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C'est vrai que ça bloque énormément » [ BAFM , centre « indépendant »] « Dans les dernières années, nous avons subi les vicissitudes des aides gouvernementales : une année on vous aide, une année on ne vous aide pas, une année on aide les jeunes, une année on aide les vieux, une année on aide personne, une année il faut avoir un contrat, une année il ne le faut pas [Directeur, centre « intégré »] « Je sais que je ne le fais plus, je ne réponds plus d'ailleurs aux appels d'offre de la Région, parce que pendant trois ans j'ai eu la convention Région, et puis après je ne l'ai plus eue ; pendant trois années j'ai continué à répondre aux appels d'offre, et je n'ai jamais rien obtenu, donc aujourd'hui je ne réponds même plus à ça » [BAFM, propriétaire et formateur, centre « indépendant »] « Vous savez, les classes région, une année vous les avez, une année vous ne les avez pas ; vous avez des classes régions, les Assedic vous envoient du monde, vous n'avez pas de classes région, les Assedic ne vous envoient personne, vous mourrez ; donc, voilà les problèmes que nous rencontrons, côté financement ». [Directeur, centre « intégré »] Des grilles d'évaluation et de sélection des élèves plus ou moins adaptées aux pré-requis définis par les centres. Le second point d'achoppement des relations entre centres de formation et instances locales d'insertion professionnelle concerne la sélection des élèves auxquels vont être attribués des financements ou des aides. Au delà d'ailleurs de la sélection proprement dire, se pose aussi la question de l'orientation des demandeurs d'emploi au sein de ces instances et, avec elle, celle de l image de la profession auprès des agents d'orientation ou d'insertion. 57 Par exemple certains centres de formation adressent au conseil régional le grief d'une inadaptation des candidats qu'on leur envoie aux métiers de la conduite et de la sécurité routière. Il est d'autant plus fort que les instances régionales laissent moins de marge de manoeuvre aux formateurs pour sélectionner les candidats. Mais on constate aussi que la « manne » économique que représentent les aides publiques en matière de formation peut rendre aussi les centres beaucoup plus « indulgents » et flexibles par rapport à leurs critères de recrutement : « Là, aujourd'hui, on n'a quasiment aucune prise là-dessus. Et encore une fois, avec les nouvelles règles de la région, on est obligés de les prendre à partir du moment où ils nous sont envoyés par l'ANPE, quoi, le problème il est là[] Le problème c'est que quand vous êtes conventionnés par la région, vous êtes obligés de prendre les personnes que vous envoie l'ANPE, donc on n'a pas trop, trop le choix ; sauf si on avait vraiment un nombre important, où là on pourrait le faire[] Le problème c'est qu'on a des gens qui arrivent avec un niveau très faible ; mais c'est vrai qu'on n'a pas tous les pré-requis, on a des gens qui ont des niveaux vraiment très, très bas, donc après il faut vraiment travailler dur pour les faire passer ».[BAFM, centre « indépendant »] « Mais ça pose d'autres problèmes parce qu'en général ce sont des jeunes sortis du système scolaire ou qui sont un peu en désocialisation, ou des choses comme ça, donc ils n'ont pas souvent de bagnoles, ça va leur coûter cher de faire des allers et retours. Avant, ils défrayaient un peu les gamins dans les trajets, maintenant ils ne le font pratiquement plus, donc les gamins ils ont des problèmes des fois, ne serait-ce que pour mettre l'essence dans la voiture ; même si on insiste sur le co-voiturage, mais tout le monde ne peut pas faire du co-voiturage » [BAFM, propriétaire et formatrice] « Ils disent, voilà, on vous envoie tout le monde, démerdez-vous à leur expliquer que ce n'est pas leur job. C'est un peu ça. Bon , nous on a le même cas pour les taxis, hein, il y a Cap Emploi qui envoie des personnes qui ne savaient pratiquement ni lire ni écrire, où ma collaboratrice est venue me voir en me disant : comment je fais? Je lui ai dit : vous leur faites passer des tests [] Le problème de l'ANPE, c'est qu'ils ont une méconnaissance du métier aussi [] c'est eux qui choisissent le public. Nous, on n'est pas là pour mettre des gens en formation, on est là pour derrière leur trouver un emploi, et surtout leur donner une évolution dans l'emploi aussi. Et si leurs chances sont limitées dès le départ, vous ne pouvez pas leur donner le niveau, hein. Je veux dire, on est là pour essayer d'élever le niveau de la profession ; si on ne nous donne pas les moyens » [Directeur, centre « indépendant »] « En fait, ils paient 14 places, mais selon des conditions très strictes bien entendu, c'est à dire que c'est eux qui définissent le public qui est visé ; puisque c'est voté par les élus au niveau du CR. Il s travaillent avec les missions locales, sans arrêt, sur le terrain, l'ANPE[]Ce sont des objectifs qui ont été visés en fonction des publics qu'il faut aider. Donc pour PACA c'est les moins de 25 ans sans diplômes. Alors dans le BEPECASER, comme on a quand même des pré-requis, minimum le CAP, BEP, etc., ils acceptent effectivement qu'on prenne des gens à niveau V ; mais pas plus, hein, puisqu'on a des gens des fois [] qui correspondraient très bien au profil enseignement de la conduite, mais qui sont titulaires par exemple d'un bac+2, etc., et là on peut pas les prendre dans le cadre du Conseil régional, ça nous est interdit. » [BAFM, propriétaire et formatrice] « Alors, assez longtemps, jusqu'au moment où on est passés aux 600 heures obligatoires (1990 ou 1991), j'ai fait le jour et le soir. Avec les 600 heures obligatoires, je me suis dit : tu ne peux plus faire les 600 heures le jour et la nuit, donc, je n'ai plus fait qu'une session de 600 heures : donc là, on n'a plus eu la même clientèle, et les ennuis ont commencé sur le plan pédagogique. Parce qu'on a dû ne s'adresser qu'à des gens qui ne travaillaient pas ; des gens qui ne travaillent pas n'ont pas d'argent ; donc les financement, le ci là, etc. Moi j'ai eu des financements d'état : le dernier financement d'état c'était l'année dernière, il y a deux ans on va dire : l'Assedic a financé 8 personnes, chez moi, directement ; parce qu'il y avait eu un type qui avait voulu s'occuper des AE, apparemment parce qu'il connaissait quelqu'un qui avait une AE et qui lui avait raconté toutes leurs turpitudes, et qui lui avait dit : mais si tu savais, si ils ont le diplôme, ils sont embauchés avant même d'avoir le diplôme. Alors pour vous dire, on avait fait un projet sur 10 personnes, et donc on fait la première réunion d'information des stagiaires ; donc je vais là-bas, je vois la salle, salle qui était moins grande que celle-là. Alors je dis au gars : dites-moi, la salle ne sera pas assez grande pour accueillir tous les Il me dit : si, ils sont 9. Je lui dis ; mais attendez, moi je pensais qu'il y en avait 50, comment on va choisir? Il me dit : non, déjà ils sont 9, donc on verra[] Toujours est-il qu'au bout d'un quart d'heure de réunion d'information, il y a un type qui se lève et qui dit : je suis désolé, ce n'est pas pour moi, je m'en vaisOn se retrouve à 8. 8, donc les 8 adhèrent au truc, ils signent la convention, et on commence les tests de conduite ; parce que eux ils s'étaient occupé des tests de profil, etc., baccalauréat, etc. 58 Test de conduite : deux personnes, pfffff, pas dans le coup. Je téléphone, je dis : vous savezet là on me dit : écoutez monsieur A., on a fait un projet à 10, on n'en a que 8, à 6 on ne le fait pas. Qu'est-ce que vous faites? Hein? OK? Ben je me dis : tant pis, je me les coltine. Voilà Et donc, session difficile, parce que les gens ne voulaient pas travailler. Il y en a un, il a élevé ses gosses pendant sa formation ; il y en a un autre, il a fait sa 14ème psychothérapie. Et c'était la guerre, parce que si j'avais laissé faire ils ne venaient pas en cours. » [BAFM et propriétaire, centre « indépendant »] Les conséquences du changement de public plus ou moins introduit par la politique publique d'insertion dans la branche sont particulièrement visibles, selon les formateurs, en termes de motivation scolaire : « Moi je pense aussi, c'est pareil, ça n'engage que moi, moi je vois, je fais ça depuis 1991, et la modification que je vois, comme le dit X., c'est qu'au départ on avait des gens qui étaient plus motivés par la profession d'enseignant de la conduite ; maintenant on a des gens qui sont en perte de vitesse au niveau de l'emploi, ce qui n'est pas forcément idiot, et on les met là-dedans ; et ça le fait ou ça ne le fait pas. Alors on va dire que sur un groupe de 15 on en a 5 ou 6 qui sont des gens intéressés ; les autres, ils vont trouver du boulot, quoi ; ce qui n'est pas négligeable, hein. » [BAFM, salariée, centre « indépendant »] « Le mode de recrutement n'est plus du tout le même. Moi je prends simplement avec le Conseil Régional, anciennement quand j'ai commencé avec eux, j'avais les tenants et les aboutissants, c'est à dire que c'est moi qui recrutais, je recevais les gens, à la limite quand je voulais les tester en bagnole je les testais en bagnole, je les recevais une fois, on discutait ici, on pouvait faire des tests, machin, etc bon. Maintenant, moi je n'ai plus le droit de prendre des gens directement : obligatoirement on prend des gens qui ont été déjà sélectionnés par la mission locale d'insertion, enfin je parle dans le contrat avec le CR. D'accord? Ca veut dire – et je crois qu'il faut bien mettre les choses sur la table – les missions locales d'in sertion, elles ont un objectif aussi, c'est à dire que eux, on leur dit : ben voilà, vous avez X jeunes à vous occuper, ben il faut qu'en fin d'année vous puissiez nous dire que vous en avez mis X en formation. D'accord? Donc leur intérêt à eux, c'est de nous faire passer un certain nombre de gens en formation. Après, je pense que va intervenir au niveau de chaque jeune un petit peu la motivation, est-ce qu'il aime la conduite, ou non, tel ou tel aime être en rapport avec les gens, etc., et avec peut-être le fait de leur dire que très certainement le monitorat d'AE est quelque chose qui leur conviendrait. Les jeunes savent très bien quand ils sont dans ces processus d'insertion là qu'ils n'ont pas bien le choix non plus, c'est à dire que s'ils refusent une fois, deux fois, ben on sait qu'avec le conseiller ça commence à barder un peu []Donc on est passés en fait de formations adultes, avec des gens demandeurs, intéressés, etc., à des formations plutôt scolaires avec de jeunes adultes qui sont des gamins, qui manquent complètement de maturité : nous, on a quand même un métier qui a rapport à la Loi, et on reçoit des jeunes ici qui sont on va dire en rupture de ban avec ce genre de chose, alors il faudrait déjà qu'on fasse un travail d'insertion, de relation à la loi, donc : qui es-tu en tant que citoyen dans la relation que tu as aux institutions, etc.? Et qu'est-ce que ça veut dire de vouloir enseigner le code de la route? C'est à dire déjà toi, quel est ton rapport avec le code de la route, c'est à dire avec le code pénal, parce que c'est quand même une annexe du code pénal. Et bien déjà là, on a déjà un gros, gros boulot. Donc après, quand on arrive avec les cours, en disant : bon alors, le dépassement, le machin, etc., les gamins, déjà dans leur tête ils ne sont pas là-dedans, c'est n'importe quoiet on va leur demander après, dans une voiture, d'aller justifier l'arrêt à un stop, par exemple, alors qu'ils n'en ont déjà eux-mêmes, aucune idée, ils n'en voient pas l'intérêtalors, on va le dire ici, on va en parler, mais c'est pas suffisant, bien sûr, du tout» [BAFM, propriétaire et formatrice, centre « indépendant »] Si ce risque de dérive existe bien, le plus souvent soit par méconnaissance du métier d'ECSR par les organismes d'orientation professionnelle et par les décideurs publics soit par rareté des candidatures, d'autres centres parviennent à au contraire à peaufiner leur sélection au sein d'un vivier important de demandeurs d'emploi constitué par les agences locales : « Et les autres, c'est les aides publiques, notamment, les subventions conseil régional, Conseil Général, sur lesquels il y a un suivi aussi bien administratif que pédagogique, puisqu'ils nous demandent un petit peu ce que deviennent nos gens. Alors les règles de la commande publique sont quand même très, très précises, moi je me suis mis comme il fallait, quoi. C'est à dire qu'il faut pour cela, que ce soient les missions locales qui nous les adressent, pour les moins de 26 ans, hein. Donc quand ces personnes nous sont adressées, on leur fait des réunions collectives. Avec ces réunions collectives, ils écrivent un questionnaire, et par la suite ils me renvoient une lettre de motivation avec leur photo, on monte un dossier. Et je leur fais faire aussi des tests, par le biais vous savez du contrôle de niveau. Ceux qui n'ont pas le niveau, que ce soit un brevet des 59 collèges ou un bac+5 je leur donne à tous un test de contrôle de niveau. Ce test de contrôle de niveau je le garde avec moi. Quand je vois que les gens n'ont vraiment pas une bonne note, je les re- convoque, et je leur demande de préparer un texte à l'oral, puisqu'il faut justement qu'on arrive à leur donnersi la personne n'est pas bonne du tout, ni à l'écrit ni à l'oral, on sait très bien qu'on ne peut pas leur faire la formation ; Et en général, en septembre, je prend RV avec madame Y. qui est chargée du pôle d'insertion, et avec elle, on fait une mini commission à deux, on regarde dossier par dossier : elle sur son écran elle regarde si la personne est bien prescrite au niveau, et c'est elle et moi qui choisissons les gens qui vont faire la formation [ ] Alors, il faut regarder aussi la vocation politique. Dans le PRF, la vocation politique c'est d'insérer les gens qui n'ont pas de diplômes ou qui ont des diplômes obsolètes. Donc quand on arrive à prendre ces personnes là, et que ces personnes arrivent à avoir un diplôme tel que le BEPECASER, je peux vous dire qu'on a fait quelque chose qui est fabuleux []Oui, on fait une sélectionattendez, quand j'en ai 40 et que je n'ai que 14 postes » [Propriétaire et formateur, centre « intégré »] Financement public, certification et pression sur les prix des formations? Une troisième série d'objections soulevées par les centres bénéficiant de financements régionaux concerne les jeux de contraintes économiques qu'il faut se préparer à supporter en répondant aux appels d'offre. L'adjudication, d'une part, se ferait largement sur la base d'une capacité du centre à pratiquer des prix bas (politiquer du « moins disant ») et à donner à la fois l'assurance d'une qualité de prestation (certification, soumission à des normes de qualité). Du point de vue de la plupart de nos interlocuteurs, les deux injonctions sont peu compatibles, même si en contrepartie la tendance de certains conseils régionaux est à développer des contrats triennaux, assurant ainsi une meilleure visibilité du chiffre d'affaires aux entreprises : « Par rapport à ce qu'on nous demande au niveau du Conseil régional, si je voulais mettre en place leurs demandes, ce n'est pas 35 heures que je ferais, c'est 50, si je veux vraiment faire ce qu'ils veulent » [BAFM salariée, centre « indépendant » ] « Cette année on a répondu à un appel à projet qui est triennal : pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions c'est essentiel. Mais bon, d'un autre côté on nous demande de tirer les prix, hein, l'appel à projet c'est ça Je crois que c'est 5 euros à peu près l'heure stagiaire Ce n'est pas lourd, hein » [Directeur, centre « indépendant »]. « Et puis de toutes façons, la région nous impose aussi certains prix. On ne peut pas monter trop haut, quoi. » [BAFM formateur, centre indépendant » ] « Au niveau par exemple de la Région, il y a deux ans, ils nous avaient dit, parce que moi j'avais mis ça sur la table aussi, ils nous avaient dit : bon, écoutez, vous chiffrez exactement, dans le réelc'est à dire par exemple, vous êtes formateur, alors pour moi déjà au delà de 6 heures de formation, ce n'est même pas la peine, donc je veux dire les 7 heures ou machin c'est n'importe quoi. Bon, déjà. Et puis ensuite, ça veut dire qu'on travaille quoi, pendant une heure ou heure et quart, on s'arrête pendant un quart d'heure ou 20 minutes, on connaît très bien les capacités de concentration de l'homme, donc ça veut dire qu'en gros sur l 'heure c'est dix minutes, et encore, bon, il faut vraiment convoquer les gens ; dix minutes pendant lesquelles je fais passer les savoirs, et après je fais de l'application de savoirs. Bon d'accord? C'est à dire que vu le programme qu'on a à faire passer, il nous faudra un certain nombre d'heures ; et puis après, il faudrait effectivement, pour que le formateur réellement mesure son acte de formation, qu'il puisse évaluer réellement, avec des vraies évaluations ; mais ça veut dire qu'il faut les monter, qu'il faut les faire, qu'il faut les corriger, etc [] Oui, mais la petite difficulté si vous voulez, c'est que – c'est là la très grande hypocrisie, mais enfin personne n'est dupe -, moi on me dit il y a deux ans : faites ça ; donc, je fais. J'arrive donc à un prix de formation, je veux dire de vraie formation. Évidemment, le conseil régional, il tombe par terre, et je reçois immédiatement un coup de fil et le type il me dit : mais vous êtes tombée sur la tête, ou quoi? Je lui ai dit : vous m'avez dit de marquer réellement, ben je marque. Avec en plus, je lui dis, vous remarquerez un petit surplus de manière à ce que je puisse investir moi dans peut-être des logiciels, des machins, etcvoilàmais le type il m'a dit : mais enfin vous rigolez ou quoi? Ben voilà » [BAFM formatrice, propriétaire, centre « indépendant »] « Il y a eu voilà deux ans une proposition de rentrer dans ce qu'on appelle une démarche qualité. C'était simplement une proposition. A l'époque je me suis un peu intéressée à la chose, mais quand j'ai commencé à lire, j'ai dit : c'est pas pour moi, je suis vraiment trop petit pour ça. Et puis cette année, à l'appel d'offres, ça a été très clair : c'est soit on rentre dedans, et on est validés pendant trois ans, soit encore cette année on 60 peut opter pour ne pas être validés, mais moi je sais pertinemment ce que ça va faire, c'est à dire que si je ne rentre pas dans ce truc là, dans deux ans je ne suis plus acceptée en formation. Donc ça veut dire qu'où on rentre là-dedans d'une manière ou d'une autre, ou alors on sait qu'on va peut-être tenir une session, et puis l'année prochaine on ferme[] C'est évident que moi, sur une toute petite structure comme la notre, on est dans un truc qui est complètement décalé vis à vis de nous, quoi ; totalement ». [BAFM formatrice, propriétaire, centre « indépendant »] La qualité région, « Ben ça coûte très cher. Bon, il y a du pour et du contre. Ce qui est bien, c'est que quand vous êtes arrivés au bout du truc, vous savez réellement ce qui se passe chez vous. Ça, c'est le côté positif. Le côté négatif, c'est que pour que vous sachiez tout, il faut que vous mettiez des gens à la saisie, donc ça fait augmenter la charge. Alors la problématique, c'est vrai que ça vous permet de mieux fonctionner, mais mieux fonctionner avec moins de moyens c'est plus difficile [] donc voilà, derrière ça, vous ne pouvez pas la vendre la qualité. Contrairement à ce que les gens pensent, la qualité, on reconnaît que c'est bien, on ne peut pas la valoriser, vous vendez toujours au même prix » [Directeur, centre « intégré »] On trouve, dans les entretiens, bien d'autres exemples de petits ou de grands « dysfonctionnements financiers » qui, ajoutés les uns aux autres, peuvent finir par contrebalancer la sécurité des flux d'élèves offerte par le financement public. Ainsi, la question de la responsabilisation économique du centre dans la gestion de l'absentéisme est assez caricaturale aussi d'un partenariat insuffisant entre les financeurs et les formateurs : « Autre dysfonctionnement à l'intérieur du BEPECASER financé par le conseil régional ou par les Assedic, etc. C'est que le centre de formation est payé en fonction des heures effectuées. Avant ça ne posait aucun problème parce que les gens étaient motivés, donc ils étaient présents. Mais de plus en plus, ils sont de moins en moins motivés, donc ils sont de plus en plus absents. Il faut savoir que si je les déclare absents, je ne suis pas payée. Donc moi, Mme L. est présente dans la salle et elle reçoit son salaire à la fin du mois, et si moi sur une salle de 14 il en manque la moitié, vous voyez un peu. Moi ça me rend la vie impossible cette histoire là. Je m'en suis ouverte au CR, mais c'est toujours pareil vous savez, il faut avancer sur des oeufs, et bon, on me dit : ben oui, on n'est pas sans méconnaître la chose, mais anciennement, quand on faisait confiance aux centres de formation et qu'on les payait, ben finalement ils n'étaient pas motivés pour faire rentrer les gens dans les salles. Alors je leur dis : écoutez, il y a peut-être aussi un équilibre à trouver entre le tout et le rien. Parce que vous voyez qu'on accumule des choses là, hein, quand on parle l'absentéisme ou de l'abandon, ou de la motivation, ben plus ça va, plus nous on nous demande de faire de l'insertion avec des gens qui sont pas très motivés, qui ont une mentalité de gamins, et qui dès qu'ils peuvent, s'absentent. Et nous on n'a pas les moyens de rétorsion au niveau disciplinaire. On est donc obligés d'en parler du coté disciplinaire, parce que, ben moi si je marque absent, ben Mme L. à la fin du mois, elle n'aura peut-être pas son salaire non plus à ce moment là Déjà qu'on est sur des prix en bas du bas, voilà quoi. » [BAFM, formatrice et propriétaire, centre « indépendant »] Vers des classes dédiées aux financeurs publics dans les centres de formation? La principale inquiétude à l'heure actuelle pour les centres de formation provient d'une tendance des conseils régionaux à imposer des classes entièrement dédiées aux élèves qu'ils financent. Des règles de partenariat peu co-produites Finalement, tout semble bien se passer entre les instances régionales/locales de financement de la formation professionnelle et les centres de formation sur le mode d'une relative ignorance mutuelle des contraintes et des objectifs de chacun. D'un côté, les centres, et leurs formateurs, sont sans doute peu outillés pour enseigner à des publics en difficulté sur le marché du travail (publics peu qualifiés, assez désocialisés, etc.). D'un autre côté, les conseils régionaux/généraux ou les agences locales peinent à prendre en compte à la fois la spécificité du métier d'ECSR (et les pré-requis nécessaires à son apprentissage) et les contraintes économiques des centres de formation. 2.3.3. Les contrats de professionnalisation et leurs limites : charge ou investissement pour l'employeur? Même si les formations aux métiers de la conduite et de la sécurité sont construites sur la base d'une alternance entre cours théoriques en centre de formation et stages pratiques, non rémunérés, en entreprise peu font l'objet de véritables contrats en alternance, c'est à dire liant une entreprise (ECSR) à son salarié et lui assurant, moyennant rémunération, une formation en entreprise et en centre de formation. Dans l'enquête quantitative, était posée la question suivante : « Avez-vous déjà accueilli des stagiaires sous contrats en alternance? ». Seuls un tiers des centres interrogés déclarent en avoir accueilli : 2 non réponses 16 = non 9 = oui Source : enquête quantitative LEST Parmi ceux qui répondent « oui » à la question, 5 centres de formation seulement indiquent le nombre de contrats en alternance entre 2001 et 2005 : 2 2 8 24 65 Total = 101 Deux centres font les commentaires suivants : « Le cursus de formation n'est pas adapté à l'alternance » et « Aucune auto-école dans [la région] ne pratique ce sport » A la question enfin : « Combien avez-vous eu de contrat de professionnalisation lors de la session 2006? », on obtient 11 réponses positives. On remarque enfin que ceux qui ont eu des contrats de professionnalisation en 2006 sont généralement les mêmes qui pratiquaient auparavant les contrats de qualification : 62 contrats de Alternance entre 2001 et professionnalisation 2006 2005 3 1 2 7 24 1 2 15 1 20 65 2 8 2 1 2 55 101 Source : enquête quantitative LEST Deux centres seulement ont eu un nombre significatif de contrats de professionnalisation en 2006 (respectivement 15 et 20 contrats). Dans la plupart des branches professionnelles, le contrat de professionnalisation représente pour l'entreprise un investissement en formation dont le retour est la stabilisation en son sein de compétences qui lui sont adaptées puisqu'elle a contribué à les forger. Le salaire que l'entreprise verse à l'apprenti et les coûts de la formation sont pour partie compensés du fait que l'apprenti, durant sa formation, effectue en autonomie des tâches ou des prestations vendues par l'entreprise. Dans l'enseignement de la conduite et de la sécurité routière, il en va tout différemment. Généralement, l'entreprise « ne trouve pas son compte » dans un tel investissement en ressources humaines dans la mesure où la réglementation routière, comme les objectifs de sécurité de la conduite, prive le stagiaire ou l'apprenti de toute contribution tangible au produit de l'entreprise : il ne peut dispenser de cours de manière autonome ; ses moindres contributions à l'enseignement des candidats au permis de conduire doivent être encadrées par un enseignant diplômé (tuteur) : « Le contrat de qualification adulte ne marche pasoui, ou contrat de professionnalisation, mais c'est pareiloui, mais c'est toujours pareil, si vous voulez le contrat adulte ne marche pas parce que les AE ne sont pas d'accord pour payer en plus des charges sur quelqu'un qui ne produit rien. Finalement, bon, les trois quarts du temps ils les mettent au secrétariat quand ils chez eux, mais ça leur coûte aussi cher qu'une secrétaire à plein temps. Oui, j'ai des contrats pro chaque année. J'en ai eu deux sur les 10 cette année ».[ Directeur et formateur, centre « intégré »] « Alors cette année, on est arrivés à avoir un contrat de professionnalisation de l'ANFA, puisque vous m'en parliezc'est le fils d'une AE qui se trouve à E. qui a pu bénéficier de ce contrat de professionnalisationOui, il était au même rythme que les autres. Mais bon, c'est parce que c'est le fils de l'AE. Mais je pense que du côté du contrat de professionnalisation il y a quelque chose à développer. A mon sens ça serait bien. » [BAFM et p ropriétaire , centre « intégré »] « Le problème de la professionnalisation aussi, enfin de ce contrat, c'est que, malgré tout, si le moniteur reste dans l'entreprise, vous allez lisser plus ou moins les frais qu'il vous a coûté. Mais si à la fin de la formation il s'en va, l'AE elle reste avec 2, 3 ou 4 000 euros. Donc là il y a un problème, un problème grave parce qu'effectivement ceux qui se rapproche du BEPECASER aujourd'hui sans être sélectionnés sont des gens qui effectivement : bon ben, je fais ça ou je fais autre chose » [Directeur, centre « intégré »] « Les contrats de professionnalisation, on en a peu. Et c'est normal. Il n'y en avait même pas du tout du temps des contrats de qualification, il n'y en avait jamais. Alors maintenant il y en a quelques uns ; quelques uns, bien que je ne comprenne pas pourquoi. Alors je sais bien que ces quelques uns, c'est le fils du patron, c'est le fils du gérant, c'est la fille de, etc. Parce que ça n'est pas intéressant à cause de la structure du diplôme. Lorsque vous avez fait un contrat de professionnalisation, vous avez un temps d'entreprise où la personne va pouvoir travailler, donc l'entreprise va en gros on va dire récupérer, si elle les a à 50 % du temps sur une année, c'est à peu près le calcul que j'ai fait, elle les paye 50 ou 60 % du SMIC, elle n'est pas perdante ; elle n'est pas gagnante non plus terriblement sur le plan financier, mais elle n'est pas perdante. Dans une AE, elle est perdante. Don pourquoi faire un contrat puisque vous pouvez mettre quelqu'un sur 63 des tâches de secrétariat, d'accueil, c'est tout d'animation à la rigueur, de code, mais c'est tout ; vous ne pouvez pas le mettre sur la conduiteà moins de jouer sur l'animation des cours de code, vous n'avez pas d'intérêt à prendre cette formule là. Alors pourquoi il y en a quand même, parce qu'il y a un tel turn-over et une telle pénurie que mais ils ne sont pas dans le cas de figure des autres employeurs, donc ils n'ont pas intérêt ou à la rigueur, des intérêts différés (l'embauche) » [Directeur, centre indépendant] « Mais l'investissement de l'AE pour former quelqu'un en contra de professionnalisation sur une formation qui dure 9 mois, moi je sais que je n'en prendrais aucun. C'est énorme : 9 mois de salaire, à blanc, sans être sûr qu'il ait le diplôme au final, c'est un investissement qui est énorme pour une AE. Une AE ne peut pas supporter le financement. Autant on peut former en contrat pro des mentions, où on a quand même un moniteur qui va pouvoir être rentable sur les périodes où il est là ; même si il n'est pas là 3 jours par semaine il est quand même là les deux jours restants, et au final si il a son diplôme, on a une valorisation de son travail parce qu'on va pouvoir créer une filière différente. Mais sur un BEPECASER tronc commun, moi ça me semble d'abord je n'en ai jamais rencontré : chaque fois que j'en parle avec des gens de la profession, ils me disent, « moi non, l'investissement, il est trop lourd », et moi je le conçois comme ça. Aujourd'hui payer quelqu'un 9 mois pour aller en CF sans aucun retour dans l'entreprise, ce n'est pas gérable et en plus pour partir au bout de 3 ans » [Formatrice, centre « intégré »] Actuellement, la pénurie d'ECSR est sans doute le seul moteur essentiel des contrats de professionnalisation dans la branche. Tel est le cas par exemple de ce centre de formation de la région parisienne qui a pu en er une quinzaine, bien conscient toutefois que seule la rareté des diplômés BEPECASER peut expliquer ce relatif engouement : « Certaines des AE qui ont signé des contrats pro sont prêtes à investir dans le jeune pour « le former à leur image » dans un contexte de pénurie relative de moniteurs. Mais le stagiaire ne peut jamais, juridiquement, être seul dans la voiture. ». Ici, le centre développe une double organisation des horaires et des emplois du temps : « La durée de la formation BEPECASER est de 35 heures par semaine sur 23 semaines, plus les stages en entreprise. Les contrats de professionnalisation, eux, n'ont que 12 semaines de présence au centre. Les cours théoriques, ils les ont, mais ils ont moins d'exercices pratiques ; c'est compensé en entreprise. Les cours qu'ils ont manqué la semaine où ils sont en stage, on leur refait, séparément des autres. ». Dans ce centre, une convention avec l'Assedic a permis un financement original pour une partie des stagiaires : « En fait, l'Assedic finance les trois premiers mois, et à partir de janvier les stagiaires sont en contrat de professionnalisation. L'Assedic complète le salaire en entreprise au niveau de l'indemnité Assedic et verse à l'employeur une aide de 200 euros/mois et par stagiaire, soit 200*8 = 1600 euros. » [Directeur, centre « intégré »]. En l'état actuel du diplôme et de la réglementation, les apprentis enseignants ne peuvent pas opérer beaucoup de tâches utiles à l'entreprise. Pour éviter la dérive classique du stage « passif », le centre a mis en place un contrat avec les ECSR pour tous les stagiaires : « Les stagiaires vont dans une ECSR assister à des leçons de conduite. Ils ne peuvent « passer devant » qu'en présence du tuteur. Mais ceux-ci hésitent, et répugnent même à le faire ; en raison aussi d'un aspect commercial : « le client a payé sa leçon ». De toutes façons, c'est nous qui donnons le feu vert au tuteur pour mettre l'élève moniteur devant, dans la voiture. La chose est facilitée parce que nous travaillons très ment au sein du réseau X. Le tuteur (pour les contrats pro) est très souvent le patron de l'AE, excepté si elle est importante, auquel cas il délègue[] L'AE a besoin de rentabiliser un peu son investissement. On a observé la dérive vers une tendance à placer le stagiaire exclusivement sur des tâches de secrétariat (d'où une frustration des stagiaires, qui ne sont pas venus là pour « faire du bureau ») et un peu d'apprentissage du code. En réaction, au sein du réseau X, on a un peu unilatéralement imposé un contrat aux AE qui répartit les activités des stagiaires : 50 % du temps en activités de formation théorique et pratique ; 25 % en activités administratives ; 25 % en activité diverses ». Cette expérience est relativement originale par rapport à la plupart des situations rencontrées au cours de l'enquête qualitative. Dans tous les autres centres, les contrats de professionnalisation, si il y en a, sont très peu nombreux, épars, et relèvent toujours de situations particulière (enfants d'exploitants d'ECSR par exemple). Aussi, les contrats de professionnalisation sont généralement soumis strictement à la même organisation de formation que les autres élèves : « Moi je m'arrange très simplement avec les employeurs. Quand les stagiaires doivent être chez moi, ils sont chez moi, un point c'est tout ; et quand ils ne sont pas chez moi, ils sont chez l'employeur : c'est la règle que j'établis au départ. Et c'est une alternance si vous voulez qui n'est pas basée comme par exemple pour du secrétariat, de la bureautique ou quoique ce soit, puisque nous on travaille donc avec ces fameux stages 64 avec l'administration en plus, les heures de conduite, tout ça : on ne peut pas imaginer planifier 6 mois auparavant un truc où on va dire : tel stagiaire nominativement va venir au mois de mars de telle heure à telle heure. Donc, il y a à la basetoujours pareil, c'est ces fameux deux jours de théorie : là ils savent qu'ils sont chez moi, on n'en parle plus, on fait les deux jours de théorie ; et après, tout le reste, tout ce qui se fait en pratique, et bien c'est simple : c est moi qui décidealors je décide, mais il est vrai que le lundi matin quand on arrive, on prend un quart d'heure : il y a les horaires qui sont marqués au tableau ; les stagiaires s'inscrivent et s'arrangent entre eux pour s'inscrire aux horaires que j'ai indiqués ; et si il faut employer la force, j'emploie la force, après je dis : il reste un après-midi, tenez, untel et untel vous venez, parce que vous vous avez moins d'heures que les autres, donc c'est à vous de rattraper le truc. » [BAFM et propriétaire, centre « indépendant »] Les obstacles au développement des contrats de professionnalisation 50 sont évidemment ceux qui empêchent aussi la mise en chantier de contrats d'apprentissage. Les professionnels de la formation sont généralement favorables au déblocage de ces verrous. Même si elle n'est jamais véritablement formalisée dans les discours, la piste pressentie pour le faire est de construire un système dévaluation permettant de sanctionner la capacité des stagiaires à effectuer un certain nombre de tâches en autonomie en amont de l'obtention définitive du diplôme. « Ca serait peut-être plus facile de le mettre en situation de responsabilité au tout début des leçons de conduite (apprendre à démarrer sur un parking, etc.). En fin d'apprentissage, avec la conduite sur voie rapide, il a beaucoup plus de risques. De toutes manières, il faudrait bien avoir évalué auparavant l'élève moniteur [] Ce qui lèverait le frein, c'est donc qu'il soit autorisé à donner des leçons de conduite tout seul, à condition de vérifier les compétences nécessaires (de les évaluer). Cela éviterait la dérive qui ferait que les AE ne prennent plus de stagiaires. Il faudrait attester, en fin de formation initiale, que le stagiaire est apte à effectuer telle ou telle tâche.» [BAFM, centre « intégré »] « Ha oui, de toutes façons l'apprentissage et l'alternance sont le seul moyen d'amener un certain nombre de gens à cette profession parce qu'effectivement on va toucher des gens qui seront pratiquement au contact du boulot constamment[]Donc, pour ma part, le cursus, on pourrait l'étaler de la manière suivante : accès à la profession, donc un niveau, quelquefois, qui est à déterminer ; une épreuve est basée essentiellement sur la pratique de la conduite ; ensuite un cursus de connaissances sanctionnées non pas par un QCM, mais par des épreuves écrites et orales où les individus vont pouvoir démontrer qu'effectivement ils sont aptes à transmettre, vous voyez ce que je veux dire ; et ensuite, on va dire, une mini formation pratique en centre. Avec ça, on pourrait mettre sur le marché des gens qui seraient des apprentis moniteurs – comme les apprentis mécaniciens ; alors au début il balaye, mais après il fait les embrayages, il fait tout finalement, et entre temps il est un peu à l'école- le truc c'est que pour rentabiliser effectivement immédiatement au niveau de l'AE ce truc là, il faut lui envoyer un produit, non pas fini, hein, mais » Cette phase de validation de compétences durerait combien? « Pour moi, c'est 4 mois. Oui, ensuite une certification qui permette ensuite effectivement d'être moniteur stagiaire, apprenti, etc., pouvant donner des leçons dans certaines conditions à définir, bien entendu[] Alors j'ai oublié, excusez-moi, j'ai oublié : effectivement, après l'épreuve de conduite, il faut un entretien psycho » [Directeur et formateur, centre « intégré »] « Et puis normalement, un stagiaire BEPECASER n'a pas le droit d'assurer tout seul la formation, même au codealors que bon, moi je pense qu'au bout de deux ou trois mois en CF ils peuvent quand même être très compétents sur les corrections de code : avec les outils qu'il y a maintenant dans les AE, ça va, quoi. » [BAFM salariée, centre « indépendant »] « Moi j'ai des idées là-dessus, bon, des idées qui sont des petites idées, toutes simples : dans le PNF, vous avez 4 niveaux. Moi je dis qu'on devrait autoriser, mais peut-être suis-je iconoclasteen prenant sans doute quelques précautions, et notamment en contingentant le volume horaire, mais quelqu'un qui se prépare au BEPECASER, chez nous il a des élèves tests, il fait des leçons de condu ite ; vous êtes d'accord? Ce sont des leçons pédagogiques en secteur non marchand. Très bien. Il passe dans l'entreprise en alternance : pourquoi ne pourrait-il pas faire des actions pédagogiques de niveau I, II maximum? Je dis bien, au sens du PNF ; c'est à dire que c'est pas l'autoriser à donner des leçons de conduite, point – puisque là, effectivement, je comprends que ça a des répercussions, ça pose un réel problème – mais voilà, c'est ma 50 « Le problème c 'est , alors ils ne peuvent pas passer à l'avant en place d'enseignant de la conduite par ce que c'est interdit par la loi, et puis il y a le problème d'assurance ; ils ne peuvent s'entraîner on va dire pour les salles que s'il y a le maître de stage, dont c'est difficile. » [BAFM et propriétaire, centre « indépendant »] 65 petite analyse. Par contre, quelqu'un qui est débutant, parce que en plus il n'a pas à mon avis la capacité de quelqu'un qui a déjà un certain niveau de conduite, c'est pas à un stagiaire de lui donner, mais un moniteur chevronné, mais pourquoi ne pas faire faire, en disant que c'est contingenté, qu'il ne pourra pas faire plus de 5 leçons par mois, je sais pas, moi, il suffit que le législateur se penche dessus..Voilà, c'est peut-être un peu simpliste uniquement des leçons de premier niveau » [Directeur, centre « indépendant »] « C'est déjà de permettre au tutorat, en laissant la possibilité d'enseigner ne serait-ce qu'en théorie les gens candidats, peut-être en pratique accompagnés, pendant toute la période 2. C'est à dire si vous voulez, faire un niveau intermédiaire, entre celui qui n'a rien, et celui qui va devenir moniteur, qui permettrait de pouvoir faire tourner le candidat à l'intérieur du centre, et de le rentabiliser, entre parenthèses » [Directeur, centre « intégré »] « Là, on serait obligés de partir sur une refonte totale de la formation, totale. C'est à dire qu'il faudrait créer des systèmes de modules, qui soient un peu calqués – puisque c'est comme ça actuellement – sur le PNF. Donc que l'apprentissage soit en phase avec le PNF, chose qui n'est pas actuellement : le PNF est sorti, mais le BEPECASER est resté tel qu'il était, on ne l'a pas dépoussiéré. » [Directeur, centre « intégré »] « C'est vrai que je pense qu'il serait très rentable pour le BEPECASER si on arrivait à mettre en place ici tout le décorticage théorique de la première étape ; ensuite le gamin il part en formation en entreprise, avec un tuteur, qui va lui faire mettre en pratique, mais là on se trouve confrontés à un problème : il faut accepter à un moment donné que ce gamin soit pris sous la tutelle du formateur et qu'on l'autorise à le laisser pratiquer. Voilà, dans ce cadre là, oui » [Formatrice, centre « intégré »] « Dans la pratique, quand vous amenez votre voiture pour une vidange, c'est l'apprenti qui la fait, et la prestation est facturée au prix de la main d'oeuvre qualifiée. Nous si on insiste beaucoup auprès de nos élèves pour la remise à niveau par rapport à la connaissance basique du code, c'est de façon à ce que quand ils sont devant quelques élèves en préparation ils évitent de dire de grossières erreurs. Par rapport à ça, pourquoi est-ce qu'on n'accepterait pas que l'élève qui est en alternance, au vu de l'évaluation que pourrait faire le formateur, on puisse lui dire : il peut accéder aux salles de code dans l'école qui l'emploie et faire les corrections des tests. Ce serait déjà beaucoup plus riche pour les élèves que la machine » [BAFM, centre « intégré »] On le voit, un travail important de réflexion reste à faire si la profession veut véritablement faciliter les voies de l'alternance et de l'apprentissage. Même si certains professionnels restent encore dubitatifs sur les solutions en termes d'unités de certification partielles, ne serait-ce que pour les risques induits de développement de « sous- teurs » : « Tel que l' apprentissage se fait aujourd'hui, moi ça me fait un peu peur dans le sens : où ça commence et où ça s'arrête? Si il y avait, comme pour la moto ou comme pour le PL, si il y avait deux RV pratiques, là bien entendu vous pouvez mettre déjà un moniteur à travailler hors circuit, mais à partir du moment où vous mettez quelqu'un dans la rue, ben dans la rue il rencontre les mêmes problèmes tous les jours, qu'il ait 0 heures de monitorat ou qu'il en ait 2000, il va se trouver confronté aux mêmes problèmes à gérer. Il est évident que nous, on fait une formation, on a une petit piste, mais qui est sommaire, c'est un grand parking, là ça pourrait se faire, parce que la personne resterait dans un champs clos, avec des étapes, à fournir, etc. Mais à partir du moment où vous mettez la personne en circulationha mais alors, attendez, je suis en étape 1, en étape 2, il se trompe de rue il rentre sur l'autoroute, ha oui, mais j'ai pas le droit d'aller sur l'autoroutelà, ça risque de poser certains problèmes. Parce qu'à ce moment là, vous risquez d'avoir des gens qui vont rester demi-moniteur, je ne sais pas comment on peut appeler ça. Je vous dis, il y a du travail au noir, mais tout le monde est diplômé, tout le monde a le diplôme, des gens qui se font arrêter sans BEPECASER, ça n'existe pratiquement pas » [Directeur, centre « intégré »] 2.4. De la sélection des élèves à l'accès à l'emploi d'ECSR A bien y regarder, le diplôme du BEPECASER est, globalement, assez « sélectif ». Il l'est d'un part, comme on vient de le voir, par un inégal accès aux sources de financement d'une formation au coût relativement 66 élevé pour les candidats qui doivent en assumer seuls la charge 51 (autour de 5000 euros en moyenne). Il l'est, d'autre part, par les différents filtres d'accès au centre de formation : contrôle des diplômes, contrôles de niveau, sélection au recrutement. Il l'est, enfin, par les différentes épreuves de l'examen (admissibilité et admission). 2.4.1. La sélection à l'entrée en formation L'enquête qualitative révèle que 64 % des centres de formation déclarent organiser « une sélection préalable des élève avant l'entrée en formation au contrôle de niveau et à l'admissibilité » 52. Parmi ceux qui effectuent un « contrôle de niveau » (donc une formation de mise à niveau) : * 63 % font passer au candidat un « test de connaissance générale » * 25 % font passer un « test de connaissance professionnelle » * 12 % lui font passer un « test de conduite » * 63 % le soumettent à un « entretien individuel et/ou de groupe ». Aucun centre ne met en oeuvre ces quatre tests conjointement. Les candidats à la préparation à l'admissibilité font aussi majoritairement l'objet d'une sélection. * 64 % font passer au candidat un « test de connaissance générale » * 36 % font passer un « test de connaissance professionnelle » * 40 % lui font passer un « test de conduite » * 68 % le soumettent à un « entretien individuel et/ou de groupe ». Enfin, 28 % des centres utilisent conjointement ces quatre types de tests pour leurs candidats. Dans la réalité, on peut se rendre compte que les critères de sélection que se fixe chaque centre sont mis en oeuvre de façon plus ou moins sévère en fonction de la file d'attente de candidats et de la capacité d'accueil de l'établissement. Un deuxième élément peut également jouer (nous en avons rencontré plusieurs exemples) : les élèves qui s'auto-financent et tiennent à suivre la formation en sont assez rarement empêchés (sinon dissuadés). Dans la plupart des cas, les centres font assez peu de prospection mais comptent sur le réseau environnant des ECSR, sur leur réputation, sur leurs taux de réussite et sur leurs relations avec les organismes locaux d'insertion et autres financeurs pour alimenter leurs classes. Des modes de sélection variés interviennent ensuite. « Et puis, par manque de formateurs, on ne fait pas de prospection. Donc les seuls recrutements se font comme ça, par des gens qui connaissent d'autres personnes dans la profession, ou alors les missions locales et ANPE qui lorsqu'ils font un bilan de parcours auprès d'une personne qui est à la recherche d'un emploi, à ce moment là dirigent vers nous ces personnes là. On va dire : mission locale et ANPE, 80 % de nos recrutements. Ensuite, on a des Fongecif, on a des conventions de conversion – qui ne s'appellent plus comme ça d'ailleurs, mais PAP » [Directeur, centre « intégré »] « Moi si la personne je considère qu'elle n'a pas le niveau, ben je refuse. Même si on n'a pas trop le droit ; mais je dirais, c'est quand même une formation de 2 500 euros, il faut quand même le dire à la 51« Moi je suis toujours surpris de voir quelqu'un qui vient suivre une formation BEPECASER qu'il finance lui-même, qu'il paie 3500 euros nouveaux pour gagner le SMIC derrière : c'est quand même la seule profession où on voit ça. » [Exploitant et formateur, centre « intégré »]. 67 personne qui ne sait ni lire ni écrire. On a donc une procédure de ce type, c'est pourquoi on est reconnus. » [Directeur, centre « indépendant »] « Ici, on ne sélectionne pas. Celui qui veut faire la formation, on lui fait faire la formation. Alors pourquoi? Ca peut venir du fait qu'il y a toujours de très bons résultats en région Paca, on tourne aux alentours de 75 à 80 % de réussite en PACA » [Directeur, centre « intégré »] « Alors, le premier de critère de sélection, c'est des aptitudes à la conduite : ça c'est la base. Parce que si vous voulez que des gens restent dans la profession, il faut qu'ils soient à l'aise dans la voiture. S'ils ne sont pas à l'aise dans la voiture, c'est pour ça qu'ils craquent. Parce que celui qui est à l'aise dans la voiture, il se fatigue moins, il peut être enseignant les 8 heures par jour – en réalité ils en font plus, mais on va dire 8 heures par jour – parce qu'il est à l'aise dans la voiture. S'il prend des peurs, s'l ne sait pas expliquer, s'il est en butte à ses élèves, c'est pas bon. Donc pour moi, le critère de base, c'est une aptitude technique ; et au lieu de mettre des épreuves d'admissibilité qui soient des épreuves, on va dire, générales, on devrait au départ mettre des épreuves d'aptitude à la conduite ; d'abord même si ils échouent ça leur permettrait de savoir mieux conduire » [BAFM et propriétaire, centre intégré] « Peu de contrôle de niveau. Il y en a de moins en moins. Si quelqu'un n'a manifestement pas le niveau, on lui déconseille de le faire ; mais nos résultats sont autour de 75 %, on a deux rattrapages, on va terminer à 79 % de réussite. Ca prouve que notre critère de jugement est valable[] On fait les publicités, et ensuite on a des réunions. On les divise en trois parties ces réunions. Dans une première partie, on va leur brosser ce qu'est la profession, parce que bien souvent, vu de l'extérieur, c'est uniquement le permis. Ensuite on détaille vraiment bien l'examen, tel qu'il va être. Et puis ensuite on parle des plans de financement. En gros, on se trompe rarement. C'est pas un gros niveau, mais sinon, vous ne formez plus personne, plus personne ne vient ». [Directeur, centre « intégré »] « Je vous parle franchement ? Par ré putation , le bouche à oreille, je pourrais même vous montrer, la tribune de la formation, les forums sur internet ; il faut voir un peu les témoignagesparce que je suis très cadré» [Directeur, centre « intégré »] « On ne fait pas de sélection, on fait beaucoup de réunions d'information. On explique tout de A à Z ; on a un gros livret d'accueil voilà, qui sert de support et en même temps c'est un peu la trame de notre réunion d'information, on en a une demain matin d'ailleurs. Maintenant, il y a des gens à qui on déconseille, qui voudraient s'inscrire et à qui on déconseille ; mais il n'y a pas de test pour la bonne et simple raison que j'estime qu'un systèmed'abord, bon, je ne veux pas revenir là-dessus : je ne crois pas beaucoup aux tests d'entrée en formation, à froid ; généralement ils sont redoutables, les gens échouent. Mais ça, ça mérite une discussion, mais c'est mon avis, parce que je vous dis, moi je m'occupe d'industriel, de commerce et plein d'autres choses que la SR. Donc si vous voulez, quand je dis ça c'est que je ne crois pas beaucoup que ce soit un instrument adapté – je vais être prudent sur les mots – adapté au recrutement. Et la deuxième raison, c'est qu'à partit du moment où il y a un diplôme en deux temps, que vous devez avoir satisfait à l'admissibilité pour rentrer à l'admission, je ne vois pas pourquoi je vais mettre encore un autre filtre à l'entrée. Donc on réc use les gens éventuellement par la discussion, on leur déconseille ; maintenant si ils veulent à tout prix venir, et bien ils viennent, et comme on dit il y a la barrière de l'admissibilité à franchir. Sinon, vous savez qu'on les prépare à l'épreuve de contrôle de niveau, une épreuve de français grammatical, etc ». [Directeur, centre « indépendant »] « Donc pour vous répondre, bon, on est certainement les plus connus sur la place pour avoir autant de demandes, parce qu'on fait de la publicité, mais pas énormément, franchement, on fait des petits rappels, pour montrer quemais le bouche à oreille fonctionne très bien d'abord c'est un milieu qui fonctionne beaucoup par le bouche à oreille, ça c'est spécifique non pas à ce milieu là, mais ça marche très bien dans ce milieu là Et deuxièmement, on a donc des ex-stagiaires qui nous font connaître, soit parce qu'ils sont dans une AE, ils sont devenus exploitants ou gérants d'une AE » [Directeur, centre « indépendant »] « Moi je vais vous parler de façon très vénale, hein. Moi il y a des gens qui veulent venir absolument faire la formation, et qui se la paient eux-mêmes, ou qui arrivent avec un financement déjà cadré, bon ben on discute un peu avec eux, des fois ça va être une catastrophe parce qu'il n'a pas du tout le niveau, mais en même temps il y a le machin qui est làmais c'est toujours le même problèmeQuand c'est un CIF accepté, je vais me dire que ça va être un boulet, mais en même temps, voyons les choses comme elles sont, quoi » [BAFM et propriétaire, centre « indépendant »] Au delà de cette sélection à partir de l'examen des pré-requis nécessaires (tests de conduite, expression écrite et orale) les centres doivent parfois faire face à des défections tardives des candidats et mobiliser en urgence des candidats qui, parfois, ne satisfaisaient pas les critères de sélection : « On est autour d'au moins 100 candidatures par an, au moins, plus certaines années. C'est impressionnant le temps 'on passe là dessus pour 40 à 50 à l'arrivée. Ben oui, voilà. Ha ben parce qu'aujourd'hui, les gens d'abord ils vont partout, ils vont à deux ou trois endroits, ça c'est un phénomène de société. Donc ils ne vous disent pas ; dans le meilleur des cas, ils vous disent, il y en a quand même quelques uns de corrects qui vous disent : je me suis inscrit ailleurs, j'ai trouvé d'autres solutions, je suis malade ou je renonce, ou ceci ou cela ; les choses sont très volatiles aujourd'hui, et de plus en plus. [ Directeur, centre « indépendant » ] « Et cette année il s'est passé quelque chose, on ne sait pas quoi ; on avait recruté, recruté, on avait fait une belle sélection, et 15 jours ou 3 semaines avant le démarrage de la session, catastrophe : « non je ne le fais pas non je ne le fais pas» ; on a eu des coups de téléphones de tas de gens qui se sont orientés vers autre chose, ou qui ont eu peur, ou je ne sais paset il y a des gens qui ont trouvé du boulot, aussi. Donc ce qui fait qu'il a fallu recruter. J'avais des dossiers sous le coude, et j'ai téléphoné à tous ceux que j'avais mis un peu sur la touche. Et en fin de compte, on n'a pas été déçus, parce que les personnes qui étaient sur la touche s'en sont bien sortis. » [Exploitant, centre « intégré »] 2.4.2. La sélection en cours de formation et par l'examen L'enquête qualitative fait apparaître aussi une certaine déperdition d'élèves entre leur inscription et les épreuves d'examen, admissibilité et admission : accidents de la vie, peur de l'examen ou constat de mauvaise orientation motivent la plupart des abandons en cours de formation. « Vous en avez aussi qui passent l'admissibilité, mais ils ne vont pas avoir le financement, où leur vie s'oriente autrement, ou ils ont des problèmes : une chute en moto, qui n'a pas pu continuer, et une qui était en instance de divorce et qui supportait très mal, donc elle a abandonné pour dépression » [Exploitant, centre « intégré »] « Il y en a qui abandonnent à la deuxième partie, parce qu'ils ne sont pas aptes, ils ont la trouille » [BAFM et propriétaire centre « indépendant ».] Dans d'autres cas, enfin, ce sont les formateurs eux-mêmes qui sanctionnent, par l'exclusion, des comportements inadaptés : « On en a exclus un, pour des problèmes de comportement, d'absentéisme, c'est pas tellement fréquent mais ça arrive » [BAFM et propriétaire, centre « indépendant ».] Quant aux épreuves, elles sélectionnent plus ou moins sévèrement selon les centres d'examen. Le taux de réussite à l'admission est en moyenne de 57,91 % et varie de 30 à 70 % selon les régions (année 2005) 53. Le taux moyen de réussite à l'admissibilité était, pour la même année, de 71,89 %. 53 Source : Cf La lettre de l'éducation routière, Mars 2006, N°12. 54 D'après cette même source 89,1 % des inscrits à l'admissibilité sont effectivement « examinés », soit 10,9 % de « déperdition » ; ils sont 87,8 % dans ce cas à l'admission (soit 12,2 % de « déperdition »). 69 Pour les salariés employés en dehors de la profession trois mois après l'obtention du diplôme, on demandait aux centres de fournir quelques exemples d'emplois : Secrétaire en auto-école, conducteur routier, formateur Fimo/Fcos, Sécurité centre hospitalier, responsable de dépôt agro-alimentaire, Secrétariat, ouvrier, vendeur, Formation armée, sapeurs pompiers, moniteur entreprise, Activités dans le secteur du commerce, Assurances, tribunaux, sécurité routière. Sur 428 stagiaires (24 réponses) Salariés en CDI dans la profession Salariés en CDD dans la profession Salariés (CDD ou CDI) en dehors de la profession * Formation complémentaire dans la profession Autres formations ou reprises d'études Demandeurs d'emploi Ne sait pas TOTAL Source : enquête quantitative LEST Nombre de stagiaires % 69,4 17,4 3,8 1,4 0,0 4,3 3,7 100 L'enquête qualitative confirme l'abondance des offres d'emploi d'ECSR : « Les BEPECASER, en sortant, ils ont déjà tous un boulot quand ils ont réussi » [Exploitant et formateur, centre « intégré »] « Parce que on va dire que dans 8 % des cas, les gens qui vont dans une AE en stage, sont embauchés à l'issue du BEPECASER, si ils sont reçus » [BAFM et propriétaire, centre « indépendant »] « Tous ceux qui ont réussi sont placés où ils ont fait leur stage, hein » [Exploitant, centre « intégré »] « On se les arrache, il y a une très, très forte demande. En France, le besoin en enseignants de la conduite est estimé à 7 000, donc c'est énorme. Il n'y a aucun problème. Quelqu'un qui aujourd'hui est titulaire du BEPECASER et qui ne travaille pas, c'est parce qu'il le veut, quoi. Alors si, après, il peut y avoir un problème de mobilité ; c'est vrai que si l'on tient à resterMoi je vois par exemple sur Perpignan, si le gars il veut absolument rester sur Perpignan, ben peut-être qu'il va attendre un petit peu qu'une place se libère, bon. Mais maintenant si il veut bouger, il n'y a pas de souci, quoi, voilà, c'est toujours pareil » [BAFM, centre « 3. LE PROJET ET LES CONTENUS PÉDAGOGIQUES : LES CENTRES ENTRE CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES ET CRITIQUES CONSTRUCTIVES Comment les centres mettent-ils en oeuvre le programme de formation au BEPECASER? Quels intervenants mobilisent-ils? Quelles innovations pédagogiques souhaiteraient-ils (et peuvent-ils réellement) mettre en oeuvre? Quelles sont les opinions des formateurs et responsables de centres sur les contenus des formations, tant théorique que pratique, et sur l'organisation de l'évaluation des élèves (examens)? Ces quelques questions seront examinées principalement à partir de l'expérience des interlocuteurs rencontrés, avec en toile de fond l'interrogation, soulevée lors des entretiens individuels : « comment est-il possible de faire évoluer la formation vers les niveaux d'apprentissage supérieurs de la matrice GDE? ». Question, bien sûr, toute « théorique » pour des enseignants à la fois respectueux des programmes et soucieux de conduire à la réussite le plus grand nombre d'élèves possible à un examen très normé dans l'espace temporel requis. Autrement dit, plus que des innovations pédagogiques de fond effectivement mises en oeuvre, la profession livre un certain nombre de critiques, le plus souvent constructives, des formes et des contenus pédagogiques du programme de formation actuel. 3.1. L' animation des équipe s et le projet pédagogiques : de faibles ouvertures vers l'extérieur de la profession, des enseignants « isolés ». Dans un certain nombre de centres, le formateur, diplômé BAFM, assure l'intégralité de la formation, parfois secondé (quand le centre est « intégré ») par des ECSR (BEPECASER) pour les audits de conduite ou la conduite commentée. Dans des centres plus importants, le BAFM responsable pédagogique s'adjoint le concours d'un ou plusieurs autres BAFM, généralement à temps partiel, soit pour un partage des cours théoriques, soit pour intervenir seulement en formation voiture. Parfois (dans deux cas), le BAFM salarié reçoit le concours de l'exploitant, tantôt pour traiter la partie réglementaire du programme, tantôt pour dispenser un module de communication. Enfin, dans quelques gros centres, plusieurs BAFM peuvent se partager l'ensemble du travail d'enseignement selon un planning bien précis : « L'année dernière on avait en fait un fonctionnement où chaque formateur intervenait sur toutes les matières, avec un cahier des charges, une coordination. Ceci dit, c'est vrai que c'est un peu difficile en termes d'organisation. C'est difficile pour le stagiaire en fait ; moi je me suis rendu compte que les stagiaires ils perdaient un petit peu pied, ils ne savaient pas ce qu'ils allaient faire, donc c'était assez difficile pour eux. C'est un type d'organisation qui convient très bien à des gens qui sont autonomes, malheureusement comme ça n'est pas le cas, on va revenir à un système beaucoup plus classique, où on va se partager les matières, et chacun sa matière il va la faire de A à Z.
