui observé avec les billes : à basse fréquence, les agglomérats se situent à mi-hauteur et se rapprochent du plan de mouillage lorsque la fréquence augmente. Il est à noter qu'ici contrairement au cas précédent, les cellules se déplacent verticalement lorsque la fréquence est augmentée et ne convergent donc pas vers l'espace inter-électrodes. La raison de cette différence de comportement est donnée plus loin. Nous poursuivons l'observation des recirculations en goutte contenant des cellules biologiques en approfondissant le cas des cellules U373B. Pour ces cellules, l'effet de concentration est beaucoup plus marqué que pour les globules rouges. De plus, leur manipulation n'est pas soumise à des contraintes de sécurité particulières contrairement aux globules blancs qui sont marqués en fluorescence avec des molécules intercalantes.
b. Cas des cellules U373B
L'effet de l'écoulement sur le comportement des cellules U373B est représenté sur les figures suivantes : Concentration des cellules
à l'intérieur des
structures Fig. 136 Représentation schématique de la concentration des cellules U373B dans la goutte. Plus la fréquence augmente et plus les agglomérats se rapprochent du plan de mouillage. L'observation de la goutte suivant les vues de dessus et les vues de profil (Fig. 135 et Fig. 137) permettent d'apporter deux éléments d'analyse supplémentaires qui mettent en évidence des différences notables avec le cas des billes présenté précédemment. Ainsi : - La vue de profil suivant la direction transversale montre que les structures tourbillonnaires observées dans le cas de cellules sont au nombre de 2. - La confrontation de la vue de dessus et de la vue longitudinale permet de déduire que les amas de cellules ne se déplacent pas à la surface de la goutte mais à l'intérieur de la goutte. Les cellules se concentrent donc en volume et non pas à la surface.
206 CHAPITRE 5 : Applications potentielles
Vue de dessus Direction transversale 150 Hz 150 Hz 600 Hz 600 Hz 300 Hz 1000 Hz Fig. 137 Visualisation de profil transversale et de dessus de la goutte contenant des cellules.
On a donc un comportement sur les cellules qui est assez différent de celui des billes : cellesci se regroupaient en effet en 4 amas localisés à la surface de la goutte alors que les cellules se regroupent en volume pour former 2 amas seulement. Avant de discuter d'une éventuelle application pour les laboratoires sur puces, nous donnons quelques éléments d'explication relatifs à ces observations sans toutefois répondre à toutes les interrogations suscitées par le phénomène d'écoulement sous huile.
4. Eléments d'explication
L'observation des écoulements sous huile montre : - une structure d'écoulement non axisymétrique, - un déplacement des agglomérats en fonction de la fréquence du signal électrique, - une convergence des amas vers l'espace inter-électrodes dans le cas des billes. Pour comprendre ces caractéristiques, il convient d'analyser le régime d'oscillations et de mouillage de la goutte. a. Espace inter-électrodes et rupture d'axisymétrie
Dans la partie précédente, nous avons vu que des électrodes rectangulaires imposaient à la goutte une forme allongée et un régime d'oscillations orientées suivant la longueur des électrodes, ce qui suffisait à rompre l'axisymétrie hydrodynamique et à imposer une structure quadripolaire. On observe ici que la configuration utilisée (espace inter-électrodes de 100 μm et huile silicone) permet également de rompre l'axisymétrie d'écoulement. Ceci s'explique par la forme particulière adoptée par la goutte et représentée sur la figure 138.
207 CHAPITRE 5 : Applications potentielles
Fig. 138 Vue de dessus de la goutte contenant les cellules. Le contour en rouge permet de mettre en évidence la rupture d'axisymétrie de la goutte. Vue de dessus, la forme de la goutte n'est pas circulaire mais légèrement pincée à l'emplacement de l'espace inter-électrodes. Cette dissymétrie de mouillage se mesure également sur les oscillations de la ligne triple et de l'angle de contact de la goutte (Fig. 139).
1,82 90 1,8 1,78 1,76 85 1,74 80 1,72 1,7 75 1,68 95 70 1,66 1,64 1,62 65 1,6 0 360 720 ψ(°) 0 b) 1,74 Diamètre de mouillage (mm) 100 f = 150 Hz 1,86 1,84 1,73 360 60 720 ψ (°) direction transversale f = 1000 Hz 88 86 1,72 84 1,71 1,7 82 1,69 80 1,68 1,67 Diamètre de mouillage (mm) 1,88 78 1,66 76 1,65 1,64 0 360 720 ψ (°) 0 360 74 720 ψ (°)
Fig. 139 Oscillations de la ligne de contact (courbes noires) et de l'angle de mouillage (courbes bleues) suivant les deux directions d'observation et pour des fréquences d'actuation de 150 Hz (a) et 1000 Hz (b). CHAPITRE 5 : Applications potentielles
On vérifie sur ces courbes que plus la goutte s'étale et plus l'angle de contact diminue et que les extremas de chacune des deux courbes sont atteints en même temps, signifiant que les deux grandeurs (déplacement de la ligne de contact et angle de contact) sont en phase. L'amplitude d'oscillation de la ligne de contact est à peu près identique suivant les deux directions d'observation (40 μm d'amplitude à 150 Hz et 5 μm à 1000 Hz)) mais le rayon moyen autour duquel oscille la goutte est plus grand lorsque l'on observe la goutte suivant la direction longitudinale (espace inter-électrodes orthogonal au plan de l'image) que suivant la direction transversale. La différence est d'environ 80 μm à 150 Hz et de 30 à 35 μm à 1000 Hz. La rupture d'axisymétrie se répercute également sur l'angle de contact de la goutte : l'angle est plus faible lorsque la goutte est observée suivant la direction longitudinale tandis que les amplitudes d'oscillation sont à peu près identiques (15° et 5° d'amplitude à 150 Hz et 1000 Hz respectivement). Cette rupture de symétrie s'explique par une diminution locale de la contrainte d'électromouillage induite par l'espace inter-électrodes. Dans les parties précédentes, l'espace inter-électrodes était si faible (3 μm) que son influence était négligeable ce qui assurait un mouillage et des oscillations axisymétriques. Ici, sa valeur est beaucoup plus élevée (100 μm). De plus, son influence est plus grande en raison d'une tension de surface sous huile, plus faible que dans l'air (73 mN/m), signifiant que la goutte est plus facile à déformer. Ainsi, la présence 'un écoulement non axisymétrique dans cette configuration s'explique bien par le caractère non axisymétrique du mouillage qui induit des oscillations anisotropes de la goutte. b. Modes d'oscillations et position des agglomérats
Sous huile, la goutte oscille avec un régime très amorti. Lorsque la fréquence augmente, les oscillations se concentrent près de la ligne de contact, lieu d'application de la contrainte d'électromouillage, et se dissipent au fur et à mesure que l'on s'éloigne du plan de mouillage.
Fig. 140 Oscillations de la goutte contenant des cellules sous huile.
209 CHAPITRE 5 : Applications potentielles
Fig. 141 Correspondance entre la position des agglomérats de cellules U373B et les oscillations de la goutte. Sur chaque image, la partie gauche montrant la position des cellules est prise en lumière continue. La partie gauche est issue de l'analyse d'images prises avec l'éclairage stroboscopique. A partir de 300 Hz, l'amplitude des oscillations est amplifiée d'un facteur 5 afin de mieux les visualiser. On montre ainsi que le positionnement des amas est corrélé au mode d'oscillation de la goutte
. En effet, lorsque la goutte oscille de manière ample sur toute sa surface, les amas de cellules se positionnent à mi-hauteur. Au contraire, pour des oscillations confinées près de la ligne de contact, les amas se déplacent et se stabilisent au voisinage du plan de mouillage. Sur la figure 141, il semble que les amas se positionnent au niveau du deuxième noeud d'oscillations compté en partant de la ligne de contact (300 Hz et 600 Hz). Néanmoins, cette observation est mise à défaut à basse fréquence (150 Hz) et à haute fréquence (1000 Hz). La reproductibilité du positionnement des amas est donc directement dictée par le phénomène d'oscillations. Le changement de mode d'oscillation étant très robuste, les structures peuvent être déplacées de manière précise et réversible en réglant la fréquence du signal électrique. c. Convergence des agglomérats surfaciques vers l'espace inter-électrodes
Dans le cas où des billes sont utilisées, on observe, lorsque la fréquence est augmentée, un déplacement des agglomérats vers l'espace inter-électrodes. En effet, les agglomérats étant situés à la surface de la goutte, leur déplacement est affecté par la déformation interfaciale de la goutte induite par l'espace inter-électrodes (Fig. 134 (b)). Au contraire, les amas de cellules étant situés en volume, leur déplacement n'est pas affecté par la déformation surfacique de la goutte (Fig. 138). L'espace inter-électrodes n'agit plus comme un puits de collecte et les amas de cellules se déplacent verticalement sous l'effet du changement de mode d'oscillation. d. Points d'étude à approfondir
Des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les spécificités de l'écoulement sous huile. Basé sur l'analyse du régime d'oscillations (Fig. 139), on s'attend à ce que 4 cellules de convection soient créées au sein de la goutte par un mécanisme semblable à celui 210 CHAPITRE 5 : Applications potentielles décrit précédemment (Fig. 126) à l'exception qu'ici, la rupture d'axisymétrie est engendrée par un espace inter-électrodes trop important et non pas par la géométrie rectangulaire des électrodes. Avec des billes, la structure quadripolaire semble être observée en surface mais doit être confirmée en volume. En effet, la répartition des billes dans la goutte (les billes se logent à la surface de la goutte) ne permet pas de visualiser clairement l'écoulement en volume. Lorsque des cellules sont utilisées, deux amas volumiques sont créés par l'écoulement. La raison pour laquelle les cellules se concentrent en volume et non pas en surface est probablement liée à leur densité massique qui, bien qu'elle n'ait pas été mesurée doit être supérieure à celle des billes (1,05). Des études supplémentaires doivent donc être poursuivies en particulier afin de comprendre pourquoi seulement 2 agglomérats se forment et non pas 4. Par ailleurs, on peut se demander pourquoi l'effet de concentration existe sous huile et pas dans l'air ou encore pourquoi celui-ci est moins net avec des globules rouges qu'avec des globules blancs ou des cellules U373B. L'influence de la tension de surface des solutions, de la concentration et de la forme des cellules doit faire l'objet d'études approfondies par la suite. Nous nous contenterons de ces éléments d'explication partiels et discutons maintenant de la possibilit d'exploiter ce phénomène à des fins protocolaires. 5. Discussion sur l'exploitation des recirculations en configuration ouverte
L'exploitation pratique des recirculations en goutte ne représentait pas l'objectif prioritaire de cette thèse. Néanmoins, l'étude du phénomène d'écoulement devait permettre d'évaluer son potentiel applicatif. L'une des applications envisagée lors des expériences d'avant thèse concernait la possibilité de créer un seul et unique tourbillon dans la goutte capable de séparer des entités biologiques poly-disperses par centrifugation. Néanmoins, aucune des configurations présentées ici n'a permis de créer un seul vortex en goutte. Des études supplémentaires portant sur le niveau d'activation des puces et les configurations d'électrodes sont néanmoins nécessaires avant d'exclure définitivement la possibilité de centrifuger des échantillons en goutte. Une configuration d'écoulement quadripolaire optimisée pourrait à défaut permettre de créer quatre cellules de centrifugation. Contre toute attente, nous avons observé que les écoulements sous huile pouvaient peut-être être utilisés pour développer la fonction contraire de celle initialement envisagée (centrifugation). En effet, les écoulements sous huile font apparaître deux caractéristiques intéressantes : un effet de concentration des objets est observé ainsi qu'un effet de déplacement réversible et reproductible des agglomérats en fonction de la fréquence du signal électrique. On pourrait alors envisager d'exploiter ce phénomène pour concentrer ou manipuler des entités biologiques au sein des gouttes. L'une des applications pourrait être de favoriser l'interaction de deux entités au sein de structures. Par exemple, l'adsorption de molécules d'ADN sur des billes fonctionnalisées pourrait être facilitée si l'une et l'autre des entités étaient concentrées au sein des mêmes structures. Cependant, quelle que soit la fonction visée centrifugation ou concentration et manipulation) la problématique de savoir comment récupérer les agglomérats à l'intérieur (ou à la surface) 211 CHAPITRE 5 : Applications potentielles de la goutte se pose. Ainsi, ces fonctions ne peuvent être exploitées que si une méthode d'extraction des particules est disponible. En configuration fermée, un aimant peut être utilisé pour extraire des billes magnétiques fonctionnalisées ; la présence du capot empêche le contact entre les billes et l'aimant. En configuration ouverte, cette solution ne peut donc pas être retenue car elle deviendrait intrusive. Une alternative consisterait à utiliser l'électromouillage pour couper la goutte en 2 parties en espérant que les agglomérats (dans le cas d'une concentration) ne se dispersent pas. Le problème est qu'en configuration coplanaire ouverte, le déplacement de gouttes est possible en utilisant des matrices d'électrodes [Park, Lee et al.; Abdelgawad, Freire et al. 212 CHAPITRE 5 : Applications potentielles Partie B : Brassage en configuration fermée
J usqu'ici toutes les études ont été réalisées avec des configurations ouvertes. Celles-ci permettent d'observer le profil de la goutte ainsi que les écoulements induits en volume. Néanmoins, les configurations ouvertes sont très peu utilisées en pratique en comparaison avec les configurations fermées. Un exemple concerne le laboratoire sur puce développé dans le cadre du projet Smartdrop. Dans ce laboratoire sur puce développé pour intégrer des protocoles biologiques, la puce est recouverte d'un capot relié à la masse et permettant d'améliorer l'efficacité des fonctions fluidiques. L'une des questions que l'on se posait aux débuts de cette thèse était de savoir si le phénomène d'écoulement était propre aux configurations ouvertes où s'il se produisait également en configuration fermée. La réponse à cette question se trouve dans cette partie consacrée au brassage en goutte dans la puce utilisée par le projet Smartdrop. Nous mettons d'abord en évidence le phénomène d'écoulement en goutte dans cette configuration, puis nous montrons qu'il peut être exploité afin de favoriser le mélange, étape indispensable à la réussite des protocoles en puce. 213 CHAPITRE 5 : Applications potentielles 1. Puce d'électromouillage en configuration fermée a. Présentation du dispositif expérimental
Nous réalisons les expériences avec des puces utilisées dans le cadre du projet Smartdrop (Fig. 142). Ces puces sont technologiquement identiques à celles que nous avons utilisées (mêmes couches de nitrure et de SiOC, mêmes épaisseurs) mais sont en plus recouvertes d'un capot en verre reposant sur des murs d'ordyl (résine photosensible) d'une hauteur de 100 μm. Le capot comporte une fine couche conductrice transparente composée d'oxyde d'indium-étain (en anglais ITO pour Indium Tin Oxide) d'une épaisseur de 30 nm permettant de le relier à la masse et une couche de SiOC (250 nm d'épaisseur) pour le rendre hydrophobe. Le collage du capot sur la puce est réalisé par sérigraphie et des ouvertures permettent d'assurer la connectique fluide avec l'extérieur. Elle est finalement remplie intégralement d'huile silicone (RT5, Paragon Scientific) et est alors prête à être utilisée.
Fig. 142 Puce utilisée dans le cadre du projet Smartdrop. b. Configuration d'étude et protocole
La puce utilisée comporte au centre des électrodes de taille 800 x 800 μm servant à acheminer les échantillons biologiques jusqu'aux différentes chambres de réaction. Ces électrodes sont séparées d'une distance de 10 μm. Nous utilisons deux de ces électrodes pour réaliser nos expériences. Une goutte de 64 nl composée de PBS, de Tween 20 (0,005%) et de billes de polymère (Intertek 10 μm) est introduite et acheminée au centre de la puce. L'utilisation du surfactant permet de faciliter l'introduction de la goutte dans la puce à travers un des trous du capot. Les deux électrodes coplanaires sont alors activées au même potentiel tandis que le capot est relié à la masse (Fig. 143). Dans cette configuration d'étude, l'épaisseur du capot est si faible (250 nm, pas de couche de nitrure) que la goutte peut être considérée comme étant à la masse. Cette configuration est donc une combinaison de la configuration à électrode plongeante (Fig. 15) et de la configuration ouverte à électrodes coplanaires (Fig. 16(b)). Une caméra (Orca-ER, Hamamatsu) située au dessus de la puce permet de prendre une série d'images à intervalle de temps régulier fixé à 0,1 secondes. Le logiciel de micro-PIV a permis d'estimer la vitesse moyenne d'écoulement dans la goutte. Ce logiciel est adapté pour cette configuration d'étude où l'interface plane de la goutte n'induit aucune déformation de vitesse et où les écoulements sont lents.
CHAPITRE 5 : Applications potentielles
Fig. 143 Schéma de la configuration d'électrodes (à gauche) et activation électrique utilisée lors des expériences en configuration fermée. 2. Ecoulement hydrodynamique en configuration fermée a. Mise en évidence des écoulements en configuration fermée
Au contraire, l'application d'un signal électrique a pour conséquence d'étaler la goutte qui chevauche alors de manière identique les deux électrodes coplanaires. On observe que lorsque le signal électrique est continu (Fig. 144 (a)), les billes sont immobiles dans la goutte tandis que lorsque le signal est alternatif, elles se déplacent et décrivent une structure d'écoulement très semblables à celle observée dans la partie précédente (Fig. 119) : deux paires de tourbillons contrarotatifs apparaissent et une configuration quadripolaire parfaitement centrée est visualisée (Fig. 144 (b)).
(a) (b) (c) Fig. 144 Goutte vue de dessus en configuration fermée activée par un signal électrique continu (48 V) (a) ; écoulement quadripolaire se produisant avec un signal électrique alternatif (48 Veff, 70 Hz) (b) ; champ de vitesse associé à l'écoulement quadripolaire tel que calculé par le logiciel de μPIV (c). La disposition des électrodes est telle que représentée sur la figure (Fig. 143).
215 CHAPITRE 5 : Applications potentielles b. Influence de la fréquence et de l'amplitude du signal électrique
Alors qu'en configuration ouverte, la vitesse moyenne d'écoulement est de quelques mm/s (Fig. 105), en configuration fermée, les écoulements sont beaucoup plus lents comme le montre la courbe représentée sur la figure 145 : 30 25 u (μm/s) 20 15 10 5 0 25 30 35 40 45 50 55 60 Tension
(
Veff)
Fig. 145 Vitesse moyenne d'écoulement en configuration quadripolaire. La vitesse moyenne d'écoulement ne dépasse pas les 25 μm/s y compris à une tension supérieure à 55 Veff. On rappelle que dans cette configuration, l'application d'une tension de 55 Veff est équivalente à l'application d'une tension de 110 Veff en configuration coplanaire ouverte en raison du potentiel électrique de la goutte imposé à la masse. On observe que la vitesse augmente rapidement avec la tension entre 30 et 45 Veff puis se stabilise autour d'une valeur seuil au-delà de 45 Veff. Ce phénomène pourrait être dû à une saturation de la vitesse d'écoulement à tension électrique élevée. En configuration ouverte, nous n'avons pas constaté de saturation des vitesses dans notre configuration d'électrodes coplanaires et dans la gamme de tension électrique étudiée (jusqu'à 91 Veff soit l'équivalent de 45,5 Veff dans la configuration actuelle). Néanmoins, la saturation de la vitesse est évoquée dans l'étude de Ko et al. (2009). Dans cette étude en configuration ouverte, l'écoulement étudié correspond à l'écoulement à l'extérieur d'un bulle en oscillation. La saturation est observée à partir d'une tension de 80 Veff et pour des vitesses de l'ordre de 7 mm/s. Ici, la saturation est observée bien avant pour une vitesse d'écoulement plus faible mais l'expérience est menée en milieu confiné avec des conditions expérimentales bien différentes (huile, puce, surfactant). La fréquence du signal électrique a également une influence sur l'écoulement : entre 30 Hz et 150 Hz, la structure quadripolaire est stable et les vitesses sont relativement constantes mais au-delà de 150 Hz, les quatre tourbillons disparaissent peu à peu et laissent place à des recirculations plus petites, plus nombreuses et isées prés des contours de la goutte tandis qu'au centre les billes sédimentent en l'absence d'écoulement. Enfin, on vérifie qu'en signal continu, aucune recirculation n'apparaît. 216 CHAPITRE 5 : Applications potentielles c. Interprétations et discussion
L'inconvénient majeur de la configuration fermée est que l'on ne peut pas visualiser les oscillations de la goutte car l'observation de profil n'est pas possible. De plus la stroboscopie n'a pas pu être mise en place dans cette configuration. Néanmoins, des observations réalisées à la binoculaire à faible fréquence (30 à 60 Hz) permettent de distinguer des oscillations du contour de la goutte mais le dispositif les rend difficilement quantifiables. Ces oscillations devraient être orientées s'il l'on en juge par la forme de la goutte et par la structure d'écoulement observée. En effet, l'observation (Fig. 144) montre que la goutte adopte une forme allongée (la goutte a une largeur de 800 μm et une longueur de 1125 μm) imposée par la géométrie des électrodes (chacune d'elle mesurant 800 μm de coté.). Suivant la largeur, la goutte ne peut osciller que très faiblement car l'électrode est entièrement recouverte alors que suivant la longueur, la goutte a la possibilité d'osciller de manière beaucoup plus importante. On remarque qu'avec la présence du capot, la goutte est aplatie et l'explication basée sur des considérations 2-D dans la partie C du chapitre 4 se justifie totalement dans cette configuration. Ainsi, on retrouve un mécanisme d'écoulement identique à celui qui a été présenté avec un motif d'électrodes rectangulaires. Le courant de dérive produit par les oscillations orientées de la goutte permet alors d'expliquer la configuration quadripolaire (Fig. 128). Néanmoins, les vitesses moyennes d'écoulement et les fréquences d'apparition des structures quadripolaires sont plus petites qu'en configuration ouverte Ceci s'explique par la présence d'huile silicone et du confinement de la goutte sur une hauteur de 100 μm. Lorsque la fréquence augmente les oscillations diminuent en amplitude et l'écoulement s'amenuise. Ainsi, en configuration fermée, l'effet de concentration ne se produit pas de manière aussi spectaculaire qu'en configuration ouverte (Fig. 134 et Fig. 135). On obtient tout au mieux de petits agglomérats localisés près des contours de la goutte à haute fréquence (3 kHz) mais l'essentiel des billes sédimente au centre de la goutte. On ne peut donc pas à l'état actuel exploiter de manière pratique ces recirculations à des fins de concentration ou de manipulation d'entités biologiques dans les gouttes. Néanmoins, ces recirculations peuvent être utilisées pour favoriser le mélange dans une goutte activée par électromouillage et maintenue en position fixe [Malk, Rival et al. 2010]. 3. Mélange en goutte en configuration fermée
Ce paragraphe reprend une partie des travaux d'Arnaud Rival sur le mélange de goutte en configuration fermée et permet d'illustrer l'une des applications des écoulements hydrodynamiques en électromouillage. Pour plus de détails sur cette partie, le lecteur pourra donc se reporter à la thèse d'Arnaud Rival (2010).
a. Protocole
Le protocole pour suivre le mélange dans une goutte est le suivant. On réalise la coalescence entre deux gouttes de PBS, l'une contenant des sondes fluorescentes (FluoProbes488, Interchim) dont le coefficient de diffusion est égal à 400 40 μm2/s, et l'autre ne contenant aucun marqueur. Le signal électrique ayant permis la coalescence des deux gouttes est Rachid Malk-2010 217 CHAPITRE 5 : Applications potentielles maintenue si bien que la goutte coalescée recouvre les deux électrodes activées. On suit alors l'intensité de fluorescence de la goutte coalescée au cours du temps et on calcule son écart maximum. A la fin de l'expérience, le niveau de gris dans la goutte devrait être homogène et l'écart de niveau de gris égale à 0%. Néanmoins, les contours des électrodes et la présence d'inclusions d'huile introduisent un bruit de fond de l'ordre de 10%. L'expérience est reproduite avec différents signaux électriques : un signal continu, un signal alternatif de fréquence 70 Hz puis de fréquence 3 kHz. L'amplitude du signal électrique est de 60 V et 60 Veff pour les signaux continu et alternatif respectivement.
Fig. 146 Coalescence de deux gouttes ayant servie au suivi du mélange en configuration fermée. b. Mélange en gouttes activées par électromouillage Les courbes représentées sur la figure 147 montrent l'évolution de l'écart de niveau de gris dans la gout
coalescée en fonction du temps. Fig. 147 Ecart d'intensité de fluorescence de la goutte coalescée en fonction du temps. Figure tirée de [Malk, Rival et al. 2010]. Pour chacune de ces courbes, on peut identifier un coefficient de diffusion apparent Dapp tel que l'écart d'intensité Ei soit égal à (Rival, 2010) : 2 2 Ei exp( 2 Dapp t ), L (202) 218 CHAPITRE 5 : Applications potentielles
o
ù
L
représente la longueur des électrodes
. On observe que lorsque la goutte est activée avec un signal continu, le mélange est très lent et prend plus de 1800 secondes pour se réaliser. On trouve une valeur Dapp de 400 μm2/s, c'est à dire égale à la diffusivité du fluorophore dans le PBS, signifiant que le mélange n'est gouverné que par la diffusion Brownienne. Au contraire, avec un signal électrique alternatif, le mélange est beaucoup plus rapide : à 3 kHz, ce temps est de l'ordre de 1000 secondes tandis et qu'à 70 Hz, il est inférieur à 300 secondes, correspondant à des diffusivités apparentes de 660 et 2800 μm2/s respectivement. En effet, à 3 kHz, un écoulement apparaît mais il est confiné près des bords de la goutte et les vitesses sont faibles. Néanmoins cela suffit à créer un effet convectif et à accélérer le processus de mélange. A 70 Hz, les recirculations sont beaucoup plus importantes, la quantité de mouvement diffuse en volume et le mélange est beaucoup plus rapide. Ces expériences permettent d'illustrer une application pratique et robuste des écoulements en gouttes activés par électromouillage. c. Discussion sur le mélange en électromouillage
Dans les systèmes d'électromouillage, le mélange peut également se produire en déplaçant les gouttes en va et vient [Fouillet, Jary et al. 2006] ou en produisant des déplacements cycliques rectangulaires [Fowler, Moon et al. 2002; Paik, Pamula et al. 2003]. Le déplacement de la goutte produit alors un mouvement de convection interne induit par le frottement visqueux sur les surfaces solides de la puce et favorisant ainsi le brassage. L'effet du déplacement sur le temps de mélange est beaucoup plus efficace que celui des oscillations de la surface d'une goutte maintenue en position statique (seulement 20 secondes avec des déplacements linéaires avec un signal électrique continu contre près de 300 avec des oscillations). Néanmoins, c'est en combinant déplacement et oscillations que le temps de mélange est le plus rapide (9 secondes). Ainsi, le déplacement de la goutte doit se faire avec un signal électrique de basse fréquence (70 Hz environ) afin d'induire en plus une convection due aux oscillations. Plus de détails sur ces aspects peuvent être trouvés dans la thèse d'Arnaud Rival (2010) mais l'on comprend que le domaine d'application pratique des recirculations induites par les oscillations de goutte est pour le moment restreint. Par ailleurs, cette étude a montré que l'EWOD peut être utilisé pour mesurer le coefficient de diffusion d'une espèce chimique et que la condition nécessaire est d'imposer un signal électrique continu. CHAPITRE 5 : Applications potentielles
Conclusion du chapitre 5 : Ce chapitre a permis de mettre en évidence le phénomène d'écoulements en gouttes activés par électromouillage sous huile. Le passage sous huile étant une condition nécessaire dès lors que l'on veut développer des applications pour la biologie. Suivant la configuration utilisée, deux applications potentiellement exploitables sont présentées. En configuration ouverte (partie A), les écoulements sous huile entraînent un effet de concentration de particules au centre de recirculations à la surface de la goutte (agglomérats de billes) ou en volume (agglomérats de cellules). Suivant la fréquence du signal électrique, les agglomérats peuvent être déplacés de la base de la goutte (haute fréquence, 3000 Hz) vers l'apex de la goutte (basse fréquence, 150 Hz). Dans le cas où ils sont localisés en surface, la déformation induite par l'espace inter-électrodes agit comme un puits de collecte dans lequel les particules se dirigent pour les fréquences les plus élevées. La détermination de l'écoulement dans la goutte nécessite une étude plus approfondie mais l'observation montre que l'espace inter-électrodes (100 μm) influe sur le mouillage et le régime d'oscillations et donc sur l'écoulement. Le pilotage fréquentiel, reproductible et réversible, des agglomérats laisse entrevoir la possibilité d'exploiter ces recirculations afin de concentrer des particules en goutte et de les manipuler. Néanmoins, la configuration coplanaire, dite ouverte, n'offre que très peu de possibilités en termes de fonctions fluidiques et le phénomène est difficilement exploitable en tant que tel. En configuration fermée (partie B), les oscillations ne sont pas observables en raison de contraintes expérimentales, néanmoins un écoulement est observ lorsqu'un signal électrique alternatif est utilisé. La goutte adopte une forme allongée et une configuration stable d'écoulement quadripolaire est observée entre 30 et 150 Hz. Cette configuration d'écoulement quadripolaire, très proche de celle observée en configuration ouverte avec des électrodes rectangulaires, peut être décrite par un modèle 2-D fondé sur le concept de courant de dérive. Les expériences étant réalisées sous huile, les oscillations sont moins amples et plus rapidement amorties, ce qui explique que les vitesses moyennes d'écoulement soient plus faibles. A fréquence plus élevée, les oscillations sont fortement amorties, l'écoulement s'atténue et les agglomérats se concentrent alors sur les contours de la goutte. Une application pratique de ces écoulements en configuration fermée concerne le mélange en goutte. Les écoulements en goutte créent en effet un brassage qui favorise le mélange dans la goutte. CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
L'objectif de cette thèse était de comprendre l'origine d'un phénomène observé lors d'expériences exploratoires menées dans le laboratoire. Des recirculations hydrodynamiques sont créées dans une goutte activée par électromouillage avec un signal électrique alternatif. L'idée d'exploiter à terme ce phénomène pour compléter la palette de fonctions disponibles en électromouillage a motivé la réalisation de notre travail. Bien que le phénomène ait été mis en évidence à l'origine avec une configuration d'électrodes rectangulaires produisant une structure d'écoulement quadripolaire caractéristique, l'étude s'est rapidement focalisée sur un motif d'électrodes hémi-circulaires plus propice au développement de modèles. Deux axes de recherche ont été successivement explorés pour expliquer l'origine des écoulements en goutte : La première piste d'exploration fût l'étude des contraintes électriques de surface produites en électromouillage et plus particulièrement de la composante tangentielle susceptible de générer un écoulement surfacique via un mécanisme dit de Taylor-Melcher. L'évaluation de cette composante est en soi originale car elle n'avait jamais été réellement considérée en électromouillage auparavant. Elle s'est faite par une double approche numérique et expérimentale. Au fur et à mesure des calculs et des observations, cette hypothèse s'est révélée invalidée et l'étude s'est recentrée sur un phénomène encore peu connu en électromouillage : les oscillations de gouttes. L'étude des oscillations n'a pu se faire qu'au prix d'améliorations portant sur le banc expérimental et le développement de logiciels dédiés à l'acquisition et à l'analyse oscillations (Oscill EWOD). L'étude expérimentale a permis de mettre en évidence des spectres de résonance, de quantifier la dépendance des profils de goutte ainsi que le déplacement de la ligne de contact à la tension électrique (valeur efficace, fréquence). Les conditions expérimentales permettant d'assurer la robustesse du phénomène ont pu être identifiées (notamment la lubrification de la surface de la puce). Le phénomène de courant de dérive liant les oscillations de la goutte et les écoulements induits a ensuite pu être étudié de manière expérimentale, théorique et numérique. Nous avons pu mettre en évidence des configurations d'écoulement axisymétriques spécifiques à certains modes d'oscillations (modes 2 à 6) et reproduire numériquement ces configurations à l'aide d'un modèle inspiré de Ko et al. (2009) et adapté à notre étude. Au-delà de 450 Hz cependant, les écoulements ne sont plus prédictibles dans cette configuration. Forts des analyses et modèles produits dans une configuration de mouillage axisymétrique, nous sommes alors revenus à la configuration d'étude initiale produisant une structure d'écoulement quadripolaire. Nous avons caractérisé le régime d'oscillations et montré que dans cette configuration, les oscillations ne sont plus axisymétriques, mais orientées suivant une direction privilégiée imposée par le rapport d'aspect géométrique des électrodes. D'après notre modèle, le caractère orienté des oscillations suffit à imposer la structure d'écoulement quadripolaire. La possibilité d'exploiter le phénomène d'écoulement a ensuite été envisagée : Sous huile, nous avons mis en évidence un effet de concentration de billes et des cellules biologiques, respectivement à la surface et dans le volume de la goutte. La position des agglomérats peut alors être réglée précisément et de manière réversible en ajustant la fréquence du signal électrique. La maîtrise du positionnement des agglomérats dans la goutte permettrait d'envisager des applications futures qui restent à identifier. Dans une configuration fermée beaucoup plus utilisée en pratique, on montre que les écoulements existent et qu'ils s'organisent en une structure quadripolaire liée à la forme allongée qu'adopte la goutte prise en sandwich. La fonction de concentration est beaucoup moins efficace qu'en configuration ouverte sous huile et l'on évalue alors l'influence des écoulements sur le brassage en goutte. On montre que l'usage d'un signal alternatif accélère le mélange en goutte de manière significative par rapport à un signal continu. Si ce travail a permis de mieux comprendre l'origine des écoulements en électromouillage, il a également soulevé un certain nombre de perspectives d'étude qu'il serait intéressant de mener par la suite. Une liste non exhaustive comporte les points suivants : i) L'étude du film d'huile sous la goutte incluant d'une part, la prise en compte de la lubrification de la surface de la puce pour les expériences sous air et d'autre part, le cas d'une goutte immergée dans un bain d'huile et sous laquelle des épaisseurs de films de plusieurs centaines de nanomètres (voire de quelques micromètres) doivent être confirmées. ii) Le développement d'un modèle numérique d'électromouillage permettant de prendre en compte la géométrie microscopique de la goutte et de gérer la singularité de calcul au point triple. L'estimation des contraintes électriques de surface s'en trouverait alors considérablement améliorée et le modèle pourrait servir au dimensionnement des puces à électromouillage. Annexe 1 : Exemple d'utilisation du logiciel Easy Ewod
Les interfaces graphiques ont été soignées de manière à rendre l'utilisation du logiciel aussi simple que possible. Après avoir chargé la série d'images, l'utilisateur renseigne dans la première partie les paramètres de réglage (ajustement de la luminosité, rotation des images), saisit pour une image référence les coordonnées de deux points situés sur la ligne de contact puis lance l'analyse. Le calcul itératif permet de détecter le profil des images et de déterminer les paramètres de mouillage de toute la série d'images sans que l'utilisateur n'ait à intervenir. La deuxième étape consiste à saisir les paramètres de l'expérience (épaisseur des couches diélectriques, espace inter-électrodes, tensions d'activation) afin de tracer les courbes théoriques et de les comparer aux courbes expérimentales. Le logiciel génère également un fichier Excel regroupant l'ensemble des données. Le logiciel dédié aux analyses d'oscillations fonctionne de manière similaire.
Fig. 148 Interface graphique du logiciel Easy-EWOD. Là où plus d'une heure était nécessaire pour réaliser une expérience d'électromouillage, analyser les résultats avec Digidrop et réaliser les courbes d'électromouillage, le logiciel Easy-EWOD permet de réaliser cela en moins de dix minutes tout en allégeant considérablement la tâche de l'expérimentateur.
Le logiciel Oscill-EWOD a permis de rendre possible l'analyse des expériences d'oscillation. En raison d'un plus grand nombre d'images à acquérir et à analyser (jusqu'à 144, correspondant à deux périodes du signal d'alimentation échantillonnée tous les 5°), ainsi que d'un temps d'analyse plus long (calcul itératif pour la décomposition en modes propres), les expériences d'oscillations nécessitent environ 1 h, de la réalisation jusqu'au tracé des courbes.
| 6,040
|
30/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00306419-document.txt_21
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 4,574
| 8,471
|
• Champin, (C.), « Les Etats d'Afrique centrale face à la privatisation de la sécurité », in Enjeux, n° 3, avril-juin 2000, pp. 9-11. 487 • Comfort Ero, Ferme, (M.), « Libéria, Sierra Léone, Guinée, la régionalisation de la guerre », in Politique africaine, n° 88, décembre 2002, pp. 5-12. • Critique Internationale, « Les guerres civiles à l'ère de la globalisation. Nouvelles réalités et nouveaux paradigmes », n° 18, janvier 2003. • Dagut, (J-L.), « L'Afrique, la France et le monde dans le discours giscardien », in Politique africaine, n° II (5), pp. 19-27. • Daloz, (J-P.), Quantin, (P.), Transitions démocratiques africaines dynamiques et contraintes (1990-1994), Paris, Karthala, 1997. • Darbon, (D.), « L'Etat prédateur », Politique africaine, n° 39, septembre 1990, pp. 37-45. – « Administrations, Etats et sociétés » in Bach, (D.), Kirk Greene (A.A.), Etats et sociétés en Afrique francophone, Paris, Economica, 1993, pp. 53-69. • De Lestapis, (J.), Viaud, (P.), Afrique: les souverainetés en armes, Paris, Fondation pour les Etudes de Défense Nationale, 1987. • Deslaurier, (C.), Roger, (A.), « Mémoires grises. Pratiques politiques du passé colonial entre Europe et Afrique », in Politique africaine, n° 102, juin 2006, pp. 5-27. • Djillali Hadjadj, Médard, (J-F.), Transparency International, combattre la corruption. Enjeux et perspectives, Paris, Karthala, 2002. • Dumoulin, (A.), La France militaire et l'Afrique, Bruxelles, Complexes, 1997. – « La France et la sécurité en
subsaharienne », in Problèmes politiques et sociaux, n° 825, août 1999. • Eboe Hutchful, Les militaires et le militarisme en Afrique ; projet de recherche, Dakar, Codesria, 1989. • Eboussi Boulaga, (F.), Les conférences nationales en Afrique noir : une affaire à suivre, Paris, Karthala, 1993, pp. 102-103. • Ela Mvomo, (W.), « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », in Enjeux, n°22, janvier -mars 2005, pp.7-11. • Gaulme, (F.), « « Gabon 2000 » et le maintien de la paix en Afrique centrale », in Afrique contemporaine, n°194, 2000, pp.67-76. • Geschiere, (P.), « Le politique en Afrique : le haut, le bas et le vertige », in Politique africaine, 39, septembre 1990, pp. 155-160. • Glaser, (A.), Smith, (S.), Ces messieurs Afrique. Le Paris-Village du continent noir, T.1, Paris, Calmann-Lévy, 1992 488 – Ces messieurs Afrique. Des réseaux aux lobbies, T. 2, Paris, Calmann-Lévy, 1997. – Comment la France a perdu l'Afrique, Paris, Calmann-Lévy, 2005. • Gourévitch, (J-P.), La France en Afrique, cinq siècles de présence: vérités et mensonges, Paris, Le pré aux clercs, 2004. • Hachez-Leroy, (éd.), Jacques Foccart entre France et Afrique, Paris, Centre de recherches Historiques, 2002. • Hibou, (B.), « « La décharge », nouvel interventionnisme » in Politique africaine, n° 73, mars 1999, pp. 6-23. – « La privatisation de l'Etat », in Critique internationale, 1, automne 1999, pp.128-194. – « l'Etat en voie de privatisation », in Politique africaine, 73, mars 1999, pp. 6-121. – La privatisation des Etats, Paris, Karthala, 1999. • Hyden, (G.), Beyond Ujamaa in Tanzania: Underdeveloppement and uncaptured Peasantry, London, Heinemann, 1980. • Kamto, (M.), L'urgence de la pensée, réflexions sur une précondition du développement en Afrique, Yaoundé, Mandara, 1994. • Klare, (M.T ), Volman, (D.), « Africa's oil and American national Security », Current History, mai 2004, cité par Schraeder, (P.), « La guerre contre le terrorisme et la politique américaine en Afrique », in Politique africaine, n° 98, juin 2005, pp. 42-62. • Isoart, (P.), « Le Général de Gaulle et le tiers-monde: 1958-1962 », in de Gaulle et le tiersmonde, Pedone, Paris, 1980. • Labou Tansi, (S.), La vie et demie, Paris, Seuil, 1979. • Lanotte, (O.), L'opération turquoise au Rwanda, Louvain la neuve, 1996. • Latouche, (S.), L'autre Afrique entre don et marché, Paris, Albin Michel, 1998. • Lavroff, (D.G.), « régimes militaires et développement politique en Afrique noire », in Revue française de science politique, vol. 22, n° 5, octobre 1972, pp. 973-991. • Lecoutre, (D.), « Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine, clef d'une nouvelle architecture de stabilité en Afrique? in Afrique contemporaine, été 2004, pp. 131-162. • Leriche, (F.), « La politique africaine des Etats-Unis, une mise en perspective », in Afrique Contemporaine, n° 207, automne 2003, pp. 7-23. • Luckham, (R.), « Le militarisme français en Afrique », Politique africaine, n° 2, février 1982, pp. 95-110. 489 • Mabileau, (A.), Quantin, (P.), « L'Afrique noire dans la pensée politique du Général de Gaulle », in « La politique africaine du Général de Gaulle », CEAN, Bordeaux, colloque 1920 octobre1979. • Merle, (M.), « La politique africaine dans la politique étrangère générale de la France », in « La politique africaine du Général de Gaulle (1958-1969), colloque de Bordeaux 19-20 octobre 1979. • Magnard, (F.), Tenzer, (N.), La crise africaine: quelle politique de coopération pour la France? Paris, PUF, 1988. • Marchal, (R.), « Anatomie des guerres en Afrique », in Questions internationales, n° 5, janvier-février 2004, pp • Mbembé, (A.), postface, in Joseph, (R.), Le mouvement nationaliste au Cameroun: les origines sociales de l'UPC, Paris, Karthala, 1987, pp 363-374. – Afriques indociles: christianisme, pouvoir et Etat en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988. – « Désordres, résistances et productivité », in Politique africaine, n° 42, juin, 1991. – Du gouvernement privé indirect, Dakar, Codesria, 1999. • Médard, (J-F.), L'Etat sous-développé en Afrique noire : clientélisme politique ou néopatrimonialisme, CEAN, Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, 1981. – « L'Etat néopatrimonialisé », Politique africaine, 1990, 39, pp. 25-36. − « L'Etat néopatrimonial en Afrique noire » in Médard, (J-F.), (éd.), Etats d'Afrique noire, formation, mécanismes et crise, 1991, pp. 355-365. – « Autoritarismes et démocratie en Afrique noire », Politique africaine, n° 43, octobre 1991, pp. 92-104. – « L'Etat », in Coulon (C.), Martin, (D.C.), (éds.), Les Afriques politiques, Paris, La Découverte, 1991, pp. 213-230. – Patrimonialisation des relations franco-africaines : échanges politiques, échanges économiques et échanges sociaux, 1994. • Messmer, (P.), Les blancs s'en vont. Récits de décolonisation, Paris, Albin Michel, 1998. • Niagalé Bagayoko-Penone, « La politique américaine de sécurité en Afrique subsaharienne sous le président Clinton », in Afrique contemporaine, n° 197, janvier-mars 2001, pp. 12-23. – Afrique : les stratégies françaises et américaines, Paris, l'Harmattan, 2003. 490 • Ntuda Ebodé, « Les enjeux pétroliers dans le e de Guinée », in Diplomatie, n° 7, février-mars 2004, pp.44-47. • Ogoulat Roboti, (A.D.), « Les richesses maritimes dans le golfe d Guinée : ressources d'un espace stratégique et polémogène », in enjeux, juillet-septembre 2002, n°12, pp.26-28. • Oyono, (J-B.), « Les enjeux de défense et de sécurité en Afrique centrale: géopolitique descriptive et prospective stratégique », Enjeux, n°1, octobre-décembre 1999. • Pascallon, (P.), (éd.), La politique de sécurité de la France en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2004. • Péan, (P.), Affaires africaines, Fayard, Paris, 1983. – L'Homme de l'ombre, éléments d'enquête autour de Jacques Foccart, l'homme mystérieux et le puissant de la cinquième République, Fayard, Paris, 1990. • Perrot, (S.), « Les nouveaux internationalismes militaires africains, une redéfinition des conditions de la puissance au sud du Sahara », in Politique africaine, n° 98, juin 2005, pp. 111-130. • Petiteville, (F.), « Quatre décennies de « coopération franco-africaine » : usages et usure d'un clientélisme » in Etudes internationales, vol XXVII, n°3, septembre 1996. • Porteous, (T.), « L'évolution des conflits en Afrique subsaharienne », in Politique Etrangère, n°2, printemps 2003, pp. 307-320. • Quantin, (P.), Les méandres d'un discours- fleuve : le cas de la représentation de l'Afrique noire dans les discours de Charles de Gaulle, CEAN, Bordeaux, 1978. – « La vision gaullienne de l'Afrique noire, permanences et adaptations », in Politique africaine, II (5), février 1982, pp. 8-18. • Quilès, (P.), « La France et la sécurité en Afrique », Revue internationale et stratégique, printemps 1999. • Rivet, (D.), « Le fait colonial et nous: histoire d'un éloignement », Vingtième siècle, n° 33, 1992. • Roitman, (J.), Roso, (G.), « Guinée Equatoriale: être « off-shore » pour rester « national » », in Politique Africaine, n° 81 mars 2001, pp.121-142. • Roitman, (J.), « Les recompositions du bassin du lac Tchad », in Politique Africaine, n° 94, juin 2004, pp. 7-22. 491 • Ropivia, (M-L.), "L'Afrique centrale embrasée: pour une géopolitique de pacification régionale" in Ango Ela (P.), (éd.), La prévention des conflits en Afrique centrale ; prospectives pour une culture de la paix, Paris, Karthala, 2001, pp 143-158 • Sada, (H.), Champin, (C.), « l'Afrique subsaharienne », in L'Année stratégique, 1998. • Saïbou, (I.), « L'embuscade sur les routes des abords sud du lac Tchad », in Politique Africaine, n° 94, juin 2004, pp. 82-104. • Sassou N'guesso, (D.), « Un Pacte panafricain contre l'agression » in Géopolitique africaine, n° 10, avril 2003, p.13, pp. 11-34. – « L'assistance mutuelle assurée est un pilier de l'avenir africain », in Géopolitique africaine, n° 15-16 été- automne 2004, pp.11-15. • Schraeder, (P.J.), « La guerre contre le terrorisme et la politique américaine en Afrique », in Politique Africaine, juin 2005, pp.42-62. • Servant, (J-C.), « Une priorité géostratégique : offensive sur l'or noir africain », in Le Monde diplomatique, janvier 2003. • Shaun, (G.), « The French Military in Africa: Past and Present", African Affairs, vol 99, n° 396, juillet 2000. • Stora, (B.), La gangrène et l'oubli : la mémoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 1991. • Tessy Bakary, (D.), « Transition politique et succession en Côte D'Ivoire », Momar Coumba Diop, Mamadou Diouf, (éds.), Les figures du politique en Afrique, des pouvoirs hérités aux pouvoirs élus, Dakar, Codesria, Paris, Karthala, 1999, pp. 103 138. • Tshiyembe Mwayila, L'Etat post colonial facteur d'insécurité en Afrique, Dakar, Présence africaine, 1990. • Verschave, (F-X.), La françafrique: le plus long scandale de la République, Stock, Paris, 1998. – Noir silence: qui arrêtera la françafrique, Paris, Les Arènes, 2000. – La françafrique, le crime continu, Lyon, Tayin Party, 2000. • Verschave, (F-X), Labrousse, (A.), Les pillards de la forêt : exploitation criminelles en Afrique, Marseille, Agone, 2002. • Verschave, (F-X), Hauser, (P.), Au mépris des peuples: le néocolonialisme franc-africain, Paris, La fabrique, 2004. 492 • Vircoulon, (T.), « Ambiguïtés de l'intervention international en République Démocratique du Congo », in Politique africaine, n° 98, juin 2005, pp 79-95. • Wauthier, (C.), Quatre présidents et l'Afrique : de Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Paris, Seuil, 1995. • Yannapoulous, (T.), Martin, (D.), « Régimes militaires et classes sociales en Afrique », in Revue Française de Science Politique, vol. 22, n° 4, août 1972. Ouvrages sur le Cameroun •Abé, (C.), « Conflit, violence et gestion/régulation de la transition politique en milieu rural au Cameroun : les autorités traditionnelles à l'épreuve des élites politiques dans le lamidat de Rey Bouba », Association Africaine de Science Politique, Ouganda, mars 2006, à paraître. • Abwa, (D.), Commissaires et hauts-commissaires de la France au Cameroun (1916-1960): les hommes qui ont façonné politiquement le Cameroun, Yaoundé, Presses de l'UCAC, 1998. − Sadou Daoudou parle, Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2001. • Afrique contemporaine, « Cameroun-Nigeria: incidents frontaliers », n° 117, septembreoctobre 1981, pp. 24-25. • Ateba Eyene, (C.), Le Général Semengue : toute une vie dans les armées, Yaoundé, Clé, 2002. • Balencie, (J-M.), De la Grange, (A.), Mondes rebelles, acteurs, conflits et violences, tome I, Amérique, Afrique Paris, Michalon, 1996. • Barbier, (J-C.), « Tu es devant et nous sommes derrière », Politique africaine, n° 22, juin 1986, pp. 101-110. • Bayart, (J-F.), L'Etat au Cameroun, Paris, Presses de la Fondation Nationale de Sciences Politiques, 1985. − Préface de Joseph, (R.), Le mouvement nationaliste au Cameroun, Paris, Karthala, 1987. • Behalal, (A.), « Le Cameroun et la problématique des armes légères », deuxième séminaire national sur la mise en oeuvre du droit international, Yaoundé, mars 2000. • Belomo Essono, (P.C.), « La perception de l'Etat par le citoyen camerounais : le cas des vendeurs à la sauvette de la poste centrale et les paysans de Nkolbisson », in Les Cahiers de l'UCAC, Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2001, pp. 199-221. 493 − « Etat et logiques citoyennes de déconstruction et reconstruction au Cameroun », communication au congrès de l'Association Africaine de Science Politique, Yaoundé, juin 2001, inédit. • Benjamin, (J.), Les camerounais occidentaux: la minorité dans un Etat bicommunautaire, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1972. • Bityeki, (B.), Tcholliré la colline aux oiseaux, 1986. • Chouala, (Y-A.), Criminalité organisée et insécurité au Cameroun », in Enjeux, n° 9, octobre-décembre 2001, pp. 11-13. − « La crise diplomatique de mars 2004 entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale: fondements, enjeux et perspectives », in Polis, numéro spécial 2004 -2005, pp. 155-175. • Comi Toulabor, (M.), « Déclaration de Buéa », Politique Africaine, n° 51, 1993, pp. 139151. • Duval, (E-J.), Le sillage militaire de la France au Cameroun, 1914-1964, Paris, l'Harmattan, 2004. • Ebolo, (M.), « L'implication des puissances occidentales dans les processus de démocratisation en Afrique : Analyse des actions américaine et française au Cameroun (19891997) », Yaoundé, GRAPS, inédit. • Ebou , (S.), D'Ahidjo à Biya : le changement au Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996. • Eboussi Boulaga, (F.), La démocratie de transit au Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1997. – Ligne de résistance, Yaoundé, Clé, 1999. • Ela, (P.), Dossiers noirs sur le Cameroun, politique, services secrets et sécurité nationale, Paris, Pyramide Papyrus Presse, 2002. • Encyclopédie de la République unie du Cameroun, tome 2, Douala, Eddy Ness, 1982. • Eyinga, (A.), Introduction à la politique camerounaise, Paris, L'Harmattan, 1984. • Fogui, (J.P.), L'intégration politique au Cameroun : une analyse centre-périphérie, Paris, LGDJ, 1990. • Gaillard, (P.), Le Cameroun, tome 1, tome 2, Paris, l'Harmattan, 1989. – Ahmadou Ahidjo 1922-1989, Paris, Jalivres, 1994. • Joseph, (R.), Le mouvement nationaliste au Cameroun, Paris, Karthala, 1987. 494 • Kamto, (M.), « Quelques réflexions sur la transition vers le pluralisme politique au Cameroun », in Conac, (G.), (éd.), L'Afrique en transition vers le pluralisme politique, Paris, Economica, pp.209-236. • Kengne Pokam, (E.), La problématique de l'unité nationale au Cameroun : dichotomie entre discours et pratique dans un système monolithique, Paris, l'Harmattan, 1986. • Kobou, (G.), « Ajustement structurel et exclusion sociale: Une analyse fondée sur le marché du travail », in Sindjoun, (L.), (éd.), La révolution passive au Cameroun: Etat, société et changement, Dakar, Codesria, 1999, 101-155. • Konings, (P.), « « Le problème anglophone » au Cameroun dans les années 1990 », in Politique Africaine, n° 62, juin 1996, pp. 25-34. • Levine, (M.), La guerre buissonnière, Paris, Solar, 1970. • Malaquais, (D.), « Arts de feyre au Cameroun », Politique Africaine, n° 82, juin 2001, pp. 101-118. • Mbembé, (A.), « La palabre de l'indépendance: les ordres du discours nationaliste au Cameroun (1948-1958) », in Revue française de Science Politique, vol. 35, (3), juin 1885, pp. 459-487. – « Le Cameroun après la mort d'Amadou Ahidjo », in Politique africaine, n° 37, Paris, Karthala, mars 1990, pp. 117-122. – Naissance du maquis dans le sud du Cameroun : 1920-1960, histoire des usages de la raison en colonie, Paris, Karthala, 1996. • Mehler, (A.), « Cameroun: une transition qui n'a pas eu lieu » in Quantin, (P.), Daloz, (JP.), (éds.), Les transitions démocratiques africaines, Karthala, Paris, 1997. • Mkoum-me-Tseny, « A propos de la naissance du Cameroun, 1884-1914 d'Adalbert Owona », in Polis, vol, 3, 1, 1997, pp. 125-129. • Monga, (C.), « La recomposition du marché politique au Cameroun (1991-1992), de la nécessité d'un aménagement du monitoring électoral », GERDES Cameroun, 1992, pp. 3-52. • Mongo Beti, Main basse sur le Cameroun: autopsie d'une décolonisation, Rouen, Peuples noirs, 1984. • Mouelle Kombi, (N.), La politique étrangère du Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996. • Mveng, (A.), Histoire du Cameroun, Yaoundé, Ceper, tome 2, 1985. 495 • Ndembou, (S.), « La question de souveraineté nationale dans la partie septentrionale du Cameroun », in Enjeux, n°6, janvier-mars 2001. • Ndi Mbarga, (V.), Ruptures et continuités au Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1993. • Ngayap, (P.F.), L'Opposition au Cameroun, les années de braise, villes mortes et tripartite, Paris, 'Harmattan, 1999. • Nguiffo, (S.), « Le projet pétrolier Tchad-Cameroun entre risques et retombées », in Enjeux, n°12, juillet-septembre 2002. • Olinga, (A.D.), « La question anglophone dans le Cameroun d'aujourd'hui », in Revue Juridique et Politique, 1994, 3, pp. 292-308. • Oumaroudjam Yaya, L'ordre public : mission principale de la gendarmerie nationale (Cameroun), Paris, Karthala, 1998. • Owona, (A.), « Le nationalisme camerounais », in « Etude comparative des nationalismes contemporains », table ronde, 25-26 mai 1962. – La naissance du Cameroun, 1884-1914, Paris, l'Harmattan, 1996. • Owona, (J.), « L'institutionnalisation de la légalité d'exception dans le droit public camerounais », in Revue juridique et politique indépendance et coopération, n°1, mars-avril 1975, pp. 3-48. – Owona Nguini, (M.E.), Oyono, (J-B.), « Le commandement opérationnel: solution durable à l'insécurité ou régulation passagère? in Enjeux, n°3, avril-juin 2000, pp. 12-16. – « Intérêts américains, tensions sous-régionales, Cameroun-Guinée Equatoriale et manoeuvres dans le golfe de Guinée », in Enjeux, n° 18 janvier-mars 2004. • Oyono, (D.), Avec ou sans la France? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, Paris, l'Harmattan, 1990. − Colonie ou mandat international : la politique française du Cameroun 1919 à 1946, Paris, l'Harmattan, 1992. – « La seconde guerre du Golfe et les résurgences des « malentendus transatlantiques » : le dilemme camerounais », in Pondi, (J.E.), (ed.), Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonnneuve et Larose, 2003. • Oyono, (J-B.), « La forêt camerounaise, un enjeu stratégique? », in Enjeux, n° 5, octobredécembre 2000. • Pondi, (P .), La police au Cameroun, naissance et évolution, Yaoundé, Clé, 1988. 496 • Sah, (L.), « Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939) », Revue Française d'Outre-mer, T.LXIX, 2e trimestre 1982, n°155, pp. 130-139. • Sindjoun, (L.), « Le champ social camerounais: désordre inventif, mythes simplificateurs et stabilité hégémonique de l'Etat », Politique africaine, n° 62, juin 1996, pp. 57-67. – Le président de la République au Cameroun (1982-1996). Les acteurs et leur rôle dans le jeu politique, CEAN-Bordeaux, 1996. – La révolution passive au Cameroun: Etat, société et changement, Dakar, Codesria, 1999. Thèses • Ela Ela, (E.), « la politique de défense du Cameroun depuis 1959: contraintes et réalités », thèse de doctorat, Université de Nantes, octobre 2000. • Mballa Owono, (F.), « Des trajectoires d'une mobilisation durable: gestion des ressources et construction identitaire dans le séparatisme anglophone au Cameroun depuis 1990 », thèse en cours, Université Montesquieu-Bordeaux IV, Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux. • Thiriot, (C.), "Démocratisation et démilitarisation du pouvoir. Etude comparative à partir du Burkina Faso, Congo, Ghana, Mali et Togo », thèse de doctorat, Université MontesquieuBordeaux IV, Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, 1999. • Owona Nguini, (M. E.), « La sociogenèse de l'ordre politique au Cameroun entre autoritarisme et démocratie (1978-1996) les régimes politiques et économiques au gré des conjonctures et des configurations socio-historiques », Thèse de doctorat, Université Montesquieu- Bordeaux IV, Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, CEAN, 1997. • Sindjoun, (L.), « Construction et déconstruction locales de l'ordre politique au Cameroun : la sociogenèse de l'Etat », Thèse de doctorat, Université de Yaoundé, 1993-1994. Rapports, décrets et discours • Biya, (P.), Messages du Renouveau, tome 1 « triomphe de la promotion Vigil
de l'E.M.I.A », Yaoundé, 13 juillet 1984. • Cazeneuve, (B.), Avis n° 1114 présenté au nom de la commission de la défense nationale et des Forces armées sur le projet de loi de finances pour 1999 (n° 1078), tome 1, Affaires étrangères et Coopération, Paris, Assemblée nationale, 8 octobre 1998. • Cour Internationale de Justice, communiqué de presse du 10 octobre 2002. 497 • Décret n° 61-877 du 31 juillet 1961 portant publication des traités et accords conclus entre la France et le Cameroun le 13 novembre 1960, Journal officiel de la République française, 9 août 1961. • Décret n° 83/539 du 5 novembre 1983 portant création d'un Etat-major particulier du président de la République. • La constitution de la République du Cameroun, loi n° 96-06 du 18 janvier 1996. • « Le Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale: Mobilisation des Nations Unies pour la paix et la sécurité en Afrique centrale », Nations Unies, New York, 1997. • Les forêts du bassin du Congo, évaluation préliminaire, document inédit. • Loi n° 67 /LF/9 du 12 juin 1967. • Projet de loi de finances de la République du Cameroun pour l'exercice 1995-1996, Assemblée Nationale, 5e législature, année législative 1995/1996, 1e session ordinaire. • Rapport d'information n°1271 déposé en application de l'article 145 du Règlement pour la mission d'information de la commission de la Défense nationale et des Forces armées et de la commission des Affaires étrangères sur les opérations militaires menées par la France, d'autres pays et l'ONU au Rwanda entre 1990 et 1994, tome 1, Paris, Assemblée nationale, 15 décembre 1998. • Rapport de l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT-Cameroun): « le point sur le commandement opérationnel », 9 avril 2001, Communiqué n° 2001/08 ACATLittoral, 21 avril 2001. • Africa International, mars 2006. •
Afrique
Education, a
oût 2006.
•
, 15 octobre 2001.
•
Express, 17 décembre 2001.
•
oun
Pro
fond
, n 77, janvier 2006.
•
, 13 avril 1984. • Tribun , 28 septembre 1990. • Tribune, 25-26 décembre 1990
. 498
• Cameroun Tribune, 20 décembre 1990. • Cameroun Tribune, 28
juin 1991.
•
Cameroun
Tribun
e
,
14-15
Juillet 1991
.
•
Cameroun
Tribune,
19 dé
cembre 1991
.
•
Cameroon
Tribune
,
28 juin
1997
. • Cameroon Tribune, 12 décembre 2003. • Cameroun Tribune, 23 fé
vrier 2004.
•Cameroon Tribune, 18 août 2005. • Cameroon Tribune, 27 août 2004. • Cameroon Tribune, 7 mars 2005. • Cameroon Tribune, 13 décembre 2005. • Cameroon tribune, 3 février 2006. • Cameroon tribune, 3 février 2006. • Cameroon Tribune, 10 février 2006. • Cameroon Tribune, 16 février 2006 • Cameroon Tribune, 14 mars 2006. • Chronique Hebdo, 01 février 2000. • Eco finance, n° 48, octobre 2004. • Equinoxe 2005, ambassade de France au Cameroun. • Frères d'armes, revue de liaison de la coopération militaire et de défense, ministère des affaires étrangères, Paris, n°235, second trimestre 2002. • Jeune Afrique; – Foccart, (J.), Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, Tome I, Paris, Fayard, /Jeune Afrique, 1995. – Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard. Tome II, Paris, Fayard, /Jeune Afrique, 1997. – Tous les soirs avec de Gaulle. Journal de l'Elysée, I, 1965-1967, Paris, Fayard, /Jeune Afrique, 1997. –La France pompidolienne. Journal de l'Elysée-IV, 1971-1972, Paris, Fayard, / Jeune Afrique, 2000. –La fin du gaullisme. Journal de l'Elysée-V. 1973-1974, Paris Fayard / Jeune Afrique, 2001. • Jeune Afrique, 27 août -2 septembre 2006. • Gouvernance Alert, numéro 6, décembre-janvier 2001. • Institut Panos, Les attentats du 11 septembre leurs suites : Regards du sud, Analyse de la presse du monde arabe et de l'Afrique centrale, inédit, 2002. • Jeune Afrique l'Intelligent, 26 -1er novembre 2003. • Jeune Afrique l'intelligent, 5-11 décembre 2004. • La Lettre du continent, juillet 2004. • Le mois en Afrique, n° 235-236, août-septembre 1985. • Le Monde, 7 décembre 2002. • Le Monde, 12 février 2003. • Le Monde, 25 décembre 2003. • Le Monde, 25 mars 2004. • Le Monde, 21 août 2004. • Le Monde, 9 novembre 2006. • Le Monde diplomatique, juillet 1999. • Le Monde diplomatique, janvier 2001, • Le Monde diplomatique, juin 2002. • Le Monde diplomatique, novembre 2002. • Le Monde diplomatique, janvier 2003. • Le Monde diplomatique, mars 2003. • Le Monde diplomatique, juillet 2004. • Le Messager, 6 avril 1995. • Le Messager, n° 104, 1999. • Le Messager, n° 107. • L'oeil du Sahel, n° 36, 28 août- 4 septembre 2000. • L'oeil du Sahel, n°196, 10 avril 2006. • Le Nouvel Afrique-Asie, n° 57, juin 1994. • Le Nouvel Observateur, 10-16 juin 2004. • Le Point, 2 janvier 2004. • Le quotidien du peuple, 25 juin 2001. • Les Echos, 9 novembre 2006. • Mutations, n° 293. •Mutations, 1er août 2005. • Mutations, 6 décembre 2005. • Mutations, lundi 13 mars 2006. • Panapress, 18 juillet 2005.
ANNEXE 1 Carte du Cameroun 502 ANNEXE 2 Histoire du Cameroun
Avant 1884, Cameroun était le nom de Douala et sa région. En 1884, il devient un protectorat allemand. De 1919 à 1960 il est confié comme territoire sous mandat de la Société des Nations (SDN) pour être administré dans sa partie occidentale (ses 3⁄4) par la France et par le Royaume Uni (1/4). Après le régime de mandat, il sera confié aux deux puissances sous la tutelle des Nations Unies. Ainsi, depuis l'accord de tutelle signé à New York le 13 décembre 1946 jusqu'au 16 avril 1957, le pays va recevoir le statut de « territoire associé » et fera partie prenante de l'Union Française; ceci l'amène à suivre l'évolution des territoires d'outre-mer. A ce titre, la loi N° 56-619 du 26 juin 1956 autorise le gouvernement français à mettre en oeuvre les reformes et à prendre les mesures propres à assurer l'évolution des territoires relevant du ministère de la France d'outre-mer. Le statut de 1957 fait du Cameroun un « Etat sous tutelle » soumis au régime de la démocratie parlementaire. Il créait également une citoyenneté camerounaise et prévoyait le transfert des compétences en de nombreuses matières à l'exception (de la monnaie, de la défense, des douanes, du commerce extérieur, de la diplomatie). Ce statut va entrer en vigueur le 9 mai 1957 et A. M. Mbida sera désigné le 12 mai 1957 comme le tout premier chef de gouvernement camerounais et Ahidjo sera son vice Premier ministre. A la suite, le statut du 30 décembre 1958 demande au gouvernement français de modifier le statut du Cameroun de façon à reconnaître à l'Etat son option en faveur de l'indépendance lors de la cessation de la tutelle internationale et lui transmettre les compétences relatives à la gestion des affaires intérieures. L'assemblée législative vote le 20 octobre 1958 une résolution proclamant la volonté du peuple camerounais d'accéder à la pleine indépendance le 1er janvier 1960 et demande ainsi l'abrogation de la tutelle. Le 5 décembre 1959, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte une résolution fixant au 1er janvier 1960 la levée du régime de tutelle du Cameroun. A cette date, le 1er Ministre et chef du gouvernement camerounais Amadou Ahidjo proclame l'indépendance. Pour ce qui est de la tutelle anglaise, le Cameroun septentrional « Northern Cameroons » comprenait des territoires qui avaient appartenu autrefois au vieux royaume de Bornou et de l'Adamaoua, avant qu'on ne les partageât entre l'Angleterre et l'Allemagne en 1893. A la suite du partage franco-britannique en 1916, ces territoires furent rattachés à la 503 région septentrionale du Nigeria, en raison de la communauté de culture, d'histoire et de l'économie. Le Cameroun méridional « Southern Cameroons » quant à lui n'avait jamais été sous la domination des empires du nord. Le Cameroun sous tutelle britannique était donc administré comme partie intégrante du Nigeria avec lequel il partageait les systèmes politique, législatif, administratif et financier en vertu de la constitution Richards de 1946, de l'accord de tutelle du 13 décembre 1946 et de la constitution Macpherson de 1951. Toutefois la constitution Lyttelton de 1954 fixe le statut d'autonomie du Cameroun méridional. Il a été détaché de la région de l'est du Nigeria, doté d'un statut régional distinct dans le cadre de la fédération nigériane. Le 11 février 1960, le Cameroun sous tutelle anglaise opte par référendum pour le rattachement au Nord du Nigeria (60 %) et pour l'union avec la république du Cameroun au Sud (71 %).
| 10,732
|
26/hal.univ-lorraine.fr-tel-01776014-document.txt_10
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 3,333
| 5,901
|
La conclusion de Reynalda est sans appel, lonsqu'elle évoque la dédaration du président Landsbergis de Lithuanie, le 24 Aott 1.991: And the vety word socialism has become a foul word, anathema, another scar on history, like Nazism and the holocaust. We have become in the eyes of the world, the very horror that we had set out to drive off the face of the earth.l.-lAnd wether it is tme or a brilliant archipelago of lies, we are defeatedby it. For the msmsn1.112 Le regard de l'auteur sur les forces représentativesde la gauche, ou sur les évolutions des pays socialistesapparalt dans toute sa complexité. Il a traversé les pièces des annéessoixante-dix, inscrites dans la perspective d'une espérancede transforuration socialiste, au sein du mouvement du théâtre parallèle en plein essor.Le ton a drangé graduellement. Les pièces des années quatre-vingt sont largement critiques, et débouchent sur le doute, à l'orée de la décennie suivante. La place importante consacréeà Watching for Dolphins situe sa spécificité. Cette pièce dresseun bilan En privilégiant l'interrogation éthique à un moment crucial de l'histoire contemporaine, elle borne parfaitement la présente étude. Articulation, elle clôt une période dans laquelle l'histoire nationale britannique primait, dans l'oeuwe de l'auteur. S'appuyant sur les bouleversements éthiques engendréspar la chute historique du mur de Berlin, elle ouvre un champ nouveau de réflexion et de création. Elle interpelle toute une génération et foisonne de référenceshistoriques, humaines et politiques.
lll 11Ya1ç7iag for Dolphins, p.18. ll2 Y16sç6iagfor Dolphins, p.19. 370
Le ton pathétique de la longue introspection souligné, et rompu par les intenndes de l'ac{rice au piano. Llévocation de diverses périodes de sa vie perrret des ruptures de ton savoureuseset donne à la pièce sa dimension épique. La défaite, Provisoine esPère Reynalda, est d'autant plus amère qu'elle a été provoquée Par un sursaut international des forces conservatrices,d'autant plus agressif Pour un auteur britannique que son pays est au coeur de ce conflit, avec on:zearuréesde pouvoir thatchérien. 5-4- 4-l' adéquation contre aux réalités le thatchérisme : les pièces : Nous avons, à maintes reprises, situé l'enieu qui dessine un leitmotiv dans les pièces des annéesquatre-vingt. Bitter Apples avait, en 1979,révélé l'inadéquation des réponsesidéologiques offertes, à l'aube de la révolution conservatrice, aux signes de désagrégation sociale que représentent le chômage,llindividualisme et le désintérêt manifeste de la jeunessepour la politique. En recréant, en parallèle Trees in the Winil,la compagnie 7:84 permettait au public de mesurer les évolutions depuis 1968,année qui marquait un tournant historique de nature opposée. Les deux pièces publiées conjointement, écrites en L980, Saings anil Rounilabouss ll3, et Blood Red Roses,proposent, l'une, un regard ironique sur la sociétéindividualiste gagneusequi réduit les personnages plus humanistes au silence, l'autre, un examen du long processus socioidéologique conduisant à l'échec des travailleurs. La pièce décrit la dureté de la société,en annonçantdes heures sombres, avec la victoire électorale, en 1979,des coruervateuts,sur laquelle elle s'adtève dans la scène onze de l'acte deux. Puis, SUS, de Barry Keeffe complète ce tableau. L'action se déroule dans un commissariat, le même soir. L'annonce des résultats provoque la joie et le débordement des policiers qui interiogent un 'Scottish Criminal immigré des Caraibes. La pièce vise la loi intitulée lf 35lyipgs and Roundabouts, Acte l, dans son ensemble, et acte 2, scène 2, principalement. 371 fustice Bill'en cours d'examen. Mais elle fut écrite et créée à l'automne 1979,aumoment où le gouvernement Thatcher préparait également une politique sécuritaire pour les 'inner-cities'bientôt célèbre sous le vocable de'Sus-Laws', Sus étant Ïabréviation de suspectll4. Le délit de faciès est clairement exprimé. La pièce dresse un procès contre la politique de maintien de l'ordre, répressiveet raciste, du nouveau pouvoir. La comédie musicale Ndglrt 6;4es115interroge, Pour sa part, la notion de démocratie et le concept de iustice sous la domination du pouvoir politique, en sou tant la constitution britannique à l'examen de personnages variés, parfaitement typés sociologiquement, dans un cours du soir. Les pièces sur les luttes ouwières s'inscrivent dans un processusanalysé précédemment,qui met à chaque occasion en cause la politique économique, sociale et culturelle du pouvoir. Nous avons souligné la cohérence solidaire des tentatives sociales et culturelles de résistancell6. Qns Big Bloae, de ].Burrows, créée Par 7:84 England en Awil-Mai!981, et Rejoice!,de j.Mc Grath créée au Festival d'Edimbourg en aott, puis en tournée à l'automne 1982, interviennent dans deux champs précis. Evoquer la mine, au moment où M.Thatcher commence sa lutte. contre le syndicat des mineuns, rymbole de la résistance ouwière était une évidence pour ].Mc GrathlL7. La réponse de la Presse, Pour annoncer le spectade, et rendre compte de sa qualité, ainsi que de l'accueil dans les diverses régions minières, sera impressionnante. Le dossier est ridre, il inclut l'aficle célèbre du Sunday Telegraph Left with a Message, qui fait état des attaques concommittantes contre le théâtre politique développées par les nouveaux dirigeants de l'Arts Council of Great BritainrlS. Selonlrving Wardle duTimesz <<Blistering satire of that kind is uncommon in a production which leaves the brute facts speak for I I 4 supra, chapitre 4-3-3-Etat-armée-police,p.28G8. llSsupra, chapitre 3-5-2-le 10è anniversaire de la compagnie7:84 England. r 16supra, chapitre 3-S-solidaritésréciproques. ll7 supra,chapitre +l-l p.219. rtBi6i4p.ZZ3. 372 themselves and prefers to cultivate quiet irony, lusty vitality, and theatrical skill at ib most courageous.>>, tandis que Sandy Craig écrit dans Time oat z <<One of my theatrical higNights of 1980 was Burrows's fine, invigorating celebration of mining lile | I splendidly theatrical with some of the best mimed sequences I've seen.Exhilarating.>>119 Les archives contiennent également des échangesde courriers, lettres de solidarité, ou de préparation des représentationsdans des usines en lutte. Ils témoignent de l'action coniointe des forces d'opposition au gouvernement. Elles renferment également des documents internes du plus vif intérêt. Ainsi, des 'Notes on the background to venues' accompagnentle tableau des deux tournées,en Ecosseet au Pays de Galles. Elles permettent aux comédiens de préparer leur intervention en connaissant intimement leur public. Rejoice!, dont l'action est située en juin et juillet 1982à Liverpool, a été créée au festival d'Edimbourg du 24 aott au 5 septembre de la même année. ]ouée ensuite au théâtre man de Liverpool, dtt 7 au L8 septembre, elle sera enfin représentée32 fois en tournée, à Sheffield, Bradford, Keighley, Halifax etcjusqu'au 6 novembre. De brèves citations des témoignages deô journalistes illustreront le contenu antigouvernemental. Pour lohn Cliffor4 du Scotsman <<it's story is a socialist pastiche of "My Fair Lady")), êt la pièce offre <<a highly perceptive look at whafs happening in post-Falklands Britain>>. Gordon Parsons, dans le Morning Star du 9 septembre estime que le recours à l'artificialité de la comédiemusicale permet d'ironiser merveilleusement <<to expose the insanity of our present situation>>. Dans le Sunilay Stanilards du 29 aott, |oyce MacMillan avait apprécié <<a charming mellow little musical about political attitudes in Margaret Thatchey's England which has been playing to packedhouses.>>. ll96rç6ivgs de la CompagnieTzS4, Bib. de lUniv.de Cambridge. 373 Enfin, Ned Chaillet, dans leTimes du 30 aott, indiquait que : <<Reioicel achieves great engagement with the audience.>>Il exprimait son plaisir à savourer l'écriture vivante de l'auteur, dans <<he gives the bect lines to a Liverpool capitalisb>. laquelle On retrouvera M. Thatcher, associée au modèle de Big Brother, qr/elle impose, en Grande-Bretagneau bénéfice des multinationales, dans'massacre The Baby anil the Bathwatn. La pièce évoque notamment le organisé' des arts et des moyens d'expression. La question émergera au cours des ateliers organisés lors du festival populaire de Cape Breton, Nova Scotia, au Canada en Mai, 1987. La discussion associera nécessairementà l'action du gouvernement et au rôle de la CEE, évoqués d,artsThe Catclt,la politique, Profondément néfaste aux yeux de l'auteur, d'implantations militaires dans l'île de Skye et les Orcades. Les mêmes dangers touchaient certains territoires associés à l'Europ+ aux Portes du théâtrale d'eskimos Inuit Présenta un spectade qui.C.anada.Une troupe dénonçait les menacesde l'Otan visant à les déposs&er de leur territoire pour le militariser. Le parallélisme avec les bases de sous-marins nucléairesdans louest de l'Ecossecomplète ainsi les similitudes avec The Catch Enfin, les attaques gouvernementales directes, Pour empécher le Greater London Council de financer le tout dernier spectacle de la compagnie 7284England, All the Fun of the Fait, sont clairement dénoncéesdans le programme diffusé lors de sa créatiorL au théâtre Half Moon, à Londres, en Matt 1986z <<llBecauseof 7:&4opposition to /-/the values of the new ruthlessToryism//the Arts Councils mind was l"'l absolutely immovable.//This government and the present state of the country however cannot go on for ever' We look forward to rangessoen>1120 l?Q iaf12, appendice 2. 84. Ce nouvel exemple confirure qu'on ne peut isoler, dans la pratique de J.Mc GrattU le contenu des pièces de leur accomPagnementdidactique tel que les rencontres ou les Progftlmmes.'Le Premier Ministre aPParaîtra enfin, comme Personnage, en marionnette géante, accompagnantles policiers à cheval qui dispersent la manifestation écossaise à couP de gaz lacrymogènes, après les débordements du match de football symbolique dans la dernière partie de Boriler Warfare. M.Thatcher y tient un discours de combat annonçant une politique de soumission sans merci de l'Ecosse, sur lequel s'achève pratiquement le spectacle.La marionnette qui la représente prononce les paroles authentiques du Premier Ministre anglais. Néanmoins, l'attitude frondeuse des trois aeteurs, campés au milieu de l'espace scènique, symbolisant alors le peuple laisse espérer une r€volte. <<lltotheResistance,tothose who have had their lives distorted or destroyed so others could consume; to those who insist that co-operation rather than individual possessivenessis the better principle for the future happiness of humanity. May they survive, and that principle bring more ioy to the lives of more people.>>r2r l2lyç GRATI{J., Conclusionde la préfaceà The BoneWon't Brak, Edimbourg, Decembref989. 375
Les deux ouvrages sont caractéristiquesde deux décennies profondément différentes pour le théâtre alternatif. La citation, dédiée à l'esprit de résistance et aux victimes d'une politique impitoyable, donne le ton du second recueil de conférencesL'amertumede la défaite politique domine les quatre premières conférencesdont les titres marquent une oPPosition irréductible à l'orientation conservatrice nouvelle. Le premier chapitre, poisoning the Water, fait clairement référence à la parabole du titre de la pièce Fish in the Sea Il est accusateur.Il témoigne également de l'état d'esprit différent, désormais, dans la société britannique. La première partie de la conférencelzz constitue une analyse politique directe du pouvoir en place et de son offensive idéologique' ainsi que de la responsabilité du parti travailliste. Il aborde le rôle des minorités culturelles, ethniques ou sexuelles, du mouvement ouwier. Il dresse le constat des insuffisancesde l'Eurocommunisme, en vogue alors, à leur égard. En prenant ensuite la culture et l'interventionnisme en considération, l'auteur aborde la notion clef de cet ouwage : celle d'une nécessairerésistancevisant à reconstruire l'esprit de solidarité, détruit par l,idéologie individualiste prônée par M.Thatcher. ].Mc Grath analysealors, dans ce contexte, sa pièceloe's Drum, destinée à llEcosse,soumise à une offensive centralisatrice.L'étude associedans cet examen One Big Blcut et Night Class.La deuxième conférence étudie alors le reste de l'activité créatrice et militante de l'auteur dans la décennie quatre-vingt. Le titre Agninst the State reprend ironiquement l'accusation portée à l'encontre des compagnies de théâtre politique par l'Arts Council of Great Britain dans cette période. Dans la troisième conférence, intitulée Popular, Populist or Of The People,le ton est moins polémique, et l'analyse retrouve quelque petl déià, le caractèrethéorique de l'ouwage précédent' Cependant, les réflexions sur le concept de populaire, illustré par les spectaclesspécifiquesà chaquepublic que l'auteur a écrits, permettent de l22V7s Bone Won't Brealçp3-lO. 376 mesurer le degré d'intimité et de connaissancedu public que cette shatégie implique. Cette connaissanceest, malgré tout, située en référence, et en oppositiorç à l'idéologie individualiste dominante. Avec la quatrième conférence Wln Ncctts the SAS, le ton.reflète d'abord un sentiment de extrême, iustifié par quelques exemPles réels, puisque l'action culturelle'gouvernementale qu'illustre le titre devient un victimisation complot des services secrets contre la compagnie et l'auteur, dans un climat de guerre froide._La fin du chapitre révèle la volonté de l'auteur d,adapter son travâil créatif aux conditions nouvelles. Elles seront développées progressivement lors de la cinquième conférence Stanilarils, Values, Dffirences, puis surtout la sixième, Celebtation, Spectacle' Carnioal. Ces deux dernières conférences donnent sa richesse et sa perspective à un ouvïage dont le développement trahit une évolution du traumatisme immédiat à son dépassement esthétique. Le choc subi empêche d'abord une mise à distance théorique indispensable à l'analyse sereine productive d'un savoir et d'une esthétique nouvelle digne du précédent recueil. P.Holland, Qui avait accueilli j.Mc Grath, témoigne, au fil des conférences hebdomadaires de ce changement progressif de l,auteur. Les créations qui vont suivre cette publication sont le reflet d'une inventivité nouvelle, née de cette crise d'identité éthique cohfrontée à l'échec, qui parcourt l'ouvrage. Celui-ci est donc, au-delà des apparences premières, d.'uneimportance extrême. Cependant,the Bone Won't Break nous invite lui-même, dans ses deux derniers chapitres, à ne pas limiter la réflexion à l'état et aux variations politiques de la seule société britannique. L'analyse des évolutions éthiques et culturelles est plus vaste. Les exemples de réponses nouvelles aux mutations du présent proviennent de toute l'Europe ou d'Australie, et du monde anglo-saxon dans son ensemble.Ils donnent la mesure de la curiosité intellectuelle de l,auteur. Il analyse finlluence de la télévision sur la culture populaire, et son caractère globalement réducteur, notamment aux Etats-Unis' Le nombre important de compagniesde théâtre populaire interventionnistes 377 qu'il cite ensuite, aux USA, en Amérique latine, en Nouvelle-Zélande ou en Australie, perrret de dessiner,à l'usage des étudiants et du lecteur, les cohérencesd'une stratégie nouvelle, en réponse aux besoins nouveaux' Il les associe aux modèles européens avec lesquels il ressent des affinités éthiques et esthétiques, comme Ariane Mnouchkine, Jérôme Savary, ou Luca Ronconi. Il y aioute le cirque d'Oz, en Australie' dont les spectacles traduisent une cohérence festive proche. EclairÉepar cette perspectiveplanétaire,la relation de I.Mc Grath au thatchérisme permet de situer les facteurs de l'évolution chez l'homme engagé, que son honnêteté et son humanisme obligent à s'impliquer affectivement. S,il est sans concession,le recul qulil prend le protège ainsi du sectarisme sommaire.Il est paradoxal d'affirrrer que, quelque part, par ses outrances, la politique de M.Thatcher a contribué à enfanter une créativité nouvelle chez J.Mc Grath, pànnettant sa survie, dans un élan'nouveau qu'illustrent tour à tour les fresques écossaises,concomitantes des conférences,et du choc subi par f.Mc Grath, puis Wat ching fo' Dotphins. Le caractère intime, Personnel de cette pièce, et la date de sa création, au bout du cheminement de cette remise en cause, lui donnent la qualité d'écriture, l'élan pathétique, et l'originalité esthétique qui caractérisent ce dialogue entre le personnage et son piano. Si elle interroge ses certitudes marxistes, parallèlement malmenées dans la nouvelle décennie, elle dresse en parallèle un réquisitoire secondaire constant contre les forces éthiques de l'individualisme et du capitalisme. Il est donc logique que M.Thatcher soit prise à partie' lorsque Reynalda évoque la période contemPoraine : where was I? The 80s, I suppose. And the world turned upside down. Tearing ourselves aPart became our highest political activitY. Andineverypartofourlives,Wêwerecrushed:by T:Ï:':i:iÏ:.'Ë,:i:",i':î,-iï.:î:T some women like those in the mining communities 378 found some new strength. But on the whole, the Top People cracked the whip till we trotted round the ring and we were iumped through the flaming hoops. if we didn,t put out of the grass. They were bitter years. And hard to endure. what was coming at the end of the 80s wils something "1se'123 sur le la réflexion précède En offrant l'intégr alité de cet extrait, qui rôle de IURSS, nous Percevons au fil de la métaphore du cirque, la reconnaissancede l'efficacité de la politique conservatrice dure qui a su imposer sa loi sanspitié à un peuple désabusé.Il est intéressant de relever les seuls exemples de résistance que donne Reynalda. Ils confirment I'ouverhrre d'esprit de l'auteur aux composantesactives du corps social. Les mineurs, et surtout les femmes de mineurs, les homosexuels ont su préserver leur dignité et l'efficacité de leur démarche. Enfin, la métaphore du cirque n'est pas innocente, puisque les ultimes réflexions de l'ouwage The Bone Won't Break,néespartiellement de rencontres, lors de festivals et de visites au Canada, en Australie et en Nouvelle Zélande, avec le Cirque dOz avaient contribué à créer, chez Ïauteur le désir d'un retour au théâtre festif carnavalesque, et à ses origines médiévales, qu'il analyse dans sesdeux dernières conférences. ,symboliquement, la reprise, avec des modifications, de la pièce The Chwiot, the Staganil the Black,Black Oil,àGlasgow, de Mai à |uillet lgpl, puis au festival d'Edimbourg, s'est faite en alternance avec le cirque d'Oz que f.Mc Grath avait fait venir en Grande-Bretagne, sous un chapiteau loué pour la circonstance, entouré d'une fête foraine. On assiste ici à la mise en oeuwe du concept voulu Pour All the Fun of the Fair, mais, les manèges contribuent surtout à l'environnement festif. La métaphore des mystifications symboliques initiales sur les ieux de hasards que leur prÉsenceprétendait dessinerdans le spectaclede Londres est absentedans le cas présent. La célébration, le spectacle,le carnaval, pour reprendre le titre de la sixième conférenceà Cambridge, constituent le messagequi 123Y122ç6iagfor Dolphins, p.18. 379 accompagne cette Présence.Cet environnement festif matériel, s'il n'est pas perçal directement comme tel par le spectateur, constitue une icône de la communication théâtrale que le spectaclecherche à établir avec le public populaire. Intervenant après lohn Btown's fudy et Border Watfare, cette repf,is€ symbolique du premier spectade eilaciné dans une représentation esthétique des pratiques culturelles populaires écossaisesdessine un message,une carte de visite de l'éthique du théâtre populaire selon ]'Mc Grath. Au terme de ce chapitre, la longueur inévitable des analyses thématiques, et des illustrations qui les accomPagnent,reflète I'extrême richessedes intentions éthiques et culturelles de l'auteur. Leur traduction esthétique témoigne également de son importance. Néanmoins, il convient de rappeler, avant d'examiner l'apport de l'auteur dans ce domaine, |.Mc Grath a écrit l'essentiel de ses pièces populaires, enracinées,au sein du théâtre parallèle, dans le théâtre de tournée, Pour les ouwiers, ou pour les minorités régionalee et le peuple écossais,à partir de 1970-t Cette date est essentielle,puisqu-elle se situe dans les années immédiates après l'abolition de la censune,intetvenue en 1.968.N. Boireau analyse longuement l'influence néfaste de celle-ci sur le théâtre britanniquelz4. Au-delà des thèmes, la censure portait également atteinte à la langue employée.Lors du débat sur fabolition" Lord Annarç favorable à sa suppression déclarait notamment que la censurereprésente une réelle contrainte pour l'auteur soucieux de réalisme et de vérité. Les théâtres et auteurs qui désirent se renouveler sont freinés dans leurs efforts si, dans un souci d'authenticité, ils désirent utiliser un langage parlé par d'autres milieux sociaux que la bourgeoisie.On mesure à cet exemple, rapporté par N.Boireau, la difficulté que rePrésentait un tel obstade Pour f.Mc Grath' Cette hypothèse, qui complète celle de l'influence universitaire, explique Ûa7a64sr et Politiquechez les Frrtvains Anglais, 19561970' chapitre 2: "La créativité et ses entraves" 380 pourquoi la première partie de sa carrière se situait nécessairementdans un autre contexte, et s'adressait inévitablement à un autre public. NSoireau conclut à son tour, en examinant les pièces qui ont suivi la libéralisation du théâtre en Angleterre : <<Depuis, le théâtre anglais ne s'est pas montré plus outrancier qu'avant.>> Elle note, ensuite, l'intérêt accru Pouf les thèmes politiques et les problèmes idéologiques. Avec linfluence de la Nouvelle Gauche,la fin de la censure permettra l'éclosion du théâtre parallèle des années soixantedix. Il est évident que la suppression de cet obstacle a permis la pleine expression esthétique du choix éthique de f.Mc Grath. Nombre de ses textes auraient été précédemment interdits ou Partiellement censurés, pour leur contenu idéologique, ou Pour leur recours aux parlers régionaux ou ouvriers, indissociables du contenu dans un souci de communication intime avec le public populaire. Traiter ouvertement de la politique gouvernementale du moment et mettre en scène le Premier Ministre auraient été tout aussi impossibles. Avec le r,ecul,nous pouvons constater, à la suite de la plupart des analystesque nous avons cités, que M. Thatcher est Parvenue, malgré tout et assez ement, à faire taire l'essentiel de la critique, rétablissant de facto une censure économique fondée sur un discours idéologique intransigeant. L'importance des évolutions de l'Arts Council sous son gouvernement constitue donc un facteur essentiel dans la disparition quasi totale du théâtre politique et au-delà de l'essentiel du théâtre parallèle, pour ne citer que le domaine culturel qui nous concerne. D'autres causespounont, à l'évidence, être prises en considération Pour expliquer, dans ce contexte d'urgence, la rapidité et la profondeur des bouleversements superstructurels du Paysage culturel britannique, accompagnantles transformations tout aussi profondes des infrastructures socialesou économiques.
| 27,526
|
2011TOU20035_4
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,011
|
Enseigner et apprendre la grammaire : le cas de la phrase et de la ponctuation au cycle II
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,122
| 11,263
|
Dugas (2004 : 23-27) présente plutôt le point comme une ponctuation neutre qui ne sert qu’à séparer les phrases d’un texte en les terminant. Autrement dit, les phrases isolées ne prennent pas de point, du moins celles se trouvant dans des contextes tels que le titre d’un ouvrage, d’un chapitre ou d’un sous-chapitre. Il ajoute, par ailleurs, que par convention, toute phrase terminée par un point ou un signe de même rang (c’est-à-dire le point d’interrogation, le point d’exclamation ou les points de suspension) commencera par une majuscule. Son rôle et celui des points de rang semblable, de ce point de vue, se confondent. Ces derniers en effet sont en relation, de façon interne, avec la phrase qu’ils terminent – on interroge, on s’exclame et on laisse supposer des choses. Dans le cas où une phrase suit, ils servent également de démarcation de la phrase suivante. Dans le même ordre de valeurs, le point, lui, n’est pas vraiment considéré comme la conclusion d’une assertion, mais plutôt comme un séparateur de phrases. Souvent associé à la majuscule pour définir la phrase, le point peut cependant isoler des segments qui, selon Riegel, Pellat et Rioul (2006 : 87), ne correspondent pas à une phrase canonique et résultent d’effacements contextuellement contraints : Le jeu est dangereux. Je suis sûre que nous avons laissé des traces. Par ta faute. Nous en laissons chaque fois (Genet). En littérature contemporaine surtout, déclarent les auteurs, cet emploi du point sert à détacher un segment d’une phrase pour le mettre en relief : Seule Hélène Lagonelle échappait à la loi de l’erreur. Attardée dans l’enfance (Duras). Ou bien, le point sépare des termes en simulant le rythme de l’oral : 66 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase
Partie 1 Un
h
umour...
Un humour féroce
. Macabre.
Macabre
et
candid
e. Une sorte d’innocence. Clair. Sombre. (Sarraute). Drillon (1991 : 130-138) considère que le point marque non seulement la fin d’une phrase courte, longue, mal ou bien construite mais aussi la fin d’un syntagme. Il évoque par ailleurs l’usage stylistique du signe : l’auteur parle de point froid pour désigner l’usage du point constatif en avalanche dans des phrases courtes (pensons à l’incipit de L’étranger). D’autres usages du point sont indiqués par Drillon, notamment celui pour marquer l’abréviation de mots tronqués. Ce point, dit abréviatif, est néanmoins un signe à part selon Houdart et Prioul (2006 : 35). Malgré leur ressemblance certaine, le point et le point abréviatif ne sont pas le même signe. Le second signale qu’un mot est incomplet, abrégé. En général, on garde une, deux ou trois lettres initiales, et le point est mis pour le reste du mot. D’autre part, lorsqu’un mot abrégé vient terminer une phrase, le cas se pose très fréquemment avec « etc. », le point final absorbe le point abréviatif. Pour d’autres linguistes, comme Doppagne (1998 : 10-12) par exemple, le point est l’un des signes fondamentaux de la ponctuation, destiné à découper un texte en parties qui, dans une certaine mesure, se suffisent à ellesmêmes et forment des éléments que l’on nomme phrases. Convenablement employé, le point apporte à un texte une clarté qu’il n’aurait pas autrement. Il établit en outre un premier stade de division : « le point termine tout texte : phrase, alinéa, paragraphe, chapitre, livre. » Au point, considère l’auteur, correspondra toujours, dans le débit du lecteur, une pause de longueur variable déterminée par le contexte et les circonstances. Védénina (1989 : 9-11), de son côté, s’intéresse à l’unilatéralité du signe, le point étant effectivement toujours graphiquement orienté à gauche du segment, et relève diverses caractéristiques fonctionnelles. D’une part, une fonction syntaxique directement liée au sens : le point introduit une valeur modale objective. D’autre part, une fonction communicative : le point rend le statut de phrase à un fragment de texte non achevé. Par ailleurs, il est exploité dans la stylistique : le point sert non seulement de base au parcelle-
67 Chapitre
2
– Les signes de
phrase
et
leur utilisation
ment (c’est
-
à
-
dire
à éloigner les fragments du texte grammaticalement liés
) mais aussi de fin. Quant à Catach (1994 : 58-60), elle estime que le point est l’un des principaux signes de clôture marquant la disjonction entre les segments propositionnels. Il note, selon elle, que l’information est complète et que la situation est accomplie. Il est également ressenti comme notant une sorte de réalité objective, d’une sobriété allant parfois jusqu’à la raideur. D’autre part, en tant que marque de paragraphe, le point est le plus fort de tous les éléments du système, et sa valeur ne descend pas en deçà de la proposition. Enfin, Catach fait remarquer que l’usager s’investit plus complètement, se met en avant, s’impose à son interlocuteur avec le point final. 2.2.2 Point d’interrogation
Le point d’interrogation, jadis appelé percontativus (interrogatif en latin), puis point interrogant, existait déjà au XVIème siècle, époque à laquelle furent rédigés les premiers textes sur la ponctuation de la langue française. Il fut inventé dans les ateliers de copistes à l’époque carolingienne et « affectait la forme d’un point surmonté d’une volute légèrement inclinée vers la droite » (Houdart et Prioul, 2006 : 37). Bien qu’autrefois il fût souvent confondu avec le point d’exclamation (récemment créée), ce signe en forme d’hameçon (forme définitive donnée par les imprimeurs) et ses emplois sont aujourd’hui bien connus. Le point d’interrogation est la marque par excellence de l’interrogation. Tous s’accordent à ce sujet. Tous s’accordent également pour constater que cette interrogation peut être plus ou moins forte : de l’interrogation pure et simple, dans un dialogue, au simple marquage du doute ou de l’incompréhension, en passant par des questions rhétoriques. Causse (1998 : 205-206 ) surenchérit en indiquant non seulement que le point d’interrogation interpelle, sonde, consulte, interroge et souhaite capter l’attention, mais aussi qu’il s’adresse à quelqu’un, parle à l’autre, invective la collectivité. Le point d’interrogation peut aussi, selon l’auteur, signer un doute, une incertitude, 68 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1 une angoisse, une question métaphysique ; voire, plus prosaïquement, signifier une demande d’éclaircissement. Védénina (1989 : 13-14), elle, parle plutôt en termes de nuances affectives et d’attitude négative de la part du sujet écrivant lorsqu’elle évoque l’usage de ce signe. L’auteur précise que la valeur affective du point d’interrogation se manifeste surtout là où il est employé tout seul, hors de toute expression verbale. Védénina évoque trois procédés graphiques intensifiant l’affectivité d’une phrase : le cumul des symboles graphiques ; la combinaison des points d’interrogation et d’exclamation ; la segmentation avec présentation interrogative de chacun de ses segments. Mis entre parenthèses, le point d’interrogation joue également le rôle du commentaire où le narrateur met en doute la réalité des faits exprimés ou bien la vérité de tout ce qui vient d’être dit. Utilisé en tant que symbole graphique indépendant, employé en dehors de l’expression verbale, il sert parfois d’idéogramme pour le mot question. Toutes ces fonctions dérivées de l’emploi légitime et parfaitement symbolique du point d’interrogation sont aussi celles retenues par Popin (1998 : 35-36) et Doppagne (1998 : 33-34). Placer le point d’interrogation après une phrase, une proposition, un mot exprimant une interrogation directe (par la construction ou simplement grâce aux particules interrogatives, pronoms, etc.) fait aussi l’unanimité chez les grammairiens. En revanche, il ne termine pas nécessairement la phrase. Dans un récit par exemple, il arrive souvent que la proposition interrogative soit suivie de l’indication demanda-t-il, dit-il, fit-elle, etc. d’après Doppagne (1998 : 31-32). Dans ce cas, le point d’interrogation se met à la place logique où il doit se trouver, juste après la proposition interrogative. Dans l’hypothèse où plusieurs propositions interrogatives se juxtaposent, chacune sera marquée par le point d’interrogation lui correspondant et la question suivante commencera par une minuscule. Si, toutefois, elles posent la même question, ou si un choix est offert, Drillon (1991 : 345) suggère que seule la première prenne une majuscule, et qu’un point d’interrogation unique close l’énumération. Une proposition interrogative peut aussi, selon 69 Chapitre 2 – Les signes de phrase et leur utilisation Doppagne (1998 : 32), être insérée dans la phrase à la manière d’une incise. Le cas est fréquent pour la locution N’est-ce pas? Dans l’approche systémique du paradigme de la ponctuation de Catach (1994 : 61-62), à la place du point, et pouvant alterner avec lui dans la même position, on distingue trois autres signes de clôture dont le point d’interrogation. Selon l’auteur, ces points cumulent la valeur de pause logique (fin de phrase) et une valeur modale, à la fois syntaxique et intonative. Catach note par ailleurs, pour les points modaux surtout, que quantité de nuances rendues à l’oral par l’intonation n’ont pas de correspondant à l’écrit. Ainsi, en cas d’interrogation multiple, on réserve en général le signe à la seule position finale, précise l’auteur. L’interrogation indirecte enfin ne réclame pas le signe, et prend celui qui correspond à la tournure syntaxique utilisée, qui peut éventuellement être elle-même interrogative. 2.2.3 Point d’exclamation
Le point d’exclamation, l’un des derniers-nés de la ponctuation, a vu le jour vers la fin du XIVème siècle, introduit par l’humaniste florentin Salutati, « qui s’est probablement inspiré d’un signe hébraïque ou byzantin » (Houdart et Prioul, 2006 : 50). Il fut d’abord appelé afetuoso, puis point admiratif, point exclamatif et finalement point d’exclamation. Les emplois de ce signe de ponctuation sont aujourd’hui bien connus, bien qu’à ses débuts il fut souvent confondu avec le point d’interrogation. Dans le traité ancien de ponctuation (Dolet, 1540) en effet, il est écrit que le point d’exclamation diffère peu en figure du point d’interrogation, lequel selon l’auteur va s’arrondir pour lever l’ambiguïté et faire une place au nouveau venu, longiligne et aérien. Curieuse ressemblance graphique pour deux signes nés à presque six siècles de distance, à des époques si dissemblables, le haut Moyen-âge et la Renaissance. Le point d’interrogation avait été inventé, dans un contexte de recul intellectuel, comme une aide à la lecture des textes du passé ; l’admiratif est né lors d’une période d’essor des idées, qui réclamait des signes neufs pour s’exprimer. Simplifiant tous deux la tâche du lecteur et établissant avec lui un lien de complicité, ils ont des cor- 70 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1 respondances secrètes, « puisque leur traitement typographique et leur valeur syntaxique sont identiques et en font des compères » (Houdart et Prioul, 2006 : 51). Le point d’exclamation marque à la fois la fin de la phrase (signe de clôture) et la modalité exclamative. C’est du moins le point de vue que défend Catach (1994 : 63). Toutefois, si l’on suit Doppagne (1998 : 36), il est erroné de croire que ce soit là une règle. Le point d’exclamation, comme le point d’interrogation, peut se trouver à l’intérieur de la phrase. Et, employé à l’intérieur d’une phrase, il n’est pas obligatoirement suivi de majuscule, l’apparition de celle-ci lui ajoutant une charge supplémentaire (Catach, 1994 : 63). Drillon (1991 : 350) va encore plus loin dans la règle, notamment lorsqu’il dit que le point d’exclamation est indissociable des particules interjectives. Popin (1998 : 33-34), quant à lui, note qu’il existe une syntaxe spécifique de l’exclamation, avec l’usage de morphèmes exclamatifs. Ces morphèmes appartenant souvent à d’autres classes d’unités que celle des purs indicateurs de la modalité exclamative de la phrase, dits adverbes exclamatifs, l’oral (ou l’intonation subjective et intériorisée) vient nécessairement à la rescousse pour que ces propositions ne soient pas confondues avec la complétive. L’auteur précise par ailleurs que le point d’exclamation est compatible, à la fin de la phrase, avec divers autres signes, qu’il peut être répété, voire combiné avec un point d’interrogation. Selon Dugas (2004 : 37), le point d’exclamation est une sorte de codage de certains contours d’intonation de la phrase, semblable au procédé qui vaut pour l’interrogation. Il s’agit de traduire l’étonnement, la stupéfaction, la surprise, l’emportement, l’émerveillement, la peur, etc. C’est un signe plus pragmatique que syntaxique. De plus, le point d’exclamation indique non seulement l’apostrophe, le vocatif, le cri, l’injure, le juron, mais encore l’injonction, l’ordre et la défense. Toutes ces réactions personnelles et immédiates se retrouvent unanimement chez les auteurs. A cela Doppagne (1998 : 36) ajoute que le point d’exclamation joue son plein rôle de signe mélodique, notamment lorsqu’il ponctue, pour les rendre exclamatifs, des mots, des groupes de mots, des propositions ou des phrases. C’est 71 Chapitre 2 – Les signes de phrase et leur utilisation aussi cette piste mélodique que suivent Drillon (1991) et Damourette (1939). Qu’il intervienne dans la narration, les passages dialogués ou les pièces de théâtre, le point d’exclamation est dans tous les cas « la marque visible de l’oralité » (Houdart et Prioul, 2006 : 51). Védénina (1989 : 20), elle, définit le point d’exclamation plutôt comme traduisant l’état psychique du sujet parlant, dans toutes ses nuances. Il apparaît selon elle dans la phrase tantôt pour témoigner de l’état affectif d’une personne ; tantôt pour exprimer les émotions, passions, sentiments ; tantôt pour rendre la volonté. Par ailleurs, l’auteur précise que l’expression de l’affectivité et de la volonté est un acte à une seule direction qui n’a pas d’effet rétroactif. Le schéma Question-Réponse, valable pour l’interrogation, n’y joue aucun rôle, c’est pourquoi, dit Védénina, la valeur du point d’exclamation n’éprouve pas de changements importants quand il est déplacé du discours dialogue au monologue. Dahlet (2003 : 99-100), enfin, distingue le point d’exclamation en fonction de l’endroit où il se place, soit après un énoncé complet soit après un mot. Dans le premier cas, le point d’exclamation octroie à l’énoncé son haut degré. En d’autres termes, l’énonciateur qui produit une exclamative entend signifier le haut degré d’une propriété. L’auteur ajoute par ailleurs que le haut degré fourni par le point d’exclamation densifie le contenu sémantique à des fins argumentatives, lesquelles passent par la construction d’un espace de conjonction consensuelle. Dans le second, il y a opération de topicalisation, de sorte qu’est atteint le degré superlatif.
2.2.4 Points de suspension
Le XVIIème siècle a vu naître le point interrompu, première mouture des points de suspension : le nombre de points formant ce signe ne fut pas fixé d’emblée (Houdart et Prioul, 2006 : 62). En ces temps moins standardisés, il variait selon l’inspiration de l’auteur ou du typographe, pouvant aller jusqu’à six ou sept d’affilée. Comme l’explique au XVIIIème siècle le grammairien Grimarest (1707), le point interrompu, dans un dialogue, « sert à couper le sens d’une expression, par une nouvelle qui a un sens différent ». 72
Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1
Et l’auteur ajoute que « le discours peut être interrompu par la personne qui parle ou par celle à qui l’on parle ». Selon Houdart et Prioul (2006 : 63), le point interrompu intervient également pour reproduire – autant que faire se peut, à l’écrit – la gêne, l’hésitation, les accidents de la parole sous l’effet de l’émotion, de la surprise, d’un trouble quelconque. Dans tous les cas, complètent les deux auteurs, il marque un blanc momentané ou définitif. Sortant du strict domaine du dialogue, il va s’insinuer dans la narration et y occuper de nouveaux emplois : signal au lecteur que tout n’a pas été dit, que le sens est seulement suspendu, qu’il doit prolonger lui-même la phrase par l’imagination (op.cit). Du fait de cette évolution, il est rebaptisé au début du XXème siècle points de suspension, faisant par la même occasion passer ce signe du singulier au pluriel. S’il est bien un signe sur lequel les auteurs sont d’accord, c’est les points de suspension. Ils expriment l’inaccompli, le non-dit explicite et expressif, l’inachevé, l’encore à dire, bref l’expression incomplète d’une idée (Catach, 1996 : 63 ; Causse, 1998 : 198) ; Damourette, 1939 : 89). La phrase est laissée en suspens, pour diverses raisons : soit parce que le locuteur a été interrompu, soit parce que l’auteur veut marquer une pause ; il revient alors au lecteur d’imaginer la suite (Riegel, Pellat et Rioul, 1994 : 90-91 ; Colignon, 2004 : 101 ; Houdart et Prioul, 2006 : 72). Cette pause peut exprimer, par exemple, une hésitation du narrateur, une réflexion qui se prolonge, un sous-entendu, une indécision, toutes sortes de silences, une omission volontaire (d’un nom propre, d’un gros mot, etc.), un sentiment tel que la perplexité, les rêveries ou les méandres d’un monologue intérieur (Causse, 1998 : 199 ; Drillon, 1991 : 406-417 ; Catach, 1996 : 63-64 ; Dugas, 2004 : 42 ; Houdart et Prioul, 2006 : 64-71). Dans le dialogue, les points de suspension se placent parfois en début de phrase : ils servent alors de raccord avec ce qui précède. Par exemple, un interlocuteur qui a été interrompu par une intervention extérieure reprendrait sa phrase dans une deuxième réplique commençant par des points de suspension ou encore, ils peuvent lier de façon explicite les paroles de deux personnages, où le second termine la phrase du premier (Drillon, 1991 : 73 Chapitre 2 – Les signes de phrase et leur utilisation 413). Les points de suspension sont également utilisés dans les énumérations incomplètes pour signifier qu’il y aurait d’autres éléments à mentionner (Drillon, 1991 : 407 ; Riegel, Pellat et Rioul, 1994 : 91 ; Dugas, 2004 : 41 ; Colignon, 2004 : 102 ; Houdart et Prioul, 2006 : 65-66). Ils sont employés dans ce sens au lieu de etc. et ne doivent donc pas figurer à la suite de cette abréviation, car ce serait une répétition inutile. Certains auteurs vont plus loin dans la définition des points de suspension. Dahlet (2003 : 104-106) par exemple, les désigne comme étant certainement les plus ostensiblement interactifs des trois signes pragmatiques. Cela, parce que l’appel au consensus est hautement coercitif, justifie-t-elle. Si, poursuit Dahlet, dans presque tous les cas, les points de suspension se substituent à un dit, il s’agit pour le lecteur de restituer ce dit, ou en d’autres termes, de se le dire, de se le lire, de sorte que le scripteur donne le relais au lecteur, qui devient alors énonciateur du dit originellement manquant. Le recul de l’énonciateur-scripteur est inversement proportionnel à l’avancée du lecteur co-énonciateur. Doppagne (1998 : 39-42), lui, distingue trois valeurs des points de suspension : des valeurs prosodiques, des valeurs psycho-émotives et des valeurs d’appel. Dans les premières, les points de suspension marquent une rupture syntagmatique, dans la chaîne parlée. Cette rupture peut être due non seulement au locuteur lui-même mais aussi venir de son interlocuteur ou d’un événement extérieur. Dans les secondes, les points de suspension marquent une correction, une reprise, et constituent une sorte de rature orale traduite par écrit. La cause de ceci peut être psychologique et tenir à l’auteur ou à son personnage. Dans les dernières, les points de suspension invitent le lecteur à poursuivre une réflexion, à s’abandonner à une médiation ; ils ouvrent la porte à la rêverie, à l’imagination (valeurs poético-narratives). Les points de suspension peuvent aussi avoir des fonctions phatiques1. 1 La fonction phatique est la fonction du langage par laquelle l’acte de communication a pour fin d’assurer ou de maintenir le contact entre le locuteur et le destinataire (Dictionnaire de linguistique, Larousse).
74 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1 Pour
R
iegel
, Pellat et Rioul (1994 : 91), les points de suspension correspondent aussi à une suspension plus ou moins longue de la mélodie orale de la phrase, mais ne représentent pas nécessairement une rupture syntaxique, l’interruption qu’ils marquent pouvant se situer à n’importe quel endroit de la phrase. Il précise par ailleurs que, placés en fin de phrase, les points de suspension marquent une pause prosodique et syntaxique comme un point simple, mais ouvrent un prolongement sémantique. Sans marquer d’interruption réelle, les points de suspension peuvent aussi avoir un rôle stylistique. Tous les auteurs, enfin, sont unanimes sur le fait que la polyvalence des points de suspension rend très varié leur jeu avec les autres signes, les capitales et les espaces typographiques. Ils sont collés au mot qui précède et suivis d’une espace forte. Lorsque des points de suspension sont placés à la fin d’une phrase, ils tiennent lieu de ponctuation finale et se confondent avec le point. Ils se confondent également avec le point abréviatif ; bien que cela soit contesté par Drillon (1991 : 426). Les points de suspension s’associent souvent avec les points d’exclamation et d’interrogation, sans espace entre eux, formant alors une sorte de signe composite. Ils sont suivis d’une minuscule ou d’une majuscule, selon qu’ils terminent la phrase ou non. En milieu de phrase, les points de suspension cohabitent parfois avec une virgule.
2.3. A QUOI LA VIRGULE SERT-ELLE?
La virgule est l’une des plus anciennes marques de ponctuation. Son nom, sa forme ont beaucoup varié, mais elle a toujours été le signe le plus faible de segmentation de la phrase. « D’abord simple point en bas (comma ou subdistinctio), ce signe se renforce ensuite d’une virgule ou d’un trait, ou apparaît durant tout le Moyen-âge comme un simple trait oblique < / > (suspensivum), que l’on retrouve encore dans les imprimés au XVIème siècle » (Catach, 1998 : 64). La virgule reçut son appellation définitive des premiers imprimeurs : ceux-ci avaient fait leurs humanités et, considérant d’abord son aspect, choisirent fort à propos pour la nommer le mot latin virgula, « petite
75 Chapitre 2 – Les signes de phrase et leur utilisation baguette, rameau », dérivé du diminutif latin de virga, « verge, baguette » (
Houdart et Prioul, 2006 : 102 ; Causse, 1998 : 214 ; Doppagne, 1998 : 13). La virgule est, sans conteste, le signe de ponctuation le plus complexe. Ses emplois sont fort nombreux et variés tant sur le plan syntaxique que pour les nuances de sens qu’elle permet. La virgule est aussi le signe qui cause le plus d’hésitations et d’erreurs quand vient le moment de l’employer. Comme en témoigne Drillon (1991 : 145) : « De tous les signes de ponctuation, la virgule est le plus intéressant (à l’usage comme à l’analyse), le plus subtil, le plus varié. Son usage obéit à des règles absolues ; à des règles moins absolues ; à des règles pas absolues du tout. » A cela, l’auteur ajoute la double fonction de ce signe, directement déterminée par sa présence et son absence. Par sa présence, la virgule indique que les termes de fonction grammaticale sont équivalents. L’énumération et l’apposition sont les applications les plus simples de cette fonction. Mais, paradoxalement, elle indique aussi la différence des fonctions (groupes qui ne font pas intrinsèquement partie de la phrase de base, qui introduisent un niveau prédicatif secondaire, qui sont détachés du reste de la phrase, dans une position syntaxique plus ou moins inhabituelle...). Par son absence, la virgule indique que les fonctions grammaticales sont différentes (absence de virgule entre le sujet et le verbe, entre le verbe et l’adverbe, entre l’adverbe et la préposition, entre la préposition et la conjonction...). Elle indique, d’autre part, que les termes de fonction différente sont indissociablement liés. Thimonier (1970), dans son code orthographique et grammatical, établit trois principes majeurs d’occurrence de la virgule que Bessonnat (1991 : 3839), Drillon (1991 : 157) et Dahlet (2003 : 79) reprennent ultérieurement dans leurs travaux: le principe d’addition, le principe de soustraction et le principe d’inversion. Dans le premier, la virgule apparaît pour séparer des segments de fonction grammaticale équivalente, lorsque non reliés par un coordonnant. Dans le second, elle signale une apposition, une relative appositive ou une incise soustraite (ellipse). Dans le dernier, la virgule signale tout déplacement de segments de phrase par rapport à l’ordre canonique.
76 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie
1 « Ces trois cas ne recouvrent pas tous les cas d’emploi, bien entendu, mais représentent trois grandes directions qui permettent de se repérer » (Drillon, op. cit). Pour Doppagne (1998 : 13-18), non seulement la virgule est le plus important des signes de ponctuation, mais encore le plus délicat à employer à bon escient. Elle marque avant tout la juxtaposition et la coordination : elle a donc pour effet d’établir un détachement entre certains membres de la phrase ou du discours (elle détache le vocatif, l’apposé, le complément et le sujet en inversion, la subordonnée placée devant la principale, le nom...) ; et une séparation des termes de même fonction (elle sépare des sujets, des attributs, des objets directs et indirects, des compléments circonstanciels, des verbes...). Dahlet (2003 : 77), elle, soulève la complexité de ce signe séquentiel et ce pour trois raisons au moins : il est le seul signe à fonctionner en double et en simple ; il est aussi le seul, indépendamment de la dimension énonciative, capable d’opérer simultanément sur deux portées, interclauses et intraclause ; il est encore le signe syntaxique par excellence. Par ailleurs, l’auteur se concentre sur la suite [, et], « pierre angulaire dans la grammaire de Grevisse et les divers traités de ponctuation », qui, selon les cas de figure envisagés, est ou proscrite ou donnée comme facultative ou encore prescrite (2003 : 137-146). Dans son guide, Colignon (2004 : 17-39) classe la virgule parmi les principaux vecteurs de la ponctuation logique (avant le point et point-virgule) et considère qu’elle est le signe qui « exprime le plus la subtilité, la finesse d’esprit, l’acuité de l’intelligence, voire la ruse et la rouerie. » Ce signe intervient surtout dans les phrases où l’ordre logique des mots est rompu. Colignon rejoint ainsi, d’ailleurs, un des principes majeurs d’occurrence de la virgule établit par Thimonier, qui est le principe d’inversion. L’auteur précise que, en son emploi strictement grammatical, la virgule marque aussi une pause de faible durée à l’intérieur d’une longue phrase. Il complète par ailleurs que la virgule, par sa présence, confère à la phrase une signification très précise. Par son absence, en revanche, elle aboutit à des amphibologies
77 Chapitre 2 – Les signes de phrase et
leur utilisation et ambiguïtés
. D’autre part, Colignon explique les emplois de la virgule en faisant appel à différents critères, tels que la séparation des termes juxtaposés, « c’est-à-dire coordonnés sans conjonction – à condition qu’il s’agisse de mots ou de groupes de mots ayant une même fonction grammaticale. » ; des propositions relatives (en distinguant les relatives explicatives des relatives déterminatives, ou restrictives) ; de l’apposition ou de l’incise ; et ainsi de suite. Pour d’autres auteurs (Dugas, 2004 : 59-93, par exemple), les emplois de la virgule se répartissent en deux grandes catégories. Certains linguistes (Védénina, 1989 : 34-49 ; Catach, 1994 : 64-69) parlent même de deux signes de ponctuation distincts qu’ils nomment virgule simple (ou virgule plus) et virgule double (ou virgule moins). La première permet d’additionner des éléments, autrement dit de juxtaposer, de coordonner des mots ou groupe de mots qui ont le même statut grammatical, sans cependant recourir à une conjonction de coordination. Elle sépare ainsi des unités de même fonction grammaticale ou encore des propositions entières, et dans ce cas agit comme un mot coord
. La seconde fonctionne par paires, à la manière d’autres signes doubles comme les parenthèses, les accolades, les crochets ou les tirets (plus discrets et de valeur moindre). Elle permet d’ajouter, d’extraire ou de déplacer des éléments non essentiels à la phrase, voire optionnels (sujet ou objet, complément circonstanciel, incise, relative, etc.). A cela, Catach (1994 : 68-69) ajoute la participation de la virgule, par ses fonctions logiques, intonatives, grammaticales, affectives, à la construction du sens de la phrase écrite. Et met en avant le débat dit « des deux relatives » que reprennent largement les linguistes d’aujourd’hui au sujet de ce signe. De son côté, Zemb (1978 : 851) appelle la virgule double virguleparenthèse : « Qui parle de virgule-parenthèse se doit de distinguer ouverture et fermeture. Les lois d’absorption des signes de ponctuation veulent que la virgule initiale ou la virgule final puissent faire défaut, leur fonction étant assumée par des signes de rangs supérieurs... ». L’auteur soulève en outre la confusion souvent faite entre la virgule double et la virgule simple.
78 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1
La raison de cette confusion est le fait que tout mot ou groupe de mots encadré de virgules, quand il est dans le corps d’un texte, perd la virgule initiale s’il est au début de la phrase ; de la même manière, la virgule finale tombe quand le mot ou groupe visé termine la phrase. Quant à Pour Riegel, Pellat et Rioul (1994 : 89-90), ils décrivent trois emplois de la virgule: l'emploi de la virgule entre des termes de même fonction, l'emploi de la virgule entre des termes de fonctions différentes et l'emploi stylistique de la virgule. L'emploi de la virgule entre des termes de même fonction renvoie à la coordination. L'emploi de la virgule entre des termes de fonctions différentes fait référence à plusieurs types de structures. Le premier type de structure comprend l'apostrophe, l'incidente et l'incise : « Groupes qui ne font pas intrinsèquement partie de la phrase de base ». Le deuxième type de structure est constitué de l'apposition et la relative explicative : « Groupes qui introduisent un niveau prédicatif secondaire ». Le troisième type de structure comprend le terme détaché en tête ou en fin de phrase, le complément circonstanciel placé en tête ou au milieu de la phrase, le complément de verbe ou de nom placé en tête de la phrase et la proposition subordonnée placée en tête de la phrase : « Groupes qui sont détachés du reste de la phrase [...] ». Le quatrième type de structure n'est composé que de l'ellipse : « Groupes syntaxiques différents rapprochés à la suite d'une ellipse ». Le cinquième type de structure regroupe les répétitions : « Mots ou groupes de mots répétés ». Enfin, l'emploi stylistique de la virgule se rapporte aux situations où « la virgule n'est pas exigée par la syntaxe ». 79
Chapitre 2 – Les signes de phrase et leur utilisation RESUME
De ce chapitre nous retenons que la phrase, unité théorique, se dis- tingue de l’énoncé, unité communicative. Les différents critères (intonatif, graphique, sémantique, syntaxique) ne permettent pas de définir correctement la phrase. En revanche, la théorie des trois points de vue ou les trois niveaux de structuration permettent de rendre compte de cette unité, bien que le point de vue énonciatif ou informatif pose un certain nombre de problèmes (terminologiques, conceptuels, de découpages). Les variations de fonctionnement de la phrase dans le cas de l’oral et de l’écrit ont conduit certaines recherches à abandonner ce concept de phrase au profit de celui de période ou d’énoncé. Or, les travaux de Bally, Benveniste et bien d’autres ont permis de montrer, très tôt, que ces unités de l’oral demeurent des phrases bien qu’elles soient incomplètes ou segmentées. Actuellement, les deux conceptions de la phrase s’opposent parmi la communauté des linguistes. Certains effectivement préfèrent conserver le concept de phrase à l’oral et à l’écrit alors que d’autres souhaitent ne pas parler de phrase à l’oral mais préfèrent utiliser le terme de clause ou de période. Nous nous rallions à la position de ceux qui considèrent la phrase comme unité de l’écrit et de l’oral. Mais il est clair que la notion de phrase en linguistique ne fait pas l’objet d’un consensus. Pour ce qui concerne l’analyse des fonctions des différents signes de phrases, nous retenons pour l’essentiel que le point final est un signe de clôture ; le point d’interrogation une marque de l’interrogation directe ; le point d’exclamation une marque de fin de phrase, indissociable de l’interjection les points de suspension non seulement une marque de suppression d’un mot, d’une partie de mot, mais aussi une marque d’interruption brusque dans un dialogue ainsi qu’une réplique muette, tantôt matérialisant les accidents du langage, tantôt créant un effet d’attente en cours de phrase, tantôt laissant le sens ouvert en fin de phrase. Quant à la virgule, plutôt un signe logique qui soit coordonne des éléments grammaticalement équivalents (adjectifs, substantifs, verbes, propositions) ; soit coopère avec les conjonctions de coordination dans certains cas ; soit isole du reste de la phrase les propositions explicatives, les incidentes, les incises, les apostrophes, les appositions, etc. 80 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase
CHAPITRE Approche psycholinguistique de la ponctuation SOMMAIRE
3.1 Développement de la ponctuation et de ses emplois à l’écrit... 83 3.2 Fonction des signes de ponctuation en production de texte..... 93 3.3 Travaux sur les représentations du système de ponctuation.. 101 Résumé............................................................................................. 105
81
Partie 1 Chapitre 3 – Approche psycholinguistique de la ponctuation
a ponctuation est, du point de vue de la linguistique, définie comme un ensemble de signes visuels d’organisation et de présentation accompagnant le texte écrit (Catach, 1980). Elle comprend une quinzaine d’éléments graphiques sans correspondant phonémique. Ces éléments graphiques discrets sont considérés par les linguistes modernes (Catach, 1980 ; Fonagy, 1980 ; Perrot, 1980 ; Tournier, 1980) comme des unités linguistiques à part entière, baptisés ponctèmes (Favart, 2005 ; Paolacci et Favart, 2010). Ils sont, pour une partie d’entre eux, hiérarchisés selon le degré de rupture qu’ils induisent dans le texte : alinéa > point > point-virgule > virgule > absence de signe (Damourette, 1939 ; Damourette et Pinchon, 1940 ; Tournier, 1977, 1979). Cette hiérarchie s’inscrit dans les fonctions syntaxique (Tournier, 1980 ; Catach, 1985 ; Védénina, 1989 ; Anis, 1988), énonciative ou polyphonique (Védénina, 1989 ; Anis, 1988) et sémantique de la ponctuation (Védénina, 1989), étroitement liées entre elles (Favart et Passerault, 2000 ; Paolacci et Favart, 2010). Ces acquis, certes essentiels, sont insuffisants en l’état actuel de la recherche car ils ne portent que sur les aspects les plus normés de la ponctuation (Fayol, 1989). Qu’en est-il de sa structure et de son fonctionnement chez le sujet tout-venant? Ce système fait-il l’objet chez l’enfant d’une lente et progressive acquisition dans son utilisation? Pour voir se développer des recherches sur ces questions, il a fallu attendre une période relativement récente (Passerault, 1991 ; Coirier, Gaonac’h et Passerault, 1996). En effet, la ponctuation, jusqu’alors fort peu étudiée par les psycholinguistes (comparativement aux très nombreux travaux traitant, par exemple, des pauses à l’oral ou des pronoms relatifs à l’écrit), a donné lieu ces trente dernières années à une série de recherches en psycholinguistique. Nous ne présentons ici que les recherches francophones portant sur les cinq premières années de la scolarité élémentaire (du CP au CM2), en reprenant, pour les décrire, les synthèses qu’en ont proposées Fayol (1989, 1994), Passerault (1991) et plus récemment Favart (2005). La présentation des recherches sur l’acquisition de la ponctuation fait l’objet du premier volet de notre synthèse, montrant de quelle manière les 82 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1 enfants, lors de la mise en place de l’écrit, s’approprient et utilisent les marques de ponctuation. Un état des recherches sur les aspects fonctionnels de la ponctuation dans l’acquisition de la production est présenté dans le second volet, mettant l’accent sur les activités de linéarisation et de planification du texte écrit. Les dernières recherches enfin, concernant la façon dont les enfants se représentent les fonctions des différentes marques, forment le dernier volet de notre réflexion. 3.1 DEVELOPPEMENT DE LA PONCTUATION ET DE SES EMPLOIS A L’ECRIT
Les travaux consacrés au développement de la ponctuation et de ses emplois portent sur la production libre de textes par les enfants. Certains chercheurs (Simon, 1966 ; Lurçat, 1973 ; Schneuwly, 1988 ; Chanquoy et Fayol, 1991) ont étudié des descriptions d’activités familières tels que le voyage, l’école ou encore le jeu de cache-cache. La description est assurément un des types de séquences1 textuelles particulièrement intéressant dans la mesure où « [...], décrire, c’est passer de la simultanéité de l’objet envisagé à la linéarité du discours. Or la description possède une structure hiérarchique non linéaire, en conflit, de ce fait, d’autant plus net avec la contrainte de la linéarité linguistique » (Adam, 1989 : 61). L’énumération des parties et/ou des propriétés d’un tout sous la forme d’une liste simple est certainement le degré zéro de la description (Adam, 1990 : 88). Les principales caractéristiques linguistiques de ce type de structures séquentielles concernent « [...] les substituts, les reprises, le vocabulaire connotatif ou dénotatif en rapport avec le thème » (Blain, 1995 : 37). D’autres (Fayol, 1981 ; Chanquoy et Fayol, 1991) ont plutôt étudié des narrations à partir de déclencheurs tels qu’une image, une conversation ou encore une histoire vécue. Les grammaires de récits (Adam, 1984 ; Denhière, 1984 ; Fayol, 1985 ; Mandler et Johnson, 1977) définissent ce type de structures séquentielles comme constitué de sept catégories concaté- 1 « La séquence, unité constituante du texte, est constituée de paquets de propositions (les macro-propositions), elles-mêmes constituées de n propositions » (Adam, 1993). 83 Chapitre 3 – Approche psycholinguistique de la ponctuation nées (cadre, événement initial, réaction, but, tentative, résultat, fin).
Les principales caractéristiques textuelles qui distinguent le type narratif sont « [...] la présence d’au moins un personnage qui pose un certain nombre d’actions dans le temps et dans l’espace. Ces actions sont en relation de cause-conséquence et se situent dans un début, un milieu et une fin » (Blain, 1995 : 36). D’autres enfin, comme Schneuwly (1988) par exemple, ont étudié les structures textuelles de type argumentatif. L’objet des textes argumentatifs est « [...] soit de démontrer, soit de réfuter une thèse. Pour ce faire, ils partent de prémisses [...] censées incontestables, et ils essaient de montrer qu’on ne saurait admettre ces prémisses sans admettre aussi telle ou telle conclusion – la conclusion étant soit la thèse à démontrer, soit la négation de la thèse de leurs adversaires –. Et, pour passer des prémisses aux conclusions, ils utilisent diverses démarches argumentatives dont ils pensent qu’aucun homme sensé ne peut refuser de les accomplir » (Définition de Ducrot citée par Adam, 1990 : 88). Les principales caractéristiques linguistiques de ce type de structures séquentielles sont « [...] la présence d’articulations d’énoncés qui sont rendus explicites par des marqueurs de relation et d’organisateurs textuels, la présence de discours rapportés et de marques de modalités » (Blain, 1995 : 37). Comme nous l’avons précédemment noté, les chercheurs de ces travaux se demandent de quelle manière les enfants de l’école primaire s’approprient et utilisent le système de ponctuation en production de texte. Soulignons que ces derniers, à de rares exceptions, portent uniquement sur le point (et ses variantes), ou sans majuscule, et la virgule (Passerault, 1991).Voici, dans les lignes qui suivent, leurs résultats brièvement résumés. 3.1.1 La ponctuation dans la description
Simon (1966) est l’un des premiers en France à s’être intéressé au développement de la ponctuation, dans le cadre d’une étude longitudinale portant sur l’évolution de la phrase écrite chez l’écolier. Dans cette perspective génétique, en effet, le chercheur demande à des enfants âgés de 6 à 10 ans de 84 Etat des connaissances scientifiques en matière de ponctuation et de phrase Partie 1 décrire un voyage qu’ils ont effectué. L’étude, conduite sur 250 rédactions, amène Simon à la conclusion que la ponctuation serait un instrument de l’organisation de la pensée (Simon, 1973 : 209). Dans un premier temps, les données recueillies indiquent que la ponctuation est absente jusqu’au CE1 ; incorrecte et incertaine jusqu’au CE2 (la virgule principalement) ; correcte au CM. Par ailleurs, le parallèle de cette évolution avec les stades décrits par Piaget laisse supposer que l’apparition du point coïnciderait avec le déclin de la période d’égocentrisme, tandis que celle de la virgule traduirait un niveau supérieur de l’organisation de la pensée. Si en première année de primaire les enfants omettent la ponctuation, Simon pense que, dès le départ, elle ne leur est pas nécessaire bien que le rôle qu’elle joue leur est accessible. A ce niveau scolaire, seuls des cas de ponctuation enseignée sont observés. En deuxième année de primaire, lorsque l’enseignement est donné, le point apparaît ; il apparaît dans des phrases qui constituent une unité temporelle d’action. Les guillemets sont quelquefois présents mais, s’ils indiquent bien le passage du discours direct au discours indirect, leur usage n’est pas précis. A ce niveau donc la ée s’organise temporellement. En troisième année de primaire, l’emploi du point devient correct. La virgule fait son apparition dans les productions, avec toutefois des interférences entre son usage et celui du point. Ces interférences rendent leur utilisation fréquemment ambivalente, voire concurrentielle. D’autres signes de ponctuation apparaissent : les deux points et le point d’exclamation. Tous deux sont toujours utilisés de manière correcte. Le point d’exclamation est toutefois « le seul signe de ponctuation dont l’emploi ne soit pas une obligation, [...] c’est aussi le seul dont la signification soit exclusivement d’ordre affectif. Son apparition traduit le besoin de communiquer à autrui une intention qui ne s’exprime que partiellement par la parole » (Ibid. : 217). C’est à ce niveau scolaire que s’effectue l’acquisition. En quatrième et cinquième année de primaire, l’utilisation de la virgule devient progressivement correcte.
85
Chapitre 3 – Approche psycholinguistique de la ponctuation
Une baisse générale de la ponctuation à la fin des textes est par ailleurs observée. Selon Simon, elle est consécutive à une baisse du niveau de vigilance des enfants. A l’issue de ces résultats, le chercheur conclut que plus la pensée de l’enfant est claire et organisée plus la ponctuation est structurée. Autrement dit, la ponctuation passe d’une intégration dans un système à valeur de signalisation (indiquer les coupures dans le texte, signaler les groupes d’action) à un système à valeur plus symbolique (indiquer, à l’aide de signes différents, les ruptures de la pensée). Cette relation entre la ponctuation et la structuration progressive de la pensée est également proposée par Lurçat (1973, 2007) dans les descriptions produites sur le thème de l’école par 114 enfants issus des cinq niveaux d’une école primaire (CP au CM2). Comme Simon, le chercheur considère qu’il est difficile de dissocier la ponctuation de l’organisation progressive du langage écrit, car elle constitue, selon elle, un support à la mise en ordre des idées : « [...], suivre les étapes d’acquisition de la ponctuation, c’est suivre les étapes de la mise en ordre des idées » (Lurçat, 2007 : 221). Lurçat précise, par ailleurs, qu’en langage écrit « Le découpage du texte correspond à deux nécessités : une nécessité physiologique – reprendre son souffle ; une nécessité intellectuelle – le découpage du texte qui est en rapport avec l’enchaînement des idées » (Ibid. : 220). L’analyse des marques de ponctuation montre que, dès le CP, le point rythme l’énumération ou sépare des séquences de pensée (Ibid. : 226).
| 50,582
|
43/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00660333-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 9,337
| 15,017
|
Déplacements et sélection d'habitat chez les animaux non contraints par la reproduction : une étude de l'écologie en mer des Manchots durant les phases d'immaturité et inter-nuptiale Spécialité Écologie École doctorale Diversité du Vivant
P
résent
ée par Mr. THIEBOT Jean-Baptiste
Pour obtenir le grade de DOCTEUR de l'UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE Sujet de la thèse : Déplacements et sélection d'habitat chez les animaux non contraints par la reproduction : une étude de l'écologie en mer des Manch
ots
durant les phases d'immaturité et inter-nuptiale Sou
tenue
le
27 Ja
nvier
2011
devant le
jury
composé
de : M.
BOST Charles
-
André M. WEIMERSKIRCH Henri M. WILSON Rory P. M. GEORGES Jean-Yves M. SARRAZIN François – – – – – Directeur de thèse Co-directeur de thèse Rapporteur Rapporteur Examinateur – – – – – CR1 CNRS, CEBC DR2 CNRS, CEBC Prof. Swansea University CR1 CNRS, IPHC Strasbourg Prof. UPMC, MNHN CNRS
Tél. Secrétariat : 01 44 27 28 10 Fax : 01 44 27 23 95 Tél. pour les étudiants de A à EL : 01 44 27 28 07 Tél. pour les étudiants de EM à MON : 01 44 27 28 05 Tél. pour les étudiants de MOO à Z : 01 44 27 28 02 E-mail : [email protected] Contact du laboratoire d'accueil : Centre d'Études Biologiques de Chizé, UPR 1934 du CNRS Villiers-en-Bois, 79360 Beauvoir-sur-Niort Téléphone : +33 5 49 09 61 11
En ces heures de veille, d'autres épouses doivent avoir le même regard, le même sourire, la même indulgence, la même patience à l'égard de ces énergumènes qui vont appareiller. () Peu de femmes consentiraient à vivre avec des mabouls comme nous, toujours sans le sou, toujours absents, toujours prêts à repartir, toujours obsédés par nos prochains bateaux et nos futures courses. () Leur en fait-on voir avec nos foutus caractères et nos folles ambitions
! Michel Malinovsky
Photo de couverture : un groupe de gorfous sauteurs subtropicaux Eudyptes moseleyi à l'approche de l'île Amsterdam, au terme de leur phase inter-nuptiale passée en haute mer (JB
Thie
bot)
Remerciements Le document que vous tenez entre vos mains est le fruit d'un travail passionné. Et si la thèse représente une aventure, il s'agit bien d'une aventure vécue en équipe : dans mon cas, cette équipe est celle qui m'a soutenu depuis les prémices de cette aventure, en 2005 Je remercie donc en tout premier lieu Charly Bost, qui a choisi pour thésard un hère un peu déboussolé au sortir de son hivernage. Dix-sept mois à l'abri du monde, suivis de deux autres mois en mers lointaines, de quoi franchement mettre le cerveau de côté et s'éloigner du Master 2. Tu as pris le risque de mon profil atypique, alors que ton financement aurait pu être attribué à un jeune et fringant diplômé, sois-en remercié. J'espère sincèrement avoir été à la hauteur de tes attentes! Deuxième remerciement. Celui-ci est difficile à attribuer par ordre de mérite Alors disons qu'en début de thèse, il est grandement apprécié d'être guidé dans ses démarches: mille mercis en conséquence à Marie Donatien, qui m'a été d'une aide incroyable à l'Ecole Doctorale EDDV, depuis le tout début jusqu'à la toute fin de cette thèse. Merci de tant vous démener pour "vos" étudiants. J'adresse également tous mes remerciements aux membres de mon jury, qui me font l'honneur de relire ce manuscrit et de se déplacer pour m'écouter présenter ce travail : Rory Wilson, Jean-Yves Georges, François Sarrazin. J'espère réussir à vous intéresser à ces travaux autant que je l'ai été. Ma conviction de vouloir faire une thèse s'est indéniablement affirmée pendant mon hivernage : je remercie donc Matthieu Authier, mon illustre prédécesseur sur l'île du printemps éternel, qui m'a appris tant et tant là-bas puis à Chizé. Mais si Matthieu! Good sauce! Merci également aux deux Olivier de cet hivernage, pour avoir souvent été les précieux accompagnateurs de manips dont on se souviendra longtemps (Del Cano, Fernand) : chapeau bas messieurs! Clin d'oeil aussi à mon successeur Mimine, qui a tenu bon malgré mes exigences peut-être pas adaptées à un nouvel arrivant J'allais presque oublier que je dois cet hivernage et cette thèse, au moins en partie, à Henri Weimerskirch, en fait, à qui globalement je présente mes excuses pour toutes mes galéjades. J'espère qu'on s'entendrait bien même s'il n'y avait pas de chocolat dans mon bureau Charly m'a permis de retourner faire du terrain : hé oui, quand on étudie les macaronis, il faut mettre la main à la pâte. L'occasion de (re-) faire le plein de bons copains: Monsieur Yohan, grand oiseaulogue devant l'Éternel, de même que Julien, Régix, JB cha-man, Guillaume et puis bien sûr, Princesse Clara! Ha, celle-là, dommage que ce ne soit pas la saison des cerises Merci pour ta bonne humeur, ton exigence scientifique (et tes scripts). J'espère qu'un jour tu en verras plein, de sp enfin, de cachalots. La deuxième mouture de
terrain
a
vu le sacre de
Karin
e
et Aur
élien comme
"personnes de bonne humeur et
d
'efficacité redoutable". À renouveler sans modération! (disait-elle) Et puis l'impensable s'est produit, voilà qu'un ange est arrivé du ciel et m'a emmené sur son petit nuage depuis cette soirée "Soleil" Tu m'as permis de tenir le choc de la fin de thèse, merci à toi Sabrina, sincèrement. J'espère seulement pouvoir te rendre la
pareille dans le futur. J'avais pourtant dit que je ne ferais pas plus d'une page Mais au labo rien n'est possible sans l'aide précieuse et féerique de Dominique! Merci aussi à Yves pour ton enthousiasme communicatif sur nos travaux et pour tes relectures minutieuses et constructives de mes manuscrits ; à Christophe Barbraud, pour la passion des obs en mer et des bonnes choses en général, en toute simplicité ; à Christophe Guinet, pour s'être décarcassé comme Ducros pour moi, pour son humanité ; à André Mariani pour sa disponibilité (une denrée bien rare), l'équipe du restaurant, et Delphine, Evelyse, Jean-Jacques et l'équipe du CAES pour maintenir les échanges sociaux et culturels à Chizé. Merci à Phil Trathan, du British Antarctic Survey, pour ses conseils sur mes manuscrits et son affabilité, et Pierre Richard et Gaël Guillou pour les analyses isotopiques à La Rochelle. N'oublions pas David Pinaud, sans qui les trajets en mer présentés dans cette thèse auraient juste permis de situer l'Océan Indien ("il a été là pour se nourrir, c'est sûr"), ainsi que Anne Goarant et Patrick Pinet qui à coups de contrepèteries m'ont été d'une grande aide pour analyser ces trajets. Et bien sûr Amélie Lescroël, qui assure en mère de famille, en amie et en collègue manchologue! Bravo pour ta disponibilité! "La deadline? euh aujourd'hui" Il reste les étudiants du labo la Jaeger, inégalable, la Goutte (qui m'a reçu à mains ouvertes), Jim, Max, Sophie, Hervé et son ukulélé déjà mythique, Annette, Thibaut, Janos, Vince mais pourquoi on ne s'est pas vus beaucoup plus? Ah oui, le boulot. Pareil pour Ghislain, vivement qu'on retourne en mer voir des gros trucs, sans mauvais calcul! J'adresse aussi toute ma reconnaissance à Jean-Yves Monnat, pour avoir redressé la barre à un moment où la recherche était pour moi comme le "h" de tridac, et m'avoir remis le pied à l'étrier et les yeux dans les jumelles sans jamais mettre la charrue avant la peau de l'ours. Remerciements également à Michel Le Glatin, capitaine de l'Austral, et son second Yanis, qui ont beaucoup compté dans mon rapport à la mer et à ceux qui vont dessus ; vous avez une place au chaud dans mon imagier des mers australes. Sans transition merci à mon mouton Kebab, pour avoir toujours été là dans les moments difficiles , d'ailleurs un peu trop souvent à la base même de certains de ces moments difficiles. Au niveau de l'Institut Polaire, un grand merci pour leurs services à Béatrice Crozon, Henri Pérau, Alain Lamalle et Roland Pagny. Une bise de loin (l'odeur d'ornitho!) à Romu, Nico, Sam et Hervé, mais le coeur y est, et puis Tof et Mich pour cette campagne "langoustes". Et bien sûr merci à tous les VCAT qui ont posé ou récupéré les appareils À Kerguelen : Stéphane, Quentin et Alexandre, et encore Yohan, Julien et Régix ; à Crozet : Hélène, Maud et encore Aurélien ; à Amsterdam : encore Mimine ; et en Terre Adélie : Marion et Marie. Merci de vos efforts, à la base de toute cette thèse. Last but fin de liste, je remercie avec tout ce qu'il me reste d'humanité à la fin de cette thèse mes deux parents, qui ont guidé (et soutenu lorsque cela valait le coup) mes choix, et mes frère et soeur, qui respectent mon mode de vie différent impliquant de ne pas se voir souvent ( ères, espaces compris) : Les déplacements entrepris par les animaux dans leur milieu reflètent les ressources conditionnant leur survie dans ce milieu. En milieu marin, l'intensité des activités humaines (notamment la pêche) a entraîné des bouleversements écologiques, particulièrement aux échelons trophiques supérieurs. Cette thèse a donc visé à documenter les déplacements de prédateurs marins dont les effectifs baissent à un niveau local ou global. Nous avons étudié les déplacements en dehors de la période de reproduction (lorsque les animaux font généralement face à des conditions défavorables pour leur survie en mer) chez 5 espèces de manchots dont le rôle de consommateurs est capital sur un gradient de milieux de l'Océan Indien austral. Leurs déplacements ont été connus grâce à la géo-localisation par la lumière ou la télémétrie satellitaire, et leur écologie trophique par l'analyse des isotopes stables du carbone et de l'azote. Nos travaux ont mis en évidence et caractérisé les zones océaniques exploitées durant la période inter-nuptiale par 3 espèces du genre Eudyptes. Des comparaisons inter-site, inter-espèce et interannuelle ont ensuite souligné des mécanismes spectaculaires de ségrégation écologique dans le temps, l'espace et dans les proies ciblées pour l'exploitation de ressources proches. Enfin, l'étude de la dispersion post-natale chez 2 autres espèces a révélé un habitat différent de celui des adultes et l'action probable de mécanismes innés. Ces études sont cruciales pour la conservation des espèces et des habitats concernés, et posent la question de la dynamique des patrons de déplacement observés, face aux pressions de compétition et au déplacement des habitats recherchés. Mots-clés : migration, hiver, dispersion post-natale, ressources marines, ségrégation, niche écologique, conservation, Océan Austral, prédateurs marins, manchots, télémétrie, géo-localisation par la lumière, isotopes stables, Eudyptes chrysolophus, Eudyptes filholi, Eudyptes moseleyi, Pygoscelis papua, Aptenodytes forsteri
Movements and habitat selection in animals outside the breeding period: at-sea ecology of penguins during inter-breeding and immaturity periods
Abstract : Animal movements in their environment reveal the resources they depend on in this environment. Levels of human impact in the marine environment (mainly through fisheries) have broken ecological balance, this being obvious at higher trophic levels. Our work therefore aimed at depicting movements of locally to globally declining marine predators. We especially focused on movements outside the breeding period, when predators generally face heavy constraints for survival while at-sea for a prolonged period, in 5 penguin species being keystones as consumers in a gradient of environments in the southern Indian Ocean. Their movements were investigated using light-based geolocation or satellite telemetry, and their trophic ecology by carbon and nitrogen stable isotope analyses. Our work allowed to delineate and to characterize the oceanic sectors exploited during the whole inter-breeding period by 3 congeneric species of penguins (genus Eudyptes). Then, inter-site, inter-species and inter-annual comparisons highlighted population-based striking mechanisms of ecological segregation in space, time and on food. Finally, our studies on post-natal dispersion in 2 other penguin species revealed the prospection of a contrasted habitat compared to the adults situation, and the probable action of innate skills. Our studies appear crucial in the conservation of the studied species in the study area, and rise questions about the dynamics of the population-based movement patterns observed, considering competition pressures and mobility of the targeted habitats. Key-words : migration, winter, post-natal dispersion, marine resources, segregation, ecological niche, conservation, Southern Ocean, marine predators, penguins, telemetry, light-based geolocation, stable isotopes, Eudyptes chrysolophus, Eudyptes filholi, Eudyptes moseleyi, Pygoscelis papua, Aptenodytes forsteri
Sommaire 1- INTRODUCTION
1 1.1 Cadre théorique : le comportement de déplacement des individus en biologie des populations 1 1.1.1 Approche de l'écologie comportementale 1 1.1.2
es du
déplacement des animaux 2 1.1.3 Stratégies de déplacement mises en place 4 1.1.4 Transmission des comportements tels que le déplacement 7 1.2 Spécificités liées au déplacement des animaux en milieu marin9 1.2.1 Contraintes physiques spécifiques au milieu marin 9 1.2.2 Facilitation physique des déplacements en milieu marin 10 1.2.3 Hétérogénéité de la disponibilité en ressources dans l'espace et le temps 10 1.2.4 Stratégies de déplacement des prédateurs marins : des zones d'ombre 12 1.3 Cadre appliqué : aide à la conservation de prédateurs marins menacés 14 1.3.1 État des lieux de la conservation des écosystèmes marins 14 1.3.2 Un outil : les aires marines protégées 15 1.3.3 Menaces planant sur les oiseaux des mers australes 15 1.3.4 L'essor du programme A.N.R. "GLIDES" 16 1.4 Problématique et structure de la thèse 18 2- MATERIELS ET METHODES 19
2.1 Sites d'étude 19 2.1.1 Sites d'étude de l'Océan Indien austral 19 2.1.2 L'Antarctique : un écosystème très particulier 25 2.2 Espèces étudiées26 2.2.1 Les manchots en quelques mots 26 2.2.2 Le genre Eudyptes 27 2.2.3 Le manchot papou Pygoscelis papua : traits d'histoire de vie généraux et spécificités au site d'étude 33 2.2.4 Le manchot empereur Aptenodytes forsteri 35 2.3 Connaître à distance l'écologie des prédateurs marins37 2.3.1 La géo-localisation par la lumière 37 2.3.2 ARGOS : la mythologie au service de la technologie 44 2.3.3 Et pour quelques dollars de plus : les balises SPLASH 46 2.3.4 L'analyse des isotopes stables 48 2.4 Outils d'analyses49 2.4.1 Le logiciel libre R et les tests statistiques 49 2.4.2 Traitement des données extraites des GLS 50 2.4.3 Traitement des données reçues par ARGOS 51 2.4.4 Exploitation des données spatiales 51 2.4.5 Analyse de sélection d'habitat 54
3- RESULTATS 57
3.1 Exploitation des données issues des GLS : nécessité d'une méthodologie adaptée 58 3.2 Première détermination de l'aire d'hivernage des gorfous macaroni 61 3.3 Ségrégation spatiale chez deux populations voisines de gorfous macaroni en hiver64 3.4 Ségrégation dans l'espace et dans le temps des zones d'hivernage chez trois populations de gorfous sauteurs67 Partage des ressources au sein de la communauté des Eudyptes en période inter-nuptiale : un 3.5 océan, plusieurs échelles écologiques 70 3.6 Le voyage en mer précédant la mue chez les gorfous : à déplacement particulier, habitat original? 73 3.7 Sélection d'habitat avec ou sans contrainte de reproduction : une étude comparative chez le gorfou
77 3.8 Dispersion et ontogénie du comportement de plongée chez les manchots empereurs juvéniles 80 4- DISCUSSION89
4.1 Synthèse des résultats 89 4.1.1 Distribution en mer durant la phase inter-nuptiale chez les Eudyptes 89 4.1.2 La dispersion post-natale chez les manchots papou et empereur 93 4.2 Causes et conséquences évolutives du comportement migratoire des manchots en dehors de la reproduction 97 4.2.1 Quelles pressions de sélection peuvent déterminer les migrations observées chez les manchots? 97 4.2.2 Conséquences : un rôle directeur du comportement de migration dans l'évolution des manchots? 104 4.3 Analyse des matériels et méthodes employés 107 4.3.1 Les gorfous, meilleur modèle d'étude imaginable pour l'utilisation de GLS? 107 4.3.2 Méthodologie : utilisation des densités d'estimation 109 4.3.3 Applications du modèle d'habitat utilisé 110 4.4 Apports et implications de nos travaux pour la conservation des espèces étudiées112 4.5 Perspectives115 4.5.1 Mesure des taux de survie hivernale chez les Eudyptes 115 4.5.2 Le voyage en mer précédant la mue : des travaux passionnants à poursuivre 117 4.5.3 Période d'immaturité : apprendre à l'étudier 118 4.5.4 Améliorer les connaissances sur la production secondaire 120 4.5.5 Approche inter-site à plus fine échelle, ou la théorie du manchot caché 121 4.5.6 Ségrégation des manchots congénères et sympatriques
122 Références bibliographiques 125 Annexes – A) Production scientifique 141 Annexes – B) Médiation scientifique 216 Annexes – 1- Introduction 1.1 Cadre théorique : le comportement de déplacement des individus en biologie des populations 1.1.1 Approche de l'écologie comportementale
L'écologie comportementale cherche à dévoiler par quels mécanismes un comportement résulte à la fois de l'histoire évolutive des espèces, d'évènements récents ou en cours survenus au sein des populations, et de caractéristiques propres aux individus et aux conditions dans lesquelles ils se sont développés. 1.1.2 Contextes du déplacement des animaux
Les déplacements peuvent se faire dans deux contextes principaux au cours de la vie d'un individu : celui de l'habitat de reproduction, (mouvements de dispersion/regroupement) et celui de l'alimentation (mouvements d'approvisionnement). Cette distinction est essentielle d'un point de vue évolutif puisque les déplacements vont engendrer ou non un flux de gènes selon le contexte de reproduction ou d'alimentation, respectivement. 1.1.2.1 Contexte de reproduction : les mouvements de dispersion
On distingue deux types de mouvements de dispersion. La dispersion de reproduction à proprement parler est définie comme le comportement de mouvement entre deux sites de reproduction réalisé par les individus adultes, tandis que la dispersion post-natale représente le mouvement entrepris par les juvéniles entre le site de naissance et celui de première reproduction. Sur le plan comportemental, un évènement de dispersion implique plusieurs étapes distinctes mettant en jeu des comportements différents. Tout d'abord, le mouvement est initié par une décision de départ. S'ensuit la phase de mouvement proprement dite (prospection) qui se termine par la décision d'installation dans le nouveau site de reproduction. Durant le mouvement, l'individu est le plus souvent amené à prendre un grand nombre de décisions successives, concernant notamment la résidence au sein des micro-habitats qu'il rencontre. Ces décisions relèvent du comportement de sélection d'habitat ; on peut donc considérer que la dispersion est le produit final des mécanismes de sélection d'habitat (Clobert et al. 2001). Au terme du processus de dispersion, l'individu arrive sur un site de reproduction, plus ou moins distant du lieu auquel il se trouvait avant la dispersion. Trois facteurs principaux ont été avancés afin d'expliquer l'évolution de ce trait. Tout d'abord, l'environnement physique, et notamment sa stochasticité, explique la mise en place de la dispersion comme mécanisme adaptatif permettant d'étaler les risques d'extinction d'une population en distribuant des descendants sur plusieurs sites (Levins & MacArthur 1966). Ensuite, l'environnement biologique influence la dispersion, via des mécanismes tels que la compétition intra-spécifique, la recherche de partenaire, la compétition intra- et inter-sexuelle et la dépression de la consanguinité. La qualité de l'habitat va ainsi dicter la densité de con-spécifiques, le niveau de compétition engendrant ou non de la dispersion (distribution "libre idéale des individus", Fretwell & Lucas 1970). Enfin, l'environnement génétique va jouer dans le cas où des mécanismes tels que la reconnaissance des apparentés sont mis en place, favorisant alors la philopatrie. De nombreuses études se sont attachées à vérifier de manière empirique l'influence de ces facteurs ; la plus célèbre étant probablement celle de Doncaster et al. (1997) 2 sur le gobe-mouches à collier Ficedula albicollis, qui conclut que la dispersion observée des individus suivait une distribution libre idéale parmi les divers bois où se trouvaient les nichoirs étudiés. 1.1.2.2 Contexte d'alimentation : les mouvements d'approvisionnement
Les études de MacArthur & Pianka (1966) et Emlen (1966) sont à la base d'une théorie prédisant les comportements d'approvisionnement des organismes. Cette théorie, dite de l'approvisionnement optimal (Pyke et al. 1977, Krebs et al. 1978) se base sur une hypothèse fondamentale : les animaux s'approvisionnent de manière à maximiser leur valeur sélective. Cette hypothèse sous-entend l'existence d'une monnaie d'échange concrète et immédiate de cette valeur sélective (en général le taux net de gain d'énergie), ainsi que des contraintes de comportement (moment de début et de fin, lieux, et stratégie choisis pour l'approvisionnement) (Schoener 1971, Pyke et al. 1977, Krebs et al. 1978). "Quand se déplacer?" En théorie, il y a deux raisons déterminant à quel moment un animal doit se déplacer d'un endroit à un autre pour s'approvisionner. Tout d'abord, au fur et à mesure qu'un animal passe du temps à exploiter un secteur il peut arriver à une déplétion de la ressource alimentaire, et ainsi souffrir d'un taux d'acquisition d'énergie décroissant. Cette prédiction a été énoncée sous la forme d'un modèle d'optimalité (théorème de la valeur marginale, Charnov 1976), prédisant qu'un animal va maximiser son gain net d'énergie s'il reste dans un secteur jusqu'à ce que le gain dans ce secteur ait diminué pour atteindre le gain moyen attendu dans l'habitat entier. En d'autres termes, si l'animal peut faire mieux ailleurs, alors il a avantage à quitter le secteur ; sinon il doit rester là où il se trouve. Ceci a pu être vérifié chez plusieurs taxons, à commencer par la mésange charbonnière Parus major (Cowie 1977). Deuxièmement, la qualité future (en termes de gain d'énergie) de la localisation d'un individu va dépendre du temps qu'il a déjà passé dans ce secteur ; c'est-à-dire qu'en se basant sur son expérience ou son échantillonnage du milieu, un animal peut être capable de prédire le taux futur de gain de ressource à l'endroit où il se trouve. Si le taux attendu est suffisamment bas, alors l'animal devrait changer de lieu. "Se déplacer vers où?" Trois types d'informations influencent les décisions de l'animal sur la destination de leur mouvement d'approvisionnement (Pyke 1983) : les distributions spatiale et temporelle de la ressource alimentaire, et l'expérience acquise sur les secteurs précédemment visités (et le gain associé). Sur le plan de l'organisation spatiale de la ressource, les observations empiriques de l'utilisation par les animaux d'information se limitent principalement à l'augmentation de la fréquence des changements de direction de la route suivie par un animal lorsque celui-ci rencontre une zone riche en proies (Pyke et al. 3 1977). Ceci conduit l'animal à limiter l'aire géographique dans laquelle il prospecte l'environnement : on parle alors de comportement de recherche en zone restreinte, qui reflète donc l'exploitation intensive d'une zone probablement favorable (Kareiva & Odell 1987). Ce comportement a été largement documenté, et sa détection chez un animal en déplacement permet l'induction de la richesse locale en proies (p. ex. Pinaud & Weimerskirch 2005). "Se déplacer et revenir?" Il existe de nombreux cas au sein du règne animal dans lesquels les individus sont contraints dans leurs déplacements d'approvisionnement par le retour nécessaire vers un point central (nid, gîte). Un exemple particulièrement évocateur est celui des patelles, en milieu littoral. Ces gastéropodes qui vivent sur les substrats rocheux de la zone de balancement des marées s'alimentent par broutage lorsqu'elles sont immergées à marée haute. À marée basse, une contrainte majeure se pose pour ces animaux, lorsqu'ils sont émergés : éviter le dessèchement lié aux radiations solaires. Ainsi, durant leur croissance, les patelles développent une coquille s'ajustant parfaitement au micro-relief du site sur lequel elles se sont installées. Cet ajustement morphologique spécifique va donc présenter l'avantage de permettre aux patelles de conserver leur humidité par étanchéité, comme a pu le constater quiconque a déjà voulu en arracher une de son substrat, à marée basse. Mais cet ajustement va également amener toute patelle à interrompre la phase d'approvisionnement pour revenir obligatoirement sur son site spécifique avant la fin de la marée haute, afin d'éviter son dessèchement. Ces animaux sont donc contraints de s'approvisionner de manière interrompue, avec l'obligation d'aller et venir depuis un point central : les implications de ce type de contraintes dans les stratégies d'approvisionnement des animaux ont été énoncées par Orians & Pearson (1979). Dans le cas plus général que celui des patelles, on considère que les proies sont transportées vers le point central au lieu d'être consommées sur place ; elles vont alors servir à l'alimentation de l'animal qui s'est déplacé, de son partenaire ou de sa progéniture, ou peuvent être engrangées pour une utilisation ultérieure. 1.1.3 Stratégies de déplacement mises en place "Comment se déplacer?" 1.1.3.1 Mécanismes du mouvement des individus
Tous les déplacements actifs réalisés au niveau individuel par les animaux peuvent être assignés à l'une des trois classes suivantes : non-orientés, orientés et basés sur la mémoire (Mueller & Fagan 4 2008). Toutefois, il faut noter qu'aucun de ces mécanismes ne peut isolément fournir un cadre conceptuel suffisant pour comprendre les patrons de mouvements complexes observés dans la nature, et que différents mécanismes simultanés agissent probablement à différentes échelles spatiales (Bailey et al. 1996). A) Mécanismes non-orientés. Ces mécanismes résultent en une décision de mouvement avec une direction aléatoire (Mueller & Fagan 2008). Ce sont dans ce cas les stimuli sensoriels (disponibilité de la ressource, type d'habitat) issus de la localisation d'un animal qui induisent une modification des paramètres de mouvement de l'individu (vitesse, distribution des changements de direction, fréquence du mouvement, Benhamou & Bovet 1989). Ces mécanismes de déplacement non-orienté ont été largement étudiés via la dispersion des insectes (Turchin 1998). B) Mécanismes orientés. Ceux-ci sont basés sur des indices perçus par l'animal, et qui au contraire des stimuli évoqués précédemment, impliquent un ensemble de localisations passées de l'animal, et qui engendrent un déplacement dans une direction prédictible (Mueller & Fagan 2008). Ces mécanismes de déplacement orientés font appel à des repères sensoriels (visuels, olfactifs, acoustiques) à des dimensions de perception différentes chez les insectes (Schooley & Wiens 2003), les mammifères (Zollner & Lima 1999), ou encore les oiseaux (Biro et al. 2004) C) Mécanismes impliquant la mémoire. Dans cette classe de mécanismes, on suppos e qu'une information préalable sur la localisation de la cible du mouvement est disponible (Mueller & Fagan 2008). Cette information peut dériver de la reconstitution de l'histoire personnelle d'un individu (cas des oiseaux marins : Weimerskirch et al. 1993, grands herbivores : Bailey et al. 1996), de la communication avec les con-spécifiques (cas des abeilles, von Frisch 1967), ou d'un héritage génétique (cas des papillons monarques, Brower 1996). Il est communément admis que les individus utilisant de tels mécanismes basés sur la mémoire peuvent alors se diriger en utilisant deux techniques : l'intégration du chemin de navigation, ou d'une carte cognitive (Akesson & Hedenström 2007), à partir d'une série d'indices tels que célestes, olfactifs, coordonnées géomagnétiques, compas magnétique et repères visuels a été mise en évidence (Alerstam 2006, Wiltschko & Wiltschko 2006, Nevitt 2008). 1.1.3.2 Stratégies de déplacement à l'échelle des populations
Le sédentaire retient le temps, le nomade s'approprie l'espace. Proverbe Afghan En se basant sur l'approche de Roshier & Reid (2003), développée pour les oiseaux, il est possible de quantifier les patrons de distribution au cours du cycle biologique en mesurant la distribution spatiale des individus par rapport à leurs con-spécifiques. Dans ce contexte, trois stratégies de distribution à l'échelle des populations émergent : le sédentarisme, la migration et le nomadisme. 5 A) Le sédentarisme. Les distributions sédentaires comprennent les stratégies de résidence telles que la territorialité et l'occupation d'un domaine vital, selon lesquelles un individu occupe une surface relativement petite au cours de sa vie, comparée à la distribution de la population. Les déplacements sur de longues distances chez les animaux sédentaires sont généralement limités à la dispersion post-natale (Mueller & Fagan 2008). Théoriquement, ces stratégies de résidence sont mises en place lorsque les ressources sont suffisamment abondantes tout au long de l'année sur l'ensemble de la distribution de la population (Mahler & Lott 2000). Alternativement, ces stratégies émergent si les animaux présentent une phase de dormance et suspendent leur activité durant la saison défavorable, comme cela est le cas chez plusieurs espèces de mammifères, reptiles et insectes, par exemple. B) La migration. La migration est généralement définie comme un type de déplacement régulier, de longue distance, qui est typiquement observé dans les systèmes présentant des fluctuations périodiques de leurs conditions environnementales, au travers de nombreux taxons (Sinclair 1983, Kennedy 1985, Alerstam et al. 2003, Dingle & Drake 2007). Ces déplacements se produisent régulièrement depuis et vers des distributions saisonnières spatialement disjointes (Roshier & Reid 2003). Par ailleurs, enofsky & Wingfield (2007) insistent sur le fait de distinguer les migrations des animaux itéropares (pouvant se reproduire plusieurs fois au cours de leur vie) de celles des animaux semelpares (qui ne se reproduisent qu'une fois). En effet, les animaux itéropares vont répéter les mouvements migratoires au cours de leur vie (cas général des oiseaux, baleines, caribous), à l'exception possible de la dispersion post-natale. Au contraire, les animaux semelpares peuvent migrer durant leur ontogénie mais ne vont pas répéter ce mouvement, comme par exemple les saumons anadromes du Pacifique Oncorhynchus spp. (Ramenofsky & Wingfield 2007). 6 Pour conclure sur ce chapitre, il faut noter que ces trois stratégies populationnelles de déplacement ne sont pas toujours mutuellement exclusives. Par exemple, de nombreux oiseaux occupent des territoires entre les évènements de reproduction et emploient une combinaison de stratégies de déplacement qui répondent au sédentarisme ou à la migration selon les périodes de l'année (Mueller & Fagan 2008). Les oiseaux marins semblent être particulièrement exceptionnels de ce point de vue, dans le sens où ils peuvent être à la fois territoriaux sur les sites de reproduction, migrateurs en période internuptiale et nomades durant leurs voyages d'approvisionnement en mer (Williams 1995, Warham 1996). De plus, certaines populations animales expriment simultanément différentes stratégies, par exemple lorsque seulement une fraction de la population (non-reproductrice) suit des déplacements longue-distance réguliers (Jahn et al. 2004). Enfin, les notions d'hétérogénéité spatiale et temporelle de l'environnement qui influencent le mécanisme de déplacement sont étroitement liées aux échelles considérées. Pour que les organismes puissent détecter l'hétérogénéité spatiale, il faut notamment que leur capacité de déplacement soit au moins égale à l'échelle à laquelle l'hétérogénéité des facteurs de l'environnement est observée. C'est donc cette capacité de déplacement qui va définir la plus grande échelle à laquelle peut s'opérer la sélection de l'habitat. On peut donc considérer que le milieu est hétérogène (et donc qu'un choix est possible) si dans son périmètre de déplacement, l'individu peut rencontrer et détecter des sites de différentes qualités. 1.1.4 Transmission des comportements tels que le déplacement
Les comportements complexes, tels que certains déplacements, ont des composantes fixées, qui nécessitent pour leur plein développement peu ou pas d'apprentissage, et des composantes apprises au cours du développement. La plasticité de ces traits comportementaux est donc renforcée par les capacités d'apprentissage qui permettent une modification du comportement en fonction de l'expérience (Danchin et al. 2005). En pratique, il n'est pas aisé de distinguer au sein d'un comportement ce qui relève d'une composante fixée de ce qui relève de l'apprentissage. Cela tient à la définition du comportement, mais aussi à la difficulté à établir une correspondance simple entre gènes et comportement. Chez beaucoup d'espèces, l'apprentissage et la modification du comportement au cours du temps s'effectuent indépendamment de l'influence des congénères, les individus ajustant par exemple leur comportement à travers un simple processus d'essai-erreur. Chez d'autres espèces, une modification comportementale survenue en conséquence de l'expérience acquise par un individu peut se transmettre à d'autres individus à travers des processus sociaux tels que l'imitation des congénères ou l'enseignement. Cette transmission horizontale peut devenir verticale si différentes générations se chevauchent au sein des populations : une telle transmission verticale des comportements à travers les interactions sociales au sein des populations est considérée comme une transmission culturelle (CavalliSforza & Feldman 1981, Dawkins 1982, Dugatkin 1999, Freeberg 2000). La prise en compte de cette transmission culturelle des comportements peut être particulièrement importante au sein des populations 7 de Vertébrés (Avital & Jablonka 2000) : par exemple chez les poissons (Dugatkin 1999, et chez les oiseaux et les mammifères, où elle est toutefois rarement démontrée (Lefebvre & Bouchard 2003 Selon la théorie synthétique de l'évolution, la transmission des différences entre individus d'une génération à la suivante ne s'effectue que par voie génétique. Cependant, l'existence du processus culturel peut changer fortement les produits de la sélection naturelle. Les variants entre populations sont en effet soumis au processus de sélection au même titre que les variants génétiques : la transmission culturelle des comportements permet donc une véritable évolution du comportement au cours du temps, au sens d'une modification du comportement transmise à travers les générations (Dawkins 1976). Un lien fort avec les processus génétiques est par exemple que la transmission culturelle dépend souvent de processus d'imitation. 1.2 Spécificités liées au déplacement des animaux en milieu marin
Le milieu marin est a fortiori un milieu hostile pour les endothermes, avec une conductivité thermique 30 fois supérieure à celle de l'air. Par ailleurs, cet environnement est 1000 fois plus dense et 60 fois plus visqueux que l'air (Dejours 1987). Ces propriétés vont exercer une influence majeure sur les stratégies de déplacement des animaux via des phénomènes physiques tels que la poussée d'Archimède, la friction et la conductivité thermique. A fortiori, ces propriétés du milieu marin vont représenter des contraintes environnementales encore plus fortes pour les organismes retournés secondairement à la vie aquatique, tels que les oiseaux et mammifères marins. 1.2.1 Contraintes physiques spécifiques au milieu marin
Dans un milieu aussi dense, visqueux et conducteur thermiquement que l'eau, les activités telles que la localisation, la poursuite et la capture des proies, réalisée selon 3 dimensions, mais aussi leur absorption et leur digestion, peuvent représenter un coût énergétique significatif pour les animaux marins. Ainsi, le taux de consommation d'oxygène durant la locomotion peut représenter de 4 à 11 fois le niveau au repos chez les mammifères marins (Elsner 1986, Williams et al. 1993). L'absorption de proies froides par des endothermes et leur digestion subséquente peut également être coûteuse, le taux métabolique augmentant de 30 à 67% au-dessus des niveaux de repos après l'ingestion de proies (Costa & Williams 1999). Chez les oiseaux plongeurs, la contrainte de vie dans ce milieu est telle que l'on assiste à une balance entre la réduction du volume d'air dans le plumage, qui améliore les capacités de déplacement mais augmente les pertes calorifiques, et l'épaisseur du tissu adipeux sous-cutané, qui assure l'isolation thermique mais est incompatible avec des coûts de déplacement réduits (Wilson et al. 1992b). Le profilage morphologique se trouve donc extrêmement important afin de limiter les forces de frottement dans ce fluide : on estime ainsi la résistance au déplacement d'un manchot à jugulaire Pygoscelis antarctica dans l'eau de mer comme inférieure à celle d'une pièce de 10 centimes (Culik et al. 1994). D'autre part, chez les prédateurs plongeurs à respiration aérienne, la limitation de leurs stocks d'oxygène durant la plongée constitue une contrainte majeure. Les stocks d'oxygène d'un individu (dans le tractus respiratoire, le sang et les muscles) limitent ainsi ses capacités plongée en termes de durée et, par conséquent, de profondeur. De plus, les oiseaux et mammifères plongeurs ne pouvant renouveler leurs stocks d'oxygène qu'à la surface, ils doivent systématiquement allouer à cette activité une certaine durée après chaque plongée, ce qui diminue automatiquement le gain d'énergie par unité de temps. Cette durée de récupération sera d'autant plus longue si l'animal épuise ses réserves d'oxygène avant d'être remonté en surface, malgré des processus d'économie d'énergie (bradycardie, vasoconstriction périphérique) (Kooyman 1989). Dans ce cas, le métabolisme passe du mode aérobie au mode anaérobie, très coûteux en énergie et qui va résulter en l'accumulation dans l'organisme d'un déchet métabolique toxique, l'acide lactique, qui ne pourra être éliminé que lentement en surface. 1.2.2 Facilitation physique des déplacements en milieu marin
La poussée d'Archimède s'exerçant dans ce fluide dense va fortement affecter les stratégies de déplacement des animaux marins, en diminuant le coût associé au transport de la charge alimentaire. On trouvera donc sans surprise en milieu marin des animaux ayant une forte capacité maximale de réserves (Hedenström & Alerstam 1992), c'est-à-dire capables d'engranger de grandes quantités de nourriture durant leur déplacement (cas des baleines par exemple). Ceci est crucial, car transporter une grande quantité de réserves est supposé augmenter considérablement le coût énergétique du déplacement. Ce dernier est toutefois minimisé si le voyage est divisé en épisodes courts pouvant être parcourus avec une faible quantité de réserves. Au contraire, si la nourriture ou l'habitat favorable pour une espèce sont distribués en îles, comme nous allons le voir dans le paragraphe suivant, ce coût énergétique augmentera en lien avec les distances supérieures à parcourir sans réapprovisionnement. La capacité maximale de réserves de l'animal va donc limiter les distances que celui-ci peut parcourir sans se réapprovisionner. En comparant le coût du déplacement entre animaux coureurs, nageurs et volants, Schmidt (1972) a ainsi montré que ce sont les nageurs qui se déplacent avec les coûts minimaux et les coureurs avec le coût maximal. Une caractéristique partagée par les organismes nageurs et volants est qu'ils se déplacent dans un fluide tri-dimensionnel plus ou moins visqueux qui est lui-même en mouvement, et qui peut donc favoriser ou contrer le mouvement de l'animal. Pour ces organismes, des mouvements prédictibles de ces fluides environnants peuvent être exploités lors de leurs déplacements et influencer l'évolution de certains comportements favorables (Alerstam et al. 2003). exemple, chez certaines tortues marines, l'influence des courants océaniques peut modeler les trajectoires de migration à grande et moyenne échelle (Shillinger et al. 2008). À plus fine échelle, les déplacements d'approvisionnement des manchots semblent largement influencés par le mouvement local du fluide induit par les tourbillons (Cotté et al. 2007). La forte densité du fluide en milieu marin va ainsi largement influencer les stratégies de déplacement, celles-ci semblant s'ajuster de manière à diminuer le coût du déplacement. 1.2.3 Hétérogénéité de la disponibilité en ressources dans l'espace et le temps
Bien qu'il existe d'importantes différences entre localités, les eaux côtières sont généralement plus riches que les eaux océaniques en éléments minéraux (azote, fer, ) et en conséquence plus productives biologiquement le long du réseau trophique (Longhurst 2006). 10 Les eaux océaniques peuvent ainsi être considérées comme relativement peu favorables pour l'approvisionnement des animaux marins, en étant caractérisées par une faible productivité primaire (faible concentration en phytoplancton) et secondaire (zooplancton et necton). Le développement de certains secteurs riches en proies dans ces eaux pélagiques va résulter soit de la production primaire locale et du passage de cette énergie à travers le réseau trophique, soit de l'advection de proies produites ailleurs (Hunt et al. 1999). La prédictibilité des concentrations de proies dans l'espace et dans le temps est donc une contrainte fondamentale majeure pour les prédateurs. Elle va dépendre notamment des processus physiques et biologiques responsables de leur formation, que l'on peut organiser en trois niveaux spatiaux. À large échelle spatiale (plusieurs milliers de km), le "désert" pélagique apparait parsemé d'"oasis" issues de la présence de courants et de fronts océaniques (i.e. les zones de convergence), dont la position est relativement stable et prévisible d'une année sur l'autre (Schneider 1991, Bost et al. 2009a). À mésoéchelle (100 à 1000 km), une augmentation de productivité biologique peut être induite par la naissance de tourbillons temporaires ("eddies"), dont l'action de brassage et de concentration des éléments est favorable à l'ensemble du réseau trophique (Weimerskirch et al. 2004). Enfin, plus fine échelle (plusieurs dizaines de km), la distribution des proies dans le milieu pélagique est largement imprévisible à partir des seuls facteurs physiques (Hunt & Schneider 1987) et les prédateurs marins vont devoir utiliser le comportement d'autres prédateurs (Davoren et al. 2003) ou des indices biologiques tels que l'odeur des masses d'eau (Nevitt 2008), pour localiser les agrégations de proies. En milieu côtier ou péri-insulaire, par contre, l'augmentation de la productivité et la concentration des proies peuvent être prédites à l'échelle de dizaines voire de centaines de km lorsqu'elles sont la conséquence de processus hydrographiques connus augmentant la disponibilité des nutriments et ainsi la production primaire. C'est le cas par exemple des phénomènes d'upwelling (remontée d'eau profonde froide et enrichie en nutriments à la surface de l'océan, sous l'effet de vents de surface quasi-permanents, principalement en zone côtière : p. ex. 1.2.4 Stratégies de déplacement des prédateurs marins : des zones d'ombre
Chez les prédateurs marins s'approvisionnant depuis un point central (oiseaux marins, pinnipèdes) s'ajoute durant la reproduction la contrainte supplémentaire de devoir retourner régulièrement à terre pour assurer les soins parentaux tout en se nourrissant en mer. Du point de vue de la théorie de l'approvisionnement optimal, cette contrainte souligne l'importance de facteurs tels que la distance entre site de reproduction et ressources alimentaires, l'abondance et la distribution spatio-temporelle des ressources et leur prévisibilité, dans l'élaboration des stratégies de recherche alimentaire. Au cours des 20 dernières années, les développements méthodologiques et particulièrement l'utilisation d'enregistreurs ou émetteurs miniaturisés a permis l'acquisition d'un volume d'information considérable quant aux déplacements de dispersion et d'approvisionnement chez ces prédateurs marins (Ropert-Coudert & Wilson 2005). Il a été possible d'examiner, parfois en détail, comment ces prédateurs s'approvisionnant depuis un point central s'arrangent des différents niveaux d'hétérogénéité de la disponibilité des ressources alimentaires par rapport à leurs exigences liées à la reproduction (oiseaux marins : Bost et al. 1997, Ropert-Coudert et al. 2002, Tremblay & Cherel 2003, Ainley et al. 2004, Grémillet et al. 2004, Pinaud & Weimerskirch 2005; pinnipèdes : McCafferty et al. 1998, Boyd 1999, Georges et al. 2000). Durant la reproduction, les individus liés à un point central sont en effet fortement contraints dans leurs déplacements, les minimisant au profit de la reproduction (Hamer et al. 2002, Figure 1). L'échelle limitée de ces déplacements peut également s'expliquer par le fait que la forte demande énergétique associée à l'élevage de la progéniture correspond généralement au pic de disponibilité des ressources (Cushing 1990), ce qui permet aux individus d'assurer leur approvisionnement dans un rayon relativement faible. Figure 1. Cycle annuel d'un oiseau marin typique. Noter que la période et la durée des phases de reproduction, de migration et de mue varient en fonction des espèces, que beaucoup d'espèces ne migrent pas, et que certaines espèces mettent plus d'un an à compléter leur cycle de reproduction (Hamer et al. 2002) 12
Cependant, la réponse des prédateurs aux changements dans la disponibilité de leurs proies dépend de nombreux autres paramètres tels que la saison, le stade reproducteur (Salamolard & Weimerskirch 1993, Charrassin et al. 2002) ou les facteurs physiques de l'environnement (Hunt et al. 1999, Charrassin & Bost 2001). Il apparaît ainsi difficile de dissocier les effets de ces différents facteurs sur le comportement des prédateurs. Notamment, la plupart des études se sont focalisées sur les déplacements se produisant durant la période de reproduction des animaux. En conséquence, très peu d'information est disponible en-dehors de la période de reproduction, durant lesquelles les individus ne sont plus liés à leur colonie, et peuvent donc disperser, ou migrer, à grande échelle. Ceci concerne principalement deux périodes du cycle de vie de ces prédateurs : premièrement, durant la phase inter-nuptiale, où les individus se distribuent généralement à plus large échelle spatiale (Pütz et al. 2002), et deuxièmement durant la phase d'immaturité, qui peut durer plusieurs années (Williams 1995, Warham 1996). Ces deux phases représentent clairement les manques de connaissances actuels chez ces prédateurs marins, résultant principalement de difficultés méthodologiques qu'elles entraînent : durée de vie de la batterie et attachement des appareils utilisés, désertion des animaux (Wilson & MacMahon 2006, Ropert-Coudert et al. 2007). Pourtant, le que les animaux ne soient plus liés à leur point central durant ces périodes augmente le risque potentiel d'interaction avec des menaces présentes dans leur environnement, ceci ayant été montré chez les oiseaux pélagiques notamment (Weimerskirch et al. 2006, Trebilco et al. 2008). La période d'immaturité dure en effet 3 à 4 ans en général chez les manchots, et de 5 à plus de 10 ans chez les albatros, avec des périodes de retour à terre très courtes ou inexistantes selon les espèces (Williams 1995, Warham 1996). Les rares reprises d'individus marqués et les données télémétriques de déplacement durant ces périodes (très rarement complètes) suggèrent des stratégies bien distinctes de celles connues chez les adultes en période de reproduction. 1.3 Cadre appliqué : aide à la conservation de prédateurs marins menacés 1.3.1 État des lieux de la conservation des écosystèmes marins
Le nombre d'espèces marines menacées voire à la limite de l'extinction a récemment augmenté de manière rapide et en lien direct avec trois conséquences des activités humaines (Pauly et al. 2002, Myers & Worm 2003). La première d'entre elles est la surpêche. La seconde concerne les menaces physiques résultant de l'activité humaine grandissante en mer : pollution marine, contamination chimique, pollution acoustique et trafic maritime. Enfin, une troisième cause, de plus long terme, résulte des changements climatiques anthropogéniques (Walther et al. 2002, Hooker & Gerber 2004). À ce jour, la menace la plus forte concernant les écosystèmes pélagiques est la surpêche (Pauly et al. 1998, 2002, Myers & Worm 2003). Plus de la moitié des extinctions locales à globales connues ont effectivement été attribuées à l'exploitation des stocks de poissons (Dulvy et al. 2003). Bien souvent, la surpêche de poissons piscivores aux niveaux trophiques supérieurs a également eu pour conséquence une simplification des réseaux trophiques marins et un déséquilibre écologique (Pauly et al. 2002). Cependant, les impacts de cette exploitation vont bien au-delà des espèces ciblées, comme le reflète la grande proportion d'espèces marines affectées par les captures accidentelles et/ou incidentes. Dans de nombreux cas, ces captures ont conduit à une réduction drastique voire à l'extinction d'autres prédateurs marins supérieurs, même à des niveaux raisonnés d'exploitation des espèces de poissons ciblées (Kappel 2005). Aujourd'hui, on assiste à une prise de conscience grandissante de la nécessité de protéger ces ressources afin d'améliorer la conservation de l'ensemble de la biodiversité marine. Ceci implique notamment une attention particulière aux niveaux trophiques supérieurs, tels que les prédateurs supérieurs affectés par les captures accidentelles et/ou incidentes. En tant que consommateurs clés au niveau de l'écosystème, ils jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des réseaux trophiques marins (Bowen 1997, Brooke 2004). Il a ainsi été montré que l'élimination ou la réduction des prédateurs supérieurs a entraîné une dégradation de certains écosystèmes, et parfois même un basculement écosystémique (Jackson et al. 2001). Par ailleurs, d'autres raisons incitent à se pencher sur la conservation des prédateurs marins supérieurs. Grâce à leur distribution spatiale souvent très large et leur entière dépendance aux ressources marines, les prédateurs marins sont des bio-indicateurs fiables de l'état des écosystèmes océaniques (Bost et al. 14 1.3.2 Un outil : les aires marines protégées
Au cours de la dernière décennie, le concept d'aires marines protégées (AMP) s'est révélé un outil efficace pour assurer la conservation de la biodiversité marine, et particulièrement des prédateurs supérieurs (Hooker & Gerber 2004, Salomon et al. 2006, Pichegru et al. 2010). Des réseaux d'AMP deviennent aujourd'hui utilisés dans la gestion des pêcheries et la conservation d'espèces et d'habitats menacés à une échelle globale (Halpern 2003), et ces secteurs dans lesquels les menaces sont réduites ou absentes deviennent ainsi bénéfiques à la protection des espèces sur le long terme en réduisant l'impact cumulatif de ces menaces directes et indirectes (Hooker & Gerber 2004). Toutefois, les réserves marines existantes présentent généralement un intérêt ciblé, se concentrant à la protection d'un type de taxon sédentaire et à la reconstitution des stocks halieutiques (sites de ponte et nurseries, NRC 2001). Or, de nombreux prédateurs supérieurs présentent des capacités de déplacement élevées, et ces traits d'histoire de vie les conduisent à fréquenter différents habitats au cours des différents stades de leur cycle de vie (Bestley et al. 2009). Ainsi, les habitats de reproduction autant que les autres habitats utilisés et les corridors biologiques qui les relient doivent être considérés dans la conception de ces zones protégées. Afin de promouvoir des AMP efficaces, il est donc fondamental de considérer tous les traits d'histoire de vie et besoins en termes d'habitat des taxons, à grandes échelles spatiales et temporelles (Hooker & Gerber 2004). Les prédateurs supérieurs, s'agrégeant régulièrement au voisinage de certaines caractéristiques bathymétriques et hydrographiques spécifiques (Schneider 1991, Hunt et al. 1999 Wilson et al. 2005, Weimerskirch 2007, Bost et al. 2009a, Morato et al. 2010), sont en principe de bons modèles afin de promouvoir l'efficacité d'un réseau d'AMP adaptées. Suivre leurs déplacements reflétant leurs besoins en habitats est donc nécessaire dans le but de développer des réserves marines basées sur ces fortes agrégations. 1.3.3 Menaces planant sur les oiseaux des mers australes
En dépit de leur isolement géographique, les réseaux trophiques et écosystèmes marins austraux et Antarctiques ont subi des perturbations majeures au cours des deux derniers siècles, particulièrement parmi les prédateurs supérieurs, au travers de la chasse baleinière, phoquière, la pêche et l'introduction d'espèces exogènes (Jouventin et al. 1984, Croxall et al. 2002). L'arrêt de l'exploitation des oiseaux et mammifères marins après les années 1950 (pour la plupart), et les mesures de conservation à terre ont permis la reconstitution des effectifs de la plupart des populations (à l'exception des baleines, Smetacek & Nicol 2005). Les îles australes accueillent une biomasse majeure d'oiseaux marins jouant un rôle important dans cet écosystème en tant que consommateurs (environ 400 millions d'individus représentant une biomasse consommante de 580 000 tonnes, Jouventin et al. 1984). 15 Toutefois, le rôle et l'importance de ces prédateurs supérieurs est en train de changer en raison des diminutions rapides de leurs effectifs au travers de nombreux taxons et sites austraux, allant jusqu'à 98% pour certaines populations de manchots (Cuthbert et al. 2009). Ce bouleversement concerne particulièrement les espèces appartenant à l'ordre des Procellariiformes (albatros et pétrels) et à celui des Sphénisciformes (manchots). Albatros, pétrels et manchots sont particulièrement vulnérables en raison de leurs traits d'histoire de vie : ces animaux sont tous longévifs, avec des taux reproductifs bas et un âge de première reproduction tardif (Williams 1995, Warham 1996). Au vu de ces paramètres, on comprend aisément qu'une mortalité additionnelle peut ainsi avoir un impact sévère sur la viabilité des populations (Rivalan et al. 2010). Par exemple, au cours de ces dernières années, le statut de conservation des Procellariiformes des mers australes est devenu extrêmement préoccupant. En effet, 19 des 21 espèces d'albatros sont mondialement menacées, les autres étant classées "proches d'être menacées" (BirdLife International 2010). Les manchots Antarctiques et subantarctiques présentent quant à eux une grande variation en termes d'effectifs des populations à la fois à court et long terme, qui semblent aussi bien liées à l'extension annuelle de la glace de mer qu'à la disponibilité en proies ciblées (Barbraud & Weimerskirch 2001, Ainley 2002, Croxall et al. 2002). On trouve néanmoins sur les 18 espèces que comptent les manchots se reproduisant dans l'Océan austral, 7 espèces ayant subi une baisse récente significative de leurs effectifs (BirdLife International 2010). Le développement de nouvelles pêcheries dans cette région (krill en Antar , poissons myctophidés en subantarctique) est donc une menace sérieuse pour ces prédateurs supérieurs, quant à l'impact potentiel considérable de ces activités sur des espèces particulièrement ciblées par ces prédateurs (Cresswell et al. 2008). Les manchots, qui présentent des capacités de déplacement limitées pour s'approvisionner en mer, sont donc potentiellement les plus sensibles à cette décroissance de la disponibilité en proies (Croll & Terschy 1998, Ainley et al. 2004). 1.3.4 L'essor du programme A.N.R. "GLIDES"
Les terres australes et Antarctiques Françaises sont particulièrement concernées par la situation évoquée ci-dessus, puisque celles-ci rassemblent 4 territoires allant du domaine sub-tropical à l'Antarctique et accueillent une diversité et une abondance d'oiseaux marins d'importance mondiale (Jouventin et al. 1984). Des activités de pêche à la palangre ont lieu dans les eaux territoriales de ces localités, avec d'importantes interactions vis-à-vis des oiseaux marins (Weimerskirch et al. 1997, Rolland et al. 2010), mais d'autres types de pêche s'exerçant dans le nord de cette zone (ciblant les thons rouge et albacore) présentent également des risques de mortalité importants. Afin de faire face à ces enjeux environnementaux, le programme A.N.R. "GLIDES" (Global Investigations on the Distribution of Endangered Antarctic Seabirds) a été lancé en janvier 2008 par le 16 Centre d'Études Biologiques de Chizé (coordinateur C.A. Bost) avec 4 objectifs. Tout d'abord, il est crucial et urgent de connaître précisément les déplacements entrepris par les prédateurs marins. Ceci devrait permettre, dans un second temps, de caractériser les habitats marins utilisés par les individus au fil des différents stades de leur cycle de vie. Troisièmement, il s'agit d'étudier le recoupement entre les distributions en mer des populations des prédateurs avec les secteurs d'activité de pêche, de manière à déterminer le degré des interactions potentielles. Enfin, il s'agit d'utiliser les critères appropriés à la désignation de nouvelles zones d'importance majeure pour la conservation des oiseaux pélagiques. Le corollaire de ce dernier point est d'évaluer la faisabilité et l'efficacité de mesures de protection pour des animaux hautement mobiles. Ces informations doivent être utilisées pour promouvoir in fine l'établissement de nouvelles AMP à large échelle à travers des collaborations internationales. La distribution des animaux étudiés se mesurant possiblement à l'échelle de bassins océaniques entiers, une approche par points-clés de ces distributions est donc plus réaliste, que ce soit concernant les sites de reproduction, d'hivernage ou les corridors biologiques, répartis disjointement (Hooker & Gerber 2004). Le laboratoire océanologique de Villefranche-sur-Mer, BirdLife International (par l'intermédiaire de la Ligue pour la Protection des Oiseaux) et l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature amènent ainsi chacun leur savoir-faire aux différentes phases de ce programme, tels que l' anographie (habitats marins), la conservation des oiseaux et la mise en place de mesure de gestion des pêches, complémentaires à l'approche d'écologie comportementale du laboratoire de Chizé. Plus particulièrement, GLIDES concerne 14 espèces d'oiseaux marins au statut de conservation préoccupant : 9 espèces de Procellariiformes aux statuts "en danger" à "en danger critique d'extinction" et 5 espèces de Sphénisciformes dont 3 au moins classées "vulnérables". La priorité a été donnée à l'étude de leur distribution en mer lors de deux périodes de leur cycle de vie, sur lesquelles quasiment aucune information n'était alors disponible : les périodes d'exode inter-nuptial et d'immaturité. 1.4 Problématique et structure de la thèse
Cette thèse s'articule principalement autour des deux premiers axes du programme GLIDES, c'est-à-dire documenter les déplacements entrepris par les oiseaux marins austraux en-dehors de leur période de reproduction, et caractériser les habitats fréquentés. L'ensemble des 14 espèces ciblées par le programme ne pouvant pas être traité en une seule thèse, nous nous sommes focalisés parmi ces dernières uniquement sur les espèces de manchots ; les oiseaux volants étant traités en parallèle au laboratoire. Travailler sur les manchots nous a en outre permis d'adopter une approche comparative inter-site pour une même espèce, inter-espèce pour un même site, et parfois inter-annuelle pour une population. Au cours de ce travail nous nous sommes efforcés de répondre aux questions suivantes : - Comment mieux connaître les déplacements de prédateurs marins sur de longues périodes, et leurs exigences écologiques associées? - Comment se distribuent les manchots en mer durant deux périodes critiques : le stade juvénile et la phase inter-nuptiale? - Quelles sont les caractéristiques des habitats recherchés? Quelles proies y sont ciblées? - Ces déplacements et habitats sont-ils prédictibles dans le temps et l'espace? - Quelles stratégies de déplacement permettent la co-existence des organismes parapatriques et sympatriques? À quelles échelles géographiques et biologiques ces stratégies sont-elles mises en place? Pour cela, nous avons choisi d'étudier en particulier certaines espèces de manchots, dans le sud de l'Océan Indien et en Antarctique. Dans le cadre du suivi des déplacements en période inter-nuptiale, nous avons privilégié une approche combinant plusieurs espèces apparentées (3 espèces du genre Eudyptes), sur plusieurs sites. Cette approche permettait notamment d'évaluer les mécanismes de ségrégation écologique agissant aux niveaux populationnel et spécifique chez ces espèces proches et étudiées sur des sites voisins. Au contraire, pour l'étude des déplacements en phase d'immaturité, nous nous sommes basés sur deux espèces de manchots présentant des traits d'histoire de vie bien différents (le manchot papou Pygoscelis papua et le manchot empereur Aptenodytes forsteri). Ceci laissait apparaître des traits plus généraux de cette phase de dispersion : en s'affranchissant partiellement de l'effet des contraintes intrinsèques des organismes, nous avons cherché à mettre en évidence de manière plus nette l'influence du facteur d'apprentissage chez les individus juvéniles des deux espèces. Les différentes questions énoncées ci-dessus sont abordées, une à une ou de manière combinée, dans chacun des chapitres de cette thèse. 2.1.1 Sites d'étude de l'Océan Indien austral
L'étude présentée ici concerne en premier lieu le sud de l'Océan Indien (Figure 2). Cette région est quasiment dépourvue de masse continentale et présente également relativement peu d'îles : d'ouest en est se trouvent les îles Marion et Prince Edouard (Afrique du Sud), les archipels de Crozet et Kerguelen (France), les îles Heard et MacDonald (Australie), et les îles Amsterdam et Saint-Paul (France).
| 56,763
|
9de8787d9333ccfecfad2ccedc330049_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,007
|
Danemark
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,010
| 10,261
|
2007
Les pensions dans les pays de l’OCDE
Les pensions
dans les pays
de l’OCDE
PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES
Les politiques publiques en matière de pensions et de retraite ont connu une évolution spectaculaire
au cours des dix dernières années. Cet ouvrage présente un cadre cohérent permettant de comparer
les politiques menées par les différents pays de l’OCDE dans ce domaine, ainsi qu’un ensemble de
données fiables. Il constitue une bonne base non seulement pour évaluer les systèmes de retraite en
vigueur, mais aussi pour concevoir et mettre en œuvre de futures réformes.
Cette deuxième édition présente une mise à jour des informations détaillées concernant les
principales caractéristiques des systèmes publics de retraite des 30 pays de l’OCDE. On y trouvera
notamment des prévisions (présentées de façon claire et compréhensible) des revenus dont les
travailleurs actuellement en activité disposeront au moment de leur retraite.
Au sujet de la première édition :
« Ce rapport est bien plus qu’un simple panorama. Il s’agit d’un recueil de faits et d’analyses
qui devraient inspirer l’action gouvernementale et le débat public dans le monde entier pendant
de nombreuses années. Avec cet ouvrage, qui présente sous une forme claire et facilement
compréhensible une somme d’informations sur les systèmes de retraite des pays de l’OCDE, même
les plus isolationnistes auront beaucoup plus de mal à se passer des précieux enseignements qui
peuvent être tirés de l’expérience d’autres pays dans ce domaine. » − Henry J. Aaron,
The Brookings Institution
Classé parmi les douze « documents publics notables » de source internationale par l’American
Library Association.
www.oecd.org/els/social/vieillissement/PAG
Le texte complet de cet ouvrage est disponible en ligne aux adresses suivantes :
www.sourceocde.org/finance/9789264032163
www.sourceocde.org/questionssociales/9789264032163
Les utilisateurs ayant accès à tous les ouvrages en ligne de l’OCDE peuvent également y accéder via
www.sourceocde.org/9789264032163
Les pensions dans les pays de l’OCDE PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES
Deux sections importantes ont été ajoutées dans cette édition : 1) l’une décrit et analyse la réforme
des retraites dans les différents pays de l’OCDE au cours de la dernière décennie ; 2) l’autre présente
une étude plus fine des multiples dispositifs de retraite privés volontaires qui jouent un rôle accru dans
de nombreux pays de l’OCDE, ainsi que des efforts d’épargne privée nécessaires pour préserver les
niveaux de vie au moment de la retraite.
PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES
SourceOCDE est une bibliothèque en ligne qui a reçu plusieurs récompenses. Elle contient les livres,
périodiques et bases de données statistiques de l’OCDE. Pour plus d’informations sur ce service ou pour
obtenir un accès temporaire gratuit, veuillez contacter votre bibliothécaire ou [email protected].
2007
ISBN 978-92-64-03216-3
81 2007 07 2 P
www.oecd.org/editions
-:HSTCQE=UXWV[X:
2007
Les pensions
dans les pays de l’OCDE
PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES
Édition 2007
ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES
ORGANISATION DE COOPÉRATION
ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES
L’OCDE est un forum unique en son genre où les gouvernements de 30 démocraties œuvrent
ensemble pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux que pose la
mondialisation. L’OCDE est aussi à l'avant-garde des efforts entrepris pour comprendre les évolutions
du monde actuel et les préoccupations qu’elles font naître. Elle aide les gouvernements à faire face à
des situations nouvelles en examinant des thèmes tels que le gouvernement d’entreprise, l’économie
de l’information et les défis posés par le vieillissement de la population. L’Organisation offre aux
gouvernements un cadre leur permettant de comparer leurs expériences en matière de politiques, de
chercher des réponses à des problèmes communs, d’identifier les bonnes pratiques et de travailler à la
coordination des politiques nationales et internationales.
Les pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la
Corée, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande,
l’Islande, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la
Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Suède, la
Suisse et la Turquie. La Commission des Communautés européennes participe aux travaux de l’OCDE.
Les Éditions OCDE assurent une large diffusion aux travaux de l'Organisation. Ces derniers
comprennent les résultats de l’activité de collecte de statistiques, les travaux de recherche menés sur
des questions économiques, sociales et environnementales, ainsi que les conventions, les principes
directeurs et les modèles développés par les pays membres.
Cet ouvrage est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les
opinions et les interprétations exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de
l’OCDE ou des gouvernements de ses pays membres.
Publié en anglais sous le titre :
Pensions at a Glance
PUBLIC POLICIES ACROSS OECD COUNTRIES
© OCDE 2007
Toute reproduction, copie, transmission ou traduction de cette publication doit faire l’objet d’une autorisation écrite. Les demandes doivent être
adressées aux Éditions OCDE [email protected] ou par fax 33 1 45 24 99 30. Les demandes d’autorisation de photocopie partielle doivent être adressées
au Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, France, fax 33 1 46 34 67 19, [email protected]
ou (pour les États-Unis exclusivement) au Copyright Clearance Center (CCC), 222 Rosewood Drive Danvers, MA 01923, USA, fax 1 978 646 8600,
[email protected].
AVANT-PROPOS
Avant-propos
L
e présent ouvrage fournit des indicateurs pour la comparaison des politiques des pays de l’OCDE
en matière de retraites. Il donne des estimations du niveau des pensions que les individus vont
percevoir s’ils travaillent une carrière complète et si les règles actuelles sont maintenues.
Ce rapport a été établi par Monika Queisser et Edward Whitehouse de la Division de la politique
sociale de la Direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE. La modélisation des
retraites et l’analyse de la situation fiscale des retraités sont dues à Rie Fujisawa et Edward
Whitehouse. Anna Cristina D’Addio et Jongkyun Choi ont aidé à la mise au point définitive
du rapport.
Des fonctionnaires nationaux ont apporté une aide précieuse en collectant des renseignements
sur les systèmes de retraite et d’imposition de leurs pays. Les résultats ont été confirmés par les
autorités nationales, à l’exception de ceux concernant l’Italie, qui sont basés sur l’interprétation par
l’OCDE des règles et paramètres indiqués par le gouvernement*.
De nombreux collègues de l’OCDE ont fourni avis et informations, en particulier Mark Pearson,
Martine Durand et John Martin. L’équipe chargée des retraites privées à la Direction des affaires
financières et des entreprises – particulièrement Fiona Stewart et Juan Yermo – ont apporté une
contribution fort utile sur la question des pensions privées. Les délégués au Groupe de travail sur la
politique sociale de l’OCDE ont donné leur avis sur les procédures de modélisation et l’élaboration
d’indicateurs permettant la comparaison au plan international des systèmes de retraite. Ils ont
également formulé des observations constructives sur les premières versions du rapport.
Cette publication résulte d’un projet conjoint cofinancé par la Commission européenne et
l’OCDE, et a en outre bénéficié d’une contribution financière du gouvernement suisse.
Les modèles des pensions de l’OCDE utilisent l’infrastructure APEX (analyse comparée des
droits à pensions dans les différents pays) initialement mise au point par Axia Economics, avec l’aide
financière de l’OCDE et de la Banque mondiale.
* L’Italie a émis de sérieuses réserves sur l’adéquation des données utilisées dans ce rapport et, par
conséquent, sur la comparabilité des résultats. En particulier, les hypothèses de référence sur les
âges d’entrée sur le marché du travail et la durée de la carrière (de 20 et 45 ans respectivement) sont
différents de ceux qui ont fait l’objet d’un accord dans l’exercice similaire réalisé au niveau de
l’Union européenne, et diffèrent des normes actuelles sur le marché du travail italien. L’Italie
considère que les interprétations qui se fondent sur ces données peuvent induire en erreur.
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
3
TABLE DES MATIÈRES
Table des matières
Éditorial – La réforme des retraites : une entreprise inachevée. . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Structure du rapport et méthodologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
6
8
11
Partie I
Comparaison des politiques des pays de l’OCDE en matière de pension
Récapitulation de la fourniture de revenus de retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Principales caractéristiques de la conception des régimes de pension . . . . . . . . . . . ..
Indicateurs de revenu de la retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Taux bruts de remplacement du revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Taux nets de remplacement du revenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Taux bruts de remplacement du revenu avec entrée dans le régime a 25 ans. . . ..
Taux bruts de remplacement du revenu avec différents taux
de rendement des investissements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Patrimoine retraite brut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Patrimoine retraite net . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Progressivité de la formule de calcul des droits à pension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Lien entre les retraites et la rémunération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Moyenne pondérée des niveaux de pension et patrimoine retraite. . . . . . . . . . . . ..
Structure de la prestation globale de retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
21
24
33
34
36
38
40
42
44
46
48
50
52
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
54
Partie II
Les réformes des retraites et les pensions privées
4
1. Dix ans de réformes des retraites : leur impact sur les prestations futures . . . . . ..
1.1. Aperçu des réformes des retraites dans les pays de l’OCDE. . . . . . . . . . . . . . . ..
1.2. Impact des réformes des retraites dans un certain nombre
de pays de l’OCDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
1.3. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
57
57
Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2. L’apport des pensions privées aux revenus futurs de la retraite . . . . . . . . . . . . . . ..
2.1. Champ couvert par les retraites privées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2.2. Types de retraites privées volontaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2.3. Les taux de remplacement obligatoires et le déficit d’épargne-retraite . . . . . ..
2.4. Taux de remplacement obligatoires et couverture des retraites privées . . . . ..
2.5. Comblement du déficit d’épargne-retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2.6. Densité de cotisation et déficit d’épargne-retraite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2.7. Taux de rendement réels de l’investissement et déficit d’épargne-retraite . . . ..
2.8. Taux de remplacement bruts indicatifs compte tenu
des pensions volontaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
2.9. Conclusions et évolutions futures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
80
81
81
84
86
87
88
90
91
68
78
92
94
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
TABLE DES MATIÈRES
Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Annexe. Taux de remplacement bruts, y compris les régimes
professionnels à prestations définies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
95
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
StatLinks2
Accédez aux fichiers Excel®
à partir des livres imprimés !
En bas à droite des tableaux ou graphiques de cet ouvrage, vous trouverez des StatLinks.
Pour télécharger le fichier Excel® correspondant, il vous suffit de retranscrire dans votre
navigateur Internet le lien commençant par : http://dx.doi.org.
Si vous lisez la version PDF de l’ouvrage, et que votre ordinateur est connecté à Internet,
il vous suffit de cliquer sur le lien.
Les StatLinks sont de plus en plus répandus dans les publications de l’OCDE.
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
5
ÉDITORIAL – LA RÉFORME DES RETRAITES : UNE ENTREPRISE INACHEVÉE
Éditorial – La réforme des retraites : une entreprise inachevée
Éditorial
La réforme des retraites : une entreprise inachevée
D
Éditorial – La réforme des retraites : une entreprise inachevée
epuis le début des années 90, la réforme des retraites est l’une des préoccupations
premières de beaucoup de pays de l’OCDE. Les gouvernements ont soit entrepris de vastes
réformes structurelles des retraites, soit adopté une série de réformes plus modestes qui,
globalement, modifient sensiblement les droits à pension futurs. Ces réformes, comme les
systèmes de retraite eux-mêmes, ont un caractère à la fois divers et complexe. Elles ont
comporté, entre autres, des relèvements de l’âge de la retraite, des changements des
modalités de calcul des prestations et des baisses de la revalorisation des pensions réelles.
Quoi qu’il en soit, même si les approches sont différentes, la tendance est clairement à une
réduction de la promesse de pension pour les travailleurs d’aujourd’hui, comparée à celle
des générations antérieures. Ceci est nécessaire pour assurer la viabilité financière des
systèmes de retraite aussi bien pour les retraités actuels que pour les retraités futurs.
Dans la mesure où cet objectif est atteint, on peut se réjouir. Mais il faut se garder de
tout triomphalisme. Même si dans l’ensemble de l’OCDE les réformes des retraites ont été
importantes, tout n’est pas résolu. Cinq grandes questions subsistent.
Premièrement, certains pays ont encore besoin de revoir complètement leurs régimes
publics de retraite. En Espagne et en Grèce, par exemple, les travailleurs ayant une carrière
complète peuvent escompter une pension substantielle s’ils partent à l’âge normal de la
retraite. Mais en réalité, de nombreux retraités ne perçoivent que la pension minimum
parce qu’ils n’ont pas cotisé suffisamment. En même temps, il existe dans ces pays des
incitations à une retraite anticipée. Or, le vieillissement de la population va accroître la
pression financière sur ces régimes; il est donc urgent de les réformer.
Deuxièmement, certaines réformes majeures des retraites sont trop lentes. C’est le cas
en Autriche, en Italie, au Mexique et en Turquie. En Turquie, par exemple, le nouvel âge de
la retraite fixé à 65 ans, ne sera atteint qu’en 2043 pour les hommes et plus tard encore
pour les femmes. En Autriche et au Mexique, les personnes qui étaient déjà affiliées au
régime public de retraite (même depuis peu) ont la garantie que la prestation n’est que
légèrement inférieure, sinon identique, à celle de l’ancien système. Enfin, la réforme
de 1995 en Italie ne touchera pas les personnes qui partent à la retraite avant 2017 au plus
tôt. Même si la situation financière à long terme des systèmes de retraite de ces pays est
très améliorée, la lenteur du changement signifie encore des décennies de dépenses
relativement élevées. Ces pressions financières risquent d’avoir pour effet pervers
d’imposer des ajustements ad hoc à court terme plus douloureux pour les intéressés que ne
l’auraient été des réformes plus rapides.
Troisièmement, face à une réduction de la promesse de pension, la tendance générale
est à exhorter les travailleurs à épargner davantage pour leur propre retraite; toutefois, les
6
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
ÉDITORIAL – LA RÉFORME DES RETRAITES : UNE ENTREPRISE INACHEVÉE
plans de retraite volontaires risquent de ne pas être suffisants pour assurer un
remplacement adéquat des revenus d’activité. Cette question se pose depuis longtemps
dans des pays comme les États-Unis, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, où
les pensions du régime public sont relativement faibles, en particulier pour les salaires
moyens et élevés. Dans l’avenir, de plus en plus de pays vont rencontrer le même
problème : la réduction des pensions publiques va nécessiter davantage d’épargne
personnelle pour maintenir le niveau de vie durant la retraite. L’un des moyens de stimuler
l’adhésion à des pensions privées volontaires est ce que l’on appelle l’« inscription
automatique », par laquelle les travailleurs sont affiliés à un plan de retraite à moins qu’ils
décident d’en sortir. Ce système a été récemment introduit en Nouvelle-Zélande et il est à
l’examen ailleurs. Un autre moyen d’élargir la couverture des retraites privées est
d’étendre les négociations collectives aux questions de retraite. C’est ainsi par exemple
que les Pays-Bas et les pays nordiques assurent une couverture quasi-universelle des
retraites complémentaires.
Quatrièmement, de nombreux systèmes de retraite continuent d’encourager les départs
anticipés, même si l’âge légal de la retraite a été porté à 65 ans dans la plupart des pays de
l’OCDE et, dans certains cas, même au-delà. Plusieurs pays ont tenté de fermer les voies
d’accès à une retraite anticipée par le biais du chômage ou des pensions d’invalidité par
exemple. Certains pays vont à l’avenir ajuster l’âge de la retraite ou le niveau de la
prestation en fonction de l’espérance de vie. Ces mesures sont prometteuses, mais il faut
voir si elles résistent au temps. L’expérience récente montre en effet que dans certains
pays les pressions politiques ou les échéances électorales ont empêché l’application des
règles qui prévoient l’ajustement des retraites en fonction de l’allongement de l’espérance
de vie.
Cinquièmement, certaines réformes pourraient accroître le risque de pauvreté des
travailleurs à bas salaire lorsqu’ils sont à la retraite. Un certain nombre de pays –
notamment l’Italie, la Pologne et la République slovaque – ont instauré des liens beaucoup
plus étroits entre les cotisations versées et les pensions ultérieurement perçues. Si cela
doit encourager les travailleurs à rester en activité plus longtemps, cela augmente aussi le
risque de pauvreté à la retraite pour les personnes qui ont un bas revenu pendant toute
leur vie active ou des interruptions de cotisation du fait du chômage, des enfants, ou
d’alternance d’emploi salarié et de travail indépendant. Il faudra que les pays s’attachent à
surveiller de près la situation du revenu des retraités et à mettre en place des filets de
sécurité afin d’empêcher une résurgence de la pauvreté chez les personnes âgées.
La réforme des retraites peut être difficile à réaliser politiquement. Mais l’expérience
des pays de l’OCDE dans les 10 à 15 dernières années montre que les obstacles ne sont pas
insurmontables : plus de la moitié d’entre eux ont procédé à des changements majeurs au
cours de cette période. Cela devrait encourager les retardataires à activer la mise en œuvre
des changements nécessaires de leurs systèmes de retraite.
John P. Martin
Directeur, Direction de l’emploi, du travail
et des affaires sociales, OCDE
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
7
ISBN 978-92-64-03216-3
Les pensions dans les pays de l’OCDE
Panorama des politiques publiques
© OCDE 2007
Résumé
C
ette deuxième édition de la publication Les pensions dans les pays de l’OCDE : Panorama
des politiques publiques actualise les principaux indicateurs relatifs aux systèmes de retraite
élaborés pour la première édition. Les valeurs de tous les paramètres des systèmes de
pension se rapportent à la situation de 2004. L’approche générale adoptée est « microéconomique », en ce sens qu’elle s’intéresse aux droits individuels acquis dans le cadre des
régimes de retraite des 30 pays membres de l’OCDE.
Le rapport débute par une description de l’ensemble des dispositifs assurant au niveau
national des revenus aux retraités, et une synthèse des paramètres et règles des régimes de
retraite. Huit indicateurs clés des revenus de retraite sont ensuite calculés à l’aide des
modèles de retraite de l’OCDE. Cette édition contient également deux analyses spéciales
sur les réformes des retraites et les pensions privées, qui se fondent sur les modèles de
retraite de l’OCDE pour étudier de manière plus approfondie les principales questions
abordées dans les débats nationaux en ce qui concerne la politique des retraites. Enfin,
le rapport donne des informations détaillée, pour chacun des pays de l’OCDE, sur les
dispositifs adoptés en matière de retraite.
S’agissant des travailleurs percevant une rémunération moyenne, le taux brut de
remplacement, à savoir le rapport entre les prestations de retraite et la rémunération
antérieure, assuré par le régime de retraite obligatoire est de 59 % en moyenne dans les
pays de l’OCDE. Mais la fiscalité joue un rôle important dans les mesures en faveur des
personnes âgées. Dans de nombreux cas, les retraités ne paient pas de cotisations de
sécurité sociale et, comme l’impôt sur le revenu des personnes physiques est progressif et
que les pensions de retraite sont en général plus faibles que la rémunération perçue avant
la retraite, ils paient le plus souvent moins d’impôts. Pour le salarié dont la rémunération
se situe dans la moyenne, le taux de remplacement net dans l’ensemble des pays de l’OCDE
est de 70 % en moyenne, ce qui représente 11 points de pourcentage de plus que le taux de
remplacement brut.
Dans le cas des bas salaires, le taux de remplacement net moyen est de 83 % dans
l’ensemble des pays de l’OCDE. On observe cependant des différences suivant les régions :
les pays nordiques offrent un taux de remplacement net de 95 % aux travailleurs qui
percevaient la moitié du salaire moyen tandis que les pays anglophones membres de
l’OCDE assurent à ceux-ci 76 % de leur rémunération nette antérieure.
Pour les gouvernements, l’important toutefois n’est pas seulement le taux de
remplacement mais aussi la valeur de la pension totale promise. Celle-ci est mesurée par
l’indicateur du patrimoine retraite qui prend en compte l’espérance de vie et l’indexation
des prestations de retraite servies. D’après cet indicateur, c’est au Luxembourg que la
promesse de pension est la plus élevée. Dans ce pays, chaque homme retraité percevra en
moyenne l’équivalent de 920 000 USD et chaque femme retraitée plus de 1 million d’USD.
8
RÉSUMÉ
Les Pays-Bas et la Grèce se classent respectivement aux deuxième et troisième rangs par
rapport à cet indicateur. Les systèmes de retraite les moins généreux sont ceux de la
Belgique, des États-Unis, de l’Irlande, du Japon et du Royaume-Uni, pays dans lesquels le
patrimoine retraite représente environ les deux tiers de la moyenne des pays de l’OCDE. Le
Mexique, où la promesse de retraite des hommes et des femmes équivaut respectivement
à 34 000 et 32 000 USD, se classe au dernier rang.
La quasi-totalité des 30 pays de l’OCDE ont au minimum apporté certains
changements à leur système de retraite depuis 1990. C’est ainsi que dans 16 pays – dont les
réformes sont étudiées dans le présent rapport – la promesse de pension moyenne a été
réduite de 22 %. Pour les femmes, cette réduction atteint 25 %. Seuls deux de ces 16 pays –
la Hongrie et le Royaume-Uni – ont accru la promesse de pension moyenne.
Quel sera l’impact de ces changements sur les intéressés? Certains pays – comme la
France, le Portugal et le Royaume-Uni – ont désormais tendance à cibler davantage les
retraites publiques sur les personnes à faible revenu, renforçant ainsi le système de
protection sociale. D’autres pays – comme la Pologne et la République slovaque – ont
entrepris d’établir un lien plus étroit entre les droits à pension et la rémunération, ce qui
pourrait accroître le risque de pauvreté des travailleurs faiblement rémunérés. On notera
par exemple qu’en Allemagne, au Japon, au Mexique, en Pologne et en République
slovaque, les droits à pension nets pour un travailleur ayant une carrière complète
percevant la moitié du salaire moyen représentaient, avant les réformes, 41 % du salaire
moyen, soit un peu moins de la moyenne de l’ensemble des pays de l’OCDE. Une fois les
réformes mises en place, ce pourcentage sera ramené à 32.5 %. En revanche, la Corée, la
Finlande, la France, la Hongrie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont veillé, dans leur
réforme des retraites, à ne pas amputer les pensions des travailleurs à faible revenu.
Étant donné les nombreuses réformes appliquées dans les pays de l’OCDE, les
travailleurs d’aujourd’hui doivent s’attacher davantage à préparer personnellement leur
retraite. Dans certains pays, l’effort d’épargne à consentir pour atteindre le taux de
remplacement moyen de la zone OCDE est important, même s’il est réalisé sur toute la
durée de la vie active. Si les jeunes actifs ne constituent pas d’épargne pendant les dix à
quinze premières années de leur carrière en raison d’autres priorités de dépenses, ils
auront encore plus de mal à s’assurer une retraite d’un niveau suffisant. Ce rapport montre
l’importance qu’il y a pour les travailleurs à commencer à épargner au début de leur
carrière et à cotiser régulièrement.
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
9
STRUCTURE DU RAPPORT ET MÉTHODOLOGIE
Structure du rapport
et méthodologie
L’
approche générale adoptée dans Les pensions dans les pays de l’OCDE est
« microéconomique », en ce sens qu’elle s’intéresse aux droits individuels acquis dans le
cadre des régimes de retraite des 30 pays membres de l’OCDE. Cette méthode est destinée
à compléter les diverses comparaisons des systèmes de revenu de la retraite : les
projections budgétaires et financières à long terme (par exemple Dang et al., 2001 ; et Union
européenne, 2006) et l’analyse des données de la distribution des revenus (par exemple
Förster et Mira d’Ercole, 2005 ; et Disney et Whitehouse, 2001).
Le rapport est divisé en trois parties. La partie I présente les informations nécessaires
pour comparer « d’un coup d’œil » les politiques des retraites. Elle commence par présenter
les différents régimes qui constituent ensemble les systèmes nationaux de revenu de la
retraite, puis elle fait une synthèse des paramètres et des règles des régimes de retraite.
Elle présente ensuite huit grands indicateurs, qui sont calculés à l’aide des modèles
des pensions de l’OCDE.
● Les deux premiers sont bien connus des analystes des retraites. Ce sont les taux de
remplacement, c’est-à-dire le rapport de la prestation de retraite au salaire individuel. Ils
sont indiqués en termes bruts et nets, c’est-à-dire compte tenu des impôts et cotisations
sur les salaires et sur les revenus de la retraite. Suivent deux analyses de la sensibilité du
taux de remplacement brut. La première considère les individus qui entrent dans le
système de retraite plus tardivement que dans l’hypothèse de base, tandis que la
seconde considère l’importance du rendement des investissements dans les systèmes
de retraite qui comportent une composante à cotisations définies.
● Les deux indicateurs suivants sont le patrimoine retraite brut et net. Le patrimoine
retraite est une mesure plus complète des droits à pension que les taux de
remplacement, car il tient compte de l’âge de la retraite, de l’indexation des pensions sur
les salaires ou sur les prix et de l’espérance de vie.
● Les pays diffèrent par la façon dont leurs systèmes de retraite sont conçus pour assurer
un filet de sécurité pour la vieillesse ou remplacer une proportion donnée (objectif) du
revenu d’activité. L’équilibre entre les deux est étudié par le biais d’un autre couple
d’indicateurs : le premier de la progressivité de la formule de calcul de la prestation de
retraite et le second du lien entre pension et salaire.
● Les
deux derniers indicateurs résument l’incidence du système de retraite sur les
individus selon la place qu’ils occupent sur l’échelle de distribution des salaires, et
présentent le niveau moyen de la pension, le patrimoine retraite et la contribution de
chaque composante du système de retraite à la prestation globale.
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
11
STRUCTURE DU RAPPORT ET MÉTHODOLOGIE
La partie II de ce rapport est constituée de deux chapitres spécifiques consacrés
respectivement aux réformes des retraites et aux pensions privées. Dans les deux analyses,
on utilise les modèles des pensions de l’OCDE pour étudier de plus près les questions qui
sont au centre du débat dans les pays sur la politique des retraites. Le rapport sur Les
pensions dans les pays de l’OCDE adopte un point de vue prospectif, axé sur les droits à
pension futurs des travailleurs d’aujourd’hui. Or, on assiste depuis dix ans à une intense
activité de réforme dans le domaine des pensions et de la retraite. Le premier chapitre
spécifique examine les mesures prises par les pays et en quoi elles vont modifier les
prestations futures. Un certain nombre de ces réformes ont élargi le rôle du secteur privé
dans la constitution des retraites. Le deuxième chapitre spécifique recense donc toute la
gamme des dispositifs de retraite privée et calcule l’effort d’épargne que devront consentir
les individus pour maintenir leur niveau de vie à la retraite.
Enfin, la partie III donne des détails d’une part sur les dispositifs régissant les revenus
de la retraite dans chacun des 30 pays, à savoir l’âge de la retraite et autres conditions
d’éligibilité, les règles de calcul des droits à la retraite, le traitement des retraites anticipées
et tardives, et d’autre part sur les scénarios d’avant-réforme évoqués dans le chapitre
spécifique consacré aux réformes des retraites. Les résultats nationaux sont résumés dans
les études par pays à l’aide de graphiques et tableaux de format standard.
La suite de cette section décrit la méthodologie utilisée pour calculer les droits à
pension. Elle détaille la structure, la couverture et les hypothèses économiques et
financières de base qui sous-tendent le calcul des futurs droits à pension sur une base
comparative.
Droits futurs selon les règles et paramètres d’aujourd’hui
Les droits à pension qui font l’objet des comparaisons sont ceux qui sont actuellement
prévus par la loi dans les pays de l’OCDE. Les changements de réglementation qui ont déjà
été décidés, mais qui sont mis en application progressivement, sont supposés être
totalement en place dès le départ. Les réformes adoptées après 2004 sont prises en compte
lorsqu’on dispose d’informations suffisantes (au Portugal par exemple). Certaines
modifications (relèvement de l’âge de la retraite en Allemagne et réforme d’ensemble au
Royaume-Uni) ne sont pas encore définitivement arrêtées ou l’ont été trop tard pour être
prises en compte dans ce rapport.
Les valeurs de tous les paramètres des systèmes de retraite reflètent la situation de
l’année 2004. Les calculs indiquent les droits à pension d’un travailleur qui adhère au
système aujourd’hui et prend sa retraite à l’issue d’une carrière complète. Les résultats
sont donnés exclusivement pour une personne célibataire.
Durée de la carrière
Ici, une carrière complète est celle d’un travailleur qui entre sur le marché du travail à
l’âge de 20 ans et qui travaille jusqu’à l’âge normal ouvrant droit aux prestations qui, bien
sûr, varie d’un pays à l’autre. Autrement dit, la longueur de la carrière varie avec l’âge légal
de la retraite : 40 ans pour la retraite à l’âge de 60 ans, 45 ans pour la retraite à 65 ans, etc.
Les résultats pouvant être sensibles à l’hypothèse de durée de la carrière, on présente aussi
des calculs pour des travailleurs qui entrent en activité à 25 ans et par conséquent partent
à la retraite avec cinq années de moins que la carrière complète.
12
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
STRUCTURE DU RAPPORT ET MÉTHODOLOGIE
Couverture
Les modèles de retraite présentés ici incluent tous les régimes obligatoires pour les
travailleurs du secteur privé, qu’ils soient publics (c’est-à-dire impliquant des versements
de l’État ou d’organismes de sécurité sociale, selon la définition du Système de
comptabilité nationale) ou privés. Pour chaque pays, on modélise le principal régime
national applicable aux travailleurs du secteur privé. Les régimes applicables aux
fonctionnaires, aux salariés du secteur public et à des catégories professionnelles
particulières sont exclus.
Sont inclus également les systèmes à couverture quasi universelle, à condition qu’ils
couvrent au moins 90 % des salariés. Ceci s’applique à des régimes tels que les plans
professionnels au Danemark, aux Pays-Bas et en Suède. Dans un nombre croissant de pays
de l’OCDE, les plans de pension professionnels à participation volontaire assurent une
large couverture : ils jouent un rôle important dans l’apport de revenus à la retraite. Pour
ces pays, on trouvera dans le chapitre spécifique consacré aux pensions privées une
deuxième série de résultats qu tiennent compte des régimes de pension volontaires.
Les prestations sous condition de ressources auxquelles les retraités peuvent avoir
droit sont aussi modélisées. Elles peuvent être soumises à des conditions qui prennent en
compte aussi bien le patrimoine que les revenus, ou les seuls revenus, ou exclusivement
les revenus de retraite. Les calculs supposent que tous les retraités qui y ont droit
perçoivent ces prestations. Lorsque les conditions de ressources englobent également le
patrimoine, elles sont considérées comme contraignantes. On suppose que la totalité du
revenu durant la retraite provient du régime de retraite obligatoire (ou des régimes de
retraite volontaires dans les pays pour lesquels ils sont modélisés).
Les droits à pension sont comparés pour des salariés gagnant entre 0.5 fois et deux fois
la moyenne à l’échelle de l’ensemble de l’économie. Cette fourchette permet d’examiner
aussi bien les pensions futures des travailleurs les plus pauvres que celles des plus riches.
Variables économiques
Les comparaisons sont basées sur un seul jeu d’hypothèses économiques pour les
30 pays. En pratique, le niveau des pensions est influencé par la croissance économique, la
hausse des salaires et l’inflation, et ces trois variables varient d’un pays à l’autre, mais, le
fait d’avoir une seule série d’hypothèses garantit que les comparaisons des différents
régimes de retraite ne subissent pas l’influence de conditions économiques différentes. De
cette manière, les différences de niveau de pension d’un pays à l’autre reflètent seulement
les différences de systèmes et de politiques de retraite.
Les hypothèses de base sont :
● Croissance des salaires réels : 2 % par an (étant donné la hausse des prix, cela implique
une hausse nominale des salaires de 4.55 %) ;
● Rémunérations
individuelles : supposées croître comme le salaire moyen dans
l’ensemble de l’économie. Cela signifie que l’individu est supposé rester au même point
de la distribution des revenus, et gagner le même pourcentage du salaire moyen durant
toutes les années de sa vie professionnelle ;
● Hausse des prix : 2.5 % par an ;
● Taux de rendement réel compte tenu des charges administratives sur les retraites en
capitalisation, à cotisations définies : 3.5 % par an ;
LES PENSIONS DANS LES PAYS DE L’OCDE : PANORAMA DES POLITIQUES PUBLIQUES – ÉDITION 2007 – ISBN 978-92-64-03216-3 – © OCDE 2007
13
STRUCTURE DU RAPPORT ET MÉTHODOLOGIE
● Taux d’actualisation (pour calculs actuariels) : 2 % par an (pour plus de détails sur le taux
d’actualisation, voir Queisser et Whitehouse, 2006) ;
● Taux de mortalité : la modélisation de base utilise des projections par pays (faites
en 2002) de la base de données démographiques Nations unies/Banque mondiale pour
l’année 2040 ;
● Distribution des salaires : les indicateurs composites utilisent la moyenne OCDE de la
distribution des salaires (basée sur 18 pays) et les données spécifiques par pays
lorsqu’elles sont disponibles.
Tout changement à ces hypothèses de base aura évidemment une incidence sur les droits
à pension qui en résultent. C’est pourquoi les indicateurs sont également présentés pour
diverses hypothèses concernant le taux de rendement des régimes à cotisations définies.
L’impact des variations de la hausse des salaires à l’échelle de l’économie, et pour une hausse
du salaire individuel plus rapide ou plus lente que la moyenne, a été exposé dans la première
édition des Pensions dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2005). Le taux de rendement réel sur les
pensions à cotisations définies est supposé être net de charges administratives. En pratique,
cette hypothèse peut masquer d’authentiques différences de frais administratifs d’un pays à
l’autre (voir l’analyse dans Whitehouse, 2000 et 2001).
Pour le versement des prestations de retraite, les calculs supposent que : à la retraite,
les prestations du régime à cotisations définies sont perçues sous la forme d’une rente
indexée sur les prix à un taux actuariellement juste, calculé à partir des tables de mortalité.
De même, le taux de rente virtuel des régimes de comptes notionnels est (la plupart du
temps) calculé à partir des tables de mortalité en utilisant les règles d’indexation et les
hypothèses d’actualisation employées par chaque pays.
Impôts et cotisations de sécurité sociale
Les informations relatives aux impôts et cotisations de sécurité sociale utilisées pour
calculer les indicateurs nets pour 2002 ont été données dans les chapitres par pays de la
première édition des Pensions dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2005). Les règles et paramètres
applicables ont été actualisés à 2004 mais ne sont pas repris dans le présent volume faut de
place (pour plus d’informations, voir Fujisawa et Whitehouse, à paraître en 2007).
| 29,197
|
02/hal.archives-ouvertes.fr-hal-00380594-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,487
| 8,446
|
). . EXPERIENCE D'ENSEIGNEMENT DE L'EXPRESSION DES EMOTIONS-SENTIMENTS EN CLASSE MULTICULTURELLE DE FLE
Cristelle Cavalla : [email protected] Elsa Crozier : [email protected] Centre Universitaire d'Etudes Françaises, Université Stendhal – Grenoble3
Nous vous présentons un projet à la fois d'enseignement et de recherche en cours de réalisation. Ce projet a pour principal objectif l'enseignement et l'apprentissage du lexique des émotions ou sentiments (que nous désignerons désormais par ES) – l'appellation diffère selon les auteurs. Ces termes restent linguistiquement ambigus pour certaines ES, alors qu'ils ne présentent que peu d'ambiguïté en psychologie et psycholinguistique. Le projet de recherche initiateur de la mise en place des cours en Français Langue Etrangère, est développé au sein du LIDILEM (Grenoble3) dans le cadre d'un programme ESC (Ecole Sciences Cognitives) en français langue maternelle. Ce projet de recherche s'adresse à des enfants de 911 ans (classes du cycle 3 et de 6e au collège) et vise à l'intégration du lexique des sentiments (l'équipe de recherche a tranché pour ce terme-ci) dans une production écrite. Dans la mise en place du projet en FLE, nous avons provisoirement mis de côté la relation entre lexique des sentiments et production écrite. Pour l'enseignement du FLE, nous travaillons dans un contexte didactique linguistiquement et culturellement hétérogène en France dans le cadre du CUEF1 à Grenoble. Les apprenants sont des adultes de niveau élémentaire avancé et intermédiaire (selon le Cadre Européen Commun de référence en langue – CECRL – : niveau 2 et niveau 3 respectivement). Dans le cadre de cet enseignement, nous avons tenté de mettre en exergue l'enseignement du lexique en s'attachant à ce que les ES ent et signifient dans la culture française. Notre problématique étant de voir comment susciter l'expression orale et écrite des ES à des apprenants étrangers. I- LE PROJET 1. LES BESOINS DES APPRENANTS
Au fil de nos expériences d'enseignantes de FLE, et particulièrement dans l'enseignement du lexique, nous constatons que l'apprenant est souvent gêné au plan lexical et culturel dès l'instant où il veut exprimer des ES. Cette gêne est apparemment de deux ordres : a. à ces niveaux de langue, ils ont peu de lexique des ES à leur disposition ; b. l'expression des ES fait appel à des expressions figés et des collocations peu abordées ; c. ils n'ont pas de savoir-faire culturels pour les exprimer ; ce qui est également vrai pour des niveaux de langue supérieurs à ceux-ci. Nous abordons, de façon tant culturelle que linguistique, l'expression de ressentis souvent marqués différemment selon les cultures voire plus ou moins interdite dans certaines (par exemple aux Etats-Unis il n'est pas correct qu'un couple marié affiche une certaine mésentente en public). L'objectif premier est l'acquisition, par les étudiants, du lexique proprement dit (les mots des ES : la peur, la joie), des collocations2, des expressions figées ainsi que de l'intonation et de la gestuelle associées aux ES dans chaque situation de communication.
2. PEU DE MOYENS DIDACTIQUES POUR CHOISIR LE LEXIQUE
Lors de l'élaboration d'un cours spécifique d'enseignement du lexique français à des apprenants étrangers, il apparaît que le lexique des ES est souvent négligé dans les ouvrages de FLE. Les méthodes qui les mentionnent le font de façon parcimonieuse et essentiellement pour des niveaux avancés3. En outre, seules quelques lexies spécifiques sont abordées (peur, joie, stesse) mais les expressions et les façons d'exprimer ses ES sont rarement indiquées. Nous envisageons donc de n'enseigner que ce lexique-ci aux apprenants dans le cadre d'un cours intitulé « Vocabulaire et langue française » ; le cours de deux heures par semaine est complémentaire au cours de langue et aux cours généraux (20 heures/semaine) des apprenants. 2 3 Unité lexicale décrite notamment par Grossmann (2003). Par exemples : CHOVELON Bernadette et BARTHE Marie, 2002, Expression et style (Français de perfectionnement), Presses Universitaire de Grenoble: Grenoble. MERIEUX Régine et LOISEAU Yves, 2004, Connexions, Didier: Paris. Le lexique choisi est celui des ES appelés « primaires » et « mixtes » par les psycholinguistes et psychologues spécialistes du domaine (Coletta, 2003 ; Cosnier, 1994 ; Plantin, 2000 ; Rime, 1989). Les ES primaires abordées sont la joie, la peur, la tristesse, la colère ; quant aux ES mixtes il s'agit de la honte et de la jalousie4. Ce choix n'est pas arbitraire, nous avons écarté le « dégoût » et la « surprise » des ES primaires afin d'aborder d'autres types d'ES sans prétendre à une exhaustivité lexicale pour ces apprenants de ces niveaux-là. De ce fait, l'abord des ES mixtes nous permet de mieux entrer dans la réalité discursive : rarement une seule ES n'est utilisée dans un discours. Etant donné que les ouvrages de FLE ne satisfont pas à nos attentes, nous prenons le parti de dresser une liste d'unités lexicales adaptée au niveau de langue des apprenants. Pour ce faire, nous utilisons en priorité les définitions du Petit Robert ainsi que les listes du thésaurus de Péchoin (1992). II- DEMARCHE DIDACTIQUE
Voulant voir comment susciter l'expression des ES à des apprenants étrangers, notre démarche associe enseignement formel (par exemple des exercices à trous), et enseignement communicatif davantage tourné vers l'expression orale et s'appuyant sur l'imagination des apprenants dans des exercices d'écrits. Testé auprès d'une cinquantaine d'étudiants, le projet se déroule selon la démarche suivante : 1/ Introduire l'ES à l'aide d'un support auditif, visuel ou les deux afin de placer les apprenants dans l'ambiance de l'ES en question ; 2/ Nommer l'ES et faire des exercices associant lexique, collocation et expressions figées en rapport avec l'ES ; 3/ Réutiliser des acquis soit en expression orale soit en expression écrite ; 4/ Conclure, à chaque fin d'unité d'une ES, par l'élaboration d'une fiche individuelle à chaque apprenant, comportant le lexique abordé relatif à l'ES. Le projet fait l'objet d'une analyse linguistique, didactique et culturelle5 dont le corpus initial est constitué de productions écrites et orales (nous n'avons pas d'enregistrement, mais nous avons relevé les remarques des apprenants au fil des cours), effectuées dans chaque unité didactique relative à une ES. Une évaluation finale ludique est envisagée pour vérifier si le lexique et les expressions sont réinvestis dans un nouveau contexte (un jeu de l'oie). 4 « Mixte » signifie que ces ES s'associent à d'autres ES : la jalousie est souvent accompagnée de la colère par exemple. 5 Etude présentée par ailleurs (Cavalla, 2005). Le plan de la démarche reste identique pour chaque ES et même si les exercices sont généralement différents par chapitres, certaines rubriques sont récurrentes, par exemple, la rubrique « Un peu de culture » qui permet d'aborder des références culturelles liées de près ou de loin au sentiment en question ; par exemple : Qui est le Chevalier « sans peur et sans reproche »? Dans le cadre du sentiment de « peur ». Après la présentation de chaque étape de la démarche, nous vous donnerons les premiers résultats obtenus.
1. INTRODUIRE L'ES
La première étape est la sensibilisation à l'ES. Avant d'aborder chaque ES particulière, nous mettons en place une sensibilisation générale (une sorte de leçon zéro) regroupant tous les ES que nous allons aborder. Dans cette première sensibilisation, nous nous intéressons au savoir antérieur des apprenants et nous leur demandons de lister le lexique qu'ils connaissent à propos de ces ES. Puis, nous leur présentons une expression figée et une collocation nouvelle pour chaque ES. De ce fait, pour la cohérence du cours, certaines expressions apprises lors de cette première séance, seront réutilisées par les étudiants dans chaque unité spécifique. Ce savoir préalable valorise l'étudiant et le met en confiance face à la séquence nouvelle. Par la suite, pour chaque ES, l'étape de sensibilisation permet aux apprenants d'être directement immergé dans le contexte de l'ES en question. Grâce à des enregistrements et des mises en contextes, ils comprennent apparemment bien les acceptions qui peuvent être perçues comme polysémiques hors contexte. Nous insistons dès le départ sur cet aspect qui permet d'éliminer bon nombre de confusions sémantiques et simplifie certaines interprétations métaphoriques. Par exemple, le contexte du sentiment permet de comprendre que le verbe « sauter » dans l'expression « sauter de joie » a davantage un sens métaphorique que réellement actif (on ne saute pas vraiment ou rarement). Ce phénomène est également présent dans « peur bleue » où la peau deviendrait bleue sous l'effet d'une congestion causée par un sentiment vif, mais un tel phénomène reste rare tandis que l'expression est courante. Cette étape de sensibilisation est donc primordiale pour l'ensemble du cours, c'est une véritable mise en condition des apprenants. Nous y utilisons des documents divers, par exemple pour la joie nous commençons par leur faire écouter un extrait de la 9e symphonie de Beethoven. L'écoute est suivie de questions ouvertes afin d'engager de brefs échanges langagiers : 1. De quoi s'agit-il? Niveau Elémentaire (NE) + Niveau Intermédiaire (NI) d'une musique classique, d'un opéra 2. Que pensez-vous de la musique? NE c'est une musique forte, « haute » NI sacrée, sonore, forte 3. Que pensez-vous de la mélodie? NE elle est rapide, rythmée NI rythmée, dansée, l'énergie 4. À quoi pensez-vous quand vous écoutez cet enregistrement? NE les gens sont en colère, c'est la fierté, le bonheur NI la joie, le bonheur,
la victoire, la puissance, la force, la vigueur
Ce petit questionnaire nous entraîne vers des explications sur les représentations culturelles de ce qu'est une musique forte et rythmée : pour certains Asiatiques, c'est la colère et la fierté mal placée ; une représentation connotée négativement. En revanche, pour les Européens et les Latino-Américains, le bonheur et la joie sont nommés. Cette réactivité des étudiants entraîne une dernière question qui s'impose : 5. Est-ce que vous connaissez des musiques fortes et rythmées qui n'expriment pas obligatoirement la joie? Leurs réponses sont immédiates : NE Marche militaire, Hard Rock, Heavy metal 2. - les intonations liées à chaque expression : o « C'est super! » Intonation joyeuse ascendante []. o « J'en peux plus. » Intonation triste descendante []. - la gestuelle associée à chaque ES : pour la joie, les mouvements sont plutôt amples et vers le haut, a contrario, pour la tristesse c'est un mouvement de repli sur soi, de descente vers le bas. Ceci est intéressant car ces configurations physiologiques se retrouvent dans le lexique : « être aux anges » (mouvement vers le haut et inspiration), « toucher le fond » (mouvement vers le bas et expiration). Introduire la gestuelle associée à l'expression des ES apparaît importante dès l'instant où elle accompagne les mots de la langue. Cette association geste/parole est inhérente au langage et rarement enseignée en FLE. Pourtant, le geste est un fait culturel marqué qu'il est difficile d'acquérir quand on vient d'une culture radicalement différente et où les gestes seront également différents. Ne pas connaître les gestes associés aux situations langagières peut entraîner des confusions communicationnelles ; particulièrement pour l'expression des ES qui requiert une gestuelle bien spécifique à chaque culture6. Pour palier les malentendus communicationnels, nous prenons le parti de leur montrer les gestes et leur faire entendre et répéter les intonations. Pour ce faire, l'enseignant se met en scène : - il s'approprie l'intonation de l'expression afin de la faire répéter correctement : il la déclame tel un acteur qui insiste sur l'interprétation de sa phrase. - il s'approprie la gestuelle associée à l'expression afin 1/de la faire remarquer 2/que les apprenants la reconnaissent et 3/que les apprenants comprennent la relation entre le geste et la parole. Cette démonstration de l'enseignant – qui présente l'intonation et la gestuelle comme grossies par une loupe – crée une stimulation dans le groupe qui favorise l'expressivité personnelle de chaque apprenant selon les caractères. Cette mise en scène de l'enseignant ne serait-elle pas le moyen le plus approprié, dans le cadre de la classe, de permettre aux apprenants de reconnaître, de comprendre et d'exprimer à leur tour les ES? 6 Cf. l'article de Vasumathi Badrinathan, dans cet ouvrage. Pour atteindre cet objectif, nous proposons les exercices suivants ; exemple issu du chapitre « La joie » : Exprime ta joie!! Voici des expressions courantes utilisées pour dire sa joie : C'est super! J'adore! Ça me plaît! C'est cool! C'est vachement bien!7 J'aime beaucoup! Écoutez et répétez les expressions avec l'intonation proposée. Associez un geste à chaque expression. Pour l'appropriation des expressions, nous les faisons répéter dans un dialogue « farfelu » qui utilise des méthodes d'expression issues de l'enseignement théâtral : Dialogue farfelu : Divisez-vous en deux groupes et placez-vous face à un partenaire. Lancez une expression à votre partenaire en le regardant, et celui-ci vous répond avec une autre expression. Les exercices sont ici à double objectif : ils servent à la fois de découverte d'expressions et de termes liés, et ils sont le support d'activités orales ou écrites, collectives ou individuelles. Soulignons que la répétition, la mémorisation et la réutilisation immédiate sont primordiales. 3. REUTILISER DES ACQUIS
Nous abordons le détail de l'utilisation de ce lexique. Nous verrons d'abord A/ le sens précis de la lexie, puis B/ les définitions, C/ les expressions les plus courantes (« avoir les cheveux qui se dressent sur la tête ») et enfin D/ les collocations confirmées (« rendre joyeux, heureux »). A/ Premièrement, entrer dans le détail de l'utilisation : le sens précis de la lexie, les expressions les plus courantes, les collocations inévitables, les lexies associées comme dans l'exemple suivant : Trouvez le mot manquant. Chaque phrase doit contenir un mot lié à la tristesse. - Familier. Julien a perdu son chien, il a du (Nom). Chagrin - Le tremblement de terre a fait verser beaucoup de (Nom) aux familles qui ont tout perdu. Larmes Ces exercices systématiques sont accompagnés de réemplois moins formels dans lesquels les apprenants doivent faire preuve d'imagination. Par exemple pour la collocation « rendre joyeux », nous leur demandons de donner des situations, des personnages, des objets etc. qui les rendent joyeux. Certains apprenants les mettent spontanément en contexte. Différentes contextualisations sont données comme l'utilisation d'un faire-part de naissance, ou le dialogue entre deux étudiantes qui expriment très excessivement (intonation forte qui peut-être accompagnée d'une démonstration sur la gestuelle associée) leur joie :
Ève et Claire : À l'université. Ève : Youpi! Youpi! J'ai réussi mes exams! Claire : Ben! Qu'est-ce qui te met de si bonne humeur? Ève : J'ai réussi mes examens! C'est le bonheur, quoi! Claire : Quel entrain, t'arrête pas de sauter! Ta gai
eté est belle à voir! Félicitations! Ève : Hip! Hip! Hip! Ève et Claire : Hourra! Crient-elles joyeusement. B/ Deuxièmement, nous étudions les formes morphosyntaxiques et les utilisations des quasi-synonymes. Exemple de production écrite individuelle : À partir d'un texte de Montesquieu (qui leur est donné), retrouvez les familles de mots des termes « ravissement » et « content ». Retrouvez le verbe, le nom et l'adjectif correspondant ainsi que ceux de l'antonyme de « content ». Réécrivez un poème à la manière de Montesquieu C et D/ Troisièmement et quatrièmement, nous enrichissons le lexique en insistant sur les formes, les sens des expressions et des collocations. Exemple : Expressions et collocations avec le mot « larme ». Associez le verbe à la fin de la phrase pour retrouver l'expression. Faites une phrase avec le sujet proposé : Avoir, Fondre en larme (il), les larmes aux yeux (je) Nous finissons la séquence sur un réemploi dans un contexte différent. Exemple de production écrite individuelle Décrivez la joie que vous ressentez dans un moment particulier : Vous rentrez dans votre pays après avoir passé plusieurs mois à l'étranger. Vous êtes très heureux de retrouver votre famille et les membres de votre famille sont ravis Cet exemple de réemploi individuel permet d'aborder davantage que du lexique ou des expressions, mais la comparaison et la discussion sur des savoirs-faire culturels variés grâce à l'hétérogénéité des classes. Cet atout permet de comparer les pratiques culturelles autour de l'expression des ES ainsi que celles associées aux différents contextes présentés ; notons que la présentation et l'utilisation d'un faire-part change selon les traditions (les Boliviens envoient un faire-part pour annoncer leur réussite au « baccalauréat » bolivien). Certains tiques, lors de la production écrite individuelle précédente, expliquent que jamais leurs parents n'expriment leur joie de façon très démonstrative telle que le suggère l'expression « sauter de joie ». Ainsi, aborder le lexique des sentiments n'est pas seulement une question linguistique, il s'agit également, et de façon importante, de parler de la culture de chacun. Les sentiments sont très culturellement marqués et même si certains sont reconnus universellement (les ES primaires), ils ne sont jamais vraiment exprimés de la même façon par le corps et l'intonation. Il est alors important pour des étrangers de reconnaître, en plus du linguistique, les intonations et la gestuelle associées. 4. CONCLURE : LA FICHE RECAPITULATIVE DU LEXIQUE
La fiche récapitulative individuelle contient les rubriques présentées ci-dessous qui peuvent être modifiées selon les cas. Par exemple, la jalousie n'ayant pas d'interjection, nous avons supprimé l'entrée, en revanche nous leur donnons une construction syntaxique relevant de la jalousie (« être jaloux de »).
Le lexique : Définition de l'ES Quasi-synonymes Noms, verbes, adjectifs, adverbes Antonymes Les expressions figées Les interjections Les collocations Les constructions syntaxiques
La fiche récapitulative est remplie individuellement mais est corrigée de façon collective afin que tous aient la liste exhaustive du lexique. Elle contient tout le lexique abordé dans les documents étudiés. Ce travail récapitulatif peut se faire à plusieurs moments du chapitre ; ce choix est à la discrétion de l'enseignant en fonction de ses objectifs et de ses apprenants. Personnellement, nous remplissons la fiche à la fin de chaque chapitre car nous lui attribuons les rôles suivants (qui varieront en fonctions des objectifs de chaque enseignant) : - dans un premier temps, elle sert à un récapitulatif exhaustif de tout le vocabulaire abordé dans le chapitre ; - dans un deuxième temps elle est utile pour certaines des évaluations finales dans chaque chapitre ; - dans un troisième temps, elle sert de document de référence tout au long des cours puisque les fiches des premiers chapitres peuvent aider l'apprenant dans les chapitres suivants notamment lors de production où il peut mélanger des sentiments ; - de ce fait, dans un quatrième temps, elle sert à la révision pour d'éventuelles évaluations en cours d'apprentissage. Il nous apparaît intéressant que cette fiche ait une utilisation transversale tout au long des cours et soit un outil linguistique pratique. L'existence de fiche récapitulative n'est pas nouveau dans l'enseignement, surtout en langue maternelle, mais n'est que rarement utilisée en cours de FLE. Dans l'enseignement du lexique, il est important que les apprenants puissent rapidement retrouver les mots dont ils ont besoin. D'autres outils sont à la disposition des apprenants, mais nous constatons rapidement que le dictionnaire bilingue n'est pas adapté aux expressions et aux collocations, elles ne sont que rarement mentionnées ; quant au dictionnaire monolingue, il est souvent compliqué pour les niveaux qui nous concernent. Ainsi, la fiche met-elle rapidement à disposition le mot recherché. En outre, étant établie à partir des documents du cours, les apprenants peuvent alors retrouver la lexie dans un contexte abordé dans le cours ; ainsi, l'accès au sens (que l'apprenant a obligatoirement déjà rencontré en cours) se fait à nouveau grâce au contexte. III- RESULTATS 1. LES IMPRESSIONS DES APPRENANTS
Reconnaissons l'enthousiasme des étudiants exprimé dans leurs évaluations et dans leurs participations actives aux cours. Il en ressort néanmoins deux points sur lesquels nous devons nous arrêter : - Ils ont exprimé le désir de ne pas se focaliser sur un sentiment (pour eux, c'est « lassant »). Nous avions prévu de travailler sur tous les ES au cours du semestre. Cependant, lors de l'avancée des cours nous nous sommes rendues compte que les apprenants étaient très démunis face à ce lexique et nous avons alors décidé d'approfondir chaque sentiment. Le résultat fut que nous n'avons abordé que trois ES : la peur, la joie et la tristesse. Les étudiants ont donc été frustrés de ne pas avoir du lexique de la colère ou de la honte qui leur posait tout autant de problèmes. - Ils ont apprécié de pouvoir travailler sur des situations aussi différentes que variées au sein de chaque ES. Néanmoins, ils en auraient voulu davantage. Il est vrai qu'il est important de montrer que ce lexique n'est en fait que peu utilisé par les locuteurs natifs ; en effet, nous avons constaté que la peur, par exemple, est le plus souvent décrite à l'aide d'expressions que par des lexies de la peur (il en va de même pour la tristesse). Notons que si nous leur avions donné d'autres situations sur lesquelles travailler, nous n'aurions sûrement pas eu le temps d'aborder trois sentiments (cf. la première remarque). Pour la suite, nous continuerons d'insister sur les « ambiances » culturellement marquées pour ces ES (un faire-part de naissance (joie) et de décès (tristesse) ; un conte qui fait peur ; une dispute dans un couple (jalousie)). La tâche qui nous incombe est désormais de trouver des contextes déclencheurs d'ES, ainsi que des contextes dans lesquels des sentiments sont décrits sans que celui-ci soit lexicalement désigné. Nous l'avons déjà vu dans les faire-part de naissance où le lexique n'est pas toujours explicitement celui de la joie (dans certains faire-part de naissance, c'est le frère ou la soeur aîné (ou les deux) qui annonce la venue du nouveau-né sans que la joie soit mentionnée). Ce choix est le résultat d'un constat à la lecture de textes littéraires qui utilisent peu de lexique des ES et pourtant décrivent largement ces derniers (cf. Frison-Roche, Maupassant). Nous en concluons que ce sont davantage des situations qui convoquent le sentiment que le sentiment lui-même qui apparaît. Exemple : Repérage des éléments d'ambiance soit en rassemblant les lexies abordées jusqu'ici (cf. l'exercice ci-dessous), soit à partir d'un texte (nous l'avons fait à partir d'un conte fantastique). Dans ce dernier cas, il s'agit de repérer les différents types d'éléments en présence qui contribuent à la construction du sentiment dans la narration : le lexique des ES, les actions des personnages ainsi que les éléments d'ambiance. Exercice : Rassemblez les expressions et les mots de la joie que vous avez étudié jusqu'à présent. Vous pouvez en ajouter d'autres.
Lexique La joie Actions du/des personnages Sauter de joie Eléments d'ambiance La
ête 2. LES ECRITS DES APPRENANTS
Nous avons quelques productions écrites des apprenants (une trentaine) qui nous permettent une petite analyse. a/ Remarques générales
Le premier constat révèle qu'ils ne sont pas passés par la traduction littérale dans le réinvestissement des expressions. Nous savons que les expressions figées sont souvent sujettes à traduction dans la langue maternelle car ce sont des formes complexes à retenir. Le fait de les présenter essentiellement dans des contextes qui contribuent à la désambiguïsation sémantique a mis de côté toute tentation de traduction en langue maternelle : ils ont compris le sens, sans avoir à chercher si l'expression existait dans leur langue maternelle. Le deuxième constat est qu'ils ont utilisé le lexique des ES et surtout celui de la description des ambiances. Ce constat se fait grâce à la mise en place d'une tâche sur le semestre : la rédaction en petits groupes d'un conte qui fait peur. L'objectif d'une telle activité – outre l'objectif linguistique – était de faire peur aux autres groupes de vocabulaire (lors d'un concours de la meilleure histoire). Dans leurs contes (comme dans les histoires des enfants francophones), moult lieux sordides ou personnages effrayants se cotoyaient.
b/ Le lexique mis de côté par les apprenants
Parmi le lexique apporté pendant les cours, une certaine catégorie a moins été réinvestie que les autres dans leurs productions écrites : les lexies particulières à chaque sentiment. Nous constatons en effet, qu'ils ont peu utilisé les lexies telles que « joie » et « tristesse ». En revanche, la phraséologie comme « être triste » ou « être joyeux » (avec l'emploi de l'adjectif) a davantage été réemployée. c/ Le lexique retenu par les apprenants
Le lexique réinvesti représente tous les autres types abordés : Les expressions : avoir les cheveux qui se dressent sur la tête. Les collocations : rendre heureux, être triste, toucher le fond. Les ambiances : la pluie, un jour noir, un repas d'amis, la réussite à un examen. Ces choix lexicaux se retrouvent dans la littérature qui ne tarie pas d'imagination pour décrire des ambiances permettant la mise en place d'une ES. Des exemples pris dans La peur de Maupassant où des lexies telles que « des cris, la nuit, le froid, la mort » viennent enrichir l'impression associée au sentiment de peur décrit par l'auteur. Nous constatons que les descriptions liées aux ES sont faites essentiellement à l'aide d'adjectifs soit associés sémantiquement à l'ES en question (livide = peur), soit associés au champ lexical du récit ((tempête) silencieuse = peur). Comme chez les apprenants étrangers, les lexies propres à la peur sont moins souvent convoquées dans le texte que les ambiances. Nous retrouvons ces caractéristiques lexicales chez les enfants francophones8. Leurs écrits révèlent les mêmes résultats que pour les étrangers à la différence près que les enfants ont pris le risque de « jouer » avec les expressions et en ont beaucoup inventé. Les apprenants étrangers n'ont pas franchi cette étape vers le néologisme ce que nous pouvons comprendre et expliquer par leur manque d'expérience dans cette langue nouvelle à ce niveau-là (peut-être que des niveaux avancés se risqueraient davantage à cet exercice du néologisme). Ces activités ont été élaborées dans le cadre du projet ESC évoqué en introduction. Ces activités sur la peur ont fait l'objet d'un site Internet consultable à l'URL suivante : http://u-grenoble3.fr/stendhal/lidilem/projets/ESC
IV- POUR CONCLURE A PROPOS DES AUTRES EMOTIONS-SENTIMENTS
Nous poursuivons désormais l'expérimentation avec les autres ES9. Nous prévoyons de développer des activités autour de la colère, la honte et la jalousie. La honte et la jalousie recèlent des sentiments liés parfois délicats à aborder auprès d'apprenants ; par exemple, la frustration associée à la jalousie ou la haine en rapport avec la colère sont des sentiments négatifs parfois à la limite de la parole taboue (la jalousie ne s'exprime pas). Au niveau linguistique, elles ne nous facilitent pas la tâche dès l'instant où la langue a peu développée d'expressions figées pour ces ES-ci ; si l'on compare avec le nombre d'expressions que l'on croise pour les trois ES précédemment étudiées (la peur, la joie, la tristesse), nous voyons rapidement que ces ES en ont peu : o pour la jalousie, il y a deux collocations : « être jaloux comme un tigre/un pou » de lexies considérées comme quasi synonymes ou parasynonymes : à la jalousie sont associés le dépit, l'envie et l'ombrage ; ce qui est peu, en comparaison des nombreuses lexies associées à la peur (cf. le thésaurus de Péchoin). A PROPOS DE LA DEMARCHE PEDAGOGIQUE
Dès la mise en place du projet, nous avons eu l'intention de faire une évaluation finale associant le lexique de plusieurs ES dans un seul contexte. Cependant, nous n'avons pas eu le temps de le faire lors de la session précédente. Cette fois-ci, nous mettrons tout en oeuvre pour qu'une telle évaluation se fasse. Nous voulons donner l'occasion aux apprenants de rassembler au sein d'une même production (orale ou écrite) tous les sentiments abordés. Une telle production se rapprochera ainsi davantage de la réalité des interactions verbales dans lesquelles il est rare de trouver un seul sentiment exprimé. La complexité de l'utilisation vient aussi du fait que les sentiments apparaissent conjointement dans les conversations, les textes Nous avons voulu leur donner beaucoup de nouvelles informations à la fois (lexique, intonation, gestuelle) et nous nous sommes alors, heurtées à la complexité de la tâche : nous avons dû ralentir le rythme. Les apprenants appréciaient chacune des information nouvelles 9 Ce travail a donné naissance à un ouvrage à paraître aux Presses Universitaires de Grenoble sous le titre Emotions-Sentiments. et, comprenant rapidement l'association lexique + intonation + geste, ils en demandaient davantage dès l'instant où l'enseignant omettait une intonation par exemple. Ainsi, nos chapitres s'avèrent un peu longs, mais chacun y puisera ce dont il a besoin. Les exercices de production personnelle (orale et écrite) prenaient également parfois plus de temps que prévu car les apprenants tenaient à rédiger ou bien, à jouer « au mieux » les textes. A l'oral, si l'intonation n'était pas correcte, certains reprenaient leur collègue avant toute réaction de 'enseignant. A l'écrit, nous avons peut-être trop insisté sur l'utilisation des expressions car ils en ajoutaient parfois trop ; ils passaient du temps à les rechercher dans le cours ne les connaissant pas toutes par coeur ce qui allongeait le temps de la rédaction ; les collocations étant souvent plus courtes, ils les retenaient plus facilement ce qui perturbe moins l'écriture. Cependant, la langue française utilise un nombre important d'expressions pour décrire les ES ; nous devrions penser à leur donner davantage d'exemples de textes et de dialogues afin qu'ils jugent par eux-mêmes du nombre « raisonnable » d'expression à utiliser. La démarche n'était pas nouvelle, aussi ne nous a-t-elle pas vraiment posée de problème. En revanche, c'est dans l'équilibre entre l'oral et l'écrit que nous avons dû réajuster des exercices afin que chaque nouvelle information soit réinvestie à la fois à l'oral et à l'écrit. Ainsi, inciter les apprenants à un double réemploi leur permet d'apprécier les différences entre l'oral et l'écrit, ainsi qu'une appropriation auditive et visuelle.
A PROPOS DES LEXIES
Enseigner ces lexies dans une classe de FLE fait émerger des questions connues à propos de l'enseignement du lexique en général : - Quel lexique des ES choisir pour ces niveaux 2 et 3 (CECRL)? - Quels critères linguistiques leur donner pour qu'ils apprennent dès à présent à repérer la structure du lexique français : aborder la morphologie lexicale10? Ce dernier aspect du lexique n'apparaît généralement qu'aux niveaux avancés en langue, mais quel que soit le lexique à enseigner, les liens morphologiques sont présents et impliquent des règles de structuration précises (dérivation, composition) qui peuvent aider à la compréhension et aux rapprochements lexicaux. 10 Nous avons abordé cet aspect avec nos apprenants, mais cette partie du cours ne faisant pas directement appel au lexique des sentiments, nous ne l'avons pas présenté ici. Nous n'échappons pas à ces interrogations en choisissant d'enseigner le lexique des sentiments, et d'autres questions apparaissent plus spécifiques de ce lexique. En effet, ce champ lexico-sémantique nous entraîne vers de nouveaux horizons didactiques que nous n'avions d'abord pas envisagé de mettre en place dans un cours de lexique à des niveaux 2 et 3 : enseigner les into nations et la gestuelle associées aux expressions. Nous comptons poursuivre dans cette direction communicative/théâtrale puisque les résultats auprès des apprenants sont encourageants. La réponse à notre problématique qui était de « voir comment susciter l'expression des ES à des apprenants étrangers » n'appelle pas de réponse définitive. Nous nous sommes attachées à leur expliquer ce que les ES représentent et signifient dans la culture française actuelle. En introduisant des comparaisons culturelles entre les différentes représentations des ES (la mort, la naissance, la rupture) nous leur avons permis d'accéder à la fois à la culture et à la langue. A l'oral, nous avons tenté une approche qui demande une forte implication vocale et corporelle de l'enseignant en prenant le parti d'ajouter une gestuelle forcée dès que l'occasion se présentait. Est-ce cette implication qui a incitée davantage nos apprenants à reproduire ces gestes et cette intonation? Est-ce le fait qu'ils vivent en France et que de reconnaître ces éléments paraverbaux dans la rue, les incite à se les approprier? Notre objectif n'était pas qu'ils les reproduisent à l'identique, mais qu'ils se les approprient afin de les reconnaître et de ne pas être confronté à des situations de communication embarrassantes (ne pas comprendre un geste ou mal interpréter une intonation et se trouver en défaut face à l'interlocuteur qui poursuit son discours). Il serait désormais intéressant de comprendre les mécanismes cognitifs en jeu dans ce type d'apprentissage : les techniques de théâtre seraient-elles un moyen privilégier à associer à l'apprentissage afin de l'optimiser? De nombreuses expériences existent déjà, mais il ne s'agit pas ici de les entraîner à faire du théâtre, mais à davantage théâtraliser leur discours grâce à l'enseignant qui interprète et met en scène des situations « à la française ». A l'écrit, nous n'avons pas privilégier la relation entre lexique des sentiments et production écrite, mais sur un plan linguistique (pour l'apprenant) et didactique (pour l'enseignant), il sera désormais intéressant de s'attarder sur ce phénomène. En outre, l'expérimentation menée auprès des enfants francophones a donné des résultats (Boch, 2005 ; Grossmann, 2003) intéressants qu'il serait pertinent d'utiliser en FLE.
Bibliographie BOCH Françoise et CAVALLA Cristelle, 2005
, "
Evaluer l'expression des sentiments dans des textes d'enfants, une mission impossible?" Repères n°31, à paraître. CAVALLA Cristelle et CROZIER Elsa, (à paraître juin 2005), Emotions-Sentiments, Grenoble: Presses Universitaires de Grenoble. CAVALLA Cristelle, 2005, "Lexique et représentation des sentiments".
| 24,153
|
d2bc201f1b3c416ee232a2e803953772_16
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,013
|
L'art romanesque d'Octave Mirbeau. Themes et techniques
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,105
| 11,899
|
Le problème de la représentation de la réalité est, nous l’avons dit,
l’une des préoccupations majeures de Mirbeau. Quand Monet lui fait part
de ses difficultés théoriques, il lui conseille de s’en tenir au monde solide
des objets : « Voyons, Monet, mettez-vous donc en face de la réalité, une
bonne fois. Imposez une discipline humaine à votre raison. Dites-vous
qu’il est des rêves qu’une âme forte ne doit pas tenter, parce qu’ils sont
irréalisables. On ne peut aller plus loin que le monde sensible, et sapristi !
ce que vous sentez, ce que vous voyez est un domaine assez vaste, assez
infini pour vous »357. Dans ses chroniques esthétiques, il revient régulièrement sur l’importance de l’observation et de la fidélité à la nature. « On
n’atteint un peu de la signification, du mystère et de l’âme des choses que
si l’on est attentif à leurs apparences »358, écrit-il encore en 1913.
Mais, d’autre part, il n’est pas rare de lire sous sa plume des phrases
comme celle-ci : « ce que nous voyons autour de nous c’est nous-mêmes, et
les extériorités de la nature ne sont pas autre chose que des états plastiques
354
355
356
357
358
J.-M. Gliksohn, op. cit., p. 51.
Ibid., pp. 54–55.
Ibid., p. 54.
Lettre de Mirbeau à C. Monet, 19 mai 1908, Corr. Monet, p. 216.
« Renoir », Les Cahiers d’aujourd’hui, nº 3, février 1913, CE 2, p. 521.
252
en projection, de notre intelligence et de notre sensibilité »359 : une telle
conviction le situe à l’opposé du réalisme tel que le conçoivent ses contemporains. Il prétend aussi qu’« il n’existe pas une vérité, en art ; il n’existe que
des vérités variables et opposées, correspondant aux sensations également
variables et opposées que l’art éveille en chacun de nous. La beauté d’un
objet ne réside pas dans l’objet, elle est, tout entière, dans l’impression que
l’objet fait en nous, par conséquent, elle est en nous »360. La comparaison
avec la formule de Kandinsky « est beau ce qui est beau intérieurement »361
s’impose. Nous en arrivons ainsi à une conception des rapports entre l’art
et la réalité qui éclaire d’une lumière différente la démarche de Mirbeau.
Les propos de Roland Dorgelès se révèlent très significatifs de ce point de
vue. Il affirme, en effet, que « ce prétendu réaliste ne s’est jamais servi de la
réalité. Il ne la copiait pas : il l’imaginait »362. Dans les chapitres précédents,
nous avons mentionné sa volonté d’écrire des livres « d’idées pures », c’està-dire sans ancrage dans le monde des réalités. Nous avons également
signalé notre conviction que dans ses romans successifs, Mirbeau rejette
toujours davantage ce qu’il est convenu d’appeler l’illusion réaliste. Nous
nous proposons d’examiner à présent les modalités de cette évolution tout
en recherchant leur parenté avec l’esthétique expressionniste. Les points
cardinaux de cet éloignement de l’illusion réaliste – que nous qualifierons
d’abord comme le rejet de la transparence de l’art – semblent être de nombreuses transgressions du code de la vraisemblance romanesque, la dénonciation des procédés simplificateurs du roman réaliste, enfin l’usage
particulier des concepts du personnage romanesque et des relations spatio-temporelles. Nous reviendrons aussi brièvement aux problèmes de la
composition pour les examiner dans ce nouveau contexte.
3.1. Crédibilité romanesque
À l’époque de Mirbeau, l’art réaliste se définit souvent comme une négation de l’art, comme une littérature de la seule référence. Michel Zéraffa
parle à ce propos du dilemme, qui s’est avéré faux avec le temps, et qui
se posait aux romanciers réalistes : ils croyaient devoir choisir entre l’art,
c’est-à-dire l’imagination, la sensibilité et la subjectivité du créateur, et la
vérité, c’est-à-dire une représentation fidèle de la société363. Se placer du
« Les Souvenirs d’un pauvre diable », Contes cruels II, p. 509.
« Aristide Maillol », La Revue, 1er avril 1905, CE 2, p. 386.
361
Cf. J.-M. Gliksohn, op. cit., p. 51.
362
R. Dorgelès, op. cit., p. 15.
363
M. Zéraffa, Personne et personnage. Le romanesque des années 1920 aux années 1950, Paris,
Klinksieck, 1971, p. 20.
359
360
253
côté de la vérité signifiait donc viser une parfaite transparence des mots
et de l’art. Évidemment, il ne s’agit là que d’une convention, dont les réalistes n’étaient nullement ignorants. « Les écrivains n’étaient pas dupes,
écrit Jacques Dubois, ils savaient ce que leur coûtait la fabrication de leurs
romans. Mais ils s’accommodaient d’une imposture et d’un malentendu qui ont eu la vie dure »364. Au début de sa carrière, Mirbeau lui-même
semble donner son accord à cette convention : en parlant des tableaux de
Claude Monet, il choisit des termes d’obédience réaliste, qui semblent pris
dans la préface de Pierre et Jean : il admire la transparence de l’art dans
ces toiles (« l’art disparaît, s’efface, et nous ne nous trouvons plus qu’en
présence de la nature vivante complètement conquise et domptée par ce
miraculeux peintre »), qui lui permet d’avoir l’« illusion complète de la
vie »365. Mais dans ses propres romans, l’art n’est jamais transparent. Avec
le temps, il devient évident qu’il entend rendre visible sa personnalité,
jouer avec la forme. Tout ce qui relève de l’arbitraire chez lui, conduit précisément à la manifestation de son art et de sa technique. Comme l’observe
Charles Grivel, « faire l’aveu du procédé romanesque a toujours outré. Qui
le déclare paraît ne pas se conformer à la règle, passe pour malhonnête
aux yeux du «bon auteur» qui pourtant pratique de même »366. Mais le
« bon auteur », nous venons de le constater, sait taire tous ses procédés,
tandis que le tempérament et la sincérité primaire de Mirbeau ne le lui
permettent pas. C’est aussi par cette outrance méthodique qu’il se rapproche de l’expressionnisme.
Une des façons de s’opposer à la convention réaliste est de ne pas
respecter la consigne de la vraisemblabilisation : si nous la définissons,
avec Charles Grivel, comme la déclaration de se rendre vrai, à l’intérieur
du texte, par rapport à son référent extratextuel367, l’art de Mirbeau ne
répond pas à cette formule : au contraire, il entrave systématiquement le
code de la vraisemblance négligeant de reproduire le référent de manière
cohérente. Ainsi recourt-il systématiquement à la caricature, comme dans
le cas du couple Robin, où la bêtise du mari égale la méchanceté de la
femme, sans compter leurs défauts de prononciation hyperboliques (M.
Robin prononce « les B comme les D, et les P comme les T », ce qui donne
souvent « des combinaisons de mots fort comiques », Mme Robin, en revanche, a « une façon aigre et sifflante de détacher chaque syllabe, entre
deux aspirations » – L’Abbé Jules 340) et leur aspect physique grotesque : le
juge Robin est décrit comme
364
365
366
367
J. Dubois, op. cit., p. 31.
« Claude Monet », art. cit., p. 358.
Ch. Grivel, Production de l’intérêt romanesque, La Haye, Mouton, 1973, p. 115.
Ibid., p. 244.
254
un homme d’une cinquantaine d’années, vaniteux, solennel et stupide, irréparablement. Au physique, il ressemblait à un singe, à cause de sa lèvre supérieure, un large
morceau de peau, bombante et mal rasée, qui mettait une distance anormale entre
le nez aplati et la bouche fendue jusqu’aux oreilles. Pour le reste, petit, gras, la face
jaune, dans un collier de barbe grisonnante, le ventre rond, les mains poilues (339).
Son épouse est dotée d’un « corps sec, anguleux, très long, un visage
rouge où l’épiderme, par endroits, s’exfoliait, un nez en l’air, court, aux
narines écartées; les cheveux d’un blond verdâtre, plaqués en bandeaux
minces sur les tempes meurtries » ; cette « laideur naturelle », ajoute le narrateur,
se compliquait de toutes les manies ridicules dont on eût dit qu’elle prenait plaisir
à la souligner. Elle avait, en parlant, une façon aigre et sifflante de détacher chaque
syllabe, entre deux aspirations, qui agaçait les nerfs autant que le frottement d’un
doigt sur du verre mouillé. Et c’étaient, à chaque mot, des sourires pincés, des trémoussements, des révérences, toute une série de gesticulations gauches et de poses
prétentieuses, qui donnaient à son corps l’aspect d’un mannequin désajusté. Obsédée
du désir qu’on s’occupât d’elle sans cesse, sans cesse elle se plaignait d’une indisposition à la tête, au ventre, à la poitrine, soupirait, soufflait, et demandait finalement la
permission de délacer son corset (341).
On trouvera d’autres portraits de ce type dans tous les romans de Mirbeau. Il se plaît aussi à imaginer des situations grotesques, gonflées jusqu’à
l’absurdité, comme l’histoire du mandement de L’Abbé Jules. Il s’agit d’un
mandement annuel préparé par l’évêque qui veut à tout prix ménager les
susceptibilités de tous ses paroissiens, et donc choisit ses mots avec une
extrême précaution. Son idéal serait de trouver des « mots assez effacés
pour que les pages qu’il allait écrire, équivalussent à des pages blanches
et que tout le monde fût content » (403). Or, le texte remanié par Jules avec
des « phrases brèves, rapides, sifflantes » et « un âpre accent de pamphlétaire » (408) est d’une rare violence qui provoque un scandale général :
De province, l’affaire eut vite gagné Paris; de Paris, la France. En quelques jours, le
mandement de l’abbé Jules avait pris les proportions d’un gros événement européen.
Il mettait toutes les chancelleries en branle, tendait tous les regards vers Rome, mystérieuse et muette, déchaînait la presse. Et le pauvre évêque, si ennemi du bruit, occupait l’attention universelle. […] Entre la France et le Saint-Siège, c’était un échange
fiévreux de correspondances, d’explications, de rapports, une allée et venue continuelle de courriers de cabinet. Et le Conseil d’État, solennellement, délibérait. Dans
les cafés, dans les cercles, dans les salons, chacun commentait la grave question du
jour. […] Des feuilles sérieuses et bien renseignées établirent l’affiliation de l’évêque
à des sociétés occultes, expliquèrent le fonctionnement du carbonarisme catholique,
dont il était un des plus dangereux chefs, et qui menaçait la liberté des consciences et
la paix du monde (408–409).
255
Le grossissement est tel que même un lecteur naïf finira par se poser la
question de la vraisemblance de cet épisode.
On trouve également, dans les romans mirbelliens, de nombreux
exemples d’incohérences sur le plan de la logique, comme celui, souvent
évoqué, du narrateur du Jardin des supplices qui, sans connaître un mot de
chinois, est capable de comprendre des conversations entières dans cette
langue, ou cet autre, du même roman, où, après un chapitre consacré à la
description des cruautés les plus épouvantables, entre autres celle de l’utilisation de la « fée Dum-Dum », l’acteur principal de ce récit, le capitaine
anglais, prononce un plaidoyer contre le caractère inhumain de notre civilisation. Lui, qui un instant plus tôt, s’égayait à la perspective de nouvelles inventions homicides, qualifie subitement tous les Européens de
« sauvages », les pires de tous, car « ayant conscience de notre sauvagerie,
nous y persistons » (224). Cette inconséquence sur le plan de la psychologie du personnage et de la construction du récit ne peut se justifier que
par des fins utilitaires, en l’occurrence une démonstration plus fulgurante
des thèses de l’auteur. Le critère de la vraisemblance, et en même temps la
construction du personnage, s’en trouvent bafoués, et le didactisme, cher
aux expressionnistes, ne s’en porte que mieux.
Souvent aussi, Mirbeau efface délibérément les frontières entre la fiction et la réalité, en prêtant aux personnages réels des mots ou des comportements outranciers. É. Roy-Reverzy observe, dans ces cas, « …une
incertitude sur le mode même de la fiction : l’interview du général Archinard, qui tient des propos délirants sur le colonialisme, déréalise ce célèbre
colonisateur de l’Afrique noire. Au-delà d’un genre littéraire, c’est donc
à ce qui nous entoure, à nos représentations que s’attaque le romancier et
qu’il entache de doute : finalement ce fameux général existe-t-il ou n’estil qu’un être de papier ? Il en va de même pour Maître du Buit, Georges
Leygues et consorts, tandis que le professeur Tarabustin ou le marquis
de Portpierre semblent soudain bien réels… » On trouve également des
exemples de cette « hésitation entre réel et fiction » dans La 628-E8 et dans
Dingo368.
D’autres fois, nous observons le manque de cohérence au niveau de la
narration. Michel Raimond, dans un chapitre consacré aux modalités du
point de vue, rapporte les réflexions de Julien Green concernant le choix
de l’optique narrative pour un de ses romans : « je me demande si je n’écrirai pas ce roman à la première personne. Cela donne au livre un accent de
vérité qui est inappréciable, mais aussi que de limites imposées à l’auteur !
Il faut que le romancier soit Dieu le père, pour ses personnages. Ainsi
368
É. Roy-Reverzy, art. cit., p. 21.
256
il peut, à son aise, montrer les mobiles de leurs actions. Mais si c’est un
des personnages qui raconte l’histoire, et qu’il ait l’air de savoir tout ce
qui se passe dans l’esprit des autres, cela tourne au procédé et l’illusion
est bientôt détruite »369. Or, si Mirbeau choisit systématiquement une perspective singulière, il ne renonce par pour autant aux procédés de l’omniscience. Il en résulte précisément cette destruction de l’illusion réaliste dont
parle Green. Il suffit d’évoquer l’exemple de la narration dans L’Abbé Jules,
où – nous l’avons déjà signalé – un narrateur enfant possède parfois une
connaissance inexplicable des événements et des comportements.
Dans tous ces cas de portraits et d’événements invraisemblables,
« Mirbeau ne cherche […] nullement à nous en faire accroire, dit Pierre
Michel ; au contraire, il prend bien soin de nous distancier d’entrée de jeu
(c’est le cas de le dire) et de nous installer de plain-pied dans le registre de
la farce et de l’ “ hénaurmité ” […] Dérision et démystification sont les deux
armes du combat incessant de Mirbeau contre une société d’oppression,
criminelle et hypocrite, qui le révolte et dont il rêve le grand chambardement »370. Comme nous l’avons déjà observé, le sentiment de la révolte
caractérise également les créateurs expressionnistes. Et l’une des formes
de cette révolte est précisément le manque d’accord à la tradition sclérosée
qui exerce son pouvoir dans la littérature.
3.2. Vers l’anéantissement du personnage
Lorsqu’on veut traiter le problème des rapports du Mirbeau romancier à la fiction romanesque, la question du personnage s’impose. Nous
l’avons déjà abordée dans le premier chapitre de cette partie, sans toutefois en analyser les aspects qui nous semblaient appartenir davantage
à la problématique du chapitre présent. Pour mettre le point sur ce qui
a été dit, précisons que l’anéantissement du personnage romanesque tel
que nous l’avons analysé jusque là, ne prive pas les personnages mirbelliens de leur dimension humaine. Tout en étant bafoués, ignorés, négligés
– ou justement à cause de cela – ils continuent à dire la profonde vérité
sur la souffrance de l’individu. Il existe cependant une autre catégorie de
personnages dont les spécimens sont non moins fréquents chez Mirbeau.
Cette fois-ci, il nous est possible de parler d’une véritable schématisation
et d’une telle simplification de l’être qu’il en perd tout son caractère humain. Ce type de personnage se réduit le plus souvent à quelques gestes
mécaniques, à un tic de langage, à une pensée qui lui revient comme une
369
370
J. Green, Journal, 4 septembre 1930, in M. Raimond, op. cit., p. 386.
P. Michel, introduction aux 21 jours d’un neurasthénique, ŒROM 3, p. 11.
257
obsession. Un tel procédé se situe donc à l’opposé du précédent, qui sans
jamais donner de réponse, multipliait des pistes de réflexion et mettait
en relief la profondeur psychologique du héros. Dans les cas que nous
présenterons à présent, le constat de l’auteur est évident : ces personnages
n’existent pas. Le caractère éminemment grotesque de leur présentation,
la nonchalance avec laquelle le romancier brise les codes de la vraisemblance au moment où elle continue à exercer son pouvoir dans un grand
nombre de romans invitent à découvrir dans son regard la même suspicion qui s’étendra bientôt sur une grande part de la littérature mondiale.
Mirbeau semble briser la « convention tacite » entre le lecteur et le romancier et affirmer avec aplomb son rôle de créateur de personnages qui ne
sont que « des êtres de papier », comme les appelle Henri Mitterand dans
son commentaire à l’entreprise esthétique du Nouveau Roman371.
Le père de Sébastien Roch passe le premier. Un des commerçants les
plus importants de la ville, plus tard nommé maire, il suit une carrière
fréquente pour les représentants du pouvoir chez Mirbeau et leur ressemble aussi par sa nullité. L’enseigne de son magasin, son éloquence qui
ne cache aucune idée, et son nom qu’il arbore comme un étendard et qu’il
fait répéter sans cesse à Sébastien, en guise de leçon – la seule qu’il lui ait
jamais donnée – suffisent pour le caractériser, car il ne possède pas de vie
intérieure. Sébastien note :
J’ai remarqué que, sous l’emphase qui lui est coutumière […], ses idées sont infiniment restreintes. Je ne lui en connais que trois, dont il ait un sens exact et précis, et
qu’il transpose du monde physique au monde moral. Elles correspondent aux idées
de hauteur, de largeur et de prix. C’est là tout son bagage scientifique et sentimental
(739).
On peut en dire autant de l’aspect psychologique du personnage. M.
Roch, au « crâne étroit », au « front lisse, où ne s’accuse aucun modelé » et
aux « yeux vides, vides de pensée et vides d’amour » (714), se résume par
une énorme vanité. C’est elle qui motive toutes ses actions, à commencer
par la décision d’envoyer son fils au collège des jésuites. Le retour de M.
Roch à la maison après le départ de Sébastien permet de constater chez lui
l’absence de tout sentiment paternel :
À la maison, M. Roch ne sentit point qu’un vide s’était fait, que quelque chose de cher
– une habitude, une affection, une petite vie candide et remuante chaque jour mêlée
à la sienne – allait lui manquer désormais. Et lorsqu’il passa devant la porte, restée
entr’ouverte, de la chambre où son fils avait vécu, près de lui, il n’y arrêta pas un regard triste, et n’éprouva au cœur aucun sursaut. Il se coucha, s’endormit, comme de
coutume, d’un sommeil profond rythmé par de sourds ronflements (572).
371
H. Mitterand, L’Illusion réaliste. De Balzac à Aragon, Paris, PUF, 1994, p. 5.
258
Dans ces circonstances, les descriptions étoffées de sa boutique et de sa
maison ne surprennent plus chez un écrivain qui d’habitude ne se sert pas
de cette technique : seuls les objets dont M. Roch est entouré parviennent
à lui donner une certaine consistance et un semblant de vie. Même impression de la part de Sébastien pour qui chaque objet domestique est fait
à l’image de son père, jusqu’aux plates-bandes du jardin qui parlent le
langage de M. Roch :
Parfois, il se réfugiait au jardin, situé en dehors du bourg, près du cimetière. Là non
plus, il ne pouvait goûter un seul instant le repos cherché. L’absence des belles fleurs,
des arbres ombreux, l’ennuyeux dessin des plates-bandes, l’absurdité des ornementations artificielles que la fantaisie horticole du quincaillier avait prodiguées partout,
lui rappelaient involontairement les lourdes apostrophes, les écrasantes prosopopées,
l’incontinence, l’incohérence de cette rhétorique, à laquelle il avait cru se soustraire et
qu’il retrouvait décuplée dans le silence des choses (563).
Nous revenons ici à l’idée présentée dans le chapitre « Vie, mort,
amour » : le père de Sébastien est déjà mort de son vivant : l’emplacement
de sa maison à côté du cimetière et la construction du tombeau avec une
inscription toute prête en fournissent d’autres preuves. Le personnage se
trouve ainsi réduit au néant dans lequel il a toujours plongé.
Nous venons de citer l’exemple des amis de la maison Dervelle, M.
et Mme Robin, qui se limitent à une apparence extérieure dérisoire et aux
fautes de prononciation grotesques, et s’abîment dans un gouffre de stupidité. Les 21 jours d’un neurasthénique présente un autre juge, Maître du Buit,
dont l’existence équivaut à ses discours dépourvus de toute signification :
Quelquefois, Me du Buit vient prendre son bain dans une cabine voisine de la mienne...
Je l’entends qui s’entretient avec le garçon... Il dit:
– Il ne m’appartient pas... Des personnes plus autorisées ... Et j’ajoute... Mon bain est
froid... et j’ajoute... pas assez sulfureux ... Nous sommes à un tournant de l’histoire...
et qu’on me permette cette expression... à un virage dangereux de l’humanité... L’honneur de l’armée... Bétolaud... Ces écrivains... Imprescriptibles...
Il dit encore bien d’autres choses aussi admirables... Même, dans la plus humble fonction de ses plus humbles organes, il reste orateur... et s’affirme éloquent... (62)
Il semble que toute pensée et toute émotion humaine soient bannies
de ces personnages, fantoches grotesques, réduits à une seule dimension.
Cette idée se voit confirmée dans le portrait de la marquise de Parabole qui
n’est pas « tout à fait une femme, ni tout à fait une bestiole, ni absolument
un oiselet », mais « quelque chose de plus mécanique » (81). Évidemment,
les conséquences en sont graves pour le roman, qui ne saurait plus former,
en s’appuyant sur ces êtres ridicules, un univers cohérent et autonome, un
259
modèle réduit du monde réel. Cette intention manifeste de mettre à mal
la notion de personnage romanesque pourrait être rapprochée, toutes
proportions gardées, de la démarche des Nouveaux Romanciers. Lorsque
Alain Robbe-Grillet affirme, avec un certain esprit de brimade, il est vrai,
vouloir en finir enfin avec le personnage, ses présupposés ne diffèrent pas
radicalement de ceux de Mirbeau372. On peut également y appliquer les
analyses de Michel Zéraffa qui constate, à propos des années vingt du
XXe siècle, qu’elles ne sont plus l’époque où « la fonction, la présence sociales d’un individu le désignait en tant que personne […], où le romancier
pouvait valablement concevoir le personnage comme un type sociologique et psychologique ». Le personnage n’est plus une « théorie susceptible de contenir et de représenter l’homme dans ses authentiques vérité et
totalité », observe le critique, il cesse d’être « synthétique »373. Mirbeau fait
un pareil constat vingt ans auparavant, en refusant de doter le personnage
d’une existence autre que purement livresque. Simultanément, l’abandon
du psychologisme et l’éloignement de la perspective naturaliste, de même
que la dimension caricaturale et grotesque de ces personnages, nous permettent des rapprochements avec l’expressionnisme.
Les personnages mécaniques dans les romans de Mirbeau, des êtres
dominés par un seul trait, réduits à un seul comportement, sont représentatifs de la volonté de l’écrivain d’échapper à la tyrannie de la vraisemblance et du finalisme qui sont pour lui des catégories réductrices. Ses
efforts ne s’arrêtent pas là, pourtant. Dans ses derniers romans, il recourt
à un procédé radical, faisant disparaître totalement le personnage romanesque.
Nous distinguons deux manières d’estomper le personnage. La première consiste à lui substituer un objet ou un animal. Ainsi, l’automobile
de La 628-E8 occulte tous les personnages humains à tel point qu’on considère ce livre comme un hymne à sa gloire. De plus, elle est régulièrement
présentée comme un être vivant. Après avoir décrit les routes boueuses
de Hollande où la voiture s’enlisait et ne pouvait avancer sans l’aide des
chevaux, le narrateur lui attribue des sentiments humains et se montre
totalement soumis à sa volonté, quitte à perdre la vie :
Furieuse d’avoir dû demander du secours au cheval, on ne peut pas la maîtriser. Il y
a des moments où elle ne tient plus au sol… Elle vole, vole dans l’air comme un ballon… Nous serons au port, dans quelques minutes… à moins, que nous ne soyons,
gisant sur la route, broyés et le ventre ouvert ! (383)
372
373
A. Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman [1963], Paris, Les Éditions de Minuit, 1996.
M. Zéraffa, op. cit., p. 12.
260
Le rapprochement avec l’être humain n’est pas systématique,
à d’autres endroits c’est à des animaux que la voiture est comparée :
La 628-E8 était impatiente. On la sentait, toute frémissante d’élans retenus… Elle semblait encapuchonner son capot, comme un ardent étalon, son encolure, sous le mors
qu’il mâche et qui le maîtrise. On eût dit vraiment qu’elle tirait sur le volant, comme
un cheval sur ses guides… (510)
Quelques pages plus loin, apparaît l’image d’un « oiseau rapide
qui rase la surface immobile d’un lac » (512). Les réactions des hommes
confirment cette vivification de la voiture. Dans les villes où les passagers
s’arrêtent, elle est toujours l’objet d’une grande curiosité mêlée de peur.
À Anvers, les badauds l’observent avec méfiance « comme une bête inconnue, dont on ne sait si elle est douce ou méchante, si elle mord ou se
laisse caresser. […] – Si, tout d’un coup, elle allait rugir, partir, se ruer sur
nous ! » (391) Brossette, le mécanicien, bien que plus familiarisé avec cette
invention moderne, « aime sa machine ; il en est fier ; il en parle comme
d’une femme » (307). L’analogie avec les sentiments de Des Esseintes pour
les locomotives s’impose : dans cette ère moderne, la femme n’est plus la
seule référence dans le domaine du beau, et la machine s’élève au rang
des êtres vivants. Ce qui frappe le plus, c’est l’influence décisive de la voiture sur le style de vie du narrateur. Son lien avec la voiture est tellement
grand que parfois on peut parler d’une véritable identification de l’homme
à la machine : « Malgré le calme de cet hôtel, tous mes nerfs vibrent et
trépident… je suis comme la machine qu’on a mise au point mort, sans
l’éteindre, et qui gronde… », dit-il (303). Cela lui permet de ressentir des
émotions dont il ne serait pas autrement capable :
L’auto allait, glissait, sans heurts, sans secousses, et comme allégée des servitudes de
la pesanteur. Elle me donnait une joie qui n’est ni la joie de bondir, ni la joie de patiner, mais qui ressemble à l’une et à l’autre. Elle m’emportait avec une extraordinaire
allégresse, et, vraiment, je me sentais doué de son élasticité. On eût dit que, pour se
faire plus douce et pour aller plus vite, elle courait, de toutes ses forces, pieds nus, sur
la route (451).
É. Roy-Reverzy observe que cette union de l’homme à la machine n’est
pas sans rappeler « le roman de l’énergie » dont parle Albert Thibaudet
à propos de Morand et de Kessel374. Puisque leur création ne se place que
374
É. Roy-Reverzy, « La 628-E8 ou la mort du roman », COM 4, 1997, p. 257. En effet, le
passage des Réflexions sur le roman cité à cette occasion pourrait s’adapter à l’œuvre de
Mirbeau : « Ce serait le roman où l’homme et la machine qu’il dirige, comme l’âme et
corps, ne feraient qu’un » (A. Thibaudet, Réflexions sur le roman, Gallimard, 1938, p. 193,
ibid.).
261
dans les années vingt, l’honneur est d’autant plus grand pour Mirbeau
qui réalise une entreprise pareille avec son roman écrit au début du siècle.
Dans la préface par laquelle il dédie le volume à Ferdinand Charron, le
constructeur des automobiles préférées de Mirbeau, il avertit d’ailleurs
dès le début où il faut chercher le véritable héros de ce texte :
C’est pour cela que j’aime mon automobile. Elle fait partie désormais de ma vie; elle
est ma vie, ma vie artistique et spirituelle, autant et plus que ma maison. […] Je ne
puis me faire à l’idée, qu’un jour, je ne posséderai plus cette bête magique, cette fabuleuse licorne (287–288).
La 628-E8 et Dingo – les titres seuls de ces ouvrages indiquent leur
centre d’intérêt : la machine et le chien. Dans le dernier roman de Mirbeau,
l’identification du narrateur à son chien est mise en évidence dès le début :
ainsi, lorsqu’il admire les protestations du petit chiot contre la stupidité des
hommes, il leur donne une explication psychologique : « Oui, j’avoue que
ce pessimisme, en quelque sorte prévital, me réjouit dans mon pessimisme
invétéré et fit que je m’intéressai davantage au sort de cet être larvaire qui,
encore noyé dans les limbes et sans l’avoir jamais vu, allait entrer dans le
monde avec une conception de l’humanité si parfaitement conforme à la
mienne » (638). Ensuite, le narrateur relate l’enfance de Dingo, avec beaucoup de tendresse et avec un soin constant de montrer « les balbutiements
d’une personnalité »375. L’ « anthropologisation » du chien est un procédé
constant. Les contradictions visibles de son caractère ne sont-elles pas typiques de nombre de jeunes gens, mais aussi de Mirbeau lui-même, et cela
même à l’époque où il n’était plus jeune du tout ? Il note, par exemple :
« un caractère que je ne pourrais pas bien définir d’un mot, qui était, qui
allait être plutôt de la gravité, de la gaieté, de la malice, une sorte d’effronterie bizarre et gracieuse… Quoi encore ?… De la cruauté, peut-être ?…
Peut-être de la bonté ?… Enfin quelque chose d’impétueux et de calme à la
fois, quelque chose de comique et de noble, de candide et de rusé… je ne
sais trop… ce que vous voudrez, après tout » (650). Observons à l’occasion
une grande désinvolture de cette description, qui atteste l’impossibilité de
pénétrer les secrets du caractère d’un être vivant et la négligence des codes
romanesques. Cependant, la conviction profonde de Mirbeau que nous
sommes tous dominés par de mauvais instincts perce également dans la
caractéristique de l’animal : il déchire tout ce qui se trouve sur sa route,
pour se faire des muscles, pour développer sa mâchoire. La réaction du
narrateur va de nouveau dans le sens de l’identification à son chien :
375
C’est une expression que Mirbeau a utilisée à propos de son autre roman sur l’enfance,
Sébastien Roch.
262
Et je jouissais infiniment, comme devant l’un des plus impressionnants spectacles
de la nature, à suivre les progrès de ce lent et sûr travail, les épisodes de ce drame
grandiose et obscur, où pourtant j’apercevais, clairement défini, le but vital pour lequel les gestes, les mouvements, les ruées soudaines de l’instinct et leurs nécessaires
violences acquéraient, pour la défense et pour l’attaque, une force, une élasticité, une
grâce aussi et une précision de jour en jour plus marquées. Il avait l’air de jouer au
méchant tigre, de même qu’un enfant, dont la conscience s’éveille, commence à jouer,
tout naturellement, au soldat ou au brigand (651).
Ces « jeux » auront les suites que nous savons. L’admiration du narrateur pour son chien n’en diminue pas pour autant. Obligé de quitter
Ponteilles, à cause de la haine de ses habitants, il a tendance à excuser
les actions de son chien : « …dois-je l’avouer ?… au fond de moi-même je
découvris, non sans une certaine mélancolie d’ailleurs, que ses crimes ne
m’indignaient pas comme il eût fallu. Le soir, à table, chez des amis, j’aimais à conter ce que j’appelais ses fredaines, indulgemment et même avec
un certain orgueil. Pour un peu, la chaleur de la conversation aidant, je les
eusse volontiers prises à mon compte » (813).
Les preuves de cette personnification du chien se multiplient à travers
tout le roman. Qui plus est, le chien prend visiblement le pas sur l’homme.
Le narrateur reste dans l’ombre de l’animal. Souvent, c’est Dingo qui le
guide, qui lui impose un comportement, lui donne un modèle à suivre, le
fait réfléchir : « J’avais fini par m’y fier aveuglément, raconte le narrateur.
Je me détournais de l’homme envers qui Dingo montrait de la méfiance,
de la haine. J’acceptais, sans discussion, celui à qui Dingo manifestait de
l’amitié » (710). Ainsi, le personnage du narrateur s’efface et recule au rang
des personnages secondaires, sans épaisseur.
É. Roy-Reverzy observe encore une caractéristique importante des romans ultérieurs de Mirbeau : la place accordée à la femme diminue jusqu’à
son élimination totale. Or, selon Roy-Reverzy, la disparition de la femme
signifie la mort du romanesque376. « La beauté est en effet détenue désormais par la machine, écrit-elle, en remplacement de la femme qui fait au
contraire figure de mécanique mal réglée et de piège mortifère et qui incarne toutes les formes du grotesque – laideur corporelle, vulgarité morale, stupidité. Dingo, lui, chien qui “ refusa obstinément ” de “ devenir
un homme ”, est à la fois une figure de l’artiste […] et de l’être primitif,
non encore souillé par la civilisation »377, qui exerce ce pouvoir sur son
maître. Ces propos non seulement corroborent notre thèse sur le caractère
C’est dans ce sens qu’elle conduit ses analyses dans La mort d’Éros. La mésalliance dans
le roman du second XIXe siècle, Paris, S.E.D.E.S., 1997.
377
É. Roy-Reverzy, « Mirbeau rhapsode ou comment se débarrasser du roman », art. cit.,
p. 22.
376
263
mécanique d’une partie des personnages mirbelliens, mais en même
temps mettent en valeur le côté expressionniste des derniers ouvrages du
romancier.
La deuxième voie pour faire disparaître complètement le personnage
consiste à effacer les frontières entre le personnage romanesque et la personne véritable de l’auteur, sans pour autant verser dans l’autobiographie.
Cette opération, qui, si nous en croyons Pierre Michel, se rapprocherait de
l’autofiction telle que l’a définie Daniel Grojnowski378, achève à notre sens
la mise à mort du personnage. Il semble que le procédé commence avec Les
21 jours d’un neurasthénique. Le narrateur de cette œuvre décousue semble
n’être là que pour servir d’alibi à tous ces récits qui n’ont entre eux aucun
autre lien. S’il lui arrive d’exprimer ses idées ou de parler de son propre
sort, cela ne contribue aucunement à la construction de son personnage
et ne nous permet pas d’avoir une idée quelconque de sa personnalité.
Au contraire, il souligne son effacement, en insistant par exemple sur son
incapacité à quitter X… :
Vingt fois j’ai voulu partir, et je n’ai pu. Une sorte de mauvais génie, qui s’est pour
ainsi dire substitué à moi, et dont la volonté implacable m’incruste de plus en plus
profondément en ce sol détesté, m’y retient, m’y enchaîne… L’annihilation de ma personnalité est telle que je me sens incapable du petit effort qu’il faudrait pour boucler
ma malle, sauter dans l’omnibus… (137)
Ce fragment vient après la description des trois rêves du narrateur :
dans chacun d’entre eux, il est impuissant, immobilisé, cloué au sol, incapable d’un mouvement quelconque. Comme l’observe Monique Bablon-Dubreuil, le narrateur « épanche sa maladie dans le récit »379. Mais
le narrateur diffère-t-il sensiblement de l’auteur, lui aussi souffrant de
neurasthénie et sujet à des crises de passivité qui l’immobilisent dans un
fauteuil des journées entières ? C’est à partir de ce roman qu’on peut soupçonner Mirbeau d’avoir décidé de se mettre lui-même en scène, même s’il
confère à son héros un nom différent du sien (Georges Vasseur). D’autre
part, comme nous l’avons déjà signalé, il serait impossible de parler d’autobiographie, car non seulement le pacte, dont Philippe Lejeune a précisé
les conditions, n’est pas avoué, mais en plus Mirbeau brouille constamment les pistes coupant court à toute tentative pour connaître son véritable
« je ». Dans les romans ultérieurs, nombre d’indices permettent le rapprochement entre le narrateur et Octave Mirbeau : la profession d’écrivain
(dans La 628-E8 il est même question des Affaires sont les affaires), le voyage
378
379
Cf. P. Michel « Mirbeau et l’autofiction », COM 8, 2001, p. 121–134.
M. Bablon-Dubreuil, « Une fin de siècle neurasthénique : le cas Mirbeau », art. cit., p. 31.
264
en automobile (le numéro d’immatriculation authentique fonctionnant
comme titre du récit), quelques autres épisodes que l’on connaît de la
vie de Mirbeau (comme le grave accident de sa femme, décrit dans Dingo), ses connaissances bien réelles (Claude Monet, Paul Bourget, d’autres
encore qui figurent dans le livre sous des noms changés), le fait d’avoir
possédé un chien prénommé Dingo et d’avoir habité Cormeilles-en-Vexin
– Ponteilles-en-Barcis dans le livre… Le lecteur est donc autorisé à croire
que « celui qui dit je » est l’auteur en personne. Pourtant force lui est de
constater que l’ambiguïté se maintient et que la silhouette du Mirbeau véritable reste occultée. Car, d’autre part, le prétendu Mirbeau profère des
opinions qui contrastent férocement avec ses convictions véritables (dans
Dingo, il se dit flatté des compliments de M. Lagnaud, personnage borné
et malhonnête – 717, il se reconnaît peu d’imagination et beaucoup de
paresse – 710, et il glorifie la république, affirmant entre autres phrases
pompeuses: « Hors de nous, il n’est que de mauvais citoyens » – 748), dramatise les événements qui lui sont advenus à tel point qu’ils deviennent
méconnaissables (comme le récit de sa dernière rencontre avec Bourget
sur le yacht de Maupassant où l’écrivain mondain est rendu entièrement
responsable de la folie de Maupassant – La 628-E8, 599-600) ou les invente
de toutes pièces (comme le meurtre et le viol de la petite Radicet dans Dingo – 694–709). Les habitants de Cormeilles-en-Vexin, bien qu’ils gardent
parfois leur vrai nom dans le livre, n’ont pas été tels que la veine créatrice du romancier les a présentés. L’enquête de Roland Dorgelès, menée
dans les années trente dans le village, montre assez combien fantaisistes
sont les portraits peints par Mirbeau. Plusieurs fois aussi, un doute s’installe : est-ce Mirbeau en personne ou bien son avatar romanesque qui nous
confie ces réflexions amères : « Hélas ! j’ai eu dans ma vie assez d’amis,
d’excellents, fidèles et très chers amis, pour savoir que l’amitié humaine
n’est le plus souvent que la culture d’une domination ou l’exploitation
usuraire d’un intérêt, d’une candeur, d’une confiance » (688) ? Est-ce l’auto-ironie qui perce dans cette appréciation des hommes de lettres, ou bien
Mirbeau-personnage ne se compte-il pas dans leur groupe, lorsqu’il dit de
Dingo : « n’étant pas homme, homme de lettres surtout, il n’avait aucune
vanité, du moins, aucune de leurs vanités. 3.3. Temps et espace – dimension métaphorique
L’illusion réaliste est également soutenue par les forces combinées du
temps et de l’espace. C’est aussi dans ce cas que nous avons choisi de
conduire nos analyses en deux mouvements. Après avoir présenté l’usage
relativement traditionnel que l’écrivain fait de ces deux notions, nous aimerions étudier à présent leur fonctionnement métaphorique. Ce niveau
d’interprétation n’était pas entièrement absent des premières œuvres de
Mirbeau, tandis que Le Journal d’une femme de chambre semblait restituer
un cadre spatio-temporel assez complet : cependant, il est aisé de constater
que Mirbeau se livre dans ses romans à une déréalisation progressive des
notions traditionnellement responsables de l’ancrage de l’histoire dans la
réalité. Le temps et l’espace, dont la présentation dans les premiers romans
s’éloigne déjà du modèle traditionnel, assument, à partir de Dans le ciel,
une fonction presque entièrement métaphorique. L’histoire de Georges et
de Lucien transporte les personnages dans un lieu irréel, quasi mythique,
dont la fonction est sans aucun doute symbolique :
Figure-toi un pic, tout ras, un pic cocasse, en forme de pain de sucre. Au sommet,
quelques arbres qui ont chétivement poussé, et dont les branches s’ornementent de
jolies torsions décoratives. Dans ces arbres une vieille maison croulante que les lierres,
seuls, retiennent. Et tout autour de cela, le ciel, le ciel, un ciel immense, à perte de
rêve. […]
Il est extraordinaire, mon pic. Il y a des endroits où l’on ne voit pas la terre, où l’on
ne voit que le ciel. Je peux me croire en ballon, dans une perpétuelle ascension vers
l’infini. C’est épatant. J’y ai eu des sensations inouïes. Tâche de te représenter cela.
Tout autour de moi, le ciel. Nul horizon, nul bruit! Rien que la marche silencieuse des
nuages. Et, tout à coup, dans ce vide incommensurable, dans ce silence des éternités
splendides, l’aboi d’un chien qui monte de la terre invisible. D’abord, l’aboi est faible;
il est comme une plainte; puis, peu à peu, il s’accentue, il est comme une révolte. Et
cela dure des jours entiers, et cela dure des nuits entières. Et il me semble que c’est la
plainte de l’homme, que c’est la révolte de l’homme, qui monte contre le ciel, ce chien
qui aboie, oui, c’est la voix même de la terre (105–107).
Le pic signifie, pour les deux artistes, la représentation constante des
aspirations irréalisables et la consommation de l’échec. Le ciel qui l’entoure et qui ne laisse voir rien d’autre est, comme l’Azur de Mallarmé, une
hantise de l’idéal qu’ils ne pourront jamais atteindre, et en même temps
symbole de leur éloignement des hommes, de qui ils sont séparés par cette
266
obsession de l’idéal. Dans le passage précité, malgré l’optimisme du propriétaire tout frais, on devine déjà la menace qui ne tardera pas à se réaliser. Le caractère effarant et quasiment impossible de l’endroit est mis en
évidence par le premier narrateur du récit qui vient visiter son ancien ami.
Lui aussi fait tout de suite le rapprochement entre le sort de Georges et le
lieu de son habitation :
X... habite une ancienne abbaye, perchée au sommet d’un pic. Mais pourquoi dans
ce pays de tranquilles plaines, où nulle autre convulsion de sol ne s’atteste, pourquoi
ce pic a-t-il jailli de la terre, énorme et paradoxal cône solitaire? La destinée bizarre
de mon ami devait, par une inexplicable ironie, l’amener dans ce paysage spécial, et
comme il n’en existe peut-être pas un autre nulle part. Cela me parut déjà bien mélancolique (22).
L’espace sort du cadre réaliste pour postuler l’ordre métaphysique.
Même le fait de situer l’action pour un temps à Paris ne change pas beaucoup, car la ville acquiert également une dimension métaphorique et irréelle, vue par les yeux d’un peintre exalté qui la compare à une bête qui
dévore tous les êtres humains de valeur et désire sa destruction : « …il n’y
aura un bel art, c’est-à-dire une belle vie, car tout se tient... que lorsque
Paris ne sera plus... » (87)
Le Jardin des supplices est un autre exemple de cet espace vague, à moitié irréel, comme issu d’une hallucination. La Chine dont on nous parle est
mythique, et on aurait grand tort de voir dans sa description le souci didactique, comme ce serait le cas pour un récit de voyage d’où les lecteurs
pourraient tirer des informations utiles. Emmanuel Godo insiste sur une
déréalisation progressive de ce roman. « La première partie, écrit-il, loin
d’être une simple contribution au réalisme ou au naturalisme, proposant
une énième critique du délabrement social du temps, permet de mesurer,
par comparaison avec la seconde, comment progressivement le réel est
congédié, révoqué : des cabinets ministériels à la croisière puis au jardin,
le texte se présente comme une lente décantation, une mise à distance de la
contemporanéité et une plongée dans l’inactuel »380. Rappelons aussi que
le texte de Mirbeau, tout en critiquant les prétendues mœurs chinoises,
vise l’Europe : c’est une raison de plus pour ne pas présenter l’Orient de
manière réaliste.
| 25,155
|
63/tel.archives-ouvertes.fr-tel-01317935-document.txt_4
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,272
| 12,303
|
Ces tendan es générales sont observées qualitativement pour tous les réseaux de mi ro-piliers testés dans e travail. Dans la suite, l'eet quantitatif de la géométrie du réseau de pilier est pré- senté en détail.
0.25 région (ii) + (iii) 0.02 0.2 V (h)/VSt 0.01 0 0.15 0 0.01 région superposition 0.02 L/a région 0.1 (ii) proche paroi h << L 0.05 0 région (i) champ lointain h >> L e = 50 μm L = 96 μm Φ = 0.2 2a = 6.98 mm Surface lisse 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 ε
Figure 3.2 Vitesse normalisée V (h)/VSt en fon mm) s'appro hant (△) d'un réseau de piliers surfa e lisse. ε = h/a d'une sphère (rayon 2a = 6.98 ylindriques (Φ = 20 %, e = 50 μm), (−.−) d'une tion de 57
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS 3.1.2 Eet de la géométrie du réseau de mi ro-piliers
Les textures omportant des réseaux de mi ro-piliers à base arrée ou ylindrique, dont les ara téristiques ont été présentées au Chapitre 2 (Tableaux 2.15 et 2.16), ont été testées. Les prin ipaux résultats sont présentés sous la forme de de Stokes, sphère, V (h)/VSt, en fon pour tion de la distan e au sommet des piliers normalisée par le rayon de la ε = h/a. Chaque gure pré le diamètre de la sphère 2a.
ourbes de vitesse normalisée par la vitesse
La omparaison. Pour plus de ise la fra tion surfa ique Φ et la hauteur e des piliers, ainsi que ourbe de référen e pour une surfa e lisse est également montrée larté, dans les ourbes présentées l'é helle d'observation a été limitée à la région (ii), où l'eet des textures est le plus visible. Mi ro-piliers à base arrée
Les résultats on ernant les réseaux de piliers à base Dans un premier temps, on arrée sont présentés Figure 3.3(a-f ). ompare la mobilité de sphères de diamètre diérent (2a = 6.98, 10.5 et 12.7 mm) près d'une texture donnée. Des exemples sont donnés sur la Figure 3.3a pour un réseau de piliers où Φ = 0.05 et e = 21 μm, et sur la Figure 3.3b où Φ = 0.05 et e = 130 μm. Dans le as d'une surfa e lisse, les dans ourbes obtenues pour des sphères de diamètre diérent se superposent ette représentation normalisée. I i, trois ourbes distin tes sont obtenues, le rayon de la sphère n'est pas la seule longueur ara téristique du problème. D'autres longueurs sont introduites par les textures. Par ailleurs, le plus petit diamètre donne lieu à la plus grande ε donné. Cet eet est d'autant vitesse pour un L'allure des 3 piliers (21 ourbes dans μm), plus marqué que la hauteur des piliers est grande. ette région est la même. En parti ulier, pour une petite hauteur de la pente des ourbes est très pro he de la valeur 1, lisse dans la région de lubri ation. Par ara téristique d'une surfa e ontre, pour la plus grande hauteur de piliers (130 μm) les pentes s'é artent de la valeur 1. Dans un deuxième temps, la fra tion surfa ique de piliers a été variée (Φ = 0.05, 0.15, 0.3, 0.45) à hauteur de piliers montrés pour e xée, et pour un diamètre de sphère donné (2a = 6.98 mm). Les résultats sont e = 20 μm (Figure 3.3 ) et e = 90 μm (Figure 3.3d). Une augmentation signi ative de la vitesse est visible lorsque la fra tion surfa ique de piliers diminue de 0.45 à 0.05. Cependant, dans le as limite Φ → 1, on s'attend à retrouver le as de la surfa e lisse uniquement loin de la paroi ar dans la région (iii), le dé alage dû à la hauteur des piliers existe toujours : sur la Figure 3.3d, ave as où Φ = 0.05, la une pente inférieure à 1. Dans l'autre ourbe Φ = 0.45 rejoint très vite la as limite s'appro hait d'une surfa e lisse située à une distan e soudaine à (h + e), tout se passe omme si la sphère mais elle doit s'arrêter de manière ause de la présen e de quelques piliers. Enn, l'eet de la hauteur des piliers sphère donné (2a des piliers, et = 6.98 mm) a e pour une fra tion surfa ique Φ xée et un diamètre de été examiné. La mobilité de la sphère augmente ave la hauteur ela est d'autant plus signi atif que la fra tion de piliers est faible (Figure e). Cependant, à partir d'une ertaine hauteur, l'augmentation de vitesse sature (Figure 3.3f ), en parti ulier pour des grandes fra tions surfa iques (Φ 58 Φ → 0, ourbe de référen e = 0.45). En eet, les ourbes pour e = CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
0.03 0.025 0.025 0.02 0.02 0.015 0.01 0.015 0.01 2a = 6.98 mm 2a = 12.7 mm Smooth surface 0.005 0 b) Φ = 0.05 e = 130 μm V (h)/VSt V (h)/VSt 0.03 a) Φ = 0.05 e = 21 μm 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 2a = 6.98 mm 2a = 10.5 mm 2a = 12.7 mm Smooth surface 0.005 0 0.03 0 0.005 0.01 ε 0.03 c) e = 20 μm 2a = 6.98 mm 0.025 0.025 0.02 0.02 0.015 0.01 0 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.015 Φ = 0.05 Φ = 0.15 Φ = 0.30 Φ = 0.45 Smooth surface 0.005 0 0.03 0 0.005 0.01 Φ = 0.05 2a = 6.98 mm 0.02 0.025 0.03 e) 0.03 0.025 0.02 0.02 0.015 0.01 f) Φ = 0.45 2a = 6.98 mm V (h)/VSt V (h)/VSt 0.015 ε 0.025 0.015 0.01 e = 21 μm e = 89 μm e = 130 μm Smooth surface 0.005 0 0.03 d) ε 0.03 0.025 e = 90 μm 2a = 6.98 mm 0.01 Φ = 0.05 Φ = 0.15 Φ = 0.30 Φ = 0.45 Smooth surface 0.005 0.02 ε V (h)/VSt V (h)/VSt 0.03 0.015 0 0.005 0.01 0.015 0.02 ε 0.025 0.03 e = 20 μm e = 60 μm e = 92 μm Smooth surface 0.005 0 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 ε
Figure 3.3 Réseau de piliers fon tion de sa distan e par ourue adimensionnée pour e = 21 arrés. Mobilité de la sphère V (h)/VSt en ε. Figures a et b : eet du diamètre à Φ = 0.05 μm. Figures et
: eet de la et e = 90 μm. Figures e et f : eet et Φ = 0.45 130 μm et e = e = 20 μm pour Φ = 0.05 on entration à diamètre xé (2a = 6.98 mm) pour de la hauteur à diamètre xé (2a = 6.98 mm) 59
CHAPITRE 3. Figures V (h)/VSt en fon tion de sa a et b : eet du diamètre à Φ = 0.1 e = 117 μm et Φ = 0.2 e = 115 μm. Figures et d : eet de la on entration à diamètre xé (2a = 6.98 mm) pour e = 20 μm et e = 50 μm. Figures e et f : eet de la hauteur à diamètre xé (2a = 6.98 mm) pour Φ = 0.1 et Φ = 0.3 60
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
60 μm et e = 92 μm sont très pro hes dans la région (iii). Cette hauteur limite dépend don de la on entration de pilier : elle est atteinte plus tt lorsque la fra tion surfa ique de piliers est grande. Ce résultat peut s'expliquer par le fait que seule une partie du uide est drainée à travers le réseau de piliers, une autre partie restant immobilisée au pied des piliers (zones de re ir ulations).
Mi ro-piliers à base ylindrique
Une série d'expérien es similaires a été ee tuée pour des réseaux de mi ro-piliers (Figure 3.4). Trois fra tions surfa iques de piliers ont été testées (Φ = 10, 20 et 30 hauteurs de piliers (0 ≤ e ≤ 117μm). %) pour plusieurs Deux diamètres de sphère ont été utilisés (2a 12.7 mm). Les résultats
sont présentés
Figure 3.4. De manière générale, les des diérents paramètres sont les mêmes que pour des piliers 3.1.3 ylindriques = 6.98 et on lusions sur l'eet arrés. Approximation de la for e de traînée dans la région (ii)
Le but de ette sous-partie est d'utiliser es résultats expérimentaux pour proposer, dans un premier temps, une approximation de la for e de traînée valable dans la région (ii). Ce i nous sera utile dans le Chapitre 4, pour modéliser l'inuen e des textures sur la dynamique de la sphère dans ette région, mais lorsque l'inertie de la sphère n'est pas négligeable devant les for es visqueuses (St = O(1)). Par ailleurs, des modèles hydrodynamiques pour la for e de traînée ayant une base théorique plus onsistante seront proposés dans la suite de simplement à ajuster les e hapitre. I i, la pro édure ourbes de vitesse par une droite : V (h) s0 ≃ pε + VSt a où (3.1) s0 /a est l'ordonnée à l'origine de la droite et p sa pente. La for se réé rire e de traînée asso iée peut don omme : F (ε) = 6πμaV (ε) 1 pε + Si p=1 ela équivaut à un dé alage de la (3.2) s0 a ourbe pour une surfa e lisse. Ce i est le as pour des réseaux de piliers dilués et de faible hauteur. Pour des réseaux de piliers on entrés et de grande hauteur, nous avons vu que la ourbe pour une surfa e texturée tend à rejoindre la surfa e lisse pour des distan es h << L, qui onduit à Dans le as extrême, tout en ayant une vitesse non nulle près de la paroi, p = 0.71 (Φ = 0.1, e = 117 μm). Pour illustrer orrespond à des piliers dilués dont l'ajustement de la droite est de pente Φ = 0.15 et e 91 μm, la p = 1. La valeur de e es diérents as, 2 exemples Φ = 0.05 de hauteur e = 21 μm s0 trouvée est ourbe tend à rejoindre rapidement la onséquent, la pente de la droite d'ajustement est plus faible (p ailleurs, la ourbe de la p ≤ 1. Les pentes les plus faibles sont obtenues pour des grandes hauteurs de piliers. sont montrés Figure 3.5. Le premier as où onsiste 17.4 μm. ourbe de référen e. Par = 0.77) et s0 = 35.5 μm. ourbe de vitesse n'est pas linéaire, l'ajustement par une droite est don Nous avons vérié que la valeur de les expérien es et don s0 Dans le Par approximatif. est indépendante du diamètre de la sphère utilisée pour ara téristique des textures uniquement (Figures 3.6a et b)
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
0.03 0.015 b) 0.01 V (h)/VSt 0.025 s0/a0.005 0 0.02 0 2 4 -3 ×10 0.015 0.01 s0/a 2a = 6.98 mm Φ = 0.15 e = 91 μm Surface lisse s0 = 35.5 μm, p = 0.77 0.005 0 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03 ε
Figure 3.5 Proto 0.03 ole de mesure de la longueur de glissement
0.015
Φ = 0.05 e = 130 μm s0 (h
<<
L). b) Φ = 0.1 e = 117 μm a) 0.025 0.02 V (h)/VSt V (h)/VSt s0/a1 0.015 s /a 0 2 s0/a3 2a1 = 6.98 mm 0.01 0 0.005 2a2 = 10.5 mm 2a1 = 6.98 mm s0/a2 2a3 = 12.7 mm 0.005 0.01 s0/a1 2a2 = 12.7 mm Surface Lisse s0 = 72.3, 72.6, 69 μm 0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 Surface lisse s0 = 32.1, 32.6 μm 0 0.03 0 0.005 ε
Figure 3.6 Inuen 80 e du diamètre sur s0 pour des piliers 40 = 0.05 (μm) 20 s 0 0 (μm) s ylindriques (b). = 0.3
30
=
0.45 20 Pili
ers
carrés
(a)
0 40 80 120 10
0 Piliers cylindriques (b) 0 e (μm) Φ. Cas des piliers arrés (a) et 40 80 120 e (μm) Figure 3.7 Approximation linéaire des 62 arrés (a) et = 0.2 = 0.30 40 0 et 0.015 = 0.1 = 0.15 60 0.01 ε ourbes pour ylindriques (b). h << L et valeurs de s0 en fon tion de e
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
La variation de On voit que s0 s0 en fon tion de la hauteur des piliers est tra ée sur les Figures 3.7a et 3.7b. augmente d'abord ave Les valeurs de s0 e, puis atteint ensuite une valeur maximale. sont reportées dans les Tableaux 3.2 et 3.3. 3.1.4 Con lusion
La présen e de mi ro-stru tures de type réseau de mi ro-piliers augmente la vitesse de la sphère, à une distan e donnée, par rapport au as d'une surfa e lisse. Cet eet est d'autant plus grand que la fra tion surfa ique des piliers est faible et que leur hauteur est grande, bien qu'il existe une hauteur limite à partir de laquelle l'augmentation de vitesse sature. L'eet est d'abord visible dans la région (i) lorsque ε >> L/a ( hamp lointain) et s'intensie dans la région ε << L/a. D'autres paramètres géométriques omme la largeur des piliers dynamique de la sphère. Il aurait été intéressant de piliers Φ mais ave (ii) pour 2b jouent un rle sur la omparer deux expérien es à même fra tion de des périodes de textures L diérentes. Ces expérien es n'ont pu être produites faute de temps.
3.2 Modélisation de la région " hamp lointain" (i) : h >> L
Nous souhaitons modéliser nos résultats expérimentaux par le modèle de surfa e lisse équivalente (SLE) dé rit au Chapitre 1. Ce dernier est appli able seulement lorsque la distan e sphèreparoi est grande devant la périodi ité des mi ro-stru tures, à la région (i) dénie pré 'est-à-dire, h >> L e qui orrespond édemment. L'obje tif est de mesurer la valeur de la longueur de dé alage, sef f.
3.2.1 Mesure de sef f
Dans le hapitre 1, nous avons vu que dans le modèle SLE, la for e de traînée sur la sphère était la même que longueur sef f. elle sur la même sphère s'appro hant d'une surfa e lisse mais dé alée d'une
Cela veut dire que dans la région de lubri ation près d'une surfa e texturée, le oe ient de frottement devient : f⊥ (h) = a h + sef f (3.3) Autrement dit, la mobilité, ou vitesse normalisée, de la sphère est modélisée par : h + sef f V (h) = VSt a Le proto ole de mesure de sef f (3.4) onsiste à translater la ourbe de référen e obtenue pour une surfa e lisse le long de l'axe horizontal, jusqu'à obtenir sa superposition ave pour la surfa e texturée. Cette opération se fait dans la région ommen e au point d'abs isse ε = L/a sphère 2a = 12.7 mm. parallélisme visible des Dans ourbe obtenue 'est à dire la superposition et se poursuit en s'appro hant de la paroi. Sur l'axe des abs isses, la valeur du dé alage est égale à appliquée à une surfa e de type piliers (i), la sef f /a. La Figure 3.8a est un exemple de la pro arrés très diluée (e édure, = 21 μm, Φ = 0.05) et un diamètre de et exemple, on voit que l'idée du dé alage est naturelle, du fait du ourbes. Le dé alage à L/a = 0.037 montre une très bonne superposition
APITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
(i) ε >> L/a, sef f /a obtenue mais aussi, pour et exemple, dans la région 15.2 μm. Cette valeur est i i de 72% orrespond à ε << L/a. La valeur de la hauteur des piliers, e qui nie que l'eet des textures sur la mobilité est très signi atif, même en hamp lointain. La Figure 3.8b, présente un exemple où la densité de piliers est très élevée (Φ = 0.7) hauteur grande (e ε = 85 μm). I i, la superposition est réalisée pour des distan es L/a = 0.051. La valeur du dé que pré édemment : alage qui permet de superposer les supérieures à ourbes est beau oup plus petite sef f = 5.9 μm. Cette valeur représente seulement 7% de la hauteur des piliers. De plus, à partir de distan es ε < 0.002, les deux pour la texture se trouvant au-dessus de la des textures dans la région sens stri t (ave et leur (ii), ourbes s'é artent l'une de l'autre, elle obtenue ourbe lisse dé alée. On
voit i i le rle de la
gé
ométrie
où
le modèle de paroi lisse
équivalente n'est plus appli able,
au une valeur
unique
de la longueur de dé alage pour toutes les distan es).
Dans
ette région
, il serait possible de déterminer
des valeurs de sef f
, mais qui dépendent
de la distan e à la paroi. 0.05 7 0.08 ×10-3 6 L/a 5 0.04 6 0.06 seff / a 2 0 -4 -2 0 2 4 ×10 V (h)/VSt 1 0.03 L/a 8 0.07 4 3 V (h)/VSt ×10-3 -3 seff / a 0.02 4 2 0.05 0 -2 0.04 0 4 -3 ×10 2 seff / a 0.03 0.02 0.01 0 2a = 12.7 mm e = 21 μm Φ = 0.05 Surface Lisse Modèle SLE (seff = 15.2 μm) 0 0.01 0.02 0.03 0.04 2a = 6.98 mm e = 85 μm Φ = 0.7 Surface lisse Modèle SLE (seff = 5.9 μm) 0.01 0 0.05 0 0.02 0.04 0.06 0.08 ε ε
Figure 3.8 Modèle de surfa e lisse équivalente : dé alage des pour l'obtention de la longueur sef f, appliqué ourbes le long de l'axe horizontal à deux géométries de textures diérentes. Inuen e du diamètre de la sphère
Dans un premier temps, nous avons vérié que (Figure 3.9 piliers ylindriques référen e à partir de ε = L/a texturée, dans la région 12.7 mm (i), même (12.4 et 12.5 μm). était indépendant du diamètre de la sphère Φ = 0.1, e = 117 μm). Le dé alage horizontal de la donne une bonne superposition ave et. Bien que le rapport sef f e i pour les deux diamètres de sphère L/a soit diérent (L/a Nous pouvons on lure que = 0.032 sef f et ourbe près d'une surfa e 2a = 6.98 mm 0.018), la valeur de est bien une grandeur de la texture, qui ne dépend que de ses paramètres géométriques. CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
Figure 3.9 Modèle de surfa e lisse équivalente : dé alage des pour l'obtention de la longueur sef f, ourbes le long de l'axe horizontal appliqué à deux diamètres de sphères (2a 2a = 12.7 mm), pour une géométries de textures xée (piliers 0.032, L/a2 = 0.018 = 6.98 mm et ylindriques à Φ et e xés).
L/a1 = Inuen e des paramètres géométriques des textures
Nous avons appliqué le modèle SLE dans diverses situations an de mieux omprendre l'in- uen e des paramètres géométriques des textures sur la longueur de dé alage. Plusieurs on lu- sions peuvent être faites : - la longueur de dé alage augmente ave gures 3.10 a et b). Le modèle SLE est très la hauteur des piliers pour une fra tion onvain ant pour des petites hauteurs (< zone de superposition du modèle diminue pour des grandes hauteurs. Dans de sef f atteignent des valeurs spe ta ulaires allant jusqu'à tableau 3.2). L'augmentation de sef f atteint Φ xée (Fi- 50 μm) mais la ertain as, les valeurs 95 % de la la hauteur des textures (voir ependant une limite supérieure lorsque la hauteur des piliers augmente. - plus la (Figures 3.10 ment la (≥ et d). Pour les faibles l'eet des textures est faible à des distan es où parti ulièrement faibles. A titre d'exemple pour qui représente La 1.5 % sef f on entrations de piliers, le modèle ajuste très ourbe expérimentale sur une large extension spatiale. Pour des grandes 30 %), se f f on entration de piliers est élevée (à hauteur xée), plus la valeur de ε > L/a Φ = 0.45 diminue orre te- on entrations e qui entraîne des valeurs de (Figure 3.10a), sef f = 1.4 μm e de la hauteur des piliers. onguration la plus favorable pour obtenir une grande valeur de longueur de dé alage 65
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
0.1 e = 21 μm e = 89 μm e = 130 μm Surface lisse seff = 14, 33, 39 μm Φ = 0.05 2a = 6.98 mm 0.06 0.025 0.04 0.02 ×10-3 10 0.02 0.02 8 6 0.01 4 2 0.005 0 0 0 0 0 0.02 0.04 -3 10 ×10 5 0.06 0.08 0 0.1 0 0 0.01 0.02 0.06 (c) L/a 0.03 3 4 0.04 Φ = 0.10 Φ = 0.20 Φ = 0.30 Surface lisse seff = 11.9, 4.9, 2.2 μm 0.07 0.06 V (h)/VSt V (h)/VSt 0.08 2 0.05 0.08 Φ = 0.05 Φ = 0.15 Φ = 0.30 Φ = 0.45 Surface lisse seff = 33, 15.2, 5.9, 1.4 μm L/a 0.1 1 ε ε 0.12 L/a Φ = 0.1 2a = 6.98 mm 0.03 0.015 0.01 (b) e = 20 μm e = 50 μm e = 117 μm Surface lisse seff = 9, 10.5, 12.9 μm 0.04 V (h)/VSt V (h)/VSt 0.08 0.05 (a) L/a L/a 0.02 0.04 (d) 0.05 L/a L/a 0.04 ×10-3 L/a 10 0.03 8 0.015 6 0.02 0.01 0.02 e = 90 μm 2a = 6.98 mm 0 4 0.005 0 0.02 0.04 0.01 e = 50 μm 2a = 6.98 mm 0 0 0.06 5 0.08 10×10-3 0.1 0.12 0 0 0.02 0 0 1 0.04 2 3 0.06 -3 4 ×10 0.08 ε ε
Figure 3.10 Modèle de surfa 2 e lisse équivalente. En haut : inuen e de la hauteur à Φ et 2a xés. L/a = 0.069 (a) et ylindriques L/a = 0.032 (b) En bas : inuen e de la on ene xés. Les valeurs de L/a pour des piliers arrés ( ) pour Φ = 0.05, 0.15, 0.3, 0.45 sont respe tivement L/a = 0.069, 0.04, 0.051, 0.043. Pour des piliers ylindriques (d) les valeurs de L/a sont égalent à L/a = 0.032, 0.028, 0.023 respe tivement pour Φ = 0.1, 0.2, 0.3 Piliers arrés tration à Φ et est une faible densité de piliers et une grande hauteur de piliers. Cependant le rapport d'autant plus grand que e sef f /e est est faible.
3.2.2 Prédi tion théorique de sef f
Nous souhaitons omparer nos résultats expérimentaux au modèle en loi d'é helle développé à l'origine pour des surfa es superhydrophobes [33, mais qui est appli able au as oléophile qui nous intéresse i i. En l'absen e de gaz piégé, une seule vis osité est utilisée pour les deux phases : ηg = η. En remplaçant dans l'équation (1.22), nous obtenons la loi suivante pour la longueur de glissement ee tive au-dessus d'un réseau de piliers 66 ylindriques :
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
1
bef f
∼ 1
(1 − Φ) p L β(Φ)
tanh Nous avons vu au Chapitre 1 que lorsque exer ée sur un pilier p β(Φ) + e L L Re << 1, la for 1 0.325 √ − 0.44 Φ (3.5) e de traînée par unité de longueur ylindrique par un é oulement de vitesse U uniforme et unidire tionnel s'é rit [53 : fp = β(Φ)μhU i où μ est la vis osité du uide et dans le réseau. La fon tion β(Φ) une fon tion roissante de la fra tion surfa ique La solution de Kuwabara semble fournir le meilleur a Φ ≤ 0.4 'est pourquoi nous avons fait le 0 ≤ Φ ≤ 0.6 sont présentées Figure 3.11. ord entre les expérien es et les simulations hoix de l'utiliser. Celle- i est valide pour et s'é rit [56 : 4π β(Φ) = ln β(Φ) 10 3 Φ des piliers β(Φ) a été déterminée théoriquement par divers auteurs (voir [54 [55 [56 [57 [53). Les diérentes solutions trouvées pour numériques, et (3.6) 2 √ πΦ π π2 − 0.75 + Φ − Φ2 4 64. 0 ≤ (3.7) Sangani Drummond and Tahir Happel Kuwabara Hasimoto 10 2 10 1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 Φ
Figure 3.11 For e de traînée adimensionnalisée arré en fon tion de la on entration de piliers
Pour des piliers à base β(Φ) Φ. Prédi sur un pilier ylindrique dans un réseau tions de di érents auteurs. arrée, la même expression de β(Φ) est utilisée. Remarquons que pour une texture isotrope, les longueurs ee tives de glissement sont identiques dans les deux dire tions propres (bef f = b// = b⊥ ), sef f bef f = bef f (équation (1.15)). Les valeurs de e qui donne une longueur de dé alage issues de l'équation (3.5) sont tra ées en traits ontinus sur les Figures 3.12 et 3.13, respe tivement pour des piliers arrés et ylindriques. Les va-
3. PPROCHE DE SURFACES TEXT PET NOMBRE DE REYNOLDS
0.25 60 Φ = 0.05 Φ = 0.15 Φ = 0.30 Φ = 0.45 Model 50 0.2 seff/L seff (μm) 40 Φ = 0.05 Φ = 0.15 Φ = 0.30 Φ = 0.45 Model 30 0.15 0.1 20 0.05 10 0 0 50 100 0 150 0 0.2 0.4
Figure 3.12 Comparaison modèle-expérien suré en fon tion de Equation 3.5 pour es pour des mi ro-piliers à base e (symboles) b) sef f /L mesuré en fon bef f. Φ = 0.10 Φ = 0.20 Φ = 0.30 Model 1 tion de arrée. a) e/L (symboles). Traits sef f me- ontinus :
Φ = 0.10 Φ = 0.20 Φ = 0.30 Model 0.15 seff/L 15 seff (μm) 0.8 0.2 20 10 0.1 0.05 5 0 0.6 e/L e (μm) 0 50 100 0 150 0 0.5 1
Figure 3.13 Comparaison modèle-expérien suré en fon tion de Equation 3.5 pour leurs de sef f es pour des mi ro-piliers e (symboles) b) sef f /L mesuré en fon bef f. mesurées sont les symboles. L'a le modèle rend ompte de l'augmentation de d'un palier, dont la valeur est est atteint pour des tion de ylindriques. a) e/L (symboles). Traits sef f me- ontinus : ord entre les mesures et le modèle est satisfaisant : sef f ave la hauteur des piliers jusqu'à l'obtention ependant surestimée par le modèle. Expérimentalement, on entrations en piliers intermédiaires (0.15 visible pour la plus petite 1.5 e/L e (μm) on entration en piliers (Φ = 0.05). dans l'adéquation modèle-expérien es entre les piliers à base ≤ Φ ≤ 0.3), e palier mais il n'est pas Il n'y a pas de diéren e notable arrée et ylindrique.
3.2.3 Con lusion
Nous avons appliqué le modèle de surfa e lisse équivalente aux ourbes de mobilité obtenues pour une sphère s'appro hant d'un réseau de mi ro-piliers. Ce modèle, valable en théorie dans la région (i) pour des distan es grandes devant la périodi ité du réseau (h ment les expérien es dans 68 ette région. La longueur de dé alage sef f >> L), dé rit orre te- asso iée dépend fortement
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
des paramètres géométriques du réseau de piliers. Les valeurs obtenues pour dé alage ont été ette longueur de omparées aux prédi tions de longueur ee tive de glissement au dessus d'un ré- seau de mi ro-piliers ( arrés ou ylindriques), dans le as oléophile. La omparaison s'avère assez satisfaisante dans la gamme de paramètres géométriques testée. 3.3 Modélisation des régions "pro he paroi" (ii) et (iii) : h << L
La région pro he paroi se rentes. L'obje tif est i i de ompose de 2 sous-régions qui né essitent des modélisation dié- al uler le oe ient de frottement, en séparant l'eet des textures à des distan es grandes devant le rayon des piliers (b devient inférieure au rayon des piliers (h << h << L) de leur eet lorsque la distan e << b)
3.3.1 Région (ii) : b << h << L
Dans la région (ii) orrespondant à b << h << L, nous avons onstaté les limites du modèle SLE qui ne dé rit pas toujours orre tement les ourbes de vitesse, notamment pour des géométries de réseaux de piliers parti ulières (piliers hauts et on entrés). Pour dé rire l'eet des textures dans ette région, nous proposons de développer un modèle alternatif au modèle SLE, qui rempla er le milieu omposite (piliers + uide) par un milieu her hée par ajustement aux utilisée notamment pour le onsiste à ontinu ee tif, dont la vis osité sera ourbes expérimentales. Cette appro he de type milieu ee tif a été al ul de la dissipation dans un réseau de piliers dans le glissement ee tif [33, et du ontexte du oating de surfa es texturées [58. Formulation du modèle
La situation onsidérée est représentée sur la Figure 3.14. Un é oulement de drainage est par une sphère, de rayon a, s'appro hant perpendi ulairement de 2 non mis ibles et de vis osités diérentes. Le uide uide 2, qui forme une 1 réé ou hes de uides superposées, entoure la sphère et est en onta t ave un ou he d'épaisseur uniforme sur une paroi solide, et dont la vis osité est elle du uide 1. Cette vis osité plus grande est la onséquen e de la présen e de piliers qui augmente la dissipation visqueuse. Nous ferons l'hypothèse que l'interfa e entre les 2 ou hes de uide reste stable et plane pendant le drainage. Dans nos expérien es, la uide en onta t ave les piliers a en eet une épaisseur e qui reste uniforme et ou he de onstante au fur et à mesure que la sphère s'appro he.
z z z = h0+e u(r,z) h z=e z=0 h(r) (1) e (2)
Figure 3.14 Sphère s'appro hant r (1) d'un réseau de mi h(r) 1 (1) =k 1 (2) 2 ro-piliers (2) de 2 e r ou hes de uides de vis osités diérents. CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
A un instant t, la vitesse de la sphère est V0 > 0 et elle se trouve à une distan entre les deux uides. Le uide entourant la sphère a une vis osité dynamique onta t ave la paroi a une vis osité μ2 = kμ, où k est axisymétrique à deux dimensions (r et a de la est un h0 de l'interfa e μ1 = μ. Le uide en oe ient sans dimension. Le problème z ). Pour des distan es h0 +e très petites devant le rayon sphère, l'équation de la surfa e de la sphère s'é rit en première approximation : h(r) ≃ h0 + r2 2a (3.8) Les équations de lubri ation sont résolues pour les La e onservation de la masse implique que wi << ui hamps de vitesse (ui (r, z) et wi (r, z)). et les équations de Stokes s'é rivent pour haque uide : ∂ 2 ui
∂
pi = μi
2 ∂r ∂z
La pression est fon tion de r ∂pi =0 ∂z uniquement, et telle que (3.9) p1 (r) = p2 (r) = p(r). Le hamp de vitesse s'obtient en intégrant 2 fois l'équation 3.9 : ui (r, z) = où Ai et Bi 1 dp(r) 2 z + Ai (r)z + Bi (r). 2μi dr sont des fon tions à déterminer par les onditions limites. Les (3.10) onditions limites s'é rivent : 1. Condition d'adhéren e à la paroi u2 (r, 0) = 0 2. Continuité des vitesses à l'interfa e entre les 2 (3.11) ou hes de uides : u1 (r, e) = u2 (r, e) 3. Continuité des ontraintes à l'interfa e entre les 2 μ1 (3.12) ou hes de uides : du1 du2 (r, e) = μ2 (r, e). dz dz (3.13) 4. Condition d'adhéren e à la surfa e de la sphère : u1 (r, h + e) = 0. (3.14) On obtient : B2 (
r)
=
0 A1 (r) = A2 (r) = − (h + e)2 + (1/k − 1) e2 (h + e) + (1/k − 1) e B1 (r) = −(h + e) A1 (r) − (h + e)2 70 (3.15) (3.16) (3.17)
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
où h = h(r). La onservation du débit q(r) de uide située entre le plan et la sphère s'é rit q(r) + πr 2 w(z = h0 ) = 0 w(z = h0 ) = −V (h0 ) la vitesse axiale de la sphère. Le débit radial q(r) est obtenu en intégrant ave le (3.18) hamp de vitesse : q(r) = Z h+e u1 (r, z)2πrdz + e Z e u2 (r, z)2πrdz (3.19) 0 Nous obtenons alors l'expression de gradient de pression radial 6μrV (h0 ) dp(r) =− dr h̄3 ave où (3.20) : h̄3 = − 2[(h + e)3 + e3 (1/k − 1)] + 3A1 (r)[(h + e)2 + e2 (1/k − 1)] + 6B1 (r)h h̄ = h̄(r). la position (3.21) La pression est obtenue en intégrant l'équation (3.20) entre la position radiale R= √ 2ah0 où on retrouve les valeurs à l'inni (p p(r) − p0 = Enn, la for e de traînée à une distan e FB = Z Z h0 R r − = p0 à h0. Le et r → ∞) dp(r) dr dr (3.22) donnée est : a 0 (p(r) − p0 )2πrdr (3.23) L'intégration est ee tuée numériquement sous Matlab pour une vitesse xée rentes valeurs de r f ⊥B = f ⊥B asso ié à V (h0 ) et dié- ette for e de traînée est alors : FB (h0 ) 6πμaV0 (3.24) Ajustement du modèle sur les expérien es Dans le m , le seul paramètre ajustable est le oe ient k, rapport des vis osités des deux uides. Pour une expérien e donnée, la hauteur des piliers e est onnue. L'ajustement à her her la valeur de k qui donne le meilleur a (équation 3.24), et la ourbe de vitesse mesurée. iste é 1/ ⊥B
La Figure 3.15 montre un exemple d'ajustement du modèle à une série de 4 expérien es. Les textures sont des réseaux de piliers ylindriques de fra tions surfa iques Φ = 0.1, 0.2, 0.3, de hau- e = 50 μm et le diamètre de la sphère est 2a = 6.98 mm. Pour k = 1 et e = 0 μm, le modèle rit bien la ourbe expérimentale obtenue pour une surfa e lisse. Lorsque e 6= 0, la valeur de k teur dé est ajustée de sorte à obtenir le meilleur a ord ave les expérien es : i i, k = 5.5, 12 et 28. On voit que le modèle dé rit remarquablement bien l'allure des ourbure. Par h << b : il ourbes de vitesse, et notamment leur onstru tion, le modèle ne dé rit pas la dé roissan e de la vitesse vers zéro lorsque impose une vitesse non-nulle sur le haut des piliers (h = 0 étant l'interfa e).
71 CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
0.012 e = 50 μm 2a = 6.98 mm V (h)/VSt 0.01 0.008 0.006 0.004 Φ = 0.10 Φ = 0.20 Φ = 0.30 Smooth surface Model k = 1, 5.5, 12, 28 0.002 0 0 0.002 0.004 0.006 0.008 0.01 0.012 ε
Figure 3.15 Exemple d'ajustement du modèle (équation (3.24)) aux pour des réseaux de piliers de hauteur xée (e ourbes expérimentales, ylindriques de diérentes fra tions surfa iques (Φ = 50 μm). Le diamètre de la sphère est = 0.1, 0.2, 0.3), et 2a = 6.98 mm. 3.3.2 Modélisation de la région (iii) : h
≤ b z Fsphère(t),t) h a V(t z=0 Figure 3.16 Intera lorsque ) μ b tion de lubri ation entre une sphère de rayon
Juste avant le et un pilier de rayon b onta t à la paroi, la sphère dé élère sur une distan e très petite de l'ordre de quelques interfranges, puis s'arrête. Ce i se manifeste par un vitesse en fon tion de la distan e. Nous interprétons l'intera tion hydrodynamique de la sphère ave petite devant le rayon du pilier disques ir ulaires de rayon b. Dans Cette for e ne dé roit plus en 1/h3. Le hangement de pente de la e 1/h ourbe ette rapide dé roissan e de la vitesse par le pilier le plus pro he, dès que la distan e b, i.e ε ≤ (b/a). Le problème s'apparente alors à l'appro h devient he de deux as, la for e de lubri ation s'exprime par [59 : FP = 72 a h << b. 3πμb4 V (h) 2h3 omme pour le oe ient de frottement asso ié est : (3.25) as de l'intera tion sphère-plan, mais en
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS 1 f⊥p (ε) = 4
Nous avons onsidéré i i le et un pilier à base as d'un pilier 4 3 b 1 a ε (3.26) b. L'intera ylindrique de rayon arrée sera modélisée de façon appro hée par le même en prenant un rayon équivalent égal au demi- té tion entre la sphère oe ient de frottement, b du arré. (iii), nous é rivons que la for e de traînée to-
3.3.3 Modèle omplet pour h << L
Pour modéliser l'ensemble des régions (ii) et tale sur la sphère est la somme des for es de traînée diérentes. En terme de FB et Fp, qui agissent sur des distan es très oe ient de mobilité, on obtient don :
V (h) 1 = V0 f ⊥B + f ⊥p
Le paramètre k (3.27) est obtenu en ajustant au mieux la mobilité al ulée par l'équation 3.27 sur les expérien es. Les Figures 3.19 et 3.20 montrent que la qualité de l'ajustement sur les ourbes expérimentales présentées pré édemment (Figures 3.3 et 3.4) n'est pas modiée par l'ajout du e ient de mobilité dé rite, ave f ⊥B au modèle. L'avantage est que la région une vitesse qui s'annule au 0.012 e = 50 μm 2a = 6.98 mm 0.01
0.01 0.008 0.008 1/f⊥B Φ = 0.10 Φ = 0.20 Φ = 0.30 Smooth surface Squeeze Flow Model 0.002 0 V (h)/VSt V (h)/VSt 1/f⊥p 0.004 0 0.002 0.004 0.006 0.008 0.01 1/(f⊥B +f⊥p ) 0.006 Φ = 0.10 Φ = 0.20 Φ = 0.30 Smooth surface k= 1, 5.5, 12, 28 Modèle à 2 viscosités + 3ème régime 0.004 0.002 0 0.012 0 0.002 0.004 ε = 0.1, 0.2, 0.3) 2a = 6.98 mm) a) Modèles séparés et de hauteur (e = 50 μm). 0.008 0.01 0.012 (iii) ylindriques de diérentes
Le diamètre de la sphère est (Equations 3.26 et 3.24)
b) Modèle La pré ision de la modélisation de la région détail à l'é helle de 0.006 ε Figure 3.17 a) Modélisation des régions (ii
) et (iii), pour des piliers fra tions surfa iques (Φ orre tement onta t des piliers. 0.012 0.006 (iii) est maintenant o- omplet (Equation 3.27). est loin d'être parfaite si l'on regarde en ette région (Figures 3.18a et b). Elle semble meilleure lorsque la densité de piliers est faible. Lorsque la densité de piliers est supérieure à 30% (Figures 3.18 et d), le modèle a des di ultés à dé rire la dé roissan e plus progressive de la vitesse. De plus, la mobilité prédite par l'équation 3.26 varie en ε3 e qui implique une pente nulle à l'origine. Ce n'est pas e que 73
CHAPITRE 3. APPROCHE DE SURFACES TEXTURÉES À PETIT NOMBRE DE REYNOLDS
×10-3 0.014 e = 90 μm 2a = 6.98 mm 0.012 7 a) 5 V (h)/VSt V (h)/VSt b) 6 4 3 2 Φ = 0.15 Smooth surface k = 21 0.002 0 Φ = 0.45 2a = 6.98 mm 0 1 2 3 4 0 5 ε e = 92 μm Smooth surface k = 62 1 0 1 2 3 ε ×10-3 ×10-3 ×10-3 c) 0.012 Φ = 0.1 2a = 6.98 mm 4 V (h)/VSt V (h)/VSt 0.01 d) Φ = 0.3 2a = 6.98 mm 5 0.008 0.006 3 2 0.004 e = 117 μm Smooth surface k = 22 0.002 0 0 0.5 1 1.5 2 2.5 0 3 ε ×10 e = 77 μm Smooth surface k = 68 1 0 0.5 1
Figure 3.18 Modélisation de la région (iii) pour des piliers nous observons expérimentalement. Malgré 1.5 2 ε -3 es restri tions, ×10-3 arrés (a-b) ylindriques ( -d) e modèle sans paramètre ajustable a l'avantage d'être simple et e a e pour représenter la région (iii). Valeurs de k obtenues
L'ensemble des ajustements du modèle aux expérien es sont présentées sur les Figures 3.19 et 3.20 pour les réseaux de piliers arrés et ylindriques, respe tivement. Nous avons d'abord étudié dans quelle mesure les valeurs du oe ient de vis osité k ob- tenues étaient indépendantes du diamètre de la sphère utilisée dans les expérien es. Les Figures 3.19a 3.19b et 3.20a. montrent que dant pour des piliers la valeur de k = 59, 2a = 12.7 mm, k est en général indépendant du diamètre de la sphère. Cepen- ylindriques de fra tion Φ = 0.2 et de hauteur e = 115 μm obtenue en ajustant sur l'expérien e ee tuée ave surestime nettement elle ee tuée ave le plus grand diamètre venant trop grand pour l'approximation de lubri ation. Dans à 35 μm, e as parti ulier, l'hypothèse de 2a = 6.98 mm est vériée e qui plus petit que la hauteur des piliers (e 2a = 7 mm. Cet de la sphère e/a de- un plus petit diamètre é art peut s'expliquer par un rapport entre la hauteur des piliers et le rayon lubri ation pour une sphère de diamètre (Figure 3.20b), pour une distan e inférieure = 115 μm)! Par ailleurs, le oe ient ob- tenu résulte d'une moyenne des dissipations visqueuses sur la surfa e de la sphère. Ces dissipations évoluent, omme l'é oulement, radialement à partir de l'axe de la sphère. Or pour une surfa e de sphère trop petite, don ette moyenne devient sans doute sensible à la taille de la surfa e testée. Il est plus prudent d'utiliser des sphères de grand rayon pour que la valeur de k soit une moyenne ee tive. L'étape suivante est d'étudier la variation du piliers. Comme attendu, xée (Figures 3.19 la Figure 3.19d (e k augmente ave 3.19d et 3.20 = 90 μm, la oe ient k ave on entration de piliers, pour une hauteur de piliers et 3.20d). Cette augmentation est très rapide, 2a = 6.98 mm) où k = 2.8 Par ailleurs, le modèle dé rit parfaitement la forme des (quasi-linéaire lorsque Φ est faible, Pour une fra tion de piliers la géométrie du réseau de pour et k = 62 ourbes de vitesse pour très in urvée lorsque Φ xée, k augmente ave Φ = 0.05 Φ omme le montre pour Φ = 0.45.
| 52,685
|
dumas-02638615-2019_Dubuc_Ana%C3%AFs_SAED.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,020
|
Les bâtiments des vaches laitières de demain : quelles sont les attentes du grand public et comment sont-elles perçues par les éleveurs ?. Sciences du Vivant [q-bio]. 2019. ⟨dumas-02638615⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,765
| 13,672
|
Les bâtiments des vaches laitières de demain : quelles
sont les attentes du grand public et comment sont-elles
perçues par les éleveurs ?
Anaïs Dubuc
To cite this version:
Anaïs Dubuc. Les bâtiments des vaches laitières de demain : quelles sont les attentes du grand public
et comment sont-elles perçues par les éleveurs ?. Sciences du Vivant [q-bio]. 2019. �dumas-02638615�
HAL Id: dumas-02638615
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02638615
Submitted on 28 May 2020
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives 4.0
International License
AGROCAMPUS
OUEST
CFR Angers
CFR Rennes
Année universitaire : 2018 - 2019
Mémoire de fin d’études
d’Ingénieur de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques,
agroalimentaires, horticoles et du paysage
Spécialité :
Biologie, Agrosciences, Santé
de Master de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques,
agroalimentaires, horticoles et du paysage
Spécialisation (et option éventuelle) :
Sciences de l’animal pour l’élevage de
demain
d'un autre établissement (étudiant arrivé en M2)
Les bâtiments des vaches laitières de demain :
quelles sont les attentes du grand public et
comment sont-elles perçues par les éleveurs ?
Par : Anaïs DUBUC
Illustration éventuelle
CAPDEVILLE J, Institut de l’élevage, 2012, GAEC de l’Epinay, Guer (56)
Soutenu à Rennes, le 26 juin 2019
Devant le jury composé de :
Président : Thierry Bailhache
Rapporteur : Yannick Le Cozler
Maîtres de stage : Valérie Jacquerie – Elsa Delanoue
…………….…… .Florence Kling-Eveillard
Enseignant référent : Vanessa Lollivier
Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle d’AGROCAMPUS
OUEST
Ce document est soumis aux conditions d’utilisation
«Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 France»
disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-ncnd/4.0/deed.fr
REMERCIEMENTS
Je remercie Madame Valérie JACQUERIE, ma tutrice-encadrante et membre de l’équipe
de recherche CASE (comportement animal et système d’élevage), de l’ISA de Lille, de
m’avoir encadré et d’avoir suivi régulièrement le travail effectué. L’intérêt pour mon étude
et la gentillesse qu’elle porte, ont été très motivants.
Je remercie Madame Florence KLING-EVEILLARD et Madame Elsa DELANOUE,
encadrantes et membres de l’Institut de l’Elevage. Elles ont su me faire part de leur
expertise et de leur savoir, notamment en sciences sociales (sociologie en élevage). Cette
découverte a été très profitable afin de compléter mon approche théorique, scientifique et
technique.
La collaboration avec Madame Nadine BALLOT et Madame Eloïse MODRIC, les
commanditaires, membres du service sciences et techniques de l’élevage, au Cniel, était
très simple grâce à leur réactivité et accessibilité. Je les remercie pour leur appui logistique
majeur dans la réalisation des enquêtes au Salon de l’Agriculture, sur le stand du Cniel.