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18,531
1.107) : ΨJα′ Ω′ ; α Ω (r) ∼ r→∞ δ Ω −Ω′ δj j ′ e −i[kj r−(J+j) π ] 2 − s ′ π kj J Sj ′ Ω′ ; j Ω ei[kj′ r−(J+j ) 2 ] kj ′ (1. 121) On remarquera que l'on hoisit, dans le as présent, une phase diérente pour les fon tions d'onde CC par rapport à elle de l'expression 1.107. Comme il a été dit à la se tion 1.3.4, le hoix de la phase n'a au une onséquen e sur la détermination des quantités mesurables expérimentalement. La omparaison des expressions 1.120 et 1.121 permet de voir que les fon tions d'onde en CS vérient le omportement asymptotique requit des lors que l'on a : ΨJα Ω ; α Ω (r) ≡ Ψjl̄ Ω; j (r) × δ Ω −Ω e i(J+j −l̄) (1.122) On notera que ette dernière expression dière de elle utilisée par Parker [30 où la phase est : exp[i(J + j − ̄l)π/2]. On verra par la suite que le hoix orrespondant à l'expression 1.122 permet de retrouver les expressions de Pa k [28 et M Guire [25 alors que le hoix ee tué par Parker fait apparaître la phase additionnelle (−1) j−j dans l'expression de l'amplitude de diusion. A partir de ette dernière relation, le parallèle peut être ee tué ave les équations pré édemment établies dans le référentiel BF dans le as du traitement CC. A partir des relations pré édentes, on détermine le lien entre les éléments de la matri e de diusion en CS et en CC : SjJ Ω ; j Ω ≡ δ Ω −Ω (−1) J+j −l̄ Sjl̄ Ω (1.123) ;j Tout d'abord, notons que le lien ave la matri e de diusion exprimée dans le référentiel SF se déduit de la relation pré édente à partir de la relation inverse de 1.108 : ′ ′ ′ ′ ′ ′ π 2 ′ ′ ′ SjJ′ l′ ; j l = X l−l′ [ll i ′ ] 21 [J] Ω Ω′ = i ′ ′ l+l′ −2l̄ Ω ′ CjJΩΩl 0 CjJ′ Ω Ω′ l ′ 0 X [ll′ ] 12 [J] ′ ′ n ′ ′ δ Ω −Ω′ (−1) J+j −l̄ Sjl̄′Ω ;j o l̄ −Ω CjJΩΩl 0 CjJ′ Ω Ω l ′ 0 Sj ′ ; j (1.124) Ensuite, à partir de l'expression de la matri e de transition donnée par l'équation 1.112, et de l'amplitude de diusion CC, donnée par 1.114, on obtient dire tement que l'amplitude de diusion en CS s'exprime : f (j ′ m′ ; j m|r̂) = XX r π 1 i [l′ ] 2 CjJ′ m m′ l′ m−m′ kj kj ′ ′ ′ J Ω l i ′ ′ l ̄ Ω′ S − δm −Ω′ (−1 ) J+j −l̄ CjJ′ Ω ′ ′ ′ Ω l 0 j ; j Yl′ m−m′ (r̂) r h i X 1 π l′ −l̄ l̄−m Jm Sj ′ ; j Yl′ −m′ (r̂) = i [l′ ] 2 CjJ′ m m′ l′ m−m′ Cj ′ m l′ 0 δj j ′ − (−1) kj kj ′ ′ × h ′ CjJ′ Ω Ω′ l′ 0 δj j ′ δm Ω′ (1.125) Jl Il est possible de simplier ette expression si l'on hoisit ̄l indépendamment de J. Dans e as, les éléments de la matri e de diusion ne dépendent plus de J et, on obtient : f (j ′ m′ ; j m|r̂) ) ( i h X X r π ′ J m′′ J m′′ ′ 12 Yl′ m−m′ (r̂) δj j ′ − (−1) l −l̄ Sjl̄−m Cj ′ m′ l′ m−m′ Cj ′ m l′ 0 = i [l ] ′; j kj kj ′ ′′ ′ Jm l h i X i δm m′ ′ p = [l′ ] δj j ′ − (−1) l −l̄ Sjl̄−m (1.126) P l′ (cos θ) ′; j 2 kj kj ′ l′ 27 1.4. A pproximations où nous avonsp utilisé la relation reli ant les harmoniques sphériques aux polynmes de Legend re : Yl 0 (θ, φ) = [l]/4π P l ( cos θ). Notons de plus que les élé ments de la matri e de diusion Sjl̄ Ω ;j dépendent uniquement de la magnitude de Ω et non de son signe [30. Ce i permet de voir que , dans le as parti uli er où l'on hoisit : ̄l = l′, l'expression 1.126 est identique à elle initialement déterminée par M Guire [25. Il est de plus important de remarquer que le hoix de ̄l est totalement arbitraire. Dans le as où l'on hoisit ̄l = J, il faut alors utiliser l'expression 1.126 an de al uler l'amplitude de diusion. Ce hoix orrespond à elui ee tué par Pa k [28. Notons ependant que le hoix de ̄l inuen e de manière signi ative les résultats et qu'identier ̄l = l′ présente de nombreux avantages et amène à de meilleurs résultats par omparaison aux résultats CC (voir par exemple les dis ussions détaillées de Parker [29; 30). De plus, omme il a été montré par Khare [18, le hoix ̄l = l′ présente le prin ipal avantage de rendre équivalentes les formulations de l'approximation CS entre les référentiels SF et BF : le système d'équations diérentielles, les onditions aux limites et l'expression de l'amplitude de diusion sont alors identiques dans les deux référentiels. Autrement dit, e hoix revient à "oublier" dans le développement pré édemment ee tué que l'on se situe dans le référentiel BF, que l'on assimile alors au référentiel SF. ′ 1.4.2 Energy Sudden (ES) Se rest [32 et Khare [19 ont développé le formalisme dans lequel on néglige l'a tion des moments internes des molé ules. Dans ette approximation et dans le référentiel SF, on é rit tout d'abord l'Hamiltonien en remplaçant le moment ̂ par le s alaire ̄ suivant : Ĥ = − ˆl2 ~2 ∂ 2 ~2 ̄(̄ + 1) r + + + V̂int (ρ̂, ~ r ) 2μr ∂r 2 2μr 2 2I (1.127) Les ondes partielles solutions de ette équation sont alors indépendantes des états de la molé ule et les équations ne sont plus ouplées que par l'intermédiaire du moment orbital. On onstruit don les ondes partielles : Φl ml (~r, ρ̂) = X 1 Ψl′ ml′ ; l ml (r, ρ̂) Yl ml (r̂) r ′ (1.128) l ml′ où, omme on le verra par la suite, les fon tions radiales dépendent de manière paramétrique des oordonnées internes ρ̂ de la molé ule. On obtient l'équation dé rivant le mouvement radial par une pro édure équivalente à elles détaillées dans les se tions pré édentes ( f. se tions 1.2.2 et 1.3.3) : en multipliant à gau he par Yl m (ρ̂) et en intégrant sur les oordonnées angulaires on obtient : ′′ l′′ ∂2 ~2 ̄(̄ + 1) l′′ (l′′ + 1)) − + Ψl′′ ml′′ ; l ml (r) ∂r 2 2I r2 X = l′′ ml′′ |U | l′ ml′ Ψl′ ml′ ; l ml (r) (1.129) l′ ml′ ave : ~2 ̄(̄ + 1) 2μ K = 2 E− ~ 2I Z 2μ ′ ′′ Yl′′ ml′′ (r̂) V̂int (~r, ρ̂) Yl′ ml′ (r̂) d r̂ et l ml′′ |U | l ml′ = 2 ~ (1.130) A e stade, on onstate que les éléments de matri e du potentiel dépendent des oordonnées angulaires internes de la molé ule (l'intégration n'ayant pas été ee tuée sur elles i), e qui montre que l'on a bien une dépendan e paramétrique des fon tions radiales par rapport à ρ̂. Le système d'équations diérentielles est ensuite résolu en imposant le omportement asymptotique des fon tions radiales [19 : Ψl m ; l m (r, ρ̂) ∼ δl l δm m e−iKr − i − l −l Sl m ; l m (ρ ̂ ) eiKr (1.131) r →∞ ′ ′ l′ ′ l l ′ l′ l′ l La fon tion d'onde totale est ensuite développée à partir des ondes partielles suivant : Φ(~r, ρ̂) = X (1.132) Al ml Φl ml (~r, ρ̂) l ml où les oe ients du développement sont déterminés en imposant que la partie in idente soit une onde plane ( f. se tion 1.2.3) dont le omportement asymptotique est obtenu à partir des expressions 1.49 et 1.50. On obtient alors : Φ(~r, ρ̂) − e iKz ∼ r→∞ −  X X e−iKr − i−l−l S ′ A Y ml′ (~r) δ δml ml′ l ml ′ r l ml′ l iKr −iKr 1 e e i √ l δml 0 4π[l] 2 − (−1) Yl ml (~r) 2iK r r l ml l′ l l′ l′ ml′ ; l ml iKr e (ρ̂) r (1.133) Le terme en fa teur de l'onde onvergente devant être nul, on obtient pour les oe ients Al m : l Al ml = − 1 (−1) l √ 4π [l] 2 δml 0 2iK (1.134) e qui permet de dénir l'amplitude de diusion : f ( l′ ml′ ; l ml | r̂, ρ̂) = 1 1 X l−l′ +1 √ i π [l] 2 δl l′ δml′ 0 − Sl′ ml′ ; l 0 (ρ̂) Yl′ ml′ (r̂) K ′ (1.135) l l ml′ Cette expression orrespond à l'équation (19) obtenue par Khare [19. A e stade, il est né essaire de réintroduire les états internes de la molé ule. Pour ela, on ee tue le parallèle entre le système d'équation 1.129 et le système équivalent en CloseCoupling pour lequel on hoisit les ondes partielles dans un s héma où les moments ˆl et ̂ sont non ouplés. On dénit alors la relation entre les matri es obtenues dans l'approximation ES, développées sur la base |l ml i, et les matri es obtenues en CC, développées sur la base |j mj l ml i. Comme montré par Se rest [32, on obtient : Mj ′ mj′ l′ ml′ ; j mj l ml (~x) = Z Yj ∗′ mj′ (ρ̂) Ml′ ml′ ; l ml (~x, ρ̂) Yj mj (ρ̂) d ρ̂ (1.136) où ~x représente l'ensemble des dépendan es autres que les degrés de liberté de la molé ule. Cette expression est similaire à l'expression (17) de Khare [19, où elle est alors appliquée aux éléments de la matri e de diusion. La relation inverse est (éq. (12) de Khare [19) : Ml′ ml′ ; l ml (~x, ρ̂, ρ̂′ ) = X j mj j ′ mj ′ Yj ′ mj′ (ρ̂′ ) Mj ′ mj′ l′ ml′ ; j mj l ml (~x) Yj mj (ρ̂) (1.137) On réintroduit ensuite le moment angulaire total J en repassant dans un s héma où les moments ˆl et ̂ sont ouplés. La transformation s'ee tue alors en utilisant la transformation (éq. (11) de Khare [19) : Mj ′ mj′ l′ ml′ ; j mj l ml (~x) = X JM J CjJmMj l ml CjJ′ M x) mj ′ l′ ml′ Mj ′ l′ ; j l (~ (1.138) 29 1.4. A pproximat ions A partir de es relations, il est démontré par Khare que l'on obtient ( f. éq. A3 de [19) : Ml′ ml′ ; l ml (~x, ρ̂) = X √ 4π Cjl ′mml j ′ mj ′ j′ l′ ml′ (1.139) Mlj ′ l′ ; 0 l (~x) Yj ′ mj′ (ρ̂) A partir de ette relation que l' on applique aux éléments de la matri e de diusion, on ré exprim e l'amplitude de diusion donnée par l'équation 1.135 en fon tion des éléments Sjl l ; 0 l : ′ ′ f (l′ ml′ ; l ml | r̂, ρ̂) =   (1.140) X √ 1 1 X l−l′ +1 √ i π [l] 2 δl l′ − 4π Cjl′ 0mj′ l′ −mj′ Sjl′ l′ ; 0 l Yj ′ mj′ (ρ̂) Yl′ −mj′ (r̂) K ′ ′ ll j mj ′ h i √ 1 1 X X l−l′ +1 √ π [l] 2 δl l′ δj ′ 0 − 4π Cjl′ 0mj′ l′ −mj′ Sjl′ l′ ; 0 l Yj ′ mj′ (ρ̂) Yl′ −mj′ (r̂) = i K ′ ′ l l j mj ′ Finalement, en utilisant le fait que C0a0αa α = 1 et que Y0 0 (ρ̂) = (4π)− on obtient : 1 2 f (l′ ml′ ; l ml | r̂, ρ̂) 2π X X l−l′ 1 l 0 [l] 2 Cj ′ mj′ l′ −mj′ Tjl′ l′ ; 0 l Yj ′ mj′ (ρ̂) Yl′ −mj′ (r̂) i = K ′ ′ (1.141) l l j mj ′ ave les éléments de la matri e de diusion dénis suivant : (1.142) L'amplitude de diusion f (j ′ mj l′ ml ; j mj l ml | r̂) in luant les degrés de liberté interne de la molé ule est obtenue en utilisant la relation 1.136, que l'on applique à f (l′ ml ; l ml | r̂, ρ̂). Don, en tirant parti du fait que : TjJ′ l′ ; j l = i δl l ′ δ j j ′ − SjJ ′ l ′ ; j l ′ ′ ′ Z Yl 1 m1 ( R ̂) Yl 2 m2 ( R̂ ) Yl∗3 m 3 ( R̂ ) dR̂ = (4 π) − 21 s [l1 l 2 ] l3 0 C C l 3 m 3 [l3 ] l1 0 l 2 0 l1 m1 l2 m2 (1.143) l'expression 1.141 permet d'obtenir : f (j ′ mj ′ l′ ml′ ; j mj l ml | r̂) Z 2π X X l−l′ 1 l 0 l [l] 2 Cj ′′ mj′′ l′ −mj′′ Tj ′′ l′ ; 0 l Yl′ −mj′′ (r̂) Yj∗′ mj′ (ρ̂) Yj ′′ mj′′ (ρ̂) Yj mj (ρ̂) dρ̂ i = K ′ ′′ l l j mj ′′ s √ X X π [ljj ′′ ] l 0 ′ j ′ mj ′ j′ 0 l (1.144) = C C i l−l ′′ m ′′ l′ −m ′′ C ′′ j j 0 j 0 j mj j ′′ mj ′′ Tj ′′ l′ ; 0 l Yl′ −mj ′′ (r̂) j j K [j ′ ] ′ ′′ l l j mj ′′ Notons que dans ette expression, les nombres d'onde des anaux entrant et sortant sont identiques, e qui a fait apparaître le oe ient K −1. Or, dans un traitement exa t l'amplitude de diusion est dire tement inuen ée par la stru ture énergétique, le fa teur appara issant étant (kj kj )−. L'amplitude de diusion é rite pré édemment ne rend don pas ompte du fait que la probabilité de transition est grande lorsque l'énergie totale est pro he de l'un des niveaux d'énergie de la molé ule (pour E ∼ Ej, kj → 0). On réintroduit don arbitrairement le oe ient (kj kj )− dans la dénition de l'amplitude de diusion. On onstate de plus que dans ette dernière expression, les éléments de la matri e de transition Tjl l ; 0 l sont indépendants de l'état initial de la molé ule. Ce i suggère qu'il doit être possible de ′ ′ ′′ ′ 1 2 1 2 30 fa toriser l'expression 1.144. En eet, si l'on onsidère les transitions depuis le niveau fondamental j = 0 pour lesquelles l'amplitude de diusion est : f (j ′ mj ′ l′ ml′ ; 0 0 l ml | r̂) s √ π X X l−l′ [lj ′′ ] l 0 j ′ mj ′ j′ 0 l i =p C C ′′ m ′′ l′ −m ′′ C ′′ j 0 0 j 0 0 0 j ′′ mj ′′ Tj ′′ l′ ; 0 l Yl′ −mj ′′ (r̂) j j [j ′ ] k0 kj ′ l l′ j ′′ m j ′′ √ π X l−l′ 1 l 0 i [l] 2 Cj ′ mj′ l′ −mj′ Tjl′ l′ ; 0 l Yl′ −mj′ (r̂) =p k0 kj ′ l l′ (1.145) on onstate alors qu'il est possible d'exprimer les amplitudes de diusion des transitions jmj → j ′ mj en fon tion des transitions depuis le niveau j = 0. L'expression 1.144 devient dans e as : ′ f (j ′ mj ′ l′ ml′ ; j mj l ml | r̂) s s X [jj ′′ ] k0 kj ′′ j ′ 0 j′ m ′ Cj 0 j ′′ 0 Cj mj jj ′′ m ′′ f (j ′′ mj ′′ l′ ml′ ; 0 0 l ml | r̂) = ′ j [j ] kj kj ′ ′′ (1.146) j mj ′′ e qui orrespond à l'expression (36) donnée par Khar e [19. 1. 4.3 Innite Order Sudden (IOS) L'approximation IOS onsiste à négliger à la fois l'a tion du moment orbital (approximation CS) et elle du moment interne de la molé ule (approximation ES). Par un raisonnement analogue à elui présenté pré édemment dans le as de l'approximation ES, on é rit tout d'abord l'Hamiltonien sous la forme : Ĥ = − ~2 ∂ 2 ~2 ̄l( ̄l + 1) ~2 ̄(̄ + 1) r + + + V̂int (ρ̂, ~r) 2μr ∂r 2 2μr 2 2I (1.147) Les ondes partielles se développent alors simplement suivant : Φ ̄l ̄ (~r, ρ̂) = 1 Ψ ̄ (r, r̂, ρ̂) r l ̄ (1.148) où la dépendan e paramétrique de la fon tion radiale par rapport aux oordonnées angulaires r̂ et ρ̂ est due au potentiel d'intera tion. Dans le as de ollisions entre un atome et une molé ule linéaire, le potentiel se développe suivant : X (1.149) V̂int (ρ̂, ~r) = vλ (r) Pλ (cos α) λ et la dépendan e angulaire est réduite à : ~r.~ρ/(rρ) = cos α. L'angle α orrespond alors à l'angle dé rivant l'orientation de la molé ule dans le référentiel BF. Dans e dernier référentiel, le système est physiquement invariant par rotation autour de ~r ′ e qui justie l'utilisation du développement 1.149. Dans la suite, on réindexe les fon tions radiales suivant : Ψ ̄l ̄ (r, r̂, ρ̂) ≡ Ψ l̄ ̄ (r, α). La dépendan e des fon tions radiales par rapport à α apparaît lairement dans l'équation diérentielle : ̄ l ( ̄l + 1) ∂2 2μ 2 +K − Ψ l̄ ̄ ( r , α) = 2 V̂int (ρ̂, ~r) Ψ l̄ ̄ (r, α) 2 2 ∂r r ~ (1. 150 ) La résolution s'ee tue alors en onsidérant que l'angle d'impa t α est onstant durant la ollision. 31 1.4. Approximations Un raisonnement identique à eux ee tués dans les se tions pré édentes permet de dénir l'amplitude de diusion dans l'approximation IOS. Cependant et omme il a été onstaté par Goldam [21, il est possible d'obtenir de manière plus simple, à partir des expressions établies dans le adre de l'approximation CS, l'amplitude de diusion en IOS. Pour ela, on utilise la transformation : ̄ Sjl′m ;j ≡ Z Yj∗′ m (ρ̂) S l̄ ̄ (α) Yj m (ρ̂) dρ̂ (1.151) où la orrespondan e est établie entre les éléments de la matri e de diusion Sjl̄ m; j obtenus dans l'approximation CS, et les éléments S l̄ ̄ (α) obtenus dans le adre de l'approximation IOS. Les polynmes de Legendre formant une base omplète, il est don possible d'adopter un développement similaire pour S l̄ ̄(α) à elui du potentiel d'intera tion, soit : ′ S l̄ ̄ (α) = X (1.152) SLl̄ ̄ PL (cos α) L On peut alors démontrer, en utilisant ette dernière relation, ( f. éq. (27b) de Goldam [21) que l'expression 1.151 se fa torise suivant : Sj l ̄ ′m ;j = X 1 SLl̄ ̄ (−1)m L [jj ′ ] 2 L 0 Cj −m j ′ m CjL00j ′ 0 [L] (1.153) Notons que, à partir de l'expression 1.124, on obtient l'équivalen e entre la matri e de diusion en CC et les éléments SL ̄l ̄ : SjJ′ l′ ; j l = i X [jj ′ ll′ ] 21 l+l′ −2l̄ [JL] L que l'on simplie suivant : SLl̄ ̄ CjL00j ′ 0 X L0 (−1)−m CjJmml 0 CjJ′ m m l′ 0 Cj m j ′ −m (1.154) m 7 SjJ′ l′ ; j l = i l+l′ −2l̄ X [jj ′ ll′ ] 21 L 7 [L] SLl̄ ̄ CjL00j ′ 0 (−1)J+L ClL′ 00l 0 j ′ J l′ l L j (1.158) An de simplier ette expression, on réé rit tout d'abord la sommation sur m : X ′ ′ 1 0 L0 ( −1)j+j −m [J][ll′ ]− 2 Cjl ′ 0m J −m Cjl m A = J −m Cj m j ′ −m m = X (−1)j+j ′ −m 1 ′ [J][ll′ ]− 2 Cjl ′ 0m J m′ Cjl 0m′′ J m′ CjLm0 ′′ j ′ −m m m′ m′′ e qui permet d'utiliser la règle de sommation : X 1 (−1)a−α Cac γα b β Cde δǫ b β Cdf δφa −α = (−1)b+c+d+ f [cf ] 2 Cce γǫ f φ αβδ a e b f c d ff (1.155) ave la orrespondan e : (a, α) ≡ (j ′, m) (d, δ) ≡ (j, m′′ ) ; ; (b, β) ≡ (J, m′ ) ; (e, ǫ) ≡ (l, 0) ; (c, γ) ≡ (l′, 0) ; (f, φ) ≡ (L, 0) ; (1.156) pour obtenir : A = = ′ ′ 1 1 j (−1)J +L+l [J][L] 2 [l]− 2 Cll′00 L 0 l ′ ff ′ j J l (−1)J +L [J] ClL′ 00 l 0 l L j J L l′ j ff (1.157) 32 De plus, an d'exprimer les éléments de la matri e de transition apparaissant dans l'expression de l'amplitude de diusion en CS, donnée par 1.126, on utilise [21 : δ j j ′ ′ 1 X m [jj ] 2 L0 0 = (−1) CjL−m j ′ m Cj 0 j ′ 0 δL 0 [L] (1.159) L On utilise ensuite l'expression obtenue pour l'amplitude de diusion dans l'approximation CS. Notons que l'expression de l'amplitude de diusion en IOS fait apparaître les nombres d'onde sous la forme K −1, la stru ture énergétique n'ayant pas été prise en ompte. Comme dans le adre de l'approximation ES (voir se tion pré édente), on réintroduit les nombres d'onde que l'on aurait obtenus dans un traitement CC. A partir des expressions 1.126, 1.153 et 1.159, on obtient : δm m′ f (j ′ m′ ; j m|r̂) = p (1.160) kj kj ′ s i X i X h [jj ′ ] L 0 ′ Cj −m j ′ m CjL00j ′ 0 × [l′ ] δL 0 − (−1) l −l̄ SLl̄ ̄ Pl′ (cos θ) × (−1)m 1 [L] 2 L 2[L] l′ {z } | {z } | ̄ l ̄ qL (cos θ) QL (j, j ′, m) où l'on a séparé les ontributions dynamiques ( oe ient qL ̄l ̄ (cos θ)) et spe tros opiques ( oe ient QL (j, j ′, m)). On onstate de plus que pour les transitions depuis le fondamental j = 0, le oe ient spe tros opique s'é rit : s QL (0, j ′, 0) = [j ′ ] L 0 C ′ C L 0 ′ = δL j ′ [L] 0 0 j 0 0 0 j 0 (1.161) donnant pour l'amplitude de diusion : δm m′ X l̄ ̄ δm m′ f (j ′ m′ ; 0 0 |r̂) = p qL (cos θ) × δL j ′ = p × qjl̄′̄ (cos θ) k0 kj ′ L k0 kj ′ (1.162) e qui permet, d'exprimer l'ensemble des amplitudes de diusion à partir des amplitudes de diusion depuis le fondamental, ette propriété provenant de l'approximation ES : ′ ′ f (j m ; j m |r̂) = X L s k0 kL QL (j, j ′, m) f (L m′ ; 0 0 |r̂) kj kj ′ (1.163) Se tions e a es Dans le as présent, nous dérivons l'expression des se tions e a es ar elles i seront utilisées par la suite. Les se tions e a es, depuis le niveau fondamental sont données par ( f. se tion 1.2.5) : σ00;j ′ m′ = = kj ′ k0 Z2π Zπ |f (j ′ m′ ; 0 0 |θ, φ)|2 sin θ dθ dφ θ=0 φ=0 δ0 m′ k02 Z2π Zπ θ=0 φ=0 |qjl̄′̄ (cos θ)|2 sin θ dθ dφ (1.164) 33 1.4. Approximat ions or , en se plaçant dans le as où ̄l = l′, et en utilis ant l' expression des oe ients q L ̄l ̄ (cos θ ) donnée pré éd emment, on a : Z2π Zπ |qjl̄′̄ (cos θ)|2 sin θ dθ dφ = θ=0 φ=0 = Z2π Zπ θ=0 φ=0 1 X ′ ′′ l′ ̄ l′′ ̄ ∗ [l l ] Tj ′ Tj ′ 4[j ′ ] ′ ′′ ll Z2π Zπ 2 i 1 2[j ′ ] 2 X [l ′ ′ ] Tjl′ ̄ Pl′ (cos θ) Pl′ (cos θ)Pl∗′′ (cos θ) sin θ dθ dφ θ=0 φ=0 | 4π sin θ dθ dφ l′ {z 1 [l′ l′′ ] 2 } δl′ l′′ (1.165) soit na lement : σ00;j ′ m′ = δ0 m′ ′ π X [l′ ] Tjl′ ̄ 2 ′ k0 ′ [j ] (1.166) 2 l A partir de ette dernière expression, on obtient que la se tion e a e totale est ( f. éq. 1.70) : σ0; j ′ = X m′ σ 00; j ′ m′ = ′ π X [ l′ ] Tjl ′ ̄ 2 ′ k0 ′ [j ] 2 (1.167) l 1.4.4 Domaines de validité Il est a ssez di ile d'établir des ritères quantitatifs amenant à dé ider de la validité des approximations pré édentes. Il est ependant possible, par une appro he qualitative, de pressentir de leur e a ité. Ces ritères peuvent ensuite être plus nement dis utés en se basant sur les systèmes ollisionnels ee tivement traités à partir des diérentes méthodes. On se réfère pour ela à la dis ussion menée par Kouri [5. Dans le adre de l'approximation ES, l'hypothèse est faite que lors d'une ollision, il est possible de négliger la stru ture énergétique interne des molé ules. Ce i a une double impli ation : d'une part, e i revient à onsidérer que lors de la ollision, la molé ule est xe dans l'espa e. Ce i peut être une approximation valable lorsque la vitesse relative du proje tile et de la ible devient grande par omparaison aux mouvements de la molé ule. D'autre part, en négligeant la stru ture interne de la molé ule, on traite in orre tement les ouplages entre les diérents états de la molé ule. Ces ouplages proviennent des termes anisotropes du potentiel et sont d'autant plus importants que le puits de potentiel est grand en omparaison de l'espa ement des niveaux d'énergie. Finalement, l'approximation ES semble don être valable lorsque l'on traite des ollisions à haute énergie et lorsque l'intera tion du système est faiblement anisotrope. L'approximation CS porte sur la partie entrifuge où l'on néglige les termes dus à la for e de Coriolis. Le terme entrifuge onditionne le domaine a essible de r lors de la ollision,.-à-d. la distan e en dessous de laquelle la probabilité de présen e est faible, e que l'on représente, dans une vision lassique, par le point de rebroussement. A faible énergie, le point de rebroussement se trouve à une grande distan e intermolé ulaire et la région de faible r n'est pas a essible. La ollision est alors entièrement déterminée par le omportement à grande distan e où le terme entrifuge joue un rle important. Lorsque l'énergie devient susante pour que l'état du système après ollision soit prin ipalement déterminé par les ourtes distan es, l'approximation CS devient alors d'autant plus valable que l'anisotropie du potentiel est grande. En on lusion, es deux approximations doivent présenter des domaines de validité omplémentaires. Enn, l'approximation IOS présente les ara téristiques des approximations ES et CS et est 34 don d'autant plus valable que la ollision s'ee tue à haute énergie. Le prin ipal avantage de l'IOS réside dans la simpli ité du système à résoudre, e qui permet d'obtenir des résultats à moindre oût. Les ouplages dus au potentiel étant totalement négligés, ette approximation ne permet ependant qu'une estimation qualitative des paramètres de la ollision. Enn, à basse énergie, au une de es approximations n'est valable et il est alors né essaire de traiter le problème exa tement en ayant re ours à une appro he CloseCoupling. Chapitre 2 Élargissement de raie par ollisions 2.1 Prol spe tral d'une molé ule nonperturbée : as d'une transition isolée Dans le as d'une transition molé ulaire (ou atomique), l'intensité émise est proportionnelle à la probabilité qu'a la molé ule d'émettre spontanément un photon. Cette probabilité dépend du ouplage introduit par le moment multipolaire entre les états de la transition et, pour une transition de pulsation ωif, l'intensité spe trale s'exprime [6 : 2 I(ω) = |hf |X̂K (2.1) Q |ii| δ(ω − ωif ) En utilisant la relation : 1 δ(ω − ωif ) = 2π Z∞ ei(ω−ωif )t dt (2.2) −∞ On peut réé rire 2.1 en dénissant la fon tion de orrélation C(t) : 1 I(ω) = 2π Z∞ C(t)eiωt dt 2 C(t) = e−iωif t |hf |X̂K Q |ii| avec −∞ (2.3) On s'assure que ette expression a un sens physique, en remarquant que l'intégrale renvoie une quantité réelle. En eet, à partir de la dénition de la fon tion de orrélation C(t) on onstate que elle i vérie : C(−t) = C(t)∗. On obtient don que l'intensité spe trale s'exprime suivant : I(ω) = 1 2π Z∞ 0 ∞ Z 1 C(t)∗ e−iωt + C(t)eiωt dt = Re π 0 C(t)eiωt dt  (2.4) La dénition de la fon tion de orrélation 2.3 fait intervenir une dépendan e par rapport au temps pouvant être reliée à l'évolution temporelle de l'opérateur multipolaire. Si l'état du système est ara térisé à l'instant t = 0 par le multipole X̂KQ ≡ X̂KQ (t = 0), on a alors, dans la représentation de Heisenberg et en utilisant la onvention ~ = 1 : iĤ t K (2.5) X ̂K X̂Q (0) e−iĤ t Q (t) = e où Ĥ0 est l'Hamitonien de la molé ule. Ce i permet d'obtenir : −iĤ t K K C(t) = hf |X̂K (2.6) X̂Q (0) eiĤ t |f i = hf |X̂K Q (0)|iihi|e Q (0)|iihi|X̂Q (t)|f i Les expressions de l'intensité spe trale et de la fon tion de orrélation sont obtenues i i pour dé rire des molé ules isolées. Finalement, il est possible de généraliser es expressions an de traiter de phénomènes plus omplexes tel que l'élargissement par ollisions qui est traité par la suite. La des ription du pro essus physique perturbant la molé ule émettri e intervient alors dans la dénition de la fon tion de orrélation C(t). L'Hamiltonien Ĥ0 est dans e as rempla é par l'Hamiltonien total du système étudié. 0 0 Chapitre 2. ollisions 2.2 Élargissement du prol spe tral par ollisions Dans la se tion pré édente, il a été vu que le prol spe tral est relié à l'évolution temporelle de l'opérateur multipolaire XKQ (t) à partir duquel on est amené à dénir la fon tion de orrélation. L'expression de la fon tion de orrélation a alors été donnée pour une transition isolée d'une molé ule non perturbée. Dans le as plus général où l'on s'intéresse à une molé ule (appelée par la suite molé ule émettri e ) qui est dans un pro essus d'intera tion ollisionnelle ave un gaz de molé ules (appelé bain ) et pour laquelle il est possible qu'il y ait un re ouvrement spe tral entre plusieurs transitions molé ulaires, il est montré que la fon tion de orrélation s'exprime [2 : K C(t) = Tr ρ X̂K Q (0) X̂Q (t) (2.7) où la tra e porte à la fois sur les états quantiques de la molé ule émettri e et sur eux du bain. Dans ette expression, ρ est la matri e densité qui ara térise les états internes de la molé ule émettri e et des molé ules du bain. A l'ordre 0, ette matri e dé rit le peuplement des états d'énergie des diérentes molé ules. 2.2.1 Intensité spe trale dans le formalisme de Liouville Pour un système quantique, l'évolution temporelle d'une observable  est dé rite par l'opérateur de Liouville L. Cet opérateur agit sur les opérateurs de l'espa e de Hilbert et est déni suivant : d = −i[Ĥ, Â] = −iL (2.8) dt où Ĥ est l'Hamiltonien gouvernant l'évolution du système. Il est alors possible de montrer que la fon tion de orrélation donnée par 2.7 s'exprime [14 : Tr ρ X̂KQ X̂KQ (t) = Tr X̂KQ e−iLt ρ X̂KQ ) (2.9) e qui permet de al uler de manière formelle l'intégration dans 2.4 et d'obtenir pour l'intensité spe trale [14 : 1 1 I(ω) = − Im π Tr X̂K Q 1 ρ X̂K Q ω−L (2.10) Il est important de noter, que ette expression est obtenue indépendamment de toute approximation sur la nature du système ollisionnel. 2.2. Élargissement du prol spe tral par ollisions ave : n ∞ X 1 1 L1 = L1 L1 M(ω) = 1 − L1 (ω − L0 )−1 ω − L0 n=0 (2.14 ) Il est possible de montrer que dans l'expression 2.13, le seul terme qui dépend de la tra e sur les variables du bain est M(ω). En dé omposant la matri e densité suivant : ρ = ρ(s) × ρ(b), où ρ(s) et ρ(b) sont respe tivement les matri es densité de la molé ule émettri e et du bain, on obtient alors [14 : 1 1 1 1 + {M(ω)} Tr ω − L = ω − L0 (s) ω − L0 (s) h i {M(ω)} = Tr (b) ρ(b) M(ω) (b) (2.15) (2.16 ) ave On réé rit ensuite ette dernière expression en ee tuant la transformation inverse de elle qui a été pré édemment ee tuée (.-à-d. des équations 2.13 à 2.14). On voit en eet que si l'on dénit un opérateur {Mc(ω)} vériant : {M(ω)} = 1 1 − {Mc (ω)} (ω − L0 (s) )−1 (2.17) {Mc (ω)} alors l'expression 2.15 peut être réé rite suivant : Tr (b) 1 1 = (s) ω−L ω − L0 − {Mc (ω)} (2.18) L'expression de l'opérateur {Mc (ω)} s'obtient en inversant la relation 2.17 et est alors donnée par la relation : 1 {Mc (ω)} = (2.22) {M(ω)} (s) −1 2 1 + {M(ω)} (ω − L0 ) Finalement à partir de l'expression 2.18, on voit que 2.4 se met sous la forme : 1 I(ω) = − Im π ( Tr (s) " X̂K Q 1 ω − L0 (s) − {Mc (ω)} ρ(s) X̂K Q #) (2.23) L'opérateur multipolaire X̂KQ étant supposé n'agir que sur les variables de la molé ule système, on voit que la présen e des molé ules du bain intervient dans l'expression du prol par l'intermédiaire d'un omplément à l'opérateur de Liouville L0 (s) dé rivant l'évolution temporelle de la molé ule émettri e [36; 14. On obtient en eet à partir de ette dernière expression et en assimilant {Mc (ω)} ≡ 0, l'expression du prol spe tral pour une mol é ule isolée. 2 Dans un premier temps, on multiplie à droite l'expression 2.17 par l'opérateur {Mc (ω)}−1 : » " "−1 –−1 ˆ ̃−1 {M(ω)} {Mc (ω)}−1 = {Mc (ω)} {M(ω)}−1 = 1 − {Mc (ω)} ω − L 0 (s) En multipliant par le produit des opérateurs noninversés, on obtient : » " "−1 " "−1 –−1 {Mc (ω)} {M(ω)}−1 = 1 − {Mc (ω)} ω − L0 (s) ⇒ {M c (ω)} = {M(ω )} −1 + ω − L0 (s) (2.19) (2.20) En multipliant le se ond membre par l'opérateur identité é rit sous la forme {M(ω)}−1 {M(ω)}, on obtient nalement : » " "−1 –−1 {Mc (ω)} = 1 + {M(ω)} ω − L0 (s ) (2.21) {M(ω )} 38 Chapitre 2. Élargissement de raie par ollisions 2.2.2 Expression du prol spe tral Dans la suite, on utilise la notation : i, i′, pour repérer l'ensemble des nombres quantiques des états |ji mii, |ji′ m′ii, de la molé ule émettri e. On montre que la tra e dans 2.23 s'exprime suivant (voir p. ex. [15) : 1 I(ω) = − Im π X ii′ f f ′ ′ + ′ ′ ′ ′ ′ hjf′ m′f |XK Q |ji mi ihhji mi (jf mf ) | " 1 ω − L0 (s) − {Mc (ω)} hji mi |ρ(s) |ji mi ihji mi |XK |j m i Q f f # |ji mi (jf mf )+ ii (2.24) où il a été introduit la notation suggérée par Baranger [2 : (2.25) |ab+ ii = |aihb| an de représenter les opérateurs de l'espa e de Hilbert sur lesquels agissent les opérateurs de l'espa e de Liouville. Ayant adopté ette dénition, on trouve que l'a tion de l'opérateur de Liouville déni par l'expression 2.8 est : L|ab+ ii = (Ea − Eb) |ab+ i i ave (2.26) Ĥ|ai = Ea |ai De plus, on voit apparaître dans l'expression 2.24 les états "spe tros opiques" des transitions radiatives : es états orrespondent aux éléments de matri e du moment multipolaire. On notera de plus qu'à une pulsation ω donnée, plusieurs transitions de la molé ule peuvent parti iper à l'absorption. Dans l'équation 2.24 apparaissent les éléments diagonaux de la matri e densité, asso iés à des états non dégénérés de la molé ule émettri e. Ces éléments sont dénis par : (2.27) Ei BT −k ρi ≡ hji mi |ρ(s) |ji mi i = Z −1 e où Z est la fon tion de partition. An de réé rire l'expression 2.24, on dénit dans un premier temps les éléments de matri e réduite du moment multipolaire [7 : 1 ji −mi hji mi |XK [ji ] 2 Q |jf mf i = (−1) e qui permet alors d'obtenir : 1 I(ω) = − Im π X ii′ f f ′ ji jf mi −mf 1 ′ ′ (−1)ji +ji −mi −mi ji ji′ 2 ×hji′ ||XK ||jf′ ihhji′ m′i (jf′ m′f )+ | " ρi hji ||X ||jf i ji′ jf′ ′ mi −m′f 1 ω − L0 (s) K −Q K −Q # − {Mc (ω)} (2.28) hji ||XK ||jf i ji jf mi −mf K −Q |ji mi (jf mf )+ ii (2.29) K On introduit ensuite la base des tenseurs irrédu tibles dénis par : |ji jf+ ; KQii = X mi mf ji −mi (−1) [K] 1 2 ji jf mi −mf K −Q |ji mi (jf mf )+ ii (2.30) 39 2.2. Élargissement du prol spe tral par ollisions e qui à partir de 2.29 amène à l'expression : 1 I(ω) = − Im π " # X 1 [ji ji′ ] 2 ′ K ′ 1 ′+ hji ||X ||jf ihhji ′ jf ; KQ | | ji jf + ; KQii (s) [K ] ω − L 0 − { Mc (ω )} ji ji′ jf jf′ (2.31) ρi hji ||XK ||jf i Finalement, on développe ette dernière expression en al ulant le produit s alaire. On utilise pour ela la relation [7 : TK SK = (2.32) X X (−1)−Q TKQ SK−Q = TKQ SKQ ∗ Q Q An d'utiliser ette relation en notera tout d'abord que les éléments de matri e réduite du moment dipolaire sont réels. De plus, il a été montré par BenReuven [3 que l'opérateur dans l'espa e de Liouville {Mc (ω)}, développé sur la base des tenseurs irrédu tibles dénis par 2.30, est diagonal par rapport à K et Q et qu'il est indépendant de Q. Cette propriété se réper ute alors sur les éléments de matri e de l'opérateur [ω − L0 (s) − {Mc (ω)}]−1 e qui permet d'ee tuer la sommation sur les [K] valeurs de Q et amène à : 1 I(ω) = − Im π X ji ji′ ji ji′ jf jf′ 1 2 hji′ ||XK ||jf′ ihhji′ jf′+ ; KQ| K ×ρi hji ||X ||jf i " 1 ω − L0 (s) − {Mc (ω)} # |ji jf+ ; KQii (2.33) On remarque que ette dernière expression est indépendante des états Zeeman de la molé ule émettri e. Or, elle ontient des éléments de la matri e de densité ara térisant les populations des niveaux Zeeman. On rempla e don les éléments ρi par les éléments dénissant les populations des niveaux dégénérés,.-à-d. ρi → [ji ]ρi, e qui permet d'obtenir [41 ( f. Annexe C) : " # X 1 1 I(ω) = − Im |ji jf+ ; KQii hji′ ||XK ||jf′ ihhji′ jf′+ ; KQ| (s) π ω − L − M (ω) 0 c ji ji′ jf jf′ ×ρi hji ||XK ||jf i (2.34) avec Mc (ω) = [ji′ ] [ji ] 1 2 {Mc (ω)} (2.35 ) Finalement, on utilise ette dernière expression pour dé rire le prol spe tral d'une molé ule dont les transitions sont élargies en raison de l'interation ave d'autres molé ules. Pour ela, on onstruit dans un premier temps la matri e [ω − L0 (s) − Mc (ω) ], dont les éléments sur la base des tenseurs irrédu tibles sont : ω − ωif − hhji′ jf′+ ; KQ| Mc (ω) |ji jf+ ; KQii (2.36) Cette matri e est ensuite inversée an de permettre le al ul de l'expression 2.34. An de ara tériser omplètement l'inuen e des ollisions, il ne reste plus qu'à ara tériser l'opérateur {Mc (ω)} et dans la se tion suivante e i est fait dans le adre de l'approximation d'impa t. Auparavant, nous examinons le as d'une transition molé ulaire isolée,.-à-d. ne se re ouvrant pas spe tralement ave d'autres transitions de la molé ule. Chapitre 2. Élargissement de raie par ollisions Prol d'une transition molé ulaire isolée De manière générale, on montre que l'opérateur {Mc (ω)} est non hermitique. Néanmoins il est possible de l'exprimer en fon tion de deux opérateurs hermitiques, ∆ et Γ, suivant : {Mc (ω)} = ∆ − iΓ. Ce i implique que de manière générale, les éléments de matri e de {Mc (ω)} vont pouvoir être exprimés sous la forme : hhji′ jf′+ | {Mc (ω)} |ji jf+ ii = δi′ f ′ ; if − i γi ′ f ′ ;if (2.37) Dans le as d'une transition isolée,.-à-d. ne se re ouvrant en fréquen e ave au une autre transition −1 est diagonale. Dans e as parti ulier, ses éléments de molé ulaire, la matri e [ω − L(s) 0 − Mc ] (s) matri e sont l'inverse des éléments de la matri e ω − L0 − Mc. Finalement, on voit à partir des expressions 2.37 et 2.34, dans laquelle la somme est réduite à un seul terme, que le prol spe tral de la transition est alors de type lorentzien : I(ω) = γif ; if 1 ρ i | h ji ||XK ||jf i| 2 2 π (ω − ωij − δif ; if )2 − γ if ;if (2.38) A partir de ette expression, on onstate que les ollisions ave les molé ules du bain introduisent d'une part un dé alage en fréquen e, et d'autre part un élargissement du prol spe tral. La largeur à mihauteur est alors 2 γif ;if et la transition est entrée à la fréquen e ωif + δif ;if. 2.3 Approximation d'impa t Comme il a été vu à la se tion pré édente, l'intera tion ave les molé ules du bain est représentée par la moyenne sur les variables du bain de la matri e de relaxation,.-à-d. {Mc(ω)}, qui s'ajoute alors omme une perturbation à l'opérateur L0 (s) dé rivant la molé ule système lorsqu'elle est isolée. L'expression exa te de la matri e de relaxation est donnée par Fano [14. Néanmoins, dans le as où la densité des molé ules du bain est faible et lorsque la température du gaz est susamment élevée, il est possible d'utiliser une expression appro hée de la matri e de relaxation. On fait alors les hypothèses suivantes : {Mc (ω)} est évaluée au premier ordre,.-à-d. que les termes retenus orrespondent à des intera tions binaires entre les molé ules émettri es et les molé ules du bain. on applique l'approximation d'impa t valable lorsque la durée d'une ollision est petite devant le temps séparant deux ollisions et don, que seules les ollisions omplètes sont à onsidérer. on suppose que les molé ules du bain ont une "mémoire ourte" e qui onstitue l'approximation de Marko. Ave l'ensemble de es hypothèses la matri e de relaxation s'é rit [14; 4 : {Mc (ω)} ≃ nb {m(ω0 )} (2.39) où nb est la densité volumique des molé ules du bain, m(ω) est l'opérateur de transition, dans l'espa e de Liouville, dé rivant une ollision binaire et où ω0 est la pulsation de la transition radiative à laquelle on s'intéresse. 2.3.1 Moyenne sur les variables du bain La moyenne est ee tuée sur l'ensemble des variables des molé ules du bain et in lut une moyenne sur l'énergie de translation des molé ules du bain par rapport à la molé ule système. Cette moyenne 41 2.3. Approximation d'impa t est dénie suivant [16 : i X h {m(ω)} = Tr (b) m(ω)ρ(b) = ρ(k)hhk′+ k′ |m(ω)|kk+ ii (2.40) k k′ ave X k ≡ 1 (2π) 3 ZZ k2 dk dk̂ (2.41 ) Dans ette expression, |ki représente une onde plane d'impulsion bien dénie dont la représentation dans l'espa e des oordonnées est hr|ki = exp[i k.r]. Le développement en ondes sphériques libres (.-à-d. en fon tions dont le moment inétique est bien déni) s'obtient à partir de la dé omposition : |ki ≡ |kk̂i = X l0 m0 (2.42) |kl0 m0 ihkl0 m0 |ki Dans la représentation des oordonnées, nous avons alors [26; 16 : et hr|kl0 m0 i = ck jl0 (kr) Yl0 m0 (r̂) hkl0 m0 |ki = 4πil0 ∗ Y (k̂) ck l0 m0 (2.43) où jl est une fon tion de Bessel sphérique. Les oe ients ck sont dénis à partir de la relation de normalisation [16 : 0 hkl0 m0 |k′ l0′ m′0 i = δl0 l0′ δm0 m′0 δ(Ec − Ec′ ) soit ck = 2kμ π 1 2 (2.44) où μ est la masse réduite asso iée à la molé ule émettri e et à la molé ule du bain. On a alors la relation de normalisation : Z∞ (2π)3 δ δm m̃ hkl0 m0 |kihk|k ̃l0 m̃0 idk̂ = μk l0 l̃0 0 0 (2.45) 0 A partir de la relation 2.42, on dénit dans l'espa e de Liouville : |kk+ ii = = X l0 m0 l̃X 0 m̃0 l0 m0 l̃0 m̃0 |kl0 m0 ihkl0 m0 |kihk|k ̃l0 m̃0 ihk ̃l0 m̃0 | hkl0 m0 |kihk|k ̃l0 m̃0 i|kl0 m0 (k ̃l0 m̃0 )+ ii (2.46 ) En utilisant ette relation dans l'expression 2.40 dé rivant la moyenne sur les variables du bain de la matri e de relaxation, on obtient : { m(ω)} = Z 1 X X k2 k′ 2 ρ(k) hh(k′ ̃l0′ m̃′0 )+ k′ l0′ m′0 |m(ω)|kl0 m0 (k ̃l0 m̃0 )+ ii dk dk′ 6 (2π) l′ m′ l m 0 × Z 0 0 0 k k′ l̃0′ m̃′0 l̃0 m̃0 hk′ l0′ m′0 |k′ i∗ hk′ |k′ ̃l0′ m̃′0 i∗ k̂ ′ dk̂ ′ × Z hkl0 m0 |kihk|k ̃l0 m̃0 i dk̂ (2.47) k̂ Dans la suite, on introduit la notation : |kl0 m0 ii ≡ |kl0 m0 (kl0 m0 )+ ii (2.48) 42 Chapitre 2. Élargissement de raie par ollisions A partir des relations 2.47 et 2.45 et en introduisant l'énergie inétique Ec = [~2 k2/(2μ)], on obtient nalement : {m(ω)} = X Z l0 l0′ 0 m0 m′0 = ∞ X Z l0 l0′ m0 m′0 k ρ(k) dk μ Z∞ 0 ρ(Ec ) dEc Z∞ 0 0 k′ ′ dk × hhk′ l0′ m′0|m(ω)|kl0 m0ii μ dEc′ × hhk′ l0′ m′0|m(ω)|kl0 m0ii (2.49) In lusion des degrés de liberté internes des molé ules du bain Dans le as où les molé ules du bain possèdent un moment de rotation ̂2, il est intéressant d'utiliser un s héma de ouplage dans lequel e moment est ouplé au moment orbital ˆl0 [17. 2.3. Approximation d'impa t 2.3.2 Se tions e a es d'élargissement Une expression générale pour m(ω) a été obtenue par Fano [14. Celle i ontient des termes évalués on-the-energy-shell ainsi que des termes évalués o-the-energy-shell. Ces derniers termes orrespondent à des ara téristiques d'états en ours de ollision et ne sont pas pris en ompte dans le adre de l'approximation d'impa t. En ne onsidérant plus les termes uniquement o-the-energyshell, on obtient l'expression de la matri e de relaxation onsidérée par BenReuven [4 : hhI ′+ F ′ |m(ω)|IF + ii ≃ hI ′ |T (EF′ + ω)|IihF |F ′ i − hI ′ |IihF |T (EI − ω)|F i∗ +iπ δ(EI′ − EF − ω)hI ′ |T (EI′ )|IihF ′ |T (EF )|F i∗ +iπ δ(EF′ − EI + ω)hI ′ |T (EI )|IihF ′ |T (EF′ )|F i∗ (2.52 ) Dans ette expression, T (E) est l'opérateur de transition déni en théorie des ollisions et pour lequel le al ul s'ee tue à l'énergie totale E. On a de plus adopté la notation : |Ii = |kβ lm, ji mi i = |kβ lmi|ji mi i soit et |F i = |kβ lm, jf mf i (2.53) (2.54) |IF + ii = |kβlm(kβlm)+ ii|ji mi (jf mf )+ ii où ji et jf sont les nombres quantiques de rotation de la molé ule émet tri e orrespondant à la transition radiative. Cette dénition des états spe tros opiques I et F avant ollision, et I ′ et F ′ après ollision, représente une base dans laquelle les moments ˆl et ĵi (ou ĵf ) ne sont pas ouplés et qui in lut les degrés de liberté de translation. Le produit s alaire hI ′ |Ii vaut alors : (2.55) hI ′ |Ii = δ(Ec′ − Ec ) δi′ i où i est un index repérant l'ensemble des nombres quantiques β, l, m, ji et jf. Don, à partir de l'expression 2.54 ara térisant les états sur lesquels la matri e de relaxation donnée par 2.52 est dénie, et en rappelant l'expression 2.51 obtenue pour {m(ω)}, on voit que l'on a la relation : hhji ′ m′i ( jf′ m′f )+ | {m(ω)} |ji mi ( jf mf )+ ii ∞ Z∞ X Z ρ(Ec ) dEc hhI ′+ F ′ |m(ω)|IF + ii dEc′ = βlm 0 β ′ l′ m′ (2.56 ) 0 On obtient ensuite aisément, à partir de la dénition 2.30 des tenseurs irrédu tibles, l'expression de la matri e de relaxation développée sur ette base, e qui est né essaire au al ul du prol spe tral donné par l'expression 2.35. Simpli ation des éléments de la matri e de relaxation Dans l'expression 2.52, la pulsation ω à laquelle on évalue la matri e de relaxation n'est pas né essairement égale à la pulsation de la transition radiative à laquelle on s'intéresse. Dans le as des éléments o-the-energy-shell pour lesquels on a EI − EF 6= EI − EF, la diéren e d'énergie entre deux transitions radiatives δω = ωi f − ωif intervient dans l'évaluation des éléments de la matri e de transition. Néanmoins, et é art est généralement négligé en onsidérant que la relation ω = ωi f = ωif est valide et on évalue alors la matri e de relaxation à une unique pulsation ω0 ∼ ωif. Ce i permet de simplier l'expression 2.52 où l'intégration sur l'énergie inétique après ′ ′ ′ ′ ′ ′ Chapitre 2. Élargissement de raie par ollisions ollision impose que l'on ait EI = EI et EF = EF. On a alors : ′ ′ Z∞ hhI ′+ F ′ |m(ω)|IF + ii dEc′ ≃ hi′ |T (EI )|iiδf ′ f − δi′ i hf ′ |T (EF )|f i∗ 0 +2πi hi′ |T (EI )|iihf ′ |T (EF )|f i∗ ave : (2.57) (2.58) Cette expression se réé rit de manière plus on ise en utilisant la matri e de diusion. En notant Ti i = hI ′ |T (E)|Ii, on denit alors : Ti i (E) = δi i − 2πiSi i (E) (2.59) Ce qui permet de réé rire l'expression 2.57 sous la forme : |ii = |β lm, ji mi i ; |f i = |β lm, jf mf i ; ′ ′ ′ ′ Z∞ 1 δi′ i δf ′ f − Si′ i (EI ) Sf∗′ f (EF ) hhI ′+ F ′ |m(ω)|IF + ii dEc′ ≃ 2πi (2.60) 0 A partir des expressions 2.30, 2.60 et 2.56, on obtient nalement que les éléments de la matri e de relaxation s'expriment suivant : hhji′+ jf ′ ; KQ| {m(ω)} |ji jf+ ; KQii = −i Z∞ 4πv 2 ρ(v) v σi′ f ′ ;if 0 dv ≡ vσi′ f ′ ;if (2.61) où v = (2Ec /μ) et ave : 1 2 σi′ f ′ ;if × π X X ji jf ji +ji′ −mi −m′i = 2 [K] (−1) m −m k i f mi mf ji′ m′i βlm β ′ l′ m′ m′i m′f K jf′ δi′ i δf ′ f ′ −mf −Q K −Q (2.62) − Si′ i (EI ) Sf∗′ f (EF ) La se tion e a e dénie dans ette dernière expression est appelée se tion e a e généralisée. Son expression est dans e as donnée sur une base où le moment total ˆl asso ié aux molé ules du bain n'est pas ouplé au moment de rotation de la molé ule émettri : on rappelle que dans le as ou les molé ules du bain possèdent un moment de rotation ̂2, le moment ˆl est alors obtenu en ouplant ̂2 ave le moment orbital ˆl0 provenant de la des ription en ondes planes du mouvement relatif de translation ( f. se tion 2.3.1). Dans le paragraphe suivant, on dérive l'expression de la se tion e a e généralisée sur une base ouplée. Expression de la se tion e a e généralisée sur une base ouplée Dans l'expression 2.62, les éléments de la matri e S sont obtenus sur une base de ve teurs propres non ouplés ( f. se tion pré édente). On transforme i i ette expression en passant dans un s héma où le moment de rotation de la molé ule émettri e est ouplé au moment total ˆl des molé ules du bain. Les deux bases sont alors reliées par la transformation : |β lm, ji mi i = X J i Mi 1 (−1)ji −l−Mi [Ji ] 2 ji l Ji mi m −Mi |β ji lJi Mi i (2.63) 45 2.3. Approximation d'impa t En tirant parti du fait que le moment angulaire total Jˆ se onserve (.-à-d. que la matri e S est diagonale par rapport à J ) et de l'indépendan e de la matri e S par rapport à la proje tion M de Jˆz, on voit que l'on a alors : ′ ′ Si′ i ≡ hβ l m ′, ji′ m′i |S|β X lm, ji mi i = ji +ji′ −l−l′ (−1) [Ji ] J i Mi ji′ l′ Ji m′i m′ −Mi ji l Ji mi m −Mi × hβ ′ ji′ l′ Ji Mi |S|β ji lJi Mi i | {z } ≡ SiJ′ii (2.64) En utilisant ette expression, on obtient que le se ond terme (.-à-d. la somme où n'apparaissent que les éléments de la matri e de diusion) de l'équation 2.62 se réé rit : π X X X ji jf jf +jf′ −mi −m′i [KJi Jf ] (−1) 2 m −m k i f mi mf A2 = Ji Jf βlm β ′ l′ m′ m′i m′f Mi Mf K −Q jf mf l′ Jf ′ m −Mf ji′ l′ Ji ′ ′ mi m −Mi × ji′ jf′ ′ mi −m′f × jf′ m′f l Jf m −Mf K −Q (2.65) ji l Ji mi m −Mi J ∗ SiJ′ii (EI ) Sf ′ff (EF ) On simplie ette expression en utilisant la règle de sommation : X ji + jf +l−mi −Mf (−1) mi mf m × ji jf mi −mf jf l Jf ji l Ji mf m −Mf mi m −Mi K Jf Ji K Jf Ji K = −Q −Mf Mi −Q ji jf l (2.66) e qui permet d'obtenir que 2.65 s'exprime suivant : A2 = π k2 X β′ l+l′ +ji +ji′ (−1) [Ji Jf ] l l′ β J i J f Mi Mf Jf −Mf Ji K Mi −Q 2 Jf Ji K J ∗ SiJ′ii (EI ) Sf ′ff (EF ) × ji′ jf′ l′ π X Jf Jf Ji K l+l′ +ji +ji′ (−1) [Ji Jf ] = 2 ji′ ji jf l k ′ ′ ββ ll Ji Jf Jf ji Ji K jf l (2.67) Ji K jf′ l′ J ∗ SiJ′ii (EI ) Sf ′ff (EF ) On onsidère maintenant le premier terme de l'expression 2.62. Dans le as où l'on a ji′ jf′ = jf, on trouve que e terme vaut : 3 A1 = X X −mi −m′i (−1) β l m mi mf β ′ l′ m ′ m ′ i m ′ f [K] ji jf mi −mf × δβ ′ β δl′ l δm′ m δm′i mi δm′f mf = 3 X β l l′ m K −Q δl′ l = X [l] ji jf m′i −m′f K −Q = ji et (2.69) β l on utilise la relation : M X X=N [X] = (M − N + 1)(M + N + 1) (2.68) 46 Chapitre 2. Élargissement de raie par ollisions Or, si l'on onsidère maintenant l'expression 2.67, on voit que d'autre part, e terme se simplie de la même manière si l'on in lut dans son expression les fon tions de Dira adéquates, soit : A ′ 1 = X ′ (−1)l+l [Ji Jf ] β l Ji β ′ l ′ Jf = X jf +l X β l Jf =|jf −l| Jf ji Ji K jf l Jf ji Ji K jf l′ δβ ′ β δl′ l [Jf ] X = [l] [jf ] (2.70) βl Don on vérie bien que A1 = A′1 dès lors que l'on se pla e dans le as où ji′ = ji et jf′ = jf. Finalement, à partir des relations 2.67 et 2.70, on obtient l'expression de la se tion e a e généralisée (donnée par A′1 + A2) : σ i ′ f ′ ;if = π X Jf l+l′ +ji +ji′ [Ji Jf ] (−1) ji k2 ′ ′ ββ ll Ji Jf Ji K jf l i h J ∗ × δβ ′ β δji′ ji δjf′ jf δl′ l − SiJ′ii (EI ) Sf ′ff (EF ) Jf ji′ Ji K jf′ l′ (2.71) Cette dernière expression est elle qui est donnée par Green [17. Notons de plus que l'expression "se tion e a e généralisée" provient de e que elle i se retrouve dans le traitement d'un grand nombre de pro essus physiques. Elle permet, entre autres, de traiter la dépolarisation ollisionnelle et se réduit à l'expression des se tions e a es inélastiques si l'on pose K = 0. [ 9 [21 [22 [23 [24 [25 [26 Arthurs, A. M. et Dalgarno, A. 1960, Pro. Roy. So. A, 256, 540 Baranger M., 1958, Phys. Rev., 111, 494 BenReuven A., 1966, Phys. Rev., 141, 34 BenReuven A., 1966, Phys. Rev., 145, 7 Bernstein R.B.,1979, Atom Mole ule Collision Theory : A Guide for the Experimentalist, Plenum Press, NY Breen, R., 1981, Theories of spe tral line shapes, Wiley inters ien e publi ation Brink D.M., Sat hler G.R., 1968, Angular Momentum, Oxford University Press Buehler R.J. et Hirs hfelder, 1951, Phys. Rev., 83, 628 Choi B.H., Poe R.T., et Tang K.T., 1978, J. Chem. Phys., 69, 411 Choi B.H., Poe R.T. et Tang K.T., 1979, J. Chem. Phys., 70, 3153 Child M.S., 1974, Mole ular Collision Theory, Ed. A ademi Press In CohenTannoudji C., Diu B., Laloë F., 1973, Mé anique Quantique II, Ed. Hermann Dayou F., 2003, Etude théorique de la ollision réa tive Si + O2 → SiO + O et de la photodisso iation de la molé ule SiO dans le milieu interstellaire, Thèse de do torat Fano, 1963, Phys. Rev., 131, 259 Fisani kEnglot G., Rabitz H., 1975, J. Chem. Phys., 63, 1547 Fitz D.E., Mar us R.A., 1973, J. Chem. Phys., 59, 4380 Green S., 1977, Chem. Phys. Lett., 47, 117 Khare V., 1977, J. Chem. Phys. 67, 3897 Khare V., 1978, J. Chem. Phys., 68, 4631 Green S., 1975, J. Chem. Phys., 62, 2271 Goldam R., Green S., Kouri D.J., 1977, J. Chem. Phys., 67, 4149 Heil T.G., Green S. et Kouri D.J., 1978, J. Chem. Phys., 68, 2562 Launay J.-M., 1976, J. Phys. B, 9, 1823 Launay J.-M., 1977, J. Phys. B, 10, 3665 M Guire P., Kouri D.J., 1974, J. Chem. Phys, 60, 2488 Messiah A., 1965, Mé anique quantique, Dunod 48 [27 [28 [29 [30 [31 [32 [41 [34 BIBLIOGRAPHIE Pa k R.T. et Hirs hfelder J.O., 1974, J. Chem. Phys., 49, 4009 Pa k R.T., 1974, J. Chem. Phys., 60, 633 Parker G.A. et Pa k R.T., 1977, J. Chem. Phys., 68, 1585 Parker G.A., Pa k R.T., 1977, J. Chem. Phys., 66, 2850 S hatz G.C., Kuppermann A., 1979, J. Chem. Phys., 70, 3151 Se rest D., 1975, J. Chem. Phys., 62, 710 Shafer R., Gordon R.G., 1973, J. Chem. Phys., 58, 5422 Varshalovi h D.A., Moskalev A.N. et Khersonskii V.K., 1988, Quantum theory of Angular Momentum, World S ienti Publishing Co Pte Ltd [35 Zhang J.Z . H., 1999, Theory and Appli ations of Quantum Mole ular Dynami s, Ed. World S ienti [36 Zwanzig R.,1960, J. Chem. Phys., 33, 1338 49 Transfert de Ray onnement 51 Chapitre 3 Généralités L'intensité d'une transition molé ulaire dépend du nombre de molé ules présentes dans les états d'énergie qu'implique la transition. L'interprétation d'observations passe ainsi par la détermination des populations des niveaux d'énergie de la molé ule, en ha un des points de l'objet étudié.