Je remercie aussi les autres membres de l’équipe CASE, Monsieur Joop LENSINK et
Madame Hélène LERUSTE, pour les échanges constructifs sur les bâtiments d’élevage et
de l’intérêt porté à mon travail.
Je pense aussi à Madame Vanessa GUESDON, responsable de l’équipe CASE, qui étant
soucieuse de l’intégration des stagiaires, m’a donné l’opportunité de m’impliquer dans
diverses réunions, dans l’organisation du colloque SFECA (Société Française de l’Etude
du Comportement Animal) et de faire une intervention publique. L’intégration dans des
travaux d’équipe fut une expérience très valorisante mais surtout professionnalisante.
Je remercie ma tutrice Madame Vanessa LOLLIVIER pour son implication dans le stage.
Je souhaite exprimer mes sincères remerciements aux experts, aux éleveurs, aux étudiants
et aux personnes enquêtés pour leur volontariat et leur esprit de partage. Ils sont la base
de la construction de ce dossier et le noyau central de l’étude réalisée.
J’adresse aussi un mot de sympathie à toutes les personnes avec qui j’ai travaillé, à l’ISA
de Lille pour leur accueil chaleureux et les moments partagés. Je pense notamment à Julie.
Enfin, je remercie mes proches, plus particulièrement mes parents pour leur bienveillance
dans mes études et pour leur transmission de l’amour de l’agriculture ; mes sœurs et
Baptiste pour leur soutien sans faille.
LISTE DES ABREVIATIONS ACSE : Analyse Conduite et Stratégies de l’Entreprise agricole APCA : Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture AS : Acteurs et Société BTPL : Bureau Technique de Promotion Laitière BTS : Brevet de Technicien Supérieur BTSA : Brevet de Technicien Supérieur Agricole CA : Chambre d’Agriculture CASE : Comportement Animal et Systèmes d’Elevage CBPE : Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage CE : Communauté Européenne CENECA : CEntre National des Expositions et Concours Agricoles CIWF : Compassion In World Farming CNIEL : Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière CRAB : Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne CVO : Cotisation Volontaire Obligatoire DDCSPP : Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations FAO : Food and Agriculture Organisation FNCL : Fédération Nationale des Coopératives Laitières FNIL : Fédération Nationale des Industries Laitières FNPL : Fédération Nationale des Producteurs de Lait GIE : Groupement d’Intérêt Economique GMS : Grande et Moyenne Surface GP : Grand Public IC : Installations Classées ICPE : Installations Classées pour la Protection de l’Environnement IDELE : Institut de l’Elevage INAO : Institut National des Appellations d’Origine INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques ISA : Institut Supérieur en Agriculture, agroalimentaire, environnement et paysage JPO : Journées Portes Ouvertes MFE : Mémoire de fin d’études OIE : World Organisation for Animal Health ONG : Organisation Non Gouvernementale PA : Productions Animales PI : Post-It PNNS : Programme National Nutrition Santé RMT : Réseau Mixte Technologique RSD : Règlement Sanitaire Départemental SIA : Salon International de l’Agriculture SNGTV : Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires LISTE DES FIGURES Figure 1 : Répartition du budget du Cniel en 2018……………………………..………..…...2 Figure 2 : Quatre principales étapes composant l’action « Acteurs et Société » du projet du Cniel………………………………………………………………………………….……………..3 Figure 3 : Principaux bâtiments et modules bovins laitiers composant un corps de ferme………………………………………………………………………………………...……...4 Figure 4 : Cinq libertés caractérisant le bien-être animal défini par l’OIE.……………..…...4 Figure 5 : Distances réglementaires à respecter pour l’implantation de bâtiments d’élevage ou d’ouvrages de stockage, selon le régime de l’exploitation agricole………………..…………………………………………………………………….……...6 Figure 6 : Services rendus à la société, par l’éleveur et son élevage, lors d’un engagement dans la démarche « charte des bonnes pratiques d’élevage »……………………………………………………………………………….………...6 Figure 7 : Trois étapes clés de l’étude sur les attentes du grand public sur les bâtiments des vaches laitières………………………………………………………………………………..8 Figure 8 : Structure en entonnoir de la trame d’entretien (architectes et conseillers en bâtiments)………………………………………………………………………………...………...9 Figure 9 : Etapes de collecte et traitement des données de l’enquête « grand public »…………………………………..……………………………………………….…….....10 Figure 10 : Différentes parties ordonnées, du questionnaire de l’enquête « grand public »…………………………………………………………………………………………….10 Figure 11 : Etapes de l’étude des attentes du grand public et réponses recherchées lors des focus groups …………………..……………………………………………………….…….11 Figure 12 : Etapes de création, collecte et traitement des données lors d’un focus group………………………………………………………………………………………………12 Figure 13 : Parties séquencées du guide d’entretien du focus group réunissant des éleveurs……………………………………………………………………………………………12 Figure 14 : Principales étapes du questionnaire du SIA servant à tester les hypothèses…13 Figure 15 : Classement des thèmes justifiant la préférence selon le nombre et la proportion………………………………………………………………………………………….15 Figure 16 : Importance des cinq grands groupes d’attentes sociétales « j’aime »………...15 Figure 17 : Classement des thèmes de préférence en fonction du nombre de personnes les ayant cités………………………………………………………………….………………….15 Figure 18 : Classement des thèmes justifiant la déplaisance selon le nombre et la proportion……………………………………………………………………….………………...16 Figure 19 : Classement des thèmes déplaisants en fonction du nombre de personnes les ayant cités………………………………………………………………………...……………….16 Figure 20 : Importance des cinq grands groupes d’attentes sociétales « je n’aime pas »………………………………………….………………………………………………..….16 Figure 21 : Nuage de mots illustrant les aspects préférés en lien avec le bâtiment par le grand public……………………………………………………………………………………….16 Figure 22 : Nuage de mots caractérisant le bâtiment du futur selon le grand public…..……………………………………………………………………………….………….16 Figure 23 : Nuage de mots caractérisant les attentes d’un bâtiment des vaches laitières selon les éleveurs et étudiants……………….………………………………………………….17 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Objectifs et actions du projet du Cniel « Bâtiments bovins laitiers de demain »………………………………………………………………………………….………...3 Tableau 2 : Experts enquêtés dans le cadre des entretiens exploratoires………………….8 Tableau 3 : Hypothèses sur les attentes du grand public, construites à partir des entretiens exploratoires……………………………………………………………………………...…..…..14 LISTE DES ANNEXES Annexe I : Trame d’entretien exploratoire : experts en architecture et bâtiments………….27 Annexe II : Questionnaire de l’enquête « grand public » menée au SIA……………..……..29 Annexe III : Catalogue photo : support du questionnaire de l’enquête au SIA……………..32 Annexe IV : Fiche méthodologique des focus groups étudiants………………….…………35 Annexe V : Courrier d’invitation des éleveurs au focus group………………………….……38 Annexe VI : Déroulés détaillés des focus groups éleveurs et étudiants……………….……39 Annexe VII : Graphiques décrivant l’échantillon d’individus de l’enquête au SIA………….45 Annexe VIII : Compilation des trois compte-rendus des focus groups………………….…..46 SOMMAIRE INTRODUCTION.……………………………………………………………………………...…. 1
1.1
L’interprofession Cniel : de multiples acteurs de la filière lait .............................. 2
1.2
RMT « Bâtiments d’élevage de demain » : fédérateur du projet du Cniel ............ 2
1.3
Approche « acteurs et société » : encadrement de l’ISA Lille et l’IDELE ............. 3
1.4
Commande de l’étude sur les attentes sociétales ............................................... 3
2.1
Le bâtiment : plaque tournante de l’élevage bovin laitier ..................................... 4
2.1.1
2.1.2
2.1.3
2.1.4
2.2
La réponse aux attentes de la société, gage d’une acceptabilité sociale ............. 6
2.2.1
2.2.2
2.2.3
3.1
Paramètres de l’enquête .............................................................................. 9
Questionnaire .............................................................................................10
Déroulement de l’enquête ...........................................................................11
Focus groups auprès d’étudiants et d’éleveurs ..................................................11
3.3.1
3.3.2
3.3.3
3.4
Paramètres des entretiens exploratoires...................................................... 8
Trame d’entretien ........................................................................................ 8
Déroulement des entretiens ......................................................................... 9
Enquête auprès du grand public ......................................................................... 9
3.2.1
3.2.2
3.2.3
3.3
L’acceptabilité sociale : une approbation collective ...................................... 6
Attentes : opinions durables influencées par la société ................................ 7
L’élevage et ses composants : source de débats......................................... 7
Entretiens exploratoires auprès d’experts ........................................................... 8
3.1.1
3.1.2
3.1.3
3.2
Construction autour de l’animal et de l’éleveur............................................. 4
Investissement coûteux sur le long terme .................................................... 5
Diversité du parc bâtiment français .............................................................. 5
Bâtiment intégré dans son environnement ................................................... 6
Paramètres des focus groups .....................................................................11
Guide d’entretien ........................................................................................12
Déroulement des focus groups ...................................................................12
Analyse des données ........................................................................................13
3.4.1
3.4.2
3.4.3
Entretiens exploratoires : des mots et des pensées ....................................13
Enquête « grand public » : des mots et des chiffres ....................................13
Focus groups : des verbatim et des attitudes ..............................................14
4.1
Attentes du grand public selon les experts .........................................................14
4.2
Attentes du grand public suite à l’enquête au SIA ..............................................14
4.3
Perception des attentes du grand public par les éleveurs de demain .................17
CONCLUSION……….…………….………………………...………………………...…….…. 20
BIBLIOGRAPHIE……………………….…………………...………………………...…….…. 21
SITOGRAPHIE……………………….…………………...………………………...……….…. 26
ANNEXES……………………….…………………...……………………………...….………. 27
INTRODUCTION
La France est le second producteur laitier d’Europe, derrière l’Allemagne (Coop de
France, métiers du lait, 2019). Ce classement s’illustre par une production laitière en
quantité importante soit 23,8 milliards, en 2016 (Maigret, 2017). Le lait français est reconnu
pour sa qualité nutritionnelle et sanitaire (Peyraud et Duhem, 2013). De nombreux produits
laitiers sous signe de qualité se distinguent par le savoir-faire mis en œuvre de la production
à la transformation, par une typicité liée à la zone géographique ou à une pratique d’élevage
spécifiques (INAO, 2018). Cependant, la filière lait française se trouve confrontée à de fortes crises et restructurations.
Entre 2005 et 2015, la quantité de lait livrée est restée stable mais le nombre de livreurs
est passé de 97 975 à 58 385, soit une baisse de 40% en 10 ans. Le prix de base du lait
bas (330€/1000L en moyenne 2017 à 2019) et le manque d’attractivité du métier semblent
expliquer ce fait, qui pourrait s’accentuer à l’avenir. En effet, 46% des éleveurs laitiers sont
âgés de plus de 50 ans, ce qui induit de nombreux départs à la retraite à moyen terme
(Maigret, 2017). La production laitière nationale reste stable grâce au progrès génétique
(+1 600 kg de lait/vache/an en 15 ans) et à l’agrandissement du troupeau (33 vaches en
moyenne en 2005) (Agreste, 2014). L’exploitation laitière française moyenne est de 60
vaches et de 96 hectares (Cniel, 2019).
Le maintien de la compétitivité des exploitations laitières est primordial pour assurer leur
pérennité sur le marché national et international, notamment depuis la fin des quotas laitiers
en 2015. Outre le volet économique, une logique de durabilité anime les acteurs de la filière
en intégrant les enjeux environnementaux et sociaux. Les préoccupations sociétales vis-àvis de l’élevage font de plus en plus écho dans les médias (IDELE, 2018).
La modernisation des facteurs de production dans les élevages de vaches laitières
constitue une opportunité pour répondre aux évolutions des exploitations, du marché et de
la société (APCA, 2016). Le bâtiment d’élevage est un facteur de production central dans
une exploitation laitière et une vitrine auprès du grand public. Malgré des investissements
importants et cela sur le moyen terme, le bâtiment requiert une modernisation régulière des
installations. En effet, le bâtiment de vaches laitières est un lieu de vie et de travail mais
aussi un lieu de rencontre entre l’animal et l’éleveur. Il peut avoir un impact sur la qualité
du travail et du lait et les performances technico-économiques du troupeau (BTPL, 2018).
A l’avenir, le bâtiment d’élevage idéal devra répondre aux attentes des acteurs de la filière
lait et de la société. Il devra avoir des coûts de construction et de fonctionnement bas, être
adaptable aux changements climatiques, permettre l’efficacité du travail, et l’attractivité du
métier, respecter les principes de la biosécurité, garantir le bien-être de l’éleveur et de
l’animal mais également être en phase avec les attentes de la société. Tous ces points ont
été soulignés lors du colloque international sur les bâtiments d’élevage multi espèces qui
réunissait 136 participants internationaux en février 2017, à Lille (IDELE, 2018).
Ces réflexions alimentées par les experts ont questionné l’interprofession laitière, le Centre
National Interprofessionnel de l’Economie Laitière (Cniel), sur les bâtiments des bovins
laitiers de demain. Il a alors lancé un appel à candidature pour un programme de recherche
appliquée 2018-2020. Au cœur de ce projet, l’action Acteurs et Société (AS1) a pour objectif
de prendre en considération la diversité des attentes des professionnels et du grand public
afin de disposer d’un bâtiment techniquement et socialement acceptable et accepté.
Pour répondre à cet objectif, une première partie présentera le projet du Cniel et les
structures impliquées. Dans un second temps, trois notions importantes seront abordées
telles que le bâtiment des vaches laitières, l’acceptabilité sociale et les attentes. La
troisième partie expliquera la méthodologie mise en place et les enquêtes réalisées auprès
d’experts, du grand public, d’éleveurs et d’étudiants en agriculture. La quatrième partie
abordera l’analyse des résultats et la discussion, avant de conclure sur cette étude.
1
Figure 1 : Répartition du budget du Cniel en 2018
Source : Rapport annuel 2018 – Le Cniel en action, 2019
1. Cadre de l’étude « bâtiments bovins laitiers de demain »
L’interprofession Cniel : de multiples acteurs de la filière lait
Créé en 1974, le Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière est
l’interprofession du lait de vaches, brebis et chèvres. Il est régi par une Directrice générale,
Madame Caroline Le Poultier, et un Président, Monsieur Thierry Roquefeuil, éleveur laitier
dans le Lot. Le Cniel fédère les acteurs de la filière lait. Son conseil d’administration est
composé des trois collèges : les producteurs (Fédération Nationale des Producteurs de
Lait, Confédération paysanne, Coordination rurale), les industries privées (Fédération
Nationale des Industries Laitières) et les coopératives (Coop de France Métiers du Lait).
Ensemble, ils mettent en œuvre des actions collectives au service de la filière lait. Ces
actions sont financées par une cotisation initialement décidée par les professionnels, puis
rendue obligatoire par les pouvoirs publics nationaux et communautaires. Le taux en
vigueur de cette Cotisation Volontaire Obligatoire (CVO) est de 1,662€ par 1 000 litres
réparti entre les producteurs (1,22€/1 000L) et les transformateurs (0,442€/1 000L). En
2018, le montant des cotisations s’élevait à 39,5 millions d’euros.
La figure 1 ci-contre présente la répartition du budget du Cniel. Il est affecté dans différents
postes de dépenses correspondants aux actions collectives menées. Elles se regroupent
en deux missions principales : promouvoir l’image du lait et des produits laitiers
(communication et promotion 51%) et faciliter les relations entre les éleveurs et les
transformateurs de la filière lait (sciences et techniques laitières 16%, économie et
territoires 16%, inhibiteurs 9%). Pour cela, le Cniel apporte son expertise scientifique en
élaborant des références partagées par l’ensemble de la filière et pouvant servir au
développement des ventes ou à anticiper les attaques contre le secteur (Cniel, 2019).
L’anticipation est le mot d’ordre au cœur des actions menées. L’interprofession s’implique
et finance des projets de recherche tel que celui sur les bâtiments des bovins laitiers de
demain. A travers ce projet, l’interprofession cherche à donner aux éleveurs un outil de
travail performant, durable et socialement accepté. Pour répondre à cela, il commandite et
finance les travaux réalisés par les multiples structures impliquées soit 327 360€ sur 3 ans.
RMT « Bâtiments d’élevage de demain » : fédérateur du projet du Cniel
Créé en 2007, le Réseau Mixte Technologique (RMT) « bâtiments d’élevage de
demain » est l’un des acteurs principaux du projet du Cniel. Ce réseau repose sur un
collectif multipartenarial de chercheurs, enseignants, conseillers, etc. Véritable force pour
le projet, les partenaires sont issus de structures diverses, leur permettant d’apporter une
expertise différente selon la spécialisation de chacun. Ce réseau est financé par le Ministère
de l’Agriculture et par les 16 partenaires fondateurs, parmi eux, les Instituts Techniques
(principalement l’Institut de l’Elevage (IDELE)), l’Institut National de la Recherche
Agronomique, les Chambres d’Agriculture, l’ISA Lille.
Le RMT « bâtiments d’élevage de demain » est à l’initiative du colloque international
« bâtiments d’élevage de demain : construisons l’avenir », réalisé en 2017, qui a été source
de brassage de connaissances, d’idées, de points de vues et de perspectives. Ce RMT
s’est porté candidat à l’appel à projet du Cniel pour le programme de recherche appliquée
2018-2020.
La candidature a été acceptée par l’interprofession, lui donnant ainsi la coordination du
projet et la supervision des travaux des partenaires déjà éprouvés au sein du RMT. Plus
précisément, au titre du RMT, l’Institut de l’Elevage pilote le programme de recherche.
2
Tableau 1 : Objectifs et actions du projet du Cniel « Bâtiments bovins laitiers de demain »
Source : Institut de l’Elevage, 2018
Figure 2 : Quatre principales étapes composant l’action « acteurs et société » du projet Cniel
Ce dernier est constitué de 4 actions intégrant différents objectifs et structures. Les actions
et objectifs sont présentés dans le tableau 1 ci-contre. La présente étude s’insère dans
l’action AS1 « acteurs et société » où l’objectif est de prendre en compte les attentes de la
filière et de la société quant aux bâtiments futurs. Elle est menée par l’ISA Lille et l’IDELE.
Approche « acteurs et société » : encadrement de l’ISA Lille et l’IDELE
Créé en 1963, l’ISA Lille est une école qui forme des ingénieurs pour la Terre. Elle
fait partie du groupe Yncréa Hauts de France qui résulte de l’association de trois écoles de
Lille dont Hautes Etudes d’Ingénieurs (HEI), Institut Supérieur de l’Electronique et du
Numérique (ISEN). L’ISA Lille dispose de cinq équipes de recherche :
- Alimentation et Qualité
- BioGAP (Biotechnologie et Gestion des Agents Pathogènes en agriculture)
- GRECAT (Groupe de Recherche et d’Etude Concertées en Agriculture et
Territoires).
- LGCgE (Laboratoire Génie Civil et géoEnvironnement)
- CASE (Comportement Animal et Systèmes d’Elevage).
Au sein de l’ISA Lille, l’équipe CASE, composée de 4 enseignants-chercheurs, est
responsable de l’action AS1. Cela se justifie par son implication dans le RMT et par son
expertise du monitoring du bien-être des animaux d’élevage ainsi que sur les impacts des
aménagements et de l’environnement sur le comportement des animaux. L’animal est au
centre de leurs travaux de recherche. Dans cette action, l’IDELE apporte son expertise
méthodologique dans les approches sociologiques en agriculture. L’humain a une place
prépondérante dans leurs réflexions : l’éleveur évolue dans un environnement technique,
organisationnel, social et sociétal (Dockès et al., 2010). La complémentarité de
compétences de l’équipe CASE et de l’IDELE permet l’étude des attentes des acteurs de
la filière lait et de la société.
L’objectif de l’AS1 est de collecter et d’analyser des données sur les attentes des différentes
parties prenantes quant aux bâtiments bovins laitiers du futur et de tester leur réceptivité
aux innovations. Pour répondre à cela, cette action est segmentée en quatre étapes dans
la figure 2 ci-contre. La présente étude s’insère dans la seconde étape « identification et
analyse des attentes des différents acteurs sur les bâtiments d’élevage laitier de demain ».
Commande de l’étude sur les attentes sociétales
Les avis de tous les acteurs de la filière lait française comptent. La principale
caractéristique du projet est qu’il prône une réflexion collective afin de trouver des solutions
telles des compromis acceptés par tous. Cette démarche cherche à anticiper les
potentielles critiques. Une précédente étude a été réalisée à l’automne 2018 pour collecter
les attentes en amont de la filière soient celles d’experts, d’éleveurs, d’équipementiers et
de constructeurs. L’étude actuelle vise à prendre connaissance de la diversité des attentes
des acteurs situés à l’aval de la filière lait : le grand public. Les objectifs hiérarchisés de
cette étude sont les suivants :
- Déterminer la diversité des attentes du grand public
- Déceler les attentes prioritaires pour le grand public donnant une bonne image du
bâtiment soit favorisant son acceptabilité.
- Evaluer la perception des attentes du grand public par les éleveurs
Le fait d’intégrer le grand public est un élément central pour tendre vers la cohérence de la
réflexion collective. Les enjeux sont forts car cela relève de l’acceptabilité des bâtiments
des vaches laitières et de cette production, par la société française, à l’avenir. L’étude
cherche à répondre à la problématique : « Les bâtiments des vaches laitières de demain :
quelles sont les attentes du grand public, comment sont-elles perçues par les éleveurs ? ».
3
Figure 3 : Principaux bâtiments et modules bovins laitiers composant un corps de ferme
Source : Hélène Leruste, 2019
Figure 4 : Cinq libertés caractérisant le bien-être animal défini par l’OIE
Source : Didier Guérin, 2017
Caractérisation d’un bâtiment des vaches laitières socialement
acceptable
Le bâtiment : plaque tournante de l’élevage bovin laitier
Construction autour de l’animal et de l’éleveur
Un bâtiment d’élevage est une construction physique disposant de multiples
fonctionnalités permettant des activités d’élevage. En bovin laitier, il est le lieu de rencontre
entre l’éleveur et ses vaches. Son rôle primaire est de protéger les animaux et les hommes
des conditions climatiques rendant parfois difficile une production laitière optimale, de
garder des vaches en bon état et santé ainsi que de faciliter le travail de l’éleveur
(Delamarre, 1976). En France, seulement 8% des élevages de vaches laitières sont en
plein air intégral (Agreste, 2017).
Très souvent, l’élevage bovin laitier requiert plusieurs bâtiments physiquement distincts sur
un même site et disposant de fonctionnalités différentes mais complémentaires. Cet
ensemble forme un corps de ferme et compte en moyenne 3 bâtiments (Agreste, 2017).
Sur la figure 3 ci-contre, on peut distinguer deux types de bâtiments selon la fonction qu’ils
remplissent : la stabulation (lieu de vie des vaches) et les bâtiments « annexes » (stockage,
collecte des effluents, collecte du lait…). Les annexes sont peu, voire jamais, fréquentées
par les vaches en lactation ; cependant, elles peuvent héberger d’autres catégories
d’animaux (veaux, élèves, mâles ou vaches à l’engraissement, vaches taries). La
stabulation est considérée comme le bâtiment principal car l’éleveur et les vaches vont
passer la plupart de leur carrière à l’intérieur de celui-ci (Delamarre, 1976). Au quotidien,
ces principaux usagers doivent s’y plaire et travailler ensemble dans de bonnes conditions
(Hulsen, 2010).
Le code terrestre de l’OIE définit le bien-être animal comme un « état physique et mental
d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt ». Ce code n’induit
pas de mesures sanitaires stricto sensu mais elles sont généralement appliquées dans le
bâtiment afin de conserver l’agrément sanitaire, lié au Codex Alimentarius donnant le droit
à la collecte de lait (FAO, 2004). Très souvent, le bien-être animal est implicitement pris en
compte par les éleveurs lors de la conception d’un bâtiment afin de permettre l’expression
du potentiel de production laitière (Hulsen, 2010).
En terme de bien-être animal, le bâtiment doit répondre aux 5 libertés fondamentales
présentées dans le schéma en figure 4. Il comporte des modules qui permettent aux
vaches : l’alimentation, l’abreuvement, le confort de couchage et de traite, le confort
thermique, la quiétude et l’expression des comportements naturels et sociaux (OIE et
Brambell, 1965). Ainsi, le bien-être est assimilé à un état de santé qui résulte de plusieurs
paramètres indépendants : un aliment et une eau appétants et de bonne composition ; de
la lumière respectant le rythme jour/nuit et sans contraste brusque, un air similaire à
l’extérieur, mobile et sain ; une zone individuelle de couchage pour chaque vache ; de
l’espace pour les échanges sociaux et les déplacements (Hulsen, 2010).
L’éleveur a aussi une place centrale dans la stabulation des vaches laitières. La plupart des
tâches réalisées s’articulent à l’intérieur ou autour de ce bâtiment. D’ailleurs, la main
d’œuvre en élevage laitier étant un facteur limitant, les stabulations sont de plus en plus
fréquemment équipées d’outils mécanisés ou de nouvelles technologies afin de suppléer
l’éleveur (IDELE, 2013). Dans l’idéal, cet outil de travail doit être performant, confortable et
adapté aux finalités professionnelles et personnelles de l’éleveur. Ces finalités sont un
paramètre important à prendre en compte car elles peuvent avoir un impact sur l’attractivité
du métier et la stabilité de toute une filière. Parmi elles, le volet économique est souvent
présent via les performances technico-économiques, optimisant le coût de production de
l’atelier bovin lait (Inosys, 2015).
4
Investissement coûteux sur le long terme
Facteur de production essentiel, le bâtiment doit induire le minimum de charges à la
construction telles que les dotations aux amortissements et les immobilisations, mais aussi
lors du fonctionnement (eau, électricité, gaz, fournitures d’entretien, assurance, etc.). Cet
investissement a un impact lourd à long terme sur la santé financière de l’entreprise. Des
subventions sont parfois allouées selon les politiques établies (Chambre d’agriculture,
2010).
En France, la loi de 1966 (L66-1005) sur le financement des constructions nécessaires au
développement de l’élevage, a marqué la création et la modernisation des bâtiments
agricoles (Legifrance, 2019). En 1970, les recensements généraux de l’agriculture
indiquent la présence croissante d’équipements en bâtiments « utiles » à la production tels
que la salle de traite, le système de refroidissement du lait, l’électricité et l’eau courante.
Cette période a été marquée par la construction d’infrastructures neuves (Madeline, 2006).
Abrogée en 1998, la loi a permis le renouvellement de l’outil de travail des éleveurs
devenant plus compétitifs.
Restant dans cette dynamique, le parc des stabulations des vaches laitières reste récent :
en 20 ans, 50% des bâtiments ont été rénovés ou construits. En France, la surface
moyenne des stabulations des vaches laitières est de 570m² (Agreste, 2017). Afin de limiter
l’investissement, la plupart des constructions se réalisent progressivement, via un
agrandissement ou des aménagements. Ces modules naissants confèrent une diversité.
Diversité du parc bâtiment français
La diversité des bâtiments peut être déclinée sous trois aspects : les composants
constitutifs, l’intégration sociale et paysagère ainsi que les pratiques d’élevage associées.
En France, l’empreinte régionale marque l’architecture, la couleur et les matériaux utilisés
pour la charpente, le bardage et le toit. Cette volonté d’intégrer les constructions dans le
paysage et les villages voisins, privilégient les matériaux « traditionnels », souvent locaux.
Pour cela, il existe un référentiel patrimonial et architectural pour chaque région.
L’implantation et l’architecture dépendent aussi du relief, climats, vents dominants et
l’exposition solaire. Une stabulation en zone de montagnes sera plutôt fermée, entièrement
en bois et avec une hauteur faible sous le toit. Dans l’Ouest, elle sera plutôt en bois et
associée à une charpente métallique.
Pour fondre le bâtiment dans son environnement, il est conseillé de le rattacher à la
végétation en implantant des essences locales (Blanchin, 2003). Ces précautions s’avèrent
utiles car les français semblent attachés à la naturalité des paysages (Davodeau, 2009).
Le parc dispose d’équipements divers pour la contention, la traite, l’affourragement, le sol,
la gestion des effluents, le couchage, etc. On distingue trois modes de logements : 53%
des élevages ont une stabulation libre, 41% des logettes et 6% sont en étable entravée
(Agreste, 2017). La stabulation entravée se trouve plutôt en zone de montagnes. L’aire libre
est souvent paillée, la litière malaxée reste peu développée (Ménard et al., 2017). En cas
d’insuffisance en paille (coûteuse en temps, en stockage ou à l’achat), l’alternative des
logettes pallie cela, qu’elles soient creuses (mélange de sciures et sables) ou en litière
composée de végétaux hachés (sciures de bois, copeaux de miscanthus, etc.).
Les équipements et la mécanisation dépendent des effectifs animaux et des pratiques. Par
exemple, une alimentation basée sur le pâturage influence l’implantation et la structuration
de la stabulation. En France, ce paramètre est considéré car 92% des vaches ont accès au
pâturage et 80% pâturent au moins 10 ares/vache (Agreste, 2017). En France comme en
Europe, certaines conceptions ou pratiques associées au bâtiment des vaches laitières
telles que le zéro pâturage et la concentration animale mécontentent le grand public
(Delanoue et Roguet, 2015).
5
RSD : règlement sanitaire départemental
IC : installation classée
Figure 5 : Distances réglementaires à respecter pour l’implantation de bâtiments d’élevage ou
d’ouvrages de stockage, selon le régime de l’exploitation agricole
Source : Chambre d’agriculture, 2019
Figure 6 : Services rendus, par l’éleveur et son élevage, à la société lors d’un engagement dans la
démarche « charte des bonnes pratiques d’élevage »
Source : Charte-élevage, 2015
Bâtiment intégré dans son environnement
Les projets de bâtiments (rénovation et construction) sont cadrés par des
réglementations. Elles permettent aux autorités d’avoir un droit de regard sur les activités
et de contrer les possibles dérives pouvant déplaire à la société (nuisances sonores,
olfactives, visuelles ou impactant l’environnement ou le bien-être animal). Ces actions
régulatrices françaises ou européennes tentent d’assurer la cohabitation sereine du grand
public avec les élevages sur un territoire (Lascoumes, 2012).
La réglementation varie en fonction du régime de l’exploitation. Le règlement sanitaire
départemental (RSD) s’applique à tous les élevages dont l’effectif n’atteint pas le seuil
minimal de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement
(ICPE) soit 50 vaches. Le RSD définit et réglemente les pollutions permanentes ou
ponctuelles, l’implantation d’une construction, les nuisances et les risques pouvant être
induits par l’élevage. Il diffère selon les départements et les problématiques locales. La
nomenclature des ICPE varie aussi selon les effectifs animaux. Trois régimes ICPE
existent : la déclaration (50 à 150 vaches), l’enregistrement (151 à 400) et l’autorisation (audelà de 400). L’inspection des installations classées par la Direction Départementale de la
Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP) instruit le dossier et
contrôlent la conformité à la loi allant jusqu’au plan d’épandage, la capacité de stockage
des effluents… Après cela, le préfet décide d’autoriser ou refuser le projet. Selon le régime
(RSD ou ICPE), une distance minimale est imposée entre le bâtiment des vaches laitières
et un tiers (habitations, zones de loisir, établissements d’accueil du public) ou points d’eau
(puits, forages, sources, cours d’eau, zones de baignades, piscicultures). La figure 5 cicontre présente les distances à respecter (Chambre d’agriculture, 2019).
L’élevage bovin laitier est soumis à la Directive 98/58/CE relative au bien-être animal.
Souvent, il fait office d’exception. Par exemple, l’espèce bovine est la seule où l’attache est
autorisée (souvent en stabulation entravée). Cette directive ne donne pas de surface
minimale d’aire de vie par vache. En stabulation libre, il est recommandé une aire de vie
totale de 10m²/vache dont au moins 6m² pour le couchage pour limiter les taux cellulaires
élevés, les collisions avec une vache ou un équipement lors du coucher (de Boyer des
Roches, 2012). Généralement, les recommandations sont appliquées dans l’intérêt de
l’éleveur et de la bonne gestion de son troupeau.
Certains éleveurs adhèrent à des démarches volontaires telles que le respect de la charte
des bonnes pratiques d’élevage (CBPE) représentant près de 94 000 élevages dont 62%
d’élevages bovins confondus soit 92% du lait produit en France. Cette charte construite par
les interprofessions de produits animaux et les instituts techniques, vise à répondre aux
attentes des partenaires de l’exploitation et aux citoyens telles que la traçabilité, le bienêtre et la santé des animaux, l’hygiène du produit commercialisé, la protection de
l’environnement, etc. La figure 6 présente les actions réalisées pour répondre aux attentes.
La réponse aux attentes de la société, gage d’une acceptabilité sociale
L’acceptabilité sociale : une approbation collective
L’acceptabilité sociale est l’ensemble des jugements collectifs, basés sur les valeurs
sociétales, portant le bien-fondé d’une politique et d’un projet de développement pouvant
avoir un impact sur les milieux naturels ou humains (Gouvernement du Québec, 2018). Elle
est liée au désir et au consentement de la société à un moment donné. La perception de la
société peut fluctuer selon trois facteurs : la connaissance, la culture et la crédibilité des
individus (Janot, 2016). Il semble opportun de les intégrer dans des processus participatifs
afin de faire évoluer les jugements via une confrontation d’avis (Gendron, 2014). Cela peut
tendre vers une réponse simultanée des attentes telle un consensus (Grannec et al., 2014).
6
Attentes : opinions durables influencées par la société
Une attente est définie comme un état de conscience d’une personne qui attend.
C’est une opinion, aspiration ou encore un désir qui semblent constants dans le temps, d’où
la notion de prévision. Une attente se fie à quelqu’un ou quelque chose. C’est une variable
psychologique relevant à une dimension cognitive et/ou affective, souvent motivée par de
la bienveillance (Sirdeshmukh et al., 2002).
Outre le domaine sociologique, celui du marketing définit l’attente telle un concept
réunissant l’ensemble de besoins latents d’un individu ou groupe. L’individu est influencé
par un environnement physique mais aussi psychologique particulier (Pras, 2013).
L’individu est en constante interaction avec de multiples canaux d’informations (mobile,
web, journaux, radio, etc.). Ces canaux jouent un rôle important dans les nouvelles attitudes
de l’individu. Elles varient donc dans le temps et dans l’espace, et cela de façon très rapide.
Depuis les années 2000, nous connaissons une « accélération sociale » du temps liée aux
innovations techniques, sociales et culturelles (Rosa, 2010).
L’étude marketing est l’analyse du comportement du consommateur qui vise à identifier les
déterminants de ses actes : besoins, motivations, critères de choix, etc. Elle permet à une
entreprise de s’adapter à la demande ou de l’influencer dans une vision concurrentielle
(Pras, 2013). Le projet du Cniel se base sur une démarche semblable où le grand public
est perçu comme un consommateur des bâtiments d’élevage.
L’élevage et ses composants : source de débats
Dans les projets de bâtiments de vaches laitières, l’acceptabilité et les attentes
différent selon les parties prenantes éloignées (consommateur lambda, engagé (écologiste,
welfariste, humaniste), etc.) ou locales (voisins de l’exploitation, élus sur le territoire…).
Les consommateurs retranscrivent leurs valeurs à travers leurs actes d’achat. Dans le
secteur alimentaire, ils se penchent de plus en plus sur les conditions de production ou de
fabrication du produit qu’ils achètent. Ils semblent privilégier le respect de l’environnement,
la santé ainsi que des valeurs éthiques et morales (liées à la condition animale et la
rémunération du producteur). On observe un changement de paradigme, le consommateur
devient acteur et il voit plus loin que son acte d’achat. Cette « consom’action » est perçue
telle un acte quasi politique (Dubuisson-Quellier, 2011). Pour certains, leur engagement est
total et cadre leur façon de consommer et de vivre. Généralement, ils adhérent à des
organisations non gouvernementales (ONG) ou associations les aidant à porter leur
message d’engagement et d’appartenance au groupe (MacLachlan et Trentmann, 2004).
Pour la protection des ressources naturelles et de l’environnement, les écologistes sont un
groupe ancré dans notre société. Politiquement représentés, ils ne sont pas forcément
professionnels et spécialistes de l’écologie (Flipo, 2017).
Plusieurs collectifs en faveur de la protection animale cohabitent : abolitionnistes et antispécistes (refusant toute exploitation animale par l’homme) et les welfaristes. Ces derniers
cherchent à améliorer les conditions animales à travers des réformes proposées à l’Etat et
estiment que les animaux ont un statut et des droits dans la société (Lesage, 2013). En
France, deux associations majeures (CIWF et Welfarm) travaillent avec des éleveurs
volontaires pour les aider à améliorer le bien-être animal dans leur exploitation. Elles
emploient des agronomes, vétérinaires, éthologues, juristes et quelques webmasters.
Le projet ACCEPT conduit de 2014 à 2017 sur « l’acceptabilité des élevages par la société
en France », a montré que l’acceptabilité sociale de l’élevage bovin semble positive, à
l’inverse du porc ou de la volaille (Delanoue et al., 2017). Mais, l’anticipation reste
primordiale.
7
Figure 7 : Trois étapes clés de l’étude sur les attentes du grand public sur les bâtiments des
vaches laitières
Tableau 2 : Experts enquêtés dans le cadre des entretiens exploratoires
Domaine
d’expertises
Santé animale
Ethologie
Bâtiments
d’élevage
Organisme - Statut
Modalités de
l’entretien
Vingt
experts
enquêtés
Cabinet vétérinaire Commission
vache laitière à la SNGTV
Vétérinaire rural
Expert à la Société Nationale des
Groupements Techniques Vétérinaires
Téléphone
ISA Lille
Enseignants-chercheurs :
comportement animal
Echange direct
GIE – CRAB
Chef de projet : bâtiment
Téléphone
1
Institut de l’élevage
Chef de projet : bâtiment d’élevage
Téléphone
1
Conseiller réglementation élevage
Echange direct
1
Chambre d’Agriculture du 59
1
Echange direct
2
Conseiller bâtiment et environnement
Echange direct
1
Chambre d’Agriculture du 62
Conseiller bâtiment et traite
Echange direct
1
Université SLU - Sveriges
lantbruksuniversitet (Suède)
Enseignant-chercheur : construction et
bâtiment pour les animaux d’élevage
Mail
Architecture
Institut de l’élevage
Chef de projet : bâtiment d’élevage et
écoconstruction
Téléphone
Grande et
Moyenne Surface
Auchan - « filières
responsables »
Expert-consultant : filières de qualité
Echange direct
France Nature Environnement
Vice-président et chargé en agriculture
Téléphone
Téléphone
Welfarm
Chargé d’études : bien-être animal
Responsable de pôle : études et bienêtre animal
CIWF - Compassion In World
Farming
Responsable des affaires publiques
Chargé des affaires agroalimentaires
Téléphone
Fondation Droit Animal, Ethique
et Sciences
Directeur-expert : éthologie et bien-être
animal
Téléphone
FNPL - Fédération Nationale
des Producteurs de Lait
Chargé de missions scientifiques
Téléphone
Cniel :
industriels
FNIL - Fédération Nationale des
Industries Laitières
Chargé de missions scientifiques et
techniques
Téléphone
Cniel :
coopératives
Coop’ de France - Métiers du
lait
Chargé de mission lait
Téléphone
Organisation non
gouvernementale
Cniel : éleveurs
1
1
1
1
2
2
1
1
1
1
Matériels et méthodes
L’étude des attentes du grand public sur les bâtiments des vaches laitières se
compose de trois étapes successives et liées entre elles. Elles sont présentées dans la
figure 7. Les résultats obtenus dans l’étape précédente servent de base de réflexion pour
la suivante. L’étude et ses étapes sont détaillées dans l’ordre chronologique de réalisation.
Entretiens exploratoires auprès d’experts
Paramètres des entretiens exploratoires
Objectifs des entretiens exploratoires
Pour étudier les attentes, la première étape consiste à réaliser des entretiens exploratoires
pour approfondir la problématique des bâtiments des vaches laitières, ses rôles et
acceptabilité par le grand public, selon les dires d’experts de domaines variés (tableau 2).
Au sein de l’action AS1, cette étape permet de réaliser la bibliographie sur les attentes
sociétales, qui servira pour la construction d’hypothèses testées dans la seconde étude
réalisée auprès du grand public au Salon International de l’Agriculture (SIA).
Echantillonnage des experts
Cette étude qualitative recueille les propos, avis et représentations sociales des experts.
Chaque expert est enquêté individuellement sur rendez-vous par mail. Selon leur
localisation géographique, les échanges sont réalisés par téléphone ou en face à face. Dès
la prise de rendez-vous, le temps minimal demandé est de 40 minutes afin de collecter
assez de données. Au-delà de ce laps de temps, l’interlocuteur est libre de continuer ou
d’interrompre les échanges.
La stratégie d’échantillonnage adaptée est la technique de variation maximale (Miles et
Huberman, 1994). Elle permet de généraliser en mettant en avant des « patterns », ou au
contraire, des situations ou cas déviants. Cette technique est basée sur un échantillon
composé d’individus qui se différencient par plusieurs critères (structure, fonction de la
structure, implication professionnelle, rapport à l’animal, l’élevage ou le bâtiment, etc.). Afin
de respecter la variation maximale et d’optimiser la période de sollicitation, les experts ont
été présélectionnés dans les contacts professionnels de l’équipe de CASE et de l’IDELE.
Réceptifs, les 20 experts contactés ont accepté de participer. L’hétérogénéité de
l’échantillon est permise malgré le nombre restreint d’individus enquêtés. Ils ont des
domaines d’expertise variés permettant différentes approches des attentes du grand
public : santé animale, éthologie, bâtiment d’élevage, architecture, filière qualité d’une
enseigne, protections animale et environnementale, filière lait du producteur à l’industriel.
Précisions et valorisation des données collectées
Les entretiens semi-directifs vont permettre de collecter les mots, pensées et
connaissances des experts. Après retranscription dans un fichier word, ils sont réunis dans
une grille de dépouillement (tableau excel) afin de mettre en avant les éléments communs
de l’ensemble des dires d’experts, laissant présager d’éventuelles tendances : hypothèses.
Trame d’entretien
L’entretien exploratoire est semi-directif, se basant sur une trame qui sert de lignes
directrices lors de l’échange. Tous les experts s’expriment individuellement sur les mêmes
questions de façon spontanée et libre (Kaufmann, 1996). Cela permet la collecte d’une
diversité d’avis ou d’en conforter par des réponses récurrentes. Il n’y a pas de règle sur le
nombre ou l’ordre des questions, c’est à l’enquêté de diriger l’entretien (Dubar et
Demazière, 1997). Toutefois, pour comparer les entretiens entre eux, les questions
principales doivent impérativement être abordées. Cette trame est réalisée à partir de
recherches bibliographiques afin de construire des questions sur les principaux thèmes :
bâtiments actuels et futurs, innovations, attentes, acceptabilité sociale, bâtiment idéal.
8
Figure 8 : Structure en entonnoir de la trame d’entretien (architectes et conseillers en bâtiments)
La trame d’entretien amorce ces thèmes afin de ne pas s’écarter des informations
initialement recherchées. De nouveaux thèmes peuvent être évoqués car les questions
restent ouvertes. Quatre trames ont été créées afin d’adapter les échanges au moyen de
questions secondaires spécifiques aux métiers des experts : 1) architecte et conseiller en
bâtiment d’élevage, 2) vétérinaire et éthologue, 3) spécialiste en grandes et moyennes
surfaces (GMS), 4) organisation non gouvernementale.
Chaque trame d’entretien suit la règle de l’entonnoir (du général au précis). La figure 8
présente les parties abordées lors des entretiens avec les experts en architecture et
bâtiment d’élevage (annexe I). Les trames 1) et 2) sont « techniques et scientifiques » alors
que les trames 3) et 4) sont plutôt « marketing » et abordent des faits sociétaux.
Déroulement des entretiens
Les 18 entretiens se sont déroulés du 29 janvier au 26 février 2019. La durée
moyenne est de 52 minutes (de 40 à 80). La durée était moindre pour les derniers entretiens
car ils apportaient peu d’informations nouvelles. Les propos sont recueillis par prise de
notes, sans enregistrement audio. Les verbatim sont notés entre guillemets, en veillant à
conserver l’anonymat du locuteur.
Enquête auprès du grand public
Paramètres de l’enquête
Objectifs de l’enquête « grand public »
Cette enquête fait suite aux entretiens exploratoires. L’objectif global de ces deux étapes
est de déterminer, comprendre et expliquer la diversité des attentes du grand public. Les
entretiens exploratoires auprès des experts ont permis de construire des hypothèses,
vérifiées par cette enquête menée auprès du grand public lors du SIA, à Paris.
Etude basée sur des photographies : matériel de recherche
Cette étape cherche à laisser la parole au grand public (consommateur lambda, engagé ou
simple citoyen) sur les bâtiments des vaches laitières. Cela ne semble pas une réflexion
facile à mener au premier abord. La création d’une photothèque et l’exploitation de
photographies paraissent cohérentes pour esquisser la diversité des attentes quant aux
bâtiments. La photographie, considérée comme un matériel de recherche dans les sciences
humaines (sociologie, anthropologie), est souvent utilisée dans l’étude du comportement
du consommateur. Dans la recherche, elle permet le recueil d’informations par son analyse
et son exploitation (Dion et Ladwein, 2005). L’étude du comportement du consommateur
pourrait fortement se rapprocher avec l’étude des attentes du grand public.
Un espace de partage et stockage est créé sur la plateforme Dropbox, appelé
« photothèque ». Les experts en bâtiments ont été sollicités pour enrichir cet espace, lors
des entretiens exploratoires. Ils ont ajouté des photographies de stabulation dans les trois
albums suivants : « en France », « à l’international », « très récents ». En parallèle, des
clichés de bâtiments « innovants » ont été collectés lors d’un travail antérieur du projet du
Cniel, mené par des étudiants de l’ISA. Cet espace comporte 96 photographies de
stabulation qui semble être un inventaire rapide, précis et détaillé. Il est statique car les
photographies sont pour la plupart prises à l’intérieur d’un bâtiment et apportent des
informations sur les équipements, l’aménagement du lieux, l’ambiance dans laquelle vivent
les vaches (utilisation des espaces, activités, etc.) et sur les activités effectuées autour de
l’élevage. Des travaux similaires ont été menés dans une maison (Collier et Collier, 1986).
Ces pauses spatio-temporelles doivent permettre aux individus enquêtés d’observer sans
trop s’attarder sur les détails (effet balayage). Ce dernier est imparfait, mais la construction
mentale rapide est intéressante pour comprendre les réactions et réflexions des individus
(Gregory, 1998). La photographie induit une part de subjectivité implicite via l’utilisation du
cadrage, des éclairages, d’angles de vue, etc. et est forgée culturellement (Hall, 1986).
9
Figure 9 : Etapes de collecte et traitement des données de l’enquête « grand public »
Figure 10 : Différentes parties ordonnées du questionnaire de l’enquête « grand public »
L’étude via des photographies cherche à répertorier ce que l’individu voit, perçoit dans un
bâtiment pour comprendre les points majeurs auxquels il accorde une importance. Pour
cela, les clichés sont décodés, sélectionnés et organisés pour construire l’enquête et
trouver des réponses aux hypothèses testées par le chercheur (Becker, 1995).
Pour l’enquête, le plan large est privilégié car il suggère une perception générale par
l’enquêté en le mettant davantage en situation d’observation comme s’il était vraiment sur
le lieu telle une projection. Tous les clichés sélectionnés sont pris à hauteur humaine.
Création d’un « catalogue photo »
Un catalogue avec des photographies sert de base de réflexion pour les enquêtés. Le
questionnaire construit à partir de ce catalogue doit être concis pour ne pas les déranger
dès la sollicitation ou avoir des questionnaires incomplets. La durée moyenne retenue est
de 5 minutes par questionnaire. Cela semble réalisable en 3,5 jours pour un échantillon de
150 individus soit une durée d’enquête cumulée d’environ 4 heures par jour (48 individus).
| 38,168
|
02/hal.archives-ouvertes.fr-hal-02413376-document.txt_5
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 10,064
| 21,119
|
Photographie no 1 Sujet :
L'angle sud-est de la pièce 1.7
(
espace central
du corps
de logis
sur la rue
de la
Madeleine au
premier étage) avec ses deux sondages ponctuels
.
US et fait
s :
MR
1005, 1005,
1006
, 1007, MR1007 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no 2 Sujet : Le sondage au centre du parement occidental du Mur MR1005, de séparation des pièces
1.7 et 1.8. Ici
pièce
1.8 : détail de l'appui de la maçonnerie US 1005 (à gauche / au nord) contre la maçonnerie US
1006
plus ancienne
(à
droite
/
au sud). (Espace central du corps de logis sur la rue de la Madeleine au premier étage, mur
oriental
) US et
fait
s : MR1005, 1005, 1006 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no 3 S
ujet
: Le
sondage dans
l'
angle sud
-
est
de la
pièce
1.7 (
espace
central
du corps de logis sur la rue de la Madeleine au premier étage). A gauche (au nord) la maçonnerie US 1006 à l'extrémité du mur MR1005 et à droite (au sud-ouest) l'extrémité orientale du mur MR1007. Il n'a pas été clairement déterminé si la maçonnerie US 1006 s'appuyait à US 1007 ou l'inverse. US et faits : MR1005, 1006, 1007, MR1007 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no 4 S
ujet : D
étail
de la
liaison
des
murs
MR
1005 (
US 1006
,
à gauche
/
au nord) et MR1007 (à droite / au sud-ouest) dans l'angle sud-est de la pièce 1.7 (espace central du corps de logis sur la rue de la Madeleine au premier étage). Il n'a pas été clairement déterminé si la maçonnerie US
s'appuyait à US 1007 ou l'inverse. US et faits : MR1005, 1006, 1007, MR1007
Auteure :
Marie Rochette Cliché
pris depuis le nord-ouest Photographie no 5 Sujet : Détail de l'extrémité orientale du mur MR1007 qui sépare le corps de logis sur la rue de la Madeleine de l'espace de cour occupé par la loggia et l'escalier 1.3. Détail notamment du boulin et de la porte de communication entre la pièce et l'escalier, rajoutée postérieurement à l'état initial du mur. US et faits : MR1004, 1004, 1005, MR1005 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no8 Sujet : Détail de l'appui du mur de cloison MR1005 (US 1005, à gauche) sur la façade MR1004 (à droite). US et faits : MR1004, 1004, 1005, MR1005 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no 9 Sujet : Détail du parement oriental du mur de cloison MR1005 dégagé sur deux tout petits sondages. US et faits :
1005
,
MR1005 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no 10
Sujet : L'angle sud-ouest de la pièce 1.8 (espace à l'extrémité
nord
-est de l'îlot, à l'angle de la rue de la Madeleine et de la Place
aux
Herbes, au premier étage) et l'appui du mur MR1009 (à gauche, à l'est) sur la maçonnerie antérieure US 1006 du mur MR1005 (à droite, au nord-ouest
).
US et faits : 1006, MR1005, 1009,
MR1009 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-est Photographie no
11 Sujet : Détail de l'appui du mur MR1009 (à gauche, à l'est) sur la maçonnerie antérieure US 1006 du
mur
MR1005
(à
droite, au
nord-ouest).
(P
ièce
1.8 : espace à
l
'extrémité nord-est
de
l'îlot
, à l'angle
de
la rue de la M
adeleine
et
de
la Place
aux
Herbes, au premier étage); US et faits : 1006, MR1005, 1009,
MR1009 Auteur
e
: Odile Maufras Cliché
pris
depuis le nord-
est
Photographie no
12 Sujet : Appui du mur MR1009 (à droite, à l'ouest) sur le
mur
ntérieur MR101010 (à droite, à l›est) dans l›angle sud-est de la pièce 1.8 : espace à l›extrémité nord-est de l›îlot, à l›angle de la rue de la Madeleine et de la Place aux Herbes, au premier étage). Ou l›on voit que dans l›angle, le parement du mur MR1010 a été dégrossi. US et faits : 1010, MR1010, 1009, MR1009 Auteure : Odile Maufra
s
Cliché pris de
puis le nord
-
ouest Photographie no
13
Sujet : Détail de la maçonnerie du mur MR1009 dans l'angle sud-est de la pièce 1.8 : espace à l'extrémité nord-est de l'îlot, à l'angle de la rue de la Madeleine et de la Place aux Herbes, au premier étage). US
et faits : 1009
,
MR1009 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no 14 Sujet : Le pan du mur MR1007 dans l'angle sud-ouest de l'espace 1.7 au premier étage (à gauche) et
son retour à droite
,
le mur MR1014. L'angle a été utilisé en conduit de
chemin
ée qui
a
tout noirci. On repère sur la gauche
,
dans le plan du mur MR1007
,
la fenêtre
1011
bouchée par une maçonnerie de briquettes. US et faits : 1007,
MR
1007, 1011, 1014, MR1014 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-est 136 Inrap * Rapport de diagnostic Photographie no 15 Sujet : Détail de la fenêtre 1011 dans le mur MR1007 dans l'angle de l'espace 1.7. US et faits : 1007, MR1007, 1011. Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-est Photographie no 16 Sujet : Vue d'ensemble de la partie occidentale de l'espace 1.7 et des sondages pratiqués dans les maçonneries de l'angle nord-ouest. US et faits : 1015, MR1001, 1014, MR1014 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no 17 Sujet : Vue d'ensemble des sondages pratiqués dans l'angle nord-ouest de l'espace 1.7. A gauche le mur de refend MR1014 avec un piédroit mince à proximité de l'angle que l'on ne retrouve pas au sol (placard avec bouchage à gauche). A droite le revers US 1015 de la façade MR1001. US et faits : 1015, MR1001, 1014, MR1014 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no 18 Sujet : Détail du sondage haut pratiqué dans l'angle nord-ouest de l'espace 1.7. A gauche le mur de refend MR1014 avec un pi
droit mince à proximité de l'angle (placard avec bouchage à gauche). A droite le revers US 1015 de la façade MR1001 contre lequel le mur MR1014 s'adosse. US et faits : 1015, MR1001, 1014,
MR1014 Auteure : Odile
Maufra
s Cliché pris depuis l'est Photographie no 19 Sujet : Vue d'ensemble du sondage bas pratiqué dans l'angle nord-ouest de l'espace 1.7. A gauche le mur de refend MR1014 s'appuyant sur la maçonnerie US 1015de la façade MR1001 (à droite). US et faits : 1015, MR1001, 1014, MR1014 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no 20 Sujet : Le sondage bas pratiqué dans l'angle nord-ouest de l'espace 1.7 : détail de la maçonnerie US 1015 au revers du mur MR1001 avec remploi d'un claveau au niveau du sol US et faits : 1015, MR1001, 1014, MR1014 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no 21 Sujet : Les éléments du décor autour de la fenêtre la plus orientale de l'immeuble au premier étage (espace 1.7, partie orientale), piédroit oriental de la baie; vu de l'intérieur. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'ouest Photographie no 22 Sujet : Les éléments du décor autour de la fenêtre la plus orientale de l'immeuble au premier étage (espace 1.7, partie orientale), piédroit occidental de la baie; vu de l'intérieur. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no 23 Sujet : Les éléments du décor autour de la seconde fenêtre en partant de l'est et au premier étage (en façade de l'espace 1.7, partie occidentale), piédroit occidental de la baie; vu de l'intérieur. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'est Photographie no 24 Sujet : Les éléments du décor autour de la seconde fenêtre en partant de l'est et au premier étage (en façade de l'espace 1.7, partie occidentale), piédroit occidental de la baie; vu de l'intérieur. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no 25 Sujet
Les éléments du décor autour de la seconde fenêtre en partant de l'est et au premier étage (en façade de l'espace 1.7, partie Orientale), piédroit oriental de la baie; vu de l'intérieur. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est
Photographie no 26 S
ujet
: Les
éléVue
d'
ensemble
de la pièce 1.4 au
premier étage de la maison,
corps sur rue de
la M
adeleine, et du
petit sondage
dans
l
'
angle nord
-ouest
de la
p
ièce
.
US et fait
s : 1016
, MR1001, MR1019 Auteure : Odile Maufras Cli
ché
pris
de
puis
le
sud
-
est Photographie
no
27
Sujet
:
D
étail
du petit sondage
dans
l'angle nord
-
ouest de la pièce 1.4
au
premier étage
de
la maison. 0 gauche le doublage du pignon occidental de la maison, MR1019, à droite le revers US 1016 de la façade MR1001. US et faits : 1016, MR1001, MR1019
Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no 28 Sujet :
Vue d'ensemble
de la
p
ièce 2.7 au
deuxième étage
de la maison
, corps
sur rue de la Madeleine,
et détail de
la maçonnerie aperçue dans le cadre d'un petit sondage. US et
faits
: 1020
,
MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no 29 Sujet : Vue d'ensemble de la pièce 3.7 au troisième étage de la maison, corps sur rue de la Madeleine, et détail de la maçonnerie aperçue dans le cadre d'un petit sondage. US et faits : 1022, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no 30 Sujet
:
Mur goutter
eau
nord
de Sainte-Eugénie,
partie haute. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-est Photographie no31 Sujet
: La
cour au coeur de l'îlot
,
à
l'
angle de l'église Sainte
-Eu
géni
e et de la
maison roman
e. Auteur
e
:
Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-est Photographie no
32 Sujet :
La colonnette
1060
au dernier
niveau de la coursive. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ou
est
Photographie
no
33
Sujet :
Le
4e
étage
de la façade
oriental
e de la
cour (façade des espaces 3 d'escalier et 9 de cagibi).
Auteure
: Odile Maufras Cliché
pris depuis
l'
ouest
Photographie
no
34
Sujet : Le 5e étage de la façade orientale de la cour (façade de l'escalier d'accès à la terrasse et de la terrasse).
Auteure
:
Odile
Maufras
Cli
ché pris
puis l'ouest III. Inventaires techniques Photographie no 35
Sujet : L'angle nord-ouest de la maison : détail des chaînages. US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003, MR1019 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-ouest Photograph
ie
no36 Sujet : L'angle nord-ouest de la maison : détail de l'extrémité du mur occidental MR1019. Vue d'ensemble puis détails de bas en haut. US et faits : MR1019 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'ouest Photographie no 37 Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. Les décroûtages initiaux. US et faits : 1017, MR1017, 1018, MR1018 Auteure
:
Marie Rochette Cliché
pris depuis
le
nord
-ouest Photographie no38 Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. L'angle sud-est de la pièce : les deux murs modernes en angle MR1018. US et faits : 1018, MR1018 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no 39 Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. Détail des deux murs chaînés MR1018. US et faits : 1018, MR1018 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no40 Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. Détail du parement du mur méridional MR1018. US et faits : 1018, MR1018 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord Photographie no 41 S
ujet
:
La pièce 1.6 au premier
étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. Détail du mur MR1017, de son chaînage et de son ouverture; Le mur constitue tardivement la séparation entre la pièce 1.6 et la propriété de l'est. Initialement, il forme le pignon occidental de l'immeuble bâti à l'est sur la parcelle voisine. Il s'interrompt par un chaînage au sud qui donne la largeur initiale de l'immeuble. US et faits : 1017, MR1017 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no42
Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à
l'
arrière
de la maison dans la partie occidentale
.
Détail du chaînage
à
l'
extr
émité
méridio
nale
du mur MR1017et de l'appui du mur MR1018 (à droite, au sud), sur ce chaînage. US et fait
: 1017, MR1017, 1018, MR1018 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no 43 Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. Détail de l'encadrement de la baie perçant le mur MR1017. US et faits : 1017, MR1017 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no44 Sujet : La pièce 1.6 au premier étage, à l'arrière de la maison dans la partie occidentale. Vue d'ensemble de la baie perçant le mur MR1017. fait :
1017
,
MR
137
Auteure :
Marie Rochette
Cliché pris depuis l'ouest Photographie no45 Sujet
:
Les éléments du déco
r
autour
de la
fenêtre la plus occidentale au premier étage (en façade
de
l'espace 1.6), pié
droit
oriental
de la baie,
vu de
l
'intérieur.
US
et
fait
s : 1001, MR1001
Auteur
e
:
Odile Maufras Cliché
pris depuis l'ouest Photographie no46 Sujet : Les éléments du décor autour de la fenêtre la plus occidentale au premier étage (en façade de l'espace 1.6), piédroit occidental de la baie, vu de l'intérieur. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no47 Sujet : Vue d'ensemble de la pièce 3.7 au troisième étage de la maison, corps sur rue de la Madeleine. US et faits : 1022, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no48 Sujet : Vue d'ensemble de la pièce 3.7 au troisième étage de la maison, corps sur rue de la Madeleine, et détail de la maçonnerie aperçue dans le cadre d'un petit sondage. US et faits : 1022, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no49 Sujet : Pièce 3.7 au troisième étage de la maison : détail de la maçonnerie aperçue dans le cadre d'un petit sondage. US et faits : MR1001, 1022 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no50
Sujet : Pièce 2.6 au deuxième étage : sommet du mur MR1017 dans son premier état et pente du toit. Surélévation US 1021 au-dessus et extension vers le sud (la droite) MR1018. US et faits : 1017, MR1017, 1018, MR1018 1021 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no51 Sujet : Pièce 2.6 au deuxième étage : vue d'ensemble de l'angle sud-est de la pièce et des parties décroûtées des murs (localisation des points d'observation de la maçonnerie). US et faits : 1017, MR1017, 1018, MR1018, 1021 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no52 Sujet : Pièce 2.6 au deuxième étage : le mur méridional MR1018 en petit appareil de moellons équarris à joints fins. Vue d'ensemble des zones observées et vues de détail. US et faits : 1018, MR1018 Auteure : Marie Rochette Cliché
pris
depuis le nord Photographie no53 Sujet : Base de la partie orientale de l'église Sainte-Eugénie prise depuis l'espace 2.6 de la maison romane. A la base du mur, grand appareil de taille de calcaire froid. Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-est
Photographie no54 S
ujet : La partie orientale de l'église Sainte-Eugénie
prise de
puis
l'
espace
3.6 de la maison
romane.
Auteur
e
: Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-
est
Photograph
ie no55
Sujet : Pièce 3.6 au troisième étage : vue d'ensemble de l'angle sud-est de la pièce et des parties décroûtées des murs (localisation des points d'observation de la maçonnerie). US et
fait
s
: MR1017
, 1018,
MR1018
,
1021
Auteure : Marie Rochette Cliché
pris
depuis le
nord
-ouest Photographie no56
Sujet : Pièce 3.6 au troisième étage : le mur oriental MR1017, ici sa surélévation US 1021 formant chainage, contrebutée par une reprise en hauteur du mur MR1018. US et faits : MR1017, MR1018,
1021
Auteure
:
Marie Rochette Cliché
pris depuis l'ouest Photograph
ie
no57 Sujet : Pièce 3.6 au troisième étage : le mur oriental MR1017, ici sa surélévation US 1021 formant chainage, contrebutée par une reprise en hauteur du mur MR1018. Détail de la jonction des deux murs. US et faits : MR1017, MR1018, 1021
Auteur
e :
Marie
Roch
ette Cliché
pris
depuis l'ouest Photograph
ie no58
Sujet : Pièce 3.6 au troisième étage : détail du parement du mur MR1018 (mur oriental au sud de la pièce). US et faits : MR1018
Auteure
: Marie Rochette Cliché pris depuis
l'ouest Photographie no
59 Sujet : Pièce 3.6 au troisième étage : détail du parement du mur méridional MR1018. US et faits : MR1018
Auteure : Marie Rochette Cliché pris
de
puis
le
nord Photographie no
60
Sujet : Vue partielle de la
ive au troisième étage de la maison romane et de la colonnette romane en remploi. US et faits : 1025, MR1025, 1060 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud Photographie no
61 Sujet : La cathé
drale
Sainte-Marie et Saint-Castor, vue de la terrasse de la maison romane. Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no62 Sujet : Le toit de l'église Sainte-Eugénie, vue depuis la terrasse de la maison romane. Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-est Photographie no63 S
ujet
: La garde-corps de la cours
ive au nord de la cour et au premier étage. Vue depuis la cour. US et faits : 1025, MR1025 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-est Photographie no64 Sujet : La garde-corps de la coursive au nord de la cour et au premier étage : détail de la moulure à la base. US et faits : MR1025 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-est Photographie no65 Sujet : L'arc de la voûte VT1026 dans l'angle sud-ouest de la cour. Vue d'ensemble US et faits : 1026, VT1026 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no66 Sujet : L'arc de la voûte VT1026 dans l'angle sud-ouest de la cour. Détail de la retombée au sud et de la moulure. US et faits : 1026, VT1026 Auteure
: Odile Maufras Cliché pris de
puis le
nord
-est
Photograph
ie
no67 Sujet : La voûte VT1026
dans
l
'
angle
sud-ouest de la
cour.
Vue
de
l'angle de la cour
vers
le couloir d'entrée
01. US et faits : 1026, VT
1026
Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photograph
ie
no68 Sujet : Le mur oriental de la cour, MR1027, au rez-de-chaussée avec à gauche (au nord) son arc rampant d'ouverture vers l'escalier 3 et à droite la porte de desserte d'un espace réduit. US et fait
s
:
1027,
MR1027
Auteure : Odile Maufras Cliché pris
depuis
l'
ouest Photograph
ie
no69 Sujet : Le mur oriental de la cour, MR1027, au rez-de-chaussée: détail de l›arc rampant d›ouverture vers l›escalier 3. US et fait
s :
1027, MR1027 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l
'
ouest Photographie no70 Sujet : Le mur oriental de la cour, MR1027, au rez-de-chaussée
détail de la porte de desserte du sud-est. US et faits : 1027, MR1027
Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'ouest Photographie no71 Sujet : La baie de communication entre la cour et l'escalier en vis au nordest de la cour : détail de la moulure de l'arc. Le mur oriental de la cour, MR1027, au rez-de-chaussée : détail de l'arc rampant d'ouverture vers l'escalier 3. US et faits : 1027, MR1027 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'ouest Photographie no72 Sujet : Le mur septentrional MR1007, ici doublé par la maçonnerie US 1031, de la cage d'escalier 3 au rez-de-chaussée (espace 0.3). Vue d'ensemble et de détail. US et faits : MR1007, 1031, 103', ES1034. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no73 Sujet : Le couvrement VT1029 de la coursive au nord de la cour et au premier étage. Vue de la partie centrale, de dessous (au-dessus de la porte d'accès à la pièce 1.7 dont on voit le linteau). US et faits : VT1029 Auteur
e
:
Marie Rochette
Cli
ché
pris depuis le sud
III. Inventaires techniques Photographie no74 Sujet :
Le couvre
ment
VT1029 de la coursive au
nord
de la
cour et au premier étage. Vue de la partie occidentale, de dessous (au-dessus de la porte d'accès 1035 à la pièce 1.7 dont on voit le linteau). US et
faits
: VT1029
Auteur
e
: Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-est Photographie no75 Sujet : Le couvrement VT1029 de la coursive au nord de la cour et au premier étage. Vue de la partie orientale. US et faits : VT1029 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no76 Sujet : Le couvrement VT1029 de la coursive au nord de la cour et au premier étage. Vue de la partie occidentale. US et faits : VT1029 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'est Photographie no77
Sujet
:
Le
couvrement VT1029 de la coursive au nord de
la
cour et
au premier étage
. Détail
des
mo
ulures des arcs
(
en côtes de baleine
). US et faits : VT1029 Auteure : Marie Rochette Photographie no78 Sujet : La porte 1035 de circulation entre la coursive et l'espace 1.7 au premier éta
ge
de la maison. US
et fait
s
:
MR1007,
1035
Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no79 Sujet : La porte 1035 de circulation entre la coursive et l'espace 1.7 au premier étage de la maison. Détail du linteau et du blocage maçonné 1036 qui le surmonte et qui emploie un meneau US et faits : MR1007, 1035, 1036, 1029, VT1029 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud Photographie no80 Sujet : La porte 1035 de circulation entre la coursive et l'espace 1.7 au premier étage de la maison. Détail de l'ébrasement de l'encadrement. US et faits : MR1007, 1035, 1036 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud Photographie no81 Sujet : La coursive MR1025 au premier étage. Photograph Sujet : Le mur septentrional MR1007, ici doublé, de la cage d'escalier 3 au rez-de-chaussée (espace 0.3). Vue d'ensemble du mur avec le montant de la porte 1037 à gauche (vers l'espace 07), maçonnerie 1038 de petits moellons en hauteur et reprise en dessous en bugets 1031.
US et
faits
: MR1007, 1031, 1034, ES1034, 1037, 1038 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no86 Sujet : Détail de la pote 1037 à
l
'extrémité
du
parement 1031 du mur MR1007 au rez-de-chaussée, dans la cage d'escalier. US et faits : MR1007, 1031, 1034, ES1034, 1037, 1038 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no87 Sujet : Ecoinçon de soutènement des marches de l'escalier ES1033 au rezde-chaussée, dans l'angle nord-ouest de la cage d'escalier. US et faits : MR1027, MR1007, ES1033, 1033 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no88 S
ujet : Ecoinçon de soutènement des marche
s
de
l'escalier ES1033 au
rez
-de-
chaussée
,
dans
l'angle nord-est de la cage d'escalier, et marches entaillées. Au-dessus, l'intrados des marches de l'escalier postérieur ES1034, en place. US et faits : MR1007, 1031, 1033, ES1033, 1034, ES1034, 1038 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no89 S
ujet :
L'angle sud-est
la cage d'escalier entre rez-de-chaussée et premier étage avec le détail du mur MR1008 à gauche (mur oriental) et du mur MR1030 à droite (mur méridional). US et faits : 1008, MR1008, ES1033, 1033, 1030, MR1030, 1034, ES1034 Auteure
:
Odile Mau
fras Cliché pris
depuis le sud-ouest Photographie no90 Sujet : Ecoinçon de soutènement des marches de l'escalier ES1033 entre rez-de-chaussée et premier étage, dans l'angle sud-est de la cage d'escalier. US et faits : 1008, MR1008, ES1033, 1033, 1030, MR1030, 1034, ES1034 Auteure : Odile Maufras
Cliché
pris depuis le sud-ouest Photographie no91 Sujet : Ecoinçon de soutènement des marches de l'escalier ES1033 au premier étage, dans l'angle nord-ouest de la cage d'escalier. A gauche la porte 1049 entre l'escalier et la coursive au premier étage, prise dans le pan de mur 1050 qui double le mur MR1027. A droite, la porte 1046 entre l'escalier et l'espace 1.7. US et faits : MR1027, ES1033
, 1033,
1034,
ES
1034, 1046, 1047,
1048,
1049
, 1050
, 1063 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le
sud
Photographie no92 Sujet : Ecoinçon de soutènement des marches de l'escalier ES1033 au premier étage, dans l'angle nord-ouest de la cage d'escalier et le sommet de la porte 1049 entre l'escalier et la coursive au premier étage. US et faits : MR1027, ES1033, 1033, 1034, ES1034, 1049, 1050 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est 140 Inrap * Rapport de diagnostic Photographie no93 Sujet : Vue générale du garde-corps de la coursive au premier étage. Au fond, la porte 1049 perçant le mur mr1027 et donnant sur l'escalier. US et faits : MR1025, 1049, MR1027 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no94 Sujet : Détail de l'appui du garde-corps de la coursive au premier étage sur le mur MR102. A gauche, le piédroit de la porte 1049 entre coursive et escalier. US et faits : MR1025, 1049, MR1027 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no
101 S
ujet
: Le mur MR1027 au premier étage et sa fenêtre, vus de l'intérieur. US et faits : 1007, MR1027
Auteure
:
Odile Maufras
Cli
ché
pris depuis le
nord-
est Photographie no102
Sujet : Détail de l'appui des marches du deuxième escalier contre les murs de la cage (ici MR1027). On rappelle que les marches ont chacune, en partie basse est externe (à l'opposé du noyau), un talon saillant qui est,
lui
,
ancré dans les murs de la cage
(cf.
cli
ché 100).
Vue
du
sud
(
cli
ché 102)
puis
de
l
est (102a). US et faits : 1007, MR1027, 1034, ES1034 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no95 Sujet : Ecoinçon de soutènement des marches de
l
'
escalier ES1033 au premier étage, dans l'angle nord-est de la cage d'escalier. L'écoinçon a été repris en sous-oeuvre par le massif maçonné 1045, probablement au moment du remplacement de l'escalier initial ES1033 par le suivant, aujourd'hui en place, ES1034. US et faits : MR1007, 1008, MR
1008
, ES1033,
1033
, 1034, ES1034
Auteure : Odile Maufras Cli
ché
pris
de
puis
le
sud-
ou
est Photographie no103 Sujet
:
Détail de l'appui des marches du deuxième escalier contre les murs de la cage (ici MR1018 entre le premier
et le
deuxième étage). On rappelle que les marches ont chacune, en partie basse est externe (à l'opposé du noyau), un talon saillant qui est, lui, ancré dans les murs de la cage (cf. cliché 100). Vue de l'ouest (cliché 103) puis du nord (103a). US et faits : 1007, MR1027, 1034, ES1034
Auteure : Odile
Mau
fra
s
Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no96 Sujet : Le mur MR1007 dans sa partie orientale au premier étage de la maison, entre le volume 1.7 et la cage d'escalier 1.3. La porte, 1046, est celle qui communique entre les deux espaces. US et faits : MR1007, ES1033, 1033, 1034, ES1034, 1046, 1047, 1048, 1063 Auteure : Odile
Maufras Cliché
pris
de
puis le sud Photographie no104 Sujet : Le mur MR1027 de séparation de la cour et de la cage d'escalier, au troisième étage (juste sous le palier du 3e) avec sa fenêtre plus basse que celles des étages inférieurs. On note l'écoinçon du premier escalier ES1033 dans l'angle sud-ouest de la cage (à gauche) et au-dessus l'extrémité conservée et plus ou moins saillante de trois marches. Ce sont les dernières marches de l'escalier dans son état initial. Elles correspondent au sommet conservé du mur MR1027 dans son premier état.
US et faits : 1007
,
MR1027
,
1033
,
ES1033 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'est Photographie no97 Sujet
:
Le palier du premier étage dans l'escalier ES1034 : angle nordouest,
avec
les portes 1049 d'accès à la coursive à gauche et 1046 d'accès à la salle 1.7 à droite. US et faits : MR1007, ES1033, 1033, 1034, ES1034, 1046, , 1048, 1049, 1063 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no98 Sujet : Le mur MR1008 au premier étage (montée vers le second). Où l'on voit l'appui du mur méridional MR1030 (à droite) sur le mur oriental antérieur MR1008. US et faits : 1008, MR1008, 1030, MR1030, 1033, ES1033, 1034, ES1034 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no99 Sujet : Détail de l'appui du massif maçonné 1045 sur les mur antérieurs MR1007 à gauche (au nord) et MR1008 à droite (au sud). US et faits : MR1007, 1008, MR1008, 1045, SB1045 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no100 Sujet : Détail de l'ancrage des marches de l'escalier ES1034 dans le mur MR1008, ici entre le premier et le deuxième étage. Seuls les talons saillants des marches sont ancrés dans le mur. On note aussi, juste sous les marches, la reprise de la maçonnerie du mur MR1008 qui colmate la bande creuse laissée par l'arrachage des marches du premier escalier, ES1033 er le remplacement d'un bloc de l'écoinçon de l'angle sud-est par un appareil de petits moellons. US et faits : 1008, MR1008, ES1033, 1034, ES1034
Auteure : Odile
Mau
fra
s Cliché
pris depuis le
sud
-est Photographie
no
105 Sujet
: Détail
de la
maçonnerie
du mur MR1008
entre
le 2e
et
le 3e étage
. A
droite
,
le mu r
MR1030 en
retour
(
mur mér
idional de la cage
d'
escalier). US et
fait
s :
1008,
MR1008, 1030
,
MR1030,
1034, ES1034
Auteur
e : Odile Maufras Cliché
pris
de
puis
le nord-ouest Photographie no106
Sujet : Détail de la maçonnerie du mur MR1007, parement méridional sur coursive, au troisième étage de la maison. Vue d'ensemble et détail de l'appareil régulier de petits moellons. US
et
faits : 1007,
MR1007
Auteure : Odile Maufras Cliché
pris
de
puis
l'est
Photograph
ie no107
Sujet : Détail de la maçonnerie du mur MR1008 entre le 3e et le 4e étage. La maçonnerie, différente de celle des étages précédents, montre une reprise à ce niveau au moment de l'agrandissement de la maison par un étage supplémentaire. On note à gauche le pan coupé correspondant à la structure bâtie SB1059, probablement de confortement.
US et faits : 1008, MR1008, 1034, ES1034, 1059, SB1059
Auteur
e
:
Odile Maufras Cliché
pris
de
puis
l'ouest
Photographie
no
108
S
ujet
: Le mur MR1007 et la porte de
séparation entre la pièce 2.7 et la cage 'escalier au deuxième étage. On note à droite le pan coupé correspondant à la structure bâtie SB1059, probablement de confortement. US et faits : 1007, MR1007, 1039, 1052, 1059, SB1059 Auteure :
Marie
Roch
ette Cliché
pris depuis le sud-ouest
III. Inventaires techniques
Photographie no109 Sujet : Détail de la porte de communication entre la pièce 2.7 et la cage d'escalier au
deuxième étage
.
La
porte
1052 et
les
marche
s
de
l'escalier ES1034 sont contemporaines et s'encastrent dans une ouverture du mur MR1007. US et faits : 1007, MR1007, 1039, 1052, ES1034, 1034 Auteure : Marie Rochette Cliché
pris
depuis le sud Photographie no110 Sujet : Détail des traces d'outils sur le moyen appareil de taille du mur MR1007 au deuxième étage (première surélévation, US 1039. US
et faits : 1007
,
MR1007
,
1039 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud Photographie no111 Sujet : La porte de communication 1051 entre l'escalier ES1034 et la coursive au deuxième étage (espace 2.2). L'encadrement de la porte est appuy
é
au nord (à droite) au pan 1039 du mur
MR1007
et lié
à la
maçonnerie US 1050
qui double le
mur MR1027
(à gauche de la
porte
et au
centre
du
cliché
). A gauche,
l'extrémité de la fenêtre sur cour du 2e étage de la cage d'esca
lier
.
) US et faits : 1007, MR1007, 1050 Auteure : Marie Rochette
Cli
ché pris depuis l'est Photographie no112
Sujet : Détail de la jonction entre le garde-corps 1041 de la coursive au deuxième étage et
le mur MR
1027
entre
la cour
et
l'
esca
lier
. On note
que la porte 1051
entre la
cours
ive et l'escalier est install
ée dans une brèche
pratiquée
à dessein
dans le mur MR1027
caractérisé par
des
bug
ets et
que le
para
pet
s'appuie sur le montant de la porte et la maçonnerie de bouchage de son ancrage. US et faits : 1027, MR1027, 1040, 1041, 1051 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no113 Sujet : L'appui du garde-corps 1041 de la coursive au deuxième étage contre le piédroit de la porte 1051 (mur MR1027). Détail à la base du garde-corps. US et faits : MR1027, 1041, 1051 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord Photographie no114 Sujet
: L'ancrage de la porte 1051 dans le mur en bugets MR1027 au deuxième étage : détail du pi
é
droit à gauche, de la maçonnerie de comblement de la bêche faite dans le mur MR1027 pour encastrer la porte (au centre, contre lequel s'appu
le Garde-corps) et du mur MR1027 à droite. Vue prise de l'ouest puis du nord-ouest. US et faits : 1027, MR1027, 1040, 1041, 1051 Auteure :
Marie Rochette Cliché
pris depuis le nord-ouest Photographie no115 Sujet : La partie orientale de la coursive au deuxième étage avec le mur MR1007 (pan 1039) à gauche (au nord) et le garde-corps 1041 à droite (au sud). Au fond la porte 1051. Vue d'ensemble et détail de l'appui du piédroit de la porte contre le mur. US et faits : MR1007, 1039, 1040, 1051, 1053 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no116 Sujet : Détail des maçonneries de moyen appareil de taille et en petit moellon du mur MR1007 au deuxième étage de maison, signalant deux surélévations successives, avec percement d'une fenêtre à cheval sur les deux (bouchée). US et faits : MR1007, 1039, 1051, 1040, 1053
Auteure
:
Marie Rochette
141 Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no117 Sujet : Détail des maçonneries de moyen appareil de taille et en petit moellon du mur MR1007 au deuxième étage de maison, signalant deux surélévations successives, avec percement d'une fenêtre à cheval sur les deux (bouchée). A l'arrière-plan, la porte de communication entre la coursive et la salle 2.7 au deuxième étage. US et faits : MR1007, 1039, 1051, 1040, 1053, 1054 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-est Photographie no118 Sujet : Vue générale de la coursive du deuxième étage depuis l'ouest : partie orientale, à gauche porte 1053 d'accès à la salle 2.7 et au fond et porte d'accès à l'escalier ES1034. US et faits : MR1007, 1040, 1041, 1042, 1051, 1053, 1054 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no119
Sujet : La voûte en briques et pierres VT1042 couvrant la coursive du deuxième étage. Vue de dessous ; le nord est en bas du cliché sur le cliché 119. Sur les clichées 119a, b et c, on observe le détail du parement du mur MR1007, notamment le petit appareil 1040 à l'est de la porte 1053 (à
droite). US et faits : MR1007, 1040, 1041, 1042, 1051, 1053 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud Photographie no120 Sujet : La porte 1053 entre la coursive du deuxième étage et la salle 2.7. Vue générale du sud-est, détails vus du sud. US et faits : MR1007, 1039, 1040, 1054 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-est Photographie no121
Sujet : Dernier palier de l'escalier ES1034 qui conduit au 4e étage, celui des combles, à sa coursive et à un petit escalier réduit en vis conduisant à une terrasse sur les volumes 3 (cage d'escalier) et 9 (cagibis du sud-est). Ce petit escalier est scis dans l'angle nord-ouest de la cage d'escalier et repose sur une large partie de l'épaisseur du mur MR1007 et entièrement sur le mur MR1027 et sa doublure US 1050. US et faits : ES1034 Auteure : Od
ile
Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no122 Sujet : La coursive du 4e étage, desservant les combles
.
Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no123
Sujet
:
La terrasse au-dessus des espaces
de la
cage
d
'escalier et des cagibis
:
partie méridionale vue
depuis le nord (
depuis
l
'auvent
qui
protège l'escalier en vis d'ac
cès
), le nord-est et le nord-ouest. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no124 Sujet : La terrasse au-dessus des espaces de la cage d'escalier et des cagibis : angle du nord-est avec son conduit de cheminée. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no125 Sujet : La cathédrale de Nîmes. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'ouest 142 Inrap * Rapport de diagnostic Photographie no126 Sujet : La toiture de l'église Sainte-Eugénie, au sud-ouest de la maison romane. Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-est Photographie no127 Sujet : Le somme
t
du mur MR1007, au niveau des com
bles
(4e étage). US et faits : MR1007 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no128 Sujet : La colonnette 1060 de la coursive du troisième étage. Vue plongeante depuis la fenêtre de l'escalier espace 3. US et faits : 1060 Auteure :
Marie Rochette Cliché
pris depuis le sud-est Photographie no129 Sujet : colonnette 1060 de la coursive du troisième étage. Vue latérale. US et faits : 1060
Auteure
:
Marie Rochette Cliché pris depuis l'est Photographie no130 Sujet : La colonnette 1060 de la coursive du troisième étage : détail de la base, prise dans la maçonnerie du garde-corps. US et faits : 1060
Auteur
e : Marie Rochette Cliché
pris
depuis le sud Photographie no131 Sujet : La colonnette 1060 de la coursive du troisième étage : vue de dos. US et faits : 1060 Auteure
: Marie
Roch
ette
Cli
ché
pris
depuis le nord Photographie no132 Sujet : La coursive du troisième étage : partie occidentale vue de l'extrémité orientale.
Auteure
:
Marie
Rochette
Cli
ché
pris
de
puis
l'est Photographie no133 Sujet : La coursive du troisième étage : détail du garde-corps. Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-est Photographie no134 Sujet : La coursive du troisième étage : détail de la maçonnerie du mur MR1007. US et faits : MR1007 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-est Photographie no135 Sujet : Mur occidental de la pièce 1.6 avec le mur MR1017 et sa baie condamnée au nord (à gauche) et
l
'
extension MR1018 à droite avec sa porte bouchée 1061 au sud (au centre). US et faits : 1017, MR1017, 1018, MR1018, 1061 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis l'ouest Photographie no136 Sujet : Détail de la porte bouchée 1061 dans le mur oriental MR1018 de la pièce 1.6. US et faits : 1017, MR1017, 1018, MR1018, 1061 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis
l'ouest
Photographie no137
Sujet : Détail de la porte bouchée 1062 dans le mur MR1007 dont on voit ici le piédroit masqué par le
bouchage
et le battant d'une
porte en
retour, plus récente (celle,
1049
,
entre la coursive
1.2 et
la cage d'escalier 3). US et faits : 1007, MR1007, 1049, 1062 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le sud-ouest Photographie no138
Sujet : Vue d'ensemble du montant
occidental de la porte bouchée 1062 dans le mur MR1007 au premier étage, entre la salle 1.7 et la cour. Il s'agit de la porte d'entrée à l'espace principal de la maison. US et faits : 1007, MR1007, 1062
Auteure : Marie Roch
ette
Cliché pris
depuis
le nord-
est Photographie no
139 Sujet : Détails du montant occidentale de la porte bouchée 1062 dans le mur MR1007 au premier étage, entre la salle 1.7 et la cour. Il
s'
agit
de la
porte
d'entrée à l'espace principal de la
maison
US et faits : 1007, MR1007, 1062 Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord Photographie no140 Sujet : Vue d'ensemble du montant occidental de la porte bouchée 1062 dans le mur MR1007 au premier étage, entre la salle 1.7 et la cour. Il s'agit de la porte d'entrée à l'espace principal de la maison. US et faits
: 1007
,
MR1007
,
1062
Auteure : Marie Rochette Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no141 Sujet : Le sondage dans l'enduit interne du mur MR1001 de façade, dans la pièce 1.7, entre l'emplacement supposé des deux fenêtres géminées romanes. Découverte de la base et du montant du tableau 1012 de l'une d'entre elles et de son bouchage 1013. US et faits : MR1001, 1001, 1012, 1013 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud Photographie no142 Sujet : Détail des traces de taillant droit, de ciseau et autres outils sur les moellons de la maçonnerie 1007 du mur MR1007. La partie photographiée est le pan de mur en place entre les portes 1035 et 1062 au premier
étage
, parement mér
idional du mur
. US et faits : 1007,
MR1007
Auteure
: Odile Maufras Cliché pris
depuis le
sud Photograph
ie no143
Sujet
:
Détail des traces d'outils de taille sur les
mo
ellons de la maçon
nerie 1007 du mur MR1007. La partie photographiée est le pan de mur en place encadrant à l'ouest la porte 1062 au premier étage, parement
sept
entrional du mur. US et faits : 1007, MR1007, 1062 Auteure : Odile
Mau
fras
Cli
ché pris depuis le nord Photographie no144
Sujet : Détail des traces d'outils de taille sur les moellons de la maçonnerie 1012 du mur de façade MR1001. La partie photographiée est le montant du tableau d'une baie géminée aujourd'hui disparue en façade externe et largement détruite par une fenêtre plus récente en partie interne. C'est le parement interne, méridional du mur qui a été photographié.
US et fait
s
:
MR1001, 1012,
1023 Auteur
e : Odile Maufra
s
Cli
ché
pris depuis le sud Photographie no145
Sujet : Détail de l'appui de la fenêtre du premier étage de la cage d'escalier 3, vu de la cour, avec l'appareil de bugets
du mur MR1027
.
III. Inventaires techniques US et faits : 1027, MR1027
Auteur
e
:
Odile Maufras Cliché
pris depuis l ouest 143 1043 au-dessous dont on voit l'extrados en bas de cliché). US et faits : MR1027, 1043, 1044 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis l'ouest Photographie no146 Sujet : Détail de l'appui de la fenêtre du cagibi du premier étage (espace 1.9), vu de la cour, avec l'appareil de bugets de l'extension 1028 du mur MR1027. US et faits : 1028, MR1027 Auteur
e
:
Odile Maufras Cliché
pris
de
puis l'ouest Photograph
ie
no
155
Sujet : Vue d'ensemble de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane. US et faits : 1001, MR1001 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-est Photographie no147 Sujet : Détail du piédroit septentrional de la fenêtre de la cage d'escalier au premier étage), vu de la cour. US et faits : 1027, MR1027 Auteure : Odile
Maufras
Cli
ché
pris depuis le sud-ouest Photographie no156 Sujet : La travée orientale de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane. Rez-de-chaussée et premier étage. US et faits : 1001, MR1001,
1057
Auteure : Od
ile Maufras Cliché
pris depuis le nord Photograph
ie
no148 Sujet : Détail de la fenêtre du deuxième étage de la cage d'escalier 3, vu de la cour et de ses piédroits moulurés (vus du sud-ouest puis du nord-ouest). US et faits : 1027
,
MR1027 Auteure :
Odile Maufras Cliché
pris depuis l'ouest Photographie no157 Sujet : Détail
de
la baie orientale de
la
fa
çade
septentrionale MR1001 de la maison romane au rez-de-chaussée. US et faits : 1001
,
MR1001
,
1057
Auteure :
Odile Maufras Cliché
pris de
puis
le
nord
Photograph
ie
no149 Sujet : Détail de l'appui de la fenêtre du cagibi du deuxième étage (espace 2.9), vu de la cour, avec l'appareil de bugets de l'extension 1028 du mur MR1027 et, au premier plan, la jointure des deux parties du mur (
cliché 149).
Détail de la moulure de l'appui (cliché 149a
). US et fait
s : 1028,
MR1027
Auteure : Odile Maufras Cliché pris de
puis
le nord-ouest
Photographie no
158 Sujet : La baie centrale de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane au rez-de-chaussée avec ses quatre états successifs : le linteau é en haut à droite, l'arc surbaissé gothique mouluré 1055 recoupé par le cintre 1056 lui-même réduit en largeur par les deux piédroits récents qui encadrent la vitrine. US et faits : 1001, MR1001, 1055, 1056 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no150 S
ujet : Détail de la fenêtre
du
trois
ième
étage de la cage d'escalier 3,
vu
de la cour et détail des piédroits.
US et
fait
s : 1027, MR1027 Auteur
e
: Odile Maufras Cliché
pris
de
puis le
sud
-
ouest
Photographie no
151
Sujet : Détail de
l'arc de décharge
,
non
enregistré, construi
t
au-
dessus de la fenêtre du
trois
ième étage
de la
cage d
'
escalier
3
au
moment de
l'
ajout
d'un quatrième étage et de la construction
de
l'escalier ES1034. L'arc est à la base de la reprise, en remplacement de deux à trois bugets déposés du mur initial (MR1027); US et faits : MR1027 Auteure
:
Odile Maufras Cliché
pris depuis le sud-ouest Photographie no152 Sujet : La colonnette 1060 de la coursive du troisième étage. Détail de la base prise dans la main courante cimentée du garde-corps
.
US et faits
: 1060 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le sud-est Photographie no153 Sujet : Détail de l'arc de décharge 1043 bâti au-dessus de la fenêtre du troisième étage du cagibi 3.9. au moment de l'exhaussement du mur et de la réfection de la toiture. US et faits : MR1027, 1043 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-est Photographie no154 Sujet : Détail de l'arc de décharge et de couvrement de baie US 1044 bâti au niveau du quatrième étage au moment de l'exhaussement du mur et l'extension du quatrième étage dans cette partie de l'immeuble. (vue en contreplongée de l'arc 1004 et du pan de maçonnerie entre celui-ci et l'arc Photographie no159 Sujet : La baie centrale de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane au rez-de-chaussée : détail de la retombée orientale de l'arc surbaissé gothique mouluré 1055 recoupé par le cintre 1056 lui-même réduit en largeur par les deux piédroits récents qui encadrent la vitrine. US et faits : 1001, MR1001, 1055, 1056 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no160 Sujet : La baie centrale de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane au rez-de-chaussée : détail de la retombée occidentale de l'arc
baissé gothique mouluré 1055 recoupé par le cintre 1056 lui-même réduit en largeur par les deux piédroits récents qui encadrent la vitrine. US et faits : 1001, MR1001, 1055, 1056 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no161 Sujet : Détail de la baie occidentale de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane au rez-de-chaussée,
avec
la
porte
d
'entrée
actuelle (à gauche, cliché 161)
ou
seule (cliché 161a),
puis
détail du linteau et de sa j
onction
avec
l'a
ppareil
du mur (cliches 161b et 61c). US et faits : 1001, MR1001 Auteur
e : Odile Maufras Cliché
pris
de
puis
le nord
Photograph
ie
no
162
Sujet : La
fen
être de
la
trav
ée
oriental
e
au premier étage de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane
. US
et faits : 1001, MR1001,
1057 Auteure
:
Od
ile Maufras Cliché
pris
depuis le nord Photographie no163 Sujet
:
Détail du
pan
de mur et de la frise romane
entre
les fenêtres de 144 Inrap * Rapport de diagnostic la travée orientale et de la travée centrale au premier étage de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane. US et faits : 1001, MR1001, 1057 Auteure :
Od
ile
Mau
fra
s
Cli
ché
pris depuis le nord Photographie no164 Sujet : La fen
être
de la travée centrale au
premier étage
de
la
maison romane. US et
fait
s : 1001, MR1001, 1057 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no165
Sujet
: Détail du pan de mur, de la frise romane dé
plac
ée et du
vestig
e d'une baie géminée entre
les fenêtres de la travée centrale et de la travée occidentale au premier étage de la maison romane. US et faits : 1001, MR1001, 1057 Auteure :
Odile Maufras Cliché
pris
de
puis le nord Photographie no
166 Sujet
:
La fenêtre de la trav
ée
occidental
e
au premier étage de la
maison
roman
e
et des vestiges de style roman encore présent tout autour. US et faits : 1001,
MR1001
,
1057
Auteure :
Odile Maufras Cliché
pris depuis le nord Photograph
ie
no167 Sujet : Détail de la réfection de la partie occidentale du mur de façade MR1001 au premier étage avec la baie géminée condamnée par une maçonnerie de remplois d'éléments sculptés romans. US et faits : 1001, MR1001, 1057 Auteure : Odile
Maufras Cliché
pris depuis le nord Photographie no168 Sujet : Détail de l'angle occidental de la façade MR1001 de la maison romane : partie haute (cliché 168) et partie basse (cliché 168a). US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003, 1057 Auteur
e
:
Photograph Sujet : Détails d'éléments romans du décor la façade romane, en
place ou
en r dans la partie occidentale du mur premier étage. Auteur : Odile Maufra Cliché pris depuis le nord Photographie no170 Sujet : Détail de l'angle occidental de la façade MR1001 de la maison romane et du mur MR1019 en retour : partie haute (cliché 170), partie médiane (170a) et partie basse (170b). US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003, 1019, MR1019 Auteur
e
: Odile Maufras Cliché pris depuis le nord-ouest Photographie no171 S
ujet
: Partie haute de la
façade sept
entri
onale MR1001
de la
maison
romane : 2e et 3e étages,
trav
ées de
l'
est
et
du centre.
US et
fait
s : 1001
,
MR1001
,
1002
,
1003
,
1013
,
1057 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no172 Sujet
: Partie haute de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane : 2e et 3e étages, travées du centre et de l'ouest. US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003,
1057 Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie no173 S
ujet : Partie haute de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane : 2e et 3e étages, détail du pan de mur entre les travées de l'est et du centre. US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003, 1013, 1057
Auteure : Odile Maufras Cliché pris depuis le nord Photographie
no
174
Sujet : Partie haute de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane : 2e et 3e étages, détail du pan de mur entre les travées du centre et de l'ouest. US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003, 1057 Auteur
e
:
Odile Maufras Cliché
pris depuis le nord Photographie no175 Sujet : Partie haute de la façade septentrionale MR1001 de la maison romane : 2e et 3e étages, travée de l'ouest. US et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003, 1057, 1058 Auteure :
Odile Maufras Cliché
pris depuis le
nord
III. Inventaires techniques 145
001.JPG 001a.JPG 001b.JPG 002.JPG 002a.JPG 002b.JPG .JPG 003a.JPG 003b.JPG 003c.JPG 004.JPG 005.JPG 005a.JPG 005b.JPG 006.JPG 007.JPG 007a.JPG 008.JPG 008a.JPG 008b.JPG 146 Inrap * Rapport de diagnostic 009.JPG 010.JPG 011.JPG 011a.JPG 011b.JPG 011c.JPG 011d.JPG 012.JPG 012a.JPG 013.JPG 014.JPG 015.JPG 015a.JPG 016.JPG 017.JPG 017a.JPG 018.JPG 018a.JPG 018b.JPG 018c.JPG
III. Inventaires techniques
147 019.JPG 019a.JPG 019b.JPG 020.JPG 021.JPG 021a.JPG 021b.JPG 021c.JPG 022.JPG 022a.JPG 022b.JPG 022c.JPG 022d.JPG 022e.JPG 022f.JPG 023.JPG 023aa.JPG 023bb.JPG 023cc.JPG 023dd.JPG 148 Inrap * Rapport de diagnostic 024.JPG 024a.JPG 024b.JPG 024c.JPG 024d.JPG 024e.JPG 025.JPG 025a.JPG 025b.JPG 025c.JPG 025d.JPG 025e.JPG 026.JPG 027.JPG 027a.JPG 028.JPG 028a.JPG 028b.JPG 029.JPG 029a.JPG III. Inventaires techniques 149 030.JPG 030a.JPG 031.JPG 032.JPG 032a.JPG 033.JPG 034.JPG 035.JPG 036.JPG 036a.JPG 036b.JPG 036d.JPG 037.JPG 037a.JPG 038.JPG 038a.JPG 039.JPG 039a.JPG 040.JPG 041.JPG 150 Inrap * Rapport de diagnostic 042.JPG 042a.JPG 043.JPG 043a.JPG 043b.JPG 043c.JPG 043d.JPG 043e.JPG 044.JPG 045.JPG 045a.JPG 045b.JPG 045c.JPG 045d.JPG 045e.JPG 046.JPG 046a.JPG 046b.JPG 046c.JPG 046d.JPG III. Inventaires techniques 151 046e.JPG 047.JPG 048.JPG 049.JPG 049a.JPG 049b.JPG 050.JPG 050a.JPG 051.JPG 052.JPG 052a.JPG 052b.JPG 053.JPG 053a.JPG 053b.JPG 053c.JPG 054.JPG 054a.JPG 054b.JPG 055.JPG 152 Inrap * Rapport de diagnostic 056.JPG 057.JPG 057a.JPG 058.JPG 058a.JPG 059.JPG 060.JPG 060a.JPG 060b.JPG 061.JPG 061a.JPG 061b.JPG 061c.JPG 061d.JPG 061e.JPG 061f.JPG 061g.JPG 061h.JPG 061i.JPG 061j.JPG III. Inventaires techniques 153 062.JPG 062a.JPG 063.JPG 063a.JPG 063b.JPG 064.JPG 064a.JPG 064b.JPG 064c.JPG 065.JPG 065a.JPG 066.JPG 066a.JPG 067.JPG 067a.JPG 068.JPG 068a.JPG 068b.JPG 069.JPG 069a.JPG 154 Inrap * Rapport de diagnostic 069b.JPG 070.JPG 070a.JPG 071.JPG 071a.JPG 071b.JPG 072.JPG a.JPG 072b.JPG 073.JPG 074.JPG 075.JPG 075a.JPG 076.JPG 076a.JPG 077.JPG 077a.JPG 077b.JPG 077c.JPG 078.JPG III. Inventaires techniques 155 078a.JPG 078b.JPG 079.JPG 079a.JPG 079b.JPG 079c7.JPG 080.JPG 080a.JPG 081.JPG 082.JPG 082a.JPG 083.JPG 083a.JPG 084.JPG 085.JPG 085a.JPG 086.JPG 086a.JPG 087.JPG 088.JPG 156 Inrap * Rapport de diagnostic 088a.JPG 088b.JPG 089.JPG 089a.JPG 090.JPG 090a.JPG 091.JPG 091a.JPG 092.JPG 093.JPG 093a.JPG 094.JPG 094a.JPG 095.JPG 095a.JPG 095b.JPG 096.JPG 096a.JPG 096b.JPG 096c.JPG III. Inventaires techniques 157 097.JPG 097a.JPG 097b.JPG 098.JPG 098a.JPG 098b.JPG 099.JPG 099a.JPG 099b.JPG 099c.JPG 100.JPG 100a.JPG 100b.JPG 100c.JPG 101.JPG 101a.JPG 101b.JPG 102.JPG 102a.JPG 103.JPG 158 Inrap * Rapport de diagnostic 103a.JPG 104.JPG 104a.JPG 105.JPG 105a.JPG 106.JPG 106a.JPG 106b.JPG 107.JPG 108.JPG 108a.JPG 109.JPG 109a.JPG 110.JPG 110a.JPG 110b.JPG 111.JPG 111a.JPG 111b.JPG 112.JPG III. Inventaires techniques 159 112a.JPG 112b.JPG 113.JPG 114.JPG 114a.JPG 114b.JPG 114c.JPG 115.JPG 115a.JPG 115b.JPG 116.JPG 116a.JPG 117.JPG 117a.JPG 117b.JPG 118.JPG 118a.JPG 119.JPG 119a.JPG 119b.JPG 160 Inrap * Rapport de diagnostic 119c.JPG 120.JPG 120a.JPG 120b.JPG 121a.JPG 122.JPG 123.JPG 123a.JPG 123b.JPG 124.JPG 125.JPG 125a.JPG 125b.JPG 126.JPG 127.JPG 128.JPG 128a.JPG 129.JPG 129a.jpeg
III. Inventaires techniques 161
130.JPG 131.JPG 132.JPG 133.JPG 134.JPG 134a.JPG 135.JPG 135a.JPG 136.JPG 136a.JPG 137.JPG 137a.JPG 137b.JPG 138.JPG 138a.JPG 139.JPG 139a.JPG 139b.JPG 139c.JPG 139d.JPG 162 Inrap * Rapport de diagnostic 139e.JPG 139f.JPG 140.JPG 140a.JPG 141.JPG 141a.JPG 142.JPG 142a.JPG 142b.JPG 142c.JPG 142d.JPG 143.JPG 143a.JPG 143b.JPG 143c.JPG 144.JPG 144a.JPG 144b.JPG 144c.JPG 145.JPG
III. NB : certains relevés s'appuient sur les documents graphiques fournis par l'aménageur : en l'espèce les plans et les élévations de l'immeuble. MN1001 Espace : 0.2 Us et faits : 1024 Type : relevé de moulure Description. Relevé de la moulure de l'arc de la voûte 1024 dans l'angle sud-ouest de la cour. Échelles : 1:1 Support : calque polyester A4 Auteurs : Odile Maufras MN1002 Espace : 0.7 Us et faits : MR1001, 1022 Type : relevé d'élévation Description. Relevé pierre à pierre de la maçonnerie du pan US 1022 du mur MR1001, observée dans le sondage de la pièce 3.7 (troisième étage). Échelles : 1:20 Support : calque polyester A4 Auteurs : Odile Maufras MN1003 Espace : 1.7 Us et faits : MR1001, 1012, 1023 Type : relevé d'élévation Description. Relevé de la bordure du tableau interne d'une fenêtre géminée du premier étage, retrouvée en parement interne de la pièce 1.7 NB : après décroûtage du mur par l'entreprise, ce relevé a été augmenté par un autre en photogrammétrie. Échelles : 1:20 Support : calque polyester A3 Auteurs : Odile Maufras MN1004 Us et faits : MR1007, 1062 Type : relevé d'élévation, relevé de moulure Description. Relevé partiel en élévation de l'arc 1062 de couvrement de la porte 1062 dans le mur MR1007 et relevé en plan de l'embrasure, de la feuilure et de la moulure du piédroit occidental. Échelles : 1:1, 1:20 Support : calque polyester A3 Auteurs : Odile Maufras MN1005 Us et faits : MR1007, 1062 Type : relevé d'élévation Description. Relevé partiel en élévation de l'arc 1062 de couvrement de la porte 1062 dans le mur MR1007 : complément du relevé MN1004 (le relevé MN1005 est au-dessous de MN1004). Auteurs :
Odile Maufras
MN1006 Espace : 1.6, 2.6 Us
faits : 1017, MR1017, 1018, MR1018, 1021, 1061 Type
: croquis
Description. Croquis des différents éléments formant le mur oriental de la pièce 1.6 (au premier étage) et de la pièce 2.6 (au deuxième étage), avec notamment ses deux baies bouchées.
Échelles : / Support : papier
végétal A4
Auteurs :
Marie Roch
ette MN1007 Us et faits : 1001, MR1001, 1002, 1003,
1004, MR1004,
1013,
1055,
1056
,
1057
, 1058 Type : croquis sur relevé d'élévation
Description. croquis des différentes unités de construction de la façade MR1001 sur fond de relevé de l'aménageur (où le pierre à pierre est erroné). Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4 Auteurs : Odile Maufras MN1008 Us et faits : 1001, MR1001, 1004, MR1004, 1012, 1015, 1016, 1020, 1022, 1023, 1057, 1064, 1065, 1066, 1067 Type : croquis sur relevé d'élévation Description. croquis des différentes unités de construction repérées en sondages au revers de la façade MR1001 sur fond de relevé de l'aménageur. Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4 Auteurs : Odile Maufras MN1009 Us et faits : 1007, MR1007, 1019, VT1019, 1025, MR1025, 1035, 1039, 1040, 1042, VT1042, 1053, 1054, 1060, 1062 Type : croquis sur relevé d'élévation Description. croquis des différentes unités de construction enregistrées sur le mur oriental de la cour. Les observations sont reportées approximativement ur fond de relevé de l'aménageur. Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4 Auteurs : Odile Maufras MN1010 Us et faits : 1027, MR1027, 1028, 1029, 1043, 1044 Type : croquis sur relevé d'élévation Description. croquis des différentes unités de construction enregistrées sur le mur oriental de la cour. Les observations sont reportées approximativement ur fond de relevé de l'aménageur. Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4 Auteurs : Odile Maufras MN1011 Us et faits : 1007, MR1007, 1025, MR1025, 1029, VT1029, 1035, 1036, 1039, 1040, 1049, 1051 Type : croquis sur relevé de coupe Description. croquis des différentes unités de construction enregistrées sur la coupe de la coursive. Les observations sont reportées approximativement sur fond de relevé de l'aménageur. Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4 Auteur
s
:
Marie Rochette
170
* Rapport de
diagnostic MN1012 Us et faits : 1025,
MR1025, 1026, MR1026, 1027, MR1027, 1032, MR1032 Type : croquis sur relevé d'élévation
Description. croquis des unités de construction enregistrées sur le
mur
occidental de la cour. Les
observation
s sont reportées
approximativement
sur
fond
de relevé de l'aménageur. Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4 Auteurs :
Odile Mau
fras MN1014 Us et faits : 1007, MR1007, 1008, mR1008, 1029, 1030, MR1030, 1031, 1032, MR1032, 1034, ES1034,1037, 1038 Type : croquis sur relevé de plan
Description. c
roquis
des
unités de construction enregistrées au rez-dechaussée. Le croquis est fait sur le relevé de l'aménageur. Échelles : 1:100 Support : papier végétal A4
Auteur
s :
Odile
Maufras MN
1013
Type : croquis sur relevé de plan
Description. croquis des observations faites
au niveau des caves (banquettes et soupiraux). Le croquis est fait sur le relevé mêtré de l'aménageur.
| 35,452
|
26/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00648661-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,286
| 13,593
|
Micromanipulation robotique en milieu liquide. Michaël Gauthier
Michaël G AUTHIER Chargé Recherche
CNRS
,
FEM
TO-
ST
.
Soutenue, le 26 mai 2011, devant la commission d'examen
: Président : Daniel C OURJON Directeur de recherche CNRS, FEMTO-ST. Rapporteurs : Lionel B UCHAILLOT Directeur de recherche CNRS, IEMN. Etienne D OMBRE Directeur de recherche CNRS, LIRMM. Michel DE M ATHELIN Professeur, Université de Strasbourg. Examinateurs : Nicolas C HAILLET Professeur, Université de Franche-Comté. Philippe L UTZ Professeur, Université de Franche-Comté. Stéphane R ÉGNIER Professeur, UPMC. Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve Antoine de Saint-Exupéry A Marie, plus que jamais Remerciements Ces travaux de recherche ont débuté en 2003 dans le "Laboratoire d'Automatique de Besançon - LAB" dirigé par Alain Bourjault, devenu le département "Automatique et Systèmes MicroMécatroniques - AS2M" de l'institut FEMTO-ST, département dirigé de 2007 à 2011 par Nicolas Chaillet. Je tiens à adresser, en tout premier lieu, mes plus sincères remerciements à Nicolas Chaillet avec lequel j'ai eu la chance de travailler en étroite collaboration durant toutes ces années. J'ai appris pas à pas avec lui le metier de scientifique, fort de sa vision de notre discipline et de notre métier alliée à des qualités humaines remarquables. Les travaux présentés ci-dessous ont pu voir le jour en grande partie grâce à toi, Nicolas. Je n'oublie pas Alain Bourjault qui dirigeait le LAB lors de mon recrutement au CNRS et qui a fortement contribué au développement de la microrobotique en France. J'exprime ma gratitude à Monsieur Lionel Buchaillot, Directeur de recherche CNRS à l'IEMN ; à Monsieur Etienne Dombre, Directeur de recherche CNRS au LIRMM et à Monsieur Michel De Mathelin, Professeur à l'Université de Strasbourg, pour m'avoir fait l'honneur de rapporter ce manuscrit. Je tiens à remercier Monsieur Daniel Courjon, Directeur de Recherche CNRS, pour avoir accepté de présider ma soutenance. Je remercie chaleureusement Stéphane Régnier et Pierre Lambert pour les nombreux échanges scientifiques, les collaborations, ainsi que pour leurs qualités humaines. Je ne compte plus les discussions animées et approfondies à Paris, Bruxelles ou Besançon
autour des phénomènes du micromonde et des moyens de micromanipulation qui nous ont enrichis (et nous enrichirons encore, je l'espère) mutuellement. Je tiens évidemment à remercier l'ensemble de mes collègues du département et plus largement de l'institut FEMTO-ST, pour l'excellente ambiance dans laquelle nous avons travaillé durant ces années. Parmi eux, je remercie tout particulièrement Philippe Lutz, responsable de l'équipe de recherche SAMMI pour l'animation de celle-ci qui a fortement contribué à la qualité de mon environnement de travail, et également Emmanuel Piat qui a soutenu mon recrutement au CNRS et avec qui j'ai co-encadré ma première thèse. 1 1 2 3 4 7 7 9 13 15 15 16 19 19 20 20 22 26 28 29 29 31 34 35 37 41 43
3
Modélisation du
comportement des micro
-objets
3.1 Forces prépondérantes dans un milieu liquide............... 3.1.1 Impact du milieu liquide sur les forces à distance......... 3.1.2 Impact du liquide sur la force de pull-off.............. Contexte : la micromanipulation
2.1
Introduction...............
................
2.2 Micromanipulation et positionnement sans contact.........
2.2.1 Utilisation de pinces optiques................. 2.2.2 Exploitations des forces électrostatiques........... 2.2.3 Utilisation des forces magnétiques.............. 2.2.4 Lévitation acoustique..................... 2.3 Micromanipulation et positionnement avec contacts......... 2.3.1 Pinces à doigts de serrage................... 2.3.2 Préhension par changement de phase............. 2.3.3 Préhension par dépression................... 2.3.4 Manipulation par adhésion.................. 2.3.5 Exploitation de la tension de surface en micromanipulation 2.4 Synthèse et proposition d'étude du milieu liquide...... ....
Conclusion.
................................. 52 55 56 56 61 64 69 72 72 75 77 79 79 80 84 86 86 86 88 92 94 94 95 98
5 Etude des cellules de micro-assemblage
5.1 Robots porteurs pour la micromanipulation................ 5.1.1 Identification des défauts par vision................ 5.1.2 Identification des défauts par capteurs de contact (AFM).... 5.1.3 Robot à actionnement capillaire.................. 5.2 Démonstrateurs de stations de micromanipulation et de micro-assemblage 5.2.1 Conception des micro-objets à assembler.............. 5.2.2 Exemples d'applications....................... 5.2.3 Valorisation du micro-assemblage : la start-up Percipio-Robotics Conclusion.....................................
99 99 99 103 105 108 108 110 114 116
6 Conclusion et perspectives
6.1 Conclusion............................ 6.2 Perspectives scientifiques................. .... 6.2.1 Automatisation de l'assemblage des déca-micro-objets 6.2.2 Exploration de l'assemblage dans l'iso-micro-monde. 6.2.3 Manipulation haute-vitesse des cellules biologiques.. 124
..............................
iii 6.3 Et quelques réflexions........................... 125 ANNEXES
129 A Curriculum vitae 129 B Publications personnelles 135 C
Modèle
s de la double couche électrique 141 Bibliographie 143 Table des figures 1.1 1.2 1.3
1.4 Exempl
es
de
ruptures
physiques
et
technologiques entre les micromondes Structuration de mon activité de recherche................ Evolution des travaux collaboratifs au cours du temps..........
Micro
-vache assemblée "Maghi"....................... v
4 10 14 17 20 21 21 22 23 24 25 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 34 35 36 37 37 38 39 40
vi
2.26 Stratégie de
manipulation par
ca
pillarité des
billes
de
roulement
d'une
montre [119] (École Polytechnique Fédérale de
L
ausanne,
Suisse
). 2.27 Positionnement de mon domaine d'étude parmi les
approch
es
robot
iques actuelles. 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 3.10 3.11 3.12 3.13 3.14 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 Profils schématiques d'énergie d'interaction. Domaine de la fluidique en fonction des dimensions d'objet considérées. Exemple de structures d'électrodes permettant la manipulation sans contact de micro-objets par diélectrophorèse. Illustration des comportements spécifiques des micro-objets en micromanipulation sans contact. Molécules et procédés de dépôt utilisés pour la fonctionnalisation de surface Courbe force-distance pour la fonctionnalisation APTES d'une surface en fonction du pH du milieu. Déformation de Hertz entre un plan et une sphère. Comparaison entre la force de van der Waals entre deux objets considérés rigides et la force déformée de van der Waals. Structuration de surface par dépôt auto-assemblé de bille de polystyrène réalisée par l'institut EMPA en Suisse dans le cadre du projet intégré européen HYDROMEL. Forces théoriques et mesurées d'adhésion entre une sphère de silice de rayon 5 μm et un plan nanostructuré avec des billes de polystyrène de rayon r2. Configurations types des tranducteurs fluidiques capillaires. Evolution de la hauteur de la bulle en fonction de la variation de volume. Dans le cas d'un réservoir important, l'instabilité apparaı̂t au point I. Système de mesure de microforce sur des contacts plan-plan. Exemple de résultats expérimentaux obtenus par la plateforme de mesure. Résumé de la stratégie de commande. Représentation de la prise en compte des deux fréquences d'échantillonnage : Tc de la caméra et T
de la commande. ′ Modification de la consigne wi,j en fonction de la position x0,j et de la trajectoire souhaitée wi,j. Evolution de la position du micro-objet commandé par la commande GPC et un correcteur PI en réponse à une consigne sinusoı̈dale d'une période de 2.5ms, et d'une amplitude de 25 μm. Illustration du comportement du système bouclé dans la zone non linéaire : réponse à une consigne sinusoı̈dale d'amplitude 130 μm et de période 100ms considérant une période d'échantillonnage Tc = 2, 5 ms. Lâcher actif d'un micro-objet en verre par diélectrophorèse. Princip
e
du système de micromanipulation par changement de phase immergé. Dispositif expérimental de préhension par changement de phase immergé 40
41 48 53 57 60 62 62 65 66 67 68 69 72 74 75 80 82 83 84 85 85 87 87 vii 4.9 4.10 4.11 4.12 4.13 4.14 4.15 4.16 4.17 4.18 4.19 4.20 4.21 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9
5.10 5.11 5.12 5.13 5.14 5.15 Variation de la température sur l'organe terminal du préhenseur : (a) prérefroidissement, (b) refroidissement local de l'eau, (c) gel de l'eau et croissance de la glace, (d) fonte de la glace. Micromanipulation d'un composant en silicium de dimensions 600 × 600 × 100 μm3 avec le préhenseur à changement de phase immergé. Problème thermique analysé. Circuit thermique représentant le problème thermique spécifié
figure 4.11 Géométrie de la callote de glace sur le préhenseur. Circuit thermique non linéaire représentant la croissance de la glace sur le préhenseur. Circuit thermique représentant le comportement thermique du micropréhenseur. Principe de préhension active avec un levier AFM en utilisant une variation de pH et des objets fonctionnalisés. Comparaison de la phase de lâcher à deux pH différents sur des billes de 20 à 40 micromètre de diamètre. Saisie et lâcher d'une bille de verre de 50 micromètres de diamètre en utilisant un levier en silicium fonctionnalisé par APTES. Principe de prise et de dépose hybride entre préhenseur à deux doigts de serrage et préhension par adhésion. Organes terminaux en silicium. La rugosité de la zone de préhension est visible dans l'encadré. Opération de prise-dépose d'un objet de taille 40 × 40 × 5μm3. 3DOF Planar Robotic System Studied. Trajectoire d'un point de la
motorisé lors d'une rotation de 360°. Identification des paramètres et simulation de la correction des défauts. Repères utilisés dans la calibration partielle du robot de mesure de force. Repères physiques réalisés sur le substrat. Relevés expérimentaux illustrant la calibration partielle du robot de mesure de force. Représentation tridimensionnelle du principe d'une table à actionnement capillaire. Evolution de la force appliquée sur la table en fonction de la distance entre le plan et la table (gap). Exemple de fonctionnement d'un prototype de table à trois degrés de liberté actionnée par des bulles de gaz. Vue au microscope électronique de l'amorce de rupture. Exemples de micro-objets réalisés. Principe de l'étude de l'intéraction entre les bactéries et les minéraux. 89 89 90 91 91 92 93 93 94 95 96 96 101 102 102 103 104 105 106 107 107 110
110 111
111
113 viii 5.16 Exemple d'assemblage d'objets tests possédant un verrou mécanique..
113 5.17 Perspective industrielle des travaux de micro-assemblage : la société PercipioRobotics (www.percipio-robotics.com)................... 114
Liste des tableaux 1.1 Bilan des thèses co-encadrées........................ 11 3.1 3.2 Valeurs de constantes de Hamaker A × 10−20 J [155]...........
Masse volumique et viscosités de l'eau et de l'air dans les
conditions
normales
[24]................................... Constantes diélectriques et conductivités électriques de l'air et de l'eau. Principe de la modification des charges électriques sur des surfaces fonctionnalisées par changement de pH..................... Influence du pH sur la force de pull-in et de pull-off obtenue avec une poutre de raideur 0.3 N/m pour des interactions entre une surface fonctionalisée APTES et une bille en SiO2 non fonctionalisée ainsi qu'entre une surface et une bille toutes deux fonctionalisées APTES....... 3.4 3.5 5.1 Comparaison entre
les
différent
es techniques 'extraction de composants d'un wafer...
Chapitre 1 Introduction
Au delà d'une courte entrée en matière sur le contexte général de mes travaux portant sur l'étude des stratégies de micro-assemblage, cette introduction vise à présenter les différentes facettes de la structuration de mon activité. L'enchainement des problématiques scientifiques étudiées et la construction des collaborations seront ainsi synthétisés et complétés par la présentation des activités de diffusion de la connaissance et d'enseignement liées à mes travaux de recherche. Enfin, j'exposerai les trois étapes de la démarche scientifique mise en oeuvre lors de l'étude des stratégies de micro-assemblage et sur laquelle repose la structure de ce document : la modélisation du comportement des micro-objets (Chapitre 3), l'étude des stratégies de micromanipulation (Chapitre 4), l'étude des cellules de micro-assemblage (Chapitre 5). 1.1 La micromanipulation est l'ensemble des moyens qui visent à réaliser la manipulation d'objets de taille comprise entre 1 mm et 1 μm. Le domaine de travail de la micromanipulation est couramment appelé micromonde. Cet ensemble est défini en comparaison avec le "macromonde" qui est l'ensemble des objets dont la taille est supérieure à 1 mm. L'appréhension de ce domaine ne peut s'effectuer par simple homothétie des systèmes existants dans le macromonde, et nécessite une description particulière. La miniaturisation d'un principe peut s'avérer complexe dans la mesure où l'ensemble des phénomènes physiques qu'il met en oeuvre peuvent ne pas évoluer de façon identique lors de la réduction d'échelle. Si, par exemple, on réduit de manière homothétique une guitare, vous obtiendrez une nouvelle guitare donc la gamme de notes a glissé dans les aigus. La fréquence de résonance de la corde augmente en effet lorsque l'on diminue les dimensions de celle-ci. Obtenir une guitare de petite taille ayant la même gamme de note qu'une taille conventionnelle nécessiterait une reconception totale de l'instrument. Il est en de même de la plupart des fonctionnalités d'un système, qui sont modifiées lors de la réduction d'échelle. L'impact de la modification d'échelle sur les phénomènes physiques est couramment appelé "effet d'échelle".
Chapitre 1
Les phénomènes physiques prédominants à l'échelle du mètre comme le poids ou l'inertie sont majoritairement volumiques, c'est à dire qu'ils sont directement proportionnels au volume de l'objet considéré. Ainsi, entre un cube d'acier possédant une l arête l de un centimètre et un cube d'arête l′ = 10 dix fois inférieur, la dimension caractéristique a été divisée par 10, tandis que sa masse passe de 7,9 grammes à 7,9 milligrammes et a été divisée par ( ll′ )3 = 103. Certains effets physiques, en général moins bien connus par le grand public, ne sont pas volumiques comme par exemple la force de tension de surface. Celle-ci est de type linéique, son évolution est donc proportionnelle à l'échelle considérée. Ainsi, la tension de surface d'un cube de coté l est directement proportionnelle à cette longueur. Pour un cube de dimension dix fois inférieure l′, la force de tension de surface est elle aussi divisée uniquement par ll′ = 10. Cet effet diminue par conséquent beaucoup moins rapidement que le poids lors d'une miniaturisation. 1.1.1 Les micromondes
L'impact des avancées en robotique de manipulation à l'échelle des micro et nanotechnologies s'appréhende en mesurant initialement le fossé dimensionnel qu'il existe entre le nanomètre et le millimètre, couvrant six ordres de grandeur. Les niveaux de performances des robots industriels et académiques dépendent fortement de l'échelle considérée parmi ces six ordres de grandeur qui représentent tous des problématiques scientifiques et technologiques propres. Il est également nécessaire de distinguer la résolution de fabrication, comme la taille d'un transistor qui se mesure en dizaines de nanomètres et la taille du composant électronique final qui lui est typiquement de quelques centaines de micromètres. Ainsi, bien que l'industrie de la micro-électronique soit capable de réaliser des transistors à des échelles typiques de quelques dizaines de nanomètres, les plus petits composants électroniques sont d'un encombrement mille fois plus grand, de l'ordre de la centaine de micromètres. Par défaut dans ce document, la taille caractéristique d'un objet fait référence à son encombrement général et non à sa précision de réalisation ou à la taille des détails qui le composent. La notion de micromonde habituellement portée au singulier tend à penser à tort qu'il existe une uniformité de comportement, de problématiques scientifiques et d'avancement de l'état de l'art sur cet ensemble d'objets répartis sur trois ordres de grandeur dimensionnels. En réalité, la réduction d'échelle d'une scène de manipulation est confrontée à plusieurs ruptures d'ordre technique ou physique. Il convient donc de parler de "micromondes" au pluriel et de définir à minima trois zones dimensionnelles symboliquement basées sur les trois ordres de grandeur considérés. Il est à noter que le point de vue faussé d'un micromonde mono thique est directement lié à l'absence de préfixes caractérisant les exposants 10−4 et 10−5 situés entre les préfixes milli et micro. Je propose par conséquent de mettre en lumière les différents micromondes en utilisant les qualificatifs suivants : 1.1 Contexte général 3 – hecto-micromonde, pour les micro-objets de taille caractéristique supérieure à 100 μm ; – deca-micromonde, pour les micro-objets de taille intermédiaire située entre 10 μm à 100 μm ; – iso-micromonde, pour les micro-objets situés dans la plus faible zone dimensionnelle entre 1 μm à 10 μm. Cette notation peut d'ailleurs être étendue aux nanomondes dont l'étude est confrontée aux mêmes difficultés d'appréhension. Quelques exemples de ruptures technologiques sont présentés en figure 1.1. 1.1.2 positionnement robotique et auto-positionnement
Il existe classiquement deux voies pour réaliser des assemblages dans les micro et nanomondes que sont : l'auto-assemblage et l'assemblage robotique. Le positionnement final de l'objet en auto-assemblage est défini par un minimium d'énergie potentielle (point stable) d'un phénomène physique tel que la gravité, les tensions de surface ou les forces électrostatiques. La génération dans l'espace d'un grand nombre de points stables permet de réaliser des assemblages de manière massivement parallèle. Toutefois, l'effort généré pour déplacer l'objet vers un point stable est faible comparativement aux efforts engendrables par un préhenseur robotique, et ne peut être exploité pour des actions complexes d'assemblage tel que des insertions ou des clipsages. Les différentes approches peuvent être retrouvées dans les ouvrages de référence et articles des équipes de G. M. Whitesides [138, 139, 186], K. Böhringer [18, 137] ou J. A. Pelesko [146]. L'assemblage robotique dont relève la majorité des travaux présentés dans ce document est basé sur l'utilisation d'un préhenseur dont la position est commandée à l'aide d'un robot
4 Chapitre 1 1μm 10μm Iso‐micro‐objet 1mm 100μm Deca‐micro‐objet Hecto‐micro‐objet Prédominance des effets de surface Microfabrication Imagerie électronique Fabrication mécanique Imagerie optique
Figure 1.1 – Exemples de ruptures physiques et technologiques entre les micromondes porteur. Les opérations de micromanipulation sont alors réalisées de manière séquentielle mais les trajectoires d'assemblage sont facilement reprogrammables et les efforts de blocage supérieurs à la méthode précédente. Cette approche est de loin la plus utilisée en industrie dans l'hectomicromonde, y compris pour des opérations d'assemblage à haute
cadence comme le packaging de composants électroniques qui peut atteindre des cadences de 48000 opérations par heure. Bien que l'approche par auto-assemblage apparaisse séduisante, elle peine à s'imposer dans l'environnement industriel du fait des difficultés de réglages de ces méthodes et des efforts faibles de blocage. La suite de ce document porte sur la description de contributions à la micromanipulation et au micro-assemblage en prenant le parti pris de la robotique. 1.1.3 Spécificités des micromondes
Cette section présente les spécificités du comportement des micro-objets et des fonctions robotiques dans les micromondes
. Comportement des micro-objets
Lorsque l'on décrit l'impact de l'effet d'échelle sur les tâches de micromanipulation, le premier exemple traité habituellement est la particularité du comportement des microobjets. Plus l'échelle diminue, plus l'impact des forces surfaciques et linéiques sur l'objet est croissant. Les tensions de surfaces, les effets d'adhésion et les forces électrostatiques sont des effets couramment négligés à l'échelle humaine et qui sont à considérer dans les micromondes. Ils sont particulièrement prépondérants sous une limite de 100 μm et induisent des collages entre les objets et les préhenseurs ou encore des déplacements 1.1 Contexte général 5 rapides dus à la faible inertie (volumique) des micro-objets. La modification de ces comportements nécessite une adaptation des méthodes robotiques de manipulation. La présentation exhaustive des forces à considérer et des comportements des microobjets dans un milieu liquide fait l'objet du chapitre 3 de ce document et n'est, par conséquent, pas détaillée ici. De plus, l'impact de l'effet d'échelle sur le comportement des micro-objets dans l'air est décrit régulièrement dans la littérature scientifique portant sur la micromanipulation comme dans les livres suivants : [73, 153, 154].
Mesure des positions et des forces
La mesure de la position des objets manipulés et/ou de la position des organes terminaux ainsi que la mesure de la force appliquée lors d'une tâche de micromanipulation sont des opérations particulièrement difficiles à réaliser dans les micromondes. La mesure de la position des micro-objets est très couramment obtenue en utilisant des dispositifs vision, parce que les moyens conventionnels de mesure ne peuvent pas être utilisés sur ces objets de taille trop petite. Deux moyens sont utilisés : (i) le microscope photonique, (ii) le microscope électronique à balayage (MEB). Les deux dispositifs sont en mesure de visualiser des micro-objets d'une taille de 1 micromètre à 1 millimètre. Les particularités du microscope photonique à ces échelles portent sur : – la faible profondeur de champ, – le champ de vue extrêmement réduit, – la forte sensibilité à l'éclairage. L'étude de la mesure de position de micro-objets lors de tâche robotique en utilisant un microscope photonique doit être réalisée en tenant compte de ces éléments caractéristiques. L'utilisation de la microscopie électronique est un moyen alternatif de mesure de la position des micro-objets. Elle présente l'avantage de posséder une profondeur de champ infinie mais un temps de réponse plus important, de l'ordre de 500 ms. Cet outil initialement développé pour l'imagerie de structures micrométriques n'a pas été conçu pour réaliser des tâches de vision et peu de travaux sur le traitement des flux vidéos issus de MEB sont présentés à ce jour. La mesure automatique de la position tridimensionnelle de micro-objets reste un verrou important à lever pour assurer l'automatisation des tâches de micromanipulation. De manière comparable aux systèmes robotiques de tailles conventionnelles, certaines tâches de micromanipulation nécessitent une mesure et/ou un contrôle de l'effort de manipulation. La mesure de force peut, par exemple, être nécessaire pour : – assurer une force de serrage suffisante sans être excessive pour ne pas risquer d'endommager l'effecteur ou l'objet (tout particulièrement dans le cas d'objets biologiques) ; – contrôler l'effort d'insertion lors d'une opération d'assemblage ; – détecter le contact dont la vue peut être occultée pour le système de vision. L'ordre de grandeur des forces à mesurer est évidemment très dépendant du type d'objets (biologiques, artefacts) et de leur taille caractéristique. Celles-ci sont toute- 6 fois généralement de l'ordre du microNewton au milliNewton. La mesure de la force de manipulation appliquée à un micro-objet est confrontée à l'absence de techniques fiables de mesure de ce niveau de force sur un effecteur robotique. Bien qu'il existe des capteurs multi-axes capables de mesurer des efforts sur ces gammes de force avec une très bonne résolution [79, 91], ceux-ci ne sont pas intégrables sur un organe terminal de micropréhenseur pour des raison d'encombrement. Les aspects technologiques sont aujourd'hui prédominants et freinent l'émergence des solutions piézorésistives, capacitives ou d'autres solutions.
Conception des micro-actionneurs et technologie de réalisation
Le choix de l'énergie d'actionnement, la conception d'un actionneur et les techniques de fabrication disponibles sont également grandement dépendantes de la taille caractéristique de l'actionneur et des performances souhaitées. Ainsi, les actionneurs utilisant des matériaux déformables (bilames thermiques, structures en alliages à mémoire de forme, poutres piezoélectriques) sont particulièrement adaptés aux échelles microscopiques puisque non perturbés par des frottements mécaniques comme dans les systèmes conventionnels. L'utilisation de matériaux actifs possédant des comportements classiquement non-linéaires et fortement hystérétiques nécessite des travaux particuliers de modélisation de leur comportement et de recherche de méthodes de commande adaptées et robustes. De plus, les contraintes de fabrication spécifiques à ces échelles doivent être nécessairement prises en compte dès le dimensionnement et la conception. Les micro-actionneurs ne peuvent pas être fabriqués à l'aide de procédés classiques (obtention de forme par enlèvement de matière) et les techniques inspirées de la microfabrication électronique ne permettent que l'obtention de structures "2D 21 ". Deux grandes voies sont étudiées : – l'utilisation d'une structure monobloc incluant actionneurs et organes terminaux dans une seule structure indivisible. Ce choix induit de fortes contraintes de microfabrication mais facilite la connectique. – l'utilisation d'une structure assemblée permettant l'utilisation d'organes terminaux et d'actionneurs présentant des incompatibilités de fabrication. Cette méthode plus modulaire, simplifie les processus de fabrication mais pose des problèmes de connectique entre les différents éléments assemblés. De plus, l'étude des micro-actionneurs est rendue difficile par l'absence de "savoirfaire métier" dans le domaine. Les grandes règles de conception valables à l'échelle macroscopique ne sont en effet pas valables à l'échelle microscopique. De manière générale, ces travaux nécessitent une approche pluridisciplinaire à l'interface entre la physique des matériaux, la microfabrication et l'automatique. Enfin, pour la manipulation d'objets possédant une taille micrométrique, le niveau de répétabilité requis des robots est naturellement inférieur au micromètre. Les environnements de travail étant fortement contraints par la fonction de perception actuellement assurée par des systèmes optiques, la dextérité des microrobots de manipulation est un enjeu majeur pour la réalisation de micromanipulation et tout particulièrement de micro-assemblage.
Contrôle de l'environnement Le comportement
des actionneurs actifs et des
micro
- s étant fortement dépendant des conditions environnementales (température et humidité dans l'air - température et composition chimique dans un liquide, vibration), le contrôle de l'environnement est nécessaire pour fiabiliser un processus automatique de micromanipulation.
Synthèse
La conception d'un robot de micromanipulation est soumise à des contraintes nouvelles qui diffèrent de celles de la robotique conventionnelle. De manière synthétique, un robot de micromanipulation doit : – intégrer des moyens de mesure innovants ; – posséder des actionneurs performants à ces échelles et intégrant les contraintes de fabrication spécifiques à ces échelles ; – mettre en oeuvre des stratégies de micromanipulation adaptées aux comportements des micro-objets ; – évoluer dans un environnement contrôlé ; – posséder des répétabilités submicrométriques et une dextérité suffisante pour réaliser des tâches de micro-assemblage. 1.2 Structuration de l'activité
L'objectif général de mes travaux de recherche est l'amélioration de la connaissance du comportement des systèmes aux échelles micrométriques et la proposition de moyens de micromanipulation adaptés à ces spécificités de comportement. Cette partie introductive présente la structuration de mes activités de recherche en utilisant trois angles d'approche différents : 1. les étapes de la démarche scientifique synthétisés autour de trois enjeux ; 2. les objets ou approches étudiés ; 3. le contexte collaboratif. 1.2.1 Etapes de la démarche scientifique
Ma démarche d'analyse peut se décomposer en trois étapes représentant trois enjeux scientifiques : 8
Chapitre 1 – la modélisation du comportement des micro-objets afin d'accroitre les connaissances scientifiques sur les forces d'interactions prédominantes à l'échelle micrométrique ; – la proposition, l'étude et la commande de principes originaux de micromanipulation ou de micropréhension adaptés aux spécificités du comportement des microobjets ; – l'étude des systèmes de micromanipulation et de micro-assemblage dans leur ensemble. Modélisation du comportement des micro-objets
Une des spécificités de l'étude de la micromanipulation et du micro-assemblage repose sur le fait que les modèles de comportement des micro-objets ne sont pas clairement établis, ceci rendant impossible la conception de systèmes de manipulation basés uniquement sur la simulation. Dans certains domaines scientifiques comme la mécanique du contact, l'état des connaissances ne permet pas de prédire les forces d'interaction comme la force d'adhésion. Dans d'autres cas, les mécanismes comme l'effet électrostatique sont très bien connus, mais les conditions aux limites des modèles comme la quantité de charge sur un objet isolant nous sont généralement inconnues. L'avancement de la connaissance sur le comportement des micro-objets par la production de modèles adaptés ou de moyens de mesures de force ou de trajectoires est un axe essentiel pour faciliter la conception de systèmes agissant sur des micro-objets. Ce travail de modélisation est basé sur des modèles physiques, existants pour la plupart, établis à l'échelle du nanomètre ou à l'échelle du millimètre. Il est souvent limité à des géométries simplistes comme des interactions sphère-plan et consiste à établir des comportements couplant généralement plusieurs effets physiques connus la base de ces modèles et de mesures expérimentales. L'établissement des domaines de validité dimensionnels est également d'une importance première afin de construire des modèles réellement représentatifs de l'échelle micrométrique par opposition à l'échelle nanométrique ou millimétrique. La modélisation du comportement des micro-objets nécessite une maı̂trise des conditions limites de surface de nos problèmes physiques (mécanique, électrostatique, etc.) qu'il est difficile d'obtenir expérimentalement du fait de la forte dépendance des effets de surface à l'environnement (oxydation, tribo-électrification, etc.). La conséquence est que les mesures de forces reportées dans la littérature explicitent rarement l'ensemble du protocole de manière suffisamment précise pour pouvoir exploiter les résultats. La maı̂trise de propriétés de surface et l'évolution des protocoles de mesures est un enjeu majeur pour l'établissement de modèles pertinents à ces échelles. 1.2.2 Objets d'étude
Cette section retrace l'évolution des objets d'études depuis mon recrutement au CNRS en octobre 2003. Cet enchainement est synthétisé sur la figure 1.2. Il est à noter que cette figure ne reporte que les personnels temporaires recrutés pour étudier la micro-assemblage en milieu liquide. Pour des raisons de lisibilité, il n'est pas fait mention de mes collègues permanents du laboratoire qui ont évidemment également contribué à cette thématique. Les thèses que j'ai co-encadrées sont synthétisées dans le tableau 1.1. Les aspects collaboratifs seront décrits plus en détail dans la section suivante. La genèse de l'étude du micro-assemblage en milieu liquide est liée à l'expérience acquise lors de mes travaux de thèse et lors du co-encadrement avec Emmanuel Piat de la thèse de M. Dauge (2002-05) [20, 34–37], portant sur la manipulation d'objets biologiques, ayant lieu nécessairement en milieu liquide. Les expériences de validation dans ces travaux étaient effectués sur des objets artificiels dont la manipulation s'avérait plus aisée que dans un milieu aérien. L'idée initiale de proposer de manipuler et d'assembler les micro-objets en milieu liquide plutôt qu'à l'ai libre était née. Au cours de l'année 2004, des études préliminaires ont été ainsi consacrées au démarrage d'une analyse exhaustive des phénomènes physiques présents en milieu liquide à ces échelles (reportée section 3.1 dans ce manuscrit) ainsi qu'à des mesures de forces et
Années Objets d'étude Objets biologiques 03 04 05 07 08 AS CNRS 09 10 11 12 13 M2 LEA μtech Thèse ANR ANR PRONOMIA ANR NANOROL Thèse CONACYT (Mexique) ANR PRONOMIA M2 Dielectrophorèse OSEO Recrutement
tement au CNRS
Figure 1.2 – Structuration de mon activité de recherche
M2 Préhension par glace Soutien à la recherche : ingénierie 2ème phase Thèse (ministère + FEMTO-ST) Modélisation / milieu liquide Préhension par doigt de serrage 06 10 1ère phase Démarrage Etude des robots porteurs Capillarité immergée Maîtrise des surfaces Thèse ministère + ATER UFC ANR PRONOMIA PD FP7 FP7 FAB2ASM incubation PR ANR PRONOMIA IR Aide au transfert (CNRS, UFC) IR ANR IR FP7 ANR PRONOMIA M2 ANR NANOROL IR (ANR +FEMTO-ST) M2 OSEO PD ANR FP7 FAB2ASM Thèse ANR NANOROL Thèse univ. portement dynamique d'un dis- oct 02
Daug
e positif magnétique de micromanipulation : application au trans- position. actuelle UFC 60% Chef de projet à ent. déc 05 privée port d'objets biologiques. Contribution à l'étude de la mi- de Univ. B. cromanipulation robotisée en oct 05 Lopez- milieu liquide : conception et à Walle modélisation d'un système de fév 08 75% Ass. prof. Mexico Univ. Mexique Monterrey Mexique micromanipulation immergée par changement de phase. Study of Microbubbles mechani- de C. cal behavior, application to the oct 05 Lenders design of an actuated table for à micromanipulation in liquid me- Univ. 2 50% Post-doc Libre de Univ. Bruxelles Libre de sept 10 Bruxelles dia. Modélisation et commande de M. Kharboutly la manipulation de micro-objets par diélectrophorèse de oct 07 Univ. ATER Nantes UFC ENSMM 3ème 80% à fév 11 S. 'échelle microscopique 50% - année de thèse
Table 1.1 – Bilan des thèses co-encadrées des essais de manipulation comparant l'environnement aérien et le milieu liquide (essentiellement de l'eau
). Ces premiers résultats
se
sont
avérés
encourageants
montr
ant
une diminution sensible de l'
effet
d'adhésion lors de l'immersion de la
tâ
che de micromanipulation. Les années 2005-06-07 ont donc constitué la première phase de l'étude de la micromanipulation d'objets artificiels, reposant sur l'étude de trois stratégies de micromanipulation : la préhension immergée par glace, l'utilisation de la diélectrophorèse, et l'utilisation de micropince à deux doigts de serrage. La volonté d'expérimenter les solutions dans des conditions réelles de micro-assemblage, a nécessité de nombreux développements technologiques, mobilisant les ingénieurs de l'équipe et un ingénieur contractuel. Ce besoin de soutien technique de haut niveau ne sera d'ailleurs jamais démenti par la suite. L'année 2007 marque un premier tournant basé sur les premiers résultats scientifiques. La préhension par glace apparaı̂t peu fiable puisque son comportement est très dépendant des phénomènes de convection. Le choix est fait d'arrêter ces investiga- 12 Chapitre 1 tions qui se sont conclus avec la thèse de Beatriz Lopez-Walle co-encadrée avec Nicolas Chaillet, septembre 2004 et février 2008. La pertinence scientifique et applicative de l'étude de la diélectrophorèse avait été initialement mise au jour lors de travaux de Master en 2005-06, puis laissée en sommeil. Cette objet d'étude est relancé en octobre 2007 avec la thèse de Mohamed Kharboutly qui a soutenu en février 2011. Lors de la première péri , la préhension par doigt de serrage d'objets en dessous de 100 micromètres a montré un intérêt applicatif dont le transfert commence à être envisagé. De plus, de nouvelles problématiques voient le jour. L'absence d'adéquation entre les modèles physiques actuels portant sur des formes simples (sphère-plan) et nos cas d'études expérimentaux (petites surfaces planes micrométriques), me pousse à accentuer ma réflexion sur la modélisation des comportements en milieu liquide. Le rapprochement avec l'Université Libre de Bruxelles basée sur une expertise complémentaire entre l'exploitation des forces capillaires pour la micromanipulation (ULB) et la micromanipulation en milieu liquide (FEMTO-ST), se fait par le biais de la thèse Cyrille Lenders démarrée en 2005 sur l'utilisation des forces capillaires en milieu immergé. Je suis rentré dans l'encadrement de cette thèse avec le démarrage de la convention de co-tutelle entre l'UFC et l'ULB en octobre 2007 et celle-ci a été soutenue 1 en septembre 2010. La forte variabilité des mesures de forces a montré un besoin d'améliorer la maitrise des surfaces pour fiabiliser nos stratégies de micromanipulation dont l'investigation initiée en 2007, sera dynamisée avec l'arrivée d'un post-doc, chimiste de formation, en 2008. Enfin, les travaux réalisés entre 2003 et 2007 ont montré l'importance de la conception et de la commande des robots porteurs sur la réalisation d'une tâche de micro-assemblage dont l'étude démarre en 2007. Les années 2008-09 ont été consacrées à la mise en oeuvre et à la consolidation des axes scientifiques initiés en 2007. Cette période est caractérisée tout particulièrement par la montée en puissance d'une action de transfert de technologie du savoir-faire dans le domaine de la manipulation à deux doigts de serrage porté par David Hériban, ingénieur en CDD de 2005 à 2008. L'incubation de la future société Percipio Robotics a démarré en 2009 et s'est concrétisée par la création de la société en janvier 2011. L'année 2010 marque enfin un deuxième tournant lié aux avancées majeures en microassemblage auxquelles la communauté française a grandement contribué pour les objets de tailles supérieures à 10 micromètres. Mon orientation stratégique actuelle consiste à se reporter sur l'étude des objets dont la taille est située dans un "espace vierge" entre micro et nanomanipulation de taille caractéristique entre 100 nm et 10 μm. Cette évolution reposera sur la poursuite des travaux en diélectrophorèse et sur la maı̂trise des surfaces nécessaire à une échelle inférieure, dont la pérennité est déjà assurée squ'en 2012. L'étude des robots porteurs que je n'ai pas souhaitée continuer personnellement est désormais menée dans le cadre d'une thèse dont l'encadrement est assuré par deux 1. La thèse de Cyrille Lenders a duré effectivement 5 ans avec les 3 dernières années en co-tutelle. Cette durée, plus longue que les standards français est conforme aux standards belges du fait de la charge d'enseignement importante du candidat liée à son statut d'assistant à l'ULB. 1.2 Structuration de l'activité 13 autres collègues de l'institut. 1.2.3 Contexte collaboratif
Mes activités collaboratives ont été exercées majoritairement dans le cadre de projets nationaux ou européens. Quatre projets d'envergure ont tout particulièrement été le cadre de mes travaux : – le projet ANR PRONOMIA (2005-09) qui concernait le coeur de mon activité puisque ciblé sur l'étude de la micromanipulation en milieu liquide. Ce projet que j'ai co-animé avec Nicolas Chaillet a été l'occasion de renforcer les collaborations naissantes (en 2005) avec l'institut ISIR ; – le projet ANR NANOROL (2008-12) que j'anime concerne l'étude de la modélisation du comportement des micro-objets, il est la continuité d'une partie des activités du projet PRONOMIA. L'objectif est l'étude et la réalisation d'une plateforme de caractérisation du micromonde ; – le projet intégré européen FP6 HYDROMEL (2006-10) dont l'objet est d'étudier des approches d'assemblage alliant auto-assemblage et assemblage robotique. Ce projet a été l'occasion de financer les travaux sur la fonctionnalisation de surface par couches moléculaires auto-assemblées pour l'assemblage robotique. Il a également permis de collaborer avec l'institut suisse EMPA 2 sur la structuration des surfaces des micropréhenseurs ; – le projet européen FP7 FoF FAB2ASM (2010-2013) pour lequel j'ai participé activement au montage et dont j'assure l'animation d'un sous-projet. Ce projet porte sur l'étude de stratégies innovantes de packaging de microcomposants électroniques et est l'occasion de se confronter à l'état de l'art industriel en micro-assemblage. Il est issu d'une volonté personnelle de mieux comprendre les contraintes de l'industrie mais également de poursuivre deux axes majeurs que sont les travaux en diélectrophorèse et en alisation de surface. La description exhaustive des projets que j'ai pilotés ou auxquels j'ai participé est reportée dans mon CV, annexe A, page 129. Les actions collaboratives sont représentées sur la figure 1.3. Elle répertorie l'évolution des actions collaboratives au cours du temps avec les différents partenaires. J'ai classé les actions en trois catégories représentant trois étapes de l'évolution d'une collaboration : – la première étape est caractérisée par des réflexions scientifiques communes permettant d'identifier des problématiques originales qui pourront être développées par une collaboration plus approfondie ; 2. Swiss Federal Laboratories for Materials Science and Technology, Thun, Suisse 14 Chapitre 1 – la deuxième étape porte sur la réalisation de premiers travaux scientifiques collaboratifs qui n'ont pas donné lieu à une publication commune. ICS ISIR EPFL(CH) IMEC(B) UTINAM KNT(DE) EMPA(CH) CHU ENS-Lyon dept MN2S FEMTO-ST ULB(B) EPFL(CH) Activités donnant lieu à publication commune Collaborations ne donnant pas lieu à publication commune Réflexions scientifiques pluripartenaires Réflexions scientifiques communes
Figure 1.3 – Evolution des travaux collaboratifs au cours du temps.
1.3 Enseignement et diffusion des connaissances
Dans la suite de mes activités de thèse et au cours de l'encadrement de la thèse en manipulation d'objets biologiques de M. Dauge, des travaux ont été menés en interaction avec le CHU de Besançon (manipulation d'ovocytes) et avec l'ENS-Lyon (manipulation de fragments de minéraux à proximité de bactéries). Rapidement, l'équipe projet "MAP Manipuler Analyser et Percevoir les échelles micro et nanoscopiques" de Stéphane Régnier de l'institut ISIR s'est imposée comme le partenaire privilégié pour mener à bien l'étude de la micromanipulation et du microassemblage en milieu liquide. Avec deux projets ANR en commun et une thèse coencadrée, la collaboration fructueuse avec ce partenaire ne s'est pas interrompue depuis 2003. En 2005, les expérimentations conjointes menées sur le site du LSRO à l'EPFL n'ont pas été probantes et n'ont pas donné lieu à publication. Ce contact a toutefois été réactivé lors de l'écriture du livre "robotic microassembly" dont j'ai assuré l'édition avec Stéphane Régnier de l'ISIR [73]. Ce travail d'écriture avec six collègues internationaux a favorisé une réflexion scientifique sur le micro-assemblage et tout particulièrement avec l'institut AALTO avec lequel nous avons démarré le projet européen FAB2ASM à la suite du livre. Ce projet créé des liens la robotique de micromanipulation et le packaging de microcomposants électroniques : les premiers échanges d'échantillons avec l'institut belge IMEC annoncent des recherches fructueuses. Une autre source de collaboration a été le consortium du projet européen Hydromel. Il a permis la rencontre de l'institut suisse EMPA avec lequel nous avons travaillé sur la maı̂trise des propriétés de surface et qui nous a également rejoint dans le projet FAB2ASM. Il a également permis d'identifier un intérêt commun avec la société KNT en Allemagne lié à notre savoir faire en fonctionnalisation de surface. De premiers essais probants ont été réalisés et apparaissent encourageants. D'autres travaux ont été initiés hors du cadre d'un projet formalisé. C'est le cas du démarrage des activités collaboratives avec l'Université Libre de Bruxelles qui s'est concrétisé en 2007 par l'encadrement d'un doctorant en co-tutelle. C'est également le cas des collaborations avec le département MN2S de l'institut FEMTO-ST (W. 1.3 1.3.1 Enseignement et diffusion des connaissances Enseignement
Les enseignements que j'ai effectués au cours les dernières années portent sur la transmission de connaissances liées aux activités de l'équipe de recherche SAMMI de l'institut FEMTO-ST, représentant un spectre un peu plus large que mes strictes activités scien3. Bien qu'homonyme, il n'existe pas de liens de parenté connus à ce jour entre nous. itre 1 tifiques. L'évolution des connaissances en micromanipulation et micro-assemblage au cours des dernières années a engendré la construction progressive d'un corpus scientifique spécifique à ce domaine de recherche. Elle s'est accompagnée d'une transition sur la nature de l'enseignement de cette jeune discipline en passant d'un enseignement de culture générale à la transmission de savoir-faire. Concrètement, l'enseignement est passé de cours magistraux présentant l'état de l'art des technologies à des séances de Travaux Dirigés (TD) permettant d'illustrer, par le calcul, des propriétés singulières du micromonde identifiées lors des travaux de recherche. L'écriture du livre "La microrobotique, application à la micromanipulation" [133, 134] avec l'ISIR et l'ULB a également été une occasion d'uniformiser nos connaissances et nos points de vue entre ces trois instituts et de partager et d'améliorer les rares exercices que nous possédions en 2006. Pratiquement, j'interviens majoritairement dans trois établissements au niveau Master 2 ou Master 1 (voir CV en annexe A) : – l'Université de Franche-Comté (UFC) ; – l'Ecole Nationale Supérieur de Mécanique et Microtechnique (ENSMM), Besançon ; – l'Ecole d'Ingénieur en Génie des Systèmes Industriels (EIGSI), La Rochelle. A l'Université de Franche Comté, mes cours portent sur les méthodes d'assembl et de packaging dans les microtechniques (12 heures par an). J'ai participé activement au montage de deux platines de TP sur la mise en oeuvre d'actionneurs piezo-électriques et alliage à mémoire de forme représentant 8 heures de TP. J'interviens également dans le master européen EU4M avec un cours de 6 heures sur les mécanismes compliants qui sont couramment utilisés en microtechniques. A l'ENSMM, j'effectue 8 heures de cours par an sur la micromanipulation, orientés vers la manipulation d'objets biologiques dans l'option 'Microsystèmes et Santé" de l'école. Mon intervention à l'EIGSI consiste en une sensibilisation aux micro-actionneurs dans un temps très court de 6 heures regroupant un cours introductif et un ensemble de TP basé sur les données expérimentales des plateformes de TP de l'UFC. 1.3.2 Diffusion et vulgarisation
La diffusion des connaissances s'est formalisée autour de différentes actions : (i) la participation au club sciences et citoyen du CNRS à Besançon, (ii) la participation aux opérations de parrainage une classe un chercheur avec des classes de seconde du Lycée Nodier de Dole, (iii) l'animation de trois sujets de TIPE en classe préparatoire et (iv) la participation active au salon industriel MICRONORA en 2008 et 2010. A cette occasion, 1.3 Enseignement et diffusion des connaissances 17 l'assemblage de notre microvache "Maghi 4 "" a été une occasion de sensibiliser le grand public au micro-assemblage durant le salon de 2008 avec une large couverture médiatique (voir figure 1.4) [97].
Figure 1.4 – Micro-vache assemblée "Maghi".
Conclusion du chapitre
Cette introduction s'est focalisée sur la présentation de la structure générale des travaux reportés dans ce manuscrit regroupant les descriptions des étapes de la démarche scientifique, de l'évolution des objets d'étude et du développement des actions collaboratives. Le deuxième chapitre porte sur une synthèse de l'état de l'art et le positionnement international de mes travaux. La suite du document est structurée autour des trois étapes génériques de la démarche d'étude. La modélisation du comportement des micro-objets sera présentée dans le chapitre 3, les stratégies de micromanipulation proposées sont reportées au chapitre 4, pour ouvrir vers l'étude des cellules de micro-assemblage dans le chapitre 5. Un dernier chapitre de conclusion et de perspectives clôture ce document. Contexte : la micromanipulation
L'objet de ce chapitre est d'exposer le contexte et l'état de l'art des études de micromanipulation. Les méthodes actuelles de manipulation et positionnement de micro-objets sont répertoriées autour de deux catégories : les méthodes sans contact relevant d'une approche bottom-up et les méthodes avec contact s'inscrivant dans une démarche top-down. Cette analyse est la base de la proposition de réalisation des opérations de micromanipulation dans un milieu liquide qui constitue le coeur de la proposition scientifique développée dans ce document.
2.1 Introduction
Les stratégies de préhension peuvent être classifiées suivant deux types : – les solutions sans contact comme les pinces optiques, les systèmes à diélectrophorèse ou les pinces magnétiques qui présentent l'avantage de ne jamais créer de contact entre l'effecteur et l'objet annulant ainsi l'effet d'adhésion. Les forces de blocage sur les micro-objets sont toutefois faibles et ces procédés sont souvent limités à une classe restreinte de matériaux en termes de formes et de propriétés physiques ; – Les solutions de préhension par contact comme les préhenseurs capillaires, les préhenseurs à gel, les micropinces ou les préhenseurs par adhésion permettent la manipulation d'un grand nombre de matériaux et de formes de micro-objets. Ils sont également capables d'engendrer une force importante pouvant être intéressante par exemple dans le cadre d'une opération d'insertion pour un micro-assemblage. Ces principes sont en général perturbés par les effets d'adhésion et des stratégies innovantes de lâcher doivent être développées pour assurer une relâche contrôlée et précise de l'objet. 2.2 2.2.1 Chapitre 2 Micromanipulation et positionnement sans contact Utilisation de pinces optiques
Les pinces optiques utilisent un faisceau laser pour manipuler des micro-objets en utilisant la pression de radiation. Ces pinces optiques fonctionnent sur des objets transparents possédant des indices de réfraction supérieurs aux indices de réfraction du milieu de manipulation. Dans ce cas, les particules sont attirées par la région de plus grande intensité lumineuse. En déplaçant le faisceau laser, il est alors possible de déplacer la particule sans contact direct avec celle-ci. Cette méthode permet ainsi de manipuler des objets allant d'une taille de quelques dizaines de nanomètres à quelques dizaines de micromètres [50, 121, 147]. Le principe de la manipulation de micro-objets par pinces optiques est décrit sur la figure 2.1. Lorsque les rayons lumineux se réfractent à la surface de l'objet, leur chemin lumineux est modifié induisant une pression de radiation sur l'objet. Dans le cas d'un objet non situé au centre du faisceau (voir figure 2.1), la pression de radiation à − sa surface engendre une force dont la composante radiale (suivant → r ) tend à ramener l'objet vers le centre du faisceau. Lorsque l'objet est situé sur l'axe central du faisceau lumineux, la composante verticale de la pression de radiation tend à ramener le centre de l'objet sphérique sur le centre de focalisation. En réalité, les rayons réfléchis induisent une composante de force verticale supplémentaire et la position stable est par conséquent − légèrement décalée du centre de focalisation du faisceau suivant l'axe → z et dépend de la taille du micro-objet. Figure 2.1 – Principe des pinces optiques
La manipulation de plusieurs objets nécessite le déplacement de plusieurs ≪ pièges optiques ≫ dans le champ de manipulation. Cette contrainte peut être obtenue soit en scannant la scène rapidement avec un laser unique, soit en créant une image possédant plusieurs pièges optiques. Le premier principe consiste à utiliser un seul faisceau laser et à déplacer séquentiellement les objets un à un. Le passage du faisceau d'un objet à l'autre s'effectue alors en déplaçant le faisceau laser suffisamment rapidement pour que l'inertie de l'objet le maintienne immobile [10, 159]. Ce principe permet de déplacer les objets suivant les 3 dimensions comme illustré sur la figure 2.2 [9]. L'objet manipulé est déplacé dans le plan horizontal de la vue de la caméra et également verticalement.
2.2 Micromanipulation et positionnement sans contact
21 (a) Position initiale : les deux ob- (b) Position lors de la manipulajets apparaissant nets sont dans le tion : l'objet déplacé est dans le plan focal du microscope plan focal du microscope situé 5 micromètres au-dessus de la bille restée immobile
Figure 2.2 – Manipulation tridimensionnelle de bille de polystyrène de 7 micromètres de diamètre par laser trapping (Department of Bioengineering and Robotics, Tohoku University, Japon)
Le déplacement de plusieurs objets peut également être obtenu en déplaçant simultanément plusieurs pièges optiques. Dans ce cas, des principes optiques particuliers basés sur des techniques holographiques 1 sont utilisés pour structurer la lumière de façon à créer plusieurs pièges optiques [26, 58, 82]. Le déplacement simultané de plusieurs pièges optiques peut être piloté par ordinateur. Ce type de procédé permet de manipuler en parallèle un grand nombre de billes. Une illustration des capacités de ces moyens de micromanipulation est présentée sur la figure 2.3 [26]. Les billes verre d'un diamètre de 1 micromètre sont manipulées sans contact entre une première configuration et une deuxième configuration en 3 secondes (figure 2.3). Figure 2.3 – Exemples de positionnement de billes de verre de 1μm de diamètre à l'aide de la technique HOT (Yale University New Haven, USA). Vidéo disponible sur http ://www.opticsexpress.org/viewmedia.cfm
Chapitre 2
Quelques dispositifs commerciaux permettant la manipulation d'un objet existent comme le ≪ LaserTweezer(R) ≫ de la société ≪ Cell Robotics International ≫, ≪ Palm Microlaser Systems ≫ de la société ≪ PALM MicroLaser Technologies ≫ ainsi que le dispositif ≪ Optical Tweezer systems ≫ de la société ≪ Ellior Scientific ≫. Dans ce paysage industriel, le produit ≪ BioRyx 200 ≫ de la société ≪ Arryx, Inc. ≫ se démarque par l'utilisation de la technique HOT et permet ainsi la manipulation de 200 particules en parallèle [81]. Les forces mises en jeu sont de l'ordre de quelques picoNewtons pour des objets d'un diamètre de l'ordre du micromètre [60, 141]. Ce principe permet de manipuler une grande variété de micro-objets comme des sphères artificielles, des objets biologiques ou des nano-objets comme des nanotubes de carbone [3]. La manipulation directe focalisant le faisceau sur l'objet biologique peut engendrer des destructions. Ce procédé est par conséquent utilisé également pour déplacer les cellules biologiques de manière indirecte par poussée, à l'aide d'un ≪ pousseur ≫ déplacé par pince optique [9, 10]. Les pinces optiques peuvent être utilisées pour des applications de micro-assemblage [94] (voir figure 2.4). Les cellules préalablement fixées à des billes de polystyrène de diamètre 3 μm par une structure moléculaire adéquate, sont déplacées par pince optique en focalisant le faisceau lumineux sur les billes de polystyrène. La bille en polystyrène est mise en contact avec une cellule voisine provoquant un collage moléculaire. La structure présentée figure 2.4 peut ainsi être réalisée.
| 20,981
|
35/hal.archives-ouvertes.fr-tel-01172161-document.txt_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 10,706
| 15,927
|
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange 2.2.3- Polarisation géoéconomique des échanges
La deuxième caractéristique du commerce mondial des produits agricoles est qu'il est fortement polarisé. Les échanges mondiaux de produits agricoles sont largement dominés par les pays de la Triade, avec un poids de plus en plus important des échanges intra régionaux. En 2006, les trois pays de la Triade réalisent 54 % des exportations et 66% des importations mondiales de produits agricoles. Pour la même année, 2006, 15 économies réalisent 83 % des exportations mondiales des produits agricoles et les exportations intra-Union européenne (15) représentent 31,3% des exportations agricoles mondiales
Tableau 1-3 : Exportations des produits agricoles par région (En% des exportations mondiales) Régions Europe occidentale Union européenne (15) Asie Japon Amérique du nord Etats-Unis Amérique latine PECO, Etats Baltes, CEI Afrique Moyen-Orient Monde Source : OMC 2004 et 2007 1995 2006 43.1 40.9 18.4 0.8 19.1 10.8 9.9 4.7 3.7 1.1 100 44.6 42.2 17.6 0.7 16.3 11.3 11.1 5.2 3.6 1.5 100
Pour les pays en développement, leur part dans les exportations agricoles mondiales à chuté de 41 % en 1961-62 à 31.7 % en 1970-72 et 25.4 % en 1990-92.En 1996-97, elle était remontée à 30.7 %, mais ce chiffre est inférieur au résultat d'il y a 25 ans. En 20022003, les exportations agricoles des pays en développement ne représentent qu'à peine 30% des exportations mondiales. En conséquence, la part des pays développés dans les exportations mondiales de produits agricoles est passée de 59 % en 1961-62 à environs 70% en 2002-0336. Cette polarisation du commerce mondial de produits agricoles renvoie, selon Rastoin et Ghersi37 à la théorie de l'oligopolisation et de la divergence, c'est-à-dire de la concentration du pouvoir de marché entre les mains d'un petit nombre de pays et l'apparition de distorsions croissantes au niveau des recettes d'exportation. Mais, il faut aussi signaler que le niveau élevé de la protection agricole dans les pays développés et le soutien important apporté par ces pays à la production intérieure ont entravé la croissance
FAO 2004 J L et Gersi. G . N° 24, octobre novembre 2000, p. 165-185
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange des exportations agricoles des pays en développement. 2.2.4- Le rôle accru des firmes transnationales
Une autre évolution des échanges des produits agricoles tient à la concentration des forces du marché entre les mains de quelques entreprises transnationales. Au niveau international, les grandes firmes multinationales parviennent, progressivement, à dominer les marchés des produits agricoles notamment, ceux des produits transformés et à forte valeur ajoutée. Dans les pays en développement, suite à la suppression des offices et monopoles publics de commercialisation des produits agricoles, les grandes sociétés transnationales, fortement équipées, ont pu exploiter leurs avantages en matière logistique et financière. Beaucoup d'entre elles achètent directement les produits agricoles aux exploitants et dominent, ainsi, le commerce à l'exportation dans ces pays. Au Kenya, par exemple, 75 % des exportations horticoles, qui représentent la deuxième source de devise étrangères pour ce pays, sont contrôlés par sept grandes firmes transnationales. Au niveau international, la concentration des échanges et l'intégration verticale des grandes firmes se poursuivent. En 1996 par exemple, 25 transnationales concentraient entre leurs mains près de la moitié du commerce mondial du café vert, contre environ 37 % en 1980. En 2002, seules quatre sociétés commercialisent prés du 40 % du café mondial. En ce qui concerne la torréfaction et la préparation du café, la concentration est un peu plus forte, puisque quatre groupes détiennent la moitié du marché. Pour le cacao, il y avait en 1980 plus de 30 maisons de négoce à Londres, mais il n'y en a plus que 10 environ aujourd'hui. C'est ainsi qu'à la suite d'une série de fusions les six principaux chocolatiers sont à l'origine de 50 % des ventes mondiales.38 De même, pour les huiles végétales, une série de fusions et d'acquisitions réalisées dans les années 1990, a eu pour conséquence la domination d'un nombre restreint de transnationales intégrées verticalement sur la production, la distribution et le commerce 38 FAO, op.cit, 2004 49 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange international aussi bien des oléagineux que des huiles. A elles seules, trois multinationales contrôlent 80 % du marché européen de la trituration du soja et plus de 70 % du marché américain. 2.3.1- Diversification des marchés et des produits
Analysant les transformations du système agroalimentaire mondial, Wilkinson40 met l'accent sur l'importance de la dynamique de la demande alimentaire et le développement des connaissances scientifiques et technologiques, comme facteurs explicatifs des stratégies développées par les leaders de l'industrie agroalimentaire en réponse à la mondialisation. Selon l'auteur, les changements qu'a connu le monde à partir des années 1970, notamment l'apparition d'une nouvelle génération urbaine et des nouvelles normes du bien-être économique ainsi que l'épuisement « des frontières de consommation extensive », ont mis fin à la stratégie de marque et de « produit unique », longuement adoptée par les firmes agroalimentaires. Pour survivre, ces firmes se sont progressivement orientées vers des stratégies d'innovation et de diversification des produits pour faire face à une demande alimentaire volatile et segmentée mais aussi à une concentration de plus en plus poussée de la grande distribution. En effet, le système agroalimentaire mondial est caractérisé par une faible croissance de la demande, comme en témoigne le déclin relatif de la part des produits agricoles et alimentaires dans le commerce mondial des marchandises, et une tendance à la segmentation des marchés en raison des disparités des revenus entre et à l'intérieur des 39 FAO, op.cit, 2004 50
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre
é
change pays,
et la diversité des
profil
s des consommateurs. Face à la stagnation de la demande et la tendance à la segmentation des marchés, les multinationales de l'agroalimentaire se livrent à une concurrence de plus en plus accentuée, à travers l'innovation et la diversification de la production. Des nouveaux produits sont constamment offerts par ces multinationales dans l'objectif de « réactiver la demande », selon l'expression de Wilkinson, et de répondre aux exigences des consommateurs, à recherche d'innovation et de services. Une étude réalisée en Europe conclue que 50 % des articles alimentaires disponibles dans les supermarchés, à la fin des années 1990, ne l'étaient pas cinq ans avant. 51 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
Enfin, notons que, cette stratégie d'innovation et de diversification, qui concerne aussi bien les produits que les procès technologiques, a été facilitée par le développement considérable des connaissances scientifiques et techniques, en particulier de la biotechnologie. Analysant le processus historique de l'industrialisation du système agroalimentaire, Goodman et al.44, avancent que le développement de la biotechnologie a permis de dépasser les limites imposées par les processus biologiques à la transformation industrielle. De manière générale, en concordance avec le développement des connaissances scientifiques et techniques, l'IAA adopte progressivement une stratégie de substitution réduisant sa dépendance de matières premières spécifiques, à travers le recours à l'interchangeabilité des inputs et l'utilisation accrue des alternatives chimiques sous formes d'ingrédients et d'additifs. Cette stratégie conduit à la diversification accrue des produits et la conquête de certains segments du marché.45 La deuxième composante dans cette stratégie est la croissance externe à travers la conquête des nouveaux marchés et l'investissement direct à l'étranger. A partir du début des années 80, les opérations de fusion-acquisition réalisées dans le secteur agroalimentaire à l'échelle mondiale se sont multipliées et les IDE ont progressé beaucoup plus vite que les exportations. En 2002, le nombre des filiales à l'étranger détenues par les 100 premières FMNA représente 68 % du total contre 62% en 1996 et 36% en 1985. Le nombre des filiales à l'étranger des FMNA est passé de 2059 en 1985 à 5206 en 2002, traduisant ainsi la volonté de ces firmes d'occuper des parts de marché significatives (graphique 1-2). Sur le plan théorique, cette stratégie de croissance externe trouve son fondement dans la théorie de cycle de vie de produit de Vernon 46 : lorsque la croissance sur le marché national est insuffisante pour rentabiliser les actifs ; les exportations permettent de prendre le relais et, dans un troisième temps, la production des firmes à l'étranger par le biais de filiales locales se substitue aux exportations. 44 Goodman. D, Sorj.B, and Wilkinson. J. " from farming to biotechnology" Blackwell, Oxford, 1997 Wilkinson. J. op. cit. 2002 46 Vernon. R. « International investment and international trade in the product cycle », Quarterly Journal of Economics, Vol 80, mai 1966, reproduit in: Dunning J. H. (éd) "International investment" Penguin Books, Harmondsworth 1972 45 52
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange Graphique
1-2: Evolution du nombre des filiales des firmes agroalimentaires multinationales1985-2002
10000 8000 6000 nombre 4000 2000 0 filiales totales filiales
à
l'etranger
Source : Rastoin et all 2004
Concernant l'implantation géographique des FMNA, les données d'Agrodata font ressortir une tendance à la baisse du nombre des filiales dans les pays développés dont les marchés sont saturés (Amérique du nord, Union européenne, Océanie) et une intensification des localisations dans les pays émergents ou en transition. Les FMNA s'intéressent de plus en plus aux pays émergents à forte démographie et à croissance économique soutenue. Dans ces pays, l'augmentation progressive du pouvoir d'achat moyen par habitant rencontre la volonté des firmes de conquérir de nouveaux marchés du fait de la saturation de leurs marchés traditionnels. La littérature économique sur les déterminants de l'IDE et la logique d'implantation des firmes multinationales est abondante. Dans une étude sur les restructurations des industries agroalimentaires47, les auteurs considèrent que parmi les nombreux déterminants de l'IDE, ceux qui s'appliquent plus spécifiquement au secteur agroalimentaire sont le niveau de revenu de la population de la région ciblée, le degré d'urbanisation, le degré d'intégration dans les accords régionaux, les avantages comparatifs des zones d'accueil et le cadre institutionnel d'incitation. D'autres auteurs, à partir d'études empiriques réalisées dans le secteur agroalimentaire, insistent sur les facteurs culturels et politiques comme stimulants de l'IDE.48 Selon Rastoin et Ghersi, l'un des leviers les plus puissants de la mondialisation dans l'agroalimentaire provient de la dynamique des marchés. « On assiste en effet à la convergence de deux courants : D'une part les modèles de consommation s'universalisent du fait de la circulation des hommes et surtout des informations, d'autre part, les firmes sont en mesure, grâce aux progrès de la production de masse, des transports et à l'IDE de 47 Ayedi. N, Rastoin J-L et Touzanli.
S « Panorama des restructurations des industries agroalimentaires : France 2003 / Monde 1987- 2003 » Editions SEDIAC, Paris, Février 2004 48 Veugeleurs 1991, Ning et Reed 1995 cite
par Ayedi. Chapitre I Agriculture mondial change diffuser
de
plus en
plus
largement
leurs produits »49. La diffusion du modèle de consommation occidental dans les pays à forte démographie et à croissance économique soutenue constitue, selon ces auteurs le facteur essentiel de la mondialisation de l'IAA qui se manifeste par « la conquête de nouveaux territoires, à partir des bases constituées par les grands pôles de la triade, dont les marchés alimentaires sont saturés »50
2.3.2- Concentration du capital et de la production
Le phénomène de concentration du capital et de la production est le plus décisif des changements intervenus dans l'évolution des groupes agroindustriels multinationaux. Toutes les stratégies spatiales ou sectorielles ainsi que toutes les politiques organisationnelles que ces groupes ont adoptées reflètent la nécessité de s'agrandir pour vendre davantage. A partir des fichiers Agrodata on peut établir que la concentration des entreprises dans l'IAA était croissante sur la longue période et que le différentiel de croissance jouait en faveur du groupe du tête mondial, conduisant à la constitution de « méga-firmes » élevant sans cesse le coût d'entrée ou de maintien dans la branche. Sur les 100 firmes agroalimentaires recensées en 1974, seules 29 entreprises sont présentes en 2002. 71 ont été absorbées, démantelées ou ont disparu du classement définitivement. Au sein du «club de 100», les 10 premières firmes réalisaient, en 2002, environ 39% du CA total, contre 8,49 % en 1974. En 1974, le premier quartile dans le classement mondial réalisait 23 % du chiffre d'affaires total, en 2002 cette part s'élève à 58 %. En 2002, Nestlé.S.A., le premier groupe dans le « club de 100 », réalise à lui seul 7.28 % du chiffre d'
total. Tableau 1-4 : Part du chiffre d'affaires cumulé dans le chiffre d'affaires total des 100 premiers groupes agroalimentaires (en %) 1974 1994 2002 1er groupe 0.62 6.5 7.28 10 premiers groupes 8.49 37.88 38.68 25 premiers groupes 23.36 56.63 57.88 30 premiers groupes 30.27 60.92 62.8
Source : Calculs personnels à partir des données d'Agrodata (1975 – 2003)
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance à la concentration du capital dans l'agroalimentaire. Dans un contexte de globalisation, chaque firme cherche, à travers la 49 Rastoin J-L, Ghersi G. op. cit. 54 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange croissance externe, à s'imposer façe à ses concurrents par le contrôle d'une part de marché significative, sur des marchés eux-mêmes de tailles importantes
. Cet objectif stratégique se justifie par plusieurs considérations tenant aux coûts d'entrée dans la branche et à l'impératif de profit. Or, pour s'imposer, la firme doit être compétitive, c'est-à-dire capable de maintenir ou d'accroître sa part du marché. Il en résulte des investissements matériels et immatériels massifs et une rentabilisation par des faibles marges unitaires combinées à des très importants volumes. En effet, dans un univers hyper concurrentiel, d'économie de satiété des pays à hauts revenus selon l'expression de Malassis51, les produits doivent être attractifs pour les consommateurs. Les « attributs » des produits sont donc de plus en plus psychologiques, ce qui conduit, selon Lancaster, à des investissements très lourds dans le domaine de communication52. De même les ventes de l'industrie alimentaire se font en grande partie, à travers les circuits de la grande distribution qui s'est développée rapidement dans les pays développés et les pays en développement. En Amérique latine, par exemple, la part des supermarchés dans la vente au détail est passée de 20 % en 1990 à 60 % en 2000. Les cinq plus gros distributeurs contrôlent entre 30 et 96 pour cent du secteur de l'alimentation générale de l'Union Européenne et des Etats-Unis. Au niveau mondial, les 30 plus importantes chaînes de supermarchés contrôlent désormais près d'un tiers des ventes de produits d'alimentation générale.53 Face à la forte pression de la grande distribution, dont le critère essentiel est le prix, il faut produire en abaissant les coûts, d'où des investissements aires très élevés. Enfin, Rastoin et Ghersi mettent l'accent sur l'importance des budgets liés à l'innovation dans l'agroalimentaire. La taille requise pour assumer des tels budgets d'investissements matériels et immatériels dépasse à la fin des années 1990, 10 milliards US$ ; avec 5 % du CA en communication, 3 % en fabrication et 2 % en R&D. Ces 10 %, qui constituent la norme dans les grandes firmes agroalimentaires, devant représenter une masse d'investissement d'environ 1 milliard US$, on aboutit donc à un volume d'affaires annuel de 10 milliards US$ : moins de 20 firmes atteignaient ce seuil en 1996.54 Ce mouvement de concentration du capital agroalimentaire a été accompagné par une polarisation géoéconomique avec une large domination de la Triade. Tableau I-5 : Répartition des 100 premières FMNA selon leur pays d'origine (en nombre de firmes) Pays d'origine Union européenne Etats – Unis Japon Autres pays Total monde 1978 29 50 9 12 100 1988 35 31 17 17 100 1995 38 29 21 12 100 2002 36 32 20 12 100
Source : Agro data (1980- 2003)
Enfin, il faut signaler que le degré de concentration dans l'industrie agroalimentaire est loin d'atteindre les niveaux observés dans d'autres secteurs comme l'automobile ou l'informatique. De même la tendance à la concentration du capital et la constitution progressive d'un oligopole de tête, à l'échelle mondiale, n'impliquent pas la disparition des petites et moyennes entreprises.
Section II Agriculture et libre échange : Fondements et limites
C'est à partir des années quatre vingt, et surtout avec le retournement des pays de l'Est, puis l'éclatement de l'URSS, qu'on a assisté à un retour en force du libéralisme économique. Le marché libre, sans entraves, ne dépendant de rien ni de personne, s'autorégule. Ce marché, mondialisé, apportera la solution à tous les problèmes : au sous développement, à la surproduction agricole, au chômage, aux inégalitésetc. En bref, il faut laisser faire le marché et il apportera le bien être général. Et c'est au nom de la théorie libérale que les négociations du GATT ont été conduites. Les arguments avancés à l'Uruguay Round pour la libéralisation des économies agricoles et des échanges internationaux de ces produits ont été empruntés aux thèses fondamentales du libéralisme. Notre objectif, dans le cadre de cette section, est de présenter les fondements du libéralisme économique et les critiques qui lui ont été adressées. Nous terminerons cette présentation par l'analyse des spécificités de 'agriculture, spécificités qui justifient la nécessité de l'intervention de l'Etat. 1- Fondements et limites de libre échange
Dans le cadre de ce paragraphe, nous présenterons, sommairement, les principaux éléments du corpus théorique invoqué pour justifier le libéralisme et leurs critiques : le 56 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange marché autorégulateur, la théorie de l'économie du bien-être (welfare economics) et la théorie des avantages comparatifs, socles idéologiques du retrait de l'Etat de la sphère productive de l'économie et de la libéralisation
1.1- Le mécanisme autorégulateur du marché
Les vertus autorégulatrices du marché constituent un des fondements du dogme néolibéral. Cette idée trouve son fondement dans les écrits des économistes classiques, notamment Adam Smith. L'auteur de la « richesse de nations » écrivait, en effet, que « chaque individu met sans cesse tous ses efforts à chercher, pour tout le capital dont il peut disposer, l'emploi le plus avantageux ; il est bien vrai que c'est son propre bénéfice qu'il a en vue, et non celui de la société ; mais les soins avec lesquels il recherche son avantage personnel le conduisent naturellement, ou plutôt nécessairement, à préférer précisément ce genre d'emploi même qu'il se trouve être le plus avantageux à la société. () Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler »55. Ce raisonnement suppose, selon Smith, l'existence d'une « main invisible », d'un mécanisme impersonnel au sein du marché permettant au mieux d'harmoniser les intérêts individuels et d'assurer leur convergence vers l'intérêt général. Le même mécanisme permet, à travers la gravitation des prix de marché autour des prix naturels, d'ajuster la richesse aux besoins de la nation et d'assurer l'équilibre, sur tous les marchés, entre l'offre et la demande. La main invisible constitue donc, un dispositif par lequel un état économique de la société souhaitable ou conforme à l'intérêt général est le résultat non intentionnel d'actions individuelles ou collectives, ayant pour finalité la satisfaction de l'intérêt particulier des individus ou des classes. La métaphore de la main invisible est constamment présente dans les débats autour de l'économie de marché où elle désigne, soit la "tendance à l'équilibre concurrentiel", soit l'"ordre spontané" La théorie de Smith a fait l'objet d'une première tentative de formalisation à la fin du XIXe siècle. Léon Walras reprend cette approche du fonctionnement global de l'économie de marché et fonde la théorie de l'équilibre général. Il formule les écrits de Smith en termes mathématiques. Un système d'équations d'offre et de demande décrit les comportements des agents, producteurs et consommateurs. L'égalité entre offre et
55 Smith. A. « La richesse des nation » traduction de Paulette Taib, Collection Pratiques Théoriques, PUF, Paris, 1995 p 40, 42-43 57
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange demande sur les différents marchés correspond à une situation d'équilibre général. Cet équilibre est atteint par un mécanisme de tâtonnement. Sur ces bases méthodologiques, Walras a tenté de démontrer l'un des présupposés de l'analyse classique : sachant que les agents producteurs et consommateurs sont guidés dans leur décisions d'offre et de demande par les prix ; la libre concurrence conduit à l'équilibre et assure la maximisation conjointe des satisfactions individuelles et du bien être collectif. On retrouve donc l'effet de la « main invisible » d'Adam Smith. Toutefois la construction mathématique de Walras a posé un certains nombre de problèmes. On s'est demandé, notamment si son système d'équations comportait une solution unique, et si la ou les solutions correspondaient à des équilibres stables, c'est-à-dire à des situations telles que le système d'échanges tende de lui-même à les rejoindre A la suite de Walras, Arrow et Debreu56 ont formulé dans un modèle mathématique abstrait le fonctionnement d'une économie de marché. Les actions des consommateurs et des producteurs conduisent à un équilibre de marché qui détermine une distribution efficiente des biens entre les agents. Cet équilibre s'obtient grâce à la correspondance entre d'une part, les offres et demande et d'autre part, les prix de tous les biens échangés. Les auteurs démontrent aussi que cet équilibre est stable : aucun agent n'a intérêt à s'en éloigner, sous peine de voir ces gains diminuer. Ainsi, dans le prolongement des travaux de Walras, le marché est défini comme le lieu où se confrontent, émanant d'individus rationnels, des offres et des demandes relatives à des biens dont les qualités sont définies et connus de tous. Les prix à l'équilibre sont tel qu'ils maximisent, à l'issue des échanges, le bien-être de tous les échangistes. Le marché est ainsi « constitué comme une mécanique autosuffisante, indifférente à l'enracinement dans la société des motivations, des besoins et des désires qui fondent ces préférences »57 Dans l'approche de Hayek, la métaphore de « la main invisible » renvoi à celle de « l'ordre spontané ». Le marché, « ordre spontané de la pratique », est un système que personne n'a voulu, mais qui s'est imposé à tous les individus comme le meilleur moyen pour réaliser les échanges. Espace pacifique où tous les acteurs sont égaux, le marché est autorégulé : sous certaines conditions, le mécanisme du marché ajuste les offres aux demandes. Il s'agit donc d'un « marché mythique capable par le jeu d'un mécanisme purement automatique qu'aucun centre ne régule, ni n'institue, qu'aucune volonté 56
Arrow. K, Dedreu. G « Existence of an equilibrium for a competitive economy » Econometrica 1964 Salais.R « Approches économiques et historiques récentes du marché », Genèses n° 1, 1991, repris dans, Problèmes économiques, n°2- 253, Décembre 1991, pp 5-10. 57 58 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange consciente ne conçoit, de réaliser l'harmonisation entre l'ensemble des intérêts individuels calculateurs et intéressés »58
Les critiques adressées a cette construction théorique n'ont pas manqué et émanent en partie d'économistes qui adhérent au libéralisme économique, mais qui jugent que certaines hypothèses sont extrêmement réductrices. L'une des hypothèses, fortement critiquée, est celle qui réduit l'individu à être le simple support, dupliqué à l'infini, d'une même rationalité calcul atrice. C'est la critique à laquelle s'est livré, par exemple, le prix Nobel Amartya Sen. Dans un article intitulé « l'idiot rationnel »59 Amartya Sen considère qu'il est réducteur de ne tenir compte que de la rationalité de l'individu isolé, insensible aux autres, qui ne connaît et ne prend compte que ses intérêts, et qui est capable de saisir l'état du marché. L'individu réel est à la fois motivé par des aspirations plus complexes, et moins bien informées de l'état du marché. L'intérêt personnel n'est en réalité ni le seul motif, ni le seul motif rationnel des hommes, y compris dans l'activité économique. Non seulement les préférences peuvent évoluer, mais encore, « seuls les objectifs et valeurs poursuivis peuvent définir la rationalité »60. Nier cette dimension des motivations individuelles, revient à limiter la liberté des individus. Mais comme les individus réels sont «moins stupides que l'idiot rationnel de la théorie économique » cela signifie que les modèles bâtis sur cette hypothèse de l'individu maximisant son utilité ont peu de chance de simuler les comportements réels des agents économiques. Pour A. Sen, « non seulement la conception de l'homo-éconimucus comme agent rationnel dépourvu des dimensions affectives et morales n'est guère réaliste, mais elle n'est pas toujours efficace, y compris de point de vue économique »61. L'auteur va jusqu'à rappeler que A Smith n'a pas été le chantre de l'égoïsme rationnel en citant un passage de sa « Théorie des sentiments moraux » : « l'homme devrait se considérer non pas comme détaché de tout, mais comme un citoyen du monde, un membre de la vaste communauté de la nation, dans l'intérêt de cette grande communauté, il devrait à tout instant être prêt à sacrifier son propre intérêt »62 Egalement, les autres hypothèses de base ne sont pas moins réductrices, comme l'écrivait Boyer, « les théoriciens de l'équilibre général ont à cet égard accompli une oeuvre considérable : montrer sous quelles conditions se vérifie l'apologue d'Adam Smith, 58
Clement. A, « Nourrir le peuple. Entre l'Etat et le marché XVI- XIXe siècle. Contribution à l'histoire intellectuelle de l'approvisionnement alimentaire » Ed
l'Harmattan
, Paris, 1999. 59 Sen Amartya « Choise, welfare, measurement » Blackwell Oxford 1982, traduction française in "Ethique et économie" PUF, Paris 1993 60 Sen A K, « l'économie est une science morale » Edition la Découverte et Syros, Paris, 1999, p 17 61 Saint – Upery. M, « Amartya Sen ou l'économie comme science morale » introduction à Sen. A.K « l'économie comme science morale » la Découverte et Syros, Paris 1999 62 Smith A « théorie des sentiments moraux » cité par Sen A K, op.cit 1993 59 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange selon lequel la recherche de l'intérêt individuel assurerait un résultat collectif favorable dés lors que les interactions étaient médiatisées par le marché, sans autre interférences. Il ressort que l'existence, la stabilité et l'optimalité de l'équilibre d'une économie de marché sont beaucoup plus difficiles à garantir que ne le considéraient les pères de l'économie politique »63. En effet, pour garantir l'existence et la stabilité d'un équilibre général il faut que la monnaie soit exogène, que la concurrence soit parfaite, que l'appréciation de la qualité ne pose aucun problème, qu'ils n'existent pas de biens publics, que les rendements sont constants et qu'il n'y a pas d'externalités. De même, il faut que les considérations de justice sociale n'exercent aucun effet sur l'affectation des ressources et les conditions d'optimalité. On peut facilement constater à quel point il est difficile que toutes ces conditions soient réunies dans la réalité. D'autres critiques s'attaquent plutôt à la conception du marché comme « ordre spontané ». Selon Polanyi64, les activités économiques ne sont pas indépendantes de l'ensemble des rapports sociaux ; elles sont insérées dans un tissu de relations sociales qui les contrôlent et leur donnent sens. Ainsi, s'appuyant sur des travaux d'anthropologues, Polanyi montre que le marché libre n'est pas un « ordre spontané de la pratique » mais une institution. Encore plus, c'est une institution voulue, poursuivie et souvent même imposée par l'Etat. Penser un fonctionnement indépendant du marché, sans intervention de l'Etat est une erreur fondamentale. Inversement, les entraves protectionnistes aux échanges et au libre jeu de la concurrence, ont toujours été des réactions spontanées de tout le corps social, tout simplement parce que l'économie de marché les menace de destruction. Pour Benetti65, l'interprétation « des mains invisibles » en terme d'ordre spontané, quelle que soit l'acception de ce terme, est une réduction abusive et semble incompatible avec l'analyse de Smith. En effet, d'une part les mains invisibles smithiennes ne sont un "ordre spontané" que si les institutions favorables à concurrence sont créées par une volonté politique. Celui-ci est donc issu à la fois de l'action inintentionnelle des individus et de l'action intentionnelle de l'État. Mais, même en cette acception plus restreinte, l'ordre spontané n'a guère de chances de se réaliser car les lois économiques de l'économie concurrentielle conduisent à des décisions politiques hostiles à la création des dites institutions : l'intervention de l'État, quand elle a lieu, n'est pas, en général, favorable à la
63 Boyer. R « Etat, Marché et Développement : une nouvelle synthèse pour le XXIe siècle » CEPREMAP, N ° 9907 Novembre 1998 64 Polanyi. K « La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps » (1944), éditions Gallimard, 1983. 65 Benetti. 1.2- La théorie de l'économie du bien -être
La théorie de « l'économie du bien-être a pour objectif de déterminer, parmi plusieurs états de l'économie, quel est le meilleur ; elle cherche en outre à indiquer les règles économiques qu'il convient de mettre en oeuvre pour parvenir à cet objectif »67. La rareté des ressources productives face aux besoins illimités de l'homme met en exergue l'épineuse question de l'allocation optimale de ces ressources. Ainsi « toute communauté doit donc veiller à tirer les meilleur parti des ressources productives dont elle dispose à un moment donné, c'est-à-dire les utiliser de façon optimale ou efficace. L'impératif d'efficacité économique tout à la fois l'adaptation de l'offre de biens et services à la demande (efficacité allocative) et la production optimale de ces biens et services à l'aide des ressources disponibles (efficacité technique) ».68 Dans l'analyse de Walras, étant donné que, en situation de libre concurrence, chaque individu obtient le maximum de satisfaction (en égalisant les utilités marginales des biens aux prix), on peut donc en déduire que l'équilibre concurrentiel procure à la société un maximum de satisfaction ou de bien-être collectif. Toutefois, la notion du bien être et les termes qui lui sont assimilés, telle l'utilité ou la satisfaction, souffrent d'ambiguïté d'une part et d'autre part, posent des problèmes dés que l'on se met dans la perspective de les mesurer : il est déjà difficile de mesurer le bien-être d'un individu à fortiori d'une collectivité. L'obstacle est partiellement levé par les économistes au début du XXéme siècle, et notamment par Velfredo Pareto, qui orientent l'analyse vers « la définition des
66 Voir à titre d'exemple, North. D « Institutions, Institutional change and economic performance » Cambridge University Press. 1990. 67 Abraham-Frois G « Economie politique » Economica 1992, p 357 68 Weber. L. « l'Etat, acteur économique » Economica, Paris 1997 p 20. à location ressources soit optimale sans courir à des comparaisons interpersonnelles d'utilité »69. L'optimum de Pareto qui en découle s'énonce alors de la façon suivante : « Nous dirons que les membres d'une collectivité jouissent, dans une certaine position, du maximum d'ophélimité, quand il est impossible de trouver un moyen de s'éloigner très peu de cette position, de telle sorte que l'ophélimité dont jouit chacun des individus de cette collectivité augmente ou diminue. C'est-à-dire que tout petit déplacement à partir de cette position a nécessairement pour effet d'augmenter l'ophélimité dont jouissent certains individus, et de diminuer celle dont jouissent d'autres : d'être agréable aux uns, désagréables aux autres »70. L'optimum de Pareto correspond donc à une situation telle que, on ne peut augmenter la satisfaction obtenue par un individu sans réduire la satisfaction d'un ou des plusieurs autres individus. L'analyse du bien-être dans le cadre de l'équilibre général conduit à deux résultats essentiels (ou théorèmes du bien-être). Le premier postule que moyennant des préférences et de fonctions de production convexes et en l'absence d'interdépendances directes entre les agents économiques, un équilibre général sur un ensemble des marchés concurrentiels est efficace au sens de Pareto. Le deuxième établit que si l'on se place du point de vue de l'allocation efficace au sens de Pareto, on peut trouver un système des prix tel que cette allocation correspond à un équilibre de marché, à condition que tous les agents aient des fonctions de préférence convexes, que les fonctions de production soient à rendement décroissants que les dotations initiales en ressources soient fixées. En d'autres termes, sous certaines conditions, tout équilibre sur un marché concurrentiel est un optimum de Pareto et inversement tout optimum de Pareto est un équilibre concurrentiel. Cela signifie que le marché assure une justice dans la distribution des utilités, et l'assure avec efficacité. Les critiques formulées à l'encontre de la théorie néoclassique du bien-être sont nombreuses. Elles concernent aussi bien les conditions de validité que la formulation et la méthode de calcul du bien-être. Beaucoup d'économistes contestent le caractère irréaliste des hypothèses de base du théorème de Pareto. On met ainsi en évidence que la concurrence n'est pas parfaite, qu'il y a des économies d'échelle et plus encore, qu'il y a des externalités et donc que les conditions indispensables au théorème ne sont jamais réunies. Ainsi, les modèles de calcul et d'évaluation du bien-être, basés sur l'hypothèse de concurrence pure et parfaite, présentent des limites évidentes puisqu'ils ne comptabilisent
Idem p 22 70 Pareto. V « Manuel d'économie politique » Milan, 1906, traduction française, Paris 1909, p 354 et 355, cité par Denis H, « La formation de la science économique » Thémis, Textes et Documentations, PUF, Paris 1973, p233 62 Chap
itre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
que les effets directement marchands des échanges et passe à la trappe tous les effets externes au système des prix. Cela débouche sur une critique de la prétention d'étendre la rationalité économique (celle de l'économie libérale) à des activités économiques ou à l'utilisation des biens non marchands. En effet, le théorème de Pareto n'est valable que s'il n'y a pas d'externalités, or comme il y a toujours des externalités, le théorème qui justifie l'efficacité économique n'est jamais vrai et, c'est tout l'échafaudage du libéralisme qui s'effondre. Il faut donc, par des artifices divers, « internaliser les externalités », donner un prix à ce qui n'en a pas, et faire entrer ce prix fictif dans le calcul économique. Cette extension de la rationalité économique est nécessaire pour la théorie, mais, on peut comprendre qu'elle ait pu paraître indue à certains économistes. En outre, on reconnaît que les calculs du bien être ignorent les s de redistribution de revenus car « comme la fonction du bien-être social continu à être construite sur des préférences de rationalités égoïstes, le classement des différents régimes d'échange est toujours effectué sur la base d'un critère d'amélioration au sens de Pareto »71. Autrement, se contenter de maximiser le bien-être collectif n'est en aucun cas suffisant, mais il faut prendre en considération la répartition de ce bien-être entre les individus. Négliger les comparaisons interpersonnelles, c'est-à-dire la distribution des utilités, c'est se contenter d'un critère qui peut justifier une distribution très inégale, dés lors que celle-ci augmente la somme totale des utilités. Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange économique et de la société
: « Il faut souligner, toutefois, que le remarquable résultat obtenu par Pareto ne justifie nullement la conception mécaniste de la science économique défendu par Walras. L'existence d'une loi telle que celle de l'optimum n'empêche pas que les relations de production se transforment profondément au cours de l'histoire. Si l'économie politique veut aider à comprendre ces transformations, elle doit renoncer à concevoir les rapports capitalistes de production sur le mode d'un mécanisme naturel exempt de contradictions » écrivait H. Denis74
1.3- La théorie des avantages comparatifs 1.3.1- Le libre échange porteur de croissance
La théorie des avantages comparatifs à pour objectif d'expliquer l'existence des échanges entre les pays. Cette théorie a été développée par les classiques en réaction à la pensée mercantiliste qui prétendait que, dans l'échange international, ce que gagnait l'un était perdu par l'autre. Le but de l'échange international se résumait à l'augmentation de l'encaisse-or de la nation, en vendant le plus possible et en achetant le moins. Contre cette conception mercantiliste, la théorie classique du commerce international a été développée par Smith et Ricardo sur la base de l'avantage comparatif qui devient le justificatif de l'intérêt du commerce international. La première explication est due à Smith qui fonde les échanges internationaux sur les avantages absolus de coût de production, mais cette analyse présente une limite évidente : une nation ne disposant d'aucun avantage absolu ne peut participer au commerce international. David Ricardo (1817) expliquait pour la première fois comment les partenaires à l'échange pouvaient tirer un avantage réciproque par la spécialisation dans la production et le avec le principe de l'avantage comparatif. L'avantage comparatif survient quand les coûts relatifs de production de différents biens différent d'un pays à l'autre. Dans le cas simpliste de deux pays et deux biens, un avantage comparatif existe si le coût d'opportunité marginal pour la production d'un bien par rapport à l'autre bien diffère entre les deux pays. Dans ce cas, chaque pays aurait un avantage comparatif dans l'un de deux biens et gagnerait à se spécialiser dans la production de ce bien, dont une partie serait échangée contre l'autre bien. Chaque pays gagnerait car la spécialisation et l'échange permettent à ces deux pays d'atteindre des niveaux de consommation plus élevés. Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
- on considère une quantité des ressources fixées pour chaque pays qui définit la combinaison maximale de biens qui peuvent être produits ; - il existe des différences dans les techniques de production qui induisent des coûts de production relatifs différents selon les pays, c'est-à-dire qu'il existe des différences dans la productivité relative du facteur considéré ; - il n'y a pas d'économie d'échelle, ainsi les coûts unitaires de production sont fixe quelle que soit la quantité produite ; - la quantité de facteur est pleinement employée ; - il n'y a pas des coûts à l'échange ; - les marchés sont concurrentiels. De même, la théorie ricardienne suppose l'immobilité internationale et la mobilité nationale des facteurs de production ; comme le note Williams, la persistance des différences de revenu, des prix et de rentabilité entre pays est la meilleure démonstration de l'hypothèse d'immobilité internationale des facteurs. Egalement, il est à noter que l'argument du libre-échangisme mutuellement profitable aux partenaires n'est supporté que sur la base de l'existence des avantages comparatifs, et non des avantages absolus. Les approfondissements de la théorie ricardienne ont été amenés par la théorie de l'échange d'Hecksher- Ohlin, ou encore Factor Endowment Theory of trade, à la quelle on attache le plus souvent le nom de Samuelson pour y avoir ajouté une extension logique de la théorie qui tient compte de l'égalisation des prix payés aux facteurs. Ces trois auteurs ont complété la théorie de Ricardo sur trois points. Hecksher a considéré l'ensemble des échanges entre toutes les nations et a conclu que, globalement, un équilibre général s'établit entre toutes ces . Rejoignant les travaux de Hecksher, Ohlin énonce la loi des proportions des facteurs de production selon laquelle chaque pays a intérêt à produire les biens dans les quels entrent des quantités importantes du facteur de production abondant et bon marché dans ce pays, et à importé le ou les biens dont la production exige des quantités importantes du ou des facteurs dont il est le moins bien doté Il en découle de cette théorie que, sous l'influence du commerce international, il y a une tendance à l'égalisation internationale des prix des facteurs de production. Pour Ohlin, cette égalisation ne peut être que partielle ; l'égalisation complète ne pouvant résulter que d'une mobilité internationale des facteurs de production. 1.3.2- Portée et limites de la théorie des avantages comparatifs
La théorie des avantages comparatifs, dite aussi la théorie traditionnelle du commerce international, a fait l'objet, au fil du temps, de critiques et de remises en cause diverses. Une première catégorie de critiques conteste le caractère universel de cette théorie et remet en doute la relation positive, qui en découle, entre le libre échange et la croissance économique.
75 Villey. D. « Petite histoire des grandes doctrines économiques » Edition M. Th. Genin, librairie de Médicis, 2eme édition, Paris 1954, p 142 66
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
Au milieu du XIXe siècle, F. List et Carey, deux économistes libéraux procapitalistes, se révoltent contre le monopole de l'industrie britannique et remettent en cause la portée universelle de la théorie classique du commerce international. F.List76, qui cherche à unifier l'Allemagne et à développer une industrie nationale, considère que le libre échange, présenté par Ricardo comme la conclusion d'une théorie universelle, répond à cette époque, aux intérêts de la Grande Bretagne : l'industrie britannique est, à l'époque, suffisamment développée et ses coûts de production sont bien inférieurs à ceux de ses voisins. Elle ne craint pas donc la concurrence sur son marché intérieur ni pour les débouchés extérieurs de ses exportations ; au contraire, elle à intérêts à ce que les importateurs ne mettent pas des barrières douanières à ses produits. F.List ne s'oppose pas au libre échange, mais il reproche à la théorie classique de ne pas prendre en considération l'inégalité de développement des différentes nations. Les nations sont inégalement industrialisées et le libre échange ne peut qu'accroître cette inégalité. Une nation 'a donc intérêt d'affronter la concurrence internationale que lorsqu'elle a développé ses capacités productives. Ainsi F.List justifie l'intervention de l'Etat pour protéger « les industries nationales naissantes » et élever le niveau de développement de la nation. Une fois l'égalité des niveaux de développement se réalise, les nations peuvent devenir libre-échangistes et c'est uniquement dans ces conditions que le libre échange participe au bien-être et à la puissance des nations. Durant la même période, Carey77, un élève de l'école libéral convaincu jusque là des avantages du libre échange, conteste la tradition libre échangiste des Etats-Unis. En opposition à ses maîtres, J. B. Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
Dans son « Discours sur la question du libre-échange »78 de1848, Marx s'oppose à la théorie classique du libre-échange et aux free-traders anglais qui cherchaient, a travers l'abolition des lois sur les céréales, une situation où « toute l'Europe abandonnerait les manufactures, et l'Angleterre formerait une seule grande ville manufacturière, qui aurait pour campagne le reste de l'Europe »79. Pour Marx le libre-échange n'est que la liberté du capital qui ne fait qu'accentuer l'antagonisme entre les capitalistes industriels et les travailleurs salariés et, par le même mécanisme, favoriser l'enrichissement des certains pays au dépens des autres.80 Un siècle plus tard, la même problématique est mise en avant par des économistes qui contestent l'intégration, considérée appauvrissante, des pays en développement dans le commerce international selon le principe classique d'avantages comparatifs. La baisse tendancielle des termes de l'échange entre produits primaires et produits manufacturés, ainsi que le transfert de revenus des pays en développement vers les pays développés qui en résulte, a été observée il y a environ 50 ans par les économistes Raul Prebisch81 et Hans Singer82. Selon eux, tendanciellement, la croissance économique privilégie la demande de produits manufacturés à celle des produits primaires, et la productivité augmente plus rapidement pour les produits primaires, de sorte que les prix des produits primaires baissent plus que ceux des produits manufacturés. Partant de la théorie des prix développé par Marx, la détérioration des termes de l'échange des pays en développement s'explique, selon Emmanuel,83 par l'inégalité de développement qui à son tour se trouve à la base d'un « échange inégal » entre pays capitalistes développ et pays en développement. L'ensemble de ces réflexions ont été à l'origine de la théorie de la dépendance, qui analyse l'économie mondiale comme constituée de deux pôles, le centre capitaliste représentant les nations occidentales industrialisées, la périphérie constituée des pays du Tiers monde. La dépendance de ces derniers vient de la dégradation des termes de l'échange, des multinationales, des transferts de technologie, de l'aide et de l'alliance objective des classes dominantes des pays dépendants avec les intérêts des capitalistes.
78 Marx. K « Discours sur la question du libre-échange ». In Marx K « Misère de la philosophie » Editions sociales, Paris pp 197-213 79 Idem. 68 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
Seule une modification des relations économiques avec les pays industrialisés peut permettre un développement des pays du Tiers monde. S. Amin et A.G. Frank arriveront au même constat. Les notions de développement autonome et « autocentré » en rupture avec le marché mondial (logique de « déconnexion ») appartiennent à ce courant de pensée. Au total, pour cette première catégorie des critiques, la théorie des avantages comparatifs passe sous silence l'inégalité foncière des partenaires à l'échange. Cette théorie admet implicitement, en raison de l'hypothèse de concurrence parfaite, que les pays participants à l'échange ont un pouvoir de négociation égale. En pratique, certaines économies dominent l'économie mondiale au plan du commerce des biens et services, des flux financiers et de la technologie. Comme le note F. Perroux,84 ces pays exercent des effets de domination « asymétrique » et « irréversible » que l'évolution des termes de l'échange internationaux le prouve. Une deuxième catégorie de critiques s'attaque plutôt aux hypothèses de base de la théorie traditionnelle et aboutit, à travers des tentatives de vérification empirique, à la remise en cause des avantages comparatifs comme facteur explicatif des échanges internationaux Dans un article publié en 1953, Wassily Leontief, a tenté de vérifier la validité des hypothèses de base de la théorie HOS pour le commerce international des Etats-Unis. L'auteur aboutit à un paradoxe appelé à son nom : Alors que les Etats-Unis sont censés être bien dotés en capital par rapport au travail, ils exportent des marchandises incorporant plus de travail que du capital. Ce résultat a été expliqué par Leontief par l'hétérogénéité internationale du travail liée aux différences de qualification, une hypothèse peut être facilement intégrée dans la théorie HOS.85 Toutefois, l'interprétation de Leontief a orienté les recherches vers le rôle joué par les dépenses en recherche-développement et l'innovation. Une nouvelle conception du commerce internationale apparaît alors, initiée par les travaux de M. Posner86 et R. Vernon.87 Selon cette conception, les dépenses en recherche-développement réalisées par les firmes et les institutions publiques ont comme résultat l'apparition d'innovations qui peuvent concerner des processus de production ou des biens. Ainsi, à un moment donné, un nouveau produit apparaît dans la nation et la firme innovatrice détient, provisoirement, le monopole de production de ce bien et bénéficie des économies d'échelle. Dés lors l'exportation du bien ne peut être expliquée par les avantages comparatifs. 1.3.3-- Les apports des nouvelles théories du commerce international
Le consensus longuement établi sur la relation positive entre le commerce international et la croissance économique a été remis en doute par les nouvelles théories de l'échange international, impulsée en grande partie par l'apparition des théories de la croissance endogène90. En effet, la théorie classique de croissance et ses prolongements mettent l'accent sur les facteurs exogènes, en particulier la croissance démographique et le progrès technique, réduisant ainsi la croissance économique à une augmentation des facteurs de production. Et c'est contre cette conception et son incapacité d'expliquer les dynamiques de croissance que des nouveaux travaux théoriques sur la croissance se sont développées à partir des années 80. Contrairement à la théorie traditionnelle, les nouvelles théories prennent en considérations une multiplicité des nouveaux éléments significatifs. Ainsi,
P.Romer91 88 Mucchielli. J-L « Relations économiques internationales », Hachette, collection « les fondamentaux », Paris, 1991, pp 65-66. 89 Helpman. E., Krugman. P. « market structure and foreign trade », MIT Press, Cambridge, Mass, 1985. 90 Pour une synthèse sur les théories de croissance endogène voir : Aghion PH et Howit. P. « théorie de la croissance endogène » collection « Théories économiques », Dunod, Paris 2000. 91 Romer. P. « Increasing returns and long- run growth », Journal of political Economy, n° 94, 1986, et " Endogenous technological change" Journal of political Economy, 1990 70
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange intègre l'hypothèse des rendements croissants et insiste sur le rôle de l'investissement, de l'innovation technologique et des dépenses en recherche-développement dans la croissance économique. Dans le même sens, R. Lucas92 l'accent sur l'accumulation du capital humain. Influencées par l'ensemble de ces travaux, les nouvelles théories du commerce internationales s'intéressent en particulier aux effets des rendements croissants sur la spécialisation internationale des pays. Ces théories reviennent aussi sur la question de l'intervention de l'Etat dans un contexte de concurrence imparfaite. La théorie traditionnelle du commerce international fondée sur les avantages comparatifs, dues aux avantages technologiques (Ricardo) et / ou aux dotations factorielles naturelles (HOS), suppose la concurrence parfaite et l'absence des économies d'échelles (rendements d'échelles constants). Cette conception conduit à conclure que le libreéchange accroît toujours le bien-être de tous les pays et donc, à rejeter toute intervention de l'Etat. Dés les années soixante dix, des économistes qui se sont penchés sur les problèmes d'organisation industrielle ont remit en cause les hypothèses de base de la théorie traditionnelle. Ceux-ci sont invalidés par les faits, dans la mesure où la concurrence parfaite est exceptionnelle : il s'est constitué des monopoles, des oligopoles et l'importance de la haute technologie dans la compétitivité des industries a poussé les Etats à intervenir pour soutenir et protéger leurs industries, créant ainsi, artificiellement des avantages compétitifs et favorisant la pénétration des marchés oligopolistiques. Dés lors, les nouvelles théories du commerce international vont intégré dans leurs analyses des hypothèses sur les rendements croissants et la concurrence imparfaite. Les échanges internationaux peuvent avoir d'autres causes que les différences de technologie et des dotations en ressources entre pays et peuvent être tirés par des économies d'échelle et une concurrence imparfaite. Krugman, et d'autre après lui, ont montré que les économies, en situation de concurrence monopolistiques, aboutissaient à une spécialisation pour certains produits qui n'était pas basée sur les avantages comparatifs tels que les définissait Ricardo : « Les pays se spécialisent et commercent entre eux non seulement en raison de l'existence d'une diversité des situations préexistantes, mais aussi parce que les rendements croissants représentent des forces indépendantes menant à la concentration géographique de la production de chacun des biens »93 L'intégration des hypothèses sur les rendements croissants et la concurrence imparfaite, conduit, au sein de ces théories, à un retour sur la question de l'intervention de 92 93 Lucas. R. « On the mechanics of economic development », Journal of Monetary Economics n° 22, 1988. Krugman P « La mondialisation n'est pas
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
l'Etat : Compte tenu des conditions d'organisation industrielle, l'Etat peut intervenir pour augmenter l'avantage tiré de l'échange international. Mais les réponses sont fort nuancées et les arguments avancés pour ou contre l'intervention de l'Etat sont parfois contradictoires94. Ainsi J. Brander et B. Spencer95 mettent l'accent sur la nécessité de l'intervention de l'Etat dans un contexte de concurrence imparfaite afin d'appuyer les entreprises nationales. Leurs arguments portent en particulier sur les avantages des économies externes, notamment celles induites par l'innovation. L'intérêt d'encourager les entreprises à l'innovation provient du fait qu'une partie des connaissances créées bénéficie à d'autres entreprises et donc à toute l'économie. L'appui de l'Etat doit aller aux entreprises nationales qui investissent le plus dans le savoir-faire et la R&D. Cependant, l'impact d'une intervention de l'Etat sur le bien-être général de l'économie nationale n'est pas évident. Pour Krugman, si l'intervention de l'Etat a pu prendre place dans la nouvelle théorie, elle n'est qu'un pis-aller et ne sera jamais aussi efficace que le libre-échange :« En créant des marchés plus vastes et plus compétitifs, les échanges peuvent réduire les distorsions nées d'une situation de concurrence imparfaite en économie fermée. Il est apparu tout d'abord que la nouvelle théorie du commerce international renforçait la thèse classique selon laquelle les échanges sont une bonne chose, et donc la cause du libreéchangeMais si les rendements croissants et la concurrence imparfaite sont une composante incontournable de l'explication des échanges internationaux, nous vivons donc dans un monde de pis-aller où l'intervention étatique peut, dans le principe, améliorer les résultats obtenus sur les marchés »96. Dans un autre travail, Krugman97 vient à la défense du libre-échange : les stratégies de libre-échange sont plus facile à mettre en oeuvre et provoquent moins des distorsions, il faut donc continuer à soutenir le libreéchange même si c'est une "solution du second rang". Quoi que les réponses soient fort nuancées, les nouvelles théories du commerce international sont à l'origine de nouvelles interrogations sur la capacité du libre-échange à assurer une allocation optimale des ressources et à favoriser les dynamiques de croissance. Ces interrogations vont se radicaliser avec les travaux de Rodrik et Rodriguez. 94 Voir Rainelli. M. op.cit 2003
Spencer B. J et Brander J. A, « International R & Rivalry and Industrial Strategy » Review of Economic Studies, Vol 50, 1983. 96 Krugman P, op.cit 1999, p 199 et 200 97 Krugman P « The narrow and broad arguments for free trade » Americain Economic Review, N°2, 1993 95 72
Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange
Etudiant l'intégration économique des pays en développement, D. Rodrik98 conteste la thèse qui établit un lien direct entre ouverture au commerce et aux investissements internationaux et croissance rapide. Selon l'auteur, si la première vague de pays asiatiques a pu profiter du commerce international, c'est avant tout grâce à des politiques nationales. L'intégration dans le commerce international ne peut tenir lieu de politique de développement. 98 Rodrik, D. « The developing countries : hasardous obsession with global integration » Foreign Trad Magazine Mars 2001, repris sous « les mirages de l'ouverture extérieure » L'Economie Politique, n°10, avril 2001. 99 Rodriguez F et Rodrik D « Trade policy and economic growth : a skeptic's guide to the cross national evidence », In : Bernanke, B., Rogof, K. (éd), NBER Macro Annual, Cambridge, Mass: MIT Press 2001 100 Kozul-Wright, R., Rowthorn, R. « Globalization and the myth of Economic Convergence » Economie Appliquée, Vol LV, N° 2, 2002, Pp 141-178.
73 Chapitre I : Agriculture, mondialisation et libre échange 2-
Spécificités de l'agriculture et nécessité de l'intervention de l'Etat. Au-delà des nombreuses critiques qui peuvent être formulées à l'encontre des fondements théoriques du libéralisme économique, les spécificités socioéconomiques de l'agriculture justifient la nécessité de l'intervention de l'Etat. 2.1- L'instabilité des marchés agricoles
Selon la théorie néoclassique et à partir d'un modèle simple à deux agents, consommateur et producteur, maximisant leur profit et leur utilité, il est établi que la confrontation entre l'offre et la demande permet la fixation d'un prix d'équilibre sur le marché. Sous l'hypothèse de concurrence pure et parfaite, cet équilibre conduit à un optimum de Pareto. De ce point de vue, l'intervention sur le marché est considérée inefficace, car les mécanismes agissant sur ce marché sont définis comme un mode efficient d'allocation des ressources. En tant que secteur produisant des biens destinés à l'alimentation humaine ou animale, l'agriculture ne peut, de ce point de vue, se distinguer des autres secteurs, et si des aides aux agriculteurs se justifient, c'est à titre social qu'elles doivent être versées et non pour stimuler une production. Mais, comme le signale De Bernis101, l'idée selon laquelle les mécanismes du marché conduisent à l'équilibre économique, lequel assure une harmonie de la société, repose sur un ensemble d'hypothèses particulièrement restrictives. La dynamique des marchés agricoles se caractérise, en effet, par des fluctuations d'une importance telle qu'elles éloignent l'offre et la demande de l'équilibre. Ces fluctuations pouvant se traduire par une instabilité chronique des marchés, et ce sont les conséquences de cette instabilité qui légitiment l'intervention de l'Etat. Plusieurs facteurs contribuent à l'instabilité des marchés agricoles. Tout d'abord les aléas naturels (sécheresses, inondations, grêle, gelée et variations climatiques et saisonnières) jouent un rôle et ajoutent au risque économique le risque climatique. Les agriculteurs ne maîtrisant pas, technique parlant, les variables liées à l'aléa climatique, vont s'assurer économiquement mais vont également développer des stratégies et des comportements anti-risque. Le deuxième facteur qui explique l'instabilité des marchés agricoles est l'écart entre cycles de production et cycles de travail. Dans l'agriculture les cycles de production sont définis par des processus biologiques puisque les agriculteurs travaillent sur des espèces, animales ou végétales, vivants. Le cycle de reproduction
101 De Bernis G.D « Les limites de l'analyse en termes d'équilibre économique », Revue économique, n°6, 1975, pp 884-928. isation et libre échange biologique (cycle de production) ne coïncide pas avec le cycle économique (temps économique qui correspond au temps du travail ou au temps de reproduction du capital). L'instabilité des marchés agricoles s'explique aussi par l'inélasticité ou la rigidité de la demande des biens agricoles et alimentaires. C'est en 1857 que Ernest Engel a établit empiriquement que la part des dépenses que les ménages consacrent à l'alimentation est inversement proportionnelle au niveau de leur revenu. En statique, la loi d'Engel se résume à une élasticité-revenu de la demande alimentaire inférieur à un, et en dynamique à une élasticité-revenu décroissante. Il en découle que plus les revenus augmentent, plus la part relative consacrée aux approvisionnements alimentaires baisse. De même, si les prix baissent la demande des biens alimentaires augmentent, mais il y'a une limite physiologique que l'on ne peut faire reculer. Les travaux de J.M. Boussard102 ont montré que parmi les conséquences de l'instabilité des marchés agricoles se trouve la perte du bien-être collectif, renversant ainsi la logique néo-classique. L'auteur précise par ailleurs que, en raison des contraintes climatiques et financières, le comportement d'offre des producteurs agricoles n'est pas fondamentalement déterminé par l'anticipation du prix.103 Contrairement à ce que suppose la théorie néo-classique, la relation prix-offre n'est pas stable à court terme.104 Atteindre cette stabilité implique donc une intervention sur les marchés pour garantir des prix qui orientent les productions et équilibrent l'offre à la demande. La nécessité de l'intervention de l'Etat trouve donc sa légitimité dans l'instabilité des marchés agricoles. Ce-ci nous renvoie au ème délicat de l'influence des quantités produites et demandées sur les prix agricoles et réciproquement. Vers la fin du XVIIéme siècle, le mercantiliste G. King a établi, à partir d'observations sur le marché du blé, une relation qui rend compte des effets, sur les prix et les revenus, induits par de trop brusques fluctuations de l'offre des biens agricoles. La « loi de King » ou « parabole des recettes » stipule que, paradoxalement, une augmentation de récolte (surproduction) débouche sur une baisse du revenu global des agriculteurs, alors qu'une baisse de la production engendre l'effet inverse. L'explication de ce paradoxe tient au phénomène de la rigidité de la demande des biens alimentaires et agricoles. 2.2- La spécificité foncière
La spécificité foncière découle du fait que d'une part, l'agriculture est la seule activité qui utilise l'espace et le territoire pour s'organiser et se développer et que, d'autre part, la terre est un bien économique particulier. La terre a pour le moins deux spécificités : Tout d'abord, en tant que bien économique ou facteur de production, la terre n'est pas reproductible par le travail humain et est limitée dans l'espace. La terre à la particularité de contenir des ressources naturelles qui ne sont pas le fruit du travail humain et sa fertilité (naturelle) n'est pas partout la même. Ceci reste vrai quand bien même une autre partie de ces ressources puisse aussi
105 Pouch. T. « l'agriculture entre théorie et histoire ou qu'est –ce qu'une politique agricole? » Economie Appliquée Tome LV, n° 1, 2002, pp 167-194. 106 Idem 107 Sen. A « Poverty and Famines. An Essay on Entitlements and Deprivation » Clarendon Press. 1981 108 Boussard. J.M « Revenu, marchés et anticipations : la dynamique de l'offre agricole » Economie Rurale, n° 220-221 mars-juin 1994 ; pp 61-68 76 Chapitre I :
Agriculture, mondial
isation
et
libre échange provenir du résultat du travail accumulé par les générations d'agriculteurs (la fertilité
n'est pas seulement "naturelle"). De même, il s'agit d'un bien qui fait l'objet d'un monopole de l'Etat et/ou des fractions de la société, et que par conséquent le développement d'activité à l'intérieur de ce secteur est conditionné, soit par des droits d'accès à l'usage, soit des droits de propriété. Ces droits se rapportent à un espace, à un "territoire", qu'on ne peut ni détruire ni déplacer, la "propriété" de la terre ne peut donc pas être assimilée à la propriété d'un objet quelconque109. Ces deux caractéristiques vont déterminer des modes particuliers de production et de répartition des richesses agricoles entre les différents groupes sociaux. Le rapport des hommes au foncier est ainsi par essence un rapport social,110 un rapport entre les hommes autour de la terre : les différentes théories de la rente foncière expriment bien cette spécificité Dans l'approche de Karl Polanyi111, ces spécificités confèrent à la terre un statut particulier : Même si les droits sur la terre se vendent et s'achètent, et que la terre est en ce sens devenue une marchandise, elle ne peut être, en aucun cas, assimilable aux marchandises qui ont bien été produites pour être vendues et dont les marchés pourraient s'autoréguler (voir encadré1-2). Comme la terre ou les droits qui s'y rattachent ne sont pas des vraies marchandises au sens de Polanyi, le marché et le développement capitaliste ne parviennent pas à résoudre seuls les problèmes fonciers dans l'intérêt du plus grand nombre. Considérer la terre comme marchandise n'est donc qu'une illusion, une « fiction dangereuse » dont les conséquences sont dramatiques. C'est d'ailleurs cette fiction, qui avait selon Polanyi, été à l'origine des profonds dérèglements économiques et sociaux de la première moitié du XXéme siècle, avec la crise des années trente et la montée du fascisme. (Voir encadré 1-2) D'une façon générale, en raison de l'imperfection des marchés fonciers, inhérente au statut particulier de la terre comme bien économique, la question relative à l'accès au foncier a toujours constitué une des composantes fondamentales de toute politique agricole et de développement. L'impact de la structure foncière ne se limite pas en fait, au seul secteur agricole, mais se sont les possibilités de développement économique et social dans leur ensemble qui sont en jeu. Pour certains, on peut même établir une relation entre situation foncière, bien-être économique et
. 110 Sur les différentes approches considérant la terre comme rapport social voir Mounier A. op. cit, pp 13-23. 111 Polanyi. K. (1944), op.cit 1983 77 Chap
itre
I
:
Agriculture, mondialisation et libre échange développement économique durable et qui
sont les plus dé
mocrati
ques
sont aussi
souvent des pays qui se caractérisent par une répartition relativement égalitaire du foncier.
112 Depuis quelques décennies, les débats tournent au tour des politiques
à mettre en
oeuvre pour
assur
er une répartition optimale des ressources foncières. Plus précisément, deux approches se sont opposées : les interventions des Etats visant à corriger les inégalités d'accès à la terre à travers les reformes agraires, et le rôle du marché
Encadré 1-2 : La terre comme marchandise, une fiction dangereuse
Les marchandises sont ici empiriquement définies comme des objets produits pour la vente sur le marché; et les marchés sont eux aussi empiriquement définis comme des contacts effectifs entre acheteurs et vendeurs. Par conséquent, chaque élément de l'industrie est considéré comme ayant été produit pour la vente, car alors, et alors seulement, il sera soumis au mécanisme de l'offre et de la demande en interaction avec les prix. () Le point fondamental est le suivant : le travail, la terre et l'argent sont des éléments essentiels de l'industrie; ils doivent eux aussi être organisés en marchés; ces marchés forment en fait une partie absolument essentielle du système économique. Mais il est évident que travail, terre et monnaie ne sont pas des marchandises; en ce qui les concerne, le postulat selon lequel tout de qui est acheté et vendu doit avoir été produit pour la vente est carrément faux. () Aucun de ces trois éléments - travail, terre, monnaie - n'est produit pour la vente; lorsqu'on les décrit comme des marchandises, c'est entièrement fictif. C'est néanmoins à l'aide de cette fiction que s'organisent dans la réalité les marchés du travail, de la terre, et de la monnaie; ceux-ci sont réellement achetés et vendus sur le marché; et leur demande et leur offre sont des grandeurs réelles; et toute mesure, toute politique qui empêcherait la formation de ces marchés mettrait ipso facto en danger l'autorégulation du système. La fiction de la rchandise fournit par conséquent un principe d'organisation d'importance vitale, qui concerne l'ensemble de la société, et qui affecte presque toutes ses institutions de la façon la plus variée; ce principe veut que l'on interdise toute disposition ou tout comportement qui pourrait empêcher le fonctionnement effectif du mécanisme du marché selon la fiction de la marchandise. Or, touchant le travail, la terre et la monnaie, un tel postulat ne saurait se soutenir. Permettre au mécanisme du marché de diriger seul le sort des êtres humains et de leur milieu naturel, et même, en fait du montant et de l'utilisation du pouvoir d'achat, cela aurait pour résultat de détruire la société.
| 19,321
|
19/halshs.archives-ouvertes.fr-halshs-02266250-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 3,822
| 5,751
|
Mobilité et participation: l'expérience récente des villes américaines Cynthia Ghorra-Gobin
Roelof Verhage Olivier Rouquan Cécile Regourd Véronique Robitaillie Bretagne : Loïg Chesnais-Girard Nice : Christian Estrosi « La différenciation renforce la République » « La puissance ne peut venir que des territoires » Le monde des métropoles Des dynamiques au service de la croissance nationale Fabien Bottini Nicolas Fontaine Guillaume Poinsignon Vincent Aubelle Christian Estrosi Romain Pasquier Lionel Prigent Annabelle Jérémie Edna Hernandez Gonzalez Annette Groux Cynthia Ghorra-Gobin LES CAHIERS DE LA GOUVERNANCE PUBLIQUE Couverture : © dizain - Fotolia.com banquedesterritoires.fr Nicolas Gaubert Lionel Danielou Paulette Duarte Marc Dumont Fabrice Escaffre
Pour moderniser les territoires et lutter contre les inégalités qui les touchent, pour agir concrètement au service de l'intérêt général et faire que la transformation de notre pays profite à tous, la Caisse des Dépôts crée une structure unique : la Banque des Territoires. La Banque des Territoires apporte des solutions de financement et d'accompagnement sur mesure à tous ses clients : collectivités locales, entreprises publiques locales, organismes de logement social et professions juridiques. Trim
II/2018
(novembre
)
Bretagne : Loïg Che
s
nais-
Girard Nice
:
Christian Estrosi « La différenciation renforce la République » « La puissance ne peut venir que des territoires » Ré
forme constitutionnelle. Olivier Rouquan..9 Le monde des métropoles Des dynamiques au service de la croissance nationale Le vaisseau Argo ou la nécessité d'introduire la différenciation au sein du bloc communal. Vincent Aubelle..16
C
ouverture
: © dizain - Fotolia.com Fabrice Escaffre Marc Dumont Roelof Verhage Olivier Rouquan Edna Hernandez Gonzalez Annette Groux Lionel Danielou Paulette Duarte Cécile Regourd Véronique Robitaillie Cynthia Ghorra-Gobin Loïg Chesnais-Girard Le macronisme à l'épreuve des territoires. Romain Pasquier.
.3 LES CAHIERS DE LA GOUVERNANCE PUBLIQUE
Lionel Prigent Nicolas Gaubert Nathalie Cecutti Nicolas Fontaine Guillaume Poinsignon Christian Estrosi Fabien Bottini ❚ Sur-le-champ
Trimestriel N° 112 II/2018 (novembre)
Romain Pasquier Vincent Aubelle
20,00 € Annabelle Jérémie Sommaire
Entretien avec Véronique Robitaillie, directrice de l'Institut national des études territoriales (INET), directrice générale adjointe du Centre nationale de la Fonction publique territoriale (CNFPT). « Les directions générales sont attendues non pas comme des gestionnaires mais comme des conseils et des acteurs de la conception et de la déclinaison du projet politique. ». 22 ❚ Pouvoir Local Entretien avec Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne «La différenciation renforce la République et il ne faut pas hésiter à passer la main aux régions.»..29 ❚ Europe Quel avenir pour
la politique de cohésion?. Nicolas Gaubert.
35 ❚ Dossier > Le Monde des métropoles Des dynamiques au service de la croissance
nationale
Entretien avec Christian Estrosi, maire de Nice, président de la métropole de Nice Côte d'Azur, président délégué de la région Provence Alpes Côte d'Azur
« Ma conception de la décentralisation : que la richesse produite par les villes soit plus équitablement répartie entre l'urbain et sa ruralité environnante. ».
42
Les métropoles et la remise en cause du modèle territorial français. Cécile Regourd.
48
Mobilité et participation des citoyens : l'expérience récente des villes américaines..Cynthia Ghorra-Gobin.
54
Les sept bonnes raisons pour vivre - encore - dans les métropoles au XXIe siècle. Nathalie Cecutti. par CYNTHIA GHORRA-GOBIN, Géographe, (CNRS-CREDA), Professeur à l'Iheal, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, est l'auteur de La métropolisation en question (PUF, coll. « La ville en débat », 2015) La mobilité des habitants des villes et des métropoles américaines est souvent perçue au travers de représentations associées à l'image de la voiture et des autoroutes urbaines. Un point de vue qui est loin d'être erroné, comme peuvent le confirmer les données statistiques du Bureau du recensement (American Community Service, ACS). Aussi d'après l'ACS 2016, la voiture représente le mode transport privilégié pour les déplacements liés au travail : 76 % des Américains se déplacent seuls en voiture et 9 % pratiquent le covoiturage. Les transports en commun ne représentent que 5 % des trajets, la marche 2,7 % à pied et la bicyclette 0,6 %. Ces moyennes peuvent bien entendu varier au niveau local. Dans les villes universitaires comme Cambridge et Berkeley la marche représente respectivement 24 % et 17 % des trajets. Ces données statistiques recueillies à l'échelle nationale présentent l'inconvénient de dissimuler de récentes initiatives prises par des villes au profit d'une mobilité douce tout en y associant les habitants. En d'autres termes les autorités locales s'appuient sur la participation des citoyens pour assurer le financement de la mobilité douce. Mais quel est le sens donné aux États-Unis à la participation des citoyens? Que disent les chercheurs sur le « tournant » en faveur de la mobilité douce? Que faut-il en déduire? De la participation dans la culture politique américaine La thématique de la participation des citoyens dans les débats et les décisions publiques n'est pas récente en France comme aux États-Unis. De nombreux chercheurs et urbanistes se réfèrent aujourd'hui encore à l'article de Sherry R. Arnstein paru en 1969 dans la revue des urbanistes américains sous le titre de « A Ladder of Citizen Participation » (une échelle de la participation des citoyens). Ce texte largement diffusé associe la participation des citoyens à l'émergence du pouvoir citoyen et souligne combien les autorités locales y sont plutôt réticentes. Définir l'« Initiative » et le « Référendum »
Aux Etats-Unis, la participation des citoyens se joue au niveau de l'Etat fédéré et du local (municipalité ou comté) et elle se lit à travers trois concepts, « Initiative », « Referendum » et « Recall » (Ginsberg, Lowi & Weir, 2017). Tous les trois renvoient au principe du suffrage universel pour lancer des programmes et des mesures qui engagent l'avenir. Il est alors question de la participation institutionnelle.
Crédit photo : bizoo_n - Fotolia.com
Dossier « Référendum » renvoie à une mesure proposée par les élus ou à une proposition émanant des citoyens (à travers l'« Initiative »). La mesure comme la proposition sont ensuite soumises au référendum avant d'être adoptée en tant que politique publique. La référence à ces trois concepts dans les institutions américaines remonte au début du XXe siècle, au moment de la période dite progressiste. L'« ère progressiste » correspond à la volonté les citoyens d'inventer de nouvelles formes d'intervention civique dans la vie politique de manière à y assurer un contrôle citoyen. En Californie, le gouverneur Hiram Johnson – qui fut également fondateur du parti progressiste - a institutionnalisé ces trois concepts en 19121. L'« Initiative » fait référence à une mesure proposée par les citoyens au travers d'une longue procédure qui consiste à élaborer une pétition, recueillir des signatures (le nombre doit correspondre au quart des suffrages exprimés lors des dernières élections et ce pourcentage peut varier d'un État à un autre) avant de devenir une « Proposition » qui sera ensuite soumise au suffrage universel. La révolte des contribuables des années 19702 - qui s'est manifestée dans plusieurs Etats fédérés- relève de cette procédure. Le « Référendum » renvoie à une mesure proposée par les élus ou à une proposition émanant des citoyens (à travers l'« Initiative »). La mesure comme la proposition sont ensuite soumises au référendum avant d'être adoptée en tant que politique publique. Le « Recall » désigne - comme le terme l'indique- une initiative des citoyens dans le but de renverser l'élu.e. au pouvoir et de le/la destituer de ses fonctions. Ces trois procédures considérées comme des outils politiques à la portée des citoyens ont été étudiées par de nombreux juristes. À leur début les initiatives et les référendums étaient centrés sur des thématiques sociales et morales comme le travail des enfants, la journée de huit heures, le suffrage des femmes, le jeu (gambling) et la prohibition. Dans les années trente, il fut plutôt question de l'aide sociale et de la lutte contre l'alcoolisme. Puis dans les années cinquante et soixante, les enjeux liés aux droits et libertés civiques comme l'accès au logement social et la peine de mort furent jugés prioritaires. Au cours des décennies suivantes la protection de l'environnement (eau, air, espaces naturels) perçue comme un défi majeur fut à l'origine de nouveaux programmes. Et au début du XXIe siècle, la mobilité est devenue la thématique majeure des référendums locaux (Goldman & Wachs, 2003). Dossier Des référendums centrés sur la mobilité
Les élections de novembre 2016 ont certes été marquées par l'élection du président Trump mais elles furent également l'occasion pour les citoyens de s'exprimer sur de nombreuses mesures à l'échelle locale ou encore à l'échelle de l'Etat fédéré. D'après Transportation for America3 -une association réunissant des élus, des citoyens et des entreprises et oeuvrant dans le but d'assurer l'attractivité des villes et des territoires- l'année 2016 fut marquée par une forte croissance de référendums locaux dans le domaine des transports. Le site liste les noms des 27 localités (municipalités ou comtés) ayant organisé des référendums pour assurer l'amélioration des conditions de la mobilité. La majorité d'entre eux se sont traduits par des votes posi" La participation des tifs, seuls neuf furent rejetés. Ce habitants au travers de la constat permet d'affirmer qu'un dialogue fructueux a commencé à pratique du référendum s'établir entre les élus et les habilocal à l'initiative des élus tants sur la mobilité douce et son est perçue comme financement. un processus relevant d'une politique de décentralisation (devolution) des décisions d'investissements publics touchant à la mobilité. " Dans le comté de Los Angeles, la mesure M (Measure M) a été adoptée lors du référendum du 8 novembre 2016. Une grande majorité des électeurs (71 %) a accepté une hausse de 0,50 c de la « sales tax » (TVA locale)4 pour améliorer la mobilité des habitants. Les projets concernent l'augmentation de l'offre de transports en commun, l'instauration de nouvelles voies de covoiturage sur les autoroutes, la création des pistes cyclables et la réfection de trottoirs pour encourager la marche. Dans la ville d'Indianapolis, la proposition en faveur de la création d'une nouvelle flotte de bus a été approuvée par les 2/3 des électeurs (2016). Elle fait suite à une étude de 2015 - conduite par une équipe de chercheurs du département d'économie de l'université de Harvard- qui indiquait que les inégalités sociales et la pauvreté d'une catégorie d'habitants s'expliquaient en raison d'une mobilité réduite. La création de nouvelles lignes de bus a ainsi été envisagée pour faciliter l'accès des personnes non motorisées aux emplois. Pour les médias et les chercheurs, le référendum d'Indianapolis peut être qualifié de « révolutionnaire » dans la mesure où les électeurs ont approuvé une taxe de 0,25 cents prélevée sur leurs revenus. C'est la première fois qu'un référendum sur la mobilité se traduit par l'acceptation d'une taxe sur les salaires alors qu'habituellement elle se limite à la TVA locale. Le gouverneur de l'Indiana (Mike Pence) de l'époque avait approuvé le choix de la municipalité et avait autorisé l'organisation du référendum5 Interpréter la participation « institutionnelle » des citoyens6
Depuis une vingtaine d'années environ, les gouvernements locaux ont de plus en plus recours à la participation institutionnelle des citoyens pour assurer le financement de nouveaux projets dans le secteur de la mobilité. Les chercheurs ont inventé l'expression « local option transportation taxes » (LOTT) pour parler de la procédure en faveur de la mobilité (Goldman & Wachs, 2003) avant de la désigner « local transportation sales taxes » (LTST). La LTST désigne la hausse de la TVA locale (qui concerne toutes les transactions en dehors des achats alimentaires) au profit d'investissements concernant la mobilité douce. La LTST présente quatre caractéristiques : (1) elle doit être approuvée par une grande majorité d'électeurs ; (2) elle limite les financements aux projets situés sur le territoire des électeurs ; (3) elle ne peut se prolonger au-delà d'une décennie ; (4) elle liste le programme d'opérations ainsi que des informations précises concernant les coûts financiers et les délais. Le montant de la LTST peut varier d'une localité à une autre, y compris au sein d'un même État fédéré. La décentralisation des décisions
Les premières études sur l'impact de la participation des habitants dans le cadre de référendums locaux centrés sur la mobilité ont été réalisées récemment par les experts de la mobilité, Martin Wachs et Todd Goldman (2002). Les chercheurs mettent en évidence la quête d'une mobilité douce au niveau local ainsi que le rôle de la participation institutionnelle des habitants pour assumer ce changement. Ils insistent également sur les modifications survenues dans les modalités du financement de la mobilité. Pendant longtemps, la mobilité a été financée par des taxes dont les montants étaient décidés par l'État fédéral et dans une moindre mesure par les États fédérés. La taxe sur l'essence et celle sur l'enregistrement des véhicules (cartes grises) assuraient toutes les deux l'entretien des routes et des autoroutes. Le choix en faveur d'une mobilité non centrée sur l'automobile se fait à présent au niveau local (municipalité ou comté) et il exige la participation institutionnelle des citoyens pour assurer son financement. Les citoyens sont amenés à se prononcer dans le cadre C photo La hausse de la TVA locale -qui permet de financer de nouveaux services de mobilité ou de nouvelles infrastructures- est perçue comme une taxe relevant de l'« équité horizontale » ). Tous les habitants sont concernés par la TVA locale et par les programmes de mobilité douce. d'un référendum pour autoriser une augmentation de la TVA locale. Ce « tournant » au profit du référendum local exige une majorité des 2/3 des votes. En Californie, la Proposition 13 (1978) a limité le plafond de la taxe foncière à 1 % de la valeur vénale du bien - alors qu'elle pouvait atteindre 2 %- et elle a exigé la participation institutionnelle des citoyens pour toute décision concernant les investissements publics. La hausse de la TVA locale -qui permet de financer de nouveaux services de mobilité ou de nouvelles infrastructures- est perçue comme une taxe relevant de l'« équité horizontale » (Goldman & Wachs, 2003). Tous les habitants sont concernés par la TVA locale (en dehors des touristes et des personnes de passage) et par les programmes de mobilité douce. Mais ce principe d'équité n'est valable que si les projets locaux concernent une pluralité de modes de transports. La hausse de la TVA locale doit concerner les usagers des transports en commun, les cyclistes et les piétons et voire les automobilistes. La participation des habitants au travers de la pratique du référendum local à l'initiative des élus est perçue comme un processus relevant d'une politique de décentralisation (devolution) des décisions d'investissements publics touchant à la mobilité. Pour Martin Wachs (2002), ce fait représente un tournant majeur. La décision des élus locaux est motivée par un réel souci de l'amélioration de la mobilité quotidienne des habitants et par l'impératif d'assurer une progressive mixité des modes de transports. En d'autres termes les élus locaux sont d'accord pour sortir du « tout automobile » à condition de recueillir l'aval des citoyens. Assurer la participation des citoyens exige de leur part une solide argumentation des projets fondée sur des études et des données chiffrées. Il leur vient l'organisation d'une campagne de qualité auprès de la population avant de procéder au vote. La participation au service de la mobilité douce
Dans le cadre d'une étude menée dans le comté de Sonoma (un comté de la métropole de San Francisco réputé pour son vignoble) par Robert Hannay et Martin Wachs (2007), l'analyse a été centrée sur les fondements du vote en faveur d'une hausse de la TVA locale. Le comté avait organisé plusieurs référendums qui n'avaient pas été plébiscités par les électeurs. Celui de 2004 a été approuvé parce qu'il ne se limitait pas aux II " aux intérêts d'un seul groupe (automobilistes ou promoteurs immobiliers) et parce qu'il améliorait la circulation des différents modes de transports. Le programme de 2004 - un montant de 470 millions de dollars - qui reposait sur le principe d'une mixité de modes de transports a été approuvé par une majorité d'électeurs : les acteurs de la construction et de la promotion immobilière, des associations de cyclistes, d'usagers de transports en commun et de la protection de l'environnement (Hannay & Wachs 2007). Seuls les ménages possédant deux ou trois voitures s'y opposèrent et les Américains d'origine asiatique furent plus enthousiastes que les autres groupes sociaux. La Measure M a été votée dans le comté de Sonoma par 209 228 habitants (67 % des électeurs) et la hausse de la TVA Les habitants acceptent locale a commencé dès le 1er avril de se taxer par le biais 2005 pour une période de dix ans. d'une hausse de la TVA locale pour répondre à leurs exigences en faveur d'une mobilité douce. Les chercheurs identifient ce changement comme un « tournant » par rapport à un passé où les infrastructures de transports avaient été principalement financées par la taxe fédérale sur l'essence. " Dans un article publié dans la revue Public Budgeting & Finance, les chercheurs (Crabbe, Hiatt, Poliwka, Wachs, 2005) ont souligné la recrudescence des référendums locaux au cours des 25 dernières années dans de nombreux États fédérés. En Californie, ces référendums ont réussi à générer 2,5 milliards de dollars par an. Le comté de Santa Clara (Silicon Valley) fut le premier à organiser dès 1984 un référendum pour le financement de transports en commun. Deux ans plus tard (1986), les Californiens ont voté la « Proposition 62 » pour exiger une majorité de 2/3 des électeurs pour approuver toute forme d'investissement public en faveur de l'introduction d'une mobilité douce. L'analyse des chercheurs souligne combien la loi fédérale de 1991 (ISTEA) a favorisé la décentralisation des décisions et a permis aux acteurs locaux et plus particulièrement aux agences régionales - intitulées MPO (metropolitan planning organizations) - de diversifier l'offre de transports (Crabbe, Hiatt, Poliwka & Wachs, 2007). La loi a autorisé le niveau local à se lancer dans une politique visant la pluralité des modes de transports et l'émergence d'une mobilité douce. Avant ISTEA, le ministère des transports de l'État californien (Caltrans) qui bénéficiait de subventions fédérales avait mené une politique en faveur de la voiture individuelle. Avec ISTEA, le niveau local s'est vu octroyer ce pouvoir décisionnel à condition d'intégrer les principes fondateurs de la « Proposition 13 » et de la « Proposition 62 » : la participation des citoyens à la décision et l'obtention d'une majorité des électeurs (2/3). Tous les projets exigeant des investissements locaux favorisant la mobilité douce incluent désormais la participation des citoyens. La participation des citoyens : un indice de l'évolution des représentations de la mobilité
Des initiatives locales en faveur de la mobilité figurent dans les politiques publiques des villes américaines. Elles reposent sur la participation institutionnelle des citoyens pour accepter une hausse de la TVA locale. Les entretiens menés auprès de certains chercheurs7 ainsi que des sources bibliographiques n'ont toutefois pas permis de disposer de données statistiques permettant de quantifier l'ampleur du phénomène à l'échelle nationale. Ils attestent cependant de la vitalité de la participation des citoyens en faveur de la mobilité douce et leur engagement pour assurer une hausse des impôts locaux (Bliss, 2016). La participation des habitants au travers de référendums locaux organisés par les élus est perçue comme l'indice de l'évolution de la mobilité dans les villes. Elle se présente comme l'effet concomitant (1) d'une loi fédérale (ISTEA) qui décentralise la décision concernant le choix des modes de transports et (2) la volonté des habitants de participer aux décisions concernant les investissements publics. L'État fédéral n'impose plus un modèle ou un mode de transports, il accorde au pouvoir local le choix de décider d'une offre de transports diversifiée correspondant aux attentes des habitants. La participation des citoyens dans les processus décisionnels exprime également le souhait des habitants d'exercer un contrôle sur la taxation et par voie de conséquence sur les investissements publics locaux. Les habitants acceptent de se taxer par le biais d'une hausse de la TVA locale pour répondre à leurs exigences en faveur d'une mobilité douce. Les chercheurs identifient ce changement comme un « tournant » par rapport à un passé où les infrastructures de transports avaient été principalement financées par la taxe fédérale sur l
essence. Dossier ❚ Repères bibliographiques Arnstein Sh. R. « À Ladder of Citizen Participation", Journal of the Institute of American Planning, vol. 35, 1969, pp.216-224. La participation des citoyens exige un sérieux effort de la part des élus pour mener une campagne, assurer la diffusion des motivations du projet accompagnées de données chiffrées et démontrer qu'il répond à une pluralité d'intérêts (automobilistes, usagers des transports en commun, cyclistes et piétons). La participation des citoyens et la mobilité douce sont les deux facettes d'une même politique locale. C.G-G. L'État fédéral n'impose plus un modèle ou un mode de transports, il accorde au pouvoir local le choix de décider d'une offre de transports diversifiée correspondant aux attentes des habitants. Bacqué M-H & Sintomer Y., La démocratie participative, Paris, La Découverte, coll. « Recherches », 2011. Bliss Laura, « Mass Transit Won Big on Election Day. But It Could Still Lose", CityLab, 9 novembre 2016 https://www.citylab.com/transportation/2016/11/ on-tuesday-night-transit-was-victorious/507077/ Castells M., The City and The Grassroots, Berkeley, University of California Press, 1983. Crabble A.E., Hiatt R., Poliwka S.D., Wachs M., Local Transportation Sales Taxes: California's Experiment in Transportation Finance, Public Budgeting & Finance, Fall 2005, pp. 91-121. Donzelot J. & Epstein R., "Démocratie et participation. L'exemple de la rénovation urbaine », Esprit, 2006, pp. 5-34. Gilli F., « Remettons le citoyen au centre des débats », Pouvoirs Locaux, N° 100, 2014, pp.54-63. Ginsberg B., Lowi Th.J., Weir M., We The People. An Introduction to American Politics, New York, Norton, 2017. Goldman Todd, Martin Wachs, « A Quiet Revolution in Transportation Finance: The Rise of Local Option Transportation Taxes », Transportation Quarterly, vol. 57, N° 1, 2003, pp. 19-32. Hannay R. & M. Wachs, « Factors Influencing Support for Local Transportation Sales Tax Measures », Transportation 2007, 34, pp. 17-35. Wachs M. "Local option transportation: devolution as revolution", Access, Number 22, Printemps 2002: pp.9-15. Weiner E., Urban Transportation Planning in the US: An Historical Overview, Washington DC, US Department of Transportation, 1997. 1. En dépit de ses importantes réformes, la notoriété de Hiram Johnson s'est par la suite estompée en raison de sa position non interventionniste dans les affaires internationales au cours de la deuxième guerre mondiale. 2. On pense notamment à la Proposition 13 en Californie en 1978 3. Consulter le site http://t4america.org 4. La « sales tax », une taxe locale prélevée sur les transactions, est traduite dans le présent article par « tva locale ». 5. Mike Pence est l'actuel vice-président des Etats-Unis. 6. Voir le dossier « Désir de participation : la dynamique des territoires » du 100e numéro de Pouvoirs Locaux, 1/2014. 7. Les entretiens se sont déroulés à Los Angeles en 2013 dans le cadre d'une mission d'étude organisée par le département de géographie de l'ENS (Paris) en relation avec les chercheurs du Luskin School of Public Affairs de UCLA (Université de Californie, Los Angeles) ainsi qu'à Berkeley lors d'un séjour en tant que professeur invitée (2015)..
| 14,498
|
02/dumas.ccsd.cnrs.fr-dumas-01799426-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 4,501
| 7,279
|
Géographiquement le lien entre le visiteur et son espace est donc crée. Le lien est tissé entre le visiteur et l'espace mais aussi entre le visiteur et le temps. Cependant, il ne faut pas rester figer dans l'Histoire. A l'issu de rencontre avec les différents acteurs puis avec les habitants dans un second temps28, il en ressort qu'il importe surtout de 27 28 Voir Annexe 5 « Carte éléments remarquables » Voir Annexe 6 « Entretiens acteurs locaux » et Annexe 7 « Entretiens usagers du chemin de halage » 36 Rodriguez Sara M1LTDT parler de la vie des Barthes aujourd'hui. Une agricultrice interrogée sur la question « Qu'aimeriez-vous trouver dans ces panneaux? » répond : « Ce qui se fait aujourd'hui, la vie dans les Barthes ». Un pêcheur et agriculteur barthais insiste aussi sur cet aspect : « Il ne faut pas axer sur la pêche autrefois. Il y a quand même encore des pêcheurs actuellement ». Susciter l'intérêt du visiteur en faisant preuve d'originalité et de créativité Attirer l'attention du visiteur c'est aussi faire preuve d'originalité. Aiguiser la curiosité du visiteur parait indispensable. L'interprétation est une démarche créative qui doit être ludique et originale. La simple énumération des poissons pêchés suivant les saisons dans l'Adour est donc remplacée par un calendrier de la pêche plus original, plus ludique29. Un défi est aussi lancé au visiteur dans le panneau concernant « l'Adour et ses entités paysagères ». Celui-ci est invité à repérer sur les murs de maisons barthaise la marque des crues passées. Raconter des histoires ou user de l'anecdote étonnante peut aussi aiguiser la curiosité du public. « Moi, j'aime quand on me raconte des histoires » conseille l'animatrice Natura 2000 du CPIE. Ainsi, dans le panneau traitant du commerce fluvial, il est précisé « qu'en 1663, 30 000 fûts de vin soit 6 600 000 litres de vin furent transportés à Bayonne. » Provoquer l'émotion du visiteur C'est d'ailleurs un des aspects qui fondent la démarche d'interprétation. Au visiteur les atouts cachés que possèdent les Barthes peut lui donner envie d'en découvrir plus. Sensibiliser le visiteur
L'émotion procurée, la curiosité suscite l'intérêt chez les visiteurs. Cela permet certes d'approfondir ses connaissances sur le patrimoine barthais, mais cela permet également de le sensibiliser à celui-ci. Ainsi, par le biais de ces pupitres, il est nécessaire de rappeler aux visiteurs et usagers de l'itinéraire cyclable que le patrimoine que ce qu'ils découvrent est avant tout une richesse qui vit encore aujourd'hui. Il s'agit alors de les sensibiliser à la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel. Don Aldrige, figure de l'interprétation en Grande-Bretagne dit d'ailleurs à ce propos « L'interprétation est l'art d'expliquer la place de l'Homme dans l'environnement pour rendre le visiteur conscient de l'importance des relations qui en découlent et pour éveiller un désir de contribuer à la conservation de l'environnement »30. Sensibiliser les visiteurs aussi pour éviter tout conflit ou désagrément. Ainsi, préciser au sein du pupitre traitant du thème de l'agriculture que les Barthes restent des propriétés privées, ou encore qu'il est nécessaire de maintenir son chien en laisse permet, en partie, que le calme et la sérénité des habitants des Barthes soient respectés. Les entretiens effectués avec certains acteurs et habitants appuient d'ailleurs ces propos. « C'est essentiel de sensibiliser les gens au fait qu'ils pénètrent dans un lieu naturel mais aussi humain » précise l'animatrice Natura 2000 du Centre Permanent d'Initiative pour l'Environnement. Durant les entretiens réalisés avec les acteurs et élus de chaque commune, plusieurs problèmes ont été soulevés. L'adjoint au maire de Saint-Martin-de-Hinx souligne qu' « il faut prendre en compte le problème des ragondins [] le public méconnait cet animal [] Il y a un vrai problème de santé publique ». L'animatrice Natura 2000 du CPIE, parle de l'impact néfaste dont la tortue de Floride est à l'origine : « Les tortues de Floride sont relâchées dans le fleuve par les gens et elles prennent la place sur la Cistude d'Europe car elles ont la même niche écologique. C'est très important de . pouvoir sensibiliser les gens là-dessus. L'ancien panneau au niveau de la mare aux nénuphars en tant que paradis pour la Cistude pousse les gens à y relâcher leur tortue de Floride. » Pour les acteurs locaux, le pupitre d'interprétation apparait alors comme le média idéal pour transmettre un message. Ces informations de prévention concernant ces espèces invasives sont donc ajoutées au pupitre traitant de la faune protégée dans les Barthes.
L'importance du visuel
Des études ont montrés qu'on retient: 10% de ce que l'on entend 30% de ce que l'on lit 50% de ce que l'on voit31 On remarque que c'est le contact visuel que le visiteur va avoir avec le pupitre qui prime. C'est d'ailleurs ce que l'on observe suite aux enquêtes qualitatives32 effectuées auprès des usagers et habitants du chemin de halage mais aussi auprès des usagers de la « Vélodyssée ». A la question qu'est-ce qui vous pousserait à lire les pupitres d'interprétation, les usagers du chemin de halage et de la « Vélodyssée » répondent « il faut que ce soit illustré », « Un panneau avec des photos c'est agréable ». Une étudiante rencontrée sur l'itinéraire ajoute « Plus d'images, de schémas [] Les dessins c'est sympa » lorsqu'on lui demande ce qu'elle aimerait trouver au sein des pupitres. Il apparait donc indispensable d'agrémenter au maximum l'interprétation d'images, d'illustrer les informations et de multiplier les différents types de visuels. Ainsi un schéma de la coupe des Barthes est utilisé pour expliquer les entités paysagères de l'Adour. De nombreuses photographies illustrent la faune, la flore, les habitats des Barthes. Des témoignages historiques comme une photographie de l'ancien port de Saubusse au XIXème siècle ou une ancienne carte géographique illustrant le projet 31 icap.univ-lyon1.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?IDID Voir Annexe 6 « Entretiens usagers et habitants du chemin de halage et alentour » + Annexe 7 « Entretiens usagers des voies cyclables (Eurovélo n°1 « Vélodyssée) 32 39 Rodriguez Sara M1LTDT de Louis de Foix qui détourna l'embouchure du fleuve donnent au visiteur l'occasion de voyager dans le temps. Si l'on s'appuie à nouveau sur les préceptes énoncés par Tilden, on a pu voir dans sa définition de la notion d'interprétation que celle-ci constitue une démarche participative, qui s'appuie sur une appropriation du projet par les acteurs et la population locale. Les élus ont bien pris part au projet. On voit depuis la fin des années 80 en France, une grande mobilisation d'habitants (parfois sous forme associative) qui s'opposent aux aménagements initiés par les pouvoirs publics. Pour cela, les habitants ont parfois recours à la juridiction, ils mobilisent les médias Ils dénoncent à la fois le manque de concertation, la prise de décision qui les excluts et parfois un contenu, des aménagements qu'ils estiment non appropriés à leurs usages. Ces habitants recherchent, revendiquent une place plus importante dans les projets de territoires. L'habitant vient du verbe « habiter ». D'après le CNRTL, « habiter » signifie « occuper une demeure », un habitant est « celui qui vit dans un lieu ». L'habitant vivant sur le territoire, est dans la logique le premier usager de celui-ci. Il s'agit donc de s'intéresser à la place du citoyen dans le développement de projet et aux dispositifs de concertation dans le cadre du projet d''aménagement du chemin de halage sur MACS, et plus particulièrement à la mise en place des panneaux thématiques d'interprétation. L'activité économique des Barthes de l'Adour contribue à la richesse patrimoniale et naturelle du territoire. En effet, les aménagements hydrauliques pour dompter les crues du fleuve qu'ont installés les agriculteurs dès le XVIIème (et restent sensiblement les mêmes aujourd'hui) participent de la biodiversité exceptionnelle et de la beauté des paysages. C'est encore à ce jour un espace vivant, sur lequel les habitants travaillent leurs cultures, leurs élevages et pêchent parfois. La préservation de ce patrimoine est donc nécessaire à l'équilibre social et économique du territoire. Les aménagements prévus sont vécus parfois comme une atteinte à cet équilibre, ceux-ci ne doivent pas couper l'usager du qu'il entretient avec son territoire. En effet, le projet de mise en place de ralentisseurs, chicanes, de futur partage de la voie avec un flux de touristes que les habitants imaginent déjà comme trop important, va 41 Rodriguez Sara M1LTDT selon les agriculteurs, les contraindre à travailler moins vite. Un pêcheur de SainteMarie-de-Gosse s'exprime ainsi sur le sujet : « Ça nous fait peur. []Ils s'y sont très mal pris! Ils ont laissé les gens sans rien leur expliquer et ça s'est mal passé au démarrage. Il y avait que les élus qui étaient au courant et qui n'ont pas joué leur rôle de relai. Pour nous agriculteur et habitants on s'est dit ça va très mal se passer. Ici on a une Barthe qui vit. » Une agricultrice habitant la même commune est du même avis : « C'est sûr c'est un joli projet mais quand même il faut voir les administrés! », Dit-elle en parlant du projet d'aménagement. Or, en théorie, l'aménagement doit être vécu comme une amélioration du cadre de vie des habitants. Il est donc nécessaire de prévenir les visiteurs du partage de la promenade qui reste un « gagne-pain » pour les habitants avant d'être un lieu chargé d' Histoire, et riche pour l'observation d'une faune ou d'une flore exceptionnelles. Ainsi, il est nécessaire d'éviter aussi un sentiment de dépossession du territoire. En Aveyron dans le Carladez, le projet des « sentiers de l'imaginaire » a bien saisi cet aspect. Les randonneurs parcourent les sentiers du feu, de la pierre et du vent tout en allant à la rencontre de l'habitant puisque sur les chemins on peut découvrir des oeuvres d'arts réalisées par les habitants des villages. Ainsi, l'interprétation, la médiation culturelle créent un véritable lien entre le visiteur et la population locale. Cela s'inscrit en totale adéquation avec le tourisme vert en incluant la population locale, qui est par ce moyen, plus à même d'accepter le projet et même d'y contribuer. De plus, les oeuvres d'art ne sont pas statiques, elles évoluent tout comme leurs créateurs avec le temps. L'image rurale est ainsi redynamisée, revitalisée. Le fait que l'habitant contribue à une petite partie du projet permet d'une part de l'impliquer, de l'inclure dans celui-ci mais aussi de le valoriser. Sa mémoire, son vécu peuvent aussi constituer des atouts non négligeables dans le recueil d'informations : savoir-faire, traditions, anecdot es Même si ces informations ne sont pas d'une grande rigueur scientifique, les connaissances qu'a l'habitant du lieu où il vit, du lieu qu'il fréquente au quotidien sont souvent irremplaçables. Cela permet aussi d'avoir plusieurs points de vue sur la perception d'un espace. C'est aussi le cas du projet d'interprétation de Saint-Jory-de-Chalais en Dordogne. La réussite du plan réside en partie aussi dans une réelle dynamique locale. Le projet a 42 Rodriguez Sara M1LTDT pris en compte les différents acteurs en jeu et les a tous impliqués : élus, partenaires, associations, habitants Une réunion publique a eu lieu pour impliquer les habitants dès le départ. Lors de celle-ci, les habitants ont pu discuter des thématiques avec les techniciens. qui s'y La valorisation des habitants grâce à l'interprétation passe aussi par l'évocation de leur rôle et de leur importance au sein des Barthes. Dans le panneau traitant de l'Adour et ses entités paysagères, des phrases telles que « En plus d'être un patrimoine naturel exceptionnel, les berges de l'Adour et les Barthes restent un lieu vivant qu'il est nécessaire de prendre en compte » ou encore « Les agriculteurs et les Barthes ont une relation particulière. Les uns ne peuvent vivre sans les autres » dans le panneau sur l'agriculture montre qu'ils ne pas oubliés. Si les habitants, principaux usagers actuels du chemin de halage ont peu été consultés concernant les pupitres d'interprétations, on peut se demander si ceux-ci 34 Voir Annexe 8 « Maquette pupitre « La pêche » » 43 Rodriguez Sara M1LTDT correspondent vraiment à leurs attentes. Tout de même évoqués lors des réunions de concertation entre MACS et les agriculteurs ou les riverains, on observe qu'ils n'ont pas suscité de discussion. On peut se demander si les usagers sont satisfaits de ces décisions. Mais cette interrogation soulève surtout une autre question : quelle est l'importance réelle accordée à ces pupitres? Qu'attendent les usagers et les habitants en priorité d'un aménagement? Qu'attendent-ils d'un équipement d'interprétation?
b. Les attentes des usagers
Pour tenter de répondre à ces questions, des enquêtes qualitatives par entretiens des usagers des voies cyclables ont été menés. 4 ont été effectués sur le territoire même dans lequel va s'inscrire le projet d'aménagement et 3 autres ont été réalisés sur un itinéraire déjà aménagé et plus fréquenté : celui de la « Vélodyssée » au niveau du littoral landais, à Capbreton.35
Figure 19- Aire de repos à Capbreton sur la « Vélodyssée »- Crédit photo : Sara RODRIGUEZ
Même si les habitants sont attachés à leur patrimoine, il apparait que l'interprétation du territoire n'est pas le premier aspect du projet d'aménagement que les habitants attendent. A la question « qu'est ce qui est nécessaire selon vous en 35 Voir Annexe 7 « Entretiens usagers et habitants du chemin de halage et alentours + Annexe 8 « Entretiens usagers des voies cyclables » 44 Rodriguez Sara M1LTDT terme d'aménagement dans l'itinéraire cyclable sur le chemin de halage ? » on remarque que la priorité pour les usagers semble d'abord être la sécurité puis le confort. En effet, une habitante de Saubusse fréquentant régulièrement le chemin de halage répond : « Les ralentissements pour les voitures, des espaces où on peut se reposer ». Une usagère roulant à vélo sur le chemin de halage de façon quotidienne répond : « Ralentir les voitures. Et revoir le revêtement ça peut être sympa ». On en déduit que pour elle aussi, l'important reste la sécurité et en second lieu, le confort de l'itinéraire. Un jeune habitant du chemin de halage précise qu'il souhaiterait « des aménagements qui permettent de laisser la place pour se croiser » à la question « Qu'attendez-vous d'un aménagement? ». Pendant l'entretien, une agricultrice de Sainte-Marie-de-Gosse parle spontanément de l'insécurité des berges à laquelle il faut aussi remédier. On peut alors se demander si la présence assez réduite (3,3 km au total) de portions en voie verte permet réellement de convertir cet itinéraire en une véritable véloroute, où la priorité est donnée aux modes de déplacement doux? Pour les visiteurs de la « Vélodyssée », on note les mêmes attentes. Leurs principales attentes relèvent aussi de la sécurité et le confort. Un usager parle de ses critères pour utiliser un itinéraire cyclable : « le moins de voiture possible et la nature ». Lorsqu'on lui demande ce qui est nécessaire, il répond : « des bancs pour pique-niquer » et pour lui, il manque des toilettes sur l'itinéraire. C'est également la sécurité et le confort des aires de repos et de l'itinéraire qui priment pour deux autres visiteurs, plus jeunes. L'un désirerait des robinets et pense que pouvoir « se reposer » est la qualité nécessaire à un aménagement. L'autre apprécie « Le fait qu'il y ait pas de motorisation ». En ce qui concerne les pupitres d'interprétation, ils ne sont quasiment jamais cités spontanément comme étant nécessaires, indispensables. Les usagers y accordent une importance mitigée. Lorsque le sujet est abordé, certains avouent ne pas les consulter automatiquement lorsqu'ils se promènent : « Je reconnais que je m'attarde pas trop sur les panneaux. Quand on randonne on ne lit pas les panneaux []. Les panneaux ne sont pas indispensables ». Au fil de la conversation, cette usagère du chemin de halage à vélo au quotidien va même plus loin : « On évolue dans la nature, [] la nature parle d'elle-même il ne faut pas la cribler de panneau ». Pour elle, le pupitre d'interprétation va jusqu'à dénaturer l'environnement. Sur la « Vélodyssée », un adolescent se promenant affirme n'y accorder aucune importance également : « Je ne les lis pas [] je m'en fiche un peu ». Une étudiante a également un avis contrasté sur la question « Ils sont bien conçus mais personnellement, je m'arrêterais pas sur tous les panneaux. De temps en temps mais pas automatiquement ». Ces dernières analyses sur l'importance de l''interprétation dans un aménagement cyclable peuvent être nuancées aussi par les observations des usages effectués sur une aire de repos de la « Vélodyssée » à Capbreton36. En effet, sur 195 passages, 16 personnes se sont arrêtées pour faire une halte sur l'aire de repos. Parmi elles, seulement 2 personnes se sont attardées à la lecture des panneaux. Toutefois, on peut s'interroger sur la provenance de ces personnes? Sont-elles des habituées de l'itinéraire? Auquel cas, auraient-elles déjà profité des pupitres? En ce qui concerne les attentes au niveau des thématiques et des sujets traités sur les pupitres, celles-ci se révèlent en accord avec les thèmes prévus par le projet de MACS. A la question « que souhaiteriez-vous trouver sur les panneaux? » les habitants et usagers du chemin de halage répondent : « La faune, la flore, le patrimoine bâti » ou encore « La vie dans les Barthes aujourd'hui ». Ils souhaitent y découvrir la mise en valeur de leur patrimoine naturel et culturel. Sur la 36 Annexe 9 « Grille d'observation des usages des aires de repos sur la « Vélodyssée » 46 Rodriguez Sara M1LTDT « Vélodyssée », les usagers sont intéressés aussi par la découverte du patrimoine d'un site et par l'explication de leur « l'environnement immédiat ». Pour finir, les usagers de la « Vélodyssée » ont été interrogés sur les pupitres présents sur l'aire de repos. Une maquette d'un des pupitres d'interprétation qui sera installé au niveau du chemin de halage a été présentée aux usagers du chemin de halage37. Les réactions semblent être plutôt favorables à ceux-ci. Des réponses comme « Le visuel me plait, l'encadrement aussi, le personnage est sympa», ou « C'est bien, c'est facile à comprendre » montrent qu'ils semblent apprécier. Les visiteurs de la « Vélodyssée » semblent favorables au pupitre d'interprétation également : « C'est clair, très facile à comprendre, le design, la couleur, ça me plait » affirme un usager à la retraite. Une étudiante est du même avis : « Ils sont bien conçus, c'est fluide [] Les pupitres sont grands et lisibles. Ils sont bien faits. » Le projet de pupitre d'interprétation réalisé par la Communauté de communes parait satisfaire les usagers et habitants du chemin de halage. Ceci explique sans doute un processus décisionnel assez rapide au sein de la Communauté de communes et auprès des élus. En effet la mission comprenant le choix du nombre de panneaux, l'élaboration des thématiques, la rédaction du texte et le suivi des maquettes avec le graphiste n'a duré que trois mois. Un délai relativement court au regard de ceux habituellement constatés dans des processus décisionnels comparables qui a permis : la validation des thématiques par les élus, la validation des textes et maquettes par les agents de MACS puis par les élus. La Communauté de communes MACS sera traversée par un itinéraire de vélo européen : « la Scandibérique » au niveau du chemin de halage bordant l'Adour de Saubusse à Sainte-Marie-de-Gosse. Ceci constituera de forts enjeux pour le développement touristique du territoire. De plus, MACS a adopté un schéma directeur de liaison douces reliant ses 23 communes. C'est ainsi qu'est né le projet d'aménagement du chemin de halage. Au sein des futurs aménagements, le projet prévoit d'implanter des pupitres d'interprétation du patrimoine. En effet, il s'agit d'accompagner le visiteur dans la découverte d'un patrimoine encore méconnu : celui des Barthes de l'Adour. Le fleuve est à l'origine d'une richesse naturelle exceptionnelle, tant au niveau de la faune que de la flore qui a donné lieu à une protection de la zone par le dispositif Natura 2000 notamment. L'Adour est aussi le coeur d'activités diverses et particulières telles qu'un fauchage de qualité, un élevage extensif et mixte ou une pêche de poissons migrateurs. Au niveau historique, les Barthes sont aussi le berceau de savoirs-faires et de traditions à valoriser. Il existe plusieurs éléments tangibles ou intangibles sur le territoire qu'il s'agit de faire ressentir et d'expliquer au visiteur. L'interprétation use alors de différentes méthodes. Il faut qu'elle soit ludique, pédagogique, créative. Ainsi, le pupitre d'interprétation devient un média de communication et de sensibilisation dont peuvent se servir les élus et acteurs locaux qui expriment la volonté de partager leur patrimoine avec les visiteurs. Cependant les usagers et habitants du territoire semblent peu concertés en matière d'interprétation. Ce sont pourtant les premiers concernés dans ce projet de territoire. En effet, le processus décisionnel appartient aux élus et aux agents territoriaux uniquement. Une prise de décision rapide qui soulève la question des enjeux réels des pupitres thématiques et de l'importance accordée à l'interprétation. Dans l'aménagement de l'itinéraire cyclable. En réalité il s'avère que celle-ci ne constitue pas vraiment une priorité pour usagers qui apprécient un tel équipement mais privilégie la sécurité et le confort des voies cyclables. Finalement, on remarque tout de même que MACS a bien cerné les attentes des usagers et habitants en ce qui concerne les pupitres d'interprétation. Même si ceux-ci ne priment pas dans leurs critères, ils semblent les apprécier. Conclusion En conclusion, on peut dire que la valorisation d'un itinéraire cyclable constitue un enjeu assez important au sein du projet d'aménagement du chemin de halage de la Communauté de communes MACS. En effet le tourisme vert ou tourisme rural, qui véhicule une image de tourisme durable plus respectueux de l'environnement et des populations locales connait un succès non négligeable depuis quelques décennies. Dans le même temps, les mobilités douces comme le vélo, sont également en plein essor, en particulier dans le secteur du tourisme. De nouveaux types de touristes se dessinent tel que le cyclotouriste ou touriste itinérant. Celui-ci souhaite, grâce à son mode de déplacement lent, mieux appréhender l'environnement et le patrimoine qui l'entoure. Ainsi, l'interprétation de ce dernier apparait indispensable : cette démarche novatrice initiée par Tilden aux Etats-Unis donne les clés de compréhension de l'environnement immédiat du visiteur. Ici, il s'agit de mettre en lumière un patrimoine méconnu : celui de l'Adour et de ses Barthes. Un territoire qui possède un patrimoine naturel, historique et humain exceptionnel. L'interprétation constitue alors un média de communication et de sensibilisation que les acteurs locaux s'emploient à utiliser dans un objectif de communication et de sensibilisation. Pour cela, elle se base sur plusieurs principes tels que l'émotion, la créativité, et la participation à la fois du visiteur et de l'habitant. Dans le cas du projet d'aménagement du chemin de halage de MACS, les usagers et habitants n'ont pas été enquêtés et n'ont été que peu concertés. Ce projet d'interprétation a donné lieu à un relatif consensus entre les agents territoriaux et les élus. Ce qui dénote peut-être d'une place et 'enjeu assez modéré dans le cadre d'un projet d'aménagement d'un itinéraire cyclable. Ceci s'est vérifié auprès des usagers. En effet, même si MACS avait bien cerné les attentes des usagers et habitants en terme d'interprétation, il s'avère que celle-ci ne constitue pas une priorité pour eux. Ils souhaitent avant tout une meilleure sécurité, et plus de confort en ce qui concerne les aménagements des itinéraires cyclables. BIBLIOGRAPHIE ALDRIDGE D., Guide to Countryside Interpretation, 1975. ASLOUM Nina et al., Initiation aux métiers de l'aménagement: Paysage, environnement, forêt, eau, nature, animation. Dijon : Educagri éditions, 2008. Atout France, France Vélo Tourisme. « Le tourisme à vélo en France : un marché prometteur », novembre 2012. AUBERT Nicole, La société malade du temps : le culte de l'urgence, Paris : Flammarion, 2004. BACQUE Marie-Hélène, REY Henri, Gestion de proximité et démocratie participative : étude comparative, Pais : La Découverte, 2005. BARRIO Anne, « Cyclotourisme et valorisation patrimoniale : l'exemple des circuits bastides 64 ». Mémoire de Master 1 management du sport, des loisirs et du tourisme. Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2006. BETEILLE Roger, Le tourisme Vert, Paris : Que sais-Je?, 1994. BRINGER Jean-Pierre, « L'interprétation de notre patrimoine l'introduction du concept en France : bilan et perspectives ». Cahiers Espaces, n°0, p. 159 à168. CHAZAUD Pierre, DIALLO Idrissa, « La demande touristique de mobilité à la croisée des chemins ». Cahiers Espaces, n°100, mars 2009, p 15 à 22. DESVIGNES Claude (dir.), Itinérance douce & tourisme. Cahiers Espaces, n°112, avril 2012. FAUCHER Franck, « Mise en valeur du patrimoine et aménagement du territoire ». Cahiers Espaces, n°37, Juin 1994. GIRARD Julie, BAHOLET Sébastien, Le tourisme à vélo, un tourisme culturel, Paris, DGCIS, 2010. 50 Rodriguez Sara M1LTDT GIRARD Julie, « Pour une évaluation des perspectives et des outils pour le développement du tourisme à vélo en France : la Loire à vélo, première étape vers une future France à vélo? ». Mémoire de Master 2 tourisme, sous la dir. de JeanPierre Martinetti. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Juin 2010. HAURIE Myriam, « Au croisement des notions de projet et de développement local : le tourisme à vélo : l'exemple de la création d'une voie verte entre Salies de Béarn et Sauveterre ». Mémoire de maîtrise. IUP aménagement et développement territorial. Université de Pau et des Pays de l'Adour, 1999. LAVERGNE Sandra, « Tourisme d'itinérance et coopération territoriale : agir pour un développement local, le cas de la région Midi-Pyrénées » Mémoire de Master 2 tourisme et hôtellerie, sous la dir. de Laurence Barthe. Université Toulouse Jean Jaurès, 2014. LEQUIN Marie, Ecotourisme et gouvernance participative, Presses de l'Université du Québec, Québec, 2001. MINOT Didier, Des associations citoyennes pour demain, Ed. Charles Léopold Mayer, Paris, 2013. NOYER Jacques, RAOUL Bruno, « Concertation et « figures de l'habitant » dans le discours des projets de renouvellement urbain », Études de communication, 31 | 2008, 111-130. RENAUD Yann, « Le territoire de l'habitant », Labyrinthe, 12 | 2002, Thèmes, 29-45. TILDEN Freeman, Interpreting our heritage, 1957. 51 Rodriguez Sara M1LTDT SITOGRAPHIE « 1.3 - La population locale est concernée | Comment aménager vos sentiers pour l'interprétation ». 2016. Consulté le 16 avril. http://ct16.espaces-naturels.fr/lapopulation-locale-est-concernee. « 2013-02_Note_de_tendance_slow_tourisme Note_de_tendance_slow_tourisme.pdf ». 2016. Consulté le 16 Avril. http://www.morbihan.cci.fr/pub/tourisme/N20/Note_de_tendance_slow_tourism e.pdf. « 15145309_ACTES_ClubItineraire13112014(1).pdf ». s. d. 2016 ; Consulté le 14 Juin. « 100160249_13._Methode_de_valorisation_du_patrimoine_FR.pdf ». s. d. BLONDIAUX Loïc, RODET Diane, Le nouvel esprit de la démocratie. Actualité de la démocratie participative »,Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2008, mis en ligne le 30 mai 2008, consulté le 01 juin 2016. URL : http://lectures.revues.org/609 « Des panneaux pour valoriser le patrimoine - Le Parisien ». 2016. Consulté le 7 Mai. http://www.leparisien.fr/oise-60/des-panneaux-pour-valoriser-le-patrimoine-22-052011-1460900.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F. « Évaluer un sentier d'interprétation | Espaces naturels ». 2016. Consulté le 18 Mai. http://www.espaces-naturels info/evaluer-sentier-interpretation. « EuroVelo.com - le site web pour tout ceux qui veulent voyager en Europe à vélo. » 2016. Consulté le 4 Avril. http://www.eurovelo.com/fr/home. « file.pdf ». 2016. Consulté 52 le 13 Mai. Rodriguez Sara M1LTDT http://www.enrx.fr/content/download/863/2482/file. « Guide_methodologique_pour_l_interpretation_des_sites_cle055b3e.pdf ». Consulté le 4 Mai. 2016. http://www.franche-comte.developpement- durable.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_methodologique_pour_l_interpretation_des_sit es_cle055b3e.pdf. « http://www.oecd.org/officialdocuments/publicdisplaydocumentpdf/?cote=OCDE/GD( 94)49&docLanguage=Fr ». 2016. Consulté le.
| 657
|
hal-04606863-Actes%20RUGC%202024%20V3_ok%20r-avec%20compression.txt_8
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
RUGC 2024 Le Havre-Normandie Actes de la conférence. Rencontres Universitaires de Génie Civil 2024, Association Universitaire de Génie Civil, 2024. ⟨hal-04606863⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,816
| 12,537
|
Delannoy, G., Marceau, S., Glé, P., Gourlay, E., Guéguen-Minerbe, M., Diafi, D., Amziane, S., Farcas, F., 2020. Impact of hemp shiv extractives on hydration of Portland cement. Construction and Building Materials 244, 118300. https://doi.org/10.1016/j.conbuildmat.2020.118300 Jury, C., Girones, J., Vo, L.T.T., Di Giuseppe, E., Mouille, G., Gineau, E., Arnoult, S., BrancourtHulmel, M., Lapierre, C., Cézard, L., Navard, P., 2022. One-step preparation procedure, mechanical properties and environmental performances of miscanthus-based concrete blocks. Materials Today Communications 31, 103575. https://doi.org/10.1016/j.mtcomm.2022.103575 Niyigena, C., Amziane, S., Chateauneuf, A., 2018. Multicriteria analysis demonstrating the impact of shiv on the properties of hemp concrete. Construction and Building Materials 160, 211–222. https://doi.org/10.1016/j.conbuildmat.2017.11.026 (1) Sharma, M., Bishnoi, S., Martirena, F., Scrivener, K., 2021. Limestone calcined clay cement and concrete: A state-of-the-art review. Cement and Concrete Research 149, 106564. https://doi.org/10.1016/j.cemconres.2021.106564 Tale Ponga, D., Sabziparvar, A., Cousin, P., Boulos, L., Robert, M., Foruzanmehr, M.R., 2023. Retarding Effect of Hemp Hurd Lixiviates on the Hydration of Hydraulic and CSA Cements. Materials 16, 5561. https://doi.org/10.3390/ma16165561 Wilding, C.R., Walter, A., Double, D.D., 1984. A classification of inorganic and organic admixtures by conduction calorimetry. Cement and Concrete Research 14, 185–194. https://doi.org/10.1016/00088846(84)90103-0 9 125 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1)
M
atériaux terre crue-granulats végétaux
: pré
diction
de la
conductivité thermique
par
mo
délisation multi-échelle S. Rosa Latapie 1, A. Abou-Chakra 1, V. Sabathier
1 Université de Toulouse, INSA, UPS, LMDC (Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions), 135 avenue de Rangueil, 31 077 Toulouse Cedex 04, France 1
RESUME
La terre crue est un matériau de construction exemplaire sur bien des aspects : disponibilité, recyclabilité, faible impact environnemental, performances mécaniques et hydriques reconnues. L’incorporation de granulats végétaux permet d’améliorer les performances thermiques. Cependant la diversité des co-produits agricoles ajoutée à celle des sols utilisés en tant que matrice liante conduit à des performances très variables selon les formulations et la nature des constituants. L’homogénéisation par champs moyens (schéma de Mori Tanaka) est ici proposée et évaluée en tant qu’outil de prédiction de la conductivité thermique de ces matériaux. S’appuyant sur une détermination adéquate des données d’entrée et un modèle inspiré de la structure du matériau, cette étude valide des modèles de prédiction en s’appuyant sur plusieurs campagnes expérimentales de la littérature. Ces travaux ouvrent la voie vers la possibilité d’une optimisation de la conductivité thermique d’un matériau terre-crue incorporant des granulats végétaux avant même l’étape de fabrication. Mots-clefs Modélisation multi-échelle, terre crue, granulat végétal I. INTRODUCTION
Le réchauffement climatique et ses conséquences sont désormais une réalité visible à l’échelle mondiale (Adélaïde et al., 2022). Les réponses apportées peuvent diverger en fonction de la philosophie adoptée, qu'il s'agisse d'une approche axée sur le « culte de la nature sauvage », de l’ « éco-efficacité « ou encore de l’ « écologisme populaire » (Martinez-Alier, 2023). L’utilisation ancestrale de la terre crue dans la construction, ses capacités reconnues de tampon hydrique, les possibilités d’exploitation locale à moindre coût et son faible impact environnemental constituent des avantages majeurs qui devraient favoriser un consensus quant à son utilisation en tant que matériau de construction. Par ailleurs, l’incorporation de granulats végétaux dans une matrice terre crue permet d’atteindre de bonnes performances thermiques (Laborel-Préneron et al., 2018) et ainsi de contribuer à la performance énergétique du bâti. Devant le besoin d’optimiser les formulations et d’utiliser des co-produits locaux - pour minimiser l’impact environnemental et favoriser l’économie locale-, des travaux de modélisation des propriétés effectives de matériaux à base de terre crue incorporant des granulats végétaux sont disponibles dans la littérature (Belayachi et al., 2022). Cependant, les auteurs concluent à la pertinence de l’homogénéisation numérique tout en soulignant les limites des modèles conceptuels. Il convient de noter que ces 182 126 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1) modèles ont pourtant démontré leur pertinence dans le domaine des matériaux composites (Shanmuga Priyan and Kanmani Subbu, 2023). Le réel défi réside dans la pertinence des données d’entrée des constituants. La tivité thermique effective, calculée par une analyse multiéchelle, nécessite notamment d’avoir accès à la conductivité thermique des inclusions considérées, c’est-à-dire celle des granulats végétaux. Ces valeurs font défaut dans la littérature mais des travaux récents ont permis de les estimer efficacement (Rosa Latapie et al., 2023a). Dans cette étude, une homogénéisation semi-analytique par champs moyens (Mori and Tanaka, 1973) est menée en utilisant les valeurs de conductivité thermique particulaire. Les valeurs de sortie des modèles - les conductivités thermiques de composites terre crue-granulats végétal- sont comparées aux valeurs expérimentales. Cela permet de démontrer et d’asseoir la pertinence du recours à la modélisation multi-échelle pour les matériaux de construction géo-sourcés dès lors que les données d’entrée sont correctement déterminées. II. MATERIAUX ET METHODES
A. Matériaux à base de terre crue avec incorporation de granulats végétaux. Plusieurs matériaux ont été sélectionnés dans la littérature pour cette étude. La contrainte était d’avoir toutes les informations pertinentes pour pouvoir en déduire les données d’entrée nécessaires à la modélisation. Les matériaux retenus, leurs caractéristiques extraites des campagnes expérimentales et les références associées sont rassemblées dans le tableau 1. TABLEAU 1. Composites sélectionnés pour l’étude : caractéristiques et références
Matériau composite Références (notation) Masse volumique du composite Conductivité thermique du composite Masse volumique de la matrice (kg.m-3) ( W.m-1.K-1) (kg.m-3) Conductivité thermique de la matrice ( W.m-1.K-1) Conductivité thermique du granulat en vrac (W.m- 1.K-1) / Masse volumique en vrac (kg.m- Méthode de mesure 3) Argile/Moelle de tournesol (AM) Argile/Ecorce de tournesol (AE) Fines de lavage/Chènevotte (FC3) Fines de lavage/Chènevotte (FC6) (Belayachi et al., 2022) (Brouard et al., 2018) 235 (LaborelPréneron et al., 2018) 1519 0.055 0.036 / 15.9 900 714 1271 Fil chaud (régime transitoire) 0.27 0.158 0.053 / 129 0.20 1891 0.57 Plaque chaude gardée (régime permanent) 0.051 / 153 0.30
Notons que les mesures expérimentales font l’hypothèse d’un transfert thermique unidirectionnel, i.e l’anisotropie du matériau n’est pas prise en compte. Les masses volumiques des composites 183 CE, 42 (1) terre crue-granulat végétal sont très variables ainsi que leurs conductivités thermiques. Aussi, dans l’optique d’une modélisation fidèle à la réalité structurelle des matériaux, une classification est proposée. En effet, selon le ratio granulat/liant et la méthode de fabrication notamment, la stucture de ces éco-matériaux est clairement différente. Elle peut être décrite et schématisée ( Figure 1) comme suit : - Lorsque les granulats sont complètement noyés dans la matrice liante, ils constituent des « inclusions » au sens strict du terme. C’est particulièrementle le cas avec un procédé de fabrication par extrusion (Laborel-Préneron et al., 2017) et une faible proportion de granulats ( type 1). - Dans le cadre d’une mise en oeuvre par compression, une porosité addittionnelle notable se crée dans le plan perpendiculaire à la compression (Laborel-Préneron et al., 2017) après la mise en oeuvre. C’est probablement l’effet combiné d’une fissuration de la matrice liante au séchage (Anglade, 2022) et des granulats granulats végétaux qui reprennent leur forme initiale après déformation ( type 2). D’autre part, une orientation préférentielle des granulats se fait dans un plan perpendiculaire à la compression. Dans le cas éventuel d’une projection, on retrouve le même phénomène d’orientation préférentielle dans le plan perpendiculaire à la direction de projection.
FIGURE 1. Schématisation des différentes structures de composites terre crue-granulats végétaux (cas des granulats de forme cylindrique) et exemples illustratifs correspondants extraits de la littérature (LaborelPréneron et al., 2018). (1) B. Modélisation par champs moyens
Le schéma de Mori Tanaka (Mori and Tanaka, 1973) est utilisé pour les calculs d’homogénéisation sur tous les types modèles de composites. Cela permet de prendre en compte notamment l’effet des inclusions entre elles. Il s’agit de considérer des éléments de volumes représentatifs (VER) constitués de plusieurs phases (décrites dans la figure 1) dont il faut connaître la fraction volumique et la conductivité thermique. Pour les inclusions (granulat végétal ou fissuration), il est nécessaire également de définir une forme (sphère, cylindre, ellipsoïde), un facteur de forme (fixe ou défini par une loi de distribution) et une orientation (aléatoire 3D, aléatoire 2D ou définie par les composantes d’un tenseur). Une relation analytique permet ensuite de calculer la conductivité thermique d’un milieu homogène équivalent (celui du composite) à partir de celles des particules végétales et de la matrice terre (Rosa Latapie et al., 2024, 2023a). Ce schéma d’homogénéisation peut toutefois montrer des limites dans le cas d’une grande fraction volumique (Jeancolas, 2018) surtout si le contraste est particulièrement marqué entre l’inclusion et la matrice (Ghossein and Lévesque, 2011). C. Conductivité thermique particulaire
L’analyse macro et microstructurale des inclusions permet d’accéder à leur conductivité thermique particulaire selon que le granulat est plutôt isotrope (type moelle de tournesol) ou transversalement isotrope (type paille, chènevotte) grâce à deux méthodes développées dans des travaux précédents (Rosa Latapie et al., 2023a, 2023b). Dans les références choisies pour cette étude, la conductivité thermique des granulats en vrac a été mesurée avant la mise en œuvre des matériaux ce qui a permis de remonter, par méthode inverse, à la conductivité thermique particulaire des granulats végétaux utilisés. Cependant, ces calculs nécessitent également la connaissance des masses volumiques particulaires. Étant donné que ces données n'étaient pas disponibles dans les campagnes expérimentales sélectionnées, les valeurs ont été extraites d’autres travaux de la littérature (Ratsimbazafy et al., 2023). En outre, pour les granulats de forme cylindrique, une hypothèse sur la valeur du paramètre d’anisotropie g était nécessaire : le choix a été de considérer une valeur de 1.5 qui semble faire consensus pour la chènevotte (Nguyen et al., 2016; Rosa Latapie et al., 2023a) bien qu'elle n'ait pas été déterminée pour d’autres granulats. Ce choix est justifié par la similitude apparente de l'aspect des pailles avec celui de la chènevotte, tant à l'échelle macroscopique que microscopique. Ainsi, deux composantes de la conductivité thermique particulaire, la composante tangentielle lT et la composante normale lN, sont déterminées (figure 2). FIGURE 2. Conductivité thermique particulaire selon le type de granulat végétal envisagé : cas isotrope (moelle de tournesol) ou anisotrope (chènevotte, paille de blé/colza/orge,...) Enfin, dans la mesure où les conductivités thermiques ont été mesurées sur des échantillons préalablement séchés en étuve, la conductivité thermique particulaire a été calculée à l’état sec en 185 129 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1) amont de la modélisation. Les valeurs particulaires utilisées pour l’homogénéisation sont récapitulées dans le tableau 2. TABLEAU 2. Détermination des conductivités thermiques particulaires en amont de la modélisation
Masse volumique particulaire (kg.m-3) Type de granulat (notation) Moelle de tournesol (M) 56 Ecorce de tournesol (E) 425 Chènevotte (C) 248 Référence (Ratsimbazafy et al., 2023) Conductivité thermique particulaire à l’état sec utilisée dans l’étude ( W.m-1.K-1) liso lT lN 0.08 (0.04) / / / 0.045 0.068 / 0.044 0.067 Valeur comparative de la littérature -cas isotrope(W.m-1.K-1) (Référence) 0.036 (Belayachi et al., 2022) 0.053 (Belayachi et al., 2022) 0.110 (Dartois et al., 2017)
La valeur de 0.08 W.m-1.K-1 pour la conductivité thermique particulaire de la moelle de tournesol déduite de la mesure faite sur le vrac selon l’étude sélectionnée - est relativement élevée alors même que ce granulat est connu pour être l’un des plus poreux (Abbas et al., 2020). Il devrait donc logiquement avoir une conductivité thermique plus faible que l’écorce de tournesol ou la chènevotte. Une précédente étude sur la conductivité thermique particulaire de ce granulat met en évidence une valeur deux fois moins importante, de l’ordre de 0.04 W.m-1.K-1, validée à l’échelle de panneau isolants (Rosa Latapie et al., 2023b). Les deux valeurs ont été considérées ici pour être discutées ensuite au niveau des résultats et sont référencées sur les noms des composites par les suffixes -l8 ou -l4. D. Hypothèses et démarche de l’étude
Les hypothèses retenues pour cette étude sont les suivantes : - L’eau éventuellement adsorbée par le bio-composite au niveau de la terre crue et du granulat végétal n’est pas prise en compte. - Les granulats végétaux sont considérés comme des inclusions isotropes (sphères) ou transversalement isotropes (cylindres) avec une orientation aléatoire selon les trois directions de l’espace (figure 3) ou dans le plan perpendiculaire à la compression (a) (b)
(1) FIGURE 3. VER considérés selon le type de granulat végétal: moelle de tournesol (a) ou type paille /chènevotte (b) avec l’hypothèse de deux phases : inclusions (orientation aléatoire) et matrice liante.
Par ailleurs, pour apprécier la pertinence des descriptions proposées à la section II.A, l’étude a été menée en considérant les deux types de structure définies dans la figure 1 : - la porosité matrice/inclusion (soit liant/granulat végétal) est négligée, seules sont prises en comptes les porosités intra liant et intra granulaire via les conductivités thermiques respectives du liant et du granulat végétal ( type 1). - la porosité matrice/inclusion et la porosité additionnelle qui se crée après le processus de fabrication sont considérées à travers une porosité spécifique (orientation perpendiculaire à la compression et facteur de forme correspondant à une ellipse aplatie), fixée arbitrairement à 10 % du volume total du VER ( type 2), qui est une valeur vraisemblable car ces composites sont très cohésifs (Menibus et al., 2018). Une discussion est menée sur la base de ces simulations, par comparaison aux résultats expérimentaux. Il est à noter cependant que ces derniers sont des scalaires (notés lcomposite), issus des appareils de mesure de conductivité thermique ( fil chaud, plaque chaude gardée) alors que la modélisation donne accès à un tenseur de conductivité thermique composite qui prend en compte les différentes composantes définies par la loi de Fourier pour un matériau anisotrope : = - composite grad T Avec j, le vecteur de flux thermique macroscopique (en W), (1) composite le tenseur de conductivité thermique (en W.m.K ) et grad T le gradient de température (en K.m-1). Le tenseur de conductivité thermique est composé de trois composantes notées comme suit : -1 -1 composite = (2) Dans le but de pouvoir comparer les valeurs expérimentales (une seule valeur scalaire) aux valeurs résultant de l’homogénéisation (composantes li du tenseur), la moyenne des composantes données par la modélisation a été calculée. Dans le cas où le matériau est isotrope, les composantes li sont égales à lcomposite. Les valeurs de li du composite sont calculées par l’homogénéisation par champs moyens décrite dans la partie
B
.
E. Données d’entrée de la modélisation
Des données d’entrée spécifiques à la matrice et aux inclusions sont nécessaires (masse volumique et conductivité thermique) ainsi que la fraction volumique des phases dans le composite. Cette donnée constitue un point délicat car elle est rarement explicitée ou mesurée dans la littérature. Elle peut se calculer -pour la structure de type 1- à partir des masses volumiques de chaque phase et du volume de l’échantillon. Les rapports de forme (moyenne des analyses granulométriques) sont extraits, si possible, des références sélectionnées. A défaut, ils sont issus de la moyenne des valeurs données dans une étude bibliographique récente sur les granulats végétaux 187 131 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1) (Ratsimbazafy et al., 2021). Le tableau 3 précise ainsi toutes les données d’entrées complémentaires utilisées pour la modélisation.
TABLEAU 3. Données d’entrée complémentaires aux conductivités thermiques particulaires
Composite Matrice/Inclusion (notation) Argile/Moelle de tournesol (AM) Argile/Ecorce de tournesol (AE) Fines de lavage/Chènevotte (FC1) Fines de lavage/Chènevotte (FC2) Rapport de forme de l’inclusion (référence) Fraction volumique de l’inclusion 1.5 (Ratsimbazafy et al., 2021) 3.87 (Ratsimbazafy et al., 2021) 0.79 0.39 0.22 3.3 (Laborel-Préneron et al., 2018) 0.37
L’étude multi-échelle donne ainsi accès à la conductivité thermique effective du matériau. Il est démontré empiriquement que cette valeur décroît avec la masse volumique du matériau (LaborelPréneron et al., 2018).
III. RESULTATS ET DISCUSSION
Pour bien distinguer les différents essais menés et dans le but de comparer de manière exhaustive les résultats expérimentaux aux résultats obtenus par homogénéisation, la liste des modèles testés est récapitulée dans le tableau 4. Cela permet d’analyser les différentes variantes considérées pour un même matériau et de visualiser l’impact des hypothèses faites sur les résultats.
TABLEAU 4. Liste des modèles testés avec le schéma de Mori Tanaka et résultats associés
Type 1 Composite modélisé Spécificités du modèle Orientation des inclusions Conductivité thermique du composite à l’état sec - liso ou composantes l1, l2,l3 ( W.m-1.K-1) AM-1-l8 / liso = 0.08 W.m K -1 0.112 AM-1-l4 / liso = 0.04 W.m K -1 0.077 AE-1-3D Aléatoire 3D / 0.166 AE- 1-2D Aléatoire 2D dans plan perpendiculaire à la direction de compaction Aléatoire 3D / 0.172/0.172/0.156 / 0.421 Aléatoire 2D dans plan perpendiculaire à la direction de compaction Aléatoire 3D / 0.430/0.430/0.413 / 0.362 Aléatoire 2D dans plan perpendiculaire à la direction de compaction / 0.341/0.341/0.323 FC1-1-3D FC1-1-2D FC2-1-3D FC2-1-2D -1. -1. 188 (1) Type 2 AM-2-l8 / AM-2-l4 / AE-2-3D Aléatoire 3D AE- 2-2D Aléatoire 2D dans plan perpendiculaire à la direction de compaction Aléatoire 3D FC1-2-3D FC1-2-2D FC2-2-3D FC2-2-2D 0.091/0.091/0.090 Aléatoire 2D dans plan perpendiculaire à la direction de compaction Aléatoire 3D Aléatoire 2D dans plan perpendiculaire à la direction de compaction Inclusions (air) de facteur de forme 20 (allongé de type fissure) aléatoirement disposées dans un plan perpendiculaire au plan de compaction 0.057 /0.057/0.056 0.142/0.142/0.139 0.147/0.147/0.129 0.360/0.360/0.340 0.360/0.360/0.330 0.375/0.275/0.266 0.284/0.284/0.248
Pour chaque composite, les résultats obtenus grâce à ces différentes modélisations ont été comparés aux valeurs expérimentales (figure 4).
FIGURE 4. Comparaison des valeurs de conduc
thermique mesurées sur chaque composite aux valeurs calculées par homogénéisation selon les différentes matériaux considérés : AM, AE, FC1 et FC 2. Pour le composite AM (argile / moelle de tournesol), on constate que toutes les modélisations considérant une conductivité thermique particulaire de 0,08 W.m-1.K-1 surévaluent largement celle mesurée sur le composite réel. En revanche, en considérant la valeur particulaire de 0,04 W.m-1.K189 133 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1), les résultats sont nettement améliorés (écart relatif de moins de 5% entre la valeur modélisée AM-2-l4 et la valeur expérimentale). Cette valeur est donc vraisemblablement plus pertinente. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les modélisations type 2 donnent des meilleurs résultats : la prise en compte de la fissuration après séchage semble se justifier indépendamment de la valeur de la conductivité thermique du granulat. 1 Pour le composite AE (argile/écorce de tournesol), les modélisations qui ne tiennent pas compte de la porosité additionnelle due à la fissuration au séchage surévaluent légèrement la conductivité thermique du composite, ce qui est cohérent. Avec une porosité additionnelle de 10% du volume total, les valeurs du modèle sont en-deçà de la valeur réelle (environ 10 % en dessous). La porosité additionnelle réelle est donc vraisemblablement inférieure à cette valeur fixée arbitrairement (faute d'avoir accès à cette donnée dans la littérature). Pour le composite FC1 (fines de lavage/chènevotte), la modélisation la plus pertinente est celle de type 2. La surestimation de ce modèle (de l’ordre de 15%) montre que la porosité additionnelle est probablement plus importante que la valeur de 10 % fixée dans l'étude. Comme pour le matériau AE, la prise en compte de l'orientation préférentielle des particules de chènevotte dans une orientation perpendiculaire au plan de compactage ne semble pas nécessaire. En effet, les résultats qui considèrent une orientation aléatoire dans les trois directions de l'espace donnent des résultats tout aussi pertinents. Pour le modèle FC 2 (fines de lavage/chènevotte), la modélisation la plus pertinente reste celle de type 2. La prise en compte de l’orientation préférentielle des particules due à la mise en œuvre du matériau améliore le résultat prédictif. Cet effet notoire sur la conductivité thermique du composite s’expliquer par une proportion volumique de granulats importante : la proportion volumique de chènevotte dans le composite FC 2 est de 37% contre 22% pour le composite FC 1. Structurellement, la fraction volumique de matrice est donc moins importante mais il est difficile d’en évaluer la part de fissuration d’où un écart plus marqué dans ce cas entre valeur théorique et valeur expérimentale. Cependant, on pourrait envisager une fissuration moins importante pour FC2 que pour FC 1 par un possible pontage réalisé par les particules de chènevottes. Plus nombreuses dans le composite FC 2 que dans FC 1, elles pourraient être à l'origine d'une limitation de la fissuration au séchage. En effet, ce type de phénomène a été mis en évidence sur des travaux concernant des mortiers (Saad et al., 2022). IV. CONCLUSION
Cette étude démontre qu’une bonne définition des données d’entrée, couplée à une définition structurelle fidèle du composite réel, permet de prédire la conductivité thermique à sec de composites terre crue–granulats végétaux de manière très pertinente grâce à l’homogénéisation par champ moyens utilisant le modèle de Mori Tanaka. Malgré des fractions volumiques relativement élevés, les résultats sont pertinents. Cela s’explique probablement par un contraste peu marqué entre les conductivités thermiques particulaires et celle de la matrice. Pour la grande majorité des composites sélectionnés dans l’étude, la valeur modélisée de la conductivité thermique n’excède pas 15 % d’écart avec la valeur réelle. Pour améliorer le modèle prédictif, il conviendra d’apporter une attention particulière sur la caractérisation préalable des constituants 190 134 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1) du matériau que l’on souhaite mettre en œuvre. Il s’agit d’avoir accès à la masse volumique et la conductivité thermique de la matrice seule. Concernant les granulats végétaux, la mesure de la conductivité thermique en vrac, sur un mélange dont on connait la fraction volumique de granulats, est souhaitable. A défaut, la masse volumique en vrac est exploitable si la masse volumique particulaire est connue pour en déduire la fraction volumique. En conséquence, le procédé de fabrication doit permettre de contrôler la proportion volumique des granulats incorporés mais également l’orientation préférentielle de ces derniers. En effet, cette dernière peut avoir un impact non négligeable sur la conductivité thermique du composite. Il est à noter que les composites modèles étudiés dans ces travaux ouvrent la possibilité de pouvoir déterminer la conductivité thermique par homogénéisation en amont même de la fabrication. Il est donc possible d’envisager une optimisation de la formulation en modifiant l’orientation des granulats et/ou leur facteur de forme dans une phase préalable à la mise en œuvre. L’impact de modifications microstructurales pourrait ainsi être évalué sur les performances thermiques des géo-composites. Toutefois, le manque de campagnes expérimentales dans la littérature donnant accès aux valeurs nécessaires à la modélisation est notable. Une étude élargie pourrait permettre -par comparaison entre les différents modèles et la pertinence de la valeur de conductivité thermique prédite- de définir des « cas type » de modélisation suivant la technique de fabrication et la formulation (type et proportion de granulats). Enfin, le fait de mener une étude multi-échelle dès celle du granulat permet d’envisager également, dans la modélisation, un changement de granulat dans le composite en prenant en compte la disponibilité locale des co-produits agricoles (filière existante ou non, saisonnalité des récoltes). Ce dernier élément est fondamental pour optimiser l’impact environnemental des matériaux terre crue-granulats végétaux et répondre ainsi aux enjeux énergétiques, climatiques et sociétaux actuels. Cette perspective pourra faire l’objet de travaux futurs.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient l’ADEME et le projet LOCABATI pour leur soutien financier à cette étude ainsi que l’AUGC pour son aide à la mobilité concernant notre participation aux RUGC 2024.
REFERENCES Abbas, M.S., McGregor, F., Fabbri, A., Ferroukhi, M.Y., 2020. The use of pith in the formulation of light bio-based composites: Impact on mechanical and hygrothermal properties. Construction and Building Materials 259, 120573. https://doi.org/10.1016/j.conbuildmat.2020.120573 Adélaïde, L., Chanel, O., Pascal, M., 2022. Des impacts sanitaires du changement climatique déjà bien visibles : l’exemple des canicules. Annales des Mines - Responsabilité et environnement 106, 42–47. https://doi.org/10.3917/re1.106.0042 Anglade, E., 2022. Effet de la pression capillaire sur les propriétés mécaniques d’un sol reconstitué. Academic Journal of Civil Engineering 40. https://doi.org/10.26168/ajce.40.1.84 , (1) Belayachi, N., Ismail, B., Broard, Y., 2022. Propriétés effectives thermiques d’un biocomposite à base de tournesol. Academic Journal of Civil Engineering 40, 240–243. https://doi.org/10.26168/ajce.40.1.59 Brouard, Y., Belayachi, N., Hoxha, D., Ranganathan, N., Méo, S., 2018. Mechanical and hygrothermal behavior of clay – Sunflower (Helianthus annuus) and rape straw (Brassica napus) plaster bio-composites for building insulation. Construction and Building Materials 161, 196–207. https://doi.org/10.1016/j.conbuildmat.2017.11.140 Dartois, S., Mom, S., Dumontet, H., Hamida, A.B., 2017. An iterative micromechanical modeling to estimate the thermal and mechanical properties of polydisperse composites with platy particles: Application to anisotropic hemp and lime concretes. Construction and Building Materials 152, 661. https://doi.org/10.1016/j.conbuildmat.2017.06.181 Ghossein, E., Lévesque, M., 2011. Un outil complètement automatisé pour l’évaluation en profondeur des performances des modèles d’homogénéisation, in: AMAC (Ed.), 17èmes Journées Nationales Sur Les Composites (JNC17). Poitiers-Futuroscope, France, p. Laborel-Préneron, A., Aubert, J.-E., Magniont, C., Maillard, P., Poirier, C., 2017. Effect of Plant Aggregates on Mechanical Properties of Earth Bricks. Journal of Materials in Civil Engineering 29, 04017244. https://doi.org/10.1061/(ASCE)MT.1943-5533.0002096 Laborel-Préneron, A., Magniont, C., Aubert, J.-E., 2018. Hygrothermal properties of unfired earth bricks: Effect of barley straw, hemp shiv and corn cob addition. Energy and Buildings 178, 265–278. https://doi.org/10.1016/j.enbuild.2018.08.021 Martinez-Alier, J., 2023. L’Ecologisme des environnementaux dans le monde. Petits matins. pauvres - Une étude des conflits Menibus, A.H. de, Basco, C., Degrave-Lemeurs, M., Colinart, T., Glé, P., Hamard, E., Lecompte, T., Lenormand, H., Meunier, M., Vinceslas, T., 2018. Étude des bétons biosourcés à base de terre crue et de chanvre dans le cadre du projet ECO-TERRA. Academic Journal of Civil Engineering 36, 25–28. https://doi.org/10.26168/ajce.36.1.7 Mori, T., Tanaka, K., 1973. Average stress in matrix and average elastic energy of materials with misfitting inclusions. Acta Metallurgica 21, 571–574. https://doi.org/10.1016/00016160(73)90064-3 Nguyen, S.T., Tran-Le, A.D., Vu, M.N., To, Q.D., Douzane, O., Langlet, T., 2016. Modeling thermal conductivity of hemp insulation material: A multi-scale homogenization approach. Building and Environment 107, 127–134. https://doi.org/10.1016/j.buildenv.2016.07.026 Ratsimbazafy, H.H., Laborel-Préneron, A., Magniont, C., Evon, P., 2023. Contribution à l’élaboration d’un référentiel de caractérisation des granulats végétaux pour la construction. Academic Journal of Civil Engineering 41, 375–385. https://doi.org/10.26168/ajce.41.1.37 Ratsimbazafy, H.H., Laborel-Preneron, A., Magniont, C., Evon, P., 2021. A review of the multi-physical characteristics of plant aggregates and their effects on the properties of plant-based concrete. Recent Progress in Materials 3, 1–69. Rosa Latapie, S., Lagouin, M., Douk, N., Sabathier, V., Abou-Chakra, A., 2023a. Multiscale Modelling of Bio-composites: Towards Prediction of Their Thermal Conductivity Based on 192 136 2024 AJCE, vol. 42 (1) Adequate Knowledge of Their Constituents, in: S. Mert I., Page, J. (Eds.), Bio-Based Building Materials, RI series. Springer , Cham, pp. 841–858. https://doi.org/10.1007/978-3-031-33465-8_65 Rosa Latapie, S., Lagouin, M., Sabathier, V., Abou-Chakra, A., 2023b. From aggregate to particleboard: A new multi-scale model approach to thermal conductivity in bio-based materials. Journal of Building Engineering 78, 107664. https://doi.org/10.1016/j.jobe.2023.107664 Rosa Latapie, S., Sabathier, V., Abou-Chakra, A., 2024. Bio-based building materials: A prediction of insulating properties for a wide range of agricultural by-products. Journal of Building Engineering 108867. https://doi.org/10.1016/j.jobe.2024.108867 Saad, M., Sabathier, V., Turatsinze, A., 2022. Natural Fibers vs. Synthetic Fibers Reinforcement: Effect on Resistance of Mortars to Impact Loads. https://doi.org/10.4028/www.scientific.net/CTA.1.95 Shanmuga Priyan, V.G., Kanmani Subbu, S., 2023. Numerical Simulation of Thermal Conductivity of Aluminium–Silicon Carbide Composites, in: Jain, P.K., Ramkumar, J., Prabhu Raja, V., Kalayarasan, M. (Eds.), Advances in Simulation, Product Design and Development, Lecture Notes in Mechanical Engineering. Springer Nature, Singapore, pp. 95–103. https://doi.org/10.1007/978-981-19-4556-4_8
(1) Utilisation de la maturométrie pour optimiser le décoffrage des bétons bas carbone en bâtiment
Agathe Bourchy1, Jean Michel Torrenti1,2, Gael Le Bloa3 1 Université Gustave Eiffel, département MAST 2 ESITC Paris 3 Hilti RESUME
Afin de réduire l’impact carbone des constructions, l’utilisation de bétons bas carbone est de plus en plus fréquente. Cependant, ces bétons ont souvent une montée en résistance plus lente ce qui conduit à des délais de décoffrage plus longs. Trois formules de béton ayant un poids carbone différents sont utilisées pour la modélisation d’un voile de bâtiment. Une mesure de la température à l’aide de capteurs noyés dans le béton, combinée à une analyse maturométrique des courbes dégagement de chaleur dans les voiles, est utilisée pour estimer le temps de décoffrage de chaque voile. Les résultats montrent que cette technique permet d’optimiser les délais de réalisation et diminuer l’inconvénient lié à une montée en résistance plus lente des bétons bas carbone. Mots-clefs béton, bas carbone, maturométrie I. INTRODUCTION
L’utilisation de bétons bas carbone est de plus en plus fréquente dans la construction de bâtiments ou d’infrastructure (Wimpenny, 2009). Il est en effet nécessaire de réduire l’impact carbone des constructions en béton (Cabeza et al. 2013). Cette réduction s’accompagne souvent d’une montée en résistance plus lente de ces bétons bas carbone. Les délais de réalisation sont alors allongés. La maturométrie est une des solutions possibles pour optimiser la durée avant décoffrage et la rotation des banches. Mais, les bétons bas carbone sont aussi en général peu exothermiques. L’objectif de cet article est d’étudier le gain potentiel que l’emploi de la maturométrie pourrait avoir sur le temps de décoffrage d’un voile de bâtiment. Pour cela 3 formules de bétons sont testées allant d’un béton « classique » à un béton très bas carbone. Après avoir présenté ces matériaux et leur caractérisation, la simulation numérique de voiles contenant ces bétons est réalisée et analysée pour en déduire les gains de temps potentiels. II. FORMULATIONS ET PROPRIÉTÉS DES BÉTONS
Les bétons sont formulés à partir de 3 ciments fabriqués par co-broyage d’un clinker C3A-0 et de laitier (Bourchy, 2018). Le clinker C3A-0, fabriqué de manière industrielle, est reçu en granules. Il ne contient pas de C3A et la quantité de C4AF est de 17,6 % massique. Les teneurs en SO3 et Na2Oeq 1 138 RUGC 2024 AJCE, vol. 42 (1) sont respectivement égales à 1,9 % et 0,5 %. Trois ciments C3A-0_5S, C3A-0_42,5S et C3A-0_80S sont fabriqués avec, respectivement, 5 %, 42,5 % et 80 % de laitier de haut fourneau. Ces pourcentages ont été choisis pour bien mettre en évidence l’influence de la substitution du clinker par le laitier sur une grande amplitude de la plage possible. L’ensemble des caractéristiques des matériaux et de la procédure de co-broyage sont disponibles dans la thèse de Bourchy. La figure 1 présente les courbes de dégagement de chaleur des ciments dans l’essai de calorimétrie quasiadiabatique dit bouteille de Langavant – norme NF EN 196-9 (AFNOR, 2010). On constate que l’ajout de laitier permet de réduire et de décaler le dégagement de chaleur. Echauffement (°C) C3A-0_42.5S C3A-0_80S 350 30 300 25 250 20 200 15 150 10 100 5 50 0 Chaleur d'hydratation (J.g-1) C3A-0_5S 35 0 0 20 40 60 80 100 Temps (heures) 120 140 160
FIGURE 1. Evolution des échauffements et des chaleurs d’hydratation mesurés par calorimètre de Langavant pour les trois ciments sélectionnés pour les essais béton à base de C3A-0_S
Les bétons, nommés B7, B8 et B9, sont formulés à partir des 3 ciments présentés et proviennent aussi des travaux de thèse de Bourchy. Le tableau 1 présente la composition des 3 bétons. Ils sont formulés de manière à obtenir une résistance en compression à 28 jours comprise entre 45 et 50 MPa et un slump voisin de 15 cm. C’est ce qui explique une diminution du E/C et l’utilisation d’un superplastifiant lorsque le pourcentage de laitier augmente dans le ciment.
Béton Ciment B7 B8 B9 C3A-0_5S C3A-0_42,5S C3A-0_80S Liant (kg) 360 360 360 Sable 0 - 4 829 854 862 Gravillon 4 - 11 332 342 345 Gravillons 11 - 22 682 702 709 E/L 0,49 0,42 0,39 Adjuvant (%) 0,00 0,20 0,50
TABLEAU 1. Composition des bétons 2
(1)
Le tableau 2 donne l’évolution des résistances mécaniques en compression des bétons. On constate, comme attendu, que la montée en résistance du B9, qui contient plus de laiti
er
est la plus lente. Le
E/C plus faible permet aussi de compenser la résistance à 28 jours. B7 B8 B9 Rc 1 jour (MPa) 10,9 5,8 0,0 Rc 7 jours (MPa) 34,0 32,1 33,9 Rc 28 jours (MPa) 46,4 48,1 45,4
TABLEAU 2. Evolution de la résistance en compression des bétons
II. DÉGAGEMENT DE CHALEUR ADIABATIQUE DES BÉTONS
Le dégagement de chaleur des bétons a été mesuré à l’aide d’un essai quasi-adiabatique dit QAB qui est normalisé : norme NF EN 12390-14 (Afnor, 2018). Le calorimètre QAB est constitué d’un caisson à double paroi (externe en PVC, interne en polyester armé de fibres de verre) et rempli de mousse polyuréthane de 14 cm d’épaisseur comme isolant. Les éprouvettes utilisées pour réaliser les essais sont des cylindres ∅16 x H32 cm. Pour estimer la quantité de chaleur dégagée lors de l’hydratation du béton, il faut prendre en compte la chaleur accumulée dans le calorimètre et la quantité de chaleur évacuée vers l’extérieur (pertes) comme indiqué dans la norme NF EN 1239014 selon le mode opératoire décrit dans (Boulay et al., 2010a). Les pertes sont estimées à l’aide d’un étalonnage du calorimètre (Boulay et al., 2010b). La norme ne s’intéressant qu’à la chaleur dégagée, elle n’indique pas la seconde correction qu’il convient de faire pour obtenir la courbe adiabatique : en effet, en raison de la thermo-activation des réactions d’hydratation, la cinétique est accélérée en cas de température plus élevée. La température corrigée des pertes étant plus élevée que celle mesurée durant l’essai, il faut donc effectuer une correction sur le temps. Celle-ci repose sur l’hypothèse que la thermo-activation de la cinétique d’hydratation suit une loi d’A nius (Ulm & Coussy, 96) (Lacarrière et al., 2019). Cette loi (équation 1) indique que la vitesse d’hydratation "̇ est proportionnelle à une affinité chimique $%(") (où " est le degré d’hydratation) et à une exponentielle faisant intervenir la température absolue T et une énergie d’activation Ea (qu’on exprime historiquement en la divisant par R la constante des gaz parfaits) :! #!̇ ($) = '((!))*+,−! $/ [eq. 1] " La correction en temps se fait alors en introduisant un temps équivalent calculé en exprimant l’équation 2 pour )!"#$%é et pour )'(%%)*é et en calculant le temps nécessaire à chaque température pour avoir le même incrément de degré d’hydratation :! # "
"#$$%&é
(0) 0
$%&''
()
é
= 0$
+
,-
.
'
é
exp 4−! 5$
−$ #
(
)*+$
é (0) 67 [eq.2] Cette correction nécessite donc de connaitre l’énergie d’activation. (1) Yang et al. ont ainsi montré que l’utilisation de 50 % de laitier faisait passer le rapport Ea/R de 4000 à 5500 K (Yang et al.,2020). Kanavaris a obtenu des résultats tout à fait similaires (Kanavaris et al., 2023). Enfin, Briffaut (2012) a montré que c’était le couple affinité chimique – énergie d’activation qui était important (i.e. si on change l’énergie d’activation il faut aussi changer l’affinité chimique). Le tableau 3 donne les valeurs du rapport Ea/R pour les 3 bétons étudiés. Ces valeurs sont estimées à partir des résultats de microcalorimétrie isotherme à différentes températures (5, 20 et 30°C) des trois ciments C3A-0_5S, C3A-0_42,5S et C3A-0_80S (Bourchy, 2018). L’hypothèse que l’énergie d’activation est constante est une simplification. Pour des bétons ayant une période dormante très longue, il pourrait être envisagé d’avoir un couple d’énergie d’activation pour la période dormante et pour la période où la réaction d’hydratation se développe comme proposé par Laplante (1996). TABLEAU 3. Rapport énergie d’activation – constante des gaz parfaits des bétons Ea/R (K) B7 B8 B9 4700 5500 7000
Les figures 2a et 2b illustrent le résultat de l’application de la procédure pour déterminer les courbes adiabatiques des bétons B7 et B9. On constate qu’il manque à ces courbes une partie du dégagement de chaleur. En effet, l’essai QAB ne permet pas d’avoir toute la courbe car, sur la fin de cet essai, la contribution de la correction devient bien plus importante que celle de la chaleur mesurée dans l’éprouvette de béton. Or, le degré d’hydratation est relié à la chaleur adiabatique par la relation (équation 3) : 2(0) 2, 3(0) = 3, $(0)4$(056) [eq.3] = $ 4$(056), avec!7 le degré d’hydratation maximal qui peut être estimé de manière empirique (Waller, 99), 87 la chaleur maximale atteinte compte tenu de la formulation (J.mm-3) et 97 = 87 /;08 la température maximale atteinte, avec ;08 la capacité calorifique du béton (J.mm-3.°C-1). Il est donc nécessaire de prolonger les courbes adiabatiques. Ici, cela est fait en calant sur la fin de la courbe adiabatique (pour éviter le début de la courbe) une courbe d’équation 4 :,. 70 Température (°C) 60 50 40 30 20 10 0 0 20 40 60 80 Temps (heures) 100 120 T béton (°C) T corrigée pertes (°C) t corrigé thermoactivation (°C) extrapolation modèle 140
FIGURE 2.a. Evolution de la température mesurée en QAB (bleu), de la température après correction adiabatique (rouge) et après prise en compte de la thermoactivation (vert) du béton B7 ; en pointillé vert la prolongation de la courbe adiabatique à l’aide de l’équation 4 60 Température (°C) 50 40 30 20 10 0 0 20 40 60 80 Temps (heures) 100 120 T béton (°C) T corrigée pertes (°C) t corrigé thermoactivation (°C) extrapolation modèle 140 FIGURE 2.b. Evolution de la température mesurée en QAB (bleu), de la température après correction adiabatique (rouge) et après prise en compte de la thermoactivation (vert) du béton B9 ; en pointillé vert la prolongation de la courbe adiabatique à l’aide de l’équation 4
Finalement, la figure 3 compare les courbes adiabatiques des 3 bétons. On constate bien l’effet du laitier sur le dégagement de chaleur : la chaleur dégagée totale diminue et la cinétique de dégagement de chaleur est plus lente avec la quantité de laitier. (1) 80,0 Tadia B7 (°C) Température (°C) 70,0 extrapolation B7 60,0 Tadia B8 (°C) 50,0 Tadia B9 (°C) extrapolation B8 extrapolation B9 40,0 30,0 20,0 10,0 0 20 40 60 80 100 Temps (heures) 120 140
FIGURE 3. Comparaison des courbes d’évolution de la température en conditions adiabatiques pour les bétons B7, B8 et B9
III. MODÉLISATION DU COMPORTEMENT AU JEUNE ÂGE – APPLICATION AU CAS D’UN VOILE III
.
1 Modélisation
La modélisation des effets thermiques de la réaction d'hydratation se fait classiquement (Azenha et al., 2021)) dans un code aux éléments finis (ici c’est CESAR et son module TEXO qui sont utilisés) au moyen de l'équation de la chaleur (équation 5) : 9$ ;08 90 + = ∇: 9 = 8̇ [eq. 5] avec k la conductivité thermique (J.h-1.m-1.°C-1). L’autre équation à considérer est l’équation d’Arrhenius (équation 1). Ces deux équations doivent être résolues simultanément. Dans le module TEXO de CESAR, l’affinité chimique est déterminée à partir de la courbe de température adiabatique qui est donc une donnée essentielle (équation 6) :
̇ $(0) $(0)!< '(,! = $ / =!7 )*+, "$(0)/, [eq. 6] $,
III.2 Application au cas d’un voile
Le modèle est appliqué au cas d’un voile de 20 cm d’épaisseur. Les évolutions de la température dans le voile sont calculées pour les 3 bétons de l’étude. Les paramètres du calcul sont les suivants : • Température initiale du béton = 20°C • Température extérieure constante et égale à 20°C • Capacité calorifique Cth = 2400000 J.m-3.°C-1 • Conductivité thermique k = 8000 J.h-1.m-1.°C-1 • Coefficient d’échange du béton avec l’extérieur : h = 14800 J.h-1.m-2.°C-1 (1) Ces valeurs sont des valeurs standards pour des bétons, proposées dans la notice du code CESAR. Pour une application particulière, notamment avec des bétons bas carbone, il conviendra de d’estimer ces paramètres plus précisément. La figure 4.a présente l’évolution de la température dans le cas du béton B7 pour 3 points situés au centre du voile, à 5 cm de la surface et à la surface. Le gradient de température entre le cœur et la surface reste limité à 2°C. La figure 4.b donne une vue des isovaleurs de température pour t = 19 h soit près du
pic de température pour le voile B7. La figure 5 présente l’évolution comparée des températures
selon le béton utilisé. Comme attendu on retrouve l’effet de la substitution en laitier sur les températures maximales. 45 40 température (°C) 35 point 4 point 34 point 72 30 25 20 15 10 5 0 0 20 40 60 80 100 temps (h) 120 140 160
FIGURE 4.a. Evolution de la température dans le voile pour le béton B7. Le point 4 est situé au centre, le point 34 à 5 cm de la surface et le point 72 à la surface. FIGURE 4.b. Isovaleurs de la température dans le voile pour le béton B7 à t = 19 h.
45 40 B7 Température (°C) 35 B8 30 B9 25 20 15 10 5 0 0 20 40 60 80 100 temps (h) 120 140 160
FIGURE 5 Evolution de la température à la surface du voile pour les bétons B7, B8 et B9
III.3 Maturométrie appliquée au cas du voile
A partir de l’évolution des résistances des 3 bétons (tableau 2), on peut déterminer les courbes maîtresses d’évolution de la résistance pour une température de conservation égale à 20 °C. La courbe d’évolution s’exprime par l’équation 7 : =(040 )?% ($) =?%7 #>=(040- ) [eq. 7] - où 8'+ et k sont des paramètres fittés sur les résultats expérimentaux. Pour le paramètre 60, celui-ci est déterminé pour les bétons B7 et B8 à l’aide des mesures faites par Bourchy (2018) à l’aide de l’appareil FreshCon (Reinhardt & Grosse, 2004), (Boulay et al., 2014). Pour le béton B9, 60 est pris égal à 24 h sur la base de l’essai mécanique. Le tableau 4 récapitule les valeurs obtenues pour les paramètres de l’équation 7 et la figure 6 donne l’allure des courbes maitresses pour les 3 bétons.
| 25,631
|
49/hal.archives-ouvertes.fr-tel-02883222-document.txt_7
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,827
| 12,363
|
(A.4) A.2. CHAPITRE 2: TOPOLOGIE, TOPOLOGIE ALGÉBRIQUE ET APPLICATIONS159
Tous les calculs impliquant des groupes d'homologie peuvent être facilement réalisés en utilisant des manipulations matricielles standard à travers une représentation combinatoire du complexe de chaînes. A.2.5 Homologie relative
Il est parfois utile de ne pas prendre en compte un sous-complexe A de l'espace X pour calculer les groupes d'homologie. Nous parlons d'une autre version de l'homologie impliquant la réduction d'un sous-complexe A qui aboutit à l'homologie relative Hp (X, A). Il est nécessaire alors de réduire complètement le sous-espace A pour qu'il "disparaisse" lors du calcul. La relation de sous-partie A ⊂ X est représentée par une relation de sous-complexe de Cp (A), qui est le complexe représentant l'espace A à la dimension p, et le complexe Cp (X) qui est la linéarisation de X. Pour cela, nous notons Cp (X, A) = Cp (X)/Cp (A) comme le complexe quotient et ∂ p comme l'opérateur de bord, en prenant en compte que A est toujours un sous-complexe de X. Réduire Cp (A) en Cp (X) revient à considérer que les chaînes de Cp (A) sont nulles. Les espaces vectoriels quotients Cp (X)/Cp (A) jouent ce rôle. Les éléments de ces espaces vectoriels sont des chaînes de Cp (X) où les cellules de Cp (A) ne sont pas prises en compte. Ainsi, certains cycles peuvent apparaître dans Cp (X)/Cp (A) alors qu'ils n'existaient pas dans Cp (X) et tous les cycles complètement inclus dans Cp (A) disparaissent. Par conséquent, prendre des chaînes sur X modulo chaînes sur A réduit l'exigence d'une chaîne pour être appelé un cycle, à chaque fois que son bord est contenu dans A. Cela inclut également le cas où le bord est vide, ce qui peut être détecté aussi par l'homologie absolue De la même manière que le p-bords, p-bords relatifs sont définis comme Bp (X, A) = Im ∂ p+1. De même, les p-cycles relatifs sont Zp (X, A) = ker ∂ p et correspondent à p-chaînes cp qui satisfait ∂p cp ∈ Cp−1 (A) ou ∂p cp = 0. Les groupes d'homologies relatives Hp (X, A) sont calculés comme les groupes d'homologie qui utilisent ces nouveaux espaces vectoriels Cp (X)/Cp (A. Comme dans le cas absolu de l'homologie, nous avons Bp (X, A) ⊂ Zp (X, A) et l'homologie relative de dimension p est définie par Hp (X, A) = Zp (X, A)/Bp (X, A). A.2.6 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons fait un tour d'horizon des techniques de traitement d'images qui existent dans la littérature. Ensuite nous nous sommes intéressés à la topologie algébrique. Avant de développer les concepts d'homologie, nous avons expliqué comment représenter de manière combinatoire des ensembles de points. Puis, nous avons expliqué cette théorie dans sa version absolue et relative et la façon de calculer les groupes d'homologie. 160 Nous avons vu que l'homologie est un outil efficace pour extraire des caractéristiques topologiques des espaces statiques. Mais que faire si ces caractéristiques ne sont pas d'une importance majeure pour déduire les inférences dans les images? Et si nous voulions augmenter l'espace topologique où l'homologie, comment fait-on? C'est pourquoi nous présentons dans le chapitre suivant l'homologie persistante qui est un moyen de détecter la persistance des classes d'homologie face aux variations d'espaces topologiques. Nous allons voir comment cet outil est adapté pour effectuer des tâches de traitement d'images. A.3 Chapitre 3: L'homologie persistante et ses applications
Dans ce chapitre, nous étendons la théorie de l'homologie à une phase appropriée pour la compréhension et l'inférence des données dans l'analyse d'images. Cette phase consiste à calculer les variations d'homologie au cours des modifications d'espaces topologiques par une procédure appelée filtration. Nous parlons d'homologie persistante où l'objectif est de détecter les classes d'homologie persistantes pendant les variations dans les espaces topologiques. L'importance de cette procédure repose sur le concept que les caractéristiques topologiques détectées sur un intervalle d'échelle variable sont plus appropriées pour représenter les caractéristiques des données étudiées. Elles sont insensibles au bruit et ne nécessitent pas un choix particulier de paramètres. Les applications de l'homologie persistante dépendent fortement de la construction des complexes cellulaires. Nous montrons dans ce chapitre différentes applications de la théorie de l'homologie dans le traitement d'images, notamment en ce qui concerne la segmentation d'images, la détection d'objets et le suivi des objets. Grâce à la notion de filtration et à la notion de l'homologie, il est possible de suivre l'évolution des "trous" dans une séquence d'espace à travers l'homologie persistante.
A.3.1 Filtration
Une filtration est simplement une suite finie d'espaces topologiques imbriqués : X0 ⊂... ⊂ Xi ⊂... ⊂ Xj ⊂... ⊂ X. (A.5) La construction d'une filtration est souvent réalisée par une fonction numérique f : X → R. Dans ce cas la droite réelle R est partitionnée en intervalles ]ti−1, ti ] et lesespaces Xi de la filtration sont les ensembles de sous-niveaux, les hypographes, Xi = f −1 ] − ∞, ti ]. Ainsi, la condition Xi ⊂ Xi+1 est naturellement vérifiée. Dans le cas d'un espace X combinatoire comme un complexe simplicial ou cubique, la fonction f est représentée comme un poids associé à chaque cellule, par exemple à la valeur A.3.
CHAPITRE 3: L'HOMOLOGIE PERSISTANTE ET SES APPLICATIONS
161 de pixel. Les hypographes Xi sont alors l'ensemble des cellules de poids inférieurs à un seuil ti. Toutefois, il faut que les Xi soient aussi des sous-complexes de X pour pouvoir utiliser les groupes d'homologie. Cette contrainte est vérifiée si les poids des cellules de dimension k sont supérieurs à ceux de leur bord. Cette condition sera mise en oeuvre dans la suite en fixant le poids d'une cellule de dimension k comme étant le maximum des poids de ses bords. Ce faisant, la fonction f est complètement définie sur X à partir des valeurs associées aux sommets. A.3.2 Persistance
En suivant l'évolution topologique d'une filtration via l'homologie, on obtient une séquence de groupes d'homologie qui sont reliés par des applications linéaires induites par les inclusions : Hk (X0 ) →... → Hk (Xi ) →... → Hk (X). (A.6) On peut calculer l'homologie Hk (Xi ) pour tous les niveaux i afin de connaitre les classes d'homologie. Mais nous perdons alors l'information concernant l'évolution de chaque classe particulière. Or, la mesure de la "durée de vie" des classes d'homologie lors de la filtration est plus riche. En effet, au cours de la filtration, l'addition d'une cellule de dimension k peut modifier la topologie selon deux scénarios. Soit il "remplit" un trou de dimension k − 1 soit il en "crée" un de dimension k. Ainsi, les "trous" apparaissent et disparaissent pendant la filtration. Des dates d'apparition et de disparition peuvent alors leur être associées. Celles-ci sont calculables grâce à la suite de groupe d'homologies (A.6) par des algorithmes dédiés [EH10, Zom10a]. Les classes d'homologie ayant une grande durée de vie indiquent la présence de phénomènes topologiques intéressants, tandis que celles de courtes durées de vie sont vues comme du bruit topologique. L'évolution des classes d'homologie peut être visualisée à l'aide d'un diagramme de persistance. Une classe d'homologie y est représentée par un point dont l'abscisse fournit la date d'apparition et l'ordonnée celle de sa disparition. Par conséquent, sa distance à la diagonale indique la durée de vie. Les points éloignés de la diagonale représentent des objets topologiquement significatifs tandis que ceux qui sont proches sont considérés comme du bruit. Ce mécanisme est renforcé par la stabilité de diagramme de persistance sous les transformations continues de l'image [CSEH07]. A.3.3 Segmentation d'images utilisant les durées de vie des classes d'homologie
Pour la segmentation, nous analysons les images avec des fenêtres glissantes superposées. Pour chaque fenêtre nous construisons un complexe cubique dont les sommets sont les pixels, les côtés relient les pixels voisins, tandis que les carrées complètent 4 côtés voisins. Les poids des sommets pour la filtration sont donnés par le niveau de gris, tandis que les 162 côtés et les carrées portent la valeur maximale de leurs sommets et côtés respectivement. Dans chaque fenêtre on calcule ensuite plusieurs caractéristiques classiques qui sont la moyenne et la variance des niveaux de gris, auxquelles s'ajoutent des caractéristiques topologiques comme la moyenne et la variance des durées de vie des trous de dimensions 0 et 1 ainsi que leurs entropies persistantes. Cette dernière est définie dans [MRS15] P pour chaque dimension par − pi log pi, où I représente les intervalles des durées de vie, i∈I pi = li /L, li = date de disparition - date d'apparition et L = P li. Ces 8 caractéristiques i∈I forment des vecteurs associés à chaque fenêtre. Ensuite, l'ensemble de ces vecteurs caractéristiques est classé en N classes. Pour simplicité, nous avons considéré une classification non supervisée par la méthode k-moyennes, d'autres méthodes supervisées ou non étant envisageables. Chaque fenêtre est alors classée dans une classe, ce qui permet de réaliser une segmentation de l'image. La figure A.4 montre le résultat obtenu sur une image biomédicale. Nous avons traité l'image avec des fenêtres carrées glissantes qui se chevauchent. La taille de la fenêtre a été choisie à 50 × 50 pixels et le chevauchement à 10 pixels. Ensuite, les fenêtres sont classées en utilisant l 'algorithme k-moyennes à 4 classes. Il faut noter que ces mesures peuvent varier en fonction de la construction et de la nature de l'application. La segmentation de la glande montre quatre classes correspondant aux principaux types de zones de tissus. Nous montrons dans la figure A.4 (b) les résultats de la segmentation de la glande en utilisant seulement les caractéristiques statistiques tandis que la figure A.4 (c) montre le résultat de la segmentation en utilisant les 6 caractéristiques topologiques associées avec les 2 statistiques. A.3.4 Segmentation d'objets en utilisant les classes d'homologie
Cette sous-section démontre que la méthodologie surlaquelle nous avons basé notre approche est efficace en construisant des complexes topologiques sur des pixels. Cette méthodologie a montré son efficacité dans le cas d'images pré-segmentées en superpixels. Une combinaison entre la construction topologique méthodologique et l'image des superpixels peut être exécutée avec succès pour atteindre la segmentation visée.
A.3.4.1 Segmentation basée sur un complexe cubique de pixels
Considérant notre méthode, un complexe topologique est d'abord construit directement sur les pixels de l'image affichée dans la figure A.5, comme expliqué précédemment. Ensuite le schéma de la filtration est construit. Points, côtés et cellules de dimensions 2 sont ajoutés au complexe quand l'intensité augmente jusqu'à ce que nous obtenons le complexe A
.3. CHAPITRE 3: L'HOMOLOGIE PERSISTANTE ET SES APPLICATIONS
(
a) Une image biomédicale.
(b)
Segmentation
de l'image utilisant des caractéristiques statistiques. (c) Segmentation de l'image utilisant des caractéristiques statistiques et topologiques. Figure A.4: Segmentation d'une image biomédicale. Figure A.5: Une image synthétique. entier.
Le calcul de l'homologie persistante sur ce complexe donne le diagramme de persistance des classes d'homologie. Ce diagramme de persistance, montré sur la figure A.6 (a) est le résultat principal de notre méthode, car il indique les naissances et la disparition de classes d'homologie de première dimension. Chaque point porte toutes les informations nécessaires aux classes d'homologie. L'importance des points et ce qu'ils représentent est proportionnelle à leur distance de la diagonale. Ainsi, les points proches de la diagonale ont une petite durée de vie, ce qui signifie qu'ils correspondent au bruit, tandis que ceux qui sont loin sont intéressants. Il faut noter qu'ayant la construction du complexe, nous pouvons trouver pour chaque point dans le diagramme de persistance les coordonnées x-y de la classe correspondante. Par exemple, la classe d'homologie représentée par un * dans la figure A.6 (a) correspond à la classe qui identifie l'objet représenté en bleu dans la figure A.6 (b), la classe d'homologie représentée avec * correspond à l'objet en rouge, etc. Les classes d'homologie dans le diagramme de persistance permettent ensuite de sélectionner les objets intéressants en imposant un seuil parallèle à la première diagonale. Par exemple, les classes d'homologie qui représentent des points au-dessus de la parallèle (t1 ) sont mises en évidence dans la figure A.6 (b) par leurs couleurs correspondantes. Imposer une droite parallèle à la diagonale au niveau (t2 ) permettra alors de mettre en évidence d'autres classes d'homologie qui sont représentées par tous les points au-dessus de (t2 ) comme dans la figure A.6 (c).
A.3.4.2 Segmentation basée sur complexe cellulaire de superpixels Autre que sa forme de
de pixels habituelle, une image peut être simplifiée par un ensemble de superpixels. En effet, nous pouvons regrouper des pixels voisins s'ils partagent un même critère (par exemple de luminance) et ainsi réduire la dimension de l'espace de départ. Chaque superpixel est représenté par un sommet qui est son centre. Nous construisons notre complexe topologique sur ces superpixels. Ainsi, nous considérons deux superpixels comme voisins si un pixel de l'un est adjacent à un pixel de l'autre et cela en analysant les 8 voisins de chaque pixel. Nous relions les deux sommets des superpixels par un côté tandis que 3 côtés adjacents forment un triangle. Ensuite, nous attribuons la A.3. (b) Résultats utilisant le seuil a posteriori t1. (c) Résultats utilisant le seuil a posteriori t2. Figure A.6: Résultats de méthode proposée sur l'image synthétique. 166 (a) L'image de points. (b) Diagramme de persistance de dimension 1. (c) Résultats de la segmentation. Figure A.7: L'image des points et les résultats de la segmentation. moyenne des valeurs de pixels contenants dans chaque superpixel
Si pour les sommets et nous construisons le complexe simplicial. En suivant les étapes de calcul de l'homologie persistante, nous obtenons les classes d'homologie de dimension 1 qui apparaissent et disparaissent tout au long de filtration. La mise en évidence des classes qui ont la plus grande durée de vie permet de détecter des objets dans l'image. Nous illustrons cette méthode sur une image test de 513×282 pixels comportant 24 pièces de taille, texture et niveaux de gris moyen différents comme le montre la figure A.7. On calcule l'homologie persistante après la pré-segmentation en 5000 superpixels en utilisant la technique appelée SLIC décrite dans [ASL+ 12]. Nous réduisons donc l'espace de départ de 513×282 = 144666 pixels à 5000 superpixels. La technique SLIC génère des superpixels d'une manière plus rapide que les autres méthodes existantes, est plus efficace en termes de mémoire nécessaire et dépasse les autres en ce qui concerne l'adhérence des bords. Les points éloignés de la diagonale désignent les 24 pièces de monnaie. Les chaînes qui représentent ces classes sont colorées en rouge, ce qui permet de détecter les pièces dans la figure A.7. Le résultat obtenu est Afin de démontrer l'aspect multidimensionnel de notre méthode, nous présentons sur la figure A.8 une segmentation d'une image biomédicale 3D en niveaux de gris en utilisant A.3.
CHAPITRE 3: L'HOM E PERSISTANTE ET SES APPLICATIONS
Figure A.8: Résultats de segmentation pour une image 3D. Figure A.9: La détection de "trou de ver" et de la sphère par homologie relative. la combination de la construction sur des superpixels l'homologie persistante. Cette figure représente les résultats de la segmentation d'une image biomédicale de dimensions 61 × 249 × 308 acquise à différents instants : z = 0, 15, 30, 40, 50 et 60 respectivement. Les classes d'homologie de deuxième dimension sont des chaînes de 2 cellules ou de triangles (Si Sj Sk ). Nous avons mis en évidence sept classes d'homologie les plus persistantes formées par 2 chaînes ou sommes de triangles.
A.3.5 Suivi d'objets en utilisant l'homologie persistante relative
La détection et le suivi d'objets sont généralement considérés comme une des tâches majeures et difficiles dans le domaine du traitement et de l'analyse d'images. Comme nous travaillons avec des images 2D + t en niveaux de gris, nous devons modéliser nos constructions sur un concept basé sur 3D puisque nous avons besoin des voisins temporels de chaque voxel. Nous allons travailler sur un complexe cubique que nous appelons abusivement le complexe voxel. Les données de la séquence d'images sont considérées comme une fonction d'un domaine D ⊂ N3 dans l'espace des nombres réels R i.e. f : D → R où D = {(x, y, t)|0 ≤ x < largeur, 0 ≤ y < hauteur, 0 ≤ z < tf }, où tf représente le nombre de cadres 2D dans la séquence. Pour le cas de 2D+t, le complexe de chaines est:
∂ ∂ ∂ ∂ 3 2 1 0 ∅ → C3 − → C2 − → C1 − → C0 − → ∅. (A.7) Prenant des chaînes sur X modulo chaînes sur A réduit l'exigence d'une chaîne à être appelée un cycle, à chaque fois que son bord est contenu dans A. Ceci est illustré dans la A.3.
CHAPITRE 3: L'HOMOLOGIE PERSISTANTE ET SES APPLICATIONS 169
Figure A.10: Résultats de l'homologie relative persistante sur une 2D+t image réelle biomédicale. figure A.9, où A représente le sous-espace contenant toutes les cellules qui appartiennent à t = 0 et tf. Comme nous le voyons, la frontière du cylindre rouge qui appartiennent à A s'effondre à un point
depuis que
nous
travaillons sur les
group
es de
quo
tients Cp (X)/Cp (A). Ce concept permet de détecter des objets dans tous les cadres de l'image comme le "trou de ver" illustré par le cylindre rouge. Cela inclut également le cas où le bord est vide, comme l'objet en vert, qui peut être détecté aussi par l'homologie absolue. La mise en évidence de la base des éléments de H2 permet de détecter des objets intéressants dans la séquence d'images. En suivant l'évolution topologique de cette filtration en utilisant l'homologie relative, nous obtenons une séquence de groupes d'homologie reliés par des cartes linéaires induites par inclusions pour toute dimension p: Hp (K0, A) → Hp (K1, A) →... → Hp (Ki, A) →... → Hp (K, A). (A.8) Comme application réelle, nous considérons une image biomédicale prise par une technique dite de suivi temporel utilisant le système d'imagerie quantitative de phase SID4Bio décrite dans [BMW09]. L'objectif ici est de détecter les vésicules qui se déplacent de premier au dernier cadre. En utilisant la méthode de détection d'objet d'homologie relative persistante, nous sommes capables d'identifier une vésicule en mouvement (en haut) et le petit train de vésicules (en bas) qui augmente en taille et se déplace du premier cadre de la séquence au dernier, comme indiqué sur A.10. 170
A.3.6 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons commencé par expliquer le concept de l'homologie persistante à partir de la transformation d'un ensemble des points dans les complexes cellulaire jusqu'au calcul de classes d'homologie persistante. Ensuite, nous avons appliqué l'homologie persistante sur les images en niveaux de gris en introduisant une nouvelle méthode de segmentation des images qui utilise les durées de vie des classes d'homologie. Puis, nous avons utilisés les notions de classes d'homologie pour segmenter des objets saillants dans des images 2D et 3D. Pour cela, nous avons réalisé la construction topologique sur les pixels et les superpixels, le dernier cas permettant de simplifier l'espace d'origine et par conséquent de réduire le temps de calcul et les ressources nécessaires. Contrairement aux méthodes de segmentation existantes qui nécessitent des paramètres a priori, comme la taille ou l'intensité des objets, nos méthodes n'ont pas besoin de paramètres a priori. Les classes de homologies sont calculées et les cycles intéressants sont sélectionnés a posteriori, sans refaire le calcul, en imposant un seuil. De plus, alors que les méthodes existantes sont appliquées sur des images de dimension spécifique, l'homologie persistante peut utilisée pour segmenter des images multidimensionnelles. En outre, une version augmentée d'homologie dans sa forme absolue, qui est l'homologie relative, a été utilisée dans nos applications. L'homologie relative peut détecter les trajets de cellules en mouvement dans les séquences d'images et cela du premier au dernier cadre. Cette méthode ne nécessite non plus des paramètres à priori et est générique dans sa construction. Nous avons montré que nos méthodes permettent de résoudre de nombreux problèmes bien connus dans le traitement d'images liés à la variabilité de l'arrière-plan, à la superposition des objets, à l'efficacité multidimensionnelle, aux paramètres a priori, etc. A.4 Chapitre 4: Théorie des faisceaux et applications sur les images
Dans le chapitre 2, nous nous sommes concentrés sur les notions de topologie et topologie algébrique et leurs applications et nous avons passé par les complexes cellulaires et le calcul des groupes d'homologie. Dans le chapitre 3, nous avons détaillé les notions d'homologie qui comprennent le concept de persistance et nous avons développé différentes méthodologies utilisant cette notion de topologie algébrique. Nous avons montré que la topologie algébrique peut être utilisée pour des tâches de traitement d'images comme la segmentation d'images, la segmentation des objets ou le suivi des objets. Dans ce chapitre, nous présentons une autre théorie issue de la topologie algébrique qui a été utilisée au cours des cinq dernières années dans des applications d'ingénierie. Celle-ci permet la fusion des
A.4. CHAPITRE 4: THÉORIE DES FAISCEAUX ET APPLICATIONS SUR LES IMAGES171
données et la transmission de l'information locale aux aspects globaux. Plus précisément, il s'agit de la théorie des faisceaux fondée par J. Leray [Mil00] qui est un champ abstrait de la théorie de la topologie algébrique qui concerne principalement la topologie dans ses aspects fondamentaux [Ser55, Swa64] ou sous ses formes plus modernes [Bre97] à cause de ses relations avec l'étude des espaces topologiques et des ensembles ouverts. La théorie des faisceaux est une notion de plus en plus utilisée dans le monde de l'analyse de données et en ingénierie. A.4.1 Introduction à la théorie des
faisceaux Malgré le fait qu'il est considéré comme un domaine abstrait, un faisceau peut être simplement considéré comme une technique qui associe plusieurs types de données pouvant être catégorisées en ensembles à chaque partie d'un espace topologique et d'inspecter la cohérence de ces données entre les voisins dans cet espace. Fondamentalement, les faisceaux dans leurs versions appliquées représentent, selon un de ses initiateurs Michael Robinson [Rob17b], la bonne façon de construire une représentation qui stocke les données locales et récapitule un modèle topologique par des résumés cohomologiques. Les faisceaux couvrent le fait que la réciprocité de l'information sur deux régions qui se chevauchent entraîne la validité de l'information sur l'union de ces deux régions, et cela lui donne la capacité à globaliser les données étudiées. En outre, la théorie des faisceaux assure le calcul des méthodes qui suivent la structure générale et commence à émerger dans les applications [GH11, JHR14, Rob16]. De plus, le progrès combinatoire [She85, Cur13] a rendu possible la manipulation des structures de données de point de vue des faisceaux. Nous pensons donc que la théorie des faisceaux peut intégrer des informations d'une perspective locale dans les images à une version globale exemptée des informations inutiles. Pour cela, nous passons par un processus de codage des données existantes en faisceaux appelés Sheafification afin d'obtenir des éléments des faisceaux qui sont les sections et la cohomologie des faisceaux. Les étapes proposées de l'utilisation de la théorie des faisceaux et de ses invariants sont : 1. Conception de l'espace topologique de base et d'interactions multivoies entre les sources de données. 2. Sheafifier : construire le modèle de relations entre les de données. 3. Catégoriser : placer les flux de données dans les espaces vectoriels pour aider au calcul et à l'analyse. 4. Calcul de cohomologie : globaliser les données pour trouver des invariants robustes.
172 Figure A.11: Affectation des fibres au complexe cellulaire. Figure A.12: Restrictions affectées pour chaque inclusion de cellule. A.4.2 Faisceaux cellulaires
Par [She85], un faisceau S d'espaces vectoriels ou simplement sur un complexe cellulaire X qui est considéré comme l'espace de base, correspond à l'affectation de : 1. Un espace vectoriel S(σ) pour chaque cellule de X et appelé fibre, comme montré dans la figure A.11. 2. Une application linéaire S(σ τ ) : S(σ) → S(τ ) qui est appelée restriction le long de σ τ à chaque fois que σ est un bord d'une cellule de plus grande dimension τ, σ ⊂ τ, comme montré dans la figure A.12 et tels que 3. La restriction de σ à lui même est l'application identique, et si σ est un bord de τ (σ τ ) et τ est un bord de ω (τ ω) donc S(τ ω) ◦ S(σ τ ) = S(σ ω). Une section locale d'un faisceau est un élément s dans L S(σ) qui est la σest ne cellule somme directe des fibres dans l'espace base. Cet élément doit satisfaire la relation S(σ τ )(s(σ)) = s(τ ) pour chaque σ ⊂ τ, où S(σ τ ) est une restriction linéaire, s(σ) est un élément de S(σ) et s(τ ) est un élément de S(τ ). Donc une section locale est spécifiquement une attribution de valeurs de chacune des fibres qui est cohérente avec les A.4.
CHAPITRE 4: THÉORIE DES FAISCEAUX ET APPLICATIONS SUR LES IMAGES173
Figure A.13: Sections consistantes avec les restrictions. restrictions, comme montré dans A.13. Une section globale est une section qui est tenue sur tout l'espace X. Si nous voulons obtenir des résumés pertinents et exploitables des faisceaux, ces résumés sont appelés invariants de faisceaux et devraient être traitables
par calcul. C'est le cas de la cohomologie de faisceaux comme nous le verrons ci-dessous. Supposons que S est un faisceau des groupes abéliens sur un complexe cellulaire X. Le groupe cochaîne de dimension p, C p (X, S) de S est la somme directe des fibres sur les p-cellules de X. Ils sont représentés par : C p (X, S) = M S(σ) (A.9) σ∈X p De même pour les chaînes, les relations entre cochaînes sont données par les fonctions de cobord. Les fonctions de cobord fonctionnent comme des dérivées discrètes et calculent les différences entre les fonctions sur les cellules de dimensions plus élevées. (A.11) D'où le groupe de cohomologie de faisceaux de dimension p représente les cochaines qui existent dans la dimension p, mais n'étaient pas déjà présents dans p − 1. De plus, nous pouvons voir des cycles comme des cochaînes compatibles qui respectent les conditions des sections. 174 (a) A poset E où les flèches sont pointés en direction croissante. (
b
) A poset E où les flèches sont pointés en direction décroissante.
Figure A.14: Un poset et son dual
. Comme interprétations de la cohomologie des faisceaux, nous avons: • L'espace des sections globales d'un faisceau S sur un complexe cellulaire X est isomorphe à H 0 (X; S)'ker d0. • Le H 1 (X; S) peut représenter les nouvelles sections qui ne sont pas présentes en tant que sections globales lorsque vous utilisez uniquement des arêtes. Certaines références appellent cela des boucles de données ou des lacunes de désinformation. Donc c'est un pouvoir invariant, car il décrit ce qui se passe quand nous n'avons pas l'histoire complète. A.4.3 Faisceaux sur les posets
Autres que les constructions sur les espaces cellulaires, comme des complexes simpliciaux ou autres, les faisceaux peuvent être construits sur des ordres partiels [Rob17a]. La définition du faisceau sur les posets provient du diagramme d'un poset, montré dans A.14 (a), où les sommets représentent les éléments et les flèches pointent des éléments les plus petits aux plus grands. Nous remplacerons chaque sommet par un ensemble ou un espace et chaque flèche par une fonction. Faisceaux d'ensembles: Un faisceau S d'ensembles sur le poset E avec la topologie d'Alexandroff comprend les exigences suivantes: 1. Affectation d'un ensemble S (x) pour chaque x ∈ E appelé fibre sur x.