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French-Science-Pile
Open Science
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Contributions à la Mécanique Numérique. Mécanique [physics.med-ph]. Nantes Université, 2023. ⟨tel-04496506⟩
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Rôle dans le projet : Participation à la rédaction du projet, membre de l’équipe, bénéficiant d’une partie de la subvention sous forme de décharge de service (1/3), Co-développement de la libraire eXlibris1, participation au développement de la méthode TLS et ILS, co-encadrement de la thèse de Mathieu Graveleau financée par l’ERC. [Gra15] ERC-Poc - MatCrack Industrialization of software and libraries for crack propagation in material and structures using the Thick Level Set method. Financé par l’ERC PoC, (proof of concept), partenariat entre l’école centrale de Nantes et Cénaero Belgique, Budget ERC : 150 ke, Septembre 2017 - Février 2019. Rôle dans le projet : Participation au développement et au maintien de la librarie eXlibris. ANR-PRC Adventure 3D dAta DriVEn iNvestigation of faTigUe cRack growth with ovErload effects, Étude 3D Data-Driven de la propagation des fissures de fatigue avec effets de surcharge, collaboration entre LaMcube, MATEIS, GeM et CTIF, porté par Nathalie LIMODIN (LaMCube), budget 630 ke, janvier 2021- septembre 2024. Rôle dans le projet : Extraction et analyses des facteurs d’intensité de contrainte des données tomographique, co-encadrement d’un postdoctorant à partir de septembre 2023. ANR/FNS PRCI - CLIP- Fragmentation dynamique par l’approche cohésive Lipschitz Projet collaboratif international entre l’École Centrale Nantes et l’EPFL, porté par Jean François MOLINARI et Nicolas MOËS, financé par l’ANR et le FNS (Fond National Suisse). Le projet financera 3 thèses en co-tutelle et 1 post doc. Janvier 2023 - Décembre 2027. Rôle dans le projet : Participation au développement de la méthode Lip-field et adaptation au contexte de fis sure cohésive en dynamique. Co-encadrement de thèse, développement de logiciel, à hauteur de 20% de mon temps de travail. 1. Dépot Git de eXlibris : https://git.gem.ec-nantes.fr/eXlibris 2.3. RAY IQUE 27 ERC Synergy X-MESH An eXtreme Mesh deformation method to follow sharp physical interfaces, Synergie entre l’UCL et l’École Centrale, portée par Nicolas MOËS et Jean-François REMACLE. Sur une durée de 6 ans, le projet est financé à hauteur de 5Me. Il financera 2 post-doc et 8 doctorants. Septembre 2023 - Août 2029. Rôle dans le projet : Participation à la rédaction de la demande de financement, un des 3 "seniors staff" du projet avec Jonathan Lambrechts et Benoît Le. Développement de l’approche, co-encadrement de thèses, co-rédaction des publications, à hauteur de 30% de mon temps de travail. 2.2.2 Contrats de recherche de gré à gré — Participation à un contrat avec SNECMA sur la propagation de fissure : Livraison d’un plug-In d’extraction des facteurs d’intensité de contrainte pour le logiciel ZéBulon. — Responsable de deux contrats de consultance avec ESI Lyon en 2013 et 2014 : propagation de fissure et son implémentation dans le code de calcul SYSTUS. — Responsable du contrat de thèse CIFRE Ecole Centrale/Vallourec, budget accompagnement 105 ke, septembre 2017 – septembre 2020. Rédaction du sujet, négociation du contrat d’accompagnement encadrement du doctorant. 2.3 Rayonnement scientifique 2.3.1 Participation à des jurys de thèse de doctorat (hors établissement) Candidat Titre Koen HILLEWAERT Development of the discontinuous Gal erkin method for high- resolution , large scale CFD and acoustic s in industrial geometri es Engineering analysis with non conforming meshes and levelsets Gaëtan BRICTEUX Lina HOMSI Development of nonlinear Electro-ThermoMechanical Discontinuous Galerkin formulations Direct eur de thèse JeanFrançois REMACLE Lieu JeanFrançois REMACLE Université Catholique de Louvainla-Neuve, Belgique Université de Liège, Belgique Ludovic NOELS Université Catholique de Louvainla-Neuve, Belgique Date de soutenance 15/02/2013 14/10/2016 24/06/2017 28 CHAPITRE 2. SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT ET DE RECHERCHE 2.3.2 Membre de Comité de suivi de Thèse Doctorant Sujet Encadre ment Lieu kevin MOREAU Simulation numérique par une approche level set épaisse de l’impact à basse vitesse sur matériaux énergétiques Analyse numérique et analytique couplée d’un modèle d’endommagement gradué Contribution à la simulation numérique des structures en béton armé : utilisation de fonctions de niveau pour la modélisation de la fissuration et des renforts Propagation robuste de défauts en 3D. Nicolas MOËS Centrale Nantes Date de Soutenance Octobre 2014 Claude STOLZ, Nicolas MOËS Nicolas MOËS, Gregory LEGRAIN Centrale Nantes novembre 2015 Centrale Nantes novembre 2016 Nicolas MOËS, Patrick MASSIN, Alexandre Martin Laurent STAINIER, Thomas HEUZÉ Centrale octobre Nantes/EDF 2018 Centrale Nantes décembre 2018. Antony NOUY et Núria PARÉS MARINÉ Nicolas MOËS Centrale Nantes octobre 2019 Centrale Nantes octobre 2019 Grégory LEGRAIN Centrale Nantes octobre 2022 Andrès PARRILLAGÓMEZ Benoît LÉ Mathieu LE CREN Adrien RENAUD Oleg BALABANOV Alexis SALZMAN Shaoqi WU The Discontinuous Galerkin Material Point Method : Application to hyperbolic problems in solid mechanics Randomized linear algebra for model order reduction Développement de l’approche « Thick Level Set » dans un cadre 3D parallèle Éléments finis étendus pour la modélisation des interfaces en vibroacoustique dissipative 2.4 . LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS Alaa LAKISS 2.3.3 High Order Discontinuous Galerkin Material Points Method 29 Laurent STAINIER, Thomas HEUZÉ et Mikhael Tannous Centrale Nantes/BIU Membre de Comité de sélection pour le recrutement de maître de C onférence s — Poste M CF 575 -4002 pour l’Ecole Centrale de Nantes en 2012. — Poste MCF0034 pour l’INSA de Rennes en 2013. 2.3.4 Organisations de congrès International Symposium on Defect and Material Mechanics, ISDMM13, Nantes 1-3 Ju ill. 2013 Membre du comité d’organisation de la conférence internationale ISDMM13. Congrès Français de Mécanique, CFM, Nantes, 29 août - 2 septembre 2022. Co-organisateur de la session S26 - Tribologie et mécanique du contact. 2.3.5 Review pour des revues scientifiques source : web of science — 5 pour European Journal of Mechanics -A/solids, — 5 pour Finite Elements in Analysis and Design , — 3 pour International Journal for Numer ical Methods in Engineering, — 2 pour Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering, — 2 pour Meccanica, — 1 pour Advanced Modeling and Simulation in Engineering Sciences, — 1 pour Comp tes Rendus - Mécanique, — 1 pour Engineering with Computers . 2.4 Liste complète des publications 2.4.1 Synthèse Articles dans des revues internationales à comité de lecture Communications dans des congrès internationaux à comité de lecture et actes publiés Communications dans des congrès nationaux à comité de lecture et actes publiés Bibliométrie (source : Scopus) Bibliométrie (source : Google Scholar) 27 51 (dont 6 keynotes) 17 (dont 1 keynote) 1307 citations h-index 19 2209 citations h-index 21 30 CHAPITRE 2. SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT ET DE RECHERCHE 2.4.2 Articles dans des revues internationales à comité de lecture 1. N. Chevaugeon, G. Marckmann, E. Verron et B. Peseux. « Instabilité et bifurcation du soufflage de membranes hyperélastiques ». In : Revue Européenne des Éléments Finis 11.2-4 (2002), p. 479-492. doi : 10.3166/reef.11.479-492. hal : hal-01381716 2. L. Krivodonova, J. Xin, J.-F. Remacle, N. Chevaugeon et J. E. Flaherty. « Shock detection and limiting with discontinuous Galerkin methods for hyperbolic conservation laws ». In : Applied Numerical Mathematics 48.3 (2004), p. 323-338. issn : 0168-9274. doi : 10.1016/j.apnum.2003.11.002. hal : hal-01007288 3. N. Chevaugeon, J. Xin, P. Hu, X. Li, D. Cler, J. E. Flaherty et M. S. Shephard. « Discontinuous Galerkin methods applied to shock and blast problems ». In : Journal of Scientific Computing 22.1-3 (2005), p. 227-243. doi : 10.1007/s10915-004-41384. hal : hal-01006753 4. M. S. Shephard, J. E. Flaherty, K. E. Jansen, X. Li, X. Luo, N. Chevaugeon, J.-F. Remacle, M. W. Beall et R. M. O’Bara. « daptive mesh generation for curved domains ». In : Applied Numerical Mathematics 52.2 (2005), p. 251-271. doi : 10.1016/j. apnum.2004.08.040. hal : hal-03928764 5. E. Marchandise, J.-F. Remacle et N. Chevaugeon. « A quadrature-free discontinuous Galerkin method for the level set equation ». In : Journal of Computational Physics 212.1 (2006), p. 338-357. issn : 0021-9991. doi : 10. 1016 / j. jcp. 2005. 07. 006. hal : hal-01004934v1 6. K. Hillewaert, N. Chevaugeon, P. Geuzaine et J.-F. Remacle. « Hierarchic multigrid iteration strategy for the discontinuous Galerkin solution of the steady Euler equations ». In : International journal for numerical methods in fluids 51.9-10 (2006), p. 1157-1176. doi : 10.1002/fld.1135. hal : hal-01006922v1 7. E. Marchandise, P. Geuzaine, N. Chevaugeon et J.-F. Remacle. « A stabilized finite element method using a discontinuous level set approach for the computation of bubble dynamics ». In : Journal of Computational Physics 225.1 (2007), p. 949-974. issn : 0021-9991. doi : 10.1016/j.jcp.2007.01.005. hal : hal-01004949v1 8. P.-E. Bernard, N. Chevaugeon, V. Legat, E. Deleersnijder et J.-F. Remacle. « High-order h-adaptive discontinuous Galerkin methods for ocean modelling ». In : Ocean Dynamics 57.2 (2007), p. 109-121. doi : 10.1007/s10236-006-0093-y. hal : hal-01006928 9. N. Chevaugeon, K. Hillewaert, X. Gallez, P. Ploumhans et J.-F. Remacle. « Optimal numerical parameterization of discontinuous Galerkin method applied to wave propagation problems ». In : Journal of Computational Physics 223.1 (2007), p. 188-207. issn : 0021-9991. doi : 10.1016/j.jcp.2006.09.005. hal : hal-01007166v1 10. J .-F. Remacle, N. Chevaugeon, É. Marchandise et C. Geuzaine. « Efficient visualization of high-order finite elements ». In : International Journal for Numerical Methods in Engineering 69.4 (2007), p. 750-771. doi : 10.1002/nme.1787. hal : hal-01006787 11. E. Marchandise, N. Chevaugeon et J.-F. Remacle. « Spatial and spectral superconvergence of discontinuous Galerkin method for hyperbolic problems ». In : Journal of Computational and Applied Mathematics 215.2 (2008), p. 484-494. doi : 10.1016/j.cam.2006.03.061. 12. K. Dréau, N. Chevaugeon et N. Moës. « Studied X-FEM enrichment to handle material interfaces with higher order finite element ». In : Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering 199.29 (2010), p. 1922-1936. issn : 0045-7825. doi : 10.1016/j.cma. 2010.01.021. hal : hal-01007338 2.4. LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS 13. 31 N. Moës, C. Stolz, P.-E. Bernard et N. Chevaugeon. « A level set based model for damage growth: The thick level set approach ». In : International Journal for Numerical Methods in Engineering 86.3 (2011), p. 358-380. doi : 10.1002/nme.3069. hal : hal-01517313 14. A. Levy, S. L. Corre, N. Chevaugeon et A. Poitou. « A level set based approach for the finite element simulation of a forming process involving multiphysics coupling: Ultrasonic welding of thermoplastic composites ». In : European Journal of Mechanics - A/Solids 30.4 (2011), p. 501-509. issn : 0997-7538. doi : 10.1016/j.euromechsol.2011.03.010. hal : hal-00753960 15. P.-E. Bernard, N. Moës et N. Chevaugeon. « Damage growth modeling using the Thick Level Set (TLS) approach: Efficient discretization for quasi-static loadings ». In : Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering 233-236 (2012), p. 11-27. issn : 0045-7825. doi : 10.1016/j.cma.2012.02.020. hal : hal-01006715 16. N. Bonfils, N. Chevaugeon et N. Moës. « Treating volumetric inequality constraint in a continuum media with a coupled X-FEM/level-set strategy ». In : Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering 205-208 (2012). Special Issue on Advances in Computational Methods in Contact Mechanics, p. 16-28. issn : 012. 17. G. Legrain, N. Chevaugeon et K. Dréau. « High order X-FEM and levelsets for complex microstructures: Uncoupling geometry and approximation ». In : Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering (2012), p. 172-189. issn : 0045-7825. doi : 10.1016/j. cma.2012.06.001. hal : hal-00703239 18. A. Batailly, B. Magnain et N. Chevaugeon. « A comparative study between two smoothing strategies for the simulation of contact with large sliding ». In : Computational Mechanics 51.5 (2013), p. 581-601. doi : 10.1007/s00466-012-0737-3. hal : hal-00711088 19. N. Chevaugeon, N. Moës et H. Minnebo. « Improved crack tip enrichment functions and integration for crack modeling using the extended finite element method ». In : International Journal for Multiscale Computational Engineering 11.6 (2013), p. 597-631. doi : 10.1615/IntJMultCompEng.2013006523. hal : hal-01006957 20. N. Moës, C. Stolz et N. Chevaugeon. « Coupling local and non-local damage evolutions with the Thick Level Set model ». In : Advanced Modeling and Simulation in Engineering Sciences 1.16 (2014), p. 1-21. doi : 10.1186/s40323-014-0016-2. hal : hal-01154910 21. M. Graveleau, N. Chevaugeon et N. Moës. « The inequality level-set approach to handle contact: membrane case ». In : Advanced Modeling and Simulation in Engineering Sciences 2.1 (2015), p. 1-25. doi : 10.1186/s40323-015-0034-8. hal : hal-01398280 22. A. Salzman, N. Moës et N. Chevaugeon. « On use of the thick level set method in 3D quasi-static crack simulation of quasi-brittle material ». In : International Journal of Fracture 202.1 (2016), p. 21-49. doi : 10.1007/s10704-016-0132-8. hal : hal-01692311 23. K. Moreau, N. Moës, N. Chevaugeon et A. Salzman. « Concurrent development of local and non-local damage with the Thick Level Set approach: Implementation aspects and application to quasi-brittle failure ». In : Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering 327 (2017), p. 306-326. issn : 0045-7825. doi : 10.1016/j.cma.2017 Stol N « How to efficiently apply soft thin coating to existing Finite Element contact model ». In : Finite Elements in Analysis and Design 177 (2020), p. 103420. issn : 0168-874X. doi : 10. 1016/j.finel.2020.103420. 32 CHAPITRE 2. SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT ET DE RECHERCHE 25. N. Moës et N. Chevaugeon. « Lipschitz regularization for softening material models: The Lip-field approach ». In : Comptes Rendus - Mécanique 349.2 (mar. 2021), p. 415-434. issn : 18737234. doi : 10.5802/CRMECA.91. hal : hal-03806305. arXiv : 2103.16345 26. N. Chevaugeon et N. Moës. « Lipschitz regularization for fracture: The Lip-field approach ». In : Computer Methods in Applied Mechanics and Engineering 402 (A Special Issue in Honor of the Lifetime Achievements of J. Tinsley Oden 2022), p. 115644. issn : 0045-7825. doi : 10.1016/j.cma.2022.115644. hal : hal-03927211. arXiv : 2111.04771 27. N. Moës, J.-F. Remacle, J. Lambrechts, B. Lé et N. Chevaugeon. « The eXtreme Mesh deformation approach (X-MESH) for the Stefan phase change model ». In : Journal of Computational Physics (2023), p. 111878. issn : 0021-9991. doi : 10.1016/j.jcp. 2022.111878. arXiv : 2111.04179 2.4.3 1. Communications dans des cong rès internationaux à comité de lecture et actes publiés D. Brochard, F. Jedrzejewski, N. Chevaugeon et R.-J. Gibert. « Fluid structures interaction in tube bundles: Analysis of tube movements in opposite directions ». In : ASME - PVP Conference, 1998 (26-30 juil. 1998). T. 366. San Diego, USA : ASME PVP, 1998, p. 179-186 2. N. Chevaugeon, E. Verron et B. Peseux. « Finite Element Analysis of Nonlinear Transversely Isotropic Membranes for Thermoforming Applications ». 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Cler et M. S. Shephard. « Application of discontinuous Galerkin method. Large scale problem: Cannon blast modeling ». In : 7th US Nat. Congress on Comp. Mech. (27-31 juil. 2003). 2003, p. 470 7. P. Hu, N. Chevaugeon, J. E. Flaherty et M. S. Shephard. « Modelizations of moving object in a fluid flow using level set ». In : 7th US Nat. Congress on Comp. (Albuquerque, New Mexico, United States, 27-31 juil. 2003). 2003, p. 288 8. D. L. Cler, N. Chevaugeon, M. S. Shephard et J. Remacle. « CFD application to gun muzzle blast a validation case study ». In : 41st AIAA Aerospace Science Meeting and Exhibit (Reno, Nevada, USA, 6-9 jan. 2003). 2003, p. 1-20. doi : 10.2514/6.2003-1142. hal : hal-03939856 9. X. Li, J.-F. Remacle, N. Chevaugeon et M. S. Shephard. « Anisotropic Mesh Gradation Control. » In : International Meshing Roundtable. Citeseer. 2004, p. 401-412 10. J.-F. Remacle et N. Chevaugeon. « Dispersion analysis of discontinuous galerkin schemes an applications to aeroacoustics ». In : 6th World Congress on Computational Mechanics (WCCM) (Beijing, China, 5-10 sept. 2004). 2004 2.4. LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS 11. 33 P.-E. Bernard, N. Chevaugeon, V. Legat, E. Deleersnijder et J.-F. Remacle. « High-order h-adaptive discontinuous Galerkin methods for ocean modelling ». In : International Conference on Adaptive Modeling and Simulation, ADMOS 2005 (Barcelona, Spain, 8-10 sept. 2005). 2005. hal : hal-03936577 12. N. Chevaugeon, J.-F. Remacle, X. Gallez, P. Ploumhans et S. Caro. « Efficient discontinuous Galerkin methods for solving acoustic problems ». In : 11th AIAA/CEAS Aeroacoustics Conference, (26th AIAA Aeroacoustics Conference) (Monterey, California, USA, 23-25 mai 2005). 2005. doi : 10.2514/6.2005-2823 13. N. Chevaugeon, J.-F. Remacle et X. Gallez. « Discontinuous Galerkin implementation of the extended Helmholtz resonator model in time domain ». In : 12th AIAA/CEAS Aeroacoustics Conference (Cambridge, Massachusetts, 8-10 mai 2006). 2006. : 10.2514/6.20062569. hal : hal-03920882 14. K. Hillewaert, J.-F. Remacle, N. Chevaugeon, P.-E. Bernard et P. Geuzaine. « Analysis of a hybrid p-Multigrid method for the discontinuous Galerkin discretisation of the Euler equations ». In : ECCOMAS CFD 2006: Proceedings of the European Conference on Computational Fluid Dynamics, Egmond aan Zee, The Netherlands (Egmond aan Zee, The Netherlands, 5-8 sept. 2006). Delft University of Technology; European Community on Computational Methods in Applied Sciences (ECCOMAS). 2006 15. N. Chevaugeon, N. Moës, H. Minnebo et E. Béchet. « Robust computation of stress intensity factors within the eXtended Finite Element Method ». In : International Conference on Computational Fracture and Failure of Materials and Structures (CFRAC) (Nantes, France, 11-13 juin 2007). 2007. hal : hal-03922959 16. I. Ionescu, N. Moës, P. Cartraud, N. Chevaugeon et M. Béringhier. « ImageBased Micromechanics Analysis using Level Sets and the Extended Finite Elements Method ». In : IWCMM17, 17th International Workshop on Computational Mechanics of Materials (Paris, France, 22-24 août 2007) 17. K. Dréau, N. Chevaugeon et N. Moës. « High order extended finite element method: influence of the geometrical representation ». In : 8th World Congress on Computational Mechanics (WCCM8), 5th European Congress on Computational Methods in Applied Sciences and Engineering (ECCOMAS 2008) (Venise, Italie, 30 juin-5 juil. 2008). 2008. hal : hal-01008254. eprint : http://congress2.cimne.com pdf 18. N. Chevaugeon et N. Moës. « Model of Crack Propagation with the Extended Finite Element Method ». In : 8th World Congress on Computational Mechanics (WCCM8), 5th European Congress on Computational Methods in Applied Sciences and Engineering (ECCOMAS 2008) (Venise, Italie, 30 juin-5 juil. 2008). 2008. eprint : http : / / congress2. cimne. com / eccomas/proceedings/eccomas2008/pdfs/a3083.pdf 19. N. Moës, N. Chevaugeon et F. Dufour. « A regularized brittle damage model solved by a level set technique ». In : IUTAM Symposium on Theoretical, Computational and Modelling Aspects of Inelastic Media (Cape Town, Afrique du Sud, 14-18 jan. 2008). Springer. 2008, p. 89-96. doi : 10.1007/978-1-4020-9090-5_8. eprint : https://link.springer.com/ chapter/10.1007/978-1-4020-9090-5_8 20. N. Moes, C. Stolz et N. Chevaugeon. « A New Level set Based Regularization for Local Damage Models: Theoretical Description and 1D Numerical Experiments ». In : 12th international Conference on Fracture (ICF-12) (Ottawa, Canada, 12-17 juil. 2009), p. 69106919. eprint : https://www.proceedings.com/07799.html 21. N. Moës, C. Stolz et N. Chevaugeon. « A thick level-set approach to damage mechanics ». In : 4th Symposium on defect and material mechanics, ISDMM09 (Trento, Italy, 34 CHAPITRE 2. SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT ET DE RECHERCHE 5-9 juil. 2009). presenting author : chevaugeon. 2009. eprint : hal.archives-ouvertes. fr/hal-01007816v1 22. P.-E. Bernard, N. Moës, C. Stolz et N. Chevaugeon. « A thick level set approach for damage growth modeling and transition to fracture ». In : Second International Workshop on Advances in Computational Mechanics (Yokohama, Japan, 29-31 mar. 2010). 2010 23. P.-E. Bernard, N. Moës, C. Stolz et N. Chevaugeon. « Damage growth modeling and transition to fracture using level set functions ». In : 9th World Congres on Computational Mechanics and 4th Asian Pacific Congress on Computational Mechanics (WCCM-APCOM) (Sydney, Australia, 8-13 juil. 2010). 2010 24. N. Chevaugeon, N. Moës, C. Stolz et P.-E. Bernard. « A thick level approach for brittle damage ». In : 4th European Conference on Computational Mechanics (ECCM2010) (Paris, France, 16-21 mai 2010). keynote. 2010 25. P.-E. Bernard, N. Moës, C. Stolz et N. Chevaugeon. « A thick level set approach to model evolving damage and transition to fracture ». In : 4th European Conference on Computational Mechanics (ECCM2010) (Paris, France, 16-21 mai 2010). 2010 26. K. Dréau, N. Chevaugeon et N. Moës. « Higher order x-fem for curved cracks ». In : 4th European Conference on Computational Mechanics (ECCM 2010) (Paris, France, 16-21 mai 2010). 2010. hal : hal-01008257 27. N. Bonfils, N. Chevaugeon et N. Moës. « Treating inequality constraint in a continuous medium with a coupled x-fem/level-set strategy ». In : 4th European Conference on Computational Mechanics (ECCM 2010) (16-21 mai 2010). Paris, France, 2010. hal : hal03919679 28. B. Magnain, A. Batailly, N. Chevaugeon et P. Cartraud. « Comparative study of the use of C1-continuous finite elements and splines for contact problems with large slidings ». In : 4th European Conference on Computational Mechanics (ECCM2010) (Paris, France, 16-21 mai 2010). 2010. hal : hal-00657382 29. N. Moës, P.-E. Bernard, N. Chevaugeon et al. « The Thick Level Set Damage Model Coupled to the eXtended Finite Element Method to Simulate Initiation and Complex Cracking Patterns ». In : 11th International Conference on Computational Plasticity. 2011 30. G. Legrain, N. Chevaugeon et K. Dréau. « High order eXtended Finite Element Method and Level Sets: Uncoupling geometry and approximation ». In : International Conference on Extended Finite Element Methods - XFEM 2011 (Cardiff, Kingdom, 29 juin-1er juil. 2011). keynote. 2011 31. N. Chevaugeon, N. Bonfils et N. Moës. « Treating volumetric inequality constraint in a continuum media with a coupled X-FEM/Level-Set strategy ». In : 5th International Conference on Advanced COmputational Methods in ENgineering (ACOMEN) (14-17 nov. 2011). Liège, Belgique, 2011. hal : hal-03950857 32. G. Legrain et N. Chevaugeon. « High-order X-FEM for image-based computations ». In : 6th european congress on computational methods in applied sciences and engineering (ECCOMAS2012) (Viennes, Autriche, 10-14 sept. 2012). 2012 33. N. Chevaugeon, N. Moës et P.-E. Bernard. « Damage growth modeling using the Thick Level Set (TLS) approach ». In : (Vienna, Austria, 10-14 sept. 2012). keynote. 2012. hal : hal-03920517 34. N. Moës, P.-E. Bernard, C. Stolz et N. Chevaugeon. « Handling Localization in Damage Models With the Thick Level Set Approach (TLS) ». In : ASME 2012 11th Biennial Conference on Engineering Systems Design and Analysis (2-4 juil. 2012). American Society of Mechanical Engineers. 2012, p. 67-70. doi : 10.1115/ESDA2012-82711 2.4 . LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS 35. 35 N. Moës, P.-E. Bernard, C. Stolz et N. Chevaugeon. « Avoiding spurious damage localization with a new non-local damage model : the thick level-set approach ». In : Advances in Computational Science, Engineering and Mathematics, dedicated to professor J. Tinsey Oden, ACSEM (19-20 jan. 2012). University of Texas at Austin, United States, 2012. 36. M. Graveleau, N. Moës et N. Chevaugeon. « A new coupled X-FEM/Level-Set strategy to solve contact problem ». In : III South-East European Conference on Computational Mechanics (SEECCM III) (Kos Island, Greece, 12-14 juin 2013). T. 2084. 2013 37. N. Moës, C. Stolz, N. Chevaugeon et A. Salzman. « The Thick Level Set Model: A non-local damage model allowing automatic crack placement inside localization zones ». In : Proceedings of CFRAC 2013, Computational Modeling of Fracture and Failure of Materials and Structures (Prague, Czech Republic, 5-7 juin 2013). 2013, p. 5-7 38. N. Moës, N. Chevaugeon et M. Graveleau. « The eXtended Finite Element Method and level sets to handle inequality constraints ». In : International Conference on Extended Finite Element Methods, XFEM 2013. Lyon, France, 2013, p. 1. hal : hal-03928432. eprint : https://xfem2013.sciencesconf.org/browse/author6655.html?authorid=201712 39. N. Moes, C. Stolz et N. Chevaugeon. « The thick level-set model for damage growth and transition to fracture ». In : 6th International Symposium on Defect and Material Mechanics (ISDMM13) (Nantes Ecole Centrale, France, 1er -5 juil. 2013). 2013 40. N. Chevaugeon, N. Moës et A. Salzman. « Damage propagation modeling using the TLS model ». In : 6th International Symposium on Defect and Material Mechanics (ISDMM13) (Nantes Ecole Centrale, France, 1er -5 juil. 2013). 2013 41. N. Chevaugeon, M. Graveleau et N. Moës. « A new coupled X-FEM/Level-Set strategy to solve contact problem ». In : III International Conference on Computational Contact Mechanics (ICCCM2013) (10-12 juil. ). Lecce, Italie, 2013. hal : hal-01007777/ 42. N. Chevaugeon, A. Salzman et N. Moës. « Vector level set contouring algorithm and associated enrichment functions for the eXtended Finite Element Method ». In : 11th World Congress on Computational Mechanics (WCCM XI) (Barcelona, Espagne, 20-25 juil. 43. N. Moës, C. Stolz et N. Chevaugeon. « Coupling local and non-local damage evolutions with the Thick Level Set Model ». In : 11th World Congress on Computational Mechanics (WCCM XI) (Barcelone, Espagne, 20-25 juil. 2014). 2014. eprint : http://congress.cimne. com/iacm-eccomas2014/admin/files/fileabstract/a3628.pdf 44. M. Graveleau, N. Chevaugeon et N. Moës. « On a new method to solve contact problems with an evolving level-set ». In : 11th World Congress on Computational Mechanics (WCCM XI) (20-25 juil. 2014). Barcelone, Espagne, 2014. hal : hal-03950863. eprint : http: //congress.cimne.com/iacm-eccomas2014/admin/files/fileabstract/a1786.pdf 45. B. Lé, A. Salzman, N. Chevaugeon et N. Moës. « Mixed mode crack propagation in concrete using the Thick Level Set approach to fracture ». In : VI International Conference on Computational Modeling of Fracture and Failure of Materials and Structures. (CFRAC) (Braunschweig, Germany, 12-14 juin 2019). 2019. eprint : http : / / congress. cimne. com / cfrac2019/admin/files/fileabstract/a238.pdf 46. B. Lé, N. Chevaugeon, A. Salzman et N. Moës. « Mixed mode crack propagation in PMMA using the Thick Level Set approach to fracture ». In : VI International Conference on Computational Modeling of Fracture and Failure of Materials and Structures. (CFRAC) (Braunschweig, Germany, 12-14 juin 2019). 2019. eprint : http : / / congress. cimne. com / cfrac2019/admin/files/fileabstract/a115.pdf 36 CHAPI TRE 2. SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT ET DE RECHERCHE 47. T. Tiirats, N. Chevaugeon, N. Moës, C. Stolz et N. Marouf. « A thin layer model based on polynomial expansion for coated bodies in contact ». In : VI. International Conference on Computational Contact Mechanics (ICCCM) (Hannover, Germany, 3-5 juil. 2019). 2019. hal : hal-02388285 48. N. Moës et N. Chevaugeon. « Lipschitz Regularization for softening elastic and plastic material models: The Lip-Field Approach ». In : 25th International Congress of Theoretical and Applied Mechanics (Milan, Italie, 22-27 août 2021). keynote. 2021. eprint : https:// iutam.org/publications/ictam-proceedings/ictam_2020/ 49. N. Chevaugeon et N. Moës. « Lipschitz Regularization For Softening Material ». In : 15th World Congress on Computational Mechanics (WCCM-XV) and 8th Asian Pacific Congress on Computational Mechanics (APCOM-VIII) (Yokohama, Japon, 31 juil.-5 août 2022). keynote. 2022. eprint : https://www.wccm2022.org/dl/index/book_of_abstracts. pdf 50. B. Lé, N. Moës, N. Chevaugeon et J.-F. Remacle. « The eXtreme Mesh deformation approach (X-MESH) for sharp contact fronts modeling ». In : 15th World Congress on Computational Mechanics (WCCM-XV) and 8th Asian Pacific Congress on Computational Mechanics (APCOM-VIII) (Yokohama, Japon, 31 juil.-5 août 2022). 2022. eprint : https: //www.wccm2022.org/dl/index/book_of_abstracts.pdf 51. B. Lé, N. Moës, N. Chevaugeon et J.-F. Remacle. « The eXtreme Mesh deformation approach (X-MESH) to follow contact fronts in a sharp manner ». In : 11th European Solid mechanics Conference (ESMC) (Galway, Ireland, 4-8 juil. 2022). 2022. eprint : https://az659834.vo.msecnd.net/eventsairwesteuprod/production- abbey- public/ c0fbc730335844c4a674d715116d438c 2.4.4 Communications dans des congrès nationaux à comité de lecture et actes publiés 1. R. Rotinat, N. Chevaugeon, J.-P. Regoin, . Verron et B. Peseux. « Soufflage libre de membrane élastomère cylindrique : mesure optique du champ de déformation ». In : 2ème Colloque Méthodes et Techniques Optiques pour l’Industrie (Trégastel, France, 20-23 nov. 2001). 20-23 Novembre. 2001, p. 155-160 2. N. Chevaugeon, E. Verron, G. Marckmann et B. Peseux. « Instabilité et bifurcation des membranes hyperélastiques ». In : 5ème Colloque National en Calcul des Structures, tome II (15-18 mai 2001). 2001, p. 869-876. hal : hal-01792905 3. N. Chevaugeon, E. Verron et B. Peseux. « Construction d’une loi de comportement isotrope-transverse pour la simulation du Thermoformage de thermoplastiques hargés de fibres ». In : 15 ème Congrès Français de Mécanique (3-7 sept. 2001). Nancy, France, 2001, p. 1-6. hal : hal-01805113 4. N. Bonfils, N. Chevaugeon, G. Marckmann et N. Moës. « Prise en compte d’une limite d’extensibilté en grandes transformations ». In : 9e Colloque National en Calcul des Structures (25-29 mai 2009). Giens, France, 2009. hal : hal-01422167v1 5. A. Lévy, S. Le Corre, A. Poitou et N. Chevaugeon. « Développement d’un code éléments finis pour simuler le soudage par ultrasons de matériaux composites ». In : Journées nationnales sur les composites, JNC 16 (Toulouse, France, 10-12 juin 2009). AMAC, 2009, 10 p. hal : hal-00387409 6. N. Moës, C. Stolz, P.-E. Bernard, N. Chevaugeon et al. « Modélisation de l’endommagement par l’évolution d’une fonction de niveau: le modèle TLS ». In : 10e colloque national en calcul des structures (presqu’île de Giens, (Var), 9-13 mai 2011). 2011 2.4. LISTE COMPLÈTE DES PUBLICATIONS 7. 37 P.-E. Bernard, N. Moës et N. Chevaugeon. « Améliorations et validation du modèle d’endommagement par level set épaisse (TLS) ». In : 10e colloque national en calcul des structures (presqu’île de Giens, (Var), 9-13 mai 2011). 2011. hal : hal-00595891 8. C. Stolz, N. Moës, P.-È. Bernard et N. Chevaugeon. « Modèles d’endommagement par level-set épaisse: solutions analytiques et simulations ». In : 10e colloque national en calcul des structures (presqu île de Giens, (Var), 9-13 mai 2011). 2011, 8-p. hal : hal-00592732 9. G. Legrain, N. Chevaugeon et K. Dréau. « Simulations de géométries complexes avec X-FEM et Level-Sets : Séparation de l’approximation et de la géométrie ». In : 10e colloque national en calcul des structures (presqu’île de Giens, (Var), 9-13 mai 2011). Giens, France, 2011, Clé USB. hal : hal-00592785 10. N. Chevaugeon, P.-E. Bernard et N. Moës. « Damage growth modeling using the Thick Level Set (TLS) approach ». In : 20ème Congrès Français de mécanique (Besançon, Francd, 28 août-2 sept. 2011). keynote. 2011. hal : hal-03920378 11. N. Moes, C. Stolz, N. Chevaugeon et A. Salzman. « Endommagement diffus et approche par level-set épaisse (TLS) de la transition endommagement rupture ». In : 11ème colloque en calcul des structures (CSMA-2013) (Giens, France, 13-17 mai 2013). 2013 12. A. Salzman, N. Moës et N. Chevaugeon. « Simulation tridimensionnelle d’initiation, propagation et coalescence de fissures dans des structures à matériaux quasi fragiles avec le modèle d’endommagement par level set épaisse ». In : 12ème colloque national en calcul des structures, CSMA2015 (18-22 mai 2015). Giens, France, 2015, p. 1-5. hal : hal-01400462 13. N. Chevaugeon, M. Graveleau et N. Moës. « Approche level-set pour la résolution de problèmes comportant des inégalités : application au cas de membrane contactant un solide rigide. » In : 12ème colloque national en calcul des structures, CSMA2015 (Giens, France, 18-22 mai 2015). 2015. hal : hal-01517310/ 14. N. Chevaugeon et N. Moës. « Régularisation de Lipschitz pour la modélisation de l’endommagement ». In : 13 ème Colloque National en N. Chevaugeon et N. Moës. « Régularisation de Lipschitz pour la modélisation de la fissuration par l’endommagement ». In : 25ème Congrès Français de mécanique (CFM) (Nantes, France, 29 août-2 sept. 2022). 2022 16. R. Gopalsamy, O. Chupin, N. Chevaugeon, J.-M. Piau et F. Hammoum. « Lipfield approach for modeling strain softening in viscoelastic materials ». In : Congrès Français de mécanique (CFM) (Nantes, France, 29 août-2 sept. 2022). 2022 17. N. Moës, J.-F. Remacle, J. Lambrechts et N. Chevaugeon. « Déformation eXtrême de maillage (X-MESH) : un nouveau paradigme pour le suivi de surfaces physiques, application au changement de phase ». In : 25ème Congrès Français de mécanique (CFM) (Nantes, France, 29 août-2 sept. 2022). 2022 38 CHAPITRE 2. SYNTHÈSE DES ACTIVITÉS D’ENCADREMENT ET DE RECHERCHE II Introduction au dossier recherche Au vu de la diversité de mes travaux, il a été difficile de trouver une ligne directrice pour écrire ce document. Après moult tergiversations, il m’a semblé finalement plus simple de les présenter par ordre chronologique, décrivant ainsi mon parcours de manière plus fidèle. On fera l’impasse sur mes travaux de thèse qui ne sont pas l’objet de ce document. Pour que le lecteur puisse apprécier la variété de mes travaux, je signalerais juste ici que cette thèse fut consacrée à l’étude des membranes hyperélastiques en grandes transformations. J’ai pu développer une discrétisation originale par éléments finis de classe de continuité C1 et une méthode de résolution implicite capable de détecter et de parcourir les branches bifurquées apparaissant autour des points d’équilibres instable . Des lois de comportement hyper-élastiques anisotropes y ont été incorporées pour traiter d’applications à la modélisation du procédé de moulage par soufflage de préformes minces chargées de fibres orientées. Cette digression terminée, venons-en au plan de la suite de ce document. Le premier chapitre se concentre sur des développements autour de la méthode Galerkin Discontinue (DG), correspondant à mes années de postdoctorant, d’abord au Rensselaer Polytechnic Institute (RPI, état de New York, USA) puis à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve (UCL, Belgique), pendant lesquelles j’ai longuement collaboré avec Jean-François REMACLE. J’ai travaillé sur des applications de DG, d’abord à la résolution de problèmes de mécanique des fluides eulériens. Ce sont ces travaux qui seront traités avec le plus de détails dans ce premier chapitre. Je ne ferais qu’évoquer les applications à la résolution de problèmes d’aéro-acoustique, d’océanographie (shallow water) et d’écoulement à surface libre que j’ai eu l’occasion de traiter à l’UCL et où l’accent a rapidement été mis sur des versions haut ordre de DG. Versions qui, outre les intérêts en termes de convergence, peuvent permettre de tirer parti au maximum des capacités des processeurs. Pour ce qui est des problèmes à surface libre, la représentation de ces surfaces était traitée à l’époque à l’aide de level sets. Des level sets qui reviendront en force à plusieurs points clés du mémoire, en commençant par le deuxième chapitre correspondant à mes premières activités suivant ma prise de post de maître de conférences à l’École centrale de Nantes au sein du GeM. En effet, en collaboration avec le Professeur MOËS, j’ai d’abord travaillé sur la méthode X-FEM, pour des problèmes de mécanique du solide comportant des interfaces franches (interface matériaux, fissures). Pour représenter les surfaces indépendamment du maillage nous utilisons en effet encore des level sets. Le lien était trouvé avec mes travaux précédents. Sur la méthode X-FEM elle-même, quelques contributions sont apportées dans le cadre de la fissuration avec la proposition de nouvelles fonctions d’enrichissement des pointes de fissure et l’intégration robuste des formes bilinéaires ainsi que l’extraction des facteurs d’intensité de contraintes. Puis, tirant parti de ma compréhension de l’intérêt des méthodes haut ordre, au cours de la première thèse de doctorat que j’ai pu officiellement encadrer, j’ai proposé et fait tester une stratégie pour une implémentation haut ordre d’X-FEM. Le troisième chapitre est consacré à la méthode "ILS" pour "Inequality Level set". Il ne s’agit 42 plus là d’améliorer des méthodes existantes, mais plutôt de développer d’une approche originale permettant, à terme, de mieux résoudre numériquement des problèmes réputés difficiles. En l’occurrence, le traitement de problèmes comportant des contraintes d’inégalités, comme le contact. L’idée est de remplacer un problème comportant des inégalités par une série de problèmes classiques, c’est-à-dire sans inégalité. On divise, a priori, le problème en deux domaines séparés par une interface définie explicitement. Sur chaque sous-domaine, un problème classique est défini et résolu, tel que sur l’un, la contrainte n’existe pas, sur l’autre, elle est saturée. On peut alors vérifier si le résultat est compatible avec les inégalités. Si ce n’est pas le cas, l’interface est mise à jour. Le problème devient donc de trouver la bonne position de l’interface pour que les résultats vérifient les inégalités. L’inconnue principale devient donc ici la position de l’interface. Là encore l’outil level set autant que les techniques d’enrichissement s’avéreront précieux en permettant de prendre en compte correctement les irrégularités des champs localisées sur l’interface, ouvrant ainsi la voie à des discrétisations haut ordre des problèmes de contacts. Ces travaux ont pu être développés pendant les thèses de Nicolas BONFILS et Mathieu GRAVELEAU que j’ai co-encadrés. Le dernier chapitre relate mes travaux autour de l’endommagement. Il est divisé en deux sections, chacune décrivant une approche pour régulariser un modèle d’endommagement local. Dans la première section, je ferais une présentation de la TLS Thick Level Set") que nous avons commencé à développer avec Nicolas MOËS et claude STOLZ autour de 2010. Rapidement, un projet s’est monté autour de la méthode, projet qui a été financé par l’Europe à partir de 2012 : le projet ERC-XLS (paragraph 2.2.1). Le projet et ses suites ont donné lieu à plusieurs thèses et postdoctorats au laboratoire qui ont permis de développer la méthode avec un certain succès. On a pu montrer certains avantages par rapports aux autres méthodes de régularisation. Ayant participé à ces travaux depuis le début, cette méthode a évidemment sa place dans ce mémoire. J’en décrirais donc les grandes lignes puis montrerais quelques résultats significatifs avant de présenter un des points plus technique qui permettent d’améliorer la représentation numérique de la géométrie du modèle. Plus récemment, autour de 2020, les difficultés pour continuer à améliorer la TLS commençaient à apparaître. Nous étions de plus en plus frustrés par les complexités géométriques et de discrétisation rendant une implémentation efficace du modèle trop difficile. Suite à de nombreuses discussions, nous avons fini par comprendre que l’idée vraiment importante n’était pas de paramétrer l’endommagement par rapport à la distance à un front de dégradation mobile, mais plutôt de contraindre le gradient d’endommagement à rester inférieur à une limite. Mais nous ne voulions pas forcer une trop grande régularité au champ d’endommagement : dans la TLS par exemple, sa dérivée n’était pas continue partout. Des sauts de pentes étaient autorisés sur le front de dégradation d’une part et sur son "squelette de distance" 1, d’autre part. Nous-nous sommes tournés vers la continuité de Lipschitz, permettant de décrire plus précisément ce qu’on voulait : imposer que la différence d’endommagement entre deux points ne puisse pas être supérieure à leur distance divisée par une longueur caractéristique. Cette idée s’est avérée fructueuse et finalement beaucoup plus facile à décliner que la TLS. Nous avons donc publié rapidement deux articles [Moë+21b ; Che+22a] au sujet de cette nouvelle approche, dénommée Lip-field. C’est cette approche, ses premiers résultats et les suites que l’on compte y donner dans les années à venir qui constituent le corps de la deuxième section de ce dernier chapitre. Je conclurais finalement ce mémoire en faisant le point sur mes travaux en cours et les nouveaux projets qui commencent, en vu de tracer une perspective sur les 5 années avenir. 1. appelé aussi l’axe médian, le lieu des centres des boules incluses à l’intérieur du front qui sont maximales pour l’inclusion. 1 Contributions aux Méthodes Galerkin Discontinue 1.1 Introduction et Bibliographie 1.1.1 Contexte et circonstances Ma rencontre avec la méthode de Galerkin Discontinue (Discontinuous-Galerkin : DG) date de janvier 2002, dès le début de mon postdoctorat au SCOREC 1, au sein du RPI 2. Tout frais sorti de ma thèse sur les membranes, je faisais face à plusieurs niveaux, à des défis qu’il a fallu relever. Je me suis retrouvé plongé dans un nouvel environnement : la mécanique des fluides. En effet, il m’a fallu non seulement découvrir cette nouvelle méthode, mais en plus l’appliquer à un domaine que je connaissais très peu, en l’occurrence les équations des fluides parfaits (non-visqueux) compressibles, dans des régimes extrêmes (chocs et explosions). Pour accentuer le "choc culturel", il a fallu aussi se plonger dans un environnement d’outils informatiques loin de m’être familiers à l’époque, même si j’en avais bien pressenti l’intérêt. Le souhait de maîtriser ces outils avait lourdement pesé dans mon choix pour ce postdoctorat. En effet, tous les développements au SCOREC étaient faits en C++, avec une culture de l’interopérabilité entre les composants logiciels qui était fondamentale. Tous les développements étaient partagés et collaboratifs au sein du SCOREC, sous la direction de Mark SHEPHARD. Station de travail sun, compilation complexe, gestion de versions, calculs soumis sur la queue d’un serveur et surtout calculs parallèles distribués (MPI), autant d’outils qu’il a fallu maîtriser pour participer aux développements de logiciel dans cet environnement. J’étais loin des développements solitaires en FORTRAN, même 90 orienté objet, au cœur de ma thèse. Je ne saurais remercier suffisamment le professeur Jean-François REMACLE pour l’aide qu’il m’a apportée à cette époque en m’accueillant au sein du SCOREC. Ces efforts portèrent leurs fruits et j’ai continué à travailler intensément avec Galerkin discontinue pendant mon second postdoctorat, de 2004 à 2006, à l’UCL, où j’ai travaillé à nouveau avec Jean-François qui avait pris son poste là-bas entre temps. Mais parlons plutôt de Galerkin discontinue puisque c’est le titre du chapitre. 1.1.2 Bibliographie Si la méthode n’avait pas encore son nom à l’époque, elle est généralement attribuée à Reed et Hill [Ree+73] qui décrivent dans leur rapport de 1973 une méthode explicite pour le traitement de la propagation de neutron (une équation linéaire de transport avec divers termes source) à l’aide 1. SCOREC : Scientific Computation Research Center 2. RPI : Rensselaer Polytechnic Institute 43 44 CHAPITRE 1. CONTRIBUTIONS AUX MÉTHODES GALERKIN DISCONTINUE d’une discrétisation discontinue, polynomiale par morceaux sur un maillage de triangles. La méthode a ensuite été rapidement analysée par Lesaint et Raviart en 1974 [Les+74]. Douze ans plus tard, Johnson [Joh+86] prouve, dans le cas de maillage régulier, la convergence et la stabilité de la méthode et donne des premiers estimateurs d’erreurs a priori, toujours pour les problèmes linéaires de transport, dans le cas de solutions régulières. Ces résultats sont confirmés numériquement par Peterson [Pet91]. Richter [Ric88] affine les résultats de convergence dans le cas de maillage structuré et prouve que l’ordre optimal de convergence (hp+1 ) est atteint dans ce cas. Lin et Zhu ont étendu l’analyse au cas des solutions non-régulières [Lin+93], suivi par [Coc+08]. Des techniques pour améliorer les solutions par post-traitement, aboutissant notamment à des estimateurs d’erreurs a posteriori, très utiles aux méthodes adaptatives ont été proposées [Coc+03 ; Cur+08]. Il est vite apparu qu’un des avantages de DG est la facilité avec laquelle on peut augmenter l’ordre de la discrétisation spatiale, indépendamment du maillage, en augmentant l’ordre de la base polynomiale dans les éléments, de manière indépendante d’un élément à l’autre. Cette précision spatiale devait s’accompagner de schémas de discrétisation temporelle adaptés, rendant le schéma de résolution à son tour stable, et à haut ordre de précision à la fois en espace et en temps. De tels schémas ont été proposés dans [Coc+89 ; Coc+89 ; Coc+90] sous la forme des schémas dits RKDGM ("Runge–Kutta discontinuous Galerkin"). Les revues de 2000 par cockburn [Coc+00] puis plus tard l’ouvrage de Warburton [Hes+07] ont largement contribué à la popularisation des méthodes DG. Elles sont couramment appliquées à la résolution de problèmes hyperboliques et de lois de conservation : advection, équations de Maxwell ou d’Euler par exemple. L’application des schémas DG aux termes diffusifs [Coc99] ou aux équations elliptiques est plus difficile et a fait l’objet d’une large littérature à partir de la fin des années 90 [Bas+97 ; Coc+98 ; Ode+98 ; Bau+99 ; War+99a ; War+99b ; Arn+02] donnant naissance à la famille des schémas dit "LDG" (local discontinuous galerkin) et ont été reliés aux méthodes de décomposition de domaine [Nit71] par Zienkiewicz dans sa revue de 2003 [Zie+03]. Ces travaux ont permis de montrer l’applicabilité de la méthode sur les équations de Poisson, de l’élasticité d’Helmoltz ou de NavierStokes. Les différentes versions des formulations pour les problèmes elliptiques ont pu être placées dans un cadre unifié dans les travaux de Arnold [Arn+02]. Les équations dispersives (type Kortevegde-Vries par exemple) ont aussi été attaquées à la même époque ([Yan+02 ; Wei+13]). L’intérêt pour les méthodes Galerkin discontinues ne semble pas diminuer ces dernières années. En effet, selon Scopus, près de 700 documents contenaient ces mots dans leur titre, leur résumé et ou leurs mots-clefs en 2022, après un pic à 800 en 2019. Il semble pourtant que si la méthode a fait son chemin en mécanique des fluides où les termes de transports ou d’advections sont dominants, elle reste, malgré les de recherche conséquents, confinée au domaine académique pour ce qui est des applications en mécanique du solide où les éléments finis "classiques" restent prédominants.
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Le Français au Gabon : émergence d'une norme endogène : le cas de la presse écrite
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2.3.1. Alternance Pro Pers sujet en Pro Pers objet Deux formes se manifestent pour le pronom personnel dans le FPEG. Cela correspond à ce que Manessy (1994) et (1995) décrit des processus de vernacularisation ou même de créolisation sans pidgin. Devant les verbes impersonnels ou les verbes d’état, l’alternance du pronom personnel objet n’est pas du tout conforme aux contraintes d’emploi du pronom personnel qu’imposent les différents contextes phrastiques. Dans son mémoire de maîtrise, Mbondzi (1998) relève qu’au niveau du lexique et de la grammaire, les oppositions lui/les et lui/le posent problème. La confusion est souvent totale, "lui" étant en variation libre avec les, l’ai et leurs ou le, l’. Il en est de même avec l’opposition les/leur neutralisé en les. L’opposition dont/que, auquel/dans lequel ; que/où n’est pas faite. L’auteur constate que « que » s’utilise dans toutes les constructions relatives. [DEM11]-Mè o derier de lui lé mercédès ké lui yété komandé fini rivé o por dé ovindo (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 361 2.3.2. Ké La particularisation du français par les pronoms personnels se traduit aussi par l’emprunt linguistique du pronom personnel réfléchi ké en pounou qui peut se rendre par tous les pronoms réfléchis en français standard. [DEM4]-Lui ké froté lé min (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). Le pronom réfléchi kè, souligne Blanchon (1980) correspond à tous les pronoms réfléchis français : me, te, se, nous, vous, se. Et puis, le verbe réfléchi est marqué par le morphème ke qui est invariable et suit le formatif. 2.3.3. Omission du pronom personnel réfléchi La particularisation du français par les pronoms personnels se traduit par l’omission du pronom personnel réfléchi alors que le verbe pronominal exige l’usage d’un pronom réfléchi. Apparaît un phénomène de thématisation. [DEM8]-Zenpièr i fwaché (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). Hattiger (1981) au sujet de la thématisation du constituant sujet en FPA, souligne qu’elle s’opère d’une manière tout à fait identique à la façon dont elle s’opère en LC : le nom sujet est repris, devant le verbe, par un pronom de rappel. Ce procédé est très répandu dans les langues du Gabon. 2.3.4. Extension de Nhum Pro pers en N La particularisation du français pour les pronoms personnels se manifeste aussi par des effets de thématisation et de mise en relief comme dans le syntagme composé d’une extension du nom propre suivi du pronom personnel de la troisième personne du singulier qui connaît une troncation par la disparition du "l" à la fin. [DEM15]-Mbongo i vouayé Zenpier a ovindo la kon fè légaz (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 2.3.6. Extension de N en NPropers La thématisation est rendue par un groupe de mots constitué d’un déterminant, d’un nom commun et d’un pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier qui connaît une troncation par la disparition du "l" à la fin. 362 [DEM3]-In zour lé téléfone i soné grin grin o delta (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8) 2.3.7. Extension de N de N en N de N Pro pers La thématisation est rendue par un groupe de mots constitué d’un déterminant, d’un nom d’un groupe prépositionnel et d’un pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier qui connaît une troncation par la disparition du "l" à la fin [DEM13]-Lézome di por i di lui ké la mercédès ké lé pétété yéyé komnadé fini rivé (b pol indet la dem 1 Thérès Andjouomo p. 8). B. Les particularités du syntagme verbal Le verbal et sa complémentation verbale sont étudiés selon les orientations relatives aux travaux de Manessy (1985), (1994) et d’Akissi (2002). Les observations sur un corpus oral du français pratiqué en Afrique et sur la flexion verbale dans le français populaire d’Afrique s’inscrivent dans la considération d’un français populaire comme l’indique Manessy (1985 : 255) : « le français populaire d’Afrique que nous nous proposons d’examiner ici se présente sous un tout autre aspect. Il ne saurait être considéré comme issu par évolution naturelle du français importé à la fin du XIX siècle et diffusé par l’école. Au mieux apparaît-il comme une approximation fautive et au pis comme une corruption de celui-ci ». 1. Les particularités du verbal Les formes substantive et conjuguée du verbe ont été analysées dans le niveau lexématique pour ce qui est du français et des langues gabonaises. Les paradigmes verbaux dans lesquels se manifestent les écarts linguistiques se présentent sous plusieurs formes que sont l’infinitif, l’aoristique, le présent simple de l’indicatif, le passé simple de l’indicatif et le plus que parfait de l’indicatif. Pour des raisons de commodité pour notre propos, nous observerons les particularités du verbe dans le cadre syntaxique où son rendement paraît plus pertinent pour établir des généralisations 363 1.1. L’infinitif L’infinitif, dans le processus de particularisation, participe au niveau intralinguistique et interlinguistique par l’utilisation des ressources des langues gabonaises manifestées par la dérivation des apocopes et des emprunts. 1.1.1. La dérivation des apocopes Clandoter : action de faire usage du commerce dans le transport en commun sans être déclaré. [JOUR16]-L'idée que j'avais envisagée au départ, à savoir landoter une place dans une voiture particulière venue chercher un voyageur, s'envola.(le jour9 Abdoulaye Ndiaye p. 2). Ce néologisme se manifeste au niveau du mot qui est un verbe provenant de nom commun apocopéClandot +suffixe en français er marque de l’infinitif. 1.1.2. La dérivation des emprunts Kanguer. Boucher et Lafage (2000), var. Canguer, v. tr. dir. Fréq. (du douma”surprendre”), Oral surtout, argot urbain, péj. Surprendre. Prendre en flagrant délit. V.Canguer Syn. : pianer. [JOUR38]-Toi même, tu l'as dit : si je ne kangue pas en pleine action, je n'ai pas la preuve qu'elle donne ses fesses au libanais de la Phamarcie de la Forêt vierge! (le jour 9 Arthur Mbeng p. 13). Cette hybridation est composée du verbe et du suffixe. Le substantif verbal provient du douma et du pounou ukangue et le suffixe er est en français. 1.2. Les formes aoristiques Manessy (1994) décrit la forme aoristique comme étant non fléchie, dérivée de l’infinitif, le plus souvent en e. Partant de sa définition, les formes aoristiques dans le FPEG se manifestent par les verbes transitifs, les verbes réfléchis et par la réduction des désinences verbales. 1.2.1. Verbes transitifs Le verbe transitif n’a pas de spécificité particulière. [DEM3]-In zour lé téléfone i soné grin grin o delta (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 364 1.2.2. Verbes réfléchis La forme aoristique concerne dans notre corpus les verbes réfléchis. [DEM8]-Zenpièr i fwaché (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). La forme aoristique telle que définie par Manessy (1994) résulte de la tendance à substantiver la forme verbale sans tenir compte des contraintes morphologiques imposées par les règles de conjugaison. 1.2.3. Réduction de la désinence verbale Les effets d’homophonie entre er et é aidant, la simplification de la flexion verbale en forme aoristique en é devient la règle pour les non lettrés qui ne distinguent pas la différence entre un verbe du premier groupe et un autre du troisième groupe. Le verbe répondre qui selon les classifications de la grammaire traditionnelle appartient au troisième groupe, subit aussi une flexion verbale en é. [DEM17]-Il pondé ké lé vouatir-là sè pour moua sa mapartiene (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 1.3. Le présent simple de l’indicatif 1.3.1. Réduction de la désinence des verbes modaux Les écarts linguistiques relatifs à l’usage du présent simple qu’impose le contexte phrastique, se manifestent par une réduction de la désinence verbale, par les aphérèses, par l’amalgame entre le pronom démonstratif et le verbe, par la syllabisation de la dernière consonne avec l’ajout d’un e à la fin. Les écarts linguistiques relatifs au présent simple de l’indicatif qui se manifestent par la réduction de la désinence verbale concernent les verbes défectifs. L’économie de l’allomorphe dans les verbes à alternance radicale (voul dans le cas du verbe « vouloir », sav dans le cas du verbe « savoir »), est la marque d’un non dressage scolaire. [DEM9]-Vou sè ké avan avan souah yétè le dirktèr zénéral dè pétété (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 1.3.2. Les aphérèses Pèle : v. prés.ind.appelle 365 [DEM10]-Mè lome kon pèle mengue vélo ou mvolo avec le signapostel pour lui fè lé grève pour sassé Souah (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 1.3.3. Syllabisation de consonne La syllabisation de la dernière consonne avec l’ajout d’un e à la fin marque de la méconnaissance des règles de conjugaison pour les personnes qui n’ont pas connu un dressage scolaire. [DEM17]-Il pondé ké lé vouatir-là sè pour moua sa mapartiene (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 1.4. Le passé simple de l’indicatif Il est tout à fait évident avec Lafage (1998) que les nuances principales d’aspects sont données de façon analytique. L’accompli s’exprime sur le modèle du passé composé avoir conjugué au présent et suivi de la forme verbale invariable. L’inaccompli est rendu par l’auxiliaire aller conjugué au présent, suivi de la forme verbale invariable. 1.4.1. Les aphérèses Les aphérèses ne connaissent pas de modification formelle comme l’exige les règles de contraintes morphologiques liées au temps et à la personne. Pondé : v.passé simpl. Ind.répondit [DEM17]-Il pondé ké lé vouatir-là sè pour moua sa mapartiene (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 1.4.2. V. def +PP. Les écarts linguistiques correspondant à l’usage du passé simple de l’indicatif dans le FPEG se manifestent par un renforcement du verbe finir pour marquer la force de l’aspect accompli. Le verbe finir prend la nature d’un auxiliaire. [DEM6]-Lézané fini passé (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 366 1.5. Le plus-que-parfait de l’indicatif Les écarts linguistiques pour l’usage du plus-que-parfait de l’indicatif dans le FPEG se manifestent par l’omission d’un auxiliaire mais aussi par la confusion entre l’usage de l’auxiliaire être et avoir. .1. Omission d’un auxiliaire [DEM10]-Mè lome kon pèle mengue vélo ou mvolo avec le signapostel pour lui fè lé grève pour sassé Souah (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). Le contexte phrastique est composé d’une proposition principale et d’une proposition subordonnée. Les valeurs exprimées par les deux procès relatifs aux deux propositions ne s’inscrivent pas dans le même axe chronologique. Ainsi, « pèle » pour « appelle » que nous avons déjà examiné dans le niveau lexématique, décrit une action qui porte la marque d’un présent permanent (l’homme qu’on appelle). « Fé lé grève » pour « avait fait grève », porte la marque de l’aspect accompli qui est souvent exprimé par un verbe au temps composé. Nous n’allons pas revenir sur les marques du contexte antérieur qui situent l’action dans un passé éloigné. Alors s’impose l’usage d’un plusque-parfait. L’omission de l’auxiliaire "avoir" exigé par les contraintes syntaxiques imposées par le contexte phrastique est surtout dicté par la force du verbe "faire" qui à lui tout seul exprime l’accompli sans nuance. 1.5.2. Confusion des auxiliaires Manessy (1994) fait remarquer que le choix des auxiliaires "être" ou "avoir", pour la formation des temps composés des verbes, est déterminé, en français standard, par la valence transitive ou intransitive de ceux-ci. Tous les verbes transitifs sont conjugués avec avoir. Tous les verbes pronominaux sont conjugués avec être s’ils expriment un état, un changement d’état ou un mouvement. [DEM11]-Mè o derier de lui lé mercédès ké lui yété komandé fini rivé o por dé ovindo (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). [DEM13]-Lézome di por i di lui ké la mercédès ké lé pétété yéyé komnadé fini rivé (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). Dans le FPEG, les écarts faisant référence à l’usage du plus-que-parfait s’accompagnent de la confusion des auxiliaires. Le verbe commander qui est un verbe 367 transitif exige l’usage de l’auxiliaire "avoir". Mais dans « yété komandé », c’est l’auxiliaire être qui se trouve employé. Manessy (1985 : 261) relève le fait que « le français populaire africain présente d’autre part une particularité qui ne paraît pas être attestée dans les variétés américaines : l’équivalence déjà signalée entre les formes de présent, de participe passé et d’infinitif que l’on constate fréquemment chez les basilectaux » Avec Manessy (1985), on voit l’existence d’un autre trait commun au français populaire africain et aux français d’Amérique qui est la quasi invariabilité de la forme verbale à l’intérieur des différents paradigmes. 2. La complémentation verbale Pour le français standard, nous avons déjà évoqué les relations de complémentation du nom au niveau morphosyntaxique. Certes, celle-ci est liée à des noms prédicats. Ses spécificités au niveau syntaxique sont dans le syntagme verbal. Ses valences sont des verbes transitifs et intransitifs, très opératoires dans la production de la complémentation verbale prépositionnelle et non prépositionnelle. 2.1. La complémentation verbale dans le français standard Selon les principes descriptifs de la grammaire générative, la phrase se réécrit syntagme nominal concaténé au syntagme verbal sous la forme P→SN+SV. S’il est aisé et même facile d’adjoindre les compléments d’objet direct et indirect au syntagme verbal par leur caractère obligatoire ou non, le complément circonstanciel revêt une toute autre nature. En plus d’être facultatif, il est le complément de la phrase toute entière. 2.2. La complémentation verbale dans les langues gabonaises En pounou, la structure de la phrase indique Fontaney (1980) est constituée d’un Préfixe Verbal, d’un formatif, d’un thème, des extensions et d’une finale vocalique : Préfixe Verbal (tu nous) + Formatif (tsi avons) +Infixe (ji l’) + Thème (dibig ferm) + Finale (a ée). La classification des langues bantoues que fait Guthrie dans la version que donne Moussirou (1984) présente les langues gabonaises dans trois zones A, B et H. 368 Cette classification s’applique aussi à certaines langues hors du Gabon comme le yaka, langue H 31 faisant partie de la zone H. Elle est parlée en République Démocratique du Congo, dans la sous région du Kwango. Selon la compatibilité des verbes avec les infixes, Kutumisa (1999) fait observer trois types de complémentation : les infixes personnels N, ku, tu, du, les infixes de classe ou infixes non personnels N, ba et les infixes neutres Di. La zone H comporte aussi une langue gabonaise : le civili parlé dans le sud Gabon. Certains aspects de la langue yaka peut avoir le même fonctionnement de cette langue gabonaise. En yisangu, pour Idiata (1998), le complément d’objet est un constituant facultatif. La fonction objet peut être assumée par un syntagme nominal, un nom ou un substitut. Selon sa valence, un verbe peut avoir un ou deux compléments d’objets : lorsqu’il n’en comporte qu’un, celui-ci se place immédiatement après le verbe. 2.2.1. Les infixes non personnels En pounou, en yisangu, Selon Fontaney (1980), Idiata (1998) et Ondo (2000), l’infixe est le complément du verbe sans distinction formelle direct ou indirect. Les formes sont identiques à celles du préfixe verbal. La compatibilité des verbes assurent la manifestation de la complémentation verbale au moyen des extensions qui peuvent assumer les caractères obligatoire ou facultatif de l’infixe. Pour la transitivité en pounou et en yisangu, Is et us sont les extensions qui exigent cette fonction. Is, par exemple, est une extension employée pour indiquer qu’une impulsion morale ou physique s’exerce sur une personne, un animal ou un objet. La transitivité est une forme d’expression de cette extension. Exemple : Ubega apporter ubegisa « faire apporter par quelqu’un ». Exemple Uwenda marcher uwendisa faire marcher. In An peuvent assumer la transitivité et l’intransitivité. Exemple : Ugomina clouer. An, pour son cas, est une extension qui donne souvent l’idée de relation ou de contact entre deux personnes ou deux choses : mais elle peut exprimer aussi une 369 expérience interne à l’individu ; elle a parfois un sens réfléchi. Les verbes peuvent être transitifs ou intransitifs. Exemple Ubambana être près se rapprocher. La complémentation verbale dans les langues pounou et yisangu par les caractéristiques internes des verbes imposent l’obligation d’un infixe. Mais ce dernier peut être facultatif. Il en est une parfaite illustration. Sa valeur applicative s’emploie comme un bénéficiaire, ou un circonstanciel de temps, lieu, manière, cause. Cette forme directive suffixée au radical se transforme en ina après un radical terminé par m, n. Au passif, elle se rend par ulu, unu, suffi é au radical. L’infixe à caractère facultatif peut aussi se rendre par l’indéterminé singulier mwisi pluriel bisi. Il s’emploie pour indiquer le lieu d’origine d’un individu ou son lieu d’habitat. Exemple : Mwisi Moabi , habitant de la région de Moabi. 2.2.2. Les infixes personnels Selon Fontaney (1980), l’infixe est le complément d’objet pronominal du verbe direct ou indirect ne privilégiant aucune distinction formelle. La seule forme du préfixe verbal pour la première personne du singulier│N│ est admissible dans le syntagme. La première personne du singulier│N│ peut se combiner avec un autre infixe dans l’ordre │CV+N│. Jindasi │ji+N+las+i│ montre la moi (la maison). │N│ sans support vocalique. Les règles de la séquence │N│+1ère consonne du radical. On trouve par exemple /m/ devant une labiale (bi-labiale, labio-dentale), /n/ devant les consonnes dentales et palatales. Devant les occlusives sourdes, soit d’origine, soit provenant d’une fricative sonore, la nasale de l’infixe peut rester sonore ou devenir sourde. 370 2.3. La complémentation indirecte des particularités La complémentation verbale indirecte se place après le verbe alors que les contraintes syntaxiques du français imposent qu’il le précède. [DEM13]-Lézome di por i di lui ké la mercédès ké lé pétété yéyé komnadé fini rivé (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 2.4. N+de+N+de+N. Les expansions de la complémentation du nom obéissent à des règles syntaxiques du français et des langues gabonaises qui admettent ce genre de construction. Le phénomène de particularisation vient du fait de l’impact du code oral sur l’écrit par le relâchement de la prononciation marquant les propos basilectaux. [DEM14]-Aliber Mbongo i di ké Banguebé i fo kité le place dotrui dé Souah (b pol indet la dem 1 Thérèse jouomo p. 8). 2.5. Le complément circonstanciels des particularités 2.5.1. A+N+de+Pro La complémentation tient lieu d’un syntagme complétif régi par des règles d’une grammaire des langues gabonaises quant à la représentation spatiale des objets. Le référent n’est pas le même qu’il s’agisse du français standard ou des langues gabonaises. [DEM11]-Mè o derier de lui lé mercédès ké lui yété komandé fini rivé o por dé ovindo (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 2.5.2. A+N+de+N La complémentation prépositionnelle est supportée par des prépositions en français standard ou dans les langues gabonaises. Sa spécificité tient du fait de l’absence d’amalgame qu’impose le français dans ce genre de contexte. Les langues gabonaises admettent plus facilement des syllabes qui peuvent comporter un sommet vocalique suivi d’une ou de plusieurs voyelles. [DEM11]-Mè o derier de lui lé mercédès ké lui yété komandé fini rivé o por dé ovindo (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 371 2.4.4. Chez +N La complémentation prépositionnelle circonstancielle dans ce contexte connaît sa spécificité par l’apocopéisation de la préposition qui l’introduit. [DEM16]-Lé boy pour lui di ké sè aché Banguebé o kan Dégol (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 2.5.2. A+N La complémentation prépositionnelle est supportée par des prépositions en français standard ou dans les langues gabonaises. Sa spécificité tient du fait de l’absence d’amalgame qu’impose le français dans ce genre de contexte. Les langues gabonaises admettent plus facilement des syllabes qui peuvent comporter un sommet vocalique suivi d’une ou plusieurs voyelles. [DEM15]-Mbongo i vouayé Zenpier a ovindo la kon fè légaz (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). C. La subordination La subordination marque les contraintes syntaxiques de dépendance observées entre deux phrases. En français standard, pour les trois types, l’usage des verbes obéit aux règles de concordance de temps. Le même phénomène est observé dans les langues gabonaises. La spécificité est attribuée aux subordonnées des particularités. 1. Les complétives Sont examinées les subordonnées complétives dans les systèmes linguistiques soumis à nos réflexions : le français standard, les langues gabonaises et les particularités du FPEG. 1.1. Les complétives en français standard Dans la démarche d’Eluerd (2008), introduites par la conjonction de subordination "que", les subordonnées complétives sont des équivalents syntaxiques des GN dont elles remplissent les fonctions : sujet, complément d’objet, complément indirect de verbe, complément d’adjectif ou de nom. Ainsi, elles peuvent se substituer rappellent Riegel et alii (1997), à des groupes nominaux constituants du groupe verbal, ou plus rarement au groupe nominal sujet, voire à des groupes nominaux compléments 372 de noms et d’adjectifs. Les complétives infinitives admettent des constructions incluant les propositions infinitives, mais aussi celles dépourvues de sujet explicite. Les complétives peuvent revêtir des constructions interrogatives dites interrogatives indirectes ou même exclamatives. Exemple : Il faut que tu répondes. 1.2. Les complétives en pounou Dans l’analyse de Bonneau (1956), les propositions subordonnées forment presque toujours avec la conjonction qui les accompagne une expression totale : la conjonction change le sens des temps du paradigme du verbe, elle modifie la structure du verbe, en lui faisant prendre un ou plusieurs suffixes, elle tient lieu d’auxiliaire. 1.2.1. La contrainte de l’infinitif Dans l’étude de Bonneau (1956), assumant la fonction de complément d’objet direct, la complétive se met à l’infinitif Batsi patisa u sala. (On m’a forcé de travailler), exprimant le but d’une action kasa a tsi ndengila mu u we dji o mbug’andi (Kasa m’a appelé (invité) à aller manger chez lui dépendante d’un verbe exprimant une défense, comme : u kambisa, (empêcher), u gandisa, (interdire) ba ma gandisa u taba ngangâla dimbu. (On a interdit de traverser la cour du village). 1.2.2. La contrainte du subjonctif Le subjonctif est la règle de la complétive sans conjonction lorsque cette subordonnée dépend des verbes commander, (u ruma), demander, (u vonda), avertir, (u lubusa), et quelques autres de même sens. Exemple : lubusa Manduku a kë ruga (avertis Mandoukou qu’il vienne). 1.2.3. La contrainte de l’indicatif La subordonnée complétive se met à l’indicatif avec des conjonctions bwe ou ri. Exemple : ni ma ulu bwe (ri) Kasa la mudayi (j’ai entendu dire que Kasa est le voleur). Le présent de l’indicatif s’impose dans les complétives, après les verbes u laba, (voir), u labilila, (apercevoir), u rasunu, (trouver dans le sens de rencontrer), u tsukiga, 373 (prendre sur le fait), quand en français, la complétive peut se rendre par le participe présent. Avec un verbe transitif, le verbe dans la subordonnée se met au présent de l’indicatif (présent d’action à auxilaire i) Exemple Nzi rasunu bafudu ba dimbu, be Sali. J’ai trouvé les jeunes gens du village, ils travaillent (en train de travailler, travaillant). Avec un verbe d’état, comme être assis, être debout, le verbe, dans la subordonnée, se met au présent d’état si la complétive française peut se rendre par le participe passé. Exemple : Nzi laba magena dji silama mu difunda. (J’ai vu une panthère couchée dans un hallier). Etant locutrice du pounou, nous émettons une réserve quant à la traduction de Bonneau pour cette phrase pour dji, la phrase correcte pour nous serait Nzi laba magena ma silama mu difunda. 1.3. Les particularités des complétives. Sur le plan formel, le fonctionnement des subordonnées complé , ne diffère pas de celui du français standard. 1.3.1. Dépendance syntaxique de conjonction à conjonction La subordonnée complétive dans les particularités admet la dépendance entre deux conjonctions. [DEM12]-Vou sè ké kan zenpier i pran lé kognak lui sè michaaan (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 1.3.2. Alternance discours direct/ discours indirect La subordonnée complétive dans les particularités admet le mélange du style direct et du style indirect. L’oral et l’écrit s’emploient sur la même chaîne syntagmatique au dépend des règles du discours direct, par exemple qui impose l’usage des guillemets pour introduire les propos tenus par un tiers. [DEM14]-Aliber Mbongo i di ké Banguebé i fo kité le place dotrui dé Souah (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 374 2. Les relatives Le français standard et le pounou partagent un même fonctionnement syntaxique pour les subordonnées relatives. Dans les particularités du français, on ne peut soutenir le même propos. 2.1. Les relatives en français standard Dans la démarche d’Eluerd (2008), les propositions subordonnées relatives sont introduites par un pronom ou un adverbe relatif, dans quelques cas, par un déterminant relatif. Les relatives substantives se ramènent au groupe nominal par le comportement syntaxique et par les différentes fonctions comme celle de sujet, objet, attribut. La référence n’est pas assumée par le pronom introductif mais par la relative. Les démonstratifs ce ou celui peuvent servir à introduire la relative. Ce peut servir de support à la relative et fonctionner comme un déterminant qui substantive la subordonnée. Exemple : la fille que j’ai vue hier, est malade. 2.2. Les relatives dans les langues gabonaises Dans le travail de Mba (2001a), la proposition relative, une expansion secondaire énoncématique, est introduite par un morphème discontinu, à valeur démonstrative. Pour Idiata (1998), la forme du pronom varie selon le préfixe (la classe) de l’antécédent, selon le préfixe pronominal, qui, selon la place du sujet du verbe, peut ou non être préfixé au verbe de la relative, à la place du morphème d’accord. La structure relative est introduite par le préfixe pronominal, préfixé au verbe ou placé avant le sujet de celui-ci. 375 Tableau 49 Les formes du relatif en y isangu En pounou, dans l’analyse de Blanchon (1980), ce sont deux morphèmes différents (á-et –ò), qui assurent le processus de relativisation. Ce dernier est comparable à ce qui a été proposé pour les langues indo-européennes. Le groupe nominal qui répète l’antécédent, le « pivot » de la relativisation reçoit une marque-á ou– ò au choix, il est déplacé en tête de la proposition relative et pronominalisé. La combinaison de la marque de relativisation et du pronom constitue le « pronom relatif ». 2.3. Amalgame Adv+Prorel. La contraction de l ’ adverbe de lieu et du pronom relatif sert dans les particularités du FPEG à renforcer sa spécificité. [DEM15]- M bongo i vou ayé Zenpier a ovindo lakon fè légaz (b pol indet la dem 1 Thérèse Andjouomo p. 8). 3. Les circonstancielles Les propositions circonstancielles sont compléments de la phrase et présentent différentes modalités de fonctionnement en français standard et en pounou par exemple. Ces divergences syntaxiques peuvent s’observer dans les subordonnées circonstancielles des particularités du FPEG. 376 3.1. Les circonstancielles en français standard Outre leur caractère mobile et facultatif, les propositions subordonnées circonstancielles sont dans la démarche d’Eluerd (2008), des unités extérieures au noyau de base de la phrase. Les conjonctions ou les locutions de subordination interviennent dans des rapports temporels, causatifs, concessifs, ect. Le sens d’une subordonnée circonstancielle dépend de la mise en rapport des sens complets de la principale et de la subordonnée. Grevisse (1990) indique que les subordonnées compléments circonstanciels se rangent en divers groupes suivant l’espèce de circonstance qu’elles expriment. Le verbe de la subordonnée est soit à l’indicatif avec les verbes des principales au présent, au futur et au passé, soit au subjonctif. Exemple : Les enfants sont sortis quand leur père est arrivé. 3.2. Les circonstancielles en pounou Les subordonnées circonstancielles sont exprimées par l’intermédiaire des conjonctions de subordination en pounou. Selon Bonneau (1956), les conjonctions vana, ava, vo aident à traduire le passé et le futur. Le verbe se met au passé ou au futur, au temps convenable. Il prend le suffixe ila, ulu pour le passif ina, unu après une nasale n ou m. Exemple : vana Bapunu ba ma rugila o kumu murindi, ba m’i rasunu Balumbu. (Quand les Pounous sont venus à la savane de Mourindi, ils rencontrèrent les Loumbous). Exemple : vo mupusa ami o burila, ni u u ve (vega) mwana. (Quand ma chèvre mettra bas, je te donnerai un petit). Pour traduire le futur antérieur, on emploie pa ; et le verbe se met au parfait éloigné (auxiliaire ma). Le futur antérieur est souvent employé à la place du futur simple. Exemple : Pa manga a ma tebuga, tu u ye sola manungi. (Quand la saison sèche sera commencée, nous irons débroussailler nos plantations). Quand la notion de temps est tout à fait accessoire, on emploie la conjonction pa et le verbe se met au temps narratif ou au présent de l’indicatif. 377 Exemple : pa u kë bela, ou, pau i beli, u y a dji nyama. (Quand tu seras (es) malade, ne mange pas de viande). 3.3. Alternance oral/écrit. La spécificité des subordonnées circonstanci elles dans les particularités du FPEG est liée à l’usage des codes écrit et oral sans les contraintes syntaxiques qu’ imposent les discours direct et indirect. [DEM12]-Vou sè ké kan zenpier i pran lé kognak lui sè michaaan (b pol indet la dem 1 Thérès e Andjouomo p. 8). 