A.4. CHAPITRE 4: THÉORIE DES FAISCEAUX ET APPLICATIONS SUR LES IMAGES175
2. Affectation d'une fonction S (x ≤ y) : S (x) → S (y) pour chaque paire x ≤ y ∈ E, cette fonction est appelée une restriction, 3. S (x ≤ z) = S (y ≤ z) ◦ S (x ≤ y), pour chaque triplet x ≤ y ≤ z ∈ E. Si un système spécifique est codé en tant que faisceau, son analyse peut être faite en utilisant des concepts cohomologiques. Les faisceaux construits sur des posets avec des fibres représentées par des espaces vectoriels et dont les restrictions sont linéaires ont des invariants topologiques qui peuvent être calculés. Si le faisceau construit n'est pas linéaire, alors il est nécessaire d'utiliser la catégorification pour transformer les données en aspects linéaires afin d'être manipulées dans des matrices. Espace des cochaines des posets: Si S est un faisceau d'espaces vectoriels et ayant des fonctions de restriction linéaire sur un poset E alors l'espace de p-cochaîne C p (S ) de S est le produit direct des fibres à la fin des chaînes de longueur p: La fonction des p-cobords: dp : C p (E, S ) → C P +1 (E, S ) est décrit dans la formule: (dp s)(x0 <. < xp+1 ) = p X ci <. xp+1 )+(−1)p+1 S (xp < xp+1 )(s(x0 <. < xp )). s(x0 <. x i=0 (A.12) De plus, la cohomologie du faisceau S sur les posets est définie de la même manière que les faisceaux cellulaires: H p (E, S ) = ker dp / Im dp−1. A.4.4 Applications sur les images A.4.4.1 Applications sur les complexes de Čech
Nous présentons ici une application de notre méthode sur une image de taille 100 × 100 pixels montrée dans A.15. Pour construire un complexe de Čech sur cette image, il faut choisir quelques points dans l'image. Nous avons basé ce choix sur le concept des points clés dans l'image en traitement. Les points clés représentent des emplacements intéressants dans l'image. Ils sont invariants par rapport aux changements d'images tels que la rotation, mise à l'échelle, la traduction, etc. Une technique pour trouver ces points clés saillants est la méthode SIFT (Scale Invariant Feature Transform) [Low04]. 176 (a) L'image des objets collés avec les points clés. (b) L'image avec les boules ouvertes centrées sur les points clés. Figure A.15: Les points clés avec les boules ouvertes.
Maintenant, nous devons construire le complexe de Čech. Il faut noter que les faisceaux traduisent l'information commune entre deux espaces à l'union de ces deux espaces. Nous avons donc pensé à construire deux ouverts à chaque point clé. Le premier est une boule de rayon 6 et le second est de rayon 17 comme le montre la figure A.15 (b). Les boules en bleu seront notées comme Ux = B(x, 6) = {y|d(x, y) < 6}, et ceux en vert Vx = B(x, 17) = {y|d(x, y) < 6} où x, y ∈ R2. Bien sûr, le choix des ouvertures et de ses rayons peut changer en fonction sur l'application souhaitée. Le but ici est de présenter un exemple de la façon de construire des faisceaux cellulaires sur les images. Une fois que nous avons attribué le complexe, nous pouvons avoir l'espace de base pour le complexe de Čech construit. Il est montré dans la figure A.16. Maintenant, nous choisissons les fibres sur les sommets. Les fibres choisies sont les plus naturelles caractéristiques sur les ouvertures sur ces sommets. Pour cela, nous avons choisi la moyenne des valeurs d'intensité et des valeurs de gradient dans cet ouvert, de sorte que l'espace vectoriel associé est R2. Au niveau des bords, nous allons regarder sur les intersections des 2 ouverts et calculer les mêmes valeurs. Pour les triangles, nous recherchons les valeurs dans les 3 ouvertures intersectées. En résumé, toutes les cellules du complexe contiendront R2 comme espace vectoriel sur leurs tiges puisque nous regardons seulement la moyenne des valeurs de pixels et des gradients. Bien sûr, d'autres caractéristiques peuvent être étudi comme la variance, la valeur maximale dans chaque ouverte et même les classes d'homologie par exemple. Maintenant, nous voulons trouver les restrictions allant des cellules de dimension inférieures aux plus élevés. Ces restrictions ont R2 comme entrée et sortie donc ils seront des matrices de la forme R2×2. Puisque nous recherchons la cohérence sur l'espace des faisceaux, nous allons comparer les données sur les cellules de faibles dimensions et sur leurs dimensions supérieures. Nous représentons dans la figure A.16 ces restrictions. Bien sûr, les restrictions appartiendront à R2×2.
A.4. CHAPITRE 4: THÉORIE DES FAISCEAUX ET APPLICATIONS SUR LES IMAGES177
Figure A.16: L'espace de base des faisceaux sur les restrictions. (b) Opens over the 6 pixels. Figure A.17: 6 pixels avec leur ouverts avec rayons 1/2 +. restrictions des sommets aux arêtes seront des matrices de la forme R3×3 comme indiqué dans la figure A.18.
A.4.4.3 Interprétation des faisceaux des modèles
Construire les modèles de faisceaux sur les espaces imbriqués permettra l'analyse des invariants topologiques en fonction des étapes suivantes: 1. Utilisation du faisceau sur un poset pour encoder des diagrammes de modèles. 2. Linéarisation des données si nécessaire, 3. Calculer les fonctions de cobord de ce faisceau, 4. Calcul de cohomologie pour résumer les modèles et les interpréter. Supposons que nous ayons le modèle suivant : • Trois ouverts comme A, B et C. • Un cycle ou une classe d'homologie existe en D = A ∪ B comme indiqué dans A.19, mais pas dans E = A ∪ C ni F = B ∪ C. L'analyse cohomologique de ce faisceau nous permettra d'interpréter et comprendre le modèle étudié. Une fois que nous avons les matrices de cobords d0 (E, S ) et d1 (E, S ), on peut calculer les cohomologie de dimensions zéro et un. Rappelons que H p (E, S ) = ker dp / Im dp−1, alors H 0 (E, S ) = ker d0 / Im d−1 = ker d0. Ainsi H 0 (E, S ) est généré par < aA, aB, aC >, qui est le l'espace des sections globales de ce modèle de faisceau. Cela révèle la cohérence de ces éléments à travers le faisceau qui est normal puisque 0.aA, 0.aB et 0.aC sont transformés via des fonctions nulles. D'un autre côté, H 0 (E, S ) =< aC<E, aC<F > sont des sections qui ne sont pas présentes en tant que sections globales et peuvent donner des informations supplémentaires et inférence du modèle. Pour interpréter les résultats de H 0, nous concluons que la classe a A.4.
CHAPITRE 4: THÉORIE DES FAISCEAUX ET APPLICATIONS SUR LES IMAGES179
Figure A.18: Sections consistantes avec leurs restrictions sur les 6 pixels. Figure A.19: L'espace entier avec le cycle a. 180 n'existe pas dans l'un des grands ouverts. Pour H 1, a n'est pas inclus dans E ni dans F, ce qui laisse en déduire que cet élément est dans D = A ∪ B. Bien sûr, autres modèles peuvent être construits et nous pouvons les analyser par des interprétations cohomologiques.
A.4.4.4 Conclusion
Dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés à un nouvel aspect des approches de la topologie algébrique qui repose sur la théorie des faisceaux. Nous avons commencé par une introduction suivie de la présentation de certains aspects fondamentaux des faisceaux sur des espaces topologiques. Ces aspects fondamentaux ont été traduits aux espaces cellulaires. Le concept des faisceaux de cellules décrit comment on peut transformer un faisceau sur un complexe cellulaire et comment on peut obtenir des complexes de cochaine associés à des fonctions de cobord. Ces fonctions de cobords permettent de calculer la cohomologie des faisceaux afin d'obtenir un invariant topologique qui transforme l'information locale en une information globale. De plus, nous introduisons la construction de faisceaux sur des ensembles partiellement ordonnés pour aboutir à son analyse cohomologique. A.5 A.5.1 Chapitre 5: Conclusion et perspectives Conclusion générale
La topologie et la topologie algébrique peuvent être utilisées pour développer plusieurs méthodologies utiles aux problèmes d'ingénierie. Cette théorie mathématique est particulièrement intéressante et son applicabilité est principalement due à la possibilité calculer et de représenter des notions sur un système informatique. Pour les tâches de traitement d'images, l'homologie persistante et sa forme relative, ainsi que la théorie des faisceaux, sont particulièrement efficaces. Les durées de vie des classes d'homologie persistantes donnent lieu à une nouvelle façon de segmenter les images. Mettre en évidence les classes d'homologie les plus persistantes qui ont résisté aux variations des espaces permet de segmenter des objets dans les dimensions 2D et 3D. Sans oublier la version relative qui permet de vider un sous-espace dans le complexe et donc d'élargir la notion de cycle pour le suivi d'objets en mouvement. Le succès de ces approches topologiques est dû à la flexibilité de la manipulation des espaces. En effet, une simple notion de voisinage est requise. Celle-ci est transformée en une liste des cellules et des relations entre eux à travers un opérateur de bord. Une fois ces données extraites, il est possible de calculer plusieurs invariants mesurant diverses quantités qui ne sont pas nécessairement scalaires comme les groupes d'homologie. Les quantités résultant de la topologie décrivent la forme de l'espace et donnent une représentation qualitative. Bien que cet aspect qualitatif semble très faible par rapport A.5. aux séries quantitatives de valeurs, nous retenons la flexibilité de l'approche. Grâce à cela, l'homologie persistante permet par exemple de segmenter les objets dans les images sans avoir besoin de paramètres préalables comme tailles ou les intensités des objets. La difficulté d'utiliser la topologie algébrique réside principalement dans la spatialisation du problème et l'interprétation des invariants. Par exemple, au chapitre 3, le moyen des constructions de la présentation combinatoire et de la filtration dépend fortement de l'espace et des données étudiés. La façon de former le complexe simplicial n'est pas immédiate et relier les groupes d'homologie calculés à l'origine de problème nécessite un peu de travail. Mais le gain est important, aucune hypothèse précédente requise si nous commençons à partir de pixels bruts par exemple ou superpixels comme au chapitre 3, et aucune hypothèse sur la taille des objets ou des valeurs d'intensités n'est requise. La topologie est souvent appelée "géométrie du caoutchouc", mais son sous-champ, la topologie algébrique, fournit des outils mathématiques permettant le passage du local au global, c'est-à-dire le passage d'une simple notion locale de proximité à notion plus générale de la forme globale de l'espace. Les outils qui permettent cette intégration du local au global sont performants et peuvent donner lieu à plusieurs algorithmes d'analyse d'images comme nous avons vu dans ce travail. Par exemple, la théorie des faisceaux a permis de transformer l'information des aspects locaux aux aspects globaux en utilisant la cohomologie des faisceaux. L'interprétation de l'analyse d'échelle et la localisation a permis de prédire et comprendre les données étudiées sur l'aspect global. Le travail réalisé dans cette thèse, qui a consisté à translater les notions de topologie algébrique au traitement d'images présente un paradigme de changement complètement nouveau et qu'il faut approfondir. Commençant par la segmentation d'images, nous avons proposé une technique qui associe le calcul des caractéristiques topologiques utilisant des durées de vie de classes d'homologie avec des caractéristiques statistiques dans les fenêtres glissantes. Ces caractéristiques ont été classées en utilisant la méthode K-moyennes donnant une méthodologie de segmentation d'image. Les résultats de ces méthodes ont été présentés dans une conférence internationale [AGV16a] et publiés dans un journal [AGV16b]. Les notions algébriques des classes d'homologie les plus persistantes ont été utilisées pour réaliser la segmentation d'objet dans les images. Une construction du schéma de filtration sur pixels bruts permet de segmenter des objets intéressants tels que les cellules et leurs composants en images biomédicales. Une autre idée a été d'utiliser la présentation combinatoire des superpixels pour segmenter les objets de grandes images de 2D et 3D sans l'utilisation de paramètres a priori. Cette technique a été présentée dans une conférence nationale [AGK17a] et illustrée dans un article actuellement en cours de revision [AGV+ 17]. En outre, un article sur l'aspect appliqué de cette technique qui permet de trouver des composants de cellules dans les images biomédicales a été accepté pour la présentation dans une conférence internationale [AGK17b]. Le mouvement des cellules le long des séquences d'images a été à l'origine du développe- 182 ment d'une technique qui détecte et suit les objets de la première à la dernière image. Cette technique utilise l'homologie relative qui détend le principe de l'homologie à plus d'espaces. A.5.2 Perspectives
Les perspectives que notre travail ouvre sont nombreuses, puisque les méthodes issues de la topologie algébrique commencent tout juste à apparaître. Nous pouvons rapidement les classer perspectives à court terme et perspectives à long terme. En premier lieu, il serait intéressant d'associer notre approche à l'analyse d'échelle en utilisant la théorie des faisceaux pour séparer les classes d'homologie qui sont à l'intérieur l'une de l'autre en 2D et en 3D. De plus, il serait important d'améliorer les cycles qui segmentent les objets. L'optimisation de ces cycles peut être faite en appliquant une autre théorie de la topologie algébrique qui est la théorie de Morse discrète. En fait, la théorie de Morse discrète [Mil63, Koz07] permet de simplifier un espace combinatoire X sans dénaturer sa structure topologique. Cette simplification est complétée par l'utilisation d'un champ vectoriel discret V. Puisque les groupes d'homologie Hp (X) sont isomorphes au complexe de Morse, leur calcul est beaucoup plus simple. Après le flux qui a aidé à la construction du complexe Morse en utilisant les champs de vecteurs discrets, nous pouvons associer des points critiques pour obtenir un contour qui peut réduire radicalement le contour qui segmente les objets. Dans un autre aspect, l'homologie persistante qui utilise uniquement les valeurs d'intensité a été confrontée à des problèmes dans la détection des objets collés. Nous avons l'intention d'utiliser la persistance multidimensionnelle pour résoudre ce problème. Même s'il n'y a pas d'invariant topologique complet pour persistance multidimensionnelle [CZ09], les auteurs de [ML15] ont réussi à créer un outil de visualisation de durées de vie des classes d'homologie. Cet outil qui dépend fortement de la construction toire doit être adapté au problème donné. Nous avons cependant tenté cette approche sans réel succès immédiat, mais une approche plus construite sera sûrement bénéfique. Aussi, il y a encore un gros travail sur les moyens de calculer les classes d'homologie persistante multidimensionnelle. La topologie algébrique n'est pas limitée à l'homologie. À plus long terme, ce serait intéressant de développer d'autres parties. Par exemple la cohomologie, alors que c'est un dual A.5. d'homologie, étudie un espace en étudiant la cohérence locale des fonctions définies sur ce dernier. Les incohérences sont donc très informatives. Par exemple, avoir l'information sur aspects dimensionnels plus élevés, il est utile d'utiliser la cohomologie pour traduire l'information aux dimensions plus basses [dSMVJ11b]. [ABB+ 15] P. Alotto L. Ayers, R. J. Boyd, P. Bultinck, M. Caffarel, R. Carbó-Dorca, M. Causá, J. Cioslowski, J. Contreras-Garcia, D. L. Cooper, P. Coppens, C. Gatti, Simon Grabowsky, P. Lazzeretti, P. Macchi, Á.Martín Pendás, P. L.A. Popelier, K. Ruedenberg, H. Rzepa, A. Savin, A. Sax, W.H. Eugen Schwarz, S. Shahbazian, B. Silvi, M. Solà, and V. Tsirelson. Six questions on topology in theoretical chemistry. Computational and Theoretical Chemistry, 1053:2 – 16, 2015. Special Issue: Understanding structure and reactivity from topology and beyond. [AC17] A. Abdelli and H.-J. Choi. A four-frames differencing technique for moving objects detection in wide area surveillance. In 2017 IEEE International Conference on Big Data and Smart Computing (BigComp), pages 210–214, Feb 2017. [AF08] C.C. Adams and R.D. Franzosa. Introduction to Topology: Pure and Applied. Featured Titles for Topology Series. Pearson Prentice Hall, 2008. [AFW06] D. Arnold, R. Falk, and R. Winther. Differential complexes and stability of finite element methods I: The de Rham complex. In D. Arnold, P. Bochev, R. Lehoucq, R. Nicolaides, and M. Shashkov, editors, Compatible Spatial Discretizations, volume 142 of The IMA Volumes in Mathematics and its Applications, pages 23–46. Springer, Berlin, 2006. [AGK17a] R. Assaf, A. Goupil, M. Kacim, and V. Vrabie. Topologie algébrique pour l'analyse d'images en niveaux de gris. In Colloque Gretsi, 2017. [AGK17b] R. Assaf, A. Goupil, M. Kacim, and V. Vrabie. Topological persistence based on pixels for object segmentation in biomedical images. In IEEE International [ K c] R. Assaf, A. Goupil, M. Kacim, B. Wattellier, T. Boudier, and V. Vrabie. 2d+t track detection via relative persistent homology. Manuscript submitted for publication to Signal Processing letters, 2017. [AGV16a] R. Assaf, A. Goupil, V. Vrabie, and M. Kacim. Homology functionality for grayscale image segmentation. In Current Research In Information Technology, Mathematical Sciences, Science And Technology International Conference, 2016. [AGV16b] R. Assaf, A. Goupil, V. Vrabie, and M. Kacim. Homology functionality for grayscale image segmentation. Journal of Informatics and Mathematical Sciences, v. 8(n. 4):p. 281–286„ 2016. [AGV+ 17] R. Assaf, A. Goupil, V. Vrabie, T. Boudier, and M. Kacim. Persistent homology for object segmentation in multidimensional grayscale images. Manuscript submitted for publication to Pattern Recognition letters, 2017. [Ale37] P. Alexandroff. Diskrete raume. Mat. Sb., 2:501–519, 1937. [AP13] N. Y. An and C. M. Pun. Iterated graph cut integrating texture characterization for interactive image segmentation. In 2013 10th International Conference Computer Graphics, Imaging and Visualization, pages 79–83, Aug 2013. [ARC14] A. Adcock, D. Rubin, and G. Carlsson. Classification of hepatic lesions using the matching metric. Computer Vision and Image Understanding, 121:36 – 42, 2014. [ASL+ 12] R. Achanta, K. Smith, A. Lucchi, P. Fua, and S. Susstrunk. Slic superpixels compared to state-of-the-art superpixel methods, 2012. [Baa17] N. Baas. On the concept of space in neuroscience. Current Opinion in Systems Biology, 1(Supplement C):32 – 37, 2017. Future of Systems Biology • Genomics and epigenomics. [Bar16] F. Barros. Modeling mobility through dynamic topologies. Simulation Modelling Practice and Theory, 69:113 – 135, 2016. [BDA16] F. Baumann, E. Dayangac, J. Aulinas, and M. Zobel. Medianstruck for long-term tracking applications. In 2016 Sixth International Conference on Image Processing Theory, Tools and Applications (IPTA), pages 1–6
Dec 2016. [BKR14] U. Bauer, M. Kerber, and J. Reininghaus. Clear and compress: Computing persistent homology in chunks. In Topological Methods in Data Analysis and Visualization III: Theory, Algorithms, and Applications, pages 103–117. Springer International Publishing, Cham, 2014. [BLW12] U. Bauer, C. Lange, and M. Wardetzky. Optimal topological simplification of discrete functions on surfaces. Discrete & Computational Geometry, 47(2):347–377, Mar 2012. [BM12] J.-D. Boissonnat and C. Maria. The simplex tree: An efficient data structure for general simplicial complexes. In Algorithms - ESA 2012: 20th Annual European Symposium, Ljubljana, Slovenia, September 1012, 2012. Proceedings, pages 731–742. Springer Berlin Heidelberg, Berlin, Heidelberg, 2012. [BMW09] P. Bon, G. Maucort, B. Wattellier, and S. Monneret. Quadriwave lateral shearing interferometry for quantitative phase microscopy of living cells. Opt. Express, 17(15):13080–13094, Jul 2009. [Bou66] N. Bourbaki. Elements of Mathematics: General Topology. son–Wesley, 1966. [BP16] W. J. Beksi and N. Papanikolopoulos. 3D region segmentation using topological persistence. In Proc. IEEE/RSJ Int. Conf. Intelligent Robots and Systems (IROS), pages 1079–1084, October 2016. [BQC+ 17] W. Bickel, A. Quisenberry, P. Chandrasekar, M. Koffarnus, E. Fox, and C. Franck. The social interactome of recovery: Network topology influences social media engagement. Drug and Alcohol Dependence, 171:e20, 2017. [Bre97] G. E. Bredon. Sheaves and presheaves. In Sheaf Theory. Springer, January 1997. [BTM16] A. Broom, K. Trainor, D. WS MacKenzie, and E. M Meiering. Using natural sequences and modularity to design common and novel protein topologies. Current Opinion in Structural Biology 38:26 – 36, 2016. New constructs and expression of proteins • Sequences and topology. [Car09] G. Carlsson. Topology and data. Bull. Amer. Math. Soc., 46:255–308, 2009. [Car14] G. Carlsson. Topological pattern recognition for point cloud data. Acta Numerica, 2014. [CC11] M. Kerber C. Chen. Persistent homology computation with a twist, 2011.
| 39,497
|
871dec312d5a85a48a93ad3b712f7319_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,022
|
Haïti
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,164
| 11,488
|
Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base
d’imposition et le transfert de bénéfices
Prévention de l’utilisation abusive
des conventions fiscales –
Quatrième rapport d’examen par
les pairs sur le chalandage fiscal
CADRE INCLUSIF SUR LE BEPS : ACTION 6
Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert
de bénéfices
Prévention de l’utilisation
abusive des conventions
fiscales – Quatrième rapport
d’examen par les pairs
sur le chalandage fiscal
CADRE INCLUSIF SUR LE BEPS : ACTION 6
Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de
la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire,
ville ou région.
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes
compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de
Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Note de la Turquie
Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Ile. Il
n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Ile. La Turquie reconnaît la
République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre
des Nations Unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».
Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de l’Union européenne
La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations Unies sauf la Turquie. Les informations
figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.
Merci de citer cet ouvrage comme suit :
OCDE (2022), Prévention de l’utilisation abusive des conventions fiscales – Quatrième rapport d’examen par les pairs sur le
chalandage fiscal : Cadre inclusif sur le BEPS : Action 6, Projet OCDE/G20 sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de
bénéfices, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/3fc9415b-fr.
ISBN 978-92-64-59585-9 (imprimé)
ISBN 978-92-64-85258-7 (pdf)
ISBN 978-92-64-81440-0 (HTML)
ISBN 978-92-64-70731-3 (epub)
Projet OCDE/G20 sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices
ISSN 2313-2620 (imprimé)
ISSN 2313-2639 (en ligne)
Crédits photo : Couverture © ninog-Fotolia.com.
Les corrigenda des publications sont disponibles sur : www.oecd.org/fr/apropos/editionsocde/corrigendadepublicationsdelocde.htm.
© OCDE 2022
L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.
3
Avant-Propos
La transformation numérique et la mondialisation ont des répercussions profondes sur les économies et
sur la vie des populations du monde entier, et ce phénomène s’est accéléré au cours du 21ème siècle.
Ces transformations remettent en cause les règles établies pour imposer les bénéfices commerciaux
internationaux, qui datent de plus d’un siècle et qui permettent aux entreprises multinationales (EMN)
d’échapper largement à l’impôt en dépit des bénéfices considérables que beaucoup d’entre elles génèrent
dans un monde de plus en plus interconnecté.
En 2013, l’OCDE a redoublé d’efforts pour relever ces défis et ainsi répondre aux préoccupations
grandissantes des citoyens et des responsables publics face aux pratiques d’évasion fiscale des grandes
multinationales. Les pays de l’OCDE et du G20 se sont unis pour élaborer en septembre 2013 un Plan
d’action visant à combattre ces pratiques. Le Plan d’action a identifié 15 actions à mener avec pour objectif
d’harmoniser les règles nationales qui influent sur les activités transnationales, de renforcer les exigences
de substance dans les standards internationaux existants, et d’améliorer la transparence ainsi que la
sécurité juridique.
Après deux ans de travail, des rapports en réponse aux 15 actions, y compris ceux publiés à titre provisoire
en 2014, ont été réunis au sein d’un ensemble complet de mesures et présentés aux dirigeants des pays
du G20 en novembre 2015. Le paquet BEPS représente le premier remaniement d’importance des règles
fiscales internationales depuis près d’un siècle. Au fur et à mesure de la mise en œuvre des mesures, les
entreprises seront amenées à déclarer leurs bénéfices là où les activités économiques qui les génèrent
sont réalisées et là où la valeur est créée. Les stratégies de planification fiscale qui s’appuient sur des
règles périmées ou sur des dispositifs nationaux mal coordonnés seront caduques.
Les pays de l'OCDE et du G20 ont également convenu de continuer à travailler ensemble pour assurer
une mise en œuvre cohérente et coordonnée des recommandations du Projet BEPS, et de le rendre plus
inclusif. De ce fait, ils ont établi le Cadre inclusif sur le BEPS de l’OCDE et du G20 (Cadre inclusif),
rassemblant sur un pied d’égalité tous les pays et juridictions intéressés et engagés dans le Comité des
affaires fiscales et ses organes subsidiaires. Avec plus de 140 membres, le Cadre inclusif contrôle la mise
en œuvre des standards minimums à travers des examens par les pairs, et finalise l’élaboration de normes
pour résoudre les problèmes liés au BEPS. Au-delà de ses membres, d’autres organisations
internationales et organismes fiscaux régionaux sont engagés dans les travaux du Cadre inclusif, et les
entreprises et la société civile sont également consultées sur différentes problématiques.
Bien que la mise en œuvre du paquet BEPS continue de transformer radicalement le paysage fiscal
international et d’améliorer l’équité des systèmes fiscaux, l’une des principales problématiques liées au
BEPS – relever les défis fiscaux posés par l’économie numérique – demeurait en suspens. Le 8 octobre
2021, plus de 135 membres du Cadre inclusif, représentant plus de 95 % du PIB mondial, ont réalisé une
avancée majeure en adhérant à une solution reposant sur deux piliers qui vise à réformer les règles
fiscales internationales et à faire en sorte que les entreprises multinationales paient une juste part d’impôt
partout où elles exercent des activités et génèrent des bénéfices dans l’économie numérique et
mondialisée d’aujourd’hui. La mise en œuvre de ces nouvelles règles est envisagée d'ici 2023.
Ce rapport a été approuvé par le Cadre inclusif le 9 février 2022 et préparé pour publication par le
Secrétariat de l’OCDE.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
4
Remerciements
Ce document a été préparé par l’Unité des conventions fiscales du Centre de politique et d’administration
fiscales de l’OCDE. Les données contenues dans ce document ont été soumises par les délégués du
Groupe de travail no 1 (GT1), dans son format de Cadre inclusif sur le BEPS (Cadre inclusif), de chaque
juridiction membre du Cadre inclusif. La quatrième édition de ce rapport a été préparée par Jessica Di
Maria et Sara Shearmur, conseillères de l’Unité des conventions fiscales du Centre de politique et
d’administration fiscales de l’OCDE. Les autrices tiennent à remercier les délégués du GT1 pour leur
contribution.
Les autrices tiennent également à remercier Lee Harley, Chef de l’Unité des conventions fiscales, ainsi
que Théo Leclercq, Yves Van Brussel et Kazuya Shimizu pour l’analyse des données pertinentes et leur
contribution à la préparation du rapport ; Caroline Devlin-Genin pour son aide sur les questions relatives
à la Convention multilatérale pour mettre en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour
prévenir l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices ; Andrew Dawson et Edward Barret
pour leurs commentaires sur le rapport préliminaire ; et Raphaël Clément pour son aide avec la version
française du rapport. Les autrices sont particulièrement reconnaissantes envers Ria Sandilands pour son
soutien en matière de coordination et de communication, ainsi qu’envers Karena Garnier et Carrie Tyler
pour leur aide dans la préparation à la publication.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022 5 Table des matières Avant-Propos 3 Remerciements 4 Résumé 9 1 Mise en œuvre du standard minimum : données agrégées et principaux chiffres 13 2 Rôle essentiel de l’IM 18 3 Plans en vue de la mise en œuvre du standard minimum, et soutien apporté aux juridictions 22 4 Recommandations 25 5 Difficultés liées à la mise en œuvre du standard minimum 26 6 Conclusion et prochaines étapes 28 7 Rappel des faits concernant le standard minimum établi par l’Action 6 du BEPS et le mécanisme d’examen par les pairs 30 8 Données correspondant à chacune des juridictions membres du Cadre inclusif 38 Afrique du Sud Albanie Allemagne Andorre Angola Anguilla Antigua-et-Barbuda Arabie saoudite Argentine Arménie Aruba Australie Autriche Bahamas Bahreïn PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022 40 43 45 50 51 52 53 55 57 59 61 62 64 68 69 6 Barbade Bélarus Belgique Belize Bénin Bermudes Bosnie-Herzégovine Botswana Brésil Brunei Darussalam Bulgarie Burkina Faso Cabo Verde Cameroun Canada Chili Chine (République populaire de) Colombie Congo Corée Costa Rica Côte d’Ivoire Croatie Curaçao Danemark Djibouti Dominique Égypte Émirats arabes unis Espagne Estonie Eswatini États-Unis Fédération de Russie Finlande France Gabon Géorgie Gibraltar Grèce Grenade Groenland Guernesey Haïti Honduras Hong Kong (Chine) Hongrie Îles Caïmanes Îles Cook Île de Man Îles Féroé 71 73 76 79 81 82 83 85 86 88 89 92 94 95 96 99 101 104 106 107 110 111 113 115 116 119 120 122 124 127 130 132 133 136 140 143 146 148 151 152 154 156 157 158 159 160 162 165 166 167 168 PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022 7 Îles Turques et Caïques Îles Vierges britanniques Inde Indonésie Irlande Islande Israël Italie Jamaïque Japon Jersey Jordanie Kazakhstan Kenya Lettonie Libéria Liechtenstein Lituanie Luxembourg Macao (Chine) Macédoine du Nord Malaisie Maldives Malte Maroc Maurice Mexique Monaco Mongolie Monténégro Montserrat Namibie Nigéria Norvège Nouvelle-Zélande Oman Pakistan Panama Papouasie–Nouvelle-Guinée Paraguay Pays-Bas Pérou Pologne Portugal Qatar République démocratique du Congo République dominicaine République slovaque République tchèque Roumanie Royaume-Uni PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022 169 170 171 174 177 179 181 183 187 189 192 194 196 198 200 202 203 204 206 209 210 212 214 215 218 220 222 224 225 227 229 230 231 232 236 238 240 242 243 244 245 248 250 253 256 259 260 261 264 268 271 8 Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Marin Sainte-Lucie Saint-Vincent-et-les-Grenadines Samoa Sénégal Serbie Seychelles Sierra Leone Singapour Slovénie Sri Lanka Suède Suisse Thaïlande Trinité-et-Tobago Tunisie Turquie Ukraine Uruguay Viet Nam Zambie 275 277 278 280 282 283 285 287 289 290 293 295 297 301 305 307 309 312 315 318 319 322 TABLEAUX Tableau 2.1. Le standard minimum relatif au chalandage fiscal décrit dans le Rapport sur l’Action 6 est l’un des
quatre standards minimums établis par le projet BEPS. L’Action 6 du projet BEPS mentionne l’utilisation
abusive des conventions fiscales et, en particulier, le chalandage fiscal comme l’une des principales
sources de préoccupation dans le domaine de l’érosion de la base d’imposition et du transfert de bénéfices
(BEPS). En raison de la gravité du chalandage fiscal, les juridictions ont convenu d’adopter, comme
standard minimum, des mesures de lutte contre cette pratique et de soumettre leurs efforts à un examen
annuel par les pairs (OCDE, 2017[1]) (OCDE, 2021[2]). Le Cadre inclusif sur le BEPS a publié des rapports
pour chacun des trois processus d’examen par les pairs réalisés en 2018, 2019 et 2020 (OCDE, 2019[3])
(OCDE, 2020[4]) (OCDE, 2021[5])
2.
Ce rapport d’examen par les pairs de 2021 correspond au quatrième exercice d’examen par les
pairs de la mise en œuvre du standard minimum de l’Action 6. Il rassemble les résultats agrégés de
l’examen par les pairs, des informations générales sur le chalandage fiscal au chapitre 7, et 139 sections
ventilées par juridiction qui fournissent des renseignements détaillés sur la mise en œuvre du standard
minimum par chaque membre du Cadre inclusif au chapitre 8. Ce quatrième examen par les pairs était
régi par une méthodologie révisée décrite à la section 2 ci-dessous.
3.
En 2021, la Convention multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions
fiscales pour prévenir l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (l’Instrument multilatéral
ou IM) est resté le principal outil utilisé pour appliquer le standard minimum dans les juridictions qui l’ont
ratifié.
4.
De fait, le nombre de conventions conformes conclues entre membres du Cadre inclusif et
couvertes par l’IM a presque doublé, passant d’environ 350 à plus de 650 (sur un total de quelque
710 conventions conformes) entre les examens par les pairs de 2020 et de 2021. Plus de 960 conventions
supplémentaires deviendront bientôt conformes en vertu de l’IM, une fois que tous les Signataires de l’IM
l’auront ratifié. Au total, près de 70 % des conventions conclues entre membres du Cadre inclusif sont
mises en conformité grâce à l’IM. De façon générale, les juridictions qui n’ont pas signé ou ratifié l’IM ont
beaucoup moins progressé dans l'application du standard minimum.
5.
Au total, au 30 juin 2021, environ 2 330 conventions conclues entre membres du Cadre inclusif
étaient conformes, faisaient l’objet d’un instrument de mise en conformité ou de mesures prises par au
moins un partenaire de convention pour appliquer le standard minimum, ou d’une déclaration générale
formulée par l’un des partenaires indiquant son intention d’utiliser la règle détaillée de limitation des
avantages pour mettre en œuvre le standard minimum dans l’ensemble de ses conventions bilatérales.
6.
En outre, l’examen par les pairs de cette année met en lumière les plans élaborés par les
juridictions en vue d'appliquer le standard minimum dans les conventions non conformes conclues avec
d'autres membres du Cadre inclusif, qui ne font pas déjà l’objet d’un instrument de mise en conformité ou
d’une déclaration générale relative à la règle détaillée de limitation des avantages, et pour lesquelles
aucune mesure n'a été prise en vue de mettre en œuvre le standard minimum (sans qu’il soit fait état des
raisons pour lesquelles, concernant ce membre, la convention ne soulève pas de préoccupations
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
10
importantes en matière de chalandage fiscal). La grande majorité de ces juridictions prévoient d'appliquer
l’IM aux conventions concernées. Une fois que les dispositions prévues pour appliquer le standard
minimum auront pris effet, le standard minimum sera mis en œuvre, ou en passe de l’être, dans
pratiquement toutes les conventions conclues entre les membres du Cadre inclusif.
7.
Enfin, le rapport d’examen par les pairs de cette année adresse des recommandations aux
juridictions qui doivent établir un plan de mise en œuvre du standard minimum, et à celles qui ont signé
l’IM mais n’ont pas encore pris toutes les mesures nécessaires pour que ses dispositions prennent effet.
Contexte de l’examen par les pairs
8.
Ce quatrième rapport sur la mise en œuvre du standard minimum de l’Action 6 correspond au
premier processus d’examen par les pairs effectué selon la méthodologie révisée.
9.
Les examens de 2018, 2019 et 2020 ont été menés conformément à une approche convenue qui
a été définie dans un document publié le 29 mai 2017, lequel a servi de base à la réalisation des examens
par les pairs (les documents pour l’examen par les pairs de 2017) (OCDE, 2017[1]). Les documents pour
l’examen par les pairs de 2017 contenaient les termes de référence, qui définissent les critères à prendre
en compte afin d’évaluer la mise en œuvre du standard minimum, ainsi que la méthodologie décrivant la
procédure à suivre pour mener à bien les examens par les pairs.
10.
En 2021, les membres du Cadre inclusif sur le BEPS ont approuvé une méthodologie révisée dans
le document d’examen par les pairs de 2021 (OCDE, 2021[2])1, qui régit la conduite des examens de cette
année et des années futures du standard minimum de l’Action 6.
11.
Comme les années précédentes, les juridictions étaient tenues de répondre à un questionnaire
d’examen par les pairs avant le 31 mai 2021, en indiquant l'état de la mise en œuvre du standard minimum
dans l’ensemble de leurs conventions fiscales complètes sur le revenu alors en vigueur (y compris celles
conclues avec des juridictions non membres du Cadre inclusif). Pour chaque convention fiscale
répertoriée, les membres ont précisé si elle est ou non conforme au standard minimum et, si elle n’est pas
conforme, si elle est ou non en voie de satisfaire au standard minimum.
12.
Toutefois, selon la méthodologie révisée, les progrès accomplis dans la mise en œuvre du
standard minimum sont mesurés de façon beaucoup plus détaillée.
13.
Les changements apportés à la méthodologie d’examen par les pairs ont été approuvés dans le
cadre du processus d’examen défini dans les documents d’examen par les pairs de 2017. Le
paragraphe 14 des documents pour l’examen par les pairs de 2017 disposait que la méthodologie
concernant l’examen de la mise en œuvre du standard minimum sur le chalandage fiscal serait réexaminée
en 2020 à la lumière des enseignements tirés de l’expérience acquise.
14.
La méthodologie révisée (expliquée plus en détail au chapitre 7) vise à établir un cadre permettant
de fournir une assistance à une juridiction membre du Cadre inclusif ayant conclu des conventions non
conformes avec un ou plusieurs autres membres du Cadre inclusif, susceptibles selon sa propre évaluation
de créer des possibilités de chalandage fiscal, et pour lesquelles la juridiction n’avait encore pris aucune
mesure afin de les mettre en conformité avec le standard minimum.
15.
Le processus d’examen par les pairs de cette année a permis de réunir des données nouvelles et
plus complètes sur l'état de mise en œuvre du standard minimum de l'Action 6 par les juridictions. Les
juridictions ont communiqué des renseignements beaucoup plus détaillés sur leurs progrès dans la mise
en œuvre du standard minimum. Les juridictions étaient notamment invitées à fournir des informations
supplémentaires sur chaque convention conclue avec un membre du Cadre inclusif qui soit n'était pas
conforme au standard minimum, soit ne faisait pas l’objet d’un instrument de mise en conformité (ex. l’IM
ou un instrument signé portant modification issu de négociations bilatérales). Les juridictions qui ont signé
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
11
l’IM mais qui ne l’ont pas ratifié étaient également invitées à communiquer des renseignements
complémentaires sur leur processus de ratification.
16.
Les juridictions ont, le cas échéant, élaboré des plans de mise en œuvre du standard minimum
dans certaines de leurs conventions. Cela concerne les conventions conclues avec d'autres membres du
Cadre inclusif qui ne sont pas conformes, qui ne font pas l’objet d’un instrument de mise en conformité,
pour lesquelles aucune mesure n'a été prise en vue de mettre en œuvre le standard minimum, et qui ne
font pas l’objet d’une déclaration formulée par l’un des partenaires indiquant son intention d’utiliser la
clause détaillée de limitation des avantages pour mettre en œuvre le standard minimum dans l’ensemble
de ses conventions fiscales bilatérales.
17.
L'assistance apportée aux juridictions en vertu de la méthodologie révisée comprend également
la formulation de recommandations mentionnées dans ce rapport. Ces recommandations sont les
suivantes : élaborer un plan de mise en œuvre du standard minimum en l'absence d'un tel plan ; prendre
les mesures nécessaires pour que l’IM prenne effet lorsqu’une juridiction utilise l’IM pour appliquer le
standard minimum.
18.
Les plans de mise en œuvre et les recommandations sont examinés plus en détail respectivement
dans les sections 4 et 5 ci-dessous, ainsi que dans les sections ventilées par juridiction concernées au
chapitre 8.
Références
OCDE (2021), BEPS Action 6 : Empêcher l’utilisation abusive des conventions fiscales lorsque
les circonstances ne s’y prêtent pas - Documents révisés pour l’examen par les pairs,
https://www.oecd.org/fr/fiscalite/beps/beps-action-6-empecher-utilisation-abusiveconventions-fiscales-documents-revises-examen-par-les-pairs.pdf.
[2]
OCDE (2021), Prévention de l’utilisation abusive des conventions fiscales – Troisième rapport
d’examen par les pairs sur le chalandage fiscal: Le Cadre Inclusif sur le BEPS : Action 6,
Projet OCDE/G20 sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, OECD
Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/bcdc38c0-fr.
[5]
OCDE (2020), Prévention de l’utilisation abusive des conventions – Deuxième rapport d’examen
par les pairs sur le chalandage fiscal, https://www.oecd.org/fr/fiscalite/beps/prevention-de-lutilisation-abusive-des-conventions-deuxieme-rapport-d-examen-par-les-pairs-sur-lechalandage-fiscal.pdf.
[4]
OCDE (2019), Prévention de l’utilisation abusive des conventions - Rapport d’examen par les
pairs sur le chalandage fiscal: Cadre inclusif sur le BEPS : Action 6, Projet OCDE/G20 sur
l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, Éditions OCDE, Paris,
https://dx.doi.org/10.1787/9789264312401-fr.
[3]
OCDE (2017), BEPS Action 6 : Empêcher l’utilisation abusive des conventions fiscales lorsque
les circonstances ne s’y prêtent pas - Documents pour l’examen par les pairs,
https://www.oecd.org/fr/fiscalite/conventions/beps-action-6-empecher-utilisation-abusiveconventions-fiscales-documents-examen-par-les-pairs.pdf.
[1]
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
12
Note
1
Approuvé par le Cadre inclusif dans le document d’examen par les pairs de 2021 le 17 février 2021.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
13
1 Mise en œuvre du standard
minimum : données agrégées et
principaux chiffres
19.
Cette section présente les données agrégées sur la mise en œuvre du standard minimum relatif
au chalandage fiscal figurant dans le rapport sur l’Action 6 (OCDE, 2017[1]).
20.
Le standard minimum impose aux juridictions d’inclure deux éléments dans leurs conventions :
une déclaration explicite sur la volonté d’éliminer la double imposition sans créer de possibilités de nonimposition (généralement dans le préambule) ; et l’une des trois méthodes permettant de résoudre le
problème du chalandage fiscal. Il ne précise pas comment ces deux éléments doivent être mis en œuvre
(via l’IM ou via des instruments bilatéraux) (OCDE, 2017[1])1.
21.
Des données agrégées sur les progrès accomplis par les juridictions pour mettre en œuvre le
standard minimum figurent ci-dessous. Les sections ventilées par juridiction au chapitre 8 contiennent des
informations détaillées sur les progrès accomplis par chaque juridiction. En outre, les informations figurant
dans la partie « Conclusion » dans certaines des sections ventilées par juridiction du chapitre 8 mettent
en lumière les faits suivants :
Les membres du Cadre inclusif qui ont signé l’IM mais qui ne l’ont pas ratifié sont invités à prendre
les mesures nécessaires pour que l’IM prenne effet le plus rapidement possible (section 5 cidessous) ;
De même, certaines parties à l’IM qui ont formulé une réserve en vertu du l’IM afin d’en retarder
l’entrée en vigueur jusqu’à ce que les procédures internes soient achevées sont invitées à prendre
les mesures nécessaires pour que l’IM prenne effet le plus rapidement possible (section 5 cidessous)2.
Un plan de mise en œuvre doit être élaboré pour les conventions conclues avec d’autres membres
du Cadre inclusif qui ne sont pas conformes, ne font pas l’objet d'un instrument de mise en
conformité ou d’une déclaration générale relative à la règle détaillée de limitation des avantages,
pour lesquelles aucune mesure n’a été prise afin de mettre en œuvre le standard minimum et
aucune raison n'a été citée pour expliquer pourquoi, pour une juridiction, la convention ne soulève
pas de préoccupations importantes en matière de chalandage fiscal. Lorsqu’aucun plan de mise
en œuvre n’a été élaboré pour ces conventions, les juridictions concernées sont invitées à élaborer
un tel plan (sections 4 et 5 ci-dessous).
Le Secrétariat de l’OCDE est disposé à s’entretenir avec toute juridiction qui a élaboré ou qui doit
élaborer un plan de mise en œuvre du standard minimum afin de déterminer la meilleure façon
d’apporter son soutien pour mettre les conventions concernées en conformité avec le standard
minimum.
Les juridictions qui ont adhéré à la Convention de la CARICOM sont invitées à actualiser cette
convention en entamant des discussions avec l’ensemble de leurs partenaires (section 6 cidessous).
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
14
Données agrégées et principaux chiffres
22.
Au total, les 139 juridictions membres du Cadre inclusif ont fait état de 2 390 conventions (dont 5
conventions multilatérales) en vigueur le 31 mai 2021 conclues entre elles et d’environ 890 conventions
supplémentaires entre des membres et des non-membres3. Huit juridictions membres ne disposaient
d’aucune convention fiscale complète en vigueur 4.
23.
Les données recueillies sur la mise en œuvre du standard minimum de l’Action 6 ont montré qu’au
31 mai 2021, 116 juridictions du Cadre inclusif comptaient certaines conventions qui étaient déjà
conformes au standard minimum, qui faisaient l’objet d’un instrument de mise en conformité, pour
lesquelles des mesures avaient été prises en vue d'appliquer le standard minimum, ou qui faisaient l’objet
d'une déclaration générale relative à la règle détaillée de limitation des avantages 5.
24.
Les conventions conclues entre des membres et des non-membres du Cadre inclusif ne sont pas
soumises à l’examen par les pairs et les résultats agrégés présentés dans ce chapitre portent sur les
2 390 conventions (dont 5 conventions multilatérales) conclues entre membres du Cadre inclusif.
Néanmoins, les sections ventilées par juridiction au chapitre 8 indiquent le statut déclaré de mise en œuvre
du standard minimum dans les conventions qui ne sont pas soumises à l’examen par les pairs 6.
Conventions conformes
25.
Au 31 mai 2021, plus de 710 conventions bilatérales entre membres du Cadre inclusif étaient
conformes au standard minimum. Soixante autres conventions non soumises à cet examen (conclues
entre des membres du Cadre inclusif et des non-membres) étaient également conformes au standard
minimum. Cela représente plus du double par rapport au chiffre de 2020.
26.
Dans toutes les conventions conformes au standard minimum, la déclaration du préambule et le
critère des objets principaux (COP) ont été appliqués pour se conformer au standard minimum. Dans 40
de ces conventions conformes, le critère des objets principaux était complété par une clause de limitation
des avantages.
Conventions faisant l’objet d’un instrument de mise en conformité
27.
De nombreuses juridictions membres du Cadre inclusif disposent de conventions qui font
actuellement l’objet d’un instrument de mise en conformité non encore entré en vigueur, mais qui mettra
en œuvre le standard minimum.
28.
Le 31 mai 2021, plus de 960 des 2 385 conventions bilatérales entre membres du Cadre inclusif
devaient devenir des conventions fiscales couvertes aux fins de l’IM (les deux Juridictions contractantes
ayant formulé une notification indiquant que ces conventions sont visées par l’IM, qui les modifiera dès
son entrée en vigueur) et devaient donc devenir conformes au standard minimum. Ces conventions seront
conformes au standard minimum une fois que les dispositions pertinentes de l’IM auront pris effet, soit
après ratification par les deux juridictions contractantes 7.
29.
Vingt-trois conventions supplémentaires entre membres du Cadre inclusif font l’objet d’un
instrument bilatéral modificatif qui n’est pas encore entré en vigueur. Le nombre de conventions faisant
l’objet d’un instrument bilatéral modificatif, comparé au nombre de conventions modifiées par l’IM, atteste
de l’efficacité comparative avec laquelle celui-ci met en œuvre le standard minimum.
30.
Concernant les conventions notifiées aux fins de l’IM, tous les 93 membres du Cadre inclusif qui
sont parties à l’IM et signataires de l’IM mettent en œuvre le préambule et le critère des objets principaux.
Quinze juridictions ont également choisi d'appliquer la règle simplifiée de limitation des avantages via l’IM
en complément du critère des objets principaux lorsqu’il était possible de le faire. Six juridictions
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
15
supplémentaires ont accepté une règle simplifiée de limitation des avantages dans des conventions
conclues avec des partenaires qui ont opté pour la règle simplifiée.
Mesures prises afin de mettre en œuvre le standard minimum (y compris la déclaration
générale relative à la règle détaillée de limitation des avantages)
31.
De nombreuses juridictions membres du Cadre inclusif disposent de conventions non conformes
qui ne font pas l’objet d'un instrument de mise en conformité, mais à l'égard desquelles des mesures ont
été prises afin qu’elles fassent l’objet d’un instrument de mise en conformité. Par exemple, selon la
méthodologie révisée, on considère qu’une juridiction a pris des mesures pour mettre en œuvre le standard
minimum dans une convention en vertu de l’IM si elle a signé l’IM et notifié cette convention pour qu’elle
soit couverte par l’IM, mais que son partenaire de convention ne l’a pas fait (si les deux partenaires ont
signé l’IM et ont notifié une convention pour qu’elle soit couverte, on considère à l’inverse que l’IM fait
office d’instrument de mise en conformité de cette convention). C’est aussi le cas si un membre a engagé
des renégociations bilatérales avec un partenaire conventionnel, a accepté d’engager de telles
renégociations, ou a contacté son partenaire conventionnel avec un projet de protocole, ces étapes visant
à mettre en œuvre le standard minimum.
32.
Certaines juridictions ont sélectionné une seule méthode pour mettre en œuvre le standard
minimum (en notifiant l’ensemble de leurs conventions au titre de l’IM, par exemple), tandis que d'autres
ont modulé leur approche (en engageant des renégociations bilatérales de certaines conventions, et en
utilisant l’IM pour d'autres conventions, par exemple). L’IM demeure la solution la plus largement retenue
pour mettre en œuvre le standard minimum dans les conventions non conformes, puisqu’il couvre plus de
470 conventions. D'autres options que l’IM ont été exercées pour appliquer le standard minimum dans
quelque 240 conventions (y compris 90 conventions environ pour lesquelles un partenaire a pris des
mesures concomitantes au titre de l’IM). Comme expliqué ci-dessous (section 6), il se peut que des
partenaires conventionnels aient pris différentes mesures pour appliquer le standard minimum dans une
convention en particulier, et doivent encore s’entendre sur la méthode à retenir (IM ou négociations
bilatérales, par exemple).
33.
Deux juridictions, les États-Unis et Trinité-et-Tobago, ont fait une déclaration générale en vue de
recourir à la règle détaillée de limitation des avantages dans le cadre de leur engagement d'appliquer le
standard minimum dans l’ensemble de leurs conventions bilatérales (ces deux pays ont, au total, conclu
79 conventions avec d'autres membres du Cadre inclusif). La règle détaillée de limitation des avantages
ne figure pas dans l’IM, et nécessite des discussions bilatérales approfondies et une adaptation pour
chaque convention fiscale, ce qui pourrait prendre plusieurs années. Si une juridiction fournit une telle
déclaration, ses partenaires conventionnels ne communiqueront en règle générale pas d’informations
supplémentaires au sujet de leur convention fiscale conclue avec cette juridiction.
34.
Au total, cette année, environ 2 330 conventions conclues entre membres du Cadre inclusif sont
conformes, font l’objet d’un instrument de mise en conformité ou de mesures prises par au moins un
partenaire conventionnel pour appliquer le standard minimum, ou d’une déclaration générale formulée par
l’un des partenaires indiquant son intention d’utiliser la règle détaillée de limitation des avantages.
Dispositions utilisées pour mettre en œuvre le standard minimum
35.
Comme les années précédentes, l’examen par les pairs de cette année a montré que des trois
méthodes disponibles pour appliquer la deuxième composante du standard minimum 8, la COP reste celle
la plus largement employée. La plupart des juridictions ont choisi d'appliquer le standard minimum en
optant pour cette solution. De fait, c’est la seule option à même de satisfaire à elle seule à la deuxième
composante du standard minimum et qui peut être déployée au moyen de l’IM.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
16
36.
Environ 65 conventions sont ou seront mises en conformité avec le standard minimum au moyen
de la règle COP complétée par une règle détaillée ou simplifiée de limitation des avantages. L’IM peut
servir à appliquer la règle COP associée à une règle simplifiée de limitation des avantages, et
14 juridictions ont choisi cette option. Six autres se sont engagées à appliquer la règle simplifiée de
limitation des avantages de l’IM dans les cas où leur partenaire conventionnel a choisi d'adopter cette
mesure9.
37.
Comme indiqué précédemment, deux juridictions, les États-Unis et Trinité-et-Tobago, ont fait une
déclaration générale indiquant leur intention de recourir à la règle détaillée de la limitation des avantages
dans le cadre de leur engagement d'appliquer le standard minimum dans l’ensemble de leurs conventions
bilatérales. Au total, ces déclarations couvrent 83 conventions (dont 79 conclues avec d'autres membres
du Cadre inclusif).
Méthodes de mise en œuvre
38.
L’IM se révèle être un moyen efficace de mettre en œuvre le standard minimum. C’est même la
méthode privilégiée. Cependant, une juridiction préférant mettre en œuvre le minimum standard au moyen
d’une clause détaillée de limitation des avantages ne peut pas utiliser l’IM à cette fin. Quatre-vingtseize juridictions ont adhéré à l’IM (dont 93 membres du Cadre inclusif), 68 l’ont ratifié et, une fois
pleinement en vigueur, l’IM mettra en œuvre le standard minimum dans plus de 1 700 conventions
bilatérales (de sorte qu’il modifiera la majorité des conventions conclues entre les membres du Cadre
inclusif).
39.
Les efforts consentis par la plupart des membres du Cadre inclusif pour combattre le chalandage
fiscal ont commencé à porter leurs fruits en 2020 pour ceux qui ont ratifié l’IM. De façon générale, les
juridictions qui n’ont pas signé ou ratifié l’IM ont beaucoup moins progressé dans l'application du standard
minimum.
40.
Néanmoins, pour un certain nombre de conventions, il se peut qu’une juridiction ait signé l’IM et
notifié la convention comme devant être couverte par l’IM, tandis que son partenaire préfère engager des
renégociations bilatérales. Comme les termes de référence le précisent, les modalités de mise en œuvre
du standard minimum dans chacune des conventions fiscales bilatérales devront faire l'objet d'un accord
entre les juridictions contractantes ; la participation à l’IM n’étant pas obligatoire, les juridictions peuvent
préférer d’autres options pour garantir le respect du standard minimum.
Références
OCDE (2017), Empêcher l’octroi inapproprié des avantages des conventions fiscales, Action 6 Rapport final 2015, Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de
bénéfices, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264278035-fr.
[1]
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
17
Notes
1
Le rapport final sur l'Action 6 indique en outre que : (i) une juridiction est tenue d’appliquer le standard
minimum dans une convention uniquement si un autre membre du Cadre inclusif le lui demande ; (ii) la
décision d’adopter l’une des trois méthodes doit être convenue entre les parties (une solution ne peut être
imposée) ; et (iii) en raison du caractère bilatéral des conventions, il n’y a pas de date limite à laquelle une
juridiction doit avoir atteint le standard minimum.
2
La réserve prévue à l'article 35(7) de l’IM retarde la prise d’effet des dispositions de l’IM concernant une
Convention fiscale couverte jusqu’à ce que la Partie qui en est à l’origine (article 35(7)(b) de l’IM) indique
qu’elle a accompli les procédures internes prévues à cet effet. Plusieurs parties à l’IM ont formulé une telle
réserve, mais elles n’ont pas encore formulé de notification en vertu de l’article 35(7)(b) de l’IM. Aussi,
leurs conventions ne peuvent pas encore être mises en conformité avec le standard minimum au titre de
l’IM.
3
En 2020, le Cadre inclusif faisait mention de 2 295 conventions entre ses membres. Les 88 conventions
supplémentaires examinées en 2021 incluent les nouvelles conventions conclues entre membres du
Cadre inclusif entre le 1er juillet 2020 et le 31 mai 2021, et les conventions existantes concernées des deux
nouveaux membres du Cadre inclusif, qui n’avaient pas été soumises à l’examen par les pairs de 2020.
4
Aucune convention n'était en vigueur dans les juridictions suivantes : Anguilla, Bahamas, Îles Caïman,
Îles Cook, Djibouti, Haïti, Honduras et Îles Turques-et-Caïques.
5
Au 31 mai 2021, 95 juridictions étaient signataires de l’IM ou parties à l’IM, mais trois d’entre elles
(Chypre, Fidji et le Koweït) ne sont pas membres du Cadre inclusif. Ainsi, à cette date, 92 membres du
Cadre inclusif étaient signataires de l'IM ou parties à l’IM. La Namibie a signé l’IM le 30 septembre 2021,
portant ce nombre à 93. D’autres membres du Cadre inclusif, bien que n’étant pas signataires ou parties
à l’IM, ont conclu des protocoles portant modification afin de mettre en œuvre le standard minimum.
6
Un « instrument de mise en conformité » peut désigner l’IM ou un nouveau protocole portant modification
qui n’est pas encore entré en vigueur. Il peut également s’agir d’une convention entièrement nouvelle qui
n’est pas encore entrée en vigueur.
7
Et, le cas échéant, la notification conformément à l’article 35(7)(b) de l’IM (voir la note de bas de page 7
pour plus d’explications).
8
Ces trois méthodes sont les suivantes : la règle COP, la règle COP complétée par une règle détaillée ou
simplifiée de limitation des avantages, ou une règle détaillée de limitation des avantages complétée par
un mécanisme anti sociétés-relais.
9
Comme le prévoit l'article 7(7) de l’IM.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
18
2 Rôle essentiel de l’IM
Ratification de l’IM
41.
L’IM a commencé à produire ses effets et à renforcer le réseau des conventions fiscales bilatérales
des juridictions qui l’ont ratifié en 2020. Le nombre de conventions qui sont devenues conformes à l’IM est
passé de 60 à plus de 350 entre 2019 et 2020. En 2021, ce chiffre a dépassé 650. Toutefois, l’examen
par les pairs révèle toujours un écart important dans les progrès de mise en œuvre du standard minimum
entre les juridictions qui ont ratifié l’IM et celles qui ne l’ont pas ratifié.
42.
L'année dernière, 21 juridictions ont ratifié l’IM : l’Allemagne, l’Albanie, l’Andorre, la Barbade, la
Bosnie-Herzégovine, le Burkina Faso, le Chili, le Costa Rica, la Croatie, l’Égypte, l’Espagne, l’Estonie, la
Grèce, la Hongrie, la Jordanie, le Kazakhstan, la Malaisie, Oman, le Pakistan, le Panama et les Seychelles.
43.
En moyenne, près de 50 % des réseaux de conventions des juridictions pour lesquelles l’IM a pris
effet à compter du 1er janvier 20211 étaient conformes au standard minimum en 2021, comme l’indique le
tableau ci-dessous.
44.
Pour les juridictions qui ont ratifié l’IM après octobre 20202, les dispositions concernées de l’IM
n’avaient généralement pas commencé à prendre effet pour leurs conventions le 31 mai 2021. En effet,
les dispositions de l’IM ne peuvent généralement commencer à prendre effet pour une convention qu'après
expiration d’une certaine période qui suit la dernière des dates à laquelle l’IM entre en vigueur pour chacun
des partenaires ayant conclu une convention. Cette période pourrait correspondre à environ un an à
compter de la dernière ratification3.
45.
Alors que les juridictions qui ont ratifié l’IM ont beaucoup progressé dans l'application du standard
minimum, ce n’est pas le cas de celles qui n’ont pas signé ou ratifié l’IM. Seulement 8 % environ des
conventions conclues par ces juridictions sont conformes au standard minimum.
46.
L’examen par les pairs de 2021 illustre à nouveau l’importance d’une ratification rapide de l’IM.
Dès lors, tous les signataires de l’IM qui ne l’ont pas encore ratifié sont invités à le faire.
47.
Le Secrétariat de l’OCDE s’est rapproché des signataires de l’IM qui, au moment de la rédaction
de ce rapport, ne l’avaient pas encore ratifié, et constate que la Bulgarie, le Cameroun, la Jamaïque et la
Macédoine du Nord comptent déposer leur instrument de ratification de l’IM au quatrième trimestre de
20214.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022
19
Tableau 2.1. Réseaux de conventions et ratification de l’IM Juridiction Date de ratification de l’IM Conventions en vigueur Conventions conformes au 31 mai 2021 Albanie Arabie saoudite Australie Autriche Belgique Bosnie-Herzégovine Canada Corée Costa Rica Curaçao Danemark Égypte Émirats arabes unis Finlande France Géorgie Guernesey Île de Man Inde Indonésie Irlande Islande Israël Japon Jersey Jordanie Kazakhstan Lettonie Liechtenstein Lituanie Luxembourg Malte Maurice Monaco Norvège Nouvelle-Zélande Oman Pays-Bas Pologne Portugal Qatar République slovaque République tchèque1 Royaume-Uni Russie2 Saint-Marin Serbie 22 septembre 2020 23 janvier 2020 26 septembre 2018 22 septembre 2017 27 juin 2019 16 septembre 2020 29 août 2019 13 mai 2020 22 septembre 2020 29 mars 2019 30 septembre 2019 30 septembre 2020 29 mai 2019 25 février 2019 26 septembre 2018 29 mars 2019 12 février 2019 25 octobre 2017 25 juin 2019 28 avril 2020 29 janvier 2019 26 septembre 2019 13 septembre 2018 26 septembre 2018 15 décembre 2017 29 septembre 2020 24 juin 2020 29 octobre 2019 19 décembre 2019 11 septembre 2018 9 avril 2019 18 décembre 2018 18 octobre 2019 10 janvier 2019 17 juillet 2019 27 juin 2018 7 juillet 2020 29 mars 2019 23 janvier 2018 28 février 2020 23 décembre 2019 20 septembre 2018 13 mai 2020 29 juin 2018 18 juin 2019 11 mars 2020 5 juin 2018 42 54 45 90 95 38 94 94 3 4 76 59 105 73 119 56 14 10 95 70 73 45 58 75 15 37 55 62 21 56 83 77 44 10 89 40 35 94 82 78 78 69 92 131 85 23 61 18 22 22 26 39 16 36 41 0 1 30 24 38 40 41 23 10 6 42 21 40 29 28 44 8 15 23 34 16 33 46 43 12 6 24 21 9 45 38 35 29 32 35 53 36 10 35 % du réseau conforme 43 % 40 % 49 % 29 % 41 % 42 % 38 % 44 % 0% 25 % 39 % 41 % 36 % 54 % 34 % 41 % 71 % 60 % 44 % 30 % 55 % 64 % 48 % 59 % 53 % 41 % 42 % 55 % 76 % 59 % 55 % 56 % 27 % 60 % 27 % 53 % 26 % 48 % 46 % 45 % 37 % 46 % 38 % 40 % 42 % 43 % 57 % PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – QUATRIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2022 % du réseau avec des membres du CI conforme 44 % 52 % 54 % 33 % 49 % 47 % 45 % 50 % 0% 25 % 49 % 49 % 46 % 61 % 44 % 45 % 69 % 60 % 53 % 38 % 57 % 63 % 55 % 66 % 54 % 58 % 49 % 61 % 76 % 65 % 57 % 59 % 33 % 67 % 30 % 57 % 33 % 54 % 54 % 50 % 45 % 53 % 43 % 50 % 52 % 43 % 63 % 20 Singapour Slovénie Suède3 Suisse4 Ukraine Uruguay 21 décembre 2018 22 mars 2018 22 juin 2018 29 août 2019 8 août 2019 6 février 2020 88 59 85 107 75 22 45 34 7 14 31 14 51 % 58 % 8% 13 % 41 % 64 % 60 % 63 % 9% 15 % 48 % 67 % 1.
| 19,248
|
2021EHES0122_22
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,021
|
L'Iris indigène : enquête sur le processus de création en art contemporain
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,559
| 9,679
|
Il faut donc trouver des conditions qui permettent une forme d’observation quitte à ce que ces conditions soient inhabituelles. Une première approche consiste à me rendre dans une école d’art. Là, pendant une semaine, je suis un exercice de création intensif — un « workshop » — proposé par un enseignant aux étudiants. L’attente de résultat de la part de l’enseignant sur ce temps court oblige les étudiants à trouver des moyens de progresser rapidement, ce qui rend l’observation envisageable. Comme il s’agit d’étudiants en art, ce contexte permet de voir comment le schème constructeur de chacun cherche à se mettre en place, les succès, les hésitations, les échecs, et comment l’enseignant prend part à cette mise en place. Il en ressort qu’il n’y a pas de transmission directe de ce qui fait qu’un artiste est un artiste. L’enseignant fait en sorte que l’étudiant se rende compte que c’est lui-même qui détient la « solution », autrement dit que l’étudiant mette en place les conditions pour faire surgir la position du sorcier* propre. Une seconde approche s’appuie sur cette modalité de l’apprentissage de l’école d’art mais reconduite auprès d’artistes confirmés. Je leur demande de m’apprendre à faire une de leurs œuvres. 323 Je réalise une œuvre avec eux ou à leur place. Mais l’impulsion initiale (le croisement) et l’appréciation de quand l’œuvre est terminée (jubilation) leur appartient. Je suis amené à faire des proposition pour avancer la matérialisation (protocole) mais ce sont eux qui ont le pouvoir de valider mes propositions. Cette transmission d’un savoir-faire les pousse à mettre des mots sur ce qu’ils sont en train de faire, sur ce est en train d’être réalisé avec mon concours, dans leur position de désorceleur*. Certains aspect des mouvements du chapitre précédent sont ainsi précisés. Mais on assiste surtout aux tâtonnements qui permettent à l’artiste de s’approcher de la jubilation, c’est-à-dire aux moyens développés pendant le protocole pour l’ajuster en cours de route de sorte à conserver la capacité d’agir propre au désorcleur* (capacité, on va le voir, qui fait encore défaut chez certains des étudiants de l’école d’art). C’est quand on voit poindre cette capacité d’agir menacée par la répétition, le connu, que l’on est au plus proche du schème constructeur. En effet, pour un artiste, se sortir de ce qu’on a appelé « recette » au chapitre précédent, la répétition ou simple exécution d’instructions, est un effort continu pour ne pas retomber dans la position du patient* et de continuer à se sentir désorceleur*. Et ce n’est qu’en position de désorceleur* que le schème constructeur intervient pour orienter l’action. Une troisième approche consiste à revenir sur mon expérience d’une semaine de réalisation de peintures « à la manière de Pollock » — évoquée au chapitre 4 — que j’envisage sous l’angle d’un apprentissage. Il s’agit bien d’un retour réflexif et donc d’une description comme patient* des faits du sorcier* et donc plus proche de ce la méthode des entretiens longs. Toutefois la situation est singulière. Je me donne pour exercice de faire « comme Pollock », mais en l’absence de celui-ci pour diriger l’action, comme le font les artistes dans la transmission de savoir-faire de la deuxième approche, les décisions me revienne. Je me retrouve alors à négocier entre ce que je sais de la pratique de Pollock — et donc devrait faire pour effectivement être au plus proche de son travail et en apprendre quelque chose pour la présente recherche — et ce que je prends concrètement comme options de sorte à parvenir à réaliser ces œuvres dans le temps court que je me suis donné. Le « workshop » Si pour les raisons que j’ai évoqué ci-dessus, il me semble artificiel et peut productif de me rendre dans l’atelier d’un artiste pour le voir travailler, il existe au moins une situation où naturellement des artistes ouvrent leur pratique à un regard extérieur : le « workshop » en école d’art. Il s’agit pour l’école de confronter ses étudiants à la pratique d’un artiste invité pour l’occasion, artiste qui 324 propose une thématique de travail aux étudiants. Les étudiants ont un temps imparti d’une semaine pour réaliser une œuvre, ou dans tous les cas et comme on va le voir, de trouver le début d’une idée correspondant à cette thématique (faire un croisement entre la thématique et leur pratique) et de chercher les moyens de la matérialiser (protocole). La durée du workshop est imposée par l’école et contraint également mon temps d’observation. En-dehors de ces semaines de workshop, les étudiants développent leur pratique à leur rythme ce qui revient aux conditions d’atelier pour les artistes confirmé : difficile d’être là au moment il se 6-1.
Salle de travail
L’une des deux salles où le workshop prend place à l’école d’art. passe effectivement quelque chose. Le workshop est en miniature un cadre de création sur commande, comme la commande publique pour BS, mais dont le thème est imposé et la temporalité restreinte. De plus, un artiste confirmé est invité, proposant la thématique et présent toute la semaine pour prendre des « rendez-vous » avec chaque étudiant afin de suivre leur progression. Cette contrainte thématique dans le cadre du workshop permet de pousser les étudiants à sortir de ce qu’ils pensent être déjà leur pratique, de sorte soit à la modifier, soit à l’approfondir. Autrement dit, parce que le workshop par sa durée et sa thématique imposées les plonge dans une position de patient*, ils ont l’opportunité d’embrayer (ou d’affermir l’embrayage) du cycle d’oscillation de sorte à faire émerger leur sorcier* propre. Il y a en général plusieurs workshops proposés sur la même semaine, avec des thématiques différentes, et les étudiants sont libres de choisir celui qui les interpèle le plus, celui qui correspond le mieux à ce qu’ils font ou cherchent à faire. Cette description correspond à ce que j’ai vécu en tant qu’étudiant en art et c’est en me basant sur ce souvenir que je cherche alors une école d’art qui offre le même genre de possibilités à ses étudiants. Il semble que la plupart des écoles d’art au niveau national en France fonctionne sur des principes similaires. MT m’indique avoir une activité d’enseignant dans cette école du nord du pays 325 et me propose donc de l’accompagner lors d’un workshop216 qu’il donne en son sein sur la question de la représentation des corps en peinture. MT commence par présenter pendant deux heures la thématique au moyen d’un diaporama commenté d’images de son choix proposant différentes manières de traiter le corps, notamment en peinture, à travers les époques et les styles. À l’issue de cette présentation, il signale la raison de ma présence, puis montre aux étudiants le matériel qu’il a fait commander de sorte qu’ils puissent mener leurs expériences pendant les jours qui viennent (fig. 6-1).
L’
observation Les quinze étudiants sont en grande majorité des jeunes femmes, qui ne se connaissent pas nécessairement entre eux puisqu’ils viennent de toute les promotions de l’école, de la première à la cinquième. Ainsi tous les niveaux se trouvent à travailler ensemble, dans un même espace, autour de mêmes questions, pendant un temps restreint. À la fin de la semaine prend place une journée « portes ouvertes » à l’école, ici au bout de trois jours de travail, où les résultats des étudiants seront montrés au public extérieur à l’établissement. Il n’y a pourtant pas d’exigence de la part de MT de finir une œuvre pour ce jour de présentation publique, mais plutôt d’entamer le travail, et de voir indiquer une direction, ou une démarche. Mon objectif en me rendant dans cette école est de pouvoir observer la génération symbolique en train de se faire, c’est-à-dire de me trouver dans un milieu dans lequel différentes personnes s’adonnent à la pratique artistique avec la relative garantie d’avoir quelque chose à voir puisque le temps est limité et les artistes nombreux. Le cadre de mes observations correspond en bonne partie aux deux salles dans lesquelles les étudiants font leurs expérimentations. Lors des pauses, ils se regroupent avec ceux de leur classe habituelle pour décrire ce qu’ils sont respectivement en train de faire dans tel ou tel workshop. En dehors des salles de peinture, donc, il est difficile de suivre des conversations qui permettrait d’en savoir plus sur ce qui se passe dans les salles. Mon observation ne porte alors que sur les actions des uns et des autres à l’intérieur des salle de cours. Tous les murs sont rapidement recouverts de morceaux de toile punaisés par certains étudiants. Une longue série de tables sont mises bout à bout sur lesquelles d’autres, favorisant des plus petits MT est enseignant régulier dans cette école. Il propose toutefois un workshop de la même manière qu’un artiste invité (extérieur au corps enseignant), cela permettant de confronter sa propre pratique à celle d’étudiants qu’il n’a pas l’occasion de rencontrer le reste de l’année, puisque les étudiants s’inscrivent au workshop d’après la thématique. 216 326
formats, sont concentrés. Je m’assieds à une table. J’ai dans l’idée à ce moment-là de ne faire que profiter des contraintes posées par l’école pour suivre efficacement le développement de l’œuvre de l’un ou l’autre étudiant. MT m’ayant présenté aux étudiants, ils sont parfaitement au courant que je suis là pour observer. Comme le début des travaux est un peu lent pour tous (certains n’ont jamais fait de peinture et profitent du workshop pour essayer une technique nouvelle), je ne trouve que peu de chose à noter dans mon carnet de terrain : Chacun ramène son matériel de prédilection ; [6] Un garçon a une palette de peintre et des pinceaux « beaux-arts » déjà secs, indiquant une pratique préalable de la peinture. [7] J’entends un étudiante dire à une autre qu’elle fait des « petits dessins de merde » dans son carnet. Pendant que les choses se mettent en place pour les étudiant, je décide de me plier également à la donnée de MT, m’essayer à traiter la thématique du corps par le dessin. Cette activité me donne un rôle dans la salle, autre que celui d’une personne ne faisant qu’observer les allées et venues des étudiants pour aller chercher un pinceau ou une image à copier. J’inscris en marge de mon carnet une question : « dois-je faire comme eux, ou avec eux pour pouvoir mener à bien mon travail d’ethnographie? » Cette question reste, selon mes notes, en suspens à ce moment. J’entends MT indiquer aux étudiants qu’ils peuvent venir « parler avec [lui] pour démarrer ». À partir de là mes notes enchaînent des bribes d’informations sur différents étudiants. Je ne cherche pas à entrer spécifiquement dans le travail de chacun, pas en tous cas avec le même souci du détail que pour les artistes avec qui j’ai réalisé les entretiens longs. En effet, réaliser ce type d’entretien avec chaque étudiant demanderait plus d’heures que n’en compte la semaine de workshop, et idéalement il faudrait en réaliser au début et à la fin du temps de réalisation pour voir ce qui a été accompli. J’opte donc pour des notes plus générales sur ce qui a lieu dans la salle où je me trouve et décide d’identifier chaque étudiant par un numéro pour me retrouver dans la progression s’il y en a une. Il me manque des informations sur trois d’entre eux, mes numéros allant seulement jusqu’à 12. Un extrait de notes : 1. Regarde sa toile tendue au mur, assise en face sur un tabouret. 2. S’est lancée dans un forme anthropomorphique verte, bleue, jaune, sans modèle. 3. Dessin préparatoire sur toile au mur d’après dessin dans un carnet. 4. Dessine sur papier blanc au sol à la peinture grise. Je l’entends dire à MT : « ça n’a rien à voir avec ce que je fais d’habitude ». 327 6-2. Proposition de l’étudiante 3 Etat final de l’œuvre. 328
Après ces quelques notes, je remarque en marge qu’il est difficile de regarder ce que font les étudiants sans avoir le rôle de l’enseignant. J’ajoute un commentaire : « Favret-Saada, s’impliquer ». On a vu au chapitre 3 le rôle que jouent les analyses de cette auteure dans la formalisation de la dynamique de création. J’y note brièvement qu’elle a dû, pour obtenir des données sur le système de positions qu’elle décrit, les endosser. D’abord ce sont les ensorcelés qui lui attribuent la place de désorceleuse, et c’est parce qu’ils pensent qu’elle a la capacité de les guérir qu’ils s’ouvrent à elle, alors même que le simple fait de parler de sorcellerie, d’ordinaire, suffit à être taxé d’arriéré ou de fou. Ensuite elle a pris la position de l’ensorcelée lors de consultations auprès d’une désorceleuse. Ce n’est donc qu’en faisant l’expérience en première personne de ces positions qu’elle peut, premièrement, observer effectivement des personnes prises dans le système de sorcellerie, secondement, percevoir les effets que ce système a sur elle-même. C’est donc à ce moment un deuxième apport que cet ouvrage suggère à ma propre recherche : une méthode de recueil de données. On peut noter ici un parallèle, qui cours tout au long de cette semaine en école d’art : de même que les étudiants s’efforcent de parvenir à leur manière de mettre en place la génération symbolique, je m’efforce comme chercheur observant ces étudiants de mettre en place ma manière de pouvoir faire du terrain efficacement. La méthode de Favret-Saada étant une piste que j’adapte à ma situation particulière. Pour l’instant toutefois, l’influence de la méthode de Favret-Saada pour la sorcellerie s’arrête au commentaire fait en marge du carnet. S’ensuivent d’autres observations sur les étudiants. 5. Essais sur papier de couleur pastels bleus, verts, avec une petites toile. Tentative de faire un jus [peinture très liquide] bleu clair. Nombreux essais d’effets, de grattés. Je donne rétroactivement les numéro 6 et 7 aux étudiants dont j’ai commencé à décrire les faits et gestes plus haut. Je continue ainsi à glaner des bribes d’information sur mes étudiants numérotés. Si je rassemble toutes les notes concernant l’étudiante 3 par exemple, cela donne : Reprise au crayon rouge du dessin, préciser, corriger. Conseils de MT [apparemment inaudibles depuis ma position, ou peut-être que je n’ose pas m’approcher pour écouter, sachant que ces conversations enseignant/étudiant sont souvent fragiles, qu’il n’est pas aisé pour l’étudiant d’être déjà face à un interlocuteur en position de savoir, et que je ne veux pas lui imposer une seconde présence, la mienne, dont le rôle — décrit par MT en début de journée — est l’observation]. 329 [le jour suivant] Début de mise en couleur, peinture à même la toile, commence par œil en bleu foncé — technique de peinture de corps. Avance rapidement. Pause pour manger une barre chocolatée. Elle se place de l’autre coté de la salle pour jeter un œil à sa toile. A fini sa peinture après discussion avec MT. Couleur bleue rehaussée de rouge (fig. 6-2). Après avoir pris ainsi des notes, souvent lapidaire et du même acabit que celles ci-dessus, sur les étudiants 2, 3, 6, 7, 8, 9, 10 et 11, je note : « difficile de savoir quoi observer sans entretien [avec les étudiants pour mieux comprendre ce qu’ils sont en train de faire]. Puis : « y a-t-il trop de sujets [trop de personnes à observer en simultané]? Faut-il suivre toutes les étapes de tout le monde? » La journée se termine avec encore d’autre bribes sur les étudiants 5, 10, 11, 12. La participation
Le lendemain matin, de retour dans la salle où les étudiants s’affairent, je continue à noter mes bribes d’information sur les étudiants 2, 3, 5, 7, 8 et 12. Je note : Pas très sûr que cette expérience d’observation participante soit concluante. Il y a bien un développement des projets des uns et des autres, mais il me manque un rôle clair dans le dispositif ainsi que des informations sur la manière de choisir [des étudiants], ce que les choix recoupent. De la position de MT, cela semble facile de parler des enjeux, de « tension » à trouver entre le projet et la réalisation. Mais j’ai de la peine à prendre la [même] place [que] MT [auprès des étudiants], de leur donner des conseils [à partir de mon expérience d’artiste plasticien]. Y a-t-il une différence entre la position du chercheur et de [personne] impliquée? À ce moment-là, l’étudiante 12 vient me demander conseil. Elle me donne donc la position de l’enseignant sans que je vienne la chercher. MT m’ayant explicitement assigné en début de semaine la place de l’observateur, et me trouvant en train de tenter d’en faire dans le cadre de son workshop, où c’est lui qui occupe la position d’enseignant, je suis surpris de la démarche de cette étudiante pour qui il semble aller de soi que je peux lui être utile. Ceci renforce le parallèle entre la situation présente et la méthode ethnographique de Favret-Saada. Jusque-là, les informations que j’ai sur l’étudiante 12 sont : Tend une toile au mur après avoir dessiné au sol pendant l’après-midi. Réalise des anthropométries [empreintes sur toile de parties du corps préalablement enduites de peinture ; technique popularisée par l’artiste français Yves Klein dans les années 1960] en bleu turquoise avec son avant-bras (fig. 6-3). « Je ressemble à une sculpture », entendu dire à l’une de ses collègues alors qu’elle s’est enduit les bras de peinture bleu gris.
330 6-3.
Propositions de
l’étudiante
12
Place
de travail
à la fin
de
la semaine
de workshop
.
331
L’étudiante 12 me parle d’éléments qui ont surgit pendant la réalisation de son premier essai et qu’elle aurait aimé ne pas faire mais qui sont là et avec lesquels il faut travailler. Ces éléments demandent de trouver des solutions pour ne pas abandonner non plus tout ce qu’elle a fait par ailleurs. Elle prend un morceau de toile pour y faire des essais de lavis (une recherche de solutions par la diversification des techniques). Je lui propose de réemployer ce qu’elle a fait sur cette toile supplémentaire pour la réalisation principale car elle me disait « bouder sa toile » pour décrire le blocage qu’elle perçoit dans le processus. Je note, après cet échange : Il m’est difficile de trouver la juste position. Je n’ai pas l’impression de récolter des données très importantes ou nouvelles par rapport aux entretiens plus long, plus précis avec les artistes confirmés. Observer le processus de fabrication « en troisième personne » n’est pas très stimulant. On ne peut accéder qu’à la transformation progressive « de rien à quelque chose ». Mais le critère qui permet à quelque chose, et non à rien ou à autre chose, d’advenir dépend de la relation entre l’artiste et l’objet qu’il confectionne. Comme il s’agit d’investiguer cette relation, ne voir que le changement sur l’objet ne fait pas beaucoup de sens. La position d’enseignant, par contre, que me donne [l’étudiante] 12 en me parlant spontanément de son travail en cours, en fait un peu plus. Il s’agit alors d’orienter l’étudiant vers quelque chose de plus que ce qui est déjà là. Pour [elle], je participe à l’élaboration en indiquant des pistes qui vont toutefois dans le sens de ce qui est déjà là. S’agit-il d’orienter vers le schème constructeur de l’étudiant? Qu’est ce que donner des conseils sur le schème constructeur? Comprendre le projet de l’étudiant, voir le blocage, essayer de pousser les logiques déjà présentes pour ouvrir des possibilités? Il semble y avoir une manifestation physique sous forme d’un frisson dans [ma] colonne vertébrale lorsque ce que je dis à l’étudiant semble « juste » par rapport à ce qu’il me dit et me montre. Je me retrouver à dire des choses que je ne pensais pas dire, à faire des liens qui ne m’apparaissent que dans le cours de la discussion. C’est autour de changement de statut — d’observateur à participant — que s’articule un changement d’approche pour ma recherche. En tenant ce statut d’observateur extérieur, il se passe peu de chose notables lors de l’ethnographie. En ayant par contre un rôle utile pour mes enquêtés, j’ai accès à des informations nouvelles. En particulier ici un phénomène physiologique — le « frisson » — qui se produit lorsque ce que j’indique à l’étudiant me paraît « juste ». S’en suit une remarque dans mes notes : L’avantage que j’ai sur l’étudiant est de ne pas être bloqué dans mon processus. A priori l’étudiant vient discuter avec l’enseignant car il y a une forme de blocage. L’étudiant pourrait alors s’appuyer sur la capacité d’action de l’enseignant (qui lui n’est pas bloqué), sur l’énergie de l’action de l’enseignant qui vient démêler ce qui est en train de se faire, plutôt que sur ce que l’enseignant conseille effectivement. 332
Cela s’approche de la notion « d’embrayeur » de Favret-Saada où l’enseignant serait l’équivalent du désorceleur du bocage et l’étudiant celui de la victime. La différence consiste en ce que l’embrayage se fait à partir de ce que l’étudiant a déjà produit, par l’attention et les suggestions qu’y apporte l’enseignant et non à partir de ce que produit le désorceleur du bocage. L’œuvre en cours de réalisation produit sur l’enseignant un effet. À partir de cet effet l’enseignant suggère à l’étudiant une suite pour l’action (débloque le protocole). L’étudiant sur la base de ces suggestions peut réagir et « reprendre la main », pourrait-on dire, c’est-à-dire ne pas laisser l’enseignant s’approprier la suite du protocole qui mènerait à la jubilation propre à l’enseignant. Le frisson ressenti par l’enseignant est alors le signe que la suite de protocole qu’il envisage l’approcherait de sa jubilation. Or il s’agit d’amener l’étudiant à trouver ce en quoi consiste sa propre jubilation. L’étudiant se doit donc de tenter d’amener l’œuvre au point de jubilation qui lui convient217. L’enseignement de l’art se fait alors selon les modalités d’une lutte entre l’enseignant et l’étudiant chacun cherchant à s’emparer de la jubilation. Parce que l’enseignant lutte, il provoque la capacité de l’étudiant à lutter, à faire surgir sa capacité d’agir en désorceleur*. L’étudiante 10 vient à son tour me parler du fait qu’elle a une grande facilité à dessiner des fruits en quelques coups de pinceau, mais une plus grand difficulté pour le dessin des corps qui « résistent ». Étant donné que le corps est ce autour de quoi le workshop est orienté par MT, il semble important pour elle de parvenir à une représentation du corps qui lui convient. Elle n’arrive qu’à faire des corps « raides et caricaturaux ». Je lui propose de se réapproprier les formes du corps via une technique où elle a de la facilité, à savoir pour les fruits. Faut-il faire le corps comme si elle peignait un fruit? Je note : « Dans le rôle de l’enseignant, il faut pouvoir dire que le blocage n’est pas qu’une question de perspective sur le travail [l’étudiant se voit bloqué alors que l’enseignant non], mais que justement il s’agit d’inventer le moyen de passer outre, quitte à trouver des solutions hybrides [comme ici la technique pour les fruits appliquée aux corps] » (fig. 6-4). L’étudiante 6, qui disait au début du workshop faire des « petits dessins de merde », a commencé des dessins de couleur rose et a ainsi produit plusieurs formes organiques roses, vertes et bleues. Mais elle a maintenant l’impression de se répéter (blocage). Ses dessins font apparaître en négatif le fond entre les éléments organiques dont la forme a le même genre d’aspect organique que celles C’est ce type de dynamique qu’on a vu dans la relation de Pollock avec son thérapeute jungien. Ce dernier a semblet-il permis à Pollock de se tirer du blocage provoqué par les œuvres de Picasso en regardant les dessins de Pollock avec lui.
217 333 6-4. Dessin de l’étudiante
10 Tentatives de passage entre l’aisance pour le dessin de fruits et la résistance pour celui des corps. Etat du dessin en fin de workshop. 334 peintes (fig. 6-5). Je lui propose de remplir ces formes en négatif avec le même traitement qu’elle a utilisé pour celles déjà peintes. Elle me dit qu’elle pense essayer un autre traitement pour ce faire. Ma proposition « l’inspire », dit-elle, mais elle se la réapproprie de suite à sa manière, en extrapolant une forme qui engloberait celles déjà peintes, peut-être en collant des feuilles plastiques dans l’espace négatif, dit-elle. Ma suggestion semble l’avoir mise sur la piste du fait qu’il est possible d’utiliser les formes en négatif comme des éléments structurant de sa réalisation, mais la solution qu’elle trouve pour elle diffère de celle que je lui propose. Je note à propos du frisson que je perçois en faisant ma suggestion : Il y a cette sensation du « c’est juste ce que je suis en train de conseiller » qui prend la forme de ce frisson. C’est dans cette configuration particulière où une personne essaie de trouver ce qui lui convient que cette sensation survient. Comment cette sensation prend place? Je suis en train de discuter avec un étudiant. J’écoute ce qu’il dit et j’essaie de comprendre l’adéquation entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Quand je perçois une différence, je demande plus d’information sur un aspect de la différence. C’est ce qui se passe avec [l’étudiante] 10, quand je peux amener une solution à un blocage. Ou quand je peux faire voir un blocage qui n’est pas visible pour l’étudiant, je perçois de cette fluidité dans le frisson. Le frisson monte à mesure que je trouve les mots qui semblent aller dans le sens d’une solution pour l’étudiant. L’intensité du frisson n’est pas très grande. Mais en général à ces moments-là, l’étudiant est en accord avec ce que je dis. J’ai véritablement l’impression de débloquer pour lui un blocage qu’il a, mais ne se rend pas compte qu’il a. En fait de « trouver une solution pour l’étudiant », ce que je suggère est la manière que j’aurais de terminer l’œuvre de l’étudiant selon mes critères de jubilation. Si l’étudiant est en accord avec ce que je suggère sur le moment, c’est plutôt d’abord du fait de ma position d’artiste confirmé vis-à-vis de leur relative inexpérience et ensuite du fait que, ayant écouté l’étudiant me dire son processus pour arriver à la forme inachevée de son œuvre, je peux adapter mes suggestions pour qu’elles correspondent à ce processus tout en étant en fait dirigées vers ma manière de trouver la jubilation. Il faut parfois un peu de temps à l’étudiant pour se rendre compte que ce que je suggère ne permet pas sa propre jubilation. C’est le cas de l’étudiante 10 qui me dit avoir suivi mon conseil de tenter de peindre les corps comme des fruits et me dit que ça a été « fructueux »218. Elle a un grand sourire et elle semble soulagée d’avoir ouvert une possibilité. Le lendemain pourtant, elle revient me revoir disant que la facilité trouvée dans la réalisation des fruits n’est pas satisfaisante pour les corps. C’est Elle ne semble pas se rendre compte que l’adjectif qu’elle emploie est lié à cet emploi du « fruit » comme modèle pour les corps. 218 335 6-5. Formes organiques de l’étudiante 6 336 « agréable » à faire mais il manque l’idée d’avoir accompli quelque chose de valeur. C’est plus laborieux à voir, me dit-elle, mais ça donne l’impression d’avoir travaillé. Elle se rend compte ici qu’elle cherche autre chose dans la jubilation que ce que j’y trouve moi-même. Il semble y avoir deux attitudes possibles pour un étudiant pendant et après la discussion avec un enseignant. Si l’enseignant suggère une piste qui va à l’encontre de ce qui a été fait par l’étudiant jusque-là, ce dernier peut soit s’approprier la suggestion — comme le fait l’étudiante 10 en suivant l’idée de peindre les corps comme les fruits — soit camper sur sa position et renforcer ce qu’il est en train de faire, comme l’étudiante 6 qui écoute mais fait autrement. Dans les deux cas, il s’agit de garder un certaine fluidité, c’est-à-dire d’éviter les blocages, qu’ils viennent de l’étudiant même ou de l’enseignant. C’est une sorte d’apprentissage sur les moyens à développer pour toujours pouvoir continuer à faire quelque chose, en somme de conserver — ou, tout au début, d’acquérir — une capacité d’agir. Une discussion entre les étudiantes 11 et 6 prend place dans la salle sur ce point. La première se plaint qu’il est difficile d’avoir un suivi régulier des enseignants qu’il faut solliciter beaucoup pour avoir un rendez-vous pour discuter le travail. Ces discussions pour elle sont essentielles pour que le travail prenne forme. Sans les enseignants, le processus de mise en place semble très long. Au contraire, pour l’étudiante 6, l’école sert principalement à apprendre à « démarrer tout seul », car une fois les études terminées il n’y aura plus personne pour « dire quoi faire ». Cela semble être deux types de fonction de l’école d’art : transmettre un savoir, principalement technique ; transmettre une attitude, une curiosité. Dans les deux cas, il s’agit pour les étudiants d’acquérir des moyens pour ne pas se trouver dans un blocage dans leur processus (comme a pu l’être toutefois JT avec sa grande peinture, ce qui montre que même un artiste confirmé peut se retrouvé bloqué). L’étudiante 11 s’est montrée rétive à tenter de nouvelles choses à l’instigation de MT ou de moimême. Elle a donc réalisé dans le cadre du workshop des choses qu’elle aurait faites aussi par ailleurs. Elle s’est toutefois sentie bloquée dans son processus (d’où son besoin de solliciter fréquemment l’avis des enseignants). Je fais part à MT du fait qu’il n’est pas facile de « bousculer » une personne qui pense déjà savoir tout ce qu’elle aime. MT me dit qu’il faut parfois « tirer un fil de la pratique » de l’étudiant et essayer de la pousser pour déstabiliser « à l’autre bout » quelque chose.
337 Il faut parvenir à développer une curios
pour les choses en général et non pour ce qu’on préfère uniquement. Pour développer cette curiosité, cela se passe, semble-t-il, en étapes. D’abord se rendre compte de ses préférences. Puis faire des expériences à partir de cela, ce qui permet « d’étendre » les lieux d’action. Par exemple, l’étudiante 12 est partie d’empreintes de bras à la peinture « pour décomposer le mouvement » et en arrive à utiliser de la terre pour donner une épaisseur à la matière qui permet de faire ces empreintes. La terre ayant été amenée sur le lieu de réalisation de l’œuvre, elle a ajouté des morceaux de céramique, qu’elle colle au moyen de la terre. Ceci amène l’envie de coudre les morceaux de céramique à la toile et enfin l’idée de pouvoir coudre les différents morceaux de toile, sur lesquels elle a faits différents essais, entre eux. C’est « à tâtons », disait JT, qu’on trouve ce qui convient, en partant de choses connues de sorte à trouver les « gestes justes », disait quant à lui CR. En comparaison, l’étudiante 11 est restée trois jours sur les mêmes couleurs et les mêmes formes (fig. 6-6). À partir des discussions avec MT, elle a commencé à cataloguer des types de touche de peinture qu’elle emploie sur une grande feuille, en y ajoutant des petites descriptions du type : « petit pinceau, peu de matière, diluée ». Je lui suggère d’utiliser ces éléments textuels non seulement pour faire un catalogue de touches qui lui sert à faire ses peintures, mais aussi comme éléments graphiques à part entière. Elle rechigne, arguant que le texte est « trop masculin ». Elle perçoit et reconnaît tout à fait qu’elle n’arrive pas à évoluer dans sa pratique. Techniquement, elle n’est pas bloquée comme l’était JT, mais elle sent qu’elle fait du surplace, répétant à l’envi les mêmes gestes. Elle refuse de faire ne serait-ce que des expériences qui pourraient l’aider à en sortir, à l’inverse de l’étudiante 12 qui de proche en proche, se retrouve avec un processus qu’elle n’aurait pas pu imaginer sans passer par la pratique. Je propose également à l’étudiante 11 de tenter une expérience diamétralement opposée à celle dont elle a l’habitude, en prenant des termes opposés à ceux qu’elle emploie pour décrire sa pratique (une tactique que j’ai utilisé aussi avec JT quand il est bloqué avec sa peinture, lui proposant de s’essayer au tricot). Puisque ses formes peintes sont « roses, rondes et sensuelles », je lui propose d’essayer de peindre un « carré vert ». Mais elle est visiblement peu intéressée à essayer. Elle imagine le résultat et donc s’empêche de faire des découvertes dans le processus de la réalisation
338 6-6. Dessin de l’étudiante 11 Gauche, type de motif que l’étudiante 11 produit durant le workshop. Droite, détail de la précédente image, où elle inscrit au feutre noir une description de la technique : « la brosse est fine. Sa texture est diluée ». d’une forme qu’elle n’aura pas choisie. Autrement dit, elle n’arrive ni à s’approprier le carré vert pour éventuellement en faire autre chose, ni à contrer ma proposition pour affirmer ses formes « roses, rondes et sensuelles » comme étant siennes et essentielles à sa pratique en y trouvant une jubilation.
Elle est
bloqu
ée
dans une recette qu’elle
a
trouvé et qui doit
lui apporter une certaine
satisfaction
(ne se
rait
-
ce que celle d’avoir
fait quelque chose
), mais ne parvient pas à développer son protocole, à « écouter les invitations
»
que
ce soit celles des
enseignants
ou de son propre
travail
. Mon carnet indique : « les préférences [des étudiants, des artistes] semblent fonctionner comme des éléments qui sont perçus [par eux] mais qu’il faut pouvoir se réapproprier en en comprenant les limites par l’expérience, par la pratique ». Ici l’étudiante 11 commence à produire des éléments graphiques à partir de ce qu’elle sait aimer, préférer, mais ne parvient pas à en faire autre chose. Elle subit, en tant que patient*, ses préférences qui agissent sur elles comme un sorcier* tiers, puisqu’elles la pousse à produire encore et encore les mêmes formes qu’elle-même reconnaît comme étant un blocage. Ce n’est qu’en parvenant à ne plus simplement les subir qu’il est possible 339 de sortir du blocage. On voit ici que faire surgir son sorcier* propre n’équivaut pas à suivre des préférences ou une simple idée. Il faut faire l’expérience par la pratique de ces préférences, être capable de s’intéresser à des aspects de ce qui est en train de se faire et non au seul but. L’étudiante 11 a commencé à cataloguer ses mouvements. Pour elle, il s’agit de pouvoir faire encore ses mêmes formes, parties de ses mêmes mouvements, de sorte à être éventuellement capable de réaliser des compostions plus grandes. Or dans les faits, elle a produit des matériaux graphiques nouveau — les annotations au feutre sous les échantillons de mouvements — qui auraient pu être une piste à suivre pour sortir du blocage. En somme, elle pensait ne faire qu’annoter des gestes préférés, ou des gestes permettant de produire des formes préférées, alors qu’elle était déjà en train de faire apparaître sur son support de nouvelles formes, à savoir l’écriture manuelle au crayon décrivant succinctement ses gestes. Il ne s’agit pas de dire que ces traits de feutre en forme de lettres auraient été la solution à la sortie de son blocage, mais ils sont une piste à suivre, une « invitation » de ce qui est déjà là — quitte à l’abandonner par la suite — pour reprendre le dessus sur ses gestes et ses formes répétitives. Les préférences posent une base sur laquelle il est possible travailler et de découvrir d’autres choses, liées à ces préférences tout en étant d’une nature — dans l’exemple de l’étudiante 11, une nature graphique — différente. Sans ses formes « roses, rondes et sensuelles », sans leur perceptible répétition, elle ne serait peut-être pas parvenue à l’ébauche du projet de cataloguage. Sans la présence de ses formes répétitives, elle n’en serait pas venue à inscrire sous les échantillons de formes ces quelques mots au crayon gris : « petit pinceau, peu de matière, diluée ». Ce qui lui a manqué c’est la reconnaissance qu’il y avait là déjà une nouvelle forme qu’elle produit, au-delà de ce que les mots qu’elle inscrit peuvent signifier. Il y une nouvelle couleur, le noir, une nouvelle « touche », la ligne fine de son feutre et les courbes de son écriture219. Dépasser ses simples préférences fait dire à MT parlant de son propre travail à l’étudiante 10 : « quand tu as envie de danser devant ta toile [ton œuvre d’art], c’est qu’elle est finie, elle existe ». C’est la jubilation, un état particulier que provoque le fait d’être parvenu à, d’une part, ne pas simplement répéter ce que l’artiste préfère, d’autre part à être parvenu à réaliser une forme, un objet, une image, qui « touche à quelque chose », dit MT. Ce quelque chose n’est pas connu a priori, sinon il serait relativement simple de le produire, mais il est aussi reconnaissable comme étant ce dépassement. Tout dépassement ne semble pas être suffisant. L’enchaînement de pratiques C’est l’ajout de couches supplémentaires à un élément connu qui permet de trouver une piste propre, comme on l’a vu avec Pollock dans Stenographic figure (ajout de trait pour intensifier une la copie de la composition de Picasso) et avec Kosuth pour Any five foot sheet of glass to lean against any wall (ajout d’un titre à un objet existant qui recarde la perception qu’on peut en avoir). 219 340 de l’étudiante 12, par exemple, n’est pas un enchaînement au hasard, mais une recherche d’une configuration de formes, de couleur, d’idée (un protocole) qui correspond à « quelque chose ». C’est un dépassement spécifique qui correspond à quelque chose pour l’artiste qui pourra le faire « danser ». Dans le train de retour vers Paris, en compagnie de MT, un autre enseignant se joint à nous pour parler de son expérience de l’enseignement de l’art. Il confirme que pour lui l’enseignant doit faire en sorte que l’étudiant se rende compte que c’est lui-même qui détient la « solution ». Pour ce faire, il dit « de manière franche et sans précaution » ce qu’il voit dans le travail de l’étudiant, de sorte à le faire « réagir », pour qu’il « affirme » ce qu’il cherche à faire. Il insiste pour dire que selon lui l’art est une des disciplines la plus « réflexive » qui soit. Avec ce dernier terme l’enseignant semble pointer le fait qu’il ne peut pas y avoir de transmission directe ou technique de ce qui fait qu’un artiste est un artiste. Il n’y a pas de méthode à appliquer pour être artiste. Puisque la « solution » tient à celui qui s’engage dans la pratique artistique, il y a nécessairement quelque chose de cet engagement personnel dans la solution trouvée. Cette réflexivité des étudiants est ce qui est recherché par l’enseignants. Mais la méthode pour embrayer cette réflexivité chez un autre passe par une lutte entre enseignants et étudiants. Il faut faire réagir l’étudiant pour que s’amorce la réflexivité, réflexivité qui est un autre mot pour dire une capacité de regarder attentivement ce qu’on a déjà fait (le patient* qui constate ce qu’a fait le sorcier*) pour y trouver des moyens de continuer sans être bloqué (retrouver une capacité d’agir, être désorceleur*).
| 30,678
|
64/tel.archives-ouvertes.fr-tel-01139880-document.txt_24
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,622
| 8,992
|
1875 Ibid. 1876 Ibid., p. 477. 1877 Ibid. 1878 440 pasteurs serait ainsi intervenu pour imposer un nouveau ministre de l'Intérieur, après le limogeage du précédent, Armand Zinzindohoué 1879. Le fait que les leaders politiques ménagent les élites traditionnelles et religieuses, sous le gouvernement de Boni Yayi, pourrait être vu comme une stratégie permettant certes de les organiser, en vue de participer au développement de l'État, mais offrant aussi l'opportunité de capter des avantages politiques 1880. Ce faisant, de tels hommes politiques mettent en péril les conditions normales de fonctionnement d'un État laïc, compliquant alors les termes constitutionnels de la démocratie béninoise. Ainsi, même l'Église catholique, malgré son rôle positif et la neutralité qu'elle souhaite afficher, paraît en mesure de concurrencer l'État dans ses actions. En effet, elle dispose de beaucoup de ressources notamment informationnelles. Elle peut faire passer des communiqués dans des journaux comme La Croix, où des conseils sont donnés à l'approche des élections. En 2008, l'Église avait quelque peu défié le gouvernement en refusant l'aide étatique, pour, disent certains, à la fois plaider pour une aide en faveur des pauvres et préserver sa neutralité 1881. Il n'en demeure pas moins que l'Église reste toujours dans son rôle de protection des faibles et de l'ordre moral, comme dans Gaudium et Spes où elle recommande, outre la défense des droits de l'homme, la moralité et la dignité de ceux qui exercent des fonctions gouvernementales 1882. Pour ce faire, l'Eglise encourage les laïcs catholiques, aux alinéas 5 et 6 du paragraphe 75 dudit texte, à participer aux politiques publiques1883. C'est en ce sens que Mgr Isidore de Souza devait intervenir dans la vie politique inoise en dénonçant le Président Soglo, à l'occasion de la deuxième élection présidentielle de 1996, au cours d'une de ses interventions retranscrite dans le journal La Croix. Il reprochait le népotisme qui aurait été institué par le 1879 Martial SOUTON, « Yayi joue la diplomatie pour imposer un ministre contesté », jeudi 22 juillet 2010, in http://www.acotonou.net/index-politiques.php?actualite=9359 consulté le 4 septembre 2010. 1880
1881 1882 Voir paragraphe 40 al. Chapitre IV : Le rôle de l'É
glise dans
le
monde
de ce temps
:
Rapports
mutu
els de l'Église
et
du
monde in
Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps
–
Gaudium et spes, op. cit. 1883 Ibid. 441 gouvernement de Nicéphore Soglo 1884. L'administrateur civil et écrivain béninois Emmanuel Adjovi a résumé les conséquences de l'intervention du prélat : « Les partisans de Kérékou photocopient à des milliers d'exemplaires cette interview et la distribuent à la sortie des églises. À la lecture, les fidèles comprennent que le chef de l'Église de Cotonou, ancien président du parlement de transition, se désolidarise de Nicéphore Soglo »1885. Mgr de Souza revint à la charge contre le chef de l'État dans Jeune Afrique, en critiquant le monopole des fonds de l'État et de la fonction publique par les membres de la Renaissance du Bénin (RB), parti du Président Soglo1886. Cette situation avait fait dire à E. Adjovi que : « Sans le savoir peut-être, le prélat béninois vient de donner l'extrême onction au mandat de Nicéphore Soglo. Derrière la critique politique, se cachent des préoccupations propres à l'Église. Les prêtres ne pardonnent pas à Nicéphore Soglo d'avoir réhabilité le culte du vôdoun (ou vôdoun) au cours de son mandat »1887. Les autorités catholiques n'auraient pas apprécié que le gouvernement Soglo donne des avantages à leurs concurrents, en l'occurrence les représentants des cultes vôdouns (en leur donnant une plus grande visibilité, avec un jour férié, dans le cadre du festival international vôdoun 1888 du 10 janvier 1996), même si la majorité de la population béninoise est animiste 1889, comme l'exprime ici E. Adjovi : « Pour l'Église catholique béninoise, cette célébration de la fête des religions traditionnelles est le couronnement d'une entreprise de revalorisation du vôdoun entamée depuis 1993 »1890. D'ailleurs, suite à cet pisode, le Président Dieudonné Soglo sera appelé, par dérision, chez les chrétiens, Nicéphore ''Vôdoundonné''1891. C'est pourquoi Emmanuel Adjovi pense que la politique avantageuse de Soglo à l'égard de 1884 Emmanuel V. ADJOVI, Une élection libre en Afrique, op. cit., p 130. 1885 Ibid., p 130. 1886 Ibid., p 131. 1887 Ibid. 1888 Ibid., p 132. 1889 Ibid., p 131. 1890 Ibid., pp. 131-132. 1891 Ibid., p 132. l'animisme, rival du catholicisme béninois, lui a attiré les foudres du clergé. Celuici avait perçu cette action comme une trahison, d'autant plus que le président de la République devait « son élection en 1991 au soutien discret de Mgr Isidore de Souza »1892. M. Adjovi nous explique la méprise du président de la République sur l'influence réelle de l'Église catholique, qui, désormais, le conspuait auprès des fidèles : « Nicéphore Soglo se méprend en réalité sur l'influence de l'Église sur l'électorat et l'appareil étatique. À travers des prêches ou des homélies, le gouvernement est critiqué pour ses tendances pro-vôdoun. Cela détruit progressivement l'image de Soglo dans le coeur des fidèles. Le prestige de Monseigneur de Souza, jeté au dernier moment dans la balance, achève le travail »1893. D'après E. Adjovi, qui s'interroge sur la défaite du Président Soglo, les conséquences ont été foudroyantes en raison de l'ancrage social du catholicisme et de son réseau d'influence. C'est ce qu'il explique ici : « En s'aliénant l'Église, Hercule1894 se prive du soutien actif des milliers de cadres et hauts fonctionnaires formés dans les écoles et collèges catholiques. Les bases sociales du pouvoir se rétrécissent. L'Église catholique, qui représente un puissant lobby dans le pays, lâche Nicéphore Soglo au moment où la classe politique ne le porte plus dans son coeur »1895. Pourtant, toutes ces sollicitations du vôdoun par le chef de l'État avaient, semble-t-il, des raisons politiques. En effet, lorsque le chef de l'Exécutif, par exemple, ou un parti politique n'arrive obtenir une coalition politique, il peut se voir obligé de recourir à des alliés d'un moment qui peuvent être des chefs traditionnels et religieux pour supplanter ses concurrents. C'est ce qui explique ce phénomène de courtisanerie et d'instrumentalisation des chefs traditionnels et religieux qui peuvent servir à mobiliser un électorat qui leur est sensible et acquis. C'est dans ces conditions que le vôdoun a été appelé dans des enjeux politiques. Mais ce culte a peu participé aux revendications politiques au cours de la 1892 Ibid. 1893 Ibid. 1894 Hercule fait référence au Président Soglo qui réalisait d'énormes travaux publics, notam ment la construction de voies pavées dans la capitale économique Cotonou qui était réputée pour avoir naguère de mauvaises routes au point d'être désignée comme Cototrou. 1895 Emmanuel V. ADJOVI, Une élection libre en Afrique, op. cit., p. 132. 443 convocation des forces vives de la nation (cf. La Conférence Nationale), même si quatre sièges ont été attribués aux élites religieuses traditionnelles 1896. Avec le renouveau démocratique, cependant, le Président Soglo, impressionné, semble-t-il, par les chefs de cultes traditionnels, collaborera officiellement avec ces derniers. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet attachement, notamment le fait que certaines sources invérifiables rapportent qu'il aurait été guéri de sa maladie mystérieuse en 1991 (à l'occasion de l'élection présidentielle), de façon inexpliquée et miraculeuse, par de grands prêtres vôdouns et quelques élites traditionnelles, dont Daagbo Hounon et le roi de Kétou. Nicéphore Soglo aurait subi les méfaits des pouvoirs occultes et en aurait été préservé par l'action de protecteurs dotés également de pouvoirs ésotériques. C'est en ce sens que Cédric Mayrargue affirme que le vôdoun serait un « moyen d'accroître ses pouvoirs, de se protéger ou d'attaquer » des concurrents en politique1897. A propos de telles collaboration avec les politiques, Théodore Holo parle, quant à lui, de pacte de sang avec certaines élites religieuses et traditionnelles, tandis que Félix Iroko parle de prières 1898. Mais ce dernier évoque lui-aussi le pouvoir occulte et magique de certains chefs religieux traditionnels sollicités par les politiciens 1899. Par ailleurs, outre sa reconnaissance envers les chefs traditionnels et chefs de cultes endogènes qui l'avaient sauvé, parce que soucieux d'avoir une assise forte dans l'électorat des pratiquants du culte vôdoun, Nicéphore Soglo va, à travers l'organisation centrale du vôdoun, essayer de canaliser les soutiens à sa personne1900. En effet, son gouvernement aurait ainsi tenté moderniser le culte vôdoun pour mieux l'instrumentaliser à l'approche des échéances électorales 1901. Toutefois, le Président Soglo, qui avait pourtant eu l'onction des prêtres du vôdoun, ne sera toutefois pas élu dans les régions où ce culte était majoritairement représenté1902. En effet, il avait en vain utilisé le réseau vôdoun, notamment lors 1896 Cédric MAYRARGUE, « Démocratisation politique et revitalisation religieuse : l'exemple du culte vodoun au Bénin », art. cit., p. 137. 1897 Ibid. 1898 Entretien avec Théodore HOLO. 1899 1900 Cédric MAYRARGUE, « Démocratisation politique et revitalisation religieuse : l'exemple du culte vodoun au Bénin », art. cit., pp. 154-156. 1901 Ibid., pp. 135-161. 1902 Ibid., p. 159. 444 des législatives de 1995, et appelé, par cette entremise, les pratiquants de ce culte à voter pour lui. Mais le facteur ethno-régional, comme déterminant essentiel du vote, l'avait emporté sur le facteur religieux 1903. On peut donc répéter que si les élites religieuses ont des préférences pour un candidat donné, rien n'indique que, dans l'isoloir, l'électeur suivra leurs consignes. En effet, Christian de Souza affirme que si les rois sont encore peu ou prou écoutés au Bénin, ils ne le seraient, en général, pas autant que leurs homologues du Burkina, comme le Moro Naba, écouté et suivi par « 75% de Burkinabès »1904. L'historien Félix Iroko nous donne un compte rendu de l'évolution du regard de l'État depuis l'indépendance sur les élites traditionnelles et religieuses. Celles-ci, assimilées à des « forces rétrogrades » ou maléfiques, combattues brutalement pendant 18 années par le pouvoir marxiste, avaient choisi de vivre dans la désertion ou la clandestinité où elles perpétuaient discrètement leurs institutions 1905. Cependant, ces institutions religieuses et traditionnelles connaîtront une certaine réhabilitation avec le renouveau démocratique. L'État marxiste béninois, malgré sa détermination à réduire les chefs religieux et traditionnels au néant, n'arrivera pas à en venir à bout, comme il espérait, car : « Les autorités politiques n'avaient pas réussi de façon très claire à dire qui était sorcier et qui ne l'était pas. Les personnes d'un certain âge ou d'un âge certain étaient automatiquement assimilées à la sorcellerie et ça a donné lieu surtout à beaucoup de règlements de comptes »1906. Ainsi, l'identification des forces ''obscures'' a été difficilement réalisable. Les chefs traditionnels étaient donc parfois confondus à celles-ci, surtout à partir d'un certain âge, et étaient exclus des cérémonies publiques. En effet, Félix Iroko insiste ce point : « Parmi les ennemis de la révolution, ils étaient en bonne place parmi ces ennemis-là. Parce que ce sont des forces rétrogrades qui empêchent le pays d'évoluer et dont les comportements étaient à la base de ce qu'ils appelaient 1903 Ibid., pp. 157-159. 1904 1905 1906 Ibid. l'obscurantisme. Ce n'est pas l'impérialisme seul qui était combattu, à l'intérieur, les forces dites rétrogrades l'étaient quelque part aussi »1907. Ce regard changera véritablement en 1990, quand ces élites religieuses et traditionnelles seront alors « réhabilitées », puisque : « L'avènement du multipartisme a beaucoup favorisé non seulement l'effort et la renaissance de ces forces dites rétrogrades auparavant, mais ces forces sont devenues des forces courtisées »1908. Avec le renouveau démocratique, certains leaders politiques souhaitent « avoir leur soutien et leur appui auprès de la population puisque ils ont considéré tout simplement que ces forces-là, en dépit de leur affaiblissement, constituaient, représentaient toujours quelque chose pour le peuple »1909. Et, en tant que tel, ces élites religieuses et traditionnelles apparaissent comme des élites d'intermédiation, car selon ces politiques : « Qui tient ces forces-là tient le peuple, et par conséquent peut bénéficier d'un électorat assez large »1910. Ainsi, d'après l'historien Iroko, ces rois seraient instrumentalisés en fonction d'un enjeu politique. Il estime que cette tentative d'asservissement des chefferies traditionnelles n'est pas sans les déstabiliser : « On a l'impression que ces forces ont été mises dans une cage depuis longtemps et, une fois, la liberté retrouvée, ben, il y a eu des abus! Qu'estce que j'appelle abus? Ben, ce que j'appelle abus, c'est que ce n'est qu'à partir de là qu'on a commencé à assister à la présence, sur un même et unique trône, de deux ou de trois rois. C'est à partir de ce moment que le nouveau système de l'auto-proclamation des rois a commencé à se manifester »1911. Les règles successorales traditionnelles sont ainsi mises à l'épreuve par l'intervention des élites politiques dans la sphère traditionnelle, et à un point tel, déplore Félix Iroko, que de ''simples'' chefs se seraient autoproclamés rois. La hiérarchie traditionnelle entre chefs et rois est désormais fragile dans certaines localités car des descendants de chefs de cantons, nommés par le colon français, 1907 Ibid. 1908
Ibid.
1909
Ibid.
1910
Ibid.
1911
Ibid. 446 auraient « commencé à s'autoproclamer rois, alors que les chefs de cantons n'étaient pas des rois », auparavant 1912. Les rois, arrivant donc légitimement au trône, après avoir respecté les règles traditionnelles de succession, se voient contester leur légitimité à régner, dès 1990, par des rivaux (appuyés par leurs partisans souvent politiques). Ces adversaires ont été suscités par des politiciens qui « attisent le feu en se rangeant derrière tel ou tel autre, allant jusqu'à intervenir même financièrement au niveau de ceux qu'on appelle les faiseurs de rois, pour que ce soit untel qui soit là, parce que celui qui mérite légitimement d'être là n'est pas de leur bord »1913. Félix Iroko a prétendu avoir été abusé par le Président de la République, quant à l'organisation du forum des rois et dignitaires du Bénin. Initialement, il était prévu de clarifier la hiérarchie traditionnelle par des critères établis par les universitaires, notamment, entre les rois et les simples chefs traditionnels au Bénin. Mais il s'est avéré, d'après l'historien, que les desseins, cachés, étaient autres, puisque on aurait dit aux membres du comité intellectuel que : « Étant donné qu'il y a 77 communes dans le pays, il faudrait qu'il y ait un dignitaire désigné, officiellement reconnu ; un dignitaire au moins par commune. En quelque sorte, le pouvoir politique cherchait tout simplement des pions »1914. Le gouvernement aurait rassuré des rois illégitimes sur le fait qu'ils ne seraient pas découronnés. Cette position aurait été perçue par les historiens du comité intellectuel comme une « manière indirecte d'entériner les rois autoproclamés »1915. D'après Félix Iroko, les membres du comité intellectuel se sont donc senti instrumentalisés par le chef de l'État, puisque leurs conclusions, au nombre desquelles les critères de royauté qu'ils avaient établis ou rétablis, n'avaient point été retenus. En somme, à cause de l'instrumentalisation des politiques qui s'immiscent dans les dévolutions successorales au niveau de la chefferie traditionnelle, cette dernière serait perturbée dans sa propre sphère 1916. On rencontre de plus en plus, dans cet univers, l'érection de plusieurs royautés dans une même localité qui n'en 1912 Ibid. 1913
Ibid.
1914
Ibid.
1915
Ibid. 1916 447 comptait qu'une seule par le passé, suite aux manipulations politiques 1917. Les rois seraient élus dans certaines régions béninoises non par une décision de l'oracle consulté, mais du fait de manigances politiques 1918. Ainsi à Abomey, alors que le roi Dédjalagni Agoli Agbo avait été choisi par la tradition, suite à l'accord de 9 lignées princières sur 12, il avait vu son autorité sapée par un nouveau roi, Houédogni Béhanzin, vraisemblablement soutenu par certains milieux politiques 1919. La légalité et la légitimité du roi Agoli Agbo auraient donc été bafouées, d'après Christian de Souza 1920. S'il reconnaît l'évolution de la tradition, au niveau de l'élection coutumière royale dans certains cas comme à Abomey, où le choix du roi a été voté, C. de Souza précise tout de même l'importance de la désignation par l'oracle, appelé, localement dans l'espace fon ou yorouba, Fâ ou Ifâ. Il rappelle cette condition, à propos de l'évolution et du socle de la tradition, dans une longue analyse que nous croyons juste de rapporter intégralement : « Elle peut évoluer si les gens tournent le dos à ses fondements. Les fondements qui ont fait sa gloire, il ne faut jamais tourner le dos à cela. Je le dis et je le répète, il faut consulter l'oracle. C'est ça le mode d'accession au pouvoir dans les religions traditionnelles. C'est l'oracle qui peut dire que celui-ci, le Fâ ne ment jamais comme on l'a dit, c'est celui-ci qui peut apporter le bonheur, la paix, le développement à notre cité. Une fois qu'on oublie, qu'on pense qu'on peut faire un transbordement des normes démocratiques dans des normes sociétales, dont le mode de fonctionnement n'a rien à voir avec ceci, ça créé ce que je veux dire : le dysfonctionnement. Ça créée le dysfonctionnement, alors faudrait-il aujourd'hui être un chef traditionnel d'apparence que d'être d'appareil? Je crois que, pour soimême, il est souhaitable d'être un chef traditionnel légal et légitime à la fois, plutôt que d'être légal et d'être un cas de conscience pour tout le monde.1921 » À partir de l'exemple de la royauté d'Allada, M. de Souza met l'accent sur l'envergure territoriale d'un prétendant au trône et sur son respect des traditions ancestrales pour justifier sa légitimité par rapport à un contestataire. Ainsi, si Sagittaire Dossou se présente comme roi, à l'encontre du roi Kpodégbé qu'il juge 1917 Ibid. 1918
Ibid.
1919
Ibid.
1920
Ibid.
1921
Ibid. 448 usurpateur de son trône, Christian de Souza lui dénie ces attributs royaux, ne le considérant que comme « chef d'une petite contrée du grand royaume d'Allada » ; car, explique-t-il, « un roi qui ne fait pas allégeance aux religions traditionnelles perd en lui-même son essence. Sagittaire aujourd'hui est musulman »1922. Les avis sont partagés à ce sujet, puisque le roi de Kika reconnaissait autant la royauté de Kpodégbé que celle de Sagittaire Dossou, même si les deux appartiennent à des conseils royaux nationaux différents 1923. Quant au Daagbo Hounon, que nous avons interrogé, il estime lui aussi que Sagittaire Dossou est roi. Dossou Sagittaire, d'ailleurs, se présentait également comme un roi aux attributs religieux, donc un chef religieux qui occuperait d'ailleurs le « palais religieux », contrairement au roi Kpodégbé qu'il conteste, siégeant au « palais social »1924. Depuis sa résidence, Sagittaire Dossou prétend diriger des cultes endogènes, tout en réglant des questions de litiges d'ordre cultuel de sa localité1925. Si on en croit ses propos, comme légitimation de son sacre, le roi Sagittaire Dossou aurait eu un signe des ancêtres, légitimant sa royauté, quand il découvrit un bélier asexué, réputé sacré, qu'il présenta à la presse 1926. Néanmoins, Christian de Souza estime que les tensions entre les deux rois d'Allada sont des dysfonctionnements orchestrés sous le gouvernement Kérékou et affirme que « c'est des épiphénomènes installés par ce pouvoir »1927. Nous mentionnons encore le cas de Savè pour illustrer ce qu'il peut en coûter en cas de conflit entre une élite politique et la chefferie traditionnelle. Ainsi Prisca Gogan rappelle-t-elle à ce sujet : « Dans la commune de Sav , le roi de Savè ne voulait pas du maire de Savè. Il n'en voulait pas dans la commune. Et il avait une telle autorité! Le roi avait une telle autorité dans la commune qu'il ne pouvait pas se rendre à son service, il ne pouvait prendre aucune décision qui soit mise en pratique, exécutée. Il n'était là que de nom, mais il n'avait pas de pouvoir sur le terrain.1928 » 1922 Ibid. 1923 1924 Entretien téléphonique avec Sagittaire DOSSOU le 12 juillet 2012 à Cotonou. Il s'est présenté à nous comme le véritable roi d'Allada. Il est décédé depuis peu. 1925 Ibid.
1926 Ibid. 1927 1928
Entretien avec Prisca G
OGAN. 449 Prisca Gogan résume ici le pouvoir de nuisance occulte du roi de Savè à l'encontre du maire de sa localité : « Il a fallu une intervention du Préfet1929. Il est resté tranquillement à sa résidence, sous surveillance, juste chargé depuis sa résidence de régler les affairesLa police est venue assurer sa sécurité, parce qu'il était menacé. Tu sais, à Savè, avec les Yoroubas, les Nagos, je crois que c'est les Nagos, ils ont des sociétés secrètes-là qui sont très efficaces pour éliminer les gens, faire disparaître les gens. Donc, il n'était pas en sécurité. Il a dû faire recours à la police pour assurer sa sécurité. Et c'est depuis sa résidence qu'il réglait, liquidait, les affaires courantes. 1930 » Ainsi, le roi serait capable, à partir de sociétés secrètes comme Oro, fonctionnant à partir de pouvoirs présumés mystiques, de nuire au maire. Prisca Gogan se souvient de ce moment ici : « Le Préfet a dû intervenir et le conseil national des rois du Bénin s'y est mêlé. Parce qu'on a été là-bas, je travaillais encore dans le cabinet, en formation, justement sur la collaboration qui doit exister entre les élus locaux et les autorités traditionnelles. A ce moment, on nous a fait cas de la situation, parce que le Maire n'a pas pu venir à la formation. Le roi était là. Mais le Maire n'a pas pu venir à la formation.1931» Cet incident conflictuel, qui daterait de 2006 1932, nous a été confirmé par le roi de Savè en question, mais aussi par le Conseil National des Rois du Bénin et d'autres rois traditionnels, notamment celui de Dassa qui était intervenu, avec ses pairs, pour tenter une médiation 1933. Le maire donc voir sa légitimité contestée, lorsqu'une population qui ne l'a pas directement élu et ses représentants traditionnels comme religieux le contestent 1934. Prisca Gogan résume la nature de ce conflit ainsi : 1929 Nous utilisons volontairement la majuscule ici, selon le principe de l'antonomase inverse, à la première lettre dudit mot, car il s'agit d'un préfet en particulier, c'est-à-dire de celui qui est responsable du département couvrant ladite commune. Cette considération vaudra ici pour le maire, puisqu'il s'agit dans ce cas d'un maire, connu de façon implicite, celui de la commune de Savè. 1930 Entretien avec Prisca GOGAN. 1931 Ibid. 1932 Ibid. 1933 Entretien avec Raoul AFOUDA, roi traditionnel de la commune de Savè. 1934 Ibid. « Le fait est que si, comme dans la commune de Savè, le problème déjà se pose, que le roi n'accepte pas l'élu local et que le roi a mainmise sur sa population, il ne peut avoir une collaboration »1935. À Savalou aussi, on note le même type de conflit, similaire à celui de Savè. Il y aurait ainsi eu des tensions violentes entre le roi Gbaguidi de Savalou et le député Edgard Allia1936. Les leaders traditionnels et religieux peuvent donc avoir, bien plus qu'une simple influence, un pouvoir social capable de nuire à leurs adversaires en cas de dissensions avec eux. Ils peuvent mobiliser des forces qui sont craintes et qui agissent, tels des affects, sur des personnes qui y croient. Ces forces occultes, par exemple, sont vécues psychologiquement par ceux qui y croient, même quand ce n'est pas le cas, comme équivalentes à une véritable sanction physique. Par ailleurs, dans un environnement sociopolitique marqué par la dimension ethnique, même le gouvernement béninois peut être mis en situation de minorité. C'est pour toutes ces raisons que les politiciens, pour atteindre l'électorat des localités béninoises, qui sont rythmées, suivant certaines périodes, par des considérations ethno-régionales, courtisent les élites traditionnelles ou des élites religieuses dont certaines sont de véritables représentants coutumiers dans une localité ou une région. Félix Iroko, s'il ne dénie pas l'influence de ces élites, en minimise toutefois la portée sur les intellectuels et les personnes scolarisées. Ces dernières pourraient en effet avoir une connaissance plus approfondie des problèmes politiques que les chefs et rois traditionnels de leur terroir (dont les points de vue seraient limités aux réalités de leurs localités) et par conséquent ne pas suivre leurs consig 1937. D'après Théodore Holo, qui évoque le recours aux chefs religieux traditionnels, « il est fort possible que certains fassent des dons en des périodes électorales, dans l'espoir que les adeptes de ces religions soient davantage sensibles au message 1938 » de leurs partis politiques. Mais, selon lui, ce sont des tractations qui se déroulent dans la discrétion. Il arrive qu'il y ait des régions où le chef traditionnel est le premier interlocuteur dans la mesure où celui-ci peut 1935 Ibid. 1936 Eugène Sènou LOKO, « Rivalité entre Edgar Alia et le roi Tossa Gbaguidi XIII : affrontements manqués à Savalou », 24 Heures au Bénin, 1 er septembre 2009, in http://mjpacbj.over-blog.com/article-35540281.html consulté le 15 mars 2014. 1937 1938 Entretien Théodore HOLO. 451 facilement mobiliser 1939. Il arrive qu'il y ait en effet que dans certaines contrées une faiblesse du sentiment national se manifeste, ressurgissant au profit d'une solidarité ethnique pendant les élections. Le professeur Holo nous a ainsi appris, qu'à l'occasion de la présidence de Nicéphore Soglo, il lui était arrivé en période de campagne, en tant que ministre, de rendre visite à des chefs traditionnels, dans les régions où ceux-ci étaient des interlocuteurs privilégiés des citoyens béninois résidant dans des zones rurales, donc capables de mobiliser davantage. Toutefois, M. Holo adopte une position de juriste constitutionnaliste et d'homme moderne en prônant une séparation stricte entre le sacré et le profane. Tout en expliquant que des hommes religieux puissent se présenter aux élections politiques, il affirme que cela ne doit pas se faire sous couvert de leur statut religieux ou traditionnel. Il s'appuie sur le fait que le seul fondement valable dans l'État moderne béninois est le droit positif et c'est pour cela que d'après lui : « Le maire ne doit pas avoir pour concurrent un chef traditionnel d'une région parce que nous sommes des citoyens et non pas des sujets. Voilà pourquoi je ne suis pas d'accord quand on parle du roi d'Abomey, ou du roi d'Allada. Il y a peut-être un chef traditionnel, parce que les citoyens reconnaissent leur autorité. C'est leur droit, mais ils n'interviennent pas dans la gestion des problèmes des citoyens. Parce qu'il y a séparation de l'État et de ces chefferies »1940. Pour toutes ces raisons, Théodore Holo estime que l'autorité du chef traditionnel et sa légitimité ne reposent que sur le bon vouloir de ceux qui veulent bien les reconnaître 1941. À ce propos, tient à rappeler Gaston de Souza, adoptant une posture encore plus sévère que le constitutionaliste Holo, les élites religieuses « n'existaient pas en tant qu'élites politiques » au Bénin, avant 1990 (hormis le Révérend Aupiais)1942. Ce n'est qu'à partir du renouveau démocratique qu'elles auraient, d'après l'ancien député Gaston de Souza, « pris du poil de la bête et réussi à s'imposer au pouvoir politique, à la recherche de suffrage »1943. L'ancien député de 1939 Ibid. 1940 Ibid. 1941 Ibid. 1942 Entretien avec Gaston de SOUZA. 1943 Ibid. 452 Souza semble regretter la nouvelle considération accordée aux religions et la décision de leur allouer un financement régulier : « La surenchère de la tradition aidant, avec l'élection du Président Soglo à la présidence, le phénomène de la tradition a été ressuscité. C'est ainsi qu'une fête du vôdoun a été instituée et fêtée en jour férié et payée le 10 janvier. Cette surenchère a eu à se développer avec la concurrence entre les religions et surtout l'émiettement du catholicisme en plusieurs catholicismes plus ou moins vertueux. Je préfère vous le dire déjà pour répondre à une de vos prochaines questions de la décision du Gouvernement du Président YAYI Boni, prise en 2008, d'accorder un crédit de 5.000.000 (millions de F. C. F. A) 1944 aux chefferies religieuses est la plus grosse connerie d'un président en exercice, car c'est la plus grosse forme pour diviser les religions et préparer les guéguerres qu'on ne pourra jamais arrêter dans un pays palabreur comme le Bénin. 1945 » En somme, si l'ancien député Gaston de Souza confirme cette tendance qu'ont les élites religieuses à ne pas soutenir « ouvertement un pouvoir politique en place », il reste néanmoins hostile à une association de l'État avec elles dans un État laïc1946. Alors que d'autres députés affirment leur collaboration avec les élites religieuses, à l'instar de M. Assouman, Gaston de Souza, lui, affirme donc n'avoir entretenu aucune relation avec elles : « Aucune relation, car nous étions des élites pures et dures, vis-à-vis des religions importées. Seul notre chef, le Président Soglo, avait un penchant pour les religions traditionnelles en réaction contre les religions importées occupantes »1947. Cependant, si Gaston Souza minimise le rôle du parrainage d'élites religieuses, il reconnaît avoir bénéficié des retombées bénéfiques du prestige de l'évêque Isidore de Souza, membre illustre de sa famille. Il n'en demeure pas moins qu'il affiche son hostilité face à une proximité poussée entre l' État et les religions. Par conséquent, suite à la décision du gouvernement du Président Boni Yayi, datant de 2008, d'accorder 500 millions de FCFA aux cultes religieux et traditionnels, de même qu'aux chefferies traditionnelles, l'ancien député affirmera 1944 Le montant accordé aux chefferies religieuses endogènes serait plutôt de 100 millions de FCFA. Les judéo-chrétiens recevraient 125 millions, de même que les musulmans. Enfin, les chefferies traditionnelles, quant à elles, se voient octroyer un montant de 100 millions. 1945 Entretien avec Gaston de SOUZA. 1946 Ibid. 1947 Ibid. que « c'est une grave erreur, qui aura des conséquences dangereuses pour la paix sociale au Bénin. Cela a commencé déjà, puisque les musulmans estiment avoir été désavantagés par rapport aux religions satellites du catholicisme »1948. Il appert, à travers ce que nous avons compris d'un précédent échange avec lui, que l'ancien député de Souza craint l'instrumentalisation réciproque entre élites politiques, religieuses et traditionnelles. Par ailleurs, Gaston de Souza semble se méfier des tensions sociales que l'attribution desdits fonds financiers de l'État pourrait causer, dans la mesure où toutes les élites religieuses, par exemple, aussi différentes les unes que les autres, pourraient ne pas se sentir logées à la même enseigne, quant aux montants des allocations perçues. Pour toutes ces raisons, M. de Souza manifeste le souhait que l'État préserve une dissociation entre les élites politiques et les élites religieuses comme traditionnelles car, estime-t-il, « le caractère laïc de l'État doit être réservé, pour préserver la paix des esprits et éviter des déchirements réels ou hypocrites »1949. De même, la réflexion de François Assogba, au sujet de cette collusion entre élites politiques et leaders traditionnels et religieux, exprime une certaine méfiance, voire une crainte1950. D'après lui, si les élites traditionnelles et religieuses participent positivement à la vie démocratique, appuyées par l' État, tout en étant consultées dans certaines matières sur le plan national, l'ampleur de relations conflictuelles ou concurrentielles, non des moindres, avec l'autorité communale serait de nature à contraindre la démocratie 1951. En effet, la trop grande proximité qu'on pourrait observer entre les élites politiques et les élites religieuses et traditionnelles, au t de l'État par exemple, aurait des répercussions négatives à l'encontre du régime démocratique, plus exactement sur le fonctionnement de l'administration, voire du pouvoir exécutif 1952. Mais M. Assogba estime que ces faits proviendraient plus des hommes que des institutions religieuses ou traditionnelles 1953. I . Ibid. 1951 Ibid. 1952 Ibid. 1953 Ibid.
Néanmoins, des ingérences de ce genre, à long terme, des élites religieuses et traditionnelles, pourraient conduire à des conflits, estime François Assogba. En somme, on peut donc retenir que pendant les périodes électorales, les leaders politiques courtisent fortement les élites religieuses et traditionnelles pour avoir leur concours auprès des populations locales. Dans cette phase, certain s rois, chefs traditionnels et religieux peuvent monnayer chèrement leur concours et demander des contreparties financières ou matérielles. Par contre, après les périodes électorales, les demandes sont inversées. C'est-à-dire que les rois, les chefs traditionnels et les leaders religieux peuvent voir leur autorité menacée, voire contestée par des concurrents, dans le cadre de leurs fonctions. Ces derniers peuvent d'ailleurs être appuyés par des élites politiques qui espèrent compter sur ces nouvelles élites religieuses et traditionnelles plus conciliantes que leurs prédécesseurs, à l'occasion d'élections antérieures. C'est ainsi que les modes de dévolution successorale dans les sphères traditionnelle et religieuse peuvent être perturbés par l'intervention d'élites politiques, semant ainsi la zizanie 1954. CONCLUSION
En Afrique de l'ouest, la colonisation française et anglaise s'est appuyée sur les notabilités traditionnelles (parfois les chefs religieux) pour asseoir sa politique de domination ou d'administration coloniale. Néanmoins, les politiques coloniales ont varié « d'un groupe social à l'autre, ou d'une région à l'autre, au gré des intérêts en jeu et des contingences de l'événement »1955. La tradition a été parfois instrumentalisée à certains endroits par les hommes au pouvoir afin de commander aux populations 1956. Il n'en demeure pas moins que les élites traditionnelles conservaient un prestige social impossible à ignorer. À ce titre, Richard Banégas évoque l'importance des chefs coutumiers pendant l'époque coloniale : « Dans les années 1950 et 1960, en effet, les princes chefs de canton, devenus officiellement ''chefs coutumiers'', jouèrent un rôle non négligeable dans la structuration de l'espace public pluraliste qui s'organisa selon une logique de blocs régionaux, héritée des rivalités entre monarchies précoloniales »1957. Au Bénin, après une période de coexistence à situer avant 1975, succèdera une série de répressions, dès l'instauration du gouvernement marxiste, répressions qui s'assoupliront elles-aussi, la veille de l'année 1990 1958. Par un décret, pris le 4 décembre 1975, le gouvernement communiste s'était donné pour objectif de combattre les chefs coutumiers en tant que menace pour la révolution 1959. De la même façon, une loi anti-sorcellerie réprimait les cultes endogènes dès 1976 1960. Les adeptes des cultes animistes réagiront contre ces mesures étatiques 1961.
1955 Jean-François BAYART, « L'Afrique dans le monde : une histoire d'extraversion », Critique Internationale, 5, ne 1999, p. 100 in http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/criti_1290 -7839_1999_num_5_1_1505 consulté le 15 mars 2014. 1956 Jean-François BAYART, « La démocratie à l'épreuve de la tradition en Afrique subsaharienne » in Jean-François BAYART, La démocratie en Afrique, numéro 129, Paris, Seuil, 2009, p. 29.
| 7,819
|
4922c6c6a82021b982e0e58d32b7f9aa_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,007
|
Five Conferences on Undecidability. Bouleau. Presses de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, pp.57, 1983. ⟨hal-00192557⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,107
| 11,338
|
9. Démonstrations de cohérence relative(3 )
Après le résultat de Gödel, il devenait impossible de penser à raisonner sur la cohérence d’une manière qui soit épistémologiquement absolument convaincante. Comment penser un instant qu’une démonstration de cohérence, qui utilise plus que l’arithmétique, a une réelle valeur, au niveau de la philosophie des mathématiques... En fait ceci ne concerne que les démons3 Ce qui suit constitue la 2e conférence de J.Y. GIRARD 24 trations de cohérence, dans ce qu’elles ont de plus prétentieux : les démonstrations de cohérence absolue. Par contre, il est une autre catégorie de démonstrations de cohérence, les démonstrations de cohérence relative, c’est-à-dire des énoncés de la forme Coh(T) ⇒ Coh(U) (si T est cohérente, alors U l’est). La valeur épistémologique de tels résultats est plus limitée, mais par contre, vu que de telles démonstrations se font toujours dans les mathématiques élémentaires chères à Hilbert, cette valeur épistémologique est incontestable ; par exemple, le résultat de 1939 de Gödel : Coh(ZF) ⇒ Coh(ZF + AC + GCH) (cohérence relative de l’axiome du choix et de l’hypothèse du continu par rapport à ZF) montre que l’axiome du choix et l’hypothèse du continu ne sont pas plus "risquées" que la théorie des ensembles ; nous avons ici une vraie réduction... De la m^ eme manière, les résultats de Cohen (cohérence relative de la négation de l’axiome du choix, de la négation de l’hypothèse du continu), montrent que l’on peut aussi faire des choix opposés qui ne sont pas plus risqués. Mais ne déflorons pas trop le sujet de la conférence d’A. LOUVEAU. 10. Signification des démonstrations de cohérence
Un mot de Kreisel "les doutes quant à la cohérence sont plus douteux que la cohérence elle-m^ eme". Au fond, personne ne doute vraiment de la cohérence de l’arithmétique ; s’il existe un problème lié aux théorèmes de Gödel, il importe de ne pas dramatiser à l’excès, et de ne pas appliquer à ces situations délicates des considérations trop brutales. Un des résultats les plus remarquables de Gentzen est son introduction, dans les années 30 du calcul des séquents, et la démonstration pour le calcul des séquents, du Hauptsatz (qui est un véritable principe de pureté des méthodes pour le calcul des prédicats, c’est-à-dire la logique pure) n’est pas sans conséquences pour les questions de cohérence. Avant de parler du calcul des séquents, expliquons comment on peut par exemple utiliser le Hauptsatz pour établir, en un sens presque satisfaisant, la cohérence des mathématiques élémentaires. (ARP) l’arithmétique récursive primitive est une bonne formulation des mathématiques élémentaires ; ce système est formé ainsi 25 - il y a un grand nombre (une infinité) de lettres de fonctions, pour représenter des fonctions combinatoires élémentaires (fonctions récursives primitives) comme +,., exp, etc..., et pour chacune de ces fonctions, on écrit des axiomes de définition, par exemple 20 = 1 2Sx = 2x + 2x - on permet l’induction (récurrence) sur les énoncés de la forme t = u, où t et u sont des termes, c’est-à-dire sont construits en utilisant les lettres de fonction mentionnées plus haut, et des variables. Ce système est une bonne formalisation des mathématiques élémentaires ; mais est-il cohérent? Il y a une démonstration "naı̈ve" de la cohérence de ARP, qui consiste seulement à remarquer que tout théorème de ARP est vrai, par exemple, à montrer que si ∀x∃y t[x, y] = 0 est démontrable dans ARP, alors, pour tout x, on peut trouver un y tel que t[x, y] soit égal à 0. Malheureusement, on voit bien que dans la définition de la vérité, on utilise des quantificateurs qui nous font sortir de la classe des énoncés élémentaires typiquement, le "on peut trouver y" est un quantificateur indésirable... Heureusement, le Hauptsatz peut ici ^ etre utilisé, on remarque d’abord que tous les axiomes de ARP sont de la forme t = u, y compris l’axiome (les axiomes en fait) d’induction. Le Hauptsatz nous dit alors (c’est un principe de pureté des méthodes) qu’une démonstration de 0 = S0 se place dans la partie purement équationnelle de ARP, c’est-à-dire qu’à partir des équations qui nous servent d’axiomes, utilisant la transitivité et la symétrie de l’égalité, on a déduit 0 = S0!. Cette réduction (qui utilise le Hauptsatz) de ARP à sa partie équationnelle est faite par des moyens purement élémentaires. Par contre, il faut démontrer la cohérence de la partie purement équationnelle (sans logique) de ARP, et pour cela, nous avons une fonction de valuation, qui à tout terme clos (sans variable) de ARP, associe sa valeur ; bien entendu, cette fonction de valuation ne saurait ^ etre parmi les fonctions de ARP. Cette partie de la démonstration de cohérence de ARP n’est donc pas, conformément au théorème de Gödel, formalisable dans ARP. La fin de la démonstration est simple, on démontre que, si t et u sont des termes clos tels que l’équation t = u soit démontrable dans la partie équationnelle de ARP, alors V (t) = V (u); pour les axiomes c’est immédiat, et la transitivité, la symétrie de l’égalité, préservent 26 cette propriété... En particulier, comme V (0) = 0 6= 1 = V (S0), 0 = S0 n’est pas démontrable dans le calcul équationnel, et donc pas démontrable tout court dans ARP. Nous voyons ici que la partie problématique de la cohérence (tout ce qui touche aux quantificateurs) est démontrée de manière élémentaire, tandis que le théorème de Gödel ne s’applique vraiment qu’à la partie purement équationnelle de ARP, pour laquelle nous n’avons pas de doute sérieux.
11. Le calcul des séquents
Il est difficile ici de ne pas évoquer la mémoire de Jacques Herbrand, mort prématurément en 1931, et dont les travaux (le théorème de Herbrand) préfigurent les résultats de Gentzen... Pour obtenir son principe de pureté des méthodes, Gentzen modifie les notions de base de la logique : la notion essentielle n’est plus le concept d’énoncé, mais celui de séquent, Gentzen appelle séquent une expression formelle Γ ⇒ | ∆, où Γ et ∆ sont des suites finies d’énoncés. La signification intuitive de A1,., An ⇒ | B1,., Bm c’est que si tous les Ai sont vrais, alors un des Bj l’est : A1 &. &An ⇒ B1 ∨. Bm (En particulier, |⇒ A veut dire A, et A |⇒ veut dire ¬A, et puis le séquent vide |⇒ veut dire l’absurdité, c’est-à-dire 0 = S0). (IV) COUPURE
Γ⇒ | A, ∆ Γ′, A ⇒ | δ′ C Γ, Γ′ ⇒ | ∆, ∆′
une démonstration dans le calcul des séquents LK, c’est une suite de séquents (disposée en forme d’arbre) construite à partir des axiomes, au moyen des règles (II), (III), (IV). Un mot sur les règles 28 (II) les règles structurelles sont des règles assez anodines : elles permettent de faire quelques manipulations combinatoires simples (permutation, augmentation, identification d’énoncés du m^ eme c^ oté du signe ⇒) | ; il importe cependant de ne pas mépriser le pouvoir de la règle de contraction, (III) les règles logiques démarquent la genèse des énoncés ; on parle encore de règles génétiques pour la partie (I) (II) (III) de LK (calcul sans coupures), pour cette raison. C’est une réussite indéniable de Gentzen que d’avoir isolé, au moyen des séquents de tels principes "purs" de démonstration. (IV) la règle de coupure exprime quant à elle la transitivité de la notion de conséquence logique ; c’est une règle qui correspond à la pratique mathématique chaque fois que dans un raisonnement mathématique, vous utilisez un résultat général, vous effectuez une coupure ; je donne un exemple simple : si on vous demande de calculer 4992, il est peu vraisemblable que vous effectuiez le calcul il est tellement mieux de faire 4992 = 5002 − 2 × 500 + 1 Pour cela, vous utilisez un résultat général ∀x (x − 1)2 = x2 − 2x + 1 que vous appliquer au cas particulier de 499 ; ce processus se traduit par une coupure : soit π la démonstration classique de l’identité susmentionnée, alors, on peut obtenir 499 = 500 − 2.500 + 1 ainsi π. 2 =5002 −2.500+1 (500−1)2 =5002 −2.500+1⇒(500−1) | 2 =5002 −2.500+1 g∀ ∀x (x−1)2 =x2 −2x+1⇒(500−1) | ⇒ | ∀x (x − 1)2 = x2 − 2x + 1 ⇒ | (500 − 1)2 = 5002 − 2.500 + 1 C
Les résultats sur le calcul LK sont les suivants : 1/ Un résultat attendu, LK est une bonne formulation de la logique, autrement dit A est démontrable dans le calcul des prédicats (encore : A est vrai dans tout modèle) si et seulement si ⇒ | A est démontrable dans LK. 2/ Le Hauptsatz : si un séquent est démontrable dans LK il est aussi démontrable sans coupures, autrement dit la règle de coupure est redondante. Le corollaire le plus connu du Hauptsatz, c’est la propriété de la eme et sous-formule. Gentzen appelle sous-formule de A, A lui-m^ 29 C, - si A est ¬B, les sous-formules de B, - si A est B&C, B ∨ C, B ⇒ C, les sous-formules de B et/ou de - si A est ∀xB[x], ∃xB[x], les sous-formules des B[t], où t est un terme. On voit qu’il y a toujours (dès que A contient un quantificateur), une infinité de sous-formules distinctes pour A. On a la propriété Dans une démonstration sans coupures de Γ ⇒ | ∆, tous les énoncés utilisés sont des sous-formules d’énoncés apparaissant dans Γ ou dans A. Ce résultat est une conséquence des deux remarques suivantes - dans les règles (II) et (III), tous les énoncés utilisés dans une quelconque prémisse de la règle, sont des sous-formules d’énoncés apparaissant dans la conclusion, - la notion de sous formule est transitive. Ce principe, qui est un authentique principe de pureté des méthodes pour le calcul des prédicats (à un détail près il y a des substitutions arbitraires de termes pour fabriquer les sous-formules, mais on se rappellera que l’on peut se ramener à des calculs sans lettres de fonctions, où les seuls termes sont donc des variables), nous a permis d’"éliminer les quantificateurs" dans ARP. Le théorème de Gentzen est élémentaire, c’est-à-dire que Gentzen donne un procédé effectif pour éliminer les coupures. (Il est à remarquer que ce procédé, quoique effectif, dépasse de loin, les capacités théoriques des ordinateurs!). En particulier, on peut se demander ce que donne une démonstration sans coupures du résultat donné plus haut (sur 4992 ) : c’est tout simplement effectuer le calcul on voit que les démonstrations sans coupures ont tendance à devenir longues et b^ etes, c’est la règle de coupure qui concentre l’intelligibilité des démonstrations, et c’est pourquoi elle correspond à la pratique ; les règles sans coupures, correspondent elles, à l’étude abstraite du raisonnement. Elles sont commodes à étudier, mais pas à manier. Un mot sur la sémantique des règles sans coupures : c’est une sémantique à trois valeurs (vrai, faux, indéterminé) ; les règles (I) (Il) (III) sont valides pour l’interprétation : si A1,..., An sont vrais, alors un des 30 énoncés B1,..., Bm n’est pas faux. Pour ce type d’interprétation, la règle de coupure n’est pas valide, puisque cela exigerait que A non faux implique A vrai, autrement dit la règle de coupure caractérise la sémantique binaire, où tout est vrai ou faux... La postérité de Gentzen est impressionnante en théorie de la démonstration les théorèmes d’élimination des coupures continuent à fournir une grande partie de l’inspiration et de la problématique du sujet...
12. Démonstrations de cohérence pour l’arithmétique
Gentzen a aussi donné des démonstrations de cohérence pour l’arithmétique ; ces démonstrations reposent sur un principe additionnel, qui est un principe d’induction (récurrence) transfinie. Considérons les polyn^ omes exponentiels, construits, à partir de 0, de la somme, et de l’exponentiation xP (x) ; on peut comparer deux tels polyn^ omes par P < Q ⇔ ∃n(∀m > n (P (m) > Q(m))). On obtient un ordre linéaire qui est un bon ordre (pas de suite infinie décroissante), et que l’on note ε0. Gentzen démontre la cohérence de AP (l’arithmétique de Peano) par induction transfinie jusqu’à ε0. L’idée de la démonstration est de répéter ce que nous avons fait pour ARP, c’est-à-dire de se ramener à la partie purement équationnelle de AP, qui est trivialement cohérente ; pour cela, il nous suffirait d’un principe de pureté des méthodes, c’est-à-dire d’une généralisation du Hauptsatz à l’arithmétique. Mais le Hauptsatz n’est vrai que pour des systèmes sans axiomes (ou des axiomes de complexité très simple comme ARP) ; l’idée est de se ramener à cette situation en faisant appara^ ıtre le principe d’induction comme quelque chose 4 de purement logique On écrit donc les règles 4
···Γ⇒ | A[n], ∆ · · · d∀ω Γ⇒ | ∀xA[x], ∆ Γ, A[n0 ] ⇒ | ∆ g∀ω Γ, ∀xA[x] ⇒ |
Ceci est à rapprocher de la manière dont Bourbaki écrit l’axiome du choix : par un tour de passe-passe, cet axiome devient une conséquence purement logique des autres ; l’avantage est que cela permet (?) de couper court à des discussions sur le choix des axiomes qui obligeraient à mettre ‘mathématique’ au pluriel... 31 et · · · Γ, A[n] ⇒ | ∆··· g∃ω Γ, ∃xA[x) ⇒ | ∆ Γ⇒ | A[n0 ], ∆ d∃ω Γ⇒ | ∃A[x
],
∆
à la place des
règles
logiques écrites plus haut pour ∀ et ∃ ; observer que d∀ω et g∃ω sont des règles infinies : les démonstrations sont donc des arbres bien fondés, et on a affaire à une généralisation de la notion habituelle de démonstration, qui n’a rien à voir avec la notion de démonstration formelle. (Schütte, à qui on doit cette formulation, parle de système "semi-formel"). Rappelez-vous la justification du principe d’induction comme on a pu vous l’apprendre il y a quelques années : si A[0] et ∀x(A[x] ⇒ A[Sx]), alors A[0] ⇒ A[S0], donc A[S0], puis A[S0] ⇒ A[SS0] ; donc A[SS0] etc..., autrement dit les séquents A[0], ∀x(A[x] ⇒ A[Sx]) |⇒ A[n] sont prouvables pour tout n, et par la règle (d∀ω), A[0], ∀x(A[x] ⇒ A[Sx]) ⇒ | ∀xA[x] est démontrable ce qui donne bien une démonstration purement logique du principe d’induction usuelle. Mais le calcul semi-formel mentionné plus haut vérifie l’élimination des coupures, et de plus, si on part d’une démonstration (finie) dans l’arithmétique, on obtient finalement une démonstration sans coupures du m^ eme séquent, et de hauteur bornée par ε0 ; en particulier, en prenant le séquent |⇒, on voit immédiatement qu’une démonstration sans coupures de ce séquent (qui se placerait dans la partie équationnelle de AP) ne saurait exister ; mais ici, on utilise un principe extérieur à AP l’induction transfinie jusqu’à ε0, c’est le tribut qu’il faut payer au deuxième théorème d’incomplétude. 13. Signification des démonstrations de cohérence
Un mathématicien français a dit : "Gentzen, c’est le type qui a démontré la cohérence de l’arithmétique, c’est-à-dire de l’induction transfinie jusqu’à ω, au moyen de l’induction transfinie jusqu’à ε0 ". Cette plaisanterie exprime très bien le malaise que l’on ressent devant le résultat de Gentzen : qu’est-ce que ces résultats veulent bien dire? 1/ A y regarder de plus près, le travail de Gentzen n’est pas si ridicule que cela ; en effet, l’arithmétique, c’est l’induction jusqu’à ω sur des énoncés arbitraires, alors que dans le travail de Gentzen, comme l’a fait remarquer Kreisel, l’induction jusqu’à ε0 n’est utilisée que sur des énoncés sans quantificateurs, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une induction élémentaire. 32 Avec cette remarque, le travail de Gentzen peut tout à fait e^tre accepté comme une généralisation légitime du programme de Hilbert, mais il n’en reste pas moins que la valeur épistémologique en reste limitée, si on se borne à la question des démonstrations de cohérence absolue ; après tout, l’induction jusqu’à ω sur des énoncés quelconques est plus près de notre intuition que l’induction (m^ eme élémentaire) jusqu’à ε0! 2/ Comme il n’est donc pas possible de considérer les résultats de Gentzen comme des démonstrations absolument irréfutables de la cohérence, Kreisel a proposé de leur trouver un contenu positif (indépendant de considérations oiseuses), c’est-à-dire des corollaires mathématiques indiscutables. Par exemple des propriétés de pureté des méthodes généralisées, telles : Si A est démontrable dans AP, il est démontrable en utilisant l’induction transfinie jusqu’à un ordinal < ε0 et sur un énoncé de complexité moindre que A : ce résultat est une application directe du résultat d’élimination des coupures pour la ω-logique. 3/ Peut-on quand m^ eme essayer de faire plus que de trouver de simples "contenus positifs" aux résultats de Gentzen? Il semble que oui : si α est un ordinal, on peut définir5 l’exponentielle 2α, par : 20 = 1 2α+1 = 2α + 2α 2λ = supμ<λ 2μ (λ limite ) La "philosophie" du travail de Oentzen, c’est que un quantificateur = une exponentielle autrement dit on peut éliminer des quantificateurs au moyen d’exponentielles ordinales, ou le contraire. D’ailleurs, ε0 n’est rien d’autre que le premier α 6= ω tel que α = 2α, c’est-à-dire le résultat de ω exponentiations... Tout cela peut ^ etre rendu plus explicite par le résultat suivant : les deux principes suivants sont équivalents dans les mathématiques élémentaires (1) le fait que tout sous-ensemble de N2 a une projection sur N. (2) le fait que si α est un bon ordre, 2α est un bon ordre. L’intér^ et de cette équivalence est que, dans (1), l’opération de projection n’est pas élémentaire ; étant donné X ⊂ N2, comment déterminer les éléments de pr1 (X) et de son complémentaire sans utiliser d’opérations infinies? 5 Ne pas confondre cette exponentielle ordinale avec l’exponentiation cardinale qui elle, est reliée à la notation AB pour désigner l’ensemble des applications de B dans A. 33 Par contre, si on conna^ ıt α, on conna^ ıt ipso facto 2α : ce qui fait problème, c’est alors le fait que l’exponentielle préserve le c^ oté bien ordonné des ordres linéaires. On a donc une mise en relation entre deux approches : d’une part une approche "réaliste" où il y a des objets, et surtout des constructions infinies, et qui correspond à notre pratique mathématique, d’autre part, une approche "élémentaire", où seules un certain type de construction est autorisé ; certaines propriétés non-élémentaires des constructions (ici ^ etre bien ordonné) permettent de rendre compte des opérations non élémentaires de l’univers "réaliste". Tout cela nous engage fortement à chercher une autre ontologie pour les mathématiques, c’est-à-dire à chercher les "vrais" objets de la pratique mathématique ailleurs que dans notre intuition première. L’erreur de Hilbert semble ^ etre d’avoir voulu faire des énoncés, des propriétés élémentaires quelque chose de mécanique, alors qu’il appara^ ıt clairement que de nouveaux principes élémentaires (comme l’induction jusqu’à ε0 sur des équations) sont sans arr^ et nécessités pour rendre compte de la complexité logique croissante des mathématiques. Oui, l’univers mathématique se ramène certainement à un sous-univers élémentaire ; mais ce dernier n’est pas plus simple que l’univers tout entier.
34 Indécidabilité de l’hypothèse du continu Alain Louveau 1. L’hypothèse du continu
Dans ce troisième volet sur l’indécidabilité en mathématiques, je vais parler de l’indécidabilité en théorie des ensembles. Le théorème d’incomplétude de Gödel, é à cette théorie, nous assure l’existence d’énoncés ni prouvables ni réfutables dans cette théorie. Le second théorème donne un exemple de tel énoncé celui qui affirme la cohérence de la théorie elle-m^ eme. Ces résultats sont certainement très importants du point de vue théorique, mais d’un effet très faible sur la pratique mathématique. Tant que dans sa propre pratique, un mathématicien n’a pas rencontré un énoncé qu’il cherchait à démontrer et qui s’avère indécidabie, les résultats d’indécidabilité restent sans effets. Mais les dernières vingt années ont vu fleurir, dans diverses branches des mathématiques, des résultats d’indépendance. Et c’est de l’histoire de l’un d’entre eux - le plus célèbre - que je vais parler : l’hypothèse du continu. A la fin du 19e siècle, le mathématicien Georg Cantor fonde la théorie des ensembles par ses travaux sur la notion de cardinalité : deux ensembles ont la m^ eme cardinalité si leurs éléments peuvent ^ etre mis en correspondance biunivoque; C’est la notion naturelle de taille pour les ensembles finis. L’extension aux ensembles infinis a des propriétés un peu plus étranges par exemple l’ensemble des entiers, celui des entiers pairs et l’ensemble Q des rationnels ont la m^ eme cardinalité (la plus petite pour les ensembles infinis, et qui est notée א0 ). Un résultat fondamental de Cantor assure qu’un ensemble A n’a jamais la m^ eme cardinalité que l’ensemble P(A) de toutes ses parties. En itérant l’opération des parties, on construit donc des ensembles de cardinalités de plus en plus grandes. Ainsi la cardinalité de P(N), notée 2א0, et qui est la m^ eme que celle de l’ensemble R des nombres réels, est plus grande que א0, etc... Il est naturel de se demander s’il y a des cardinalités intermédiaires, en particulier s ’il existe une partie de R n’ayant ni la cardinalité א0 de N, ni celle de R. Cantor ne put construire de tel ensemble, et conjectura que cela devait ^ etre impossible. C’est cet énoncé "Il n’y a pas de partie de R de cardinalité intermédiaire entreא0 et 2א0, qui est connu sous le nom d’hypothèse du continu (la droite 35 réelle, dans les textes anciens, est aussi appelée continu). Ce problème donna lieu à un grand nombre de recherches, avant 1938, année où K. Gödel apporta une demi-réponse : il n’est pas possible de réfuter l’hypothèse du continu dans la théorie ZFC6. Le résultat est un résultat de cohérence relative : s’il est possible de trouver une contradiction à partir de la théorie des ensembles augmentée de l’hypothèse du continu, alors la théorie des ensembles, à elle seule, est déjà contradictoire. L’hypothèse du continu peut donc ^ etre considérée comme un axiome supplémentaire "s^ ur". Mais est-ce vraiment un axiome supplémentaire (et non pas un théorème)? La réponse attendit vingt-cinq ans. En 1963, P. Cohen prouva que pas plus qu’elle n’est réfutable, l’hypothèse du continu n’est démontrable nous sommes bien en présence d’un énoncé indécidable. Les démonstrations de Gödel et Cohen sont nécessairement techniques. Je vais cependant essayer d’en donner les idées principales, en commençant par dégager le principe des démonstrations d’indépendance : la construction de modèles. 2. Syntaxe et sémantique
Pour illustrer ce qui va suivre, prenons une théorie plus simple, par exemple la théorie des corps. Le langage de cette théorie comprend des symboles pour +, ×, 0 et 1. Et les axiomes sont ceux des corps. Considérons l’énoncé E de ce langage "1 + 1 = 0". Cet énoncé est-il démontrable ou réfutable à partir des axiomes de la théorie des corps? Il s’agit d’un problème combinatoire portant sur des assemblages de symboles. Pourtant une première réponse, de nature très différente, vient à l’esprit. Si "1+1 = 0" était démontrable à partir des axiomes, il serait s^ urement vrai dans le corps R, ce qui n’est pas le cas. E ne doit donc pas ^ etre démontrable. En disant cela, on est passé de l’aspect syntaxique à l’aspect sémantique des théories formelles. Etant donnée une théorie T dans un certain langage, on appelle modèle de T un ensemble, muni des relations et fonctions idoines, spécifiées par le langage, et qui satisfait les axiomes de la théorie T. Par exemple un modèle de la théorie des corps est un corps. Une fois que l’on possède cette notion sémantique, on introduit naturellement, 6 ZFC est la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel avec axiome du choix c’est la théorie axiomatique usuelle de la pratique mathématique. 36 à c^ oté de la notion de conséquence syntaxique (existence d’une démonstration), une notion de conséquence sémantique un énoncé du langage est conséquence sémantique des axiomes de T s’il est satisfait par tous les modèles de T. Le fait que ces deux notions de conséquence coı̈ncident est un autre remarquable résultat de K. Gödel, appelé le théorème de complétude. Il a comme conséquence qu’une théorie formelle est cohérente si et seulement si elle admet un modèle. Par suite, pour revenir à notre énoncé E du langage de la théorie des corps, il suffit, pour prouver l’indécidabilité de E, de produire deux corps l’un, comme R, dans lequel la négation de E est satisfaite, et l’autre, par exemple Z/2 dans lequel l’énoncé E est satisfait. La technique utilisée pour l’indépendance de l’hypothèse du continu va ^ etre la m^ eme : produire deux modèles de ZFC, l’un satisfaisant l’hypothèse du continu, l’autre sa négation. Avec une difficulté, nous n’allons pas construire ces modèles à partir de rien, car ce n’est pas possible en effet, ces modèles seraient en particulier modèles de la théorie des ensembles, et par le théorème de complétude la construction fournirait alors une preuve de la cohérence de cette théorie, ce qui n’est pas possible par des arguments formalisables dans la théorie des ensembles (ce sont les seuls que nous allons employer), par le théorème d’incomplétude. Ce n’est pas non plus ce que nous cherchons nous voulons établir une cohérence relative à celle de la théorie des ensembles. Nous allons donc partir d’un modèle arbitraire de la théorie des ensembles, suppos exister, et construire à partir de lui les deux modèles cherchés. Bien entendu, ces constructions dépendent d’une certaine connaissance générale des modèles de la théorie des ensembles. 3. A quoi ressemble un univers?
La théorie des ensembles va intervenir à deux niveaux dans ce qui suit d’une part les constructions effectuées vont ^ etre (au moins théoriquement) formalisables dans cette théorie. D’autre part, les objets construits seront (on l’espère) des modèles de la théorie des ensembles. Il faut donc bien séparer ces deux niveaux, en particulier en ce qui concerne la terminologie. Dans le premier cas, nous parlerons d’ensembles intuitifs. Par exemple, un modèle de la théorie des ensembles, que nous appellerons un univers, est un ensemble intuitif, comme tout modèle d’une théorie. Et le langage de la théorie des ensembles spécifiant une relation 37 binaire, l’univers U est muni d’une telle relation, que nous noterons ∈U peut donc ^ etre représenté comme un graphe du type suivant, où représente la relation ∈U. Nous appellerons ensembles les éléments (intuitifs) de U. Pour illustrer la distinction entre ensembles et ensembles intuitifs, considérons le fragment suivant de l’univers U a c b Dans ce dessin, l’élément c de U est l’ensemble {a, b}U. Il a exactement pour éléments, au sens de U, les ensembles a et b. Par contre la "patate" dessinée est la paire intuitive {a, b}. Il y a là un phénomène général à chaque élément x de U, on peut associer un ensemble intuitif {y : y ∈ x}. Cette application est m^ eme injective, par l’axiome d’extentionalité que U doit satisfaire. Mais on n’a pas de surjectivité. A un ensemble intuitif de points de U ne correspond pas nécessairement un point de U qui soit relié par ∈U très exactement aux points de cet ensemble intuitif. Un univers U est caractérisé par deux choses d’une part ses ordinaux, qui donnent sa hauteur, d’autre part l’opération P de prise des parties, qui fournit l’épaisseur de U. 38 Un ordinal est un ensemble a tel que si x ∈ y ∈ a, alors x ∈ a, et si x ∈ a et y ∈ a, alors ou bien x ∈ y, ou bien x = y, ou bien y ∈ x. La relation ∈ est donc un ordre total sur a, qui est un bon-ordre, c’est-à-dire est tel que tout sous-ensemble non vide a un plus petit élément pour l’ordre. On obtient, à partir de l’ensemble vide (qui est un ordinal) tous les ordinaux par les opérations suivantes : Si a est un ordinal, a∪{a} est un ordinal, appelé le successeur de a, S Si X est un ensemble d’ordinaux, a = x∈X x est un ordinal. Par exemple, les premiers ordinaux sont ∅ (noté aussi 0), puis son successeur {∅}, noté aussi 1, puis {∅, {∅}} = 2, etc... Le premier ordinal autre que ∅ qui n’est pas successeur, et qui existe par l’axiome de l’infini, est l’ensemble, noté ω, des entiers ω = {0, 1, 2,...}. Ces notions ont un sens dans U (qui est modèle de la théorie des ensembles). les premiers ordinaux au sens de U U 3 U 2 U 0 1U A chaque entier correspond un entier nU. Que dire de l’ensemble intuitif {0U, 1U, 2U,...}? On s’attendrait qu’il corresponde à l’ordinal ω U. Pourtant il n’en est rien en général cet ensemble intuitif peut très bien ne correspondre à rien dans U, et l’ensemble ω U ^ etre relié à d’autres objets de U (qu’on appelle alors entiers non standards de U). Une fois que les ordinaux de U sont connus, on définit pour chaque ordinal α de U un élément Uα de U par les clauses U0 = ∅U S Uα = [P( β∈α Uβ )]U i.e. on obtient Uα en prenant,au sens de U, la réunion des Uβ déjà construits, puis l’ensemble des parties de cette réunion. Qu’une telle définition 39 par récurrence soit possible est une propriété fondamentale des ordinaux. Et on peut montrer qu’on obtient ainsi tout l’univers U, au sens suivant : un élément de U appara^ ıt comme élément (au sens de U) de l’un des Uα. 4. La construction de Gödel
Reprenons l’exemple de la théorie des corps et du modèle R. Comment, à partir de ce modèle, en construire un autre? A priori, nous devons choisir une addition et une multiplication. Mais si on veut travailler à l’économie, on peut essayer de garder ces opérations, et ne changer que l’ensemble de base. Et notre souci d’économie nous amène à construire le corps Q. (En effet un sous-corps de R doit contenir 0 et 1 donc les entiers, donc les entiers relatifs et leurs inverses, donc tous les rationnels.) Essayons la m^ eme idée avec notre univers U. Nous n’allons pas changer la relation d’appartenance ∈U (et donc mettre dans U’, avec un élément x, tous ses éléments au sens de ∈U ). Les ordinaux de U étant définis de façon très intrinsèque à partir de ∈U, décidons aussi de conserver les ordinaux. Par contre, nous allons essayer de jouer sur l’opération P pour diminuer au maximum l’"épaisseur" de l’univers. Le problème est donc soit x un élément de U que nous avons décidé de conserver dans U’. Quelles parties de x (au sens de U) devons-nous également conserver? La réponse est fournie par les axiomes de compréhension : nous devons mettre dans U’ toutes les sous-parties de x qui sont définies par des formules (avec paramètres mis dans U’). Ceci donne l’idée d’imiter la construction inductive des Uα - qui fournit U - mais en définissant maintenant des Lα avec Lα+1 = {y ⊂U Lα | y = {z ∈U Lα & φ(z, a1,..., an )}U, pour une formule φ et des paramètre s a1,..., an ∈U Lα }. La définition qui précède est incorrecte : l’ensemble défini est intuitif, et doit ^ etre remplacé par un élément de U, ce qui est possible mais délicat, une définition précise des Lα peut ^ etre trouvée dans le livre de J.L. Krivine [10]. Mais l’idée de la construction de Gödel est bien celle que nous venons d’indiquer. Et il se trouve que l’ensemble intuitif, noté généralement LU, obtenu en conservant tous les éléments des Lα est bien 40 un univers de la théorie des ensembles, appelé univers des ensembles constructibles de U. De plus, par sa construction, LU est le plus petit possible parmi les univers ayant m^ eme relation d’appartenance et m^ emes ordinaux. Et la U construction des constructibles, refaite dans L, fournit de nouveau LU. La construction de Gödel permet donc de démontrer la cohérence relative d’un énoncé de la Théorie des Ensembles, l’énoncé V = L. Et par la m^ eme occasion, de toutes les conséquences de cet énoncé. Mais on peut prouver que parmi les conséquences de V = L figure l’hypothèse du continu m^ eme généralisée en "il n’y a pas de cardinalité intermédiaire entre celle d’un ensemble A et celle de P(A)", ainsi qu’un autre énoncé mathématique très discuté en son temps, l’axiome du choix. 5. La construction de Cohen
Pour construire un modèle de la négation de l’hypothèse du continu, il faut déjà savoir construire un modèle de V 6= L, et par ce qui précède, une diminution de l’univers est inefficace. La méthode de Cohen consiste à l’augmenter, mais là encore, à l’économie partant d’un univers U (que nous pouvons supposer satisfaire V = L), nous allons adjoindre un objet extérieur x, pour fabriquer un nouvel univers U’, mais de façon que la ′ relation ∈U, restreinte aux éléments de U, soit la relation ∈U de U (un peu de la m^ eme façon que l’on passe de R à C). Décidons par exemple de rajouter une nouvelle partie de x de ω U. Nous allons certainement devoir mettre dans U’ d’autres objets, par exemple P(x). Comment s’assurer que la plus petite collection U’ ainsi obtenue est un modèle de la théorie des ensembles? L’idée de Cohen est de choisir x de façon à perturber U le moins possible on va essayer de donner à x un minimum de propriétés "particulières" si une propriété des parties de ω U est vraie dans U de "presque toutes" les parties de ω U, alors elle sera vraie dans U’ de x. La mise en forme mathématique de cette idée est délicate, mais fournit un modèle U’ dans lequel x n’est pas constructible : on prouve ainsi la cohérence relative de V 6= L. La construction de Cohen a l’avantage de pouvoir ^ etre appliquée pour fournir un grand nombre de modèles différents. Par exemple, en ajoutant beaucoup de nouvelles parties de ω U à U, on peut obtenir un modèle U’ dans lequel P(ω U )U a une cardinalité intermédiaire ′ entre celle de ω U et celle de P(ω U )U, c’est-à- dire un modèle dans lequel 41 la négation de l’hypothèse du continu est satisfaite. L’étude des modèles qui sont produits par la méthode de Cohen a permis, durant ces vingt dernières années, de montrer qu’un grand nombre d’énoncés mathématiques sont indécidables, touchant (de manière très inégale) de nombreuses branches des mathématiques. 6. Et
l’hypothèse du continu? La réponse apportée par Gödel et Cohen au problème de Cantor est
définitive
. Mais elle n’est pas nécessairement con
vain
cante. Gödel lui-m^ eme n’en était pas du tout satisfait cette réponse indique en effet plut^ ot les limites de la formalisation, et une réponse par vrai ou faux est envisageable, à condition d’augmenter les axiomes de la théorie des ensembles. On pourrait bien s^ ur ajouter comme axiome l’hypothèse du continu elle-m^ eme, ou sa négation. Mais que choisir? Une autre possibilité serait de prendre comme nouvel axiome l’énoncé de Gödel V = L. C’est un énoncé qui a de nombreuses conséquences intéressantes, mais il a le défaut de "diminuer" l’univers d’etude, ce qui, ne serait-ce que d’un point de vue méthodologique, n’est pas du tout satisfaisant. On peut imaginer que l’on propose un jour un nouvel axiome, à la fois naturel et intuitivement vrai, qui résolve l’hypothèse du continu, et que la pratique mathématique d’alors en fasse l’une des "ré alités mathématiques" indiscutées. En attendant, on se trouve place devant une pluralité de choix (et ce, pas seulement pour l’hypothèse du continu), avec laquelle nous devons bien vivre. Sur la calculabilité effective, exemples Nicolas Bouleau I. Systèmes formels
Le système formel le plus simple est le "système des allumettes". il est constitué d’un seul signe I et ses assemblages sont des groupes finis de ce signe répété I, II, III, IIII, IIIII,... L’arithmétique des entiers naturels décrit des lois de ce système formel, elle-m^ eme formalisée suivant un système formel : l’arithmétique de Peano. C’est une théorie du 1er ordre (cf. 1er exposé). Langage du 1er ordre a) constante 0 b) fonction unaire S (successeur), fonctions binaires + et. c) prédicat binaire < Axiomes.
P
1.
Sx
6
=
0
P2. Sx = Sy ⇒ x = y P3. x + 0 = x P4. x + Sy = S(x + y) P5. x.0 = 0 P6. x.Sy = (x.y) + x P7. ¬(x < 0) P8. x < Sy ⇔ x < y ∨ x =
y
et le
schéma
d’a
xiomes
suivant
P
9
.
Si
A
(
x
) est une formule admettant x pour variable libre A(0) & ∀y(A(y)
⇒
A(S(y)) ⇒ ∀xA(x) Est-ce que les théorèmes de cette théorie sont vrais? Si l’on regarde ce que signifie tel théorème pour notre système des allumettes et si on effectue sur ces dernières les opérations indiquées on constate que ça marche. Par ses conséquences dans toutes les mathématiques, dans la physique et en informatique on peut dire que cette théorie est de loin celle qui a été le plus sévèrement testée. Une fois convaincu de cela il reste cependant deux questions importantes 10 ) A-t-on en recueillant tous les théorèmes de cette théorie, toutes les propriétés vraies des allumettes qui peuvent s’exprimer dans le langage 43 utilisé? 20 ) Existe-t-il un moyen mécanique de savoir si une propriété des allumettes exprimée en ce langage est conséquence des axiomes ou non? Je vais tenter de faire comprendre intuitivement comment dans les années trente, les logiciens (Turing, Gödel, Church, Kleene, etc.) ont pu répondre à ces questions. Prenons un système formel tel que celui de Peano ou celui de Zermelo-Fraenkel. Bien que nous ayons plusieurs règles de déduction à notre disposition, il est possible pour écrire nos théorèmes, de procéder de façon systématique. En effet, on peut numéroter les symboles de notre langage puis numéroter les termes et les formules et enfin puisque les démonstrations sont des suites finies de formules, chacune reliée aux précédentes par un nombre fini de règles, on peut numéroter les démonstrations7. Alors si nous prenons les démonstrations par ordre de numéros croissants, nous passons ainsi en revue tous les théorèmes de notre système. La chose importante à comprendre est que si nous procédons de cette manière systématique, les théorèmes que nous obtenons successivement sont des énoncés de longueur très variable. Nous n’obtenons pas les théorèmes par ordre de numéros croissants, il se peut en effet qu’une démonstration très longue mène à un théorème assez court pour lequel il n’y ait pas de démonstration plus courte. De telle sorte que si, à l’inverse, nous nous donnons un énoncé a priori et si nous cherchons à savoir si c’est un théorème de notre théorie, il n’y a pas de borne supérieure à la longueur des démonstrations à investiguer pour savoir si notre énoncé est déductible ou non de nos axiomes. Les logiciens ont alors démontré les résultats suivants Si le système formel est suffisamment riche (grosso-modo s’il est au moins aussi riche que l’arithmétique de Peano), et s’il n’est pas contradictoire (c’est-à-dire s’il existe des énoncés qui ne sont pas conséquences des axiomes) alors 1) Il n’existe aucun algorithme (c’est-à-dire de méthode programmable sur un ordinateur m^ eme de mémoire de capacité infinie) permettant de dire en un temps fini si un énoncé est un théorème ou non. 7 Voir les exposés de J.-Y. Girard. 44 2) Il existe m^ eme des énoncés tels que ni eux ni leur négation ne sont des théorèmes. La première propriété s’exprime en logique par le fait que l’ensemble des théorèmes est un ensemble recursivement énumérable non récursif, ou encore en disant que pour un énoncé, le fait d’^ etre un théorème est une propriété semi-définie positive. Pour faire comprendre cela intuitivement prenons une analogie et considérons un ouvrier chargé d’examiner un lot infini de pommes passant devant lui sur un tapis roulant. Si d’aventure il rencontre une pomme véreuse alors il est s^ ur qu’il y a des pommes véreuses dans le lot, mais si nous imaginons que l’ouvrier ne rencontre jamais de pommes véreuses alors l’ouvrier ne saura jamais s’il y a des pommes véreuses ou non dans le lot. C’est moins trivial qu’il n’y para^ ıt si l’on pose maintenant √ la question existe-t-il un groupe de 10 zéros à la suite dans les décimales de 2? Si l’on découvre une telle suite, la réponse est positive, si on n’en trouve pas on ne sait pas répondre à la question. A moins que l’on ne dispose par bonheur d’une theorie √ dont un des théorèmes dit justement "Il existe dans les décimales de 2 un groupe de 10 zéros à la suite". On ne conna^ ıt pas actuellement de tel théorème et on est donc obligé de passer en revue les théorèmes et si l’on ne trouve jamais de tel théorème on est dans la m^ eme situation qu’avant. Ce type de réflexion se rattache historiquement à l’intuitionisme que je ne puis aborder maintenant. La deuxième propriété s’énonce en disant que le système est incomplet. Historiquement le premier énoncé d’arithmétique ni prouvable ni réfutable fut découvert par Rosser améliorant un travail préalable de Gödel. A noter que quoique formellement indécidable cet énoncé est intuitivement vrai. Il en est de m^ eme pour la traduction dans le langage de l’arithmétique de l’assertion "L’arithmétique est non contradictoire". Cet énoncé n’étant pas réfutable on peut évidemment l’ajouter comme nouvel axiome sans risque nouveau de contradiction. Cependant la nouvelle théorie obtenue aura les m^ emes tares d’indécidabilité et d’incomplétude que l’ancienne.
II. Fonctions récursives
On peut démontrer dans ZF le théorème suivant 45 Théorème. Pour presque tout réel θ > 1 pour la mesure de Lebesgue, la suite an = reste de θn modulo 1, est équirépartie sur [0, 1], C’est-à-dire si [a, b] ⊂ [0, 1] nombre des an ∈ [a, b] pour n ≤ N = b − a. N ↑∞ N lim Ce qui est chagrinant par ailleurs c’est qu’on ne sait citer concrètement aucun nombre θ > 1 qui vérifie la propriété. On a un théorème d’existence mais ce théorème ne permet pas de construire effectivement un objet dont on affirme l’existence. Un nombre θ réel en base 2 est une application de N dans {0, 1}, quand pourra-t-on dire qu’une application de N dans lui-m^ eme est effectivement calculable? Une réponse à cette question est donnée par la théorie des fonctions récursives. Comme la notion de fonction "effectivement calculable" est intuitive et un peu floue, les mathématiciens lui préfèrent une notion plus précise (a priori plus restreinte) de fonction recursive. Les fonctions récursives d’entiers à valeurs entières sont définies de la façon suivante 1) les projections de Nn dans N sont récursives. (a1,..., ai,..., an ) 7→ ai 2) les fonctions de 2 variables.+..×.
| 39,897
|
49/hal.archives-ouvertes.fr-hal-00696720-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 11,031
| 18,773
|
Tamquam (si), à la différence de quasi (cf. o quasi dès Plaute) n'introduit pas encore de proposition subordonnée complétive en latin ancien. On admet couramment que cet emploi, plus purement fonctionnel et grammatical, est une particularité du latin postclassique. Dans cette étude, il s'agira de retracer jusqu'en latin préclassique l'origine de cet emploi et de montrer comment, par le biais de contextes ambigus et d'influences croisées entre tours nominaux (tamquam + syntagme nominal) et tours verbaux (tamquam (si) + verbe fini), ont pu se développer certains effets de sens et certaines particularités de construction qui ont progressivement rendu possible l'emploi de tamquam (si) comme introducteur d'une proposition complétive. Dans cette « transfonctionnalisation », un rôle important est joué par la polyphonie de l'énoncé, susceptible de reproduire le point de vue du locuteur et / ou du sujet modal de l'énoncé, et impliquant une incidence syntaxique variable de la proposition en tamquam (si). Pour appréhender les différentes étapes de grammaticalisation qui sont l'oeuvre dans ce cas, il sera utile d'étudier les points suivants : l'emploi des temps dans la subordonnée, la présence ou non de la notion de (fausse) hypothèse ou de feinte, l'ellipse, l'ordre de succession des deux propositions, la valence du noyau prédicatif de la propositionhôte, la forme d'un ana- ou cataphorique référant éventuellement à la proposition en tamquam (si), la possibilité d'employer dans cette dernière un réfléchi indirect. 1. INTRODUCTION
La vulgate grammaticale (Kühner-Stegmann 19142, II, 2 : 448-457, 790 ; Ernout-Thomas 19532 : 355, 389-391, 282 ; Hofmann-Szantyr 1972 : 596-597) reconnaît à tamquam une polysémie largement solidaire de la variété des contextes linguistiques dans lequels il a fait progressivement son apparition. Nous limiterons ici notre étude à la structure tamquam (si) + verbe fini. Nous verrons dans quelle mesure les propriétés sémantiques du prédicat de la principale (p1) et les caractéristiques morphosyntaxiques de la subordonnée (p2) ont pu favoriser, dans un contexte particulier, un changement d'interprétation de tamquam donnant lieu à une transfonctionnalisation, révélant différentes phases de grammaticalisation. Nous structurerons notre analyse en quelque sorte à rebours : à partir de la liste d'exemples établie par Ch. E. Bennett (1900) où tamquam introduit à l'époque impériale une proposition complétive, nous distinguerons différentes sous-classes de complétives dont nous dégagerons les principales caractéristiques sémantico-logiques et morpho-syntaxiques ; dans un second temps, nous tâcherons de retrouver, en amont, l'apparition progressive de ces mêmes propriétés dans un cadre structural encore 2 autre : celui où tamquam introduit une subordonnée circonstancielle au sein d'un système d'origine corrélative. 2. CARACTÉRISTIQUES DES PROPOSITIONS EN TAMQVAM IDENTIFIÉES PAR CH. E. BENNETT COMME COMPLÉTIVES 2.1. EMPLOI DES TEMPS
Les 68 exemples de complétives en tamquam répertoriés par Ch. E. Bennett (1900 : 407-411) en latin postclassique de Tite-Live à Apulée1 présentent certaines caractéristiques qui méritent tout particulièrement d'être relevées. Sur 78 verbes subordonnés au subjonctif, seulement deux2 semblent se soustraire à la règle de la concordance des temps : (1) Plin. epist. 7,28,1 : Ais quosdam apud te reprehendisse, tamquam amicos meos ex omni occasione ultra modum laudem. « Tu me dis que tu m'as entendu blâmer par certains de louer en toute occasion mes amis outre mesure. » (2) Tac. ann. 11,14,1 : inde Phoenicas, quia mari praepollebant, intulisse Graeciae gloriamque adeptos, tamquam reppererint quae acceperant. « de là, les Phéniciens, parce qu'ils étaient très puissants sur mer, auraient introduit <l'écriture> en Grèce et auraient acquis la gloire d'avoir inventé ce qu'ils avaient reçu. » En (1), le présent du subjonctif laudem peut s'expliquer par le caractère itératif de l'éloge ; en (2), le subjonctif du parfait peut prendre la valeur d'un temps « moins passé, moins reculé », par rapport au plus-que-parfait, acceperant, qui désigne une action encore antérieure. La distribution des temps du subjonctif répond donc le plus souvent, comme il est d'usage dans les complétives ou les circonstancielles finales, à une perception relative prenant comme point de repère non pas la deixis actuelle du locuteur mais un repère temporel second qui est celui du sujet modal de p1.
2.2. ORDRE DES PROPOSITIONS
Pour ce qui est de l'ordre des ants, signalons que, dans aucun des cas, la proposition en tamquam ne précède la proposition principale. Dans 66 exemples sur 68, tamquam p vient en seconde position, dans 2 exemples (Tac. ann. 16,5,33 ;16,9,14), elle est imbriquée dans p1. Par opposition au détachement initial, la postposition ou position médiane de p subordonnée est normalement l'indice d'une plus forte dépendance grammaticale. 1 L'emploi est supposé commencer avec Sénèque le rhéteur. Aussi les exemples retenus et commentés ici sont-ils tirés de Sen. (rhet.), Sen. (phil.), Plin. (mai.), Quint., Tac., Plin. (iun.), Iuu., Suet., Gell., Ps. Quint. Nous ne nous arrêterons pas à Nep. Hann. 2,2 (Bennett 1900 : 411), dont le texte avec la conjecture tamquam corruptus sentiret est trop incertain pour qu'on puisse en tirer parti. 2 Si l'on fait abstraction des trois subjonctifs imparfaits (augeret, uerteret, supergrederetur) qui, dans Tac. ann. 14,52,1, se rattachent, dans un contexte au passé, à une p1 au présent historique (adoriuntur). 3 Ferebantque Vespasianum, tamquam somno coniueret, a Phoebo liberto increpitum 4 Silanus, tamquam Naxum deueheretur, Ostiam amotus, post municipio Apuliae, cui nomen Barium est, clauditur.
3 2.3. PROCÉDÉS DE CATAPHORISATION 2.3.1. Verbe + cataphorique
Un autre indice de grammaticalisation avancée du procédé de subordination en tamquam peut être la forme revêtue par le déictique textuel intraphrastique, annonçant ou reprenant la subordonnée. 20 des 68 exemples inventoriés par Bennett comportent un cataphorique, 10 sous forme pronominale ou adverbiale (6 sic, 1 ita, 1 eo, 1 illuc, 1 ad illud, quod), 10 sous forme d'un syntagme nominal, avec ou sans préposition, comportant un is, hic, ille adjectival. Ce qui frappe dans la première catégorie, c'est l'absence des pronoms id, hoc, illud, au nominatif ou à l'accusatif5, couramment affectés à l'annonce du contenu propositionnel d'une subordonnée de statut actanciel. Or sic ou ita, qui sont majoritaires, peuvent, comme M. Lavency (2004) l'a judicieusement montré pour l'A.c.I., alterner avec un pronom neutre à côté de verbes comme persuadere, intellegere, existimare, etc., sans que l'infinitive perde son statut de « complétive » (ibid. 84), situation qui s'explique, d'après lui, par le fait qu'« une fonction syntaxique n'est pas liée à la seule classe morpho-syntaxique qui en est le prototype » (ibid. 88). côté de ces constructions libres offrant une possibilité d'alternance entre pronom et adverbe, il existe des expressions lexicalement quasi figées comme sic locutus, sic incipit. Cet usage semble s'observer dans les exemples avec sic accipi uolo (Tac. dial. 10,36 ; Plin. epist. 2,5,9) ou sic / ita interpretari (Plin. epist. 5,5,9 ; Sen. benef. 1,14,1), le facteur déterminant étant le sémantisme du verbe recteur (« prendre, entendre, interpréter dans tel ou tel sens ») : il impose le choix de l'adverbe mais réduit en même temps l'opposition tranchée entre modalité et contenu ou entre circonstant et actant, du fait qu'une subordonnée encore susceptible d'une interprétation circonstancielle peut commuter avec une proposition infinitive7 de statut forcément complétif8. Avec d'autres verbes comme timere, aestimare, qui admettent couramment l'alternance id /sic, on peut se demander si le choix de l'adverbe ne s'explique pas par une focalisation plus forte de la modalité ou circonstance qualifiante de la réalisation du procès que de son contenu, ce qui ferait pencher la balance plutôt du côté du circonstant que de l'actant 9 : (3) Sen. contr. 6,5 init. : Nemo iudicum tuorum non sic timuit, tamquam tu de illis iudicaturus esses. « Il n'y a aucun de tes juges qui n'ait eu des appréhensions, comme si c'était toi qui dusses les juger. » (d'après H. Bornecque) /?« qui n'ait redouté que ce ne fût toi qui » 5 Tac. hist. 2,63 présente bien id dans p1, mais id y est anaphorique transphrastique, et n'entretient aucun rapport avec la subordonnée en tamquam qui suit. 6 Cité en (18). 7 Cf. Cic. Verr. 5,5 : Sic accepimus nullum in Sicilia fugitiuorum bellum fuisse, où M. Lavency (2004 : 84) exclut, en raison du contexte, pour sic toute interprétation autre que cataphorique ; sic accepimus y équivaut donc à « nous avons appris (ceci, à savoir) que ». 8 Sur la nature forcément complétive de l'A.c.I., voir C. Bodelot (2005). 9 À ce titre, on peut d'ailleurs se demander si dans certains cas (cf. p. ex. Ps. Quint. decl. 2,18, cité en (4)) il ne serait pas possible d'insérer à côté de sic encore un id qui ne servirait pas simplement à le renforcer mais qui se situerait à un autre niveau hiérarchique dans la phrase : Non est quod sic id aestimetis, où id anaphorique serait le COD de aestimare, sic cataphorique un complément de manière (Bodelot 2005). 4 (4) Ps. Quint. decl. 2,18 : nam quod dormiens occisus est, non est
,
quo
d sic aestimetis, tamquam per illam quietem transierit in mortem ; sit aliquid necesse est inter soporem mortemque medium, « car quant au fait qu'il ait été tué alors qu'il dormait, il n'y a pas de raison que vous évaluiez la situation comme si au travers de ce sommeil il était passé directement à la mort : il y a nécessairement un état intermédiaire entre le sommeil profond et la mort, » /?« il n'y a pas de raison que vous pensiez que » 2.3.2. Nom + cataphorique
Quoi qu'il en soit, cette opposition entre manière qualifiante de déroulement du procès et contenu se neutralise quand le cataphorique est constitué d'un SN ; celui-ci intègre régulièrement le déictique adjectival is, hic, ille, jamais le qualificatif talis10 : (5) Sen. nat. 2,32,2 : nam, cum omnia ad deum referant, in ea opinione sunt tamquam non, quia facta sunt, significent, sed quia significatura sunt, fiant.11 « Rapportant toutes choses à la divinité, ils sont convaincus, non pas que les coups de foudre donnent des signes parce qu'ils se sont produits, mais qu'ils se produisent parce qu'ils ont quelque chose à signifier. » (trad. P. Oltramare) (6) Plin. paneg. 59,1 : Nam saepius recusare ambiguam ac potius illam interpretationem habet, tamquam minorem putes. Tu quidem ut maximum recusasti ; « Car le (scil. le consulat) refuser trop souvent a un sens douteux ou plutôt celui-ci : que tu le tiens trop bas. Or tu l'as refusé pour l'estimer très haut ; » (trad. M. Durry) (7) Tac. hist. 2,47,3 : Eat hic mecum animus, tamquam perituri pro me fueritis, sed este superstites.12 « Laissez-moi emporter la pensée que vous seriez morts pour moi, mais survivez-moi. » (trad. J. Hellegouarc'h) De conserve avec le relais cataphorique, tamquam p joue ci-dessus le rôle de complément de nom déterminatif de opinione, interpretationem, animus, qui constituent avec leur verbe-support le noyau prédicatif de p1. La construction est souvent moins claire lorsque le groupe cataphorique figure à l'ablatif : (8) Sen. contr. 9,4,16 : Ab parte hoc colore omnes declamauerunt, tamquam patre iubente fecisset.13 « Dans l'autre sens [pour le fils], tous déclamèrent en supposant, comme couleur, qu'il avait agi sur l'ordre de son père. » (trad. H. Bornecque) (9) Sen. epist. 61,2 : Hoc animo tibi hanc epistulam scribo tamquam me cum maxime scribentem mors euocatura sit : « Je t'écris aujourd'hui dans l'état d'esprit d'un homme qui va peut-être assigner la mort au moment même où il écrit. » (trad. H. Noblot) = « Je t'écris aujourd'hui cette lettre dans l'état d'esprit suivant : que je vais peut-être assigner la mort au moment même où j'écris » Ou : « dans l'état d'esprit suivant : comme si j'allais assigner la mort ». 10 Voir M. Lavency (2004 : 91 n. 23). Cf. aussi Quint. decl. 349,12 ( in eam uenturus eram hominum suspicionem tamquam fecisses). 12 Cf. aussi Plin. epist. 9,13,25 (= ex. 19 cité infra). 13 Cf. aussi Sen. contr. 2,1,37 (hanc controuersiam hoc colore dixit, tamquam faceret). 11 5
Dans (8), tamquam p est ou bien, par le biais de hoc, incident au seul nom colore qu'il détermine comme épithète ou CN ; ou bien hoc + colore constituent conjointement le cataphorique : tamquam p est alors, par leur biais, incident à Ab altera parte omnes declamauerunt. La première interprétation semble s'imposer au vu d'autres exemples où Sénèque le rhéteur emploie, en présence de hoc colore, une proposition en ut, ne ou l'A.c.I. sans que ces constructions puissent être motivées par un autre constituant de p114. Dans (9), la place du second actant de scribo étant déjà occupée par hanc epistulam, tamquam p peut représenter une complétive qui occupe, de conserve avec hoc, la place du CN ou de l'épithète de animo ; ou bien elle constitue un complément modal, qui, par l'intermédiaire de l'ensemble du syntagme hoc animo, qualifie la manière du processus de rédaction de la lettre (tibi hanc epistulam scribo).
2.4. SÉMANTISME DU PRÉDICAT DE P1 2.4.1. Prédicats d'accusation ou de sentiment
Dans le cas de la cataphore, on a donc souvent affaire à des contextes critiques, non dénués d'ambiguïté syntaxique. La même impression d'ambivalence se dégage lorsqu'on étudie le sémantisme du prédicat de p1 et le rapport logique et syntaxique qu'il entretient avec p2. Dépendant le plus souvent d'un noyau prédicatif, verbal ou nominal, signifiant accusation, blâme, soupçon (reprehendere, increpare, accusare, arguere, imputare, lacessere; reum postulare ; incriminatio, etc.), ou bien excuse se alicui excusare, aliquid excusare, excusatio, etc.) ou portant référence à différents sentiments (metus, formido ; pudet ; queror ; inuidiam in aliquem uerto), tamquam semble non seulement introduire l'objet ou le contenu du blâme, de l'excuse, de la crainte : il est encore susceptible d'une interprétation causale dans la mesure où tamquam p semble motiver comme le aej grec15, à titre de raison supposée ou cause subjective, l'acte ou le sentiment signifié dans p116 : (10) Sen. contr. 10, praef. 1 : deinde me iam pudet, tamquam diu non seriam rem agam. « maintenant j'ai honte, car il me semble que, depuis longtemps, je ne fais rien de sérieux. » (trad. H. Bornecque) (11) Plin. epist. 7,28,1 : Ais quosdam apud te reprehendisse, tamquam amicos meos ex omni occasione ultra modum laudem. « Vous me dites que vous m'avez entendu blâmer parce qu'en toute occasion je ferais de mes amis un éloge sans mesure. »
(trad
. A.-M. Guillemin
)
14 Cf. Sen. contr. 9,5,13
:
(hoc colore
usus est
, ut diceret ;) et ibid. 12 (hoc colore usus est : affectu se ablatum), cités par Ch. E. Bennett (1900 : 407), où la suppression de colore
rendrait
ces énoncés
a
grammaticaux
: * (
ho
c) usus est ut diceret ; *
(ho
c) usus est : affectu se ablatum.
15 Voir à ce propos l'étude de S. Cristofaro (1998)
:
l'évolution
de
a
ej
semble présenter plusieurs parallèles avec tamquam ; cf.
aussi
sa présentation
du
kuit hittite (
i
bid
.
65
-66). 16 La même ambiguïté se rencontre par exemple avec quod employé avec un verbe de sentiment, gaudeo quod pouvant s'entendre au sens de : « je me réjouis parce que, pour la raison que » ou au sens de : « je me réjouis que ». Pour les complétives en quod, voir p. ex. G. Serbat (2003). 6 Même si en (10) et (11) tamquam p peut occuper la place de sujet de pudet et d'objet de reprehendisse, l'interprétation causale est maintenue dans les deux traductions reproduites17. Pareille lecture semble exclue dans : (12) Ps. Quint. decl. 11,6 : non est, quod se publico tueatur errore, nec in excusationem adferat, tamquam crediderit et ipse fingentibus. Nemo sic decipitur « il n'y a pas de raison pour qu'il se retranche derrière l'erreur publique et qu'il avance comme excuse qu'il a lui-même fait confiance aux simulateurs. Personne ne se trompe à tel point » In excusationem adferat quérant un COD, celui-ci est forcément fourni par tamquam p. Rien d'étonnant donc que chez d'autres auteurs excusor soit complété par une infinitive18. Dans d'autres cas classés par Bennett comme « complétifs », tamquam p ne peut pas occuper de place actancielle car cette position est déjà saturée dans p1 par id anaphorique19 : (13) Tac. hist. 2,63,1 : Dolabella, audita morte Othonis, urbem introierat ; id ei Plancius Varus apud Flauium Sabinum praefectum urbis obiecit, tamquam rupta custodia ducem se uictis partibus ostentasset ; « Dolabella, à la nouvelle de la mort d'Othon, était rentré à Rome ; Plancius Varus lui en fit grief auprès du préfet de la ville, Flavius Sabinus, l'accusant d'avoir mis fin à sa détention et de s'être offert comme chef au parti vaincu ; » (trad. J. Hellegouarc'h) 20 Mais le motif de la réprimande n'étant pas toujours facile à distinguer de son contenu, on comprend que, par le phénomène de « réanalyse », on ait pu passer, dans un contexte favorable, de la lecture circonstancielle à l'interprétation complétive21.
2.4.2. Prédicats de parole ou de pensée
La situation est différente avec des prédicats signifiant « dire » (respondere, nuntiare, differre, deferre ; nuntius, monitus, rumor, fama, etc.) ou « penser, croire, entendre dans tel ou tel sens » (aestimare, accipere, interpretari, habere, suspicere ; opinio, imago, suspicio, species), l'expression 17 Cf. toutefois pour une interprétation plus neutre, sans focalisation de la nuance causale, la traduction que nous avons proposée pour Plin. epist. 7,28,1 en (1). 18 Cic. Phil. 5,14 : si Lysiades excusetur Aeropagites esse « si Lysiadès alléguait pour excuse qu'il est aéropagite » ; Plaut. Aul. 749-750 : excusemus ebrios / Nos fecisse amoris causa. « nous alléguerions pour excuse que c'est sous l'influence du vin, de l'amour que nous avons agi ainsi. » 19 À not que, dans la traduction retenue de J. Hellegouarc'h pour (13), la place périphérique de tamquam p par rapport à obiecit est indirectement signifiée par le dédoublement du prédicat : « lui en fit grief, l'accusant de ». 20 Cf. aussi Tac. hist. 4,20,4 : Victores Bonnense proelium excusabant, tamquam petita pace, postquam negabatur, sibimet ipsi consuluissent. « Les vainqueurs s'excusaient du combat de Bonn, en disant qu'ils avaient demandé la paix : » (trad. J. Hellegouarc'h), où la présence de l'objet Bonnense proelium à côté de excusabant suggère pour ce verbe le sens de « s'excuser de », non celui de « alléguer comme excuse » que requerrait la lecture complétive de tamquam p. 21 Voir supra notre commentaire de (10) et (11). 7 de la cause ou du motif y êtant exclue. Abstraction faite de certaines ambiguïtés créées, comme on l'a vu, par la cataphore, le statut complétif de tamquam p, constituant immédiat indispensable du noyau recteur, ne peut pas y être révoqué en doute : (14) Tac. ann. 4,22,1 : Per idem tempus Plautius Siluanus praetor incertis causis Aproniam coniugem in praeceps iecit, tractusque ad Caesarem ab L. Apronio socero turbata mente respondit, tamquam ipse somno grauis atque eo ignarus, et uxor sponte mortem sumpsisset. « Vers le même temps, le préteur Plautius Silvanus, pour des motifs indéterminés, précipita dans le vide sa femme Apronia, et, traîné devant César par son beau-père Apronius, il répondit d'un air égaré, en soutenant que le sommeil où lui-même était plongé l'avait rendu inconscient et que sa femme s'était donné spontanément la mort. » (trad. P. Wuilleumier) (15) Tac. ann. 3,12,4 : nam quo pertinuit differri etiam per externos tamquam ueneno interceptus esset? « à quoi bon, en effet, de voir se répandre jusqu'à l'étranger le bruit d'un empoisonnement? » (16) Suet. Aug. 6,1 : tenetque uicinitatem opinio tamquam et natus ibi sit. « les gens du pays persistent même dans l'opinion qu'il y est né. »
2.5. SENS DE TAMQVAM
La transfonctionnalisation de tamquam semble donc, dans ce cas, définitivement acquise sur le plan syntaxique : d'une conjonction introduisant une subordonnée circonstancielle, tamquam est devenu une conjonction introduisant une subordonnée complétive. Pour qu'on puisse toutefois parler de grammaticalisation au sens plein, il faudrait que tamquam se soit désémantisé22 (Leh mann 1985 : 307). Dans les derniers exemples cités, tamquam s'est vidé, il est vrai, de son sens causal encore concevable avec des prédicats exprimant blâme, accusation ou sentiment, ou encore de son sens de circonstance qualifiante de la réalisation du procès qui pouvait rester sensible en présence de sic / ita. Pareille réduction du sens lexical est allée de pair avec une intégration structurale croissante de tamquam p au centre fonctionnel de l'énoncé, rendant souvent possible sa commutation avec une infinitive. Mais pareille commutation structurale n'entraîne pas d'équivalence sémantique stricte entre A.c.I. et tamquam p. Un passage en revue des exemples de Bennett montre que tamquam complétif suivi d'un subjonctif de possibilité implique usuellement un décrochement du réel23. 22 On parle aussi dans ce cas de « démotivation » (Lehmann 1985 : 307). Ch. E. Bennett (1900 : 413) et Kühner-Stegmann (19142, II, 2 : 456) parlent par exemple d'une coloration subjective. De même, S. Cristofaro (1998 : 74) précise que aej s'emploie dans des contextes non factuels. 24 Voir K. Hengeveld (1989 : 145-146) qui dit : « cognitive predicates embed propositions, not predications. » 23 8 Le refus du locuteur ou narrateur d'attribuer une valeur de vérité positive à p2 peut être suggéré par la modalisation négative de p1 comme dans (4), (12) et / ou par le fait que, dans un contexte plus large, il s'inscrit expressément en faux contre le contenu de p225. Suivant le contexte et /ou le sémantisme du verbe introducteur peut être exprimée l'idée de tromperie volontaire (ruse ou mensonge (12), (14) ; prétexte (21)) ou simplement d'erreur (4), (5), (6), de fiction, de simple hypothèse (7), (8), (9), d'opinion subjective non vérifiée ou vérifiable (10)26. Aussi n'y a-t-il pas à s'étonner qu'un auteur comme Tacite qui manie avec brio la stratégie de la polyphonie et de la pluralité des points de vue ait à son actif la moitié des 68 exemples retenus par Bennett27. C'est que lui est plus que n'importe quel autre auteur soucieux de créer, par toutes sortes de sous-entendus, de soupçons ou de bruits vrais ou faux qu'il colporte, un climat de méfiance et de sourde perversité. La coloration virtuelle de tamquam semble en revanche s'estomper au maximum dans des cas où l'agent-moteur du procès dénoté dans la principale s'identifie plus au moins avec la personne du locuteur, ce qui produit une coïn ence des points de vue dans le hic et nunc de l'énonciation ; c'est le cas dans un exemple du corpus de Bennett28, à savoir : (17) Ps. Quint. decl. 11,4 : permittunt mihi, iudices, calamitates meae queri de hac lege, tamquam parum nobis in ultione prospexerit. Contra nos inuentus est uindictae modus, quo non debeamus esse contenti. « Mes malheurs me permettent, ô juges, de faire entendre des plaintes au sujet de cette loi : dans l'action de vengeance, elle a été trop peu attentive à nous. On a inventé contre nous un mode de vengeance dont nous ne devons pas nous accommoder. » Dans un tel contexte, où permittunt légitime l'assertion du contenu propositionnel de tamquam p et où inuentus est (uindictae modus) à l'indicatif, mode du réel, confirme a posteriori le caractère thétique de ce contenu, toute nuance de virtualité semble exclue. L'abstraction est donc allée croissante : d'une subordination sémantique circonstancielle où tamquam exprimait la valeur de cause subjective ou une circonstance qualifiante de la réalisation du procès, on est passé, par une subordination complétive sémantico-syntaxique où tamquam véhiculait encore une nuance d'hypothèse, à une subordination complétive purement syntaxique où tamquam 25 Dans tous les exemples auxquels nous renvoyons dans ce paragraphe, le contexte cité est assez explicite pour faire ressortir le caractère hypothétique voire contrefactuel de tamquam p. 26 À noter que dans les exemples donnés par Bennett ne figure aucune occurrence de (dis-/ad-)simulare tamquam alors que, dans ce même contexte, quasi passe pour avoir introduit des complétives dès Plaute (Bennett 1900 : 416 ; Ernout-Thomas 19532 : 390 ; Kühner-Stegmann 19142, II, 2 : 456 ; Orlandini 2004 : 97). Mais d'après Ch. E. Bennett (1900 : 417), l'emploi complétif de quasi en latin ancien se distingue de celui de tamquam et quasi à l'époque impériale du fait qu'il est « objectif » et ne reflète pas la pensée du sujet logique. 27 Alors que l'Agricola ne présente encore aucun exemple, le Dialogue des orateurs en offre 3, la Germanie 2, les Histoires 15 et les Annales 14. 28 Dans d'autres exemples où le sémantisme et la modalisation particulière du prédicat de p1 montr que le point de vue exprimé est aussi celui du locuteur, une nuance de doute semble affleurer de la part du locuteur luimême ; ainsi dans l'exemple (9), où le traducteur a ajouté, nous semble-t-il, à juste titre dans la subordonnée l'adverbe « peut-être », ou encore dans (10), où me pudet tamquam a été très finement traduit par H. Bornecque par : « j'ai honte, car il me semble que, ». 9 joue le rôle d'un simple nominalisateur. Corollairement, le passage du possible au factuel semble impliquer pour tamquam p une descente du statut propositionnel au statut prédicationnel (Bolkestein 1990 : 82-85 et pass.). Or par la typologie de clause linkage établie par Ch. Lehmann (1988 : 189191), on sait que mieux une proposition subordonnée est intégrée dans la proposition principale, plus son statut syntaxique est bas. La démotivation ou l'évidement sémantique de tamquam a été favorisé par d'autres contextes dans lesquels la valeur hypothétique voire contrefactuelle véhiculée par le conjoncteur a pu apparaître comme redondante par rapport au prédicat introducteur et, partant, être de plus en plus négligée. Ainsi dans : (18) Tac. dial.10,3 : Neque hunc meum sermonem sic accipi uolo, tamquam eos, quibus natura sua oratorium ingenium denegauit, deterream carminibus « Et je ne voudrais pas qu'on interprète mes paroles comme détournant des vers ceux à qui la nature a refusé les facultés oratoires, » (trad. H. Bornecque) ou encore dans : (19) Plin. epist. 9,13,25 : Audiui referentis hanc imaginem menti eius, hanc oculis oberrasse, tamquam uideret me sibi cum ferro imminere. « J'ai entendu dire qu'une image était sans cesse devant son esprit, sans cesse devant ses yeux : il croyait me voir une arme à la main, le menaçant. » (trad. A.-M. Guillemin) Dans le dernier cas, la redondance est même supportée par trois éléments concurrents: imaginem, tamquam et uideret (au subjonctif de possibilité)29 qui évoquent, de façon pléonastique, l'idée d'un leurre visuel, d'un fantasme qui n'a rien à voir avec la réalité : une conséquence de cette « synsémie » (Hofmann-Szantyr 1972 : 526 ; Lehmann 1988 : 204) est la suppression possible, sans préjudice du sens global de l'énoncé, de tamquam uideret, le substantif imaginem étant à lui seul capable d'évoquer l'idée d'illusion.
2.6. PHÉNOMÈNES D'ELLIPSE OU DE L'EXPLICITATION DE L'IMP
E Outre ces cas plus ou moins transparents, il reste à commenter dans la liste de Bennett quelques exemples qui n'admettent, notamment chez Tacite, l'interprétation complétive qu'au prix d'une ellipse d'un verbe de parole ou d'opinion impliqué dans une relation causale : (20) Tac. hist. 4,41,3 : Ad Paccium Africanum transgressi eum quoque proturbant, tamquam Neroni Scribonios fratres ad exitium monstrauisset.30 « Passant à Paccius Africanus ils veulent aussi l'expulser, 29 Voir n. 38. À la différence de Ch. E. Bennett (1900 : 412), qui classe proturbo avec les verbes accusandi et l'interprète au sens d'un harcèlement moral, nous préférons laisser à ce verbe son sens physique propre : « chasser devant soi en bousculant ». 30 10 parce que, disaient-ils, il avait dénoncé à Néron, pour leur perte, les frères Scribonii » (trad. J. Hellegouarc'h) (21) Tac. ann. 16,9,1 : Silanus, tamquam Naxum deueheretur, Ostiam amotus, post municipio Apuliae, cui nomen Barium est, clauditur.31 « Silanus, sous prétexte de l'embarquer pour Naxos, fut détourné sur Ostie, puis sur un municipe d'Apulie, appelé Bari, où il est enfermé. » (trad. P. Wuilleumier)32 Tamquam p ne saurait y préciser directement, à titre de complétive, le contenu des verbes de mouvement proturbant et amotus. Dans les deux cas, on doit poser la question suivante : Pour quelle raison (apparente), avec quelle motivation l'acte dénoté dans la principale fut-il accompli? Sur le modèle de certaines propositions hypothétiques en si (Bodelot 1998), à savoir : (22) Liv. 1,7,6 : Hercules pergit ad proximam speluncam, si forte eo uestigia ferrent. « Hercule se dirigea vers la caverne la plus proche pour le cas où / en supposant que les traces y mèneraient » on a ici, dans le cas de tamquam, affaire à un énoncé rendu opaque par un haut degré d'implicite : le locuteur présente le contenu propositionnel de p1 comme émanant, par inférence logique, d'un acte de parole ou de pensée de l'agent du prédicat principal ; cet acte de parole ou de pensée n'est suggéré par aucun noyau prédicatif spécifique portant référence à l'agent de p1 mais par le seul tamquam + subjonctif. Employé dans un tel contexte, tamquam cumule toutes les valeurs qui ont pu médiatiser son passage de l'emploi circonstanciel à l'emploi complétif : il véhicule une valeur causale qui rend compte du rapport implicatif entre le contenu propositionnel de p1 et l'acte mental évoqué par p2 ; par sa signification fondamentalement comparative et qualifiante (tam quam) impliquant à la fois identité et altérité, par le sème hypothétique que tamquam intègre comme équivalent de tamquam si + subjonctif de possibilité, dont il est toujours assorti, est créée une distance du réel se traduisant dans une impression de virtualité et / ou de fiction33 ; par le respect des règles de la concordance des temps est enfin évoquée une deixis relativisée par laquelle le contenu de p2 se présente comme émanant de la pensée de l'agent du prédicat de p1 et non de celle du locuteur. Tous ces traits véhiculés ici par la seule subordonnée en tamquam se trouvent explicités dans la traduction française de (20) par l'adjonction de « parce que, disaient-ils », dans (21) par l'expression « sous prétexte que ». DU DIPTYQUE CORRÉLATIF QVAM TAM À TAMQVAM UNIVERBÉ (+ PROTASE CONDITIONNELLE)
Étymologiquement parlant, tamquam intègre comme second élément le relatif34/ interrogatif quam, ancienne forme casuelle qui s'est figée en adverbe. Selon J. Haudry (1973 : 164), quam reste lié, bien plus que d'autres conjonctions, à la corrélation : « que ce soit, dit-il, le diptyque normal quam magis tam magis35 () ou le diptyque inverse tam magis quam magis () ». Dans le diptyque normal, quam aurait précédé un tam anaphorique, les deux adverbes formellement parallèles se trouvant intégrés dans des propositions elles-mêmes structurées de façon plus ou moins parallèle et entretenant entre elles un rapport d'interdépendance corrélative, intermédiaire entre la parataxe et l'hypotaxe. Du diptyque inverse serait ensuite issu l'agencement corrélatif36 de la comparaison (abrégée) d'égalité (Hofmann-Szantyr 1972 : 589), bien attesté à toutes les époques de la latinité : tam et quam y modifient normalement comme marqueurs de degré un adjectif ou un adverbe et expriment une « analogie des immensurations », qui s'opère par le positionnement du comparé sur une échelle par rapport à un repère ou un paramètre d'évaluation qu'est le comparant (Sánchez Salor 1984 : 48 ; Pierrard, Léard 2004 : 281
). (23) Cic. Brut. 140 : Non tam praeclarum est scire Latine quam turpe nescire, « Il n'est pas aussi beau de savoir le latin qu' <il est> laid de l'ignorer, » / « Il est moins beau de savoir le latin que laid de l'ignorer, » Or qui dit comparaison même d'égalité pense à un parallélisme sémantique entre deux états ou deux s
mas de comportements qui, au départ, sont distincts et dissociés : on y a affaire à une relation d'identification, à une opération de repérage qui implique à la fois identité et altérité Avec E. Sánchez Salor (1984 : 48), on peut reprendre la formule de Lyons, selon laquelle il faut dans la proposition comparée et la proposition comparante en principe au moins un élément identique et un 34 Ch. Touratier (1994 : 640), suivant R. Rivara, parle à propos de lat. quam et angl. than et as d'adverbes de degré relatifs. « Quam ne serait pas dans ces conditions, dit-il, un simple morphème de subordination, mais l'amalgame d'un morphème de subordination et d'une sorte de ProAdv d'évaluation, qui serait extraposé à la façon de l'anaphorique d'un pronom relatif. » 35 Voir p. ex. Plaut. Bacch. ), c'est parce que tam donne impression d'appeler quam qu il a reçu le nom de corrélatif et que l'ensemble de la structure a été appelée corrélation. 12 élément différent37. D'après le même auteur, quam tam ou tam()quam servent surtout à marquer des comparatives dans lesquelles les différences entre les deux propositions sont minimes et se limitent à un ou deux éléments (ibid. 52). Or cette mise en parallèle de deux propositions permet, dès le latin ancien, l'intégration dans la seconde d'une autre proposition, par exemple une circonstancielle hypothétique : la comparaison opère alors une identification ou adéquation approximative entre un état de fait normalement présenté comme effectif et un état de fait hypothétique, présenté par le biais de si + subjonctif de possibilité38 comme virtuel et s'avérant normalement être contrefactuel39 : c'est cette proposition si p, relevant du fictif et opérant un décrochage sur le plan de validation par rapport à l'autre proposition40, qui introduit en bloc l'élément distinct nécessaire au processus de comparaison : (24) Plaut. Men. 968-969 : Vt absente ero rem eri <tam> (Ritschl ; ou : tam rem eri Ussing) diligenter / Tutetur, quam si ipse adsit, aut rectius. « qu'il se préoccupe en l'absence de son maître de son avec autant d'empressement – ou même avec plus de zèle – que s'il était présent lui-même. » De même avec univerbation de quam si en quasi : (25) Plaut. Curc. 51 : Tam a me pudica est quasi soror mea sit, « De mon fait, elle est aussi pure que si c'était ma soeur ; » (trad. A. Ernout) Tam, portant sur un adjectif ou adverbe graduable, y garde sa valeur de marqueur de degré41. Un déplacement du rapport de comparaison, associé à une altération de la nature de la comparaison, est ensuite annoncé, chez Plaute, par un énoncé comme : (26) Plaut. Men. 1101 : Tam quasi me emeris argento, liber seruibo tibi. « quoique libre, je serai prêt à te servir comme si tu m'avais acquis à prix d'argent. » Tam, n'y portant pas sur un adjectif ou un adverbe, cataphorise une relation d'identification qualificative plus diffuse qui porte « sur la nature et les circonstances du procès » (Mellet 2002 : 250). Rapproché, comme il l'est ici, de quasi (c.-à-d. quam si), il peut donner lieu, par une segmentation 37 Dans une comparative en tam quam (cf. Cic. Brut. 140 = ex. 23), il peut arriver que tous les éléments soient distincts dans les deux propositions sauf le degré de cette qualité (Sánchez Salor 1984 : 44). 38 Voir p. ex. Ch. Touratier (1994 : 654). Parler dans ce cas, comme le font Hofmann-Szantyr (1972 : 596), d'un subjonctif jussif nous paraît inadmissible 39 Ernout-Thomas (19532 : 388) disent que « les comparatives conditionnelles présentent une comparaison sous forme hypothétique en impliquant qu'elle est contraire à la réalité : 'il fait comme s'il était content (et il ne l'est pas)' ». 40 C. Moreau (2003) parle d'une identification en rupture par validation fictive. Si construit, dit-elle (ibid. 4), un « plan distancié de représentation auquel appartient le fictif (représenté par l'hypothèse). Cependant ce pontséparateur nous amène sur l'autre rive, il est donc aussi joncteur. » Sur as if angl., voir J.-C. Souesme (2003 : surtout § I). 41 Voir à ce propos le commentaire de H. C. Nutting (1922 : 207) sur Plaut. Curc. 51. 13 différente, au connecteur univerbé tamquam procédant du diptyque inverse par soudure du relatif et du corrélatif (Haudry 1973 : 164) ; celui-ci introduit alors une comparaison de qualité ou de manière (Ernout-Thomas 19532 : 355), auquel + subjonctif présent à valeur contrefactuelle s'associe librement : (27) Plaut. Asin. 427 : Nihil est : tamquam si claudus sim, cum fustist ambulandum.42 « Rien n'est fait : comme si j'étais boiteux, je dois toujours marcher le bâton à la main. » (28) Plaut. Most. 401-402 : TR. Intus caue mu<t>tire quemquam siueris. PHILO. Curabitur / TR. Tamquam si intus natus nemo in aedibus habitet. « prends garde de ne laisser personne souffler mot dans la maison :: On y veillera. :: Comme s'il n'y avait âme qui vive dans ce logis. » (trad. A. Ernout) À ce stade, tamquam univerbé représente, tout comme tam et quam originellement relatifs, un adverbe auquel s'adjoint éventuellement une proposition conjonctive. Cette impression est confirmée par un exemple de Térence où tamquam seul + verbe fini à l'indicatif introduit une comparative objective, au sens de « (tout) comme, ainsi que » : (29) Ter. Eun. 262-264 : sectari iussi, / si potis est, tanquam philosophorum habent disciplinae ex ipsis / uocabula, ut parasiti item Gnathonici uocentur. « Je l'invite à s'attacher à moi pour que, si possible, tout comme les écoles des philosophes empruntent le nom d'un d'eux, semblablement on voie les parasites s'intituler 'Gnathoniciens'. » Item43 a pu s'ajouter du fait que tam n'est plus compris comme cataphorique.
3.2. DE TAMQVAM « COMME SI » À TAMQVAM « QUE »
3.2.1. Dès le latin ancien : tours nominaux polyvalents Tamquam seul + verbe fini n'a donc pas encore chez les comiques le sens comparatif-conditionnel « comme si » qui deviendra usuel pour tamquam + subjonctif en latin classique. Mais cette évolution sémantique est annoncée par les emplois polysémiques de 'tamquam + nom' attestés dès le latin ancien. Tamquam + nom y est ainsi utilisé : - avec sa simple valeur comparative : (30) Plaut. Persa 581 : SA. Es[t]ne tu huic amicus? TO. Tamquam44 di omnes qui caelum colunt. « Es-tu attaché à lui? :: Comme tous les dieux du ciel. » 42 Les textes latins attestant tamquam seront désormais cités d'après la BTL. Selon la BTL. Pour les variantes ita / itidem ut (à la place de ut item), cf. l'apparat critique de la CUF. 44 A la différence de l'édition Teubner, la CUF maintient dans ce cas Tam quam, non univerbé, pour marquer que tam porte, comme adverbe de degré, sur amicus sous-entendu. 43 14 - avec le sens comparatif-conditionnel irréel, « comme s'il était » : (31) Plaut. Cas. 437-438 : Sine modo rus [e]ueniat : ego remittam ad te uirum / Cum furca in urbem tamquam carbonarium. « Laisse-le seulement venir à la campagne ; je te renverrai notre homme à la ville, la fourche au cou, comme un charbonnier. » (trad. A. Ernout) (scil. « comme s'il s'agissait d'un charbonnier ») - sporadiquement45 déjà avec le sens causal, « puisque x est » : (32) Plaut. Curc. 636-639 : TH. Pater meus habuit Periphanes †Planesium†46. / Is prius quam moritur mihi dedit tamquam suo, / Vt aequom fuerat, filio – PL. Pro Iuppiter. / TH. Et isti me heredem fecit. « <Cet anneau> appartenait à Périphane mon père. Avant de mourir, il me le donna, selon toute justice, puisque j'étais son fils. :: O Jupiter! :: Et il m'en institua héritier. » (trad. A. Ernout)47 3.2.2. De Caton à Pomponius (Atell.) : émergence de l'emploi de
tamquam +
subjonc
tif au sens
de «
comme
si » Par
influence
croisée il a pu se produire un glissement d'effets de sens de la construction nominale à la construction verbale, médiatisé par des contextes critiques tels qu'en présente le De agricultura de Caton : tamquam seul y est suivi à deux reprises d'un verbe au subjonctif et la séquence admet, dans un contexte critique, sans différence sensible du sens global de l'énoncé, deux interprétations, l'une nominale, l'autre verbale48 : (33) Cato agr. 77 : (Pour faire la spira) inde, tamquam restim tractes,49 facito : ita imponito in solo, simplicibus completo bene arte. « Ensuite tâchez de les traiter50 comme une corde » OU : « traitez-les 45 Que ce sens causal ne soit pas encore courant avec tamquam est prouvé par Plaut. Most. 809-811 : SI. Qualubet perambula aedis oppido tamquam tuas. / TH. 'Tamquam'? TR. Ah! caue tu illi obiectes nunc in aegritudine / Te has emisse. Le sursaut d'étonnement avec lequel le nouveau propriétaire de la maison, Théopropide, reprend sous forme autonymique tamquam montre qu'il n'interprète pas tamquam au sens causal objectif de « puisque » mais au sens d'un irréel « comme si ». Le fait est que Simon n'est pas au courant que Théopropide a acheté sa maison. Mais admettre, comme le font la plupart des grammaires (Hofmann-Szantyr 1972 : 597), que tamquam + Nom n'exprime la cause objective qu'à partir du latin postclassique nous paraît contestable au vu de Plaut. Curc. 637 (= ex. 32). 46 La fin du vers est corrompue. 47 Jean Collart, dans l'édition du Curculio aux PUF (Paris, 1962, p. 114) traduit ce passage par : « comme il était juste, en tant que (= à la pensée que) j'étais son fils », la pensée du père coïncidant dans ce cas avec la réalité. 48 A noter que, dans les deux exemples, tamquam est interprété par Hofmann-Szantyr (1972 : 596) comme introduisant une comparative hypothétique ( « Bedeutung des angenommenen Vergleichs ») au sens de gleichwie wenn. Voir aussi Kühner-Stegmann (19142, II, 2 : 454), qui assimilent dans Cato agr. 87 tamquam sémantiquement à tamquam si dans Plaut. Asin. 427 (= ex. 27), et Ernout-Thomas (19532 : 389), qui, sans citer d'exemple précis, disent que tamquam « est employé seul, au lieu de tamquam si, depuis Caton. » 49 Ces virgules, qui orientent l'interprétation, font défaut dans la CUF. 50 Pour un autre exemple de la construction facere + verbe au subjonctif renvoyant à la même personne, au sens de : « tâcher de + infinitif » (Bodelot à paraître), cf. Cato agr. 5,7 : Opera omnia mature conficias face, « Tâche d'achever tous les travaux en leur temps, ». 15 comme si vous en faisiez un cordon, disposez-les dans cet état sur l'abaisse, recouvrez-la bien, en serrant, de spires simples ; » (trad. R. Goujard) (34) Cato agr. 87 : (Pour faire l'amidon) die decimo aquam exsiccato, exurgeto bene, in alueo puro misceto bene : facito tamquam faex fiat. id in linteum nouum indito, exprimito cremorem in patinam nouam aut in mortarium : « le dixième jour, faites sécher, égouttez bien l'eau, malaxez bien dans un auget propre ; faites une sorte de lie (scil. faites qu'elle devienne une sorte de lie)51 ; mettez dans une toile de lin neuve, exprimez le jus dans une jatte neuve ou dans un mortier. » (trad. R. Goujard) OU : « faites comme si elle devenait (si c'était) de la lie » À notre avis, on y a encore affaire, dans les deux cas, à un contexte ambigu : tamquam peut être considéré comme une particule introduisant un SN (avec valeur simplement comparative ou atténuante) ou comme une conjonction introdu un syntagme propositionnel et marquant justement la limite de cette proposition. D'après le CD-ROM de la BTL-252, le premier exemple à ne plus présenter pareille ambivalence est attesté au début du 1er siècle av. J. C. : (35) Pompon. Atell. 180 : Tamquam frater mihi sis, medium abdomen tecum diuidam. « Comme si tu étais mon frère, je partagerai le milieu du ventre avec toi. » La seule interprétation possible est celle de tamquam introduisant cette fois, comme véritable conjonction de subordination ou démarcatif propositionnel (Ransom 1988), un syntagme verbal. Du point de vue phonétique et morphématique, une étape importante de grammaticalisation a été franchie dans la mesure où il y a eu réduction de la forme du relateur (Ransom 1988) : tamquam si + subjonctif est condensé en tamquam + subjonctif, avec conservation des sèmes de comparaison et d'hypothèse. Intégrant la valeur contrefactuelle, tamquam suffit à lui seul, sans si, mais de conserve avec le subjonctif de possibilité, à marquer l'altérité indispensable à la comparaison : l'unique différence suffisante est dans ce cas celle entre réel et fictif ou réel et irréel53. La proposition en tamquam, restant à la base une proposition comparative, a par rapport à l'autre proposition le statut périphérique de « disjoint » (Sánchez Salor 1984 : 40 et pass.), c.-à-d. la relation s'établit avec tout le dictum de cette proposition et non avec un élément ou une partie de celui-ci54. 51 C'est nous qui explicitons. Bibliotheca Teubneriana, curante CTLO, ed. Saur – Brepols. 53 E. Sánchez Salor (1984 : 50-51) précise que la différence entre « Anibal se portaba comme cartaginés » et « Anibal se portó como si fuera romano » est que, dans le premier cas, un SN de la première proposition est un cas concret du signifié universel du SN correspondant de la seconde (« Hannibal se comportait d'une façon déterminée parce qu'il était Carthaginois » : rapport causal) ; dans le second cas, pareille correspondance est exclue parce qu'il s'agit d'une hypothèse irréelle. 54 D'après A. Orlandini (2004 : 98-104), pendant toute la latinité le statut de circonstancielle de manière impliquant la possibilité de récupérer une apodose implicite (« comme on le ferait dans le cas où ») reste èrement net en présence d'un marqueur de corrélation. Voir p. ex. Liv. 38,48,6 : Sed quid ego haec ita argumentor, tamquam non acceperim, sed fecerim hostes Gallos? « Mais à quoi bon raisonner comme <je 52
16 3.3. DÈS L'ÉPOQUE CLASSIQUE : INDICES D'UNE INTÉGRATION SYNTAXIQUE CROISSANTE DE TAMQVAM
P 3.3.1. La situation chez Cicéron Un garant efficace d'une forte intégration phrastique est, dès l'apparition de tamquam au sens de « comme si » chez Pomponius55, son respect quasi constant de la concordance des temps. À l'époque classique, des exemples attestant les différents rapports de temps dans une sphère de présent ou de passé abondent : (36) Cic. off. 2,44 : et tamquam in clarissima luce uersetur ita nullum obscurum potest nec dictum eius esse nec factum. « et comme s'il se trouvait au plus clair de la lumière, ainsi aucun secret n'est-il possible ni pour sa parole ni pour son action. » (trad. M. Testard) (37) Cic. Verr. 4,84 : Qui ut primum in illud oppidum uenit, statim tamquam ita fieri non solum oporteret, sed etiam necesse esset, tamquam hoc senatus mandasset populusque Romanus iussisset, ita continuo signum ut demolirentur et Messanam deportarent imperauit. « Dès qu'il fut arrivé dans cette ville, aussitôt comme s'il s'agissait non seulement d'un devoir mais d'une nécessité, comme si le sénat l'en avait chargé et le peuple romain le lui avait ordonné, tout d'un temps il commanda d'ôter la statue de son piédestal et de la transporter à Messine. » (38) Cic. off. 1,134 : nec uero tamquam in possessionem suam uenerit excludat alios, « en vérité, que <notre conversation> n'exclue pas les autres comme à l'arrivée dans sa propriété, » (39) Cic. inu. 2,1,3 : itaque, tamquam ceteris non sit habitura quod largiatur, si uni cuncta concesserit, aliud alii commodi aliquo adiuncto incommodo muneratur. « Ainsi comme si elle n'allait plus avoir de quoi donner aux autres, si elle accordait tout à une seule femme, <la nature> offre à chacune des agréments différents en y joignant quelque désagrément. »56 Même si dans certains cas, comme (36), la concordance semble toute mécanique du fait que tamquam p reflète le point de vue du locuteur et non celui du sujet modal57, il appert que, l'écrasante majorité des cas, la concordance des temps se justifie par la reproduction du point de vue ferais> si les Gaulois étaient devenus, grâce à moi, les ennemis qu'ils étaient déjà? » (ibid. 101). Et même avec ordre inverse imitant le « diptyque normal » : Liv. 40,6,6 : sed tamquam de regno dimicaretur, ita concurrerunt, « mais tout comme <ils feraient> s'il y avait dispute à propos du trône, [ainsi] ils se réunirent, » 55 Cf. (35). 56 Dans les deux derniers exemples cités, on a de toute évidence affaire à une personnification de la conversation et de la nature. 57 D'après H. C. Nutting (1922 : 202, 206 et pass.), un irréel énoncé du point de vue du locuteur implique normalement le recours aux temps secondaires du subjonctif, indépendamment du temps utilisé dans l'autre proposition. Les temps attendus sont dans ce cas l'imparfait pour situer le fait dans l'irréel du présent, le plusque-parfait pour situer le fait dans l'irréel du passé du point de vue du locuteur. Pour une illustration de ces deux emplois, voir p. ex. Liv. 41,24,3 : Ac primum omnium, tamquam non hic nobiscum fuisset, sed aut ex curia populi Romani ueniret aut regum arcanis interesset, omnia scit « Et en premier lieu, tout comme s'il n'avait pas été ici avec nous mais venait ou bien de la curie du peuple romain ou bien partageait les secrets des rois, il sait tout ». Dans de tels cas, une apodose implicite est restituable. 17 de l'agent-moteur de la prédication principale. Structuralement parlant, on a, certes, dans tous ces cas encore affaire à des propositions circonstancielles de comparaison ou de manière au sens large ; mais le rapprochement avec la consecutio temporum telle qu'on la pratique dans le discours indirect ou dans les complétives paraît justifié dans la mesure où l'on a affaire, dans la plupart des cas, au niveau de p1 à un sujet animé, agissant de façon consciente58, et dont l'intention ou la pensée sont reflétées dans p2. Un indice corollaire de ce lien mental est l'attestation occasionnelle dans tamquam p circonstanciel d'un réfléchi indirect : (40) Ou. met. 4,565-567 : exit / conditor urbe sua, tamquam fortuna locorum, / non sua se premeret, « il quitta la ville qu'il avait fondée, comme s'il était accablé par une fatalité attachée aux lieux et non par son propre destin, » (41) Sen. contr. 9,4,13 : tyrannus illum amauit, tamquam sibi paruisset59. « Le tyran l'a pris en amitié, comme si c'était à lui qu'il eût obéi. » (trad. H. Bornecque) Le recours au réfléchi indirect et l'emploi des temps du subjonctif en valeur relative par rapport au prédicat de p1 – ce qui du coup exclut la reconstitution d'une apodose implicite – sont les indices d'une rection exercée par la première partie de l'énoncé et d'une intégration syntaxique croissante de p2 dans la charpente phrastique. Aussi, dans les cas où le contenu hypothétique de tamquam p émane de l'esprit de l'agent du verbe principal, le remplacement de « comme si » par « dans la pensée que » ou « parce que x pense / pensait, semble-t-il, que » est souvent possible ; or ce sont ces gloses qui médiatisent – nous l'avons vu – le passage de l'interprétation circonstancielle à l'interprétation complétive. 58 Dans de rares cas, le contexte suggère une attitude non intentionnelle de la part du sujet de la première prédication, qu'il soit inanimé ou non : cf. Lucr. 6,866-867 : Hac ratione fit ut, tamquam compressa manu sit, / exprimat in fontem quae semina cumque habet ignis, / « Ainsi il arrive que <la terre>, comme pressée avec la main, laisse échapper dans la fontaine tous les éléments de feu qu'elle renferme, » ; Cic. fin. 5,42 : parui enim primo ortu sic iacent, tamquam omnino sine animo sint. « Les enfants qui viennent de naître gisent, comme si l'esprit leur faisait totalement défaut. » (trad. J. Martha). Dans ce cas, tamquam p se fait le vecteur d'une impression objective (Bertocchi, Orlandini 1998 : § 1). 59 Le réfléchi indirect contraste ici de façon significative avec l'anaphorique eorum attesté dans Lucr. 3,912-918 : Hoc etiam faciunt, ubi discubuere tenentque / pocula saepe homines et inumbrant ora coronis, / ex animo ut dicant : « Breuis hic est fructus homullis ; / iam fuerit neque post umquam reuocare licebit. » / Tamquam in morte mali cum primis hoc sit eorum, / quod sitis exurat miseros atque arida torrat, / aut aliae cuius desiderium inside rei. (« D'autres encore, une fois étendus à table, tenant la coupe en mains, et le front ombragé de couronnes, se plaisent à dire d'un ton convaincu : 'Brève est pour les pauvres hommes la jouissance de ces biens ; bientôt ils auront passé, et jamais nous ne pourrons plus les rappeler.' Comme si dans la mort le premier mal à craindre pour les malheureux devait être d'être brûlés et desséchés par une soif ardente ou de sentir peser sur soi le regret de quelque autre chose. » (trad. A. Ernout). Dans ces agencements à effet ironique, qui se situent à un niveau fonctionnel plus élevé (Orlandini 2004 : 108), eorum confirme, de conserve avec la forte pause qui intervient avant tamquam p et l'emploi des temps en valeur absolue dans cette même proposition, la rupture énonciative qui intervient entre p2 et l'énoncé qui précède. Du fait de la faible cohésion syntaxique de ces séquences, du fait aussi que tamquam p y reflète en dernière analyse le regard décroché du locuteur – H. C. Nutting (1922 : 185 et pass.) parle de scornful rejection – et non le point de vue du sujet modal (Bertocchi, Orlandini 1998 : § 3.2.), une prise en compte de ces énoncés n'est guère utile pour élucider la filiation de tamquam p complétif à partir de tamquam p circonstanciel. 18 Un autre exemple qui suggère chez Cicéron plus directement un rapport de cause entre p1 et le verbe exprimé dans p2 est : (42) Cic. fam. 10,33,3 : Ita porro festinauit uterque confligere tamquam nihil peius timerent quam ne sine maximo rei publicae detrimento bellum componeretur. « Des deux côtés on s'est précipité pour en venir aux mains comme si on ne redoutait rien tant / parce qu'on ne redoutait rien tant, semble-t-il / qu'un règlement du conflit sans dommage très grave pour l'Etat. » L'ironie du locuteur (Pollion) consiste ici justement à verser sur le compte du sujet modal, à savoir les deux partis en question, un motif, un mobile d'action qui n'a pas pu être le leur. Ainsi, dès Cicéron, toutes les conditions sont remplies pour que tamquam, d'introducteur d'une circonstancielle de manière, puisse devenir un introducteur de subordonnée causale ou complétive. Aussi trouve t-on déjà chez lui l'un ou l'autre exemple qui, à notre sens, aurait mérité de figurer dans la liste des complétives de Bennett : (43) Cic. Brut. 5 : nam si id dolemus, quod eo iam frui nobis non licet, nostrum est id malum ; sin tamquam illi ipsi acerbitatis aliquid acciderit angimur, summam eius felicitatem non satis grato animo interpretamur.60 « Si notre affliction vient de ce que nous somme
s désormais
sev
rés de sa présence, c'est une chose toute personnelle à nous que cette peine, Si, au contraire, c'est comme la victime d'un sort cruel que nous la pleurons, nous ne savons pas apprécier, avec la reconnaissance qui convient, tout ce qui lui est échu de bonheur. » (trad. J. Martha) (44) Cic. ac. 2,44 : Maxime autem conuincuntur cum haec duo pro congruentibus sumunt tam uehementer repugnantia, primum esse quaedam falsa uisa (quod cum uolunt, declarant quaedam esse uera), deinde ibidem, inter falsa uisa et uera nihil interesse. At primum sumpseras tamquam interesset : « Mais ce qui les accable tout particulièrement, c'est qu'ils adoptent comme s'accordant entre elles deux propositions qui se contredisent violemment : d'une part, qu'il y a des sensations présentatives fallacieuses (ce qui implique l'existence de sensations véridiques) et, d'autre part, qu'il n'y a pas de différence entre celles qui sont fallacieuses et celles qui sont véridiques. Ils avaient admis cependant qu'une différence existait entre les unes et les autres : » (trad. Ch. Appuhn) (45) Cic. Tusc. 4,26 : Definiunt autem animi aegrotationem opinationem uehementem de re non expetenda, tamquam ualde expetenda sit, inhaerentem et penitus insitam. Quod autem nascitur ex offensione, ita definiunt : opinionem uehementem de re non fugienda inhaerentem et penitus insitam tamquam fugienda ; « Pour la définition des maux chroniques de l'âme, elle est la suivante : un violent parti-pris, fixé et profondément enraciné dans l'esprit, qui nous fait voir comme très désirable une chose qui n'est pas désirable ; d'autre part la définition des états qui prennent naissance dans l'aversion est : un violent parti-
60 Voir à propos de cet
exemple
déjà O. Riemann (189
1),
puis Ernout-Thomas (19532 : 390). 19
pris, fixé et profondément enraciné dans l'âme, qui nous fait voir comme une chose à éviter chose qu'il n'y a pas lieu d'éviter ; » (trad. J. Humbert)61 Il nous semble que (43) peut de tous les points de vue être rapproché des exemples de Bennett introduits par un verbe de sentiment, où tamquam p admet, à côté de l'interprétation complétive, celle de cause62 subjective au sens de « parce qu'il nous semble que » (d'ailleurs ici présentée comme erronée). L'exemple (44) est plus probant encore car tamquam p indique le contenu hypothétique d'un verbe signifiant « croire, penser, entendre dans tel ou tel sens » ; représentant le second actant, indispensable, de sumpseras, une interprétation causale est dans ce cas exclue : à la différence de l'A.c.I., tamquam + subjonctif y focalise la subjectivité de l'opinion du TU. La même interprétation peut convenir à l'exemple (45) à condition qu'on y interprète de re non expetenda / fugienda, sur le modèle d'une prolepse, comme une extraposition thématique, et qu'on considère cet énoncé comme la variante marquée de : opinationem uehementem tamquam res non expetenda ualde expetenda sit, etc. ; la seule différence par rapport à (44) réside alors dans le remplacement du prédicat verbal recteur par un prédicat nominal, tamquam + subjonctif se chargeant en plus ici, comme en (43), de l'expression d'une hypothèse erronée63. Mais cela dit, rien n'empêche évidemment tamquam de conserver à la même époque, voire ultérieurement, les emplois originels qu'il affichait aux côtés d'un verbe fini chez les comiques. Comme chez Plaute, on trouve encore occasionnellement, pour introduire une comparative conditionnelle, l'expression complexe tamquam si avec observation ou non des règles de la consecutio temporum : (46) Cic. Caec. 61 : Non enim reperies quemquam iudicem aut recuperatorem
, qui tamquam si arma militis inspiciunda sint ita probet armatum ; « Non, tu ne trouveras pas de juge ou de récupérateur pour apprécier l'armement comme s'il s'agissait d'examiner les armes d'un soldat ; » (trad. A. Boulanger) (47) Cic. diu. 2,131 :
Similes
enim
sunt
dei, si ea nobis obiciunt, quorum nec scientiam neque explanationem habeamus, tamquam si Poeni aut Hispani in senatu nostro loquerentur sine interprete.64 « Si les dieux nous envoient des avertissements que nous ne pouvons ni comprendre ni nous faire expliquer, ils agissent comme des Carthaginois ou des Hispaniques parlant devant notre sénat sans interprète. » (trad. G. Frey
, J
.
Scheid)
61 Notons que ces trois exemples ont déjà été repérés par H. C. Nutting (1922 : 242 n. 111) comme étant proches de l'usage postclassique. 62 Kühner-Stegmann (19142, II, 2 : 456) pensent que cet exemple, tout en se prêtant encore à une interprétation comparative, suggère aussi un rapport causal. 63 Voir l'usage parallèle de opinatio uehemens de pecunia, QVASI expetenda sit (Cic. Tusc. 4,26) et de QVASI concedatur, sumitis (Cic. nat. deor. 3,36), considérés par H. C. Nutting (1922 : 223) comme « strongly suggestive of the Silver Latin use of the quasi-construction as a substitute for the regular indirect discourse construction ». 64 Cf. aussi p. ex. Liv. 40,9,7 : ita me audias precor tamquam si interuenisses, « je te prie de m'écouter comme si tu étais intervenu, ». 65 Cf. aussi p. ex. Vitr. 3,3,4 : Diastyli autem haec erit compositio, cum trium columnarum crassitudinem intercolumnio interponere possumus, tamquam est Apollinis et Dianae aedis. « L'ordonnance du diastyle sera celle qu'on obtient lorsqu'il est possible de faire entrer dans un entrecolonnement l'équivalent de trois diamètres de colonne, comme au temple d'Apollon et de Diane. » (trad. P. Gros) ; Sen. contr. 2,2,3 : et patri iurabat tamquam uiro iurauerat. « et elle jurait à son père comme elle avait juré à son mari. » 66 Avec participe présent, voir p. ex. Liv. 2,3,6 ; 3,38,13 ; 6,8,10 ; 6,40,5 ; 9,7,10 ; avec participe passé, voir p. ex. Liv. 1,12,7 ; 7,23,8 ; 21,57,13 ; 25,38,8 ; 28,34,7 ; avec participe futur, voir p. ex. Liv. 21,61,1 ; 34,36,5 ; 36,43,10 ; 37,23,6 ; 40,4,10. Chez Cicéron on ne trouve de façon sûre que l'emploi de tamquam + participe passé, d'ailleurs souvent adjectivé ou nominalisé : Brut. 312, diu. 1,80 ; fin. 3,63 ; nat. deor. 2,143 ; off. 2,53 ; Tusc. 1,43 ; ad Q. fr. 3,1,11. 67 De telles transpositions sont évidemment aussi possibles chez Tite-Live pour tamquam introduisant une circonstancielle avec verbe fini au subjonctif. 21 (52) Liv. 44,30,4 : Fama fuit Monuni Dardanorum principis filiam †Metutam† pacto fratri eum inuidisse, tamquam his nuptiis adiungenti sibi Dardanorum gentem ;68 « Le bruit courut qu'il avait envié à son frère ses fiançailles avec Metuta, du chef des Dardaniens, Monunius, dans la pensée que par ce mariage il se ménageait l'appui de la race dardanienne. » Pareille incidence se rencontre aussi sporadiquement chez Tite-Live avec tamquam + SN ou Sprép. : (53) Liv. 45,31,7 : qui se propalam per uanitatem iactassent tamquam hospites et amicos Persei, « qui s'étaient flattés ouvertement et par fanfaronnade d'être les hôtes et les amis de Persée, » (trad. P. Jal) (54) Liv. 45,19,5 : eam opinionem de Attalo et Eumene Romae esse tamquam de altero Romanis certo amico, altero nec Romanis nec Persei fido socio. « on se faisait à Rome d'Attale et d'Eumène l'opinion suivante : l'un passait pour être un ami sûr des Romains, l'autre, pour n'avoir été ni pour les Romains ni pour Persée un allié fidèle. » (d'après P. Du fait que la construction participiale est à cheval sur deux statuts différents, celui du nom ou de l'adjectif et celui du verbe, elle se prête particulièrement bien à faire passer des propriétés d'incidence d'une structure catégorielle à l'autre. D'où, dans une optique d'influence croisée de la structure nominale / adjectivale sur la structure verbale, une contribution probable de Tite-Live à l'évolution et l'extension de tamquam p complétif.
4. CONCLUSION
On voit donc que l'emploi complétif de tamquam p est l'aboutissement d'un enchaînement de processus de grammaticalisation qui s'est manifesté dans un continuel downgrading (Lehmann 1988 : 183-189) menant d'un diptyque corrélatif, avec intégration minimale de quam p antéposé au départ, à la structure comparative d'égalité avec tam quam, puis, par le biais de l'univerbation des deux termes adverbiaux tam et quam et l'adjonction d'une hypothétique en si, à une structure complexe avec apodose implicite, appelée couramment comparative conditionnelle. Du fait de la réduction formelle de tamquam si en tamquam avec conservation des traits sémantiques, comparatif et hypothétique, propres à tamquam si est ensuite créée, par transcatégorisation, une véritable conjonction de subordination introduisant un syntagme verbal au subjonctif, la proposition ainsi constituée jouant le rôle d'une circonstancielle de manière au sens large, non encore intégrée au centre fonctionnel de l'énoncé. Mais la subordonnée en tamquam + subjontif, qui se prête dans de nombreux
À
rapprocher justement
: nile
ctum
omnem inuidiam
in
eum
tit
, tamquam , qui fait complétives répertoriées par Ch. E. Bennett (1900 : 409). 69 Pour des exemples d'expressions causales sans verbe fini chez Tite-Live, voir p. ex. E. Karlsen (2005 : 299300). 22 contextes à refléter le point de vue du sujet modal ou agent-moteur de la prédication principale, dans d'autres à suggérer un rapport causal entre p1 et p2, a donné lieu à une véritable transfonctionnalisation du conjoncteur : dans des contextes propices, ce dernier finira par être interprété comme introduisant directement le contenu du prédicat principal à titre d'actant ; mais encore pourvu d'un sème hypothétique, il assumera à côté de son rôle fonctionnel un rôle sémantique qui consiste à teinter le contenu de p d'une nuance de virtualité ou de subjectivité. Dans une dernière étape, tamquam conjoncteur introduisant une subordonnée complétive semble enfin se vider sémantiquement pour fonctionner comme un simple nominalisateur, au même titre que that angl., dass all. Colette BODELOT 23 RÉFÉRENCES BENNETT, Charles E., 1900 : « Die mit tamquam und quasi eingeleiteten Substantivsätze », Archiv für lateinische Lexikographie und Grammatik, 11, p. 405-417. BERTOCCHI, Alessandra, ORLANDINI, Anna, 1998 : « Quasi : les propositions comparatives conditionnelles en latin », in Proceedings of the 16th International Congress of Linguists (ICL XVI Congrès International des Linguistes, Paris, 1997), Paper No 0317, Oxford, Pergamon (CDrom edition). BODELOT, Colette, 1998 : « Tempto si, subsisto si, ou les propositions hypothétiques à sens « final » chez les historiens latins », in Bureau, Bruno, et Nicolas, Christian, éd., Moussyllanea. Mélanges de linguistique et de littérature anciennes offerts à Claude Moussy, Louvain / Paris, Peeters, p. 91-100. BODELOT, Colette, 2005 : « Interférences fonctionnelles entre relatives, complétives et circonstancielles », in Calboli, Gualtiero, ed., Papers on Grammar, XI,1, Proceedings of the Twelfth International Colloquium on Latin Linguistics, Roma, Herder, p. 467-477. BODELOT, Colette, à paraître : « Un exemple de grammaticalisation : les aboutissants de facere + proposition subordonnée / juxtaposée », in Longrée, Dominique, Lenoble, Muriel, et Bodelot, Colette, éd., Actes du 13e Colloque International de Linguistique Latine, Louvain / Paris / Dudley, MA, Peeters. BOLKESTEIN, A. Machtelt, 1990 : « Sentential Complements in Functional Grammar : Embedded Predications, Propositions, Utterances in Latin », in Nuyts, Jan, Bolkestein, A. Machtelt, et Vet, Co (ed.), Layers and Levels of Representation in Language Theory. A Functional View, Amsterdam / Philadelphia, John Benjamins, p. 71-100. CRISTOFARO, Sonia, 1998 : « Grammaticalization and clause linkage strategies. A typological approach with particular reference to Ancient Greek », in Giacalone-Ramat, Anna, et Hopper, Paul, (ed.), The Limits of Grammaticalization, Amsterdam / Philadelphia, John Benjamins, p. 59-88. 24 DIK, Simon C., 1989 : The Theory of Functional Grammar. Part I : The Structure of the Clause, Dordrecht – Holland / Providence RI – U.S.A, Foris Publications. ERNOUT, Alfred, THOMAS, François, 19532 : Syntaxe Latine, Paris, Klincksieck. FRUYT, Michèle, 2004 : « Some Cases of Grammaticalisation in Latin : Subordinating Conjunctions, Concessivity and Modal Lexemes », Classica et Mediaevalia 55, p. 301-321. HAUDRY, Jean, 1973 : « Parataxe, hypotaxe et corrélation dans la phrase latine », Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 68/1, p. 147-186. HENGEVELD, Kees, 1989 : « Layers and operators in Functional Grammar », Journal of Linguistics 29, p. 127-157.
| 56,303
|
19/hal.archives-ouvertes.fr-tel-03418381-document.txt_5
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,606
| 12,610
|
Le respect est un des organisateurs du travail du deuil.Il apaise, délimite des territoires, et donne du sens au jeu de la mort. Nous allons voir que les autres postures envisagées dans le sondage, et dans lesquelles les Français se sont reconnus, recoupent parfaitement la problèmatique du respect.
Pitié pour les morts: 19%.C'est triste: 33%
De la pitié La pitié pour les morts est un sentiment ressenti par 19% des personnes interrogées. Pitié et respect s'interpénétrent.Dans le Robert, nous lisons: Respect, voir culte, adoration, pitié. "La pitié est une sympathie qui naît au spectacle des souffrances d'autrui et fait souhaiter qu'elles soient soulagées" (Robert).Cette pitié dit le mort 125 souffrant donc, là encore vivant.Respect et pitié posent le mort comme miroir de notre propre destin, mais si le respect met une distance, la pitié touche à la solidarité: c'est pitié d'être mortel! "La mort est un processus qui gagne de proche en proche". Ce mort nous est proche.Mais la pitié peut également s'entendre comme pietas qui est un "fervent attache- ment à un Dieu, aux devoirs et aux pratiques de la religion"; dans ce sens, nous sommes donc renvoyés à un sentiment religieux vis-à-vis des morts. Si nous continuons à démêler l'écheveau de sens, pitié renvoie à "c'est pitié", c'est-à-dire: c'est triste.La tristesse est le sentiment que 33% des Français éprouvent en présence d'un mort. L'expression affectée des Français face a la mort signale un scénario cohérent. Le respect dit la valeur et la crainte du mort, il lie le mort.Ce mort habité par un état qui fait pitié et qu'on aimerait bien voir cesser, d'autant qu'il dit une communauté de destins. La tristesse, nous habite, c'est cette idée noire qui cette sensation qui nous étreint le coeur et nous serre la gorge.La tristesse exprime que cette mort nous a volé toute notre énergie. Etre triste, c'est être possédé par la mort dans l'âme.Il n'y a plus ici de distance: la tristesse est hantise de la mort. Français, la mort et au-delà: la confusion des genres. Les Le moins qu'on puisse dire, c'est que les scénarios projetés dans l'au-delà par les Français ne font pas, à priori, montre d'une grande cohérence. Ainsi sur les 44% qui pensent qu'il y a quelque chose apràs la mort. 1 % sont athées. Ces athées ont un système de représentation du cosmos habité par des résidus d'Ego, puisant sa capacité d'être dans une quelconque énergie vitale. - A coté de cela, sur les 68% des Français croyant en Dieu, il n'y a que 58% d'entre eux qui croient à la survie. 42% des croyants non pratiquants parient sur la non survie.Pour ces croyants, Dieu n'a guère l' image que le catéchisme propose. Ce Dieu s'apparente à ces Dieux africains bien trop éloignés pour inter- venir dans le destin des humains.Sans pratique "d' homme à homme", Dieu ne donne pas la survie. Par contre, quand le Dieu se rapproche, quand la représentation Homme-Dieu se vit sur le mode de la relation-dialogue, alors les chances de survie augmentent. Le lien avec le divin est plus intime, le lien avec l'éternité est donc concevable: tel est le choix de 67% des pratiquants.Restent 19% des pratiquants qui ne croient pas à la survie, leur pratique s'apparentant probablement un conformisme social ou à un rituel privé.L'enquête ne le précise malheureusement pas. Enfin, quel que soit le groupe envisagé, il y a une constante, c'est le taux de ceux qu'on pourrait appeler les agnostiques, ceux qui ne savent pas ou ne se déclarent pas. Ils sont 15% chez les athées. 16% chez les non-pratiquants et 14% chez les pratiquants. Ces prises de position ne recoupent pas les dogmes officiels, qu'il s'agisse de dogmes athées ou de dogmes religieux. La confusion des systèmes de représentation est la plus totale."14% des catholiques pratiquants font montre, et seulement sur quelques points essentiels, de cohérence et de fidélité à l'enseignement de l'Eglise". (1) Nous sommes ici dans une société sans points de repères stables.La rupture avec les racines culturelles traditionnelles s'exprime avec une particulière netteté: sans aucune cohérence, sinon celle de l'inclusion sentation issus de d'un système morceaux de repré- s'accolent à d'autres systèmes. Mais les incohérences ne s'arrêtent pas là.Il est à noter que dans une enquête menée dans la région parisienne sous la direction de Louis-Vincent Thomas, il ressort que: 9% seulement des mourants sont aidés par le prêtre, 13% auront droit à (1) Analyse du sondage IFOP 128 l'extrême-onction, mais 80% connaîtront un enter- rement religieux, alors que seulement 44% croient qu'il y a quelque chose après la mort."C'est l'usage", dit-on. Quelle est la fonction de cet usage? Pourquoi si peu de prêtres auprès des mourants et tant de cérémonies religieuses? Cette prise en charge sociabilisée permet de "faire" avec le cadavre et la mort.L'Institution ecclésias- tique prend ici la relève de l'institution médicale. La médecine s'étant chargéedu mourant, il n'était donc pas nécessaire de faire intervenir le curé. Ceci explique le faible pourcentage de mourants recevant l'extrême-onction.La prise en charge du mort n'étant plus du registre de la médecine, il est indispensable de trouver un relais.Pour que l'action puisse se poursuivre, il faut donc une nouvelle scène et de nouveaux protagonistes, sinon le cadavre nous resterait sur les bras et l'angoisse qui en résulterait serait insupportable.Il y aurait une double rupture: la rupture de la mort et la rupture du "continuum social", ce qui serait invivable! Une nouvelle institution prend donc la relève et poursuit la prise en sens social jusqu'à son terme, c'est-à-dire jusqu'à la disparition du cadavre.Ne reste plus alors qu'une tombe ou une urne objet analogon géré là encore par la société. La repré- sentation ne doit pas avoir de faille, sinon la "réalité" vacille.Par cette fissure, le vide drama- turgique, s'engouffrerait l'angoisse. Avec l'aide de ces palliatifs, il y a toujours quelque chose à faire du corps mourant et quand il n'y a plus rien à faire du corps-cadavre, un rituel se met en place qui déjoue l'angoisse du "rien à faire". L'Eglise est jusqu'à présent le dernier lieu ou l'absence puisse encore se muter en sens. Une mort expédiée sans cérémonie est, au sens propre du terme, expédiée: dernier regard au mort, mise en bière, fermeture du cercueil, en route, direction le cimetière, quelques pas jusqu'à la tombe, descente du cercueil, quelques fleurs jetées dans la tombe, condoléances.C'est fini; ça prend quoi? 1h, 1h 1/2 avec le transport! Que l'on ne s'y trompe pas et inconsciemment les Français le savent puisqu'ils le font; même quand ils ne croient pas à la survie de l'âme, la céré- monie prend du temps: il faut bien faire le "sacrifice" d'un peu de temps pour que quelque chose se passe! Donnant! Donnant! Prendre du temps, (qui est de l'argent, c'est-à-dire de la valeur) c'est ne pas escamoter dans l'insignifiance la disparition d'un être.Prendre du temps, c'est prendre le temps de la réflexion, se poser, faire une rupture avec le temps profane. Renouer. Croyant ou incroyant. avec le : c'est marquer que quelque chose change.Ainsi s'évite le déni; ainsi opère le travail du deuil.Le passage se fait. Prise de temps fort, cohérence des institu- tions sociales capables même de fournir du sens à l'ab-sens, mais également usage "superstitieux". 1 30 d'un rituel magique. Tel nous semble être le rôle de la cérémonie religieuse. Exception faite de quelques croyants de "haute volée", la cérémonie religieuse s'apparente pour la plupart à un rituel magique qu'il est indispensable de respecter et l'évolution des rituels religieux laisse maints usagers de l'église insatisfaits. Pour être opérante, la magie nécessite le mystère et la rupture avec le discours profane. lors l'émotion peut trouver un support à son expression. La disparition des chants en latin dans le cérémonial catholique, la suppression des classes d'enterrement, l'explication concrète des textes, des rites et des actes, l'estompage du caractère sacerdotal du prêtre (les fidèles participant à des rites simplifies) ont boule- versé les repères classiques depuis 1969. Malheureusement, si les fidèles participent désormais à la cérémonie en individus res- ponsables de leur foi, le rituel démystifié a perdu dans le même temps son efficacité symbolique. Par ailleurs, leur participation aurait un sens si leur foi chrétienne était réelle et profonde et si l'intériorisation du modèle religieux était authentique, ce qui précisément fait question de plus en plus de nos jours. Jeanne Favret Saada met clairement en lumière le phénomène en rapportant la reaction des paroissiens d'un petit village de Mayenne au nou- veau rituel: "L'abbé Souvestre entonne les cantiques traditionnels. Les vieux sont aux anges. (D'ordinaire, ils se taisent parce que les noveaux cantiques 131 les assomment).Puis, l'assistance très attentive écoute les deux lectures, surtout celle de l'Apo- calypse qui annonce la venue des catastrophes. Silence absolu dans les travées.Le prêche commence par: "Ceci n'est pas la fête des Morts".Stupeur, indignation: "Heu là! Heu là!" L'abbé Souvestre hausse la voix:"Ceci n'est pas la fête des Morts, mai s des Saints qui sont immortels.Tous ceux qui suivent Jésus sont immortels.Soyez donc des Saints, gagnez la vie éternelle". Bref, la Toussaint n'est pas ce que précisément elle est pour les paroissiens et cette dénégation vient de l'Eglise officielleSur un ton si brutal que chacun se sent désavoué dans sa foi.Le cure a-t-il pris peur? Il ouvre une brochure et dans le brouhaha général lit d'une traite un sermon préfabriqué: gagnons le Paradis en évitant le sexe, la drogue et l'argent (fléaux bien connus a Saint-Auvieux!).Il termine par une phrase de son cru "Ceci n'est pas la fête des Morts mai s des Vivants, la fête de ceux qui ont mortifié leur corps et qui sont vivants en Dieu".La vie mortifiée, la mort vivante uilles scolastiques ont laissé de marbre des paysans pour qui la est une réalité souveraine indépassable". (1) Favret-Saada opus cité p. 17 (1) mort 132
Ces discours sont vides de représentations ou plutôt, ils sont en opposition avec les re- présentations traditionnelles d'où "l'embrouille et la confusion". "On peut penser que dans bien des cas, une catéchèse détaillée, voire une profession de foi explicitée risquent de n'exercer, en dépit d'efforts intelligents des agents religieux qu'un rôle redondant, éléments superficiels d'une opération symbolique dont le fonctionnement est plus central" (1), d'autant que seulement 14% des catholiques pratiquants suivent approximativement le dogme officiel. Face à la cohérence des enseignements, fussent- ils de l'Egli se, ils préfèrent le mystère, le mystère qui les habite et dont l'origine est une angoisse archaïque.Les Français ont "un attachement profond à cette mort qui conserve son caractère de mystère, avec ce qu'elle peut comporter d'ir- rationnel, de sorte que s'exprime toujours le désir de ne pas la concevoir comme un évènement ordinaire" (Analyse de l'enquête, au IIème congrès de Thanatologie).
(1) V. Hameline. Quelques incidences psychologiques de la scène rituelle des fiançailles, opus cité, 1970, p.95
Maîtriser le rituel et son mystère permet, par analogie, de maîtriser cet autre mystère qu'est la mort,sur un mode magique.Et tout cela fait la part belle à ce que le discours social dominant nomme fantasme, superstition, pensée archaï- que, stade magique! Ces comportements s'opposent à l'idéologie rationaliste et les commentateurs de cette enquête se plaisent,ou plutôt s'irritent, à souligner ces incohérences et ces superstitions. Ainsi, le docteur Roger Fesneau, conseiller tech- nique de la Fédération nationale des Pompes Funè- bres, responsable des études menées à l'Institut Français de Thanatopraxie, déclare-t-il en com- mentant le sondage: "On doit prendre conscience en parcourant les résultats de l'enquête "Les Français et les morts", du caractère insuffisant ou franchement erroné de l'opinion générale.Le devenir du corps défunt doit répondre dans notre civilisation à des préoccupations simples et primordiales aux dépens de traditions parfois su- perstitieuses, dont on ne connaît même plus la signification (s'il y en a jamais eu) et qui doivent disparaître?On constate souvent, hélas! l'importance du détail pour l'entourage".
(1) Analyse enquête IFOP (1)
Les Français sont soumis à la dure loi de la double contrainte, ce qui les met en position quelque peu schizoïde, ce que pressent Serge Karsenty commentant cette enquête: "Les Français respectent les morts. Bien.Savent-ils vraiment pourquoi? Les réponses recueillies par l'IFOP permettent d'en douter.Certes, leurs attitudes à l'egard de ceux qui ne sont plus ne révèlent jamais de désinvolture.Mais elles ressemblent fort bien à une attention froide, à mi-chemin entre la fidélité à des conduites rituelles et l'adoption de stéréotypes protecteurs, mais vides de sens.En outre, plus le temps social coûte cher aux vivants, moins ils font place à l'encombrement supplémentaire que constitue la pré- occupation à l'égard des défunts. La majorité refusera d'admettre que "la mort est la fin de tout" et tout se passe comme si les morts étaient entrés dans un univers définitivement insensibles aux valeurs maîtresses de notre société action et responsabilité individuelle". (1) Eclatement des représentations et confusions des scénarios. La cri se des systèmes de représentations suit la mutation des sociétés industrialisées. Les discours s'enchevêtrent, le consensus n'est plus possible. "Ce n'est pas par hasard si, depuis 1948, toutes les enquêtes tournant autour du (1) Compte-rendu de l'intervention de Serge Karsenty IIème congrès de thanatologie. 135 thème de la religion et touchant à la croyance en l'immortalité de l'âme, ont montré en France et à l'étranger, que cette croyance était sen- siblement inférieure à la croyance en Dieu. 1948, c'est l'après-guerre.Tout a été bouleversé, plus rien ne peut résister aux nouvelles représentations. Les sondes spatiales n'ont pas ren- contré le paradis au ciel, pas plus que Ribot n' avait senti l'âme sous son scalpel.Le ciel se vide du divin pour se remplir des échos de l'ex- plosion originelle. Le Dieu qui ne garantit plus la survie ressemble plus au grand horloger Newtonien qu'au transcendant Père Surmoïque, juge de chacun de nos actes. Dans cette vision du divin, loi cosmique, l'homme perd-il son privilège d'Immortel? Non, car il peut le retrouver, même sans croyance au divin. L'espace habité d'une multitude d'ondes invisibles, va bien nous offrir une quelconque 4ème dimension ou notre "aura", ou notre "double étherique"pourra batifoler. Pourtant, que les paradis se nomment consom- mation ou socialisme, au plus intime, chacun sait que ses paradis sont infernaux et que l'immortalité ne passe pas par la cryogénisation.Dans ce magma d'informations et de représentations, comment un vécu cohérent pourrait-il s'exprimer? Restent la confusion, le désarroi ou une pseudo-objectivité. 136 Les dogmes religieux coupés des traditions ri- tuelles ne peuvent plus prendre en charge comme "par magie" l'angoisse de la mort.Quant aux positions laïques, nous l'avons vu, elles combattent les "comportements irrationnels" et superstitieux, considérés comme des archaïsmes à la limite de la déviance.Tout cet enchevêtrement de représentations contradictoires laissent peu de place pour une relation puissante à la mort.Le désarroi qui en résulte s'exprime chaque jour à l'hôpital, ou meurent 80% des Français.Aucun scénario cohérent ne permet au mourant, à la famille et au personnel de participer, de faire quelque chose avec "ça" qui arrive.Maintes fois, nous avons constaté cette gêne, ce trac, cette gaucherie que connaissent bien les comédiens mal mis en scène et n'ayant pas suffisamment bien répété. Le juste comportement face à sa mort, au mourant ou au mort est ignoré.Il y a soit cette certitude "qu'il n'y a plus rien à faire". Soit cette sensation qu'il y aurait bien quelque chose à faire, mais quoi? Ce quelque chose est inconnu, ignoré, oublié ou impossible dans le cadre des institutions en place.Ainsi s'explique le malaise et les attitudes de fuite de nombreuses familles. Notre incapacité à jouer un quelconque jeu autour de la mort nous pousse à cette fuite. Rien, dans les représentations sociales dominantes, donne ne sens à cet évènement incompréhensible qu'est la mort: nous vivons à terme.Nous n'avons pas ou peu accès à cet au-delà du terme; notre pouvoir, nous le constatons, s'annihile à la frontière.Nous n'avons plus de langage pour parler avec les morts, ce n'est pourtant pas faute de le désirer.L'attitude paradoxale des Françai s nous semble être l'expression de ce décalage entre désir et impuissance.L'évènement-mort affecte profondément, mais il n'y a pas de mode d'expression social de cet affect.En effet, face à cet évène- ment indiscutablement énorme, c'est-à-dire au sens propre sortant de la règle ordinaire, aucune règle extraordinaire ne vient faire écho.L'ensemble des attitudes proposées: appel fait au médecin, certificat de décès, déclaration de décès, prise de contact avec les Pompes Funèbres, service reli- gieux ou non, condoléances, etc tout cela est très pauvre de signification au regard de l'évènement. Certains systèmes de représentations, ailleurs, s'exprimant dans un consensus général permettent, nous le verrons, de regarder la mort en face et d'accomplir le travail du deuil.Mais le pivot de notre culture est l'action rationnelle, la maîtrise concrète de l'entour; ce type d'orientation pré- pare peu aux confrontations funestes.Alors, faute de mieux, les Français se figent dans un respect contraint quand l'évènement est là, puis en gom- mant au maximum le caractère spectaculaire; pris 138 au piège de l'imbroglio des contraintes, ils cherchent face à la mort une issue très "correcte": "Notre société entend qu'on respecte les droits des morts, mais elle veut qu'on déplore sa perte en silence". "La mort, écrit Ariès, n'appartient plus au mourant - d'abord irresponsable, ensuite inconscient - ni à la famille persuadée de son incapacité! Elle est réglée et organisée par une bureaucra- tie dont la compétence et l'humanité ne peuvent l'empêcher de traiter La mort comme une chose, une chose qui doit la gêner le moins possible dans l'intérêt général.La société dans sa sagesse a produit des moyens efficaces de se protéger des tragédies quotidiennes de la mort, afin de pouvoir poursuivre ses tâches sans émotion ni obstacle".
(1)
(1) Levine et N.A. Scotch, cité dans L
'
homme devant la Mort. Ariès Seuil 1977 p. 582
139 Vue aérienne du conflit des systèmes de représentation et de la crise des rituels de mort. La photo aérienne du paysage "Les Français et la mort" dans les années 1980 laisse apparaître une faille qui sépare deux systèmes de représentation. L'opposition entre ces deux blocs recoupe de vastes clivages sociaux. Pour les auteurs de l'enquête, il y a d'un côté les traditionna- listes passéistes et superstitieux et de l'autre, les progressis- tes, réalistes et modernes. Selon nous, il y aurait plutôt d'un côté les intégrés et de l'autre, les marginaux, tous les laissés pour compte de la société de consommation, pour qui l'angoisse existentielle s'associe à l'idée de mort et qui, confrontés à cette angoisse, sans le divertissement de l'activisme social et sans l'intégration au scénario dominant, usent d'exorcismes ritualisés pour surmonter ce qui s'apparente à une crise d'identité. Cette définition a l'avantage de prendre en compte simultanément le comportement des jeunes et des vieux, également respectueux d'une certaine ritualisation; si les vieux marginalisés respectent une tradition qui se meurt, les jeunes adolescents ont tou- jours le goût du jeu avec la mort, qui est prise de risque, quête de limites et de l'identité. La grande majorité de la population fidèle aux traditions appartient au groupe que les sociologues du " centre de commumca- tion avancé" nomment les utilitaristes. De leur point de vue, "Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, une culture domine largement en France.Les Français, dans leur immense majorité sont utilitaristes et respectueux des institutions.Leur société est centrée sur la cellule familiale. Ils sont attachés au travail manuel, artisanal ou rural. L'histoire a une durée, le temps dépasse la vie d'un individu.Leur morale est austère.Comme dans les fables de La Fontaine ou dans les proverbes, chacun doit être à sa place. Cette culture n'a pas résisté à l'industrialisation et à la culture de l'audio-vis C'est cette frange de population qui reste la plus traditionnaliste face à la mort. Elle use encore de tout l'attirail rituel religieux.Mais c'est elle qui est le plus troublée, et par l'évolution des moeurs sociales et par l'évolution du rituel religieux. Aux utilitaristes, s'opposent les aventuriers. Par aventuriers, il faut entendre des individus qui ont une vision de l'espace mondialiste, une conception hystérique du temps, et qui ont le culte du plus fort, de la réussite, le mépris du perdant. Le faible, le sensible, l'endeuillé spectaculaire font partie de cette catégorie. Ce sont des rapides, des gagnants, des travailleurs, la méditation sur une tombe n'est pas leur affaire. Pour ces derniers, la mort est à coperniser, selon l'expression de Morin: Les aventuriers représentants de l'idéologie dominante, hommes de pouvoir, politiciens, médecins, architectes, scientifiques, univer- sitaires, industriels etc ont participé à la mise en place du nouveau rapport aux mourants, à la mort et au souvenir, car ils sont largement majoritaires dans les instances décisionnelles qui modèlent le visage de notre société. Chez eux, les signes de mort ont disparu, la croyance à la survie est faible, la croyance au bien-être consommatoire, forte.L'action sociale et professionnelle est valorisée.Bien mourir, c'est mourir sans souffrir, aidée par la technologie médicale; au mieux, on peut fantasmer des clubs Méditerranée du mourir.Quant à l'après-mort, elle est sans interet. De la mort, moins on en voit, mieux on se porte: la mort, c'est dégoutant, il faut camoufler son inconvenance. Il faut la maquiller: tel est le point de vue d'un thanatologue, le docteur Barbier: "La création des athanées, l'esthétique mortuaire qui supprime le visage grimaçant de la mort ou l'horreur du cadavre qui se vide et se gonfle, la transformation des Pompes Funèbres en service thanatologique améliorent la relation et facilitent le travail du deuil, ce qui compense la disparition relative et la simplification des pratiques d'hier (grands cortèges dans les rues, deuil interminable et rigoureusement codifié, multiples visites au cimetière Autant d'habitudes devenues incompatibles avec la vie moderne)." (1) Dans ce scénario "clean et sans angoisse", il n'y a pas que la mort que l'on refuse de regarder en face.Tout ce qui l'évoque ou y mène est à maquiller: vieillir vient le troisième âge, et la vieillesse le quatrième. Le culte de l'homo-mature et actif rejette cette vieillesse dans le ghetto infantilisé des non-produisants. Cachons ces visages décharnés que nous ne saurions voir, les âmes sont troublées par de tels objets et cela fait venir de coupables penséesNouveaux Tartuffes angoissés, ces aventuriers se refusent à regarder le devenir mortel en face et s'ap- puient pour justifier leur comportement sur du discours psycho- logique.Ainsi, au nom du travail du deuil, ils interdisent tout véritable travail du deuil. "La dernière vision du défunt sera celle d'un visage calme, non altéré par la souffrance, non déformé par la déshydratation. Ce sera le visage que l'on a toujours connu et non le visage épouvantable de la mort.L'esthé- tique mortuaire dédramatise la situation.Elle permet à la mélancolie du deuil de s'installer avec un minimum d'angoisse." opus cité (2)
(1) Thomas (2) Dr Barbier in Anthropologie de la mort p.359 p.359 142
Ces morts masqués à qui il ne manque plus que la parole mettent en scène un déni de la mort.Ces visages figés par le sourire commercial du Thanato-praticien nous renvoient à nos lifting existentiels, nos masques de non-vie, nos visages aux expressions figées.Stigmatiser cette banalisation de la mort ne signifie pas qu'il faille faire l'apologie des pleureuses. Ce que nous disons, c'est que la mort banalisée con- vient aux amateurs de banalité et qu'il est abusif d'en faire un dogme imposable à tous et qu'alors qu'une liberté très relative du choix dans les expressions est admise dans certains domaines, comme l'éducation, l'habillement, la sexualité, l' avortement, le concubinage, etc En matière de mort un conformisme grisâtre est proposé comme modèle. Ce conformisme est à interpeller car il est un puissant témoi- gnage de notre échec existentiel. Les sociétés humaines ne projettent sur la mort et au-delà que ce qu'elles sont capables d'imaginer "ici-bas". Comment interpréter que, même pour "jouer", nous n'ayions pas envie de concevoir une "utopie" au-delà. L'article du journal Le Monde qui commentait cette enquête de l'IFOP ETMAR se concluait par un constat perplexe: "Parmi les personnes interrogées, peu croyaient à l'immorta- lité de l'âme et surtout peu la souhaitaient." On peut tout craindre d'une société dont les membres, même dans l'imaginaire, ne souhaitent pas perdurer; il n'est pas abusif de la fantasmer quelque peu désespérée et dangereusement suicidaire. Dans cette représentation de la société française, nous avons mis en scène les utilitaristes et les aventuriers.Les uns meurent en s'accrochant à leurs archaïques rituels.Les autres les poussent dans la tombe et occultent au maximum ces archaïsmes, mais dans ce scénario, deux personnages complè- tent le tableau: les recentrés et les décalés. Intégrés à la société, ils ne croient guère à ses valeurs et se réservent de secrets paradis, tentant d'adapter au mieux leurs désirs à l'état des choses. Dans l'enquête du CCA en 1981, 4.000 personnes ont été inter- viewées.Le personnage du recentré semble être dominant. "C'est le scénario d'avenir qui attire le plus de suf- frages.65% des Français poussent dans ce sens.Ce courant laisse augurer ce que sera la société des dix prochaines années: une culture plutôt passive, de résignation et d'assistance.Une très grande capacité de survie et d'adaptation: par opposition à une culture froide, ration- nelle, binaire, propre aux aventuriers, on se report sur une culture non pas sensible mais sensorielle.Sciences, fiction, ésotérisme, religions. (45% croient en Dieu, 2% au marxisme). Le retour aux traditions dans ce scénario est probable mais guère exaltant. 24% souhaitent: "Une société stable, sérieuse et disciplinée qui conserve ses traditions, défend ses principes fondamentaux et encouragent une morale de vie fondée sur le respect de la famille, du travail et de la propriété privée". Ceux-là estiment (39%) "qu'on a voulu aller trop vite pour transformer la société et qu'on a perdu ce qu'il y avait de bon dans les traditions" (1) Mais à la question: "Quand ça va mal, le mieux est d'attendre que ça passe", 70% des Français acquiescent. (Totalement 27%, beaucoup 16%, moyennement 27%) : quand on meurt, ça va mal. Ce n'est donc pas de côté-là qu'il faut attendre la mutation: il y -aura plutôt une volonté de pause dans la disparition des rituels, un certain regain d'intégrisme au plan religieux, et au plan politique, un retour d'ordre moral. Avec eux, les morts seront respectés! L'évolution, il faut l'attendre des décalés (23% de la population). Pour les décalés, il s'agit de déplacer la réalité de son terri- toire selon les propos de Bernard Cathelet qui a participé à cette enquête: 144 on pourrait dire qu'avec le décalage, une nouvelle culture se crée où l'ordre des choses se situe dans le mouvement, dans l'émulation, dans un système de relations entre les gens". (1) Ce sont eux, par exemple, qui lentement élaborent la nouvelle mise en scène de la naissance et qui, chez les hommes, moins travaillés par le désir d'érection sociale, ayant expérimenté les affres de la débandade, s'inventent un nouveau modèle d'homme et de père. Ils s'expriment avec plaisir du côté de la musique, la cuisine ou l'électronique, l'informatique, mais jusqu'à présent, ils n'ont pas fait assaut d'imagination du côté de la mort. Ceci veut probablement dire qu'on ne changera pas notre rapport à la mort sans avoir modifié ce qui précède. La mort ne vient qu'en bout de course et son ensauvagement actuel n'est que la résultante d'un mode de vie complet. Aux U.S.A., on rencontre des espaces certes restreints et circonscrits où de l'imaginaire peut s'expérimenter.Ainsi à l'arrivée, parfois, la mort change.Le vieux continent traîne la patte.Probablement traumatisé par les guerres et les révolutions, il craint les ruptures.Pour être acceptées, même quand elles sont rapides, les mutations doivent, chez nous, donner l'impres- sion d'être lentes. Ainsi doucement, l'entrée dans la vie évolue.Le "Leboyerisme" s'affadit mais se vulgarise.Une mise en scène nouvelle se met lentement en place à l'intérieur même du système hospitalier. Mais la sortie, elle, fait toujours autant de problème. La boucle mythologique n'est pas bouclée, et la représentation reste en suspens. Il nous semble pourtant bien évident que tant que l'imaginaire n'aura pas fait oeuvre dans le vécu de la mort, quelque chose d' essentiel restera coincé.
(1) Bernard Cath
ele
t p. 3 in Libération, 15 Janvier 1983
-
La mort est un symptôme. - Face à un symptôme, il y a plusieurs tactiques thérapeutiques. On peut le contourner ou l'attaquer de front. La stratégie d'encerclement consiste à transformer le rapport à la perte et à développer l'aptitude à gérer les micro-deuils quotidiens. La mode du lâcher-prise final est fonction de notre crispation ou de notre abandon, nous n'expirerons calmement que si nous respirons paisiblement. L'attaque frontale consiste à s'autoriser à libérer l'imaginaire dans le champ de la mort. Pour ce faire, il faut d'abord admettre que "potentiellement", rien n'interdit d'opter pour tel scénario plutôt que pour tel autre, qu'il n'y a pas vérité d'un coté, et superstitions ar- chaïques de l'autre, mais qu'il y a des systèmes de représentation ayant une efficacité particulière dans un champ particulier. Quant à nous, si on nous demande quelle est notre straté- gie face à la mort-symptôme, nous dirons que nous sommes partisans de la double stratégie de l'encerclement et de l'attaque frontale. Qu'il y a complémentarité et inter action: changeant notre vie, nous changerons notre mort. Et réciproquement. Cette thèse participe de cette élaboration. On ne peut pas en dire autant de l'enquête IFOP ETMAR. Bien au contraire! Comme on dit!
146 Le sondable et l'insondable: enquête statistique et représentation de la mort
Le scénario de la mort transcrit par le sondage d'opinion, dit une société au stade du miroir qui tente, par le jeu des questions réponses, de surmonter son angoisse de l'insondable. Choisir l'outil statistique pour aborder la mort est signi- ficatif du type de regard porté, un regard désaffecté qui a toutes chances de produire une image aseptisée et des commen- taires irrités, quand les résultats du sondage sont trop éloignés de la conception d'un comportement jugé "rationnel" par les com- mentateurs. Se proposant de présenter un instantané des "Français et de la mort", ce sondage amplifie les effets d'un certain discours et d'une certaine relation à la mort. Etudier le comportement des Français face à la comme on étudierait leur attitude devant un paquet de lessive ou un choix électoral, signale également le point de désacralisation de la mort dans les classes sociales qui commandent et commentent ces sondages. Laborit dans "L'homme et la ville" écrit: " Ces sondages d'opinion dont on a chanté si souvent la précision ne sont qu'un moyen de contrôle de l'efficacité de la manipulation orientée des informations.La publication de leurs résultats en est un autre.Ils ne cherchent pas à connaître ce que le peuple désire mais bien à savoir si la thérapeutique qu'on leur a infligée, le malaxage dont il a été l'objet, ont été suffisamment efficaces et s'ils doivent être intensifiés ou modifiés, mais alors toujours dans le même but, celui de créer des automatismes, ce qu'on appelle un mouvement d'opinion alors qu'il ne s'agit que de la 147 fixation d'un comportement". (1) De ce point de vue, le sondage est une prise de pouvoir sur le sondé.Il livre une information sur le niveau d'intériorisation du système de représentation de la mort véhiculé par le groupe social qui se paie ce sondage. Il constitue ainsi un préalable à une meilleure manipulation. Comme le souligne Marc Guillaume: "Le sondage remplit, avec la technologie de l'interrogation à la place de la scolastique et un principe de souveraineté en moins, les mêmes fonctions que la confession: déposséder le sujet d'un accès à son conflit propre et à sa demande vraie, permettre une représentation du monde conforme à la (2) loi" Indépendamment de ces considérations générales, un sondage ne constitue pas la méthode idéale pour appréhender en profondeur les attitudes et les croyances face à la mort et à l'après-mort. La douleur ou l'angoisse de la mort ne se jouent pas sur la même scène que la question sur la douleur ou l'angoisse de la mort. Dans un cas, on distancie, dans l'autre, non.Même si le sondé s'empresse de répondre, avec bonne volonté ou plaisir, il y a un fossé insurmontable entre le vécu affecté par la mort et le jeu du ques- tionnaire impersonnel. Si Jeanne Favret-Saada s'était contentée d'un questionnaire, pour saisir la présence de la sorcellerie dans le Bocage, son en- quête ne l'aurait pas menée très loin et probablement pas dans la direction où elle s'est engagée, ni là où elle a abouti."Les Mots, les sorts et la mort" se conjuguent. (1) L'homme et la ville p.
(2)
Henri Laborit Flammarion
1977 144, 145 Marc Guillaume Eloge du désordre NRF 1978 p.I90
Le parallèle entre la mort et la sorcellerie se justifie: elles touchent toutes deux au plus intime de nos angoisses et de nos difficultés. L'angoisse de mort, issue de l'angoisse de castration selon Freud, introjection du mauvais objet liée au traumatisme de la naissance, selon Mélanie Klein, s'enracine au plus profond et au plus intime de notre histoire. W.Reich, quant à lui associe l'angoisse de mort et l'angoisse orgastique: "L'angoisse de l'orgasme se cache souvent sous le mas- que de la peur de la mort; chez beaucoup d'individus névrosés, l'idée de la pleine satisfaction sexuelle est associée à l'i_ dée de mort". (1) Quelle que soit en définitive la thèse retenue, il est clair que nous touchons là des structures psychologiques par- ticulièrement sensibles. L'imaginaire chargé d'angoisse et de culpabilité qui se forge des rituels privés pour y pallier, ne se livre pas en ques- tions fermées. Postons un enquêteur à la sortie du Père Lachaise.A l'analyse, on pourra constater la survivance ou la naissance récente selon Ariès d'un culte voué aux morts: 90% y seront allés pour évoquer le souvenir d'un défunt.55% auront apporté des fleurs. 35% en profiteront pour entretenir la tombe.Au total, 25% seulement auront prié. Voilà grosso modo ce qu'aura découvert notre enquêteur. Mais il est douteux qu'il puisse à l'aide de ce type de sondage découvrir qu'un nombre non négligeable d'individus use de ce lieu d'une manière fort peu orthodoxe, pour un esprit rationaliste. Il suffit, pour s'en convaincre, de feuilleter l'ouvrage (1) Wilhelm Reich Paris 1971 L'analyse caractérielle p.284 Payot de M.Dansel "Au Père Lachaise".Les exemples des pratiques les plus inattendues fourmillent selon Dansel: "Le cimetière du Père Lachaise s'inscrit en tête de liste des hauts lieux de l'érotisme: prostituées, homosexuels, romantiques qui cachent leurs amours à l'intérieur des chapelles y seraient en effet nombreux" C'est ainsi que se poursuivent dans un même mouvement Eros et Thanatos. De même, pris dans la grille d'un questionnaire de l'IFOP, il est probable que les adeptes du "mage", enterré au Père Lachai- se, qui viennent chaque jour se recueillir par dizaines sur sa tombe, passeront totalement inaperçus parmi les "croyants ordinaires".Il a fallu des années avant qu'une amie "m'avoue", avec mille réticences, fréquenter assidûment cette tombe Pour une cadre supérieure, cela ne faisait pas sérieux.La culpabi- lité jouait. La position de l'enquêteur, avec toutes les connotations inqui- sitoriales liées à son statut, ne favorise pas les confidences. Par contre, les réactions prises sur le "vif" révèlent des mondes secrets. C'est cet univers qui s'exprime dans le livre de Marcel Clébant: "Une vie pour les morts- les dix mille enterrements de Jérome Lambert".Jérome Lambert est croque-mort, il exerce cette profession depuis quarante ans dans la petite entreprise familiale qu'il dirige en province. "Le croque-mort doit se faire oublier.N'être qu'une ombre au seuil du royaume des ombres! chose se dit: Alors quelque "Je sais qu'un mort ne souffre pas, mais lorsqu'une veuve me dit, inquiète, cette phrase enten- due des centaines de fois, essayez de ne pas lui faire mal ", je réponds presque en y croyant: "Non, Madame, je ne lui ferai pas mal".
(1) Marcel Clébant: Une vie pour les morts - Les dix mille enterrements de Jérôme Lambert. Stock 1981 p.49 150
"Un enterrement de vieillard est presque toujours le rendez-vous des prochains clients.De temps en temps, l'un ou l'autre s'approche de moi, généralement après la descente du cercueil dans la fosse, et me souffle avec une pointe d'ironie dissimulant mal le fétichisme de son souhait: "Quand vous viendrez pour moi, je veux que vous me mettiez ma bonne vieille casquette sur la têtepour que je puisse entrer couvert dans l'église sans que le curé m'engueule!". A la campagne, (1) le croque-mort, comme le menuisier, le boulanger ou le plombier,est l'homme du peuple, c'est un petit artisan parlant la même langue que ses clients.A lui, on peut se confier, il en a tant vu! il connaît la vie, il est indulgent aux"errances" de la douleur.Avec lui, la représentation n'est pas contrainte, tous les fantasmes peuvent s'exprimer! "Pour certains, le cercueil est une sorte de capsule vers la plus lointaine des planètes.Voyage sans retour possible, Après le départ, en guise d'adieu, on glisse dans le véhi- cule un "en cas", une tranche de passé pour sécuriser le cosmonaute pendant son interminable route.J'ai la mémoire pleine de phrases banales devenues absurdes au bord d'un cercueil: "Mettez-lui un morceau de gâteau.Je l'avais fait exprès pour lui, juste avantC'est un "aux noix", il l'aimait tant". "Il partira avec toutes ses décora- tions comme il le souhaitait". "Laissez-lui ses lunettes, il était tellement myope". "C'était un bon vivant.Une petite bouteille de goutte lui tiendra compagnie". C'est fou ce que j'ai pu mettre de bouteilles dans des cercueils.De quoi remplir le rayon "alcools" d'une épicerie plus que moyenne.Souvent à la demande du défunt lui- même.Avec très souvent aussi des préférences: "Quand vous viendrez me mettre dans votre caisse, vous me fourrerez (1) opus cité p 148 151 dans la poche la bouteille de vieil armagnac que vous trouverez sur la troisième étagère, à droite, dans le cellier.J'ai d'ailleurs collé dessus une étiquette: réserve très spéciale On emporte aussi les objets ai au point de ne pas vouloir s'en séparer.Ou les laisser à quelqu'un qui ne saurait pas les aimer autant.Un chasseur se fait enterrer avec son meilleur fusil.Et plus jamais personne d'autre ne s'en servira! Et la chère pipe, la mieux culottée, celle qui améliore n'importe quel tabac, qui saurait encore bien la bourrer?" Ici le fétichisme et le désir se disent en liberté.Chez Clé- bant,le rituel est chose intime faute de rencontrer dans notre société un espace public de représentation.Ce rituel privé est, bien sûr, inavouable pour l'enquêté et difficilement envisageable par l'enquêteur.Qui oserait poser la question:"Avez-vous mis ou envisagez-vous de mettre une poupée dans le cercueil de votre enfant mort?". Pourtant, cette pratique est commune, nous dit Lambert: Jamais je ne saurais m'habituer aux jouets.Forcément, cela se place dans les cercueils d'enfants. "Si vous saviez comme il aimait son nounours.On ne peut pas les séparer". (1) Difficile à recueillir ou à mettre en statistiques tout cela! Ces mouvements ne s'expriment que lorsque l'émotion est à son comble.Par la suite, on préfère les oublier ou ne plus en parler. Tout cela, c'est de l'intime qui ne se livre pas au premier venu. Depuis des siècles, l'inquisiteur, le curé, le médecin, l'intellec- (1) opus cité p tuel ont tant combattu ces
"superstitions", qu'il est difficilement possible de confier du comportement vivant
à un questionnaire
. La méfiance et la peur du ridicule ont leur part dans ces réticences.Jeanne Favret-Saada en rend compte dans son étude dans le Bocage: "Dès que j'ai commencé à naviguer dans la région, j'ai été frappée de ce que le paysan, lorsqu'il s'adresse à l'ethnographe (au savant), s'empresse de parler de lui-même comme d'un autre, prenant le ton du procureur, du psychiatre ou de l'instituteur. La distanciation est pour lui une vieille habitude, il sait très bien user de ce discours qui le condamne, même s'il s'agit de ce dont il vit ou meurt".
(1)
Une
en
quête sur la mort se heurte aux mêmes difficultés qu'un sondage sur la sexualité qui ne restitue jamais de l'intime incar- né.Le sondeur se retrouve avec un squelette de représentation. On peut ainsi opposer le "Dire vos sexualités" de Xavière Gautier au rapport du Docteur Simon sur la sexualité des Français, comme nous avons opposé l'expérience de Jérome Lambert à l'enquête de l'IFOP. Le rapport Simon mortifie et désérotise la sexualité. Il occulte les nuances et les fantasmes individuels.Mis sous forme de statistique, le désir est cadavre, la vie différenciée impercept .La morne généralité devient norme.Gauss dit la déviance et non l'ori- ginalité. Les témoignages individuels qui ne peuvent en un aucun cas faire "loi" offrent une saisie autrement vivante du vécu sexuel.Xavière Gautier, en rapportant cette parole du désir, est dans le vif du sujet. Dans des domaines aussi sensibles que la sexualité et la mort, il y a ce qui se dit et ce qui se fait. (1) opus cité p. 45
Histoires sur et autour de la mort
Si la mort mise en sondage ne peut que proposer un squelette de mort, pour savoir quelque chose de la mort sur le vif comme pour la sexualité, il faut que des histoires se racontent. Et là, il y a deux possibilités: on peut choisir l'histoire de la mort ou raconter des histoires. La première démarche se veut systématique, la seconde subjec- tive, l'une croit transcrire, l'autre sait"mythologiser". En fait, les deux mythologisent, mais dans un cas, le mythe joue consciemment, dans l'autre, non. Quoiqu'il en soit aujourd'hui, le public est friand d'histoires de mort, car il quête des repères. C'est pourquoi les histoires de mort se vendent. Histoires de la mort La mort à Paris (Pierre Chaunu), Les hommes et la mort en Anjou au XVII et XVIIIème siècle (Lebrun), Essai sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen-Age à nos jours (Ariès), Piété baroque et déchristianisation en Provence (Vovelle) etc
Les historiens pour repérer le visage de la mort traquent le documentaire qui fait trace.On épluche les testaments par mil- liers pour saisir l'évolution du discours A Paris, au XVIIè et XVIIIème siècles, 15% des adultes en auraient passé un; le Minutier central en conserve sans doute 300.000.L'équipe de Pierre Chaunu en a dépouillé plus de 10.000; tous les groupes sociaux, tous les quartiers sont représentés. la série est suffisante pour dresser des statistiques sures: on compte les mots, les gestes et les dons.On fait l'inventaire des invocations, des demandes de messes, des distributions d' aumônes,les soins qu'il faut donner au cadavre et l'organisation de la pompe funèbre. Ces paroles, puis leur silence sont pris en compte. Vers 1650-1670, le testament se place sous le signe de la croix; appartenant à l'Eglise, il recommande son âme à Dieu: par la Passion du Christ, il demande le pardon de ses péchés et l'en- trée en Paradis. Au XVIIIème siècle, glissade et rupture que M.Vovelle a décrites en Provence; Paris a dix ans d'avance.Dès 1725, les investissements lourds fléchissent; l'élite devient indifférente aux pom- pes funèbres et à la sépulture. Des gestes et un discours ont alors commencé à se défaire, la source testamentaire se tarit Ariès est le plus ambitieux, son "Histoire de mort" embrasse deux millénaires.Lui décrit "L'homme devant la mort". La traque est la même: il prend en compte non une source préférentielle mais de multiples ensembles documentaires, les testa- ments et les cimetières, les gravures et les tombeaux, les rituels et les journaux intimes. A parcourir"d'un seul regard le paysage millénaire", il lui apparaît au terme de l'enquête que "cet immense espace" est "ordonné par les simples variations de quatre éléments psycho- logiques: la conscience de soi (c'est le point de départ); la défense de la société contre la nature sauvage (la mort est comme le sexe, l'irruption de la nature au sein du fortin cultu- rel qui protège la société des hommes, lui permet de se développer contre sa dureté et sa sauvagerie); la croyance dans la survie; la croyance dans l'existence du Mal (la mort lui est liée, s'y confond, dans un sens, soit comme un destin collectif de l'humanité soit comme une destinée individuelle). C'est à partir de ces quatre "paramètres" et de leurs variations différentielles qu'Ariès a pu distinguer ses cinq "modèles" d'attitude devant la mort: la mort apprivoisée (qui règne durant le Haut Moyen-Age), cédera la place à la mort de soi (durant le Bas Moyen-Age, à partir du XIème, et le début des Temps Modernes), à laquelle vont succéder la mort longue et proche (XVIIè XVIIIème siècle), la mort de toi (XIXè et début du XXème siècle) et enfin la mort inversée aujourd'hui. L'Histoire est la suivante: Dans un premier millénaire, la mort apparaît assez bien maîtriséepar la communauté et l'Eglise qui assistent le mourant et qui l'accueillent au coeur du village, autour ou dans l'église même. L'Eglise christianise et ritualise les rituels anciens. Le baptisé, par simple appartenance à la communauté chrétienne est déjà un élu, la sépulture demeure un lieu anonyme, la mort s'organise en un rituel collectif paisible et résigné. Puis progressivement l'individu prend conscience de lui-même dans l'épreuve des derniers instants et l'inquiétude du jugement. Cette découverte de la mort de soi, et de la conscience de soi qui lui est liée, se situe à la hauteur des XIIè et XIIIème siècles, constitue une inflexion capitale dans cette première et longue plage de temps.Avant, l'individualité compte peu. Avec l'émergence de la conscience de soi, la biographie devient l'essentiel, dans la pesée des âmes comme dans le souvenir des vivants.De là, le retour proliférant de l'épigraphe funéraire, les portraits ressemblants des priants, toutes les liturgies individualisées de l'intercession. A l'aube des temps modernes, une mutation décisive s'esquisse: la mort s'éloigne, est mise à distance, reflue. Cette moindre tension est pour Ariès un signe d'effacement de la mort ancienne.Celle-ci ne s'avoue pourtant pas vaincue, mais son retour s'opère ailleurs, sous d'inquiétantes figures, qui réactivent une lointaine croyance, plus ou moins bien contrôlée par le christianisme médiéval.L'idée qu'il y a encore de l'être dans le corps mort est tenace et fonde à la fois la crainte panique de l'enterré vif, les superstitions autour du cadavre et l'érotisme macabre, contemplatif ou nécrophile.Ce rapprochement entre l'amour et la mort exprime aussi autre chose: l'intolérance à l'égard de la séparation de l'être
| 7,729
|
43/hal.univ-lorraine.fr-tel-01751795-document.txt_10
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 9,906
| 14,930
|
Cet autre épisode, enregistré lors d'une concertation après avoir visionné des vidéos envoyées par les partenaires anglais, permet encore de comprendre comment PA/F prend la main sur certaines propositions et par là influe dans une certaine mesure sur les choix.
Extrait captation vidéo- classe A/F - 6 janvier – concertation Mathyas On aimerait savoir c'est quoi qu'ils aiment leur personnalité CH
Vous êtes d'accord là-dessus? ça vous intéresse de savoir un petit peu ce qu'ils aiment ce qu'ils font? 0 :49 Elona leur demander ce qu'on a pas compris et leur dire ce qu'on a compris sur les vidéos et que eux si on fait encore des vidéos et bien qu'ils nous demandent ce qu'ils n'ont pas compris #### PA/F Vous avez parlé de les aider aussi alors là on est bien dans l'aide aussi du coup on est dans ce qu'on a pas compris dans ce qu'on fait bien dans ce qu'on fait moins bien dans ce qu'ils peuvent nous aider dans ce qu'on peut les aider comment on pourrait les aider alors? parce que ça vous l'avez dit on a envie de les aider et qu'ils nous aident aussi + alors si on a envie de les aider comment on peut les aider? 276
Dans un souci de mener les apprenants vers les buts qu'ils s'étaient fixés au préalable, et afin qu'ils ne s'éparpillent pas, l'action régulatrice de l'enseignant apparaît dans son discours. Elle pousse le groupe à ne pas rester en surface des propositions. Ici Mathyas fait une nouvelle suggestion qui est certes pertinente mais pas en lien avec l'activité en cours. La classe vient de visionner des vidéos qui ont fait réagir les élèves : problème de compréhension, principalement. Aussi, PA/F conduit le débat en le contraignant quelque peu. L'idée est de rebondir sur les vidéos et de faire un travail en lien avec le projet d'entraide à l'apprentissage. En résumé, s'il y a un premier palier de participation collective à l'élaboration des tâches, on constate qu'il peut être dépendant de la régulation de l'enseignant. Auprès d'un jeune public, celui-ci doit veiller en particulier à ce que la réalisation des tâches soit la visée essentielle, que l'on ne s'éparpille pas, ainsi il garde un contrôle lors des débats. Son action est régulatrice. Nous voyons maintenant que le travail organisé dans ces groupes ne répond pas aux mêmes règles et que l'autonomie des apprenants est mise en avant par un principe d'autorégulation.
L'autorégulation des groupes dans la classe A/F
Lors des activités de groupe dans la classe A/F, les interventions de l'enseignant sont dirigées pour venir en aide à des difficultés de méthode (comment anticiper les difficultés techniques pour réaliser des vidéos, répéter face à la webcam ou se diriger vers des sites d'information en ligne, par exemple). Elles servent également à encourager par des appréciations positives sur le travail effectué, etc. (annexe 44). Nous relevons que PA/F intervient très peu pour gérer des problèmes de discipline (trop de bruit, conflit entre les élèves, etc.). Nous serions tentée de dire que les élèves sont absorbés par leur activité. D'autre part, nous témoignons du fait que les élèves s'acquittent tous de la tâche qu'ils se sont attribuées avec beaucoup d'engagement et de persévérance. Nous abordons ce point en H2 concernant l'effort investi pour apprendre la LE. Le nombre d'essais multiples pour parvenir à créer des objets qu'ils jugent « dignes » d'être présentés aux partenaires étrangers l'atteste. À deux ou plus, ils vont se filmer, se critiquer et alors recommencer leur tournage, s'efforçant dans le temps imparti de parvenir à un résultat satisfaisant. En novembre, les élèves demanderont plusieurs séances d'entraînement pour mettre au point des vidéos les mettant en scène pour se présenter. Mathyas et Louis feront pas moins de 277 vingt-huit enregistrements (cf. extraits - annexes 51). Ces documents témoignent également de l'entraide dans les groupes. Si l'un la caméra et commente la prestation, on perçoit distinctement les personnes présentes qui soufflent des amorces, des formulations, ou font des suggestions annexes 52). Voici la transcription d'un épisode qui réunit six élèves de la classe A/F ayant pour tâche de réaliser en français une vidéo sur le thème : le réveil de Harry, la mascotte anglaise en séjour parmi les élèves français. Il a été décidé d'envoyer aux Anglais des vidéos retraçant la journée de la mascotte en France. Dans cet extrait, les élèves sont dans le couloir, un tien la caméra, un autre manipule la mascotte et lui donne sa voix, les autres ont des rôles d'assistants. Extrait captation vidéo dans la classe A/F -reveil_harry - annexe
53 00 :00 « Harry » (joué {camera gros plan sur la face de la mascotte} Ah enfin l'heure de se par un élève) réveiller + j'y vais + + oh et + merde + faut prendre ça avec {dans le déplacement de Harry, l'élève a oublié de prendre une couverture qui entrait dans le scénario} des élèves {rires francs} Lila bon Rahyan « Harry » [fait boire la mascotte dans un mug} glou glou glou glou glou ah élève caméraman ho on voit le gros visage « Harry » c'était bon Lila [en chuchotant} je vais aller mettre mon sac d'école « Harry D je vais aller mettre mon sac d'école 00 :40 élève caméraman [en chuchotant} le sac le sac vite vite ++ {Harry est déplacé dans le couloir} il vole il vole {Djamel suit le travelling de la mascotte et vient heurter Lila} Aloïs mais tais-toi élève A mais tu es fou {la caméra a saisi la scène et reste sur les élèves} Aloïs [rire} « Harry » arrêtez élève caméraman on recommence tout [la camera se déplace dans tous les sens} quelqu'un peut filmer? #### élève A non stop on refait tout depuis le début tout le monde + Lila et Djamel par là vous faites rien Aloïs Moi je l'attends dans l'armoire {en parlant d'Harry} élève A pas dans celle-là on voit à travers #### 01 :26 Lila baissez le volume On note que le scénario a été travaillé et qu'il doit être respecté. L'oubli d'une action commenté par son acteur en plein tournage provoque le rire et pourtant le film se poursuit. Des élèves tentent de réguler la dissipation, un autre cherche à poursuive en soufflant le texte. Le caméraman fait des commentaires sur sa prise ; oubliant que sa voix 278 est aussi enregistrée, il fait rire ses pairs. Malgré la succession d'évènements parasites, on cherche à mener à bien le travail. Toutefois, lorsque Djamel provoque un troisième élément perturbateur qui détourne la caméra de son objet, il devient davantage question de s'entendre pour retrouver le calme et mieux organiser l'action (que font les participants?, quels accessoires s'imposent à cette étape?, etc.). Il est à noter que le caméraman ayant échoué dans son contrôle du champ, entend laisser la responsabilité à quelqu'un d'autre. Cet extrait illustre l'autocontrôle qu'exercent les pairs entre eux et sur eux-mêmes. Il est à noter également que PA/F n'intervient à ce niveau ni sur l'aspect organisationnel, ni sur l'aspect technique. Lors de la précédente consultation collective, le principe de montrer Harry sur une journée et chronologiquement avait été arrêté. Ici les apprenants sont en totale autonomie. Ils travaillent dans le couloir, éloignés de l'enseignant. Ils savent qu'ils peuvent le consulter au besoin. Autre illustration d'interactions dans un groupe : lors de la préparation de la première visioconférence, deux élèves se sont chargées de chanter « Alouette ». Ne connaissant pas l'intégralité des paroles, elles ont recours à Internet. Une suggère l'idée d'écouter la chanson sur YouTube et de mettre sur pause à chaque phrase pour transcrire à mesure. La deuxième indique qu'il existe un site, parolesmania.com, qui leur permet de trouver le script de la chanson. Elles optent donc pour la dernière idée. En résumé, s'inscrivant dans un paradigme socioconstructiviste en écho à la théorie de l'apprentissage vicariant, une apprenante mobilise une stratégie pour accéder à une information, ce qui permet à sa partenaire d'employer la même, plus économique et plus sûre que la sienne (gain de temps et évitement d'une activité aléatoire en compréhension orale)74. En bref, ces illustrations témoignent du rôle dont les élèves s'investissent pour mener à bien les tâches qui doivent participer à l'action du groupe classe à destination des partenaires anglais. On note qu'ils adoptent des relations positives et sont centrés sur l'activité. Dans le premier cas on constate qu'une autorégulation des difficultés se produit au service et par le groupe pour l'action du groupe. Dans le deuxième cas, on observe également un rapport d'influence, les connaissances de l'un sont apportées à l'autre au bénéfice de la réalisation la plus optimale de la tâche. Les interactions dans les groupes Il nous a « amusée » toutefois de les observer recopier avec beaucoup de soin les paroles sur l'écran sans qu'elles pensent à les imprimer. 74 279 sont de l'ordre de la coopération (et non de la compétition ou de l'individualisme). Le travail de groupe sur lequel reposent les actions individuelles trouve ici sa pertinence. Ce constat rejoint celui de Lehraus et Buchs (2008) qui, dans une étude sur les interactions entre pairs, observent que lors du travail en équipe autonome « la quasi-totalité du temps de travail en équipe dans des échanges centrés sur la réalisation de la tâche mérite d'être relevé » (ibid. 169). Les résultats de leur recherche dévoilent que les jeunes apprenants habitués à travailler dans des situations de type ludique en début d'apprentissage à l'école, lorsqu'ils ont à travailler en équipe autonome ne profitent pas de l'absence de supervision pour se détourner de la tâche (ibid. 168-172). On peut alors conclure que la présence d'un esprit coopératif constitue un élément qui confirmerait notre hypothèse H1.2. À l'issue du PEaD, nous avons demandé aux apprenants des deux classes si échanger avec les partenaires distants était une tâche qui leur demandait de travailler plus avec les autres élèves de leur classe. Le oui représente près de 89% des réponses et dans des proportions égales dans les deux classes, ce qui nous laisse penser que PA/GB a adopté une pédagogie analogue à PA/F.
Réponses au questionnaire de fin - Q7 :– annexe 8 PA/F PA/GB oui 21 19 non 1 0 sans avis 3 2 total 40 1 5
Ces chiffres font apparaître clairement un engagement pour coopérer dans les groupes et une organisation différente du travail. C'est pourquoi, nous sommes étonnée de la contradiction sur ce point de vue des enseignants exprimée en fin de projet. Concernant l'organisation en groupe, tous deux s'entendent à dire qu'elle n'est pas différente des autres enseignements ou apprentissages : « Non parce que dans la classe, les enfants sont organisés en groupes qui évoluent selon les matières, les besoins, les projets (PA/F, questionnaire de fin) ; « I already use a mixture of ability / mixed ability and friendship groups so this was no different » (PA/GB, annexe 10). Il est donc difficile d'interpréter ces réponses, sauf dans la mesure où elles permettent de mesurer quelque chose de l'ordre du ressenti parmi les élèves. Nécessitant un engagement dans des tâches complexes d'un caractère nouveau, il fut perçu plus intensément que pour les autres activités généralement conduites dans la classe. Peut-on penser que les élèves étaient plus impliqués et stimulés pour qu'ils ressentent un tel écart avec leur pratique habituelle? 280 Nous pensons, comme le confirme PA/F que les élèves se sentent investis d'une responsabilité à deux niveaux, celle du groupe de travail auquel ils ont choisi de participer et celle de la classe qui doit produire des objets en direction des partenaires. Ces variables participent de la dynamique coopérative observée. D'autre part, l'objet à construire est un objet tangible relativement complexe qui est le reflet de leur travail et donc d'eux-mêmes et qui est destiné à être montré hors la classe. Ils s'engagent dans des tâches difficiles qui jouent sur les affects comme envoyer des vidéos à des inconnus, chanter à cinq en ouverture d'une première visioconférence en étant écouté à la fois par les élèves de sa classe et par une classe que l'on rencontre pour la première fois, se mettre en posture d'enseigner la langue à ses partenaires, etc. Le souci de bien faire, d'être à la hauteur se ressent. Les apprenants comprennent qu'ils ont une tâche qui les engage. Le lien social qui est créé impose des devoirs qu'ils appréhendent et nécessite des stratégies collaboratives. Pour étayer cette synthèse, nous consignons en annexe 1 un tableau récapitulatif des principaux objets construits du côté français du PEaD A. Il a pour vocation de témoigner de l'engagement des apprenants, du travail fourni et de la diversité des tâches qu'ils ont réalisées, grâce à leur travail collaboratif. Les objets échangés sont présentés de manière chronologique en lien avec leur fonction ou l'intention perçue. Le regroupement des élèves (leur nombre ou leur alternance) est un aspect que nous soulignon s pour montrer que les activités de groupe engagent pleinement l'ensemble des acteurs comme nous l'avons précédemment souligné. La dernière colonne du tableau présente de manière succincte les étapes successives des activités, conduites pour la création des objets. Nous reviendrons sur l'ensemble de ceux qui se construisent et leur fonction en prenant en compte l'ensemble des PEaD observés dans un paragraphe plus bas. Nous utilisons ce tableau pour aborder la relation entre les deux groupes distants et analyser le lien social qui s'établit à mesure des rencontres et des échanges d'objets. Les relations entre pairs distants
Pour analyser les relations sociales entre pairs distants, nous nous référons aux discours des apprenants, à leurs actions et aux objets présentés dans le tableau présenté en annexe 1. La première caractéristique de ce PEaD que nous relevons est qu'il fonctionne exclusivement sur des activités d'échanges, réalisées soit par des groupes d'intérêt pour 281 agir ensemble autour de telle ou telle activité soit par la classe dans son intégralité. Le destinataire, le récepteur ou la cible est toujours l'ensemble de la classe partenaire. Les projets s'élaborent en collectif et il n'y a pas d'appariement. Aussi, les apprenants n'ont-ils pas d'interlocuteurs privilégiés, de partenaires tandem privilégiés. La question des tandems
L'idée de permettre un agir ensemble dans un cadre informel fut toutefois exprimée par PA/F dans sa conception initiale du projet : Extrait entretien semi-dirigé - PA/F – annexe 1 CH les échanges + là plus sur les outils comment tu les envisages? tu as dit sous forme de visio PA/F de mail parce que ça y est c'est débloqué apparemment hein j'avais demandé à Francis je lui avais dit il faut absolument que tu nous débloques les ordis parce qu'on n'arrive pas à recevoir les mails CH donc tu imagines que les enfants pourraient envoyer des mails PA/F bien oui ça serait génial parce que du coup ça serait même sans moi CH sans toi PA/F enfin si je suis là mais ça peut se faire dans des moments d'école où CH c'est ce que tu vises PA/F bien oui puisque le but c'est de les rendre autonomes CH à l'école ou en dehors de l'école? PA/F et bien ils n'ont pas tous internet chez eux donc ça peut être en dehors de l'école et ça peut être à l'intérieur de l'école CH mais ça c'est un objectif que tu aimerais bien atteindre PA/F ça serait super quoi qui en ait un qui me dise en début de la récré maitresse euh j'veux envoyer mon mail à mon copain d'anglais et bien ouais ça serait super #### créer un besoin ouais et euh et l'idée c'est que ça dépasse le cadre scolaire donc ça c'est à voir avec les familles mais si ils arrivaient chez eux pour poursuivre les correspondances qu'on fait en classe ça serait CH c'est ça que tu viserais 11.21 PA/F bien je me dis que là que ça sorte du cadre scolaire et bien ça créerait une motivation supplémentaire et c' est ce qui les ferait progresser en anglais finalement hein s'ils arrivent à avoir un ou deux correspondants comme ça et à échanger alors sous forme de correspondance ou webcam après il faut que les parents soient d'accord hein après il y a plein pleins de choses derrière tout ça mais si ils arrivaient à échanger comme ça en direct avec les correspondants ça serait super à la limite ne plus avoir besoin de l'école pour faire de l'anglais ça serait super L'objectif au démarrage du projet est de permettre aux apprenants de se lier plus individuellement à un pair distant et de communiquer avec lui dans un cadre plus informel, qui puisse se distancer du cadre scolaire. Le projet est alors perçu en deux temps, un premier dans un cadre scolaire qui donne appétence à communiquer suivi ou complété par une prise en charge individuelle et autonome des apprenants en dehors du cadre scolaire. Sans nous prononcer sur la pertinence de ce principe, nous voyons qu'un idéal visant 282 l'autonomisation des apprenants en les plaçant dans un contexte socioconstructiviste et interactionniste est visé. Toutefois, dans les faits, l'agir ensemble se conçoit principalement sur le collectif classe préalablement existant. Néanmoins, à l'issue de la dernière visioconférence, des élèves exprimeront leur regret de ne pas avoir échangé des adresses électroniques pour poursuivre une correspondance individuelle dans un contexte privé. Ces propos seront repris par PA/F dans un message adressé à PA/GB l'été suivant : « My children were sad they forget to take some e-mails to your pupils to continue their link. We have to think of it next time! » (PA/F => PA/GB, courriel 4 août 2012, annexe 6). Il confirme ce sentiment en fin de projet : « Je pense que les enfants (pour en avoir eu des propositions à la fin du partenariat) apprécieraient d'être associés en binôme avec un copain anglais » (PA/F questionnaire de fin). Cette demande révèle que le lien social a fonctionné durant le projet. À l'issue du projet onze sur vingt-trois élèves de la classe A/F déclarent qu'ils auraient aimé avoir une relation privilégiée avec un pair de la classe A/GB. Nous n'avons hélas pas soumis la même question aux Anglais, ce qui ne permet pas de nous prononcer sur leur ressenti sur la question. PA/GB ne s'exprimera pas non plus sur le sujet dans ses conversations par courriel avec PA/F. Le seul indice sur l'organisation des groupes que nous pouvons extraire de notre corpus est l'opinion de PA/GB sur les outils utilisés : PA/GB - questionnaire de fin- Q7 – annexe 10 post (slower than I thought but the children LOVED receiving parcels!) e-mail (the most effective for communicating with [PA/F]) Skype (the children enjoyed this the most – some requested that another time they would like to do it in one-to-one or small groups, although this would be even more complicated to organise but maybe more beneficial???) L'idée de se rencontrer en groupes plus restreints indique que le lien sur un plus long terme nécessiterait d'être envisagé à deux niveaux : un niveau collectif et un niveau plus personnel. Nous revenons sur cette question plus avant dans la synthèse interprétative (Partie 4). Le lien perçu en rapport aux objets échangés En H1.1, nous montrons que les intentions initiales exprimées par les apprenants se rassemblent autour de trois objectifs : communiquer pour montrer/découvrir l'Autre, son pays ; 283 s'apprendre la LE mutuellement ; jouer ensemble. Comme dans toute situation de communication (et en particulier si la notion de distance est prégnante) il s'agit tout d'abord de lier un premier contact. Concernant le PEaD A, il s'agit de vidéo et d'enregistrements sonores où les apprenants se présentent. Certains optent pour une production en LE, d'autres en LS ou les deux pour répondre à leur projet mixte de : 1) communiquer pour donner des informations factuelles (on pratique dans la langue cible pour se faire comprendre et pour montrer ses acquis) ; 2) donner de l'input en LE à traiter. Le script d'une de des vidéo tournées entre deux amies témoigne à la fois de la difficulté de se s'exposer et de l'affect intervient dès la première rencontre, même si celle-ci ne s'effectue pas sur le mode synchrone. Script -vidéo envoyée à la classe A/GB - nov -Lucille_lila_premier envoi - annexe
1 Luc
ille (
A/F) my name is lucille I'm a girl {Accompagne sa parole d'un salut de la 0 :00 – 0 :27 main droite et d'un large sourire. Fixe la caméra} + j'ai neuf ans j'habite à Maxéville je
suis super contente de vous rencontrer + {détourne son regard vers l'extérieur gauche} ma meilleure amie c'est lila {se tournant vers Lila et la pointant du doigt affichant un large sourire ; Lila baisse la tête et cligne des yeux} on s'éclate trop à l'école c'est SUPER 2 Lila
(
A/F) hello my name is Lila I'm nine
{
les
mains derrière le dos
elle
oscill
e son 0 :29 – 0 : 41 corps
contre
le mur dernière elle. Son regard alterne vers la caméra et l'extérieur droit} ma couleur préférée c'est le bleu ma copine ma meilleure copine est Lucille {pointe son index droit sur Lucille } 3 Lucille (A/F) bye {fait un salut de la main} 4 Lila (A/F) {fait un salut de la main}
Nous avons été témoin des nombreuses répétions que se sont imposées Lucille et Lila pour préparer leur discours faisant état de leur implication pour la tâche. Leurs enregistrements préparatoires comprennent les informations factuelles suivantes : nom, lieu d'habitation, etc. => Hello my name is Lucille ; I live in Saint Max. I'm a girl On peut penser qu'au moment de la réalisation finale de leur vidéo, elles cherchent à réciter leur texte. Le script de la vidéo présente des traces d'une activité adressée qui émerge spontanément à la suite d'un silence Lucille : « je suis super contente de vous rencontrer ». Ses mots de fin qu'elle n'avait pas anticipés dans son scénario initial « On s'éclate trop à l'école c'est super » sont exprimés spontanément. Pour passer son message, elle en oublie 284 le code qu'elle s'était imposé : parler en anglais Dans l'action, Lila la rejoint et exprime le lien d'amitié qui la rapproche de Lucille. On ne peut douter que les élèves cherchent à présenter une image d'eux en prenant conscience des personnes auxquelles ils s'adressent. Cette autre transcription d'une vidéo où deux jeunes anglaises se présentent le montre encore : Script d'une vidéo envoyée par la classe A/GB – nov - annexe 56 1 Ellie {deux élèves toutes deux habillées de rose et blanc se rejoignent et se Melly passant les bras dans le dos, sourire vers la caméra} nous sommes amies [phono : sans liaisons] 2 Ellie {se séparent et se regardent l'une l'autre} même classe et 3 Ellie **** Melly 4 Ellie Je m'appelle Ellie 5 Melly Je m'appelle Melly 6 Ellie {regarde la caméra} j'ai neuf ans 7 Melly {regarde la caméra} j'ai neuf ans Ellie et Mellie partagent les mêmes goûts, elles ont choisi de le montrer en venant vêtues des mêmes couleurs. Elles ont ôté leur uniforme pour l'occasion et montrent qu'elles s'aiment. On peut penser que l'image qu'elles présentent d'elles dépend de leur libre arbitre, même si on peut supposer qu'elle est inspirée par les images que les Français ont envoyées. Elles veulent passer un message. Le script suivant fait état du contrôle et des efforts que certains ont à fournir pour produire leur message : N° TP 1 2 3 57 Matthew (A/GB) {les trois élèves se tiennent assis sur un banc} bonjour my name bonjour je m'appelle [pron : mə′pel] Matthew {remue les mains dans les poches de son pantalon, se soulève du banc, le regard part vers le sol} j'ai huit ans ma couleur
ma
couleur + pré- + rouge Myriam (A/GB) bonjour {sourire vers la caméra} je m'appelle
Myriam
{lève les
yeux au ciel puis grimace en levant les yeux au
} j'ai huit ans j'ai
huit ans
ma couleur prefére [pron : ′pʀefeʀ] préférée est blanc Colin (A/GB) {fixe la caméra} hello I'm
Colin I
'm eight years
old
and my favourite colour is orange
Colin au revoir {
large sourire
des trois} Myriam Matthew
Les mouvements du visage et du corps de Matthew et Myriam témoignent de la difficulté de produire un tel message. Leur sourire commun peut traduire un soulagement à 285 être parvenu à le produire ou est-il un message adressé aux partenaires? Dans les deux cas, l'effort est patent et s'inscrit à l'adresse des Français pour lesquels l'objet a été construit. Nous avons demandé aux élèves de la classe française d'exprimer leur sentiment individuellement à la réception des premiers colis qui comprenaient ces vidéos. Sur vingttrois réponses seuls deux élèves ne se sont pas exprimés. Nous recensons les ressentis en six catégories. 1) Huit élèves voient une complaisance de leurs partenaires, se déclarant « content » (6 occurrences), « J'ai beaucoup aimé leur gentillesse » (Rahyan), « j'ai trouvé que c'était très sympa » (Lucio). 2) Cinq élèves disent ressentir de la joie, du plaisir, dont Aïcha qui ne peut se restreindre à un mot : « la joie le bonheur l'amour l'amitié » (Aïcha). 3) Un sentiment d'amitié est cité par deux élèves : « Je sens que l'on peut avoir de l'amitié avec nos chers correspondants » (Maxime). 4) Un autre parle d'intimité : « J'ai ressenti de l'intimité » (point sur lequel nous revenons ci-dessous). 5) Deux élèves expriment du soulagement car le courrier a tardé à arriver : « j'ai ressenti un enfin! Les lettres sont arrivées » (Octave). 6) Trois élèves se montrent critiques du travail effectué et apprécient l'effort fourni, « Je comprenais pas trop ce qu'ils disaient, mais c'est déjà bien qu'ils ont parlé français au lieu d'anglais » (Emma). À noter qu'un d'entre eux compare l'effort fourni et note que les partenaires se situent à égalité : « Je suis contente qu'ils se sont donner du mal comme nous pour nous répondre » (Nina). Autre illustration provenant de témoignages de la classe anglaise : cette fois, il s'agit de données collectées par PA /GB à l'issue de la première visioconférence (annexe 6, mail du 5 juin) : les vingt-et-un élèves déclarent à l'humanité apprécier le contact : I enjoyed the skype, I love linking with you, certains sont très enthousiastes : I thought that it was a brilliant idea to do skype (Ellie), I thought the skype was a fabulous idea (Meriam), etc. Mais peu s'expriment en détail. Le regard de deux élèves se porte sur leur propre production: I loved the singing, my best was the national anthem from Zoe louise (Oakley), I enjoy singing incy wincy spider and national anthen (Emily). Le chant qui a été la principale activité de cet échange synchrone est plébiscité par onze élèves dont certains 286 prennent en compte la performance de leurs partenaires français : I thought you were very good at singing (Jazzmin), I like YOUR singing (Ellie). Enfin, parmi ces témoignages tous positifs, certains expriment le besoin ou l'envie de pouvoir se voir et d'agir de concert pour mieux se connaître. Ils mentionnent l'outil (point sur lequel nous revenons en H1.4) : I have really loved doing the french link with you and talking face to face with each other (Jack), I love skype because you get to talk to people (Spencer), I enjoyed getting to know all of you, I enjoyed meeting you and doing the skype ( Luke). Un lien social constructif s'établit à mesure des rencontres et des échanges d'objets. Les états affectifs exprimés sont principalement de l'ordre du plaisir, propres à influencer les comportements positifs envers les partenaires et jouer sur l'engagement dans les activités qui les concernent.
La réciprocité et l'entraide
Dès le premier contact initié par les Français, on identifie un principe de réciprocité sur lequel s'appuient les échanges. - - - Les Anglais produisent des vidéos sur le même modèle que les Français. Ils s'enseignent mutuellement du lexique. Ils rendent compte de la portée de ces apprentissages à l'occasion de leurs rencontres successives en VC. Lors de la dernière séance, par exemple, les Français organiseront un jeu pour tester les connaissances lexicales qu'ils avaient enseignées à leurs partenaires (cf. jeu de bingo, VC du 5 juillet, annexe 20). Un groupe chante une chanson en LS, l'autre groupe s'applique à l'apprendre pour la chanter ul ment. Respectant les codes culturels de leur pays, des cartes de voeux ou des confiseries sont envoyées lors de célébrations comme Noël ou Pâques. Parmi d'autres objets échangés, les deux groupes produiront sur l'année des comptes- rendus sur les activités des mascottes qu'ils ont échangées pour servir d'ambassadeur de leur pays (cf. H1.4 § CMO vs objet tangible : la mascotte). Audelà d'un potentiel de développement de compétences générale, transversale et linguistique, la mascotte est un objet symbolique qui permet un regard intime sur l'environnement de chacun. La dimension affective liée à la tâche se perçoit : on prend le destinataire en compte et on ose lui révéler ce qu'on ne dévoile même pas à ses pairs dans la classe : sa famille, sa chambre, ses préférences, etc. La réciprocité, si elle peut être perçue comme une force sociale élémentaire qui naît spontanément dès le premier échange, amène à considérer les acteurs du PEaD comme une 287 communauté d'intérêt où les partenaires distants sont reconnus socialement et agissent sur le principe suivant : je te vois, je te considère et te prête le même regard que celui que je porte sur moi-même. « C'était super cool on a rigolé et on les a rencontrés, vu et même parler, c'était vraiment bien on a chanté, ils ont chanté, on a parlé, ils ont parlé ils ont lu dans nos pensées ils ont fait tout pareille que nous » écrit un élève à l'issue de la première VC. Un sentiment d'être en parfaite est formulé avec force. Le principe de réciprocité n'est pas le seul sur lequel se construit la communauté. L'entraide est présente. Nous distinguons deux principes concernant l'agir ensemble dans ce PEaD. Le principe de réciprocité relève davantage d'une obligation de rendre l'aide (cf. Essai sur le don, Mauss 1923-4), et s'observe dans les propos plus haut. Cette obligation correspond à un contrat didactique implicite alors que « [] le retour de l'entraide n'est pas obligatoire en termes contractuels ou dans l'absolu : il est attendu en termes de sociabilité et d'humanité. C'est l'une des différences entre l'échange et le principe de réciprocité » énonce le socio-anthropologue, Sabourin (2007, 202). Les apprenants agissent aussi en référence à principe. Le degré d'investissement des parties est souvent jaugé comme en atteste ces commentaires à l'issue d'une VC : « On en a fait plus qu'eux » ; « c'était bof je trouve qu'ils se sont ennuyés quand on a chanté » ; « j'étais content mais les correspondant n'ont pas tout répéter pour la famille » ; « on ne comprenait pas leur nom car ils parlaient trop vite » ; « j'ai adoré la visioconférence! Ce que les correspondants avait fait était très rigolo » ; « quand les Anglais nous ont chanté leurs chansons c'était super! J'espère qu'ils ont aimé les nôtres » ; « je voulais qu'il disent la phrase pour la famille ». Les élèves expriment leurs attentes et peuvent se montrer critiques de l'investissement de l'autre partie, soit de la nature de l'objet créé, ou de l'effet produit. On remarque aussi qu'ils critiquent leur propre prestation. Le dernier élève cités juge qu'ils ne sont pas parvenus à faire comprendre leur objectif qui consistait à faire répéter des phrases entières pour présenter le lexique de la famille. Leur ingénierie qui consistait à présenter ce lexique dans des formulations variées, comme « je te présente mon père, repeat » a échoué car les Anglais n'ont répété que le mot « père » et les Français 288 n'ont pas su réagir sur le moment pour faire comprendre leur attente. Le débat sur cet « accident » permettra un réajustement lors de la prochaine VC où les élèves s'approprieront une nouvelle consigne : « repeat all the sentence ». Ces regards critiques attestent de l'intérêt, de l'engagement personnel que suscite la confrontation des deux groupes et qui peut s'exprimer lors de moments rétrospectifs que l'enseignante sait accorder. Une analyse plus fine des incidences sur l'apprentissage de la langue sera conduite ultérieurement en H2. L'extrait suivant rejoint les propos précédents sur l'entraide. Il témoigne d'une attente que les Français expriment au moment de visionner un support vidéo envoyé par la classe A/GB. Les Français avaient précédemment envoyé une vidéo présentant la mascotte Harry dans l'école. Lucio, un élève, avait prêté sa voix. Extrait captation vidéo – classe A/F – 1er mars - attente de feedback correctif - annexe
16 PA/F alors à votre avis qu'est-ce que va contenir le 17 Nina ben les mêmes choses que nous 18 CH qu'est-ce que tu t'imagines ça veut dire quoi les mêmes choses? 19 Nina ben qu'ils nous présent leur école 20 PA/F c'est ce que vous attendiez vous aviez envie de cela qu'est-ce que vous avez envie de voir? 21
Lila
leur école 22
Lucille
leur
école
et qu'ils nous corrigent 23 PA/F qu'ils nous corrigent
aussi
24 Mathyas leur organisation 25 Carla leur emploi du temps #### 32 CH et si vous dites qu'ils puissent vous corriger mais à partir de quoi? parce que qu'est-ce que vous leur avez donné? s'ils devaient vous corriger qu'est-ce qu'ils ont pour vous corriger? parce que vous vous les avez corrigés par rapport à ce qu'ils vous avaient envoyé vous vous souvenez les petits dialogues? Donc ils ont quelque chose pour
vous corriger?
33 Oct
ave et bien ils ont Lucio qu'ils ont entendu parler #### 35 PA/F Lucio cela te ferait plaisir qu'ils te corrigent? 36 Lucio ben oui parce que oui je ne sais pas très bien parler anglais 37 CH plus que par la maîtresse? 38 Lucio ben euh + j'aimerais bien être corrigé par les Anglais parce qu'ils savent bien 02 : 35
Selon le principe d'aide aux apprentissages qu'ils s'étaient fixés, les Français avaient envoyé un feedback correctif à partir d'éléments perçus dans les premières vidéos de présentation réalisées par les Anglais (cf. H2.2). Sur le principe de réciprocité évoqué précéd emment, les élèves en attendent un. Or celui-ci ne viendra pas provoquant interrogation, étonnement, voire déception. 00 :15 PA/F alors qu'est-ce que vous en pensez? + Est-ce que c'était ce c'était est que vous vous y attendiez à cela? Des élèves non PA/F est-ce
que c'était comme vous
vous
l'étiez imaginé
Des
élève
s non
PA/F
pas du tout
###
PA
/
F et par rapport à qu'ils vous ont envoyé c'est à ça que vous attendiez? Des élèves {murmures} PA/F vous vouliez qu'ils vous montrent leur école ils vous l'ont montré vous avez vu tout ce que vous vouliez voir? 00 :35 Carla peut-être qu'ils nous ont pas corrigé parce qu'on a pas fait de fautes. PA/F {rire} voilà on va dire ça comme ça faudrait peut-être leur demander {en riant} un élève maîtresse pour l'instant on va dire qu'on n'a pas fait de fautes mais après peut-être qu'ils nous en
enverrons Ainsi, à l'issue de la séance, lorsque PA/F demande à ses élèves de lister leurs nouvelles attentes, la demande pour une symétrie des activités persistera : « qui nous corrige nos fotes si ont en na » (impossible de résister à citer sic!). Précédemment des élèves avaient exprimé l'envie de voir les productions soumises à des retours critiques, à davantage d'exploitation. attent d Mathy On aimerait savoir c'est quoi qu'ils aiment leur personnalité CH Vous êtes d'accord là-dessus ça vous intéresse de savoir un petit peu ce qu'ils aiment ce qu' ils font? 0 :49 Elona leur demander ce qu'on n'a pas compris et leur dire ce qu'on a compris sur les vidéos et que si on fait encore des vidéos et bien qu'ils nous demandent ce qu'ils n'ont pas compris Ce besoin sera exprimé tout au long du PEaD mais la classe anglaise ne produira pas de rétroaction corrective. A posteriori, il nous semble intéressant de noter que les deux classes ne communiqueront pas sur la question. Alors qu'il a été interpellé par ses élèves pour le solliciter, PA/F ne fait pas le relai de la demande. De notre côté, à la fin du projet, nous avons questionné PA/GB sur le fait qu'il n'y ait pas eu de réciprocité pour cette activité. Il l'explique comme suit : Extrait d'un courriel de PA/GB adressé à la chercheure - 17 oct. Nous abordons maintenant la description et l'analyse des autres PEaD pour sonder l'organisation, la relation dans les « groupes classe » constitués et entre les classes distantes. Nous utilisons les mêmes filtres. Toutefois, pour éviter les redondances nous développeront succinctement l'analyse lorsque celle-ci est semblable à celle du PEaD A.
1.2.2.2. Étude du PEaD B La concertation
Nous avons rendons compte plus haut comment PB/F éprouve des tensions entre sa pratique effective et ses représentations d'un PEaD (et de l'apprentissage de l'anglais). Lors de notre premier entretien, questionné sur l'organisation de son projet il s'exprime en ces termes : Extrait entretien semi-directif - PB/F – annexe 3 21 :57 PB/F et bien en fait on voit avec les schtroumpfs ce qu'ils ont envie d'échanger avec leur correspondants et à partir de là on part de sur un travail lexical essentiellement sur un travail de structure de phrase et puis euh moi je suis quand même partisane de leur apporter du du vocabulaire et de la structure qu'ils peuvent réutiliser par la suite. Eux apporte l'idée en français on leur apporte la traduction entre guillemet oui c'est presque de la traduction et euh l'aspect structure de la phrase en anglais et après ils le réutilisent comme ils ont envie CH tu réponds à leur besoin et ils les expriment au niveau lexical et structure PB/F ah oui ça ils les expriment CH on a envie de dire ça et toi PB/F oui envie de dire ça et d'autres choses oui et il y a un truc ici aussi qui me chagrine c'est que quand on leur donne les outils linguistiques de façon directe comme ça c'est pas c'est amener sauvagement quoi si c'est de la traduction et ça c'est gênant quelque part parce comme ils sont encore très pauvres en structure et en aspect vocabulaire lexical ils ne peuvent pas encore réutiliser des choses qu'ils connaissent transférer euh donc on est 291 21 :16 CH PB/F obligé de leur donner de la traduction pure et dure mais ce n'est pas ce que tu faisais avant? si mais j' avais pas le même regard avant + donc c'est différent quand tu apportes quelque chose qui ne va pas servir finalement réellement concrètement et quand tu portes quelque chose qui doit servir concrètement réellement c'est plus du tout pareil après tu te dis que dans la mesure où ils vont s'en servir concrètement ils doivent l'intégrer et ils doivent l'utiliser dans d'autres situations. Le contexte nouveau qui nécessite d'agir « pour de vrai » provoque un questionnement sur la validité de sa pratique. Précédemment, les apprenants n'avaient pas la possibilité d'intervenir sur le contenu de leur apprentissage. Le choix dépendait exclusivement de l'arbitraire de l'enseignant. Pour les raisons évoquées plus haut, B/F ne peut poursuivre dans cette direction dans le cadre du PEaD. Sa pratique nouvelle en atteste : PB/F - extrait d'un mail adressé à la chercheure - 5 nov. pendant cette semaine je vais faire un forcing sur l'histoire puis la semaine suivante je compte commencer à bosser sur la présentation en anglais on verra ce qu'ils ont envie de raconter à leurs futurs correspondants mais j'aimerais qu'ils le fassent déjà à l'oral entre eux quand ils seront prêts, je leur proposerai de les filmer et d'envoyer Ouvrir le champ des possibles pour que chacun puisse se raconter, se présenter selon ses désirs nécessiterait de s'intéresser aux envies des apprenants prises individuellement. PB/F avance une solution qui consisterait à traduire dans la langue cible des propos formulés en français. Ceci lui pose, on peut le comprendre, des questions didactiques et pédagogiques tant sur la validité d'une telle pratique que sur son exécution. Par la suite (aspect analysé en H2) PB/F trouvera réponse à cette question en proposant de travailler à la construction d'objets centrés sur des apprentissages collectifs sur une même thématique/fonction/notion choisie en commun, et pour laquelle le lexique sera personnalisé. PB/F s'efforce tout au long du projet de fonctionner en concertation avec ses élèves tout en gardant la main sur les modalités de travail. Dans l'extrait ci-dessous, on perçoit plus dans le détail, que la ulation de l'enseignant oscille en particulier entre le maintien d'une participation effective de tous et d'un espace de liberté individuel. À l'issue d'une séance de débriefing faisant suite à une VC collective, des élèves ont émis l'envie de communiquer sur leur sport. Les idées restent vaguement exprimées en fin de séance et tous ne se sont pas exprimés, aussi PAB/F donnet-il ces consignes : Vous réfléchissez pour avoir une petite idée pour demain. Vous mettez ça sur un tout petit bout de papier puis vous le donnez à la maîtresse. Votre prénom, sur quoi vous aller parler. Née de la situation, l'action de l'enseignant poursuit l'objectif d'une implication et une mobilisation de tous les élèves. Les activités autour des objets échangés Dès lors qu'ils savent qu'ils auront à interagir avec des pairs locuteurs de la langue cible, les apprenants expriment l'intention de coopérer à l'apprentissage de la LE des Écossais. Les préoccupations concernant les objets à produire sont semblables à celles exprimées par la classe A/F (mêmes questions sur les attentes des pairs distants, sur la langue à employer, etc.) Le même principe de réciprocité opère de manière spontanée. Les apprenants « rebondissent » sur les initiatives de l'autre groupe. On reçoit, on donne. Pour illustration, si les Écossais prennent l'initiative d'envoyer des maisons réalisées dans le détail pour montrer leur environnement hors l'école, les Français produiront des objets semblables. Ainsi, la plupart des objets échangés seront des réalisations émanant d'une concertation collective pour examiner l'échange précédant en s'inspirant du modèle. Dans la phase initiale du projet, PB/F anticipait que « les deux classes se rejoignent en groupe ou en individuel via la visioconférence » (PB/F, projet déposé sur eTwinning). Les rencontres individuelles ayant quasiment toutes échouées pour des raisons techniques, nous ne pouvons présumer de la dynamique sociale qu'elles auraient occasionnée. Ce que l'on observe toutefois, c'est une forte implication, un travail soutenu pour se préparer à la rencontre, même si celle-ci revêtait un caractère aléatoire : préoccupation de sa bonne prononciation, de sa capacité à produire un message conforme à la norme, application à produire des images de qualité, etc. PB/F nous dira par exemple, que ses élèves ont davantage sollicité leurs familles pour les faire répéter des discours préparés, les aider à traduire leurs productions individuelles, etc. Nullement familiarisés avec la situation (méconnaissances des pairs distants, expression en LE, technologie nouvelles, etc.), les apprenants font naturellement part de la même appréhension que les élèves de la classe A/F ; « j'ai une boule dans le ventre » (Elsa, B/F) 293 Les objets échangés ont principalement pour thème l'identité des élèves et leur environnement immédiat. Des deux côtés, leurs envies de se dire, de se montrer se font en référence à l'école : on vous montre ce que l'on apprend à l'école, on vous montre notre, école, on parle de nos loisirs, de notre ville. Les sketches de fin d'année seront les seuls objets qui émaneront de leur imagination dans des contextes de fiction : sketches dans un snack bar, à la plage, etc. L'organisation des groupes Contrairement au PEaD A, à l'initiative de PB/GB, chaque apprenant s'est vu attribué un partenaire, arbitrairement. Ce choix effectué par PB/GB ne satisfera pas nombre d'entre eux. La raison principale exprimée est celle du sexe. Que ce soit une fille ou un garçon, il apparaît gênant de devoir interagir avec un partenaire du sexe opposé. La psychologie du développement psychosocial apporte une explication à ce sentiment : entre 8 et 10 ans, l'enfant se détache progressivement de sa famille. Il trouve de nouvelles références auprès de ses amis et de ses pairs à l'école. À cet âge, les relations principalement basées sur les jeux révèlent une ségrégation entre les filles et les garçons. On observe aussi une identité de genre répondant à une conformité à des référents culturels s'accompagnant d'une ségrégation sexuelle. Être associé à un pair du sexe opposé peut alors être perçu comme une entrave à un lien social qui nécessite d'échanger sur soi et de se comparer, pour mieux se rencontrer (Florin, 2003, 80-81). Dans les échanges concernant leurs loisirs, garçons et filles ont distingué les goûts de leurs pairs distants et se sont identifié sur le critère du genre. Pour entretenir un lien social, on comprend que les personnes cherchent ce qui les rapproche, ce qu'elles peuvent réaliser ensemble. L'organisation du travail dans la classe B/F est semblable sur le principe à celle de la classe A/F. Les groupes se constituent en fonction des objets à construire et de l'intérêt que les élèves leur portent. Chaque nant doit s'engager dans une activité. Ainsi sur la question de savoir si les regroupements étaient différents des autres apprentissages, PB/F répond : PB/F - questionnaire de fin – Q10 – annexe 10 Oui, car les groupements dans d'autres matières pouvaient être imposés par des raisons de besoins (groupes de besoins homogènes ou hétérogènes), par des raisons pratiques (on travaille avec son entourage proche). En anglais, la motivation étant prioritaire, les enfants devaient pouvoir faire des choix pour mener 294 leurs projets à terme sans être parasités par des 'conflits d'individus'. Ce qui nous a amenés d'ailleurs à investir différents lieux de l'école, pour que chaque groupe puisse travailler dans le calme et/ou répéter sans témoin [] Dans la classe, composition des groupes de travail en fonction des affinités entre les enfants ou des affinités sur un thème. D'où les quelques problèmes d'enfants isolés à résoudre les résolutions de ces problèmes ne se sont pas toujours faites sans grincements (pas facile à cet âge de dépasser ses antipathies!!!) mais les enfants en ont pris conscience et ont fait des efforts La mention de parasitage fait ici référence à l'organisation spatiale de la classe. Pour pouvoir s'investir dans des activités différentes, les apprenants ont besoin d'espace et de calme. Nous avons été témoins de difficultés pour certains de se concentrer sur leur tâche, et intervenant trop arbitrairement dans les groupes alentour, provoquant des commentaires débordant du cadre. Très vite pour résoudre cette difficulté, des espaces ont été aménagés pour permettre à chaque groupe de s'autoréguler. Par ailleurs, ce commentaire montre la satisfaction de l'enseignant sur la méthode de regroupement qui a permis aux quelques élèves en retrait de trouver raison de s'associer.
L'autorégulation dans les groupes
Comme pour le PEaD A, les apprenants de la classe B/F se saisissent des opportunités d'agir ensemble à la construction d'un programme d'apprentissage et/ou à réalisation de tâches qu'ils sont dans chaque classe invités à suggérer. À l'intérieur des groupes constitués, ils agissent ensemble pour mener à bien les activités. Ici Aline et Loanne s'entraînent avant une VC. Loanne prend le rôle d'un pair écossais pour simuler la conversation : captation audio- classe B/F – déc. -. 1 Aline hello my name is Aline what's your name? 2 Loanne hello my name is Loanne heu how old are you? 3 Aline { en chuchotant } c'est quoi? 4 Loanne { en chuchotant } quel âge as-tu? 5 Aline { en chuchotant } c'est quoi? 6 Loanne { en chuchotant } quel âge as-tu?
7
Aline ah oui heu
* [
naɪ
] 8 Loanne { en ch
ucho
tant } nine [naɪn] 9 Aline heu 10 Loanne non attend 11
A
line
how old
are you? 12 Loanne heu attend + dép
éche toi
13 Aline *[hɪ] live in? ++ * [hɪ] live in? 14 Loanne *
I
live in champigneulles 15 Aline bye bye 16 Loanne bye bye 295
Loanne intervient pour résoudre un problème de compréhension. Elle signifie à Aline par deux fois que ses réponses ne sont pas correctes en reformulant la forme erronée (recast en anglais). Une rétroaction corrective qui habituellement s'observe dans les interactions enseignant-élève s'observe ici dans des interactions élève-élève choisies comme mode opératoire pour se préparer aux tâches communicatives. (cf. : H2.3). Cet autre exemple montre l'effet du regroupement. Il s'agit d'un temps où Marion et Elsa prépare une vidéo dans laquelle elles présentent leurs loisirs. Extrait captation vidéo – classe B/F - 30 mars – Elsa et Marion - entraînement pour vidéo sur le sport – annexe 71 TP
{
Elsa
vient
de
filmer Marion
– elles
sont en
train de
vision
ner l'enregistrement } 04 :45 Elsa {rires} en plus il va falloir que tu la recommences parce que là {lève les yeux au ciel} every Wednesday Marion ben toi tu parles nettement moins fort 04 :53 Elsa {fait face à Marion} non mais tu vas te rentrer dans la tête que c'est pas Wednesday [pron : ˈwenəzdeɪ] mais c'est Wednesday [pron : ˈwɛnzdeɪ] Marion
Wednesday [pron : ˈw
ɛn
zdeɪ]Wednesday
[
pron
: ˈwɛnzdeɪ] Elsa ca fait every Wednesday [pron : ˈwenəzdeɪ, avec une pose entre les deux éléments] {hoche la tête et se redresse} every Wednesday [pron : ˈwenəzdeɪ, avec une pose entre les deux éléments] every Wednesday [pron : ˈwenəzdeɪ - avec une pose entre les deux éléments] Marion every Wednesday [pron : ˈwenəzdeɪ, avec une pose entre les deux éléments] Elsa pourquoi tu t'arrêtes? c'est every Wednesday [sans pose entre les deux éléments] Marion every Wednesday [evərɪ WENəzdeɪ - forte insistance sur la premiere syllabe] Elsa parce que toi tu fais every Wednesday [pron : ˈwenəzdeɪ - avec une pose entre les deux éléments] Ce singulier épisode témoigne du même effet. Comme l'épisode précèdent, sur le principe socioconstructiviste et du modèle compétent (Bandura, 1986), un élève plus avancé permet un transfert de connaissance. Nous attribuons ce mode opératoire à l'autonomie dans laquelle les élèves sont placés et au fait qu'ils soient responsabilisés et engagés dans une tâche qu
'ils ont librement choisie, qui fait sens et les expose. Ce dernier extrait témoigne encore de l'investissement dans la tâche. Romane et Loanne ont préparé un sketch simulant une conversation dans un snack bar. Elles veulent 296 l'envoyer sous forme de vidéo. Elles viennent d'écrire leur texte et le répètent pour la première fois : Extrait captation vidéo – classe B/F - 18 mai – annexe 70 TP : 1
Romane good morning
give
a
soda please + here you are 2 Loanne ben t'as dit here you are 3 Romane {rires} 4 Loanne mais pourquoi mon texte il est comme çà regarde {tend son texte} + c'est pas le bon hein? 5 Romane {lit à voix basse le texte de Loanne} give me a soda please here you are anything else ben si il y est 6 voix off Romane 7 Romane an apple pie oui c'est bon 8 Loanne mais non regarde il y a 9 Romane an apple pie please après an + orange juice 10 Loanne ah oui c'est bon c'est bon
Ensemble, elles comprennent que leur texte comprend l'intégralité du dialogue et qu'elles n'ont pas
matérialis
é les différentes
rép
liques. Ensemble, elles le réécriront
en se mettant d'accord sur leur rôle respectif. L'interdépendance entre les apprenants opère pour favoriser un transfert de connaissances (Henri et Lundgren-Cayrol, 2001, 17, cf. cadre théorique). À l'issue du projet, le taux des apprenants dans les deux classes partenaires qui disent avoir davantage collaboré au sein de leur classe pour concrétiser leur PEaD est de 87 %. Il confirme que le dispositif repose sur l'entraide dans chaque classe. Réponses au questionnaire de fin - Q7 : Echanger avec les partenaires est une activité qui te demande de travailler plus avec les autres élèves de la classe – annexe 10 PB/F PB/GB total oui 17 12 29 non 1 0 1 sans avis 0 3 3
La relation entre les groupes distants
Pour terminer, regardons le lien social qui se noue entre les deux groupes distants. Premièrement la même gène que celle observée dans le PEaD A s 'exprime lorsqu'il s'agit de se montrer plus particulièrement en VC « Je me réjouis de ce rendez-vous! Les enfants aussi, bien qu'ils soient déjà morts de trouille », écrit PB/F à PB/GB avant la première VC. Keny, un élève de la classe, le confirme : Extrait captation audio – classe B/F – janv. Pour rendre compte de l'intérêt porté aux partenaires distants, nous rendons compte des envies que les apprenants expriment. L'épisode suivant est éloquent. Il se situe lors du débriefing mentionné plus haut. PB/F demande à ses élèves ce qu'ils aimeraient dire ou demander lors des prochaines sessions (respect du principe de concertation).