378 Section 6 : Le niveau sémantique des particularités. L’analyse du niveau sémantique des particularités linguistiques du FPEG, ne comporte pas la confrontation entre le français standard et les langues gabonaises soumises à not re étude. L’objet est très vaste et se trouve peu opérationnel pour nos démarches. Les particularités sémantiques, constituent des données pertinentes quant aux processus d’endogénéisation du français. Le transfert des sèmes révè lent le caractère régional des items. A. la sémantique lexicale et la néologie sémantique Les caractéristiques de la sémantique sont liés à la substance du signifié d’un signe constitué d’un ensemble de traits distincts de signification. Tel est le propos de Pottier (1985) pour qui, le signe minimal ou morphème est constitué de traits significatifs et l’ensemble est appelé sémème. Les sèmes ne sont pas tous de même nature, les uns sont dénotatifs et déterminent d’une façon stable et avec une vaste assise sociale la signification d’un signe. D’autres sont connotatifs et caractérisent d’une façon instable et souvent individuelle la signification d’un signe Dans cette optique, Lehmann et Berthet (2008) soulèvent explicitement la question de la signification. Dans leur démarche, la sémantique lexicale étudie l’organisation sémantique du lexique en analysant le sens des mots et les relations de sens qu’ils entretiennent entre eux. Gaudin et Guespin (2000) précisent que la néologie résulte d’une innovation, d’une mutation ou d’une évolution au seul niveau du sens. La néologie sémantique est moins spectaculaire. Elle reste aussi une source importante d’enrichissement du lexique, elle recouvre l’ensemble des procédés qui provoquent, ou permettent l’apparition de nouvelles formes. La métaphore et le calque en sont une parfaite manifestation. 1. La métaphore La recherche des manifestations des particularités linguistiques est un aspect pertinent pour la métaphore. Il apparaît en plus avec ces mêmes auteurs que la métaphore est un trope par ressemblance, qui consiste à donner à un mot un autre sens en fonction d’une comparaison implicite. Ainsi, une relation métaphorique unit 379 l’acception A « de perle » à l’acception dérivée B « en vertu d’une ressemblance » (/rareté/ et /excellence/) entre les deux acceptions. Perle A : « petite bille de nacre » B : « personne remarquable dans un domaine ». Le transfert des sèmes peuvent s’effectuer du concret au concret, du concret à l’abstrait. Dans l’analyse de Lehmann et Berthet (2008), la relation métaphorique opère d’une acception concrète à une acception abstraite. Ce qui est le processus typique de la métaphore. Le sémème concret d’un substantif désigne un emploi dénotant un référent. Le sémème abstrait, par contre, désigne un référent qui n’est pas considéré sous son aspect sensoriel. Tel est le cas du passage du concret au concret qui se manifeste entre deux référents distincts : la banane A représentant un fruit et la banane B qui dénote un chignon. Le passage du concret à l’abstrait se lit par le verbe brancher A qui indique l’acte de rattacher un circuit secondaire au réseau principal ; brancher B qui note l’acte de mettre au courant. 2. Le calque Les langues substrats constituent un terreau fondamental quant à la formation des particularités. L’emprunt et la traduction selon Gaudin et Guespin (2000), figurent dans le calque. Les locuteurs utilisent, dans une langue cible, un signifiant en lui accordant un signifié nouveau ayant une valeur sémantique dans une langue source. L’intégration formelle d’un signe emprunté se manifeste par une traduction littérale, par transposition d’un mot ou d’une construction d’une langue dans une autre, par traduction. C’est le cas de gratte-ciel qui est la traduction de sky-scraper. Les calques sémantiques se distinguent des calques formels ou morphologiques. Les premiers consistent à emprunter des sens nouveaux pour un signifiant ayant existé antérieurement. Ils relèvent de la néologie sémantique. Les seconds sont la traduction littérale d’expression étrangère. Les signes sont nouveaux mais formés d’éléments prééxistants. Les calques formels sont entrés dans l’usage du français, l’expression "quartier maître" est formée d’après le schème linguistique de l’allemand "quartier meister". 380 B. Les particularités sémantiques Les particularités, au niveau sémantique, se manifestent sur les niveaux intralinguistiques et interlinguistiques. Les paraplasmes par adjonction, les métalogismes par adjonction, les calques formels, les métaphores, les calques sé tiques intralinguistiques et les calques sémantiques interlinguistiques, participent à l’acclimatation du FPEG par rapport au contexte gabonais. 1. Les paraplasmes par adjonction Lafage (1990b) explique que les paraplasmes par adjonction consistent en un cliché aménagé. Recolté les tarots qu’il a semés : de la maxime on récolte ce qu’on sème. [PEU4]-Avec cette affaire, l'enfant terrible de l'opposition gabonaise a récolté les tarots qu'il a semés. (le peu1 kisito de wasykoto p. 2). Il ne faut pas changer le balai d’épaule : de la maxime il ne faut pas changer le fusil d’épaule. [UNION94]-Quand on n'arrive pas à convaincre les gens (qui n'ont qu'à s'acheter des sacs-poubelle et à les mettre dans un bac, alors qu'ailleurs, on paie des impôts-poubelle) d'une évidence, es-ce-qu'il ne faut pas changer le balai d'épaule? (b.pol.det.l'un la rédac 8015 p. 1). La raison du plus (...), un abus d’autorité, quoi : de la maxime la raison du plus fort est toujours la meilleure. [UNION103]-C'est vraiment ce qu'on appelle la raison du plus...gradé, un abus d'autorité, quoi. (b.pol.det.l'un la rédac 8018 p. 1). Enfin, hippocrate reconnaitra les siens : de la maxime Dieu reconnaîtra les siens. [UNION142]-Enfin, Hippocrate reconnaîtra les siens. (b.pol.det.l'un 8029 p. 1). L’aménagement des clichés peut se porter sur un aliment propre au contexte gabonais comme tarot, qui est un tubercule cultivé dans les zones tropicales, en l’occurrence au Gabon. Mais l’aménagement peut être un déplacement d’une pratique sociale vers une autre. C’est le cas avec "hypocrate" relevant de deux réalités dont l’une sur l’expression « Dieu reconnaitra les siens » du domaine de la croyance et des pratiques qui lui sont liées et l’autre sur « le serment d’hyppocrate » du domaine de la médecine. 381 2. Les métalogismes par adjonction Il est utile de distinguer avec Lafage (1990b) que les métalogismes par adjonction traduisent une certaine surabondance de termes en donnant plus de force à la même idée. Deux frères même père même mère loc. inv. var même père et mère, Oral. Se dit des frères et sœurs qui possèdent des géniteurs identiques Boucher et Lafage (2000). [SCRIB103]-On parle ainsi de deux frères même père même mère, qui feraient des pieds et des mains pour s'adjuger la part du lion:(b pol det le scrib Germain Lendoye 79 p. 3). 3. Les calques formels Neveu du cousin de l’oncle de ma bonamie [UNION285] D’après le récit que m’a fait le neveu du cousin de l’oncle de ma bonamie qui est planton là-bas au Trésor, l’établissement ferme normalement ses portes ce jour-là, mais continue de servir les usagers restés à l’intérieur. (b pol det l'un 8013 p. 1). 4. Les métaphore s Carreaux ou fuites (émanant d’un vendu ou corrompu) Carreau n, m loc. verb carreau -, (avoir le ---), argot des jeunes urbanisés. Avoir du succès. Anton.: casser le carreau loc verb Fréq, oral surtout, mésolecte. Rabaisser la valeur, ternir l’image d’une personne syn.: avoir le poing. Boucher et Lafage (2000) attestent du caractère endogène de cet écart. [NAT8]Le fait que de plus en plus d’élèves comptent d’abord et avant tout sur la perspective des carreaux ou fuites émanant d’un vendu ou corrompu de l’office du baccalauréat du vieux Gannier, avant l’examen. (la nat 13La Rédac p. 5). Dix roues (femmes enceintes) : expression désignant une femme ence . [NAT3]-Les trois agents (dames) qui gèrent ce service sont la cible des dix roues (femmes en grossesse) qui viennent pour leurs visites. (la nat14 Solange Kombila p. 1). Saluer le képi du chef : expression désignant l’acte de corruption d’un agent de force de l’ordre. [UNION243]-Prenant les devants, le chauffeur est descendu saluer le képi du chef. 382 La houe salée : expression désignant l’attitude d’une personne très embarrassée par une situation [NGAN57]-La houe salée pour le Comiga (b pol indet le ngan 44 Philippe Mbourou p. 3). L’argent dans le képi du chef : expression désignant l’acte de corruption d’un agent de force de l’ordre. [UNION288] Mais arrivé au niveau du deuxième pont, le chauffeur s’est rendu compte qu’il avait commis une bourde en déposant l’argent dans le képi du chef : faute de lumière, il avait laissé 10 000 dolès au lieu 1000, comme d’habitude. (b pol det l'un 8065 p. 1). La particularisation du français dans le cadre de la métaphore est liée à la dénomination d’une pratique sociale dont l’évocation renseigne sur les origines du locuteur et de son interlocuteur ayant un imaginaire commun. 5. Les calques intralinguistiques Avec le mauvais cœur : expression désignant l’attitude de quelqu’un qui fait quelque chose de mauvaise volonté. [SCRIB104]-Le mauvais coeur s'est une nouvelle fois abattu sur ces jeunes qui croyaient bien faire.(b pol det le scrib Gertrude Obame79 p. 4). Le grand quelqu’un :expression désignant une personnalité de marque Quelq’un n.m f oral, mésolecte, basilecte, mélior Personnalité, personne respectée jouissant d’un statut élévé. Boucher. [MOK11]-Le grand quelqu'un (mok la rédac 002 p. 8). Les choses de mon corps : expression décrivant le sentiment défaitiste chez un locuteur. [JOUR11]-Les choses de mon corps!(le jour 8 Mbeng p. 13). Enlève son corps : expression désignant l’attitude de quelqu’un qui se désolidarise d’une situation embarrassante Boucher et Lafage (2000) [SCRIBOU77]-Tonnerre enlève son corps(le scribou Cédric Ongouala 085 p. 1). Faire la bouche fam. oral surtout (faire la ---à qqn),. Se vanter, se montrer arrogant ou méprisant Boucher et Lafage (2000). 383 [SCRIBOU13]-Après vous allez encore faire la bouche(le scribou la rédac p. 3). Avoir la bouche (avoir la ---) oral surtout, fam, péj. Avoir une grande gueule. Avoir la langue bien pendue Boucher et Lafage (2000). [SCRIB89]-Les gars -là ont trop la bouche.(b pol det le scrib Pahé78 p. 7). Longue bouche/ longues bouches oral surtout, fam, Bouche (faire la bouche--) Faire l’important [SCRIB23]-Ah? Selon une autre longue bouche, Janvier Nguema Mboumba faisait cela pour permettre à ses copains et coquins de co-bouffer un peu dans l'assiette du grand bouffeur qu'il est devant l'Eternel (b pl det le scrib Hans Nzinzi77 p. 1). 6. Les calques interlinguistiques Au sujet des calques sémantiques, Dumont et Maurer (1995) relèvent dans le français du Sénégal un certain nombre de mots ou de locutions directement traduits du wolof, tandis que d’autres unités préexistantes en français central prennent un sens particulier hérités d’une langue africaine. Ce sont les mêmes processus que nous rencontrons dans le FPEG. Le neveu du cousin de la tante de ma bonamie c’est à dire mon propre mougoye [UNION45]-Un exemple parmi tant d'autres : l'autre jour, le neveu du cousin de la tante de ma bonamie, c'est à dire mon propre mougoye a failli mourir d'inanition à l'aviation qui porte le nom du père du dipenda. Neveu du cousin de l’oncle de ma bonamie, c’est à dire mon propre mougoye [UNION223]-Mais j'ai besoin de la sagacité du neveu du cousin de l'oncle de ma bonamie, c'est à dire mon propre mougoye, pour connaître les fonctions dudit bidjet. (b.pol.detl'un la rédac 8058 p. 1). Le neveu de la cousine de l’oncle de ma bonamie, c’est à dire mon propre mugoye. [UNION20]-Le neveu de la cousine de l'oncle de ma bonamie, c'est à dire mon propre mougoye, est revenu l'autre jour de Maye -sur-Mer avec deux questions qui manifestement, lui cassent le ciboulot. (b.pol.det.l'un la rédac7982 p. 1). Le neveu de la cousine de la tante de ma bonamie, c’est à dire mon propre mougoye 384 [UNION234]-Peu de temps avant, c'est le neveu de la cousine de la tante de ma bonamie, c'est à dire mon propre mougoye, qui m'a relaté des faits propres à faire dresser les cheveux sur le ciboulot, quoi (bpol det l'un la rédac 8061 p. 1). Le neveu du cousin de la tante de ma bonamie c’est à dire mon propre mougoye [UNION284] Un exemple parmi tant d’autres : l’autre jour, le neveu du cousin de la tante de ma bonamie, c'est-à-dire mon propre mougoye a failli mourir d’inanition à l’aviation qui porte le nom du père du dipenda. (b pol det l'un 7988 p. 1). Le neveu de la sœur de la tante de l’oncle du grand frère de la mère de ma bonamie c’est à dire mon propre mougoye [UNION242]-Avant-hier, le neveu de la soeur de la tante de l'oncle du grand frère de la mère de ma bonamie, c'est à dire mon propre mougoye était choqué, sidéré, estomaqué, ébaubi, abasourdi et désappointé (ouais, moi aussi je pompe maintenant le gros français comme JackyMille-Encyclopédies, quoi) par le comportement d'un gens d'arme au poste contrôle de Kang .(b pol det l'un la rédac 8065 p. 1). Eux-mêmes là-bas ôôôh [UNION10]-Alors eux-mêmes là-bas ôôôh!(b.pol.det.l'un.7975la rédac. p. 1). Conclusion Le processus de particularisation du FPEG, est nourri par l’apport de plusieurs mécanismes. Au premier plan, les langues gabonaises, avec leur ressource de création linguistique, leurs habitudes articulatoires et leur lexique, représentent la première source d’influence dans la production des particularités. Mais le mélange des codes oral/écrit participe aussi à la confusion dans l’exercice du français dans ce contexte. Enfin, l’usage du basilecte par les locuteurs acrolectaux continue de renforcer les manifestations de norme endogène du français dans le FPEG. 385 CHAPITRE V: LES NORMES STATISTIQUES DES PARTICULARITES DU FPEG Introduction Les normes statistiques dans la conception d’Houdebine (1985) concernent la diversité des usages des locuteurs. Les structurations stables/instables liées à la variabilité comprennent les convergences d’une norme d’usage d’homogénéisation imposée par le groupe, les divergences et les périphéries. Les manifestations de la norme endogène que nous recherchons dans ce chapitre sont considérées comme le souligne Makouta Mboukou (1973) dans le sens de la norme réelle et de l’usage du plus grand nombre. Les critères retenus pour leur établissement sont la fréquence. Les journaux de la presse écrite qui constituent notre corpus ont été récoltés de la période allant du 1er août 2002 au 30 octobre 2002. Cette phase correspond à l’évolution médiatique résultant de la revendication démocratique. Au début des années 1990, on assiste à la libéralisation des médias, à la multiplication des médias privés. Les bords politiques servent de démarcation, de ligne éditoriale comme l’indique Ndong (1999). Deux courants structurent l’activité de la presse écrite : un favorable au pouvoir et l’autre affilié aux nouveaux partis de l’opposition. Notre corpus des journaux est constitué des journaux de la presse du gouvernement, des journaux de l’opposition et ceux classés selon les critères liés au genre journalistique. Les journaux satiriques, les journaux d’information générale, les journaux de la presse spéciale et les journaux de la presse illustrée, en sont la manifestation. Ces derniers font partie des journaux à bord politique indéterminé. Notre objectif est d’étudier les particularités linguistiques du point de vue quantitatif pour dégager certains caractères formels. 386 Section 1 : La statistique linguistique A. Les fondements de la statistique linguistique Les grammairiens alexandrins à partir du XIXème siècle avec la grammaire historique, posent les jalons de la statistique linguistique. Cette dernière étudie les langues sur un inventaire numérique étendue à laquelle depuis une vingtaine d’années se substitue une analyse statistique raisonnée. Guiraud (1960) démontre que les sources de la statistique linguistique sont extralinguistiques. Les ingénieurs de communication, psychologues, statisticiens ont été les premiers à trouver un intérêt pour la distribution des faits de langue. Le déchiffrage, la médecine, ont été les premières sciences extralinguistiques, à s’intéresser au caractère quantitatif du langage. Depuis les travaux de Zipf, la fréquence reste un des problèmes majeurs de la statistique linguistique. Un très petit nombre de mots souvent répétés constitue la majeure partie d’un texte. De plus, l’évolution des marques grammaticales est liée à leur fréquence. Ogden et Palmer, insiste Guiraud (1960), font une vaste compilation pour définir le vocabulaire minimum de l’anglais. Un millier de mots seraient susceptibles de satisfaire tous les besoins de l’expression. L’observation, la collation des faits, l’estimation, la mesure des phénomènes et enfin l’interprétation ou l’analyse des causes en vue de l’établissement des lois apparaissent comme les notions essentielles de l’analyse statistique. La répartition (ou la distribution) d’un phénomène est établie selon sa probabilité qui elle, est définissable et analysable. L’informatique, selon Labart et Salem (1988), basée sur l’importance du calcul et de la gestion de la diffusion, paraît comme un moyen de description de l’information de type textuelle. L’analyse statistique multidimensionnelle est un découpage des unités dans la chaîne textuelle pour des comptages. Ces derniers, dont l’unité de base est la forme graphique, doivent être utilisables par les analyses statistiques ultérieures.. 1 La statistique lexicale Rappelons avec Bernet (1983) que les recherches de Charles Muller relatives aux études quantitatives du vocabulaire , ont introduit la dé nomination de statistique lexicale. Le fondement de la statistique lexicale se tient par le vocabulaire d’un texte qui est 387 assimilable à un processus aléatoire et les mots occurrents se distribuent suivant le modèle du schéma d’Urne. Les vocabulaires appartenant à un même champ sémantique apparaissent plus volontiers regroupés dans la même partie. Il est ainsi loisible de s’appesantir avec Gardin, Marcellesi et G.R.E.CO (1980) que la primauté est donnée à la fréquence qui paraît à la fois comme un formidable moyen de caractériser l’utilisation du vocabulaire et la tentation de sortir du nombre pour accéder à la signification. Le rapport du numéral et de la linguistique, de la statistique lexicale et du structuralisme, où le saut des fréquences de corpus aux fréquences de langue, reposerait sur la transposition en statistique lexicale du schéma saussurien : langue/parole. L’examen des fréquences des formes graphiques, de leurs localisation et distances dans le texte, de leurs caractéristiques mesurables, ne serait qu’une démarche offrant une lecture de la mesure à la caractérisation des formes, des formes au vocabulaire, du vocabulaire au texte, du texte au discours. De même, G.Herdan, P Guiraud et C. Muller, cités par Gardin et alii (1980), admettent l’importance de la parole pouvant donner de la langue des illustrations, elle peut en fournir des « échantillons représentatifs », au sens statistiques de l’expression. Et l’opposition « fréquence »/« probabilité » qui peut se baser sur le schéma « parole »/ « langue » a pour conséquence de privilégier, parmi tous les modèles, l’« Urne de Bernouilli ». Ce modèle est aussi dénommé binomial selon lequel les prélèvements d’échantillons au sein d’une « population parente » s’opèrent sans que le contenu de cette population en soit affecté le moins du monde. Le tirage non exhaustif postule une parfaite stabilité de contenu et donc une totale indépendance des éléments. Dans le travail de Bernet (1983), la statistique lexicale extrait les occurrences du discours. L’écart devrait être évalué par rapport à la norme qui peut être un usage commun, une expression neutre dépourvue de valeur affective, une sorte de moyen des usages particuliers, elle peut être affective. Son étude sur onze tragédies de Racine a pour objectif l’évaluation de la richesse du vocabulaire, la validité de certains modèles et la mise en valeur de certains caractères formels. En dehors du contenu sémantique des pièces, les effectifs des hapax, ceux de la sous fréquence et le contenu lexical se révèlent au centre des préoccupations de cet auteur. Ainsi, le mot graphique est l’unité de traitement pour la lexicologie quantitative, seul moyen de mener une étude de statistique lexicale. 388 La norme de dépouillement des onze tragédies de Racine s’effectue en deux temps successifs. La première étape est le découpage en unités élémentaires de texte : les mots et la deuxième étape est le regroupement et le classement des unités élémentaires de vocabulaire. Etudier la richesse du vocabulaire de plusieurs textes, c’est comparer ces textes entre eux en fonction de leur longueur et de leur vocabulaire. 2 L’analyse de contenu Avec Loubet (2000), accordons nous sur un fait : l’analyse statistique appliquée au texte linguistique obéit aux exigences de l’analyse de contenu dont la quantification prétend aboutir à des résultats objectifs. Ainsi, le dénombrement des différents éléments du document offre des solutions chiffrées à interpréter. De plus, la sémantique quantitative ou analyse lexicographique est une des orientations de l’analyse statistique.
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Nouvelles études de contaminations expérimentales d'espèces marines par le césium 137, le ruthénium 106 et le cérium 144
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V I .2. - CÉRIUM ENTRANT DANS LA COMPOSITION d ’u n MÉLANGE DE RADIOÉLÉMENTS Le mélange utilisé (aquarium 80) est celui déjà décrit dans le chapitre consacré au césium et l’expérimentation porte sur les mêmes espèces principales : Chondrus crispus, Corallina officinalis, Anemonia sulcata, Mytilus edulis, Cardium edule, Den­ drodoa grossularia. On note (tableau I) des facteurs de concentration de l’ordre de 4 000 (Chondrus crispus) à 18 000 (Corallina officinalis) pour les algues, de l’ordre de 150 pour les Cnidaires (Anemonia sulcata) ; pour les mollusques de l’ordre de 500 (chair de Mytilus edulis) à 700-800 (coquilles de Mytilus edulis et de Cardium edule), et une valeur plus élevée, de l’ordre de 3 000, pour la chair de Cardium edule. Enfin pour l’ascidie Dendrodoa grossularia le facteur de concentration est voisin de 3 000. Il y a lieu de constater qu’en ce qui concerne Mytilus edulis nous retrouvons une contamination plus marquée pour la coquille que pour la chair [25], mais que l’inverse se produit pour Cardium edule. La plupart de ces valeurs sont ici encore voisines, dans l’ensemble, de celles mentionnées dans notre précédente publication [4]. On retrouve des valeurs élevées (le plus souvent supérieures à 1 000) pour les algues Chondrus crispus et surtout Corallina officinalis, ainsi que pour l’ascidie Dendrodoa grossularia. Les contaminations de mollusques (Mytilus edulis) offrent également des résultats, sinon rigoureusement comparables, du moins suffisamment voisins entre eux pour qu’on puisse les considérer comme du même ordre de grandeur. CONTAMINATIONS EXPÉRIMENTALES D’ESPÈCES MARINES 201 VI.3. - Remarques générales sur les contaminations par le cérium 144 RÉSULTATS D’ENSEMBLE Nous pouvons considérer que ces nouvelles données sur les facteurs de concen­ tration du cérium chez les espèces marines — qu’il s’agisse de contaminations par du chlorure de cérium isolé ou par du chlorure de cérium entrant dans la composition d’un mélange de radioéléments — ne s’écartent pas sensiblement des chiffres globaux que nous avions déjà proposés [4] : — Algues : 10 000, — Invertébrés : 1 000. On observe toutefois chez les invertébrés des variations importantes selon les espèces; il conviendrait de faire une distinction entre les organismes qui semblent présenter des pouvoirs d’accumulation relativement élevés (tels que spongiaires, ascidies) et les autres; des espèces détectrices seraient à sélectionner parmi les premiers. D’autre part, l’accumulation du cérium tantôt plus élevée, tantôt moins élevée, selon les espèces, au niveau de la chair qu’au niveau de la coquille chez les mollusques (Mytilus, Cardium), paraît également constituer un point qui mériterait de nouvelles études. VI.4. - Comparaisons avec d ’autres données - discussion VI.4.1. Algues En ce qui concerne les résultats provenant d’observations sur un site conta­ miné, la valeur de 700 est indiquée par M auchline [27] et M auchline et T em­ pleton [28], la valeur de 660 par T empleton [36]. Du point de vue expérimental P olikarpov [31] mentionne les valeurs de 300 à 900 pour les algues vertes et rouges, de 340 pour les algues brunes; plusieurs valeurs pour lesquelles la précision de l’espèce est fournie sont également données par le même auteur [33]; citons entre autres : Ulva rigida : 350, Bry opsis plumosa : 640, Cystoseira barbata : 350, Corallina rubens : 330, Phyllophora nervosa : 1 100. A ces données s’ajoutent celles de T empleton [35] pour l’algue Porphyra umbilicalis : 800-1 000. Il est évident que certains de nos résultats diffèrent considérablement de ces données; l’écart le plus important est constaté pour l’espèce Corallina officinalis : une espèce très voisine, Corallina rubens, étudiée par P olikarpov, présente un facteur de concentration de 330 alors que nous trouvons pour Corallina offici­ nalis des valeurs de 20 000 à 30 000 environ, soit une différence d’un facteur 80-100. Les écarts sont moins marqués pour une autre espèce d’algue que nous avons étudiée (Chondrus crispus). Nos chiffres font cependant apparaître une valeur moyenne de 4 000 et une différence de l’ordre d’un facteur 5 à 6 est observée par rapport à diverses données publiées concernant les algues en général. Il paraît difficile dans l’état actuel des investigations d’expliquer ces écarts qui peuvent en partie tenir aux conditions expérimentales ; notons à titre d’indica­ tion que certains expérimentateurs lavent les échantillons avant d’en mesurer la radiocontamination [31, 19]; cette opération peut avoir pour effet, en éliminant une partie du contaminant déposé ou légèrement adsorbé à la surface de l’échan­ tillon, de diminuer le facteur de concentration. 3 202 J. ANCELLIN ET A. VILQUIN Nous n’avons pas eu recours à cette méthode : nous avons considéré en effet qu’il convenait précisément d’avoir une estimation globale de la contami­ nation de l’échantillon au sortir de l’eau, car ceci correspond mieux aux conditions d’utilisation de beaucoup de produits marins et permet une évaluation plus rigou­ reuse des risques. Le rôle du lavage des échantillons dans la diminution des facteurs de concen­ tration reste d’autre part à déterminer dans le cas des espèces et du radioélément considérés. Il est possible que cette action mécanique soit minime — en regard de phénomènes physico-chimiques ou physiologiques aux conséquences plus complexes et qui viendraient expliquer, ou contribuer à expliquer, les différences importantes constatées (*). VI.4.2. Invertébrés Le facteur de concentration indiqué par M auchline [27] : 2 000, se rapporte à des mesures faites sur site contaminé (valeur voisine citée par T empleton [36] : 1 800). P olirarpov fournit de son côté [31] une série de valeurs se rapportant à des expériences en aquarium : Actinia : 165, My tilus sp. : tissus mous : 360, coquille : 43, animal entier : 33, crustacés (3 espèces) : 230. Dans une publication plus récente [33] ce même auteur donne quelques valeurs supplémentaires pro­ venant soit de ses propres recherches, soit de celles de Z esenko : citons par exemple pour Carcinus maenas : exosquelette : 400, branchies : 700, foie : 6, tractus digestif : 4, muscle : 5, pour Mytilus galloprovincialis : coquille : 40-50, corps (tissu mou) :350, byssus : 1 000, branchies : 20, manteau : 4, muscle adducteur : 4, viscères : 40. A ces données peuvent s’ajouter celles de H iyama et Shimizu [19] pour une espèce de Ceander : viscères : 200, muscle : 25, exosquelette : 2. On peut admettre que la valeur moyenne (1 000) que nous avons indiquée pour les invertébrés, d’après nos propres expériences, tout en étant un peu plus forte, paraît finalement assez voisine, dans l’ensemble, des valeurs trouvées par divers auteurs, et basées également sur des expériences de laboratoire. Il ne semble pas qu’il existe entre les facteurs de concentration de différences aussi marquées que pour le ruthénium suivant qu’il s’agit d’une contamination naturelle ou d’une contamination expérimentale; assez souvent cependant des valeurs moins élevées sont observées en ce qui concerne les résultats expérimen­ taux. Il arrive que certaines contaminations d’organes donnent des résultats très différents : ainsi nous avons constaté que les moules (Mytilus) concentraient parfois sensiblement plus au niveau de la coquille [25] qu’au niveau de la chair. Les auteurs russes (Polikarpov, Z esenko) pour le même genre Mytilus ont par contre trouvé une beaucoup plus forte concentration sur la chair que sur la coquille. Ici encore des différences de techniques expérimentales (lavage, brossage, (*) On peut supposer que les valeurs élevées d’accumulation de l’algue Corallina ne sont pas sans rapport avec la composition particulière de cette algue qui, comme les autres Corallinacées, renferme une grande proportion de calcium. Indiquons toutefois que dans nos précédentes expériences [4] nous avons pu comparer l’accumulation chez deux espèces de Corallinacées : Corallina officinalis et Cithophyllum sp. Or ici encore le facteur d’accumulation est beaucoup plus élevé pour la première espèce. CONTAMINATIONS EXPÉRIMENTALES D’ESPÈCES MARINES 203 suppression d’épiphytes, etc...) sont susceptibles d’être en partie à l’origine de ces écarts ; mais d’autres hypothèses sur le plan physico-chimique ou physio­ logique ne doivent pas être écartées a priori. VI.4.3 Vertébrés Nous nous bornerons à rappeler quelques résultats indiqués dans une de nos précédentes communications [4], concernant une espèce de poisson : Blennius pholis; les viscères d’une façon générale étaient sensiblement plus conta­ minés que la chair; les facteurs de concentration de celle-ci allaient de 1 à 5. Parmi les valeurs données par H iyam a [19] pour Chasmichthy s gulosus celle concernant les muscles est de 0,27; T e m pl e t o n [35] indique pour Pleuronectes platessa un facteur de concentration de 5 (poisson entier). VII - CONCLUSION Le présent travail vise essentiellement à apporter des éléments permettant de contribuer, sur le plan de la protection sanitaire, à une évaluation globale de risques et rend compte de résultats de contaminations expérimentales effectuées en aquarium sur diverses espèces marines — comestibles ou non — avec des produits de fission : césium 137, ruthénium 106, cérium 144, appelés à jouer un rôle plus ou moins important en cas de rejets radioactifs en mer. A titre d’indication les chiffres suivants peuvent être avancés, en tant que facteurs de concentration moyens, compte tenu des recherches effectuées anté­ rieurement au Laboratoire de Radioécologie de La Hague et qui viennent complé­ ter cette étude. Césium Ruthénium Cérium Algues ≤ 40 100 à 200 2 000 à 10000 Invertébrés ≤ 40 20 à 50 500 à 2 000 Poisson ≤ 40 I ≤ 100 (chair 1 à 5) Diverses formes chimiques ou physico-chimiques de césium, de cérium et de ruthénium ont été utilisées (extraits d’effluents, formes complexes, mélanges des trois radioéléments) : ceci n’a pas entraîné de conséquences appréciables du point de vue des facteurs de concentration pour le césium et le cérium; en ce qui concerne le ruthénium plusieurs contaminations par un extrait d’effluent ont entraîné un phénomène d’accumulation plus accentué que pour les autres formes de ce radioélément. Les résultats comparés des contaminations par les trois radioéléments étudiés font apparaître les points suivants : a) pour le césium 137 l’accumulation se produit surtout dans la chair de certaines espèces : crevettes, blennies; elle est, par contre, le plus souvent très faible au niveau de la coquille des mollusques. 204 J. ANCELLIN ET A. VILQUIN b) Parmi les espèces qui concentrent le plus le ruthénium 106, l’algue Corallina officinalis et l’ascidie Dendrodoa grossularia sont à mentionner. c) A l’égard du cérium 144, enfin, l’algue Corallina officinalis est remarquable par son facteur de concentration élevé (de l’ordre de 20 000) ; les spongiaires et les ascidies sont parmi les invertébrés qui concentrent le plus ce radioélément. Les valeurs que nous avons déterminées — à l’exception de celles concernant les algues contaminées par le cérium — sont du même ordre de grandeur que la plupart des données figurant dans la littérature et relatives à des expériences sur des espèces marines plus ou moins voisines de celles sur lesquelles ont porté nos recherches. Par contre, les comparaisons avec certaines données provenant de mesures faites dans un milieu naturel contaminé par des rejets font apparaître, tout au moins pour le ruthénium, des différences assez marquées. Des modifications des propriétés physico-chimiques du radioélément sont vraisemblement à l’origine de ces différences. Le devenir des formes solubles et des formes particulaires dans le milieu marin paraît à ce point de vue très important. En ce qui concerne les espèces commerciales, et pour chacun des deux radio­ éléments : ruthénium et cérium, il se confirme que l’algue Chondrus crispus (lichen carragaheen) présente un pouvoir d’accumulation plus élevé que les mollusques et les crustacés tels que le vanneau, la moule, la coque, la crevette rose. TABLEAU I FACTEURS DE CONCENTRATION Aquariums 5, 6, 7, 8, 11, 74 et 75 : sulfate de césium 137 - Aquarium 76 : chlorure de cérium 144 - Aquarium 77 : chlorure de ruthénium 106 - Aquariums 78 et 79 : nitrato nitrosyl ruthénium 106 (Amersham) - Aquarium 80 : mélange de ruthénium 106 (Amersham), césium 137 et cérium 144 - Aquariums 84 et 85 : extrait d’effluent de Marcoule (42 % ruthénium 106 et 51 % césium 137). Facteurs de concentration Espèces et n° d’aquariums 6- 8 6 8-75-80 Facteurs de concentration N° d’aquariums (2) 0804 0800 0 (44 j) 75 8(44j) 34-21 8(74 j)- 4 36-15 23-13 17- 15 21(107j) 78- 79- 80 15-I7. 13 78- 79- 80 19- 14- l8 78- 79- 80- 84- 85 17-20-21-27-54 78-79-80-84-85 19-24-18-55-94 78- 79 8-7 78-79 8- 11 78- 80 30(19j) -71(44 j) 78- 80 25(36 j)-4 (44 j) 77-79 77-78- 80 79-85 79 -85 79-85 22 7 76 ·80 7 200 - 2 940 (44 j) 2 500 - 7 042 2 450-4 900 76 - 80 9 270-4 625 76 - 80 25 600 - 18 030 22 000 - 29 000 80 80 148 49 (44 j) 108 200 80 475 (44 j) 1040(44j) 225-570 550-733 3 227 863 500 680 I 222 1066 80 80 80 80 80 2-3 90- 86- 54 0,3- NS* 0,6-NS* 76 75 168-150- 68-125 76- 80 3020 - 2803 0,1- NS* 0,4-o, 5 4 -NS* I-I 5- 3-9 70- 7· 80 75-85 75-85 75-85 (2) 8-4 -100 350 80 80 0,3 00 11-10- 10 0,9-5-0,3 11(74j) 0,9(31j) 10 4 9 II II 80 80 80-84-85 80-84- 85 74-75 No Facteurs de d'aqu. concentration (1) 4 (74 j) - 3 (74 j) 4(31 j) 105 -125 (36 j) - 47 (44 j) 171-67 6(31 j)- 16(153 j) - 4(44 j) 77-78-80 67-120 4(74 j)-19-9(107 j)- 10- 15 77-78-79-80- 84 93-52-84-57-337 77 - 78 - 79 - 80 - 84 126 -157- 146 -138 - 350 357- 225 5- 74- 75-80-84 5 4 (74 j) 28 78-79-80-85 41-42-44-153 74-75-80-85 l6- 14- 12 - II 78- 79-80-85 74-75-80-85 14-17-9(44 j) - 10 10 (19 j) - 50 - 13 (44 j) - 88 30 6 7(74 j) 70. 30 78 - 80 22 - 4 (44 j) 74-80 14-8(44 j) 12-8 78- 80 74-80 0,7-0(44j) 6-5 (44 j) 74 00 Ulva sp Enterom. sp. Fucus serr. Chondrus crisp. Corallina off. Rhodymenia palm. Anemonia sulc. Actinia equ. Asterina gib. Chlamys op. (chair) — (coquille) Tapes sp. (chair) — (coquille) Cardium ed. (chair) — (coquille) Mytilus ed. (chair) — (coquille) Gryphaea ang. (chair) — (coquille) Calliostoma ziz. (chair) — (coquille) Leander serr. Dendrodoa gross. Biennius (chair) — (arêtes) — (viscères) Sédiment (sable) CÉRIUM 144 RUTHÉNIUM 106 CÉSIUM 137 2 567- 4 000- 1 850 - 1650 *NS : non significatif (1) En ce qui concerne l’aquarium 76 (chlorure de cérium 144) les chiffres — soulignés — se rapportent à l’activité spécifique des espèces en impulsions/mn/g, poids humide, la faible activité de l’eau n’ayant pas permis d’exprimer un facteur de concentration. (2) Facteurs de concentration provenant d’expériences précédentes (cf Ancellin et Vilquin [4]). 2 o6 J. ANCELUN ET A. VILQUIN 1 Eau 2 Actinia equina 3 Corallina officinalis A Anemonia sulcata 5 Biennius pholis (visc.) 6 Biennius pholis (ar.) 7 Biennius pholis (ch.) 8 Leander serratus F ig . I. — Contamination expérimentale, Césium 157 (Aquarium 75). CONTAMINATIONS EXPÉRIMENTALES D’ESPÈCES MARINES 1 Eau 2 Mytilus eduli s (coquille) 3 Mytilus edulis (chair) 4 Actinia equina 5 Anemonia sulcata 6 7 8 Biennius pholis (arêtes) Blenniuspholis (viscères) Blennius pholis (chair) F ig . 2. —Contamination expérimentale, Césium 137 (Aquarium 85). 207 208 J. ANCELLIN ET A. VILQUIN 1 Eau 2 Myhlus edulrs (chair) 3 Mytilus edulis (coquille) 4 Actinia equina 5 Anemonia sulcata Fig. 3. —Contamination expérimentale, Ruthénium 106 (Aquarium 83). CONTAMINATIONS EXPERIMENTALES D’ESPÈCES MARINES 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Eau Mytilus edulis (coquille) Mytilus edulis (chair) Cardium edule (chair) Cardium edul e(coquille) Anemonia sulcata Chondrus crispus Dendrodoa grossularia Corallina officinalis F ig . 4. — Contamination expérimentale, Ruthénium 106 (Aquarium 80). 209 210 J. ANCELLIN ET A. VILQUIN 1 2 3 4 5 6 7 6 9 10 11 12 13 Eau Gryphaea angulata (coquille) Gryphaea angulata (chair) Chlamys opercularis (coquille) Mytilus edulis (coquille) Cardium edule (chair) Cardium edule (coquille) Mytilus edulis (chair) Chlamys opercularis (chair) Anemonia sulcata Chondrus crispus Dendrodoa grossularia Corallina officinalis F Ig. 5. — Contamination expérimentale, Ruthénium 106 (Aquarium 78 ). CONTAMINATIONS EXPÉRIMENTALES D’ESPÈCES MARINES 1 Eau 2 3 4 5 Anemonia sulcata Mytilus edulis ch. Mytilus edulis coq, Cardium edule coq, 6 Chondrus crispus 7 Cardium edule ch. 8 Dendrodoa grossularia 9 Corallina officinalis F ig. 6 . — Contamination expérimentale, Cérium 144 (Aquarium 80 ). 211 212 J. ANCELLIN ET A. VILQUIN BIBLIOGRAPHIE [1] Anonyme. The effects of atomic radiation on oceanography and fisheries. Public. 551. Nation. Acad, of Sc. Washington D.C., 1957. [2] A ncellin , J., M ichon , G. et V ilquin, a. Contaminations expérimentales de crevettes roses par le césium 137. Rapport C.E.A. R 2818, 1965. [3] Ancellin , J., T exier, C , V ilquin , A. et V ilquin-D ubois, C. Contaminations expérimen­ tales de balanes (Balanus crenatus et Balanus balanoïdes) par les produits de fission : cérium 144, césium 137, ruthénium 106 et zirconium 95. Rapport C.E.A., 1966 (non publié). [4] Ancellin, J. et V ilquin, A. Contaminations expérimentales d’espèces marines par le cérium 144, le ruthénium 106 et le zirconium 95. Disp. of radioactiv. wastes into seas, oceans and surface waters. 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3.2.6 Calorimétrie isotherme Ce calorimètre pourrait être rattaché à la calorimétrie de réaction, mais il est utilisé pour faire des mesures longues (jours ou semaines) : vieillissement de produits, stabilité de mélanges principe actif-excipient - pour déduire la durée de vie d'un médicament -, évolution de populations bactériennes,... Dans certains cas on déclenche au temps initial le phénomène par ajout d'un produit, dans d'autres c'est le changement de composition de l'atmosphère qui provoque le changement - vieillissement sous humidité par exemple -, parfois on réalise la mesure sur le produit tel quel. ori 3.3.1 Principe des mesures AC Les mesures AC sont assez répandues en physique. Une difficulté courante en instrumentation tient à ce que le signal utile se superpose à des signaux parasites (bruits de fond,...), ce qui rend délicate l'extraction des données. L'idée est de donner à l'excitation une forme sinusoı̈dale. La réponse, si elle est linéaire, aura la même fréquence. Si par la suite viennent s'ajouter des signaux parasites, il sera beaucoup plus facile de faire le tri pour retrouver la contribution utile, puisque l'on sait à quelle fréquence la chercher. En outre d'une manière générale on sait beaucoup mieux gérer un signal oscillant qu'un signal continu. En travaillant à fréquence donnée on s'affranchit d'une grande partie des imperfections de la chaı̂ne de mesure, notamment les décalages d'amplificateurs. Par contre on rencontre d'autres problèmes tels que capacités parasites, couplages inductifs,... Ces techniques ont un impact considérable sur la résolution de la mesure, et permettent d'envisager la détection d'événements plus discrets. Ces méthodes mettent donc en oeuvre : – une source oscillante de signal excitateur (tension, courant, pression acoustique,...) ; – un dispositif permettant d'extraire le signal de réponse : détection synchrone, filtres,...) ; En outre, pour plus d'efficacité, la fréquence d'excitation sert souvent de référence à la détection. Dans certains cas l'excitation est entièrement sinusoı̈dale. Dans d'autres cas on va superposer à l'excitation classique une petite sinusoı̈de, qui ne modifie pas le système mais facilite l'analyse de la réponse. 3.3.2 Principe de la Calorimétrie AC Cette méthode a surtout été développée par des physiciens, depuis le début du vingtième siècle - Corbino, 1906 -, comme une méthode calorimétrique en tant que telle, au même titre que la calorimétrie adiabatique ou de relaxation. Certains types de calorimétrie AC donnent des informations sur la capacité calorifique et la diffusivité de l'échantillon. L'un d'eux, appelé méthode "3 ", met en oeuvre un élément résistif, dont la résistance varie avec la température, en contact thermique étroit avec l'échantillon. Cet 3 M ESURES 48 élément sert à la fois de chauffage et de thermomètre. Parcouru par un courant oscillant à la pulsation, il est le siège d'une dissipation à 2 par effet Joule. Cette dissipation provoque une variation de température de l'environnement immédiat de la résistance, liée à ses propriétés thermiques. En réponse, la température de l'élément lui-même va donc osciller à 2, ce qui se traduit par un terme oscillant à 2 3 sur la valeur de sa résistance électrique, donc un terme à sur la tension à ses bornes. La cellule calorimétrique doit être suffisamment volumineuse pour que l'oscillation de température puisse être considérée comme totalement amortie avant de parvenir à ses parois. La réponse d'un échantillon dans un tel dispositif donne accès à sa diffusivité thermique, c'est-à-dire les propriétés de propagation de la chaleur dans le matériau. En ce sens au moins elle est très différente de la méthode à laquelle nous allons nous intéresser dans la suite. La méthode proprement dite de calorimétrie AC a été décrite par plusieurs auteurs, dont [51]. L'échantillon, de capacité calorifique, est relié au bain thermique - - via une fuite thermique (cf figure 3.7). On lui fait subir un parcours de température choisi, et on lui envoie en plus une oscillation de puissance thermique de faible amplitude. T δTAC ∆TDC Tb temps F IG. 3.7: Schéma de principe de la calorimétrie AC Couramment on envoie dans une résistance R - en contact avec le systènme étudié - un courant de la forme : l'échantillon est de la forme :. Alors la puissance, avec envoyée dans (3.4) Il s'agit d'une méthode dite stationnaire, c'est-à-dire que l'on attend un régime établi d'oscillations pour réaliser la mesure. On suppose dans un premier temps que la diffusivité thermique de l'échantillon est infinie, et que le système peut être représenté par une capacité calorifique ponctuelle reliée à son envi- ronnement par une résistance thermique non répartie. Le système peut alors être modélisé, par analogie électrique, par le schéma représenté sur la figure 3.8. Si la température du bain est maintenue constante, la puissance envoyée provoque une variation de température selon : On considère ici et (3.5) constants sur l'intervalle de température concerné. Dans le cas contraire il faut tenir compte des non-linéarités engendrées dans l'équation. F IG. 3.8: Modèle le plus simple d'un calorimètre AC. La capacité calorifique est ponctuelle et le lien thermique vers le bain n'est pas réparti. On nég lige la puissance continue apportée par la polarisation du thermomètre. L'analogie électrique-thermique fait correspondre à une tension une température, à un courant (flux de charges) un flux d'énergie (puissance calorifique), à une capacité électrique une capacité calorifique, et à une résistance électrique une résistance thermique. Si l'on pose :, (3.6) ce qui conduit à : et (3.7) Cette situation est la plus simple que l'on puisse représenter. En pratique la zone de mesure comprend aussi une partie du porte-échantillon, dont le thermomètre. Dans la suite on considèrera que est la capacité calorifique de l'ensemble de la zone mesurée, c'est-à-dire que. On considèrera en outre que le porte-échantillon est très bien couplé thermiquement à l'échantillon. Ceci est nécessaire pour assurer la pertinence des mesures. Dans un premier temps on va aussi considérer qu'on est hors d'une zone où des transformations ont lieu. est donc une capacité calorifique vraie. 3.3.2.1 Elévation moyenne de température La première partie de l'équation (3.7) fait apparaı̂tre une élévation constante de température en régime établi au dessus de la température du bain, liée à la puissance moyenne qui s'écoule. par la fuite 3.3.2.2 Condition de quasi-adiabaticité L'équation (3.7) montre que la puissance envoyée se répartit entre la fuite et la capacité calorifique. a été défini dans le paragraphe 3.2.2 comme le temps de relaxation thermique de l'échantillon vers le bain. L'équation (3.7) peut donc s'écrire : (3.8) La puissance fournie sera intégralement restituée dans le terme utile si : (3.9) Cette condition est dite de quasi-adiabaticité, puisqu'elle caractérise l'isolement de la zone de mesure à l'échelle du temps d'une période d'oscillation. Elle garantit que le temps caractéristique de la mesure est petit devant le temps de relaxation de la chaleur vers le bain. Cette condition est de moins en moins remplie lorsque l'on baisse la fréquence d'oscillation. A l'extrême : 3.3.2.3 et et (3.10) sont des amplitudes d'oscillation. Diffusion de la chaleur dans l'échantillon Contrairement à ce qu'on a considéré en première approche (Eq. (3.7) et figure 3.8) l'échantillon n'est pas ponctuel, et la diffusivité de la chaleur en son sein est finie. En toute rigueur on ne peut donc pas représenter le système comme une capacité calorifique unique mais on doit faire appel à un système réparti, comme représenté sur la figure 3.9. 3.3 Calorimétrie avec oscillation de température 51 F IG. 3.9: Modèle du calorimètre AC tenant compte de la diffusivité interne de l'échantillon. On ne peut plus représenter une capacité calorifique ponctuelle, mais on sépare l'épaisseur de l'échantillon en tranches, chacune de conductance thermique et de capacité calorifique. La fuite thermique vers le bain est toujours considérée comme non-répartie. Gradient Dans le cas où le flux moyen de puissance transitant dans l'échantillon est non nul, la résistance que celui-ci offre au passage de la chaleur crée un gradient de température. On parle couramment de l'inverse de la résistance, la conductance, nommée et exprimée en W.K. On écrit de la façon la plus simple la conductance thermique de l'échantillon par : où, (3.11) est la conductivité thermique du matériau et s'exprime en W.m.K. l'échantillon traversée par le flux de chaleur, et son épaisseur. est la section de représente le flux de chaleur permanent nécessaire pour établir une élévation de température de 1 K au sein de l'échantillon. Dans un schéma simpliste, la chaleur fournie au système traverse deux résistances thermiques : dans l'échantillon lui-même, et, la fuite vers le bain. C'est l'importance relative de ces deux résistances qui va déterminer la fraction du gradient total de température qui sera observée au sein de l'échantillon. Ce gradient est statique, il est proportionnel au flux moyen de puissance et ne dépend pas de. Temps de réponse Ce nouveau modèle est une cascade de systèmes (R,C). La réponse de l'ensemble est plus complexe à traiter, mais on peut extraire un temps pour caractériser l'homogénéisation de la température. Ce nouveau temps de réponse - - dépend de la diffusivité du matériau - en m.s -, de la configuration géométrique de l'échantillon (longueur,, section ), et de la façon dont lui est amenée la chaleur. L'échantillon oscille de façon homogène en température si ce temps de mise à l'équilibre interne est petit devant le temps caractéristique de l'oscillation de la chaleur, c'est-à-dire si : (3.12) Si cette condition n'est pas respectée les températures des différentes parties de la zone de 3 M ESURES 52 mesure n'oscillent pas en phase. Si le thermomètre se trouve à l'opposé de la zone où la chaleur oscillante est apportée (c'est généralement le cas), l'oscillation de température mesurée sera atténuée et retardée par rapport au cas où la condition (3.12) est respectée. Il devient alors difficile de définir la température de l'échantillon, et de savoir quelle part de l'oscillation on mesure. sistances de contact Le temps de réponse de l'échantillon réel caractérise plus que le temps de diffusion de la chaleur dans le matériau. Il caractérise toute la partie du dispositif située entre la source d'oscillation de puissance et le point de mesure de l'oscillation de température. Si les interfaces entre ces zones (du capteur) et l'échantillon ne permettent pas un contact satisfaisant, un retard supplémentaire s'ajoute au temps de diffusion dans l'échantillon. F IG. 3.10: Modèle du calorimètre AC tenant compte de la diffusivité interne de l'échantillon et des résistances de contact entre l'échantillon et le capteur, considérées comme non-réparties. La fuite thermique vers le bain est toujours considérée comme non-répartie. On a omis de représenter la puissance continue apportée pour établir la tension de polarisation du thermomètre. Une étape suivante dans le raffinement du modèle peut être la prise en compte du caractère réparti de tous les éléments. La complexité du système oblige alors à faire appel à des logiciels de calcul. 3.3.3 Réponse de l'appareil 3.3.3.1 Réponse complète de l'appareil dans le cas le plus simple On reste ici dans le cas le plus facile à traiter, celui d'un corps de capacité calorifique, comprenant une seule phase dans toute la zone de mesure considérée. 3.3 Calorimétrie avec oscillation de température 53 D'après tous les points précédemment énoncés il est préférable, pour accéder à dans les meilleures conditions, que : – : le gradient de température dû à la puissance moyenne traversant l'échantillon et non dans l'échantillon ; apparaisse principalement dans – : le temps de réponse de l'échantillon est petit devant la période de la mesure ; c'est la condition énoncée en (3.12) ; – : le temps de relaxation vers le bain est grand par rapport à la période de la me- sure ; c'est la condition de quasi-adiabaticité, Eq.(3.9). La première condition est indépendante de la fréquence d'oscillation, elle doit être établie une fois pour toutes au moment du montage expérimental. Les deux autres conditions délimitent une zone fréquentielle privilégiée de travail. On a donc intérêt à minimiser et à maximiser. Mais ces deux conditions sont en compétition : une grande quantité de liquide rend le système plus adiabatique, mais répond moins vite thermiquement. Il faudra donc faire un compromis au moment de la conception du dispositif expérimental. Le calcul complet est détaillé dans [51] et [17], dans le cas d'un échantillon d'épaisseur L - le chauffage étant situé à l'abscisse 0 et le thermomètre à l'abscisse L -. On envoie à l'échantillon - capacité calorifique, diffusivité, section infinie pour que les effets de bord " soient négligeables - une puissance de la forme. On montre que dans des conditions proches l'optimum défini précédemment l'amplitude de l'oscillation est donnée par : où : et, (3.13) (3.14) provient d'un développement limité dans l'équation de propagation de la chaleur, tout comme le dans l'équation (3.13). Si les conditions pour une bonne mesure sont réunies, c'est-à-dire que : la grandeur, (3.18) est constante, et vaut (cf Eq.(3.13)) : La détermination du diagramme de Bode de (3.19), représenté sur la figure 3.11, est donc une façon de caractériser le régime de réponse du système. G f1 f2 fréquence (Hz) F IG. 3.11: Diagramme de Bode du produit. La fréquence de coupure basse est due à un défaut d'isolement à l'échelle d'une oscillation. La fréquence de coupure haute signe le temps de réponse thermique de la zone de mesure :. La zone entre les deux constitue la gamme fréquent ielle optimale de mesure, et est appelée plateau adiabatique. 3.3 Calorimétrie avec oscillation de température 3.3.3.2 55 Réponse en présence d'une transformation Aux contraintes identifiées précédemment s'en ajoutent de nouvelles lorsqu'apparaı̂t une transformation dans la zone de mesure. Au cours d'une transformation, la composition du système tend à chaque instant vers sa composition d'équilibre, elle-même définie par la thermodynamique du système, et qui suit donc la température. Dans le cas de la calorimétrie AC, la composition va ainsi évoluer avec l'oscillation de température, à condition toutefois que la cinétique de la transformation lui en laisse le temps. C'est le même phénomène qui a été décrit dans le cadre de la TMDSC (paragraphe 3.2.3, et partie 3.3 dans [3]). Puissance échangée, évolution de la transformation et changement de la température L'équation (2.40), que l'on redonne ici, traduit la relation entre la chaleur échangée avec l'extérieur - ou l'enthalpie, à pression constante - et l'avancement de la transformation : " soit " " à pression constante " (3.20) (3.21) est la capacité calorifique vraie du système dont la composition est caractérisée par. est l'enthalpie molaire de la transformation considérée, c'est-à-dire l'enthalpie échangée " pour avancer la transformation d'une mole, à température constante. Le terme représente la puissance instantanée échangée pour faire évoluer la composition du système sans variation de température. Ce terme ne provoque donc pas directement une variation de température. Cependant, si on fixe la puissance fournie au système, l'apparition d'un terme que le terme " " positif implique va diminuer. La puissance disponible pour faire varier la température du système est affaiblie. On peut écrire l'équation (3.21) sous la forme : " ", ( 3.22) ce qui met en évidence que la puissance disponible pour faire varier la température du système, représentée par le terme de gauche, est modifiée par une transformation en cours. Cette nouvelle mise en équation n'est pas pleinement satisfaisante, puisque la seule puissance connue de l'expérimentateur est, celle qu'il fournit au système. On lui préfèrera la présentation donnée par l'équation (3.21). En revanche, si la cinétique de la transformation n'est pas suffisamment rapide pour lui per mettre d'être à l'équilibre à chaque instant, représente à chaque instant une consigne que le système s'efforce d'atteindre sans y parvenir parfaitement. La grandeur ne varie donc pas instantanément lorsque la température varie, mais un certain temps de réponse s'instaure. Dans ce cas on ne peut plus assimiler à, ni même à. Il faut parler de, et la réponse à une variation de température peut s'écrire comme atténuée et retardée par rapport à celle qu'on aurait observée dans un cas idéal : où (3.24) traduit le retard et l'atténuation dus à la cinétique. Calorimétrie AC Dans le cas de la calorimétrie AC, la présence d'une transformation signifie qu'un nouveau terme apparaı̂t dans l'équation de base donnée par l'équation (3.5) : (3.25) On note : On choisit d'écrire, et étant inférieur à 1. " où ", et traduisent l'atténuation et le déphasage dus à la cinétique, le module de (3.26) 3.3 orimétrie avec oscillation de tempé rature Dans le cas où la transformation est à l'équilibre thermodynamique à chaque instant, c'est-à. Alors on peut écrire : dire qu'elle est très rapide à l'échelle de l'expérience, " " " (3.27) Lors de la mesure, la transformation est perçue comme une capacité calorifique, qui s'ajoute ou se retranche - selon le signe de - à la capacité calorifique vraie. Dans le cas où la cinétique de la transformation apparaı̂t, l'expression devient plus complexe : " " " " (3.28) Cette expression conduit, si on rassemble les termes de même phase, à : " " Le terme lié à la transformation est observé comme somme de deux termes : " " – un terme assimilable à une capacité calorifique : ; " " " – un terme assimilable à une conductance thermique : (3.29). Réponse mesurée La réponse globale du système est donnée par la mesure de l'oscillation de température. Son amplitude et sa phase sont modifiées par la cinétique du phénomène sous-jacent. si on suppose que la diffusivité du système est infinie, on a : Les valeurs de et et (3.30) dépendent du rapport entre le temps caractéristique de la transformation - sa cinétique - et le temps de l'excitation : – si la transformation est très rapide devant l'excitation, on est à chaque instant à l'équilibre thermodynamique à l'échelle de la mesure. Seul le terme est non nul, et traduit la mise à l'équilibre thermodynamique du système à chaque instant ; – si la transformation a un temps caractéristique comparable au temps de la mesure, les deux termes sont non nuls, ils traduisent le retard pris par la transformation sur l'oscillation de température, et l'atténuation de la réponse par rapport au cas précédent : le système n'est pas à l'équilibre thermodynamique à chaque instant ; – si la transformation est très lente, le retard est de plus en plus grand et l'amplitude de variation de de plus en plus faible. A l'extrême la composition ne suit plus du tout l'os cillation, et : on ne voit alors plus la transformation. On voit également que le retard pris par la transformation a une influence drastique sur la phase de la réponse : – une transformation endothermique rapide crée seulement un l'amplitude mesurée et fait diminuer sa phase ; – une transformation endothermique lente crée un et un, positif, ce qui diminue, positifs, ce qui diminue l'amplitude mesurée et fait augmenter ou diminuer sa phase, selon les valeurs relatives des différents paramètres. Cette caractéristique peut permettre, par la mesure de la phase, de distinguer des situations que la simple mesure de l'amplitude ne permet pas de différencier. Exemple : cas des aimants moléculaires On a vu que, selon le rapport entre le temps de la transformation et celui de l'excitation, le système a plus ou moins le temps de suivre l'équilibre thermodynamique à chaque instant. Travailler à trop haute fréquence ne laisse pas le loisir à l'échantillon de se mettre à l'équilibre. En diminuant progressivement la fréquence, il répond de plus en plus, et cette réponse devient accessible, une nouvelle contribution s'ajoutant au signal oscillant. Cette observation a été faite sur des aimants moléculaires [18], [19]. Dans ces structures, des transitions sont rendues possibles pour des valeurs précises de champ magnétique, sous forme d'effet tunnel résonant entre deux états. Une telle transition est caractérisée à chaque température par une constante de temps. On fait une expérience de calorimétrie AC à température moyenne fixe, en augmentant progressivement le champ magnétique. La transition provoque un pic au champ concerné, plus ou moins visible selon la température moyenne et la fréquence d'oscillation. L'établissement des lois qui régissent ces variations mène à l'évaluation de 3.3.3.3. Réponse en présence d'un phénomène irréversible Modification irréversible du matériau Un processus tel que la réticulation d'un polymère ne revient pas en arrière lorsque la température baisse. Par contre l'oscillation de chaleur peut moduler la variation d'avancement de la réaction, et être en partie absorbée. La réponse risque bien sûr de n'être pas linéaire. Ce processus, bien qu'irréversible, va donc avoir un impact sur le résultat de la mesure. Il convient d'ajouter que dans un tel cas en général, un cyclage thermique révèlera une signature thermique différente avant et après la transformation. Transformation hystérétique L'irréversibilité peut aussi se rencontrer à l'échelle d'une petite variation de température, lorsque les processus de la réaction dans le sens direct et dans le sens inverse sont différents, par exemple dans le cas de phénomènes de germination. Si on se place à la limite haute température de la transition, un faible apport d'énergie peut faire disparaı̂tre le germe de la phase "basse température". Alors l'extraction de la même quantité d'énergie ne suffit pas nécessairement à faire réapparaı̂tre le même germe. Il faut parfois extraire plus d'énergie - diminuer la température -, attendre un temps plus long. Dans certains cas la réponse du système à ce type de sollicitation est statistique, et donc hautement variable d'une expérience à l'autre. C'est le cas par exemple de la solidification des corps purs. Si, compte tenu de l'énergie apportée par l'oscillation, les temps caractéristiques mis en jeu sont très courts devant le temps d'une oscillation, le système sera toujours à l'équilibre à l'échelle d'une oscillation et on considèrera le phénomène comme réversible. Des différences peuvent apparaı̂tre entre différentes mécanismes lorsque les temps caractéristiques sont de l'ordre de grandeur de la période d'oscillation, voire plus lents. En présence d'un comportement dominé par des phénomènes statistiques (germination homogène), on verra apparaı̂tre une certaine non-reproductibilité entre deux expériences, d'autant plus grande que ces temps sont longs. Si on est en régime de germination hétérogène, les germes apparaissent toujours sur les impuretés ou les défauts du matériau. Le mécanisme de leur apparition est mieux défini et reproductible. Deux mesures dans les mêmes conditions donneront donc le même résultat, mais on verra d'autant moins la transformation que son temps caractéristique limitant sera long. Dans tous les cas la réponse est donc ici éminemment non-linéaire, et sort du cadre de ce que la calorimétrie AC permet de mesurer dans de bonnes conditions. Traitement des informations Les auteurs ne sont pas tous d'accord sur l'approche à employer pour décrire au mieux ces réponses complexes du système. On a vu plus haut (paragraphe 3.2.3) qu'en calorimétrie modulée certains auteurs parlent de partie réversible et irréversible du signal. Le développement de la calorimétrie AC a donné lieu à un autre type d'approche, basé sur la notion de susceptibilité générale complexe, dont il convient de dire quelques mots. Souvent en physique, lorsque l'on étudie la réponse d'un échantillon à une sollicitation oscillante, il paraı̂t séduisant de séparer cette réponse en deux contributions, l'une en phase et l'autre 3 M ESURES 60 en opposition de phase avec l'excitation. C'est le cas par exemple pour des études de susceptibilité magnétique, de caractérisation électrique ou visco-élastique d'un corps. Dans tous ces exemples, l'une des contributions est la réponse réactive du système, et l'autre sa réponse dissipative, c'est-à-dire qu'elle trahit la perte d'une partie de l'énergie d'excitation, convertie en chaleur et dissipée. Les évolutions de chaque contribution en fonction de la fréquence de l'excitation renseignent directement sur les temps caractéristiques mis en jeu. Notre cas est particulier, puisque l'énergie d'excitation est déjà la chaleur, et qu'il n'y a pas de conversion de cette énergie sous une autre forme [21]. La distinction réactif / dissipatif a cependant une certaine pertinence. Une partie de la chaleur envoyée à est utilisée pour activer des grés de liberté supplémentaires dans l'échantillon. Cette chaleur va être restituée de façon identique lors du refroidissement, donc le processus entier participe à l'oscillation de température. Si une transformation irréversible a lieu au sein de la cellule calorimétrique, le système n'est pas dans un état stationnaire. La chaleur à va contribuer à son avancement, mais elle ne sera pas restituée de la même façon. D'après Birge et Nagel, puisqu'un processus irréversible s'accompagne d'une augmentation d'entropie de l'univers, la puissance de l'oscillation absorbée contribue par des processus incohérents à augmenter l'entropie du système (échantillon + environnement) [4] ; le bilan sur une oscillation est nul pour l'échantillon puisque le système est stationnaire, donc l'entropie du bain a augmenté. Il y a un flux d'entropie de l'échantillon vers le bain. 3.3.4 Calorimétrie AC et TMDSC (La méthode de Calorimétrie Différentielle à Balayage avec Modulation de Température a été présentée dans le paragraphe 3.2.3). En tant que méthodes d'analyse thermique, les deux techniques ont beaucoup en commun. La condition de diffusivité de la chaleur énoncée dans l'équation (3.17) impose les mêmes contraintes dans les deux techniques pour traduire l'homogénéité de température dans la cellul e de mesure . 3.3 Calorimétrie avec oscillation de température 61 Les deux méthodes sont dites stationnaires, c'est-à-dire à flux moyen établi entre échantillon et bain thermique. Cela signifie que lorsqu'on fait varier brutalement la puissance envoyée à la cellule calorimétrique en Calorimétrie AC ou la température du bain en TMDSC, il faut attendre un temps long devant pour que la mesure soit pertinente. De même dans les deux cas, un traitement rigoureux des données doit prendre en compte les résistances thermiques de contact et les capacités parasites. S'ajoute à cette liste dans le cas de la TMDSC l'assymétrie des deux cellules échantillon et référence. Les différences entre les deux méthodes sont en premier lieu historiques. La calorimétrie AC a été développée en physique du solide pour tirer parti des performances de l'instrumentation en AC. Cette technique instrumentale permettait en outre de faire une mesure à température moyenne constante, chose impossible en DSC - mais possible en TMDSC -. D'autre part les techniques utilisées n'ont rien en commun avec celles de Tian et Calvet et dès l'apparition des techniques de micro-fabrication, rien ne s'est opposé à la miniaturisation des porte-échantillon [14], [46] pour étudier des échantillons de très petite taille. Le développement de la Calorimétrie AC au laboratoire a par exemple été initié par l'étude de cristaux de supra-conducteurs à haute typiquement, c'est-à-dire de de côté [8], [12]. température critique de En revanche la méthode de TMDSC est une adaptation de la DSC, visant à distinguer plusieurs types d'événements énergétiques survenant dans l'échantillon. Elle est adaptée aux produits sur lesquels on faisait de la DSC, et requiert les mêmes quantités. En calorimétrie AC, l'oscillation de température est créée directement dans l'échantillon. Elle est maximale à puissance donnée si l'échantillon est bien isolé du bain, c'est-à-dire que le bain lui-même n'oscille pas. En revanche en TMDSC l'oscillation de température n'est pas produite dans l'échantillon ; c'est la température du bain qui, en oscillant, provoque. Cela nécessite que l'échantillon ne soit pas isolé du bain à l'échelle d'une oscillation. La différence majeure entre les deux méthodes [21] concerne donc la condition de quasi-adiabaticité, énoncée dans l'équation (3.9). Cette condition peut être remplie en calorimétrie AC ; c'est même le cas favorable, et alors n'intervient pas dans les mesures. En revanche elle ne doit pas être remplie en TMDSC. Cette dernière condition crée une autre différence, sur la gamme de fréquence autorisée pour l'oscillation. Dans le cas de la TMDSC les périodes d'oscillation sont typiquement de quelques minutes. Dans le cas de la calorimétrie AC on passe à la fraction de seconde. Pour des informations sur les techniques utilisées en modulation, on pourra consulter [32]. 4.1 Cahier des charges Les contraintes sur le système de mesures sont de plusieurs ordres. Avant tout il faut naturellement cerner les caractéristiques propres au type de systèmes que l'on souhaite étudier. Il faut ensuite rajouter aux exigences ainsi définies les contraintes propres à la méthode de mesure qu'on souhaite employer. 4.1.1 Contraintes expérimentales Quantité d'échantillon Les techniques calorimétriques classiques (DSC), si elles ont montré leur intérêt pour l'étude de ce type de molécules, ont dû limiter leur champ d'investigation aux protéines disponibles en grandes quantités. Cet obstacle paraı̂t insurmontable avec les technologies encombrantes de Tian et Calvet. C'est le premier point sur lequel un gain important doit être réalisé. L'objectif fixé est de gagner un facteur, c'est-à-dire de passer d'un volume utile de quelques centaines de microlitres à quelques microlitres. Résolution requise On a vu que les produits biologiques sont le siège de réactions faibles, s'accompagnant d'échanges de chaleur d'autant plus difficiles à détecter que le solvant aqueux a lui-même une grande chaleur spécifique, c'est-à-dire que le chaleur qu'il absorbe provoque des élévations de température 63 4 D ISPOSITIF 64 EXP ÉRIMENTAL faibles et difficiles à détecter. La résolution caractérise donc ici la plus petite variation de capacité calorifique apparente que l'on veut être à même de détecter. Prenons le cas d'une solution de L d'alpha-lactalbumine dosée à 5 mg.mL, c'est-à-dire à 0,4 mMol.L. Si l'on considère que la variation de capacité calorifique à la dénaturation est de l'ordre de 7,5 kJ.mol.K pour la protéine, le changement de capacité calorifique produit dans la cellule calorimétrique est donc de l'ordre de : " " " c'est-à-dire une variation relative de : " Pour mesurer ce changement avec une précision de " sur. ", " (4.1) (4.2) il faut une résolution expérimentale de D'après la relation (3.19) qui lie et sur le plateau adiabatique, une variation relative sur C se répercute dans les mêmes proportions sur : Si l'oscillation de température a une amplitude de 1 K, une variation de " entraı̂ne donc une variation de sur (4.3) " de en relatif. C'est cette résolution qu'il s'agit d'atteindre. Etanchéité Les produits biologiques sont avant tout des solutions aqueuses. L'une des conséquences est qu'il est nécessaire de concevoir une cellule calorimétrique étanche pour pouvoir les mesurer dans de bonnes conditions. En effet, l'évaporation et la condensation d'eau mettent en jeu des énergies très importantes qui vont immanquablement parasiter le signal calorimétrique. Il a été vu au paragraphe précédent que l'on doit pouvoir détecter une variation de capacité calorifique de 15 J.K, signature de la dénaturation de l'alpha-lactalbumine dans les condi- tions choisies. Une variation de capacité calorifique apparente de même ampleur est générée par l'évaporation de 70 ng d'eau au cours d'une variation de 10 K. Il est donc nécessaire d'obtenir une étanchéité aussi bonne que possible, pour que les phénomènes d'intérêt ne soient pas masqués par l'évaporation du solvant. Cette condition est très délicate à mettre en pratique, d'autant plus dans notre cas puisqu'il s'agit de contenir de façon étanche et sans bulles d'air quelques microlitres de liquide seulement. Diffusion de la chaleur Une autre conséquence de la présence majoritaire d'eau dans les échantillons sera leurs propriétés médiocres de diffusion de la chaleur. Un cube de 1 cm de cuivre, échauffé sur une de ses faces, a un temps de réponse de 1 s environ, alors que le même cube plein d'eau a un temps de réponse de l'ordre de 600 s, si l'on ne considère que la diffusivité! En réalité la convection intervient également dans le liquide, de façon éventuellement majoritaire selon la configuration, mais le temps de réponse reste néanmoins très grand. En régime transitoire le temps de réponse lié à la diffusivité , explicité dans le paragraphe 3.3.2, et par l'équation (3.14) doit être petit devant le temps caractéristique d'une oscillation (cf Eq. (3.12)), ce qui va limiter la gamme de fréquences utilisable. Gradient thermique En régime établi la condition pour que le gradient thermique dans la zone de mesure soit faible a été établie dans le paragraphe 3.3.2. La conductivité thermique de l'eau étant médiocre, il faudra veiller à ce que la conductance thermique de l'échantillon reste très inférieure - dans les conditions géométriques de l'expérience - à. Gamme de température L'immense majorité des êtres vivants évolue dans des zones tempérées, à pression atmosphérique. Les phénomènes que nous allons observer se situent donc dans la gamme de température de l'eau liquide à pression atmosphérique. Le système devra permettre l'étude de composés sous une pression proche de l'atmosphérique, entre 0 et 100 C. L'application d'une légère surpres- sion peut permettre le cas échéant de dépasser 100 C en restant en phase liquide, pour étudier la fin d'une transformation. Bien sûr cette limitation va rendre impossible la mise en oeuvre de certaines études. Il existe des bactéries extrêmophiles, qui vivent près de sources sous-marines chaudes sous des pressions importantes ou dans le froid polaire, et leur étude n'a pas été retenue comme un objectif de notre projet. Pour atteindre cette gamme de température sur la cellule calorimétrique, il faut donc être à même de réguler le bain thermique à une température un peu plus basse. En outre pour pouvoir faire des rampes de température montantes et descendantes sur la cellule de mesure, il faut disposer d'une réserve de puissance de chauffage et de refroidissement. La plupart des contraintes définies par le cahier des charges sont résumées dans la figure 4.1. 4 D ISPOSITIF 66 EXP ÉRIMENTAL F IG. 4.1: Résumé des principales contraintes de dimensionnement du dispositif expérimental. Il faut ajouter la résolution relative requise sur la mesure gamme des fréquences optimales sera déterminée par la zone : 5.10. La dans laquelle la double inégalité est vérifiée. 4.1.2 Compromis - Plateau adiabatique Deux contraintes parmi celles énoncées ci-dessus vont déterminer la gamme de fréquence optimale pour la mesure : la contrainte de diffusivité, et celle de quasi-adiabaticité. La cellule est d'autant mieux isolée du bain que la quantité de liquide est grande ( plus grand). En outre dans ce cas la part de l'échantillon dans la mesure totale augmente, ce qui est favorable. En revanche le temps de réponse dû à la diffusion de la chaleur augmente, ce qui limite la fréquence maximale acceptable. La double condition (3.18) risque de ne plus pouvoir être remplie. Mais si est proportionnel à la quantité de liquide, carré de l'épaisseur, ce qui implique qu'un doublement de est quant à lui proportionnel au multiplie par 4 le temps de réponse. Cet effet est donc drastique et il s'agit de travailler au minimum de pour se réserver autant de marge que possible. Cette caractéristique est intrinsèquement liée à la méthode AC, et elle occasionne de nombreuses difficultés expérimentales. Cependant on remarque d'ores et déjà qu'elle est plus facile à satisfaire pour des petits échantillons, ce qui est tout à fait favorable pour les Sciences de la Vie. Pour choisir les paramètres de l'expérience, la première étape consiste à déterminer la zone de plateau adiabatique, c'est-à-dire la gamme de fréquence dans laquelle la mesure sera optimale. L'équation (3.18) définit cette gamme par : L'équation (3.13) donne la valeur de (4.4) aux abords du plateau, elle définit l'influence des pa- ramètres précédents sur la valeur ée : (4.5) Si l'on souhaite que le lien thermique vers le bain et la diffusivité interne de l'échantillon ne perturbent pas la valeur mesurée de plus que 10, il faut choisir tous les paramètres du système de telle sorte que : 4.1.2.1 et (4.6) Fréquence de coupure haute - Volume étudié La limite la plus contraignante concerne donc le temps de réponse de l'échantillon. Elle va fixer, pour une fréquence de travail donnée, l'épaisseur maximale acceptable. Pour une épaisseur =50 m de liquide, les relations (3.12) et (3.14) donnent : ce qui borne à :, (4.7) rad.s, soit 3 Hz (4.8) Une épaisseur de 50 m paraı̂t un seuil en deçà duquel on peut difficilement descendre expérimentalement. Pour cette épaisseur et sur une surface arbitrairement choisie de on obtient un volume de 5 mm, soit 5 L. La capacité calorifique de ce volume assimilé à de l'eau est environ 21 mJ.K à l'ambiante. Il est donc nécessaire que la cellule calorimétrique soit miniaturisée, pour que sa contribution à la mesure ne dépasse pas cet ordre de grandeur. Si on voulait réaliser le porte-échantillon avec des techniques classiques on aurait immédiatement des volumes bien supérieurs au volume de l'échantillon. Or la capacité calorifique à l'ambiante de 5 mm de cuivre est de 20 mJ.K. Ce calcul d'ordre de grandeur donne une idée du degré de compacité nécessaire et de l'importance cruciale des technologies de micro-fabrication dans la réalisation d'un tel dispositif. Pour la suite du dimensionnement on va considérer que les addenda représentent 20 mJ.K, la valeur maximale que l'on s'autorise. 4.1.2.2 EXP ÉRIMENTAL Fréquence de coupure basse - Fuite vers le bain Si on veut que le calorimètre nous permette de couvrir une décade de fréquence, il faut que la coupure basse soit au maximum à 0,3 Hz. D'après la condition (3.9) il faut donc que : mW.K (4.9) Cette fuite répartie sur 1 cm est très faible. Cela signifie qu'il est très difficile de réaliser un appareillage permettant de couvrir des décades de fréquences... En outre cela nécessitera d'être très attentif à tout l'environnement de la cellule, la moindre fuite parasite (rayonnement,...) étant susceptible de concurrencer celle que l'on va installer. La réalisation de cette liaison thermique entre échantillon et bain thermique va constituer une difficulté majeure lors de la conception du capteur. 4.1.2.3 Apport de puissance oscillante Au vu des contraintes sur le volume des addenda, il est indispensable de se tourner vers les possibilités qu'offre le développement des techniques de micro-fabrication, et plus particulièrement dans le domaine des couches minces - dépôts, gravures, -. Il faut a minima un élément d'apport de la puissance AC et un élément de mesure de la température. va être apportée via une résistance électrique déposée en couche mince La puissance sur le porte-échantillon, gravée, et dans laquelle on fait circuler un courant de valeur efficace, est alors de la forme. La puissance Joule dégagée par la résistance de la forme : (4.10) Cette puissance calorifique est la somme d'un terme moyen et d'un terme purement sinusoı̈dal. C'est cette puissance, dégagée sous forme de chaleur dans le porte-échantillon, qui va nous permettre de faire la mesure. Dans les conditions d'un plateau adiabatique, la puissance est liée à l'oscillation mesurée via l'équation (3.19) que l'on rappelle ici :, où est l'amplitude de l'oscillation. Choisissons, pour l'estimation des performances du système, de réaliser, à 0,1 Hz, une oscillation de température d'amplitude 1 K. Cette valeur d'amplitude est la limite supérieure pour charges l'observation de phénomènes qui s'étalent sur plusieurs degrés, comme on attend dans les liquides biologiques. Bien sûr, dans la mesure du possible on travaillera avec des oscillations d'amplitude moindre. On a : soit : " " et on arrive à une série de couples (, " mW, mW, (4.11) (4.12) ).