PB/F est-ce que vous
au
riez
une
idée
des questions que vous
auriez
envie
de leur poser pour la prochaine fois? autre chose que comment tu t'appelles euh quel est ton animal préféré il faut penser à d'autres questions maintenant élève A comment ****et comment ils s'habillent PB/F comment ils s'habillent {PB/F note à mesure au tableau} élève B comment elle s'appelle sa maman PB/F comment s'appelle ta maman élève C comment est l'école? PB/F comment est ton école élève C **** la cantine PB/F la cantine élève D comment est ta vie? PB/F ta vie élève E comment elle s'appelle ton école PB/F comme s'appelle l'école #### 01 :50 élève F qu'est-ce que tu fais le weekend
Cette liste se poursuit. L'envie de faire découvrir son monde et d'avoir accès à celui des pairs distants s'exprime. Comme les élèves du PEaD A, ceux du PEaD B veulent montrer leur sphère personnelle : ils veulent se donner à voir en action dans la classe, décrire leur maison, présenter leur tenue de sport lors de VC ou en dessin, autant de projets qui seront retenus. La pédagogie de l'échange à distance incite à des activités, des messages adressés qui impliquent chacun. Romane
,
une élève
de la
classe B/F, nous dira en fin d'année que le projet est une très bonne idée parce qu'il permet de « se voir pour s'entendre et pour se connaître ». Que penser encore de cet autre élève qui suggère d'écrire welcome sur les maisons de papier qu'ils confectionnent à l'attention des Écossais? Comme ceux de la classe A/F, les apprenants de la classe B/F sont attachés au principe de réciprocité, qui apparaît comme une règle implicite. Ils mesurent les efforts consentis par les deux parties les objets échangés ont une forte valeur symbolique. Nous l'avons perçu notamment lorsqu'à l'ouverture d'un colis envoyé par les Écossais, l'ensemble de la classe adresse des recommendations à l'élève qui en est chargé : « C'est trop précieux », « Ne le déchire pas » « C'est très précieux », « Oui il ne faut pas l'abimer ». À un autre moment, PB/F amorce un débriefing à l'issue d'une VC réalisée en collectif. Il demande aux élèves ce qu'ils ont aimé. Les élèves lui répondront qu'ils ont surtout apprécié l'effort que les Écossais avaient fait pour chanter une chanson en langue française : « ben oui quand ils ont chanté ça a dû leur demander quand même beaucoup de 299 travail pour savoir déjà dire tous les jours » (Manon), « pour nous c'est facile mais pour eux c'est difficile » (Loanne). On comprend que les élèves sont sensibles aux efforts fournis, et se montrent capables d'observer les processus d'apprentissage à travers les autres et de s'identifier dans ceux-ci. « My pupils were very impressed, and they asked me time to answer immediately! » dira, par exemple, PB/F à PB/GB lors de la réception d'un colis, témoignant là à la fois du regard sur le travail fourni à leur adresse et sur la volonté de produire pour mesurer leur propre capacité à donner. Une forme de réciprocité des situations d'apprentissage permet une mise en regard sur soi, une sorte d'effet miroir sur l'acte d'apprendre une langue, sur l'acte de communiquer dans cette langue. Nous reviendrons sur ce point en H2, mais l'acte social apparaît bien conditionnel dans ce processus d'intercompréhension. Des témoignages recueillis lors du questionnaire de fin (annexe 8) auprès de la classe partenaire, laissent entrevoir qu'il en est de même pour les Écossais. Au-delà du fait qu'il est « amusant » de découvrir les Français comme l'indique Alistair « It's fun because you get to see what French people are like » (questionnaire de fin B/GB), la rencontre permet effectivement un effet miroir et stimule les apprentissages : « We can see how much the other school is ahead or behind and catch up ». (Lewis), « I think it's a good idea because giving our work to the French school is very good and is nice to see theres [theirs] » (Amy). Des regrets sont alors formulés. Tommy, par exemple, est déçu de n'avoir pas pu fonctionner sur le principe de réciprocité en fin d'année et produire lui aussi une vidéo sur la thématique du snack bar : « I would have liked to film a café scene and sent it to them ». Ou encore, on exprime d'autres souhaits générés par l'envoi des partenaires : « I would like to make a stall with French food », comme le formule Lewis, qui aurait aimé entrer davantage dans la culture française. Cet autre extrait du côté français reprend justement l'ensemble de ces propos. Il s'agit d'un entretien entre deux élèves et la chercheure au sujet de vidéos qu'ils sont en train d'élaborer. Extrait captation vidéo – classe B/F - 30 mars - Théo et Killian - (fichier corrompu – accessible en format d'origine sur demande de la chercheure).
21 :02 CH vous aviez beaucoup travaillé? Théo oui 300 Killian Théo CH Théo Killian CH Killian CH Killian CH Théo pas pendant la classe si un peu dans la classe et chez nous qu'est-ce que ça veut dire pas dans la classe? il y a un peu trop de bruit dans la classe et un peu chez nous plus chez nous toi aussi? c'est plus facile chez nous c'est plus calme c'était important de faire ça bien < parce que? ouais> c'est parce qu'il y a les correspondants? c'est parce qu'il y a les correspondants et parce que c'est rigolo quand on se filme parce qu'après on voit comment c'est et puis après on peut faire mieux c'est mieux que la visio? après on peut voir si on a juste parce que devant tout le monde on aura le trac on aura peur Killian 21 :45 CH Théo De nouveau apparaît le besoin de bien se préparer à la fois pour remplir le contrat qui les lie aux autres membres
de leur classe et aux pairs distants. Ils s'imposent de se montrer performants aux yeux de ceux-ci. À ce stade de l'analyse, on perçoit que les apprenants sont engagés pleinement dans une relation qui, sans les mettre en danger, les stimule, leur permet de prendre de la distance sur l'acte d'apprendre et sur l'acte de coopérer. Vu l'intensité des efforts fournis et du niveau d'autonomie conséquent pour des enfants de cet âge, nous allons désormais préférer le terme collaborer (cf.
| 41,732
|
2012ANGE0040_6
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,012
|
Méthode de caractérisation systémique du fonctionnement de la vigne à partir de l'évaluation des effets combinés du milieu et des pratiques culturales pour prévoir les types de vins
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,290
| 13,416
|
Tableau 23 : Valeurs, pour les 14 parcelles d'étude, des variables composites suivantes : la vigueur liée aux facteurs du milieu (VIG_MIL), le pédoclimat thermique (PED), le mésoclimat thermique (MES), la précocité liée aux facteurs du milieu (PRE_MIL) et la vigueur liée aux facteurs du milieu et aux pratiques (VIG_ITK). Parcelles RUM (mm) VIG_MIL [1;3] PED [1;3] MES [1;3] EAR_MIL [1;3] VIG_ITK [1;4] CHI1 156 2.4 1.5 2.0 2.2 3.9 CHI2 124 2.3 2.9 2.7 2.0 3.7 CHI3 192 2.6 2.8 2.7 1.9 3.9 CYR1 103 1.9 2.4 2.7 2.4 2.0 LAR1 131 2.1 1.1 2.0 1.5 2.8 LAR2 85 1.5 1.1 2.3 1.7 3.6 PAR1 188 3.0 2.6 2.3 1.7 3.8 RES1 130 2.2 2.9 2.3 2.2 3.2 RES2 111 2.0 2.0 2.7 1.9 2.2 SAV1 133 2.4 2.9 2.3 1.9 3.8 SNB1 80 2.0 2.9 2.3 2.2 2.9 SNB2 206 3.0 2.1 2.3 2.1 3.8 SOU1 136 2.2 2.4 2.5 2.3 3.0 SOU2 219 3.0 2.6 2.5 2.2 3.8
Bien sûr, les quatorze parcelles d'‘tude ne pr‘sentent pas toute la variabilit‘ pouvant exister suivant le calcul des variables composites construites dans le chapitre pr‘c‘dent. Toutefois, elles montrent une gamme de variation suffisante pour tester, dans de bonnes conditions, l'application du concept d'itin‘raire de fonctionnement., + Selon la d‘finition pr‘sent‘e chapitre 1., l'itin‘raire de fonctionnement d'une parcelle est d'abord d‘fini par une valeur origine en termes ‘cophysiologiques, correspondant aux effets de facteurs stables du milieu physique et aux pratiques culturales p‘rennes appliqu‘es. Ensuite, les conditions climatiques de l'ann‘e, induisant notamment des diff‘rences d'alimentation en eau de la vigne, cr‘ant une diversification plus ou moins importante de l'itin‘raire de fonctionnement. Nous disposions de donn‘es ‘cophysiologiques mesur‘es pour les quatorze parcelles d'‘tude en 2002 et 2005. Un itin‘raire de fonctionnement a ainsi pu ’tre identifi‘, en fonction de la caract‘risation du d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur de la vigne, de sa pr‘cocit‘ et de son alimentation hydrique. Les itin‘raires de fonctionnement ont ensuite ‘t‘ crois‘s avec les types de produits raisin/vin d‘finis au pr‘alable. 118, # "" + " Comme les vignes sont d âge similaire et sont taill‘es de la m’me façon, nous avons pu caract‘riser pr‘cis‘ment la vigueur de chaque parcelle, qui se traduit par diff‘rents niveaux de d‘veloppement v‘g‘tatif, suivant une mesure du poids de bois de taille sec (Carbonneau et al. 2007). Celui-ci a ‘t‘ ramen‘ au m2 pour prendre toutefois en compte les petites diff‘rences de densit‘s de plantation. La mesure du poids de bois de taille avait ‘t‘ r‘alis‘e sur trente ceps de r‘f‘rence, les cinq ceps ayant les poids de bois de taille frais les plus proches de la moyenne des trente ceps ont ‘t‘ ‘tuv‘s (72h à 105°c) pour ‘valuer le pourcentage d'eau moyen contenu dans les sarments et calculer le poids de bois de taille sec. Les r‘sultats montrent que ces derniers varient de 0.08 kg/m2 pour SAV1 en 2002 et 2005 à 0.23 kg/m2 pour CHI3 en 2005, ce qui repr‘sente une large gamme de variation (Figure 26). Le d‘veloppement v‘g‘tatif doit toutefois ’tre consid‘r‘ en regard de la quantit‘ de fruits produits. De nombreux travaux ont mis en ‘vidence l'influence de l'‘quilibre entre la surface foliaire et le rendement sur la qualit‘ du raisin et du vin (Dufourcq et al. 2005). Nous disposions de donn‘es concernant la surface foliaire expos‘e potentielle. Cette dernière avait ‘t‘ calcul‘e suivant la m‘thode de Carbonneau (1983). En fonction de paramètres morphologiques de la v‘g‘tation, cette m‘thode permet d estimer le potentiel de surface foliaire expos‘e au rayonnement solaire en m2 de feuilles par m2 de sol, lequel est corr‘l‘ positivement à la qualit‘ du raisin (Carbonneau 1983). Il faut noter que, comme attendu, les surfaces foliaires expos‘es sont fortement corr‘l‘es aux poids de bois de taille (coefficient de Pearson de 0.677, P-value <0.0001 et R2 de 0.46, calcul‘s pour les vingt-huit couples 'parcelle-ann‘e'). Des mesures de poids de r‘colte, exprim‘s en kg de raisin / m2, avaient aussi ‘t‘ effectu‘es. Les poids de r‘colte varient de 0.70 kg/m2 pour SAV1 en 2005 à 1.43 kg/m2 pour SNB2 en 2002 (Figure 26). Les rendements calcul‘s en fonction du poids de r‘colte, des rendements en jus et des densit‘s de plantation varient ainsi de 44 à 85 hl/ha. Les rendements calcul‘s sont très fortement corr‘l‘s aux poids de r‘colte, ‘tant donn‘e une faible variabilit‘ entre les rendements en jus et entre les densit‘s de plantation pour les diff‘rentes parcelles (coefficient de Pearson de 0.988, P-value <0.0001 et R2 de 0.98, calcul‘s pour vingt-cinq couples 'parcelle-ann‘e', trois parcelles n'ayant pas pu ’tre r‘colt‘es en 2002). Il faut noter que certains rendements observ‘s sur les parcelles ‘l‘mentaires suivies par l'INRA d‘passent les rendements vis‘s, inscrits dans les cahiers des charges des AOC (de 55 à 57 hl/ha). La gestion du rendement sur les parcelles exp‘rimentales ‘tant moins s‘vère que celle que peut mettre en œuvre un vigneron sur une parcelle de Cabernet franc clone 210, clone fortement producteur. Les valeurs du rapport surface foliaire / poids de r‘colte varient fortement d'une parcelle à l'autre (Figure 26). Les essais exp‘rimentaux indiquent un optimum à 1.2 m2/kg pouvant aller jusqu'à 1.5 m2/kg pour des vins structur‘s (Murisier et Zufferey 1997; Dufourcq et Bonisseau 2004; Deloire 2007). Les valeurs de certaines parcelles sont en dessous du seuil de 1.2 m2/kg, en raison de poids de r‘colte ‘lev‘s sur les parcelles ‘l‘mentaires de l'INRA. Étant donn‘ une 119 bonne gestion du feuillage limitant la pourriture grise et les conditions climatiques favorables, les parcelles ont toutefois pu atteindre une bonne maturit‘. Du fait d'‘carts très importants entre parcelles pour le poids de r‘colte, nous avons aussi ‘valu‘ la puissance de la vigne dans chaque parcelle. La puissance prend en compte, selon (Deloire et al. 2002; Carbonneau et al. 2007), le poids de bois de taille (PBT) et le poids de r‘colte (PR) : Puissance = 0,5 PBT + 0,2 PR. Les valeurs de puissance permettent de bien traduire le potentiel d'expression v‘g‘tative combin‘ à la capacit‘ de production. Les parcelles pr‘sentent de forts ‘carts de puissance (Figure 26).
Figure 26 : Caractérisation du poids de bois de taille (PBT), de la surface foliaire exposée (SFE), du poids de récolte (RE), du rapport surface foliaire exposée / poids de récolte (SFE/RE) et de la puissance (PUI) pour chacune des quatorze parcelles d'étude et pour les deux millésimes : 2002 (carré blanc) et 2005 (rond noir). Toutes les valeurs initiales sont disponibles en annexe 7. 120
Afin de regrouper les couples 'parcelle-ann‘e' et caract‘riser chaque groupe, nous avons utilis‘ une classification ascendante hi‘rarchique (CAH). La CAH a ‘t‘ r‘alis‘e sur les composantes d'une analyse en composantes principales (ACP) suivant la distance euclidienne et la m‘thode de Ward (Saporta 2006). L'ACP a ‘t‘ calcul‘e, pour les vingt-huit couples 'parcelle-ann‘e', à partir des valeurs des cinq variables caract‘risant le d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur des parcelles : le poids de bois de taille (PBT), la surface foliaire expos‘e (SFE), le poids de r‘colte (RE), le rapport entre la surface foliaire et le poids de r‘colte (SFE/RE) et la puissance (PUI). Les valeurs manquantes de poids de r‘colte en 2002 ont ‘t‘ estim‘es suivant la m‘thode 'du plus proche voisin' (Saporta 2006). Les deux premières dimensions expliquent 91.5% de la variabilit‘. Suivant la CAH, un partitionnement optimal est obtenu pour trois groupes que nous appelons DEV1, DEV2 et DEV3 (Figure 27). Ces trois groupes sont respectivement compos‘es de huit, dix et dix couples 'parcelle-ann‘e'. Une analyse factorielle discriminante (AFD) r‘alis‘e suivant ces trois groupes, pour les cinq variables et l'ensemble des parcelles, indique, d'après le critère du Lambda de Wilks (Saporta 2006), que les groupes sont bien s‘par‘es (p-value <0.0001).
Figure 27 : Dendogramme issu de la Classification Ascendante Hiérarchique réalisée à partir des valeurs des cinq variables suivantes : le poids de bois de taille, la surface foliaire exposée, le poids de récolte, le rapport entre la surface foliaire et le poids de récolte et la puissance,
les quatorze parcelles et les deux années (2002 et 2005) de suivis. Le trait vertical indique le niveau de coupure permettant un partitionnement optimal, trois groupes sont obtenus : DEV1, DEV2 et DEV3. La classe DEV3 s'oppose aux classes DEV1 et DEV2 sur la première dimension et la classe DEV1 aux classes DEV2 et DEV3 sur la seconde dimension de l'ACP (Figure 28).
121 Figure 28 : Représentation des individus (couples 'parcelle-année') par Analyse en Composantes Principales des valeurs des cinq variables suivantes : le poids de bois de taille, la surface foliaire exposée, le poids de récolte, le rapport entre la surface foliaire et le poids de récolte et la puissance, pour les quatorze parcelles et les deux années (2002 et 2005) de suivis.
Les
groupes
de la Classification Ascendante Hiérarchique et leur barycentre sont indiqués : DEV1, DEV2 et DEV3. La première dimension de l'ACP est principalement expliqu‘e par trois variables : la puissance (PUI), le poids de r‘colte (RE) et le poids de bois de taille (PBT). La seconde dimension est principalement expliqu‘e par trois variables : le rapport entre la surface foliaire expos‘e et le poids de r‘colte (SFE/RE), la surface foliaire expos‘e (SFE) et le poids de bois de taille (PBT). Les variables les plus explicatives correspondent aux variables qui ont une contribution sup‘rieure à la contribution moyenne qui est de 20% (Tableau 24).
Tableau 24 : Coordonnées et contributions des cinq variables suivantes : le poids de bois de taille (PBT), la surface foliaire exposée (SFE), le poids de récolte (RE), le rapport entre la surface foliaire et le poids de récolte (SFE/RE) et la puissance (PUI), pour les deux premières dimensions de l'Analyse en Composantes Principales. En gras les variables ayant une contribution supérieure à la contribution moyenne. Dimension 1 Dimension 2 PBT 0.67 – 15.7% 0.60 – 21.6% SFE 0.51 – 9.1% 0.77 – 34.6% RE 0.93 – 29.9% -0.34 – 6.4% SFE/RE -0.57 – 11.3% 0.80 – 37.4% PUI 0.99 – 33.9% -0.04 – 0.1%
Suivant les valeurs des coordonn‘es des variables les plus explicatives et les coordonn‘es des barycentres de chaque groupe pour chaque dimension, chaque groupe peut ’tre caract‘ris‘. Ainsi, le groupe DEV1 a des valeurs de PBT, SFE, RE, SFE/RE et PUI plus 122 faibles ; DEV2 a des valeurs de RE et PUI plus basses et des valeurs de PBT, SFE et SFE/RE plus fortes, tandis que DEV3 montre des valeurs de PBT, SFE, RE, SFE/RE et PUI plus importantes. Nous avons affin‘ cette caract‘risation de la manière qui suit. Lorsque l'ensemble des individus d'un groupe a des coordonn‘es positives sur chaque dimension, alors, les valeurs des variables les plus explicatives sont jug‘es beaucoup plus fortes ( ). Si certains individus ont des coordonn‘es n‘gatives, les valeurs sont jug‘es plus fortes ( ). En appliquant la m’me approche aux variables à coordonn‘es n‘gatives, on en d‘duit des valeurs jug‘es beaucoup plus faibles ( ) ou plus faibles ( ) (Tableau 25). Ainsi DEV1 a des valeurs plus faibles pour toutes les variables, particulièrement pour le poids de bois de taille, la surface foliaire et le rapport surface foliaire / poids de r‘colte. Ce groupe a donc une plus faible expression v‘g‘tative et une capacit‘ de production inf‘rieure. DEV2 montre des valeurs plus ‘lev‘es pour le poids de bois de taille et la surface foliaire et beaucoup plus basses pour les poids de r‘colte. Cela explique un rapport surface foliaire / poids de r‘colte plus fort et une puissance beaucoup plus faible ; ainsi, ce groupe pr‘sente une expression v‘g‘tative forte au d‘triment de la capacit‘ de production. DEV3 possède des valeurs de puissance bien sup‘rieures, en raison de poids de r‘colte beaucoup plus forts et de poids de bois de taille plus ‘lev‘s. Ce groupe a donc de fortes expression v‘g‘tative et capacit‘ de production (Tableau 25).
Tableau 25 : Caractérisation des trois groupes de couples 'parcelle-année' vis à vis du développement végétatif et reproducteur, issus de la Classification Ascendante Hiérarchique suivant les valeurs des cinq variables utilisées pour l'analyse : le poids de bois de taille (PBT), la surface foliaire exposée (SFE), le poids de récolte (RE), le rapport entre la surface foliaire et le poids de récolte (SFE/RE) et la puissance (PUI). Les valeurs indiquées sont les suivantes : moyenne [minimale; maximale]. Les flèches indiquent que : l'ensemble des individus du groupe a ) sur les deux premières dimension de l'Analyse en Composantes des coordonnées positives ( Principale ou négatives ( ), seuls certains individus ont des coordonnées positives ( ) ou négatives ( ). PBT (kg/m2) SFE (m2/m2) RE (kg/m2) SFE/RE (m2/kg) PUI DEV1 DEV2 DEV3 0.13 [0.08;0.17] 0.16 [0.12;0.21] 0.22 [0.19;0.26] 1.06 [0.82;1.21] 1.24 [1.13;1.45] 1.33 [1.14;1.60] 1.05 [0.70;1.31] 0.84 [0.62;0.94] 1.25 [1.03;1.43] 1.01 [0.92;1.16] 1.50 [1.21;2.13] 1.06 [0.83;1.40] 0.27 [0.18;0.33] 0.25 [0.21;0.27] 0.36 [0.31;0.39]
Des parcelles des ann‘es 2002 et 2005 sont incluses dans chaque groupe. Ainsi, d'après nos r‘sultats, il ne ressort pas d'effet mill‘sime concernant les caract‘ristiques du d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur. De plus, certaines parcelles appartiennent au m’me groupe quelle que soit l'ann‘e (cas de SAV1 DEV1, CHI2-DEV2, CYR1-DEV3, SOU2-DEV3 et 123 LAR1-DEV3) ce qui souligne le poids de l'effet 'parcelle'. Cette constatation confirme l int‘r’t de caract‘riser le fonctionnement de la vigne, ind‘pendamment des facteurs climatiques, en ‘tudiant l'effet des facteurs du milieu stables et des pratiques culturales. La mise en relation des valeurs de poids de bois de taille (PBT), de surface foliaire expos‘e (SFE) ou de puissance (PUI) avec celles de la variable VIG_ITK, ‘voqu‘e au Chapitre 2., n'indique aucune corr‘lation significative. Le système d'inf‘rence floue (SIF), construit au Chapitre 2., ne permet pas de pr‘dire correctement la vigueur de l'ensemble des parcelles du r‘seau. La mise en relation de la vigueur simul‘e par le SIF et du poids de bois de taille, pour chaque parcelle, est pr‘sent‘e sur la figure 29. Revenons sur la construction du SIF pour comprendre ces r‘sultats. Nous nous sommes bas‘s sur une gamme de variation de 0.19 kg à 0.52 kg de poids de bois de taille sec par cep, correspondant à 0.09 kg à 0.26 kg/m2. Nous observons sur les parcelles une variation de 0.08 à 0.23 kg/m2. La gamme de variabilit‘ sur laquelle est bas‘e le SIF est donc en ad‘quation avec celle observ‘e pour les quatorze parcelles. Il faut toutefois noter que onze parcelles sur les quatorze n'‘taient pas enherb‘es lors de leur suivi en 2002 et 2005. Le SIF a ‘t‘ majoritairement construit à partir de donn‘es de parcelles enherb‘es, cette pratique ‘tant devenue très fr‘quente sur les vignobles de la moyenne Vall‘e de la Loire. Cela peut expliquer les mauvaises pr‘dictions pour les parcelles d'‘tude. Lorsque nous avons d‘termin‘ les groupes au sein de la base des cent-cinquante-deux parcelles de la zone de Saumur, seulement deux d'entre eux n'‘taient pas enherb‘s (groupes #8 et #14, Tableau 17, p. 98). Ces groupes n'ont pas fait partie de la s‘lection des soixante-dix-huit parcelles et n'ont donc pas servi à construire le modèle. Lorsque nous avons test‘ les performances du SIF sur l'ensemble des parcelles, il est apparu que la vigueur du groupe #8 ‘tait très mal pr‘dite par le SIF, par contre les r‘sultats pour le groupe #14 ‘taient satisfaisants. Les caract‘ristiques des onze parcelles non enherb‘es (VIG_MIL moyen de 2.4 avec une variance de 0.2 et un porte-greffe 3309C qui confère une vigueur de niveau 2) se rapprochent, cependant, des caract‘ristiques du groupe #8 dont la vigueur est mal pr‘dite (VIG_MIL moyen de 2.5 avec une variance de 0.1 ; et niveau de vigueur moyen conf‘r‘ par le porte-greffe de 2.1 avec une variance de 0.1). Le groupe #14 correspond à la combinaison d'un sol induisant une vigueur assez faible, avec une valeur moyenne de VIG_MIL de 1.7 (alors que VIG_MIL varie entre 1.9 et 3 pour les 14 parcelles) et d'un porte-greffe conf‘rant une plus forte vigueur. La mise en relation, pour les quatorze parcelles d'‘tude, des poids de bois de taille et des valeurs de VIG_ITK (Figure 29), nous apporte toutefois des informations compl‘mentaires pour utiliser et am‘liorer le SIF construit. Suivant le comportement du SIF, pour un porte-greffe moyennement vigoureux comme le 3309C, et un mode d'entretien du sol fortement concurrentiel, plus la valeur de VIG_MIL augmente, plus la vigueur pr‘dite VIG_ITK augmente. En consid‘rant que l ‘valuation de la contrainte du mode d'entretien du sol est correcte, seule la variable VIG_MIL peut donc ’tre à l'origine des diff‘rences de valeurs entre parcelles. En 124 consid‘rant les trois parcelles enherb‘es (CYR1, RES2 et SOU1), la r‘serve en eau utile maximale du sol (RUM) est la seule variable d'entr‘e de VIG_MIL pouvant ’tre diff‘rente entre ces parcelles (CYR1 a une RUM plus faible que SOU1, et RES2 a une valeur interm‘diaire entre CYR1 et SOU1). Cet exemple met donc à nouveau en ‘vidence le rôle majeur de la variable 'r‘serve en eau du sol' et par cons‘quent le besoin de la conna”tre avec pr‘cision. La vigueur de la parcelle, non enherb‘e, SAV1 est très mal simul‘e par le SIF. Cette parcelle pr‘sente des remont‘es capillaires pouvant asphyxier le système racinaire à cause de la proximit‘ avec la Loire. Ce dernier type de situation peut ’tre pris en compte par l'ajout, dans le SIF, d'une ou plusieurs règles de d‘cision (‘tant donn‘ la sensibilit‘ variable de chaque portegreffe à cette contrainte). Figure 29 : Mise en relation des valeurs moyennes (pour 2002 et 2005) des poids de bois de taille (PBT) et des valeurs de la variable composite caractérisant la vigueur induite par les facteurs du milieu et les pratiques (VIG_ITK), pour les quatorze parcelles d'étude. La diagonale correspond à la correspondance des valeurs de la variable VIG_ITK avec celles des poids de bois de taille établie lors de la construction de VIG_ITK.,) ""
Trois stades ph‘nologiques avaient ‘t‘ d‘termin‘s : le mi-d‘bourrement, la mi-floraison et la mi-v‘raison. Le mi-d‘bourrement correspond à un taux de 50 % de bourgeons qui ont atteint le stade pointe verte (C) d‘fini par (Baggiolini 1952). Pour les notations de mi-floraison et de mi-v‘raison, un pourcentage global par cep a ‘t‘ ‘valu‘ par notation visuelle comme pour le d‘bourrement. Les notations des trois stades, ont ‘t‘ r‘alis‘es trois fois par semaine, du d‘but d'apparition du stade jusqu à ce que les parcelles aient d‘pass‘ un taux de 70%. Elles ont permis d ‘tablir les cin‘tiques moyennes de d‘bourrement, floraison et v‘raison de chaque parcelle. On en d‘duit la date correspondant au taux de 50% pour chaque stade, consid‘r‘e 125 comme la date de r‘f‘rence du stade. Une date de maturit‘ a aussi ‘t‘ identifi‘e. Elle correspond à la date à laquelle les parcelles avaient atteint un indice de maturit‘ (sucre (g/l) /acidit‘ totale (g d H2SO4)) ‘gal à 31. Cette date permet d'‘valuer la pr‘cocit‘ des parcelles vis à vis de cette maturit‘. La valeur 31 ‘tait commune à l ensemble du jeu de donn‘es et la plus proche d une maturit‘ optimale. La d‘termination des stades ph‘nologiques a permis ensuite le calcul d indices de pr‘cocit‘ : de d‘bourrement, de floraison et de v‘raison qui ont ‘t‘ calcul‘s selon la m‘thode de Barbeau, Asselin, et al. (1998) (Equation 6). Equation 6 : Indice de précocité selon (Barbeau et al., 1998), avec iPs : indice de précocité du stade considéré, Sm : moyenne annuelle des dates du stade considéré pour l’ensemble des parcelles étud
iées
, Si : date du stade considéré de chacune des par
celles étud
i
ées
. Suivant la m’me m‘thode, un indice a ‘t‘ calcul‘ pour caract‘riser la pr‘cocit‘ de la date de maturit‘ technologique. Les parcelles pr‘sentant un indice inf‘rieur à 100 sont jug‘es plus tardives et celles ayant un indice sup‘rieur à 100 plus pr‘coces, au sein de l'ensemble des parcelles ‘tudi‘es (Figure 30).
Figure 30 : Indices de précocité de débourrement (P_iD), de floraison (P_iF), de véraison (P_iV) et de maturité (P_iM) calculés pour chacune des quatorze parcelles d'étude et pour les deux millésimes : 2002 (carré blanc) et 2005 (rond noir). Toutes les valeurs initiales sont disponibles en annexe 6. 126 Figure 31 : Dendogramme issu de la Classification Ascendante Hiérarchique réalisée à partir des valeurs des quatre indices de précocité (de débourrement, de floraison, de véraison et de maturité), pour les quatorze parcelles et les deux années (2002 et 2005) de suivis. Le trait vertical indique le niveau de coupure permettant un partitionnement optimal, trois groupes sont obtenus : PRE1, PRE2 et PRE3. Comme pour les variables caract‘risant le d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur, nous avons r‘alis‘ une classification ascendante hi‘rarchique (CAH) sur les composantes d'une analyse en composantes principales (ACP), suivant la distance euclidienne et la m‘thode de Ward. L'ACP a ‘t‘ r‘alis‘e, pour les vingt-huit couples 'parcelle-ann‘e', à partir des valeurs des quatre indices caract‘risant la pr‘cocit‘ des parcelles. Les deux premières dimensions expliquent 75.6% de la variabilit‘. Suivant la CAH (Figure 31), un partitionnement optimal est obtenu pour trois groupes, que nous appelons PRE1, PRE2 et PRE3. Ils sont respectivement compos‘s de sept, quinze et six couples 'parcelle-ann‘e'. Une analyse factorielle discriminante (AFD) faite en fonction de ces trois groupes, pour les quatre variables et l'ensemble des parcelles, indique, d'après le critère du Lambda de Wilks, que les classes sont bien s‘par‘es (p-value <0.0001). La s‘paration des groupes s'effectue principalement suivant la première dimension de l'ACP. Les groupes PRE1 et PRE3 s'opposent sur cette dimension, le groupe PRE2 ‘tant interm‘diaire (Figure 32).
127 Figure 32 : Représentation des individus (couples 'parcelle-année') par Analyse en Composantes Principales des valeurs des quatre indices de précocité (de débourrement, de floraison, de véraison et de maturité), pour les quatorze parcelles et les deux années (2002 et 2005) de suivis. Les groupes de la Classification Ascendante Hiérarchique et leur barycentre sont indiqués : PRE1, PRE2 et PRE3. La première dimension est principalement expliqu‘e par trois variables : la pr‘cocit‘ à la floraison (P_iF), la pr‘cocit‘ à la v‘raison (P_iV) et la pr‘cocit‘ à la maturit‘ (P_IM). La seconde dimension est uniquement expliqu‘e par la variable pr‘cocit‘ au d‘bourrement (P_iD) (Tableau 26). Cette seconde dimension ne permet pas de discriminer les groupes de pr‘cocit‘ identifi‘s, toutefois certaines parcelles s'opposent sur cet axe : la parcelle CHI3, quelle que soit l'ann‘e est ainsi beaucoup plus tardive au d‘bourrement que la parcelle LAR1 qui est plus pr‘coce (Figure 32).
Tableau 26
:
Coordonnées et
contributions des quatre
variables suivantes
: indices de précocité de dé
bour
rement (P_iD),
de floraison
(P_
iF
),
de véraison
(
P_iV) et de maturité
(
P_iM
), pour
les deux premières dimensions
de
l
'Analyse en Composantes Principal
es. En
gras
, les
variables
ayant une contribution supérieure
à
la contribution
m
oyenne. Dimension 1 Dimension 2 P_iD 0.52 – 12.5% 0.83 – 76.8% P_iF 0.75 – 26.3% -0.24 – 6.8 % P_iV 0.83 32.5% -0.37 – 15.6% P_IM 0.78 – 28.7% 0.08 – 0.8 %
Chacun des groupes peut ’tre caract‘ris‘ suivant les valeurs des coordonn‘es des variables les plus explicatives et celles des barycentres, ceci pour chaque dimension. Le groupe PRE1 a des valeurs plus ‘lev‘es pour l'indice de pr‘cocit‘ de d‘bourrement et beaucoup plus ‘lev‘es pour les indices floraison, v‘raison et maturit‘. Cela qualifie un d‘veloppement plus 128 tardif. PRE3 a des valeurs plus ‘lev‘es pour l'indice de pr‘cocit‘ de d‘bourrement et beaucoup plus faibles les indices floraison, v‘raison et maturit‘ ; le d‘veloppement est plus pr‘coce. PRE2 à une pr‘cocit‘ de d‘veloppement moyenne (Tableau 27). Tableau 27 : Caractérisation des trois groupes de précocité, issus de la Classification Ascendante Hiérarchique, suivant les valeurs des cinq variables utilisées pour l'analyse : indices de précocité de débourrement (P_iD), de floraison (P_iF), de véraison (P_iV) et de maturité (P_iM). Les valeurs indiquées sont les suivantes : moyenne [minimale; maximale]. Les flèches indiquent que : l'ensemble des individus du groupe a des coordonnées positives ( ) sur les deux premières ), seuls certains individus ont dimension de l'Analyse en Composantes Principale ou négatives ( des coordonnées positives ( ) ou négatives ( ). PRE1 PRE2 PRE3 98.0 [93.5;1 03.0] 99.6 [93.5;101.7] 103.5 [101.2; 105.5] 99.3 [98.8; 100.0] 99.9 [99.1;100.8] 101.0 [99.8; 102.5] 98.9 [98.2; 100.1] 100.3 [99.5 ; 101.5] 100.6 [100.1;101.2] 98.6 [96.7; 99.8] 100.2 [98.1; 102.0] 101.2 [99.5;102.1]
P_
iD
P_
iF
P
_iV
P_iM31
Comme pour le d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur, des couples de parcelles des ann‘es 2002 et 2005 sont inclus dans chaque groupe. Le calcul des indices de pr‘cocit‘ permet de s'affranchir de l'effet du mill‘sime. Il permet d'‘valuer la r‘activit‘ des parcelles au mill‘sime. Ainsi, les parcelles LAR1, RES2 et CHI3, qui appartiennent au groupe PRE1, sont plus tardives (à la floraison, v‘raison et maturit‘) que les autres, quel que soit le mill‘sime. La parcelle SAV1 du groupe PRE3 est plus pr‘coce que les autres parcelles en 2002 et 2005. Dans le cadre de travaux de mod‘lisation, il para”t so able de pouvoir s'affranchir de l'effet du mill‘sime sur la pr‘cocit‘ du cycle de d‘veloppement. La date de vendange est une variable d'ajustement pour obtenir des raisins à la maturit‘ attendue. Il est important de pouvoir mettre en ‘vidence et pr‘dire des niveaux de pr‘cocit‘ diff‘rents entre les parcelles. Nous avons mis en relation, les indices de pr‘cocit‘ avec la variable composite PRE_MIL, construite au chapitre pr‘c‘dent (Figure 33). Celle-ci caract‘rise les effets des facteurs du milieu. Les pratiques qui ont un effet sur la pr‘cocit‘ au d‘bourrement ‘taient toutefois fix‘es (date de taille et porte-greffe) pour les parcelles. Les corr‘lations ne sont pas satisfaisantes. Les valeurs de PRE_MIL sont cependant en relation avec les sorties de simulation de la date de d‘bourrement du modèle de culture STICS-Vigne, obtenues en 2005 pour les parcelles non enherb‘es par Coulon (2006) et Garcia de Cortazar Atauri (2006). Ces auteurs avaient uniquement pris en compte les parcelles non enherb‘es dans leurs travaux.
129 Figure 33 : Mise en relation de la date de débourrement prédit par le modèle de culture STICSVigne en 2005 et des valeurs de la variables composites caractérisant la précocité induite par les facteurs du milieu (PRE_MIL) pour les 11 parcelles non enherbées
Le modèle STICS-Vigne utilise le modèle BRIN pour simuler la date de d‘bourrement (Garcia de Cortazar Atauri et al. 2005). Ce modèle ne prend en compte que des paramètres climatiques. La variable PRE_MIL construite retranscrirait donc de manière satisfaisante les conditions climatiques locales, mais ne serait pas suffisante pour pr‘dire correctement la pr‘cocit‘ au d‘bourrement, toutefois suite à l'analyse en composantes principales, les groupes de pr‘cocit‘ ne sont pas discrimin‘s suivant cette variable.,, (! Trois parcelles ‘tant enherb‘es, nous avons choisi d'utiliser le modèle de bilan hydrique Walis, qui prend en compte la part d'eau consomm‘e par l'enherbement (Celette et al. 2010). Nous ne connaissions toutefois pas pr‘cis‘ment l'ensemble des paramètres n‘cessaires au modèle (paramètres li‘s au calcul du ruissellement et proportion de la r‘serve en eau du sol correspondant au compartiment 'herbe'), aussi nous avons utilis‘ les paramètres appliqu‘s par (Delpuech et al. 2009) pour la parcelle du site exp‘rimental de l'INRA-UE1117 à MontreuilBellay. Walis permet de calculer l'‘volution journalière de la fraction d'eau transpirable du sol (FTSW). Les valeurs de r‘serve en eau utile du sol maximale du sol (RUM) correspondent aux valeurs de FTSW au premier jour de calcul, elles permettent donc d'initialiser le modèle. La d‘termination de la RUM est ainsi un ‘l‘ment essentiel pour caract‘riser la disponibilit‘ hydrique des parcelles et param‘trer au plus juste le modèle de bilan hydrique (Pellegrino et al. 2006). Nous avons calcul‘ RUM suivant la m‘thode propos‘e par Goulet et al. (2004). 130
Les valeurs de FTSW, calcul‘es suivant le modèle de bilan hydrique, peuvent ’tre compar‘es à des mesures de potentiels hydriques de base. Nous avons utilis‘ la relation 5.35.Pb ‘tablie par Lebon et al. (2003): FTSW = 1.06.e (Pb : potentiel de base en MPa). Les potentiels hydriques foliaires de base avaient ‘t‘ mesur‘s deux fois en 2005, en utilisant une chambre à pression (Scholander et al. 1965). Les mesures avaient ‘t‘ r‘alis‘es en fin de nuit à l obscurit‘ totale sur des feuilles adultes pr‘lev‘es dans la partie m‘diane du feuillage. Les valeurs obtenues en fin de nuit, en l'absence de transpiration, correspondent à la situation de r‘hydratation du feuillage maximale et homogène de la vigne, suite à la diminution des diff‘rences de pression entre les racines actives et le sol alentour (Carbonneau et al. 2007). Un ‘chantillon de dix feuilles par parcelle et issues de ceps diff‘rents a ‘t‘ pr‘lev‘, les quatre mesures les plus extr’mes n avaient pas ‘t‘ prises en compte pour ‘liminer les mesures issues d une ‘ventuelle mauvaise manipulation. Les bilans hydriques (‘volution de FTSW au cours du cycle v‘g‘tatif de la vigne) et les valeurs de potentiels de base sont pr‘sent‘s en annexe 8. Nous avons ensuite caract‘ris‘ des itin‘raires hydriques à partir des bilans hydriques. Codis (2000) dans (Payan et Salancon 2002) d‘finissent des itin‘raires hydriques à partir de niveaux de stress ‘valu‘s pour cinq p‘riodes du cycle de d‘veloppement de la vigne, d‘termin‘es suivant l'accumulation de temp‘rature : du d‘bourrement à la floraison (0-300°j en base 10°C), la floraison (300-500 j), de la floraison à la v‘raison (500-900°j), la v‘raison (9001000°j) et la maturation (1100-1300°j). Nous avons utilis‘ la m’me m‘thodologie en prenant en compte, pour chaque couple 'parcelle ann‘e', les dates des stades observ‘s en consid‘rant : la date de d‘bourrement, la date de floraison, la date de v‘raison et la date de maturit‘ technologique. Nous avons distingu‘ quatre p‘riodes : de la date de d‘bourrement à la date de floraison, de la date de floraison à la date interm‘diaire entre la date de floraison et la date de v‘raison, de cette dernière à la date de v‘raison, et de la date de v‘raison à la date de maturit‘ technologique. Le choix du niveau de stress d une p‘riode a ‘t‘ r‘alis‘ suivant le nombre maximal de jours dans le niveau, si deux niveaux de contrainte ‘taient apparus pendant le m’me nombre de jours nous avons alors choisi le niveau de contrainte le plus ‘lev‘. Nous avons repris les seuils de contrainte hydrique ‘tablis par Carbonneau (1998) et Van Leeuwen et al. (2009), pour d‘terminer les niveaux de contraintes hydriques, et nous avons recalcul‘ les seuils de FTSW correspondant suivant Lebon et al. (2003), les diff‘rentes valeurs sont indiqu‘es dans le Tableau 28.
131 Tableau 28 : Correspondances entre les groupes et niveaux de contrainte hydrique, les valeurs des seuils de potentiels de base, les rapports isotopiques C13/C12 et la fraction d'eau du sol transpirable (FTSW) évaluée à partir d'un modèle de bilan hydrique, suivant Carbonneau (1998), Van Leeuwen et al. (2009) et Lebon et al. (2003). Seuil de potentiel de base (MPa) Rapport isotopique C13/C12 (o/oo ) FTSW (%) Absence de contrainte ≥ -0.2 ≤ -26 ≥ 36 Contrainte faible ]-0.2 à -0.3] [-24.5 à -26[ [21-36[ Contrainte faible à modérée ]-0.3 à -0.5] [-23 à -24.5[ [7-21[ Contrainte modérée à forte ]-0.5 à -0.8] [-21.5 à -23[ [1-7[ Contrainte forte < -0.8 > -21.5 <1 Niveau de contrainte
hydrique CH
YD1
CHYD2 CHYD3
Un itin‘raire hydrique qui correspond à l encha”nement des niveaux de stress, a ainsi pu ’tre identifi‘ pour chaque couple 'parcelle-ann‘e'. Nous avons mis en relation le niveau de stress hydrique au cours de la maturation (c'est à dire entre la date de v‘raison et la date de maturit‘), ‘valu‘ par le calcul des itin‘raires hydriques, avec le niveau de stress hydrique ‘valu‘ par la mesure du rapport isotopique C13/C12 (Tableau 29). Le rapport isotopique C13/C12 est un indicateur de la contrainte hydrique subie par la vigne au cours de sa p‘riode de maturation (Van Leeuwen et al. 2001). Un niveau de contrainte faible est simul‘ pour sept parcelles, suivant le calcul des itin‘raires hydriques, alors qu'aucune contrainte hydrique n'est indiqu‘e par la mesure des rapports C13/C12.
Tableau 29 : Mise en relation des niveaux de contrainte hydrique évalués suivant le calcul des itinéraires hydriques et de ceux évalués suivant la mesure du rapport istopique C13/C12. CHYD1 : absence de contrainte hydrique, CHYD2 ; contrainte hydrique faible à modérée, CHYD3 : contrainte hydrique modérée à forte. Niveaux de contrainte hydrique évalués suivant le calcul des itinéraires hydriques
Niveaux de contrainte hydrique évalués évaluée suivant la mesure du rapport isotopique C13/C12 CHYD1 CHYD2 CHYD1 5 7 CHYD2 2 4 2 1 7 CHYD3 CHYD3
En observant les valeurs de FTSW qui correspondent aux mesures des potentiels hydriques de base (Annexe 8), FTSW semble sous-estim‘e pour douze parcelles sur les quatorze. Seule la parcelle SNB2 tendrait à avoir une ‘volution de FTSW sur-estim‘e. Quant aux valeurs de potentiels hydriques de base de SAV1, elles ne nous permettent pas de les comparer aux valeurs de FTSW. La valeur ‘lev‘e lors de la seconde mesure, pour SAV1, pourrait s'expliquer par des remont‘es d'eau en raisin de la proximit‘ de la Loire. Les sols sont constitu‘s de plusieurs horizons qui peuvent avoir des humidit‘s diff‘rentes à un moment 132 donn‘. Le potentiel hydrique foliaire de base à tendance à s ‘quilibrer avec l horizon le plus humide explor‘ par le système racinaire (Ameglio et Archer 1996). Le potentiel ne s abaisse alors que lorsque les horizons les plus humides s assèchent. Il faut noter que le calcul de RUM est très sensible à la valeur de densit‘ apparente qui a parfois ‘t‘ approxim‘e pour certains horizons, faute de mesures. De plus, pour les sols argileux du S‘nonien les densit‘s apparentes sont plus faibles, certains cailloux, notamment des spongolithes, sont plus l‘gers, ce qui aboutit à une valeur de RUM calcul‘e plus faible et ce qui peut expliquer notamment la forte sous-estimation pour la parcelle LAR2. La RUM est calcul‘e sur toute la profondeur racinaire, toutefois des cines plongeantes, au dessous de la profondeur maximale prise en compte, peuvent concourir de manière significative à l'alimentation hydrique de la vigne. La mise en relation des itin‘raires hydriques avec des mesures de contraintes hydriques comme le rapport isotopique C13/C12, apporte des informations pour caract‘riser au mieux la diversification de l'itin‘raire de fonctionnement, en fonction des conditions d'alimentation hydrique : – La r‘serve en eau, permettant d initialiser le calcul des itin‘raires hydriques, doit ’tre ‘valu‘e sur toute la profondeur du sol. Une correction peut ’tre apport‘e pour prendre en compte l'alimentation hydrique due à des racines plongeantes. – Les itin‘raires hydriques peuvent ’tre utilis‘s pour caract‘riser la contrainte hydrique des parcelles subie au cours de la p‘riode de maturation. Une incertitude sur l'‘valuation doit toutefois ’tre prise en compte. En consid‘rant les rapports isotopiques, variable la plus pr‘cise à notre disposition, de forts ‘carts d'alimentation hydrique entre les parcelles et entre les deux mill‘simes, ainsi que plusieurs cas de figure sont observ‘s : • La parcelle CHI3 appartient au groupe CHYD1 en 2002 et 2005. Cette parcelle ne subit pas de contrainte hydrique quel que soit le mill‘sime, elle est peu sensible au mill‘sime. • La parcelle RES1 appartient au groupe CHYD2 en 2002 et 2005. Cette parcelle est ‘galement peu sensible au mill‘sime mais en subissant une contrainte hydrique faible. • Les parcelles CHI1, CYR1, RES2, SOU1 et SOU2 appartiennent au groupe CHYD1 en 2002 et CHYD2 en 2005. Ces parcelles pr‘sentent une sensibilit‘ au mill‘sime. • Les parcelles CHI2, LAR1, LAR2, PAR1, SNB1 et SNB2 appartiennent au groupe CHYD1 en 2002 et CHYD3 en 2005. Ces parcelles pr‘sentent une forte sensibilit‘ au mill‘sime.
133 Figure 34 : Valeurs des rapports isotopiques C13/C12 pour chacune des quatorze parcelles d'étude
pour les deux millésimes : 2002 (carré blanc) et 2005 (rond noir). Les rapports isotopiques nous fournissent une information très pr‘cise indiquant le niveau de stress au cours de la maturation, c'est à dire après la v‘raison. Le calcul des itin‘raires hydriques est moins pr‘cis puisqu'il est bas‘ sur des donn‘es pr‘sentant un certain niveau d'incertitude, toutefois il permet d'appr‘cier le niveau de stress hydrique tout au long du cycle v‘g‘tatif. Le calcul de l'itin‘raire hydrique peut ’tre utilis‘ pour ‘valuer la diversification de l'itin‘raire de fonctionnement en fonction de l'alimentation hydrique.,. + Trois ensembles de variables peuvent permettre de caract‘riser les itin‘raires de fonctionnement des parcelles : les caract‘ristiques de d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur, le niveau de pr‘cocit‘ et celui de contrainte hydrique. Chaque ensemble a ‘t‘ partitionn‘ en trois groupes, ce qui peut correspondre, par combinaisons, à vingt-sept itin‘raires de fonctionnement th‘oriques. Suivant la classification que nous avons obtenue à partir des donn‘es des quatorze parcelles d'‘tude et des deux ann‘es de suivi, seize itin‘raires de fonctionnement sont identifi‘s. Huit sont repr‘sent‘s par un seul couple 'parcelle-ann‘e', cinq par deux couples, deux par trois couples et un par quatre couples (Tabbleau 30). 134
Tableau 30 : Identification des itinéraires de fonctionnement par combinaisons des trois ensembles de variables suivantes :
celles caractérisant le développement
végétatif et reproducteur (groupes DEV1, DEV2 et DEV3) : poids de bois de taille (PBT), surface foliaire exposée (SFE), poids de récolte (RE), rapport entre la surface foliaire exposée et le poids de récolte (SFE/RE) et la puissance (PUI); celles caractérisant la précocité de développement (groupes PRE1, PRE2 et PRE3) : indices de précocité de débourrement (P_iD), de floraison (P_i
F),
de véraison (P_i
V
) et de maturité (P_iM), les valeurs du rapport isotopique C13/C12 caractérisant la contrainte hydrique (groupes CHYD1 : absence de contrainte hydrique, CHYD2 : contrainte hydrique faible à modérée et CHYD3 : contrainte hydrique modérée à forte). PRE1 Tardive CHYD1 PRE2 Moyenne PRE3 Précoce LAR202 SOU102 CHI102 DEV1 PBT SFE RE SFE/RE PUI CHYD2 RES205 CHYD3 CHYD1 CHI302 RES202 RES102 SAV102 PAR105 SAV105 CHI202 DEV2 PBT SFE RE SFE/RE PUI CHYD2 CHI105 RES105 SNB205 SOU105 CHYD3 CHI205 LAR205 SNB105 CHYD1 CHI305 LAR102 DEV3 PBT SFE RE SFE/RE PUI CYR105 SOU205 CHYD2 CHYD3 CYR102 SNB102 SNB202 LAR105 135 PAR102 SOU202
L'‘tude des combinaisons des groupes, nous amène à faire plusieurs observations : – Quatre parcelles appartiennent, en 2002 et 2005, à la m’me combinaison entre les groupes DEV et PRE : LAR1 (DEV3-PRE1), CYR1 (DEV3-PRE2), CHI2 (DEV2-PRE2) et SAV1 (PRE3-DEV1). Ces parcelles subissent ensuite des niveaux de contrainte hydrique diff‘rents le mill‘sime. – Quatre parcelles appartiennent au m’me groupe de pr‘cocit‘, en 2002 et 2005, mais à des groupes diff‘rents de d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur : CHI3 (DEV2-PRE1 en 2002 et DEV3-PRE1 en 2005), RES2 (DEV2-PRE1 en 2002 et DEV1-PRE1 en 2005), RES1 (DEV1-PRE2 en 2002 et DEV2-PRE2 en 2005), SNB1 (DEV3-PRE2 en 2002 et DEV2-PRE2 en 2005). Ces parcelles auraient donc un m’me niveau de pr‘cocit‘ mais un fonctionnement diff‘rent, ‘tant donn‘ des caract‘ristiques de d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur diff‘rentes. – Aucune parcelle n'appartient à un m’me groupe de d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur mais à des groupes diff‘rents de pr‘cocit‘. – Cinq parcelles : CHI1, PAR1, SNB2, LAR2, SOU2 et SOU1 appartiennent à des groupes diff‘rents de pr‘cocit‘ et de d‘veloppement v‘g‘tatif et reproducteur. Des appartenances à des combinaisons diff‘rentes peuvent ’tre expliqu‘es par une forte sensibilit‘ au mill‘sime. – Deux parcelles appartiennent lors de deux ann‘es diff‘rentes au m’me itin‘raire de fonctionnement (CHI3 en 2005 et LAR en 2002). Des fonctionnements identiques peuvent ’tre observ‘s pour des parcelles diff‘rentes et des mill‘simes divers. Il semble donc opportun de d‘finir des itin‘raires de fonctionnement de r‘f‘rence, ceux-ci pouvant ’tre rencontr‘s, suivant les caract‘ristiques des parcelles, lors de mill‘simes vari‘s. Ces analyses nous ont permis de confronter le concept d'itin‘raire de fonctionnement à des donn‘es r‘elles. A partir de ces r‘sultats, nous pouvons donc affirmer que la valeur origine d'un de vue ‘cophysiologique de l'itin‘raire de fonctionnement ne peut pas ’tre d‘finie pour toutes les situations, ind‘pendamment de facteurs annuels, ‘tant donn‘es des sensibilit‘s au mill‘sime diff‘rentes. Des facteurs annuels, comme la gestion du rendement, ajustable par les pratiques de taille et d'‘claircissage, doivent ‘galement ’tre pris en compte. 136
Chapitre2. Identification de types de 'produit raisin/vin' 1. M‘thodologie de caract‘risation des types de 'produit raisin/vin'
Nous avons proc‘d‘ à un recueil d expertise auprès de neuf professionnels de la zone d'‘tude (Figure 35): trois viticulteurs (VITI1, VITI2 et VITI3), trois œnologues (OENO1, OENO2 et OENO3) et trois conseillers ou techniciens (CONS1, CONS2 et CONS3). Les zones d'action des œnologues et conseillers sont indiqu‘es sur la figure 35. Les viticulteurs retenus ont ‘t‘ choisis car ils produisent des raisins de qualit‘ et cherchent à faire des vinifications à l'‘chelle parcellaire, ce qui implique d'attribuer un type de vin à une parcelle. Ils ont ‘t‘ s‘lectionn‘s au sein d'un groupe d'exploitations suivies dans le cadre d'une autre action de l'UMT Vinitera. VITI2 et VITI3 sont proches, toutefois ils sont actifs dans diff‘rentes instances professionnelles. Nous n'avons pas choisi de viticulteurs en Anjou, ceux pr‘sents au sein du groupe pr‘s‘lectionn‘ dans d'autre travaux, ne produisaient qu'un type de vin par appellation (par exemple un Anjou Rouge et un Anjou Village Brissac), nous avons choisi de privil‘gier des viticulteurs sur la zone de l appellation Saumur et Chinon, ceux-ci produisant plusieurs types de vin par appellation. La moyenne Vall‘e de la Loire est ainsi bien couverte. OENO1 CONS1 VITI1 OENO2 CONS2 VITI2 OENO3 VITI3 CONS3
Figure 35 : Localisation des neufs experts (OENO : oenologue, CONS : technicien ou conseiller viticole, VITI : viticulteur) interrogés pour construire la typologie 'produit raisin/vin' et de leur zone d'action (Source de la carte : Technoresto.org) 137
Les professionnels de la filière viti-vinicole ont d'abord ‘t‘ interview‘s en entretiens individuels. Lors de ces derniers, nous leur avons pos‘ les questions ouvertes suivantes : – Pensez-vous que l'on puisse parler de diff‘rents types de raisins? – Si oui, si l on considère le Cabernet Franc, pourriez-vous citer les types de raisins existants sur toute la gamme possible? – Pouvons-nous associer des critères caract‘risant le raisin avec leur niveau (faible/fort) ou une gamme de valeurs à ces types? Cette première phase nous a permis d'identifier, pour chaque expert, les types de produits qu'il considère et les critères associ‘s. Nous avons questionn‘ les experts sur les types de raisin, en pensant, dans un premier temps, caract‘riser des types de raisin, qui seraient ensuite reli‘s à des types de vins. Une synthèse a ensuite eu lieu : les types de produits ont ‘t‘ regroup‘s et les critères hi‘rarchis‘s par fr‘quence de citation. Cette synthèse a ‘t‘ pr‘sent‘e au groupe d'experts au cours d'une r‘union de consensus. L'objectif ‘tait, dans cette seconde phase, de valider les types retenus et les critères associ‘s. 2. Identification des types par expertise de professionnels
Le groupe de professionnels de la filière viti-vinicole a cit‘ trente-trois critères à prendre en compte pour caract‘riser le raisin (Annexe 9). Les critères peuvent ’tre class‘s en trois cat‘gories suivant la m‘thode employ‘e pour les mesurer : les critères issus de l'observation des baies (cinq critères), ceux issus de l'analyse biochimique des baies (treize critères) et ceux issus de la d‘gustation des baies (quinze critères). Les trois premiers critères cit‘s (pourcentage de pourriture grise, taux de sucre et arôme des baies) sont consid‘r‘s, par le groupe, comme des facteurs qui permettent de choisir la date de vendange optimale. Ces trois critères ont ‘t‘ cit‘s par les neufs professionnels interrog‘s. Ubigli et al. (1996) et Cadot (2010) ont montr‘ que l'impact de la date de vendange sur les caract‘ristiques sensorielles du vin est fort ; le choix de la date de vendange conditionne le type de produit obtenu. L'acidit‘ totale et le pH sont ‘galement des facteurs importants (cit‘s respectivement, six et cinq fois sur neuf). Ils peuvent aussi permettre d'orienter le choix de la date de vendange. Certains experts signalent cependant que le niveau d'acidit‘ est fortement d‘pendant du mill‘sime et que pour des ann‘es pr‘sentant des acidit‘s très ‘lev‘es une correction en cave par des m‘thodes de d‘sacidification doit ’tre envisag‘e. L'azote assimilable (cit‘e cinq fois sur neuf) est aussi un critère important. De nombreux auteurs signalent son impact sur la qualit‘ des vins (Keller et Hrazdina 1998; Chon‘ 2001). Les professionnels ont pr‘cis‘ que la teneur en azote assimilable pouvait ’tre corrig‘e en cave.
| 5,029
|
9f857d15060ea67ec01fdf1f86d4c727_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,012
|
Appréhension du sentiment épilinguistique à travers la textualisation d'un fait de langue: ne vs ne... pas dans les Pensées de Pascal
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,557
| 12,849
|
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
Appréhension du sentiment épilinguistique à travers la
textualisation d’un fait de langue :
NE vs NE…PAS dans les Pensées de Pascal1
Molard-Riocreux Ingrid
Université Paris IV - Sorbonne
ED V « Concepts et langages »
EA 4509 « Sens, Texte, Informatique, Histoire »
UMR 8599 « CELLF 17e-18e »
[email protected]
La langue classique souffre encore trop souvent d’être considérée comme un état de langue transitoire. On
y traque tantôt les reliquats du Moyen Français, tantôt l’émergence du Français Moderne, sans oser
envisager vraiment qu’elle puisse fonctionner selon – le mot fait peur – un système propre. À cette
époque, regardée avant tout comme une époque charnière, le sentiment de la langue serait encore
embryonnaire, exemplifié par les jugements péremptoires et arbitraires des remarqueurs et grammairiens
amateurs, tandis que la conscience stylistique serait, quant à elle, quasi inexistante, réduite aux recettes
rhétoriques d’une elocutio bien trop formaliste et à la caricaturale tripartition des styles directement
héritée des théories cicéroniennes. Sauf à assumer un mode de lecture et d’analyse purement rétrospectif
et anachronique, il ne serait donc jamais pleinement légitime de chercher dans les textes classiques les
signes d’un rapport personnel à la langue et d’une volonté d’élaboration stylistique, guidée autant par un
souci de l’esthétique du texte que par un désir de maîtrise des effets. Dans cette perspective, toute
idiosyncrasie ne peut être que le fait, soit d’un hasard, soit d’un mécanisme-réflexe inconscient.
J’y vois, pour ma part, deux conséquences conjointes :
La langue classique demeure une zone obscure de la linguistique où les hypothèses ne peuvent
que cohabiter sans espoir de validation
Toute stylistique historique est inenvisageable
À travers l’étude d’un cas d’espèce extrêmement précis, celui de l’opposition entre négation simple et
négation au degré plein dans les Pensées de Pascal, je voudrais montrer que l’on peut mettre au jour, au
sein d’un corpus si réduit soit-il – un seul texte, mais j’admets que le choix des Pensées, œuvre étrange et
composite, ne doit rien au hasard – des éléments tangibles témoignant non seulement d’un véritable
sentiment épilinguistique mais aussi, car c’en est le corollaire inévitable et essentiel, de partis-pris
stylistiques d’ordre global ou ponctuel, susceptibles de réorienter la compréhension de l’œuvre. Pour ce
faire, ma méthode consistera à souligner des tendances générales pour mieux insister sur des occurrences
problématiques et montrer en quoi elles sont éclairantes.
Afin de bien cerner mon objet d’étude, je précise dès à présent que je ne m’interrogerai ni sur les
motivations conduisant à employer pas plutôt que point (ou inversement) ni sur la place de l’outil
pas/point et m’en tiendrai, de manière plus générale, à la question du fondement de l’opposition entre ne
seul et ne…pas/point. Les critères posés par la grammaire de l’époque et la grammaire historique
d’aujourd’hui se vérifient-ils ? Peut-on comprendre les cas où ils ne se vérifient pas ? Que nous apprend
l’emploi de ces deux outils négatifs sur la langue de Pascal et partant, sur le rapport d’un locuteur et
auteur classique à sa propre langue ?
L’intérêt de travailler sur les Pensées de Pascal tient en grande partie à des considérations relevant de
l’histoire du texte. Le caractère inachevé de ce qui devait être initialement une Apologie de la religion
chrétienne est souvent regardé comme problématique. Pourtant, c’est aussi une garantie pour ce qui
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
Article available at http://www.shs-conferences.org or http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20120100081
1177
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
concerne l’authenticité du texte dont nous disposons. En effet, contrairement à la plupart des œuvres
d’Ancien Régime, celle-ci ne nous est pas parvenue sous la forme traditionnelle du livre, qui soumet
l’écrit remis par l’auteur sous forme manuscrite aux exigences formelles de l’imprimeur-libraire. On ne
saurait l’ignorer, les contraintes de mise en page et surtout de format, liées au procédé du pliage en
cahiers, conduisaient parfois les imprimeurs à modifier le texte de la copie lors de la phase de
composition. Ces modifications pouvaient aller de la suppression de mots ponctuelle, afin de raccourcir
légèrement un passage pour le faire tenir dans l’espace prévu, à l’effacement de phrases entières. Les
spécialistes de la bibliographie matérielle (Kirsop, 1970 ; Laufer, 1983 ; Chartier, 1989 ; Darnton, 1992)
ont montré, de manière très convaincante, combien il est important de prendre en compte ces données
concrètes si l’on ne veut pas glisser vers une surinterprétation d’indices textuels dont l’origine est, en fait,
non auctoriale. Ainsi, les sondages et analyses que je propose dans les pages qui suivent, je les ai tentés
également sur d’autres œuvres. L’on peut ainsi faire des découvertes au premier abord enthousiasmantes.
Pour prendre un exemple concret, l’enquête philologique révèle que la maxime 237 de La
Rochefoucauld2, telle qu’elle est formulée dans la dernière édition parue du vivant de l’auteur (celle de
1678) et dans les trois précédentes, comporte une négation pleine dans la proposition conditionnelle :
« Nul ne mérite d’être loué de bonté s’il n’a pas la force d’être méchant ». Or, dans la première édition
autorisée, celle de 1665, où cette maxime apparaît sous le numéro CCLI, la négation contenue dans la
subordonnée est au degré simple : « Nul ne mérite d’être loué de bonté s’il n’a la force et la hardiesse de
pouvoir être méchant. » Le forclusif pas n’est donc présent dans la version imprimée des Maximes qu’à
partir de la seconde édition (celle de 1666). Mais entre repérer l’apparition d’un pas dans la seconde
édition et affirmer que l’auteur a ajouté ce pas à partir de la seconde édition comme on est naturellement
tenté de le faire, il y a…un pas que je ne franchirai pas sans une grande prudence. Car il se pourrait, tout
simplement, que l’absence de ce forclusif dans la première édition traduise, non point son absence, mais
sa suppression par un prote désireux de gagner de la place ou, plus prosaïquement, distrait3. Auquel cas, il
y avait peu de probabilité qu’il pût repérer son oubli à la relecture, puisqu’il ne ressentait
vraisemblablement pas la nécessité de ce forclusif pour la complétude syntactico-sémantique de l’énoncé.
C’est le problème du sentiment épilinguistique qui se fait jour ici mais à travers des données souvent
invérifiables si l’on ne dispose pas d’autres versions du texte-source. En effet, dans le cas de la maxime
237, c’est la comparaison avec les manuscrits qui permet de penser que c’est bien La Rochefoucauld luimême qui a modifié son texte, si l’on admet, avec de nombreux critiques, que le célèbre manuscrit de
Liancourt, souvent considéré comme un brouillon des Maximes, date bien de 1660. La copie SmithLesouëf, qui serait de 1663, donne également la négation simple, de même que l’édition de Hollande
(début 1664 ?). Et les manuscrits Barthélémy et Gilbert, qui seraient ultérieurs, donnent ne…pas, ce qui
confirmerait le changement opéré par l’auteur. Mais on ne peut parler qu’au conditionnel car ces variantes
sont, pour certaines, difficiles à dater, correspondent parfois à des ajouts d’époques différentes sur les
manuscrits et peuvent même être de très mauvaise qualité et donc très peu fiables, comme l’édition de
Hollande, manifestement basée sur un manuscrit dicté et aujourd’hui perdu.
Avec les Pensées de Pascal, la question des variantes et de leur origine n’est pas aussi problématique4. On
sait qu’après la mort de l’écrivain, deux copies des fragments ont été réalisées, à la demande de la famille
Périer, par la même main et au même moment (1662-1663). La première a ensuite fait l’objet de
retouches de la part de nombreuses personnes en vue de sa publication et a donc perdu en authenticité par
rapport au texte de Pascal lui-même. En revanche, la Seconde Copie n’a été modifiée que par Étienne
Périer et les modifications très scrupuleuses qu’il a apportées visaient uniquement à rapprocher la copie
de l’original (en gardant les ratures, les phrases tronquées etc.) car cette version n’était pas destinée à la
publication mais à la transmission familiale. On peut donc légitimement supposer que cette version du
texte est la plus susceptible de restituer, au mot près, le texte de Pascal. C’est sur cette Seconde Copie que
s’appuie l’édition de Ph. Sellier (2000), laquelle nous servira de référence dans ce travail.
Les statistiques lexicales sur lesquelles repose notre étude sont établies d’après la base de données
textuelles FRANTEXT qui reproduit, pour ce qui concerne les Pensées, l’édition de M. Le Guern (1977) ;
j’ai procédé à une vérification manuelle dans l’édition Selliera (2000). En cas de divergence, c’est celle-ci
que j’ai retenue.
1178
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
1
Présupposés théoriques
1.1
De l’illusion du chaos à l’illusion téléologique
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
On l’a beaucoup dit – et ce sujet qui préoccupait déjà les tout premiers remarqueurs fait encore couler
beaucoup d’encre –, les emplois de la négation simple (ne seul) et de la négation au degré plein de type
ne…pas/point en langue classique paraissent pour le moins anarchiques. Toute tentative de rationalisation
se heurte immanquablement à un nombre considérable de cas particuliers que l’on interprète, selon le cas,
comme des archaïsmes ou comme les signes avant-coureurs du système actuel. De là cette impression
encore très répandue que le français classique est un état de langue intermédiaire et instable, un chaos
qu’il faudrait respecter ou, à tout le moins, se résoudre à accepter sans espoir de compréhension. De
manière un peu méprisante, on dira que c’est une langue qui « hésite » (Haase, 1975 : 384) ; en termes
plus mélioratifs, on pourra louer la liberté qu’elle laisse, mais l’exploitation de cet espace
d’indétermination théorique semble alors ouvert à toutes les fantaisies des locuteurs et écrivains, sans que
les linguistes éprouvent alors le besoin de chercher à établir pourquoi, précisément, dans telle phrase un
auteur utilise ne plutôt que ne… pas ou inversement. Les enquêtes de ce type sont considérées comme
vaines car trop incertaines et subjectives.
La tentation est forte d’imposer de l’ordre dans ce chaos apparent, en renonçant à voir dans la langue
classique un état de langue intermédiaire pour déjà l’analyser avec les grilles de lecture que fournit notre
grammaire. Les théories de la négation sont sans doute, en linguistique, celles qui glissent le plus
facilement vers les présupposés téléologiques : on veut montrer comment l’état de langue d’une époque
donnée devient le français moderne. Elles semblent suggérer que la langue se modulerait à l’insu de ses
propres locuteurs, un peu comme le déterminisme darwinien supposait une intentionnalité de la nature
(qui agence, adapte, sélectionne, etc...) à l’insu des éléments, animaux, végétaux et minéraux qui la
composent. Ainsi, lorsque F. Brunot examine l’opposition entre ne et ne…pas en langue classique, il
énumère les cas où l’on trouve généralement ne seul puis indique :
Ces persistances ne contredisent point un développement désormais complet [nos
italiques]. D’abord, il s’agit de verbes très particuliers. Ensuite, aucun de ces verbes
n’est toujours et invariablement accompagné de ne seul (Brunot, 1966 : 1034).
Les mots persistances et développement trahissent une lecture téléologique de la diachronie, que ne
parvient pas à étouffer une intention rigoureusement descriptive. Cette tendance de la linguistique
historique a pour corollaire ce que j’appellerais volontiers l’illusion rétrospective de la règle. Puisque la
langue classique n’a pas son système propre et qu’à tout prendre, elle ressemble tout de même fortement
au français moderne, on prend le parti de considérer que les cas problématiques, les emplois aujourd’hui
disparus sont des exceptions. Mais paradoxalement, et c’est là que ce choix devient contestable, ce sont
des exceptions à des règles qui, à l’époque, n’existent pas encore : ce sont des exceptions à nos
règles ! Ce point de vue est notamment celui d’A. Haase qui écrit :
Jusqu’au XVIe siècle, ne exprimait à lui seul la négation sans que l’adjonction de
pas/point fût nécessaire comme dans la langue actuelle. Les règles qui aujourd’hui
encore gouvernent la négation s’établissent au XVIIe siècle et si, au début, les
exceptions sont encore fréquentes, elles disparaissent à la fin du siècle, sauf dans les
vers de Scarron et de La Fontaine, où les exemples de l’ancien emploi foisonnent.
D’ailleurs, tous les poètes, jusqu’à nos jours, ont continué d’employer ne sans autre
mot négatif, en dépit des règles de la grammaire [nos italiques] (Haase, 1975 : 250).
Ici, c’est l’excès de systématisation qui nuit. On n’explique ni la règle ni l’exception, car on en vient à
oublier que tout système en linguistique est avant tout un mode de fonctionnement qui repose sur une
donnée très difficile à analyser, celle du sentiment de la langue.
1.2
Entre linguistique et stylistique : le sentiment épilinguistique
Ce sentiment est bien nommé tant il semble mêler des données variées jouant à des niveaux de conscience
différents : le réflexe conditionné par la communauté de locuteurs que l’on fréquente (avec ses effets de
modes et ses tendances de fond dues à des phénomènes d’érosion par exemple), l’influence des lectures,
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
1179
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
le degré d’érudition grammaticale et éventuellement notre petite stylistique personnelle reposant sur nos
jugements esthétiques, plus ou moins théorisés. Il est si difficile à cerner que son étude peut conduire à
énoncer des postulats d’ordre psychomécanique parfaitement invérifiables et parfois en flagrante
contradiction avec l’histoire de la langue. Je pense notamment à la schématisation vectorielle censée
expliquer la sémantique (et la désémantisation) de pas/point dans la cinétique guillaumienne :
Pas et point, on le sait, sont de très petites choses. Et l'idée que ces mots emportent
avec eux doit, en linguistique de position, être représentée par un mouvement allant
d'un certain état de grandeur à l'infinie petitesse. Soit vectoriellement :
Pas
-∞
+
Point
Ceci posé, les mots en question - ou plutôt le psychisme vectoriel, cinétique, qu'ils
recouvrent — peuvent faire ou ne pas faire l'objet d'une interception limitative. Si
l'interception a lieu, il s'ensuit une petitesse quantifiée, déterminée, dont l'extension,
arrêtée sur une position d'elle-même, est indiquée par l'article :
Un pas
le pas
Un point
le point
Mais si, sous lesdits mots, on laisse courir jusqu'à sa fin la notion cinétique qu'ils
recouvrent, on aboutit à l'infinie petitesse, inaccessible — c'est-à-dire à une petitesse
dont la quantification s'avère impossible et négative. Du même coup lesdits mots
deviennent négatifs, et du même coup aussi ils refusent l'article, lequel a
régulièrement pour effet d'intercepter et de positiver, par interception, un mouvement
extensif. Un pas, un point sont de très petites choses, et ce sont de petites choses parce
que l'article arrête interceptivement la marche de pas et de point à l'infinie petitesse.
Que, par l'absence de l'article, je ne suscite pas cet arrêt, et lesdites notions, laissées à
elles-mêmes, iront à l'infinie petitesse qui se dessine au terme de leur mouvement
propre: c'est-à-dire signifiant zéro (Guillaume, 1975 : 123).
Pour ne pas risquer cette dérive, le mieux est toujours pour le linguiste d’en revenir aux témoignages
textuels, ce qui induit une nécessaire prise en compte de l’intention stylistique et de la conscience
esthétique. C’est à travers elles que se manifeste le sentiment de la langue.
Les premiers remarqueurs s’étaient contentés de répertorier sous forme de listes les cas où l’on pouvait se
passer de pas/point. Ainsi Vaugelas :
Ces particules [pas et point] oubliées aux endroits où il les faut mettre, ou mises là où
elles ne doivent pas estre, rendent une phrase fort vicieuse, par exemple si l’on dit
pour ne vous ennuyer, je ne serai pas long, comme parlent et escrivent presque tous
ceux de delà Loire, c’est tres-mal parler, il faut dire pour ne vous point ennuyer. Et si
l’on dit il fera plus qu’il ne promet pas, ce n’est pas encore bien parler ; car il faut
oster pas, et dire il fera plus qu’il ne promet.
On ne met jamais ny pas ny point devant les deux ny. […] On ne les met jamais
devant le que, qui s’exprime par nisi en Latin, et par sinon que en François. […] On
ne les met point encore devant jamais. Ny devant plus comme je ne feray plus come
j’ay fait. On ne les met point aussi devant aucun. […]
On ne les met pas encore devant sans comme sans nuage et non pas sans point de
nuage. […] On ne les met point encore, ny avant que l’on parle de quelque temps, ny
après qu’on en a parlé, comme je ne le verray de dix jours. […]
On les supprime d’ordinaire avec le verbe pouvoir, comme il ne le peut faire, il ne
pouvoit mieux faire, il ne peut marcher. Ce n’est pas que l’on ne peut dire Il ne le peut
pas faire, il ne pouvoit pas mieux faire, Il ne peut pas marcher. Mais il est
incomparablement meilleur et plus elegant sans pas.
1180
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
On les supprime encore avec le verbe sçavoir quand il signifie pouvoir, comme il ne
sçauroit faire tant de chemin en un jour. On y pourroit mettre pas, mais l’autre est
beaucoup meilleur.
Et avec le verbe oser, comme il n’oseroit avoir fait cela, il n’oseroit dire mot.
Rarement il se dit avec pas, sur tout au participe, ou au gérondif, comme n’osant luy
contredire en quoy que ce fust, mesme quand il y a un autre gérondif devant avec pas,
comme ne voulant pas le flatter et n’osant luy contredire ; car si l’on disoit et n’osant
pas luy contredire, ce ne seroit pas si bien dit, il s’en faudroit de beaucoup (Vaugelas,
1647 : 405-408).
Ces listes sont reprises et complétées par des théoriciens comme F. Brunot (1966) ou, avant lui,
K. Sneyders de Vogel (1927) sous forme de longs relevés d’occurrences dénués de visée explicative : les
exceptions à la règle sont trop nombreuses, trop diverses ; et elles ont, elles aussi, leurs propres
exceptions puisqu’on ne peut même pas dire qu’avec le verbe pouvoir ou dans les propositions
conditionnelles, par exemple, on ait toujours la négation simple.
En revanche, les diachroniciens les plus généralistes, les moins attachés aux détails des occurrences
concrètes, les plus désireux de mettre au jour des tendances globales, ont réussi à proposer des
explications valables à la prolifération de la négation bitensive. C’est donc au point de confluence des
deux hypothèses majeures, celle du renforcement et celle de la complétude, que l’on peut espérer saisir
quelque chose du sentiment linguistique des locuteurs classiques. La première est bien connue : c’est le
cycle dit « de Jespersen » par référence aux travaux de ce linguiste danois (1917), qui repose sur la
fameuse dynamique en trois phases : weakening-strengthening-protraction. La seconde trouve son origine
chez G. Guillaume et son déploiement chez ses héritiers comme R. Martin :
La particule ne marque un engagement dans la négativité qui appelle un élément
capable de la confirmer (rien, personne, aucun, pas, etc) ou de l’infirmer (que). […]
On pourrait imaginer (comme c’est le cas en Ancien Français) une négation assurée
par l’élément ne seul. […] En réalité, le discordantiel ne dépasse pas de lui-même le
seuil décisif de la négativité ; c’est le rôle propre du forclusif de la transcender et le
rôle propre de l’uniceptif de l’inverser. (Martin, 1966 : 22)
On voit que R. Martin fait ici le lien entre la théorie guillaumienne de la transcendance par dépassement
d’un seuil et celle de la complémentarité entre « taxème discordantiel » et « strument forclusif » élaborée
par J. Damourette et É. Pichon (1983 : 154 ; 172). L’idée d’une force de la négation trouverait donc son
fondement dans la perception plus ou moins consciente d’un mouvement de négativation mené ou non à
son terme. Il faut noter que cette idée de force qui nous paraît si pertinente n’était pourtant pas pointée par
les grammairiens de l’époque : Maupas donne à pas et point un rôle purement explétif en les qualifiant de
« remplissage de négation » (1607 : 167) et Vaugelas se contente de délivrer des verdicts d’« élégance »,
mais il est vrai qu’il ne se préoccupe pas de diachronie et semble peu au fait de l’histoire de la langue, ce
que rappellent W. Le discordantiel seul et le discordantiel accompagné du forclusif pas/point ne seraient donc pas
rigoureusement les variantes allomorphes du même acte de langage, contrairement à ce que la notion
encore très fréquemment convoquée de « transformation négative » (Dubois et Dubois-Charlier, 1970 :
186-195), théorisée par la grammaire structurale, pouvait laisser penser. Le questionnement qui guidera
notre analyse des Pensées sera donc le suivant : l’examen des données textuelles révèle-t-il une
conscience de ces distinctions profondes non encore conceptualisées, ou du moins une attention
particulière portée à la morpho-syntaxe de la négation ?
2
Application au texte
2.1
Un point de départ obligé : la statistique lexicale
L’intérêt des données chiffrées pour ce type d’approche est loin d’être négligeable. Comparer l’ampleur
d’un phénomène dans une œuvre à ce qu’il est dans l’ensemble des autres à la même époque n’est pas
d’un maigre apport lorsqu’il s’agit de réfléchir à la textualisation d’un fait de langue, ce qui constitue
l’objet même de ce travail : au carrefour du collectif et de l’individuel, de la langue et du style, les
chiffres peuvent permettre de saisir ce qui semble bien être une spécificité de la langue de Pascal ou, plus
exactement, de la langue des Pensées, tant il est vrai que chaque projet d’écriture façonne la langue au
service de sa propre efficience ; ce postulat fondamental fait, certes, écho à la distinction saussurienne
entre la langue et la parole (celle-ci étant conçue comme l’actualisation, en contexte énonciatif, de cellelà), mais il rejoint aussi la tradition rhétorique, selon laquelle l’impératif d’efficacité dicte les exigences
de l’aptum/decorum sous peine d’échec du discours. C’est donc un enjeu majeur que de saisir, fût-ce à
travers un problème aussi anodin en apparence que la présence ou l’absence de pas/point, le rapport
qu’entretient un locuteur-scripteur donné avec la langue de son temps, appréhendée non en tant que
système abstrait (ce qu’elle est aussi), mais comme un réseau de tendances plus ou moins marquées
décelable dans le concert des voix de ses contemporains. En procédant ainsi, on peut établir comme base
de travail les données suivantes :
Tableau 1
NE…Ø
NE… PAS/POINT
Pensées
(~1655-1662)
12,4 %
87,6 %
1645
37,2 %
62,8 %
1651
20 %
80 %
1658
22,5 %
77,5 %
1665
19,9 %
80,1 %
1670
13,2 %
86,8 %
Le protocole adopté appelle quelques explications. Si la première ligne du tableau concerne les Pensées,
les cinq suivantes font apparaître la tendance globale de la langue, déduite des choix d’écriture qui
caractérisent, selon les rapports indiqués en pourcentages, les œuvres parues aux dates indiquées dans la
colonne de gauche. Ces dates n’ont pas été retenues de manière aléatoire : il nous a seulement paru
1182
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
nécessaire d’écarter les années pour lesquelles la base FRANTEXT donnait, de manière exclusive ou trop
importante, des textes versifiés, et ce afin de ne pas risquer de comptabiliser des suppressions ou ajouts de
pas/point ressortissant à des contraintes métriques et donc susceptibles de s’écarter de la langue d’usage
(pour les dates retenues, nous avons également choisi de ne traiter que les œuvres en prose). Les chiffres
du tableau 1 ont été obtenus après élimination des ne associés à des forclusifs de négation partielle
(personne, rien, jamais, nul, aucun, guère) ou à des que uniceptifs, pour ne retenir que les cas où les deux
types de négations qui nous intéressent sont théoriquement possibles en langue, la détermination en
faveur de l’une ou l’autre de ces tournures relevant alors, plus ou moins nécessairement et plus ou moins
consciemment selon les cas, d’un choix d’auteur. Cependant, il semblait évident qu’il n’y aurait aucune
logique à comparer le rapport de proportions entre négation pleine et simple dans les Pensées à ce qu’il
était dans le textes parus à la même date, c'est-à-dire en 1670 (édition dite de Port-Royal), soit huit ans
après la mort de Pascal. Il fallait donc établir les comparaisons de chiffres en tenant compte, non
seulement de l’antériorité du texte mais également de l’étalement temporel de sa rédaction. On ne peut
guère pousser plus avant les précautions de la recherche, dans la mesure où les fragments qui constituent
le corpus des Pensées, contrairement aux lettres d’une correspondance, ne sont pas datés et, pour la
plupart, ont fait l’objet de corrections et réécritures partielles ou totales de la part de Pascal, parfois à
plusieurs années d’intervalle. Il est donc quasi impossible de suivre l’évolution de l’état de langue du
texte en son sein, et l’on est contraint de prendre ce feuilleté diachronique comme un tout. Mais la mise
en évidence des courbes de progression respectives de ne seul et de ne…pas/point fait immédiatement
ressortir l’originalité du traitement pascalien de la négation :
Graphique 1
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1645
1651
1658
1665
NE seul (langue)
NE…PAS/POINT (langue)
NE seul (Pensées)
NE…PAS/POINT (Pensées)
1670
Dans les Pensées, comme dans toutes les œuvres de cette époque, la négation à deux termes prédomine
largement. Toutefois, le texte de Pascal se démarque par une prévalence incontestable de la négation
pleine de type ne…pas/point par rapport à la négation simple. En 1670, lorsque les Pensées sont éditées
pour la première fois, à titre posthume, les courbes de la langue n’ont pas encore rejoint les pourcentages
établis d’après les fragments de Pascal. Il serait donc tentant d’affirmer que Pascal est en avance sur son
temps ; mais ce serait céder à la tentation commune d’une perception téléologique de l’histoire de la
langue : aujourd’hui, alors que l’ablation du discordantiel tend à se généraliser à l’oral, dirait-on d’un
auteur qui adopterait cet usage à l’écrit qu’il est un précurseur ? Assurément pas ; on analyserait ce choix
comme un stylème fortement marqué et sous-tendu par une vision idéologique de la littérature
(réhabilitation de la langue du peuple, désacralisation des lettres, etc.) ou par une certaine démagogie,
peut-être même accompagnée de la soif du succès commercial que garantit souvent l’originalité facile,
l’option du vulgaire. La traque des avant-gardes en matière de langue n’est possible qu’à titre rétrospectif
et donc sans grand intérêt. En outre, un éventuel parti-pris de l’oralité ou de la négligence du style, surtout
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
1183
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
dans un ouvrage moral et apologétique, était (c’est le moins qu’on puisse dire) bien moins susceptible au
XVIIe siècle qu’aujourd’hui de susciter engouement et admiration. On dira sans doute que ce n’est pas en soi révélateur, que Pascal emploie peut-être tout simplement moins
de verbes modaux (ou bien de verbes normaux mais en contexte modal, hypothétique) que d’autres
auteurs. Cette variable est tout à fait centrale, incontestablement. Ainsi, le tableau 1 et le graphique qui
l’accompagne font apparaître un infléchissement de la progression globale en 1658 (un retour en arrière
dirait la linguistique finaliste), qui ne s’explique que par la prise en compte indistincte de configurations
phrastiques différentes : il suffit qu’un texte contienne, par exemple, plus de propositions subordonnées
de condition, ou d’occurrences du verbe pouvoir, pour que les chiffres s’en trouvent modifiés, sans que
cela révèle un quelconque bouleversement de l’évolution globale. C’est d’ailleurs le critère déterminant
en la matière puisqu’au milieu du XVIIe siècle, la négation à deux termes s’est imposée dans tous les
contextes non modalisés, exception faite de certains cas particuliers comme le texte versifié
(Haase, 1975 : 250). Alors, concentrons-nous sur le cas du verbe pouvoir : on ne saurait fournir un tableau
aussi précis que précédemment, dans la mesure où cela conduirait à comparer des groupements de plus de
200 occurrences de ~ pouvoir6 à des groupements de moins de 40 occurrences. Les pourcentages s’en
trouveraient complètement biaisés. En revanche, en procédant par tranches de 200 à 300 occurrences, l’on
peut faire une moyenne pour l’ensemble de la période concernée et la comparer avec les pourcentages
établis d’après l’œuvre de Pascal.
Tableau 2
NE…Ø
NE… PAS/POINT
Pensées
(~1655-1662)
92,7 %
7,3 %
Moyenne en % sur la période 1645-1670
94,5 %
5,5 %
Il est manifeste que Pascal choisit plus souvent que certains de ses contemporains de renforcer la
négation par l’emploi du forclusif lorsqu’elle se trouve en contexte modalisé par le verbe pouvoir dans le
champ prédicatif qui lui sert de point d’incidence.
Néanmoins, les rapports de proportions dans les Pensées demeurent proches de ce qu’ils sont dans les
œuvres de la même période : sans qu’il existe de règles à proprement parler, une tendance générale se
dessine que la grammaire ne fera qu’entériner. Si l’on regarde plus en détail les contextes d’emploi de
chacun des deux types de négation, on trouve de nombreuses occurrences de ne seul dans les conditions
où, de fait, le forclusif pas/point n’était pas ressenti comme nécessaire :
1184
Avec un complément verbal indéterminé, notamment un régime de l’impersonnel : « il n’y a
principe […] qu’on ne fasse passer pour une fausse impression » (78). C’est, je pense, dans cette
catégorie qu’il faut inclure l’emploi de ne seul quand il porte sur l’expression autre chose (que) :
« cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison » (142) ; « Qui
s’accoutume à la foi ne peut plus ne pas craindre l’enfer et ne croit autre chose » (680).
Avec le verbe bouger : « on trouverait insupportable de ne bouger de la ville » (168) ;
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
En contexte interrogatif : « qui n’admirera que notre corps, qui tantôt n’était pas perceptible
dans l’univers imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde
ou plutôt un tout à l’égard du néant où l’on ne peut arriver ? » (230) ;
Dans une participiale à valeur circonstancielle causale : « ne pouvant faire qu’il soit force
d’obéir à la justice, on a fait qu’il soit juste d’obéir à la force. Ne pouvant fortifier la justice, on
a justifié la force » (116) ;
Avec les verbes pouvoir et vouloir : « on ne peut être pyrrhonien sans étouffer la nature, on ne
peut être dogmatiste sans renoncer à la raison » (164) ; « …afin que l’homme orgueilleux qui
n’a voulu se soumettre à Dieu soit maintenant soumis à la créature » (767) ;
Dans des subordonnées complétives : « Je m’étonne que vous n’ayez donc pris la voie
générale, au lieu de la particulière, ou du moins que vous ne l’y ayez jointe » (791) ;
Avec le verbe savoir (subduit comme auxiliaire modal ou non): « l’homme ne sait à quel rang se
mettre » (19) ; « ils ne sauraient être heureux sans que leur santé, leur honneur, leur fortune et
celles de leurs amis soient en bon état » (171) ;
En subordonnée conditionnelle : « on ne croira jamais, d’une créance utile et de foi, si Dieu
n’incline le cœur » (412) ;
Dans les relatives à antécédent indéterminé suivant une principale négative : « il n’y a point, diton, de règle qui n’ait quelque exception, ni de vérité si générale qui n’ait quelque face par où
elle manque » (477).
Mais dans ces mêmes cas, l’on trouve aussi de très nombreuses occurrences de la négation pleine, alors
que, si l’on suit le jugement de Vaugelas, il s’agit là d’emplois vicieux et rares, d’une « forme de
barbarisme » :
Car c’est une espèce de barbarisme insupportable en nostre langue, que d’obmettre les
pas et les point où ils sont nécessaires. […] Mais c’est une autre forme de barbarisme
de mettre des particules où il n’en faut point [nos italiques]. Il est vrai qu’il n’arrive
que tres-rarement en comparaison de l’autre, qui les obmet quand il les faut mettre, ce
vice estant tres commun parmy la foule des mauvais Escrivains (Vaugelas, 1647 :
571).
En fait, dans les Pensées, comme dans les autres textes de la première moitié du XVIIe siècle, c’est loin
d’être rare. Dans l’œuvre qui nous concerne, on trouve ne…pas/point :
En contexte interrogatif : « ne savent-ils pas peindre une mort constante ? » (347) ;
Avec les auxiliaires modaux pouvoir et savoir : « on n’en peut pas dire autant de la religion »
(480) ; « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer
en repos dans une chambre » (168) ;
En emploi complétif derrière des verbes principaux de parole : « il est dangereux de dire au
peuple que les lois ne sont pas justes » (100).
La pratique de Pascal est-elle originale ? Pas fondamentalement. On a vu que, par les chiffres, il ne se
démarquait pas radicalement de ses contemporains. Toutefois, si l’on prend acte de la tendance générale,
les différences de pourcentages ne sont plus si anodines : là où les auteurs ressentent plus souvent le
besoin d’ajouter pas/point que de ne pas le faire, Pascal éprouve ce besoin plus fréquemment encore que
les autres. La généralisation de la négation bitensive en contexte normal étant désormais acquise, son
extension aux emplois modalisés est en cours (par un très naturel phénomène d’alignement par analogie)
mais encore une fois, les locuteurs du temps ne le ressentent pas ainsi : l’adjonction d’un élément non
nécessaire à la correction grammaticale comporte toujours un effet de marquage stylistique. Il n’en va
plus de même, à la date qui nous intéresse, en ce qui concerne l’absence de pas/point en contexte
thétique : il est désormais ressenti comme une suppression et probalement assimilé à une faute (sauf cas
particulier), comme en témoigne le jugement de Vaugelas (sur ce point-là, il ne rencontre pas
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
1185
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
d’opposition, contrairement au traitement complexe de pouvoir qui lui vaut bien des critiques, preuve
qu’on a bien affaire à deux interrogations différentes dans la controverse grammaticale).
2.2
Examen d’un cas problématique
On pourra m’objecter le cas de phrases que j’interprète pour ma part sur le modèle de ce que Cl. Muller
appelle « ne sans renforcement…en emploi complétif » (Muller, 2004 : 21-22) : il s’agit des cas où la
négation simple se rencontre dans des conjonctives substantives — ou « propositions nominalisées »,
dans la terminologie de Le Goffic (1993 : 543) — régimes d’un présentatif lui-même nié :
Les géomètres veulent traiter géométriquement ces choses fines, et se rendent
ridicules, voulant commencer par les définitions, et ensuite par les principes : ce qui
n’est pas la manière d’agir en cette sorte de raisonnement. Ce n’est pas que l’esprit ne
le fasse, mais il le fait tacitement, naturellement et sans art, car l’expression en passe
tous les hommes, et le sentiment n’en appartient qu’à peu d’hommes. (670)
Outre que, comme nous venons de le suggérer, ce genre d’occurrences présente une certaine parenté avec
des complétives, on peut justifier l’emploi de la négation simple par le fait que cette négation n’est pas
assumée par l’énonciateur, comme en témoignerait l’amorce par « ce n’est pas que ». De fait, la négation
pleine est incidente au présentatif. En d’autres termes, ce qui est nié, c’est la valeur de vérité de l’énoncé
négatif contenu dans la conjonctive, ce que l’on pourrait schématiser ainsi : NEG [ NEG [l’esprit le fait] ].
Ce genre de tournures exhibe le caractère métalinguistique mobilisé de manière plus ou moins appuyée
dans tous les opérateurs de négations ; ou, comme l’écrit P. Attal, ces formulations « laisse[nt] voir
presque caricaturalement la dualité de niveau d’un énoncé négatif : neg sur p, et rend[ent] encore plus
sensible son caractère polyphonique » (1994 : 235-236). Ce serait donc le système énonciatif qui
expliquerait :
dans le premier segment de la phrase : [présentatif + négation pleine] (énoncé assumé par
l’énonciateur)
dans le second : [subjonctif + négation simple] (énoncé auquel l’énonciateur dénie toute valeur
de vérité).
Mais il faut nuancer cette lecture en observant les implications de la tournure choisie. Le phénomène
repérable ici correspond, en fait, à ce que L. R. Horn nomme sentence-external negation (2001 : 413). Le
développement que ce linguiste américain, particulièrement attentif aux questions de pragmatique,
consacre à certains cas particuliers est éclairant, lorsqu’il entreprend de rectifier les conclusions
auxquelles M. Linebarder (1981), reprenant à son compte les théories d’A. Kroch (1974), était parvenu
dans sa thèse :
Seeking to explain the unacceptability of negative polarity items in contexts like:
a) *She did not lift a finger to help
b) *We did not get up until 12:00
read with rising ‘denial’ intonation, Linebarger cites Kroch’s definition of ‘external
negation’ as ‘a “metalinguistic” usage in which the negative sentence NOT S does not
directly comment on the state of affairs but instead denies the truth of statement S
previously uttered or implied. Sentence-external negation can be paraphrased as “The
sentence S is not true” ’. Linebarger proposes to formalize this account of
metalinguistic external negation by representing the logical form of the ‘denial’
readings of (a) and (b) as in (c) and (d):
c) NOT TRUE (she lifted a finger to help)…
d) NOT TRUE (we got up until 12:00)…
What rules these out as possible well-formed formulas is that the NPIs [negative
polarity items] lift a finger and until are no longer within the immediate scope of
negation, thus failing to meet what is for Linebarger a necessary (though not
1186
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
sufficient) condition for the acceptability of the relevant type of polarity trigger. In the
same fashion, Linebarger notes, the ill-formedness of (e) is correctly predicted by
assigning it the ‘external’ representation (f):
e) *The king of France didn’t contribute one red cent, because there is no king of
France.
f) NOT TRUE (the king of France contributed one red cent)…
One question raised by this characterization of marked negation is that […]
investigators […] have taken all instances of negation — including those of the NPItriggering internal variety — as representing a way to deny, in Kroch’s words, ‘the
truth of the statement S previously uttered or implied’. […] Many cases […] pose
insurmountable difficulties for any theory in which the special metalinguistic negation
exemplified in (a) and (b) and (e) is directly associated with a denial of truth.
(2001: 413-414)
La spécificité de « ce n’est pas que l’esprit ne le fasse » rapproche cet énoncé des cas mentionnés en a) et
b), dans la mesure où Pascal ne prétend pas réfuter ici un énoncé antérieurement prononcé par — ou
implicitement prêté à — un autre énonciateur. Certes, le procédé mis en œuvre se rattache, ne serait-ce
que d’un point de vue formel, à l’antéoccupation polémique ou prolepse argumentative : quand on lit que
l’esprit de géométrie se rend « ridicule » lorsqu’il se mêle de problèmes « fins » comme les
comportements humains par exemple, on en déduit logiquement que dans ces domaines-là son
fonctionnement consistant à tirer les conséquences des principes n’entre pas en jeu. Pascal anticipe cette
déduction inexacte en la réfutant. On aurait affaire à une mise en œuvre du célèbre principe logique duae
negationes affirmant : Nég [Nég P] = P ; et la seconde partie de la phrase confirmerait ce rapport d’égalité
puisqu’en effet « il le fait tacitement, naturellement et sans art [nos italiques] ». Dans cette perspective, ce
n’est pas que p aurait un rôle argumentatif traduisant que « l’énonciateur cherche à empêcher, en prenant
les devants, que le destinataire tire une conclusion d’un énoncé qu’il a émis » (Attal, 1994 : 243).
Toutefois cette approche logico-argumentative, sans être radicalement fausse, nous conduit aux frontières
de la mésinterprétation. Elle convient parfaitement à des cas comme celui-ci :
Les bêtes ne s’admirent point. Un cheval n’admire point son compagnon. Ce n’est
pas qu’il n’y ait entre eux de l’émulation à la course, mais c’est sans conséquence,
car étant à l’étable le plus pesant et plus mal taillé n’en cède pas son avoine à l’autre,
comme les hommes veulent qu’on leur fasse. (564)
Mais elle est insuffisante pour expliquer la citation précédente, à propos des fonctionnements de l’esprit.
En effet, ce que Pascal entend mettre en relief, c’est bien le caractère tout à fait accessoire des chaînes de
raisonnements par déduction dans le fonctionnement de l’esprit de finesse. Ce n’est pas que ne pas a donc
pour rôle de suggérer une idée qui, sans être pleinement assumée par l’énonciateur, se rapproche
fortement du fond de sa pensée. En ce sens, c’est plutôt sous l’angle de la prétérition qu’il faudrait
interpréter la formulation de Pascal, la proposition étudiée convoquant le mécanisme cognitif complexe
de l’insinuation. La formulation contribue à focaliser la négation de la proposition suivante sur les
modificateurs de faire, à savoir la triade circonstancielle : « tacitement, naturellement et sans art » qui
constitue, en terme de hiérarchie prédicative, l’élément informatif central de la seconde partie de
l’énoncé, introduite par le mais contrastif. Pascal nous explique que l’esprit raisonne toujours en posant
les principes pour en tirer les conséquences, même sur les questions les plus « fines » et les moins
« géométriques », mais le point nodal de sa démonstration (qui fonde la distinction entre ces deux types
de rapports au monde) c’est que l’esprit de finesse, lorsqu’il fonctionne ainsi, le fait de manière telle que
c’est presque comme s’il ne le faisait pas ! Et c’est le rôle, paradoxal, de la réfutation en « ce n’est pas
que » de suggérer l’idée que, à la limite, le contenu de la conjonctive négative introduite par que serait
valable, plus valable en tout cas que son contraire ; la double négation n’a pas pour rôle d’affirmer mais
d’orienter vers l’interprétation négative par le mouvement même qui feint de l’écarter. Nous sommes
devant un cas où, dans une certaine mesure, d’un point de vue pragmatique : Nég [Nég P] = Nég P.
À ce titre, nous rejoignons P. Attal sur l’importance de prendre en compte l’intégration systématique de la
tournure étudiée ici à la configuration ce n’est pas que p, (mais) c’est que. La citation de Pascal sert
Article en accès libre placé sous licence Creative Commons Attribution 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)
1187
Congrès Mondial de Linguistique Française – CMLF 2012
SHS Web of Conferences
SHS Web of Conferences 1 (2012)
DOI 10.1051/shsconf/20120100081
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012
d’ailleurs idéalement son postulat de base : la caractérisation première de ce n’est pas que p comme
expression de la cause (ce que l’on trouve, par exemple, dans le Grevisse) est fausse. Mais P. Attal
n’évoque pas la parenté potentielle de ce type de formulation avec le mécanisme de la prétérition :
Si avec ce n’est pas que nous avons une tournure négative fondamentalement
équivalente de ne pas, elle présente l’originalité d’être clairement métalinguistique,
elle détaille les deux niveaux que je pense être ceux de toute négation : un énoncé
virtuel et le rejet de cet énoncé. La forme syntaxique a l’avantage d’isoler les deux
parties ; dans mon jargon, la première, l’énoncé possible prévu par l’énonciateur, est
une suite locutionnaire […], le locutionnaire est la forme syntaxique d’énonciations
possibles, non prises en charge par l’énonciateur ou dont le contenu ne correspond pas
aux intentions de celui qui parle, soit parce qu’il s’agit d’énoncés réels ou virtuels
d’un tiers, soit parce qu’on pense que ce qu’apporterait l’énonciation directe est sans
intérêt ou superflu. […] La seconde partie est le niveau de l’illocutionnaire, c'est-àdire ce qui correspond aux intentions de celui qui parle, ce qu’il prend en charge en
tant qu’énonciateur. […] Nous avons donc un exemple caractéristique de ce qu’on a
appelé la polyphonie.
| 13,819
|
21/tel.archives-ouvertes.fr-tel-01948884-document.txt_6
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 9,067
| 15,339
|
Chapitre 3 : Matériels et Méthodes 3.7.3. Essais de conservation des échantillons et des extraits 3.7.3.1. Congélation de broyats de pomme additionnés de BTEX en vue d'une extraction ultérieure en HS-SPME 20
g de broyat de pomme
sont additionnés
de 40 μL de la
solution
HAP/BTEX 1. Trois échantillons ainsi préparés sont soumis à différentes conditions de conservation : - Un échantillon est complémenté avec 60 μL de dichlorométhane et additionné de 10 μL de la solution étalon interne 1 avant d'être soumis à l'extraction en HS-SPME puis est analysé le jour même - Un échantillon est conservé pendant 6 semaines au congélateur à -20 °C. Après décongélation, l'ajout de 10 μL de la solution étalon interne 1 ainsi que la complémentation avec 60 μL de dichlorométhane sont réalisés le jour de l'extraction HS-SPME - Un échantillon complémenté avec 60 μL de dichlorométhane et additionné de 10 μL de la solution étalon interne 1 est conservé pendant 6 semaines au congélateur à -20 °C Les échantillons conservés au congélateur sont placés dans des flacons en verre blanc de 125 mL (hauteur 10 cm et diamètre 4,5 cm) choisis pour leur embouchure large, facilitant la récupération du broyat. Avant congélation, l'air contenu dans le volume vide est chassé par un passage sous flux d'azote. Les extraits conservé 6 semaines au congélateur à -20 °C sont laissés au moins 15 min à température ambiante avant l'application de la procédure d'extraction en HS-SPME. Les 20 g de broyat de pomme sont placés dans un flacon en verre ambré de 125 mL contenant un barreau aimanté. Le flacon est ensuite demi-immergé dans un bain marie d'eau distillée à 60°C (figure 37). Une agitation constante (750 tours par min, 50% de la vitesse maximum de l'agitateur) est maintenue tout au long de l'extraction. Après 15 min d'équilibre, une fibre, possédant un revêtement mixte CAR/PDMS (carboxen/polydiméthylsiloxane) de 75 μm, est exposée 45 min à environ 5 cm au-dessus de l'échantillon dans l'espace gazeux dont le volume est estimé à environ 75 cm3. La fibre est ensuite placée manuellement dans l'insert de la GC-MS pour désorption. 3.7.3.2. Réfrigération de
l'extrait après extraction assistée par les ultrasons en vue d'une purification ultérieure par micro-extraction par solide compacté 20 g de broyat de pomme sont additionnés de 40 μL de solution HAP/BTEX 1, de 60 μL de dichlorométhane et de 100 μL de solution étalon interne 3 (sans acénaphtène-d10). Le broyat ainsi additionné de 4 μg/kg en HAP est placé dans un flacon de 25 mL en verre blanc de 125 mL (hauteur 10 cm et diamètre 4,5 cm) avec 25 mL d'éthanol. Le flacon est à demi-immergé dans le bain à ultrasons à 30 kHz et 30 °C pendant 15 min. L'échantillon est ensuite transféré dans des tubes en verre de 35 mL pour être centrifugé à 3000 rpm (environ 1200 g) pendant 129 Chapitre 3 : Matériels et Méthodes 10 min à température ambiante puis le broyat est éliminé par filtration (filtre plissé standard en cellulose, de porosité 6 à 10 μm et de diamètre 150 mm). 3 extraits sont ainsi préparés puis soumis à différentes conditions de conservation : - Un extrait UAE est purifié en MEPS immédiatement après l'extraction puis analysé le même jour - Un extrait UAE est placé pendant 1 week-end au réfrigérateur (entre 2 et 6 °C) - Un extrait UAE est placé pendant 1 semaine au réfrigérateur (entre 2 et 6 °C) Les extraits conservés 1 week-end ou une semaine au réfrigérateur entre 2 et 6 °C sont laissés environ 15 min à température ambiante avant l'application de la procédure de purification en MEPS. La procédure de MEPS consiste à aspirer et éliminer 5x150 μL d'extrait avec une seringue MEPS contenant un sorbant PEP. L'élution des HAP est en réalisée par aspiration de 50 μL de dichlorométhane et récupération de l'éluat dans un micro-insert en verre de 200 μL contenu dans un micro-tube en verre de 1,5 mL. 1 μL de cet éluat est prélevé (méthode des doubles bulles), directement après la purification par MEPS, avec une seringue de 10 μL et injecté manuellement en GC-MS. Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques Partie 4.1 : Approches méthodologiques pour la détermination des hydrocarbures aromatiques monocycliques dans des matrices fruitières Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques
La première partie de ce chapitre sur les hydrocarbures aromatiques monocycliques (section 4.1, page 150) est consacrée aux méthodologies mises en oeuvre pour la détermination des BTEX dans les matrices fruitières. Dans la seconde partie de ce chapitre (section 4.2, page 187), les méthodologies sont appliquées à la détermination des hydrocarbures aromatiques monocycliques dans des pommes récoltées en Normandie, dans des fruits du commerce et pour des fruits exposés à des gaz d'échappement de moteur diesel et à des fumées de combustion de végétaux. Partie 4.1 : Approches méthodologiques pour la détermination des hydrocarbures aromatiques monocycliques dans des matrices fruitières
Plusieurs approches méthodologiques ont été mises en oeuvre lors de ce travail pour la détermination des hydrocarbures aromatiques monocycliques (BTEX) dans les fruits. Dans cette partie, les choix de méthodes d'extraction et d'analyse vont tout d'abord être expliqués (section 4.1.1). La technique d'extraction sélectionnée, la micro-extraction en phase solide dans l'espace de tête (HS-SPME), est ensuite optimisée. Les différents paramètres de désorption de la fibre CAR/PDMS utilisée en HS-SPME sont notamment modifiés dans le but d'éliminer les analytes retenus sur la fibre au cours de l'extraction et d'obtenir des pics gaussiens et résolus lors de la séparation par GC-MS (sections 4.1.2 et 4.1.3). Afin de réduire les variabilités induites par la procédure d'extraction et par l'injection mais aussi de permettre la quantification des BTEX, un étalon interne est utilisé. Deux composés sont ainsi testés comme étalon interne, le nonane et l'éthylbenzène-d10. Le nonane est utilisé comme étalon interne pour la méthode HS-SPME 1, la validation de la méthodologie sera vue en section 4.1.4. Les résultats des essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire ainsi que les gammes d'étalonnage, les limites de détection et de quantification sont présentés pour la pomme et la poire comme modèles de fruit. Les mêmes critères seront validés pour la méthode HS-SPME 2, utilisant l'éthylbenzène-d10 comme étalon interne (section 4.1.5). Ces critères seront étudiés et comparés pour diverses matrices fruitières (pomme, poire, prune et raisin). Un revêtement supplémentaire de fibres pour l'extraction des hydrocarbures aromatiques monocycliques par HS-SPME également expérimenté, il correspond à un polymère de type « polydiméthylsiloxane » (PDMS) dont deux épaisseurs différentes 30 et 100 μm seront testées (section 4.1.6). Les méthodes HS-SPME sont dans un premier temps validées avec la pomme comme matrice extraite. Les résultats des essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire ainsi que les gammes d'étalonnage, les limites de détection et de quantification sont donc présentés pour ce fruit. Les méthodes sont ensuite validées pour d'autres matrices fruitières (la poire, la prune et le raisin). Les performances des différentes méthodologies optimisées sont finalement comparées (section 4.1.7). 131 Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques 4.1.1. Choix des méthodologies d'extraction, de séparation et de détection pour les hydrocarbures aromatiques monocycliques 4.1.1.1. Choix de la méthodologie d'extraction pour les hydrocarbures aromatiques monocycliques
Les méthodologies mises en oeuvre lors de l'extraction des hydrocarbures aromatiques monocycliques sont principalement des techniques utilisant un support d'extraction miniaturisé, telles que l'extraction dynamique en phase solide (SPDE), l'extraction par sorption sur barreau magnétique (SBSE) ou la micro-extraction en phase solide dans l'espace de tête (HS-SPME). Les BTEX (benzène, toluène, éthylbenzène et xylènes) sont des composés très volatils (température d'ébullition entre 80 et 150°C). Très hydrophobes, les hydrocarbures aromatiques monocycliques présentent une nature chimique différente de la matrice aqueuse (fruits) dans laquelle ils sont susceptibles d'être contenus. Ces caractéristiques associées à la très faible proportion en composés hydrophobes (tels que les lipides) dans les fruits favorise la libération des BTEX par évaporation. L'utilisation de l'espace gazeux permet d'éviter le contact direct avec la matrice et minimise la récupération de composés non volatils présents dans l'échantillon (fruit). L'un des inconvénients mentionné pour la SPME, par rapport à la SBSE par exemple, est la faible épaisseur du revêtement. Néanmoins, les BTEX étant présents en faibles concentrations dans les échantillons de fruits, la capacité d'extraction du support SPME ne devrait pas s'avérer être un facteur limitant au cours de cette étude. De plus, des travaux préliminaires menés au laboratoire indiquent que la HS-SPME appliquée pour une durée de 45 à 60 °C constitue une méthode d'extraction performante pour la récupération des BTEX dans des échantillons de pomme (Poinot, 2014). Cette technique et ces conditions d'extraction sont donc sélectionnées pour extraire les BTEX des fruits ciblés dans le cadre de ce travail (pomme, poire, prune et raisin).
4.1.1.2. Choix du revêtement du support d'extraction en HS-SPME
L'extraction des analytes est dépendante de l'épaisseur et du type de revêtement de la fibre SPME (Doong, 2000 ; King, 2003 ; Purcaro 2013 ; Ridgway 2007a). Les fibres ayant un revêtement fin permettent l'adsorption des composés semi-volatils tandis que les revêtements plus épais sont généralement utilisés pour l'extraction des composés volatils (Kataoka, 2000 ; King, 2003). Les procédures d'extraction en phase solide réalisées dans l'espace de tête utilisent généralement des supports avec un revêtement polydiméthylsiloxane (PDMS) seul ou associé au carboxen (CAR/PDMS), pour la récupération des BTEX. Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
D'après l'ensemble de ces données, deux types de fibres, l'une ayant un revêtement mixte CAR/PDMS de 75 μm d'épaisseur et l'autre un revêtement PDMS de 100 μm d'épaisseur, sont sélectionnées dans le cadre de la détermination des BTEX dans les fruits ciblés par ce travail.
4.1.1.3. Choix de la méthode séparative et de la phase stationnaire
Bien que la séparation des hydrocarbures aromatiques monocycliques par chromatographie liquide à hautes performances (HPLC) ait été décrite dans la littérature, la chromatographie en phase gazeuse (GC) reste la méthode chromatographique la plus fréquemment utilisée pour ces composés. La GC apporte notamment une meilleure résolution et une sensibilité plus importante que l'HPLC (Campos-Candel, 2009). De plus, la GC est une technologie particulièrement adaptée à l'analyse des composés très volatils que sont les BTEX. Les principales phases stationnaires utilisées pour la séparation des hydrocarbures aromatiques monocycliques sont apolaires en raison du caractère hydrophobe de ces composés. La colonne la plus utilisée pour la séparation des BTEX possède une phase stationnaire composée de 5% phényl-95% méthylpolysiloxane (type DB 5 ou équivalent) (Gilbert-López, 2010 ; Górna-Binkul, 1996 ; Menéndez, 2000 ; Poinot, 2014). Ce type de colonne permet une séparation sur une phase stationnaire de polarité relativement similaire à celle des BTEX. Cette phase stationnaire utilisée dans les premiers travaux sur la pomme (Poinot, 2014) est donc conservée pour réaliser l'étude des BTEX dans diverses matrices fruitières.
4.1.1.4. Choix de la méthode de détection
Les principaux détecteurs couplés à la chromatographie en phase gazeuse pour l'analyse des TEX sont le détecteur à ionisation de flamme (FID) et le spectromètre de masse (MS). Le FID est, par exemple, utilisé pour la détection des BTEX dans des échantillons de sol et d'eau (Babanezhad, 2012 ; Ezquerro, 2004 ; Menéndez, 2000). La spectrométrie de masse, notamment appliquée à la détection des BTEX dans des extraits de fruits, de légumes, d'olive et d'huile d'olive, de boissons ainsi que d'exsudats de viande offre une meilleure sélectivité et sensibilité que le FID (Benet, 2015 ; Gilbert-López, 2010 ; Górna-Binkul, 1996 ; Ridgway, 2007b). La détection par spectrométrie de masse est donc choisie pour l'analyse des BTEX dans les fruits sélectionnés pour cette étude. L'étude de Poinot et al. 133 Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques 4.1.1.5. Application des méthodologies à la séparation et à la détection des hydrocarbures aromatiques monocycliques
Les méthodes de séparation et de détection sont testées grâce à l'injection directe de BTEX en solution dans du dichlorométhane. L'injection directe permet notamment d'apprécier la résolution des pics (figure 49). Figure 49 : Chromatogramme obtenu (entre 11 et 27 min) en GC-qMS après injection directe d'une solution de BTEX à 10 μg/L Présentation des ions de rapports m/z=78 et 91 1 : benzène, 2 : toluène, 3 : éthylbenzène, 4 : m/p-xylènes, 5 : o-xylène
Les conditions de séparation sont précisées dans la section 3.5.2.1 du chapitre 3 La programmation de température permet la bonne séparation des pics des BTEX. Cependant, les conditions de séparation (colonne DB 5ms) et de détection (GC-qMS) ne permettent pas de différencier les isomères m- et p-xylène qui possèdent un spectre de masse très proche. Dans les divers travaux sur les BTEX disponibles dans la littérature et utilisant une colonne chromatographique de phase stationnaire 5% phényl-95% méthylpolysiloxane (de type DB5ms), ces deux isomères sont généralement co-élués (Gilbert-López, 2010 ; Górna-Binkul, 1996 ; Menéndez, 2000). Cette co-élution s'explique par les températures d'ébullition très proches pour le m- et le p-xylène avec respectivement 139,1 °C et 138,2 °C. En ce qui concerne l'o-xylène, sa température d'ébullition plus élevée 144,4 °C permet de le différencier et sa détection se fait indépendamment des deux autres. La sensibilité de la détection est améliorée par l'utilisation du mode de sélection d'ions (SIM : single ion monitoring) disponible pour l'analyseur de masse quadripolaire utilisé. Le mode SIM limite la détection à certains ions (ratios masse/charge) préalablement sélectionnés et non à une détection de l'ensemble des spectres de masse. La détection sélective en MS avec le mode SIM permet d'éviter la détection de composés issus la matrice et éventuellement coélués à ceux des analytes. Néanmoins, le gain en sensibilité peut être amoindri par la multiplication des ions détectés. En mode SIM, l'ensemble des rapports masses/charges des ions sélectionnés sont balayés dans un temps donné. Le temps consacré à chaque ion diminue avec l'augmentation du nombre d'ions sélectionnés, induisant ainsi une perte de sensibilité. Afin de pallier ce problème, la détection est divisée en plusieurs segments de temps 4.1.2. Optimisation de la procédure de désorption de la fibre après extraction en HS-SPME
Lors de la précédente étude menée au laboratoire, les conditions optimales d'extraction des BTEX ont été déterminées pour des concentrations de l'ordre du mg/kg dans la pomme (Poinot, 2014). La procédure de désorption mise en place consiste à placer la fibre pendant 5 min dans l'insert de la GC-MS à 250°C. Les paramètres ensuite appliqués pour l'analyse en GC-MS sont décrits dans la section 3.5.2.1 (chapitre 3, page 138). Dans un premier temps, la fibre CAR/PDMS (d'épaisseur 75 μm ayant servi pour les extractions de BTEX au mg/kg dans la pomme) ainsi que les conditions d'extraction et d'analyse sont directement transposées au nouvel appareil de GC-MS Shimadzu QP 2010 acquis par le laboratoire. Les premières analyses, ayant consisté à réaliser des blancs en exposant la fibre au-dessus d'un échantillon de pomme du commerce non additionné d'hydrocarbures aromatiques, révèlent d'importants pics correspondant aux BTEX. A la suite de simples désorptions des fibres (sans échantillon) dans l'insert du GC-MS, une présence des BTEX est également détectée, indiquant une présence résiduelle liée à une contamination croisée entre extractions. (figure 50). Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 50 : Chromatogramme obtenu lors de la désorption de la fibre dans l'insert de la GC-MS (blanc) Détection en mode SIM, présentation des ions de rapports m/z=78 et 91 tR : temps de rétention correspondant au benzène tR1, au toluène tR2, à l'éthylbenzène tR3, aux m/p-xylènes tR4, et à l'o-xylène tR5
Les conditions de séparation sont précisées dans la section 3.5.2.1 du chapitre 3 Une contamination résiduelle de la fibre n'avait pas été mise en évidence avec le précédent appareillage de type trappe ionique Saturn 2000 (Agilent Technologies) car l'utilisation du mode SIM de l'appareil Shimadzu QP 2010 permet la détection d'ions spécifiques aux composés ciblés, ce qui améliore le rapport signal/bruit et donc la sensibilité et la sélectivité de la détection des analytes. La procédure de désorption appliquée ne permet pas d'éliminer la totalité des composés extraits au cours des précédentes expérimentations. Un nettoyage de la fibre avec un solvant aurait pu être envisagé. Les fournisseurs de fibres HS-SPME indiquent la compatibilité des fibres avec les solvants pouvant être utilisés pour le rinçage. Cependant, cette pratique n'est que peu relayée dans la littérature. Afin de minimiser la manipulation de solvant et d'éviter un éventuel apport de contaminant, une décontamination par désorption thermique reste privilégiée.
4.1.2.1. Données de désorption thermique en HS-SPME dans la littérature
Dans la littérature, la méthode HS-SPME est une technique fréquemment rencontrée pour l'extraction des BTEX. Les fibres utilisées sont diverses et la température ainsi que la durée de dé des fibres est adaptée en fonction du type de revêtement et de la matrice extraite. La gamme de températures utilisée pour la désorption des fibres après l'extraction des BTEX varie généralement entre 150 et 280 °C (Doong, 2000 ; Lei, 2011 ; Tankiewicz, 2013). Après extraction des BTEX dans des échantillons d'eau, les fibres ayant un revêtement PDMS (100 μm d'épaisseur), PDMS/DVB (65 μm d'épaisseur) et DVB/CAR/PDMS (50/30 μm d'épaisseur) sont désorbées à 260 °C pendant 10 min (Bianchin, 2012). Pour l'extraction des BTEX dans des échantillons aqueux, une température de 150 °C pendant 3 min est appliquée pour la désorption de la fibre PDMS d'épaisseur 100 μm (Menéndez, 2000). Une température de 265 °C pendant 5 min est utilisée pour la désorption du toluène, de l'éthylbenzène et des xylènes d'une fibre DVB/CAR/PDMS (50/30 μm d'épaisseur) après extraction à partir d'échantillons d'huile (Vichi, 2005). Pour permettre la désorption des BTEX extraits d'échantillons de sol, une température de 280 °C pendant 10 min est appliquée à une fibre ayant un revêtement CAR/PDMS (d'épaisseur 75 μm) identique à celui utilisé pour les échantillons de pomme par Ezquerro et al. (Ezquerro, 2004).
4.1.2.2. Paramètres sélectionnés pour la désorption de la fibre HS-SPME
L'utilisation de températures élevées et trop proches de la température maximale tolérée par la fibre CAR/PDMS (320 °C) est susceptible d'engendrer son usure prématurée. De plus, la température de 250 °C initialement sélectionnée pour la désorption de la fibre est cohérente avec celles rencontrées dans la littérature. Une température de 250 °C est donc conservée pour la désorption de la fibre CAR/PDMS d'épaisseur 75 μm après extraction en HS-SPME des BTEX dans les échantillons de pomme. La température de désorption n'étant pas modifiée, une désorption plus longue doit être mise en place. Après avoir été placée 5 minutes dans l'insert de la GC-MS QP 2010 pour désorption et analyse des BTEX, la fibre subit une étape de nement durant laquelle elle est de nouveau placée dans l'insert pendant 30 minutes à 250 °C. Ainsi, deux étapes distinctes sont appliquées à la fibre, l'une de désorption pour l'analyse des composés d'intérêt et l'autre de conditionnement afin d'assurer l'élimination des analytes avant l'utilisation suivante. Afin d'observer l'impact de cette nouvelle étape de conditionnement sur l'élimination des BTEX présents sur la fibre, l'analyse correspondant à une fibre exposée dans l'espace de tête d'un échantillon de pomme additionné de BTEX à 4 μg/kg est comparée à l'analyse de cette même fibre après 30 min de désorption à 250 °C (tableau 24). Tableau 24 : Evaluation de l'étape de conditionnement (30 min, 250 °C) sur la présence
des BTEX sur la fibre SPME de type CAR/PDMS Analyse d'une fibre exposée à une pomme additionnée de BTEX à 4 μg/kg Benzène Toluène Ethylbenzène m/p-Xylènes o-Xylène Aire brute 41954 159524 149282 433973 313346 Hauteur du pic 3933 10427 14502 35576 29788 Analyse de la fibre après 30 min à 250 °C Aire brute 2260 7797 393 41971 492 Hauteur du pic 172 178 22 1754 36 Pourcentage approximatif de BTEX restant sur la fibre 5% 5% <0,5 % 10 % <0,5 %
L'étape de conditionnement apparaît efficace pour éliminer les composés restant potentiellement adsorbés sur la fibre après l'analyse. Après 30 min passées à 250 °C, 137
Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
l'analyse de la fibre montre une présence négligeable de BTEX, correspondant à moins de 10 % en aire brute de ce qui est retrouvé lors de l'analyse de la fibre après exposition à une additionnées de BTEX à 4 μg/kg (tableau 24). Ce temps de conditionnement, assez long, assure l'élimination de la quasi-totalité des analytes retenus sur la fibre ; il est cohérent avec la recherche de faibles concentrations en hydrocarbures aromatiques. Afin d'éviter des contaminations croisées entre analyses se caractérisant par un report des analytes d'une extraction à une autre, un outil indépendant, dédié au nettoyage de la fibre par désorption thermique, est mis en place. Après avoir été placée dans l'insert de la GC-MS QP 2010 pour désorption et analyse des BTEX, la fibre subit une étape de conditionnement où elle est placée 30 minutes à 250°C dans l'insert 'un autre chromatographe (Varian 3800 GC, Agilent Technologies, Santa Clara, US) dans lequel circule un flux d'azote.
4.1.2.3. Application de la HS-SPME à la détermination des BTEX présents à faibles concentrations (μg/kg) dans la pomme
Lors de la précédente étude avec l'appareil de GC-MS Saturn 2000 (Agilent Technologies), les niveaux étudiés étaient de l'ordre du mg/kg. La sensibilité de l'appareil Shimadzu QP 2010 en mode SIM a permis d'envisager l'analyse des hydrocarbures aromatiques en plus faibles concentrations. La gamme d'étude en BTEX est maintenant comprise entre 0 et 10 μg/kg, ce qui correspond à des concentrations susceptibles d'être retrouvées dans des échantillons naturels (Górna-Binkul, 1996 ; Fleming-Jones, 2003). Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 51 : Chromatogramme obtenu en GC-qMS après analyse d'une nouvelle fibre HS-SPME (CAR/PDMS 75 μm) exposée à une pomme additionnée de BTEX à 4 μg/kg
Gradient de température : température initiale 40 °C maintenue 2 min ; 2 °C/min jusqu'à 55 °C maintenue 5 min ; 4 °C/min jusqu'à 100 °C maintenue 5 min ; 2 °C/min jusqu'à 150 °C maintenue 5 min ; 30 °C/min jusqu'à 300 °C maintenue 10 min. Détection en mode SIM selon les conditions présentées en section 3.5.2.1, présentation des ions de rapports m/z=78 (de 13 à 16,5 min) et 91 (de 16,5 à 30 min) 1 : benzène, 2 : toluène, 3 : éthylbenzène, 4 : m/p-xylènes, 5 : o-xylène
Le lot de fibre a dans un premier temps été incriminé. Une fibre provenant d'un autre lot conduit à un résultat similaire avec des pics traînants. Ces problèmes non mentionnés dans la littérature n'ont jamais été rapportés auprès du fournisseur qui a été contacté. Les « plateaux » à la suite des pics n'étant pas présents lors des expérimentations avec la fibre « ancienne », il peut être envisagé qu'elle possédait des sites de fixation profonds saturés par de précédentes extractions avec de fortes quantités d'hydrocarbures aromatiques (mg/kg). Les sites profonds étant saturés, les composés extraits s'adsorberaient seulement sur les sites situés en surface. Ces sites de surface pouvant potentiellement être rapidement désorbés, les pics obtenus présentaient un rapide à la ligne de base. Afin d'optimiser la forme des pics, différentes durées et températures de désorption de la fibre neuve au niveau de l'insert sont testées L'efficacité (exprimée par le nombre N de plateaux théoriques) est déterminée pour les BTEX dans chacune des conditions et la forme des pics avec la nouvelle fibre est appréciée (tableau 25) par le calcul d'un facteur d'asymétrie (formules en section 3.5.2.5, p 147). Tableau 25 : Effet de la modification des conditions de désorption sur l'efficacité chromatographique (nombre de plateaux) et sur le facteur d'asymétrie des pics de BTEX Durée de désorption Température de désorption Benzène Toluène Ethylbenzène m/p-Xylènes o-Xylène 5 min 250 °C N a/b 93519 0,21 123615 0,04 235239 0,17 62108 0,11 96680 0,08 Conditions de désorption 2 min 1 min 250 °C 250 °C N a/b N a/b 80724 0,11 83823 0,18 73529 0,08 83939 0,16 142459 0,19 142657 0,30 102847 0,23 93050 0,39 131099 0,23 168612 0,40 1 min 200 °C N a/b 78663 0,44 124587 0,18 212678 0,32 122387 0,35 343195 0,41 N : efficacité exprimée par le nombre de plateaux théoriques pour la colonne chromatographique 139
Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques a/b : facteur d'asymétrie
Une durée relativement longue (5 min) est favorable à une désorption de la majeure partie des analytes pour leur passage dans la colonne d'un GC-MS. Lors de l'utilisation d'une fibre neuve, les hydrocarbures aromatiques sont susceptibles de s'adsorber sur des sites de fixation situés en surface et en profondeur. Cette différence d'adsorption peut générer, lors de la désorption, une libération des composés volatils à des temps différents, ce qui se traduit par l'apparition de pics traînants. L'apparition de ces pics asymétriques entraîne des chevauchements importants notamment entre les pics de l'éthylbenzène et des m/p-xylènes (figure 51). Pour ces analytes, une diminution du temps de désorption (5 min, 2 min, puis 1 min) pour une même température de 250°C permet de diminuer largement l'asymétrie pics (tableau 25). Pour exemple, le facteur d'asymétrie (a/b) du pic de l'éthylbenzène de 0,17 pour 5 min de désorption atteint 0,30 pour 1 min de désorption. Pour autant, l'efficacité (N) reste relativement constante pour les BTEX, composés les moins volatils, et ce quel que soient les temps de désorption (tableau 25). Pour un même temps de désorption de 1 min, la réduction de l'écart de température entre l'insert (200°C au lieu de 250°C) et l'entrée de la colonne (40°C) a peu d'influence sur la symétrie des pics de BTEX (tableau 25). Des facteurs d'asymétrie similaires sont trouvés pour les pics du toluène, de l'éthylbenzène et des xylènes. Pour la majorité des composés, l'efficacité (N) est, cependant, nettement améliorée par la diminution de la température de l'insert de 250 à 200 °C (tableau 25). Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 52 : Optimisation des paramètres de désorption de la fibre d'extraction Chromatogrammes obtenus en GC-MS après extraction HS-SPME d'un échantillon de pomme pollué par les hydrocarbures aromatiques à 4 μg/kg
Gradient de température : température initiale 40 °C maintenue 2 min ; 2 °C/min jusqu'à 55 °C maintenue 5 min ; 4 °C/min jusqu'à 100 °C maintenue 5 min ; 2 °C/min jusqu'à 150 °C maintenue 5 min ; 30 °C/min jusqu'à 300 °C maintenue 10 min. Détection en mode SIM, présentation de l'ion de rapport m/z=91 a : température de désorption 250 °C, temps de désorption 5 min b : température de désorption 200 °C, temps de désorption 1 min 1 : éthylbenzène, 2 : m/p-xylènes, 3 : o-xylène
L'ensemble de la procédure de désorption de la fibre utilisée en HS-SPME a été optimisé. L'application d'une température de 200 °C pendant 1 min pour la désorption de la fibre permet d'obtenir des pics résolus lors de l'analyse des BTEX. L'élimination des composés restant adsorbés après l'analyse est ensuite assurée par un conditionnement à 250 °C pendant 30 min. L'application de ces conditions constitue une étape indispensable pour permettre l'analyse des composés à l'état de trace. 4.1.3. Optimisation de la procédure d'extraction en HS-SPME 4.1.3.1. Vérification de l'utilisation du nonane comme étalon interne pour la procédure d'extraction en HS-SPME (méthode HS-SPME 1)
La première étape de l'optimisation de la procédure d'extraction consiste à ajouter un étalon interne aux échantillons afin de réduire les variabilités induites à la fois par l'extraction et l'injection en GC-MS pour permettre une quantification adéquate des BTEX. Le nonane qui appartient à la famille des hydrocarbures est d'abord sélectionné comme étalon interne. Ce composé, dont la masse moléculaire (MM=128 g/mol) et la température d'ébullition (150 °C) sont proches de celles des BTEX (MM de 78 à 106 g/mol et températures d'ébullition de 80 à 144 °C), est généralement non présent dans les matrices fruitières qui contiennent principalement des alcanes linéaires avec un nombre pair de carbones. Le nonane a également pour avantage d'être stable et d'avoir une durée de conservation longue en solution par rapport aux étalons deutérés. Les premières extractions en HS-SPME visent à vérifier la capacité d'adsorption du nonane sur la fibre d'extraction et l'absence d'interférence avec des pics associés aux composés de la matrice fruitière. L'ion majoritaire utilisé pour l'intégration du pic du nonane ainsi que son temps de rétention ne correspondent à aucun BTEX et à aucun composant de la pomme (figure 53). Aucune Figure 53 : Chromatogramme obtenu en GC-qMS avec la méthode HS-SPME 1 pour une pomme additionnée de BTEX à 10 μg/kg et de nonane à 500 μg/kg
Gradient de température : température initiale 40 °C maintenue 2 min ; 2 °C/min jusqu'à 55 °C maintenue 5 min ; 4 °C/min jusqu'à 100 °C maintenue 5 min ; 60 °C/min jusqu'à 200 °C ; 2 °C/min jusqu'à 250 °C ; 30 °C/min jusqu'à 300 °C maintenue 5 min. Détection en mode SIM, présentation des ions de rapports m/z=78 (de 13 à 16,5 min), 91 (de 16,5 à 30 min) et 43 (de 24 à 30 min) 1 : benzène, 2 : toluène, 3 : éthylbenzène, 4 : m/p-xylènes, 5 : o-xylène, EI : étalon interne (nonane)
Une gamme d'étalonnage est ensuite effectuée afin de vérifier dans un premier temps la linéarité de la réponse obtenue en GC-MS en fonction de la quantité de BTEX introduite, entre 0 et 10 μg/kg. L'ajout des BTEX ainsi que l'étalon interne à la matrice induit un apport de solvant. L'impact de l'introduction de solvant sur l'extraction est étudié (tableau 26) en comparant les chromatogrammes obtenus après HS-SPME 1 pour une pomme (20 g de broyat) additionnée de nonane (10 μL à 1 mg/mL), condition 1, et pour une pomme (20 g de broyat) à laquelle est ajouté le nonane (10 μL à 1 mg/mL) et 200 μL de solvant (dichlorométhane), condition 2. Ce dernier ajout a pour but de simuler l'apport de solvant é lors de la réalisation de la gamme d'étalonnage. Les aires brutes obtenues pour le pic du nonane, lors des 3 essais réalisés, sont présentées pour chacune des deux conditions (tableau 26).
Tableau 26 : Aires brutes du nonane (500 μg/kg) en présence ou absence de dichlorométhane Aires brutes du nonane Moyenne Condition 1 128639 177806 150922 Condition 2 35543 72573 31619 152456 46578 Aires brutes obtenues pour le nonane (500 μg/kg) en GC-MS après extraction en HS-SPME d'une pomme (20 g de broyat) additionnée de nonane (condition 1) ou additionnée de nonane et de dichlorométhane (200 μL) (condition 2) Les conditions de séparation et de détection sont précisées dans la section 3.5.2.1 du chapitre 3 142
Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
L'aire brute est 3 fois plus importante pour le nonane lorsqu'il est introduit seul dans l'échantillon de pomme (condition 1, tableau 26). L'extraction du nonane est moins efficace lorsqu'il est additionné au broyat avec un ajout de solvant (condition 2, tableau 26). Néanmoins, dans les deux conditions le nonane reste largement quantifiable avec un rapport signal/bruit très supérieur à 10. Dans la littérature, l'addition de solvant en HS-SPME est généralement effectuée pour faciliter le passage des composés d'intérêt fortement adsorbés à la matrice dans la phase gazeuse. Cependant, la présence de solvant organique tel que le dichlorométhane peut mèner à une diminution de l'efficacité d'extraction des HAP dans les légumes (Lei, 2011). Ce phénomène correspond à celui observé lors de l'extraction du nonane en HS-SPME après ajout du dichlorométhane. La réalisation de la courbe d'étalonnage prévoit l'ajout de volumes croissants de la solution HAP/BTEX 1 préparée dans le dichlorométhane. La réponse du nonane obtenue en GC-MS pouvant varier en fonction du volume de solution HAP/BTEX 1 introduit, le volume de solvant additionné à l'échantillon est maintenu constant. Lors de la réalisation de la gamme d'étalonnage, le volume de solution HAP/BTEX 1 ajouté varie entre 0 et 100 μL ; cet ajout est complémenté systématiquement par du dichlorométhane pour maintenir le volume introduit constant. Ce complément en dichlorométhane assure le maintien de conditions d'extraction similaires pour l'ensemble des échantillons, et ainsi une réponse stable de l'étalon interne. Des proportions identiques entre la masse de broyat et les quantités d'étalon interne et de solvant introduites sont respectées pour les échantillons additionnés ou non de HAP et BTEX. La procédure d'extraction ayant été optimisée par l'ajout d'un étalon interne et par le maintien d'un volume constant introduit dans l'échan , une vérification de la conservation des échantillons de pomme broyée est réalisée.
4.1.3.2. Choix du mode de conservation pour les échantillons de pomme broyée
La pomme est un fruit ayant une durée de conservation longue. Cependant, la récolte des pommes est saisonnière, regroupée sur une période assez courte d'environ 3 à 4 mois (de septembre à décembre dans l'hémisphère nord). Dans le but de mener des campagnes de prélèvement dans la période de maturité des fruits, puis de les analyser ultérieurement, un mode de conservation des échantillons a été recherché. Dans la littérature, des méthodes de lyophilisation, congélation ou réfrigération sont utilisées pour la conservation des aliments contaminés par les hydrocarbures aromatiques (Ashraf, 2012 ; Fleming-Jones, 2003 ; Purcaro, 2009 ; Camargo, 2003). Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Des pertes importantes (jusqu'à 100 %) de composés volatils tels que le d-limonène et le myrcène sont notamment observées après lyophilisation du pamplemousse (Vanamala, 2005). Pour la peau du raisin, la lyophilisation entraîne une perte significative (niveau de confiance 0,005) de certains terpènes (menthol, nérol et trans-géraniol), dont la structure est relativement proche de celles des hydrocarbures aromatiques monocycliques (de Torres, 2010). Avant l'analyse des BTEX dans des aliments, Fleming-Jones et al. ont mixé puis conservé les échantillons au congélateur (Fleming-Jones, 2003). La congélation apparaît donc être une option de conservation favorable. En raison des faibles températures présentes au cours de la congélation, le risque de perte de composés sensibles semble moins important que durant la réfrigération. L'impact de ce mode de conservation sur le contenu en BTEX dans 20 g de broyat de pomme a donc été testé. Le flaconnage choisi pour la conservation possède une embouchure large pour faciliter la récupération de l'échantillon. De plus, avant la congélation de l'échantillon, l'air contenu dans le volume vide est chassé par un passage sous flux d'azote, gaz inerte avec lequel l'échantillon n'a pas d'interaction, minimisant ainsi le processus d'oxydation. Des tests de conservation effectués à partir de 20 g de broyat de pomme additionné de BTEX à 4 μg/kg consistent à comparer 3 conditions : - Ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane puis extraction en HS-SPME le jour même (J0) - Ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane, puis congélation pendant 6 semaine à -20°C. Décongélation (minimum 15 min à température ambiante) puis extraction en HS-SPME (S6a) - Congélation pendant 6 semaines à -20°C. Décongélation (minimum 15 min à température ambiante) puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane le jour de l'extraction en HS-SPME (S6b) En figure 54, les résultats en aires relatives après extraction en HS-SPME des BTEX sont comparés pour des échantillons de pomme conservés dans ces différentes conditions. Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 54 : Comparaison des aires relatives obtenues en HS-SPME pour une pomme additionnée de BTEX à 4 μg/kg dans différentes conditions de conservation
Pour chaque condition, l'aire relative représentée correspond à la moyenne de 2 déterminations (n=2) Les barres d'erreurs correspondent aux écarts entre les 2 déterminations x10 : les aires relatives pour le toluène, l'éthylbenzène, les m/p-xylènes et l'o-xylène ont été divisées par 10 pour être à la même échelle que le benzène J0 : addition de BTEX à 4 μg/kg à 20 g de broyat de pomme puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane suivi de l'extraction en HS-SPME le jour même S6a : addition de BTEX à 4 μg/kg à 20 g de broyat de pomme puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane, congélation pendant 6 semaines à -20°C. Décongélation (minimum 15 min à température ambiante) suivie de l'extraction en HS-SPME S6b : addition de BTEX à 4 μg/kg à 20 g de broyat de pomme puis congélation pendant 6 semaines à -20°C. Décongélation (minimum 15 min à température ambiante) puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane suivi de l'extraction en HS-SPME Une faible dispersion des aires relatives est observée (figure 54) pour l'échantillon n'ayant pas subi d'étape de conservation (J0). Au contraire, une variabilité très importante des aires relatives est observée lorsque l'étalon interne et le solvant sont ajoutés la congélation de l'échantillon (S6a). Lorsque l'étalon interne et le solvant sont ajoutés après la décongélation de l'échantillon (S6b), les aires relatives sont quasi nulles et difficilement comparables à celles retrouvées avec les autres conditions de stockage. L'histogramme de la figure 54 montre que la congélation (aussi bien dans les conditions S6a que S6b) ne permet pas de retrouver les mêmes aires relatives que lorsque l'échantillon n'est pas soumis à une procédure de conservation. La congélation n'est donc pas un mode de conservation favorable pour les BTEX dans la pomme. Afin d'observer l'évolution des composés indépendamment du comportement de l'étalon interne, les aires brutes sont également présentées (figure 55) pour les mêmes conditions de conservation du broyat de pomme additionné en BTEX à 4 g/kg. Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 55 : Comparaison des aires brutes obtenues en HS-SPME pour une pomme additionnée de BTEX à 4 μg/kg dans différentes conditions de conservation
Pour chaque condition, l'aire brute représentée correspond à la moyenne de 2 déterminations (n=2) Les barres d'erreurs correspondent aux écarts entre les 2 déterminations x10 : les aires brutes pour les m/p-xylènes et l'o-xylène ont été divisées par 10 pour être à la même échelle que le benzène, le toluène et l'éthylbenzène x100 : les aires brutes pour le nonane ont été divisées par 100 pour être à la même échelle que le benzène, le toluène et l'éthylbenzène J0 : addition de BTEX à 4 μg/kg à 20 g de broyat de pomme puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane suivi de l'extraction en HS-SPME le jour même S6a : addition de BTEX à 4 μg/kg à 20 g de broyat de pomme puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane, congélation pendant 6 semaines à -20°C. Décongélation (minimum 15 min à température ambiante) suivie de l'extraction en HS-SPME S6b : addition de BTEX à 4 μg/kg à 20 g de broyat de pomme puis congélation pendant 6 semaines à -20°C. Décongélation (minimum 15 min à température ambiante) puis ajout d'étalon interne et complémentation avec le dichlorométhane suivi de l'extraction en HS-SPME Pour l'échantillon n'ayant pas subi d'étape de conservation (J0), les valeurs d'aires brutes faiblement variables (figure 55). Après 6 semaines de congélation à -20 °C, les aires brutes des BTEX initialement additionnés seuls au broyat de pomme (conditions S6b) sont réduites de 80 à 90% comparées aux valeurs brutes des BTEX pour l'échantillon non conservé (J0). Dans les conditions S6a, où les BTEX et l'étalon interne sont conservés 6 semaines au congélateur, les résultats bruts sont très variables mais montrent globalement une tendance à la diminution par rapport aux aires obtenues avec l'échantillon non conservé (J0). Dans ces conditions de conservation (S6a), le nonane subit une perte de près de 90 % par rapport à l'ajout initial (figure 55). Il apparaît que les conditions de conservation testées engendrent une perte d'une part importante et variable des BTEX et du nonane après 6 semaines de congélation à -20 °C. 4.1.4. Validation de la méthode HS-SPME 1 avec la pomme et la poire
Afin de valider la méthode HS-SPME 1, des essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire ainsi qu'une gamme d'étalonnage entre 0 et 10 μg/kg sont réalisés pour la pomme (sections 4.1.4.1 à 4.1.4.3) et pour la poire (sections 4.1.4.4 et 4.1.4.5).
4.1.4.1. Essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire pour la méthode HS-SPME 1 avec la pomme
Les essais de répétabilité permettent d'étudier la variabilité des résultats de trois extractions réalisées le même jour. Le nombre de déterminations (n=3 pour les essais de répétabilité) est choisi pour être en cohérence avec les essais menés par la suite avec les HAP. La durée des méthodologies d'extraction en UAE/SPE et d'analyse des HAP ne permettent que 3 déterminations par jour. La fidélité intermédiaire exprime la variabilité des résultats d'extractions réalisées dans un même laboratoire mais à des moments différents. Les essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire utilisent un ajout équivalent à 4 μg/kg pour chaque BTEX dans la pomme selon la procédure décrite dans la section 3.5.2 du chapitre 3 Matériels et Méthodes. Cette teneur est sélectionnée car elle se situe au milieu de la gamme de linéarité étudiée. La variabilité des essais de répétabilité et de précision intermédiaire est évaluée grâce aux calculs des coefficients de variation qui correspondent à l'écart type rapporté à la moyenne des mesures. Les résultats obtenus pour la méthode HS-SPME 1 sont présentés dans le tableau 27. 147 Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques Tableau 27 : Coefficients de variation pour la répétabilité et la fidélité intermédiaire des BTEX avec la méthode HSSPME
1 Benzène Toluène Ethylbenzène m/p-Xylènes o-Xylène Répétabilité CV % (n=3) 10 11 8 6 10 Fidélité intermédiaire CV % (n=9) 19 14 10 20 12
Essais réalisés avec la pomme additionnée de BTEX à 4 μg/kg, excepté pour les m/p-Xylènes (8 μg/kg) qui ne peuvent pas être dissociés lors de l'analyse par GC-MS n : nombre d'échantillons analysés CV : coefficient de variation Les coefficients de variation (CV) de répétabilité sont tous compris entre 6 % (pour les m/pxylènes) et 11 % (pour le toluène). Pour des échantillons d'eau, les coefficients de variation obtenus en SPME (en immersion directe et dans l'espace de tête) pour une concentration en BTEX de 1 μg/L sont compris entre 2 et 16 % et varient de 6 à 11 % avec 10 μg/L (5 déterminations pour chaque concentration) (Bianchin, 2012). Les résultats de répétabilité avec la pomme sont donc comparables à ceux obtenus dans l'eau, qui est une matrice moins complexe, et pour une concentration de 10 μg/L. Pour l'olive qui est une matrice complexe, les 8 déterminations réalisées dans l'espace de tête à 10 μg/kg donnent des CV de 10 à 14 % pour la répétabilité et les CV sont compris entre 10 et 13 % pour une concentration de 50 μg/kg (8 déterminations) (Gilbert-López, 2010). Les CV de répétabilité présentés dans le tableau 27 sont cohérents avec ceux observés pour l'olive avec des s testées 2 à 10 fois supérieures à celle utilisée pour la pomme (4 μg/kg). En ce qui concerne la fidélité intermédiaire avec la pomme, les coefficients de variation varient entre 10 % pour l'éthylbenzène et 20 % pour les m/p-xylènes. La variabilité des résultats sur des journées différentes (5 déterminations) est étudiée en HS-SPME pour le toluène, l'éthylbenzène et les xylènes à 10 μg/kg dans des échantillons d'huile d'olive et les CV obtenus atteignent jusqu'à 15 % (Vichi, 2005). Les résultats de fidélité intermédiaire sont globalement cohérents avec les résultats de variabilité sur des jours différents présentés pour l'huile d'olive, la concentration étudiée ici avec la pomme étant environ 2 fois plus faible. Les coefficients de variation obtenus avec la méthode HS-SPME 1 sont appropriés à la détermination des BTEX à 4 μg/kg.
4.1.4.2. Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 56 : Droites d'étalonnage pour les BTEX dans la pomme avec la méthode HS-SPME 1 Gammes réalisée sur 6 points en triplicat : 0, 2, 4, 6, 8, et 10 μg/kg (excepté m/p-xylènes 0, 4, 8, 12, 16 et 20 μg/kg, les points à 16 et 20 μg/kg ne sont pas représentés) Les barres d'erreur correspondent aux écarts-types entre les valeurs des 3 étalonnages réalisés
Le benzène est le composé présentant la plus faible pente entre 0 et 10 μg/kg avec la pomme. La pente de l'éthylbenzène est environ 2 fois moins importante que celle du toluène qui est elle-même environ 3 fois supérieure à celle du benzène. L'o-xylène et les m/p-xylènes montrent des pentes très proches, ce qui indique que ces composés sont extraits et détectés de façon similaire. Le coefficient de détermination (R2) le plus faible obtenu à partir des droites de régression linéaire est de 0,9694 pour le benzène. Au cours de l'étude préliminaire menée au laboratoire, le coefficient de détermination obtenu pour le benzène dans la pomme avec la même fibre d'extraction CAR/PDMS (75 μm d'épaisseur) et la même colonne chromatographique (DB 5ms) était inférieur à 0,9 pour une concentration en benzène de 1000 μg/kg (Poinot, 2014). L'utilisation de l'appareil de GC-MS Shimadzu QP 2010 et du mode SIM permet d'améliorer le résultat précédemment obtenu. L'ion sélectionné pour la détection du benzène (m/z=78) correspond à l'ion majoritairement formé lors de l'ionisation électronique ; son intensité relative est plus de 3 fois supérieure à celles autres ions du spectre de masse pour ce composé. De plus, une très faible variabilité des résultats entre 0 et 10 μg/kg pour le benzène associée à de faibles écarts types est observée (figure 56). Pour le toluène, l'éthylbenzène et les xylènes, les R2 obtenus avec la pomme sont compris entre 0,9829 et 0,9926 (figure 56). Des R2 déterminés après HS-SPME à partir d'échantillons d'eau varient entre 0,9864 et 0,9926 pour le toluène et les m/p-xylènes et la gamme de linéarité des résultats se situe entre environ 10 et 1000 μg/L (Tankiewicz, 2013). La Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques est
une
matrice
plus complexe que
l'
eau
et la
gamme
de linéarité
étudiée dans la
po
mme
est plus
faible
(
comprise entre 0 et 10
μ
g
/kg
),
les
R
2
présent
és en
figure 56
sont donc cohérents
avec ceux
présentés pour des échantillons
d'eau
. 4.1.4.3. Détermination des limites de détection et quantification pour la méthode HS-SPME 1 avec la pomme
Les limites de détection (LOD) et de quantification (LOQ) sont ensuite calculées pour la méthode HS-SPME 1 selon la procédure décrite dans la section 3.5.3 du chapitre 3. Les valeurs de LOD et LOQ obtenues pour la pomme sont données dans le tableau 28.
Tableau 28 : Limites de détection et de quantification pour les BTEX dans la pomme avec la méthode HS-SPME 1 Benzène Toluène Ethylbenzène m/p-Xylènes o-Xylène LOD LOQ (μg/kg) 0,065 0,217 0,022 0,072 0,014 0,048 0,013 0,044 0,011 0,036 LOD : limite de détection LOQ : limite de quantification
Les LOD varient entre 0,011 et 0,065 μg/kg de masse fraîche et les LOQ entre 0,036 et 0,217 μg/kg de masse fraîche. Pour les BTEX extraits par SPME (immersion directe et dans l'espace de tête) à partir d'échantillons d'eau, les LOD (compris entre 0,07 et 0,32 μg/L) sont environ 5 à 10 fois supérieurs à ceux trouvés pour la pomme (Bianchin, 2012). Dans une étude menée en HS-SPME sur des échantillons d'huile, les LOD et LOQ pour le toluène, l'éthylbenzène et les xylènes sont compris entre 0,4 et 0,7 μg/kg et entre 1,4 et 2,2 μg/kg respectivement (Vichi, ). Ces résultats également obtenus en utilisant le mode SIM de la détection en masse montrent que les limites de détection et de quantification (tableau 28) déterminées avec la pomme sont faibles et compatibles avec la recherche des BTEX à l'état de traces dans ces échantillons. Les résultats obtenus avec la méthode HS-SPME 1 sont répétables et une bonne fidélité intermédiaire est obtenue. Pour chaque BTEX, des linéarités sont observées pour les droites d'étalonnage (aire relative = f(concentration) entre 0 et 10 μg/kg de masse fraîche). Les limites de détection et de quantification déterminées sont faibles, ce qui est compatible avec une détermination de ces composés à l'état de traces dans la pomme.
4.1.4.4. Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques
Figure 57 : Droites d'étalonnage pour les BTEX dans la poire avec la méthode HS-SPME 1 Gammes réalisée sur 6 points en triplicat : 0, 2, 4, 6, 8, et 10 μg/kg (excepté m/p-xylènes 0, 4, 8, 12, 16 et 20 μg/kg, les points à 16 et 20 μg/kg ne sont pas représentés) Les barres d'erreur correspondent aux écarts-types entre les valeurs des 2 étalonnages réalisés
De la même façon que pour la pomme, la pente observée pour l'éthylbenzène avec la poire est environ 2 fois plus importante que celle du toluène qui est elle-même égale à environ 3 fois la pente obtenue pour le benzène. Les valeurs des pentes pour l'o-xylène et les m/p-xylènes sont proches et du même ordre de grandeur que celles observées avec la pomme (figure 56). Les coefficients de détermination (R2) obtenus pour l'étalonnage entre 0 et 10 μg/kg avec la méthode HS-SPME 1 et la poire comme matrice extraite sont compris entre 0,9692 pour les m/p-xylènes et 0,9899 pour le benzène. Ces valeurs de R2 sont légèrement inférieures à celles trouvées avec la pomme, néanmoins, pour chaque point de gamme les mesures d'aires relatives avec la poire sont relativement peu dispersées. Elles sont cohérentes avec celles retrouvées généralement dans la littérature (Tankiewicz, 2013). Les pentes sont quant à elles proches de celles trouvées pour la pomme. Globalement, pour les 5 composés analysés, il existe une relation linéaire entre la réponse obtenue en GC-MS et la quantité de BTEX introduite entre 0 et 10 μg/kg de masse fraîche. La méthode HS-SPME 1 donc applicable à la détermination des BTEX dans la poire. 151 Chapitre 4 : Hydrocarbures Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques 4.1.4.5. Détermination des limites de détection et quantification pour la méthode HS-SPME 1 avec la poire
Les LOD et LOQ déterminées pour la poire comme matrice sont présentées dans le tableau 29.
Tableau 29 : Limites de détection et de quantification pour les BTEX dans la poire avec la méthode HS-SPME 1 Benzène Toluène Ethylbenzène m/p-Xylènes o-Xylène LOD LOQ (μg/kg) 0,081 0,271 0,026 0,086 0,017 0,056 0,016 0,052 0,013 0,043 LOD : limite de détection LOQ : limite de quantification
Les LOD sont comprises entre 0,013 μg/kg de masse fraîche pour les m/p-xylènes et 0,081 μg/kg de masse fraîche pour le benzène. Pour les LOQ, les valeurs varient entre 0,043 et 0,271 μg/kg de masse fraîche. Ces valeurs sont cohérentes avec les LOD et LOQ retrouvées précédemment avec la pomme (tableau 28) et sont globalement plus faibles que les valeurs rencontrées dans la littérature pour les BTEX (Bianchin, 2012 ; Vichi, 2005). Les LOD et les LOQ sont faibles et cohérentes pour une analyse de faibles quantités de BTEX dans la poire. 4.1.5. Validation de la méthode HS-SPME 2 pour différentes matrices fruitières 4.1.5.1. Validation de la méthode HS-SPME 2 avec la pomme
Le nonane est un étalon interne qui a été sélectionné pour sa stabilité, caractéristique non retrouvée avec les étalons deutérés en solution du fait des échanges proton-deutérium. Néanmoins, certains résultats (section 4.1.3.2 page 166) révèlent qu'une conservation à long terme des échantillons de pomme, additionnés de nonane et contenant des BTEX, est impossible. De longues étapes de conservation n'étant plus envisagées, la stabilité de l'étalon interne ne s'avère plus être une caractéristique indispensable. De plus, les résultats de répétabilité et de fidélité intermédiaire obtenus en HS-SPME 1 avec le nonane sont acceptables mais sont susceptibles d'être améliorés par l'utilisation d'un étalon interne de structure chimique, de volatilité et de capacité d'adsorption sur la fibre plus proche des analytes ciblés. Un nouvel étalon a donc été sélectionné. La méthode HS-SPME 1 utilisant le nonane comme étalon interne est remplacée par la méthode HS-SPME 2 qui se différencie de la première par l'utilisation de l'éthylbenzène-d10 comme étalon interne. L'éthylbenzène-d10 qui possède une structure similaire aux BTEX, doit posséder des caractéristiques d'extraction et d'adsorption proches de celles de l'éthylbenzène en HS-SPME.
Appro mét
L'éthylbenzène-d10 (tR autour de 25,6 min) possède un temps de rétention proche de celui de l'éthylbenzène (tR autour de 26 min). L'ion majoritaire utilisé pour la détection en SIM de l'éthylbenzène-d (m/z = 116) ne correspond à aucun des BTEX recherché, le pic de l'étalon interne ne se trouve pas co-élué avec les pics des composés d'intérêt ou des pics provenant des composés de la matrice fruitière (figure 58). Figure 58 : Chromatogramme obtenu en GC-qMS après l'analyse des BTEX à 10 μg/kg dans la pomme avec la méthode HS-SPME 2
Gradient de température : température initiale 40 °C maintenue 2 min ; 2 °C/min jusqu'à 55 °C maintenue 5 min ; 4 °C/min jusqu'à 100 °C maintenue 5 min ; 60 °C/min jusqu'à 200 °C ; 2 °C/min jusqu'à 250 °C ; 30 °C/min jusqu'à 300 °C maintenue 5 min. Détection en mode SIM, présentation des ions de rapports m/z=78 (de 13 à 16,5 min), 91 (de 16,5 à 30 min) et 116 (de 22 à 30 min) 1 : benzène, 2 : toluène, 3 : éthylbenzène, 4 : m/p-xylènes, 5 : o-xylène EI : étalon interne éthylbenzène-d10
La méthode d'extraction HS-SPME 2 utilisant l'éthylbenzène-d10 comme étalon interne doit être validée. Les essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire à 4 μg/kg ainsi que les droites d'étalonnage entre 0 et 10 μg/kg sont de nouveau effectués.
Chapitre 4 : Aromatiques Monocycliques, Partie 4.1 : Approches méthodologiques 4.1.5.1.1. Répétabilité et fidélité intermédiaire pour la méthode HSSPME 2 avec la pomme
Afin de valider la méthode HS-SPME 2, les essais de répétabilité et de fidélité intermédiaire sont réalisés. Les résultats pour l'ensemble des BTEX sont présentés dans le tableau 30. Tableau 30 : Coefficients de variation pour la répétabilité et la fidélité intermédiaire des BTEX avec la méthode HSSPME 2
Composés Benzène Toluène Ethylbenzène m/p-Xylènes o-Xylène Répétabilité (n=4) CV (%) 4 3 3 3 3 Fidélité intermédiaire (n=12) CV (%) 12 6 6 21 12
Essais réalisés avec la pomme additionnée de BTEX à 4 μg/kg, excepté pour les m/p-Xylènes (8 μg/kg) qui ne peuvent pas être dissociés lors de l'analyse par GC-MS n : nombre d'échantillons analysés CV
:
coefficient
de
variation Les coefficients de variation obtenus pour les essais de répétabilité avec la méthode HSSPME 2 sont compris entre 3 et 4 % alors que des résultats entre 6 et 11 % sont trouvés avec la méthode HS-SPME 1. La comparaison des tableaux 30 et 33 indique que la mise en place de l'étalon interne éthylbenzène-d10 permet d'améliorer les CV des essais de répétabilité, le seul paramètre ayant été modifié entre les deux techniques étant l'étalon interne. Les CV déterminés après l'extraction par HS-SPME (5 réplicats) des BTEX présents entre 2 et 15 μg/L dans des échantillons d'eau sont compris entre 3 et 7 % (Menéndez, 2000). Les résultats des essais de répétabilité obtenus pour les BTEX avec la pomme sont donc comparables à ceux retrouvés pour l'eau qui est une matrice moins complexe.
| 31,990
|
12/hal.archives-ouvertes.fr-hal-02186864-document.txt_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 10,901
| 16,964
|
« jusqu'à quel point ne voudriez-vous pas utiliser la violence? ». Nous avons ensuite procédé à une identification systématique de toutes les valeurs (solidarité, fraternité, générosité, honnêteté, sincérité, courage, persévérance2 ) et normes convoquées par les enquêtés soit de façon spontanée 3, soit dans la description de situations susceptibles de faire intervenir des normes morales. À plusieurs reprises par exemple, des enquêtés sont sur le point de commettre une action (exécution, mitraillage) et s'aperçoivent sur l'instant de la présence non anticipée d'enfants. À la question 1 – désignée comme la « question de référence »4 – trois personnes seulement ont répondu non (voir annexe 2). On recueille 88 réponses affirmatives dont 76 absolument catégoriques dans l'affirmation (voir annexe 2, tableau 3). La question est associée à l'éventuelle relance : « comment la décririez-vous [cette morale, cette éthique]? » On pourrait y ajouter la coopération, l'altruisme, la confiance et la réciprocité qui dessinent autant de comportements prosociaux. 3 S. Segio, lorsqu'il est interrogé sur la signification de son engagement, avoue : « je dirais que ça a été un ensemble de motivations éthiques, de références culturelles, idéologiques, une volonté utopique ». 4 Dont les réponses sont indécidables dans 7 cas. 1 2 - 39 - Cette cartographie permet d'élucider la question des valeurs revendiquées, d'une part, individuellement par les acteurs dans leur lutte, ainsi que par les groupes, comme leur « marque d'identité ». Elle contribue également, d'autre part, à cerner les références morales tenant lieu d'horizon normatif des pratiques de membres de groupes armés. Les valeurs revendiquées sont pensées et présentées comme distinctives de celles jugées caractéristiques de l'« ennemi » (la différenciation étant plus aisément réalisable à partir des entretiens avec les membres d'ETA, d'AD (Cyprien, Gabrielle1) voire d'IK. Il s'agit ainsi, à travers les principes, normes et valeurs mis en avant, de saisir la dimension symbolique qui accompagne les actions des groupes armés (voir Della Porta, 2010, p. 283).
3.1.2 La constitution d'un univers normatif légitime
La cartographie réalisée participe de l'élucidation d'un univers normatif dont la validité apparaît aux acteurs bien supérieure à celle des normes socialement dominantes. Se trouve ainsi dévoilée une « coordination non consciente des conduites et des représentations par des schèmes collectifs implicites » (Heinich, 2006, p. 18), cette coordination coïncidant avec ce que Durkheim (1906) aurait appelé le « social ». Que l'on considère ces groupes armés ou toute autre communauté sociale, la participation à un collectif soumet l'individu à l'apprentissage de valeurs, de normes, d'usages ou de conventions, au moyen desquels il fait l'expérience du monde. Cet apprentissage est conçu, par la sociologie, soit comme le produit des forces de la tradition ou de la socialisation – conformément aux thèses d'inspiration culturaliste2 et fonctionnaliste3 – soit comme un effet d'intériorisation induit par l'interaction sociale, si l'on admet la thèse structuro-fonctionnaliste (Parsons, 1949 ; Merton, 1971). Ce faisant, les individus tendent à respecter la contrainte qui les fait vivre en société, sans recours à la force et avec une grande régularité. Ces dispositions résultent d'un apprentissage qui se réalise de façon insensible et duquel l'individu a peu de chances de s'affranchir, pour autant qu'il coïncide avec une intériorisation des normes. Ces dernières sont de deux sortes (voir Parsons, 1949) : un premier type de normes concerne les conventions, habitudes et manières d'appréhender le monde. Elles s'acquièrent dans le cours de la socialisation primaire qui porte l'enfant vers l'âge adulte4. Un second type de normes est produit par une sorte d'équipement cognitif de base, au moyen duquel une signification peut être attribuée à une activité. Ce sont des « variables de configuration » (Parsons, 1949, chap. 2) ou catégories de pensée qui permettent à l'individu de juger du type d'action dans lequel il est pris et de s'adapter aux circonstances évolutives des échanges sociaux. Loin d'être transcendantes, les valeurs prennent sens et sont institutionnalisées dans un contexte d'interaction. Autrement dit, elles prescrivent avec plus ou moins de précision ce qui est dési able, convenable ou obligatoire dans un contexte donné. Elles éclairent l'individu sur lui-même et l'informent de ce qu'il peut et doit attendre d'autrui (Bourricaud, 1977, p. 73). Réciproquement, toute interaction sociale s'inscrit dans un contexte régi par des normes. On parle de sous-culture, lorsque plusieurs individus partagent un même ensemble de valeurs, constituant des références ou des normes autorisant l'interprétation des choses et des événements, et que s'instaure, entre eux, une communication assurant le bon déroulement de l'interaction (voir Parsons, 1949). La sous-culture délinquante n'est pas simplement constituée Les caractéristiques sociodémographiques des enquêtés figurent en annexe 1. Voir Mead, 1963 ; Benedict, 1934, 1938 ; Hannerz, 1983. 3 Voir Mead, 1934 ; Merton, 1938, 1971 ; Parsons, 1949 ; Nadel, 1970 ; Goffman, 1983. 4 « La socialisation désigne le double mouvement par lequel une société se dote d'acteurs capables d'assurer son intégration, et d'individus, de sujets, susceptibles de produire une action autonome » (Dubet et Martuccelli, 1996, p. 511). 1 2 - 40 - par une série de règles ou l'adhésion à un mode de vie différent, hermétique ou même en conflit avec les normes dominantes de la société, mais elle se définit par sa « polarité négative » vis-àvis de ces normes (voir Ogien, 1995, p. 95). Cette sous-culture tire ses normes de la culture dominante tout en en inversant le sens. En somme, la conduite du déviant est normale, par rapport aux principes de sa sous-culture, précisément parce qu'elle est anormale selon les normes de la culture dominante (voir Cohen, 1955, p. 26). La violence illégale des organisations clandestines a été considérée comme participant d'une sous-culture régie par un système de valeurs distinctif. Celui-ci a été considéré « non seulement comme une rupture avec la normalité mais aussi comme le développement d'une contre-culture, d'un système de normes et d'objectifs alternatifs qui établissent des frontières, réduisent les contraintes, imposent le consentement, et – dans une situation d'isolement complet avec le reste du monde – remplace les normes communes du juste et de l'injuste, du bien et du mal par une orientation normative distincte ou alternative » (Jäger, 1981, p. 157). En effet les normes, qui régissent les interactions sociales, sont à la fois prescriptives et procédurales (voir Ogien, 1995, p. 203). Dans le champ philosophique, on estime également que « le pouvoir du choix rationnel ne s'étend pas aux intérêts et aux orientations axiologiques elles-mêmes, mais les présuppose comme données » (Habermas, 1991, p. 102). Les normes, d'une part, instituent une codification explicite de l'action. Elles établissent des injonctions, dont le respect est contrôlé. Elles posent un cadre stable, et donc prédictible, à une série délimitée de relations sociales. D'autre part et sous leur aspect formel, les normes s'apparentent aux éléments constitutifs du processus d'interaction. Dès lors, leur transgression, i.e. la déviance, peut consister soit à enfreindre une prescription, c'est-à-dire à se mettre ou à être mis en marge d'une activité sociale de manière transitoire, soit à ne pas appliquer une règle de conceptualisation, c'est-àdire à s'exclure, ne serait-ce que de façon momentanée, de l'ordre même de la rationalité, à faire peser un doute sur sa participation à la rationalité communément partagée. Néanmoins la définition même de la nature des normes – c'est-à-dire la conception de la normalité – varie selon le modèle théorique explicatif de l'action adopté. En effet, la sociologie a recours à deux paradigmes – respectivement normatif et interprétatif – pour appréhender leur nature (voir Wilson, 1970). Dans le premier, l'individu intériorise ou incorpore un système de valeurs, imposé par la culture ou la structure sociale à laquelle il appartient. Ici, la normalité est inhérente à des manières de faire, entièrement déterminées par une disposition à la conformité, qui fait directement partie de l'équipement mental des membres d'un groupe social. Dans le paradigme interprétatif, en revanche, l'individu est considéré comme pris dans des situations d'action. Il peut juger de l'opportunité de respecter les contraintes des systèmes de valeurs, dont il connaît l'existence et qui s'actualisent dans l'activité pratique. Ici, la normalité est le produit de l'action plus qu'un lot de prescriptions censé en fixer a priori la forme et le contenu. Ce paradigme est le plus pertinent et le plus approprié pour rendre compte des dilemmes normatifs dans lesquels les individus, rencontrés dans le cadre de la présente étude, sont pris. Pour les tenants du paradigme normatif, les critères utilisés pour apprécier la conformité de 'action aux normes sont fixes et extérieurs à l'action : ils appartiennent à une culture, à une sous-culture ou à un système de valeurs tenus pour invariant et imposant un ensemble précis de normes de conduite auquel l'individu ne saurait se soustraire. Pour ceux qui privilégient le modèle interprétatif, ces critères prennent plus volontiers l'allure de règles, c'est-à-dire de principes de conceptualisation permettant d'évaluer la conformité de l'activité d'un partenaire en relation à une situation particulière. Néanmoins qu'elle adopte le modèle normatif ou interprétatif, l'analyse sociologique conçoit rarement le rapport entre déviance et conformité dans les termes d'une séparation franche. En particulier, la lecture fonctionnaliste des normes sociales suggère que « le normal et le stigmatisé ne sont pas des personnes mais des points de vue (voir Goffman, 1975, p. 161). Ces points de vue sont socialement produits, lors des contacts entre individus s'y conformant et ne s'y conformant pas, en vertu des normes insatisfaites qui influent sur la rencontre. Ainsi un acte - 41 - tenu pour déviant, lorsqu'il est décrit à l'aide de critères relevant d'un certain ordre normatif, peut être considéré comme normal, lorsqu'il l'est en usant de critères propres à un autre ordre normatif. C'est précisément ce décalage entre univers normatifs que permettent de saisir les discours des acteurs rencontrés, le fait que leur engagement et leurs actions s'inscrivent et répondent à un ordre normatif qui constitue l'image inversée de l'espace normatif socialement et politiquement légitimé. Cet univers constitue le champ normatif au sein duquel leurs actions prennent sens et font sens à leurs yeux. Tout en étant intrinsèquement lié aux cadres de lecture à partir desquels les acteurs interprètent la réalité sociale et historique, cet univers résulte également de dispositions subjectives inhérentes aux individus, telles la sensibilité à l'injustice, l'exposition à des chocs moraux. Dès lors la déviance apparaît comme un jugement exprimant une relation plutôt que comme un état de fait (Ogien, 1995, p. 201). Les termes mis en relation – « normal », « déviant », « terroriste », « résistant » – ne sont pas prédéfinis ni préexistants. Il appartient à chacun d'opérer le choix de leur détermination, en raison de ses préférences théoriques, ainsi que le suggère Jean-Claude Chamboredon (1971) et comme les entretiens réalisés en donnent de nombreuses illustrations1. Toute théorie de la déviance défend donc une certaine idée de la normalité, en ce qu'elle attribue un contenu chaque différent à un système de normes spécifique (Ogien, 1995, p. 202). Ainsi pour les culturalistes et les fonctionnalistes, ce contenu renvoie essentiellement à des prescriptions traduisant des valeurs particulières en pratique 2. Pour les structurofonctionnalistes, il s'agit d'un mixte de valeurs et de règles d'interaction universellement partagées par les acteurs. Pour les interactionnistes, la normalité s'épuise dans les principes généraux de l'intercompréhension. Enfin, pour les théories critiques, ce qui est tenu pour « normal » traduit un arbitraire culturel imposant une forme déterminée de domination. Au vu de cette variabilité dans la détermination sociologique de ce qui peut constituer la normalité, il est pertinent de considérer que le jugement de déviance ne devrait s'appliquer qu'à une action mettant en jeu la responsabilité morale de celui qui l'accomplit et entraînant des conséquences pour autrui (voir Ogien, 1995, p. 202). On retrouve, au sein des discours recueillis, la variabilité ainsi que l'historicité de la détermination du normal. Elles interviennent fréquemment de façon explicite. Cet écart est précisément ce qui permet aux acteurs de s'engager dans des actes illégaux et de proposer des discours de justification. L'expérience de la variabilité du « normal » ouvre en particulier une Thierry, avec le recul du temps, le souligne : « je me suis jamais considéré comme radical. J'ai été au bout de mon engagement, parce que ce que je revendique moi et avec d'autres, c'était pas radical mais légitime et quand je vois que 30 ans plus tard, tout ce qu'on disait, défendait, c'est devenu normal. Aujourd'hui qui au pays basque dit qu'il faut une évolution institutionnelle pour le pays basque, une reconnaissance officielle de la langue? ». Patxi, qui participa également à IK et en garda des séquelles physiques, défend ses convictions normatives à partir d'un registre analogue : « devant l'injustice, moi je trouve normal qu'il y ait des hommes qui se révoltent. Alors c'est quand on est jeune, évidemment. On se révolte plus facilement. [] Mais bon, ça se grille pas comme ça! Moi, je sais qu'après avoir été libéré, j'y retravaille encore!! J'en remets une couche! ». De même, Pierre explique son engagement dans ETA par une comparaison avec la France vichyste : « la question au début c'était pourquoi je m'engage. Je vous ai mis le parallélisme avec la France occupée. Il y a d'abord le village, une ambiance d'oppression, de mouvement. Il y a des gens que vous connaissez qui se font torturer, il y a des gens qui sont en prison et vous réagissez, moi je pense que c'est une façon normale ». De même, à la question de savoir si elle se considère comme une radicale, Gabrielle répond : « Non. Non, non simplement comme une combattante, mais normale » (voir infra 3.2.2.b, p. 76*). À propos de son interprétation de la radicalisation, Rebecca estime que c'est « aller au bout de ce que je pense, de ce que j'ai dans le ventre, ce que je veux. Bon, il faut avoir envie de changer, ou envie de s'exprimer, ou essayer de changer les choses, si je ne suis pas d'accord avec ça ». 2 Les valeurs dominantes d'une culture donnée délimitent le champ de la normalité. La culture fournit des repères normatifs et conditionne la possibilité d'une codification. Elle inscrit des comportements dans le légalisme d'une coutume, d'un droit rituel et institue une « normalité », en référence à des valeurs sociales ou à des règles d'arbitrage collectives. 1 - 42 - réflexion critique sur le légitime et le légal (voir Thierry en note 2, p. 43* ou Éric1 ). Cette problématique a été soulevée, de façon historique, par les groupes d'extrême gauche italiens, comme s'en souviennent Alessandro Stella2, Federico et Éric3. Federico souligne comment cette partition se pose, de façon cruciale, lorsqu'il est question de recourir à la violence et comment elle s'est posée dans le contexte italien des années 1970 : « Alors s'il y a une exigence qui ne relève pas de la légalité, mais qui appartient à la légitimité, et donc à la justice, s'il y a un intérêt4 qui est écrasé, un intérêt qui est étouffé, un intérêt qui est réprimé, alors qu'il essaie de s'affirmer selon les règles existantes, donc à travers le régime démocratique et la normale conflictualité sociale, syndicale, etc Et si à cet intérêt on répond militairement, que ce soit ouvertement ou en sous-main, à travers des actions secrètes, des attentats commis directement ou directement par les services secrets, tout en criminalisant ceux qui, à l'intérieur du mouvement démocratique, cherchaient jusque là à imposer un intérêt légitime, social, de classe (on peut en donner plusieurs définitions) et donc en niant ses propres règles, alors, à ce momentlà, oui, c'est un problème qui relève de la justice, c'est-à-dire un problème constituant5. On n'est plus sur un terrain de règles reconnues et partagées, on bouge dans un champ où ne compte que la force, en dernier ressort. Cet extrait, comme celui du discours d'Éric cité en note, contribue à mettre en exergue certains aspects de contexte spécifique de l'Italie, pesant notamment sur l'élaboration conceptuelle, proposée par les acteurs, du permis et du défendu, du légitime et de l'illégitime, du bien et du mal. Nous verrons que ce cadre conceptuel et interprétatif contribue corrélativement à nourrir une interprétation de la violence comme légitime défense (voir infra chap. 4, 4.3), ce paradigme étant l'un des arguments majeurs de la légitimation de l'usage de la violence et de sa représentation comme principal moyen d'action efficace de la lutte politique. La reconceptualisation du légitime intervient également chez les ex-militants d'ETA. Ainsi François, théologien de la libération au sein d'ETA, propose une mise au point éclairante sur « Les objectifs, c'était simplement de renforcer, de faire progresser la conscience que les intérêts à l'intérieur de la société sont opposés entre les ouvriers, les étudiants, etc., ces différents secteurs de la société, et la bourgeoisie, qui est soutenue par le système du libéralisme, entre guillemets. Et leurs positions sont inconciliables. C'était vraiment un système idéologique très manichéen, c'est sûr, qui dérive aussi beaucoup de mon éducation, où il y avait d'un côté le bien et de l'autre le mal, et où finalement, comment dire, si tu es contraint à faire usage d'une violence à laquelle tu ne voudrais pas recourir, mais que malheureusement les autres utilisent, et bien, on considère que c'est légitime de le faire. C'était en gros ce qu'on pensait, et ensuite, on faisait », en l'occurrence incendier voiture d'un cadre, monter « des opérations de terrorisme entre guillemets » (Éric). 2 « À partir de 70-71, tout le mouvement extra-parlementaire était parcouru par cette question de se défendre d'abord, et ensuite : est-ce qu'il est légitime d'utiliser la force, la violence contre l'ennemi, l'État, l'ennemi de classe, le patronat, etc. Et c'est un débat qui a eu lieu durant toute la première moitié des années 1970. Parce qu'après la seconde moitié des années 1970, c'était les années de plomb. Mais ça a pris des années ». 3 Éric poursuit le propos précédemment mentionné en note ainsi : « Quand il y avait un conflit social, on intervenait d'une part en faisant des propositions politiques réformistes, progressives, dans le sens du syndicat etc., mais on avait aussi la possibilité d'intervenir de manière implacable, de manière forte, par exemple, je ne sais pas, en incendiant la voiture d'un cadre, en montant des opérations de terrorisme entre guillemets, une pression armée pour obtenir des résultats dans le cadre de ce conflit ». 4 Intérêt dans le sens de « cause », de nécessité sociale, et non dans le sens d'un « intérêt » privé ou personnel. 5 Ou « fondamental » (NdT). 1
-
43 - la notion de légitimité1.
Cette
problématique est explicitement soulevée par la RAF, déclar
ant que « la
lég
alité
est une question de pouvoir
. Le rapport entre légalité et illégalité
est
à
défini
r par la
contradic
tion entre l'exercice réformiste et fasciste du pouvoir » (RAF, « Sur la conception de la guérilla urbaine », 1972 ; voir aussi Cyprien pour AD en 4.2.1, p. 157*). Les phénomènes d'interaction entre groupes sociaux adverses ont également joué historiquement un rôle décisif, en particulier dans l'évolution des représentations des acteurs que ce soit en Italie, en Allemagne ou au pays basque. Federico et Éric témoignent de ce que les parties prenantes du conflit, conformément au paradigme interprétatif de la sociologie interactionniste, sont placées dans des situations d'action qui pèsent sur leur appréciation de l'opportunité qu'il y aurait ou non de respecter les contraintes des systèmes de valeurs dominants, en l'occurrence légaux et historiques de l'Italie des années 1970. Le contexte social de l'époque fait évoluer les acteurs d'une représentation souvent iste des normes vers une approche interprétative de ces dernières. Dans la première, la forme et le contenu des normes sont fixés a priori et, dans le cas italien, légués par la tradition catholico-conservatrice dont Éric se fait l'écho2. Dans l'approche interprétative des normes, la normalité et le permis sont le produit de l'action plus que de prescriptions fixées de façon immuable et soustraites à toute remise en cause. Le glissement d'une appréhension essentialiste des normes vers l'adhésion à un paradigme interprétatif est motivé par une opération critique, portée par un contexte social propice. Il conduit, de façon paroxystique, à un renversement des hiérarchies. Néanmoins la perte de la légitimité des représentants légaux persiste pour Julien, y compris dans les années 1980 durant lesquelles l'Espagne a amorcé la « transition » démocratique, au regard notamment des pratiques anti-terroristes menées par l'État espagnol et le gouvernement socialiste alors au pouvoir 4. Beaucoup des acteurs rencontrés récusent qu'il y ait eu « Pour un croyant monothéiste qui marche dans le chemin spirituel de la Théologie de la Libération, l'engagement pour détruire le grand Satan, le capitalisme, est une obligation éthique, morale, religieuse. Après c'est à chacun de demander à Dieu ou à sa conscience – Dieu nous parle à travers tous les êtres de la Création, mais cela devient intelligible dans les profondeurs de notre conscience – de demander sa voie : la non violence – comme Gandhi – (il y a une branche non violente dans la Théologie de la Libération – comme Mgr. Romero) – ou la branche armée : c'est légitime, éthique et moralement juste de prendre les armes pour débarrasser le peuple de la tyrannie. Si un jour le choix des armes est à portée de ma main, c'est mon obligation morale par rapport à tous les pauvres de la planète parce que je ne suis pas nationaliste basque – il faut le souligner trois fois en rouge – mais un patriote navarrais, communiste et croyant. Mon projet, c'est pas un État basque. Mon projet c'est la destruction du capitalisme, de l'État et du patriarcat. [] Ça, c'est la version laïque, laïque de mon projet. Mon projet c'est le royaume de Dieu, c'est-à-dire l'égalité, le bonheur pour tout le monde. Voilà, et la destruction des idoles de mort, l'argent, etc. Et cela, pour moi, c'est la Révolution
e. Le premier pas vers la victoire des opprimé.e.s
». Si Elyana et Jovani, de générations pourtant distinctes, ne considèrent pas nécessairement que leurs actions, au cours de leur participation à ETA, étaient justes, ils estiment néanmoins qu'elles étaient légitimes (voir infra 3.1.2, p. 50, note 3*). 2 « C'était vraiment un système idéologique très manichéen, c'est sûr, qui dérive aussi beaucoup de mon éducation, où il y avait d'un côté le bien et de l'autre le mal » (Éric). 3 Le style de Julien s'explique du fait que sa langue maternelle est le basque et qu'il a grandi dans un environnement linguistique hispanophone. 4 « Après, une fois les années 80 engagées, une fois la transition faite, bon ils ont quand même eu un moment jusqu'à ce qu'ils ont commencé à avoir un peu de légitimité pour défendre le système démocratique. Il était pas 1 - 44 - effectivement transition démocratique, dans la mesure où les mêmes individus sont restés aux postes clefs de l'exécutif, de la justice et de la police entre les régimes franquiste et postfranquiste (voir Carmona, 1998, 2009 ; Baby, 2013). La transition démocratique espagnole est explicitement perçue de façon
très critique par Etan, Elliot, I
dris
,
I
wann,
Zachary
,
Julien
,
Jacques
, Jay
den
,
Louisa
,
Martial
,
Pierre
,
Xavier
,
i.e. 12 militants d'ETA sur 39. Le même constat peut être fait pour
l'Italie postfasciste (voir Wahnich, 2006, p. 100) et pour
l'Allemagne (voir Rasch, 1979, p. 81). L
'argumentation de
Julien concernant la violence mérite toutefois l'attention. S'il estime que la confrontation est nécessaire pour renverser le statu quo, en revanche, il ne considère pas que la violence soit systématiquement légitime dans ce processus et dans une confrontation avec l'État, visant à instituer davantage de justice sociale1. La question de la légitimité de l'action est en effet cruciale dans la détermination du passage à l'acte. Ainsi lorsque l'on demande à Grégoire (IK) s'il n'était pas prêt à faire certaines actions, la référence normative pour en décider tient en une phrase : « le premier filtre, c'est la légitimité politique de l'acte posé ou pas, et [la légitimité] morale »2. Bien qu'existent des précédents historiques à la remise en question de la distinction entre usage légitimes et illégitimes de la violence, notamment dans le discours proposé par Yasser Arafat à la tribune des Nations Unies en 1974, doit-on néanmoins considérer qu'à travers ces mentions ne sont à l'oeuvre que des procédés de « rationalisation » de la déviance? Cette interprétation pourrait prévaloir dans des approches partisanes du terrorisme (voir Bouzar, 2007, 2015 ; Boutih, 2015 ; Daguzan et Lorot, 2010 ; Roy, 2015), dans lesquelles l'attention est portée à l'idéologie, aux croyances individuelles plutôt qu'aux motivations des acteurs (voir Elster, 2005, p. 238). En effet, lorsqu'une transgression est découverte, le contrevenant peut produire une « rationalisation » visant, pour atténuer les conséquences redoutées d'une accusation, à montrer que les faits qui lui sont reprochés ne dérogeaient pas réellement à la loi ou aux moeurs » (Sykes et Matza, 1957). Sykes et Matza considèrent, non seulement que la rationalisation précède tout acte déviant, mais que c'est précisément cette manière d'anticiper le sens de ce que l'on fait qui rend l'infraction réalisable (Ogien, 1995, p. 139), comme le suggèrent les extraits reproduits. La capacité à élaborer de bonnes raisons pour suspendre provisoirement la validité d'une norme légale ou morale est toutefois largement partagée. Cette mise entre parenthèse prononcée, l'individu se sent alors autorisé à commettre la transgression proscrite. aussi démocratique parce que Felipe Gonzalez, c'est le [Monsieur] X des GAL. Quelle légitimité pour dire qu'il faut pas utiliser des moyens violents quand lui il les utilise, en ayant tous les moyens d'exercer la violence institutionnelle, il passe au-delà, il utilise des violences extra-légales contre la population. Encore, ça a été valide. Alors tu as besoin de [te] confronter via les armes à ces gens-là, à ces élites-là parce qu'il entend pas une autre chose ». Dans le cas évoqué et concernant le GAL, on peut considérer qu'un terrorisme d'État est à l'oeuvre (Jackson, 2011). 1 Voir citation de Julien, 4.4.g, p. 222*. Nous analyserons le paradigme de la violence comme mal nécessaire infra (chap. 4, 4.3.3 ; voir aussi Guibet Lafaye, 2017d). 2 L'ensemble de la réponse s'explicite ainsi : « C'est très difficile parce que maintenant je sais où j'en suis, je sais ce qu'on fait. C'est vraiment une question difficile parce que je ne peux pas parler de ce que je n'ai pas fait mais je sais que dans le contexte de la clandestinité, quand vous êtes coupé d'une forme de lien avec la société réelle. On a des liens mais des liens avec des gens qui nous soutiennent, qui nous accompagnent, qui nous comprennent, c'està-dire qu'il y a une part de la Vérité – avec un grand V – de la vie qui vous échappe. Parce que vous êtes pas avec des gens différents qui ont des pensées différentes donc forcément ça vous amène à ne penser que d'une certaine forme, d'être alimenté que par un certain flot d'informations. Tout ça pour dire – pour répondre à votre question – que je pense que j'aurais pu tout faire, dans la mesure où politiquement, il y avait légitimité à faire ceci ou cela. - 45 - La neutralisation de la norme, susceptible de convoquer plusieurs « techniques de neutralisation », conduit l'individu à rationnaliser ou à justifier la transgression de la règle, qu'elle soit morale ou légale. L'apprentissage de la déviance ne consiste alors pas tant à intérioriser les valeurs d'une sous-culture, s'opposant au système normatif supposé régir l'ordre social dominant qu'à acquérir la maîtrise de techniques de neutralisation permettant à l'individu de maintenir sa croyance dans la validité de l'ordre légitime, tout en en violant les règles (Sykes et Matza, 1957). Deux interprétations du phénomène « terroriste » s'affrontent alors ici, celle suggérant que le vecteur du terrorisme passe par l'adhésion aux valeurs d'une sous-culture (voir Ferracuti et Bruno, 1981 ; Taylor et Ryan 1988 ; Friedland, 1992 ; Hoffman, 1998 ; Merari, 1998 ; Levine, 1999 ; Post, 2004 ; Sageman 2004 ; Arena et Arrigo, 2005) et une autre lecture d'orientation cognitive et interprétative – que nous développerons de façon privilégiée – consistant à faire jouer un rôle central à l'évolution des systèmes normatifs et interprétatifs dans les conduites. Dans le cas des transgressions dites terroristes – et c'est un des éléments qui les distingue des transgressions criminelles –, les acteurs se sont départis de la croyance dans la validité de l'ordre légitime. De même, les « techniques de neutralisation », mises en évidence auprès de délinquants, ne sont pas systématiquement convoquées par les « terroristes » rencontrés1. Contrairement aux délinquants, ces acteurs n'usent pas du déni de responsabilité, première des « techniques de neutralisation » dans la typologie de Sykes et Matza. En effet, le délinquant peut justifier son action en pré qu'il agit sous l'empire de causes externes, invoquant des facteurs comme la désunion familiale, la violence parentale, les mauvaises fréquentations. À l'inverse du « terroriste » qui revendique son action et en assume la responsabilité, le délinquant, qui mobilise le déni de responsabilité, se conçoit, non pas comme un acteur – encore moins comme un acteur politique –, mais comme l'objet de forces qui le font agir à son insu. Il transgresse le système normatif dominant sans affronter la nécessité de s'attaquer ouvertement aux normes elles-mêmes (Sykes et Matza, 1957, p. 667). A contrario, ce sont précisément les normes du système dominant tenues pour légitimes que les acteurs rencontrés attaquent, ce qui fait d'eux des acteurs politiques plutôt que de simples criminels2. Le déni du mal causé constitue une deuxième « technique de neutralisation » mobilisée par les jeunes délinquants pour minorer l'importance des torts que leurs forfaits occasionnent. Le procédé les conduit à requalifier les actes qu'ils commettent, le vandalisme devenant une broutille, si l'on ajoute que la victime a de surcroît les moyens de supporter le préjudice. La requalification, tout en reconnaissant l'illégalité de l'acte, met en exergue la faiblesse de son incidence réelle, suggérant que les dommages subis sont sans gravité. Sur cet aspect également, les procédés de requalification mis en oeuvre par les organisations dites terroristes n'ont pas une vocation de neutralisation. Dans ETA – organisation qui a causé en Europe le plus de victimes parmi celles étudiées –, on trouve une reconnaissance par les acteurs à tous les niveaux d'implication Rappelons que notre ambition n'est pas de procéder à une généralisation s'appuyant sur des « individus » ou des « populations » mais à partir de « processus » ou de « relations », autorisant des généralisations partielles, conformément à l'idée selon laquelle « sous telle et telle condition, dans tel ou tel contexte, si tel événement (action) a lieu, alors tel autre événement (réaction) devrait suivre » (Beaud et Weber, 1997, p. 289-290
). 2 Voir, à titre d'exemples, pour la RAF « À propos de l'attaque du Q.G. de l'armée américaine en Europe à Heidelberg (1972) » (http://lesmaterialistes.com/fraction-armee-rouge-propos-attaque-qg-armee-americaine-eneurope-heidelberg-1972), le communiqué « Action contre Neusel (1990) » (http://lesmaterialistes.com/fractionarmee-rouge-action-contre-neusel-1990). Pour AD, voir la revendication de
'attaque de l'usine Dassault à SaintCloud (http://lesmaterialistes.com/action-directe-contre-dassault-hispano-1984) et celle contre l'Institut Atlantique (http://lesmaterialistes.com/action-directe-contre-institut-atlantique-1984). Pour ETA, voir « ETA met fin à la trêve » (http://forumdespeuplesenlutte.over-blog.com/article-10731832.html), « Communiqué d'ETA 31/12/09 » (http://forumdespeuplesenlutte.over-blog.com/article-communique-d-eta-31-12-09-en-franais-43207070.html). 1 - 46 - du mal causé, notamment aux familles, à l'occasion des exécutions. Julien qui n'a écopé d'aucune condamnation longue n'élude pas la question : « Il y a des erreurs Quand on utilise la lutte armée, bien sûr qu'il y a des dams [des dommages] à la population. [] C'est pas des "dams collatérales", c'est des dams [des dommages] directs, c'est des gens qui souffrent. Déjà ceux que tu choisis comme objectifs, même s'il a je sais pas quelle faute, il y a lui, il y a toute sa famille, qui sont dedans. À un moment tu t'abstrais mais c'est des personnes, des êtres humains que tu les as en face. La reconnaissance du mal et de la douleur causés n'est pas l'apanage des exécutants3 mais également des acteurs qui ne sont pas directement responsables des actes commis, faute d'avoir participé aux commandos d'exécution, et qui sont parfois en désaccord avec ces actions, tel Julien, Ianis ou Jacques pour ETA4. En revanche, les discours des acteurs de ces organisations ne sont pas exempts de procédés de requalification dont la valeur est principalement symbolique qu'il soit question des réappropriations ou du vocabulaire de l'exécution plutôt que de l'assassinat, dont la connotation est criminelle5. La technique du « déni de la victime » se voit parfois convoquée, non pas tant sous la modalité de la justification qu'à titre explicatif. Mobilisée dans le cadre d'un acte criminel, elle fait valoir que la victime méritait le sort qui lui a été fait, qu'elle soit présentée comme discréditée, honnie, injuste. À certaines occasions, les discours des Italiens comme des Basques laissent pointer des arguments à connotation justificatrice. Nicolas, qui participa très activement Allusion à l'explosion de la bombe placée dans le parking du supermarché barcelonais qui n'a pas été évacué en dépit de l'alerte donnée. L'explosion a fait 21 victimes. 2 Jacques lui fait écho lorsqu'on lui demande s'il considère que ce qu'il a fait est juste : « non, non. J'ai jamais pensé que c'était juste mais que c'était un mal nécessaire. Mais pour moi c'était évident. Je veux pas me tromper moi-même. Il faut être honnête. On fait pas le bien. Vous êtes obligé, moralement, finalement, malgré vous et avec mal au coeur, il faut admettre que ce que vous faites c'est un mal nécessaire ». 3 Mathieu a passé plus de 22 ans en prison n'élude pas le mal commis à l'occasion des exécutions : « j'ai fait les choses de façon consciente, je sais qu'il y a eu de la souffrance mais ce que j'ai fait, je crois qu'à cette époque, c'était nécessaire [de le faire] ». 4 Nous envisagerons ultérieurement le sens de la revendication de responsabilité collective (voir infra 5.1.3). Jacques s'exprimant au sujet de sa « première action » reconnaît qu'« il y a toujours ce problème moral, que vous avez peut-être, peut-être contribué à enlever la vie à quelqu'un, à créer le malheur, et pas seulement cette personne-là évidemment. Vous ne prenez pas quelqu'un qui est banalement, totalement innocent, pour nous. La représentation de la victime comme discréditée, injuste ou honnie, permet que l'acte perpétré à son encontre puisse être conçu comme une juste vengeance (voir chap. 4, 4.3.4)2. De fait, nombre des actions menées par les groupes étudiés s'inscrivent et se pensent comme des actions de justice (de « justice populaire » dans certains cas) et souvent comme des représailles suite à la liquidation de camarades, à des faits de torture qu'ils ont subis ou à des coups portés aux intérêts des groupes sociaux dont les organisations se conçoivent comme les défenseurs, tels la classe ouvrière, le prolétariat, le peuple basque. Un exemple emblématique est fourni par l'exécution du commissaire Calabresi qu'Alessandro Stella retrace : « le commissaire Calabresi qui avait été accusé par les mouvements de rue, et par les media aussi, une partie des medias d'avoir jeté par la fenêtre Guiseppe Pinelli, cheminot anarchiste de Milan. Évidemment, quand on est interrogé dans un commissariat de police, on est d'abord attaché au radiateur avec les menottes et c'est difficile de se jeter par la fenêtre. Donc il y avait de fortes présomptions de culpabilité de ce commissaire dans la mort de Guiseppe Pinelli. C'est une évidence. Pendant deux ans, notre revue a fait des éditoriaux, des articles sur le commissaire Calabresi en l'accusant d'assassinat et dans la rue des millions d'Italiens criaient "Calabresi assassin! On aura ta peau". Et en mai 72, un commando de trois hommes tue le commissaire Calabresi. Ce commando était un commando issu du service d'ordre de Lotta Continua. Des millions de gens crient : "Mort au commissaire Calabresi!" Et puis il y a trois individus qui disent : "Il faut y aller. Il faut y aller. C'est le peuple qui le demande. Il faut y aller. Il faut le tuer". Et ils l'ont tué »3. Les exécutions du général Audran et de Georges Besse sont également conçues par AD comme des actions de justice face, respectivement, à l'implication du premier dans des marchés de vente d'armes et des guerres qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes au cours de la guerre Iran-Irak durant les années 1980 et, pour le second, dans les plans sociaux qui allaient s'imposer au sein des usines Renault. S'opère alors une substitution d'un système de normes de justice revendiquées par les organisations au système légal en vigueur. Si l'on peut considérer, dans le cas de délits criminels que la conscience de l'atteinte à autrui se brouille, dès lors que l'existence de la victime est ignorée ou n'est qu'une abstraction, comme en cas de vandalisme, de graffiti, de fraude, de cambriolage d'une maison abandonnée, la représentation de l'autre, dans son humanité, est interrogée par les auteurs des exécutions. Que Ainsi, parmi les 32 militants d'ETA rencontrés ayant connu, dans les années 1980, l'époque du GAL en France, 22 ont fait mention d'une expérience directe (attentats contre leur personne) ou indirecte avec le GAL (i.e. qui a touché des familiers). Tel est également le cas pour une militante des CAA et pour deux membres d'IK ayant vécu dans le contexte où le GAL frappait. 2 Le procédé est comparable lorsque l'État est constitué en ennemi (voir supra Julien). 3 A. Stella poursuit : « Aujourd'hui, c'est incroyable, en Italie, le silence imposé à une mémoire autre que l'officielle qui dit que, et en particulier donc le livre écrit par le fils du commissaire Calabresi – qui était nourrisson à la mort de son père et qui a tout les raisons du monde d'en vouloir à ses assassins et d'avoir souffert toute sa vie de l'absence de son père bien sûr – mais sa version comme la version officielle, aujourd'hui en Italie, est que le commissaire Calabresi était un pauvre martyr qui a combattu le terrorisme et voilà Il y a l'autre face de la médaille, l'autre face de la médaille sur laquelle, ils ne vont pas revenir ». 1 - 48 - ce soit dans ETA ou dans AD, la conscience de tuer un humain pour une cause que l'on considère juste demeure présente, quand bien même sont mis en place des mécanismes pour surmonter cette contradiction. Quelles que soient les peintures qui en sont proposées dans les discours politiques et médiatiques, la conscience de leur geste par les acteurs est aigue, comme les propos de X. en témoignent : « Quand tu penses tuer quelqu'un, tu ne penses pas à une élimination physique mais à la mort d'un être humain sur le coup. Tuer quelqu'un ça ne veut rien dire, c'est complétement abstrait mais être confronté à la réalité de cela, ce n'est plus du tout abstrait. Donc il faut être confronté à cette réalité-là. C'est quoi un être humain? On est tous des êtres humains, nos ennemis comme nous. [] Je me bats pour l'humain donc est-ce qu'en éliminant un humain, on continue à se battre pour l'humain ou pas. La grande question était là. J'ai pas de réponse exacte mais je crois que oui. C'est encore se battre pour l'humain. Quand un humain déshumanise d'autres humains en leur assignant un rôle de pions, désolé mais il a perdu son humanité au moins momentanément. Ça ne veut pas dire qu'il est irrécupérable. Il reste humain, dans son milieu, avec sa famille, oui sûrement qu'il reste un être humain avec sa famille. C'est pour cela que ses proches souffrent de sa perte mais nous, non. La contradiction reste quand même là parce que ça reste un être humain qu'on a tué. Donc il faut réfléchir à ça » (entretien II avec Aurélien Dubuisson, 2018)1. Alors que les organisations armées se tiennent en marge du « déni de la victime »2, elles mobilisent, comme paradigme de justification, la technique de « l'accusation des accusateurs ». L'accusation consiste en l'occurrence à attirer négativement l'attention sur les mobiles de ceux qui les condamnent. Les États impérialistes, fascisants, les dictatures incarnent des références phares dans des argumentaires qui ne sont pas seulement rhétoriques. Les discours visent alors à contester la légitimité de ceux qui dénoncent les agissements des organisations illégales ou clandestines. Le paradigme de l'inversion de l'origine de la violence y joue un rôle central, comme le rappellent la référence systématique au contexte franquiste des années 1970-80 par les ex-militants d'ETA ou au massacre de la piazza Fontana par les Italiens. Des groupes français, comme AD, évoquent plus volontiers les injustices du système et les exactions de Sur cette contradiction, voir aussi Kropotkine, 1921. Les entretiens réalisés par A. Dubuisson ont été publiés dans Action Directe, les premières années, Montreuil, Libertalia, 2018. Nous y avons eu accès de façon anticipée. 2 Contrairement à une interprétation fréquemment projetée sur les groupes par des auteurs qui ont fait l'économie de la rencontre avec les acteurs (voir Casquete, 2009 ; Loyer, 2015). Les récents communiqués d'ETA permettent également de prendre une distance à l'égard de cette lecture (voir la
déclaration « ETA
au
pe
uple basque
: dé
claration sur les dommages causés » du
20
avril
2018). 1 - 49 - certains de ses représentants phares1. Dès lors, l'infraction à la loi est considérée comme une réaction à des institutions partiales, inadaptées voire vicieuses. Quand bien même les individus déviants mobilisent techniques de neutralisation, on ne peut en déduire qu'ils évoluent au sein d'un monde de valeurs spécifiques qui se reproduit et circonscrit une altérité (Ogien, 1995, p. 140). Il conviendrait plutôt de l'envisager comme une sous-culture déviante (Matza, 1964), c'est-à-dire comme une norme d'action organisée autour d'« un certain rapport à la culture conventionnelle et à la loi » (Herpin, 1970, p. 125) qu'un individu apprend à mettre en oeuvre de façon adéquate, mais qui ne recouvre pas l'ensemble de ses engagements sociaux ni ne détermine son destin social. En plaçant l'accent sur l'action plutôt que sur la culture, sur la rationalité cognitive plutôt que sur les valeurs, on privilégie une approche de la conduite déviante, non pas à partir de la singularité que le déviant manifeste, en relation avec un système normatif donné, qu'il soit général ou particulier mais à partir des caractéristiques universelles de sa conduite, les normes prévalant dans ces groupes étant identiques à celles promues dans le reste de la société, quoiqu'elles trouvent une fonctionnalité plus concrète et une réalité plus tangible à travers notamment des solidarités chaudes plutôt que froides dont témoignent ces collectifs. Cette approche permet en outre de contourner les biais qui faussent d'ordinaire les définitions savantes et officielles de la déviance : ethnocentrisme de classe, acceptation a priori de la conformité parfaite des conduites ordinaires, illusion de la cohérence et de l'unité des valeurs d'une société. On reconnaîtra de la sorte que les déviants et, de ce fait, les terroristes participent pleinement à l'univers de la normalité, tout en dérogeant à ses règles. Ils se trouvent simplement placés dans une situation paradoxale consistant à avoir à surmonter les incompatibilités pratiques qui naissent du heurt entre registres opposés d'interprétation de l'action, en particulier lorsque se pose la question des exécutions 2. Ce conflit des interprétations appert dans plusieurs des discours recueillis (voir supra X. ou Julien). Il nourrit un questionnement paradoxal : comment peut-on voler et prétendre être honnête, tuer en respectant des principes moraux et en affirmant lutter pour l'humanité? La contradiction s'évanouit, lorsque l'on admet que le contrevenant neutralise, momentanément et selon les circonstances, la référence à l'un ou l'autre des registres d'interprétation (celui de la normalité et celui de la déviance) dont il se sert pour concevoir et expliquer son action (voir Matza, 1969) mais également lorsque l'on reconnaît, sans verser dans Voir les revendications des attaques de l'usine Dassault à Saint-Cloud et de l'Institut Atlantique. La thématique du « mal nécessaire » en témoigne ainsi que les propos de Julien, de Mathieu ou Jacques le soulignent lorsque sont évoquées les exécutions (voir les citations supra ; Jacques, p. 47, note 3*). Mathieu, engagé dans ETA-m, explicite le conflit des registres interprétatifs, lorsqu'il est interrogé sur le fait d'avoir agi de façon « juste » : « À ce moment-là, oui. Quelqu'un ne peut pas juste regarder ce que j'ai fait, ce que l'action a fait : i.e. un mort par ci, un mort par là. Personne n'accepte ce schéma : aller tuer des gens dans la rue mais s'il y a une conviction, une lutte pour des idées, des convictions, l'action est justifiée. [] Une psychologue m'a demandé si les actions et leurs conséquences m'ont causé du mal être pour dormir, etc. Moi je n'ai pas de problèmes pour dormir, mais ça ne veut pas dire que je m'en fous. J'ai fait les choses de façon consciente, je sais qu'il y a de la douleur mais ce que j'ai fait [je juge] que c'était nécessaire ». Elyana, répondant à la même question, en convient également : « c'était juste? Je pense que dans un conflit politique et armé, il y a beaucoup de choses qui sont justes. Je sais pas. Peut-être c'était légitime plutôt que juste ». Tout comme Jovani sur le même sujet : « je pense que c'était légitime. Juste la violence a toujours quelque chose d'injuste. Toujours. Pourquoi? Parce que la violence ça ne peut pas être quelque chose de chirurgical. C'est impossible. Même si on prenait l'exemple de la résistance française sur laquelle nous serions tous d'accord que c'est légitime par rapport aux Nazis, à l'invasion l'usage de la violence. Mais moi je suis certain que certaines actions de la résistance ont touché des civils innocents. C'est pour ça qu'il y a toujours une part d'injustice. Dans la violence, il y a toujours quelque chose d'injuste. Il y avait même un camarade qui avait coutume de dire que la lutte armée était préjudiciable pour la personne elle-même [qui la menait]. C'est-à-dire que les individus ne devraient jamais recourir à la violence. Ça nous fait du mal. Nous faisons du mal et ça nous fait du mal », ça nous nuit. La question des « réappropriations » (ou « levées de fonds ») soulève une autre problématique se nourrissant plutôt du paradigme selon lequel « la fin justifie les moyens » qui est rarement mobilisé explicitement par les acteurs rencontrés s'agissant des exécutions. Dans ce second cas, la figure du « mal nécessaire » se voit plutôt investie. 1 2 - 50 - le relativisme, la pluralité des ordres normatifs que nous évoquions en introduction (voir Gurvitch, 1973 ; Lévi-Strauss, 1981 ; Heintz, 2015, p. 68). Les propos de Mathieu comme de X. (supra p. 50*) sur la déshumanisation de l'ennemi permettent de le saisir. Au-delà du recours à des techniques de neutralisation, les acteurs peuvent se trouver pris dans un conflit entre deux systèmes de normes (voir infra Margareth, Alexandra), le choix d'une soumission à des loyautés supérieures les conduisant à des conduites jugées, du point de vue dominant, illégales et illégitimes. En effet, le respect des prescriptions du système normatif général peut être suspendu, lorsque les circonstances obligent un individu à obéir à celles d'un système normatif particulier (groupes religieux, organisation criminelle ou clandestine, groupes de pairs, relations d'amitié, code d'honneur et de solidarité de la famille) (Ogien, 1995, p. 140). L'individu affronte alors un dilemme entre l'allégeance due à la société et celle due au groupe auquel il se reconnaît appartenir (voir aussi infra 3.4)1. Lorsque ce dilemme se résout par le non respect de la loi, l'infraction peut ne pas être conçue, par l'agent et ses pairs, comme une violation des normes de la légalité. Pour les groupes étudiés, on peut, dans certains cas, identifier une telle concurrence entre univers normatifs. Nous détaillerons ultérieurement les normes cardinales de « l'univers terroriste » (loyauté, solidarité indéfectible, sincérité, honnêteté envers soi) qui ne se distinguent pas nécessairement des principes acceptés dans l'ensemble de la société mais qui ont, dans ces groupes, une effectivité plus tangible, au moins dans leur valid pour le groupe de pairs. En effet, l'infraction à une série de normes n'interdit pas de partager les valeurs de ceux qui ne se résoudraient à aucun prix à les transgresser, telles la solidarité, la justice (Ogien, 1995, p. 204). Nous verrons également que la dimension d'exemplarité morale représente un axe constitutif des dispositions normatives de certains membres des groupes étudiés (BR, PL2, ETA3, IK dans une certaine mesure, lorsque l'on s'en remet aux explications détaillées des raisons des actions). La thématique du sacrifice de soi fait également écho à cette disposition morale4. L'exemplarité illustre alors l'aspect éthique de la conduite conformément à l'acception sociologique Ce paradigme appert, de façon implicite ou explicite, dans nombre d'analyses du terrorisme (Khosrokhavar, 2006, p. 359 ; voir le rôle conféré à la fratrie dans les attaques du 13 novembre 2015 à Paris et en région parisienne ; Roy, 2015). On notera que les premiers contingents d'ETA ont été alimentés par des militants venant de façon privilégiée de la région de Guipúzcoa (Navarre). 2 Benoît décrit son éthique en ces termes : « c'est l'éthique et la morale d'un sujet politique révolutionnaire, c'està-dire de quelqu'un qui doit être un exemple pour lui-même et face aux autres : nous avons fait des dizaines de braquages de bijouteries ou de banques, et personne n'a jamais gardé pour soi une seule lire ni un gramme d'or ». 3 À la question de référence, Nicolas répond : « ben sinon il faut pas y rentrer [dans la lutte armée]. Un militant, il doit être le mieux en tout. Oui. On peut pas avoir des militants ivrognes, addicts, machin. Non. Un militant est sensé être un exemple pour les autres. Quand c'est un militant clandestin, évidemment c'est un exemple pour personne. Moi, j'ai vécu vraiment dans la clandestinité pendant 30 ans []. Éthique oui : absolument. Je vois pas qui pourrait avoir plus d'éthique, c'est-à-dire tout sacrifier pour une idée. Qui peut avoir plus d'éthique? Je vous parle de sacrifice. Moi, je suis libéré depuis que je suis sorti de prison : dans le verbe, dans mes contacts. Je vois des tas de gens que je ne voyais plus. Avant, on était dans un autre régime. J'ai passé comme ça toute ma vie. C'est presque monacal comme engagement ». Le terme de « monacal » intervient également dans les propos de Benoît. Répondant à la même question que Nicolas, El ikia est affirmative : « Je pense que c'est la base sinon c'est n'importe quoi. Oui, même si forcément, tout le monde n'est pas d'accord et ils vont te dire que ça c'est n'importe quoi comme réponse. Mais je pense que c'est la base sinon ça devient n'importe quoi, sinon ça devient juste quelque chose qui est fait des tripes. Et il faut rationnaliser les choses. C'est pas juste : "je te tape parce que tu me tapes". Il doit y avoir aussi une réflexion de "pourquoi. Où on va?" Parce que sinon c'est une réaction viscérale et c'est pas juste ça, c'est pas juste Non, c'est quelque chose de plus vaste ». Lorsque l'on évoque le nom d'organisations comme les BR, la RAF, AD ou ETA, leurs actions violentes sont ce qui frappe le plus l'imagination et ce que la vulgate a également retenu. Pourtant dans les groupes d'extrême gauche ou de libération nationale, ces actions s'associent et se voient aussi fondées sur des valeurs positives. Antérieurement, l'histoire a montré que la violence des résistants était stigmatisée – au sens goffmanien du terme2 –, par l'ordre nazi et vichyste, comme « banditisme », « criminalité » ou « terrorisme », alors qu'elle s'est révélée ultérieurement fondatrice d'un ordre social lié aux valeurs des démocraties libérales (voir Sommier, 1992, p. 88). Nous verrons à présent en quoi l'éthique révolutionnaire, se dessinant en creux dans les discours, consiste dans « l'éthique exigeante d'un groupe social d'autant plus convaincu de la valeur de son projet et d'autant plus convaincant dans son action qu'il se sait porteur d'un mouvement réel d'émancipation » (Lew, 1987, p. 68-69). Dans ce qui suit, nous mettrons en évidence le fonds commun normatif des groupes étudiés, i.e. leur univers moral, tenu pour supérieur. Les acteurs reconnaissent – individuellement et collectivement – à ce dernier une légitimité. Ils sont prêts à se dévouer, à se battre voire se sacrifier en son nom que ce soit en prenant le risque de lourdes condamnations pénales et parfois de la mort violente. Nous identifierons la place qu'y trouvent la justice et l'émancipation, le souci de l'humain et le sens du sacrifice, la référence à la résistance. Dans le cas de l'extrême gauche et des groupes de libération nationale, la violence se trouve légitimée par la critique des institutions, par la volonté de changer l'ordre social et par un engagement au nom de valeurs supérieures à la culture dans lesquels les acteurs évoluent (voir Marchand, 2016). L'ouvrage d'Alessandro Stella permet de saisir et de se souvenir de ce qui portait les étudiants italiens des années 19703. Cet univers normatif peut se résumer en quelques Ce jugement n'est pas propre à Vicenzo. Il est exprimé publiquement par Fernando Alonso Abad, journaliste à Egin (El País, 19/11/1997) ainsi que par d'anciens militants d'ETA plus récemment, tels Idoia Mendizabal, Jon Kepa Preciado et Jon González (El País, 20/03/2012).
2 Les stigmates sont les « marques destinées à exposer ce qu'avait d'inhabituel et de détestable le statut moral de la personne ainsi désignée » (Goffman, 1975, p. 11). 3 « Nous avions une envie irrépressible de changer le monde, c'est-à-dire la société dans laquelle nous vivions. Nous voulions faire la révolution, mais nous étions avant tout des rebelles ; c'était presque une sensation physique, instinctive. Tout n'était pas bien clair, c'était parfois même assez confus : un mélange d'anti-autoritarisme, d'antimilitarisme, contre la discipline à l'usine comme à l'école, pour la justice et l'égalité, pour changer les rapports sociaux comme les relations interpersonnelles. Le mouvement culturel des "fils des fleurs" [note
de
l'auteur : expression née à San Francisco en 1967, désignant ceux qui étaient autrement appelés hippies ou beatniks],
des
jeunes et des étudiants en révolte dans tout l'Occident contre toute forme d'autoritarisme et de domination sociale, raciale, sexuelle, faisait sa greffe en Italie sur une pensée critique de la gauche communiste qui, depuis Gramsci, 1 - 52 - mots et se traduit dans « ce rêve collectif qui nous semblait se réaliser, le désir de construire des rapports sociaux alternatifs, de détruire les cages autoritaires qui nous enfermaient dans une vie réglée de travail, de consommation et de conformisme » (Stella, 2016, p. 31). Ces valeurs décrivent un champ normatif dont la légitimité est tenue par les acteurs pour supérieure à celle de
l'existant, conformément à une dichotomie entre légitime et légal. Au sein de ce champ, nous distinguerons les valeurs associées
à l'action violente, d'une part, des normes axiologiques sousjacentes au recours à la violence, d'autre part. Concernant les premières, comme nous l'avons précédemment suggéré, ces valeurs ne coïncident pas avec celles d'une sous-culture de groupe dél
mais consistent en des valeurs socialement partagées 1. La mise au jour de ces références axiologiques contribuera à révéler des valeurs qui ne sont pas celles, bien connues et largement relayées par la littérature déjà produite sur ces groupes2. Nous soulignerons ainsi la place que prend le souci de l'humain dans le discours de membres d'AD, cette préoccupation n'ayant rien d'exceptionnel d'un point de vue kantien dont l'impératif recommande « que chacun doive se donner comme but final le plus grand bien possible en ce monde »3 (Kant, 1793, Ak. VI, 7, p. 19). Cette ambition se retrouve dans les discours de nombre des acteurs des luttes passées et présentes ainsi que l'exprime Ziggy : « Je me dis de gauche automatiquement. Le souci de l'autre 4, la sollicitude – c'est-à-dire « la structure commune à toutes ces dispositions favorables à autrui qui sous-tendent les relations courtes d'intersubjectivité » (Ricoeur, 2004, p. 692-693) – s'illustre aussi bien dans l'idéal normatif poursuivi par ces groupes que dans leurs principes de fonctionnement ainsi que nous le verrons. L'action politique demande alors à être interrogée et abordée comme le lieu de l'actualisation d'une morale exigeante qui, par certains aspects et dans les discours produits par les acteurs, peut se lire à la lumière de l'impératif kantien. Or celui-ci impose de se mettre en pratique (Kant, 1797 ; voir infra chap. 5, 5.1). Le fait d'avoir une morale et des dispositions éthiques, de se mouvoir dans un univers de principes pour lesquels on se bat définit une position qui distingue – dans les discours recueillis s'était affranchie de l'obligation de pensée unique, stalinienne, et avait ouvert des espaces de débat à sa gauche » (Stella, 2016, p. 53-54). Évoquant des camarades morts dans des affrontements avec les carabineri et les groupes d'extrême droite, un communiqué, diffusé dans les assemblées publiques et sur les ondes d'une radio créée par les groupes politiques de ces années, souligne leur combat dans « l'antagonisme de classe contre cet État, contre une société fondée sur l'exploitation de l'homme par l'homme », « la lutte pour la réalisation des besoins, des aspirations et des idéaux qui liaient la vie de ces camarades à nous et à des milliers d'autres communistes et prolétaires » (Stella, 2016, p. 20).
1 Le souci de l'humanité en général – plutôt que de ses proches et familiers –, tel
qu'il s'exprime dans le discours de Gabrielle par exemple, n'est pas propre aux groupes d'extrême gauche portés par une idéologie de type communiste ou révolutionnaire. On le retrouverait dans les discours religieux notamment chrétiens. 2 Gabrielle en est consciente : « Ça a été un moyen pour le pouvoir de nous discréditer, de dire que l'on était des personnes horribles, etc. Le pouvoir savait très bien ce qu'il faisait à ce moment-là. Ils avaient besoin de nous salir pour faire croire qu'ils étaient bons alors qu'en réalité se sont des salopards. Les hommes de pouvoir sont des saloperies qui ne pensent qu'au fric et à leur position sociale. - – les acteurs rencontrés, pour autant qu'ils mettent en oeuvre, quoiqu'il leur en coûte, des moyens à la hauteur de leurs idéaux, dans une perspective de transformation radicale de l'état du monde. De la sorte et lorsqu'il est question d'incarner par des actes ses convictions morales, les acteurs investissent la partition « nous vs. les autres » (Elias, 1965 ; Dubet, 1987 ; Guibet Lafaye, 2013) à partir de laquelle ils se situent dans une opposition sociale et axiologique aux groupes sociaux dominants honnis. Interrogé sur l'éventualité d'une morale ou d'une éthique dans la lutte armée1, Sylvain formule une réponse tranchée : « Ah ouais, ouais!! Moi je pense qu'un révolutionnaire s'il a pas de morale, c'est pas un révolutionnaire. Je pense que c'est essentiel. Il y a une morale. Il y a des choses qu'on peut faire et d'autres qu'on peut pas faire parce que sinon Non, non il faut une morale. Nous, on a une morale ; eux en face, non, ils ont pas de morale » (Sylvain)2. Ce schéma identificatoire et positionnel (« nous vs. les autres ») fonctionne comme un archétype du raisonnement quotidien, à partir duquel les individus s'orientent dans le champ social, se le représentent et l'interprètent. Il sert de point d'appui à la critique sociale et à la dénonciation de ceux qui tirent profit du système (Guibet Lafaye, 2013). Plus qu'une caractéristique d'un discours socialement situé, l'opposition « nous vs. les autres » constitue un paradigme de la réprobation morale. Ainsi lorsqu'il se conjugue à une évaluation normative plutôt qu'il ne joue simplement un rôle descriptif (du type « nous, les ouvriers par opposition aux patrons »), ce paradigme anime les discours, en tous points de l'espace social et donne lieu à des « sentiments d'injustice typiques » 3. Dès lors l'univers normatif auquel adhèrent ces individus se définit bien par sa « polarité négative » eu égard aux normes dominantes de la société (voir Ogien, 1995, p. 95 ; 3.1 supra) et surtout eu égard aux normes sous-jacentes aux conduites des personnes politiquement et économiquement dominantes. Il n'est pas simplement question, chez ces clandestins et membres d'organisations illégales, d'adhérer à un mode de vie différent. Leurs références normatives, si elles sont partiellement tirées de la culture dominante, en inversent le sens. Les propos de Damien sont, de ce point de vue, éloquents : « ce qui est moral, c'est essayer d'abattre ce système, essayer de survivre déjà, la première des choses []. Ce qui est immoral, c'est tout ce qu'ils font eux. Ce qui est moral, c'est le contraire de l'immoralité, donc tout le contraire de l'économie actuelle, c'est moral » (Damien)4. Sur le traitement systématique des réponses à cette question, voir annexe 2, tableau 3. Lorsqu'on lui demande de préciser les termes de cette morale, il répond : « On se bat pour l'humanité, avant tout. Moi, je me bats, je me suis battu pour mes frères et mes soeurs humains, comme je dis toujours. Donc ma morale, c'est ça : respecter l'humanité. Déjà, c'est la base. Et puis soutenir justement une morale, c'est soutenir les idées qu'on a et qu'on défend. Parce que j'en ai connu tellement, moi, qui ont retourné leur veste. J'ai connu ceux qui braquaient les banques à l'époque. Maintenant, ils ont une chambre d'hôte en Thaïlande qui finance le tourisme sexuel » (Sylvain). On trouverait des arguments comparables sur l'inversion de la moralité chez Gabrielle et la dichotomie entre l'absence de moralité de l'adversaire face à « nous » qui assumons une position morale. Madeleine, qui a essuyé un attentat du GAL et une tentative d'enlèvement, avoue : « Ça fait mal quand il y a des effets collatéraux. C'est pour ça que je pense qu'on a une éthique et une morale. Et surtout parce qu'on n'a rien fait pour nous, dans notre profit. C'est tout parce qu'on croyait que c'était au profit de notre peuple. Donc, on fait pas comme d'autres : "au nom du peuple" mais le profit, il est personnel, au niveau économique, etc. ». 3 Cette dichotomie resurgit également, lorsque se trouve évoquée la question des exécutions ou des jambisations, y compris dans les organisations françaises. Ainsi Yvon, ancien d'AD, ne s'estime aucunement légitime pour procéder à des ex tions. Il s'interroge : « ce truc de "qui on est pour?" ça m'a toujours gêné. Alors, je sais, ils se moquent toujours de moi, de ma morale. Moi, j'ai beaucoup de mal même si des fois j'ai la colère. Je m'entends dire : "il en mérite une ; je lui collerai bien un bonbon dans le cigare" ». Nous reviendrons ultérieurement sur le passage dont est tiré cet extrait et dans lequel Yvon souligne la différence situationnelle entre la France, le Chili, l'Italie fasciste et l'Allemagne qui n'a pas connu de « dénazification ». 4 De même, Pantxo (ETA-m) interrogé sur le caractère possiblement juste, des actions illégales qu'il a menées, répond : « Je sais très bien pour moi ce qui est juste. Oui. En ce sens, la conduite du déviant serait normale, par rapport aux principes de sa sousculture, précisément parce qu'elle est anormale selon les normes de la culture dominante (voir Cohen, 1955, p. 26). Pourtant les éléments précédemment mentionnés permettent de préciser le rôle des normes promues par un groupe, engagé dans des conflits et rapports de force sociaux. Russell Hardin considère que les normes auxquelles adhèrent les membres d'un groupe peuvent constituer une des raisons des conflits, notamment ethniques. Ces normes dites « différenciantes et excluantes » se distingueraient de « normes universelles ». Alors que les premières s'articulent au bénéfice des membres d'un sous-groupe plus ou moins bien défini, au sein d'une société plus vaste, les secondes s'appliqueraient de façon universelle à l'ensemble des membres de la société (Hardin, 1995, p. 72). Les premières renforcent l'identification individuelle au groupe et augmentent la séparation du groupe d'avec le reste de la société (Hardin, 1997, p. 72). Elles sont constitutives de la dichotomie entre in-group et out-group. Ce processus s'autoalimenterait, dans la mesure où l'identification au groupe contribue à l'émergence de « normes différenciantes et excluantes ». Pourtant pour ces groupes d'extrême gauche – qui ne sont pas impliqués dans des conflits dits ethniques –, les normes de rang supérieur auxquelles les acteurs subordonnent leurs Ça c'est le juste, et l'autre c'est l'injuste? Qui dit ça? Pour moi, un peuple qui se défend avec les méthodes violentes devant l'oppresseur qui, en général, c'est notre État, c'est juste, et légitime. Même si dans cette application, il peut y avoir des choses collatérales que c'est un innocent qui peut tomber. Évidemment, tu demandes pardon, et tout ça comme a fait l'ETA, parce que c'est pas logique. Mais une armée, un flic, n'importe qui qu'il vienne occuper avec ses armes un peuple, chez moi, c'est légitime et c'est juste que je réponds comme ça. [] Cette question je l'avais posée la Madame Levert un jour [la juge antiterroriste française] : "Madame, imaginez qu'un groupe d'hommes et de femmes armés jusqu'aux dents rentrent chez vous et que vous êtes tranquillement dans votre famille". Ça c'est la légitimité de se défendre avec n'importe quel truc. C'est légitime et c'est juste. C'est juste de se lever devant l'oppresseur. Après, quand il y a un conflit, évidemment il se passe qu'il y a des victimes innocentes aussi. Tu sais, les victimes collatéraux.
| 31,472
|
2004LIMO0012_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,004
|
Algorithmique modulaire des équations différentielles linéaires
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,572
| 12,767
|
Dans [Ka82], Katz propose un algorithme pour le calcul de la p-courbure d’un système différentiel : on définit la suite (Ai )i≥0 , que nous appelons suite de Lie de [A], par A0 := In et ∀i ≥ 0, Ai+1 := ∆A (Ai ) = A0i − A Ai. (1.1) On calcule A2 , A3 , . . . , Ap et Ap est exactement la matrice de l’opérateur différentiel ∆pA dans la base canonique de Kn , i. e., la p-courbure. Dans la suite, nous ne ferons pas de distinction entre l’opérateur ∆pA et sa matrice Ap. Soit A ∈ Mn (k(x)) avec k = Fq où q = pr . En pratique, pour calculer Ap , nous adaptons les formules (1.1) pour que tous les calculs se fassent dans k[x], i. e., sans dénominateurs (voir la procédure LiePol dans l’annexe) ; soit D ∈ k[x] tel que à := D A ∈ Mn (k[x]). Alors, pour tout i ≥ 1, Ãi := D i Ai ∈ Mn (k[x]) et on obtient ainsi la formule de récurrence suivante : Ãi+1 = D Ã0i − (D 0 i + Ã) Ãi.
(1.2
)
Proposition 3. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (k(x)) où k = Fq , q = pr. Soit D le plus petit dénominateur commun des coefficients de A et à := D A ∈ Mn (k[x]). Soit a une borne sur le degré (en x) des entrées de Ã. Soit ω un réel tel que le produit de
deux matrices dans Mn (F ), avec F corps quelconque, puisse se faire en O(nω ) produits dans F . Alors, la p-courbure de [A] peut se calculer en O(n ω a log(a) p2 ) opérations dans k. Précisons que, par exemple, la méthode de Strassen pour la multiplication de matrices correspond à ω = log2 7 (voir [GG99, 12.1]). Démonstration. D’après (1.2), calculer la p-courbure nécessite p produits de matrices de polynômes de dimension n × n ayant des coefficients de degré respectivement bornés par a, 2a, . . . , (p − 1) a. Ceci peut donc se faire en O(nω p) produits de polynômes. Maintenant, on peut conclure car la F.F.T. ([GG99, Section 8]) permet de calculer le produit de deux polynômes de degrés respectivement bornés par a et i a en O(i a log(a)) opérations de corps. CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P
Calculer la p-courbure (pour p > n) d’un opérateur différentiel scalaire ayant des coefficients de degré borné par l en utilisant les formules de récurrences données dans [PS03, 13.2.2, p.335] donne une complexité en O(n2 l log(l) p) opérations dans k. Ici aussi comparons le calcul direct de la p-courbure du système à la méthode passant par un vecteur cyclique et, pour simplifier, restreignons nous au cas où le système est à coefficients polynomiaux, i. e., A ∈ Mn (k[x]) où k = Fq , q = pr . D’après la proposition 1, si a est une borne sur le degré des entrées de A, une borne sur le degré des coefficients (λ borne de l’opérateur L calculé à partir d’un vecteur cyclique est b = nλ + a (n+1)n 2 sur le degré des coefficients du vecteur cyclique). Donc, via un vecteur cyclique, la pcourbure se calcule en O(n5 + n2 b log(b) p) opérations dans k. Par conséquent, le calcul en passant par un vecteur cyclique est plus avantageux seulement lorsque p est beaucoup plus grand que n. Dans le cas contraire où p et n ont le même ordre de grandeur, le calcul direct sur le système est plus efficace. Rappelons que le cas p < n est exclu car l’existence d’un vecteur cyclique n’est alors plus assurée.
1.3.2 Classification des modules différentiels
Dans [Pu95] (voir aussi [PS03, Chapitre 13]), van der Put donne une classification des modules différentiels en caractéristique p. La conséquence de cette classification pour le problème de factorisation est la suivante : la forme de Jordan (sur C) de la p-courbure d’un système différentiel linéaire [A] donne toutes les factorisations de [A]. Voici brièvement comment est construite cette classification (pour plus de détails, voir [Pu95] ou [PS03, Ch. 13]) : considérons les deux catégories suivantes : – les modules différentiels (voir Définition 3) munis du produit tensoriel usuel, – les C[T ]-modules (C[T ] : anneau commutatif des polynômes à coefficients dans C) de dimension finie sur C. Un élément de cette catégorie est donné par un couple (N, Θ) où N est un K-espace vectoriel de dimension n, Θ est un endomorphisme de N et l’action de C[T ] sur N est définie par f.m = f (Θ) m, ∀f ∈ C[T ], ∀m ∈ N, et cette seconde catégorie est munie du produit tensoriel défini par (N1 , Θ1 ) ⊗C (N2 , Θ2 ) = (N1 ⊗C N2 , Θ) où Θ = Θ1 ⊗C IN1 + IN2 ⊗C Θ2. Le résultat de van der Put peut se résumer ainsi : si le corps K possède une certaine propriété1 , par exemple K = Fp (x) ou Fp ((x)), alors le foncteur qui envoie (C n , Θ) sur (Kn , ∆) où ∆ est déterminé tel que ∆p = I ⊗C Θ (avec l’identification Kn = K ⊗C C n ) fournit l’équivalence entre les deux catégories décrites ci-dessus. La forme de Jordan (sur C) de la p-courbure ∆pA donne la factorisation complète du C[T ]-module (C n , ΘA ) avec ∆pA = I ⊗C ΘA . Par conséquent, comme le foncteur défini ci-dessus respecte les constructions de l’algèbre linéaire, ceci nous donne aussi la factorisation complète du 1 Il n’existe pas de corps non-commutatif de degré p2 sur son centre Z avec Z extension finie de K. C’est le cas lorsque K est un corps C1 ([Ja80, Definition 11.5, p. 649]), ou corps quasi-algébriquement clos. 1.3. LA P -COURBURE D’UN SYSTÈME DIFFÉRENTIEL LINÉAIRE 25
module différentiel (Kn , ∆A ) associé. Dans la suite, nous allons expliciter comment utiliser cette classification pour factoriser effectivement des systèmes différentiels en caractéristique p. Une manière de rendre cette classification algorithmique est développée dans [Pu97] (certains éléments sont donnés dans [PS03, Ch. 13]) pour le cas d’une équation différentielle scalaire. Ici nous nous intéressons aux systèmes différentiels et nous proposons certaines variantes (par exemple l’utilisation de l’eigenring comme dans [Ba01]). Certains résultats pouvant se voir à partir de cette classification sont redémontrés d’une manière élémentaire : ceci nous permet d’exhiber des preuves constructives nécessaires pour implanter un algorithme de factorisation de systèmes différentiels en caractéristique p. De plus, le fait d’écrire ces preuves nous permet de voir comment améliorer certains résultats (voir Théorème 1 dans la sous-section 1.3.4) et s’avère, par la suite, indispensable pour généraliser notre algorithme à d’autres cas et notamment à celui des systèmes d’équations aux dérivées partielles où la classification ne s’applique plus directement.
1.3.3 Systèmes ayant une p-courbure nulle
Comme l’illustre le paragraphe précédent, la notion de p-courbure est fondamentale dans la théorie des équations différentielles en caractéristique p. Ceci s’explique aussi par son lien avec la conjecture de Grothendieck que nous rappelons ici. Dans le cas où le système est à coefficients dans Q(x), cette conjecture peut s’énoncer de la manière suivante : Conjecture 1 (Grothendieck). Soit [A] un système différentiel linéaire avec A ∈ Mn (Q(x)). Alors, [A] possède une base de solutions algébriques si, et seulement si, pour presque tout p, [A[p]] possède une base de solutions rationnelles où [A[p]] désigne le système réduit modulo p. L’implication qui n’a toujours pas été prouvée est « ⇐ ». Il existe cependant des preuves de cette conjecture dans beaucoup de cas : pour un historique de cette conjecture, voir [Ch01] ou [Pu01]. Dans [Ka82], Katz propose une conjecture équivalente en termes d’algèbres de Lie. Notons enfin que la conjecture analogue dans le cas des équations aux q-différences a été démontrée par Di Vizio dans [DiV02]. Le lemme suivant dû à Cartier (voir [Pu96, Lemma 2.1] ou encore [Ka70, Theorem 5.1] dans un cadre plus général) fait le lien entre la conjecture de Grothendieck et la p-courbure. Lemme 3 (Cartier). Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). Le système différentiel [A] a une base de solutions rationnelles si, et seulement si, sa p-courbure A p est nulle. Ceci implique que si un système [A] possède une p-courbure nulle, alors [A] est équivalent sur K au système nul [0]. En effet, il suffit de prendre pour matrice de passage P une matrice fondamentale de solutions rationnelles de [A] et on a P [A] = [0].
26 CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P
Exemple 4. Prenons K := Fp (x) avec p = 5 et considérons le système Y 0 = A Y de dimension n = 2 donné par la matrice suivante :
0 1 A := 3 x 3 + x3 . x3 + 1 x4 + x
On en calcule
la
p-courbure avec notre procédure LiePol
,
qui suit
notre méthode calculant sans dénominateurs. > pcurv := LiePol(A,n,p); pcurv := 0 0 0 0
La
p-
courbure
é
tant
nulle
, nous savons que notre système a une base de solutions rationnelles. Utilisons donc la procédure rat-sol2 et formons la matrice ayant pour colonnes les éléments de cette base de solutions rationnelles.
> P:=concat(rat_sol2(A,n,p)); P := x4 4x 3 4 + x3 3x
2 On sait alors que cette matrice satisfait P [A] = [0]. Pour être complet, nous rappelons ici un autre résultat élémentaire concernant les systèmes ayant une p-courbure nilpotente et nous renvoyons à [CC85] pour une étude plus poussée de ce cas. Lemme 4. Soit [A] un système différentiel linéaire avec A ∈ Mn (K). Si la p-courbure de [A] est nilpotente, alors [A] possède au moins une solution rationnelle (non-nulle). Démonstration. Supposons que la p-courbure soit nilpotente d’ordre r, i. e., ∆pr A = 0 et p(r−1) i i−1 ∆A 6= 0. Alors, il existe i ∈ {p (r − 1), . . . , p r} tel que ∆ = 0 et ∆ 6= 0. Il existe donc e ∈ Kn tel que ∆i (e) = 0 et f := ∆i−1 A (e) 6= 0. Par conséquent, f est un élément non-nul du noyau de ∆A.
1.3.4 Systèmes ayant une p-courbure scalaire
Dé
finition
12. Soit [A] un système différentiel linéaire avec A ∈ Mn (K). On dit que [A] a une p-courbure scalaire si Ap = λ In avec λ ∈ C. Notons qu’en toute généralité, λ devrait appartenir à K mais ici le fait que ∆A commute avec ∆pA implique que λ appartient nécessairement à C. Il est connu que si la p-courbure est scalaire alors le système est équivalent sur K à un système sous forme diagonale. Nous énonçons ici quelques lemmes techniques 1.3. LA P -COURBURE D’UN SYSTÈME DIFFÉRENTIEL LINÉAIRE 27 qui mènent à ce résultat et nous montrons comment adapter les preuves pour obtenir une équivalence non plus sur K mais sur K. Ce résultat de rationnalité est utile non seulement en pratique mais aussi en théorie : en effet, nous verrons dans la section 1.8 que ce résultat est indispensable pour étendre notre algorithme au cas des systèmes d’équations aux dérivées partielles où la classification de van der Put n’est plus applicable directement. Lemme 5. Soit A et B deux matrices telles que pour tout i, j ∈ N, A(i) et B (j) commutent où A(i) désigne la i-ème dérivée de la matrice A. Si l’on pose S = A + B, on a alors : pour tout i ∈ N, i X i Ak Bi−k , Si = k k=0 où (Si )i , (Ai )i et (Bi )i représentent respectivement les suites de Lie de S, A et B (définies par les formules (1.1)). En particulier, pour i = p, on obtient Sp = A p + B p. Démonstration. Il suffit de procéder par récurrence sur i· Ce lemme s’applique en particulier lorsque S = A + μ In avec μ ∈ K et implique alors Sp = Ap + (μp + μ(p−1) ) In. Dans la suite de cette sous-section concernant le cas où la p-courbure est scalaire, K := k(x)
où k désigne un certain Fq
avec
q = pr.
Lemme 6. Soit τ l
’
application définie par : τ : k(x) → k(xp ), y 7→ y p + y (p−1). L’équation différentielle scalaire τ (y) = c avec c ∈ k(xp ) possède toujours une solution dans k(x). Des résultats portant sur cette équation τ (y) = c avec c ∈ C se trouvent dans [PS03, 13.2.1] et [Pu97, 4.2]. Cette propriété n’est donc pas nouvelle mais nous en donnons quand même une preuve ; il sera utile d’avoir cette preuve en tête lorsque nous étudierons le cas des systèmes d’équations aux dérivées partielles dans la section 1.8. Nous avons tout d’abord besoin du lemme suivant : Lemme 7. Soit j ∈ Z et p un nombre premier. Alors, on a : −xj−p+1 si j ≡ −1 mod p, j (p−1) (x ) = 0 sinon. Démonstration. Nous savons que (xj )(m) = j (j − 1) · · · (j − m + 1) xj−m (pour m ≥ 1) et donc, (xj )(p−1) = j (j − 1) · · · (j − p + 2) xj−p+1 . En caractéristique p, on a (p − 1)! si j ≡ −1 mod p, j (j − 1) · · · (j − p + 2) = 0 sinon. Or, d’après le théorème de Wilson, (p − 1)! = −1 et le lemme est donc démontré.
28 CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P
Nous pouvons maintenant donner une démonstration du lemme 6. Démonstration. Avec les notations de l’énoncé du lemme 6, c ∈ k(xp ) peut s’écrire f (xp ) où f (x) ∈ k(x). Soit di d X X f (x) = i=1 j=1 e X bij + a j xj , j (x − ξi ) j=0 (1.3) la décomposition en éléments simples de f (x) sur k. Recherchons une solution y(x) sous la forme di d X e X X βij y(x) = + α j xj. 1/p j i=1 j=1 (x − ξi ) j=0 On a alors, y(x) (p) = di d X X i=1 j=1 et d’après le lemme 7, y (p−1) (x) = d X X i=1 j≡1[p] e X βijp + αjp xpj , p j (x − ξi ) j=0 −βij (xp − ξi ) j−1 +1 p + X j≡−1[p] −αj xp( (1.4) j+1 −1) p. (1.5) Maintenant, en utilisant les équations (1.3), (1.4), (1.5) et l’unicité de la décomposition en éléments simples, y p + y (p−1) = c est équivalent à : ( p α j+1 −1 − αj = a j+1 −1 , ∀ j ≡ −1 mod p, j ≤ p (e + 1) − 1, p p αj et ( = 0, βi,p j−1 +1 − β
ij
=
bi
,
j−1 +1
,
p p βij = 0, ∀ j ≥ e + 1, ∀ j ≡ 1 mod p, j ≤ p (di − 1) + 1, ∀ j ≥ di + 1. Remarquons que toutes ces équations, en les αi et βij , ont clairement une solution sur k (ce qui termine la preuve). Plus précisément, les αi peuvent toujours être choisis dans k (car les ai sont dans k) mais ce n’est pas le cas pour les βij . En effet, les équations avec p j = 1 pour les βij s’écrivent βi1 − βi1 = bi1 et donc, en général, les βi1 sont algébriques sur k.
Lemme 8. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (k(x)). La p-courbure de [A] est scalaire si, et seulement si [A] est équivalent (sur k(x)) à [μ In ] avec μ ∈ k(x). Démonstration.
Supposons que Ap = −λ In pour un certain λ ∈ k(xp ). Soit μ ∈ k(x) une solution rationnelle de l’équation τ (y) = λ (une telle solution existe d’après le lemme 6). Alors, comme nous l’avons déjà remarqué, en posant B = A + μ In ∈ Mn (k(x)), le lemme 5 nous donne Bp = Ap + λ In = 0. Donc, le système [B] possède une p-courbure nulle et est équivalent (sur k(x)) au système [0]. Par conséquent, il existe P ∈ GL n (k(x)) tel que P −1 (B P − P 0 ) = 0 et en remplaçant B par A + μ In dans cette égalité, il vient P −1 (A P − P 0 ) = −μ In . La réciproque étant évidente, le résultat est prouvé. 1.3. LA P -COURBURE D’UN SYSTÈME DIFFÉRENTIEL LINÉAIRE 29
Nous donnons maintenant une version rationnelle du lemme 8 qui constitue notre contribution dans ce cas où la p-courbure est scalaire : Théorème 1. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (k(x)). Si p ne divise pas n, la p-courbure de [A] est scalaire si, et seulement si, [A] est équivalent (sur k(x)) à [μ In ] avec μ ∈ k(x). Démonstration. Nous avons Ap = −λ In et nous savons d’après le lemme précédent qu’il existe P ∈ GLn (k(x)) tel que P [A] = P −1 A P − P −1 P 0 = −μ In avec μ ∈ k(x) )0 = −n μ et pour p ne divisant n, nous avons μ = et τ (μ) = λ. Donc tr(A) − det(P det(P ) 0 ) ; ceci implique que − n1 tr(A) ∈ k(x) est une solution de τ (y) = λ. − n1 tr(A) + n1 det(P det(P ) Alors, en reprenant la démonstration du lemme précédent et en remplaçant μ ∈ k(x) par − n1 tr(A) ∈ k(x), on obtient le résultat annoncé. Ce résultat de rationnalité donne une méthode rationnelle et algorithmique pour factoriser (sur k(x)) des systèmes qui possèdent une p-courbure scalaire. Une astuce analogue pour calculer à partir d’un opérateur différentiel scalaire L ∈ k(x)[∂] ayant une p-courbure de la forme λ I avec λ ∈ k(xp ) une solution μ ∈ k(x) de l’équation τ (y) = λ est donnée dans [Pu97, 2.11]. La méthode est la suivante : soit M = gcrd(L, ∂ p − λ) = ∂ m + bm
−1
∂ m−1
+ ·
· · + b
0
où m ∈ N et gcrd représente le plus grand commun diviseur à droite d’opérateurs différentiels. L’élément − bm−1 est alors solution de τ (y) = λ.
m
Exemple 5. Si l’on essaye de résoudre l’équation τ (y) = 1/x5 dans Fp (x) pour p = 5, alors en suivant la preuve du lemme 6, on trouve que y doit s’écrire β/x où β est solution de β 5 − β = 1. Cette équation n’ayant pas de solutions dans Fp , l’équation τ (y) = 1/x5 ne possède pas de solutions dans Fp (x) mais seulement dans Fp (x). D’après le théorème précédent, il n’existe donc pas de systèmes différentiels à coefficients dans F 5 (x) et de dimension n 6= 5 n1 dont la p-courbure est égale à −1/x5 In . Ceci illustre le fait que la p-courbure d’un système différentiel à coefficients dans k(x) ne peut pas être n’importe quoi.
1.3.5 Solutions rationnelles et p-courbure
Nous rappelons maintenant un résultat, dû à Katz (voir [Ka70]), faisant la liaison entre l’espace SA des solutions rationnelles d’un système différentiel et le noyau de sa p-courbure. Nous reproduisons ici la preuve de Katz non seulement pour la convenance du lecteur mais aussi pour son caractère algorithmique. Soit SA := {Y ∈ Kn | Y 0 = A Y } l’espace des solutions rationnelles de [A]. Il est clair que SA est inclus dans le noyau ker(Ap ) de la p-courbure Ap (car
∆A (Y ) =
0 implique
∆pA (
Y
)
= 0
). Lemme 9 (Katz). ker
(Ap ) = SA ⊗C K, et en particulier, dimC SA = dimK ker(Ap ). Démonstration. La projection n n Pr : K → K , v 7→ Pr (v) := p−1 X (−x)i i=0 i! ∆iA (v) 30
CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE
P envoie ker(Ap ) sur SA . En effet, on vérifie facilement que ∀v ∈ Kn , ∆A (Pr(v)) = −(−x)p−1 ∆pA (v). Par conséquent, si v appartient à ker(Ap ), comme tous les ∆iA (v) appartiennent alors à ker(Ap ), les Pr (∆iA (v)) appartiennent à SA . D’autre part, l’application p−1 k X x n n Pr (∆kA (v)) Ta : K → K , v 7→ Ta (v) := k! k=0 induit l’identité sur ker(Ap ) et donc tout élément de ker(Ap ) est une combinaison Klinéaire d’éléments de SA ; d’où ker(Ap ) = SA ⊗C K. Remarque 5. Le lemme 3 est un corollaire immédiat de ce lemme. Si 0 n’est pas une singularité de [A], alors, comme cela est déjà remarqué dans [Ch01] ou [Ka70], la preuve donnée ici exhibe une formule explicite pour le calcul d’une matrice fondamentale de solutions rationnelles lorsque la p-courbure est nulle ; si Ap = 0, alors P (−x)i Y0 = p−1 Ai est une matrice fondamentale de solutions rationnelles de [A]. En i=0 i! effet, on vérifie aisément que Y0 est solution de Y 0 = A Y . Ensuite, si on remplace x par 0 dans Y0 (ce qui est possible puisque 0 n’est pas une singularité de [A]), alors on obtient Y0 = In ce qui montre que Y0 est inversible. En revanche, lorsque 0 est une singularité de [A], la matrice Y0 peut être non-inversible. Exemple 6. Prenons K := Fp (x) avec p = 3 et considérons le système de dimension n = 2 donné par la matrice 1 x2 A :=
1 x
1 − 3 x . x−1
x
2 Ce système possède une p-courbure nulle mais, puisque 0 est une singularité de [A], la « formule de Katz » ne nous fournit pas une matrice fondamentale de solutions rationnelles : en effet en appliquant cette formule, nous obtenons la matrice non-inversible suivante :
> > LiePol(A,2,p): S:=evalm(add((-x)^i/(i!)*_Lie_Pol[i]/_d^i,i=0..p-1)); x+2 0 x S :=
2 0 Toujours avec K := Fp (x) pour p = 3, considérons maintenant le système [A] de dimension n = 2 donné par
1.3. LA P -COURBURE D’UN SYSTÈME DIFFÉRENTIEL LINÉAIRE 31
x2 1 (x + 2) (x − 2) − (x + 2) (x − 2) . A := x (x + 2) −1
Ce système possède une p-courbure nulle et 0 est un point ordinaire. La « formule de Katz » nous donne alors la matrice fondamentale de solutions rationnelles suivante :
> LiePol(A,2,p): > S:=evalm(add((-x)^i/(i!)*_Lie_Pol[i]/_d^i,i=0..p-1)); x2 + 2 x + 2 x3 + x 2 + 2 x + 2 S := x2 x+1 x x2 + 2 x + 1 x2 + 1 x+1
D’une manière générale, lorsque Ap = 0, si l’on peut trouver a ∈ Fp tel que a n’est pas P (−(x−a))i Ai (x−a) est une matrice fondamentale une singularité de [A], alors Ya := p−1 i=0 i! de solutions rationnelles de [A]. Par conséquent, cette « formule de Katz », nous permet d’exhiber une matrice fondamentale de solutions rationnelles de [A] lorsque Ap = 0 à condition qu’il existe un élément de Fp qui ne soit pas une singularité de [A], autrement dit, à condition que x (x − 1) · · · (x − p + 1) = xp − x ne divise pas le dénominateur de A (c’est-à-dire le ppcm de tous les dénominateurs de ses coefficients). Le calcul d’une matrice fondamentale de solutions rationnelles par cette formule nécessite uniquement la connaissance des éléments Ai (pour i = 0, . . . , p − 1) de la suite de Lie de [A] et par conséquent la complexité du calcul des solutions rationnelles par cette formule est équivalente à celle du calcul de la p-courbure. Pour savoir si dans ce cas, utiliser cette formule est plus efficace que d’utiliser la méthode de la section 1.2 pour le calcul des solutions rationnelles, nous devons donc comparer la complexité du calcul de la p-courbure, i. e., O(nω p2 a log(a)) opérations dans k, à celle du calcul des solutions rationnelles, i. e., O(nω pω−2 max(a, p)2 ) opérations dans k (rappel : a est une borne sur le degré en x des entrées de la matrice A). On voit donc que dans tous les cas (p >> a, n , a >> n, p et n >> a, p), le calcul de la p-courbure est plus rapide que celui des solutions rationnelles. Par conséquent, dans le cas où la p-courbure est nulle, le calcul des solutions rationnelles via « la formule de Katz » est plus efficace. Nous donnons maintenant une première procédure appelée ScalpCurv (Scalar pCurvature) qui diagonalise les systèmes possédant une p-courbure scalaire. Nous rappelons que dans tous nos algorithmes K = k(x) avec k = Fq où q = pr. 32
CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P Procédure
ScalpCurv Entrée : A ∈ Mn (K) satisfaisant Ap = −λ In et p > n. Sortie : [f In ] = P [A] avec f ∈ K.
1Calculer μ := − tr(A) n 2Soit B := A + μ In. 3Soit P
une matrice fondamentale de solutions rationnelles de B. 4Retourner P [A] = [−μ In ]. La correction de l’algorithme ScalpCurv découle directement des lemmes 8 et 9 et du théorème 1. Dans l’étape 3, s’il existe a ∈ Fp tel que a n’est pas une singularité de [A], alors nous pouvons utiliser la « formule de Katz » et nous choisissons donc P = Ya := Pp−1 (−(x−a))i Bi (x − a). Dans ce cas, nous pouvons utiliser le lemme 5 pour calcui=0 i! ler les Bi , ce qui est d’autant plus intéressant que l’on connait déjà les Ai puisque l’on a calculé Ap . Dans le cas contraire où xp − x divise le dénominateur de A, nous calculons une matrice fondamentale P de solutions rationnelles de [B] en utilisant l’algorithme de la section 2. Exemple 7. Prenons K := Fp (x) avec p = 5 et considérons le système différentiel de dimension n = 2 donné par la matrice suivante :
0 1 A := 2 x + 1 . 2 − (x + 1)4 (x + 1)2
Calculons sa p-courbure à l’aide de la procédure LiePol. >
pcurv := LiePol(A,n,p); 1 1 + 2 x5 + x10 Pcurv = 0 0 1 1 + 2 x5 + x10
On voit donc que sa
p-cour
bure est scalaire ; elle s’écrit −λ I n avec λ = −1/(1 + 2 x5 + x10
).
En utilisant l’algorithme précédent, on doit donc trouver que le système est équivalent à [−μ In ] avec μ solution de τ (y) = λ. Ceci se vérifie en appliquant la procédure ScalpCurv. > evalm(ScalpCurv(A,n,p)); 4 2 x +2x+1 0 0 x2 4 +2x+1 1.4.
L’EIGENRING D’UN SYSTÈME DIFFÉRENTIEL LINÉAIRE
Notons que − tr(A) = n 1.4 1 (x2 +2 x+1) 33 ce qui est bien cohérent avec la théorie.
L
’e
igenring d’un
s
ystème différent
iel li
né
aire Dans cette section, nous rappelons la définition de l’eigenring associé à un système différentiel ainsi qu’une méthode pour le calculer en pratique. Ensuite, nous prouvons les liens entre l’eigenring et la p-courbure d’un système différentiel linéaire et nous donnons quelques résultats sur sa dimension.
1.4.1 Définition et calcul
Tout comme en caractéristique zéro (voir par exemple [Si96, Ba01]), en caractéristique p, l’eigenring associé à un système différentiel peut se définir de la façon suivante : Définition 13. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). L’eigenring E(A) de [A] est l’ensemble défini par E(A) = {P ∈ Mn (K) | P 0 = A P − P A}. L’eigenring est une C-algèbre de dimension finie inférieure ou égale à n2 . En particulier, il contient la matrice identité In . Par conséquent, le polynôme minimal (et aussi caractéristique) d’un élément de l’eigenring aura ses coefficients dans le corps des constantes C. D’après la définition 13, calculer l’eigenring revient à trouver les solutions rationnelles du système P 0 = A P −P A. Ceci peut se faire de la manière suivante : considérons l’application
t · · · L1 · · · L1 2 . .. Vect : Mn (K) → K n , P = 7→ .. ,. t · · · Ln · · · Ln où les Li désignent les lignes de la matrice P . On montre alors que P 0 = A P − P A ⇐⇒ Vect(P )0 = (A ⊗ In − In ⊗ t A) Vect(P ), et, par conséquent, trouver une base de l’eigenring équivaut à calculer une base de solutions rationnelles du système différentiel Z 0 = (A ⊗ In − In ⊗ t A) Z de dimension n2. L’approche décrite ci-dessus ne dépend pas de la caractéristique. Cependant, compte tenu du fait qu’il est (théoriquement) plus facile de calculer les solutions rationnelles en caractéristique p qu’en caractéristique zéro, calculer l’eigenring est aussi plus facile ; ceci revient à résoudre un système linéaire homogène de dimension n2 p (Voir la section 1.2) de telle sorte que d’après la proposition 2, nous pouvons affirmer : Proposition 4. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (k(x)) où k = Fp ou Fp. Soit D le plus petit dénominateur commun
des co
efficient
s
de A
= A
⊗
In − In
⊗
t A
et soit
à := D A ∈ Mn (k[x]). So
it
a une borne sur le degré des entrées de
Ã
. Alors l’eigenring de [A] peut se calculer en O(n6
max(a
,
p)
2
p
) opérations dans k
.
34 CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P
Dans [GZ03], Giesbrecht et Zhang utilisent aussi cette méthode pour calculer l’eigenring d’un polynôme de Ore en caractéristique p. Un algorithme plus efficace pour calculer l’eigenring d’un système différentiel à coefficients dans F (x) où F est un corps de caractéristique zéro se trouve dans [BP98]. Pour le cas des équations scalaires, nous renvoyons à [Ho96]. Nous rappelons maintenant quelques résultats sur la dimension de l’eigenring en tant qu’espace vectoriel sur C. Nous commençons par un lemme très utile : Lemme 10 ([Ba01], Proposition 2). Si [A] et [B] sont deux systèmes équivalents, alors leurs eigenrings sont isomorphes (en tant que C-algèbres). Plus précisément, si [B] = P [A], alors l’isomorphisme entre E(A) et E(B) est donné par T 7→ P −1 T P. Si [A] est irréductible, alors E(A) est un corps (voir par exemple [Ba01, Theorem 1]). La réciproque est fausse mais on peut quand même montrer (voir [Ba01]) que : Lemme [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). Si [A] est équivalent à Ls11. Soit [i] [B] = i=1 [A ], alors dim(E(A)) ≥ s. Démonstration. L’eigenring de [B] = Ls i=1 [A c 1 I n1 [i] ] contient toutes les matrices de la forme 0 .. 0. c s I ns avec c1 , . . . , cs ∈ C (les ni désignent les dimensions des blocs A[i] ). Donc, dim(E(B)) = dim(E(A)) ≥ s.
1.4.2 Eigenring et p-courbure
L’eigenring d’un système différentiel [A] peut aussi être vu comme l’ensemble des applications K-linéaires de Kn dans Kn qui commutent avec ∆A . On en déduit facilement que : Lemme 12. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). La p-courbure Ap de [A] appartient à l’eigenring, Ap ∈ E(A). Plus précisément, si l’on note Com(Ap ) l’ensemble des matrices dans Mn (K) qui commutent avec Ap et C[Ap ] l’ensemble des polynômes en Ap à coefficients dans C, alors on a les inclusions (d’ensembles) suivantes : C[Ap ] ⊆ E(A) ⊆ Com(Ap ). Remarque 6. Une conséquence intéressante de ce lemme est que, contrairement à ce qui se passe en caractéristique zéro, nous pouvons ici calculer un élément de l’eigenring, à savoir la p-courbure, sans déterminer entièrement l’eigenring. Le lemme 12 donne aussi une autre méthode pour calculer l’eigenring ; calculer l’ensemble Com(Ap ) et pour T ∈ Com(Ap ) tester si T 0 = A T − T A. Nous allons maintenant affiner le lemme précédent en prouvant le résultat suivant qui est une conséquence des lemmes 5 et 9. Proposition 5. Com(Ap ) = E(A)⊗C K et en particulier, dimC (E(A)) = dimK (Com(Ap )). Démonstration. Considérons à nouveau le système différentiel Z 0 = (A ⊗ In − In ⊗ t A) Z := A Z. D’après le lemme 9, nous savons que ker(Ap ) = SA ⊗C K où SA représente l’espace des solutions rationnelles de [A]. De plus, nous avons E(A) ∼ = SA et Com(Ap ) ∼ = t ker(Ap ⊗ In − In ⊗ Ap ) donc il nous reste juste à vérifier que Ap = Ap ⊗ In − In ⊗ t Ap. Ceci provient directement du fait que prendre la p-courbure est un foncteur commutant avec les constructions sur les modules différentiels (voir la sous-section 1.3.2) mais nous en donnons ici une preuve élémentaire. Avec la notation standard A∗ pour la matrice adjointe −t Ap de Ap , on applique le lemme 5 à A ⊗ In et In ⊗ A∗ . Une vérification immédiate montre que ces matrices satisfont les hypothèses du lemme : d’où Ap = (A ⊗ In )p + (In ⊗ A∗ )p . Il ne reste alors plus qu’à remarquer que ∀i ∈ N, (A ⊗ In )i = Ai ⊗ In pour prouver que Ap = Ap ⊗ In + In ⊗ (A∗ )p . On conclut en utilisant la relation (A∗ )p = −t Ap. Corollaire 1. Soit χ(Ap ) := det(λ I − Ap ) (resp. χmin (Ap )) le polynôme caractéristique (resp. minimal) de la p-courbure. Si χ(Ap ) = χmin (Ap ), alors E(A) = C[Ap ]. Démonstration. D’après la proposition précédente, on a Com(Ap ) = E(A) ⊗C K. De plus, on a clairement K[Ap ] = C[Ap ] ⊗C K. Par conséquent, si K[Ap ] = Com(Ap ), alors E(A) = C[Ap ] (puisque C[Ap ] ⊂ E(A)). On termine la preuve en utilisant que (voir [Ja85, Ex. 7 p. 202 et Corollary of Theorem 3.16 p. 207]), K[Ap ] = Com(Ap ) est équivalent à χ(Ap ) = χmin (Ap ).
1.5 Décomposition maximale
Dans tout ce qui suit, nous noterons respectivement χ(M ) := det(λ I − M ) et χmin (M ) les polynômes caractéristique et minimal d’une matrice M. Le but dans cette partie est de calculer maximale de [A], c’estLrune décomposition [i] [i] à-dire, trouver P tel que [B] = P [A] = i=1 [B ] où les [B ] sont indécomposables. Comme cela est établi dans [Pu95] (voir aussi [PS03, 13]), la forme de Jordan de la pcourbure donne la factorisation complète du module différentiel associé à [A]. Ceci peut être rendu algorithmique en deux étapes : tout d’abord, on calcule une décomposition isotypique (voir Définition 14 ci-dessous). Puis, dans un second temps, on affine cette décomposition pour obtenir une décomposition maximale. Compte tenu du fait que la méthode donnée par van der Put pour effectuer cette seconde étape peut nécessiter des 36 CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P calculs (possiblement coûteux) dans des extensions algébriques, nous proposons ici une méthode alternative basée sur l’eigenring.
1.5.1 Décomposition isotypique
Définition 14. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ MnL (K). Une décomposition r [i] isotypique de [A] est une décomposition de la forme [A] = i=1 [A ] où, pour tout i ∈ {1, . . . , r}, χ((A[i] )p ) = Fimi avec Fi irréductible sur C[X], Fi 6= Fj pour i 6= j et mi ≥ 1. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). Nous donnons ici un algorithme pour calculer une décomposition isotypique de [A]. Cet algorithme s’inspire à la fois de l’algorithme de van der Put dans le cas scalaire (algorithme découlant directement de la classification-voir [Pu97]) et de la méthode de Barkatou dans [Ba01] pour factoriser les systèmes différentiels linéaires en caractéristique zéro. Proposition 6 ([Ba01], Theorem 2). Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). Si, pour un certain T ∈ E(A), χ(T ) = F1 · · · Fr avec les Fi ∈ C[X] et pour tout i 6= j, gcd(F j ) = 1, alors nous pouvons effectivement trouver P ∈ GL n (K) tel que Lr i , F[i] P [A] = i=1 [A ]. Démonstration. Pour la convenance du lecteur, nous répétons ici la preuve de [Ba01, Theorem 2]. Supposons r = 2 ce qui n’enlève rien à la généralité de cette preuve. L2 −1 [i] Soit T ∈ E(A) et P ∈ GLn (K) tels que P T P = T avec χ(T [i] ) = Fi et i=1 B [11] B [12] où les B [ii] ont les mêmes gcd(F1 , F2 ) = 1. Considérons B := P [A] = B [21] B [22] dimensions que les T [i] . Nous devons montrer que B [21] = B [12] = 0. D’après le lemme 10, P −1 T P ∈ E(B) et donc T [1] 0 0 0
T
[2]
0
= B
[11]
B
[12] B
[21] B [22] T [1]
0
0 T [2] − T [1] 0 0 T [2] B [11] B [12] B [21] B [22]
. Ceci implique en particulier 0 = B [21] T [1] − T [2] B [21] . Maintenant, avec l’hypothèse gcd(F1 , F2 ) = 1, un résultat classique d’algèbre linéaire (voir Corollary S2.3 dans [GLR82]) affirme que la seule solution du système 0 = X T [1] − T [2] X est la solution nulle et donc B [21] = 0. De la même manière, on montre que B [12] = 0 ce qui termine la preuve.
Théorème 2. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K). L’algorithme suivant calcule une décomposition isotypique de [A] : 37 1.5. DÉCOMPOSITION MAXIMALE Procédure
IsoDec (Isotypical Decomposition) Entrée : A ∈ Mn (K) et sa p-courbure Ap. L Sortie : [B] = P [A] où [B] = ri=1 [B [i] ] et χ((B [i] )p ) = Fimi avec Fi irréductible et gcd(Fi , Fj ) = 1. 1Calculer et factoriser (sur C) χ(Ap ). (Posons χ(Ap ) = F1m1 · · · Frmr avec gcd(Fi , Fj ) = 1 et les Fi irréductibles) 2Si r = 1 et m1 = 1, alors retourner [A]. 3Pour i = 1, . . . , r, calculer une base ei,1 , . . . , ei,ni de ker(Fimi (Ap )). 4Construire la matrice Lr P ∈ [i]Mn (K) ayant les ei,j pour colonnes. 5Retourner P [A] = i=1 [A ]. Démonstration. L’étape 2 découle directement de la classification des modules différentiels en caractéristique p. En effet, si χ(Ap ) est irréductible, la forme de Jordan de Ap sur K ne possède qu’un seul bloc diagonal qui n’est par ailleurs pas triangularisable par blocs de telle sorte que [A] est irréductible. Dans le cas décomposable, notre méthode pour trouver les facteurs de manière effective découle directement de la proposition 6 appliquée à l’élément Ap de E(A).
Exemple 8. Prenons K := Fp (x) pour p = 3 et considérons le système différentiel Y 0 = A Y de dimension n = 4 donné par A11 A12 ,
A := A21 A22 où A11 := A12 := A21 2 := 2 x4 +2 x+1 (x+2)2 (x+2)2 (x3 +x2 +x+2) (x+1) 2 x5 +2 x6 +2 x3 +1 (x+2)2 x (x+2)2 x 2 2 2 x4 +2 x+1 (x+2)2 x4 +x5 +x2 +x+1 (x+2)2 2 2 (x+1)3 (x2 +2 x+2) (x+2)2 x 2 A22 := (x+1) x , x4 +x3 +x2 +2 x+2 (x+2)2 2 x4 +2 x3 +x5 +2 x+1 (x+2)2 2 , (x+1) x2 (x2 +2 x+2) (x+2)2 x (x3 +2 x+1) 2 x3 +2 x2 +2 x4 +x+1 (x+2)2 (x+2)2 (x3 +2 x+1)2 x4 +2 x6 +2 x3 +x+2 (x+2)2 x (x+2)2 x 2 x3 +2 x2 +2 x4 +x+1 x (x2 +1) (x+2)2 (x+2)2 , . 38
CHAPITRE 1. FACTORISATION EN CARACTÉRISTIQUE P
Calculons tout d’abord la p-courbure Ap avec la procédure LiePol. > A_p := evalm(LiePol(A,n,p)); 2 2x x 2x 2 (x + 1) 2 (x + 1) x (x + 1) x 2 (x + 1) x 3 2 Ap := (x + 1) (x + 2) x+1 2 x2 x2 2 (x + 1)2 2x 2x x 2
Ici le polynôme caractéristique de Ap est (X + 2 x6 + 1)2 X 2 , et par conséquent, notre procédure IsoDec nous renvoie une décomposition en deux facteurs de dimension deux.
> evalm(IsoDec(A,A_p,p)); 4 2 x +2 x +2 (x+2)2 2 (x3 +x2 +x+2) x (x+2)2 x2 +1 (x3 +x2 +2 x+1) (x+1) (x+2)2 (x+2)2 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 x x+2 0 1 (x+2) x
Notons que les facteurs calculés sont tous les deux décomposables (voir Exemple 9) de telle sorte que cette décomposition de [A] n’est pas maximale.
1.5.2 Le cas χ(Ap) = F m
Nous avons ramené le problème au cas où le système [A] possède une p-courbure ayant un polynôme caractéristique de la forme F m avec F irréductible et m ≥ 2. Nous savons de plus que dans ce cas, χmin (Ap ) = F d avec 1 ≤ d ≤ m. Ici, le fait que la forme de Jordan de la p-courbure donne une factorisation complète du système peut être interprété comme suit : tout d’abord, nous avons le critère d’indécomposabilité suivant : Proposition 7. Soit [A] un système différentiel avec A ∈ Mn (K) satisfaisant χ(Ap ) = F m avec F irréductible et m ≥ 2. Alors, [A] est indécomposable si, et seulement si, χmin (Ap ) = χ(Ap ). Démonstration. D’après la classification des modules différentiels en caractéristique p, [A] est indécomposable si, et seulement si la forme de Jordan de Ap possède un seul 1.5. DÉCOMPOSITION MAXIMALE 39 bloc indécomposable ce qui est équivalent au fait que Ap ne possède qu’un seul diviseur élémentaire (voir [Ja85, 3.10] ou [Ga66, section 7]) sur K. Ceci est aussi équivalent à χmin (Ap ) = χ(Ap ). En fait, comme chaque diviseur élémentaire de Ap sur K correspond à un bloc indécomposable dans sa forme de Jordan rationnelle sur K (voir [Ga66, section 7]), la classification de van der Put nous permet d’affirmer que le nombre de facteurs indécomposables de [A] est égal au nombre de diviseurs élémentaires de Ap . Voici brièvement comment ceci est rendu algorithmique dans [Pu97] : soit a l’image de X dans C + := C[X]/F et f le degré du polynôme F (on a alors n = f m). Nous avons + F m = (X − a)m Qm a de sorte que l’algorithme IsoDec appliqué sur K := K[X]/F nous donne une décomposition [A] = [A+ ] ⊕ [A[2] ] où [A+ ] est défini sur K+ , possède une dimension égale à m et satisfait χ((A+ )p ) = (X − a)m . Soit maintenant b ∈ K + une solution de τ (b) = a (b peut être choisi dans K+ d’après le théorème 1). En « décalant » le système, i. e., en considérant A ̃+ = A+ + b Im (comme dans la preuve du lemme 8), nous obtenons alors un système de même dimension que [A+ ] mais satisfaisant χ((A ̃+ )p ) = X m et χmin ((A ̃+ )p ) = X d . Nous calculons alors le noyau de ∆A ̃+ dans K+ + K+ ` + · · · + K+ `d−1 où ` est défini par `0 := 1/x. Nous savons que celui-ci possède une dimension égale à m. Nous en déduisons donc une base du module différentiel associé à [A ̃+ ] dans laquelle le système a une forme triangulaire par blocs maximale (pour construire la bonne base, on peut calculer les diviseurs élémentaires de (A ̃+ )p ). Finalement, on applique le « décalage inverse » et on transforme la base du module différentiel de dimension m sur K+ en une base du module différentiel de dimension n = m f sur K : le système écrit dans cette base constitue une décomposition maximale de [A].
| 10,127
|
21/hal.archives-ouvertes.fr-hal-03189159-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 2,277
| 3,577
|
Par Rapahël ROMI Professeur, Doyen honoraire de la faculté de droit de Nantes Et Sébastien BRAMERET Maître de conférences à l'université de Grenoble [CHAPO]
La survenue d'un état d'urgence sanitaire qui se prolonge et à certains égards se pérennise ne présente en regard du droit de la concurrence que peu d'aspects surprenants. Le droit public économique est un droit cyclique, qui à l'échelle de l'histoire, passe assez régulièrement de phases marquées par un interventionnisme direct de l'État à des phases où alternent désengagements, activités de régulation et activités d'encadrement. La pandémie mondiale de la Covid-19 et la crise sanitaire et économique qui en ont résulté ne marqueraient-ils qu'une nouvelle étape dans les relations (parfois tumultueuses) qu'entretient l'État avec le marché, surtout en période de crise1? Quand on ne considère que le droit français de la concurrence, on perçoit que l'ordonnance initiale, celle de 1945 2, constitue une volonté de sortir d'une crise : elle est structurée comme une recherche d'une normalité idéale, et l'exception est constitu ée par la superposition d'une pratique des nationalisations plus conséquente qu'aujourd'hui. À bien des égards, on pourrait en dire qu'à une crise peut répondre une intervention publique qui peut être une nationalisation. Et c'est bien ce qui se produit dans le domaine de la santé avec la création de Sécurité Sociale en 19463 Il est donc très logique que l'on voit en période de pandémie resurgir les revendications d'une nationalisation des industries de santé 4 (ou de certaines d'entre elles 5 ), revendications parfois même portées devant le juge administratif, avec un insuccès manifeste 6. Au-delà, c'est même la question, plus innovante, de la nationalisation du vaccin lui-même qui se pose7, par application de certaines dispositions spécifiques (et très S. Braconnier, « Les libertés économiques jusqu'à la crise de 192 », RDP, 2012, n° 3, p. 731 et s. ; S. Braconnier, « Les libertés économiques et la gouvernance des crises par l'État », Revue de droit d'Assas, 2020, n° 2, p. 11 et s. ; J.-C. Videlin, « Le droit public économique et les crises économiques : approche historique », RFD Adm., 2010, p. 727 et s. 2 Ord. n° 45-1483, 30 juin 1945, relative aux prix. 3 L. n° 46-1146, 22 mai 1946, portant généralisation de la sécurité sociale. 4 V., par ex., Collectif Agros pour une autre PAC, « Nationaliser la santé pour renforcer la sécurité sanitaire », Libération, 25 mars 2020. 5 V., par ex., AN, Prop. L. n° 2812, 7 avr. 2020, relative à la nationalisation des sociétés Luxfer Gas Cylinders S.A. et Famar Lyon ; AN, Prop. L. n° 2855, 28 avr. 2020, de nationalisation des sociétés particulièrement nécessaires à l'indépendance sanitaire de la Nation ; Sénat, Prop. L. n° 443, 19 mai 2020, relative à la nationalisation des sociétés Luxfer Gas Cylinders SAS, Famar France et Péters Surgical.
6 Sur la requête du parti politique Debout la France, demandant au Conseil d'État d'enjoindre l'État à nationalisation les entreprises Luxfer et Famar
, v. S. Brameret, « L'État face à la crise sanitaire : le retour des nationalisations? », RLC 2020/96, n° XXXX. 7 J. Quatremer, « Faut-il "nationaliser" les vaccins contre le Covid-19? », Libération, 27 janv. 2021. 1 S. Brameret et R. Romi, « État, crise et concurrence : lire l'EUS dans son contexte historique et culturel »
° 103 anciennes8) du droit de la propriété intellectuelle9 et sur le fondement de la théorie des biens communs10. L'ordonnance de 1986 sur la liberté de la concurrence11, reprenant les logiques du droit européen (notamment des jurisprudences et textes d'application de l'article 101 TFUE), en gardera que certaines entorses au droit de la concurrence peuvent être tolérées, notamment en matière de blocage des prix de certains produits essentiels 12, ou encore dans le domaine des ententes, dès lors qu'elles concourent au progrès économique 13. Cette logique marque la construction ordolibérale des droits interne et européen de la concurrence14. La pratique du droit administratif ne montre-t-elle pas à l'évidence que ce rapport houleux entre concurrence et interventionnisme est finalement culturel? Il suffit de considérer comment le droit administratif et la jurisprudence administrative organisent les pouvoirs du maire en matière sanitaire. L'énoncé de l'article L. 2212-2, alinéa 5 du code général des collectivités territoriales place bien la police sanitaire au-dessus de la normalité – et donc des règles normales de la concurrence – et l'article L. 2212-4 du même code, selon lequel, « en cas de danger grave ou imminent, tel que les accidents naturels prévus au 5° de l'article L. 2212-2, le maire prescrit l'exécution de mesures de sûreté exigées par les circonstances ». Ce sont des énoncés et des pouvoirs anciens, que la jurisprudence traite avec bienveillance. Si l'on fait un pas de côté, l'évolution du droit de l'environnement montre d'ailleurs qu'à toute crise (sanitaire) correspond une mise entre parenthèses du droit commun de la concurrence : c'est le cas par exemple quand le Conseil d'État a autorisé un maire à interdire les cultures agricoles dans le périmètre d'un point d'eau dont la teneur élevée en nitrate menaçait les habitants de sa commune d'un péril imminent, sur le fondement de l'article L. 2212-4 du CGCT15. Ce ne peut être évidemment que quand la crise est suffisamment perturbante et le maire ne saurait s'immiscer dans l'exercice de la police spéciale de l'eau « qu'en cas de péril imminent ». À l'occasion de la crise sanitaire actuelle (mais pour combien de temps l'est-elle?), le législateur a déplacé le lieu principal d'exercice de la plupart de ces pouvoirs du maire vers P. Askenazy, « Napoléon Ier, les vaccins et la propriété privée : "si ce remède [produit] des effets utiles à l'humanité, le secret sera publié sans délai" », Le Monde, 10 févr. 2021.
9 Clause dite de la licence d'office : « si
l'intérêt de la santé publique l'exige et à défaut d'accord amiable avec le titulaire du brevet, le ministre chargé de la propriété industrielle peut, sur la demande du ministre chargé de la santé publique, soumettre par arrêté au régime de la licence d'office, dans les conditions prévues à l'article L. 613-17, tout brevet délivré pour un médicament, un dispositif médical, un dispositif médical de diagnostic in vitro, un produit thérapeutique annexe ; leur procédé d'obtention, un produit nécessaire à leur obtention ou un procédé de fabrication d'un tel produit ; une méthode de diagnostic ex vivo » (CPI, art. L. 613-16).
10 Sur cette théorie, v. M. Cornu, F. Orsi, J. Rochefeld, Dictionnaire des biens communs, PUF, 2017. 11 Ord. n° 86-1243, 1er déc. 1986, relative à la liberté des prix et de la concurrence. 12 V. S. Brameret, « Coronavirus et concurrence : le retour de l'État? », Dossier spécial, RLC, 2020/96, n° XXXX ; B. Ruy, « La norme de droit et ses contre-effets économiques : l'exemple de l'encadrement du prix des gels hydroalcooliques », RLC, 2020/97, n° XXXX. 13 C'est d'ailleurs ce que la Commission européenne
développe
très logiquement dans sa communication du 8
avril 2020, Cadre temporaire
pour
l'appréciation des pratiques anticoncurrentielles
dans
les coopérations mises en place entre des entreprises
pour réagir
aux situations d'urgence découlant de la pandémie
actuelle de COVID-19, 2020/C 116 I/02
. 14 V. la contribution de C.
Mongouachon
au présent numéro. 15 CE, 2 déc. 2009, n° 309684, Commune de Rachecourt-sur-Marne. 8 2 S. Brameret et R. Romi, « État, crise et concurrence : lire l'EUS dans son contexte historique et culturel » Version acceptée pour publication : RLC, 2021, n° 103 le Premier ministre, par l'instauration du régime de l'État d'urgence sanitaire au sein du code de la santé publique16. Mais la logique de bienveillance du juge administratif à l'encontre du pouvoir exécutif est similaire, voire même renforcée par le caractère très fortement atypique de la crise17. Le droit des aides est un autre angle de vues qui permet d'appréhender ce rapport culturel et très humain, puisqu'il abstrait des aides interdites celles de l'article 107 §2 TFUE, qui énumère les aides compensant les dommages provoqués par des calamités naturelles ou par d'autres événements extraordinaires et permet qu'en cas de crise d'autres puissent être déclarées compatibles18. Le droit
des libertés publiques entretient-il le même rapport entre crise et exceptionnalité pour ce qui concerne notre objet, le droit de la concurrence et la liberté de la concurrence 19? La liberté d'entreprendre n'est qu'une liberté parmi d'autres, et tout est résumé dans la jurisprudence du Conseil d'État qui estime que les « mesures, qui peuvent limiter l'exercice des droits et libertés fondamentaux, comme la liberté d'aller et venir, la liberté de réunion ou encore la liberté d'exercice d'une profession doivent () être nécessaires, adaptées et proportionnées à l'objectif de sauvegarde de la santé publique qu'elles poursuivent » 20. De plus le contrôle juridictionnel qu'il exerce est cantonné à l'erreur manifeste de la puissance publique et « le caractère manifestement illégal de l'atteinte doit s'apprécier notamment en tenant compte des moyens dont dispose l'autorité administrative compétente et des mesures qu'elle a, dans ce cadre, déjà prises »21. Dès lors, rien d'étonnant à ce que, dans leur immense majorité 22, les atteintes à la liberté d'entreprendre, à la liberté du commerce et de l'industrie ou à la liberté d'établissements aient été considérées comme suffisamment graves et manifestement illégales pour justifier d'un référé liberté au sens de l'article L. 521-2 du code justice administrative23. Nous sommes donc entrés dans un cycle d'interventionnisme (que J. Chevallier n'hésite pas à qualifier « d'économie de guerre » 24 ) qui sans doute va réduire, pour partie mais significativement, le champ de la liberté de concurrence. Il est possible que les effets de la crise sanitaire dans ce champ soient aggravés par une crise de nerfs généralisée des pouvoirs publics25. CSP, art. L. 3131-12 à L. 3131-20, issus de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020, d'urgence pour faire face à l'épidémie de Covid-19. 17 V. la contribution de S. Douteaud au présent numéro. 18 V. les contributions de D. Guinard et M. Karpenschif au présent numéro. 19 V. A. Sée, « Les libertés
économiques en période de crise sanitaire : un premier état des
li
eux
», RDLF
, 2020
chron
.
n° 21 (www.revuedlf.com). 20 CE, ord., 22 mars 2020, n° 439674, Syndicat des jeunes médecins. 21 CE, ord., 22 mars 2020, préc. 22 Pour un contre-exemple , v. la décision de suspendre l'arrêté du maire de Nice interdisant temporairement les locations saisonnières dans sa commune, qui portait une atteinte grave et manifestement illégale au droit de propriété et à la liberté du commerce et de l'industrie (CE, ord., 16 fév. 2021, 449605, Commune de Nice). 23 Par ex., CE, ord., 1er avr. 2020, n° 439762, Federation nationale des marches de France
. 24 J. Chevallier, « Le basculement vers une économie de guerre », Le club des juristes, 2 avril 2020 (www.leclubdesjuristes.com). 25 V. S. Slama, « État d'urgence "loi de 1955" versus état d'urgence sanitaire, une contamination des libertés par la logique d'exception? » in Colloque virtuel Droit et coronavirus. Le droit face aux circonstances sanitaires exceptionnelles, 30 mars 2020, RDLF, 2020 (www.revuedlf.com). 16 3 S. Brameret et
R
. Mais remise dans un contexte plus large, la situation actuelle, pour unique qu'elle soit dans les annales de l'histoire 26, n'en est pas moins analysable selon des modèles méthodologiques classiques. C'est d'ailleurs ce à quoi procèdent la plupart des chercheurs historiens, pour en arriver à une conclusion que le juriste peut partager, celle de Jean Garrigues27 : « la nature exceptionnelle de cette pandémie, son universalité transnationale et sociale fait qu'elle est un révélateur de dysfonctionnements, d'interrogations et d'espoirs. Elle ne peut pas être qu'un moment. On voit collectivement une aspiration à quelque chose d'autre pour l'avenir. C'est ce que nous enseigne l'Histoire. Le monde d'après 1918 n'a plus été le même, y compris sur le plan psychologique à cause du traumatisme de la guerre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la conception collective que l'on se faisait de la démocratie n'a plus été la même. On avait besoin de beaucoup plus d'intervention, de protection, d'égalité. Étant donné la profondeur et l'universalité de la crise que l'on connaît aujourd'hui, il est évident qu'elle ne peut pas être qu'une transition, ni une parenthèse ». Chacune de ces crises a engendré le retour de la puissance publique – à des degrés et suivant des formes divers – et un encadrement plus étroit de l'activité économique privée 28. Comme le relève S. Braconnier, « si une grande partie du XXe siècle a largement été marquée par une domination de l'État sur l'économie, au détriment des libertés, c'est bien une inversion de ce rapport qui se produit a la fin du siècle dernier. Les crises du début du XXIe siècle ont en effet contribue a rétablir une forme d'équilibre. L'État joue désormais le rôle de régulateur afin de prévenir la survenance de nouvelles crises »29. De même que la régulation publique des marchés, après 1918, puis après 1945, a été une réaction généralisée contre les désordres économiques, la minoration de la liberté de la concurrence après cette grève sanitaire pourrait être une conséquence prolongée de cette recherche paroxystique de la sécurité. Espérons que de la crise puisse émerger une nouvelle vision stratégique pour l'État, mettant fin à l'attitude que M. Lombard qualifiait déjà en 2007 (à l'aune de la crise précédente) d'« État schizo »30. L'entreprise publique serait réorganisée autour de trois pôles : EDF Bleu, une entité publique, rassemblant ce qui a trait au nucléaire ; EDF Vert, ouvert aux capitaux privés, regroupant le distributeur Enedis (ex-ERDF), la vente d'électricité et les énergies renouvelables ; EDF Azur concentrant dans une entreprise intégralement publique au statut particulier les barrages hydroélectriques. 32.
| 17,770
|
26/hal.univ-lorraine.fr-tel-01750453-document.txt_10
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 1,207
| 4,523
|
0,019% 0,015% 0,011% 0,056% 11,304% 99,940% 0,000% 1,761% 0,000% 3,084% 0,000% 8,223% 21,153% 0,000% 28,204% 6,764% 2,255% 0,000% 2,553% 0,213% 0,000% 9,435% 1,572% 0,000% 0,549% 0,137% 0,000% -0,053% -0,012% 0,000% 0,596% 0,099% 0,000% -0,092% -0,006% -0,049% 1,662% 0,139% 0,000% 0,045% 0,004% 0,000% 0,025% 0,002% 0,006% 0,065% 0,005% 0,000% 0,027% 0,003% 0,005% 0,015% 0,002% 0,006% 0,126% 0,009% 0,000% 0,018% 0,001% 0,000% 0,014% 0,001% 0,000% 0,010% 0,001% 0,000% 0,052% 0,004% 0,000% 0,000% 1,256% 10,048% 46,049% 7,446% 46,444% 88,635% 46,049% 6,190% 36,396% - 51% 6% 43% 77
Annexes 1.1. Bois d'épicéa Référence de l'expérience RP-RPAA_550-450_G2_15-05-2013
Rendement massique Nom C (%biomasse sèche) H2 0,092% 0,000% CO2 0,000% 0,000% CO 10,770% 2,937% CH4 5,289% 2,267% C2H2 0,866% 0,649% C2H4 0,098% 0,091% C2H6 0,148% 0,127% C3H8 0,114% 0,091% C3H6 0,000% 0,000% H2 0,000% 0,000% Furfural C5H4O2 0,054% 0,034% Alcool furfuryl C5H6O2 0,027% 0,017% Crotonolactone C4H4O2 0,032% 0,018% 2-hydroxycyclopentan-2-en-1-one C5H6O2 0,064% 0,039% Gaiacol C7H8O2 0,116% 0,079% HMF C6H6O3 0,082% 0,047% Ethyl gaiacol C9H12O2 0,066% 0,047% Pyrocathecol 3-methyl C7H8O2 0,052% 0,035% Eugénol C10H12O2 0,016% 0,012% Lévoglucosane C6H10O5 0,123% 0,055% Autres Cx'Hy'Oz' 54,861% 24,279% Total 55,494% 44,441% H2O 5,400% 0,000% Charbon 21,728% 17,732% Somme 45,139% 48,556% 78 H O 0,092% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 7,833% 0,000% 3,023% 0,216% 0,000% 0,008% 0,000% 0,021% 0,000% 0,023% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,002% 0,018% 0,002% 0,009% 0,002% 0,012% 0,004% 0,021% 0,008% 0,030% 0,004% 0,031% 0,005% 0,014% 0,003% 0,014% 0,001% 0,003% 0,008% 0,061% 4,042% 26,539% 7,352% 48,207% 0,600% 4,800% 0,689% 3,307% 5,730% 45,714% Pyrolyse de bois dans les conditions d'un lit fluidisé : Étude expérimentale et modélisation Référence de l'expérience Furfural Benzène Toluène Phénol Styrène Crésol Méthoxy phenol Indène Napthalène Méthylnaphtalène Acénaphtène Benzocycloheptriene RP-RPAA_550-750_G2_24-05-2013 Nom Rendement massique (%biomasse sèche C H O H2 CO2 CO CH4 C2H2 C2H4 C2H6 C3H8 C3H6 C5H4O2 C6H6 C7H8 C6H6O C8H8 C7H8O C7H10O2 C9H8 C10H8 C11H10 C12H10 C11H10 H2O Charbon Somme 1,578% 16,246% 29,175% 5,152% 0,374% 2,992% 0,493% 0,000% 0,604% 0,024% 0,705% 0,042% 0,066% 0,013% 0,031% 0,062% 0,016% 0,028% 0,000% 0,010% 0,010% 20,650% 21,728% 100,000% 0,000% 4,431% 12,503% 3,864% 0,345% 2,565% 0,395% 0,000% 0,518% 0,015% 0,651% 0,039% 0,050% 0,012% 0,024% 0,024% 0,015% 0,026% 0,000% 0,009% 0,009% 0,000% 17,732% 43,227% 1,578% 0,000% 0,000% 1,288% 0,029% 0,427% 0,099% 0,000% 0,086% 0,001% 0,054% 0,004% 0,004% 0,001% 0,002% 0,005% 0,001% 0,002% 0,000% 0,001% 0,001% 2,294% 0,563% 6,440% 0,000% 11,816% 16,671% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,008% 0,000% 0,000% 0,011% 0,000% 0,005% 0,016% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 18,356% 0,086% 46,968%
xes
Nom H2 CO2 CO CH4 C2H2 C2H4 C2H6 C3H8 C3H6 Furfural C5H4O2 Benzène C6H6 Toluène C7H8 Phénol C6H6O Styrène C8H8 Crésol C7H8O Méthoxy phenol C7H10O2 Indène C9H8 Napthalène C10H8 Méthylnaphtalène C11H10 Acénaphtène C12H10 Benzocycloheptriene C11H10 H2O Somme Somme sans H2O Kies Mauviel Rendement massique (%vapeurs organiques de pyrolyse) 2,678% 9,868% 43,041% 7,723% 0,497% 5,125% 0,683% 0,000% 1,089% -0,054% 1,271% 0,077% 0,118% 0,023% 0,055% 0,112% 0,029% 0,051% 0,000% 0,018% 0,018% 27,481% 99,9022% 72,4213% - 80 C H 0% 2,678% 0,000% 2,691% 0,000% 7,177% 18,446% 0,000% 24,595% 5,793% 1,931% 0,000% 0,459% 0,038% 0,000% 4,392% 0,732% 0,000% 0,546% 0,137% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,933% 0,156% 0,000% -0,034% -0,002% -0,018% 1,173% 0,098% 0,000% 0,070% 0,007% 0,000% 0,090% 0,008% 0,020% 0,021% 0,002% 0,000% 0,043% 0,004% 0,008% 0,075% 0,009% 0,029% 0,027% 0,002% 0,000% 0,048% 0,003% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,017% 0,001% 0,000% 0,017% 0,001% 0,000% 0,000% 3,053% 24,427% 34,8076% 8,8568% 56,2378% 34,8076% 5,8033% 31,8103% 51% 6% 43%
Pyrolyse de bois dans les conditions d'un lit fluidisé : Étude expérimentale et modélisation Référence de l'expérience Furfural Benzène Toluène Phénol Styrène Crésol Méthoxy phenol Indène Napthalène Méthylnaphtalène Acénaphtène Benzocycloheptriene RP-RPAA_550-800_G2 -06-2013_1 Nom Rendement massique (%biomasse sèche) C H O H2 CO2 CO CH4 C2H2 C2H4 C2H6 C3H8 C3H6 C5H4O2 C6H6 C7H8 C6H6O C8H8 C7H8O C7H10O2 C9H8 C10H8 C11H10 C12H10 C11H10 H2O Charbon Somme 1,447% 16,768% 26,213% 3,284% 0,832% 3,876% 0,377% 0,000% 0,315% 0,016% 0,948% 0,009% 0,064% 0,019% 0,022% 0,000% 0,022% 0,297% 0,009% 0,025% 0,012% 23,715% 21,728% 100,000% 0,000% 4,573% 11,234% 2,463% 0,768% 3,322% 0,302% 0,000% 0,270% 0,010% 0,875% 0,008% 0,049% 0,017% 0,017% 0,000% 0,021% 0,279% 0,009% 0,023% 0,011% 0,000% 17,732% 41,984% 1,447% 0,000% 0,000% 0,821% 0,064% 0,554% 0,075% 0,000% 0,045% 0,001% 0,073% 0,001% 0,004% 0,001% 0,002% 0,000% 0,002% 0,019% 0,001% 0,002% 0,001% 2,635% 0,563% 6,308% 0,000% 12,195% 14,979% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,005% 0,000% 0,000% 0,011% 0,000% 0,003% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 21,080% 0,086% 48,359%
Annexes
Nom Rendement massique (%vapeurs organiques de pyrolyse) H2 CO2 CO CH4 C2H2 C2H4 C2H6 C3H8 C3H6 Furfural C5H4O2 Benzène C6H6 Toluène C7H8 Phénol C6H6O Styrène C8H8 Crésol C7H8O Méthoxy phenol C7H10O2 Indène C9H8 Napthalène C10H8 Méthylnaphtalène C11H10 Acénaphtène C12H10 Benzocycloheptriene C11H10 H2O Somme Somme sans H2O Kies Mauviel 2,441% 10,807% 37,705% 4,359% 1,323% 6,717% 0,474% 0,000% 0,568% -0,068% 1,709% 0,017% 0,115% 0,034% 0,040% 0,000% 0,040% 0,535% 0,017% 0,045% 0,021% 33,004% 2% 66,898% - 82 C H O 0,000% 2,441% 0,000% 2,947% 0,000% 7,860% 16,159% 0,000% 21,546% 3,269% 1,090% 0,000% 1,221% 0,102% 0,000% 5,757% 0,960% 0,000% 0,379% 0,095% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,487% 0,081% 0,000% -0,043% -0,003% -0,023% 1,577% 0,131% 0,000% 0,015% 0,001% 0,000% 0,088% 0,007% 0,020% 0,031% 0,003% 0,000% 0,031% 0,003% 0,006% 0,000% 0,000% 0,000% 0,037% 0,003% 0,000% 0,502% 0,033% 0,000% 0,015% 0,001% 0,000% 0,042% 0,003% 0,000% 0,020% 0,002% 0,000% 0,000% 3,667% 29,337% 32,537% 8,620% 58,745% 32,537% 4,952% 29,408% 51% 6% 43%
Pyrolyse de bois dans les conditions d'un lit fluidisé : Étude expérimentale et modélisation Référence de l'expérience Furfural Benzène Toluène Phénol Styrène Crésol Méthoxy phenol Indène Napthalène Méthylnaphtalène Acénaphtène Benzocycloheptriene RP-RPAA_550-850_G2_05-06-2013
Nom Rendement massique (%biomasse sèche) C H O H2 CO2 CO CH4 C2H2 C2H4 C2H6 C3H8 C3H6 C5H4O2 C6H6 C7H8 C6H6O C8H8 C7H8O C7H10O2 C9H8 C10H8 C11H10 C12H10 C11H10 H2O Charbon Somme 1,877% 16,028% 30,015% 3,836% 1,384% 4,511% 0,353% 0,000% 0,296% 0,009% 1,532% 0,066% 0,079% 0,034% 0,024% 0,000% 0,047% 0,157% 0,172% 0,051% 0,015% 17,786% 21,728% 100,000% 0,000% 4,371% 12,864% 2,877% 1,278% 3,866% 0,283% 0,000% 0,254% 0,005% 1,415% 0,060% 0,061% 0,031% 0,019% 0,000% 0,044% 0,147% 0,160% 0,047% 0,014% 0,000% 17,732% 45,527% 1,877% 0,000% 0,000% 0,959% 0,106% 0,644% 0,071% 0,000% 0,042% 0,000% 0,118% 0,006% 0,005% 0,003% 0,002% 0,000% 0,003% 0,010% 3% 0,001% 1,976% 0,689% 6,528% 0,000% 11,657% 17,151% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,003% 0,000% 0,000% 0,013% 0,000% 0,004% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 15,810% 3,307% 47,945% 83
Annexes
Nom Rendement massique (%vapeurs organiques de pyrolyse) H2 CO2 CO CH4 C2H2 C2H4 C2H6 C3H8 C3H6 Furfural C5H4O2 Benzène C6H6 Toluène C7H8 Phénol C6H6O Styrène C8H8 Crésol C7H8O Méthoxy phenol C7H10O2 Indène C9H8 Napthalène C10H8 Méthylnaphtalène C11H10 Acénaphtène C12H10 Benzocycloheptriene C11H10 H2O Somme Somme sans H2O Kies Mauviel 3,216% 9,475% 44,555% 5,354% 2,317% 7,861% 0,431% 0,000% 0,533% -0,082% 2,762% 0,119% 0,143% 0,061% 0,044% 0,000% 0,085% 0,283% 0,310% 0,091% 0,026% 22,320% 99,902% 77,583% - 84 C H O 0,000% 3,216% 0,000% 2,584% 0,000% 6,891% 19,095% 0,000% 25,460% 4,015% 1,338% 0,000% 2,139% 0,178% 0,000% 6,738% 1,123% 0,000% 0,345% 0,086% 0,000% 0,000% 0,000% 0,000% 0,457% 0,076% 0,000% -0,051% -0,003% -0,027% 2,549% 0,212% 0,000% 0,109% 0,010% 0,000% 0,109% 0,009% 0,024% 0,056% 0,005% 0,000% 0,034% 0,003% 0,007% 0,000% 0,000% 0,000% 0,079% 0,006% 0,000% 0,265% 0,018% 0,000% 0,288% 0,022% 0,000% 0,085% 0,006% 0,000% 0,025% 0,002% 0,000% 0,000% 2,480% 19,840% 38,921% 8,787% 52,194% 38,921% 6,307% 32,354% 51% 6% 43%
Pyrolyse de bois dans les conditions d'un lit fluidisé : Étude expérimentale et modélisation Résumé
Ce travail s'inscrit dans le projet français de gazéification de la biomasse : le projet Gaya.
| 8,838
|
64/hal.ird.fr-ird-00165994-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,611
| 12,610
|
« Avis : Ce texte est la version de l'auteur d'une oeuvre acceptée en vue de sa publication dans les Comptes-Rendus Geoscience. Il est dès lors possible que les modifications résultant du processus de publication, et notamment de l'examen par les pairs, la révision, l'édition, les corrections, la mise en page structurelle et les autres dispositifs de contrôle de qualité ne soient pas reprises dans le présent document. Il est possible que des modifications aient été apportées à la présente oeuvre après qu'elle ait été présentée en vue de sa publication. Une version définitive a par la suite été publiée dans Comptes Rendus Geoscience, vol. 339, no. 6, Juin 2007, : 10.1016/ rte . »
Comptes Rendus Geoscience Hydrologie-Hydrogéologie / Hydrology-Hydrogeology Processus et bilan des flux hydriques d'un bassin versant de milieu tropical de socle au Bénin (Donga, haut Ouémé) Hydrological processes and water balance of a tropical crystalline bedrock catchment in Benin (Donga, upper Ouémé River) Bamory Kamagaté1, Luc Séguis1, Guillaume Favreau1,*, Jean-Luc Seidel1, Marc Descloitres2 et Pascal Affaton3 1 UMR HydroSciences (IRD, CNRS, UMI, UMII), Université de Montpellier II, place E. Bataillon, CC MSE, 34095 Montpellier cedex 5, France * auteur correspondant / corresponding author. Tél : (+216) 71 750 009; Fax : (+216) 71 750 254. [email protected] 2 IRD, UMR LTHE, BP 53, 38041 Grenoble cedex 09, France. 3 Université Aix-Marseille, CEREGE, Europôle de l'Arbois, BP 80, 13545, Aix-en-Provence cedex 4, France. 2
Résumé
L'étude d'un bassin versant de 586 km2 au Bénin (Afrique de l'ouest) par des suivis et hydrochimiques, ainsi que par reconnaissance géophysique de sub-surface, a permis de déterminer les processus et le bilan des flux hydriques sur deux années à pluviométrie contrastée. La recharge de la nappe phréatique s'effectue par infiltration directe des précipitations et représente de 5 à 24% de la pluviométrie. L'écoulement à l'exutoire, limité à la saison des pluies ainsi que la minéralisation faible des eaux indiquent des flux nappe - rivière négligeables. Cette faible contribution de la nappe implique que les variations interannuelles du coefficient d'écoulement (de 14% à 28%) sont principalement gouvernées par des flux de surface et de sub-surface. Abstract Hydrodynamic, geochemical and sub-surface geophysical investigations, for two consecutive years with contrasting rainfall conditions, were used to characterize the hydrological processes occuring, and the water balance of a 586-km2 watershed in Benin (Africa). The water table's monitoring shows that recharge occurs by direct infiltration of rainfall, and represents between 5 to 24% of the annual rainfall. Both surface water outflow, limited to the rainy season, and the water chemistry indicate a weak groundwater contribution to river discharge. This implies that the calculated variations in annual runoff coefficients (of 14 and 28%) are mainly govern by surface and subsurface flows. Mots clés : Bénin, aquifère libre, hydrochimie, hydrodynamique, rivière tropicale Key words: Benin, groundwater, hydrochemistry, hydrodynamics, tropical river
In West Africa, the rainfall deficit of about 20 to 30% observed since the early seventies [18, 21] has led to a higher decrease in river discharge [23]. This implicitly non-linear relationship was mainly studied for large river basins, by indirect or conceptual methods [23, 24]; the rationale is that lower rainfall resulted in lower groundwater discharge into the rivers. However, studies performed at a finer scale [e.g. 6] suggested more complex surface-subsurface flow processes. The AMMA project (African Monsoon Multidisciplinary Analysis, http://ammainternational.org) was designed to better understand the African monsoon, and its hydrological impacts. For this goal, surveys have been performed since 2003 in a 586-km2 catchment in central Benin (Fig. 1), a key-region for understanding the impact of climate [19], and land-use changes [14] on the regional hydrological cycle. This paper presents the first 2-year hydrodynamic, geochemical, and subsurface geophysical surveys performed within this basin. A first estimate of the water balance is obtained for these two years, for which contrasting rainfall amounts were recorded. 2. Study area
The Donga river (Fig. 1) is an affluent of the Ouémé river (523 km), in central Benin [17]. The tropical climate is characterized by a dry and a rainy season, with a mean annual rainfall measured at Djougou of 1195 mm (1950-2004). The potential evapotranspiration (ETP, Penman-Monteith [10]) is of 1390 mm yr-1 (2002-2005). Altitude ranges from 520 m to 340 m for a river slope of 1.7 m km-1. Outcroping siliceous rocks are of metamorphic origin [1, 5]. The weathered bedrock has a thickness of 10 to 25 m and represents the matrix of the phreatic aquifer. In depth, some faults also contain deeper groundwater, in hydraulic continuity with the overlaying reservoir [16]. The soils are classified as polycyclic ferruginous soils [12], but change in details depending on the topography, rock type or land use [11]. The natural wooded savannah has been largely cleared and most of the land is now 4 covered by rain-fed crop fields; a forest gallery of a few tens of metres runs along most of the streams. The population density is of 30 inhab. km-2, and has increased recently by 4.9% yr-1 (1992-2002). Most of the domestic water comes from wells scattered in the basin. Our surveys indicate a water use of 21 L inhab.day-1, a value close to the 17 L inhab.day-1 estimated at a regional scale [15]. Considering the population density, this implies a human-induced discharge from the aquifer close to 0.2 mm yr-1. 3. Data
Electrical resistivity data were obtained in May, 2003, with a view to characterize the weathered substratum; changes were expected for differences in rock type, clay, and/or water content [8]. The electrical tomography method [22] was implemented at a scale of several hundred meters on few representative slopes; a geological survey helped in constraining the interpretation. Hydrodynamics data records were obtained on 16 rain gauges (each 0.5 mm) and 26 wells (each 30 mn or 3 times a day). Additional data from an upstream site were obtained in 2004 from 9 piezometers screened at different depths (2, 10 and 20 m; Fig. 1). For surface waters, three limnimetric records (time steps of 5 or 30 mn) represent catchments of respectively 13, 105 and 586 km2 (Fig. 1). A differential GPS campaign was also performed to characterize the hydraulic potentials [16]. Hydrochemical data (temperature, pH, EC 25°C) were obtained monthly or quarterly on 20 wells; some measurements were also performed on bulk rainfall events. Measurements on surface waters were made for springs, tributaries and on the Donga River. The limnimetric station K was equipped in June 2003 with an EC recorder (time step of 30 min). Other EC recorders with the same time step were settled in April 2004 on the nested piezometers on the Ara sub-catchement. Chemical analysis (Ca2+, Mg2+, Na+, K+ for cations, HCO3-, SO42-, NO3-, Cl- for anions) were performed on samples from rain water (18 analyses), ground water (23 wells and 15 boreholes), seasonal springs (8 analyses) and water from the Donga River (a dozen of analyses for each station); in addition, three main flood events were surveyed by sequential sampling in 2003. All the samples were filtered in the field and subsequently analysed by capillary electrophoresis (cations and SO42-, NO3, Cl-) or acidic titration (HCO3-), with a precision of about 5%.
4. Results 4.1. Subsurface geophysics
A typical example of the resistivity profiles performed within the limits of the basin [8, 16] is displayed in Figure 2; it reveals an important heterogeneity of the resistivity at the hectometric scale. The bedrock lies from 15 to 25 m below the soil surface. Clayey materials (electrically conductive) and/or indurated covers, or quartzite outcrops (both resistive) occur at surface and may locally outcrop; the clayey layers act as preferential places for the formation of perched groundwaters. 4.2. Hydrodynamics
The total rainfall amount is of 25% lower in 2004 than in 2003 but the difference is even higher for total runoff, with a decrease of 64% (Table 1). The river flow shows rapid changes, with daily discharge reaching a maximum of 140 m3 s-1 at the basin outlet; at the seasonal scale, the discharge period is shorter in 2004 than in 2003, under the influence of the seasonal rainfall distribution (Fig. 3). The depth to the water table ranges from less than 1 m (rainy season) up to 15 m (dry season), without any spatial relationship within the basin. The potentiometric levels are always higher than the river bed; this observation is also valid for the more densely monitored Ara subcatchment (Fig. 1), where seasonal perched ground water was recognized. The water table peak is reached in August, and the drop begins simultaneously with the rainfall (Fig. 3C). The water table fluctuations range between 3.3 and 12.5 m in 2003 and between 2.4 and 10.0 m in 2004, and appears synchronous at the catchment scale. 4.3. Hydrochemistry Sampled waters are slightly acidic (pH = 5-7), present a low mineralization (< 400 μS.cm-1; Fig. 4), and are of HCO3–Ca, Mg type (some groundwaters enriched in Cl and NO3 near villages were considered polluted). The lowest EC is observed in rainfall waters (10 ± 2 μS.cm-1). Except for the very first flood events that may flush the salt accumulated for the dry season, EC measured in river waters is low (< 70 μS.cm-1). The EC displays typical changes during flood events, with low values at the peak flow followed by a recovery of the initial value (Fig. 5A). The phreatic 6 groundwater EC is of 155 ± 70 μS.cm-1 but EC is higher for the deeper fractured bedrock (288 ± 80 μS.cm-1). Perched groundwaters show lower EC, within the range of 30 to 130 μS.cm-1 (Fig. 4). Ionic ratios show little changes through time and, for river waters, elements related to chemical weathering (Si, Ca, Mg, Na, and HCO3) vary proportionally to EC (Fig. 5A); potassium is an exception, probably because of its sensitivity to biochemical cycles [4]. Changes in ionic fluxes appear to mimic the peak flow with a time-lag of a few hours (Fig. 5B), a possible consequence of subcatchments with different weathering rates. 5. Discussion 5.1. Hydrological processes
Hydrodynamics, hydrochemical and geophysical data were crossed to decipher the natural processes in play in the basin (Fig. 6). For groundwater flow, the water table is always in a higher position than the drainage network. The weathered bedrock acts as a storage reservoir, with a weak transmissivity (estimated of the order of 10-4 m2 s-1, [16]). During the rainy season, a water table rise is observed in each point, thus indicating that recharge occurs mainly by vertical infiltration of rainfall. The seasonal discharge of poorly mineralized river waters suggests that most of the river water originates from the sub-surface. Observations of springs on hillslopes and the occurence of perched groundwaters both suggest important subsurface flow. The river discharge may therefore be considered as a mixing of surface runoff (Hortonian runoff and flow over saturated soils) with subsurface flow from the upper metres of the soil (Fig. 6). The aquifer discharge may occur mainly through evapotranspiration processes, although locally, groundwater discharge could also occur through some deep fractures of higher porosity [1]. 5.2. Water balance
Two methods were applied to constrain the hydrological balance. The first one considers natural water table fluctuation induced from rainfall events over a short period [7]: R = h × n, where R represents recharge (L T-1), h the water table rise (L T1 ) and n the specific yield (%). For our study case, h is the average seasonal rise of 7 the water table (Fig. 3C). The calculated recharge for a n value therefore represents a minimum estimate, considering that discharge may occur during the rainy season. A range of values of 1 to 5% [9, 13] was considered to quantify the influence of n on R (Table 1). The estimated recharge ranges between 5 to 24% of the total rainfall amount, in agreement with other regional estimates [13]. These recharge rates are compatible with discharge by evapotranspiration during the dry season. At slope scale, an estimate of groundwater discharge using Darcy's law (T of 10-4 m2 s-1, piezometric gradients of 2-3 %) shows that ETP rates of about 15 - 20 mm day-1 for forest galleries would be necessary to prevent any inflow to the river (Fig. 6). Although this range appears to be higher than the computed ETP (5-6 mm day-1), clothesline and oasis effects are known to increase ETP rates in forest gallery, possibly at a factor higher than 2 [10]; further research would however be needed to better constrain surface water – groundwater relationships. The second approach, based on hydrograph decomposition [2], was used to discriminate direct runoff and subsurface flow in river discharge. A two-component, one-tracer (EC) hydrograph separation model was considered (EC being representative of the ionic load: e.g., R2 of 0.91 between EC and Ca, Fig. 5A). The different signatures were assumed to be roughly constant in time and space; computations were done for the K station (Fig. 1). end-members values (direct runoff and sub-surface flux) were estimated to be of 10 and 55 μS.cm-1, with a standard-deviation of 2 and 6, respectively. A Monte Carlo approach was used to estimate the uncertainty; sub-surface flux makes up to 68 ± 13 and 83 ± 13% of the streamflow in 2003 and 2004, respectively. This suggests that the river flow deficit has not a single origin, but results in a decrease in both surface and subsurface flow. 6. Conclusion
In central tropical Benin, at the 586 km2 Donga basin's scale, runoff and subsurface flow are the main contributors to streamflow, with little or no input from the aquifer. This result supplements previous studies performed in smaller (30 km2) neighbouring catchments [14] where land clearance was shown to have increased surface runoff, in accordance with the global trend [25]. These results will first help in 8 improving the relevancy of the regional hydrological models [3, 20, 27]; on a broader perspective, they will also contribute to a better understanding of the origin of the decrease in river discharge observed for the past decades in West Africa [18, 23].
Acknowledgments
An important part of the field data were collected by S. Afouda, M. Arjounin, J.M. Bouchez, F. Jacquin, F. Malinur and T. Ouani (IRD, Benin). The rainfall and surface water data were criticized by L. Le Barbé and C. Peugeot (IRD). The Direction of Hydraulics of Djougou (Benin) allowed access to the wells and to their technical archives. The villagers of the study area are thanked for their hospitality and for their assistance for some surveys. This work was made possible by a PhD grant from Côte d'Ivoire (B. Kamagaté) and by the french national programs ECCO-PNRH (2003-2006) and ORE (2002-2010). Support by the european project AMMA-EU (2005-2009) is also acknowledged. En Afrique de l'ouest sous régime de mousson, la sécheresse en cours depuis le début des années 1970, caractérisée par une diminution de l'ordre de 20% à 30% de la pluviométrie [18, 21] a engendré une diminution encore plus importante des débits [23]. Au centre du Bénin, sur la zone d'étude considérée, le déficit des écoulements, de l'ordre de 40%, correspond à une diminution de la pluviométrie de 15 à 20% [18]. Cette relation implicitement non linéaire entre pluie et débit, ainsi que sa variabilité spatiotemporelle, sont encore mal comprises à l'échelle régionale ; les principales études ont jusqu'à présent été menées à partir de données hydrodynamiques acquises sur de grands bassins versants (de l'ordre de 10 000 à 100 000 km2), par des approches indirecte ou conceptuelle (tests statistiques ; calculs de coefficients de tarissement [23, 24]). L'explication proposée est que la diminution relativement plus importante des débits trouve son origine dans une réduction durable des apports en eau souterraine. Si la validation de cette hypothèse nécessite d'être effectuée par une analyse des processus physiques à une échelle comparable à celle des observations de surface (données piézométriques disponibles sur plusieurs milliers de km2, sur la période pluridécennale des observations de débits), des éléments de réponse peuvent cependant être apportés par la caractérisation des processus physiques affectant les différents réservoirs hydriques d'un bassin versant représentatif, étudié sur des années à pluviométrie et écoulements contrastés. En Afrique subsaharienne, les rares études existantes à fine échelle (bassins versants expérimentaux de l'ordre du km2, [e.g., 6]) montrent que la discrimination des écoulements est améliorée par une approche pluridisciplinaire des différents termes du bilan. Le programme international AMMA (Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine ; http://amma-international.org) a été initié en vue d'améliorer les connaissances sur la mousson ouest-africaine et de son impact hydrologique. Différents sites instrumentés font l'objet, depuis 2003, de suivis renforcés, dont celui du bassin versant de la Donga (Ouémé supérieur) au Bénin (Fig. 1). Sa superficie (586 km2) en fait un objet hydrologique intermédiaire entre les grands bassins régionaux et les bassins expérimentaux ; cette échelle rend possible une caractérisation des processus hydrologiques tout en permettant, en terme de bilan, 10 une intégration suffisamment représentative des variations spatiotemporelles naturelles. A l'échelle régionale, de même que l'analyse de la variation spatiotemporelle de la pluviométrie [19] ou de la caractérisation spatiale des sols [14], la connaissance des processus surface-souterrain est un élément fondamental pour appréhender la variabilité temporelle des ressources hydriques. Dans cette note, nous présentons les premiers résultats des suivis hydrodynamiques (piézométrie et débits) et hydrochimiques (physico-chimie et ions majeurs) réalisés sur le bassin versant de la Donga au cours de deux années à pluviométrie contrastée (1514 mm en 2003, 1140 mm en 2004). L'analyse des processus en jeu sur le bassin, appuyée par des mesures de géophysique de subsurface (résistivité), permet d'obtenir une première estimation du bilan hydrologique. Le schéma des flux hydriques proposé relativise, à l'échelle de l'étude, l'impact de l'aquifère sur les flux de surface et suggère une importance prépondérante des écoulements de surface et de subsurface comme facteurs de la variabilité interannuelle des débits observés à l'exutoire. 2. Zone d'étude
Le bassin de la rivière Donga est un affluent de l'Ouémé, le plus grand fleuve du Bénin (523 km) dont la haute vallée couvre une superficie de 14 300 km2 [17]. Il se situe au centre-ouest du Bénin (Fig. 1), sous climat tropical de type soudanoguinéen à saisons contrastées (alternance d'une saison sèche et d'une saison pluvieuse). Sur ce bassin versant, la pluviométrie moyenne annuelle observée à la station météorologique de Djougou, sur la période 1950-2004, est de 1195 mm (1280 mm de 1950 à 1969, 1150 mm de 1970 à 2004) ; l'essentiel des pluies (60 %) se concentre entre juillet et septembre. L'évapotranspiration potentielle (ETP) calculée par la méthode de Penman-Monteith [10] est de 1390 mm an-1 (2002-2005); à l'échelle mensuelle, elle montre une faible variabilité saisonnière, avec un maximum de 5 à 6 mm jour-1 en saison sèche et un minimum de 3 à 4 mm jour-1 en saison des pluies. La topographie du bassin est vallonnée, avec des altitudes comprises entre 520 m à l'amont (ouest) et 340 m à l'exutoire (est) avec une pente moyenne de la 11 rivière de 1,7 m km-1. Les roches sont essentiellement des formations métamorphiques de la bordure est du craton ouest-africain, datées du Protérozoïque supérieur et constituées de granites, de granito-gneiss et de schistes [1, 5]. Les altérites, principalement silteuses et argileuses sur une épaisseur de 10 à 25 m, constituent l'aquifère de la nappe libre. Localement et plus en profondeur, des fractures du socle peuvent constituer un réservoir pérenne, en continuité hydraulique avec la couverture altérée du socle [16]. Les sols régionaux, de type "ferrugineux tropicaux lessivés" [12] sont de nature variable en fonction de leur position topographique, de la nature des roches sous-jacentes ou de l'anthropisation du site (sols localement hydromorphes, indurés, peu lessivés ou lessivés [11]). La végétation climacique est constituée d'une savane à Isoberlinia sp. à couvert herbacé continu (Andropogon sp., Hypparhenia sp.). Cette végétation naturelle est aujourd'hui largement dégradée en une mosaïque de champs (igname, manioc, sorgho, maïs, coton). A l'aval des versants, les principaux axes de drainage sont bordés sur 10 à 20 m par une dense forêt-galerie. L'activité socio-économique, hormis la ville de Djougou (20 000 habitants) est essentiellement rurale et basée sur des cultures pluviales (absence d'irrigation). La densité de la population, proche de 30 hab. km-2, connaît une croissance annuelle de 4,9% an-1 (1992-2002) ; l'essentiel des ressources en eau à usage domestique provient d'une multitude de puits villageois disséminés sur l'ensemble du bassin. Des suivis de terrain des puisages quotidiens, effectués en 2003 dans 6 villages représentatifs, indiquent une consommation domestique de l'ordre de 21 L hab. jour1, proche de celle de 17 L hab. jour-1 estimée pour l'ensemble du haut-Ouémé [15]. Compte tenu de la population du bassin de la Donga, cela implique des prélèvements anthropiques faibles, de l'ordre de 0,2 mm an-1. 3. Données
Des données préliminaires sur l'organisation de la couverture d'altération ont été obtenues en mai 2003 par des prospections géophysiques basées sur la résistivité électrique [8]. Dans ce type de milieu, ce paramètre présente des contrastes importants en fonction de la nature des roches, des teneurs en eau ou en 12 argile. La méthode de la tomographie électrique [22] a été mise en oeuvre sur plusieurs versants du bassin à une échelle pluri-hectométrique. En parallèle aux mesures, des relevés géologiques ont été effectués pour contraindre l'interprétation. Les données hydrodynamiques sont issues de 16 pluviomètres, de 26 puits suivis en piézométrie et de 3 stations limnimétriques ; ces stations représentent, d'amont en aval, des basins emboîtés de superficie croissante (Ara- pont (A), 13 km2 ; Donga-Kolokondé (K), 105 km2 ; et Donga-pont (BV), 586 km2 ; Fig. 1). En complément, à plus fine échelle, des données issues d'un site à l'amont du bassin où 9 piézomètres ont été crépinés à différentes profondeurs (2, 10 et 20 m) sont disponibles depuis 2004 (Fig. 1). Les pluviomètres enregistreurs permettent de discriminer les événements par cumuls de 0,5 mm. Les niveaux de la nappe libre ont été enregistrés à pas de temps de 30 min (13 sites) et/ou par lectures tri-journalières (23 sites). Les trois stations limnimétriques considérées, étalonnées, ont bénéficié d'enregistrements à pas de temps de 5 min pour les deux stations à l'amont (A, K) et de 30 min pour la station à l'aval (exutoire). L'ensemble des piézomètres et des échelles limnimétriques ont été nivelés par GPS différentiel pour caractériser la distribution spatiale des potentiels hydrauliques [16]. Les données hydrochimiques sont constituées de suivis mensuels à trimestriels des paramètres physico-chimiques (température, pH, conductivité électrique (CE à 25°C)) sur une vingtaine de puits et forages. Des mesures ont également été effectuées sur le cumul d'une dizaine d'événements pluvieux sur 5 pluviomètres de l'amont du bassin, ainsi que dans les eaux de surface, en divers points du bassin (sources, affluents et cours principal de la Donga). La station limnimétrique de Donga-Kolokondé (K, Fig. 1) fait l'objet depuis juin 2003 d'un suivi automatique de la CE à pas de temps de 30 min ; sur les piézomètres du site expérimental de l'amont du bassin, des enregistrements de la CE à pas de temps de 30 mn sont également effectués depuis avril 2004. En parallèle à ces mesures, des analyses de la chimie des ions majeurs (Ca2+, Mg2+, Na+, K+ pour les cations, HCO3-, SO42-, NO3-, Cl- pour les anions) ont été réalisés sur des eaux de pluie (18 analyses), de la nappe (23 puits et 15 forages), de sources temporaires (8 analyses) et du cours principal de la Donga (une douzaine d'analyses par station limnimétrique). Pour les eaux de la Donga, un échantillonnage à haute fréquence a également pu être 13 effectué sur 3 crues majeures en 2003. L'ensemble des échantillons, filtrés in-situ, a été analysé avec une précision de 5% par électrophorèse capillaire (cations et SO42-, NO3-, Cl-) ou titration acide (HCO3-) au laboratoire HydroSciences de Montpellier (France). 4. Résultats 4.1. Géophysique de sub-surface
Plusieurs profils de résistivité électrique transversaux aux talwegs ont été réalisés par tomographie en différents points du bassin [8, 16]. Un exemple typique de profil de résistivité obtenu en amont du bassin est présenté Figure 2 ; ce profil montre une hétérogénéité importante de l'altération à une échelle hectométrique. Les formations argileuses et/ou argilo-sableuses électriquement conductrices sont organisées en lentilles parfois affleurantes ; cette distribution suggère que des nappes perchées peuvent se mettre en place, les formations argileuses constituant des niveaux imperméables. Des cuirasses superficielles se notent par de fortes résistivités électriques. Le socle, électriquement résistant, se rencontre entre 15 et 25 m sous la surface. Son modelé présente de faibles ondulations sans relation avec la topographie. Localement, des formations massives de plus forte résistance (e.g., quartzites), propices au ruissellement, affleurent (Fig. 2).
4.2. Hydrodynamique
Pour les deux années suivies, les pluies présentent une saisonnalité similaire avec un pic mensuel en juillet - août (Fig. 3A). La pluviométrie présente une diminution du cumul de 25% (1514 mm en 2003, 1140 mm en 2004, Tableau 1). Cette différence se trouve accentuée (64%) dans les écoulements de surface à l'exutoire (429 mm en 2003, 156 mm en 2004), avec des coefficients d'écoulement à l'exutoire respectivement de 28,3 et 13,7% (Tableau 1). Les mêmes conclusions peuvent être apportées pour les sous-bassins emboîtés A et K (Tableau 1). En termes de processus, l'écoulement présente une dynamique rapide, avec des crues journalières pouvant atteindre 140 m3 s-1 (Fig. 3B). A l'échelle saisonnière, la durée de l'é ulement apparaît plus courte en 2004 qu'en 2003 (120 contre 210 jours), tributaire de l'occurrence de pluies rapprochées. La profondeur de la nappe est comprise entre 15 m (saison sèche) et moins de 1 m sous le sol (saison des pluies), en relative indépendance de la position dans le bassin. A cette échelle, la piézométrie de la nappe est toujours en position haute par rapport au lit de la rivière. Cette observation est également valable à l'échelle du sous-bassin versant d'Ara, plus densément équipé. Sur ce site, les piézomètres crépinés à 10 et 20 m montrent une piézométrie identique (nappe phréatique pérenne des altérites) tandis que ceux crépinés à 2 m captent un niveau saturé à potentiel plus élevé (nappe perchée temporaire). Le maximum piézométrique de la nappe phréatique est atteint en août-septembre, après une hausse plurimétrique des niveaux, sans répartition particulière des amplitudes de fluctuation sur le bassin. De même que les écoulements de surface, la décrue piézométrique s'amorce dès la fin des précipitations régulières pour atteindre un minimum en mars-avril (Fig. 3C). Ces fluctuations piézométriques montrent, en comparaison interannuelle, une différence moindre que celle des débits (Fig. 3B): l'amplitude des chroniques varie de 3,3 à 12,5 m (moyenne : 7,4 ± 2,8 m) en 2003 et de 2,4 à 10,0 m (moyenne : 5,3 ± 2,3 m) en 2004. La nappe phréatique des altérites apparaît donc de dynamique synchrone à l'échelle du bassin, avec une continuité hydraulique effective à l'échelle des versants. 4.3. Hydrochimie
Les eaux échantillonnées sont peu minéralisées (hormis quelques sites pollués enrichis en NO3 et Cl) avec des CE généralement inférieures à 400 μS cm1 (Fig. 4). Les eaux sont à tendance acide (pH = 5 à 7) et de faciès chimique majoritairement bicarbonaté calco-magnésien, en accord avec la nature silicatée des roches. La température des eaux de la nappe (27 à 28°C) est légèrement supérieure à la température moyenne interannuelle à la station de Djougou (26,4 °C). Les pluies montrent des CE faibles, de l'ordre de 10 μS cm-1. Ces valeurs sont logiquement inférieures à celles des eaux de surface (Donga et affluents) dont la CE, hormis les tous premiers événements lessivants de la saison, reste faible en valeur absolue (< 70 μS cm-1). En valeur relative, la CE montre des fluctuations systématiques en cours de crue : à une chute de CE en début d'hydrogramme, succède un recouvrement lent (quelques jours) de la CE initiale (Figure 5A, qui représente une crue composite à l'exutoire). En termes de flux ioniques, la 15 dynamique géochimique montre des variations similaires mais retardées de quelques heures par rapport au débit (Fig. 5B) ; cette diachronie peut s'expliquer par des contributions variables de sous-bassins aux taux d'érosion chimique différents. D'amont en aval du bassin, en période d'inter-crue, une faible augmentation de la CE est perceptible (de 39±5 à 65±7 μS cm-1 pour A et BV) ; l'explication la plus probable réside dans une augmentation de la longueur moyenne des versants et donc du temps de transit de l'écoulement de subsurface. A l'échelle saisonnière comme à l'interannuel pour les deux années suivies, aucune tendance à l'augmentation de la CE des eaux de la rivière n'est observée (Fig. 4). La nappe phréatique (altérites) montre des valeurs nettement supérieures, en moyenne de 155 ± 70 μS cm-1 ; plus en profondeur, les eaux des forages (socle) montrent des valeurs encore plus élevées (288 ± 80 μS cm-1) ; ceci témoigne d'un temps de résidence probablement plus important. Sur le site de plus fine investigation à l'amont du bassin, les suivis hydrochimiques effectués en 2004 permettent de préciser ces observations. La nappe perchée (2 m) montre des CE fluctuant entre 30 et 130 μS cm-1 (moyenne de 75 ± 30 μS cm-1) alors que celles relatives aux piézomètres crépinés à 10 et 20 m sont respectivement de l'ordre de 200 et 250 μS cm-1 (Fig. 4). En terme de minéralisation, les rapports ioniques montrent une grande constance dans le temps et l'espace. Pour les eaux de la rivière (Fig. 5A), les éléments majeurs liés à l'altération (Si, Ca, Mg, Na et HCO3) fluctuent proportionnellement à la CE ; l'ion K fait exception et montre un comportement variable, vraisemblablement en raison d'une sensibilité plus grande aux cycles biogéochimiques [4]. Au final, les eaux issues de différentes profondeurs (subsurface, nappe des altérites et socle profond) montrent des rapports ioniques peu différenciés, reflet de l'homogénéité d'ensemble des faciès chimiques des eaux du bassin.
16 5. Discussion 5.1. Processus hydrologiques
Le croisement d'informations de la géophysique, de l'hydrodynamique et de la géochimie permet de reconstituer un schéma cohérent des processus en jeu sur le bassin (Fig. 6). La nappe phréatique, libre, est sur tout le bassin en position haute par rapport au réseau hydrographique. Elle occupe les versants en continuité hydraulique, comme en témoignent les mesures piézométriques. Les coupes géophysiques montrent qu'elle baigne différents terrains organisés en lentilles silto-argileuses ou sableuses. Au cours de la saison des pluies, elle montre en tout point des fluctuations saisonnières, d'amplitude variable et sans organisation spatiale particulière; la recharge apparaît donc principalement de type direct, par percolation des eaux de pluie et infiltration à travers la zone non-saturée ; en certains points du bassin cependant, l'existence de sols indurés (cuirasse) et/ou d'affleurements du socle peut induire un ruissellement localisé avant infiltration. La nature silto-argileuse à sablo-argileuse du manteau altéritique milite pour un rôle essentiellement capacitif du réservoir ; cette interprétation a été confirmée par essais de pompage, avec des débits spécifiques de l'ordre de 1 m3 h-1 m-1 et des perméabilités de l'ordre de 10-5 m s-1 [16]. Le caractère temporaire des eaux de la Donga (absence de "débit de base") traduit une origine superficielle des écoulements. Lors des pics de crue, les eaux présentent une minéralisation très faible, proche de celle des pluies ; en période d'inter-crue, les écoulements sont de faible minéralisation, de chimisme voisin de celui des nappes perchées saisonnières tel qu'observé à leurs émergences en de multiples points du bassin [16]. L'écoulement à l'exutoire peut donc être considéré comme composé d'un flux rapide (ruissellement Hortonien sur les surfaces indurées et écoulement sur surfaces saturées) et d'un flux retardé de sub-surface (vidange des nappes perchées), sans contribution significative de la nappe des altérites à l'écoulement. La vidange de la nappe semble donc s'effectuer essentiellement par des transferts verticaux par évapotranspiration (strate arborée) et éventuellement, 17 vers des fractures du socle plus en profondeur, via des brèches tectoniques à forte porosité [1] ; cependant, à une échelle de 10 000 km2, le haut-Ouémé présente un tarissement annuel, ce qui milite plutôt pour des circulations dans le socle faibles ou d'extension limitée.
5.2 Bilan hydrologique
Deux méthodes sont appliquées pour contraindre le bilan hydrologique du bassin. La première est basée sur les fluctuations piézométriques de la nappe libre et a pour objet une estimation de la recharge annuelle. La deuxième est basée sur une décomposition des hydrogrammes de crue et a pour objet de discriminer la part des écoulements rapides et de subsurface dans les flux à l'exutoire. L'estimation de la recharge par la méthode des fluctuations piézométriques suppose une nappe libre, rechargée par les précipitations en un temps court [7]; elle peut s'exprimer selon l'équation R = h × n, où R représente la recharge (L T-1), h l'amplitude piézométrique observée sur la période considérée (L T-1) et n la porosité efficace (%, adimensionnel). Pour notre cas d'étude où la recharge s'effectue en quelques mois, l'amplitude piézométrique considérée est la valeur moyenne entre le minimum de saison sèche et le maximum de la saison des pluies (Fig. 3C). L'estimation obtenue pour une valeur n considérée représente alors, du fait (1) d'une probable vidange concomitante à la recharge et (2) d'une amplitude de fluctuation parfois limitée par le niveau du sol, une estimation a minima de la recharge effective. Les prélèvements villageois, susceptibles d'induire un rabattement local de la nappe, ont probablement une influence minime, les fluctuations mesurées dans les piézomètres expérimentaux présentant des amplitudes similaires à celles obtenues dans les puits. L'influence des flux souterrains provenant de l'amont des points de mesure est considérée comme négligeable, les observations réalisées sur des transects piézométriques le long de versants montrant de faibles différences de fluctuation saisonnière (<15%). Pour quantifier l'impact du choix de n sur la recharge estimée, une gamme de 1 à 5% a été retenue pour la porosité efficace (Tableau 1), en accord avec les valeurs généralement admises pour les altérites de socle en Afrique de l'Ouest [9, 13]. La recharge déduite est de 74 à 370 mm an-1 (2003) et de 53 à 265 mm an-1 (2004), soit de 5 à 24% du total pluviométrique. Ces coefficients de recharge sont compatibles avec la gamme de 20 à 30% obtenue pour des 18 aquifères en zone de socle et sous climat soudanien [13]. A l'échelle du bassin, ces chiffres apparaissent compatibles avec des flux d'exfiltration par évapotranspiration pendant les 5 à 6 mois de la saison sèche. A l'échelle des versants (Figure 6), une estimation des flux souterrains peut être effectuée par l'application de la loi de Darcy : sur la base des paramètres de l'aquifère (perméabilité de 10-5 m/s, épaisseur saturée de 10 à 20 m, gradients hydrauliques de l'ordre de 2 à 3%), les flux parvenant aux talwegs sont de l'ordre de 0,3 m3 m-1 jour-1. En accord avec les processus identifiés, une décomposition de l'hydrogramme en deux écoulements (ruissellement, RR, et flux de subsurface, SS) a été retenue. Les hypothèses classiques [2] suivantes ont été adoptées : (1) invariance spatiotemporelle de la signature des réservoirs contributeurs et (2) la CE représente une valeur représentative de la charge ionique issue de l'altération. Pour notre cas d'étude, des variations temporelles du chimisme sont cependant notées en subsurface (Fig. 4) et K+ évolue indépendamment de la CE (Fig. 5A) ; ces écarts restent suffisamment mineurs (e.g., R2 de 0,91 entre CE et Ca, Figure 5A) pour justifier en première approche les hypothèses. Des observations réalisées à la station "A" montrent des CE proches de celles de l'eau de pluie durant les pics de crue (8 < CE < 17 μS cm-1), ce qui peut justifier de l'assimilation de la CE des pluies (10±2 μS cm1 ) au pôle RR. En considérant les valeurs de CE mesurées aux 3 stations en période d'inter-crue, une valeur de 55±6 μS cm-1 a été fixée au pôle SS ; cette valeur est dans la gamme de celles observées pour les nappes perchées (75±30 μS cm-1). Les calculs se rapportent à la station K (Fig. 1), équipée d'un enregistreur de CE sur les deux années considérées, aux valeurs de CE proches de celles de l'exutoire (53±8 et 65±7 μS cm-1 respectivement, en période d'inter-crue). Pour tenir compte de 19 l'incertitude sur les pôles, une simulation a été réalisée par la méthode de Monte Carlo (tirage des valeurs des pôles dans des lois normales de moyenne et écart-type emment donnés). Les flux de subsurface représentent 68 ± 13% et 83 ± 13% de l'écoulement total, respectivement en 2003 et 2004 ; à l'échelle intra-saisonnière, aucune évolution significative des contributions n'est observée. Sur cette partie du bassin versant, les sommes des écoulements rapides et de sub-surface peuvent donc être estimée respectivement à 140 et 297 mm en 2003, et à 18 et 88 mm en 2004. Pour ces deux années à écoulement contrasté, ces calculs suggèrent que la baisse des écoulements n'a pas une origine unique, mais résulte d'un déficit combiné des flux de surface et de subsurface. 6. Conclusion
Cette étude, basée sur une approche couplée hydrodynamique et hydrochimique des flux hydriques, montre que l'origine des écoulements sur le bassin versant de la Donga est à dominante superficielle. Ce résultat précise et complète, pour le haut Ouémé, des études antérieures sur un sous-bassin moins étendu (30 km2) où l'impact de la mise en culture a engendré une augmentation du ruissellement et une réduction de l'évapotranspiration [14], en accord avec la tendance observée à l'échelle globale [25]. A terme, par une meilleure prise en compte des processus hydrologiques et de la variabilité interannuelle des flux, une amélioration des modèles hydrologiques établis pour le Haut Ouémé [3, 20, 27] est attendue ; en retour, ces modèles permettront de valider la cohérence des gammes de valeurs estimées pour les différents paramètres du bilan hydrologique du bassin. Ces résultats constituent une première étape dans l'étude hydrologique de ce bassin versant. Dans le cadre du programme AMMA, un suivi à plus long terme permettra de préciser encore davantage l'importance respective du ruissellement et des écoulements de subsurface dans la variabilité interannuelle des débits. Dans 20 une perspective plus large, cette étude représente également une contribution à une meilleure connaissance de la variabilité spatio-temporelle des flux surface-souterrain et de son impact sur l'hydrologie de l'Afrique tropicale [18, 23]. Remerciements
Une part importante de l'acquisition de données de terrain a été assurée par S. Afouda, M. Arjounin, J.M. Bouchez, F. Jacquin, F. Malinur et T. Ouani, techniciens de l'IRD au Bénin. Les traitements des données pluviométriques et hydrométriques ont été coordonnés respectivement par L. Le Barbé et C. Peugeot (IRD). La Direction de l'Hydraulique de Djougou (MMEH, Bénin) a permis l'accès aux données et aux infrastructures hydrauliques du bassin. Les villageois de la zone étudiée sont remerciés pour leur accueil et leur participation active à certains suivis. Ce travail a été rendu possible par une bourse de thèse de la Côte d'Ivoire (B. Kamagaté), par les financements institutionnels des programmes français ECCOPNRH (2003-2006) et ORE (2002-2010), ainsi que par le soutien du projet européen AMMA-EU (2005-2009).
Références [1] P. Affaton, Le Bassin des Voltas (Afrique de l'Ouest) : une marge passive, d'âge protérozoïque supérieur, tectonisée au panafricain (600 ± 50 Ma), Thèse Géologie, Université d'Aix-Marseille 3, 1987. ORSTOM Editions, collection Etudes et Thèses, Paris, France, 1990, 499 p. [2] J.L. Boeglin, Y. Tardy, Erosion chimique et mécanique sur le bassin amont du Niger (Guinée, Mali). Découpage en quatre écoulements, C. R. Acad. Sci. Paris IIa 325 (1997) 125-131. [3] H. Bormann, T. Fass, S. Giertz, B. Junge, B. Diekkrüger, B. Reichert, A. Skowronek, From local hydrological process analysis to regional hydrological model application in Benin: Concept, results and perspectives, Phys. Chem. Earth 30 (2005) 347-356. 21 [4] J.J. Braun, B. Dupré, J. Viers, J.R. Ndam Ngoupayou, J.P. Bedimo Bedimo, L. Sigha-Nkamdjou, R. Freydier, H. Robain, B. Nyeck, J. Bodin, P. Oliva, J.L. Boeglin, S. Stemmler, J. Berthelin, Biogeohydrodynamic in the forested humid tropical environment: the case study of the Nsimi small experimental watershed (south Cameroon), Bull. Soc. Geol. Fr. 173 (2002) 347-357. [5] BRGM/OBM, Carte géologique au 1/200 000e feuille de Djougou-Parakou-Nikki, Office Béninois des Mines, Cotonou, République du Bénin, 1984. [6] P. Chevallier, O. Planchon, Hydrological processes in a small humid savanna basin (Ivory Coast), J. Hydrol. 151 (1993) 173-191. [7] R.S. Crosbie, P. Binning, J.D. Kalma, A time series approach to inferring groundwater recharge using the water table fluctuation method, Water Resour. Res. 41 (2005) doi: 10.1029/2004WR003077. [8] M. Descloitres, M. Wubda, Y. Le Troquer, Prospections géophysiques sur le bassin versant d'Ara : électrique 2D et électromagnétisme EM34 ; Compterendu de mission du 5 au 14 mai 2003, Rapport technique IRD, Ouagadougou, Burkina-Faso, 2003, 15 p. [9] M. Engalenc, Méthode d'étude et de recherche de l'eau souterraine des roches cristallines de l'Afrique de l'ouest, CIEH, Maisons-Alfort, France, 1978, 318 p. [10] FAO, Crop Evaporation - Guidelines for computing crop water requirements. FAO Irrigation and Drainage paper, 56, Rome, 1998. Available on line at: http://www.fao.org/docrep/X0490E/X0490E00.htm [11] P. Faure, pédologique de reconnaissance au 1/200 000e, feuille de Djougou, Orstom edition, Paris, France, 1977. [12] P. Faure, B. Volkoff, Some factors affecting regional differentiation of the soils in the Republic of Benin (West Africa), Catena 32 (1998) 281-306. 22 [13] C. Filippi, F. Milville, D. Thiery, Evaluation de la recharge naturelle des aquifères en climat Soudano-Sahélien par modélisation hydrologique globale : application à 10 sites au Burkina-Faso, J. Sci. Hydrol. 35 (1990) 29-48. [14] S. Giertz, B. Junge, B. Diekkrüger, Assessing the effects of land use change on soil physical properties and hydrological processes in the sub-humid tropical environment of West Africa, Phys. Chem. Earth. 30 (2005) 485-496. [15] K. Hadjer, T. Klein, M. Schopp, Water consumption embedded in its social context, north-western Benin, Phys. Chem. Earth 30 (2005) 357-364. [16] B. Kamagaté, Fonctionnement hydrologique et origine des écoulements sur un bassin versant en milieu tropical de socle au Bénin : bassin versant de la Donga (haute vallée de l'Ouémé). Thèse de doctorat, Université de Montpellier II, France, 2006, 319 p. [17] L. Le Barbé, G. Alé, B. Millet, H. Texier, Y. Borel, R. Gualde, Les ressources en eaux superficielles de la République du Bénin, IRD éditions, Collection Monographies Hydrologiques n°11, Paris, France, 1993, 469 p. [18] T. Lebel, T. Vischel, Climat et cycle de l'eau en zone tropicale : un problème d'échelle, C. R. Geoscience 337 (2005) 29-38. [19] M. Le Lay, S. Galle, Variabilité interannuelle et intra-saisonnière des pluies aux échelles hydrologiques. La mousson ouest-africaine en climat soudanien, J. Sci. Hydrol. 50 (2005) 509-524. [20] M. Le Lay, S. Galle, How changing rainfall regimes may affect the water balance: a modelling approach in West Africa, In Regional Hydrological Impacts of Climatic Change – Hydroclimatic Variability AISH 296 (2005), pp. 203-210. [21] Y. L'Hôte, G. Mahé, B. Some, J.P. Triboulet, Analysis of a Sahelian annual rainfall index from 1896 to 2000; the drought continues, J. Sci. Hydrol. 47 (2002) 563-572. 23 [22] M. H. Loke, Electrical imaging surveys for environmental and engineering studies. Technical note of Geotomo Software, 2000. Available on line at : http://www.geoelectrical.com [23] G. Mahé, J.C. Olivry, Evaluation des apports en eau douce à l'Atlantique depuis les côtes de l'Afrique intertropicale (1951-1989), C. R. Acad. Sci. Paris IIa 328 (1999) 621-626. [24] G. Mahé, J.C. Olivry, R. Dessouassi, D. Orange, F. Bamba, E. Servat, Relation eaux de surface – eaux souterraines d'une rivière tropicale au Mali, C. R. Acad. Sci. Paris IIa 330 (2000) 689-692. [25] A. Perrier, A. Tuzet, Le cycle de l'eau et les activités au sein de l'espace rural. Enjeux globaux, solutions locales et régionales, C. R. Geoscience 337 (2005) 39-56. [26] L. Seguis, B. Cappelaere, G. Milesi, C. Peugeot, S. Massuel, G. Favreau, Simulated impacts of climate change and land-clearing on runoff from a small Sahelian catchment, Hydrol. Process. 18 (2004) 3401-3413. [27] N. Varado, I. Braud, S. Galle, M. Le Lay, L. Seguis, B. Kamagate, C. Depraetere, Multi-criteria assessment of the Representative Elementary Watershed approach on the Donga catchment (Benin) using a downward approach of model complexity, Hydrology and Earth System Sciences 10 (2006) 427-442. 24 Légendes
Figure 1 - Localisation du bassin versant de la Donga au Bénin (encart, symbole étoilé) et détails
dispositif de suivi hydrologique (2003-2004). - Location of the Donga watershed in Benin (black star symbol, small inset) and details of the hydrological survey network (2003-2004). Figure 2 - Coupe de distribution des résistivités sur un versant représentatif du sous-bassin d'Ara, mai 2003 (localisée à "PG", Fig. 1). L'équivalence entre résistivité et type de terrain est proposée sur la base de mesures de résistivité sur affleurement. - Resistivity cross section in the Ara watershed in May 2003 (located as "PG" in Fig. 1). The geological interpretation is based on resistivity measurements made on different outcropping surfaces. Figure 3 - Lames journalières précipités (A), lames journalières écoulées à l'exutoire du bassin (B) et profondeur moyenne journalière de la nappe (C) pour les années 2003 et 2004. - Daily rainfall (A), daily runoff at the watershed outlet (B) and mean daily water table depth (C) for the years 2003 and 2004 Figure 4 - Suivis des fluctuations de la conductivité électrique (CE) des eaux. - Seasonal EC surveys of surface and ground waters. Figure 5 - Fluctuations typiques de la chimie des eaux mesurées à l'exutoire au cours de la crue composite du 01/08/2003. A : concentrations (meq/L), B : Flux (eq/s). - Typical changes in surface water chemistry during the composite flood of 1st of August, 2003 at the watershed outlet. A: ionic content (meq/L), B: Flux (eq/s). 25 Figure 6 - Schéma conceptuel des flux hydriques à l'échelle d'un versant, d'après les observations hydrologiques, géochimiques et géophysiques réalisées sur le bassin de la Donga.
P : Pluie, E : évapotranspiration, If : infiltration, R : recharge, RR : ruissellement rapide (ruissellement Hortonien et sur surface saturée), SS : flux de subsurface, Fp : flux profond. Les niveaux saisonniers minimum et maximum de la nappe phréatique indiqués en tiretés.
| 17,002
|
2017LIL10217_10
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,017
|
Initiatives sociales et solidaires et territoires ruraux : études de cas dans les Hauts-de-France (bassins de vie de Bapaume, Hucqueliers, Solesmes et Wavrin)
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,229
| 11,157
|
Deux critères temporels ont été retenus : - la durée de vie de l’initiative (par tranche de 5 ou 10 ans) : certaines initiatives signalées ont en effet disparues, d’autres perdurent ou se transforment. Nous étudions un panel de 72 initiatives. - la fréquence : entre initiative « évènementielle » (exemple des fêtes), ou initiative « à l’année » (exemple des club des ainés, de sport, etc.). Nous étudions l’intégralité de notre recensement (277 initiatives).
181 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4
Le rapport au temps est analysé suivant deux dimensions principales : - lien entre les critères temporels et la forme (présence d’une structure). Il s’agit ici de nous interroger, dans la continuité de nos précédents propos, sur la tendance à la structuration au fil du temps. - lien entre les critères temporels et les pratiques. Cette dimension nous permet de nous interroger sur la variabilité des pratiques au temps. Nous pourrons par la suite proposer les catégorisations.
4.2.1.2.1. Analyse de la structuration des initiatives
Notre premier indicateur est celui de la temporalité. Attachons-nous au croisement des données sur la structuration de l’initiative. Nous présenterons nos résultats en deux tableaux distincts, puisqu’ils représentent un panel d’initiatives différentes (comme précisé plus haut). Sphère Public Privé Structure de l’initiative Années d’existence 5-10 10-20 20-30 Mairie 4 1 2 1 1 9 Intercommunalité 6 3 2 1 1 13 Association 7 6 10 5 1 31 Coopératives 1 1 2 Entreprise Informel 1 1 30-40 1 40-50 +50 1 1 2 1 Structure éducative Mixte Total 0-5 Informel 3 1 Multiples 2 1 1 Total 24 13 16 1 3 1 1 4 8 1 1 3 7 9 72
Tableau 39 : Comparaison temporalité et structure des initiatives
Notons que d’après le Tableau 39, la représentativité des réponses est faible pour ce critère : seules 26% des initiatives seront analysées suivant ce caractère temporel de la durée de vie (soit 72 initiatives sur 277). Nous pouvons tout d’abord remarquer dans ce Tableau 39 une persistance dans le temps des initiatives sociales et solidaires : si 24 initiatives ont moins de 5 ans d’âge, le restant s’étalent jusqu’à plus de 50 ans d’âge. La moitié des initiatives ont moins de 10 ans d’âge, et 3/4 initiatives ont moins de 20 ans d’âge. Les initiatives de moins de 5 ans d’âge présentent majoritairement une structuration au sein du cadre public (42% des initiatives), et sous forme associative avec 29% des initiatives de 0 5ans. Quelque soit la temporalité, notons que la forme associative est la plus représentée. Enfin, les initiatives de plus de 50 ans présentent un visage assez hétéroclite. Cette catégorie comprend une initiative sans structure : il s’agit d’un historique de repas hebdomadaire entre voisins dans le canton d’Hucqueliers.
182 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4
Notre deuxième critère de la fréquence nous conduit à présenter le tableau suivant. Sphère Structure porteuse
Public Privé Mixte Initiative « à l’année » Initiative « évènementielle » Mairie Nombre 18 % 42% Nombre 25 % 58% Intercommunalité 19 76% 6 24% Association 111 84% 21 16% Coopératives 14 93% 1 7% Entreprise 22 100% - - Informel 5 50% 5 50% Structure éducative 2 50% 2 50% Informel 1 17% 5 83% Multiples 3 20% 12 80% Total 199 72% 78 28%
Tableau 40 : Comparatif structure et fréquence des pratiques
Le Tableau 40 présente le comparatif entre les différentes structures qui supportent les initiatives et la fréquence des pratiques, à savoir l’inscription au fil de l’année ou le caractère évènementiel. Notons que pour ce critère de la fréquence, nous nous basons sur l’intégralité de notre recensement. Nous pouvons également remarquer que 72% des initiatives sont « annuelles » et donc ne se réfèrent pas à un événement ponctuel. C’est une tendance remarquable dans ce Tableau 40. Ces constats méritent d’être nuancés. Une initiative annuelle peut aussi s’appuyer sur des événements. Une initiative événementielle peut se préparer pendent plusieurs mois voire une année, ou être portée par un collectif qui inscrit d’autres pratiques sur un temps long. Les structures favorisent l’ancrage annuel des initiatives. Ainsi, les associations, les commerces, les écoles, les entreprises et les regroupements présentent majoritairement des pratiques annuelles. A l’inverse, les pratiques évènementielles se retrouvent davantage dans des cadres publics, au sein d’associations, dans des structurations mixtes ou dans aucune structuration. 4.2.1.2.2. Analyse des pratiques sous critères temporels
Champs des pratiques Années d’existence 0-5 5-10 10-20 Pratiques ayant à cœur le développement de 5 5 3 sociabilités territoriales Pratiques relevant de 6 3 l’animation territoriale Pratiques relevant d’une 6 6 4 solidarité territoriale Pratiques générées par une 7 2 6 spécificité du lieu Total 24 13 16 Tableau 41 : Temporalité par champ de pratiques 20-30 2 2 8 +50 1 1 17 21% 2 14 20% 2 22 31% 4 19 34% 9 72 26% 1 1 Représentativité par rapport au recensement 40-50 4 183 © 2017 Tous droits réservés. 30-40 Total 1 lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4
Nous pouvons remarquer au sein du Tableau 41 que les initiatives les plus anciennes se retrouvent majoritairement dans des pratiques relatives aux actions d’animation et aux festivités. De même, les pratiques s’intéressant aux lieux ont quasiment toutes moins de 20 ans. Enfin, il semble difficile de tirer d’autres conclusions tant le tableau a un caractère équilibré entre les différentes catégories de temporalité et de pratiques.
Champs des pratiques Pratiques ayant à cœur le développement de sociabilités territoriales Pratiques relevant de l’animation territoriale Pratiques relevant d’une solidarité territoriale Pratiques générées par une spécificité du lieu Total Initiative « à l’année » Initiative « évènementielle » Total 65 16 81 40 29 69 65 6 71 29 27 56 78 277 199
Tableau 42 : Analyse des initiatives suivant leur fréquence
Ce Tableau 42 met en exergue la fréquence des initiatives en fonction des différentes pratiques. Les pratiques de sociabilités et de solidarités s’inscrivent majoritairement à l’année (respectivement 80% et 92%). A titre d’exemple, les pratiques d’entraide recensées se rapprochent de pratiques du quotidien seules quatre présentent une dimension ponctuelle. Les pratiques relevant des actions d’animation et des festivités se répartissent entre annuelles et évènementielles : l’analyse détaillée pointe des activités pour les habitants qui s’inscrivent exclusivement à l’année, quand les festivités se répartissent entre les deux catégories. Nous avons ainsi identifié des pratiques annualisées de festivités assurant une animation plus continue pour les territoires. Enfin, les pratiques générées par une spécificité du lieu présentent autant d’initiatives annuelles qu’évènementielles.
4.2.1.2.3. Comparatif marchandisation et inscription dans le temps
Années d’existence Caractère marchand 0-5 14 5-10 8 10-20 3 20-30 Participation aux frais des initiateurs 5 1 4 1 Participation participants Marchand 3 1 6 2 2 3 3 5 24 13 16 8 En dehors Total aux frais des 30-40 40-50 1 1 1 1 +50 2 Total 27 1 13 4 17 2 15 9 72 Tableau 43 : Rapport au marchand des initiatives dans le temps
184 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4
Ce Tableau 43 montre que les initiatives en dehors de tout caractère marchand sont plutôt récentes (moins de 20 ans d’âge). Les autres initiatives présentant des degrés de marchandisation divers ne présentent pas de rapport au temps remarquable. Les neuf initiatives de plus de 50 ans présentent des degrés divers de marchandisation. Cela nous montre que la dynamique de l’initiative sociale et solidaire et les outils dont elles se dotent (structure ou rapport marchand) influent peu sur sa durée de vie.
4.2.1.2.4. Des propositions de catégorisation en fonction de caractères temporels
Nous proposons trois catégories tirées de notre analyse sur ces critères temporels. L’objectif de ces catégories est de mieux appréhender les initiatives recensées. Des initiatives anciennes et ancrées
Les initiatives les plus anciennes sont celles qui ont plus de 40 ans d’existence (une dizaine d’initiatives) : il s’agit majoritairement soit de fêtes traditionnelles soit de pratiques s’appuyant sur des structures présentant une forte dimension réseau (école, parc urbain, foyer rural). « Ces deux fêtes ont été les fêtes traditionnelles de Bapaume. Pendant les années 50, il y avait aussi une dimension terroir avec des machines agricoles, la présentation des animaux... » Entretien avec l’office du tourisme, 12/05/2015, Bapaume
Des initiatives de 10 à 40 ans d’existence : des aménagements de plus en plus importants au fil des années
Pour les initiatives à moyenne durée d’existence (20-40 ans), il s’agit d’associations ou d’événements (marché de Noël). Plus de la moitié d’entre elles ont traversé des situations difficiles posant la question de leur survie, et nécessitant des transformations structurelles. « Il y a 10 ans, l’association était sur le point de fermer les portes. Un nouveau gars est arrivé et a décidé de remuer tout ça (Emmanuel, un natif qui est revenu). Ils ont créé des entreprises dépendantes d’Espoir (ménage/jardinage). Ils ont aussi créé une ETTI. Maintenant, ça roule et ça créé de l’activité économique. » Entretien avec président d’Espoir, 16/03/2015, Hucqueliers Ensuite, les initiatives plus récentes ont entre 10 et 20 ans : on retrouve les premières initiatives sans structure porteuse de l’initiative (exception faite des repas dont nous avons déjà parlé). C’est l’exemple des mobilisations contre l’installation d’une décharge ou des actions autour du remembrement, même si des structures gravitent autour de ces initiatives. Par exemple, une
185 ©
Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4
association de défense de
l’environnement s’est créée suite à la mobilisation autour de l’installation de la décharge. La moitié a été recensée avec une référence à une action plutôt qu’à une structure. L’initiative sociale et solidaire a donc une dimension plus dynamique et moins structurelle (moins liée à une structure unique et porteuse). D’une simple randonnée VTT nocturne à l’origine, cette Ronde du hibou a pris un caractère de plus en plus festif au fil des ans, marquant d’ailleurs le début de l’été et des vacances. L’innovation viendra également de l’organisation d’une marche de 10 km en semi-nocturne et d’un programme de variétés de très bonne tenue. « Derrière un nom d’association sportive, les festivités organisées vont bien au-delà. » Entretien avec l’organisateur, 19/11/2014,
Preures
On note à ce stade quelques transformations des objets : abandon de certains projets, quelques rectifications. Certaines initiatives se sont arrêtées, faute de succès ou de moyens : c’est le cas par exemple d’une association qui menait des projets autour des jeunes en espace rural et qui a dû arrêter ses actions faute de crédits. Des initiatives jeunes et diverses, portées par leur élan initial Enfin, pour les initiatives les plus récentes (de 10 ans), on retrouve un mélange diversifié d’associations, de fêtes, d’actions culturelles, d’initiatives portées par des structures diverses (intercommunales, etc.). Aucune transformation par rapport à l’objet initial n’est à signaler, on peut légitimement conclure que la jeunesse de vie des initiatives les laisse dans leur « élan initial » ou dans leur impulsion première pour celles qui ont moins de 5 ans d’existence. De 5 à 10 ans, les initiatives montrent quelques modifications marginales, des aléas (une initiative récupérée par l’intercommunalité) ou des spécificités que les acteurs veulent développer (exemple d’une cigale se refusant à soutenir des projets sur des critères environnementaux mais privilégiant les sélections selon le parcours des porteurs). En conclusion : des pratiques sociales et solidaires qui résistent au temps Notre analyse des initiatives sociales et solidaires montre que l’impulsion initiale de l’initiative se trouve relativement conservée par le temps. Les initiatives les plus anciennes ne montrent pas de tendances plus fortes à la structuration (cf. tableau 17). On remarque que les pratiques connaissent des aléas avec le temps, qui peuvent les conduire à l’arrêt de l’activité, mais aucune structure existant en parallèle de l’initiative ne montre une plus grande résistance au temps. L’analyse est la même pour la 186 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.
univ-
lille
.
fr
Thèse de
Amélie
Lefebvre
Chombart
,
Lille
1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre
4 marchandisation de l’initiative : si les initiatives en dehors de tout aspect financier tendent
à être plus récentes, on ne note pas de tendance forte sur cet aspect financier. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, nous n’observons pas de corrélation entre structuration et durée dans le temps, ainsi qu’entre marchandisation et durée dans le temps. Rappelons ici que les initiatives les plus informelles n’ont pas été recensées dans ce travail. Mais ces observations prouvent que les initiatives sociales et solidaires se construisent dans les pratiques, et que les structures et les rapports au marchand ne favorisent, ni n’entravent leur inscription dans le temps.
4.2.2. LES PORTEURS DES INITIATIVES
En préalable à notre analyse des porteurs, c’est-à-dire des individus à la source des initiatives, introduisons ce tableau sur lequel nous nous appuierons au fil de nos propos.
Nature des porteurs Initiatives qui se rapportent à une action collective à titre privé 158 initiatives Initiatives qui se rapportent à l’action publique 75 initiatives Initiatives qui se rapportent à l’action d’un individu à titre privé 44 initiatives Porteurs des initiatives Somme Collectifs divers 50 Groupements d’agriculteurs 23 Anciens combattants 3 Assistantes maternelles 2 Comité des fêtes 21 Associations 22 Chasseurs 9 Initiative d’Église 1 Collectif public/privé 5 Salariés 1 Parents 5 Groupes politiques 1 Habitants et voisins 15 Pouvoirs publics 8 Intercommunalité 23 Maire 10 Mairie 34 Enseignant 5 Commerçant 9 Entrepreneur 3 Personne privée 27 Total 277
Tableau 44 : Présentation des porteurs des initiatives sociales et solidaires
Ce Tableau 44 présente plusieurs cas de porteurs des initiatives. Nous avons structuré notre présentation du tableau en trois points : les initiatives d’actions collectives dans un cadre privé (57% du recensement), les initiatives se rapportant à l’action publique (27%) et les initiatives qui se rapportent à l’action d’un individu dans un cadre privé (16%). Nous souhaitons d’abord nous © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4 intéresser aux cas 1 et 3, et traiterons plus largement des initiatives publiques dans le dernier point de ce chapitre (5.4).
4.2.2.1. LE CAS D ’UNE HISTOIRE COLLECTIVE : 158 INITIATIVES
« Tout le monde le porte ce projet : la SAFER, la collectivité... » (Entretien avec un agriculteur, 30/09/2014, Wavrin). Cette phrase extraite d’un entretien avec un agriculteur est intéressante pour plusieurs raisons : elle souligne à la fois la portée d’un collectif impliqué au sein de l’initiative, qui permet la mise en œuvre du projet, et à la fois son caractère exclusif : tout le monde porte le projet, sauf ceux qui ne le portent pas. La suite de l’entretien montre bien que l’agriculteur en question ne se sent pas impliqué dans l’installation de la zone maraichère, qui touche pourtant à sa profession. Alors, quelles formes et quelles places prennent les collectifs au sein des initiatives sociales et solidaires? Nous présentons le Tableau 45 pour enrichir ce point. Il met en lumière les pratiques prises par les collectifs. Collectifs Agriculteurs Anciens combattants Pratiques de sociabilités territoriales 2 Pratiques d’animation et de festivités 3 2 1 Pratiques de solidarités territoriales 17 Pratiques générées par une spécificité du lieu 1 1 1 12 3 Assistantes maternelles Association 3 4 Chasseurs 4 1 Collectifs de loisirs 37 7 6 Collectif public/privé 1 2 1 Comité des fêtes 2 19 Église 4 1 1 Groupes politiques Habitants 1 2 Parents 3 1 5 3 1 1 Salariés 1 Voisins 3 1
Tableau 45 : Identification des collectives par type de pratique Des collectifs divers à l’origine des projets
Certaines initiatives sociales et solidaires que nous avons rencontrées sont portées par des collectifs divers, tel que cela est présenté dans les Tableau 44 et Tableau 45. Ils nous présentent des données intéressantes : les pratiques de sociabilités tendent à être portées par des collectifs de loisirs (clubs de loisirs, de sport, de personnes âgées, etc. dont la sociabilité induite se créé en parallèle d’une pratique de loisirs). Les festivités sont portées par des comités des fêtes (et donc, des collectifs créés pour la mise en place de festivités). Les pratiques de solidarités sont soit prises par des agriculteurs (on retrouve ici l’entraide à travers les CUMA), soit par des associations (souvent de réinsertion).
188 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 Des collectifs créés spontanément, en réaction à une situation
L’enquête a montré plusieurs cas de collectifs qui se constituent suite à un événement. Nous avons choisi trois exemples pour illustrer notre propos, tous issus de collectifs d’habitants : - un collectif éphémère se créé pour assister une famille en difficultés : « Les habitants de Don, parents d’élèves de l’école Pasteur, voisins, et le maire, André-Luc Dubois, se démènent pour aider la famille Margarian. Un couple et leurs deux enfants, arrivés en octobre 2013, réfugiés d’Arménie. » (La Voix du Nord, Edition Lomme, Loos et les Weppes, 23/06/2015). L’initiative tient à la solidarité qui se met en place autour de cette famille, constituée d’un collectif éphémère de voisins, d’amis et de soutiens municipaux. - L’exemple de l’installation d’une décharge est également significatif : « Tout le monde était contre » (entretien, 16/03/2015, Hucqueliers). Un collectif se créé localement pour lutter contre cette installation. Suite aux 10 ans de conflit, la décharge s’est installée mais une trace de ce collectif perdure à travers une association de protection de l’environnement. Dans ce cas, l’initiative sociale et solidaire tient à l’attachement aux lieux qui se révèle à travers l’action collective : en se mobilisant contre la décharge, les habitants ont été amenés à se constituer en collectif éphémère, arguant leur attachement au territoire. - Une association « Grain de Sable » s’est constituée contre un « lotisseur malhonnête » (sic) (entretien, 24/06/2014, Sainghin-en-Weppes). L’association regroupe des voisins qui font pression contre ce lotisseur et ses projets immobiliers qui ne convenaient pas au voisinage. Ce collectif de voisins a obtenu gain de cause : une trace perdure de cette lutte collective, la fête des voisins qui demeure un moment particulier dans ce quartier. Des alchimies individuelles et collectives A mi-chemin entre le collectif et l’individuel, il y a les repas entre voisins ou d’associations. Ils sont portés par une personne seule ou une association : ils ont de fait un caractère individuel ou relatif à un cercle de sociabilité prédéterminé. Ils sont cependant devenus une tradition et un rendez-vous. A ce titre, le collectif y a clairement sa place. Il ne passe pas un weekend sans des retrouvailles autour d’un repas, organisé ou improvisé (entretiens du 19/11/2014, Preures et du 16/03/2015, Hucqueliers). Enfin, un autre exemple d’alchimie individuelle et collective avec un collectif de jeunes constitué autour d’un lieu grâce au prêt d’un terrain. L’initiative existe grâce à la rencontre entre la dynamique collective émergeant du MRJC et l’investissement individuel du couple propriétaire, qui prête le terrain. Certains évoquent la difficulté de trouver des meneurs. Penchons-nous dès lors sur les trajectoires individuelles qui aboutissent à la révélation d’individus porteurs.
189 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 4.2.2.2. DES INITIATIVES ENRACINEES INDIVIDUELLES : 44 INITIATIVES AU SEIN DE TRAJECTOIRES
Certains individus sont bien identifiés des porteurs des initiatives. Au-delà de la personne en tant que telle, plusieurs points nous ont marqués concernant ces individus au cours de l’enquête de terrain. Pra
tiques de sociabilités territoriales 1 Pratiques d’animations territoriales Enseignant 2 1 Entrepreneur 2 Personne privé 12 Individuel Commerçant Pratiques de solidarités territoriales Pratiques générées par une spécificité du lieu 8 1 Total 9 1 5 1 4 6 3 5 27 Tableau 46 : Pratiques prises par des individus
Il nous est difficile de dégager des tendances de ce Tableau 46 pour chaque catégorie de porteurs. De manière générale, 27 initiatives prises par des porteurs individuels sont des personnes privées. Le reste des initiatives portées par des individus le sont dans un cadre professionnel : il s’agit de commerçants, enseignants ou entrepreneurs. Notons que les commerçants prennent principalement des initiatives en lien avec le lieu. Nous pouvons également relever que les pratiques de sociabilités sont prises par des personnes privées. Au sein de ces 59 initiatives pour lesquelles nous avons distingué des individus porteurs dont l’expérience en société a contribué à la prise d’initiative. Nous avons relevé trois points d’importance que nous illustrerons avec des exemples : le parcours des individus, les leaders et les liens aux lieux.
Le parcours L’importance du parcours : l’exemple d’un président d’union des commerçants
Une association de commerçants est présidée par le boucher de la ville depuis 3 ans. Avant lui, son père en était le président pendant 13 ans. Ce positionnement particulier, c’est-à-dire le fait d’hériter d’une place longtemps occupée par un membre de sa famille, donne à son président la connaissance de l’historique de l’association et une assisse importante. De plus, ce boucher connaît bien le territoire et ses acteurs.
190 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4
« Je
n’hésite pas à crier haut et fort ce qui ne va pas. Le nouveau maire est tout gentil. Je le connais bien, j’étais invité à son anniversaire de mariage. On n’oserait pas lui mettre de baffes de peur qu’il ne pleure (sic). Maintenant, quand on rentre dans la mairie, on ne connaît plus personne. Il y a des gars qu’on n’a jamais vus alors que je connais tout le monde. Un technicien est toujours fourré avec le nouveau maire. Je ne vois pas ce que le technicien vient faire là. Il a plus de pouvoirs que le 1er adjoint. Il vient mettre la zizanie partout (sic). C’est une question de personne, pas de droite ou de gauche. » Entretien du 11/05/2015, Bapaume
La personnalité de l’individu marque fortement l’union des commerçants qui se trouve associée à sa personne. Un atout que reconnaissent les autres membres de l’union des commerçants. L’union connaît des difficultés qui sont le reflet de celles que connaissent les commerçants de la ville : perte de clientèle, désertification du centre-ville. L’union se retrouve face à la nécessité de prendre des initiatives nécessaires à sa survie : ainsi, le collectif est stimulé et tente des opérations à destination des clients des commerces (lots, etc.). L’objectif est de retisser du lien entre commerçants et leur clientèle. Mais les initiatives sociales et solidaires se retrouvent au sein même de l’union des commerçants (en choisissant d’affronter en collectif les difficultés de fréquentation de leur commerce par exemple), qui se réunit régulièrement pour discuter de leur venir (voir encadré). Un projet d’union commerciale intercommunale est en discussion, avec l’objectif de se regrouper pour être plus fort. Les rares commerçants présents mercredi soir en mairie ont soutenu le bureau actuel et ont supplié ses membres de continuer. ... Le président et la vice-présidente sont connus pour leur franc-parler et revendiquent leur « grande gueule ». Ça devrait dépoter! ... Après l’arrivée de ces bonnes âmes, le bureau a donc décidé de poursuivre l’aventure ... La Voix du Nord, Edition Arras, 11/04/2015 Enfin, en revenant sur le parcours du président de l’union des commerçants, nous pouvons mettre en évidence une forme de proximité qui lui donne une connaissance des problématiques du territoire (un recul conféré par le collectif de l’union mais aussi des liens avec la mairie). Ainsi, ce boucher a décidé de mettre en place un service de repas à domicile, avec plusieurs objectifs : augmenter ses ventes, mais aussi proposer un service auprès d’une clientèle qui ne peut plus se déplacer (personnes âgées notamment), par un système de tournée quotidienne dans des communes alentours. Ce service adapté témoigne d’une profonde connaissance du territoire, entretenu par la mise en place de cette pratique.
191 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 Des choix individuels ancrés dans un parcours : l’exemple d’acteurs de l’ESS s’installant au sein d’un territoire
Le couple se présente comme des acteurs venant de Lille. L’épouse est commerçante d’articles de plage et a développé une activité autour des jeux coopératifs. Elle se présente « de culture économie sociale et solidaire », et a voulu implanter de nouvelles choses à leur arrivée sur le territoire, suite à une formation sur « agir localement ». Elle a ainsi créé de nombreuses initiatives : par exemple un troc-livre, des soirées jeux coopératifs, des cinés-soupes. L’objectif pour eux était de créer du lien, de la rencontre, et de proposer des pratiques inhabituelles pour les habitants. De nombreuses initiatives se sont arrêtées par essoufflement et parce que « c’était des gens de l’extérieur qui venaient » (Entretien avec l’organisatrice, 16/03/2015, Hucqueliers). Elle se dit en décalage culturel avec « les gens d’ici » : « Après toutes ces années, ils nous voient encore comme de l’extérieur car quand c’est lard/frites, nous n’y participons pas » (ibid). Le couple souhaitait créer des associations culturelles, car ne se retrouvait dans les fêtes de canton « où ils invitent Annie Cordy et ils picolent » (ibid). Le parcours de l’individu et son vécu influencent ses représentations et ses choix. La retraite comme facteur pouvant être déclencheur
Nous avons retrouvé cinq initiatives où le départ en retraite se présente comme un facteur déclencheur de prise d’initiative. Par exemple, la constitution d’une AMAP par un retraité qui dit agir par conviction : Il en a eu « marre de remplir son caddie de tomates au supermarché » et a souhaité profiter de sa retraite pour prendre part à ces initiatives. Il agit par envie de sociabilité (en soulignant que l’AMAP, c’est d’abord pour lui une bande de bons copains qui sont contents de boire un coup ensemble tous les vendredis soir), mais aussi par solidarité (à la fois dans l’accompagnement à l’installation d’un jeune maraicher mais aussi dans la mise en place de paniers à prix réduits pour une famille dans le besoin). Le départ en retraite est identifié comme facteur déclencheur pour une autre initiative : une personne travaillant dans le social auprès de personnes âgées qui a lancé, à son arrivée en retraite, une initiative intergénérationnelle avec des collèges ou centres de formation et des personnes âgées. Sa carrière lui a facilité les premiers contacts, puis il lui a fallu du temps pour se faire connaître. Son initiative intergénérationnelle a un double effet : à la fois chez les personnes âgées qu’elle sent transformées par les visites, qui favorise leur maintien à domicile. Mais aussi, la transformation s’opère chez les jeunes qui rendent visite, avec le développement de leurs capacités relationnelles.
192 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 Des leaders, personnalités visibles et invisibles
Nous avons choisi de développer la question des leaders à la fois au niveau de personnes privées prenant des initiatives (représentant 46% des porteurs individuels, cf. tableau 22), mais également sur la place de certains maires au sein de leur territoire (représentant 13% des porteurs publics, cf. tableau 22). Nous ne traitons pas dans cette partie uniquement de personnalités fortes, au caractère bien trempé. Nous nous intéressons aussi et surtout aux leaders de l’ombre, aux personnes qui s’imposent par la force de leur engagement au sein des initiatives sociales et solidaires, sans pour autant se démarquer dans l’espace local. Des individus comme maillon social incontournable Le premier exemple pour illustrer ce point est celui d’un facteur. Il exerce son métier dans des communes peu accessibles (petites routes) et peu peuplées. Ce facteur, en plus de son travail de distribution du courrier, entre dans de nombreuses maisons et maintient un lien régulier avec de nombreuses personnes isolées : la mairie l’identifie comme celui qui fait le lien et connait les situations de beaucoup de monde. Mais au-delà de sa place quotidienne de maintien de sociabilités et de son rôle de vigilance quant à la situation de nombreuses personnes isolées, ce facteur organise également une fête sportive connue localement (voir encadré). « Le facteur fait beaucoup de choses, il entre chez toutes les personnes âgées. C’est quelqu’un qui se bouge. Il organise le rurathlon : c’est une randonnée pédestre avec des jeux traditionnels sur le parcours (disc golf, petit parcours VTT, vieux jeux locaux). Cet événement se fait en lien avec le CDSMR (sport en milieu rural) et grâce aussi à une subvention des foyers ruraux. Il finit par un petit repas... les gens restent jusqu’à 16h. Le facteur prend très à cœur son rôle de lien social, il fait des courses pour les personnes âgées, il alerte sur l’état des gens. » Entretien avec le maire et la secrétaire de mairie, 19/11/2014, Preures
Note post entretien : le facteur est passé pendant l’entretien, la secrétaire de mairie le salue « Salut Biloute! » (sic) de manière très enthousiaste... le facteur a pu répondre à quelques questions. Cette dimension « incontournable » de certains individus s’est retrouvée dans d’autres contextes. Par exemple, « il faut que vous rencontriez un président de RPI, ce sont des acteurs incontournables », ou encore « en milieu rural, on est obligé de passer par la mairie » (Entretien avec une agricultrice, 11/05/2015, Grévillers). Au sein des territoires, le caractère incontournable d’une personne peut dépasser les clivages politiques concernant les initiatives sociales et solidaires. Une mairie de droite et ses nouveaux élus ont ainsi identifié une personne source de nombreuses initiatives : 193 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 « C’est un communiste. C’était un meneur d’homme. Il a créé le marché de Noel tous les ans, avec un Père Noel qui descend du clocher, une patinoire. Toutes les associations viennent au marché de Noel, c’est gai. Les habitants viennent, c’est entré dans les traditions. Il a mis en place beaucoup de choses avec une bande de copains. » Entretien avec un élu, 24/06/2014, Sainghin en Weppes Cet exemple du leader dépassant les clivages politiques véhicule également l’idée d’un homme qui n’est pas isolé mais qui met les gens en mouvement. Quand le maire est porteur d
’
initiatives
Notre interlocuteur est né dans la commune où il est désormais élu. Il a commencé la vie associative
trè
s jeune en tant que meneur de l’équipe de foot (« il n’y avait que ça à l’époque »). En 1981, il a mis en place les restos du cœur dans le canton. En 1983, il a fait une liste aux élections municipales mais ils ont été battus. En 1984/85, il a acheté une fermette pour organiser et financer des bals. En 1995,
il
est
élu
aux
élections municipales. Il se lance dans la création d’une harmonie
(
après
les cours de
musique
). Il lance la banque alimentaire dans sa commune, des contrats aidés, des logements sociaux. Il dit avoir été élu car il a créé le club de loisirs Léo Lagrange. Il s’est rendu compte qu’il fallait occuper les jeunes, pour éviter qu’ils ne squattent les abribus. Il a embauché 5 jeunes pour la maison de retraite et 3 jeunes pour la mairie (sport, informatique, culturel). « Ça n’a pas couté grand-chose. Les gens étaient contents, les jeunes étaient occupés. » Entretien avec le maire, 12/02/2015, Croisilles L’exemple de ce maire particulièrement actif dans sa commune témoigne à la fois de liens au lieu qui sont très forts (naissance dans la commune), mais également d’une personnalité qui le pousse à prendre de nombreuses initiatives. Le statut de maire importe peu finalement, même s’il constitue une ambition en soi pour ce personnage. Mais la prise d’initiatives n’a pas été empêchée lorsqu’il n’était pas élu, obtenant des financements pour ses projets. Cet exemple introduit la prochaine section qui traite du charisme des individus et de leurs liens aux lieux.
194 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 Les liens au lieu Des individus-acteurs qui permettent la réalisation des initiatives
Notre premier exemple concerne des initiatives se rattachant à l’action d’une communauté de communes (31% des initiatives relatives à l’action publique). Certains acteurs disposent d’un tel ancrage dans le territoire qu’ils permettent une appropriation particulière des projets. Dans notre exemple, le technicien du service de développement agricole connaît bien les lieux (il y vit depuis plusieurs années), habitants et il est surtout bien connu des agriculteurs : cela lui permet d’organiser de nombreuses initiatives, d’après un acteur extérieur au territoire. Les services de la chambre d’agriculture l’ont bien compris et « passent par lui » quand il s’agit de mener une initiative sur le territoire. A un tel point que le conseiller désigné de la chambre d’agriculture sur ce territoire ne cherche pas à faire doublon, et laisse souvent la place au technicien de la communauté de communes (ou le consulte avant de lancer une initiative), qui connaît mieux les lieux par sa longévité et son ancrage au sein du territoire. Ce technicien porte ou soutient de nombreuses initiatives sociales et solidaires en lien avec le milieu agricole local : pratiques d’animations avec des fêtes rurales traditionnelles, pratiques de sociabilités avec des actions pour favoriser la rencontre entre agriculteurs, pratiques de solidarités en œuvrant à la consolidation locale des CUMA. Il soutient également une association de réinsertion qui œuvre à la préservation de l’environnement dans le canton (plantation de fascines). Un second exemple est celui d’une agricultrice qui est à la tête d’une entreprise de travaux agricoles. Elle représente les agriculteurs dans de nombreuses organismes : la chambre d’agriculture, le syndicat agricole, la communauté de communes. Elle porte notamment (avec d’autres, même si elle reste la principale personne porteuse des pratiques) une initiative sociale et solidaire développant des pratiques de réinsertion en réponse au chômage local et au manque de main d’œuvre qualifiée auquel se confrontent les agriculteurs : c’est ainsi qu’elle est présidente d’un groupement d’employeurs de qualification et de réinsertion. « Elle fait partie des gens qui se bougent pour Bapaume. Comme sa mère avant elle... Elle fait partie de ces gens qui n’ont pas peur de monter sur le clocher de l’église avec leur drapeau pour crier haut et fort ce qu’ils pensent » Entretien avec un commerçant, 11/05/2015, Bapaume
L’extrait met en évidence des caractéristiques personnelles et familiales : le fait de « se bouger », les liens de filiation suggérant une reproduction d’un modèle familial, et le caractère de quelqu’un qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Malgré quelques tensions ou désaccords occasionnels, les acteurs institutionnels du territoire reconnaissent aussi la place particulière de l’agricultrice.
195 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre
4 « C’est l’intercommunalité qui en est à l’initiative, elle l’oublie un peu. Mais je la remercie quand même, car si elle n’avait pas été là, ça n’aurait pas marché. » Entretien avec une élue, 11/05/2015, Biefvillers les Bapaume
Il est intéressant de remarquer les liens presque indissociables entre ces individus remarqués et les initiatives qu’ils portent. Car c’est ce qui nous intéresse ici : certaines initiatives – peut-être les plus osées, les plus complexes? – n’auraient pas pu exister sans ces acteurs particuliers. La place particulière des habitants historiques Enfin, pour conclure ce point, relevons des personnalités qui nous ont été citées au sein de l’enquête de terrain pour leur historicité vis-à-vis des lieux et la place particulière qu’ils prenaient sur cette question des socio systèmes locaux. Nous avons identifié 22 personnes remarquées au sein de notre enquête, qui peuvent prendre plusieurs initiatives sociales et solidaires différentes. Ces 22 individus prennent des initiatives sans en être toujours les exclusifs porteurs : ils peuvent s’inscrire dans des collectifs ou dans des partenariats. Nous avons choisi deux exemples pour illustrer ce point. - Une association de réinsertion était sur le point de fermer ses portes quand « un gars du coin est revenu sur le territoire et a pris les choses en main » (entretien, 16/03/2015, Hucqueliers). Au moment de l’entretien, l’association (qui a vu le jour suite au constat des difficultés à trouver un emploi en milieu rural, avec des situations d’exclusion et de marginalisation) avait su se développer et créer de nouvelles antennes. Au cours de l’entretien, était souligné le fait que celui qui avait fait changer les choses était « un gars du coin », comme si le fait de connaître (et d’être connu?) conférait un avantage supplémentaire. - Un atelier a été organisé autour d’une personne âgée, Gisèle Houriez, qui est une figure locale dans sa commune. L’idée est de conserver les savoirs et les poèmes écrits par cette personne grâce à la mise en place d’un journal disponible dans les bibliothèques de la communauté de communes. Et c’est grâce à une autre initiative que les talents de cette personne âgée ont été révélés ; un service de lecture à domicile a été mis en place par une jeune personne en contrat d’avenir. C’est Laura, la personne en charge de ces lectures, qui a trouvé le contact de la personne âgée, ne pouvant plus se déplacer. Dans ce cas, les initiatives sociales et solidaires sont également un moyen de révéler des personnalités locales et de les associer à d’autres initiatives : elles mettent en lumière les individus et les transforment en acteurs des territoires. Elles sont également un moyen de mieux vivre pour ces personnes âgées : le poème présenté ci-après (Encadré 2) en témoigne.
196 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 Encadré 2 : Poème de Gisèle Hourriez Macarez
A l’abri des regards, c’est un
endroit charmant
Puis reprise des jeux, l’entracte est abrégé Où l’on vient oublier, l’espace d’un instant, Offrant nouvelle chance aux perdants éplorés. L’ennui, la solitude, et même le chagrin, Et jusqu’à dix-huit heures, défaites et victoires C’est un lieu de détente qu’est le club de Se mêlent à nos rires, nos futiles histoires... Vertain C’est avec nostalgie que nous nous séparons. Rencontres amicales pour nous les retraités, La quinzaine prochaine, nous nous Où belotes et scrabble restent jeux animés ; retrouverons Lectures attentives, simples conversations, Pour savourer encore, et durant quelques Ces jeudis de rencontres, à chacun sa façon! heures Ces instants de la vie que l’on nomme A l’heure de la pause : dégustation café, « BONHEURS »... Et d’un petit gâteau, toujours très apprécié ; Source : http://www.vertain.fr/spip.php?article63 Pour contrebalancer cette idée, notons qu’il n’y a pas que les habitants historiques des lieux qui sont porteurs d’initiatives sociales et solidaires fructueuses et appropriées. Pour le démontrer, citons l’exemple d’une habitante arrivée en 1995 sur le territoire, originaire du Sud de la France. Très impliquée dans le milieu associatif, elle a été à l’origine de la relance du foyer rural dans sa commune, des initiatives pour la bibliothèque, etc. Elle fait partie des individus investis localement, qui cherchent à faire de l’animation et créer des lieux de rencontres pour pallier aux nombreuses fermetures de cafés, des boulangeries... De fait, le fait « d’être du coin » (c’est-à-dire d’être né au sein du territoire) n’est pas une caractéristique indispensable à la mise en place d’initiatives sociales et solidaires.
CONCLUSION : DES INITIATIVES QUI EVOLUENT PAR LEURS PORTEURS
Les initiatives sociales et solidaires sont nées d’individus qui identifient des besoins, des problématiques ou des manques. Ainsi, elles se positionnent en parallèle des circuits classiques. Par ce positionnement, elles comblent ce qui n’est pas pris en charge par les procédures conventionnelles. Les porteurs mobilisent leurs vécus, et prennent des initiatives principalement dans un cadre privé, en collectif (majoritairement) ou de manière individuelle. Les initiatives présentent une belle persistance dans le temps. Enfin, elles mobilisent autour d’elles des individus, qui prennent part aux initiatives : voyons maintenant comment ces participants s’y trouvent investis.
197 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre
Chapitre 4 4.3. LES PARTICIPANTS : DES INDIVIDUS QUI DEVIENNENT ACTEURS
Après avoir montré l’importance du vécu et des porteurs des initiatives sociales et solidaires, moteurs de leur impulsion, voyons maintenant qui prend part aux initiatives et comment la participation des individus à ces initiatives les transforme. Nous traitons ici des individus qui prennent part aux initiatives en tant que participants. Nous nous attacherons à l’étude des porteurs des initiatives, qui sont au cœur de l’action, dans le point suivant.
4.3.1. CARACTERISER UNE DIVERSITE DE PARTICIPANTS
Ce point nous permet un premier panorama sur la participation des individus. 4.3.1.1. DE NOMBREUX INDIVIDUS CIBLES PAR LES INITIATIVES SOCIALES ET SOLIDAIRES
Individus ciblés Somme Enfants et jeunes 36 Une tranche d’âge Personnes âgées + jeunes 4 Personnes âgées 26 Un état difficile Personnes en difficultés 26 Passionnés 16 Professionnels 30 Participation ouverte Tout public 36 13% Public de proximité Habitants 103 37% Un public très ciblé Total Tableau 47 : Les populations cibles des initiatives sociales et solidaires Part du total 24% 9% 17% 277 initiatives
Le Tableau 47 présente le panorama des individus ciblés par les initiatives. Nous remarquons d’emblée la part importante du public de proximité, à travers la mention des « habitants » : 37%. De plus, à travers la catégorie « tout public » (recouvrant 13% du total) sont aussi désignés les habitants, qui n’habitent pas l’espace mais qui pourraient être intéressés par les initiatives. Ces deux catégories recouvrent 50% du total : nous pouvons ainsi dire que la moitié des initiatives ciblent de manière ouverte tous les individus, avec une attention particulière pour un public de proximité. L’autre moitié du recensement s’attache à une population ciblée et concerne principalement des pratiques destinées à une tranche d’âge particulière (jeunesse ou personnes âgées, pour 24%). Le reste se répartit entre attention aux personnes en difficultés (9%) et un public particulier de passionnés ou de professionnels (17%). Il faut cependant noter que nous n’avons pris en compte dans notre tableau 24 que la cible principale des initiatives. En effet, une seule initiative peut cibler une diversité d’individus. Nous illustrerons ce fait par plusieurs exemples. La place qu’une école accorde aux divers individus prenant part à la vie scolaire et extrascolaire (salariés, scolaires, parents, etc.) la qualifie comme initiative sociale et solidaire. On distingue ainsi des pratiques de sociabilité à travers l’ambiance familiale qui y est 198 © 2017 Tous droits réservés. lilliad.univ-lille.fr Thèse de Amélie Lefebvre Chombart, Lille 1, 2017 Amélie Lefebvre Chapitre 4 cultivée, des pratiques qui vont au-delà de sa mission d’éducation des enfants. Son directeur se voit ainsi à la tête d’un pôle de vie, de lien social et justifie d’une place de proximité particulière..Les élèves ressentent également la particularité d’une grande école où tout le monde se connaît (dans un fort esprit de soutien dans les difficultés, avec l’exemple du décès par accident de deux élèves qui a occasionné des rassemblements de tout l’établissement en leur mémoire) et où les projets entre élèves favorisant le « faire ensemble » sont accompagnés par l’établissement (exemple d’un groupe de musique). Enfin, on distingue également un accompagnement des familles en difficultés à travers des pratiques de solidarité, par des aides pour partir en voyage par exemple (cf. encadré ci-dessous). « Nous avons 2900 élèves, nous sommes un pôle de vie, de lien social.
| 30,459
|
c0a906b94c17077f75d7e8feb519c865_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 1,996
|
Exécution (Lecture D’Un “Proême”)
|
None
|
French
|
Spoken
| 2,724
| 4,905
|
PDF hosted at the Radboud Repository of the Radboud University
Nijmegen
The following full text is a publisher's version.
For additional information about this publication click this link.
http://hdl.handle.net/2066/104865
Please be advised that this information was generated on 2024-05-17 and may be subject to
change.
Franc Schuerewegen
EXÉCUTION (LECTURE D'UN "PROÊME")
PROÊME CAPITAL
Les Fleurys, 10 avril 1950
Il y a d'une part vous, hommes, avec vos civilisations, vos journaux, vos artistes,
vos poètes, vos passions, sentiments, enfin tout le monde humain de plus en
plus révoltant, invivable (injugeable).
Et d'autre part, nous, le reste: les muets, la nature muette, les campagnes, les
mers et tous les objets et les animaux et les végétaux. Pas mal de choses, on le
voit. Enfin, tout le reste,
*
C'est cette seconde partie parfaitement en dehors des hommes, qu'il est de ma
raison d'être
de représenter, à quoi je donne la voix.
Que je voudrais (qui se fasse entendre par ma voix), faire parler aussi haut que
les hommes.
Il suffit qu'elle dise un mot pour dominer aisément tout le reste.
On voit que je n'ai pas grande inquiétude à avoir quant à mon rang parmi les
poètes, parmi les hommes: il ne s'agit pas de ça. L'armoire enfin veut parler:
c'est tout.
*
Vous...
Vous êtes là, tous autour de moi — aujourd'hui vous arbres, cailloux de ce
verger, nuages au ciel, merveilleuse nature morte, harmonie sans conteste.
Vous êtes là,
Vous êtes bien là!
Indiscutablement. Debout ou couchés, morts ou vifs, forts, présents,
Nous allons leur parler, aux hommes.
Donc emprunter leur voix, leurs paroles. Parlons! Parlez! Je suis votre
interprète. Dites ce que vous avez à dire. Dites seulement qui vous êtes.
Allons dites-le-moi.
Je ne m'intéresse qu'à vous.
Vous dévoue entièrement ma vie, mes paroles.
Exercées dès longtemps, dès ma jeunesse, à cela 1
' "Nioque de l'avant printemps" (1950-53), Nouveau nouveau recueil (1940-1975),
Gallimard, 1992, p. 73-74.
EXÉCUTION (LECTURE D'UN "PROÊME")
Je n'ai jamais pu lire ces lignes sans éprouver une sorte de trouble. Certes, on est
toujours un peu troublé quand on lit Francis Ponge et c'est pourquoi on l'aime. Mais,
ici, c'est encore différent. J'ai l'impression d'être tenu à l'écart par ce texte qui pourtant
me convoque. Je suis appelé à témoin: "on le voit", la formule apparaît à deux reprises.
Et je ne puis m'empêcher de penser que "on", c'est "moi". Mais pourquoi, en somme?
J'ai beau lire en silence, je me demande si ce texte est vraiment fait pour que je le lise,
si je ne me situe pas pour ainsi dire dans le mauvais camp, du côté des bavards, des
"poètes", ceux qui ne savent pas se taire?
Je ne m'attarderai pas sur la notion de "proême", renvoyant, sur ce point, à l'excellente
mise au point de Jean-Marie Gleize et de Bernard Veck. Le prooimon est, dans la
poésie archaïque, ce qui vient avant le chant: aimé. Mais Ponge autonomise le
"proême" en jouant sur le mot: "proême" = poésie + prose2. Quant à l'épithète "capital",
qui est capital, j'y reviendrai à la fin.
D'abord un mot sur ce que j'ai appelé mon trouble herméneutique. L'énonciation, dit
Benveniste, est une allocution; quand on prend la parole, quel que soit le contexte,
même si on est seul (cela arrive), on "implante" l'autre en face de soi; "implantation"
qui rétroagit sur la manière dont je me positionne à mon tour par rapport à cet autre3.
C'est là la règle, le principe. Mais qu'en est-il de "l'appareil formel de l'énonciation"
dans ce "proême" aux positions interlocutives évidemment multiples et extrêmement
mobiles?
On distingue trois parties, trois séquences, séparées par un astérisque: une prosopopée
("figure par laquelle on fait parler un absent, un mort" — et je reviendrai également sur
l'idée de la mort), un passage métadiscursif ou "métatechnique", au sens de Ponge, et
une apostrophe, où le "proète" (j'introduis ce terme à mes risques et périls) s'adresse
aux choses, tentative d'évocation in actu qui est aussi une sorte de retournement de la
situation initiale: car si les "choses" s'adressent aux hommes dans un premier temps, à
la fin (mais est-ce bien la fin?), le "proète" s'adresse à elles, essayant de les faire parler,
soulignant sa longue expérience en la matière: "dès ma jeunesse".
Mais quelle est donc l'utilité de cette expérience lentement acquise, de ces longs
exercices auxquels le "je", à l'en croire, s'est soumis? On est frappé par le ton quasiment
désespéré du paragraphe final où le "proète", visiblement, s'impatiente: les "objets" ne
répondent pas assez rapidement à son goût; d'ailleurs, il ne sait toujours pas, malgré le
contact qui s'est établi ("Vous êtes là"), à qui il a affaire: "Dites seulement qui vous
êtes". Et on repense à Benveniste, aux précieux commentaires sur "l'homme dans la
langue". Qui suis-je? La question, ici, n'est pas de "savoir qui je hante" (Breton), mais
"qui c'est qui me cause". Faute d'une réponse suffisante, le "proême", qui commence
2 Cf. Francis Ponge, Larousse, 1979, p. 61-62 ("Textes pour aujourd'hui").
3Problèmes de linguistique générale, t. II, Gallimard, 1974, p. 82.
100
FRANC SCHUEREWEGEN
par un sorte de cri de guerre, ou de triomphe ("nous, les choses, voulons parler") se
termine (ou s'interrompt) sur un sentiment de blocage ou de malaise communicatif:
"Allons dites-le-moi". Suspens. Suspense, aussi. Et si "on" ne disait rien, s'il n'y avait
pas de réponse?
L'évocation aurait sans doute été plus convaincante (plus succesjul, au sens de la
théorie des actes de langage) si l'ordre des séquences avait été différente: apostrophecommentaire-prosopopée ou, autre possibilité, commentaire-apostrophe-prosopopée.
Le "proète" commencerait ainsi par expliquer son but (ou son fantasme): donner sa
voix aux choses, et finirait par nous donner un authentique échantillon de sa
compétence discursive et communicative. Mais tel n'est pas l'ordre retenu par Ponge.
Ou, plutôt, tel n'est pas l'ordre adopté dans le présent volume. Je n'ai pas vu le
manuscrit, je ne suis pas absolument certain que ceci est bien la fidèle transcription du
vouloir-dire de Francis Ponge. Mais faisons comme si4. Je suis alors obligé de conclure
à une sorte de détérioration des relations entre le "proète" et les "choses": tout va bien
au début; mais l'assurance s'évanouit au fur et à mesure que le "proême" se déroule, se
déplie.
Réfléchissons à cette détérioration. Le problème est entre autres que l'interprète occupe
une position intermédiaire entre le "monde muet”, à qui il s'adresse, et le "monde
humain" qu'il choisit comme public. L'entreprise d'évocation frôle ainsi le paradoxe
pragmatique. Car, afin de se mettre en contact avec "cette seconde partie parfaitement
en dehors des hommes", Ponge est obligé d'emprunter aux hommes leur langage. Pas
moyen de faire autrement. S'il s'était servi d'un langage "muet" (qui est peut-être le
contraire du langage), il n'y aurait pas eu de "proême". Ponge a beau présenter
'l'emprunt' qu'il fait comme une sorte de détournement, comme un vol de langage
("Nous allons leur parler, aux hommes"), il s'agit aussi d'une stratégie de colonisation
par le langage: malgré le nous "exclusif ("moi + eux contre vous" — voir
Benveniste), l'interprète appartient à l'autre camp (comme le lecteur du texte, en
quelque sorte), il est l'ennemi, l'oppresseur.
Mais l'est-il vraiment? Je reviens un instant à la phrase initiale: "Il y a d'une part vous,
hommes". "Il y a vous". La formule est remarquable. Le "il" de l'indifférenciation
précède le "vous" allocutif. En un sens, on voit littéralement émerger, dans la première
ligne du "proême", à partir d'un état d'indifférenciation originaire (Es gibt), la scission
"vous-nous", la scissiparité énonciative sur laquelle le "proême" est construit et qu'il
exploite: "Il/vous/nous". Et "vous" précède "nous". L'autre est là d'abord. J'attire
également l'attention sur la manière dont se présente, dans le paragraphe initial, le
groupe des "muets", les s.d.f. de rénonciation: "nous, le reste", formule évidemment
contradictoire, si l'on se reporte à Benveniste, car elle rabat le "nous" sur le "il" que
Benveniste définit comme une "non-personne". Et l'on voit mieux alors quel est le coup
de force réalisé par Ponge, quelle est la part de provocation qui se donne à lire dans ce
4 Nous attendons tous impatiemment la publication des Oeuvres — avec l'appareil de notes —
dans la "Bibliothèque de la Pléiade".<»
101
EXÉCUTION (LECTURE D'UN "PROÊME")
texte, où les "non-personnes" s'expriment... en personne. De là le trouble que l'on peut
éprouver en lisant: en principe, mais en principe seulement, "il" ne peut pas prendre la
parole, à moins de devenir, pour moi, un "tu" à qui je m'adresse. Chez Ponge, cette
entorse à la grammaire pronominale est parfaitement possible et c’est même elle qui
porte le texte et qui le dynamise.
Un "proême" est, entre autres, un mélange de prose et de poésie. C'est donc aussi une
sorte de "poème". D'où les effets de symétrie qu'on observe et qui ressemblent un peu à
un début de versification. "Nous, le reste" (dans la partie "prosopopée") rime avec "tout
le reste" à la fin du paragraphe, ce qui est une manière de nous signaler que "nous" est
un "tout" et que le compte n'y est pas quand on exclut le non-humain, les non-causeurs.
Il y a un reste, " 'tout' le reste", et la formule utilisée par Ponge est aussi une sorte de
correctif par rapport au " 'tout' le monde humain" qui apparaît plus haut ("enfin tout le
monde humain de plus en plus révoltant"). "Tout" n'est pas "tout" si le "reste" n'y est
pas. Mais comment faire pour l’incorporer? Tout le problème est là.
A noter aussi que l’expression "tout le reste" resurgit dans la deuxième partie (dans le
fragment "métatechnique") où le sens de la formule a changé: elle désigne ici la
collectivité des humains, des 'causeurs'. Un échange d'identité (de statut) a eu lieu: les
anciens marginaux sont devenus les maîtres, et ce qui représente la masse dans un
premier temps se voit marginalisé par la suite. Le dominant est devenu dominé. Ces
glissements sont d’autant plus remarquables qu'il convient de les situer par rapport à la
place qu’ils occupent dans le "proême": les marginaux revendiquent leur marginalité
alors même que le texte leur donne droit à la parole, ce qui, de fait, les "démarginalise"
(les exclus ne sont exclus que parce qu'ils ne parlent pas — or, 'ils parlent' dans la
prosopopée initiale). Parallèlement, dans la deuxième partie du texte, le groupe
dominant se présente comme dominé lorsque le 'monde muet', paradoxalement
loquace, redevient silencieux: les choses se sont tues quand le "proète" prend la parole,
et l'on a vu qu'il n'est pas du tout évident qu'il puisse les inciter à parler de nouveau.
Chassé-croisé qui contribue à sa façon à l'unheimlich du texte.
J'en arrive ainsi à la très ambivalente déclaration statutaire du "proète" dans la
deuxième partie: "On voit que je n'ai pas grande inquiétude à avoir quant à mon rang
parmi les poètes, les hommes". Que les "poètes" et les "hommes" soient si facilement
mis dans le même sac est sans doute déjà assez surprenant: Ponge suggère en fait que
'tous les hommes sont poètes', et que la capacité d'écrire des poèmes est un signe
évident d'humanité. L'homme est un zoôn poêtikon. Or, nous dit le texte, il faut aller
vers la non-poésie, vers la parole inhumaine. Mais est-ce possible? L'antagonisme
"poème" v.v "proême" n'est pas maintenu jusqu'au bout (on a vu plus haut quelles sont
les qualités poétiques de l’écriture pongienne). Le texte est ambigu.
Un nouveau petit détour par la linguistique nous permettra de mieux comprendre cette
ambiguïté: "La bibliothèque est fermée mais je ne le crois pas" est, en principe, un
énoncé impossible, agrammatical, vu que la subordonnée contredit la principale. Plus
exactement, on repère, au niveau de la principale, un présupposé: "(Je crois que) la
102
FRANC SCHUEREWEGEN
bibliothèque est fermée", qui est nié dans la subordonnée: "Je ne le crois pas"5. Toute
proportion gardée (la contradiction, ici, est moins forte), quelque chose de comparable
a lieu dans la phrase de Francis Ponge. Si la formule "mon rang parmi les poètes"
présuppose que le locuteur est lui-même "poète" ("homme"), l'énoncé, dans son
ensemble, sous-entend qu'il l'est très peu, à peine: un "poète" (un "homme") "d'un rang
inférieur" et qui essaie de nier son humanité (sa 'littérarité', si l'on désigne par ce terme
la logophilie que Ponge reproche au genre humain). La contradiction, ici, est entre
présupposé et sous-entendu. Le "proète" se situe à mi-chemin entre deux réalités (deux
statuts) incompatibles et son texte est construit sur cet incessant balancement. "Je ne
suis pas poète ou, plutôt, j'essaie de ne pas l'être, de ne plus l'etre". L'essentiel est dans
l'effort qui est fait. Le "proême" se donne à lire comme une "tentative" (et on sait la
valeur de ce mot chez Ponge). S'il n'est pas sûr que la tentative puisse aboutir (la fin du
"proême" est plutôt dysphorique à mon sens), il n'est pas non plus a priori exclu qu'elle
n'aboutisse pas. Le texte, comme le processus qu'il représente, est à l'état naissant,
comme toujours chez Ponge.
Mais il faut aller plus loin encore. A l'état naissant veut dire aussi, chez Ponge,
moribond, car les extrêmes se touchent. La naissance est une renaissance, c'est-à-dire
qu'elle suppose le passage par la mort. La prosopopée, figure qui ressuscite les morts,
est sans doute emblématique à cet égard. Mais il faut également signaler la série
d'épithètes que Ponge adjoint, dans la dernière section du texte, au pronom "vous"
désignant les interlocuteurs muets: "debout ou couchés, morts ou vifs, forts, présents".
La structure 'x ou y' est rompue après "vifs", c'est-à-dire qu'on ne peut plus 'choisir'
entre la "force" et la "présence" et que les deux caractéristiques apparaissent
nécessairement à la fois. "Morts" rime d'ailleurs avec "forts", ce qui montre bien dans
quel sens il faut ici aller. Les morts sont "présents", d'autant plus "présents" peut-être
qu'ils sont "morts". Rien de plus vivant, chez Ponge, qu'une "nature morte". Voir, entre
autres, le texte sur Chardin6.
Un des sens de l'adjectif "capital" en français (le premier, d'après le dictionnaire) est
"qui coûte la tête à quelqu'un, qui entraîne la peine de mort". Ponge exploite aussi, bien
sûr, ce sens du mot. Proême capital, petite machine assassine. Car peut-être faut-il
carrément trancher la tête aux "poètes", aux "hommes", pour que, enfin, ils se taisent,
pour que l'armoire puisse parler, pour que la vie continue, bref, pour que l'incessante et
interminable déshumanisation de l'homme se poursuive. Tout cela dans le but (n'ayons
pas peur du paradoxe) de. nous améliorer, nous, hommes ("nous, le reste": Ponge
s'entend merveilleusement dans l'art d'accommoder les restes). Peut-être Ponge,
"proète", poète archaïque, renvoie-t-il, implicitement, à la "métempsycose"7: si
3 Sur tout ceci, lire Catherine Kerbrat-Orecchioni, L'implicite, Armand Colin, 1986, p. 121 et
suiv.
6 "De la nature morte et de Chardin" dans L'Atelier contemporain, Gallimard, 1977, p. 235.
7 Je rappelle à toutes fins utiles ces vers de Tristan Corbière où il s'agit (fabuleux La Fontaine)
de donner la parole à un chien: " — O Bob! nous changerons, à la métempsycose/ Prends mon
103
EXÉCUTION (LECTURE D'UN "PROÊME")
l'armoire veut parler, c'est que l'âme du poète est passée en elle et qu'elle a donc en
quelque sorte pris la relève. Cela aussi est capital.
Je termine en rappelant un passage de Méthodes qui me semble assez bien définir ce
qui est en cause ici et où Ponge compare sa démarche à un travail de "taupe", "rejetant à
droite et à gauche les mots, les expressions, me frayant mon chemin à travers eux,
malgré eux"8. L’oeuvre n’est alors ni l’ensemble des matériaux rejetés, ni ce qui reste
après le déblaiement, mais "le tunnel, la galerie", la "chambre ouverte dans le roc",
c'est-à-dire le vide qui est créé et où l'on puisse mieux respirer. Il me semble que le
"proême" qu'on a lu est à sa manière un "texte pour faire le vide", pour donner un peu
plus d'espace aux uns et aux autres, en les troublant un peu, il est vrai, en les troublant
beaucoup, n'ayant pas peur de le dire, car on ne sort pas indemne de la lecture de ce
texte, mais c'est pour notre plus grand bien et il faut qu'on le sache.
MERCI FRANCIS PONGE DE NOUS AVOIR FAIT SI MAL.
sonnet, moi ta sonnette à faveur rose/Toi ma peau, moi ton poil — avec puces ou non..."
("Sonnet à Sir Bob", Les Amours jaunes).
h "Réponse à une enquête", Méthodes, Folio, 1961, p. 183.
104.
| 36,210
|
64/hal-ineris.archives-ouvertes.fr-ineris-00971834-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 2,105
| 3,823
|
Protection des robots mobiles pour utilisation en atmosphère explosive
Claude Davrou
PROTECTION DES ROBOTS MOBILES POÜR ÜTILISATION EN ATMOSPHERE EXPLOSIVE
ClaudeDAVROU Ineris
ABSTRACT
Thc utilization of clectrical apparatus in hazardous arcas requires thc using of tricd technics dealing with Standards prepared by International Hectrical Commission (IEQ and European Conmiission for Elecliotechnical Standardization (CENELEC). These Standards provide the use of 7 difEerent means to ensure a süffisant levcl of safety against explösion risks. The prindples used arc the suppression of dangerous explosive atmosphcre in thc vicüüty ofignition capablc parts, the suppression of dangerous sparks and excessive tcmperatures or the suppression of explösion transimssion from inside to outside of an apparatus. Applying of tbese Standards to seif contained movablc devices demands a compromisc, sometimes difficult, bctwcen the main constraints: safety, weight, pcrformanccs, seifcontaining, volum, accessibility and cost. The choice of the protection means is not unique for a dcvice but it must be done component by component, taking into consideraüon the locaüon of components in the machine and the possiblc use of common protecdvc means. INERIS has a great and varied expcrience on movable machines. It goes through diesel engine loadcrs used in firedamp mines to watching robot used in oil reffinerics and handling machines used all days in chemical and oil plants. This expcrience shows that it is very difficult or even impossiblc to protect existing apparatus without to compromise the respect of initial specifications. It has, on the contrary, permitted to vcrify that the constraints are easily supportable and less restricting whcn they arc integrated at thc beginning of the projcct. High powcr accumulators shall be protccted by increased safety : motors and gcnerators can be protected either by Same proof enclosure or pressurization. Electronic cucuits äs inverters or Computers will be easily protected by pressurization. Low power cireuits and sensors will be pieferably protected with intrinsic safety. l • GENERAUTES
Faire en sortc qu'un engin electriquc puisse circuler dans une zone ä risquc d'cxplosion, sans qu'il puisse etre la causc d'inSammation de l'atmosphere. necessite la misc en oeuvre de techniques parriculierement 6prouvecs. Ces techniques ou "modes de protcction" ont fait I'objet d'unc normalisation par la Commission Electrotechnique Internationale ainsi que par le Comite Europeen de Normalisation Electrotechnique (CENELEC). Signalons que l'application de telles techniques est rendue obligatoire dans la plupart des pays industrialises. L'INERIS, qui est l'un des dix laboratoires de la Communaute Economique Europeenne agree pour certifier que les materiels qu'on lui prisente sont confonnes aux normes du CENELEC, possedc dans ce domaine une cxperience longue et variee en ayant eu notamment ä parüciper au developpement des protections d'un nombre imponant d'engins de tous lypcs destines aux mines grisouteuses, aux industries petrolieres, chimiques, Ces modes de protcction, au nombre de sept, reposent sur l'un des trois principes suivants: 1 - Suppression de l'atmosphere dangereuse au niveau des parties de mat6riel susceptibles d'enflammer l'atmosphere. 2 • Suppression des etincelles et echauffements dangereux. 3 • Suppression de la possibilitd de transmettrc I'explosion au milieu ambiant. Les modes de protection, bases sur le premier principc, sont la surpression interne (EN 50 016), l'encapsulage (EN 50 028) et l'immersion dans l'huile (EN 50 015). Ceux bases sur le deuxieme principe sont la securite augmeniee (EN 50 019) et la securite intrinseque (EN 50 020). Enfin, ceux bas6s sur le demier principe sont la protection par enveloppe antideflagrante (EN 50 018) et la protection par pulverulent (EN 50 017 Selon la nature du mat6riel, sä puissance, sä ou ses tensions d'alimentation, tous les modes de protection ne conviennent pas. Panni ceux qui conviennent, le mcilleur choix d6pend generalemcnt de criteres multiples tels que delais, coüts de developpement, coüts de fabrication, poids, cncombrement, autonomie, "ORIA 9l", Marseiile, 11-12 decembre 1991, pp. 509-512 Examinons commcnt protiger les prindpaux constituants d'un robot mobile autonome. 2 • PROTECTION DE LA SOURCE D'ALIMENTATION 2.1 • ProtecÜon des batteries d'accumulateurs
Lcs bancries d'accumulateurs de föne capadte, utilisccs pour proeuicr la forcc motrice aux engins ainsi quc l'alimentation de leurs circuits electroniques sont susceptibles de degager ellesmemes du gaz combustfble (hydrogenc) et comburant (oxygcnc). Lc prindpc de protection ä utiliser dans ce cas cst la supprcssion des etincelles et des echauffemcnts dangereux que pourraient provoquer ccs batteries. Deux modes de protection utilisent ce principe: • la sccuritd augmcntee, • la securite intrinseque. Lc premicr de ces modes de protection consiste ä eliminer toute itincelle (dangereuse ou pas) et ä limiter les echauffemcnts ä une valeur sürc. Dans le second, les seules etincelles possibles ont une energie msuffisante pour enflammer l'atmosphere dangereuse. Dans le cas des bancries d'accumulateurs de grande puissance, sculc la securite augmentee est utilisable. L'experience actuclle reposant sur les accumulateurs au plomb, au fenückel et au nickelcadmium, ces types de batteries d'accumulateurs, & l'exclusion de tout autre, sont admis dans la norme EN 50 019. Pour evitcr les etincelles et les echauffemcnts dangereux, la batterie doit pour I'essentiel: • ctrc cnfermce dans un coffre, generalement en ader rcvctu ä l'mterieur d'un materiau isolant adherent Pour la constitution de ce coffre, d'autres materiaux sont admissibles mais ils doivent respecter les contraintes de solidite et d'isolemcnt requis. Les coffres doivent procurer un degre de protection au moins 1P23 et etre munis d'events dont l'efficacitc permet ä l'atmosphere interne de ne pas depasser 50 % de la lünite in ure d'explosivite, du fait du degagement gazeux propre i la batterie. • posseder des protecüons isolantes pour toutes ses pieces sous tension. • avoir des connexions soudecs ou brasees. Si on compare les batteries non protegees avec celles respectant la norme EN 50 019, on constate, en moycnne, que la hauteur le prix et le poids augmentcnt respectivement de 5 ä 10 ccntunetres, de 30 ä 40 % et essentiellement du poids du coffre.
2.2 - Protection des generateurs thenniques
2.2.1 • ProtecÜon du moteur thermlque II n'existe pas de norme internationale ou europeenne relative ä la protection de ces moteurs. 3 - PROTECTION DES MACHINES TOURNANTES (moteurs et generatrices)
Les 3 principcs de protection sont utilises pour la protection des machines toumantes. Cepcndant, le second prindpe • suppression des etincelles et echauffement dangereux • ne peut s'appliquer qu'aux tres petites machines comme les nücromoteurs qui peuvent etre de securit6 intrinseque, ou aux machines ne comportant pas de contacts loumants comme les moteurs asynchrones qui peuvent etre ä securit6 augmentee. Les cas d'utilisation de ces denüers matcriels sur les machines autonomes 6tant rarissimes, nous ne les traiterons pas. La protection des micromoteurs par securit6 intrinseque est de memc nature que celle de certains mat6ricls - 2 - electroniques cxamin6s au chapitrc 5.
3.1 • Moteurs et generateurs antideflagrants.
Le principe de l'enveloppe anddefiagrante cst l'un des plus anciennement utilisd. U consiste ä cnfenner dans une enveloppe robuste les pieces pouvant enflammer l'atmosphere. Cctte cnveloppe resiste ä la pression developpee par une explosion interne et empeche la transmission de cette explosion ä l'atmosphere environnante. Ces cnveloppes ne sont generalement pas etanches mals toutes les liaisons non soudees entre elements diffcrents, appelis joints anüdiflagrants, doivent respecter des formcs et des dünensions minimales precises. Les joints anddeflagrants autorises pennettcnt le passage d'axes et arbres tournants, les pieces filetees, la fixation de couverdes, La possibiliti de construirc des machines toumantes anüdeflagrantcs dont le poids n'est que tres peu superieur ä celui d'une machine classique est reelle, mais necessite un dessin special du carter et des Sasques. Pour eviter la realisation de pieces spedales de fonnes compliquees, une soluüon consiste ä cnfermc un motcur existant dans une seconde enveloppe. Cette soluüon n'est pas universelle car eile pose notamment le probleme de l'evacuadon des calories. Elle prisente en outre 1'uiconvenient d'augmenter notablement le poids du moieur dans des proportions pouvant atteindre 50 ä 60 %.
3.2 • Moteurs et generateurs i surpression Interne
La surpression interne consiste, comme son nom l'indique, ä maintenir dans une enveloppe, une pression superieure ä celle de l'atmosphere ambiantc, ä l'aide d'un gaz üicombusüble tel que l'air par exerople. Un disposiüf doit assurer la coupure de l'alimentaüon electrique lorsque la valeur de la surpression est infirieure ä un seuil pr6determin6 qui ne peut etre üuerieur ä 50 Pa. Le disposiüf de coupure doit etre sür meme lorsque la suipression est inexistante et doit donc etre proteg6 autrement (cf § 4). 4 - PROTECTION DES DISPOSITIFS DE PROTCCTION CONTRE LES SURCHARGES ET DISPOSITIFS DE COUPURE GENERALE
Ces dispositifs creant par construcüon des eüncelles et des ares suscepübles d'enfiammer une atmosphere explosive, U est generalement rait usage d'enveloppes antideflagrantes pour les protiger. II existc sur le marchi de nombrcux materiels antidiflagrants realisant ces föncüons. II est en thtoric egalement possible d'utiliser l'ünmersion dans l'huile ou la surpression interne pour la protecüon de ces dispositifs. L'huile etant lourde, inflammable et peu commode d'cmploi, l'immersion dans l'huile est rarement utilisie. La surpression interne exigeant (cf § 3.2) un disposiüf de coupure prot6g6 autrement que par la surpression, l'emploi de cette technique dans le cas de la coupure generale ne fäit que deplacer le probleme. 5. PROTECTION DES CIRCUITS ELECTRONIQUES
Les ciicuits electroniques peuvent etre protfges de manieres differentes. Ceux necessitant des alimentations avec des courants imponants (superieurs ä quelques centaines de milliampercs sous 24 volts ou superieurs ä quelques ampäres sous 6 volts) ne peuvent etre de securit6 intrinseque. U taut donc les protiger, soit par suipression interne, soit par enveloppe anüdeflagrante. Si une seule dimcnsion de ces circuits depasse quelques dizaines de cenümetres. il devient indispensable d'utiliser la surpression interne si l'on ne veut pas trop alourdir I'engin. La protccüon par surpression interne de ces circuits requiert, comme pour les machines tournantes, une enveloppe 16gere, etanche et une reserve de gaz comprim6 ainsi qu'une surveülancc de la surpression associee ä un disposiüf de coupure. L'interft de ce mode de protecüon est qu'il est possible de realiser des enveloppes de forme complexe et d'un volume imponant avec un coüt acceptable. La realisadon d'enveloppes antideflagrantes pose, pour les grands volumes, le probleme de leur robustesse et elles sont souvent trop louides pour etre fäcilement embarquees.
- 3 - L
cs circuits 61ectroiüqucs de faible puissance peuvent, sous certaines condiüons, etre de s6curit6 intrinseque. Cettc techmquc necessite une interface speciale placee 61ectriquement enire les circuits qui ne sont pas de s6curit6 intrinseque (accumulateurs, converüsseurs,) et ceux dcvant l'etre. Cette interface appelee "mat6ricl associe" doit ctre cllemcmc prot6g6e selon un autre mode de protecüon. Les circuits de securit6 intrinseque et le mat6ricl associi doivent faire l'objet d'un cxamen et d'une description d6taill6s visant ä montrcr que toute rupture ou tout councircuit susceptible de se creer est sans danger. L'int6ret de cettc tcchnique est qu'clle ne necessite pas une augmcntaüon sensible du poids et du volume du mat6ricl conccme. Elle presentc par contre l'inconv6nient de ne pas pouvoir uüliser fäcilement des materiels dejä cxistants qui ne sont pas de securit6 intrinscque. Le surcoüt de cctte technique peut ctrc tres faible si eile est integrcc des la phase de concepüon du mat6ricl. D peut par contre etre tres 61cv6 si on veut modifier un mat6riel existant pour le rendre de securit6 intrinseque. L'obstacle pruicipal rencontre lors des examens est la presence d'inductances et de condensateurs de valeurs 61evees. Dans le cas de circuits num6riques ä faible consommaüon, cet obstacle est souvent inexistant. 6 - PROTECTIONS DES CAPTEURS
La diversit6 des capteurs rencontr6s est teile qu'D est difficile de degager une regle gen6rale quant ä leur protecüon. Par exemple, une meme cam6ra Video pourrait etre mdiff6remment protegee par enveloppe anüd6flagrante, par surpression üit&me ou par securit6 intrinseque. Le choix de la protecüon la plus appropriec peut d6pendre d'61emcnts externes au capteur. Ainsi, sur un engin oü il n'cxistc aucuae protecüon par surprcssion intenie, il peut etre cxtremement p6nalisant d'installer une reserve de gaz et un dispositif de surveillance de la surpression pour un seul peut capteur. Invctscment, si on dispose dejä de tels mat6ricls. il faudra de pr6f6rence examiner cette possibüit6. II faut 6galement savoir qu'ü existe la possibüit6 de m61anger les modes de protecüon. Qtons ä ütre d'exemple un analyseur d'atmosphcrc componant un drcuit d'alünentaüon encapsule, un circuit 61cctronique ä securit6 intrinseque et un capteur prot6g6 par une enveloppe anüd6flagrante.
7. CONCLUSIONS
La protecüon des robots mobiles autonomes, visävis du risquc d'explosion d'une atmospherc inflammable, est rendue possible par la mise en ocuvre de techniques decrites dans des normes 6tablics par le CENELEC Afin que le poids, le volume, l'accessibilit6 des organes et le coüt d'un robot prot6g6 restent acceptables, il est indispensable d'optüniser les choix et la concepüon des protccüons uülis6es. L'INERIS, laboratoire agr66 pour la d61ivrance des cerüficats europeens de conformit6 aux normes du CENELEC, est ä meme, de son exp6rience quotidienne, d'aider les industrieis concem6s ä choisir et concevoir ces protecüons de maniere optimale..
| 40,169
|
9767ec35ab3ca1c8c2a917587be811b4_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 1,994
|
Les enjeux de la recevabilité de la preuve d'identification par ADN dans le système pénal canadien
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,687
| 12,961
|
RDUS
Revue de DROIT
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
Titre :
LES ENJEUX DE LA RECEVABILITÉ DE LA PREUVE D'IDENTIFICATION
PAR ADN DANS LE SYSTÈME PÉNAL CANADIEN
Auteur(s) :
Marie Angèle GRIMAUD
Revue :
RDUS, 1993-1994, volume 24, numéro 2
Pages :
293-345
ISSN :
0317-9656
Éditeur :
Université de Sherbrooke. Faculté de droit.
URI :
http://hdl.handle.net/11143/13372
DOI :
https://doi.org/10.17118/11143/13372
Page vide laissée intentionnellement.
ARTICLE
LES ENJEUX DE LA RECEVABILITÉ
DE LA PREUVE D'IDENTIFICATION PAR ADN
DANS LE SYSTÈME PÉNAL CANADIEN*
par Marie Angèle GRIMAUD**
La lutte contre la criminalité repose de plus en plus sur des méthodes
efficaces et modernes d'identification. L'une de ces méthodes fait appel à
l'identification par ADN considérée comme un moyen récent pour découvrir la
vérité. Dès lors, il paraît légitime d'examiner la pratique juridique qui, en
l'absence d'un cadre normatif, peut susciter des inquiétudes non seulement au
plan de l'application technique mais surtout à celui du respect des droits
fondamentaux. Sans prêcher un positivisme «excessif», il nous semble que des
modifications ou des ajustements à la législation actuelle sont souhaitables afin
de favoriser l'intégration de cette preuve dans notre système juridique.
1.
2.
Ce texte est à jour au 30 juin 1994 et constitue une version élaborée du rapport de synthèse
présenté en décembre 1992 dans le cadre du doctorat en droit de l'Université de Montréal.
Chargée de cours à la Faculté de droit de l'Université de Montréal, assistante de recherche
au Centre de Recherche en Droit Public de l'Université de Montréal. L'auteure désire
remercier vivement les professeurs Bartha Maria Knoppers, Pierre Patenaude, Louise Viau
et le Docteur Léo Lavergne de la Direction des Expertises Judiciaires pour leurs commentaires commentaires. La rédaction de cet article a été rendu possible grâce à l'appui financier
du FRSQ.
294
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
(1994) 24 R.D.U.S.
The war on crime depends increasingly upon more effective methods of
identification. One such method utilizes DNA typing as a means of deter-mining
the truth. Accordingly, this technique merits legal scrutiny, considering the fact
that the absence of a normative framework raises concerns not only as to its
technical applications but also with regard to the protection of fundamental
rights. Without going so far as to adopt a strongly interventionist posture, the
writer argues that some changes to existing law are desirable in order to
facilitate the integration of this type of evidence into our legal system.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
295
SOMMAIRE
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297
I-
APERÇU TECHNIQUE DE LA MÉTHODE . . . . . . . . . . . . . 301
ALe substrat : l'ADN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
BLes techniques d'identification génétique . . . . . . . . . . . 304
1Les méthodes d'analyse proprement dites . . . . . . 304
1.1.
La méthode de Southern . . . . . . . . . . . . . 304
1.2.
La méthode d'amplification ou PCR . . . . 305
2La fiabilité des méthodes d'identification
génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
2.1.
Les nombreux avantages liés au caractère intrinsèque du matériel utilisé . . . . . . . . . . . . 307
2.1.1. La facilité dans la cueillette des
éléments de preuve à cause de : . . . . . . . . 307
2.1.2. La simplicité de visualisation . . . 308
2.1.3. La certitude d'appariement basée
sur la concordance des échantillons
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308
2.1.4. La force de probabilité de précision et d'individualisation . . . . . . . . . . . . 309
2.1.5. La discrimination évidente . . . . . 309
2.1.6. La rapidité des analyses . . . . . . . . 310
2.2.
Les problèmes potentiels . . . . . . . . . . . . . 310
2.2.1. Les questions techniques . . . . . . . 310
2.2.2. Les questions d'expertise et
d'interprétation . . . . . . . . . . . . . . . 311
II-
LA RECEVABILITÉ DE LA PREUVE D'IDENTIFICATION PAR ADN EN DROIT PÉNAL CANADIEN . . . . . . . . 314
AÉtat actuel de l'admissibilité de la preuve
d'identification par ADN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315
1La théorie de Frye . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316
1.1.
La théorie de l'acceptation générale
scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
296
(1994) 24 R.D.U.S.
1.2.
Le rejet de la théorie de Frye . . . . . . . . . . 317
La théorie de la pertinence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318
2.1.
La discrétion judiciaire . . . . . . . . . . . . . . 319
2.2.
L'impact de la Charte . . . . . . . . . . . . . . . . 320
Critères de pertinence et d'utilité : critères élaborés
par la jurisprudence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322
1Utilité comme preuve matérielle et comme
témoignage d'expert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324
2Valeur probante de la preuve . . . . . . . . . . . . . . . . 324
2.1.
Probabilité et langage . . . . . . . . . . . . . . . . 325
2.2.
Preuve hors de tout doute raisonnable . . . 326
2-
B-
III-
LA PREUVE D'IDENTIFICATION PAR ADN ET LES
DROITS ET LIBERTÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327
ALe respect de la dignité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . 328
1Les droits fondamentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 328
1.1.
Le droit à l'intégrité . . . . . . . . . . . . . . . . . 329
1.2.
Le droit à la vie privée . . . . . . . . . . . . . . . 331
1.2.1. La Conservation des échantillons
et la constitution des banques
de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
1.2.2. Le droit à la confidentialité . . . . . 335
1.3.
Le droit à la non-discrimination . . . . . . . . 335
2Les droits de la défense . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336
BNécessité d'un encadrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
1Débat éthique et mécanismes de gestion sociale
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
1.1.
Assises prospectives . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
1.2.
La communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340
2Assises de droit positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
2.1.
Droit comparé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
2.2.
Proposition d'une législation au Canada
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
297
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
298
(1994) 24 R.D.U.S.
INTRODUCTION
L'observation du système pénal met en évidence deux démarches
complémentaires : d'une part, une vocation de justice et de maintien de l'ordre
public et d'autre part, un objectif d'efficacité et d'intimidation (il faut réprimer
et prévenir le délit ou le crime; c'est à dire ôter au criminel les raisons d'une
récidive et «détourner les autres de suivre son exemple»1). Dès lors, la preuve2
acquiert une importance capitale dans le procès pénal, du fait qu'elle peut
entraîner soit la condamnation, soit la relaxe ou l'acquittement. Les moyens de
preuve utilisés sont nombreux, diversifiés et les méthodes s'affinent au fur et à
mesure que la science avance. L'avènement des preuves dites scientifiques est
relativement récent. De ce fait, ces nouveaux modes de preuve axés sur la
science sont encore mal perçus par le monde juridique3. Néanmoins, le
phénomène commence à retenir l'attention depuis qu'une percée biotechnologique récente provoqua, tant de la part des citoyens que des professionnels de
la police et de la justice, un immense débat. Il s'agit de la preuve d'identification
par ADN.
En effet, cette preuve biométrique, mise au point en 1985 par un
généticien britannique, Alec Jeffreys, fascine. C'est presqu'un truisme de dire
qu'elle est séduisante et particulièrement prometteuse, non pas seulement parce
qu'elle repose sur une biotechnologie de pointe, la génétique, mais surtout parce
qu'elle permet, soit de désigner avec une quasi-certitude, de confirmer une
identité sans un besoin de témoignage4, soit d'exclure une telle identité. Les
résultats d'un test d'identification par ADN sont plus significatifs, plus
1.
2.
3.
4.
Conception utilitariste de la répression pénale que l'on retrouve chez Caesare BECCARIA,
Traité des délits et des peines, Flammarion, Champs, 1979.
La loi en distingue particulièrement deux sortes : les preuves directes qui établissent la
conviction du juge par la simple constatation des faits, et les preuves indirectes qui
entraînent la conviction à la fois par l'observation et le raisonnement.
Voir N. LAURENDI, «Opposition to the Admissibility of Lie Detector Test in Criminal
Cases», dans E.J. IMWINKELRIED, ed., Scientific and Expert Evidence, 2ème éd., New
York, Practising Law Institute, 1981, 805, p. 813. Il faut mentionner ici qu'il existe une
grande polémique quant au caractère scientifique du polygraphe; la valeur scientifique et la
fiabilité de cette technique ne sont pas reconnues de façon générale; voir à ce sujet Céline
LACERTE-MONTAGNE, le polygraphe en droit canadien, Mémoire de Maîtrise,
Université de Montréal, 1983, pp. 35-46.
La preuve d'identification par ADN individualise en identifiant un ou plusieurs coupables.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
299
informatifs que ceux des techniques biologiques traditionnelles. Dès lors, leurs
utilisations se multiplient devant les tribunaux civils et criminels5. L'intérêt
considérable que suscite cette technique est universel. L'OTA (Office of
Technology Assessment) a recensé, en 1990, 15 pays qui ont déjà implanté cette
technique chez eux6; depuis, quelques autres États se sont joints au groupe7. La
Grande-Bretagne l'utilise annuellement dans plus de 3000 cas8 pour contrôler la
véridicité de la parenté en matière d'immigration et y détecter les fraudes. Le
domaine des expertises médico-légales n'y échappe pas non plus. En France, la
pratique concerne principalement les domaines du droit de la famille9 et du
pénal; cependant tout récemment ce pays s'est découvert une autre perspective:
l'identification des cadavres morcelés des victimes de l'écrasement de l'airbus
A-32010. La police espagnole l'utilise en matière criminelle dans deux instituts
médico-légaux11. Curieusement en Belgique, où le phénomène biotechnologique
a pris naissance en 1986, un «circuit clandestin»12 de preuves scientifiques se
développe dans le domaine de la paternité. Aux États-Unis, on note une poussée
fulgurante dans les procédures de paternité et dans les investigations criminelles:
on dénombre 2000 investigations à la fin de 1990. De plus, la méthode a été
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
Voir James WATSON, M. GILMAN et al, Recombinant DNA, W. H. Freeman and
Company, New York, 2ème édition, 1992, p. 563.
OTA, (OFFICE OF TECHNOLOGY ASSESSMENT), Genetic Witness : Forensic Uses of
Data Tests, Washington, 1990. Ces pays sont : l'Australie, la Finlande, le Danemark,
l'Espagne, l'Inde, l'Irlande, le Canada, La Pologne, La France, La Grande-Bretagne, La
Suisse, la Suède, l'Allemagne, l'Italie, Israël.
Par exemple, le Japon, le Costa Rica; ce dernier a envoyé des biologistes se familiariser aux
États-Unis avec cette méthode (Voir Ronald MOYA CHACON «La Genetica Lucha contra
el Crimen» La Naccion Costa Rica, 27 janvier 1992, p. 10.
James WATSON, M. Gilman et al., op. cit., note 5, p. 563.
Les empreintes génétiques servent à clarifier les relations familiales en cas de contestation
(en matière de filiation naturelle) ou de doute (consanguinité qui constitue un empêchement
au mariage selon les articles 161 à 163 du code civil français) : voir Jean-Christophe
GALLOUX, «L'empreinte génétique : la preuve parfaite», (1991) JCP, l, 3497,106-107;
Voir aussi N. LENOIR, Aux frontières de la vie : paroles d'éthique, Paris, La documentation Française, 1991, p. 71 pour un exemple d'échange ou de mélange de nouveaux-nés dans
un hôpital.
Jean-Yves NAU, «Les victimes de la catastrophe du mont Sainte-Odile ont été identifiées
grâce aux empreintes génétiques», Le Monde, 31 mars 1992, p. 32.
N. LENOIR, op. cit., note 9, p. 424.
Christiane HENNAU-HUBLET, «Les demandes officieuses de comparaison d'empreintes
génétiques et le droit de la filiation», (1991) 72 Athéna, pp. 35-36.
300
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
(1994) 24 R.D.U.S.
admise dans 45 États13. Au Canada, ses domaines d'application sont actuellement la filiation, le domaine des infractions criminelles et le secteur de
l'immigration14. Quatre laboratoires publics15 et une entreprise privée16 se
partagent pour l'instant le marché.
Quoique l'usage de cette méthode d'investigation soit encore restreint,
il ne fait aucun doute qu'elle sera utilisée de plus en plus par les autorités
policières soucieuses d'arrêter le plus rapidement les suspects afin de les traduire
devant les tribunaux criminels.
En matière criminelle, cette preuve est particulièrement utile dans les
causes de meurtres, de viols ou d'agressions sexuelles, de vols qualifiés, de
crimes en série et de crimes non résolus où il n'est pas facile de trouver des
preuves sur la base des méthodes traditionnelles. De toute évidence, la fonction
utilitaire est la même que celle de la méthode traditionnelle des empreintes
digitales; au Canada, cette dernière est déjà régie par la Loi sur l'identification
des criminels. En effet, les empreintes digitales et les empreintes génétiques
partagent plusieurs caractéristiques communes : même nature de preuve, même
procédure technique, mêmes problèmes d'interprétation, mêmes craintes pour
le respect des droits fondamentaux etc...
L'administration judiciaire canadienne se trouve donc confrontée à
l'admissibilité de la preuve d'identification génétique sur laquelle elle doit
trancher, ce avant même qu'aucune norme ne soit votée sur les exigences de
contrôle de cette technique, son champ d'application, les mesures de cueillette
et de conservation des échantillons et la mise en banque des informations
recueillies.
13.
14.
15.
16.
OTA, op. cit., note 6, p. 14.
Le laboratoire Hélix Biotech, en Colombie Britannique, qui détient le brevet de Lifecodes,
offre ces tests pour 975$ par cas et les résultats sont acceptés par le ministère de
l'Immigration du Canada en vertu de la politique IS 1.26 et de l'amendement IS 45.
Ce sont : le laboratoire central d'analyse judiciaire de la GRC à Ottawa, le Center of Forensic
Science à Toronto, la direction des expertises judiciaires à Montréal, une filiale de la GRC
à Edmonton et une autre à Halifax.
Il s'agit du laboratoire Hélix Biotech : supra, note 14. Celui-ci vient d'ouvrir tout récemment
un bureau de représentation à Montréal.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
301
Pourquoi donc cet engouement social et mondial pour cet outil
biotechnologique? Pourquoi abandonner les systèmes traditionnels
d'identification pour cette technique hautement complexe? Quels avantages
apporte-t-elle ou apportera-t-elle à nos tribunaux canadiens? Constitue-t-elle une
meilleure solution à nos problèmes d'identification17? Rencontrera-t-elle des
objections à son admissibilité dans notre droit de la preuve et quel poids doit-on
lui accorder en matière criminelle?
Comment concilier le progrès biotechnologique et les valeurs
fondamentales de la société canadienne? Quelle sorte d'instrument juridique
devrait émerger à l'égard de ce progrès technologique?
Autant d'interrogations auxquelles il nous faut répondre en déterminant
«le pourquoi et le comment» d'une admission des résultats de cette technique
qui, peut-être, «révolutionnera» le système pénal, dans notre système
accusatoire. La question est d'actualité et aussi pressante, vu le nombre de cas
qui affluent devant nos tribunaux tant au Québec qu'au Canada. On ne peut
ignorer non plus l'aspect médiatique sensationnel de cette méthode traduit par
les titres suivants : «L'empreinte de vos doigts est plus facile à cacher que votre
empreinte génétique»18; «Sida, les empreintes génétiques permettraient
d'identifier à coup sûr qui contamine qui»19; les empreintes génétiques «reine des
preuves»20. Ainsi, les médias de masse ont mis l'accent sur l'aspect le plus
spectaculaire de la preuve d'identification, créant de ce fait des imaginaires
sociaux21.
17.
18.
19.
20.
21.
L'identification par témoin oculaire et le défilé d'identification sont les types de preuve les
plus susceptibles d'entraîner une erreur judiciaire, à cause de leur fiabilité minime.
La Presse, 30 août 1992, p. B 6.
Le Devoir, 23 juillet 1992, p. 3.
Gilbert CHARLES, «Génétique : tous en fiches», (1992) Express, 20 mars, p. 46.
Les médias d'information, en présentant un discours-spectacle de la preuve d'identification
par ADN, amènent le public profane à se construire des représentations bien différentes de
la réalité; ainsi la preuve d'identification est imaginée comme un outil tout puissant capable
de contrôler totalement et efficacement la criminalité. Or, imaginaires sociaux et
représentations sociales ne se conçoivent pas «indépendamment les uns des autres» mais
évoluent «plutôt sous un même toit dans un rapport symbiotique». Voir Caroline
MEUNIER, les représentations sociales et les imaginaires sociaux de la nouvelle génétique
tels que perçus à travers les différents niveaux de la vulgarisation écrite, Mémoire de
Maîtrise, Université de Montréal, 1993, pp.143 et ss.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
302
(1994) 24 R.D.U.S.
Quoiqu'il en soit, le débat juridique et éthique est lancé à travers le
monde avec, en toile de fond, un cadre bien défini à ce moyen de preuve. Des
instances juridiques, législatives et éthiques de plusieurs pays ont donc
commencé à réagir sous forme de recommandations, de rapports ou de règles
juridiques. De ce fait, il nous semble que le droit pénal canadien ne doit pas
rester en «poste d'observation». Il lui faut adopter une perspective réaliste à
l'égard de cette preuve qui est susceptible d'être largement utilisée dans l'avenir.
Pour les besoins de notre analyse, nous allons d'abord présenter une
esquisse de l'aspect technique de la méthode d'ADN puisque sa force probante
devant les tribunaux en dépend (I). Par la suite, nous aborderons le cadre
conceptuel de cette méthode, c'est-à-dire les principes qui devraient sous-tendre
la recevabilité au Canada d'une telle preuve (II). Enfin, nous discuterons des
pratiques normatives qui devraient encadrer l'utilisation de cette nouvelle preuve
dans la perspective d'un équilibre entre l'intérêt public et le droit des citoyens
(III).
I-
APERÇU TECHNIQUE DE LA MÉTHODE
La méthode qui permet d'identifier une personne par examen génétique
est assise sur un axiome scientifique cartésien : l'unicité génétique. Le substrat
en est l'ADN (A). Ici, on n'agit pas sur le gène, on rend seulement visible
l'information en se concentrant sur les fragments de la molécule d'ADN qui
diffère d'un individu à un autre. Pour parvenir à cette fin, différentes techniques
existent sur le marché (B).
A-
Le substrat : l'ADN
La découverte de l'ADN en 1940 et de sa structure en 1953 a permis de
comprendre le mystère de l'hérédité. L'ADN est une molécule très importante
présente dans les cellules vivantes puisqu'elle constitue le support matériel de
l'information génétique. L'ADN se trouve principalement dans toute cellule
nucléée; par voie de conséquence les globules rouges, cellules anucléées
contenant de l'hémoglobine, ne possèdent pas d'ADN. L'ADN ainsi analysé est
appelé l'ADN nucléaire. Cependant, il arrive qu'on retrouve aussi de l'ADN
dans d'autres structures extra-nucléaires (à l'extérieur du noyau), notamment
dans les mitochondries, structures qui se trouvent dans le cytoplasme et qui sont
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
303
essentiellement une source énergétique. Cet ADN mitochondrial est, selon
certains auteurs, plus facile à détecter que l'ADN nucléaire22. Il faut cependant
noter cette particularité de l'ADN mitochondrial à savoir qu'il ne se transmet que
par les femmes et est plus sensible à des mutations23.
Structurellement, l'ADN a la forme d'une spirale à double hélice formée
de deux brins complémentaires qui sont orientés dans des directions opposées
mais qui sont reliés entre eux par des liaisons d'hydrogène. Chaque brin est
composé de 4 nucléotides ou bases symbolisées par leur première lettre :
guanine (G), adénine (A), thymine (T) et cytosine (C). Celles-ci s'apparient deux
à deux et uniquement selon une séquence bien définie : A avec T et G avec C
et vice-versa. Ces paires de bases sont au nombre de 3,3 milliards, entrent dans
la composition des 50 000 à 100 000 gènes qui composent le génome humain
et sont réparties sur nos 23 paires de chromosomes. Des trois milliards de paires
de bases composant la cartographie humaine, seulement trois millions diffèrent
entre deux individus, soit 10%. L'ADN contient des régions codantes (exons) et
des régions non codantes24 (introns). Contrairement aux séquences codantes, les
non codantes montrent uniquement l'organisation génétique propre à chaque
individu et ne révèlent aucune maladie héréditaire ni aucune prédisposition. Ces
séquences non codantes présentent des variations d'un individu à un autre et sont
utiles pour la technique d'identification à l'ADN. En principe la composition de
l'ADN d'un individu ne varie pas d'une cellule à une autre, qu'elle provienne du
sang, de la salive ou des cheveux, car l'ADN est une molécule de l'hérédité.25 On
compare cette molécule à «une bibliothèque biochimique fermée à l'intérieur de
chaque cellule, et qui détermine les caractéristiques de chaque personne»26.
L'ADN confère donc à chaque être humain son individualité. On parle d'unicité
22.
23.
24.
25.
26.
Agence France-Presse, «Est-ce la fin du mystère de la famille Romanov?» La Presse, 10
juillet 1993, p. A 20.
Le taux de mutation est de 10 fois supérieur à celui de l'ADN nucléaire.
La fonction de ces régions non codantes est encore largement inconnue.
Grâce aux travaux du moine autrichien Gregor Mendel on a pu établir que les unités de
l'hérédité ou gènes sont localisés sur les vingt-trois paires de chromosomes (vingt-deux
paires de chromosomes autosomales, identiques chez les hommes et les femmes, et une paire
de chromosomes sexuels). Ces gènes proviennent pour moitié du père et pour moitié de la
mère et sont transmis fidèlement sauf en cas de mutations. Les gènes étant composés
chimiquement d'ADN, on peut donc déduire que l'ADN est la clé du pouvoir de l'hérédité.
Mark J. FUHRMAN, DNA Fingerprinting Admissible under Frye. Mémoire de MA,
University of Nevada, Reno, 1989, p. 1.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
304
(1994) 24 R.D.U.S.
génétique pour chaque individu, exception faite des jumeaux homozygotes ou
identiques27.
L'ADN en tant que matériel génétique possède les propriétés suivantes :
il stocke l'information biologique, la transmet avec le minimum d'erreur à la
cellule en fonction des besoins de celle-ci, réplique fidèlement cette information
pendant la croissance de l'individu et la transmet de génération en génération.
Ces propriétés expliquent la disponibilité et la similitude de l'information quel
que soit l'élément biologique utilisé chez un même individu. Elles sont aussi à
la base de l'efficacité des tests d'identification qui mettent en évidence le
polymorphisme.
L'identification génétique en matière criminelle se divise en deux
étapes : procéder d'abord à la typologie des divers échantillons (ceux relevés sur
le lieu du crime et ceux du ou des suspects), ensuite comparer ces typologies.
Ces deux procédés ne sont pas nouveaux28; en conséquence nous
n'entreprendrons pas une étude de ces phases. Nous nous attacherons plutôt aux
grandes procédures d'analyse qui permettent de lire le code génétique de
l'individu.
B-
Les techniques d'identification génétique
La génétique facilite l'accès à l'identité par le biais de techniques dont
les principales sont : la méthode Southern encore appelée technique du
polymorphisme de restriction ou Restriction Fragment Length Polymorphism
(RFLP) et celle de l'amplification désignée communément sous le vocable de
PCR (Polymerase Chain Reaction) (1). On devine aisément l'impact d'une telle
révélation à partir d'éléments biologiques infimes. D'où l'importance de la
fiabilité et d'un contrôle rigoureux des techniques (2).
27.
28.
Conal MULLEN, «DNA Tests Proved Twin Sisters Are Identical» (1992) Edmonton
Journal, August 23, p. 11.
Ces procédés sont déjà utilisés depuis plusieurs années par les services de l'identité
judiciaire.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
1-
Les méthodes d'analyse proprement dites
1.1.
La méthode de Southern
305
C'est pour l'instant l'outil le plus largement utilisé pour analyser les
échantillons biologiques dans le domaine des sciences criminelles29. L'analyse
du polymorphisme de restriction par la méthode de Southern permet de
percevoir les différences de taille des fragments d'ADN à des endroits
spécifiques du code génétique. Cette méthode connue sous l'abréviation de
RFLP utilise un couple de sonde et d'enzyme de restriction pour montrer la
variabilité des minisatellites entre les individus. Elle comprend plusieurs étapes :
l'extraction de l'ADN à partir de l'échantillon, la digestion de l'ADN en
fragments par les enzymes de restriction, la séparation des fragments d'ADN par
électrophorèse, la séparation des deux brins de molécules qui seront fixés sur
une membrane en nylon, l'hybridation de la région suspectée avec une sonde
marqueur, la visualisation de l'image obtenue sur autoradiogramme et
l'interprétation des résultats. Deux sortes de sondes sont utilisées par les
laboratoires :
----
Les sondes multilocus mises au point par Jeffreys. Celles-ci sont
capables de détecter de nombreux fragments d'ADN simultanément chez
un individu et la fréquence de bandes communes entre des individus,
d'où la qualification d'empreintes génétiques. Ces sondes exigent une
grande quantité d'échantillons biologiques contenant une proportion
importante d'ADN. La probabilité d'identification dépend du nombre de
bandes détectées sur les autoradiographies. Ce type d'analyse est plus
fiable dans les recherches de paternité.
----
Les sondes monolocus, quant à elles, sont plus adaptées pour
l'identification en criminalistique. Ici les minisatellites sont visualisés
sur un seul site à la fois. Moins discriminatives que les sondes
multilocus, elles montrent en échange des images parfaitement nettes.
29.
La nouvelle technique de PCR modifiera probablement ce schéma à cause des nombreux
avantages qui y sont reliés. Déjà cette technique est mise en place dans de nombreux
laboratoires dans le but d'optimiser leur rendement. Pour plus de détails sur les avantages
de cette technique, voir 1.2. la méthode d'amplification ou PCR.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
306
(1994) 24 R.D.U.S.
Le calcul de probabilité est basé sur des études de populations
permettant d'apprécier la fréquence des allèles sur un locus donné. La
probabilité sera donc d'autant plus petite que les allèles observés sont
rares.
Que ce soit avec les sondes multilocus ou monolocus la durée de
l'identification par la méthode du polymorphisme de restriction est considérable
: 3 semaines environ pour un multilocus et 8 à 10 semaines avec une sonde
monolocus; la quantité de matériel à manipuler est substantielle et la qualité de
l'ADN doit être remarquable. Cette technique ne peut donc être utilisée pour
tous les types d'échantillons. En effet, sur les lieux du crime on retrouve parfois
très peu d'échantillons biologiques ou du matériel contenant une quantité
minime d'ADN30. La PCR vient donc contrer ces limites matérielles et permet
de procéder à l'identification.
1.2.
La méthode d'amplification ou PCR
Elle marque un bond technologique dans le domaine de la génétique.
Pour beaucoup de scientifiques, c'est la technique qui permettra de dresser la
carte génétique. Elle permet la synthèse de milliers de copies d'une séquence
spécifique (inférieure ou égale à 2kb) d'ADN à l'aide d'une enzyme, la Taq
polymérase. C'est un procédé de choix qu'on emploie dans les investigations
criminelles lorsque les éléments matériels trouvés sont de quantité très infime
rendant ainsi impossible l'analyse par la méthode de RFLP. On peut aussi traiter
en même temps un très grand nombre d'échantillons. Ici la technique de l'analyse
est de déterminer la constitution allélique des échantillons. La PCR est un outil
de typage qui permet de court-circuiter certaines étapes de l'analyse31, car elle
est fondamentalement basée sur des variations thermiques rendant possible la
réalisation de tous les cycles dans un même tube. L'amplification exponentielle
n'exige pas de l'ADN hautement purifié ni un haut rendement d'ADN pour
30.
31.
L'ADN peut être dégradé par les éléments naturels (la lumière, l'humidité, la moisissure
etc...); les cellules peuvent être détruites par des bactéries ou des virus; ces limites ne sont
pas associées spécifiquement aux échantillons trouvés sur les lieux du crime, puisque chez
les malades du sida, il peut avoir aussi un faible pourcentage (1 sur 100 000) de globules
rouges contenant des séquences d 'ADN.
L'étape du clonage est ici inutile.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
307
pouvoir donner un signal détectable pour l'identification. L'identification est
obtenue très rapidement (trois jours au plus), ce qui est pratique. De même, les
résultats se présentent sous forme de code digital pouvant être stockés
directement sur ordinateur. Cette méthode tend à remplacer la méthode de
Southern même si elle a des faiblesses techniques inhérentes32 à son extraordinaire capacité d'amplification.33
Actuellement, Jeffreys cherche à élargir les possibilités d'identification,
d'une part, en perfectionnant une technique fondée sur la différence de taille des
séquences, et d'autre part, en travaillant sur l'ADN génomique total; de ce fait,
il y aura un gain de temps appréciable. Cette dernière trouvaille du généticien,
appelée MVR-PCR34, fournit des données objectives et permet d'établir des
banques de données plus étendues. On lui reconnaît de nombreux avantages
entre autres : sensibilité, richesse d'information, stockage et manipulation facile
des résultats. Cette méthode est basée sur le fait que chaque minisatellite est
composé d'éléments répétitifs différents qui se suivent dans une séquence
donnée. Il faut donc montrer cette diversité inter-individuelle. Le «Digital DNA
Typing» requiert que l'on travaille sur des séquences courtes; ainsi l'ADN
dégradé et de très petite quantité peut être utilisé et donner des résultats
significatifs; le succès de la technique repose sur l'informatisation puisque les
calculs de probabilité sont faits directement par ordinateur. Pour attirante qu'elle
soit, cette méthode n'est pas encore opérationnelle et, de toute façon, il faut
auparavant juger de sa portée et de sa fiabilité comme il en est des techniques
précédemment citées.
2-
La fiabilité des méthodes d'identification génétique
Comme pour toute technique scientifique, la fiabilité des différentes
méthodes (la méthode de Southern et celle de l'amplification) est jaugée en vertu
de leurs avantages et de leurs faiblesses.
32.
33.
34.
La contamination, entre autres, est un problème bien réel mais qui peut être détecté par des
contrôles négatifs de laboratoire.
La PCR peut générer des milliards de copies d'ADN à partir seulement d'une séquence.
Jean-Claude DREYFUS, «Le typage de l'ADN : vers l'automatisation des empreintes
génétiques», (1992) 8 Médecine/Sciences, pp. 8-9.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
308
2.1.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les nombreux avantages liés au caractère intrinsèque du
matériel utilisé
Six grands types d'avantages peuvent être répertoriés. Ce sont :
2.1.1. La facilité dans la cueillette des éléments de preuve à cause
de :
----
la variété des échantillons : contrairement aux tests traditionnels, la
méthode de l'identification génétique ne se limite pas à l'analyse d'un
seul type de liquide ou de tissus mais compare une molécule commune
située dans les cellules de l'organisme. Les matériaux biologiques
peuvent donc être de nature diverse (salive, sang, sperme, sécrétions
vaginales, urine, peau, rognures d'ongles, pulpe de dent, cheveu, liquide
amniotique etc...). De ce fait, il semble plus facile de recueillir des
échantillons biologiques que de relever des empreintes digitales35.
----
la nature des échantillons : la source de l'échantillon utilisé pour
l'analyse peut être variable (prélèvements frais, vieux, secs, congelés,
décomposés) car l'ADN est stable et est extrêmement résistant aux effets
de l'environnement. Par exemple, on est arrivé à isoler l'ADN de
momies égyptiennes vieilles de plusieurs milliers d'années36.
----
la petitesse des échantillons : la quantité d'échantillon nécessaire pour
l'analyse est minime : quelques racines de cheveux37, une quantité
35.
Les criminels font attention à ne pas laisser d'empreintes digitales sur les lieux du crime ou
s'évertuent à les embrouiller; mais c'est compter sans les traces biologiques. Ainsi sur de la
gomme mâchée, on peut trouver de l'ADN; de même on peut en extraire sur un mégot de
cigarette : voir Mike KING, «Cigarette Butts Led to Man's Conviction for Killing Neighbor»,
(The Montreal) Gazette, June 4, 1994, p. A-3.
James WATSON, M. GILMAN et al., op. cit., note 5, p. 86.
Avec la PCR, on peut aller jusqu'à une seule racine.
36.
37.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
309
minimale de sang38, un ongle, 1.5 millilitre d'urine etc. On peut même
«envisager une analyse de l'ADN à partir d'une seule cellule»39.
2.1.2. La simplicité de visualisation
La technique d'identification par ADN produit un film rayon X encore
appelé autoradiogramme et qui est facile à observer visuellement. En effet, après
exposition de la membrane en nylon au rayon X, les sondes radioactives
attachées à l'ADN produisent une image qui correspond à leur position sur la
membrane en nylon. Ces images se présentent sous forme de taches ou de
bandes similaires en apparence aux codes universels visibles sur les emballages
de produits. L'étape suivante consiste à examiner à vue d'oeil l'autoradiogramme
et à comparer ces bandes pour voir s'il y a superposition entre les bandes de
l'échantillon connu et celles de l'échantillon étudié.
2.1.3. La certitude d'appariement basée sur la concordance des
échantillons
Un consensus scientifique s'est établi quant à la détermination de
l'appariement de deux échantillons. Les fragments d'ADN étant de grosseur
différente, on évalue d'abord la longueur des fragments des échantillons
inconnus en les comparant, à l'aide d'un ordinateur, aux fragments d'échantillons
connus. On se sert donc des chiffres obtenus pour affirmer s'il y a appariement
ou non. Les laboratoires appliquent une pondération qui peut aller jusqu'à plus
ou moins 2,5%40 pour leur calcul, car en réalité les mesures identiques ne sont
pas toujours observées. Ainsi, lorsqu'il y a concordance positive des échantillons, on conclut qu'elles proviennent de la même personne et qu'il y a appariement.
38.
39.
40.
0.5 microlitre de sang est suffisant pour la technique de PCR, on parle même «d'une tête
d'épingle, alors que pour un test sanguin traditionnel un minimum de 10 ml est requis; ainsi
seuls les enfants de plus d'un an peuvent être soumis à un tel prélèvement.
Jean-Claude DREYFUS, « les empreintes génétiques : la révolution permanente», (1990) 6
Médecine /Sciences, p. 690.
Valeur expérimentale qui provient du FBI; mais la GRC applique seulement une pondération
de plus ou moins 2,6%. Quant à la direction des expertises judiciaires à Montréal, son taux
est de plus ou moins 2,5%; ce qui fait une fenêtre totale de concordance, c'est-à-dire une
différence maximale admissible, d'environ 5,1%.
310
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
(1994) 24 R.D.U.S.
2.1.4. La force de probabilité de précision et d'individualisation
Le calcul de la fréquence des gènes est une étape indispensable. Quand
on connaît la fréquence des gènes dans une population donnée, on peut estimer
la fréquence du profil étudié. Dans le cas de la preuve d'identification par ADN,
la probabilité de fréquence d'un même profil génétique, c'est-à-dire le risque que
deux individus aient le même profil génétique, est très bas41; on l'estime, selon
les cas, à un sur plusieurs dizaines de millions voire des dizaines de milliards.
La méthode d'identification par ADN a donc une précision redoutable qu'on ne
rencontre ni avec les empreintes digitales, ni avec les groupes sanguins.
2.1.5. La discrimination évidente
La technique d'identification par ADN permet de distinguer l'ADN de
différentes sources. Ainsi dans le cas de mélange des éléments biologiques, la
distinction entre différents codes génétiques est nettement visible en examinant
les autoradiogrammes des échantillons même si les substances ou les échantillons étaient enchevêtrés. Par exemple dans le cas des agressions sexuelles, où
on se trouve en présence de mélange de cellules vaginales de la victime et du
sperme du suspect, une technique différentielle permet d'isoler l'ADN de chaque
substance42. On arrive au même résultat dans une hypothèse de plusieurs
violeurs, de sang amalgamé trouvé sur les lieux du crime, de mélange de sang
avec d'autres organismes, ce qui rend moins fiable toute autre méthode
d'analyse.
2.1.6. La rapidité des analyses
D'un délai de quelques semaines pour obtenir un profil génétique avec
le procédé de polymorphisme de restriction (RFLP) qui détecte les différences
de taille des fragments d'ADN à des loci (adresses spécifiques), on passe à un
délai de trois jours avec le procédé de l'amplification (PCR) qui multiplie la
41.
42.
Excepté les jumeaux homozygotes.
Notons que même s'il n'y a pas eu éjaculation du suspect, on peut procéder à l'analyse s'il y
a seulement quelques traces de cellules. Voir Ulf B. GYLLENSTEN et Al., «DNA Typing
of Forensic Material with Mixed Genotypes Using Allele-Specific Enzymatic Amplification», (1992) 52 Forensic Science International, pp. 149-160.
(1994) 24 R.D.U.S.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
311
molécule d'ADN jusqu'à obtention d'un nombre de copies suffisantes pour des
analyses subséquentes.43 On peut donc, par ce procédé, traiter plusieurs cas dans
le même laps de temps, ce qui réduit considérablement les délais.
Ces atouts liés aux analyses génétiques dépendent toutefois du rigorisme
qui y est appliqué, car comme toute technologie, la méthode des analyses
génétiques est sujette à des imperfections et possède des limites qui lui sont
intrinsèques.
2.2.
Les problèmes potentiels
Les problèmes susceptibles de se présenter concernent l'aspect technique
et l'interprétation des résultats.
2.2.1. Les questions techniques
----
la dégradation de l'ADN peut provoquer pendant l'analyse des
déplacements de bandes.
----
la résolution peut être influencée par des variations de la densité du gel,
le voltage électrique, ainsi que par la grosseur des fragments observés
lorsque ceux-ci se chevauchent.
----
dans l'hypothèse d'une transplantation et d'une transfusion, un
problème peut naître : en effet, il est de connaissance générale que les
lymphocytes ne sont pas «neutres» et peuvent modifier le génotype des
transfusés et des transplantés. Ainsi, pour un individu ayant eu une
transplantation d'organe réussie, les génotypes provenant de l'organe
transplanté et de son sang, par exemple, peuvent parfois être différents.
Il est intéressant de noter que ce problème peut aussi se révéler dans le
cas d'une transfusion sanguine lorsque la préparation transfusée contient
des globules blancs. Il faut bien souligner qu'il s'agit d'éventualités
rarissimes.
43.
Pour ces procédés, voir OTA, op. cit., note 6, pp. 42-48.
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
312
----
(1994) 24 R.D.U.S.
les mutations : en principe, un enfant reçoit la moitié de ses gènes de sa
mère et l'autre moitié de son père, ce qui fait qu'il présente à chaque
génération des caractères propres à ses parents; c'est l'aspect essentiel de
l'hérédité. Cependant, il peut arriver que des mutations d'un allèle, donc
du génome, surviennent dans une génération, entraînant ainsi une
nouvelle taille du fragment. Les chercheurs évaluent la probabilité de
mutation à cinq pour cent44.
Outre ces problèmes techniques, des erreurs peuvent aussi résulter lors
de la phase de l'interprétation des résultats d'appariement par l'expert.
2.2.2. Les questions d'expertise et d'interprétation
L'expertise s'effectue au niveau de la génétique de la population pour les
statistiques, et au niveau de la probabilité de la fréquence des allèles qui soustendent le calcul de la probabilité de l'identité.
----
Aspects controversés de l'interprétation
La subjectivité de l'interprétation est un facteur essentiel important de
l'ambiguïté, car ici tout est fonction de la compétence de l'expert, de son
expérience, de son sens d'observation et de sa vigilance. C'est un véritable
danger de faire une interprétation sur des bandes manquantes, des extra-bandes
des autoradiogrammes. De plus, un taux de variation très grand entre la grosseur
du fragment de l'échantillon connu et celui qui est inconnu peut fausser le sens
du résultat. 5% semble bien être la limite et il faut arriver à diminuer cette limite
ou l'annuler. De même, la probabilité doit se définir en fonction de la rareté des
allèles, du profil. On regarde donc la fréquence de ceux-ci dans une population
donnée, ce qui nécessite l'utilisation de bonnes statistiques.
44.
Dan BURK, «DNA Identification : Possibilities and Pitfalls revisited», (1990) 31(1)
Jurimetrics, p. 60.
(1994) 24 R.D.U.S.
----
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
313
L'expert et la population de référence
Une fois la concordance établie entre deux échantillons, il reste à
déterminer les chances de retrouver ce profil génétique dans la population. Cette
tâche revient donc à l'expert en génétique de population. Celui-ci détermine la
fréquence d'un allèle spécifique à l'intérieur d'un sous-groupe donné et pour cela
il consulte une banque de données. Devant les tribunaux, les études de
population ont soulevé de nombreuses interrogations et il y eut beaucoup
d'objections au sujet de la base de la démogénétique. Est-ce qu'il y a une
population de référence appropriée et est-il pertinent d'en tenir compte au
moment du calcul de probabilité? De même, peut-on avoir une certitude à
propos de la provenance raciale des statistiques utilisées45?
La question de référence à une population appropriée pour les calculs de
probabilité demeure un problème clé. En effet, les banques de données sont
constituées par races ou par groupes (caucasiens, noirs, asiatiques etc...) et les
spécialistes en génétique de population ne considèrent pas le fait qu'à l'intérieur
des groupes ou des ethnies il y a des sous-groupes ayant des traits génétiques
spécifiques (par exemple, les noirs américains sont différents génétiquement des
noirs qui sont restés en Afrique, les chinois nés en Amérique du Nord présentent
des traits génétiques différents de ceux qui sont en Chine etc...). Les sousgroupes ne sont pas homogènes, c'est-à-dire qu'on retrouve plus souvent certains
fragments d'ADN dans un sous-groupe que dans l'autre même si ensemble les
deux font partie de la même population ethnique46. Selon McElfresh et al., la
45.
46.
Les échantillons de sang utilisés pour la constitution des banques de données génétiques
proviennent des organismes tels la Croix Rouge. Ces échantillons ne sont pas identifiés
spécifiquement et ne contiennent aucun renseignement personnel. On fait confiance à
l'organisme pourvoyeur pour la classification par sous-groupes (la race etc...). Nonobstant
le rigorisme des laboratoires, il peut arriver que des échantillons de plusieurs sous-groupes
se mêlent. L'emploi d'une population génétique de référence adéquate est donc important
pour déterminer la fréquence de l'allèle.
Voir Brad DAISLEY, « Uses of Databases Has Sparked Controversy Over DNA Typing»,
(1993) 40 The Lawyers Weekly, p. 17. Voir aussi Kenneth R. KREILING, «Review
Comment : DNA Technology in Forensic Science», (1993) 33 Jurimetrics, pp. 476-480;
Kevin C. McELFRESH, Debbie VINING-FORDE, and Ivan BALAZAS, «DNA-Based
Identity Testing in Forensic Science», (1993) 43(3) BioScience, p. 149; Peter ALDHOUS,
«Congress Reviews DNA Testing», (1991) 351 Nature, p. 684; Douglas M. SMITH, «
Genetic Witness : By thy DNA So Shall Ye Be Known», (1993) 1 Health Law Journal, p.
314
Les enjeux de la recevabilité
de la preuve d'identification par ADN
dans le système pénal canadien
(1994) 24 R.D.U.S.
structure démographique n'implique pas une diversité génétique entre les
populations47. À ces questions de population de référence, il faut ajouter celles
de calculs statistiques. Par ailleurs, la qualité et l'expérience de l'expert sont très
importantes. Son expertise en génétique de la population doit être démontrée.
| 946
|
01/hal-mines-paristech.archives-ouvertes.fr-hal-01909751-document.txt_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,524
| 10,962
|
Mais le problème reste entier : qui peut dire aujourd'hui, si Intel ou Microsoft vont garder leur position dominante pendant 10 ans, 15 ans, 20 ans, ou plus, étant donné la rapidité d'innovation et la concurrence dans leur secteur? Les "facteurs mou
s
Le sentiment de l'analyste intervient parfois de manière plus ostensible dans l'élaboration de la recommandation boursière. Certains facteurs qualitatifs ont en effet une influence considérable sur la destinée de l'entreprise : qualité du management, existence effective d'une stratégie de long terme Ces paramètres ne peuvent pas être négligés, mais il ne sont pas chiffrables. La solution consiste alors à les intégrer dans certains "facteurs mous" qui servent à ajuster l'opinion boursière en fonction de l'avis qualitatif de l'analyste. Les paramètres sensibles vus au paragraphe précédent jouent souvent ce rôle ; il peut aussi s'agir du coût du capital à appliquer ou du bêta sectoriel de l'entreprise dans le cas des méthodes d'EVA. L'opinion intime de l'analyste trouve ainsi une voie pour exprimer son importance. Cette méthodologie est plus ou moins bien formalisée suivant les sociétés de bourse : elle peut s'apparenter à un calcul de coin de table comme elle peut être étayée par des questionnaires d'évaluation demandant de noter de 1 à 5 chaque paramètre qualitatif Les paramètres spéculatifs Enfin, à la subjectivité qui est présente dans le calcul de la part fondamentale du cours de bourse il faut ajouter celle liée à la part spéculative. C'est elle qui explique que nombre d'entreprises ont une "image boursière", qui reste accrochée à leur nom bien après que les choses ont changé. C'est ainsi que les banques françaises ont vu leur PER moyen passer de 7 à 12 en trois ans avec la mise en place de l'Euro. Il est probable en effet que les mouvements de concentration vont s'accélérer dans les prochaines années dans le secteur bancaire européen, mais cette évolution était prévisible avant 1995 et elle aurait pu être prise en compte dans les cours de bourse d'alors. Michelin et l'aventure du CSM
Les journaux français se sont fait l'écho de l'expérience du C3M de Michelin, qui montre bien comment une image boursière peut être mexplicablement persistante. Michelin a mis au point il y a quelques années un procédé révolutionnaire de fabrication des pneus, baptisé C3M. L'ouverture récente du septième site utilisant cette méthode a fait bondir de 5,8% en une séance l'action Michelin, alors que la seule information nouvelle à strictement parler résidait dans l'ouverture de l'usine
Source
: L'Expansion
n
°565 Il n'est pas véritablement du ressort de l'analyste de spéculer sur la façon dont la perception d'une entreprise par le marché va évoluer ; ce sont généralement le vendeur de la société de bourse et le gérant qui prennent ces paramètres en compte, en fonction de ce qu'ils "sentent" du marché.
36 LA DIVERSITE DES OPINIONS BOURSIERES LAISSE UNE MARGE DE MANOEUVRE A L'ENTREPRISE VIS-A-VIS DES MARCHES
Nous avons vu que le marché est loin d'être aussi monolithique que les phénomènes de "bulles spéculatives" le laissent penser. Les opinions boursières sont en général très diversifiées, pour deux raisons essentielles : • La diversité des acteurs, exigée par des logiques commerciales présentes à tous les niveaux • La subjectivité des jugements boursiers, qui est de nature à détruire le mythe du chiffre univoque
La diversité des opinions boursières
Une étude menée par Merrill-Lynch sur le cas de la chimie aux Etats-Unis illustre bien la façon dont un cours de bourse est en fait l'amalgame de positions très différentes. La question à la base de la recherche est : pourquoi la valeur de l'action d'une entreprise chimique peut-elle varier d'un facteur 3 entre le haut et le bas du cycle de la chimie, alors que la chimie a toujours été cyclique et qu'on pourrait donc s'attendre à ce que les variations périodiques soient intégrées à tout moment dans le cours de bourse? L'étude suggère que ce phénomène est dû au fait que les investisseurs intéressés par l'entreprise ne sont pas les mêmes en haut de cycle et en bas de cycle. La compréhension profonde des marchés nécessite donc de connaître les différentes philosophies qui s'y affrontent à tout moment, et leurs proportions respectives. La diversité des marchés est évidemment lourde de conséquences sur la façon dont l'entreprise peut envisager sa relation avec ses actionnaires. Si le jugement des actionnaires institutionnels avait été monolithique, le cours de l'action variant mécaniquement en fonction de ce que le consensus pense de la façon dont l'entreprise est gérée, on aurait réellement pu parler de "dictature des marchés", car le dirigeant aurait alors eu tout intérêt à connaître les exigences de la bourse et à s'y conformer, sous peine de se voir sanctionner par le couperet du "vote avec les pieds". On a vu que la situation n'est pas exactement celle-là et que les actionnaires institutionnels sont de types variés, au point qu'il est nécessaire d'appréhender la diversité des opinions boursières si on veut vraiment comprendre le fonctionnement des marchés. Dans ce contexte, la liberté de mouvement du PDG est bien plus importante : sachant que le cours de bourse représente l'équilibre entre des opinions favorables sur l'entreprise et à peu près autant d'opinions défavorables ; sachant de plus qu'il est assez rare qu'un actionnaire institutionnel dépasse 5% du capital d'une entreprise, on voit qu'il est assez peu probable a priori qu'une décision stratégique réunisse l'unanimité de ces miettes de capital pour ou contre elle. En termes de communication financière, la diversité des actionnaires a pour conséquence qu'il est possible de mettre en place une approche marketing de l'information financière : dans la mesure ou le marché est compartimenté, on peut définir précisément les cibles que l'on veut toucher, et adapter les moyens de communication à ses caractéristiques. 37 L'approche marketing de l'information financière
La segmentation des marchés autorise l'entreprise à cibler son information financière. Cela peut avoir deux types de conséquences : Une personnalisation du message délivré : il ne s'agit bien entendu pas de faire passer un message différent à chaque type d'investisseur, mais plutôt d'insister sur les points qui l'intéresseront. Un gérant growth aimera entendre parler d'avance technologique et de perspectives de croissance à long terme, tandis que son homologue value sera plus soucieux du trigger event susceptible de provoquer un rattrapage de la bourse. De même, suivant les modèles qu'ils utilisent, les analystes seront plus intéressés par la politique de distribution des dividendes ou par les cash-flow. Les chargés d'information financière des entreprises ont compris cela, particulièrement aux Etats-Unis où les marchés sont plus nettement compartimentés. Ils tiennent à jour des listes leur indiquant quels actionnaires suivent quelles méthodes d'investissement (growth, value. growth at reasonableprice etc.) et s'adaptent ainsi à leurs personnalités. Us disposent par ailleurs souvent des modèles des analystes et collaborent avec eux, vérifiant que leurs résultats sont cohérents.10 On peut aller plus loin dans cette direction, et réellement sélectionner ses actionnaires en fonction de leurs caractéristiques et de ce qui est bon pour l'entreprise. Il est rare à notre connaissance qu'une entreprise veuille des investisseurs value plutôt que growth. Par contre il est plus répandu qu'on cherche à privilégier les petits porteurs plutôt que les institutionnels par exemple : c'est ainsi que Saint-Gobain, qui va dénouer la fin de son noyau dur d'ici quelques mois, va axer sa campagne de communication de manière à privilégier cette catégorie. On peut aussi vouloir avoir des actionnaires d'un pays plutôt que d'un autre, européens plutôt qu'américains par exemple. Il n'est pas inimaginable qu'on affine encore les critères de choix en choisissant les investisseurs dont la méthodologie d'investissement s'adapte le mieux à la personnalité de l'entreprise. Les gérants de fonds ont parfaitement conscience que n'ayant pas tous la même opinion, il ne sont pas en mesure de dicter leurs exigences aux entreprises dans lesquelles ils possèdent des participations. C'est pourquoi ils n'interviennent que dans les cas où il y a consensus du marché pour appeler de ses voeux une décision. Les développements précédents, qui montraient que les acteurs étaient menés par des logiques différentes, pourraient laisser penser que ces occasions sont rares. Ce n'est pas tout à fait vrai, parce que les marchés ont un caractère parfois spéculatif : comme l'explique A. Orlean, l'investisseur a tendance à suivre l'opinion générale quand lui-même estime ne pas avoir assez d'éléments pour décider ; cela veut dire que les acteurs sont individualistes et donc diversifiés dans les domaines où ils se sentent compétents, mais qu'ils peuvent adopter des comportements grégaires quand la situation est floue. C'est ce type de comportement qui est pour nous à l'origine des "modes financières", qui seront l'objet de la dernière partie de ce mémoire : les analystes et les gérants se posent un certain nombre (relativement limité) de questions communes, auxquelles ils connaissent des réponses toutes faites, des "modèles standards" : ce peut être par exemple la mise en place de ratios de création de valeur si la question initiale concernait la rentabilité des investissements. En l'absence de renseignements précis de la part de l'entreprise sur ces problèmes, les marchés exigent l'application des modèles standards. La force impérieuse de 1 Ici comme dans beaucoup d'autres cas lors de cette étude, nous sommes à la limite de "l'asymétrie d'information" mise hors la loi par les autorités de ulation. Les entreprises qui utilisent ce genre de procédés font valoir qu'elles ne "corrigent" que les erreurs grossières, qu'un observateur extérieur aurait pu repérer. Comment croire cependant que le chargé de communication financière, qui a une idée des résultats de son entreprise avant que ceux-ci ne soient publiés, n'en tienne pas compte? 38 ces modèles est renforcée par le caractère spéculatif qu'ils acquièrent vite (sachant que la bourse va bien réagir si l'entreprise applique cette solution, il est raisonnable d'acheter, donc la bourse réagit bien etc.). PRET A PORTER OU SUR MESURE? Pour bien comprendre la mode actuelle et ses tendances, nous vous proposons de revenir quelques saisons en arrière afin d'assister au défilé de modes qu'a connu Wall Street depuis les années 1960. Ces quelques exemples nous permettront d'interpréter les modes actuelles, en gardant à l'esprit la question suivante : les modes sont-elles des tendances irrationnelles, semblables à leurs homonymes vestimentaires, ou ont-elles une raison plus profonde?
DEFILE DE MODES A WALL STREET Le -tronics boom
Revenons donc dans les années 1960, années où la croissance du secteur de l'électronique et la magie de cette nouvelle technologie faisait miroiter les yeux des golden boys. Chacun avait compris l'enjeu que représentait l'électronique et les investisseurs ne voulaient surtout pas manquer le coche. Pour les sociétés qui débutaient sur le marché, il s'agissait d'avoir un nom terminant par -tron ou -onics, ou rappelant vaguement l'électronique, afin de profiter de l'engouement du moment pour la croissance, les transistors ou les voyages sur la lune et réussir leur introduction en Bourse. On peut citer l'exemple d'American Music Guild, une société de vente en porte à porte de disques, qui, avant son introduction en Bourse, a été rebaptisé Space Tone et dont l'action a été multipliée par 7 en quelques semaines; on peut se rappeler des Astron, Transitron, Circuitronics ou Videotronics, mais il faut reconnaître que la palme du meilleur nom doit revenir aux inventeurs de Powertron Ultrasonics. Si les premiers investisseurs ont été gagnants au début du -tronics boom, ils ont dû déchanter lorsque le marché est revenu sur terre vers 1962 et que la bulle a explosé en plein vol, comme le montre le tableau suivant :
Société Prix d'émission Plus haut cours 1961 Plus bas cours 1962 Boonton Electronics 5,5 24,5 1,625 Geophysics of America 14 58 9 Hydro Space Technology 3 7 1 source : Burton Malkiel, A random walk down Wall Street 40
Les conglomérats Grâce à l'optimisme et la croyance en l'avenir régnant dans les années 60, le thème de la croissance est resté cher aux coeurs des investisseurs, qui, passées les déceptions de l'époque tronics, étaient à nouveau prêts à payer comptant des perspectives d'avenir. Comme un besoin finit toujours par être satisfait, un nouveau credo est apparu sur le marché : la synergie, qui a lancé l'époque des conglomérats. Ce nouveau concept s'appuyait sur des bases solides : par la diversification, on pouvait atteindre une structure financière plus solide, des complémentarités de gamme, des gains d'échelle en frais généraux de production. Mais, à leur grand malheur, les investisseurs ont confondu un peu vite synergie boursière et synergie industrielle, croissance réelle et création artificielle de croissance. En effet, par une suite de fusions acquisitions entre des sociétés de Price Eamings (PER) différents, les dirigeants de conglomérats pouvaient augmenter artificiellement leur bénéfice par action, et donc leur cours. Prenons par exemple une société pharmaceutique A, dont le marché évalue le PER à 20. Son bénéfice par action étant de $10, ses 1 000 actions s'échangent à $200 en bourse. Prenons maintenant une société B fabriquant des boulons, activité moins prometteuse qui ne lui autorise qu'un PER de 5. Elle est également composée de 1 000 actions, valant chacune $50 en raison d'un bénéfice par action de 10. Qu'advient-il si on marie A et B, en proposant aux heureux propriétaires de B une action de A valant $200 contre 3 de B, soit $150? Ceux-ci s'empressent d'accepter et d'empocher leur prime de $16 par action de B ($150/3). La société A réalise alors un bénéfice total de $10 000 + $ 10 000 = $ 20 000, et est composée de 1 333 actions, ce qui équivaut à un bénéfice par action de $15. La croissance du bénéfice par action, $5 soit 50% en une seule nuit, justifie pleinement le PER de 20 de A, dont le cours passe de $200 à $300. Le mariage est donc consommé pour la plus grande joie des (riches) propriétaires de A et B, qui n'ont maintenant de cesse de vanter les synergies entre les boulons et l'aspirine. La mode des conglomérats, comme celle de l'électronique, a connu ses vedettes et ses gourous. Ainsi, Automatic Sprinkler Corporation (plus tard connu sous le nom d'A-T-O) a vu son chiffre d'affaires multiplié par 15 entre 1963 et 1968, uniquement par un jeu de fusions acquisitions avec des sociétés ayant un faible PER. L'équipe dirigeante, particulièrement dynamique et apte à découvrir les bonnes affaires, a réussi l'exploit de signer quatre fusions en moins de 25 jours. Cette nouvelle preuve de la compétence du management d'A-T-0 a conforté la marché dans sa confiance dans les synergies, et l'action est passée de $8 en 1963 à $73 en 1967, pour retomber à $10 en 1969. En effet, dès que la succession de fusions acquisitions se ralentit ou prend fin, l'effet comptable d'augmentation du bénéfice par action décrit auparavant s'arrête, les espoirs de croissance s'évanouissent donc et les investisseurs se réveillent avec entre les mains un conglomérat sans queue ni tête d'activités disparates et mal gérées. Le tableau suivant montre à quel point certains réveils ont été difficiles :
Société Plus haut cours 1967 PER Plus bas cours 1969 PER Automatic Sprinkler 73,625 51 10,875 13,4 Litton Industries 120,5 44,1 55 14,4 Teledyne Inc 71,5 55,8 28,25 14,2 source : Burton Malkiel, A random walk down Wall Street 41
Les valeurs sûres
Après de tels déboires, il était temps pour le marché de tirer les leçons du passé et de réagir de manière plus raisonnable. Ainsi, les gérants de fonds en ont conclu que, quitte à investir dans des valeurs de croissance, mieux valait oublier les mirages de la croissance facile et rapide d'entreprises jeunes et prometteuses, et se concentrer sur les valeurs sures de croissance, c'est à dire des entreprises bien connues et établies, avec des perspectives de croissance plus faibles que les start-ups de l'électronique, mais garanties par un track-record solide. Ces blue chips (IBM, Rank Xerox, Kodak, Polaroid) présentaient d'autres avantages : la taille de leur capitalisation permettaient aux institutionnels d'entrer ou de sortir sans perturber notablement leur cours, et un gérant prenait moins de risques vis à vis de ses clients et de ses confrères en perdant de l'argent avec IBM qu'avec Powertron Ultrasonics. Malheureusement, une bonne idée trop copiée finit par devenir mauvaise. Le marché ne contenant qu'une cinquantaine de blue chips de la croissance, leur prix (leur PER) a commenc par augmenter significativement au fur et à mesure que les fonds institutionnels ont investi massivement dedans. Ce signal a été d'autant moins perçu comme dangereux par les investisseurs qu'ils justifiaient un prix élevé par la croissance future : après avoir acheté ces actions, il suffisait d'attendre patiemment et de récolter les fruits de la croissance en revendant au même PER. Avec de tels raisonnements, le PER d'une société comme Sony a atteint des sommets vertigineux (90 en 1972) qu'aucun plan de croissance raisonnable pour une entreprise de cette taille ne pouvait justifier. Sociétés PER en 1972 PER en 1980 Sony 92 17 Polaroid 90 16 McDonald's 83 9 Walt Disney 76 11 65 18 source : Burton Malkiek A random walk down Wall Street
Qu'est-ce qu'une mode? Au vu de ces trois exemples, on peut essayer d'interpréter le phénomène des modes boursières, comprendre comment elles apparaissent et essayer d'analyser les modes actuelles.
Un problème de fond
Au départ de chacune des modes, on retrouve invariablement un problème de fond général qui se pose au marché. La revue précédente peut avoir donné l'image d'un marché totalement irrationnel, en proie à des lubies se succédant à un rythme impressionnant. Il faut 42 bien voir que nous avons pris chaque fois des cas extrêmes afin d'illustrer notre propos : si certains investisseurs ont perdu de l'argent avec Powertron Ultrasonics ou A-T-O, d'autres en ont gagné à l'époque avec IBM, Apple ou General Electric; en d'autres termes, l'électronique ou les synergies industrielles n'étaient pas seulement des lubies du marché. Le point de départ de ces modes est bien un problème réel et rationnel, par exemple ne pas manquer la nouvelle technologie la plus prometteuse (informatique ou biotechnologie), dont le marché peut par la suite avoir exagéré la croissance, profiter des concentrations industrielles et des effets d'échelle (mode des conglomérats), ou encore investir dans des valeurs de croissance en limitant les risques pris (mode des valeurs sures). Comme un cours de Bourse contient une partie fondamentale et une partie spéculative, il n'est pas possible d'affirmer qu'il est totalement rationnel ou totalement irrationnel. Une réponse simple et générique
Dans cette optique, la mode apparaît comme une réponse simple et générique à ce problème de fond : c'est la solution préconisée par le marché. En reprenant l'exemple des conglomérats, on se rend compte que les fusions ont été reconnues comme la meilleure façon de créer des synergies industrielles. C'est là qu'apparaît l'élément spéculatif d'une mode, c'est à dire que le cours d'une action va s'écarter durablement et significativement d'une valeur fondamentale raisonnable, du fait de l'engouement du marché. Si une entreprise correspond à la solution préconisée par le marché (par exemple est une valeur sure de croissance fin des années 70), ou si elle la met en oeuvre (par exemple se lance dans une stratégie de fusion-acquisitions dans les années 60), elle verra son cours augmenter allègrement, car chacun anticipera que cette solution est reconnue par le marché et que le cours de l'action augmentera. On est alors dans un raisonnement spéculatif autoréférentiel, comme l'a bien décrit Keynes, qui ne sera détectable qu'après coup, lorsque la bulle spéculative cessera et que le cours de l'action se rapprochera d'une valeur plus proche de son niveau fondamental. Dans les exemples précédents, nous avons pu démontrer qu'une mode est spéculative en comparant le cours des actions au plus haut de la mode avec leurs valeurs quelques années plus tard, lorsque l'engouement est retombé. C'est ainsi qu'il n'est vraiment possible de parler de mode qu'au passé, et que, pour détecter les modes actuelles, nous n'avons pas de preuves formelles comme précédemment, mais seulement des signes, des indices qui nous paraissent toutefois suffisants. Les dangers de la mode
Un dirigeant d'entreprise peut avoir intérêt à suivre les modes du marchés, c'est à dire mettre en oeuvre les solutions préconisées par le marché, ne serait ce que pour répondre à la pression des analystes et gérants, décrite dans la deuxième partie, ou pour bénéficier du coup de pouce boursier qui s'en suivra, diminuer ses risques d'OPA et empocher ses stocks options. Suivre une mode pour un dirigeant signifie se lancer dans les années 60 dans une politique de diversification et d'acquisitions effrénée, ou, dans le cas d'un groupe chimique ou pharmaceutique des années 80, investir dans le secteur des biotechnologies. Or, comme Wall Street l'a montré à plusieurs reprises, poussée au bout de sa logique toute mode devient dangereuse, et une entreprise aura du mal à revenir en arrière, par exemple après quelques diversifications malheureuses. La question se pose en ces termes à un dirigeant d'entreprise : doit-il souscrire aux modes, même si elles lui semblent exagérées, risquées ou inefficaces sur le long terme, et profiter de la hausse de son cours de Bourse, ou doit-il essayer de résister au marché, de refuser les modes et voir son cours pénalisé par rapport à ses concurrents, avec tous les risques que cela comporte? 43 Nous sommes d'avis qu'il existe une solution intermédiaire à cet apparent dilemme, qui consiste à résister aux modes sans voir son cours de Bourse s'effondrer. Nous allons essayer de le montrer en étudiant quatre modes actuelles, en définissant pour chacune d'elle le problème de fond initial, la solution générique reconnue par le marché et les risques et problèmes que celle-ci soulève. LA CREATION DE VALEUR POUR L'ACTIONNAIRE Le problème de fond
Il est arrivé dans le passé que la rentabilité de l'entreprise soit passée au second plan, derrière d'autres comme la croissance, l'intérêt général ou des intérêts familiaux, politiques ou sociaux. On en trouve quelques exemples en France, où les entreprises pétrolières nationales devaient entre autre garantir l'approvisionnement énergétique du pays. De même, on peut citer les banques françaises, qui n'ont pas connu de réductions importantes d'effectifs ou de restructuration, malgré l'apparition de l'informatique, ou encore Renault, qui a eu une politique de bénéfice zéro. Même aux États-Unis, patrie de l'actionnaire, des groupes pétroliers se sont illustrés par des projets de croissance basés sur des puits de plus en plus profonds et donc coûteux, qu'ils justifiaient par des prévisions du cours du baril de pétrole de l'ordre de $40. Le marché était loin de partager ces prévisions, si bien que ces sociétés pétrolières ont vu leur cours de Bourse plonger plus profondément que leurs puits et ont dû se résoudre à une discipline d'investissement plus stricte. Il faut donc rappeler au management que les actionnaires ne leur confient pas des capitaux par philanthropisme, mais qu'ils en attendent un rendement. Aux États-Unis, les pension funds sont particulièrement attentifs à cette problématique : comme ils doivent placer leurs fonds sur le long terme, une différence de rentabilité de quelques points aura des répercussions très importantes sur la valeur des retraites qu'ils pourront offrir à leurs clients. Ainsi, un franc placé à 8% par an rapportera 4,32FF vingt ans plus tard, alors que placé à 10% par an, il vaudra 6,12FF, soit une différence de plus de 40% dans la valeur finale de l'actif, pour seulement 2% de différence de rendement (inversement, pour obtenir la même retraite, il faut travailler 20 ans dans le premier cas et seulement 16 ans dans le second). Selon un consultant américain, c'est cette exigence de rentabilité qui est à l'origine des excellentes performances de l'économie américaine ces dix dernières années.
Une solution simple et générique
La solution actuellement en vogue afin de sensibiliser le management à la rentabilité boursière du titre est la mesure de la rentabilité des capitaux de l'entreprise par le concept de création de valeur pour l'actionnaire. Pour cela, on définit d'abord le coût moyen pondéré du capital, k. Le coût de la dette est le taux d'intérêt après impôts auquel l'entreprise pourrait souscrire sur le marché des capitaux de nouveaux emprunts long terme; on prend donc le coût de remplacement ou d'opportunité de la dette (en fait, cette question fait encore l'objet d'âpres et passionnantes 44 discussions que l'on peut retrouver dans l'annexe consacrée aux instruments d'évaluation des titres). Le coût des actions correspond lui au rendement attendu par les actionnaires, qui varie en fonction de la volatilité relative du titre par rapport au marché. Cette notion repose sur la théorie CAPM (Capital Asset Pricing Mode/), décrite en annexe, et le coût des actions est donc égale à la somme du rendement sans risque (OAT à 10 ans) et de la prime de marché pondérée par le bêta du titre. Enfin, le coût moyen pondéré du capital, k, est égal à la moyenne pondérée du coût de la dette et de celle des Ensuite, on définit le rendement des capitaux employés par l'entreprise (Return On Capital Employed, ou ROCE en anglais). Il s'agit du rapport entre le résultat net de l'entreprise, avant frais financiers mais après impôts, et la somme des capitaux employés par l'entreprise, c'est à dire des immobilisations nettes et du besoin en fond de roulement. Là encore, le calcul du ROCE est discuté en annexe. Enfin, on introduit l'EVA ou Economie Value Added en anglais, qui est la différence entre le ROCE et le coût moyen pondéré du capital : EVA = ROCE - k. Si l'EVA est positive, l'entreprise a rempli son contrat avec ses actionnaires, elle crée plus de valeur qu'on en attend d'elle et son avenir est assuré. En revanche, si l'EVA est négative, cela signifie que les capitaux de l'entreprise ne rapportent pas suffisamment et qu'ils seraient mieux employés ailleurs, ce qui ne présage rien d'encourageant pour l'avenir à long terme de l'entreprise. ROCE, EVA et création de valeur pour l'actionnaire sont tellement en vogue qu'ils agrémentent avantageusement le rapport annuel de toute société digne de ce nom. Ainsi, chaque dirigeant d'entreprise rappelle à corps et à cris, dans ses lettres aux actionnaires, que son objectif principal est de créer de la valeur pour l'actionnaire, comme s'il n'en avait pas toujours été ainsi. Ce petit jeu peut devenir dangereux, comme le confirme l'exemple du cadre dirigeant d'une grande entreprise française, qui, après avoir affirmé lors d'un road-show qu'il s'évertuait à créer de la valeur pour l'actionnaire, n'a pas su répondre à la question du coût de son capital. La mode de l'EVA est encore renforcée par la publicité que fait le (florissant) cabinet américain Stem Stewart autour de sa formule, protégée par un copyright. MM. Stern et Stewart n'ont fait que remettre au goût du jour les travaux des prix Nobel Merton Miller et Franco Modigliani. Les inconvénients de la mode
Selon les tenants de l'EVA, le dirigeant, armé de ces outils, peut facilement gérer son entreprise dans l'intérêt de ses actionnaires : il lui suffit de ne mettre en oeuvre que les projets dont le ROCE dépasse le coût du capital. Néanmoins, calculer un coût du capital pour chaque division ou chaque projet relève de l'exploit, car il faut savoir en évaluer le risque (le bêta) particulier, alors qu'il n'existe pas de méthode de calcul du bêta, même pour une entreprise cotée (on prend en général le bêta historique, calculé à partir de la volatilité passée). En outre, il faut savoir répartir les dettes entre les différentes parties de l'entreprise. Ces difficultés poussent les praticiens, analystes comme dirigeants, à utiliser une valeur moyenne du coût du capital. Gérer une entreprise par l'EVA revient donc pratiquement à la gérer par son ROCE, quitte à donner aux differentes activités d'une même société des objectifs de ROCE différentes. Or, le ROCE est un critère comptable qui peut donner lieu à quelques manipulations peu orthodoxes. La première d'entre elles concerne 1 egoodwi/I ou survaleur, qui est, lors d'une acquisition de A par B, la différence entre le prix payé pour A et la quote-part de ses fonds propres inscrite au bilan de B. Le débat sur l'amortissement de la survaleur fait d'autant plus rage que le poids des survaleurs dans les bilans a augmenté, du fait du développement de 45 l'activité de fusion et de la hausse des Bourses. Trois théories s'affrontent : celle de l'amortissement sur 40 ans, qui revient à considérer la survaleur comme un actif; celle du maintien du goodwill sans amortissement, qui consiste à le considérer comme un actif intangible, comme le sont les participations financières; celle de l'annulation par soustraction du goodwill sur les capitaux propres, qui se base sur la cohérence avec l'absence d'écriture comptable du goodwill créé en interne. Le goodwill étant une partie importante des capitaux employés (dans certains cas la moitié), le ROCE d'une acquisition varie considérablement avec la méthode de traitement du goodwill. Supposons que deux sociétés, l'une française et l'autre anglaise, souhaitent acheter un concurrent S dont le ROCE avant achat est de 12%, et dont la survaleur est égale aux actifs. Pour la société française, qui amortit le goodwill sur 40 ans, le ROCE après achat de sa filiale S sera de 4,75% au bout d'un an, de 6,33% au bout de 20 ans et de 12% la 41ème année. Si la société anglaise décide d'imputer la survaleur sur ses capitaux propres, donc de l'annuler, le ROCE de sa filiale S sera invariablement de 12%. On voit donc l'importance du goodwill dans l'évaluation des acquisitions. La question qui se pose alors est de savoir si le cours de la société française sera pénalisée par rapport à celui de son concurrent anglais, qui apparemment crée de la valeur là où la société française en détruit. Le ROCE est également sensible aux frais de recherche, de publicité, de maintenance, qui diminuent le résultat net de l'entreprise. Ainsi, un dirigeant qui sacrifierait les investissements de remplacement du capital ou la recherche améliorerait, au moins à court terme, le ROCE de la société qu'il prétend gérer. Aurait-il créé pour autant de la valeur pour ses actionnaires? Le dilemme court terme / long terme se pose également pour un investissement important de long terme ou pour un redéploiement stratégique. En effet, un investissement de grande taille va réduire durablement le ROCE de la société, dans la mesure où il augmente fortement les capitaux employés et ne produira pas de bénéfices avant quelques semestres. Un dirigeant, soumis chaque trimestre ou semestre aux questions des analystes, peut-il encore se permettre d'investir sur l'avenir et de ne pas battre le coût de son capital pendant quelques années? La question est d'importance, comme le montre le cas de Saint-Gobain, dont le cours a été fortement pénalisé à la suite de l'acquisition de Norton en 1990. Le marché a notamment considéré que Norton ne valait pas le prix payé, alors que la direction voyait avant tout dans cette opération un changement stratégique majeur, une mutation du groupe. Depuis, le marché a reconnu l'opportunité de cetie acquisition, et la capitalisation du groupe est passée en sept ans de 13 Milliards de Francs à 104 Milliards, mais, au début des années 90, du fait de sa décote, Saint-Gobain aurait-il pu résister à une OPA sans son noyau dur 9 On peut également douter de l'intérêt de la gestion d'une entreprise par le ROCE ou l'EVA dans le cas d'une industrie cyclique, comme la chimie ou l'aluminium. En bas de cycle, le ROCE de toute l'industrie, indépendamment des performances des équipes dirigeantes, est sensiblement inférieur au coût de son capital. De même, nous avons posé le problème des stratégies à long terme. Certains investisseurs, notamment les pension funds américains, peuvent garder un titre dans la durée, de trois à cinq ans dans la majorité des cas. Ils acceptent alors un ROCE faible sur le court terme s'ils ont des perspectives suffisantes sur le long terme. Ainsi, la direction de Pechiney, lors de la préparation de la privatisation du groupe, a annoncé au marché en 1995 la mise en place d'un ambitieux plan de réduction des coûts, baptisé Challenges. Elle a cependant demandé à n'être jugée que lorsque les résultats seront pleinement visibles, vers fin 1997. L'analyse du cours de Pechiney entre 1995 et 1998 montre que, malgré quelques périodes de doute, ses actionnaires principaux (des pension funds américains) ont su être patients et n'ont pas vendu. De même, Total a réalisé des investissements importants au Venezuela qui diminuent fortement sa rentabilité à court terme. Le service d'information financière donne donc deux ROCE, un à court terme sans l'effet de ces investissements, et un à long terme avec l'excellente performance boursière de Total montre que le message est clairement perçu par la communauté financière. Une entreprise peut donc avoir un ROCE momentanément inférieur à la moyenne de ses concurrents sans être sanctionnée par le marché, à condition d'expliquer pourquoi sa rentabilité est moindre que celle de la moyenne de son secteur, et surtout d'être en mesure de donner des objectifs de ROCE suffisants à long terme. Le marché réagira alors en fonction de l'évolution du ROCE et de son amélioration, et non de sa valeur absolue. Un bémol doit cependant être ajouté : si le marché évalue correctement (et apprécie) les stratégies de restructuration sur deux à trois ans, qu'en est-il des projets de réorganisation, de redéploiement d'un groupe sur une période plus longue? L'exemple de Saint-Gobain et Norton semblerait montrer qu'il en est incapable. Nous ne pouvons pas donner une réponse tranchée à cette question, tout au plus nous contenterons nous de citer l'exemple de l'entreprise chimique ICI, qui, contre toute attente, a acheté pour près de 5 Milliards de Livres Sterling la chimie d'Unilever. Cette acquisition, cher payée au vu des faibles synergies dégagées, correspond a une refonte totale d'ICI, qui a annoncé qu'il quitterait son métier de base, la chimie lourde, pour se concentrer sur la chimie de spécialité. Après une période d'attente de quelques mois, le marché réagit, jusqu'à présent, favorablement à cette annonce de redéploiement, que les premières cessions d'ICI dans la chimie industrielle confirment. Enfin, il reste le cas des industries cycliques. En principe, les analystes ne considèrent pas le ROCE année par année, mais définissent un intervalle de variation acceptable du ROCE le long du cycle, avec un objectif de rentabilité sur la moyenne du cycle. Ainsi, un analyste du fonds Lord Abbett considère que le ROCE d'une entreprise chimique ne doit pas descendre en 47 dessous de 5% en bas de cycle, qu'il peut atteindre 15% en haut de cycle, et que sa moyenne doit avoisiner les 10%. Cela signifie-t-il pour autant qu'elle ne sera pas pénalisée en bas de cycle avec un ROCE de 5%? Une étude de la société Merrill Lynch semble prouver le contraire : elle montre que les fusions-acquisitions dans la chimie sont surévaluées en haut de cycle et sous-évaluées en bas de cycle; elle montre également qu'il en est de même pour les cours des groupes chimiques. Il est normal que leurs cours fluctuent au cours du cycle, mais cette fluctuation paraît exagérée par rapport à celle de leur valeur fondamentale calculée par une méthode de cash-flows actualisés. En d'autres termes, le marché surréagit en haut et bas de cycle. Le premier phénomène (les acquisitions) peut s'interpréter par la disponibilité des cash-flows. En effet, les acquisitions se font entre entreprises chimiques, qui disposent toutes d'une trésorerie abondante et de projets de croissance en haut de cycle, et qui doivent toutes se serrer la ceinture en bas de cycle. En revanche, le fait que le marché surévalue les bénéfices en haut de cycle et les sous-évalue en bas de cycle n'a d'autre explication que la psychologie des investisseurs, qui se désintéressent d'un marché saturé en bas de cycle. En définitive, cette sous évaluation passagère n'est pas fatale pour les entreprises chimiques, dans la mesure où elle touche le secteur dans son ensemble, et non une entreprise particulière qui serait alors un proie vulnérable à une O.P. A. Le recentrage sur le core business Le problème de fond
Cette fois, le problème à l'origine du recentrage sur le core business, c'est à dire la stratégie qui consiste à se concentrer sur une ou deux activités où l'entreprise dispose d'avantages concurrentiels, et à revendre les autres métiers, est double. D'une part, l'intérieur du l'actionnaire veut groupe dans lequel il pouvoir contrôler a investi, afin la répartition d'éviter qu'une des cash-flows branche à d'activité, performante et génératrice de profits, ne subventionne plus ou moins discrètement une autre branche déficitaire. Dans ce cas, il préfère encore que l'argent se perde dans sa propre poche, c'est à dire qu'il récupère la manne d'argent issue de l'activité bénéficiaire et décide lui-même de l'investir ou non dans celle en difficulté. D'autre part, le recentrage, en diminuant le nombre de métiers d'une entreprise, en améliore la lisibilité pour l'extérieur. Un analyste comprendra mieux une entreprise simple et monoproduit qu'un conglomérat complexe, car non seulement la structure sociale sera plus facile d'accès, mais surtout les résultats de l'entreprise dépendront d'un plus petit nombre de facteurs : législation, déterminants macro-économiques, concurrents. Ainsi, les analystes et donc le marché en général seront plus à même de prévoir les bénéfices de l'entreprise et donc d'éviter les surprises, bonnes ou mauvaises, qui ne sont jamais du goût des investisseurs et diminuent la visibilité du titre. Une solution simple et générique
Pour passer d'un conglomérat diversifié à une entreprise centrée sur ses métiers de base, la solution reconnue par le marché est le spin off. Il s'agit de la scission du groupe initial en deux ou plusieurs entités ne comprenant que des activités jugées complémentaires. Cette scission peut se faire soit en vendant progressivement sur le marché des actions de l'une des 48 deux filiales, soit en donnant aux anciens actionnaires du groupe initial des actions des deux nouvelles entités. Les exemples ne manquent pas, tant en France qu'aux États-Unis. Dupont de Nemours a annoncé son intention de se concentrer sur la pharmacie et les biotechnologies et de se défaire de ses activités de chimie, regroupées dans sa filiale Conoco. Le jour où 20% des actions de Conoco ont été placées sur la marché, l'action Dupont a fait partie des plus fortes hausses de Wall Street. De même, en France le groupe Chargeurs a séparé ses activités textiles et cinématographiques, dont la complémentarité n'allait pas de soi. Enfin, on peut citer le cas de Rhône-Poulenc, qui, en investissant dans les sciences de la vie, a longtemps espéré se faire passer auprès des investisseurs pour un groupe pharmaceutique et non chimique, en vain. Quand on connaît la différence de Price-Earning entre la pharmacie (de l'ordre de 20-25) et la chimie (entre 10 et 15), on se rend mieux compte de l'impact sur le cours de bourse d'un changement d'image boursière. Maintenant, Rhône-Poulenc va se scinder en deux entités, l'une chimique, Rhodia, et l'autre pharmaceutique, Rorer. A cette seule perspective, on sent le cours de Rhône-Poulenc frémir. En quoi le spin off est-il une mode? D'abord, c'est une pratique relativement nouvelle, surtout pour les marchés européens, et qui tend à être de plus en plus utilisée. De plus, elle est maintenant dans toutes les têtes des analystes et des gérants, comme le montrent leurs questions insistantes, en road-shows, à la direction d'ELF sur l'opportunité de garder leur participation dans le pharmacien Sanofi. Enfin, chaque annonce de spin off a été invariablement saluée par le marché. Certes, on a vu qu'il était normal que le marché accorde une prime à la scission, dans la mesure où l'entreprise recentrée est plus lisible et ses cash flow's plus faciles à contrôler. Néanmoins, on peut se demander si cette prime n'est pas actuellement surévaluée, d'autant qu'elle repose en grande partie sur la notion de décote de holding. En effet, la valeur d'une holding financière est toujours inférieure, sur le marché, à la somme de ses actifs; lorsque une entreprise se recentre, une partie de cette décote est récupérée dans la valorisation boursière. Or, jusqu'à présent, aucune théorie financière ne peut vraiment justifier l'existence de cette décote ou en proposer un mode de calcul, et ce malgré le nombre de travaux effectués sur le sujet. Le fait est que les gérants prennent la décote pour un fait acquis, ce qui suffit à perpétuer son existence. Les inconvénients de la mode
Le spin off est-il donc un modèle à suivre les yeux fermés, puisqu'il semble avoir les faveurs du marché? Est-il toujours opportun pour une entreprise présente sur plusieurs activités différentes de se scinder en deux, voire plus? Parmi les inconvénients des spin offs, le premier est qu'ils fragilisent les entreprises, en les rendant plus vulnérables à une OPA. En effet, le plupart des OPA des années 90, amicales ou non, ne sont pas l'oeuvre de financiers comme au début des années 80, mais plutôt d'entreprises concurrentes, qui cherchent à se renforcer en se concentrant. On en trouve des exemples dans des secteurs aussi divers que l'automobile (Daimler Benz et Chrysler), la chimie (Ciba et Allied Colloïds), les assurances (Allianz et UAP), la grande distribution (Promodes et Casino). Or, dans le cas d'une OPA inamicale, une entreprise, après un spin off, est une proie plus vulnérable, car non seulement sa capitalisation est moindre, mais surtout l'attaquant n'aura pas à la dépecer après sa prise de contrôle, c'est à dire qu'il n'aura pas à se débarrasser des parties de sa cible ne correspondant pas à son secteur d'activité. Un des commentaires entendus pour justifier la scission d'Hudson, un conglomérat américain, était : «cotée indépendamment, l'activité chimie serait une cible attrayante pour un grand groupe chimique européen ou américain». Les actionnaires sont certainement 49 conscients que les spin offs augmentent les risques d'OPA, mais ils y trouvent leur compte, car, pour un actionnaire minoritaire, OPA est avant tout synonyme de plus-value. On comprend mieux qu'ils soient hostiles aux poison pills visant à se défendre contre une OPA, comme l'au gmentation de capital en cas d'OPA, dont l'utilisation a été refusée par un vote en assemblée générale aux dirigeants de Pechiney. En outre, les spin offs accroissent le risque de défaillance d'une entreprise, qui est alors plus sensible à la conjoncture de son activité unique. Un principe de construction des holdings était de diversifier les risques en regroupant des activités dont les volatilités ont une covariance négative, c'est à dire dont les résultats varieront en sens opposé en fonction de l'évolution de certains déterminants macroéconomiques (inflation, taux de change,). Ainsi, le secteur de l'industrie pétrolière et celui de l'automobile réagiront différemment à une hausse du cours du brut. Le risque (la variance) associé à un conglomérat est alors inférieur à la somme des risques (des variances) correspondant à chacune de ses parties. La capacité d'endettement du conglomérat a alors augmenté par rapport à celle de ses parties, et la prime de risque exigée par ses créanciers, donc ses frais financiers, diminue, ce qui revient à créer de la valeur pour ses actionnaires. Sur ce sujet, la doctrine des marchés financiers consiste à dire que les actionnaires préfèrent diversifier eux-mêmes leurs risques au niveau de leur portefeuille d'actions, en choisissant des titres ayant des covariances négatives, et que la diversification financière par portefeuille sera plus efficace que celle mise en oeuvre au niveau de l'entreprise. Il y a ici encore une différence d'intérêt entre les actionnaires et ceux qui, à l'intérieur de l'entreprise, auraient à subir les conséquences de la défaillance de l'entreprise. En plus du risque 'naturel' conjoncturel associé à un secteur donné, il existe un risque de guerre commerciale, lorsqu'un concurrent essaie de prendre des parts de marché par une politique de prix agressive, comme Microsoft qui a offert la première version de son Internet Explorer. Dans ce cas, la diversification permet à l'entreprise de supporter cette attaque : Netscape a sûrement pâti de ne tirer de ressources que de son Navigator. De même, Samsung a pu survivre à la guerre de la D-RAM grâce au soutien de ses autres activités. Enfin, les scissions peuvent détruire des synergies industrielles ou administratives existantes. Une autre critique des scissions vient de la théorie des matrices stratégiques développée par le BCG dans les années 60. Selon cette théorie, on distingue les vaches à lait (ou cash cows), c'est à dire les activités mûres, où l'entreprise dispose d'avantages concurrentiels, et donc générant d'importantes rentrées de flux de trésorerie, des stars, c'est à dire des activités nouvelles, nécessitant de forts investissements et où les parts de marché sont encore à disputer. Dans ce schéma, il faut utiliser les liquidités dégagées par les cash cows pour financer le développement des stars. D'après les tenants de la mode des spin offs, après scission, les cash coms doivent redistribuer, sous forme de dividende ou de rachat d'actions, leurs liquidités aux actionnaires qui décideront dans quels stars il vaut mieux investir. Cependant, un tel schéma n'est pas toujours facile à mettre en oeuvre, comme dans le cas de la téléphonie mobile en France. Qui aurait pu faire concurrence au réseau de France Télécom, seul opérateur de téléphonie fixe hexagonal, donc seul groupe centré du secteur 9 Étant donné l'énorme investissement nécessaire à la mise en place d'un réseau de mobiles, il n'y avait que des groupes diversifiés dans d'autres activités (Vivendi, Bouygues) pour pouvoir concurrencer Itinéris. Ces deux groupes développent ainsi leur réseau en s'appuyant leur'rente' dans le secteur de la construction ou de la distribution des eaux.
| 45,427
|
tel-04214969-CALAIS_Theo.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,023
|
Exploration des nanotechnologies ADN pour l'auto-assemblage de nanoparticules d'aluminium et d'oxyde de cuivre : application à la synthèse de matériaux énergétiques. Autre. Institut National Polytechnique de Toulouse - INPT, 2017. Français. ⟨NNT : 2017INPT0002⟩. ⟨tel-04214969v2⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,326
| 11,724
|
Enfin, da ns l e de rnier c hapitre, nous e xplorerons l ’assemblage di rigé pa r brin A DN des na noparticules e n solution a queuse pour f ormer d es c omposites é nergétiques performants. La compréhension des mécanismes de l’assemblage a été un point important de m on t ravail de t hèse, en étudiant d’une pa rt l ’impact sur l’agrégation de la s équence des brins complémentaires, optimisée par un code développé spécifiquement à cet effet, et d’autre pa rt e n explorant le s c onditions e xpérimentales f avorisant le s int eractions spécifiques et r éversibles de s br ins d’ ADN. N ous c omparerons ensuite la m orphologie des a grégats obt enus e n fonction de l a s tratégie d’agrégation r etenue, e t étudierons l eur impact sur les propriétés thermiques. Une dernière section du manuscrit sera consacrée aux perspectives nombreuses de ces travaux, en deux parties. Nous nous interrogerons d’abord sur les stratégies à suivre pour améliorer l a qu alité de s c omposites s ynthétisés pa r A DN. P uis nous di scuterons l a possibilité d’intégration de ces composites sur puce micro-électronique en explorant deux technologies de report. Nous f inirons c e m anuscrit pa r un e s ynthèse d es r ésultats m ajeurs obt enus ont f ait l’objet de publ ications s cientifiques e t l es a vancées qu’ offrent l es t echnologies pour l es matériaux é nergétiques. Nous s ynthétiserons é galement les breuses pe rspectives de ces matériaux. 9
Chapitre 1. Etat de l’Art et Problématique Introduction
Depuis m aintenant de ux dé cennies, l ’ADN, connu c omme s upport génétique d e l’expression du vi vant, est a pparu comme un outil t echnologique à p art ent ière, au pouvoir s tructurant pui ssant g râce à l a r econnaissance bi omoléculaire de de ux br ins complémentaires, sans équivalent da ns l e m onde vi vant. P ar a illeurs, l es m atériaux énergétiques de type « nanothermite » ont connu sur la même période un développement conséquent grâce à l ’apport de l a na nostructuration de s c onstituants, ox ydants e t réducteurs, i mpliquant u ne a mélioration m arquée de l eurs pe rformances é nergétiques. Cependant, la s tructuration à l ’échelle na nométrique de s él éments hé térogènes d e l a nanothermite f ait f ace a ujourd’hui à de nom breuses di fficultés, d’ ordre t echnologique d’une pa rt pour l a m ise e n f orme e t l e c ontrôle de s s tructures, m ais a ussi d’ ordre théorique pour l a c ompréhension e t l a pr édiction de s pe rformances é nergétiques e n fonction de la structuration de la nanothermite. Ces difficultés sont encore limitantes pour l’utilisation de ces matériaux énergétiques dans les applications nombreuses qui couvrent l’initiation, la soudure localisée, ou encore la génération de pression. L’objectif de ce p remier cha pitre es t de motiver l’ de l’ ADN pour la synthèse d’ une nouve lle gé nération de nanothermites aux pr opriétés am éliorées, contrôlées et surtout adaptables grâce à une grande variété de stratégies de synthèse. Après a voir donn é un e dé finition g énérale des m atériaux é nergétiques, nous présenterons l es na nothermites é laborés à pa rtir de na noparticules. N ous dé crirons da ns un premier t emps le s di fférents ma tériaux ut ilisés, les mé thodes de s ynthèse, d’assemblage e t le s a pplications de s na nothermites a ujourd’hui. P uis nous nous intéresserons à l ’ADN comme out il t echnologique pour l ’élaboration d’ une nouve lle catégorie de na nothermites. N ous e xpliquerons pour quoi l ’ADN e st susceptible de bouleverser le monde t echnologique en énumérant les nombreuses applications ouvertes par les nanotechnologies ADN. Enfin, nous étudierons plus particulièrement les avancées de ces vingt dernières années sur la structuration de nanoparticules par auto-assemblage assisté pa r A DN. Ces ét udes bi bliographiques pe rmettront de jus tifier le s c hoix stratégiques a doptés da ns c es t ravaux de t hèse, que nous dé crirons d ans l a d ernière section du chapitre.
Chapitre 1. Etat de l’Art et Problématique 1. Les nanothermites, une classe de matériaux énergétiques 1.1. Généralités En guise d’introduction, nous pouvons r appeler q ue les m atériaux én ergétiques sont des c omposés c apables de l ibérer une grande é nergie e n que lques fractions de s econde sous l ’effet d’ un s timulus ( par a pport de c haleur ou c hoc é lectrique). La r éaction énergétique est généralement une réaction exothermique d’oxydo-réduction entre espèces ou molécules ox ydantes et r éductrices. Les m atériaux éne rgétiques s olides s ont à us age unique et sont généralement classés en deux catégories : -Les matériaux mono-moléculaires. Constitués d’une phase unique homogène où la molécule élémentaire contient tous les éléments nécessaires à la réaction, ils sont généralement de nature organique. Du fait de la proximité des éléments réducteurs et oxydants, s ouvent a u s ein d’ une m ême m olécule, l a r éaction e xothermique e st extrêmement r apide, a llant j usqu’à une di zaine de km.s-1 pour l e C L-20, pui ssant explosif développé à C hinese Lake en Californie (C6N12H6O12) (source Eurenco). La TNT (pour TriNitroToluène de formule C6H2(NO2)3CH3) est un exemple cél èbre d e matériau réactif mon o-moléculaire dont l a pr oximité de s gr oupes ox ydant ( NO3) et réducteurs (CH2 et CH) le rend très sensible et instable. L’extrême sensibilité de ces matériaux mono -moléculaires r end l’ optimisation de le ur pot entiel énergétique difficile. -Les m atériaux c omposites. Ils s e p résentent généralement s ous l a f orme de poudres, c onstituées d’ au m oins de ux c omposants : l ’oxydant e t l e r éducteur. Leur cinétique de décomposition (classiquement appelée « réactivité ») est dépendante d e la proximité des différents constituants et de la diffusion des espèces entre oxydant et réducteur, rendant c es matériaux éne rgétiques de f ait m oins s ensibles que l es matériaux mono -moléculaires. P our d es poudr es m icrométriques, l es c inétiques de décomposition va rient de que lques m m.s-1 à pl usieurs m.s-1 suivant l es i ngrédients utilisés et l e com pactage de s pou dres. La poud re noi re es t un exemple cél èbre d es matériaux composites. Les thermites, ou c omposés a lumino-thermites, entrent da ns cet te de uxième catégorie. E lles pe uvent êt re qu alifiées de « composites », car el les associent un métal réducteur, appe lé é galement « combustible », avec un oxyde m étallique ox ydant, appelé « comburant ». Les thermites ont é té d écouvertes e n 1893 e t brevetés en 1895 par l e chi miste allemand Hans Goldschmidt (Goldschmidt, 1895), en cherchant une méthode de synthèse de métaux purs sans carbone. C’est en synthétisant du c hrome par réduction de sa forme oxydée par l’aluminium qu’il comprit l’intérêt de sa découverte pour la soudure. Le nom 14 1. Les Nanothermites thermite vient du dégagement de chaleur très élevé de ces matériaux, dont la température de flamme peut atteindre 3 600 °C (Fischer and Grubelich, 1998). D’un point de vue chimique, la réaction dite « thermite » désigne plus précisément la réaction d’ oxydo-réduction intervenant ent re l es de ux él éments (Piercey a nd K lapötke, 2010). Usuellement, le métal le pl us ut ilisé est l’Aluminium (Al) car son a ffinité a vec l’oxygène est telle qu’il est très facilement oxydable et ce métal est disponible en grande quantité et à bas coût. La réaction d’oxydo-réduction s’opérant entre les deux composés peut s’écrire formellement de la façon suivante :
ΔΔ M + AA MA + A (1.1) Avec M
et
MO
le
métal
et sa forme oxydée, de même
AO
et
A
un
oxyd
e
métal
lique
et
sa forme
ré
duite
, et ΔH
l
’enthal
pie
de réaction
. Cette r éaction fortement ex othermique pr oduit une certaine qua ntité de ch aleur, caractérisée par l ’enthalpie de réaction ΔH, exprimée en cal.g-1, J.g-1 ou enc ore J.cm-3. Cependant, un certain nombre de facteurs limitent les rendements de la réaction comme la dissipation de c haleur da ns l ’environnement o u de s ba rrières de di ffusion d’ espèce comme la couche d’alumine présente dans les poudres utilisées. Conventionnellement, la cha leur d e r éaction peut êt re ca ractérisée p ar C alorimétrie Différentielle à B alayage ( notée DSC, pour Differential Sc anning C alorimetry). Cette technique d’analyse thermique compare les échanges de chaleur avec son environnement d’un éch antillon et d’ une r éférence s itués d ans une enc einte f ermée. Plus pr écisément, l’appareil m esure l a va riation d’énergie appliquée à l a référence pou r m aintenir l a température de l ’enceinte cons tante, suivant s i l ’échantillon absorbe de l a cha leur en subissant une transformation endothermique (comme la fusion), ou dé gage de la chaleur s’il subit une réaction exothermique. Lorsqu’on travaille avec le s the rmites, il e st im portant de c onnaitre le s c onditions environnementales de l a r éaction ainsi que l a s tœchiométrie du mélange m étal / o xyde. Nous pouvons donc dé finir da ns un pr emier t emps l e r atio de m asse équivalente Ø d e façon à caractériser la stœchiométrie du mélange de la façon suivante :
Ø= MAA ⁄MOOOOO SSSSAO MAA ⁄MOOOOO SS
(1.2
)
Où MAl et MOxyde représentent l es m asses m olaires de l ’aluminium e t de l ’oxyde métallique. La notation Sample indique le ratio entre les deux composés et la notation ST indique l e r atio e ntre l es de ux c omposés da ns l es c onditions s tœchiométriques, i.e. contenant l a qua ntité d ’oxygène né cessaire à oxyder l a t otalité de l’ Al s ans a pport extérieur. Cette définition nous permet donc d’écrire la relation suivante : 15
Chapitre 1. Etat de l’Art et Problématique
MAA
⁄
MOOOOO SS
= x MAA y MOOOOO
(1.3
)
En pr enant e n c ompte l a f ine c ouche d’ alumine ( Al2O3) na turellement pr ésente en surface de s na noparticules d’ Al, nous pouvons c onsidérer l a pur eté P correspondant a u taux d’ Al a ctif de l a n anoparticule pou r pouvoi r e xprimer
d e f açon
pr
é
cise
l e r apport massique X entre métal et oxyd
e
: X= Ø × MAA MAxyOO SS P + Ø × MAA MAxyOO (1.4) SS
Les rapports massiques stœchiométriques de différents couples de nanothermites, les enthalpies théoriques des réactions associées, les températures adiabatiques et les produits de r éaction finaux c alculés à l’ équilibre the rmodynamique s ont lis tés da ns le Tableau 1 ci-dessous (Fischer and Grubelich, 1998).
Tableau 1 : R apport m assique s tœchiométriques, t empératures adi abatiques c alculées e n t enant compte de s c hangement de phas e e t e nthalpies de r éaction de différents c ouples de na nothermites usuellement utilisés (Fischer and Grubelich, 1998). Couple oxydantréducteur Rapport massique stœchiométrique Température adiabatique (K) Enthalpie de réaction massique (kJ.g-1) Enthalpie de réaction volumique (kJ.cm-3) Proportion de gaz (g.g-1) Al-MnO2 1 / 2,147 2 918 4,9 19,5 0,4470 Al-CuO 1 / 4,422 2 843 4,1 20,8 0,3431 Al-Fe2O3 1 / 2,959 3 135 4,0 16,5 0,0784 Al-NiO 1 / 4,454 3 187 3,4 18,0 0,0063 Al-TiO2 1 / 2,221 1 752 1,5 5,5 0,0000 Al-WO3 1/4,296 3 253 2,9 14,7 0,1463
Le Tableau 1 montre q u’il ex iste une g rande v ariété de coupl es ox ydant/réducteur ayant de s pr opriétés é nergétiques t rès di fférentes. A insi, i l e st pos sible de c hoisir l e couple s uivant l es c ontraintes de l ’application c hoisie. P ar e xemple, s i l e poi ds ou l e volume e st une c ontrainte pr épondérante, on c hoisira un c ouple é nergétique pe rformant d’un point de vue m assique ou vol umique, i.e. Al-MnO2 dans un c as ou A l-CuO da ns l’autre. Par ailleurs, l’ensemble de ces couples ont en commun une forte température de réaction, de 1 800 à 3 300 K, raison pour la quelle le s the rmites s ont pr incipalement utilisées de puis l eur dé couverte au X IXème siècle pour di vers u sages ci vils t els qu e l a 16 1. Les Nanothermites découpe d e m étaux, la s oudure, mais aus si l a s ynthèse de m atériaux. Par ex emple, les thermites à base d’oxyd de fer sont utilisées historiquement pour la soudure de rails de chemin de fer, grâce à l ’application locale de chaleur permettant la fusion des matériaux et l ’apport de f er l ors de l a r éaction pe rmettant l a s oudure. D e f açon s imilaire, les thermites à base d’oxyde de cuivre peuvent servir à souder des tubes épais de cuivre pour des connections électriques. Cependant, la forte enthalpie de réaction couplée à une haute température de flamme ne fait pas tout. En effet, les thermites ont souffert jusqu’ici de leur faible réactivité, de l’ordre du mm.s-1, ne permettant pas une pleine exploitation de leur potentiel énergétique. Cette f aible r éactivité e st pr incipalement due à l’ utilisation de c omposés s ous f orme de poudre m acroscopique l imitant l e t ransport de l ’oxygène d’ un m atériau à l ’autre. O r, l a diminution de l a di mension de c es m atériaux a ouve rt l a voi e à de s nouve aux développements.
1.2. L’apport de la nanostructure
L’évolution des technologies au cours des deux dernières décennies a yant permis la production de poud res n anométriques 1, ou nanopoudres, d’ Al (Jiang and Yatsui, 1998; Kwon et al., 2001) ou d’ oxydes m étalliques a f ortement i mpacté l e dom aine de s matériaux aluminothermiques. En effet, la diminution de la taille des éléments constitutifs a en gendré une au gmentation des pe rformances éne rgétiques grâce not amment à l’augmentation importante des surfaces en contact entre oxydant et réducteur. Plus précisément, le premier apport de la nanostructuration est géométrique, ou t out du m oins s urfacique. E n di minuant l a t aille de l a pa rticule, on a ugmente s a s urface spécifique, c’est à di re l e r apport ent re s a s urface et s a m asse. A t itre d ’exemple, une particule d’aluminium de 30 μm de diamètre possède une surface spécifique d’environ 0,07 m2.g-1 contre 74 m 2.g-1 pour une particule d e même nature av ec un diamètre d e 30 nm. Ainsi, lorsqu’on réduit le diamètre d’une particule d’un facteur 1 000, on augmente la surface s pécifique du même f acteur, s oit une a ugmentation de 100 000 %. Une t elle augmentation a pour co nséquence di recte de f avoriser gr andement l e cont act ent re l e métal et l’espèce oxydante et améliore ainsi la réactivité de la nanothermite. En pl us d’ augmenter l es s urfaces s pécifiques, l a na nostructuration e xalte l es propriétés de la m atière lors de la réduction d’échelle. Ainsi, le rapport entre le nombre d’atomes en surface, moins stables et plus réactifs, et le nombre d’atomes dans la matrice augmente considérablement ave c l a di minution du diamètre de l a na noparticule. Cette exaltation peut se traduire entre autres par une diminution de la température de fusion du matériau par rapport à s on état massif. Expérimentalement vérifié pour divers matériaux 1 Une p oudre p eut êt re q ualifiée d e n anométrique l orsqu’elle es t co
m
posée d
e
p
articules d
e t a
ille inférieure
à 1 00 n
m
. Dans la suite du manuscrit, une poudre nanométrique sera dénommée par commod
ité
nanopoudre. 17 Chapitre 1. Etat de l’Art et Problématique comme l’ or (Buffat a nd B orel, 1976), l’étain (Wronski, 1967), l’iridium (Dippel et al., 2001) le pl omb (Peters et al., 1997) ou l ’aluminium (Eckert et al., 1993; Levitas et al., 2009), ce ph énomène est l ié à l ’augmentation de l a cont ribution de
l
’énergie
d
e
s
urface dans l
’équilibre
é nergétique du m atériau
. E ckert et al. ont pa r e xemple m ontré expérimentalement, et da ns c ertaines c onditions, une di minution de l a t empérature de fusion de l’aluminium de quasiment 100 °C pour une nanoparticule de d iamètre 13 nm, au l ieu de 660 °C pou r l e m atériau m assif (Eckert et al., 1993). D ’un poi nt de v u thermodynamique, la dépendance en taille de la température de fusion peut être exprimée par la relation de Gibbs-Thomson (Skripov et al., 1981) : SS (r) = SSb − 2SSb σSS ∆HρS r (1.5) Où Tm représente l a t empérature d e f usion d’une pa rticule de r ayon r, Tmb la température de fusion du matériau massif, ΔH la chaleur latente de fusion du matériau, ρS la masse volumique du matériau solide, σSL l’énergie d’interface solide-liquide. Pour l ’aluminium, la r éaction ( 1.5) s e s implifie de l a f açon s uivante (Levitas et al., 2009) : SS (r) = 933,67 − 251,618 r (1.6) Cette r elation thermodynamique pe ut pa r ai lleurs êt re cor rigée en tenant compte de plusieurs f acteurs i nfluençant l a t empérature de fusion comme l ’épaisseur de l a couc he d’oxyde possiblement présente en surface, ou des effets de pression liées à l a fusion du matériau. Ainsi, Pantoya et al. ont montré que la température de fusion des nanoparticules d’Al étaient plus importante que celle prédite par l’équation de Gibbs-Thomson à cause de génération de pression sur la couche externe d’oxyde lors de la fusion de l’Al au cœur de la particule (Levitas et al., 2009).
1.3. Etat de l’art des travaux sur les nanothermites
C’est a u m ilieu de s a nnées 1990 que l es pr emiers t ravaux s ur l es na nothermites apparaissent aux E tats-Unis. E n 1995, l e l aboratoire de Los A lamos m ontre expérimentalement e t p our la p remière fois l’ augmentation d’un facteur 1 000 d e l a réactivité d’un mélange de poudres nanométriques d’Al et de MoO3, en comparaison avec des poudres micrométriques (Aumann et al., 1995). De nombreux travaux ont suivi aux Etats-Unis principalement et en Europe dans une moindre mesure et ont confirmé l’intérêt de l a r éduction de l a t aille c aractéristique d es pa rticules s ous 100 nm, n otamment pour l’Al. 18 1. Les Nanothermites
De 1995 à nos j ours, l e nom bre d’ équipes t ravaillant s ur l es na nothermites a augmenté très rapidement. La communauté regroupe aujourd’hui une vingtaine d’équipes internationales, basées pr incipalement aux E tats-Unis, e n E urope e t e n C hine. Les diagrammes de la Figure 1 montrent l’évolution du nombre de publications et de citations sur les thermites, couvrant les contributions expérimentales et théoriques, et illustre donc l’intérêt m ajeur por té pa r l a com munauté s cientifique pour ce dom aine de r echerche. Ainsi, l e nom bre de pu blications a é té m ultiplié pa r s ept e n 20 a ns, e t l ’explosion du nombre de citations à partir de 2009, multiplié par 5, témoigne de l’émergence au niveau international des nanothermites à la fin des années 2 000.
Figure 1 : E volution du nombre de publ ications ( diagramme de gauche) e t du nombre de c itations d'articles (diagramme de droite) dont le sujet traite des thermites au cours des 20 dernières années (Web of Science, consultation Septembre 2016). Parmi le s tr avaux r ecensés, l’aluminium e st très ma joritairement coupl é ave c C uO (Ahn et al., 2013; Bahrami M otlagh et al., 201 2; Lanthony et al., 2014 ; M alchi et a l., 2008; S hende et al., 20 08), Fe2O3 (Park et a l., 2010; Z hang e t a l., 201 3a; Z hou e t a l., 2010) et MoO3 (Bockmon et al., 2005; Glavier et al., 2015; Sun et al., 2006; Weismiller et al., 2011), ca r l es réactions d’ oxydo-réduction s ont l es pl us exothermiques ( voir Tableau 1). D’autres couples métal-oxydes métalliques ont également été étudiés, tels que Al-Bi2O3, WO3 (Glavier et al., 2015; Jacob et al., 2015) ou encore des formes oxydées de l’Iode (Stacy and Pantoya, 2013). Par exemple, Granier et al. (Granier and P antoya, 2004) ont comparé expérimentalement la vi tesse de c ombustion et la température d’ initiation de the rmites Al-MoO3 préparées à pa rtir de deux t ypes de po udres : des particules nanométriques de diamètre inf érieur à 200 nm e t des pa rticules micrométriques de di amètre 20 μ m (Ø = 1,2). Les r ésultats ont m ontré que l e temps d’ initiation 2 de la the rmite diminue avec l a 2 Dans ces travaux, l’initiation est réalisée par laser (50 W, CO2) et le temps d’initiation correspond à la différence de temps entre l’allumage du laser et la détection d’un signal optique provoqué par la réaction de la nanothermite. 19 Chapitre 1. Etat de l’Art et Problématique
réduction de la taille des particules d’Al de l’échelle « micro » à l’échelle « nano », avec une r éduction de 99,7 % de s t emps d ’initiation e ntre d es pa rticules d e 20 μ m e t de s particules d e 20 nm. Les a uteurs r elient clairement c ette s ensibilité accrue à l’ initiation par la température de fusion plus basse des nanoparticules d’Al, expliquée dans la section précédente. De plus, une augmentation de la vitesse de combustion est observée lorsque le diamètre des particules diminue de 200 à 50 nm. Au contraire, la vitesse de combustion diminue lorsque le diamètre diminue en dessous de 50 nm, à cause de la contribution trop importante de l’ Al2O3 contenu da ns l a c ouche de pr otection de s pa rticules d’ Al. Ce phénomène sera discuté ultérieurement. Plus r écemment, en 201 1, Weismiller et al. ont é tudié l ’impact de l a r éduction e n taille de s na noparticules d’ Al e t d’ oxydes M oO3 et C uO s ur l es vi tesses de c ombustion des the rmites (Weismiller et al., 2011 ). Les r ésultats obt enus indiquent alors que l a diminution de la taille de l’oxydant est plus favorable que celle de l’Al pour augmenter la réactivité, pour les raisons évoquées précédemment. Une autre étude menée par Ahn et al. confirme ces conclusions et note de plus l’effet morphologique et l e c ompactage des n anoparticules ox ydantes sur l es vit esses de combustion des t hermites (Ahn et al., 2013). Ainsi, les na nocomposites r éalisés à pa rtir du mélange d e n anoparticules d’Al avec des nano-filaments de CuO ont des vitesses de combustion plus élevées que ceux composés de nanoparticules de CuO sphériques, grâce à une augmentation des surfaces en contact entre réducteur et oxydant. Ces nombreux t ravaux concernent pr incipalement de s na nothermites élaborées pa r mélange d e nanopoudres sphériques. C ependant, d’ autres voi es d e s tructuration ont é té explorées. De façon non-exhaustive, on pe ut citer les voies de synthèse par procédé solgel (Tillotson et al., 2001) où les deux matériaux sont synthétisés ensemble en solution, ou pa r arrested milling qui cons iste à br oyer ensemble l es d eux r éactants (Schoenitz et al., 2005; Umbrajkar et al., 2006), ainsi que l’utilisation de formes variées de matériaux comme les nano-filaments (Ahn et al., 2013; Shende et al., 2008; Zhang et al., 2007) ou les na no-feuillets (Bahrami et al., 2014; M arín et al., 2015 ). De f açon générale, l es résultats de ces études confirment les mêmes tendances que celles observées dans le cas de nanopoudres, i.e. la di minution de s di mensions e ntraine une amélioration de l a réactivité grâce à une meilleure intimité entre les espèces réactives. Dans ce manuscrit nous limiterons l’analyse autour des nanopoudres qui seront à la base de nos travaux de recherche.
1. Les Synthèse, mise en œ uvre et p ropriétés des nanothermites par nanopoudre
La méthode la plus répandue de préparation de nanothermites à partir de nanopoudres est l e mélange phys ique de nan oparticules sous ul trasons, s uivi d ’une é tape de compactage. Cette m éthode es t l a pl us s imple à mettre en œuvre. Elle cons iste à m élanger de ux nanopoudres métalliques da ns un l iquide vol atile e t ine rte, comme l’ hexane, et d’ agiter l’ensemble à l ’aide d’ ultrasons a fin d’ assurer l a dé sagrégation e t l ’homogénéité du mélange. Les avantages majeurs sont la rapidité et la simplicité de cette technique. Mais les inconvénients sont nombreux. Il est difficile de contrôler au moment de la sonication la dispersion des nanoparticules de chaque type, qui ont tendance à s’agréger entre elles au lieu d’assurer un mélange homogène. De plus, il a été observé que le traitement de trop grandes qua ntités induit une m oins bonne ho mogénéité du m élange. E nfin, a près évaporation du s olvant, l es c omposites r éalisés s ont c ompactés pa r l ’application d’ une pression sur le mélange obtenu pour former un agrégat solide manipulable. Le principe de la méthode de mélange est schématisé sur la Figure 2.
Figure 2 : Schéma de principe de la sonication de nanopoudres en solvant organique volatile avant séchage et compactage de la nanothermite.
Même si cette méthode est simple, très répandue et accessible, aucun industriel ne l’a encore adopt ée f te de maîtrise de s m élanges o btenus dont l es car actéristiques va rient d’un lot à l ’autre, impactant la fiabilité des performances énergétiques des nanothermites obtenues.
1.5. Paramètres clés influençant les propriétés énergétiques
Outre l a di mension des particules, d’autres p aramètres i nfluencent grandement l es propriétés én ergétiques d es nanothermites préparées par mélange de nanopoudres. Nous limiterons ici la discussion aux principaux paramètres qui sont la nature et l’épaisseur de 1. Etat de l’Art et Problématique la couc he d e pr otection des p articules d ’Al, la s tœchiométrie, la na ture d e l ’oxyde métallique a ssocié à l’ aluminium, l’organisation de s n anoparticules e ntre e lles e t le ur intimité.
1.5.1. Influence de la couche de passivation
L’Al pos sède de f açon naturelle e t s ystématique une c ouche d ’oxyde en a lumine (Al2O3), a ppelée c ouche de pa ssivation, qui protège l e m atériau d’ une ox ydation profonde. Les n anoparticules d’ Al n’ échappent pa s à l a r ègle, et ce tte couc he d e passivation a utour d es particules p ermet un e conservation et une m anipulation de s poudres à température ambiante et sous oxygène. Cette couche de passivation est visible par M icroscopie E lectronique à T ransmission ( notée TEM, pour Transmission E lectron Microscopy), dont un exemple est présenté en Figure 3. Elle assure aussi la stabilité de la thermite ap rès m élange d es r éactifs s ur une l arge gamme d e t empérature, jusqu’à s a température d’ initiation qui dé clenche l a r éaction d’ oxydo-réduction par t ransfert d e l’oxygène de l’oxyde au métal. Figure 3 : I mages T EM d’ une nanoparticule d’ Al A LEX®. O n obs erve une s tructure c œur-coquille, avec le cœur en Al pur et une couche externe de passivation en Al2O3.
Lorsque
la taille
des
particul
es diminue, la proportion massique d’Al2O3 comparée à l’Al pur, a ppelé Al a ctif, de vient non -négligeable ( notamment lor sque le
s
di amètres deviennent i nférieurs à 50 nm ) e t i mpacte né gativement l es pr opriétés t hermiques de s nanother
mites
telles que la température de réaction
ou la vitesse de
combust
ion
(
Malchi et al
., 2008). Le Tableau 2, i ssu de l a s ynthèse b ibliographique de P iercey et K lapötke (Piercey a nd Klapötke, 2010), r egroupe l es don nées de di fférentes publ ications s ur l e pourcentage d’ Al a ctif e n f onction de l a t aille d es na noparticules, et m ontre l a g rande variabilité du pourcentage d’Al actif suivant le fournisseur, car la nature et l’épaisseur de la c ouche de pa ssivation de l a c ouche d’ alumine dé pendent f ortement du pr océdés de fabrication des particules (André et al., 2013; Kwon et al., 2001; Sarathi et al., 2007
).
22
1. Les Nanothermites Tableau 2 : Evolution du pourcentage
d’
Al actif en fonction de la
taille des nanoparticules (Piercey and Klapötke,
2010). Taille moyenne de la nanoparticule (nm) 30 45 50 50 79 80 80 Al actif (%) 30 64 43 68 81 80 88
Pour s’affranchir de ces dispersions dans la nature et l’épaisseur de couche d’alumine, quelques t ravaux ont exploré de s t echniques de f onctionnalisation de l a s urface d’aluminium pe ndant l e pr océdé d e f abrication de s na noparticules. La s ynthèse d’ un composé bi métallique A l-Ni en surface de s na noparticules a not amment ét é r éalisé pa r l’équipe de Foley (Foley et al., 200 5). O n t rouve é galement l a f onctionnalisation de nanoparticules d’ Al pa r di vers c omposés or ganiques f luorés (Jouet et al., 2005 ) (Hammerstroem et al., 2011). C ette f onctionnalisation pe ut a voir un e ffet pos itif important s ur le s pe rformances énergétiques d es the rmites, comme l’ ont mont ré le s travaux de Kappagantula et al. (Kappagantula et al., 2012). Les auteurs ont comparé les vitesses de com bustion de m élanges A l-MoO3 réalisés à pa rtir de t rois t ypes d e nanoparticules d’Al : fonctionnalisées avec acide perfluorotetradecanoique (PFTD), acide perfluorobasique ( PFS) et s ans f onctionnalisation. Ils ont m ontré que l es vi tesses de combustion a vec P FTD é taient 86% pl us r apide que s ans, t andis que les vi tesses de combustion a vec P FS é taient pl us l entes de 50 % que s ans. C es t ravaux dé montr ent l a possibilité de ma îtriser l es pr opriétés de s th ermites vi a l a f onctionnalisation de s urface. Cependant l es p rocédés de f onctionnalisation s ont e ncore c omplexes, non m aîtrisés e t coûteux.
1.5.2. Influence de la nature de l’oxydant
Le choix de l ’oxyde m étallique as socié ave c l ’Al p eut i nfluencer grandement l es propriétés énergétiques de la nanothermite, en termes de chaleur de réaction (cf. Tableau 1), de pr ession dé gagée e t de vi tesse de c ombustion. U ne é tude c omplète, r éalisée p ar Glavier et al. (Glavier et al., 2015) 3, compare ex périmentalement les car actéristiques de quatre nanothermites Al-CuO, Al-Bi2O3, Al-MoO3 et Al-PTFE 4, réalisées par sonication de nanopoudres commerciales d ans de l ’hexane. Après s onication da ns l ’hexane de s poudres commerciales pendant 3 min, les nanothermites sont séchées et leur morphologie est ca ractérisée pa r imagerie é lectronique, dont l es i mages s ont r egroupées
e n
Figure 4 3 Glavier, L., T aton, G., D ucéré, J. M., B aijot, V., Pinon, S., C alais, T.,... & R ossi, C. ( 2015). Nanoenergetics as p ressure g enerator f or n ontoxic i mpact primers: C omparison o f A l/Bi 2 O 3, A l/CuO, Al/MoO 3 nanothermites and Al/PTFE. Combustion and Flame, 162(5), 1813-1820. 4
PTFE : PolyTetraFluoroEthylène, est un oxydant organique, plus connu pour ces propriétés adhésives dans les ustensiles de cuisines et par son nom commerciale Teflon. 23 Chapitre 1. Etat de l’Art et
Probl
ématique
pour l es qua tre na nothermites. O n pe ut not er s ur l es i mages obtenues pa r M icroscopie Electronique à Balayage (notée SEM, pour Scanning Electron Microscopy) et présentées en Figure 4, qu e l ’oxydant varie en forme et en volume : alors que C uO se présente de façon facettée et de taille très inégales (240 ± 50 nm), Bi2O3 est de forme ovoïde avec des dimensions allant de 600 nm × 400 nm à 110 nm × 90 nm, MoO3 a une distribution en taille très élevée (2 μm × 6 μm à 90 nm × 90 nm), et enfin les particules de PTFE sont larges et sphériques de diamètre 1 μm.
Figure 4 : Images SEM des nanothermites après mélange de poudre (a) Al-PTFE, (b) Al-MoO3, (c) AlBi2O3, (d)
Al-
Cu
O
(
Glavier et al.
, 2015).
Les propriétés thermiques mesurées d es quatre n anothermites sont résumées dans l e Tableau 3 ci-dessous. La c haleur de r éaction e t l a t empérature d ’initiation s ont déterminées pa r D SC, le te mps d ’initiation e t la pr ession maximale pa r bom be manométrique, et la vitesse de combustion par caméra rapide en initiant environ 150 m g de na nothermite non -confinée da ns une rainure us inée da ns du p olycarbonate de dimensions 50 × 2 × 2 mm3. Dans la bombe manométrique, la poudre est tassée dans la chambre à un certain taux de compaction, qualifié en pourcentage de Densité Maximale Théorique ( notée T , pour Theoritical M aximum Density, moyenne de s d ensités maximales des matériaux présents dans la poudre). Tableau 3 : Résumé des propriétés énergétiques (chaleur de réaction, température d'initiation, vitesse de combustion et pression maximale) des quatre nanothermites étudiées (Glavier et al., 2015).
Chaleur de réaction Thermite expérimentale ΔHexp (J.g-1) théorique ΔH (J.g-1) Tini (°C) Vitesse de combustion (m.s-1) Temps d’initiation (μs) Pmax (MPa) (30% TMD) Al-Bi2O3 Al-CuO Al-MoO3 Al-PTFE 1 541 1 057 1 883 3 494 2 115 4 072 4 698 8 420 460 460 460 400 420 ± 10 340 ± 20 100 ± 4 2±1 5 15 110 550 21,6 16,7 7,4 21,4 24
1. Les Nanothermites
Les résultats de G lavier et a l. montrent que l ’association entre l’ Al e t le P TFE possède la densité d’énergie la plus élevée (3 500 J.g-1, soit 40 % de la valeur théorique), avec un e m eilleure s ensibilité en température ( température d’ initiation la p lus f aible à 400 °C) et un dé gagement de pression très élevé grâce à l a caractéristique or ganique du PTFE, e t donc pl us vol atile que l es m étaux. C ependant, l a n anothermite pr ésente un e réactivité t rès faible avec une vi tesse d e combustion très le nte e t un te mps d ’initiation élevé, à cause des dimensions micrométriques de l’oxydant. La nanothermite Al-Bi2O3 possède également une forte densité énergétique, avec une chaleur de réaction mesurée (ΔHexp) la pl us pr oche de l a va leur t héorique ( 73 % ), l a réactivité l a pl us él evée ( avec un e vi tesse d e com bustion maximale et un t emps d’initiation minimale), et une pression dégagée maximale. Etonnamment, le système AlCuO est le moins énergétique, avec une chaleur de réaction mesurée (ΔHexp) la moi ns élevée malgré l ’une d es pl us f ortes va leurs t héoriques. La r éactivité es t tout de m ême élevée, avec des vitesses de combustion et une pression maximale à peine plus faibles que celles obt enues ave c Bi2O3. C ependant, l es a uteurs not ent que pour un pourcentage de TMD s upérieur ( 50 %), l a pr ession m aximale e st s upérieure à t outes l es aut res nanothermites, atteignant 41,7 MPa. Enfin Al-MoO3 possède une densité énergétique très élevée, av ec 1 900 J.g-1 de ch aleur l ibérée pa r l a r éaction, mais pos sède l a vi tesse de combustion l a pl us f aible de s na nothermites à ba se d’ oxyde m étallique. La dur ée d’initiation est également la plus élevée, et le dégagement de pression la plus faible. Les di fférences obs ervées pour c es t rois de rnières na nothermites à b ase d’ oxyde métallique pe uvent s ’expliquer pa r l es caractéristiques ph ysico-chimiques e n t ermes d e température de changement d’état et de degré d’oxydation des oxydes utilisés. En effet, le bismuth possède une température de fusion et d’ébullition particulièrement faible (533 K et 1 837 K r espectivement) c omparativement a u c uivre ( 1 358 K e t 2 843 K respectivement) et surtout au molybdène (2 896 K pour la température de fusion). Dans le cas d’ Al-CuO, l e C uO s e c onvertit da ns un pr emier t emps e n C u2O en l ibérant de l’oxygène r éagissant a vec l ’Al. C ’est da ns un s econd t emps, l orsque l a t empérature d e réaction de vient s uffisamment é levée qu’ on ob serve l a v aporisation de l ’Al e t du C u. C’est pourquoi à faible pourcentage de TMD, la réaction incomplète de décomposition de CuO en Cu2O peut entraîner moins de pression. Dans le cas d’Al-Bi2O3 et d’Al-MoO3, la pression e st générée pa r l a v aporisation d e M oO3 et l a d écomposition de Bi2O3 en bismuth et ox ygène. Les t empératures él evées de ch angement d e pha se du molybdène expliquent donc la faible pression dégagée, car le molybdène est absent de la phase gaz, au c ontraire du bi smut qui s e v aporise e t s e d écompose t rès f acilement, e xpliquant l e haut taux de transformation énergétique (ΔHexp à 73 % de la valeur théorique). Ces t ravaux m ontrent q ue l e c hoix de l ’oxyde e st pr imordial s ur l es différentes caractéristiques t hermiques de s na nothermites, et j oue not amment s ur l e dé gagement d’espèces en phase gaz et donc la pression générée, mais également sur la réactivité.
Chapitre 1. Etat de l’Art et Problématique 1.5.3. Influence de la stœchiométrie
Nous avons défini dans les généralités (section 1.1) la notion de stœchiométrie et de rapport m assique. C e p aramètre p eut ai sément êt re aj usté d e façon à m aîtriser l es propriétés thermiques. Ainsi, dans un environnement neutre, i.e. sans oxygène, la réaction entre l’oxyde et l’Al est théoriquement complète et l’enthalpie de réaction maximale pour un rapport massique stœchiométrique (Ø = 1) (cf. colonne 2 du Tableau 1). Sous ai r, le com portement r éactionnel es t di fférent. En effet, les p erformances optimales sont obtenues pour des mélanges avec excès d’Al (Ø souvent compris entre 1,2 et 1,4), même si classiquement de nombreuses équipes se placent à la stœchiométrie (Ø = 1) dans leur étude. L’équipe de Dutro, en 2009, a étudié l’effet du rapport massique sur le comportement e n c ombustion de na nothermites à pa rtir de na noparticules d’ Al e t de MoO3 (Dutro et al., 2009). Les auteurs ont identifié trois régimes de combustion suivant la proportion d’Al : • Une vitesse de propagation de flamme très rapide entre 10 à 65 % d’Al. • • Une propagation plus variable qui s’accélère autour de 70 % Une combustion très lente entre 75 et 85 %. Des é tudes s imilaires on t é té me nées pa r d’ autres é quipes s ur le s ystème A l-Fe2O3 (Park et al., 2010). Ces quelques études expérimentales illustrent l’influence importante de l a pr oportion r elative d’ Al e t d’oxygène, not amment sur l es r éactions i ntermédiaires entre les espèces Al et oxyde métallique, mais les connaissances scientifiques sont encore insuffisantes pour prédire quantitativement les chemins réactionnels et les composés issus des réactions (AlOx, MOx, AlMOx). 1.5.4. Influence de l’organisation des nanoparticules et de leur intimité
De nom breuses hé térogénéités p euvent ex ister da ns l es poudr es et i nfluencer l es paramètres énergétiques finaux. Sun et al. se sont intéressés à l’impact de l’hétérogénéité des t ailles de na noparticules d’ Al s ur le s p ropriétés the rmiques et ont montré qu’une distribution e n t aille pl us g rande de s na noparticules pe ut i mpliquer une ba isse de l a température d’initiation de 40°C (Sun et al., 2006a). D’autres travaux ont montré que la présence d’impuretés induites par la synthèse de nanothermites Al-WO3 par synthèse solgel e ntrainait une di minution de s vi tesses de c ombustion l orsque l a poudr e é tait t rès compacte (Prentice et al., 2006). Ces travaux illustrent l’impact de l’homogénéité sur les performances énergétiques, positif si ajout d’impuretés comme des dérivés carbonés qui contribuent à l a réaction, ou né gatif à cause pa r exemple de l ’écrantage des r éactifs, et insistent d onc s ur la né cessité d e ma îtriser l’ organisation et le mé lange des nanoparticules. Afin de résoudre les problèmes d’homogénéité induits par le mélange de nanoparticules pa r ul trasons, que lques s olutions ont é té e xplorées, vi sant à favoriser l’assemblage des particules Al et oxydes métalliques entre elles et défavoriser l’attraction
26 1. Les Nanothermites des particules Al-Al et oxyde-oxyde. On notera trois approches originales publiées
abouti à de s r ésultats c onfirmant l ’importance de l ’organisation de s pa rticules da ns l e mélange : 1. Par modification de la charge de surface. 2. Par utilisation de feuilles de graphène. 3. Par brin d’ADN.
| 1,579
|
2020PA080063_11
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,020
|
L’expérience d’un professeur provocateur à l’école de cinéma de Quito : « vers une dialectique critique de l’expérience pédagogique »
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,252
| 11,555
|
Dans le contexte de l’entretien je me réfère à ce que l’étudiant explique avoir appris durant son dernier semestre durant les tournages de fin d’étude.
14 15
175 et de méthodes d’étude. Mais ici comme tu ne sens pas cette pression, que c’est un truc sérieux, que c’est une profession sérieuse bah voilà... »16 « L’humour est une chose trop sérieuse pour la laisser à des rigolos » ; attribuée à Gotlib, cette formule ne pourrait-elle pas s’adapter à la sphère cinéma? Essayons, juste pour voir et posons cette question : la création de l’illusion cinématographique n’est-elle pas une chose trop réelle pour la laisser aux mains de bonimenteurs, charlatans et autres illusionnistes? « Le cinéma est un vrai truc » nous rappelle cette jeune étudiante. Ce n’est pas du toc. Ce n’est pas une broutille. Ce n’est pas une de ces babioles que l’on vend trois francs six sous – quelques milliers de dollars en ce qui concerne les frais d’inscription semestriels à l’INCINE – à grand renfort de pommade passée dans le dos et de compliments, tout en sachant bien qui dans l’affaire est l’arnaqueur et l’arnaqué. Non, le cinéma est bien « un vrai truc » ». Etre pris au sérieux, c’est tout ce que réclament les étudiants. Que l’exigence côtoie la bienveillance. Que la créativité, l’inventivité, la liberté se révèlent au contact des fondements, de l’expérience, des cadres formateurs. Que la connaissance, les savoirs, les racines se lient d’amitié avec la pensée : critique, autonome, émancipatrice. Fragment n°9 : « Une autre carence que je sens vis-à-vis du contenu c’est qu’il n’y avait pas de chaire ou de matières qui nous enseignaient à penser. Tout ce que l’on nous enseignait était déjà digéré et mastiqué. Ils nous le donnaient seulement pour le vomir et le répéter. »17 Vomir comme on produit. Répéter comme on produit. Etudier comme on produit, voilà ce à quoi se refusent les étudiants interrogés. Tout du moins il essayent, ils résistent, ils tentent autre chose, ils regardent ailleurs, dans une société où comme ils le disent si bien, les habitudes forcent
parfois
à
l’
abandon
de ses convictions propres et mènent à une forme de renoncement. Fragment n°10 : « Nous sommes une société qui n’est pas habituée à étudier18. On veut que tout soit facile en un sens. Peut-être qu’ainsi, si c’est facile on n’a pas besoin de s’impliquer beaucoup... ça m’est arrivé. Quand tu as ce besoin d’étudier et d’apprendre, et qu’on te fait sentir mal pour désirer apprendre, tu finis par accepter le milieu. Et il est médiocre. »19 16 17 18 19 E05, Entretien 17,
du 02 novembre 2017. E21
,
Entretien 22, du 07 février 2018.
Ce complex
e d
’’infériorité est
, d’
après
mon expérience
, partagé par
de nombreux
é
quatori
ens
. E01, Entretien 14, du 31
octob
re 2017.
176 Ces étudiants, comme tout un chacun, font la douloureuse expérience
des « masses démoralisées par une vie soumise sans cesse aux pressions du système, dont le seul signe de civilisation est un comportement d’automate susceptible de rares sursauts de colère et de rébellion
»20.
Et
comme
tous, parfois ils
sont las
A tel point qu’ils se définissent comme médiocres par nature. La médiocrité est un thème récurrent de notre enquête. Elle a été vécue21, observée, entendue sur le terrain. Elle est aussi conceptualisée par tous ces étudiants qui y sont confrontés de près ou de loin durant leurs études. Cette notion pose problème, elle pose question, notamment au sujet de l’identité en construction de ces jeunes apprentis cinéastes. Ils se voient, s’imaginent dire le monde alors que, dans le même temps, ce monde leur renvoie une image difficilement assimilable de leurs œuvre et de leurs discours, de leurs fonds et de leurs formes, de leur valeur aussi et de leur mérite. En somme, ils se trouvent régulièrement nez à nez avec toute une série de frictions posant la question majeure de l’identité : sociale, culturelle, politique, artistique, individuelle. Fragment n°11 : « Au sujet
de la médiocrité mentionnée auparavant
. (...) Nous avons tendance à nous comparer avec ce que font les autres ; avec des personnes qui sont à notre niveau. Nous n’essayons pas de voir au-delà. Nous ne sommes pas des personnes qui aspirons à beaucoup en fait. Par « beaucoup », je ne parle pas en terme économique, je parle d’exprimer ton potentiel. Savoir jusqu’où tu peux arriver. Tu te compares avec des films assez basiques et tu es heureux de faire ou d’imiter ce que tu vois... Ce qui nous fait défaut c’est que nous nous mettions des objectifs parce que si nous n’avons pas une personne à côté de nous qui nous donne l’impulsion nous avons la flemme de faire les choses. Ça ne devrait pas être comme ça. Surtout si tu étudies ce que tu aimes. Si vraiment c’est ce que tu aimes tu vas le faire pour te sentir bien. Je crois que nous sommes encore à un niveau assez médiocre, non pas à cause des moyens mais de par la façon dont nous exploitons les ressources que nous avons. (...) C’est fondamental dans notre société. En allant dans un pays étranger tu te compares toujours avec les gens et t’en viens à dire soit : « je peux être comme eux » soit « je suis équatorienne donc je suis évidemment moins qu’eux ». J’ai vécu ça. J’ai été avec des gens qui ont vécu ça là-bas. Ils se rabaissent eux-mêmes : « Les italiens sont les italiens et nous nous sommes là, au ras du sol ». C’est la culture, ce que t’ont inculqué tes parents ; le fait que les autres vont être mieux que toi et que toi tu dois rester à un autre niveau. Mais tu ne peux pas... Toi aussi tu dois... ils peuvent t’enseigner des milliers de choses, t’inculquer des milliers de choses et c’est toi qui dois prendre la décision de : « je le suis ou je ne le suis pas ». Avoir une manière de penser propre...
»22 Theodor W Adorno et Max Horkheimer, Kulturindustrie: raison et mystification des masses, Paris, Allia, 2015, p. 75. 21 Lor
s de réunions de travail notamment. 22 E11, Entretien 21, du 30 janvier 2018. Durant cet entretien particulier, un débat sur la question de la médiocrité s’est amorcé. Une grande partie de celui-ci est reproduite à la suite du présent chapitre. En prendre connaissance permet une prise de conscience de l’importance de cette question pour la société équatorienne, notamment sa jeunesse, dès lors qu’elle s’inscrit dans un processus d’apprentissage, et qui plus est lorsque les standards de la matière étudiée sont définis par l’extérieur. Les positions qui s’y expriment alimentent l’objet général de notre propos en ce qui concerne certains mécanismes de domination.
20 177
Exposer la parole des étudiants, prise de manière quasi « brute », et parfois en pleines contradictions, possède plusieurs vertus. Tout d’abord cette parole collective répond – parfois de manière stricte – à certaines des positions rapportées dans les « conversations avec Lissette ». Ce faisant, on peut aisément apprécier les distances ou décalages entre les prétentions pédagogiques et les postures théoriques autant que politico-idéologiques, exposées d’un côté et ce qui est vécu, mémorisé puis raconté par les étudiants, de l’autre. Les écarts sont grands. Ils questionnent. Certains nous affolent! En outre, de nombreux exposés, par leur qualité d’analyse et leur clairvoyance, permettent de mieux comprendre certains des enjeux déjà évoqués. Pensons notamment à la question de la superficialité dont la plupart des étudiants interrogés semblent affubler la pédagogie ou méthodologie « Estudia cine, haciendo cine ». De sérieux doutes ont déjà été émis à l’égard de cette annonce pédagogico-publicitaire. Les premiers concernés la remettent en question régulièrement, certains sans équivoque. De même, le rôle des encadrants est abordé. Les « professeurs accompagnants », pour reprendre les termes de l’institut, sont vivement critiqués. Leur volonté est mise en cause ; leur motivation, leur désir d’être là autant que leurs compétences également. Plus grave encore, l’un des interviewés met le doigt sur la notion de partage – dans le cas présent, son absence – : « no nos compartieron eso – ils ne nous ont pas partagé cela ». Etait-ce conscient, voulu, orchestré? Est-ce une faille du système? Ou bien, au contraire, le cœur même du système? Est-ce que le statut des jeunes professeurs – ex-étudiants – est à mettre en cause? C’est tout cela qu’il nous faut à présent essayer de démêler. Enfin, dernier élément, l’aspect culturel. Il apparaît dans les derniers fragments via la discussion qui a lieu au sujet de la médiocrité. Il est particulièrement intéressant et instructeur. Faisant écho à nos réflexions à propos des statuts indissociables de colonisateur et colonisé, les échanges sont à la fois touchants et préoccupants. Certains sont même révoltants. Le dénigrement, voire l’auto-dénigrement, car c’est bien de cela qu’il s’agit ici, semble pouvoir s’inscrire chez les êtres au point qu’ils croient – certains, pas tous – que la médiocrité puisse être un caractère essentiel de leur culture. Travailler cette tension à l’échelle micro, dans la salle de classe – et plus généralement dans l’institut – nous permet d’envisager certaines clés 178 de compréhensions sur notre sujet – au fondement de la dominance des peuples sur d’autres notamment. Dans la mesure du possible, les prochains chapitres auront à cœur d’exposer des pistes concrètes d’amoindrissement de ces phénomène asservissants, qui ne sont en rien une fatalité et surtout pas l’essence23 de qui ni de quoi que ce soit! 23 Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, 2009, p. 26. 179 十二
Vous avez dit « médiocrité »? « La violence symbolique est cette coercition qui ne s’institue que par l’adhésion que le dominé ne peut manquer d’accorder au dominant (donc à la domination) lorsqu’il ne dispose, pour le penser et pour se penser ou, mieux, pour penser sa relation avec lui, que d’instruments de connaissance qu’il a en commun avec lui et qui, n’étant que la forme incorporée de la structure de la relation de domination, font apparaître cette relation comme naturelle. »1 Pierre Bourdieu Introduisons le long fragment qui suit par un avertissement éclairant concernant l’emprise des clichés sur le mode de pensée des personnes vérolés autant que verrouillés par ceux-ci : « Comme l’a magnifiquement montré Victor Klemperer à propos de la Lingua Tertia Imperium (LTI), la langue fait perdre à l’individu son essence individuelle, anesthésie sa personnalité, le transforme en « tête de bétail » sans pensée ni volonté ; les clichés finissent par exercer une emprise sur les gens car « la langue est l’expression de la pensée » ; elle s’impose et pense à la place des gens en opérant des transformations de sens. Par la répétition de propositions qui ont la forme d’ « ordres suggestifs », la prédication devient prescription ; par la répétition de formules ou d’associations de mots, des images fixes s’imposent. »2 Qu’en est-il de ce mot médiocrité sur le mode de pensée de ces jeunes gens? C’est ce sur quoi le dialogue – de groupe – suivant nous renseigne : « E11 : Nous avons toujours été une culture plutôt soumise. En tout, depuis la colonisation et le reste... E19 : Moi je ne crois pas ça. Il me semble que la culture d’avant... ils faisaient plein de chose
s. Ils ne sont jamais restés dans la médiocrité comme tu le dis
. Et
je
ne
crois pas
non plus que
nous
soy
ons médio
cres. En vrai, je ne peux pas dire
ça
sur
le pays dans lequel je vis
. Je
ne crois pas que nous soyons médiocres. Camille : Pourquoi? E19 : Je crois qu’il y a des fois où nous nous limitons peut-être, mais dire « médiocre » ne me semble pas être le mot indiqué. Mais que tu dises que c’est la culture, ça m’emmerde un peu. (...) E11 : C’est sur le fait d’être soumis, de la migration... E19 : Peut-être que ça m’affecte à fond parce que je suis d’une culture3... E11 : Il s’agit de notre passé, depuis la colonisation... 1
2 3 Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, éd. revue et corrigée. Paris, Seuil, 2003. Béatrice Hibou, Anatomie politique de la domination, Paris, Découverte, 2011, p. 59. L’étudiante en question est
origin
aire d’
une
commun
auté indigena
de
l’Equateur
. 180
E19 : Si ça concerne la colonisation alors c’est pas nous, tu comprends? E11 : Je parle de nos ancêtres, de ce que nous avons vécu... E17 : Je ne pense pas que nos ancêtres ont été médiocres. Je crois que c’est nous qui sommes devenus médiocres. E19 : Humm... non plus, je ne crois pas que nous devenions médiocres. (...) E17 : Je crois que là d’où je viens, je suis de Machala, c’est plein de médiocrité. Je suis d’accord avec ça ; plus que de la médiocrité c’est de la paresse. Il y a des gens qui littéralement n’ont envie de ne rien faire4. E19 : Il y a certaines personnes, certains... mais lui il dit : « nous sommes dans un pays {médiocre} ». Tu ne peux pas dire que tous sont comme ça... E11 : Quand je vois mon cercle social, ma famille par exemple, personne ne veut s’améliorer. Ils ont les moyens, l’argent ; ils préfèrent le dépenser en sorties, à boire, à danser ou je ne sais quoi... jeter l’argent par les fenêtres... E19 : Toi tu te considères comme étant médiocre? E11 : Je crois que oui. Fondamentalement oui. Je veux aspirer à plus mais pour l’instant je ne parviens pas à m’en extraire. »5 Ouvrons une courte parenthèse interrogative : l’étudiante parle-t-elle de sa voix propre ou se fait-elle l’avocate inconsciente d’un système qui nous force à toujours faire le grand écart en niant toujours plus les plaisirs simples de la vie, les plaisirs essentiels? Nous refermons la parenthèse et poursuivons. « E19 : Mais tu {le} veux... E11 : Mais pour l’instant je n’y parviens pas... et c’est aussi parce que des fois je n’ai pas la persévérance. Evidemment, j’veux dire, je suis consciente que moi aussi je suis médiocre6. »7 Ici,
l’
{E11} révèle
par le
verbe
ce que
Bour
dieu dit des « dominés
{
qui
}
appliquent des
c
atégories construites du point
de
vue des
dominants
aux relations
de domination,
les
faisant
ainsi apparaître comme naturelles. Ce qui peut conduire à une sorte d’auto-dépréciation, voire d’auto-dénigrement systématiques (...) »8.
Nous y sommes en plein, et cette propension à se voir Le processus de la « mystification » : « Confronté en constance avec cette image de lui même, proposée, imposée dans les institutions comme dans tout contact humain, comment n’y réagirait-il pas? Elle ne peut lui demeurer indifférente et plaquée sur lui de l’extérieur, comme une insulte qui vole avec le vent. Il finit par la reconnaître, tel un sobriquet détesté mais devenu un signal familier. L’accusation le trouble, l’inquiète d’autant plus qu’il admire et craint son puissant accusateur. N’a-t-il pas un peu raison? murmure-t-il. Ne sommes-nous pas tout de même un peu coupables? Paresseux, puisque nous avons tant d’oisifs? Timorés, puisque nous nous laissons opprimer? Souhaité, répandu par le colonisateur, ce portrait mythique et dégradant finit, dans une certaine mesure, par être accepté et vécu par le colonisé
.
Il gagne ainsi une certaine réalité et contribue au portrait réel du colonisé. » ; Albert Memmi, Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du colonisateur, Gallimard, 2002,
p. 107. 5 E11, E19, E17, E20 Entretien 21, du 30 janvier 2018. 6 A propos de cette forme de culpabilité, « l’un des plus puissants moteur » de la domination, dont font preuve certains étudiants, lire : Albert Memmi, L’homme dominé: le Noir, le colonisé, le Juif, le prolétaire, la femme, le domestique, Gallimard., 2010, p. 264. 7 E11, E19, E17, E20 Entretien 21, du 30 janvier 2018. 8 Pierre Bourdieu, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998, p. 41. 4 181
selon le schéma de lecture dominant est en grande partie responsable de la perte d’autonomie dont font les frais les étudiants dans leur apprentissage et plus tard dans leur vie. Ce système, trop classique pour nous étonner, se trouve en fait exacerbé en même temps que légitimé par le bain pédagogique et culturel dans lequel baignent les étudiants de l’INCINE. Au lieu de les rendre capables de s’en extraire, l’institut leur met, sans doute de façon inconsciente, un peu plus la tête sous l’eau. « Je ne crois pas que ce soit quelque chose de négatif ; ça l’est si tu le restes. (...) Si tu as voulu faire ce qui te plaît mais que tu ne fais pas ce qu’il faut alors là tu te convertis en quelqu’un de médiocre. (...) On a vu ici des exemples de camarades de classe qui supposément « vivent uniquement pour le cinéma ». Mais si tu leur dis de venir aider ou de sacrifier un week-end pour parler d’un découpage ils ne le font pas. C’est ça : « Pourquoi tu veux faire ça si tu ne t’y consacres pas à 100% et que tu n’essayes pas de faire de ton mieux? » En plus, y’a pas de vraies raisons, comme la santé ou le travail, c’est juste par paresse. (...) Je perçois la médiocrité comme le moment ou tu te satisfais du travail que tu viens de faire. Tu vois le travail et tu dis : « c’est bien ». Là tu es médiocre. Quand tu es en accord avec ce que tu viens de terminer. Il se peut que ce soit un bon travail mais si tu n’essayes pas de l’améliorer ou d’aller au delà, c’est là que tu deviens médiocre. (...) Le fait d’être médiocre c’est : ne pas continuer à chercher. »9 Cette quête de sens à plusieurs nous donne un éclairage particulier et vivant concernant ces fameux glissements sémantiques relevés par Klemperer ; ces mystifications opérées par une certaine langue qui, comme la novlangue d’Orwell10, est à la fois un instrument de destruction intellectuelle et un instrument de domination. Ainsi, en cherchant à définir un mot : médiocrité ; ou une notion : être médiocre ; ces témoignages confirment l’intuition de départ d’un « gauchissement »11 des conduites et des pensées au sens où l’entend Albert Memmi. Or, « {ces} changements n’altèrent pas seulement le sens des mots, ils n’empêchent pas seulement de penser ; ils infléchissent également les valeurs centrales auxquelles les gens se réfèrent en permettant de porter des jugements sur un ordre social, de définir les amis et les ennemis, de diriger les sentiments, de redéfinir les rapports sociaux (par exemple les relations pacifiques dans le sens de la conflictualité, voire de la guerre, les rapports de travail dans un sens paternaliste). George Orwell, 1984, Gallimard. Paris, 2019. 11
« Nous savions déjà que tous les opprimés se ressemblaient (...) tous, {étudiants inclus} subissent un joug, qui laisse des traces analogues dans leurs âmes et imprime un gauchissement similaire dans leurs conduites. La même souffrance appelle souvent les mêmes gestes, les mêmes crispations intérieures ou les mêmes grimaces, les mêmes angoisses ou les mêmes révoltes. » En ce sens, l’étude des dominations vécues par les étudiants de l’INCINE est une pierre de plus apportée au décorticage critique des systèmes d’oppression. Albert Memmi, L’homme dominé: le Noir, le colonisé, le Juif, le prolétaire, la femme, le domestique, Gallimard, 2010, p. 29. 9 10 182 les autres. Le langage est efficace non parce qu’il fait croire, mais parce que les gens agissent en conséquence. »12 Comment agissent – et ré-agissent – les étudiants? Ce sera l’objet de notre prochain chapitre. 12
Béatrice Hibou, Anatomie politique de la domination, Paris, Découverte, 2011, p. 59. 183
十一 Question d’identité. Exigence et médiocrité : une question culturelle? Comme d
’
autres ont acquis « la connaissance intime d’un racisme qui les a momentanément réduits à l’état de «
corps
étranger » »1 les étudiants de
l’
INCINE
semblent avoir acquis celle
d’une médiocrité de naissance, les réduisant à l’état de
corps et
d
’esprits
prétendument
incapables. Suite à l’
exposition
de cette prétendue médiocrité,
inscri
te selon leurs dires dans le code génétique de la culture équatorienne et vécue comme telle par eux – les étudiants interrogés – attachons-nous à présent à sonder de quelle manière est appréhendée l’exigence ; celle qu’un professeur a pour ses étudiants par exemple. L’exploration de cette notion, confrontée aux propos avancés par les enseignés, met en doute ce qui paraît ou est présenté parfois comme allant de soi. Par exemple, par une mise en tension de l’affirmation selon laquelle les étudiants sont incapables, paresseux, vagos. Sur le plan catégoriel, l’étude présente « condamne tout enfermement de l’homme derrière les barreaux d’une étiquette »2. Nous ne souhaitons pas enfouir les visages de nos camarades d’apprentissages sous des concepts désincarnés. Même si nous reconnaissons leur justesse ou utilité théorique, la constitution de catégorisations hâtives et surtout « absolues »3 n’est pas notre projet. Nous préférons, à travers les divers échanges présentés ici, évaluer sereinement s’il convient de présenter les étudiants tels des « idiots culturels »4 consacrés aux habitudes de la médiocrité et à la célébration des valeurs médiocres. Pour ma part, je suis convaincu que leurs propos devraient suffire à convaincre le lecteur de la réflexivité dont font preuve les interviewés. Si nous leur donnons à ce point la parole c’est que nous les savons capables, entres autres, « d’agir leur monde »5 par le verbe comme nous les avons vu capables de le faire par l’image, le son et le rythme.
1 Jérôme Gilbert Beauchez, L’empreinte du poing: la boxe, le gymnase et leurs hommes, Paris, France, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2014, p. 84. 2 Jean-Marie Labelle, La réciprocité éducative, Presses universitaires de France. Paris, 1996, p. 109. 3 Jérôme Gilbert Beauchez, op. cit., p. 87. 4 Harold Garfinkel, Recherches en ethnométhodologie, Paris, PUF, 2009, p. 137. Jérôme Gilbert Beauchez, op. cit., p. 87. 184
Ainsi, en tant que concept participant à l’analyse critique, le terme « exigence » doit s’entendre sous son acception générale mais également, pour ce qui nous intéresse particulièrement, dans un sens propre à l’enseignement. Il s’agit donc de l’inscrire dans ce contexte particulier, celui de l’apprentissage du cinéma. Un monde où le mot exigence pèse de tout son poids. Entièrement dédiée à « recréer la vie » – au sens d’une illusion vraisemblable6 – de telle manière que cette création semble parfois plus vraie que nature, et ce durant un temps déterminé – celui de la séance de cinéma –, cette activité artistique de pasticheur, donc, à laquelle sont confrontés les jeunes apprenants, demande une exigence ou une rigueur à toute épreuve. Peu d’aventures créatrices et humaines ne réclament une exigence de ce type ; non pas au sens quantitatif mais au sens qualitatif premier. L’exigence nécessaire à l’acte de création cinématographique n’est donc pas « plus forte » qu’une autre, mais bien « particulière ». Cette particularité propre au cinéma – à son objet même de recréation d’un semblant de vie à l’écran – doit être pleinement considérée au moment d’aborder la notion d’exigence. Notons par ailleurs qu’il s’agit certainement de l’un des tout premiers apprentissages du jeune cinéaste ; faire preuve d’exigence : envers le langage, envers ses outils, envers lui-même aussi et envers ses collaborateurs. Sans cette maitrise, sans cette rigueur dans l’acte, dans le geste cinématographique, l’illusion est certaine d’être rompue ; et ce à l’écran comme à la ville – dans les coulisses, sur le plateau, sein des relations interpersonnelles notamment. Il s’agit donc d’une préoccupation de choix pour qui revêt l’habit de professeurenquêteur. Dans notre contexte d’étude, cet intérêt s’est vu alimenté d’une réflexion concernant l’exigence particulière qui est ou était la mienne. Celle-là même que j’ai exercée durant mes années d’enseignement à l’INCINE. Particulière, mon exigence l’est à plusieurs titres puisqu’elle est teintée à la fois par : - une formation dans l’école de cinéma belge ; déjà citée. - une culture franco-européenne ; également évoquée. - un caractère propre ; en partie dépeint par les dires des étudiants. Bien évidemment, cette définition n’est pas applicable à tous les genres de cinéma. Il n’est pas question ici de discuter les notions de réalisme, naturalisme ou vraisemblance au cinéma, encore moins de leurs pertinences respectives. Dans le cadre de ce développement sur la notion d’exigence, partons du postulat que, la plupart des spectateurs, quand ils vont au cinéma, considèrent le film comme un moyen de « vivre » sans risque mais de manière intense l’aventure projetée. 6 185
Ceci posé, notre enquête débute comme souvent par une question. D’ordre général elle exige des étudiants un positionnement qui se souhaite critique : « Camille : Comment te semble être l’exigence que j’ai envers les étudiants? Toi je t’adore pour la façon dont tu es exigeant. En vérité, et c’est pour ça que j’aime autant {E03}, parce qu’elle aussi elle aime les professeurs qui sont exigeants. J’aime les professeurs qui ont des règles. Je crois que c’est parce que j’ai grandi dans les écoles de nonnes, avec des règles. A moi ça m’a super bien formée. »7 Notons d’ores-et-déjà deux éléments. Premièrement : l’exigence est associée à l’idée de règles ; celles ci permettent la formation selon les dires de l’étudiante. Deuxièmement : l’exigence peut être « adorable ». Ce point est d’importance car il balaye l’acception péjorative et dominatrice de l’exigence dans le rapport enseignant-enseigné. Il peut y avoir plaisir à ce que l’on s’exige8 mutuellement ; cela révèle notamment une forme de valorisation de l’acte et des acteurs. « Ce qui me plaît de tes classes c’est qu’on sent que c’est vraiment quelque chose de sérieux. C’est quelque chose qui mérite qu’on y prête attention. Ce n’est pas un truc qu’on fait à la légère. C’est quelque chose qui doit être pensé. Toutes ces choses qui te font apprécier aussi le fait d’étudier. »9 Usant encore une fois d’une dialectique positive, l’étudiant fait se rencontrer exigence et sérieux, rigueur et pensée, étude et plaisir. Peut-on rêver d’un plus beau programme pédagogique? « Les professeurs exigeants, pour moi, ce sont les meilleurs. Jusqu’à maintenant j’ai toujours pensé la même chose ; les professeurs qu’au début je détestais au collège j’ai fini par les aimer. Parce que ce sont avec eux que j’ai le plus appris. Il se peut que maintenant {E10} t’aime alors qu’en 4e semestre elle voulait faire qu’ils te renvoient. Je crois qu’elle pense un peu la même chose. Parce que à la longue, à l’INCINE on a vu tellement d’absurdités du genre : « allez, laisse-nous passer, on va boire une bière... ». »10 Il est fait allusion ici à l’incident – raconté dans le chapitre « Méfiance, conflit, rejet » – qui s’est déroulé durant mon premier semestre à l’INCINE ; au cours de celui-ci, certains E05, Entretien 17, du 02 novembre 2017. Dans le contexte d’enseignement considéré, précisons : exiger – à soi même ou aux autres – est différent d’obliger : « Je crois qu’imposer quoi que ce soit avec autorité est injuste. L’enfant ne devrait jamais être forcé à faire quelque chose avant d’être arrivé de lui-même à l’idée son idée qu’il doit le faire. La malédiction qui pèse sur l’humanité, c’est la contrainte extérieure, qu’elle vienne du pape, de l’Etat ou du professeur. C’est du fascisme. » Alexander Sutherland Neill, Libres enfants de Summerhill, Paris, La Découverte, 2011, p. 158. Notons également que l’exigence, telle que proposée ici, se veut partagée, décidée collégialement. « Loin d’être imposée d’en haut et de l’extérieur de façon unilatérale, {l’exigence} s’exerce collégialement au sein d’une organisation démocratique » et fait partie du projet même de l’apprentissage partagé par les différents acteurs. Jean-Marie Labelle, op. cit., p. 230. 9 E05, Entretien 17, du 02 novembre 2017. 10 E05, Entretien 17, du 02 novembre 2017. 7 8 186 étudiants s’étaient plaints de mon « exigence » et avaient cherché un appui auprès de la direction pour me faire changer de méthode. Tel un rappel, si besoin en était, l’accent est également porté sur le caractère relationnel, émotionnel, humain en somme, dans lequel vient s’inscrire l’exigence professorale. Celle-ci peut exister si elle est construite ensemble et n’est pas imposée ; si elle est mesurée, réfléchie, expliquée et explicite ; en bref, si elle est et paraît juste et justifiée aux yeux des acteurs. Dans le cas contraire, l’étudiant, à force de sa confiance bafouée de tant de manières, en vient à perdre le sens de ce pour quoi il est venu en premier lieu. Et une fois le sens perdu, il ne sait plus – il ne peut11 plus – avancer. « Tu sens alors qu’il n’y a pas ce respect envers ce que tu aimes dans le fait de faire du cinéma, comme cursus, comme profession. Ce pour quoi tu payes. C’est dur ça. Je crois que c’est pour ça que j’aime les règles, que j’aime les professeurs exigeants. Ces professeurs sont ceux qui t’emmènent loin. Pas ceux qui t’arrangent et qui t’emmènent boire. »12 En résumé, cette réponse en cascade sonne comme une sorte de « déclaration d’amour » faite à l’exigence. Et pas seulement à celle de tel professeur, dans un contexte particulier et pour une durée déterminée. Bien au contraire, l’exigence est ici considérée comme un moteur d’apprentissage. Elle est vectrice de « formation »13 ; notamment, mais pas seulement, durant le temps scolaire par lequel passe tout un chacun. Autre élément, en lien direct avec la notion d’exigence : l’existence de
règles. Ces dernières structurent
l’apprentissage. Ce faisant, elles rendent également la chose sérieuse
; c’est
-
à-dire : digne d’intérêt. Ce dernier point est fondamental et toutes les
règles ne se valent pas. Qu’elles soient plus ou moins souples ou strictes, il arrive parfois que les règles soient difficilement acceptées,
voire acceptables. Elles ont souvent un caractère ambivalent : utiles, positives, efficaces dans
certains
cas ; mais elles sont aussi violentes, voire injustes
ou
vécues
comme
telles
, en d’autres occasions. Elles
n’
en
restent pas moins nécessaires. L’appréciation de l’exigence par les apprenants se rapporte comme souvent à la question du temps. Le temps qui passe, le temps de la relation. La compréhension, l’acceptation, la valeur que l’on reconnaît et attribu
à l’exigence 11
Fait anecdotique mais intéressant : en Belgique et dans le Nord de la France, « savoir » s’utilise également dans le sens de « pouvoir ». 12 E05, Entretien 17, du 02 novembre 2017. 13
Toute la question est de déterminer : quelle type de formation? 187 en présence, tout cela se gagne dans la durée. Si les premiers temps sont souvent durs, obscurs voire effrayants, c’est sur la longueur que l’exigence devient admise. Elle peut enfin jouer son rôle positif, jusqu’à une prise en main autonome et émancipatrice. Bien évidemment, ce processus n’a pas toujours lieu. Dans certains cas, le doute et avec lui le rejet, violent ou passif, persistent tous deux. A travers l’évocation d’attitudes professorales faisant preuve d’un manque d’exigence, la question de la valeur de l’enseignement et de la relation enseignant-enseigné est soulevée. Les copinages ou arrangements sont notamment ressentis de façon négative tant au plan professionnel que moral ; même s’ils peuvent être, sur le moment, favorables voire agréables. Ici s’exprime clairement l’opposition entre d’un côté ceux qui, pratiquant l’exigence, vous emmènent loin, et ceux qui, pratiquant la « magouille pédagogique », vous laisse au stade initial. Ce premier témoignage permet l’établissement d’une mise en contradiction idéologique forte en ce qui concerne l’utilité de l’exigence dans le processus éducatif et son utilisation. Celle-ci s’inscrit parfois au sein d’un processus dit de « rupture », pour reprendre le terme d’Olivier Reboul. Cette notion est au cœur du développement de nos sociétés : « Toute société a conçu l’éducation comme une suite d’antagonismes et de ruptures, à commencer par l’initiation primitive. Antagonismes et ruptures, n’est-ce pas le prix à payer pour que la jeunesse échappe à la toute-puissance d’une autorité unique, celle du père, du maître, du patron, et devienne réellement adulte? Encore faut-il en faire des facteurs de libération, non de mort. C’est le problème de la pédagogie. »14 Les « facteurs de libération » dont parle l’auteur ne sont pas toujours perçus comme tels, notamment durant les premiers instants de la rencontre. A ce titre, l’exigence existe parfois dans la confrontation. S’apprivoiser pour pouvoir s’exiger, telle est la clé. Il s’agit d’un processus, long et relationnel qui génère son lot de frustrations, d’incompréhensions, de doutes, de revirements. Durant l’un des entretiens, une étudiante expose le processus engagé par et dans l’exigence d’une manière que l’on pourrait schématiser sous le concept composite de : adaptation-compréhension-valorisation. Parlant de la rigueur, petite sœur de l’exigence, elle nous dit : « La rigueur (...) peut-être qu’au début ce n’est pas le mieux pour tous, mais ça fait
14 Olivier Reboul, La philosophie de l’éducation, Paris, Que sais-je?, 2018, p. 51. 188
que nous ne soyons pas médiocres. Arriver à l’heure, accomplir ce que tu dois. S’il n’y a pas ça alors nous non plus nous n’apprécions pas le professeur à sa juste valeur, pas plus que la classe. Et donc on préfère ne pas venir, arriver en retard, ne pas étudier et on porte préjudice à nous-mêmes, par exemple en disant : « mais c’est rien qu’une minute... ». A la fin du cursus tu te rends compte que cette rigueur a forgé en toi de bonnes habitudes et qu’il ne s’agit pas de savoir si le professeur est une mauvaise personne. »15 Puis de commenter : « Nous, nous faisions un effort pour venir et nous savions que toi tu ne voyais pas cet effort. Nous on sait que tu ignores si on a pris trois bus, si on a laissé notre famille et des trucs dans le genre. Et arriver une minute en retard peut être vécu comme : « quel sans cœur, lui ne sait pas quel effort j’ai dû faire pour arriver ». C’est comme tout jeter à la poubelle, tout, l’argent dépensé, l’effort. Ça ça blesse un peu. Le fait de ne pas comprendre le manque de compréhension si on peut dire... En définitive celui qui t’exige t’aime. Il t’exige pour une raison. Parce qu’il ne veut pas que tu sois médiocre, il veut que tu sois toujours correct. C’est difficile de part et d’autre, mais ce sera toujours le chemin correct qui sera le mieux. Après tu auras plus de facilité. Mais c’est difficile de comprendre ça. »16 L’une des difficultés générée par le fait d’exiger pleinement et sainement est pointée du doigt. La compréhension, de part et d’autre, se crée avec le temps, au sein de la relation qui est vécue fil du temps passé en classe. S’il faut retenir un aspect fondamental de la notion d’exigence il s’agit de son caractère générateur de mouvement. Parlons d’un élan. Si ce n’est pas toujours le cas, si l’essai n’est pas toujours transformé, si l’objectif n’est pas toujours atteint c’est ce vers quoi nous pouvons espérer tendre au moment de faire usage de l’exigence. Exiger ne doit pas figer. Au contraire, exiger participe d’un mouvement, et s’inscrit dans un mouvement qu’il faut prendre le temps d’apprivoiser pour qu’il y ait une rupture créatrice, et non pas une simple cassure. Exiger signifie également avancer pas à pas ; pour celui qui exige comme pour celui qui s’exige à lui-même devant l’exigence venue de l’extérieur. Je crois pouvoir dire, sans me tromper, que j’ai parfois fait preuve de ce que Lucia Trimbur nomme « though love »17. Ce concept d’« amour vache », utilisé notamment dans le cadre de l’étude sociologique d’une salle de boxe18 peut s’appliquer à la situation de ces jeunes gens en formation et sur le point d’entrer dans un monde du cinéma, un univers où il faut jouer des coudes sans pour autant devenir un loup. « Tu étais super exigent. C’est pour ça que je me rappelle de l’histoire des déjeuners durant le tournage de « Gallos »... j’ai trouvé une solution et je suis arrivé à temps. E08, Entretien 20, du 05 février 2018.
E08, Entretien 20, du 05 février 2018. 17 Lucia Trimbur, « Though Love » : Meditation and Articulation in the Urban Boxin Gym », Ethnography, 12 (3), p. 334-355. 18 Jérôme Gilbert Beauchez, L’empreinte du poing: la boxe, le gymnase et leurs hommes, Paris, France, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2014, p. 71. 15 16 189
Et après tu m’as dit : « au final on aura 30 minutes de retard pour le repas... » Et moi : « Non! Camille!!! ». Et c’est après que tu m’as dit : « si tu fais ça dans le cadre professionnel et que l’équipe ne veut pas retarder le repas tu es foutu19... ». Ça j’ai appris, et je l’ai noté. (...) C’est ça l’exigence que tu avais vis-à-vis de moi. Je sentais aussi une certaine confiance de ta part. Tu savais que j’allais rester là, enfermé, à faire ce qu’il fallait. Je m’obligeai moi-même à m’efforcer. Lorsque tu m’as mis en charge des exports20, ça m’a fort touché. Au fond de moi j’étais heureux : « bien! ça veut dire que je sais, que le professeur a confiance en moi ». Cela signifie que je peux faire plus. C’est un détail ponctuel, ce n’est pas à chaque instant du genre : « très bien petit chien, très bien petit21... ». Je crois que cette façon de faire tu dois la continuer. Elle fait partie de l’exigence. »22 La fin du propos de l’étudiant appelle à une remarque. A l’exigence saine s’oppose une autre forme, dénaturée car pensée et vécue comme avilissante au lieu d’être émancipatrice. C’est de celle-ci dont les étudiants de l’INCINE font souvent les frais. Comment exiger? Comment créer des ruptures comme autant de « facteurs de libérations et non de mort »? Et, dans le cas qui nous intéresse, celui de l’enseignement du cinéma au sein d’un petit institut privé en Equateur, comment les étudiants ressentent-ils cette opposition formelle de la notion d’exigence? A sa manière, le commentaire de l’étudiant ci-dessous nous livre un début de réponse : « Ils n’exigent pas. Ça aurait été bien. Mais pour exiger quelque chose il faut d’abord l’inculquer. En premier je t’enseigne et après j’exige de toi que tu fasses ça parce que ça fonctionne. Ils ne faisaient pas ça. Ils nous imposaient des choses dont nous ne comprenions pas pourquoi les faire. Ils exigeaient parce qu’il estimaient que tu devais savoir, mais ils ne t’enseignaient pas. Ils nous enseignaient mais très peu... des trucs techniques... Mais jamais ils ne nous ont enseigné un truc du genre un protocole de plateau ou des trucs basiques... c’était genre : « toi, fais ça, toi, le clap, allez on y va... ». Mais jamais nous n’avons pris le temps de comprendre comme se gère un plateau. C’est pour ça que nos tournages étaient super chaotiques avant. C’était affreux. C’est pour ça qu’après il y avait plein de disputes entre nous. »23 Imposer plutôt qu’enseigner24. N’est-ce pas là, au fond, le problème? Cette imposition empêche toute appréciation et compréhension des concepts. Par ailleurs, elle génère des conflits 19 Lors du tournage d’une scène, peu avant la pause déjeuner, les repas normalement prévus étaient sur le point de prendre du retard. L’étudiant a trouvé une solution pour les acheminer à temps. Au final, l’équipe de plateau, prise dans son élan, a débordé de 30 minutes et n’est sortie manger qu’après ce délai. A travers cette expérience particulière, l’étudiant a appris qu’en cinéma, si l’équipe ne peut pas attendre les repas – pour diverses raisons – les repas eux peuvent attendre l’équipe. 20 L’étudiant, durant les derniers jours de post-production, a été chargé de la finalisation des différents projets. Il en avait la responsabilité que je lui avais déléguée en tout confiance. 21 Féliciter comme l’on donne des bons points ; cette forme de « récompense ne présente pas le danger extrême de la punition, cependant elle sape le moral de {l’étudiant} d’une façon plus subtile. La récompense est superflue et négative. Offrir un prix en récompense d’un acte revient à dire que cet acte n’a aucune valeur en lui-même. » Alexander Sutherland Neill, op. cit., p. 214. Et aussi, voir Bertrand Russel, Le monde qui pourrait être, préface de Jean Bricmont, trad. de l’anglais par Maurice de Cheveigné, Lux Editeur, Mont
rée
al, 2014 (1918), p. 218. 22 E14, Entretien 16, du
01
février 2018. 23 E09, E
ntretien 09, du 23 août 2017. 24 « La contrainte en soi
n’
est pas un mal ; elle est nécessaire en art comme en science, dans la vie amoureuse comme dans la démocratie. Sans elle, on ne pourrait compter sur personne, et surtout pas sur soi! Ce qui est un mal, c’est l’autorité qui impose la contrainte par la force ou par la ruse, au lieu de la « prouver ». » ;
Olivier Reboul, op. cit
,
p
. 76.
190
inutil
es au sein de ce qui devrait être un groupe d’étudiants, moteurs les uns par rapport aux autres. Un groupe au sein duquel, par exemple, « la fortune et la situation sociale du père ne comptent pas » et où « ce qui compte, c’est la personnalité de l’individu et sa sociabilité, c’est à dire qu’il soit un bon membre du groupe. Nos bonnes manières naissent de notre autodétermination ; chacun est obligé de voir le point de vue de l
’
autre. »25 Ici, ils ne peuvent même pas se constituer comme tels puisque perdus, éloignés,
invisibles.
Ils
sont interdits de lien
. Concernant le verbe « enseigner » : reprenant la définition donnée par Jean-Marie Labelle et partant de l’étymologie du mot, il me semble souhaitable de concevoir cet acte comme l’action de « faire signe ». Cela implique « la prévenance suscitante comme seuil de tout enseignement »26 ; à comprendre comme l’ensemble des attentions délicates à porter à l’étudiant, notamment et surtout lorsque l’on fait preuve, ensemble, d’exigence. Si, à l’inverse, la médiocrité s’exerce souvent de manière brusque et brutale, il ne peut en être de même de l’exigence ; celle-ci doit être raffinée, juste et adaptée. Cela veut également dire qu’elle doit être individualisée ; telle la discipline, à ne pas confondre avec la « discipline collective qui n’est que police. »27 A nouveau, deux conceptions philosophiques de la pédagogie s’opposent. Deux conceptions politiques aussi, puisque les premières dessinent les sociétés du futur. L’une impose. Elle impose surtout car elle n’a pas su susciter l’intérêt allant pourtant de pair28. Elle tente de faire croire qu’il est possible d’exercer par ce biais – l’imposition – une quelconque transmission, « métaphore, à vrai dire malheureuse, car elle fait du savoir une chose inerte, et de l’apprenant un récepteur passif. »29 L’autre à l’inverse propose. Elle montre des signes, des exemples à suivre et à dépasser. La première est une violence exercée de façon autoritaire. La seconde est un cheminement à réaliser main dans la main. Au sein de celui-ci, l’autorité se trouve prise dans une ambiguïté 25 26
28 29
Alexander Sutherland Neill, Libres enfants de Summer
, Paris, La Découverte, 2011, p. 253. Jean-Marie Labelle, La réciprocité éducative, 1re éd. Paris, Presses universitaires de France, 1996, p. 277. Alain, Propos sur l’éducation: suivis de Pédagogie enfantine, Paris, Presses Universitaires de France, 2005.
| 53,671
|
21/hal.archives-ouvertes.fr-tel-01112126-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 9,448
| 15,303
|
Contribution à la modélisation et l'inférence de réseaux de régulation de gènes li Champion JURY
Etienne BIRMELE Professeur, Université Paris Descartes Christine CIERCO-AYROLLES Chargée de recherche, INRA Toulouse Sébastien GADAT Professeur, Université Toulouse 1 Capitole Fabrice GAMBOA Professeur, Université Paul Sabatier Catherine MATIAS Directrice de recherche CNRS Nicolas VAYATIS Professeur, ENS Cachan Matthieu Vignes Senior Lecturer, Massey University École doctorale et spécialité : MITT : Domaine Mathématiques : Mathématiques appliquées Unité de Recherche : Institut de Mathématiques de Toulouse Directeur(s) de Thèse : Sébastien GADAT, Christine CIERCO-AYROLLES et Matthieu VIGNES Rapporteurs : Catherine MATIAS et Etienne BIRMELE Rapporteur Co-Directrice Directeur Examinateur Rapporteur Président du Jury Invité
z
gq
Comme un vent irrésistible la vie suit ses courbes invisibles et file vers l'avant Jilano Remerciements H ourra, j'ai réussi à arriver au terme de ces trois années de dur labeur! Il ne me reste plus qu'à franchir l'ultime étape de ce parcours du combattant, moment que tout bon doctorant attend, les remerciements! A lors pour commencer, je tiens à remercier les personnes sans qui cette thèse n'aurait certainement pas eu lieu, à savoir mes directeurs de thèse : Sébastien, parce qu'il a su me guider, non sans humour!, pendant ses (un peu plus que) trois années, le nouveau néo-zélandais Matthieu pour ses discussions passionées et ses corrections au feutre rose, version patte de mouche et Christine pour avoir su mettre un peu d'ordre dans ce monde masculin. Merci à tous les trois, travailler avec vous a été un vrai plaisir! Rapporter un manuscrit de thèse n'est pas une tâche facile. Je remercie donc également Catherine Matias et Etienne Birmelé d'avoir accepté de s'y atteler et d'avoir insisté sur certains points sensibles de ce manuscrit. Merci aussi à Nicolas Vayatis de présider ce jury et Fabrice Gamboa d'avoir accepté de représenter l'UPS. Rares sont ceux qui ont la chance de pouvoir travailler dans deux laboratoires. Mon accueil au sein de l'unité MIA de l'INRA de Toulouse a été particulièrement agréable. Les responsables administratifs Fabienne, Nathalie et Alain font un travail formidable (quelle réactivité!). Un grand merci à Maman Hiep, qui m'a accueillie dès les premiers mois de ma thèse dans le bureau MIA20 : même si je n'aime pas forcément les fourmis et Céline Dion, tes micros (ou macros suivant les jours) siestes et tes éclats de voix "La Vie!" nous ont vraiment bien fait rire, et quels nems! Merci aussi à Julia, pour qui la thèse n'est pas un long fleuve tranquille mais qui a su garder le sourire en toutes circonstances, et Charlotte, la bleue. Tu as débarqué comme un boulet de canon dans notre bureau tranquille et bouleversé nos vieilles habitudes de mamie mais je crois qu'on est toutes d'accord, on ne regrette rien! Fais attention quand même à ne pas dégrader le matériel de l'INRA en évaluant correctement tes dimensions J'en profite pour saluer les anciens doctorants Jimmy et Mathieu, qui se sont éclipsés alors que l'environnement doctoral se féminisait. Je remercie aussi les jeunes du labo, Anaïs et Damien, et les moins jeunes mais tout aussi drôles (sous réserve de comprendre leur humour) Sylvain, Damien et Régis. Merci aussi à Victor pour son aide bienvenue sur les derniers travaux de ma thèse. Y -a-t'il meilleur concentré de doctorants ailleurs qu'à l'IMT? Certainement pas. L'ex-bureau 201 en est la preuve vivante. Mes premiers remerciements sont donc destinés à mes anciennes cobureaux : Hélène, partie vivre de nouvelles aventures à Saclay (ton départ a fait du vide!), Anne-Claire, la cobureau du jeudi et vendredi, et ma "demi-soeur de papa n°1" Claire. Bien évidemment, tes petites discussions (et ronchonnades) intempestives me manquent là où je suis! Je remercie aussi les anciens MIPiens Anne-Charline, Mathieu et Fabien qui ont contribué à rendre ces années (et leurs repas) très agréables. Merci aussi à Mélanie (notre super organisatrice), Malika (la récente joggeuse), Raphaël (le gaucher, je n'ai pas dit gauche!), Yurii (l'âme de Mickaël Jackson), Tatiana (pour ses aventures Savannahiennes), Stéphane (pour s'inquiéter encore et toujours "ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus"), Sébastien (parce que j'espère qu'il mettra une bonne note à ma soeur), Claire D. (pour son coup de pouce pour les cours) et tous les autres que je ne cite pas mais qui ont su au cours des années renouveler la bonne humeur au labo Je remercie également Gaëlle avec qui j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler. Je suis très fière du travail qu'on a réussi à accomplir! J'en profite pour saluer Loïc, qui a eu l'immense honneur de goûter mon dentifrice. Pour ceux qui m'ont fait découvrir les plaisirs de l'Université à mon arrivée en L3 et pour les (trop?) nombreuses parties de cartes à la salle des photocopieuses, ou ailleurs, merci à JC, Matthieu, Marie-Anne, Sébastien, Victor et Aurélien, alias Monsieur Patate! Oublier Anne et Auriane, avec qui j'ai souffert pendant deux longues années de prépa, serait vraiment impardonnable. Des remerciements semblent s'imposer aux traumatisées de Rosy, Lacroixes, machine et autres. Ces longues soirées du jeudi, les cours de français et de physique, n'auraient pas été les mêmes sans vous! T ous les patineurs de Tarbes comme de Toulouse sont également remerciés pour m'avoir supportée ou pour supporter encore mon humour grinçant. Mes cibles favorites, Jennifer la vieille, Livie le schtroumpf et Alicia la blonde KK, mes rivaux Pierre et, tout récemment, Rosa, et mes amies les cervelles de piaf Delphine, Jessica et Gwen Un grand merci particulier à Anne-Sophie et Kévin, qui sont devenus aujourd'hui beaucoup plus que des amis patineurs pour moi! T out un paragraphe ne serait pas de trop pour remercier enfin Gracie, avec qui je partage la même vision du monde, Jack, le cousin biologique de Camille, et Olympe sa meilleure amie. Je remercie Jennifer pour ces parties endiablées de bataille navale et Aline, Pierre, Wiiill, Bonnie, Doriane pour leur soutien depuis l'âge de mes 12 ans. Je souhaite un très bon anniversaire à Max pour ses 45 ans et déjà 2 mois. Une grosse pensée pour Silvia et Justine, que je n'ai pas vue depuis (trop) longtemps, mais que je ne désespère pas de revoir très bientôt. E t je conclus comme il se doit par la famille. Famille restreinte certes, mais soudée oui! Tout d'abord, merci à mes parents, qui font que c'est encore un vrai plaisir de rentrer le week end, en dépit de leur grand âge, merci à tata Coco et ses rares séjours annuels pendant lesquels on dégoise bien, merci à l'autre Coco, qui est toujours ravi de nous voir, merci aux cousins (jeunes et moins jeunes) éparpillés dans tous les coins de la France et merci à ma grand-mère de Bayonne, qui pète encore la forme malgré ses 87 printemps. J'espère avoir autant d'énergie à ton âge! Un grand merci particulier à mes deux sisters : Julie, la plus grande, que tous les anciens doctorants connaissent bien. Ces années à Toulouse n'ont pas été de tout repos (j'en ai ramassé des mouchoirs pliés!), mais on s'est bien marrées! C'est plus maintenant que je vais faire des soirées roues, séries à gogo et vol d'Hector! Et la plus petite, Camille -dit méga gouffa-, qui m'a récemment rejointe à Toulouse (certains croient même que j'héberge une ado!). Virage à 180° pour la cohabitation : très bien éduquée, elle fait la vaisselle, le ménage et travaille, je recommande vivement. Enfin une qui va redorer l'image des Champions à l'université, dont l'invasion Championesque ne fait que commencer!! Rédiger ces dernières lignes n'est pas une chose facile pour moi. Mes derniers mots sont destinés à ma grand-mère puisque je n'aurais jamais imaginé qu'elle ne soit pas présente pour ma thèse. Il a fallu que tu partes pour que j'ai envie d'en savoir plus sur la vie que tu as mené, et quelle vie ! Berlinoise non francophone, fraîchement débarquée à 20 ans en France dans les années 45-50, pour suivre un garçon rencontré pendant la guerre, il fallait ta force de caractère (et ton grain de folie quand même) pour tenir! Tu es partie trop vite, tes "binvouis" me manquent mamie! Table des matières
I Introduction générale
1 Méthodes de sélection de variables pour l'apprentissage statistique supervisé. 1.1 L'apprentissage statistique supervisé. 1.2 Méthodes de sélection de variables pénalisées. 1.3 Méthodes basées sur de l'agrégation de modèles. 2 Outils d'analyse convexe en statistiques. 2.1 Rappels d'optimisation. 2.2 Méthodes de descente pour la résolution de problèmes d'optimisation. 2.3 Convergence, vitesse de convergence et complexité. 2.4 Approximation gloutonne pour l'optimisation convexe. 3 L'apprentissage de réseaux de régulation de gènes. II Sparse regression and support recovery with L2 -Boosting algorithms
1 Introduction..................................... 2 Greedy algorithms................................. 2.1 A review of the Weak Greedy Algorithm (WGA)............ 2.2 The Boosting algorithm in the noisy regression framework....... 2.3 Stability of support recovery........................ 2.4 Proof of stability results for Boosting algorithms............ 3 A new L2 -Boosting algorithm for multi-task situations............. 3.1 Multi-task Boost-Boost algorithms.................... 3.2 Stability of the Boost-Boost algorithms for noisy multi-task regression 3.3 Proof of stability results for multi-task L2 -Boosting algorithms.... 4 Numerical applications................... ............ 4.1 Stopping criterion............................. 4.2 Calibration of parameters......................... 4.3 Algorithms and methods.......................... 4.4 Numerical results.............................. 117 117 119 119 122 122 123 123 124 126 126 129 130 132 136 143 143 147 161 169 169
1 Chapitre I Introduction générale
Cette thèse aborde certains problèmes mathématiques posés par l'inférence de réseaux géniques. De tels réseaux sont des outils puissants de représentation et d'analyse de systèmes biologiques complexes à partir de données à haut débit. Ils permettent notamment de rechercher des liens fonctionnels entre entités biologiques (gènes, petites molécules). Certaines études visent à identifier des liens causaux entre les sommets c'est-à-dire à identifier quel(s) gène(s) modifie(nt) (active(nt) ou inhibe(nt)) l'état d'un autre gène. En médecine, l'étude de tels réseaux de régulation a, par exemple, pour objectif de découvrir de nouveaux traitements susceptibles soit de bloquer une interaction (qui peut conduire une cellule à devenir cancéreuse) soit de favoriser une relation (pouvant aboutir à la destruction d'une cellule cancéreuse). En agronomie, l'objectif est d'extraire des informations sur l'organisation de certains réseaux géniques impliqués par exemple dans la réponse des plantes à différents stress et d'identifier quels gènes (noeuds) peuvent jouer un rôle de facteur clef dans la réponse coordonnée de la plante à son environnement. Les recherches en génomique ont permis de réaliser des progrès considérables et ont conduit à l'acquisition de nouvelles connaissances qui sont à l'origine de l'ère post-génomique. Dans l'étude des données post-génomiques, une particularité, et par conséquent un des enjeux statistiques, réside dans la très grande dimension de l'espace des paramètres et dans le très petit nombre d'observations disponibles. Typiquement, les jeux de données sont caractérisés par un très grand nombre de gènes (plusieurs milliers), un bruit plutôt important et peu d'observations (quelques centaines dans les meilleurs cas). De plus, les réseaux étudiés dans ce manuscrit s'inscrivent dans le cadre de la génomique génétique, une branche de la biologie des systèmes qui combine des données discrètes et continues, correspondant aux niveaux d'expression des gènes, terme qui sera défini plus précisément par la suite, et à la présence de mutations sur la séquence d'ADN. Une modélisation possible d'un tel réseau est donnée par l'équation : E = E * B + M * A + ε, où E ∈ Mn,p (R) est la matrice des p variables quantitatives observées sur n individus, M ∈ Mn,m (R) est la matrice des m variables discrètes observées et ε est un bruit gaussien. 1 Méthodes de sélection de variables pour l'apprentissage statistique supervisé
Lorsqu'un phénomène physique, biologique ou autre, est trop complexe pour aboutir à une description analytique et une modélisation déterministe, il est courant d'avoir recours à un ensemble de techniques pour en décrire au mieux le comportement à partir d'une série d'observations. On parle alors de problème d'apprentissage. On distingue usuellement deux types de problèmes d'apprentissage. Dans le cas d'apprentissage supervisé, les observations fournies se présentent sous la forme de couples entrée-sortie (X, Y ), où la sortie Y, qui a été observée sur un même type d'échantillon que l'entrée X, est la variable à prédire. L'objectif est alors de trouver une fonction f susceptible de reproduire Y ayant observé X : Y = f (X) + ε, où ε symbolise l'erreur de mesure. S'il n'y aucune variable à expliquer, on parle alors de problèmes d'apprentissage non-supervisé, ou plus fréquemment de problèmes de classification non supervisée. Ceux-ci ont pour objectif de partitionner les entrées en plusieurs classes de façon à regrouper entre elles les observations de caractéristiques semblables. 3 Dans cette thèse, nous nous focaliserons sur des problèmes d'apprentissage statistique supervisé, pour lesquels l'ensemble d'apprentissage est constitué de n observations Yi ∈ Y, images de p variables explicatives Xi1,, Xip ∈ X par une fonction f perturbée par un bruit : ∀i ∈ J1, nK, Yi = f (Xi1,, Xip ) + εi, (I.1) où les Xi := (Xi1,, Xip ) (1 ≤ i ≤ n) sont des vecteurs indépendants et de même loi, et (εi )1≤i≤n est une suite de variables aléatoires centrées, simulant la présence de bruit. En pratique, X et Y (domaines dans lesquels évoluent (Xi )1≤i≤n et (Yi )1≤i≤n ) seront égaux à R. Notons que les t vecteurs X j := (X1j,, Xnj ) (1 ≤ j ≤ p), où t U désigne la transposée du vecteur U, ne sont pas nécessairement indépendants. Pour un aperçu détaillé des problèmes d'apprentissage statistique supervisé, on pourra se référer à [Vap98], [Bis06] et [HTF09]. Les problèmes de sélection de variables consistent plus précisément à chercher les variables les plus pertinentes pour expliquer et prédire les valeurs prises par la variable à prédire. Nous renvoyons à titre d'information aux travaux de Guyon et al. [GE03] et Liu et al. [LM07]. 1.1 L'apprentissage statistique supervisé
L'objectif de cette section est de présenter une vue d'ensemble des techniques liées à l'apprentissage statistique supervisé. Elle permet notamment d'introduire des outils qui seront utiles dans la suite de ce manuscrit.
1.1.1 Risque et prévision
Les performances des méthodes d'apprentissage ou des modèles issus de la même méthode d'apprentissage, s'évaluent par leurs qualités de prévision. Pour prédire la réponse Y, on cherche une fonction fˆ appartenant à l'ensemble F = {f : X → R, f mesurable} telle que Ŷ := fˆ(X) est proche de Y. fˆ est alors appelé prédicteur, ou règle de prévision de f. La distance entre Y et fˆ(X) est mesurée par une fonction dite de perte l : Y × R → R+. Les performances de la règle de prévision fˆ sont alors mesurées en terme de risque réel, ou risque théorique, défini par : Z ˆ l(y, fˆ(x))dP (x, y), R(f ) = X ×Y où P désigne la loi jointe des observations (inconnue). Le meilleur prédicteur est obtenu en résolvant le problème suivant [Vap95] : f ∗ = argmin R(f ), (I.2) f ∈F et est plus connu sous le nom d'oracle. Le risque empirique est défini comme la moyenne des pertes sur les points de l'échantillon d'apprentissage : n 1X l(Yi, fˆ(Xi )).
R̂n (fˆ) = n
i=1 4
D'après la loi des grands nombres, nous pouvons en déduire que, pour une règle de prévision fˆ fixée, le risque empirique converge vers le risque réel lorsque la taille de l'échantillon d'apprentissage tend vers l'infini. On peut a insi approcher l'oracle f ∗ par la mesure du minimum du risque empirique : fˆ = argmin R̂n (f ). (I.3) f ∈F Remarquons que la minimisation du risque empirique sur l'ensemble des règles de prévision F possibles peut parfois s'avérer non judicieuse. Si le prédicteur fˆ associé à (I.3) s'ajuste parfaitement aux données, il n'est pas forcément capable de s'appliquer à des données qui n'ont pas participé à son estimation. Ceci conduit au phénomène de sur-apprentissage. Si l'on souhaite faire de la prévision, il apparaît que le meilleur modèle n'est alors pas toujours celui qui ajuste le mieux le vrai modèle. Le choix du modèle est basé sur des critères de qualité de prévision pouvant par exemple privilégier des modèles de plus petite complexité, ou plus parcimonieux. (I.4) f ∈H
Supposons que l'espace d'hypothèses H soit fini, par exemple H = {h1,, hM }. La règle de ∗ associé à H, puisqu'elle satisfait prévision fˆ définie par l'Equation (I.4) imite alors l'oracle fH l'inégalité oracle suivante : pour tout 0 < δ < 1, avec probabilité au moins 1 − δ, s 2M 2 ˆ log.
R(f )
≤
min R(hj ) + 1≤j≤M n δ
La théorie de Vapnik et Chervonenkis a permis d'étendre ces résultats à des espaces H plus généraux, notamment pour des problèmes de classification (pour plus de détails, se référer à [Vap95]). Elle fait principalement intervenir la notion de dimension de Vapnik-Chervonenkis (ou dimension VC) de H, notée VCH, qui mesure la richesse de l'espace H. Si H est de VC-dimension finie, pour tout 0 < δ < 1, avec probabilité au moins 1 − δ, l'inégalité suivante est satisfaite :
r r 2(VC log(n + 1) + log 2) 2 log (1/δ) H +. R(fˆ) ≤ min R(f ) + 4 f ∈H n n
La différence entre le risque réel de notre estimateur fˆ, donné par l'Equation (I.4), et celui de l'oracle peut se décomposer sous la forme :
∗ ∗ R(fˆ) − R(f ∗ ) = R(fˆ) − R(fH ) + R(fH ) − R(f ∗ ). | | {z } {z } Erreur
d'estimation
L'erreur d'estimation est aléatoire, de par sa dépendance aux données. Elle permet de quantifier ∗ et correspond à un terme de variance. L'erreur d'approximation (ou la difficulté d'estimer fH biais) mesure quant à elle à quel point l'espace d'hypothèse H est proche de la cible f ∗ et ne dépend pas des données. Notons que plus l'espace d'hypothèse H est grand, plus l'erreur d'approximation peut être petite, mais plus l'erreur d'estimation peut être grande. En d'autres termes, plus un modèle est 5 complexe, plus il intègre de paramètres et plus il est capable de s'ajuster aux données (biais réduit) mais moins il est capable de s'appliquer à des données qui n'ont pas participé à son estimation. Un des enjeux en apprentissage statistique supervisé consiste alors à trouver un juste équilibre entre biais et variance. Une alternative possible à la minimisation du risque empirique consiste à ce titre à utiliser des algorithmes d'approximation, tels que l'algorithme L2 -Boosting, largement étudié dans ce manuscrit. Comme nous le verrons par la suite, ils permettent de contrôler d'une part le biais d'estimation de f et, d'autre part, la variance d'approximation de f. De manière plus générale, cette problématique a principalement conduit à l'élaboration de méthodes de sélection de variables que nous présentons dans les Sections 1.2 et 1.3.
1.1.2 La grande dimension et le recouvrement du support
Un deuxième enjeu de la théorie de l'apprentissage statistique repose sur le principe de grande dimension, lorsque le nombre de variables p observées est très important devant la taille de l'échantillon n. Les travaux de Vapnik [Vap98] en théorie de l'apprentissage statistique ont conduit à s'intéresser à la présence de propriétés théoriques évaluant les performances des méthodes d'estimation lorsque l'on fait croître la taille de l'échantillon vers l'infini. Ce cadre d'étude s'est imposé en apprentissage ces dernières années avec l'émergence du big data, ou mégadonnées, qui se caractérise par le fait que les jeux de données sont gigantesques tant par leurs tailles (n grand) que par la dimension des données (p grand). Cependant, s'il est vrai que les résultats présentés concernent finalement le cas où n, p → +∞ à une vitesse maîtrisée, il faut souligner le fait que le problème central pour la reconstruction de réseaux biologiques se rapporte à des tailles d'échantillon n petites devant le nombre d'observations p. Les principaux résultats que l'on peut espérer obtenir font alors intervenir des hypothèses concernant notamment un contrôle du nombre de variables p := pn en fonction de n. Parmi les propriétés théoriques basiques, on trouve celles qui concernent : - la vitesse de convergence d'un estimateur qui nous donne une idée du comportement d'un eur, ou du risque de cet estimateur, lorsque n tend vers l'infini, - la consistance de l'estimateur. La consistance est un outil plus fin que la convergence. Elle garantit la convergence en probabilité d'un estimateur vers la valeur théorique (inconnue mais supposée existante), - les inégalités oracles. Elles permettent de comparer le risque de l'estimateur avec le risque de l'oracle, défini suivant l'Equation (I.2). Elles s'écrivent sous la forme : R(fˆ) ≤ (1 + η)R(f ∗ ) + r(n, p), où η ≥ 0 et r(n, p) est un terme résiduel négligeable devant R(f ∗ ), pouvant dépendre de η. Dans le cas où η = 0, on parle d'inégalités oracles précises. 1.2 Méthodes de sélection de variables pénalisées
L'apprentissage statistique supervisé a pour objectif de trouver une règle de prévision fˆ suivant des critères de qualité présentés dans la Section 1.1. On pourrait penser que plus on augmente le nombre de variables décrivant chaque observation d'un échantillon, plus on dispose d'informations concernant ces observations et plus on en facilite et on améliore l'apprentissage du modèle. Cependant, la qualité de la prévision ne dépend pas du nombre d'informations à disposition mais essentiellement de la pertinence de ces informations. La sélection de variables est un processus très important en apprentissage statistique supervisé : à partir d'une série de variables candidates, le statisticien cherche les variables les plus pertinentes pour expliquer ou prédire les valeurs prises par la variable à prédire. Ceci conduit à rechercher des modèles parcimonieux, qui ont un nombre restreint de variables explicatives. Il y a principalement deux méthodes de sélection de variables : la première consiste à simplifier le modèle appris en réduisant son nombre de variables (critères et algorithmes de sélection de variables, pénalisation en norme l1 ) tandis que la deuxième consiste à contraindre les paramètres du modèle en les réduisant (pénalisation en norme l2 ).
1.2.1 Critères de choix de modèles
Les premiers critères de choix de modèles apparaissant dans la littérature sont les critères de validation croisée PRESS [All71], le Cp de Mallows [Mal73], le critère d'information AIC [Aka74] ou le critère bayésien BIC [Sch78]. Le critère PRESS est l'ancêtre de la validation croisée dans sa version actuelle. Il s'appuie sur le principe qu'il ne faut pas utiliser le même échantillon à la fois pour construire et évaluer l'estimateur. Si l'on note fˆ X(i) la prévision de calculée sans tenir compte de la i-ème 7 observation (Yi, Xi1,, Xip ), la somme des erreurs quadratiques de prévision, ou critère PRESS, est définie par : n 2 1 X PRESS = Yi − fˆ X(i). n i=1 La minimisation de ce critère permet de sélectionner des modèles ayant de bons pouvoirs prédictifs mais elle peut parfois être lourde à calculer pour des modèles complexes. Une généralisation du critère PRESS consiste à couper aléatoirement l'échantillon d'origine en k groupes. L'échantillon test, permettant de calculer l'erreur faite sur chaque estimateur, est alors constitué à tour de rôle de l'un des k groupes. Les k − 1 autres groupes, permettant d'estimer le paramètre, constituent l'ensemble d'apprentissage. Le modèle choisi est celui qui minimise l'erreur moyenne de prévision sur les échantillons tests. On parle alors de k-fold validation croisée. Le choix de k entre 5 et 15 est couramment k = 10 [MDA04]. Cette valeur est par exemple implémentée par défaut dans le logiciel R. On peut parfois privilégier des critères dont le calcul est immédiat. C'est le cas par exemple du Cp de Mallows [Mal73], défini par : Cp = 2 ˆ(Xi ) Y − f i i=1 Pn σ̂ 2 + 2p − n, où σ̂ 2 est un estimateur de la variance de l'erreur de mesure ε. Dans le cas d'un modèle complet (non pénalisé), le Cp de Mallows vaut p. Il est alors d'usage de rechercher un modèle qui minimise le Cp de Mallows tout en fournissant une valeur proche de p. Enfin, les derniers critères largement utilisés dans la littérature sont basés sur une forme pénalisée de la vraisemblance du modèle afin de favoriser des modèles parcimonieux : Crit(λ) = −2 log L + pen(λ), où L est la vraisemblance du modèle considéré et pen(λ) est une pénalité choisie au préalable. Le critère AIC, par exemple, fait appel à une pénalité correspondant au double du nombre de paramètres k du modèle pen(λ) = 2k. Il est très proche du Cp de Mallows, et en est même un équivalent dans le cas du modèle linéaire et si la variance des observations est connue. Une variante possible du critère AIC, donnée par le critère BIC, consiste à pénaliser les modèles plus complets en ajoutant à la vraisemblance une pénalité de l'ordre de log(n)k. Dans s problèmes de sélection de variables, il peut parfois être souhaitable de laisser croître la taille du modèle, ou la complexité de l'espace sur lequel on minimise, avec le nombre d'observations. L'enjeu principal de ces méthodes pénalisées consiste alors à trouver une pénalité qui garantit une performance de sélection optimale. Les travaux de Birgé et al. [BM07], consacrés à l'étude des méthodes de calibration automatique de pénalités en sélection de modèles, sont basés sur une heuristique, appelée heuristique de pente, et ont permis de mettre en place un algorithme de calibration de pénalités optimales. Pour plus de détails, on pourra consulter [Mas07].
j=1
Notons alors θ 0 = (θj0 )1≤j≤p le vecteur dont les composantes sont les θj0P. Supposons de plus p que nous désirions approximer le modèle d'intérêt par la représentation j=1 θj gj (X), où un petit nombre seulement des variables (θj )j=1,,p sont non nulles. Dans le cas où p est grand, les méthodes gloutonnes sont des méthodes d'estimation efficaces permettant de trouver une solution à ce problème d'apprentissage. Elles sont basées sur des choix de solutions locales optimales d'un problème dans le but d'obtenir une solution globale de ce problème. Ces algorithmes sont souvent utilisés en intelligence artificielle pour résoudre des problèmes d'optimisation combinatoire, de par leur implémentation intuitive et leur rapidité d'exécution. Parmi les algorithmes gloutons les plus connus, on peut citer l'algorithme Forward qui consiste pas à pas à ajouter au modèle le prédicteur qui minimise le résidu, mesurant l'ajustement de la régression. La procédure s'arrête lorsque toutes les variables sont introduites ou lorsque la valeur des variables qu'il reste à ajouter au modèle ne dépasse pas un seuil donné. L'inconvénient de l'algorithme Forward est principalement que lors d'une itération donnée, il ne permet pas de corriger les erreurs de sélection faites durant les précédentes itérations, il est donc difficile de justifier l'optimalité globale de l'estimateur obtenu. Dans le but de corriger ces problèmes, l'algorithme Backward consiste cette fois à retirer pas à pas du modèle le prédicteur le moins informatif. Il démarre donc avec le modèle complet. Cette méthode est cependant plus coûteuse et très sensible au phénomène de ajustement de données. Dans un but amélioratif, Zhang [Zha11] propose alors de mixer ces deux algorithmes Forward et Backward en un seul algorithme, l'Adaptive Forward-Backward Greedy Algorithm (FoBa). L'algorithme FoBa permet d'estimer le modèle de manière itérative en ajoutant à chaque étape le prédicteur le plus important au modèle (étape Forward) et en enlevant celui qui est jugé le moins informatif (étape Backward). Ces méthodes souffrent cependant d'instabilités numériques [Bre95], [Tib96].
1.2.3 Régularisation en norme l2 : la régression ridge
Afin d'introduire du biais dans l'estimateur pour en améliorer les propriétés théoriques, on peut procéder à une régularisation en norme l2. L'estimateur ridge, introduit par Hoerl et al. θj gj j=1 2
Comme l'indique la Figure I.2 suivante, la norme l1 permet d'affiner la propriété de shrinkage de la régression ridge. Plus précisément, elle permet d'écraser les coefficients estimés vers 0 afin de produire des solutions parcimonieuses. Comme dans le cas de la régression ridge, si le paramètre de pénalisation λ vaut 0, on retrouve l'estimateur des moindres carrés. Si λ tend au contraire vers l'infini, on annule l'ensemble des composantes de θ̂Lasso.
Lignes de niveau
• Lignes de niveau •θ • •θ θ̂Lasso θ̂ridge Points admis
s
ibles
Points admissibles Figure I.2 – L'estimateur Lasso produit beaucoup de coefficients nuls. Les zones grises correspondent aux espaces de contrainte (kθk1 ≤ λ pour l'estimateur Lasso et kθk2 ≤ λ pour l'estimateur ridge), tandis que les ellipses représentent les lignes de niveau de la norme euclidienne. Les ellipses sont plus facilement en contact avec une face de la boule l1 de faible dimension, le point de contact correspondant à l'estimateur Lasso a donc plus de coefficients nuls. De nombreux résultats théoriques ont été établis dans la littérature statistique mais ceux-ci ont été obtenus au prix d'hypothèses plus ou moins contraignantes concernant notamment la matrice de Gram Ψ = t XX, en particulier, la condition de valeur propre restreinte [BRT09] suivante : Hypothèse 1 (Condition Re(s,c0 )). Une matrice X ∈ Mn,p (R) satisfait la condition de valeur propre restreinte Re(s,c0 ) si : κ(s, c0 ) = min
min δ6=0 S⊂{1,,p} |S|≤s kδS C k
≤
c0 kδS k1 1 kXδ
√ > 0, n kδS k où δS désigne le vecteur δ restreint aux colonnes dont les éléments appartiennent à S et S C est le complémentaire de S. Sous la condition que cette hypothèse soit satisfaite, Bickel et al. [BRT09] ont obtenu une inégalité oracle en prédiction pour l'estimateur Lasso : 10 Théorème 1.1 (Inégalité oracleqen prédiction, [BRT09]). On considère l'estimateur Lasso cor√ respondant à la pénalité λ = Aσ logn p, avec A > 2 2. Supposons que la condition Re(s,3 + 4/η) est satisfaite pour la matrice D := (gj (Xi ))1≤i≤n,1≤j≤p avec η > 0. Avec probabilité au moins 2 1 − p1−A /8, il existe alors Cη dépendant uniquement de η tel que : 2 Cη A2 σ 2 s log p 1 1 0 2 0 Xθ − Xθ + 2 X θ̂Lasso − Xθ ≤ (1 + η) infp. θj gj j=1
Par rapport à l'estimateur Lasso, le terme de pénalisation en norme l2 encourage les variables fortement corrélées à être moyennées, tandis que la pénalisation en norme l1 assure une solution de dimension limitée. Il peut aussi parfois être intéressant de prendre en compte la structure de groupe des données : supposons que la matrice du dictionnaire D := (g1,, gp ) soit constituée de q blocs de tailles P respectives p1,, pq telles que qi=1 pi = p. L'estimateur Group Lasso θ̂GL [YL06] est défini pour un certain λ > 0 comme solution du problème d'optimisation : p θ̂GL 2
X
1
θj gj Y −
= argmin θ=(θ 1,,θ q ) 2 j=1 +λ 2 q X 1/2 pj θj 2. j=1 Dans le cas où D est constitué de blocs de taille unitaire, ce problème d'optimisation coïncide avec le problème d'optimisation lié à l'estimateur Lasso. Dans le cas contraire, le paramètre estimé a effectivement tendance à privilégier des structures de groupe. Une application intéressante de l'estimateur Group Lasso concerne la régression multi-tâches donnée par l'Equation (I.5). Soit D le dictionnaire de fonctions (gj )j=1,,p permettant de décomposer chacune des fonctions (ou tâches) fi (1 ≤ i ≤ m). L'objectif à atteindre est l'approximation de chaque fi sous la forme : p X ˆ θ̂i,j gj. ∀i ∈ J1, mK, fi = j=1 Pour chacune des tâches considérées, notons Si le support de fi : Si = {j ∈ J1, pK, θi,j 6= 0}. 11 Il est évidemment naturel de s'attendre à ce que les supports Si (1 ≤ i ≤ m) se chevauchent : ∩1≤i≤m Si 6= ∅. Le problème d'estimation peut alors être traité en estimant, non pas chacun des supports Si (1 ≤ i ≤ m) indépendamment les uns des autres, mais en estimant un support global de f := (f1,, fm ), c'est-à-dire l'ensemble des variables intervenant dans au moins l'une des régressions, puis en estimant a posteriori les supports individuels (pour plus de détails, voir [OWJ11]). On se ramène ainsi à un problème plus simple puisque l'estimation de l'union des supports ∪1≤i≤m Si revient à estimer des groupes de variables. Des résultats théoriques ont été obtenus pour l'application du Group Lasso à ce type de structures au prix d'hypothèses concernant la matrice de covariance de X. Obozinski et al. [OWJ11] ont ainsiPmis en évidence l'existence d'un seuil, dépendant de n, p et la parcimonie totale s de f, s = i |Si |, en-dessous duquel le Group Lasso parvient à reconstruire exactement le support du signal avec grande probabilité. 1.3 Méthodes basées sur de l'agrégation de modèles
Face au très grand nombre de méthodes d'apprentissage statistique présentes dans la littérature, a emergé l'idée de les agréger pour tirer le meilleur parti de leurs avantages respectifs (voir par exemple [Vov90] et [LW94]). Parmi les principales procédures utilisées, on trouve celles qui reposent sur une construction aléatoire d'une famille de modèles, telles que le Bagging [Bre95] ou les forêts aléatoires [Bre01], et celles qui reposent sur une construction adaptative d'une famille de modèles, comme par exemple le Boosting [Fre90]. Ces procédures sont encore aujourd'hui largement plébiscitées pour leurs bonnes performances expérimentales (voir par exemple [Gha99], [RKA06]).
1.3.1 Le Bagging (ou Bootstrap aggregating)
Le principe du Bagging est le suivant : étant donné un échantillon (Xi, Yi )1≤i≤n de taille n, on génère q échantillons en effectuant n tirages indépendants avec remise dans l'échantillon initial. Ce type d'échantillon est appelé échantillon Bootstrap. On construit alors un estimateur agrégé en moyennant les résultats obtenus pour les modèles associés à chacun de ces échantillons. Le Bagging a principalement pour effet de réduire la variance globale du modèle. Le Bagging a donné naissance à toute une classe de familles de modèles. Ainsi, Bach [Bac08] a proposé une version Bootstrappée du Lasso dont l'idée est la suivante : pour une valeur donnée du paramètre de pénalisation λ du Lasso, on construit q estimateurs (Ŝk )k=1q du support S de f à partir de q échantillons bootstraps. L'estimateur Bolasso est alors construit sur l'intersection de ces q ensembles
: \ Ŝk. ŜBolasso = k∈{1,,q}
Les coefficients de régression sont enfin estimés par les moindres carrés. D'un point de vue théorique, Bach [Bac08] a montré la consistance du support avec grande probabilité, sous des hypothèses moins contraignantes que pour le Lasso.
1.3.2 Les forêts aléatoires
Dans le cas d'apprentissage par arbres binaires, les méthodes CART (Classification And Regression Trees) ont été introduites par Breiman et al. [BFOS84]. A chaque étape de cet algorithme, on partitionne une partie de l'espace en deux sous-parties. On associe à ce partitionnement un arbre binaire dont les noeuds sont associés aux éléments de cette partition, et une règle de découpe 12 d. La première étape de l'algorithme consiste alors à sélectionner la meilleure découpe d, c'està-dire celle qui minimise une fonction de coût donnée. Les arbres sont ainsi développés jusqu'à atteindre une règle d'arrêt. k n → 0, alors le classifieur construit à partir des forêts
L'idée de ce résultat est qu'il faut découper beaucoup d'arbres (k → +∞) pour réduire le biais, mais qu'il reste assez d'observations dans les feuilles des arbres ( nk → 0) pour contrôler la variance.
1.3.3 Le Boosting
L'idée de base du Boosting est de combiner un ensemble de classifieurs en améliorant adaptivement les compétences des plus faibles d'entre eux. La méthode originale de Schapire [Sch90] a été améliorée par Schapire et al. [SF96] par le biais de l'algorithme Adaptive Boosting (AdaBoost) pour la prévision d'une variable binaire. Le Boosting s'appuie sur le même principe que le Bagging : il construit un ensemble de classifieurs qui sont ensuite agrégés par une moyenne pondérée des résultats. Cependant, dans le cas du Boosting, cet ensemble de classifieurs est construit d'une façon récurrente et itérative. Plus précisement, chaque classifieur est une version adaptative du précédent en donnant plus de poids aux observations mal prédites. Pour le cas de la régression, Schapire et al. [SF96] a proposé l'algorithme AdaBoost.R. Dans la littérature, on trouve plusieurs variantes des algorithmes de Boosting qui diffèrent par leurs façons de pondérer les observations mal prédites, leurs façons d'agréger les modèles ou leurs fonctions de perte. Ainsi, si l'AdaBoost est basé sur une fonction de perte exponentielle, le LogitBoost [FLNP00a] fait appel à une fonction de perte logistique, et le L2 -Boosting [BY03], à une fonction de perte en norme l2. Notons que ce dernier est largement étudié dans ce manuscrit dans le cadre de la régression, pour laquelle nous ne faisons pas d'agrégation de modèles. De la même manière que le Bagging, le Boosting permet de réduire la variance du modèle, mais également son biais, grâce à son étape d'agrégation. De même, les forêts aléatoires sont basées sur des modèles de faible biais (arbres complets) et permettent elles aussi de réduire 13 significativement la variance. Les performances numériques de ces deux méthodes sont donc sensiblement les mêmes. 2 Outils d'analyse convexe en statistiques
Rappelons la problématique qui nous intéresse. Nous avons à disposition n observations (Xi, Yi )1≤i≤n ∈ X × Y i.i.d., générées suivant le modèle : ∀i ∈ J1, nK, Yi = f (Xi1,, Xip ) + εi, où (εi )1≤i≤n est une suite de variables aléatoires indépendantes et centrées, indépendantes de tous les Xi et modélisant la présence de bruit sur la réponse Y. L'objectif consiste à approximer la fonction f par une fonction linéaire d'éléments d'un dictionnaire (gj (X))j=1,,p dépendant des observations X := (X 1,, X p ) : fˆ(X) = p X θj gj (X). (I.6) j=1
Pour trouver une règle de prévision fˆ susceptible d'avoir produit Y à partir des observations X, une première méthode consiste à minimiser le risque empirique R̂n (f ) défini par : n R̂n (f ) = 1X l(Yi, fˆ(Xi )), n i=1 où l est une fonction de perte. Pour éviter les phénomènes de sur-apprentissage (voir Section 1), on s'intéressse plus particulièrement à la minimisation du risque empirique sous contraintes : fˆ = argmin R̂n (f ), (I.7) f ∈H où H désigne l'espace de recherche contraint. Nous avons présenté dans la section précédente des méthodes dites de sélection de variables nous permettant d'estimer f en ne conservant que les variables les plus pertinentes du modèle. Nous nous intéressons ici plus particulièrement aux techniques d'optimisation utilisées pour résoudre des problèmes d'optimisation plus généraux. La Section 2.1 rappelle des notions d'optimisation utilisées dans mes travaux de thèse. Dans la Section 2.2, nous présentons les méthodes de descente, mises en oeuvre pour résoudre des problèmes d'optimisation différentiables. La Section 2.3 concerne les notions de convergence et de complexité des algorithmes d'optimisation. Dans la Section 2.4, nous nous intéressons enfin à une adaptation des algorithmes gloutons à l'optimisation convexe. 2.1 Rappels d'optimisation
Dans cette section, nous présentons des notions d'optimisation nécessaires à la compréhension de la suite de cette introduction. Un problème d'optimisation peut être formulé comme suit : min f (x), x∈E⊂F (I.8) où F est un espace de Banach, E est un sous-ensemble de F correspondant à l'ensemble des contraintes et f est une fonction de E ⊂ F dans R supposée différentiable. f est appelée la fonction objectif ou fonction coût. Résoudre l'Equation (I.8) consiste à trouver une solution locale (faute de mieux) à ce problème.
2.1.1 Eléments d'analyse convexe
Pour une lecture plus aisée de ce chapitre, nous rappelons quelques notions d'analyse convexe. Pour plus de détails, on pourra se référer aux ouvrages [Bre83] et [HUL93]. Notons h.,.i le produit scalaire sur E et k.k sa norme induite. Définition 2.1. Soit f : E → R une fonction différentiable. - f est convexe si : ∀λ ∈ [0, 1], ∀x, y ∈ E, f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y). - f est μ-fortement convexe si : ∀x, y ∈ E, f (y) ≥ f (x) + t ∇f (x)(y − x) + μ ky − xk2, 2 où ∇f désigne le gradient de la fonction f. Les notions de fonctions convexes et fortement convexes sont particulièrement importantes en théorie de l'optimisation puisqu'elles permettent d'affiner les résultats de convergence des algorithmes d'optimisation (voir la Section 2.3). Il en va de même des fonctions Lipschitz différentiables, définies par : Définition 2.2. Soit f : E → R une fonction différentiable. f est L-Lipsch itz différentiable si : ∀x, y ∈ E, |∇f (x) − ∇f (y)| ≤ L |x − y|, où L > 0 est la constante de Lipschitz différentiabilité.
2.1.2 Optimisation sans contrainte
Les problèmes d'optimisation sans contrainte sont définis par un problème d'optimisation (I.8), pour lequel E = F. Le Théorème 2.1 suivant donne une condition suffisante pour qu'un point x soit une solution du problème de minimisation (I.8). Théorème 2.1 (Condition d'optimalité sans contrainte). Soit x ∈ E satisfaisant les deux conditions suivantes : (i) ∇f (x) = 0, (ii) la Hessienne H(x) de f au point x est symétrique définie positive. Alors x est un minimum local de f. Remarquons que la condition (ii), ou condition du second ordre, revient à dire que f est localement convexe en x. 2.2 Méthodes de descente pour la résolution de problèmes d'optimisation
Dans ce paragraphe, nous décrivons les méthodes d'optimisation dites de descente, utilisées pour résoudre des problèmes de minimisation avec ou sans contraintes. Supposons dans un premier temps qu'il n'y a pas de contraintes. Le principe de base des méthodes de descente est le suivant : générer une suite de points (xk )k≥0 appartenant à E tels que : f (xk+1 ) ≤ f (xk ), pour tout k ≥ 0, où x0 est un point choisi arbitrairement. Ce schéma de convergence permet notamment d'assurer la convergence de la suite f (xk ) (si f (x) est borné) et l'amélioration de la fonction objectif.
2.2.1 Méthodes de descente du gradient
Le plus connu des algorithmes associés à ces méthodes est l'algorithme de descente du gradient, obtenu en remplaçant f par son développement de Taylor du premier ordre au voisinage de xk : x0 ∈ E, xk+1 = xk − γ∇f (xk ), (I.9) où γ est le pas de descente. L'algorithme de descente du gradient peut être légèrement modifié par un choix (local) optimal de pas de descente γ, à chacune des itérations de l'algorithme. L'algorithme de descente à pas optimal est ainsi défini de la manière suivante : x0 ∈ E, n o xk+1 = xk − γk ∇f (xk ), où γk = argmin f xk − γ∇f (xk ). (I.10) γ>0 Remarquons que les algorithmes de descente du gradient peuvent conduire à une approximation d'un minimum local de la fonction objectif mais peuvent requérir de nombreuses itérations pour trouver ce minimum à précision donnée. Un exemple d'applications des algorithmes de descente du gradient pour la minimisation de la fonction f : (x, y) ∈ R2 7→ 1 2 7 2 x + y, 2 2 16
Figure I.3 – Itérations des algorithmes de descente de gradient à pas fixe γ = 0.01 et 0.25 et à pas optimal, pour la minimisation de la fonction f (x, y) = 1/2x2 + 7/2y
2. Le point de départ est (7.5, 1.5). Les algorithmes sont stoppés au bout de 1340 itérations, resp. 49 et 43 iterations, pour γ = 0.01, resp. γ = 0.25 et γ optimal. est donnée par la Figure I.3. Cette méthode a l'avantage d'être facile à implémenter et de posséder des garanties de convergence sous réserve notamment de conditions sur la structure de la fonction objectif f (voir la Section 2.3). Elle souffre en revanche d'un inconvénient de faible convergence dans le cas de problèmes mal conditionnés. Ces problèmes se manifestent par des surfaces d'erreur ressemblant à de longs ravins : la pente est forte dans certaines directions mais faible dans d'autres. Dans ce cas, le gradient ne pointe pas vers le minimum mais plutôt dans la direction du meilleur gain immédiat. Si le pas effectué dans cette direction est trop grand, l'optimum va osciller entre les deux côtés du ravin et réaliser peu de progrès dans les autres directions. Un moyen d'améliorer ces faiblesses des algorithmes de descente de gradient consiste à utiliser la méthode de Newton. 2.2.2 Pour construire les méthodes de descente de gradient, nous avons remplacé f par son approximation linéaire au voisinage de l'itérée courante. Ces méthodes ne sont pas très performantes puisqu'elles ne tiennent pas compte de la courbure de la fonction qui est une information de second ordre. Afin d'améliorer les résultats des algorithmes de descente du gradient, la méthode de Newton consiste à remplacer la fonction f par son développement de Taylor de second ordre : x0 ∈ E xk+1 = xk − H(xk )−1 ∇f (xk ), (I.11) où l'on suppose que la Hessienne H(xk ) de f en xk est définie positive. dk est alors appelé la direction de Newton. Comme nous le verrons dans la Section 2.3, la méthode de Newton améliore considérablement la vitesse de convergence, notamment dans le cas où la Hessienne est définie positive. Cependant, le calcul de cette matrice Hessienne requiert un coût de calcul particulièrement élevé. De plus, dans le cas où celle-ci n'est pas définie positive, la méthode de Newton n'est pas régulière et peut faire des sauts incontrôlés.
2.2.3 Cas contraint
Afin de résoudre un problème d'optimisation sous contraintes, l'idée est de se ramener à la résolution d'un problème d'optimisation sans contraintes en introduisant le Lagrangien qui lui est associé, défini comme suit : L: F × Rp × Rq −→ R (x, λ, μ) −→ L(x, λ, μ) = f (x) + p X λi hi (x) + i=1 q X μj gj (x) j=1 = f (x) + t λh(x) + t μg(x), où λ = t (λ1,, λp ) et μ = t (μ1,, μq ). Trouver une solution au problème primal (I.8), consiste alors à trouver un point optimal x∗ et un multiplicateur de Lagrange (λ∗, μ∗ ) au problème dual, ou problème relaxé : min L(x, λ, μ). x,λ,μ Remarquons que trouver une solution au problème dual est équivalent à trouver les points-selles du Lagrangien (pour plus de détails, voir [Bre83]). Un exemple d'applications de relaxation de problèmes d'optimisation sous contraintes est l'estimateur Lasso. Celui-ci est défini par : 1 kY − Xθk22. (I.12) θ̂Lasso = argmin p n θ∈R tel que kθk1 ≤ t, mais plus généralement calculé sous la forme relaxée : 1 kY − Xθk2 + λ kθk1. θ̂Lasso = argmin n θ∈Rp (I.13) Les problèmes (I.12) et (I.13) sont équivalents : pour tout λ ≥ 0, il existe t ≥ 0 tel que les solutions aux problèmes (I.12) et (I.13) coïncident et inversement. Pour plus de détails, on pourra consulter [OPT99]. Dans le cas où l'ensemble des contraintes E est convexe, les algorithmes de descente de gradient projeté permettent de trouver une solution au problème d'optimisation (I.8) en ajoutant à l'algorithme de descente de gradient une étape de projection (voir la Figure I.4 suivante). A chaque étape k de l'algorithme, pour s'assurer que le point courant xk+1, satisfaisant l'Equation (I.10), appartient à E, on projette xk+1 sur E : x0 ∈ E, n o xk+1 = ProjE xk − γk ∇f (xk ), où γk = argmin f xk − γ∇f (xk ). γ>0 (I.14) 18 y k+1
• projection sur E • k+1 x descente de gradient •k x E Figure I.4 – Illustration de l'algorithme de descente de gradient projeté. 2.3 Convergence, vitesse de convergence et complexité
Etudier la convergence d'un algorithme itératif, c'est étudier la convergence de la suite d'itérées générées par cet algorithme. Notons x∗ un point limite, solution du problème de minimisation : min f (x). x∈E⊂F Supposons que l'on choisisse comme test d'arrêt de l'algorithme de descente le critère optimal xk = x∗. Dans un monde idéal où tous les calculs sont exacts et la capacité de calcul illimitée, soit l'algorithme s'arrête après un nombre fini d'itérations, soit il construit une suite infinie de points x1,,xk, qui converge vers x∗. En pratique, un test d'arrêt devra être choisi pour que l'algorithme s'arrête toujours après un nombre fini d'itérations et que le dernier point soit suffisamment proche de x∗. Soit ǫ > 0 la précision demandée, plusieurs critères d'arrêt existent dans la littérature, notamment la stagnation de la solution xk+1 − x∗ ≤ ǫ xk, mais aussi la stagnation de la valeur courante f (xk+1 ) − f (xk ) < ǫ f (xk ), correspondant chacun à un type de convergence différent. Il est bien entendu très important de garantir la convergence d'un algorithme sous certaines hypothèses mais la vitesse de convergence et la complexité sont également des facteurs à prendre en compte lors de l'utilisation d'un algorithme. En effet, ils garantissent un équilibre entre la précision, la stabilité et la vitesse de cet algorithme.
2.3.1 Il existe différents types de vitesse de convergence : - linéaire
: xk+1 −
x∗
lim
=
τ, k→
+
∞
kxk − x∗ k
où
τ > 0,
- superlinéaire
:
xk+1 − x∗ lim = 0, k→+∞ kxk − x∗ k - d'ordre p (ou quadratique lorsque p = 2) : lim k→+∞ xk+1 − x∗ p = τ. kxk − x∗ k 19 Bien entendu, plus la vitesse de convergence de l'algorithme est grande, meilleures sont la convergence et la
précision
de
l'algorithme. Sans hypothèse sur la structure de f, il est difficile d'établir un résultat sur la convergence de l'algorithme de descente de gradient. Les premiers résultats de convergence ont été établis par Nesterov [Nes04] au prix des hypothèses suivantes : (i) la dérivée de f est M -Lipschitz différentiable (condition du second ordre), (ii) il existe un minimum local x∗ de f tel que la Hessienne H(x∗ ) de f en x∗ est définie positive et satisfait : lIn ≤ H(x∗ ) ≤ LIn, où In est la matrice identité d'ordre n (dimension de l'espace E), l, L ∈ R∗+, (iii) le point de départ x0 de l'algorithme est suffisamment proche de x∗ : x0 − x∗ ≤ r0 := 2l. M Sous ces hypothèses, Nesterov [Nes04] obtient une vitesse de convergence linéaire pour l'algorithme de descente du gradient, donnée par le Théorème 2.2. Théorème 2.2 ([Nes04]). Sous les hypothèses (i), (ii) et (iii), la vitesse de convergence de l'algorithme de descente du gradient est linéaire : k ∀k ∈ N, x −x ∗ ≤C 1− l L+l k, où C > 0 est une constante dépendant de x0 − x∗, l et M. Remarquons que sous les mêmes hypothèses, un résultat similaire (voir Théorème 2.3 suivant) a été démontré par Nesterov [Nes04] pour la méthode de Newton. Théorème 2.3 ([Nes04]). Supposons que les hypothèses (i), (ii) et (iii) soient satisfaites avec 2l r0 := 3M. La vitesse de convergence de l'algorithme de Newton est alors quadratique : 2 ∀k ∈ N, x k+1 −x ∗ M xk − x∗. ≤ 2 (l − M kxk − x∗ k) Notons que l'hypothèse (ii) sur la structure de la Hessienne n'est pas vérifiable en pratique et les hypothèses (i) et (iii) sont très restrictives. Cependant, on peut remplacer ces hypothèses en se restreignant à l'étude des fonctions objectifs convexes (voire fortement convexes), ce qui garantit notamment la convergence vers un minimum global (et non local!) de l'algorithme.
2.3.2 Complexité
La complexité d'un algorithme fait référence à la notion de temps de calcul nécessaire pour que l'algorithme fournisse une solution au problème d'optimisation, indépendamment de la machine utilisée ou du langage de programmation employé. Plus précisément, on définit la fonction de complexité C(n) d'un algorithme comme le nombre maximal d'opérations élémentaires nécessaires au calcul pour une entrée de taille n. La complexité d'un algorithme est alors définie comme étant l'ordre de sa fonction de complexité. Elle permet de donner une idée du comportement asymptotique de cette dernière vers +∞. L'exécution d'algorithmes d'ordre O(1) (ordre de grandeur constant) est ainsi par exemple indépendante du nombre de variables, tandis que 20 l'exécution d'un algorithme d'ordre O(n) (ordre de grandeur linéaire) dépend linéairement du nombre de variables. L'étude de la complexité des algorithmes en optimisation, notamment par Papadimitriou [Pap94], a permis de répartir ces problèmes en différentes classes. Parmi les plus connus, on peut citer la classe des problèmes P, pour lesquels une solution peut être déterminée par un algorithme de complexité au plus polynomiale. Les problèmes de type NP correspondent à des problèmes pour lesquels si une solution possible est donnée, on peut vérifier cette solution en un temps polynomial. Ce sont des problèmes pour lesquels il existe un algorithme efficace. Les problèmes de type NP constituent une classe de problèmes difficilement résolubles. Le choix d'un algorithme pour résoudre un problème d'optimisation nécessite un juste équilibre entre convergence de l'algorithme vers un point, si possible un minimum de la fonction objectif, et complexité de l'algorithme pour limiter le nombre d'opérations nécessaires au calcul de cette solution. Typiquement, la méthode de Newton assure une convergence plus rapide que l'algorithme de descente du gradient mais sa complexité est de l'ordre de O(n3 + n2 k), où n correspond à la dimension de l'espace de recherche E et k est le nombre d'itérations de l'algorithme, ce qui correspond à la formation et l'inversion de la matrice Hessienne. Lorsque la dimension de l'espace n devient trop importante, la complexité de l'algorithme explose et il devient inutilisable.
2.3.3 Notion d'oracle en optimisation Pour
obtenir l'itérée suivante l'algorithme a besoin d'informations sur la fonction objectif f, notamment la valeur numérique de f en un point donné x et la valeur du gradient ∇f (x). Ces informations sont fournies par une boîte noire, i.e. par un sous-programme indépendant de l'algorithme d'optimisation choisi. Par analogie avec la complexité d'un algorithme, la complexité oracle correspond au nombre de fois où l'on fait appel à l'oracle pour obtenir une solution avec précision ǫ. Remarquons que les résultats concernant la complexité des algorithmes dépendent essentiellement des hypothèses effectuées sur la structure de f (convexité, forte convexité, Lipschitz différentiabilité,). Supposons que f est convexe et que l'ensemble E est inclus dans une boule euclidienne de rayon R. Ce résultat provient de l'étude de la décroissance de la fonction objectif au cours des itérations 1 |∇f (x)|2. Dans le cas contraint, ce taux de l'algorithme de descente de gradient, de l'ordre de 2L de décroissance est modifié par l'étape de projection et on montre alors que : ∀k ≥ 0, f (xk ) − f (x∗ ) ≤ 3L x0 − x∗ 2 + f (x0 ) − f (x∗ ). k Pour obtenir une solutionavecprécision ǫ > 0, l'algorithme de descente de gradient projeté ne 2 itérations. requiert ainsi plus que O LR ǫ Un cas particulier concerne les fonctions μ-fortement convexes et dont le gradient est uniformément borné par L, pour lesquelles Lacoste et al. [LJSB02] ont montré : Théorème 2.6. Supposons que f est L-Lipschitz et μ-fortement convexe. L'algorithme de des√. satisfait alors : cente de gradient projeté (I.14) admettant pour pas de descente γk = R L
k
∀
k
≥ 0,
f k−1 X l=0 2l xl k(k − 1)! − f (x∗
)
≤
2L2. μk 1
Comme précédemment, le nombre d'itérations requis est de l'ordre de O μǫ. On peut alors espérer améliorer grandement ces bornes de convergence en combinant les hypothèses f est μfortement convexe et f est L-Lipschitz différentiable. C'est l'objet du Théorème 2.7 suivant : Théorème
2.7
.
Supposons que f est μ-fortement convexe et L-Lipschitz différentiable. L'algo2. satisfait : rithme de descente de gradient projeté (I.14) admettant pour pas de descente γk = L+μ 4(k − 1) L ∀k ≥ 0, f (x ) − f (x ) ≤ exp − L 2 μ +1 k ∗! x0 − x∗ 2. Le Théorème 2.7 implique que lacomplexité oracle de l'algorithme de descente de gradient projeté est de l'ordre de O Lμ log 1ǫ. Une conséquence immédiate de ce résultat est que les fonctions μ-fortement convexes et L-Lipschitz différentiables peuvent être optimisées en très grande dimension avec une très bonne précision. Le Tableau I.1 résume les différents taux de convergence obtenus sous les différentes hypothèses effectuées sur la structure de f. Remarquons que les différents résultats obtenus donnent des bornes supérieures des taux de convergence de l'algorithme de descente du gradient projeté. Les travaux de Nemirovsky et Yudin [NY83] et Nesterov [Nes04] autour des procédures dites de boîtes noires ont permis d'obtenir des bornes inférieures pour la complexité oracle. Elles assurent notamment l'existence d'une fonction f pour laquelle les taux de convergence présentés dans le Tableau I.1 sont optimaux.
22 f taux de convergence L-Lipschitz √ RL/ t R2 L2 /ǫ2 L-Lipschitz différentiable R2 L/t R2 L/ǫ μ-fortement convexe L-Lipschitz L2 /(μt) L2 /(μǫ) μ-fortement convexe L-Lipschitz différentiable LR2 exp (−tμ/L) L/μ log LR2 /ǫ
Table I.1 – Taux de convergence et nombre d'itérations nécessaires à l'obtention d'une solution avec précision ǫ pour l'algorithme de descente de gradient projeté.
| 4,347
|
63/tel.archives-ouvertes.fr-tel-03419507-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 10,512
| 15,381
|
56) et il rejette alors l'usage de l'appellation « marché » (Bourdieu 1997a, 2000) : ce choix témoigne d'une part d'une volonté de démasquer l'« erreur scholastique » des économistes, d'autre part de (r)établir la vérité du fonctionnement des 30 échanges économiques, ensemble de pratiques qu'il est possible de soumettre à l'analyse des « champs ». Contrairement aux autres champs dont Bourdieu ne cesse d'affirmer qu'il faut en prouver empiriquement l'existence, le « champ économique » est posé comme un a priori (François 2008, pp. 92-95) : il est peuplé d'acteurs, des consommateurs mais surtout des entreprises, qui peuvent être hiérarchisés selon des principes de domination simples, qui opposent les entreprises puissantes aux entreprises faibles, les vendeurs aux acheteurs, etc. Les mécanismes d'interaction puisent dans l'arsenal classique bourdieusien, même si l'auteur reste assez flou sur la manière dont sa théorie de la pratique économique se transpose à l'analyse des entreprises. Mais surtout, Bourdieu exprime une volonté de formalisation qu'il n'a jamais formulée aussi clairement dans les analyses qu'il livre des autres champs sociaux (académique, littéraire, du pouvoir, etc.). Reprenant à son compte les prétentions à la vérité formelle des économistes (et la violence symbolique qu'elle charrie), Bourdieu (1997a) souhaite ainsi « que soit produite une formalisation obéissant [aux] principes » de la théorie des champs : il ne s'agit donc pas uniquement de s'intéresser aux pratiques économiques, mais d'identifier les propriétés et la structure formelles du champ31. Dans ce travail, nous ne poursuivrons pas une telle approche formaliste : notre objectif consiste plutôt à prendre pour point de départ le travail, politique et réformateur, de construction d'une offre de crédit non affecté et les controverses qui émergent à cette occasion, puis de revenir, dans un second temps, à l'analyse de la structure du marché. Ainsi, si nous mettons en évidence l'existence de prêteurs multiples, offrant des types de crédit différents à des groupes segmentés de client-e-s, cette structuration apparaît comme une conséquence des processus mis en évidence et non comme un a priori de l'analyse. En un sens, cette approche cherche à renouer avec certaines des ambitions plus générales exprimées par Bourdieu, tel qu'il les formule à la fin du Champ économique (1997a, p. 31 nécessité de penser les rapports entre le niveau des pratiques économiques et le niveau politique d'encadrement ou d'orientation de ces pratiques.
1.2. Le marché comme ensemble de pratiques : expériences d'échange et dispositifs socio-techniques
À ces ambitions formalistes, on peut opposer un second ensemble de travaux qui mobilisent la notion de marché pour étudier des ensembles concrets d'expériences et d'interactions marchandes : le terme d'approche « pragmatique » a été suggéré par Muniesa (2007, 2014), mais également par Dubuisson-Quellier et Neuville (2003), afin de décrire cette manière d'appréhender les pratiques d'échanges. Ainsi, certaines études ont montré que le « marché du travail » est le produit d'interactions lors desquelles les candidats sont jugés, par le biais de dispositifs d'évaluation des compétences (Eymard-Duvernay et Marchal 1997), que le « marché du poisson » est mis en forme par les intermédiaires de la distribution (Debril 2000), or encore que le « marché des produits alimentaires » est médié par l'emballage et la présentation des produits (Cochoy 2002). Ces travaux cherchent à mettre au jour la forme prise par les échanges marchands et les registres d'interaction sur lesquels s'appuient les acteurs de marché, autant que les dispositifs de médiations, humains et socio-techniques, qui permettent la rencontre entre une offre et une demande, entre des consommateurs et des produits (Cochoy et Dubuisson-Quellier 2000, François 2004). Si cette pragmatique du marché présente l'avantage d'aborder les pratiques économiques sans a priori, sans présupposer l'existence d'une structure formelle, antérieure aux jugements des acteurs, elle rend simultanément difficile la prise en compte de différents niveaux d'expérience. En effet, le « marché » n'est dans ces travaux rien de plus que la réalisation d'un ensemble de pratiques d'échanges, que l'ensemble des réseaux d'acteurs et d'objets qui calculent et échangent en continu (Callon et Muniesa 2005) : il s'agit uniquement d'un niveau d'expérience, celui des transactions marchandes, que les économistes et certains arrangements socio-techniques ont contribué à ériger au rang de « boîte noire » (Latour 1991) et que les sociologues se doivent de déplier (Muniesa, et al. 2007 ; Muniesa 2014). Dans une première tentative d'élaboration théorique, Muniesa (2014, pp. 25-26) affirme ainsi que la réalité économique est constamment « provoquée », en train de s'effectuer, et que la sociologie se doit de traquer les réalisations, concrètes et complexes, de cet « Un » multiple : s'appuyant sur la pensée de Gilles Deleuze, l'auteur affirme il n'y a pas deux niveaux de réalité que seraient le monde économique et ses représentations, les transactions économiques et les discours (ou les 32 lois) qui s'en saisissent, le marché et sa construction, mais « only one layer – a cracked, filamentous and turbulent layer, bumpy and shaggy, but quite horizontal ». Cette perspective nous livre ainsi une conception d'un monde (économique) sans relief, où tout n'est pas que répétition du même, où l'on est réduit à ne mettre au jour que des opérations d'« association » (Latour 1984), puisque le sociologue n'observerait qu'un « seamless play of folding and unfolding in a world which is constituted only by what happens at its surface » (Muniesa 2014, p. 25)32. Or, peut-on accorder le même statut à des objets si différents que sont des contrats de prêts, des textes de loi ou des modèles construits pour formaliser certains rapports entre variables économiques? Participent-ils des mêmes assemblages? Peut-on traiter sur un même plan une interaction dans les bureaux d'une agence de crédit, un débat parlementaire qui doit décider de l'avenir de la régulation d'un secteur d'activité ou un éditorial publié dans un quotidien visant à dénoncer l'immoralité des pratiques d'usure au niveau local? Le « marché » existe aussi pour ceux qui ne participent pas directement aux échanges et nous montrons, dans ce qui suit, l'intérêt qu'il y a à distinguer différents niveaux d'expérience ainsi que les pistes empiriques offertes par une telle approche.
2. Le marché comme manière de penser. Logique de marché et processus de marchandisation
Indépendamment de ces débats relatifs à l'analyse des échanges marchands, le « marché » fait référence à un certain type de pensée politique, une « métaphysique sociale » adossée à une certaine conception du bien commun (Boltanski et Thévenot 1991), ou à un mode d'organisation des activités sociales (Friedland et Alford 1991). À la suite de Steiner et Trespeuch (2014), nous décidons d'appeler ce niveau celui de la « catallactique », un substantif qui fait précisément référence au « marché » comme système politique et comme ensemble de valeurs. 33 2.1. La logique de marché : une pensée encastrée et mise en pratique
En anthropologie, des travaux comme ceux de Taussig (1986) et Bourdieu et Darbel (1963) ont étudié l'effet de l'exposition de sociétés paysannes ou ouvrières « traditionnelles » à la « culture de marché » et l'hybridation des modes d'être et de pensée que ces confrontations produisent. De même, Ho (2009) a étudié comment l'idéologie de la « valeur pour l'actionnaire » s'est diffusée, non sans frictions, parmi les banquiers d'affaires de Wall Street. La notion de « logique de marché », issue de la sociologie néo-institutionnaliste (Thornton et al. 2012), permet quant à elle de décrire la manière dont certaines professions (Thornton et Ocasio 1999, Marquis et Lounsbury 2007) ou certaines organisations (Lounsbury et al. 2003) défendent un mode d'organisation d'activités collectives selon un principe marchand et les conflits que cela produit. Les notions d'idée, de culture ou de logique de marché, dès lors qu'elles décrivent des conceptions précises portées par des acteurs ou des groupes d'acteurs définis, nous semblent fécondes, sous réserve qu'elles ne réduisent pas ces visions du monde à un système de pensée unique, cohérent ou homogène (Fourcade et Healy, 2007, Stark 2011)33. Comme l'a montré Hirschman (1982), de nombreuses conceptions du marché, de ses bienfaits et de ses méfaits, peuvent s'opposer au sein d'un paysage intellectuel donné. De même, le fait que l'échange d'une marchandise ou qu'une activité sociale soit régie par des principes marchands ne signifie pas que l'ensemble des acteurs s'accordent sur les bonnes ou les justes manières d'échanger : Le Velly (2006) a notamment ié les différentes conceptions du marché qui divisent les acteurs du commerce équitable et l'ouvrage récent, dirigé par Steiner et Trespeuch (2014), regroupe des travaux qui s'intéressent aux équilibres moraux qui structurent les « marchés contestés ». Toute activité économique est ainsi « encastrée » dans des systèmes de pensées multiples et complexes (« ideationally embedded »), comme le disent Somers et Block (2005), et il faut s'intéresser au processus précis d'émergence de ces configurations d'idées, ce que les auteur-e-s font à partir du cas du droit du travail aux États-Unis. construire un « business », la logique de marché portée par les différents entrepreneurs de morale – principalement des philanthropes, des avocats et des hommes d'affaires – n'est pas séparable d'autres systèmes de pensée propres à l'environnement institutionnel de chaque groupe d'acteurs (Meyer et Scott 1994). En particulier, l'idée du bon crédit, du crédit juste, transparent et bénéfique pour les travailleur-se-s, s'articule en permanence avec une certaine conception de l'éthique des affaires, des fonctions sociales du droit et de la justice et d'une analyse scientifique du monde social propres aux élites réformatrices de l'époque. La logique de marché naît au croisement de ces trois ensembles d'idées, elle est encastrée dans les visions du monde portées par les différents acteurs de l'espace de la cause anti-sharks. Dans un second temps, le chapitre IV étudie ce que l'évolution du contexte historique fait à la logique de marché portée par les entrepreneurs de morale : à partir des années 1930, et suite à la crise de 1929, le crédit non affecté cesse d'être pensé dans les mêmes termes et par les mêmes acteurs que lors des trois premières décennies du siècle.
2.2. La morale du marché : un objet de conflit au coeur du processus de marchandisation
L'analyse des tensions morales, liées à l'extension de la logique de marché à différents domaines de l'activité sociale, a été entamée à la fin des années 1970 par Zelizer (1979) : à partir d'une étude sur les assurances-vie au XIXe siècle, l'auteure décrit les résistances culturelles et politiques qui s'expriment, aux États-Unis, vis-à-vis de l'extension des principes marchands au domaine de la mort. Dans le cas du crédit non affecté, l'une des principales questions, morale et politique, qui occupe la période peut être formulée de la manière suivante : est-il possible que les travailleur-se-s accèdent à des petites sommes d'argent, par le biais de prêts garantis uniquement par leur salaire, sans que cela les expose à des taux d'intérêts trop élevés ou à des procédures judiciaires asservissantes de saisie? En d'autres termes, est-il souhaitable que le salaire des travailleur-se-s devienne un actif permettant d'accéder au crédit à la consommation, et comment garantir que cela ne conduise pas à des formes excessives d'endettement? Il ne s'agit pas d'une question spécifique au cas américain : Albert (2012) a montré que des débats similaires ont eu lieu au sein de l'espace politique et intellectuel français de la Belle Époque. De plus, les mouvements réformateurs rejettent l'idée d'un mode purement coopératif d'organisation du crédit et privilégient une organisation marchande, or cela soulève une seconde question : est-il possible de construire une offre privée de crédit qui soit profitable pour des entrepreneurs, tout en étant juste (fair) pour les emprunteur-se-s? 35 L'approche élaborée par Zelizer a donné lieu à un ensemble de travaux que Reich (2014) qualifie de « moralized market school »34 et qui représente aujourd'hui une branche importante de la sociologie économique (Fligstein 2015). Si l'étude des processus de moralisation marchande a conduit à de nombreuses avancées, en permettant notamment de réintégrer l'analyse des questions morales au sein de la sociologie des marchés, elle ne s'applique que partiellement au cas des loan sharks, pour deux types de raisons. En premier lieu, ces travaux s'intéressent assez peu aux mécanism es précis, sociaux et politiques, qui conduisent à la légitimation d'une activité marchande : les entrepreneurs stigmatisés sont souvent supposés être les seuls à agir, face à une culture réfractaire (Zelizer 1979, Quinn 2008, Chan 2009), et cette approche ne permet pas de saisir les stratégies, médiatiques et judiciaires, déployées par d'autres types d'acteurs, ainsi que leurs effets concrets sur les pratiques économiques. Les travaux de Reich (2014) et de Yue et al. (2016) représentent des tentatives pour renouveler l'analyse des processus de moralisation marchande ouverte par Zelizer, par le biais de l'importation de réflexions respectivement issues de la sociologie des organisations et de la science politique. commercialisation de biens anormaux, indiquant en creux que le fonctionnement plus général de l'économie de marché, impliquant l'échange de bien normaux (d'argent, de consommation, etc.), ne donne lieu à aucun débat moral particulier. Ainsi, le cadre théorique de Zelizer s'appuie sur une distinction, que l'auteure considère comme intrinsèque, entre deux domaines de la pratique humaine, ce qu'elle nomme le « marketable » (« marchandisable ») et le « non-marketable » (« non marchandisable »), et qu'elle identifie à la dichotomie durkheimienne entre « profane » et « sacré »35. L'auteure s'appuie sur La philosophie de l'argent de Simmel pour justifier ce partage fondamental, un ouvrage dont l'un des objectifs est de montrer que la morale judéo-chrétienne a instauré une séparation fondamentale entre la vie et la monnaie, entre ce dont la valeur est absolue et ce qui peut relever d'une évaluation matérielle et posséder une valeur d'échange. Ainsi, il y aurait des biens ou des activités sociales qu'il serait intrinsèquement possible de soumettre à l'échange marchand (des biens « profanes ») et d'autres non (les biens « sacrés ») : le processus de marchandisation n'est problématique, selon Zelizer, que dans le cas des biens « sacrés », « non marchandisables », puisque celui est dès lors vécu comme une forme de profanisation. Steiner (2009) parle au sujet de ce type de travaux de « blasement simmelien », au sens où la majorité des activités marchandes « normales » seraient, selon ces derniers, effectivement devenues anonymes et sans vie. Or, comme le dit Anteby (2010), dans de nombreux cas, les débats moraux concernent la manière dont certains biens sont échangés (le « how ») et non pas uniquement quels biens sont légitimes d'être soumis à l'échange marchand (le « what »). De même, ici ce n'est pas le crédit, ou même l'emprunt de petites sommes d'argent, qui pose problème en soi mais la manière dont certaines transactions sont conduites par des prêteurs stigmatisés : le partage entre « sacré » et « profane » est constamment travaillé par les acteurs, que ce soit par les prêteurs ou par les entrepreneurs de morale. Les frontières entre crédits légitime et illégitime ne sont donc pas données, elles évoluent au cours de la période, lors de controverses et de conflits tant moraux que judiciaires. activité économique implique un « travail moral » d'acteurs, la création de « vocabulaires moraux », la « production de sujets moraux » et la « régulation de la société à travers des injonctions morales ».
3. Le marché comme manière de gouverner : référentiel de marché et intervention publique Enfin,
la notion de « marché » peut faire référence à un troisième niveau d'expérience, un troisième ensemble de pratiques : il peut être compris comme un objet de réflexion et d'action politique, un ensemble de phénomènes économiques et sociaux dont il s'agit de comprendre le fonctionnement et de décrire les rouages, et qu'il s'agit d'influencer par le biais de mécanismes marchands. Ce troisième niveau fait référence au « marché » en tant que réalité politicojuridique, une conception qui émerge d'une certaine lecture faite, par la sociologie économique, des travaux de Michel Foucault. Dans Sécurité, Territoire, Population (2004, leçon du 25 janvier 1978), Foucault identifie en effet trois types de pouvoir différents : celui qui s'exerce par la souveraineté de la loi, celui qui s'exerce directement sur les corps par voie disciplinaire, et un troisième type qu'il nomme « gouvernementalité » et qui consiste à agir sur des populations en tant que corps social, soumis à des lois physiques et statistiques. Ce type de pouvoir cherche non pas directement à contraindre les individus, mais à comprendre et agir sur les mécanismes propres à la « population » et ses « comportements », afin d'aboutir à une « annulation progressive des phénomènes par les phénomènes eux-mêmes », (Foucault 2004, p. 68). C'est à travers l'analyse de cette forme de pouvoir spécifique, qui émane d'une volonté de « savoir », et de son éveloppement que Foucault en arrive à la question du libéralisme et au « marché », qui s'impose selon lui comme l'un des objets principaux de ce type de pouvoir entre le XVIIIe et le XXe siècle. S'il ne propose pas de définition du terme, le texte de Foucault (2004) conçoit ainsi le « marché » comme une catégorie de l'action et du pouvoir politique, une notion qui émerge avant tout selon lui dans des traités philosophiques ou des ouvrages de théorie politique. Ainsi, chez Foucault, le « marché » ne fait référence ni à un ensemble de pratiques ou de transactions économiques concrètes, ni uniquement à un ensemble d'idées relatives à la bonne manière d'organiser l'activité économique, mais à une certaine modalité de l'exercice du pouvoir, une manière de concevoir les rapports entre les décideurs politiques, les phénomènes économiques, le droit et les populations gouvernées. La perspective ouverte par Foucault a donné lieu à de nombreux travaux qui s'intéressent au « marché » en tant qu'objet de 38 l'intervention publique, notamment à partir de l'analyse empirique des politiques publiques et de leur évolution. L'ouvrage dirigé par Bezes et Siné (2011) s'intéresse ainsi aux finances publiques comme modalité d'exercice de la gouvernementalité, le numéro récent de Gouvernement et Action Publique (2017), consacré au marché comme un « instrument d'action publique », en fait une modalité de l'exercice du pouvoir propre aux États contemporains, et l'ouvrage récent coordonné par Dubuisson-Quellier (2016a) se donne précisément pour objet d'étude le « marché » comme instrument de « gouvernement des conduites » économiques à partir d'une perspective foucaldienne37. Enfin, l'ouvrage de Lauer (2017) sur le développement des bureaux de crédit tente d'appliquer la notion de gouvernementalité à l'émergence d'une « identité financière » aux États-Unis, par le biais de la généralisation des dispositifs d'évaluation du crédit. Dans cette thèse, nous abordons ce niveau à travers la notion de « référentiel de marché », une expression utilisée par les travaux pratiquant l'analyse dite « cognitive » des politiques publiques (Jobert et Muller 1986, Muller 2000) afin de décrire la manière dont certain acteurs pensent le crédit comme un domaine d'intervention politique, susceptible d'être gouverné par des mécanismes marchands38. La notion de « référentiel » cherche en effet à comprendre le type de normes, d'images, ou de conceptions des mécanismes sociaux qui imprègnent et orientent les politiques publiques (Muller, 2000, Muller 2005) : elle permet d'analyser les « cadres de l'action publique » comme des schèmes de pensée à la fois « descriptifs » et « prescriptifs ». Comme le disent Muller et Surel (1998, p. 31), l'action publique ne « résout » pas un certain problème, elle « construit une nouvelle représentation des problèmes qui met en place les conditions socio-politiques de leur traitement par la société ». 39 etc. – la notion de « référentiel » permet de décrire plus précisément le moment où cette logique influence des politiques publiques, des techniques de gouvernement et s'incarne éventuellement dans le droit. Les travaux de Nouguez (2009, 2016), portant sur la construction du marché des médicaments génériques, fournissent un exemple d'étude précise de la mise en place d'un nouveau marché par les pouvoirs publics et des effets que cette libéralisation a eus sur les pratiques des différents acteurs impliqués. L'auteur montre comment la mise en place d'une concurrence par les prix par l'État français, loin d'aller uniquement dans le sens d'une libéralisation du secteur de la santé, a représenté un instrument devant permettre à celui-ci de mieux contrôler les comportements des producteurs et des distributeurs (les laboratoires et les pharmaciens), mais également des experts et des client-e-s (les médecins et les patients). La création d'une seconde offre de médicaments, alternative aux princeps, avait pour but de réduire les dépenses publiques – et ainsi de résoudre un problème politique – tout en permettant aux consommateurs d'avoir accès à des médicaments « innovants », et l'État français a commencé à la fin des années 1990 à se pencher sur la question du « juste prix » de ces nouveaux médicaments (Nouguez 2009, 2010). L'enjeu était de fixer un prix assez haut pour inciter les laboratoires à produire des génériques, mais suffisamment bas pour susciter l'intérêt des consommateurs pour ces nouveaux produits, et les pouvoirs publics ont progressivement associé les laboratoires à cette discussion sur les prix (Nouguez 2009, 2010). En contrepartie, les producteurs de médicaments se sont engagés à respecter un cahier des charges strict, établi par l'administration, cette dernière parvenant ainsi à re sa vision du marché dans un cadre juridique contraignant pour les entreprises. De la même manière, dans le cas des prêts de petites sommes des années 1910 au milieu des années 1930, l'enjeu était pour les entrepreneurs de morale de faire jouer certains mécanismes marchands, en particulier la concurrence sur les taux d'intérêt, afin de régler le problème social de l'endettement excessif des salarié-e-s américain-e-s. Jusqu'à la fin des années 1910, l'ensemble des transactions de crédit (non affecté ou autre) était régulé par des taux d'usure stricts, définis par chacun des États, et pour des montants oscillant entre 6 et 9 % d'intérêts annuels. Le problème public des loan sharks trouve son origine, selon les mouvements réformateurs qui s'en saisissent, dans ces prix du crédit paradoxalement trop bas (Anderson 2008, Anderson et al. 2015) : en effet, selon cette analyse, les prêts de petites sommes étant risqués, ils requièrent des taux supérieurs aux taux légaux d'usure, et au début du XXe siècle seuls des prêteurs illégaux peuvent tirer suffisamment de profits d'une telle activité, en fixant des taux d'intérêt parfois largement au-dessus des seuils autorisés. Puisant dans une vieille idée 40 benthamienne, la solution défendue était d'autoriser des exemptions aux taux d'usure pour des entreprises offrant des prêts de faibles montants, dont le seuil supérieur fut fixé à 300 $39. Les emprunteur-se-s pourraient ainsi avoir accès à des petites liquidités sans se ruiner et cela permettrait de les libérer des tenailles du loan shark, conduit à une faillite certaine par le jeu de la concurrence. Dès lors, la question du « juste » (« fair ») taux d'intérêt a été un enjeu de conflits entre les loan sharks souhaitant se convertir à la régulation et les réformateurs : un taux trop bas empêcherait les entreprises de crédit de tirer profit de ces prêts, un taux trop élevé conduirait à la ruine des emprunteur-se-s. Cette libéralisation très partielle des taux d'intérêts était simultanément adossée à une certaine conception (tant « descriptive » que « prescriptive ») du crédit et de la pauvreté, mais également du salariat et des rapports hommes-femmes. Ainsi, le travail de « cadrage » effectué par les entrepreneurs de morale (Benford et Snow 2000) était fortement associé à une croyance en la capacité du marché à soudre certains problèmes sociaux. Dans le cas du crédit non affecté, ce ne sont pas les pouvoirs publics (fédéraux ou des États) qui ont en premier lieu poussé pour une telle réforme, mais des mouvements sociaux menés par des entrepreneurs de morale qui sont parvenus à mettre cette question à l'agenda des assemblées d'État, par le biais de la construction d'un problème public de l'endettement qui s'incarne dans la figure du loan shark. ). Cela tient selon nous en grande partie aux rapports conflictuels que continue d'entretenir la sociologie des marchés, mais également l'économie hétérodoxe, avec l'économie néo-classique : la recherche d'une définition alternative du « marché », capable de prendre en compte la nature sociale des activités marchandes, a conduit de nombreux-ses auteur-e-s à n'associer au marché qu'un seul des niveaux mis en évidence. Le « marché » ne serait qu'une structure d'échange, ancrée dans des « facteurs sociaux », irréductible à la vision que les économistes et les pouvoirs publics cherchent à véhiculer ; à l'inverse le « marché » ne serait qu'une image, une fiction morale n'ayant rien à voir avec le contenu concret des échanges économiques ; ou le « marché » ne serait qu'une technique de pouvoir conçue par certaines autorités ou certains penseurs pour désencastrer l'économie du monde social. Or, l'un des principaux objectifs de cette thèse est de souligner qu'il peut être intéressant, plutôt que de chercher à définir ce qu'« est » le marché, au sens d'une réalité unique, de penser les rapports possibles entre le niveau des échanges économiques et celui des discussions et des décisions morales et politiques. Nous avons montré que chez Bourdieu (1997a, 1998, 2000), la volonté de formalisation du « champ économique », autant que l'exploration d'une théorie de la pratique économique, étaient présentées comme des efforts pour contester l'impérialisme des économistes néoclassiques : cette perspective a notamment été reprise par des travaux récents comme ceux sur les « biens symboliques », dont l'étude doit permettre, selon -Parpet et Duval (2012), de « renouveler l'approche dominante en économie ». On retrouve les mêmes ambitions du côté de certaines approches pragmatiques, comme celles issues de l'économie des conventions (Eymard-Duvernay et Marchal 1997, Larquier 2016), ou l'approche proposée par Cochoy (2002, chapitre 1), selon qui la sociologie économique se doit de construire une « anti-microéconomie », une autre manière de penser la rencontre entre l'« offre et la demande ». De même, pour Zelizer, souligner l'importance des facteurs « moraux » est une manière de contester la vision univoque du « marché » des économistes (Zelizer 2010, pp. xixx) : les alternatives que propose l'auteure, sous la forme des « marchés multiples » à la fin des années 1980 (Zelizer 1988) ou celle des « circuits de commerce » aujourd'hui, sont pensées comme des extensions, des complexifications d'une pensée néo-classique perçue comme réductrice des pratiques sociales (Zelizer 2010, pp. 303-316). Enfin, comme le disent Dallery et al. (2009, p. 3) : « ces ruptures avec l'ontologie individualiste et l'acteur comme atome omniscient [] autorisent à penser une meilleure représentation des marchés comme noeuds de relations plus que comme espace marchand mécanique et impersonnel ». Ce serait donc au prix 42 d'une rupture ontologique que la sociologie des marchés parviendrait à élucider la nature sociale des échanges. À l'inverse, les travaux s'intéressant au marché comme manière de gouverner abordent plus facilement la théorie économique, non comme un repoussoir, mais comme un objet empirique à part entière, un certain type de discours scientifique et politique dont il faut comprendre l'émergence, la diffusion et les effets complexes. Les cours de Foucault (2004) sur le libéralisme américain s'intéressent directement au travail de l'économiste Gary Becker et d'autres travaux ont étudié, dans ce sillage, le rôle joué par certaines théories économiques dans l'évolution des conceptions et de l'exercice du pouvoir : à titre d'exemple, les travaux d'Angeletti (2011, 2013) étudient l'influence de la théorie économique et des économistes lors du processus de construction de l'« économie » comme un domaine d'intervention de l'État en France entre les années 1950 et 198040. Mis à part ces travaux sur le marché comme manière de gouverner, la d'une formalisation alternative à celle de la science économique a souvent conduit la sociologie des marchés et l'économie hétérodoxe à se tourner vers la philosophie, comme si la recherche d'une définition alternative du « marché », différente de celle des économistes, devait prendre appui sur une autre forme d'expertise – celle des philosophes – de la même manière que les économistes se sont appuyés sur la thermodynamique et les mathématiques pures pour fonder la légitimité de leurs modèles (Mirowski 1991, Düppe et Weintraub 2014). Ainsi, nous avons vu que Muniesa (2014) convoque Deleuze pour proposer une ontologie du « marché » comme instance du « virtuel », ou que Zelizer (1979) se revendique de Simmel pour fonder sa dichotomie entre le marchand et le non marchand. unique, a priori et antérieur aux acteurs – une structure formelle d'échange, un ensemble d'institutions, un segment de biens « marchandisables », une métaphysique politique, une somme de pratiques et de contrats, etc. – et ne permettent ainsi pas de penser de manière satisfaisante les différents niveaux d'expérience mis en évidence précédemment. De manière plus générale, Krippner (2001, p. 777) a souligné que cette « dérive » ontologique propre à la sociologie économique prenait sa source dans une mauvaise interprétation de la dichotomie entre « economy » et « society » établie par Talcott Parsons dans les années 1950 : il s'agissait à l'origine d'une distinction « théorique » visant à attribuer des juridictions séparées à l'économie et la sociologie, et l'auteure montre que sa contestation par la sociologie économique a paradoxalement conduit à une lecture « ontologique » de ce partage (Krippner 2001, p. 809). Or, l'intérêt de l'observation sociologique du marché ne réside pas uniquement dans la mise au jour d'un décalage entre le marché de la microéconomie et ses « réalisation[s] concrète[s] » (Garcia-Parpet 1986, p. 4) mais, entre autres, dans la possibilité d'analyser le « marché » comme une catégorie, morale et politique, d'acteurs individuels et collectifs. Le « marché de l'art » tout comme le « marché du crédit » ne sont pas que des « images » d'économistes (Garcia-Parpet et Duval 2012) auxquelles il faut substituer des reconstructions théoriques fondées, mais des agencements politiques, juridiques et moraux complexes aux effets concrets. Ainsi, nous faisons le choix dans cette thèse de ne pas nous appuyer sur une philosophie, ou sur un type d'économie hétérodoxe, afin de fonder notre analyse du , mais de mobiliser des réflexions et des concepts issus d'autres types de sociologie, de l'analyse des problèmes publics à la sociologie des mouvements sociaux, des organisations et des professions. En particulier, l'approche duale que nous tentons de développer dans ce qui suit ne cherche ni à contester la conception du marché défendue par l'économie néo-classique, ni à proposer une définition ontologique alternative : il s'agit davantage d'un parti-pris méthodologique dont l'objectif est de parvenir à articuler l'étude de certaines pratiques de crédit et l'analyse de la construction politique d'un marché moral. 44 III. Une approche duale du marché : des systèmes de crédit à la construction politique d'un « business », 1900-1945
Nous l'avons vu, le rapprochement entre l'analyse des dimensions économique et politique des marchés a été fixé comme un horizon de recherche autant par des travaux de sociologie économique française qu'américaine (King et Pearce, 2010 ; François, 2014). En un sens, c'est également l'objectif théorique que se fixent Fligstein et McAdam (2015) dans leur ouvrage récent consacré à la « Théorie des champs ». Cet ouvrage a pour objectif de fonder une « general theory of social organization and strategic action », en combinant sociologie économique, sociologie politique, théorie des organisations et analyse des mouvements sociaux. L'approche que nous suggérons ici est nettement plus modeste : elle développe certaines pistes permettant de penser les rapports entre les trois niveaux mis en évidence précédemment. Le but poursuivi n'est ainsi pas de définir un concept général de champ, structure de « niveau méso » qui permettrait à elle seule de penser l'ensemble des rapports possibles entre les transactions économiques, l'ordre catallactique et la construction politico-juridique, qui plus est en intégrant une théorie de l'action accordant une place équilibrée à l'agency et aux structures sociales (Fligstein et McAdam, 2015, Introduction). L'approche duale du marché a pour objectif de regrouper, dans un même terme et dans un même travail, les trois niveaux d'expérience auxquels renvoie la notion. Le choix du terme « dual » ne doit pas laisser entendre que les différents niveaux sont analysés séparément : l'usage que nous en faisons s'inspire plutôt de celui qui en fait en mathématiques ou en physique, selon un principe qui consiste à aborder le même objet à travers deux différents points de vue différents (pour une présentation de ce principe, voir Atiyah 2008)41. Cette perspective s'inspire également de travaux empiriques existants en sociologie économique, comme ceux de Ducourant (2009) et de Nouguez (2009), déjà mentionnés, ou encore ceux de Trompette (2008) sur le secteur funéraire. Dans son livre sur le « marché des défunts », l'auteure propose en effet d'analyser d'une part la « construction politique du marché funéraire », et d'autre part de plonger « au coeur du marché », afin d'expliquer les dispositifs permettant la rencontre entre les entreprises de pompes funèbres et leurs client-e-s (op. cit., pp 20-22). 45 6), prennent sens au regard du cadre juridique et des stigmates moraux qui pèsent sur leur activité. Notre cas permet d'aller plus loin, et d'entamer une analyse dynamique des rapports entre ces différents niveaux : en effet, la perspective historique donne la possibilité d'observer diachroniquement l'émergence de pratiques, le processus de construction du marché, puis l'effet de ces tentatives de régulation sur la conduite des transactions et la segmentation de l'offre.
1. Gouvernement des conduites, performativité, désencastrement : trois modèles pour penser les interactions entre différents niveaux d'expérience
Trois types d'approches théoriques, en sociologie économique, permettent de penser certains des rapports entre ces différents niveaux d'expérience (figure 1). Ces trois approches présentent néanmoins deux types d'écueils que l'approche duale cherche, au moins en partie, à dépasser : soit ces modèles ne retiennent que deux des niveaux, soit ils n'identifient qu'un type de mécanisme causal, univoque, allant des niveaux catallactique et politico-juridique vers celui des transactions.
Figure 1 : Trois approches dynamiques du marché : désencastrement, performativité, gouvernement des conduites
En premier lieu, l'approche par le « gouvernement des conduites », en particulier l'ouvrage récent dirigé par Dubuisson-Quellier (2016a), s'intéresse à la manière dont les pratiques économiques fonctionnent de plus en plus comme des « leviers de la régulation marchande » (Dubuisson-Quellier 2016a, p. 59) pour l'action publique. Des travaux s'intéressent ainsi à la manière dont certains instruments marchands, comme la fiscalité ou la 46 concurrence (Delalande 2016, Nouguez 2016), ont été pensés par les pouvoirs publics comme des dispositifs de ontrôle des comportements, et d'autres étudient les canaux par lesquels s'opèrent ce passage des techniques de pouvoir aux pratiques économiques, que ce soit par l'accompagnement budgétaire des ménages populaires (Perrin-Heredia 2016), l'éducation financière des consommateurs (Lazarus 2016), ou encore l'organisation de formations et d'ateliers visant à éduquer les auto-entrepreneurs (Piganiol 2016). L'analyse empirique des « entrepreneurs de l'encadrement des conduites » (Dubuisson-Quellier 2016a, p. 62) souligne ainsi les interactions possibles entre le niveau politico-juridique et le niveau des transactions, et l'ouvrage met en évidence un ensemble de dispositifs concrets par lesquels ces effets transitent : campagnes d'éducation et d'information, nudges, systèmes d'incitations ou encore labels (Dubuisson-Quellier 2016b). En deuxième lieu, les approches s'intéressant à la « performativité » de la théorie économique (Callon 1998, Mackenzie et al. 2007) proposent une manière de concevoir le lien causal entre le niveau catallactique et le niveau des transactions. Ces travaux ne considèrent pas la théorie économique uniquement comme un ensemble d'idées abstraites, mais cherchent à étudier les dispositifs à travers lesquels celle-ci devient « woven in market practices » (Mackenzie et al. 2007a, pp. 4-5) : ce n'est pas la théorie en soi qui est performative, ou le « causal role of "ideas" » qui est mis en avant, mais la manière dont certains modèles théoriques et la vision du monde qu'ils dessinent influencent les manières de penser et de faire des acteurs de marché – ce que Callon (1998) nomme les « calculative agencies » – par le biais de dispositifs de calculs ou de routines algorithmiques (Muniesa 2003, Mackenzie 2014). Mackenzie et Millo (2003) ont notamment montré, dans le cas de la construction du marché des dérivées financières aux États-Unis, que le niveau politico-juridique est ce qui permet de rendre compte du lien entre les deux pôles du mécanisme performatif : la théorie scientifique et les acteurs de marché. En effet, les auteurs retracent la circulation des idées économiques au sein des milieux politiques, notamment par le biais de magazines financiers à destination de professionnels du secteur et de rapports administratifs. Avant de s'intéresser à la performativité de la théorie, les auteurs montrent ainsi que la formalisation économique et statistique de l'évaluation du prix des options (option-pricing) a permis de lever certaines barrières morales qui existaient depuis la crise financière des années 1930 et empêchaient le développement des échanges de dérivées financières : le recours à la modélisation mathématique a fonctionné comme un levier de légitimité afin de convaincre les autorités de régulation, en particulier la Security and Exchanges Commission, qu'il ne s'agissait pas de spéculation, mais d'échanges dont la volatilité était prédictible art. cit., pp. 112-113). Les 47 auteurs établissent la comparaison avec les travaux de Zelizer sur le marché des assurances-vie (1979), en insistant à juste titre sur une forme de légitimation « scientifique » particulière à l'échange des dérivées, issue d'un cadrage des mécanismes marchands (la fixation des prix et leur volatilité) par le biais d'outils mathématiques. Ainsi, l'intuition selon laquelle « l'acte de décrire est un processus à part » (Didier 2007, p. 48 réformes mises en place par les pouvoirs publics (Polanyi 1944, p. 88)43. Ainsi, comme le note Steiner (2007), la notion de désencastrement vise moins à décrire une évolution du « marché du travail » (ou de la monnaie, etc.) et des pratiques économiques que celle de la pensée économique ou politique et du rôle attribué à l'« ordre catallactique » au sein de l'ordre social. Ainsi, si l'intuition de Polanyi s'appuie sur l'idée que la « l'économie politique et la loi ont joué un rôle déterminant lors de la construction du système marchand » (Steiner 2009), l'auteur traite l'extension de la logique de marché comme un phénomène qui concerne un « ensemble de représentations économiques », qui « a des effets réels par le fait que les individus s'appuient sur elles pour se diriger dans le monde social » (Steiner 2007, p. 5), mais dont l'analyse occupe une faible place au sein de l'oeuvre de l'auteur (Steiner 2010, p. 59). Les trois modèles précédents ne posent donc pas directement la question de l'articulation ou de l'imbrication entre les trois niveaux d'expérience et chacun identifie un seul type de mécanisme causal : des instruments de l'action publique aux comportements des acteurs de marché dans le cas du gouvernement des conduites, des modèles économiques aux « agencements marchands » (Callon 2013) selon l'approche performative, de l'économie politique au droit dans le cas du désencastrement. Dans ce qui suit, nous revenons sur le type de mécanismes causaux que l'approche duale permet de mettre en évidence, à partir de l'analyse combinée des systèmes de crédit, de la construction d'un problème public de l'endettement et de la mise en place d'une offre morale de p s : nous insistons à cette occasion sur le rôle central joué par le droit, de sa conception à son application, du point de vue des évolutions historiques examinées. Simultanément, cela permet de présenter le plan de la thèse ainsi que les différents objets empiriques abordés dans chacun des chapitres.
2. Des systèmes de crédit au problème public des loan sharks : la naissance du « business » des prêts de petites sommes, 1903-1924
Dans la première section de cette thèse (chapitres I et II), nous étudions le développement de systèmes de crédit non affecté, à partir de deux études de cas portant sur les villes de Chicago (I) et d'Atlanta (II). la notion analytique de « marché », une catégorie plus descriptive pour faire référence à l'ensemble des acteurs économiques en interaction qu'ils soumettent à l'analyse : ainsi, Nouguez (2009, 2016) parle de « secteur de la santé », tout comme Zelizer (1979, 2010) parle de « life insurance industry » ou de « children insurance industry », le terme « industry » pouvant être traduit par celui de « secteur ». La différence entre « market » des assurances-vies et « industry » des assurances-vies n'est pas discutée par Zelizer, mais ce second terme semble utilisé pour décrire des faits bruts (volume d'activité, type de contrats, etc.), indépendamment des questions morales ou culturelles que ces pratiques économiques soulèvent. Nous préférons le terme de « système » de crédit, un concept analytique plutôt issu de l'anthropologie, qui véhicule l'idée d'un ensemble stabilisé d'échanges et d'interactions observables44. Cette insistance sur les faits observables se situe au centre de la méthode de l'ethnographie économique que proposent Dufy et Weber (2003), et que nous adoptons dans l'ensemble de la section I : selon cette approche, le « marché » ne représente pas un « concept descriptif » (op. cit., p. 50) et il est plus intéressant de prendre pour point de départ de l'analyse les « transactions marchandes ». Le marché ou la monnaie ne représentent en effet pas des « entités directement observables » (op. cit., p. 42) : ce qu'on observe, ce sont des interactions marchandes situées – au bureau de l'agence, sur le lieu de vie des clients lors du recouvrement, etc. – des types de clients, des justifications données pour appuyer les demandes de crédit, mais aussi des contrats de crédit – qu'ils soient remplis ou non, respectés ou non des prix et des procédures judiciaires. L'analyse ethnographique des transactions doit s'intéresser aux « conditions de félicité » qui permettent leur stabilisation (relative) dans un système d'échange et, ainsi, permettre de rendre compte des « rationalités pratiques » qui gouvernent l'établissement de relations de crédit, aussi bien du point de vue des emprunteur-se-s que des « professionnels de l'encadrement des transactions » (Dufy et Weber, 2003, pp. 21-27). Les auteures suggèrent en particulier d'analyser, tout comme Laferté (2010b), le rôle précis joué par le droit dans la mise en place des systèmes d'échanges. 50 la régulation du crédit des salarié-e-s à l'agenda des assemblées d'États, échelle à laquelle la solution à ces pratiques usuraires est pensée. Sans réduire la diversité des cadres construits par les différents mouvements locaux pour articuler la critique des loan sharks, nous étudions l'émergence et la diffusion d'une logique de marché au sein du répertoire d'action de ces mouvements réformateurs (Tilly et al. 2001) : puisant dans une littérature récente située à l'intersection de la sociologie économique et de la sociologie des mouvements sociaux45, nous analysons la contribution de ces « croisades » pour le marché à la construction d'un secteur du crédit de petites sommes (small loans) : au début des années 1920, le « business » des prêts de petites sommes possède un nom et une existence juridique et une nouvelle profession voit le jour, celle des prêteurs régulés (regulated small loan lenders). Nous représentons dans la figure 2 la dynamique que permet de mettre en évidence ces trois chapitres, du point de vue des trois niveaux identifiés : la formulation d'une logique de marché par les mouvements sociaux implique un processus de cadrage des transactions marchandes, qui nécessite à la fois un travail d'observation, de sélection des pratiques de crédit dénoncées et la définition d'un partage moral entre crédits légitime et illégitime, entre loan sharks et prêteurs régulés. Dans un second temps, la mise à l'agenda du problème public des loan sharks, et les lois qui sont votées à la suite des « croisades », fournissent un cadre juridique et sémiotique à ces nouvelles activités de crédit : le droit présente ainsi un canal privilégié permettant d'analyser les rapports entre le niveau catallactique et le niveau politico-juridique. Simultan , l'inscription dans le droit du référentiel construit par les « croisades » contribue à diffuser une certaine lecture des questions de crédit : nous mettons ainsi en évidence le décalage entre le cadrage proposé par les « croisades » et certaines des pratiques de crédit étudiées dans la section I. 45
Voir King et Pearce
(2010)
pour une
perspective synthétique.
51 Figure 2 : La dynamique de construction du secteur du crédit non affecté
Légende : La première flèche indique une opération de cadrage effectué par les mouvements sociaux, la seconde flèche indique une action, de la part de ces mouvements, pour influencer le niveau politico-juridique. 3. De l'intervention du régulateur à l'encadrement des entreprises : le rôle du droit et de la morale, 1925-1934
Si les « croisés » insistent jusqu'en 1920 sur le pouvoir réformateur de la loi, s'ils croient fermement en sa capacité à moraliser efficacement les pratiques de crédit, cette croyance s'étiole à partir du milieu des années 1920. Un nouveau type de loan sharks commence à être dénoncé à partir de 1925, ceux qui se décrivent eux-mêmes comme des « acheteurs de salaire ». Le répertoire d'action des mouvements réformateurs évolue alors à la faveur de ce deuxième « moment d'effervescence » : la mise en place d'un cadre juridique n'ayant pas suffi à éradiquer les usuriers, il faut veiller à ce que la loi soit effectivement appliquée. Comme dans le cas du droit anti-discrimination étudié par Stryker et Pedriana (2004), les mouvements sociaux jouent ici un rôle central dans la capacité du droit à encadrer les pratiques des entreprises et à produire du changement social. Ainsi, dans la seconde moitié des années 1920, les entrepreneurs de morale déplacent la lutte anti-sharks dans l'arène judiciaire. Ces conflits autour des transactions sous forme d'achats de salaire contribuent également à la qualification du crédit non affecté en définissant les contours du bon crédit, du crédit juste et utile pour les salarié-e-s : comme le disent Fourcade et Healy (2007, p. 1417), insister sur ce type de « conflict over meaning opens the prospect of linking local battles over particular transactions with large-scale shifts in categories of worth »46. Si les « croisades » du début du siècle ont établi l'existence d'un
46 Pour un exemple d'étude empirique allant dans ce sens, voir l
'
e de Fourcade (2011) sur les critères retenus par différents tribunaux américains et français pour déterminer la valeur de la « nature ». 52 « business », celles des années 1920 ont permis d'en préciser les frontières : dans les années 1920 et 1930, les avances sur salaire sont combattues comme une forme illégitime de crédit et exclues du cadre juridique et moral construit par la régulation. Simultanément, le contexte intellectuel et politique change à partir du début des années 1930. Suite à la crise de 1929 et à la mise en place des politiques du New Deal, le crédit à la consommation n'est plus uniquement perçu comme un problème social mais comme une variable de poids jouant un rôle dans l'équilibre économique national (Cohen 2003, Prasad 2012). Ce nouveau contexte affecte directement le niveau catallactique : le crédit non affecté n'est plus pensé au prisme des mêmes idées, des mêmes systèmes de valeurs, ni par les mêmes groupes d'acteurs, que lors des trois premières décennies du siècle. En particulier, la notion de « marché du crédit à la consommation » émerge dans le discours de nouveaux acteurs, avant tout des économistes, qui investissent à l'époque l'espace de la lutte anti-sharks, alors que symétriquement le rôle joué par d'autres types d'acteurs, en particulier les philanthropes, diminue. En conséquence, le répertoire d'action de la lutte évolue : à partir du début des années 1940, le loan shark ne relève plus uniquement de la lutte contre la pauvreté urbaine, il menace directement l'équilibre macroéconomique par le biais des frais excessifs qu'il fait peser sur le crédit des salarié-e-s
4. La contestation du modèle de crédit par les banques commerciales : l'évolution du marché au prisme d'un conflit professionnel, 1934-1945
Dans le chapitre V, nous revenons sur l'effet qu'ont eu ces différentes vagues de vements sociaux sur les pratiques des loan sharks convertis, les prêteurs de petites sommes. À partir d'une étude portant sur les pratiques de crédit de de Household Finance Corporation, le plus grand réseau d'agences de ce type dans les années 1930 et 1940, et descendant des réseaux d'agences de l'Illinois étudiées dans le chapitre I, nous étudions l'usage fait par cette organisation du droit et du soutien accordé par les mouvements sociaux afin de défendre la légitimité de leurs activités de crédit. On observe ainsi une forme de « récupération », par ces entrepreneurs, du référentiel de marché construit par les mouvements réformateurs, et son « incorporation » au sein des pratiques de crédit, selon les termes employés par Boltanski et Chiapello (1999) : de nombreux choix effectués par cette entreprise durant la période postrégulation, du montant des prêts accordés au type de garanties acceptées, des méthodes de recouvrement aux stratégies marketing et de communication, portent en effet la marque des « croisades ». 53 Enfin, dans le chapitre VI, nous étudions la contestation parallèle de ce modèle de crédit non affecté par un autre type d'organisation de crédit, les banques commerciales. Ce projet d'extension de la juridiction bancaire au crédit à la consommation place ces organisations face aux prêteurs de petites sommes et cela donne lieu à un conflit professionnel qui se déploie entre la fin des années 1930 et le milieu des années 1940. De la même manière qu'Ollivier (2012) a montré l'effet du conflit professionnel entre architectes et architectes d'intérieur sur le marché de la maîtrise d'oeuvre, nous nous intéressons aux effets qu'a eus ce conflit entre types de prêteurs sur l'offre et les pratiques de crédit. En particulier, la conception du marché du crédit, des transactions légitimes et du crédit juste que portent les banques remet en cause le référentiel en vigueur, ce qui donne lieu à des confrontations entre ces organisations et les milieux réformateurs. Les banques ont réussi, à la fin des années 1930 et au début des années 1940, à obtenir différentes victoires juridiques, qui soutiennent leur revendication de juridiction (jurisdictional claim, Abbott 1988) et fournissent ainsi des appuis au modèle de crédit qu'elles défendent : elles deviennent, à partir du milieu des années 1940, les principales pourvoyeuses de crédit non affecté salarié-e-s américain-e-s. L'une des conséquences principales du processus de construction d'une activité marchande a été d'établir une segmentation de l'offre de crédit, celle présentée en début de cette introduction. IV. Présentation des sources et de la logique d'enquête
Le double objectif poursuivi lors de la collecte de matériaux a donc été, d'une part, d'identifier des sources relatives aux pratiques des différents types d'entreprises de crédit, aussi bien des agences de crédit dénoncées comme étant des loan sharks, que des prêteurs régulés à partir du début des années 1920 et des banques commerciales à partir du milieu des années 1930, et, d'autre part, d'être en mesure de décrire les mobilisations qui ont pris place autour du problème public de l'endettement des salarié-e-s américain-e-s jusqu'au milieu des années 1930. Poursuivre cette double logique a nécessité de dépouiller des fonds d'origines diverses, en des lieux très différents, ce que nous avons fait lors de trois principaux séjours d'archives aux États-Unis, d'un mois à l'hiver 2013, de deux mois à l'automne 2014 et d'un mois à l'automne 2015. En complément à ces recherches sur place, nous présentons également l'ensemble des sources numérisées, accessibles à distance, auxquelles nous avons eu recours pour effectuer nos recherches. Au départ, nous nous sommes appuyés sur deux travaux d'histoire qui évoquent des pistes intéressantes pour aborder la régulation du crédit sous un angle généalogique : le mémoire de Blin (2010) offre un état des lieux impressionnant de l'historiographie du crédit sur la question et mentionne de nombreuses pistes d'archives dont certaines ont été poursuivies dans cette thèse, et le travail transversal de Hyman (2011a, pp. 31-34) relève entre autres l'importance des réseaux d'agences dans le Sud du pays, un angle mort de la recherche sur le crédit47. 47 Des discussions avec l'auteur nous ont con incu notamment de la possibilité de travailler sur l'histoire longue de ces entreprises de crédit. 55 1. Des entreprises non régulées aux pratiques de crédit des classes populaires
Afin d'étudier le fonctionnement de ces systèmes de crédit locaux, nous avons choisi comme point de départ les transactions économiques. L'objectif poursuivi est double : il s'agit, d'une part, de mieux comprendre quels types de prêts étaient offerts, quels types de contrats étaient utilisés, quels types de client-e-s y avaient recours et pour couvrir quels types de besoins, afin, d'autre part, de se départir au maximum des analyses produites par les réformateurs de l'époque, très abondantes et constituant souvent l'unique sources des travaux contemporains évoquant les loan sharks48. Le choix de s'intéresser, dans l'ensemble de la thèse, avant tout à deux espaces géographiques spécifiques – Atlanta et la Géorgie, Chicago et l'Illinois – vise à rompre avec certaines approches macrosociologiques qui traitent les États-Unis – ou le marché du crédit – comme un espace homogène et à offrir des perspectives hors du cas new-yorkais traité par Easterly (2010) et Fleming (2018). Trois logiques différentes ont présidé au choix de ces deux lieux. Tout d'abord, nous avons choisi des espaces qui ont connu d'importants mouvements réformateurs : entrer par la critique ouvre en effet la possibilité d'analyser l'effet des « croisades » sur les pratiques de crédit à l'échelle locale et les processus précis de constructions politique et judiciaire du marché sur plusieurs décennies. Ensuite, ces deux villes abritaient les sièges de deux importants réseaux d'agences de crédit (Hyman 2011a, pp. 26-34) qui ont connu des trajectoires opposées : la Household Finance Corporation, réseau d'agences établi à Chicago, dont les dirige acceptent et participent à la régulation du crédit à la fin des années 1910 et le réseau des Big Four d'Atlanta, dont la direction refuse de se convertir et qui devient la cible principale des mouvements réformateurs dans les années 1920. Le choix de se focaliser en priorité sur ces deux organisations s'explique également par l'identification de sources permettant d'analyser leurs pratiques de prêts : nous présentons en détail les matériaux réunis dans ce qui suit. La disponibilité d'éléments empiriques sur les pratiques de ces entreprises n'est pas indépendante de l'histoire des mouvements réformateurs : certaines archives ont été conservées précisément du fait que ces agences étaient sous le feu de la critique. 56 types de client-e-s ciblé-e-s que de l'usage fait des contrats ou du recouvrement judiciaire. Dans un même souci de comparaison, ou par endroits de généralisation, nous mobiliserons en complément, tout au long de la thèse, des exemples et des sources portant sur d'autres villes et d'autres États lorsque cela nous semble judicieux ou nécessaire. La nécessité de recourir à un ensemble hétérogène de sources s'explique avant tout par le type d'entreprises étudiées ici : si ces agences de crédit étaient loin d'appartenir à une économie informelle (ce que nous étudions dans la section I), il s'agissait néanmoins de petites entreprises, implantées localement et opérant aux marges de la loi, et elles ont laissé peu de traces au sein des fonds généraux dédiés à la business history que nous avons consultés. À titre d'exemple, le fonds Corporate Reports hébergé par la Baker Library de la Harvard Business School, qui représente l'une des principales ressources de l'histoire des entreprises aux États-Unis, ne contient aucun dossier d'agences de crédit non affecté (parmi les 27 000 entreprises représentées dans ce fonds), selon nos recherches effectuées sur place, ce qui a entre autres motivé notre choix d'explorer des centres d'archives locaux.