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PS DR La place des aménités naturelles et patrimoniales est au coeur des discussions sur les Aménités dynamiques des espaces ruraux en lien avec le potentiel d'emplois induits en agriculture environnementales et plus largement dans le secteur des services. Mais leur contribution effective à ces dynamiques n'est pas assez connue. L'objectif principal du projet AMEN est donc de clarifier Demande les conditions économiques et institutionnelles de ce potentiel de développement territorial touristique à partir d'observations réalisées en Rhône-Alpes, Aquitaine et Auvergne. Après une présentation de la méthodologie développée par le projet AMEN dans ces trois Economie régions, cette plaquette réalise un focus sur les premiers résultats du volet aquitain de ce résidentielle projet interrégional, dont le terrain d'étude est constitué des territoires de l'estuaire de la Stratégies d'offre Gironde. Contexte de recherche du projet AMEN en Aquitaine Avec plusieurs grands sites majeurs et 265km de côte, l'Aquitaine se place au 5e rang des régions touristiques françaises. Elle attire essentiellement une clientèle française (plus de 84% des fréquentations touristiques de la période estivale). Les fréquentations hors saisons concernent surtout Bordeaux et son agglomération, le bassin d'Arcachon et le parc national des Pyrénées. En marge de ces différents pôles touristiques, les territoires de l'estuaire de la Gironde font l'objet de nouvelle volonté politique qui voudrait impulser le développement du tourisme par la valorisation conjointe des aménités naturelles et patrimoniales. Or, l'estuaire de la Gironde constitue le plus vaste estuaire européen, et un des mieux préservés. Ses richesses naturelles se trouvent à la fois dans les milieux aquatiques et terrestres. A cette composante naturelle, vient s'ajouter la composante culturelle et patrimoniale : des sites emblématiques comme la citadelle de Blaye avec les verrous Vauban classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Enfin, il ne faut pas oublier, la réputation des vignobles et des châteaux viticoles. A ce stade de redéfinition du devenir de ces territoires, trois questions sont posées au regard du tourisme: (1) L'estuaire de la Gironde peut-il devenir une destination touristique et sous quelles formes? (2) La coordination d'acteurs autour de la préservation et la valorisation des aménités facilitent-elles l'émergence d'une nouvelle trajectoire de développement. Sinon, avec quel outilinstitutionnel? Originalité des approches et des résultats La recherche s'appuie sur les évaluations de la demande touristique au travers les différents vecteurs de valorisation économique (services d'hébergements, activités recrétaives et de loisirs). Parallèlement, une lecture des stratégies publiques et privées autour de la préservation et la valor isation des aménités permet de se prononcer sur la cohérence, l'efficacité et les marges de manoeuvre pour une véritable politique d'aménités sur ces territoires. Le développement du tourisme autour des aménités naturelles et patrimoniales nécessite de viser un segment de marché particulier : celui de la «découverte de la nature». L'articulation de nouvelles offres avec celle existante (notamment le tourisme autour du vin et des vignobles) ne peut s'effectuer indépendamment du fleuve. Le défaut d'un outil institutionnel propice à la collaboration entre acteurs publics et privés des deux rives peut brider l'efficacité des nouvelles politiques envisagées. M EN Auteurs Christophe BOSCHET, Cemagref, UR ADBX Tina RAMBONILAZA , Cemagref, UR ADBX 12 Laboratoires partenaires, dont : - UMR GAEL, INRA-UPMF Grenoble - UMR METAFORT, Cemagref Clermont - Ferrand - EM et DTM, Cemagref Grenoble - Equipe Multicom, Sc. cognitiv es, LIG-CNRS UJFINPG Grenoble - IREGE, Eco -gestion, U. de Savoie Chambéry - CREDECO - CREDEG, CNRS U. de Nice Parte naires aquitains Mission Estuaire Conseil G énéral de Gironde Comité Départemental du Tourism e de Gironde Syndicat Mixte du Pays Médoc A PS DR 3 Valorisation, gestion et contribution des aménités environnementales au développement durable des territoires : le cas de l'estuaire de la Gironde S CU FO - Méthodologie générale du projet AMEN Une double dynamique, touristique et résidentielle La reconnaissance de la valorisation des aménités environnementales comme potentiel de développement des territoires ruraux n'est pas nouvelle. Cependant, les approches proposées restent partielles en se concentrant sur les stratégies d'offre publique d'aménités qui prennent en compte leur caractère d'externalités et de biens publics. Elles laissent ainsi de côté les stratégies d'offre des aménités par des agents économiques privés, leur valorisation marchande ou quasi-marchande et les spécificités de la demande d'aménités. L'attractivité des espaces fondée sur leur richesse en aménités, se lit principalement à travers la demande touristique et les comportements résidentiels, qui contribuent fortement au développement local et régional. Cette double dynamique, touristique et résidentielle, interroge à la fois sur : • les spécificités de la demande d'aménités et notamment sur la notion d'aménités en tant qu'ensemble d'attributs qui différencient un territoire d'un autre territoire ; les ve de valorisation économique qui favorisent la demande et participent le mieux au développement territorial en termes d'emplois et de revenu ; • les processus socio-économiques de leur valorisation notamment l'impact des politiques régionales et locales existantes sur les coordinations des acteurs. pour une stratégie de valorisation des aménités environnementales en Aquitaine, Rhône-Alpes et Auvergne La notion d'aménités revisitée : définitions, types d'approches, typologies et concepts Les spécificités et caractéristiques de la demande d'aménités Méthodes - Approche cognitive - Analyse de la place des auprès de différentes aménités dans les praticatégories d'usagers de ques touristiques : l'espace. - Exploitation des don- Approche écologique nées de « Suivi de la defonctionnelle des amé- mande touristique » TNS nités. Sofres-Observatoire du Tourisme ; - Synthèse des enseignements des deux ap- - Approche par les préféproches précédentes rences déclarées des praet mise en perspective tiques touristiques. économique. L'impact sur le développement régional des stratégies de valorisation des aménités - Les réseaux sociaux des - Approche par effets de actions de préservation et traitement sur les revenus de valorisation des améni- et les emplois des PNR. tés. - Evaluation des rentes de - Dispositifs institution- qualité territoriales comme nels efficaces pour la ges- critère de l'adéquation ention des offres d'aménités tre stratégies d'offre et de: rôle des PNR. mande d'aménités. Aménités et développement touristique, objet de la recherche : - Les marais, les îles, le fleuve, le patrimoine viticole et les vignobles - La demande touristique - Projet de parc naturel régional M EN Le terrain en Aquitaine : L'estuaire de la Gironde L'analyse des formes institutionnelles de gestion et de valorisation des aménités Les comparaisons transversales avec les régions Auvergne et Rhône-Alpes permettront alors de tirer des enseignements pour mettre en oeuvre une stratégie de valorisation des aménités. A AMEN FO CU S- Titre Analyser et évaluer la demande touristique d'amenités En partant de questions de recheches formulées par les acteurs de terrain, cette partie du travail a été confrontée à un double challenges. Le premier est de pouvoir répondre aux interrogations des acteurs locaux de manière complémentaire aux résultats des travaux des bureaux d'études et des cabinets d'experts, basés essentiellement sur des analyses de clientèles. La seconde est plus scientifique : trouver une méthodologie empirique originale qui combine méthode d'analyse de marché et méthode d'évaluation économique. Un protocole d'enquête dit de «méthode des expériences de choix» pour plusieurs scénarios types de séjours valorisant les amenités naturelles et patrimoniales a été donc mis en place. Cette enquête est administrée actuellement sur le site internet www.maraisvous. fr. Quatre attributs caractérisent chaque «coffret de séjour» pour définir les scénarios de choix : le mode d'hébergement, l'activité récréative principale (souvent payante), l'activité récréative secondaire (gratuite) et la dénomination du séjour. L'enquête permet d'identifier les aménités estuariennes valorisées par la demande touristique. Les choix des coffrets des séjours sont mis en perspective par rapport aux «Consentements à Payer» (CAP) déclarés par les enquêtés pour chaque séjour choisi. Développement du tourisme autour des marais des territoires de l'estuaire de la Gironde et si vous nous révéliez vos préférences?! Le tourisme au coeur des marais constitue une véritable opportunité pour découvrir et visiter les territoires de l'estuaire de la Gironde. Le projet de recherche que nous menons actuellement souhaite analyser vos préférences en matière de séjours touristiques sur ces territoires Répondez à l'enquête pour participer au tirage au sort et gagnez un week-end gratuit au coeur des marais de l'estuaire de la Gironde. Rendez - vous sur : www .marais vous .fr Flyer diffusé pour l'enquête en ligne « Mar ais -vous » Les réseaux sociaux des actions de préservation et de valorisation des aménités L'analyse de la coordination des acteurs de la préservation et la valorisation des aménités de l'estuaire se confronte à une problématique de délimitation du phénomène à analyser autour de deux critères : - les enjeux de l'action (les aménités), - et les enjeux des relations (acteurs locaux). Plusieurs dispositifs institutionnels dédiés à la protection (SAGE, sites NATURA 2000) ou à la valorisation des aménités (LEADER, charte paysagère et environnementale) permettent d'observer les implications des acteurs au travers de leur participation à ces dispositifs. Le premier enseignement livré est que cette participation est majoritairement le fait d'acteurs publics (élus et techniciens). Cette sur-représentation s'opère au détriment des associations environnementales malgré leur rôle historique dans l'affirmation de la dimension naturelle de l'estuaire. Elle se fait également au détriment du secteur privé marchand, quasi-absent de ces dispositifs. Par ailleurs lorsque l'on interroge les acteurs les plus impliqués à propos de leurs collaborateurs autour d'actions concrètes (projets, évènements ), l'on s'aperçoit d'une déconnexion entre le réseau de relations issues de ces dispositifs et le réseau de collaborations effectives. Une analyse statistique des facteurs qui influencent l'existence de ces liens de collaboration livrent autant d'enseignements que de questions qui mèneront les recherches à venir. - Les dispositifs dédiés à la protection et la valorisation des aménités ont une influence positive sur la collaboration, mais ne jouent-ils pas un effet d'éviction de certains acteurs, en particulier privés? - La taille de l'estuaire implique une distance géographique entre les acteurs qui constituerait un frein à la formation de liens de collaboration. Mais, quid des frontières institutionnelles qui morcèlent le territoire de la demande. PS Valorisation , gestion et contribution des aménités environnementales au développement durable des territoires : le cas de l'estuaire de la Gironde S CU FO - Pour aller plus loin  Boschet C., Rambonilaza M., (2010). Aménités naturelles et patrimoniales : quelles valorisations, quelles coordinations? Projet PSDR AMEN, Aquitaine, Auvergne et Rhône-Alpes.  Boschet C., Rambonilaza M., (2010). Les mécanismes de coordination dans les réseaux sociaux : un cadre analytique de la dynamique territoriale, Revue d'Economie Régionale et Urbaine, n°3.  Lyser Sandrine : « Évolution des séjours touristiques en Aquitaine entre 2003 et 2007 : Analyse des enquêtes « Suivi de la Demande Touristique » (TNS SOFRES) 2003-2005-2007 », 64 pages, mai 2010.  Ben Othmen Asma : «Les séjours touristiques dans les territoires de l'estuaire de la Gironde : analyse de l'enquête sur la fréquentation et les dépenses touristiques», Octobre 2010. Pour citer ce document : BOSCHET, Christophe et RAMBONILAZA Tina (2012). Valorisation, gestion et contribution au développement durable des territoires, des aménités environnementales : le cas de l'estuaire de la Gironde, Projet AMEN, Série Les Focus PSDR3..
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Les effets des lois de laïcisation et des lois laïques sur le patrimoine de l’Église catholique : l’exemple de l’Isère (1880-1951). Droit. Université de Grenoble, 2012. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-03755539⟩
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Oui, 1789 a sécularisé toutes les institutions, et particulièrement l’institution de la famille, puisqu’il a fait du mariage un contrat civil, relevant uniquement de la loi civile et absolument indépendant de la loi religieuse. C’est ce que j’appelle la sécularisation des institutions, et je dis que la sécularisation des institutions devait nécessairement aboutir, tôt ou tard, à la sécularisation de l’école publique. » (FERRY (Jules), ROBIQUET (Paul), Discours et opinions de Jules Ferry, publiés avec commentaires et notes par Paul Robiquet, tome 4, Paris, Armand Colin & Cie , 1896, p. 116.) Puis, dans la même séance : « On s’est servi d’une expression très fausse, à mon avis, et très inconvenante, quand on a dit : « l’État est athée. » Non certainement, l’État n’est pas athée, mais l’État est laïque, et doit rester laïque pour le salut de toutes les libertés que nous avons conquises. L’indépendance et la souveraineté de l’État est le premier principe de notre droit public. C’est là le principe que nous sommes essentiellement chargés de défendre et de maintenir... la sécularisation générale des pouvoirs, le caractère laïque de l’État. » (FERRY (Jules), ROBIQUET (Paul), Discours et opinions de Jules Ferry, publiés avec commentaires et notes par Paul Robiquet, op. cit., p. 125.) À la séance du 6 juin 1889 : « Ah! messieurs, c’est que la sécularisation de l’école, la neutralité de l’école, ce n’est pas seulement la conséquence logique de ces différentes étapes, de ces différents actes par lesquels la société civile s’est peu à peu dégagée des étreintes de la société religieuse : elle en est aussi la sauvegarde et la garantie fondamentale. » (FERRY (Jules), ROBIQUET (Paul), Discours et opinions de Jules Ferry, publiés avec commentaires et notes par Paul Robiquet, op. cit., p. 472.) 130 Par exemple, sous la plume de Ferdinand Buisson (Directeur de l’enseignement primaire de février 1879 jusqu’en 1896), qui est souvent considéré comme le « premier « théoricien » de la laïcité » (BAUBÉROT (Jean), Laïcité 1905-2005, Entre passion et raison, Paris, Seuil, p. 13.), on le retrouve lorsqu’il parle de l’éducation : « Il y a quelques années, c’était un devoir pour la nation, il y allait pour elle d’un intérêt primordial d’enlever l’école aux congrégations et à l’Église. C’est chose faite, et il dépend de nous d’achever dès que nous le voudrons, cette sécularisation. 132 MONOD (Jean-Claude), La querelle de la sécularisation. De Hegel à Blumenberg, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, « Problèmes et controverses », 2002, 317 pages. 133 BAUBÉROT (Jean), Laïcité 1905-2005, Entre passion et raison, Paris, Seuil, p. 53. 134 Ibid. 135 Cf. ibid. Université Pierre Mendès France 40 | envisageant d’approfondir les liens existant entre laïcisation et sécularisation136. Ces deux termes renvoient donc à des réalités différentes, mais la dissociation n’avait pas encore été précisée à l’époque de notre étude : ayant réalisé un travail d’archives fondé notamment sur des correspondances et discours, il nous arrivera d’employer le terme « sécularisation » tel qu’il était utilisé dans les débats consultés. III. Sources et méthodes pour une étude locale (le cas du département de l’Isère) Afin d’apprécier les conséquences patrimoniales concrètes de la politique de laïcisation, il nous a paru nécessaire de centrer notre étude à un niveau local, et non national. L’objectif est en effet de parvenir à un aperçu précis des mutations sur le terrain permettant d’identifier les grandes dynamiques à l’œuvre. Un cadre restreint est plus opportun pour une étude détaillée pratique, offrant la possibilité de croiser des sources de diverses origines sans se limiter uniquement aux rapports et statistiques officiels qui gomment parfois certaines tensions, incertitudes et particularités locales. Notre choix s’est arrêté sur Grenoble et sa région. Les frontières du département de l’Isère et du diocèse de Grenoble ont l’avantage de se confondre quasiment, même s’il n’y a pas une stricte concordance entre les deux. En 1852, le canton de Villeurbanne, qui faisait jusqu’alors partie de ’Isère, a été rattaché au département du Rhône. Le diocèse, couvrant jusqu’alors l’ensemble du département, n’a lui pas été immédiatement modifié, conservant ses anciennes frontières pendant plus d’un siècle. Finalement, c’est seulement en 1955 qu’une mise à jour de sa délimitation a lieu : le canton de Villeurbanne est alors rattaché à l’évêché de Lyon. Il nous a donc fallu choisir s’il était préférable de retenir la circonscription administrative du département ou la circonscription ecclésiastique du diocèse. Au vu des différentes sources à exploiter, notamment l’important fonds préfectoral isérois, avec ses correspondances et ses statistiques, mais aussi en raison de la spécificité rhodanienne de Villeurbanne placée sous influence lyonnaise, il nous a paru plus pertinent de centrer notre étude uniquement sur le département de l’Isère, tout en citant 136 L’hypothèse formulée par Jacqueline Lalouette est la suivante : « On peut supposer qu’il s’agit de deux phénomènes qui s’étayent l’un l’autre : un pays laïcisé ne va-t-il pas, par la force des choses, se séculariser toujours plus, au rythme des effets du retrait de la religion des différents domaines publics? À l’inverse, un pays sécularisé ne va-t-il pas aller vers une laïcisation toujours plus accrue, grâce à des lois, des institutions qui seront toujours plus en harmonie avec une société d’où le religieux se retire toujours davantage? » (LALOUETTE (Jacqueline), La séparation des Églises et de l’État, Genèse et développement d’une idée (1789-1905), Paris, Seuil, « L’univers historique », 2005, p. 422.) | 41 parfois des données relatives à l’ensemble du diocèse qui inclut donc Villeurbanne. Il conviendra notamment de garder à l’esprit cette particularité géographique lorsque les archives de l’évêché de Grenoble-Vienne seront citées. Le choix de l’Isère comme terrain d’étude s’explique pour des raisons liées aussi bien à sa géographie et à sa coloration politique qu’à des spécificités liées à sa vie religieuse137 qui méritent d’être étudiées plus en détails. Dans sa thèse sur le département sous la Troisième République, Pierre Barral estime que l’Isère, taillée dans l’ancien Dauphiné, apparaît en bien des points comme « un non-sens géographique [...] pour moitié un département alpin et pour moitié un département rhodanien »138. L’industrie y est dynamique et prospère. Les luttes politiques y sont animées. « Le département apparaît comme un pays de gauche »139, se rattachant volontiers au souvenir de Vizille. Entre 1880 et 1906, les électeurs isérois approuvent globalement la politique religieuse conduite, élisant en majorité des parlementaires hostiles à l’Église catholique. Certaines communes iséroises anticipent même la politique gouvernementale, notamment la laïcisation de l’éducation, la municipalité de Grenoble procédant au remplacement des congréganistes par un personnel laïque dans ses écoles primaires avant les lois scolaires de la décennie 1880140. Toutefois, si le département apparaît donc soutenir la politique menée durant cette période, à l’image du pays, il n’est pas pour autant uniforme politiquement : en Chartreuse, et dans certains cantons de montagnes, la pratique religieuse reste élevée et la droite se maintient et fait toujours de solides résultats. En 1902, certes en profitant d’un contexte local particulier et d’une coalition « contre le collectivisme révolutionnaire »141 formée dans la deuxième circonscription contre le député socialiste sortant Zévaès, l’architecte des Chartreux et maire de Saint-Laurent-du-Pont, JeanFrançois Pichat, remporte l’élection142 : il se fera l’avocat Le choix de restreindre l’étude à l’Église catholique s’explique par le fait que les catholiques sont largement majoritaires dans le département. Les documents administratifs pour la période concordataire évaluent, en 1883, le nombre de protestants en Isère à 4.220, une valeur qui semble englober, selon Pierre Barral, tous les habitants d’origine protestante. Après la Séparation, l’historien estime, en 1930, la présence protestante dans le département à environ « 2.500 adultes cotisants, 500 jeunes enfants et un millier de réformés connus, mais non rattachés ». Si la répartition est très irrégulière, la proportion globale de protestants dans le département reste donc très faible (moins de 1%). (cf. BARRAL (Pierre), Le département de l’Isère sous la Troisième République, Paris, A. Colin, « Cahiers de la fondation nationale des sciences politiques », 1962, p. 270-271). 138 Ibid., p. 27. 139 Ibid., p. 541-542. 140 Cf. BLIGNY (Bernard), Le diocèse de Grenoble, Paris, Beauchesne, « Histoire des diocèses de France », 1979, p. 232. 141 Le Petit Dauphinois, 28 avril 1902. 142 Pichat est vainqueur lors du second tour contre le député socialiste sortant, Zévaès. Étant l’architecte du monastère des Chartreux, son succès apparaît comme la preuve de l’intervention de l’ordre dans la vie politique. Le journal socialiste Le Droit du peuple accueille par ces mots la défaite de son candidat : Pichat est qualifié Université Pierre Mendès France 42 | Bruno à la chambre des députés alors que leur sort se joue au printemps 1903. Par ailleurs, au cours du demi-siècle de combat qui s’ouvre avec l’arrivée au pouvoir des républicains, quelques événements d’ampleur nationale marquent considérablement la région. Sans atteindre l’intensité des confrontations qui auront lieu dans l’Ouest, notamment au moment des inventaires de 1906, l’Isère connaît elle-aussi un drame qui préfigure les confrontations à venir. À Châteauvillain, près de Bourgoin, le 8 avril 1886, la fermeture d’une chapelle privée non autorisée, située dans une usine de textile, donne lieu à un échange de coups de feu et à un affrontement entre les gendarmes et les ouvrières, qui coûte la vie à une d’entre elles143. Par ailleurs, le diocèse de Grenoble dispose de particularités qui retiennent également l’attention. Au sortir de la Révolution, la reconstruction y est, comme ailleurs, progressive144 : à ses débuts, l’Église concordataire doit surmonter deux grandes difficultés, l’une de recrutement, et l’autre matérielle, notamment parce que le traitement des curés est long à se mettre en place et que les presbytères, pour certains déjà vendus par les communes, posent aussi des difficultés145. Par la suite, le diocèse revêt un intérêt particulier dans le domaine de la piété. Existe déjà le pèlerinage à Notre-Dame de l’Osier, près de Vinay, où les fidèles vénèrent depuis le XVIIe siècle le « miracle de l’osier sanglant »146. Toutefois il occupera surtout une place importante dans l’essor du grand siècle marial qu’est le XIXe siècle147 : l’identité catholique s’affirme alors par des apparitions, « un phénomène majeur, et français, du culte marial »148, et la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception par le pape Pie IX en 1854. Quelques années avant Lourdes (1858) ou Pontmain (1871), le 19 septembre d’« agent d’affaires » (Le Droit du Peuple, 19 mars 1903) et même de « candidat officiel » (Le Droit du Peuple, 5 février 1903) des Chartreux, son élection étant intervenue « grâce à l’or » (Le Droit du Peuple, 19 mars 1903) des moines de Saint Bruno. L’analyse de ce drame peut être faite à deux niveaux. Outre l’avertissement des risques découlant des confrontations qui allaient naître de cette politique de laïcisation, il est aussi un exemple du désaveu de la puissance étatique mal utilisée. En effet, le curé et le directeur d’usine, poursuivis devant la Cour d’assises, ne furent condamnés qu’à 200 francs d’amende par le jury populaire. Cela amène à s’interroger sur les modalités d’application des lois rigoureuses, qui est une problématique constante des lois de laïcisation. (BOURGEOIS (René), L’expulsion des Chartreux, Grenoble, PUG, 2000, p. 39.) 144 Cf. GODEL (Jean), La reconstruction concordataire dans le diocèse de Grenoble après la Révolution (18021809), Thèse, Histoire, CNRS, Grenoble, 1968, 410 pages. 145 Cf. BLIGNY (Bernard), Le diocèse de Grenoble, Paris, Beauchesne, « Histoire des diocèses de France », 1979, p. 191. 146 BARRAL (Pierre), Le département de l’Isère sous la Troisième République, op. cit., p. 254-255. L’ouvrage d’Aimée-Marie De Franclieu comporte beaucoup de précisions complémentaires (cf. DE FRANCLIEU (Aimée-Marie), Le Miracle de l’Osier d’après les documents originaux, Grenoble, Baratier et Dardelet, 31 pages). 147 Cf. SORREL (Christian), « Ultramontanisme et culte marial : les fêtes de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception dans le duché de Savoie (1855) », in D’HOLLANDER (Paul) (dir.), L’Église dans la rue, Les cérémonies extérieures du culte en France au XIXe siècle, Pulim, Limoges, 2001, p. 230. 148 Cf. CHOLVY (Gérard), La religion en France de la fin du XVIII siècle à nos jours, Paris, Hachette, « Carré Histoire », 1991, p. 54. 1846, la Vierge apparaît à deux jeunes bergers, Mélanie Calvat et Maximim Giraud, sur une montagne de La Salette Fallavaux149. Comme le rappelle justement Émile Poulat, « de toutes les apparitions, [elle est] celle qui déchaîna le plus d’oppositions, de controverses, de passions et sans doute aussi d’imaginations »150, nourrissant une riche littérature151. Cependant Mgr de Bruillard alors évêque de Grenoble (1826 – 1852) se montre entreprenant : il joue un rôle déterminant dans la reconnaissance d’une apparition qui divise aussi bien l’épiscopat français que le clergé local. Il permet le développement du pèlerinage152, initiant et contribuant à la construction de la basilique de La Salette153. Jean-Michel Leniaud note d’ailleurs que cette décision de construire une église sur le terrain des apparitions, destinée aux pèlerins, « inédite et en contradiction avec le droit public, [...] ouvre la voie à une série originale de constructions cultuelles au XIXe siècle, celles des “basiliques” »154. Enfin, le 1er mai 1852, l’évêque crée une société de prêtres, les Missionnaires de Notre-Dame de La Salette, pour 149 Cf. STERN (Jean), La Salette . Documents authenti ques, tome 1 : septembre 1846 - début 1847 , Éd. Desclée de Brouwer, 1980, 417 pages ; tome 2 : fin mars 1847 - avril 1849, Éd. du Cerf, 1984, 385 pages ; tome 3 : 1er mai 1849 - 4 novembre 1854, Éd. Desclée de Brouwer, 1991, 373 pages. 150 POULAT (Émile), « Article dans le Bulletin des ouvrages », Archives des sciences sociales des religions, Année 1982, Volume 53, n°2, p. 359. 151 Cf. ANGELIER (François), LANGLOIS (Claude), La Salette : apocalypse, Dans la préface de la treizième édition de sa Vie de Jésus, Ernest Renan écrit que, dans le miracle de la Salette, « on eut l’idée claire de l’artifice ; mais la conviction que cela faisait du bien à la religion l’emporta sur tout ». (RENAN (Ernest), Vie de Jésus, Paris, Michel Lévy Frères, 1867, 13e éd. revue et augmentée, page XXVII.) Concernant les polémiques autour du secret de La Salette, consulter notamment : APPOLIS (Émile), « En marge du catholicisme contemporain : Millénaristes cordiphores et naundorffistes autour du « secret » de La Salette », Archives des sciences sociales des religions, 1962, vol. 14, n°1, p. 113-121. 152 Dès 1850, Mgr de Bruillard demande à l’architecte Berruyer d’étudier la construction d’un édifice – alors même que l’enquête devant déterminer la véracité de l’apparition n’est pas encore achevée. Le 19 septembre 1851, il publie le mandement autorisant le pèlerinage et la construction de la basilique. Il acquiert ensuite en son nom propre, en octobre, les terrains pour construire le sanctuaire. Il donne ce terrain à l’évêché l’année suivante. Le 25 mai 1852, il pose la première pierre de l’édifice, même si les travaux ne seront terminés qu’en 1865. (cf. AVENIER (Cédric), Ciments d’Églises, Semences de Chrétiens (Constructions religieuses et industrie cimentière en Isère au XIXe siècle), Thèse, Histoire et Histoire de l’art, Grenoble, 2004, p. 102.) 153 Cf. DUFIEUX (Philippe), « Un architecte au service des ambitions épiscopales : Alfred Berruyer (18191901), diocésain de Grenoble », Livraisons d’histoire de l’architecture, 2003, vol. 6, n°1, p. 123. L’auteur émet l’hypothèse que la construction de cette basilique peut être interprétée « comme une entreprise d’émancipation destinée à assurer l’autorité de l’évêque de Grenoble face à l’ingérence de son métropolitain ». Le terme « basilique » renvoie en effet à des édifices, voués à des pèlerinages ou à des dévotions particulières, qui ne correspondent à aucune des catégories prévues par le concordat. Les basiliques se caractérisent donc pour la plupart « par un régime de propriété d’autant plus flou et divers qu’il s’agit de tourner la loi avec la complicité passive ou non de l’administration des cultes ; par le fait aussi qu’elles ont été construites à l’écart de la police architecturale du service des édifices diocésains [...] ; enfin, par les vifs conflits qui ont opposé dans le contexte pré-séparatiste et au moment de la Séparation l’administration de l’État aux autorités diocésaines ». (LENIAUD (Jean-Michel), « La basilique de La Salette : l’achat du terrain, la construction, l’érection de la chapelle en basilique mineure », in ANGELIER (François), LANGLOIS (Claude), La Salette, Apocalypse, pèlerinage et littérature (1856-1996), Grenoble, J. Million, 2000, p. 135.) Université Pierre Mendès France 44 | tenir le pèlerinage qui reste ainsi administré par l’évêque, cela permettant d’empêcher l’arrivée d’une congrégation dont l’autorité lui échapperait155. De même que Mgr de Bruillard a été décisif pour l’établissement de cette œuvre importante pour la vie et le dynamisme du diocèse, dans le cadre de la période conflictuelle correspondant à notre étude, les évêques jouent un rôle déterminant. Grenoble a la chance de voir se succéder des prélats, tous très différents, mais qui ont pour point commun d’être particulièrement actifs. Faisant leurs des causes diverses, allant toutes dans le sens de la recherche de l’intérêt de l’Église, les quatre évêques qui dirigent le diocèse vont chacun, à leur manière, marquer la région. Le premier, le plus iconoclaste, est Mgr Fava. C’est un homme de combat156, connu nationalement pour son ardeur antimaçonnique157. Son épiscopat dure de 1875 à 1899. S’il fait beaucoup pour le dynamisme des œuvres, entièrement absorbé par elles, il s’occupe peu des affaires matérielles, si bien qu’à sa mort, la mense se trouve « dans un très grand désordre, et la liquidation de ses comptes soul[ève] bien des difficultés »158. Lui succède, de 1900 à 1911, un prélat d’un tout autre profil : Mgr Henry159. Appartenant à la dernière vague de nominations épiscopales d’intellectuels contemporaine au gouvernement de Waldeck-Rousseau, il est nommé avec le soutien du gouvernement en dépit de la réticence romaine160. Il débute en manifestant sa « bonne volonté [...] envers le pouvoir civil »161. Mais les circonstances ne se prêtent plus à la conciliation. Très vite, il doit faire face aux mesures anticléricales du Bloc contre les congrégations religieuses et à la gestion du 155 Cf. AVENIER (Cédric), Ciments d’Églises, Semences de Chrétiens (Constructions religieuses et industrie cimentière en Isère au XIXe siècle op. cit., p. 102. 156 « Ce tempérament fougueux était à la limite de l’obstination, de l’idée fixe et de la maladresse. » (BLIGNY (Bernard), Le diocèse de Grenoble, op. cit., p. 231.) 157 Au sujet duquel un auteur catholique a pu écrire : « La secte n’eut jamais d’adversaire plus décidé, plus opiniâtre et plus maladroit ». (R. P. Lecanuet, La vie de l’Église sous Léon XIII, Paris, F. Alcan, 1930, p. 79.) Emporté par sa haine contre la Franc-maçonnerie, Mgr Fava tomba dans le piège tendu par Léo Taxil. Refusant de se déjuger, il affirmait encore l’existence de Diana Vaughan à l’automne 1896, alors même que nombre de catholiques avaient cédé à la méfiance devant cette mystification satanique dont Léo Taxil avoua l’invention quelques mois plus tard. 158 BARRAL ( Pierre), Le département de l ’Isère sous la Troisième République , op . cit., p. 243. 159 Cf. PORTE-CHAPUY (Davis), Mgr Paul-Émile Henry, évêque de Grenoble de 1899 à 1911, et les problèmes de son temps, Mémoire, DEA Histoire, 1997, 114 pages. 160 Cf. BOUDON (Jacques-Olivier), Le Saint Siège et les nominations épiscopales en France au XIXe siècle, à partir des sources romaines, Mélanges de l’École française de Rome, Italie et Méditerranée, 1990, vol. 102, n°1, p. 158-59 . Au cours de ces nominations qui ont lieu durant le gouvernement Waldeck-Rousseau, une « sorte de troc » est alors admis. Comme l’explique Jacques-Olivier Boudon, « le gouvernement français est prêt à quelques concessions, mais il veut en échange obtenir l’institution pour les candidats auxquels il tient le plus. C est ainsi que l’administration des cultes [...] déclare que la nomination de l’abbé Henry est une condition sine qua non à l’acceptation de l’abbé Douais, proposée par le nonce » et face à laquelle le gouvernement français était très réticent. départ des Chartreux. Si la modération restera toujours de mise dans ses réactions, il se positionne avec force dans le domaine de la défense des libertés162, et prendra part à l’importante polémique des manuels scolaires à la fin de la première décennie du XXe siècle. Il reste surtout un organisateur : il permet au diocèse de s’adapter aux transformations suivant la séparation, avec la création d’œuvres multiples qui mobilisent et canalisent la dévotion des fidèles163. L’action de son successeur s’inscrit dans la continuité : de 1911 à 1917, Mgr Maurin poursuit le regroupement des laïcs164. Suite à sa nomination à Lyon, c’est ensuite Mgr Caillot qui prend en charge le diocèse pour ce qui sera le plus long épiscopat de l’histoire contemporaine de Grenoble. Très dynamique, il fonde notamment la Ligue Dauphinoise d’Action Cléricale (L.D.A.C.) pour répondre à la menace représentée par la poussée anticléricale de 1924. La même année voit aboutir le compromis avec le Saint-Siège sur les associations diocésaines. Pour permettre et consolider la réorganisation patrimoniale qui s’ensuit, il innove, en créant un secrétariat juridique particulier, Juris-Dauphiné, qui constitue une aide très précieuse dans le développement et l’administration des réseaux patrimoniaux catholiques du diocèse. Outre ces éléments qui apparaissent représentatifs du paysage politique et religieux français du XIXe siècle, il existe également des spécificités justifiant une étude locale précise. En Isère, le lien entre clergé régulier et séculier est marqué par la présence d’un ordre religieux à l’influence très importante : les Chartreux. Dispersés par la Révolution, les moines de Saint Bruno reviennent avec la Restauration : une ordonnance royale du 27 avril 1816 consacre leur retour dans le monastère de la Grande-Chartreuse, qui n’en reste pas moins une propriété étatique, le bâtiment étant seulement loué aux pères165. Au cours du XIXe siècle, ils 162 Cf. BOUDON (Jacques-Olivier), « Les évêques français face aux expulsions des congrégations religieuses », in CABANEL (Patrick), DURAND (Jean-Dominique) (dir.), Le grand exil des congrégations religieuses françaises (1901-1914), Paris, Éd. du Cerf, « Histoire », 2005, p. 147. 163 Cf. CHOLVY (Gérard), HILAIRE (Yves-Marie), Histoire religieuse de la France contemporaine (18801930), Toulouse, Privat, 1986, p. 211. 164 Cf. BARRAL (Pierre), Le département de l’Isère sous la Troisième République, op. cit., p. 244. 165 Cf. ADI 7V1/4 : Ordonnance royale du 27 avril 1816. « Vu les lettres du Préfet de l’Isère des 20 janvier et 4 mars 1816, et les pièces y jointes, notamment deux rapports des Directeurs Généraux des Forêts et des Domaines en date des 30 avril 1811 et 11 avril 1812, le tout exprimant que lesdits bâtiments et les propriétés adhérantes actuellement en régie sont d’une valeur nulle ou médiocre pour le Domaine. Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er – Les édifices formant autrefois la maison conventuelle connue sous le nom de Grande-Chartreuse, dans le département de l’Isère, et toutes les propriétés y adhérantes actuellement tenues en régie pour le compte du Domaine, autre néanmoins que celles cédées aux hospices de Grenoble ou administrées par l’agence forestière, sont affectés à une maison de retraite dont la formation sera déterminée par un règlement particulier qui nous sera soumis dans le délai d’un an. Pierre Mendès France développent une industrie très rentable, l’exploitation des liqueurs popularisées sous l’appellation « Chartreuse »166. À partir d’un élixir mis au point au XVIIIe siècle, ils tirent plusieurs liqueurs (blanche, verte, jaune) dont le commerce débute véritablement dans les années 1830167. Devant lutter contre de nombreux contrefacteurs, le procureur général des Chartreux, le père Garnier, dépose la marque le 20 novembre 1852 afin de profiter de la protection résultant de la loi du 28 juillet 1824168. Ces ressources commerciales confortables permettent à la congrégation de participer financièrement à la vie du diocèse, encourageant les constructions d’églises, soutenant les écoles congréganistes et diverses autres œuvres apostoliques. Elle s’impose comme le recours principal pour toute activité religieuse nécessitant un soutien matériel. Ce n’est pas un hasard si le département figure parmi les plus bâtisseurs de France : Nadine-Josette Chaline estime à 288 le nombre d’églises construites en Isère au cours du XIXe siècle, Cédric Avenier avançant même un chiffre dépassant les 300 constructions, jugeant qu’il s’agit du « département le plus prolifique »169 de France. Cela s’explique par le concours de différents facteurs, notamment l’action entreprenante de certains curés ou des évêques comme Mgr Fava qui, « accomplissant le concept de « christianisation de l’espace » »170, refuse les réparations et préfère les constructions. Mais il est indéniable que les dons cartusiens, les moines redistribuant l’épargne de leur industrie dans la région, ont été d’importants encouragements au dynamisme bâtisseur que connaît le département. Le départ Cet établissement et les solitaires qui pourront en faire partie seront nécessairement placés sous la juridiction de l’Évêque diocésain. Article 2 – Il sera pourvu sur les fonds de l’administration générale des affaires ecclésiastiques 1° du payement annuel en faveur du Domaine d’une indemnité égale au profit net de la régie des Biens affectés. Cette indemnité sera calculée sur le produit moyen des années 1813, 1814 et 1815, et ne pourra excéder la somme de 3 000 francs. 2° aux dépenses de réparation des bâtiments jusqu’à concurrence de 15.000 francs qui sera imputée sur l’exercice de 1815. » Finalement, une décision de M. le ministre des finances du 2 août 1822 fixe à 1.000 francs payables à compter du 1er juin 1816 l’indemnité pour cause de l’abandon des bâtiments de l’ancienne chartreuse. 166 Au point que dans le rapport Rabier de 1903, relatif aux demandes d’autorisation formées par un certain nombre de congrégations, les Chartreux figurent, seuls, dans une catégorie à part : non pas « congrégations enseignantes », non pas « congrégations prédicantes », mais une rubrique seule intitulée « Chartreux », où la congrégation est qualifiée de « commerçante et puissamment riche » (Le rapport Rabier, La République et les congrégations, Paris, Simonis Empis, 1903, p. 208). 167 Cf. BARRAL (Pierre), Le département de l’Isère sous la Troisième République, op. cit., p. 248. 168 L’historique de la marque, et ses détenteurs successifs, sont étudiés précisément lors des conflits judiciaires que soulève la liquidation du patrimoine de la congrégation ouverte en 1903. Consulter notamment pour une histoire détaillée, le jugement du tribunal civil de Grenoble, 23 avril 1904, Abbé Rey et Bonal c. Lecouturier, liquidateur des Chartreux, reproduit intégralement dans le recueil de jurisprudence suivant : MÉNAGE (Victor), Loi du 1er juillet 1901 liquidation des biens des congrégations dissoutes, vol. 1, Paris, Rousseau, p. 274 s. 169 Cf. AVENIER (Cédric), Ciments d’Églises, Semences de Chrétiens (Constructions religieuses et industrie cimentière en Isère au XIXe siècle), op. cit., p. 119. 170 AVENIER (Cédric), Ciments d’Églises, Semences de Chrétiens (Constructions religieuses et industrie cimentière en Isère au XIXe siècle), op. cit., p. 109. | 47 forcé des Chartreux en 1903171 met d’ ailleurs un coup d’arrêt aux constructions et l’évêché de Grenoble doit prendre acte de la perte de ces ressources particulières, avant même que la séparation ne porte un nouveau coup à ses finances. Un rapport diocésain, en date de 1930, rappelle quelle était l’importance des religieux au début du siècle : « Les RR. PP. Chartreux subvenaient à tous les besoins du diocèse, même pour la construction de la Maison de la place Malakoff [...]. Les écoles très nombreuses étaient tenues par des congréganistes, qui ne coûtaient à peu près rien aux paroisses. Les Séminaires étaient en grande partie soutenus par les RR. PP. Chartreux »172. Ainsi, dans le département, à la veille du parachèvement de la laïcisation de l’État, le culte bénéficie non seulement de ressources publiques et privées issues de la générosité des fidèles, mais aussi de ressources congréganistes qui contribuent à sa vitalité. À partir d’une telle base, il apparaît donc intéressant de voir comment une réorganisation matérielle a pu avoir lieu. Pour mener à bien cette recherche, en premier lieu, il a fallu étudier la législation, la jurisprudence et le contexte historique national qui sont autant de connaissances préalables nécessaires pour ensuite se pencher sur les dynamiques locales, ses éventuelles spécificités comme les éléments logiques découlant des grandes évolutions perceptibles au niveau du pays. Comme nous l’avons dit, les célébrations pour les différents centenaires des grands textes de la Troisième République ont jeté un éclairage nouveau sur la politique de laïcisation et ses grandes étapes, et plus généralement sur l’évolution du régime concordataire au XIXe siècle. Il ne s’agissait pas de refaire le travail déjà réalisé, mais bien de s’en servir comme base pour aller plus loin, l’utilisant pour compléter notre vision du déroulement des événements en optant pour une approche strictement locale qui insiste avant tout sur les conséquences et les difficultés concrètes de mise en œuvre de cette législation. Cependant, outre la consultation de toute la production scientifique existante sur le sujet, il a bien entendu été nécessaire, en amont, d’étudier préalablement les débats parlementaires, les Journaux officiels publiant les lois et les décrets (de mise sous séquestre ou encore d’attribution), mais aussi les revues juridiques rassemblant la jurisprudence tant nationale173 que locale 174. Au 171 Cf. PONCET (Léon), Le Drame de la Grande-Chartreuse, 1901-1903, Dijon, Publications « Lumière », 1930, 215 pages. 172 Archives du diocèse de Grenoble-Vienne, « Pères Missionnaires de Notre-Dame de la Salette (XIX-XXe siècles) » : Rapport sur la question du sanctuaire de Notre-Dame de la Salette au diocèse de Grenoble, le 3 juin 1929. 173 Outre la consultation de recueils de jurisprudence classique comme le recueil bon, des revues aux thématiques plus restreintes ont été utilisées comme la Revue catholique des institutions et du droit et La Documentation catholique. cours de cette première étape, il a également été nécessaire d’éclairer plus précisément certains volets de la politique républicaine qui restaient peu explorés jusqu’à présent. C’est notamment le cas de tout un volet fiscal, particulièrement passionnel et ayant suscité nombre de polémiques à partir de 1881, mais qui semble être quelque peu retombé dans l’oubli une fois ce combat comme « archivé » dans l’Histoire après le vote de la loi de 1901 et surtout la dispersion de nombreuses congrégations religieuses. De même, après la séparation, il a fallu reprendre le cours des négociations entre l’Église et l’État, notamment dès 1906, pour régler le sort du patrimoine des établissements ecclésiastiques supprimés, mais aussi pour assurer le devenir des édifices cultuels et des presbytères qui étaient des propriétés publiques. L’Histoire ne garde souvent en mémoire que les accords concrets et les modifications législatives, il nous a pourtant fallu comprendre les échecs qui ont marqué les pourparlers en 1906 et 1907. Le même effort a été réalisé pour la décennie d’après-guerre, en utilisant notamment les documents publiés par Émile Poulat dans son ouvrage relatif aux diocésaines175. Si les négociations diplomatiques ayant abouti à l’accord de 1924 ont fait l’objet de nombreuses recherches, ce sont leurs conséquences qui ont retenu notre attention. L’Église avait formulé un certain nombre de revendications : quelles sont celles qui ont abouti, et de quelle manière? Certains ajustements ont eu lieu par une simple évolution d’interprétation, à droit constant. D’autres sont discutés sous la Troisième République, pour finalement n’être adoptés que par le régime de Vichy. Parallèlement à cette recherche d’une vue d’ensemble de la situation nationale, nous nous sommes attaché à comprendre les particularités du cadre géographique choisi pour l’étude : le département de l’Isère. Pour ce faire, et apprécier les dynamiques de la vie politique et religieuse de la région, nous avons dépouillé les journaux locaux, toutes tendances confondues, afin de mesurer l’ampleur des confrontations et aussi de mettre en perspective les données collectées dans les divers fonds d’archives. Sur ce point, l’Isère est un cadre d’étude parfaitement approprié car il s’agit d’un département extrêmement riche dans le domaine de la presse. On y trouve à la fois des journaux catholiques, radicaux et socialistes176. Avoir un aperçu de toutes les grilles de lecture critiques et polémiques permet de bien replacer 175 Cf. POULAT (Émile), Les Diocésaines, République française, Église catholique : Loi de 1905 et associations cultuelles, le dossier d'un litige et de sa solution (1903-2003), La Documentation française, Paris, 2007, 577 pages. Sous la Troisième République, avec la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, la presse connaît une vigueur exceptionnelle, se traduisant par un foisonnement de titres. L’Isère n’échappe pas au phénomène. En 1900, malgré la vente des journaux lyonnais, il se publie à Grenoble cinq quotidiens, sans prendre en compte les feuilles à durée de vie relativement courte qui se créent constamment. Devant ce foisonnement, il conviendra de s’intéresser uniquement aux journaux les plus représentatifs, s’inscrivant tant dans un courant de pensée que dans une certaine durée. Ont été dépouillés un journal catholique (La Croix de l’Isère), un journal conservateur (La République de l’Isère), deux journaux dits radicaux dont les divergences illustrent les nuances de ce courant (Le Petit Dauphinois, La Dépêche Dauphinoise) et un journal socialiste (Le Droit du peuple). | les enjeux dans leur contexte, et donne des indications pour comprendre la réception de cette politique de laïcisation et les discussions qu’elle occasionne parmi les observateurs. Tout en remettant en perspective certains débats, les journaux offrent aussi les clefs nécessaires pour apprécier les enjeux locaux spécifiques, laissant transparaître comment des querelles de personnes ou de grandes polémiques nationales – l’Affaire Dreyfus – ont pu considérablement brouiller les lignes politiques. De même, se mesure mieux l’importance prise par le sort des Chartreux lorsque l’on assiste aux affrontements passionnels par presse interposée des deux camps locaux, tout aussi virulents l’un et l’autre. Étudier la presse, c’est donc en quelque sorte prendre le pouls des tensions locales dans la réception des enjeux nationaux comme dans le traitement de particularités iséroises. Une fois cette première étape d’identification de la situation nationale et locale effectuée, nous avons pu nous pencher sur l’étude des sources concernant notre sujet proprement dit. Il nous a paru fondamental de croiser les différentes archives accessibles relatives à cette période. D’une part, il était nécessaire de consulter des sources d’origine publique, puisque les autorités, qu’il s’agisse du préfet, des maires ou encore des commissaires de police, ont été des acteurs essentiels dans l’application de la législation. D’autre part, il était important de pouvoir apprécier la situation du côté opposé qui était celui de l’Église, afin de mettre en lumière les ressentis et l’organisation des réactions face à ces mesures. C’est en ayant à l’esprit cette exigence d’analyse suivant un double point de vue, en cherchant à confronter les données, que nous avons consulté les différents fonds d’archives. L’objectif a été d’apporter une vision globale et synthétique pour dépeindre des événements complexes couvrant plus d’un demi-siècle. Notre fonds principal a été constitué par les archives départementales de l’Isère. Elles contiennent une série V très fournie relative aux cultes, éclairant aussi bien le fonctionnement du régime concordataire que la problématique des congrégations religieuses. La dépouiller intégralement nous a permis d’apprécier la manière dont les dispositions adoptées au niveau national ont été mises en œuvre, montrant comment s’opère le passage de la théorie – l’adoption du texte de loi, avec les idées le sous-tendant – à la pratique – l’application de ces mesures en prenant en compte la réalité du terrain. Cela donne notamment l’occasion d’apprécier la marge de manœuvre laissée aux autorités locales, les points ayant pu faire l’objet de certains assouplissements et ceux ayant été appliqués avec rigueur. Pour les congrégations religieuses, la surveillance dont elles ont fait l’objet de la part des autorités Université Pierre Mendès France 50 | préfectorales tout au long du XIX e siècle et l’encadrement de toutes les mutations patrimoniales de celles qui étaient autorisées permet de dresser un tableau précis de leur développement et de leur situation à la veille de la loi de 1901. Il est à cet égard possible d’identifier les conséquences du progressif durcissement de la politique à leur encontre au cours de la Troisième République, puisqu’on peut constater une complexification des assises juridiques de leurs réseaux patrimoniaux. L’étude de l’enjeu congréganiste nécessite un double angle, touchant à la fois la question associative et celle du développement du rôle moderne de l’État. Ce mouvement de privatisation de la religion s’accompagne d’une nationalisation de certains grands services qui pouvaient jusqu’alors être considérés comme des activités connexes à la religion (éducation, assistance). Le parachè que constitue la séparation en elle-même est très documenté : toute la correspondance préfectorale – avec les ministres, comme avec les maires – sur les grandes étapes de ce processus (inventaires, poursuite du culte à partir de décembre 1906, mises sous séquestre) confère une vision d’ensemble des problèmes suscités par les débats d’interprétation et les difficultés d’application. Pour compléter cela, le fonds dauphinois de la Bibliothèque municipale de Grenoble et le fonds des archives municipales de Grenoble ont également été utilisés, plutôt comme un complément car ils sont surtout venus corroborer des constats et des faits déjà identifiés aux archives départementales de l’Isère. Le second fonds le plus utilisé a été celui du diocèse de Grenoble-Vienne. L’évêché grenoblois a en effet conservé des correspondances privées permettant d’éclairer la gestion des évêques, notamment à travers leurs rapports avec les prêtres du diocèse, mais aussi par les relations qu’entretiennent le séculier et le régulier, et notamment avec les Chartreux de la Grande-Chartreuse dont l’influence sur le fonctionnement même du diocèse et de ses activités les rend indispensables. Se perçoit d’ailleurs dans certaines correspondances une relative concurrence entre ces deux acteurs. Ces archives ont aussi l’avantage de nous donner un aperçu, en interne, de la manière dont l’Église catholique s’est réorganisée après la séparation : la correspondance préfectorale devenant moins fournie, puisque le culte n’est plus un service public encadré par l’État, c’est donc vers des sources privées qu’il a été opportun de se tourner. La consultation des procès-verbaux des premières décennies d’existence de l’association diocésaine de Grenoble, éclairant les arbitrages et les choix de gestion faits, a été particulièrement instructive pour comprendre les stratégies catholiques de reconstruction. L’archiviste du diocèse, le père Edmond Coffin, a été d’une grande aide : il a non seulement mis à notre disposition l’ensemble du fonds d’archives, mais il nous a aussi assisté pour 51 l’exploiter au mieux. Il nous a également permis de consulter la bibliothèque de l’évêché où les brochures et les revues conservées ont été l’occasion de prendre la mesure du foisonnement des idées et des réflexions qui ont accompagné un quart de siècle d’incertitudes. Pour parfaire cette vue d’ensemble des coulisses de la vie diocésaine locale, nous avons complété ces données par un dépouillement systématique de toutes les publications officielles du diocèse durant la période étudiée : les bulletins de la Semaine religieuse ont été les plus utiles, mais l’Ordo a été un complément important pour comprendre la vie de la circonscription. Ce vaste dépouillement d’archives effectué nous a conduit à prendre conscience à quel point le patrimoine sur lequel notre étude se concentre correspond à des réseaux disparates s’appuyant sur des constructions juridiques très diverses et fondant des activités pouvant également être très différentes. Pour parler de l’ensemble des textes ayant provoqué les profondes mutations qu’ont connues ces réseaux, deux expressions, correspondant à deux temps successifs, ont été retenues. Tandis que les « lois de laïcisation » correspondent aux textes intervenus entre 1880 et 1905, c’est-à-dire mettant en place une politique anticléricale dure, les « lois laïques » sont l’ensemble des textes de 1905, 1907 et 1908 qui parachèvent la politique menée et réalisent la séparation des Églises et de l’État. La nécessité de lier la problématique congréganiste et les enjeux relatifs à l’exercice du culte, c’est-à-dire le régulier et le séculier, s’est imposée pour plusieurs raisons. D’une part, comme nous l’avons déjà rappelé, ce sont deux réseaux patrimoniaux majeurs qui représentent chacun un versant de la vie de l’Église catholique au XIXe siècle. D’autre part, la question de la liberté d’association soulevée par les congrégations, complexifiée par la réticence française chronique sur le sujet des groupements collectifs177, est fondamentalement liée à la séparation. Elle constitue un préalable nécessaire : le sort des congrégations religieuses devait être réglé en amont, tout en permettant une libéralisation associative qui introduirait le régime juridique sur lequel s’appuyer dans l’hypothèse d’une sortie du culte de la sphère publique. En résumé, le législateur a d’abord dû libéraliser les modalités de création des association pour ensuite concevoir les groupements en charge de l’exercice du culte. L’abrogation du régime concordataire par la loi de séparation devait être possible sans revenir sur la sensible problématique associative et sans se prononcer sur le cas des congrégations qui n’étaient pas évoquées dans le concordat. Alain Boyer explique ainsi que la loi du 1er juillet 1901 « porte en 177 Cf. KAPLAN (Steven L.), MINARD (Philippe) (dir.), La France, malade du corporatisme? XVIIIe-XXe siècles, Paris, Belin, « Socio-histoires », 2004, 556 pages. | germe la loi de 1905 »178. Pour Jacqueline Lalouette, ce texte « a rendu la séparation juridiquement possible »179, l’article 18 de la loi de séparation s’y référant d’ailleurs explicitement. La loi de 1905 constitue en somme l’aboutissement de la maturation d’une idée, dans un contexte encourageant son adoption180 : « en 1905, les républicains pouvaient estimer que le processus qu’avait prévu et espéré Paul Bert était accompli, qu’en un quart de siècle la laïcisation, celle de l’école notamment, avait produit les effets attendus et que l’on pouvait dorénavant se tourner vers la séparation, sans craindre les troubles qu’avait tant redoutés la génération opportuniste des années 1880 »181. Pour ces différentes raisons, il est apparu nécessaire de traiter dans sa globalité cet ensemble législatif qui a tendu vers une seule finalité182. Au-delà des enjeux de liberté associative et religieuse, la question patrimoniale dans la politique de laïcisation occupe une place également centrale. Tout d’abord parce que la liberté d’association n’a de sens que si elle se complète de la possibilité de constituer une assise 178 BOYER (Alain), « Avant-propos », in LALOUETTE (Jacqueline), MACHELON (Jean-Pierre) (dir.), 1901, les congrégations hors la loi, Paris, Letouzey & Ané, 2002, p. 9. 179 LALOUETTE (Jacqueline), « La séparation avant la séparation, « Projets » et propositions de loi (18661891) », Vingtième Siècle, Revue d’histoire, 87, juillet-septembre 2005, p. 54. 180 Cf. LALOUETTE (Jacqueline), La séparation des Églises et de l’État, Genèse et développement d’une idée (1789-1905), Paris, Seuil, 2005, 449 pages. « La loi de séparation des Églises et de l’État mit fin à un régime des cultes qui avait été inauguré cent treize ans plus tôt et avait probablement fait vivre la majorité des Français dans un climat de paix et de tranquillité. Mais, ayant coexisté pendant plusieurs décennies avec un régime de libertés publiques préventif – et donc restrictif –, il avait aussi plongé les fidèles des cultes non reconnus, et même ceux des cultes reconnus minoritaires, dans de grands embarras administratifs et judiciaires, allant jusqu’à des condamnations à de fortes peines d’amende et de prison. En outre, en proclamant le catholicisme « religion de l’État », puis « religion de la majorité des Français » - cette formulation reprenant à un mot près celle de la convention signée par Bonaparte et Pie VII -, les chartes de 1814 et de 1830 lui avaient conféré une image officielle de religion exclusive ou dominante. Cette situation avait nourri un discours séparatiste progressivement élaboré par les libéraux. Mais, comme les textes qui établissaient des liens officiels entre les Églises et l’État contenaient un dispositif de contrôle et de surveillance, les catholiques, les protestants, les juifs libéraux eux-mêmes réclamaient une plus grande liberté, qui, pour certains, allait jusqu’à la séparation. Fut ainsi progressivement élaboré un vaste discours séparatiste, émanant de sources diverses, exprimé dans des traités, des journaux, des essais, des brochures ; certains auteurs, en dehors de tout cadre parlementaire, rédigèrent même des projets de Constitution reprenant les dispositions de l’article 354 de la Constitution de l’an III, qui avait totalement séparé les cultes de l’État, ou des projets de loi de séparation, comme celui d’André in Morin, par exemple. La loi de séparation des Églises et de l’État marqua ainsi l’aboutissement d’une demande séculaire ; d’ailleurs son titre même l’indique : l’expression « séparation des Églises et de l’État », qui ne se trouve dans aucun des articles de la loi du 9 décembre 1905, avait sans doute figuré dans trop d’écrits séparatistes pour être ignorée du législateur. Elle était d’ailleurs devenue un véritable mot d’ordre dès la fin du Second Empire, avait figuré dans de nombreux programmes électoraux, servant même de nom à une ligue et de titre à un journal. En 1905, cette formule lapidaire, « décevante », disait Jules Ferry, sans signification précise pour Paul Bert, n’en était pas moins la meilleure expression de l’attente de tous les républicains anticléricaux. » (Ibid., p. 417-418.) 181 LALOUETTE (Jacqueline), La séparation des Églises et de l’État, Genèse et développement d’une idée (1789-1905), Paris, Seuil, 2005, p. 422. 182 Cf. LALOUETTE (Jacqueline), « Des lois de laïcisation à la loi de séparation des Églises et de l’État », Laïcité et égalité des droits. Approches et enjeux d’hier et d’aujourd’hui, La Pensée, n°342, avril-juin 2005, p. 37-47.
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en valeur les sentiments exaltés du héros déjà seul. La séquence de la descente des escaliers mime une véritable descente aux enfers du fait qu'elle représente le mal et l'effroi du moment de la rupture avec le temps et le lieu représentatifs de Julie. L'absence de celle-ci permet non seulement de conserver la portée pathétique du moment du départ mais elle permet aussi de le consacrer ; ce nouvel élément narratif met en relief la valeur esthétique élégiaque de la scène. Les innovations jointes aux éléments classiques font du moment de départ un moment tragique dans la mesure où il articule l'union à la désunion du « je » avec les êtres aimés. Si Saint-Preux vit ce moment avec autant de douleur c'est parce qu'il sent le mal de la vraie absence qui commence déjà sur le chemin vers l' ̋exil ̋. b / L'absence Le thème de l'absence est caractéristique du genre élégiaque. Comme expérience, l'absence de l'être aimé est le pivot autour duquel s'articule la plainte. Elle s'accentue par l'éloignement tel que Julie l'affirme : Nous ne sommes à la campagne que d'hier au soir : il n'est pas encore l'heure où je vous verrais à la ville, et cependant mon déplacement me fait déjà trouver votre absence plus insupportable. Si vous ne m'aviez pas défendu la géométrie, je vous dirais que mon inquiétude est en raison composée des intervalles du temps et du lieu; tant je trouve que l'éloignement ajoute au chagrin de l'absence972. Tibulle, Properce 973, et « Ovide » endurent tour à tour les maux de cette expérience douloureuse. Pénélope974 s'alarme de sa durée prolongée, Phyllis975 lui fait écho, etc Le personnage élégiaque appelle ceux de Rousseau : Saint-Preux sent le danger de l'absence même avant de la vivre976. Il en souffre quand il l'a expérimentée977. Julie la vit avec autant de douleur978. Elle se voit même beaucoup plus souffrante que son 972 NH., I, 13, p. 61. Prop., I, 12, 12-14 : « Aujourd'hui pour la première fois, je connais hélas les longues nuits que l'on passe seul. Mes plaintes importunent mes oreilles. » / III, 16, 9-10 et 37-40. 974 Hér., I, 50. 975 Hér ., II, 1-2. 976 NH., I, 18, p. 68 : « J'ai mis trois jours à faire vint lieus et chaque pas qui m'éloignait de vous séparait mon corps de mon âme et me donnait un sentiment anticipé de la mort ». 977 I, 19, p. 70 : « Le sentiment de mes maux s'aigrit sans cesse loin de vous, []. Cent fois, en lisant des romans, j'ai ri des froides plaintes des amans sur l'absence. Ah, je ne savois pas alors à quel point la vôtre un jour me seroit insupportable! ». 978 Ibid., I, 20, p. 72 : « Ce n'est point sans chagrin que je vous ai vu partir, []. ». 973 195 amant979. Sachant son âpreté980, elle ne manque pas de consoler son amant de ses effets981. L'absence implique le thème de l'emprise de l'irréel et celui de l'échange épistolaire. La lettre ou le billet tend un pont entre les amants séparés. Les deux motifs relèvent du genre élégiaque et sont employés dans la Nouvelle Héloïse. * L'emprise de l'irréel Les « visions de l'esprit » s'inscrivent dans le même cadre du désir, volontaire ou non, de se représenter l'amant absent. Elles impliquent ce que souhaite voir ou ce que croit voir chacun des amants, éloignés l'un de l'autre. Elles n'ont aucun rapport avec le cadre onirique. Elles se déclenchent lors des troubles émotionnels. Elles correspondent ainsi au sens avancé par l'Encyclopédie où Jaucourt explique que « le mot vision, qui s'applique aux ouvrages d'esprit, se prend pour des chimères, des spectres produits par la peur ou par les illusions d'une imagination blessée ou vivement échauffée». L'auteur insiste sur leur caractère irréel et ajoute que ce « sont des choses que les sens aperçoivent, mais qui n'ont point de réalité, et qui ne sont point ce qu'elles paraissent ; ce sont des apparences. ». Les visions de l'esprit se distinguent donc des songes vus pendant le sommeil, des « visions » que « Dieu envoie quelquefois à ses prophètes et à ses saints »982 et des apparitions983. Les sens du terme élaborés au dixhuitième siècle prolongent celui qu'avance Ovide par l'intermédiaire de Pâris qui tient à distinguer les visions de l'esprit de celles des yeux984. Seront donc exclus, sous ce titre, l'analyse de l'élégie II, 26 de Properce, les héroïdes XV985 et XIX986, les Amours III, 5987 et la lettre IV, 9 de la Julie. Les visions de l'esprit se manifestent dans le texte 979 Ibid. : « Pensez que souvent tel qui se plaint bien haut de l'absence n'est pas celui qui en souffre le plus. ». 980 Ibid., , 25, p. 88 : « Je le sens, mon ami, le poids de l'absence m'accable. ». 981 Ibid., II, 11, p. 222 : « O mon doux ami, tu vas t'éloigner de moi?O mon bien-aimé, tu vas fuir ta Julie?Il le faut; il faut nous séparer si nous voulons nous revoir heureux un jour, et l'effet des soins que tu vas prendre est notre dernier espoir. Puisse une chére idée t'animer, te consoler durant cette amere et longue séparation! puissent-elle te donner cette ardeur qui surmonte les obstacles et dompte la fortune! Hélas, le monde et les affaires seront pour toi des distractions continuelles, et feront une diversion aux peines de l'absence. ». 982 Encyclopédie, art. « Vision ». de Rousseau par l'expression « croire voir » dont le pendant latin est oculi mentis (vision de l'esprit) mentie uidebo (je verrai par l'esprit) ou imago (image, représentation, portrait). Elles représentent un motif récurrent dans la tradition élégiaque ; Ovide le manipule dans les Héroïdes ainsi que dans les Tristes et les Pontiques. La Nouvelle Héloïse en présente une ample expérimentation. Cependant si Rousseau s'inspire du modèle latin, il n'en dépend pas. Il développe d'autres facettes du motif comme il élargit le domaine de ses emplois. Dans la tradition élégiaque l'absence de l'un des amants n'a jamais annulé sa présence dans l'esprit de l'autre. Chacun d'entre eux se représente l'autre. Dans l'héroïde X, Ariane s'illusionne sur la vue des voiles de Thésée ; elle désire les ′′voir ′′ 988 car elles connotent l'amant lui-même. Elle le voit par l'esprit du haut de la roche et elle le supplie de la ′′regarder′′ 989 ainsi. Ariane ressemble à Hypsipyle qui recourt à ce regard mental pour voir Jason qu'elle refuse de perdre de vue990. La situation de ces deux protagonistes est analogue à celle de Léandre qui, installé en face de chez Héro, « croit apercevoir ses lumières »991. Le protagoniste en manque cherche à restituer, dans sa mémoire, la présence de l'être aimé. Voir par l'esprit se substitue donc à une vraie vue c'est pourquoi les amants s'y livrent aussitôt qu'ils sont éloignés l'un de l'autre. La situation des amants élégiaques renvoie en écho à ceux de la Julie. Dans ce roman, le motif de la vision l'esprit est repris par Rousseau mais il est nouvellement conçu et introduit. Les « voiles et les « lumières » qui déclenchent les visions, respectivement chez Ariane et Léandre, font pendants aux « lettres » et au « portrait ». En lisant celles de Julie, Saint-Preux croit être en face d'elle : En les relisant je perds la raison, ma tête s'égare dans un délire continuel, un feu dévorant me consume, mon sang s'allume et pétille, une fureur me fait tressaillir. Je crois te voir, te toucher, te presser contre mon sein992 Le même regard mental se déploie à la vue du portait de sa bien aimée : 988 30-31 : « J'ai vu tes voiles tendues par l'impétueux Notus. Je les vis, ou bien mon regard crut les voir. ». Je crois en le voyant, te revoir encore ; je crois me retrouver à ces moments délicieux dont le souvenir fait maintenant le malheur de ma vie, []993. Avec Julie, le motif « croire voire » se dépasse dans « croire sentir » ; en lisant SaintPreux, elle s'émeut jusqu'à croire « recevoir » la chaleur de sa peau : Je m'imagine que tu tiens mon portrait, et suis si folle que je crois sentir l'impression des caresses que tu lui [le portrait] fais et des baisers que tu lui donnes, ma bouche croit les recevoir, mon tendre coeur croit les goûter994. Outre les objets, les lieux font déclencher les visions de l'esprit. Installé face à la rive qui abrite Julie, Saint-Preux croit voir sa maison : [] je vis ou cru voir votre maison []995. Si le motif dans la tradition élégiaque se limite à exprimer la volonté de se représenter l'être aimé absent, dans le roman, il est également employé pour rendre compte d'autres confusions émotionnelles telle la situation de Saint-Preux, lors de la première visite, après son retour du tour du globe, chez les Wolmar996, ou celle de l'Elysée, encore troublé par une passion davantage interdite997 ou encore celle du « vieux domestique » qui refuse d'accepter la mort de Julie998qui à son tour refuse de croire qu'elle quitte pour toujours ses enfants999. Le motif tend également à se développer. Les visions de l'esprit attisent en fait les maux de l'absence et transforment par conséquent les illusions en une espèce de réalité bien loin du vraisemblable1000 : A Meillerie, Saint-Preux passe de la phase de 993 Ibid., II, 22, p.280. Ibid., II, 24, p.289. 995 Ibid., I, 26, p. 90. 996 Ibid., IV, 6, p. « [] ; seulement je crus voir qu'elle essayait d'y mettre encore plus de gaieté et de liberté comme pour m'encourager à me rassurer et à sortir d'une contrainte qu'elle ne pouvait manquer d'apercevoir. ». 997 Ibid., IV, 11, p. 486 : « En entrant dans l'Elysée, []. J'ai cru voir l'image de la vertu où je cherchais celle du plaisir; []. Milord, j'ai cru voir cette femme si charmante, si chaste et si vertueuse au milieu de ce même cortège qui l'entourait hier []. Je croyais voir son oeil [Wolmar] pénétrant et judicieux percer au fond de mon coeur et m'en faire rougir encore [] ; je croyais entendre sortir de sa des reproches trop mérités et des leçons trop mal écoutées. ». 998 Ibid., VI, 11, p. 736 : « [] il crut apercevoir un mouvement : son imagination se frappe ; il voit Julie tourner les yeux, le regarder, lui faire un signe de tête. ». 999 Ibid., VI, 12, p. 743 : « En vous laissant mes enfants, je m'en sépare avec moins de peine ; je crois rester avec eux. ». 1000 Saint-Preux et Julie sont conscients des frontières entre le réel et l'irréel bien qu'ils se complaisent à se donner à l'imagination comme une seconde réalité. Saint-Preux avoue dès la première épreuve de l'absence que son « imagination donnait le change à ses yeux fatigués ». Le même transport s'opère en lisant les lettres du recueil. Saint-Preux dépasse le stade de l'imagination et se voit « vraiment » avec Julie qu'il tente de toucher et d'embrasser : En les relisant je perds la raison, ma tête s'égare dans un délire continuel, un feu dévorant me consume, mon sang s'allume et pétille, une fureur me fait tressaillir. Je crois te voir, te toucher, te presser contre mon seinAh! ViensJe la sens Elle m'échappe, et je n'embrasse qu'une ombre1002. Les effets du portrait sur l'amant éloigné favorisent ce passage de l'illusion à la ̋réalité ̋. Saint-Preux s'approche davantage de Julie et entre en contact avec elle -à travers son image ; il croit vraiment qu'elle doit sentir sa passion et son enthousiasme : [] le voile est déchiré je te vois je vois tes divins attraits []. Avec quelle violence il (le portrait) me rappelle des temps qui ne sont plus! Je crois, en le voyant, te revoir encore ; je crois me retrouver à ces moments délicieux dont le souvenir fait maintenant le malheur de ma vie [] O Julie, s'il était vrai qu'il pût transmettre à tes sens le délire et l'illusion des miens! Mais pourquoi ne le serait-il pas? Pourquoi des impressions que l'âme porte avec tant d'activité n'iraient-elles pas aussi loin qu'elle? [], ne sens-tu pas ton charmant visage inondé des pleurs de l'amour et de la tristesse? Ne sens-tu pas tes yeux, tes joues, ta bouche, ton sein, pressés, comprimés, accablés de mes ardents baisers? Ne te sens-tu pas embraser tout entière du feu de mes lèvres brûlantes?1003 Ce passage d'un monde à l'autre renvoie à celui que vit Saint-Preux lors de l'épisode du rendez vous nocturne à la différence que l'illusion du protagoniste de ce dernier plan s'amplifie jusqu'à ce qu'il se voie en symbiose avec Julie : Ah! je crois déjà sentir ce tendre coeur battre sous une heureuse main! Julie, ma charmante Julie! je te vois je te sens partout je te respire avec l'air que tu as respiré ; tu pénètres toute ma substance1004. Le motif développé est repris dans l'épisode de l'Elysée. Saint-Preux alterne ce qu'il « croyait voir » avec ce qu'il ̋ « voyait » ̋ : J'ai cru voir l'image de la vertu où je cherchais celle du plaisir; cette image s'est confondue dans mon esprit avec les traits de Mme de Wolmar; et, pour la première fois depuis mon retour, j'ai vu Julie en son absence, non telle qu'elle fut pour moi et que j'aime encore à me la représenter, mais telle qu'elle se montre à mes yeux tous les jours. Milord, j'ai cru voir cette femme si charmante, si chaste et si vertueuse, au milieu de ce même cortège qui l'entourait hier. chimères! dernières ressources des malheureux! ah! s'il se peut, tenez-nous lieu de réalité! Vous êtes quelque chose encore à ceux pour qui le bonheur n'est plus rien. ». 1001 NH., I, 26, p. 90. 1002 Ibid . , II, 16, p. 244. 1003 Ibid., II, 22, p. 280. 1004 Ibid., I, 54, p. 147. Je voyais autour d'elle ses trois aimables enfants, honorable et précieux gage de l'union conjugale et de la tendre amitié, lui faire et recevoir d'elle mille touchantes caresses. Je voyais à ses côtés le grave Wolmar, cet époux si chéri, si heureux, si digne de l'être. Je croyais voir son oeil pénétrant et judicieux percer au fond de mon coeur et m'en faire rougir encore; je croyais entendre sortir de sa bouche des reproches trop mérités et des leçons trop mal écoutées. Je voyais à sa suite cette même Fanchon Regard, vivante preuve du triomphe des vertus et de l'humanité sur le plus ardent amour. [], puis, [] je voyais cette tendre mère1005 L' « imagination se frappe » également devant le lit de Julie morte quand le vieux domestique croit à ce qu'il croit voir. L'épisode de l'inoculation de l'amour présente une variation sur le motif des « visions de l'esprit » : celles-ci naissent d'une réalité appréhendée comme une illusion : Dans un des moments où j'étais le plus mal, je crus, durant l'ardeur du redoublement, voir à côté de mon lit cet infortuné, non tel qu'il charmait jadis mes regards durant le court bonheur de ma vie, mais pâle, défait, mal en ordre, et le désespoir dans les yeux. Il était à genoux; il prit une de mes mains et sans se dégoûter de l'état où elle était, sans craindre la communication d'un venin si terrible, il la couvrait de baisers et de larmes. A son aspect j'éprouvai cette vive et délicieuse émotion que me donnait quelquefois sa présence inattendue. Je voulus m'élancer vers lui; on me retint tu l'arrachas de ma présence; et ce qui me toucha le plus vivement, ce furent ses gémissements que je crus entendre à mesure qu'il s'éloignait1006. Julie pense que la visite de Saint-Preux est un « délire de [sa] fièvre » alors que c'est une réalité que Claire n'hésite pas à confirmer1007. Ces ̋illusions ̋ s'emparent d'elle et en font naître de ̋vraies ̋ : A chaque minute, à chaque instant, il me semble le voir dans la même attitude; son air, son habillement, son geste, son triste regard, frappent encore mes yeux: je crois sentir ses lèvres se presser sur ma main; je la sens mouiller de ses larmes; les sons de sa voix plaintive me font tressaillir; je le vois entraîner loin de moi; je fais effort pour le retenir encore: tout me retrace une scène imaginaire avec plus de force que les événements qui me sont réellement arrivés1008. A l'instar de la « lettre » ou du « portrait », le « délire » engendre des illusions qui ne tardent pas de se transformer en une réalité factice. Cependant, ces dernières visions d'esprit se démarquent de celles qui sont antérieurement étudiées parce qu'elles renvoient à des événements réellement vécus plutôt qu'elles relèvent de situations créées et que la protagoniste souhaite voir ou vivre, et parce qu'elles provoquent, pour la première fois, des tourments à Julie jusqu'à ce qu'elle frôle la folie1009 et jusqu'à ce 1005 Ibid., IV, 11, p. 486. Ibid., III, 13, p. 329. 1007 Ibid., III, 14, p. 331 : « Apprens donc que ton rêve n'est point un rêve; que ce n'est point l'ombre de ton ami que tu as vue, mais sa personne, et que cette touchante scène, incessamment présent e à ton imagination, s'est passée réellement dans ta chambre le surlendemain du jour où tu fus le plus mal. ». 1008 Ibid., III, 13, p. 329-330. 1009 Ibid., III, 13, p. 330 : « J'ai longtemps hésité à te faire cette confidence; la honte m'empêche de te la faire de bouche; mais mon agitation, loin de se calmer, ne fait qu'augmenter de jour en jour, et je ne puis plus résister au besoin de t'avouer ma folie. Ah! qu'elle s'empare de moi tout entière! Que ne puis-je achever de perdre ainsi la raison, puisque le peu qui m'en reste ne sert plus qu'à me tourmenter! ». 1006 200 qu'elle se perde dans des réflexions sur l' « esprit » et ses « extravagances »1010. Le motif doit son originalité à ce double emploi qui permet l'enchâssement d'une illusion à l'autre. Ce nouvel usage assure de nouvelles fonctions ; le motif n'exprime plus le besoin de l'amant de se représenter l'être aimé absent, comme nous venons de le voir, mais il permet de mettre en valeur le portrait affectif et sentimental des deux amants. L'épisode de l'amant encourant le risque d'être inoculé est d'abord vécu puis il est imaginé par Julie ; la reprise de la séquence en deux versions différentes souligne l'intérêt porté au dévouement de Saint-Preux et met en évidence la sensibilité de Julie dont l' « ardeur du redoublement de la fièvre » manque de la détacher de la réalité. Le motif ainsi manipulé acquiert une valeur esthétique dans l'économie du roman qui suit l'évolution des personnages en fonction de l'événement de la rupture entre les deux amants : Saint-Preux vient de rendre à Julie le droit, qu'elle a d'ailleurs réclamé, de disposer d'elle-même. Les occurrences relevées montrent que Rousseau joue sur les limites du motif des « visions de l'esprit ». En fait, dans le roman, l'amant ne « voit » pas seulement mais il « entend », « touche » et « sent » l'être aimé par l'esprit. Le motif est aussi enrichi par des éléments narratifs qui favorisent des variations sur la communication imaginaire et font glisser le protagoniste de l'irréel (« croire voir », « croire sentir », « croire toucher ») vers une ̋ réalité ̋ ( ̋voir ̋, ̋sentir ̋, ̋embrasser ̋) mais qui est sans lien avec le réel. En fait l'expression des sentiments ne saurait s'étendre ni fonctionner sans l'apport particulier des objets suivants : le « télescope », de par le confort qu'il donne aux yeux, encourage, quotidiennement, Saint-Preux à voir Julie dans les différentes facettes de sa personnalité et favorise le déploiement d'une abondante imagination1011. La « lettre » d'amour dont la propriété est de toucher1012 1010 Ibid. : « On ne voit point les esprits, je le veux croire; mais deux âmes si étroitement unies ne sauraient-elles avoir entre elles une communication immédiate, indépendante du corps et des sens? L'impression directe que l'une reçoit de l'autre ne peut-elle pas la transmettre au cerveau, et recevoir de lui par contre-coup les sensations qu'elle lui a données? Pauvre Julie, que d'extravagances! Que les passions nous rendent crédules ! et qu'un coeur vivement touché se détache avec peine des erreurs même qu'il aperçoit! ». 1011 L'épisode du télescope. 1012 « [] une lettre que l'amour a réellement dictée, une lettre d'un amant vraiment passionné, sera lâche, diffuse, toute en longueurs, en désordre, en répétitions. Son coeur, plein d'un sentiment qui déborde, redit toujours la même chose, et n'a jamais achevé de dire, comme une source vive qui coule sans cesse et ne s'épuise jamais. Rien de saillant, rien de remarquable; on ne retient ni mots, ni tours, ni phrases; on n'admire rien, l'on n'est frappé de rien. Cependant on se sent l'âme attendrie; on se sent ému sans savoir pourquoi. Saint-Preux allume ses sens et fait naître le désir de se représenter Julie. Les « objets » qui évoquent cette dernière, et qui entourent l'amant dans son cabinet, poussent l'imagination à ses limites et transportent l'amant vers un univers éthéré où il se sent carrément mêlé à elle. Le « portrait » conçu comme une « espèce d'amulette » ou une « sorte de talisman »1013 et doté d'une « vertu électrique très singulière », permet de rapprocher les amants éloignés jusqu'à l'union parfaite. Le romancier élargit également le domaine des emplois du motif qui ne se limite plus à celui de la relation amoureuse. Outre qu'il s'adapte au contexte romanesque, ce même motif entraîne des réflexions sur des sujets philosophiques : Julie s'interroge sur le pouvoir des esprits et s'ils pourraient l'unir à son amoureux, au-delà du corps et des sens. Saint-Preux à son tour rêve à Julie jusqu'à ce qu'il se trouve pénétré de sa substance. Le motif favorise donc une ouverture sur les valeurs idéale et mystique dans la relation d'amour et il permet ainsi de sublimer ce sentiment et de le détacher de sa dimension physique à laquelle les élégiaques et notamment Ovide limitent la relation entre les amants. Le motif sous la plume de Rousseau change donc de nature et de fonction ; il est vrai qu'il semble s'inspirer de l'héritage élégiaque mais il s'en démarque ostensiblement : le motif est doté d'une souplesse dont les textes classiques sont exempts. Les visions de l'esprit se distinguent de l'imagination qui en est parfois, et comme nous venons de le voir, la conséquence immédiate. Celle-ci est volontaire et elle occupe pour temps l'esprit de l'amant ; alors que celles-là sont involontaires et fugaces. La vue ou le contact avec des objets qui rappellent l'être aimé absent favorise l'imagination volontaire. Saint-Preux se complait à voir et à parler avec Julie tous les soirs en lisant en relisant et en rangeant ses lettres dans un « recueil ». La lettre met en scène Julie qui se représente à son amant à travers les « traits de sa main » qu'elle trace et les « phrases » et les « mots » qu'elle ̋prononce ̋. La lettre favorise des chimères auxquels se donnent aisément les amants éloignés1014. Le portrait est un autre générateur 1013 La progression de l'imagination (« croire voir ») vers la réalité ( ̋voir ̋) est rendue grâce à la fonction communicative déjà introduite par Julie à travers la mise en relief des vertus du talisman : « C'est une espèce d'amulette que les amants portent volontiers. La manière de s'en servir est bizarre ; il faut la contempler tous les matins un quart d'heure jusqu'à ce qu'on se sente pénétré d'un certain attendrissement ; alors on l'applique sur les yeux, sur sa bouche et sur son coeur : cela sert dit-on, de préservatif durant la journée contre le mauvais air du pays galant. On attribue encore à ces sortes de talisman une vertu électrique très singulière, mais qui n'agit qu'entre les amants fidèles ; c'est de communiquer à l'un l'impression des baisers de l'autre à plus e cent lieues de là. Je ne garantis pas le succès de l'expérience ; je sais seulement qu'il ne tient qu'à toi de la faire. » (NH., II, 20, p. 264). 1014 « Qu'un amour forcené se nourrit aisément de chimères et qu'il est aisé de donner le change à des désirs extrêmes par les plus frivoles objets! J'ai reçu ta lettre avec les mêmes transports que m'aurait 202 de séquences imaginaires. Tout comme la lettre, il fait office de Julie1015 à la différence que l'image de celle-ci allume les sens de Saint- Preux qui n'hésite pas à entrer en contact ave elle : Ah! chère amante! où que tu sois, quoi que tu fasses au moment où j'écris cette lettre, au moment où ton portrait reçoit tout ce que ton idolâtre amant adresse à ta personne, ne sens-tu pas ton charmant visage inondé des pleurs de l'amour et de la tristesse? Ne sens-tu pas tes yeux, tes joues, ta bouche, ton sein, pressés, comprimés, accablés de mes ardents baisers? Ne te senstu pas embraser tout entière du feu de mes lèvres brûlantes1016? Toutefois les objets, les lieux ne sont pas toujours à l'origine de l'imagination de l'être aimé : Saint-Preux se représente Julie du ̋néant ̋ ; celle-ci l' ̋accompagne ̋ durant son voyage, jusqu'à ce qu'il arrive à « Sion sans être parti de Vevai ». Je n'ai rien vu que vous, et ne puis vous peindre que Julie. Rousseau manie l'image de la rencontre virtuelle et il la reprend dans l'autre sens : Saint- Preux ne s'éloigne qu'en partie de Julie et il se complait à imaginer qu'il est avec et en elle : [], vous n'avez pu me séparer de vous tout entier. Je n'ai traîné dans mon exil que la moindre partie de moi-même: tout ce qu'il y a de vivant en moi demeure auprès de vous sans cesse. Il erre impunément sur vos yeux, sur vos lèvres, sur votre sein, sur tous vos charmes; il pénètre partout comme une vapeur subtile, et je suis plus heureux en dépit de vous que je ne fus jamais de votre gré1018. Le motif de l'imaginaire pallie les maux du manque que cause l'absence. Le désir de se représenter l'être aimé est une tendre expression d'amour qui exclut les lieux communs du chant d'amour. * L'échange épistolaire - Le billet causés ta présence; et, dans l'emportement de ma joie, un vain papier me tenait lieu de toi. » (NH., II, 16, p. 240). / « [] ; depuis que j'ai reçu cette lettre, j'éprouve quelque chose des charmants effets dont elle parle []. Cent fois le jour, quand je suis seule, un tressaillement me saisit comme si je te sentais près de moi. Je m'imagine que tu tiens mon portrait, []. O douces illusions! ô chimères! dernières ressources des malheureux! ah! s'il se peut, tenez-nous lieu de réalité! Vous êtes quelque chose encore à ceux pour qui le bonheur n'est plus rien. » (ibid., II, 24, p. 289). 1015 « Dieux! quels torrents de flammes mes avides regards puisent dans cet objet inattendu! ô comme il ranime au fond de mon coeur tous les mouvements impétueux que ta présence y faisait naître! » (ibid., II, 22, p. 280). 1016 Ibid. 1017 Ibid., I, 18, p. 69. 1018 Ibid. Le billet se distingue de la lettre par sa brièveté. Les amants-poètes l'utilisent pour demander une rencontre avec la bien-aimée ; il annonce un message d'urgence. L'emploi du billet comme moyen de solliciter l'attention de l'amant rappelle Properce qui, en proie aux maux de l'absence, écrit à Cynthie, pour presser son retour : Tu me pardonneras donc la note triste de mes billets ; la faute en est à mes craintes. Ne dois-je pas te garder mieux que ne ferait une mère chérie?sans toi que m'importe la vie 1019? Cynthie également écrit, durant la période de rupture et de séparation connue sous le nom de discidium, à son amant pour lui ordonner de revenir « sans retard ». Ovide, en proie au délire de Vénus en use à son tour pour obtenir une rencontre avec la femme inaccessible qui le passionne : Prends cette lettre à la servante, remets-la le matin à ta maîtresse1020 / Choisis pour lui remettre ce billet le moment où elle sera tout à fait libre1021. Les Amours citent encore deux échanges : Pleurez mon infortune : triste est la réponse à mon billet : une lettre funeste me dit : « impossible aujourd'hui »1022 / Je lui [la femme dont il est épris] envoyai un esclave et lui fis par lettre des propositions. Sur les mêmes tablettes d'une main tremblante, elle répondit : ‫״‬impossible‫״‬1023. Les personnages de Rousseau se souviennent de cette pratique. Julie y recourt quand elle pressent le danger d'un départ éventuel de Saint-Preux1024 ; ou pour demander à son amant de lui rendre sa liberté1025 ; elle l'utilise également pour remercier sa cousine de l'avoir conseillée à propos de l'invitation d'Edouard1026. SaintPreux à son tour s'en sert pour libérer et rassurer Julie1027. L'échange de billet entre les amants peut simuler une vraie conversation : celui que pratique « Ovide » (I, 11 et I, 12) se caractérise par la rapidité ; il renvoie en écho aux échanges de Saint-Preux et Julie dans la première partie du roman. Les amants, encore non déclarés, échangent deux fois des billets sans qu'ils soient interrompus. Le déploiement des répliques que laisse voir la situation épistolaire fait penser à une vraie communication qui s'apparente dans les deux contextes à une communication de 1019 Prop., I, 21, 20-22. Am., I, 11, 7-8. 1021 Ibid., 15-16. 1022 Ibid., I, 12, 1-2. 1023 Ibid., II, 12, 4-6. 1024 NH., Billet I, II et III, p. 37-38. 1025 Ibid., p. 325. 1026 Ibid., p. 207. 1027 Ibid., p. 327. 1020 204 bouche. Toutefois, dans ce contexte, le dialogue par billet aboutit à des fins divergentes. Il est vrai que les deux couples usent du même moyen de communication mais c'est la nature du rapport qui unit les amants l'un à l'autre au sein du couple (le lien entre Julie et Saint-Preux est très différent de celui qui lie « Ovide » à « Corinne » ou à tout autre femme) qui détermine le résultat. Le motif du billet chez Rousseau s'inspire de la tradition élégiaque. Il le distingue nettement de la lettre alors que les amants romains confondent l'un à l'autre. Rousseau élargit l'usage du billet : il n'est plus limité à solliciter un rendezvous. Il omet le caractère de discrétion : Julie inclut son billet dans la lettre qu'envoie son père à son amant (III, 10) ; Saint-Preux à son tour lui répond en incluant le sien dans la lettre adressée à M. d'Etange (III, 11). Mais ce qu'il faut noter par ailleurs c'est que la pratique du billet reste rare : nous relevons seulement huit références dans les histoires de Properce et d'Ovide et huit dans celle de Julie et Saint-Preux : les poètes élégiaques semblent privilégier, pour diffuser leur plaintes ou pour dire leur amour, le poème (l'élégie en l'occurrence) à la lettre intime qu'emploient largement les amants du pays de Vaud. - La lettre objet Les lettres élégiaques ne renvoient pas aux lettres, dans le roman épistolaire de Rousseau, qui assurent la relation des événements et la cohérence du récit (la diégèse). Ce sont plutôt celles qu'échangent les deux amants pendant leur séparation. Elles constituent l'outil qui trompe l'intervalle spatial en jetant un pont entre le je et le tu. Julie est consciente du rôle de la lettre dans la perpétuation de la relation au-delà de l'obstacle de la distance. Son attitude fait pendant à celle d'Ovide éloigné de son ami : Oui, mon ami, le sort a beau nous séparer, pressons nos coeurs l'un contre l'autre, conservons par la communication leur chaleur naturelle contre le froid de l'absence et du désespoir, et que tout ce qui devrait relâcher notre attachement ne serve qu'à le resserrer sans cesse1028. De même que nous avions l'habitude de longues conversations au milieu desquelles la nuit nous surprenait, qu'ainsi nos lettres aujourd'hui portent et rapportent nos muettes paroles, et que le papier et la main remplacent la langue1029! La lettre vient au secours des amants séparés qui ne peuvent plus communiquer oralement ; la correspondance est souvent leur souci dès qu'il y a un changement de 1028 1029 II, 24, p. 289. Tr., V, 13, 27-30. destination ou un événement qui menace son cours habituel ; un arrêt éventuel de l'échange épistolaire explique l'affolement de Julie quand elle ne trouve plus l'ensemble des lettre qu'elle vient de retirer de chez sa cousine1030. Dans ce cadre si dévoué aux mots, l'écriture devient un besoin viscéral dont Julie se rend bien compte dès le premier départ de Saint-Preux : Mon ami, je sens que je m'attache à vous chaque jour davantage; je ne puis plus me séparer de vous; la moindre absence m'est insupportable, et il faut que je vous voye ou que je vous écrive, afin de m'occuper de vous sans cesse1031. Au dire de Julie la lettre remplace la présence de l'amant ; ou mieux encore, elle simule sa présence dans l'absence. Ce motif, l'illusion de présence, est caractéristique du genre élégiaque et trouve son écho dans le roman de la Nouvelle Héloïse. Il suffit juste de se rappeler la jubilation de Saint-Preux quand il s'écrie : « J'ai reçu ta lettre avec les mêmes transports que m'auraient causés ta présence ; et, dans l'emportement de ma joie, un vain papier me tenait lieu de toi ». Sénèque nous enseigne la douceur de la lettre en provenance de l'être aimé par son propre exemple lorsqu'il écrit à Lucilius : « Tu m'écris souvent et je t'en remercie ; tu te montres ainsi à moi de la seule manière qui te sois possible. Je ne reçois jamais une de tes lettres qu'aussitôt nous nous soyons ensemble. Si les portraits de nos amis absents nous sont doux, s'ils ravivent leur souvenirs et, vaine et trompeuse consolation, allègent le regret de leur absence, combien plus douces sont les lettres qui nous apportent l'empreinte véritable de l'ami absent »1032. Touché par une brusque déportation Saint-Preux trouve de la consolation dans les lettres qui lui portent des nouvelles de sa bien-aimée et qui lui permettent de lui en donner. Dès qu'il se trouve éloigné de Julie, il aime écrire et recevoir ; parfois sur le chemin de l'exil1033 parfois même au moment de départ1034. Loin de Julie l'échange épistolaire rythme son existence. Il s'alarme quand la lettre s'absente1035 et jubile quand 1030 NH., II, 28, p. 36 : « Tout est perdu! Tout est découvert! Je ne trouve plus tes lettres dans le lieu où je les avois cachées . ». 1031 I, 11, p. 54. 1032 Lettres à Lucilius, Ep. 40, 1. Citée dans la première lettre d'Héloïse à Abélard, Hicks, p. 46-47. 1033 NH., II, 2, p. 192 : « La premiere chose qu'il fait à chaque station, c'est de commencer quelque lettre qu'il déchire ou chiffonne un moment après. » 1034 Ibid., I, 65, p.187 : « Ton ami a facilement compris dequoi il s'agissoit; il a instamment demandé à t'écrire, []. ». 1035 Ibid., I, 19, p. Le rapport affectif à la lettre est aussi un souvenir élégiaque rendu d'abord par Properce qui pleure la perte de ses tablettes (1) ensuite par Ovide dont l'indignation, contre ses tablettes qui lui refusent un message heureux, n'est que l'autre facette de l'affection qu'il leur voue (2) : (1) Les voilà sont donc perdues, ces tablettes pour moi si doctes, et perdues avec elles tant de douces choses 1041! (2) Loin de moi, méchantes tablettes, bois funèbre, et toi, cire pleine de mots de refus1042. []Jetés dans un carrefour, restez là, bois inutile, et soyez broyés par une roue pesante parvenir. Cette réponse pourtant ne vient point, et il n'y a nulle cause possible et funeste de son retard que mon esprit troublé ne se figure. ». 1036 Ibid., I, 21, p. 72-73 : « Que j'ai souffert en la recevant, cette lettre souhaitée avec tant d'ardeur! J'attendois le Courrier à la poste. A peine le paquet était-il ouvert que je me nomme; je me rends importun ; on me dit qu'il y a une lettre, je tressaille; je la demande agité d'une mortelle impatience : je la reçois enfin. Julie, j'aperçois les traits de ta main adorée! La mienne tremble en s'avançant pour recevoir ce précieux dépôt. Je voudrais baiser mille fois ces sacrés caracteres. O circonspection d'un amour craintif! Je n'ose porter la Lettre à ma bouche, ni l'ouvrir devant tant de témoins. Je me dérobe à la hâte. Mes genoux trembloient sous moi; mon émotion croissante me laisse à peine apercevoir mon chemin; j'ouvre la lettre au premier détour ; je la parcours, je la dévore; ». 1037 Ibid., I, 65, p. 187 : « Je tâchois de détourner ainsi ses idées funestes par celle d'une correspondance familière continuée entre nous, et cette ame simple, qui ne cherche, pour ainsi dire, qu'à s'accrocher à ce qui t'environne, a pris aisément le change. Nous nous sommes ensuite ajustés pour les adresses de lettres; et comme ces mesures ne pouvaient que lui être agréables, j'en ai prolongé le détail jusqu'à l'arrivée de M. d'Orbe, qui m'a fait signe que tout était prêt. ». 1038 Ibid., II, 13, p. qui / [] Voilà les tablettes auxquelles, insensé, j'ai confié mon amour et de tendres paroles pour mon amie1044. Dans son impatience, Saint-Preux rappelle en écho Ovide qui veut que son amante le lise et lui réponde sur le champ : Pendant que je parle, l'heure fuit. Choisis pour lui remettre ce billet, le moment où elle sera tout à fait libre ; fais néanmoins qu'elle le lise sur le champ [] et sans tarder dès qu'elle aura tout lu, presse-là de faire une longue réponse. [] Que sur toute la tablette, elle se borne à écrire ‫״‬Viens ‫״‬1045. L'attachement à la lettre ou aux tablettes qui en sont le pendant romain se manifeste par la volonté de les personnifier. Le procédé est exploité dans ses différentes modulations : Rousseau assigne à la lettre porteuse de bonne nouvelle une sensibilité et lui réserve un traitement digne d'une femme aimée ; chez lui elle est reçue en termes d'amour et d'enthousiasme et est souvent embrassée1046. L'anthropomorphisation de la lettre développe un souvenir propertien où le poète chérit ses tablettes au point de les incarner en femme : Que de messages leur furent confiés! Elles disaient : ‫״‬je suis furieuse parce qu'hier, sans coeur que tu es, tu m'as fait attendre. Quelque femme t'aurait-elle paru plus belle? Me chercherais-tu quelque mauvaise querelle?‫ ״‬ou encore : ‫״‬Viens nous passerons la journée ensemble ; l'Amour t'offre l'hospitalité pour toute une nuit ‫ ״‬et tant de choses que sait trouver une femme qui se plaint et qui n'est point sotte, quand elle passe une heure à bavarder avec ruses et car Ce même procédé sollicite Léandre qui non seulement s'adresse à la lettre mais qui s'y projette dans un élan fantasmagorique rêvant ainsi de s'y substituer pour « passer la nuit avec [Héro] » : Pars, lettre heureuse, ai-je dis. Bientôt elle [Héro] te tendra sa belle main. Peut-être même approchant ses lèvres, elle t'en touchera, quand d'une dent blanche comme neige, elle voudra rompre le lien1048. 1043 Ibid. 13-15. Ibid. 20-21. 1045 Am., I, 11, 15-24. 1046 NH., I, 21, p. 73 : « Je voudrois baiser mille fois ces sacrés caracteres. ». / « Baise cette letre, et saute de joye pour la nouvelle que je vais t'apprendre » (ibid., I, 36, p.111). 1047 III, 24, 11-18. 1048 Hér., 18, 15-18. Léandre semble envier la lettre qui va passer la nuit avec Héro. Il décrit la scène de la réception de l'envoi en termes de sensualité : les gestes -imaginaires- que la lettre reçoit, dans un processus d'érotisation, du fait du procédé de la personnification, sont ceux dont rêve Léandre en proie du manque. Ce désir ne tarde pas à se manifester ; il se confirme doublement : à travers cette plainte (« [] qu'à ma place cette lettre passe la nuit avec toi. » (v.16-17)) où Léandre semble, à la fois, envier la lettre et regretter de ne pas être à sa place et à travers le souvenir de la possession que Léandre se complait à revivre (v. 92-118). Nason lui donne la parole et fait d'elle son fidèle messager 1049; la compétence locutoire est aussi imputée aux lettres de Julie que Saint-Preux rassemble dans un recueil. La lettre de Nason donne de ses nouvelles à ses amis et celles de Julie ̋consolent ̋, ̋préviennent ̋ ̋corrigent ̋, ̋instruisent ̋ et ̋édifient ̋ Saint-Preux dans tous les temps1050. Nason lui lègue la parole pour parler, à sa place, de lui-même1051. Cette technique de s'éloigner de soi-même pour mieux le représenter renvoie expressément à Rousseau mais non pas dans une perspective de commerce épistolaire mais dans l'élaboration de tout un que Rousseau destine à ces « messieurs » qui ne le comprennent pas : la technique de l'écriture de Rousseau juge de Jean-Jacques ne reprend-elle pas le principe de cet Ovide qui parle sans parler mais qui en même temps tire les ficelles du discours. Le « Français » n'est il pas une version moderne de la lettre-messager que fait parler Nason-Ovide? Les points de rencontre avec l'élégie ne sont pas forcément liés au contexte d'où ils sont puisés ; Rousseau utilise des matériaux du champ élégiaque mais il les déplace et les manie pour les adapter à sa manière de penser. L'usage du motif de la lettre est ici élargi à des fins apologétiques. - La lettre d'amour La lettre d'amour, dans la Julie est celle où l'amant dit et analyse ses sentiments. Elle est écrite « dans la chaleur même du sujet ou de l'événement qui [l]'occasionna1052 ». Elle véhicule des motifs qui rappellent souvent le genre 1049 Tr., III, 7, 1, 10 : « Va saluer Périlla, lettre écrite à la hâte, fidèle servante de mon discours. Tu la trouveras assise auprès de sa mère chérie ou bien parmi les livres et ses chères Piérides. Quelle que soit son occupation, elle l'abandonnera en apprenant ton arrivée et demandera sans retard la raison de ta venue et ce que je fais. Tu lui diras que je vis, mais qu'à cette vie je préférerai la mort et que leur si longues durée n'a pas adoucit mes maux ; que pourtant je reviens aux Muses, bien qu'elles m'aient nui, et que je rassemble des mots qui conviennent à des rythmes alternés. ». 1050 NH., II, 13, p. 229 : « Ce précieux recueil ne me quitera de mes jours; il sera mon manuel dans le monde où je vais entrer ; il sera pour moi le contre-poison des maximes qu'on y respire; il me consolera dans mes maux; il préviendra ou corrigera mes fautes; il m'instruira durant ma jeunesse, il m'édifiera dans tous les tems, et ce seront à mon avis les premieres lettres d'amour dont on aura tiré cet usage. ». 1051 1052 Tr., V, 4. Laurent Versini, Le Roman épistolaire [1979], PUF, Paris, 1998, p. 55. 209 élégiaques à savoir la crainte de l'amant d'être oublié, la crainte de la fuite du temps et la posture de l'épistolier. i- La crainte d'être oublié(e) Les amants séparés redoutent de ne plus se voir ; chacun d'entre eux a peur que l'autre l'oublie. La crainte d'être oublié dans ce contexte est une expérience douloureuse que vit l'amant et qui fait couler des larmes1053. C'est aussi un motif manipulé par Tibulle, Properce et Ovide et actualisé par Rousseau. Dans l'élégie III, 9, censée composée par Sulpicia et adressée à Cerinthus qui est parti pour la chasse la femme abandonnée craint que le commerce de Diane ne soit une occasion à l'infidélité de son amant : Maintenant que Vénus ne te donne pas de plaisirs sans moi, mais, pour obéir à la loi de Diane, chaste enfant, touche tes filets d'une main chaste ; et qui cherche à se glisser furtivement auprès de l'objet que j'aime, tombe au milieu des bêtes féroces et se fasse mettre en pièces1054. Aréthuse, chez Properce, communique à son amant, Lycotas parti en guerre, sa crainte d'être remplacée par un amour étranger et elle lui recommande la fidélité : Dis-moi, la cuirasse ne blesse-t-elle pas tes membres délicats? Tes pauvres mains ne sont-elles pas meurtries par le poids de la lance? Plutôt cela pourtant que de voir, pour mon malheur, imprimées sur ton cou les dents d'une femme1055! / Mais [] garde intacts les noeuds qui te lient à moi et à ma couche1056. Dans les Héroïdes, Pénélope usée par l'attente du retour d'Ulysse, est affligée par le soupçon d'être trahie : Et tandis que je redoute sottement ces dangers, peut-être (quels caprices sont les vôtres) es -tu captif d'un amour étranger1057. Phillis lui fait écho et elle ne laisse pas de rendre ses angoisses d'être délaissée par Démophoon pour une autre épouse : 1053 Tibulle s'adresse à l'amant de Sulpicia pour lui dire que seul l'existence d'un rival qui puisse justifier ses larmes quant à la maladie, il ne faut pas s'en inquiéter : « [] ; il n'est pas nécessaire de pleurer : les larmes seront mieux de saison, si jamais elle se montre pour toi moins souriante. Pour le moment, elle est toute à toi ; à toi seul vont toutes les pensées de son âme loyale, et c'est en vain qu'une foule pleine d'illusions l'assiège. » (III, 10, 17-20). 1054 Tib., III, 9, 19-22. 1055 Prop., IV, 3, 23-26. 1056 Ibid., 67-69. 1057 Hér., I, 75-76. 210 Démophoon, tu as livré aux vents tes paroles et tes voiles ; je me plains que le retour manque aux voiles et la fidélité aux paroles1058. / Que demandais-je malheureuse? Déjà peut être te retiennent une autre épouse et l'Amour qui, pour moi, fut si peu favorable1059.