1.1. Chicago : documenter les activités de la Household Finance Corporation
L'entreprise fondée à Minneapolis (Minnesota) par Frank Mackey en 1878 a une trajectoire particulière qui explique en partie l'accès que nous avons pu avoir à différentes sources. À partir des années 1950, HFC a peu à peu abandonné ses activités de crédit non affecté pour se spécialiser dans la vente de biens à crédit (installment buying) et la vente de prêts immobiliers secondaires (second mortgages, aussi connues sous le nom d'equity of credit), permettant aux ménages d'utiliser leur prêt immobilier comme une garantie afin d'obtenir des crédits à la consommation de montants plus faibles. En 2002, alors que l'entreprise fait face à de nombreux procès pour « predatory lending » dans l'ensemble du pays, elle est rachetée par le holding bancaire anglais HSBC pour la somme de 14 milliards de dollars49. Or, l'entreprise anglaise a une politique ouverte d'accès aux archives et nous avons pu consulter librement les 49 L'acquisition de l'entreprise, devenue une branche prenant le nom de HSBC Finance Corporation, devait permettre à la banque anglaise de s'attaquer aux prêts immobiliers aux États-Unis. 57 fonds conservés, au siège établi à Brooklyn (New York)50 : bien que relativement peu d'éléments datant d'avant les années 1920 aient été conservés, ces documents représentent un matériau essentiel à la construction de nos analyses, en particulier celles des chapitres I et V. Ce fonds regroupe des documents relatifs à l'histoire interne de l'entreprise (biographie des dirigeants, correspondance entre les gérants, monographies sur l'entreprise), l'ensemble des publications du magazine officiel HFC News et les rapports annuels aux actionnaires entre 1928 et 1940, un ensemble épars de coupures de presse, mais également un petit nombre de dossiers de client-e-s (6 entre 1914 et 1916, 4 entre 1921 et 1945) : ceux-ci contiennent les formulaires utilisés pour effectuer la demande de prêts, les différents contrats signés ainsi que divers documents fournis par les emprunteur-se-s lors de leur demande de prêt. Enfin, certains documents datant d'après les années 1920 fournissent des éclairages ponctuels : à titre d'exemple, ce fonds contient un livret (publié en 1935) destiné aux gérants d'agences, afin de leur expliquer à la fois comment gérer le processus de recouvrement et comment répondre aux critiques adressées dans l'espace public contre l'entreprise. En complément, les archives de la fondation Russell Sage, conservées à la bibliothèque du Congrès à Washington (D.C.) contiennent six cartons spécifiquement dédiés à l'entreprise HFC51. Le grand nombre de documents conservés dans ce fonds s'explique par la proximité entre les deux organisations à partir de 1917 : les philanthropes et la direction de l'entreprise ont largement collaboré entre les années 1920 et 1940, malgré de nombreuses frictions (Anderson et al., 2015), avec pour objectif de bâtir la légitimité des prêts de petites sommes ( loans). Ces documents sont de types très variés : on trouve à la fois des analyses (quantitatives ou qualitatives) produites par l'entreprise, des dossiers relatifs à la communication externe de l'entreprise (publicités locales ou nationales, diverses publications vantant les mérites des services de crédit offerts), les rapports annuels aux actionnaires entre 1929 et 1943 et un corpus de lettres échangées entre la direction du DRL et la gérance de HFC. 50 Household Finance Corporation Archives, HSBC Bank USA, Hanson Place, Brooklyn (New York). Russell Sage Foundation Archives, ci-après RSF, Library of Congress, Boxes 82-87. 52 RSF, Box 17, Folder Loan Shark Campaigns Illinois 1910-1917, Folder Legislative Campaign Illinois 1911-1917. 51
1.2. Atlanta : un système de crédit reconstruit à partir de sources diverses
La collecte de matériaux en Géorgie, en particulier à Atlanta, a nécessité de déployer des stratégies différentes de celles mobilisées dans le cas de l'Illinois : les archives d'un acteur puissant, équivalente à l'entreprise HFC, n'ont pas pu être identifiées, et les agences de crédit locales avaient moins d'échanges avec la fondation que celles de l'Illinois. Trois principaux centres ont tout d'abord été visités lors de la recherche de données : les archives officielles de l'État, Georgia State Archives et les fonds de l'Atlanta History Center, qui regroupent une grande partie des archives privées ou municipales relatifs à l'histoire de la ville, et les fonds conservés au sein des universités Georgia State et Emory. Différents historiens spécialistes du Sud du pays suggèrent que la Géorgie bénéficie d'archives relativement bien conservées, en particulier pour ce qui est des archives administratives de l'État, en comparaison d'autres États du Sud pour lesquels les sources historiques n'ont souvent pas connu la même qualité de conservation que dans d'autres régions, comme le Nord-Est ou le Midwest (Ndiaye 2005, Barreyre et Schor 2009, Muller 2012). Cela s'est vérifié lors de ce travail : si nos recherches étaient fructueuses en Géorgie, nous avons effectué en 2015 un déplacement dans la plus grande ville de l'Alabama (Birmingham), l'État contigu à la Géorgie, afin de chercher des documents à ceux récoltés à Atlanta. À l'exception d'une avance sur salaire manuscrite, retrouvée au sein d'un fonds de l'entreprise Sloss Furnaces53, aucun document équivalent à ceux retrouvés en Géorgie n'a pu être identifié. L'une de nos premières intuitions était de travailler sur les dossiers de la justice de paix, échelon inférieur des tribunaux civils de l'État, ayant juridiction sur les contentieux pour impayés de montants inférieurs à 100 $54. Cette stratégie a notamment été suivie par Albert (2012, 2014) afin d'étudier les pratiques de crédit des classes populaires parisiennes de la Belle Époque55. 59 contrairement au cas de la France, les dossiers de la justice de paix ont été très mal conservés en Géorgie, et aucun dossier n'a pu être identifié dans le cas de l'Alabama56. Deux ensembles de dossiers ont néanmoins pu être consultés : ceux des juges Bloodworth et Godby, en poste à Atlanta au début du XXe siècle57. Les dossiers du juge Bloodworth (1906-1908) ont certainement survécu du fait que les pratiques du magistrat ont été au coeur de plusieurs enquêtes judiciaires par des grands jurys entre 1903 et 1910 et ceux du juge Godby (1921-1924) sont issus d'un fonds privé, légué par les descendants du magistrat. Bien que ces sources ne permettent pas un traitement systématique du type de celui mené par Albert (2014), elles fournissent un point d'appui essentiel à l'analyse de ce système de crédit58. Ensuite, un livre de compte d'un prêteur de Géorgie, James Murphy Hill, a pu être identifié (il s'agit du seul que nous ayons retrouvé dans l'ensemble des fonds parcourus) : ce document représente une pièce essentielle à l'argumentaire que nous développons dans le chapitre II et un point d'appui important pour discuter les analyses produites par les réformateurs59. Il contient l'ensemble des transactions de prêts effectuées par le prêteur durant les années 1910 et 1911, les montants accordés et versés ainsi que les noms des client-e-s60. Si les recherches menées au sein des fonds de manuscrits et d'imprimés conservés à l'université Georgia State n'ont pas été fructueuses, un certain nombre d'éléments numérisés par l'université Emory se sont avérés très utiles pour notre travail. Les annuaires municipaux, qui permettent de repérer les adresses et les métiers d'un grand nombre de résident-e-s Différents archivistes de Géorgie et d'Alabama m'ont indiqué que la plupart des dossiers de la justice de paix ont été détruits, soit du fait de causes naturelles (notamment des feux fréquents qui ravagent ces États), soit du fait d'une volonté politique : de nombreux fonds semblent notamment avoir été supprimés par l'administration Reagan, dans un souci d'économie d'espace et de main-d'oeuvre nécessaires à la conservation des pièces. De surcroît, les juges de Géorgie n'étaient pas tenus de conserver des registres de leurs jugements : il s'agissait de magistrats non professionnels qui soit ne les ont pas conservés, soit les ont conservés en privé, à l'instar du juge Godby.
| 27,121
|
2ff128fa3d03e02773ac59e6ca6238bc_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,009
|
Empilements de cercles et modules combinatoires. Annales de l'Institut Fourier, 2009, 59 (no. 6), pp.2175-2222. ⟨hal-00121469v2⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 3,405
| 6,073
|
Proposition B.2. Soit (X, μ) un espace Q-régulier, Q > 1, muni d’une suite de quasi-empilements dont la maille tend vers zéro. Pour L > 0, on note ΓL les courbes de X de diamètre au moins L. Pour n assez grand, on a modQ (ΓL, Sn ) modQ ΓL si modQ ΓL > 0 et sinon, lim modQ (ΓL, Sn ) = 0. De même, pour tout condensateur (E, F ) et pour n assez grand, on a modQ (E, F, Sn ) modQ (E, F ) si modQ (E, F ) > 0 et sinon, lim modQ (E, F, Sn ) = 0. Une des inégalités sera un corollaire quasi-immédiat du lemme suivant, que l’on extrait de la proposition car il est plus général : Lemme B.3. Soit (X, μ) un espace Q-régulier muni d’un K-quasiempilement S, et soit Γ une famille de courbes. On suppose qu’il existe une constante κ > 0 telle que, pour tout s ∈ S et toute γ ∈ Γ, si γ ∩ s 6= ∅ alors diam (γ ∩ (2K) · B(s)) ≥ κ · diam B(s), où B(s) est la boule interne de s. Alors, on a modQ Γ. modQ (Γ, S). Avant de démontrer ces énoncés, on rappelle un lemme qui nous sera utile. Lemme B.4. Soit (X, μ) un espace métrique mesuré qui vérifie la condition de doublement de volume. On considère une famille de boules B ∈ B et on associe à chacune un poids aB > 0. Pour tout p > 1, pour tout λ ∈]0, 1[, il existe une constante C = C(p, λ) > 0 indépendante de B et des poids, telle que Z X aB χB p dμ ≤ C Z X aB χλB p dμ. La démonstration de ce lemme utilise les fonctions maximales de Hardy-Littlewood et consiste à estimer la norme de cette fonction en tant qu’élément du dual de Lq, où (1/p) + (1/q) = 1 (voir [3] dans le cadre euclidien). Démonstration du Lemme B.3. Si ρ ∈ MQ (X, S), on définit la soupe ρb du poids ρ par ρb = X ρ(s) χ2KB(s), diam B(s) s∈S où χ2KB(s) désigne la fonction caractéristique de 2KB(s). Du coup, si γ ∈ Γ, alors X Z ρ(s) lρb(γ) ≥ γ∩2KB(s) diam s s∈S(γ) ≥κ X ρ(s) s∈S(γ) ≥ κLρ (Γ, S). D’autre part, VQ (b ρ) = Z X ρ(s) χ2KB(s) diam s s∈S Z X ρ(s) χB(s) diam s s∈S X. X!
Q
!Q
42
PETER HAÏSSINSKY par le Lemme B.4. Or, pour tout x ∈ X, on a!Q Q X ρ(s) ρ(s) χB(s) (x) χB(s) (x) ≤ (K + 1) · max diam s
diam s s∈S Q ≤ (K + 1) X ρ(s) s∈S Par conséquent, on a VQ (b ρ). XZ s∈S. X B(s) diam s ρ(s) diam s χB(s) (x) Q. Q ρ(s)Q s∈S car μ(B(s)) diam B(s)Q. Donc VQ (b ρ). VQ (ρ, S) et on obtient ainsi modQ Γ. modQ (Γ, S). Pour l’autre inégalité, nous allons adapter l’argument de la Proposition 3.2.1 de [17]. Dans ce but, on définit une Sn -approximation d’une courbe γ : [0, 1] → X comme une suite finie de pièces {s1,..., sk } de Sn deux à deux distinctes, telle qu’il existe 0 = t0 < t1 <... < tj <... P < tk = 1 qui vérifient {γ(tj ), γ(tj+1)} ⊂ sj+1. On note ln (γ) = 0≤j<k d(γ(tj ), γ(tj+1 )) et on définit l’application an (γ) : [0, ln (γ)] → X, constante par morceaux, par " "! X X an (γ) d(γ(tj ), γ(tj+1)), d(γ(tj ), γ(tj+1)) = γ(tm ) 0≤j<m 0≤j≤m pour 0 ≤ m ≤ k − 1 et an (γ)(ln (γ)) = γ(1). Notons qu’en général il existe plusieurs Sn -approximations d’une P même courbe. Cependant, on a toujours ln (γ) ≤ Sn (γ) diam s. Démonstration de la Proposition B.2. On se fixe un condensateur (E, F ) et un diamètre L > 0, et on note Γ = Γ(E, F ) ou Γ = ΓL. On montre dans un premier temps que modQ Γ. modQ (Γ, Sn ) pour n assez grand, où les constantes implicites ne dépendent ni de n, ni du condensateur. Par hypothèses, il existe une constante K ≥ 1 et pour chaque s ∈ ∪Sn une boule B(s) telles que B(s) ⊂ s ⊂ K ·B(s). Comme DE CERCLES ET S COMBINATOIRES 43 la maille de Sn tend vers 0, il existe κ > 0 tel que, pour tout n assez grand, pour toute γ ∈ Γ et toute s ∈ S(γ), diam (γ ∩ (2K) · B(s)) ≥ κ · diam B(s). Pour ces n-ci, on obtient modQ Γ. modQ (Γ, Sn ) par le Lemme B.3. Quant à la réciproque, on se fixe ε > 0. D’après la Proposition A.7, il existe une fonction continue g : X → R+ telle que Lg (Γ) = 1 et Z g Q dμ ≤ modQ Γ + ε. X On peut supposer g(x) ≥ δ > 0 puisque X est compact et μ(X) < ∞. On définit, pour x ∈ X, gn (x) = inf{g(y), y ∈ s, x ∈ s, s ∈ Sn }. Puisque g est continue et la maille de Sn tend vers 0, la suite (gn ) tend uniformément vers g. Notons ρn (s) := (3/2) inf s g · diam s, et montrons que Lρn (Γ, Sn ) ≥ 1 pour n assez grand. Si ce n’est pas le cas, alors il existe une sous-suite (np ) ainsi que des courbes (γp ) de Γ telles que lρnp (γp, Snp ) < 1. On se fixe des approximations anp (γp ). Ceci implique que d’une part X Snp (γp ) diam s · inf g < 1 − (δ/2) s X diam s, Snp (γp ) et d’autre part lnp (γp ) < 1/δ. Notons l = supp lnp (γp ) et étendons anp (γp ) à [0, l] en posant anp (γp )([lnp (γp ), l]) = anp (γp )(lnp (γp )). On obtient ainsi une suite relativement compacte pour la convergence uniforme dont toute limite est une application 1-lipschitzienne (argument similaire au théorème d’Arzéla-Ascoli). Soit γ l’une d’elles : il s’agit, par construction, d’une courbe γ ∈ Γ : dans le premier cas, elle relie E et F ; dans le second, son diamètre est bien minoré par L. On obtient, par le lemme de Fatou, Z Z L gds ≤ lim inf gnp ◦ anp (γp ) γ 0 ≤ lim inf X diam s inf g s Snp (γp ) ≤ 1 − (δ/2) lim sup X diam s Snp (γp ) ≤ 1 − (δ/2)l(γ). Ceci contredit Lg (Γ) = 1. Du coup, pour n assez grand, on a X modQ (Γ, Sn ).
(inf g)Q · (diam s)Q s. ≤ X (inf g)Q · μ(B(s)) s XZ g Q dμ B(s). Z g Q dμ X ≤ modQ Γ + ε. Par conséquent, si modQ Γ = 0, on obtient modQ (Γ, Sn ) → 0 avec n, et si modQ Γ > 0, on obtient modQ (Γ, Sn ). modQ Γ en prenant e.g. ε = modQ Γ. Cette proposition permet de donner une nouvelle démonstration qu’une application quasimöbius entre Q-espaces réguliers quasipréserve les Qmodules de condensateurs quantitativement [24]. Rappelons, suivant J. Väisälä [25], qu’un homéomorphisme φ : X → Y entre espaces métriques est quasimöbius s’il existe un homéomorphisme η : R+ → R+ tel que, quelque soit le quadruplet de points distincts x1, x2, x3, x4 ∈ X, on a |
φ(x1 ) − φ(x2 )| |φ(x3 ) − φ(x4 )| |x1 − x2 | |x3 − x4 |. ≤η |φ(x1 ) − φ(x3 )| |φ(x3 ) − φ(x4 )| |x1 − x3 | |x3 − x4
| Théorème B.5 (J. Tyson). Soient X, Y deux espaces compacts Qréguliers et φ : X → Y un homéomorphisme quasimöbius. Alors, pour EMPILEMENTS DE CERCLES ET MODULES COMBINATOIRES 45 tout condensateur (E, F ), on a modQ (E, F ) modQ (φE, φF ), où les constantes implicites ne dépendent que des constantes des propriétés évoquées sur X et Y. Démonstration. On se fixe une suite de recouvrements (Sn ) comme pour la Proposition B.2. Une application quasimöbius est localement quasisymétrique (quantitativement) donc l’image des Sn reste une suite de recouvrements de valence bornée par pièces uniformément rondes dont la maille tend vers 0, donc , en utilisant deux fois la Proposition B.2 pour n assez grand, on obtient modQ (E, F ) modQ (E, F, Sn ) = modQ (φE, φF, φSn ) modQ (φE, φF ) ce qui établit le théorème. Annexe C. Convergence et topologie de Hausdorff
Cet appendice précise les notions de convergence utilisées notamment dans la démonstration du Théorème 3.4. Soit (Z, d) un espace métrique. Si X, Y ⊂ Z, on note ∂(X, Y ) = sup d(x, Y ). x∈X On a ∂(X, Y ) = 0 si et seulement si X ⊂ Y. On définit par dH (X, Y ) = max{∂(X, Y ), ∂(Y, X)} la distance de Hausdorff entre X et Y. On dira qu’une suite (Xn )n de parties de Z tend vers X si dH (Xn, X) → 0. En notant Vε (X) = {x ∈ Z, d(x, X) < ε}, cela signifie que, pour tout ε > 0, il existe n0 tel que si n ≥ n0 alors Xn ⊂ Vε (X) et X ⊂ Vε (Xn ). Rappelons que si X un espace métrique propre, alors l’ensemble des compacts non vides de X muni de la distance de Hausdorff est un espace métrique complet. Dans la démonstration du Théorème 3.4, les ensembles Pn tendent dans la topologie de Hausdorff vers X. Dans un premier temps, on réinterprète la convergence au sens de Hausdorff à l’aide de la convergence uniforme de fonctions. Ensuite, on établit un théorème de convergence de fonctions définies sur des sous-espaces convergents. On se place dans un contexte très proche de ce dont on a besoin. Cette approche est inspirée par les travaux de M. Gromov sur la métrique de « Hausdorff-Gromov » dans [13], et nos 46 PETER HAÏSSINSKY résultats s’étendent à ce contexte plus général sans problème particulier. Lemme C.1. Si Z est un espace métrique compact, alors, pour tout ε > 0, il existe un nombre N(ε) tel que tout compact K de Z peut être recouvert par N(ε) boules de rayon ε centrées sur K. Démonstration. Si ε > 0 est fixé, on considère un recouvrement fini de Z par des boules de rayon ε/2. On note N(ε) le nombre de ces boules. Pour chacune de ces boules B, pour chaque x ∈ B, on a B ⊂ B(x, ε). Donc, si K est compact, alors il est recouvert par au plus N(ε) boules de rayon ε. Soit Z un espace métrique compact. On considère la suite (Nk )k≥1 des entiers obtenus par le lemme précédent en prenant ε = 1/2k. On note ( ) Y Ak = (nj )1≤j≤k ∈ [1, Nj ] et pk : Ak+1 → Ak 1≤j≤k l’application (nj )1≤j≤k+1 7→ (nj )1≤j≤k. On définit ) ( Y Ak, pk (ak+1 ) = ak. A = lim (Ak, pk ) = (ak ) ∈ ←− k≥1 Cet espace est compact, et on peut définir une distance ultra-métrique dA comme suit. 1 dA ((ak ), (bk )) = min{j, aj 6=bj }. 2 Lemme C.2. Si K est un compact de Z, alors il existe une application I : A → K surjective et 2-Lipschitz. Démonstr
ation
. Soit B1 = {Bj1 }1≤j≤N1 un recouvrement par N1 boul
es
de rayon 1/2. On définit I1 (n) = xn, le centre de Bn1. On suppose que, jusqu’au rang n ≥ 1, on a construit des applications Ik : Ak → K telles que (a) Ik (Ak ) est une (1/2k )-approximation de K (chaque point de K est à distance au plus 1/2k de Ik (Ak ) ; (b) Pour chaque k, Ik+1 (a) ∈ B(Ik pk (a), 1/2k ), pour tout a ∈ Ak+1. Pour chaque a ∈ An, Ba = B(In (a), 1/2n ) est recouvert par Nn+1 boules Ba = {B(xaj, 1/2n+1)}1≤j≤Nn+1. On définit In+1 (a, j) = xaj. Notons que xaj ∈ Ba. Par définition, In+1 ({a} × [1, Nn+1]) est une 1/2n+1-approximation de Ba. Puisque ces EMPILEMENTS DE CERCLES ET MODULES COMBINATOIRES 47 boules recouvrent K, on obtient (a) pour k = n + 1. De même, (b) est vérifié par construction puisque pn (a, j) = a. D’après (b), si a = (ak ) ∈ A, alors (Ik (ak ))k est une suite de Cauchy. On définit alors I(a) = lim Ik (ak ). On note que I(a) ∈ B(Ik (ak ), 1/2k ) pour chaque k. D’après (a) et (b), pour tout x ∈ K, on peut trouver une suite de boules dans chaque recouvrement qui contiennent x. Autrement dit, I est surjective. Soient a = (an ) et b = (bn ) des points de A. On suppose que dA (a, b) = 1/2k. Du coup, ak = bk, et I(a), I(b) ∈ B(Ik (ak ), 1/2k ), donc |
I
(a) −
I
(
b)|
≤ 1/2k−1
≤
2d
A (a, b). Corollaire C.3. Si (Xn ) est une suite de compacts de Z qui tend vers un compact X, alors, quitte à extraire une sous-suite, la suite (In ) définie par le Lemme C.2 tend vers une application I : A → Z telle que I(A) = X.
Dé
monstr
ation. Le lemme précédent nous construit un espace métrique A et une suite d’applications I n : A → Z 2-lipschitziennes telles que I n (A) = Xn. Cette suite est donc équicontinue et le théorème d’Ascoli nous extrait une sous-suite (nk ) de sorte que (I nk )k est convergente vers une application 2-lipschitzienne I : A → Z. Il reste à vérifier que X = I(A). Or, on a dH (Xnk, I(A)) ≤ sup |I nk (a) − I(a)| a∈A donc I(A) est la limite de Hausdorff de (Xnk ), ce qui établit le corollaire, puisqu’il y a unicité de la limite (parmi les ensembles fermés). Convergence des fonctions. On étudie maintenant les limites de fonctions lorsque les espaces sont convergents. On utilise la notion de module de continuité pour traduire la notion de continuité uniforme. Définition C.4 (module de continuité). Si f : X → Y est continue, un module de continuité est une fonction ω : R+ → R+ telle que ω(t) → 0 avec t et, pour tous x, y ∈ X, |f (x) − f (y)| ≤ ω(|x − y|). On remarque aussi que si une famille de fonctions est uniformément équicontinue, il existe un module de continuité qui ne dépend pas de la fonction de la famille. Definition. — Soient Z et Y deux espaces métriques compacts, (Xn ) une suite de compacts de Z qui converge vers un compact X. Soit (fn : Xn → Y ) une suite d’applications continues. On dit que (fn ) converge vers f : X → Y si, pour tout ε > 0 et pour tout z ∈ X, il existe α > 0, tel que, pour tout n assez grand, si zn ∈ Xn vérifie d(zn, z) < α alors d(fn (zn ), f (z)) < ε. On obtient ainsi Théorème C.5. Soient Z et Y deux espaces métriques compacts, (Xn ) une suite de compacts de Z qui converge vers un compact X. Soit (fn : Xn → Y ) une suite d’applications continues qui admet un module de continuité uniforme. Il existe une sous-suite (fnk ) qui converge vers une application continue f : X → Y, munie du même module de continuité. En particulier, si la suite (fn ) est isométrique, L-Lipschitz ou ηquasisymétrique, il en est de même de la limite. Démonstration. Soit ω le module de continuité uniforme de (fn ). On note A le compact obtenu par le Lemme C.2 pour Xn et on suppose que I n tend vers I uniformément. On obtient ainsi une suite d’applications gn = fn ◦ I n : A → Y uniformément équicontinue. Le théorème d’Ascoli nous permet d’extraire une sous-suite convergente vers une application g : A → Y. Soient z, w ∈ X. Il existe a, b ∈ A tel que I(a) = z et I(b) = w. Du coup, |g(a) − g(b)| = |fn (I n (a)) − fn (I n (b))| ± (|gn (a) − g(a)| + |gn (b) − g(b)|) donc |g(a) − g(b)| = lim |fn (In (a)) − fn (In (b))|. Du coup, g(a) = g(b) si I(a) = I(b). Autrement dit, il existe f : X → Y telle que g = f ◦ I. Cette application f a le même module de continuité : |f (z)−f (w)| = lim |fn (I n (a))−fn (I n (b))| ≤ lim ω(|I n (a)−I n (b)|) = ω(|z−w|). Le reste suit, et est laissé au lecteur.
EMPILEMENTS DE CERCLES ET MODULES COMBINATOIRES 49
Références [1] L.V. Ahlfors, Lectures on quasiconformal mappings, Van Nostrand, 1966. [2] L.V. Ahlfors, Conformal invariants : topics in geometric function theory, McGraw-Hill Series in Higher Mathematics. McGraw-Hill Book Co., New York-Düsseldorf-Johannesburg, 1973. [3] B. Bojarski, Remarks on Sobolev imbedding inequalities, Complex analysis, Joensuu 1987, 52–68, Lecture Notes in Math., 1351, Springer, Berlin-New York, 1988. [4] M. Bonk & B. Kleiner, Rigidity for quasimöbius group actions, J. Differential Geom. 61 (2002), no. 1, 81–106. [5] M. Bonk & B. Kleiner, Quasisymmetric parametrizations of two-dimensional metric spheres, Invent. Math. 150 (2002), no. 1, 127–183. M. Bonk & B. Kleiner, Conformal dimension and Gromov hyperbolic groups with 2-sphere boundary, Geom. Topol. 9 (2005), Paper no. 7, 219–246. [7] J.W. Cannon, The theory of negatively curved spaces and groups, Ergodic theory, symbolic dynamics, and hyperbolic spaces (Trieste, 1989), 315–369, Oxford Sci. Publ., Oxford Univ. Press, New York, 1991. [8] J.W. Cannon, The combinatorial Riemann mapping theorem, Acta Math. 173 (1994), no. 2, 155–234. [9] J.W. Cannon, W.J. Floyd & W.R. Parry, Squaring rectangles : the finite Riemann mapping theorem, The mathematical legacy of Wilhelm Magnus : groups, geometry and special functions (Brooklyn, NY, 1992), 133–212, Contemp. Math., 169, Amer. Math. Soc., Providence, RI, 1994. [10] J.W. Cannon, W.J. Floyd & W.R. Parry, Sufficiently rich families of planar rings, Ann. Acad. Sci. Fenn. Math. 24 (1999), no. 2, 265–304. [11] J.W. Cannon & E.L. Swenson, Recognizing constant curvature discrete groups in dimension 3, Trans. Amer. Math. Soc. 350 (1998), no. 2, 809– 849. [12] Y. Colin de Verdière, Un principe variationnel pour les empilements de cercles, Invent. Math. 104 (1991), no. 3, 655–669. [13] M. Gromov, Groups of polynomial growth and expanding maps, Inst. Hautes Études Sci. Publ. Math. 53 (1981), 53–73. [14] J. Heinonen, Lectures on analysis on metric spaces, Universitext. SpringerVerlag, New York, 2001. [15] J. Heinonen & P. Koskela, Quasiconformal maps in metric spaces with controlled geometry, Acta Math. 181 (1998), no. 1, 1–61. [16] S. Keith, Modulus and the Poincaré inequality on metric measure spaces, Math. Z. 245 (2003), no. 2, 255–292. [17] S. Keith & T. Laakso, Conformal Assouad dimension and modulus, Geometric and Functional Analysis, 14 (2004), no. 6, 1278–1321. [18] P. Koebe, Kontaktprobleme der konformen Abbildung, Ber. Sächs. Akad. Wiss. Leipzig, Math.-phys 88 (1936), 141–164. 50 PETER HAÏSSINSKY [19] J. Nagata, Modern dimension theory Bibliotheca Mathematica, Vol. VI. Edited with the cooperation of the Mathematisch Centrum” and the “Wiskundig Genootschap” at Amsterdam Interscience Publishers John Wiley & Sons, Inc., New York 1965. [20] P. Pansu, Dimension conforme et sphère à l’infini des variétés à courbure négative. Ann. Acad. Sci. Fenn. Ser. A I Math. 14 (1989), no. 2, 177–212. [21] B. Rodin & D. Sullivan, The convergence of circle packings to the Riemann mapping, J. Differential Geom. 26 (1987), no. 2, 349–360. [22] O. Schramm, Square tilings with prescribed combinatorics, Israel J. Math. 84 (1993), no. 1-2, 97–118. [23] W.P. Thurston, Three-dimensional manifolds, Kleinian groups and hyperbolic geometry, Bull. Amer. Math. Soc. (N.S.) 6 (1982), no. 3, 357–381. [24] J. T. Tyson, Metric and geometric quasiconformality in Ahlfors regular Loewner spaces, Conform. Geom. Dyn. 5 (2001), 21-73. [25] J. Väisälä, Quasi-Möbius maps, J. Analyse Math. 44 (1984/85), 218–234.
LATP/CMI, Université de Provence, 39, rue Frédéric Joliot-Curie, 13453 Marseille cedex 13, France E-mail address: [email protected].
| 44,204
|
02/halshs.archives-ouvertes.fr-halshs-01026245-document.txt_7
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,587
| 11,825
|
Problématique
Après le succès de La Terre vue du Ciel, l'éducation nationale a choisi en 2006 la fondation GoodPlanet, présidée par Yann Arthus Bertrand, et le média exposition pour accompagner et appuyer la première phase de généralisation de l'ÉDD. L'exposition Le développement durable, pourquoi? est la figure de proue de l'incitation à utiliser ce média comme ressource pédagogique en ÉDD. Au delà de ce cas très médiatisé, nous avons souhaité connaître le nombre et la teneur de ces expositions circulant dans les établissements scolaires, produites par d'autres structures que l'éducation nationale mais étiquetées13 par celle-ci comme des ressources utiles pour cette éducation. 13 Il n'existe cependant pas de label officiel comme pour les ressources numériques « reconnues d'intérêt pédagogique ». Compte tenu de l'importance de cette « labellisation », comme recommandation pour faire entrer certaines expositions dans les établissements scolaires, nous présupposons que les expositions retenues le sont en fonction d'un contenu jugé conforme à l'ÉDD, dans ses grands principes pédagogiques et axiologiques. La première partie de notre recherche consiste donc à identifier les thèmes et les messages véhiculés dans les expositions prescrites en ÉDD. Nous cherchons plus particulièrement à déterminer si elles permettent d'ouvrir à la « dimension pédagogique nouvelle » prônée par les circulaires de réorientation de l'ÉE, à la fois dans l'intégration des aspects économiques, environnementaux, sociaux et culturels, mais aussi dans la dimension d'éducation au choix. Par l'analyse des expositions, nous cherchons donc à clarifier les messages véhiculés par les producteurs dans les expositions, en termes de finalités – s'agit-il de finalités éducatives, communicationnelles, ou bien encore de valorisation de la structure? – et en termes d'éthiques environnementales – sont-elles anthropocentriques, biocentriques ou écocentriques (Larrère, 1997)? Nous pensons que le mode d'analyse retenu, nous permettra d'esquisser les conceptions effectives des producteurs en matière d'ÉDD : approche positiviste (éducation aux comportements, à la gestion dictée par des experts), approche critique (éducation à la citoyenneté et au débat) ou approche interprétative (éducation sensible, à la nature) (FortinDebart, 2004). Nous cherchons également à déterminer dans quelle mesure les propos présentés au sein des expositions sont marqués par l'identité de leurs producteurs. L'absence de travaux préliminaires dans le domaine a tout d'abord nécessité de réaliser un inventaire, le plus exhaustif possible, de l'offre existante et d'identifier les producteurs et les principaux thèmes abordés. Une première analyse a abouti à l'élaboration d'une typologie transitoire qui permet de dégager quelques grandes tendances de la mise en exposition des thématiques du développement durable au sein des établissements scolaires. Elaboration du corpus d'expositions et méthodes d'analyses
Constitution du corpus Identification des expositions Pour inventorier les expositions « prescrites » en ÉDD, nous nous sommes en premier lieu tournés vers le Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP), à la tête du réseau 181 SCÉREN (Services, Culture, Éditions, Ressources pour l'Éducation Nationale), constitué entre autre de plusieurs Centres Régionaux de Documentation Pédagogique (CRDP), et ayant pour mission de « répondre aux besoins des acteurs et des usagers du système éducatif, en proposant un accueil, en offrant de la documentation, des éditions, des animations pédagogiques et de l'expertise en ingénierie éducative »14. Or, actuellement, aucun catalogue national des expositions itinérantes distribuées par le SCÉREN n'est disponible. En effet, chaque CRDP est indépendant, ce qui nous a conduit à consulter les 31 catalogues correspondants, par le logiciel BCDI, via leurs sites internet. Les recherches ont été effectuées par critères multiples, à partir des mots « développement durable », du support « affiche » et de la discipline « ÉEDD » ou « ÉDD ». Nous avons ainsi pu établir une liste des expositions distribuées directement par l'éducation nationale. Dans le cas des expositions disponibles hors du réseau, mais identifiées comme ressources pour l'ÉDD, nous avons tout d'abord utilisé le site Éducasources (la base de ressources numériques en ligne sélectionnées par le réseau SCÉREN), le site internet du pôle national de compétences de l'académie d'Amiens ainsi que les sites d'autres académies, en particulier ceux spécialisés en ÉDD. Nous avons eu accès, d'une part, à des expositions identifiées nommément par l'éducation nationale et non distribuées par le réseau SCÉREN, et d'autre part, aux noms des structures reconnues l'institution comme ressources d'expositions pour l'ÉDD. Sur les sites internet de ces organismes, nous avons répertorié les expositions marquées par le producteur comme relevant du développement durable selon quatre critères : 1. la notion est clairement identifiable dans le titre de l'exposition, 2. les expositions sont classées dans une rubrique spécialement dédiée au développement durable, 3. le producteur déclare réaliser des ressources pour l'ÉDD, ou 4. le producteur est connu pour ses missions en rapport avec le développement durable et donc toutes les expositions qu'il créée et distribue relève de ce cadre, ceci est par exemple le cas de l'ADEME. Mode de diffusion Nombre d'expositions Pourcentage Type de recommandation Nombre d'expositions Pourcentage Par le réseau SCEREN Par un organisme extérieur à l'éducation nationale 63 23 65 42 % 15 % 43 % Recommandation directe : Recommandation indirecte : Exposition recommandée Producteur recommandé 86 65 57 % 43 %
Figure 1 : Répartition des expositions du corpus, en termes de diffusion et de recommandations par l'institution
Constitution de fiches synoptiques pour chaque exposition
Les informations recueillies ont été regroupées sous forme de fiches synoptiques, à la fois pour alimenter les étapes ultérieures de ce travail, mais aussi pour servir d'outils aux enseignants. Pour chacune des 151 expositions, nous avons collecté, entre autre, l'année de parution, le format, le producteur, le ou les conseiller(s) scientifique(s) éventuel(s), le(s) partenaire(s) éventuels, le public visé, les modalités d'obtention, le diffuseur, le territoire de diffusion, le thème principal de l'exposition, le titre des panneaux et les supports de médiation rencontrés (figure 2). Suite à ce travail assez long de constitution du corpus, nous avons retenu pour première phase d'analyse, des méthodes quantitatives pour aboutir à une première proposition de typologie. Méthodes employées pour l'analyse du corpus
Le corpus comprend 99 % d'expositions constituées de panneaux ou d'affiches, leur donnant ainsi l'allure de livres verticaux. Ce format d'exposition permet de considérer ces documents scriptovisuels (Jacobi, D. & Jacobi, E., 1985) comme des entités sémiotiques propres pouvant être étudiées en dehors de leurs mises en espace. Pour chaque exposition, nous avons déterminé, tout d'abord un thème, puis à partir de la lecture organisée de l'exposition, un 183 ensemble de sous thèmes. Notre méthode a consisté à repérer les textes images15 les plus importants de chaque panneau, de manière à dégager le sujet sur lequel il porte, sans s'attacher dans cette première étude à la manière dont il est abordé. Ainsi, nous avons déterminé un, parfois deux sujets par panneau, classés ensuite en sous thèmes, catégories plus larges, permettant un traitement statistique plus aisé. 15 Au sein des panneaux existe une diversité de textes images, structurant son contenu : titre, soustitres, chapeau, paragraphes, mots en gras, mots en couleur, surlignés, soulignés, en décrochement, etc. (Poli, 2002)
184 Figure 2 : Exemple de fiche synoptique 185
Nous avons également recensé les différents supports de médiation c'est à dire les types de documents (photographies, dessins, textes, graphiques, cartes, etc.) utilisés par le producteur pour servir sa communication vers le « visiteur-lecteur » de l'exposition. Après avoir établi l'occurrence des thèmes, des sous thèmes et des supports de médiation, nous avons croisé ces données statistiques avec les différents producteurs identifiés. Résultats principaux de l'analyse quantitative des expositions ÉDD
Les 151 expositions du corpus ont été produites entre 1990 et 2010 et sont distribuées actuellement. Même si la diffusion a lieu au sein des établissements d'enseignement, seules 47 % d'entre elles ont pour public désigné les scolaires. Le secondaire représente la cible privilégiée, avec 38 % pour le collège et 38 % pour le lycée, le primaire constitue le quart restant. En majorité, les expositions circulant dans le cadre de l'ÉDD sont conçues pour le grand public (61 %). Cinq thèmes très présents La détermination d'un thème par exposition a nécessité la réalisation de choix. De manière générale, nous n'avons pas souhaité multiplier le nombre de thématiques. Par exemple, alors que seules 4 expositions traitent de l'agriculture, nous n'avons pas créé de catégorie spécifique correspondant à ce thème, et nous l'avons intégré à ceux que nous avions déjà déterminés (figure 3). Titre de l'exposition
Thème principal choisi L'eau et l'agriculture Eau L'énergie en agriculture Énergie Agriculture durable : agir pour les générations futures Agriculture et biodiversité Biodiversité
Figure 3 : Exemple d'attribution des thèmes pour 4 expositions du corpus sur l'agriculture
Dans d'autres cas, nous avons davantage ségrégé. Par exemple, nous avons distingué la catégorie « biodiversité » d'une autre, intitulée « faune et flore » lorsque le terme « biodiversité » n'apparaissait ni dans la description ni dans le contenu. En effet, des travaux 186 récents d'analyses d'expositions sur la biodiversité (Girault et al., 2008 ; Quertier, 2008 ; Quertier et Girault dans le même ouvrage) ont montré qu'il existait une différence de traitement de ce thème en fonction de la prise en compte ou non de la spécificité du concept hybride de biodiversité (entre science et gouvernance) (Girault & Alpe, 2011) ou de celui de diversité biologique. De même, bien que toutes les expositions soient estampillées « développement durable », dans la mesure où nous cherchons à déterminer les contours de cette notion au sein des expositions, nous avons choisi de créer une catégorie spécifique nommée « développement durable » regroupant les expositions qui font, dans le titre ou le résumé, très explicitement référence à cette notion. Il est d'ores et déjà à noter que les autres expositions, bien que relevant du champ du développement durable, selon l'éducation nationale, font rarement référence au terme sensu stricto. Une présentation par thématique en lien avec le développement durable est privilégiée. Nous avons ainsi identifié près de 23 thèmes principaux, qui couvrent en très grande majorité les thématiques définies par l'éducation nationale dans le site EduSCOL en 200916, ce qui tend d' certaine façon à confirmer l'aspect prescriptif de l'échantillon retenu. Il est également intéressant de souligner que 5 thèmes représentent à eux seul 2/3 du corpus. Ceuxci font référence à l'eau (29/151), au développement durable (25/151), aux déchets (18/151), à l'énergie (14/151) et au changement climatique (10/151) (figure 4). La forte occurrence de ceux-ci est-elle à relier avec un faible nombre de producteurs différents? 16 En ligne sur <http://eduscol.education.fr/pid23362-cid47860/les-grandes-thematiques-dudeveloppement-durable.html>. Consulté le 25 mai 2011. Figure 4 : Nombre d'expositions par thèmes principaux
Une « tête d'affiche » très productive
Pour l'ensemble du corpus, nous avons recensé 58 producteurs. La moitié des expositions ( n = 74 ) est réalisée par seulement 7 d'entre eux (figure 5) : le principal est l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), avec 26 expositions, suivent ensuite l'agence de communication COMVV (Comme Vous Voulez) et l'Agence Régionale de Haute Normandie (AREHN) avec 11 expositions chacune. Maison Agence Producteurs ADEME COMVV AREHN de l'eau Adour IRD Garonne 26 11 11 8 de Agence Double Sciences Hélice et des du (MESDD) 7 6 5
Figure 5 : Répartition du nombre d'expositions pour les 7 producteurs principaux 188
A côté de ces producteurs principaux, 38 sont à l'origine d'une seule exposition et leur statut est très varié : de l'agence de communication (3B Conseils, Italique), à des organismes de recherche (Cemagref, CNRS, Institut National d'Horticulture), en passant par des associations de solidarité (Solidarité Laïque, Intercultural Network for Development and Peace (INDP)), de commerce équitable (Artisans du monde, Max Havelaar), ou de protection de l'environnement (Fédération Rhône Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA), France Nature Environnement (FNE)). Ces différences de statuts et d'implication des producteurs dans la société ont-elles une influence sur le traitement des 5 thématiques les plus représentées? Des thèmes, entre spécialités de certains producteurs et sujets d'actualité Certains thèmes sont fortement liés aux domaines de compétences des producteurs. Ainsi, les déchets et, dans une moindre mesure l'énergie sont traités en grande majorité par l'ADEME, dont les autres champs d'action sont la qualité de l'air et le bruit. Dans le corpus, nous trouvons également une exposition sur le bruit et une sur la qualité de l'air réalisées par cet organisme. Nous constatons donc que les thèmes des expositions qu'elle réalise correspondent à son expertise dans des domaines déterminés. L'augmentation du nombre des expositions sur les déchets à partir de 2005 est probablement à relier avec le lancement de la campagne « Réduisons vite nos déchets, ça déborde » ; la moitié des expositions postérieures à cette année (6/12) contiennent en effet le logo de la campagne. Ainsi, la lecture que donne l'ADEME du développement durable est d'emblée marquée par ses propres champs d'intervention. La même conclusion peut être tirée pour les agences de l'eau qui réalisent 28 % des expositions sur le thème de l'eau. Ces établissements publics administratifs doivent « mener et soutenir des actions d'information et de sensibilisation dans le domaine de l'eau et de la protection des milieux aquatiques auprès du public et en particulier dans les établissements scolaires en favorisant l'engagement de ce dernier dans ce domaine »17. Les expositions scolaires sont les moyens employés par 2 agences sur les 6 existantes pour remplir cette charge. 189 2003, année internationale de l'eau et en 2008, année de l'exposition internationale de Zaragoza, portant sur l'eau et le développement durable. À partir de 2001 et 2002 émergent les thématiques du développement durable et du changement climatique. Le développement durable est abordé très spécifiquement par plus de 10 producteurs différents : institut de recherche (INRA, Cemagref), Association Régionale Pour l'Environnement (ARPE), associations de citoyenneté et de solidarité (Orcades, INDP, Valmy, Peuples Solidaires) et les agences d'expositions (Terre Enjeux, COMVV). Quant au changement climatique, la diversité est aussi de mise avec 7 producteurs différents pour 10 expositions, dont 4 sont des agences. L'analyse par thème permet de dégager deux types de producteurs des expositions prescrites en ÉDD : les « spécialistes », c'est à dire les organismes qui réalisent des expositions uniquement dans leur champ de compétence et les « généralistes » qui abordent différents thèmes. Dans la première catégorie, on trouve par exemple l'ADEME et les agences de l'eau. La deuxième caractérise entre autre les agences d'exposition, l'AREHN et la fondation GoodPlanet. Cette dernière élabore chaque année depuis 2006 une exposition sur un thème différent (le développement durable, la biodiversité, l'énergie, l'eau) qui est distribuée par l'éducation nationale à plus de 50 000 établissements du premier et du second degré. Ces catégories (« généralistes/spécialistes ») ont-elles un sens eu égard à la manière dont elles abordent ces diverses thématiques? Pour les cinq thèmes les plus traités, une forte dominante comportementaliste et/ou gestionnaire La fréquence des sous thèmes au sein des 5 thématiques retenues montre que la catégorie que nous avons désignée « actes et responsabilité » est très représent ée (figure 6). Celle-ci regroupe les sujets relatifs aux gestes à effectuer, aux « bonnes » et aux « mauvaises » pratiques, à la citoyenneté, aux responsabilités individuelles ou collectives, plaçant ainsi une grande majorité des expositions dans une approche à très forte connotation comportementaliste. 190 Fréquence (en %) du sous thème Position par rapport aux autres « actes et responsabilités » sous thèmes Déchets 52,3 1er 45,5 1er Énergie 35,5 2e 21,5 1er (avec les prévisions) Eau 12,5 3e Thème
Figure 6 : Importance du sous thème « actes et responsabilités » dans chaque thème
Les aspects techniques sont également très présents, tant du point de vue de la gestion que de celui des solutions (nouvelles technologies, recherche). Le thème de l'énergie, par exemple, est abordé à plus de 40 % sous l'angle des énergies renouvelables, présentées dans leur fonctionnement et en tant que solutions techniques alors que les énergies fossiles et nucléaires représentent seulement 3,8 %. Ceci traduit clairement une vision de l'environnement comme ressource à utiliser ; le choix d'expositions sur l'énergie mettant en avant les sciences et techniques, tout en occultant, par exemple, soit les tensions et conflits entre nations dus à la répartition inégale des combustibles fossiles, soit la question des déchets nucléaires. Ce mode de traitement fait écho à la manière dont les ressources énergétiques sont abordées dans les programmes scolaires d'histoire géographie au collège en 2010 : « elles sont présentées dans leur diversité et comme un « donné », leur usage étant un fait établi et peu susceptible d'évolution, ce qui limite toute réflexion sur la notion de ressources » (Vergnolle-Meinar, 2009). L'approche par la gestion (de la production au traitement) ou par la description des usages (agricole, domestique et industriel) est trouvée également pour la thématique de l'eau. A côté de ces aspects dominants, les problématiques environnementales, sont en général peu abordées. Elles le sont très peu pour l'énergie et les déchets, et davantage pour le changement climatique, l'eau et le développement durable, mais toujours avec l' de « l'environnement-problème » (Sauvé, 1997), à travers les pollutions, les maladies ou les risques. De plus, les problématiques sociales et politiques sont très peu exposées, hormis pour le cas particulier de l'eau où la géopolitique (accès, conflits, coopération internationale), la démographie, la législation, la politique publique et la participation citoyenne, sont en tête des sujets traités. Quant à la dimension économique, elle est quasiment absente dans tous les thèmes, y compris dans les expositions très explicitement dédiées au développement durable. En effet, cette notion n'est pas clarifiée : seulement 1,9 % aborde les indicateurs de développement ou la notion de croissance. Sous - thèmes abordés
Thèmes dans les expositions Occurrence Eau Actes et responsabilités 9 5 Recherche 1 Solutions et gestion 3 Environnement et impact des activités humaines Déchets Actes et responsabilités 10 1 Recherche 1 Solutions et gestion 5 Environnement et impact Changement climatique Énergie 3 des activités humaines 3 Politique 1 Actes et responsabilités 8 Solutions et gestion 3
Figure 7 : Traitement des thèmes de l'eau, des déchets, du changement climatique et de l'énergie dans les expositions spécifiquement dédiées au développement durable
L'analyse des expositions en fonction de leur producteur permet d'affiner ces premiers résultats. 192 Des expositions fortement marquées par leurs producteurs ou leurs partenaires Analyse des expositions ayant pour thème spécifique le développement durable
Pour tenter de mettre en évidence dans quelle mesure des approches différentes des thèmes pouvaient être en relation avec l'identité des producteurs, nous avons réalisé, pour chaque thème des Analyses Factorielles de Correspondance (AFC) croisant les sous thèmes et les producteurs. Pour les expositions ayant pour thème spécifique le développement durable, l'ensemble des expositions peut être distingué au sein de 4 entités en fonction de la manière dont ils l'abordent, révélatrice de leurs finalités et valeurs (figure 8). Un groupe de producteurs privilégie très clairement une approche behavioriste, avec deux finalités différentes : soit sont mis en avant les gestes à faire et des réalisations modèles en matière de développement durable, en référence bien souvent à l'écocitoyenneté, soit ce sont les bonnes pratiques du producteur qui sont exposées. Par exemple, l'Institut National d'Horticulture (INH) se présente comme « acteur du développement durable » (exposition INH 21) et relate les actions de son Agenda 21 local et ceci dans 6 panneaux sur 12. De même, la communauté urbaine de Saint Quentin en Yvelines communique sur sa situation et ses actions dans 7 des 10 panneaux de l'exposition réalisée par la MESDD (Maison de l'Environnement, des Sciences et du Développement Durable). La visée est très clairement ici la valorisation de la structure à travers l'exposition. Du point de vue de l'éducation nationale, cet objectif privilégié de « communication d'entreprise » ne semble pas incompatible avec l'éducation des élèves. Ainsi, l'académie de Nantes, qui préconise l'exposition INH 21 indique que « cette ressource fait partie d'un ensemble qui permet de monter projet pédagogique sur un thème, disciplinaire, voire pluridisciplinaire »18. Pour l'exposition de la MESDD sur le développement durable, l'académie de Versailles indique qu'elle permet « d'informer et de sensibiliser les collégiens de Saint Quentin en Yvelines et, indirectement, leurs parents à la notion de développement durable »19. Le bon exemple, les bonnes pratiques semblent donc constituer l'un des référentiels de l'ÉDD. Cette approche est opposée à un deuxième groupe d'expositions (figure 8), réalisées par un seul producteur, l'association Valmy, qui aborde le développement durable avec une vision très politique. Quelques titres de panneaux de l'exposition Le développement durable, une
18 En ligne sur < http://www.acnantes.fr/1128499412171/0/fiche___ressourceculturelle/&RH=peda_annscien >. Consulté le 25 mai 2011. 19 En ligne sur < http://www.edd.ac-versailles.fr/spip.php?article39&debut_articles=5 >. 193 autre vision du monde : « de la responsabilité environnementale des États », « la démocratie, condition incontournable du progrès! », « la paix et le développement sont indissociables » montrent que cette association, très active auprès d'organisations humanitaires, a une représentation sociocentrique de l'environnement (Fortin-Debart, 2004) et porte en haute estime les valeurs de démocratie et de paix. Sa vision du développement durable est donc le reflet de ses activités sur le terrain et de ses convictions, en tant qu'association de solidarité internationale. Figure 8 : AFC entre producteurs et sous thèmes pour les expositions dont
la
th
ématique
spécifique
est le développement durable
La marque du producteur est également trouvée au sein du troisième groupe que fait ressortir l'AFC (figure 8). Le traitement du développement durable est ici réalisé à travers un discours sur la recherche scientifique, porteuse de solutions aux problèmes environnementaux. L'environnement comporte des ressources qu'il faut gérer grâce à des techniques 194 d'ingénieries, ce qu'illustrent les titres des panneaux de l'exposition du Cemagref : « la biodiversité forestière, gérer les cervidés », « l'irrigation, produire en économisant l'eau », « les technologies pour l'agriculture, automatiser la cueillette des fruits et le tri des déchets ». Les expositions de l'INRA et du Cemagref sont de plus très axées sur une publicisation de leurs activités, ce qui, une nouvelle fois ne semble pas incompatible avec l'ÉDD selon l'éducation nationale. Ainsi l'académie d'Aix Marseille recommande l'exposition qui « présente la recherche finalisée de la gestion durable et des territoires conduite au Cemagref. »20 Finalement, seul le quatrième groupe, constitué des organismes généralistes, soit Good Planet, Vedura, COMVV et Double Hélice présente le développement durable en y intégrant les différents pôles. Par exemple, la fondation GoodPlanet, dans l'exposition Le développement durable, pourquoi?, aborde aussi bien des problématiques sociales et économiques – « vivre de son travail », « accéder à l'eau potable » - qu'environnementales – « la biodiversité en danger », « le climat change » - et culturelles – « respecter l'autre ». Il s'agit donc d'une tentative d'approche globale. Il y a donc bien une distinction entre les « producteurs spécialistes », qui livrent une vision du développement durable portant le sceau de leurs activités, et les « producteurs généralistes » qui ont plutôt tendance à balayer les différents champs que recouvre cette notion.
Typologie des différentes approches selon les producteurs
L'analyse des autres thèmes et la mise en relation avec les supports de médiation permettent de dégager 5 tendances générales de la manière dont sont traitées les 5 thématiques étudiées (figure 9) par des producteurs différents. L'approche historique distingue clairement l'AREHN des autres producteurs. Cette association a réalisé des expositions pour les 5 thématiques retenues. Elles sont toutes « signées » du même auteur. Dans toutes les expositions étudiées, la référence au passé et aux modes de vie anciens est une constante. Appro
ches
Historique dominantes N=6 Comportementaliste N = 14 Gestionnaire Scientifique Critique Globale N=8 N=5 N=3 N=4 Valmy Good Planet Solidarité Vedura Laïque COMVV INDP Double Hélice Adour-Garonne Producteurs types AREHN ADEME 3B Conseils Sepia CNRS, INRA, Cemagref, IRD Verre Avenir Eau (n = 2) Eau (n = 1) Thèmes Énergie (n = 1) Energie (n = 8) Eau (n = 5) concernés Déchets (n = 1) Déchets (n = 6) Déchets (n = 3) DD (n = 3) DD (n = 2) Déchets Changement (n = 1) climatique DD (n = 2) DD (n = 1) Supports de médiation privilégiés mais non exclusifs Schémas Photographies et gravures anciennes Dessins Schémas Graphiques Imageries scientifiques Pas de Pas de tendance tendance claire claire21 (s'il y a lieu)
Figure 9 : Approches caractéristiques de certains producteurs dans les expositions étudiées en rapport avec les 5 thématiques dominantes (N = nombre total d'exposition pour cette approche, n = nombre d'expositions par approche et par thème)
21 À signaler cependant que la fondation GoodPlanet est reconnaissable à un format d'exposition caractéristique (paysage, bordé de noir), utilisant exclusivement comme support de médiation des photographies de grande taille (une par panneau) 196
Figure 10 : La référence au passé est typique de l'AREHN (Qu'est ce que l'eau?, panneau 8, 2008)
Une autre catégorie distingue l'approche très comportementaliste dont le producteur type serait l'ADEME (figure 11). La prescription des gestes et des attitudes à adopter passe souvent par le dessin de personnages imaginaires faisant les bon s ou les mauvais gestes. Figure 11 : Une liste des gestes à faire et à ne pas faire (Réduisons vite nos déchets, ça déborde, ADEME, panneau 3, 2006) se ,
cette approche retro dans les expositions où l'ADEME est le eur mais aussi lorsqu elle est le co eur ou le . Sa présence à un maillon de la chaîne de réalisation de l'exposition aurait tendance à orienter l'exposition vers 198 la prescription de gestes. Pourtant, au colloque fondateur de l'ÉEDD de fin 2003, Michèle Pappalardo présentait la vision de l'ADEME en matière de développement durable : « Je crois que la notion de développement durable a une triple signification pour l'ADEME. Premièrement, elle conduit à passer toutes nos actions de protection de l'environnement et des ressources naturelles au crible d'un ensemble de critères de développement durable, afin de vérifier que nos approches transversales intègrent bien les piliers économique, social et environnemental. » (MEN, DESCO, 2005) Au sein des expositions, cette volonté d'approche systémique n'a pourtant pas été retrouvée. Dans ses missions, précisées dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement Durable de 2003, l'ADEME a été chargée de « sensibiliser tous les publics au développement durable »22. Or l'approche du développement durable de l'ADEME dans les expositions est limitée d'une part à ses domaines de compétences, et d'autre part par un mode de traitement des thématiques réduit à des gestes. L'approche gestionnaire est celle des agences de l'eau et des organismes réalisant des expositions sur les déchets et ayant comme partenaires des structures impliquées dans leur traitement. Les procédés d'ingénieries et de gestion de l'environnement occupent une grande part du contenu. Par exemple, la manière dont l'eau est traitée ou dont les déchets sont recyclés est exposée. De plus, ces structures font souvent leur autopromotion, les logos des partenaires occupant une bonne place au sein des panneaux. Lorsque le producteur explique des notions scientifiques, en utilisant des graphiques, des schémas, et parfois des images scientifiques, l'approche est davantage scientifique. Il s'agit d'une communication de spécialistes des sciences et techniques. On retrouve cet aspect lorsqu'un conseiller scientifique est impliqué dans l'exposition ou que ce sont les scientifiques eux-mêmes qui sont à l'origine de l'exposition. C'est le cas des organismes de recherche, qui, par ailleurs, communiquent sur leurs activités. Enfin, l'approche sociocentrique ou critique marquant les producteurs qui dénoncent les inégalités sociales, en s'aventurant sur un terrain politique, est très peu représentée. Elle est promue par des associations de citoyenneté et de solidarité internationale telles que Val et Solidarité Laïque qui sont impliquées sur le terrain. Les différentes approches privilégiées par les producteurs montrent donc que, hormis pour l'AREHN dont l'approche est spécifique d'un auteur en particulier, le contenu des expositions 22 En ligne sur <http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=12377>. Consulté le 25 mai 2011. 199 est très marqué par leurs missions et ne recouvre donc le plus souvent qu'une vision très parcellaire du développement durable. Une exception cependant peut être énoncée, marquant une différence de traitement des thématiques entre les producteurs « généralistes » et les producteurs « spécialistes ». Nous avons déjà fait remarquer que les structures dont le coeur d'activité est la réalisation d'exposition tendent d'aborder le développement durable selon les trois piliers qui lui sont associés. Cette approche peut être qualifiée de globale, dans le sens où ces organismes s'appliqueraient à décliner, dans la structure de l'exposition, le schème officiel tripartite du développement durable. En d'autres termes, elles affichent clairement qu'elles abordent à la fois des aspects environnementaux, sociaux et économiques. On remarque que quasiment systématiquement ces expositions contiennent la définition de Gro Harlem Brundtland ou la représentation type en diagramme de Venn, ce qui les différencie beaucoup des expositions des « spécialistes » qui n'explicitent pas la notion, mais qui plutôt en livrent leur interprétation ou appropriation. Concernant la manière de présenter ces trois champs, au sein de cette approche globale, il s'agit essentiellement de constats – le plus souvent sur des dégradations environnementales ou de situations économiques et sociales difficiles – suivies par des solutions à appliquer ou à adopter : elles n'échappent donc pas à des tendances comportementalistes ou gestionnaires. Dans l'analyse qualitative à venir23, nous songeons à analyser la structure du discours de ces expositions, dont nous supposons qu'elles suivent un même canevas narratif. Proposition d'une typologie transitoire des expositions ÉDD
La typologie proposée à l'issue de ce travail préliminaire, en plus d'être par essence une représentation simplifiée de l'offre actuelle, doit être réexaminée à l'aune d'une analyse de contenu des expositions retenues. Pour la constituer, nous nous sommes basés sur d'autres travaux récents concernant les expositions sur la biodiversité (Quertier, 2008) qui avait identifié, suite à l'analyse des expositions et à des entretiens, 4 objectifs principaux mis en oeuvre par les producteurs. Notre analyse nous a amené à l'amender par deux autres objectifs que nous présupposons chez les producteurs (nous n'avons pas encore fait d'entretien). Pour les structures réalisant les expositions étudiées, il s'agit donc de : 23 Ce travail fait l'objet d'une recherche doctorale qui débute 200 - faire voir : elles privilégient l'esthétique ou l'affectif, les supports de médiation les plus courants sont les photographies, souvent de grande taille ; - faire comprendre : elles transmettent des connaissances en adoptant une démarche explicative, il s'agit plutôt d'une démarche de type scientifique ; - faire connaître : elles transmettent des informations de manière descriptive, il s'agit souvent de constats sur l'état du monde aujourd'hui ; - faire agir : elles exposent des attitudes et des gestes à adopter dans le but que le visiteurlecteur les reproduise ; - faire débattre : elles se placent dans un cadre interdisciplinaire pour aborder des problématiques sociales, politiques, économiques et socio-scientifiques en lien avec l'environnement et adoptent des points de vue critique ; - faire valoir : elles utilisent l'exposition pour communiquer sur leurs bonnes pratiques. Contrairement aux catégories précédentes dont la finalité est éducative, la finalité est ici la promotion de la structure, qui se sert de l'exposition comme moyen de communication. Pour chacune des catégories ainsi définies, nous avons comptabilisé le nombre d'expositions s'y rapportant, en la réduisant aux objectifs principaux. Ainsi plusieurs objectifs peuvent être identifiés pour une même exposition (figure 12). Objectifs Faire Faire connaître comprendre 1 13 1 13 3 2 0 5 2 12 1 Energie (n = 10) 2 1 5 3 6 1 Eau (n = 19) 8 5 12 7 2 1 0 1 3 6 3 1 20 8 38 19 36 7 Faire valoir Faire voir 8 Déchets (n = 15) Thèmes Développement durable (n = 23) Changement climatique (n = 8) Total (n = 75) Faire agir Faire débattre
Figure 12 : Occurrence de chaque objectif en fonction du thème
En termes éducatifs, les objectifs prédominants (faire connaître, faire agir et dans une moindre mesure faire comprendre) placent les expositions prescrites en ÉDD dans un cadre majoritairement positiviste. Les approches interprétative (faire voir) et critique (faire 201 débattre) sont très peu représentées. En fonction des thèmes, les objectifs diffèrent : les expositions sur les déchets, le développement durable et l'énergie sont marquées par une approche comportementaliste, tandis que celles sur le changement climatique et l'eau sont davantage orientées vers la transmission de connaissances. L'importance de l'objectif faire valoir, ainsi que de celui de faire connaître, placent une grande partie des expositions davantage dans un champ communicationnel que dans un champ éducatif. Conclusion
Au cours de cette étude préliminaire, nous avons montré que, derrière la profusion des thématiques et des producteurs, existe une relative uniformité. Tout d'abord, au niveau des thèmes, 5 sont représentés en majorité : l'eau, les déchets, le développement durable, l'énergie et le changement climatique. Ceux-ci placent la quasi totalité des expositions ÉDD dans un référentiel anthropocentrique de l'environnement, qui est abordé soit sous l'angle de l'environnement ressource (gestion des déchets et de l'eau, utilisation de l'énergie, etc.) ou comme source de problèmes (pollution, maladies liées à l'eau, etc.). Concernant les notions abordées, les explications sont globalement réduites au profit de la transmission d'informations ; la description des gestes ou attitudes à adopter en prenant aussi largement le pas. D'autre part, les producteurs ont tendance à réaliser des expositions en rapport direct avec leur champ de compétences, traduisant finalement la manière dont ils s'approprient les thématiques, en particulier la notion de développement durable par le prisme de leur « culture ». De plus, certains d'entre eux utilisent les expositions comme moyens de valorisation. Au stade actuel de notre travail, nous pensons que la restriction des problématiques à une approche anthropocentrique, la part très importante du comportementalisme et des stratégies de communication au service de la promotion des producteurs constituent des obstacles à une éducation ayant pour finalité de former des citoyens libres de leurs choix. Seule une étude sur les modes d'utilisation effectifs de ces expositions pourra nous éclairer davantage sur les pratiques d'ÉDD mise en oeuvre au sein des établissements scolaires via ces ressources pédagogiques. Albe, V., « Pour une éducation aux sciences citoyennes. Une analyse sociale et épistémologique des controverses sur les changements climatiques », in Girault, Y., Sauvé, L. (dir.), Aster, n°46, L'éducation à l'environnement ou l'éducation au développement durable, Lyon, INRP, 2008, pp. 45-70. Bergandi, D., & Galangau-Quérat, F. « Le développement durable: Les racines environnementales d'un paradigme », in Girault, Y., Sauvé, L. (dir.). Aster, n°46, L'éducation à l'environnement ou l'éducation au développement durable, Lyon, INRP, 2008, pp. 31-44. Bonhoure, G., & Hagnerelle, M., L'éducation relative à l'environnement et au développement durable, Éducation Nationale, 2003, 30 p. Fortin-Debart, C., Le partenariat école-musée pour une éducation à l'environnement, Paris, L'harmattan, 2004, 224 p. Girault, Y., & Alpe Y. « La biodiversité, un concept hybride entre science et gouvernance », Dans Développement durable et autres questions d'actualité Questions Socialement Vives dans l'enseignement et la formation. Educagri Editions, Dijon, 2011 Girault, Y., et al. « L'éducation relative à l'environnement dans une perspective sociale d'écocitoyenneté. Réflexion autour de l'enseignement de la biodiversité », in Gardiès C, Fabre I, Ducamp C, Albe V (dir.). Éducation à l'information et éducation aux sciences: quelle forme scolaires? Actes des rencontres Toulouse EducAgro'08, ENFA, 2008, pp. 87-120. Girault, Y., & Sauvé, L., « L'éducation scientifique, l'éducation à l'environnement et l'éducation pour le développement durable: Croisements, enjeux et mouvances », in Girault, Y., Sauvé, L. (dir.). Aster, n°46, L'éducation à l'environnement ou l'éducation au développement durable, Lyon, INRP, 2008, pp. 7-30. Jacobi, D., & Jacobi, E. Analyse sémiotique du panneau dans les expositions scientifiques. Paris, Parc de La Villette, 1985, 78 p. Kelly, T. E., « Discussing controversial issues: four perspectives on the teacher's role », Theory and Research in Social Education, Vol. XIV, n°2, 1986, pp. 113-138. 203 Larrère, C., Les philosophies de l'environnement, Paris, PUF-collection, 1997. 128 p. Latouche, S., « L'imposture du développement durable ou les habits neufs du développement », Mondes en développement, 2003, Vol. 121, n°1, pp. 23. En ligne sur : < http://dx.doi.org/10.3917/med.121.0023 > Consulté le 24 mai 2011 Martinez, M.-L., Pour l'éducation à l'écocitoyenneté, à la responsabilité et à la confiance durable. Observer la formation des identités singulières, sociales et professionnelles, Recherche-action citoyenneté - Projet CPIE des Îles de Lérins et Pays d'Azur et IUFM de Nice, 2008, 477 p. En ligne sur : <http://portail.unice.fr/jahia/webdav/site/iufm/shared/DIERF/idefor/rapport_ADEME.pdf > Consulté le 25 mai 2011 MEN, DESCO, Éduquer à l'environnement, vers un développement durable. Les actes de la DESCO, SCÉREN-CRDP Basse Normandie, 2005, 122 p. MEN, Généralisation d'une éducation à l'environnement pour un développement durable, Circulaire n°2004-110, 8 juillet 2004. MEN, Seconde phase de généralisation de l'éducation au développement durable, Circulaire n°2007-77, 29 mars 2007. Quertier, E., Programme de sensibilisation à la biodiversité du territoire de Belfort, MNHN, USM 702 - Muséologie, Médiation des sciences, 2008. Sauvé, L., et al. « Environnement et développement: la culture de la filière ONU » in Éducation relative à l'environnement: Regards - Recherche – Réflexions, Vol. 4, 2003, p. 3355. En ligne sur : < http://www.unites.uqam.ca/ERE-UQAM/membres/articles/02RechRef02.pdf >. Consulté le 25 mai 2011. Sauvé, L. Pour une é relative à l'environnement: éléments de design pédagogiques. Montréal, Guérin, 1997. 361 p. 204 Simonneaux, L., & Simonneaux, J. « Argumentation sur des questions socio-scientifiques ». Didaskalia, Recherches sur la communication et l'apprentissage des sciences et des technique, n°27, 2005, pp. 79-08. En ligne sur : < http://hdl.handle.net/2042/23947 >. Consulté le 25 mai 2011. Vergnolle-Meinar, C., Les disciplines scolaires et leurs frontières, la géographie scolaire de l'environnement au développement durable, Mémoire d'habilitation à diriger des recherches, Paris VII - Paris Diderot, 2009. Comment réintroduire les savoirs face à l'éducation au développement durable? Exemple des filières professionnelles d'aménagement des territoires
Angela BARTHES (MCF géographie, Université de Provence, UMR TELEMME) Résumé:
La communication se place dans le contexte émergent de l'éducation au développement durable à l'université. Les interrogations portent sur la légitimité d'éduquer au développement durable et argumentent la nécessité de mieux structurer les contenus éducatifs des filières universitaires face à la proximité des pratiques sociales. La réintroduction des savoirs savants nécessite un re-positionnement didactique. Une méthode applicative est proposée. Elle se base sur l'analyse des savoirs naturels estudiantins, lesquels sont confrontés à des référentiels supposés faire l'objet de consensus. Les focalisations puis les défalcations, outils empruntés aux représentations sociales, identifient les savoirs à réintroduire. L'objectif est de tendre vers un véritable enseignement au développement durable. Une étude de cas est réalisée sur des filières professionnelles de l'aménagement des territoires. Elle montre comment une méthode de repositionnement didactique basée sur les représentations sociales peut structurer un enseignement susceptible de réduire les risques de dérives normatives ou relativistes. L'étude de cas aborde le développement durable et ses déclinaisons dans le développement rural.
Mots c
lés : Représentations sociales, filières professionnelles, savoirs savants, EDD
Dans les systèmes éducatifs aujourd'hui, l'organisation de l'éducation au développement durable est une réponse au programme onusien du développement durable (Sauvé L., 2006). L'UNESCO, agissant en tant qu'agence d'exécution de l'ONU, met en place une « décennie de l'éducation au développement durable (2004-2014) » dont l'objectif est de stimuler les réformes des systèmes éducatifs vers la promotion du développement durable. Relayées par les instances européennes, puis les états, les exigences envers les universités se sont progressivement accrues. Les établissements supérieurs doivent ouvrir la voie par l'éducation au développement durable à la mise en oeuvre du développement durable. De ce fait, un rôle fondamental tend à être conféré au projet commun du développement durable comme base de légitimation des nouveaux enseignements. Lucie Sauvé l'explique en ces termes : « Le développement durable devient l'objet d'un projet éducatif promus par les instances de gouvernance tant internationales que nationales, et le milieu de l'éducation est tenu de s'y engager » (Sauvé L., et al. 2003). Cette posture engage donc l'éducation au développement durable dans une dimension politique, qui part des instances internationales et se diffuse dans les universités. En conséquence, le champ scientifique de l'éducation au développement durable ne va pas de soi et ne fait pas l'objet d'un consensus réel. Cela induit un questionnement sur la légitimité d'éduquer au développement durable face aux injonctions onusiennes, puis sur les enjeux des éventuelles transpositions didactiques (Chevallard Y., 1991). Fortement impliquée, la « noosphère » participe aux questionnements à travers les programmes de recherches et comme le précise Y. Alpe, « c'est à l'intérieur de la noosphère que vont s'élaborer les choix doctrinaires fondamentaux qui vont orienter le travail didactique » (Alpe Y., 2006). Dans ce cadre, une démarche de transposition didactique doit définir un référentiel sur lequel peuvent s'appuyer des enseignements non disciplinaires. Adopter un référentiel implique une réflexion sur les objectifs attendus et leur légitimité. L'éducation au développement durable est fortement confrontée à la proximité des questions sociales et constitue en ce sens une question socialement vive (Simmoneaux J., & Legardez A., 2005). De fait, la pression médiatique et politique autour du développement durable est telle que la demande sociale entérine sa légitimité éducative. « Très souvent les questions 207 socialement vives vont faire irruption dans le champ scolaire [] soit parce que la demande sociale exige que telle question soit prise en charge par l'école, soit parce qu' [] il existe un débat social sur la place légitime de la question dans le cadre scolaire » (Alpe Y., 2006). Par ailleurs, l'institution éducative nationale n'assure pas de rôle de légitimation des contenus éducatifs dans les filières universitaires, puisqu'elle laisse libre cours à l'établissement de curriculums locaux, voire externes (acteurs associatifs). Ainsi, l'éducation au développement durable à l'université est le souvent mise en oeuvre en dehors de tout référentiel scientifique ou institutionnel. Du fait de la forte proximité des questions sociales, on peut alors faire l'hypothèse que la demande sociale d'éducation au développement durable se légitime par rapport à un savoir social, lequel s'élabore à partir de la représentation sociale du développement durable. Or, cette dernière est directement liée à une pratique sociale (souvent associative) et se focalise donc sur cette pratique. Dans ce cadre, la légitimité des enseignements qui en découlent peut alors facilement être discutée, d'autant que le corpus de savoirs savants est anecdotique ou insuffisant, lequel légitime habituellement un enseignement académique disciplinaire. La nécessité de construire des savoirs institutionnels (programmes, référentiels) et intermédiaires (manuels) est donc très forte, mais il faut garder à l'esprit que les savoirs scientifiques ne peuvent pas ou peu, dans ce cadre, arbitrer un conflit sur les choix en matière de contenu d'enseignement. La question de la légitimité se reporte donc à l'échelon supérieur, c'est à dire à l'institution supranationale puis nationale organisatrice du développement durable. Le rapport Brundtland et les conférences mondiales qui ont suivi mettent alors en place un système de référence global au développement durable. Ils se posent à ce jour par défaut en référentiel dans le cas de l'éducation au développement durable. Notons qu'ils ne relèvent en aucun cas des savoirs savants. Cet article se propose à partir de ces constatations, de construire une argumentation puis une méthode de repositionnement didactique vis-à-vis de l'éducation au développement durable telle qu'elle se décline aujourd'hui dans sa proximité à une pratique sociale. Ce travail s'appuie sur une étude de cas réalisée sur les filières universitaires professionnelles d'aménagement du territoire. Le repositionnement didactique tend s'orienter vers un enseignement au développement durable. 208 Des risques d'éduquer au développement durable et de la nécessité d'un repositionnement didactique vers un enseignement au développement durable Distancer les pratiques sociales vers une problématisation des enseignements
A partir de ces premières constatations, on peut poser l'hypothèse que les risques d'éduquer au développement durable sont forts et conformes à ceux habituellement décrits dans l'enseignement des questions socialement vives (Legardez A., 2006). La négation des distances nécessaires entre les pratiques sociales et les savoirs à enseigner est effectivement une posture courante dans l'éducation au développement durable. Il est ainsi fréquent de retrouver une trame de cours basée sur des exemples de pratiques d'acteurs ou des démarches d'éco-efficience présentées comme exemples à suivre : comment organiser le tri des déchets, le covoiturage, économiser l'eau, etc Sans recul critique et en insistant sur le volet technique, le risque d'enseigner et d'apprendre s'amenuise dans la mesure où la mise à distance des situations sociales n'est pas effectuée. L'enseignement se réduit alors à des techniques d'opérationnalisation des procédures. De ce fait, la capacité de problématisation des questions de développement durable n'est plus estimée nécessaire. Le pas est dès lors vite franchi concernant le risque de dérive normative. L'enseignement est susceptible de devenir alors un cours de morale privilégiant « le politiquement correct » au détriment des savoirs (Legardez A., 2006). Concernant l'éducation au développement durable, la dérive normative se prolonge même jusqu'à l'interpénétration des logiques professionnelles et de la sphère privée (Barthes A., & M.-L. Martinez 2010). Schématiquement, affirmer que : « c'est bien de trier les déchets chez soi ce n'est pas responsable de ne pas le faire », évite d'aborder la question sous l'angle de la production des déchets et des filières associées sur le long terme et leurs incidences. Enfin, la négation des distances entre les savoirs et les pratiques sociales prolonge l'éducation au développement durable dans une mise en norme supposée être admise. Elle implique une responsabilité collective, et tout ce qui s'y réfère est indiscutablement nécessaire pour sauver la planète. Ce positionnement normatif est difficilement discutable et il peut induire une dérive relativiste de la part des enseignants, c'est à dire un repliement des savoirs sur les attitudes positivées ou non, sans analyse de fond. Si l'on considère que la finalité d'un enseignement universitaire est, avant tout, une acquisition de savoirs, de compétences analytiques, de capacité à réfléchir et à prendre du recul critique, alors l'éducation au développement durable n'est pas une éducation aux (seules) bonnes pratiques sociales. Cette situation posée, une éducation au développement durable peut alors devenir un véritable enseignement au développement durable. Mais au-delà de cette posture, tous les efforts autour de la problématisation de l'enseignement et de l'organisation de son contenu restent à fournir, d'autant que les savoirs de références sont l'objet de controverses et les curricula non définis.
| 55,860
|
2012POIT3006_64
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,012
|
L’aménagement de la force majeure dans le contrat : essai de théorie générale sur les clauses de force majeure dans les contrats internes et internationaux de longue durée
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,377
| 11,850
|
A-LES CLAUSES RELATIVES AUX CONDITIONS ET A L’OBJET DE LA GARANTIE DANS L’ASSURANCE
378. –Dans la pratique contractuelle, la définition du risque garanti dans un contrat d’assurance, quel qu’il soit, résulte de la combinaison de trois types de clauses qui forment l’économie du contrat d’assurance1. Outre les conventions dites de déchéance de la garantie2 qui restreignent les conditions de mise en œuvre de la garantie, deux principales conventions portent spécifiquement sur la détermination de l’objet de la garantie. Les conventions relatives aux conditions de la garantie sont interprétées suivant des règles d’interprétation des conventions du droit commun alors que les conventions d’exclusion de la garantie3 sont soumises en plus de règles du droit commun à des règles particulières édictées par le code des assurances et complétées par la jurisprudence dans le but de prévenir une description quelque peu fantaisiste de l’objet du contrat d’assurance de nature à vider l’obligation de garantie de l’assureur de toute sa substance. Le rapprochement de ces deux types de conventions à l’aune des conventions de force majeure est prometteur dans la mesure où la doctrine et la jurisprudence interprètent les conventions ayant pour objet ou effet de mettre le risque de force majeure à la charge d’un des contractants comme «une véritable clause d’assurance»4. Les conventions de force majeure sont présentées sous la plume des auteurs contemporains5 comme des 1
En
ce sens, v. G. VINEY et P. JOURDAIN, op. cit., 2ème éd. LGDJ, 2001, n°367. D. KRAJESKI, «Les garantie d’assurance», in Ph. LE TOURNEAU et L. CADIET, op. cit., Dalloz Action, 2002/2003, n°2701 et s. spéc., n°2710 (assurance responsabilité) et 2787 (assurance dommage). 2 Sur les
es de déchéances v. G.
VINEY
et
P
.
JOURDAIN
, op. cit., 2ème
éd
.
LG
DJ, 2001, n°381. D. KRAJESKI, op. cit., n°2789 3 Sur ces conventions, v. J. ROUSEL, «Remarque sur la notion d’exclusion en matière de contrat d’assurance», Gaz. Pal., 1994, 1, doctr., p. 50 ; G. VINEY et P. JOURDAIN, ibid., n°368. D. KRAJESKI, op. cit., n°s 2718, 2787, 2839. 4. E. GAUDEMET, op. cit., éd. Dalloz, 2004, pp. 382-383. V. aussi, C. DEMOLOMBE, op. cit., p. 600. 5 À propos de la tentative de rattachement du contrat de force majeure à la catégorie des contrats d’assurance, v. supra, n°317 et s. E. GAUDEMET, op. cit., pp. 382 et 383; PLANIOL et RIPERT, op. cit., 870 «pactes analogues à l’assurance» au moyen desquels le contractant qui porte la charge des risques se fait l’assureur de son cocontractant. Pour autant faut-il y voir une simple allusion de rhétorique juridique à la technique de l’assurance ou bien l’affirmation de la nature juridique des conventions de force majeure en tant que clause d’assurance? Pour y répondre de la meilleure façon qui soit, il nous faudra d’abord mettre en évidence la nature des définitions et limitations conventionnelles de la garantie dans les contrats d’assurance (1) avant de les rapprocher des clauses de force majeure (2). 1-La nature des définitions et limitations de la garantie dans d’assurance 379. –
L’aménagement contractuel de la force majeure lorsqu’il se traduit par la prise en charge des risques fortuits est interprétée sous la plume de quelques auteurs comme un pacte analogue à l’assurance ou un «pacte accessoire à l’assurance»1. L’exemple classique étant celui du lapidaire qui accepte de travailler une pierre difficile à ses risques et périls contre une rémunération élevée. Cette clause de transfert des risques généralement assimilée à un pacte accessoire à l’assurance2. Cette assimilation ne se conçoit pas sans incidences tant elle devrait permettre logiquement de soumettre la clause de force majeure au régime juridique des contrats d’assurance ou du moins au régime des conventions relatives à la définition de l’objet du sinistre ainsi que les conditions de la garantie dans l’assurance responsabilité et dommage3. Cependant, un tel rattachement ne vaut qu’autant qu’il est possible d’établir que la clause de force majeure en plus de revêtir les conditions d’identification des contrat d’assurance en général, satisfait de surcroît à toutes les conditions spécifiques d’identification des conventions qui définissent l’objet et l’étendue de l’obligation de garantie de l’assureur. t. VII, § 851 s. ; H. et L. MAZEAUD, op. cit., t. II, § 2519 ; Ch. BEUDANT, op. cit., § 584 ; P. ESMEIN, art. préc. Rev. trim. dr. civ., 1926, p. 313 et s. et 1934, p. 317 et s. ; Ph. LE TOURNEAU et L. CADIET, op. cit., Dalloz
Action
, 2002/2003, n° 1114 ; Ph. MALAURIE, L. AYNES et Ph. STOFFEL-MUNCK, op. cit.,Defrénois 2004, n°947. «Dans d’autres situations, le débiteur garantit en tout état de cause le résultat promis, même en cas de force majeure ou de fait d’un tiers. Il est en quelque sorte l’assureur du créancier : il garantit contre la survenance de certains risques
». 1 TROPLONG, Le droit civil expliqué suivant l’ordre
des
articles du Code civil, Des contrats aléatoires, t. XV, 1845, n°19 ; M. ESMEIN, art. préc., Rev. Trim. de droit civil, 1926, pp. 343-344 ; MM. H. et L. MAZEAUD, Traité de la responsabilité, t. III ; n° 2569. HUGUENEY, Note S. 1921.2.1 préc. Plus gén., v. supra, n°164. V. aussi, A. MORIN, th. préc., n°155. 2 TROPLONG, ibidem, cité par A. MORIN, th. préc., n°155. 3
Pour
le
rapprochement entre le contrat de force majeure et le contrat d’assurance, v. supra, n°207
e
s
. 871 De lege lata
, l’identification du contrat d’assurance se fait en référence à plusieurs critères spécifiques1 sans doute parce que la notion même de contrat d’assurance ne fait pas l’objet d’une définition officielle en législation2. Cette lacune que la jurisprudence ne semble pas avoir nettement comblée rend a priori aléatoire le rapprochement systématique entre la clause de force majeure et le contrat d’assurance. Les auteurs divergent sur le critère décisif à retenir pour l’identification du contrat d’assurance3. Un premier courant d’auteurs4 s’en tient aux critères traditionnellement tenant à la technique de l’assurance. Un second courant d’auteurs dont le professeur Fontaine est probablement le chef de file considère «la stipulation par avance d’une prime forfaitaire comme l’élément déterminant de la qualification de l’assurance5. La jurisprudence fait application de l’ensemble de ces critères sans véritablement donner de préférence à un mode particulier d’analyse de ces conventions. Afin de sortir de l’impasse, il a été préconisé de s’en tenir à la notion de garantie pour définir le contrat d’assurance. À cet effet, le professeur Bénabent préconise de définir le contrat 1 S. BEAUGENDRE, th. préc., n° 169, p. 84. Cet auteur identifie cinq critères spécifiques pour l’identification du contrat d’assurance : le caractère aléatoire de l’objet et de la cause ; l’objet du contrat consiste en un transfert des risques ; la cause du contrat est la fourniture par l’assureur d’une garantie ; le paiement d’un prix forfaitaire constitutif d’une prime ; l’influence de l’aléa sur l’exigibilité de l’obligation et sur sa valeur. 2 Le Livre 1ère, et les articles L.100, L131et L131-2 du c. des assur., envisagent le contrat d’assurance sans le définir. 3 NICOLAS, th. préc. n° 178, p. 124 Pour cet auteur «expliquer la cause du contrat d’assurance par la notion d’aléa est trop restrictive. La cause de ce dernier consiste dans le désir de lutter contre le risque». – Adde, S. BEAUGENDRE, th. préc., n° 171, p. 83 : «Pour distinguer le contrat d’assurance d’autre formes contractuelles, sa nature aléatoire, imprégnant un objet et une cause spécifiques, est en général suffisante. Dans le cadre d’une comparaison d’un contrat d’assurance ayant pour objet l’exécution d’un service avec un contrat d’entreprise par abonnement aléatoire, ces critères majeurs sont impuissants. Le critère de prime est alors déterminant pour la qualification». 4 Ibid., n°274.Comp. S. BEAUGENDRE, th. préc., n°173; Y. LAMBERT-FAIVRE, Droit des assurances, Précis Dalloz, 10ème éd., 1998, n°33. M. FONTAINE, th. préc., n°87, p. 182. Pour ces auteurs, la technique actuarielle, participe à la définition de l’opération d’assurance, sans être un élément essentiel d’identification du contrat d’assurance. 5 M. FONTAINE, Essai sur la nature juridique de l’assurance-crédit, thèse Bruxelles, C.I.D.C, 1966, spéc. n° 87, p. 182. Cet auteur semble être le chef de file de cette doctrine moderne lorsqu’il observe que «la technique actuarielle n’est pas un élément essentiel du contrat d’assurance. Sans elle, le contrat présente des caractéristiques suffisamment nettes de toute autre convention. Le risque, l’intérêt d’assurance, la prime et la prestation de l’assureur fournissent au contrat tous les éléments dont il a besoin pour affirmer son originalité. Le recours par l’assureur à une quelconque technique de groupement des assurés, de gestion de risques, ou de calcul de la prime est étranger à la nature du contrat (... le contrat d’assurance) peut être conclu en dehors de toute technique actuarielle pourvu qu’une prime «réelle» soit stipulée». – Adde, Y. LAMBERT-FAIVRE, Droit des assurances, Précis Dalloz, 10ème éd., 1998, n° 33. Pour cet auteur, la technique de l’assurance est indifférente et ne détermine pas la qualification de la nature du contrat d’assurance, elle contribue simplement à la définition de l’opération d’assurance et non du contrat d’assurance. Comp. V. NICOLAS, th. préc. n° 18, qui s’interroge : «le fait que le contrat d’assurance suppose le paiement d’une prime représente-t-il une information déterminante pour démontrer sa spécificité? N’est-ce pas simplement la manifestation de son caractère onéreux?» 872 d’assurance comme un «type du contrat de garantie»1. Néanmoins, si la garantie est le genre dont l’assurance est l’espèce, tous les contrats ayant l’obligation de garantie comme obligation essentielle ne sont pas pour autant des contrats d’assurance. La doctrine tient habituellement que la garantie de l’assurance doit son particularisme dans son objet, sa technique et la nature de l’incertitude qui l’affect
e. En effet, dans sa finalité première, la garantie d’assurance semble se démarquer nettement de la garantie conventionnelle des clause de force majeure dans la mesure où elle vise la couverture par un tiers des conséquences financières consécutives à un dommage encouru par l’assuré dont le fait générateur trouve son origine dans les rapports que ce dernier entretient avec ses cocontractants ou avec autrui. Le domaine des risques couverts par l’assurance n’est donc pas a priori cantonné aux risques dont le fait générateur intervient dans le cadre de l’exécution d’un rapport d’obligations. Contrairement à la garantie de la clause de force majeure, l’assureur n’entend pas se substituer à l’assuré à l’effet de couvrir son impéritie encore moins ses agissements délictueux envers autrui ou ses cocontractants2. L’objet de sa garantie porte uniquement sur la couverture des conséquences pécuniaires des risques assurés alors que les clauses de force majeure telle la «negligence clause» du transport maritime ont justement pour ambition affichée d’organiser licitement l’impunité du débiteur par la couverture de son fait personnel et celui de ses préposés. Par ailleurs, on note que si par le jeu des exclusions légales certains chefs de sinistres dits spéciaux tels les risques d’incendie3, de grêle et de mortalité du bétail4, des catastrophes naturelles de grande ampleur5 ou récemment les actes de terrorisme6 sont couramment exclus de la définition du sinistre dans la plupart des polices d’assurance, dans les clauses de force majeure, toutefois, le domaine des risques garantis ne connaît d’autres limites ou limitation en plus de lois impératives que celles imposées à l’imagination des parties. C’est notamment la raison pour laquelle dans les contrats internationaux de transport maritime l’usage s’est répandu de compléter astucieusement l’énonciation restrictive des risques garantis dans les polices internationales d’assurance maritime par une énonciation complétive des risques garanties ou pris en charge par le 1 A.BENABENT, La chance et le droit, LGDJ, 1973 ; Arguments repris in J.-Cl. Civ., «Contrats aléatoires », Fasc. A, article 1964, n° 77. 2 V. art. L113-1 du c. assur. 3 V. art. L122-1 à.122-8 du c. ass. qui institue un régime spécifique pour ce risque. 4 V. art. L123-1 à L1234 du c. assur. 5 V. art. L128-1 à l128-8 du c. assur. 6 V. art. L126-1 (Pour les dommages corporels) et L126-2 à L126-3 (Pour les dommages matériels). 873 débiteur1. Plus qu’une différence d’objet, il vaut mieux, à notre opinion, parler de complémentarité dans la nature des risques pouvant être garantis respectivement par la clause de force majeure et le contrat d’assurance. En s’appuyant sur la technique actuarielle et assurantielle, une partie de la doctrine2 a avancé la thèse suivant laquelle la qualification de la technique d’assurance est indissociable du recours à la loi des grands nombres et aux techniques de mutualisation ou de dissémination des risques entre un plus grand nombre d’assurés. La pertinence de cette thèse a toutefois été sérieusement tenue en échec par le professeur Fontaine 3. Pour cet auteur, la pertinence du critère institutionnel ou organique de l’assurance doit être repoussée, car non seulement ce critère n’est pas pris en compte en jurisprudence, il n’est pas non plus spécifique à l’opération d’assurance pour en constituer l’élément distinctif incontournable. En revanche, c’est à l’aune de l’exigence de la «stipulation par anticipation d’une prime forfaitaire» que la majorité des auteurs s’accordent à trouver l’élément différentiel d’identification du contrat d’assurance4. Inaugurant pour la première fois cette voie, le professeur Fontaine a soutenu la thèse suivant laquelle dans l’assurance la prime est un «point de rencontre entre la technique et le droit, mais la technique n’est qu’un élément de fait externe, que le droit prend en considération»5.Quant aux caractéristiques que doit revêtir cette prime, la jurisprudence 1 V. not. L’art. 4 à 7 du «Institute Cargo Clauses (A) 1982.01.01»,qui excluent le fait de l’assuré et de ses préposés (art.4), certains faits de l’homme et de la nature (art. 6) et les grèves (art.7) et les actes de terrorisme (art. 7.3 in fine) de l’énonciation des risques garantis. V. plus gén., J. RAMBERG, op. cit., p. 487. 2 M. Fontaine expose les théories bien hésitantes des auteurs qui intègrent la technique des assurances dans la définition du contrat d’assurance : «Vivante admet que pareil contrat est soumis «par analogie» aux règles du contrat d’assurance. Pour Ancey, le contrat isolé n’est pas une véritable assurance, mais ce n’est pas non plus un pari, car le but est celui de l’assurance ; Dhotel, par contre, admet la validité du contrat isolé, mais estime qu’un tel contrat méconnait le but véritable de l’assurance! Hémard trahit beaucoup d’hésitations : tantôt il nie la validité du contrat isolé, tantôt il admet cette validité (mais à la condition que contrat soit conclu par une entreprise constituée en vue de l’exploitation de l’assurance), tantôt il assimile pareil contrat à un pari». M. FONTAINE, th. préc. n° 82, p. 120. 3 M. FONTAINE, th. préc., n° 87, p. 182. V. aussi, P.-J. DURAND, th. préc. n° 124, p. 314 et s. 4 Ibid., Cet auteur estime que : «la technique actuarielle n’est pas un élément essentiel du contrat d’assurance. Sans elle, le contrat présente des caractéristiques suffisamment nettes de toute autre convention. Le risque, l’intérêt d’assurance, la prime et la prestation de l’assureur fournissent au contrat tous les éléments dont il a besoin pour affirmer son originalité. Le recours par l’assureur à une quelconque technique de groupement des assurés, de gestion de risques, ou de calcul de la prime est étranger à la nature du contrat (... le contrat d’assurance) peut être conclu en, dehors de toute technique actuarielle pourvu qu’une prime «réelle» soit stipulée». Dans le même sens, v. S. BEAUGENDRE, th. préc., n°172, p
. 84 et s. : «La technique des assurances n’a pas à être prise en considération pour la qualification du contrat d’assurance. Cette technique, et spécialement la mutualisation des risques, n’a d’autre but que de rendre, pour l’assureur, l’opération d’assurance anti-aléatoire, en ce sens que les risques de pertes sont compensés par des chances de gain du fait de la répartition des risques et des calculs de probabilité de réalisation d’un sinistre». Rappr. P.-J. DURAND, th. préc., n° 124, p. 315. 5 M. FONTAINE, th. préc., n° 85, p. 122. Dans le même sens, S. BEAUGENDRE, th. préc., n° 171, p. 86. 874 se montre hésitante1 et certains auteurs ne cachent plus leur désarroi face aux difficultés d’application de ce critère dans certaines situations concrètes. Ainsi, le professeur Favre Rochex met très bien en évidence cette indécision des tribunaux dans la distinction du contrat d’assurance des conventions voisines à partir du seul critère de l’exigence de la prime. Il reconnaît notamment que : «certains contenus contractuels donnent lieu à des qualifications parfois hésitantes. Ainsi, un contrat d’abonnement à des services de recouvrement des créances, de protection juridique et de documentation est-il déclaré mandat et non assurance de protection juridique,2alors que constitue une opération d’assurance la convention par laquelle une société s’engage à fournir à son client des consultations et renseignements juridiques et à lui adresser une publication périodique3. La convention aux termes de laquelle un agent immobilier s’engage à indemniser le bailleur d’immeuble des dommages et frais résultant du non-paiement des loyers, du recouvrement de ceux-ci, des procédures d’expulsion des dégradations causées au bien loué s’analyse en un contrat d’assurance»4. Tout autant sceptique est par ailleurs, l’opinion exprimée par le professeur Kullmann5 qui estime que la référence à «(...) la notion de prime ou cotisation préalablement convenue peut prêter à confusion. Dans l’article L 127-1 du code des assurances, il faut comprendre implicitement que celle-ci (la prime) reste acquise à l’assureur, même si ce dernier ne fournit aucune prestation (tout simplement parce que l’aléa ne s’est pas réalisé, ce qui est dans la nature même d’un aléa), et se distingue donc du prix convenu dans un marché à forfait ; dans ce cas, le prix convenu ne peut certes être dépassé, mais 1 CA Paris, 28 juin 1995 inédit, qui retient la proportionnalité de la prime au montant des primes acquittées pour distinguer le contrat d’assurance du contrat d’assistance. Cité par, S. BEAUGENDRE, ibid., n° 111, p. 54. V. aussi, Civ., 24 janv. 1990, RGAT 1990, p. 81. 2 Civ. 1ère, 24 janv. 1990 préc. Contra. J. KULLMANN, RGAT 1990, p. 80 et s., qui défend la qualification de contrat d’assurance de protection juridique d’un tel «contrat d’abonnement annuel par lequel, moyennant le paiement au départ d’une certaine somme non remboursable, l’organisme s’engage à poursuivre le recouvrement des impayés qui surviendront pendant la durée de l’abonnement». 3 Civ. 1ère, 24 avril 1979, RGAT 1980, p. 51.
4 A. FAVRE ROCHEX, in Assurances des Risques d’Entreprise, Ed. F. Lefebvre, 1994, n° 1006. –Adde, T.G.I. Orléans, 28 janvier 1992, Gaz.Pal. 1992, I, 379. 5 J. KULLMANN, Lamy assurances, 2000, n° 3043 obs. sous Civ., 1 ère, 3 févr. 1993, n° 89-20-947,
n° 209
,
Lexilaser
. Dans cet arrêt les juges se prononçant sur la nature juridique d’une convention forfaitaire d’assistance juridique, retiennent : «qu’après avoir relevé que les conventions doivent être exécutées de bonne foi et que M. Thomas (l’avocat) ne contestait pas avoir été informé le 12 septembre 1985 du caractère irrégulier de la convention qu’il avait conclue, la Cour d’Appel a souverainement estimé que cet avocat ne rapportait pas la preuve de ce qu’il aurait, au cours de l’année 1986, exécuté pour le compte de sa cliente l’assistance juridique ou judiciaire ou un acte prévu à la convention litigieuse ; que les juges du second degré en ont justement déduit qu’il ne pouvait prétendre à l’honoraire forfaitaire mensuel stipulé «en contrepartie de l’accomplissement» de la mission impartie ; que c’est sans se contredire que les juges d’appel ont retenu que, compte tenu des interventions ponctuelles effectuées en 1986, la société devait néanmoins certains honoraires». 875 il n’est pas dû si les prestations promises ne sont pas fournies»1. Il en ressort que si la reconnaissance de l’utilité du critère de la prime semble faire consensus dans l’opinion doctrinale, la mise en œuvre de cet identifiant donne encore lieu à de nombreuses hésitations qui ne permettent toujours pas de détacher le contrat d’assurance des conventions voisines2. Afin d’affiner cette exigence de la prime, notamment pour assoir la distinction entre le contrat d’assurance et les contrats voisins comme l’assurance-assistance, un courant d’auteurs contemporains fait valoir que ce n’est pas en soi la prime qui détermine la qualification du contrat d’assurance mais plutôt «l’absence de lien direct entre le montant de la prime et le coût de la contre-prestation éventuelle de l’assureur (qui) permet de caractériser le concept de prime»3.Autrement dit, l’absence de corrélation directe entre la prime d’assurance et le coût de la contre-prestation de l’assureur serait le critère distinctif déterminant qui se dégage de chaque contrat d’assurance quel qu’il soit et quel que soit le risque garanti. À la faveur du raffinement de l’exigence de la prime dans l’identification du contrat d’assurance, ces auteurs invoquent l’autorité d’un arrêt inédit de la Cour d’appel de Paris ayant interprété le contrat d’ (assurance)-assistance comme celui «consistant en une prestation de service(...) fournie à un abonné sans considération de son coût par rapport aux cotisations»4. Cependant, cette dernière analyse prête le flanc à la critique, car elle se fonde sur les considérations inhérentes à la technique actuarielle et à la mutualité dans l’identification de la nature du contrat d’assurance5. 1 J. KULLMANN, ibid., n° 3043. Pour le rapprochement entre l’assurance et le cautionnement, v. M. CABRILLAC et ch. MOULY, op. cit., 6ème
éd., Litec,
1999
, n°
77. 3 S. BEAUGENDRE, th. préc., n° 174, p. 86. 4 CA Paris, 28 juin 1995, cité par S. BEAUGENDRE, th. préc., n° 111. Rappr. V. NICOLAS, th. préc., n°741-746. Cet auteur semble également prendre en compte ce critère du déséquilibre financier qu’elle exprime par «la recherche d’un gain hors proportion avec l’effort pécuniaire consenti par l’assuré» afin de distinguer le contrat d’assurance dommage des autres contrats d’assurance-vie. Mais, on note également que cet auteur n’applique pas ce critère à la distinction qu’elle entreprend entre le contrat d’assurance et le contrat d’entreprise (v. Ibid., n°790 et s). Serait-ce alors un critère spécifique aux contrats d’assuranceassistance? 5 V. not. S. BEAUGENDRE, th. préc., n°173, p. 85. Comp. par ex. V. NICOLAS, th. préc., n°313, p. 142. Cet auteur retient à titre de comparaison entre le contrat d’assurance et le d’assurance-assistance que pour la société de maintenance : «la mutualité joue peu eu égard au nombre assez restreint de contrats de ce type conclus avec le prestataire de services. Ses calculs de rentabilité sont surtout fondés sur la loi des grands nombres ; le prestataire établit une estimation des probabilités de panne ou de dysfonctionnement du bien (...) Il demeure que la gestion d’ensemble est proche de celle de l’assurance des risques sortant de l’ordinaire». Pour nous, ce raisonnement ne relève pas de l’analyse purement juridique du contrat d’assurance mais de la description de sa technique.
2 876
Plus fondamentalement, c’est la pertinence du critère de la prime même lorsqu’elle est acquittée par anticipation1 qu’il faut remettre en question, car comme le dit Mme. Nicolas, «le fait que le contrat d’assurance suppose le paiement d’une prime représentet-il une information déterminante pour démontrer sa spécificité? N’est-ce pas simplement la manifestation de son caractère onéreux?»2. L’affirmative s’impose de toute évidence d’autant que la rémunération du transfert contractuel des risques n’a rien de spécifique au contrat d’assurance. Les clauses de force majeure tiennent compte de cet élément au travers des avantages de toute nature notamment des baisses tarifaires et des conditions commerciales préférentielles qui peuvent être consenties au créancier en échange du transfert conventionnel des risques fortuits3. D’où il s’ensuit que le critère décisif de l’assurance, à notre entendement, reste bien celui de la pertinence juridique de l’aléa, quoi qu’en dise la doctrine4. 380. – Dans sa technique, la garantie d’assurance est par essence une opération triangulaire qui vise, au moyen d’un pacte accessoire adjoint au contrat principal, à garantir l’exécution par un tiers d’un engament contracté par l’une des parties au contrat. En revanche, la garantie de la clause de force majeure reste fondamentalement une convention inter partes d’allocation de la charge définitive des risques. En principe, la garantie de l’assurance opère toujours une dissociation de l’obligation de garantie de l’assureur entre la (Schuld) et la (Haftung) ; entre l’obligation de la dette qui incombe à l’assuré et la charge de la dette qui revient à l’assureur. Cette dislocation du 1 En ce sens, P.-J. DURAND, th. préc. p. 315. Pour cet auteur, le paiement anticipé de la prime serait une des manifestations de la particularité du contrat d’assurance par rapport aux clauses de propre-assureur telle les clauses de responsabilité lorsqu ’elles prévoient la stipulation d’une contrepartie au bénéfice du porteur contractuel des risques. 2 V. NICOLAS, th. préc., n°18. 3 TROPLONG, ibidem, A. MORIN, th. préc., n°155 et l’exemple du
lapidaire cite. Comp. P.-J. DURAND, th. préc. n°124, p. 315. Cet auteur affirme, à titre de comparaison, entre les clauses exonératoires de responsabilité et les contrats d’assurance que : «pour qu’il y ait prime, il faudrait à tout le moins que le créancier retire un avantage de l’insertion de la clause. Or, le plus souvent dans les conventions (exonératoires de responsabilité), il
n’en est pas
ainsi, et la prétendue prime est inexistante». Cela ne veut pas pour
autant dire que le créancier soit toujours lésé dans ces
conventions.L’acceptation de la charge des risques dans les contrat de longue durée est souvent motivée par la considération implicite d’un avantage quelconque qui détermine le créancier à accepter la répartition des risques que le débiteur lui impose même si cela n’est pas toujours vrai dans les contrats d’adhésion ou de consommation. 4 Comp..S BEAUGENDRE, th. préc., n° 171, p. 83. Sans remettre en cause l’importance du critère de l’aléa, cet auteur estime néanmoins que ce critère général d’identification du contrat d’assurance n’est plus opérationnel pour distinguer ce contrat des contrats voisins comme l’assurance-assistance et l’assurancecrédit. Le critère décisif pour mener à bien cette distinction est celui de la prime en tant que «reflet d’un aléa financier réciproque». V. infra, n°s 594 concernant la prise en compte du critère de la pertinence juridique de l’aléa pour la distinction entre l’assurance et la clause de force majeure et n°605 et s. à propos de la distinction qui peut être effectuée entre les clauses de force majeure et les contrats d’assurance voisins à partir du critère de la pertinence juridique de l’aléa. 877 contenu de l’obligation de garantie ne s’opère dans les conventions de force majeure que de manière accidentelle en présence d’une convention d’attribution des risques à aléa économique dit juridiquement non pertinent. De surcroît, quand bien même la considération du versement de la prime par l’assurée dans le contrat d’assurance est de nature à «causer» le transfert des risques dans les mêmes conditions que dans les conventions d’attribution des risques à aléa économique dit juridiquement pertinent, il n’empêche que dans le cas de l’assurance, ce transfert s’opère toujours à sens unique au profit d’un tiers extranei penitus alors que dans la conventions de force majeure, ce transfert peut se faire indépendamment de la qualité des parties au bénéfice du contractant qui n’assume pas la charge des risques. Autrement dit, le sens de l’attribution conventionnelle des risques est toujours préfixé et prédéterminé dans les conventions d’assurance alors que dans les clauses de force majeure il y a une réversibilité de l’ordre d’imputation des risques entre contractants. La technique de l’assurance révèle ainsi quelques éléments d’originalité non moins significatifs qui la distinguent du mode opératoire des conventions de force majeure. En effet, il ne fait aucun doute que la technique actuarielle, la mutualité, le recours à la loi des grands nombres sont des opérations matérielles spécifiques à l’institution de l’assurance. Mais il faut en convenir, ces éléments relèvent de la pure description technique et matérielle de l’opération d’assurance1 et non pas de l’identification de l’essence du contrat d’assurance2 qui réside dans la pertinence juridique de l’aléa. 381. – En considération de la nature de l’aléa3 qui est l’élément déterminant de la préidentification du contrat d’assurance, force est de constater que la concordance entre la clause de force majeure et le contrat d’assurance est parfaite tant à l’égard des conventions d’appréciation des risques qu’en ce qui concerne les conventions 1 Le professeur Bigot rappelle ce principe dans une étude dédiée à la qualification du contrat d’assurance, v. J. BIGOT, note sous CA. Colmar, 2ème ch. Civ. 19 mars 1993 ; CA Grenoble, Ch. Urgences, 7 nov. 1995 ; CA Toulouse, Civ. 3, 24 oct. 1995, JCP, 1996 II, 22595 : «La qualité des parties n’est généralement pas un élément déterminant de la qualification du contrat (lire le contrat d’assurance), même si ce type de contrat est réservé à certains types d’opérateurs, et même si ceux si ceux-ci sont placés sous le contrôle des pouvoirs publics. En effet, il se peut que les opérateurs –légalement ou nonaient offert au public d’autres types de contrats que ceux pour lesquels ils sont légalement habilités». V. aussi, M. FONTAINE, th. préc., n°87 et s. ; S. BEAUGENDRE, th. préc., n°173, p. 84. 2 En ce sens, S. BEAUGENDRE, th. préc., n°173, p. 85. 3 A. MORIN, th. préc., n° 269, Pour cet auteur, l’aléa économique juridiquement pertinent s’entend de l’aléa qui confère un caractère aléatoire au contrat dans lequel il s’intègre. Cependant, «afin que l’aléa économique soit pertinent, l’existence de l’incertitude sur la valeur d’une prestation doit retentir sur l’équilibre définitif du contrat, les parties eurent donc dans l’impossibilité d’apprécier l’équivalence finale des prestations». V. aussi, F. GRUA, art. préc., RTD civ. 1983. 263 et s. M. FONTAINE, th. préc., n°182 ; S. BEAUGENDRE, ibid. 878
d’attribution des risques de force majeure. En effet, dans les contrats aléatoires tel que le contrat d’assurance, l’aléa qui affecte l’obligation de garantie de l’assureur est de nature purement juridique par cela seul que l’obligation de l’assureur est imparfaitement constituée au regard de l’exigence de la déterminabilité de l’objet à l’instant de la formation du contrat. Il en va ainsi, car l’existence de l’objet de l’obligation de paiement ainsi que son quantum sont subordonnés dans les conventions juridiquement aléatoire à la réalisation d’un évènement casuel ou incertain. Dans les faits, l’assureur ignore au moment du contrat s’il sera tenu de dédommager le sinistre tout comme il lui est impossible de connaître à l’avance avec certitude le montant de sa prestation de garantie. À cet égard, la pratique des franchises ou planchers d’indemnisation comme les plafonds conventionnels d’indemnisation n’altère pas la pertinence juridique de l’aléa dans ces conventions tant que l’assureur est objectivement dans l’impossibilité de connaître a priori avec certitude le coût de son engagement. Or, cette incidence de l’aléa juridique se produit dans les mêmes conditions dans les conventions d’appréciation des risques de force majeure. Dans ces conventions, le contractant qui subit la force majeure ne peut en mesurer la portée au plutôt qu’à partir de la survenance de la force majeure. C’est dire qu’il y a une similitude entre les clauses d’appréciation des risques de force majeure et les clauses des contrats d’assurance qui définissent la notion du sinistre ou les conditions de la garantie. Cette parenté est légitime, car ces deux types de conventions donnent naissance à une obligation de garantie imparfaite ab initio en raison de l’impossibilité de déterminer ou de quantifier son objet au moment de la formation du contrat. Cette identité de nature concerne également les conventions d’attributions des risques de force majeure et les clauses du contrat d’assurance relatives à l’exclusion ou à la déchéance de la garantie. Dans toutes ces conventions, le garant assume la charge des risques ab initio même s’il se trouve dans l’impossibilité de connaître le coût de sa prestation finale au moment de l’appel en garantie. Parce que le déséquilibre économique des prestations induit par les conventions d’attribution des risques affecte uniquement la valeur finale de la prestation de garantie, ces conventions sont, sous réserve de leur pertinence juridique, fondamentalement différentes dans leur nature des conventions d’appréciation des risques de force majeure et de celles qui définissent le sinistre ou les conditions de la garantie dans l’assurance. Autrement dit, les contrats d’assurance sont des actes juridiquement aléatoires par essence parce que l’obligation de garantie de l’assureur est subordonnée par une 879 incertitude de nature juridique dont dépend la constitution ou la perfection de l’objet de l’obligation de garantie de l’assureur. En revanche, les clauses d’exclusion ou de déchéance de la garantie, parce qu’elles sont assujetties à une incertitude de nature économique qui est extrinsèque à la structure du contrat et n’influe que sur l’équilibre définitif des prestations au moment de la manifestation de l’incertitude, se rapprochent pour cette raison des clauses d’attribution des risques de force majeure. En réalité, il faut distinguer dans le contrat d’assurance deux types de clauses en considération de l’incidence de la nature de l’incertitude qui grève l’obligation de garantie de l’assureur. D’une part, les clauses d’exclusion de la garantie, parce qu’elles sont soumises à une incertitude juridique, elles se rapprochent des conventions d’appréciation des risques de force majeure. D’autre part, les clauses relatives aux conditions et à la déchéance de la garantie, en ce qu’elles sont assujetties à une incertitude économique, elles se rapprochent des conventions d’attribution des risques de force majeure. C’est ainsi qu’il faut comprendre la distinction que la jurisprudence introduit en droit interne entre le régime des clauses relatives aux conditions de la garantie d’une part, et le régime des conventions d’exclusion et de déchéance de la garantie, d’autre part1. 382. –En effet, en droit interne les clauses générales des contrats d’assurance responsabilité ou dommage ne sont pas interprétées suivant les mêmes principes par les tribunaux. La jurisprudence discrimine le traitement des principales clauses des contrats d’assurance selon qu’elles ont pour effet d’exclure directement ou médiatement la garantie2 ou qu’elles aménagent les conditions de la garantie. Si la normativité des clauses relatives aux conditions de la garantie est pleinement admise sous les réserves que la jurisprudence apporte aux conventions en général, l’efficacité des clauses d’exclusion et de déchéance de la garantie est quant à elle soumise à des restrictions spécifiques qui sont d’origine légale3 et jurisprudentielle. Toutefois, la difficulté soulevée par cette disparité de traitement des conventions relative à l’objet de la garantie dans les contrats 1 En ce sens, v. G. VINEY et P. JOURDAIN, op. cit., 2ème éd. LGDJ, 2001, n°
367 et s. G. VINEY et P
.
JOURDAIN, op. cit.,
2ème éd. LGDJ, 2001, n°372. Pour une interprétation large du principe de l’admission des exclusions “formelles et limitées” de la garantie en application de l’article L.113-1, al. 1er c. assur. Ibid., n°377, pour l’application des principes généraux d’interprétation des contrats pour limiter le jeu des clauses d’exclusion. Ibid., n°380, à propos de l’utilisation des règles probatoires de droit commun contre les clauses d’exclusion. 3
V. not. art. L113-11 c. assur. qui invalide les clauses de déchéance de la garantie en cas de délit ou de crime punis par la loi et pour cause de déclaration tardive du sinistre. V. aussi, l’art. L113-17 al. 2 du c. assur. Pour la prohibition des clauses de déchéance de la garantie en raison de l’immixtion de l’assuré dans la direction du procès. 2 880 d’assurance procède de ce que, non seulement la distinction entre les excusions directes et indirectes de la garantie est dans certains cas divinatoire à établir, bien plus la distinction entre les clauses d’exclusion de la garantie et les clauses relatives aux conditions de la garantie n’est pas non plus claire. Afin de lever cette ambigüité, l’identification de la nature des conventions d’exclusion et de définition des conditions de la garantie s’avère un préalable indispensable pour mieux approfondir la comparaison entre la clause de force majeure et les principales composantes du contrat d’assurance. L’enjeu est donc d’envisager si, à défaut d’être soumis au régime du contrat d’assurance en général, les conventions de force majeure ne devraient pas au moins être interprétées selon les mêmes principes que les conventions d’exclusion ou celles qui définissent les conditions de la garantie dans l’assurance 1. En tout cas, la cohérence du droit en sortirait renforcée à vouloir harmoniser les règles d’interprétation des conventions de force majeure au regard de celles qui s’appliquent aux clauses générales des polices d’assurance. De surcroît, un argument d’opportunité semble plaider en faveur de ce rapprochement, car il aurait au moins la vertu de promouvoir le transfert global du contentieux de la force majeure contractuelle vers l’assurance plutôt que transférer partiellement vers la solidarité nationale le traitement des risques spéciaux provenant notamment des actes de terrorisme2 et des catastrophes naturelles3. Il faut en convenir, ce rapprochement ne peut s’imposer que dans la mesure où il est permis d’établir l’identité notionnelle entre les clauses générales du contrat d’assurance et les clauses de force majeure. 383. –Dans le traitement jurisprudentiel des clauses générales du contrat d’assurance une distinction fondamentale ressort entre l’exclusion et la définition des conditions de la 1 V. not., art. L. 113-1 c. assur. Pour le principe de la prohibition des exclusions «formelles et limitées». V. aussi, art. L.113-11-1° c. assur. Pour la limitation du jeu des clauses de déchéance de la garantie. Enfin, v. aussi, au sujet de la transposition aux clauses limitatives de responsabilité et aux clauses de force majeure de la «règle proportionnelle» empruntée au droit des assurances (v. art. L.121-5 du c. assur. : «S’il résulte des estimations que la valeur de la chose assurée excède au jour du sinistre la somme garantie, l’assuré est considéré comme restant son propre assureur pour l’excédent et supporte, en conséquence, une part proportionnelle du dommage, sauf convention contraire»). Le jeu de cette règle semble contesté dans les contrats de consommation, (V. Rec. n°82-02 concernant les contrats proposés par les déménageurs, dispositif, B, 10ème, BOCC, 27 mars 1982). La doctrine pour sa part reste hostile à l’extension de cette règle en dehors du droit des assurances. V. not.
G
. VINEY
et P.
JOURD
AIN
, op. cit., 2ème éd. LGDJ, 2001, n°227 ; H., L. J. MAZEAUD et
F
. CHABAS, Traité,
t. III, 2ème
vol
., 6ème éd., n°2592-2 ; AL JONDI, th. préc., p. 227 et 236 ; R. RODIERE,
Tra
ité
général
de droit maritime, t. I, n°342. 2 V. art. L126-1 et L126-2 à L126-3 c. assur. qui institue un régime spécifique d’indemnisation pour les dommages matériels et corporels résultant des actes de terrorisme. 3 V. art. L128-1 à L128-8 du c. assur. qui institue un fond d’indemnisation spécifique pour les catastrophes naturelles reconnues comme telles par arrêté ministériel. 881
garantie1 à côté des clauses qui aménagent la déchéance de la garantie. Toutes ces conventions ont un effet commun de limiter la garantie. Aussi, le législateur consacre le principe de transparence afin de tenir en échec les limitations de garantie qui portent atteinte au droit à l’indemnisation de l’assuré et des victimes des dommages matériels et corporels. Ce principe de transparence se décline à travers deux exigences fondamentales auxquelles sont soumises les clauses générales des contrats d’assurance. D’une part, l’article L112-4 in fine du code des assurances dispose que «les clauses des polices édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions ne sont valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents». D’autre part, l’article L113-1 al. 1er du même code prévoit que «les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée contenue dans la police». La jurisprudence complète cet arsenal juridique en étendant sa censure aux clauses d’exclusion2 dites «indirectes» qui doivent désormais être «formelles» et «limitées»3. L’ambiguïté de ce système de régulation de l’efficacité des clauses générales d’assurance réside toutefois dans la subtilité dont procède la distinction des exclusions dites «directes» et «indirectes». Dans la pratique les exclusions «directes» de la garantie revêtent deux formes dont l’une est positive et l’autre négative. Positivement, l’exclusion de la garantie peuvent résulter des stipulations suivantes : «sans exclu du contrat d’assurance les risques suivants(...)» ou «ne sont pas garantis les risques tels que(...)»4. D’autres claus encourent l’illégalité en allant jusqu’à exclure des risques assurables, ceux donnant lieu à la mise en œuvre de la responsabilité, pénale, civile ou contractuelle de l’assuré5. 1 G. VINEY et P. JOURDAIN, op. cit., 2ème éd. LGDJ, 2001, n°s 367 et s. V. cependant, en matière d’assurance responsabilité sur la possibilité d’aménager les dispositions de l’article L. 121-2 du code des assur. qui reprend les dispositions de l’article 13 de la loi du 13 juillet 1930 aux termes desquelles : «L’assureur est garant des pertes et dommages causés par les personnes dont l’assuré est civilement responsable en vertu de l’article 1384 du code civil, quelles que soient la nature et la gravité des fautes commises par ces personnes». Contrairement à la lettre de ce texte qui consacre le principe de la nullité des conventions modificatives de cette garantie, il faut néanmoins préciser, à l’analyse de la jurisprudence, que cette interdiction ne semble concerner que les exclusions dites subjectives de la garantie qui visent à écarter nommément les personnes dont l’assuré est civilement responsable du bénéfice de la garantie. En revanche, les exclusions dites «objectives» qui visent à définir l’objet et les limites de la garantie restent valable comme l’énonce depuis la Cour de cassation, l’article L. 121-2 «ne porte pas atteinte à la liberté des parties de convenir du champ du contrat et de déterminer la nature et l’étendue de la garantie». En ce sens, v. Civ., 12 nov. 1940, JCP, 1941.II.1640 ; Gaz. Pal., 1940, 2, p. 210 ; RGAT, 1941, p. 40 ; récemment, v. Civ., 1ère, 12 mars 1991, préc. ; 24 mars 1992 ; 13 juin 1995, Bull. civ., I, n° 256 ; Resp. civ., 1995, comm., n° 314 et chron., n° 37 par H. GROUTEL. 3 En ce sens, v. G. VINEY et P. JOURDAIN, ibid., n°368 et les arrêts cités notes n°87- Concernant l’assimilation du régime des clauses d’exclusion directes et indirectes, v. Ibid., n°375 et s. 4 J. ROUSEL, art. préc. p. 50. 5 Après de longues hésitations, la jurisprudence a fini par admettre la licéité des exclusions de certains chefs de responsabilité civile délictuelle ou pénale. V. Paris, 31 janv. 1970 ; Gaz. Pal., 1970, 1, p. 330, note 2 882 Négativement, ces exclusions peuvent résulter d’une définition ou d’une énumération restrictive des cas de force majeure ou des risques assurables en prévoyant entre autres que :«Constituent des risques assurables au sens du présent contrat ; tous les évènements de force majeure, hors du pouvoir de l’assuré et auxquels il n’a pas pu résister par l’usage des précautions ou diligences raisonnablement appropriés(...)» ou encore que : «Les risques assurés au sens de la présente police s’entendent, des calamités naturelles reconnues en tant que telles par l’autorité publique, des actes de terrorisme international, de désobéissance civile, du fait de prince étranger.... et plus généralement tout fait imprévisible et irrésistible auquel l’assuré n’a pu résister et surmonter les conséquences»1. La rhétorique de ces exclusions n’est pas spécifique à l’assurance. Elle est sans nous rappeler les formulations précédemment analysées des clauses d’appréciation des risques de force majeure2. Pour autant, l’assimilation de ces clauses est-elle permise avec les clauses d’appréciation des risques de force majeure? L’affirmative l’emporte assurément, car la définition conventionnelle des risques est, en principe, un acte juridiquement aléatoire qui a pour fonction la délimitation de l’étendue de l’obligation 3. Au cas précis, la description des diligences attendues du débiteur de la garantie constitue l’objet du contrat et participe à son essence. Mais il n’empêche que l’obligation de garantie de l’assureur reste dans sa nature une obligation aléatoire. Tant dans la description positive que négative de l’objet de la garantie, les parties ne font que définir en toute liberté l’étendue de l’obligation de garantie de l’assureur. L’usage de l’expression d’exclusion de garantie s’avère inapproprié chaque fois que les parties exercent leur liberté contractuelle de déterminer les contours de l’obligation de garantie, quel que soit le contrat. H.M. ; CA Amiens, 2 juin 1975, D., 1976, somm., p. 49. -Adde, Civ. 1ère, 13 mars 1990, préc. RGAT, 1990, p. 372. V. cependant, la prohibition édictée à l’article L.113-11 du c. assur. 1 L’exclusion vient ici de la lecture a contrario de l’objet de la police d’assurance. Les actes de terrorisme d’origine nationale, les actes de gouvernement d’origine national, les calamités naturelles non reconnues, sont exclus de la garantie. De même, certaines polices d’assurance de responsabilité civile écartent directement ou indirectement certaines activités du domaine des s assurables. Tout comme d’autres clauses d’assurances multirisques professionnelles excluent des risques assurables, les risques inhérents aux maladies non-professionnelles. Dans ces différentes hypothèses, les parties ne font que définir l’objet du contrat.
| 41,492
|
21/hal.archives-ouvertes.fr-hal-02533314-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,326
| 9,881
|
5. Autres éléments de valorisation
Il est encore trop tôt pour recueillir d'autres indicateurs d'impact du projet Democrat, à la date de finalisation de celui-ci, mais notons que beaucoup parmi les publications listées cidessus font déjà l'objet de citations dans la communauté scientifique, comme le montre la figure 1 – qui indique par ailleurs le h-index du projet en date de février 2020, à savoir : hindex Democrat = 5.
Figure 1 : Citations des publications de Democrat – copie d'écran du logiciel « Publish or Perish », requête du 26 février 2020. 25/44
Notons également que le corpus Democrat a déjà été téléchargé de nombreuses fois sur la plateforme Ortolang (https://hdl.handle.net/11403/democrat/v1.1), comme le montre la figure 2. Là encore, la parution du corpus est trop récente pour que ces statistiques de consultations et de téléchargements aient vraiment un sens. Notons également qu'Ortolang, qui propose aux propriétaires de corpus un suivi de ces statistiques, n'indique la provenance ni des consultations, ni des téléchargements. On ne peut donc pas savoir si ce sont des chercheurs individuels, des laboratoires et surtout, on ne peut pas savoir pour quel usage le corpus est téléchargé. Depuis février 2020, des pointeurs vers le corpus Democrat ont été ajoutés sur divers sites web, notamment celui de la Base de Français Médiéval (BFM) – http://txm.bfmcorpus.org/ – et celui de la Société Internationale de Diachronie du Français (SIDF) – https://diachronie.org/2020/02/25/corpus-democrat.
Figure 2 : Statistiques de téléchargement du corpus Democrat – copie d'écran du site Ortolang, requête du 26 février 2020. E.4 BILAN ET SUIVI DES PERSONNELS RECRUTES EN CDD (HORS STAGIAIRES)
Ce tableau dresse le bilan du projet en termes de recrutement de personnels non permanents sur CDD ou assimilé. Renseigner une ligne par personne embauchée sur le projet quand l'embauche a été financée partiellement ou en totalité par l'aide de l'ANR et quand la contribution au projet a été d'une durée au moins égale à 3 mois, tous contrats confondus, l'aide de l'ANR pouvant ne représenter qu'une partie de la rémunération de la personne sur la durée de sa participation au projet. Les stagiaires bénéficiant d'une convention de stage avec un établissement d'enseignement ne doivent pas être mentionnés. Les données recueillies pourront faire l'objet d'une demande de mise à jour par l'ANR jusqu'à 5 ans après la fin du projet.
I
dentification
Nom et Sexe Adresse prénom H/F email (1) Delaborde F Marine Decorde Matthieu H Le Mené Marine F Rousier- F Vercruyss en Lucie marine.dela borde@gm ail.com matthieu.de corde@ens -lyon.fr février 2020 lemeneguig oures@uni stra.fr vercruysse nlucie@gm ail.com
février 2020 février 2020 fé
vrier
2020 Avant le recrutement sur le projet Dernier Lieu d'études Expérience diplôme (France, UE, prof. F ANNEXES (PARTIES NON CONFIDENTIELLES)
Cette partie propose des informations complémentaires qui reprennent (en partie) les contenus des livrables et illustrent à ce titre les éléments de contenu des parties C, D et E. F.1 PROGRAMMES DES WORKSHOPS ORGANISES PAR LE PROJET DEMOCRAT Journée d'étude
«
Référence, coréférence et structure textuelle
» Lundi 27 novembre 2017 ENS Lyon, Bâtiment Buisson salle de réunion 2 9h00 : Accueil des participants 9h10 : Frédéric Landragin (CNRS) et Céline Guillot-Barbance (ENS Lyon) : Introduction et objectifs 9h30 : Jean-Michel Adam (Université de Lausanne) : Paragraphes et chaînes de référence aux paliers micro- et méso-textuel d'analyse 10h20 : Pause 10h30 : Agnès Tutin (Université Grenoble Alpes) : « Shell nouns » et anaphore dans l'écrit scientifique 11h20 : Catherine Schnedecker et l'équipe de Strasbourg : Analyse exploratoire longitudinale des chaînes de référence dans des textes de type « encyclopédique » du Moyen Français au Français contemporain 12h00 : Repas 13h30 : Yves Bestgen (Université Catholique de Louvain) : Recherche d'indices de (dis)continuité thématique par une analyse automatique de corpus 14h20 : Céline Guillot-Barbance et l'équipe de Lyon : Chaînes de référence, structuration textuelle et genres textuels en diachronie : premières explorations du corpus Democrat 15h00 : Bruno Oberlé (Université de Strasbourg) : Étude des chaînes de référence dans les articles de recherche de format IMRaD 15h40 : Pause 15h50 : Table ronde (modérateur : Frédéric Landragin) : Pertinence et faisabilité d'une annotation spécifique du corpus Democrat pour étudier les liens entre structure textuelle et chaînes de référence 17h20 : Conclusion et perspectives de la journée 17h30 : Clôture de la journée Référence du formulaire : ANR-FORM-090601-01-01 29/44 Journée d'étude « Approches contrastives des cha
de référence » Mercredi 14 mars 2018 Lattice-ENS, 1 rue Maurice Arnoux, Montrouge, salle 302
9h00 : Accueil des participants 9h10 : Frédéric Landragin (CNRS, Lattice) : « Introduction et objectifs » 9h30 : Xiuli Wang (Beijing Language and Culture University) : « Deux solutions de la chaîne de référence en chinois par rapport au français » (conférence invitée) 10h30 : Pause 10h40 : Chang Guo (Université de Strasbourg) : « Approche contrastive de la coréférence en françaischinois : application dans un corpus de textes encyclopédiques » 11h20 : Emmanuel Baumer (Université Nice Sophia Antipolis, BCL), Laure Gardelle (Université Grenoble Alpes), Dominique Dias (Université Grenoble Alpes) et Emmanuelle PrakDerrington (ENS de Lyon) : « À quel point les chaînes de référence peuvent-elles être homogènes au sein d'un même genre discursif? Exploration contrastive allemand/anglais/français » 12h00 : Repas 13h30 : Shirley Carter-Thomas (Institut Mines-Télécom, Lattice) et Laure Sarda (CNRS, Lattice) : « Anaphores (in)fidèles : analyse contrastive en langue et en genre » (conférence invitée) 14h30 : Zsuzsanna Gécseg (Université de Szeged, Hongrie), Frédéric Landragin (CNRS) et Benjamin Fagard (CNRS) : « Maillons forts et maillons faibles d'une chaîne de référence : une étude contrastive français-hongrois » 15h10 : Jan Dvorak (ENS Lyon) : « Le démonstratif et les chaînes de référence dans les langues parlée et littéraire : une brève comparaison entre le tchèque et le français » 15h50 : Pause 16h00 : Emmanuel Schang (Université d'Orléans), Anaïs Lefeuvre-Halftermeyer (Université d'Orléans) et Jean-Yves Université François Rabelais Tours) : « Les chaînes coréférentielles en créole de la Guadeloupe » 16h40 : Bilan de la journée, tour de table, conclusions et perspectives. 17h30 : Clôture de la journée 30/44 Journée d'étude « Mesures statistiques et approches quantitatives pour étudier les chaînes de référence » 14 juin 2019 Strasbourg, Bâtiment le Portique, salle 409 9h15 - 9h45
Accueil
des participant.e
.s 9h45 - 10h15 Chaînes de référence et « mesures » : le cas du découpage en paragraphes Catherine Schnedecker (LiLPa) 10h15 - 10h45 Prototypes référentiels Lucie Vercruyssen (Lattice) 10h45 - 11h15 L'effet des facteurs de "distance" et de "fréquence" sur la saillance des entités Jiaqi Hou (Lattice) 11h15 - 11h30 Pause 11h30 - 12h45 Exploitation de l'annotation en chaînes de référence : point de vue formel, repères techniques et retour d'expérience Céline Guillot & Bénédicte Pincemin (IHRIM) 12h45 - 14h Pause déjeuner 14h - 14h45 Segmentation textuelle et chaînes de référence : étude de quelques indicateurs Bruno Oberlé (LiLPa) 14h45 - 15h15 Chaînes de référence et paragraphes : étude d'un corpus en diachronie Daniéla Capin, Julie Glikman, Marine Le Mené, Catherine Schnedecker, Amalia Todirascu (LiLPa) 15h15 - 16h30
F.2 CORPUS DEMOCRAT Accès au corpus
Conformément aux objectifs du projet Democrat, le corpus annoté dans le cadre du projet est diffusé gratuitement sous licence ouverte CC BY-SA. L'ensemble des fichiers, des métadonnées et des informations de la documentation du corpus a ainsi été déposé sur la plateforme ORTOLANG (Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la LANGue), plateforme vouée à être pérenne. Lien vers le corpus annoté Democrat : https
Descriptif succinct
Le corpus Democrat est un corpus textuel annoté en références. Les expressions référentielles sont repérées (sous la forme d'unités « MENTION ») et annotées avec l'identifiant du référent (champ « REF »). Les chaînes de référence sont construites dans des schémas « CHAINE ». La composition du corpus est établie dans l'objectif d'étudier la variation des chaînes de référence en fonction des genres discursifs et des époques. La composition est établie selon trois critères : époque, type de texte (narratif ou non-narratif), genre textuel. La taille du corpus a été envisagée pour permettre des applications de traitement automatique des langues. Les textes constituant le corpus sont diffusés sous deux formats différents : • • Fichiers.TXM (un par texte du corpus) : il s'agit de corpus binaires utilisables directement avec le logiciel TXM version 0.8.0 (et ultérieures). C'est le point d'entrée recommandé pour explorer les annotations et effectuer des mesures : calculs de fréquences, etc. Textes constituant le
corp
us
fichier auteur titre source siècle_co mposition type_textuel genre_textuel ROLAND Anonyme Chanson de Roland BFM environ 1100 narratif poème épique ENEAS Anonyme Eneas BFM 12e narratif roman SBATH1 Anonyme Vie de Sainte Bathilde BFM 13e narratif hagiographie CHARTESHAIN13 Anonyme Chartes de Hainaut NaN 13e non narratif chartes REGCRIM1 NaN Registre Châtelet BFM / DMF 14e non narratif registre DAUDIN Jean Daudin De la érudition BFM / DMF 14e non narratif didactique MOREE Anonyme Chronique de Morée BFM 14e narratif chronique historique criminel du 32/44 fichier COMMYNES auteur titre Philippe de Mémoires Commynes Christine Pizan DUBELLAYDE Joachim FFENSE Bellay RABELAISPA NTAGRUELV2 siècle_co mposition type_textuel genre_textuel BFM 15e mixte (narratif mémoires et non narratif) BFM 15e narratif roman de Le livre des trois vertus BFM à l'enseignement des 15e non narratif manuel d'éducation La défense et illustration de la langue BVH française 16e non narratif traité argumentatif Pantagruel 16e narratif roman non narratif pamphlet JEHANDEPARI Anonyme S LIVREDESTR OISVERTUS
source Jean de Paris du François Rabelais BVH Le discours de la SERVI
TUDE
V Étienne de la http://classiques.u servitude volontaire ou 16e OLONTAIRE Boétie qac.ca/ le c Jean de Léry Histoire d'un voyage B
VH fait en la terre du Brésil 16
e
mix
te
(
narratif récit
de voyage et non narratif) DESPERRIERS Bonaventure RECRE Des Periers Les nouvelles récréations et joyeux BVH devis 16e NaN NaN LERYBRESIL MarieLAFAYETTEC Madeleine de Princesse de Clèves LEVES la Fayette Wikisource/Frant 17e ext narratif roman COEFFETEAU Nicolas HISTOIRE Coeffeteau Histoire romaine Frantext 17e narratif traité historique JacquesBOSSUE DISC Bénigne OURS Bossuet Discours sur l'histoire Frantext universelle 17e mixte (narratif traité historique et non narratif) PERRAULTCO Charles NTES Perrault Contes (vers) Frantext 17e narratif récit bref PERRAULTCO Charles NTES2 Perrault Contes (prose) Frantext 17e narratif récit bref de Le théâtre d'agriculture Frantext et ménage des champs 17e non narratif traité (agriculture?) Discours de la méthode Frantext 17e non narratif texte philosophique SERRESAGRIC Olivier ULTURE Serres DESCARTESDI René SCOURS Descartes Jacques-Henri PAULETVIRGI Bernardin de Paul et Virginie NIE Saint-Pierre Wikisource 18e narratif roman RAMSAYCYR André Michel Les voyages de Cyrus US Ramsay Frantext 18e narratif roman MONTESQUIE Montesquieu ULOIS L'Esprit des lois Frantext 18e non narratif traité argumentatif VOLTAIREESS Voltaire AI Essai sur générale et moeur l'histoire sur les Frantext 18e non narratif traité argumentatif 18e non narratif traité didactique 18e narratif fables DIDEROTESS AIS Denis Diderot Essais sur la peinture FABLES François de Salignac de la Fables et opuscules Wikisource Mothepédagogiques Fénelon Frantext BOUVARDETP Gustave ECUCHET Flaubert Bouvard et Pécuchet Wikisource 19e narratif roman CAPITAINEFR Théophile ACASSE Gautier Le capitaine Fracasse Wikisource 19e narratif roman VENTREDEPA Émile Zola RIS Le ventre de Paris Wikisource 19e narratif roman MORTEAMOU Théophile REUSE Gautier La morte amoureuse Wikisource 19e narratif nouvelle 33/44 fichier SARRASINE auteur Honoré Balzac titre de source Sarrasine François-René CHATEAUBRI de Génie du christianisme ANDGENIE Chateaubriand siècle_co mposition type_textuel genre_textuel Wikisource 19e narratif nouvelle Frantext 19e non narratif traité argumentatif CODECIVILFR NaN ANCAIS-1 Code civil des français Wikisource (Code Napoléon) 19e non narratif texte juridique CODE Code civil des français Wikisource (Code napoléon) 19e non narratif texte juridique MADEMOISEL Guy de Mademoiselle Fifi, Projet Gutenberg LEFIFI-1 Maupassant nouveaux contes (1) 19e narratif nouvelle MADEMOISEL Guy de Mademoiselle Fifi, Projet Gutenberg LEFIFI-2 Maupassant nouveaux contes (2) 19e narratif nouvelle MADEMOISEL Guy de Mademoiselle Fifi, Projet Gutenberg LEFIFI-3 Maupassant nouveaux contes (3) 19e narratif nouvelle MADAMEDEH Victor Cousin Madame de Hautefort AUTEFORT Wikisource 19e narratif biographie PAULINE Pauline Wikisource 19e narratif roman NEMOVILLE Adèle Bourgeois Némoville Wikisource 20e narratif roman DELAVILLEA Marguerite UMOULIN Audoux De la ville au moulin Wikisource 20e narratif roman ESTREPUBLIC NaN AIN Est Républicain_1 Ortolang (collection d'articles) 20e non narratif articles presse CONVTRANSP NaN ORTAERIEN Convention pour http://eurl'unification de certaines lex.europa.eu règ 20e non narratif texte juridique CONVENTION MILIEUMARI NaN N Convention pour la http://eurprotection du milieu lex.europa.eu marin 20e non narratif texte juridique CODEPROCED NaN UREPENALE Code de pénale 20e non narratif texte juridique CONVENTION NaN INSTUNIV Convention création d'un univ 20e non narratif texte juridique ADEN Aden Arabie http://www.ebook 20e sgratuits.com/ non narratif pamphlet Wikisource 20e narratif biographie Rosalie de Constant, sa Wikisource famille et ses amis 20e narratif biographie JEANCHRISTO Romain PHE-1 Rolland Jean-Christophe (1) Wikisource 20e narratif roman JEANCHRISTO Romain PHE-2 Rolland Jean-Christophe (2) Wikisource 20e narratif roman ESTREPUBLIC NaN AIN-2 Est Républicain_2 Ortolang (collection d'articles) 20e non narratif articles presse DOUCELUMIE Marguerite RE Audoux Douce Lumière Wikisource 20e narratif roman ABLEAUCO Raymond RPS Radiguet Le diable au corps Wikisource 20e narratif roman CONVENTION NaN THONTROPIC Convention relative au http://eurrenforcement de la
lex
.europa.eu
Comm 21e non narratif texte juridi
que ARTICLESWIK NaN I Articles encyclopédiques "zèbre", "girafe", "s 21e non narratif articles encyclopédiques Paul Nizan procédure portant http://eurinstitut lex.europa.eu ELISABETHSE Laure CoN/A Élisabeth Seton TON ROSALIEDEC ONSTANT Lucie Achard Legifrance Wikipedia de de 34/44 Mode d'emploi pour les fichiers.TXM 1. Mode d'emploi pour importer dans TXM les fichiers.XML • • • séparer les fichiers « *-urs.xml » dans un répertoire « urs » ; déplacer les fichiers de textes «.xml » dans un répertoire « democrat » ; lancer TXM ; ◦ lancer la commande d'import « Fichier > Importer > XML-TEI TXM » sur le répertoire « democrat » ; ◦ sélectionner le corpus DEMOCRAT ; ◦ lancer la commande « URS > Importer des annotations XML-TEI URS » sur le répertoire « urs » ; ◦ vous pouvez désormais utiliser tous les outils de TXM sur ce corpus contenant l'ensemble des textes annotés. Remarque : la lecture des « éditions » de textes peut être moins complète que dans la version «.txm ».
F.3 EXTENSION « ANNOTATION URS » DE L'OUTIL D'ANALYSE DE CORPUS TXM
Remarque préalable L'essentiel du travail réalisé autour des aspects « linguistique de corpus outillée » du projet consiste en une extension appelée « Annotation URS (Unité-Relation-Schéma) » du logiciel TXM d'analyse textométrique de corpus textuels <http://textometrie.ens-lyon.fr>. Cette extension intègre effectivement du code source du logiciel Analec <http://www.lattice.cnrs.fr/ressources/logiciels/analec> pour rendre les fonctionnalités d'annotation dynamique du modèle URS (Unité-Relation-Schéma) compatibles avec l'environnement de la plateforme TXM (architecture des corpus textuels, outils d'exploitation, interface utilisateur intégrée, outils d'import / export de textes, d'annotations et de résultats, etc.) tout en développant de nouvelles fonctionnalités basées sur ce modèle. Accès à l'outil d'annotation
Conformément aux objectifs du projet Democrat, l'extension « Annotation URS (UnitéRelation-Schéma) » de TXM développée dans le cadre du projet est diffusée gratuitement sous licence ouverte GNU GPL v3. Elle prend la forme d'un composant logiciel (plugin) au standard OSGi pour Eclipse RCP. Ce composant est hébergé dans le site de mise à jour (update site) de la plateforme TXM à l'adresse <http://textometrie.enslyon.fr/dist/0.8.0/ext/stable/site.xml> (feature « org.txm.annotation.urs.feature »). L'extension est téléchargeable automatiquement par le biais du logiciel TXM : pour y accéder l'utilisateur doit d'abord installer le logiciel TXM en version 0.8.0 ou supérieur depuis son site de diffusion <http://textometrie.ens-lyon.fr>, puis ajouter l'extension « Annotation URS (Unité-Relation-Schéma) » depuis TXM par le biais de la commande « Fichier > Ajouter une extension ». L'installation de l'extension ajoute à TXM de nouvelles commandes et interfaces utilisateur pour le travail avec les annotations « URS ».
Documentation
La documentation de l'extension est accessible en ligne à https://zenodo.org/record/3267345. Il s'agit d'un extrait du manuel de TXM 0.8. l'adresse Elle est composée des sections suivantes : A) Installation de l'extension B) Modèle d'annotation par défaut C) Importer un corpus déjà annoté D) Importer des annotations E) Annoter Interactivement F) Enregistrer les annotations G) Annoter, Vérifier, Exploiter et Exporter par commandes H
)
Outils
spécifiques
Democrat I) Exporter des annotations du formulaire : ANR-FORM-090601-01-01 36/44 Utilisation Les commandes de l'extension « Annotation URS (Unité-Relation-Schéma) » sont compatibles avec les annotations se trouvant dans les fichiers «.txm » livrés dans le livrable L1 : « Corpus annoté » du projet DEMOCRAT (voir le mode d'emploi de ce livrable), et permettent par ailleurs d'annoter n'importe quel nouveau texte ou corpus de textes importé dans TXM. F.4 OUTILS DE DETECTION AUTOMATIQUE DES CHAINES DE REFERENCE
Remarque préalable Cette partie concerne la mise à disposition de l'outil de détection automatique de chaînes de coréférences dont le développement et la mise au point constituent le principal objectif TAL (Traitement Automatique des Langues) du projet Democrat. De fait, ce sont deux systèmes et non un seul qui sont ici livrés et décrits : 1. Le premier est appelé COFR et correspond grosso modo à une adaptation pour la langue française – avec entraînement sur le corpus Democrat qui avait fait l'objet du livrable L1 – d'un système (extérieur à Democrat) conçu initialement pour l'anglais, le système de Kantor et Globerson :
B. Kantor & A
. Glob
erson
(2019)
« Coreference Resolution
with
Entity Equalization
»,
In : Proceedings of the 57th Annual Meeting of the Association for Comput
ational
L
inguistics (ACL
2019
),
Florence
, Italy,
pp
.
673–
677
, article disponible en ligne ici : https://www.acl
web
.
org
/
anthology
/P19-1066/ 2. Le second est appelé DeCOFR et correspond à l'application des recherches opérées dans Democrat sur une nouvelle architecture de réseau de neurones artificiels. Ce travail ayant démarré dès le début du projet, donc avant que le corpus Democrat ne soit livré, tous les entraînements ont été faits sur un corpus alternatif, extérieur à Democrat, le corpus ANCOR : J. Muzerelle, A. Lefeuvre, E. Schang, J.-Y. Antoine, A. Pelletier, D. Maurel, I. Eshkol et J. Villaneau (2013) « Ancor-Centre corpus ». Distribué sur Ortolang : https://www.ortolang.fr/market/corpora/ortolang-000903 S'y ajoutent d'autres objectifs TAL, qui ne faisaient pas partie de la liste initiale des objectifs, mais dont l'exploration a été nécessaire pour aboutir des systèmes finalisés de qualité. Ces autres objectifs relèvent de recherches fondamentales sur l'architecture des réseaux de neurones artificiels et sur les spécificités de ces architectures pour le traitement d'objets aussi complexes que des chaînes de coréférences. Ces recherches fondamentales ont été publiées et permettent de contribuer aux avancées – de la communauté mondiale – sur l'apprentissage profond pour le TAL. Les publications concernées sont d'ailleurs les plus citées de l'ensemble des publications du projet Democrat (voir le rapport final du projet). Elles sont toutes disponibles en accès libre, et la section suivante indique les liens pour y accéder.
Accès aux publications
Toutes ont été déposées sur HAL, conformément aux objectifs du projet Democrat. La liste suivante est chronologique, en commençant par la publication la plus récente (qui a été acceptée mais n'est pas encore parue). Les publications numéros 1 et 2 reflètent directement les systèmes faisant l'objet de ce livrable (publication 1 pour le système COFR, publication 2 pour le système DeCOFR). Les autres publications en sont parfois des prémices, et relèvent parfois de recherches plus fondamentales.
1. Wilkens, R., Oberle, B., Landragin, F. & Todirascu, A. (2020) « French coreference for spoken and written language ». In : Language Resources and Evaluation Conference (LREC 2020), Marseille, France, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02476902
C'est la publication à citer pour toute exploitation du système COFR. Il est à noter que ce système a été développé dans le cadre d'une collaboration entre l'ANR Democrat et l'ANR Alector (Aide à la LECTure pour améliORer l'accès aux documents pour enfants dyslexiques), ANR-16-CE28-0005. La nature de la collaboration est la suivante : COFR, le système de Democrat, a bénéficié des travaux de thèse de Bruno Oberlé et de travaux communs menés avec deux membres d'Alector, Rodrigo Wilkens et Amalia Todirascu (qui fait également partie du projet Democrat), en particulier pour l'état de l'art et une partie des expérimentations d'apprentissage.
2. Grobol, L. (2019) « Neural Coreference Resolution with Limited Lexical Context and Explicit Mention Detection for Oral French ». In : Second Workshop on Computational Models of Reference, Anaphora and Coreference (CRAC19 - NAACL), Jun 2019, Minneapolis, United States, https://hal.inria.fr/hal-02151569v2
C'est la publication à citer pour toute exploitation du système DeCOFR. Il est à noter que système a été développé dans le cadre d'une collaboration entre l'ANR Democrat et le Labex EFL, « Empirical Foundations of Linguistics », ANR-10-LABX-0083. La nature de la collaboration est la suivante : DeCOFR est le système de Democrat, et les expérimentations d'apprentissage ont de fait été effectuées sur du matériel informatique acheté sur crédits Democrat, mais son élaboration relève pour l'essentiel des travaux de thèse de Loïc Grobol, dont le contrat doctoral est financé par le Labex EFL.
3. Dinarelli, D. & Grobol, L. (2019) « Seq2Biseq: Bidirectional Output-wise Recurrent Neural Networks for Sequence Modelling ». In : 20th International Conference on Computational Linguistics and Intelligent Text Processing (CICLing 2019), La Rochelle, France, https://hal.inria.fr/hal-02085093 4. Dinarelli, D. & Grobol, L. (2019) « Modèles neuronaux hybrides pour la modélisation de séquences : le meilleur de trois mondes ». In : Conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles (TALN 2019), Toulouse, France, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal02157160v2 5. Oberle, B. (2019) « Détection automatique de chaînes de coréférence pour le français écrit : règles et ressources adaptées au repérage de phénomènes linguistiques spécifiques ». In : Conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles (TALN-RECITAL 2019), Toulouse, France, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01793477 6. Landragin, F. & Oberle, B. (2018) « Identification automatique de chaînes de coréférences : vers une analyse des erreurs pour mieux cibler l'apprentissage », In : Journée commune AFIARéférence du formulaire : ANR-FORM-090601-01-01 38/44 ATALA sur le Traitement Automatique des Langues et l'Intelligence Artificielle, Onzième édition de la plate-forme Intelligence Artificielle (PFIA 2018), Nancy, https://hal.archivesouvertes.fr/hal-01819602 7. Dinarelli, M. & Grobol, L. (2018) « Modélisation d'un contexte global d'étiquettes pour l'étiquetage de séquences dans les réseaux neuronaux récurrents », In : Journée commune AFIA-ATALA sur le Traitement Automatique des Langues et l'Intelligence Artificielle, Onzième édition de la plate-forme Intelligence Artificielle (PFIA 2018), Nancy, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02002111 8. Dinarelli, M. & Dupont, Y. (2017) « Modélisation de dépendances entre étiquettes dans les réseaux neuronaux », Traitement Automatique des Langues, 58(1), pp. 13-37, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01579114 9. Dinarelli, M., Vukotic, V. & Raymond, C. (2017) « Label-dependency coding in Simple Recurrent Networks for Spoken Language Understanding », In: Proceedings of The 18th Annual of the International Speech Communication Association (Interspeech 2017), Stockholm, Sweden, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01553830v1 10. Dupont, Y., Dinarelli, M. & Tellier, I. (2017) « Label-Dependencies Aware Recurrent Neural Networks », In: International Conference on Intelligent Text Processing and Computational Linguistics (CICling 2017), Budapest, Hungary, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01579071
Note : cet article a gagné le premier prix « Best verifiability, reproducibility and working description award » de la conférence.
11. Grobol, L., Tellier, I., de la Clergerie, É., Dinarelli, M. & Landragin, F. (2017) « Apports des analyses syntaxiques pour la détection automatique de mentions dans un corpus de français oral », In: Vingt-quatrième Conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles (TALN 2017), Orléans, pp. 200-208, https://hal.inria.fr/hal-01558711 12. Dupont, Y., Dinarelli, M. & Tellier, I. (2017) « Réseaux neuronaux profonds pour l'étiquetage de séquences », In: Vingt-quatrième Conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles (TALN 2017), Orléans, pp. 19-27, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01579192 13. Désoyer, A., Landragin, F., Tellier, I., Lefeuvre, A., Antoine, J.-Y. & Dinarelli, M. Descriptif succinct de l'outil DeCOFR
DeCOFR est une adaptation du système de Lee et al. 2018 (Kenton Lee, Luheng He, and Luke Zettlemoyer, « Higher-Order Coreference Resolution with Coarse-to-Fine Inference », In : Proceedings of the 2018 Conference of the North American Chapter of the Association for Computational Linguistics, ACL, New Orleans, Louisiana, Vol. 2, pages 687–692, 2018) pour le rendre plus adapté à d'autres paradigmes. La première raison de l'adaptation réalisée est que le système de Lee et al. opère systématiquement au niveau d'un document entier, ce qui paraît raisonnable au vu de la nature discursive des chaînes de coréférences, mais pose un problème de taille de mémoire : le document entier doit être gardé en mémoire, ce qui entraîne des besoins de calculs potentiellement très élevés. Lee et al. proposent de compenser ce problème en effectuant à chaque étape une série d'élagages un peu brutaux, mais le revers de la médaille est que cela complique la mise en oeuvre et rend le processus d'apprentissage moins efficace. Au final, l'apprentissage est toujours très gourmand en mémoire et en calculs. La deuxième raison de l'adaptation réalisée pour DeCOFR est le fait que le système de Lee et Référence du formulaire : ANR-FORM-090601-01-01 40/44 al. ne fait pas de distinction entre des expressions référentielles et des expressions équivalentes (même forme de surface) mais non référentielles, c'est-à-dire ne détecte que les mentions susceptibles d'appartenir à des chaînes de coréférences, et pas les mentions qui restent isolées – les singletons. Ce n'est pas un problème pour son entraînement avec le corpus CoNLL-2012 (cadre dans lequel le système de Lee et al. a été développé), mais 'en est un quand on considère un corpus comprenant des singletons. Ce qui est le cas du corpus ANCOR – et aussi du corpus Democrat. Pour pallier ces problèmes, DeCOFR cible en tenant compte du contexte immédiat plutôt que du document entier, et opère une détection des mentions, en tant que telles, avec prise en compte des singletons, en préalable à la détection des coréférences. Comme pour le système COFR, DeCOFR accepte en entrée un format spécifique de type "json" défini par le système original anglais. Bilan et exemples d'exécution
A titre de bilan, soulignons que les recherches entreprises dans le projet Democrat sont initiatrices et ouvrent la voie à la détection automatique des chaînes de coréférences pour la langue française. Avant Democrat, il existait – pour le traitement du français – principalement des systèmes à bases de règles, par définition très peu voués à évoluer (car cela nécessite de reprendre tout ou bonne partie du système), le plus récent – et probablement le meilleur – étant le système ODACR (Outil de Détection Automatique des Chaînes de Référence, https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-01837101/), développé par Bruno Oberlé au début de Democrat. Parmi les autres systèmes, à savoir les systèmes fondés sur de l'apprentissage artificiel, citons CROC (voir publication n° 13 dans la liste ci-dessus), dont l'exécution nécessite de partir d'un texte déjà annoté en mentions. La tâche réalisée par CROC se limite ainsi à l'une des deux principales étapes de traitement, celle consistant à apparier les mentions coréférentes, et il ne s'agit donc pas d'un système bout-en-bout. Le projet Democrat livre et rend publics deux systèmes bout-en-bout fondés sur les techniques les plus récentes d'apprentissage artificiel, à savoir les réseaux de neurones artificiels. Il permet ainsi à la communauté internationale de disposer d'équivalents des systèmes récemment développés pour la langue anglaise, espagnole ou polonaise. Avec la livraison effectuée en juin 2019 du corpus Democrat, chaque chercheur peut ainsi tester la détection automatique de coréférences sur le français et développer son propre système. De plus, le projet Democrat fournit des avancées significatives sur les architectures de réseaux de neurones els adaptées à la détection des chaînes de coréférences, pour le français comme pour d'autres langues, et même pour des tâches plus générales telles que l'étiquetage de séquences (voir les publications n° 3, 4, 7, 8, 9, 10 et 12 dans la liste ci-dessus). Enfin, à titre d'illustration des apports d'un système bout-en-bout, nous présentons ci-dessous deux exemples d'exécution avec COFR : l'un issu du corpus Democrat, et l'autre issu d'un texte littéraire qui ne fait pas partie du corpus. Ces exemples sont donnés ici à titre d'illustration. Les systèmes COFR et DeCOFR ont été finalisés en février 2020, soit (comme cela était prévu) à la toute fin du projet. Exemple 1 : il s'agit du début de la page wikipédia « Singe », qui constitue l'un des textes de Democrat. Le texte annoté qui suit est obtenu en sortie de COFR, l'entrée étant le texte brut, sans aucune annotation. Le résultat comporte 20 chaînes de coréférences, chaque référent concerné étant indiqué par un indice (de 1 à 20) et un code couleur. Les mentions à ces référents sont mises entre crochets et en caractères gras. Les singletons – très nombreux – sont mis entre crochets mais ne comportent aucun indice. [Les singes]1 sont [des mammifères de [l' ordre de [les primates]2]], généralement arboricoles, à [la face souvent glabre] et caractérisés par [un encéphale développé] et de longs membres terminés par [des doigts]. Bien que [[leur]1 ressemblance avec [l' Homme]3] ait toujours frappé [les esprits], [la science] a mis de nombreux siècles à prouver [le lien étroit]4 [qui]4 existe entre [[ces animaux]1 et [l' espèce humaine]5]. Au sein [des primates]2, [les singes]1 forment [un infra-ordre monophylétique]6, si l' [on] [y]6 inclut [le genre Homo]7, nommé [Simiiformes]6 et [qui]7 se divise entre [les singes de [le « Nouveau Monde]8]1 » ( [Amérique centrale et méridionale] ) et [ceux de [l' « Ancien Monde]9] » ( [Afrique] et [Asie tropicales] ). [Ces derniers]1 comprennent [les hominoïdes]10, également appelés « [grands singes] », [dont]10 fait partie [[Homo sapiens]11 et [[ses]11 ancêtres les plus proches ]]. Même s' il ne fait plus de doute aujourd'hui que « [l' Homme]3 est [un singe] comme [les autres] », [le terme]12 est majoritairement utilisé pour parler [des animaux sauvages] et [évoque]12 [[un référentiel culturel], littéraire et artistique]13 [qui]13 exclut [l' espèce humaine]5. [Dénominations] [Étymologie] [Le terme]12 viendrait de [le latin impérial simius], plutôt que de [le latin classique simia]. [Les adjectifs] se rapportant à [le singe]3 sont [simien] et [simiesque]. [Noms vernaculaires] [Les « singes de [le Nouveau Monde]8]1 » et [les « singes de [l' Ancien Monde]9]1 » sont regroupés par [la classification phylogénétique] dans [l' infra-ordre de [les Simiiformes]6]. [Le terme de « [grand singe]3]12 » désigne [toutes les espèces] faisant partie de [les hominidés]10, c'est-à-dire [les espèces actuelles de [gorilles], [chimpanzés communs] ou [bonobos], [orangs-outans] et [hommes]], ainsi que [les espèces intermédiaires aujourd'hui éteintes]. (1
1)
(2 (3 (4 2)3)
4)
(5
5) (6 6) (7 7) – Exemple 2 : il
s'agit
du début du deuxième chapitre de « La Chartreuse de Parme » de Stendhal. Ce texte ne fait pas partie du corpus Democrat, autrement dit le système ne le connaît pas du tout
. Les 20 chaînes de coréférences identifiées, ainsi que les singletons délimités, donnent une idée de ses performances. [Le marquis]1 professait [une haine vigoureuse] pour [les lumières] ; ce sont [les idées]2, disait [-il]1, [qui]2 ont perdu [l' Italie] ; [il]1 ne savait trop comment concilier [cette sainte horreur de [l' instruction]], avec le désir de voir [[son]1 fils Fabrice]3 perfectionner [l' éducation si brillamment commencée chez [les jésuites]]. Pour courir [le moins de risques possible], [il]1 chargea [le bon abbé Blanès]4, curé de [Grianta], de faire continuer [Fabrice]3 [ses]3 études en [latin]5. Il eût fallu que [le curé lui-même]4 sût [cette langue]6 ; or [elle]6 Référence du formulaire : ANR-FORM-090601-01-01 43/44 était [l' objet de [[ses]3 mépris]] ; [[ses]3 connaissances en [ce genre]] se bornaient à réciter, par coeur, [les prières de [[son]3 missel]7], [dont]7 [il]3 pouvait rendre à peu près [le sens] à [[ses]3 ouailles]. Mais [ce curé]4 n' en était pas moins fort respecté et même redouté dans [le canton] ; [il]4 avait toujours dit que ce n' était point en [treize semaines] ni même en [treize mois], que l' on verrait s' accomplir [la célèbre prophétie de [saint Giovita]], le patron de [Brescia]. [Il]4 ajoutait, quand [il]4 parlait à [des amis sûrs], que [ce nombre treize] devait être interprété d' [une façon]8 [qui]8 étonnerait bien de [le monde]9, s' il était permis de tout dire ( [1813] ). [Le fait] est que [l' abbé Blanès]4, personnage d' [[une honnêteté] et d' [une vertu primitives]], et de plus homme d' esprit, passait [toutes les nuits] à [le haut de [[son]4 clocher]10] ; [il]4 était fou d' [astrologie]. Après avoir usé [[ses]4 journées] à calculer [[des conjonctions] et [des positions d' étoiles]]11, [il]4 employait [la meilleure part de [[ses]4 nuits]] à [les]11 suivre dans [le ciel]. Par suite de [[sa]4 pauvreté], [il]4 n' avait d' [autre instrument] qu' [une longue lunette à [tuyau de carton]].
| 50,333
|
428d1e88f0cda1f3bd482aef7f47c97f_11
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,021
|
Guernesey
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,905
| 18,037
|
Synthèse de la réponse de la juridiction – Singapour
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si
conforme,
méthode
choisie
Signature
d’un
instrument
de mise
en
conformité
Méthode
choisie
dans
l’instrument de
mise en
conformité
(si différent de
l’IM)
Commentaires
1
Albanie
Non
N/C
Oui
N/C
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
2
Australie
Oui
N/C
N/C
3
Autriche
Oui
N/C
N/C
4
Bahreïn
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
131
Sur ces 28 conventions fiscales, 26 ont été modifiées par l’IM, une a été conclue avec un nouveau partenaire, le
Turkménistan*, et une autre, conclue avec un partenaire existant, la Corée, a été révisée.
132
Pour ses conventions notifiées aux fins de l’IM, Singapour choisit d’appliquer la disposition de la déclaration du
préambule (article 6 de l’IM) et la règle COP (article 7 de l’IM).
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
252
5
Bangladesh*
Non
N/C
Oui
N/C
6
Barbade
Non
N/C
Oui
N/C
7
Bélarus*
Non
N/C
Oui
N/C
8
Belgique
Oui
N/C
N/C
9
Brunei Darussalam
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
10
Bulgarie
Non
N/C
Oui
N/C
11
Cambodge*
Non
N/C
Oui
N/C
12
Canada
Oui
N/C
N/C
13
Chine (République populaire de)
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
14
Taipei chinois*
Non
N/C
Non
N/C
15
Chypre*
Non
N/C
Oui
N/C
16
République tchèque
Non
N/C
Oui
N/C
17
Danemark
Oui
N/C
N/C
18
Équateur*
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
19
Égypte
Non
N/C
Oui
N/C
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Le partenaire n’est pas membre
du CI et n’a pas signé l’IM. (voir la
note 1)
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
253
20
Estonie
Non
N/C
Oui
N/C
21
Éthiopie*
Non
N/C
Oui
N/C
22
Fidji*
Non
N/C
Oui
N/C
23
Finlande
Oui
N/C
N/C
24
France
Oui
N/C
N/C
25
Géorgie
Oui
N/C
N/C
26
Allemagne
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
27
Ghana*
Non
N/C
Oui
N/C
28
Guernesey
Oui
N/C
N/C
29
Hongrie
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
30
Inde
Oui
N/C
N/C
31
Indonésie
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
32
Irlande
Oui
N/C
N/C
33
Île de Man
Oui
N/C
N/C
34
Israël
Oui
N/C
N/C
35
Italie
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM, mais cette
convention a été exclue de l’IM
par le partenaire. Signature du
protocole contenant le standard
minimum du BEPS.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020. Signature de la
convention révisée contenant le
standard minimum.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
254
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
36
Japon
Oui
37
Jersey
Oui
38
Kazakhstan
Non
39
Corée
Oui
40
Koweït*
41
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Oui
N/C
N/C
N/C
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
République démocratique
populaire lao*
Non
N/C
Oui
N/C
42
Lettonie
Non
N/C
Oui
N/C
43
Libye*
Non
N/C
Oui
N/C
44
Liechtenstein
Non
N/C
Oui
N/C
45
Lituanie
Oui
N/C
N/C
46
Luxembourg
Oui
N/C
N/C
47
Malaisie
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
48
Malte
Oui
N/C
N/C
49
Maurice
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
50
Mexique
Non
N/C
Oui
N/C
51
Mongolie
Non
N/C
Oui
N/C
52
Maroc
Non
N/C
Oui
N/C
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
255
53
Myanmar*
Non
N/C
Oui
N/C
54
Pays-Bas
Oui
N/C
N/C
55
Nouvelle-Zélande
Oui
N/C
N/C
56
Nigéria
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
57
Norvège
Non
N/C
Oui
N/C
58
Oman
Non
N/C
Oui
N/C
59
Pakistan
Non
N/C
Oui
N/C
60
Panama
Non
N/C
Oui
N/C
61
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Non
N/C
Oui
N/C
62
Philippines*
Non
N/C
Oui
N/C
63
Pologne
Oui
N/C
N/C
64
Portugal
Non
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
65
Qatar
Non
N/C
Oui
N/C
66
Roumanie
Non
N/C
Oui
N/C
67
Russie
Non
N/C
Oui
N/C
68
Rwanda*
Non
N/C
Oui
N/C
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM, mais cette
convention a été exclue de l’IM
par le partenaire. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
256
69
Saint-Marin
Non
N/C
Oui
N/C
70
Arabie saoudite
Non
N/C
Oui
N/C
71
Seychelles
Non
N/C
Oui
N/C
72
République slovaque
Oui
N/C
N/C
73
Slovénie
Oui
N/C
N/C
74
Afrique du Sud
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
75
Espagne
Non
N/C
Oui
N/C
76
Sri Lanka
Non
N/C
Oui
N/C
77
Suède
Non
N/C
Oui
N/C
78
Suisse
Non
N/C
Oui
N/C
79
Thaïlande
Non
N/C
Oui
N/C
80
Tunisie
Non
N/C
Oui
N/C
81
Turquie
Non
N/C
Oui
N/C
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM, mais cette
convention a été exclue de l’IM
par le partenaire. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM, mais cette
convention a été exclue de l’IM
par le partenaire. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM, et n’a
pas ajouté cette convention à la
liste des conventions devant être
couvertes par l’IM. Singapour a
demandé à son partenaire
d’inclure la convention dans son
instrument de ratification de l’IM.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
257
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
82
Turkménistan*
Oui
83
Ukraine
Oui
84
Émirats arabes unis
Oui
85
Royaume-Uni
Oui
86
Uruguay
87
88
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Non
COP
uniquement
COP
uniquement
COP
uniquement
COP
uniquement
N/C
Oui
N/C
Ouzbékistan*
Non
N/C
Oui
N/C
Viet Nam
Non
N/C
Oui
N/C
L’IM entrera en vigueur après le
30 juin 2020.
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’est pas membre du CI et n’a
pas signé l’IM. (voir la note 1)
Singapour a ajouté cette
convention à la liste des
conventions devant être
couvertes par l’IM. Le partenaire
n’a toutefois pas ratifié l’IM.
Note : les discussions visant à inclure le standard minimum issu du Projet BEPS sont en suspension / en cours / achevées.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
258
République slovaque
A. Progrès dans la mise en œuvre du standard minimum
La République slovaque compte 70 conventions fiscales en vigueur, comme l’indique sa réponse au
questionnaire d’examen par les pairs. Vingt-trois de ces conventions, celles conclues avec l’Australie,
l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, la Géorgie, l’Islande, l’Inde,
l’Irlande, Israël, le Japon, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, la
Serbie, Singapour, la Slovénie et l’Ukraine, sont conformes au standard minimum.
La République slovaque a signé l’IM en 2017 et déposé son instrument de ratification le 20 septembre
2018. L’IM est entré en vigueur pour la République slovaque le 1er janvier 2019. La République slovaque
n’a pas notifié ses conventions aux fins de l’IM avec l’Arménie, les Émirats arabes unis et la Mongolie,
mais a indiqué dans sa réponse au questionnaire d’examen par les pairs que des négociations bilatérales
seraient lancées concernant ces conventions. L’Arménie et les Émirats arabes unis ont notifié leurs
conventions conclues avec la République slovaque aux fins de l’IM.
La République slovaque met en œuvre le standard minimum par l’inclusion de la disposition de la
déclaration du préambule et de la règle COP associée à la règle LOB 133.
Les conventions qui seront modifiées par l’IM deviendront conformes au standard minimum une fois que
les dispositions de l’IM auront pris effet.
B. Difficultés de mise en œuvre
Aucune juridiction n’a signalé de préoccupation relative à ses conventions conclues avec la République
slovaque.
Synthèse de la réponse de la juridiction - République slovaque
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si conforme,
méthode
choisie
Signature d’un
instrument de
mise
en conformité
Méthode choisie
dans l’instrument
de
mise en conformité
(si différent de l’IM)
Arménie
Australie
Autriche
Bélarus*
Belgique
Bosnie-Herzégovine
Brésil
Bulgarie
Canada
Chine (République populaire de)
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non
N/C
COP uniquement
COP uniquement
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
Non
N/C
N/C
Oui
N/C
Oui
Oui
Oui
N/C
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Commentaires
133
Pour ses conventions notifiées aux fins de l’IM, la République slovaque choisit d’appliquer la disposition de la
déclaration du préambule (article 6 de l’IM) et la règle COP (article 7 de l’IM). La République slovaque a également
opté pour la règle LOB simplifiée au titre de l’article 7(6) de l’IM.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
259
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
Taipei chinois*
Croatie
Chypre*
République tchèque
Danemark
Estonie
Éthiopie*
Finlande
France
Géorgie
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande
Inde
Indonésie
Iran*
Irlande
Israël
Italie
Japon
Kazakhstan
Corée
Koweït*
Lettonie
Libye*
Lituanie
Luxembourg
Malaisie
Malte
Mexique
Moldova*
Mongolie
Monténégro
Pays-Bas
Nigéria
Macédoine du Nord
Norvège
Pologne
Portugal
Roumanie
Russie
Serbie
Singapour
Slovénie
Afrique du Sud
Espagne
Sri Lanka
Suède
Suisse
République arabe syrienne*
Tunisie
Turquie
Non
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Oui
Oui
Non
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
COP et LOB
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
COP et LOB
COP et LOB
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Non
Oui
Oui
Oui
N/C
Oui
Non
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
Oui
Non
N/C
N/C
Oui
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
Oui
N/C
Oui
Oui
Non
Oui
N/C
Oui
Oui
Oui
N/C
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
260
64
65
66
67
68
69
70
Turkménistan*
Ukraine
Émirats arabes unis
Royaume-Uni
États-Unis
Ouzbékistan*
Viet Nam
Non
Oui
Non
Oui
Non
Non
Non
N/C
COP uniquement
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
Oui
N/C
Non
N/C
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
261
Slovénie
A. La Slovénie a signé l’IM en 2017 et déposé son instrument de ratification de l’IM le 22 mars 2018. L’IM est
entré en vigueur pour la Slovénie le 1er juillet 2018. La Slovénie n’a pas notifié ses conventions aux fins
de l’IM avec l’Allemagne, le Monténégro et la Suède, mais a indiqué dans sa réponse au questionnaire
d’examen par les pairs que des négociations bilatérales seraient lancées concernant ces conventions.
La Slovénie met en œuvre le standard minimum par l’inclusion de la déclaration du préambule et de la
règle COP134.
Les conventions qui seront modifiées par l’IM deviendront conformes au standard minimum une fois que
les dispositions de l’IM auront pris effet.
B. Difficultés de mise en œuvre
Aucune juridiction n’a signalé de préoccupation relative à ses conventions conclues avec la Slovénie.
Synthèse de la réponse de la juridiction – Slovénie
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si conforme,
méthode
choisie
Signature d’un
instrument de
mise
en conformité
Méthode choisie
dans l’instrument
de
mise en conformité
(si différent de l’IM)
Albanie
Arménie
Autriche
Azerbaïdjan*
Bélarus*
Belgique
Bosnie-Herzégovine
Bulgarie
Canada
Chine (République populaire de)
Croatie
Chypre*
République tchèque
Danemark
Non
Non
Oui
Non
Non
Oui
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Oui
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
Oui
Oui
N/C
Oui
Oui
N/C
Oui
Oui
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Commentaires
134
Pour ses conventions notifiées aux fins de l’IM, la Slovénie choisit d’appliquer la disposition de la déclaration du
préambule (article 6 de l’IM) et la règle COP (article 7 de l’IM).
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
262
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
Estonie
Finlande
France
Géorgie
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande
Inde
Iran*
Irlande
Israël
Italie
Japon
Kazakhstan
Corée
Kosovo*
Koweït*
Lettonie
Lituanie
Luxembourg
Malte
Moldova*
Monténégro
Pays-Bas
Macédoine du Nord
Norvège
Pologne
Portugal
Qatar
Roumanie
Russie
Serbie
Singapour
République slovaque
Espagne
Suède
Suisse
Thaïlande
Turquie
Ukraine
Émirats arabes unis
Royaume-Uni
États-Unis
Ouzbékistan*
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Non
Non
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Non
Non
N/C
COP uniquement
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
N/C
COP uniquement
COP uniquement
N/C
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
COP uniquement
N/C
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
COP uniquement
COP uniquement
COP uniquement
N/C
N/C
Oui
N/C
N/C
N/C
Non
Oui
Oui
N/C
N/C
Oui
N/C
N/C
Oui
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
Oui
Non
N/C
Oui
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
263
Afrique du Sud
A. Progrès dans la mise en œuvre du standard minimum
L’Afrique du Sud compte 79 conventions fiscales en vigueur, comme l’indique sa réponse au questionnaire
d’examen par les pairs.
L’Afrique du Sud a signé l’IM en 2017 et n’a pas notifié sa convention avec l’Allemagne, Grenade, la Sierra
Leone et la Zambie. Elle a indiqué dans sa réponse au questionnaire d’examen par les pairs que des
négociations bilatérales seraient engagées concernant ses conventions avec l’Allemagne, le Brésil et la
Zambie. Aussi, à ce stade, ces conventions ne seront pas modifiées par l’IM.
L’Afrique du Sud met en œuvre le standard minimum par l’inclusion de la déclaration du préambule et de
la règle COP135.
Les conventions qui seront modifiées par l’IM deviendront conformes au standard minimum une fois que
les dispositions de l’IM auront pris effet.
B. Difficultés de mise en œuvre
Les conventions notifiées par l’Afrique du Sud aux fins de l’IM deviendront conformes une fois que le pays
aura ratifié l’IM. L’Afrique du Sud est invitée à ratifier l’IM le plus rapidement possible.
Comme mentionné précédemment, l’Afrique du Sud n’a pas notifié ses conventions avec Grenade et la
Sierra Leone aux fins de l’IM. Notifier ces conventions aux fins de l’IM ou engager des renégociations
bilatérales dans le but de mettre en œuvre le standard minimum permettrait de transposer le standard
minimum dans ces conventions non couvertes.
Synthèse de la réponse de la juridiction - Afrique du Sud
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si conforme,
méthode
choisie
Signature d’un
instrument de
mise
en conformité
Méthode choisie
dans l’instrument
de
mise en
conformité
(si différent de
l’IM)
Algérie*
Australie
Autriche
Bélarus*
Belgique
Botswana
Brésil
Bulgarie
Cameroun
Canada
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Commentaires
135
Pour ses conventions notifiées aux fins de l’IM, l’Afrique du Sud choisit d’appliquer la disposition de la déclaration
du préambule (article 6 de l’IM) et la règle COP (article 7 de l’IM).
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
264
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
Chili
Chine (République populaire de)
Taipei chinois*
Croatie
Chypre*
République tchèque
République démocratique du Congo
Danemark
Égypte
Eswatini
Éthiopie*
Finlande
France
Allemagne
Ghana*
Grèce
Grenade
Hong Kong (Chine)
Hongrie
Inde
Indonésie
Iran*
Irlande
Israël
Italie
Japon
Kenya
Corée
Koweït*
Lesotho*
Luxembourg
Malawi*
Malaisie
Malte
Maurice
Mexique
Mozambique*
Namibie
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
Nigéria
Norvège
Oman
Pakistan
Pologne
Portugal
Qatar
Roumanie
Russie
Rwanda*
Arabie saoudite
Seychelles
Sierra Leone
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
265
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
Singapour
République slovaque
Espagne
Suède
Suisse
Tanzanie*
Thaïlande
Tunisie
Turquie
Ouganda*
Ukraine
Émirats arabes unis
Royaume-Uni
États-Unis
Zambie
Zimbabwe*
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
266
Espagne
A. L’Espagne a signé l’IM en 2017 et n’a pas notifié sa convention avec la Chine (République populaire de),
le Japon, les Pays-Bas, la Suède et l’Ukraine. Elle a indiqué dans sa réponse au questionnaire d’examen
par les pairs que des négociations bilatérales seraient engagées concernant ces conventions. L’Ukraine
a notifié sa convention avec l’Espagne aux fins de l’IM.
L’Espagne met en œuvre le standard minimum par l’inclusion de la disposition de la déclaration du
préambule et de la règle COP, associée à la règle LOB en ce qui concerne sa convention avec le Japon 136.
Les conventions qui seront modifiées par l’IM deviendront conformes au standard minimum une fois que
les dispositions de l’IM auront pris effet.
B. Difficultés de mise en œuvre
Les conventions notifiées par l’Espagne aux fins de l’IM deviendront conformes une fois qu’elle aura ratifié
l’IM. L’Espagne est invitée à ratifier l’IM le plus rapidement possible. L’Espagne a indiqué que l’IM a été
approuvé par son Parlement. L’Espagne a fait savoir par ailleurs qu’elle comptait déposer son instrument
de ratification de l’IM début 2021.
Synthèse de la réponse de la juridiction – Espagne
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si conforme,
méthode
choisie
Signature d’un
instrument de
mise
en conformité
Méthode choisie
dans l’instrument
de
mise en
conformité
(si différent de
l’IM)
Albanie
Algérie*
Andorre
Argentine
Arménie
Australie
Autriche
Barbade
Belgique
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Commentaires
136
Pour 87 de ses conventions notifiées aux fins de l’IM, l’Espagne choisit d’appliquer la disposition de la déclaration
du préambule (article 6 de l’IM). Pour 86 de ses conventions notifiées aux fins de l’IM, l’Espagne choisit d’appliquer la
règle COP (article 7 de l’IM). L’Espagne a formulé une réserve conformément à l’article 6(4) et à l’article 7(15)(b) de
l’IM, et trois de ses conventions entrent dans le champ de cette réserve (celles avec Andorre, le Mexique et la
Roumanie).
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 267 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 Bolivie* Bosnie-Herzégovine Brésil Bulgarie Canada Chili Chine (République populaire de) Colombie Costa Rica Croatie Cuba* Chypre* République tchèque République dominicaine Équateur* Égypte El Salvador* Estonie Finlande France Géorgie Allemagne Grèce Hong Kong (Chine) Hongrie Islande Inde Indonésie Iran* Irlande Israël Italie Jamaïque Japon Kazakhstan Corée Koweït* Kirghizistan* Lettonie Lituanie Luxembourg Malaisie Malte Mexique Moldova* Maroc Pays-Bas Nouvelle-Zélande Nigéria Macédoine du Nord Norvège Oman Pakistan Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Oui Non Non Non Non Non Non Non Non Non N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui N/C Oui Oui Non Oui Oui Oui Non Oui Oui N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP et LOB N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 268 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 Panama Philippines* Pologne Portugal Qatar Roumanie Russie Arabie saoudite Sénégal Serbie Singapour République slovaque Slovénie Afrique du Sud Suède Suisse Tadjikistan* Thaïlande Trinité-et-Tobago Tunisie Turquie Turkménistan* Ukraine Émirats arabes unis Royaume-Uni États-Unis Uruguay Ouzbékistan* Venezuela* Viet Nam Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 269 Sri Lanka A. Aucune des conventions conclues par le Sri Lanka n’est conforme au standard minimum ou ne fait l’objet
d’un instrument de mise en conformité.
Le Sri Lanka n’a pas signé l’IM.
B. Difficultés de mise en œuvre
Étant donné que le Sri Lanka n’a pas adhéré à l’IM ni appliqué de mesures de lutte contre le chalandage
fiscal dans ses conventions, le Secrétariat lui proposera son aide pour élaborer un plan de mise en œuvre
du standard minimum en vue de renforcer son réseau de conventions.
Synthèse de la réponse de la juridiction - Sri Lanka
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si
conforme,
méthode
choisie
Signature d’un
instrument de
mise
en conformité
Méthode choisie
dans l’instrument
de
mise en conformité
(si différent de l’IM)
Australie
Bahreïn
Bangladesh*
Bélarus*
Belgique
Bosnie-Herzégovine
Canada
Chine (République populaire de)
Croatie
République tchèque
Danemark
Finlande
France
Allemagne
Inde
Indonésie
Iran*
Italie
Japon
Corée
Koweït*
Luxembourg
Malaisie
Maurice
Monténégro
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Commentaires
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
270
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
Népal*
Pays-Bas
Macédoine du Nord
Norvège
Oman
Pakistan
Philippines*
Pologne
Qatar
Roumanie
Russie
Serbie
Seychelles
Singapour
République slovaque
Suède
Suisse
Thaïlande
Émirats arabes unis
Royaume-Uni
États-Unis
Viet Nam
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
271
Suède
A. La Suède a signé l’IM en 2017 et déposé son instrument de ratification le 22 juin 2018. L’IM est entré en
vigueur pour la Suède le 1er octobre 2018. La Suède n’a pas notifié ses conventions avec l’Allemagne,
l’Autriche, l’Australie, la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, la Croatie, l’Espagne, la France, le Monténégro, le
Portugal, la Serbie, Singapour, la Slovénie, et la Suisse, mais a indiqué dans sa réponse au questionnaire
d’examen par les pairs que des négociations bilatérales seraient engagées concernant ses conventions
avec l’Allemagne, le Brésil, l’Espagne, le Portugal, Singapour, la Slovénie et la Suisse. L’Australie, la
Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la France, le Portugal, la Serbie et Singapour ont notifié leurs conventions
conclues avec la Suède aux fins de l’IM.
Les Parties à la Convention nordique ont signé un instrument de mise en conformité en 2018. Le protocole
est entré en vigueur le 28 novembre 2019, et ses dispositions ont pris effet le 1er janvier 2020.
La Suède met en œuvre le standard minimum par l’inclusion de la déclaration du préambule et de la règle
COP138.
Les conventions qui seront modifiées par l’IM deviendront conformes au standard minimum une fois que
les dispositions de l’IM auront pris effet.
B. Difficultés de mise en œuvre
La Suède a formulé une réserve en vertu de l’IM qui lui permet d’en retarder l’entrée en vigueur après
l’accomplissement des procédures internes prévues à cet effet pour chacune de ses conventions
notifiées139. La Suède n’a pas encore indiqué qu’elle avait accompli ses procédures internes pour aucune
de ses conventions notifiées.
Comme indiqué précédemment, la Suède n’a pas notifié ses conventions avec l’Australie, l’Autriche, la
Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la France, le Monténégro et la Serbie aux fins de l’IM. Notifier ces
conventions aux fins de l’IM ou engager des renégociations bilatérales dans le but de mettre en œuvre le
standard minimum permettrait de transposer le standard minimum dans ces conventions non couvertes.
137
Voir la Convention multilatérale conclue par le Danemark, la Finlande, les Îles Féroé, l’Islande, la Norvège et la
Suède tendant à éviter la double imposition concernant les impôts sur le revenu et la fortune (1996, 1997, 2008 et
2018). Au total, la Suède a identifié 85 « accords » dans sa liste des conventions fiscales : 80 conventions bilatérales
et la Convention nordique conclue avec cinq de ses partenaires.
138
Pour ses conventions notifiées aux fins de l’IM, la Suède choisit d’appliquer la disposition de la déclaration du
préambule (article 6 de l’IM) et la règle COP (article 7 de l’IM).
139
Les réserves ont été formulée conformément à l’article 35(7)(a) de l’IM.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 272 Synthèse de la réponse de la juridiction – Suède 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 Partenaires de convention Conformité avec le standard Si conforme, méthode choisie Signature d’un instrument de mise en conformité Méthode choisie dans l’instrument de mise en conformité (si différent de l’IM) Albanie Argentine Arménie Australie Autriche Azerbaïdjan* Bangladesh* Barbade Bélarus* Belgique Bolivie* Bosnie-Herzégovine Botswana Brésil Bulgarie Canada Chili Chine (République populaire de) Croatie Chypre* République tchèque Danemark Égypte Estonie Îles Féroé Finlande France Gambie* Géorgie Allemagne Grèce Hongrie Islande Inde Indonésie Irlande Israël Italie Jamaïque Japon Kazakhstan Kenya Corée Kosovo* Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Oui Non Non Oui Oui Non Non Non Non Non Non Oui Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C COP uniquement COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C Oui Oui Oui Non Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui N/C Oui Oui N/C N/C Non Oui Oui Non Oui Oui N/C Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP et LOB N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C Commentaires Convention nordique Convention nordique Convention nordique Convention nordique PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 273 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 Lettonie Lituanie Luxembourg Malaisie Malte Maurice Mexique Monténégro Namibie Pays-Bas Nouvelle-Zélande Nigéria Macédoine du Nord Norvège Pakistan Philippines* Pologne Portugal Roumanie Russie Arabie saoudite Serbie Singapour République slovaque Slovénie Afrique du Sud Espagne Sri Lanka Suisse Tanzanie* Thaïlande Trinité-et-Tobago Tunisie Turquie Ukraine Royaume-Uni États-Unis Venezuela* Viet Nam Zambie Zimbabwe* Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Oui Non Non Non Non Non Oui Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui N/C Oui Oui Oui Oui Oui N/C Oui Non Non Oui Non Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C COP uniquement N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C N/C Convention nordique PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021 274 Suisse A. La Suisse a signé l’IM en 2017 et déposé son instrument de ratification le 29 août 2019. L’IM est entré en
vigueur pour la Suisse le 1er décembre 2019. La Suisse a notifié douze de ses conventions aux fins de
l’IM, et a indiqué dans sa réponse au questionnaire d’examen par les pairs qu’elle notifierait une convention
aux fins de l’IM uniquement si elle parvient à s’accorder avec ses partenaires sur la façon dont l’IM
modifiera leur convention. La Suisse considère que l’IM modifie une convention fiscale couverte de la
même manière qu’un protocole portant modification. Un accord avec l’autre juridiction contractante sur la
formulation précise des modifications à apporter à la convention fiscale correspondante par l’intermédiaire
de l’IM est donc nécessaire pour que la Suisse notifie une convention fiscale aux fins de l’IM.
La Suisse a en outre précisé dans sa réponse au questionnaire d’examen par les pairs qu’elle a engagé
ou a l’intention d’engager des négociations bilatérales avec plus de 40 de ses partenaires de convention.
Des instruments bilatéraux de mise en conformité ont été signés pour les conventions conclues
avec la Corée, l’Iran*, l’Irlande, le Koweït*, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la
Suède et l’Ukraine ; et
Des négociations bilatérales seraient engagées pour ses conventions conclues avec l’Albanie,
l’Algérie*, l’Allemagne, l’Arménie, l’Australie, la Belgique, la Bulgarie, le Canada, la Chine
(République populaire de), Chypre*, la Colombie, la Côte d’Ivoire, la Croatie, le Danemark,
l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la
Géorgie, la Grèce, Hong Kong (Chine), la Hongrie, l’Inde, l’Indonésie, Israël, la Jamaïque, le Japon,
le Kazakhstan, le Kirghizistan*, le Liechtenstein, la Macédoine du Nord, la Malaisie, Malte, le
Maroc, la Mongolie, le Monténégro, Oman, le Pakistan, le Pérou, la Pologne, le Qatar, la
République slovaque, la Roumanie, la Russie, la Serbie, Singapour, la Slovénie, le Sri Lanka, la
Thaïlande, Trinité-et-Tobago, la Tunisie, l’Uruguay et le Viet Nam140.
La Suisse a aussi mentionné qu’elle ne nourrissait pas d’inquiétude en matière de chalandage fiscal
concernant certains de ses partenaires de convention (Anguilla, Antigua-et-Barbuda, Barbade, Belize, Îles
Vierges britanniques, Dominique, Gambie*, Grenade, Malawi*, Montserrat, Saint-Kitts-et-Nevis, SainteLucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines).
La Suisse a formulé une réserve en vertu de l’IM qui lui permet d’en retarder l’entrée en vigueur après
l’accomplissement des procédures internes prévues à cet effet pour chacune de ses conventions
notifiées141. La Suisse a indiqué avoir accompli ses procédures internes relatives à l’entrée en vigueur de
l’IM au regard de ses conventions conclues avec le Luxembourg le 27 mai 2020, ainsi qu’avec la
République tchèque et la Lituanie le 18 décembre 2020.
La Suisse met en œuvre le standard minimum par l’inclusion de la déclaration du préambule et de la règle
140
Chaque partenaire a été sollicité en vue de conclure un protocole portant modification de la convention et des
négociations correspondantes ont été proposées.
141
Les réserves ont été formulée conformément à l’article 35(7)(a) de l’IM.
PRÉVENTION DE L’UTILISATION ABUSIVE DES CONVENTIONS FISCALES – TROISIÈME RAPPORT D’EXAMEN PAR LES PAIRS SUR LE CHALANDAGE FISCAL © OCDE 2021
275
COP142.
Les conventions qui seront modifiées par l’IM deviendront conformes au standard minimum une fois que
les dispositions de l’IM auront pris effet.
B. Difficultés de mise en œuvre
Aucune juridiction n’a signalé de préoccupation relative à ses conventions conclues avec la Suisse.
Synthèse de la réponse de la juridiction – Suisse
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Partenaires de convention
Conformité
avec le
standard
Si
conforme,
méthode
choisie
Signature
d’un
instrument
de mise
en
conformité
Méthode choisie
dans l’instrument
de
mise en
conformité
(si différent de
l’IM)
Albanie
Algérie*
Anguilla
Antigua-et-Barbuda
Argentine
Arménie
Australie
Autriche
Azerbaïdjan*
Bangladesh*
Barbade
Bélarus*
Belgique
Belize
Îles Vierges britanniques
Bulgarie
Canada
Chili
Chine (République populaire de)
Taipei chinois*
Colombie
Côte d’Ivoire
Croatie
Chypre*
République tchèque
Danemark
Dominique
Équateur*
Égypte
Estonie
Finlande
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Non
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
N/C
Commentaires
142
Pour ses conventions notifiées aux fins de l’IM, la Suisse choisit d’appliquer la disposition de la déclaration du
préambule (article 6 de l’IM) et la règle COP (article 7 de l’IM).
| 14,994
|
3385b8d20d2303fb1495687f70c874be_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,023
|
Le Chanbara corrompu. Découpes du chanbara. Motifs, mythes et modernités du film de sabre japonais, Presses universitaires de Strasbourg, 2023, Formes cinématographiques, 979-1034401482. ⟨10.4000/books.pus.33450⟩. ⟨hal-04319227⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 488
| 1,069
|
Fig. 12 : Phase de combat (hors ville) de Yakuza Kenzan! (Ryū Ga Gotoku Kenzan!, Amusement Vision, 2008) © Amusement Vision Ltd. et Sega Corporation Fig. 13 : Phase d’exploration urbaine de Yakuza Kenzan! (Ryū Ga Gotoku Kenzan!, Amusement Vision, 2008) © Amusement Vision Ltd. et Sega Corporation
Interlude Fig. 14 : Lone Wolf and Cub (Kozure Ōkami, Kazuo Koike et Gōseki Kojima, 1970-1976), vol. 2, Panini Manga, 2021, p. 69 © 2001 by KAZUO KOIKE / GOSEKI KOJIMA Fig. 15 : Lone Wolf and Cub (Kozure Ōkami, Kazuo Koike et Gōseki Kojima, 19701976), vol. 4, Panini Manga, 2022, p. 97 © 2001 by KAZUO KOIKE / GOSEKI KOJIMA Fig. 16 : Lone Wolf and Cub (Kozure Ōkami, Kazuo Koike et Gōseki Kojima, 19701976), vol. 2, Panini Manga, 2021, p. 220 © 2001 by KAZUO KOIKE / GOSEKI KOJIMA Fig. 17-20 : Kozure Ōkami (Nihon Bussan, 1987) © Hamster Corporation
Chapitre 7
Fig
.
21 : L’Histoire de Musashi Miyamoto (Miyamoto Musashi, Kenji Mizoguchi, Shōchiku, 1944)
©
Domaine public
Chapitre 8
Fig. 22-24 : Tokumaro
Dan
, Denjirō
Ōkōchi et Kanjūrō A
rashi
en Tange Sazen
dans
trois Shinpan Ōoka Seidan différent
s
(
Gor
ō
Hirose
,
Tōa Kinema
/
Daisuke Itō, Nikkatsu
/
Buntarō Futagawa, Makino Mimuro, 1928
) ©
Domaine public
Fig. 25 : Isuzu Yamada et Denjirō Ōkōchi dans Tange Sazen : Dai ippen (Daisuke Itō, Nikkatsu, 1933) © Domaine public
Crédits Chapitre 12 Fig. 26 : Le Serpent (Orochi, Buntarō Futagawa, Bandō Tsumasaburō Production, 1925) © Domaine public
Fig. 27-28 : Les Carnet
s
de
voyage
de Chūji (
hūji tabi nikki, Daisuke Itō, Nikkatsu, 1927) et Rancune profonde (Chōkon, Daisuke Itō, Nikkatsu, 1926) © Domaine public
Fig. 29 : Le Sabre qui prend une
vie
pour en sauver plusieurs (Issatsu tashō ken, Daisuke Itō, Ichikawa Utaemon Production, 1929) © Domaine public
Chapitre 17
Fig. 30 : Le visage défiguré du samouraï gisant parmi d’autres cadavres au fond d’un trou dans Onibaba, les tueuses (Onibaba, Kaneto Shindō, 1964) © KINDAI EIGA KYŌKAI Co., Ltd. Fig. 31 : Yoroi: Samurai Zombie (Yoroi : Samurai zonbi, Tak Sakaguchi, 2008) © BOGEYDOM licensing Fig. 32 : Why Don’t You Play In Hell? ( Jigoku de naze warui, Sion Sono, 2013) © King Records
Conclusion
Fig. 33-34 : Le Sabre pourfendeur d’ hommes et de chevaux (Zanjin zanba ken, Daisuke Itō, Shōchiku Kinema, 1929
) © Domaine public Malgré tous nos efforts, les organismes ou ayants droit de certains documents iconographiques reproduits dans le présent ouvrage n’ont pu être contactés ou n’ont pas répondu à nos sollicitations. Nous tenons à leur disposition les droits usuels en notre comptabilité. 411 Ouvrage publié avec le soutien de l’Université de Strasbourg et de l’unité de recherche APP « Arts : pratiques et poétiques » de l’Université Rennes 2 Illustration de couverture : Denjirō Ōkōchi dans Rancune profonde (Chōkon, Daisuke Itō, Nikkatsu, 1926) © Domaine public
F – 67081 Cedex erie
| 9,310
|
2017EHES0061_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,017
|
L’hôpital « pour de vrai » : une ethnographie de l’ordinaire d’un service de pédiatrie à Bamako au Mali
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,450
| 12,055
|
Publié avec l’aide des Fonds MUSKOKA ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES Centre Norbert Elias, UMR 8562 Thèse pour l’obtention du doctorat en anthropologie sociale et ethnologie Abdoulaye Guindo L’hôpital « pour de vrai » Une ethnographie de l’ordinaire d’un service de pédiatrie à Bamako (Mali) Sous la direction de Yannick Jaffré Directeur de recherche, CNRS, UMI 3189 Date de soutenance : le 20 juin 2017
Membr
es du jury
: Doris Bonnet Directrice de recherche, IRD, EHESS Paris, émérite (Rapporteur) Valeria Siniscalchi Maître de conférences, EHESS, Centre Norbert Elias Yannick Jaffré Directeur de recherche, CNRS, UMI 31 89 (Directeur de thèse) Gilles Boëtsch Directeur de recherche, CNRS, UMI 31 89, émérite (Rapporteur) L’hôpital « pour de vrai » Une ethnographie de l’ordin
aire
d
’
un service de
pédiatrie
à
Bamako
(Mali)
1
Thèse présentée et pré
paré
e au
sein
du : Centre Norbert Elias (
CNE)
É
cole
des Hautes Études en Sciences Sociales Centre de la Vieille Charité 2, rue de la Charité 13002 Marseille Contact auteur : abloguindo@yahoo
.
fr
2 3
Résumé L’hôpital « pour de vrai. » : une ethnographie de l’ordinaire d’un service de pédiatrie à Bamako au Mali
Cette thèse étudie le fonctionnement d’un hôpital, à partir d’une ethnographie de son service de pédiatrie. La question principale porte sur les normes pratiques et leurs effets sur la qualité de prise en charge des enfants malades. Cette étude qualitative concilie deux dimensions : la dimension diachronique et la dimension synchronique. La première, diachronique, rend compte de
l’histoire de la construction de la pédiatrie
à
l’intersection de trois données : une spécialité (pédiatres), une patient (enfances) et de diverses transformations des sensibilités. La deuxième dimension est synchronique. Elle porte sur le suivi du parcours de soins de 25 enfants malades et l’analyse thématique de 122 entretiens. Elle a permis d’éclairer le quotidien du service de pédiatrie du Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré de Bamako (Mali). Notre étude a mis en évidence, les clivages entre les dispositifs institutionnels et l’empirie des processus de la prise en charge. Ce clivage serait dû aux poids des traditions et pratiques sociales, mais aussi aux logiques comportementales des agents de santé à tous les niveaux du circuit du patient. En outre, on peut y ajouter les problèmes, non négligeables, de la faiblesse des moyens financiers des parents et l’ineffectivité des différents plateaux techniques. Ces éléments mis l’un dans l’autre compliquent l’effectivité du respect des dispositifs institutionnels et déconstruisent la profession et l’acte médical. On note cependant dans les relations entre les enfants et les adultes l’émergence d’une conception de l’enfant acteur. Toutefois, ce rôle d’acteur est souvent difficile à porter pour certains enfants issus des milieux défavorisés. Pour ces derniers, on attend d’eux qu’ils restent dans leur position de cadet social, obligé de se soumettre aux décisions des « ainés. » Mots clés Accès aux soins, hôpital, pédiatrie, parcours de soins, enfants hospitalisés, relations de soins, système de santé, Mali. 4 Abstract The hospital “for real.” An ordinary ethnography of a pediatric service in Bamako (Mali)
This thesis is an ethnographic study of a hospital through its pediatric department. The research question relates to practical norms and their effects on the quality of care for sick children. This qualitative study addresses jointly the diachronic and the synchronous dimensions of the hospital. The diachronic dimension develops the history of the construction of pediatrics at the intersection of three data domains: a medical specialty with pediatricians, a type of patient (childhood) and various transformations of sensitivities. The synchronous dimension followed the care path of 25 sick children and the thematic analysis of 122 interviews. It informs the daily life of the pediatric department of the Gabriel Touré University Hospital Center in Bamako (Mali). Our study highlighted, the divide between institutional arrangements and the empirical processes of care. This divide is influenced by social traditions and practices, but also by the behavioral logics of health workers at all levels of the patient's pathway. Limited financial resources of the parents and the ineffectiveness of the various medical technics and materials are also important explanatory factors of this divide. Those elements, together, make it complicated to respect the institutional norms and deconstruct the profession and the medical act. The concept of “child actor” is emerging in the relations between children and adults. This role of actor is often difficult for some children from disadvantaged groups, as they are expected to remain in their position of social younger, subject to the decisions of the elders.
Keywords Access to care, hospital, pediatrics, health care pathway, hospitalized children, care relationship, health systems, Mali.
5 6
À ma famille Mariame Doumbia, mon épouse Issa Ogopema, Fangatigui et Fatouma, mes enfants. 7 Remerciements
Je remercie sincèrement mon directeur de thèse Yannick Jaffré pour la confiance qu’il m’a accordée en acceptant de diriger cette thèse. Tout en étant juge de ce que je faisais, il m’a laissé libre de mes pensées et de mon raisonnement. Sa grande générosité, son humanisme, sa disponibilité et son encadrement m’ont permis de mener à bien ce travail. J’adresse ensuite mes remerciements aux professeurs Gilles Boëtsch et Doris Bonnet qui m’ont fait l’honneur d’être les rapporteurs de ce travail ainsi que Valeria Siniscalchi pour avoir accepté de participer à ce jury de thèse. Je remercie le Professeur Denis Dougnon, Directeur Général de L’Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée de Bamako (ISFRA), pour m’avoir facilité l’ensemble des démarches administratives pour bénéficier de l’appui du programme de formation des formateurs. Je souhaite aussi remercier les responsables du Service de la Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France au Mali, du Programme de formation des formateurs de l’Université de Bamako et ceux du programme ENSPEDIA pour leurs appuis financiers sans lesquels ce travail n’aurait pas pu se réaliser. Il me serait difficile de ne pas mentionner le nom de l’UNICEF et du fonds MUSKOKA qui m’ont soutenu et aidé. Une mention spéciale à Dr Alain Prual, Responsable du Bureau régional de l'UNICEF pour l'Afrique occidentale et centrale, qui a été empathique à tester les initiatives d’ENSPEDIA dans lesquelles s’inscrit cette thèse. J’exprime toute ma reconnaissance à tous les membres d’ENSPEDIA. Ce programme m’a servi d’espace d’échange et de formation. Parmi les membres j’ai une pensée spéciale destinée à Abdourahmane Coulibaly, anthropologue, pour ses conseils, son encouragement et ses lectures, malgré sa charge de travail, de même qu’à Hélène Kane et Akiko Ida. Je n’oublie pas également Karine Ginoux, Directrice administrative et coordinatrice des programmes UMI 3189, pour sa gentillesse et disponibilité dans l’organisation des activités du programme. Je remercie chaleureusement tout le personnel du service de pédiatrie du CHU GT qui m’a bien accueilli. Ce qui m’a permis de réaliser mes enquêtes dans de bonnes conditions. Qu’il me soit permis de nommer certains agents. D’abord le chef de département, le Professeur Toumani Sidibé qui m’a ouvert ses portes. Ensuite, la Professeure Fatoumata Dicko, qui m’a toujours offert son soutien et ses conseils avisés sans lesquels ce travail n’aurait pas pu se réaliser. Les Professeurs Boubacar Togo et Mariam Sylla pour leur ouverture d’esprit et de partage pour la formation des jeunes. J’espère que ce modeste travail d’anthropologie leur servira d’outil pour améliorer la qualité de soins des enfants. Je pense aussi à tous ces enfants ainsi qu’à leurs proches avec qui j’ai partagé des moments d’angoisse, de tristesse mais aussi de joie. Leurs précieuses collaborations ont donné sens à mon matériau. Je les remercie tous. Mes remerciements et amitiés vont au Directeur Général du Bureau d'Ingénierie pour le Développement en Afrique (BIDA SARL), Issouf Haïdara et à son collaborateur Valérien 8 Dembélé qui m’ont prêté un cadre de travail. Ce cadre a largement contribué à améliorer qualité de mon travail. Merci aussi aux amis et cousins notamment Charles Grémon, Dr Mamadou Coulibaly, Adama Cissé, Dr Youssouf Karembé, Allaye Guindo, Moussa Amadou Guindo, Hassane Guindo, Dr Ichaka Camara, Amadou Timbiné, Joseph Dembelé, qui m’ont soutenu et qui ont été présents à mes côtés, malgré parfois la distance. Je remercie aussi ma belle-famille qui m’a constamment encouragé à réussir ce projet. Même si je ne peux citer tout le monde, que soient particulièrement remerciées Fatoumata dite Anna et Hawa Doumbia, mes belles-sœurs, pour la confiance qu’elles ont placée en moi durant ces années de travail. Enfin, j’ai une pensée pieuse pour mon père et ma mère qui n’ont pas eu la chance de me voir grandir et d’arriver là où je suis aujourd’hui. Je sais combien je leur suis redevable, et je prie pour eux : « Dieu, fait-leur, tous deux ; miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit. » De même pour mes deux grands frères, Issa et Souleymane qui m’ont soutenu tout au long de mon cursus universitaire et qui n’ont pas eu hélas, la chance de voir l’achèvement de ce travail. 9 Sigle et abréviations
AEF : Afrique Équatoriale Française AMI : Assistance Médicale Indigène AMO : Assurance Maladie Obligatoire ANEH : Agence Nationale d’Évaluation des Hôpitaux AOF : Afrique Occidentale Française APANF : Association des Pédiatres d’Afrique Noire Francophone APD : Aide Publique au Développement ASACO : Associations de Santé Communautaires ASNOM : Association Amicale Santé Navale et d’Outre-Mer CDE : Convention relative aux Droits de l’Enfant CES : Certificat d’Étude à la Spécialisation CHU GT : Centre Hospitalo-Universitaire Gabriel Touré CSCOM : Centres de Santé Communautaires CSRéf : Centre de Santé de Référence CVD : Centre de Développement de Vaccin EDSM : Enquête Démographique et de Santé Mali EPA : Établissement Public à caractère Administratif EPIC : Établissement Public Industriel et Commercial EPS : Établissement Public de Santé FFI : Faisant Fonction d’Interne FMPOS : Faculté de Médecine de Pharmacie et d’Odonto-Stomatologie GFAOP : Groupe Franco-africain d’oncologie pédiatrique LCR : Liquide Céphalo-Rachidien MARH : Mission d’Appui à la Réforme Hospitalière MPFEF : Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille 10 ODHD : Observatoire du Développement Humain Durable OMD : Objectifs pour le Millénaire OMS : Organisation Mondiale de la Santé ORL : Oto-Rhino-Laryngologie ORONA : Organisme de Recherche sur l’Alimentation et la Nutrition Africaine PCIME : Prise en Charge Intégré des Maladies de l’Enfant PDDS : Plan Décennal de Développement Sanitaire PDDSS : Plan Décennal Sanitaire et Social PEV : Programme Élargi de Vaccination PMI : Protection Maternelle et Infantile PSPHR : Projet Santé, Population et Hydraulique Rurale PTME
: Pré
vention de la Transmission Mère-Enfant RGPH
:
Recensement Général de la Population et de l’Habitat SGHMP
: Service Général d’Hygiène Mobile et de Pro
phyla
xie SIH
: Système d’Information Hospitalière SOMAPED
: Société Malienne de Pédiatrie SSP : Soins de Santé Primaire TETU : Évaluation et Traitement des Urgences UNAPSA : Union des Sociétés et Associations Pédiatriques d’Afrique URENI : Unités de Récupération et d’Éducation Nutritionnelle Intensive
11 12 Table des matières Résumé.................................................................................................................................................................... 4 Abstract................................................................................................................................................................... 5 Remerciements..................................................................................................................................................... 8 Sigle et abréviations........................................................................................................................................ 10 Table des matières........................................................................................................................................... 13 Index des tableaux........................................................................................................................................... 17 Index des figures............................................................................................................................................... 17 Index des photos............................................................................................................................................... 17 Introduction générale..................................................................................................................................... 19 Méthodologie de la recherche...................................................................................................................... 26 I. Choix du site et démarche administrative............................................................................ 26 II. Enquête approfondie.................................................................................................................... 29 A. Population de l’enquête........................................................................................................................................ 29 B. Les technique de recueil de données.............................................................................................................. 30 C. Déroulement de l’enquête................................................................................................................................... 34 III. Traitement et analyse des données........................................................................................
36 Première partie................................................................................................................................................... 37 Construction de la pédiatrie, des enfances et de l’anthropologie de l’enfance : une histoire croisée.................................................................................................................................................................. 37 Introduction.................................................................................................................................................. 38 Chapitre 1............................................................................................................................................................ 39 La construction de la pédiatrie comme spécialité médicale............................................................. 39 I. La découverte de l’enfant sur le plan médical : les leçons de l’histoire......................
41
L’enfant, un enjeu démographique........................................................................................................................... 43 II. En occident............................................................................................................................................... 46 A. Amélioration des conditions de l’accouchement....................................................................................... 46 B. La découverte du vaccin contre la variole................................................................................................... 48 C.... et la baisse du taux de la mortalité infantile............................................................................................... 49 D. La mise en place de la « Goutte de Lait », la naissance de la puériculture...................................... 50 E. La mise en place de l’hôpital pour enfant..................................................................................................... 53 F. Construction d’une catégorie sociale, construction d’un lieu : « Hôpital des enfants trouvés » une réponse sociale à « l’acte d’abandon »?................................................................................................ 53 G. Le changement de regard sur le phénomène d’abandon....................................................................... 57 H. La refondation de l’hôpital.................................................................................................................................. 58 I. La mise en place de l’hôpital des enfants malades.................................................................................... 59 J. Le développement de l’hygiène infantile...................................................................................................... 62 K. Le carnet de santé de l’enfant : le renforcement du dispositif de suivi de l’enfant..................... 65 L. Sauver la vie des prématurés : la naissance de la néonatologie.......................................................... 66 13 M. Sur le plan médical : réduction de la mortalité infantile........
................................
................................ 68 N
.
Sur le plan social :
reconnaissance sociale et émergence de l’enfant acteur.................................
70 II. La pédiatrie en Afrique noire francophone, une appropriation institutionnelle............ 74 A. L’introduction de la population des enfants dans les données démographiques pour sortir les enfants de l’invisibilité statistique............................................................................................................................ 77 B. La découverte des causes
des
maladies
infantiles........................................................................................ 79 C. Les politiques de santé infantile en Afrique..................................................................................................... 82 D. La mise en place des programmes sélectifs, la valorisation de la petite enfance............................ 83 Chapitre 2............................................................................................................................................................ 89 Les mutations sociales de l’enfance : une histoire de la construction des sentiments pour l’enfant................................................................................................................................................................. 89 I. Le regard sur l’enfant et ses variations dans l’histoire............................................................... 89 L’enfance dans la tradition antique et moyenâgeuse : entre ignorance et négation dans la conscience et les pratiques des adultes.................................................................................................................. 89 II. La découverte de l’enfance et l’évolution de sa place dans les sociétés occidentales..... 94 III. L’enfant africain et L’évolution de son statut............................................................................104 A. Rôle de l’anthropologie de la maladie dans l’émergence de l’enfance moderne...........................112 B. La Charte Africaine des droits et du bien‐être de l’enfant, un cadre d’intervention....................116 Chapitre 3.......................................................................................................................................................... Regard sur le concept d’acteur pour un repérage d’outils conceptuels et méthodologiques.........................................................................................................................
130 A. Les notions d’agent et d’acteur dans la sociologie française..................................................................130 B. La tradition anglo‐saxonne de l’acteur............................................................................................................133 Becker cite Elias (1970, 167), évoquant ceci :...................................................................................................133 C. Le constructivisme, une perspective dynamique de la description des réalités sociales..........138 D
.
Quelques données empiriques
sur
les recherches récentes en Afrique noire
franco
phone
....139 Conclusion de la première partie........................................................................................................146 Deuxième partie................................................................................................................................................ 147 La construction de la tradition hospitalière au Mali......................................................................... 147 Introduction..................................................................................................................................................... 148 Chapitre 1.......................................................................................................................................................... 150 De la médecine militaire coloniale en Afrique francophone à la mise en place d’une politique hospitalière au Mali....................................................................................................................................... 150 I. Des ambulances militaires aux hôpitaux coloniaux........................................................150 II. Des hôpitaux coloniaux aux hôpitaux nationaux.............................................................160 III. L’histoire hospitalière et la mise en place de la politique nationale de santé au Mali.........................................................................................................................................................................169 14 IV. V. Les politiques et reformes sanitaires...................................................................................176 La réforme hospitalière et ses enjeux..................................................................................183 Chapitre 2.......................................................................................................................................................... 193 L’émergence des services de pédiatrie au Mali.................................................................................... 193 I. A. B. II. Les services de pédiatrie.................................................................................................................193 Les services de pédiatrie privés......................................................................................................................193 Les services de pédiatrie publics.....................................................................................................................196 L’hôpital Gabriel
Touré
et
son
service de
pédiatri
e..............................................................201 L’
hôpital Gabriel Touré
,
l’hommage à un homme engagé
...
................................................................201 III. Le service de pédiatrie....................................................................................................................
210
A. Les travailleurs du département de pédiatrie
et
l’organisation
des soins
...................................210 B. Le circuit
du
mala
de
: un outil de formalisation du parcours du malade.....................................216 C. Le service de pédiatrie en chiffres.................................................................................................................219 IV. L’histoire du service de pédiatrie par ceux qui l’ont construit...........................................222 A. De la pédiatrie générale à la pédiatrie spécialisée..................................................................................223 B. La mise en place des unités de spécialisation...........................................................................................233 C. Vers une approche de prise en charge globale de l’enfant..................................................................244 Conclusion de la deuxième partie........................................................................................................246 Troisième partie................................................................................................................................................ 248 Les dimensions synchroniques du service de pédiatrie : l’enfant au cœur des soins médicaux à l’hôpital............................................................................................................................................................... 248 Introduction..................................................................................................................................................... 249 Chapitre 1.......................................................................................................................................................... 251 Entrer à l’hôpital et accéder aux soins......................................................................................................... 251 I. Parcours de l’enfant malade en pédiatrie....................................................................................251 A. L’entrée à l’hôpital................................................................................................................................................252 B. Le bureau des entrées (BE) : entre normes édictées et normes pratiquées................................252 C. Le dispositif de filtrage
et les relations usagers – caissiers................................................................255 D. Les « privilégiés » et les autres.......................................................................................................................258 II. Le dispositif technique de soins en pédiatrie.............................................................................264 A. La consultation externe......................................................................................................................................264 B. Les procédures de triage....................................................................................................................................268 C. Profils des consultants et choix des lieux de soins.................................................................................272 D. Les pratiques de favoritisme............................................................................................................................276 E. Les relations clientélistes et la constitution de réseaux de soins.....................................................278 F. La consultation spécialisée : le rôle central de l’éducation thérapeutique..................................285
Chapitre 2.......................................................................................................................................................... 298 Les urgences pédiatriques au quotidien................................................................................................ 298 I. II. A. B. C. D. Le dispositif technique..............
................................
................................................................
298
Le fonctionnement......................................................................................................................
303
Etudes de cas...........
................................................
................................................................................................
303 Les
interactions ratées entre les parents et les professionnels
de
santé
......................................314 Le
Parcours difficile des enfants malades sans parents connus à
l’hôpital..................................
318
Le parcours d’Abdoulaye...
................................................................................................................................320
15 Conclusion de la deuxième partie........................................................................................................341 Chapitre 3.......................................................................................................................................................... 342 Évolution des gestes techniques et amélioration de la qualité des soins dans les services de pédiatrie............................................................................................................................................................ 342 I. II. A. B. C. D. E. F. III. A. B. La notion de gestes techniques...............................................................................................344
Les conditions
de
ré
alisation des
gestes techniques
.......................................................345
Les injections
...........................................................................................................................................................345 Les pon
ctions
...........................................................................................................................................................365 L’on
cologie pédiatrique
: description
des lieux
.......................................................................................365 Le diagnostic du cancer......................................................................................................................................370 Le vécu des
soins
chez les so
ignant
s : é
motions
, souffrances et rapport au malade...............376 La
souffrance des soignants
..............................................................................................................................385 D’un
service à un
autre
:
complexité
des
filières
de
s
oins et
rapports
de collaboration.................................................................................................................................388 Collaborer à l’hôpital............................................................................................................................................393 La collaboration entre les services dans la prise en charge des enfants malades....................394 Conclusion de la troisième partie.............................................................................................................
397 Conclusion générale
......................................................................................................................................
399 L
’hôpital comme un ensemble de
conduites et gestes qui construisent les destins des personnes.....................
................................................................
................................................................
399 Vers une anthropologie
des
catégories affectives
..........
................................
................................
402 Bibliographie................................................................................................................................................... 404 Annexe : Loi portant principes fondamentaux de la création, de.................................................. 421
16 Index des tableaux Tableau 1 : Répartition des personnes rencontrées par type d’acteurs..................................... 30 Tableau 2 : Chronogramme du déroulement des enquêtes....................................................... 34 Tableau 3 : Etat des lieux des infrastructures sanitaires dans les anciennes colonies de l’AOF en 1977..................................................................................................... 166 Tableau 4 : Les Textes adoptés de la réforme hospitalière.................................................... 185 Tableau 5 : Les services de pédiatrie privée de Bamako....................................................... 195 Tableau 6 : Les services de pédiatrie publics de Bamako...................................................... 198 Tableau 7 : Service de pédiatrie dans les hôpit aux régionaux en 2012.................................. 199 Tableau 8 : Évolution des activités de consultation de 2008 à 2012...................................... 205 Tableau 9 : Évolution des activités d’hospitalisation de 2008 à 2012................................... 206 Tableau 10 : Évolution des activités du laboratoire de 2007 à 2010...................................... 207 Tableau 11 : Évolution des activités d’imagerie médicale de 2007 à 2010........................... 208 Tableau 12 : Évolution du personnel du département de pédiatrie de 2000 à 2011............... 211 Tableau 13 : Évolution des données....................................................................................... 219 Tableau 14 : Liste des matériels de la néonatologie après la rénovation de 2011................. 235 Tableau 15 : Évolution des patients en oncologie pédiatrique............................................... 240 Tableau 16 : Évolution des pathologies traitées en oncologie de 2005-2010........................ 241
Index
des
figures
Figure 1 : Localisation des services pédiatriques dans le district de Bamako....................... 200 Figure 2 : Localisation du Centre Hospitalier Gabriel Toure (CHU-GT) dans le district de Bamako.................................................................................................................. 209 Figure 3 : Organigramme du département de pédiatrie (2012).............................................. La crise financière des années 1980, qui s’est traduite en Afrique en une crise sanitaire a provoqué une mutation profonde dans la gestion des structures de santé. Partant de l’hypothèse que celles-ci sont comme des entreprises produisant des services, les théoriciens de la santé publique ont introduit la politique de recouvrement des coûts afin de redresser cette situation de situation. Dès lors, l’évaluation de la performance de ces structures a commencé à se faire sur la base des bénéfices. Conçue tout d’abord comme un outil d’optimisation de la dépense publique, l’évaluation des établissements de santé selon cette politique devait porter sur deux aspects. Le premier est relatif aux indicateurs de santé. Ceux-ci sont des mesures de la santé et des facteurs qui influent sur elle. En termes clairs ce sont des chiffres et des statistiques permettant de faire des comparaisons entre les variables. Par exemple, on peut comparer comment la fréquentation des structures de santé varie selon les milieux de résidences, (urbain/rural), ou selon les catégories sociales (riches/pauvres). Ces indicateurs constituent des outils qui permettent aux structures de santé de faire le bilan de leur situation passée afin de planifier l’avenir dans une perspective de l’améliorer. Le deuxième aspect mobilise les bilans financiers. Dans ce cas l’œil de l’évaluateur s’attarde sur les documents comptables. Sur ce sujet Hours (1992, p. 134) estimait que pour être considérés comme une structure viable, les établissements sanitaires devaient avoir « des bilans financiers équilibrés qui supposent des formations 1 « se présente comme un ensemble d’outils et de technique reposant sur les connaissances biomédicales et destinées à protéger, à maintenir et à développer le niveau de santé des populations. » (Hours, 1992, p. 123). 19 sanitaires non plus « autogérées » mais autosuffisantes financièrement, à tout le moins un taux de recouvrement des coûts conséquent » (Hours, 1992, p.134). Ainsi, afin d’aider les autorités sanitaires à réaliser une bonne planification, des outils standardisés ont été conçus et mis à leur disposition. Le manuel : Normes et standards des infrastructures, équipements et personnel du système de santé » du Mali, rédigé en 1995, se situe dans ce cadre. Si, en théorie, ces outils sont censés répertorier toutes les normes nécessaires au bon fonctionnement de l’hôpital, en pratique, « Aucune entreprise, même sanitaire, ne peut ainsi correspondre à une telle forme d’organisation où toutes les règles impersonnelles et écrites, les postes rigoureusement définis, coïncidant de plus avec des compétences que les professionnels rempliraient strictement. » (Jaffré, 1999). Or, parmi ces dispositifs proposés, aucun ne tenait vraiment compte de ces réalités pratiques. Les pratiques professionnelles sont en effet un thème à peu près absent dans la littérature concernant le fonctionnement des structures de santé au Mali. En Afrique, seuls les travaux d’anthropologues ont tenté de l’aborder (Hours, 1985 ; Jaffré, 1999 ; Hahonou, 2002 ; Jaffré & Olivier De Sardan, 2003 ; Olivier De Sardan, 2001 ; 2003; 2008 ; 2010 ; Jaffré, Diallo, Vasseur, & Grenier-Torres, 2009 ). Il est à noter que l’ensemble de ces travaux n’est pas étendu dans les services de pédiatrie. Les quelques études ayant concerné les services de pédiatrie (Hejaoka, 2012 ; Jaffré & Guindo, 2013 ; Kane, 2014 ; Akiko, 2015) ont porté sur des sujet spécifiques comme l’accès aux soins ou les vecus des enfants hospitalisés. Ce qui fait que ces dernières doivent être renforcées. C’est ce que nous envisageons de faire dans cette thèse en cherchant à comprendre l’ordinaire d’un service de pédiatrie dans un hôpital de troisième référence2 : le Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré de Bamako. Pour y parvenir nous partons d’une question très simple : comment une étude sur l’ordinaire d’un service de pediatrie éclairet-il le fonctionnemnent d’une instution comme l’hôpital? Cette problématique s’inscrit dans le grand débat en sciences sociales sur le poids des institutions informelles dans l’effectivité et l’efficacité des normes et règles formelles (administratives).
2
Dernière référence
en ma
tière de soins.
20
Nous postulons que dans ce que l’on appelle un hôpital, régit par les fiches de postes, des fonctions, des métiers, si l’on veut réellement comprendre son fonctionnement il faut sans doute se demander ce que la notion de technique administrative recouvre. Comme le souci du détail n’est jamais moindre en anthropologie, voyons d’abord comment la crise sanitaire a-t-elle constituée un tournant dans la gouvernance de la santé? En 1978, la Conférence d’Alma-Ata, organisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a introduit au cœur de l’organisation des systèmes nationaux de santé le concept « de soins primaire » (primary care). Ce concept visait à établir une justice sociale en garantissant l’accès de tous à des soins de base. Ce principe d’équité a été réaffirmé en 1987 avec l’Initiative de Bamako. Les stratégies de mise en œuvre de ces modèles théoriques étaient simples. Il s’agissait dans un premier temps d’étendre la couverture sanitaire des structures périphériques au détriment des hôpitaux, jugés onéreux, peu accessibles et donc déficients. Ensuite, pour rendre ces structures périphériques viables, il fallait instaurer, là où cela n’existait pas, le financement des soins de santé primaires par le paiement des médicaments (Dénomination Commune Internationale (DCI) et des services par les usagers. Ces deux dispositifs ont été renforcés lors de la conférence de Hararé en 1987 où l’OMS proposa le système de santé du district avec deux modèles d’implication de l’hôpital. Le premier impliquait l’ouverture de l’hôpital vers les activités de soins primaires. Alors que le second était relatif à la construction d’un système pyramidal déterminé par une hiérarchie d’offre de soins dont le premier échelon est assuré par des structures de santé. La plupart des pays africains, comme le Mali, s’est inscrit dans le deuxième schéma. C’est dans le courant de ce mouvement que le terme « référence » est apparu comme un outil conceptuel. Il s’agissait à travers ce dispositif théorique de proposer des mesures visant à améliorer la qualité de la prise en charge du patient. Pour être plus précis dans ce cadre, si l’on prend le cas du Mali, les hôpitaux de Cercles3 constituent un niveau de référence pour tous les Centres de Santé Communautaires -CSCOM-. Il en va de même des spécialistes dans les hôpitaux nationaux par rapports aux médecins généralistes dans les centres de santé de Cercles ou 3 Circonscription administrative de 2e degré au Mali. Il se situe entre la Commune et la région 21 hôpitaux secondaires. Ce qui traduit bien la déclaration de Dr Mahler, alors Directeur Général de l’OMS à la conférence de Karachi (Pakistan) en novembre 1981 : un : « système de santé fondé sur les soins de santé primaires ne peut en aucune façon être réalisé, ne peut se développer, ne peut pas fonctionner, et tout simplement ne peut pas exister sans un réseau hospitalier opérant. » (OMS, 1992, p.1). Si théoriquement les hôpitaux allaient être la colonne vertébrale de ce système sanitaire, la réalité est toute autre, car, lors de sa mise en œuvre, en se basant sur l’analyse coût-efficacité, un changement de paradigme a été opéré. Ce qui a emmené un basculement de l’ancien système onéreux, axé sur l’hôpital vers le modèle de santé communautaire fondé sur les principes d’éducation et de prévention des maladies. Concernant les enfants, ce changement de paradigme se justifiait par deux raisons. D’une part, la plupart des maladies (pneumonie, diarrhée, paludisme, rougeole, méningite, malnutrition, l’anémie) qui était responsable des décès d’enfants était évitable. Et, d’autre part, 40 à 80% de ces décès avaient lieu soit à domicile ou dans les structures périphériques (OMS, 2007). Pour y faire face, des actions dans le domaine de santé infantile ont été entreprises. Les programmes de vaccinations, de lutte contre le paludisme et la Prise en Charge Intégré des Maladies de l’Enfant (PCIME) sont exemplaires à cet égard. Ces programmes ont permis de contribuer à la réduction de la mortalité infantile à ces niveaux. À l’échelle régionale, seule l’Afrique subsaharienne a connu une progression modeste du taux de mortalité infantile avec une baisse de 1,5% par an en 1990-2000 à 3,1% en 2012. L’Afrique du Nord pour sa part a enregistré pendant la même période une réduction de 68%, c’est-à-dire 77 décès en 1990 à 25 décès sur 1000 naissances vivantes en 20114. Quant à la région Asie Occidentale, elle a réduit de 52% le taux de mortalité infantile des moins de cinq ans5. Le taux de mortalité, des moins de cinq ans, a également baissé de 39% (de 178 en 1990 à 109 pour mille naissances vivantes) pour l’Afrique sub4 L’Afrique du Nord progresse en matière de santé maternelle et atteint plusieurs objectifs du Millénaire pour le développement. Après des progrès impressionnants en matière de santé d’éducation, il faut accélérer le pas vers les objectifs de lutte contre la pauvreté. http://www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2013/pdf/northern_africa.pdf, accédé le 20/11/2013. 5 La santé maternelle et infantile en Asie occidentale s’est améliorée, dit l’ONU. La réalisation de plusieurs objectifs du Millénaire pour le Développement continue à se heurter à des obstacles. http://www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2013/pdf/western_asia.pdf, accédé le 20/11/2013. 22 saharienne. Dans cet effort de réduction, certains pays comme l’Ethiopie, le Libéria, Madagascar, le Niger et le Rwanda se sont illustrés avec 60%6. Au niveau local, le Mali a connu la même tendance à la baisse que celle au plan international. En effet, selon l’USAID (2013) (le rapport d’analyse de la situation des interventions en matière de survie de l’enfant au Mali), le nombre de décès des enfants de 0 à 28 jours a baissé de 46‰ en 2006 à 35‰ en 2013. Selon toujours le même rapport, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est également passé de 105 à 98‰ (USAID, 2013, p. 7). Même si ces progrès sont perceptibles, la mortalité infantile reste encore un défi majeur au Mali et plus largement en Afrique sub-saharienne. C’est la raison pour laquelle l’OMS a pris en compte dans les stratégies de lutte contre ce fléau les 20 à 25% d’enfants qui mourraient dans les hôpitaux. Selon cette organisation les décès à l’hôpital surviennent souvent dans les 24 heures qui suivent l’admission. Ce qui a permis d’établir que ces décès pouvaient être évités si les enfants gravement malades étaient identifiés dès leur arrivée et si le traitement commençait immédiatement (OMS, 2007). Dès lors, un programme d’Amélioration des Soins Pédiatriques Hospitalier a été mis en place. Il comprenait l’évaluation des hôpitaux, les directives de prise en charge et la formation en Tri, Évaluation et Traitement des Urgences (TETU). Le bilan que l’on peut tirer de la mise en œuvre de ce dispositif est positif. Dans les pays qui ont fait l’objet d’une étude, le TETU a permis de réduire de façon considérable la réduction de la mortalité infantile dans les hôpitaux. C’est le cas au Malawi où, au niveau du Queen Elizabeth Central Hospital, il a permis d’améliorer le flux des patients dans les services de consultation externe à forte activité et de réduire les décès des enfants de 13% (OMS, 2007, p.4). Tous ces dispositifs techniques et qu’administratifs qui régissent le processus de la prise en charge des enfants dans les services de pédiatrie restent largement sousdocumentés. C'est cette lacune que nous chercherons à combler en menant des investigations sur trois questions précises : ‐ Comment les enfants accompagnés de leurs parents accèdent-ils aux soins dans le département de pédiatre? 6 L’Afrique subsaharienne continue d’avancer sans relâche vers les objectifs du millénaire pour le Développement. http://www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2013/pdf/subsaharan_africa.pdf, accédé le 20
/11/2013. 23 ‐ Comment ces soins sont-ils dispensés? ‐ Quelles sont les interactions qui se dégagent entre les différents acteurs : enfants-parents-soignants? L’intérêt de ce travail réside tout d’abord dans le fait que les études
sur
l’enfance dans les pays d’Afrique noire francophone, et
plus particulièrement au
Mali
, posent le problème de l’absence des données pertinentes sur leur vécu dans les espaces de soins
.
Soulignons
que les
se
ules
données disponibles (celles des statistiques et des dossiers du malade),
renseignent seulement sur
le devenir des
patients et donc restent limitées
. Comp
te
tenu de ces
limites
,
ces données ne renseignent pas, ou peu, sur les vraies conditions de prise en charge des enfants malades. Notre analyse
s’organisera en fonction de ces lacune
s
. C’est pourquoi nous voulons aborder
cette
étude
à partir du vécu des acteurs. Ensuite, l’analyse des relations, qui s’établissent entre les différents acteurs (soignants-enfants-parents) au cours de la prise en charge de l’enfant malade, est susceptible de renouveler la réflexion à la fois sur le système hospitalier, mais également sur l’enfance. Un autre mérite, nous n’allons pas nous limiter à démontrer une relation entre les déterminants socio-économiques et la mortalité infantile dans l’analyse de l’accès aux soins comme ce fut le cas dans les travaux. Nous estimons qu’au-delà des déterminants, la
pratique
des
professionnel
s
peut constituer elle-même un objet d’étude. Précisons que cette façon de construire la problématique d’accès aux soins de santé sous l’angle des pratiques médicales individuelles des acteurs en présence que nous proposons loin de constituer une rupture avec les méthodes quantitatives, constitue le point d’amélioration de celles-ci. Ainsi, cette perspective pratique est susceptible de susciter des voies nouvelles, des initiatives, des dispositifs de soins, des formations, qui peuvent renforcer les mécanismes en place pour améliorer la prise en charge des enfants malades Pour nous donner du champ nous avons élaboré un plan. Plan de la thèse : Cette thèse est divisée en trois parties principales. La première partie examine les facteurs ayant favorisé l’émergence de l’hôpital pour enfant malade. En dehors, des données de la santé publique nous estimons qu’il résulte de l’histoire d’une spécialité (la pédiatrie), d’une patientèle (les enfants) et d’une certaine vision que notre discipline (anthropologie) a pour l’enfance. Ainsi, le premier chapitre s’attarde sur l’histoire de la pédiatrie dans lequel une revue des écrits sur la découverte de l’enfance sur le plan 24 médical trouve une grande place. Le deuxième chapitre présente une histoire des enfances. Dans cette partie il est surtout question de voir comment la figure des enfances a évolué selon les sociétés et d’analyser par la suite les facteurs qui ont été à l’origine de ces changements. Enfin, le troisième chapitre de cette première partie montre la vision anthropologique de l’enfance. Dans cette vision, nous accorderons une place importante aux éléments constitutifs pour fonder une anthropologie hospitalière en Afrique noire francophone. Dans la deuxième partie, en réduisant l’échelle, nous allons aborder l’ de la tradition hospitalière au Mali. Pour y parvenir, nous partons de la médecine coloniale. Dans ce cadre, et dans le quatrième chapitre, nous examinerons la construction de la politique hospitalière du Mali à partir de la médecine coloniale. Ensuite, dans le chapitre cinq, il sera question de présenter le CHU GT ainsi que son service de pédiatrie. Ces deux premières parties recouvrent ce que nous appelons les dimensions diachroniques ou historico-évolutives de l’hôpital. La troisième partie de la thèse est entièrement consacrée aux dimensions synchroniques : l’accès aux soins, les urgences et la réalisation de quelques gestes techniques. Cette partie comprend trois chapitres. Dans un premier temps (chapitre 6), nous décrirons comment les enfants malades et leur famille sont accueillis à l’hôpital. Cette description se poursuivra avec « le dispositif » de filtrage des usagers au niveau du bureau des entrées (BE) et le « tri » au niveau de la consultation externe. Enfin, ce chapitre abordera comment les enfants présentant des troubles neurologiques, accompagnés de leurs mères, accèdent aux consultations spécialisées. Dans un deuxième temps, le chapitre 7, nous entrerons dans les coulisses des urgences pour observer ce qui s’y passe. Enfin, le chapitre 8 s’intéresse aux gestes et à l’analyse de leurs effets sur les enfants, parents et professionnels de santé. Afin d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, essayons d’abord de comprendre la méthodologie adoptée.
25 Méthodologie de la recherche
Mener une enquête ethnographique dans un hôpital ne s’improvise pas ; car, il ne s’agit pas de porter simplement un discours spéculatif sur tout ce s’y qui passe. Loin de là, il nécessite une mobilisation des sens du chercheur, plus particulièrement la vue, et, plus précisément encore, le regard (Laplantine, [1996] 2010, p. 10). Il y a lieu, ici, de préciser que le regard dont il est question n’est pas de l’ordre de : « L’immédiateté de la vue, de la connaissance fulgurante de l’intuition, mais de la vision (et par conséquent de la connaissance) médiatisée, distancée, différée, réévaluée, instrumentée (stylo, magnétophone, appareil photographique, caméra...) et, dans tous les cas retravaillée dans l’écriture. » (Laplantine, [1996] 2010, p. 17) En dehors de ces équipements il est recommandé que l’anthropologue se familiarise non seulement avec des acteurs qu’il cherche à étudier en partageant leur quotidien mais aussi et surtout à s’initier à leurs langages, car « l’étranger ne voit que ce qu’on lui montre » dit-on. Ce qui nécessite qu’il effectue un long séjour parmi eux de façon à se laisser « pénétrer par la structure inconsciente » (Lévi-Strauss, 1974, p. 34). Ce travail d’immersion est d’autant nécessaire que : « les expressions, le vocabulaire, et les notions employés par les acteurs concernés, les définitions qu’ils en donnent eux-mêmes, les distinctions qu’ils utilisent, les classifications qu’ils opèrent, les évaluations et les jugements qu’ils effectuent les normes dont ils se servent à cet effet [...] doivent être aujourd’hui le socle sur lequel se déploie toute interprétation savante soucieuse d’adéquation empirique » (Olivier De Sardan, 2008, pp. 122-123). De ce qui précède on peut retenir que notre étude s’inscrit dans une démarche qualitative. Mais pour pouvoir progresser et comprendre plus facilement cette démarche, il paraît utile d’aller plus en profondeur pour montrer comment nous avons précédé. I. Choix du site et démarche administrative
Le choix du CHU GT et de son service de pédiatrie devrait nous permettre de rendre compte de la façon dont fonctionne une institution comme l’hôpital. Plusieurs raisons peuvent le soutenir. On peut d’abord relever du point de vue du système de santé que le service de pédiatrie du CHU GT constitue la dernière référence en matière de soins 26 infantile. Ensuite, il couvre à lui seul 80% des besoins de santé de la population7 de Bamako en la matière (Rapport du Conseil d’Administration, CHU GT, 2011). Puis, en 2001 il a été érigé en centre d’excellence de prise en charge pédiatrique des enfants vivants avec le VIH. Ce développement continu des activités de ce service s’explique aussi par sa position géographique. En effet, l’hôpital GT est situé au cœur de Bamako non loin du grand marché et de plusieurs services centraux. Il est aussi à la croisée des grands axes routiers. Ce qui fait qu’il est desservi par de nombreux moyens de transport en commun notamment les « sotramas » (minibus), les bus et les taxis. Donc son accès est facile. Cette situation fait que des femmes venues au marché et les fonctionnaires qui travaillent dans ses alentours font consulter leurs enfants à côté et rejoignent respectivement leur domicile et bureau. Cet accès est à tout le fait le contraire au niveau de la plupart des structures de santé qui sont isolés dans les quartiers peu couverts par le réseau de transport urbain. De plus, en dépit d’une dégradation générale des conditions d’accueil, ce service a réussi à maintenir son hégémonie en matière de soins sur les autres hôpitaux se trouvant à Bamako. Pour expliquer cette situation, on peut invoquer deux raisons. Premièrement, la plupart des établissements hospitaliers se trouvant à Bamako (CHU du Point G hôpital de Kati, hôpital du Mali, Centre National d’OndotoStomatologie, Hôpital Mère-enfant le Luxembourg) ne disposent pas de services de pédiatrie. Deuxièmement, ceux qui en disposent notamment l’hôpital du Mali et le Luxembourg n’ont pas encore ouvert des unités de soins spécialisés comme l’oncologie, la neuro-pédiatrie ou la chirurgie pédiatrique. Or avec les nombreux cas de cancers des enfants les malformations qui demandent le plus souvent une intervention chirurgicale ces structures sont obligés de référer les parents au CHU GT. Concernant la démarche administrative, l’entrée d’un anthropologue à l’hôpital requiert deux niveaux de négociations. Le premier niveau porte sur l’autorisation officielle que le responsable du département de la pédiatrie octroi à l’étudiant pour enquêter dans ses locaux. Pour l’obtenir nous sommes d’abord allés rencontrer un agent dudit service avec qui nous avions une relation. Ce qui nous a permis de tester la 7 En 2009, cette population était estimée à 1 810 366 (Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), 2009). 27 réceptivité de notre projet et d’entamer la procédure officielle. Cette procédure a été simple. D’une part, le responsable de la pédiatrie connaissait bien notre directeur de thèse avec qui il avait eu des relations professionnelles dans le passé (ils ont enseigné les étudiants ensemble à l’École Nationale de Médecine et de Pharmacie du Mali). Et, d’autre part, notre projet prenait en compte certaines préoccupations du département. Donc, il n’a pas émis de réticence à notre demande. Toutefois avant de la valider il a l’a renvoyée aux responsables d’unités pour approbation. De manière générale, ces derniers n’ont également pas émis d’objections. Mais, certains d’entre eux avaient quand même demandé des renseignements complémentaires sur le contenu du projet et plus précisément sur le matériel d’enquête. Pour mettre au clair ces zones d’ombres nous avons présenté le protocole de notre recherche à ces derniers pour leur permettre de prendre connaissance avec les objectifs de l’enquête, les procédures de recrutements et d’apprendre plus sur nous nous-même qui étions l’enquêteur. Cette rencontre a été l’occasion pour nous de solliciter ’implication des uns et des autres pour nous permettre de mener à bien ce travail. Par ailleurs, même si cela n’a pas été notre cas, il est instructif de rappeler, que dans le cadre de la démarche administrative, le chef de département peut souvent conditionner la réalisation de l’enquête au passage du chercheur dans un comité d’éthique. En pareil circonstance, l’étudiant ou le chercheur est obligé de soumettre son protocole à l’un des trois comités éthiques existant au Mali. Il s’agit du Comité National d’Ethique pour la Santé et les Sciences de la vie (CNESS), le Comité Éthique de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) et celui de la Faculté de Médecine (Comité d’Ethique d’Institution de la Faculté de Médecine de Pharmacie et d’OdontoStomotlogie). Après la rencontre que nous avons eue avec les chefs d’unités, le chef de département a accepté notre demande. Ainsi, il est allé nous présenter au surveillant général qui est le responsable des soins. Ce qui nous a donné droit une visite guidée de l’institution en compagnie de ce dernier. Cette démarche administrative pris fin avec une rencontre avec les différents majors8 des différentes unités. Rencontre au cours de laquelle le surveillant nous a présenté officiellement comme stagiaire. 8
Son
t
les
responsable
s
de
soins au niveau des unités
. Ils
travail
lent sous la responsabilité du surveillant général. 28
Le second niveau est relatif aux aptitudes du chercheur pour s’adapter à son terrain et ainsi acquérir la confiance des acteurs qu’il enquête.
Pour ce qui nous concerne nous avons d’abord commencé notre terrain par une enquête exploratoire qui a duré trois mois (février-avril 2011). Durant cette première phase, l’essentiel de notre travail a porté sur l’observation et la description de certains gestes techniques très précis (injections, ponction lombaires, pansements). Ce premier travail nous a permis à la fois de tester nos outils conceptuels et de prendre le pouls de notre terrain. Ce qui a permis d’envisager les enquêtes approfondies.
II. Enquête approfondie
Elle s’est articulée autour de cinq grands axes : - La population de l’enquête - Les techniques - Le déroulement - Le traitement et l’analyse des données
A. Population de l’enquête
On se souvient, notre étude revêt deux dimensions. La première qui est diachronique s’inscrit dans une démarche historico-évolutive. Une telle approche permet de faire face aux risques de pertes d’archives et de données y relatives. En outre, le nombre de ceux qui pourraient parler, en connaissance de cause, de la fondation de la pédiatrie diminue chaque jour. C’est donc pour palier à qu’on pourrait qualifier de vide historique que nous avons réalisé des entretiens auprès des personnes ressources. Ce sont essentiellement d’anciens Ministre de la santé, de médecins et d’administrateurs de la santé, tous à la retraire. Mais, toutes les personnes que nous avons rencontrées ont soit directement participé à la construction du système de santé du Mali ou à celle de la pédiatrie ou, au moins, ont été témoins de certaines séquences leurs évolutions. Quant à la dimension synchronique, elle s’intéresse au processus de prise en charge de l’enfant malade : l’accès aux soins, les urgences et certains types de soins. Pour savoir ce qui présidait à cette prise en charge nous avons étudié les relations de soins. Les acteurs concernés par cette relation sont constitués des professionnels de santé, des agents relevant de l’administration, les enfants malades et leurs parents. 29 Au total 122 individus ont participé à l’enquête. Le tableau ci-dessous donne la composition des différents acteurs composant notre échantillon et leur nombre respectif.
Tableau 1 : Répartition des personnes rencontrées par type d’acteurs Acteurs Agents Professionnels santé Administrateurs Pharmaciens Parents d’enfants malades Enfants malades de Médecins à la retraite9 Médecins généralistes Pédiatres Paramédicaux (Assistants médicaux, sages-femmes, infirmières d’Etat, infirmiers premier cycle, Aidessoignants). Administrateur santé à la retraite Directeur Général Surveillant Général Directeur technique Agent comptable Caissiers Vigils Personnel d’accueil et d’orientation Hospitalier Venant d’autres localités Venant de Bamako 4-6 ans filles 4-6 ans garçons 7-9 ans filles 7-9 ans garçon 10-15 ans filles 15 révolus Nombre Total 5 5 14 27 51 1 1 1 1 1 5 4 2 1 10 20 2 2 3 3 12 2 16 Total 1 30 24 122
B. Les techniques de recueil de données
Notre travail de recueil a fait l’objet de quatre techniques complémentaires : l’observation participante, la tenue du journal de bord, l’entretien semi-directif et les études de cas.
| 13,723
|
12/tel.archives-ouvertes.fr-tel-03011672-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,090
| 9,763
|
Gestion adaptative des contenus numériques : proposition d'un framework générique par apprentissage et re-scénarisation dynamique OCHELLE UNIVERSITÉ ÉCOLE DOCTORALE EUCLIDE LABORATOIRE L3i THÈSE Damien MONDOU soutenue le : mercredi 11 décembre 2019 pour obtenir le grade de : Docteur de La Rochelle Université Discipline : Informatique et Applications Gestion adaptative des contenus numériques : proposition d'un framework générique par apprentissage et re-scénarisation dynamique
Rapporteurs Philippe Gaussier Eric Gressier Professeur des universités Professeur des universités Université de Cergy-Pontoise Conservatoire National des Arts et Métiers Examinateurs Jeanne Lallement Jean-Loup Guillaume Cyril Faucher Maître de conférences HDR Professeur des universités Maître de conférences Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique La Rochelle Université La Rochelle Université La Rochelle Université Elise Patole-Edoumba Directrice du Muséum d'Histoire Naturelle La Rochelle Maître de conférences Professeur des universités La Rochelle Université La Rochelle Université Invitée
Direction Armelle Prigent Arnaud Revel Thèse réalisée au Laboratoire L3i Faculté des Sciences et Technologies Avenue Michel Crépeau 17042 La Rochelle cedex 01 Tel : +33 5 46 45 82 62 Web : http://l3i.univ-larochelle.fr
Financement Armelle Prigent Arnaud Revel Maitre de conférences Professeur des universités Allocation de recherche de la région Nouvelle-Aquitaine III Résumé
L'interaction humain-robot (HRI : Human Robot Interaction) est un domaine de recherche particulière exploré ces dernières années. L'interactivité est présente dans toutes les formes de communication et d'échange informatisé où la conduite et le déroulement de la situation sont liés à des processus, de rétroaction, de collaboration, de coopération entre les acteurs qui produisent ainsi un contenu, réalisent un objectif ou plus simplement modifient et adaptent leur comportement. L'interaction est un processus complexe nécessitant des moyens adaptés à la fois pour la phase de conception, mais aussi pour la garantie de la qualité de l'exécution. Ainsi, concevoir une scénarisation de qualité pour une expérience interactive peut soulever un certain nombre de défis. D'une part, il est parfois difficile de produire une arborescence de cas suffisamment riche pour offrir à l'utilisateur une sensation de liberté dans ses choix d'interaction. D'autre part, une trop grande liberté de l'utilisateur dans une arborescence importante réduit la capacité du concepteur à analyser la qualité de chacune des exécutions possibles. Il est également nécessaire de mettre en place une mécanique adaptative permettant de recalculer le scénario dynamiquement en fonction de l'utilisateur, de ses comportements ou du contexte spécifique de l'interaction. Un tel bouclage de pertinence nécessite de mettre en oeuvre une mécanique d'analyse et d'apprentissage permettant d'intégrer dans le modèle des éléments issus d'un apprentissage réalisé au travers de toutes les interactions passées avec les autres utilisateurs. Dans cette dynamique, cette thèse a pour objectif de proposer une architecture répondant aux problématiques de conception, de supervision, de pilotage et d'adaptation d'une expérience interactive. Nous proposons donc un framework complet destiné à faciliter la phase de modélisation d'un système interactif et garantissant une souplesse suffisante pour atteindre les objectifs de complexité, d'extensibilité, d'adaptabilité et d'amélioration par apprentissage automatique. Il s'agit ici de prendre en compte les dimensions de l'interaction (le temps, l'interaction et le contenu) en utilisant un modèle formel capable de construire dynamiquement l'arborescence du scénario à partir de la description des agents, de leurs comportements et des contextes de leur exécution. Dans ces travaux de recherche, nous proposons un modèle formel, CIT, basé sur deux couches de description. Le processus de supervision dynamique consiste à contrôler l'expérience interactive au regard du modèle formel, basé sur des réseaux d'automates temporisés à entrées/sorties. L'un des avantages de ce modèle est qu'il permet de produire, après exécution, une trace complète de l'expérience de chaque utilisateur, modélisée sous la forme d'un automat temporisé. L'analyse de cette information permet d'introduire un processus d'apprentissage automatique pour la modification et la re-scénarisation dynamique de l'expérience interactive au cours de son exécution, par bouclage de pertinence. Nous appliquons pour cela un algorithme d'apprentissage par renforcement : le Q-Learning. Celui-ci permet, à travers l'utilisation de la Q-valeur, d'adapter certains paramètres contrôlant l'exécution de l'activité. Deux plateformes logicielles, CELTIC (Common Editor for Location Time Interaction and Content) et EDAIN (Execution Driver based on Artificial INtelligence), implémentant respectivement le modèle CIT et le moteur de supervision de l'activité ont été développés au cours de cette thèse.
Adaptive content management : proposal of a generic framework through learning and dynamic rewriting VII Abstract
Human Robot Interaction (HRI) is a field of research that has been particularly explored in recent years. Interactivity is present in all forms of communication and computerized exchange where the conduct and progress of the situation are linked to processes, feedback, collaboration and cooperation between actors who thus produce content, achieve an objective or simply modify and adapt their behaviour. Interaction is a complex process requiring appropriate resources both for the design phase and for ensuring the quality of execution. Thus, designing a quality script for an interactive experience can raise some challenges. On the one hand, it is sometimes complex to produce a case tree rich enough to offer the user a feeling of freedom in his interaction choices. On the other hand, too much user freedom in a large tree structure reduces the designer's ability to analyze the quality of each of the possible executions. It is also necessary to offer the possibility of setting up an adaptive mechanism to recompute the scenario dynamically according to the user, his behaviours or the specific context of the interaction. Such a relevance feedback requires the implementation of an analysis and learning mechanism to integrate into the model elements resulting from learning achieved through all past interactions with other users. In this dynamic, this thesis aims to propose an architecture that responds to the issues of design, supervision, management and adaptation of an interactive experience. We therefore propose a complete framework to facilitate the modeling phase of an interactive system and guarantee sufficient flexibility to achieve the objectives of complexity, scalability, adaptability and improvement through automatic learning. The aim here is to take into account the dimensions of interaction (time, interaction and content) by using a formal model capable of dynamically constructing the scenario tree structure from the description of agents, their behaviours and the contexts of their execution. In this research work, we propose a formal model, CIT, based on two description layers. The dynamic supervision process consists in controlling the interactive experience with respect to regard to the formal model, based on networks of timed input/output automata. One of the advantages of this model is that it allows to produce, after execution a complete trace of each user's experience, modelled in the form of a timed automata. The analysis of this information makes it possible to introduce an automatic learning process for the dynamic modification and re-scripting of the interactive experience during its execution, by relevance feedback. To do this, we apply a reinforcement learning algorithm : the Q-Learning. It allows, through the use of the Q-value, to adapt certain parameters controlling the execution of the activity. Two software platforms, CELTIC (Common Editor for Location Time Interaction and Content) and EDAIN (Execution Driver based on Artificial INtelligence), implementing the CIT model and the activity supervision engine respectively, were developed during this thesis.
IX Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier mes deux encadrants, Armelle PRIGENT et Arnaud REVEL qui m'ont tant aidé pendant ces années et sans qui rien n'aurait été possible. Toujours à l'écoute et présents, j'ai effectué ma thèse dans de très bonnes conditions grâce à vous. J'ai été très touché par les mots que vous avez pu m'adresser à la fin de ma soutenance. J'ai, moi aussi, pris un grand plaisir à travailler avec vous pendant des années. J'espère pouvoir continuer à le faire dans le futur. Enfin, merci à vous deux également de m'avoir confié vos étudiants dès les premiers jours. J'ai pu découvrir un domaine qui me passionne et pour lequel j'ai un grand plaisir à me lever chaque matin. Je remercie bien évidemment les membres de mon jury qui ont accepté d'évaluer mes travaux, dans le contexte bien particulier des mouvements sociaux que la France connaît au moment où j'écris ces dernières lignes : Philippe GAUSSIER et Éric GRESSIER, en tant que rapporteurs. Merci pour votre travail de lecture et d'évaluation minutieuse de mes travaux. Merci à Catherine PELACHAUD, Jeanne LALLEMENT et Cyril FAUCHER pour avoir accepté d'être examinateurs lors de ma soutenance. Merci pour vos commentaires et remarques qui m'aideront à mener à bien mes futurs travaux de recherche. Merci également à Élise PATOLE-EDOUMBA pour votre analyse et pour avoir accepté de m'
accueil
lir au sein du Muséum
de
La Rochelle
pour effectuer mes expérimentations, créées conjointement avec vos équipes
. En
fin
,
un grand merci
à Jean-Loup GUILLA
UME d'avoir accepté d'intégrer au pied levé mon jury en qualité de président, sans qui ma soutenance
n'aurait pas été possible. Je remercie également
la région Nouvelle Aquitaine pour le
financement de mes trav
aux
de recherche.
Cette aventure
n
'aurait
jamais vu le jour sans le stage que j'ai effectué au L3i à la fin de mon master. Merci à Michel et Bruno
de m'avoir donné le goût de la recherche et de m'avoir recommandé
à
Ar
naud et
Armelle. Cette même aventure n'aurait pas eu la même saveur sans les membres de l'openspace 123. Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas mieux. Marcela, Imen, Chloé et Sovan, nous avons beaucoup rigolé, travaillé et échangé sur nos vies de jeunes chercheurs et de jeunes enseignants. Merci à vous pour ces excellents moments passés à vos côtés. Merci à Iuliia, nouvellement nommée MCF à Lyon, qui me fait visiter la planète pour nos vacances. A très vite pour le prochain voyage. Le dernier arrivé, Jordan, qui est, sans nul doute, la personne la plus patiente et gentille que je connaisse. Merci à toi pour ces (très) longues discussions, qui m'ont permis de souffler ces derniers mois, pendant la rédaction et la préparation de la soutenance. Mais tu ne vas pas te débarrasser de moi aussi vite, je te rassure. Un grand merci à ma famille et plus particulièrement à ma maman et mon frère. Ces derniers mois de thèse nous ont un peu éloigné à cause de la charge de travail, mais dès ce soir, vous allez m'avoir sur le dos. Merci à vous d'être toujours présent quand j'en ai eu besoin. Je remercie le L3i de m'avoir accueilli et donné les moyens de mener à bien cette thèse et de manière générale l'ensemble des membres du laboratoire et des départements informatique de la Fac de Sciences et de l'IUT, permanents ou non. Merci pour tous ces échanges et pour ces moments passés ensembles, scientifiques ou non. Un merci particulier à Elodie, Christophe, Clément et les plus jeunes Timothée, Valentin, Florian, Julien, Lionel et tous les autres. Je m'excuse si j'en oublie. Merci à tous les doctorants des autres laboratoires, que j'ai pu connaître grâ aux soirées de l'ADocs. Alors je sais, vous cherchez vos noms depuis le début, c'est le moment. Je termine donc par ma fine équipe, qui m'a tant fait rire. Erlandri, Kathy, Muzzamil, Benjamin et même Dom et ses blagues qui vont (peut-être) me manquer. J'espère ne jamais vous perdre de vue, parce que j'ai découvert de très belles personnes, à l'écoute et toujours présentent dans les bons comme les mauvais moments. J'ai passé d'excellents moments à vos côtés ainsi qu'avec Geneviève et Julie. C'est ainsi que la phase de rédaction se termine et que je m'apprête à entamer ma nouvelle vie de docteur.
Table des matières 1 Introduction 1.1 Nouveaux modèles de médiation des musées. 4 Sémantique dynamique et vérification du modèle CIT
4.1 Sémantique dynamique du modèle.................. 4.1.1 Sémantique dynamique des automates temporisés...... 4.1.2 Sémantique dynamique du modèle CIT............ 4.2 Vérification formelle des automates temporisés........... 4.2.1 Logique temporelle....................... 4.2.2 L'outil UPPAAL........................ 4.2.2.1 Modélisation..................... 4.2.2.2 Expression des propriétés.............. 4.2.2.3 Vérification et algorithme d'analyse d'accessibilité 4.3 Extension du model-checking pour le modèle CIT.......... 4.3.1 Conversion des variables du modèle CIT........... 4.3.2 Conversion des contextes du modèle CIT........... 4.3.3 Conversion du graphe de contexte du modèle CIT...... 4.4 Conclusion..... 77 78 78 78 80 81 83 83 84 85 85 86 86 88 92 5 Apprentissage automatique au cours de l'interaction 93
5.1 Systèmes adaptatifs............................... 94 5.1.1 Apprentissage par renforcement.................... 95 5.1.2 Adaptation des comportements robotiques.............. 97
TABLE DES MATIÈRES
5.2 5.3 III 3 Approche proposée.............
5.2.1 Principe............... 5.2.2 Modification dynamique du
m
odèle
Conclusion.......................................................................................... 6 Mise en
oeuvre
de l'architecture
6.1 CELTIC............. 6.1.1 Base de données.... 6.1.2 Éditeur de CELTIC.. 6.1.3 Générateur d'automates 6.2 EDAIN
............. 6.3 Conclusion............ 98 98 100 102 103 CIT.................................................................. 7 Expérimentations face au public et résultats
7.1 Muséum d'Histoire Naturelle de La Rochelle......... 7.1.1 Présentation du scénario................ 7.1.2 Limites de l'expérimentation............. 7.2 Musée Sainte-Croix de Poitiers................ 7.2.1 Visite patrimoine.................... 7.2.2 Lancement du jeu : premières interactions avec Nao. 7.2.3 Monster party...................... 7.2.4 Fin du jeu : dernières interactions avec Nao..... 7.2.5 Résultats........................ 7.3 Analyse des logs........................ 7.3.1 Muséum d'Histoire Naturelle............. 7.3.2 Musée Sainte Croix de Poitiers............ 7.3.3 Optimisation des paramètres.....
........ 7.4 Conclusion............................ 8 Conclusion et perspectives
8.1 Rappel des problématiques adressées 8.2 Contributions............. 8.3 Limites................ 8.4 Perspectives.............. et.................... supervision................................................................................................................................ TABLE DES MATIÈRES
Table des figures 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9 2.10 2.11 2.12 2.13 2.14 2.15 2.16 2.17 2.18 2.19
2.20
2.21
Évolution de la prédiction du marché 2025 de la robotique en 2014 et 2017. A gauche : Place de la culture chez les jeunes. A droite : Fréquence des visites de musée chez les jeunes. Expériences avec des robots dans les musées. Robot Nao au musée Sainte Croix de Poitiers. Affiche de la première expérimentation. Exemple d'architecture sous RobotML. Machine à état comportementale du composant Localization. Environnement de modélisation de RobotML. Exemple du module ChemicalDetector modélisé sous RobotChart issu de [MRL+ 16]. Exemple du contrôleur light sous RobotChart issu de [MRL+ 16]. Étapes de conception de la méthode proposée dans [BBD+ 12]. Exemple de réseau de Petri à 3 places et 2 transitions. A gauche, le réseau avant l'exécution de T0 et T1. A droite, le réseau après l'exécution de T0 et T1. Exemple de modélisation d'une quête du jeu The Legend of Zelda issu de [DOJSP11]. Modélisation d'un niveau du jeu Silent Hill II. Exemple (non complet) de modélisation de l'espace de jeu avec conditions, du jeu Silent Hill II issu de [BJ14]. Exemple de modélisation de l'environnement issu de [CL12]. Exemple d'automates temporisés communicants. Modèle à trois couches de [Rem13]. Exemple de situation mettant en relation les actants "Cavalier" et "Cheval" Représentation sous forme d'automate de la situation Ballade. Exemple d'une séquence de jalons. Architecture de l'approche de [WLG+ 14]. Conception d'un système robot
issu de [WGS+ 18]. Comparaison des approches de modélisation. Architecture d'un composant GenoM3 [Fou18]. Architecture LAAS issu de [Clo07]. 5
14 15 16 17 17 28 28 29 30 30 31 33 35 36 37 38 41 41 42 43 43 44 45 47 49 51 6
TABLE DES FIGURES 2.22 Exemple de composant BIP et de sa spécification textuelle issu de [BBS06] 51 2.23 Architecture réseau typique de ROS [QCPG+ 09]. 52 2.24 Exemple de séquence Choregraphe. 53
3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9 3.10 Principe de création des comportements, patterns et agents Principe de création des contextes et du graphe de contexte Représentation du comportement parler. CIT : Modèle à deux couches
. 4.7 4.8 Automate temporisé du contexte Promenade et un exemple d'exécution. Représentation des propriétés TCTL.....................
Représentation du PN temporisé sous Uppaal................ Représentation de l'automate observateur pour les propriétés de vivacité. Résultats des analyses d'accessibilité, de sûreté et de vivacité sur l'exemple du PN....................................... Exemple de conversion d'une variable de type string dans le modèle UPPAAL....................................... Contexte "Accueil" dans notre modèle (en haut) et sous UPPAAL (en bas) Conversion du graphe de contexte présenté en figure 3.10 sous UPPAAL. Automate temporisé représentant une interaction verbale.. Formalisation du problème d'apprentissage par renforcement Principe général des approches adaptatives.......... Principe général d'adaptation du modèle CIT........ Application du Q-Learning sur une interaction simple... |Q|.............. ........... Allure de |Q|+........................ ........................ 94 95 98 99 100 101 Architecture de l'éditeur et du générateur de CELTIC.... Base de données utilisée lors des expériences.......... Vue globale des éléments de la couche déclarative....... Vue d'édition d'un agent..................... Vue d'édition d'un comportement au sein d'un agent..... Vue d'édition du graphe de contexte.............. XML de supervision du contexte Accueil décrit au chapitre 3 Interface du superviseur EDAIN................. 15 1.1.2 Apprendre par le jeu........................ 16 1.2 Problématiques scientifiques.................... 17 1.3 Contributions............................. 19 1.4 Organisation de la thèse...................... 20
L'Histoire nous montre à quel point les évolutions et les branches de la robotique peuvent être nombreuses. Elles couvrent aujourd'hui de très nombreux domaines d'application à tel point que [Wa17] montre que le marché de la robotique croit encore plus rapidement que prévu (figure 1.1). Ainsi, si les prédictions se confirment, ce marché va exploser dans les années à venir, notamment pour les particuliers. La tâche première d'un robot consiste à suppléer l'Homme pour des activités ingrates, répétitives ou irréalisables. Le mot robot vient d'ailleurs de robota en tchèque, signifiant travail, besogne ou corvée. Si ce rôle est toujours d'actualité pour les robots militaires (ex : Syrano), médicaux (ex : CyberKnife) ou industriels (ex : Isybot de la SNCF), elle ne l'est plus dans de nombreux domaines, comme l'éducation (ex : Lego Mindstorms), les loisirs (ex : Robosapien) ou encore la recherche (ex : Nao). Ainsi, les robots représentent un support considérable pour la réalisation d'expériences ludiques et pédagogiques. De plus en plus d'activités culturelles sont d'ailleurs proposées au travers des nouveaux supports technologiques pour prendre en compte les attentes de la nouvelle génération : la génération Z. 13
14 Figure 1.1 – Évolution de la prédiction du marché 2025 de la robotique en 2014 et 2017. Qu'est-ce que la génération Z? Succédant aux digital natives, baptisée ainsi par Prensky [Pre01] (20-35 ans), la génération Z (moins de 20 ans), représente la population dont la caractéristique principale est d'être née dans un monde du "tout numérique", de l'Internet et des réseaux sociaux. Les pratiques culturelles chez ces jeunes sont connues pour être éloignées de celles que peuvent avoir leurs aînés, du fait de la généralisation des technologies numériques rendant l'accès à l'information et à la culture facilité et ce, à tout instant de la journée, sans contrainte de grille horaire ou de programmation. Les moins de 30 ans sont ainsi 82% à déclarer que la culture représente une place importante dans leur vie 1 (Figure 1.2 à gauche), mais sont paradoxalement 77% à déclarer aller seulement de 1 à 2 fois ou moins par an dans les musées 1 (Figure 1.2 à droite). Ces chiffres rejoignent ceux du ministère de la culture [Ben07] qui, dès 2007, affichaient une baisse des visites de musée et d'exposition pour les jeunes de 15-24 ans, tout en montrant une hausse pour les 25-34 ans. Si les domaines du tourisme et du commerce ont su s'adapter à cette génération Z, aux digital natives et aux nouveaux modes de consommation qu'elle impose (nouvelles technologies, adaptation des offres aux visiteurs/clients, promotion et vente en ligne, big data [JCC18]), les lieux de culture admettent un certain retard, qu'ils tentent de corriger, pour attirer à nouveau les jeunes à venir découvrir le patrimoine qu'ils présentent.
1. D'après l'étude opinionway de 2016 pour Agefa PME, réalisée sur 807 jeunes de moins de 30 ans, Les jeunes et la culture, https://www.opinion-way.com/fr/sondage-d-opinion
1.1. NOUVEAUX MODÈLES DE MÉDIATION DES MUSÉES
Pas importante du tout Très importante Peu importante 2.0%15.0% 1.0% 29.0% 15 Tous les jours De 1 à 2 fois par an NSP 19.0% 2.0% 11.0% 1.0% 9.0% NSP De 3 à 6 fois par an 53.0% 58.0% Moins souvent De 6 à 12 fois par an
Figure 1.2 – A gauche : Place de la culture chez les jeunes. A droite : Fréquence des visites de musée chez les jeunes
Pour s'adapter à ce nouveau public du "tout numérique", les lieux de culture opèrent une modification dans la façon de transmettre le savoir, pour s'éloigner d'une approche unilatérale et verticale. 1.1 Nouveaux modèles de médiation des musées
Dans cette optique, les institutions culturelles s'emparent de plus en plus des nouvelles technologies qu'elles proposent au public afin de faire évoluer leur expérience de visite. C'est bien ce que souligne Philippe Chantepie [Oct09] : "les instances de transmission culturelle [] sont appelées à revisiter leur modèle de médiation pour l'adapter aux jeunes générations". 1.1.1 La technologie au service de la médiation muséale
Les audio-guides interactifs et personnalisés se répandent dans les musées et permettent au visiteur de bénéficier davantage d'informations concernant le patrimoine qu'il visite. Les dispositifs de médiation immersifs avec réalité augmentée [MMT+ 08], 3D et hologrammes font vivre des expériences riches et innovantes aux visiteurs et sont de plus en plus intégrés dans les musées (British Museum, musée d'art moderne de New York et plus modestement le musée Sainte-Croix de Poitiers). Récemment, les robots ont aussi intégrés des oeuvres artistiques [ABG14], [LRO13] dans le cadre de projets transdisciplinaires entre artistes et scientifiques. De même, les robots investissent aujourd'hui les musées et les lieux de culture pour constituer une alternative aux dispositifs numériques de diffusion d'information ou de création d'engagement auprès des visiteurs. C'est ainsi que les robots ont fait leur entrée dans ce type
16 Figure 1.3 – Expériences avec des robots dans les musées de lieux pour la réception (robot Inkha du King's College de Londres par exemple, figure 1.3(b)) et l'orientation des visiteurs.
Depuis 2014, au musée national des sciences émergentes et de l'innovation de Tokyo, deux robots sont en charge d'accueillir les visiteurs et peuvent également leur donner les dernières nouvelles. Lors de l'exposition Eppur Si Muove du musée d'art moderne du Luxembourg, un robot humanoïde Nao couplé à une base mobile (Figure 1.3(a)) est une oeuvre à lui seul mais guide aussi les visiteurs en leur présentant les différentes oeuvres exposées. En France, dans le cadre d'un projet sur l'esthétisme artificiel, le robot Berenson (Figure 1.3(c)) a été déployé au musée du Quai Branly à Paris. Ce robot se comporte comme un critique d'art et exprime une émotion lorsqu'il voit une oeuvre. Son opinion évolue en fonction de ce qu'il perçoit du ressenti des visiteurs du musée [BGAH14]. Dans une autre dynamique, les robots peuvent répondre à la problématique de certains musées, qui en raison de leur architecture, ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Afin de rendre cet accès possible à tous, le musée du château d'Oiron a déployé, au premier étage du musée, un robot qui peut être contrôlé à distance par un joystick depuis le rez-de-chaussée, ce qui permet aux personnes handicapées de découvrir les oeuvres qui leurs étaient jusqu'ici inaccessibles. Ce robot s'appelle Norio (Figure 1.3 (d)) et est en fonctionnement dans le musée depuis novembre 2014. 1.1.2 Apprendre par le jeu
Les musées cherchent en permanence de nouvelles façons d'augmenter le nombre de visiteurs et de leur permettre de découvrir les artefacts dans l'espace d'exposition tout en acquérant de nouvelles connaissances. Depuis plusieurs années, le serious game ou jeu sérieux a démontré qu'il peut aider les utilisateurs à améliorer leur compréhension d'un sujet [SF08, Die11]. Ainsi, de nombreux sites culturels ont été équipés de fonctionnalités 1.2.
PROBLÉMATIQUES
S
CIENTIFIQUES 17
amusantes (jeux sur tablettes [CMN13] ou des solutions d'immersion virtuelle [CB10]) qui permettent aux visiteurs d'acquérir de nouvelles connaissances sur les collections ou les oeuvres d'art d'une autre manière. A partir de ce constat et dans le cadre d'un projet collaboratif faisant intervenir quatre chercheurs en sciences du numérique (L3i - Laboratoire Informatique, Image et Interaction), et trois en sciences de gestion et économie numérique (CEREGE - CEntre de REcherche en GEstion), nous avons intégré dans les musées des robots humanoïdes Nao avec lesquels était proposé un jeu sérieux. Ce jeu sérieux permettait de faire découvrir aux visiteurs, d'une manière intéressante et ludique, une partie des collections. Nao dispose d'un ensemble de capteurs (par exemple une caméra, un sonar et des capteurs tactiles) qui lui permettent de percevoir l'environnement dans lequel il évolue. Equipé de microphones, Figure 1.4 – Robot Nao de haut-parleurs et des modules logiciels de synthèse et reau musée Sainte Croix de connaissance vocale, il est capable d'interagir oralement avec Poitiers une personne. L'activité, quant à elle, consistait en un jeu de piste dirigé par le robot qui posait des questions aux joueurs. Ces derniers partaient dans le musée à la recherche de la réponse et naient vers Nao pour lui répondre. Ce projet portait un certain nombre d'objectifs : 1. Déterminer l'impact de l'intégration d'un robot dans un lieu culturel ; 2. Identifier les attitudes et comportements des visiteurs dans ces lieux face aux robots ; 3. Proposer un nouvel outil de médiation culturelle ; 4. Examiner les retombés, en terme de flux de visite et de revenus. 1.2 Figure 1.5 – Affiche de la première expérimentation
Ainsi, un premier prototype de jeu sérieux a été développé en juin 2016. A travers une expérimentation, réalisée au Muséum d'Histoire Naturelle de La Rochelle, ce prototype a permis de valider les capacités d'interactions du robot envers les visiteurs. Développé en collaboration avec le Muséum, le scénario consistait en un ensemble d'interactions visant à mener les visiteurs dans un parcours progressif dans le musée. Ces interactions ont notamment été produites au travers de l'outil propriétaire de la société Aldebaran (Choregraphe). Si les résultats de ces trois jours d'expérimentation se sont 18 avérés positifs, la méthode de modélisation a montré ses limites. La complexité de modification de l'ordonnancement des actions et de modification des dialogues du robot ont fait apparaître le besoin de disposer d'un outil de scénarisation de plus haut niveau. Ce projet interdisciplinaire nous a donc amené à nous interroger, pour la partie sciences du numérique, sur les approches de conception d'expériences interactives et leur analyse.
A : Problématiques liées à la scénarisation
Ê Les premières réflexions ont porté sur l'extensibilité d'un tel jeu. En effet, l'ajout ou la modification de contenus proposés dans le jeu peut s'avérer difficile de même que le déploiement pour d'autres musées. Disposer d'un outil de modélisation simplifiant la représentation et permettant une gestion externalisée des contenus est donc primordial pour faciliter l'extension de jeux. Ë Le second objectif d'un tel outil est de faciliter la reproductibilité d'un scénario pour d'autres lieux. L'objectif ici est de pouvoir disposer d'un ensemble d'éléments réutilisables lors de prochaines modélisations afin de faciliter le travail du concepteur. Il 'agit donc ici d'avoir une vision modulaire de la conception. Ì Enfin, la gestion du temps dans les interactions, notamment homme-robot, est importante pour garantir une haute qualité de l'expérience. Il est en effet nécessaire de pouvoir gérer la dynamique de l'exécution en contraignant le temps alloué aux comportements ou aux attentes du robot. La plateforme de modélisation doit donc permettre de gérer le temps et disposer d'algorithmes de model-cheking et de time-checking, afin de vérifier la cohérence temporelle du scénario. Ces trois problématiques nous amènent à nous interroger sur la gestion des contenus (comment les représenter, les stocker, les adapter), à l'interaction elle même (comment représenter une interaction entre l'homme et la machine) et au temps nécessaire pour la réaliser ou pour réaliser un ensemble d'interactions. 1.3 Contributions
L'interaction humain-robot (HRI : Human Robot Interaction) est un domaine de recherche particulièrement exploré ces dernières années. Certaines problématiques sont communes avec le domaine de recherche de l'interaction, d'autres sont particulières à la plateforme robotique. L'interactivité est présente dans toutes les formes de communication et d'échange informatisé où la conduite et le déroulement de la situation sont liées à des processus, de rétroaction, de collaboration, de coopération entre les acteurs qui produisent ainsi un contenu, réalisent un objectif, ou plus simplement modifient et adaptent leur comportement. Un tel processus nécessite des moyens adaptés à la fois pour la phase de conception, mais aussi pour garantir la qualité de l'exécution. Ainsi, concevoir une scénarisation de qualité pour une expérience interactive peut soulever un certain nombre de défis. D'une part, il est parfois complexe de produire une arborescence de cas suffisamment riche pour offrir à l'utilisateur une sensation de liberté dans ses choix d'interaction. De la même manière, une trop grande liberté de l'utilisateur dans une arborescence importante réduit la capacité du concepteur à analyser la qualité de chacune des exécutions possibles. De plus, peu de modèles offrent aujourd'hui la possibilité de mettre en place une mécanique adaptative permettant de recalculer le scénario dynamiquement en fonction de l'utilisateur, de ses comportements ou du contexte spécifique de l'interaction. Enfin, un processus d'amélioration continue nécessite d'intégrer une mécanique d'analyse et d'apprentissage permettant d'intégrer dans le modèle des éléments issus d'un apprentissage réalisé au travers de toutes les interactions passées avec les autres utilisateurs. [Cav17] identifie de manière tout à fait juste les challenges de la modélisation pour la robotique et souligne la nécessité de disposer de odèles sémantiques formels riches. Ces derniers doivent permettre de disposer d'outils de vérification afin d'éviter toute erreur pouvant s'avérer critique. Ceci est d'autant plus vrai depuis la mise à disposition au grand public de robots, qui ne sont alors plus manipulés par des experts dans des conditions optimales. Les modèles doivent également proposer une abstraction suffisante pour que 20 les experts disposent d'un environnement de conception efficace. C'est dans cette dynamique que nous proposons un framework dédié complet destiné à faciliter la phase de modélisation d'un système interactif et garantissant une souplesse suffisante pour atteindre les objectifs de complexité, d'extensibilité, d'adaptabilité et d'amélioration par apprentissage automatique cités précédemment dans les problématiques scientifiques. 1.4 Ce manuscrit de thèse est divisé en trois parties. La première partie présente un état de l'art, qui portera, d'une part, sur les méthodes de modélisation formelle de la scénarisation et leur supervision et d'autre part, sur les méthodes permettant d'adapter l'activité au comportement de l'utilisateur final. Nous montrerons ici les enjeux et problématiques de la scénarisation d'expériences interactives, prenant en compte la dimension temporelle. La deuxième partie de ce manuscrit est dédiée à la présentation de notre modèle CIT (Contenus, Interactions, Temps). Ce modèle, divisé en deux couches, permet une modélisation simplifiée de scénario interactifs, en prenant en compte l'ensemble des dimensions de l'interaction. Grâce à une représentation modulaire des différents éléments
1.4. ORGANISATION DE LA THÈSE 21
constituant le scénario (agents et leurs comportements, regroupés en contextes d'exécutions), une représentation arborescente est construite, à base de réseaux d'automates temporisés à entrées/sorties. Nous présenterons ensuite, comment, à partir de cette représentation, nous supervisons l'activité, lors de l'exécution du scénario. Nous détaillerons ainsi la sémantique dynamique utilisée ainsi que l'architecture que nous proposons. Cette deuxième partie traite également des problématiques d'adaptation du scénario au cours de l'interaction. Nous présentons ainsi, notre architecture, qui par bouclage de pertinence, modifie dynamiquement le scénario, afin de prendre en compte le comportement réel de l'utilisateur final. La troisième et dernière partie est consacrée à la présentation des différentes plateformes logicielles implémentées pour valider ces travaux de recherche. CELTIC, est l'éditeur et le générateur de scénarios et implémente l'architecture CIT de notre m . La seconde plateforme, EDAIN, est notre outil de supervision d'activité. Elle est en charge de l'exécution du scénario, conçu au travers de CELTIC. Nous présenterons enfin les différentes expérimentations publiques que nous avons réalisées au cours de cette thèse ainsi que les résultats que nous avons obtenus. Enfin, nous terminerons ce document par présenter un bilan de nos recherches qui ouvrent vers un certain nombre de perspectives.
Etat Chapitre 2 Approches existantes pour la modélisation et la supervision des systèmes
Somm
aire
2.1 2.2 Approches semi-formelles - UML................. 27
2.1.1 Avant propos............................ 27 2.1.2 RobotML.............................. 27 2.1.3 RobotChart............................. 29 2.1.4 Autre approche........................... 31 Approches formelles......................... 32 2.2.1 2.2.2 Approches basées sur les réseaux de Petri............ 32 2.2.1.1 Avant propos....................... 32 2.2.1.2 Approches appliquées aux jeux............. 34 2.2.1.3 Approches appliquées à la robotique.......... 37 2.2.1.4 Analyse globale des approches à base de réseau de Petri 39 Approches basées sur les réseaux d'automates.......... 39 2.2.2.1 Avant propos....................... 39 2.2.2.2 Approches appliquées aux jeux.
2.2.2.3 Approches appliquées à la robotique.......... 44 2.2.2.4 Analyse globale des approches à base de réseau d'automates..........................
47
2.3 Comparaison des approches de modélisation..........
47 2.4
Supervision
et
pilotage d
'
applications robotiques....... 49 2.4.1 GenoM................................ 49 2.4.2 BIP : Behavior Interaction Priorities............... 50 2.4.3 ROS : Robot Operating System.................. CHAPITRE 2. APPROCHES EXISTANTES 2.4.4 Choregraphe. 53 2.5 Conclusion. 54
Comme nous l'avons évoqué dans l'introduction générale de ce document, la conception et la supervision de l'interaction homme-robot sont des processus complexes qui nécessitent la mise en oeuvre de modélisations offrant le potentiel nécessaire pour la prise en compte de cette complexité. De nombreuses recherches sur le sujet ont été menées et au delà de la seule problématique de l'interaction dans le contexte de la robotique, des travaux proposent des modélisations pour l'interaction au sens large dans d'autres contextes, comme par exemple celui des jeux. Les dimensions liées à l'interaction, les contenus, le temps et l'espace lèvent également des interrogations qui peuvent être communes avec le domaine de la robotique. En effet, un concepteur de jeu peut vouloir imposer qu'un niveau du jeu s'effectue dans un laps de temps et un lieu donné, comme il peut être nécessaire de concevoir un scénario robotique contraint sur la vitesse et les déplacements du robot. Dans le domaine de la conception d'un système robotique complexe et comme le souligne McGanne dans [MRO09], une approche monolithique peut difficilement être utilisée. La nécessité de diviser le modèle se fait alors ressentir. Les approches réductionnistes (également dites par composants) sont alors pertinentes et adaptées à cette problématique. [SGM02] propose ainsi la définition suivante : A software component is a unit of composition with contractually specified interfaces and explicit context dependencies only. A software component can be developed independently and is subject to composition by third parties. L'avantage majeur des approches par composants est la réutilisation. En effet, l'exécution d'un même composant peut se produire à différentes étapes de l'utilisation d'un logiciel mais dans des context particuliers. De même, la division par composants peut avoir des répercutions sur les coûts de production et sur les délais de mise sur le marché. Notre état de l'art sur la modélisation de jeux et de plateforme robotique s'est donc orienté sur ces approches et principalement sur des méthodes graphiques. En effet, l'un des enjeux de cette thèse est de proposer une modélisation dont la lecture et la compréhension sont facilitées. Nous nous intéressons donc, dans ce chapitre, à deux types de modélisation, très étudiées dans la littérature [KSB16, LFD+ 18] : • les méthodes semi-formelles avec en particulier UML (qui s'est imposé comme un standard dans la modélisation de systèmes complexes). 2.1 2.1.1 Approches semi-formelles - UML Avant propos
Actuellement en version 2.5 et reconnu comme langage de référence pour la modélisation, l'UML (Unified Modeling Language) [Gro99] a pour objectif de fournir, aux concepteurs de systèmes informatiques, des outils d'analyse, de conception et de mise en oeuvre. UML propose une représentation graphique des systèmes à base de diagrammes (de classes, de séquences, d'activités), facilitant leur lecture et leur compréhension. Du fait de sa standardisation, UML a été utilisé pour la conception d'activités robotiques, notamment sur deux plateformes, RobotML : Robotic Modeling Language et RobotChart, mais également pour des robots chirurgicaux. 2.1.2 RobotML
Dans le cadre du projet de recherche français PROTEUS (Plate forme pour la Robotique Organisant les Transferts Entre Utilisateurs et Scientifiques), le langage de modélisation RobotML a été conçu pour faciliter la conception, la simulation et le déploiement d'applications robotiques [DKS+ 12]. Certaines approches étant dépendantes de la plateforme robotique, l'objectif principal de RobotML est de séparer le modèle de l'architecture robotique cible. Ainsi, un même modèle peut être déployé sur plusieurs plateformes cibles. RobotML s'appuie sur des profils UML et des machines à états ; Il est structuré autour de quatre packages, que nous allons détailler autour de l'exemple proposé dans [DKS+ 12] (figure 2.1). Dans cet exemple, les auteurs désirent modéliser le comportement d'un robot taxi autonome en milieu urbain. Le package architecture fournit des concepts permettant la modélisation des composants logiciels et matériels. Dans cet exemple, quatre composants ont été créés (en vert sur la figure 2.1) : • trajectoryPlanning : gère la trajectoire à suivre pour arriver à la cible à partir de la position courante ; • obstacleDetectionSystem : observe l'environnement du robot pour détecter les obstacles ;
28 Figure 2.1 – Exemple d'architecture sous RobotML
• localization : calcule la position courante du robot et détermine le décalage du robot par rapport à la trajectoire désirée ; • control : agrège les données reçues des différents composants pour commander les actionneurs.
| 9,307
|
18/hal.inrae.fr-hal-02794403-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 1,582
| 2,522
|
Olinia ventosa est un petit arbre à feuilles opposées décussées cuticulées poussant en Afrique du sud. Il peut prendre une forme buissonnante mais peut aussi avoir une forme autoportante. Son mode de développement général est principalement monopodique, mais l'observation minutieuse de plusieurs de ses rameaux nous a permis de mettre en évidence deux types de développement : un développement plutôt monopodique sur les premières unités de croissance, puis un développement sympodique par la mise en place de relais sur les dernières unités. Cet arbre est composé d'un axe principal orthotrope autour duquel s'insèrent de nombreuses ramifications semi-orthotropes (Fig.1). À première vue l'observation de plusieurs rameaux révèle une croissance diffuse à tendance acrotone des relais mis en place par les bourgeons axillaires. Par ailleurs, les arrêts de croissance étant difficiles à observer, l'observation des unités de croissance les plus récentes nous laisse penser qu'on a une ramification de type différée.En effet, on à des branches antérieures à pousse de l'année qui se ramifient en même temps que les pousses de l'apex. Les rameaux ont tendance à s'affaisser, donc les feuilles anciennes (feuillage persistant) se retrouvent au sommet ce qui permet d'avoir une surface assimilatrice (activité photosynthétique) importante (Fig.2). On observe également de nombreux rejets au pied de l'arbre et des réitérâts sur les axes principaux. L'observation d'un réitérât total sur un des axes nous a permis d'avoir une vue d'ensemble du mode architecturale de cette espèce (Fig.3). De plus on observe la présence de nombreuses inflorescences et fruit en bout de rameau, ce qui peut nous aider à supposer la spécialisation de certains axes.
Fig 2 Fig.3. Schéma de l'architecture globale d'un réitérât total de Olinia ventosa 2
Caractérisation morphologique et anatomique des 2 catégories d'axes retenues
Nous avons choisi de nommer A et b les 2 axes retenus pour notre étude : L'axe A (Fig 4) présente un bourgeon terminal protégeant un méristème à fonctionnement défini d' ou un développement monopodique. Ce méristème met en place des bourgeons axillaires et sub terminaux présentant des comportements différents. Soit le bourgeon apical est le seul qui se développe sur l'ensemble du rameau, soit on a la mise en place de ramifications ou un développement en inflorescence de bourgeons axillaires de façon diffuse (sauf les bourgeons sub latéraux qui ne sont pas concernés) sur le rameau. Les 2 axes ont un diamètre différent, ceci étant représentatif d'une croissance secondaire différents au niveau des deux catégories d'axes. Nous avons chercher à donner des valeurs représentative au différences de diamètres par une étude anatomique. Pour pouvoir observer l'intensité du fonctionnement du méristème secondaire nous avons effectué une coupe de même diamètre pour les deux axes. Afin de vérifier qu'on a bien réalisé une coupe de notre axe A orthotrope, on à réalisé une coupe longitudinale du rameau(Fig.6) au niveau d'un relais. On a un développement de notre axe A de façon monopodique sur les premières phases puis une mort du bourgeon apicale et une reprise de la croissance de l'axe par un relais (bourgeon axillaire) de façon sympodique. On a ici une succession de bourgeons apicales puis axillaires qui forme des rameaux appartenant à une même catégorie d'axe car l'orientation reste toujours dans le même plan (ici, orientation orthotrope) avec une répartition inégale la quantité de sève (rameaux de différents diamètres). La coupe de l'axe A montre un cylindre central avec un Parenchyme cortical contenant de gros éléments lignifiés en vert. Puis un amas de xylème 1 écrasé contre le cylindre central et un xylème 2 qui le succède.Ce dernier est constitué d'élément de vaisseaux et d'un important nombre de rayons ligneux. On observe sur cette axe un seul cerne de croissance dans le bois Ensuite, le cambium jalonne le xylème II. Il constitué de cellules indifférenciées et alignées. puis, vers l'extérieurs issus des divisions de la face externe du cambium, le phloème II représente une croissance secondaire,il contient des éléments sclérifiés contre lesquels on peut supposer voir des pôles de phloème I ne présentant pas un alignement semblable aux tissus secondaires. On observe aussi du parenchyme médullaire qui contient aussi des éléments lignifiés et un phellogène mettant en place le suber face externe et sa desquamation d'où résulte l'absence d'épiderme 2
Fig 7 Coupe longitudinale de l'axe A Figure 6 : axe A Fig.4. Dessin d'observation de notre axe A monopodique Fig.5. Coupe transversale de l'axe A 4 Axe
B
(Fig.9) : On peut constater la mort du bourgeon terminal, on peut donc en déduire un développement sympodique : les méristèmes axillaires et sub apicaux prennent le relais ou bien se différencient menant à terme un développement défini floral
. Pour ce type de développement on a pu observer différents types de comportements au niveau des bourgeons axillaires et des bourgeons sub terminaux permettant ou non au rameau de continuer à se développer. On peut avoir une inflorescence des bourgeons axillaires sub terminaux qui entraîne un arrêt de la croissance du rameau, (fig 10) ou la mise en place de relais par les bourgeons axillaires sub terminaux. On distingue également deux cas particuliers : l'inflorescence du bourgeon terminale et des bourgeons axillaires sub terminaux qui entraîne un arrêt de croissance du rameau. Ainsi que l'inflorescence du bourgeon terminal et d'un des bourgeons axillaires sub terminaux, alors que l'autre bourgeon axillaire sub terminal met en place un relais permettant au rameau de faire de nouvelles phases de croissance ou unités. Olinia ventosa a un développement différé des méristèmes, car on ne sait que à la phase suivant un arrêt de croissance si on à une croissance du bourgeon apical, ou des bourgeons sub terminaux, ou des bourgeons axillaires ce qui provoquera ou non un arrêt de croissance du rameau. L'axe B présente un parenchyme cortical contenant des cellules lignifiées. Puis des pôles de xylème I au volume diminué par la présence de xylème II qui représente les trois quart de la tige.On y observe beaucoup de parenchyme de rayon. Puis le cambium qui produit le xylème II face interne et le phloème II face externe est constitué d'une assise de cellule alignées. On observe ensuite un parenchyme cortical contenant des éléments lignifiés. Fig 8 Fig 9 : l'axe B Fig 10 : Shéma d'un rameau florifère 1. Tableau comparatif des 2 catégories d'axes
Axe A Axe B Tyoe de développement Monopodique Sympodique Orientation Orthotrope Semi orthotrope Phyllotaxie Opposée décussée Opposée décussée même plan Ramifications Tendance acrotone Tendance acrotone Diamètre (en cm) Environs 3,5 cm Environs 0,5 cm Type de rameau Végétatif Végétatif, inflorescence Axe porteur ou Non Oui Non Morphologie primaire et Rythmique dans un Rythmique Taille (en cm) Environs 260 cm Environs 20 cm Type foliaire Simple, elliptique, marge entière Simple, elliptique, marge entière Écorce Fissure verticale peu profonde Lisse et légèrement granuleuse Anatomie Cylindre central Parenchyme médullaire éléments lignifiés Xylème un seul cerne de xylème II Deux cernes de xylème II Phloème Phloème II + amas phloème I Phloème II + amas phloème I Sclérenchyme Amas de sclérenchyme repartit Anneau de sclérenchyme dans le phloème II et le secondaire parenchyme cortical Épiderme /phellogène Absence d'épiderme 4 + Parenchyme médullaire éléments lignifiés Absence d'épiderme
+ Ressemblances et différences des 2 axes : Si l'on compare les deux axes on observe de nombreuses similitudes. Les deux axes ont tous les deux une phyllotaxie opposée décussée, une forte tendance à la ramification acrotone et des types foliaires similaires. Dans tout les cas le méristème apical a un fonctionnement rythmique qui peut se manifester par des feuilles de tailles différentes entre les noeuds.Ces similitudes nous ont permis de mieux appréhender l'arbre et ainsi de mieux comprendre son fonctionnement.A l'inverse on observe aussi de nombreuses différences entre deux axes. L'axe A est orthotrope porteur avec un développement principalement monopodique alors que nous avons qualifié l'axe B de semi-orthotrope car son orientation dans un plan net variable. Les deux axes présentent des diamètres de 3,5 cm et 0,5cm et des tailles de 260 cm et 20 cm.Puis on observe des fissure verticale peu profonde sur l'axe A, du rameau et une écorce lisse et légèrement granuleuse sur l'axe B. Au niveau de l'anatomie on observe de nombreuses similitudes comme la présence de cellules lignifiés dans le parenchymes médullaire,des pôles de xylème I et de nombreux rayons de parenchyme dans le xylème II, on observe aussi un cambium et des cellules de phloème II avec des pôles de phloème I collé contre le sclérenchyme présent dans le phloème et de parenchyme cortical. reproducteur
Pour le type de ramifications latérales qui se développent de façon sympodiale chez Olinia ventosa, on a un arrêt de croissance du méristème apical, soit par son avortement soit par sa différenciation, avec la mise en place de relais par un ou plusieurs bourgeons axillaires pour édifier autant de nouveaux rameaux latéraux sur lesquels on pourra avoir une inflorescence en cyme à l'aiselle des feuilles ou à l'extrémité des tiges, contrairement aux rameaux issus d'un développement monopodique qui sont végétatif. On a donc des amas de petites fleurs blanches tubulaires hermaphrodites, relativement odorantes, d'environ 1cm qui ont des sépales bien plus grandes que les pétales sur lesquelles sont directement implantées les étamines (filet très court) et qui possèdent un unique carpelle au fond du tube et un ovaire supère. Ces fleurs deviennent des fruits rouges charnus possédant la trace de l'insertion du tube à l'extérieur et 5 loges à l'intérieur rempli par une graine unique
Formule florale : 5S + 5P + 5E + 1C 6 Fig 11 : Coupe de la fleur et du fruit de Olinia ventosa.
| 26,667
|
2017TOU30053_4
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,017
|
Contribution respective des récepteurs P2Y13 et SR-BI dans le métabolisme du HDL-C et le développement de l'athérosclérose
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,613
| 12,108
|
Notre équipe a ensuite étudié l’impact de l’invalidation de P2Y13 en condition d’hypercholestérolémie, cause majeure de dyslipidémie chez l’homme. Pour cela, les souris P2Y13-KO ont été nourries avec un régime riche en cholestérol (1,25% cholestérol, 6% gras) pendant 16 semaines. Comme sous régime normal (chow diet), sous régime hypercholestérolémique, les souris P2Y13-KO ne présentent pas de variation des lipides plasmatiques par rapport aux souris sauvages (Lichtenstein et al., 2013). Par contre, les sécrétions de lipides biliaires et le RCT des macrophages vers les fèces sont diminués de façon plus importante chez les souris P2Y13-KO en condition 76 d’hypercholestérolémie qu’en condition de normolipémie (Lichtenstein et al., 2013). Ces données indiquent qu’un régime hypercholestérolémique accentue le phénotype métabolique des souris P2Y13-KO (Tableau 4). L’impact sur le développement de l’athérosclérose induit par l’invalidation du récepteur P2Y13 a été évalué en utilisant un modèle de souris susceptibles de développer l’athérosclérose, les souris apoE-KO. Ce travail, qui a permis de montrer que le récepteur P2Y13 protège contre l’athérosclérose via son rôle sur le RCT hépato-biliaire, a fait l’objet d’un article auquel je suis associée et qui sera décrit dans la partie expérimentale de ce manuscrit (chapitre IV).
2.2.2. Activation du récepteur P
2Y
13.
L’
effet
de la
surexpression de P
2Y
13 n’a pas encore été étudié. Cependant, notre équipe a étudié l
’
effet
de l’activation pharmacologique du récepteur P2Y13 in vivo
chez
la souris via l administration en aigu et en chronique d’un agoniste partiel, le cangrelor (AR-C69931MX) (Fabre et al., 2010) (Serhan et al., 2013). En parallèle, la société Cerenis Therapeutics a étudié l’effet d’un agoniste spécifique de P2Y13, CT1007900, sur le métabolisme des HDL et le développement de l’athérosclérose chez différents modèles murins comme décrit ci-dessous (Tableau 4).
2.3. Etudes cliniques. 2.3.1. IF1 : un biomarqueur des maladies coronariennes. Giorgio et al. ont montré que l’ecto-F1-ATPase et son inhibiteur naturel IF1 sont présents sur des membranes plasmiques purifiées à partir de foies de rats. Dans le cas de cholestase hépatique aiguë induite chez l’animal, caractérisée par une diminution de l’endocytose de l’holoparticule HDL, il a été observé une augmentation de l’expression d’IF1 associée à une diminution de l’activité de l’ecto-F1-ATPase (Giorgio et al., 2010). Notre équipe a récemment mis en évidence la présence d’IF1 circulant dans le sérum humain, et nous avons mesuré ses niveaux sériques dans le cadre d’une étude cas-témoin (GENES) sur la maladie coronarienne. Cette étude a inclus 800 patients coronariens stables, âgés de 45 à 74 ans, et 800 individus contrôles de même âge et de sexe masculin. De façon intéressante, chez les sujets normolipémiques, les concentrations d’IF1 circulants sont positivement et indépendamment associées aux taux de HDL-C et d’apoA-I (Genoux et al., 2011). De plus, après ajustement en fonction de multiples facteurs de risque, IF1 apparaît comme un contributeur important et indépendant de la variabilité du HDL-C et de l’apoA-I, d’environ 10 et 30%, respectivement. En comparant les témoins aux patients coronariens (cas), les concentrations moyennes d’IF1 étaient 20% plus basses chez les cas que chez les témoins (0,43 mg /L versus 0,53 77 mg/L respectivement, p<0,001). De plus, après de multiples ajustements sur les facteurs de risque cardiovasculaire, les concentrations d’IF1 sont négativement liées au risque de maladie coronarienne. Plus particulièrement, chez les sujets ayant des taux abaissés de HD -C ou d’apoA-I, (<0,43 g/L et <1,37 g/L, respectivement) un niveau élevé d’IF1 (30,47 mg/L) est associé à une réduction de 70% du risque de maladie coronarienne. Ainsi ces études définissent IF1 comme un nouveau déterminant du HDL-C inversement corrélé au risque de maladies coronariennes. La mesure du taux d’IF1 sérique pourrait donc être particulièrement pertinente pour l’évaluation du risque cardiovasculaire chez les individus avec des taux de HDL-C bas. Ces travaux mettent également en évidence la relevance physiologique de la voie ecto-F1-ATPase/P2Y13 sur le métabolisme des HDL chez l’homme (Genoux et al., 2013). Plus récemment, grâce à un suivi prospectif de 11 ans des patients coronariens inclus dans l’étude GENES, mon laboratoire a analysé la valeur prédictive d’IF1 sur la mortalité à long terme chez les patients coronariens. Sa valeur informative a été comparée à celle du HDL-C. Dans cette étude les concentrations d’IF1 ont été mesurées chez 577 hommes atteints de maladie coronarienne stable (âgées de 45 à 74 ans) issus de l’étude GENES. Le statut vital a été évalué chaque année. Le taux de mortalité rapporté a été de 29,5%, la mortalité cardiovasculaire représentant 62,4% de ces décès. La mortalité sur 10 ans a été de 28,5% chez les patients avec des taux d’IF1 bas (<0,42 mg/L) et de 21,4% chez ceux avec des taux élevés (30,42 mg/L, p<0,02). L’étude a révélé que des taux d’IF1 circulant élevés, mais pas l’HDL-C, sont négativement associés à la mortalité toutes causes confondues ainsi que celle associée aux maladies cardiovasculaires. Pour IF1, cette corrélation reste significative après ajustement en fonction de multiples facteurs de risque cardiovasculaire associés à la mortalité (Genoux et al., 2016). De plus, l’étude a montré une corrélation positive entre IF1 et le nombre de particules HDL (HDL-P), ainsi que la taille des particules HDL (HDL-S). L’absence d’association entre le taux de HDL-C et la mortalité chez les patients coronariens est en accord avec d’autres études (Silbernagel et al., 2013). Une des hypothèses qui pourrait expliquer ceci est que les fonctions protectrices des HDL sont altérées chez les patients coronariens (Angeloni et al., 2013) et que le taux de HDL-C ne refléterait alors plus la fonctionnalité des particules HDL. En effet, comme démontré par les auteurs de ces études (Angeloni et al., 2013), les patients coronariens présentent des caractéristiques du syndrome métabolique avec une hypertriglycéridémie modérée, condition qui altère à long terme la composition lipidique et protéique des HDL, conduisant à la perte de leur propriétés athéroprotectrices. Nous pouvons émettre 2 hypothèses pour expliquer l’association négative entre le taux d’IF1 et le risque cardiovasculaire. En prenant en compte que l’ajout d’IF1 recombinant exogène diminue l’endocytose des particules HDL dans les cellules HepG2 et sur des foies de rats perfusés, l’IF1 endogène circulant chez l’homme pourrait ralentir l’endocytose hépatique des HDL. Ainsi, un taux 78 élevé d’IF1 serait associé à un ralentissement de l’endocytose hépatique des HDL et donc à une augmentation du HDL-C qui permettrait de prolonger le temps de résidence des particules HDL en leur permettant de mieux exercer leurs effets pléiotropiques athéroprotecteurs (i.e. antioxydant, anti-inflammatoire, antithrombotique, cytoprotecteur). Cependant, un ralentissement de l’endocytose hépatique des HDL pourrait avoir également des effets délétères en diminuant le RCT. Une deuxième hypothèse que nous privilégions et qui expliquerait cette association négative entre IF1 et risque cardiovasculaire est que IF1 puisse se dissocier de la membrane plasmique où il serait constitutivement lié à l’ecto-F1-ATPase en l’inhibant. Ainsi, le taux d’IF1 circulant refléterait une activité augmentée de l’ecto-F1-ATPase dans l’endocytose des HDL. Cette hypothèse est soutenue par des études qui montrent que l’IF1 endogène est retrouvé à la membrane plasmique de plusieurs lignées cellulaires, incluant les hépatocytes, où il inhibe de façon constitutive l’activité de l’ecto-F1ATPase (Giorgio et al., 2010) (Cortés-Hernández et al., 2005) (Contessi et al., 2007). Dans ce contexte, il a été démontré que l’apoA-I entre en compétition avec l’IF1 pour les mêmes sites de liaison sur l’ecto-F1-ATPase (Radojkovic et al., 2009). La liaison de l’apoA-I sur l’ecto-F1-ATPAse contribuerait donc à la dissociation d’IF1, avec pour conséquence une levée de l’inhibition de l’activité ATPasique de l’ecto-F1-ATPase et la génération d’ADP extracellulaire capable de stimuler l’endocytose des HDL via le récepteur P2Y13. Cependant les voies sécrétoires d’IF1 ne sont pas encore élucidées et d’autres mécanismes pourraient réguler les taux sériques d’IF1. En conclusion, ces études mettent en évidence que l‘IF1 est un nouveau biomarqueur associé au HDL-C et à l’apoA-I, négativement corrélé au risque cardiovasculaire et à la mortalité chez les patients coronariens, indépendamment des facteurs risque classiques. La mesure d’IF1 permet d’apporter une valeur informative additive sur le risque cardiovasculaire, que les taux de HDL-C soient faibles ou élevés. 79 des HDL qui se reflète par une diminution du HDL-C plasmatique et une augmentation des sécrétions de lipides dans la bile. Ces effets n’étaient pas retrouvés chez les souris P2Y13-KO. De façon intéressante, cet effet stimulateur du cangrelor sur l’endocytose hépatique des HDL et les sécrétions de lipides biliaires est également observé chez les souris SR-BI-KOfoie, suggérant que l’endocytose hépatique des HDL médiée par la voie ecto-F1-ATPase/P2Y13 est indépendante de la voie de captation sélective du cholestérol estérifié des HDL médiée par SR-BI. Plus récemment l’équipe a montré que l’administration chronique du cangrelor pendant 3 jours stimule l’endocytose hépatique des HDL par le foie, avec cette fois-ci une diminution des taux de HDL-C plasmatique (Tableau 4) (Serhan et al., 2013). La société Cerenis Therapeutics a récemment développé un agoniste spécifique du récepteur P2Y13, (CT1007900) qui a la capacité de réguler le métabolisme des HDL et d’inhiber la progression de l’athérosclérose in vivo. Des souris C57BL/6 ont reçu une administration de l’agoniste CT1007900 en aigu par injection intraveineuse ou gavage oral et des HDL radiomarquées sur leur composante lipidique (3H-Cholestérol-HDL) ont été injectées par voie intraveineuse. L’agoniste induit une augmentation du marqueur tritié dans le foie et dans les fèces reflétant une augmentation de la captation hépatique du HDL-C. Cette augmentation est associée à une augmentation des concentrations biliaires en cholestérol et acides biliaires et une diminution du taux de cholestérol plasmatique. Pour évaluer l’effet de l’agoniste sur le développement de l’athérosclérose, les auteurs ont administré l’agoniste par doses répétées pendant 2 semaines dans deux modèles murins d’athérosclérose, le modèle de lésion par ligature de la carotide chez les souris apoE-KO (« flow cessation model ») et le modèle d’athérosclérose induite par un régime hypercholestérolémiant chez les souris apoE-KO. L’agoniste a induit une diminution de la taille des plaques d’athérome, de leur épaisseur et de leur contenu en cholestérol et en macrophages chez ces deux modèles murins. Afin de démontrer que les effets de cet agoniste sur le métabolisme des HDL et la plaque sont bien spécifiques de l’activation du récepteur P2Y13, ces souris ont été infectées par un adénovirus comportant un shRNA (Short hairpin RNA, molécule d’ARN interférence) ciblant le ré eur P2Y13. L’effet du CT1007900 sur le contenu hépatique en cholestérol libre et le contenu en cholestérol au sein des carotides est aboli chez les souris traitées par ce shRNA. Leur étude a également montré que l’agoniste induit une stimulation de la synthèse hépatique de l’apoA-I et de la formation des particules HDL de petite taille. Ceci, associé à l’augmentation de l’endocytose hépatique des HDL, se traduit par un profil lipoprotéique particulier avec diminution du HDL-C associée à une augmentation des particules HDL de taille intermédiaire et une diminution des HDL larges. Ces particules HDL de taille intermédiaire sembleraient être plus efficaces dans l’efflux de cholestérol à partir des macrophages situés dans la plaque, et contribueraient ainsi à limiter le contenu en cholestérol de la plaque. En effet les auteurs ont observé que le plasma des souris traitées avec le 81 CHAPITRE
III : LES HDL DANS LA PRÉVENTION ET LE TRAITEMENT DU RISQUE CARDIOVASCULAIRE : UN CHANGEMENT DE PARADIGME? 83
1. HDL et génétique. L'étude épidémiologique de Framingham a mis en évidence qu'une concentration de HDL-C <1 mmol/L (40 mg/dL) est considérée comme un facteur de risque indépendant des maladies cardiovasculaires (Castelli et al., 1977). Ultérieurement d'autres études épidémiologiques prospectives à grande échelle, dont les études de Tromsø Heart (Miller et al., 1977) et PROCAM (Assmann et al., 1996) ont montré une corrélation positive entre des concentrations basses de HDL et un développement accéléré de l'athérosclérose et des maladies coronariennes. Une baisse de 0,03 mmol/L (1 mg/dL) de la concentration de HDL-C a été associée avec une hausse de 2-3% du risque cardiovasculaire (Hausenloy & Yellon, 2008). De plus l’étude Tromsø Heart a démontré qu’un nombre réduit de particules HDL (en utilisant les concentrations d’apoA-I comme marqueur) et une réduction du contenu en cholestérol des particules HDL, constituent deux facteurs cruciaux dans l’association entre un taux plasmatique de HDL-C bas et l'incidence de l’infarctus du myocarde (IDM) (Ishikawa et al., 1978). La relevance clinique des conclusions a été renforcée par l‘étude à grande échelle INTERHEART conduite dans 52 pays du monde entier, dans laquelle le risque d’un premier IDM a été démontré comme fortement associé à un ratio élevé de LDL-C sur HDL-C (>6:1) (McQueen et al., 2008) (Yusuf et al., 2004). Cependant ces données épidémiologiques n’infèrent pas de lien causal entre un taux de HDL-C abaissé et une augmentation du risque cardiovasculaire.
1.1. Mutations monogéniques et concentrations de HDL-C. Les taux de HDL-C seraient génétiquement
terminés pour une part de 40 à 60% (WeissglasVolkov & Pajukanta, 2010). Ceci explique que de nombreuses études génétiques familiales aient mis en évidence des désordres monogéniques portant sur des partenaires du métabolisme des HDL. Caractérisés par des taux extrêmes de HDL-C, ces désordres se transmettent de façon autosomale (dominante ou récessive). Parmi les désordres monogéniques conduisant à l'hypoHDLémie, on retrouve les mutations d’acteurs clés du métabolisme des HDL telles que l'apoA-I, l'ABCA1 et la LCAT ou encore la LPL. Les déficits en apoA-I se caractérisent par un tableau clinique varié qui diffère selon le lieu de la mutation. Les mutations faux-sens ou non-sens altèrent la biogénèse des particules HDL et engendrent une très forte diminution de HDL chez les homozygotes (Arnold von Eckardstein, 2006). Des taux indétectables d’apoA-I ne sont pas toujours associés à un risque cardiovasculaire augmenté comme en témoignent certains cas rapportés. A titre d'exemple, nous avons le cas rapporté par H 84 Yokota, d'une femme porteuse d'une mutation perte de fonction d'apoA-I (Yokota et al., 2002). Cette patiente de 69 ans, présentait des taux d’apoA-I inférieurs à 0,6 mg/dL et un HDL-C compris entre 0,10 et 0,18 mmol/L, associés à des taux de LDL-C élevés malgré un traitement par statines et souffrait également d’une hypertension artérielle. De façon remarquable, cette patiente ne présentait aucun symptôme de maladie coronarienne, malgré la présence de nombreux facteurs de risque. Nous pouvons également citer l’exemple de l’apoA-I Oita (Val156Glu ou V156E). Cette mutation faux-sens a été retrouvée chez un individu de 67 ans et est associée à des déficits importants en apoA-I et en HDL et une atteinte coronaire. Ce patient homozygote pour cette mutation présente de nombreux facteurs de risque (indice de masse corporelle à 27,5 kg/m2, tabagisme important). Cependant son frère plus âgé, lui aussi porteur zygote, n’a jamais présenté de symptômes pouvant être associés à une pathologie cardiovasculaire (Huang et al., 1998). Finalement, l’apoA-I Milano (variant de l'apoA-I caractérisé par la substitution d'une arginine en position 173 par un cystéine) est l’exemple le plus connu et le mieux étudié illustrant le paradoxe posé par de faibles taux d’apoA-I sans développement d'athérosclérose associé. Dans une ville d'Italie, approximativement 40 porteurs de l'apoA-I Milano ont été identifiés. Ces individus présentaient des taux de HDL-C très faibles (10 à 30 mg/dL) et un développement d'athérosclérose beaucoup moins sévère que celui attendu en se basant sur leur taux de HDL-C (Franceschini et al., 1985). Certaines études ont montré que le sérum de ces malades a une capacité d’efflux de cholestérol (via ABCA1) qui est augmentée (Favari et al., 2007) (Franceschini et al., 1999), d’autres ont montré que cette capacité est similaire à celle des individus contrôles, mais que l’apoA-I Milano possède une puissante activité anti-oxydante qui lui permet d'empêcher l’oxydation des phospholipides par la lipoxygénase (Bielicki & Oda, 2002). Le phénotype athéroprotecteur conféré par l’apoA-I Milano a conduit au développement de HDL reconstituées contenant de l’apoA-I Milano (Franceschini et al., 1999). A la fin de l'année 2016, le développement clinique des HDL reconstituées contenant de l’apoA-I Milano a été arrêté par manque d'efficacité sur la régression du volume de la plaque d'athérosclérose mesuré par ultrason intra-vasculaire (ClinicalTrials.gov Identifier : NCT02678923). Cependant, des HDL reconstituées de composition différente telles que le CSL-112 (CSL Behring) et le CER-001 (Cerenis Therapeutics) sont encore en évaluation dans des essais cliniques de phase II (ClinicalTrials.gov Identifier : NCT02108262) et III (ClinicalTrials.gov Identifier : NCT02697136), respectivement, et leurs résultats permettront d’évaluer le réél bénéfice clinique des infusions de HDL reconstituées. Les désordres associés aux mutations monogéniques de ABCA1, comme nous l'avons vu précedemment, sont associés à l'apparition de 2 syndromes : l’hypoalphalipoprotéinémie familiale causée par des mutations hétérozygotes de ABCA1 et la maladie de Tangier causée par des mutations homozygotes ou hétérozygotes composites de ABCA1. Parmi les patients atteints de 85 l’hypoalphalipoprotéinémie familiale, il existe une hétérogénéité importante des taux de HDL-C (variant de 5% à la normale). Les individus souffrant de la maladie de Tangier présentent, quant à eux des taux extrêmement bas de HDL-C variant entre 1% et 10% par rapport à des individus contrôles. Le risque de développer une pathologie cardiovasculaire de façon précoce chez les patients souffrant de ces désordres existe mais il n’est pas proportionnel à la baisse du HDL-C (Frikke-Schmidt, 2010). Par ailleurs, dans certaines familles porteuses on n’observe pas d'augmentation du risque, ce qui pourrait s’expliquer par les faibles concentrations de LDL-C de ces patients (Schaefer et al., 1980). Dans la littérature, très peu de cas de déficit en LCAT sont recensés. La transmission est autosomale récessive et la prévalence est inférieure à 1 pour 1 000 000 (description de 30 familles atteintes) (Savel et al., 2012). Ces mutations se traduisent par 2 syndromes cliniques différenciés selon l’intensité du déficit enzymatique : la maladie de Norum, caractérisée par un déficit total de la LCAT (perte des activités α et β de la LCAT) et la « maladie des yeux de poisson », caractérisée par un déficit partiel de la LCAT (perte uniquement de l’activité α) qui résulte dans une perte de l'estérification du cholestérol des HDL mais pas des LDL. Le défaut de formation d’esters de cholestérol est responsable de l’absence de particules HDL matures chez ces patients. Les patients souffrant de l’une ou l’autre de ces pathologies présentent habituellement des faibles taux de HCL-C (<0,1g/L ou 0,3 mM), valeurs qui restent supérieures à celles retrouvées pour les déficits en apoA-I ou la maladie de Tangier. Malgré les faibles taux de HDL-C, l’association de ces deux syndromes avec un risque accru d'athérosclérose n'est pas clairement établie, des études conflictuelles ayant été publiées à ce sujet (Fotakis et al., 2015) (Savel et al, 2012). La lipoprotéine lipase possède une activité enzymatique d’hydrolyse des triglycérides présents dans les chylomicrons et les VLDL. La transmission est autosomale récessive et très peu de cas sont recensés (prévalence de 1 pour 1 000 000). Le phénotype lipidique/lipoprotéique chez les patients porteurs de ces mutations est caractérisé par une hypertriglycéridémie sévère (accumulation de chylomicrons et de VLDL) et des taux très bas de LDL-C et HDL-C (<20mg/dL), (Weissglas-Volkov & Pajukanta, 2010). Ces individus ne présentent pas un risque accru de maladie coronarienne, ce qui suggère qu'une augmentation significative des taux plasmatiques de triglycérides ne suffit pas à augmenter le risque coronarien (Kral & Becker, 2007) (Weissglas-Volkov & Pajukanta, 2010). Les études sur l'association entre un risque cardiovasculaire élevé et les désordres familiaux conduisant à une diminution de HDL-C tels que ceux concernant les mutations de l'apoA-I, l'ABCA1, la LCAT et la LPL ont donc conduit à une conclusion mitigée. Il en est de même pour les mutations conduisant à une augmentation des taux de HDL-C ou hyperalphalipoprotéinémie familiale, telles que les mutations des gènes codant pour la CETP, SR-BI, comme nous l'avons vu précedemment, ou 86 encore la lipase hépatique. Les hyperalphalipoprotéinémies familiales sont définies par un contexte familial d’élévation des taux de HDL-C au-delà du 90ème percentile de la distribution selon l’âge et le sexe. Le déficit en lipase hépatique se caractérise par une diminution de l’activité lipolytique, une élévation des taux de HDL-C et LDL-C et une hypertriglycéridémie (Kral & Becker, 2007). La mutation la plus étudiée de ce gène est le polymorphisme rs1800588. Une méta-analyse portant sur 18 études et plus de 11 000 cas a rapporté une absence d’association entre ce polymorphisme et les maladies cardiovasculaires (H. Wang, Jiang, & Qiu, 2010). Concernant les mutations du gène SR-BI, la mutation P376L est à ce jour la seule mutation de SR-BI associée à la fois à une hyperHDLémie et à une augmentation significative du risque de maladie coronarienne chez l'homme (odds ratio = 1,79, p = 0,018) (Zanoni et al., 2016). Ainsi, les études épidémiologiques ayant évalué l’association entre les mutations dans le gène CETP, qui conduisent à une forte augmentation des taux de HDL-C, et le risque ardiovasculaire, offrent une réponse ambiguë. Il semblerait donc que la susceptibilité à développer l'athérosclérose soit en partie liée au type de mutations, à la présence de facteurs de risque ou encore au groupe ethnique. 1.2. Lien entre les SNPs régulant les taux de HDL-C et le risque coronarien. Afin d'approfondir les connaissances sur le lien entre la génétique et les HDL, une dizaine d’études pangénomiques ciblant des populations d’ascendance européenne ont étudié les associations entre des centaines de milliers de SNPs et les taux de HDL-C (Heid et al., 2008) (Kathiresan et al., 2008) (Kathiresan et al., 2009) (Aulchenko et al., 2009) (Ridker et al., 2009) (Sabatti et al., 2009) (Waterworth et al., 2010) (Willer et al., 2008) (Teslovich et al., 2010) (K. Wang et al., 2011). Parmi ces études, figure notamment une méta-analyse de 46 études génétiques qui a permis de mettre en évidence l’association de 95 loci avec les lipides plasmatiques chez plus de 100 000 individus (Teslovich et al, 2010). Une association avec le HDL-C a été trouvée pour 47 loci et les associations les plus fortes concernent des acteurs déjà connus du métabolisme du HDL : CETP, lipase hépatique et lipoprotéine lipase. Le lien entre polymorphismes associés aux taux de HDL-C et le risque coronarien a été étudié dans certaines des GWAS. Teslovich TM et al. (Teslovich et al., 2010) ont évalué l’effet de loci identifiés chez 24 607 coronariens d’ascendance européenne et 66 197 contrôles. Cela a permis de mettre en évidence trois nouveaux loci associés aux taux de HDL-C mais aussi à la maladie coronarienne : IRS-1 (Insulin receptor substrate 1), C6orf106 (chromosome 6 open reading frame 106) et KLF14 (Kruppel-like factor 14). La fonction du gène de C6orf106 n’est toujours pas connue, KLF14, quant à lui, code un facteur de transcription dont l’expression est induite par la TGF-β (Gonzalez et al., 2013). Toutefois, il n’existe pas un lien de causalité entre la régulation des 87 taux de HDL-C et le risque coronarien pour ces trois gènes là. D’autres loci influençant les taux de HDL-C s’associent également au risque coronarien ; c’est le cas du rs708272 (proche du gène codant la CETP) dans une cohorte de 18 245 individus américains initialement en bonne santé (Ridker et al., 2009). Deux études de randomisation mendélienne ont récemment remis en cause le rôle du HDL-C dans l'athéroprotection. La première a testé l’impact d’un SNP de la lipase endothéliale (LIPG, Asn396Ser) dans 20 études incluant plus de 20 000 cas IDM et 95 000 contrôles (Voight et al., 2012). Les porteurs de cette mutation avaient des taux plus élevés de HDL-C de 0,14 mmol/L, mais le reste du bilan lipidique et des facteurs de risque étaient similaires aux autres individus de l’étude. Alors que cette augmentation du HDL-C aurait dû être associée à une réduction du risque d’IDM de 13%, il n’y avait ici aucune diminution du risque. La même méthode d'analyse a été utilisée pour étudier l’effet d’une mutation associée au gène de la LCAT (S208T, rs4986970) (Haase et al., 2012). Alors que les études épidémiologiques ont montré qu'une diminution de 0,21 mmol/L du HDL-C était associée à une augmentation du risque d’IDM de 18%, une diminution similaire des taux de HDL-C résultant de cette mutation n’était pas associée à une augmentation du risque d’IDM. Les résultats de ces deux études ont donc mis en cause la notion de rôle athéroprotecteur du HDL-C en mettant en avant l’absence de causalité entre taux de HDL-C et IDM. Toutefois, ces études de randomisation mendélienne présentent des limites qu’il faut considérer afin de les interpréter au mieux. Il faut que le phénotype intermédiaire ici, le taux de HDL-C, soit associé à la survenue (IDM), que le variant s’associe à l’IDM uniquement à travers ses effets sur le L-C et que la technique de génotypage permette d’éviter les biais instrumentaux (Harrison, Holmes, & Humphries, 2012). Une des principales limites possibles dans ces études serait qu’il n’est pas possible d’exclure les autres effets de la LIPG et de la LCAT, notamment leurs effets antioxydants. 2. Biomarqueurs associés aux HDL
et leur intérêt dans la prédiction et le traitement du risque cardiovasculaire. Alors que les études épidémiologiques ont mis en évidence qu’une concentration de HDL-C <1 mmol/L (40 mg/dL) était considérée comme un facteur de risque indépendant de maladies cardiovasculaires (Hausenloy & Yellon, 2008), il a récemment été montré que 33% des hommes et 40% des femmes traités pour des dyslipidémies en Europe présentent des concentrations de HDL-C faibles (Bruckert, 2006). Les taux plasmatiques bas de HDL-C sont donc fréquents dans la population et les stratégies visant à augmenter ces taux peuvent donc être prometteuses. Des nombreux agents pharmaceutiques ont été développés dans ce but. La niacine, aussi connue comme acide nicotinique ou vitamine B3 est l'agent pharmacologique le plus utilisé pour augmenter les taux de HDL-C 88 (augmentation de 16 à 25%) (Mani & Rohatgi, 2015). La niacine diminue également les lipides et lipoprotéines pro-athérogènes tels que le cholestérol total, les triglycérides, les VLDL et les LDL. Les mécanismes impliqués dans les effets de la niacine sur le HDL-C restent peu clairs mais pourraient impliquer la modulation de l'activité de la CETP ou la clairance des HDL (diminution de l'expression de la chaîne b de l'ATP Synthase à la surface des cellules HepG2). Deux essais à grande échelle, AIMHIGH (Atherosclerosis Intervention in Metabolic Syndrome with Low HDL/High Triglycerides and Impact on Global Health Outcomes) et HPS2-THRIVE (Heart protection Study 2-Treatment of High density lipoprotein to reduce the Incidence of Vascular Events), ont évalué l'effet de l'adjonction de niacine aux statines, par rapport à l’administration des statines en monothérapie, sur la diminution du risque cardiovasculaire chez des patients atteint de maladies cardiovasculaires associées à l'athérosclérose (3500 et plus de 25 600, respectivement) (Nicholls, 2012) (Mani & Rohatgi, 2015). Or malgré l'augmentation du HDL-C observée, l’ajout de la niacine ne diminuait pas les évènements cardiovasculaires. A l'inverse, une méta-analyse de 11 essais cliniques, incluant l'étude AIM-HIGH, menée sur un total de 9 959 individus, a montré qu'une thérapie à base de niacine était associée à une réduction significative des évènements associés aux maladies cardiovasculaires (Lavigne & Karas, 2013). Les fibrates (Fénofibrate, Bézafibrate, Ciprofibrate, Gemfibrosil), ligands de PPARa couramment utilisés en clinique comme médicaments hypolipémiants, sont d'autres molécules pharmacologiques permettant d'augmenter les taux de HDL-C, via la régulation de gènes clés du métabolisme des HDL tels que l'ABCA1, la LPL, l’apoC-III, la PLTP, l’apoA-I et l’apoA-II (Farnier et al., 2006). En accord avec la capacité des fibrates à augmenter les concentrations de HDL-C et diminuer celles de triglycérides et LDL-C, les effets des fibrates sur l’incidence des maladies coronariennes semblent être plus prononcés chez des patients présentant des taux de triglycérides élevés (200 mg/dL) et/ou HDL-C faibles (40 mg/dL) (Jun et al., 2010) (Staels, 2010). Cependant, des nombreuses essais cliniques (essai ACCORD, essai FIELD, etc..) rapportent des résultats controversés et mettent en avant l’absence de preuve irréfutable du bénéfice clinique à utiliser des fibrates dans la réduction du risque coronarien (Ginsberg, 2011) (Keech et al., 2005) (Goldfine, Sanjay, & Hiatt, 2011). Finalement, les inhibiteurs de la CETP sont une autre classe importante d'agents pharmacologiques permettant d'augmenter de façon significative les taux de HDL-C. Comme nous l'avons vu, les essais cliniques de phase III de 3 inhibiteurs de la CETP ont été arrêtés par manque d'efficacité sur le risque d'évènements cardiovasculaires et l'Anacetrapib (Merck) est le seul inhibiteur de la CETP en cours d’évaluation. La fin de l'essai clinique de phase III, REVEAL (Randomized of the Effects of Anacetrapib Through Lipid-modification), qui évalue les effets de cet inhibiteur est prévue pour janvier 2017 ; elle déterminera si l’anacetrapib réduit le risque d'évènements coronariens majeurs. A ce jour, les résultats des essais cliniques achevés visant à augmenter le HDL-C à travers des interventions pharmacologiques telles que la niacine (Rader, 2016) ou les inhibiteurs de la CETP (T. 89 Gautier, Masson, &
Lag
rost, 2016
) (Rader, 2016) ont soulevé plusieurs doutes sur le fait qu’une augmentation du HDL-C soit athéroprotectrice. Ces résultats ainsi que ceux des études génétiques ayant évalué le lien entre les mutations influençant les taux de HDL-C et le risque cardiovasculaire, nous poussent à nous interroger sur la pertinence du HDL-C comme biomarqueur corrélé au risque cardiovasculaire et les bénéfices d'augmenter le HDL-C dans l'athéroprotéction. Les différentes sous-populations de HDL mesurées par RMN ou encore le nombre de particules HDL (HDL-P) ont été proposés comme biomarqueurs négativement associés au risque cardiovasculaire. L’évidence d’une association entre la protection contre la maladie coronarienne et les taux circulants d’une sous-population spécifique de HDL chez l’homme, est cependant sujette à controverses, les informations fournies à ce sujet par les analyses RMN dans des études épidémiologiques étant contrastées. Dans l’essai PLAC-I (Pravastatin Limitation of Atherosclerosis in the Coronary Arteries statin Intervention), les concentrations des particules de HDL larges et de petites HDL ont été inversement associées à la progression de maladie coronarienne avec suivi angiographique indépendamment du HDL-C et d’autres lipides (Rosenson et al., 2002). Dans l’étude WHS (Women’s Health Study) et dans l’étude EPIC (European Prospective Investigation Into Cancer and Nutrition) Norfolk, seuls les niveaux des particules HDL larges ont été négativement associés avec le risque coronarien (El Harchaoui et al., 2009) (Mora et al., 2009). Dans l’essai VA-HIT (Veterans Affairs High Density Lipoprotein Intervention) les concentrations de particules HDL totales et petites ont été rapportées comme des prédicteurs indépendants d’évènements cardiovasculaires récurrents (Otvos et al., 2006) Khera et al. ont montré que la capacité d'efflux de cholestérol du plasma représente un biomarqueur sanguin utile pour la détection et le suivi des pathologies cardiovasculaires (Khera et al., 2011). L'étude a été menée dans 2 cohortes différentes : une cohorte de 203 individus sains, qui a permis d'étudier l'association de l'efflux de cholestérol et l'athérosclé préclinique évaluée par la mesure de l’épaisseur intima-média carotidienne ; et une cohorte cas-témoins composée de 442 patients souffrant d'une maladie cardiovasculaire (documentée par une angiographie) appariés à 351 sujets contrôles. La capacité d'efflux de cholestérol a été évaluée en mesurant l’efflux de cholestérol radiomarqué d’une lignée de macrophages, J774, vers du plasma préalablement déplété en lipoprotéines contenant l’apoB, après stimulation des macrophages à l'AMPc (qui stimule l'expression de ABCA1, ABCG1 et SR-BI et la diffusion aqueuse au niveau des macrophages). Les auteurs ont montré que la capacité des HDL à promouvoir l'efflux de cholestérol des macrophages était inversement corrélée à la fois à l'athérosclérose préclinique et aux maladies cardiovasculaires (Khera et al., 2011). Comme nous l'avons vu précédemment, les études de Genoux et al. ont permis d'identifier l'inhibiteur de l’activité ATP hydrolase de l’ecto-F1-ATPase, l'IF1, comme nouveau biomarqueur 90 associé au HDL-C et à l’apoA-I et négativement associé au risque cardiovasculaire, indépendemment des taux de HDL-C (Genoux et al., 2011) (Genoux et al., 2013) (Genoux et al., 2016). En outre, par rapport à d’autres biomarqueurs associés aux HDL qui se sont avérés être meilleurs que le HDL-C tels que le nombre de particules (HDL-P) et les sous-populations de HDL mesurées par RMN (Qi et al., 2015) (Gebhard, Rhainds, & Tardif, 2015) ou encore la capacité d’efflux de cholestérol mesurée in vitro (Saleheen et al., 2015), la mesure d’IF1 par un immuno-dosage serait vraissemblablement plus facile à réaliser en termes d’accessibilité, de coût et de durée. La reproductibilité analytique semble aussi plus facile à assurer. Dans le futur, la mesure d’IF1 circulant pourrait servir de nouveau biomarqueur associé aux HDL pour mieux identifier et stratifier le risque cardiovasculaire afin de mieux adapter la thérapie des patients. En ce qui concerne la pertinence des thérapie-HDL, les HDL possédant de multiples propriétés athéroprotectrices (i.e. transport retour du cholestérol, activités antioxydantes, antiinflammatoires, vasodilatatrices, antiapoptotiques et antithrombotiques) il semble que, à l’avenir, les stratégies visant à améliorer la fonctionnalité des HDL soient plus pertinentes que celles visant seulement à augmenter les taux de HDL-C.
91 92
CHAPITRE IV : RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX 93 1. Introduction générale. Etant donné les résultats décevants des thérapies qui augmentent le taux de HDL-C telles que la niacine ou les inhibiteurs de CETP, sur la réduction du risque cardiovasculaire, il apparaît aujourd’hui que les futures thérapies-HDL devraient viser à améliorer la fonctionnalité des HDL. Ainsi, s'intéresser à la compréhension des mécanismes du RCT, cause majeure des effets athéroprotecteurs des HDL, a un intérêt clinique dans la prévention et le traitement de l'athérosclérose. Deux voies indépendantes ont été impliquées dans la captation hépatique du HDL-C : la voie ecto-F1ATPase/P2Y13 et la voie SR-BI. Le récepteur P2Y13 est un acteur essentiel de la voie ecto-F1ATPase/P2Y13 d’endocytose des holoparticules HDL (protéines + lipides) par le foie (Martinez et al., 2003) (Jacquet et al., 2005). L’analyse du phénotype métabolique des souris invalidées pour P2Y13 (P2Y13-/-) a permis de mettre en évidence le rôle du récepteur P2Y13 dans le métabolisme des HDL. Sous régime normolipidique (Chow Diet, CD), ces souris présentent une diminution de l’endocytose hépatique des HDL marquées à l’iode 125 sur leur composante protéique (125I-HDL) et une diminution des sécrétions biliaires de cholestérol et phospholipides. Ces altérations hépato-biliaires s’accompagnent d’une diminution du transport retour du cholestérol (RCT) des macrophages chargés en cholestérol radiomarqué vers les fèces (Fabre et al., 2010). Le régime riche en cholestérol (HCD) accentue ce phénotype (Lichtenstein et al., 2013). Ces travaux montrent le rôle clé du récepteur P2Y13 dans le RCT hépato-biliaire. L’implication du récepteur P2Y13 dans l’athérosclérose n’a pu être mise en évidence chez des souris de fond génétique C57BL/6 en condition de dyslipidémie induite par un régime hypercholestérolémique (Lichtenstein et al., 2013). Ceci pourrait être dû au fait que les souris C57BL/6 ne développent que très peu de lésions, y compris sous régime hypercholestérolémique. Dans un premier temps (Article 1) nous nous sommes intéressés à l'étude de l’impact de l’invalidation du récepteur P2Y13 sur le métabolisme du cholestérol et le développement de l’athérosclérose sur une lignée murine de fond génétique susceptible à l’athérosclérose, les souris invalidées pour l’apoE (apoE-/-). Les souris apoE-/présentent une hypercholestérolémie caractérisée par une augmentation du LDL-C et VLDL-C et développent sous régime normolipidique des lésions d’athérosclérose dès l’âge de 10 semaines. Le phénotype des souris apoE-/invalidées pour P2Y13 (P2Y13-/-/apoE-/-) a donc été analysé à l’âge de 15 semaines sous régime normolipidique, en le comparant à celui des souris apoE-/-. Concernant la voie SR-BI, responsable de la captation sélective du cholestérol estérifié par le foie, les souris invalidées pour SR-BI au niveau du foie (SR-BI-KOfoie) présentent une hypercholestérolémie principalement attribuée à une augmentation du HDL-C et du LDL-C et développent des plaques d’athérosclérose sous régime hypercholestérolémique. L’objectif principal 94 de ma thèse (Article 2) a été d’étudier la contribution respective des récepteurs P2Y13 et SR-BI hépatique dans le métabolisme du HDL-C et le développement de l’athérosclérose. Pour cela nous avons croisé des souris P2Y13-KO avec des souris SR-BI-KOfoie pour obtenir des souris doublement invalidées (P2Y13 x SR-BIfoie dKO) et j'ai étudié le phénotype métabolique des souris dKO sous régime normolipidique et hypercholestérolémique, ainsi que le développement d’athérosclérose sous régime hypercholestérolémique. La double invalidation des deux récepteurs SR-BI et P2Y13 pourrait avoir un effet cumulatif avec pour conséquence un phénotype exacerbé par rapport à la simple invalidation de chacun des récepteurs. Alternativement, des phénomènes compensatoires pourraient se mettre en place chez ces animaux. 95
2. Rôle du récepteur P2Y13 dans le développement de l’athérosclérose dans le modèle murin pro-athérogène, apoE-/-. 2.1. Article 1. (cf. (Lichtenstein et al., 2015) pour article complet) : Licht
enstein L
,
Serhan N
,
Espinosa-Delgado S, Fabre A, Annema W, Tietge UJ, Robaye B, Boeynaems JM, Laffargue M, Perret B, Martinez LO. Increased atherosclerosis in P2Y13/apolipoprotein E doubleknockout mice : contribution of P2Y13
reverse cholesterol transport. Cardiovasc Res. 2015 May 1;106(2):314-23. 2.2. Matériel et méthodes. 2.2.1. Animaux et régimes. Toutes les souris utilisées dans cette étude sont des mâles sous fond génétique C57BL/6. Les souris P2Y13-/-/apoE-/ont été obtenues par croisement des souris P2Y13-/avec des souris apoE-/(Laboratoire Jackson, Bar Harbor, ME, USA). Les souris contrôles apoE-/proviennent du même élevage que les souris P2Y13-/-/apoE-/-. Les souris ont été maintenues dans un environnement contrôlé, avec un accès libre à l’eau et à la nourriture (régime normolipidique ou chow diet, CD, # R04-10, SAFE, Augy, France) pendant 15 semaines. A l’âge de 15 semaines, les souris ont été sacrifiées après 3h de jeûne. Le sang et les différents organes ont été prélevés pour analyse. Durant l’expérimentation animale, les souris ont été anesthésiées à l'isoflurane (2%) et ont été sacrifiées par dislocation cervicale.
2.2.2. Analyse des lésions d’athérosclérose au niveau du sinus aortique. L’évaluation du développement des lésions d’athérosclérose a été faite en mesurant les dépôts lipidiques au niveau du sinus aortique. Les cœurs ont été prélevés et placés dans du PBS à 4°C pendant 24h. Ensuite la partie supérieure a été incluse dans un gel « O.C.T » de protection des tissus (Tissue-Tek), congelée dans un moule de cryostat puis conservée à -80°C. Pour chaque cœur, environ 50 coupes de 10 μm d’épaisseur (5 coupes par lame séparées de 200μm et 10 lames par cœur) ont été préparées au cryostat et récupérées l’une derrière l’autre sur lames, en partant de la partie supérieure du ventricule gauche, où les valves aortiques commencent à être visibles, jusqu’à une position de l’aorte où les lames valvulaires commencent à disparaître du champ. Après séchage des lames pendant 2h, les coupes ont été congelées à -80°C. Pour chaque cœur, la lame 0 et la lame 5 ont été colorées à l’huile rouge (Oil Red O, ORO) et les noyaux à l’hématoxyline. Les images ont été 96 prises en utilisant un microscope Leica DM400 B puis analysées à l’aide du logiciel Image J. L’étendue des lésions d’athérosclérose a été mesurée à partir de la quantification des aires colorées à l’huile rouge et exprimée en moyenne de l’aire de la lésion (en μm2) du groupe de lames analysées.
2.2.3. Transplantation de moelle osseuse. Pour induire l’aplasie de la moelle osseuse (MO), des souris apoE-/et des souris P2Y13-/-/apoE-/âgées de 7 semaines ont été exposées 1 jour avant la transplantation à une dose d’irradiation g de 9 Gy (2,8 Gy/min, BIOBEAM, Gamma-Service Medical GmbH). Les cellules de la MO des donneurs, P2Y13-/et P2Y13-/-/apoE-/ont été isolées en effectuant un rinçage avec du PBS stérile de la partie intérieure de leurs fémurs et tibias. Des suspensions cellulaires ont été préparées en passant les cellules par un tamis cellulaire de nylon de porosité 30 μm. Après comptage cellulaire, les cellules ont été remises en suspension dans du PBS stérile. Les souris receveuses irradiées ont reçu 107 cellules de MO via une injection intraveineuse dans la veine orbitale, et 4 groupes ont été constitués : i) les souris receveuses apoE-/transplantées avec la MO des souris apoE-/(KO > KO), ii) les souris receveuses apoE-/transplantées avec la MO des souris P2Y13-/-/apoE-/(dKO > KO), iii) les souris receveuses P2Y13/- /apoE-/transplantées avec la MO des souris P2Y13-/-/apoE-/(dKO > dKO), et iv) les souris receveuses P2Y13-/-/apoE-/transplantées avec la MO des souris apoE-/(KO > dKO). Après la transplantation, les souris ont reçu du régime normolipidique (CD, chow diet), pendant 8 semaines et de l’eau contenant des antibiotiques (250 μL de Baytril 10%, Bayer, dilués dans 250 mL d’eau avec un renouvellement de l’eau 3 fois/semaine). Les souris ont ensuite été euthanasiées et les cœ collectés et traités comme décrit dans la section 2.2.2, pour l’analyse de la taille des lésions d’athérosclérose. Le succès de la transplantation de MO a été confirmé par PCR. 2.2.4. Analyse des lipides et lipoprotéines plasmatiques.
| 996
|
26/hal.archives-ouvertes.fr-hal-03535244-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 2,532
| 4,556
|
GEO DE
1. B A R A B A N. - Les dunes de Belgique. R.E.F., 1890, p. 145-157. 2. B A R B E N (J.), B O D E U X (Α.), D U F R A N C E (F.), HUYGH (A.) - Recherches sur la fixa- tion de sables volants en Campi- ne. Bruxelles, Bulletin de la So- ciété Royale Forestière de Belgique, juin 1959, p. 305-321. 6. P E R R I N (H.). - Le Danemark forestier. Annales de VEcole Nationale des Eaux et Forêts, 1 (1), 1923, p. 3-106. 7. P R O V I S (E.). - Les dunes domaniales en Belgique. Bulletin de la Société Royale Forestière de Belgique, 1939, p. 300-313, 332344. 3. B E E C K (Hans). - Anfang und Ende eines Verwehungsherdes an der Küste der Nordsee [Début et fin des travaux de fixation des sables sur les côtes de la Mer du Nord]. Unser Wald, janv. 1963, p. 4-5. 8. R O I S I N (P.). - Les dunes du Nord-Ouest du Jutland. Bull, de la Société Royale Forestière de Belgique, mai 1961, p. 221-250. Analyse. R.F.F., 1962, p. 1036. 4. B U F F A U L T (P.). - Les dunes maritimes allemandes. R.E.F., 1901 , pp. 129-141, 161-172. 9. S A B R O C (Axel S.). - Forestry in Denmark. Copenhague 1947. voir spécialement p. 62-64. 5. J O N C K H E E R E (J.). - Note sur le boisement des dunes littorales. Bulletin de la Société Royale Forestière de Belgique, 1960, p. 8995. 10. T H E L U (M.). - Etude sur les dunes du Pas-de-Calais. Document manuscrit. Archives de l'Inspection de Boulogne-sur-Mer. FRANCE 11. P E R R I N (H.). - La fixation des dunes maritimes en France. Annales de l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts, 2 (1), 1928, p. 234-263. Manche 12. R A P P O R T A U M I N I S T R E D E L'A G R I C U L T U R E. - Travaux de fixation et de plantation dans les dunes du Pas-de-Calais. R.E.F., 1863, p. 23-30, 97-103. 13. B U I R E (M.), A L L A V O I N E (P.), S A L L E (F.-X.). - La fixation et le reboisement des dunes du Nord. R.F.F., 1963, p. 344-366. 468 Bretagne 14. C H A R L E M A G N E, - Les dunes de Quiberon. R.E.F., 1898, p. 8286. Vendée - Charentes 15. A R B O I S de J U B A I N V I L L E (d'). - Lès dunes de Vendée. R.E.F., 1877, p. 497-498. 16. D U C H A U F O U R (Ph.). - Note sur la végétation des dunes calcaires de l'Ile d'Oléron (Forêt domaniale de Saint-Trojan). Bulletin de la Société de Botanique de France, 1948, p. 202. 17. R I V A I L L O N. - Le tourisme et les forêts de la côte vendéenne. R.F.F., 1957, p. 38-48. 18. S I M O N (G.). - Forêts et dunes de la côte charentaise. R.F.F., mai 1963, p. 19. S I M O N (G.). - Rentabilité du boisement des dunes maritimes. R.F.F., 1952, p. 709-713. Dunes de Gascogne 20. B U F F A U L T (P.). - Acclimatation de divers végétaux dans les dunes du Médoc. R.E.F., 1897, p. 65-76. 21. - Les débuts de la fixation des dunes. Bordeaux, 1905. 22. - Histoire des dunes maritimes de Gascogne. Edit. Delmas, Bordeaux, 1942. 29. 30. 23. - La marche envahissante des dunes de Gascogne avant leur fixation. Bulletin de Géographie historique et descriptive. Paris, 1906. 31. 24. - La naissance de la forêt des dunes en »Médoc. R.E.F., 1896, p. 193-205. 25. B U Y U K Y I L R I R I M (L.). - Entretien de la Dune littorale des Landes. I. : Travaux de défense contre la mer. Mont-de-Marsan, Dupeyron, 1899. 32. 26. Direction des Eaux et Forêts. - Circulaire 566. Travaux dans les forêts de l'Etat, dans les dunes et les périmètres de restauration. Paris, Ministère de l'Agriculture, 1899. 27. E N J A L B E R T. - Les pays aquitains. 1ΓΘ P a r t i e : Le modelé et les sols. Bordeaux. Impr. Bière, 1960 voir notamment p. 275-330). 28. G O U R S A U D. - Les landes et les dunes de Gascogne. R.E.F., 1878, pp. 289-297, 337-348, 385-397; 33. 1880, pp. 5-18, 49-59, 97-106, 145154, 193-198. G R A N D J E A N (G.). - La dune littorale. R.E.F., 1887, pp. 297307, 363-374, 401-408, 458-464, 496-506,537-547. - Landes et dunes de Gascogne. Paris. J. Rottschild Editeur, 100 1 in 8°. Analyse: R.E.F.t 1897, p. 21-24. G U I N A U D E A U (J.), C A S T A I N G (P.). - Le reboisement des dunes maritimes de la région landaise. R.F.F., mai 1963, p. H A R L E (E.), H A R L E (J.). - Mémoire sur les dunes de Gascogne avec observations sur la formation des dunes. Paris. Imprimerie Nationale. 1920, 145 p., 51 fig., 10 photos. Analyse: R.E.F., 1921, p. 213-223. M A R E S (R.). - Reprofilage des dunes littorales par des moyens mécaniques. R.F.F., mai 1963, p. 34. S A L L E N A V E (H.). - Le reboisement de la zone littorale d'une forêt de dunes. R.F.F., 1955, p. 39-48. 35. S O N N I E R (J.). - Un moyen de pénétration des dunes de Gascogne: la piste cimentée cyclable. R.F.F., 1954, p. 591-600. 36. V A S S E L O T (M. de). - La dune littorale. R.E.F., 1875, pp. 129138, 193-202, 257-265. Golfe du Lion 37. KUNHOLTZ-LORDAT. - Les dunes du Golfe du Lion. Presses Universitaires. Paris 1923. Analyse: R.E.F., 1925, p. 125-128. ITALIE 38. A L V I N O (Gaetano). - L'impiego di una aizoacea nel consolidamento delle dune litoranee [L'emploi du Mesembryanthemum pour la fixation des dunes du littoral]. L'Italia Forestale e Montana, n° 3, 1950. 39. B O S E T T O (Giuseppe). - Aspetti particolari della tecnica dei rimboschimento delle sabbie » litoranee [Aspects particuliers de la technique du reboisement des sables littoraux]. Accademia italiana di Scienze Forestali, Firenze, 1961, p.^ 313-388, 12 photo., 43 réf. bibliogr. 40. B U F F A U L T (P.). - Les dunes de Grado. R.E.F., 1933. p. 779782. 41. C A P P U C C I N I (Giuseppe). - Il consoladimento ed il rimboschimento del litorale accidentale dell'Alto Adriatico [La fixation et le reboisement du littoral occidental de la Haute-Adriatique]. Atti del 11 Congresso Internazionale di Budapest. 10-14 sept. 1936. 42. C R I V E L L A R I (Dino). - Osservazioni sul colportamento delle varie specie legnose impiegate nei rimboschimento del litorale venetofriulano [Observations sur le comportement des diverses espèces ligneuses employées pour le reboisement du littoral veneto-frioulien]. Rivista Forestale Italiana, n° 8-9, 1940. 43. D'E R R I C O (Pasquale). - Sulla costituzione delle fasce di tamarice sull'Alto Adriatico [Etablissement des bandes de tamaris dans la Haute-Adriatique]. UItalia Forestale e Montana, n° 2, 1953. 44. - Sul rimboschimento delle dune litoranee e continentali del Basso Polesine [Le reboisement des du- 45. 46. 47. 48. 49. nes littorales et intérieures en basse Polesine]. Rassegna economica del Polesine, n° 9-10, sept.-oct. 1950. Istituto Padano di Arti Grafiche. Rovigo. GAMBI (Germano). - I tamarici [Les tamaris]. Monti e Boschi, n° 11-12, 1957. M E S N I L ( H ). - Plantation de peupliers à grande profondeur dans les dunes du delta du Pô. R.F.F., mars 1960, p. 166. MORANDINI (Riccardo). - I Ginepri [Les Genévriers]. Monti e Boschi, T.C.I., n° 11-12, 1954. P A V A R I (Aldo). - Frangiventi [Rideaux brise-vent]. R.E.D.A., Rome, 1956. - Specie forestali esotiche nel rimboschimento del litorale [Espèces forestières exotiques pour le reboisement du littoral]. UAlpe, nov.-déc, 1917. 50. P A V A R I (Aldo), PHILIPPIS (Alessandro de). - La sperimentazione di specie forestali esotiche in Italia. Resultati del primo ventennio della Stazione Sperimentale di Selvicoltura di Firenze [Expérimentation des espèces forestières exotiques en Italie. Résultats des travaux des vingt premières années de la Station d'Expériences de Sylviculture de Florence]. Ministero dell'Agricoltura e Foreste. Annali della sperimentazione agraria, voi X X X V I I I. Hoepli, éditeur, 1941. 51. P E R R A U L T (L.). - Un voyage d'études en Sardaigne. R.F.F., avril 1956, p. 291-304. 52. P H I L L I P I S (Alessandro de). - La piantagione dell'acacia nelle sabbie non fissate [La plantation des acacias dans les sables non fixés]. U Italia Forestale e Montana, n° 3, 1946. 470' 53. P I C C I O L I (Ludovico). - L'inerbamento e imboschimento delle dune [L'enherbement et le boisement des dunes]. L'Italia Agricola, a. 1913, n° 6. 54. P I L L A (Cesare). - I rimboschimento litoranei nella Campania [Les reboisements du littoral en Campanie]. Monti e Boschi, T.C.I., n° 5, 1953. 55. R I S P O L I (Ersilio). - I rimboschimento litoranei del Volturno e del Garigliano [Le reboisement du littoral de Volturno et de Garigliano] (du volume « La Campania » de M. de Martini). 56. S É N N I (Dott. Lorenzo). - Consolidamento delle dune e frangiventi in Italia [La fixation des dunes et rideaux brise-vent en Italie]. Silva Mediterranea, Florence, dec. 1934, p. 53-85. Nuovi Annali dell' Agricoltura, 1934, Ministero dell' Agricoltura e delle Foreste 57. SENNI^ (Lorenzo). - Le Dune della Sicilia [Les dunes de Sicile]. * UAlpe, T. C L, n° 10, 1928. 58. S P E R O T T O (Giovanni). - Il rimboschimento del litorale Veneto-Friulano [Le reboisement du littoral Veneto-Frioulien]. h Alpe, T.C.I., nov. 1928. 59. S P I N I E L L O (Antonio). -. Rimboschimento litoraneo Foce $ele [Reboisement du littoral de Foce Sele] (du volume « La Campania » de Mï de Martini). 60. V I T A (Gaetano). - Il rimboschimento delle dune di « Is Arenas » (Rióla Sardo) [Le reboisement des dunes de « Is Arenas » (Sardaigne)]. Monti e Boschi, fase. 10, 1955. 61. V O C E (Bruno). - Il rimboschimento delle dune di Gela [Le reboisement des dunes de Gela]. La Rivista Forestale Italiana, n° 8, 1941. PORTUGAL 62. (1815). J O S E B O N I F A C I O D E A N D R A D E E SILVA. - Memoria sobre a necessidade e utilidade do plantío de novos bosques em Portugal. 63. (1868). C A R L O S R I B E I R O e F I. L I P E N E R Y. - Relatorio acerca da arborizaçao gérai do Pais. 64. (1881). H E N R I Q U E D E M E N DIA. - Estudos sobre a fixaçao e aproveitamento de urna parte das areias movéis das costas de Portugal. 65. (1896). F E R R E I R A BORGES, M E N D E S D E A L M E I D A, MAGALHAES MËSQUITA E ADOLFO DE OLIVEIRA. - Projecto Geral da Arborizaçao das areias movéis de Portugal. 66. (1901). J O A Q U I M FERREIRA B O R G E S. - As dunas de Portugal e sua arborizaçao. Boletim da A'ssociaçao Central de Agricultura Portuguesa. 67. (1931). A N T O N I O M E N D E S D E A L M E I D A. - Estudo sobre as areias do continente portugués e plano para a sua fixaçao e arborizaçao. 68. (1938). A N T O N I O A R A L A P I N T O. - O Pinhal do Rei. Alem destes publicados, existem conferencias, relatónos e projectos, inéditos, entre os quais merecem especial referencia os trabalhos. A F R I Q U E Afrique occidentale 69. M A H E U T (J.), D O M M E R G U E S (Y.). - La fixation par le reboisement des dunes de la presqu'île du Cap Vert. Bois et Forêts des Tropiques. 1961, 24 p. BTBLIOGEAPHrE GÉOGRAPHIQUE 471 Maroc 70. B O U D Y (P.). - Les dunes.de Mogador et id'Agadir. Economie Forestière Nord-Africaiñe, t. I, p. •• 273, 1948 ; t. II, $. 471, 1950 : E d i t.;; ;Larose, P a r i s ; t. III,.p. 211, 1951 : Edit. F* -Moncho, Rabat. 71. G O U V E R N E M E N T CHERIF I E N. La fixation des dunes de Mogador. 20 p., janv. 1931. 72. M E T R O (A r -E.). - Technique de fixation et de mise en valeur des dunes du littoral.atlantique marocain. Rabat (Maroc). Annales de la Recherche Forestière au Maroc. 1952, 46 p. 73. S O U L E R E S (G.). - Protection contre le sable par pal planch es. R.F.F., mai 1963, p. 419. 74. S U L Z L E E (C.). - Les dunes d'Essaouira (Mogador). R.F.F., mai 1963, p. 401. Algérie algérien. Bulletin de la Société d'Histoire Naturelle de l'Afrique du Nord, t. 51, n° 78, nov.-déc. 1960, p. 303-338, 4 planches, 2 tableaux. 75. R I S T O N. - Les dunes mouvantes d'Aïnsefra. R.EJ., 1890, p. 324325. 76. Z A F F R A N (J.). - Formations à Juniperus phoenicea L* au littoral Tunisie 77. B A R A B A N. - En Tunisie. Notes de voyage. R.E.F., 1886, pp. 5-27, 65-79, 129-148, 207-219, 249-265, 289-307. : nea, Florence, déc, 1934, p. 3952. 78. G E O R G E (L.). - Le reboisement des dunes domaniales de Bizerte. Stiva Mediterranea, Florence, dec. 1934, p. 1-38. 81. - La fixation des dunes du Cap Bon. Bulletin de la Direction Générale de l'Agriculture, du Commerce et de la Colonisation, Tunis, n° 152, 1 e r trimestre 1933, p. 95111. 79. L A V A U D E N (L.). - La fixation et le reboisement des dunes de Bi^ zerte. R.E.F., t. 66, 1928, p. 351361. 82. M O T T E (M.). - La fixation et le reboisement des dunes maritimes en Tunisie, et plus spécialement dans la région de Bizerte. R.F.F., mai 1963, p. 449 80. L E S C U Y E R ^ ( M ). - Evolution "". de la- végétation dans une dune en • voie de -fixation. Silva Mediterra- 83. S E S M A I S O N S (D. de). ; - La fixation des sables dans le Sud tunisien. R.F.F., mai 1963, p. 431. Tripolitaine 84. M E S S A U D I (M.-B.). - Notes sommaires sur la conservation des sols en Lybie (en particulier sur la fixation des dunes et l'érosion éoliennë). Colloque sur la conservation et
la restauration des sols, -Teheran, 1960. Impr. Bellée. Coutances, 1961..
| 10,138
|
43/hal.univ-lorraine.fr-tel-01749103-document.txt_19
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,727
| 13,745
|
5. 1. Un nouvel équilibre des voies
Voir les travaux de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (1988 [1958] : 106-107) : « Le besoin de s'appuyer sur des valeurs abstraites est peut-être lié essentiellement au changement. Elles manifesteraient un esprit révolutionnaire. Nous avons vu l'importance que les Chinois accordaient aux valeurs concrètes. Celle-ci serait fonction de l'immobilisme de la Chine. Les valeurs abstraites peuvent servir aisément à la critique parce qu'elles ne font pas acception de personnes et semblent fournir des critères à celui qui veut modifier l'ordre établi. D'autre part, tant qu'un changement n'est pas désiré, il n'y a aucune raison de poser des incompatibilités. Or les valeurs concrètes peuvent toujours s'harmoniser; puisque le concret existe, c'est qu'il est possible, c'est qu'il réalise une certaine harmonie. Par contre, les valeurs abstraites, poussées à leur extrême, sont inconciliables : il est impossible de concilier dans l'abstrait des vertus telles que la justice et la charité. [] L'appui sur les valeurs concrètes serait donc beaucoup plus aisé lorsqu'il s'agit de conserver que lorsqu'il s'agit de rénover. Et la raison pour laquelle les conservateurs se croient des réalistes est, peut-être, qu'ils mettent au premier plan pareilles valeurs. Les notions de fidélité, de loyauté et de solidarité, liées à des valeurs concrètes, caractérisent d'ailleurs souvent l'argumentation conservatrice ».
Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente
La réfutation des trois voies argumentatives traditionnelles est envisageable sous trois angles : - celui de la dénonciation : il s'agit par exemple dévaloriser l'image du locuteur (ethos), de dénoncer le recours aux passions (pathos), de dénoncer la sécheresse du raisonnement (logos), ou encore de dénoncer le déséquilibre des voies argumentatives. - celui de l'invalidation : il s'agit par exemple de montrer la contradiction entre l'image que le locuteur donne de lui et les actions qu'il réalise en réalité (ethos), de montrer la contradiction entre les passions prônées dans le discours et les passions qui animent en réalité le locuteur (pathos), de montrer la contradiction entre le discours sûr de lui-même et sa fausseté (logos). - celui de la contre-argumentation, qui nous intéresse ici : au lieu de s'effacer derrière une voix générale comme le fait son adversaire, le locuteur dira je, parlera avec sa subjectivité (ethos) ; il mobilisera d'autres passions que celles du discours adverse, les mobilisera différemment, ou n'en mobilisera pas (pathos) ; la conception du logos sera différente. Ce « raisonnement pur », n'est-ce pas celui, idéal, auquel le discours dévot aspire? Les arguments y sont séparés de leur auteur, valent pour tous les destinataires : la prétention à l'objectivité invite à amoindrir au maximum la part de pathos et d'ethos. Pourtant, un tel raisonnement demeure impossible, et Diderot le souligne. Ruth Amossy (2010) considère par exemple, et nous la suivons, que derrière tout discours, même dans celui qui prétend à la plus grande objectivité467, se cache un visage. Le logos philosophique est un logos incarné et tourné vers l'autre. Un discours de raison engendre-t-il forcément l'évacuation de l'émotion468? D'après la Elle donne ainsi l'exemple du discours scientifique et philosophique dans La Présentation de soi (2010). Il faut citer également Dominique Maingueneau (1995 : 59) : « On peut ruser avec l'ethos, on ne peut pas l'abolir ». 468 Roland Mortier s'interroge devant éloge alternatif de l'enthousiasme et de l'esprit froid et tranquille (1990c : 467 357 TROISIÈME PARTIE : ÉTHIQUE DE LA PAROLE PHILOSOPHIQUE théorie standard des fallacies, pour être rationnel, il ne faut pas d'émotion. Les émotions créeraient des interférences qui brouilleraient le discours et contribueraient à son aspect inintelligible. C'est bien ainsi, on l'a vu, qu'elles nuisent au discours dévot. Dans le Paradoxe sur le comédien (1396) est racontée histoire du littérateur tombé dans l'indigence et de son frère le théologal refusant de le secourir. Diderot va alors voir le théologal pour défendre la cause de l'indigent : Et voilà mon théologal qui me déb ite, avec une rapidité et une véhémence surprenante, une suite d'actions plus atroces, plus révoltantes les unes que les autres. Ma tête s'embarrasse, je me sens accablé ; je perds le courage de défendre un aussi abominable monstre que celui qu'on me dépeignait. Heureusement mon théologal, un peu prolixe dans sa philippique, me laissa le temps de me remettre ; peu à peu l'homme sensible se retira et fit place à l'homme éloquent, car j'oserai dire que je le fus dans cette occasion : « Monsieur, dis-je froidement au théologal, votre frère a fait pis, et je vous loue de me céler le plus criant de ses forfaits. – Je ne cèle rien. La maîtrise de la preuve pathétique est la principale raison de l'efficacité du discours : le théologal est touché, persuadé, et, une fois n'est pas coutume, chez le dévot, le sentiment fraternel, de l'ordre de l'humain, prime enfin sur le sentiment religieux. Le ton calme et « froid » du philosophe, capable d'abandonner une sensibilité qui pourrait nuire à la qualité de son discours (« l'homme sensible » n'est pas (toujours) « l'homme éloquent »), puis de simuler « l'emphase de l'indignation » l'emporte largement sur le ton enthousiaste, quasiment hystérique, des dévots. La preuve : son discours est une réussite, puisque le théologal cède à sa requête. À la manière du comédien qui doit porter un masque et simuler l'émotion pour bien 191) : « Sans doute faut-il, dans une juste appréciation de ces flottements, tenir compte de la chronologie et de l'évolution qu'elle suppose dans sa pensée. Mais l'alternance, dans le cas présent, ne se réduit pas à un avant et à un après. Elle touche à un questionnement plus profond, à une oscillation qui tient à la nature même de la pensée de Diderot, sollicitée à la fois, et contradictoirement, par l'enthousiasme et par la lucidité, le tout étant affaire de dosage, de circonstance et de sujet ». Il précise les connotations négatives qui peuvent se rattacher au mot « enthousiasme », en s'appuyant notamment sur l'article « Théosophes » (192-193) : « Les matérialistes français du groupe holbachique emploient ces mêmes termes dans un sens très critique, qui se confond pour eux avec l'aliénation religieuse et le fanatisme aveugle. [] Le jeune erot, fortement marqué par l'influence de Shaftesbury, oscille entre ce sens négatif et la conception néo-platonicienne de l'enthousiasme conçu comme un don divin, un état supérieur de l'esprit ». Et il conclut de cette manière (205-206) : « si le véritable sentiment est celui auquel on revient le plus habituellement (pour employer sa propre formule), Diderot est bien plus homme de l'enthousiasme (sauf au sens mystico-religieux que celui de la tête froide. S'il lui est arrivé de parler éloquemment en faveur de la seconde, c'est pour se purger de ses propres défauts et pour souligner la part de concentration et de travail qui entre dans toute création artistique. En profondeur, Diderot reste l'homme de l'élan, de la chaleur, de l'exaltation de tête, comme il dit ». 358 Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente jouer, le philosophe, pour bien convaincre, doit porter le masque du pathos et ne pas se laisser submerger par ses émotions
. Bien loin de considérer qu'il faille évacuer les émotions de tout discours, Diderot considère que les émotions, qui valident le contenu logique de l'argumentation, doivent être contrôlées, parfois jouées, et entrer au service de la stratégie. Il faut noter que la fausse émotion remplace la véritable émotion : l'émotion philosophique a beau être feinte, elle n'est pas, comme l'émotion dévote, un chef-d'oeuvre d'hypocrisie, et en cela, elle est bien plus respectable. Nous pensons par exemple au père Hudson dans Jacques le fataliste469, dont les émotions sont entièrement fabriquées. On pourrait faire le parallèle avec l'ethos de sincérité que chaque locuteur se doit de construire en vue de la conviction : même lorsque la sincérité est réelle, elle doit être construite dans le discours pour persuader. Ainsi, le locuteur sincère qui montre sa sincérité est moins trompeur que le locuteur insincère qui montre sa sincérité : de même, le locuteur qui ressent des émotions et qui en fabrique dans son discours est plus louable que le locuteur qui ne ressent pas d'émotions ou qui en ressent de mauvaises et qui en fabrique dans son discours. Dans un autre extrait du Paradoxe sur le comédien (1395), on constate que la trop grande sensibilité de Diderot l'empêche de répondre à une objection, ce que pourrait pourtant faire « un autre, froid et maître de lui-même », en un intéressant discours direct fictif : Il y avait un assez grand nombre de gens de lettres, entre lesquels Marmontel, que j aime et à qui je suis cher. Celui-ci me dit ironiquement : « Vous verrez que lorsque Voltaire se désole au simple récit d'un trait pathétique et que Sedaine garde son sang-froid à la vue d'un ami qui fond en larmes, c'est Voltaire qui est l'homme ordinaire et Sedaine l'homme de génie! » Cette apostrophe me déconcerte et me réduit au silence, parce que l'homme sensible, comme moi, tout entier à ce qu'on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu'au bas de l'escalier. Cet « autre » n'est ni tout à fait le philosophe, ni tout à fait un autre : il est celui que le philosophe aspire à être et pourrait être. Pour bien réfuter, il faut donc rester maître de soimême et ne pas se laisser atteindre par l'attaque de l'adversaire. Le Neveu peut ainsi souvent prendre l'avantage sur MOI, qui ne maîtrise pas toujours ses émotions : 469 Le cas du père Hudson a été évoqué p. 262 de ce travail.
TROISIÈME PARTIE : ÉTHIQUE DE LA PAROLE PHILOSOPHIQUE
Je l'écoutais, et à mesure qu'il faisait la scène du proxénète et de la jeune fille qu'il séduisait, l'âme agitée de deux mouvements opposés, je ne savais si je m'abandonnerais à l'envie de rire, ou au transport de l'indignation. Je souffrais. Vingt fois un éclat de rire empêcha ma colère d'éclater ; vingt fois la colère qui s'élevait au fond de mon coeur se termina par un éclat de rire. J'étais confondu de tant de sagacité, et de tant de bassesse, d'idées si justes et alternativement si fausses, d'une perversité si générale de sentiments, d'une turpitude si complète, et d'une franchise si peu commune. Il s'aperçut du conflit qui se passait en moi. (Neveu de Rameau, 637). Un discours de raison engendre-t-il donc l'évacuation de l'émotion? Certainement pas : l'émotion est bien présente, mais elle doit être raisonnable et contrôlée. La preuve pathétique philosophique fonctionne bien mieux que la preuve pathétique dévote, en ce qu'elle est maîtrisée470. Il faut savoir jouer des émotions, pour être le plus convaincant possible. C'est ainsi qu'il recommande, dans l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron (1151), de passer par « l'entremise des sens » afin de convaincre du bien fondé de « l'action vertueuse » : Que Sénèque pousse son énumération aussi loin qu'il voudra, je persisterai dans la même réponse, et je lui dirai d'après mon expérience, d'après l'expérience des bons et des méchants, que l'imitation d'une action vertueuse par la peinture, la sculpture, l'éloquence, la poésie et la musique, nous touche, nous enflamme, nous élève, nous porte au bien, nous indigne contre le vice, aussi violemment que les leçons les plus insinuantes, les plus rigoureuses, les plus démonstratives de la philosophie. Exposons les tableaux de la vertu, et il se trouvera des copistes. L'espèce d'exhortation qui s'adresse à l'âme par l'entremise des sens, outre sa permanence, est plus à la portée du commun des hommes. Le peuple se sert mieux de ses yeux que de son entendement, et les images prêchent, et ne blessent l'amour propre de personne. Ce n'est pas sans dessein ni sans fruit, que les temples sont décorés de peintures qui nous montrent ici la bonté ; là, le courroux des dieux. Raphaël est peut-être aussi éloquent sur la toile, que Bossuet dans une chaire. Il est à noter que c'est l'art qui vient remplacer le discours à proprement parler, et qu'à l'art se rattache tout naturellement l'émotion. Cette dernière joue le rôle de vecteur, particulièrement efficace, entre l'art (en tout cas celui qui porte un message) et le spectateur, le destinataire, qui, s'il est touché, sera dans le même temps convaincu. L'art présente deux avantages sur le discours, qui ne sont pas négligeables : les effets qu'il produit demeurent plus longtemps dans l'âme, et il est « à la portée du commun des hommes ». Sont ainsi décernées à Raphaël et à Bossuet les mêmes qualités oratoires, la seule différence étant que le premier les exerce sur la toile, et le second dans une chaire. Précisons que ce dont la peinture est capable, le théâtre en est capable également. Diderot écrit ainsi dans De la poésie dramatique (1283) : « et le Béatrice Didier (1993 : 207) note que « si le comédien ne joue vraiment qu'avec une tête froide, il n'en est pas moins l'instrument qui communique au spectateur cet enthousiasme qu'il a pu ressentir lui aussi, mais qu'il ne doit plus ressentir au moment même de la représentation ». Elle invite ainsi à faire le parallèle entre la fureur poétique et fureur religieuse et en conclut (209) que « la théorie esthétique de Diderot présente donc une exacte symétrie de sa conception du monde religieux : elle en est en quelque sorte le renversement, la face lumineuse ». Sur ce point, ne peut-on pas rapprocher encore une fois la figure du comédien de celle du philosophe?
Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente méchant sort de sa loge moins disposé à
faire le mal que s'il eût été gourmandé par un orateur sévère et dur ». Anthony Wall (1994a : 104) oppose les deux personnages du Neveu de Rameau, non en ce qui concerne les idées qu'ils soutiennent l'un et l'autre, mais en ce qui concerne la manière, froide ou passionnée, de les défendre et de les incarner : Moi reste, la plupart du temps, froid et distant par rapport à ce qu'il dit, même par rapport aux exemples qu'il donne pour illustrer ses propos. Lui, en revanche, se lance corps et âme dans ce qu'il dit. Il y participe pleinement, au point de revivre, dans son corps en performance devant nous, les événements qu'il veut raconter. Or le Neveu n'est-il pas également, par opposition à MOI, l'artiste, et quand bien même il serait l'artiste raté? Car à défaut de maîtriser l'art musical que maîtrise si bien son oncle, à son grand dam, ne maîtrise-t-il pas avec brio celui de la pantomime, cet art d'imitation capable de prendre en charge toutes les émotions? L'art du Neveu l'emporte sur la distance froide du bienpensant philosophe : c'est bien le personnage du Neveu qui donne son nom à l'oeuvre, c'est son opposition à MOI qui la justifie, et ce sont bien ses effets de scène qui atteignent non seulement son destinataire direct, mais aussi des destinataires plus lointains que sont les lecteurs. LUI fascine, sa pantomime fait sens et marque tous ses spectateurs. La froideur du philosophe, l'anti-artiste, si elle n'était pas compensée par l'enthousiasme du Neveu, pourrait laisser de marbre471. C'est aussi dans l'optique de prouver par l'entremise des sens, qu'il faut, selon les mots de Béatrice Didier (1990 : 199), rendre le sacré spectaculaire : Ainsi l'écrivain pratique-t-il un regard de l'effraction auquel il convie son lecteur : il s'agit de voir, de faire voir ce qui est essentiellement spectaculaire, mais qui est soustrait au regard, de rendre public ce qui a été indûment confiné dans le privé, de rendre à la bacchante ses transes de plein air, et là se situe le travail de l'écriture, écriture d'abord secrète chez Diderot, comme chez Suzanne, mais dont le but est finalement de rendre le spectacle visible pour que le scandale éclate : c'est le point de vue du moraliste, mais il double ici une aspiration qui est encore davantage celle de l'homme de théâtre, et, plus secrètement peut-être, une aspiration fondamentale de l'homme, que le sacré soit dévoilé, dans son horreur, dans son mystère. Tous les arts semblent se réunir pour rendre la religieuse qu'est Suzanne éloquente : art pictural, art dramatique, art épistolaire. Le personnage de Suzanne crée l'émotion ; sublimée On pourrait aussi faire mention de l'opposition homme/femme chez Diderot. Du côté des femmes se situerait la sensibilité et l'art (ne sont-elles pas, par exemple, celles pour qui on fait des analogies et celles qui sont capables d'en faire?). À propos de l'essai Sur les femmes, Marie-Hélène Chabut (1998a : 57) cite John D. Landes (1998 : 45) qui écrivait : « Diderot accuses women of suppressing the reign of reasoned argument ». Marie-Hélène Chabut souligne que c'est simplifier le point de vue de Diderot. Elle considère au contraire que Diderot rit « at the so-called male discourse of reason ». Elle voit ainsi une grande ironie de la part du philosophe, et nous la suivons, lorsqu'il fait dire à Bordeu s'adressant à Julie : « Ce n'est donc pas à l'être sensible comme vous, c'est à l'être tranquille et froid comme moi qu'il appartient de dire : cela est vrai, cela est bon, cela est beau ». 471 361 TROISIÈ : PHILOSOPHIQUE par l'art, elle se montre persuasive. C'est par le spectacle de la souffrance de Suzanne que le marquis sera convaincu de la secourir ; et de manière plus générale, comme le souligne Marie Leca-Tsiomis à propos de l'article « Locke472 », « la'vertu' est une éducation de la sensibilité à la justice. Et c'est par le spectacle de l'émotion qu'est modifiée la sensibilité ». Nous revenons ainsi sur cette idée de prise en compte du destinataire : se bas ant sur le schéma de la communication établi par Roman Jakobson, Roland Barthes (1970) reliait l'ethos à l'émetteur, le pathos au récepteur et le logos au message. Chez Diderot, tout se passe comme si l'émotion était un élément essentiel à la communication : elle permet de l'établir avec les destinataires les moins qualifiés, avec le peuple notamment, elle permet en tout cas de la rendre meilleure473. 5. 2. Une éloquence au service des choses474
« Voilà ce que fait dire la fureur d'arrondir une phrase. Sois vrai, et tu seras ensuite bel esprit, si tu peux », écrit Diderot dans les Essais sur les règnes de Claude et de Néron (1081). Le vocabulaire de la rhétorique traditionnelle, on l'a déjà vu, se charge de connotations négatives : haranguer, pérorer, etc. ne sont d'aucune utilité et ne font que mettre en valeur l'écart entre la parole et les choses auxquelles elle est censée référer. Harangues et péroraison, fortement contraintes, ne font que signer le divorce des mots et des choses : les discours qu'ils prononcent sont vides de sens, ne correspondant pas à la réalité et n'étant pas pensés intimement475. Voir l'extrait suivant : « Malheur aux enfants qui n'auront jamais vu couler les larmes de leurs parents au récit d'une action généreuse ; malheur aux enfants qui n'auront jamais vu couler les larmes de leurs parents sur la misère des autres ». 473 D'une manière générale, la « démonstration », chez Diderot, comme le montre Jean Starobinski (1995 : 181) dans un article qui traite de l'art de la démonstration chez Diderot, doit être ancrée dans les situations de communication dans lesquelles elle s'insère. Il prend ainsi l'exemple de l'épisode de la chute de la paysanne dans Jacques le fataliste, qui selon lui, est destiné à prouver que la démonstration exige la satisfaction de conditions préalables : « Le récit de la tentative du chirurgien et de la chute de la paysanne doit être tenu pour métadémonstratif. Il donne à voir, par des moyens d'une grande dextérité littéraire, un personnage qui s' mêlé maladroitement de démontrer. Et l'on perçoit fort bien quelque chose d'important : Diderot, feignant tout le recul nécessaire, s'est plu à mettre en relation l'entreprise de démonstration et le contexte vécu dans lequel elle est censée intervenir. La leçon donnée est celle-ci : quand on s'embarque dans une entreprise de démonstration, on le fait toujours dans une situation déterminée. Et il y a des situations où la tentative est inadéquate ». 474 Sur le Diderot encyclopédiste au service des choses, voir Marie Leca-Tsiomis, opposant par exemple Diderot et d'Alembert synonymistes (1999 : 272) : « Diderot, au contraire, emploie les mots en contexte. Le premier type d'éloquence, celui auquel pense LUI lorsqu'il déclare l'envier à MOI (celui qui s'oppose à son ramage saugrenu), permet de dissimuler le faux grâce au mensonge. Il correspond à ce que nous appelons l'éloquence rhétorique traditionnelle, elle est celle que pratique certains locuteurs comme l'abbé d'Auxerre. Le second type d'éloquence, celui que MOI dit pratiquer, n'est justement pas reconnu comme une éloquence par MOI : tout se passe comme si la prise en charge de la vérité n'était pas compatible avec l'éloquence. MOI dit parler mal parce qu'il dit la vérité, pourtant, selon LUI, il parle bien, mais il ne dit pas forcément la vérité. Ailleurs dans l'oeuvre, il semble que les figures de philosophe ne réprouvent pas tout forme de mise en mots : Diderot plaide au contraire en faveur d'une harmonie du dit et du dire476. Il considère, dans le Salon de 1767 (778), que le style doit être soigné pour que le message soit transmis : Si Boileau avait raison de dire : La plus belle pensée / Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée, jugez d'un chant sous lequel l'harmonie serait raboteuse et dure, d'un tableau qui pèche par l'accord des couleurs et l'entente des ombres et des lumières, et il ajoute, commentant Lucain : « Au milieu des flots du Rhin, c'était mon général ; ici, c'est mon camarade. Le crime rend égaux ceux qu'il associe » : en dépit de la sublimité de l'idée, à ce sifflement aigu de syllabes Rheni mediis in fluctibus amnis, à ce rauque croassement de grenouilles, quos inquinat, ae , je me bouche les oreilles et je jette le livre. travail, et notamment sur le discours à la manière de l'abbé d'Auxerre, qui termine sur « une péroraison très pathétique », et qui subit de ce fait un échec perlocutoire. 476 Certes, Roland Mortier (1990b : 152) a raison de souligner que pour Diderot, la philosophie importe sûrement plus que la poésie : « Ce singulier mépris [pour la poésie] ne se comprend qu'à l'intérieur d'une échelle de valeurs où l'éthique l'emporte sur l'esthétique, le souci de la vérité sur celui de l'expression. Diderot n'a jamais varié dans sa conviction profonde que les choses comptent plus que les mots, que l'activité la plus éminente de l'homme consiste à transformer le monde, non à lui substituer des fictions consolantes et trompeuses ». Dans son Sur Térence (1361-2), il plaide en faveur de l'éloquence, qui n'est pas la simple éloquence rhétorique faite de tropes préfabriqués et artificiels, et qui s'oppose également à la trop abrupte transcription des idées par un simple ou de simples syllogismes : Dans les jugements divers que j'entends porter tous les jours, rien n'est si commun que la distinction du style et des choses. Cette distinction est trop généralement acceptée pour n'être pas juste. Je conviens qu'où il n'y a point de choses, il ne peut y avoir de style ; mais je ne conçois pas comment on peut ôter au style sans ôter à la chose. Si un pédant s'empare d'un raisonnement de Cicéron ou de Démosthène, et qu'il le réduise en un syllogisme qui ait sa majeure, sa mineure et sa conclusion, sera-t-il en droit de prétendre qu'il n'a fait que supprimer des mots, sans avoir altéré le fond? Eh! qu'est devenue cette harmonie qui me séduisait? Où sont ces figures hardies par lesquelles l'orateur s'adressait à moi, m'interpellait, me pressait, me mettait à la gêne? Comment se sont évanouies ces images qui m'assaillaient en foule et qui me troublaient? Et ces expressions, tantôt délicates, tantôt énergiques, qui réveillaient dans mon esprit je ne sais combien d'idées accessoires, qui me montraient des spectres de toutes couleurs, qui tenaient mon âme agitée d'une suite presque ininterrompue de sensation diverses, et qui formaient cet impétueux ouragan qui la soulevait à son gré ; je ne les retrouve plus. Le syllogisme du pédant, comparé à un squelette, ne peut rien contre l'éloquence de Cicéron et de Démosthène, comparée à un animal dont chaque membre de l'organisation complexe a un rôle important à jouer. Le style, chez Diderot et pour Diderot, est un organisme vivant, bien plus véridique et persuasif que toute structure logique pure. Si Diderot s'oppose par certains aspects au mode de raisonnement déductif, il peut être intéressant de se demander comment il considère le syllogisme, c'est-à-dire la formalisation de ce type raisonnement. « Pourquoi me harceler par des prodiges, quand tu n'as besoin pour me terrasser que d'un syllogisme. Quoi donc, te serait-il plus facile de redresser un boiteux que de m'éclairer? », tel est le discours que le narrateur des Pensées philosophiques (L, 36) adresserait au « pontife de Mahomet » si ce dernier en venait à vouloir l'impressionner par toutes sortes de prodiges. Le syllogisme est ici valorisé, il symbolise la raison et l'esprit raisonnant, venant s'opposer au prodige. Dans la Lettre sur les sourds et muets (55), le 364 Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente syllogisme représente également le raisonnement : Mais il en est de l'esprit comme de l'oeil ; il ne se voit pas. Il n'y a que Dieu qui sache comment le syllogisme s'exécute en nous. Il est l'auteur de la pendule ; il a placé l'âme ou le mouvement dans la boîte, et les heures se marquent en sa présence. Mais d'autres occurrences du mot montrent qu'il a parfois des connotations très franchement péjoratives. On trouve par exemple dans le Plan d'une université (420) : C'est dans les mêmes écoles [] que, sous le nom de rhétorique, on enseigne l'art de parler avant l'art de penser, et celui de bien dire avant que d'avoir des idées ; que, sous le nom de logique, on se remplit la tête des subtilités d'Aristote et de sa très sublime et très inutile théorie du syllogisme, et qu'on délaie en cent pages obscures, ce qu'on pourrait exposer clairement en quatre. La maîtrise de la « très sublime et très inutile théorie du syllogisme » ne signifie pas du tout, on le voit, que l'on sache penser. Il apparaît plutôt comme une technique artificielle, qu'il ne sert à rien de maîtriser pour devenir bon philosophe. Les articles « Logique » et « Syllogisme » de l'Encyclopédie, même si Diderot n'est probablement pas leur auteur, montrent en tout cas un désir, du côté philosophique, de s'affranchir des règles, trop strictes et contraignantes, de la logique. Nous citons l'article « Syllogisme » : Il se présente ici naturellement une question, savoir, si les règles des syllogismes, qu'on explique avec tant d'appareil dans les écoles, sont aussi nécessaires qu'on le dit ordinairement pour découvrir la vérité. L'opinion de leur inutilité est la plus grande de toutes les hérésies dans l'école ; hors d'elles point de salut. Quiconque erre dans les règles, est un grand homme ; mais quiconque découvre la vérité d'une manière simple par la connexion des idées claires et distinctes que nous fournit l'entendement, n'est qu'un ignorant. Cependant, si nous examinons avec un peu d'attention les actions de notre esprit, nous découvrirons que nous raisonnons mieux et plus clairement, lorsque nous observons seulement la connexion des preuves, sans réduire nos pensées à une règle ou forme de syllogisme. Nous serions bien malheureux, si cela était autrement ; la raison serait alors le partage de cinq ou six pédants, de qui elle ne fut jamais connue. [] Henri IV a été un des plus grands princes qu'il y ait eu. Il avait autant de prudence, de bon sens et de justesse d'esprit, qu'il avait de valeur. Je ne pense tant pas qu'on le soupçonne jamais d'avoir su de sa vie ce que c'était qu'un syllogisme. Nous voyons tous les jours une quantité de gens, dont les raisonnements sont nets, justes et précis, et qui n'ont pas la moindre connaissance des règles de la logique. [] Si le syllogisme est nécessaire pour découvrir la vérité, la plus grande partie du monde en est privée. Pour une personne qui a quelque notion des formes syllogistiques, il y en a dix mille qui n'en ont aucune idée. Le syllogisme n'est qu'un artifice de l'école, et son apprentissage ne peut constituer en aucun cas la seule voie d'accès à la vérité. Diderot le montre en rappelant que sa maîtrise n'est le fait que de quelques-uns, elle n'est réservée qu'à une élite ; or, la faculté de raisonnement est l'apanage d'un bien plus grand nombre ; donc la maîtrise du syllogisme et la faculté de raisonnement sont deux choses bien distinctes. Il n'est pas concevable d'enfermer la pensée avec des règles arbitraires (la logique et la rhétorique sont condamnées non pas en ellesmêmes mais en tant que suite de règles arbitraires, l'Encyclopédie déplore ce qu'elle sont DE devenues). Règles arbitraires qui ne font que mettre à distance les choses. L'éloquence philosophique doit mettre en valeur les idées, les révéler, les incarner, afin d'établir une communication avec le public, qui doit être convaincu de la vérité des choses 477.
5. 3. Une éloquence paradoxale
Dans son récent ouvrage, Caroline Jacot Grapa (2009 : 143) reconnaît chez Diderot une double conception du langage : Diderot distingue nettement une double perspective sur le langage : celle qu'il exprime dans l'article « Encyclopédie », où il reconnaît les bénéfices « de la netteté, de la clarté, de la précision, qualités essentielles au discours », qui fondent l'exactitude et l'aptitude scientifique ; l'autre, qui en appelle aux valeurs « de la chaleur, de l'éloquence et de l'énergie ». [] L'éloge de la poésie rencontrerait ainsi un « nouveau style de pensée », marge de l'énoncé scientifique, Diderot opérant ce qu'on pourrait appeler une contamination entre esprit philosophique et esprit poétique. Le logos philosophique, malgré son caractère scientifique et ses allures de clarté, n'en est pas moins issu d'une parole illuminée. Sur ce point, la façon dont le philosophe s'approprie les diverses potentialités de la parole le singularise tout à fait parmi ses confrères philosophes et son siècle de Raison : à côté du galimatias dévot ou métaphysique – c'est-à-dire le discours obscur, inintelligible, inopérant –, Diderot, de loin en loin, accorde du crédit à ce que nous pourrions appeler le galimatias philosophique, hautement inspiré. Ce faisant, il renonce à une taxinomie de la parole qui est celle de toute l'époque classique : l'homme de lettres se défie de l'amphigouri, lui pour qui ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Certes, les idées doivent être, le plus souvent, prises en charge par une expression claire, mais il arrive chez Diderot que les pensées les plus novatrices, les plus révolutionnaires, les plus passionnément scientifiques soient prises en charge par une parole ambiguë, du moins à l'oreille d'un destinataire non averti. Dans un premier temps, Mademoiselle de L'Espinasse semble disqualifier (mais en réalité, elle les valorise) les paroles prononcées par le docteur, puis celles De même, on peut considérer que l'éloquence philosophique s'oppose à ce que Colas Duflo (2000a) identifie comme le mode performatif d'une « société contraignante », qui enferme les choses dans les mots. Il écrit ainsi (2000a : 114-115) : « Diderot a très bien perçu non seulement l'existence du mode performatif, mais encore comment il n'était possible que parce que soutenu par une société contraignante qui, parce qu'elle en a ellemême besoin pour se sou dans les cadres qu'elle s'est donné en s'éloignant de la nature, réifie les êtres de langage qu'il produit. La question du mariage, telle que Diderot la traite à plusieurs reprises et en particulier dans l'article 'Indissoluble' de l'Encyclopédie est à cet égard exemplaire. L'homme est naturellement inconstant et la volonté d'un engagement perpétuel et indissoluble ne peut être qu'un effet égarant de l'illusion passionnelle. L'effet durable du performatif linguistique n'est possible et pensable que parce qu'il est appuyé par une autre parole, celle du législateur qui a méconnu la nature et s'y est opposé. Dans le 'je vous épouse', le pouvoir du langage suppose comme sa condition le langage du pouvoir
Chapitre premier : prono es par d'Al , en disant d'eux qu'ils marmo . Puis, quelques répliques plus loin, en rapportant le rêve du géomètre, elle dit : MADEMOISELLE DE LESPINASSE. – Ensuite il s'est mis à marmotter je ne sais quoi de graines, de lambeaux de chair mis en macération dans de l'eau, de différentes races d'animaux successifs qu'il voyait naître et passer. (Rêve de d'Alembert, 631). Le personnage de Julie illustre ainsi à merveille le passage du statut d'un destinataire non averti à un destinataire averti. Désemparée au chevet de son ami qui prononce des paroles incompréhensibles pendant son rêve, elle fait appel à Bordeu pour surveiller et remédier à l'état de délire de d'Alembert. Finalement, il y remédiera d'une manière inattendue par Julie, en déchiffrant ses propos, en les rendant intelligibles, en dévoilant leur clarté au fur et à mesure de leur conversation. Certes le galimatias philosophique a d'abord valu à Diderot un dédain certain, qui explique que, malgré sa position de directeur de l'Encyclopédie, ses oeuvres soient longtemps restées dans l'ombre. Sa voix d'auteur, quel que soit le genre par lequel elle est portée, est pour le moins déstabilisante, elle ne se livre ni ne se déchiffre facilement : elle ne fascinera la critique qu'à partir du milieu du XXe siècle. Répétitions, digressions et bavardages, notamment, constituent autant le galimatias philosophique que le galimatias dévot. Si la répétition, en un certain sens, est connotée négativement (nous avons vu précédemment qu'elle empêchait le progrès, qu'elle était synonyme de mort et d'inertie480), elle a parfois aussi des effets positifs, à condition qu'il s'agisse d'une répétition transformatrice. Deux façons de répéter semblent ainsi s'opposer : la répétition philosophique fait progresser et vient contredire cette répétition asséchante qui est le propre de la pensée La 4e édition du Dictionnaire de l'Académie donne la définition suivante du verbe « Marmotter » : « Parler entre ses dents confusément ». 479 Voir notre chapitre concernant l'abduction, troisième partie, chapitre premier, 2. 3. 480 Voir la p. 269 sq de notre travail. 478 367
TROISIÈME PARTIE : ÉTHIQUE DE LA PAROLE PHILOSOPHIQUE
dominante. Julie, en répétant les paroles prononcées par d'Alembert durant son sommeil, permet le déchiffrement et l'interprétation de son rêve : sa répétition, plus que toute autre, est extrêmement productive en cela ; et on peut même avancer que le Rêve à proprement parler constitue dans son entier une re-dite. La répétition est donc positive lorsqu'elle permet la progression481. Si on rapporte la parole de l'autre pour la réfuter, ne la rapporte-t-on pas également parce qu'on s'en inspire? C'est ce que note Elizabeth Potulicki (1991 : 128-9) : Certes, se mettre en relation dialogique, ce n'est ni plagier, ni même imiter. Il s'agit de transformer, moment stratégique où l'esprit se met à « couver ». Comme en musique, le discours se développe par des faits de reprises et de variations. C'est ainsi que nous pourrions prendre l'exemple du Neveu de Rameau482, exemple traité par Hans Robert Jauss (1984 : 165-166) : On constate aisément que l'argumentation dans le Neveu de Rameau ne suit pas un mouvement irréversible et que les sujets sont abordés sans dessein précis, formant une suite fortuite d'aperçus et de thèmes récurrents, de considérations fragmentaires ou développées par reprises successives. Diderot peut écarter la procédure méthodique des demandes et des réponses car il ne prétend pas amener les positions antagonistes du débat à une synthèse, ou leur substituer un nouveau point de vue supérieur. L'éloquence défendue à travers cette oeuvre est une éloquence qui refuse d'aboutir, de produire une synthèse définitive, et qui n'a donc pas de but précis, si ce n'est celui de montrer Cette répétition qui fait progresser évoque la méthode bakhtinienne dans le domaine des sciences humaines, et plus particulièrement de la littérature, méthode qui consiste, de la part du récepteur de l'oeuvre, en une compréhension de cette dernière. Voir Tzvetan Todorov (1981 : 39), qui cite Bakhtine : « Dans son interprétation naïve et réaliste, le mot 'compréhension' induit toujours en erreur. Il ne s'agit pas du tout d'un reflet exact et passif, d'un redoublement de l'expérience d'autrui en moi (un tel redoublement est du reste impossible), mais de la traduction de l'expérience dans une perspective axiologique entièrement autre, dans des catégories d'évaluation et de formation nouvelles. [] Toute compréhension véritable est active et représente déjà l'embryon d'une réponse. Seule la compréhension active peut se saisir du thème [du sens de l'énoncé], ce n'est qu'à l'aide du devenir qu'on peut se saisir du devenir. [] Toute compréhension est dialogique. La compréhension s'oppose à l'énoncé comme une réplique s'oppose à l'autre, au sein du dialogue. La compréhension cherche un contre-discours pour le discours du locuteur ». Ainsi, la 'compréhension' n'est pas pure répétition, mais assimilation et progression. Chez Diderot, on peut dire que les récepteurs comprennent, au sens bakhtinien, le discours de l'autre. 482 Pour Jean Starobinski (1984 : 182-183), le Neveu de Rameau est l'oeuvre de la parole des autres, et amment par le biais du personnage éponyme : « Rameau, selon la stratégie dont Diderot est coutumier, prétend n'être rien de plus que l'écho de la parole des autres. 'Je m'en tiens au rôle de colporteur'. Le ragot circulait auparavant. En le rapportant au philosophe, Rameau ne fait que répéter ce qu'il a entendu. Et, tout en réprouvant les énormités polissonnes de Rameau, le philosophe ne fait pas autre chose : il les transcrit et prend une part décisive à la diffusion du racontar, puisque celui-ci, cessant d'être parole chuchotée, devient dès lors page écrite. Le bavardage scandaleux va être impérissablement fixé par celui qui, pour le mieux, n'a été (avant nous) que le deuxième destinataire du récit ». 481 368 Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente que l'éloquence qui aboutit est nécessairement trompeuse. et écrit un peu plus loin (38) Le langage est par nature digression constante, par rapport aux choses, inapte à « dire la chose comme elle est », écart par rapport à la « lettre », code constamment revisité par ses usages, par la parole singulière. Le dialogue de toute la trilogie fonctionne aussi sur la digression, ce qui, dès l'Entretien entre d'Alembert et Diderot (615), n'échappe pas aux deux interlocuteurs, aucunement gênés par ce qui pourrait être considéré comme un inconvénient
: DIDEROT. – Si la question de la priorité de l'oeuf sur la poule ou de la poule sur l'oeuf vous embarrasse, c'est que vous supposez que les animaux ont été originairement ce qu'ils sont à présent. Quelle folie! On ne sait non plus ce qu'ils ont été qu'on ne sait ce qu'ils deviendront. Le vermisseau imperceptible qui s'agite dans la fange, s'achemine peut-être à l'état de grand animal ; l'animal énorme, qui nous épouvante par sa grandeur, s'achemine peut-être à l'état de vermisseau, est peut-être une production particulière et momentanée de cette planète. D'ALEMBERT. – Comment avez-vous dit cela? DIDEROT. – Je vous disais Mais cela va nous écarter de notre première discussion. D'ALEMBERT. – Qu'estce que cela fait? Nous y reviendrons ou nous n'y reviendrons pas. C'est d'Alembert qui insiste en faveur de la digression, en réfutant la présupposition contenue dans l'énoncé de Diderot : si Diderot dit que cela va nous écarter de notre première discussion, c'est qu'il présuppose que cela est un mal. Or cela va à l'encontre des théories de Diderot sur le dialogue : il faut digresser, s'écarter du sujet, pour mieux y revenir. De la même manière, la relation de la bataille entre Condillac et Berkeley, afin de remarquer que le sensualiste et l'idéaliste partent des mêmes prémisses pour mener un combat bien différent483, est une digression : Nous voilà bien loin de nos aveugles, direz-vous ; mais il faut que vous ayez la bonté, madame, de me passer toutes ces digressions : je vous ai promis un entretien, et je ne puis vous tenir parole sans cette indulgence. (Lettre sur les aveugles, 164). Car la Lettre sur les aveugles est aussi le lieu de s'interroger sur les différents systèmes philosophiques. Cette digression, comme tant d'autres excursions chez Diderot, est éloquente. Le bavardage, on l'a vu également, est lui aussi a priori connoté négativement. Il est d'ailleurs le plus souvent synonyme de parole vaine, absurde, sans sens, voire médisante. Mais, par un tour de force, le bavardage peut devenir le symbole d'une parole vive, voire vivante. Thierry Durand (1991 : 69 et 71-2 ) note à propos de Jacques le fataliste : Tout le monde parle, toutes les voix se font entendre sans qu'aucune, pourtant, ne soit la bonne, sans qu'aucune, paradoxalement, ne dise rien de définitif. Tout est à continuer, à poursuivre. Il n'y a pas de maître dans le texte, pas de thème directeur. Nous savons que Jacques mène son maître qui, lui-même, change de maître tous les jours. Jacques mène son maître en parlant et en se condamnant à tourner en rond, à répéter inlassablement ce que son capitaine disait ; enfermé dans le cercle du bavardage, il ne fait que répéter. [] Jacques le fataliste s'offre au lecteur sous les débordements de la plus grande diffusion, de la plus diverse prolixité ; le livre prône la quantité : conversations, contes, commentaires et histoires courtes se mêlent, se chevauchent dans le tissu du récit. Comment un tel prodige est-il donc possible, sinon du fait que Diderot, « théoricien explicite de la communication », veut faire passer, communiquer un « dict »? En d'autres termes, contrairement à ce que met en valeur l'Encyclopédie, les personnages de Jacques le fataliste sont des bêtes de langage, ils « bavardent ». Tous les personnages bavar , Jacques et son maître, l'hôtesse et le narrateur. La langue, en devenant bavardage, démasque pour la ruiner la distinction classique entre discours vrai et discours faux. Le concept de bavardage est à relier à celui de répétition dans le sens où le bavardage sera défini comme une « redite ». En somme, l'authenticité de la parole ne pourrait souffrir la répétition. Le destin de tout langage est dans le bavardage, seul le « faire », qui est le « dire » premier, fonde l'authenticité. Selon Thierry Durand, le texte diderotien pourrait être placé sous le signe du bavardage : le bavardage serait le terme pour désigner cette parole qui ne s'impose pas, qui ne s'achève pas, qui ne possède pas de « thème directeur », mais qui possède son éloquence propre, toute paradoxale. C'est ainsi que le « caquet » des bijoux vient contredire les discours prononcés par la bouche des femmes et finalement l'emporter : ce sont les bavards bijoux, orateurs d'un « Ne seriez-vous pas curieuse de voir aux prises deux ennemis, dont les armes se ressemblent si fort? Si la victoire restait à l'un des deux, ce ne pourrait être qu'à celui qui s'en servirait le mieux ; mais l'auteur de l'Essai sur l'origine des connaissances humaines vient de donner dans un Traité sur les systèmes, de nouvelles preuves de l'adresse avec laquelle il sait manier les siennes et montrer combien il est redoutable pour les systématiques ». (Lettre sur les aveugles, 164). Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente type bien particulier, qui disent la vérité : « lorsque la bouche et le bijou d'une femme se contredisent, lequel croire? » (40), fait mine de demander Mangogul, pour prendre la défense de Monima. Et de même, c'est au fur et à mesure du bavardage entre MOI et LUI, de leur conversation à bâtons rompus, que se construit le discours philosophique. LUI a beau qualifier sa parole de ramage saugrenu, il n'en est pas moins vrai que ce même ramage reflète une réalité linguistique. L'idiolecte si particulier de LUI est révélateur de l'existence de ce type d'énergumène ; et son bavardage incontrôlé et incontrôlable, en un sens, est, à sa manière, particulièrement éloquent. À condition d'être porteuse de sens, la parole sibylline peut ainsi être extrêmement valorisée. Contrairement à la parole adverse volontairement embrouillée pour masquer un contenu inavouable, et qui déborde ainsi largement sur son dit, la parole philosophique est intensément signifiante. Ses amphigouris ne sont que le reflet de la vision d'une réalité complexe, autrement plus complexe que celle qui est proposée par le camp adverse. C'est dans cette logique que MOI en vient à valoriser la parole prononcée par LUI, en sousentendant que son sens profond lui échappe, alors qu'il en est le locuteur : « LUI. Bilan partiel Dans l'Apologie de l'abbé de Prades (526), on lit : « De quelles armes avais-je à me servir dans ce premier choc? fallait-il employer la raison ou l'autorité? » Non seulement la raison est présentée comme étant plus efficace en vue de l'obtention d'une adhésion, mais par ailleurs, il est indispensable d'avoir recours à la puissance de cette arme afin de contrer l'arme ennemie, l'autorité. Tout se retourne et se regarde en miroir chez Diderot : les armes ne sont pas les mêmes, mais elles sont fabriquées et utilisées en fonction des armes ennemies485. Diderot, dans la Le Neveu de Rameau, 629. Il est intéressant de constater, grâce aux recherches de Didier Masseau (2000) que les « ennemis des philosophes », pour reprendre le titre de son ouvrage, se sont pour certains finalement résolus à user des mêmes 484 485 371
TROISIÈME PARTIE : ÉTHIQUE DE LA PAROLE PHILOSOPHIQUE Lettre sur
les
aveugles
(164), s'étonne de ce que sensualistes (représentés par Condillac) et idéalistes (représentés par Berkeley) aient recours aux mêmes prémisses, et donc, métaphoriquement, aux mêmes armes 486, pour parvenir à des conclusions opposées. Le discours philosophique, sous peine de n'être pas crédible, voire risible, prend soin de ne pas reproduire les erreurs qu'il dénonce dans le discours adverse. C'est pourquoi il semble que la première stratégie de réfutation qu'il lui soit possible d'adopter consiste simplement, indépendamment de l'apparition explicite ou non du discours de l'autre, en un maintien spécifique : en exhibant ses méthodes d'investigation, en privilégiant la communication, en se montrant attentif à la fois au langage employé et aux choses auxquelles il réfère, le philosophe rend son discours conséquent non seulement par rapport à ses objets et à ses objectifs de réfutation, mais aussi par rapport au monde tel que son époque devrait raisonnablement le percevoir. Cependant, définir cette stratégie contre-argumentative par opposition ne permet pas de la saisir dans son entier. Il est à noter que le discours philosophique pratique parfois ce qui est ailleurs considéré comme fallacieux dans le discours adverse, même si c'est de manière différente. Le logos philosophique se place certes sous le signe de la raison, mais aussi sous celui de la déraison, c'est-à-dire du rêve, du galimatias, du délire, formes de paroles qui paient leur tribut à la complexité du réel. « stratégies » que les philosophes, devant la victoire progressive de ces derniers. Aussi s'adonnent-ils à un travail de vulgarisation, en s'essayant notamment à l'écriture de dialogues, de dictionnaires, et parfois même d'oeuvres de fiction. Ils se rendent de cette manière plus séduisants aux yeux de l'opinion pour laquelle on se bat. Dans ce cas, il s'agit donc de contrer l'adversaire sur son propre terrain : « Lorsque le marché du livre croît dans des proportions nouvelles, lorsque surgit la peur fondée ou infondée que l'incrédulité risque d'atteindre de nouvelles catégories de lecteurs peu cultivés, venant d'accéder à la lecture, ne doit-on pas parer au plus pressé en usant de toutes les techniques de vulgarisation pour défendre la pensée chrétienne, avant que ce public vulnérable et menacé ne soit définitivement contaminé par les écrits impies? » (D. Masseau, 2000 : 274).
486 Voir citation plus haut, note 483 p. 370 de
notre travail. Chapitre premier : Une stratégie contre-argumentative conséquente
Construire une image qui soit bien plus plaisante que celle des dévots semble un autre but important de cette stratégie. Le problème de la présentation de soi ne se trouve-t-il pas au coeur de la stratégie réfutative? C'est en partie du fait de sa manière de contre-argumenter que le philosophe s'oppose et se pose. Ruth Amossy (2010 : 113) explique ainsi que l'ethos est à la fois le produit du dit et celui du dire : L'image de soi peut découler du dit : ce que le locuteur énonce explicitement sur lui-même en se prenant comme thème de son propre discours. En même temps, elle est toujours un résultat du dire : le locuteur se dévoile dans les modalités de sa parole, même lorsqu'il ne se réfère pas à lui-même. C'est ce que Maingueneau a appelé, on l'a déjà évoqué, ethos dit et ethos montré. La façon de contre-argumenter du philosophe fait partie des « modalités de sa parole », et constitue en grande partie son ton487. « L'exemple488, les prodiges et l'autorité peuvent faire des dupes ou des hypocrites. La raison seule fait des croyants », écrit Diderot dans les Pensées philosophiques (LVI, 38) : choisir tel ou tel type d'argument, argumenter de telle ou telle manière, contribuent à la formation de l'image que celui qui a la parole donne ou souhaite donner de lui-même. Ainsi, pour résumer, le dire du philosophe montrerait que ce dernier vaut mieux que le dévot. Pour finir, la stratégie réfutative ne peut être que différente de la stratégie adverse, du fait de leurs intentions opposées. Le logos philosophique n'est pas circulaire et refermé sur lui-même, comme l'est le discours dévot ; il est ouvert vers l'extérieur et sa fonction est de révéler plutôt que de dissimuler. L'éloquence, pour Diderot, ne doit pas être « une sorte de mensonge489 » : l'éloquence philosophique, qui ouvre et dévoile, vient combattre l'éloquence traditionnelle, qui clôt et qui masque. Jacques Chouillet (1984 : 133-134) remarque ainsi que, chez Diderot, c'est toujours inutilement que l'on étouffe la voix ainsi que la vérité qu'elle détient. Aussi la voix étouffée des bijoux se trouve-t-elle soudainement libérée par la puissance magique de l'anneau : Le propre de l'anneau est de leur conférer la vertu de parole, mais il faut aller au-delà de la Il faut citer précisément Oswald Ducrot (1984 : 201) qui fait mention de l'importance du choix des arguments dans la constitution de l'ethos de l'orateur, et ce, ès l'Antiquité : « Cette image de l'orateur désignée comme ethos ou 'caractère' est encore appelé quelquefois – l'expression est bizarre mais significative –'moeurs oratoires'. Il faut entendre par là les moeurs que l'orateur s'attribue à lui-même par la façon dont il exerce son activité oratoire. Il ne s'agit pas des affirmations flatteuses qu'il peut faire sur sa propre personne dans le contenu de son discours, affirmations qui risquent au contraire de heurter l'auditeur, mais de l'apparence que lui confèrent le débit, l'intonation, chaleureuse ou sévère, le choix des mots, des arguments (le fait de choisir ou de négliger tel argument peut apparaître symptomatique de telle qualité ou de tel défaut moral) ». 488 À notre sens, l'exemple, ici, signifie l'exemplarité au sens où nous l'avons défini plus haut. Les muselières et bâillons ne parviennent jamais à empêcher la prise de parole, qui ne peut que jaillir. De même, la tentative d'étouffement de la voix de Suzanne, d'une certaine manière, échoue : Cependant le jour fut pris pour ma profession ; on ne négligea rien pour obtenir mon consentement, mais quand on vit qu'il était inutile de le solliciter, on prit le parti de s'en passer. De ce moment, je fus renfermée dans ma cellule ; on m'imposa le silence ; je fus séparée de tout le monde, abandonnée à moi-même, et je vis clairement qu'on était résolu à disposer de moi sans moi. (La Religieuse, 284). Diderot, pour remédier à ce silence imposé, donne la parole à Suzanne, fait éclater sa voix de manière à faire d'elle la porte-parole de toutes les religieuses, en lui faisant contester la place qu'on lui a violemment attribuée. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la voix de Suzanne se sera finalement avérée retentissante. Le droit à la parole, à posséder son éloquence propre, qui contredit nécessairement le silence dominant, est un droit inaliénable, qu'il faut revendiquer pour ce Tiers silencieux que serait le public490 : le mode diderotien de la réfutation, qui suppose que la parole ne puisse être confisquée, revêt ainsi une profonde valeur éthique.
| 54,048
|
e70ea4007499ebd7dfcc27ba15308c2d_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,010
|
Plan d'expériences séquentiel appliqué à la dosimétrie numérique. 15è Colloque International et Exposition sur la compatibilité Electromagnétique (CEM'10), Apr 2010, Limoges, France. CD-ROM Proceedings (2 p.). ⟨hal-00524199⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 1,347
| 2,160
|
. non
** Hadjem* A Gati* M F Wong*, G. Fleury** J. Wiart *. (*) : Whist lab Orange Labs, Issy les moulineaux, imad @orange- group.com : elec au de Moulon Gif manuel @
méthodologie consistant à trouver la valeur du Débit d'Absorption Spécifique du Corps Entier (DAS_CE) qui couvre 95% d'une population donnée. Cette méthode repose d une part sur de l'Inférence Bayesienne et d'autre part sur un modèle paramétrique de prédiction du DAS_CE en fonction de la morphologie ainsi que des outils de simulations numériques. I. INTRODUCTION
Les technologies liées aux champs électromagnétiques (CEM) sont de plus en plus utilisées à travers le monde. Afin de protéger les personnes, des restrictions de bases, ont été définis [1]. Ces niveaux fixent des valeurs de DAS à ne pas dépasser. Des niveaux de références ont été dérivés des restrictions de base de façon conservative. Ces niveaux définissent le niveau maximal autorisé du champ électromagnétique. Ces niveaux de références ont été établis pour que leur respect implique la conformité aux restrictions de base. Afin d'évaluer le DAS dans le corps, nous utilisons des modèles numériques d'humains (fantômes) et des méthodes numériques (par exemple : Finite Difference in Time Domain). Des études utilisant ces outils montrent que, pour certaines configurations, le DAS_CE est très proche des restrictions de base. D'autres études ont souligné la variabilité du DAS_CE due de la variabilité de la morphologie humaine [2]. Nous disposons d'un ensemble de 18 fantômes (8 enfants, 7 hommes et 3 femmes). Les fantômes sont très difficiles à obtenir, une technique appelée morphing [3] a été développée et consiste à construire des fantômes modèles anatomiques en déformant par partie des modèles existants. La limite de ces approches est liée au fait que ces déformations sont basées sur des paramètres extérieures et ne permettent pas de prendre en compte les variations de la morphologie interne (muscles, graisses,...). Le nombre limité de fantômes ne permet pas d'utiliser des méthodes comme Monte-Carlo pour caractériser la distribution statistique du DAS_CE d'une population et en déduire le seuil du DAS_CE à 95%. Ce qui nous conduit vers une construction de modèle mathématique simplifié pour prédire le DAS_CE. Afin de construire un tel modèle, les facteurs qui influencent le DAS_CE ont été identifiés [4]. Nous distinguons deux types des facteurs, la morphologie externe (taille, poids,...) et la morphologie interne (muscles, graisse,...). Concernant la morphologie externe, des données statistiques existent dans la littérature. Mais, il est difficile de trouver des données statistiques de la morphologie internes dans la littérature. De plus ces deux types de facteurs ne sont probablement pas séparables. Pour séparer ces deux types de facteurs, nous allons nous affranchir des facteurs morphologiques internes en considérant des fantômes homogènes. Les propriétés diélectriques des tissus ont étés remplacés par des propriétés diélectriques équivalentes définies par la CEI (Commission Electronique Internationale). L'objectif de ce papier est de déterminer le seuil du DAS_CE à 95% pour une population donnée. La méthode de Monte Carlo reste couteuse pour caractériser ce seuil. Nous proposons alors un plan d'expériences séquentiel permettant de choisir des fantômes permettant de raffiner la région à 95 % du DAS_CE pour une population donnée. Les fantômes sont exposés à une onde plane de polarisation verticale, une fréquence fixée à 2100MHz et une puissance incidente de 1W/m2.
II. PLAN D'EXPERIENCES SÉQUENTIEL II.1. Matériel
Nous disposons d'une base de données anthropométrique d'un échantillon de 3800 adultes de la population française. Les facteurs externes qui ont été extraits de cet échantillon sont : la taille, la hauteur jambes, la carrure devant, la carrure derrière, le tour de poitrine, et le tour de ceinture. Nous avons trouvé les lois de probabilités qui estiment ces différents facteurs. Ces lois sont la loi normale et la loi Log-normale. La technique du morphing a été adaptée à la base de données anthropométrique afin d'obtenir des nouveaux fantômes.
II.2. Modèle du WBSAR.
Nous avons établi une relation du WBSAR en fonction de la morphologie externe en utilisant des simulations numériques qui existe dans la configuration citée dans l'introduction. Cette relation s'écrit comme suit : DAS _ CE = θ1 taille + θ 2 tour de poitrine tour de ce int ure + θ3 + θ4 carrure devant carrure devant L'erreur de l'estimation de cette relation est inférieure à 7%. Le résultat de ce plan est noté Fn = ( x i, y i ) i=1,..,6, où xi est les facteurs morphologiques externes et yi est la valeur du DAS_CE. Ce plan d'expériences permet de valider statistiquement le modèle paramétrique postulé.
II.3. Plan d'expériences séquentiel
Le plan d'expériences repose sur la formule de Bayes qui s'écrit comme suit : P(Θ \ Fn ) = P(Θ).P(Fn \ Θ) où P(Θ \ Fn ) est la loi posteriori, P(Θ) l'apriori noninformatif (gaussienne centrée et très grand écart-type) et P(Fn \ Θ) la vraisemblance. En utilisant la loi a postériori nous pouvons obtenir un échantillon de Θ. Le principe du plan d'expériences séquentiel est donné parla figure 1. Nous échantillonnons (Θ i ) i =1,...,n suivant la loi à posteriori. Pour chaque Θ i, nous calculons la densité du DAS_CE; nous en déduisons le DAS_CE à 95%. L'ensemble de ces DAS_CE à 95 % obtenu forme une distribution de DAS_CE à 95%. Le plan d'expériences consiste à faire un choix de candidats permettant de réduire la variance de cette distribution (cf. fig. 1). La figure 3 montre l'évolution de la moyenne de la distribution de ce quantile
à 95%.
Et
la m
oyenne
se
stabilise auto
ur
de 7mW/kg. 7.6
Moyenne du quantile du DASCE (mW/Kg)
Afin de valider cette relation, nous avons utilisé un plan d'expériences permettant de réduire la région de confiance Θ = [θ1, θ2, θ3, θ 4 ].6 expériences ont été choisis. 7.4 7.2
7 6.8 6.6 6.4 6.2 0 5 10 15 20 Nombre
d'
itérations 25 30
Fig.3 –stabilité de la moyenne après 26 itérations.
Nous avons aussi trouvé parmi les expériences un fantôme correspondant à cette valeur du DAS_CE. Ce fantôme a une taille de 1,47 m, un tour de poitrine de 76.5 cm et un tour de ceinture de 65 cm.
III. CONCLUSION
Afin d'obtenir une valeur maximale du DAS_CE à 95% pour une population donnée, la méthode de Monte Carlo est très couteuse. Nous avons proposé un plan d'expérience séquentiel afin de trouver cette valeur du DAS_CE à 95 % dans une population. Nous avons obtenu une valeur du DAS_CE à 95 % après 26 itérations. De plus nous avons trouvé un fantôme qui a cette valeur du DAS_CE. L'objectif est d'introduire les propriétés diélectriques dans le modèle paramétrique.
IV. REFERENCE
Fig.1 – illustration du plan d'expériences séquentiel
Quand la variance de cette distribution est suffisamment petite, nous choisirons la moyenne comme valeur du seuil à 95 % du DAS_CE.
II.4. Résultats
La figure 2 montre la diminution en fonction du nombre d'itérations de la variance du seuil du DAS_CE à 95 %. Cette diminution se stabilise après seulement 26 itérations. Plus on rajoute des fantômes plus la distribution du DAS_CE à 95% diminue. Variance du quantile du DASCE à 95 % 4 x 10 -7 3.5 3
[1] ICNIRP 1998 Guidelines for Limiting Exposure to Time Varying Electric Magnetic and Electromagnetic Field (up to 300 GHz). Radiation Protection Health Physics, Volume 74, Number 4:494-522 [2] Conil. E, Hadjem. A, Lacroux. F, Wong. MF and Wiart J 2008 Variability analysis of SAR from 20MHz to 2.4GHz for different adult and child models using FDTD Phys. Med. Biol. 53 1511-1525. [3] Hadjem A., Lautru D., Dale C., Wong M.F., Hanna V.F., Wiart J. 2004 Comparison of Specific Absorption Rate (SAR) Induced in Child-Sized and Adult Heads Using a Dual Band Mobile Phone in IEEE MTT-S Int. Microwave Symp. Dig.1453-1456. 2.5 2 1.5 1
0.5
0 0 5
10 15 20 Nombre d'itéartions 25 30
Fig.2 –Diminution de la variance du quantile à 95 %
[4] El Habachi A, Conil E, Hadjem A, Vazquez E, Wong M-F, Fleury G and Wiart J, Statistical Analysis of the Whole Body Specific Absorption Rate using Human Body Characteristics. Soumis a physic in Med. And Biology.
| 35,532
|
7319adcadce4ddafcbc4883ed624c994_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,010
|
Les géotextiles : fonctions, caractéristiques et dimensionnement. Ingénieries eau-agriculture-territoires, 2000, 22, p. 17 - p. 25. ⟨hal-00464010⟩
|
None
|
French
|
Spoken
| 4,392
| 7,026
|
Les géotextiles : fonctions, caractéristiques et dimensionnement
epuis une trentaine d’années, l’utilisation des géotextiles s’est largement étendue à tous types d’ouvrages de génie civil. Parce qu’ils sont faciles à mettre en œuvre et assez peu coûteux, ils ont supplanté des matériaux traditionnels, y compris dans la construction d’ouvrages audacieux. Pour accompagner l’évolution de ces produits « techniques », des essais et méthodes de dimensionnement ont été développés par la profession. Celle-ci, réunie au sein du Comité français des géosynthétiques – CFG1, association regroupant notamment producteurs, organismes de recherche et grands maîtres d’ouvrage, a aussi mis sur pied un programme de certification des géotextiles. Ce document a pour objectif de rappeler les principaux aspects théoriques et pratiques liés à l’utilisation des géotextiles. Il présente par ailleurs des textes de référence pour le dimensionnement. Le numéro spécial « Géosynthétiques » de la revue Ingénieries (Collectif, 1999) le complète utilement en illustrant les possibilités offertes par les géotextiles dans la réalisation de divers types d’ouvrages. Que sont les géotextiles? Les géotextiles sont définis comme des produits textiles à base de fibres polymères se présentant sous forme de nappes perméables, souples, résistantes et filtrantes, utilisés dans le domaine de la géotechnique et du génie civil. Ce sont en fait des textiles, au sens commun du terme, utilisés au contact du sol. Actuellement, les géotextiles sont plus utilisés et mieux connus que les géomembranes (Lambert, 1997), employées notamment pour l’étanchéité des ouvrages. On recense plusieurs dizaines de domaines d’utilisation des géotextiles, de la géotechnique routière aux ouvrages hydrauliques en passant par la stabilisation des sols. Dans tous ces ouvrages les géotextiles remplissent l’une 1. CFG : 9, Rue du au moins des six fonctions élémentaires : la Gué, 92500 Rueil séparation, la
filtration, le
drainage
, le renfor- Malmaison cement, la protection, la lutte
contre
l’érosion. Ces fonctions seront précisées par la suite. Les géotextiles sont classés selon leur structure, c’est-à-dire en fonction du mode de fabrication qui, à partir de fibres de polymères (principalement du polypropylène), a permis d’obtenir un matériau fini. Ces « familles » portent des noms issus de l’industrie textile. Ainsi, les géotextiles peuvent être des géotextiles tissés produits à partir de fils monofilaments, de fils multifilaments, ou de bandelettes ; des géotextiles non-tissés qui peuvent être aiguilletés ou thermoliés, ou bien encore tricotés. Stéphane Il existe aussi des produits apparentés aux Lambert géotextiles conçus pour assurer l’une au moins Cemagref Parc de Tourvoie des fonctions élémentaires des géotextiles. Parmi BP 44 ces produits, citons les géogrilles, géocompo- 92163 Antony sites, géocellules, géonaturels (constitués de fi- Cedex 17 Ingénieries n° 22 - – EAT juin 2000 bres naturelles) notamment utilisés en renforcement, drainage, protection des berges, et lutte anti-érosion. La certification : l’instrument de la confiance entre l'utilisateur et le producteur
Le marché des géotextiles est important (encadré 1) et les géotextiles disponibles sont nombreux et variés. Face à la diversité de l’offre, l’utilisateur peut s’appuyer sur la certification des géotextiles (Goussé, 1990). En effet, depuis 2. Association pour la dix ans, cette certification gérée par l’Asqual2 promotion de la apporte à l’utilisateur une meilleure lisibilité de qualité dans la filière l’offre, et donc une transparence du marché, textile-habillement : par une présentation homogène de l’informaASQUAL, 14, tion. En fait, les mêmes caractéristiques sont Rue des reculettes mentionnées sur toutes les fiches techniques des 75013 Paris produits certifiés. Des essais sont effectués par des laboratoires accrédités et indépendants, tel que celui du Cemagref d’Antony. Cette certification des géotextiles apporte une garantie importante à l'utilisateur, tant du point de vue des caractéristiques des matériaux, que de leur constance. L'utilisateur peut ainsi restreindre le nombre de contrôles à réception sur chantier des géotextiles certifiés ; ce point est précisé dans la norme NF G 38-060 relative à la mise en œuvre et au contrôle des géotextiles. On compte à ce jour une centaine de produits certifiés et le recours à ceux-ci est devenu quasiment systématique. Cependant, la certification ne dispense aucunement d’un dimensionnement préalable, c’est-à-dire de l’adéquation des caractéristiques du matériau avec l’objet de protection visé. En effet, un géotextile certifié
Encadré 1 Un marché important et toujours croissant
Depuis leurs premières applications dans les années soixante, en protection de berge et en séparation, les géotextiles sont présents dans tous les ouvrages de génie civil. En France, environ 80 millions de mètres carrés de géotextiles sont posés chaque année, pour seulement 22 millions en 1980. Ce marché, croissant à l'heure actuelle de 3 % par an, concerne pour moitié des applications de séparations mettant en œuvre 80 % des géotextiles non tissés. 18 S. Lambert ne saurait être présenté comme « bon » pour tout ouvrage. Le certificat n’apporte aucune garantie quant à l’aptitude du produit mais uniquement sur les valeurs des caractéristiques et sur leur constance.
Les six fonctions élémentaires
La séparation Le géotextile (figure 1), lorsqu’il assure une fonction de séparation, est placé entre deux sols très dissemblables par leur granulométrie, l’un fin et l’autre plus grossier, et a pour vocation de conserver l’intégrité et les performances de chacun des matériaux. Il empêche l’interpénétration des deux milieux, sans être un obstacle à la circulation des fluides. Cette fonction est essentiellement exploitée pour les chaussées telles que pistes ou voies à faible trafic pour y limiter l’orniérage comme par exemple en voirie forestière (Méry, 1996), ainsi que pour les couches de forme, voies ferroviaires et sous les remblais sur sols compressibles. La filtration
Un géotextile jouant un rôle de filtre doit autoriser le passage d’eau perpendiculairement à son plan, mais pas celui des particules de sol. Le géotextile assurant cette fonction doit être plus perméable que le sol à filtrer. Ainsi, la filtration est un compromis entre l’érosion interne du sol par perte de fines particules et le colmatage du filtre qui peut causer une augmentation de pression interstitielle dommageable à l’ouvrage. Cette fonction est principalement recherchée pour protéger les drains contre le colmatage, qu’ils soient de nature granulaire, tubulaire ou géotextile. Des géotextiles ont ainsi été utilisés dès 1970 dans des barrages en terre. Cette fonction peut aussi être recherchée pour la protection des berges contre le batillage dans ce cas le géotextile est placé sous un enrochement. Le drainage Lorsqu’il est utilisé en tant que drain, un géotextile permet un écoulement dans son plan de pose. On assimile dans ce cas le géotextile à un drain capable de dissiper les pressions interstitielles, de collecter et de conduire les flui-
Les géotextiles : fonctions, caractéristiques et dimensionnement
Chargement mécanique Géotextile Géotextile Géotextile Sol fin Fonction séparation Fluide Sol fin Fonction renforcement Fluide Chargement mécanique Géotextile Géotextile Géomembrane Sol Fonction filtration Fluide Fonction protection Fluide Géotextile Sol Fonction drainage des vers un exutoire. Cette fonction suppose aussi l’existence d’un filtre, géotextile ou autre, limitant l’entraînement de particules de sol. Comme les géotextiles se présentent sous forme de nappes, la surface de contact avec les sols à drainer est grande et donc leur possibilité de captage d’eau est importante. Cette utilisation peut en particulier concerner le drainage sous fondations, sous remblai (sur sol compressible), dans le corps de barrages en terre, entre un sol et un ouvrage tel que mur vertical ou tunnel ou
Gé
o
textile Sol Fonction anti-érosion
Figure 1. – Fonctions élémentaires des géotextiles. en association avec une géomembrane.
Le renforcement
Le géotextile utilisé en renforcement améliore la résistance mécanique d’un massif de sol dans lequel il est inclu. Le géotextile améliore à la fois la résistance à la traction du massif et sa capacité à se déformer avant la rupture. Le renforcement peut aussi concerner la reprise de sollicitations sur un autre élément ou sur une interface faible. C’est le cas lorsque l’on recou vre une géomembrane posée sur pente avec une couche de sol ; il peut y avoir ruine soit par rupture en traction de la géomembrane, soit par glissement de la couche de sol. Dans ce cas, un géotextile placé entre la géomembrane et le sol permet la reprise des sollicitations. L'utilisation des géotextiles en renforcement a pris de l’importance au milieu des années quatre-vingt pour des ouvrages tels que les murs de renforcement à talus vertical ou quasi-vertical, les remblais de géométrie traditionnelle avec des sols peu résistants, les radiers sous chaussée ou fondations, sur sols compressibles ou karstiques.
La protection
Un élément sensible, comme une géomembrane, est susceptible d’être endommagé par des éléments poiçonnants (matériaux grossiers), par effet dynamique ou statique. Interposé entre un élément sensible et des éléments poiçonnants, le gé textile assure une fonction de protection. La lutte contre l’érosion
Le géotextile limite dans ce cas les mouvements de particules de sol en surface, mouvements causés par l’eau ou le vent. Plusieurs techniques sont employées pour la lutte contre l’érosion. Un géotextile relativement ouvert maintiendra une couche de sol sur la pente (couche superficielle à épaisse), un géotextile fermé agira comme un matelas de protection. La lutte contre l’érosion par géotextiles est en général compatible avec des objectifs de végétalisation. Ces deux techniques sont souvent associées. La protection est alors principalement assurée par des produits apparentés (fibres végétales,...) et concerne :
Encadré 2 Trois propriétés hydrauliques essentielles
La permittivité d’un géotextile, notée ψ (s-1), traduit sa capacité à laisser passer l’eau perpendiculairement à son plan. La transmissivité d’un géotextile, notée θ (m2/s), traduit sa capacité à transporter de l’eau dans son plan. L’ouverture de filtration, notée Of (microns), traduit l’ouverture du géotextile. C’est la taille de la plus grosse particule de sol susceptible de traverser le géotextile. – les berges de canaux ou voies navigables soumises à l’érosion fluviale (batillage) ; – les torrents ou ouvrages hydrauliques particuliers soumis à un écoulement turbulent ; – les côtes soumises à l’érosion maritime et éolienne ; – les pentes, talus ou plates-formes exposés à l’érosion pluviale.
Des
propriétés
mécaniques
et
hydrauliques adaptées
à différentes fonctions Le comportement mécanique des géotextiles dépend du mode d’assemblage et de la nature du polymère de base. En traction, la résistance peut aller de quelques kN/m à plus de 1 000 kN/m pour des déformations allant de 10 % à plus de 100 %, au point de rupture. Des essais mettent en évidence d’autres propriétés mécaniques telles que la résistance au poiçonnement dynamique ou au poiçonnement statique. Le premier essai consiste à faire chuter un cône sur un géotextile et à mesurer le diamètre du trou obtenu. Le résultat est encadré par deux valeurs : de 0 mm pour un géotextile résistant à 50 mm pour un géotextile non résistant. Le deuxième essai, aussi appelé poinçonnement pyramidal, consiste à enfoncer, à vitesse constante, un poinçon de forme pyramidale dans un géotextile. Lors de cet essai, on mesure principalement la résistance au poinçonnement. Ces deux caractéristiques sont associées à la résistance à la perforation. Trois caractéristiques sont nécessaires pour qualifier le comportement hydraulique des géotextiles : la permittivité, la transmissivité et l’ouverture de filtration (encadré 2). La permittivité y d’un géotextile vaut k/e, avec k et e respectivement coefficient de perméabilité perpendiculairement au plan (m/s) et épaisseur (m) du géotextile. Plus la valeur est grande, plus facile est le passage de l’eau. Les valeurs typiques vont de 10-3 à 10 s-1. Ainsi, le débit Q traversant un géotextile par unité de surface vaut Q = ψ*∆h avec ∆h la perte de charge de l’écoulement. Les géotextiles : fonctions, caractéristiques et dimensionnement
Essai / caractéristique Norme Epaisseur Masse surfacique Traction / allongement Traction sur joints Perforation dynamique («chute de cône») Poinçonnement pyramidal Poinçonnement statique (essai CBR) Fluage sous compression Résistance à l’abrasion Frottement Souplesse Ouverture de filtration Permittivité / perméabilité normalement au plan Transmissivité / capacité de débit dans le plan Résistance aux agents climatiques Résistance microbiologique NF EN 964/1 NF EN 965 NF EN ISO 10319 NF EN ISO 10321 NF EN 918 NF G 38-019 NF EN ISO 12235 XP ENV 1897 NF EN ISO 13427 EN ISO 12957 NF G 38-021/2 NF G 38-017 remplacée par EN ISO 11058 NF G 38-018 remplacée par EN ISO 12958 NF G 38-019 remplacée par EN ISO 12956 NF EN 12224 (projet) NF EN 12225 (projet)
La transmissivité θ d’un géotextile vaut k*e, où k et e sont respectivement la perméabilité dans le plan (m/s) et l’épaisseur (m) du géotextile. Les valeurs typiques vont de 10-3 à 10-7 m2/s pour un gradient de 1. Les produits ayant une fonction de drainage dans un ouvrage ont rarement une transmissivité inférieure à 5.10-6 m2/s. Cependant, un géotextile ayant une transmissivité plus faible peut avoir une fonction de drain lorsqu’il est utilisé pour drainer un sol très imperméable, puisque le choix d’un géotextile de drainage se fait en tenant compte de la perméabilité du sol. quées auparavant. Le changement le plus important concerne l’essai de permittivité, puisque la norme européenne donne une autre caractéristique : VIH50 ou vh50 définie comme étant la vitesse d’écoulement créant une perte de charge de 50 mm à travers le géotextile. Sans tenir compte des unités, on obtient grossièrement le vh50 en multipliant ψ par 0,05. Cette relation n’est pas parfaite et les valeurs typiques de vh50 vont de 10-3 à 3.10-1 m/s. L’ouverture de filtration Of est déterminée par un essai qualifié parfois de « porométrie » ; elle sera comparée à la taille des particules du sol à retenir. Les valeurs d’ouverture de filtration varient de 63 microns (seuil minimum de la mesure) à plusieurs centaines de microns. Parallèlement à ces caractéristiques hydrauliques et mécaniques, il est généralement nécessaire d’évaluer la durée de vie des géotextiles. C’est principalement le type de polymère qui régit le vieillissement des géotextiles. Dans des contextes de génie civil, les géotextiles présentent une bonne tenue dans le temps. Cependant, on devra prendre en compte le fait que, de manière générale, les géotextiles ne résistent pas aux UV : leur recouvrement devra se faire rapidement. S’il est prévu une exposition durable aux UV, cette exigence devra être prise en compte pour le choix du géotextile. Depuis le début 2000, ces trois caractéristiques sont mesurées selon des normes européennes en remplacement des normes françaises appli- Deux normes permettent d’évaluer la résistance aux agents climatiques et la résistance micro biologique. Par unité de largeur, le débit transporté dans le plan du géotextile vaut Q = θ*∆h/L, avec ∆h la perte de charge de l’écoulement, et L la longueur du géotextile (m
Tableau 1. – Principales caractéristiques et normes d’essai des géotextiles. Un dimensionnement par fonction, spécifique à chaque ouvrage
Le dimensionnement des géotextiles est un dimensionnement par fonction. À partir de la connaissance de l’ouvrage, on établit, par le biais de méthodes de dimensionnement propres à chaque fonction, des spécifications pour le choix des géotextiles. Les principes et règles de dimensionnement d’ouvrages incluant des géotextiles sont précisés dans des normes ou des recommandations du CFG (encadré 3). Ce chapitre ne saurait les remplacer. Il y fait référence et en cite quelques points. Il constitue tout au plus une introduction au dimensionnement. Il faut aussi noter que les méthodes de dimensionnement citées ne prennent pas encore en compte le récent passage aux normes européennes. Le dimensionnement doit d’abord s’intéresser à la fonction recherchée pour le géotextile et donc aux caractéristiques correspondantes. Il doit aussi tenir compte des conditions de site pouvant nuire au bon fonctionnement du géotextile ou potentiellement préjudiciables à l’ouvrage dans sa globalité. D’autres propriétés que celles relatives à la fonction principale du géotextile dans l’ouvrage peuvent ainsi être nécessaires pour le dimensionnement. Par exemple, un géotextile de séparation ou de renforcement ne doit pas être un obstacle infranchissable aux écoulements d’eau dans le sol, aussi faibles soient-ils. Ou bien encore, un géotextile de drainage ou de filtration doit pouvoir conserver ses propriétés même lorsqu’il est soumis à des efforts de traction. Par ailleurs, quels que soient l’application et l’ouvrage, la mise en œuvre doit pouvoir se faire sans détérioration ou modification des caractéristiques du géotextile susceptible d’altérer ou de réduire son aptitude à remplir sa fonction ; ceci peut survenir par exemple lorsque le géotextile est mis en contact d’un sol boueux (risque de colmatage) ou constitué de granulats agressifs. Cet aspect doit être pris en compte lors du dimensionnement ou de la mise en œuvre.
Le dimensionnement en filtration et drainage
Le document de référence est la norme NF G 38-061. Elle détaille, pour les géotextiles utilisés en drainage et filtration, les rôles et caractéristiques du géotextile, les caractéristiques des sols à prendre en compte ainsi que les précautions nécessaires lors de la mise en œuvre. Filtration – Lorsqu’il est utilisé dans cette fonction, le géotextile doit satisfaire à deux conditions antagonistes : retenir le sol et laisser passer l’eau. Ces conditions sont en effet contradictoires car dans un cas, il faudrait que le géotextile soit très fermé, et dans l’autre qu’il soit très ouvert. Le dimensionnement pour cette application suppose la connaissance des caractéristiques du sol dont : Encadré 3 Normes et textes de recommandations – NF G 38-060 : Recommandations pour l’emploi des géotextiles et produits apparentés – Mise en œuvre – Spécifications – Contrôle des géotextiles et produits apparentés. – NF G 38-061 : Recommandations pour l’emploi des géotextiles et produits apparentés. Détermination des caractéristiques hydrauliques et mise en œuvre des géotextiles et produits apparentés utilisés dans les systèmes de drainage et de filtration. – NF G 38-063 : Recommandations pour l’emploi des géotextiles et produits apparentés. Utilisation des géotextile et produits apparentés sous remblais sur sols compressibles. – Fascicule n° 9 du CFG : Recommandations pour l’utilisation des géotextiles dans le renforcement des ouvrages en terre. – Fascicule n° 11 du CFG : Recommandations pour l’utilisation des géosynthétiques dans les centres de stockage de déchets.
22 Les géotextiles : fonctions, caractéristiques et dimensionnement
– sa granulométrie : l’ouverture de filtration du géotextile sera définie en fonction du d85 (diamètre tel que 85 % des particules du sol soient de dimension inférieure) du sol ; Géotextile Drain-filtre Enrochement – sa compacité : un sol dense est moins sensible à l’érosion interne ; – sa perméabilité : le géotextile doit être plus perméable que le sol à l’amont pour ne pas freiner l’écoulement. Le choix du géotextile est en général fait de telle sorte que son Of soit inférieure au d85 du sol, affecté d’un coefficient C dépendant de l’ouvrage et que sa perméabilité soit 103 à 105 plus grande que celle du sol. Pour cette application, la souplesse du géotextile est une caractéristique qu’il conviendra de prendre en compte pour le dimensionnement. Plus un géotextile est souple, plus il peut s’adapter au relief du sol et limiter ainsi le déplacement de particules de sol pouvant conduire au colmatage du système.
Drainage
– Pour une utilisation en drain, la transmissivité est le principal critère. Le dimensionnement devra tenir compte du débit à évacuer, du gradient hydraulique, de la pente donnée au géotextile et aussi de la contrainte appliquée sur le géotextile, celle-ci ayant une influence sur son épaisseur et donc sur sa transmissivité (figure 2). Les géotextiles utilisés en drain-filtre, c’est-àdire lorsqu’un seul géotextile assure à la fois le rôle de drain et celui de filtre, devront satisfaire aux spécifications drain et de filtre. Le dimensionnement en séparation
Pour un dimensionnement de géotextile en séparation, les critères à prendre en compte sont : – la nature et l’intensité du trafic (pour les voies de circulation) ; – l’épaisseur et la nature du matériau d’apport ; – la nature du sol support. Les caractéristiques prises en compte pour un dimensionnement en séparation sont principalement la résistance à la traction et à la perforation statique, ainsi que l’allongement.
Géotextile filtre Figure 2 – Exemples d'emplois de géotextiles dans un barrage en terre. Le dimensionnement pour la séparation sous remblais sur sols compressibles est abordé par la norme NF G 38-063. Elle prend en considération la valeur de cohésion de la couche support.
Le dimensionnement en renforcement
Le principal document concernant l’emploi de géotextiles pour le renforcement d’ouvrages en terre est le fascicule n° 9 du CFG. Il précise notamment les principes généraux de dimensionnement et de mise en œuvre des géotextiles dans ce type d’ouvrage. Ce document peut être complété par le projet de norme du bureau de normalisation sols-routes -BNSR3 - concernant les coefficients de sé- 3. BNSR : C/O LCPC curité à prendre par rapport à la rupture par 58, Bd Lefebvre, traction des géotextiles. Ces coefficients de sé- 75732 Paris curité tiennent notamment compte des condi- Cedex 15 tions de mise en œuvre (endommagement possible), du fluage du géotextile (fonction du polymère) et de la durée de vie de l’ouvrage. Le principe de renforcement des sols par géotextiles suppose qu’il y ait frottement entre le sol et le géotextile et qu’il y ait un déplacement pour mobiliser les forces dans le géotextile. Ainsi, les principales propriétés utilisées sont les propriétés en traction (résistance et allongement) et le frottement. Les techniques de réalisation des ouvrages sont nombreuses et le dimensionnement, s’appuyant sur des calculs d’équilibre limite de mécanique des sols, doit être réalisé par un bureau d’étude compétent. Il requiert des données relatives au géotextile, au sol et au frottement sol-géotextile (figure 3).
Géotextile de séparation Géotextile de renforcement S. Lambert Structure d'assise Remblai renforcé
vière...) et du contexte, on dispose de nombreux produits de type et de principe de fonctionnement différents. Ce sont principalement des produits apparentés. Tous permettent peu ou prou la revégétalisation que la lutte contre l’érosion peut nécessiter. Celle-ci peut se faire naturellement ou par ensemencement hydraulique. On citera pour exemple :
Figure 3 – Exemples d'emplois de géotextiles dans une chaussée sur remblai renforcé.
Le
dimension
nement en protection
La fonction protection est très complexe. Elle bénéficie pour le moment de trop peu d’études pour qu’il existe une méthode unanimement reconnue de caractérisation de l’aptitude d’un géotextile à protéger une géomembrane. Cette propriété dépend de la nature du matériau « endommageant » et de son type d’action, dynamique ou statique, mais aussi du type de géomembrane à protéger et du sol support. Pour le dimensionnement, les approches sont variables et leur fondement sont souvent empiriques. Les essais les plus simples et les plus significatifs sont les essais de résistance au poinçonnement pyramidal et dynamique. En règle générale, un géotextile de faible grammage ne peut assurer une fonction de protection, et cette caractéristique ne doit pas être considérée comme suffisante pour cette fonction. Compte tenu du relatif manque d’outils pour le dimensionnement, il est conseillé, pour des ouvrages où la fonction protection revêt une grande importance, de recourir à des planches d’essai sur site. Celles-ci permettront notamment d’évaluer l’efficacité du géotextile dans les conditions réelles. On testera dans ce cas non pas le géotextile seul, mais le géotextile et la géomembrane constituant ensemble un dispositif d’étanchéité par géomembrane – DEG (Girard, 1998).
Le dimensionnement pour les applications de lutte contre l’érosion
Les techniques de lutte contre l’érosion par géotextiles sont nombreuses. En fonction de l’ouvrage (talus exposé à la pluie, berge de ri24 – les produits apparentés ayant une structure ouverte permettant la fixation des particules de sol de surface : ils limitent l’impact des pluies et ralentissent le ruissellement en surface et favorisent la prise de la végétation (Dinger, 2000) ; – les produits tridimensionnels permettant de contenir une couche de sol végétal ou non. Remplis de terre ou de matériau granulaire, ils permettent notamment de végétaliser des pentes fortes sur lesquelles la terre végétale seule glisserait (par exemple sur une géomembrane). C’est le cas des géoconteneurs ; – les produits apparentés constitués d’une nappe continue intégrant des « poches » qui, une fois posées sur le sol sont remplies de grave, de terre ou de béton. Le sol à protéger est donc couvert par un géotextile lesté, un matelas, qui servira de support pour la pousse des végétaux. Ce principe est notamment utilisé pour les berges de canaux ou voies navigables. Pour cette fonction, le dimensionnement dépend du type d’action érodante (pluie, batillage, vitesse de l’écoulement, turbulences de l’écoulement), de la pente et de la nature du sol, des ences en terme de végétalisation. Il n’y a pas de document d’aide à la conception rassemblant l’ensemble des techniques et des produits. Cependant, grâce à l’expérience acquise sur de nombreux ouvrages, les géotextiles sont de mieux en mieux exploités pour ce type d’application.
Conclusion
Les géotextiles sont des produits techniques de plus en plus largement employés. Ces produits ne sont cependant pas passe partout ; leur fonctionnement dans les ouvrages repose sur des Les géotextiles : fonctions, caractéristiques et dimensionnement principes complexes renvoyant à de nombreuses caractéristiques. La conception d’ouvrages les intégrant doit ainsi s’appuyer sur un dimensionnement réel et conforme à l’état de l’art. Pour cela, les concepteurs et maîtres d’œuvres disposent notamment de guides de dimensionnement établis conjointement par tous les acteurs du domaine et fruit de la capitalisation des connaissances acquises depuis 30 ans. En trente ans les géotextiles ont gagné tous les ouvrages du génie civil pour y remplir de nombreuses fonctions. Cet article a pour but de présenter rapidement les géotextiles dans une approche pratique. Il rappelle toutes les possibilités que les géotextiles peuvent offrir au maître d’œuvre ou au concepteur à travers une présentation des six fonctions élémentaires. Il définit ensuite les caractéristiques pertinentes pour ces fonctions et décrit quelques-uns des essais s’y rapportant. Enfin, il présente les principes de dimensionnement des géotextiles remplissant ces fonctions, renvoyant notamment aux textes de référence. Abstract Since their first application in the 60’s, geotextiles have been employed in almost all civil engineering projects, to fulfil various functions. This paper aims at presenting geotextiles in a practical approach. It reminds all the possibilities that geotextiles give to designers, through the presentation of their six main functions. It deals with characteristics linked to these functions and describes some of the tests employed. At least, bases for designing projects with geotextiles are given
. Bibliographie COLLECTIF, 1999. Géosynthétiques, techniques et applications. Ingéniérieries-Eat, numéro spécial 1999, 115 p. DINGER, F., MOIROUD, C., 1999. L’utilisation de toile de coco dans les ouvrages de protection des berges, Ingénieres-EAT, numéro spécial Géosynthétiques techniques et applications. GIRARD, H., POULAIN, D., TISSERAND, C.,1998, Installation dameg field tests on a geomembrane and waterproofing of the Selvet dam, Sixth international conference on geosynthetics, Atlanta, march 1998. GOUSSÉ, F., 1990. La certification des géotextiles. Informations techniques du Cemagref, n° 83, 8 p. LAMBERT, S., 1997. Les géomembranes. Ingénieries-EAT, n° 11, p. 27-40. MÉRY, J., 1996. Les geotextiles en voirie forestière. Forêt-entreprise, n° 109, p. 61-64. 25.
| 48,180
|
01/hal.univ-lorraine.fr-hal-01733857-document.txt_4
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,031
| 13,821
|
Fiche de liaison RB
: Et qui doit selon vous
la signer cette fiche, en être le responsable? IDE 1 : Euh, celui qui la rédige, si c'est l'IDE (IDE1-72), c'est à elle de la signer et éventuellement la cosigner avec les aides-soignantes présentes. Mais, euh, je pense par contre qu'il n'est pas nécessaire que la rédaction incombe forcément à l'infirmière (IDE1-73), les aides-soignantes (IDE1-74) connaissent parfois les résidents mieux que nous, donc je pense que c'est un outil qu'elles pourraient également s'approprier (IDE1-75) ou au moins rédiger la fiche en binôme IDE-AS. (IDE1-76) 168 RB : Je vais à présent vous présenter cette fiche afin de vous la remémorer. Que pensez-vous de cette fiche en la voyant ou quand vous l'utilisez? IDE 1 : Alors, au niveau des transferts, je pense qu'on pourrait ajouter que certains patients ne quittent pas le fauteuil de la journée (IDE1-77), je ne sais pas comment vous pouvez le tourner mais il y a des gens qui vont directement du lit au fauteuil (IDE1-78), on ne les verticalise pas du tout. Sinon quand j'ai rempli la dernière fois, il me manquait quelque chose dans la rubrique « Humeur » mais je ne sais plus quoi et du coup j'ai marqué dans les observations (IDE1-79). RB : Le volet « observations » libre est donc important pour verbaliser certaines choses? IDE 1 : Ah ben oui c'est bien d'avoir cette possibilité de compléter. Sinon ça me parait assez complet (IDE1-80). RB : Avez-vous d'autres remarques concernant cette fiche ou ce sujet? IDE 1 : Euh, non, non rien de particulier tout de suite. RB : Très bien, je vous remercie pour le temps que vous m'avez accordé. VI.1.2. IDE 2 Profil RB
: Quel est votre âge
s'il
vous plait? IDE 2 : J'ai 23 ans. RB : Depuis combien de temps exercez-vous? IDE 2 : Bientôt deux ans.
RB
: Et en EHPAD?
IDE 2 : Euh, deux ans également, j'ai commencé ici. RB : Avez-vous fait en parallèle des diplômes ou des formations spécifiques? IDE 2 : Non. 169
RB
:
Exercez-vous
dans une Unité Alzheimer?
IDE
2
:
Non
. RB : Combi
en de
patients
avez
-
vous
à gérer lorsque vous
ête
s en poste? IDE 2
: 45. RB : Et parmi eux, combien présentent des troubles cognitifs?
IDE 2 : Ben c'est dur à dire précisément, euh, je dirais une trentaine environ. RB : Et parmi ces patients, combien ont
un suiv
i « Mémoire »? IDE 2 : Euh Bon peut-être 10-15. RB : Comment appréciez-vous votre charge
de
travail globale au sein de cette structure? IDE 2 : Oh ça va, c'est gérable. Généralités et communication avec la Consultation Mémoire
RB : En ce qui concerne la Consultation Mémoire, quelles sont vos attentes envers celle-ci? IDE 2 : Ben les modifications de traitement (IDE2-1), le suivi du patient (IDE2-2), euh, la prise en charge des difficultés (IDE2-3) notamment de l'agressivité et des troubles liés à la maladie (IDE2-4).
RB
:
Global
ement
êtes-vous satisfaite des réponses apportées par cette consultation? IDE 2 : Oh oui ça va (IDE2-5) sauf que les compte rendus sont en général assez longs à parvenir (IDE2-6), 3 semaines -1 mois c'est long (IDE2-7). RB : Parce qu'effectivement vous n'avez pas de compte rendu provisoire de cette consultation? IDE 2 : Non, c'est toujours un compte rendu définitif (IDE2-8) mais qui est long à arriver (IDE2-9). Il est déjà arrivé d'ailleurs que les familles s'en plaignent (IDE2-9'). 170 RB : Et avez-vous des contacts téléphoniques avec la Consultation Mémoire pour l'échange d'informations? IDE 2 : Ben oui, ils nous téléphonent avant pour confirmer le rendez-vous (IDE2-10) et en général ils nous demandent deux-trois informations (IDE2-11). RB : Quelles informations? IDE 2 : Bah s'il y a eu des changements depuis la dernière fois (IDE2-12), l'état du patient ou de la patiente (IDE2-13). Mais on leur donne la fiche (IDE2-14), donc généralement c'est assez complet niveau information (IDE2-15). On les a tout de même au téléphone avant la consultation (IDE2-16). RB : Avez-vous eu d'autres difficultés ou avez-vous constaté des dysfonctionnements avec cette consultation? IDE 2 : Non. Préparation de la consultation
RB : Je vais maintenant vous poser des questions sur la préparation de cette consultation. Dans quelles circonstances faites-vous cette préparation? En urgence, à la dernière minute, pendant un soin? Ou y consacrez-vous un temps spécifique? IDE 2 : Ben on fait ça le jeudi lorsqu'on prépare les rendez-vous de la semaine suivante (IDE2-17). RB : Il s'agit donc d'un temps spécifique alors? IDE 2 : Oui, en effet (IDE2-18). RB : Quelles informations doivent, selon vous, être fournies, en théorie, par l'IDE de l'EHPAD? IDE 2 : Euh, les troubles du comportement (IDE2-19), par rapport à la dernière visite, ce qui a évolué (IDE2-20), ce qui va mieux (IDE2-21). Les traitements (IDE2-22), parce que des fois les médecins traitants viennent, ils disent de changer tel ou tel traitement mais eux ne le font pas (IDE2-23) car ils attendent la consultation mémoire (IDE2-24). Mais surtout les informations concernant les troubles du comportement en fait (IDE2-25). RB : Il s'agit là de la théorie. Que faites-vous concrètement dans le cadre de la préparation de cette consultation? IDE 2 : On remplit la fiche (IDE2-26), généralement en équipe avec les aides-soignantes (IDE2-27). Je m'arrange toujours pour la remplir avec au moins une AS (IDE2-28). La dernière fois je l'ai remplie avec la psychologue (IDE2-29). C'est important pour moi de ne pas la remplir seule (IDE2-30). RB : Quelles sont pour vous les informations à transmettre en priorité? IDE 2 : Surtout les difficultés que nous rencontrons avec le patient (IDE2-31) et que nous ne pouvons pas gérer (IDE2-32). RB : Quelles informations complémentaires attendriez-vous de la part du médecin traitant? IDE 2 : Ah ben déjà qu'ils valident la fiche de liaison (IDE2-33)! Nous la remplissons (IDE2-34) mais très peu d'entre eux la regardent (IDE2-35), je ne sais même pas s'ils savent qu'elle existe (IDE2-36). En même temps, ils viennent généralement une seule fois par mois (IDE2-37), les consultations mémoire ont lieu une fois par an, donc s'ils ne sont pas là au bon moment, ils ne voient pas la fiche (IDE2-38). RB : Et de la part d'un médecin coordonnateur, voyez-vous des informations à transmettre spécifiquement? IDE 2 : Bah que les médecins traitants prennent connaissance de la fiche (IDE2-39), qu'ils aient un suivi (IDE2-40). Je pense qu'ils devraient la remplir tout comme nous, puisqu'il y a une partie médicale (IDE2-41) et qu'ils connaissent aussi bien les patients (IDE2-42). Ils devraient être là quand on la remplit (IDE2-43). Ou alors on devrait leur envoyer afin qu'ils la compl
ètent (IDE2-44) et nous la renvoient ensuite (IDE2-45), mais bon c'est compliqué (IDE2-46). RB : C'est une idée en effet. Voyez-vous d'autres difficultés pour vous dans la transmission de l'information en général? IDE 2 : Par rapport à la consultation mémoire? RB : Oui. IDE 2 : Non. 172 RB : Très bien. Combien de temps passez-vous en moyenne à préparer cette consultation? IDE 2 : Euh, 15 minutes environ (IDE2-47). RB : Et comment appréciez-vous ce travail? IDE 2 : Et ben avant nous n'avions pas cette fiche, ça ne fait pas longtemps que nous travaillons avec elle (IDE2-48). Nous imprimions le dossier informatique mais ce n'était pas pratique (IDE2-49), il manquait des informations (IDE2-50). Cela nous permet vraiment de faire un point sur le patient (IDE2-51) et que eux (la consultation mémoire) revoient le traitement (IDE2-52), les difficultés (IDE2-53), et nous apportent une réponse par rapport à tout ça (IDE2-54). Fiche de liaison
RB : Parlons maintenant de la fiche de liaison en elle-même
et de son mode d'utilisation. Tout d'abord, pensez-vous qu'elle doit être proposée systématiquement avant chaque consultation mémoire ou bien occasionnellement? IDE 2 : Ah ben non, tout le temps
(IDE2-55). RB : Et son fonctionnement idéal? La façon dont elle doit être remplie et par qui? IDE 2 : Surtout que les médecins traitants y participent (IDE2-56), que nous la remplissions (IDE2-57), qu'on la leur envoie afin qu'ils complètent leur partie et qu'ils nous la retransmettent (IDE2-58). Souvent les médecins ne lisent même pas la fiche de liaison (IDE259), il y a notre nom dessus mais pas de signature médicale (IDE2-60).
RB : Est-ce que les médecins joignent un courrier personnel à cette fiche? IDE 2 : Non, nous remplissons la fiche avec les difficultés que nous avons (IDE2-61), nous y joignons les documents administratifs (IDE2-62) mais eux ne participent pas du tout (IDE263). RB : Je vais à présent vous présenter cette fiche afin de vous la remémorer. Que pensez-vous de cette fiche en la voyant ou quand vous l'utilisez? IDE 2 : Oh bah pour moi elle est bien construite (IDE2-64), il nous arrive souvent d'ajouter manuellement des commentaires (IDE2-65) quand on a des soucis spécifiques (IDE2-66). RB : Le volet « observations » permet donc de le faire?
IDE
2 :
Oui, tout à fait (IDE2-67). La psychologue l'avait tapé à l'ordinateur donc au final tout était tapé à l'ordinateur mais oui, c'est suffisant (IDE2-68). RB : Pour vous, cette fiche doit donc être complétée par informatique (Osiris)? IDE 2 : Oui (IDE2-69). RB : Pas besoin donc pour vous de l'imprimer avant, par exemple pour le médecin traitant? IDE 2 : Pour le moment on ne travaille pas avec les médecins (IDE2-70) mais c'est vrai qu'on devrait l'imprimer, leur envoyer (IDE2-71), qu'ils y jettent au moins un oeil et y mettent leurs observations médicales (IDE2-72), le traitement (IDE2-73) avant de nous la renvoyer pour qu'on la « mette au propre » (IDE2-74). Mais bon RB : Donc vous pensez qu'il faut leur transmettre par courrier? IDE 2 : Honnêtement, cela me semble compliqué de les faire venir pour ça (IDE2-75). Ils ont déjà du mal à venir pour autre chose (IDE2-76) alors par courrier ça serait déjà bien (IDE277). RB : C'est intéressant. Et peut être au moment des renouvellements de traitements? IDE 2 : Le problème c'est que les maladies évoluent parfois vite et donc d'un mois à un autre, il peut y avoir des changements (IDE2-78). RB : Avez-vous d'autres remarques concernant cette fiche? IDE 2 : La dernière fois en la remplissant je me suis fait une réflexion mais je ne me souviens plus de quoi il s'agissait. Non je réfléchis mais je ne peux plus vous dire. Ah si, il s'agissait d
'un problème de mise à jour des informations dans le dossier informatique (IDE2-79). Le médecin traitant n'avait pas mis à jour les informations (antécédents, traitements), donc les informations sur la fiche n'étaient plus les bonnes (IDE2-80). Il me manquait aussi le poids, ce n'est pas grave, j'ai ajouté les éléments manuellement (IDE2-81) mais il faudrait que les médecins traitants jouent aussi le jeu en remplissant correctement le dossier informatique (IDE2-82). Mais le logiciel Osiris est un peu compliqué (IDE2-83), certains médecins ne le maitrisent pas correctement (IDE2-84).
RB : Très bien, je vous remercie pour le temps que vous m'avez accordé. VI.1.3. IDE 3
Profil RB : Quel est votre âge s'il vous plait?
IDE 3 : J'ai 40 ans. (
IDE
3-1) RB : Depuis combien de temps exercez-vous?
IDE
3 : 16 ans. (IDE3-2) RB : Et en EHPAD?
IDE 3 : Euh, 7 ans. (IDE3-3) RB : Avez-vous fait en parallèle des diplômes ou des formations spécifiques? IDE 3 : Ben j'ai fait des formations internes à Hospitalor pour la maladie d'Alzheimer. RB : Exercez-vous dans une Unité Alzheimer? IDE 3 : Non.
RB : Combien de
patients avez
-
vous à gérer lorsque vous êtes en poste
? IDE 3 :
64. (IDE3-4) RB : Et parmi eux, combien présentent des troubles cognitifs? IDE 3 : Oh plus de la moitié! (IDE3-5) RB : Et parmi ces patients, combien ont un suivi « Mémoire »? IDE 3 : Pff, je dirais un tiers. (IDE3-6) RB : Comment appréciez-vous votre charge de travail globale au sein de cette structure? IDE 3 : Enorme! (IDE3-7) Généralités et communication avec la Consultation Mémoire RB : Avez-vous déjà utilisé la fiche de liaison proposée? IDE 3 : Non.
(IDE
3-8
) RB :
En ce
qui
concerne
la Consultation Mémoire, quelles sont vos attentes envers celle-ci? IDE 3 : Un récapitulatif en fait ou un changement de traitement (IDE3-8), et s'ils pouvaient donner des informations à certaines familles (IDE3-9), ça serait bien aussi. RB : Avez-vous déjà eu des difficultés ou avez-vous constaté des dysfonctionnements au sujet de cette consultation? Par exemple vous ont-ils déjà appelé car il leur manquait des informations? IDE 3 : Ben par un
moment
il
s nous appelaient parce qu'il manquait des papiers ou des informations (IDE3-10) mais depuis que la psychologue fait un courrier (IDE3-11), on n'a plus ce problème. Cela nous a soulagé car sinon on n'a pas le temps de collecter les informations. (IDE3-12)
Préparation de la consultation RB : Je vais maintenant vous poser des questions sur la préparation de cette consultation. (brève présentation de l'outil mis à disposition). En tant qu'infirmière êtes-vous prête à utiliser cet outil? IDE 3 : Ben faut voir en quoi il consiste, cela dépendra du temps que cela nous demandera (IDE3-13). Il faut que ce soit court (IDE3-14) sinon on ne le fera pas. 176 Fiche de liaison RB : Présentation plus concrète de la fiche IDE 3 : C'est long (IDE3-17) et ça fait double emploi (IDE3-18) parce que les traitements, les antécédents, ils l'ont déjà (IDE3-19). La grille AGGIR (IDE3-19'), ils l'ont quand on sort les papiers Non c'est trop long (IDE3-22) même si le principe est bon. (IDE3-21) Et concernant la partie à soumettre au médecin traitant, là ça va se corser (IDE3-22), car le médecin traitant vient pour les renouvellements de traitements (IDE3-23) et on ne va pas l'appeler pour remplir le papier là. (IDE3-24) RB : Et comment faudrait-il procéder selon vous? Lui envoyer par courrier, lui présenter quand il vient pour un autre patient? IDE 3 : Ben c'est trop aléatoire (IDE3-23) je ne peux pas vous dire, nous les rendez-vous on les gère de semaine en semaine (IDE3-24), si le médecin traitant n'est pas là, on ne va pas l'appeler pour remplir ça (IDE3-25). Si le hasard fait qu'il vient pour les renouvellements (IDE3-26) et qu'il y a un rendez-vous qui suit, ça ira mais ça n'arrivera pratiquement jamais. (IDE3-27) La grosse limite elle est au niveau du médecin traitant (IDE3-28), et puis c'est trop long. (IDE3-29) RB : Je vous remercie beaucoup pour le temps que vous m'avez accordé. VI.1.4. IDE 4 Profil RB
: Quel est votre âge
s'il
vous plait? IDE 4 : J'ai 43 ans. RB : Depuis combien de temps exercez-vous? IDE 4 : 20 ans. RB : Et en EHPAD? IDE 4 : Euh, 9 ans. 177 RB : Avez-vous fait en parallèle des diplômes ou des formations spécifiques? IDE 4 : En fait j'ai fait une formation interne à Hospitalor pour être infirmière référente. RB : Exercez-vous dans une Unité Alzheimer? IDE 4 : non RB : Combien de patients avez-vous à gérer lorsque vous êtes en poste? IDE 4 : 64. RB : Et parmi eux, combien présentent des troubles cognitifs? IDE 4 : Ouhla, les deux tiers! RB : Et parmi ces patients, combien ont un suivi « Mémoire »? IDE 4 : Je dirais une vingtaine. RB : Comment appréciez-vous votre charge de travail globale au sein de cette structure? IDE 4 : Actuellement c'est surchargé. Généralités et communication avec la Consultation Mémoire RB : Avez-vous déjà utilisé la fiche de liaison proposée? IDE 4 : Non. RB : En ce qui concerne la Consultation Mémoire, quelles sont vos attentes envers celle-ci? IDE 4 : Si le patient a un problème de comportement (IDE4-1), on attend qu'une solution soit trouvée. (IDE4-2) RB : Avez-vous déjà eu des difficultés ou avez-vous constaté des dysfonctionnements au sujet de cette consultation? Par exemple vous ont-ils déjà appelé car il leur manquait des informations? Des difficultés avec les MT? IDE 4 : Alors pour moi ça fonctionne bien depuis que la psychologue fait des courriers détaillés (IDE4-3), mais avant ils nous appelaient souvent (IDE4-4) car il manquait des informations. Et les médecins ne font pas de courrier pour ces consultations de suivi. (IDE45) 178
Préparation de la consultation
RB : Je vais maintenant vous poser des questions sur la préparation de cette consultation. (brève présentation de l'outil mis à disposition). Pensez-vous que cet outil sera utile? IDE 4 : Oui sur le principe (IDE4-6) RB : En tant qu'infirmière êtes-vous prête à utiliser cet outil? IDE 4 : Oui, (IDE4-7) et c'est le rôle de l'infirmière de la remplir (IDE4-8) puisque c'est elle qui est au plus près du résident. (IDE4-9) RB : Concernant le contenu de fiche, que pensez-vous devoir transmettre comme informations? IDE4 : Ah, euh le traitement (IDE4-10), ce qui s'est passé depuis la dernière fois (IDE4-11), surtout l'évolution du comportement (IDE4-13), ce qui nous pose problème (IDE4-14), comme opposition (IDE4-15), déambulation (IDE4-16), le sommeil (IDE4-17). Et puis transmettre l
'autonomie (IDE4-18), les transferts (IDE4-19), chutes (IDE4-20) et les soins en cours. (IDE4-21) Fiche de liaison RB : Présentation plus concrète de la fiche. Qu'en pensez-vous? Quels sont ses défauts, ses qualités?
IDE 4
:
Ah ben c'est bien détaillé mais c'est bien car souvent les fiches de transfert sont trop brèves. Comme en plus c'est sur Osiris, il y a plein de choses qui se remplissent automatiquement, donc c'est bien. (IDE4-22) Concernant le temps de
remplissage, je pense que ce
n'est pas un obstacle (IDE4-23). Bien souvent on a juste
à cocher
(IDE4
-24), donc ça va vite,
même si on met
un
petit commentaire en
plus. VI.1.5. IDE 5 Profil
RB : Quel est votre âge s'il vous plait?
IDE 5 : J'ai 46 ans. (IDE5-1) RB : Depuis combien de temps exercez-vous?
IDE 5
:
Euh ça fait 23 ans. (
IDE
5-2) RB
:
Et
en EHPAD
?
IDE 5 : 5 ans. (
IDE
5-3)
RB
:
A
vez-vous
fait
en
parallèle des diplômes ou des formations spécifiques? IDE 5 : Alors soins palliatifs, Alzheimer, enfin spécifiques à l'EHPAD.
RB :
Combien
de
patients
avez
-
vous à
gérer lorsque
vous êtes en poste
? IDE 5 : 45. (IDE5-4) RB : Et parmi eux, combien présentent des troubles cognitifs?
IDE 5
: Ben moi je
dirais
70%
à peu près.
(IDE5-5) RB :
Et
parmi
ces patients, combien
ont
un suivi « Mémoire »? IDE 5
:
Allez
peut
-être une quinzaine.
(IDE5-6) 180 RB : Comment appréciez-vous votre charge de travail globale au sein de
cette structure? IDE 5 : Surcharge de travail (IDE5-7) comme beaucoup ont dû le dire. Ben la charge de travail a augmenté car les résidents se dégradent (IDE5-8) et puis il y a moins de personnel! Généralités et communication entre professionnels RB : Avez-vous déjà utilisé la fiche de liaison proposée? IDE 5 : Non pas encore. RB : En ce qui concerne la Consultation Mémoire, quelles sont vos attentes envers celle-ci? IDE 5 : Ben qu'ils nous donnent l'état d'avancée de la maladie avec les changements éventuels de stade (IDE5-9) et euh puis peut-être des lignes de conduite ou des conduites à tenir (IDE5-10), une adaptation de traitement (IDE5-11)! RB : Comment jugez-vous l'implication du médecin trait
ant? IDE 5 : Certains sont bien rigoureux, d'autres un peu plus laxistes. Alors ça
dépend vraiment
des médecins, certains suivent vraiment et disent « oh ben tient la dernière consultation mémoire, voilà le compte rendu on le met en application (IDE5-12) », d'autres attendent le compte rendu qui arrive parfois très tard (IDE5-13) donc ils oublient et on se demande même parfois s'ils le lisent (IDE5-14) RB : Avez-vous déjà eu des difficultés ou avez-vous constaté des dysfonctionnements au sujet de
cette consultation? Par
exemple vous ont-ils déjà appelé car il leur manquait des informations?
IDE 5 : Ben des fois des retards dans la prise en charge parce que des fois c'est passé aux oubliettes (IDE5-15), des fois on est obligées d'aller un peu à la pêche aux informations. (IDE5-16) Pr
éparation
de
la consultation
RB : Je vais maintenant vous poser des questions sur la préparation de cette consultation. (brève présentation de l'outil mis à disposition). Pensez-vous que cet outil sera utile? IDE 5 : Oui. (IDE5-17) 181 RB : En tant qu'infirmière êtes-vous prête à utiliser cet outil? IDE 5 : Ah ben si ça peut apporter une amélioration dans le retour des informations, oui (IDE5-18)! Mais c'est à qui de la remplir? Parce ce qu'il y a des choses vraiment médicales donc ça serait peut-être plutôt au médecin de le faire (IDE5-19), après nous on peut peut-être mieux renseigner les troubles du comportement (IDE5-20) mais il y a des choses plus médicales quand même. (IDE5-21)
Fiche de liaison RB :
Présentation plus concrè
te de
la
fiche. Qu'en pensez-vous? Quels sont ses défauts, ses qualités? IDE 5 : Oui ben si on connait bien notre résident, c'
est facile à remplir, c'est vite fait (IDE522)! Ben écoutez ça a l'air d'être assez complet quand même! En fait c'est toutes les choses qu'ils nous demandent par téléphone quand ils nous appellent (IDE5-23), c'est les items essentiels en fait. Ben écoutez pour moi je pense que ça ne posera pas de problème (IDE5-24), non, il y a tout, les antécédents (IDE5-25), le traitement.
(IDE5-26) RB : Et concernant la validation par le médecin traitant, comment faudrait-il procéder selon vous? Lui envoyer par courrier, lui présenter quand il vient pour un autre patient? IDE 5 : Oui ben la difficulté (IDE5-26') ça va être de la présenter au médecin traitant parce que généralement on fait les plannings la semaine d'avant (IDE5-27). VI.1.6. IDE 6
Profil RB : Quel est votre âge s'il vous plait? IDE 6 : 52 ans (IDE6-1). RB : Depuis combien de temps exercez-vous en tant que IDE? IDE 6 : Un an et demi (IDE6-2). RB : Et en EHPAD? IDE 6 : 15 ans (IDE6-3). RB : c'est-à-dire? IDE 6 : Je suis passé d'auxiliaire de vie, à AS puis à IDE. Oui je connais tous les métiers de la maison de retraite (IDE6-4)! RB : C'est très intéressant, vous avez un profil peu commun. RB : Combien de patients avez-vous à gérer lorsque vous êtes en poste? IDE 6 : 60 (IDE6-5). RB : Et parmi eux, combien présentent des troubles cognitifs? IDE 6 : C'est dur à dire, beaucoup en tout cas (IDE6-6). RB : Et parmi ces patients, combien ont un suivi « Mémoire »? IDE 6 : Allez peut-être une quinzaine. (IDE6-7) RB : Comment appréciez-vous votre charge de travail globale au sein de cette structure? IDE 6 : Surcharge de
travail.
On travaille toujours en rapidité
ici
(IDE6-8). Regardez ce weekend j'ai eu des complications et en conséquence je n'ai pas eu le temps de préparer les
consultation
s de la semaine (IDE6-9). Non c'est très chargé, on nous en demande beaucoup. (
IDE6-10)
183 Généralités et communication entre professionnels RB : Avez-vous déjà utilisé la fiche de liaison propos
ée
? IDE 6 : Non. RB : En ce qui concerne la Consultation Mémoire, quelles sont vos attentes envers celle-ci? IDE 6 :
Disons que
j'
ai connu ça avec ma mère (IDE6-11). Avant tout un diagnostic
(IDE
612
)
et
si
possible
des
trait
ements (IDE6-13). Mais (tremblements voix) bon les traitements c'est pas toujours (IDE6-14) efficace on va direnon surtout un diagnostic (IDE6-15). C'est important de poser des mots sur une pathologie (IDE6-16), des troubles. Pour la famille oui, c'est important cette consultation avec le spécialiste (IDE6-17). Après c'est pas que ça, il y a l'évaluation de la mémoire (IDE6-18), du comportement (IDE6-19) et la prise en charge globale. Ce que doit faire l'aidant, les conseils. (IDE6-20)
RB : Comment jugez-vous l'implication du médecin traitant? IDE 6 : Certains sont supers, en particulier deux, j'aime beaucoup leur travail, ils gèrent très bien les démences (IDE6-21). Préparation de la consultation
RB : Je vais maintenant vous poser des questions sur la préparation de cette consultation. (brève présentation de l'outil mis à disposition). Pensez-vous que cet outil sera utile? IDE 6 : Oui c'est toujours utile (IDE6-25), l'utilité est partout, mais c'est le temps qui manque. Voilà.(IDE6-26) 184 RB : En tant qu'infirmière êtes-vous prête à utiliser cet outil? IDE 6 : Oui. (IDE6-27) RB : Quelles informations devraient contenir cette fiche selon vous? IDE 6 : Déjà un traitement (IDE6-28), les antécédents (IDE6-29) et surtout le comportement (IDE6-30) où il faut détailler : agitation (IDE6-31), angoisses (IDE6-32). Les insomnies (IDE6-33), les chutes (IDE6-34), tout ce qui peux aider à l'évaluation (IDE6-35). Fiche de liaison RB : Présentation plus concrète de la fiche. Qu'en pensez-vous? Quels sont ses défauts, ses qualités?
IDE 6 : Oui c'est l'essentiel, mais c'est un sacré pavé (IDE6-36)! Les zones de commentaires c'est bien, il faut pouvoir préciser (IDE6-37). Faut que ce soit hyper rapide (IDE6-38). C'est bien les items à cocher, ping ping ça le fait (IDE6-39). Le problème ça peut être le logiciel s'il met du temps à se lancer ou qu'il bugue je vous la ferais pas par contre. (IDE6-40) RB : Et concernant la validation par le médecin traitant, comment faudrait-il procéder selon vous? IDE 6 : Vous voyez c'est toujours l'infirmière du week-end qui prépare les rendez-vous pour la semaine (IDE6-41). Je ne sais pas comment on va faire là (IDE6-42). Généralement on fait les plannings la semaine d'avant (IDE6-43). Présenter au MT c'est compliqué, on a déjà des gros soucis avec certains pour les voir. (IDE6-44) RB : Avec d'autres spécialistes ça se passe comment? IDE 6 : Quand le médecin demande la consultation il fait le courrier directement, quand il est convoqué comme par exemple contrôle après sortie d'hospitalisation de cardio, bah il ne fait pas de courrier comme pour la consultation mémoire (IDE6-45) RB : Très bien, je vous remercie beaucoup pour le temps que vous m'avez accordé. 185 VI.2. Entretiens Médecins Traitants VI.2.1. Médecin 1 (M1)
Profil RB : Quel est votre âge s'il vous plait? M1 : J'ai 58 ans (M1-1). RB : Quel est votre mode d'exercice? M1 : Libéral (M1-2) médecin coordonnateur (M1-3) à Labry et à Mars-la-Tour en ce moment aussi. RB : Quel secteur? Rural? Semi-rural? M1 : Rural, non plutôt semi-rural. (M1-4) RB : Comment appréciez-vous votre charge globale de travail? M1 : C'est gérable. (M1-5) RB : Quel est votre cursus? Quelles sont vos formations? M1 : J'ai la capacité de gériatrie (M1-6) et un diplôme de médecine de « catastrophes », j'ai été médecin chez les pompiers. RB : Le nombre de patients suivis en EHPAD de par votre rôle de médecin coordonnateur ou celui de médecin traitant? M1 : En EHPAD, 62 ici et 58 à Mars-la-Tour (M1-7), plus quelques un en ville puisque je fais moi-même certains tests (M1-8) (MMS, cinq mots) pour débrouiller certaines choses. RB : Combien parmi ces patients ont, à votre avis, des troubles cognitifs? M1 : Oh lala! Ici sur 62 on a 40 démences ou apparentées. Je connais mieux la population de Labry que celle de Mars-la-Tour. RB : Et donc parmi ces derniers, combien ont un suivi « mémoire » en cours? M1 : Peut-être à peu près 10. (M1-9) 186 RB : Combien d'heures par semaine environ passez-vous en EHPAD? M1 : Les mercredi matin, jeudi matin et vendredi matin. De 8h30 à 11h30-midi, plus des retours l'après- midi sur Labry. RB : A quelle fréquence renouvelez-vous les traitements de fond et examinez-vous les résidents? M1 : En principe je les vois deux à trois fois dans l'année de façon synthétique, pour l'évaluation gérontologique si vous préférez. (M1-10) Généralités et communication avec la Consultation Mémoire RB : Je vais maintenant vous interrogez un peu plus particulièrement sur la Consultation Mémoire. Qu'attendez-vous de la Consultation Mémoire (bénéfice, informations)? M1 : Généralement je n'envoie pas systématiquement les gens en consultation mémoire (M111), juste ceux qui étaient suivis auparavant (M1-12), du fait que je suis gériatre moi-même (M1-13). RB : Donc c'est parce que vous pratiquez vous-même les tests? M1 : Oui, c'est ça. (M1-14) RB : Et lorsque ça vous
arrive d'adresser des patients à la consultation, comment transmettezvous les informations? M1
:
Alors là je fais un courrier (M1-15). En libéral, je fais un courrier. (M1-16) RB : Et en EHPAD? M1 : Ce sont souvent des gens suivis auparavant (M1-16 bis) et qui ont des consultations de suivi biannuel, donc là je ne fais pas de courrier, non. (M1-17) Je passe éventuellement un coup de téléphone (M1-18) s'ils ont besoin de renseignements complémentaires. RB : Dans le cadre du suivi du patient institutionnalisé en EHPAD et suiv
i en
consultation mémoire, avez-vous déjà eu des difficultés ou constaté des dysfonctionnements? M1 : Non, le courrier de retour suit généralement bien. (M1-19)
Préparation de la consultation
RB : Abordons maintenant la préparation de la consultation pour les patients d'EHPAD. Les EHPAD du groupe SOS vous proposent de préparer cette consultation en imprimant un document contenant un résumé du dossier et en vous permettant d'y ajouter ce que vous souhaitez. Cette démarche vous semble-t-elle utile? M1 : Ah oui, je pense que ça peut être utile. (M1-20) RB : Etes-vous prêt à utiliser cet outil? M1 : Oui. (M1-21) RB : Quelles informations souhaiteriez-vous y voir figurer? M1 : L'histoire de la maladie (M1-22), les antécédents (M1-23), les traitements (M1-24). Surtout ça et puis les données administratives de la personne (M1-25), savoir si les gens sont en ALD (M1-26), s'ils bénéficient de l'Aide Personnalisée à l'Autonomie. (M1-27) Fiche de liaison RB : Je vais à présent vous présenter la fiche sur laquelle nous avons travaillé. Présentation de la fiche. M1 : Je peux juste vous faire une remarque? Quand les patients entrent en EHPAD, même s'ils sont déments, généralement ils n'ont plus de traitement anti-Alzheimer (M1-28), souvent ça ne sert à rien (M1-29) quand ils rentrent chez nous. C'est-à-dire qu'on a épuisé toutes les ressources (M1-30) de maintien à domicile, de traitement médicamenteux (M1-31), pour vous dire là sur 40 états démentiels, seuls 2 ou 3 ont un traitement anti-Alzheimer (M1-32). (Reprise présentation fiche) M1 : Vous avez peut-être aussi une fiche éventuellement pour l'ergothérapeute? (M1-33) RB : C'est une fiche pluridisciplinaire, tous les intervenants de l'EHPAD peuvent donner potentiellement leur avis. VI.2.2. Médecin 2 (M2)
Profil RB : Quel est votre âge? M2 : J'ai 65 ans (M2-1). RB : Quel est votre mode d'exercice? M2 : Uniquement médecin coordonnateur salarié sur deux EHPAD et Médecin Traitant de quelques résidents (M2-2). RB : Comment appréciez-vous votre charge globale de travail? M2 : Je travaille 22h30 par semaine actuellement, une activité volontairement maitrisée (M23). 189 RB : Quel est votre cursus? Quelles sont vos formations? M2 : Généraliste de formation (M2-4) et j'ai suivi la formation MG Form et FMC Action de gérontologie pour être médecin coordonnateur. (M2-4) RB : Le nombre de patients suivis en EHPAD de par votre rôle de médecin coordonnateur? M2 : 114 à Thionville et 74 à Jarny. (M2-5) RB : Combien parmi ces patients ont, à votre avis, des troubles cognitifs? M2 : Oh largement la moitié, si ce n'est pas plus. (M2-6) RB : Et donc parmi ces derniers, combien ont un suivi « mémoire » en cours? M2 : Pratiquement tous ont un suivi plus ou moins régulier. Ils sont presque tous passés au moins une fois donc j'estimerais à 150 (M2-7). RB : Quel est votre fréquence de renouvellement de traitement? M2 : 1 mois. Généralités et communication avec la Consultation Mémoire
RB : Je vais maintenant vous interrogez un peu plus particulièrement sur la consultation mémoire. Qu'attendez-vous de la consultation mémoire (bénéfices, informations)? M2 : J'attends qu'ils fassent le point sur l'état actuel du patient (M2-8), leur état s'aggravant généralement (M2-9), et des modifications de traitement. (M2-10) RB : Comment transmettez-vous les informations nécessaires à la consultation? M2 : Moi je n'interviens pas tellement puisque ce sont plutôt les médecins traitants qui le font ou sont supposés le faire. (M2-11) Ils font un courrier (M2-12) sauf peut-être pour les consultations de suivi (M2-13) où là ils ne sont pas forcément au courant du rendez-vous (M2-14). Cela revient plutôt aux infirmières (M2-15) car en plus elles ont un cahier de rendez-vous papier, (M2-16) les rendez-vous ne sont pas inscrits dans l'informatique (M2-17) et comme je ne suis là que deux ou trois demi-journées par semaine, ce n'est pas facile. Il faudrait peut-être une sorte de timing informatique avec les tableaux prévisionnels. (M2-18) 190
RB : Avez-vous déjà eu des contacts vous personnellement avec la consultation, par téléphone par exemple? M2 : Non. RB : Dans le cadre du suivi du patient institutionnalisé en EHPAD et suivi en consultation mémoire, avez-vous déjà eu des difficultés ou constaté des dysfonctionnements? M2 : Non, je reçois généralement le double du courrier de retour rapidement (M2-19)(dans les 3-4 jours) et régulièrement, je le lis, je reporte l'ordonnance dans le dossier car les médecins traitants ne le font généralement pas.(M2-20)
Préparation de la consultation RB
:
Abordons maintenant la préparation de la consultation pour les patients d'EHPAD. Les EHPAD du groupe SOS vous proposent de préparer cette consultation en imprimant un document contenant un résumé du dossier et en vous permettant d'y ajouter ce que vous souhaitez. Cette démarche vous semble-t-elle utile?
M2 : Ah oui, tout-à-fait. (M2-21) RB : Etes-vous prêt à utiliser cet outil? M2 : Oui, oui. J'ai failli l'utiliser l'autre jour d'ailleurs. (M2-22) RB : Quelles informations souhaiteriez-vous y voir figurer? M2 : Ben je ne peux pas trop vous dire, je ne l'ai pas lu entièrement donc je ne peux pas vous dire ce qu'il manque. VI.2.3. Médecin 3 (M3)
Profil RB : Quel est votre âge? M3 : J'ai 58 ans. (M3-1) RB : Quel est votre mode d'exercice? M3 : Libéral en association. (M3-2) RB : Avez-vous des diplômes complémentaires, notamment à orientation gériatrique? M3 : Non. (M3-3) RB : Combien d'actes effectuez-vous par jour en moyenne? M3 : Une quinzaine environ. (M3-4) 192 RB : Le nombre de patients que vous suivez actuellement en EHPAD? M3 : Une dizaine. (M3-5) RB : Combien parmi ces patients ont, à votre avis, des troubles cognitifs? M3 : La majorité, 80% des cas (M3-6). Après ce n'est pas forcément les troubles de la mémoire le plus embêtant en EHPAD (M3-7), ce sont surtout les troubles du comportement (M3-8) qui sont associés. Je caricature un peu mais une fois que les gens sont en maison de retraite, c'est normal qu'ils aient des troubles de la mémoire (M3-9). Par contre c'est pour les troubles du comportement (M3-9) qu'on nous demande d'agir plus souvent et de faire quelque chose (M3-10)! RB : Et donc parmi ces derniers, combien ont un suivi « mémoire » en cours? M3 : Une petite portion par contre, 30%. (M3-11) RB : Combien d'heures par semaine passez-vous en EHPAD? M3 : Trop (M3-12')! C'est chronophage (M3-12), on n'aime pas, on le fait parce que c'est notre rôle (M3-13) et qu'on n'a pas le choix.(M3-14) Et encore heureusement qu'on arrive à des endroits où les infirmières sont sympas. (M3-15) RB : A quelle fréquence renouvelez-
vous les traitements de fond? M3 :
Une fois par mois
en général. (M3-16) Généralités et
communication avec la Consultation Mé
moire RB : Je vais maintenant vous interrogez
un peu plus particulièrement sur
la consultation mémoire. Qu'attendez-vous de la consultation mémoire (bénéfice, informations)? M3 : Oh c'est pour nous aider à évoluer vers les diagnostics de maladie d'Alzheimer (M3-17) mettre en place les traitements (M3-18) et puis ça fait du bien d'avoir un autre avis que le sien pour les patients. (M3-19) RB : Comment transmettez-vous les informations nécessaires à la consultation? M3 : Je fais un courrier pour la première consultation (M3-20) pas dans le cadre du suivi. (M3-21) 193 Préparation de la consultation RB : Abordons maintenant la préparation de la consultation pour les patients d'EHPAD. VI.2.4. Médecin 4 (M4)
Profil RB : Quel est votre âge? M4 : J'ai 52 ans. (M4-1) RB : Quel est votre mode d'exercice? M4 : Libéral en association. (M4-2) RB : Avez-vous des diplômes complémentaires, notamment à orientation gériatrique? M4 : Non. RB : Combien jugez-vous votre charge de travail? M4 : Chargée. (M4-3) RB : Le nombre de patients que vous suivez actuellement en EHPAD? M4 : Une vient de décéder aujourd'hui, donc je n'en ai plus que deux! (M4-4) RB : Présentent-t-elles des troubles cognitifs? M4 : Ah oui. (M4-5) RB : A-t-elle un suivi « mémoire » en cours? M4 : Non je ne crois pas. (M4-6) RB : Combien d'heures par semaine passez-vous en EHPAD? M4 : Le moins possible (M4-7), mais ça dépend de la maison de retraite. Peu parce que j'ai de moins en moins de patients. RB : A quelle fréquence renouvelez-vous les traitements de fond? M4 : En général 3 mois (M4-8). énéral Mé RB : Je vais maintenant vous interrogez un peu plus particulièrement sur la consultation mémoire. Qu'attendez-vous de la consultation mémoire (bénéfice, informations)? M4 : Comme je ne fais pas les tests, j'attends essentiellement le diagnostic. (M4-9) Par contre, je pense que la consultation mémoire est plus utile quand les gens ne sont pas en EHPAD (M4-10), moi je considère que les gens en EHPAD n'ont plus besoin de consultation mémoire (M4-11)! Par contre je les y envoie dans mon activité libérale (M4-13). En EHPAD, vu l'état où ils sont (M4-12), pour moi la consultation mémoire ne sert plus, et même les traitements proposés quand ils suspectent un Alzheimer ou une démence mixte (M4-13), sont pour moi déjà dépassés. C'est bien avant qu'il faut s'occuper des troubles cognitifs quand ils sont autonomes chez eux (M4-14), pour moi la consultation doit permettre à préserver le lien social et l'autonomie (M4-15)! En EHPAD c'est peut-être plus utile pour les soignants (M416) pour les aider dans la prise en charge quotidienne des patients (M4-17), mais pour les patients je ne vois plus trop l'intérêt étant donné qu'ils sont déjà dépendants. (M4-18) RB : Avez-vous déjà eu des contacts directs par exemple téléphoniques avec la consultation? M4 : Non, j'ai le courrier (M4-19) quand ils ont eu une consultation, je le regarde, je regarde la liste de traitements. (M4-20)
Préparation de la consultation
RB : Abordons maintenant la préparation de la consultation pour les patients d'EHPAD. Les EHPAD du groupe SOS vous proposent de préparer cette consultation en imprimant un document contenant un résumé du dossier à partir des données informatiques et en vous la soumettant ensuite pour validation et vous permettre d'y ajouter ce que vous souhaitez. Cette démarche vous semble-t-elle utile? M4 : Oui (M4-21), car il faut voir dans quel état ils sont à leur entrée (M4-22), si cela n'a pas déjà été fait avant, le rythme de la dégradation (M4-23) et voir ce qu'il est possible de faire au quotidien pour la freiner. On sait que la stimulation est primordiale pour cela. RB : Etes-vous prête à utiliser cet outil? M4 : Oui si le logiciel de la maison de retraite est facile (M4-24) et si le remplissage est facile et rapide aussi (M4-25). VI.2.5. Médecin 5
(M5) Profil RB : Quel est votre âge? M5 : J'ai 35 ans. (M5-1) RB : Quel est votre mode d'exercice? M5 : Libéral, semi-rural. (M5-2) RB : Avez-vous des diplômes complémentaires, notamment à orientation gériatrique? M5 : Non. (M5-3) RB : Combien jugez-vous votre charge de travail? M5 : Très chargée (40 à 50 actes par jour). (M5-4) RB : Le nombre de patients que vous suivez actuellement en EHPAD? M5 : Pour l'instant plus que deux, avant j'en avais sept. (M5-5) 197 RB : Présentent-t-ils des troubles cognitifs? M5 : Oui les deux. (M5-6) RB : Ont-ils un suivi « mémoire » en cours? M5 : L'un a une surveillance neurologique par rapport à une démence à corps de Levy (M57), l'autre personne est en fin de vie. (M5-8) RB : Combien d'heures par semaine passez-vous en EHPAD? M5 : Le moins possible, mais ça dépend de la maison de retraite. Peu parce que j'ai de moins en moins de patients. (M5-9) RB : A quelle fréquence renouvelez-vous les traitements de fond? M5 : 3 mois (M5-10) Généralités et communication avec la Consultation Mémoire RB : Je vais maintenant vous interrogez un peu plus particulièrement sur la consultation mémoire. Qu'attendez-vous de la consultation mémoire (bénéfice, informations)? M5 : Le diagnostic précis du type de démence (M5-11), la mise en place du traitement (M512) et la surveillance (M5-13) RB : Quelles informations transmettez-vous actuellement lorsque vous adressez un patient à la consultation? M5 : Pour un premier contact, le bilan biologique initial (M5-13), le scanner cérébral (M5-14) la date de début des troubles (M5-15). Je fais généralement un courrier. (M5-16) RB : Avez-vous déjà eu des contacts directs par exemple téléphoniques avec la consultation? M5 : Non, juste par courrier. Mais j'ai de très bonnes relations avec eux (M5-17) je n'ai pas à mon niveau constaté de dysfonctionnement. Préparation de la consultation
RB : Abordons maintenant la préparation de la consultation pour les patients d'EHPAD. Les EHPAD du groupe SOS vous proposent de préparer cette consultation en imprimant un document contenant un résumé du dossier à partir des données informatiques et en vous la soumettant ensuite pour validation et vous permettre d'y ajouter ce que vous souhaitez. Cette démarche vous semble-t-elle utile? M5 : Sur le principe c'est intéressant (M5-18), après c'est toujours un problème de temps. (M5-19) RB : Etes-vous prêt à utiliser cet outil? M5 : Oui. (M5-20) RB : Quelles informations souhaiteriez-vous y voir figurer? M5 : Les antécédents (M5-21) qui peuvent favoriser tel ou tel type de démence (HTA,Parkinson), si des traitements ont déjà été entrepris (M5-22), s'il y a un antécédent dépressif (M5-23), si la demande vient de la famille (M5-24), du patient ou plutôt du personnel (infirmier ou médecin) (M5-24),, s'il y a déjà eu un suivi antérieur. RB : Et en ce qui concerne le fait de soumettre cette fiche à l'appréciation du médecin traitant, sous quelle modalité pensez-vous qu'on devrait procéder? Par courrier avant la consultation ou quand vous passez à l'EHPAD? M5 : Au moment du renouvellement (M5-25), voire éventuellement à l'entrée d'un patient. (M5-26) Fiche de liaison RB :
Je vais à présent vous présenter la fiche sur laquelle nous avons travaillé. Présentation de la fiche. Voyez-vous des choses à rajouter, quels sont ses défauts, ses qualités? M5 : Les petites cases à cocher c'est bien (
M5-27), les petits commentaires aussi.(M5-28) Le seul petit truc qui me dérange c'est un peu la première page et les deux cases là (lesquelles?hospitalisations?), il faudrait que ce soit un peu plus automatique (M5-29) ou tout simplement que les infirmières joignent les comptes-rendus (M5-30). Au niveau temps, à mon avis c'est acceptable (M5-31), ça a l'air assez rapide (M5-32) car ce sont des cases à cocher. Le reste franchement c'est pertinent et nickel (M5-33). 199 Par contre moi je pense que ça serait vraiment pas mal aussi de leur joindre un bilan biologique (M5-34) type assez complet et un scanner cérébral (M5-35), au moins pour une première consultation.(M5-36) RB : Je vous remercie de votre attention et du temps que vous m'avez accordé. VI.2.6. Médecin 6 (M6)
Profil RB : Quel est votre âge? M6 : J'ai 65 ans. (M6-1) RB : Quel est votre mode d'exercice? M6 : Libéral, semi-rural, en association. (M6-2) RB : Avez-vous des diplômes complémentaires, notamment à orientation gériatrique? M6 : Non. (M6-3) RB : Combien jugez-vous votre charge de travail? M6 : Très chargée (60 actes par jour). (M6-4) RB : Le nombre de patients que vous suivez actuellement en EHPAD? M6 : Actuellement un plutôt en fin de vie, j'arrête le suivi en EHPAD. (M6-5) RB : Quel est la fréquence moyenne de votre renouvellement de traitement? En EHPAD c'était un mois. Généralités et communication entre professionnels RB : Je vais maintenant vous interrogez un peu plus particulièrement sur la consultation mémoire. Qu'attendez-vous de la consultation mémoire (bénéfice, informations)? M6 : Une évaluation mémoire complète (M6-6), la mise en place de traitements. (M6-7) 200 RB : Quelles informations transmettez-vous actuellement lorsque vous adressez un patient à la consultation? M6 : Je fais quoiqu'il arrive un courrier pour le premier rendez-vous (M6-8), surtout pour les antécédents c'est très important (M6-9), car les traitements (M6-10) vont jouer sur le plan cardiaque donc à mon avis il faut un bilan cardiaque (M6-11), une IRM cérébrale(M6-12) pour voir s'il n'y a pas quelque chose en dessous comme une pathologie vasculaire, une atrophie cérébrale (M6-12), un bilan sanguin complet(M6-13) (fer sérique, maladie de Lyme, ionogramme), les traitements. (M6-14)
Préparation de la consultation
RB : Abordons maintenant la préparation de la consultation pour les patients d'EHPAD. Les EHPAD du groupe SOS vous proposent de préparer cette consultation en imprimant un document contenant un résumé du dossier à partir des données informatiques et en vous la soumettant ensuite pour validation et vous permettre d'y ajouter ce que vous souhaitez. Cette démarche vous semble-t-elle utile? M6 : Sur le principe c'est très intéressant (M6-15), ça serait très important que les
infirmières
puissent sortir une
fiche
comme ça
.
(M6-16)
RB
: Etes-vous prêt à utiliser cet outil?
M6
: Ah oui évidemment.
(M6-17)
RB
:
Quelles
informations souhaiteriez
-
vous
y
voir
figurer?
M6 : Les antécédents (M6-18), les traitements en cours surtout. (M6-19) RB : Et en ce qui concerne le fait de soumettre cette fiche à l'appréciation du médecin traitant, sous quelle modalité pensez-vous qu'on devrait procéder? Par courrier avant la consultation ou quand vous passez à l'EHPAD? M6 : Je pense qu'on pourrait la remplir dès l'entrée du patient (M6-20) mais on pourrait faire une autre fiche ou des modifications sur les traitements (M6-21) car il peut y avoir eu des changements. 201 Fiche de liaison RB : Je vais à présent vous présenter la fiche sur laquelle nous avons travaillé. Présentation de la fiche. Voyez-vous des choses à rajouter, quels sont ses défauts, ses qualités? M6 : Il faut que ce soit simple (M6-22), c'est important. C'est bien, c'est concis (M7-23), pour moi il n'y a rien à apporter en plus. C'est pratique, ça ne me parait pas trop long (M7-24) à utiliser puisque ce sont des reports du dossier (M7-25), non c'est très bien. RB : Je vous remercie de votre attention et du temps que vous m'avez accordé.
VI.2.7. Médecin 7 (M7)
Profil RB : Quel est votre âge? M7 : J'ai 58 ans. (M7-1) RB : Quel est votre mode d'exercice? M7 : Libéral, seul. (M7-2) RB : Avez-vous des diplômes complémentaires, notamment à orientation gériatrique? M7 : Non. (M7-3) RB : Combien jugez-vous votre charge de travail? Le temps passé en EHPAD par semaine? M7 : Chargée. (M7-4), le « moins possible », c'est toujours chronophage! (M7-5) RB : Le nombre de patients que vous suivez actuellement en EHPAD? M7 : Une dizaine. (M7-6) RB : Combien parmi eux présentent des troubles cognitifs? M7 : Euh trois environ. RB : Ont-ils un suivi « mémoire » en cours? M7 : L'un devrait en avoir un mais je ne l'envoie plus parce que ça ne sert plus à rien (M7-7), donc un ou deux je ne sais plus. (M7-8) 202 RB : Votre fréquence de renouvellent du traitement de fond? M7 : 3 mois en général (M7-9). Généralités et communication entre professionnels RB : Je vais maintenant vous interrogez un peu plus particulièrement sur la consultation mémoire. Qu'attendez-vous de la consultation mémoire (bénéfice, informations)? M7 : Avoir le bilan (M7-10) pour avoir le droit à l'ALD. (M7-11) RB : Quelles informations transmettez-vous actuellement lorsque vous adressez un patient à la consultation? M7 : Je leur fais un petit mot avec les grandes lignes (M7-12) et puis stop. (M7-13) RB : Avez-vous déjà eu des difficultés avec la consultation mémoire ou constaté des dysfonctionnements (problème de courrier)? M7 : Non avec la consultation de Joeuf c'est impeccable, aucun problème.
| 44,980
|
49/hal.inria.fr-inria-00000045-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 5,954
| 8,685
|
SAT vers CSP Olivier ROUSSEL∗ CRIL - CNRS FRE 2499 rue de l'Université, SP 16, 62 307 Lens Cedex, France [email protected]
Cet article présente une transformation d'une formule propositionnelle du problème SAT en une autre formule propositionnelle qui, à son tour, peut être directement transformée en un problème CSP binaire. Cette transformation est basée sur une procédure de recherche de modèles locaux qui est contrôlée pour obtenir une transformation qui soit globalement polynomiale. Une méthode pour réduire la taille de la formule finale est proposée. Nous montrons également que le maintien de la k-consistance sur le problème CSP est équivalent à l'utilisation de la propagation unitaire sur une forme compilée de la formule propositionnelle correspondante dans le problème SAT. De notre point de vue, cette transformation établit un autre pont naturel entre SAT et CSP qui pourrait être bénéfique aux deux communautés. Abstract This paper presents a transformation of a SAT problem into another SAT problem which, in turn, can be directly transformed into a binary CSP instance. This transformation is based on a local model enumeration procedure which can be controlled to get an overall polynomial transformation. A method to reduce the size of the converted formula is proposed. We also show that maintaining k-consistency on the CSP problem is equivalent to using unit propagation on a compiled form of the equivalent SAT problem. This transformation draws another natural bridge between the SAT and the CSP problems which hopefully, should benefit both de manière à satisfaire un ensemble de contraintes. Dans le problème SAT, les variables ne peuvent prendre que deux valeurs (vrai/faux) et les contraintes qui relient plusieurs variables interdisent certaines affectations de ces variables. Dans le problème CSP, une variable peut prendre de multiples valeurs et les contraintes qui relient deux ou plusieurs variables interdisent également certaines affectations. En général, le problème CSP peut être vu comme une généralisation du problème SAT. Très souvent, le problème SAT est étudié sur des formules en forme normale conjonctive (CNF) tandis que le problème CSP est étudié sur des contraintes binaires. Des transformations d'un problème à l'autre ont déjà été proposées [16, 6, 2, 3]. La plupart d'entre elles sont de simples réécritures syntaxiques. Dans cet article, nous présentons une autre transformation qui, à notre avis, montre une relation plus étroite entre les deux problèmes. Après un rappel de quelques définitions et des transformations existantes, nous introduisons une nouvelle forme normale pour le problème SAT, forme à partir de laquelle la conversion en problème CSP sera immédiate. Nous présentons un algorithme polynomial pour transformer toute formule propositionnelle du problème SAT dans cette nouvelle forme normale. La conversion en instance CSP est ensuite présentée. Nous donnons alors un algorithme pour réduire la taille de la formule obtenue. Enfin, nous présentons une compilation logique qui permet à la propagation unitaire de maintenir la k-consistance. 2
Introduction
Le problème de satisfiabilité (SAT) et le problème de satisfaction de contraintes (CSP) sont étroitement liés. Chacun tente d'affecter une valeur à un ensemble de variables ∗ Ce travail a été soutenu en partie par l'IUT de Lens, le CNRS et la région Nord/Pas-de-Calais dans le cadre du programme Définitions et transformations existantes
Une variable propositionnelle est soit vraie, soit fausse. Un littéral est une variable propositionnelle ou sa négation. Une clause est une disjonction de littéraux. Une clause est vraie si et seulement si au moins l'un de ses littéraux est vrai. Une formule propositionnelle du problème SAT en forme normale conjonctive (CNF) est une conjonction de clauses. Une formule CNF est vrai ssi chacune de ses clauses est vraie. Un modèle partiel d'une formule est une affectation de certaines variables qui rend la formule vraie (autrement dit, on peut considérer qu'il s'agit d'une conjonction de littéraux qui implique la formule). Les modèles que nous considérons dans cet article sont tous partiels et nous les appellerons simplement modèles. Un modèle minimal est un modèle tel qu'aucun de ses sousensembles stricts ne soit un modèle. Une couverture de modèles d'une formule f est un ensemble M de modèles tel que tout modèle de f est subsumé par un élément de M. Un impliqué est une clause qui est conséquence logique de la formule (i.e. satisfaite par tous les modèles de la formule). Une variable CSP peut prendre n'importe quelle valeur parmi l'ensemble D (domaine) des valeurs possibles pour cette variable. Une contrainte CSP est définie sur un ensemble de variables et interdit certaines affectations de ces variables. Quand toutes les contraintes sont définies sur exactement deux variables, le CSP est dit binaire. Une contrainte est satisfaite quand toutes les variables concernées par la contrainte ont une valeur qui est compatible avec les valeurs des autres variables de la contrainte. Une solution du problème CSP est une affectation des variables qui satisfait toutes les contraintes. Un certain nombre de codages ont été proposés pour convertir un problème SAT en problème CSP (et inversement). Nous nous ons ici uniquement sur la conversion de SAT vers CSP [16, 6, 2, 3]. Dans cette présentation, bi désigne une variable booléenne, li désigne un littéral, Ci désigne une clause, xi désigne une variable CSP qui peut prendre une valeur de son domaine Dxi. T et IF représentent les constantes vrai et faux. – Dual encoding [16] : pour chaque clause Ci du problème SAT, on crée une variable CSP xi qui représente les manières possibles de satisfaire Ci. Le domaine de xi est l'ensemble des affectations des k variables de Ci qui satisfont Ci (2k −1 affectations). Des contraintes binaires sont définies entre chaque paire de variables CSP qui sont créées à partir d'une même variable SAT. Ces contraintes imposent que les variables SAT communes doivent avoir les mêmes valeurs dans les interprétations qui correspondent aux valeurs des variables CSP. Exemple 1: La formule du problème SAT (a ∨ b) ∧ (¬b ∨ c) correspond dans ce codage à un CSP ayant 2 variables. Le domaine de x1 est {< a = T, b = T >, < a = T, b = IF >, < a = IF, b = T >} qui sont les interprétations qui satisfont la première clause et le domaine de x2 est {< b = IF, c = T >, < b = IF, c = IF >, < b = T, c = T >}. Une contrainte binaire relie ces deux variables et stipule que < a = T, b = T >, < a = IF, b = T > sont incompatibles avec < b = IF, c = T >, < b = IF, c = IF > et que < a = T, b = IF > est incompatible avec < b = T, c = T >. – Hidden variable encoding [16] : pour chaque clause Ci de la formule du problème SAT, on crée une variable CSP xi qui représente les manières possibles de satisfaire Ci. Le domaine de xi est l'ensemble des affectations des k variables de Ci qui satisfont Ci (2k −1 affectations). Pour chaque variable SAT bi, on crée aussi une variable xbi ayant comme domaine {T, IF}. Des contraintes binaires sont définies entre un xbj et un xi qui est associé à une clause qui contient bj. Cette contrainte stipule que l'interprétation correspondant à la valeur de xi doit donner à bj une valeur qui soit la même que celle de xbj. Exempl
e 2: La formule du problème SAT (a ∨ b) ∧ (¬b ∨ c) correspond dans ce codage à un CSP ayant initialement deux variables. Le domaine de x1 est {< a = T, b = T >, < a = T, b = IF >, < a = IF, b = T >} qui sont les interprétations qui satisfont la première clause et le domaine de x2 est {< b = IF, c = T >, < b = IF, c = IF >, < b = T, c = T >}. Trois autres variables sont créées : xa, xb et xc avec pour domaine {T, IF}. Une contrainte relie x1 à xa et indique que {< a = T, b = T >, < a = T, b = IF >} sont incompatibles avec xa = IF et que {< a = IF, b = T >} est incompatible avec xa = T. Des contraintes similaires sont établies entre x1 et xb, x2 et xb, x2 et xc. – Literal encoding [16, 3] : pour chaque clause Ci de la formule du problème SAT, on crée une variable CSP xi qui représente un littéral de Ci qui est vrai. Des contraintes binaires sont définies entre chaque paire de variables CSP qui sont créées à partir de clauses qui contiennent des littéraux opposés. Ces contraintes stipulent que si la première variable xi prend comme valeur lk, alors la seconde variable xj ne peut prendre ¬lk comme valeur.
Exemple 3: La formule du problème SAT (a ∨ b) ∧ (¬b ∨ c) correspond dans ce codage à un CSP de 2 variables.
Le
domaine
de x1
est {a, b} ce qui signifie que affecter a ou b à T satisfait la première clause.
Le
domaine de x2 est {¬b, c}. Une contrainte binaire est définie entre x1 et x2 et indique que b et ¬b sont des valeurs incompatibles. – Extended literal
encoding [6] : pour chaque clause Ci de la formule du problème SAT, on crée une variable CSP xi qui représente un littéral de Ci qui est vrai. Pour chaque variable SAT bi, on crée aussi une variable xbi ayant pour domaine {T, IF}. Des contraintes binaires sont définies entre un xbj et un xi associé à une clause qui contient bj. Cette contrainte indique que lorsque xbj est faux, xi ne peut prendre bj comme valeur. Exemple 4: La formule du problème SAT (a ∨ b) ∧ (¬b ∨ c) correspond dans ce codage à un CSP qui initialement contient deux variables. Le domaine de x1 est {a, b} ce qui signifie que donner la valeur vrai à a ou b permet de satisfaire la première clause et le domaine de x2 est {¬b, c}. Trois autres variables sont créées xa, xb et xc avec pour domaine {T, IF}. Une contrainte relie x1 à xa et indique que x1 = a est incompatible avec xa = IF. Une autre contrainte entre x1 et xb stipule que x1 = b est incompatible avec xb = IF. Une troisième contrainte lie x2 à xb et indique que x1 = ¬b est incompatible avec xb = T. La dernière contrainte entre x2 et xc indique que x2 = c est incompatible avec xc = IF. – Non-binary encoding [16] : pour chaque variable bi de la formule du problème SAT, on crée une variable CSP xbi qui représente la valeur prise par bi. Le domaine de xbi est donc {T, IF}. Pour chaque clause Ci de la formule du problème SAT, on définit une contrainte entre les xbk qui correspondent aux variables de Ci et qui interdit l'interprétation des xbk qui falsifient la clause.
Exempl
e
5: La
formule
du
probl
ème SAT (a ∨ b) ∧ (¬b ∨ c) correspond dans ce codage à un CSP de 3 variables. Le domaine de xa, xb et xc est
{T, IF
}. La
première clause correspond à une contrainte entre xa et xb et interdit l'affectation xa = IF, xb = IF. La seconde clause correspond à une contrainte entre xb et xc qui interdit l'affectation xb = T, xc = IF. Ces codages d'une formule du problème SAT en un problème CSP sont
à la fois simples et immédiats, mais ils sont aussi quelque peu artificiels parce qu'ils sont basés sur des transformations purement syntaxiques. À l'inverse, la conversion que nous proposons est fondée sur une transformation sémantique et de ce fait, elle devrait être moins sensible aux artefacts syntaxiques. Plus précisément, cette conversion calcule des modèles de sous-ensembles de la formule et les assemble pour former une instance CSP. De ce fait, les propriétés du problème CSP dépendent plus de la sémantique du problème que de sa représentation syntaxique. 3 La Pigeon-Hole Normal Form
La transformation que nous décrivons génère une formule ayant une structure assez similaire à celle du problème des pigeons. De ce fait, nous introduisons d'abord une forme normale dite "des pigeons" (pigeon-hole normal form ou PHNF en abrégé) qui correspond à la notion de structure similaire au problème des pigeons. Le problème des pigeons est un problème SAT bien connu qui a servi entre autres à prouver l'intraitabilité de la résolution ([8]). Ce problème est également souvent utilisé pour tester des extensions du formalisme SAT (les cardinalités par exemple [1]) mais aussi certaines méthodes de résolution (dont les symétries [10]). D'un certain point de vue, ce problème semble représenter la plupart des difficultés combinatoires qui se cachent derrière un problème SAT quelconque. Certaines personnes ont même émis la conjecture selon laquelle une instance SAT difficile contenait de manière cachée un problème des pigeons [5]. La transformation présentée ici vient étayer en partie ce point de vue. Le problème des pigeons code dans une formule propositionnelle en CNF la possibilité de placer np pigeons dans nh pigeonniers. Les règles de ce problème établissent que 1. chaque pigeon doit être dans un pigeonnier, 2. un pigeonnier ne peut contenir plus d'un pigeon, 3. un pigeon ne peut être dans plus d'un pigeonnier. Bien sûr, le problème est satisfiable ssi nh ≥ np. La solution de ce problème est triviale quand on utilise des notions élémentaires d'arithmétique mais se révèle beaucoup plus ardue quand on utilise les règles d'inférences habituelles en logique propositionnelle. Quand on s'intéresse uniquement à la satisfiabilité de ce problème, la troisième règle peut être omise puisque qu'elle ne supprime que des interprétations qui sont des variantes d'autres solutions du problème 1. Soit Php variable propositionnelle qui indique que le pigeon p est placé dans le pigeonnier h. La version de ce problème des pigeons destinée à prouver la satisfiabilité est codé sous forme CNF comme suit :
V np W nh p 1) Vp=1 h=1 Ph p1 p2 2) ∀h,∀p1,p2 p1 6=p2 ¬Ph ∨ ¬Ph
On peut observer que ce codage contient d'abord un ensemble de longues clauses qui contiennent uniquement des littéraux positifs (sans littéraux communs) suivi d'un ensemble de clauses binaires contenant la négation de littéraux présents dans des clauses différentes du premier ensemble. 4 Transformation d'une formule propositionnelle du problème SAT en PHNF
plus loin que si l'on souhaite effectuer le calcul en temps polynomial, il faudra imposer une condition supplémentaire sur chacun des Sj. On note Sj = {Ckl } qui doit vérifier [ Sj = {Ci, i ∈ {1n}} et ∀i, ∀jSi ∩ Sj = ∅ j Pour chaque ensemble Sj de clauses, on énumère une couverture de modèles de Sj en utilisant n'importe quelle méthode ad hoc. Soit I(Sj ) = I1j,. Inj j la couverture de modèles choisie pour Sj. Chaque modèle Ikj est une V conjonction de littéraux de la formule (Ikj = i li ). Ces modèles sont des solutions locales du problème de satisfiabilité limité à Sj. Pour trouver une solution globale, il suffit de trouver une solution locale à chaque Sj qui soit compatible avec les solutions locales choisies pour les autres sous-ensembles. Une solution locale Ikj11 est incompatible avec une autre solution locale Ikj22 si et seulement si ∃l t.q. l ∈ Ikj11 et ¬l ∈ Ikj22. À partir de la couverture des modèles de Sj, on peut construire une formule f 0 qui est vraie ssi les solutions locales peuvent être assemblées pour former une solution globale. f 0 est construite avec de nouvelles variables propositionnelles comme suit. On associe à chaque modèle Ikj une nouvelle variable propositionnelle vkj et l'on définit f 0 comme V W j Proposition 7: Toute formule propositionnelle f peut être convertie en une formule f 0 en pigeon-hole normal form (PHNF) telle que f est satisfiable ssi f 0 est satisfiable et telle qu'il y ait en plus une bijection directe entre les modèles de f et ceux de f 0. Dans cette proposition, f et f 0 ne sont pas équivalentes au sens classique du terme puisqu'elles ne sont pas construites sur le même vocabulaire et que, de ce fait, elles ne peuvent avoir les mêmes modèles. Cependant, f et f 0 sont équivalentes au sens où f est satisfiable ⇔ f 0 est satisfiable. De plus, il est facile d'obtenir les modèles de f à partir des modèles de f 0 et inversement (temps linéaire). À partir d'une formule propositionnelle générale, la première étape est de la convertir en forme normale conjonctive (CNF). Cette transformation est linéaire à condition d'introduire de nouveaux symboles de variables [14]. On peut donc en toute généralité se restreindre au cas où la formule f à convertir est en CNF et qu'elle contient les clauses Ci pour i ∈ {1n}. On partitionne cet ensemble de clauses en un ensemble de sous-ensembles Sj disjoints de clauses. La manière dont on partitionne la formule a peu d'importance si l'on ne se fixe pas d'autre but que celui d'obtenir une formule équivalente en PHNF. Nous verrons ∧ V k vkj j j j1,k1,j2,k2 t.q. Ik1 et Ik2 sont incompatibles
1 2
¬
vkj
11
∨ ¬vkj22
Cette formule est évidemment en pigeon-hole normal form. Par construction, elle est satisfiable si et seulement si la formule initiale f est satisfiable. De plus, un modèle de f 0 se transforme facilement en un modèle de f en remplaçant chaque vkj qui est à vrai par les littéraux de Ikj. Inversement, un modèle de f est facilement converti en un modèle de f 0 en le décomposant en une conjonction des modèles locaux nécessaires. Il a été précisé que I(Sj ) était une couverture de modèles de Sj. Une telle couverture n'est bien évidemment pas unique. Il est clair qu'il faut privilégier une couverture qui contienne un nombre restreint de modèles pour obtenir une représentation PHNF qui sera plus courte et, selon la méthode utilisée, pour pouvoir accélérer le calcul de cette couverture. On peut en particulier opter pour une couverture de modèles minimaux mais l'on verra par la suite qu'un autre type de couverture pourra présenter quelque avantage. Il y a bien sûr diverses méthodes pour générer une couverture de modèles minimaux de Sj. La littérature contient de nombreux algorithmes à ce sujet. Quand les ensembles Sj sont relativement petits, on peut utiliser des méthodes très simples telles que les méthodes syntaxiques fondées sur la distributivité de ∧ sur ∨ ou des méthodes sémantiques fondées sur des variantes de la procédure de Davis et Putnam [13, 4]. Si les ensembles Sj sont plus grands, il vaut mieux utiliser de meilleurs algorithmes tels que [15, 9].
Exemple 8: Soit
f
=
(a
∨b∨c
)
∧(d∨e
)∧(¬a∨¬b)∧(a∨
b
)
On choisit
S1 = (a ∨ b ∨ c) ∧ (d ∨ e) et S2 = (¬a ∨ ¬b) ∧ (a ∨ b). On énumère une couverture de modèles minimaux de S1 et S2 et l'on assigne à chacun d'eux une nouvelle variable propositionnelle : var
. Complexité de la transformation
Proposition 9: Toute formule propositionnelle f peut être convertie en temps polynomial en une formule f 0 en pigeon-hole normal form (PHNF) telle que f est satisfiable ssi f 0 est satisfiable et telle qu'il y ait en plus une bijection directe entre les modèles de f et ceux de f 0. La méthode de transformation que nous avons présentée précédemment commence par une mise sous forme CNF qui est polynomiale à condition de pouvoir introduire de nouveaux symboles de variables [14]. Elle partitionne ensuite l'ensemble de clauses (temps linéaire). Une fois que les modèles de chaque Sj sont calculés, la création de f 0 est polynomiale. Malheureusement, un calcul sans précaution des modèles de Sj est exponentiel. Un exemple simple est celui où k clauses de longueur n avec des littéraux tous positifs et différents ont une couverture de modèles qui contient nk modèles minimaux. Cependant, il est possible de se fixer à l'avance une limite qui soit polynomiale et s'arranger pour choisir des ensembles Sj de sorte à ne jamais avoir un nombre de modèles plus grand que cette borne polynomiale. Supposons que l'on décide d'obtenir moins de m modèles par ensemble Sj. Il est possible d'utiliser un algorithme incrémental pour obtenir les modèles minimaux des k premières clauses de Sj. Soit cur le nombre courant de modèles de ces premières k clauses. Avant de calculer les modèles minimaux des premières k + 1 clauses, on peut facilement obtenir une estimation du nombre maximum de modèles que l'on obtiendra en multipliant cur par la taille de la clause de numéro k + 1. Si cette estimation dépasse notre limite m, il suffit de cesser d'ajouter des clauses à Sj et de placer la clause numéro k + 1 un nouvel ensemble Sj+1. Ce faisant, le nombre total de modèles minimaux que l'on génère est au plus m multiplié dans le pire des cas par le nombre de clauses de la CNF, ce qui donne bien une borne polynomiale. Bien sûr, m doit être une limite raisonnable et le plus petit m que l'on puisse choisir pour toujours réussir la transformation doit être la longueur de la plus longue clauses de la CNF (auquel cas, il est possible que certains Sj ne contiennent qu'une seule clause). 6 De la PHNF au problème CSP
Une fois que f a été transformée en PHNF, la conversion en problème CSP est immédiate. Il faut se souvenir que la PHNF se compose d'un ensemble P de clauses positives et d'un ensemble B de clauses binaires et négatives qui représentent des exclusions. À chaque clause Ci = {l1,... ln } de P, on associe une variable xi de domaine Di = {l1,... ln } comme dans le literal encoding. L'ensemble B des clauses représente les contraintes entre les variables xi. Il suffit de lister les clauses binaires ¬li ∨¬lj qui contiennent un littéral de xi et un littéral de xj et de les transformer en une contrainte binaire qui stipule que xi = li et xj = lj sont incompatibles. S'il y a c clauses dans l'ensemble P qui sont toutes de taille inférieure à m, il y a dans le pire des cas c(c − 1)m2 /2 clauses binaires qui seront générées pour représenter les exclusions entre les c(c − 1)/2 paires de variables. Cette conversion est donc bien polynomiale. D'un certain point de vue, la transformation globale proposée est une généralisation de certaines des conversions présentées dans la première partie de cet article. Il faut cependant noter que la transformation proposée ici est fondée sur un algorithme sémantique et devrait de ce fait être plus résistante aux artifices syntaxiques que l'on peut trouver dans certaines formules. De plus, la borne m qui est un paramètre de la transformation nous laisse choisir la quantité de pré-traitement effectuée. Une faible valeur de m donnera une transformation plutôt syntaxique tandis qu'une grande valeur de m pourra éventuellement déterminer la satisfiabilité de la formule pendant la phase de prétraitement. Le literal encoding [16, 3] qui est la conversion la plus proche de celle que l'on propose peut être vue comme un cas particulier de notre transformation où chaque paquet de clause ne contient qu'une unique clause. Nous présentons maintenant un algorithme pour effectuer une conversion plus intelligente et réduire la taille de f 0. 7 Réduction de la taille de la formule convertie
Dans l'algorithme de la section précédente, la manière dont on partitionne la CNF n'avait pas fait l'objet d'une attention particulière – hormis le fait qu'il fallait fixer une borne au nombre de modèles de chaque paquet Sj. Toutefois, le choix des clauses rassemblées dans un paquet a une influence capitale sur la taille finale de f 0. Un mauvais choix peut aboutir à des domaines dont la taille serait beaucoup plus grande que ce que l'on peut obtenir avec un choix intelligent. Exemple 10: Soit f = (a∨b)∧(c∨d)∧(¬a∨¬b)∧(¬c∨ ¬d). Si l'on sélectionne les deux premières clauses dans S1 et les deux dernières dans S2, on obtient des domaines de taille 4. En revanche, si l'on place les clauses construites sur {a, b} dans S1 et les clauses construites sur {c, d} dans S2 le domaine des variables aura seulement une taille de 2. Ce qu'il faut faire, c'est rassembler dans un même paquet les clauses qui ont le plus petit nombre de modèles. Certes, il ne s'agit pas de résoudre exactement ce problème d'optimisation parce qu'on souhaite avant tout avoir une transformation qui reste polynomiale dans son ensemble. Nous utilisons donc une approximation qui permet de réduire le nombre de modèles de chaque Sj en rassemblant ensemble les clauses qui sont sémantiquement liées. Nous présentons ici une telle approximation polynomiale qui se fonde sur les propriétés de distributivité des connecteurs logiques. L'idée de cet algorithme est de sélectionner d'abord la plus petite clause (parce qu'isolément, elle a le plus petit nombre de modèles minimaux) et de calculer l'ensemble de ses modèles minimaux (qui est simplement l'ensemble de ses littéraux). Puis, à chaque étape, on sélectionne une clause et l'on multiplie l'ensemble de modèles obtenu jusqu'ici par la clause choisie pour obtenir le nouvel ensemble de modèles. Cela signifie que, pour chaque modèle I et pour chaque littéral l de la clause choisie, on génère un nouveau modèle I ∪l (distributivité). Bien évidemment, les interprétations contradictoires ou subsumées sont retirées à chaque étape. Il est intéressant de noter que, quand un modèle I et une clause C partagent un littéral commun l (l ∈ I ∩ C) alors tous les modèles générés seront subsumés par I. Ce type de modèle est appelé modèle raccourci. Number of implicants (y) in the x first clauses
1200 prime implicants, original order prime implicants, with heuristic exclusive implicants, with heuristic 1000 8 800 600 400 200 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
F IG. 1 – Nombre de modèles des premières x clauses d'une formule aléatoire en fonction de x
Une autre technique pour réduire le nombre de modèles est de générer des modèles exclusifs (i.e. tels que pour chaque paire I,I 0 de modèles, I 0 contient au moins un littéral qui est l'opposé d'un littéral de I). Cela donne des modèles qui sont moins nombreux, mais plus longs. Générer ce type de modèle ne requiert qu'une modification mineure de l'algorithme précédemment présenté. L'étape de distributivité d'une clause sur un modèle est simplement modifiée comme suit : pour chaque modèle I et pour chaque littéral l de la clause choisie, on génère un nouveau modèle I ∪ l ∪ N où N est l'ensemble des opposés des littéraux précédemment ajoutés à I. Par exemple, la multiplication d'un modèle a ∧ b par une clause c ∨ d ∨ e donne a ∧ b ∧ c, a ∧ b ∧ ¬c ∧ d et a ∧ b ∧ ¬c ∧ ¬d ∨ e.
La figure 1 représente en fonction de x le nombre de modèles qu'ont les premières x clauses d'une formule 3CNF aléatoire (20 variables, 85 clauses) et ce, avec ou sans l'heuristique de choix de la clause et en utilisant des modèles minimaux ou exclusifs. Ce graphique est donné pour une seule formule mais il est représentatif de la forme de ce graphe pour une quelconque formule aléatoire.
On constate expérimentalement que l'
heur
istique fournie réussit effectivement à réduire le
nombre
de modèles que l'utilisation de modèles exclusifs réduit également le nombre de modèles dans la couverture. La transformation d'une formule propositionnelle du problème SAT en un problème CSP est raisonnablement efficace. Le tableau 2 fournit le temps de conversion, le nombre de variables CSP obtenues et le nombre de couples interdits pour quelques instances SAT issues des jeux de test de la compétition SAT 2003 [11]. Ce tableau fournit ces données pour différentes bornes sur la taille des domaines CSP (m) et avec la génération de modèles minimaux ou exclusifs. On peut y vérifier qu'une borne plus grande sur la taille des domaines nécessite plus de temps de calcul mais génère moins de variables. De la même manière, l'utilisa- k-consistance,
propagation unitaire et compilation logique
Dans cette section, nous détaillons quelques techniques de compilation logique qui peuvent être appliquées à la PHNF pour permettre à un prouveur SAT de maintenir automatiquement la k-consistance. Cela montre que maintenir la k-consistance sur un problème CSP est équivalent à utiliser la propagation unitaire sur la formule correspondante du problème SAT compilée pour rendre la propagation unitaire plus complète. Nous rappelons d'abord quelques définitions : Définition 11: Un problème CSP est k-consistant ssi pour tout ensemble de k − 1 variables distinctes et toute instanciation consistante I de ces k − 1 variables, il existe une extension de I à toute k-ième variable telle que le k tuple est consistant. Maintenir l'arc-consistance qui est le nom commun de la 2-consistance revient à supprimer du domaine d'une variable une valeur qui n'a plus de support2 dans le domaine d'une autre variable. Le maintien de la chemin-consistance qui est le nom habituel de la 3-consistance revient à modifier une contrainte entre deux variables de sorte à interdire une assignation de ces variables qui n'aurait pas de support commun dans le domaine d'une troisième variable. Le principe général pour maintenir la k-consistance consiste à détecter que, quand k − 1 variables sont instanciées, une k-ième variable n'a plus dans son domaine de valeur compatible avec l'instanciation de ces k − 1 variables. Quand cette situation est détectée, une contrainte d'arité k −1 doit être mise en place entre les k −1 variables pour interdire l'instanciation qui ne peut être étendue à la k-ième variable. L'application de ce principe au point de vue de la satisfiabilité est assez simple. Soit l1 ∨ l2 ∨. ln la clause de la PHNF représentant les valeurs possibles de la k-ième variable CSP et soit mi le littéral représentant la valeur assignée à la variable xi, i ∈ 1k − 1. Quand il n'y a pas d'assignation de la k-ième variable qui soit compatible avec l'instanciation des autres variables, cela signifie que pour tout j ∈ 1n il y a un impliqué ¬lj ∨ Cj de la PHNF tel que Cj contient uniquement l'opposé de certains littéraux mi. plus de valeur compatible
Formule name x1.1_64 urqh3x5 am_4_4 urqh5x5 unif-r4.25-v600-c2550-01 hidden-k3-s0-r6-n500-01 #var 190 89 433 153 600 500 #cl 506 1040 1458 2016 2550 3000 max. dom.=20, minim. time #var #confl. 0.04 47 14464 0.16 190 102706 0.18 94 50437 0.55 383 232312 1.29 674 403560 1.69 776 642544 max. dom.=20, excl. time #var #confl. 0.03 46 12632 0.06 66 84045 0.00 89 53017 0.39 129 201540 1.88 486 823668 1.76 546 1297596 max. dom.=60, minim. time #var #confl. 0.07 34 129876 0.13 35 90411 0.34 56 310749 0.42 66 210950 2.49 436 2296751 2.68 494 3685871 max.
dom.=
60
,
excl. time
#var #confl
.
0.07 34 140800
0.13 33 128925
0.33 53 369972 0.50 62 356415
3.03 326 605
3936
4.06 363 9901419
F
IG. 2 – Conversion d'une formule du problème SAT en un problème CSP
Exemple 12: Soit a ∨ b ∨ c la clause représentant une variable CSP v1 de domaine a, b, c. Soit v2 une variable CSP instanciée avec la valeur d et v3 instanciée avec la valeur e. Supposons que v3 = e soit incompatible avec v1 = a et que v2 = d soit incompatible avec v1 = b et avec v1 = c. La PHNF contient les clauses binaires qui correspondent à ces contraintes : ¬a ∨ ¬e, ¬b ∨ ¬d et enfin ¬c ∨ ¬d. Pour maintenir la consistance de chemin, il faut ajouter une contrainte pour interdire v2 = d et v3 = e. Cela s'obtient en appliquant le principe de résolution aux clauses a ∨ b ∨ c, a ∨¬e, ¬b ∨¬d et ¬c ∨¬d pour produire ¬d ∨ ¬e. Pour assurer la k-consistance par propagation unitaire sur la PHNF, il est nécessaire d'être capable de produire tous les littéraux unitaires qui sont conséquences des impliqués décrits ci-dessus et de l'instanciation courante des variables. Pour atteindre ce but,il suffit d'effectuer une compilation logique : Proposition 13: La k-consistance peut s'obtenir par propagation unitaire sur une formule f en pigeon-hole normal form quand f contient tous ses impliqués dérivés d'une clause l1 ∨ l2 ∨. ln en remplaçant par des étapes de résolution certains de ces littéraux par au plus k − 1 littéraux négatifs issus d'au plus k − 1 clauses. Exemple 14: Soit A et B deux variables CSP de domaine 1, 2, 3 et la contrainte A < B. Un codage direct de ce CSP en PHNF donne a1 ∨ a2 ∨ a3, b1 ∨ b2 ∨ b3, ¬a1 ∨ ¬b1, ¬a2 ∨ ¬b1, ¬a2 ∨ ¬b2, ¬a3 ∨ ¬b1, ¬a3 ∨ ¬b2, ¬a3 ∨ ¬b3. La propagation unitaire sur cette formule ne maintient pas l'arcconsistance (elle ne prouve pas ¬a3 par exemple). La compilation logique que nous proposons ajoute deux clauses qui sont ¬a3, ¬a2 ∨ b3. Ce sont les seules résolvantes avec fusion dont nous ayons besoin. De ce fait, ¬a3 est maintenant directement prouvé ce qui signifie que A = 3 n'a pas de support sur B. [7] propose de maintenir l'arc-consistance sur une formule du problème SAT correspondant à un problème CSP en utilisant le support encoding. L'exemple donné cidessus correspond au coeur de l'exemple de ce papier. On peut remarquer que les clauses que nous ajoutons sont un sous-ensemble des clauses utilisées dans le support encoding (b2 ∨ b3 ∨ ¬a1 ajouté dans [7] est inutile dans notre transformation parce que nous avons conservé les clauses binaires (clauses de conflits)). En fait, la compilation logique que nous proposons effectue le même travail que le support encoding. Cela donne un nouvel éclairage sur le support encoding qui n'apparaît plus comme un codage ad hoc pour assurer l'arc-consistance mais qui se révèle être une simple compilation logique pour rendre plus complète la propagation unitaire. La compilation logique nécessaire pour assurer la chemin-consistance sur une formule PHNF n'est pas très difficile (comme on peut le voir sur l'exemple 12). Comme il s'agit d'une compilation logique, on peut espérer que le maintient de la chemin-consistance sur la version compilée de la formule sera efficace, ce qui devra être vérifié par des expériences à venir.
9 Conclusion
Nous avons présenté dans cet article une autre transformation d'une formule propositionnelle du problème SAT en un problème CSP. La caractéristique majeure de cette transformation est qu'elle est basée sur la sémantique de la formule et non sur sa syntaxe comme dans le cas des autres conversions. De plus, le processus de conversion est polynomial et aboutit à la définition d'une nouvelle forme normale pour les formules propositionnelles nommée pigeon-hole normal form (PHNF). Nous pensons que la PHNF pourrait faciliter la détection de structures particulières dans un problème (par exemple la contrainte de cardinalité atmost(1,..) se manifeste en une clique de clauses binaires dans une PH NF). Une autre caractéristique de la transformation est qu'elle est paramétrée par une borne m. Cette borne permet de choisir combien de travail sera effectué dans la phase de pré-traitement. Elle permet aussi de choisir de manière graduelle entre une conversion quasiment purement syntaxique et une conversion sémantique qui peut aller jusqu'à la résolution complète du problème dans certains cas. Nous avons également donné une heuristique pour réduire la taille de la formule obtenue en ordonnant les clauses de manières à obtenir le moins de modèles locaux possibles. Enfin, nous avons présenté une compilation logique qui permet à la propagation unitaire de maintenir la k-consistance.
| 48,394
|
12/pastel.archives-ouvertes.fr-pastel-00004851-document.txt_7
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,821
| 12,100
|
V.4.1. Modélisation à l'équilibre de la rétention du cobalt par la résine IRN 97H
La courbe d'élution du chlorure de cobalt en fonction du débit de passage du fluide à travers un lit de résine IRN 97H contenue dans une colonne a été présentée au paragraphe IV.3.1. Afin d'étudier l'impact de la variation de la sélectivité sur la courbe de sortie du cobalt, nous avons modélisé cette colonne. Pour mémoire, cette dernière possède un diamètre interne de 1,5 millimètres et une hauteur de 1,53 centimètres. Nous avons choisi de comparer les résultats obtenus pour le débit le plus faible car il a déjà été montré qu'une approche à l'équilibre permettait de modéliser cette courbe (cf IV.3.1). En effet, nous n'introduisons pas de cinétique dans notre système pour le moment. Le débit de l'expérience est fixé à 16 mL/h et la concentration influente en cobalt est de 10-3 mol/L. Le calcul a été effectué avec une approche de type Vanselow sans prise en compte de la non-idéalité de la résine, d'une part, et selon le modèle des solutions régulières, d'autre part. La représentation graphique des courbes obtenues est réalisée sur la figure 70. La première conclusion qui peut être tirée de cette courbe est que la variation du coefficient de sélectivité du cobalt lorsque la résine se sature en cet élément n'a aucun impact sur la rétention du cobalt. En effet, les courbes selon le modèle de Vanselow et des solutions régulières sont confondues. Ceci provient du fait que le coefficient de sélectivité du cobalt varie faiblement et demeure largement supérieur à l'unité. Ainsi, macroscopiquement, cela se traduit par une très bonne rétention du cobalt dans la mesure où l équilibre thermodynamique est supposé atteint. 130 V Modélisation des échanges
Figure 70. Courbes d'élution du chlorure de cobalt par la résine IRN 97H à un débit de 16 mL/h : modélisation de l'expérience de rétention selon le modèle de Vanselow sans non-idéalité de la résine (courbe en pointillés) et selon le modèle des solutions régulières (courbe pleine). Les points expérimentaux sont représentés par les carrés. Les deux courbes des modélisations sont confondues.
La
deuxième conclusion est que la variation de la sélectivité du cobalt ne permet pas d'expliquer la courbe d'élution du cobalt obtenue expérimentalement. Ainsi, deux effets différents peuvent se combiner pour décrire la courbe expérimentale. Il faut probablement considérer des effets dispersifs de la colonne de REI, dus à de potentiels effets de bord ou bien à la forme et à la taille des billes qui constituent le lit de résine. C'est ce qui est pris en compte dans la modélisation de cette courbe par l'équation (110). De plus un effet hydrocinétique peut également entraîner un étalement de la courbe expérimentale puisque nous pouvons déterminer un co
efficient
de transfert de masse pour
cette
expérience (cf
IV
.
3.1). V.4.2. Simulation à l'équilibre de la rétention du nickel et du césium sur la résine ARC 9654 : cas tests V.4.2.1. Simulation à l'équilibre de la rétention du nickel par la résine ARC 9654 à un pH = 2
Nous venons de montrer que la variation du coefficient de sélectivité n'a aucun impact sur la courbe de rétention du cobalt dans les conditions expérimentales décrites au paragraphe IV.3.1. En effet, dans ce cas précis, il n'y a pas de compétition entre la sorption des ions cobalt et la sorption des ions hydronium car ces derniers sont largement moins concentrés que le cobalt (d'au moins deux ordres de grandeurs). Cependant, il n'en est pas de même si nous nous plaçons dans le cas hypothétique d'un échange binaire nickel / hydrogène pour lequel la solution qui percole à travers le lit de résine est du chlorure de nickel, à une concentration de 10-3 mol/L, dans une solution d'acide chlorhydrique à pH = 2. Le cas test consiste en une colonne de 10 centimètres de hauteur et possédant un diamètre interne de 1,5 millimètres. Cette colonne est remplie de résine ARC 9654 dont la capacité d'échange est celle déterminée au paragraphe II.3.2.2 (soit 1,68 eq/L). Enfin, le débit de percolation est fixé à 100 mL/h et aucun effet cinétique n'est pris en compte au cours de cette simulation.
131 V.4. Impact de la variation du coefficient de sélectivité sur la rétention en colonne lors d'échanges binaires
Figure 71. Courbes d'élution du chlorure de nickel à une concentration de 10-3 mol/L dans une solution d'acide chlorhydrique à pH = 2 par la résine ARC 9654. Simulations à l'équilibre thermodynamique selon le formalisme de Vanselow seul (courbe en pointillé
) et selon le modèle des solutions régulières (courbe pleine). La courbe d'élution du nickel (figure 71) a été simulée selon le formalisme de Vanselow sans prise en compte de la non-idéalité de la phase résine et selon le modèle des solutions régulières en utilisant les paramètres donnés dans le tableau 9. Premièrement, comme la simulation est conduite à l'équilibre thermodynamique, nous retrouvons une forme de courbe d'élution très droite selon un échelon de concentration en nickel. Les raisons de cette courbe en échelon ont été décrites au paragraphe IV.3.1. Deuxièmement, nous pouvons constater qu'ignorer la variation du coefficient de sélectivité selon l'état de saturation de la résine en nickel amènerait à surestimer la capacité effective de rétention de cet élément. En effet, à l'équilibre thermodynamique, la résine n'est pas totalement saturée par les ions nickel car ces derniers sont en compétition avec les ions hydronium. Ainsi, la variation du coefficient de sélectivité est plus sensible que pour l'exemple du cobalt précédemment étudié car elle joue sur l'équilibre de répartition des espèces entre la résine et la solution. Afin d'illustrer notre propos, l'occupation des sites de la résine en fonction du pH de la solution influente pour une quantité de nickel de 10-3 mol/L est tracée sur la figure 72. Afin que les concentrations à l'équilibre soient égales aux concentrations initiales, une masse de 10-5 gramme de résine a été introduite dans le système d'étude. Le modèle des solutions régulières est comparé au formalisme de Vanselow seul. La figure 72 montre qu'à pH = 2, la prise en compte de la non-idéalité de la phase résine amènerait à considérer une diminution de la fraction molaire en nickel à l'équilibre de 5,5 % par rapport au cas idéal. Cette différence se re sur les courbes d'élution (figure 71) car le nickel percerait plus tôt de la résine que ce qui aurait été prédit par une simulation sans sélectivité variable, si de telles conditions étaient rencontrées lors du traitement des fluides par des colonnes de REI. Cette conclusion avait déjà été avancée lors d'une précédente modélisation à l'aide du modèle TPM [Gressier, 2008]. Modélisation des échanges
Figure 72. Occupation des sites de la résine ARC 9654 en fonction du pH de la solution influente pour une concentration totale en chlorure de nickel de 10-3 mol/L modélisée à l'aide de CHESS dans le formalisme de Vanselow seul et selon le modèle des solutions régulières.
V.4.2.2. Simulation à l'équilibre de la rétention du césium par la résine IRN 97H
Le cas test étudié ici considère les mêmes conditions de simulation que pour le nickel (colonne de 10 centimètres de hauteur et de diamètre interne égal à 1,5 millimètres, débit de 100 mL/h sans prise en compte d'effet hydrocinétique). La colonne est en revanche garnie de résine IRN 97H (de capacité d'échange égale à 2,16 eq/L) et la solution injectée en entrée de celle-ci est du chlorure de césium à une concentration de 2.10-3 mol/L. La courbe d'élution du césium (figure 73) a été simulée selon le formalisme de Vanselow sans prise en compte de la non-idéalité de la phase résine et selon le modèle des solutions régulières en utilisant les paramètres donnés dans le tableau 9.
Figure 73. Courbe d'élution du chlorure de césium à une concentration de 2.10-3 mol/L par la résine IRN 97H. Simulations à l'équilibre thermodynamique selon le formalisme de Vanselow seul (courbe en pointillés) et selon le modèle des solutions régulières (courbe pleine). 133 V.5. Modélisation des expériences d'échanges ternaires en batch
La forme des courbes d'élution du césium sont différentes selon que la non-idéalité est prise en compte ou non. En effet, les expériences d'échange binaire entre le césium et l'hydrogène sur la résine IRN 97H ont permis de tracer la variation du coefficient de sélectivité en fonction de la saturation en césium de la résine (cf figure 34 (b)). Le modèle des solutions régulières prédit que le coefficient de sélectivité se rapproche de la valeur un lorsque la résine est saturée en césium. En conséquence, si la résine est considérée comme une succession de « tranches », le césium va totalement s'échanger avec les ions H+ de la première tranche de résine jusqu'à ce que la saturation atteigne une valeur proche de l'unité. A ce moment-là, le césium commence à s'échanger avec la deuxième tranche de résine tandis que la première finira de se remplir en césium au fur et à mesure du passage de la solution influente. Ainsi, de proche en proche, une fraction du césium de la solution influente s'étale dans la colonne de résine. Progressivement, le front d'avancée du césium passe d'un front compressif à un front dispersif. Cet effet est peu visible sur la figure 73, en revanche, nous constatons que le haut de la courbe d'élution dans le cas de la sélectivité variable traduit bien la saturation progressive des dernières tranches de la colonne. En conclusion, ces courbes nous confirment une influence de la variation de la sélectivité des résines qui pourrait être non négligeable dans un cas hypothétique où une résine serait quasiment saturée en césium. De plus, il faut garder en mémoire l'étendue limitée du domaine expérimental et donc l'incertitude liée au manque de données. En effet, sélectivité pourrait décroître plus fortement que ce que nous prédisons à l'heure actuelle et cela aurait alors une incidence beaucoup plus forte sur la courbe d'élution du césium. Ainsi, il faudrait effectuer ce test de rétention du césium en colonne afin de confirmer ou d'infirmer nos prévisions. V.5. Modélisation des expériences d'échanges ternaires en batch
L'application du modèle des solutions régulières dans le cadre d'un échange ternaire nécessite de connaître tous les termes d'interactions binaires WijG RT ainsi que le terme d'interaction ternaire WijkG RT. En effet, l'expression des coefficients d'activités des ions sorbés fait appel à une combinaison linéaire de chaque interaction binaire ainsi qu'à un terme ternaire. Elle est rappelée ici pour l'ion i : n ⎧ RT ln γ
i
=
⎨WijG
x j
(1 −
xi ) − WjkG x j xk + j =1 ⎩ k = j +1 n ∑ j ≠i ∑ ⎧ n G G Wjkl x j xk xl ⎨Wijk x j xk (1 − 2 xi ) − j =1 k = j +1 l = k +1 j ≠i k ≠i ⎩ l ≠i n n ∑∑ ∑ (65)
Nous avons déjà déterminé les paramètres binaires et les constantes d'équilibre des systèmes Cs+/H+, Li+/H+, Ni2+/H+ et Co2+/H+ sur les deux résines IRN 97H et ARC 9654. Or, les échanges ternaires mettent en contact le nickel, le cobalt et l'hydrogène sur la résine ARC 9654, d'une part, et l'hydrogène, le césium et le lithium sur la résine IRN 97H, d'autre part. Dans un premier temps, nous allons déterminer, à l'aide de Gnuplot et des courbes expérimentales de variations des coefficients de sélectivité, les paramètres binaires et ternaires inconnus.
V.5.1. Modélisation de
la variation du coefficient de sélectivité V.5.1.1. Expérience d'échange ternaire H/Co/Ni sur la résine ARC 9654
Afin de pouvoir appliquer le modèle des solutions régulières à cet échange, nous devons au G G préalable déterminer les paramètres WCoNi RT et WHCoNi RT. Pour ce faire, les points expérimentaux sont ajustés par un algorithme aux moindres carrés simples à l'aide de G G Gnuplot. Lors de cet ajustement, les valeurs des paramètres WHCo RT et WHNi RT déjà Co Co déterminés ainsi que les constantes d'échanges H K et H K sont fixées à leurs valeurs compilées dans le tableau 9. Lors de cet ajustement, seuls les deux paramètres inconnus sont calculés. Deux ajustements différents ont été effectués. Dans le premier, le terme d'interaction binaire et le terme d'interaction ternaire sont déterminés conjointement. Le deuxième ajustement a été effectué en fixant le paramètre ternaire à 0. 1,0 V.5. Modélisation des expériences d'échanges ternaires en batch
L'application du modèle régulier sans prise en compte du paramètre ternaire est représentée sur la figure 74 (a). Le paramètre d'interaction binaire entre les ions cobalt et nickel ainsi G déterminé est WCoNi,sans ternaire RT = -1,25 ± 0,07. La régression qui prend en compte le paramètre d'interaction ternaire est représentée sur la G figure 74 (b). Les deux paramètres ainsi déterminés sont WCoNi RT = -1,00 ± 0,06 et G WHCoNi RT = -2,02 ± 0,36. La première conclusion à tirer de ces courbes est que l'apport du paramètre ternaire sur la qualité de l'ajustement est significatif mais faible. En effet, la modélisation effectuée avec le paramètre ternaire suit mieux la tendance décroissante décrite par les points expérimentaux en ajustant relativement bien ces derniers. En revanche, la modélisation effectuée avec un paramètre ternaire fixé à zéro passe par les points expérimentaux dont la fraction molaire est inférieure à 0,4, puis s'en écarte. Une deuxième conclusion qui peut être tirée de l'analyse de ces graphes est qu'aucune des deux modélisations ne rend parfaitement compte de la variation expérimentale du coefficient de sélectivité du cobalt en fonction de la fraction molaire en nickel. En effet, bien que le modèle sans paramètre ternaire ajuste bien les points dont la fraction molaire en nickel est faible, la tendance à la décroissance de la sélectivité semble être sous-estimée. Cependant, l'étendue du domaine expérimental n'est pas assez large pour pouvoir conclure formellement sur ce point. En conséquence, en l'état d'avancement des connaissances expérimentales, nous choisissons d'appliquer la non-idéalité de la résine selon le modèle des solutions régulières ternaires mais en fixant le paramètre ternaire égal à zéro. V.5.1.2. Expérience d'échange ternaire H/Cs/Li sur la résine IRN 97H
A l'instar de ce qui a été fait pour l'échange H/Co/Ni, nous avons ajusté les points expérimentaux à l'aide du logiciel Gnuplot selon un algorithme de moindres carrés simples, avec et sans prise en compte d'un paramètre d'interaction ternaire. Ainsi, les paramètres binaires et les constantes d'échange déjà déterminés lors des expériences d'échanges binaires ont été fixés à leurs valeurs compilées dans le tableau 9. Les résultats des modélisations sont présentés sur la figure 75. L'application du modèle régulier sans prise en compte de paramètre ternaire permet de déterminer le paramètre d'interaction binaire entre les ions césium et lithium qui vaut G WCsLi,sans ternaire RT = -1,55 ± 0,04. Les paramètres déterminés par la régression qui prend en compte le paramètre d'interaction G G ternaire valent respectivement WCsLi RT = -1,52 ± 0,05 et WHCsLi RT = -0,30 ± 0,36.
Modélisation des échanges b 3,0 3,0 2,5 2,5 2,0 2,0 lnKa (H/Cs) lnKa (H/Cs) a 1,5 1,0 1,5 1,0 0,5 0,5 0,0 0,0 0,0 0,2 0,4 x Li 0,6 0,8 0,0 1,0 0,2 0,4 x Li 0,6 0,8
Figure 75. Echange du chlorure de césium et de la lithine sur la résine IRN 97H. Les points expérimentaux et leurs incertitudes sont représentés par les triangles et les tirets. Le modèle des solutions régulières sans paramètre ternaire (courbe pleine) avec les incertitudes sur les paramètres du modèle (courbes en pointillés) est représenté sur la figure (a). La figure (b) est tracée pour une régression avec un paramètre ternaire. Les conclusions et hypothèses émises pour l'échange ternaire H/Co/Ni sont encore valables ici. En effet, la prise en compte d'un paramètre ternaire n'affecte que très peu l'ajustement de la courbe de variation expérimentale du coefficient de sélectivité du césium. Ainsi, l'hypothèse qui consiste à le négliger est validée par ces courbes. Ceci se traduit également G par le paramètre d'interaction binaire WLiCs RT qui prend sensiblement les mêmes valeurs selon les deux régressions effectuées. Ainsi, notre hypothèse qui consiste à négliger le terme d'interaction ternaire est confirmée car il n'a presque aucune incidence sur la valeur numérique de la sélectivité calculée selon le modèle des solutions régulières. En revanche, contrairement à l'échange précédent, l'ajustement est globalement meilleur pour cette expérience. Ceci peut être dû au moindre nombre de points expérimentaux disponibles, ce qui joue sur le nombre de degré de libertés du système. De plus, la variation de la sélectivité est faible donc moins sensible à la précision du modèle. V.5.2. Modélisation de l'isotherme de sorption de l'échange ternaire du nickel, du cobalt et de l'hydrogène sur la résine ARC 9654
Le modèle des solutions régulières a été implémenté dans le code CHESS pour le cas d'un échange ternaire. Dans une première approche, afin de caractériser l'impact de la variation de la sélectivité, un modèle simplifié, nommé « simple-mix », a été retenu. Seul l'échange ternaire entre le cobalt, le nickel et l'hydrogène sur la résine macroporeuse ARC 9654 a pu être modélisé et les coefficients d'activité des ions sorbés sont calculés selon la formule : RT ln γ i = WijG (1 −
xi
) 2 (158) Le modèle des solutions régulières ternaires sans paramètre ternaire décrit les variations des coefficients d'activité selon les trois relations : G G G RT ln γ
H
=
WHNi xNi (1 − xH ) + WHCo xCo (1 − xH ) − WCoNi xNi xCo RT ln γ G Ni = WHNi xH (1 − xNi ) G + WCoNi xCo (1 − xNi ) G − WHCo xH xCo (159) (160) 137 1,0
V.5. Modélisation des expériences d'échanges ternaires en batch G G G RT ln γ Co = WHCo xH (1 − xCo )
+
WCoNi
xNi
(1 −
xCo
) − WH
Ni
xH xNi (161)
Expérimentalement, la fraction molaire du cobalt xCo reste constante égale à 0,16 tandis que xNi et xH varient respectivement de 0 à 0,57 et de 0,84 à 0,27. Pour l'équation (159), la fraction molaire en cobalt peut être négligée devant celle du nickel et de l'hydrogène. Comme, par ailleurs, la somme des s molaires vaut un, alors l'équation (159) se réduit à la relation : G RT ln γ H ≈ WHNi (1 − xH ) 2 (162) Pour l'équation (160), nous obtenons la même chose : G RT ln γ Ni ≈ WHNi (1 − xNi ) 2 (163) La simplification est moins justifiée pour le cobalt (équation (161)). Toutefois, comme les G G et WHCo sont presque égaux, alors le calcul du coefficient d'activité du cobalt paramètres WHNi est bien approximé par la méthode « simple-mix ». Figure 76. Isothermes de sorption du nickel et du cobalt sur la résine ARC 9654 modélisée selon le modèle « simple-mix » ternaire (courbes pleine et en pointillés). Les points expérimentaux sont représentés par les carrés et les ronds. Ces deux courbes montrent que la sorption du cobalt et du nickel est bien modélisée par cette approche simplifiée. En effet, comme les deux éléments se comportent de manière similaire 138 Modélisation des échanges lors de l'échange ternaire (cf IV.2.2.1),
la
simplification
qui consiste
à ne pas prendre en compte le terme d'interaction cobalt – nickel n'apporte pas de différence de comportement fondamentale. La représentation des coefficients de sélectivité en fonction de la concentration totale en nickel introduite dans le système est effectuée sur la figure 77. a b Figure 77. Variations du coefficient de sélectivité de la résine ARC 9654 pour le nickel (a) et pour le cobalt (b) modélisées à l'aide de CHESS dans le formalisme de Vanselow seul (courbe en pointillés) et selon le modèle des solutions régulières (courbe pleine). Les points expérimentaux sont représentés par les carrés. Bien que les isothermes de sorption soient correctement décrites par la modélisation à l'aide de CHESS, les variations des coefficients de sélectivité sont moins en accord avec les résultats expérimentaux. Ceci est une conséquence de l'utilisation d'une approche simplifiée. Enfin, le pH d'équilibre de la réaction est relativement bien décrit par notre modèle
quo
ique un peu surestimé (cf figure 78). Figure 78. Variation du pH d'équilibre de la réaction d'échange H/Co/Ni modélisée à l'aide de CHESS dans le formalisme de Vanselow seul (courbe en pointillés) et selon le modèle des solutions régulières (courbe pleine
Les points expérimentaux sont représentés par les carrés. .5 V.5.3. Simulations à l'équilibre de la rétention des éléments dans un mélange ternaire : exemple de la rétention du nickel et du cobalt par la résine ARC 9654
Après avoir vérifié que cette première approche simplifiée permet de bien rendre compte des isothermes de sorption du cobalt et du nickel sur la résine ARC 9654, nous avons mené des simulations de la rétention de ces éléments par une colonne de REI à l'équilibre thermodynamique. La comparaison au cas idéal, où le formalisme de Vanselow est utilisé avec des coefficients de sélectivité constants, est présentée par la suite.
Figure 79. Courbes d'élution du nickel (courbes en pointillés) et du cobalt (courbes pleines) par la résine ARC 9654, lors d'un échange ternaire. Les concentrations initiales sont respectivement 1.10-3 mol/L et 2.10-4 mol/L. Simulations à l'équilibre thermodynamique selon le formalisme de Vanselow seul. Figure 80. Courbes d'élution du nickel (courbes en pointillés) et du cobalt (courbes pleines) par la résine ARC 9654, lors d'un échange ternaire. Les concentrations initiales sont respectivement 1.10-3 mol/L et 2.10-4 mol/L. Simulations à l'équilibre thermodynamique selon le modèle des solutions régulières. Le cas test consiste en une colonne de 10 centimètres de hauteur et possédant un diamètre interne de 1,5 millimètres. Cette colonne est remplie de résine ARC 9654 dont la capacité d'échange est celle déterminée au paragraphe II.3.2.2 (soit 1,68 eq/L). Enfin, le débit de percolation est fixé à 100 mL/h et aucun effet cinétique n'est pris en compte au cours de cette 140 V Modélisation des échanges simulation. Une solution de chlorure de nickel et de cobalt, dont les concentrations sont respectivement de 1.10-3 mol/L et 2.10-4 mol/L, est introduite en entrée de colonne. Les courbes d'élution du nickel et du cobalt sont présentées sur la figure 79 et la figure 80, pour le cas idéal et en prenant en compte la variation de la sélectivité. En premier lieu, nous constatons que ces deux courbes présentent des phénomènes d'enrichissement dont l'origine a déjà été décrite lors des expériences de rétention de l'argent du nickel et du cobalt (cf IV.3.2). Cependant, le cobalt subit cet effet lors de la modélisation dans un cas idéal (figure 79) en considérant que les coefficients de sélectivité sont constants alors que c'est le nickel qui est le siège d'un enrichissement si les variations des coefficients de sélectivité sont prises en compte (figure 80). Cette « inversion de sélectivité » s'explique en revenant aux courbes décrivant les coefficients de sélectivité des éléments nickel et cobalt lors de l'échange ternaire en batch (figure 39). En effet, dans le cas idéal, les coefficients de sélectivité sont égaux aux constantes thermodynamiques et donc le nickel est mieux retenu que le cobalt car sa constante thermodynamique est supérieure à ce dernier. En revanche, lorsque les coefficients de sélectivité varient sous l'action de la non-idéalité la phase résine, l'ordre de préférence des ions est inversé. Le cobalt ne dépasse pas des fractions molaires dans la résine de l'ordre de 0,2 donc son coefficient de sélectivité demeure égal à des valeurs supérieures à 2,5 en échelle logarithmique. Dans le même temps, le nickel atteint des fractions molaires de l'ordre de 0,8 donc son coefficient de sélectivité passe de 2,5 à environ 1,6 en échelle logarithmique. En conséquence, les valeurs des coefficients de sélectivité « effectifs » de chacun des contre-ions dans la résine sont inversées par rapport aux valeurs des grandeurs thermodynamiques, qui représentent les valeurs moyennes de ces variations. V.6. Modélisation de l'hydrocinétique et de l'impact du débit de traitement
Nous avons présenté jusqu'à maintenant l'application du modèle décrivant l'équilibre de la résine échangeuse d'ions avec la solution aqueuse en contact de cette dernière. Comme, nous l'avons déjà mentionné, la plupart des procédés utilisant les REI sont effectués en colonne. C'est également le cas des REI contenues dans les bidons de déminéralisation des centrales nucléaires. Ainsi, l'hydrodynamique joue un rôle important dans la rétention des ions de la solution qui percole sur les résines. Plus particulièrement, nous avons mis en évidence l'impact du débit de traitement sur la courbe d'élution des ions : plus le débit est élevé et plus une fuite ionique précoce d'origine hydrocinétique apparaît en sortie de colonne, entraînant un étalement du front de sortie des ions. Nous avons exposé deux modèles permettant la prise en 141 V.6. Modélisation de l'hydrocinétique et de l'impact du débit de traitement compte de l'hydrocinétique et nous avons retenu une approche par coefficient de transfert de masse qui a été adaptée aux codes de modélisations CHESS et HYTEC. Nous allons présenter ici quelques résultats obtenus à partir de ces modèles. V.6.1. Modélisation des expériences de sorption du chlorure de cobalt par la résine IRN 97H à trois débits différents
La modélisation de l'expérience de rétention du chlorure de cobalt par la résine IRN 97H à trois débits différents (16, 30 et 450 mL/h) a été modélisée à l'aide d'HYTEC en considérant une sélectivité variable de la résine pour le cobalt. Les conditions expérimentales ont été reproduites dans les données d'entrée de la modélisation. Ainsi, une colonne de 1,53 centimètres de hauteur et de diamètre interne égal à 1,5 centimètres a été prise en compte. Afin de bien lisser les courbes de sortie, la colonne a été divisée en 500 noeuds de calcul. En effet, la colonne étant très réactive et les débits étant faibles, les fronts d'échange des ions dans la résine sont relativement peu étalés. En conséquence, une discrétisation importante de la colonne permet de mieux décrire la saturation progressive des sites d'échanges de la résine IRN 97H au fur et à mesure du passage de la solution de chlorure de cobalt. Les durées expérimentales ont été modélisées, ce qui s'est traduit par des temps de calcul de l'ordre d'une heure. La comparaison graphique entre les points obtenus expérimentalement (cf IV.3.1) et les modélisations est présentée sur la figure 81. Figure 81. Courbes d'élution du chlorure de cobalt (C0 = 10-3 mol/L) en fonction du débit de passage pour un lit de résine IRN 97H de 2,70 mL. Les ronds, les croix et les carrés représentent les mesures expérimentales de la concentration en sortie du cobalt pour les trois débits de 16, 30 et 450 mL/h. Les courbes représentent les résultats des simulations effectuées avec HYTEC.
B La première conclusion que nous pouvons tirer de ce graphe est que la modélisation de l'hydrocinétique par une approche de type MTC permet de bien rendre compte de ce qui a été montré expérimentalement. Ceci confirme que l'approche par coefficients de transfert de masse est adaptée à la modélisation de l'hydrocinétique de l'échange d'ions. Modélisation des échanges
Deuxièmement, ces courbes mettent clairement en évidence que c'est bien l'hydrocinétique qui joue, pour cette expérience, le rôle essentiel dans la rétention de cet élément. En effet, la modélisation de ces dernières en prenant en compte une sélectivité constante ainsi que l'hydrocinétique n'a rien changé aux courbes d'élution obtenues. Ceci rejoint les conclusions obtenues au paragraphe V.4.1. La modélisation permet de rendre compte des valeurs de fuites initiales expérimentales. Pour le débit de 450 mL/h, la fuite initiale calculée à l'aide d'HYTEC est de C/C0 = 0,0081, ce qui est deux fois moins important que la fuite observée expérimentalement. De plus, la modélisation permet de bien décrire le début de la percée du cobalt ainsi que l'étalement de la courbe de sortie de cet élément. Seule la partie supérieure des courbes d'élution (soit pour C/C0 > 0,6 pour les débits faibles et C/C0 > 0,9 pour le débit le plus élevé) n'est pas bien décrite par notre modélisation. Cet effet est plus sensible pour le débit de 30 mL/h, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'il y a une rupture de pente de la courbe d'élution expérimentale. Ceci est très probablement un artefact expérimental car ce comportement n'est pas reproduit pour les deux autres débits. Les trois débits différents ont été modélisés à l'aide de l'approche WYME configurée comme expliqué au paragraphe V.1. Ainsi, la loi cinétique retenue est la multiplication d'une constante cinétique kCHESS, exprimée en mol/L/s, de l'activité du cobalt en solution (égale à 10-3) et d'un terme E sur le site sous forme cobalt la résine IRN 97H. Nous avons alors reporté sur la figure 82 la valeur de la constante cinétique kCHESS en fonction du débit de passage du fluide exprimé en millilitres par minute. 0,7 0,6 k (mol/L/s) 100 200 300 400 500
Débit (mL/h) Figure 82. Evolution de la constante cinétique kCHESS utilisée pour modéliser la rétention du cobalt par la résine IRN 97H en fonction du débit de percolation du fluide à travers la colonne. Cette figure montre que la vitesse de réaction de l'échange d'ions (proportionnelle à la constante cinétique kCHESS) augmente lorsque le débit de percolation du fluide augmente. Evidemment, la démonstration nécessiterait d'acquérir des données pour des débits intermédiaires (entre 30 et 450 mL/h) ainsi que pour des débits plus importants que 450 mL/h. Cependant, cette courbe confirme l'approche MTC afin de modéliser l'hydrocinétique. Nous pouvons donc envisager d'utiliser des coefficients de transfert de masse dans le but de simuler 143 V.6. Modélisation de l'hydrocinétique et de l'impact du débit de traitement le fonctionnement des résines échangeuses d'ions contenues dans les bidons de déminéralisation des circuits de traitement des CNPE. Malheureusement, ceci n'a pas pu être effectué au cours de cette thèse et fera l'objet des perspectives à poursuivre qui ont pu être mises en évidence par notre travail. Enfin, bien que le principe de la démarche MTC soit valable, il faut remarquer que les valeurs des constantes cinétiques kCHESS ne satisfont pas à la relation (137) rappelée ici : K f,i as Ci = kCHESS aCo2+ (137) En effet, l'application de cette relation permet de déterminer les coefficients de transfert de masse qui correspondent aux trois valeurs de constantes cinétiques déterminées par la modélisation HYTEC. Ces MTC seraient alors respectivement égaux à 1,09.10-5, 1,24.10-5 et 5,47.10-5 m/s pour les débits de 16, 30 et 450 mL/h. Pour comparaison, les MTC expérimentaux déterminés pour les débits de 16 et 450 mL/h sont égaux à environ 3.10-6 et 2,61.10-5 m/s. Ainsi, la modélisation avec l'approche WYME détermine des constantes cinétiques de transfert des esp èces dans le film de Nernst plus importante que l'approche MTC stricto sensu. C'est pourquoi la démarche MTC est cohérente avec l'expérience mais son incorporation dans CHESS et HYTEC nécessite des aménagements vis-à-vis de ces codes de modélisation. délisation des échanges V.7. Synthèse
Dans une première étape, la cinétique en batch est bien modélisée par une approche de type MTC, ce qui confirme notre démarche utilisant la formulation WYME. De plus, le formalisme de Vanselow est bien le plus adapté à l'étude de l'échange d'ions car la variation des coefficients de sélectivité y est plus importante, ce qui permet une meilleure détermination des paramètres des modèles. Par ailleurs, le modèle de solutions régulières est le mieux adapté afin de décrire ce que nous avons mis en évidence expérimentalement car il ajuste bien les points expérimentaux et donne un intervalle de confiance important sur l'extrapolation des tendances à partir de l'expérience. De plus, ce modèle permet de rendre compte des isothermes de sorption qui sont ce que CHESS fournit comme données au module hydrodynamique d'HYTEC. La simulation d'échanges en colonne à l'équilibre thermodynamique a permis de mettre en évidence l'impact théorique potentiellement important de la variation de la sélectivité. La prise en compte de cet effet amènerait à considérer une inversion de sélectivité du cobalt et du nickel selon les conditions physico-chimiques du fluide à traiter et les concentrations des éléments. Enfin, la démarche de modélisation WYME permet de bien décrire les effets hydrocinétiques observés expérimentalement. Ces modélisations confirment l'impact important du débit de percolation sur la fuite ionique observée en sortie des colonnes de traitement. 145 V.7. Synthèse 146 VI Conclusions et perspectives VI. Conclusions et perspectives
Les résines échangeuses d'ions (REI) constituent le coeur du processus d'épuration des fluides des centrales nucléaires exploitées par EDF. Elles sont utilisées afin de protéger le circuit des espèces induisant la corrosion des structures, de limiter la dosimétrie du fluide primaire et de diminuer les effluents liquides avant leur rejet. Afin d'optimiser la démarche d'amélioration continue des rejets et déchets des CNPE, la connaissance du fonctionnement des REI a été approfondie et les mécanismes pertinents qui limitent l'efficacité de la purification ont été mis en lumière. Les résines échangeuses d'ions possèdent des caractéristiques difficiles à obtenir de manière fiable. C'est pourquoi la mise au point d'un protocole de contrôle de l'humidité permettant de définir un état de référence répétable et reproductible a été entreprise. Cette opération consiste à centrifuger une masse de résine à 2500 g pendant cinq minutes avant de la peser. Cela permet une définition plus rigoureuse de la capacité d'échange donc une meilleure connaissance de la composition de systèmes étudiés. Par ailleurs, nous avons mis en évidence la sorption d'électrolytes neutres ou de paires d'ions (car la forme chimique de ces espèces n'a pas été caractérisée) qui pénètrent dans le réseau macromoléculaire des billes de résine échangeuse d'ions. En effet, les billes de REI placées dans un bécher rempli d'eau ultrapure relarguent des ions chlorure en quantité correspondant au pH mesuré de la solution. La présence de chlorures dans les résines échangeuses de cations est un point important qui a été mis en avant : les ions Cl-, s'ils sont relargués dans le fluide qui percole à travers les colonnes de déminéralisation des circuits de purification des CNPE, contribueraient à saturer une partie de la capacité d'échange des résines échangeuses d'anions inutilement. En effet, cela tendrait à augmenter le volume de déchets traités comme radioactifs (car ces résines retiennent également de l'activité) dont une partie ne serait due qu'au relargage des chlorures initialement absents du circuit à épurer. Cependant, ce point reste à éclaircir car le fabricant n'a pas confirmé nos mesures. P P De plus, nous avons testé plusieurs protocoles de mesure des capacités d'échange des REI et nous avons retenu le protocole fournit par EDF fabricants de résines qui permet de diminuer au maximum les incertitudes sur la mesure de cette valeur. Par la suite, une revue exhaustive de la littérature a permis d'identifier les principaux modèles décrivant la variation des coefficients de sélectivité des résines échangeuses d'ions en fonction de leur saturation par les différents éléments du fluide à épurer. Cette variation de la sélectivité est due à la non-idéalité de la phase résine qui se traduit par la détermination de coefficients d'activité des espèces sorbées. • Premièrement, il existe plusieurs formalismes d'écriture de l'échange ionique et nous avons mis en avant que le formalisme de Vanselow est le plus adapté à la description de l'échange ionique. En effet, il respecte au mieux les équations thermodynamiques 147
VI Conclusions et perspective
s fondamentales et représente les variations de la sélectivité sur une échelle plus éclatée qui permet donc de mieux caractériser cette variation du coefficient de sélectivité. • Deuxièmement, parmi les principaux modèles d'échange d'ions proposés dans la littérature, certains décrivant la variation du coefficient de sélectivité selon un polynôme sont trop sensibles au domaine expérimental d'étude. En effet, les paramètres ainsi déterminés ne sont valables que dans un domaine de fonctionnement restreint et qui n'est pas celui des circuits de purification des CNPE. Les modèles qui reviennent à des descriptions thermodynamiques fondamentales sont plus adaptés à l'extrapolation des paramètres à des conditions de mise en oeuvre des REI similaires à celles des CNPE. Mais, ils sont soit trop demandant en termes de nombre d'expériences à mener (comme le modèle d'Agersinger), soit trop compliqués dans leur formulation donc présentant des incertitudes importantes lors de l'extrapolation (comme le modèle de Wilson). Ceci nous a amené à considérer que le modèle de description de la résine comme un mélange de pôles purs dont la non-idéalité est décrite par un modèle de solutions régulières s'impose comme le plus performant pour la modélisation des résines échangeuses d'ions. En effet, il offre le meilleur compromis entre le nombre de paramètres nécessaires (la constante G thermodynamique AB K et le paramètre d'interaction binaire WAB pour décrire chaque couple de contre-ions (A ; B) dans la résine) et la difficulté d'obtention expérimentale de ces paramètres. De plus, l'incertitude sur la détermination des paramètres est faible donc l'extrapolation à partir des données expérimentales possède intervalle de confiance important. Par la suite, nous avons démontré expérimentalement la variation de la sélectivité de deux résines échangeuses de cations utilisées par le parc électronucléaire d'EDF (IRN 97H et ARC 9654) pour les éléments cationiques majoritaires du circuit primaire que sont le lithium et le nickel ainsi que pour deux éléments dont les radioisotopes sont particulièrement pénalisants en terme de dosimétrie, à savoir le cobalt et le césium. Les grandes tendances déjà données dans la littérature sont confirmées. • Le lithium possède un coefficient de sélectivité inférieur à un (ce qui signifie qu'il est moins bien retenu que l'hydrogène) et dont la variation en fonction de la saturation de la résine en lithium est faible. VI Conclusions et perspectives
Par ailleurs, une description complète du processus de l'échange d'ions nécessite de prendre en compte, en plus de l'équilibre thermodynamique des réactions, la cinétique de ces réactions. Il faut distinguer l'hydrocinétique et la cinétique de l'équilibre, étudiée lors d'un échange en batch entre une solution aqueuse des ions à échanger et les billes de résines. L'étude de l'hydrocinétique est essentielle lors de la mise en oeuvre des REI dans des expériences de rétention en colonne. Dès lors, l'hydrodynamique de la colonne doit être prise en considération car plus le débit de passage du fluide à travers le lit de résine est grand et moins le temps de contact entre les billes de REI et le fluide est important. Les phénomènes cinétiques ont été modélisés selon deux grandes approches dans la littérature. Ces deux approches se basent sur une cinétique limitée par l'interdiffusion des ions au sein d'une couche limite adhérente à la paroi des billes de résine. Une résolution des équations de Nernst-Planck, qui prennent en compte l'action du champ électrique résultant du déplacement de charges dans cette couche limite, a été proposée par Franzreb. Cependant, cette approche considère que la résine se comporte de manière idéale, contrairement à ce que nous avons expérimentalement démontré. De plus, elle ne permet pas de décrire les réactions de neutralisation au sein du film de Nernst qui ont lieu lors de l'échange entre la lithine et les deux résines mentionnées précédemment. C'est pourquoi nous avons retenu une démarche plus globale à travers la détermination des coefficients de transfert de masse (MTC). Ces coefficients, bien qu'ils englobent les différents phénomènes influant sur la cinétique, permettent une première description de l' du débit de percolation du fluide sur la courbe d'élution des ions en sortie de colonne. Par la suite, l'étude de la cinétique de sorption en batch a permis de déterminer que la sorption des ions par la résine n'est pas immédiate. Cet effet est particulièrement sensible lorsque la rétention des ions prend place dans une colonne de REI par percolation d'une solution ionique. Dans ce cas, l'équilibre seul n'est, en général, pas suffisant pour décrire la courbe d'élution des ions car la concentration en sortie de colonne dépend aussi du débit de passage du fluide à travers cette dernière, surtout si ce débit est élevé. Une fuite ionique, d'origine hydrocinétique, est alors observée. Cet effet du débit a été mis en évidence lors d'un test de rétention du chlorure de cobalt par la résine IRN 97H : la fuite ionique en sortie de colonne passe de zéro à plus de 1 % lorsque le débit augmente jusqu'à des valeurs représentatives du débit minimal de traitement d'un circuit de purification du type TEU. Ceci prouve bien que l'équilibre n'a pas le temps de s'établir dans les colonnes de déminéralisation des CNPE. Une étude de rétention du nickel, du cobalt et de l'argent par la résine IRN 9882 a permis de calculer des coefficients de transfert de masse cohérent avec ceux trouvés dans la littérature lors d'expériences comparables. Les facteurs de décontamination théoriques des colonnes de déminéralisation des centrales nucléaires ont alors pu être prédits. Enfin, les lois d'équilibre et de cinétique permettant une bonne description des phénomènes expérimentaux observés ont été incorporées au sein du code de modélisation CHESS. Ainsi, l'implémentation du modèle des solutions régulières a été validée pour les échanges binaires et ternaires (selon une approche simplifiée) effectués en batch. La simulation des expériences de rétention des éléments cobalt, nickel et césium a permis de mettre en évidence que seule la prise en compte de la non-idéalité de la phase résine permet de bien décrire les résultats expérimentaux. En effet, ce modèle permet de bien ajuster les points expérimentaux et Conclusions perspectives propose une extrapolation qui varie peu en fonction des incertitudes sur les paramètres du modèle. Cependant, l'étendue du domaine expérimental est limitée et ne permet pas d'atteindre les saturations extrêmes où ces effets sont les plus prononcés. La n'est ainsi pas totale et nécessit modélisation plus importante. CHESS a été couplé à un module hydrodynamique au sein du code de transport réactif HYTEC. Ceci a permis d'étudier l'impact de la variation du coefficient de sélectivité sur la rétention des éléments en colonne, à l'équilibre thermodynamique dans un premier temps. Cet impact est globalement faible pour les échanges binaires dans les conditions représentatives des REP. Cependant, la non-idéalité de la phase résine jouerait un rôle important dans le cas d'échanges ternaires ou dans des conditions physico-chimiques différentes (compétition avec les ions H+ par exemple). En parallèle de ce travail, un outil de simulation du fonctionnement des résines des centrales nucléaires, OPTIPUR, est co-développé par EDF et l'Ecole des Mines de Paris. Les résultats de la thèse sont utilisés comme appui scientifique au développement de cet outil puisqu'ils ont permis d'identifier les lois d'équilibre et de cinétique nécessaires à une bonne modélisation des échanges ioniques sur les résines fortes échangeuses de cations utilisées dans les CNPE. Il serait donc maintenant intéressant, à la lumière du travail effectué, de modéliser les circuits de purification RCV et TEU présentés en introduction à l'aide de l'outil OPTIPUR afin de tester différentes configurations de fonctionnement. En effet, plusieurs actions sont actuellement menées ou envisagées sur ces circuits. Premièrement, lors de la mise en arrêt à froid, le bidon de déminéralisation qui est dédié à cette phase du fonctionnement est actuellement utilisé en moyenne pour quatre arrêts. Or, il a été observé des relargages d'impuretés lors de chaque remise en service de ce bidon, ce qui est dommageable pour l'épuration et ce qui nécessite plus de temps afin d'atteindre les valeurs de contamination résiduelles visées. Ainsi, une action envisagée est de charger ce bidon avec seulement un quart de charge de résine qui serait évacuée après chaque arrêt. En conséquence, il serait intéressant de modéliser cette pratique avec OPTIPUR afin de tester si la hauteur du lit de résine est suffisante pour assurer de bons facteurs de décontamination ou bien si la répartition exponentielle des éléments due aux débits de passage entraînerait une fuite hydrocinétique précoce. Par ailleurs, la mise en oeuvre du circuit TEU est variable d'une centrale à une autre. En effet, certains sites traitent le fluide en un se passage sur les déminéraliseurs au débit le plus faible de 1 m3/h alors que d'autres sites traitent le fluide au débit maximal 10 m3/h mais en mettant ce dernier en recirculation dans la bâche de récupération de 30 m3, et ce pendant plusieurs jours. L'utilisation d'OPTIPUR permettrait donc de donner des indications sur le procédé à VI Conclusions et perspectives utiliser en fonction des particularités du site, des résines utilisées et de la qualité du fluide
à traiter.
Ainsi,
cette
th
èse
a permis
la
comp
réh
ension
et la modélisation du fonctionnement des résines échangeuses de cations. A l'aide des protocoles expérimentaux mis au point au cours de ce travail, l'étude expérimentale de la rétention des cations par les REI pourra être complétée. Les échanges ternaires et quaternaires non étudiés permettront de compléter les paramètres manquants à la modélisation par le modèle des solutions régulières. De même, l'étude de la rétention de solutions ternaires et quaternaires de cations par des colonnes de résine apporterait des validations des modèles proposés dans ce travail. Dans cette optique, l'objectif de diminuer les incertitudes expérimentales doit être poursuivi. En effet, il faudrait utiliser du matériel plus adapté aux conditions expérimentales spécifiques rencontrées, comme la mesure de pH inférieurs à 2, et développer une méthode plus précise de détermination des concentrations des solutions mères. Par ailleurs, le développement d'un banc de sorption en colonne équipée de mesures en ligne de pH et de conductivité serait à envisager. Une nouvelle approche de description de l'équilibre de l'échange d'ions a été esquissée au cours de cette thèse mais les développements ne sont pas assez avancés afin de les présenter. Le principe repose sur la distinction entre stoechiométrie de formation et stoechiométrie de réaction. En prenant l'exemple de l'échange binaire d'un ion divalent A2+ sur une résine sous forme H+, l'idée est de considérer que la réaction d'échange d'ions nécessite de mettre en contact uniquement un site d'échange avec l'ion A2+. En effet, comme les sites d'échanges sont fixes sur le squelette de la résine, il y a d'autres sites d'échanges (sous forme H+ ou non) dans l'environnement proche de ce premier site. Cependant, l'échange de A nécessite de disposer de deux sites sous forme H+ te à côte, ce qui peut amener à des réarrangement interne dans la bille de résine. Par ailleurs, l'approche MTC afin de modéliser l'hydrocinétique mériterait d'être affinée. La résolution des équations de Nernst-Planck de la diffusion dans le film entourant les billes de résine, selon la méthode de Franzreb, permettrait de prendre en compte la cinétique de manière moins globale. Mais, nous pourrions également envisager une approche basée sur le mouvement Brownien des ions dans ce film de Nernst, dont la diffusion en est la conséquence macroscopique. Ceci a été proposé par van der Lee [van der Lee, 1997] et mériterait d'être approfondi dans un travail futur. VI Conclusions et perspectives
Enfin, la description complète des circuits de purification des CNPE nécessite de prendre en compte le rôle des filtres physiques qui retiennent les impuretés solides ainsi que de s'attacher de plus près au rôle des colloïdes dans le transport de l'activité des fluides des CNPE. 152 Annexes Annexes 153 Annexes 154 Annexe I. Calcul des coefficients d'activité des ions sorbés et de la constante thermodynamique d'échange selon la méthode d'Argersinger Annexe I. Calcul des coefficients d'activité des ions sorbés et de la constante thermodynamique d'échange selon la méthode d'Argersinger A I.1.
| 52,503
|
03/hal.archives-ouvertes.fr-hal-03471253-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 3,798
| 6,069
|
Entre homonoia et , le double jeu la syllepse 'économie d'un genre é à parole publique homonoia et dé , le double jeu syllepse dans l'économie d'un genre lié à la publique The double game of syllepsis and its role organization of a political discursive genre de la parole in the Véronique Magaud
Assistant professor, Zhejiang University magaudv
@
wanadoo.fr [email protected]
Cet article vise à éclairer les relations qu'entretiennent genre discursif et syllepse. Il replace la syllepse dans le champ de l'argumentation auquel elle ressortit et montre sa dynamique au sein d'un genre de parole publique, le clip de campagne présidentielle de 2007. Cette étude met en évidence la contribution du genre, et en particulier la discordance entre lieux argumentatifs, dans la double lecture de la figure et, réciproquement, le rôle que celle-ci joue dans l'économie du genre, aux trois pôles du triangle aristotélicien. This article aims at enlightening the relationships between syllepsis and discursive genre. It places the syllepsis within the domain of argumentation it falls and shows its dynamism within video-clips of 2007 French Presidential electoral campaign. This study examines how the discursive genre contributes to giving two interpretations of the rhetorical figure thanks to the discrepancy between topoï in the discursive contexts. Moreover, it analyzes the role the syllepsis plays in the organization of the discursive genre, at the three levels of the Aristotelian model. Tantôt appréhendée comme écart par rapport au paradigme de l'isomorphie signifiant-signifié, puis par rapport à des normes socio-pragmatiques (Rabatel, 2008 : 5-6), la figure a été revisitée depuis lors en tenant compte du contexte. Cette contextualisation des figures permet de rendre compte de trois phénomènes : d'une part, le fonctionnement des figures en relation avec leur lieu d'apparition ; d'autre part, le concours de ce contexte à leur actualisation et à leur reconnaissance ; enfin, la participation des figures à des visées communicationnelles. Aussi reviendrons-nous dans un premier temps sur ce que recouvre la notion de contexte dans quelques travaux représentatifs sur la relation entre figures et contexte. Tantôt envisagé comme une activité schématisante en s'identifiant aux points de vue, aux images des partenaires qui s'y construisent et aux inférences induites chez l'énonciataire, le contexte est également envisagé dans son unité matérielle où se jouent des mécanismes discursifs de construction du sens et comme unités pragmatiques déterminant la portée et la visée des réalisations verbales. Notre contribution, prolongeant la perspective pragmatique initiée par Bonhomme (2009) où genre discursif et figures ont partie liée, vise à interroger la figure de la syllepse oratoire en prise avec un genre constitutif d'une parole publique monogérée : les clips de campagne présidentielle de N. Sarkozy et F. Bayrou de 2007. Il apparaît en effet que la syllepse participe à la dimension argumentative de ce genre qui, en retour, influence le comportement de la figure. Afin d'articuler champ de l'argumentation et discours politique dans lesquels s'inscrit la syllepse, nous nous appuierons sur une conception du genre discursif qui met en oeuvre deux compétences majeures : une compétence topique, d'une part, qui concerne un type de configuration qui s'ajuste à une situation langagière en organisant les informations selon certaines finalités (Plantin, 2002) ; d'autre part, une compétence dialogique qui comprend les valeurs, les points de vue mobilisés, les images des interlocuteurs qui s'y construisent et qui entrent dans la facture du genre ; cette dernière compétence regroupe certains invariants du discours politique mis en exergue par Charaudeau (2005). Nous montrerons enfin comment, d'une part, ce genre de parole publique contribue à actualiser une double lecture de la syllepse ; d'autre part, que cette figure joue un rôle charnière dans la structuration du genre et cela à trois niveaux. 1. La figure en prise avec le contexte
La notion de contexte couvre différentes acceptions en fonction des approches adoptées. Cette première partie ne prétend pas faire une présentation exhaustive de ces approches mais fait le point sur les plus représentatives : celles privilégiant d'un côté l'intentionnalité de l'énonciateur et les manipulations de points de vue afférentes (Rabatel, 2008) et, de l'autre, l'activité inférencielle de l'énonciataire (Berrendonner, 2002) ; celles s'intéressant aux déterminations sémantico-textuelles dans la lecture de la syllepse (Ballabriga, 2006 ; Rouayrenc, 2006) et aux interactions entre genre discursif et argumentativité des figures dans le processus figural (Bonhomme, op.cit.). Enfin, notre perspective argumentative dégagera les composants du genre discursif étudié afin d'appréhender par la suite la participation de la syllepse aux trois pôles du triangle aristotélicien. 1.1. La figure au service de l'ethos et du logos Rabatel (op.cit.) remet à l'honneur l'intention communicative de l'énonciateur qui se matérialise dans les points de vue qui sous-tendent le processus figural. Les figures émergent de ces points de vue en confrontation, qu'elle soit agonique ou cognitive. La figure est alors en prise avec des phénomènes dialogiques au service de l'ethos de l'énonciateur. Cette approche pragmatico-énonciative envisage le contexte comme une activité schématisante, sans que le rôle de l'auditoire y joue cependant un rôle. Or, pour ce qui est de la syllepse, elle met en scène deux points de vue qui visent deux auditoires et c'est en fin de compte parce qu'un auditoire particulier a reconnu, validé un des points de vue que la syllepse trouve son efficace. Si l'intention de l'énonciateur est déterminée, la réception de la syllepse est moins sûre. Du coup si l'énonciataire réagit, l'énonciateur représentant pourra se désolidariser du point de vue contesté. On voit qu'il est difficile de négliger l'auditoire d'autant plus que cette figure est une façon de toucher un auditoire particulier tout en se protégeant derrière une acception usuelle et qu'elle peut tout aussi bien nuire à l'ethos de l'énonciateur qu'à le valoriser. La figure est certes à envisager dans un partage de points de vue mais aussi comme double adresse dans un rapport d'interlocution, et pas seulement au niveau du locuteur-énonciateur et des énonciateurs seconds à la source de la figure. Car elle comporte un aspect perlocutoire, faire réagir ou toucher quelqu'un. Par ailleurs, le genre discursif dans lequel la syllepse intervient va déterminer l'orientation polémique ou sive d'une des lectures de la syllepse (Bonhomme, op.cit.). En effet, si la syllepse s'inscrit dans le genre publicitaire, les deux lectures seront consensuelles, la publicité visant à plaire à tout type d'auditoire et à s'inscrire dans des croyances et représentations partagées. Par exemple, dans ce slogan publicitaire « Nouvelle Nissan micra, rien ne vous arrête », les deux lectures sont consensuelles puisqu'il s'agit de flatter le plus large public. Par ailleurs, l'ethos de l'énonciataire est en jeu puisqu'une des lectures de la syllepse s'inscrit dans une énonciation conventionnelle qui construit l'image d'un auditoire aventureux. 1.2. La figure entre contexte global et local
D'autres études prennent en compte l'architexte et le cotexte pour appréhender les figures. Ballabriga (2006) fait intervenir le cotexte et le texte global dans la double lecture de la syllepse. Pour lui et au regard de l'indissociabilité signifiant-signifié, cette figure ne présente pas deux acceptions d'une même lexie mais actualise des sèmes afférents d'un sémème en fonction de ses entours immédiats et du contexte global. C'est donc l'environnement sémantique porté par le texte qui détermine ce feuilleté sémantique de la syllepse. La figure en prise avec le contexte participe donc aux opérations de construction du sens. L'analyse de Rouayrenc (2006) sur la syllepse s'intéresse aux parcours interprétatifs qu'autorise la figure en fonction de ses entours immédiats. Elle interroge les mécanismes sémantico-discursifs à l'oeuvre dans la lecture et donc la reconnaissance de la figure. La double interprétation qui émerge de la syllepse procède en effet de conflits isotopiques. Ainsi, elle s'active quand les divergences isotopiques se situent en amont de la syllepse par anticipation ; lorsque les hiatus isotopiques se réalisent en aval de la figure, les deux signifiés s'actualisent par rétroaction ; enfin, la superposition de signifiés peut procéder de discordances isotopiques collatérales et la double lecture se fait par anticipation puis par rétroaction. Si ces analyses éclairent les mécanismes à l'oeuvre dans la reconnaissance d'une figure par des déterminations contextuelles, la dynamique de la syllepse dans la composition du genre n'est pas envisagée ni ses effets sur l'auditoire. Or, comme le montrent les travaux initiés par Bonhomme (2009), les figures revêtent un caractère argumentatif et sont agissantes du fait qu'elles sont intrinsèquement atives et condensent une argumentation sous-jacente où la loi de passage entre arguments et conclusion est occultée. Par ailleurs, elles entretiennent des relations étroites avec certains lieux : on peut en effet rapprocher la métaphore du lieu des semblables ou la synecdoque du lieu des parties. Pour l'auteur, le fonctionnement des figures s'appréhende donc à deux niveaux. Au niveau local, les micro-actes de langage participent à l'argumentativité des figures : [] le positionnement énonciatif du locuteur est à même d'influer argumentativement sur ses énoncés figuraux. En particulier, les actes de langage autocentrés (justification,défense) ou hétérocentrés (critique, accusation) confèrent souvent une portée argumentative à la création de métaphores. (2009 : §25) Au niveau global, le genre discursif confère aux figures un caractère argumentatif. 1.3. Figure et contexte générique
Notre perspective consiste à articuler global et phénomènes locaux. Si l'étude s'appuie sur un corpus délimité, elle ne le considère pas comme clos et envisage les extérieurs comme structurant le genre et non comme intervenant explicatif. Aussi notre approche du genre discursif s'appuie-t-elle sur une double compétence, l'une dialogique et l'autre topique. La compétence dialogique interdiscursive d'une part tient à la capacité à s'inscrire dans un « ensemble d'évidences, de croyances, de représentations, d'argumentaires » (Amossy, 2005 : 67-68) et donc d'une certaine doxa, soit qu'on y adhère soit qu'on l'utilise comme contre-modèle. D'autre part, la compétence dialogique interlocutive consiste à engager un dialogue avec des interlocuteurs réels ou fictifs en se positionnant par rapport à leur dire ou leur point de vue, ce qu'Amossy (op.cit.) reconnaît comme phénomènes polyphoniques. La compétence topique se caractérise d'une part par la capacité pour les énonciateurs « à sélectionner et identifier –à la production comme à la réception- les topiques afférentes à une situation langagière donnée » (Sarfati, 2008 : 48). On entend par topique un ensemble de techniques d'appréhension, de production et de traitement de données « [] à finalités multiples (narrative, descriptive, argumentative), essentiellement pratiques, fonctionnant dans une communauté relativement homogène dans ses représentations et ses normes » (Plantin, 2002 : 576). Dans le clip de campagne présidentielle d'une durée de 2 minutes 30 environ, ces deux compétences s'articulent autour des composants suivants : La compétence dialogique est constituée de deux composantes qui recouvrent l'essentiel des caractéristiques mises en ergue dans les travaux de Charaudeau (op. cit.) : la composante dialogisme interdiscursif qui regroupe le positionnement par rapport à des valeurs (lieu dominant et autres lieux subordonnés) et l'image de soi ; la composante dialogisme interlocutif où interviennent les modes d'interpellation de l'électorat qui comprennent les adresses, l'ethos construit de l'électorat, et la disqualification de l'adversaire. La composante topique est constituée d'une part d'une topique délibérative/prescriptive répondant à une question implicite et de périodes épidictiques. Elle comprend d'autre part un prédicat endoxal consistant à entériner les prémisses. Elle est également innervée par des lieux argumentatifs qui structurent les différentes périodes. Voici schématiquement comment ces composantes sont mises en oeuvre : Discours de N. Sarkozy1 Discours de F. Bayrou2 2. 2.1. Syllepse et genre : des rôles partagés
Dans le genre du clip de campagne, la double lecture de la syllepse tient à la discordance entre lieux argumentatifs local et lieu dominant. Le discours des candidats repose en effet sur un lieu argumentatif directeur qui régit et structure l'ensemble. Il comporte également des lieux subordonnés qui vont soutenir les arguments. Le lieu directeur comme sa dénomination l'indique innerve l'ensemble du discours tant au niveau des prémisses que des arguments et de la conclusion. Par ailleurs, le genre s'ancre sur des épisodes épidictiques de façon à renforcer des valeurs communément admises et sur une topique délibérative/prescriptive puisqu'il s'agit d'une 1 2 http://www.youtube.com/watch?v=HpttGntCPZM&feature=related http://www.youtube.com/watch?v=NRal6-oB750 part de faire accréditer une thèse (rétablir le modèle français pour N. Sarkozy/rétablir l'équité sociale pour F. Bayrou) et d'autre part de faire des propositions ou de prescrire certaines conduites. Le discours de Sarkozy s'appuie sur le lieu de la qualité qui consiste, rappelons-le à valoriser l'unique, l'original, le meilleur selon Perelman et Olbrecht-Tyteca (1958) et qui apparaît « [] quand on conteste la vertu du nombre. » (op. cit. : 119). Il se fonde en effet sur l'originalité et le fondement historique du modèle français, le respect de ses idéaux, la fierté d'être français. La France est par ailleurs à maintes reprises personnifiée. Le discours de F. Bayrou roule, lui, sur le lieu de la quantité qui fait appel au plus grand nombre, à la majorité et qui consiste à admettre la supériorité de quelque chose pour des raisons quantitatives (op.cit. : 115). Bayrou insiste sur les problèmes qui touchent l'ensemble de la population et des secteurs professionnels pour faire des propositions basées sur plus de justice sociale et en sollicitant les efforts de toutes les couches de la société. La syllepse intervient comme acmé d'une première période constituant les prémisses. Elle les entérine sous la forme d'un prédicat endoxal et appelle deux lectures, l'une allant dans le sens du lieu dominant l'autre dans celui du lieu subordonné. N. Sarkozy
débute son discours en
donnant
un fondement historique à la nation : Mes chers compatriotes je suis candidat à la présidence de la République française eh bien un candidat à la présidence de la République française cela doit parler d'abord de la France je crois à l'identité de la nation française je crois à l'identité nationale la France n'est pas une race la France n'est pas une ethnie la France c'est une communauté de valeurs c'est un idéal c'est une idée la France c'est une multitude de petites patries qui en s'additionnant en ont fait une grande La syllepse qui
clôt
cet
épisode épidictique euphorique fait référence à la centralisation politique qui a agrégé un ensemble de territoires et donc des cultures diverses. Le cotexte gauche de la syllepse confère à « grande » une valeur quantitative. Tandis que l'autre lecture consiste à restaurer le lieu dominant qui est celui de la qualité. Grande prend alors un sens qualitatif et renvoie à l'originalité de son modèle universaliste. Dans le discours de Bayrou, les prémisses présentent une situation dramatique et chaotique pour ensuite rétablir l'équilibre perdu par des propositions salvatrices. La syllepse assure cette transition et représente un prédicat endoxal qui consiste à catégoriser la situation
. Je v
eux rassembler les
Français pour reconstru
ire la
France
la
France est not
re
pays nous
l'aimons et JAMAIS il n'a été dans une telle
crise
vous le savez le ch
ôm
age
est
dans toutes les familles la dette
va
être lourde pour les jeunes il y a le doute PARTOUT le doute sur les banlieues délaissées le doute dans le monde rural chez les paysans chez les artisans le doute sur l'école le doute dans les usines il y a le feu comme on dit La syllepse se présente sous la forme d'une commune qui est travestie. « Il y a le feu » se lit, d'une part, comme l'envers de l'expression consacrée « il n'y a pas le feu » c'est-àdire il faut agir vite qui se conforme au lieu de la quantité, d'autre part, assure une autre lecture (ça flambe partout, des problèmes graves touchent tous les secteurs de la société) qui va dans le sens du lieu du tout et des parties qui innerve la période épidictique inaugurale. Le lieu argumentatif qui structure le genre appelle donc une lecture qui se superpose à celle que fait émerger le cotexte. On peut se demander en retour quel rôle joue la syllepse dans la composition du genre. A quels niveaux intervient-elle? Comment cette double lecture qu'appelle la syllepse devient constitutive du discours politique? Si la discordance entre lieux argumentatifs actualise une double lecture, en retour la syllepse participe à la constitution du genre en jouant un rôle charnière entre épisode épidictique et période délibérative/prescriptive. La partie inaugurale des deux discours s'applique à poser un modèle ou un contre-modèle. Chez N. Sarkozy, il s'agit de raviver le sentiment d'unité en évoquant le fondement historique du pays à partir de plusieurs territoires. La syllepse entérine cet argument historique mais aussi la valeur axiologique de « grande » qui fait de la France un modèle. Chez F. Bayrou, la syllepse intervient également comme acmé de l'épisode épidictique visant à poser comme contre-modèle une situation catastrophiste de la société. Dans les deux cas, la syllepse articule homonoia et épisode délibératif/prescriptif. Comment s'opère cette articulation? La suite du discours enchaîne sur le lieu dominant et hiérarchise les deux lectures au profit d'une lecture qualitative dans le discours de Sarkozy et d'une lecture quantitative dans le discours de Bayrou. Chez Sarkozy, cette dissociation se fait au profit de la valeur axiologique de « grande » qui fait émerger l'idée d'un modèle unique, universaliste. Elle fait basculer de la période épidictique à la topique délibérative/prescriptive en donnant au point de vue sélectionné une dimension politique ; celui-ci est problématisé par l'argument qui suit : l'identité française est menacée. () en ont fait une grande nous avons notre identité et nous devons la défendre 'ce que vous êtes aujourd'hui c'est le produit des générations qui vous ont précédées () la France doit accueillir de nouveaux Français des Français venus de plus loin nous les accueillerons avec leur propre identité mais eux ceux qui nous rejoignent doivent accepter l'idée que la France vient de bien loin qu'elle a commencé avant eux et que la France est porteuse de valeurs qu'ils doivent eux-mêmes respecter () la France est porteuse d'un idéal qu'il faut partager ou refuser je comprends qu'on puisse le refuser mais si on le partage alors il faut aimer la France Dans le discours de F. Bayrou, la syllepse enchaîne sur un ensemble de mesures et c'est la valeur quantitative qui prend le pas sur l'autre interprétation. Les deux lectures de la syllepse sont hiérarchisées et c'est la lecture quantitative qui assure l'enchaînement avec la période délibérative/prescriptive. L'idée de crise transsectorielle qui émerge en première lecture est supplantée par la deuxième lecture (il faut agir vite) qui revêt alors une portée politique renforcée par l'ensemble des propositions qui suivent. Il y a le feu comme on dit il faut éteindre le feu il faut créer de vrais emplois je propose deux postes sans charge par entreprise il faut améliorer le pouvoir d'achat je propose des heures supplémentaires payées 35% de plus qu'une heure normale () il faut s'occuper des banlieues et que l'Etat y revienne pas seulement l'Etat sécurité mais l'Etat service public () je veux un pays où tout le monde ait sa chance () ce pays-là notre pays notre France nous allons le construire et nous avons besoin de tout le monde de toutes les forces de la France parce qu'on a besoin de tout le monde pour faire un pays je serai le président qui rassemblera la France pour la reconstruire
2.2. Rôle de la syllepse dans la construction de l'ethos et du pathos
Un discours de campagne « réussi » ne pointe pas ses adversaires du doigt mais les attaque subrepticement. La polémique intervient à travers la syllepse qui, par les sous-entendus qu'elle entraîne, défait les adversaires. Ainsi « il y a le feu » qui détourne une formule courante en son contraire procède par allusion en évoquant également les soulèvements dans les banlieues de 2005 comme le titre les journaux à ce moment-là. La syllepse vise du même coup à discréditer la politique de J. Chirac et de la droite qui, rappelons-le, avait supprimé la police de proximité. Elle fonctionne comme un argument ad hominem qui à mettre en relation la crise et des responsables. La syllepse qui figure dans le discours de N. Sarkozy, prise dans sa valeur qualitative, évoque la grandeur de la France et son modèle universaliste menacé par le multiculturalisme et galvaudé par les mandats précédents comme le montre le reste du discours. La partie inaugurale du discours qui représente l'épisode épidictique s'appuie implicitement sur une doxa qui consiste à affirmer une volonté commune de se constituer en un seul territoire où les affrontements linguistiques et culturels ont été gommés. Ainsi il s'agit de réaffirmer le modèle républicain contre ceux qui seraient partisans d'un modèle multiculturaliste. N. Sarkozy laisse poindre le sous-entendu suivant : n'en déplaise à ceux qui ont galvaudé les principes qui président au modèle universaliste. Il fait un pied de nez au régime socialiste supposé laxiste. Ainsi, la syllepse vise deux types d'auditoire : l'électorat qu'il s'agit de flatter en réaffirmant des valeurs communes, des adversaires qu'il s'agit de discréditer aux yeux d'un électorat particulier. Son efficace tient également à la charge émotionnelle qu'elle comporte. A propos des figures, Bonhomme (2005) montre qu'elles ont une fonction pathémique en ce qu'elles révèlent, d'une part, l'émotivité du locuteur liée à des indices métadiscursifs et discursifs (illocutoire) et, d'autre part, peuvent susciter celle des interlocuteurs (effets perlocutoires). En effet, entérinant la période épidictique et intervenant comme acmé de cet épisode, la syllepse véhicule du pathos et cette dimension pathémique procède de valeurs inscrites dans le choix des expressions (la grandeur de la France chez Sarkozy/« il y a le feu » chez Bayrou) qui font écho respectivement à des événements euphoriques (Sarkozy joue sur la fibre nationaliste et entend galvaniser les nostalgiques d'une France glorieuse ayant du poids sur l'échiquier mondial) ou dysphorique (Bayrou cherche à susciter l'indignation en faisant allusion aux soulèvements des banlieues de 2005). Qu'il s'agisse de la valeur qualitative ou quantitative de la syllepse, elles reposent chacune sur des lieux communs qui induisent des réactions émotionnelles chez l'auditoire. « Grande » dans sa valeur quantitative véhicule l'idée de force acquise liée à la lutte pour l'unification territoriale, en vertu du topos l' fait la force ; dans sa valeur axiologique, le terme évoque l'idée de noblesse : la conclusion émotionnelle3 concerne le respect en vertu du topos la grandeur force le respect. Ces conclusions émotionnelles jouent sur la fibre nationaliste et contribuent à construire une image romantique des Français. La syllepse utilisée par Bayrou comporte deux orientations pathémiques, l'une qui est dysphorique, l'autre euphorique. Prenons la version qui se conforme au sens quantitatif, à savoir le travestissement d'une formule consacrée en son contraire : il a le feu soit il faut agir vite. Elle prend donc le contrepied du lieu commun « tout vient à point qui sait attendre ». Le topos du temps sur lequel repose cette lecture de la syllepse entend galvaniser l'électorat et susciter l'enthousiasme des concitoyens en évoquant l'urgence à agir. Conclusion La contextualisation de la syllepse procède de son accommodation au genre dans lequel elle intervient. Cette étude sur le clip de campagne présidentielle confirme la solidarité entre genre et.
| 5,554
|
12/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00283215-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,718
| 12,586
|
représente la probabilité de trouver une particule en (r, t ) sachant qu'il y en avait une en (0,0). Le facteur de structure dynamique S(q, ω) est égal à une constante près à la double transformée de Fourier de la fonction de corrélation de paires dépendante du temps G (r, t ) : G (
r
,
t
)
=
1
S(q
,
ω)ei ω t e − i q.r dq dω 3 ∫∫
(2
π
) Eq. 42 L'expression réciproque est : S(q, ω) = 1 G (r, t )e
−
i
ω
t
e
i q.r dr dt ∫ ∫ 2π
Eq
.
43 Le passage de l'espace à deux variables (r, t ) à l'espace (q, ω) se fait également à l'aide des fonctions intermédiaires Fqt (q, t ) et Frω (r, ω), il peut être schématisé comme suit :
Fqt (q
,
t ) G (r, t ) Double TF S(q, ω) Frω (r, ω)
Figure 10 : Schématisation du passage de l'espace à deux variables (r, t ) à l'espace (q, ω). La fonction Fqt (q, t ) est celle directement accessible en spin écho de neutrons(Cf.
CHAPITRE
IV
B
.2.a
-
)
Les
fonction
s intermédiaires s'écrivent : Fqt (q, t ) = ∫
G
(
r
,
t
)
e i q.r dr Eq. 44
et
Frω (r, ω) = ∫ G (r, t )e − i ω.t d
t Eq. 45 Les différentes équations qui en découlent sont :
26 © 2004 Tous droits réservés
. S(q, ω) = 1 Fqt (q, t )e − i ω t dt ∫ 2π
Eq. 46 G (r, t ) = 1 F (q, t )e −i q.r dq 3 ∫ qt (2π) Eq. 47 A.2.g
F
acteur
de
forme dynamique et fonction de corrélation de densité nucléaire.
L'expression Eq. 42de la fonction de corrélation de paires dépendante du temps conduit, après un développement à l'aide de l'expression du facteur de structure dynamique (Eq. 36) à: G (r, t ) = +∞ 1 − i q. R j'(0 ) − i q. R j (t ) e e e − i q.r dq 3 ∑ ∫ N(2
π ) jj' − ∞ Eq. 48 si on définit l'opérateur densité atomique comme une δ fonction pour un système monoatomique : ρ(r, t ) = ∑ δ(r − R j (t )) Eq. 49 j
Son introduction dans Eq. 48 conduit à une autre expression de la fonction de corrélation de paires dépendante du temps : G (r, t ) = 1
∑ ρ(r',0) ρ(r'+r, t ) dr' N jj' ∫ A.2.h
-
Eq. 50
Section efficace différentielle et facteur de structure statique
Lors d'une expérience de diffusion élastique de neutrons, c'est la section efficace de diffusion différentielle qui est mesurée. Elle correspond au nombre total de neutrons diffusés dans l'angle solide dΩ sans tenir compte de leur énergie. La section efficace différentielle de diffusion dσ / dΩ est le rapport du flux de neutrons d'énergie incidente E 0 diffusé dans un élément d'angle solide dΩ dans une direction φ sur le flux de neutrons incident ; la section efficace de diffusion différentielle est donc l'intégrale sur toutes les énergies de la section efficace de diffusion différentielle partielle.
. Comme pour la section efficace différentielle partielle, elle peut être décomposée en une partie cohérente et une partie incohérente (Cf. Eq. 33).qui donnent alors deux contributions : k σ inc dσ N = dΩ inc k 0 4π Eq. 52 k σ coh dσ N ∫ G (r,0)e i q.r dr = dΩ coh k 0 4π Eq. 53 ∂ 2σ dσ (Eq. 37 & Eq. 40) il est possible de décomposer NB : comme pour en dΩ ∂Ω ∂E termes self et distinct. le facteur de structure dynamique intégré sur toutes les énergies donne : S(q ) = ∫ S(q,
ω
)d("
ω
) Eq. 54 on retrouve son expression dans la section efficace de diffusion cohérente (Eq. 52) :
S(q ) = ∫ G (r,0)e iq.r dr Eq. 55
Comme nous l'avons vu pour le facteur de structure dynamique S(q, ω), il existe des termes self (Eq. 37) et distinct (Eq. 40). Du fait que la fonction de corrélation de paires dépendante du temps est intimement liée au facteur de structure dynamique, nous retrouvons les deux contributions dans le G (r, t ) et donc dans G (r,0) en s'affranchissant de la dépendance en temps. on écrit alors : G (r,0 ) =
G
(
r
,0 )
self G
(
r,
0)
self + G
(
r
,0 ) distinct Eq. 56 peut s'exprimer sous la forme d'une δ fonction et G (r,0) distinct comme le produit de la densité atomique par unité de volume ρ 0 et la fonction g (r ) (expression normalisée à l'unité pour les grands r de G ( r,0) distinct ), ce qui s'écrit : G (r,0 ) = δ(r ) + ρ 0 g(r ) Eq. 57 En introduisant cette équation dans l'expression Eq. 55 on obtient successivement :
S(q ) = ∫ [δ(r ) + ρ 0 g(r )]e iq.r dr Eq. 58 S(q ) = 1 + ∫ ρ 0 g (r )e iq.r dr Eq. 59 28 © Tous droits réservés. Comme nous travaillons sur un système désordonné isotrope, l'orientation de l'échantillon est sans importance. On calcule alors une moyenne sur toutes les orientations ( g (r ) = g (r ) ), et l'équation précédente peut s'écrire : S(q ) = 1 + ∫ ρ 0 g (r )e iq.r dr qui devient : 4πρ 0 S(q ) = 1 + q ∞ ∫ ( g(r ) − 1) r sin (q r )dr Eq. 60 0 On exprime alors la transformée de Fourier inverse de l'expression précédente pour obtenir
g (r
)
:
1 g(r ) = 1 + 2 2 π r ρ0 ∞ ∫ (S(q ) − 1)q sin (q r )dq
Eq. 61 0
A.3 - Les différentes spectroscopies neutroniques
La diffusion de neutrons permet non seulement des études en structure, notamment par la diffusion élastique de neutrons, mais aussi des études de dynamiques par diffusion inélastique. La diffusion élastique peut nous renseigner sur la structure des composés étudiés à différentes échelles, suivant la gamme de q étudiée. Différents appareils ayant des caractéristiques propres permettent de sonder ces différents domaines.
A.3.a - Structure
L'obtention des données structurales dans l'espace direct passe par la TF du facteur de structure obtenu en diffusion de neutrons, afin d'accéder à la fonction de corrélation de paires g(r). Cependant, même pour les domaines de transfert de moment q étendus( avec qmax aussi grand soit il), le facteur de structure expérimental est tronqué et la TF s'en trouve affectée. Le g(r) obtenu peut alors laisser apparaître des oscillations parasites sans signification. Une fonction auxiliaire (fonction de Fermi38, fonction d 'apodisation39) est en général utilisée pour s'affranchir au mieux des problèmes liés à la transformation de Fourier d'une fonction tronquée. Nous avons donc choisi de travailler au maximum dans l'espace réciproque pour obtenir des facteurs de structure pouvant être étendus à des q infinis et donc qui donneront de bonnes TF, ceci en s'affranchissant de l'utilisation toujours délicate d'une fonction auxiliaire. Pour décrire correctement la section efficace effective mesurée dans l'approximation d'une diffusion totalement élastique, il faut au préalable la corriger des échanges d'énergie entre les neutrons et le système diffuseur qui ne sont plus négligeables pour les petites longueurs d'ondes. Ces échanges d'énergie correspondent à l'effet de recul des atomes diffuseurs sous l'impacte des neutrons. Placzek40 a proposé un développement en série de Taylor41 au voisinage de q=0 de l'expression Eq. que la correction d'inélasticité pouvait être menée à bien en ajustant un polynôme de degré pair. La fonction de diffusion élastique expérimentale I(q ) obtenue avec les neutrons, est la superposition d'une contribution intramoléculaire (dσ dΩ )intra, d'une contribution intermoléculaire (dσ dΩ )inter et d'un fond continu (inélastique, incohérent) pris en compte lors de l'ajustement par un polynôme de degré pair Poly(q ).
dσ dσ I(q ) = + + Poly(q ) dΩ intra dΩ inter Avec Poly(q ) = A 0 + A 1 q 2 + A 2 q 4 Eq. 62
Nous verrons ici que les deux contributions liées à l'ordre moléculaire ( Sintra (q ) et Sinter (q ) ) ne s'étendent pas dans le même domaine de transfert de moment. La connaissance précise de la forme analytique de l'une de ces fonctions nous permet de déduire l'autre. L'expression analytique du facteur de forme moléculaire Sintra (q ) est connue en tout point de l'espace réciproque. Une fois le facteur de forme moléculaire ajusté et ses paramètres déterminés, la soustraction à l'intensité expérimentale I(q ) nous donnera accès au facteur de structure intermoléculaire Sinter (q ) qui est plat aux grandes valeurs de q, il pourra alors être étendu jusqu'à l'infini. La contribution d'une distance inter atomique rαβ au diffractogramme de diffusion de neutrons est donnée par la forme analytique suivante :
S αβ (q ) = b α b β sin (q rαβ ) q rαβ q 2 δ rαβ2 exp − 2
Eq. 63 où q est le transfert de moment, rαβ la distance entre les atomes α et β, δrαβ la fluctuation qui lui est associée. b α et bβ étant les longueurs de diffusion des atomes α et β. Dans ce S αβ (q ) le facteur sin (q ⋅ rαβ ) q ⋅ rαβ est le terme d'interférence qui va induire des oscillations, dont la période est proportionnelle à la distance rαβ. Ces oscillations seront − 2 q 2 δ rαβ amorties par le terme exponentiel e 2. Nous avons représenté sur la Figure 11, S αβ (q ) pour une distances rαβ = 1.5A et pour deux valeurs de fluctuation δrαβ. 30 © 2004 Tous droits réservés. La Figure 11 montre nettement que pour une fluctuation importante, l'amortissement sera très rapide ; dès lors, on pourra déterminer un q min au delà duquel les contributions intermoléculaires Sinter (q ) seront totalement amorties et où ne subsistera que la contribution intramoléculaire, cette dernière sera alors ajustée par une fonction analytique ad hoc. La Figure 12 présente une fonction de distribution expérimentale pour le C2D6, nous pouvons y observer une remontée aux petits angles traduisant la présence des fluctuations de densités corrélées sur de longues distances, de tels phénomènes sont propres au voisinage du point critique, on observera également le pic du liquide vers 1.5 Å -1, puis les oscillations dues à la structure moléculaire.
Sαβ (q ) 0.8 0.6 0.4
rαβ =
1.5
Å δrαβ =0.001Å2 0.2
0.0
-0.2 0 5 10 15 20 15 20 -1 q(Å ) Sαβ (q )
0.8 0.6 0.4
rαβ =
1.5Å
δrαβ
=0.5Å2 0.2 0.0 -0.2 0 5 10 q(Å-1) Figure 11 : Contribution élastique au diffractogramme de diffusion de neutron pour deux atomes séparés par une distance rαβ = 1.5Å et ayant respectivement une amplitude de libration de 0.001 Å et 0.5 Å. 2 2
31 © 2004 Tous droits réservés. I(q) x10-3 Ordre à longue 10 portée 8 6 intermoléculaire 4 Ordre à courte portée : intramoléculaire 2 0 0 2 4 6 q(Å-1) 8 10 12 14
Figure 12 : Fonction de diffusion élastique de neutron pour le C2D6 près du point critique et les différents domaines de contribution structuraux. L'avantage d'une étude dans l'espace réciproque et non dans l'espace direct, est de pouvoir discriminer des distances identiques ayant des amplitudes de vibrations différentes, chose qui est plus difficile dans l'espace direct, puisque dans ce cas, des distances identiques contribueront au g(r ) sous la forme de deux gaussiennes centrées sur le même point mais avec des largeurs différentes, il sera alors difficile de les séparer de manière pertinente. La diffusion aux très petites valeurs de q (q<0.2Å-1) nous permet d'étudier les longueurs de corrélation des fluctuations de densité (D11) alors qu'une étude pour une gamme de q entre 0.2 et 17Å-1 nous permettra d'analyser la structure de la molécule et l'ordre local(D4).
A.3.b - Dynamique
Les diffusions quasi élastiques et inélastiques de neutrons permettent des études de dynamique. Pour les solides, la diffusion inélastique correspondra à un échange d'énergie et de moment avec l'agitation thermique des sites diffuseurs autours de leurs positions d'équilibre alors que la diffusion élastique correspondra à un échange de moment avec le solide traduisant la position fixe des atomes43. Pour les liquides il n'existe pas de position fixe pour les sites diffuseurs et une diffusion quasi élastique sera observable, elle sera analysée en terme de diffusion microscopique. Le facteur de structure dynamique S(q, ω) est donné par les expressions Eq. 36 et Eq. 37 que nous avons vu précédemment. Pour la diffusion inélastique, l'échange d'énergie "ω entre le neutron et la matière peut être positif ou négatif suivant que le système gagne ou perd de l'énergie. (ceci dépendant 32 © 2004 Tous droits réservés. notamment de la température de l'échantillon et de la longueur d'onde du neutron : de la balance détaillée 44,45). ω0
ω0
ω0 ω0
Figure 13 : Schémas représentant des S(q, ω) pour différents q. La première courbe correspondant à la fonction de diffusion élastique S(q ) 46 pour un fluide. Pour différents transferts de moments, on peut voir sur ces schémas : la raie Rayleigh, qui est une diffusion quasi élastique centrée sur 0 et le doublet Brillouin inélastique centré sur ω B = qv S où v S est la vitesse du son. L'expression du facteur de structure dynamique dans la limite du régime hydrodynamique est donnée par47,48 : S(q,
ω
)
= γ − 1 2 q2 D 1 T S(q ) 2 2 2π γ ω + q DT ( ) 2 + 1 γ q2 AB (ω − q v )2 + q 2 A S B ( ) 2 + 2 2 2 (ω + q vS ) + q A B q2 AB ( )
Eq. 64 où A B
est
l'atténuation de l'onde
acoustique Brillouin, D
T
la diffusivité thermique
. γ
=
CP
.
CV
La représentation graphique de cette équation est donnée ci dessous
:
33
©
2004
Tous
droits réservés. http
://
www
.
univ
-
lille1.fr
/
bustl
S(q,ω) Th
èse
de Sté
phane
Longelin, Lille 1,
2004
2 DT q 2 2 AB q - ωB= -q vs ωR=0 2 ωB= q vs
Figure 14 : Facteur de structure dynamique dans la limite hydrodynamique. L'étude des diffusions quasi élastique Rayleigh et inélastique Brillouin nous renseignera donc sur la diffusivité thermique, la vitesse de propagation de l'onde acoustique et de son amortissement. B- Comme pour la diffusion de neutrons, on peut exprimer une section différentielle de diffusion de la lumière. Cependant, du fait de la grande longueur d'onde des LASERS excitateurs utilisés comparativement à la longueur d'onde utilisée pour la diffusion de neutrons (longueur d'onde typique de l'ordre de 5000Å en Raman et de 1Å en neutron), les spectres Raman ne sont pas dépendant du transfert de moment q, contrairement aux spectres de diffusion de neutrons, où les spectres en énergie dépendent fortement de l'angle de diffusion49. Cependant, il est tout de même observé pour les très petits nombres d'ondes de l'ordre de 0.5cm-1 (zone du pic de Brillouin) une dépendance en q pour les spectres Raman qui n'affecte en rien les nombres d'onde de valeur supérieure lors de l'acquisition de spectres.
B.1 - Généralités sur la spectroscopie Raman. L'analyse de la réponse Raman en basses fréquences est reliée à la fonction de corrélation de la susceptibilité diélectrique Π ( t ). Celle ci peut être exprimée en première approximation 34 © 2004 Tous droits réservés. en termes de polarisabilité moléculaire et polarisabilité induite par interaction dipôle-dipôle induit suivant l'expression : ab
ab Π ab tot ( t ) = Π mol ( t ) + Π ind ( t ) N N
Eq. 65 N ab ab
ab Π ab tot ( t ) = ∑ α i ( t ) + ∑∑ α i ( t )Tij ( t )α j ( t ) i =1
Eq. 66
i =1 j ≠ i
Où a = x, y, z et b = x, y, z, N est le nombre de molécules, α iab la polarisabilité de la ab molécule i, Π ab mol et Π ind sont les composantes hors diagonales du tenseur de polarisabilité moléculaire totale et induite. Tij est le tenseur d'interaction entre la molécule i et la molécule j, il est donné par l'expression50 : 3 rij.rij −
rij2I Tij = rij5
Eq
.
67
où rij est le vecteur reliant les centres de masse des molécules i et j, et rij son module. I est la matrice unité. Dans un liquide isotrope, toutes les combinaisons ab sont équivalentes (Eq. 65 & Eq. 66). Le calcul de la transformée de Fourier (TF) de ces fonctions donne les densités spectrales qui peuvent être comparées au spectre Raman en basses fréquences. B.2 - Traitement numérique pour
les basses fréquences en spectroscopie Raman. Les bandes présentes en basses fréquences sont en général masquées par le profil de la raie Rayleigh, il faut alors s'affranchir de cette dernière. Les spectres sont donc présentés sous forme réduite R (ν ) 51,52 qui a pour avantage de supprimer la contribution de la Rayleigh. Pour ce faire, nous avons appliqué à l'intensité Raman diffusée I( ν ) l'expression Eq. 68.
R (ν) = ν.I(ν ) (1 + n (ν )) Eq. 68 avec n (ν ) le facteur de Bose Einstein : 1 n (ν ) = (e "c ν k BT Eq. 69 − 1) où ν est le nombre d'onde, T la température, kB la constante de Boltzmann (1.38066 10-23 J K1 ), c la célérité de la lumière (2.997925 108 m s-1) et " la constante de Planck (1.05459 10-34 J s). ν qui La Figure 15 montre les courbes correspondantes à n ( ν ) et au facteur (1 + n (ν )) multiplie I( ν ) pour l'obtention de la forme réduite R ( ν ).
35 © 2004 Tous droits réservés. ν/(n(ν)+1) H 2O R(ν) I(ν) n(ν) 50 100 150 200 250 300 -1 ν (cm
) Figure 15 : Représentation du spectre brut de l'eau I(ν ), de son spectre réduit R (ν ) et des contributions à l'équation donnant le spectre réduit53. Les spectres expérimentaux représentés sur ce graphique (Figure 15), correspondent aux spectres brut et réduit de l'eau, enregistré à pression atmosphérique et à température ambiante. Ce dernier révèle la présence de deux bandes à 60cm-1 et 180cm-1 à peine perceptibles dans la représentation I(ν ). Les 2 bandes observées pour l'eau attribuées à la liaison hydrogène54,55 ont été respectivement associées au mouvement translationnel d'une molécule dans une cage formée par ses voisines (60cm-1) 142 et à une déformation de la liaison hydrogène (180cm-1).
C- La simulation de dynamique moléculaire (SDM) : généralités
La simulation de dynamique moléculaire est utilisée afin d'obtenir des informations microscopiques sur la dynamique et la structure du système étudié. En effet, les puissances de calculs actuels et le développement des techniques de simulation, ont largement contribués à une compréhension microscopique des fluides supercritiques56,57,58. La dynamique moléculaire consiste à intégrer les équations de mouvement couplées, de toutes les molécules du système étudié. Cela suppose une définition préalable des potentiels d'interactions, généralement en terme d'interactions de sites, incluant des forces de répulsion à courte portée (Lennard-Jones) et à longue portée (forces Coulombiennes). Les trajectoires des molécules peuvent être analysées individuellement (on voit alors chaque molécule se déplacer et interagir) ou collectivement au moyen des outils de la physique statistique (valeurs moyennes, fonctions de corrélations dépendant du temps ). © 2004 Tous droits réservés. Nous présenterons ici dans un premier temps les techniques de calcul, suivies de généralités sur la forme du potentiel utilisé et pour finir, une présentation rapide des fonctions de corrélation qui sont essentielles pour l'étude de la dynamique du système. C.1 - Calculs de simulation de dynamique moléculaire C.1.a - Résolution des équations de mouvement
L'équation de mouvement de Newton sera résolue dans le cadre d'un modèle de potentiel U(r ). Ainsi, l'équation de mouvement pour la ième molécule s'écrit mi d 2ri = fi et dt 2 fi = −∑ ∇ U (rij ) Eq. 70 j où f i est la force appliquée par toutes les autres molécules j, sur la molécule i, U (rij ) le potentiel décrivant l'interaction entre les molécules i et j séparées par la distance rij. L'énergie totale d'interaction est écrite comme une somme d'interaction de paires. Cette interaction est une somme d'une interaction Lennard-Jones (LJ) et d'une interaction électrostatique.
σ U = ∑∑ [ U (riαjβ ) + U (riαjβ )] = ∑∑ 4ε iαjβ iαjβ r iαjβ iα jβ iα jβ LJ EL 12 σ − iαjβ r iαjβ 6 q q iα jβ Eq
. 71
+
r
iαjβ
riαjβ est la distance entre le site α de la molécule i et le site β de la molécule j, qiα est la charge sur le site α de la molécule i, qjβ est la charge sur le site β de la molécule j. σ et ε sont les paramètres de l'interaction LJ. La force est directement proportionnelle à la dérivée seconde de la position par rapport au temps nous pouvons l' écrire : fi = mi ai connaissant l'accélération a i, nous pouvons calculer la vitesse et la position de chaque particule : dv dr a= v= dt dt L'intégration de ces équations est effectuée sur une suite d'intervalles discrets séparés par des intervalles de temps très courts dt. L'algorithme de Verlet ou "leap-frog" est l'un des plus utilisé en simulation de dynamique moléculaire, son intérêt consiste à prendre en compte la vitesse moyenne (Eq. 72) sur la durée du pas de calcul plutôt qu'à chaque pas, un grand changement de trajectoire entre t et t + dt sera dès lors mieux pris en compte par l'algorithme de Verlet. 37 © 2004 Tous droits réservés. Cet algorithme consiste à exprimer la vitesse v i des molécules à un demi pas du point considéré : dt dt v i t + = v i t − + a i (t ) dt 2 2 Eq. 72 suit alors le calcul de la position pour un pas complet : dt ri (t + dt ) = ri (t ) + v i t + dt 2 Eq. 73 A partir de ces équations, nous pourrons recalculer la force s'exerçant sur chaque molécule et continuer le calcul itératif.
C.1.b - Conditions aux limites et troncature sphérique
Ne pouvant modéliser un système infini, la simulation utilise pour éviter les effets de bord les conditions aux limites (boundary conditions). La boîte de simulation est reproduite dans toutes les directions. Ainsi, on aura 26 boîtes identiques enserrant la boîte de simulation. Au cours des calculs, la particule et ses images se déplacent exactement de la même manière. Ainsi, si la particule sort de la boîte centrale, son image rentre simultanément par le coté opposé. Cette procédure est illustrée en deux dimensions sur la Figure 16.
Figure 16 : Conditions aux limites. Pour déterminer l'énergie potentielle d'interaction (Eq.
71),
il faudrait calculer l'interaction d'une molécule avec toutes les autres molécules dans la boîte centrale et avec celles des
bo
îte
s
images.
Ce qui représente un grand effort de calcul. Pour réduire le nombre d'interactions calculé,
l
'
énergie potenti
elle
est uniquement
calcul
ée entre
la molécule sonde et les autres
L situées
à
une distance inf
érieure
à
Rcut.
Cette distance est tel que R cut ≤, où L est la 2 38 © 2004 Tous droits réservés. dimension de la boîte. Cette condition garantie qu'il n'y ait pas plus d'une image de chaque molécule prise en compte. La contribution de l'interaction de la molécule sonde avec les molécules situées à une distance supérieure à Rcut pour la partie Van der Waals, est donnée par : 2π N2 V ∞ ∫ U(r ) αβ 2 rαβ drαβ Eq. 74 rαβ = R cut Cependant, cette troncature n'est pas suffisante dans le cas des interactions électrostatiques à longue portée, on utilise la sommation d'Ewald.
C.2 - Le Potentiel
Différents types de potentiels sont utilisés pour modéliser les interactions intermoléculaires : Buckingham, Lennard-Jones (LJ) et potentiels plus complexes59,60 faisant intervenir un nombre plus important de paramètres. Le potentiel LJ est choisi pour sa relative simplicité et pour le gain de temps de calcul qu'il apporte par rapport aux autres formes de potentiel utilisant plus de paramètres. Les interactions électrostatiques sont prises en compte par l'intermédiaire des charges localisées sur différents sites de la molécule (Les sites correspondent généralement à la position des atomes de la molécule considérée) ; les valeurs de ces charges sont déduites à partir de la valeur du moment dipolaire, quadripolaire ou multipolaire. C.2.a - Interactions Lennard-Jones
Le potentiel d'interaction de Lennard-Jones :
σ 12 σ 6 U lj (rij ) = 4 εij ij − ij r rij ij
Eq
.
75 σij grandeur relative à la taille effective des particules (homogène à une distance) ε ij détermine la profondeur du puit de potentiel (homogène à une énergie). Les paramètres de LJ décrivant l'interaction entre deux sites différents, sont donnés par la règle de combinaison de Lorenz-Berthelot : 1 (σii + σij ) 2 εij
= εii ε jj σij = C.2.
b -
Eq. 76 Les charges sont placées sur différents sites (en général les atomes de la molécule) de façon à prendre en compte les interactions électrostatiques et reproduire les moments 39 © 2004 Tous droits réservés. multipolaires de la molécule. Les interactions à longues distances seront calculées à l'aide de la sommation d'Ewald. L'interaction électrostatique entre deux charges qi et qj situées à une distance rij l'une de l'autre est donnée par l'expression : U elec (rij ) = qiq j Eq. 77 4 π ε 0 rij La connaissance de la géométrie de la molécule et de la valeur du moment dipolaire ou quadripolaire permet de remonter à la distribution de charges sur les différents sites de la molécule. A titre d'exemple, nous allons illustrer le calcul des charges q i sur les sites i (i ⇔ C ou O) d'une molécule de CO2 connaissant son moment quadripolaire Q. La composante Q αβ est donnée par la somme : ∑q i ri,α. ri,β où i se réfère aux différents atomes de la molécule, r est i la distance de l'atome par rapport à l'origine du repère lié aux axes principaux de la molécule. Dans le cas de la molécule CO2, l'origine coïncide avec la position du carbone, l'axe z est l'axe moléculaire. Les composantes du moment quadripolaire sont données par l'expression suivante :
Q αβ = ( 1 ∑ q i 3 ri,α. ri,β − ri 2. δ αβ 2 i ) Eq. 78 où et δ le symbole de Kronecker. La trace associée à ce tenseur est égale à 0 : Q xx + Q yy + Q zz = 0
En utilisant la composante Qzz on peut calculer la charge sur les atomes de la molécule. [ ( ) ( Q ZZ = 1 2 q O 3 rO,z. rO,z − r 2 + q C ∗ 3 rC,z. rC,z − r 2 2 Qzz = 1 2 q O rO2,z 2 2 [ ] )] Eq. 79
Eq. 80 Qzz
=
2 q O rO2,z
Eq. 81
la charge sur l'atome d'oxygène est donnée par
:
qO
=
Q 2 2 ∗ rCO avec rCO = rO,z
Eq
.
82 Par
ailleurs,
le respect
de
la neutralité électrique de la molécule nous conduit à la charge sur l'atome de carbone : 1 qC =
− q
O 2
Eq. 83 40 © 2004
Tous
droits réservés
. C.3 - Fonction d'auto corrélation (FAC)
Les FAC61 sont des outils mathématiques performants pour l'exploitation des données de simulations de dynamiques moléculaires. Ce sont des fonctions qui permettent de mettre en évidence la corrélation qui existe entre les valeurs prises par une propriété dynamique U à un instant t et à un instant t + ∆t. Elles peuvent s'appliquer à des propriétés temporelles d'un système plus ou moins ordonné. FAC : cas général pour une fonction de la variable (x) Regardons la propriété U, fonction de la variable x : La fonction d'auto corrélation C(∆ x ) se note :
C
(
∆
x
)
= U(∆ x ) U(0 ) = U(− ∆ x ) U(0)
Eq. 84
L'origine de coordonnée peut être choisie arbitrairement du fait de l'invariance translationnelle62. Une telle invariance translationnelle revient à écrire :
C(∆ x ) = U(x + ∆ x ) U(x )
Eq. 85 Le calcul de trois points de la FAC est représenté schématiquement ci dessous :
Δx=1 Δx=2 0 U (1)U (0 ) 2 1 U (2 )U
(1) U (2 )U (0 ) U (3)U (2 ) U (3)U (1) U (3)U (0 ) 5 4 3 U (4 )U (3) U (4 )U (2 ) U (4 )U (1) U (5)U (4 ) U (5)U (3) U (5)U (2 ) x ∆ x =1 C (1) ∆x = 2 C (2) ∆x = 3 C (3)
Figure 17 : Schématisation du calcule d'une fonction d'autocorrélation. La moyenne U(x + ∆ x ) U(x ) est calculée pour chaque ∆ x, nous donnant alors pour chaque ∆ x un point de la FAC.
Exemple : FAC de vitesse
Si nous prenons comme exemple la vitesse v i (t ) où l'indice i désigne une particule, la FAC sera alors composée de moyennes faites sur un temps fini (nombre de pas) et sur N particules, cette fonction nous renseignera sur le temps moyen pendant lequel la vitesse à l'instant t est corrélée à sa vitesse initiale. 41 © 2004 Tous droits réservés. A partir de ces fonctions de corrélation, des propriétés macroscopiques du système étudié tel que le coefficient de diffusion, le coefficient de friction, la viscosité peuvent être calculées. La transformée de Fourier de ces fonctions permet d'accéder à la densité d'état de la propriété dynamique étudiée (i.e. les caractéristiques fréquentielles). 42 © 2004 Tous droits réservés.
CHAPITRE III Structure intra et intermoléculaire du C2D6 par diffusion élastique de neutrons aux grands transferts de moments. A - Technique
e
xpérimentale
45 B - Obtention des diffractogrammes à traiter 46 B.1 - Diffractogrammes obtenus à différents points de la courbe de coexistence 46 B.2 - Corrections 47 C - Ajustement
49 C.1
-
Modél
isation
de la structure intramoléculaire du C2D6 51 C.1.a - Composition des distances et des Debye Waller 51 C.1.b - Les modèles d'ajustements 54
C.1.b.i Premier modèle : libration de type Debye Waller 54 C.1.b.ii Second modèle : distribution pseudo gaussienne des deutériums 58 C.2 - Traitement des expériences 64 C.2.a - Les diffractogrammes acquis corrigés 64
65
C
.2.b
-
Détermination du domaine
d'
ajuste
ment q
min et
q
max
C.2.
c
- Ajustement de la
structure
mol
éculaire 70 C.3
-
Première comparaison de
l'amplitude de libration avec les données de spectroscopie. 72 C.3.a - Calculs simples de chimie quantique. 72
C.3.
b
-
Influence de la deutération sur la libration
:
Détermination de la barrière d'énergie et du niveau fondamental par calcul ab initio et semi-empirique. 75
C
.4
- Structure Inter
moléculaire 76
C
.4.a
-
Facteur de
structure inter
moléculaire
Sint er
(
Q
)
76 C.4.b - Fonction de distribution radiale 77 . L'étude de la structure des fluides supercritiques est un sujet de recherche qui ne s'est développé que très récemment avec les applications industrielles. Dans cette région, les propriétés physico-chimiques dépendent fortement de la densité. D'un point de vu structural, sur l'isochore critique, le fluide est entre les états liquide et gaz, par exemple, le volume molaire critique de l'eau est de 55cm3 contre 18cm3 pour le liquide dans les conditions normales. La distance moyenne entre les molécules du fluide supercritique est ainsi beaucoup plus importante que dans le liquide (pour lequel les molécules sont pratiquement en contact) mais inférieure à celle dans la phase gaz. Les interactions sont moins importantes que dans le liquide ; la partie répulsive du potentiel d'interaction jouant un rôle moins important. Le facteur de structure S(q ) et la fonction de distribution de paires g (r ) sont moins structurés que dans les liquides ordinaires. Ce chapitre est consacré à l'étude de la structure de l'éthane deutéré C2D6 près du point critique par diffusion de neutrons. La structure de CO2 supercritique avait déjà été réalisée au laboratoire. Le choix de C2D6 s'est imposé pour plusieurs raison, la température et la pression critique sont suffisamment basses, l'étude de la diffusion aux petits angles avait été faite au laboratoire et surtout ce fluide est un excellent diffuseur pour les neutrons. Le diffractogramme de diffusion obtenu est la superposition du facteur de structure intramoléculaire et intermoléculaire. Comme le facteur de structure du fluide supercritique est structuré et peut intense, il faut déterminer la forme de la molécule et les déplacements quadratiques moyens d'atomes avec beaucoup de précision, afin de retirer la contribution moléculaire au diffractogramme total et obtenir le facteur de structure intermoléculaire avec suffisamment de résolution. La fonction de distribution radiale intermoléculaire sera obtenue par transformée de Fourier. Les expériences sur le structure de l'éthane ont été menées à l'institut Laue Langevin de Grenoble sur les spectromètres D4b et D4c. L'un des échantillons préparé à la densité critique (Cf. annexe 02 Préparation des échantillons) a été sélectionné. Pour des températures inférieures à la température critique, le système est diphasé. Il est alors possible de faire des mesures le long de la courbe de coexistence dans la phase liquide ou dans la phase gaz en ajustant la fenêtre de mesure dans la partie inférieure ou supérieure de la cellule. Au-dessus de la température critique, le système est monophasique et les diffractogrammes mesurés ont alors pour objectif de déterminer l'effet de température à densité constante. Sur l' ochore critique il sera intéressant de regarder si les fluctuations de densité corrélées sur de grandes distances à l'approche du point critique ont une influence sur l'ordre local. Les points thermodynamiques pour lesquels les diffractogrammes ont été mesurés sont représentés sur la Figure 18. K
315 310 Température 305 C2D6 300 295 290 285 280 275 100 150 200 250 300 Vm 350 400 450 500 550 600 (cm3)
Figure 18 : courbe de coexistence théorique pour l'éthane63 et points prospectés par diffusion élastique de neutrons.
La diffusion de neutrons aux grands transferts de moments permet grâce à une étude précise des facteurs de structure ou de leur transformée de Fourier d'obtenir des paramètres structuraux des molécules, mais également des informations quant à l'ordre local64. Dans ce chapitre, nous présenterons d'abord l'appareil utilisé et les traitements nécessaires à effectuer sur les données acquises pour obtenir le signal de l'échantillon seul. Ensuite, une méthodologie pour la composition des fluctuations des distances dans les molécules sera présentée. Celle ci permettant de réduire le nombre de paramètres indépendants lors de l'ajustement des courbes expérimentales du facteur de structure par leur forme analytique. Enfin nous montrerons la nécessité de prendre en compte la rotation empêchée des groupements méthyles dans l'éthane, au travers d'une fonction de densité de probabilité de présence des deutériums sur leurs groupements. Cette dernière fonction étant introduite dans la forme analytique du facteur de forme moléculaire utilisé pour l'ajustement. A- Le spectromètre utilisé est D4(versions b et c) de l'ILL. La détection sur D4c est assurée par 9 détecteurs mobiles couvrant chacun 8° d'angle et séparés par 7° d'angle. L'obtention d'un diffractogramme complet se fera donc en deux temps, pour couvrir tous les angles. premier diffractogramme sera acquis par plages de 8°, suivi d'un déplacement des détecteurs de 7.5° pour l'acquisition d'un second diffractogramme qui, recomposé avec le premier donnera le diffractogramme total. Détecteurs mobiles de 8° de largeur et séparés de 7° "Source" fente échantillon Monochromateur Figure 19 : Représentation du spectromètre D4c de l'ILL pour la diffusion élastique de neutrons 65.
B- Obtention des diffractogrammes à traiter B.1 - Diffractogrammes obtenus à différents points de la courbe de coexistence
Les expériences ont étés menées sur un échantillon de C2D6 préparé à la densité critique, comme détaillé dans l'annexe 02 (Préparation des échantillons ), le même échantillon de haute pureté isotopique(99.999%) a été utilisé pour toutes les techniques utilisées (SANS,NSE,Raman). L'originalité des échantillons préparés à la bonne densité, est qu'ils donnent la possibilité de se déplacer en tout point de la courbe de coexistence liquide gaz, et sur l'isochore critique par simple élévation de température. De plus, le conditionnement des échantillons à l'avantage de ne pas nécessiter de montage complexe et encombrant, comme c'est le cas lors d'utilisation de cellules hautes pression pour travailler sur isotherme supercritique. Le désir de travailler au plus près du point critique à nécessité l'utilisation d'une régulation de température au millième de degré dont la présentation et l'utilisation sont illustrées en annexe 03 (Régulation de température). Cette régulation de température a été utilisée pour toutes les expériences de diffusion de neutrons. 46 © 2004 Tous droits réservés. Les diffractogrammes bruts, présenté ci après, montrent le signal acquis pour différentes températures, dans lesquels on trouve non seulement la contribution de l'échantillon mais aussi les contributions dues à l'environnement de l'échantillon et dont il va falloir s'affranchir. T(K) 278.85 297.45 303.95 305.30 315.45 323.15 297.45 278.85 6000 nombre de neutrons 5000 4000 Vm(cm3/mol) 77.99 96.11 113.31 145.56 145.56 145.56 296.53 555.87 3000 2000 1000 2 4 6 8 -1 10 q (Å ) 12 14 16
Figure 20 : Diffractogrammes bruts de diffusion de neutrons pour le C2D6 à différents points de la courbe de coexistence et de l'isochore critique. Le décalage en ordonnée des diffractogrammes étant directement liés à la densité. À ce
stade
, on ne
peut distinguer la contribution de la molécule qui est "noyée" dans le signal total où la
contribution la plus importante est celle de l'environnement échantillon
. Ce qui
va
donc nous
amener
à effectuer des
corrections pour accéder au signal de l'échantillon
seul
.
B.2 - Corrections
Comme le montre la figure précédente, les diffractogrammes expérimentaux obtenus, ne sont pas directement exploitables, il va falloir leur appliquer plusieurs corrections avant de pouvoir les analyser. Une première étape consiste à rassembler les "morceaux" de diffractogramme : en effet, du fait de la géométrie du spectromètre (Cf. Figure 19 et paragraphe A - ) il est nécessaire de faire au moins deux acquisitions successives pour obtenir l'intégralité d'un diffractogramme. Trois acquistions successives ont été effectuées pour chaque diffractogramme afin d'éviter au mieux les effets de bord des détecteurs lors du rassemblement des données. De plus des recouvrements plus importants permettent de bien ajuster les acquisitions entre elles pour l'obtention du diffractogramme total.
) e vide courbe expérimentale spectre corrigé 3 4000 V m=77.9cm T=278.85K 3000 2000 1000 2 4 6 8 -110 q
(
Figure 21 : Présentation du diffractogramme de la cellule vide des diffractogrammes du C2D6 brut et corrigé de l'environnement échantillon. L'origine des transferts de moments est déterminée à l'aide d'un échantillon référence présentant des pics de Bragg bien définis et dont les positions sont connues avec précision. Ceci permet alors de recaler le 0 de l'appareil en transfert de moment pour éviter un déplacement en q des données expérimentales. L'échantillon référence utilisé peut être par exemple du Nickel Comme nous l'avons évoqué précédemment dans la Figure 20, la prise en compte de l'environnement échantillon est essentielle, le formalisme de Paalman et Pings(1962) est utilisé pour s'en affranchir. Cette correction tient compte des différentes influences entre les éléments composant l'environnement échantillon. Il faut noter que ces différentes contributions de l'environnement sont mutuellement reliées ce qui complique le traitement66. Dans notre cas, du fait de la géométrie particulière de notre porte échantillon, une simple soustraction pondérée par un coefficient ajusté est suffisante : I corrigé = I Tot − A I
Cellule Vide Eq. 86 Les diffractogrammes
obtenus après soustraction de la cellule
sont présentés dans la
Figure 22
où la décroissance
du signal visible pour
cha
que courbe est imputable à la diffusion parasite inélastique. On voit également sur ce graphique une augmentation importante du bruit avec le volume molaire. 48
©
és.
16 T(°C) 5.70 24.30 30.80 32.15 42.30 50.00 24.30 5.70 nombre de neutrons x10 -3 14 12 10 8 Vm(cm3/mol) ρ(molec/Å3) 77.99 0.007722 96.11 0.006399 113.31 0.005315 145.56 0.004137 145.56 0.004137 145.56 0.004137 296.53 0.002031 555.87 0.001083 T(K) 278.85 297.45 303.95 305.30 315.45 323.15 297.45 278.85 6 4 2 2 4 6 8 -1 10 12 14 16 q (Å )
Figure 22 : Fonctions de diffusions élastique
expérimentales à différents points thermodynamiques. La contribution inélastique n'est pas corrigée en premier lieu, mais sera prise en compte lors de l'ajustement de la structure moléculaire par un polynôme de degré pair. L'inélasticité est issue du fait que pour un angle donné tous les neutrons arrivant sur le détecteur sont comptés sans tenir compte de leur énergie (Cf. Eq. 54). Il va donc falloir retirer au diffractogramme expérimental les neutrons qui ont subi un léger échange d'énergie. La contribution inélastique traduit le fait que chaque point de la courbe expérimental est issu d'une intégrale en énergie 67 et que les diffractogrammes sont obtenus en fonction de l'angle et pas du transfert de moment q exact qui est donné par l'expression Eq. 12. On voit clairement dans cette expression du transfert de moment, q'en travaillant à un θ donné, on compte les neutrons indifféremment de leur longueur d'onde donc de leur énergie. La diffusion incohérente ( Cf. CHAPITRE II A.2.d - ) contribue de façon continue et non structuré au diffractogramme total. Il sera implicitement prise en compte dans le polynôme utilisé pour rendre compte de l'inélasticité lors des ajustements. La diffusion multiple due au fait qu'un neutron diffusé par un noyau peut rencontrer un second noyau et alors subir une seconde diffusion, ainsi que la self absorption sont également pris en compte dans le polynôme. On voit donc que le polynôme utilisé tiens compte de plusieurs phénomènes physiques, mais, la contribution principale reste malgré tout l'inélastique.
C- Ajustement
Le diffractogramme de diffusion d'un liquide moléculaire est la superposition du facteur de forme moléculaire et du facteur de structure intermoléculaire (Cf.Eq. 62). Les molécules étant Tous droits réservés. relativement rigides, le signal dû à la molécule s'étend jusqu'à des valeurs très élevées de vecteur de transfert de moment q (Typiquement 50 Å-1). Par contre le facteur de structure intermoléculaire couvre une région allant de q=0 à environ 10 Å-1, un diffractogramme typique obtenu pour C2D6 est reporté sur la Figure 12. Les expériences de diffusion de neutrons ont été réalisées en utilisant des longueurs d'ondes de 0.7 et 0.5 Å, les vecteurs de transferts mesurables ne dépassent pas 18 Å-1 et 25 Å1 respectivement ( q max = 4π λ ). La fonction de distribution radiale est obtenue par la transformée de Fourier du facteur de structure déterminé à partir de l'expérience, comme le diffractogramme mesuré n'est pas complet, la coupure pose des problèmes importants pour effectuer la transformée de Fourier. En effet, une coupure abrupte provoque des oscillations parasites dans tout le diffractogramme de l'espace réel r. Des palliatifs numériques sont souvent utilisés (fonction d'apodisation), mais ces artifices de calculs ne sont pas utilisables lorsqu'une précision maximale est nécessaire. Car d'une part les résultats sont sensiblement faussés en intensité et d'autre part en position des pics. Nous avons développé au laboratoire une méthode plus élaborée et plus précise qui consiste à déterminer le facteur de forme moléculaire dans l'espace q par ajustement numérique, le facteur de forme moléculaire est ensuite retiré au diffractogramme total et la transformée de Fourier du facteur de structure intermoléculaire restant peut alors être réalisée dans les meilleurs conditions puisque le diffractogramme obtenu après soustraction ne présente plus de structure dans la région des grands q. La méthode s'appuie sur le fait que le facteur de forme moléculaire peut être décrit sous forme d une fonction analytique dans le domaine de q. En effet chaque paire d'atomes AB liés rigidement dans la molécule produit un signal égale à j0 (q r ) qui est la fonction de Bessel sphérique égale à sin (qr ) (qr ), ce signale est atténué par un facteur exponentiel e δr 2 q 2 2 où δr est l'amplitude moyenne de déviation de r au carré reliée à la fréquence de vibration entre les atomes. Dans le cas de la diffusion de neutrons, cette fonction est multipliée par les longueurs de diffusion b a et b b des atomes. (entre 3 et 10Å-1) le facteur de structure intermoléculaire peut, selon le cas, apporter une contribution plus ou moins étendue en q. L'un des points importants de la procédure d'ajustement sera de déterminer au mieux la valeur minimum qmin de vecteur de transfert à prendre en compte dans le calcul, le domaine allant de qmin à qmax. Un meilleur ajustement nécessite le plus grand domaine de q possible, mais la contribution intermoléculaire doit être négligeable sur ce domaine. Nous allons d'abord présenter les modèles que nous avons utilisés pour décrire la molécule de C2D6 prenant en compte la rotation empêchée des groupement CD3, le premier traitant l'oscillation de CD3 comme un facteur Debye Waller, le second utilisant une distribution pseudo gaussienne de largeur ajustables. Les résultats obtenus sont comparés aux résultats obtenus par spectroscopie. Enfin, le facteur de structure et la fonction de distribution de paires g(r) intermoléculaires sont respectivement obtenus par soustraction du facteur de structure moléculaire à la courbe expérimentale et par TF.
| 43,983
|
21/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00011747-document.txt_4
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 10,168
| 15,646
|
Le processus s est similaire, dans son principe au processus r. Toutefois, les densités de neutrons y sont bien plus faibles (dn'108 cm−3 ). De ce fait, le temps moyen entre deux captures de neutrons y est plus important (' 100 jours). En conséquence, dès qu'un noyau de temps de vie de décroissance β − inférieur à 100 jours est peuplé, cette réaction a lieu, et la chaîne isotopique supérieure est alimentée. Ainsi, le chemin suivi par le processus s s'éloigne peu de la vallée de stabilité et les pics d'abondance correspondant à la traversée des nombres magiques sont légèrement décalés sur la courbe d'abondance
4.1. Un exemple du chemin suivi par ce processus est visible sur la figure 4.2.
Ces considérations permettent de se rendre compte que les échelles de temps correspondant aux processus r et s sont très différentes. En effet, le temps nécessaire pour réaliser les captures de neutrons et les décroissances bêta successives lors du processus r est de l'ordre de quelques centaines de milliseconde à quelques secondes, alors que pour le processus s il faut plutôt compter quelques 105 années [Bur57] pour peupler l'ensemble de la carte des noyaux. Nous allons maintenant présenter des observations astronomiques qui semblent indiquer qu'il n'existe pas un type unique de processus r, mais plutôt deux.
Déterminations des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n,γ) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 86
implications
astrophysiques 4.1.2 Deux types de process
us
r
Les étoiles très pauvres en métaux (UMP en anglais pour Ultra Metal Poor) présentes dans le halo galactique sont les corps les plus anciens observables dans la galaxie (' 1.1010 années [Cow02]). La pauvreté en métaux de ces der nières (jusqu'à un rapport 1000 par rapport à ce qui est observé dans notre système solaire) indique qu'elles sont constituées de matériaux qui n'ont subi que très peu de processus de nucléosynthèse. Ce type d'étoile est alors une aubaine pour les astronomes et astrophysiciens. Elles permettent de connaître la composition de la galaxie à des temps très reculés. La courbe d'abondance relative des éléments lourds (A>130, Z>40) de ces étoiles est très similaire à celle des éléments r du système solaire (cf. figure 4.3), quelle que soit leur localisation dans le halo galactique. F IG. 4.3 – Abondance relative des éléments dans une étoile pauvre en métaux comparée aux abondances des éléments r observées dans le système solaire [Cow02]. La courbe correspond aux abondances r du système solaire mises à l'échelle des mesures réalisées sur l'étoile UMP étudiée. Les points circulaires correspondent à des mesures d'abondance des éléments de l'étoile à l'aide de télescopes basés sur Terre. Les autres points sont des mesures réalisées grâce au télescope spatiale Hubble.
4.1.3 La météorite d'Allende et ses anomalies isotopiques 87
Pour les masses A<130, le remarquable accord entre l'abondance des éléments dans ces étoiles, et celle observée dans le système solaire n'est plus vérifié (cf. figure 4.3 pour Z<40). Ceci fut interprété comme la preuve que deux types de processus r existent [Was96, Sne98, Sne00, Cow02]. Un processus "robuste" serait responsable de la formation des éléments lourds (A>130) et un second type de processus r dit "faible" (weak r-process en anglais) pourrait expliquer les abondances des noyaux plus légers (A<130). Quelles sont alors les différences entre ces deux types de processus r? Ils seraient associés à des étoiles de masses différentes allant d'environ 10 à 40 masses solaires [Was00]. Sachant que plus la masse d'une étoile est importante, plus son temps de vie est court, cette différence de masse conduit à des temps d'évolution de l'étoile différents [Was00] : – 107 années pour les étoiles finissant leur vie par un processus r robuste – 108 années pour les étoiles finissant leur vie par un processus r faible Ces différences de masses devraient aussi entraîner des différences dans les conditions extérieures du processus ( température et densité de neutrons) [Cow05]. Ces grandeurs devraient être d'autant plus élevées que l'étoile est massive. Mais les conditions dans lesquelles se déroulent ces processus sont encore incertaines (même pour le processus r robuste), et il est difficile de donner une gamme précise de températures ou de densités de neutrons pour chacun d'eux. Dans la référence [Cow05], il est cependant avancé que la séparation au niveau des densité de neutrons entre les deux types de processus se ferait autour de 1022 à 1023 neutrons par cm−3. Les étoiles ne sont pas les seules sources d'informations disponibles pour déterminer les abondances des éléments dans l'univers. On peut aussi étudier la composition des météorites qui tombent sur terre. L'étude de sa composition isotopique a révélé d'importants écarts par rapport aux observations faites dans le système solaire [Lee78, Nie80]. Le tableau cicontre résume ces écarts pour les isotopes de calcium, titane et chrome. D'autres anomalies sont aussi observées dans les isotopes de 58 Fe, 64 Ni et 66 Zn. Ces "anomalies isotopiques" n'ont pas pu être comprises dans le cadre des modèles de nucléosynthèse de l'époque. Plusieurs hypothèses quant à l'origine des éléments formant cette météorite ont été proposées (processus r ou s, processus α, mélange de processus alpha et de captures de neutrons...). Dans chacun des cas, les tentatives de reproduction des anomalies isotopiques dans la météorite d'Allende furent des échecs. Il fut alors proposé que la structure nucléaire autour du noyau doublement magique 48 20 Ca28 pourrait être la clef de l'origine des anomalies observées. Dans la suite, nous allons nous focaliser sur la compréhension de l'origine de l'anomalie isotopique observée dans cette météorite pour les 46,48 Ca. Déterminations des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n,γ) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 88 implications astrophysiques
4.1.4 Importance de la structure nucléaire
Les anomalies isotopiques observées qui sont reportées ci-dessus concernent toujours les derniers noyaux stables riches en neutrons dans les chaînes isotopiques impliquées (cf. figure 4.4). On peut alors penser que ces noyaux ont été produits dans un processus de captures de neutrons successives permettant d'alimenter des noyaux instables riches en neutrons qui par décroissances bêta successives ont donné naissance aux anomalies isotopiques observées [Nie80]. Dans ce cas, les parents des 46,48 Ca doivent se trouver dans les chaînes inférieures à celle du calcium, au niveau des masses A=46 et A=48 respectivement. Nous avons représenté ces noyaux par des cases blanches sur la figure 4.4. Sur cette base, plusieurs études théoriques (simulation de processus et déterminations de?????? F
IG. 4.4 – Carte des noyaux permettant de localiser les 46,48 Ca, 50 Ti et 54 Cr pour lesquels des anomalies isotopiques ont
été reportées. On peut aussi localiser les parents potentiels de ces isotopes. Le trait débutant sur le 36 S indique le chemin potentiel du processus de nucléosynthèse dans cette région (cf. texte). taux de capture de neutrons [Zie85, Rau95, Böh98, Kra01]) et expérimentales (détermination des temps de vie de décroissance bêta et des taux de captures de neutrons sur les noyaux stables des potentiels parents des noyaux présentant des anomalies isotopiques [Käp85, Sor93, Gré04b, Wei03]) ont été menées. Nous allons maintenant passer brièvement en revue ces études, ce qui permettra de situer le travail réalisé durant cette thèse. Comme nous l'avons vu, c'est autour des fermetures de couches que la structure nucléaire est susceptible d'influencer le plus les processus de nucléosynthèse. C'est pourquoi les "noyaux clés" (qui s'apparentent aux points d'attente dans la description que nous avons donnée plus haut du processus r) dans la compréhension de l'origine de l'anomalie isotopique des calcium furent cherchés au niveau de la fermeture de couche 4.1.
4
Importance de la
structure
nu
cléaire
89
N
=28.
La figure 4.4 montre que les noyaux potentiellement importants
se trouv
ent
dans les chaînes isotopiques comprises entre 16≤Z≤20. Les mesures des temps de vie des noyaux autour de N=28 des isotopes de phosphore, soufre et chlore ont été réalisées sur la ligne LISE, au Grand Accélérateur National d'Ions Lourds (GANIL) [Sor93]. Les noyaux 43 P, 42,44,45 S et 44,45 Cl ont été produits par fragmentation d'un faisceau de 48 Ca à 60 Mev/A sur une cible de 58 Ni. Les résultats de ces mesures ont été très surprenants. Les valeurs expérimentales des temps de vie étaient systématiquement plus courtes (jusqu'à un facteur 10 pour le 44 S) que celles prédites par les modèles qui supposaient une forme sphérique pour ces noyaux proches de la fermeture de couche N=28. Les de vie des noyaux magiques, près de la ligne de stabilité, étant généralement plus longs que ceux de leurs voisins, il fut proposé que la fermeture de couche N=28 est affaiblie en dessous du 48 Ca. Cette érosion de la fermeture de couche N=28 dans les noyaux riches en neutrons pourrait avoir comme origine l'affaiblissement de la force de spin-orbite dans ces noyaux [Dob94], ou leur déformation [Sor93]. Nous serons amenés, à l'aide des résultats présentés au chapitre 3, à préciser l'origine de cet affaiblissement en nous appuyant sur des effets de structure nucléaire non connus dans les années 90. Examinons l'influence de ces résultats sur l'anomalie isotopique concernant les 46,48 Ca dans la météorite d'Allende. Les temps de vie de décroissance bêta courts observés pour les 44 S et 45 Cl entraînent que ces chaînes sont dépeuplées au niveau de ces masses au cours d'un processus de captures de neutrons : la décroissance β se produit avant que les captures de neutrons ne permettent d'atteindre des noyaux plus exotiques dans la chaîne. Ainsi, les masses 46 et 48 sont peu peuplées dans les chaînes isotopiques des soufres et des chlores. Ceci est indiqué par le chemin du processus r qui commence au niveau du 36 S sur la figure 4.4. Ce dernier bifurque vers la chaîne isotopique supérieure au niveau des masses 44 et 45 dans les chaînes ci-dessus citées. Certains de ces noyaux riches en neutrons peuvent réaliser une décroissance β − suivie d'une émission de neutron. Quand c'est le cas, ceci est indiqué par la notation β − n sur la figure 4.4. L'utilisation des temps de vie mesurés pour ces noyaux dans des simulations réalistes des processus de nucléosynthèse, pour des conditions extérieures raisonnables (densité de neutron dn '1020 cm−3 et températures T9 '1) confirme ce fait [Böh98, Kra01]. En particulier, K. L. Kratz et al. [Kra01] ont montré, à l'aide de modèles de nucléosynthèse à entropie constante (cf. page 84), que les anomalies isotopiques dans la météorite d'Allende pourraient être le résultat d'un processus se déroulant soit à basse entropie (S' 10kB /baryon), soit à haute entropie (S' 150-190kB /baryon). La première valeur de l'entropie correspondrait à un processus de captures d'alpha possible dans les supernovae de type IA. La seconde valeur serait en accord avec un processus r se déroulant potentiellement dans une bulle d entropie durant l'explosion d'une supernovae de type II. Dans cette référence, les auteurs insistent sur le fait que c'est l'utilisation de données de structure nucléaire fiables et précises (provenant des mesures plutôt que des théories non encore suffisamment prédictives) qui permet de proposer ces deux type de scénario. Ils concluent leur étude en admettant que beaucoup de travail reste à faire pour comprendre l'origine des anomalies dans la météorite d'Allende. Les résultats expérimentaux de structure nucléaire permettent ainsi de montrer que les parents des 46,48 Ca ne sont pas directement dans les chaînes isotopiques inférieures à celle des argons. Cette dernière est alimentée par la réaction de décroissance bêta à partir des chaînes isotopiques des soufre et chlore. La possibilité que les progéniteurs des 46,48 Ca soient les 46,48 Ar va alors dépendre des taux Déterminations des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n,γ) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 90 implications astrophysiques de réactions au niveau de ces derniers. En d'autres termes, il est important de connaître d'une part les temps de vie de décroissance bêta dans la chaîne des argon autour de N=28, et d'autre part les sections efficaces de capture de neutrons pour ces mêmes noyaux. Si la fermeture de couche N=28 reste effective au niveau du 46 Ar, le surcroît de stabilité de ce noyau devrait alors conduire à une faible section efficace de capture de neutrons. Pour des densités de neutrons raisonnables (dn'1020 ), la décroissance β − dépeuplerait alors la chaîne des argons déjà au niveau du 46 Ar ne permettant pas d'atteindre la masse 48 dans cette chaîne isotopique. Cette possibilité est très probable au niveau d'une fermeture de couche [Käp89]. Ceci est tout à fait apparent sur la figure 4.2 de la page 85 avec le chemin suivi par le processus r (lignes verticales au niveau des nombres magiques N=50, 82 et 126). Les temps de vie de décroissance bêta dans la chaîne des argons ont été mesurés jusqu'au 49 Ar [Gré04b, Wei03, Wei04]. Ils n'indiquent pas une forte érosion de la fermeture de couche N=28 dans cette chaîne isotopique, comme c'était le cas au niveau du 44 S. Seule alors la structure nucléaire des argon au niveau du nombre N=28 pourrait favoriser les réactions de captures de neutrons et leur permettre de passer la fermeture de couche N=28 pour atteindre le 48 Ar. On pourrait alors comprendre pourquoi le 48 Ca est plus abondamment peuplé que le 46 Ca dans un process us de capture de neutrons et de décroissances bêta. Nous verrons dans la suite de ce chapitre que la réaction de capture de neutrons peut avoir lieu via le mécanisme du noyau composé (capture au dessus du seuil de séparation d'un neutron dans le noyau final) ou via le mécanisme de capture radiative directe (capture sur les états liés dans le noyau final). Dans ce dernier, la structure nucléaire du noyau final (moments angulaires, spins, parités, facteurs spectroscopiques et énergies de liaison) détermine la valeur de la section efficace de capture. E. Krausmann et al. [Kra96] ont montré pour le noyau doublement magique 48 Ca (où toutes les données expérimentales nécessaires à l'étude existent) que la section efficace de capture de neutrons (σn,γ ) provient à 95% du mécanisme de capture radiative directe. Ceci peut paraître étonnant pour un noyau stable. D'autant plus que la valeur de l'énergie de séparation d'un neutron dans le noyau final (49 Ca) est relativement élevée (Sn =5.142 MeV), ce qui devrait impliquer une importante densité de niveaux accessibles pour réaliser une capture via le mécanisme du noyau composé. Tel n'est cependant pas le cas, à cause de la nature doublement magique du noyau qui entraîne un espacement des niveaux important, et donc une faible densité d'états accessibles au dessus du seuil. De plus, la structure nucléaire du noyau final favorise la capture des neutrons sur ses états liés (capture radiative directe). Dans la même optique, T. Rauscher et al. [Rau95] ont montré par la voie théorique que, dans environ 85% des cas, la capture de neutrons sur les noyaux 46,48 Ar a lieu via le mécanisme de capture radiative directe. Au moment de cette étude, aucune donnée expérimentale n'était disponible. Ainsi, toutes les informations utilisées proviennent de modèles théoriques, et sont donc incertaines. Les facteurs spectroscopiques des états y sont même tous pris égaux à 1. L'étude expérimentale des noyaux d'argon que nous avons présentée dans les chapitres précédents va permettre d'affiner les prédictions des simulations des processus de nucléosynthèse tentant de rendre compte du rapport d'abondance isotopique anormal observé au niveau des 46,48 Ca.
De
(d,p)
à
(n,γ)
Comme nous venons de le voir, les réactions nucléaires jouent un rôle clef dans la compréhension de la production d'énergie et de la nucléosynthèse dans les étoiles. L'importance relative des différentes réactions, à une température de l'étoile T donnée, se mesure par les taux de réaction <σv>. L'étude précise des processus de nucléosynthèse passe donc par la détermination des taux de réaction qui y sont impliqués. Ces derniers sont obtenus en intégrant la section efficace de réaction sur la distribution des vitesses des particules entrant en jeu dans la réaction. Celle-ci est bien décrite par la distribution de Maxwell-Boltzman. On a ainsi l'expression : Z ∞ 8 1/2
1 E
<
σv
>= ( ) (4.2) σ
(E
)
Eexp
(− )dE, 1/2 πμ (kT ) kT 0 où μ est la masse réduite des particules en collision, et E l'énergie cinétique de la particule incidente exprimée dans le centre de masse. Comme nous l'avons vu précédemment, les processus permettant de synthétiser les noyaux stables riches en neutrons (type processus-r) font intervenir principalement trois réactions : la décroissance β −, la capture de neutrons et sa réaction inverse la photo-désintégration. Nous présenterons, dans le chapitre 5, les résultats d'une expérience de décroissance β dans les noyaux riches en neutrons ayant entre 21 et 27 protons. Dans la suite de ce chapitre, nous allons présenter les résultats de la détermination des taux de réaction de capture radiative directe de neutrons sur les isotopes d'argon riches en neutrons, autour de la fermeture de couche N=28. La capture de neutrons et la photo-désintégration étant des réactions inverses, la connaissance de l'un des taux permet d'accéder à l'autre en appliquant le théorème de réciprocité (detailed balance en anglais). La capture de neutrons peut avoir lieu au travers de deux mécanismes : la capture radiative directe ou la capture via la formation d'un noyau composé, selon que le neutron est capturé sur un état lié ou non, respectivement. En premier lieu considérons celui dont nous ne parlerons que très peu : le mécanisme du noyau composé. Nous n'allons considérer qu'un cas particulier de ce mécanisme : la capture résonante. Dans cette capture, le neutron incident et le noyau cible s'amalgament pour former le noyau composé qui décroît ensuite par émission de particules ou de photons. La capture résonante n'a lieu que si l'énergie de la voie d'entrée correspond à l'énergie de l'état excité (cf. figure 4.5 pour les notations) : ER =Er -Sn. La section efficace correspondante peut alors être estimée à l'aide de la formule de Breit-Wigner : σBW ∝ Γn Γγ, (E − ER )2 + (Γ/2)2 (4.3) où Γn et Γγ sont respectivement les largeurs partielles de décroissance par émission de neutron ou de photon après capture du neutron sur l'état résonant à l'énergie ER. Γ est la largeur totale de décroissance (somme des largeurs partielles) de l'état formé 3. ici nécessaire de dire qu'actuellement les taux de capture de neutrons qui sont utilisés dans les simulations de nucléosynthèse via le processus r sont quasiment tous estimés à l'aide du modèle statistique. En effet, très peu d'informations expérimentales sont disponibles pour qu'il en soit autrement. Ainsi, généralement, la densité de niveaux au dessus du seuil de séparation d'un neutron est estimée de façon théorique, à l'aide de formules globales censées reproduire cette donnée pour l'ensemble des noyaux impliqués dans le processus r [Rau97]. Cette procédure reste utilisée même dans le cas des noyaux proches de nombres magiques, et dont l'énergie de séparation d'un neutron est faible, là où justement on s'attend à ce que la densité de niveaux soit faible. C'est le cas pour les noyaux d'argon que nous avons étudiés. Ils ont une énergie de séparation d'un neutron de l'ordre de 3 à 5 MeV. De plus, nous avons montré que l'espacement des couches f7/2 et p3/2 est encore important dans ces noyaux qui peuvent alors être considérés comme magiques. En outre, nous n'avons observé que très peu de niveaux dans la gamme d'énergie accessible pour les captures au dessus du seuil. Ainsi la densité de niveaux non liés accessibles semble suffisamment faible pour mettre le modèle statistique en défaut. Les taux de capture de neutrons actuellement utilisés pour ces noyaux sont donc estimés à l'aide d'un modèle qui n'a pas lieu d'être appliqué dans ce cas précis. Seules les captures résonantes, sur des états bien séparés, sont susceptibles d'avoir une influence sur les taux de réaction capture de neutrons. Il est important de définir la fenêtre en énergie dans laquelle les états non liés sont accessibles. Cette fenêtre dépend de la température à laquelle le processus de nucléosynthèse a lieu. Les sites où se déroule la nucléosynthèse via le processus r sont mal connus. Cependant, on sait que ce sont des sites explosifs où les températures sont élevées (T' 10 9 K) et les densités de neutrons libres extrêmes (dn'1020 − 1030 cm−3 ). L'énergie du neutron capturé est alors donnée par : En'kT'100 keV (T'109 K). A cette énergie 4.2 De (d,p) à (n,γ) 93 les neutrons ayant un moment angulaire `n >0 ne passent pas la barrière centrifuge en nombre significatif. Probabilité 0.3 0.25 0.2 0.15 Fenêtre 0.1 0.05 0 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 Energie [MeV]
F IG. 4.6 – Distribution de l'énergie des neutrons de Maxwell-Boltzman à une température de 10 9 K. Elle est centrée à 100 keV, et a une largeur de 300 keV, définissant la fenêtre en énergie des états accessibles au dessus de l'énergie de séparation d'un neutron dans le noyaux final. Avant d'en présenter les détails, on peut rappeler quelques généralités sur le mécanisme de capture directe. Dans ce dernier le neutron incident est directement capturé sur un état lié excité ou non, de nombres quantiques bien définis, dans le noyau final. Dans cette réaction, un photon d'énergie Eγ =Eneutron +Sn -Ei est émis (cf. figure 4.5). Sn est l'énergie de séparation d'un neutron dans le noyau final, et Ei est l'énergie d'excitation de l'état sur lequel la capture a lieu. Le processus est entièrement électromagnétique, et la section efficace est décrite par l'élément de matrice : σ'| < ΦA+1 |θγ |ΦA ⊗ n > |2 (4.4) où ΦA et ΦA+1 sont les fonctions d'onde respectives du noyau initial, et du noyau final qui n'est autre que le noyau initial ayant capturé un neutron. Ce processus ne fait intervenir qu'un seul élément de matrice, et pour cette raison, on parle de processus en une étape, ou de capture radiative directe puisqu'il s'agit du passage direct de l'état initial à l'état final. C'est un processus non résonant qui peut avoir lieu Déterminations des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n,γ) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 94 implications astrophysiques pour toutes les énergies du neutron incident, et dont la section efficace résultante varie lentement avec l'énergie. Afin d'estimer la contribution de la composante directe à la réaction de capture de neutrons, nous avons utilisé le code TEDCA [Kra95]. Dans la suite de ce chapitre nous décrirons ce mécanisme de réaction et présenterons les données de structure nucléaire qui sont nécessaires à la dé termination de la section efficace correspondante. Nous étudierons la sensibilité du résultat à ces données. Nous présenterons ensuite les taux de réaction de capture directe déduits pour les isotopes d'argon étudiés dans les chapitres précédents. Finalement, nous regarderons l'influence des taux de réaction calculés sur la synthèse des isotopes 46,48 Ca, pour lesquels il a été reporté un rapport d'abondance isotopique anormal, observé dans l'inclusion EK-1-4-1 de la météorite d'Allende.
4.2.1 Le mécanisme de capture directe de neutrons
La capture radiative directe (CRD) d'un neutron par un noyau A X est un processus en une étape, purement électromagnétique. La figure 4.5 en présente une vue schématique. La section efficace différentielle de CRD est proportionnelle à l'élément de matrice [Kra96] : Z 2 ∂σ (4.5) Φf θEM Φi d~r ∝S ∂Ω où S est le facteur spectroscopique de l'état lié du noyau final A+1 X, et Φf la fonction d'onde correspondante. Φi est la fonction d'onde du système dans la voie d'entrée (fonction du neutron et du noyau A X). θEM est l'opérateur électromagnétique responsable de la CRD. La section efficace totale qui est l'intégrale de la section efficace différentielle est alors proportionnelle à la somme des carrés des éléments de matrice de transition pour chacun des types d'opérateurs électromagnétiques considérés (principalement M1, E1 et E2) [Kra96] : X θEM |2 (4.6) |TM σ DC = A,Mn,MA+1 MA,Mn,MA+1 où la somme porte sur les projections des moments angulaires totaux des noyaux A, (A+1) et du neutron. Finalement, l'élément de matrice de transition est proportionnel à l'intégrale de recouvrement [Kra96] : Z θEM θEM = U (r)θEM χ(r)dr, (4.7) TMA,Mn,MA+1 ∝ I où la partie radiale de la fonction d'onde de l'état lié peuplé dans le noyau final est U (r) et la fonction d'onde de diffusion de la voie d'entrée est χ(r). θEM, correspondant aux trois types de transitions électromagnétiques E1, E2 et M1 considérées dans le code TEDCA, est proportionnel à : θE1 (r) ∝ r θE2 (r) ∝ r2 θM 1 (r) ∝ 1 (4.8)
4.2.1 Le mécanisme de capture directe de neutrons 95
Ces expressions sont le résultat de développements limités des opérateurs qui ne sont valables que dans le cas limite des grandes longueurs d'ondes, applicable ici, puisque kγ r 1. En effet kγ r= E~cγ r, avec, comme nous le verrons dans la suite, Eγ de l'ordre du MeV, et r de l'ordre de quelques Fermis, ce qui donne kγ r'10−2. L'équation 4.7 montre qu'il est nécessaire de déterminer les fonctions d'onde du système dans la voie d'entrée (onde de diffusion) et dans la voie de sortie (fonction d'onde de l'état lié) pour accéder à la section efficace de capture radiative directe. Dans les deux cas, l'équation de Schrödinger décrivant le neutron dans le potentiel de la voie considéré est résolue en utilisant un potentiel obtenu par double convolutions des densités nucléaires du neutron incident et du noyau cible avec un potentiel effectif (vef f ) d'interaction nucléonnucléon (N N ) dépendant de la densité et de l'énergie [Kob84]. Cette procédure réduit considérablement le nombre de paramètres à ajuster par rapport à une approche plus phénoménologique (du type Woods et Saxon par exemple). Pour une réaction du type n + A → B + γ, le potentiel de double convolutions (ou double folding) s'exprime de la façon suivante :
V (R) = λVF (R) ZZ = λ ρn (r~n )ρA (r~A )vef f (E, ρn, ρA, s)dr~n dr~A (4.9) où la variable s
dans
l'interaction NN me
sure la
distance
relative entre le projectile (neutron) et le noyau cible. λ est un facteur de normalisation. ρi est la densité du neutron ou du noyau cible suivant l'indice. Nous détaillons dans la suite les termes qui apparaissent dans l'expression du potentiel ci-dessus.
L'interaction effective
L'interaction effective NN utilisée, appelée DDM3Y et notée vef f dans l'équation 4.9, dépend de la densité des nucléons dans le noyau et de l'énergie du neutron incident. DDM3Y a été choisie pour son efficacité à reproduire les données expérimentales de diffusion élastique de neutrons [Kob84], c'est à dire les propriétés de surface du noyau (qui sont importantes dans notre cas, comme nous le verrons par la suite). La prise en compte de la dépendance en dens ité améliore la reproduction des données expérimentales de diffusion élastique de particules. L'interaction effective DDM3Y peut se factoriser sous la forme de l'interaction effective M3Y notée g(E, s) [Ber77] (somme de potentiels de Yukawa dont la portée maximum est de 4 fm.), modulée par un facteur dépendant de la densité f (E, ρ) : vef f (E, ρ, s) = g(E, s) ∗ f (E, ρ) (4.10) où e−4s e−2.5s − 2134 ∗ + J00 (E)δ(s) 4s 2.5s Le terme de portée nulle se met sous la forme : g(E, s) = 7999 ∗ J00 (E) = −276(1 − 0.005 ∗ E/A) (4.11) (4.12) où A est la masse du projectile. On voit ici que la dépendance en énergie de ce terme est faible. Déterminations des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n,γ) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 96 implications astrophysiques
La dépendance en densité est introduite à travers le facteur f (E, ρ) : f (E, ρ) = C(E) 1 + α(E) ∗ e−β(E)ρ (4.13) où ρ = ρcible + ρproj. Les paramètres C(E), α(E) et β(E) dépendent de l'énergie et sont déterminés par ajustement de l'intégrale de volume de vef f [Sat79]. Cette dépendance en énergie est faible [Kob84] et dans la gamme d'énergies du neutron incident qui nous concerne (E ∈ [0, 500 keV]) les paramètres peuvent être considérés comme constants. Donc nous n'utilisons qu'une unique paramétrisation pour DDM3Y. Les densités nucléaires Nous présentons ici le choix des densités qui interviennent dans l'équation 4.9. Dans le cadre de l'approximation raisonnable où le neutron incident est considéré ponctuel, une distribution de Dirac est employée pour décrire sa densité. Ceci supprime une intégrale dans l'expression du potentiel optique, ce qui facilite sa détermination. Les densités nucléaires des noyaux 44,46 Ar ne sont pas connues expérimentalement. Nous y avons accédé par la voie théorique en utilisant un modèle microscopique de champ moyen (HFB), dans lequel l'interaction entre les nucléons est décrite par la force de Gogny [Gir03]. Les déterminations expérimentales des rayons de charges des noyaux étudiés [Kle96, Fri95] permettent alors de vérifier la validité des calculs théoriques. Ces densités sont un des paramètres importants du modèle. Elles vont en effet permettre de construire le potentiel grâ auquel les fonctions d'onde de diffusion et de l'état lié seront déterminées. L'influence de ces densités sur la détermination des sections efficaces de capture de neutrons sera abordée dans la suite. Le code TEDCA est écrit en symétrie sphérique. Ainsi les densités sont déterminées par des calculs réalisés avec cette symétrie. Pour les noyaux considérés, où N=28 reste magique, cette hypothèse semble raisonnable. De plus, elle permet de réduire de 3 à 1 dimension le calcul de l'intégrale 4.9.
Le paramètre de normalisation
Le paramètre de normalisation λ est ajusté sur les données de diffusion élastique de neutrons pour le calcul de la voie d'entrée. Cependant, pour les noyaux instables riches en neutrons (44,46 Ar) de telles données ne sont pas disponibles. Dans ce cas, on fait l'hypothèse que le produit de l'intégrale de volume (I) du potentiel de convolution VF et du paramètre λ est constant sur une chaîne isotopique donnée : 4π I= A Z∞ r2 VF (r) dr (4.14) 0 On détermine alors ce produit pour un noyau stable de la même chaîne isotopique pour lequel les données de diffusion élastique le permettent, et on déduit ensuite la valeur du paramètre λ pour le noyau instable d'intérêt en considérant l'invariance de λ * I
4.2.
1
Le mécanisme de capture directe de neutrons 97
Ceci assure la reproduction du comportement asymptotique des fonctions d'onde du système initial. Nous verrons par la suite que la section efficace de capture directe est directement reliée à ces propriétés. Pour la voie de sortie, λ est ajusté de façon à reproduire l'énergie de liaison de l'état lié dans le noyau final, ainsi que ses nombres quantiques. Nous avons donc deux valeurs de λ, l'une caractérisant la voie d'entrée et l'autre la voie de sortie, ce qui conduit à des potentiels différents (.20%) de par leur profondeur, mais identiques de par leur forme, pour les voies d'entrée et de sortie. Nous avons introduit les termes permettant d'obtenir les potentiels décrivant les voies d'entrée et de sortie du système étudié. Nous allons maintenant présenter la méthode utilisée pour accéder aux fonctions d'onde χ(r) et U (r) de l'équation 4.7. Nous montrerons dans chaque cas l'influence des termes passés en revue ci-dessus sur la détermination de la section efficace de capture.
Fonction d'onde de diffusion de la voie d'entrée
La partie imaginaire du potentiel de diffusion A l'aide de l'interaction effective, de la dens du noyau cible, et du paramètre λ ajusté, on peut construire un potentiel pour décrire la voie d'entrée. L'équation 4.9 qui définit ce potentiel ne présente pas de partie imaginaire. Nous justifions ici brièvement ce choix. Dans les approches du type "potentiel optique" on sépare le potentiel d'interaction en une partie réelle, qui rend compte de la diffusion élastique, et une partie imaginaire qui décrit toutes les autres voies de réaction (captures résonantes, diffusions inélastiques, captures directes..). Dans le cas présent nous sommes à des énergies incidentes si basses que peu de voies de réactions sont ouvertes [Obe91]. Pour cette raison nous considérons un potentiel d'interaction sans partie imaginaire. Il est établi que l'amplitude de la partie imaginaire d'un potentiel optique tend vers 0 quand l'énergie cinétique de la particule incidente diminue [Gle83]. La fonction d'onde de la voie d'entrée est calculée en résolvant l'équation de Schrödinger à l'aide de ce potentiel, dont la profondeur est ajustée (via le paramètre λ) sur des données de diffusions élastiques de neutrons sur un isotope stable. Les incertitudes sur les sections efficaces de diffusion élastique se propagent sur le paramètre λ. Ceci conduit à des erreurs sur la section efficace de capture de quelques pourcents seulement, qui sont négligeables par rapport aux incertitudes provenant des données de structure nucléaire. Comme nous l'avons déjà souligné, les densités nucléaires servant à construire le potentiel de la voie d'entrée sont un paramètre critique dans la procédure utilisée pour déterminer les sections efficaces de capture. Mengoni et al. [Men95] ont montré une grande sensibilité de la section efficace de capture directe au potentiel utilisé pour une onde incidente s. Ils rapportent par contre que cette sensibilité est grandement réduite dans le cas d'un traitement consistant. Par consistant, on entend que les fonctions d'onde de diffusion et de l'état lié (dans le noyau final) sont décrites par un potentiel dont la forme est la même, mais dont les paramètres sont ajustés de façon à reproduire les caractéristiques des deux voies (section efficace de diffusion pour la voie d'entrée, et caractéristiques de l'état lié pour la voie de sortie), comme c'est le cas dans notre approche. Contrairement au cas des captures en ondes s, lorsque le neutron incident est représenté
Déterminations des taux es ,γ) à partir des réactions 44, Ar( , implications astrophysiques IntØgrant Radial
[fm 1/2 ] par une onde p, la section efficace est très peu sensible au potentiel utilisé. La différence de sensibilité entre les ondes s et p est due à la barrière centrifuge. Pour une onde p, l'existence de cette barrière implique que la capture ait lieu à de plus grandes distances radiales par rapport au cas d'une onde s où cette barrière est absente. Pour une onde p, c'est alors la queue de la fonction d'onde U (r) dans l'équation 4.7 qui participe majoritairement à la capture. Cette partie de la fonction d'onde n'est que très peu sensible au potentiel utilisé pour la calculer. 47 diale r, pour une capture en onde s et p sur l'état fondamental du noyau 47 Ar. L'intégrant est déterminé pour une énergie du neutron incident fixée à 100 keV (T' 109 K). On voit clairement que suivant la nature de l'onde incidente, la capture a lieu à plus ou moins grande distance radiale. De plus, quelle que soit l'onde incidente représentant le neutron, la participation dominante à la section efficace de capture provient de la surface, voire de l'extérieure du noyau. Le fait que l'intégrant radial soit maximum au niveau de la surface, même pour une capture en onde s peut se comprendre si l'on considère que l'opérateur électromagnétique responsable de la capture (θE1 dans les équations 4.8) favorise, d'après sa dépendance en r, les réactions à grandes distances radiales. Cet argument est valable pour tous les cas de figures où l'opérateur électromagnétique est θ E1. Un autre argument, spécifique à l'exemple étudié, peut être avancé. En effet, le nombre quantique principal de l'état sur lequel la CRD a lieu est n=2 (état 2p3/2 ). Une telle valeur entraîne un déplacement de la fonction d'onde correspondante vers la surface du noyau, ce qui est favorable à la capture du neutron incident dans cette zone. On perçoit alors l'intérêt d'ajuster le potentiel de la voie d'entrée sur les données de diffusion élastique de neutrons. Pour ces raisons, nous avons utilisé le modèle microscopique HFB avec une force de Gogny pour décrire les densités des noyaux 44,46 Ar. Il donne actuellement la meilleure description possible des densités nucléaires. Un autre modèle microscopique HFB utilisant une interaction effective de Skyrme (Sly4) 4.2.
1 Le mécanisme de capture directe
neutrons 99 et une force d'appariement de volume a permis d'obtenir la densité du 46 Ar. Elle a été utilisée pour estimer l'influence de ce choix sur la valeur de la section efficace de capture. Une différence de 15% seulement entre les sections efficaces de capture en onde s sur l'état fondamental du 47 Ar est obtenue suivant la densité utilisée (HFB-Gogny, ou HFB-Skyrme). Ceci confirme donc qu'un traitement consistant, dans le sens que nous lui avons attribué ci-dessus, minimise l'influence des potentiels utilisés pour décrire les voies d'entrée et de sortie de la capture, comme il est rapporté dans [Men95]. L'état lié du noyau final
La fonction d'onde représentant l'état lié sur lequel est capturé le neutron incident est obtenue en résolvant l'équation de Schrödinger dans laquelle la profondeur du potentiel de convolution obtenu précédemment est ajustée (via le paramètre de normalisation λ) de façon à obtenir les bons nombres quantiques de l'état en question et à reproduire son énergie de liaison. A titre d'exemple, supposons que l'on veuille calculer la part de la section efficace de la réaction 46 Ar(n, γ)47 Ar qui provient de la CRD sur l'état fondamental du 47 Ar. On ajustera le potentiel de la voie de sortie pour qu'il reproduise correctement l'état fondamental de 47 Ar, à savoir, un état 2p3/2 ayant une énergie de liaison de 3.55 MeV (obtenue grâce à notre détermination du défaut de masse du noyau 47 Ar, dont nous verrons l'importance dans la suite). Les énergies de liaison des états sur lesquels la capture directe peut avoir lieu ont été déterminées dans le chapitre précédent, de même que les nombres quantiques associés à chaque état. Lorsque ces données ne sont pas accessibles expérimentalement, on peut utiliser des calculs du type modèle en couches pour les obtenir. C'est ce que nous avons fait pour le 49 Ar, dans le but d'estimer la section efficace de capture radiative sur le 48 Ar, comme nous le verrons par la suite. Le facteur spectroscopique de l'état sur lequel a lieu la CRD (cf. équation 4.5) est aussi un paramètre du calcul. La section efficace calculée y est directement proportionnelle. A partir d'un nombre restreint de données, accessibles dans une expérience de transfert d'un neutron telle que celle réalisée dans ce travail, on peut déterminer la section efficac de capture radiative directe qui, rappelons le, ne peut l'être expérimentalement en ce qui concerne les noyaux exotiques. Influence de la structure du noyau final sur la section efficace de capture De même que pour la voie d'entrée, nous nous intéressons maintenant à la sensibilité de la détermination de la section efficace de réaction aux paramètres de la voie de sortie. Comme le facteur spectroscopique est une constante multiplicative de la section efficace, l'erreur commise sur la détermination de ce dernier se propage directement sur la valeur de la section efficace calculée. L'erreur moyenne que nous rapportons dans le chapitre précédent sur les facteurs spectroscopiques est de 20 à 30%. capture sur l'état fondamental du 47 Ar (2p3/2 ) dont nous modifions artificiellement l'énergie de liaison dans la limite de ±160 keV (cas 1 : ELiaison = 3.86MeV ; cas 2 : ELiaison = 3.54MeV). Cette variation entraîne une incertitude d'environ 30% sur la valeur de la section efficace de capture. La section efficace correspondant à la plus grande valeur du Q de réaction est la plus importante. Ce résultat est prévisible, puisqu'à un grand Q de réaction correspond une dés-excitation du système de la voie d'entrée plus importante du fait de la dépendance en énergie des taux de transition des opérateurs électromagnétiques 4. De ce fait, le système favorisera les états pour lesquels la chaleur de réaction (Q) est importante, toutes choses étant égales par ailleurs. L'écart entre les valeurs des deux sections efficaces est acceptable. Cependant nous aurons, par le suite, besoin d'estimer la section efficace de capture de neutrons sur le 48 Ar. Dans ce cas, le noyau final est 49 Ar, dont la masse n'est pas mesurée. La valeur tabulée dans [Aud03] est une estimation à partir des valeurs voisines. La barre d'erreur résultante est de 800 keV. Ceci se traduit alors par une incertitude d'un facteur 2 sur la section efficace de capture directe de neutrons. On voit alors l'importance, en astrophysique nucléaire, de connaître précisément les valeurs des excès de masse des noyaux entrant en jeu dans les processus étudiés. Mesurer une énergie d'excitation précisément, alors que l'incertitude sur le défaut de masse est importante serait d'une utilité minime. Nous rappelons que dans le chapitre précédent, nous avons montré que le défaut de masse tabulé dans [Aud03] pour le noyau 47 Ar conduisait à des énergies de liaison des s erronées de 700 keV. La propagation de cette erreur sur les 4 Les taux de transitions T θEM varient comme : T E1 ∝ E 3, T E2 ∝ E 5 et T M 1 ∝ E 3, où E est l'énergie de la transition considérée en MeV [Boh99]. 4.2.1 Le mécanisme de capture directe de neutrons 101 sections efficace de capture de neutron aurait alors conduit à une surestimation de ces dernières d'un facteur proche de 2. En toute rigueur, l'expérience de transfert que nous avons réalisé ne permet de déduire que les moments angulaires des états peuplés dans le noyau final. La valeur du spin des états ne peut pas être déduite de l'expérience. Cependant l'excellent accord entre nos données et les résultats des calculs de modèle en couches nous a permis de faire des assignements de spins pour la majorité des états observés. Supposons cependant, dans un but pédagogique, que l'état fondamental du 47 Ar n'ait pas un spin 3/2, mais 1/2. Les sections efficaces de capture de neutrons, comme celle de transfert de neutrons (cf. chapitre précédent), sont proportionnelles au nombre de trous dans la couche considérée indépendemment de sa valeur de J. Ainsi, une erreur sur la valeur du spin total de l'état lié n'aurait pas de conséquence dans le cas présent, car elle serait contre-balancée par la valeur du facteur spectroscopique déduit dans la partie précédente. Bien que nos données permettent sans ambiguïté de réaliser les assignements de moments angulaires des états peuplés dans les noyaux d'argon étudiés, on peut tout de même regarder l'influence d'un mauvais assignement sur la valeur de la section efficace de capture de neutrons. Supposons, par exemple, que l'état fondamental du 47 Ar ne soit pas un état p3/2, mais un état f7/2. Les règles de sélection de la réaction de capture directe sont : (−1)`n +
λ
=
(−1)`f (−1)`n +λ+1
= (−1)
`f
~1
`~n
⊗
⊗ ~λ = J~f 2 pour des transitions électriques pour des transitions magnétiques (4.15) `n + λ = ` f, où `~n représente le moment cinétique du neutron dans la voie d'entrée, et `~f celui de la voie de sortie ; λ est l'ordre de l'opérateur électromagnétique responsable de la capture. Le signe ⊗ représent e la composition des moments cinétiques. Ces règles interdisent la capture en ondes s (ln =0) dans le cas où l'état final a un moment angulaire `f =3. C'est pour cette raison, que la section efficace correspondante, sur la figure 4.9 est bien inférieure à celle où l'état fondamental a un moment `f =1. Pour un moment angulaire de l'état final `f =1, le neutron est principalement capturé sous la forme d'une onde s (`n =0). La section efficace varie alors comme 1/v, v étant la vitesse du neutron. En exprimant l'énergie du neutron, E, en fonction de v, on trouve que √ la section efficace varie comme 1/ E. qui pour les valeurs de `n =0, 1 et 2 s'exprime comme suit [Lyn68] : P0 = ρ P1 = ρ3 /(ρ + 1) P2 = ρ5 /(9 + 3ρ2 + ρ4 ), où ρ = ka avec k le nombre d'onde du neutron, et a est approximativement la distance radiale à laquelle a lieu la capture (a'5f m). Pour un neutron d'une centaine de keV, ka vaut environ 0.3. La probabilité que la capture du neutron représenté par une onde de moment angulaire ` ait lieu est proportionnelle au facteur de pénétration. ρ étant inférieur à 1, on comprend que les captures en ondes s soient favorisées quand elles sont possibles. Nous avons vu dans la première partie de cette section que la participation dominante à la réaction de capture de neutrons provient principalement de la surface (ou de l'extérieur) du noyau. De ce fait, le potentiel utilisé pour décrire la voie d'entrée est ajusté au mieux pour tenter de reproduire correctement l'interaction en surface du neutron incident et du noyau cible. Nous avons vu que les sections efficaces de capture sont sensibles à l'énergie de liaison de l'état final, ainsi qu'à son moment angulaire. Par contre, nous avons montré que la consistance du traitement réalisé rendait nul l'effet d'une erreur sur la détermination du moment angulaire total de l'état lié peuplé dans le noyau final (cf. section 4.2.1, page 101). Les données obtenues dans la réaction de transfert présentée dans les chapitres précédents permettent de fixer au mieux les ingrédients nécessaires à la détermination de la section efficace de capture. Nous avons estimé que l'ensemble des yaux finaux, peuplés durant la capture de neutrons, conduit au maximum à une erreur de 50 à 60% sur les valeurs des sections efficaces de capture. Ceci peut paraître important, si l'on ne tient pas compte du fait que les taux de réaction disponibles pour les noyaux que nous étudions sont actuellement calculés à l'aide du modèle statistique dont les critères d'application ne sont pas vérifiés dans le cas présent. Nous allons maintenant présenter les taux de capture directe de neutrons déterminés pour les 44,46,48 Ar. dessus, on s'attend à ce que la participation majoritaire à la capture directe provienne des états à basse énergie d'excitation et de moment angulaire `f =1 pour lesquels le neutron sera capturé majoritairement sous la forme d'une onde s. Les états de moment angulaire `f =3 participeront peu à la capture, et d'autant moins dans le cas du noyau 47 Ar, car leur faible énergie de liaison la défavorise. Même si une composante `f =1 est présente parmi les états liés non identifiés autour de 3.5 MeV dans le noyau 45 Ar, le fait qu'elle soit peu peuplée durant la réaction de transfert (indiquant une faible valeur de facteur spectroscopique), ainsi que sa faible énergie de liaison (' 3 Mev moins lié que le premier état de moment `f =1 dans ce noyau) permettent d'affirmer que son influence sur la section efficace de capture sera négligeable. La partie gauche de la figure 4.11 présente la décomposition de la section efficace de cap- Déterminations des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n,
γ
) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 104 implications astrophysiques ture directe de neutrons sur les différents états excités du noyau 47 Ar. Elle confirme que la participation majoritaire provient des états de moment angulaire `f =1. On y voit aussi l'effet important de l'énergie liaison de l'état sur lequel a lieu la capture. En effet, bien que le second état excité (p1/2 ) dans le noyau ait un facteur spectroscopique'1.5 fois plus important que l'état fondamental (p3/2 ), la section efficace correspondante est tout de même'3.5 fois plus faible. La partie droite de cette figure présente les contributions σ [mbarn]
σ [mbarn] Composante s 1 10 −1 10
−2 10 −4 10 −5 10 10 10 fondamental (p 3/2 ) −6 −7 1 10 −3 10 Composante p 2me excité (f 7/2 ) Somme −1 −2 10 −3 10 −4 10 −5 1er excité (p1/2) Composante d 3me + 4me excité (f 5/2 ) Somme 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 Energie [MeV] 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 Energie [MeV]
F IG. 4.11 – Gauche) : Décomposition de la section efficace totale de capture directe de neutrons sur 46 Ar pour les différents états dans le noyaux final. à la capture sur l'état fondamental du noyau 47 Ar des différentes ondes représentant le neutron incident (s (`n =0), p (`n =1) et d (`n =2)). Comme attendu, les captures de neutrons sous forme d'ondes s sont la part dominante de la section efficace. Il peut paraître étonnant que parmi les composantes minoritaires, la participation de l'onde d (` n =2) soit plus importante que celle de l'onde p (`n =1). Ceci découle des règles de sélection qui dans le cas de l'onde p interdisent que l'opérateur électromagnétique E1 soit responsable de la transition (conservation de la parité). Au contraire, dans le cas de l'onde d, c'est cet opérateur qui en est responsable, ce qui, comme lors de la dés-excitation des noyaux par émission de photons, favorise la capture (cf. note en bas de la page 100). La capture de neutrons peut avoir lieu sur les états liés, comme nous venons de le voir, mais aussi sur les états non liés. Ce point a été abordé en début de chapitre. Nous avons vu au chapitre précédent que la densité de niveaux au dessus du seuil dans les noyaux 45,47 Ar est suffisamment faible pour que nous puissions distinguer les états peuplés dans la réaction de transfert. Ceci n'était pas le cas dans le 41 Ar. Ainsi, la section efficace correspondante sera bien représentée par des Breit-Wigner, et non pas par la description qu'en fourni le modèle statistique. Dans ce cas, la capture vers les états de bas moments angulaires sera grandement favorisée. Expérimentalement, les seuls états observés au dessus du seuil dans les noyaux étudiés ont un moment angulaire au moins
4.2.2 Détermination des taux de capture directe de neutrons sur les 44,46,48 Ar 105 égal à 3 dont la participation
à la capture de neutrons est négligeable à cause du facteur de pénétration correspondant, dont l'expression est donnée par l'équation 4.16. Il n'est cependant pas exclu que des états p ayant des facteurs spectroscopiques faibles soient présents au dessus du seuil, et non observés dans l'expérience présentée. Cette hypothèse semble plus probable dans le cas du noyau 45 Ar que dans celui du noyau 47 Ar. En effet, dans le premier noyau, nous n'avons observé qu'environ 45% des forces correspondant à l'ensemble des couches p. Il est donc possible qu'un tel état soit présent au dessus du seuil et modifie l'estimation de la section efficace de capture de neutron que nous allons faire. Par contre dans le second noyau, environ 70% de l'ensemble des forces p a été observée. La présence d'un état p au dessus du seuil est alors moins probable, mais ne peut cependant pas être exclue. Quelle que soit la valeur du facteur spectroscopique des potentiels états non liés de moment angulaire `f =1 non observés dans l'expérience de transfert, la valeur de la section efficace de capture de neutrons dépendra principalement de la largeur partielle de dés-excitation par émission de photons. Ceci provient du fait que dans l'expression 4.3 d'une Breit-Wigner ΓT ot'Γn. Ainsi, le rapport (Γγ *Γn )/ΓT ot vaut approximativement Γγ. Il faut alors pouvoir estimer cette largeur partielle pour estimer l'amplitude de la section efficace correspondante. Aucune donnée expérimentale, pour les noyaux étudiés, n'est disponible à cet effet. Dans un avenir proche, on pourra utiliser le modèle en couche pour faire cette estimation, au travers du calcul de la probabilité de transition d'un état non lié. Une autre possibilité serait de déduire une valeur moyenne probable pour la largeur partielle de dés-excitation par émission de photons en s'inspirant de systématiques dans les noyaux exotiques légers proches des nombres magiques. Ce travail reste une perspective pour un avenir proche. Notons ici que nous ne considérons pas de capture sur des états finaux qui auraient un moment angulaire `f =0. De tels états sont en effet attendus à haute énergie, là où les couches s deviennent accessibles pour le neutron capturé. Le but de cette partie de la thèse est d'estimer si les noyaux parents des calciums 46 et 48 peuvent être les argons de même masse. Il est alors important de connaître non seulement les taux de capture de neutrons sur les 44,46 Ar, mais aussi sur le 48 Ar. Ces taux vont permettre de fixer dans quelle proportion ces noyaux subiront une capture de neutrons ou une décroissance β −, et donc dans quelle mesure les masses 46 et 48 vont être peuplées dans cette chaîne isotopique. Les données obtenues dans l'expérience de transfert présentée dans les chapitres précédents permettent de déduire les taux de capture directe sur les 44,46 Ar avec une relativement bonne précision. 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
T9 [K] F IG. 4.13 – Taux total de capture radiative directe de neutrons calculés pour les 44,46,48 Ar. sera vérifié si la structure du noyau 49 Ar présente des états de bas moments angulaires ayant des facteurs spectroscopiques importants favorisant la capture directe du neutron en ondes s. Nous avons vu au chapitre précédent que l'interaction sdpf [Num01] reproduisait remarquablement bien la structure des 45,47 Ar. On peut alors s'attendre à ce que celle du 49 Ar le soit aussi. Le schéma de niveaux calculé pour ce noyau est présenté sur la figure 4.12. L'état fondamental est un état p3/2 dont le facteur spectroscopique montre qu'il emporte environ la moitié de la force à lui seul (la couche p3/2 est à moitié pleine dans le 48 Ar). L'état p1/2 à 144 keV emporte la majorité de la force correspondante. Comme nous l'avons vu dans la section précédente, la capture directe aura principalement lieu sur ces deux états. Les taux de capture de neutrons calculés pour les 44,46,48 Ar sont présentés sur la figure 4.13. Les barres d'erreur sur le taux de capture du 48 Ar proviennent de l'incertitude sur le défaut de masse du 49 Ar. Dans le cas d'une capture de neutron en onde s la section efficace varie comme 1/v et le taux de réaction <σ.v> est donc indépendant de l'énergie. La diminution progressive du taux de capture avec l'exoticité est dû à la valeur de l'énergie de liaison des noyaux qui diminue. Le rapport des taux σ(44 Ar)/σ(46 Ar) vaut 5, alors que σ(46 Ar)/σ(48 Ar) vaut en moyenne 20. Contrairement à ce qui pourrait être attendu au niveau d'un nombre magique, le taux de capture de neutrons ne chute pas brutalement au niveau du noyau 46 Ar28. C'est plutôt quand on arrive à la masse 48 dans la chaîne des ar gons que l'on assiste à cette chute. Ceci est dû aux états `f =1 de grande énergie de 4.3 Synthèse des éléments autour de (Z=18, N=28) et rapport isotopique anormal 48 Ca/46 Ca 107 liaison dans 47 Ar qui favorisent fortement la capture radiative directe sur le 46 Ar. Pour finir nous allons discuter, dans la section suivante, de l'influence de ces taux de réaction sur la nucléosynthèse des éléments dans cette région de masse. 4.3 Synthèse des éléments autour de (Z=18, N=28) et rapport isotopique anormal 48 Ca/46 Ca
Durant la première partie de la thèse, j'ai écrit un programme de simulation d'un processus de nucléosynthèse faisant intervenir les réactions de décroissance bêta, de capture de neutrons et de photo-désintégration. Il permet de faire évoluer l'abondance des noyaux dans un environnement où les conditions extérieures (densité de neutrons, et température) sont pour l'instant fixes. La phase suivante est d'y inclure la dépendance en fonction du temps de ces conditions dans l'approximation adiabatique présentée dans la première section de ce chapitre. Cette phase est en cours mais, faute de temps, n'a pas pu être réalisée avant la fin de la thèse. Ainsi, nous n'avons pas encore inclu les taux de captures de neutrons déterminés ci-dessus dans une simulation de processus de nucléosynthèse susceptible de reproduire les abondances isotopiques anormales observés dans la météorite d'Allende. On peut tout de même tenter de comprendre l'impact de nos résultats sur la synthèse des 46,48 Ca en s'aidant de l'approximation du point d'attente que nous avons présentée plus haut.
4.3.1 Impact de nos résultats sur la nucléosynthèse des 46,48 Ca
Nous avons vu que les temps de décroissance β dans les chaînes isotopiques des soufres et chlores stoppent le flux des réactions de capture de neutrons avant que les masses 46 et 48 n'y soient peuplées. Nous avons alors suggéré que les isotopes d'argons pourraient être les parents des 46,48 Ca, suivant l'importance relative des réactions de capture de neutrons et de décroissances bêta au niveau du noyau 46 Ar. Si les 46,48 Ar sont les noyaux parents des 46,48 Ca, le rapport d abondance des premiers au cours du processus doit être sensiblement égal à celui observé pour les derniers. Connaissant les temps de vie β des noyaux étudiés [Gré04b, Wei03], et n'ayant pas de dépendance en température des taux de réaction de capture, on peut déduire une gamme de densité de neutrons probable pour que le rapport des nombres moyens de 46 Ar qui subissent une décroissance β au nombre moyen de 46 Ar qui subissent une capture de neutron soit identique au rapport d'abondance isotopique anormal observé pour les 46,48 Ca : [46 Ar(n,γ) ]/[46 Arβ ] = [48 Ca]/[46 Ca] = 250. Il faut alors déterminer la densité de neutrons qui est telle que le temps moyen de capture de neutrons, tn, et le temps de vie de décroissance β du noyau 46 46 Ar, T1/2Ar vérifient la relation : 46 1 − exp( −ln2tn Ar ) = 1/250, 46 T1/2Ar (4.19) où le temps moyen de capture de neutrons est donné par : tn = 1, dn < σ(n, γ)v > (4.20) Déterminations
des taux de captures de neutrons 44,46 Ar(n
,
γ) à partir des réactions 44,46 Ar(d,p) : 108 implications astrophysiques avec dn la densité de neutrons libres, et <σ.v> le taux de capture de neutrons, comme ceux reportés sur la figure 4.135.