497
2016PESC1110_4
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,016
Etude du comportement des enrobés bitumineux aux températures de mise en œuvre
None
French
Spoken
7,201
11,737
Les essais n’ont pas été menés sur les mastics M46%v à 80°C parce que les échantillons M46%v étaient trop rigides à cette température (température de ramollissement supérieure à 100°C). En ce qui concerne les échantillons de matériaux de type « huileux », ils ont été fabriqués à température ambiante juste avant les essais. Ils présentent l’avantage de pouvoir être manipulés à température ambiante mais ils ne peuvent pas être conservés dans le temps car leur composition huile avec fines ne peut pas être figée à basse température (leur viscosité varie très peu avec la température) : on observe un phénomène de décantation au sein des mastics huileux. La température d’essai quant à elle est toujours régulée à 25°C. Les rampes de cisaillement appliquées pour chaque échantillon et pour chaque température ont été adaptées en fonction de la rigidité de l’échantillon, sur une durée totale de 82 200 s, allant : • • • De 0,1 à 10 s-1 pour les échantillons de liant (bitumineux et huileux) ; De 0,01 à 10 s-1 pour les échantillons de M14%v et M35%v (bitumineux et huileux) ; De 0,005 à 1 s-1 pour les échantillons de M46%v (bitumineux et huileux). Plus le matériau est rigide, plus le taux de cisaillement doit être faible pour ne pas déstructurer le matériau. Chaque essai a été répété trois fois pour évaluer leur répétabilité. Une première étude a été menée pour évaluer l’incidence ou non d’une rampe ascendante ou descendante de température, d’une part sur liant et d’autre part sur mastic. Les résultats obtenus sont détaillés dans le Tableau 17. Tableau 17 : Comparaison des résultats obtenus en rampe ascendante et descendante de température, en plan/plan 25 mm Température ascendante 35/50 Température descendante M35%v 35/50 Température ascendante Température descendante Moyenne Ecarttype Moyenne Ecarttype Moyenne Ecarttype Moyenne Ecarttype Viscosité à 0,5 s-1 110°C 130°C 140°C 6,69 1,86 1,09 80°C 96,26 160°C 0,44 1,24 0,05 0,05 0,04 0,05 97,07 6,48 1,82 1,12 0,49 1,13 0,06 0,05 0,05 0,07 1099,67 88,46 26,08 15,04 5,90 20,34 0,90 0,39 1,06 0,79 1054,78 86,73 27,19 15,57 5,35 21,56 0,81 0,44 1,25 0,72 Au vu des résultats présentés dans le Tableau 17, nous pouvons constater la non-influence d’une rampe ascendante ou descendante de température sur les mesures de viscosité sur liant et sur mastic. Pour des raisons pratiques et pour les matériaux bitumineux, le même échantillon est testé successivement aux 4 ou 5 températures d’essai. Les essais ont été menés de la température la plus basse à la plus haute de façon à ne pas induire une sédimentation initiale des éléments minéraux trop importante (favorisée par les hautes températures). 83 2.2. Essais à taux de cisaillement constant La mise en place des échantillons, ainsi que les températures d’essai sont identiques en rampe de taux de cisaillement et à taux de cisaillement constant. Par contre, le mode de sollicitation diffère. En effet, les mesures de viscosité ont été faites en appliquant un palier constant de taux de cisaillement, d’une durée de 60 s. Cette durée de mesure a été choisie comme un compromis entre un temps suffisamment long pour avoir une bonne mesure et un temps suffisamment court pour limiter l’évolution du matériau au cours de la mesure (phénomène de sédimentation). Plusieurs valeurs de taux de cisaillement ont été testées pour chacun des matériaux de l’étude. Cette procédure d’essai a permis de déterminer des valeurs moyennes de viscosité pour chaque formulation de matériau, à un taux de cisaillement donné et à chaque température d’essai. Comme précédemment, le même échantillon est testé successivement aux 4 ou 5 températures d’essai préalablement citées. Pour chaque formulation, trois échantillons ont été testés pour évaluer la répétabilité des résultats. Le Tableau 18 résume les conditions de mesure de la viscosité des matériaux étudiés, en rampe et à taux de cisaillement constant. 84 Tableau 18 : Conditions des mesures de viscosité dans des conditions de taux de cisaillement évolutifs (variables) ou constants Température Type d’essai mise en place échantillon Durée de Protocole stabilisation d’essai en température Rampe de Un même taux de échantillon cisaillement Taux de cisaillement constant Durée de la mesure à une Durée totale température de l’essai 5500 s 200 s TBA (°C) du pour toutes 15 min (900 matériau les s) pour testé températures, chaque T°C 1h30) 4800 s 60 s Température (environ (environ 1h20) ascendante 3. Essais à l’échelle du liant 3.1. Résultats des essais de viscosité avec les huiles de silicone 3.1.1. Comportement newtonien des huiles de silicone Des essais en rampe de taux de cisaillement ont été réalisés sur les deux huiles silicones utilisées pour notre étude, pour vérifier leur comportement newtonien à 25°C et comparer leurs viscosités. On impose donc au système de mesure une rampe de taux de cisaillement qui va être appliquée à l’échantillon sous la forme d’une vitesse angulaire. Le couple qui en résulte est mesuré tout au long de l’essai, est transformé en contrainte, et les valeurs de viscosité sont calculées. Le résultat que nous analysons est l’évolution de la viscosité en fonction du taux de cisaillement. Ces deux huiles silicones de viscosités différentes sont référencées v300 et v60000 (cf Chapitre II). Dans la figure suivante (Figure 32), sont donnés les résultats moyens des essais réalisés en rampe sur les deux huiles silicones. Chaque huile a été testée 3 fois. 85 Figure 32 : Evolution de la viscosité des deux huiles silicones en fonction du taux de cisaillement et à 25°C, en plan/plan 25 mm Le Tableau 19 présente les valeurs de viscosités moyennes et d’écarts-types obtenus pour les mesures effectuées sur les deux huiles. Les moyennes et écarts-types ont été calculés à partir des résultats obtenus sur toute la rampe de cisaillement pour les 3 essais réalisés par huile. Tableau 19 : Viscosités moyennes et écarts-types pour les essais en rampe de taux de cisaillement sur les huiles silicones, en plan/plan 25 mm Viscosité à 25°C [Pa.s] Moyenne Ecart-type Huile v300 0,31 0,11 Huile v60000 98,53 1,32 L’évolution de la viscosité des huiles silicones en fonction du taux de cisaillement met 86 en évidence le comportement newtonien de ces matériaux à 25°C, sur la plage de taux de cisaillement choisie (de 0,1 à 10 s-1). L’écart-type des mesures effectuées sur l’huile silicone v60000 est faible par rapport à la moyenne des mesures ; celles-ci fluctuent peu. Par contre, en ce qui concerne l’huile v300, les fluctuations de mesures sont plus importantes. Ces fluctuations ne remettent pas en cause le caractère newtonien de l’huile car elles ne sont pas homogènes (croissantes ou décroissantes). On peut émettre l’hypothèse qu’une géométrie plan/plan de diamètre plus grand serait peut-être plus adaptée pour un matériau aussi fluide que l’huile silicone v300 (comme par exemple un plan/plan 40 mm). Des mesures avec différentes géométries ont été réalisées et sont présentées dans le paragraphe 3.1.2. 3.1.2. Comparaison des mesures effectuées avec différentes géométries Des mesures de viscosité sur nos deux huiles silicones v300 et v60000 ont été réalisées avec plusieurs géométries (plan/plan 25 mm, plan/plan 40 mm et cône/plan 4°/40 mm). Les viscosités moyennes obtenues avec ses différentes géométries sont illustrées dans la Figure 33. Les différents systèmes géométriques donnent des valeurs de viscosité très proches pour les deux huiles silicones, compte-tenu des barres d’erreur. Ceci est cohérent avec le fait que la viscosité est une propriété intrinsèque du matériau. Les fluctuations observées sur l’huile v300 demeurent plus élevées que pour l’huile v60000, mais pour les mesures en plan/plan 40 mm (écart-type de 0,08 Pa.s) elles sont un peu moindres que celles observées pour les mesures en plan/plan 25 mm (écart-type de 0,11 Pa.s). On constate cependant des valeurs moyennes systématiquement légèrement plus élevées avec le plan/plan 25 mm qu’avec les autres géométries, pour les deux huiles. Figure 33 : Viscosités des huiles silicones mesurées avec différentes géométries 3.2. Résultats des essais de viscosité sur les liants bitumineux 3.2.1. Comportement newtonien des bitumes Des essais en rampe de taux de cisaillement ont été réalisés sur différents liants bitumineux purs (bitumes 35/50 et 160/220) et additivés (bitume 35/50 avec 0,3% d’additif tensio-actif), pour évaluer et mesurer leur viscosité dans une gamme de température de 80 à 160°C. Les Figures 34, 35 et 36 présentent l’évolution de la viscosité en fonction du taux de cisaillement du bitume 35/50 pur et additivé à 0,3% et du bitume 160/220, mesurée lors d’essais complets en rampe de taux de cisaillement. 88 Figure 34 : Viscosité du 35/50 pur, de 80 à 160°C, mesurée en plan/plan 25 mm Figure 35 : Viscosité du 35/50 + 0,3% A, de 80 à 160°C, mesurée en plan/plan 25 mm 89 Figure 36 : Viscosité du 160/220, de 80 à 160°C, mesurée en plan/plan 25 mm Le Tableau 20 donne les valeurs de viscosités moyennes et d’écarts-types obtenus pour les mesures effectuées sur les différents liants de l’étude. Les moyennes et écarts-types ont été calculés à partir des résultats obtenus sur toute la rampe de cisaillement pour les 3 essais réalisés pour chaque liant. Tableau 20 : Viscosités moyennes et écarts-types pour les essais en rampe de taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm 80°C Moyenne 96,83 35/50 Ecart1,24 type Moyenne 84,44 35/50 + 0,3% A Ecart1,25 type Moyenne 7,21 160/220 Ecart0,13 type Viscosité [Pa.s] 110°C 130°C 140°C 160°C 6,75 1,85 1,12 0,53 0,05 0,05 0,04 0,05 6,08 1,68 1,03 0,41 0,07 0,16 0,07 0,02 0,89 0,44 0,32 0,23 0,11 0,11 0,10 0,12 90 L’évolution de la viscosité du bitume pur 35/50 en fonction du taux de cisaillement met en évidence son comportement newtonien sur la plage de taux de cisaillement choisie (de 0,1 à 10 s-1) et pour les différentes températures (de 80 à 160°C). En effet les écarts-types calculés à partir de toutes les mesures effectuées sont faibles et valident par conséquent nos mesures. Si l’on compare le comportement en viscosité de ce bitume 35/50 aux différentes températures à celui des deux huiles de silicone v300 et v60000 à 25°C, nous pouvons conclure que ces deux types de matériaux ont des comportements en viscosité similaires, à savoir un comportement newtonien. De plus, à 25°C, l’huile v300 a une viscosité proche de celle du 35/50 à 160°C, et l’huile v60000 une viscosité proche de celle du 35/50 à 80°C. Les conclusions des mesures de viscosité sont identiques pour les bitumes 35/50 additivés. L’additif tensio-actif ajouté au bitume n’a pas d’effet significatif sur le comportement rhéologique du bitume, ce qui sera détaillé 3.2.3. En ce qui concerne le 160/220 pur qui est un bitume de grade mou, il apparait que les mesures effectuées sont moins répétables que celles effectuées sur le 35/50, notamment aux températures élevées (130, 140 et 160°C) : en effet les écarts-types sont relativement élevés par rapport aux niveaux de viscosité mesurés. Comme pour l’huile silicone v300, il est alors possible d’émettre l’hypothèse que la géométrie plan/plan 25 mm n’est pas adaptée pour le bitume 160/220 qui est très fluide à partir de 130°C ; il faudrait utiliser une géométrie plan/plan de diamètre plus élevé. Dans le paragraphe 3.2.2 sont présentées des mesures de viscosité sur le 160/220 réalisées avec un plan/plan 40 mm qui montrent que les fluctuations restent importantes. Il faudrait alors utiliser un plan/plan de diamètre encore plus élevé, ce dont nous ne disposons pas au laboratoire. 3.2.2. Comparaison des mesures effectuées avec différentes géométries Les mesures sur les bitumes purs 35/50 et 160/220 ont été réalisées avec plusieurs géométries (plan/plan 25 mm, plan/plan 40 mm et cône/plan 4°/40 mm). Les viscosités moyennes obtenues avec ses différentes géométries sont illustrées dans les Figures 37 et 38. On remarque que le plan/plan 25 mm donne des viscosités systématiquement supérieures au plan/plan 40 mm ou au cône/plan 4°/40 mm. Ces différences de mesure entre les géométries sont très visibles aux températures les plus basses (de 80 à 110°C) compte-tenu des barres d’erreur. Tandis qu’aux températures plus élevées (de 130 à 160°C), même si les moyennes sont bien distinctes, les barres d’erreur se chevauchent. On peut s’interroger sur ces différences. Figure 37 : Viscosités du 35/50 pur mesurées avec différentes géométries, de 80 à 160°C Figure 38 : Viscosités du 160/220 pur mesurées avec différentes géométries, de 80 à 160°C Ces variations de viscosité lorsque l’on change la géométrie n’étant pas présentes pour les mesures effectuées sur les huiles silicones, nous avons émis plusieurs hypothèses : • Variations de températures au sein des échantillons : si c’était le cas, comme 92 nous avons conservé le même temps de stabilisation en température (à savoir 15 min), les mesures en plan/plan 40 mm donneraient des valeurs de viscosité plus élevées et non plus faibles que celles en plan/plan 25 mm (échantillon plus grand en plan/plan 40 mm, donc plus long à être mis à la bonne température). • Problème de sensibilité du rhéomètre avec le plan/plan 25 mm : les valeurs de couples ont été vérifiées pour chaque mesure effectuées et ne sont pas en dehors des limites du rhéomètre. Dans son mémoire de doctorat [Bueche, 2011], Buèche réalise des mesures de viscosité sur bitume avec une géométrie plan/plan et une géométrie cône/plan à différentes températures. Si les évolutions de viscosité en fonction de la température sont comparables, il fait les mêmes constatations que nous, à savoir que les mesures en cône/plan sont systématiquement inférieures à celles en plan/plan (Figure 39), sans en expliquer la raison. Figure 39 : Mesures de viscosité sur bitume réalisées par N. Buèche en plan/plan et en cône/plan [Bueche, 2011] 3.2.3. Influence de la température et de la présence d’additif Les différents liants bitumineux étudiés étant newtoniens sur la gamme de taux de cisaillement de 0 à 10 s-1, des essais à taux de cisaillement constant (0,5 s-1) ont été réalisés pour déterminer leur viscosité moyenne, et observer l’influence de la température sur celle-ci. Chaque essai a été réalisé 3 fois et les valeurs moyennes de viscosité sont données dans la Figure 40. 93 Figure 40 : Evolution de la viscosité des liants étudiés en fonction de la température Tout d’abord, on peut remarquer que les viscosités moyennes obtenues par les essais à des taux de cisaillement constants sont similaires à celles obtenues par les essais en rampe de taux de cisaillement. Si l’on observe l’évolution des différents bitumes (purs et additivés) en fonction de la température, on retrouve bien le comportement attendu, à savoir une diminution de la viscosité du liant lorsque la température d’essai augmente. De plus, la différence de consistance du bitume se retrouve naturellement aux hautes températures : le bitume 160/220 pur, de même origine que le bitume 35/50, a des niveaux de viscosité plus faibles que le bitume 35/50 pur aux différentes températures d’essai. Nous pouvons ainsi remarquer un décalage des courbes de viscosité d’environ 30°C entre les bitumes 35/50 et 160/220. Ce graphique met également en évidence le fait que l’additif, ajouté en proportion de 0,3% massique (quantité préconisée par le fabriquant), a peu d’influence sur la viscosité du bitume 35/50, et ce quelle que soit la température testée. Cela corrobore le fait que l’additif utilisé n’est pas un réducteur de viscosité ; par conséquent il ne modifie pas le comportement rhéologique du bitume auquel il est ajouté. 94 Les viscosités newtoniennes des différents liants de l’étude varient avec la température selon des lois de type Arrhenius, comme le montre la Figure 41 : =; où exp ? " ( T est la température en Kelvin A et B sont des constantes La constante A est un facteur pré-exponentiel. La constante B est égal e à : ?= où @A - Ea est l’énergie d’activation en J.mol-1 R est la constante des gaz parfaits (8,314 J.mol-1.K-1) Figure 41 : Evolution de la viscosité des liants de l’étude en fonction de la température 95 Tableau 21 : Energies d’activation des différents liants bitumineux étudiés Energie d'activation [kJ/mol] 35/50 35/50 + 0,3% A 160/220 86,2 84,9 61,0 Le Tableau 21 nous donne les valeurs des énergies d’activation des différents liants bitumineux étudiés. Les valeurs de ces énergies d’activation sont relativement proches pour les bitumes 35/50 pur et additivé à 0,3%, et pourtant elles diminuent lorsque le pourcentage massique d’additif dans le bitume augmente : on peut alors en conclure que plus le bitume 35/50 est additivé, et moins il est sensible au changement de température. Il en est de même pour le bitume pur 160/220 : son énergie d’activation étant plus faible que celle du bitume pur 35/50, on peut en conclure qu’il est moins sensible aux changements de température. 4. Essais à l’échelle du mastic 4.1. Phénomène de sédimentation 4.1.1. Calcul théorique La sédimentation des particules est l’un des écoulements les plus classiques qui se déroulent dans une suspension. Si les particules solides de la suspension sont des sphères de taille et de densité égales, pour lesquelles le nombre de Reynolds est faible, des équations permettent de déterminer la vitesse de sédimentation de ces particules, comme par exemple la loi de Richardson-Zaki [Guazzelli et Morris, 2012]. La loi de Richardson-Zaki exprime la vitesse de sédimentation uS des particules en fonction de leur fraction volumique φ, ou plutôt de la porosité ε = 1-φ [Di Felice et Kehlenbeck, 2000]. On a alors : BC = B: Où D7 ui est la vitesse de référence ui = kut 96 ut est la vitesse de sédimentation d’une particule isolée k est un coefficient mesuré entre 0,65 et 0,95 en fonction de d/D (d est le diamètre des particules et D le diamètre du récipient) n dépend du nombre de Reynolds, donné par : -/ = B9 EF! ρf est la masse volumique du fluide η est la viscosité du fluide La vitesse de sédimentation d’une particule isolée, en admettant que Re est faible donc << 1, est donnée par : B9 = où FG F! " H 18 × E$ ρP est la masse volumique des particules Si l’on considère une particule isolée de diamètre 50 μm et de densité 2710 kg/m3 (une particule de filler par exemple), nous pouvons calculer sa vitesse de sédimentation en fonction de la viscosité du fluide. Rappelons que le mastic bitumineux est composé de particules fines de diamètres inférieurs à 63 μm et de bitume de masse volumique 1030 kg/m3. La masse volumique du bitume diminue légèrement en fonction de la température : 945 kg/m3 à 160°C [Shell, 1991]. Le Tableau 22 donne les vitesses de sédimentation d’une particule isolée de diamètre 50 μm, pour différentes viscosités d’un fluide de densité 945 kg/m3 (les viscosités choisies correspondent à celle du bitume 35/50 aux différentes températures d’étude, de 160 à 80°C). Tableau 22 : Vitesses de sédimentation de la particule isolée de 50 μm en fonction de la viscosité du fluide Vitesse de sédimentation d'une particule isolée de 50 μm de diamètre Viscosité du fluide [Pa.s] 0,5 1 2 6,5 96 Vitesse de sédimentation [m/s] 5,0E-06 2,5E-06 1,3E-06 3,9E-07 2,6E-08 Temps nécessaire pour chuter de 1mm [min] 3 7 13 43 635 Puisque le nombre de Reynolds Re << 1, nous pouvons considérer que n = 4,6. Si l’on considère que l’on a une fraction volumique de particules de 50 μm égale à 20%, on peut considérer que la sédimentation s’effectue à une vitesse : BC = B9 0,8J,K BC = B9 × 0,36 Si l’on considère que k est compris entre 0,65 et 0,95, la vitesse de sédimentation uS est 3 à 5 fois inférieure à la vitesse de sédimentation de la particule isolée ut. Ces vitesses de sédimentation, qui ne sont que des approximations, ne sont pas cependant négligeables, étant donnés la durée des essais réalisés sur les mastics et les entrefers utilisés (1 à 1,5 mm). Par contre, nos mastics réels et modèles sont des suspensions qui ne contiennent pas des particules de même taille, mais toute une distribution de particules allant de 0 à 63 μm. Il n’existe pas d’équation permettant de calculer la vitesse de sédimentation dans ces conditionslà. De plus, seules les particules de « grosses tailles » sont soumises au phénomène de sédimentation, ce qui complique encore le calcul. Etant donné la difficulté de calculer la vitesse de sédimentation dans les suspensions que nous étudions, en raison de la grande distribution de taille des particules, nous avons décidé d’évaluer expérimentalement cette sédimentation sur nos matériaux. 4.1.2. Mesures expérimentales de la sédimentation Pour évaluer expérimentalement le phénomène de sédimentation dans nos échantillons de mastic lors des essais rhéologiques, aux différentes températures de l’étude, nous avons 98 effectué des mesures de viscosité sur le même échantillon, à une température donnée et à des intervalles de 15 min pendant 2h, pour couvrir largement la durée de nos essais. Pour les mastics huileux, ils sont fabriqués à température ambiante juste avant les essais de sédimentation, puis mis en place sur le rhéomètre plan/plan 25 mm à 25°C. Une mesure de viscosité d’une minute est ensuite effectuée toutes les 10 min pendant 2h, à 25°C et à taux de cisaillement constant (1 s-1), soit 13 mesures au total. Pour les mastics bitumineux, l’échantillon est mis en place sur le rhéomètre plan/plan 25 mm à sa température de ramollissement, puis est stabilisé à la température d’essai visée pendant 15 min. Une mesure de viscosité d’une minute est ensuite effectuée toutes les 15 min pendant 2h, à la même température et à taux de cisaillement constant (0,5 s-1), soit 9 mesures au total. Il est alors possible de tracer l’évolution de cette viscosité en fonction du temps, pour les différentes températures testées. Les trois Figures 42, 43 et 44 présentent les résultats obtenus pour ces essais de sédimentation effectués sur le mastic M35%v aux huiles de silicone v300 et v60000, au bitume 35/50 et au bitume 160/220. Sur chaque figure, les données qui apparaissent sous la forme de points isolés sous l’appellation « T°C essai palier » sont la moyenne des résultats des essais classiques à taux de cisaillement constant (1 s-1 pour les M35%v huileux et 0,5 s-1 pour les M35%v bitumineux) réalisés sur un même échantillon du matériau. Figure 42 : Test de sédimentation en plan/plan 25 mm sur M35%v aux huiles v60000 et v300, à 1 s-1 99 Figure 43 : Test de sédimentation en plan/plan 25 mm sur M35%v 35/50, à 0,5 s-1 Figure 44 : Test de sédimentation en plan/plan 25 mm sur M35%v 160/220, à 0,5 s-1 100 Dans le Tableau 23, sont chiffrées les baisses de viscosité à différents temps de sédimentation pour les différents mastics M35%v. Tableau 23 : Baisses de viscosité engendrées par la sédimentation Diminution de la viscosité par rapport à t = 0 M35%v huile v300 M35%v huile v60000 M35%v bitume 35/50 M35%v bitume 160/220 Température t = 30 min t = 60 min t = 90 min t = 120 min 25°C 24,1% 37,9% 42,8% 48,3% 25°C 4,0% 3,9% 4,7% 4,6% 80°C 1,8% 2,7% 2,9% 5,2% 110°C 0,0% 1,6% 5,1% 3,9% 130°C 10,0% 22,0% 32,0% 40,0% 140°C 23,6% 38,6% 47,9% 52,9% 160°C 50,0% 62,1% 69,0% 74,1% 80°C 1,2% 1,6% 5,2% 3,5% 110°C 23,2% 40,0% 49,5% 56,8% 130°C 37,9% 48,3% 49,7% 55,2% 140°C 15,0% 25,0% 40,0% 40,0% 160°C 6,3% 18,8% 25,0% 31,3% Au vu des pourcentages de baisse présentés dans le Tableau 23, le phénomène de sédimentation n’est pas très conséquent, voire même inexistant à l’échelle de temps de nos essais pour les M35%v à l’huile v60000, au bitume 35/50 à 80 et 110°C, au bitume 160/220 à 80°C. Par contre, la sédimentation n’est pas négligeable pour les M35%v à l’huile v300, au bitume 35/50 à 130, 140 et 160°C, au bitume 160/220 à 110, 130, 140 et 160°C. Les essais de sédimentation que nous avons menés sont plus sévères que les essais réalisés en palier sur les différents échantillons : pour mesurer la sédimentation, l’échantillon de mastic reste 120 min à la même température, tandis que pour les essais en palier il subit un gradient de température allant de 80°C (où il y a peu de sédimentation) à 160°C (où la sédimentation est la plus importante) : il ne reste donc qu’une quinzaine de minutes à chaque température d’essai. De plus, si l’on compare les essais réalisés en palier par rapport aux essais de sédimentation, on remarque que celle-ci impacte peu les mesures réalisées lors des essais en palier. Le but de notre étude étant de comparer entre eux différents matériaux qui subissent des essais toujours réalisés dans les mêmes conditions, les baisses de viscosité 101 engendrées par la sédimentation ne nous empêchent pas de faire nos comparaisons. Cependant il est important de savoir qu’un phénomène de décantation va systématiquement se produire lors de notre essai et va influer notre mesure. 4.2. Résultats des essais sur mastic huileux 4.2.1. Comportement non newtonien des mastics huileux Les protocoles d’essai qui ont été mis au point pour les mesures sur les huiles de silicone et sur les liants bitumineux en plan/plan 25 mm ont été étendus pour réaliser des mesures de viscosité sur les différents mastics de l’étude. Des essais en rampe de taux de cisaillement ont été réalisés sur les mastics M14%v et M35%v aux huiles v300 et v60000 et M46%v à la v300, pour déterminer l’évolution de leur viscosité en fonction du taux de cisaillement, à 25°C. Dans les Figures 45 et 46, sont présentés les mesures réalisées sur le mastic M35%v aux huiles de silicone v300 et v60000. Les résultats obtenus sur tous les M14%v et M46%v aux huiles de silicone sont donnés en Annexe A. Figure 45 : Evolution de la viscosité du mastic M35%v à l’huile v60000 en fonction du taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm 102 Figure 46 : Evolution de la viscosité du mastic M35%v à l’huile v300 en fonction du taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm L’évolution des viscosités des M35%v aux huiles de silicone v60000 et v300 en fonction du taux de cisaillement montre leur comportement non newtonien, contrairement au comportement rhéologique des huiles de silicone qui étaient newtoniennes. Il en est de même pour les mastics M14%v et M46%v. Les mastics aux huiles silicones apparaissent comme des matériaux rhéofluidifiants : leur viscosité diminue lorsque le taux de cisaillement augmente, et ce pour toutes les fractions volumiques de fines étudiées. Dans le Tableau 24, des valeurs de viscosité à différents taux de cisaillement sont extraites des essais en rampe de taux de cisaillement. Ce Tableau 24 illustre le comportement non newtonien des différents mastics aux huiles de silicone étudiés. Tableau 24 : Valeurs de viscosité à différents taux de cisaillement extraites des essais en rampe en plan/plan 25 mm Viscosité en Pa.s 0,1 s-1 0,5 s-1 1 s-1 5 s-1 10 s-1 v60000 176,2 175,3 172,9 161,1 143,2 v300 1,4 0,7 0,6 0,5 0,4 v60000 1430,4 977,7 833,3 495,9 297,4 v300 87,4 26,1 15,1 5,5 4,2 v300 554,9 255,5 174,2 59,3 37,1 M14%v M35%v M46%v 4.2.2. Influence du taux de fines Pour compléter les essais en rampe de taux de cisaillement menés sur les différents mastics aux huiles de silicone v300 et v60000 en plan/plan 25 mm, des essais à taux de cisaillement constant ont également été réalisés, avec la même géométrie, pour pouvoir calculer des viscosités moyennes à ces taux de cisaillement et les comparer entre elle, notamment pour étudier l’influence de la fraction volumique de fines ajoutées aux huiles de silicone. Les Figures 47 et 48 illustrent l’évolution des rapports de viscosité (viscosité mastic / viscosité huile) à différents taux de cisaillement en fonction de la fraction volumique de fines présente dans les huiles de silicone. Figure 47 : Evolution du rapport de viscosité de l’huile de silicone v300 en fonction de la fraction volumique de fines, pour différents taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm Figure 48 : Evolution de la viscosité de l’huile de silicone v60000 en fonction de la fraction volumique de fines, pour différents taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm Les Figures 47 et 48 montrent tout d’abord le pouvoir rigidifiant des fines contenues dans nos mastics, puisque quel que soit le taux de cisaillement auquel ils sont sollicités, leur viscosité augmente lorsque la fraction volumique de fines augmente. De plus, cette augmentation de la viscosité avec l’augmentation de la fraction volumique de fines est d’autant plus importante que le taux de cisaillement est faible. 4.3. Résultats des essais sur mastic bitumineux 4.3.1. Comportement non newtonien des mastics bitumineux Après avoir vérifié que nos protocoles d’essai étendus aux mastics fonctionnaient sur les mastics aux huiles de silicones, nous avons réalisés des essais similaires sur les mastics bitumineux. Des essais en rampe de taux de cisaillement, avec la géométrie plan/plan 25 mm ont été réalisés sur les mastics M35%v et M46%v au 35/50, au 35/50 + 0,3% A et au 160/220, pour déterminer l’évolution de leur viscosité en fonction du taux de cisaillement, sur la gamme de température étudiée. On impose donc au système de mesure une rampe de taux de cisaillement qui va être appliquée à l’échantillon sous la forme d’une vitesse angulaire. Le couple qui en résulte est mesuré tout au long de l’essai, est transformé en contrainte, et les valeurs de viscosité sont calculées. Le résultat que nous analysons est l’évolution de la viscosité en fonction du taux de cisaillement. Dans les Figures 49, 50, 51 et 52, sont donnés les résultats d’un essai complet en rampe de taux de cisaillement réalisé sur les mastics M35%v et M46%v aux 35/50 et 160/220 purs. Les résultats obtenus sur les mastics M35%v et M46%v aux 35/50 + 0,3% A sont donnés en Annexe B. 106 Figure 49 : Viscosités du M35%v 35/50 pur aux différentes températures, en plan/pan 25 mm Figure 50 : Viscosités du M46%v 35/50 pur aux différentes températures, en plan/plan 25 mm 107 Figure 51 : Viscosités du M35%v 160/220 pur aux différentes températures, en plan/plan 25 mm Figure 52 : Viscosités du M46%v 160/220 pur aux différentes températures, en plan/plan 25 mm 108 L’évolution des viscosités des M35%v et M46%v aux bitumes purs 35/50 et 160/220 en fonction du taux de cisaillement montrent leur comportement non newtonien, contrairement au comportement rhéologique des bitumes qui étaient newtoniens. Il en est de même pour les mastics M35%v et M46%v au bitume 35/50 additivé à 0,3% ; en effet l’ajout de l’additif tensioactif ne modifie pas le comportement rhéologique des mastics bitumineux. De plus, ces mastics bitumineux ont un comportement assez singulier et la variation de leur viscosité en fonction du taux de cisaillement n’est pas constante, phénomène qui n’apparaissait pas dans le cas des mastics huileux. En effet, pour les faibles taux de cisaillement, la viscosité augmente systématiquement lorsque le taux de cisaillement augmente, puis après avoir atteint un maximum, elle commence à diminuer. Ce phénomène apparait pour les mastics au 35/50 pur et additivé à toutes les températures, et pour les mastics au 160/220 aux températures plus faibles (80, 90 et 110°C). Les maxima sont toujours atteints à peu près au même taux de cisaillement, quelle que soit la température, pour un même mastic. En effet, pour les mastics M35%v, le maximum est toujours atteint pour un taux de cisaillement compris entre 0,5 et 0,6 s-1. Pour les mastics M46%v, il est atteint pour un taux de cisaillement compris entre 0,1 et 0,2 s-1. Dans son travail de thèse [Hesami, 2014], Hesami effectue des mesures de viscosité sur des mastics à 100°C et obtient des évolutions de viscosité similaires à celles que nous avons obtenus, comme le montre la Figure 53. Figure 53 : Evolution de la viscosité mesurée sur des mastics à 100°C [Hesami, 2014] Les Figures 54 et 55 comparent les comportements des mastics M35%v réels et modèles. Ces deux figures montrent que le M35%v aux huiles de silicone n’ont pas le même comportement que le M35%v au 35/50 aux faibles de taux de cisaillement : en effet, le mastic modèle est rhéofluidifiant sur toute la gamme de taux de cisaillement, tandis que le mastic réel voit sa viscosité augmenter aux faibles taux de cisaillement puis diminuer après avoir atteint un maximum. De plus, la Figure 54 montre que les niveaux de viscosité du mastic modèle à l’huile v300 et du mastic réel à 160°C ne sont pas du même ordre de grandeur sur la gamme de taux de cisaillement étudiée. Cela est surement dû à un phénomène de sédimentation plus prononcé sur l’échantillon de M35%v au 35/50 qui, avant de subir l’essai à 160°C, a déjà subi les essais aux températures précédentes (de 80 à 140°C), tandis que l’échantillon de M35%v à l’huile v300 n’a pas subi d’essai avant. A contrario, le mastic modèle à l’huile v60000 et le réel à 80°C ont des viscosités du même ordre de grandeur ; les deux échantillons ont le même historique (aucun n’a subi d’essai avant) et par conséquent ont des niveaux de viscosité proches. Cela montre la difficulté de travailler avec les mastics bitumineux à hautes températures. Figure 54 : Comparaison des M35%v à l’huile v300 et au bitume 35/50 à 160°C 110 Figure 55 : Comparaison des M35%v à l’huile v60000 et au bitume 35/50 à 80°C 4.3.2. Influence de la température et de la présence d’additif Les différents mastics bitumineux étudiés ayant des comportements non newtoniens, des essais à taux de cisaillement constant, en géométrie plan/plan 25 mm ont été réalisés pour déterminer une viscosité moyenne en fonction de la température et pour des mélanges additivés ou non, et observer l’influence de la température et de la présence d’additif sur celle-ci. Le taux de cisaillement choisi est 0,5 s-1. Chaque essai a été réalisé 3 fois et les valeurs moyennes de viscosité sont données dans les Figures 56 et 57. Figure 56 : Evolution de la viscos du avec fonction , Figure 57 : Evolution de la viscosité du M46%v au 35/50 (avec et sans additif) en fonction de la température, en plan/plan 25 mm Tout d’abord, on peut remarquer que les viscosités moyennes obtenues par les essais à 112 des taux de cisaillement constants sont similaires à celles obtenues par les essais en rampe de taux de cisaillement. Si l’on observe l’évolution des différents mastics (purs et additivés) en fonction de la température, on retrouve bien le comportement attendu, à savoir une diminution de la viscosité du mastic lorsque la température d’essai augmente, quel que soit la fraction volumique de fines. De plus, la différence de consistance des bitumes purs se retrouve dans l’évolution de la viscosité des mastics aux hautes températures : les M35%v et M46%v au 160/220 pur ont des niveaux de viscosité plus faibles que les M35%v et M46%v au 35/50 pur aux différentes températures d’essai. Ce graphique met également en évidence le fait que l’additif, ajouté en proportion de 0,3% massique (quantité préconisée par le fabriquant), a peu d’influence sur la viscosité des mastics au 35/50, et ce quelle que soit la température testée. Cela va à l’encontre de ce que nous pensions en débutant l’étude : nous pensions que l’effet de l’additif tensio-actif se verrait au niveau des viscosités des mastics. 4.3.3. Influence du taux de fines Pour compléter les essais en rampe de taux de cisaillement menés sur les différents mastics bitumineux en plan/plan 25 mm, des essais à taux de cisaillement constant ont également été réalisés, avec la même géométrie, pour pouvoir calculer des viscosités moyennes à ces taux de cisaillement et les comparer entre elle, notamment pour étudier l’influence de la fraction volumique de fines ajoutées aux bitumes 35/50 et 160/220. Les Figures 58 et 59 illustrent l’évolution des rapports de viscosité (viscosité mastic / viscosité bitume) à différents taux de cisaillement, en fonction de la fraction volumique de fines présente dans les bitumes. On peut alors noter le pouvoir rigidifiant des fines qui sont ajoutées aux deux bitumes purs. Pourtant l’action de ces fines dans le bitume n’est pas la même quel que soit le bitume ni quelle que soit la température. Figure 58 : Evolution de la viscosité du bitume 35/50 en fonction de la fraction volumique de fines, pour différents taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm Figure 59 : Evolution de la viscosité du bitume 160/220 en fonction de la fraction volumique de fines, pour différents taux de cisaillement, en plan/plan 25 mm 114 5. Conclusions du chapitre Dans ce chapitre, nous avons étudié les propriétés des liants et des mastics modèles et réels sélectionnés pour notre recherche, en termes de viscosité sur des plages de températures correspondant aux températures de mise en œuvre. Pour cette étude, nous avons défini des protocoles de mesure de la viscosité au rhéomètre à cisaillement dynamique permettant de réaliser les essais à la fois sur les liants et sur les mastics sans changer les paramètres de mesures, pour garantir une bonne comparaison des différents matériaux entre eux. Des premiers essais préliminaires réalisés avec différentes géométries ont montré des différences systématiques entre les mesures effectuées sur liant bitumineux avec des géométries plan-plan et cône-plan : en effet, les mesures en géométrie cône-plan sont systématiquement inférieures à celles en plan-plan, sans que nous puissions véritablement l’expliquer. Les essais réalisés à l’échelle des liants ont permis d’analyser leurs comportements rhéologiques aux températures d’essai, sur toute la gamme de taux de cisaillement étudiée, mettant en évidence leur caractère newtonien, et également de valider le choix des huiles de silicone pour matériaux modèles. Ces essais réalisés sur les liants bitumineux ont également permis d’analyser l’influence de la température, de la présence de l’additif tensio-actif et du grade du bitume, montrant entre autres l’absence d’effet de l’additif tensio-actif sur la viscosité du bitume. En ce qui concerne les essais réalisés à l’échelle des mastics, les mesures sont plus compliquées que pour les liants parce que les matériaux testés ne sont pas homogènes et des phénomènes de sédimentations entrent en jeu. Dans un premier temps, nous nous sommes donc intéressés à ce phénomène de sédimentation et nous l’avons évalué théoriquement et expérimentalement. Dans un deuxième temps, les mesures réalisées sur les mastics modèles et réels ont montré que leur viscosité varie avec le taux de cisaillement, sur les gammes étudiées ; en effet, ceux-ci n’ont pas un comportement newtonien, contrairement aux liants, aux taux de fines testés, et plus leur taux de fines est élevé et plus leur caractère non newtonien s’accentue. De la même manière que pour les liants, nous avons également pu observer l’influence de différents paramètres tels que la température, le grade du bitume et la présence de l’additif tensio-actif sur la viscosité des mastics, et comme pour les liants bitumineux, l’additif tensio-actif n’a aucun effet sur la viscosité des mastics testés. Après l’étude des comportements rhéologiques des liants et des mastics contenus dans l’enrobé, nous allons nous intéresser aux propriétés de maniabilité de cet enrobé mesurées à l’aide du maniabilimètre. Chapitre IV : Maniabilité 1. Introduction Depuis le développement des enrobés tièdes, les abaissements de température de fabrication des enrobés bitumineux ont fait apparaître sur les chantiers routiers des problématiques de maniabilité lors de la mise en œuvre mécanisée, mais surtout manuelle. Malgré la mise en place de procédés spéciaux pour les enrobés tièdes, des retours de chantier montrent une moindre maniabilité, et donc une augmentation de la pénibilité du travail à la main. Pour certains, malgré leurs avantages environnementaux significatifs liés à des températures d’application réduites et permettant une amélioration des conditions de travail, les enrobés tièdes ne seraient pas encore bien adaptés au travail à la main et aux revêtements spécifiques (trottoirs, industriels, ...) [Pezas, 2014]. La formulation classique des enrobés bitumineux, quelle que soit son niveau, n’introduit pas actuellement de mesure de maniabilité. Dans le chapitre précédent (cf Chapitre III), nous nous sommes intéressés aux propriétés rhéologiques des liants et des mastics en termes de viscosité, pour approcher la maniabilité des enrobés à des échelles de matériaux différentes, sachant que le liant contenu dans l’enrobé et donc le mastic qui entoure les granulats ont un rôle très important lors de sa mise en œuvre. Pourtant, les mesures faites sur le liant et le mastic ne sont pas suffisantes, et il est important de travailler également à l’échelle de l’enrobé. En effet, il est difficile de transposer les mesures faites sur liant et mastic aux mesures faites sur enrobé, compte-tenu de la différence qu’il y a entre ces matériaux : le liant et le mastic sont des matériaux complètement fermés qui s’écoulent comme des fluides, tandis que l’enrobé est un matériau granulaire et ouvert. Il semble donc important d’avoir un essai d’évaluation de la maniabilité en laboratoire réalisable sur l’enrobé. Le développement des techniques tièdes a conduit les techniciens à proposer des outils de mesure en laboratoire, éventuellement réalisables sur chantier. Comme résumé dans le chapitre I, plusieurs outils sont utilisés pour tester cette maniabilité, faisant appel à différents dispositifs expérimentaux : mesures de couple ou de forces de cisaillement sur enrobé, mesures de coefficient de friction sur le liant... Dans le cadre de ce travail de recherche, nous avons choisi de travailler avec le maniabilimètre (anciennement Nynas), essai en cours de normalisation au démarrage de la thèse, et le plus répandu en France. 116 Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la mesure normalisée de la maniabilité d’un enrobé au maniabilimètre (NF P98-258-1), en analysant des essais préliminaires réalisés selon le protocole préconisé par la norme. Dans un second temps, nous décrirons les modifications et les compléments de procédure que nous avons apportés au protocole normalisé et nous analyserons l’influence de la compacité des échantillons d’enrobés sur la mesure de leur maniabilité. Une fois notre protocole d’essai défini et mis en place, nous expliciterons tous les paramètres que nous ferons varier lors de notre étude expérimentale sur enrobés modèles et réels, ainsi que notre méthode d’analyse. Dans une quatrième puis cinquième partie, nous analyserons l’ensemble des résultats que nous aurons obtenus sur le squelette granulaire, les enrobés modèles et les enrobés réels, puis nous essaierons de les relier aux mesures rhéologiques du chapitre III. 2. Mesure normalisée de la maniabilité d’un enrobé au maniabilimètre 2.1. Matériel et protocole d’essai normalisés Comme décrit dans le chapitre I, le maniabilimètre (Figure 60) a été développé pour mesurer la montée en cohésion des enrobés à froid à l’émulsion de bitume ; une méthode d’essai a été mise au point en 2011 par l’IFSTTAR [Delorme et al., 2007]. En 2013, cet appareil a été normalisé (NF P98-258-1) pour caractériser la maniabilité des enrobés à chaud, tièdes, à froid et des graves émulsions, par une simulation du répandage de l’enrobé sur la chaussée par une poutre de finisseur ou une raclette. Figure 60 : Maniabilimètre du laboratoire IRC-ESTP Le principe de l’essai est le suivant (Figure 61) : un enrobé foisonné est déversé et arasé dans un moule et est poussé par une lame à l’aide d’un vérin. Un capteur de force mesure la force de résistance à l’effort de cisaillement exercé par l’avancement du vérin et de la lame de poussée dans le moule rempli, et donc la force de cohésion de l’enrobé. Cette force de résistance maximale du matériau est utilisée comme paramètre de maniabilité de celui-ci : plus elle est faible, et plus la maniabilité est grande. Figure 61 : Déroulement d’un essai au maniabilimètre sur un enrobé 118 Le protocole d’essai décrit dans la norme (NF P98-258-1) prévoit l’utilisation d’un grand moule contenant environ 11 kg d’enrobé ou d’un petit moule contenant environ 5,5 kg d’enrobé (Figure 62). Les caractéristiques géométriques des deux types de moules sont données dans le Tableau 25.
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murs en pierre de bâtiments antiques. On sait, grâce à l'analyse stratigraphique de la fouille de 2010, que le bâtiment en pierre, qui succède à des constructions de terre et de bois, n'apparaît pas avant la période flavienne. Par ailleurs, si l'on en juge par la rareté des modifications opérées sur le bâtiment au cours du temps, on peut supposer que le plan de l'agglomération, déjà conditionné par de strictes limites cadastrales, s'est figé dès lors qu'est apparue l'architecture de pierre. Les cartes de prospections renvoient donc une image relativement cohérente de l'agglomération qui autorise une réflexion sur l'organisation spatiale. Les premières observations du plan montrent que l'agglomération s'inscrit dans un système cadastral dont la trame est fondée sur l'actus. On constate en effet que les zones bâties se limitent pour l'essentiel à deux bandes, larges chacune de deux actus (70 m). Elles s'étirent de part et d'autre de la voie qui mesure elle-même un actus de large. Ces bandes bâties sont subdivisées transversalement en parcelles, dont la largeur varie entre 10 et 15 m ou des multiples de ces valeurs. Les cartes de prospection nous renvoient donc l'image d'une agglomération dont l'organisation était strictement contrôlée et où espace public (la voie) et domaine privé (zone bâtie) étaient clairement délimités. Fig. 2 Carte des vestiges détectés. M. Roche (Master AGE Université de Bourgogne) 49 La reconnaissance de sépultures à inhumation de sujets périnataux dans les nécropoles de Savigny-le-Sec (Côted'Or) et de Massangis (Yonne) Stéphane Lenda Responsable d'opérations, Inrap Ces gisements funéraires gallo-romains1 sont implantés sur des plateaux calcaires fournissant des plaquettes propices à la réalisation de coffres sépulcraux (fig. 1 et 2). Les aménagements sont de petites dimensions (longueur moyenne inférieure à 0,70 m pour une largeur d'environ 0,30 m) et se caractérisent le plus souvent par un pourtour de dalles placées de chant, d'autres posées horizontalement peuvent couvrir le fond et fermer la structure en couverture. Initialement, ces ensembles ont été caractérisés comme espaces sépulcraux regroupant des tombes à incinération avec des ossuaires contenus en céramique, intégrant parfois ces coffres2. Une approche taphonomique (indices d'espaces vides, mouvements et équilibres instables sur le mobilier, clous restituant le volume de coffre, vases en offrandes Fig. 1 Coffre funéraire en calcaire. Cliché Inrap 1 Les éléments chronologiques orientent la chronologie de ces ensembles de la période augusto-tibérienne pour la nécropole de Savigny-le-Sec « Au Buisson Potin » et de la période flavienne à Massangis « Vau Chevreau ». 2 Savigny-le-Sec « Au Buisson Potin », fouille F. Devevey, 2009-2010. Devevey et al. 2010 : DEVEVEY (F.) avec la collaboration de DUCREUX (F.), LENDA (S.), MOUTON-VENAULT (S.), WIDEHEN (M.-A.) - Savigny-le-Sec, Côte-d'Or, « Au Buisson Potin », « En La Combotte Antoine Occupations funéraires protohistoriques et antiques, rapport final d'opération, fouille archéologique, Service Régional de l'Archéologie de Bourgogne, Dijon, Inrap, Sennecey-lès-Dijon, octobre 2010, 324 p. Massangis « Vau Chevreau », diagnostic G. Vincent, 2011, étude en cours. 50 Fig. 2 Coffre funéraire en calcaire, vue de l'intérieur. Cliché Inrap secondaires placés sur un promontoire), couplée à une étude os téologique a permis de préciser que certains de ces coffres contenaient d'infimes fragments d'os non brulés de sujets décédés aux environs du terme. Ils figurent parmi des esquilles crématisées dont la présence pouvait résulter des infiltrations de sédiments dans un espace vide initial, en provenance du sol contemporain à la nécropole. Les os brûlés sont généralement stratigraphiquement au-dessus des os de sujet immature qui reposent sur le fond de la fosse. Les regroupements de ces coffres en différents pôles et espaces de la nécropole autorisent l'hypothèse de secteurs dévolus aux nourrissons. Fig. 3 Aménagement en dalles calcaire avec toit en bâtière. Cliché Inrap Si ces aménagements particuliers suggèrent des sépultures à inhumation, l'argumentation primordiale requière la nécessité d'une fouille exhaustive du remplissage et de son tamisage. Eux seuls permettent de recueillir les arguments ostéologiques, le plus souvent ténus, de ces sépultures à inhumation qui peuvent dans certains contextes être considérés comme calage de poteau. 51 Les fouilles du tramway de Dijon : enceinte et topographie de la ville, du XIVe au XVIe siècle Benjamin Saint-Jean Vitus Responsable d'opérations, Inrap Les travaux liés à la création de deux lignes de tramway à Dijon ont donné lieu à une série d'opérations archéologiques au centre ville : suivi de tranchées de réseaux et sondages de diagnostic de juillet à novembre 2009, puis fouilles de trois sites (place de la République, boulevard de la Trémouille et place Saint-Bernard) d'août à décembre 2010, et enfin, petite fouille à nouveau place de la République, avant création d'une fontaine cette fois-ci, en janvier 2012. Les travaux préalables de dévoiement de réseaux, puis la mise en place de la voie du tramway, concernaient principalement l'emprise des anciennes fortifications de la ville et de leur fossé extérieur, sur les parties nord-est et nord de leur tracé. Signalée dans la documentation écrite par la mention de quelques portes à partir de la fin du XIIe siècle, l'enceinte qui réunit les deux noyaux urbains primitifs du castrum du bas empire romain et du bourg formé à partir du Xe siècle autour de l'abbaye Saint-Bénigne, englobant de vastes terrains alentour, est achevée avant 1358, date attestée d'une importante restauration. Elle fait l'objet d'ajouts et de reprises de toutes sortes à partir de la fin du XVe siècle, et surtout au cours du XVIe siècle. Plusieurs plans et dessins la représentent à partir de la fin du XVIe siècle (1574 : première vue cavalière, par Bredin), et jusqu'à son démantèlement, entrepris dans le milieu et la seconde moitié du XIXe siècle. Le suivi des dévoiements de réseaux le long des boulevards de Brosses et de la Trémouille, en 2009, a permis not de 52 traverser les vestiges de l'ancien château royal édifié entre 1492 et 1510, forteresse greffée sur la courtine pour commander l'ensemble. Ses murailles épaisses et ses tours d'angle sont arasées à très faible profondeur sous la chaussée actuelle. Les tranchées de réseaux en ont percé maçonneries, galeries et escaliers de distribution, ainsi que des chambres de tir orientées sur ses vastes fossés aujourd'hui remblayés : un plan détaillé a pu être réalisé, « en pointillés ». En revanche, les niveaux d'utilisation extérieurs correspondants ont été écrêtés. Plus loin, sur quelques 700 m de long jusqu'à la place de la République, les tranchées coupaient divers tronçons de l'enceinte urbaine, eux aussi arasés juste sous la chaussée actuelle, et conservés parfois sur plus de 2 m d'élévation au-dessus de l'ancien fossé. Au moins trois types de faciès ont été reconnus, trahissant différentes phases de construction ou de reprise des fortifications ; mais seul un segment reconnu sur 2 m de long pouvait remonter, d'après la mise en oeuvre de ses parements, à la seconde moitié du XIIe ou au tournant du XIIIe siècle. Le reste ne paraissait guère antérieur au début du XIVe siècle. Place de la République, les sondages de diagnostic ont, de la même façon, dégagé un témoin arasé à très faible profondeur de la muraille périmétrale d'un bastion de la seconde moitié du XVIe siècle gagné sur l'extérieur, à l'extrémité nord de l'enceinte médiévale. L'espace libéré par la destruction de ce « bastion Saint-Nicolas » est à l'origine de la vaste place actuelle. Mais à plus forte profondeur, sur les bords et au milieu de la place, d'autres sondages ont mis au jour Fig. 1 Dijon, boulevard de Brosses, tranchées de dévoiement des réseaux 2009 : plan des vestiges de l'ancien Château. N. Saadi, Y. Virlogeux, E. Laborier, B. Saint-Jean Vitus (Inrap, 2009), sur fond de plan Grand Dijon, projet Tramway 53 les vestiges de voies empierrées à ornières plus anciennes. Maintes fois rechargées du XIVe au XVIe siècle, ces voies filaient vers le nord dans le prolongement de deux portes médiévales, ou au contraire s'orientaient à la perpendiculaire. Vers le centre de la place, des témoins d'habitats détruits avant cré du bastion renvoyaient à l'existence d'un faubourg médiéval rasé au XVIe siècle, le faubourg Saint-Nicolas. Dans la continuité de cette approche, trois fouilles ont donc été prescrites sous l'emplacement de la voie du tramway, centrées sur trois ouvrages particuliers de la muraille, attestés par les travaux de 2009. La quatrième, sous la nouvelle fontaine centrale de la place de la République, est venue compléter au début de 2012 les données des opérations précédentes concernant l'ancien faubourg Saint-Nicolas. La première fouille, boulevard de la Trémouille, s'intéressait à la « tour aux Ânes », rare modèle d'une « porte d'eau », par laquelle s'introduisait dans Dijon un petit cours d'eau aujourd'hui recouvert, qui traversait la ville du nord au sud : le Suzon. Cette tour avait été refaite au début du XVIe siècle, sur plan en demi-cercle, par le gouverneur de Bourgogne, Louis de la Trémouille ; mais les sondages de 2009 avaient révélé les indices d'un état plus ancien. La nécessité, avant pose de la voie du tramway, de reprendre la couverture actuelle du Suzon, a occasionné un large dégagement des maçonneries des deux états de la tour, mais aussi, vers l'intérieur de la ville, la découverte de niveaux de voirie associés à des murs de soutènement de véritables quais longeant initialement la rivière, et aux restes d'un pont aux arches de pierre de taille. L'ensemble témoigne d'une importante opération d'urbanisme entreprise dans la première moitié ou le milieu du XIVe siècle, associant à la construction d'une portion de plus de 180 m de long de l'enceinte comprenant la « porte d'eau », des travaux de domestication du Suzon. Aux XIVe et XVe siècles, la rivière franchissait 54 Fig. 2 Dijon, boulevard de la Trémouille, fouille de 2010. Restitution schématique, d'après les données de fouille et quelques mentions documentaires, de la « tour aux Ânes », des courtines de l'enceinte, et du Suzon avec le fossé extérieur, les quais intérieurs et le pont : état du XIVe siècle (vue vers le nord-ouest). P. Noguès (Inrap, 2011) ainsi une tour de plan rectangulaire, sous deux couples d'arches de pierres de taille dotées d'épaisses grilles métalliques, après avoir passé un massif extérieur maçonné formant sans doute barrage muni de vannes ; son trop-plein alimentait déjà les fossé de la ville. Vers l'intérieur, l'eau entraînait un peu plus loin les moulins de la ville. Les niveaux stratifiés de voirie des quais et du pont ont permis fouille fine des occupations des XIVe, XVe et XVIe siècles. À 250 m de là, à l'amorce de la place de la République, la seconde fouille était implantée sur l'emprise de l'avant-porte SaintNicolas, associée au bastion du même nom. Construit au XVIe siècle à la base du nouveau bastion, à l'extérieur d'une des principales portes médiévales de la ville, cet ouvrage était localisé de façon à ménager un parcours de l'un à l'autre « en chicane », obligeant à contourner le bastion. Une partie de ses substructures et de la muraille associée entre bastion et enceinte médiévale a été dégagée à faible profondeur, ainsi que la première pile du pont franchissant à son droit le fossé associé. Enfin, la troisième fouille de 2010, place Saint-Bernard, centrée sur la barrière d'octroi de la rue des Godrans, a procuré un aperçu de la dernière issue pratiquée dans l'enceinte de Dijon. Percée vers 1840, cette porte était encadrée par deux pavillons destinés à la perception de l'octroi, et fermée par des grilles. Mais cet ouvrage s'accompagnait de la création d'une place extérieure en demi-cercle, sur laquelle se greffait le premier lotissement hors les murs de la ville – signant le début d'un mouvement très rapide d'expansion urbaine. Cette dynamique justifia le report des limites de l'octroi et le démantèlement de l'enceinte à peine deux décennies plus tard. Fig. 5 Dijon, place Saint-Bernard, fouille de 2010. Vue d'ensemble de la fouille, avec les bases des deux pavillons d'octroi des alentours de 1840 encadrant les plots de fondation de la grille de fermeture, dans l'axe de la place Saint-Bernard. Photo B. Saint-Jean Vitus (Inrap, 2010) Liste des ants Burgevin Alexandre Martin Stéphane Dubreucq Emilie Munier Claudine Inrap [email protected] UMR 5608 TRACES, Toulouse [email protected] Goy Corinne Inrap [email protected] Guichard vincent Inrap [email protected] Service Archéologique Municipal de Besançon [email protected] Mouton-Venault Sylvie Inrap [email protected] Centre archéologique Européen du Mont-Beuvray [email protected] Prestreau Michel Jaccottey Luc Roche Marine Labaune Yannick Saint-Jean-Vitus Benjamin Laganier Hervé Silvino Tony Lenda Stéphane Venault Stéphane Inrap [email protected] Service Archéologique de la ville d'autun [email protected].