Le fait que les taux de réaction de capture de neutrons soient indépendant de l'énergie (capture en ondes s) permet de s'affranchir de la difficulté supplémentaire qui consiste à choisir une zone de température probable pour étudier le processus de nucléosynthèse. Ceci conduit à un temps moyen de capture de neutrons d'environ 45 ms, soit une densité de neutrons d'environ 3.1021 part.cm−3. Cependant, pour que le rapport d'abondance des 46,48 Ar corresponde à celui qui est observé dans la météorite d'Allende pour les 46,48 Ca, il est de plus nécessaire que le flux des captures de neutrons soit stoppé au niveau de la masse 48 dans la chaîne des argons. Seule la réaction de photo-désintégration peut permettre de le faire. On peut alors déterminer une gamme de températures probables pour que cette condition soit vérifiée en imposant que le temps moyen de photo-désintégration du noyau 49 Ar soit inférieur au temps de capture de neutron sur le 48 Ar. Ainsi, il sera plus probable de produire le 48 Ar que de le détruire. Le temps moyen de photo-désintégration est donné par : tγ = 1 Nγ (T ) < σ(γ, n)v > (4.21) où Nγ (T ) est le nombre de photons par unité de volume à la température T. Il est exprimé par la relation [Rol88] : 8π 4 (kb T9 )3 13(hc)3 = 1.02 * 1039 T93 cm−3 Nγ (T ) = (4.22) où h est la constante de Planck, kb la constante de Boltzman, et T9 la température du milieu exprimée en 109 K. Les temps moyens de photo-désintégration dépendent très fortement de la température. tTγ 9 =1.25 Tβ1/2 Ar Ar 48 Ar 2.0 104 4.0 103 2.0 102 10 ms. 45 ms. 1 s. 1.2 1011 s. 4.2 109 s. 890s.'1 min. 6.7 s. 5.6 10−2 ms. 12.9 min. 7.8 s. 0.45 s. 44 46
Comme nous l'avons déjà souligné, ces résultats sont indicatifs, car les variations des conditions extérieures sont ici négligées. Cependant, l'ordre de grandeur de la densité de neutrons que nous obtenons, ainsi que celui de la température sont en accord avec un processus de nucléosynthèse à la limite d'un processus r, et d'un processus r faible. Pour vérifier que ces conditions permettent effectivement de reproduire le rapport d'abondance isotopique anormal observé, il faudrait maintenant intégrer les taux de réaction calculés dans une simulation complète (totalement dynamique) du processus de nucléosynthèse, et varier les conditions extérieures de façon à faire ressortir celles qui permettraient de reproduire les observations, et de vérifier si ces conditions sont compatibles avec celles que nous proposons ici. Les conditions extérieures qui sont déduites ici sont qualitativement en bon accord avec les déductions faites dans les travaux antérieurs au nôtre. En effet, comme exposé dans la première partie de ce chapitre, principalement deux scénarios sont supposés possibles pour permettre de rendre compte des anomalies isotopiques observées dans la météorite d'Allende, un à basse entropie qui consisterait en une succession de captures d'alpha et de quelques neutrons, et le second à entropie élevé qui serait un processus de captures de neutrons et de décroissances bêta successives, similaire, dans son principe, au processus r faible. Les conditions de température et de densité de neutrons que nous avons obtenues sont compatibles avec un tel type de processus.
| 25,804
|
30/tel.archives-ouvertes.fr-tel-00413677-document.txt_9
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 9,075
| 17,838
|
Annexe A Approche
Cas des arbres de la forêt supposés de résistance infinie : Si on considère qu'un obstacle est constitué de deux arbres plus proches voisins et distants de ~ r, la fonction de répartition f 0s( r,t ) de la distance entre 2 arbres d'un obstacle donné s'écrit : [ ~s f 0 ( r,t ) = 2π n s r exp − πn s r 2 ] (A.10) La probabilité dP0s( r,t ) de trouver un arbre de la forêt dans un disque de rayon autour d'un arbre centré en r = 0 correspond alors à la probabilité de trouver un obstacle dans ce même disque : [ ] dP0s( r,t ) = n s r exp − πn s r 2 dr dθ (A.11) En posant le changement de variable x = R cosθ et x = R sinθ, l'équation (A.11) peut s'exprimer en coordonnées cartésiennes dans le repère formé par les directions coin (abscisses) et vis (ordonnées) : [ ] d
P
0
s
(
r
,
t
)
= n s exp − πn s (x 2 + y 2 ) dx dy
(A.12) La probabilité de trouver un obstacle dont les 2 arbres de la forêt soient séparés par une distance ls dans la direction vis vaut par conséquent : +∞
[ ] [ ~s f 0 ( l s,t ) = 2 ∫ n s exp − πn s (x 2 + l s2 ) dx = n s exp − πn s l s ] (A.13) −
∞ La contrainte critique de franchissement de l'obstacle ne dépend que de ls d'après l'équation (I.88), ce qui amène tout naturellement à considérer le changement de variable suivant : τ = τ sp + 2U edge bl s (A.14) L'équation (I.A.4) peut donc s'exprimer comme étant fonction de la variable aléatoire τ : ⎛ π
n
s
2
πn s U edge ⎞
4
n s U edge ~α ⎜− ⎟ f 0 ( τ,t ) = exp s 2 2 s ⎜ b(τ − τ p ) b b(τ − τ p ) ⎟ ⎝ ⎠
(
A
.15) La probabilité qu'un obstacle ait une cission critique de franchissement supérieure à τ est donc égale à :
⎛
2 πn s U edge
⎞ ~s ⎟ P0 ( τ,t
)
= 1 −
erf
⎜ ⎜ b(τ − τ
s ) ⎟
p
⎝ ⎠ (A.16)
-
b) Prise en compte de la résistance des arbres de la forêt : Les équations (A.15) et (A.16) ne sont valables que si l'on considère que τ peut prendre une valeur quelconque. En réalité il ne peut y avoir franchissement d'un obstacle qu'au dessus ~ d'un seuil minimal. Plus précisément, le calcul de f 0α( τ,t ) suppose qu'il ne peut y avoir désancrage des jonctions avec les arbres de la forêt. Supposons maintenant que la dislocation peut se libérer d'un de ses points d'ancrage lorsque la cission appliquée dépasse une valeur critique τsu, (u) désignant le système auquel appartient la dislocation forêt considérée. Bien entendu, toutes les dislocations de type forêt n'interagissent pas de la même manière avec les ~ ~ dislocations du système (s). Soit f s( τ,t ) l'expression de f 0α( τ,t ) dans le cas où les jonctions avec les arbres de la forêt peuvent se défaire : ~s
~
f (
τ
,
t
) =
∑ p su( t )f s (τ/τ su,t ) (A.17) s ≠u
La probabilité psu(t) que le point d'ancrage 'le plus faible' de l'obstacle soit une dislocation du système (u) est égale à : n su
⎛ n su n su ⎞ ⎜ p (t ) = s +2 ∑ s ⎟ ⎟ n ⎜⎝ n s τ su > τ su n ⎠ su
(
A.
18) Avec : nsu :densité d'obstacles sur le système (s) constitués par des dislocations du système (u) ns : densité totale d'obstacles sur le système (s). ns vérifie la relation : n s = ∑ n su u Supposons que l'un des deux points d'ancrage ne peut supporter une cission supérieure à τsu. Dans ce cas, si on fait appel à la notion de probabilités conditionnelles, la probabilité que l'obstacle cède pour une cission critique τ s'exprime : ~s f 0 ( τ / τ su,t ) ~s su (1 − H( τ − τ su )) f ( τ / τ,t ) = ~ s su P0 ( τ,t ) (A.19) H(τ - τsu ) désigne la fonction Heaviside ( égale à 1 si τ > τsu et à 0 sinon). L'équation (A.19) traduit simplement le fait que la variable aléatoire τ ne peut être inférieure à une valeur critique τsu. Les équations (A.17) et (A.19) conduisent à l'expression suivante ~ pour f s( τ,t ) :
~ p su( t )f 0s (τ/τ su,t ) ~s ( f ( τ,t ) = ∑ 1 − H (τ − τ su )) s su P0 (τ,t ) s ≠u (A.
20) Et la probabilité de rencontrer un obstacle de résistance inférieure ou égale à τ s'écrit :
- 247 - : probabil de l'écrou _______ ________________________________________________________________ ________________________________
(
)
P τ,t
=
∑ s 0 s ≠u ( ) ( ) ⎡ 1 − H τ − τ su + H τ − τ su p (t ) ⎢ s su ⎢ P0 τ,t ⎣ su ( ⎤ ⎥ ⎥ ⎦
) (
A
.21) Enfin, la densité d'obstacles sur le système (s) est reliée à toutes les densités de dislocations sur les systèmes latents par une matrice d'interaction asu dont les coefficients sont calculés à partir de considérations géométriques : n su = a su ρ u a su = a0 avec 2 1 − ( m s mu ) π (A.22) ms et mu définissent respectivement les normales unitaires aux plans de glissement (s) et (u). Quant au terme τsu, il est calculé à partir des énergies de formation de jonctions entre les dislocations appartenant aux différents systèmes : [ su E su jog = bU screw 1 − r cosθ ] si les systèmes (s) et (u) sont colinéaires [ E sujog = bU screw 2r − cosθ su − r cosθ su ] sinon (A.23) (A.24) r correspond au rapport Uedge / Uscrew et θ su à l 'angle entre les vecteurs de Burgers bs et bu : ces énergies permettent de déduire τsu en considérant que le désancrage est un phénomène activé thermiquement : τ su
τ0su ⎡ γ& s ⎛ E sujog ⎞⎤ k BT ⎟ = su arcsinh ⎢ s exp ⎜ ⎜ k T ⎟⎥ E jog B ⎢⎣ γ&0 ⎝ ⎠⎥⎦ avec τ 0su = E sujog b l s L junct et γ&0s = 2ρ s b l s ν D (A.25)
Fig. A.3 : Illustration du phénomène de 'franchissement' d'une jonction c) Prise en compte de l'effet de la contrainte appliquée En réalité la fonction fs(τ,t) dépend de la contrainte appliquée sur le système (s), notée τs(t). En effet, la probabilité de trouver un obstacle ayant une cission critique inférieure à τs(t) est l u nulle car tous ces obstacles ont déjà été franchis avant l'instant t. La relation liant fs(τ,t) à ~s f ( τ,t ) est de la même forme que l'équation (A.19) : ~s f ( τ,t ) (1 − H( τ − τ s ( t ))) f ( τ,t ) = ~s s 1 − P ( τ ( t ),t ) s (A.26) Cette dernière équation permet de connaître l'évolution de la matrice d'écrouissage donnée par l'équation (I.96) du chapitre I, ce qui permet de disposer de toutes les informations nécessaires afin d'intégrer les lois du modèle : s s 1 (1 − P ( τ ( t ),t )) h (t ) = s γc ( t ) f s( τ s ( t ),t ) s (A.27) A.1.c
Loi d'écrouissage : évolution de la cission τs au cours de la déformation
Connaissant la fonction de répartition fs(τ,t) de la résistance τ des obstacles au glissement, les auteurs ont proposé l'écriture d'une loi d'écrouissage en utilisant la relation d'Orowan : dγ s ( t ) dt = ρms ( t )b v ms (t) (A.28) Dans laquelle ρms ( t ) désigne la densité de dislocations mobiles sur le système (s) et v ms (t) la vitesse de ces mêmes dislocations. La distance moyenne parcourue par des dislocations mobiles avant de s'ancrer à nouveau sur un obstacle vaut s ( t )l s ( t ), d'où : N s( t )l s ( t ) v (t ) = s m dt (A.29) Où N s ( t ) correspond au nombre d'obstacles moyen que la dislocation franchit entre 2 phases d'arrêt, et l ( t ) la distance inter obstacles. Les auteurs postulent une fonction de répartition des obstacles sur le système (s), de sorte que l s ( t ) vaut : l s (t ) = 1 2 n s(t) (A.30) De même, ils montrent par des considérations probabilistes que le nombre d'obstacles N ( t ) rencontrés par la dislocation avant immobilisation sur des arbres de la forêt dont la résistance est supérieure à τs(t + dt) vaut : N s( t ) = 1 ~s s 1 − P ( τ ( t ),t ) (A.31) - D'autre part, il est possible d'exprimer ρms ( t ) à partir de la fonction densité de probabilité fs(τs(t),t), qui correspond par définition à la fraction de lignes de dislocations bloquées à l'instant t sur des obstacles de résistance τs(t). Par conséquent, une fraction dfs(τs(t),t) de lignes de dislocations va pouvoir se libérer de ces obstacles entre t et t + dt. En multipliant cette fraction par la densité de dislocations totale ρs(t), on obtient la densité de dislocations mobiles ρms ( t ) :
ρms ( t ) = ρ s ( t ) d f s( τ s( t ), t ) = ρ s ( t ) f s( τ s( t ), t )τ& s( t )dt (A.32)
En y introduisant les équations (I.90) et (I.93), la relation d'Orowan devient : dγ s ( t ) dt = ρ s ( t ) b f s τ s ( t ), t )τ& s ( t ) N ( t )l ( t ) (A.33) En s'aidant des relations (I.91) et (I.92), l'équation (I.93) peut donc être réécrite sous la forme τ& s ( t ) = h s( t ) γ& s( t ) avec : s s 1 (1 − P ( τ ( t ),t )) h (t ) = s γc ( t ) f s( τ s ( t ),t ) s (A.34) et γ cs( t ) défini par: γ cs( t ) = b ρ s(t) 2 n s(t) (A.35) Cette loi relie l'incrément de cission critique nécessaire pour activer le système (s) à l'écoulement sur ce même système. Les termes d'écrouissage latent sont donc nuls. A.2 Similitudes entre l'approche probabiliste de Stainier et le modèle de Rauch
L'objectif de ce sous-chapitre est de montrer qu'à partir de l'équation (A.9) du modèle de Stainier, on peut retrouver la loi d'écrouissage proposée dans le modèle de Rauch [RAU93], alors que les deux modèles font appel à des considérations différentes. L'équation (A.9) est rappelée ci-dessous : screw τ s ≥ τ = τ eff + 2U edge bl s (A.43) Cette équation exprime la cission appliquée comme étant la somme de la contrainte de Peierls et de la tension de ligne. En explicitant le terme de tension de ligne, on démontre que l'on retrouve l'expression de la loi d'écrouissage du modèle de Rauch, bien que les hypothèses formulées sur la configuration de la dislocation épinglée sur l'obstacle ne soit pas les mêmes. La cission critique τ, qui peut être vue comme la contrainte d'écoulement plastique à l'échelle d'un obstacle, ne dépend de l'écrouissage qu'à travers la longueur ls de dislocation vis séparant les deux points d'ancrage de l'obstacle : or cette distance correspond à L0 dans le modèle de Rauch, même si celui-ci considère non pas une partie vis et une partie coin, mais une partie vis et une partie mixte qui se courbe autour des points d'ancrage. Louchet et al. ont établi que l'aire balayée ls xc lors de l'avancée du segment vis par rapport à l'obstacle était reliée à la densité d'obstacles [LOU78], donc à ρF ≈ ρ par la relation : l s xc = 1 ρF (A.44) xc correspond à la distance critique d'avancée pour laquelle il y a franchissement de l'obstacle. - 253 - Annexe A : Approche probabiliste de l'écrouissage _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ - 254 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Annexe B Essais mécaniques de traction simple, de sauts de vitesse et de sauts de température - 255 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ TABLE DES MATIERES
B. Essais mécaniques de traction simple, de sauts de vitesse et de sauts de température B.1 Esais de traction simple 257
B.1.a
Montage
257 B.1.b Courbes de traction simple à T=0°C, 25°C et 100°C 258 B.1.c
Valeurs de Rp
0,2
, Rm, Ag, At 259 B.1.d Identification de relations Rp0,2 = f(T) et Rm = f(T) 260 B.1.e Courbes conventionnelles à T = 25°C, -90°C, -150°C et -196°C 261 B.1.f B.
2
Etu
de
frac
tographique
263
Essais de sauts de vitesse et sauts de température 266 B.2.a Essais de sauts de vitesse 266 B.2.b Essais de sauts de température
268 - 256 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ B.1 Esais de traction simple B.1.a Montage Fig. B
.1 : Schéma du montage de traction simple : vue d'
ensemble Fig
. B.2 : Montage de
l'extensomètre sur
l
'éprouvette _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ - 257 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
B.1.b Courbes de traction simple à T=0°C, 25°C et 100°C 800 600 F/S0
MPa) T = 0 °C T = 25 °C 400 T = 100 °C 200 ε& = 5 10 −4 s −1 0 0 0,05 0,1 0,15 ε = (L-L0)/L0 0,2 0,25 0,3
Fig. B.3 : Courbes de traction conventionnelles à 0°C, 25°C et 100°C (bainite) 1000 F/S0 (MPa) 800 T = 0 °C 600 T = 25 °C 400 T = 100 °C 200 ε& = 5 10 −4 s −1 0 0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 ε = (L-L0)/L0 Fig. B.4 : Courbes de traction conventionnelles à 0°C, 25°C et 100°C (bainite) - 258 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
B.1.c Valeurs de Rp0,2, Rm, Ag, At n° eprouvette Tvisée (°C) Tmoy (°C) 262--R16 262--R17 262--R11 262--R12 262--R13 262--R05 262--R06 262--R09 262--R10 262--R01 262--R02 262--R07 262--R08 -196 -196 -150 -150 -150 -90 -90 0 0 20 20 100 100 -189,7 -189,6 -150,4 -150,4 -150,5 -89,9 -89,8 0,4 0,4 20,6 20,8 100,7 100,7 Rp0.2 (MPa) Rp0.2 (MPa) traverse extensomètre 977 978 723 760 730 590 591 508 509 501 499 468 471 Rm (MPa) Ag (%) At (%) φ0 mesuré (mm) 1036 1019 855 894 862 757 753 658 658 645 643 600 603 8,8 6,06 11,5 10,3 11,5 12,3 12,5 9,7 9,5 9,3 9,5 8 8,2 8,8 6,06 22,8 23 22,7 25,2 27,3 25 22,1 21,8 22,7 19,4 19,6 3,021 3,02 3,017 3,011 3,009 3,015 3,012 3,02 3,015 3,02 3,019 3,016 3,013 973 976 721 756 729 591 591 506 507 500 498 468 469 Tableau B.1 : Récapitulatif des essais de traction simple (bainite) n° eprouvette Tvisée (°C) Tmoy (°C) 262--M35 262--M36 262--M31 262--M32 262--M24 262--M23 262--M29 262--M30 262--M21 262--M22 262--M27 262--M28 -196 -196 -150 -150 -90 -90 0 0 20 20 100 100 -189,8 -189,5 -150, -151,2 -90,5 -89,5 0,4 0,4 21,3 22,4 100,7 100,8 Rp0.2 (MPa) Rp0.2 (MPa) traverse extensomètre 1129 1125 892 893 782 775 693 689 690 687 661 653 Rm (MPa) Ag (%) At (%) φ0 mesuré (mm) 1172 1166 1002 1003 916 911 811 806 801 796 764 759 12,9 12,5 12,3 11,2 10,3 10,7 8,2 8,2 7,3 7 6,4 6,2 24,2 22,8 23,2 22,6 22,3 24,9 20,7 22,2 18,2 18,2 17,3 16,2 3,02 3,021 3,018 3,015 3,02 3,019 3,02 3,02 3,015 3,015 3,019 3,02 1128 1125 892 881 781 775 692 686 689 685 659 654
Tableau B.2 : Récapitulatif des essais de traction simple (mar
tensite) Allongement réparti Ag (%) 14 12 10 8 6 Bainite 4 Martensite 2 0 -250 -200 -150 -100 -50 0 50 100 T (°C)
Fig. Fig. B.8 : Identification de Rm0 et E2 sur l'évolution des valeurs expérimentales de Rm Rm0 = 546 MPa, E2 = 7,19 10-22 J (bainite) / Rm0 = 700 MPa, E2 = 5,70 10-22 J (martensite) B.1.e Courbes conventionnelles à T = 25°C, -90°C, -150°C et -196°C 1400 1200 T = -196°C T = -150°C F/S (MPa) 1000 T = -90°C 800 T = 25°C 600 400 200 0 0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,2 ε = ln(L/L0) Fig. B.9 : Courbes de traction rationnelles à T = 25°C, -90°C, -150°C et -196°C (bainite)
_______________________________________________________________________________________________________________________ ________________ - 261 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 1400 T = -196°C 1200 F/
S
(MPa
) 1000 T = 25°C 800 600 400 200 0 0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,2 ε = ln
(
L/L
0)
Fig. B.10 : Courbes de traction rationnelles à T = 25°C, -90°C, -150°C et -196°C (martensite)
- 262 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ B.1.f Etude fractographique
Une macrographie a été réalisée afin de localiser le site d'amorçage de la rupture brutale par clivage dans l'éprouvette bainitique R16 (figure B.11). L'ensemble du faciès a ensuite été balayé avec un grandissement plus élevé. Les rivières de clivage semblent converger vers un point situé au bord de l'éprouvette (figure B.12). Une lég entaille à la surface de l'éprouvette (traces laissées par les pattes de l'extensomètre) semble être à l'origine de concentrations de contraintes qui ont permis l'amorçage de la rupture. Fig. B.11 : Macrographie de l'éprouvette bainitique rompue à -196°C Fig. B.12 : Localisation de l'amorçage de la rupture par clivage
_______ - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts température _______
Fig. B.13 : Bainite -196°C / réamorçage local sur une particule de MnS Fig. B.14 : Martensite -196°C / mise en évidence de la microstructure
- 264 - Annexe B :
Essa
is de traction, sa
uts
de vitesse et
sa
uts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Fig. B.15 : Martensite -196°C / mise en évidence de zones rompues par clivage Fig. B.16 : Martensite -196°C / présence de faciès de décohésion intergranulaire
Les figures B.15 et B.16 montrent la présence à la fois de cupules traduisant une rupture ductile et de facettes caractéristiques d'une rupture par clivage, ce qui n'est pas observé sur le matériau bainitique à -196°C. La figure B.17 montre la présence assez localisée de faciès de décohésion intergranulaire qui sont reconnaissables à l'aspect irrégulier de la surface, à l'absence de rivières ainsi qu'à la présence de carbures laissant un relief à la surface
- 265
-
Annexe B
:
Essa
is
de traction
,
sauts
de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ B.2 Essais de sauts de vitesse et sauts de température B.2.a
Essa
is de sa
uts de vitesse Valeurs de Δσ a) valeur de déformation ε = u/L0 T (K) 2,5 % 5% 7,5 % 10 % 12,5 % 15 % 17,5 % 20 % 293 9 9 11 11 11 9 14 12 18 19 16 17 17 15 16 183 18 19 19 20 17 17 18 18 123 31 26 27 28 20 % Tableau B.3 : Amplitude des sauts Δσ (bainite) valeur de déformation ε = u/L0 T (°C) 2,5 % 5% 7,5 % 10 % 12,5 % 15 % 17,5 % 25 10 9 12 11 11 11 11 -90 20 18 22 -150 31 23 31 18 28 23 23 22 Tableau B.4 : Amplitude des sauts Δσ (bainite) 35 E E E E E E E E Δσ (MPa) 30 25 20 2,5 % 5% 7,5 % 10% 12,5 % 15 % 17,5 % 20 % 15 10 5 -180 -150 -120 -90 -60 -30 0 30 T (°C) Fig. B.17 : Evolution de Δσ en fonction de T pour différentes valeurs de ε (bainite) - 266 - Annexe B : Essais de traction, sauts de vitesse et sauts de température _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
35 E E E E E E E E Δσ (MPa) 30 25 20 2,5 % 5% 7,5 % 10% 12,5 % 15 % 17,5 % 20 % 15 10 5 -180 -150 -120 -90 -60 -30 0 30 T (°C)
Fig. B.18 : Evolution de Δσ en fonction de T pour différentes valeurs de ε (martensite) 70 60 V* (b^3) 50 40 E = 2,5%
E = 5% 30 E = 7,5% E = 10% 20 E = 12,5% E = 15% 10 E = 17,5% E = 20% 0 -180 -130 -80 -30 20 T (°C)
Fig. B.19 : Evolution du volume d'activation V* en fonction de T pour différentes valeurs de ε (bainite) - 267 -
Annexe
B : Essais de traction, sauts
de
vitesse et sauts
de tempé
rature
_______________________________________________________________________________________________________________________
________________________________ 80 70
V*
(b^3) 60 50 E = 2,5% 40 E = 5% E = 7,5% 30 E = 10% E = 12,5% 20 E = 15% E = 17,5% 10 E = 20% 0 -180 -130 -80 -30 20 T (°C)
Fig. B.20 : Evolution du volume d'activation V* en fonction de T pour différentes valeurs de ε (martensite) B.2.b Essais de sauts de température valeur de déformation ε = u/L0 T (°C) 2,5
% 5% 7,5 % 10 % 0 / 37 1,38 0,80 1,03 0,83 -196 / -150 0,44 0,42 0,41 0,38 Tableau B.5 : Valeurs de ΔG calculées à partir des sauts de vitesse et de température (bainite) valeur de déformation ε = u/L0 T (°C) 2,5 % 5% 7,5 % 10 % 0 / 37 1,39 0,97 1,08 -196 / -150 0,42 0,45 0,34 0,55 Tableau B.6 : Valeurs de ΔG calculées à partir des sauts de vitesse et de température (martensite) - 268 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Annexe
C
Essais de ténacité et analyse fractographique des éprouvettes CT - 269 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
TABLE DES MATIÈRES C. Essais de ténacité et analyse fractographique des éprouvettes CT
C.1 Résultats des essais de ténacité 271 C.1.a Schéma du montage 271 C.1.b Mesures de a0 272 C.1.c Courbes force / ouverture F =f(δ) 274 C.1.d Calcul de KJC 278 C.2 Etude fractographique 279 C.2.a Bainite / T = -60°C 279 C.2.b Bainite / T = -90°C 280 C.2.c Bainite / T = -120°C 281 C.2.d Martensite / T = - 90°C 283 C.2.e Martensite / T = -120°C 284 C.2.f Martensite / T = -142°C 285 - 270 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______ ________________________________ C.1 Résultats des essais de ténacité C.1.a Schéma du montage Enceinte isotherme Éprouvette Extensomètre Fig. C.1 : Vue d'ensemble du montage des essais de ténacité amarrages Éprouvette Extensomètre Fig. C.2 : Montage de l'éprouvette et de l'extensomètre C.1.b Mesures de a0
N° epr a1 a2 a3 a4 a5 a6 a7 a8 a9 a0 critère 1 : 0,45 < a0/W < 0,70 critère 2 : max(ai) -1,1*a0 < 0 critère 3 : min(ai)-0,9*a0 > 0 critère 4 : min(ai) - (1,3+ae) > 0 N20-B 13,86 14,14 14,17 14,13 14,15 13,99 13,85 13,68 13,30 13,96 0,56 -1,19 0,73 2,05 N20-H 13,26 13,69 13,85 14,01 14,12 14,13 14,18 14,14 13,84 13,96 0,56 -1,17 0,70 2,01 N21-B 13,73 14,00 14,09 14,13 14,07 13,99 13,97 13,76 13,34 13,94 0,56 -1,21 0,79 2,09 N21-H 13,32 13,74 13,98 14,00 14,07 14,12 14,10 14,00 13,72 13,94 0,56 -1,22 0,77 2,07 N22-B 14,15 14,32 14,32 14,23 14,11 13,96 13,73 13,49 13,06 13,97 0,56 -1,05 0,49 1,81 N22-H 13,05 13,47 13,72 13,93 14,13 14,23 14,31 14,31 14,15 13,96 0,56 -1,05 0,48 1,80 N23-B 13,77 14,01 14,12 14,13 14,11 13,98 13,87 13,67 13,36 13,93 0,56 -1,19 0,82 2,11 N23-H 13,78 14,01 14,12 14,13 14,09 13,97 13,86 13,65 13,34 13,93 0,56 -1,19 0,81 2,09 N24-B 13,89 14,12 14,16 14,20 14,17 14,00 13,81 13,59 13,19 13,95 0,56 -1,15 0,64 1,94 N24-H 13,21 13,54 13,81 13,99 14,13 14,18 14,17 14,10 13,89 13,93 0,56 -1,14 0,67 1,96 N25-B 13,89 14,17 24 14,24 14,13 14,05 13,84 13,58 13,17 13,97 0,56 -1,13 0,59 1,92 N25-H 13,11 13,55 13,79 14,02 14,12 14,22 14,21 14,17 13,85 13,95 0,56 -1,12 0,56 1,86 N26-B 13,69 13,99 14,09 14,10 14,06 14,01 13,91 13,68 13,36 13,92 0,56 -1,22 0,83 2,11 N26-H 13,35 13,66 13,88 13,99 14,05 14,10 14,08 14,00 13,67 13,91 0,56 -1,20 0,83 2,10 N27-B 13,84 14,14 14,18 14,14 14,10 13,96 13,75 13,53 13,14 13,91 0,56 -1,12 0,62 1,89 N27-H 13,15 13,53 13,75 13,97 14,11 14,16 14,19 14,16 13,86 13,92 0,56 -1,12 0,62 1,90 N28-B 13,76 14,04 14,10 14,05 14,04 13,99 13,85 13,65 13,27 13,91 0,56 -1,19 0,76 2,02 N28-H 13,26 13,63 13,85 13,97 14,05 14,06 14,11 14,02 13,78 13,90 0,56 -1,18 0,75 2,01 N29-B 14,04 14,33 14,28 14,18 14,07 13,95 13,75 13,49 13,07 13,95 0,56 -1,02 0,51 1,82 N29-H 13,05 13,49 13,74 13,96 14,08 14,18 14,26 14,32 14,00 13,94 0,56 -1,02 0,50 1,80 N° epr a1 a2 a3 a4 a5 a6 a7 a8 a9 a0 critère 1 : 0,45 < a0/W < 0,70 critère 2 : max(ai) -1,1*a0 < 0 critère 3 : min(ai)-0,9*a0 > 0 critère 4 : min(ai) - ae > 1,3 validité N30-B 13,90 14,22 14,25 14,19 14,10 13,97 13,80 13,57 13,19 13,95 0,56 -1,10 0,63 1,94 oui N30-H 13,11 13,51 13,83 13,97 14,10 14,20 14,23 14,21 13,93 13,95 0,56 -1,11 0,56 1,86 a0 = 13,95 N31-B 13,08 13,51 13,81 13,93 14,06 17 14,08 13,75 13,89 0,56 -1,11 0,57 1,83 oui N31-H 13,72 14,05 14,13 14,14 14,05 13,96 13,78 13,52 13,10 13,88 0,56 -1,13 0,61 1,85 a0 = 13,98 N32-B 13,25 13,60 13,80 13,98 14,08 14,18 14,20 14,12 13,92 13,94 0,56 -1,14 0,71 2,00 oui N32-H 13,86 14,09 14,11 14,14 14,10 14,01 13,78 13,58 13,24 13,92 0,56 -1,18 0,71 1,99 a0 = 13,93 N33-B 13,72 14,08 14,13 14,10 14,06 14,02 13,90 13,71 13,44 13,95 0,56 -1,22 0,88 2,19 oui N33-H 13,37 13,73 13,88 14,00 14,07 14,12 14,12 14,06 13,78 13,94 0,56 -1,22 0,82 2,12 a0 = 13,94
Fig. C.3 : Mesure de a0 par la méthode des 9 points (bainite) _______
N° epr a1 a2 a3 a4 a5 a6 a7 a8 a9 a0 critère 1 : 0,45 < a0/W < 0,70 critère 2 : max(ai) -1,1*a0 < 0 critère 3 : min(ai)-0,9*a0 > 0 critère 4 : min(ai) - (1,3+ae) > 0 validité M50-B 13,86 14,14 14,17 14,13 14,15 13,99 13,85 13,68 13,30 13,96 0,56 -1,19 0,73 2,05 oui M50-H 13,26 13,69 13,85 14,01 14,12 14,13 14,18 14,14 13,84 13,96 0,56 -1,17 0,70 2,01 a0 = 13,96 M51-B 13,73 14,00 14,09 14,13 14,07 13,99 13,97 13,76 13,34 13,94 0,56 -1,21 0,79 2,09 oui M51-H 13,32 13,74 13,98 14,00 14,07 14,12 14,10 14,00 13,72 13,94 0,56 -1,22 0,77 2,07 a0 = 13,94 M52-B 14,15 14,32 14,32 14,23 14,11 13,96 13,73 13,49 13,06 13,97 0,56 -1,05 0,49 1,81 oui M52-H 13,05 13,47 13,72 13,93 14,13 14,23 14,31 14,31 14,15 13,96 0,56 -1,05 0,48 1,80 a0 = 13,96 M53-B 13,77 14,01 14,12 14,13 14,11 13,98 13,87 13,67 13,36 13,93 0,56 -1,19 0,82 2,11 oui M53-H 13,78 14,01 14,12 14,13 14,09 13,97 13,86 13,65 13,34 13,93 0,56 -1,19 0,81 2,09 a0 = 13,93 M54-B 13,89 14,12 14,16 14,20 14,17 14,00 13,81 13,59 13,19 13,95 0,56 -1,15 0,64 1,94 oui M54-H 13,21 13,54 81 13,99 14,13 14,18 14,17 14,10 13,89 13,93 0,56 -1,14 0,67 1,96 a0 = 13,94 M55-B 13,89 14,17 14,24 14,24 14,13 14,05 13,84 13,58 13,17 13,97 0,56 -1,13 0,59 1,92 oui M55-H 13,11 13,55 13,79 14,02 14,12 14,22 14,21 14,17 13,85 13,95 0,56 -1,12 0,56 1,86 a0 = 13,96 M56-B 13,69 13,99 14,09 14,10 14,06 14,01 13,91 13,68 13,36 13,92 0,56 -1,22 0,83 2,11 oui M56-H 13,35 13,66 13,88 13,99 14,05 14,10 14,08 14,00 13,67 13,91 0,56 -1,20 0,83 2,10 a0 = 13,91 M57-B 13,84 14,14 14,18 14,14 14,10 13,96 13,75 13,53 13,14 13,91 0,56 -1,12 0,62 1,89 oui M57-H 13,15 13,53 13,75 13,97 14,11 14,16 14,19 14,16 13,86 13,92 0,56 -1,12 0,62 1,90 a0 = 13,91 M58-B 13,76 14,04 14,10 14,05 14,04 13,99 13,85 13,65 13,27 13,91 0,56 -1,19 0,76 2,02 oui M58-H 13,26 13,63 13,85 13,97 14,05 14,06 14,11 14,02 13,78 13,90 0,56 -1,18 0,75 2,01 a0 = 13,90 M59-B 14,04 14,33 14,28 14,18 14,07 13,95 13,75 13,49 13,07 13,95 0,56 -1,02 0,51 1,82 oui M59-H 13,05 13,49 13,74 13,96 14,08 14,18 14,26 14,32 14,00 13,94 0,56 -1,02 0,50 1,80 a0 = 13,94 N° epr a1 a2 a3 a4 a5 a6 a7 a8 a9 a0 critère 1 : 0,45 < a0/W < 0,70 critère 2 : max(ai) -1,1*a0 < 0 critère 3 : min(ai)-0,9*a0 > 0 critère 4 : min(ai) - ae > 1,3 validité M60-B 14,10 14,21 14,20 14,19 14,04 13,89 13,66 13,25 13,98 0,56 -1,17 0,67 2,00 oui M60-H 13,20 13,62 13,88 13,99 14,16 14,24 14,22 14,12 13,86 13,97 0,56 -1,13 0,63 1,95 a0 = 13,97 M61-B 13,83 14,13 14,17 14,14 14,04 13,95 13,81 13,58 13,20 13,92 0,56 -1,14 0,67 1,95 oui M61-H 13,13 13,54 13,80 13,93 14,03 14,15 14,16 14,15 13,83 13,90 0,56 -1,14 0,61 1,88 a0 = 13,91 M62-B 13,72 14,00 14,03 14,06 14,03 13,95 13,81 13,64 13,23 13,87 0,55 -1,20 0,74 1,98 oui M62-H 13,23 13,62 13,83 13,97 14,04 14,09 14,06 14,01 13,75 13,89 0,56 -1,18 0,73 1,98 a0 = 13,88 M63-B 13,93 14,17 14,22 14,16 14,06 13,89 13,68 13,38 12,91 13,87 0,55 -1,04 0,42 1,66 oui M63-H 12,92 13,38 13,66 13,89 14,06 14,17 14,22 14,20 13,92 13,88 0,56 -1,04 0,44 1,67 a0 = 13,87
Fig. C.4 : Mesure de a0 par la méthode des 9 points (martensite) - 273 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ C.1.c Courbes force / ouverture F =f(δ) 25 20 F (N) 15 N26 N32 N22 N23 N29 M58 M52 M62 M54 10 5 N27 N20 N31 N24 M56 M50 M60 M63 M55 N28 N21 N33 N25 M57 M51 M61 M53 M59 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 δ (mm)
Fig. C.5 : Récapitulatif des courbes F = f(δ) pour l'ensemble des éprouvettes : (bainite en traits pleins et martensite en traits pointillés) a) Bainite 20 16 N20 N21 N22 N31 N33 F (N) 12 8 4 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 δ (mm) Fig. C.6 : Courbes F / δ à T = -60°C (bainite)
_______
________________________________________________________________________________________________________________________________________________ - 274 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique
_______
________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 20 16
N
26 N 27 N 28 N 32
F
(
kN)
12 8
4 0 0
0,2 0,4 0,6 0,8 1
δ (mm
)
Fig. C.7 : Courbes F / δ à T = -90°C (bainite) 20 16 N 26 N 27 N 28 N 32 F (kN) 12 8 4 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 δ (mm) Fig. C.8 : Courbes F / δ à T = -120°C (bainite) - 275 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique
_______________________________________________________________________________________________________________________________________
________________
b) Marten
site
25
F
(kN) 20 M
53
M54 M55 M59 15 10 5 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
δ (mm) Fig. C.9 : Courbes F / δ à T = -90°C (martensite) 25
20
60 M 61 M 62 M 63 F (kN) 15 10 5 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 δ (mm)
Fig. C.10 : Courbes F / δ à T = -105°C (martensite) - 276 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 25 20 15 F (kN) M50
M
51 M52 10
5
0 0
0,2 0,4 0,6 0,8
1 δ (mm) Fig. C.11 : Courbes F / δ à T = -120°C (martensite) 20 16
12
F (kN) M
56 M 57 M 58 8 4 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 δ (mm)
Fig. Fig. C.13 : Amorçage de lu clivage sur un amas de MnS de taille
≈ 10
μm
- Eprouvette N25 (KJC = 191 MPa m1/2) : - L'étude fractographique ne fait pas apparaître un site d'amorçage unique du clivage. - Il existe un grand nombre de sites d'amorçage local du clivage, se caractérisant par la convergence des rivières de clivage vers de multiples points situés en avant du front de fissure (cf. figure C.14). - On observe également un site d'amorçage local sur un amas de MnS qui ne semble cependant pas être la cause de la rupture de l'éprouvette. - Anne
C
:
Fig. C.14 : Macrographie de l'éprouvette N25 C.2.b Bainite / T = -90°C - Eprouvette N22 (KJC = 63 MPa m1/2) : - Le site d'amorçage du clivage est identifié mais ne fait pas apparaître de particule de type MnS. Les rivières de clivage convergent vers une facette de clivage (figure C.15). - Il n'est pas possible de mettre en évidence formellement l'amorçage du clivage sur un carbure. Fig. C.15 : Site d'amorçage du clivage dans l'éprouvette N22 - 280 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
- Eprouvette N
30 (KJC
= 117 MPa m1/2)
:
- Le site
d'
amorçage du clivage est identifié mais ne présente aucune particule de type MnS. Les rivières de clivage convergent vers une facette de clivage (figure C.16). -
Comme
pour
l'éprouvette N22, il
n'est pas possible de mettre en
évidence formellement
l'amorçage
clivage à partir d'un carbure. Fig. C.16 : Site d'amorçage du clivage dans l'éprouvette N30
C.2.c Bainite / T = -120°C - Eprouvette N27 (KJC = 100 MPa m1/2) : - On ne met pas en évidence un site unique d'amorçage du clivage. - Localement, on observe des sites d'amorçage du clivage sans particules (cf. figure C.18). - La figure C.17 montre une particule de MnS rompue de taille ≈ 10 μm, à l'origine de l'amorçage local du clivage. - De grandes fissures de clivages traversent l'éprouvette, mais sans converger vers un site unique (figure C.19). - 281 -
Annexe C : essais de ténacité et analyse frac
Fig. C.17 : Site d'amorçage local du clivage sur un MnS dans l'éprouvette N27 Fig. C.18 : Site d'amorçage local du clivage sans présence de MnS dans l'éprouvette N27 Fig. C.19 : fissures de clivage et facettes caractéristiques orientées à 90° _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
- 282 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________
C.2.d Martensite / T = - 90°C - Eprouvette M54 (KJC = 224 MPa m1/2) : - On identifie un site principal d'amorçage du clivage, qui présente de nombreux faciès de décohésion intergranulaire (surface irrégulière) : il n'est pas possible de déterminer si ces faciès constituent la cause ou une conséquence de la rupture par clivage. - Des zones de déchirure ductile sont observées en avant de la fissure de clivage (présence de cupules). - On observe la présence de quelques MnS la zone de déchirure ductile, mais sur la surface rompue par clivage.
Fig. C.20 : Site d'amorçage du clivage dans l'éprouvette M54 - Eprouvette M59 (KJC = 130 MPa m1/2) : - Il n'est pas possible d'identifier précisément un site principal d'amorçage du clivage. - La figure C.21 montre la présence de plusieurs faciès de décohésion intergranulaire, notamment à proximités des sites locaux d'amorçage. - On observe quelques cupules de rupture ductile sur le front de préfissuration - 283 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Fig. C.21 : Site local d'amorçage du clivage dans l'éprouvette M59 : présence de faciès de décohésion intergranulaire C.2.e
Martensite
/ T =
-120°C - Eprouvette M50 (
KJ
C
= 137 MPa m1/2) : - On
identifie
un site principal
d'
amorçage du clivage et plusieurs sites secondaires. Le site principal ne présente pas de particules de seconde phase apparentes. - Quelques faciès de décohésion intergranulaires sont observés - Le faciès de rupture par clivage s'accompagne de quelques ligaments de déchirure ductile. Fig. C.22 : Site d'amorçage local du clivage dans l'éprouvette M50 - 284 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
C.2.f Martensite / T = -142°C - Eprouvette M56 (KJC = 64,1 MPa m1/2
)
:
-
Le
site
d'amorçage
du clivage est clair
ement
identifié
: convergence de
l
'
ensemble des rivières de clivage vers un amas de MnS de taille ≈ 20 μm
.
- présence de faciès de clivage et déco
hésion
intergran
ulaire.
- On
n
'observe
que très peu de
déchirure ductile
à proximité du front de
préfissuration
. Fig. C.23 : Amorçage du clivage sur une particule de MnS dans l'éprouvette M56 - Eprouvette M57 (KJC = 92,8 MPa m1/2) : Fig. C.24 : Amorç
du clivage dans l'éprouvette M57 - 285 - Annexe C : essais de ténacité et analyse fractographique
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ - On met en évidence un site d'amorçage principal du clivage (figure C.24) ainsi que plusieurs sites secondaires. - Des faciès de décohésion intergranulaire et quelques ligaments de déchirure ductile sont observés. Annexe D Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de densité de dislocations - 287 - Annexe D : Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ TABLE DES MATIERES D.
Caractérisation de la microstructure au MET et mesure de densité de dislocations
D.1 Observations
MET 289 D.1.a Bainite : état non déformé (ε = 0 %) 289 A.1.b Bainite : état déformé à ε = 12 % et T = 25 °C 293 A.1.c Bainite : état déformé à ε = 9 % et T = -196 °C 296 A.1.d Martensite : état non déformé (ε = 0 %) 298
D.2
Me
sures
de densité
moyenne
de dislocations
301
Références bibliographiques 303 - 288 -
Annexe D
: Caractérisation de la microstructure au MET
et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Différents états métallurgiques ont été observés, tant sur le matériau initial qu'après déformation en traction simple. Les échantillons déformés ont été réalisés à partir d'éprouvettes de traction simple de diamètre φ = 3,5 mm ayant servi à la caractérisation mécanique du comportement ( Rapport d'avancement n°1, chapitre II.2, mai 2005). Les lames minces sont prélevées dans la zone non strictionnée des éprouvettes, et le niveau moyen de déformation est donné par la déformation à striction mesurée lors de l'essai de traction instrumenté. - Bainite : - 2 lames minces à l'état non déformé (ε = 0 %) 1 lame mince à l'état déformé à ε = 12 % et T = 293 K - ép vette 262-R01. 1 lame mince à l'état déformé à ε = 9 % et T = 77 K - éprouvette 262-R16. - Martensite : - 2 lames minces à l'état non déformé (ε = 0 %). D.1 Observations
MET D
.1.
a Bainite
: état non déformé (
ε
= 0
%) Fig. D.1
Fig. D.2 - 289 - Annexe D : Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Fig. D.3 Fig. D.4 Fig. D.5 Fig. D.6 - Fig. D.5 : carbures regroupés en 'amas' aux joints de lattes: l'épaisseur apparente élevée des lames (plusieurs centaines de nm) serait due à l'inclinaison des joints de lattes par rapport à la surface de la lame. Ils apparaissent comme étant épais du fait de l'inclinaison. - Fig. D.6 : observation de dislocations ancrées sur un précipité de carbure de titane (forme cubique) ___________________________________________________________________________________________________________
________________________________________________ - 290 - Annexe D : Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Fig
. D.7 Fig. D.8 Fig. D.9 Fig. D.10 - Fig. D.7 : à l'intérieur des lattes, les dislocations sont condensées en amas et forment des joints de polygonisation:
cette
réorganisation peut s'expliquer par le traitement de revenu
(20 heures à 610°C). - Fig. D.8 : Les carbures sont de forme allongée et mesurent de200 à 300 nm de long. - Fig. D.9 : Forte courbure des dislocations vraisemblablement liée aux σ résiduelles.
______________
_____________________________
________________________________________________________________________________________________________________ - 291 - Annexe D : Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Fig. D.11 Fig. D.12 Fig. D.13 - Fig. D.9, D.11 : Les bandes rectilignes et proches
l'horizontale semblent correspondre à des murs de dislocations.
- Fig. D.12 : Observation de moirés de désorientation aux joints de lattes dus à
la
super
position
de 2
cristaux C.C. désorientés. Les moirés sont caractéristiques des faibles désorientations entre 2 lattes (à ne pas confondre avec les lignes de dislocations lors des mesures de ρ) - 292
- Anne
xe D
: Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ______________ A.1.b Bainite : état déformé à ε = 12 % et T = 25 °C Fig. D.14 Fig. D.15 Fig. D.16 Fig. D.17 - Fig. D.14 : Début de formation de cellules de dislocations de taille 1 μm environ. - Fig. D.15: observation d'un contour d'inclinaison au bout d'une latte de forme pointue. Observation de carbures de 200 à 300 nm d'épaisseur et 1 μm de longueur. - Fig. D.16 : La fraction volumique de carbures est plus faible aux extrémités des lattes. ________________ ________________
A.1.d Martensite : état non déformé (ε = 0 %) Fig. D.34 Fig. D.35 Fig. D.36 Fig. D.37
Observations générales (fig. D.34 à D.45) : - Observation d'un réseau de dislocations très dense aux joints de lattes : suivant l'angle de tilt, on observe soit des moirés traduisant la superposition de 2 réseaux faiblement désorientés, soit des empilements de dislocations en joints de polygonisation formés lors du traitement de recuit. Aux interfaces, la densité de dislocations peut atteindre 1015 à 1016 m-2. ___________________________________________________________________________________________________________
________________
________________________________
- 298 - Annexe D : Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Fig. D.38 Fig. D.39 Fig. D.40 Fig. D.41 Fig. D.39, D.40 : - Le joint au milieu de l'image sépare 2 paquets de lattes voire 2 ex-grains γ (présence de moirés). Les lattes de l'entité de droite sont orientées de telle façon qu'on ne voit pas les interfaces et les carbures.
A noter que les dislocations ont une configuration typique des réseaux C.C., ce qui avec le cliché de diffraction (Fig. n° 41), exclut qu'il s'agisse d'austénite résiduelle. La vitesse de refroidissement élevée ainsi que la teneur en C de 0,25% excluent également la formation de ferrite + perlite.
- 299 - Annexe D : Caractérisation de la microstructure au MET et mesures de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Fig. D.42 Fig. D.43 Fig. D.44 Fig. D.45 Fig. D.42 :
de franges d'égale épaisseur en haut à droite de l'image. Ces franges ont été utilisées afin de mesurer l'épaisseur de la lame. D.2 Mesures de densité moyenne de dislocations
Des mesures ont été réalisées sur les 2 matériaux bainitique et martensitique, avant et après déformation. La méthode utilisée est celle décrite dans le chapitre II.2.a. du rapport. Pour chaque cliché MET, 5 à 6 segments sont tracés aléatoirement, ce qui permet de faire 5 à 6 mesures de ρ. Pour chaque cliché MET, la densité est ensuite calculée par une moyenne pondérée par la longueur de chaque segment (ρpondéré).
ρ0 = 2 N intersections L elame N ρ pondéré = ∑ i =1 (D.1) L(i ) ρ0 (i ) Ltot (D.2)
Pour un état de déformation donné, la densité moyenne finale intègre les valeurs calculées sur 5 à 7 clichés MET différents. Pour chaque cliché MET utilisé pour les mesures de ρ, on calcule les valeurs suivantes
:
-
L
apparent
: longueur apparente du segment
(i)
sur
l
'
image
MET (
impri
mée
au format
A4)
-
L
: longueur
du segment (i) convertie en nm - Nintersections : nombre d'intersections entre le segment et les lignes de dislocations - Pondération : longueur du segment (i) rapportée à la longueur totale de tous les segments. - ρ0 : valeur de ρ mesurée sur le segment (i) - ρpondéré : moyenne par cliché pondérée par la longueur de chaque segment (i). - ρmoyen : moyenne arithmétique sur tous les segments. A titre d'exemple, le tableau D.1 donne le nombre d'intersections par segment, les densités moyennes par segment et la densité totale (en m-2) pour tous les segments pour le cliché
de la figure D.1 (bainite, ε =0%, T = 25°C). N° cliché 472956 (Fig. n°1) echelle nm - cm 200 1,15 L apparent (cm) L (nm) Nintersections pondération (L) rho0 21,3 3,70E+03 36 2,35E-01 2,59E+14 22,7 3,95E+03 22 2,50E-01 1,49E+14 17,8 3,10E+03 24 1,96E-01 2,07E+14 9,8 1,70E+03 18 1,08E-01 2,82E+14 9,7 1,69E+03 11 1,07E-01 1,74E+14 9,4 1,63E+03 12 1,04E-01 1,96E+14 L total (nm) rho pondéré rho moyen 1,58E+04 2,08E+14 2,11E+14
Tableau D.1 : Mesure de la densité de dislocation moyenne par cliché MET
Les mesures de densités de dislocations ont été réalisées dans les clichés MET suivants : ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
- 301 - Annexe
D
: C
aractéris
ation
de la micro
structure au
MET
et
me
sures
de ρ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ - Bainite / T =25°C / ε = 0% : figures D.1, D.2, D.4, D.10, D.11, D.12, D.13 Bainite / T = 25°C / ε =12% : figures D.14, D.15, D.16, D.17, D.18, D.19, D.20 Bainite / T = -196°C / ε = 9% : figures D.26, D.28, D.29, D.30, D.31, D.32 Martensite / T =25°C / ε = 0% : figures D.36, D.37, D.38, D.40, D.41, D.42, D.45 Le tableau D.2 présente une synthèse des valeurs moyennes obtenues pour les 4 conditions expérimentales énoncées ci-dessus.
T = 25°C / ε = 0 % T = 25°C / ε = 12 % T = -196
C / ε = 9 % Bainite 2,8 1014 3,3 1014 3,5 1014 Martensite 3,5 1014
Tableau D.2 : Récapitulatif des mesures de densités de dislocations dans la bainite et la martensite
Les observations et les mesures nous permettent de conclure que les densités de dislocations, mesurées à l'intérieur des lattes, sont très proches entre bainite et martensite. Les mesures ne nous ont pas permis de mettre en évidence des hétérogénéités significative, ce qui nous conduit à faire, dans le modèle, l'hypothèse d'une densité de dislocation initiale homogène et de l'ordre de 1014 m-2. Toutefois, les dislocations forment des structures très organisées et très denses aux joints de lattes, où la densité peut atteindre 1015 voire 1016 m-2. Or les interfaces sont beaucoup plus nombreuses dans la martensite que dans la bainite. Dans le cadre d'une étude ultérieure, il serait nécessaire de considérer le phénomène d'émission des dislocations à partir des interfaces. Nous ne constatons pas d'augmentation significative de la densité moyenne de dislocations avec le niveau de déformation. Annexe D : C ation ________________ Annexe E Simulation des hétérogénéités mécaniques locales - 305 - Annexe E : Simulation des hétérogénéités mécaniques _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ TABLE DES MATIERES E. Simulation des hétérogénéités mécaniques locales
E.1 Résultats de simulation numérique : cartographies 307 E.1.a Cartographies de contraintes principales maximales 307 E.1.b Cartographies de déformation équivalente 309 E.1.c Cartographies de contraintes de clivage σ{100} 312 E.2 σ{100} Résultats de simulation numérique : histogrammes de distribution de σ1 et 314 E.2.a Distribution des contraintes principales maximales σ1 315 E.2.b Distribution des contraintes de clivage σ{100} 321 E.2.c Comparaison σ1 / σ{100} 326 E.2.d Comparaison agrégat n°1 / agrégat n°2 330 E.3 Etude qualitative de l'évolution des hétérogénéités de contraintes principales maximales σ1 333 E.3.a Evolution de δ(σ1) dans l'agrégat n°1 333 E.3.b Evolution de δ(σ1) dans l'agrégat n°2 335 E.4 Etude quantitative des distributions de contraintes principales σ1 dans la microstructure 337 E.4.a Choix des fonctions de distributions étudiées 337 E.4.b Identification d'une fonction de type Gumbel de première espèce à partir des hétérogénéités de σ1 dans l'agrégat polycristallin 338 E.4.c Paramétrisation de la constante A associée à la distribution de Gumbel de première espèce en fonction de <σ1> 345 E.4.d Paramétrisation de la constante B associée à la distribution de Gumbel de première espèce en fonction de <σ1>, <εeq> et <σmises> 348
.4.e Tentative d'identification d'une fonction de distribution de type Gumbel de deuxième espèce sur
les hétérogénéités de σ1 360 E.4.f Identification d'une fonction de type Weibull 368 - 306
- Annexe E : Simulation des hétérogénéités mécaniques _______ E.1 Résultats de simulation numérique : cartographies
Pour tous les résultats présentés dans le chapitre E.1 de l'annexe, les joints de désorientation (avec un angle de désorientation supérieur à 10°) sont superposés aux cartographies de contrainte principale maximale σ1, de déformation équivalente εeq et de contraintes de clivage σ{100}.
E.1.a Cartographies de contraintes principales maximales a) Agrégat n°1
Les contraintes principales σ1 sont essentiellement localisées à certains joints entre paquets de lattes. La température T et de la triaxialité χ influent sur l'intensité respective des zones de localisation de σ1, mais pas sur leur positionnement dans l'agrégat. Il faut nuancer cette remarque par le fait que les simulations sont réalisées à contraintes principales moyennes imposées et que les différentes cartographies peuvent correspondre à des niveaux de déformation très différents (de l'ordre de <εeq> = 5% à T = -196°C et χ =2,5 jusqu'à <εeq> = 20 % pour T = -90°C et χ = 1,5) Σ2
Σ
2 Ε2
Ε
2
Ε
1
Ε
3
Ε1 Ε3 Σ1 σ1 Σ1 σ1
(
a
) : {
χ
= 1,5
, <σ1>
=
1250
MP
a
} (b
) :
{χ = 2,5, <σ1>
= 1750 MPa}
Fig. E.1 : Cartographie σ1 à T = -60°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b)
Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 Σ1 σ1 Σ1 σ1 (a) :{χ = 1,5, <σ1> = 1250 MPa} (b) :{χ = 2,5, <σ1> = 2000 MPa}
Fig. E.2 : Cartographie σ1 à T = -90°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 Σ1 σ1 σ1 Σ1 (b) : {χ = 2,5, <σ1> = 2250 MPa} Fig. E.3 : Cartographie σ1 à T = -150°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 Σ1 σ1 (a) : {χ = 1,5, <σ1> = 1750 MPa} Σ1 σ1 Fig. E.4 : Cartographie σ1 à T = -196°C : χ = 1,5 (a) et χ =
Σ1 σ1 Σ1 (b) :χ = {2,5, <σ1> = 2000 MPa}
Fig. E.5 : Cartographie σ1 à T = -90°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 σ1 Σ1 σ1 (a) : {χ = 1,5, <σ1> = 1750 MPa} Σ1 Fig. E.6 : Cartographie σ1 à T = -150°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) E.1.b
Cartographies de déformation équivalente
La déformation totale équivalente est une variable interne et elle est calculée en chaque point d'intégration du maillage par la relation suivante : εeq = 2 3 ε :ε (E.1) où ε désigne le tenseur des déformations locales. Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε3 Ε1 Ε3 Ε1 Σ1 εeq Σ1 εeq (a) : {χ = 1,5, <σ1> = 1750 MPa}
Fig. E.10 : Cartographie σ1 à T = -196°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) b) Agrégat n°2 Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 εeq Σ1 εeq Σ1 (b) : {χ = 2,5, <σ1> = 2000 MPa} Fig. E.11 : Cartographie εeq à T = -90°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 εeq Σ1 εeq Σ1 Fig. E.12 : Cartographie εeq à T = -150°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b)
E : Simulation des hétérogénéités mécaniques _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ E.1.c Cartographies de contraintes de clivage
σ{100}
a
)
Méthode de calcul des
contraintes de
clivage
σ{100}
Le code ABAQUS nous donne en chaque élément le tenseur des contraintes σ et la contrainte principale maximale σ1. Mais d'un point de vue microscopique, cette dernière valeur n'a pas une grande signification, car la rupture par clivage est corrélée à l'orientation des plans de clivage dans chaque grain par rapport aux directions principales. Pour calculer les contraintes normales aux 3 plans de clivage (100), (010) et (001), il faut exprimer l'expression des r vecteurs normaux unitaires n à ces trois plans dans le repère macroscopique lié à l'échantillon en utilisant la matrice de passage R du repère microscopique vers le repère macroscopique. On a la relation : r −1 r n macro = R.n micro (E.2) r r On en déduit l'expression du vecteur contrainte T(M, n ) s'exerçant sur les plans de clivage dans ce repère : r r r T(M, n ) = σ(M).n macro (E.3) r Enfin sa composante dite normale au plan de clivage c'est à dire suivant n est donnée par : r r r Σ{100} = T(M, n ).n macro (E.4) r r σ{100} = n macro.σ(M).n macro (E.5) D'où : La procédure est automatisée. Toutes les données nécessaires (composantes de σ et R ) sont enregistrées pour chaque élément et stockées dans un fichier. Le calcul de Σ{100} est programmé en fortran et réalisé pour les trois plans (100), (010) et (001). Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε1 Ε3 Σ1 σ{100} Σ1 σ{100} (a) :χ = 1,5 / <σ1> = 1250 MPa (b) :χ = 2,5 / <σ1> = 1750 MPa
Fig. E.13 : Cartographie σ{100} à T = -60°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) Σ2 Σ2 Ε2 Ε2 Ε1 Ε3 Ε3 Σ1 σ{100} Ε1 σ{100} Σ1 (b) : {χ = 2,5, <σ1> = 2250 MPa} Fig. E.14 : Cartographie σ{100} à T = -150°C : χ = 1,5 (a) et χ = 2,5 (b) c) Cartographies de σ{100} dans l'agrégat n°2
Les remarques sont les mêmes que pour l'agrégat n°1. On constate que les localisations de σ{100} sont situées surtout aux joints de paquets de lattes, et la comparaison avec l'agrégat n°1 (T = -150°C) montre que ces localisation sont essentiellement conditionnées par la microstructure. Il faut noter que pour le calcul à T = -150°C / χ = 1,5, l'état de contraintes <σ1> = 1750 MPa est atteint uniquement avec l'agrégat n°2 (le calcul diverge avec l'agrégat n°1).
| 55,552
|
02/dumas.ccsd.cnrs.fr-dumas-01296866-document.txt_2
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,290
| 12,282
|
34! Les habitudes alimentaires particulières
Cette introduction d'agents abrasifs peut aussi résulter de certaines habitudes de consommations alimentaires documentées par les nombreux rapports ethnographiques sur les populations traditionnelles contemporaines [32]: - Chez les Aborigènes australiens, le broyage dans des mortiers de petits animaux jusqu'à l'obtention d'une bouillie consommable était pratiqué. Cette technique conduit à ingérer des particules osseuses et minérales (Campbell 1939). - Chez les Esquimaux, la consommation de viande congelée était courante (Leigh 1925). - Les Maoris de Nouvelle-Zélande consommaient de la viande de requin séchée qu'ils emportaient lors de leurs voyages (Taylor 1963). - Chez les Egyptiens l'apport courant de sable dans l'alimentation provoque aussi de sévères usures (Mummery 1970). - Une observation commune chez des peuples de chasseurs-cueilleurs décrit la consommation constante de larves, graines, noix pour se rassasier entre les chasses.! Une usure particulière, le « chipping » Le « chipping » est une fracture, un éclat coronaire de substance dentaire, intéressant l'émail ou l'émail et la dentine, attribué à l'écrasement de substances dures. Elle intéresse la face vestibulaire ou linguale, parfois les crêtes marginales. Bien que souvent présentes sur les dents antérieures, elles ne se limitent pas à cette région [34]. Les fractures de l'émail tendent à se propager dans une direction verticale [35]. Wallace (1975) décrit des cas de « chipping » sur des spécimens d'Australopithèques et de Paranthropus robustus et Baaz & Howell (1977) sur les premiers Homos. Turner et Cadien étudient l'ébrèchement dentaire dû à une forte pression exercée chez différents groupes de populations arctiques et subarctiques de la Préhistoire et de la Protohistoire. Cette usure excessive constamment présente peut être corrélée avec une pratique courante chez les Esquimaux (mais aussi chez les Aléoutes et les Indiens canadiens en moindre proportion) de broyer les os. En effet, la plus grande menace de ces populations est la famine en raison de l'environnement hostile dans lequel elles évoluent, ce qui les conduisent à glaner la moindre ressource alimentaire, ainsi les os étaient probablement extraits des carcasses pour être consommés [36]. Figure 16 : exemple de « chipping » sur les deux molaires et la deuxième prémolaire. Les éclats d'émail sont indiqués par les flèches. D'après Hansen & al. [35].
35 B. L'usure liée aux activités paramasticatoires
Plusieurs modèles d'usures sont observées dans les échantillons de populations préhistoriques et sont typiques d'activités sociales ou culturelles.!
Stries horizontales vestibulaires
Des stries horizontales vestibulaires, proches de la surface occlusale des incisives maxillaires, ont été attribuées à la pratique du « stuff and cut ». Elle consiste à maintenir entre les dents antérieures un morceau de viande et à le découper. Le fait que leur nombre ne soit pas augmenté avec l'âge des individus sur lesquels elles ont été observées conduisent les auteurs à interpréter ces rainures comme des « accidents » chez les sujets inexpérimentés à cette pratique [34] [37]. Ce type de rainures peut aussi être attribué au fractionnement de fibres végétales dures comme le roseau ou le bambou, au maintient d'un foret entre les dents, ou encore à la retouche d'outil en pierre avec les dents.
Figure 17 : stries horizontales sur la surface vestibulaire de deux incisives centrales maxillaires. D'après P. Molnar [34]. Figure 18 : esquimaux faisant du feu par frottement en tenant le foret entre ses dents. D'après Rochas (1884), « le feu avant les allumettes », éd. La Maison des sciences de l'Homme, Paris [38]. 36! Rainurage interproximal et occlusal
Des rainures situées sur les faces mésiales et distales des dents à la JEC dans une direction vestibulo-linguale ont été souvent documentées par de nombreux auteurs sur plusieurs spécimens d'Hominidés. Siffre (1911) a été le premier à décrire ce type de lésions sur un spécimen d'Homo erectus. Ces cannelures seraient attribuées à la pratique du « toothpicking ». Elle consiste à insérer entre deux dents un matériau plus ou moins dur (fibres végétales, tendons, tiges en bois ou en os) et à effectuer des mouvements de va-et-vient [37] [34].
Figure 19 : stries interproximales entre la première et seconde molaire mandibulaire. A : vue vestibulaire. B : vue occlusale montrant l'orientation de la gouttière. D'après
Luca
ks & Pastor [37].
Schulz (1977) rapporte aussi des cas de rainurage dans une population de pêcheurs Indiens préhistoriques de Californie dont les échantillons squelettiques sont datés entre -100 et 1200 ans. Trois des individus présentent des rainures occlusales transversales sur les canines mandibulaires, sept des rainures interproximales sur le secteur antérieur mandibulaire, et un seul sur le secteur antérieur maxillaire. Ces usures dont la localisation est particulière lui font suggérer une activité de préparation ou d'utilisation de cordages (confection des lignes et filets de pêche) dont la technique intéresse les dents antérieures [39]. 37
Figure 20 : usures des dents antérieures. A : vue linguo-occlusale montrant les rainures occlusales sur les incisives n°31 et 41. B : vue vestibulaire des striations interproximales sur les incisives n° 31 et 41. C : vue occlusale illustrant le rainurage transversal des faces occlusales des canines mandibulaire et de
l'incisive n°31. D'après Schulz [39]. Cybulski (1974) décrit les mêmes rainures occlusales intéressant les incisives et les canines chez cinq mandibules de femmes de la Colombie Britannique ce qui indique qu'un matériaux flexible a été introduit transversalement sur ces dents. Ce type de rainurage occlusal a aussi été observé sur des incisives centrales maxillaires d'individus appartenant à une population suédoise néolithique [34]. Il s'agissait au minimum de deux stries lisses ou rugueuses intéressant la surface occlusale de dents déjà usées par l'activité masticatoire. Figure 21 : faces occlusales des incisives n°21 (gauche) et 22 (droite) présentant des rainures occlusales (cercles blancs). D'après P. Molnar
[34].
38! Encoches sur les dents antérieures
Dans deux séries squelettiques du nord-est des USA, Blakely & Beck (1984) décrivent chez trois femmes du Tenesse préhistorique la présence d'encoches dans les angles des incisives maxillaires. Les bords linguaux des zones affectées sont plus polis que les bords vestibulaires visibles et ces encoches sont décrites comme lisses, sévèrement usées et non associées à une pathologie carieuse, ce qui permet le diagnostique différentiel avec des mutilations intentionnelles et les essais palliatifs. Larsen & Thomas (1982) ont relevé le même type d'usure sur le bord mésial de la 11 d'une femme du site archéologique de la Géorgie côtière. Ces usures résultent du maintient de filets de pêche ou d'autres fibres entre les dents antérieures maxillaires [35]. ! Charges excessives occlusales
Parmi les activités de cordonnerie et de vannerie, la confection de paniers ou de filets pour la pêche nécessite une traction des fibres végétales entre les dents serrées aboutissant à des charges occlusales excessives. Cela entraîne des usures importantes homogènes, parfois obliques, des faces occlusales des molaires voir des prémolaires mandibulaires. Les molaires maxillaires sont moins atteintes [34]. Il s'en suit une dislocation des dents avec des mouvements de rotation entraînant des désordres occlusaux sévères.
Figure 22 : charges excessives occlusales affectant les dents indiquées par les flèches. D'après P. Molnar [34].!
Abrasions linguales
La préparation de peaux animales nécessite une traction de la matière entre les dents antérieures serrées conduisant à des abrasions linguales avec polissage des incisives maxillaires et mandibulaires. Ce type d'usure se rencontre notamment chez les populations esquimaudes lors du traitement des peaux de phoques [37]. Des gorges d'usures occlusales sur les dents antérieures ont aussi été attribuées à des activités de vanneries [33]. 39
Figure 23 : surfaces occlusales des incisives. C : abrasions linguales des incisives maxillaires. D : abrasions linguales des incisives mandibulaires. D'après Lucaks & Pastor [37].!
Stries verticales
Des stries verticales vestibulaires à la surface des incisives, qui peuvent être légèrement inclinées, fines et peu marquées comme être profondes, très marquées intéressant l'émail et la dentine sont causées par une substance dure (os, bois, pierre) placée contre la face vestibulaire des dents antérieures associée à des déplacements verticaux [34].
Figure 24: stries verticales vestibulaires. Gauche : incisive latérales droite maxillaire
. Droite : canine gauche maxillaire. D'après P. Molnar [34]. Les nombreux rapports ethnographiques concernant des populations traditionnelles contemporaines fournissent une aide précieuse à la compréhension et à l'interprétation de ces modèles d'usures des peuples préhistoriques. De telles abrasions ont pour conséquence l'apparition de pathologies dentaires telles que les lésions périapicales, parodontales, carieuses induites par l'exposition de la dentine, les agressions pulpaires, les traumatismes desmodontaux et parodontaux, pouvant conduire jusqu'à la perte de dents. 2.1.3 Les parodontopathies
Les parodontopathies regroupent un nombre important de pathologies des tissus de soutient de la dent allant du simple état inflammatoire avec la gingivite induite par la présence de plaque dentaire et de tartre jusqu'à l'alvéolyse totale avec avulsion spontanée de la dent. Il est difficile d'évaluer et de quantifier les parodontopathies lorsque l'on étudie les restes humains des populations préhistoriques pour plusieurs raisons [30] : - L'absence de tissus mous interdit toute étude des états inflammatoires gingivaux ou desmodontaux tant qu'ils n'entraînent pas de destruction osseuse, l'os et le cément radiculaire restant les seuls tissus de soutient dentaires disponibles sur les fossiles. - Les dommages post-mortem que le matériel ostéologique peut subir ne doivent pas être confondus avec d'éventuelles lésions osseuses. Les causes de la perte osseuse observée sur les crânes ont été mal interprétées, entraînant une surestimation de l'incidence et de la sévérité de la maladie parodontale selon Costa (1982) [40]. - À ce jour on ne dispose pas de données suffisantes concernant l'effet de l'abrasion sévère sur le parodonte ; or comme nous l'avons étudié précédemment, celle-ci est constamment présente dans les dentures préhistoriques. - La maladie parodontale est une pathologie multifactorielle (génétique, environnement, alimentation, hygiène buccale) et ces facteurs sont difficilement reconstructibles dès lors que cela concerne des populations anciennes disparues. - Il n'existe pas à ce jour de standardisation dans l'enregistrement des résultats des mesures des parodontopathies, ce qui augmente les difficultés à établir des connaissances précises de la fréquence de ces pathologies. Plusieurs auteurs comme Goldgberg (1976) ont tenté d'établir des indices comparables à ceux utilisés dans l'évaluation clinique de la maladie parodontale en mesurant la distance entre la JEC et le rebord de la crête alvéolaire. Cependant, la reproductibilité est médiocre et l'erreur inter-observateur est élevée [41]. Figure 25 : parodontite modérée révélant l'altération morphologique de la crête osseuse et la « porosité » de la surface osseuse. D'après Clarke & al. [40]. Figure 26 : sévère résorption osseuse verticale. Sévère attrition avec exposition pulpaire établissant la relation de cause à effet entre une usure extrême et une lésion parodontale. D'après Clarke & al. [40]. 41
Cependant, nous ne pouvons exclure la présence de pathologies du parodonte chez les populations anciennes, et ce dès le Paléolithique. Malgré les possibles erreurs dans les mesures évoquées ci-dessus, citons l'étude de Clarke & al. Comparant les taux de parodontites entre des échantillons squelettiques de populations préhistoriques et historiques. Selon ses conclusions, les taux de parodontopathies seraient moins élevés à la Préhistoire qu'aux temps modernes, excédant rarement 10% et ce pour les atteintes légères (0 à 2 mm entre la JEC et le rebord alvéolaire). De plus, la maladie parodontale généralisée d'étiologie bactérienne ne serait pas fréquente dans les populations anciennes, et quand elle serait présente, ne serait pas agressive et ne serait pas responsable de la perte de dent. En revanche, les lésions parodontales d'origine pulpaire (atteintes de furcation, lésions hémi septales, verticales, profondes, défauts osseux isolés) destructrices de l'os alvéolaire, pourraient compromettre le support de la dent [40].
Tableau 8 : rapports de la littérature sur plusieurs groupes de populations géographiquement et temporellement espacés. Classification selon le degré d'atteinte de la maladie parodontale. D'après Clarke & al. [40]. 42 2.1.4 Les lésions infectieuses périapicales
Principalement induites par la pénétration de germes dans la pulpe dentaire, elles sont la conséquence des pathologies évoquées dans ce chapitre (lésions carieuses, fort taux d'abrasion et d'attrition, lésions parodontales) et donc présentent chez nos ancêtres préhistoriques. Elles se manifestent sous la forme de kystes radiculaires, granulomes péri-apicaux ou d'abcès. En anthropologie le diagnostic s'avère difficile, et le terme abcès est généralement employé. Dans un soucis de supprimer toute confusion, le terme de lésion périapicale qui regroupe en son sein toutes les pathologies infectieuses situées à l'apex dentaire semble plus approprié [34].
Figure 27 : multiples lésions péri-apicales maxillaires et mandibulaires. A : vue latérale droite de la face. Remarquons l'extension des lésions maxillaires et mandibulaires ainsi que les dents perdues ante-mortem. B : vue palatine du maxillaire montrant l'exposition pulpaire et la cicatrisation alvéolaire en cours. C : vue antérieure de la mandibule figurant les nombreux et sévères lésions péri-apicales. D : vue supérieure de la mandibule montrant l'exposition pulpaire associée à l'usure et à la perte de dents ante-mortem. D'après Lucaks [42]. Le tableau suivant regroupe les résultats de la littérature scientifique concernant le taux de lésions périapicales dénombrées sur des fossiles: 43
Tableau 9 : comparaison des taux de lésions périapicales dans des échantillons préhistoriques. Résultats issus de la littérature. Période Lésions péri-apicales (en années av. J.C) (N= nombre de lésions enregistrées) 3000 à 1200 N=35 1985 Baum 21,6% 119 4500 à 4000 1990 [30] Lucaks N=14 11,8% 38 2500 à 2000 18,4% 28 2750 à 2300 N=10 1992 P. Molnar 2008 Griffin 36% 480 4300 à 3100 10,7% 2014
Les pathologies infectieuses périapicales ne sont pas rares à la préhistoire, avec une moyenne de 19,4% pour l'ensemble de ces résultats. Elles peuvent conduire à des ostéomyélites dont les cas reportés pour ces périodes anciennes sont rares. L'absence systématique de recherche de cette altération pathologique dans les études est la cause principale de cette rareté. Nous pouvons supposer que cette complication sévère devait être plus représentée que les rapports actuels de restes squelettiques le suggèrent. Il est possible de penser que ces complications devaient être souvent létales [30].
Figure 28 : carie (A) de la première molaire mandibulaire gauche (dent n°36) accompagnée d'une lésion périapicale (B), Néolithique. D'après Eshed [33]. 2.1.5 Les hypoplasies de l'émail
L'hypoplasie de l'émail est un défaut de formation de la matrice de l'émail qui peut (rarement) être héréditaire ou (beaucoup plus souvent) résulter d'une perturbation du développement [43]. Chez l'Homme préhistorique, elles ont été souvent documentées et semblent être liées à des facteurs systémiques : l'atteinte est alors limitée à une partie de la couronne, et la distribution des lésions correspond à la zone de l'émail en formation au moment de l'affection ; il en résulte une modification de l'anneau d'émail en formation, ce qui provoque une hypoplasie en nappe. Ces bandes sont symétriques et l'émail entre ces bandes est normal : l'association de ces trois caractéristiques est un signe pathognomonique [44]. Les étiologies probables de ces hypoplasies de l'émail sont [45]: - Les anomalies d'organe. - Les affections maternelles durant la grossesse. - Les maladies infectieuses. - Les carences nutritionnelles (déficit en vitamine C, rachitisme vitamino-dépendant, carence en calcium, magnésium, hypovitaminose).
Figure 29 : vue
vestibul
aire d'un fragment mandibulaire droit avec présence de lignes hypoplasiques sur toutes les dents, enfant de 10 ans. D'après S. Molnar & I. Molnar [41]. Ainsi, l'analyse de cette pathologie dans les restes squelettiques renseigne sur le bien-être physiologique des populations étudiées et sur les différences de mode de vie selon le sexe : 45 Lucaks (1988) rapporte dans l'étude des restes squelettiques d'une population de l'âge du bronze du site d'Harappa au Pakistan une prévalence des lignes hypoplasiques touchant 72,2% des 36 sujets étudiés. Cette pathologie est la seule pour laquelle il a enregistrée une différence statistiquement significative entre les sexes, avec une prévalence de 56,3% chez les hommes et 92,9% chez les femmes, mais globalement les femmes étaient plus touchées par les pathologies bucco-dentaires à Harappa et même si ce n'est pas statistiquement significatif, cela peut refléter une différence des conditions de vie entre les sexes. Ces résultats suggèrent que les femmes étaient plus soumises à des perturbations de croissance induites par le stress que les hommes, car d'un point de vue culturel elles étaient moins valorisées que les mâles. De nombreux auteurs (Tyler 1973, Goodman 1987, Hrdy 1990) ont documenté la différence culturelle de valorisation ou d'accès au ressources suivant le genre, avec un différentiel positif pour les mâles dans les sociétés de l'Asie du sud ou de culture indoues notamment. Les disparités des pathologies bucco-dentaires dans cette populations suggèrent fortement que des inégalités basées sur le sexe existent dans le régime alimentaire des adultes mais aussi chez les nourrissons [37].
2.2 Les pratiques dentaires à la Préhistoire 2.2.1 Les altérations dentaires socio-culturelles
Dans les temps anciens, la denture a joué un rôle important dans la survie de l'individu. Les dents des sujets préhistoriques révèlent une grande variété d'activités non liées à l'alimentation qui se traduisent par des modèles inhabituels souvent distinctifs qui sont spécifiques d'une tâche exécutée. 2.2.1.1 La dent comme « outil »
Chez les peuples primitifs, l'utilisation des dents comme un outil était une pratique constante ; les incisives étaient utilisées pour couper, les canines pour strier, les molaires et prémolaires pour broyer, écraser. Aujourd'hui encore, malgré la variété des outils disponibles (les pinces, les étaux, les ciseaux) qui nous suppléent dans nos tâches quotidiennes, nous utilisons encore nos dents comme outils, comme dans l'ouverture d'un emballage plastique par exemple. Le rapport contemporain le plus spectaculaire de cet usage est l'ouverture d'un baril d'essence en acier par un Esquimau avec ses dents (Turner & Cadien, 1969) [36]. A la Préhistoire et chez de nombreux peuples traditionnels contemporains, de nombreuses activités nécessitent l'usage des dents pour l'artisanat :! Les activités de vannerie, de cordonnerie et de tannage Chez les Indiens californiens, les femmes scient les feuilles fibreuses de Yucca et d'autres arbres pour fabriquer des paniers, mastiquent longuement des plantes pour former les fibres nécessaires à la fabrication de cordages pour les activités de pêche. Les femmes esquimaudes préparent les peaux pour la fabrication de vêtements en les maintenant fermement entre les dents antérieures et en exerçant des mouvements de traction. 46
Figure 30 : mandibule d'une femme Tigaran, présentant une abrasion extrême des couronnes antérieures, attribuée aux activités de vannerie et de tannerie. D'après Madimenos [46]. Figure 31 : femme païute lors de la confection d'un panier. D'après Larsen [47].!
Les activités de boucherie Les Esquimaux se servent de leurs incisives comme des lames pour sectionner la viande de baleine (Turner & Cadien, 1969). De même les Indiens d'Amérique se ser vent de leurs incisives comme des couteaux dans de multiples tâches (Folero 1965). 47! La fabrication des arcs de chasse
Chez les Aborigènes, des usures type « chipping » sont liées au façonnage des pointes de projectiles en pierre avec les dents. Les hommes se servent de leurs dents antérieures pour strier l'écorce des arbres lors de la fabrication des flèches. Hommes et femmes mastiquent des tendons de kangourous jusqu'à obtenir l'élasticité voulue pour réaliser les cordes des arcs (Gouls 1968) [35].
2.2.1.2 La dent comme troisième main
L'utilisation des dents comme une troisième main est le moins documenté des usages paramasticatoires de la denture chez l'adulte. Elle peut être décrite comme l'usage des dents (majoritairement antérieures) pour la préhension ou le maintient d'objets ou d'outils pendant un travail [48]. Par exemple, des striations obliques et transverses à la surface vestibulaire de certaines incisives chez des spécimens néandertaliens ont été interprétés comme des traces de découpe de la viande (Bermudez de Castro & Trinkaus 1983) : c'est la pratique du « stuff & cut » évoqué plus haut et l'on doit cette expression à Brace (1975) [35], où encore le maintient des bandes d'écorces d'arbres entre les incisives lors de la fabrication de sandales chez les femmes aborigènes (Gould 1968) [32].
2.2.1.3 Les altérations liées aux habitudes
Toutes ces modifications non alimentaires accélèrent la destruction des dents, avec la création de modèles d'usure différents selon la consistance, la façon de mastiquer et la durée. ! Les chiques contre l'ennui et le stress [32]
Des substances fibreuses sont mastiquées longuement de la même façon que nous mâchons nos chewing-gums actuels. Ces « chiques » préhistoriques ont été retrouvées à de nombreuses reprises dans les grottes (Barrows 1967 et d'autres). Buxton (1920) rapporte chez des populations esquimaudes la mastication de morceaux de peaux de phoques pour passer « les longues nuits d'hivers ». Le tabac et les noix de bétel sont mastiqués après avoir été trempés dans de la chaux éteinte pour libérer les substances narcotiques qu'ils contiennent (Leigh 1928). En résultent une coloration noire typique des dents. Les indiens Quechua du Pérou mastiquent sur le même principe des feuilles de coca (Stein 1961).!
La préparation de remèdes [32]
La mastication de plantes pour la fabrication de traitements pouvait durer plusieurs heures avant que la plante soit considérée comme prête pour l'application médicinale. Cette pratique engendre un stress additionnel sur les surfaces occlusale (Barrows 1967).!
Le port de labret
Le labret est une ornementation portée sur les lèvres supérieures ou inférieures. Il peut être constitué de différentes matières plus ou moins dures et prend la forme d'une cheville ou d'un disque élargissant la lèvre. De nombreux peuples africains ou amazoniens contemporains pratiquent encore cette modification corporelle. Le port d'un tel objet peut être à l 'origine de stries verticales retrouvées sur les faces vestibulaires des dents antérieures 48 (Cybulski 1974) [37]. Les incisives et les canines sont les dents les plus touchées par le port du labret, avec des facettes d'usure vestibulaires caractéristiques. Figure 32 : femme d'une tribu Sara (Tchad) portant un labret en bois sur sa lèvre inférieure. www.lecardiologue.com Figure 33 : usures typiques dues au port d'un labret. Gauche : faces antérieures des dents d'un squelette indien de la côte nord-ouest américaine. Droite : faces de la canine et de la première prémolaire droites d'un squelette esquimau d'Alaska. D'après Milner & Larsen [35]. 2.2.1.4 Les modifications dentaires intentionnelles
Les aspects de la dentition reflètent les diverses pratiques culturelles, elles sont d'une signification spécifique dans la reconstruction et l'élargissement de la compréhension des comportements humains du passé. Les idéaux cliniques d'esthétique dentaire de nos sociétés occidentales contemporaines sont basées sur l'alignement, la symétrie, la blancheur des dents et du sourire. Ces idées ne sont pas universelles et inconditionnelles. Partout et dès la Préhistoire, des peuples ont modifié leurs dents intentionnellement par des pratiques qui vont de la simple coloration à l'extraction pour des raisons purement esthétiques, sociales, culturelles. Les dents modifiées 49 intentionnellement deviennent alors des artéfacts du comportement humain, et reflètent tout le symbolisme propre à notre espèce.!
Le limage et l'affilage
L'affilage et le limage dentaires sont des techniques très anciennes de modification du contour de la couronne dentaire complexes et polymorphes par la variété des procédés utilisés et des formes obtenues. L'affilage est obtenu par entaillage de la dent à l'aide d'un objet tranchant associé ou non à un percuteur, tandis que le limage est réalisé par frottements de la couronne dentaire avec un outil dur et abrasif. Les finitions de l'affilage s'obtiennent cependant par un limage [49]. De nombreux auteurs ont rapportés des cas de limage dentaire sur des squelettes africains préhistoriques ou contemporains. Ils ont noté que ces cas de mutilations étaient rarement associés à des pathologies infectieuses type abcès péri-apicaux [35]. Baudouin (1924) fait état de ce type de mutilation qu'il nomme « sciage dentaire » sur des crânes préhistoriques d'Amérique du Sud et du Japon, avec des motifs d'incisives en «dentelure » qui lui font penser à des dents animales [50]. Figure 34 : Gauche : dessin du Dr Chervin de mutilations dentaires à Sayate (Argentine). Droite : dessin du Pr Koganei de mutilations dentaires au Japon néolithique. D'après Baudoin [50].
Des traces de limage généralisé, c'est-à-dire un limage total de la couronne dentaire jusqu'à la gencive, ont aussi été retrouvées sur un crâne fossile datant probablement du Néolithique et découvert à Olduvai en Tanzanie (Baudoin 1924, Saul 2003, Pecheur 2006) [49]. Le limage est la plus ancienne forme de mutilation en Amérique et elle est bien documentée. De nombreuses variantes géométriques sont possibles. Roméro (1970) a établit une classification des mutilations selon 7 types reconnus par les auteurs et basés sur une collection de 1212 dents à l'institut national d'histoire anthropologique de Mexico. Chaque type a au moins 5 variantes pour un total de 59 genres différents de mutilations et sont classés selon la nature de l'altération des contours coronaires et selon les détails décoratifs de la face vestibulaire ou sur les deux configurations [35]. Les sites archéologiques de Phum Snay et Phum Sophy dans le Nord Ouest du Cambodge ont livré des cas de limage dentaire, à hauteur de 4% pour le site de Phum Sophy et 7% pour celui de Phum Snay. Ces abrasions dentaires intentionnelles sont surtout retrouvées 50 sur les incisives, parfois sur les canines, essentiellement au maxillaire, sans distinction d'âge ou de sexe [51].
Figure 35 : exemple de limage dentaire des incisives mandibulaires en pointe. Site préhistorique de Phum Snay (Cambodge). D'après Domett & al. [51]. Un cas particulier de limage dentaire est celui du crâne LI de Anden del Tabacalete aux Canaries. Les incisives maxillaires (3 sur 4, l'incisive latérale gauche ayant été perdue postmortem) présentent des facettes de fractures nettes, sans exposition pulpaire et sans traces d'usure, sur leurs extrémités mésiales et distales pour les incisives centrales, et pour l'extrémité mésiale seule de l'incisive latérale droite. À la radiographie les chambres pulpaires et les canaux paraissent normaux, sans rétrécissement ni résorption. Ces affilages paraissent aux yeux des auteurs avoir été réalisés volontairement par un opérateur habile à l'aide d'un couteau de basalte frappé par un percuteur comme il était d'usage à cette époque. Etant donné l'absence de polissage des bords et de complications péri-apicales, les auteurs penchent pour une réalisation proche de la mort du sujet, avant ou après. Ce genre de mutilation reste exceptionnelle est aucun cas semblable n'a été à ce jour publié [52].!
Les incrustations (inlays)
Les plus spectaculaires des mutilations sont les incrustations dentaires. Cette technique ainsi que le limage dentaire ont été rapporté chez les civilisations précolombiennes. Très fréquente au Yucatan (état du Mexique) préhistorique, elle était réalisée avec une substance type mastic noir ou des pierres semi-précieuses [50]. Des incrustations d'or insérées dans les cavités préparées sur les dents antérieures ont été également réalisées en Mésoamérique [53]. Les cultures mississippiennes chez lesquelles ces mutilations ont aussi été retrouvées ont sûrement été influencées par celles de Mésoamérique (Romero 1970). Parmi les nombreux cas documentés, des spécimens texans pourraient dater de la période archaïque et cette affiliation culturelle pourrait étendre les rangs temporels de cette pratique jusque dans les temps anciens préhistoriques [35]. 51
Figure 36 : incrustations dentaires en jade sur les secteurs incisivo-canins d'un crâne du site archéologique de Teotihuacán (Mexique). Photographie de la Revista Odontologica Mexicana,
juin 2010,
publi
ée
avec l'autorisation de Mr Saul Du
foo O
.
[54]. Les matériaux utilisés dans la confection des bijoux dentaires étaient le jade, la pyrite, la turquoise ou encore l'or. Les inlays étaient généralement circulaires, tenu en place au travers d'un ajustement serré et grâce à la précision de la préparation. En général, les incrustations de bijoux sont parfaitement adaptées à leurs cavités respectives. Un ciment spécial peut avoir été utilisé, mais la formulation est inconnue.
Figure 37 : réalisation d'inlay antérieur (gauche). Détails de la pointe du foret à archet, de la dent préparée et du foret à archet respectivement utilisé (droite
). D'après Johnson Clarke [53]. La technique nécessite beaucoup d'habileté. De nombreux auteurs tels que Mata (1994) suggèrent l'utilisation d'un foret à archet, dispositif largement employé à travers le monde pour une variété de techniques autres que la dentisterie esthétique. Cette forme de dentisterie était probablement réalisée par un joaillier. Une pointe fine de quartz ou d'autres pierres très résistantes était mise en rotation contre l'émail avec l'adjonction d'eau et de poudre abrasive ou de sable fin afin de percer l'émail avant l'incrustation [53]. Mata (1994) 52 suggère même l'utilisation d'un guide de forage sur le principe de nos guides chirurgicaux implantaire ; une planchette en bois est adaptée à la forme des dents et maintenue en place par de la cire, empêchant le foret de déraper et permettant à l opérateur de rester constamment perpendiculaire à la surface dentaire [55]. Figure 38 : dessin des techniques de forage dentaire suggérées par Mata pour la réalisation des incrustations dentaires. En haut : utilisation du foret pneumatique (« Barreno de Pression, Bomba o en Cruz »), actionné par les mouvements de va-et-vient verticaux d'une tige de bois aux extrémités de laquelle est attachée un lien enroulé le long de la tige en bois principale au bout de laquelle est fixée la pointe du foret. En bas : utilisation du foret à archet (« Barreno de Arco »), actionné par un arc noué perpendiculairement à la tige en bois principale au bout de laquelle est fixée la pointe du foret. D'après Mata [55].!
Les avulsions
Parmi les cas de perte dentaire ante-mortem, il faut distinguer ceux résultant d'un processus pathologique de l'extraction délibérée à des fins culturelles. L'ablation dentaire est pratiquée dans de nombreuses sociétés traditionnelles contemporaines, surtout en Afrique et en Australie et concerne les dents antérieures maxillaires et mandibulaires. L'avulsion intentionnelle est difficile à démontrer sur les squelettes fossiles. Il faut considérer l'agénésie dentaire, la perte dentaire d'origine traumatique, les séquelles carieuses. Parmi les critères que l'on doit prendre en considération, il y a l'espace libre entre les dents bordant l'édentemment, les séquelles osseuses d'abcès péri-apicaux, le modèle et la fréquence des dents manquantes dans l'échantillon. La distinction avec les pertes de dents post-mortem est facile à faire, car les alvéoles vides sans remodelage osseux sont facilement reconnaissables. Les avulsions intentionnelles ont souvent été documentées chez les populations de culture ibéromaurusienne (le long du littoral maghrébin, marquant la transition entre le Paléolithique et l'Épipaléolithique, soit entre 20 000 et 10 000 ans av. J.C). Le site archéologique d'Afalou Bou Rhummel en Algérie dans le massif montagneux des Babors a révélé la présence de 40 fossiles squelettiques dont la dentition était caractérisée par l'ablation systématique d'un nombre variable d'incisives supérieures [56].
Figure 39 : crâne d'un homme (gauche) et d'une femme (droite) ibéromaurusiens présentant l'avulsion intentionnelle des incisives supérieures et inférieures. D'après Camps [57]. En Australie, le plus ancien témoignage de l'avulsion dentaire remonte à près de 8000 ans et provient du site archéologique de Roonka Flat. Sur ce continent, l'ablation dentaire rituelle semble avoir été une pratique courante, très répandu et ancestrale, comme en témoigne les nombreux relevés archéologiques et les rapports ethnographiques du XXème siècle [58]. En Asie, l'ablation rituelle est pratiquée du Néolithique à l'âge de fer, de la Thaïlande au ViêtNam. Dans le nord-ouest du Cambodge par exemple, les restes squelettiques datés d'entre 2500 et 1500 ans av. J.C ont montré des taux d'ablation des dents antérieures maxillaires de 60% pour le site archéologique de Phum Sophy et 47% pour le peuple Phum Snay et de 21,4% et 17,7% respectivement pour les dents antérieures mandibulaires [51].
54 Figure 40 : maxillaire issu du site archéologique de Phum Snay (Cambodge) montrant l'ablation des incisives latérales et une migration distale probable des incisives centrales (gauche) et maxillaire antérieur du même site (droite) montrant la racine résiduelle de l'incisive latérale droite témoignant des séquelles liées à l'avulsion intentionnelle (flèche noire). L'alvéole de l'incisive latérale gauche a été entièrement remodelée (flèche blanche). D'après Domett & al. [51]
. En Europe, un autre cas de mutilations dentaires partielles affectant deux incisives centrales supérieures, a été mis au jour dans le gisement préhistorique de "Cova del Frare" (Matadepera, Barcelona) entre 2 000 et 1 500 av. J.C. (Campillo Domingo 1980) [59]. Les ablations étaient réalisées plus en frappant les dents qu'en les extrayant, c' pourquoi de nombreuses alvéoles partiellement remodelées contiennent des racines résiduelles. On peut difficilement imaginer le caractère douloureux et traumatisant d'un tel acte, même si l'on suppose qu'une certaine forme de médication par les plantes et un conditionnement psychologique étaient réalisés. Figure 41 : croquis de Miguel Covarrubias illustrant une scène d'avulsion. Reproduction d'un détail d'une fresque murale du site archéologique de Tehotihuacan. Le praticien semble utiliser ce qui s'apparente à un couteau de pierre. D'après Fastlicht [60].
La technique du "knocking out" (frapper) est commune aux peuples du monde entier à des fins extractionnelles. Ainsi à Hawaï, un bâton est placé entre les dents puis frappé à son extrémité par une roche (Petrusewsky & Douglas 1993). Cette technique a aussi été suggérée par Takenaka (2001) pour le peuple Jomon au Japon préhistorique. Ce même auteur a aussi suggéré l'extraction par « traction » de la dent, en la tirant ou en faisant levier, au moyen d'une corde ou d'un instrument ressemblant à des forceps (Takenaka 2001). Cette dernière technique, difficile et très douloureuse, a été documentée dans d'autres parties du monde, notamment au Kenya (Inoue & al. 1995). Hillson (2008) suggère que les mutilations se produisaient sur de longues périodes en plusieurs étapes. Cette hypothèse est étayée par l'absence de pathologie associée. Les modifications apportées au coup par coup au fil du temps permettent la formation de dentine secondaire, limitent l'exposition pulpaire et l'infection périapicale (Hillson, 2008). A Bali, la pratique moderne d'extraction est réalisée avec une variété d'instruments comme le marteau, le burin, la lime (Hobart et al. 1996 cités dans Faucheuse 1999). A Bornéo, Jones (2001) a décrit le processus de mutilation, d'abord réalisé avec un couteau à lame lourde appelé « parang » puis avec une pierre pour une finition plus détaillée. Chez les Moï du Viêt-Nam, un chaman est responsable du image des incisives chez les adolescents ; il taille les dents avec une pierre avec l'intention d'obtenir des éclats coronaires et à terme la suppression de l'ensemble de la couronne [51]. ! Les colorations
Les preuves de colorations dentaires préhistoriques sont peu susceptibles de perdurer dans les échantillons squelettiques. Elles sont cependant beaucoup documentées en ethnographie. Parmi les colorations dentaires intentionnelles, le noircissement est le plus répandu. Il est souvent associé à l'ablation en Asie du sud-est comme aux Philippines, en Indonésie, au Viêt-Nam (Chez les Moïs et les Annamites qui considérait la blancheur des dents bonne pour les chiens) et à Bornéo où le peuple Iban noircit et extrait les dents antérieures. Les dents sont encore embellies par l'incrustation d'inlays en laiton [51]. On trouvait également des colorations en rouge (chez les Muongs et les Thaïs du Haut Tonkin, chez les habitants du Haut Laos) ou en jaune (chez les Tho, les Mans, les Lolos du Haut Tonkin) (D'enjoy 1898, Roux 1905, Corbière 2003, Lasserre 2010) [49]. Une ancienne coutume japonaise, l'Ohaguro, pratiquée entre le IIIème et le XIXème siècle permettait, en laquant les dents en noir, de faire ressortir la blancheur de la peau et de rappeler la noirceur des cheveux, critères participant aux canons de beauté nippons de l'époque [49]. 56
2.2.2 Les pratiques dentaires à visée thérapeutique ou palliative
Comme nous venons de le voir, les Hommes de la Préhistoire ont modifié leurs dents intentionnellement suite à des convictions spirituelles, religieuses ou culturelles. Il est donc fortement probable même s'il est impossible de l'affirmer avec certitude qu'ils ont pu intervenir dans un but thérapeutique ou palliatif pour soulager les maux dentaires dont ils souffraient et que nous avons détaillés plus haut. 2.2.2.1
L'utilisation de cure-dents, le « toothpicking » Le rainurage interproximal semble être un phénomène commun à l'ensemble des Hominidés fossiles étudié. Sa description par de très nombreux auteurs a révélé de nombreuses similitudes concernant la forme, l'orientation, la localisation et l'apparence de ces stries interdentaires. Les rainures interdentaires sont retrouvées sur les dents permanentes, plus communément sur les dents maxillaires que sur celles de la mandibule, parfois entre les incisives. Elles sont situées en-dessous de la couronne dentaire, aux environs de la JEC. De nombreuses hypothèses furent émises pour tenter de déterminer l'étiologie de ces rainures, la plus probable étant l'insertion d'un objet rigide entre deux dents à des fins hygiénique, thérapeutique ou palliative. Ce phénomène est appelé « toothpicking ». Deux cas concernant des dents temporaires ont été documenté (de Lumley et Giacobini, 2013, Ricci & al. 2014). Cela implique que ce comportement concerne à la fois les enfants et les adultes. La rareté de ce type de preuve sur les dents de lait peut être due à différents facteurs : D'une part, l'éruption des dents permanentes implique la résorption des racines temporaire, or les rainures sont situées à la JEC; d'autre part dans les populations du passé notamment au Paléolithique, lorsque les dents de lait ont été perdus, leur émail a été largement usé et la détection de rainures est difficile [61]. ! Universalité spatiale et temporelle du rainurage interdentaire [61]
Bien que rare chez les fossiles humains archaïques, il a été signalé chez :Homo habilis (Booz & Howell, 1977), chez les premiers Homo de Dmanisi en Géorgie (Margvelashvili et al. 2013), chez Homo erectus (Weidenreich 1937, Asfaw et al. 1992, Ungar et al. 2001), Homo heidelbergensis (Senyürek 1940, Bermúdez de Castro et al. 1997) et Homo neandertalensis (Siffre 1911, Martin 1923, De Lumley 1973, Bermúdez de Castro & Pérez 1986, Frayer & Russell 1987, Puech & Cianfarani 1988, Turner 1988, Harvati et al 2013, Lozano et al 2013). Les rainures interproximales ont été identifiées parmi les fossiles d'Homo sapiens dès le Paléolithique supérieur (Formicola 1988, Frayer 1991, Ricci & al. 2014), puis à l'Epipaléolithique (Bermúdez de Castro & Pérez 1986, Bonfiglioli et al. 2004), au Mésolithique (Alexandersen 1978, Frayer 1991), aux périodes prédynastique et dynastique égyptiennes (Grilletto 1977), au Néolithique (Alexandersen 1978, Lukacs & Pastor 1988), au Chalcolithique (Lukacs & Pastor 1988) et au cours de l'âge du bronze (Lukacs & Pastor 1988). Ce rainurage interdentaire a également été décrit sur les populations humaines modernes dans le monde entier: en Australie (Campbell 1925, Brown & Molnar 1990), en Amérique du Nord (Ubelaker et al. 1969, Berryman et al. 1979), en Amérique du Sud (Eckhardt & 57 Piermarini 1988), en Afrique (Wallace 1974, Grilletto 1977, Bermúdez de Castro & Arsuaga 1983, Bermúdez de Castro & Pérez 1986), en Europe (Alexandersen 1978, Formicola 1988, Puech & Cianfarani 1988, Frayer 1991, Ricci & al. 2014) et en Asie (Lukacs et Pastor 1988,
belaker cité par Lukacs & Pastor 1988) [61]. ! Les différentes étiologies évoquées [61] [62] Brothwell (1963) et Campbell (1925) ont évoqué l'érosion chimique ante-mortem comme étiologie probable, Wallace (1974) l'abrasion produite par des particules alimentaires dures mélangées à de l'eau ou de la salive et qui circulent dans les espaces interproximaux par aspiration du vestibule à la cavité buccale lors de la déglutition. Ces hypothèses n'ont pas été soutenues car l'observation de similitudes de forme, d'apparence ou de taille de ces usures ne seraient pas possibles dans ces conditions, la variabilité des agents causals (taille, forme, fréquence de passage entre les dents, quantité, acidité) et du sujet (qualité d'émail, de la salive, tailles des espaces interdentaires ) étant trop importante. Bermudez de Castro (1997) retient comme possible étiologie le travail de certaines fibres végétales ou de tendons animaux passées entre les dents comme nous l'avons déjà évoqué pour l'artisanat. Cette activité semble cependant être réalisée avec les dents antérieures (Larsen 1985, Schulz 1977), mais Brown et Molnar (1990) suggèrent une étiologie commune à ces rainures, qu'elles soient antérieures ou postérieures. Frayer (1991) conteste cette hypothèse : si les fibres végétales ou animales sont passées entre les dents postérieures, elles sont tirées vers l'avant par des mouvements de va-et-vient transversaux, ce qui conduirait à produire des usures intéressant l'ensemble des surfaces mésiale et distale ainsi que des coins vestibulo-distaux/mésiaux et linguo-distaux/mésiaux ce qui n'est pas le cas. Les rainures concernent une partie des surfaces proximales, et de façon asymétrique de plus souvent. Figure : schéma illustrant les probables techniques d'insertion d'un matériau rigide (A) ou d'une fibre ou d'un tendon (B) entre une seconde et troisième molaire. D : distal ; M : mésial ; B : vestibulaire ; L : lingual. D'après Bermudes de Castro [62]. La dernière hypothèse qui est la plus probable et la plus communément acceptée par les auteurs est l'utilisation par habitude idiopathique, thérapeutique ou palliative d'un objet cylindrique dur et rigide inséré entre les dents pour chasser d'éventuels débris alimentaires irritant le parodonte (entre autres : Siffre 1911, Martin 1923, Ubelaker & al. 1969, Berryman & al. 1979, Frayer & Russell 1987, Formicola 1988 et 1991, Lukacs & Pastor 1988). Un curedent pourrait produire un polissage du cément et de la dentine. Au MEB, on observe la 58 présence de fines stries parallèles à l'orientation de la rainure qui indiquent que des particules dures peuvent produire l'abrasion de la paroi dentaire radiculaire mais à proximité des extrémités de la lésion, les rayures peuvent diverger selon un angle faible de cet axe (Bermudez de Castro & Arsuaga 1983, Boaz & Howell 1977, Frayer & Russell 1987, Ubelaker & al. 1969, Wallace 1974). Une des conditions nécessaires à la formation de ces rainures et la dénudation de la racine. La résorption alvéolaire pour des raisons physiologiques (vieillissement) ou pathologiques (parodontite, égression) (Danen-berg & al. 1991) conduit à l'ouverture suffisamment large de l'espace interdentaire pour permettre le passage d'un cure-dent. L'abrasion commence habituellement sur la face vestibulaire ou linguale puis progresse vers le centre des surfaces proximales et rejoindre le côté opposé. La distinction entre une utilisation du cure-dent pour des raisons idiopathiques (à valeur psychonévrotique ou symbolique selon Formicola (1988)) ou médicales repose sur la présence ou non d'un caractère pathologique des dents mises en cause (caries, possibilité de syndrome du septum) et sur l'orientation et l'étendue de la lésion (Formicola 1988 et 1991, Lukacs & Pastor 1988 Lozano & al. 2013). En effet, Lukas et Pastor ont établit que les rainures interproximales retrouvées sur les individus néolithiques à Mehrgarh (Pakistan) été liées à des habitudes idiopathiques (cure-dents) ou professionnelles (travail des fibres). Ce serait seulement au Chalcolithique que ces rainures pourraient être associées à l'utilisation des cure-dents à des fins thérapeutiques [37]. ! Approche expérimentale Bouchneb & Maureille (2004) ont reproduit expérimentalement ces gouttières proximales à l'aide de différents matériaux plus ou moins rigide : os, bois de renne non fossile, buis, tendons avec et sans ajout de particules abrasives. Leurs résultats confirment l'hypothèse évoquée plus haut, à savoir que le matériau le plus souple (tendon) n'a pas pu provoquer de telles usures. Cette usure a un aspect poli très brillant, elle est peu profonde et s'étend sur la totalité de la face distale, débordant légèrement sur les angles disto-vestibulaire et distolingual comme évoqué par Frayer (1991). En revanche, tous les autres matériaux, avec ou sans adjonction de particules abrasives ont pu être à l'origine de ces stigmates. La nature de l'outil influe sur l'évolution de la formation des sillons interproximaux à travers deux paramètres essentiels : la morphologie des sillons (tendons versus bois et os) et la vitesse d'abrasion (le plus efficace étant l'os) [63]. Hlusko (2003) a réalisé expérimentalement un sillon d'usure interproximal sur une prémolaire humaine actuelle à l'aide de tiges de graminées. Cette étude, dont le protocole était beaucoup plus simple (un seul matériau testé, pas d'investigation au MEB) et moins varié que celle de Bouchneb et Maureille (2004) (pas de particules abrasives), confirme les résultats de ces deux auteurs selon lesquels un outil de nature végétale peut produire des sillons proches de ceux décrits dans la littérature. Toutefois ces auteurs ont démontré que même si l'on peut rapprocher l'abrasion réalisée avec le bois et l os de renne de celle produite à l'aide de fibres végétales, il est difficile de distinguer ces trois usures avec certitude au regard de leurs seules caractéristiques macroscopiques. Hlusko (2003) ne fournit pas de photographies de l'aspect du sillon produit avec de très forts grossissements, ni de photographies en MEB. Or l'étude de Bouchneb et Maureille démontre clairement qu'il 59 existe des spécificités microscopiques distinctes en fonction de la nature de l'outil employé, mais également en fonction de la présence ou non de particules minérales dures [63] [64].
| 47,132
|
26/tel.archives-ouvertes.fr-tel-02278845-document.txt_11
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,260
| 12,168
|
- Dagher, A. [2002], L'administration Libanaise après 1990, le modèle de l'Etat développemental et les défis pour le Liban, Liban, En ligne : http://matisse.univ- paris1.fr/ID/dagher.pdf - Dbouk, Y. [2015], « Israîl taa'rod kodorat Hezb Allah : Jaîch Nîzamî barran w bahran w jawwan (Israël présente les capacités de Hezbollah : une armée régulière par terre, air et mer) », Al-Akhbar, N°2550, En ligne : http://www.al-akhbar.com/node/229004 - Desquilbet, J.B. [2005], « Les contraintes de la politiques monétaires libanaise : 19932004 : endettement publique, dollarisation et taux de change fixe », En ligne : http://jb.desquilbet.pagesperso-orange.fr/docs/Desquilbet_AE_2006.pdf - Desquilbet, J.B. monétaire : le [2011], « La dollarisation comme contrainte de la politique cas du Liban », En ligne : http://jb.desquilbet.pagesperso- orange.fr/docs/L_M1_4dollarisation_Liban.pdf - Deleplace, G. [1977], « Marx et le profit chez Ricardo », In F. Maspero, Marx et l'économie politique, Essais sur les « théories sur la plus-value », pp. 169-194, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble. - Dockès P. [1999], Pouvoir et autorité en économie, Paris, Economica. - Daloz, J.P. [2006], « Au-delà de l'État néo-patrimonial, Jean-François Médard et l'approche élitaire », Revue internationale de politique comparée, Volume 13, pp. 617-623. En ligne : http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RIPC&ID_NUMPUBLIE=RIPC_134 &ID_ARTICLE= - El-Kak, M. [2013], Politiques urbaines dans la banlieue –Sud de Beyrouth, Beyrouth : Presses de l'Ifpo. En ligne : http://books.openedition.org/ifpo/3586?lang=fr - El-Koury et al. [2008], « La dette publique : anticipation de défaut de l'Etat libanais sur la dette souveraine en devise étrangère », Federale Overheidsdienst Financien, n°3, En ligne : http://financien.belgium.be/sites/default/files/downloads/BdocB_2008_Q3f_ElKhoury _Colmant_Corhay.pdf - El-Khoury, Y. et Chaigne-Oudin, A. [2010], « le Liban », Les clés du Moyen-Orient, En ligne : http://www.lesclesdumoyenorient.fr/Liban.html - Fonds Monétaire International [2010], Perspectives de l'économie mondiale 2010, Fonds Monétaire International, Washington DC, En ligne : http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/weo/2010/02/pdf text .pdf [20 Fah , M. [1954] Egypt sociales au 19 (1800-1850), Paris : E. J. Brill, En ligne : https://books.google com lb books?id & PA & d =la r volution industriell egypt source bl ots 9volution%20industrielle en%20egypte& =f alse - Faudot, A. [2014], « le régime rentier d'accumulation en Arabie saoudite et son mode de régulation », Revue de la régulation, En ligne : http://regulation.revues.org/11033 - Feki M. [2010], L'Iran et le Moyen-Orient. Constats et enjeux. Levallois-Perret, Groupes Studyrama-Vocatis. - Ferry, J-M. et al. [2015], « La place de la religion dans la vie politique », Études, n°1, pp. 51-63, En ligne : http://www.cairn.info/revue-etudes-2015-1-page-51.htm - Feuer, G. [1976], « La force arabe de sécurité au Liban », Annuaire français de droit international, volume 22. pp. 51-61, En ligne : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_00663085_1976_num_22_1_1976 - Friedman, D. [1986], Price theory : an intermediate text, Cincinnati: Southwestern [1990], En ligne: http://www.daviddfriedman.com/Academic/Price_Theory/Price%20Theory%20D.%20Friedman.pdf - Gaspard, T. [2004], A political economy of Lebanon, 1948-2001, Boston: Brill, En ligne: http://isites.harvard.edu/fs/docs/icb.topic572311.files/Mon%2029%20June%20%202/Gaspard.pdf - Gastambide, Axel [2012], Dollarisation partielle et dollarisation intéggrale : le cas de l'Equateur, Thèse de doctorat en sciences économiques, Université d'Auvergne Clermont I, Clermont-Ferrand. - Georges, T. [1970], Le système monétaire et la banque du Liban, Beyrouth : Dar AnNahar. - Ghorayeb, A. et Sueur. E. [2007], « Le Hezbollah : résistance, idéologie et politique », Confluences Méditerranée, N°61, p. 41-47, En ligne : http://www.cairn.info/revueconfluences-mediterranee-2007-2-page-41.htm - Gaby, H. [2008], « Confrontations politiques et allégeances confessionnelles: le cas du Liban », Hermès, La Revue, n°51, pp. 119-124, En ligne : http://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2008-2-page-119.htm - Gardner, E. et Schimmelpfennig, A. [2006], « Le Liban : face à la dynamique de la dette », FMI bulletin, volume 35, numéro 13, pp. 200-202. En ligne : http://www.imf.org/External/Pubs/FT/SURVEY/fre/2006/071706F.pdf - Gacem, B. [2007], « La rente pétrolière en Afrique : bénédiction ou malédiction? », Finance & Bien Commun, n°28-29, pp. 114-119, En ligne : http://www.cairn.info/revue-finance-et-bien-commun-2007-3-page-114.htm - Harb el Kak, M. [2013], Politiques urbaines dans la banlieue-sud de Beyrouth, Beyrouth : ifpo, En ligne : http://books.openedition.org/ifpo/3586?lang=en - Harribey, J-M. [2013], La richesse, la valeur et l'inestimable, Paris : Les Liens qui Libèrent. - Hall. P. et Soskice, D. [2001], « les variétés du capitalisme », En ligne : http://webcom.upmf-grenoble.fr/regulation/Annee_regulation/AR6HALL_SOSKICE.pdf - Hafez, Z. [2009], « La rente et le confessionnalisme au Liban », Confluences Méditerranée, N°70, p. 89-103, En ligne : http://www.cairn.info/revue-confluences- mediterranee-2009-3-page-89.htm - Hachemaoui M. [2012], « La rente entrave-t-elle vraiment la démocratie? Réexamen critique des théories de « l'État rentier » et de la « malédiction des ressources », Revue française de science politique, Vol. 62, pp. 207-230, En ligne : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2012-2-page-207.htm - Hasbani N. [2007], « Liban : crise politique sur fond de nouveau partage politique », Politique étrangère, pp. 39-51, En ligne : http://www.cairn.info/revue-politique- etrangere-2007-1-page-39.htm - Henni, A. [1995], « Le capitalisme de rente. Nouvelles richesses immatérielles et dévalorisation du travail productif ». Les temps modernes, n° 584. En ligne : http://ahmed-henni.blogspot.com/2009/03/le-capitalisme-de-rente-nouvelles.html - Henni A. [2007], le syndrome islamiste et les mutations du capitalisme, Paris, Non lieu. - Henni, A. [2012], le capitalisme de rente : de la société du travail industriel à la société des rentiers, Paris : L'Harmattan - Jreige, R. [2014], Mon Liban, Sans trop d'illusion, Paris : Mon Petit Éditeur - Kapitene, H.K. [2013], Impact de la dollarisation sur les activités économiques en ville de Butembo, Re vue Congolaise de gestion, n°17, pp. 171-200. - Kasparian, R. [2007], Les comptes économiques de 2005, En ligne : http://www.finance.gov.lb/enUS/finance/EconomicDataStatistics/Documents/National%20Accounts/National%20 Accounts%202005%20-%20French.pdf - Kasparian, R. [2008], Les comptes économiques du Liban 2006-2007, En ligne : http://www.finance.gov.lb/en- US/finance/EconomicDataStatistics/Documents/National%20Accounts/National%20 Accounts%202006%20-%20French.pdf - Kasparian, R. [2009], Les comptes économiques du Liban 2008, En ligne : http://www.economy.gov.lb/public/uploads/files/NationalAccount/NA2008FR.pdf - Kasparian, R. [2011], Les comptes économiques du Liban 2010, En ligne : http://www.finance.gov.lb/enUS/finance/EconomicDataStatistics/Documents/National%20Accounts/National%20 Accounts%202010%20French%20_for%20publication_.pdf - Kassas, A. [2013], « Scandale al-Madina. Retour sur le tapis judiciaire », Magazine, n°2886, En ligne : http://magazine.com.lb/index.php/fr/mobile/item/2780- scandale-al-madina-retour-sur-le-tapis-judiciaire?issue_id=65 - Kalinowski, I. [2005], Le capitalisme & son « éthique » : une lecture de Max Weber, revue Agone, n°33, En ligne : http://revueagone.revues.org/249 - Khoury, S. [2015], « un million de Libanais sous le seuil de la pauvreté », Le commerce du Levant, En ligne : http://www.lecommercedulevant.com/node/15984 - Kian-Thiébaut, A. [2005]. « Iran : l'Etat islamique entre structures monopolistiques et modèle de l'Etat social », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 105-106, pp. 175-198, En ligne : http://remmm.revues.org/index2722.html - Kornai, J. [1992], The socialist system, the political economy of communism, ÉtatsUnis: Princeton. - Krämer, G. [2004], « La politique morale ou bien gouverner à l'islamique », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 82, pp. 131-143, En ligne : http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2004-2-page-131.htm - Labaki, B. [2003], « The postwar economy: a miracle that didn't happen », in Theodor Hanf et Nawaf Salam (ed.), Lebanon in limbo, Germany, Baden-Baden, pp. 181-196 - Labaki, B. et Abou Rjeily, Kh. [1993], Bilan des guerres du Liban 1975-1990, Paris : harmattan - Labaki, B. [2009], «Âl âzmah Al-îktisadiya aala Loûbnan wa kayfiyat mouaalajet hazih âl-enîkasat » (La crise économique mondiale, son impact sur le Liban et la façon de traiter ces impacts), Bouhouth îktisadiya arabiya (Recherches économiques arabes), n°45. - Le Thomas, C. [2008], « formation et socialisation : un projet de (contre)-société », In S. Mervin (eds.), Le Hezbollah état des lieux, Paris : Actes Sud, pp. 147-172. - Lindblom, C.E. [1977], Politics and Markets. The World's Political Economic Systems, New York, Basic Books. - Louër, L. [2009], « Déconstruire le croissant chiite », La revue internationale et stratégique, n°76, pp. 45-54, En ligne : https://www.cairn.info/revue-internationale- et-strategique-2009-4-page-45.htm - Marshall, A. [1980], Principes de l'Économie Politique, Livre IV. Traduit par F.Sauvaire-Jourdan, En ligne : fgimello.free.fr/documents/Principes-economie- Politique6.doc - Maucourant, J. [1994], La monnaie dans la pensée institutionnaliste (Veblen, Mitchell, Commons et Polanyi), Thèse de Doctorat en sciences économiques, Université Lumière Lyon 2, Lyon. - Maucourant, J. [2005], Avez-vous lu Polanyi?, Paris, La Dispute. - Maucourant, J. [2010], Illusion du capitalisme, réalité des capitalismes, France. En ligne: http://uplyon.free.fr/?page_id=533 - Marx, K. [1867], Le capital. Critique de l'économie politique, Livre premier, tome premier, traduit par J. Roy, Paris : Editions Sociales [1971]. - Marx, K. [1862], Le capital. Théorie sur la plus-value. Livre IV, tome 1, Paris, éd. Editions Sociales [1974]. 289 Bibliographie - Marx, K. [1844], Manuscrits de 1844, Paris : Union générale d'éditions [1972]. - Melki, R. [2008], « La protection sociale au Liban : entre réflexe d'assistance et logique d'assurance », En ligne : http ://www.undp.org.lb/communication/publications/linking/Session8.pdf - Meddeb, A. [2011], « Religion et politique », Esprit, n°2, pp. 112-124, En ligne : http://www.cairn.info/revue-esprit-2011-2-page-112.htm - Mermier, F., Picard, E. [2007], Liban, une guerre de 33 jours, Paris: la découverte. - Mervin, S. [2008], « Le lien iranien », In S. Mervin (eds.), Le Hezbollah état des lieux, Paris : Actes Sud, pp. 75-87. - Messarra, A. [2007]. Gestion du changement dans le système politique libanais, In Roger Nassar (eds.), Le Liban de demain : vers une vision économique et sociale (pp.71-82). Beyrouth : Dar An-Nahar. En ligne : http://www.ces.gov.lb/SiteCollectionDocuments/Files/Fench.pdf - Michel, P. [2001], « Religion et politique dans un monde en quête de centralité », Revue internationale et stratégique, n° 44, pp. 33-40, En ligne : http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2001-4-page-33.htm - Mitchell, C. W. [1937], The Backward Art of Spending Money: and other essays, New York: McGraw-Hill. - Motamed-Nejad, R. [2007], « Régimes monétaires, rapports de pouvoir et métamorphoses du capitalisme en Iran, 1989-2006 », In Lafaye de Micheaux, Eric Mulot et Pepita Ould-Ahmed (ed.), Institutions et développement-la fabrique institutionnelle des trajectoires de développement, Rennes, Presses Universitaires de Renne, pp. 209-230. - Motamed-Nejad, R. [2009], « Face cachée de la théocratie - l'Iran sous l'emprise de l'argent », Le Monde diplomatique, En diplomatique.fr/2009/06/MOTAMED_NEJAD/17 ligne: http://www Bibli - Moyo, D. [2009], Dead Aid: Why Aid Is Not Working and How There is Another Way for Africa, New York: Farrar, Straus and Giroux. - Millard, E. [2013], État de Droit, Droit de l'Homme, Démocratie : une conjugaison problématique, In C. Gonzales Palacios, T. Rensmann & M. Tirard, Démocratie et Etat de Droit (pp. 35-46), Lima : Ambassade de France à Lima, En ligne : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00941087/document - Mourier, E. [2013], « Le religieux comme supplément social de l'Etat : l'action sociale confessionnelle dans le Brésil du XXIe siècle, International Development Policy | Revue internationale de politique de développement, n°4, pp. 101-117, En ligne : http://poldev.revues.org/1315 - Ministère de l'Agriculture [2012], Résultat globaux du module de base de recensement de l'agriculture 2010, En ligne : http://www.agriculture.gov.lb/html/RESULTATS_RECENCEMENT_AGRICULTU RE_2010/RAPPORT_RESULTATS_GLOBAUX_DU_RECENCEMENT_2010.pdf - Nahas, Ch. [1998], Economie foncière et immobilière au Liban, En ligne : http://charbelnahas.org/IMG/pdf/Economie_fonc___immob.pdf - Nahas, Ch. [2008], « Monopole et concurrence », le Commerce du Levant, En ligne : http://www.lecommercedulevant.com/node/15645 - Negri A. [2008], « La démocratie contre la rente », Multitudes, n°32, pp. 127-134, En ligne : http://www.cairn.info/revue-multitudes-2008-1-page-127.htm - OIT (2011). Rapport sur le travail dans le monde 2011. 8 p. En ligne : http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/@dgreports/@dcomm/@publ/documents/p ublication/wcms_166404.pdf - OIT [2014], Au Liban, les réfugiés syriens endurent des conditions de travail difficiles, En ligne : http://www.ilo.org/global/about-the- ilo/ room/ /W _240339/lang -fr/index.htm - Ortiz, I. et Cummins, M. [2012], L'inégalité mondiale. La répartition des revenus dans 141 Pays, En ligne : http://www.unicef.org/socialpolicy/files/L_Inegalite_Mondiale(1).pdf - Perroux, F. [1973], Pouvoir et économie, Paris : Bordas. - Polanyi K. [1944], La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps, Traduit par Catherine Malamoud et Maurice Angeno, Préface de Louis Dumont, Paris, Gallimard [1983]. - Polanyi K. [1957], Primitive, Archaic and Modern Economies, New York, Dalton G. (1968), Doubleday. - Polanyi K. et Arensberg C. [1957], Les systèmes économiques dans l'histoire et dans la théorie, Traduit par Claude Rivière, Préface de Maurice Godelier, Paris, Larousse [1975]. - PNUD, Rapport sur le développement humain 2013 (New York, PNDU, 2013), En ligne : http://hdr.undp.org/sites/default/files/hdr_2013_french.pdf - PNUD, Rapport arabe sur le développement humain 2009 (New York, PNUD, 2009), En ligne : http://www.arab-hdr.org/publications/other/ahdr/ahdr2009f.pdf - Ricardo, D. [1817], Des principes de l'économie politique et de l'impôt, Traduit par P. Constancio et A. Fonteyraud, Paris, Flammarion [1977]. - Ritzmann, A. [2009], « Hezbollah's fundraising organization in Germany », European Foundation for Democracy, En ligne: http://europeandemocracy.eu/wp-content/uploads/2014/06/EFD-Report-HezbollahFundraising-Organisation-Germany.pdf - Rivet, D. [2004], « Le couple religion et politique en Islam méditerranéen au regard de l'islamologie », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 82, pp. 31-42, En ligne : http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2004-2-page-31.htm - Russell, B. [1938], Power, London: Unwin Books [1960] 292 Bibliographie - Richard, Y. [2005], « L'islam politique en Iran », Politique étrangère, n°1, pp. 61-72, http://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2005-1-page-61.htm - Richard, Y. [2009], L'Iran de 1800 à nos jours, Paris, Flammarion - Nasnas, R. [2007], Le Liban de demain: vers une vision économique et sociale, Beyrouth: dar An-Nahar, En ligne: http://www.ces.gov.lb/Site CollectionDocuments/Files/Fench.pdf - Saeidi, A. [2009], Iranian para-governmental organizations (bonyads), En ligne: http://www.mei.edu/content/iranian-para-governmental-organizations-bonyads - Scott, B. [2008], « Les racines du capitalisme moderne », Les marchés et la démocratie, volume 13, n° 6, pp. 10-13, En ligne : http://photos.state.gov/libraries/amgov/30145/publications-french/EJ-markets0608fr.pdf - Smith, A. [1776], Recherche sur la nature et les causes de la Richesse des nations, Préface de Gérard Mairet, Saint Amand: Gallimard [1976]. - Steiner P., Vatin F. [2009], Traité de sociologie économique, Paris, Quadrige Manuels. - Stiglitz, J. [1987], «The causes and consequences of the dependence of quality on price », Journal of Economic Literature, Vol. 25, n°1, En ligne: http://www.jstor.org/stable/2726189?&seq=1#page_scan_tab_contents - Tafani, P. [2005], « Du clientélisme Politique », Revue du MAUSS, n°25, En ligne : http://www.cairn.info/revue-du-mauss-2005-1-page-259.htm - UNCTAD, World investment report 2013 (New York, UNCTAD, 2013), En ligne: http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2013_en.pdf - Vahabi, M. [2004]. The political economy of destructive power, United Kingdom, Edward Elgar. - Vahabi M. [2010], « Ordres contradictoires et coordination destructive : le malaise iranien », Canadian Journal of Development Studies, n°30, pp. 503-534, En ligne : https://hal.archivesouvertes.fr/file/index/docid/629134/filename/Ordres_contradictoires_et_malaise_irani en-version_finale-CJDS.pdf - Valadier, P. [2006], « Permanence du théologico-politique politique et religion, de nouvelles donnes », Recherches de Science Religieuse, n°4, Tome 94, pp. 547-570, En ligne : http://www.cairn.info/revue-recherches-de-science-religieuse-2006-4-page- 547.htm - Veblen, T. [1899], The theory of the leisure class, En ligne : http://www.gutenberg.org/files/833/833-h/833-h.htm [1905], L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris: Plon - Weber, M. (1964). - Weber, M. [1909], Economie et société dans l'Antiquité précédé de Les causes sociales du Déclin de la civilisation antique, Traduit de l'allemand par Catherine Colliot-Thélène et François Laroche, Paris: la Découverte [2001] - Weber, M. [1909], Économie et société, les catégories de la sociologie, Traduit par Julien Freund, Pierre Kamnitzer, Pierre Bertrand, Éric de Dampierre, Jean Maillard et Jacues Chavy, Saint-Amand-Montrond : Bussière [2008]. - Weber, M. [1923], Histoire économique, esquisse d'une histoire universelle de l'économie et de la société, Traduit de l'allemand par Christian Bouchindhomme, Préface de Philippe Raynaud. Paris : Gallimard [1991]. - Weinthal, B. [2013], German mosque groups raising funds for Hezbollah, En ligne: http://www.jpost.com/Middle-East/German-mosque-groups-raising-funds-forHezbollah-317500 - Yachoui, E. [2005]. Îktisad Loûbnan, Nahj wa Ro'aya (L'économie libanaise : approche et vision). Beyrouth: NDU press. - Yachoui, E [2009]. Îktisad Loûbnan, Tatalloô wa amal (L'économie libanaise : aspiration et espoir). Beyrouth: NDU press. - Youssef N. [2013], « Le Liban : la transition inachevée vers l'État de droit », Revue française de droit constitutionnel, n°95, pp. 735-756, En ligne : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-droit-constitutionnel-2013-3-page-735.htm - Zouache, A. et Cobham, D. (2014, avril). Economic Features of the Arab Spring. Communication présentée au GREMMO, Lyon. - Les sites Web: - Le Ministère de l'Économie et du Commerce : http://www.economy.gov.lb - Le Ministère des Finances : http://www.finance.gov.lb - Le Ministère de l'Agriculture : www.agriculture.gov.lb - Le Ministère de Tourisme : http://www.mot.gov.lb - Le Ministère de l'Énergie et de l'Eau : http://www.energyandwater.gov.lb - L'Électricité du Liban : http://www.edl.gov.lb - Le Ministère de l'Industrie : http://www.industry.gov.lb - La Banque du Liban : http://www.bdl.gov.lb - Le Fonds Monétaire International : http://www.imf.org - La Banque Mondiale : http://www.banquemondiale.org - L'Organisation Mondiale du Commerce : http://www.wto.org - Le Programme des Nations Unis pour le développement : http://www.undp.org - Le Comité d'Aide au Développement http://www.oecd.org
295
Annexes Annexes Annexe n°1 : Carte du Liban Source : http://www.libanvision.com/carte.htm
296 Annexes Annexe n°2 : Entretien de Riad Salamé, gouverneur de la banque centrale du Liban sur la chaîne France 24 en 2009
- Bonjour et bien venu à l'entretien de France 24 aujourd'hui nous sommes reçu à la banque centrale du Liban par son gouverneur monsieur Riad Salamé, monsieur Riad Salamé bonjour, Bonjour, - Nous sommes en pleine crise financière à l'heure actuelle et somme que le Liban s'en tire d'une façon assez remarquable, avant de parler particulièrement du Liban, quel est votre analyse à vous, directeur gouverneur de la banque centrale du Liban, sur la crise financière mondiale qui affecte l'économie à l'heure actuelle Je pense que actuellement la crise de liquidité a été résolu suite à la décision des gouvernements et des banques centrales, d'injecter des liquidités dans le système bancaire, dans ce domaine-là nous ne pensons pas qu'il y aura de nouvelles faillites qui pourraient créer une panique sur le système financier mondial. Cependant la confiance
n'est pas revenue jusqu'à présent et les gens se mé
fi
ent
des banques et des institutions financières, l'affaire madoff qui récemment a éclaté est venue encore augmenter la défiance du public vis à vis des institutions financières ou bien des banques, les pertes que les banques continuent à annoncer n'arrangent pas les choses également
.
La
demande
n'est pas
là
, il
y
a la peur, la
psychologie de la
crise et donc la question d'une reprise
é
conomique
sera le défi
de 2009 et
regagner la confi
ance du public
par
rapport aux banques sera également un autre défi. - Comment expliquez-vous que le Liban dans cette perte de confiance globalisée internationale s'en tire à très bon compte? Le Liban du moins au niveau financier n'a pas été victime de cette crise et ne le sera pas parce que nous avons été conservateur dans ce sens que nous n'avons pas permis aux banques de prêter au-delà de 70% de leurs dépôts alors que d'autres banques dans le monde faisaient effectuer des effets de levier sur leurs bilans et prêter au-delà des montants de dépôts qu'ils avaient. Nous avons également contrôlé les produits structurés et interdit l'achat de ces fameux « supprime » qui ont été la cause de la crise mondiale ; ces titres qui sont reliés à des prêts immobiliers aux Etats-Unis. - Il n'y a pas eu des crédits toxiques au Liban? Il n'y a pas de crédits toxiques et donc les banques libanaises cette année ont des profits supérieurs à l'année passée, les risques au Liban sont toujours les risques politiques le risque d'un dérapage sécuritaire. Si l'ambiance reste telle qu'elle est aujourd'hui, je pense que le Liban connaitra une croissance l'année prochaine qui pourrait être de l'ordre de 3 à 5% - Alors parlons de conjoncture politique, les libanais vont voter pour des législatives très bientôt, mois de mars, est-ce que on n'a pas un facteur aggravant là et un risque sérieux de dérapage économique au Liban, contenu d'une situation politique qui peut être volatile au mois de mars prochain? Nous avons pris le devant puisque nous sommes en train de mettre au point de structure de crédits qui peuvent favoriser les crédits soit à la
consommation soit pour les investissements. Il est certain qu'il y aura des retombés dans le sens que la demande qui existe au Liban est et qui était une demande supérieure à la taille de l'économie libanaise à cause de la diaspora libanaise qui travaille à l'étranger et qui subit elle-même le retombé de la crise économique mondiale, cette demande devrait baisser mais d'après nos analyses, cette baisse va être modérée par la baisse des prix du pétrole, la baisse des prix des matières premières pour le bâtiment qui est un secteur important au Liban, - Le deuxième je crois en termes d'investissement, Exactement, et la baisse des prix de consommation en générale. Donc les possibilités de financements de l'économie sont préservées pour vus qu'il y est une stabilité politique et qu'il y est pas de dérapage sécuritaire. - Parce que finalement au Liban le danger ne vient pas de cette fameuse diaspora, on estime qu'il y a à peu près 12 millions de libanais qui vivent hors du pays, soit 3 fois la population du Liban, parce que d'une part vous le dites, eux seront touchés par la crise financière quand ils habitent en France, aux Etats-Unis, au Canada, ils sont touchés par la crise financière, et d'autres part énormément de libanais, en tout cas un nombre significatif travaillent notamment dans les pays du Golfe qui eux sont touchés aussi ce qui veut dire que ces économies-là vont devoir réduire leurs emplois, les premiers touchés seront les libanais qui travaillent là-bas qui reviendrons dans un pays, le Liban, ou le taux de chômage est déjà suffisamment force à faire une pression sur l'emploi, ici comment le Liban peut gérer ça?? Aujourd'hui il n'existe pas de statistique fiable pour connaitre le nombre des libanais qui travaillent essentiellement dans les pays du golfe, et il n'y a pas de statistiques fiables qui nous permet de connaitre le nombre de libanais qui vont revenir au Liban, - Sur Dubaï on annonce le chiffre de 70 milles, fin sur Dubaï! Sur les émirats arabes unis ont annoncé à peu près le chiffre de 70 milles qui vous parait Ça veut dire que tous les libanais qui travaillent dans les émirats vont rentrer ce qui est, je pense, un peu exagérer. Vous savez, au Liban on exagère un peu les choses. Quand les libanais s'en allé pour travailler à l'étranger tout le monde se plaignait que s'était le départ des libanais n'était pas bon pour la société libanaise maintenant on prévoit un retour et on pense que ça aussi va être un facteur aggravant. Mais je pense que il y a une exagération dans ce facteur là et même si on considère qu'il va y avoir une réduction du nombre des libanais qui travaillent à l'étranger, la réduction des transferts vers le Liban ne va pas affecter d'une manière importante notre balance des paiements. A la banque centrale on a fait un peu de scénario pour pouvoir un peu anticiper même s'il y a une baisse de 30% des transferts des libanais qui sont en 2008 d'après la banque mondiale de l'ordre de 6 milliards de dollars donc s'ils baissaient de 2 milliards de dollars la balance des paiements au Liban serait affectée juste de 10% parce que le Liban profite de la baisse du pétrole et des matières premières. - Sur un plan plus personnel et plus politique, on a évoqué votre nom à l'époque où il y avait certains atermoiements sur l'élection du président de la république libanaise, ca vous a tenté à un moment d'être président de la république C'est-à-dire qu'il y a eu un moment où parmi les personnalités disons qu'ils n'étaient pas engagés dans un cas ou l'autre, mon nom a été avancé. Mais comme j'étais gouverneur je n'ai pas vraiment fait campagne parce que je voulais préserver l'indépendance de la banque centrale. Aujourd'hui il y a le président Sleimane auquel tous les libanais souhaitent beaucoup de succès et qui puisse continuer à réunir les deux camps de façon à ce que le débat reste politique et ne se transpose pas dans les rues de Beyrouth comme ça s'est fait au cours de mois de mai, sa tâche est difficile et je ne l'envie pas donc mais je lui souhaite beaucoup de succès.
-
Vous avez une carrière d
'économiste reconnu notamment vous avez été nommé meilleur gouverneur de la banque centrale en 2006 juste après la guerre entre Israël et le Liban, pas facile, ça ne vous tente pas de capitaliser politiquement cette réussite et 299 Annexes justement de faire, on sait que le Liban le champ politique est ouvert, pourquoi pas en profité? Le Liban est un pays qui a souffert, il y a eu beaucoup de morts, gens handicapés à vie, il a eu beaucoup d'émigration, de dégâts matériels et économiques, ma réelle ambition réellement est-ce que le Liban redevienne un pays où on peut avoir une vision et enfin pouvoir réinsérer la mouvance de progrès international, c'est ce qui m'intéresse le plus, j'essaye de le faire en tant que gouverneur, - Oui mais c'est quasiment un discours de programme politique ce que vous me dites là, on
peut
attendre
d
'un candidat
à la
président
ielle qui dis
exact
ement
ces mots-là, Oui mais comme
il n'y a pas d'
élections
aujourd'hui
je peux
le dire libre
ment sans que
ça
puisse être interprété comme
telle puisque le président vient d'être élu il
a un mandat de 6 ans. Donc, en fait, en tant que gouverneur je suis en train un peu de faire cela puisque
aujourd
'
hui
en préservant l'
épargne li
banaise nous avons préservé des
moyens pour que les libanais
aient
un
niveau de
vie mais
également que nous avons préservé un potentiel et à chaque fois qu'une crise est terminée au Liban, et entre deux crises, - Le Liban vit toujours entre deux crises, () Exactement, il y a la possibilité de faire un
progrès
dans l
'économie. Je pense que c'
est
une tâche
très difficile et
c'est pour ça que les
libanais ont appréci
é finalement cette action et m'ont à l'époque un peu plébiscité pour des postes politiques mais pour le moment je n'ai aucun projet en tête - Est-ce que le Liban pourra rattraper le retard qu'il a pris sur Dubaï notamment comme place financière? Le Liban pour pouvoir jouer un rôle régional a besoin de stabilité politique, il a besoin de moderniser certaines lois qui sont en relation avec les affaires ou avec les mouvements des personnes et il a besoin de faire progresser son infrastructure. Nous souhaitons et nous espérons que la crise actuelle, la crise mondial , ne soit pas aussi dans les pays du golfe en général et à Dubaï en particulier et toute reprise qui pourrait avoir lieu là-bas un impact positif au Liban à cause justement . - Merci monsieur é
Annexes Annexe 3 : Les émigrés et leurs activités (les tableaux originels sont en arabe).
Tableau 45 : Les entrepreneurs expatriés et leurs travaux dans les secteurs de la construction, des travaux publics et de l'ingénierie au Liban Nom de la personne et/ou de l'entreprise Rafic Hariri Nehmé tohmé (Groupe AlMabani) Hussein et Ahmad Taan, Adib Al-Bsat Abdul-Rahman AlZakhem, George Al-Zakhem Domaines des projets réalisés au Liban L'Arabie Saoudite La construction et les travaux publics, la banque, l'industrie, les activités financières, l'agriculture, l'assurance, le transport et les services publics, l'ingénierie, les médias, l'éducation et le développement immobilier Les travaux publics, le tourisme et les services publics La Côte d'Ivoire, La Jordanie Les pays du Golfe, la Libye, l'Afrique Les travaux publics et la banque La France, l'Arabie saoudite, les États-Unis, l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie Nasib Lahoud, Samir Lahoud La Syrie, la France, le RoyaumeUni, le Golfe arabe Mirna Al-Boustani Elias Farah L'Afrique, le Golfe, le Pakistan L'Arabie saoudite Michel Al-Morr L'Afrique centrale Mohamed Youssef Beydoun La Syrie, le Qatar, États- Unis, l'Espagne, l'Arabie Saoudite Ahmad Hbous La Syrie, le Golfe, l'Arabie saoudite, le Canada Salah Al-Harake Jihad Al-Samad Farid Makari Emile Nawfal Najib Mikati Shiban Tabet Arabie Saoudite L'Émirats arabes unis L'Arabie Saoudite Le Koweït L'Arabie saoudite, l'Afrique occidentale et central Le Sénégal, l'Afrique de l'Ouest Les travaux mécaniques et électriques et le génie industriel La construction, le tourisme et la banque La construction La construction, les travaux publics, le tourisme et le développement immobilier La construction, le commerce et le développement immobilier La construction, l'approvisionnement en eau et les services publics La construction La construction La construction La construction La communication, la construction et les services publics La construction, le tourisme et les services publics
Source : Labaki, B. Annexes Annexe n°4 : Évolution du nombre de touristes Année
1973 1974 1975 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 Nombre de touristes 87 192 118 731 121 964 148 972 176 535 187 927 178 834 92 412 162 383 230 573 294 355 316 185 383 372 462 108 588 199 688 567 503 984 702 930 763 327 808 281 997 617 1 028 798 939 523 1 423 920 Pas de statistiques 180 076 265 880 335 500 410 195 395 588 528 214 5994 765 673 261 Évolution en % Population totale166 Nombre de touristes (en % de la population totale)167 36,2 2,7 22,1 18,5 6,5 4,8 -48,3 75,7 29,6 27,6 7,4 21,2 20,5 27,3 17,1 -26,8 39,5 8,6 5,9 23,4 3,1 -8,7 51,6 -87,3168 47,6 26,2 22,3 -3,6 33,5 13,5 12,3 2 821 868 2 900 862 2 974 647 3 3033 406 3 070 984 3 092 718 3 114 014 3 156 706 6,4 9,2 11,3 13,5 12,9 17,1 19,3 21,3
Selon la Banque mondiale, la population totale « est basée sur la définition de facto de la population, qui compte tous les résidents indépendamment du statut juridique ou de la citoyenneté, sauf pour les réfugiés qui ne sont pas installés de façon permanente dans le pays d 'asile, et qui sont généralement considérés comme faisant partie de la population de leur pays d'origine ». En ligne http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.POP.TOTL 166 167
Notre propre
calcul
168 Pas de données fiables sur le nombre de touristes entre 1975 et 1991 (évidemment à cause de la guerre civile), nous avons donc choisi de calculer l'évolution de ce nombre entre 1974 et 1992
. 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 741 648 837 072 956 464 1 015 793 1 278 469 1 139 524 1 064 635 1 017 072 1 332 551 1 851 081 2 167 989 1 655 051 10,1 12,9 14,3 6,2 25,8 -10,8 -6,7 -4,3 31,2 38,9 17,1 -23,7
Source : la Banque mondiale
305 3 235 380 3 357 600 3 515 604 3 690 110 3 853 582 3 986 865 4 079 823 4 139 813 4 186 088 4 246 924 4 341 092 4 382 790 23 25 27,2 27,5 33,2 28,6 26 24,6 31,8 43,6 45 37,8 Liste des tableaux : Tableau 1 : Les trois'modes de coordination' : Marché, Éthique et Bureaucratique 18 Tableau 2 : Les correspondances entre les différents types du « mode de coordination » 47 Tableau 3 : La diversité du capitalisme selon la théorie de la régulation 66 Tableau 4 : Les cinq types de capitalisme 69 Tableau 5 : Les impôts indirects en millions de L.L. (1950-1958) 153 Tableau 6 : L'évolution du déficit de la balance commerciale 154 Tableau 7 : Les excédents et déficits budgétaires en millions de L.L. (1958-1964) 156 Tableau 8 : Les déficits budgétaires en millions de L.L. (1965-1970) 158 Tableau 9 : L'excédent budgétaire en millions de L.L. (1971-1974) 160 Tableau 10 : L'évolution de la balance commercial en millions de dollars US (1974-1990) 163 Tableau 11 : Le déficit budgétaire en millions de L.L 166 Tableau 12 : L'évolution du PIB libanais à partir de l'année 1990 167 Tableau 13 : Le PIB par habitant des pays arabes en 1990 (par ordre décroissant) 168 Tableau 14 : Le déficit budgétaire (1992-2011) 170 Tableau 15 : La balance commerciale (en milliards de dollars) 172 Tableau 16 : Les principaux partenaires commerciaux du Liban en termes de volume en 2011 177 Tableau 17 : Quelques secteurs économiques affectés par la crise syrienne 178 Tableau 18 : L'indice de développement humain et ses composantes – Liban 186 Tableau 19 : Les indices composites du développement humain ajustés aux inégalités au Liban – 2012 187 Tableau 20 : L'indice d'inégalité de genre et ses composantes 188 Tableau 21 : L'indice de la pauvreté - Liban 189 Tableau 22 : L'intégration sociale 192 306 Tableau 23 : L'innovation et la technologie 195 Tableau 24 : L'évolution de la production du secteur primaire (en milliards de dollars) 199 Tableau 25 : La valeur des emplois/ressources des comptes de biens et services de l'agriculture et de l'élevage (en milliards de dollars). 200 Tableau 26 : La variété des terres au Liban 201 Tableau 27 : La répartition des terres cultivées et irriguées selon les Mohafazat 202 Tableau 28 : L'évolution de la production industrielle (en milliards de $) 203 Tableau 29 : La Valeur des emplois/ressources des comptes de biens et services de l'industrie (en milliards de dollars 204 Tableau 30 : Le nombre des établissements industriels et des travailleurs en 2007 205 Tableau 31 : Les investissements (en milliards de $) 207 Tableau 32 : La valeur ajoutée du secteur tertiaire (en milliards de $) 208 Tableau 33 : La production des services marchands (en milliards de $) 210 Tableau 34 : L'évolution des données bancaires entre 2007 et 2011 212 Tableau 35 : La répartition des crédits financiers entre les secteurs économiques 215 Tableau 36 : Les régimes de change au Liban depuis 1990 220 Tableau 37 : L'évolution du prix moyen des appartements neufs dans le Grand Beyrouth 222 Tableau 38 : L'évolution du secteur immobilier entre 2007 et 2011 223 Tableau 39 : L'évolution de la dette publique nette entre 1993 et 2010 (en milliards de L.L.) 230 Tableau 40 : Le coût moyen de la dette publique (% PIB) 232 Tableau 41 : L'évolution du service de la dette publique 233 Tableau 42 : Les dépôts bancaires entre 2007 et 2011 238 Tableau 43 : Les dépenses publiques (2000-2010) 266 Tableau 44 : La protection sociale selon les catégories des bénéficiaires. 267 307 Tableau 45 : Les entrepreneurs expatriés et leurs travaux dans les secteurs de la construction, des travaux publics et de l'ingénierie au Liban 302 Tableau 46 : Les banques libanaises en termes de capitaux investis par les expatriés 303 308 Liste des figures : Figure 1 : Capitalisme « rationnel » versus capitalisme « antique » selon Max Weber 83 Figure 2 : Capitalisme « de rente » versus capitalisme « de production matérielle » selon Ahmad Henni 88 Figure 3 : Participation des différents secteurs au Produit National (en %) 155 Figure 4 : Participation des différents secteurs au Produit National (en %) 161 Figure 5 : Répartition sectorielle de l'économie libanaise (en % du PIB) 171
Figure 6
:
L'évolution
historique
de
la structure de l'économie libanaise
180 Figure 7 : Le chômage au
Liban
(2000-2009
) 191 Figure 8 : Moyennes des heures d'alimentation électrique par jour dans les régions libanaises en 2009. 196 Figure 9 : La répartition de la population active par branche d'activités 209 Figure 10 : Principaux pays destinataires des envois de fonds, 2009 (en pourcentage du PIB) 239 Figure 11 : Les principaux pays destinataires des envois de fonds, 2010 (en milliards de dollars)
240 Figure 12 : La contribution du secteur du tourisme dans le PIB libanais 244
Figure 13 : Les
types
de
revenu
s provenant de sources de rente au Liban 246 Figure
14
: Logo
de l'Association de soutien à la résistance islamique 256
Figure
15 : Logo de la Fondation pour le blessé 256
Figure 16 : Logo
de
la
fond
ation
du martyr
257 Figure 17
:
La ré
partition des
employ
és «
cadre
s »
selon
leur
niveau de formation 265 Figure 18 : Les aspects du capitalisme libanais contemporain 274
309 Liste des graphiques : Graphique 1 : Taux de change de la L.L. en
dollar
US 164
Graphique 2 : Taux de change de la L.L. Les trois principaux modes de coordination : Marché, Éthique et Bureaucratique 17 1.1.Polanyi : la Redistribution, la Réciprocité, l'Échange et l'Administration domestique 19 1.2.Lindblom : l'Autorité, le Marché et le Préceptorat 25 1.3.Kornai : Bureaucratie, Marché, Auto-gouvernance, Éthique et Famille 32 2. Le mode de coordination « destructive » : une notion « Vahabienne » 38 2.1.Les caractéristiques du « mode de coordination destructive » 39 2.2.L'Iran post-révolutionnaire : un exemple-type d'un'mode de coordination destructive' 42 Conclusion 46
Chapitre 2 : Le concept et les formes du capitalisme 49
1. Les différentes approches du capitalisme 50 2. Les formes institutionnelles et le mode de régulation 55 3. Les diverses formes du capitalisme 62 4. La mutation du capitalisme 75 4.1.Vers un capitalisme de rente 76 4.2.La rente: une caractéristique du capitalisme contemporain 90 Conclusion 103 Conclusion de la première partie 105
Partie II : Étude de cas : le Liban 107 311 Chapitre 3 : L'autorité de l'État libanais : entre ordre et désordre 109
1- L'autorité de l'État et le rôle de la religion 109 1.1.L'État de droit Vs l'État néo-patrimonial 110 1.2.Le couple religion/politique : une relation critique 114 2- Le partage confessionnel de l'État libanais 119 2.1.L'histoire de la fondation confessionnelle au Liban 120 2.2.La tutelle syrienne : un nouvel élément du désordre politique et de son aspect confessionnel 127 3. Le Hezbollah ou le « parti de Dieu » : un État dans l'État 131 3.1.Les fondements idéologiques du mouvement de résistance 131 3.2.Le Hezbollah entre mouvement de résistance et parti politique : élément majeur de l'éclatement étatique 136 Conclusion 145
Chapitre 4 : Évolution sectorielle de l'activité économique 147
1. Bref
historique 147 2. De l'indépendance
à 1975 151 3. De 1975 à 1990 162 4. Conclusion 178 Chapitre 5 : L'économie libanaise: une croissance sans développement 181
1. Indicateurs de développement 181 1.1.Des indices de développement humain 181 1.2.Intégration sociale 190 1.3.Innovation et technologie 194 2. Les secteurs économiques faibles 197 2.1.Le secteur agricole : un ensemble délaissé 197 2.2.Le secteur d'industrie : une croissance modeste 202 2.3.La faiblesse de l'investissement dans les secteurs primaire et secondaire 206 3. Le secteur tertiaire : une croissance remarquable 208 312 3.1.Importance et évolution 208 3.2.Le secteur financier 210 3.3.Le Secteur immobilier 221 Conclusion 224
Chapitre 6 : Les caractéristiques particulières du capitalisme libanais 227
1. Les sources de rente 229 1.1.Dette publique 229 1.2.Transferts des émigrés et les dépôts bancaires 234 1.3.Aide publique au développement 240 1.4.Tourisme 243 2. Clientélisme et corruption politique, blanchiment d'argent et captation de richesse 247 3. Les institutions de Hezbollah : un moyen de captation de rente et une forme de violence 253.
| 43,949
|
42/pastel.archives-ouvertes.fr-pastel-00589871-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 8,945
| 14,277
|
Détection et validation de marqueurs génétiques impliqués dans la qualité de la viande bovine. Sophie Allais L'Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement (AgroParisTech) Spécialité : Génétique animale présentée et soutenue publiquement par Sophie ALLAIS le 4 Mars 2011 Détection et validation de marqueurs génétiques impliqués dans la qualité de la viande bovine Direct
eur de thèse : Gilles RENAND Représentant CIFRE UNCEIA : Laurent JOURNAUX Jury M. Etienne VERRIER, Professeur, AgroParisTech, Paris Mme Susana DUNNER, Professeur, Universidad Complutense de Madrid Mme Elisabeth LE BIHAN-DUVAL, Directrice de Recherche, INRA Nouzilly M. Tom DRUET, Docteur, Université de Liège M. Laurent JOURNAUX, Ingénieur, Responsable du service génétique, UNCEIA, Paris M. Gilles
RENAND,
Directeur de
Recherche, I
NRA GABI, Jouy en Josas AgroParisTech INRA GABI 78350 Jouy en Josas, France Président
Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Examinateur 2
En l'absence de mesures de routine des qualités sensorielles de la viande bovine, les éleveurs et les unités de sélection s'interrogent sur les possibilités d'exploiter la variabilité génétique de ces caractères au niveau moléculaire. La thèse consiste à réaliser toutes les recherches relatives à l'analyse des associations entre polymorphismes génétiques et phénotypes enregistrés dans le programme Qualvigène. L'objectif est de proposer aux éleveurs et aux unités de sélection des marqueurs génétiques comme critères de sélection. Des SNP situés des gènes candidats ont été génotypés chez les 3349 Jeunes Bovins du programme (1114 en race Charolaise, 1254 en race Limousine et 981 en race Blonde d'Aquitaine) ainsi que chez les 114 pères et une majorité des mères. Ces gènes ont été mis en évidence pour leur association avec la tendreté, le persillé de la viande ou encore la croissance des animaux dans la bibliographie ou dans des études de génomique fonctionnelle à l'INRA. Des analyses d'association avec les caractères concernés ont été effectuées. Un génome scan sur microsatellites dans 6 familles Limousine et Blonde d'Aquitaine a permis une primo-localisation peu précise de régions chromosomiques d'intérêt. Pendant l'année 2010, la puce haut débit Illumina "Bovine SNP50®" a été utilisée dans le programme Qualvigène pour mettre en place une cartographie fine de QTL de qualité de la viande. Abstract : Validation and detection of genetic markers of beef meat quality in three French beef breeds
Without routine measure of sensory meat quality, breeders and breeding companies wondered how taking advantage of the genetic variability of these traits at the molecular level. The purpose of the PHD was to cover all researches related to association studies between genetic polymorphisms and phenotypes recorded in the Qualvigène program. The aim is to offer breeders and breeding companies a set of genetic markers as selection criteria. Some SNP located in candidate genes were genotyped among 3,349 young bulls of the program (1,114 in the Charolais breed, 1,254 in the Limousin breed and 981 in the Blonde breed) but also among the 114 sires and most of the dams. In the literature and in functional genomic studies at INRA, these genes were shown to be associated with meat tenderness, marbling or growth. Association studies were performed for the traits of interest. Microsatellites have been used to perform a genome scan for 6 families among the Limousin and Blonde d'Aquitaine breeds in order to find chromosomal regions of interest. In 2010, the "Bovine SNP50®" Illumina high density chip was used in the Qualvigène program to fine-map QTL for meat quality. First results in the Blonde d'Aquitaine breed are available. Some QTL regions already detected by microsatellites were confirmed and more precisely located, while new ones were also located. Following this work, looking for causal mutations should lead to the implementation of a test kit to help targeting animals with a higher genetic merit for meat quality.
3 Mots clés : bovins allaitants, gènes candidats, qualité de la viande, QTL Keywords : beef cattle, candidate genes, meat quality, QTL
Thèse réalisée à : INRA Centre de Recherche de Jouy en Josas UMR 1313 Génétique et Biologie Intégrative Groupe G2B Génétique et Génomique Bovine 78350 Jouy en Josas Ce
a été effectué dans le cadre d'une thèse CIFRE (974/2007) en partenariat avec l'Union Nationale des Coopératives d'Elevage et d'Insémination Animale UNCEIA et cofinancée par Apis-Gène et l'Association Nationale de la Recherche et de la Technologie ANRT. Cette thèse s'inscrit dans le cadre du programme Qualvigène associant : l'UNCEIA, l'INRA et l'Institut de l'Elevage. et financé par : l'ANR et Apis-gène. "Words are beautiful but restricted. They're very masculine, with a compact frame. But voice is over, the dark, the place where there's nothing to hang on : it comes from a part of yourself that simply knows, expresses itself, and is." Jeff Buckley Tout d'abord, un grand merci à Gilles Renand. Et oui, une thèse réussie, c'est certes un bon sujet de thèse mais surtout un bon directeur de thèse. Et sur ce point, je pense que ma thèse fut excellente!!! Je suis très heureuse d'avoir travaillé ces trois années à tes côtés. Tu m'as beaucoup appris sur l'élevage allaitant et la génétique et ton humeur égale face à mes doutes et mes râleries a été très appréciable! Je tiens également à remercier l'UNCEIA et Monsieur Barbezant d'avoir financé cette thèse et de m'avoir fait confiance pour mener à bien ce travail. Je remercie tout particulièrement Laurent Journaux qui a suivi mes travaux pendant ces trois années mais aussi Christine pour sa patience dans la gestion à distance de mes questions parfois existentielles! Mes remerciements vont bien sûr à toute l'équipe de l'UNCEIA avec qui j'ai passé des moments très sympathiques lors des réunions du personnel et notamment le voyage en Corse! Ma gratitude va également aux membres du jury, Etienne Verrier qui en est le président, Susana Dunner et Elisabeth Le bihan-Duval, les rapporteurs ainsi que Tom Druet, Laurent Journaux et Gilles Renand, les examinateurs. Je remercie Jean-Pierre Bidanel de m'avoir accueillie à la SGQA et maintenant GABI ainsi que Christelle, Manuela (Manu!), Sylvie, Valérie et Cécile pour la gestion pas toujours évidente de mon statut
UNCEIA-INRA! Je remercie les membres de mon comité de thèse pour leurs conseils : Hélène Gilbert, Sébastien Fritz, Hubert Levéziel, Brigitte Mangin, Laurent Journaux, Etienne Verrier et Gilles et bien sûr les personnes qui m'ont formée à la génomique : François Guillaume, Sébastien Fritz, Pascal Croiseau et Hélène Gilbert!! J'avoue, il y avait du travail! Un grand merci à toi, Sébastien, collègue UNCEIA, pour tes conseils et ton aide précieuse pendant ces trois années. Un grand merci aux membres du Comité de Pilotage de Qualvigène : Gilles, Laurent Journaux, Carine Bernard-Capel, Hubert Levéziel, Jean-François Hocquette, Brigitte Picard, Christophe Denoyelle, Sylvie Rousset, et les représentants des Entreprises de Sélection : UCATRC, UALC, Midatest et Gènes Diffusion. merci Mes remerciements vont à toute la joyeuse équipe de GABI 211! Vous faites de ce bâtiment un lieu de travail et de bonne humeur très agréable. Aller au travail dans ces conditions est un grand plaisir! Un gros poutou à la dream team du 211 : Ma Cloclo qui s'est exilée et qui me manque très beaucoup, Aurélia et Fidgi (!!), Zuly, Rachel, Nieniel, Chris, Bérénice et la petite dernière, Amandine!!! Quelle équipe de choc! Mais non, je ne vous oublie pas les Romain : j'ai bien rigolé avec toi, Tiromain et avec le Chti aussi!!!! J'ai une grosse pensée pour toi, Btissam toujours aussi gentille, douce, égale à toi même. Tu es quelqu'un de formidable! Je pense aussi à mon couple modèle : Hélène et Pascal! Vous êtes si généreux et présents dans les coups durs Ne changez rien! Un grand merci à Thierry toujours de bonne humeur en salle café, toujours une blague en poche et toujours prêt à aider! J'ai passé un très bon séjour en Autriche avec toi et j'ai été ravie de vivre l'expérience du Paris-Versailles avec Cloclo et toi!! A refaire! Je pense aussi à mon voisin de bureau et oui, à toi, mon cher Denis! Tu as égayé cette dernière année de thèse pourtant pas facile. Nos petites discussions vont me manquer, surtout depuis que tu as compris que je n'étais pas stagiaire! J'ai beaucoup apprécié nos cours à l'ENSAR. Avec toi, le BLUP n'est pas si compliqué! Je ne t'oublie pas Aline! Ce début de thèse à tes côtés a été très sympathique. Tu m'as transmis ton amour des bovins allaitants et de la bonne viande. J'aime mes petites soirées à Montparnasse et mes virées en Bourgogne dans la famille Bonnot! Garde ta joie de vivre et vive les Gilles' Girls!! Enfin, mes remerciements vont à ma famille formidable. Je vous embrasse très fort, les parents! Sans votre soutien, cette aventure aurait été bien difficile. outils de la sélection
L'estimation des paramètres génétiques.... Le BLUP : "Best Linear Unbiased Predictor" La génomique.................. 2.3.1 Les notions............... 2.3.2 Les méthodes................................................................................................... 3 Les programmes de génomique
43 3.1
Le programme Qualvigène
.............................. 43
3.1.1 La population
................................. 43
3.1.2 Les phénotypes
................................ 44 3.2 3.3
3.1.
3
Les analyses
..............
Les autres programmes de génomique bovine en France
...................
Qu'en est-il des autres espèce
s
en France
?.
4 L'étude de la mutation causale du
4.1 Introduction............ 4.2 Article 1..............
4.3 Conclusion
.............
5 L'approche gènes candidats
5.1 Introduction........ 5.2 Article 2 : Gènes candidats 5.3 Article 3 : Gènes candidats 5.4 Conclusion......... gène de....... ........ portant sur la.................... qualité................ de la viande................ 46 48 49 la myostatine 51..................... 51..................... 53..................... 65...................... de la tendreté de la viande...... du gras de carcasse et du persillé de la.............................. viande................ 67. 67. 69. 83. 106 6 La détection de QTL 107 6.1 Introduction. 107 6.2 Article 4 : Paramètres génétiques et détection de QTL de qualité des carcasses et des viandes avec un panel de microsatellites dans deux races allaitantes françaises 109 6.3 Une localisation fine de QTL de la qualité de la viande en Blonde d'Aquitaine. 143 6.3.1 Matériels et méthodes. 143 6.3.2 Résultats. 144 6.4 Le Cas particulier de la myosine IIb chez la famille du taureau Blond d'Aquitaine Hiver. 156 6.5 Conclusion. 160 Discussion générale 161 Bibliographie 171 Publications et colloques 181 Annexes 183 A Paramètres génétiques des caractères de qualité de carcasse et de viande en race Charolaise 185 B
G. Renand et S. Allais. La sélection des bovins pour une amélioration génétique de la qualité de la viande. In Muscle et viande de ruminant. D. Bauchart, B. Picard, coordinateurs. Ed. Quae, Versailles, 2010, 151-161
187
C Graphiques des détections de QTL par la méthode LDLA
pour
l'ensemble des 10 caractères de qualité de viande et les 29 chromosomes autosomes en race Blonde d'
Aqui
taine 207
En 2010, la France comptait 19.2 millions de têtes de bovins et restait le premier producteur de viande bovine de l'Union Européenne (UE) devant l'Allemagne et le Royaume-Uni (GEB, 2010). La France est également le premier pays consommateur de viande bovine de l'UE devant l'Italie et le Royaume-Uni. En terme de production, le cheptel français a la particularité d'être composé à 58% de bovins allaitants. Les trois principales races à viande françaises sont la Charolaise, la Limousine et la Blonde d'Aquitaine avec respectivement 1,650, 1,058 et 0,526 millions de vaches en 2010. Par conséquent, la production de viande bovine occupe une place importante dans l'économie de l'agriculture française. Or, la consommation de viande, et notamment de viande bo vine, observe un recul depuis une dizaine d'années (Sans, 2001). La filière se doit donc de regagner la confiance des consommateurs. Pour cela, elle a développé une démarche de certifications (labels, Appellation d'Origine Contrôlée..) afin de segmenter le marché. Toutefois, si cette démarche rassure le consommateur quant à l'origine de l'animal et le système de production, elle n'offre aucune garantie quant à la qualité sensorielle de la viande. Les méthodes classiques de sélection ne sont malheureusement pas applicables aux qualités sensorielles car ce sont des caractères très difficiles et coûteux à mesurer. CHAPITRE 1 QUALITÉ DE LA VIANDE BOVINE ET SÉLECTION DES BOVINS ALLAITANTS EN FRANCE 1.1 1.1.1 Production et consommation de viande bovine en France
La production de viande bovine (GEB, 2010) En 2008, la production de viande bovine provenait pour 45% de vaches, 12% de génisses, 8% de boeufs et 35% de Jeunes Bovins (JB) (Tableau 1.1).
Table 1.1 – Production finie de gros bovins et de veaux. (GEB-Institut de l'Elevage d'après EUROSTAT)
La production de JB est en constante augmentation depuis le début des années 2000. Alors que cette viande était pour 58% destinée à l'exportation en 2000, la tendance s'inverse actuellement (Tableau 1.2). 1.1.2 La consommation de viande bovine diminue régulièrement
La consommation apparente de viande (toutes espèces) est de 70 kg/habitant au début des années soixante en France et progresse régulièrement avec un ralentissement net dans le milieu des années 1990. Depuis une dizaine d'années, la consommation de viande en France
Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France
Table 1.2 – Evolution de l'utilisation de Jeunes Bovins en France. (SSP et GEB-Institut de l'Elevage) Figure 1.1 – Evolution de la consommation moyenne de produits carnés des adultes (15 ans et plus, g/j). est globalement en baisse régulière.
Pour les viandes de boucherie (boeuf, veau, agneau, porc frais et viande chevaline), les niveaux sont passés de 52 à 46 g/j/personne entre 2004 et 2007. En 2007, la consommation de viande bovine était seulement de 25g/j/personne soit moins de 2 petits steaks (moins de 120g) par semaine sur les 14 repas (Figure 1.1). Comme l'explique Sans (2001), des facteurs économiques et non-économiques sont à l'origine de cette baisse de la consommation de viande bovine : 1. Le revenu : Bien que le revenu ne soit plus une contrainte majeure en ce qui concerne la quantité des produits alimentaires achetés dans les pays développés, l'enquête alimentaire de l'INSEE de 1991 a montré que les quantités de viande bovine achetées sont, elles, corrélées positivement au revenu. 2. Le prix : De Fontguyon et Mainsant (1994) ont montré qu'une hausse du prix relatif (notamment pour des viandes chères comme le boeuf à griller) avait un effet défavorable sur la part de marché. Les auteurs insistent sur l'importance de raisonner par type de vi bovine (à griller, rôtir, bouillir..).
16 Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France 3.
Le changement de comportement des consommateurs : les consommateurs jeunes et d'un niveau d'éducation supérieur ont une forte probabilité d'être de faibles consommateurs de viande bovine. Outre l'effet de l'âge, il existe également un effet générationnel. En effet, les générations les plus jeunes présentent une forte diminution de leur consommation de viande bovine depuis les années 1980. Ce changement de comportement s'explique par plusieurs facteurs sociologiques : – Une préoccupation croissante des consommateurs pour leur santé. 1.1.3 Les nouvelles attentes des consommateurs
Pour regagner la confiance du consommateur et lui redonner goût à la viande bovine, il convient de mieux comprendre ce qu'il recherche. Il apparaît essentiel de travailler sur la qualité des produits qui lui sont proposés. Ainsi le rapport du sénat de 2002, établi par le sénateur Bailly (Bailly, 2002), expose les nouvelles attentes des consommateurs : – Une attente croissante portée à l'origine et à la qualité de la viande. Cette aspiration est aujourd'hui prise en compte par les éleveurs qui ont considérablement développé les signes officiels de qualité tels que l'appellation d'origine contrôlée AOC, le label, la certification de conformité des produits ou encore le mode de production biologique. Ces signes de qualité assurent principalement la qualité sanitaire des produits par une attention particulière portée à la traçabilité. – Des exigences marquées à l'égard des qualités organoleptiques et de la praticité de la viande. Selon un sondage CIDIL cité dans la publication "Marketing actualités" de janvier 1999, seules 19% des personnes interrogées estimaient alors que la viande avait su s'adapter au goût des consommateurs contre 76% pour les produits laitiers. De plus, 78% considèrent que la viande bovine n'est pas suffisamment adaptée aux manières de vivre actuelles quant à sa facilité d'utilisation. – Une forte demande d'information, notamment quant à la lisibilité de l'étiquetage des produits alimentaires. De plus, une meilleure compréhension des signes de qualité est recherchée. 1.2 1.2.1 Les qualités organoleptiques de la viande bovine Les qualités
La qualité est un terme très complexe. La définition de la qualité est : l'ensemble des propriétés et caractéristiques d'un service ou d'un produit qui lui confèrent l'aptitude à satisfaire
17 Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France des besoins ou implicites (Touraille, 1994
). Pour le consommateur, la qualité d'un aliment peut se décomposer en : – La qualité nutritionnelle, la première fonction d'un aliment étant de nourrir son consommateur. L'aliment apporte protides, glucides, lipides ainsi que des vitamines, minéraux, oligo-éléments... – La qualité hygiénique : en plus de l'apport de nutriments, l'aliment doit préserver la santé du consommateur. – La qualité de service à savoir la facilité de préparation des aliments. – Les qualités organoleptiques c'est-à-dire les caractéristiques perçues par les sens du consommateur. Elles recouvrent l'aspect et la couleur, le goût et la saveur, l'odeur et la flaveur ainsi que la consistance et la texture de l'aliment. – L'image de l'aliment et de son mode de production. Dans la suite de ce travail, nous nous intéresserons plus particulièrement aux qualités organoleptiques de la viande bovine. 1.2.2 Description des qualités organoleptiques
Les qualités organoleptiques ou sensorielles peuvent se classer en 3 catégories (Touraille, 1994) : – qualitative, qui est la caractéristique de ce qui est perçu (goût salé, arôme, dureté-tendreté, sec-moelleux..) – quantitative, qui représente l'intensité de cette sensation (peu, beaucoup, intensément..), – hédonique, qui caractérise le plaisir ressenti par l'individu ("j'aime", "je n'aime pas"..) Pour la viande, les principales caractéristiques sensorielles (qualitatives) sont : la tendreté, la jutosité, la flaveur et la couleur. – La tendreté (Touraille, 1994) La tendreté est définie comme la facilité avec laquelle une viande se laisse trancher, et mastiquer. Deux facteurs principaux ont un rôle dans la tendreté de la viande, d'une part le collagène (par sa quantité et sa nature), d'autre part les myofibrilles (par leur état de contraction et leur degré de maturation). Les fibres musculaires sont groupées en faisceaux, séparés les uns des autres par une trame conjonctive complexe où domine le collagène (80%) (Figure 1.2). Le collagène est une protéine qui a pour rôle de transmettre les tensions musculaires. La teneur en collagène varie entre 2 et 12 mg/g de produit frais. Les caractéristiques qualitatives du collagène jouent un rôle important dans la tendreté : composition en isoformes, nombre et nature des liaisons intermoléculaires. L'autre facteur important de la tendreté est l'état de contraction et de maturation des myofibrilles. Après la mort de l'animal, le muscle conserve la possibilité de se contracter, si les réserves énergétiques sont suffisantes. Ce phénomène de contraction est favorisé par le froid, en particulier quand le muscle est refroidi à une tempé
Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France
Figure 1.2 – Structure du muscle strié. (Larousse) moins de 10h après abat
tage
.
Cette contraction s'accompagne d'un durcissement de la viande. Après l'installation de la rigor mortis, la viande subit des transformations biochimiques sous l'action d'enzymes protéolytiques qui conduisent à une dégradation de la structure myofibrillaire et donc à un attendrissement de la viande (Figure 1.3). Plus précisément, l'enzyme μ -calpaine est responsable du processus d'attendrissement post-mortem. La production de cette enzyme est régulée par l'enzyme calpastatine, son inhibiteur (Koohmaraie, 1996). Comme tout processus enzymatique, l'action de ces protéases est très dépendante de la température. – La jutosité (Touraille, 1994 ; Monin, 1991) La rétention d'eau joue un rôle important dans la jutosité du muscle. 1.2.3 Mesure des qualités organoleptiques
Les qualités organoleptiques de la viande peuvent être mesurées soit par des méthodes sensorielles, soit par des méthodes instrumentales (Moevi, 2003). L'évaluation de la couleur peut être sensorielle avec un jugement visuel selon des grilles de classement. Le veau de boucherie fait ainsi l'objet d'un classement selon le catalogue officiel EUROP mais ce n'est pas le cas des gros bovins. Les mesures physico-chimiques cherchent à rendre compte de caractéristiques musculaires liées à la couleur perçue par l'oeil humain.
Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France
Elles n'apportent généralement d'informations que sur une des composantes de la couleur de la viande : dosage de fer héminique, dosages des différents types de fibres musculaires. Les méthodes physiques s'intéressent aux propriétés de réflexion et/ou d'absorption de la lumière par la viande : réflectomètres, spectrophotomètres, colorimètres (chromamètres). La tendreté, la jutosité et la flaveur peuvent être évaluées par un jury de dégustation. C'est une méthodologie lourde, destructive et contraignante mais qui est la seule à apporter l'information complète et synthétique sur l'ensemble des perceptions humaines liées à ces trois qualités. Cette méthode est donc celle de référence. Toutefois, il existe pour ces trois caractères des méthodes instrumentales. Les mesures de la tendreté consistent à soumettre un échantillon de viande à différentes forces et à observer son comportement, sa résistance : forces de cisaillement (appareil de Warner -Bratzler le plus souvent), de compression (texturomètre..), de pénétration, d'extension. Indirectement, on peut mesurer la quantité de collagène dans le muscle par dosage, la solubilité du collagène, la longueur des sarcomères, le nombre et la taille des fibres musculaires. Concernant la jutosité, il s'agit essentiellement de mesures indirectes telles que des mesures chimiques (dosage en eau et en matières grasses, détermination des différents types de fibres..) ou des mesures physiques qui quantifient le pouvoir de rétention en eau (pertes de masses ou évolution des mensurations du morceau lors d'une exsudation naturelle, compression, cuisson..) Il existe des mesures chimiques ou physico-chimiques apportant des informations sur la flaveur telles que des mesures de teneur et composition en matières grasses de la viande et/ou du gras intermusculaire, de stabilité oxydative des gras, de proportion des différentes fibres musculaires..Des appareils sophistiqués permettent également d'identifier les composés aromatiques de la viande : chromatographie en phase gazeuse, spectrométrie de masse. 1.2.4 Les facteurs influençant les qualités organoleptiques Le modèle génétique
Les caractères quantitatifs, c'est-à-dire prenant des valeurs qui recouvrent de façon continue un large intervalle de valeurs, sont gouvernés par un grand nombre de gènes. Des facteurs non génétiques, que l'on appelle le milieu ou l'environnement, influencent également ces caractères. Ainsi pour un animal donné, on a l'équation : P =G+E où P désigne le phénotype (le caractère mesuré), G désigne la valeur du génotype (i.e. la somme des effets de tous les gènes) et E l'effet global du milieu. Etendue à une population donnée, on obtient : V (P ) = V (G) + V (E) avec V(P), la variance du phénotype dans la population, V(G) la variance génotypique et V(E) la variance de l'effet environnemental.
Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France Les facteurs environnementaux
Pour décrire le plus précisément possible un caractère, il faut identifier tous les facteurs environnementaux susceptibles d'influencer ce caractère. Dans le cas des qualités organoleptiques de la viande bovine, les facteurs suivants ont été identifiés : Les conditions d'abattage, Ouali (1991) Lors du transfert de l'élevage à l'abattoir et lors de l'attente à l'abattoir, la mise à jeun des animaux et le mélange d'animaux provenant de différents élevages engendrent un stress important chez l'animal qui, en plus des lésions physiques, peut conduire à : – une élévation de la température corporelle et une chute du pH se traduisant par des viandes exsudatives (avec un faible pouvoir de rétention d'eau) ou – une altération du déroulement de la phase d installation de la rigor mortis par une diminution du taux de glycogène, qui engendre une augmentation du pH final et des viandes DFD (Dark, Firm, Dry meat) de couleur sombre et de flaveur moindre. Le stress peut donc conduire à une détérioration des qualités organoleptiques. Il est donc très important d'enregistrer le lot d'abattage de chaque animal qui peut expliquer en partie des différences de qualité entre lots de carcasses. Les facteurs technologiques, Ouali (1991) – La réfrigération : lors d'une réfrigération rapide, on observe une dureté excessive de la viande et donc une forte diminution de la tendreté. Cette altération est liée au phénomène de contraction au froid appelé "cold shortening" (température des muscle inférieure à 1012°C, pH supérieur à 6,0 et présence d'ATP). A l'opposé, une réfrigération très lente (3-4h à -2°C pulsé à 2 ou 2,5 m/s suivi d'un stockage en air calme à 0°C) entraine de faibles pH et un ralentissement du processus de maturation. Par conséquent, une réfrigération ni trop rapide ni trop lente doit être privilégiée, soit 12-15°C pendant 10 à 15h puis +2°C jusqu'à 24h post-mortem. – La durée de maturation : Wheeler et al. (1999) ont montré qu'une maturation pendant 14 jours plutôt que 3 permettait d'augmenter significativement la flaveur de la viande. – La congélation : Lors de la congélation ante-rigor d'un muscle contenant de l'ATP, il va se contracter quand la température est abaissée vers 2°C. Il s'agit toujours du phénomène de "cold shortening". Dans le cas d'une congélation post-rigor, une congélation rapide préserve bien la structure contractile du muscle pour des stockages de courte durée. Ce n'est plus le cas pour des stockages de longue durée du fait de l'évolution inévitable de la taille des cristaux. – La décongélation : Il est nécessaire de décongeler lentement les viandes pour que les capacités de rétention d'eau ne soit pas altérées et que les protéines ne soient pas dénaturées. Tous ces facteurs sont désormais relativement bien contrôlés par les abattoirs. D'autres facteurs peuvent également intervenir au niveau de l'élevage ou des laboratoires de
Figure 1.4 – Profil d'évolution de la force de cisaillement en fonction de la température de cuisson (Christensen et al., 2000) mesures des caractères qui nécessitent d'être pris en compte : l'élevage ou la station d'engraissement, la race, l'âge
animaux, le sexe, la ration alimentaire, la date des mesures, l'opérateur qui réalise les mesures. (Geay et Renand, 1994) Enfin, le consommateur peut également impacter la qualité de la viande, notamment par la température de cuisson. Ainsi, Christensen et al. (2000) ont étudié l'évolution de la force de cisaillement de la viande en fonction de la température de cuisson (Figure 1.4). De façon générale, plus la température de cuisson est élevée et plus la tendreté diminue. Il faut distinguer les facteurs de milieu contrôlés appelé macro-milieu (facteurs que l'on peut enregistrer) des facteurs de milieu non contrôlés qui sont des facteurs que l'on ne maîtrise pas (appelé micro-milieu). La composante génétique Les
no
tions
Pour qu'un caractère puisse être sélectionné dans une population, il faut que ce caractère présente une variabilité phénotypique et qu'une partie non négligeable de cette variabilité soit d'origine génétique. Ainsi, on définit l'héritabilité (h2 ) comme la part de variabilité phénotypique observée dans une. population imputable à la variabilité génétique : h2 = VV (G) (P ) L'effet génétique G se décompose en un effet additif A, un effet de dominance D (et même un effet d'intéraction I). Dans la sélection, nous nous intéressons essentiellement à l'effet A car seul l'effet additif est transmissible de génération en génération. A ce stade, on ne considère dans la variation environnementale que les facteurs de micro-milieu, les valeurs phénotypiques étant corrigées des facteurs de milieu contrôlés. La variance génétique est estimée grâce à la connaissance du pedigree. De plus, deux caractères peuvent être liés. On mesure l'importance de cette corrélation au travers des corrélations phénotypiques et génétiques. On appelle la corrélation phénotypique la corrélation entre les valeurs phénotypiques d'un même animal pour 2 caractères différents. On appelle corrélation génétique additive la corrélation entre les valeurs génétiques additives du même animal pour 2 caractères différents. Soit une population dans laquelle on mesure les animaux pour 2 caractères différents, avec P1 la valeur phénotpyique pour le premier caractère et P2 la valeur phénotypique pour le deuxième caractère. Alors, la corrélation phénotypique, à l'échelle de la population, se calcule de la façon 1,P2 ) suivante :
rP = Cov(P σP 1 σP 2 o
ù σP1 et σP2 sont les écart-types phénotypiques des caractères. De même, la corrélation génétique additive est définie de la façon suivante : 1,A2 ) rA = Cov(A σA1 σA2 où A1 et A2 sont les valeurs génétiques pour les caractères 1 et 2, et σA1 et σA2 sont les écarttypes génétiques des caractères.
Les paramètres génétiques des qualités organoleptiques
De nombreuses études ont porté sur l'estimation des paramètres génétiques des qualités organoleptiques et des caractères qui leurs sont associés. Les principales équipes à travailler sur cette thématique sont : – Les chercheurs de l'USDA dans le cadre des programmes GPE (GermPlasm Evaluation programs) sur des populations croisées issus de pères de races très variées (Hereford, Angus, Jersey, South Devon, Simmental, Limousin, Charolais, Red Poll, Brown Swiss, Maine Anjou, Piedmontaise..) évoluant chaque année, une année correspondant à un "cycle". – Les équipes américaines travaillant sur le projet Carcass Merit Project (populations croisées Bos Taurus). – Les équipes australiennes du CRC (Cooperative Research Centre for Cattle and Beef Quality) étudiant des races tempérées (Angus, Hereford, Shorthorm et Murray Grey) et tropicales (Brahman, Belmont Red and Santa Gertrudis). – D'autres équipes telles que l'équipe de Roslin en Ecosse travaillant sur la race Angus ou encore les chercheurs de l'USDA travaillant sur la race Brahman. Les chercheurs du programme GPE ont trouvé des paramètres génétiques relativement différents selon la population étudiée. L'héritabilité de la force de cisaillement est comprise entre 0.16 et 0.37 et celle de la note de tendreté entre 0.22 et 0.50 (Splan et al., 1998 ; Wheeler et al., 1996 ; Wheeler et al., 2001 ; Wheeler et al., 2004 ; Wheeler et al., 2005). Ces deux caractères ap paraissent donc moyennement à fortement héritables dans les populations GPE. La corrélation génétique entre ces deux caractères est proche de -1.00. De même, Dikeman et al. (2005) ont estimé de fortes héritabilités dans leurs populations croisées Bos Taurus (0.40 pour la force de cisaillement et 0.37 pour la note de tendreté). Les équipes australiennes ont trouvé des résultats différents dans leur population tempérée. Ainsi, ils ont calculé des faibles héritabilités de 0.09 et 0.10 pour la force de cisaillement et la note de tendreté respectivement (Johnston et al., 2003). La corrélation génétique entre ces deux caractères n'est que de -0.49. En Ecosse, l'équipe de Roslin (Gill et al., 2010) a aussi estimé une faible héritabilité pour la note de tendreté dans une population croisée Angus (0.06). Dans la population de Brahman, Riley et al. (2003) ont trouvé des héritabilités intermédiaires (0.14 pour la force de cisaillement et 0.11 pour la note de tendreté) et une corrélation génétique de -0.8. Concernant la jutosité, les résultats sont extrêmement variables selon les populations. L'héritabilité de ce caractère est de 0.05 dans la population tempérée australienne, 0.15 dans la population croisée Angus de Roslin, de 0.09, 0.24 et 0.32 dans les populations GPE cycle V, VI et VII de l'USDA, respectivement. Quant à la flaveur, la plupart des études s'accordent sur une faible héritabilité (environ 0.05) excepté pour les populations GPE où elle a été estimée jusqu'à 0.40 dans le cycle VI. Wheeler et al. (1996) et Wheeler et al. (2005) ont trouvé de fortes corrélations génétiques positives entre les qualités sensorielles (entre 0.50 et 1.00). Il en est de même pour la population australienne où les corrélations sont supérieures à 0.90. Dikeman et al. (2005) ont également estimé des corrélations positives mais plus faibles (environ 0.20). Certaines études font exception : Wheeler et al. (2001) ont estimé une forte corrélation négative entre tendreté et flaveur (-1.00). Riley et al. (2003) ont aussi calculé une corrélation négative entre tendreté et flaveur dans la population Brahman (-0.39 pour la note de tendreté et +0.13 pour la force de cisaillement). Le taux de lipides intramusculaires est souvent approché par la note de persillé dans les études étrangères. Dans les études sur les populations GPE, les 2 caractères ont été étudiés. Les héritabilités sont légèrement plus faibles pour la mesure du taux de lipides intramusculaires que pour le persillé. La corrélation entre les deux caractères est comprise entre 0.50 et 0.70 et les héritabilités sont fortes (de 0.27 à 0.73). En Australie, Reverter et al. (2003) ont estimé une héritabilité de 0.17 pour le persillé et 0.38 pour le gras intramusculaire. Dikeman et al. (2005) ont trouvé une héritabilité du persillé de 0.68. En race Brahman, l'héritabilité persillé est de 0.44 et celle du gras intramusculaire de 0.34 avec une corrélation génétique de 0.73, selon Riley et al. (2002) et Riley et al. (2003). Dans les études des populations GPE, les caractères de gras intramusculaire et de persillé apparaissent fortement corrélés positivement à la tendreté, jutosité et flaveur, excepté dans l'étude de Wheeler et al. (2004) où les 2 caractères sont corrélés négativement à la tendreté (0.23 et -0.08). L'étude sur la population Brahman de Riley et al. (2003) présente des corrélations négatives entre le persillé et les qualités sensorielles (environ -0.50) mais le gras intramusculaire apparaît, lui, corrélé positivement à la flaveur (0.48). 1.3 1.3.1 La sélection classique sur performances des races à viande en France Organisation de la sélection chez les bovins allaitants
Le dispositif d'amélioration génétique, mis en place par la loi sur l'élevage de 1966, a été modifié par la loi d'orientation agricole de 2006 (CSAGAD, 2006 ; Figure 1.5). Tous les acteurs des schémas de sélection sont désormais représentés au sein d'une interprofession appelée France Génétique Elevage, association loi 1901, qui leur donne la capacité d'assumer le pilotage opérationnel du dispositif collectif d'amélioration génétique. De plus, pour chaque race, les UPRa (Unité de Promotion de la Race) ont évoluées en Organismes de Sélection (OS) qui fédèrent les groupements d'éleveurs, le Herd-Book, les entreprises de sélection et les organismes de contrôle de performances. Ces organismes ont pour rôle de gérer le livre généalogique, de déterminer les objectifs de sélection raciaux, de réaliser l'ingénierie de la morphologie ainsi que la promotion générique de la race. Les évaluations génétiques sont réalisées conjointement par l'INRA à Jouy en Josas (unités GABI et CTIG) et le département génétique de l'Institut de l'Élevage. 1.3.2 Les différentes évaluations génétiques ; Pabiou (2005) Les évaluations génétiques en ferme IBOVAL
Ces évaluations génétiques ont pour objectif d'évaluer en ferme les reproducteurs mâles et femelles pour les conditions de naissance, la croissance jusqu'au sevrage et les qualités maternelles (Boulesteix et al., 2009). Les performances collectées sont le poids de naissance, les conditions de naissance, le poids à 210 jours ou poids à 120 jours et les notes de développement musculaire et squelettique au sevrage. Le calcul des valeurs génétiques est réalisé par la méthode BLUP (Best Linear Unbiased Predictor ; Henderson, 1963) en modèle animal. Les valeurs génétiques prédites (index) des taureaux, qu'ils soient d'insémination animale (IA) ou de monte naturelle (MN), ne sont publiées que si certaines conditions de précision et de connexion sont respectées. Les évaluations en stations de contrôle Des stations ont été mises en place pour le contrôle des performances individuelles des taureaux sur leurs aptitudes bouchères, que ce soit pour la monte naturelle (MN) ou l'insémi26
Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France
Figure 1.5 – Schéma du dispositif d'amélioration génétique mis en place par la loi d'orientation agricole du 5 janvier 2006.
(CNAG : Commission Nationale d'Amélioration Génétique ; INRA : Institut National de la Recherche Agronomique ; GABI : Unité de Génétique Animale et Biologie Intégrative ; UMT : Unité Mixte Technologique ; CTIG : Centre de Traitement de l'Information Génétique ; CRI : Centre Régional Informatique ; SIG : Système d'Information Génétique ; CPS : Centre de Production de Semences) 27
Chapitre 1 : Qualité de la viande bovine et sélection des bovins allaitants en France nation animale (IA). Ces stations ont pour objectif de c
r dans un même lieu et dans des conditions homogènes un nombre suffisant de contemporains (minimum 40 par série). Pour les taureaux de MN, on parle de stations d'évaluations où sont effectuées 2 doubles-pesées au début et à la fin de la phase de contrôle (16 semaines), un contrôle de la conformation par pointage et mensurations et une mesure de la composition corporelle par VOS (Velocity Of Sound ; Journaux et al., 1999) dans les 2 semaines qui précèdent la fin des 16 semaines. Pour les taureaux d'IA, ce sont des stations de contrôle individuel où la phase de contrôle dure 18 semaines. 1.3.3 Les limites des évaluations génétiques actuelles
Les évaluations génétiques actuelles sont fondées sur la mesure des caractères d'intérêt enregistrés en routine dans le cadre du contrôle de performances en ferme ou spécifiquement dans les stations dans le cadre de programmes organisés collectifs. Une évaluation génétique a également été mise en place sur les aptitudes bouchères à l'abattage à partir des informations recueillies en routine dans les abattoirs. Une action de développement débutée en 1995 et menée par l'INRA et l'Institut de l'Elevage (Journaux et al., 1999) a eu pour objectif de développer l'outil VOS et de généraliser son utilisation dans les programmes d'amélioration génétique des bovins allaitants en France. Cet de la permet d'estimer l ' des carcasses et donc d'apprécier leur qualité. Toutefois, les entreprises de sélection n'ont pas encore pleinement intégré les données de composition corporelle dans leurs schémas de sélection, n'en faisant pas une priorité. Aucune mesure de la qualité de la viande n'est réalisée à ce jour au niveau des abattoirs ou ateliers de découpe, donc il n'y a pas d'évaluation en routine des qualités de la viande des animaux abattus en France. De plus, le coût de la mise en oeuvre de telles mesures est très élevé. Par conséquent, les entreprises de sélection n'évaluent pas leurs taureaux d'IA sur de tels caractères. Une telle évaluation a toutefois eu lieu sur 1828 jeunes bovins de l'Entreprise de Sélection Midatest dans les années 80 (5 années successives). Des mesures de forces de cisaillement, de pH et de capacité de rétention 'eau ont été réalisées. Bien que la force de cisaillement présente une variabilité génétique non négligeable (h2 =0.30 ; Renand, 1985), l'évaluation génétique des taureaux sur la tendreté a été abandonnée pour des raisons économiques. Face à cette situation, d'autres outils de sélection ont été recherchés. CHAPITRE 2 LES OUTILS DE LA SÉLECTION 2.1 L'estimation des paramètres génétiques
Nous avons vu dans le chapitre précédent que les paramètres génétiques (héritabilités et corrélations génétiques) décrivent une population donnée pour un (ou des) caractère(s) donné(s). Ces paramètres génétiques sont utiles à la fois pour le calcul des valeurs génétiques par le BLUP et pour les méthodes génomiques. Le modèle génétique : P=A+E+e avec P la performance, A l'effet génétique additif, E l'effet d'environnement contrôlé et e l'effet résiduel peut également s'écrire, à l'échelle de la population, de la façon suivante : y = Xβ + Zu + e où y est le vecteur des performances tel que y ∼ N (Xβ, V), β est le vecteur des effets fixes (effets d'environnement identifiés=macro-milieu), u est le vecteur des effets aléatoires non résiduels (les valeurs génétiques) tel que u ∼ N (0, G) et e est le vecteur des effets aléatoires résiduels tel que e ∼ (0, R). G est la matrice de variances-covariances entre effets aléatoires telle que, dans le cas du modèle génétique : G = Aσa2 avec A la matrice des relations de parenté et σa2, la variance des valeurs génétiques. R est la matrice de variances-covariances entre effets résiduels tel que R = Iσe2 avec I la matrice identité et σe2, la variance résiduelle. X et Z sont des matrices d'incidence reliant les effets fixes et aléatoires (respectivement) aux performances. Ce modèle est dit mixte car il associe effets fixes et effets aléatoires. L'estimation des paramètres génétiques se fait par maximisation de la vraisemblance du modèle. On calcule la vraisemblance (probabilité d'observation) de la population étudiée en supposant les variances connues. On suppose que les paramètres sont les plus probables quand la vraisemblance est maximale. L'estimation des variances se fait donc par itérations successives jusqu'à maximisation de la vraisemblance. Plus précisément, les paramètres génétiques sont calculés par la méthode du maximum de vraisemblance restreinte (REML) développée par Patterson et Thompson (1971). 31
Chapitre 2 : Les outils de la sélection 2.2 Le BLUP : "Best Linear Unbiased Predictor"
La méthode BLUP est une approche qui permet d'estimer en même temps les valeurs génétiques de tous les animaux et les effets fixes du milieu. Cette méthode est dite "non biaisée" car elle permet de tenir compte d'une répartition non homogène des valeurs génétiques parmi les différentes modalités des facteurs de milieu identifiés. 2.3 2.3.1 La génomique Les notions Le déterminisme génétique
Nous avons vu dans le modèle génétique P=A+E+e que le caractère quantitatif était gouverné en partie par une composante génétique additive A, transmissible de génération en génération. Plus précisément, un caractère quantitatif est gouverné par une infinité de gènes (modèle polygénique). Quelques gènes ont un fort effet et la plupart des gènes ont un faible effet (Shrimpton et Robertson, 1988, Figure 2.1). Les marqueurs génétiques (Jussiau et al., 2006 ; Boichard et al., 1998) L'analyse de la séquence nucléotidique d'un segment d'ADN, à un locus donné (un emplacement sur le génome) et dans une population donnée, peut montrer certaines variations.
Chapitre 2 : Les outils de la sélection
Figure 2.1 – Illustration du déterminime génétique. (Shrimpton et Robertson, 1988)
Les différentes formes à un locus sont dites allèles. On parle de polymorphisme génétique (ou marqueur génétique) quand plusieurs allèles existent à un locus. Les premiers marqueurs utilisés ont été des locus affectant le phénotype visible (gènes de coloration, de nanisme..). Dans les années 60, les marqueurs biochimiques sont apparus (électrophorèse des protéines, immunologie..). Dans les années 80, le développement des techniques de biologie moléculaire a permis d'étudier le polymorphisme directement sur l'ADN. La technique RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism) consiste à couper l'ADN en fragment par une enzyme de restriction. La distance entre deux sites de coupure de l'enzyme de restriction (sites de restriction) varie selon les individus (du fait du polymorphisme des individus). Les marqueurs microsatellites sont des séquences très courtes (2 ou 3 bases) hautement répétées. A un site donné, le nombre de répétitions de la sé quence peut varier d'un individu à l'autre et constitue une forme allélique. Ces marqueurs présentent l'intérêt d'être très polymorphes. Les SNP (Single Nucleotide Polymorphisms) sont des polymorphismes dus à la substitution, à l'insertion ou à la délétion d'un nucléotide. Les SNP sont le plus souvent bi-allélique. Ces marqueurs ont l'avantage d'être très nombreux sur le génome. Les fréquences alléliques et génotypiques et le modèle de Hardy-Weinberg Soit un marqueur A biallélique (SNP) présentant 2 allèles A1 et A2 dans une population de n animaux. Alors, la fréquence de l'allèle A1, notée f(A1 ), est égale à la proportion du nombre de copies de l'allèle A1 dans le nombre total d'allèles, soit 2n. Il en est de même pour l'allèle A2. Dans le cas d'un marqueur multi-allélique de type microsatellites, le principe est le même. Soit un marqueur B présentant i allèles dans une population de n animaux, alors la fréquence de l'allèle Bi est égale à la proportion du nombre de copies de l'allèle Bi dans le nombre total d'allèles, soit 2n. Concernant les génotypes, dans le cas du marqueur A biallélique, 3 génotypes sont possibles, 33 Chapitre 2 : Les outil de la sélection 2 homozygotes A1 A1 et A2 A2 et 1 hétérozygote A1 A2. Alors : n n f req(A1 A1 ) = nA A +nAA1 AA1 +nA A = An1 A1 et de même pour les 2 autres génotypes. 1
1
1
2 2 2
Il en est de même pour le marqueur multi-allélique B : n n i = Bni Bi et de même pour les autres génotypes.
f req(Bi Bi ) = nB B +nB B +nB BBi B+n B B +***+nB B 1 1 1 2 2 2 1 3
i i Sous certaines conditions, les fréquences alléliques et génotypiques sont soumises au principe de Hardy-Weinberg. Ce modèle assure le maintien dans le temps des fréquences alléliques et génotypiques sous les hypothèses suivantes : – Une population d'effectif infini – Panmixie (accouplement aléatoire) – Absence de migration – Absence de sélection – Absence de mutation Dans le cas du marqueur biallélique A, si on note p la fréquence de l'allèle A1 et q la fréquence de l'allèle A2 tel que p+q=1 alors, si la population est en équilibre de Hardy-Weinberg : f req(A1 A1 ) = p2 f req(A2 A2 ) = q 2 f req(A1 A ) = 2pq. Dans le cas du marqueur multi-allélique B, considérant que les allèles B1,..,Bi ont pour fréquences p1 à pi, alors, si la population est en équilibre de Hardy-Weinberg : f req(Bi Bi ) = p2i f req(Bi Bj ) = 2pi pj pour tout j ∈ [1, i] Les hypothèses de Hardy-Weinberg reposent sur des contraintes fortes, qui sont rarement toutes vérifiées. Toutefois, les hypothèses d'absence de mutation et de sélection peuvent être négligées car ces forces évolutives n'ont d'effets perceptibles que sur de longues périodes. De plus, nous travaillons sur des populations suffisamment grandes pour admettre qu'elles sont de taille infinie. Par conséquent, dans nos études, nous admettrons que ces hypothèses sont valides. Lors du contrôle qualité des marqueurs, il est important de vérifier que les fréquences génotypiques vérifient l'équilibre de Hardy-Weinberg. Dans le cas contraire, ces marqueurs sont retirés de l'analyse.
La liaison génétique et le taux de recombinaison
La liaison génétique a trait à la position relative de deux loci sur le même chromosome. Quand il n'y a pas de recombinaison (échange de portions de chromosomes homologues durant la méiose) entre le locus observé et le segment qui l'entoure, le locus devient un marqueur de ce segment et des gènes qui l'entourent (Figure 2.2). Deux gènes sont dits complètement liés si un parent doublement hétérozygote ne produit que des gamètes non-recombinants. Dans ce cas, le taux de recombinaison θ = 0. Deux gènes sont dits non-liés si un parent doublement hétérozygote produits des gamètes recombinants et non-recombinants en proportions égales. Dans ce cas, θ = 12. 34
Chapitre 2 : Les outils de la sélection
Figure 2.2 – Illustration de la liaison génétique. (Boichard et al., 1998)
Le taux de recombinaison entre deux loci est d'ailleurs la méthode de mesure la plus ancienne de la distance entre deux gènes. La distance génétique est également mesurée en centimorgan (cM) ou en base (b). Concernant le génome bovin, on considère que 1 cM=1000000 b.
Le déséquilibre de liaison
La notion d'équilibre ou de déséquilibre de liaison (DL) entre deux loci est une notion statistique qui a trait au fait que, dans une population donnée, les allèles présents à l'un des loci sont associés au hasard (équilibre de liaison) ou non (déséquilibre de liaison) aux allèles présents à l'autre locus. Autrement dit, il y a un déséquilibr association préférentielle entre un allèle d'un locus (par exemple un allèle de marqueur) et un allèle de l'autre locus (par exemple un allèle de QTL). Ainsi deux loci sont en équilibre de liaison si dans l'ensemble des gamètes de la population considérée, et pour tout allèle M et tout allèle Q à ces deux loci, la fréquence de l'haplotype MQ est égale au produit des fréquences des allèles M et Q. La connaissance de l'allèle à un locus ne permet donc pas de prédire l'allèle à l'autre locus. Considérons désormais deux locus A et B. A a pour allèles A1 et A2 et B a pour allèle B1 et B2. |D| Dmax
On préfère souvent utiliser r2 plutôt que D' pour mesurer le DL car la mesure du D' tend à être surestimée avec de petits échantillons de populations ou à de faibles fréquences alléliques (McRae et al., 2002). Il existe également des mesures du DL pour les marqueurs multi-alléliques. Ainsi, Zhao et al. ′ (2005) ont recommandé la statistique X 2 : ′ X2 = m k Dij2 1 XX l − 1 i=1 j=1 f req(Ai ) ∗ f req(Bj ) où f req(Ai ) est la fréquence du ieme allèle au marqueur A, f req(Bj ) est la fréquence du j eme allèle au marqueur B, l est le minimum entre les nombres d'allèles aux marqueurs A et B et Dij = f req(Ai Bj ) − f req(Ai ) ∗ f req(Bj ). Pour étudier l'étendue du DL sur un segment chromosomique qui contient plusieurs marqueurs, on utilise la notion de chromosome segment homozygosity CSH (Hayes et Goddard, 2003). On considère un animal ancêtre il y a plusieurs générations, avec des descendants dans la population actuelle. Alors, à chaque génération, le chromosome ancêtre est cassé par recombinaison jusqu'à ce qu'il ne reste que de petites régions chromosomiques provenant de l'ancêtre.
Chapitre 2 : Les outils de la sélection
Ces régions sont dites identiques par descendance (IBD, Figure 2.3). Le CHS est la probabilité que 2 segments chromosomiques de même taille proviennent du même ancêtre sans recombinaison (i.e. IBD). Figure 2.3 – Un animal ancêtre (1) produit des descendants sur plusieurs générations. A chaque génération (2), le chromosome ancêtre est cassé par recombinaison jusqu'à ce qu'il ne reste que de petits segments conservés du chromosome ancêtre (3). (Hayes, 2008)
2.3.2 Les méthodes
Dans cette partie, nous considérerons que les phénotypes (y) sont corrigés des effets de macro-milieu. Les
analyses genome-wide
Cette stratégie consiste à étudier l'ensemble du génome afin de détecter des régions chromosomiques plus ou moins fines hébergeant un (ou des) gène(s) dont le polymorphisme est impliqué dans la variabilité d'un caractère. Ces régions sont appelées QTL pour "Quantitative Trait Loci". Cette démarche nécessite donc un nombre plus ou moins conséquent de marqueurs répartis le plus uniformément possible le long du génome. Les études de liaison (Boichard et al., 1998) Jusqu'en 2008, seuls des panels de microsatellites étaient disponibles pour cribler tout le génome bovin. Ces marqueurs sont espacés tous les 10 à 20 centimorgan. Avec une telle distance entre marqueurs, seul le déséquilibre de liaison intra-famille est exploitable. L'hypothèse de base est donc l'équilibre de liaison entre marqueur et QTL dans l'ensemble de la population. L'effet apparent du marqueur n'est défini qu'intra-famille et il est susceptible de varier d'une famille à l'autre. L'effet du QTL n'étant estimé qu'intra-famille, ce dispositif nécessite un grand nombre de descendants par famille. Deux protocoles intra-population sont classiquement proposés et reposent sur l'analyse de 2 ou 3 générations. Le protocole sur 2 générations (Soller et Genizi, 1978) consiste à analyser des familles de produits issus de pères hétérozygotes aux marqueurs et à comparer la moyenne de du groupe ayant reçu le premier allèle paternel et celle du groupe ayant reçu l'autre allèle (Figure 2.4). Pour améliorer la puissance de détection à nombre de typages fixé, le protocole peut être
Chapitre 2 : Les outils de la sélection
Figure 2.4 – Principe de détection de QTL par régression intra-père. étendu sur 3 générations (Weller et al., 1990).
Les pères, supposés doubles hétérozygotes aux marqueurs et aux QTL, ont des fils dont la valeur génétique est estimée sur descendance à partir des performances de leurs produits. Dans ce protocole, le caractère est mesuré sur les descendants de troisième génération mais seuls les pères et leurs fils sont génotypés. L'intérêt de ce dispositif est de réduire la variabilité résiduelle du caractère. Les analyses de liaison intrafamille sont puissantes, robustes, mais ne permettent qu'une localisation peu précises des QTL. On parle souvent de primo-localisation des QTL. Les études d'association (Hayes, 2008) A partir de 2008, une puce bovine de 54001 marqueurs SNP ("Bovine SNP50®") a été commercialisée par Illumina. L'intervalle moyen entre SNP est de 46 Kb environ. Avec une telle densité de marqueurs, chaque QTL a dans son voisinage au moins un marqueur avec lequel il a une chance d'être transmis à la génération suivante, donc un marqueur avec lequel il est en fort déséquilibre de liaison (l'idéal étant en déséquilibre complet). On parle alors de déséquilibre de liaison populationnel. La population idéale à génotyper sur cette puce est une population d'animaux non apparentés. Dans ce cas, un modèle très simple de régression marqueur par marqueur peut être appliqué : y = 1n μ + Xg + e où y est un vecteur de phénotypes, 1n un vecteur de 1, μ l'effet moyen, X une matrice d'incidence qui relie les phénotypes à l'effet du marqueur, g l'effet du marqueur et e un vecteur des résidus tel que ei ∼ N (0, σe2 ) pour un animal i. 38
Chapitre 2 : Les outils de la sélection
Figure 2.5 – Précision de l'estimation des effets haplotypiques avec un nombre croissant de marqueurs dans l'haplotype et un nombre croissant de phénotypes (Hayes et al., 2007). Plutôt que d'utiliser l'effet des marqueurs un à un, des haplotypes de marqueurs peuvent également être testés, un haplotype étant une combinaison d'allèles sur un même brin chromosomique. Hayes et al. (2007) ont montré que
précision de la détection de QTL augmente avec le nombre de marqueurs dans les haplotypes (Figure 2.5). Le modèle est le même que précédemment avec g, un vecteur d'effets haplotypiques. Des modèles fondés sur l'exploitation des segments IBD sont également utilisés : y = 1n μ + X1 v P + X2 v M + e où vP et vM sont des vecteurs d'effets des allèles au QTL portés par le chromosome paternel et maternel respectivement et, X1 et X2 sont des matrices d'incidence. Les segments IBD ne portent pas seulement des haplotypes identiques. S'il y a un QTL en un point du segment chromosomique, alors les segments IBD porteront également les mêmes allèles au QTL. Si deux animaux portent les mêmes allèles au QTL, alors leurs phénotypes seront corrélés.
| 7,519
|
4c7abac3fcd8b9b79a4588f694376816_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 2,256
| 3,735
|
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les territoires et la voiture : vers un renouvellement de la culture automobile? Territories and the car: toward a renewed automobile culture? ******
Mo
tifs de démotorisation des actifs et retraités dans les aires urbaines françaises : premiers résultats statistiques de l'enquête MoDe Motives for demotorisation in French Urban Areas: Feedback about the quantitative survey MoDe Justin Emery, Benjamin Motte-Bau
mvol
,
Laurent
Hi
vert
DOI
: 10.25578/RTS_ISSN
1951-
66
14
_2021-01
****** La vie après-voiture, ou comment les ménages démotorisés s’adaptent à un quotidien sans voiture personnelle Post-car life, or how demotorized households adapt to a life without a private car Emre Korsu, Anne Aguilera, Laurent Proulhac DOI : 10.25578/RTS_ISSN1951-6614_2021-02 ****** L’expérimentation des véhicules autonomes : quelle place dans le processus d’innovation? Le cas du projet Rouen Normandy Autonomous Lab Autonomous vehicles experiment: which role in innovation process? The case of Rouen Normandy Autonomous Lab project Lucile Buisson, Jean-Pierre Nicolas, Nathalie Gouget DOI : 10.25578/RTS_ISSN1951-6614_2021-03 ****** Le développement de l’électromobilité au prisme d’une analyse multi-scalaire. Comment étudier l’influence des politiques municipales sur le déploiement des bornes de charge? Les cas d’Amsterdam, Madrid, Paris et Stuttgart. Multi-level approach of in , , and What is the influence ****** Tensions et routines autour des formes de l’aménagement viaire d’un centre-ville ordinaire ension
Les territoires entretiennent des relations contrastées avec l’automobile. Certains en sont dits dépendants, faute d’alternatives performantes pour se déplacer ou du fait de la présence de ses industries [1, 2]. D’autres, plus urbains ou denses, tenteraient de s’en débarrasser ou, du moins, d’en limiter la place et les usages [3, 4] au prix de nombreux débats et controverses [5]. Dans les deux cas, la culture automobile reste dominante en termes de pratiques et d’occupation de l’espace [6, 7]. Les prémices d’une remise en cause, non seulement discursive mais concrète, tendent néanmoins à se faire jour [8, 9]. De nombreuses initiatives pour mettre fin à l’autosolisme sont mises en place et développées par les acteurs publics, les entreprises ou les individus euxmêmes : autoportage, covoiturage, transport à la demande, etc. [10]. La liste des « nouveaux » services à la mobilité est potentiellement longue et non exhaustive [11]. D’un territoire à l’autre, ces services n’ont pas la même portée ni les mêmes impacts quand bien même ils poursuivent des objectifs communs. Outre la réduction des usages solitaires d’un mode (la voiture), elles entendent également maintenir, voire développer, la capacité des individus à se déplacer de manière autonome, leur automobilité au sens premier du terme [12–15]. Face aux exigences d’un développement durable et à l’avènement possible d’un monde de l’après-voiture (traduction de post-car world selon Dennis et Urry [16]), le présent dossier de la revue Recherche Transports
Leslie
Belton Che
valier (*) AME-DEST, Univ Gustave Eiffel, IFSTTAR, F-77447 Champs-sur-Marne, France Courriel : [email protected] Mariane Thébert (*) LVMT, Univ Gustave Eiffel, IFSTTAR, ENPC, F-77454 Marne-la-Vallée, France Courriel : [email protected] Anne Aguilera (*) LVMT, Univ Gustave Eiffel, IFSTTAR, ENPC, F-77454 Marne-la-Vallée, France Courriel : [email protected]
Sécurité a pour objectif de comprendre les manières dont les territoires (au sens large), leurs acteurs (dans une acception large elle-aussi) s’emparent ou traitent de la question automobile. Quelle place lui est faite? Quelles sont les images et les stratégies qui y sont associées? Comment les acteurs concilient-ils différentes exigences de développement (durable, économique, urbain, etc.) qui le sont difficilement a priori? En quoi les acteurs, dans toute leur diversité, participent-ils d’un renouvellement de la culture automobile? Le dossier est organisé autour de deux séries de contributions qui apportent des éclairages complémentaires à la question. La première série de ces contributions entend interroger directement la force de la culture automobile en s’intéressant aux pratiques des ménages qui renoncent à la voiture, qui se démotorisent. En admettant que l’étape ultime des politiques de réduction de l’emprise de la voiture soit l’abandon de ce mode de transport (en usage comme en propriété), quels sont les ménages ou individus les plus susceptibles de franchir ce pas? Comment se déplacent-ils ensuite? Répondre à ces questions a pour enjeu d’orienter l’action publique dans la compréhension des freins et leviers qui amènent à l’abandon d’un mode structurant comme l’automobile. L’article de Justin Emery, Benjamin Motte-Baumvol et Laurent Hivert a pour objet le renoncement, partiel ou total, à la voiture des ménages. En se basant sur les résultats d’une enquête quantitative adossée au Panel Parc Auto (Kantar TNS), les auteurs montrent que les déterminants de la démotorisation sont multiples, notamment selon que la démotorisation est partielle ou totale. Dans le premier cas, la démotorisation est le résultat d’une décohabitation chez les ménages actifs (le plus souvent le départ d’un enfant majeur) et d’un décès du conjoint chez les ménages retraités. Pour la démotorisation totale, seul le décès ou la maladie du conjoint semble avoir un effet significatif. Enfin, si la démotorisation se rencontre dans différents contextes territoriaux, la démotorisation est plus souvent totale dans les zones urbaines alors qu’elle reste, assez logiquement, partielle dans les zones moins denses. L’article d’Emre Korsu, Anne Aguiléra et Laurent Proulhac prend la suite du précédent dans le sens où il s’intéresse aux pratiques de déplacement des ménages une fois l’abandon de la voiture opéré. Par une lecture croisée des résultats de l’ENTD 2008-09 et du panel Parc Auto 2015, les auteur.e.s montrent que les personnes n’ayant plus de voiture constituent une fraction minoritaire de la population française et que cette fraction n’a cessé de diminuer au moins jusqu’à la première décennie du siècle actuel. L’analyse proposée ici présente l’intérêt majeur d’aborder la démotorisation des ménages comme un processus ne se réduisant pas à l’abandon du véhicule. En mesurant l’ancienneté de la démotorisation, les auteur.e.s observent que les pratiques des démotorisés les plus récents sont relativement similaires à celles des démotorisés les plus anciens, ce qui tend à valider l’hypothèse que les gens qui se démotorisent avaient déjà abandonné l’usage de la voiture au quotidien. En regardant plus en détails l’évolution des pratiques dans les années suivant l’abandon de la voiture, il apparait que les démotorisés « non contraints » financièrement ou physiquement à cet abandon adaptent l’organisation de leur quotidien pour retrouver des niveaux d’activité et de mobilité supérieurs aux démotorisés « contraints ». Ces contributions permettent de faire l’hypothèse que la contre-offensive parfois radicale dont l’automobile est l’objet dans quelques espaces métropolitains et centraux est un pari territorial et électoral plutôt bien renseigné : en se fondant sur un phénomène de démotorisation totale qui s’apparente moins à un renoncement subi qu’à un ajustement de la possession aux pratiques, puis des pratiques à un environnement et un mode de vie démotorisés, il procède de l’actualisation politique d’un changement culturel très localisé. La deuxième série de contributions renvoie plus directement à la mise en œuvre de nouveaux référentiels en termes d’automobilité et à la place des acteurs dans ces référentiels. De fait, les nombreuses externalités de l’automobile conduisent les responsables territoriaux à réfléchir à de nouvelles solutions de déplacement qui changeraient drastiquement ses caractéristiques contemporaines. Aujourd’hui, l’image de l’automobile reste associée à un véhicule utilisant des énergies fossiles, mu par un moteur thermique et dont la propriété, voire l’usage, restent intrinsèquement individuels. Pour autant, de nombreuses initiatives tendent à montrer ou faire espérer qu’un système automobile restructuré pour donner plus de place aux autres modes est, à terme, possible, même si on en reste plus au niveau de l’indice que du mouvement de masse. Ainsi l’article de Lucile Buisson, Jean-Pierre Nicolas et Nathalie Gouget a pour objet une des expérimentations sur le véhicule autonome, le projet Rouen Normandie Autonomous Lab (2017-2020). Idéal-typique de l’effervescence autour du véhicule autonome, ce projet de niche a rassemblé de nombreux acteurs du territoire, des opérateurs de transports aux pouvoirs publics en 3 passant par les entreprises ou les universités participantes. Au-delà du déroulement de l’expérimentation et de ses modalités opératoires, les auteur.e.s montrent bien que les attentes liées au projet s’inscrivent dans une dynamique plus globale de mise en réseau d’acteurs au service d’autres projets en lien avec les mobilités intelligentes ou de demain. Plus que de répondre à une demande sociétale, les attentes renvoient aux préoccupations fonctionnelles que rencontrent les acteurs dans l’exercice de leurs activités et compétences, qu’il s’agisse des acteurs privés qui se positionnent visà-vis d’une technologie à même de changer drastiquement leurs modèles économiques ou des acteurs publics qui ont pour objectif l’attractivité économique de leurs territoires, notamment par l’innovation. La contribution d’Alexandre Faure est centrée sur le développement de l’électromobilité dans les métropoles européennes d’Amsterdam, Madrid, Paris et Stuttgart. Elle montre l’articulation différenciée selon les territoires considérés des dispositifs européens, nationaux et locaux. L’article permet ainsi de saisir en quoi les conditions de déploiement des infrastructures de charge nécessaires aux véhicules électriques ne sont pas homogènes au sein des différents pays de l’UE, malgré la volonté supranationale en la matière. Il illustre également le poids des stratégies urbaines locales dans la territorialisation des orientations insufflées par les échelons supralocaux quant à l’avenir de l’automobile. Enfin, l’article de Martin Claux et Patrick Dieudonné a pour objectif d’analyser les évolutions de la culture automobile en prenant pour cas d’étude la production du réseau viaire d’une commune des Côtes-d’Armor, Plestin-les-Grèves. Dans le cas présent, nous sommes a priori loin d’un projet innovant impliquant une pluralité d’acteurs. Néanmoins leur article illustre bien les difficultés rencontrées à des échelles très locales dans la production ordinaire des territoires. Malgré une volonté explicite de reconquête de l’espace public pour des mobilités plus « douces », la culture de l’aménagement viaire freine ces démarches via la reproduction d’impératifs techniques qui sont peu interrogés, contrastant avec la généralisation d’un discours politique défavorable au tout-voiture, y compris dans des territoires qui en sont a priori les plus dépendants mais dont les élus s’inquiètent de la déqualification et perte d’attractivité subies par les espaces qui lui sont voués. Dans cet urbanisme du quotidien comme dans le cas opposé d’expérimentations à haut potentiel d’innovation et de mobilisation, les objectifs des acteurs sont donc stratégiques. Mais l’ampleur de leurs vues se heurtent à l’inertie de certaines nécessités fonctionnelles, qu’elles soient objectivables à l’instant t (les limites de la technologie et de ses coûts) ou qu’elles relèvent d’une autre inertie, celle des représentations (les besoins et exigences en matière de stationnement des résidents étant par exemple surestimés et considérés comme inamovibles). Approfondir la connaissance des pratiques 4 de mobilité mais surtout de leurs évolutions et ajustements en réaction à la modification des contextes est un enjeu majeur pour l’action publique et l’expression de sa capacité à ouvrir d’autres voies. En guise de conclusion, si nous en sommes encore au stade des frémissements, la place de la voiture dans les pratiques et dans les territoires tend à connaitre quelques changements culturels qui laissent espérer concrètement des alternatives au tout-automobile. Nous conseillons d’ailleurs au lecteur de poursuivre la lecture de notre numéro par celle du numéro thématique « Déclin et survie des mobilités automobiles » de la revue Flux (2020). Nous pouvons bien sûr nous demander dans quelle mesure la crise sanitaire que nous connaissons à l’heure où nous rédigeons ces lignes n’est pas susceptible de mettre un coup d’arrêt à ces évolutions et de favoriser un retour accru de ce mode (si tant est qu’il ait réellement diminué). Il est, là encore, trop tôt pour le dire.
Références 1. Motte B. La dépendance automobile pour l’accès aux services aux ménages en grande couronne francilienne. Thèse de doctorat en géographie de l’Université PanthéonSorbonne-Paris I, 2007 2. Dupuy G. Les territoires de l’automobile. Anthropos; 1995 3. Sheller M, Urry J. « The City and the Car ». Int J Urban Reg Res. 2000;24(4):737-57 4. Newman P, Kenworthy JR. Cities and automobile dependence: a sourcebook. Aldershot, Hants., England; Brookfield, Vt., USA: Gower Technical; 1989 5. Debrie J, Maulat J, Berroir S. « Les politiques urbaines face à l’automobile : objectifs, outils et controverses de l’action publique dans les métropoles de Bruxelles et Paris ». Flux. 2020; n° 119-120(1):102-20 6. Demoli Y, Lannoy P. Sociologie de l’automobile. La Découverte ; 2019. 128 p 7. Jeekel H. The Car-dependent Society: A European Perspective. Routledge; 2016. 292 p 8. Godillon S, Lesteven G. « Déclin survie des mobilités automobiles? Entre résistances et évolutions ». Flux. 2020; n° 119-120(1) :1-4 9. Héran F. « La remise en cause du tout automobile ». 10. Vincent S. Les « altermobilités » : analyse sociologique d’usages de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Des pratiques en émergence? 2008. Disponible sur: http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00331659 11. Sheller M, Urry J. « The new mobilities paradigm”. Environ Plan A. 2006;38(2):207-26 12. Hoffmann S, Weyer J, Longen J. « Discontinuation of the automobility regime? An integrated approach to multi-level governance ». Transp Res Part A: Policy Pract. 2017; 103:391-408 13. Conley J. Car Troubles: Critical Studies of Automobility and Auto-Mobility. Routledge; 2016. 273 p 14. Doughty K, Murray L. « Discourses of Mobility: Institutions, Everyday Lives and Embodiment”. Mobilities. 2016;11(2):303-22 Recherche Transports Sécurité (2021) 4 p 15. Geels F, Kemp R, Dudley G, Lyons G. Automobility in transition?: A socio-technical analysis of sustainable transport. Routledge; 2011 16. Dennis K, Urry J. After the Car. Polity; 2009. 224 p.
| 47,986
|
2019GREAI074_6
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,019
|
Sur la conception des chaînes logistiques à faible teneur en carbone
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,319
| 9,873
|
Dans cette partie, nous supposons qu‘il existe une plage de taxe carbone non nulle, domestique et de frontière, qui favorise les stratégies d‘investissement en technologies vertes en domestique et en offshore respectivement. Nous admettons alors, que les technologies vertes disponibles sont assez performantes ( pas très élevé et proche de 0) pour qu‘elles soient une solution rentable pour les entreprises sous certaines valeurs de taxes carbone domestique et de frontière imposées. Rappelons que lorsque en absence de taxe carbone domestique et de frontière, il est plus rentable de s‘installer en offshore avec une technologie ordinaire « o1 ». De plus, quand seulement une taxe carbone domestique est appliquée, la décision optimale reste toujours la stratégie « o1 ». En accordant une subvention locale verte avec la taxe carbone domestique, la seule stratégie alternative s‘avère la stratégie d‘investissement local vert « d2 », qui peut être plus rentable que « o1 » sous certaines valeurs de taxes carbone et de subventions. Toutefois, en appliquant une taxe carbone de frontière avec la taxe carbone domestique, toutes les stratégies « o2 », « d1 », « d2 » et « o1 » peuvent être intéressantes et permettent de maximiser le profit de l‘entreprise selon les valeurs des taxes carbone de frontière et domestique imposées. Nous proposons alors d‘étudier les décisions optimales pour l‘entreprise selon la variation de la taxe carbone de frontière en fonction de la taxe carbone domestique,. Proposition 3.5 : Lorsque - ( ) pour des taxes carbone locales appliquée est supérieure à, si la taxe carbone de frontière, la stratégie « d1 » est la stratégie optimale pour l’entreprise, sinon la stratégie « o1 » est la stratégie optimale, - pour des taxes carbone locales, si la taxe carbone de frontière est supérieure à, la stratégie « d2 » est la stratégie optimale, sinon la stratégie « o1 » est la stratégie optimale, avec, ce qui implique ); - pour des taxes carbone locales, si la taxe carbone de frontière est supérieure à la stratégie « d2 » est la stratégie optimale pour l’entreprise, sinon la stratégie « o2 » est la stratégie optimale, - finalement, pour des taxes carbone domestiques, et des taxes carbone de frontière, ne pas se lancer dans le business » est la stratégie optimale. 87
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Preuve : En absence de taxes carbone de frontière et domestique, puisque les coûts fixes et opérationnels en offshore sont moins importants (, la meilleure stratégie est « o1 ». En imposant, des taxes carbone de frontière qui restent inférieures à (la valeur de taxe carbone qui favorise l‘investissement vert en offshore), la stratégie « o1 » reste plus rentable en offshore que la stratégie « o2 ». Néanmoins, en imposant des taxes carbone de frontière qui dégrade la rentabilité des stratégies offshore, les stratégies de localisation en domestique peuvent devenir plus rentables. Toutefois, le gouvernement, impose également des taxes carbone domestiques. Si ces dernières sont inférieures à, la stratégie à considérer en domestique est « d1 », puisque la taxe carbone domestique n‘est pas suffisamment élevée pour inciter à l‘investissement local vert. Ainsi on compare la stratégie « o1 » qui est la meilleure en offshore pour des taxes carbone de frontière inférieures à à la stratégie « d1 » pour des taxes carbone locales imposées inférieures à. On résout l‘inégalité et on déduit la valeur de taxe carbone de frontière minimale à imposer en fonction de la valeur de taxe carbone domestique imposée pour rentabiliser la stratégie « d1 » sur « o1 » : Pour cette proposition, en supposant que ( ) on garantit que, pour toute taxe carbone domestique inférieure à, la taxe carbone de frontière minimale à imposer pour favoriser « d1 » sur « o1 » :, reste inférieure à, la taxe carbone de frontière à partir de laquelle, la stratégie « o2 » est plus rentable que « o1 » en offshore. Ensuite, pour des valeurs de taxe domestiques plus importantes, telle que, « d2 » est meilleure que « d1 » en domestique. Ainsi, il faut comparer cette stratégie « d2 » à la stratégie de localisation offshore « o1 ». En comparant, on détermine la fonction qui calcule pour chaque valeur de taxe carbone domestique imposée supérieure à, la valeur de la taxe carbone de frontière qu‘il faut imposer au minimum pour rentabiliser la stratégie « d2 » sur « o1 ». On admet que sur l‘intervalle de taxe carbone domestique, il existe une taxe carbone domestique qu‘on note, telle que. En effet, en imposant cette valeur de taxe carbone domestique, pour favoriser la stratégie « d2 » sur la stratégie « o1 », il faut imposer au minimum une taxe carbone de frontière qui s‘avère égale à, la taxe carbone de frontière qui favorise la stratégie d‘investissement vert sur l‘ordinaire en offshore. Par conséquent, à partir de cette taxe carbone domestique, il faut plutôt comparer la rentabilité des stratégies « d2 » et « o2 » pour déduire la stratégie optimale pour l‘entreprise en fonction des taxes carbone imposées. Par conséquent, pour des taxes carbone domestiques telle que, en comparant, on déduit l‘équation qui calcule la valeur de taxe carbone de frontière pour chaque valeur de taxe carbone domestique qu‘il faut au minimum imposer pour que la stratégie « d2 » s‘avère meilleure que « o2 ». Finalement, on mentionne que quand les taxes carbone domestique et de frontière dépassent respectivement et, ne pas se lancer dans ce business s‘avère la stratégie optimale. ■ 88
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Proposition 3.6 : Lorsque - ( ), pour des taxes carbone locales, si la taxe carbone de frontière appliquée, la stratégie « d1 » est la stratégie optimale pour l’entreprise, sinon « o1 » est la stratégie optimale, avec et ce qui implique que - pour des taxes carbone domestiques frontière appliquée est supérieure à ;, si la taxe carbone de « d1 » est la stratégie optimale pour l’entreprise, sinon la stratégie « o2 » est optimale, - pour des valeurs de taxe carbone locale, si la taxe carbone de frontière est supérieure à, la stratégie « d2 » est optimale pour l’entreprise, sinon c’est la stratégie « o2 » qui s’avère optimale, - finalement ne pas se lancer dans le business est la stratégie optimale quand et. Preuve : ( Pour cette proposition, en supposant que ), on garantit qu‘il existe une valeur de taxe carbone domestique, qu‘on note, pour laquelle on obtient. Par conséquent, pour des taxes carbone domestiques inférieures à, la fonction permet de déduire en fonction des valeurs de taxe carbone de frontière imposées laquelle des stratégies « o1 » ou « d1 » est optimale. Toutefois, à partir de cette taxe carbone domestique,, il faut comparer les stratégies « d1 » et « o2 » pour déterminer la stratégie optimale pour l‘entreprise quand. En comparant, on déduit l‘équation, qui détermine pour chaque valeur de taxe carbone domestique, la valeur de taxe carbone de frontière qu‘il faut au minimum imposer pour que la stratégie « d1 » soit meilleure que « o2 ». Ensuite, pour des taxes carbone locales plus importantes telles que, on compare la rentabilité des stratégies « d2 » et « o2 », pour déduire l‘équation, qui détermine pour chaque valeur de taxe carbone domestique, la valeur de taxe carbone de frontière qu‘il faut au minimum imposer pour que la stratégie « d2 » soit meilleure que « o2 ». Finalement, en imposant des taxes carbone locales supérieures à et des taxes carbone de frontière supérieures à, la décision optimale pour l‘entreprise consistera à ne pas se lancer dans le business. A ce stade, une fois qu‘on a étudié les décisions de CCL optimales des entreprises en fonction des valeurs de taxe carbone domestiques et de frontière, pour les deux cas identifiés (propositions 3.6 et 3.7), nous proposons d‘analyser les résultats obtenus, pour mieux comprendre le comportement des entreprises sous un tel système législatif. 89
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Impact de la différence des coûts fixes en offshore et en domestique A travers cette observation, on cherche à mettre en relief les différences entre le comportement stratégique optimal de l‘entreprise pour chacun des deux cas identifiés avec les deux propositions 3.5 et 3.6, selon la condition qu‘on a établie ; ( ) ou On note par ( ) ( ). On résume alors que : Pour la proposition 3.5, lorsque (i), il existe une taxe carbone domestique [ telle que. On souligne que dans ces conditions, l‘entreprise peut migrer vers la stratégie « d2 » plus tôt (pour des plus petites valeurs de taxe carbone domestique). En fait, il existe une plage de taxe carbone domestique ( que le gouvernement peut imposer avec des taxes carbone de frontières précises pour favoriser l‘investissement local vert « d2 » sur la stratégie d‘investissement en technologie ordinaire en offshore « o1 », sans risquer de favoriser l‘investissement vert en offshore « o2 ». Alors que pour la proposition 3.6, lorsque (ii), la taxe carbone domestique [ est déterminée par l‘expression. Dans ce cas, l‘entreprise peut migrer vers la stratégie « d2 » un peu plus tard (pour de plus grandes valeurs de taxes carbone domestique et de frontière). En effet, afin de favoriser l‘investissement local vert, le gouvernement doit imposer des taxes carbone locales élevées supérieures à la fois à avec des taxes carbone de frontière élevées également qui favorisent la stratégie « d2 » sur la stratégie « o2 ». En effet, pour une même taxe carbone domestique dans cet intervalle, l‘investissement vert en offshore peut être la solution optimale lorsque la taxe carbone de frontière est supérieure à mais inférieure à. Afin de valider l‘inégalité (i), et garantir l‘investissement local vert pour des petites valeurs de taxes carbone, sachant que d‘une part ( ), et d‘autre part, le gouvernement a intérêt à faire tendre W vers 0. Dans les hypothèses du problème (section 3.1), nous avons bien précisé que le coût d‘ouverture du site de production en offshore est moins important qu‘en domestique ( ). Néanmoins, le coût d‘installation de la technologie de production est plus important en offshore qu‘en domestique. Par conséquent, à fixe, plus la différence entre les coûts fixes d‘installation des technologies ordinaires en domestique et en offshore est importante, plus, plus W tend vers 0 et l‘inégalité (i) sera validée. Pour fixe, plus la différence entre les coûts fixes d‘installation des technologies ordinaires en domestique et en offshore est faible, plus diminue, plus W tend vers 0 et l‘inégalité (i) sera validée. Il est ainsi recommandé aux gouvernements de réduire les coûts fixes en domestique en optant vers des subventions pour l‘investissement local afin de valider l‘inégalité (i). 90
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Analyses des fonctions Toutes les fonctions sont des fonctions linéaires croissantes. Plus la taxe carbone domestique augmente, plus la taxe carbone de frontière doit augmenter, proportionnellement, pour pousser les entreprises à se localiser en domestique et faire face au problème de fuite de carbone. On note que la pente de l‘équation qui étudie la rentabilité entre les stratégies de localisation offshore (« o1 » ou « o2 ») et la stratégie d‘investissement local vert « d2 » est moins importante que celle qui étudie la rentabilité entre les stratégies de localisation offshore (« o1 » ou « o2 ») et la stratégie d‘investissement local ordinaire « d1 » de fois. Nous concluons de ceci que pour une même augmentation de la taxe carbone domestique, une augmentation plus importante est nécessaire pour la taxe carbone de frontière pour passer de « o1 » (ou « o2 ») à « d1 » que pour passer de « o1 » (ou « o2 ») à « d2 ». Ceci s‘explique par le fait que quand les taxes carbone augmentent et deviennent importantes, les décisions des entreprises deviennent très sensibles à la variation des taxes carbone. Il suffit d‘une faible variation pour pousser les entreprises à se localiser en domestique, lorsque les taxes carbone sont élevées. Alors que pour les petites valeurs de taxe carbone, il faut une augmentation importante de cette taxe domestique suivie d‘une augmentation proportionnelle de la taxe carbone de frontière pour favoriser la production domestique. On note également que les valeurs de ainsi que varient proportionnellement à, ce qui implique que pour les secteurs disposants de technologies vertes plus coûteuses que d‘autres secteurs ( plus important), le gouvernement doit leurs imposer des taxes carbone locale et de frontière plus importantes pour les inciter à l‘investissement local vert. Toutefois, varie proportionnellement à et varie inversement proportionnelle à β. Par conséquent, pour des secteurs ayant des technologies vertes performantes avec un taux de réduction des émissions de carbone élevé par rapport aux technologies ordinaires, le gouvernement n‘a pas besoin d‘appliquer des taxes carbone assez élevées pour conduire à « d2 ». Néanmoins, il faut que la taxe carbone soit assez élevée pour dépasser et ainsi favoriser « d2 ». Taxer les entreprises disposant de technologies vertes performantes est plus simple pour les gouvernements (plages de taxe plus étendues pour favoriser « d2 »).
3.5.3. Résolution numérique de MDL3 : Somme des coûts fixes et opérationnels moins importante en offshore ( Pour cette partie, nous adoptons le même exemple numérique détaillé dans la section 3.3.2 pour lequel on fixe et. Puis, nous choisissons de fixer et de faire varier ) pour valider tout d‘abord l'inégalité (i) puis (ii). Dans un premier temps, on estime que la différence entre les coûts d‘installation des technologies en offshore et en local est de 44,4% du coût d‘installation de la technologie en offshore, et on obtient ainsi l‘inégalité (i) (on considère les mêmes coûts d‘installation de la technologie ordinaire en offshore et en domestique que dans l‘exemple 3.3.2). Dans ce cas, on suppose que le gouvernement accorde une subvention à l‘entreprise, qu‘on désigne par subvention locale, si elle investit en domestique. Une telle subvention permet de réduire le coût d‘installation des technologies en domestique et ainsi favoriser la différence entre les coûts d‘installation des technologies en offshore et en domestique. Dans un deuxième temps, on estime que la différence entre les coûts d‘installation des technologies en offshore et en locale est de seulement 11% du coût d‘installation de la technologie en offshore, et on obtient alors l‘inégalité (ii). On suppose alors que le coût
91
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances d‘installation de la technologie ordinaire en offshore garde la même valeur :, et le coût d‘installation de la technologie ordinaire en domestique augmente en passant à. Dans ce cas, on suppose que le gouvernement n‘accorde pas de subvention à l‘investissement local. Nous illustrons dans le tableau 3.10 ci-dessous les décisions optimales de CCL en fonction des va
leurs de taxes carbone domestique
et
de frontière
pour ces deux cas
.
A travers
le
table
au
3.11, on
compare
entre le comportement stratégique et les performances de l‘entreprise pour ces deux cas sous les mêmes valeurs de
taxe carbone
. Tableau 3.10 : Décisions optimales de conception de CL sous une taxe carbone domestique et une taxe carbone de frontière pour Cas Variations des taxes carbone de frontières en fonction des taxes carbone domestiques Premier cas Deuxième cas 92
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Tableau 3.11 Impact des taxes carbone domestique et de frontière sur les décisions et performances des entreprises disposant ou non de subvention locale Premier cas : Avec subvention locale Deuxième cas : sans subvention locale Décision Profit ($) Emission (t) Décision Profit ($) Emission (t) 5,19 4,45 « d2 » 5633.43 118,8 « o1 » 5631 420 7 9,33 « d2 » 5418,4 118,8 « o2 » 3581,8 178,8 7 10 « d2 » 5418,4 118,8 « d1 » 3480 360 10 9,5 « d2 » 5062 118,8 « o2 » 3551 178,8 30 9 « o1 » 3720 420 « o1 » 3720 420 30 10 « o2 » 3462 178.8 « o2 » 3462 178.8 30 14,35 « d2 » 2686 118,8 « o2 » 2684 178.8
Dans le premier cas, où la différence entre les coûts d‘installation des technologies en offshore et en domestique est importante (44%), il suffit d‘imposer une taxe carbone domestique, avec une taxe carbone de frontière 4,45$/, pour inciter l‘entreprise à l‘investissement local vert. Cependant, sous de telles valeurs de taxes carbone domestique et de frontière, la décision optimale pour l‘entreprise dans le deuxième cas, où la différence entre les coûts d‘installation des technologies en offshore et en domestique est faible (11%), s‘avère la localisation en offshore avec une technologie ordinaire « o1 ». Avec la subvention locale, le coût d‘installation de la technologie ordinaire en domestique est réduit à 2500$ au lieu de 4000$. Le gouvernement réussit ainsi à faire face au problème de fuite de carbone et à pousser l‘entreprise à réduire les émissions de carbone de sa CL de 71% pour une baisse de profit de seulement 0,03% par rapport au profit généré sans la subvention locale sous ces valeurs de taxe carbone domestique et de frontière. Considérons maintenant que le gouvernement impose une taxe carbone domestique avec une taxe carbone de frontière. Dans le premier cas, avec la subvention locale, étant donné que la taxe carbone domestique est supérieure à et inférieure à, avec la taxe carbone de frontière imposée, la décision optimale est « d2 ». En fait, sous une taxe carbone domestique lorsque la taxe carbone de frontière imposée est supérieure à la décision optimale est « d2 ». sinon la stratégie optimale est « o1 ». Néanmoins, pour le deuxième cas, sans la subvention locale, la taxe carbone domestique imposée est supérieure à et inférieure à. Par conséquent, si la taxe carbone de frontière imposée ne dépasse pas, la stratégie « o1 » s‘avère la meilleure, sinon « o2 » devient la stratégie optimale jusqu‘à une valeur de taxe de frontière, au-delà de laquelle « d1 » est plutôt la stratégie optimale. On conclut alors que pour les valeurs de taxes carbone de notre exemple, la décision optimale pour l‘entreprise est « o2 ». En imposant de telles valeurs de taxes carbone, le gouvernement réussit à inciter à l‘investissement vert en offshore et à pousser l‘entreprise à réduire ses émissions globales de 57% par rapport au niveau d‘émission avec la stratégie « o1 ». Dans un deuxième temps, on considère que pour la même taxe carbone domestique, la taxe carbone de frontière imposée passe à 10$/. 93
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
La décision optimale dans ces conditions, pour le premier cas, reste toujours « d2 ». Toutefois, dans le deuxième cas, le gouvernement pousse l‘entreprise à s‘installer en domestique avec une technologie ordinaire « d1 ». Sous de telles conditions, cette stratégie engendre à l‘entreprise une baisse de son profit de 2% avec une augmentation des émissions de sa CL de 101% par rapport à son profit et à ses émissions engendrés sous la stratégie « o2 ». On déduit que de telles valeurs de taxes carbone domestique et de frontière, bien qu‘elles favorisent l‘investissement local, engendrent un double impact négatif sur l‘entreprise : ne permettent pas de réduire les émissions globales des CLs et génèrent une baisse du profit des entreprises. On considère dans un autre exemple une taxe carbone domestique taxe carbone de frontière. et une Pour le premier cas, pour une taxe carbone domestique, on déduit que 5,83$/. En imposant une taxe carbone de frontière de, la stratégie optimale est « d2 ». Pour le deuxième cas, sans la subvention locale, la stratégie optimale s‘avère « o2 ». Afin de favoriser l‘investissement local vert « d2 », pour le deuxième cas, il faut imposer une taxe carbone de frontière supérieure à. Il est évident que le système législatif qui permet de favoriser l‘investissement local vert, dans ce cas, où la différence des coûts fixes entre les localisations est faible, dégrade considérablement les performances économiques des entreprises et nuit à leur compétitivité, étant donné qu‘il faut imposer des taxes carbone domestiques et par conséquents de frontières élevées pour inciter à l‘investissement local vert. On note bien que dans ce cas, pour faire face au problème de fuite de carbone, le gouvernement peut favoriser l‘investissement vert en offshore pour certaines valeurs de taxe carbone locale et de frontières peu élevées permettant de réduire au mieux les émissions de carbone de la CL pour un minimum de baisse de profit par rapport aux stratégies « o1 » et « d1 ». Pour le premier cas, lorsqu‘on considère une taxe carbone domestique supérieure à, telle que, avec une taxe de frontière de 9, la stratégie « o1 » est optimale, alors que pour une taxe de frontière de 10, la stratégie « o2 » est la plus rentable. Cependant, pour favoriser l‘investissement local vert « d2 », il faut imposer une taxe de frontière allant jusqu‘à 14,34. Nous concluons, qu‘en optant vers la réduction des coûts fixes en domestique, le gouvernement peut réussir à favoriser l‘investissement local vert pour des faibles valeurs de taxes carbone domestique et de frontières. Dans ce cas, il est plutôt recommandé au gouvernement de ne pas imposer des taxes carbone locales assez élevées pour ne pas dépasser et être par conséquent obligé d‘imposer des taxes carbone de frontière très élevées pour favoriser l‘investissement vert en domestique plutôt qu‘en offshore. Finalement, on note que le gouvernement réussit à inciter à l‘investissement local vert pour des valeurs de taxes carbone de frontière inférieures aux valeurs de taxes carbone domestiques imposées pour le premier cas, en réduisant les coûts fixes en domestique. Toutefois, lorsque la différence entre les coûts d‘installation des technologies en offshore et en locale est faible, pour que les taxes carbone de frontière imposées désavantagent la stratégie la plus polluante « o1 » en faveur des autres stratégies « o2 », ou « d1 », ou encore « d2 », elles doivent être supérieures aux taxes carbone locales imposées. On illustre ainsi que le gouvernement peut parvenir à réduire les coûts fixes en domestique par le biais des subventions locales, et ainsi réussir à inciter les entreprises à l‘investissement local vert pour des plus petites valeurs de taxes carbone domestique et de frontière.
94 Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Dans ce qui suit, nous étudions l‘impact des taxes carbone domestiques et de frontière, dans le cas où les c oûts fixes et opérationnels sont plus importants en offshore qu‘en domestique. 3.5.4. Résolution analytique du modèle
MDL3 : Somme des coûts fixes et opérationnels plus importante en offshore ( En résolvant le modèle MDL1, qui n‘intègre qu‘une taxe carbone domestique, et en considérant que la somme des coûts fixes et opérationnels de la technologie ordinaire est moins importante en domestique qu‘en offshore ( ), nous avons bien souligné qu‘une telle législation peut être efficace dans certains cas en incitant à l‘investissement local vert et poussant les entreprises à réduire ainsi leurs émissions de carbone. Toutefois, nous avons également remarqué que cet outil législatif de taxe carbone domestique peut pousser les entreprises dans certains autres cas à se localiser en offshore afin d‘échapper à la taxe carbone, provoquant ainsi le problème de fuite de carbone. Ce problème a été repéré dans deux cas de figures différents : Dans le premier cas, lorsque, autrement dit la technologie verte disponible est très chère par rapport à l‘ordinaire (, il existe une taxe carbone domestique qu‘on a notée à partir de laquelle l‘installation de la technologie ordinaire en offshore devient plus rentable qu‘en domestique. Néanmoins, en imposant en plus une taxe carbone de frontière, le gouvernement peut défavoriser la décision de délocalisation en faveur de l‘investissement local. Nous proposons d‘étudier sous quelles conditions un tel système législatif de taxes carbone locale et de frontière peut faire face aux fuites de carbone? Dans un deuxième cas, lorsque, autrement dit pour les secteurs qui disposent de technologie verte pas très chère par rapport à l‘ordinaire, lorsque le gouvernement impose une taxe carbone domestique assez élevée qui dépasse la valeur de, l‘entreprise décide de s‘installer en offshore avec une technologie ordin aire pour échapper aux coûts excessifs des émissions de carbone. Nous admettons, que lorsque le gouvernement impose avec les taxes carbone domestiques supérieures à, des taxes carbone de frontières bien précises, il peut réussir à faire face à la délocalisation et au problème de fuite de carbone. Dans la même optique, nous continuons à distinguer ces deux cas sous lesquels on a repéré le problème de fuite de carbone, selon que le surcoût de la technologie verte disponible est élevé ou pas, pour étudier les décisions optimales de CCL en fonction des variations des taxes carbone locales et de frontières imposées. Commençons par considérer des secteurs pour lesquels les technologies vertes disponibles ne sont pas très chères par rapport aux technologies ordinaires. Proposition 3.7 : Lorsque la somme des coûts fixes et opérationnels de la technologie ordinaire en offshore est plus importante qu’en domestique, et pour des secteurs disposant de technologie verte pas très chère par rapport à l’ordinaire ( ), - pour des
tax
es
carbon
e
domesti
ques, la stratégi
e « d1
» est optimale
quelle que soit la taxe carbon
e
de frontière appliquée, 95 Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
- pour des taxes carbone domestiques la stratégie « d2 » est la stratégie optimale pour l’entreprise quelle que soit la taxe carbone de frontière appliquée, - pour des taxes carbone domestiques la stratégie « d2 » est optimale pour l’entreprise lorsque la taxe carbone de frontière est inférieure à, avec et ce qui implique que ; - Pour des taxes carbone domestiques la stratégie « d2 » est la stratégie optimale pour l’entreprise lorsque la taxe carbone de frontière est supérieure à, - Quand stratégie optimale. et, ne pas se lancer dans le «business » est la Preuve : Lorsque la taxe carbone domestique impliquée est inférieure à, les stratégies d‘investissement locales restent toujours meilleures que la stratégie de délocalisation. Dans ce cas, quelle que soit les taxes carbone de frontière appliquées, qui ne font que désavantager les stratégies offshores, seules les valeurs de taxe carbone domestique déterminent si « d1 » ou « d2 » est la stratégie optimale. Par conséquent, lorsque la taxe carbone domestique est inférieure à, la stratégie « d1 » est la meilleure, alors que pour des taxes carbone supérieures à et inférieures à, la stratégie « d2 » devient optimale. Pour des valeurs de taxe carbone domestique supérieures à et en absence de taxe carbone de frontière, la délocalisation s‘avère une solution plus rentable aux entreprises. Toutefois, en imposant des taxes carbone de frontière, les coûts des produits fabriqués en offshore augmentent et risquent d‘être plus importants que ceux des produits fabriqués en domestique sous certaines valeurs de taxe carbone de frontière et domestique. A partir de taxes carbone domestiques supérieures à, pour que le gouvernement réussisse à faire face au problème de fuite de carbone, il faut que le profit de l‘entreprise avec la stratégie « o1 » sous la taxe carbone de frontière imposée soit inférieur au profit de l‘entreprise avec la stratégie « d2 » sous la taxe carbone domestique considérée. On déduit alors pour vérifier que il faut imposer une taxe carbone domestique supérieure à avec une taxe carbone de frontière supérieure à. Néanmoins, en imposant une taxe carbone domestique supérieure à, vérifiant, il faut comparer les profits de l‘entreprise avec la stratégie « o2 » et « d2 » pour déduire la stratégie optimale. On déduit alors que lorsque la taxe carbone domestique imposée est supérieure à, la stratégie « o2 » est optimale lorsque la taxe carbone de frontière appliquée est supérieure à. Finalement, lorsque la taxe carbone appliquée dépasse et la taxe carbone de frontière dépasse, il s‘avère que l‘entreprise n‘aura plus intérêt à investir dans ce projet.
96
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Regardons maintenant l‘impact des taxes carbone domestiques et de frontière, lorsque le surcoût de la technologie verte est très élevé par rapport à l‘ordinaire. Proposition 3.8. Lorsque la somme des coûts fixes et opérationnels de la technologie ordinaire en offshore est plus importante qu’en domestique et pour des secteurs disposant de technologie verte très chère par rapport à l’ordinaire ( ), - pour des taxes carbone domestiques la stratégie « d1 » est la stratégie optimale quelle que soit la taxe carbone de frontière appliquée, - pour des taxes carbone domestiques la stratégie « d1 » est optimale pour l’entreprise lorsque la taxe carbone de frontière est inférieure à, - pour des taxes carbone domestiques la stratégie « d2 » est optimale pour l’entreprise lorsque la taxe carbone de frontière est supérieure à, - pour des taxes carbone locales la stratégie « d2 » est optimale pour l’entreprise lorsque la taxe carbone de frontière est supérieure à ; - quand la stratégie optimale. et, ne pas se lancer dans « le business » est Preuve : Dans le cas où on considère que les technologies disponibles sont assez chères par rapport aux technologies ordinaires, autrement dit on admet que imposer une taxe carbone domestique au-delà de la valeur de favorise la stratégie de délocalisation « o1 » sur la stratégie « d1 ». Toutefois, lorsque le gouvernement implique une taxe carbone de frontière, avec une taxe carbone domestique supérieure à et qui reste inférieure à, il réussit à rentabiliser la stratégie « d1 » pour qu‘elle soit optimale pour l‘entreprise pourvu que la taxe carbone de frontière appliquée dépasse. Plus encore, imposer une taxe carbone domestique plus élevée accompagnée d‘une taxe carbone de frontière adéquate peut avantager la stratégie « d2 », qui n‘était pas envisageable lorsque les technologies vertes disponibles sont très chères. Lorsque le gouvernement impose une taxe carbone domestique supérieure à, la stratégie « d2 » est optimale pour l‘entreprise à condition que la taxe carbone de frontière dépasse. De plus, pour une taxe carbone domestique supérieure ou égale à telle que, la stratégie « o2 » peut s‘avérer plus intéressante que « d2 » pour certaines valeurs de taxe carbone de frontières. En fait, « d2 » reste la stratégie optimale pour l‘entreprise, pourvu qu‘elle permette à l‘entreprise d‘atteindre un meilleur profit qu‘avec la stratégie « o2 » sous les taxes carbone appliquées. Dans ce cas, il faut imposer avec la taxe carbone domestique qui est supérieure ou égale à 97 Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances, une taxe carbone de frontière supérieure à Finalement lorsque la taxe carbone domestique dépasse et la taxe carbone de frontière dépasse, il s‘avère que l‘entreprise n‘aura plus intérêt à investir dans ce projet.
3.5.5. Résolution numérique de MDL3 : Coûts fixes et opérationnels plus importants en offshore (
Pour cette partie, on adopte le même exemple numérique détaillé dans 3.1 qui permet de vérifier que. Puis, pour le premier cas, afin de vérifier que la technologie verte disponible n‘est pas très chère par rapport à l‘ordinaire et ainsi, on fixe. Pour le deuxième cas, afin de vérifier que la technologie verte disponible est assez chère par rapport à l‘ordinaire, et ainsi, on fixe. On résout le modèle MDL3, pour ces deux exemples numériques, et on illustre nos résultats dans le tableau 3.12 ci-dessous. Tableau 3.12. Décisions optimales de CCL sous une taxe carbone domestique et une taxe carbone de frontière pour Variation de la taxe carbone de frontière en fonction de la taxe Cas
carbone
domesti
que 98
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances
Cas Variation de la taxe carbone de frontière en fonction de la taxe carbone domestique D‘une façon générale, on note que dans les deux cas, la taxe carbone de frontière élargit la zone du plan où la stratégie « d2 » est optimale. Ainsi pour favoriser la production locale verte, le gouvernement peut varier la taxe carbone de frontière proportionnellement à la taxe carbone domestique à partir de la valeur de taxe carbone domestique qui en absence de taxe de frontière poussait les entreprises à se délocaliser. Considérons une taxe carbone domestique,. Il s‘avère que pour le premier cas, pour lequel l‘entreprise dispose de technologie verte pas très chère par rapport à l‘ordinaire (, la décision optimale est l‘investissement en technologie verte en domestique même en absence de taxe carbone de frontière. Cependant, pour le deuxième cas, où l‘entreprise dispose de technologie verte qui est chère par rapport à l‘ordinaire (, l‘entreprise choisit la délocalisation en offshore avec une technologie ordinaire sous une telle taxe carbone domestique et en absence de taxe carbone de frontière. On note ainsi que les secteurs qui disposent de technologies vertes très chères par rapport aux ordinaires sont plus disposées au risque des fuites de carbone. Il est aussi à noter que la valeur de la taxe carbone domestique considérée est inférieure à dans le deuxième cas, sachant que. Par conséquent, pour faire face à ce problème de délocalisation sous cette taxe carbone domestique imposée, le gouvernement doit imposer une taxe carbone de frontière, supérieure ou égale à, pour pousser l‘entreprise à la stratégie « d1 », et ainsi à réduire ses émissions de 14% pour une baisse de profit de 0,04% par rapport aux émissions et au profit engendrés par la stratégie « o1 » Pour les entreprises de ce secteur ( ), il faut imposer une taxe carbone domestique supérieure à avec une taxe carbone de frontière au moins égale à. A titre d‘exemple, en imposant une taxe carbone domestique, il faut imposer une taxe carbone de frontière d‘au moins pour inciter les entreprises de ce secteur à l‘investissement local vert. Pour les entreprises du premier cas (, en imposant une taxe carbone domestique de valeur supérieure ou égale à, et en absence de taxe carbone de frontière, l‘entreprise décide de s‘installer en offshore avec une technologie ordinaire. Par contre, en imposant une taxe carbone de frontière de, la décision optimale pour l‘entreprise devient « d2 » au lieu de « o1 », permettant ainsi à l‘entreprise de réduire ses
99 Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances émissions de carbone de 72% pour une baisse de profit de 0,003%
. En effet, avec une taxe carbone domestique, il suffit d‘imposer une taxe carbone de frontière supérieure à, pour que le gouvernement puisse faire face à la délocalisation des entreprises et au problème de fuite de carbone en rentabilisant la stratégie « d2 » sur « o1 ». Sous cette taxe carbone domestique de, la décision optimale pour une entreprise qui dispose de technologies vertes très chères par rapport à l‘ordinaire (, est également l‘investissement en technologie ordinaire en offshore « o1 » en absence de taxe carbone de frontière. Toutefois, pour inciter cette entreprise à l‘investissement local vert, en dépit du surcoût de la technologie ordinaire, le gouvernement doit imposer une taxe carbone de frontière supérieure ou égale à. Il est à noter que pour les entreprises de ce secteur qui disposent de technologies vertes chères (, l‘investissement vert en offshore ne peut pas être envisageable. En effet, pour une taxe carbone supérieure à, l‘entreprise ne peut plus dégager un profit positif en offshore avec la technologie verte. Dans ce cas, l‘entreprise continue à utiliser la technologie ordinaire en offshore pourvu qu‘elle soit plus rentable que les stratégies d‘investissement local sous les taxes carbone imposées, et qu‘elle permet à l‘entreprise de générer un profit positif. Pour ce cas, on note la taxe carbone de frontière au-delà de laquelle l‘entreprise ne dégage pas un profit positif avec la stratégie « o1 ». Cependant, pour les entreprises disposant de technologie verte pas très chère par rapport à l‘ordinaire, le risque de favoriser l‘investissement vert en offshore sous certaines valeurs de taxe carbone peut être considéré à partir de valeurs de taxe carbone domestique supérieures à. A titre d‘exemple, en imposant une taxe carbone domestique, avec une taxe carbone de frontière supérieure à, et inférieure à, la stratégie optimale est « o2 ». Pour le deuxième cas, afin de favoriser l‘investissement local vert sous une taxe carbone domestique de, il faut imposer une taxe carbone de frontière supérieure à. D‘une façon générale, on souligne que dans ces deux cas, la taxe carbone de frontière s‘avère bien une solution de recours pour faire face aux problèmes de fuites de carbone dus à la non homogénéité entre les taxes carbone dans le monde. Dans les travaux de Drake (2012), l‘auteur a utilisé l‘hypothèse que les taxes carbone domestique et de frontière sont égales dans une alternative d‘homogénéiser les taxes carbone afin d‘étudier le problème de fuite de carbone. Néanmoins, dans nos travaux, nous venons de montrer que la taxe carbone de frontière ne doit pas être égale à la taxe carbone domestique pour être efficace pour faire face au problème de fuite de carbone. En effet, nous venons de démontrer analytiquement que la taxe carbone de frontière nécessaire pour booster la production locale verte peut être inférieure à la taxe domestique imposée. Nous avons illustré à travers les exemples que dans certains cas, il suffit d‘une très faible valeur de taxe carbone de frontière pour balancer les coûts de production des entreprises domestiques et offshore et favoriser l‘investissement local vert. Toutefois, il est à signaler qu‘une telle mesure de taxe carbone de frontière peut prendre du temps pour être appliquée et envisagée, vu qu‘elle vient en contradiction avec les conventions de l‘OMS à propos du libre-échange des marchandises et qu‘elle nécessite une infrastructure administrative développée pour assurer la traçabilité et le Reporting des émissions de carbone
100
Chapitre III : Analyse de l‘impact de la non homogénéité des taxes carbone sur les décisions stratégiques des chaînes logistiques et leurs performances des produits fabriqués en offshore. Néanmoins, sous les menaces environnementales grandissantes engendrées par les émissions de carbone, les prochaines COP pourront peut-être favoriser un terrain d‘entente entre ces conventions et les mesures de taxation de carbone nécessaires pour garantir l‘efficacité de cet outil. Conclusion A travers ce chapitre, nous avons mis en évidence un aspect crucial de la législation de la taxe carbone, à savoir la non homogénéité de cette législation entre les pays et son impact sur les décisions stratégiques des entreprises et leurs performances. En modélisant et résolvant un problème de localisation et de choix de technologie dans le contexte de taxe carbone non homogène, nous avons mis l‘accent sur la problématique de fuite de carbone et ses circonstances. Nous pensons que nos résultats peuvent servir aux entreprises afin de les assister dans leurs prises de décisions stratégiques optimales, comme ils peuvent fournir aux gouvernements des pistes d‘amélioration des législations de carbone existantes en mettant l‘accent sur leurs apports et limites. Cette piste de recherche reste prometteuse vu l‘enjeux qui se cache derrière le problème de fuite de carbone et son impact sur l‘efficacité de l‘outil législatif environnemental. Dans le chapitre suivant, nous abordons une nouvelle problématique de CCL sous la législation de taxe carbone, tout en mettant en relief un autre aspect fondamental de cette législation à savoir sa progressivité et son caractère dynamique qui a été négligé dans la littérature existante. 101
4. Chapitre IV : Analyse de l’impact d’une taxe carbone progressive sur la décision d’investissement stratégique des chaînes logistiques et leurs performances 102 Chapitre IV : Analyse de l‘impact d‘une taxe carbone progressive sur la décision d‘investissement stratégique des chaînes logistiques et leurs performances Introduction
Le principe de la législation de taxe carbone est d‘imposer des coûts supplémentaires sur les émissions de carbone des entreprises, dans l‘objectif de les inciter à l‘investissement vert qui leur permet de réduire leurs émissions et ainsi les coûts d‘émission imposés par cette taxe. Dans cette optique, afin de garantir l‘acceptation d‘un tel outil par les industriels et dans le but de leur fournir les bonnes conditions pour une transition fluide vers des technologies vertes moins émettrices de carbone, les gouvernements optent généralement pour des stratégies de taxation de carbone progressives. Ils lancent ainsi la législation de taxe carbone avec des prix plus au moins bas, et communiquent leurs plans d‘incrémentation du prix de carbone au cours des années afin d‘atteindre des prix de carbone cibles au bout d‘un horizon bien défini (Chelly et al., 2018b). De telles législations progressives auront un impact sur les décisions stratégiques d‘investissement technologique de la CL. En effet, il peut s‘avérer intéressant pour l‘entreprise d‘investir en technologie verte dès la première année d‘imposition de la taxe carbone afin de profiter de la performance environnementale de cette technologie et réduire au mieux ses coûts d‘émission. Comme il peut s‘avérer plus rentable de retarder cette décision d‘investissement à l‘année où l‘augmentation du prix de carbone devient importante au point de favoriser l‘investissement vert. L‘entreprise peut aussi décider de ne pas investir en technologie verte, et même d‘arrêter son business, si la valeur de la taxe carbone cible à atteindre sur l‘horizon de planification se trouve très élevée. Dans ce contexte, il est crucial pour les entreprises d‘étudier leurs décisions d‘investissement en prenant en considération cet aspect progressif de la taxe carbone afin de déterminer le moment opportun d‘investissement en green. Il est à souligner, qu‘à travers l‘étude de la littérature, nous avons bien mis en évidence que cet aspect dynamique de la taxe carbone a été négligé dans les travaux existants. A travers ce chapitre, nous contribuons à la littérature en développant un modèle multi-périodes de choix de technologie sous une législation de taxe carbone progressive. Dans un premier lieu, en adoptant un modèle de taxe carbone similaire au modèle de taxe carbone Canadien, nous résolvons analytiquement et numériquement le modèle proposé afin d‘analyser l‘impact de cette taxe carbone progressive sur les décisions stratégiques et les performances des entreprises. Nous développons ainsi un algorithme de résolution qui permet à l‘entreprise de choisir la décision d‘investissement optimale sous une taxe carbone progressive linéaire donnée. Puis, nous proposons d‘étudier d‘autres formes de taxes carbone, constante et progressive, notamment une taxe carbone convexe et concave. Enfin, nous utilisons une approche d‘analyse multicritère pour évaluer et comparer les performances de ces différentes formes progressives de taxation de carbone. Dans ce chapitre, l‘objectif est d‘étudier les avantages et les limites de la taxation progressive de carbone à inciter les entreprises à l‘investissement vert et à réduire ainsi la pollution de la CL. Une telle étude peut servir aussi bien les entreprises que les gouvernements. Nos résultats peuvent assister les entreprises à prendre les décisions optimales de choix d‘investissement étant soumises à une législation de taxe carbone progressive, comme ils peuvent être utiles aux gouvernements en mettant l‘accent sur les performances des systèmes législatifs existants, et donc les nouvelles directives à mettre en place pour inciter les entreprises à minimiser leurs impacts indésirables sur l‘environnement.
| 19,253
|
2010EVRY0021_3
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,010
|
Le chiffre sonore : à travers la sextine lyrique et ses transformations
|
None
|
French
|
Spoken
| 7,384
| 12,419
|
79
En effet, comme l’écrit Roncaglia : [...] les pyrénéens ne constituèrent jamais une barrière, et les faits historiques orientèrent la région catalane plutôt vers la France que vers l’intérieur de la péninsule espagnole. De là l’incontestable affinité du catalan avec le provençal : affinité soulignée et renforcée du fait que durant plus de deux siècles (XII-XIII) le provençal fut accepté et adopté même par les troubadours et écrivains natifs de
la
Catalog
ne comme une langue littéraire exclusive, à laquelle la langue catalane est restée subordonnée à l’état de dialecte jusqu’à ce que Raimondo Lullo (1235 – 1315)
ne
vienne
la
relev
er ». Roncaglia, A. Id., p. 31
80 Voir Gentili, B. Poesia e pubblico nella Grecia antica, da Omero al V secolo, Milano 2006, ed. Bur 81 Voir les comparaisons synoptiques in G. Toja, Arnaut Daniel Canzoni, Firenze 1960, ed. Sansoni, pp. 165-68.
Le Chiffre
sono
re Davide AMODIO 49 / 340
cela ses chansons ne sont ni faciles à comprendre, ni à apprendre. Il aima une noble dame du nom de Gascogne, épouse de monsieur Guillaume de Bouville, mais il est dit que la dame ne partageait pas son sentiment ; sur cela il écrit : Je suis Arnaut, qui le vent recueille, avec le bœuf je chasse la lèpre et je nage contre le courant impétueux. Dans les razos provençales la figure de Daniel est ainsi narrée : Une fois il vint à la cour du roi Richard d’Angleterre, et un autre jongleur qui se trouvait aussi à la cour fit le pari de composer des rimes plus précieuses que les siennes. Arnaut pris cela pour un jeu et chacun misa sur son propre cheval, mis à disposition du roi, que l’autre ne l’aurait pas fait. Et monsieur Arnaut, à cause de l’ennui qu’il en éprouva, ne pu lier une parole à l’autre. Le jongleur composa sa chanson avec aisance et rapidité ; ils n’avaient eu que dix jours de temps, et le roi devait les juger d’ici cinq jours. Le jongleur demanda à monsieur Arnaut s’il l’avait fait et monsieur Arnaut répondit que oui ; trois jours étaient passés et il n’y avait pas encore pensé. Et le jongleur chantait toute la nuit sa chanson, pour bien la retenir. Et monsieur Arnaut pensa à la manière dont il pouvait se jouer de lui, jusqu’à ce que vint une nuit, et le jongleur la chantait et monsieur Arnaut l’apprenait en entier, avec l’air. Et quand ils furent devant le roi, monsieur Arnaut dit vouloir réciter sa chanson et il commença (à dire) la chanson que le jongleur avait composé. Aussitôt que le jongleur l’entendit, il le fixa dans les yeux et lui dit que c’était lui qui l’avait composée. Et le roi demanda comment cela se pouvait ; et le jongleur pria le roi qu’il apprenne la vérité et le roi demanda à monsieur Arnaut comment la chose s’était produite. Et monsieur Arnaut lui raconta comment les faits s’étaient déroulés ; et le roi en tira une grande joie et retint que tout cela était une grande farce et ils furent libérés de leurs gages et il fit donner à chacun des présents. A Monsieur Arnaut est revenu le chant qui dit : Mai io l’ebbi ma esso m’ha Qui troverete il frutto della sua opera82. Toja met en garde sur la véracité et la fiabilité de l’anecdote ici narrée, mais il enregistre les témoignages de Raion de Durfort qui attestent la période de la vie de jongleur de Daniel dans ses vers serventesi adressés 82 Je ne l’eu jamais mais lui il l’a/ ici vous trouverez le fruit de son œuvre Le Chiffre sonore Davide AMODIO 50 / 340 à Bernart (ici rapportés à travers la traduction du même Toja) : Pus etz malastrucs sobriers non es Arnautz l’escoliers, cui coffondon dat e tauliers e vay coma penediensers paupres de draps e de deniers... (Sei un disgraziato ancora più grande di Arnaldo, lo scolaro, che rovinano dadi e tavoliere [di scacchi] e se ne va come un penitente, povero di vesti e di denari) 83. Je signale, en guise de première déduction tirée de ces informations, qu’en Arnaut Daniel cohabitait le poète, le compositeur de musique, l’interprète chanteur et le conteur acteur ; tous ces métiers étaient maîtrisés au plus haut degré : Arnaut dépasse par la richesse de ses rimes les plus célèbres troubadours : 100 en 18 chansons avec un total de 962 vers, avec pourcentage d’une rime environ tous les 10 vers 84. Du côté de la musique nous avons la contribution du passionné Sesini (même si ses considérations couvrent un groupe de troubadours parmi lesquels on trouve aussi Arnaut, il n’en reste pas moins la preuve que la maestria dont il disposait musicalement était égale à son talent poétique) : Si cette poésie eut tant de succès à son apogée, à tel point d’aller se répandre en terre étrangère, auprès de gens qui ne comprennent pas sa langue, elle le dû à la musique, aux airs, rapidement èbres, qui l’accompagnait 85. Pour ce qui est, par exemple, de la versification et de la technique métrique d’Arnaut, Toja transmet les conclusions de son étude analytique faite sur l’intégralité son œuvre: 83 Tu es un malotrus encore plus grand qu’Arnaut, le scolaire, qui gâte les dés et l’échiquier et s’en va comme un pénitent, sans l’habit ni le sous. 84 Toja, G. Arnaut
Daniel
Canzoni op
.
cit
.
p. 41
85 Sesini, U. Le melodie trobadoriche della biblioteca ambrosiana,Torino 1942 Chiantore, p.280 Le Chiffre sonore Davide AMODIO 51 / 340
L’examen analytique des rimes permet d’affirmer que les innovations d’Arnaut ne sont pas tant dans le nombre, même si considérable, que dans la technique, qui atteint chez lui une grande perfection, sur le plan de la qualité esthétique indissoluble de l’inspiration poétique et toute vouée à rejoindre une unité accomplie et une musicalité de la chanson 86. [...] Il revient à Canello d’avoir reconnu le premier qu’Arnaut a mis en application la réforme réalisée par les troubadours dans la distribution des rimes dans les coblas, en particulier avec l’utilisation fréquentes des dissolutas, qui offrent une grande variété et nouveauté à la chanson, et d’avoir même pressenti la valeur musicale des mezze rime et des rimes équivoques. L’étude de la riche gamme vocalique et consonantique des rimes d’Arnaut ne peut conduire à la reconnaissance d’un artifice vide et formel, mais, au contraire, d’une astucieuse technique musicale, destinée à atteindre de surprenants effets phoniques, propres à créer une mélodie interne du vers, en accord avec celle de la musique 87. [...] on reconnaît universellement à Daniel le mérite d’avoir enrichi la poésie courtoise de cette nouvelle forme métrique. La tradition disant qu’il en a été l’inventeur remonte probablement au fameux extrait du De vulgari eloquentia, où Dante cite, à l’effigie d’Aranut, la stance invisible de sa sextine Al poco giorno88. Partant de ces différentes informations, on ne peut parler de la sextine lyrique comme d’une véritable invention d’Arnaut Daniel, ni d’une création partie de rien, mais bien d’un heureux assemblage de formes déjà préexistantes. D’après Davidson89, en effet, l’origine de la sextine remonte à deux caractéristiques de la lyrique provençale : les rimas dissolutas et la tendance à l’ordonnancement inversé des rimes en reconnaissant dans les deux stades de la formation de la sextine la canso redonda et la canso encadenada. En outre, comme le précise Toja90 : Les coblas retrogradadas de la sextine appliquent l’artifice métrique connu dans la rythmique mediolatina avec le nom de retrogradatio cruciata, à savoir la rétrogradation en croix des six mots-rimes de chaque cobla selon l’exemple donné par la cobla retrogradada dans les Leys (ed. Anglade, II, p. 108). La sextine d’Arnaut est composée d’un septénaire et de 5 endécasyllabes tous en rimes féminines. Ses particularités sont : -l’utilisation du bisyllabe dans les mots-rimes (à l’exception de enongla),
86 G. Toja, Arnaut Daniel Canzoni op. cit. p. 45 Toja, G. Arnaut Daniel Canzoni op. cit. pp. 45-46 88 Toja G. Arnaut Daniel Canzoni op. cit., p. 50 89 Davidson, A. The origin of sestina, in “Modern Languages Notes”, 25 (1910
p. 18. 90 Toja, G. Arnaut Daniel Canzoni op. cit p. 52 Le Chiffre sonore Davide AMODIO 52 / 340 87 -les assonances entre le second et le cinquième mot (ongla-oncle), -le dernière et avant-dernier (arma-cambra), -le premier et le quatrième de la première stance (intra-verga), qui est ainsi divisée en deux tercets rétrogradés. Il n’est pas certain qu’Arnaut se soit inspiré de
l’hexamètre et du respect médi
éval du 6 numerus sacer (6 comme multiple de trois)
ainsi que
l’indique Mari 91,
mais
on
relève une loi de triple assonance observée intentionnellement dans la cobla, en respectant, du moins ici, le numéro trois92. Toutefois l’originalité de la sextine d’Arnaut ne repose pas uniquement sur l’innovation du mécanisme structural ; la technique d’Aranut est une forme expressive de ses états d’âme relatifs aux exigences musicales étroitement liés à celle-ci. La sextine réalise sa musicalité interne indépendamment de la mélodie, notait Bembo93 (le premier traducteur d’Aranut), avec gravité pour le son de correspondance des rimes éloignées, et dignité et grandeur pour les rimes proches (au début et à la fin de la stance). Toja note en citant U. Canello94: La nouveauté de la technique musicale d’Arnaut réside dans “une sorte de mélopée qui seconde le développement de la pensée, continuellement, du début à la fin de la stance” en évitant ainsi la facilité du thématisme de ses prédécesseurs. 91 Mari, G. La sestina di Arnaldo,... in “Rend. Ist. Lomb. Scienze, Lettere”, vol 32 (1899), p. 954 in Toja, Arnaut Daniel Canzoni op. cit 92 Toja, G. Arnaut Daniel Canzoni, op. cit. p.50 93 Bembo, P. Le Prose, ed. M. Marti, Padova, 1955, pp. 19, 69 cit. in Toja, G. Arnaut Daniel Canzoni, op. cit. p. 54 94 Toja, G. Arnaut Daniel Canzoni, op. cit. p. 54 Le Chiffre sonore
Davide AMODIO 53 / 340 2.1.2 Un jeu de dés Un coup de dès jamais n’abolira le hasard
95 Succession de semblants différents96....forme qui semble une subtile langue de flamme pliée et repliée sur elle-même97. Le XII siècle, ou plus exactement, le siècle dont le milieu est dans l’an 1200, nous a laissé deux présents parfaits, l’église de San Zeno de Vérone et les chansons d’Arnaut Daniel, grâce à quoi nous touchons à l’excellence de l’architecture italo-romane et de la poésie provençale des troubadours98. Ainsi s’ouvre le chapitre de L’Esprit des littératures romanes de Ezra Pound sur il miglior fabbro, l’homme qui changea l’histoire de la poésie mondiale avec sa sextine lyrique. Et pourtant de cette unique et très précieuse sextine d’Arnaut, Pound ajoute : [...] ce peut être sa première expérience de sextine tant elle est médiocre mais [...] malheureusement c’est la seule sextine qu’il nous reste 99. Un dur jugement qui ne tient pas compte, à mon avis, du fait que le texte poétique ne représente qu’un tiers, si ce n’est moins, des “ingrédients” de l’œuvre. Il faudrait prendre en considération la musique qui ne peut pas et ne doit pas être séparée du texte au point de considérer la sextine d’Arnaut indépendamment ; et pour finir, non moins important que les deux autres, vient l’aspect interprétatif (représentatif ou performatif, comme on l’entend) indissociable, donc, d’une quelconque évaluation qualitative. Si, comme il a été dit, l’innovation de la structure et de la technique, ne doivent pas faire omettre qu’il s’agit toujours de moyens expressifs, toutefois la combinaison heureuse des éléments choisis par 95 Un coup de dés jamais n'abolira le hasard est un poème de Stéphane Mallarmé paru en 1897 dans la revue Cosmopolis et publié en 1914 dans La Nouvelle Revue française. C'est l'un des tous premiers poèmes typographiques de la littérature française qui préfigure l'usage du calligramme en poésie. 96 Carducci, G. Antica lirica italiana
97 Pound, E. Lo Spirito Romanzo, trad. S. Baldi, Firenze 1959 Vallecchi, p. 48 98 Pound, E. Lo Spirito Romanzo op. cit. p. 41 99 Pound, E. Lo Spirito Romanzo, op. cit, p. 60 Le Chiffre sonore
David
e
AMODIO 54 / 340
Arnaut qui composent la forme qui engendre l’œuvre sont une clef de lecture importante pour la compréhension de son art, une clef qui ouvre une porte sur un vaste monde au panorama aux contours indéfinis, du fait précis de sa forte composante improvisatrice sans laquelle toute évaluation devrait pour le moins être suspendue. Il est nécessaire cependant de connaître un peu plus ce personnage qu’est Arnaut Daniel, ’Adam de cette forme poétique à l’existence pérenne et florissante et, naturellement, de sa célèbre première sextine. La stance en oda continua (ainsi appelée par Dante dans le De vulgari eloquentia, II, X, 2) est donc une forme dont la paternité est officiellement attribuée à Arnaut mais elle ne constitue pas, à elle seule, son identité. Chez Dante, en effet, il est présenté comme le représentant marquant de la poésie provençale d’amour. Néanmoins de ce poète chanteur, Arnaut Daniel, dont les données biographiques sont obscurcies par le temps et la rareté des notices 100, nous avons hérité du geste habile du jet de dés. Les combinaisons de la sextine lyrique suivent, en effet, les couples de numéros sur les faces des dés – jeu pour lequel Arnaut Daniel l’escolier, comme le chantait Raion Durfort, semblait être un expert (même si le coffondon dat indique qu’il pâtit d’une fortune aléatoire!) – qui sont 6-1 5-2 4-3, dont la somme, par couple, est toujours de sept (dans la septième stance se conclue la tornada de trois vers) ; et dans la sextine est resté, même à travers les différences de langues, de normes, de registre poétique, le geste du hasard, geste qui domine la composition et oriente par le lancé ininterrompu des dés, entre l’immédiateté de l’instant et le contrainte préétablie, les règles du jeu. Ici, cependant, le hasard s’annule dans la répétition, et le rêve du joueur se réalise : avoir toujours un six à portée de main! Pouvoir anticiper les mises! Même une fois décidés et choisis les 100 Ainsi le raconte Vittorio Sermonti :“veniva (...) dal vescovado di Périgord, nativo d’un castello che ha nome Ribairac [oggi Ribérac, dipartimento della Dordogne] e fu gentil uomo. E bene si applicò alle lettere (...). E abbandonò gli studi e si fece giullare, e adottò una maniera di comporre in rime preziose, per che le sue canzoni non son facili da capire né da ricordare”. Quelques indices nous autorisent à placer sa naissance peu avant 1150, sa production aux dernières décennies du siècle. V. Sermonti, Il Purgatorio di Dante, Milano 2001, RCS, p.480. Le Chiffre sonore Davide AMODIO 55 /
340 mots-rimes, le mécanisme commande fortement la création même de l’œuvre, puisqu’en plus de trouver des mots qui se terminent par la rime voulue, il faut utiliser toujours ces mêmes mots et toujours dans l’ordre préfixé et établi. Cela s’impose à la question même du mouvement à travers les répétitions et les variations continuelles et périodiques 101. On peut voir, aussi bien dans la prose que dans les vers de Dante, que compter Arnaut au nombre des grands maîtres n’est pas chose nouvelle ; il est loué dans le De Vulgari Eloquentia lorsque Dante signale à plusieurs reprises la hardiesse des solutions techniques d’Arnaut, grand artiste dans l’utilisation de la parfaite constructio de la chanson, en témoignant de s’être lui-même astreint à ces modèles pour son unique et petrosissima sextine102. Mais (est-ce une contradiction?) dans la Divina Commedia Arnaut est placé parmi les luxurieux, dans le chant XXVI du Purgatoire, avec Guido Guinizelli qui dans le poème l’indique à Dante en l’appelant le “miglior fabbro del parlar materno” (le meilleur forgeron du parler maternel). Fabbro signifie artiste consommé, écrit Toja 103, le poète artisan, maître de son ars et de sa langue. « O frate, disse, questi ch’io ti cerno col dito, e additò un spirto innanzi, fu miglior fabbro del parlar materno. Versi d'amore e prose di romanzi 101
Je reporte, à propos de la correspondance des numéros de la sextine avec le jeu de dé, le fait qu’il existe deux points de vue contraires : celui en faveur est de Canettieri et celui contre est de Billy ; je me risque à dire, de mon propre point de vue, que l’on peut parfois observer des correspondances objectives qui peuvent avoir été réalisées par les auteurs inconsciemment. Je veux dire qu’accepter, du point de vue historique, que la structure de la sextine lyrique se soit ou non inspirée du jeu de dés, est sans influence. Le constater, pour nous lecteurs postérieurs, est intéressant et nécessaire pour pouvoir comprendre et entrer dans le mécanisme de la structure, en se faisant aider par toutes les possibles similitudes. Il est vrai que les historiens doivent évaluer les sources et accepter ce qui est inébranlable et ce qui relève seulement de l’intuition, ce qui est indiscutablement témoigné par les sources et ce qui relève de l’intuition soutenue uniquement par le bon sens et quelques indices ; il est bon cependant de s’essayer également à ces approches riches de nuances en ce qu’elles permettent une compréhension large et souvent bien plus efficace.
Cfr. Canettieri 1993 La Sestina e il dado. Sull’arte ludica del trobar, Roma Colet; e Billy, D. La sentine réinventée suivi d’un essai de métrique génétique, in “Stilistica e metrica italiana”, 42004 102 Cfr G. Toja, Arnaut Daniel canzoni, op. cit. p. 85 e V. Sermonti, Il Purgatorio di Dante, Milano 2001, RCS, p.480 103 Toja, G. Arnaut Daniel canzoni, op.cit., p. 85 Le Chiffre sonore
David
e
AMODIO 56 / 340
soverchiò tutti: e lascia dir li stolti che quel di Lemos credon ch’avanzi. A voce più ch’al ver drizzan li volti, e così ferman sua opinione, prima ch’arte o ragion per lor s’ascolti. Così fêr molti antichi di Guittone, di grido in grido pur lui dando pregio, fin che l’ha vinto il ver con più persone» 104. Il est fait mention d’Arnaut Daniel (ou Arnaldo Daniello) comme du “meilleur artisan” et “poète” de la langue vulgaire (parlar materno par oppostion à la grammaire, au latin, où la gloire revient à Virgile). Arnaut Daniel est aussi le seul qui dans la Divine Commedie s’exprime dans sa propre langue105. A ce sujet Aurelio Roncaglia écrit : [...] le nouvel art en langue vulgaire témoigne depuis son exorde d’une mure expérience des procédés rhétoriques auxquels la poésie latine fournissait des modèles, et de la rythmique mediolatina des innari et tropari il répète les schémas de vers et les structures de strophes, et des « tropes » (les inventiones interpolées par la liturgie) il tire le nom « tropos invenire », « composer des tropos » = « trouver », « tropatores », « troubadours » qui furent désignés les nouveaux poètes 106 d’où les. Les vers que Dante récite à Guinizelli ont fait l’objet de différentes études et interprétations contrastantes. Je ne citerai que G. Toja, dont on apprend justement que : L’épisode du Purgatoire ne peut être évalué avec les mêmes critères, étroitement techniques, des passages du De vulgari eloquentia : c’est, ne l’oublions pas, un passage poétique, dans lequel Dante exprime en effet un jugement critique comparatif entre Arnaut et Giraut, mais dans un langage, qui se charge d’une émotivité particulière, polémique affective, autobiographique, et qui perd donc la froide objectivité du trait 104 Purg. XXVI, 115-126. Vedi S. Battaglia, Le rime “petrose” e la Sestina, Liguori, Napoli 1964, p.33 106 Roncaglia, A. Le più belle pagine della letteratura d’oc e d’oil, Milano 1961 ed. Nuova Accademia, Capitolo I trovatori provenzali, p. 271 e seg. Le Chiffre sonore Davide AMODIO 57 / 340 105 scientifique
107. Dans ces vers, Dante soutient, en effet la supériorité d’Arnaut sur Guiraut de Borneil (“celui de Lemosì”, ainsi nommé en référence à la région française du Limousin dont Guiraut était originaire) que d’autres considéraient le meilleur Troubadour. A ce propos, dans sa fine lecture du chant XXVI du Purgatoire, Roncaglia écrit : [...] l’énonciation d’une poétique se transforme, néanmoins, dans une situation lyrique cette supériorité littéraire affirmée et difficilement acquise est vue à travers ces moments et rencontres d’une infatigable éducation poétique qui lui vaut d’acquérir la valeur d’étape d’un itinéraire spirituel108. Dante en réalité était peut-être l’un des rares à connaître l’œuvre de Daniel de manière aussi approfondie ; il connaissait au moins 10 de ses 18 chansons, dans une période où les répertorier était encore difficile! La rencontre entre Dante et Arnaut débute par les vers suivants : « Io mi feci al mostrato innanzi un poco, e dissi ch’al suo nome il mio disire apparecchiava grazioso loco109. » Dans les vers suivants Dante fait parler Arnaut dans sa langue provençale maternelle : « El cominciò liberamente a dire: “Tan m’abellis vostre cortes deman, qu’ieu no me puesc ni voill a vos cobrire. Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan; cons iros vei la passada folor, e vei jausen lo joi qu’esper, denan. Ara vos prec, per aquella valor que vos guida al som de l'escalina, sovenha vos a temps de ma dolor!”. 107 Toja, G. Arnaut Daniel canzoni, op.cit., p. 77 in G. Toja, Arnaut Daniel canzoni, op.cit. p. 80 109 Purg. XXVI,136-138.
Le Chiffre sonore Davide AMODIO 108 58 / 340
Poi
s
’ascose nel foco che li affina.
» (Purg.,
XXVI
,
139-148) (Votre courtoise requête m’est tant agréable (Tan m’abellis vostre cortes deman )/ qu’à vous je ne peux ni ne veut me cacher (qu’ieu no me puesc ni voill a vos cobrire )/ Je suis Aranut, qui pleure et va chantant (Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan) ;/ contrit et peiné je contemple la folie passée,/ (consiros vei la passada folor)/ et serein j’entrevois la joie à laquelle j’aspire (e vei jausen lo joi qu’esper, denan)/ maintenant je vous prie, par cette vertu qui vous guide au sommet (Ara vos prec, per aquella valor)/ rappelez-vous à temps de ma peine! (sovenha vos a temps de ma dolor). 110 Suit la belle traduction de Aurelio Roncaglia: “Tanto mi piace la vostra cortese domanda, ch’io non mi posso, né voglio celare a voi. Io sono Arnaldo, che piango e vo cantando. Afflitto vedo la passata follia, e vedo gioioso, innanzi a me, il giorno che spero. Ora vi prego, per quella virtù che vi conduce al sommo della scala, vi sovvenga a tempo della mia pena”.111 Et j’ajoute ces “musicales” lignes explicatives : [...] in questa ultima « novità » del canto non è da vedere un tratto di verismo linguistico; ma piuttosto un gusto di suggestione musicale simile a quello di un compositore moderno che inserisca nella propria musica modi arcaici, ad esempio, di gregoriano. È una suggestione sottile di gentilezza antica, che ricama già la cortese domanda di Dante; un desiderio squisito di ridestare gli echi di una remota e rarefatta musicalità. È l’ultimo sentimentale compiacimento della memoria dantesca in una nostalgia di studi cari e lontani, l’ultimo tributo di Dante alla prima tradizione poetica volgare. Quindi anche la figura di Arnaldo s’allontana e dispare: Poi s‘ascose nel foco che li affina. [...] dans cette dernière “nouveauté” 112 du chant il ne faut pas voir un trait de vérisme linguistique ; mais plutôt un goût de suggestion musicale digne d’un compositeur moderne qui insère dans sa propre musique des modes archaïques, par exemple, du grégorien. C’est une suggestion subtile de grâce antique, qui orne déjà la
demande
110
Traduction des vers d’Arnaut de V. Sermonti, ne Il Purgatorio di Dante, Milano 2001, RCS, p.479 111 Roncaglia, A. Il Canto XXVI del ‘Purgatorio’, Roma 1951, ed. Signorelli
, .24 112 Roncaglia ici se réfère à l’insertion de l’utilisation du provençal dans les vers finaux du chant XXVI du Purgatoire pour représenter la “voix” d’Arnaut Daniel. Le Chiffre sonore Davide AMODIO 59 / 340
courtoise de Dante ; un désir exquis de ressusciter les échos d’une ancienne et rare musicalité. C’est la dernière complaisance sentimentale de la mémoire dantesque dans une nostalgie d’étude chère et lointaine, le dernier tribut de Dante à la première tradition poétique vulgaire. Donc aussi la figure d’Arnaut s’éloigne et va disparaître: Poi s‘ascose nel foco che li affina.113 Enfin chez Pétrarque dans le Triomphe de l’amour (IV, 40 ss): « Fra tutti il primo Arnaldo Daniello gran maestro d'amor; ch’alla sua terra ancor fa onor col suo dir novo e bello. » (« Arnaut Daniel, le premier parmi tous, grand maître d’amour ; qui fait encore honneur à sa terre avec son parler neuf et beau »). Depuis Pétrarque la sextine lyrique devient un genre indépendant dont les règles sont : 1. Aucun vrai vers ne rime à l’intérieur d’une stance mais tous trouvent une correspondance de rime dans les autres stances ; 2. Les rimes sont toutes des mots-rimés au sens où tous les vers qui riment entre eux se terminent par le même mot ; 3. La position des mots-rimes se fait en roulement de strophe en strophe, selon le mécanisme dit de la ‘rétrogradation croisée’ ; les vers de chaque stance correspondent à celle de la précédente selon l’ordre dernier-premier-avant-dernier-second-antépénultième-troisième. Une éventuelle septième stance aurait donc le même schéma que la première. 4. La conclusion faite de trois vers contient trois des mots rimes de la sextine à la fin du vers, et les trois autres à l’intérieur114. L’invention structurelle de la sextine mobilise de façon particulière les principes essentiels au langage poétiques : la jakobsonienne projection d’une intemporalité 113
Roncaglia, A. Il Canto XXVI del ‘Purgatorio’op. cit. pp. 24-25 Beltrami, P. G. Gli strumenti della poesia, Bologna 2002, il Mulino, pag.105 Vedi anche: Frasca, G. La furia della sintassi, La sestina in Italia, Napoli 1992, Bibliopolis. Le Chiffre sonore Davide AMODIO 60
/ 340
114
paradigmatique
sur
le temps
syn
tagmatique (d’un être idéal sur un devenir empirique) et la subséquente organisation du discours selon un modèle de condensations rythmées autour de noyaux privilégiés115. Cette forme poétique présente des éléments importants qu’il faut analyser séparément : 1. Le symbolisme marquant de la structure, comme il a été dit, dans sa forme géométrique en spirale ; 2. Le nombre 6 ; 3. La circularité ; 4. La répétitivité des mots propre à l’organisation rhétorique mais aussi riche de fonctions mystiques et magiques. A travers les occurrences d’une même base sémique entre différents contextes, avec différentes fonctions et en relation à divers sujets actants, s’offre une occasion de versifier concrètement, expérimentalement, les potentialités significatives et les capacités de suggestion émotive de ces noyaux : une véritable fouille dans le vif de la parole (n’est-ce pas cela que nous appelons poésie?) 116. 2.1.3 La première sextine de l’histoire
Nous pouvons donc lire et observer avec attention le texte et la musique de cette première expérimentation poétique musicale. Ici, à la suite, le texte accompagné de trois traductions : une (celle de Maurizio Perugi 117) qui recherche la retranscription littérale, le chemin vers la plus complète adhésion à la signification originale, une autre (de Aurelio Roncaglia 118) qui favorise le plan de la sonorité en nous guidant élégamment vers l’original, suivant l’heureuse idée d’être, comme le dit le traducteur lui-même, un pont à brûler après son franchissement! Pour finir celle de Roubaud, plus récente, qui est sans doute intéressante en ce qu’il est lui-même un usager de la sextine en tant que poète et en tant que mathématicien.
115 Roncaglia, A. L’invenzione della sestina, in “Metrica” II 1981, p. 12 Roncaglia, A. L’invenzione della sestina, op. cit. pag.13 117 Perugi, M. Le Canzoni di Arnaut Daniel, edizione critica, Milano/Napoli 1978, ed. Ricciardi 118 Roncaglia, A. Le più belle pagine delle letterature d’Oc e d’Oil, Milano 1961, ed. Nuova Accademia Le Chiffre sonore Davide AMODIO 61
/
340 116
I Lo ferm voler qu’el cor m’intra no’m pot ges becs escoissendre ni ongla de lauzengier qui pert per mal dir s’arma; e pus no l’aus batr’ab ram ni verga, sivals a frau, lai on non aurai oncle, jauzirai joi, en vergier o dins cambra II Quan mi sove de la cambra on a mon dan sai que nulhs om non intra ans me son tug plus que fraire ni oncle non ai membre no’m fremisca, neis l’ongla, aissi cum fai l’enfas devant la ver ga: tal paor ai no’l sia prop de l’arma. III Del cor li fos, non de l’arma, e cossentis m’a celat dins sa cambra, que plus mi nafra’l cor que colp de verga qu’ar lo sieus sers lai ont ilh es non intra: de lieis serai aisi cum carn e ongla e non creirai castic d’amic ni d’oncle. IV Anc la seror de mon oncle non amei plus ni tan, per aquest’arma, qu’aitan vezis cum es lo detz de l’ongla, s’a lieis plagues, volgr’esser de sa cambra: de me pot far l’amors qu’ins el cor m’intra miels a son vol c’om fortz de frevol verga. V Pus floric la seca verga ni de n’Adam foron nebot e oncle tan fin’amors cum selha qu’el cor m’intra non cug fos anc en cors no neis en arma: on qu’eu estei, fors en plan o dins cambra, Le Chiffre sonore
David
e
AMODIO 62 / 340
mos cors no’s part de lieis tan cum ten l’ongla. VI Aissi s’empren e s’enongla mos cors en lieis cum l’escors’en la verga, qu’ilh m’es de joi tors e palais e cambra; e non am tan paren, fraire ni oncle, qu’en Paradis n’aura doble joi m’arma, si ja nulhs hom per ben amar lai intra. VII Arnaut tramet son chantar d’ongl’e d’oncle a Grant Desiei, qui de sa verj’a l’arma, son cledisat qu’apres dins cambra intra. (Traduction Perugi) I la determinazione che mi entra nel cuore non me la può frastagliare becco né unghia di maldicente, che a forza di seminare zizzania perde l’anima e non lo posso battere con ramo o con verga: almeno con l’ anno, là dove non avrò zio, godrò la gioia in giardino o in camera. (La détermination qui est entrée dans mon cœur, ni bec ni ongle d’un médisant ne pourra me la déchirer, à force de semer la zizanie elle perd ses esprits et je ne peux la battre ni avec une branche ni avec une verge : au moins avec la ruse, là où il n’y aura pas d’oncle, je jouirai de ma joie dans un jardin ou dans une chambre.) II quando mi viene in mente la camera dove per mia disgrazia so che nessun uomo entra, perché co lei son tutti più che fratelli o zii, non ho membro che non mi rabbrividisca, nemmeno l’unghia, più di un ragazzo davanti alla verga, tale è la mia paura che non abbia abbastanza di quest’anima. (Quand je pense à la chambre où par disgrâce je sais qu’aucun homme ne rentre, pas plus des frères que des oncles, je sens chacun de mes membres se refroidir, jusqu’à l’ongle, comme un garçon devant la verge, telle est ma peur, de n’avoir suffisamment
Le
Chiffre sonore
David
e
AMODIO 63 / 340
d’une seule âme.) III magari del corpo ne avesse abbastanza, non dell’anima, e mi ammettesse di nascosto nella sua camera! Più di un colpo di verga mi ferisce l’idea che questo suo servo non entra là dove sta lei; ma sempre sarò co lei come carne e unghia e non darò ascolto consiglio d’amico o di zio. (Si je pouvais l’avoir de corps, et non d’âme, et qu’elle m’accepte secrètement dans sa chambre! plus qu’un coup de verge me blesse l’idée que moi son serviteur je ne puisse entrer où elle demeure ; mais je serai toujours avec elle comme chaire et ongle et je n’écouterai pas de conseil d’ami ou d’oncle.) IV mai la sorella di mio zio no amai né più o altrettanto, per quest’anima, che tanto vicino quant’è il dito all’unghia vorrei, se le piacesse, essere alla sua camera: di me può disporre l’amore che m’entra nel cuore più a suo arbitrio di quanto uomo robusto dispone di fragile verga. (Jamais la sœur de mon oncle je n’ai aimé plus ou autant, que cette âme que je voudrais aussi proche que l’est le doigt de l’ongle, si elle voulait bien, m’avoir dans sa chambre : l’amour qui m’entre dans le cœur est plus puissant qu’un homme robuste qui disposerait d’une frêle verge). V dacché fiorì la secca verga e da Adamo nacquero nipoti e zii, un amore così perfetto come quello che m’entra nel cuore credete che esistesse mai in corpo? No, e nemmeno in anima: dovunque ella sia, fuori in piazza o in camera, io non mi allontano da lei l’estensione di un’unghia. (Depuis que la verge sèche fleurit et que sont nés les neveux et oncles d’Adam, croyezvous qu’il ait pu exister un amour plus fort que celui qui habite mon corps? Non, et ni même une âme : où qu’elle soit, dehors sur la place ou dans sa chambre, je ne mets pas entre elle et moi la distance d’un ongle.) VI tanto mi radico e m’inunghio io in lei quanto la scorza nella verga,
Le Chi
ffre
sono
re
Davide AMODIO 64 / 340
perché ella è per me torre e palazzo e camera e gioia e la amo più di un cugino o uno zio, tanto che in Paradiso ne avrò doppia beatitudine la mia anima se è vero che ci si entra per amare perfettamente. (Si fort je m’enfonce et m’énongle en elle, comme l’écorce dans une verge, parce qu’elle est pour moi tour et palais et chambre et joie et je l’aime plus qu’un cousin ou qu’un oncle, si bien qu’au paradis j’en tirerai une double béatitude pour mon âme, s’il est vrai que l’on entre au ciel pour aimer parfaitement). Aranut envoie son chant d’ongle et d’oncle pour le plaisir de celle qui le tient sous sa verge... (n’entre dans aucune chambre). La traduction de Perugi s’interrompt ici car il admet que l’analyse comparée des manuscrits et les déductions obtenues du dur labeur de ses recherches conduisent à une aporie insoluble qui le contraint à laisser le dernier vers non traduit si ce n’est en restituant son sens. (Traduction de Roncaglia) I Il fermo desìo che nel cuore mi penetra Non mi può rostro scerpare né unghia Di maldicente, che si danna, sparlando, l’anima; E poiché non ardisco reprimerlo con legno o con verga, Almeno furtivamente, là dove non scontrerò zio, godrò gioia d’amore, di verziere o nel chiuso di camera. II Quando mi sovviene della camera Ove purtroppo so che l’uomo non penetra, Anzi m’è ognuno peggio che fratello o zio, Membro non ho che non tremi, sino all’unghia, Così come il fanciullo fa dinanzi alla verga, Tale la paura ho di non essere troppo suo con l’anima. III Con il corpo fossi suo, non con l’anima, E m’accogliesse in segreto nel chiuso della sua camera!
Le Chiffre sono
re
Davide AMODIO 65 / 340
Mi strazia il cuore più che sferzata di verga Che il suo fedele, là ov’ella sta, non penetra. Sarò suo così come carne ed unghia Né darò ascolto a moniti d’amico o zio. IV Neppure la sorella di mio zio Amai di più o altrettanto, lo giuro sula mia anima! Così vicino, com’è il dito all’unghia, Vorrei, se le piacesse, essere alla sua camera. Di me può fare l’amore che in cuore mi penetra A sua voglia pi che uomo robusto di fragile verga. V Dacché fiorì la secca verga E da Adamo discesero nipoti e zii, Sì schietto amore come quello che in cuore mi penetra Non credo mai sia stato in un corpo e nemmeno in un anima. Ovunque ella stia, fuori in piazza o nel chiuso di camera, Non si stacca da lei il mio cuore per lo spazio di un’unghia. VI Così s’appiglia e s’inunghia Il mio cuore in lei come la scorza della verga, Ch’ella di gioia m’è torre, palazzo e camera; E tanto non amo fratello, parente né zio. In paradiso ne avrà doppio gaudio la mia anima Se mai alcuno per aver amato vi penetra. VII Arnaldo invia il suo canto d’unghia e di zio, Con licenza di lei che di sua verga ha l’anima Al suo Desiderato, cui pregio entro camera penetra. (Traduction de Roubaud) Sextine Ce vœu dur qui dans le cœur m’entre, Le Chiffre sonore Davide AMODIO 66
/ 340
nul bec ne peut le déchirer, ni ongle de lausengier, qui médisant perd l’âme; et ne l’osant battre à branche ou à verge, secrètement, là où il n’y a point d’oncle, j’aurai ma joie en verger ou en chambre. Quand j’ai souvenir de la chambre où à mon dam je sais que pas un n’entre, tant me sont durs plus que frère ni oncle nul membre n’ai qui ne tremble, ni d’ongle, plus que ne fait l’enfant devant la verge: telle est ma peur de l’avoir trop dans l’âme! Puisse-t-elle de corps, non d’âme, me recevoir en secret dans sa chambre! Car plus me blesse au cœur que coup de verge si qui la sert là où elle est ne rentre! Toujours serai pour elle chair et ongle et ne croirai conseil d’ami ni d’oncle. Et jamais la sur de mon oncle je n’aimai plus ni tant, de par mon âme Et si voisin que l’est le doigt de l’ongle, je voudrais être, à son gré, de sa chambre plus peut L’Amour qui dans le cœur me rentre faire de moi qu’un fort de frêle verge. Car depuis que fleurit la verge sèche et qu’Adam légua neveux et oncles, si fine amour, qui dans le cœur me rentre, ne fut jamais en corps, ni même en âme ; où qu’elle soit, dehors ou dans sa chambre, mon cœur y tient comme la chair à l’ongle.
Le Chiffre sonore Davide AMODIO 67 / 340
Car ainsi se prend et s’énongle mon cœur en elle ainsi qu’écorce en verge; elle est de joie tour et palais et chambre, et je ne prise autant parents ni oncle: au ciel j’aurai deux fois joyeuse l’âme, si jamais nul, de trop aimer, n’y entre. Arnaut envoie sa chanson d’ongle et d’oncle à toi qui tiens son âme sous ta verge, son Désiré, dont le prix en chambre entre. Le Chiffre sonore Davide AMODIO 68 / 340
2.2 La Sextine lyrique dans l’histoire, comme une biographie
D’après sa diffusion européenne et de par le reste du monde, l’histoire de la sextine lyrique se résume à l’histoire du texte poétique. Hormis quelques cas particuliers comme Monteverdi au XVII siècle et Kreneck au XX (qui feront l’objet d’un examen spécifique plus loin, quoiqu’il y en ait bien d’autres), la sextine n’a plus de support musical original et propre ; pourtant nous pouvons nous pencher sur son histoire, même si de façon succincte et uniquement d’un point de vue littéraire. On peut la diviser, comme le fait Riesz119, en trois parties : 1. La codification formelle du De vulgari eloquentia de Dante (même si, comme on l’a vu, on ne doit pas oublier sa forte identité, son empreinte initiale qu’a pu lui donner le provenzal materno); 2. Les études et interprétations successives des travaux des poètes qui l’ont utilisée; 3. Les publications historiques à son sujet, qui se résument principalement à trois essais: F. de Gramont, W. Brewer, A. Jenni et S. Battaglia. Je renvoie cependant au traité complet et exhaustif de Riesz en ce qui concerne l’argument de la ‘Sextine lyrique’ en tant qu’événement historico-littéraire, dont je ne pourrais faire ici qu’un résumé incomplet. Je reporte néanmoins, comme un récit à plusieurs voix, certaines observations critiques de poètes et essayistes à travers l’histoire. Comme nous le verrons, l’appréciation de la sextine a souvent été effectuée sous un angle négatif ; elle a fait l’objet de critiques très sévères à cause de la structuration considérée excessive de son organisme poétique, d’autres pour son incapacité présumée à posséder des contenus profonds et d’autres enfin pour la dépréciation du genre qu’est la chanson d’amour dans sa globalité. Toutefois la sextine repose, ce qui la rend encore vivante et forte, sur sa puissance expressive.
119 Riesz, J. Die Sestine,1971 Monaco Fink, p. 10 Le Chiffre sonore Davide AMODIO 69 / 340
Commençons avec l’exemplaire de Juan de la Cueba (1543-1612), des tercets badins sur la chanson sextine : il est toujours plus efficace de parler de poésie à travers son propre langage. Quieren tambien que goce de esta alteza la Sestina, y el nombre le conceden de Cancion; igualandola en pureza. Dar a una estanza solamente pueden seis versos con las voces diferentes, que sin ninguna trabazon proceden. Son al fin de los versos convenientes dos silabas de nombres sustantivos, y aquí los verbos son impertinentes. Conceptos altos, pensamientos vivos, voces puras, sonoras, regaladas, demandan con ilustres adjetivos. Las consonancias de ella van trabadas sesta y primera, quinta con segunda, quarta y tercera, sin que sean trocadas. Aquella serà ilustre y mas jocunda que variare mas, y mas dijere, y de terneza y mas concepto abunda. Si doblar las estancias te pluguiere de seis en doce, no te dan licencia que mudes voz ninguna que tubiere. Es ley no la esenta preeminencia encerrar en tres versos solamente a los seis consonantes sin violencia. Esto advirtiendo el docto y el prudente, y el que menos noticia tiene de ello Le Chiffre sonore Davide AMODIO 70 / 340 harà lo que es forzoso y conveniente120. Chez Franceso Saverio Quadro nous trouvons de bons conseils sur le dispositif des phrases dans l’ordre des vers, une ultérieure subdivision numérique pour obtenir un équilibre et de bonnes proportions: La divisione de’ sensi nelle Sestine si dee fare primariamente tra Stanza e Stanza; non essendo in veruna guisa permesso di trapassare col sentimento d’una in un’altra. Oltra ciò è pur bene di terminar la costruzione di due in due versi, sicché ogni, e qualunque Stanza venga composta di Coppie, e con tre pose cammini. Ma quando ciò non si poteste abbracciare, almeno di tre in tre versi è necessario di farlo, perché acquisti essa in tal guisa qualche grazia e dolcezza. [La division des sens dans les Sextines doit se faire principalement d’une stance à l’autre ; n’étant d’aucune façon permis d’en dépasser l’une ou l’autre. Outre cela il est préférable d’achever la construction des vers deux par deux, si bien que chaque vers, et ce, quelle que soit la stance composée de couples, s’actionne en trois pauses. Quand bien même cela ne serait pas réalisable, il est au moins nécessaire de le faire tous les trois vers, afin que de cette façon elle acquière quelque grâce et suavité 121 ]. Ici de suite un témoignage contre le sestina avec un sentiment de mépris. Giambattista Bisso122 (1771): Di queste, o simili Sestine, perché ite già quasi affatto in disuso, e perché sono d’un lavoro molto stentato, basta avervene dato questa breve notizia, e spero che sarà d’avanzo, per le venire a schifo, secondo il merito loro. [De celles-ci, ou de sextines du même type, parce qu’elles sont déjà quasiment tombées en désuétude, et parce qu’elles exigent un travail
très ardu, il me suffira de vous en avoir donné
cette brève explication
, et
j’espère
vous en
avoir persuadé, pour
vous
en
dégoût
er
, elle ne méritent pas mieux123].
Muratori124: 120 Riesz, J. Idem p.18 Riesz, J. Idem p.23 122 Giambattista Bisso, palermitain di XVIII s. la citation est dans L’introduzione alla volgar poesia, editino du 1770 à Venise. 123 Riesz, J. Idem p. 24 124 Louis-Antoine Muratori, (en italien Ludivico Antonio Muratori, en latin Ludovicus Le Chiffre sonore Davide AMODIO 71
/ 340
121
Le sestine del Petrarca, non che quelle degli altri antichi, io a tutta corsa le soglio leggere, perché insin da’ primi anni cominciai ad odiarle, e a credere che tanto poco di buono si possa trovare in tal sorta di componimenti, che non meriti punto d’arrestare il guardo degli studiosi. Io non pretendo che alcuno mi segua in questa antipatia, o si fidi di questo mio crudele giudizio. Ma dico bene, parermi facile che un ingegno anche fortunato, volendo comporre sestine, cada in seccaggini e pensieri stentati, e versi poveri di cose, o almen privi di cose forti, per cagione de’ ceppi delle rime, ch’egli volontariamente elegge. E se non altro, gli avverrà quasi sempre di far servire i pensieri a le rime invece di fare, come ragion vorrebbe, il contrario.
| 38,748
|
3f0f5635e9997be94bcbf616aeac95ff_21
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| 2,013
|
Répartition des dépenses de fonctionnement des établissements d'enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire (2010)
|
None
|
French
|
Spoken
| 6,924
| 12,146
|
http://dx.doi.org/10.1787/ctpa-rev-data-fr
Tableaux de l’indicateur B5
Tableau B5.1
Estimation des frais de scolarité annuels moyens demandés aux ressortissants nationaux
par les établissements d’enseignement tertiaire de type A (2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871200
Tableau B5.2
Répartition de l’aide financière aux étudiants et montant des frais de scolarité dans
l’enseignement tertiaire de type A (étudiants ressortissants nationaux suivant une formation
sanctionnée par un premier diplôme) (2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871219
Tableau B5.3
Montant moyen des frais de scolarité demandés par les établissements,
selon le domaine d’études (2011)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871238
Tableau B5.4
Aides publiques aux ménages et autres entités privées au titre de l’enseignement tertiaire,
en pourcentage des dépenses publiques totales d’éducation et du PIB (2010)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871257
Web Tableau B5.5
Aides publiques aux ménages et autres entités privées au titre de l’enseignement primaire,
secondaire et post-secondaire non tertiaire, en pourcentage des dépenses publiques totales
d’éducation et du PIB (2010)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871276
240 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
chapitre B
Quels sont les montants des frais de scolarité et des aides publiques dans l’enseignement tertiaire ? – Indicateur B5
Tableau B5.1. On peut toutefois considérer que les chiffres présentés constituent une bonne approximation et montrent la variation d’un pays à l’autre en ce qui concerne
les frais de scolarité demandés par les principaux établissements d’enseignement à la majorité des étudiants.
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
Australie
71
96
a
4
3 924
6 099
a
a
Autriche2
m
84
13
3
860
860
860
860
Belgique (Fl.)
Belgique (Fr.)
Canada
Chili
Rép. tchèque
75
84
82
m
97
52
33
m
23
m
48
67
m
18
m
m
m
m
59
m
576 à 653
785
m
8 757
m
90
m
m
m
Estonie
87
m
93
7
Finlande
56
74
26
a
France
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande
Irlande
Israël
Italie
Japon
Corée
Luxembourg
m
94
100
65
71
87
82
100
91
m
95
86
96
m
m
m
m
m
90
25
23
m
5
4
m
m
m
a
m
a
a
a
m
9
x
m
m
m
m
m
10
75
77
m
Mexique
95
67
a
33
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
86
60
m
m
a
m
m
m
Norvège
71
85
5
10
Pologne
Portugal3
Rép. slovaque
Slovénie
Espagne
45
m
64
75
76
90
m
93
94
88
a
m
a
6
a
10
m
7
1
12
Suède
48
93
7
n
Suisse
Turquie
Royaume-Uni
États-Unis
89
100
76
66
95
94
a
70
3
a
100
a
2
6
n
30
576 à 653
696
m
6 345
m
Pas de frais de
scolarité
m
Pas de frais de
scolarité
273 à 1 402
m
m
m
m
7 036
m
x(5)
5 106
m
m
Pas de frais de
scolarité
x(5)
x(5)
Pas de frais de
scolarité
n
m
x(5)
n
m
Pas de frais de
scolarité
863
270
a
m
576 à 653
754
x(5)
6 924
m
Danemark3
576 à 653
653
4 288
5 885
m
Pas de frais de
scolarité
m
Pas de frais de
scolarité
200 à 1 402
m
m
m
m
6 450
m
1 407
5 019
5 395
m
Pas de frais de
scolarité
1 966
3 645
Pas de frais de
scolarité
n
m
Maximum 2 916
n
1 129
Pas de frais de
scolarité
863
332
a
5 402
Brésil
m
m
m
m
m
Fédération de Russie
49
m
m
m
m
Établissements privés
subventionnés par l’État
Établissements privés
indépendants
Formations
sanctionnées
au minimum
par un
deuxième
diplôme
Établissements
publics
(8)
(9)
(10)
10 110
Jusqu’à
11 735
m
m
x(5)
6 230
m
9 635
Jusqu’à
11 735
m
m
m
8 357
m
(11)
128
m
m
m
124
m
m
m
m
a
a
m
3 527
Pas de frais de
scolarité
1 138 à 8 290
m
m
m
m
a
m
a
a
a
m
3 786
Pas de frais de
scolarité
x(7)
m
m
m
m
a
m
a
a
a
m
5 322
6 699
m
a
a
m
m
m
m
m
m
m
m
4 406
8 039
9 383
m
m
m
m
m
m
m
m
x(9)
7 423
m
m
116
m
m
m
m
136
m
m
109
m
m
a
a
5 684
x(9)
m
a
m
a
m
m
m
m
m
113
135
m
m
5 868
7 296
m
a
m
a
n
a
Pas de frais de
scolarité
863
a
4 980
a
a
m
a
n
a
Pas de frais de
scolarité
863
a
7 814
a
1 242
m
m
11 040
m
1 335
m
m
12 144
m
m
m
m
m
m
m
m
m
m
m
m
17 163
m
m
m
m
m
136
m
116
m
m
m
m
m
m
m
m
m
m
m
m
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
241
1. 2. Y compris les étudiants inscrits dans des programmes de recherche de haut niveau.
3. Frais de scolarité pour l’ensemble de l’enseignement tertiaire.
Source : OCDE. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871200
B5
chapitre B
Ressources financières et humaines investies dans l’éducation
Tableau B5.1. [2/2] Estimation des frais de scolarité annuels moyens demandés aux ressortissants
nationaux par les établissements d’enseignement tertiaire de type A1 (2011)
En équivalents USD convertis sur la base des PPA, selon le type d’établissement et la structure des diplômes,
calculs fondés sur des équivalents temps plein, année académique 2010-11
B5
Remarque : les montants des frais de scolarité et les pourcentages d’étudiants correspondants doivent être interprétés avec prudence dans la mesure où ils résultent
d’une moyenne pondérée des principaux programmes tertiaires de type A et où ils ne couvrent pas tous les établissements d’enseignement.
On peut toutefois considérer que les chiffres présentés constituent une bonne approximation et montrent la variation d’un pays à l’autre en ce qui concerne
les frais de scolarité demandés par les principaux établissements d’enseignement à la majorité des étudiants.
Remarques
OCDE
(12)
Australie
Autriche2
Belgique (Fl.)
Belgique (Fr.)
93 % des ressortissants nationaux scolarisés dans des établissements publics occupent des places subventionnées et paient en moyenne 3 817 USD
de frais de scolarité (aides au titre des programmes HECS/HELP comprises). Entre 2007 et 2009, les bourses destinées aux ressortissants nationaux
ont connu une augmentation sensible (~50 %) suite à des réformes gouvernementales visant à doubler d’ici 2012 le nombre de bourses du
Commonwealth. Les nouvelles bourses s’adressent principalement aux étudiants dans des domaines de priorité nationale, aux étudiants devant
se réorienter dans des domaines spécialisés et aux étudiants indigènes.
À partir du 3e trimestre 2009, les frais de scolarité doivent être acquittés par les étudiants ressortissants nationaux ou de pays de l’UE/EEE
lorsqu’ils dépassent de deux semestres la durée théorique du programme d’études, ainsi que par les étudiants ressortissants de pays non membres
de l’UE/EEE (à l’exception des étudiants venant de pays en voie de développement).
Les frais de scolarité mentionnés ici correspondent aux participations minimale et maximale que les établissements peuvent demander conformément
au décret en vigueur (chiffres indexés). Ils concernent les étudiants inscrits dans des programmes conduisant à un premier diplôme (licence)
ou à un deuxième diplôme (mastère). Ils ne concernent pas les programmes de niveau supérieur (par exemple dans le cas d’un mastère après
un premier mastère). Ces informations font référence aux étudiants non boursiers (les étudiants bousiers bénéficient de frais de scolarités réduits,
consulter l’annexe 3 pour tout complément d’information).
Si les frais de scolarité demandés sont identiques dans les établissements publics et privés, la répartition des étudiants diffère entre ces derniers.
La moyenne pondère n’est donc pas identique.
Canada
Chili
Rép. tchèque
Danemark3
Estonie
Finlande
France
Concerne uniquement les étudiants inscrits à l’université. Estimation pour le pourcentage d’étudiants bénéficiaires d’une bourse/allocation.
Les étudiants ressortissants nationaux incluent les étudiants venant de pays de l’UE/EEE et de Suisse.
En Estonie, il existe un double système pour les frais de scolarité : les étudiants qui occupent à l’université des places subventionnées par l’État ne paient
pas de frais de scolarité. Les universités peuvent faire payer des frais de scolarité aux étudiants inscrits en sus des places subventionnées par l’État. Les
universités peuvent choisir à la fois le montant des frais de scolarité et le nombre d’étudiants qui devront s’en acquitter. Dans le cas des programmes de
recherche de haut niveau, par exemple, les universités ne demandent pas de frais de scolarité pour la plupart des places en sus de celles subventionnées
par l’État. Ce constat s’applique également, dans une certaine mesure, dans les formations sanctionnées au minimum par un deuxième diplôme.
À l’exclusion des frais d’adhésion aux associations d’étudiants.
Dans les établissements publics, les frais de scolarité les moins élevés concernent les formations universitaires dépendant du ministère de l’Enseignement
supérieur, et les frais de scolarité les plus élevés, le Diplôme d’État de psychomotricien (1 218 euros). Dans les établissements privés subventionnés par l’État,
les frais de scolarité les moins élevés indiqués dans le tableau concernent l’Université catholique, et les frais de scolarité les plus élevés, les écoles d’arts.
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande
Irlande
Les frais de scolarité demandés par les établissements publics sont payés directement par les pouvoirs publics s’agissant des étudiants de licence
scolarisés à temps plein et/ou venant de pays de l’Union européenne. La moitié environ de l’ensemble des frais de scolarité perçus sont payés
par les ménages (principalement pour les étudiants scolarisés à temps partiel ou dans une formation post-licence, ou venant de pays non membre
de l’Union européenne). En d’autres termes, pour l’année 2010-11, les étudiants n’ont payé que 1 500 euros du montant mentionné.
Israël
Italie
Japon
Corée
Luxembourg
Mexique
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
Norvège
Pologne
Portugal3
Rép. slovaque
Slovénie
Chaque établissement fixe son barème en matière de frais de scolarité en fonction du milieu socio-économique de la famille de l’étudiant, dans
le respect de critères d’équité et de solidarité fixés dans le cadre de directives générales nationales. Les frais de scolarité annuels moyens sont
calculés sur la base du montant réel des frais de scolarité dont s’acquitte chaque étudiant ; les étudiants qui sont totalement exemptés de frais
de scolarité ne sont pas inclus dans le calcul de la moyenne.
Le montant des frais de scolarité annuels moyens exclut les frais d’inscription dont les étudiants doivent s’acquitter en première année.
Les frais de scolarités sont représentatifs des établissements privés de niveau CITE 5 qui sont les plus fréquents en Norvège.
Les étudiants scolarisés à temps plein ne paient généralement pas de frais de scolarité, mais les étudiants inscrits simultanément, au cours
d’une même année académique, dans deux programmes d’études (voire davantage) dispensés par un établissement universitaire public dans
le même niveau d’études, doivent s’acquitter des frais de scolarité annuels au titre du second programme ou de tout autre programme d’études
supplémentaire suivi durant l’année académique. En outre, les étudiants dépassant la durée théorique d’un programme d’études doivent s’acquitter
des frais de scolarités annuels pour chaque année d’études supplémentaire effectuée.
Dans les établissements publics et privés subventionnés par l’État, les étudiants à temps plein inscrits dans des programmes conduisant à un
premier ou à un deuxième diplôme ne paient pas de frais de scolarité, contrairement aux étudiants à temps plein inscrits dans des programmes
conduisant à un troisième diplôme.
Espagne
Suède
Suisse
Turquie
Royaume-Uni
Autres
G20
États-Unis
Les données concernent tous les étudiants (ressortissants nationaux scolarisés à temps plein et étudiants non ressortissants nationaux/
étrangers scolarisés à temps plein).
Brésil
Fédération de Russie
1. Abstraction faite des bourses et allocations auxquelles les étudiants peuvent prétendre.
2. Y compris les étudiants inscrits dans des programmes de recherche de haut niveau.
3. Frais de scolarité pour l’ensemble de l’enseignement tertiaire.
Source : OCDE. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871200
242 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Quels sont les montants des frais de scolarité et des aides publiques dans l’enseignement tertiaire ? – Indicateur B5
chapitre B
Tableau B5.2. Répartition de l’aide financière aux étudiants et montant des frais de scolarité
dans l’enseignement tertiaire de type A (étudiants ressortissants nationaux suivant une formation
sanctionnée par un premier diplôme) (2011)
Calculs fondés sur des équivalents temps plein, année académique 2010-11
Répartition de l’aide financière allouée aux étudiants
Pourcentage d’étudiants qui :
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
OCDE
perçoivent
des bourses ou
perçoivent
perçoivent
bénéficient ne bénéficient des bourses ou des bourses des allocations ne perçoivent
NI de prêts des allocations ou allocations permettant
NI bourse
de prêts
NI allocation
d’études publics d’un montant d’un montant
de couvrir
bénéficient
d’études
NI de bourses
supérieur
équivalent
partiellement pour honorer
de bourses ou
publics ET
aux frais
aux frais
les frais de
ou
les frais
d’allocations de bourses ou
de scolarité
de scolarité
de scolarité
scolarité
uniquement d’allocations d’allocations
Australie1
Autriche
Belgique (Fl.)1
Belgique (Fr.)2
Canada
Chili
Rép. tchèque
Danemark3
Estonie
Finlande
France3, 4
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande2
Irlande4
Israël
Italie
Japon
Corée
Luxembourg
Mexique2, 3
Pays-Bas4
Nouvelle-Zélande
Norvège
Pologne
Portugal
Rép. 2, Les données se rapportent à l’année académique 2008-09.
3. Répartition des étudiants dans l’ensemble de l’enseignement tertiaire (établissements universitaires publics uniquement, y compris tertiaires de type B
en France).
4. Établissements publics uniquement.
5. La colonne 2 inclut uniquement les bourses.
6. Année de référence : année académique 2009-10.
Source : OCDE. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871219
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
243
B5
chapitre B
Ressources financières et humaines investies dans l’éducation
Tableau B5.3. Montant moyen des frais de scolarité demandés par les établissements,
selon le domaine d’études (2011)
Montant brut des frais de scolarité en USD, convertis sur la base des PPA pour le PIB, demandés aux ressortissants nationaux scolarisés
à temps plein dans une formation tertiaire de type A sanctionnée par un premier diplôme (année académique 2010-11)
B5
Remarque : les pays qui n’appliquent pas des frais de scolarité différents en fonction du domaine d’études ne sont pas inclus dans ce tableau, à savoir l’Autriche,
la Belgique (Fl.), la Belgique (Fr.), la Corée, le Danemark, la Finlande, la France, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la République slovaque, la Slovénie,
la Suède et la Suisse.
Frais de scolarité annuels moyens demandés aux ressortissants nationaux scolarisés à temps plein1 dans une formation tertiaire de type A sanctionnée par un premier diplôme Services (ISC 8) (5) (6) (7) (8) (9) 3 367 4 325 4 937 4 013 3 597 Agriculture (ISC 6) (4) 4 472 Ingénierie, production et construction (ISC 5) (3) 3 477 Sciences (ISC 4) Santé et secteur social (ISC 7) Sciences sociales, commerce et droit (ISC 3) (2) 3 095 Éducation (ISC 14) (1) 3 924 Total : tous domaines d’études confondus OCDE Établissements publics Établissements privés Australie subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Canada subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Chili subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Estonie subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics (universités) Établissements publics (instituts de technologie) Irlande Établissements privés subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Japon subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Nouvelle-Zélande subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Pologne subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Espagne subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Turquie subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés Royaume-Uni subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Établissements publics Établissements privés États-Unis1 subventionnés par l’État Établissements privés indépendants Lettres, sciences humaines et arts (ISC 2) 2011 a a a a a a a a a 10 110 4 288 5 803 3 208 10 617 3 883 10 497 4 314 11 017 4 286 15 494 4 945 15 227 4 095 9 771 5 155 10 787 m m m m m m m m m m m 5 885 m 4 034 m 5 432 m 6 109 m 6 008 m 6 388 m 6 997 m 6 463 m 5 544 6 924 4 383 6 972 7 223 7 222 7 623 7 643 7 238 6 212 6 230 m 4 543 m 6 285 m 6 511 m 5 983 m 6 945 m 6 668 m 6 690 m 5 815 m 3 527 3 081 3 439 3 706 3 145 3 271 2 927 3 888 3 284 m 7 730 m 6 895 m 6 567 m 6 567 m 8 584 m 8 584 m 8 584 m 8 326 m a 4 603 a 4 480 4 480 4 480 5 218 a 4 480 4 478 m m m m m m m m a m 5 019 m a m a m a m a m a m a m a a a a a a a a a a a a 8 039 3 645 m 3 057 m 3 084 m 3 229 m 3 630 m 4 011 m 4 987 m 5 801 a 3 780 m m m m m m m m a m n m m m m m m m m m m m m m m a a a m m m m m m m a 1 242 1 129 m m m m m m m m m m m m m m a a a a a a a a a a a m 332 m 290 m 306 m 327 m 331 m 405 m 396 m 428 a 231 a a a a a a a a a m a m a m a m a m a m a m a m a m a 4 980 m m m m m m m m m 5 402 m 5 354 m 5 021 m 6 203 m 6 263 m 6 176 m 5 933 m 4 207 m 4 659 a a a a a a a a a 17 163 17 840 22 736 17 333 18 584 19 347 19 192 12 549 13 800 1. Source : OCDE. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871238
244 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Quels sont les montants des frais de scolarité et des aides publiques dans l’enseignement tertiaire ? – Indicateur B5
chapitre B
Tableau B5.4. Aides publiques aux ménages et autres entités privées au titre de l’enseignement tertiaire,
en pourcentage des dépenses publiques totales d’éducation et du PIB (2010)
Dépenses publiques directes au titre des établissements d’enseignement et aides aux ménages et autres entités privées
B5
Aides publiques à des entités privées au titre de l’enseignement tertiaire
Aides financières aux étudiants
Autres G20
OCDE
Dépenses
Bourses
publiques
et autres
directes
allocations
au titre des
versées
établissements aux ménages
Bourses
et autres
allocations
versées aux
ménages
Transferts
au titre des
et paiements
établissements
à d’autres
d’enseignement entités privées
Total
Aides publiques
à d’autres
entités privées
au titre de
l’enseignement,
en pourcentage
du PIB
Prêts d’études
Total
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
Australie
Autriche
Belgique
Canada1
Chili2
Rép. tchèque
Danemark3
Estonie
Finlande
France
Allemagne
Grèce
Hongrie
Islande
Irlande
Israël
Italie
Japon3
Corée
Luxembourg
Mexique
Pays-Bas
Nouvelle-Zélande
Norvège
Pologne
Portugal
Rép. 2. Année de référence : 2011.
3. Certains niveaux d’enseignement se confondent. Pour plus de détails, voir le code « x » dans le tableau B1.1a.
Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Voir les
notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur.
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871257
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
245
Vous pouvez consulter l’indicateur B6 en ligne sur :
Indicateur B6
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871295
À quelles catégories de ressources et de services
les dépenses d’éducation sont-elles affectées ?
• Les dépenses de fonctionnement représentent plus de 91 % des dépenses totales d’éducation,
en moyenne, dans les pays de l’OCDE, et dans la plupart des pays de l’OCDE et des autres pays
du G20, tant dans l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire que
dans l’enseignement tertiaire.
• Dans 18 des 29 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, la part des dépenses en
capital dans les dépenses totales d’éducation est plus élevée dans l’enseignement tertiaire que
dans l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire. Cette différence
peut s’expliquer par la construction de nouvelles infrastructures imposée par le développement
de l’enseignement tertiaire enregistré ces dernières années.
• Dans les pays de l’OCDE et les autres pays du G20 dont les données sont disponibles, la
rémunération des personnels de l’éducation (enseignants et autres) est le poste le plus
important des dépenses de fonctionnement.
• C’est dans l’enseignement tertiaire que les postes de dépenses de fonctionnement autres que
la rémunération du personnel sont les plus élevés. Dans les pays de l’OCDE, ils atteignent en
moyenne 31 %, ce qui s’explique par le coût plus élevé des infrastructures et des équipements
à ce niveau d’enseignement par comparaison avec les niveaux inférieurs.
Graphique B6.1. Répartition des dépenses de fonctionnement des établissements
d’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire (2010)
Rép. tchèque
Royaume-Uni
Finlande
Suède
Rép. slovaque2
Corée
Pologne1
Brésil1
Hongrie1
Autriche
Australie
Moyenne OCDE
Canada2
Islande2
Norvège
France
Rémunération de tous les personnels
Slovénie
Danemark2
Irlande1
États-Unis
Italie1
Pays-Bas
Espagne1
Israël3
Suisse1
Luxembourg
Japon2
Turquie1
Autres dépenses de fonctionnement
Belgique
Portugal1
Argentine1
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Mexique1
% des dépenses
de fonctionnement
1. Établissements publics uniquement.
2. Certains niveaux d’enseignement se confondent. Pour plus de détails, voir le code « x » dans le tableau B1.1a.
3. Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes.
L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de
peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Les pays sont classés par ordre décroissant de la part de la rémunération de tous les personnels dans l’enseignement primaire, secondaire et
post-secondaire non tertiaire.
Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine : Institut de Statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation
dans le monde). Données relatives à l’Afrique du Sud : Institut de Statistique de l’UNESCO. Tableau B6.2. Voir les notes à l’annexe 3
(www.oecd.org/edu/rse.htm).
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868198
246 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Indicateur B6
Graphiques de l’indicateur B6
Graphique B6.1 Répartition des dépenses de fonctionnement des établissements d’enseignement
primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire (2010)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868198
Graphique B6.2 Répartition des dépenses en capital et de fonctionnement
au titre des établissements d’enseignement (2010)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868217
Tableaux de l’indicateur B6
Tableau B6.1
Dépenses des établissements d’enseignement primaire et secondaire,
par catégorie de ressources (2010)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871314
Tableau B6.2
Dépenses des établissements d’enseignement par catégorie de ressources
et par niveau d’enseignement (2010)
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871333
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
247
Quels facteurs influent sur le niveau des dépenses
d’éducation ?
Indicateur B7
• Quatre facteurs influent sur les dépenses d’éducation en rapport avec le coût salarial des
enseignants par élève : le temps d’instruction des élèves, le temps d’enseignement et le salaire
des enseignants, et la taille des classes. Un coût salarial donné par élève peut donc résulter de
différentes combinaisons de ces quatre facteurs.
• Le coût salarial des enseignants par élève varie fortement entre les pays. Dans la plupart des
pays, le coût salarial des enseignants par élève augmente avec le niveau d’enseignement.
• Dans la plupart des pays, le coût salarial des enseignants par élève a sensiblement augmenté
entre 2005 et 2011 dans l’enseignement primaire et le premier cycle de l’enseignement
secondaire. En moyenne, dans les pays dont les données des deux années de référence sont
disponibles, il a augmenté de plus de 10 % : il est passé de 2 398 USD à 2 627 USD dans
l’enseignement primaire, et de 3 473 USD à 3 818 USD dans le premier cycle de l’enseignement
secondaire.
Graphique B7.1. Coût salarial (en USD) des enseignants par élève,
selon le niveau d’enseignement (2011)
Premier cycle du secondaire
USD
Primaire
Deuxième cycle du secondaire
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
Turquie
Estonie
Mexique
Chili
Rép. slovaque
Hongrie
Rép. tchèque
Israël
Pologne
Corée
France
États-Unis
Italie
Angleterre
Japon
Canada
Moyenne OCDE
Irlande
Norvège
Slovénie
Pays-Bas
Australie
Danemark
Espagne
Finlande
Portugal
Allemagne
Autriche
Belgique (Fr.)
Luxembourg
0
Belgique (Fl.)
2 000
Les pays sont classés par ordre décroissant du coût salarial des enseignants par élève dans le premier cycle de l’enseignement secondaire.
Source : OCDE. Tableau B7.1. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868236
Contexte
Les pouvoirs publics s’intéressent de plus en plus à la relation entre les moyens mobilisés en
faveur de l’éducation et les résultats obtenus, car ils cherchent à accroître l’offre d’éducation et
à en améliorer la qualité, tout en veillant à l’efficience de l’utilisation du financement public, en
particulier en temps d’austérité budgétaire.
La rémunération des enseignants est généralement le poste le plus important du budget de
l’éducation et, par voie de conséquence, des dépenses par élève. Ce poste budgétaire dépend
du nombre d’heures de cours suivies par les élèves (le temps d’instruction) et données par les
enseignants (le temps d’enseignement), du niveau de salaire des enseignants et du nombre
d’enseignants requis, qui est fonction du nombre d’élèves par classe (voir l’encadré B7.1). La
variation de ces quatre facteurs entre les pays peut donc expliquer les différences dans le niveau
de dépenses unitaires. De même, un niveau comparable de dépenses unitaires peut être le résultat
de différentes combinaisons de ces facteurs.
248 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Cet indicateur analyse les choix d’affectation budgétaire des pays dans l’enseignement primaire et
secondaire, et montre dans quelle mesure les nouvelles orientations politiques adoptées à partir
de 2000, 2005 et 2010 au sujet de ces quatre facteurs ont affecté le coût salarial des enseignants.
Toutefois, certains de ces choix ne reflètent pas des orientations politiques, mais plutôt une
évolution démographique, par exemple la diminution des effectifs scolarisés. Dans les pays où
l’effectif d’élèves a commencé à diminuer au cours de ces dernières années, par exemple, la taille
des classes devrait également diminuer, sauf dans l’hypothèse d’une diminution concomitante du
nombre d’enseignants.
Indicateur B7
Autres faits marquants
• Un niveau de dépense similaire entre les pays peut occulter la diversité de choix politiques
contrastés. Cela explique dans une certaine mesure l’absence de relation directe entre le budget
global de l’éducation et la performance des élèves. Dans le deuxième cycle de l’enseignement
secondaire, l’Allemagne et le Portugal affichent, par exemple, un niveau similaire (supérieur
à la moyenne) de coût salarial des enseignants par élève, selon les chiffres de 2011. Ce coût
est essentiellement déterminé par le niveau de salaire des enseignants qui est nettement
supérieur à la moyenne en Allemagne, et par la taille des classes qui est inférieure à la moyenne
au Portugal.
• Le salaire des enseignants est dans la plupart des cas le facteur le plus déterminant de la
variation du coût salarial des enseignants par élève à chaque niveau d’enseignement. Vient
ensuite la taille des classes.
• Le salaire des enseignants est moins souvent le facteur le plus déterminant de la variation
du coût salarial des enseignants par élève à chaque niveau d’enseignement si la richesse
des pays est prise en compte.
Tendances
Entre 2005 et 2011, le coût salarial des enseignants par élève a essentiellement augmenté sous
l’effet de la variation de deux facteurs : le salaire des enseignants et la taille des classes. Entre
2005 et 2011, en moyenne, dans les pays dont les données des deux années de référence sont
disponibles, le salaire des enseignants a progressé de plus de 14 % dans l’enseignement primaire et
de près de 11 % dans le premier cycle de l’enseignement secondaire, tandis que la taille des classes
a régressé de 18 % dans l’enseignement primaire et de 6 % dans le premier cycle de l’enseignement
secondaire. Les deux autres facteurs – le temps d’instruction et le temps d’enseignement – ont
varié dans une moindre mesure dans la plupart des pays, de l’ordre de 3 % ou 4 %, en moyenne,
dans les pays dont les données des deux années de référence sont disponibles.
Dans l’enseignement primaire et le premier cycle de l’enseignement secondaire, la plupart des
pays ont à la fois augmenté le salaire des enseignants et réduit la taille des classes entre 2005
et 2011. Ces changements ont entraîné une augmentation du coût salarial. La Hongrie et l’Italie
sont les deux seuls pays où le coût salarial des enseignants par élève a sensiblement diminué entre
2005 et 2011, tant dans l’enseignement primaire que dans le premier cycle de l’enseignement
secondaire.
Depuis 2005, certains pays ont entrepris des réformes qui ont eu un impact sur le coût salarial
des enseignants par élève. En Hongrie, par exemple, l’accroissement du temps d’enseignement
dans l’enseignement secondaire intervenu en 2006 a entraîné l’augmentation du nombre
d’enseignants requis à ce niveau d’enseignement et, par voie de conséquence, l’augmentation des
dépenses au titre de la rémunération des enseignants. En Italie, la réforme de la taille des classes
a donné lieu à une légère augmentation du nombre d’élèves par classe, ce qui s’est traduit par une
diminution du coût salarial des enseignants par élève (voir le tableau B7.5 dans l’édition de 2012
de Regards sur l’éducation).
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
249
chapitre B
Ressources financières et humaines investies dans l’éducation
Analyse
Le coût salarial des enseignants par élève...
B7
Les dépenses par élève reflètent les facteurs structurels et institutionnels relatifs à l’organisation des
établissements et de l’enseignement. Les dépenses sont réparties entre la rémunération des enseignants et les
autres dépenses (définies comme toutes les dépenses d’éducation autres que la rémunération des enseignants).
La rémunération des enseignants est généralement le poste de dépenses le plus important de l’éducation. Le
niveau de rémunération des enseignants divisé par le nombre d’élèves (une variable appelée ici « coût salarial
des enseignants par élève ») constitue donc la part principale des dépenses par élève.
Encadré B7.1. Relation entre le coût salarial des enseignants par élève et le temps d’instruction,
le temps d’enseignement, le salaire des enseignants et la taille des classes
Pour étudier les facteurs qui influent sur les dépenses unitaires et évaluer l’importance de leur impact, on
peut, par exemple, comparer les différences entre les chiffres des pays et la moyenne de l’OCDE. Cette analyse
consiste à calculer les écarts entre les dépenses unitaires des pays et la moyenne de l’OCDE, puis à estimer la
contribution de chaque facteur à ces écarts.
Cette analyse repose sur une relation mathématique entre les différents facteurs retenus et s’effectue selon
la méthode présentée dans la publication canadienne Bulletin statistique de l’éducation (2005) (voir l’annexe 3
pour plus de précisions). Selon cette relation mathématique, les dépenses d’éducation dépendent de facteurs
en rapport avec le cadre scolaire des pays (le nombre d’heures d’instruction pour les élèves, le nombre d’heures
d’enseignement pour les enseignants et l’estimation de la taille des classes) et d’un facteur en rapport avec les
enseignants (le salaire statutaire).
Les dépenses sont réparties entre le coût salarial des enseignants et les autres dépenses (définies comme toutes
les dépenses d’éducation autres que la rémunération des enseignants). Le coût salarial des enseignants par
élève (CCS), soit le salaire des enseignants divisé par l’effectif d’élèves, est estimé comme suit :
CCS = SAL
instT
1
teachT
1
SAL
=
ClassSize Ratiostud/teacher
SAL : le salaire des enseignants (estimation du salaire statutaire après 15 ans d’exercice)
instT : le temps d’instruction (estimation du nombre annuel d’heures de cours prévues pour les élèves)
teachT : le temps d’enseignement (estimation du nombre annuel d’heures de cours données par les enseignants)
ClassSize : l’estimation de la taille des classes
Ratiostud/teacher : le nombre d’élèves par enseignant (soit le taux d’encadrement)
Les valeurs des différentes variables peuvent être dérivées des indicateurs publiés dans Regards sur l’éducation
(chapitre D), à l’exception de la taille des classes (qui n’est pas calculée dans le deuxième cycle de l’enseignement
secondaire, car les élèves peuvent changer de classe selon les matières, ce qui pose problème pour définir la
taille des classes et faire des comparaisons). Dans cette analyse, la taille des classes est toutefois estimée de
manière « théorique » sur la base du taux d’encadrement, du temps d’instruction et du temps d’enseignement
(voir l’encadré D2.1 dans l’indicateur D2). Comme les tailles de classe présentées ici sont des estimations, la
prudence est de rigueur lors de leur interprétation.
Avec cette relation mathématique, il est possible de calculer les écarts entre la valeur des quatre facteurs dans
un pays et la moyenne de l’OCDE, puis d’évaluer la contribution directe et indirecte de chacun de ces facteurs à
l’écart entre le coût salarial des enseignants par élève de ce pays et la moyenne de l’OCDE (voir l’annexe 3 pour
plus de précisions). Prenons à titre d’exemple un cas dans lequel deux facteurs seulement se conjuguent : si le
salaire horaire augmente de 10 % et si le temps de travail augmente de 20 %, le salaire augmente de 32 %, ce qui
résulte de la contribution directe de la variation de chacun de ces deux facteurs (0.1 + 0.2) et de la contribution
indirecte de la variation conjuguée de ces deux facteurs (0.1 * 0.2).
Pour tenir compte des différences de richesse nationale entre les pays lors de la comparaison de leur coût salarial
des enseignants par élève, le coût salarial des enseignants par élève et le salaire des enseignants peuvent être
rapportés au PIB par habitant (partant de l’hypothèse que le PIB par habitant est un indicateur de la richesse
des pays). Cette méthode permet de comparer le coût salarial unitaire entre les pays en « valeur relative » (voir
les tableaux, en ligne, de l’édition de 2013 de Regards sur l’éducation).
250 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Quels facteurs influent sur le niveau des dépenses d’éducation ? – Indicateur B7
chapitre B
La rémunération des enseignants dépend du nombre d’heures de cours suivies par les élèves (le temps
d’instruction) et données par les enseignants (le temps d’enseignement), du salaire des enseignants et du
nombre d’enseignants requis, qui est fonction de la taille des classes (voir l’encadré B7.1). La variation de ces
quatre facteurs entre les pays peut donc expliquer des différences dans le niveau de dépenses. De même, un
niveau comparable de dépenses peut être le résultat de combinaisons différentes de ces facteurs.
... augmente dans l’ensemble avec le niveau d’enseignement, mais de grandes disparités
s’observent entre les pays de l’OCDE
Le coût salarial des enseignants par élève évolue dans l’ensemble de la même façon dans les pays de l’OCDE :
il tend à augmenter fortement avec le niveau d’enseignement. Dans certains pays, en particulier en Finlande,
aux Pays-Bas et en Slovénie, il est toutefois moins élevé dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire
que dans le premier cycle de l’enseignement secondaire. En moyenne, dans les pays de l’OCDE dont les données
de 2011 sont disponibles pour les différents niveaux d’enseignement, le coût salarial des enseignants par élève
s’établit à 2 757 USD dans l’enseignement primaire, à 3 456 USD dans le premier cycle de l’enseignement
secondaire et à 3 420 USD dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (il est donc légèrement
moins élevé dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire que dans le premier cycle de l’enseignement
secondaire).
La variation du coût salarial des enseignants par élève entre les niveaux d’enseignement est sensible d’un pays à
l’autre. En 2011, la différence entre les trois niveaux d’enseignement à l’étude ici représentait moins de 50 USD
au Chili et en Hongrie, mais plus de 1 800 USD en Belgique (Communauté française), en France et au Portugal,
et même plus de 2 000 USD en Belgique (Communauté flamande) et en Slovénie (voir le tableau B7.1 et le
graphique B7.1).
L’augmentation du coût salarial des enseignants par élève avec le niveau d’enseignement s’explique en
partie par l’augmentation du salaire des enseignants et du temps d’instruction aux niveaux supérieurs
d’enseignement. Le salaire moyen calculé à l’échelle de l’OCDE s’établit à 38 136 USD dans l’enseignement
primaire, à 39 934 USD dans le premier cycle de l’enseignement secondaire et à 41 665 USD dans le deuxième
cycle de l’enseignement secondaire. Le temps annuel moyen d’instruction calculé à l’échelle de l’OCDE est
de 809 heures dans l’enseignement primaire, de 926 heures dans le premier cycle de l’enseignement secondaire
et de 943 heures dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. L’augmentation tient également au fait
que le temps d’enseignement a tendance à diminuer avec le niveau d’enseignement : il faut donc davantage
d’enseignants pour s’occuper du même nombre d’élèves (le temps d’enseignement annuel moyen calculé à
l’échelle de l’OCDE est de 786 heures dans l’enseignement primaire, de 707 heures dans le premier cycle de
l’enseignement secondaire et de 662 heures dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire). Toutefois,
comme les classes ont des effectifs plus importants aux niveaux supérieurs d’enseignement, le coût salarial
des enseignants par élève tend à diminuer (la taille moyenne des classes estimée à l’échelle de l’OCDE est
de 16.1 élèves par classe dans l’enseignement primaire, de 17.3 élèves par classe dans le premier cycle de
l’enseignement secondaire et de 19.7 élèves par classe dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire)
(voir les tableaux B7.2a et b, et le tableau B7.2c, en ligne).
Entre 2005 et 2011, le coût salarial des enseignants par élève a augmenté dans la plupart
des pays...
Le coût salarial des enseignants par élève a également évolué au fil du temps à chaque niveau d’enseignement.
Ces changements sont uniquement analysés dans l’enseignement primaire et dans le premier cycle de
l’enseignement secondaire, à défaut de données tendancielles pour le deuxième cycle de l’enseignement
secondaire. Cette analyse se limite également aux pays dont les données de 2005 et de 2011 sont disponibles
(les données de 21 pays sont disponibles pour l’enseignement primaire et le deuxième cycle de l’enseignement
secondaire), car les pays disposant de données pour les trois années de référence (2000, 2005 et 2011) sont
peu nombreux.
Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
251
B7
chapitre B
Ressources financières et humaines investies dans l’éducation
Graphique B7.2. Évolution du coût salarial (en USD) des enseignants par élève,
selon le niveau d’enseignement (2000, 2005 et 2011)
B7
Coût salarial en 2011
Coût salarial en 2005
USD
France
Hongrie
Israël
Rép. tchèque
Turquie
Mexique
France
Corée
Hongrie
Israël
Rép. tchèque
Mexique
Corée
Slovénie
Finlande
Moyenne OCDE
Japon
Irlande
Espagne
Autriche
Slovénie
États-Unis
Irlande
Japon
Norvège
Moyenne OCDE
Italie
Espagne
Australie
Finlande
Autriche
Portugal
Belgique (Fr.)
Belgique (Fl.)
Danemark
Premier cycle du secondaire
USD
6 000
5 500
5 000
4 500
4 000
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
0
Australie
États-Unis
Italie
Norvège
Portugal
Belgique (Fr.)
Belgique (Fl.)
Primaire
Danemark
4 500
4 000
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
0
Coût salarial en 2000
Les pays sont classés par ordre décroissant du coût salarial des enseignants par élève en 2005.
Source : OCDE. Tableaux B7.3 et B7.4a. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868255
En moyenne, dans les pays dont les données des deux années de référence sont disponibles, le coût salarial des
enseignants par élève a augmenté de 10 %, passant de 2 398 USD à 2 627 USD dans l’enseignement primaire,
et de 3 473 USD à 3 818 USD dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (voir le graphique B7.2).
Le coût salarial des enseignants par élève a augmenté dans la plupart des pays entre 2005 et 2011 à ces deux
niveaux d’enseignement. Il a progressé de 30 %, voire davantage, dans l’enseignement primaire en Corée, en
Irlande et en Turquie, et dans le premier cycle de l’enseignement secondaire en République tchèque, et de
plus de 50 % dans l’enseignement primaire en Israël et dans le premier cycle de l’enseignement secondaire en
Slovénie (voir le graphique B7.3).
La Hongrie et l’Italie font figure d’exception : le coût salarial des enseignants par élève y a diminué de 11 %
et 26 % respectivement dans l’enseignement primaire, et de 13 % et 25 % respectivement dans le premier
cycle de l’enseignement secondaire entre 2005 et 2011. Le coût salarial des enseignants par élève a également
252 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE © OCDE 2013
Quels facteurs influent sur le niveau des dépenses d’éducation ? – Indicateur B7
chapitre B
diminué, quoique dans une moindre mesure, aux États-Unis, dans l’enseignement primaire et le premier cycle
de l’enseignement secondaire (de moins de 4 %) ainsi qu’en France, dans le premier cycle de l’enseignement
secondaire (de 7 %) (voir le graphique B7.2).
| 21,725
|
12/hal.archives-ouvertes.fr-hal-03389961-document.txt_1
|
French-Science-Pile
|
Open Science
|
Various open science
| null |
None
|
None
|
French
|
Spoken
| 636
| 972
|
Giacomo Ρ ICC ARÓLO (1889-1963)
Le Docteur Giacomo PICCAROLO dont le nom est associé dans le monde entier et en France en particulier à la rénovation de la populiculture s'est éteint à Turin le 25 avril 1963 dans sa 74e année. Sa santé après avoir été gravement ébranlée en 1955 s'était rétablie et jusqu'en 1961, M. PICCAROLO avait fait preuve d'une extraordinaire activité tant physique qu'intellectuelle, mais depuis plus d'un an son état de santé précaire lui imposait un repos forcé, tandis que lettres et articles continuaient à apporter ses directives, ses conseils à tous ceux, si nombreux, qui savaient l'écouter. Il assumait toujours la direction de YIstituto nazionale per piante di legno qu'il avait créé à la demande de la Spa Cartière Burgo voici quelques années seulement, sans pour cela abandonner le peuplier qu'il associait maintenant dans ses écrits aux Conifères à croissance rapide. Et il n'est pas douteux que cet Institut, doté d'importants moyens permettant d'appliquer les méthodes scientifiques les plus rigoureuses à des réalisations pratiques à très grande échelle, continuera l'oeuvre nouvelle de G. PICCAROLO et apportera, grâce à l'équipe qu'il avait réunie, une contribution d'avenir très précieuse à la foresterie intensive. Si nous admirons l'extraordinaire conversion ainsi réalisée par le Docteur PICCAROLO à un âge o l'on songe habituellement au repos de la retraite, et les résultats acquis en quelques années dans ce domaine nouveau de la «: culture d'arbres », c'est cependant la populiculture qui reste et restera l'oeuvre magistrale de l'Ami dont nous déplorons la disparition un an après celle de M. le Directeur GUINIER. Giacomo PICCAROLO était entré à la fin de ses études agronomiques et forestières dans le service forestier italien et avait servi à Cuneo, mais il le quitta assez rapidement après la première guerre mondiale pour se consacrer à des activités agricoles et d'aménagement rural dont le souvenir joua un grand rôle dans la largeur de vues qu'il manifesta lorsqu'il se rapprocha de la forêt ou tout au moins de l'arbre par le Peuplier. Peu après 1930, en effet, de graves maladies dévastèrent les peupleraies de la vallée du Pô, tandis que les besoins en bois augmentaient et qu'une importante société papetière, la Cartiere Burgo, jugeait indispensable de favoriser une fourniture garantie de matière première. Collaborant d'abord avec le Professeur JACOMETTI à l'amélioration du peuplier à la Station de Villafranco Piemonte, Giacomo PICCAROLO fut chargé par la Cartiere Burgo de créer et de diriger l'Istituto di Sperimentazione per la pioppicoltura fondé en 1938 à Casale Monferrato. Il y donna de suite sa mesure et se révéla un savant, un réalisateur et un vulgarisateur complet. Les principes de l'amélioration du peuplier qu'il a exposés en 1948 au 10e Congrès de ri.U.F.R.O. à Zurich et repris souvent dans d'autres publications peuvent satisfaire les généticiens les plus orthodoxes mais appliqués avec de puissants moyens et transposés immédiatement à l'échelle vraie dans le domaine de l'Institut, ils donnent des résultats de valeur indiscutable que la propagation par boutures permet d'appliquer très largement et sans délai avec des techniques parfaitement mises au point. Ces techniques précisées dans un petit livre, / / Pioppo, publié en 1952 par PICCAROLO transformèrent en peu d'année la vallée du P ô et dix ans plus tard la place du peuplier y était devenue considérable. Mais il en fut ainsi bien au delà de la vallée du P ô grâce à l'exceptionnelle libéralité de la Cartiere Burgo qui ne mit aucun obstacle à la diffusion par PICCAROLO du précieux matériel génétique obtenu ou sélectionné par son équipe. Cette diffusion rapide fut prudente et aucun déboire ne suivit les instructions lorsqu'il était exactement tenu compte des conseils et des prescriptions du professeur PICCAROLO : observateur excellent, expérimentateur remarquablement lucide doublé d'un praticien consommé, il fut pour les populiculteurs du monde entier un guide et un conseiller parfait.
| 21,610
|