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1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573299 10.3 Part des dépenses de consommation finale d’éducation des administrations publiques et des ménages (2000 et 2008) FI N BE L NO R SW OC E DE 29 X CH E DN K ES T NL D E LU L CZ Administrations publiques (2000) IS S AU JP C GR R KO Ménages N US A SV K IS R GB R ES P IR L SV N PO L DE U PR T IT A HU N AU T FR A Administrations publiques % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Source : Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. Les données de l’Australie conjuguent des statistiques sur les finances publiques et des chiffres sur les comptes nationaux fournis par le Bureau australien des statistiques. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573318 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 83 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 11. Actif et passif des administrations publiques Comme les ménages et les entreprises, les administrations publiques détiennent à la fois des actifs (accumulation de liquidités ou de devises, etc.) et un passif financiers (dette). Le montant de ces actifs et passifs financiers correspond globalement à la différence entre les recettes et les dépenses au fil du temps : les déficits sont financés soit par une ponction dans l’épargne (utilisation des actifs financiers), soit par l’emprunt de fonds (augmentation du passif). Avec d’autres indicateurs, le solde net entre les actif et le passif de l’État constitue un des principaux instruments de mesure de la viabilité budgétaire. En règle générale, plus la dette de l’État est élevée, plus le risque qu’il ne puisse pas rembourser ses emprunts paraît important aux yeux des marchés, qui augmentent donc la prime de risque exigée, ce qui accroît d’autant le coût de la dette. La part des actif et passif des administrations publiques dans l’économie nationale par rapport à celle des acteurs non publics (comme les entreprises et les ménages) peut aussi fournir une indication de l’influence de l’État sur les marchés financiers en tant qu’emprunteur et prêteur. Par exemple, une part importante de l’actif indique qu’une forte proportion des ressources financières de l’économie appartient à l’État. Dans les pays membres de l’OCDE, l’État détient en moyenne environ 7 % des actifs financiers de l’économie ; les ménages, les organismes à but non lucratif et les entreprises en détiennent la plus grande part. L’importante part des actifs de l’État norvégien (27 %) correspond à des fonds de gestion de patrimoine créés avec le produit des ventes de pétrole. Le poids des États dans les actifs et passifs financiers a diminué entre 2000 et 2009. La plupart des États détiennent une part légèrement plus importante du passif (quelque 10 % en moyenne) que des actifs financiers dans l’économie. Le passif financier n’inclut pas les engagements de retraite non provisionnés. La valeur financière nette de l’État (aussi appelée dette financière nette) représente la différence entre ses actifs et son passif financiers, et apporte quelques indications sur sa capacité à remplir ses obligations financières. Une diminution de cette valeur financière nette révèle une dégradation de la situation financière et signifie qu’une plus grande part des dépenses courantes est reportée sur les générations futures. La valeur financière nette en part du PIB s’est améliorée dans 11 pays membres de l’OCDE entre 2000 et 2009, notamment en Norvège grâce à l’augmentation de la valeur des recettes pétrolières. En 2009, seuls sept pays membres de l’OCDE affichaient une valeur financière nette positive, c’est-à-dire des actifs supérieurs au passif. L’amélioration générale de la valeur nette enregistrée dans la plupart des pays depuis 2000 a été tempérée par la crise financière et économique mondiale. Méthodologie et définitions Les chiffres des dépenses publiques proviennent des Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE, qui sont fondées sur le Système de comptabilité nationale (SCN), ensemble de concepts, définitions, classifications et règles de comptabilité nationale reconnus au niveau international. Le SCN classe les actifs et passifs financ i e r s e n s ep t g ra n d e s c a t é g o r i e s d ’ i n s t r u m e n t s financiers : or monétaire et droits de tirage spéciaux (actifs uniquement), devises et dépôts, valeurs autres que les actions, prêts, actions et autres titres de participation, réserves techniques d’assurance (avoir net des ménages dans les réserves des fonds d’assurance vie et de pension), et autres comptes débiteurs (actifs) ou créanciers (passif). Les actifs financiers ne comprennent pas les actifs matériels comme les terrains et les bâtiments. Les actifs et passifs doivent être évalués aux prix du marché en fin d’année. Par conséquent, les fluctuations des prix peuvent expliquer les écarts observés entre deux années dans le niveau de l’actif et du passif. Les données proviennent des comptes financiers non consolidés sauf dans le cas de l’Australie et d’Israël. Lectures complémentaires OCDE (2011), Panorama des comptes nationaux 2010, Éditions OCDE, Paris. Notes Données non disponibles pour le Chili, l’Islande (mis à part 11.3), le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande et la Turquie. Les données de la Suisse datent de 2008 et non de 2009. Les données de la Corée se rapportent à 2002 et non à 2000. Les données d’Israël et de la Slovénie datent de 2001 et non de 2000. 11.1 et 11.2 : Les données de l’Irlande datent de 2001 et non de 2000. Informations sur les données concernant Israël : http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. 84 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 11. Actif et passif des administrations publiques 11.1 Part des actifs financiers détenue par les administrations publiques dans l’économie (2000 et 2009) 2000 % 30 2009 25 20 15 10 5 L R IS IR IT A FR A ES P PR T M EX DE U CH E US A NL D BE L GB R N PO L SV N CZ E JP N KO R GR C SV K SW E ES T CA N OC DE 29 DN K AU T AU S HU N NO FI R 0 Source : Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573337 11.2 Part du passif financier détenue par les administrations publiques dans l’économie (2000 et 2009) 2000 % 30 2009 25 20 15 10 5 IT A PO L IS R CA N HU N SV K SV N D O C EU DE 29 US A AU T CZ E BE L NO R FR A PR T FI N ES P AU S SW E DN K NL D GB R KO R CH E IR L ES T N EX M JP GR C 0 Source : Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573356 11.3 Valeur financière nette en part du PIB (2000, 2009 et évolution entre 2007 et 2009) 2000 % 180 2009 Variation entre 2007 et 2009 130 80 30 -20 -70 N R FI NO IT A GR C BE L IS R US A HU N PR T FR A DE U CA N GB R IS L AU T ES P NL D M EX I O C RL DE 30 PO L SV K AU S CH E SV N CZ E DN K SW E ES T KO R JP N -120 Source : Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573375 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 85 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 12. Déficits et excédents budgétaires Le solde budgétaire est la différence entre les recettes et les dépenses des administrations publiques. Un déficit budgétaire survient lorsque, une année donnée, une administration dépense plus que les recettes qu’elle perçoit. En revanche, elle affichera un excédent si ses recettes dépassent ses dépenses. L’équilibre budgétaire comprend un élément structurel (lié aux variations ponctuelles des recettes et des dépenses) et un élément cyclique. Il y a déficit structurel quand l’économie fonctionne à plein régime et que l’administration continue de dépenser davantage que ce qu’elle reçoit. Quant à l’élément cyclique du déficit, il est sensible au cycle économique et résulte de la différence entre la production réelle et la production potentielle. En période de contraction de l’économie, par exemple, le déficit cyclique est la conséquence d’une baisse des recettes et d’un accroissement des dépenses destinées à des programmes sociaux comme les prestations de chômage. En moyenne, le déficit des pays membres de l’OCDE s’alourdit depuis 2000, en partie parce que certains pays suivent une politique procyclique (augmentation des dépenses publiques en part du PIB lorsque la croissance est forte ou « absence d’économies pour les mauvais jours »). Entre 2000 et 2008, le taux de croissance du PIB dans les pays membres de l’OCDE a été de 3 % par an en moyenne, mais la majorité des pays membres de l’OCDE (21) ont accusé un déficit dans le même temps. Pendant cette période, des pays comme la Grèce, la Hongrie, Israël et le Japon, par exemple, ont affiché un déficit supérieur à 5 % du PIB en moyenne. À l’inverse, pendant la même période de croissance, onze pays ont enregistré un solde budgétaire positif en moyenne. La crise financière et économique n’a fait que creuser un peu plus le déficit budgétaire des pays membres de l’OCDE, par une baisse de la production, une diminution des recettes fiscales et une augmentation des sommes dépensées pour soutenir les efforts de relance. Vingt-neuf pays membres de l’OCDE ont affiché en 2010 un déficit budgétaire égal à 5.6 % du PIB – déficit essentiellement d’ordre structurel (3.4 % du PIB). Après avoir enregistré un excédent, en moyenne, entre 2000 et 2008, l’Irlande a néanmoins connu un déficit de 32.4 % du PIB en 2010, cyclique pour une grande part (25 % du PIB). Parmi les pays membres de l’OCDE pour lesquels on possède des données, la Norvège est ressortie en équilibre budgétaire en 2010 malgré un déficit structurel non négligeable. L’Estonie et la Suisse sont les seuls autres pays membres de l’OCDE (dont on possède les chiffres) qui ont clôturé l’année 2010 sur un solde positif. Pour améliorer la discipline budgétaire, de nombreux pays ont adopté des règles imposant un budget équilibré. D’autres pratiques budgétaires peuvent aider à lutter contre des dépenses publiques excessives, notamment l’encadrement des dépenses à moyen terme assorti de la fixation de limites ou de plafonds. 86 Méthodologie et définitions Les données sur les soldes financiers des administrations générales et sur le PIB proviennent de la Base de données des perspectives économiques de l’OCDE, n o 89 (version préliminaire). Les soldes financiers tiennent compte de facteurs ponctuels (vente de licences de téléphonie mobile, par exemple), mais excluent la plupart des transactions financières. Comme les données sont alignées sur le Système de comptabilité nationale (SCN), les soldes financiers des administrations peuvent différer des chiffres communiqués à la Commission européenne au titre de la Procédure de déficit excessif pour certains pays de l’UE. Les soldes sous-jacents, ou soldes structurels, sont corrigés en fonction du cycle et des facteurs ponctuels. Pour plus de détails, voir les « Sources et méthodes » des Perspectives économiques de l’OCDE (www.oecd.org/eco/sources-andmethods). Lectures complémentaires Anderson, B. et J.J. Minarik (2006), « Design Choices for Fiscal Policy Rules », OECD Journal on Budgeting, vol. 2006/4, Éditions OCDE, Paris, pp. 159-208. OCDE (2011), Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, Éditions OCDE, Paris. Notes Données non disponibles pour le Chili et le Mexique. Les moyennes de l’OCDE n’ont pas été pondérées. 12.2 : Les données pour la République slovaque, la Slovénie et la Turquie ne sont pas disponibles. Les données de la Norvège se présentent sous la forme d’un pourcentage du PIB potentiel pour la partie continentale du pays ; les soldes financiers communiqués ont été corrigés pour exclure les recettes nettes produites par les activités pétrolières. Informations sur les données concernant Israël : http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 12. Déficits et excédents budgétaires 12.1 Croissance annuelle moyenne du PIB et solde budgétaire moyen en pourcentage du PIB (de 2000 à 2008) Solde budgétaire moyen 2000-08 % 15 Croissance annuelle moyenne du PIB entre 2000 et 2008 10 5 0 -5 Ho ng rie Gr èc Ré Ja e pu po bl n iq u e Isr slo aë Ré va l pu q bl Po ue iq ue log tc ne hè Po qu e r Ét t u g at al sUn is It a li e Fr an Ro S l o c e ya vén um i e A l e-U l e ni m a A u gn e tr i c Tu he rq O C ui e DE Be 3 2 lg P a iqu ys e -B Es as pa g Is n e la nd Su e is s Ir l e an Au de st ra E s li e to n Ca ie na d L u Su a xe è d m e No D bou uv an rg ell em e - ar Zé k la nd e Co Fi rée nl an No de rv èg e -10 Source : Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573394 12.2 Décomposition du solde budgétaire des administrations publiques en pourcentage du PIB (2010) Composante cyclique % 15 Composante structurelle 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 -30 e Un Es pa i g Po ne r tu ga Ja l po Po n lo gn Is e la nd Fr e an Au ce st ra O C li e DE 2 Ca 9 na Pa da ys Ré -B pu as bl I iq u e sr a tc ël hè qu No A uv ut e ell r ic eZé he la nd e It a l i e Ho ng Be rie lg A l iqu le m e a Da gn ne e m a Fi rk L u nl a n xe m de bo ur g Su èd e Co ré Es e to ni Su e is No se rv èg e um e- is èc Un Gr s- Ro ya at Ét Ir l an de -35 Source : Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573413 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 87 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 13. Endettement des administrations publiques La dette publique représente l’encours des engagements des administrations dus à la nécessité de financer les déficits par l’emprunt. Malgré une augmentation des déficits dans beaucoup de pays depuis 2000, le niveau d’endettement en proportion du PIB a baissé dans nombre de pays entre 2000 et 2007 grâce à la croissance économique. Malheureusement, la crise économique récente a inversé la tendance. Les niveaux d’endettement ont fortement grimpé à cause d’une faible croissance du PIB et de déficits importants imputables à une diminution des recettes (conséquence d’allègements fiscaux destinés à stimuler l’économie ou d’un fléchissement de l’activité économique) et à un accroissement des sommes consacrées aux mesures de relance, aux transferts sociaux ou au sauvetage d’institutions financières. En résultat, le taux moyen de la dette publique dans les pays membres de l’OCDE est passé de 57 % du PIB en 2007 à 74 % en 2010. Le Japon, l’Italie et la Grèce présentaient en 2010 les taux d’endettement en part du PIB les plus élevés, tandis que les plus faibles étaient enregistrés en Estonie et au Luxembourg. Certains pays de l’OCDE ont diminué leur dette publique entre 2000 et 2010 en réalisant des excédents budgétaires et en utilisant le surplus pour rembourser leur dette, ou bien parce que le taux de croissance de leur économie dépassait celui de leur dette. La Suède, par exemple, a réduit le poids de sa dette de 64 % du PIB en 2000 à 49 % en 2010. Le poids de la dette par habitant varie d’environ 2 550 USD en Estonie à environ 67 400 USD au Japon. Il a augmenté en moyenne de 39 % entre 2007 et 2010 dans les pays de l’OCDE. Cependant, la nature de la dette (type de détenteurs, calendrier de versement des intérêts, etc.) varie selon les pays. Au Japon, par exemple, la plus grande partie de la dette publique est détenue par des Japonais, ce qui réduit – pense-t-on – le risque de défaut de paiement (et donc les primes de risque). En 2009, les intérêts versés par les États ont représenté en moyenne 2.4 % du PIB (ou 5 % des dépenses des administrations publiques), en progression de 0.1 point de pourcentage par rapport à 2007. Méthodologie et définitions Les données sur la dette brute des administrations publiques et sur le PIB proviennent de la Base de données des perspectives économiques de l’OCDE, no 89. Les estimations démographiques sont tirées des Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. La « dette brute des administrations publiques » renvoie aux engagements financiers des administrations impliquant le remboursement d’un capital et d’intérêts. Ces données ne se comparent pas toujours d’un pays à l’autre car les éléments de la dette sont définis ou traités différemment. Notamment, la partie provisionnée des pensions à verser aux fonctionnaires est incluse dans plusieurs pays de l’OCDE dont l’Australie et les États-Unis. L’endettement de ces pays est donc surestimé par rapport aux pays qui ont des engagements non provisionnés importants en matière de pensions, et qui ne sont pas consignés dans les principaux comptes du SCN de 1993, dans lequel il est recommandé de les inclure à titre d’aide-mémoire. Dans la plupart des pays, les données sur la dette brute utilisées pour ces calculs se rapportent aux engagements (à court et à long terme) de l’administration générale tels qu’ils sont définis dans le Système de comptabilité nationale (SCN). Cette définition diffère de celle que l’on trouve dans le Traité de Maastricht et qui sert à évaluer la situation financière dans l’UE. On considère ici la dette brute, de préférence à la dette nette, car il est difficile de faire une comparaison des actifs de l’État entre pays, et que c’est le choix qui s’impose dès lors que des intérêts sont versés en remboursement de la dette. Pour plus de détails, voir les « Sources et méthodes » des Perspectives économiques de l’OCDE (www.oecd.org/eco/ sources-and-methods). Pour calculer la dette brute par habitant, on a divisé la dette brute corrigée de la PPA par la population totale. Les données démographiques non corrigées de 2009 ont été utilisées pour 2010. Pour les versements d’intérêts, on s’est appuyé sur la définition retenue dans le SCN : selon les termes de l’instrument financier dont il a été convenu, l’intérêt renvoie à la somme que le débiteur est tenu de verser au créancier dans un délai donné sans diminution du capital mobilisé. Lectures complémentaires OCDE (2011), Perspectives économiques de l’OCDE, n o 89, juin 2011, Éditions OCDE, Paris. Schick, A. (2009), « Budgeting for Fiscal Space », OECD Journal of Budgeting, vol. 9/2, Éditions OCDE, Paris. Notes Données non disponibles pour le Chili, le Mexique et la Turquie. Les moyennes de l’OCDE n’ont pas été pondérées. 13.1 : Les données de la Slovénie et de la République tchèque datent de 2001 et non de 2000. Pour des notes spécifique par pays, voir StatLink. 13.3 : Les données pour l’Australie, la Corée, le Japon et la Nouvelle-Zélande concernent 2008 et non 2009. Informations sur les données concernant Israël : http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. 88 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 13. Endettement des administrations publiques 13.1 Dette brute des administrations publiques en pourcentage du PIB nominal (2000, 2007 et 2010) 2007 2010 % 200 2000 180 160 140 120 100 80 60 40 20 X ES T S LU AU CZ E SV K CH E NZ L KO R P PO L FI N DN K NO R SW E SV N ES R AU T I O C SR DE 31 NL D N N CA GB U HU A DE US L A FR L IR BE JP N GR C IT A IS L PR T 0 Source : Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573432 13.2 Dette publique brute par habitant (2007 et 2010) Dette brute par habitant de 2010 à PPA Dette brute par habitant de 2007 à PPA 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 T ES LU X HU N SV N PO L CZ E NZ L SV K AU S KO R N SW E CH E K DN FI P ES R PR OC T DE 31 IS R R NO D GB T NL AU U FR A N DE L BE CA L IR A IS L IT A GR C US JP N 0 Source : Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011 ; Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573451 13.3 Intérêts versés par les administrations publiques en pourcentage du PIB (2007 et 2009) 2009 % 7 2007 6 5 4 3 2 1 T ES X LU CZ E AU S SW E CH E D IR L GB R DN K ES P NZ L SV K NO R FI N SV N KO R NL U OC SA DE 31 FR A N JP L PO U T AU DE T PR N BE L IS R CA IS L GR C IT A HU N 0 Source : Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573470 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 89 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 14. Éclairage : administrations publiques et promotion de la R-D Dans le sillage de la crise financière et économique, la plupart des pays membres de l’OCDE ont élaboré des réponses stratégiques de long terme, axées sur la promotion de l’innovation et l’encouragement à la recherchedéveloppement pour renouer avec une croissance durable. Parce qu’elles financent les activités de R-D et y participent, les administrations publiques jouent un rôle clé dans le soutien qui peut être apporté aux efforts d’innovation. En plus de soutenir directement ces efforts dans les entreprises par le biais de subventions ou d’autres transferts, les administrations pourvoient au développement de l’éducation, de la formation et des qualifications, et contribuent à l’acquisition et à la diffusion de connaissances. La stratégie de l’OCDE pour l’innovation a mis l’accent sur l’importance d’un financement public de la R-D, qui constitue l’une des principales bases des innovations futures. En 2008, les administrations centrales des pays de l’OCDE ont investi entre 1 % et 6 % de leur budget total dans des activités de R-D. Entre 2004 et 2008, la part de la R-D dans le budget total a augmenté dans 15 des 26 pays ayant communiqué leurs chiffres ; l’Espagne ayant eu la plus forte progression. À l’inverse, l’Islande, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont enregistré les baisses les plus sensibles dans le même temps. Cependant, ces baisses ont également pu être la conséquence d’augmentations plus prononcées de leur budget total. L’importance du financement varie fortement entre les pays, selon l’objectif socioéconomique poursuivi et les secteurs d’exécution, reflétant ainsi les priorités nationales et les différences entre les systèmes d’aide à l’innovation. Ainsi, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont consacré en 2008 une très grande part de leurs crédits budgétaires publics de R-D (CBPRD) à la défense. Toutefois, les crédits généraux aux universités et le développement économique drainent le plus d’argent dans les pays de l’OCDE. Bien que la R-D soit dominée par le secteur privé dans la plupart des pays de l’OCDE, les pouvoirs publics jouent un rôle important dans ce domaine. En 2008, la part des activités de R-D du secteur public en proportion de la dépense nationale brute de R-D était relativement importante en Pologne (35 %) et en République slovaque (33 %), mais relativement faible en Suisse (1 %), au Danemark (3 %), en Israël et en Suède (4 % chacun). Lectures complémentaires OCDE (2010a), Mesurer l’innovation : Un nouveau regard, Éditions OCDE, Paris. OCDE (2010b), Science, technologie et industrie : Perspectives de l’OCDE 2010, Éditions OCDE, Paris. OCDE (2010c), La stratégie de l’OCDE pour l’innovation : Pour prendre une longueur d’avance, Éditions OCDE, Paris. 90 Méthodologie et définitions Les crédits budgétaires publiques de R-D (CBPRD) désignent les fonds affectés par l’administration centrale aux activités de R-D. Les données proviennent habituellement de sources budgétaires et reflètent le point de vue des bailleurs de fonds. Les dépenses totales des administrations publiques sont égales aux dépenses courantes (consommation courante, paiements de transfert, subventions, etc.) plus les dépenses en capital. Les données concernent le gouvernement central ou fédéral, par souci d’uniformité avec la définition des CBPRD. Pour les pays qui incluent dans leurs estimations des CBPRD les dépenses de R-D aux niveaux régional et local (Allemagne, Belgique, Danemark, Irlande et Royaume-Uni), les dépenses publiques totales comprennent les agrégats infranationaux. Les crédits généraux aux universités correspondent à la part estimative de la R-D dans les subventions globales de l’État aux universités. Les dépenses budgétaires sont différentes des dépenses de l’État dans le sens où elles décrivent les intentions de l’administration. Pour la majorité des pays évoqués ici, les chiffres représentent les crédits budgétaires votés par le Parlement pour l’année à venir. Les données sur les dépenses par secteur d’exécution proviennent d’enquêtes sur la R-D réalisées pour la constitution d’un agrégat national : la dépense intérieure brute de R-D (DIRD). La DIRD se calcule en additionnant les dépenses internes des quatre secteurs d’exécution (État, enseignement supérieur, entreprises commerciales, secteur privé et organismes à but non lucratif) ; elle comprend en outre les travaux de R-D menés dans le pays mais financés par l’étranger, et elle exclut les sommes versées pour la R-D effectuée à l’étranger. Pour plus de détails sur les définitions utilisées ici, voir le Manuel de Frascati, 2002. Notes Les données de la Grèce datent de 2007 et non de 2008. Données non disponibles pour le Chili et l’Estonie. 14.1 : Les données sur les dépenses totales de l’État en Australie se rapportent aux administrations publiques. Les données pour Israël, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et la Turquie ne sont pas disponibles. Les données de la Corée et du Portugal datent de 2007 et non de 2008. Les données du Canada datent de 2006 et non de 2008. Les données de la Hongrie et de l’Italie se rapportent à 2005 et non à 2004. 14.2 : Pour le Japon, les marchés militaires sont exclus des CBPRD affectés à la défense. Aux États-Unis, l’aide générale aux universités relève des gouvernements des États, et les crédits généraux aux universités ne sont pas compris dans les CBPRD totaux. Les données du Canada datent de 2007. Celles du Mexique renvoient à 2006. Le données pour Israël, la Slovénie et la Turquie n’ont pas été fournies. 14.3 : Les données pour l’Allemagne, l’Autriche, la Corée, la Hongrie, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande et la Turquie correspondent à 2007. Informations sur les données concernant Israël : http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 III. FINANCES PUBLIQUES ET ÉCONOMIE 14. Éclairage : administrations publiques et promotion de la R-D 14.1 Crédits budgétaires publics de R-D en pourcentage des dépenses publiques totales (2004 et 2008) 2008 % 7 2004 6 5 4 3 2 1 C L GR L PO N IR R HU K L X SV GB K LU BE S DN U AU E DE L CZ N IS R SV IT A NO T D PR T NL AU N A SW E N CA FR R FI A US KO P ES 0 Source : OCDE (2010), Mesurer l’innovation : Un nouveau regard, Éditions OCDE, Paris ; Statistiques de la recherche et développement de l’OCDE, Statistiques des comptes nationaux de l’OCDE, novembre 2010. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573489 14.2 Crédits budgétaires publics de R-D selon des objectifs socioéconomiques choisis (2008) % 100 Défense Développement économique Santé et environnement Non orientée Fonds généraux des universités Autres 80 60 40 20 L NZ EX M X L IR LU L IS IT A GR C HU N CH E DN K PR T BE L AU T D NL E CZ N FI R SV K CA N PO L N JP NO U DE S AU E SW P ES R KO A R FR GB A US 0 Source : OCDE (2010), Mesurer l’innovation : Un nouveau regard, Éditions OCDE, Paris ; Statistiques de la recherche et développement de l’OCDE, décembre 2010. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573508 14.3 Part de la dépense intérieure brute de R-D par secteur d’exécution (2008) S RU IS R DN K CH E E SW L T AU Institutions privées sans but lucratif IR Enseignement supérieur JP N PR T Entreprises IT A NL D AU S KO R US A TU R CA N FI N BE L GB R État PO L SV K NZ L M EX HU N SV N GR C CZ K ES P IS L FR A LU X NO R DE U % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Source : Statistiques de la recherche et développement de l’OCDE, décembre 2010. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573527 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 91 IV. PROSPECTIVE ET DIRECTION STRATÉGIQUES Pendant la crise financière et économique, les gouvernements des pays de l’OCDE se sont mobilisés pour éviter une aggravation de la situation, et ont œuvré ensemble et avec les acteurs nationaux à relancer l’économie. Leur autorité et leur détermination ont permis de prendre des mesures décisives en période de difficultés. Mais la crise a également suscité des interrogations sur la capacité des gouvernements à développer leurs moyens institutionnels pour prévenir ou atténuer des phénomènes de cette ampleur à l’avenir, en améliorant la prospective et la planification stratégiques. Améliorer cette capacité dans toute la fonction publique aidera à développer la responsabilité de plus en plus cruciale des gouvernements d’anticiper et préparer des événements à la fois prévisibles et perturbateurs, et de s’y adapter. Pour atteindre ces objectifs, les administrations doivent mieux coordonner leurs actions à travers l’ensemble du secteur public – et avec les acteurs concernés – afin de définir leurs objectifs et les problèmes potentiels communs, d’analyser et de filtrer une pléthore d’informations, de prendre des décisions réfléchies fondées sur des données probantes, et d’informer l’ensemble de la fonction publique et la population sur les solutions retenues pour que ces dernières soient bien mises en œuvre et acceptées. Malgré l’importance de ces compétences, il n’est pas aisé de recueillir des données sur la capacité des administrations en matière de prospective et de direction stratégiques. Les indicateurs présentés dans ce chapitre ne sont pas exhaustifs, mais donnent un aperçu de la mesure des performances relatives à ces fonctions. La viabilité financière des administrations publiques, par exemple, dépend en partie de leur aptitude à prévoir l’avenir et à faire des choix responsables quant à leurs dépenses, c’està-dire à s’inscrire dans une perspective stratégique de long terme concernant leurs ressources financières et leurs engagements futurs. Par ailleurs, les fonctionnaires doivent posséder les capacités nécessaires en matière de direction, de planification, de coordination et de décision pour atteindre les objectifs stratégiques. Ces capacités sont peut-être encore plus importantes aux échelons supérieurs : de nouvelles données sont ainsi présentées sur les pratiques de gestion des ressources humaines et sur le rôle des hauts fonctionnaires et des conseillers ministériels. La question de l’adaptation des politiques d’administration électronique à la nouvelle réalité d’un secteur public après la crise est également traitée dans ce chapitre pour illustrer le fonctionnement horizontal des administrations publiques et leurs stratégies d’ajustement à des urgences et à des contraintes nouvelles. PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 93 IV. PROSPECTIVE ET DIRECTION STRATÉGIQUES 15. Viabilité budgétaire La viabilité budgétaire à long terme exige des administrations qu’elles s’engagent dans une stratégie d’anticipation continue des dettes et des tendances macroéconomiques pour adapter la planification financière en conséquence. En effet, une augmentation du niveau d’endettement est dommageable pour la situation financière des États, et peut enclencher un cercle vicieux conjuguant un accroissement de la dette et une diminution du potentiel de croissance économique car les crédits sont détournés des investissements productifs. Or, aujourd’hui, de nombreux pays de l’OCDE font face à une hausse de la dette publique par rapport au PIB, suite à la crise financière et économique, et on considère que la ligne budgétaire suivie par la plupart des pays membres n’est pas tenable. Les coûts qu’ils supportent pour surmonter la crise économique, ainsi que l’augmentation prévue des dépenses liées au vieillissement de la population, constituent autant d’obstacles sérieux au maintien de la viabilité des finances publiques. L’OCDE a effectué des estimations des excédents nécessaires pour stabiliser le rapport dette-PIB d’ici 2026. Il ressort de ce modèle (décrit à l’annexe C) que l’Irlande, la Pologne et le Royaume-Uni devront accroître de plus de 7 % du PIB potentiel leur solde sous-jacent primaire de 2010. Les États-Unis et le Japon auront besoin, respectivement, de 11 % et 10 % de leur PIB potentiel pour stabiliser leur rapport dette-PIB, mais les efforts d’assainissement nécessaires sont tellement importants qu’avec un tel scénario, ces pays ne devraient pas être capables d’atteindre cet objectif en 2026. En revanche, le Danemark, la Hongrie, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et la Suisse ne devraient pas avoir besoin d’excédents pour stabiliser leur dette. Il convient de voir dans ces projections l’effort minimal à fournir pour améliorer la viabilité des finances publiques étant donné que la stabilisation de la dette continuera de coexister avec des taux d’endettement anormalement élevés en 2026. D’autres modèles plus rigoureux analysent les efforts à produire pour ramener la dette à 60 % du PIB et aux niveaux antérieurs à la crise (2007) dans le même délai. Les États-Unis, l’Irlande et surtout le Japon devront fournir les plus gros efforts pour réduire leur dette au niveau de 2007. Pour de bonnes prévisions stratégiques, il faudra tenir compte des coûts associés aux évolutions démographiques, d’autant plus que la plupart des pays membres de l’OCDE subissent des pressions budgétaires croissantes liées au vieillissement. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, la dépense publique liée au vieillissement devrait croître de presque trois points de pourcentage entre 2010 et 2025. Une amélioration de la discipline budgétaire sera indispensable à une stabilisation des finances, et de nombreux pays membres de l’OCDE ont adopté des règles budgétaires qui les contraignent à l’équilibre. Des pratiques budgétaires comme l’utilisation de plans à moyen terme encadrant ou plafonnant les dépenses peuvent également aider les administrations publiques à maitriser des dépenses publiques excessives. 94 Méthodologie et définitions Les données sont tirées des Perspectives économiques de l’OCDE, no 89. Les hypothèses ayant servi à calculer le solde nécessaire pour stabiliser le rapport dette-PIB se trouvent dans les Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, encadré et tableaux 4.1 à 4.4. Pour plus de renseignements sur les hypothèses utilisées dans le modèle, voir l’annexe C. Le solde sous-jacent des administrations publiques est le solde corrigé des variations cycliques, hors facteurs ponctuels affectant les recettes et les dépenses, et versements d’intérêts. Dans la plupart des pays, les données sur la dette brute utilisées pour ces calculs se rapportent aux engagements (à court et long terme) des administrations publiques tels qu’ils sont définis dans le Système de comptabilité nationale. Cette définition diffère de celle que l’on trouve dans le Traité de Maastricht et qui sert à évaluer la situation financière dans l’UE. Lectures complémentaires OCDE (2010), Perspectives économiques de l’OCDE, no 88, Éditions OCDE, Paris. OCDE (2011), « Redresser les finances publiques », numéro spécial de OECD Journal on Budgeting, vol. 2011/2, Éditions OCDE, Paris. Schick, A. (2010), « Post-Crisis Fiscal Rules: Stabilising Public Finance while Responding to Economic Aftershocks », OECD Journal on Budgeting, vol. 2010/2, Éditions OCDE, Paris. Notes Voir StatLink pour des notes importantes par pays. Les moyennes de l’OCDE n’ont pas été pondérées. Les données sur les règles d’assainissement pour le Chili, l’Estonie, Israël, le Mexique, la Slovénie et la Turquie ne sont pas disponibles. Les données sur les dépenses liées au vieillissement n’ont pas été fournies pour le Chili, l’Estonie, et la Slovénie. 15.1 : Pour les États-Unis et le Japon, l’effort d’assainissement nécessaire pour stabiliser la dette est tellement important en 2012 que l’objectif ne pourra être atteint d’ici 2026 selon le scénario de base, compte tenu du rythme d’assainissement envisagé. Le nombre d’années d’assainissement estimé pour ces pays de l’OCDE et d’autres est indiqué au tableau 4.3 des Perspectives économiques de l’OCDE, no 89. 15.2 : Le Luxembourg, la Norvège, la Suède et la Suisse ne sont pas inclus dans le graphique car aucun assainissement n’est nécessaire dans ces pays pour atteindre l’un ou l’autre des objectifs mentionnés. En outre, la Corée et le Danemark n’ont à procéder à aucun assainissement budgétaire pour parvenir à un rapport dette/PIB de 60 % d’ici 2026. Les pays dans lesquels aucun assainissement ne s’impose ont été inclus dans la moyenne de l’OCDE28. PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 IV. PROSPECTIVE ET DIRECTION STRATÉGIQUES 15. Viabilité budgétaire 15.1 Évolution nécessaire du solde primaire sous-jacent entre 2010 et 2026 pour stabiliser la dette publique brute par rapport au PIB Pourcentage du PIB potentiel 12 10 8 6 4 2 N IT A KO R DE U BE L DN K HU N LU X NO R SW E CH E FI N D AU T NL CZ CA L E NZ ES P DE 28 OC A S AU L IS FR R PO L GR C SV K PR T L A IR GB JP US N 0 Source : Calculs de l’OCDE ; Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573546 15.2 Efforts d’assainissement nécessaires pour ramener d’ici 2026 la dette à 60 % du PIB et aux niveaux antérieurs à la crise 60 % du PIB Niveaux antérieurs à la crise A R US P GB K ES T PR SV L PO 28 L DE OC NZ D R KO NL N JP L IR IT A L N IS C HU GR U DE A N FR K FI E DN CZ N L BE CA T AU AU S Pourcentage du PIB potentiel 32 30 28 26 24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Source : Calculs de l’OCDE ; Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573565 15.3 Règles d’assainissement budgétaire et évolution prévue de la dépense liée au vieillissement en pourcentage du PIB potentiel Variation du solde sous-jacent nécessaire pour stabiliser la dette entre 2010 et 2026 (%) 12 USA 10 JPN 8 GBR POL 6 FRA IRL GRC PRT AUS SVK CZE 2 SWE HUN 1 ITA DNK 0 0 AUT 2 ISL OCDE28 NZL 4 DEU CHE ESP CAN NLD KOR NOR FIN BEL LUX 3 4 5 6 Variation prévue des dépenses liées au vieillissement entre 2010 et 2025 (%) Source : Calculs de l’OCDE ; Perspectives économiques de l’OCDE, no 89, juin 2011. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932573584 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 95 IV. PROSPECTIVE ET DIRECTION STRATÉGIQUES 16. Gestion stratégique des ressources humaines La gestion stratégique des ressources humaines (GRH) joue un rôle primordial dans l’harmonisation de la gestion des personnes avec les buts stratégiques des organismes du secteur public. Elle permet aux gouvernements de disposer du bon nombre de personnes, avec les bonnes compétences, à la bonne place. De telles pratiques améliorent également l’efficacité, la capacité de répondre aux besoins et la qualité des services fournis. Une GRH stratégique encourage enfin les gouvernements à planifier l’avenir, grâce à une réflexion appropriée sur les personnes et les compétences nécessaires pour répondre à l’évolution des besoins de la société. L’indice composite pour la gestion stratégique des ressources humaines étudie dans quelle mesure les organismes centralisés de GRH ont recours à des outils d’évaluation des performances, à des vérifications des compétences et à d’autres moyens leur permettant de pratiquer et de promouvoir la planification stratégique des ressources humaines. Cet indice établit des éléments de comparaison entre différents pays, fondés sur plusieurs facteurs, notamment l’existence d’un cadre de responsabilisation, incluant des éléments de GRH stratégique, pour les cadres moyens et supérieurs ; le recours à des objectifs de GRH dans l’évaluation des performances de ceux-ci ; l’évaluation des performances des ministères/départements en termes de respect des bonnes pratiques de GRH ; et l’utilisation d’une planification du lieu de travail. Les pays membres de l’OCDE appliquent ces pratiques stratégiques de GRH de manière très différente. L’Australie, le Canada et le Royaume-Uni sont en pointe dans ce domaine, alors que la République tchèque, la République slovaque et la Hongrie n’ont mis en place que peu de ces pratiques dans leur administration centrale. Douze pays de l’OCDE font état d’un cadre de responsabilisation, où les pratiques de GRH stratégiques jouent un rôle central et sont étroitement rattachés à la planification ministérielle et aux obligations de rendre compte. Ce résultat suggère que les administrations centrales des pays de l’OCDE pourraient envisager une meilleure mise en œuvre de la GRH stratégique. La plupart des pays appliquent des mécanismes de planification des effectifs prenant notamment en compte les changements démographiques, les nouvelles politiques et les possibilités d’externalisation. Certains pays de l’OCDE n’ont recours à ces pratiques qu’au coup par coup. Pour l’interprétation des résultats de l’indice composite, il faut tenir compte du fait que certains pays de l’OCDE délèguent la responsabilité des pratiques de GRH stratégique au niveau du ministère/département/agence, non reflété par cet indice. Pour des informations complémentaires par pays sur les pratiques de GRH stratégique, ainsi que d’autres variables prises en compte dans l’index, voir l’annexe E. Méthodologie et définitions Les données portent sur 2010 et ont été réunies par l’Enquête de l’OCDE sur la gestion stratégique des ressources humaines. Les personnes interrogées étaient pour l’essentiel des hauts fonctionnaires des services GRH de l’administration centrale, et les données concernent les pratiques de GRH de l’administration centrale. Tous les pays membres de l’OCDE ont répondu à l’enquête excepté le Luxembourg. Il existe des différences selon les pays sur la définition de la fonction publique et sur les organismes gérés au niveau de l’administration centrale : ces différences doivent être prises en compte en effectuant des comparaisons. L’expression « fonction publique » est utilisée indifféremment pour désigner tant l’institution que les fonctionnaires tout au long du présent chapitre. En raison de l’insuffisance des données, les indices composites sont absents pour le Brésil, le Japon et le Mexique. L’indice tient compte des variables suivantes : l’existence d’un cadre général de responsabilisation ; le fait que des objectifs de GRH soient inclus dans les évaluations des performances des cadres supérieurs et moyens ; les éléments que les cadres supérieurs et moyens doivent prendre en compte lorsqu’ils s’acquittent de leurs tâches de planification et de rédaction de rapports dans le contexte du cadre de responsabilisation ; les examens et évaluations réguliers des moyen s de GRH des min istères et départements ; l’existence d’une planification prospective destinée à adapter les moyens en personnels aux services qu’ils ont à rendre ; et les éléments pris en compte par les gouvernements dans leur planification prospective. L’indice varie entre 0 (faible utilisation de pratiques stratégiques de GRH) et 1 (importante utilisation de pratiques stratégiques de GRH). Voir l’annexe E pour plus d’informations relatives à un pays spécifique, ainsi que pour plus de précisions sur la méthodologie et les éléments utilisés pour l’établissement de l’indice. Les variables prises en compte pour l’indice et leur importance relative sont fondées sur l’opinion des experts. Elles sont décrites avec l’objectif d’approfondir la réflexion et peuvent, par conséquent, évoluer avec le temps. Lectures complémentaires OCDE (2011), Public Servants as Partners for Growth: Strengthening a Leaner and More Equitable Public Service, Éditions OCDE, Paris. Notes Voir l’annexe E pour plus d’informations spécifiques aux pays, ainsi que pour des précisions sur la méthodologie et les éléments utilisés pour l’élaboration de l’indice. Informations sur les données concernant Israël : http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. 96 PANORAMA DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 2011 © OCDE 2013 IV. PROSPECTIVE ET DIRECTION STRATÉGIQUES 16. Gestion stratégique des ressources humaines 16.1 Utilisation de pratiques de GRH stratégique dans les administrations centrales (2010) Indice composite OCDE31 1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 R RU S UK C N HU GR E K SV CZ S R BE L KO R PR T IS R NL D US A AU T IT A CH E FR A IR L SV N DN K NZ L TU R SW E CH L ES T DE U FI N ES P IS L PO L NO R GB CA AU N 0 Source : Enquête 2010 de l’OCDE sur la gestion stratégique des ressources humaines dans les administrations centrales/fédérales.
24,779
2010AIX22120_1
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,010
Structure-fonction des patrons d'activité séquentiels des réseaux corticaux au cours du développement postnatal chez le rongeur
None
French
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UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE AIX-MARSEILLE II Faculté des Sciences de Luminy Ecole Doctorale des Sciences de la Vie et de la Santé THESE DE DOCTORAT Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE II Spécialité : Neurosciences Présentée et soutenue publiquement par Camille Allene Le 3 décembre 2010 Titre : Structure-fonction des patrons d'activité séquentiels des réseaux corticaux au cours du développement postnatal chez le rongeur. Jury : Dr. Lydia KERKERIAN-LE GOFF, président Dr. Pascal LEGENDRE, rapporteur Pr. Urs GERBER, rapporteur Dr. Frédéric CHAVANE, examinateur Pr. Enrico CHERUBINI, examinateur Dr. Rosa COSSART, directeur de thèse Résumé : Une des caractéristiques remarquables des structures cérébrales en développement est leur propension à exprimer des patrons d’activité neuronale corrélée spontanés (Pour revue : Blankenship and Feller, 2010). Au cours de la première semaine de vie postnatale chez le rongeur, se succèdent des patrons aux caractéristiques spatio-temporelles différentes, portés par des mécanismes cellulaires différents. On identifie donc différents stades de développement d’activité neuronale corrélée constituant une séquence. Notre hypothèse est que cette séquence ne reflète pas uniquement la maturation séquentielle des propriétés intrinsèques et synaptiques des neurones individuels, mais qu’elle participe directement aux processus de maturation. Nous avons testé cette hypothèse au cours de cette thèse, à partir de l’étude de la séquence des patrons d’activité neuronale corrélée de l’hippocampe et du néocortex pendant la première semaine de vie postnatale chez le rongeur. Pour suivre en parallèle la maturation des réseaux et des neurones individuels qui le composent, nous avons suivi la dynamique des activités de réseau en imagerie biphoton et réalisé en parallèle des enregistrements électrophysiologiques de neurones ciblés. Nous avons montré que les SPAs, premier patron d’activité neuronale corrélée à s’exprimer au sein de l’hippocampe en développement (Crepel et al., 2007), s’expriment également au sein du néocortex immature avec des caractéristiques spatio-temporelles et des mécanismes similaires à ceux rapportés dans l’hippocampe. Ceci suggère une implication générale des SPAs dans la maturation des réseaux. Nous avons montré en parallèle que les ENOs, oscillations calciques dominant l’activité du néocortex au cours des premiers jours suivant la naissance (Adelsberger et al., 2005;Garaschuk et al., 2000) sont exprimées en même temps que les SPAs. Les ENOs se caractérisent par leur sensibilité à la concentration extracellulaire de glutamate et leur renforcement en condition d’anoxie modérée, suggérant que cette forme d’activité pourrait en réalité être l’expression de conditions pathologiques. Nous avons enfin montré que la séquence de mise en place des patrons d’activité neuronale corrélée du néocortex se terminait avec l’apparition des GDPs, décrits pour la première fois ici au sein du néocortex et portés par la transmission GABAergique, dépolarisante à ce stade du développement (Ben Ari et al., 1989;Crepel et al., 2007;Garaschuk et al., 1998). Se basant sur les similarités apparentes de ces patrons d’activités, les ENOs du néocortex étaient considérées comme les homologues néocorticaux des GDPs de l’hippocampe. Nous avons montré ici que ENOs et GDPs sont deux patrons d’activité distincts, caractérisés par des mécanismes et des dynamiques spatio-temporelles différents. Nous avons ensuite étudié le devenir et les propriétés morpho-physiologiques des cellules impliquées dans les SPAs en fonction de la maturation du réseau hippocampique. Dans ce but, nous avons mis au point un protocole d’imagerie calcium chronique sur tranches organotypiques d’hippocampe, afin de suivre la même population de neurones jour après jour. Nous avons montré que la majorité des cellules SPAs intégraient le réseau synaptique sous-tendant la genèse des GDPs en quelques jours. Parallèlement, nous avons montré que les interneurones GABAergiques impliqués dans les SPAs présentaient des caractéristiques morpho-physiologiques spécifiques telles qu’un patron de décharge de potentiels d’action immature, une fréquence élevée de courants miniatures postsynaptiques de grande amplitude et la présence de filopodes somatiques, qui les distinguent des interneurones impliqués dans les GDPs. Ces résultats apportent des preuves directes de l’existence d’une corrélation entre la maturation du réseau et celle des neurones individuels qui le constituent et montrent en particulier comment de profonds changements développementaux concernant les propriétés morpho-physiologiques des interneurones GABAergiques annoncent l’émergence des GDPs. 1 Table des matières Liste des abréviations............................................................................................4 Liste des illustrations.............................................................................................5 Introduction générale............................................................................................6 Chapitre I. La maturation des microcircuits glutamatergiques est à la fois fortement prédéterminée génétiquement et dépendante de l’activité.....................................................................................10 I.1. Une forte prédétermination génétique de leur genèse et migration.......................................10 I.2. Une mise en place organisée et prédéterminée de leur connectivité.....................................11 I.3. Une mise en place progressive des propriétés électrophysiologiques.......................................12 I.4. Une maturation synaptique prolongée et complexe......................................................13 Chapitre II. La maturation des interneurones gabaergiques joue un rôle crucial dans la mise en place des réseaux corticaux au cours du développement.....................................................................16 II.1. Les interneurones, une population pionnière des réseaux en développement.......................16 II.2. Les interneurones, une population aisément recrutée dans les activités de réseau précoces..............................................................................................................18 II.3. Une maturation postsynaptique précoce de certains groupes d’interneurones......................18 II.4. Une caractéristique spécifique des interneurones immatures : leur dépolarisation par la transmission GABAergique.......................................................................................20 Chapitre III. Les patron s d’activité neuronale cor r élé e des structures du système nerveux en développement partagent des principes d’organisation et de maturation communs..............................................................................................................22 III.1. Une organisation séquentielle des patrons d’activité neuronale spontanés au cours du développement......................................................................................................24 III.1.1 Organisation séquentielle des patrons d’activité neuronale corrélée de la rétine en développement.....................................................................................................24 III.1.2 Organisation séquentielle des patrons d’activité neuronale corrélée de l’hippocampe en développement......................................................................................................25 III.1.3 Organisation séquentielle des patrons d’activité neuronale corrélée du néocortex en développement...................................................... ................................................28 III.1.4 Organisation séquentielle des patrons d’activité neuronale corrélée de la moelle épinière en développement............................................................................................................31 III.2. Les activités électriques du développement sont spontanées et propagées............................................................................................................32 III.3. Les mécanismes sous-jacents aux activités du développement..............................................33 III.3.1. Les jonctions gap aux stades précoces du développement...........................................34 III.3.2 La transmission synaptique succède les jonctions gap.................................................34 III.4. Une topologie de réseau similaire entre les différentes structures cérébrales......................34 Chapitre IV. Les rôles des activités neuronales au cours du développement...........................36 IV.1. Le rôle de l’activité dans la prolifération neuronale.......................................................37 IV.2. Le rôle de l’activité dans la migration neuronale...........................................................37 IV.3. Le rôle de l’activité dans le guidage axonal..................................................................39 IV.4. Le rôle de l’activité dans la croissance neuritique..........................................................40 IV.5. Le rôle de l’activité dans la spécification des neurotransmetteurs et de leurs récepteurs............................................................................................................41 IV.6. Le rôle de l’activité dans la maturation synaptique.........................................................42 IV.7. Le rôle de l’activité dans l’expression des canaux ioniques voltage-dépendants....................43 IV.8. Le rôle de l’activité dans le développement de centres générateurs de rythme....................44 IV.9. Le rôle de l’activité dans l’affinement des cartes sensorielles..........................................44 2 IV.10 Le rôle de l’activité dans l’apoptose ou la survie neuronale.............................................47 Résultats............................ ................................ ................................................48 Article I..............................................................................................................49 Article II.............................................................................................................51 Discussion générale...............................................................................................86 1. Les ENOs, sont-elles un patron d’activité neuronale physiologique ou pathologique?.............................................................................................................................88 1.1. Les ENOs, oscillations transmises par les récepteurs NMDA : un rôle dans la maturation des synapses?...........................................................................................................88 1.2. Les ENOs : un « état critique » du réseau en développement?.....................................89 2. Fonctions possibles du premier patron d’activité neuronale corrélée du cortex en développement, le SPA.................................................................................................................92 2.1 Un rôle dans la maturation synaptique?.......................................................................92 2.2. Le SPA : un mécanisme de compensation en cas de déficit de l’excitabilité neuronale, nécessaire au cours du développement?........................................................................................94 2.3 Un rôle dans la mort neuronale programmée du développement?................................95 2.4. Un rôle dans la fin de la migration neuronale?.............................................................96 Perspectives........................................................................................................99 Annexes........... ................................................ ................................................ 101 Article in press ...... ................................................................................................102 Article de revue...................................................................................................103 Références Bibliographiques...............................................................................104 3 Liste des abréviations : ACSF: Artificial Cerebro-Spinal Fluid AHP: After HyperPolarisation AMPA:!-amino-3-hydroxyl-5-methyl-4-isoxazole-propionate AP: Action Potential bHLH: basic helix–loop–helix CCK: Cholecystokinin CGE: Caudal ganglionic eminences Cm: membrane capacitance CPG: Central Generator Pattern DL-BHB: DL-3-hydroxybutyrate DL-TBOA: DL-Threo-"-Benzyloxyaspartate EAAT: Excitatory Amino Acid Transporter ENOs: Early Network Oscillations GABA: #-Aminobutyric acid GDPs: Giant Depolarizing Potentials IP3: inositol trisphosphate KCC2: K+/Clco-transporter isoform 2 Kir2.1: inward-rectifier potassium ion channel (encoded by the KCNJ2 gene) mEPSCs: miniature Excitatory PostSynaptic Currents MGE: Medial ganglionic eminences mGluRs: Metabotropic Glutamate Receptors mIPSCs: miniature Inhibitory PostSynaptic Currents NKCC1: Na+/K+/Clco-transporter isoform 1 NPY: neuropeptide Y nACh: nicotinic acetylcholine NaChBac: bacterial sodium channels NMDA: N-Methyl-D-aspartic acid NO: Nitric oxide Rm: membrane resistance SD: standard deviation sEPSCs: spontaneous Excitatory PostSynaptic Currents sIPSCs: spontaneous Inhibitory PostSynaptic Currents SNOs: Slow Network Oscillations SPAs: Synchronous Plateau Assemblies TTX: Tetrodotoxin Vrest: resting membrane potential 4 Liste des illustrations Figures de l’introduction : Figure 1: représentation schématique de la mise en place du rése au hippocampique et néocortical au cours du développement..................................................................................................................9 Figure 2: Mise en place de la diversité fonctionnelle de la population des neurones GABAergiques au cours du développement................................................................................................................17 Figure 3: Mise en place séquentielle des synapses GABAergiques et glutamatergiques au sein des interneurones et des cellules pyramidales au cours du développement chez le rat.........................................................19 Figure 4: Le SPA : assemblées de neurones produisant des plateaux calciques synchronisés par jonctions gap.................................................................................................................................26 Figure 5: GDPs détectés en imagerie calcium bi-photon.................................................................27 Figure 6: ENOs : oscillations calciques à grande échelle exprimées dans le néocortex de rongeur au cours des premiers jours postnataux...................................................................................................30 Figure 7: Profil temporel des principaux grands processus développementaux du cortex cérébral chez le rat...............................................................................................................................36 Table 1: Résumé des patrons d’activité neuronale corrélée de différentes structures c érébrales au cours du développement chez le rong eur................................................................................................23 Figures des résultats II: Figure 1: Les cellules SPA intègrent le réseau synaptique sous-tendant la genèse des GDPs.........................66 Figure 2: Une faible proportion de cellules SPA déclenche un programme apoptotique..............................67 Figure 3: Les interneurones GABAergiques sont largement impliqués dans l’activité SPA............................68 Figure 4: Propriétés morpho-physiologiques des neurones GABAergiques impliqués dans les SPAs........................................................................................................................69 Figure 5: Comparaison des courants postsynaptiques miniatures reçus par les interneurones impliqués dans les SPAs et impliqués dans les GDPs................................................................................................70 Table 1: Propriétés électrophysiologiques des interneurones SPA et GDP............................................71 Table 2: Propriétés des courants postsynaptiques des interneurones SPA et GDP.....................................72 Table 3: quantification des dendrit es et des protrusions somatiques des interneurones SPA et GDP...................................................................................................................73 Figures de la discussion : Figure 1: Séquence générale de mise en place des patrons d’activité neuronale corrélée du néocortex en développement................................................................................................................87 Figure 2: Les ENOs présentent de fortes similarités avec des activités neuronales corrélées physiologiques et pathologiques...................................................................................................................91 Figure 3: Spéculation sur le rôle possible de l’activité SPA dans la maturation des microcircuits corticaux................................................................................................................................98 5 Introduction générale Le cerveau possède plus de 100 milliards de neurones interconnectés qui permettent de produire nos comportements et nos processus cognitifs. Par exemple, le centre générateur de rythme (CPG pour Central Generator Pattern) de la moelle épinière est considéré comme un microcircuit fonctionnel avec moins de 0.1 % des neurones des segments lombaires supérieurs (Cina and Hochman, 2000) qui permettent le contrôle de la locomotion (Hultborn and Nielsen, 2007). Au niveau des cortex sensoriels tels que le cortex somatosensoriel et le cortex visuel, la colonne corticale est aussi considérée comme un microcircuit fonctionnel : anatomiquement, une colonne corticale délimite un groupe de neurones connectés qui s’étendent verticalement à travers les couches du cortex (Mountcastle, 1997) ; fonctionnellement, la colonne corticale est à l’origine des représentations internes ou « cartes » topographiques du monde extérieur (Hubel and Wiesel, 1962;Mountcastle, 1957;Schubert, 2007). Les microcircuits fonctionnels varient d’une structure cérébrale à l’autre mais également au sein d’une même structure (Buxhoeveden and Casanova, 2002;Catania and Remple, 2002;Mountcastle, 1997;Purves and LaMantia, 1990;Rockland and Ichinohe, 2004;Shipp and Zeki, 2002) en fonction de l’échelle à laquelle ils sont étudiés, suggérant une organisation hiérarchique des modules fonctionnels (Binzegger et al., 2004;Kaiser et al., 2009;Meunier et al., 2009;Mountcastle, 1997). Par exemple, une colonne corticale peut être subdivisée en plusieurs colonnes de neurones très étroites appelées mini-colonnes (Mountcastle, 1978). Des microcircuits à échelle encore plus fine ont été décrits par plusieurs études qui montrent qu’un neurone unique et spécifique est capable de produire une réponse fonctionnelle (Bonifazi et al., 2009;Brecht et al., 2004;Ellender et al., 2010;Houweling and Brecht, 2008;Li et al., 2009;London et al., 2010;Miles and Wong 1983;Molnar et al., 2008). Par exemple, notre équipe a récemment montré qu’au sein de l’hippocampe en 6 développement, un seul neurone spécifique (un neurone GABAergique « hub ») pouvait orchestrer l’activité synchrone du réseau (Bonifazi et al., 2009). Nous pensons que la Neurobiologie du Développement offre des outils conceptuels et expérimentaux pour comprendre l’organisation fonctionnelle des microcircuits neuronaux: observer un système en développement aide à comprendre comment il s’organise pour fonctionner correctement. Par définition, le développement du cerveau est associé à la mise en place des connexions neuronales et se caractérise par la genèse de patrons stéréotypés d’activité neuronale coordonnée (Ben-Ari et al., 2007;Khazipov and Luhmann, 2006;Moody and Bosma, 2005;O'Donovan, 1999;Roerig and Feller, 2000). Plusieurs études montrent que tout au long de la période développementale, le système nerveux exprime des activités neuronales «corrélées», c’est à dire des périodes de co-activation de plusieurs neurones enregistrées en électrophysiologie ou imagerie. Ces co-activations impliquent un plus grand nombre de neurones que celui pouvant survenir par chance, autrement dit, cette coactivation est statistiquement significative. Notons que ces activités corrélées peuvent en réalité correspondre à des activations plus ou moins synchrones dans le temps selon la résolution temporelle de la technique utilisée pour mesurer l’activation neuronale. Ces activités neuronales corrélées possèdent des dynamiques variables et sont contrôlées par différents mécanismes selon la structure neuronale mais également au sein d’une même structure en fonction de la période du développement (Crepel et al., 2007;Khazipov and Luhmann, 2006;McCabe et al., 2006;Sibilla et al., 2009;Syed et al., 2004). En particulier une séquence de patron d’activité neuronale corrélée dans l’hippocampe en développement a été décrite par l’équipe juste avant ce travail de thèse. Dans cette structure, le premier patron d’activité neuronale coordonnée émerge à la naissance et synchronise par jonctions Gap des assemblées de neurones produisant des aux calciques observés en mesurant les variations de fluorescence d’un indicateur calcium; ce patron d’activité neuronale est alors baptisé SPA pour « Synchronous Plateau Assemblies » (Crepel et al., 2007). Le patron d’activité neuronale qui succède aux SPAs sont les GDPs pour «Giant Depolarizing Potentials» qui synchronisent un grand nombre de neurones par transmission synaptique. Concernant le néocortex, il s’agit probablement de la structure pour laquelle la plus grande variété de patrons d’activité neuronale corrélée du développement a été décrite (Adelsberger et al., 2005;Corlew et al., 2004;Dupont et al., 2006;Garaschuk et al., 2000;Kandler and Katz, 1998;Khazipov et al., 2004;McCabe et al., 2006;Milh et al., 7 2007b;Opitz et al., 2002;Owens and Kriegstein, 1998;Peinado, 2000;Voigt et al., 2001;Weissman et al., 2004;Yuste et al., 1992;Rheims et al., 2008a). Le rôle de ces activités neuronales corrélées et spontanées du développement dans la maturation des microcircuits corticaux est la question principale de ce travail de thèse. La technique que nous avons utilisée pour étudier le microcircuit, avec une résolution permettant de distinguer chaque cellule qui le constitue, est la microscopie calcium bi-photonique couplée aux enregistrements électrophysiologiques. L’originalité de l’approche ici est donc d’avoir accès simultanément aux deux niveaux d’observation : le réseau et la cellule. De nombreuses études montrent que l’activité au cours du développement joue un rôle dans la maturation des neurones corticaux (Cancedda et al., 2007;Lin et al., 2008a;Moody and Bosma, 2005;Wang and Kriegstein, 2008) et suggèrent qu’un patron d’activité neuronale corrélée donné pourrait directement être la cause des changements des propriétés neuronales et de l’organisation du réseau qui permettraient en retour de terminer ce patron et de démarrer le suivant (Lischalk et al., 2009;Moody and Bosma, 2005) Connaitre la maturation des neurones qui composent le microcircuit est donc primordiale pour étudier la maturation du microcircuit lui-même. Les structures corticales étudiées ici étant l’hippocampe et la plaque corticale du néocortex somatosensoriel (figure 1), tous deux composés de cellules pyramidales glutamatergiques et d’interneurones GABAergiques, nous présenterons dans cette introduction l’état actuel des connaissances sur la maturation des cellules pyramidales et sur la maturation des interneurones, respectivement dans une première et deuxième partie. Par ailleurs, on a vu précédemment que le développement du cerveau se caractérise par la genèse de patrons d’activité neuronale corrélée stéréotypés. Notons que cette caractéristique concerne aussi les structures du système nerveux périphérique telle la cochlée (Tritsch et al., 2007). Une telle universalité indique que les structures neuronales partagent probablement des principes d’organisation et de maturation communs. Il est donc important de connaitre les mécanismes et le rôle possible des patrons d’activité neuronale corrélée du développement de chaque structure ; la troisième partie de l’introduction présentera donc l’état actuel des connaissances sur les séquences de patrons d’activité neuronale et sur leurs mécanismes au sein de chaque structure cérébrale en développement étudiée emment et la quatrième partie exposera les rôles possibles de l’activité neuronale du développement. 8 Hippocampus E15-E19 P0-P5 Néocortex Figure 1 : représentation schématique de la mise en place du réseau hippocampique et néocortical au cours du développement. Le schéma de la mise en place du circuit tri-synaptique spécifique de l’hippocampe est extrait de Danglot et al., 2006. Le schéma de la mise en place des couches corticales est extrait de Nadarajah and Parnavelas, 2002 et de Gupta et al., 2002. Le cerveau antérieur donne naissance au cortex cérébral. Les éminences ganglionnaires latérales (LGE) et médiales (MGE) du cerveau antérieur ventral génèrent les interneurones corticaux qui suivent des voies de migration tangentielles vers le cortex (représentées par des flèches). Les étapes clés du développement des composants radiaires de la formation laminaire du néocortex sont représentées, les neurones se mettent en place par une migration d’abord vers les couches profondes puis vers les couches superficielles (inside-out) principalement le long des fibres radiaires des cellules gliales (représentées par des barres verticales). VZ : zone ventriculaire ; PP : Pré-plaque ; SP : sous plaque ; CP : plaque corticale ; MZ : zone marginale ; PS : Pial Surface. 9 Chapitre I. La maturation des microcircuits glutamatergiques est à la fois fortement prédéterminée génétiquement et dépendante de l’activité Les cellules pyramidales glutamatergiques représentent 70 à 80 % des neurones corticaux. Elles possèdent des propriétés anatomiques, physiologiques et moléculaires relativement stéréotypées (DeFelipe and Farinas, 1992;Peters and Jones, 1984;Peters and Sethares, 1991) surtout en comparaison des interneurones GABAergiques (présentés dans la partie II de l’introduction), qui représentent les 20 à 30 % des neurones corticaux restants et possèdent une grande diversité concernant leur morphologie, leur patron d’activité électrophysiologique et leur contenu moléculaire (Ascoli et al., 2008;Freund and Buzsáki, 1996;Markram et al., 2004). Cependant, certaines études suggèrent que cette population à priori homogène comporte également des soustypes fonctionnels différents. En effet, il existe différentes morphologies dendritiques et différents patrons de décharge des cellules pyramidales qui sont corrélés avec leurs cibles de projections axonales et donc avec leur sortie fonctionnelle (Chagnac-Amitai and Connors, 1989;Gao and Zheng, 2004;Hattox and Nelson, 2007;Hefti and Smith, 2000;Mason and Larkman, 1990;Morishima and Kawaguchi, 2006;Otsuka and Kawaguchi, 2008;Tsiola et al., 2003;Wittner and Miles, 2007). I.1. Une forte prédétermination génétique de leur genèse et migration Les cellules pyramidales sont générées entre le seizième jour embryonnaire (E16) et E19 chez le rat (Danglot et al., 2006) et entre E14 et E16 chez la souris (Soriano et al., 1986;Soriano et al., 1989b;Soriano et al., 1989a). Les cellules pyramidales glutamatergiques sont produites par une série de programmes génétiques contrôlés par des facteurs de transcription spécifiques tels que les protéines à motif hélice-boucle-hélice basique (bHLH pour basic helix–loop–helix), qui sont les principales molécules parmi les facteurs de transcription de la neurogenèse et de la prolifération (Ross et al., 2003). Cette grande superfamille possède des membres qui maintiennent l’activité proliférative et suppriment la différentiation (les familles Id et Hes, par exemple) ainsi que des facteurs de transcription « proneural » qui favorisent le devenir neuronal, suppriment la différentiation gliale (Sun et al., 2001) et induisent la sortie du cycle mitotique (par exemple : Ngn1 et Ngn2). D’autres types de facteurs de transcription, non-bHLH, régulent la prolifération et la neurogenèse. Par exemple, Emx2 et Tlx favorisent la prolifération des progéniteurs (Heins et al., 2001;Roy et al., 2004) alors que Pax6 favorise la neurogenèse (Heins et al., 2002;Scardigli et al., 2003). Lef1/TCF, un facteur de transcription activé par la voie de signalisation Wnt, favorise la 10 prolifération au stade précoce de la corticogenèse et favorise la différentiation neuronale à la fin de la corticogenèse (Chenn and Walsh, 2002;Hirabayashi et al., 2004). Il semble que les mêmes facteurs de transcription soient exprimés, dans le même ordre, lors de la neurogenèse glutamatergique des neurones, à la fois au sein du cortex cérébral et de l’hippocampe, en développement et aux stades adultes, ainsi que dans le cervelet en développement, suggérant que ce sont des programmes génétiques conservés au cours de l’évolution qui vont, en partie, spécifier les propriétés générales des neurones glutamatergiques (Hevner, 2006). Les cellules pyramidales sont directement issues des cellules radiaires au sein du neuroépithélium de la zone ventriculaire (Malatesta et al., 2000;Miyata et al., 2001;Miyata et al., 2010;Noctor et al., 2004;Tamamaki et al., 2001). Les divisions cellulaires asymétriques successives d’une cellule radiaire individuelle produit plusieurs clones de cellules pyramidales (Kornack and Rakic, 1995;Noctor et al., 2001;Noctor et al., 2004) qui vont migrer de façon radiale, dans le sens des couches les plus profondes vers les couches superficielles (pour revue : Parnavelas, 2000) grâce aux fibres radiaires. Notons que les hemicanaux des jonctions gap contribuent mécaniquement à cette migration radiale des cellules pyramidales (Cina et al., 2009;Elias et al., 2007;Elias and Kriegstein, 2008;Fushiki et al., 2003;Nadarajah et al., 1997). Ainsi ce sont majoritairement les cellules pyramidales issues d’une même cellule radiaire qui vont former un microcircuit fonctionnel en colonne (Noctor et al. 2001;Tamamaki et al., 2001). I.2. Une mise en place organisée et prédéterminée de leur connectivité Une étude a montré que la connectivité des cellules pyramidales au sein des colonnes corticales du cortex à tonneaux (« barrel cortex » en anglais) se met en place de manière organisée et monotone (Bureau et al., 2004), c’est-à-dire avec une grande précision (Bureau et al., 2004;Callaway and Lieber, 1996;Katz, 1991), sans passer par un stade d’hyperinnervation qui serait suivi d’un affinement des connections via l’« élagage » (ou « pruning » en anglais) de l’arborisation axonale, comme le prévoyait le modèle dominant de la construction des circuits corticaux (Katz and Shatz, 1996). Un autre groupe a récemment montré que les cellules pyramidales issues de la même cellule gliale radiaire ont tendance à développer des connexions synaptiques entre elles plutôt qu’avec leurs voisines issues d’une autre cellule gliale radiaire (Yu et al., 2009). De plus, les connexions synaptiques entre deux cellules pyramidales sœurs sont unidirectionnelles et présentent la même préférence 11 directionnelle interlaminaire que celle observée chez l’adulte (Yu et al., 2009). Ces études montrent une mise en place précise des microcircuits fonctionnels entre les cellules pyramidales du néocortex au cours du développement. Pour ce qui est de l’hippocampe, la seconde structure qui nous intéresse, il existe moins de données concernant la mise en place de ces microcircuits, cependant il est fortement probable que cette structure suive des règles de développement comparables au néocortex, puisqu’il s’agit également d’une structure corticale dont les cellules principales glutamatergiques sont organisées en couches. Enfin, il a été établi dans l’hippocampe une forte corrélation entre le développement morphologique de l’arborisation dendritique des cellules pyramidales et la mise en place de leurs synapses GABAergiques et glutamatergiques (Tyzio et al., 1999). I.3. Une mise en place progressive des propriétés électrophysiologiques Concernant la maturation de leurs propriétés électrophysiologiques, plusieurs études ayant examiné les cellules pyramidales de la couches V du néocortex (Kasper et al., 1994;McCormick and Prince, 1987;Rheims et al., 2008a;Zhang, 2004) et celles de la région CA1 de l’hippocampe (Spigelman et al., 1992), ont montré qu’au cours des premiers jours suivant la naissance les cellules pyramidales se caractérisent par un potentiel de repos plus dépolarisé (~ -65 mV à P3 versus ~ -80 mV à P21), leur résistance d’entrée est élevée (>1000 M$ à P3 versus <100 M$ à P21), leur constante de temps membranaire est longue (~70 ms à P3 versus ~13 ms à P21), l’amplitude et la durée de leurs potentiels d’action est respectivement basse (~52 mV à P3 versus ~80 mV à P21) et longue (~4 ms à P3 versus ~1 ms à P21) (Kasper et al., 1994;McCormick and Prince, 1987;Rheims et al., 2008a;Zhang, 2004). Etant donné leur resistance d’entrée élevée, les cellules pyramidales de la première semaine postnatale nécessitent des courants de plus petite amplitude pour atteindre leurs fréquences de décharge de potentiels d’action maximales (des créneaux de +20 pA induisent des trains de potentiel d’action à P3 versus +100pA à P21) mais leurs fréquences de décharges maximales sont plus basses (~30 Hz à P3 versus ~60 à P21) (Zhang, 2004). La relation courant / voltage est plus linéaire qu’aux stades matures (Zhang, 2004; Kasper et al., 1994; Spigelman et al., 1992 ; McCormick and Prince, 1987). En , les protocoles qui induisent une dépression à court terme à P7 changent progressivement pour induire une facilitation aux âges plus avancés (Zhang, 2004). L’ensemble de ces résultats suggère une modification considérable de la densité des canaux ioniques voltage-dépendants, 12 qui sous-tendent les réponses électrophysiologiques des cellules pyramidales, au cours du développement postnatal. I.4. Une maturation synaptique prolongée et complexe A l’échelle de la synapse, la formation des synapses glutamatergiques pleinement fonctionnelles semble être un processus prolongé avec un stade initial de formation synaptique, suivi de plusieurs stades de maturation (Atwood and Wojtowicz, 1999;Ziv and Garner, 2001). Au niveau présynaptique, les évènements majeurs de la maturation synaptique sont la formation des pools de vésicules synaptiques (Blue and Parnavelas, 1983;Mohrmann et al., 2003) ainsi que les changements des composants moléculaires, tels qu’un changement du niveau d’expression des variants d’épissage des isoformes de la protéine SNAP-25, membres de la famille des protéines réceptrices SNARE, qui permettent de réguler la fusion des vésicules avec la membrane plasmique présynaptique et donc de réguler la libération des neurotransmetteurs (Bark et al., 2004). Les synapses glutamatergiques au sein de l’hippocampe en développement présentent une forte probabilité de libération qui est réduite au cours de leur maturation fonctionnelle (Bolshakov and Siegelbaum, 1995;Chavis and Westbrook, 2001;Wasling et al., 2004). Une étude a montré que la forte probabilité de libération du glutamate au niveau présynaptique est corrélée à la présence de la sous-unité NR2B des récepteurs NMDA au niveau postsynatique (Chavis and Westbrook, 2001). La maturation présynaptique des cellules pyramidales du néocortex a été très peu étudiée. Toutefois, Walz et ses collaborateurs ont montré récemment qu’une part significative des entrées synaptiques glutamatergiques des cellules pyramidales du cortex somatosensoriel à P7, présentait une faible probabilité de libération, positivement corrélé au niveau d’expression des récepteurs NMDA ayant la sous ité NR2B, au niveau post-synaptique (Walz et al., 2010). Les récepteurs NMDA contenant la sous-unité NR2A sont trouvés uniquement au niveau de synapses plus matures, ayant une plus grande probabilité de libération (Walz et al., 2010). Notons que les résultats de cette étude, concernant la probabilité de libération des synapses glutamatergiques immatures du cortex somatosensoriel et sa corrélation avec la sous-unité NR2B, sont contraires à ceux obtenus au niveau de l’hippocampe, mentionnés plus haut. Au niveau postsynaptique, les déterminants majeurs des stades de maturation synaptique sont l’incorporation membranaire des récepteurs au glutamate de type AMPA (Daw et al., 2007;Isaac, 2003) et les changements dans la composition des sous-unités du récepteur 13 NMDA (Flint et al., 1997;Monyer et al., 1994;Sheng et al., 1994). Au cours du développement postnatal de l’hippocampe, des synapses glutamatergiques fonctionnellement immatures ont été décrites au sein des cellules pyramidales. Les caractéristiques de ces synapses immatures, généralement qualifiées de « synapses silencieuses », sont l’absence totale de récepteurs AMPA et la présence de récepteurs NMDA (Durand et al., 1996;Isaac et al., 1997;Isaac, 2003;Leinekugel et al., 1997), dont l’activation dépend de la levée du blocage magnésium voltage-dépendant. Au sein du néocortex en développement, les synapses immatures ne contenant que des récepteurs NMDA ont été décrites au niveau de connections synaptiques spécifiques telles que les synapses thalamo-corticales du cortex à tonneaux (Isaac et al., 1997), les afférences glutamatergiques reçues par les cellules CajalRetzius de la couche I (Radnikow et al., 2002) ; et les synapses glutamatergiques du cortex visuel (Rumpel et al., 1998). Concernant les modifications développementales dans la composition de leur sous-unités, les récepteurs NMDA postsynaptiques contiennent initialement les sous-unités NR2B (Herkert et al., 1998;Kubota and Kitajima, 2008;Monyer et al., 1994;Sheng et al., 1994;Tovar and Westbrook, 1999) et NR3A (Roberts et al., 2009;Wong et al., 2002) et ne possèdent pas de sous-unités NR2A. Les sous unités NR2A apparaissent progressivement au cours du développement (Barria and Malinow, 2002;Carmignoto and Vicini, 1992;Chavis and Westbrook, 2001;Lindlbauer et al., 1998;Monyer et al., 1994). Nous verrons plus loin, dans la partie IV de l’introduction, la fonction probable et controversée, du récepteur NMDA au cours du développement, en particulier dans la régulation du recrutement synaptique des récepteurs AMPA (Brill and Huguenard, 2008;Colonnese et al., 2003;Feldmeyer and Cull-Candy, 1996;Okabe et al., 1998;Radnikow et al., 2002;Shi et al., 2001;Voigt et al., 2005;Wang and Kriegstein, 2008;Zhu et al., 2000;Zhu and Malinow, 2002). Par ailleurs, l’activation des récepteurs NMDA semble être impliquée dans plusieurs patrons d’activité neuronale corticale du développement, surtout dans les patrons induits de manière pharmacologique tels que les co-activations neuronales massives induites dans le néocortex par l’application d’un bloqueur des transporteurs au glutamate et appelées « SNOs » pour Slow Network Oscillations (Demarque et al., 2004 ; Cattani et al., 2007) ou les activités oscillatoires synchrones de fréquence beta (~17 Hz), induites par un agoniste des récepteurs acétycholinergiques de type muscarinique (Demarque et al., 2004;Dupont et al., 2006). Ces récepteurs NMDA sont aussi impliqués au cours de phénomènes de plasticité des circuits corticaux en développement (Crair and Malenka, 14 1995;Daw et al., 2007;Feldman and Knudsen, 1998) et au sein du patron d’activité neuronale électrique de type « spindle-burst » qui domine le néocortex in vivo chez le rat nouveau né (Minlebaev et al., 2007). Enfin, les récepteurs NMDA semblent pouvoir être activés par la diffusion latérale (ou « spillover » en anglais) du glutamate (voir le résultat I), grâce à la combinaisons de caractéristiques particulières de ces récepteurs au cours du développement telles qu’une composition spécifique de leurs -unités (Kumar and Huguenard, 2003;Monyer et al., 1994), leur faible sensibilité au blocage magnésium près du potentiel de repos, leur grande affinité au glutamate (Binshtok et al., 2006;Cattani et al., 2007;Fleidervish et al., 1998) et leur présence au niveau des sites extrasynaptiques (Petralia et al., 2010). Ainsi, bien que le développement des cellules pyramidales semble être relativement bien décrit et fortement déterminé par des facteurs génétiques et épigénétiques, la construction et la maturation des synapses glutamatergiques, reste moins évidente, probablement en raison de la variété structurelle et fonctionnelle des récepteurs NMDA. 15 Chapitre II. La maturation des interneurones gabaergiques joue un rôle crucial dans la mise en place des réseaux corticaux au cours du développement . Comme nous l’avons mentionné plusieurs fois précédemment, une des caractéristiques remarquable de la population des interneurones est leur grande diversité (figure 2) qui concerne leur morphologie, leur activité électrophysiologique et leur contenu moléculaire (Ascoli et al., 2008) et dont la combinaison, quand elle peut être systématisée, les sépare en sous-types (pour revue Freund and Buzsáki, 1996;Markram et al., 2004). C’est cette diversité qui permet probablement aux interneurones de remplir la fonction complexe qui consiste à organiser dans le temps et l’espace la genèse de la plupart des oscillations de réseau associées aux grandes fonctions corticales (Cardin et al., 2009;Klausberger and Somogyi, 2008;Olah et al., 2009). Cette fonction centrale dans le réseau est accentuée lors du développement cortical pour plusieurs raisons que nous allons évoquer à travers les paragraphes ci-après. II.1. Les interneurones, une population pionnière des réseaux en développement Les interneurones sont les premiers à peupler les structures corticales en développement puisque le pic de genèse des interneurones gabaergiques a lieu environ deux jours avant celui de la population des cellules glutamatergiques chez le rongeur (Danglot et al., 2006). Les neurones gabaergiques corticaux, chez les vertébrés non primates, sont générés au niveau du subpallium, principalement à partir de deux structures transitoires : les éminences ganglionnaires médiales et caudales (MGE et CGE) (Anderson et al., 1997;Batista-Brito and Fishell, 2009;Marin and Rubenstein, 2001) mais aussi à partir de l’aire préoptique (Gelman et al., 2009). Parmi eux, quelques neurones gabaergiques deviennent postmitotiques et commencent leur migration tangentielle vers le cortex dès le dixième jour embryonnaire (E10) (Danglot et al., 2006;Miyoshi et al., 2007). Notons que l’origine embryonnaire en temps (entre E9.5 et E18.5) et en lieu (MGE versus CGE) des interneurones prédétermine fortement leur devenir morpho-physiologique adulte (Batista-Brito and Fishell, 2009;Butt et al., 2005;Miyoshi et al., 2007;Miyoshi et al., 2010;Wonders and Anderson, 2006;Xu et al., 2004). Le réseau GABAergique est opérationnel in utero au sein de la région CA1 de l’hippocampe alors que les cellules glutamatergiques sont faiblement développées et reçoivent très peu d’entrées synaptiques (Gozlan and Ben Ari, 2003;Hennou et al., 2002). 16 Adult stage Immature stage Figure 2 : Mise en place de la diversité fonctionnelle de la population des neurones GABAergiques au cours du développement. Comparaison schématique entre un stade immature (autour de la naissance) du réseau hippocampique des interneurones en développement (gauche) et le stade adulte (droite). Au stade précoce du développement, le réseau d’interneurones contient (i) des interneurones bien développés possédant presque toutes leurs caractéristiques neurochimiques et morphologiques adultes (bleu) ; (ii) des interneurones avec des caractéristiques anatomiques développées mais qui n’expriment pas leurs propriétés neurochimiques caractéristiques (cellule grise future rose) (iii) les interneurones immatures à la fois dans l’aspect neurochimique et morphologique. Les interneurones qui appartiennent à la même famille (comme les cellules roses) peuvent se développer différemment. Les interneurones bien développés reçoivent déjà des entrées à la fois GABAergiques et glutamatergiques (interneurones GG) alors que les cellules pauvrement développées ne sont toujours pas innervées, comme illustré dessous. Notons qu’aucun des interneurones reconstruits à P0 ne présente une morphologie reconnaissable et similaire aux interneurones du stade adulte de l’hippocampe (panneau de droite) où les différents sous-types d’interneurones peuvent être aisément identifiés et classifiés selon leur arborisation. Extrait de Cossart et al., 2006. 17 II.2. Les interneurones, une population aisément recrutée dans les activités de réseau précoces Les propriétés électrophysiologiques des interneurones immatures présentent, à l’image des cellules pyramidales (voir Partie I.3. de l’introduction), une durée plus longue de leur potentiel d’action, une plus grande résistance d’entrée et une constante de temps membranaire plus longue qu’aux stades plus matures (Doischer et al., 2008;Okaty et al., 2009). Cependant, les interneurones des couches V et II/III du néocortex, présentent un seuil de déclenchement des potentiels d’action plus bas que celui des cellules pyramidales aux stades postnataux (Rheims et al., 2008a), ce qui leur confère une plus grande excitabilité et une plus grande probabilité d’être recrutés aux phases précoces de la synchronisation neuronale (Rheims et al., 2008a). Enfin, l’émission de potentiels d’action par les interneurones de l’hippocampe immature est maintenue à des fréquences élevées via des mécanismes de régulation spécifiques tels que l’inhibition du courant de type IAHP, via l’activation de récepteurs Kainates par le glutamate ambiant (Segerstrale et al., 2010). II.3. Une maturation postsynaptique précoce de certains groupes d’interneurones Concernant la maturation postsynaptique, les synapses gabaergiques corticales se mettent en place, en général, avant les synapses glutamatergiques au niveau de la plupart des types cellulaires : au niveau des cellules pyramidales, des interneurones et des précurseurs des oligodendrocytes (Anderson et al., 1997;Tyzio et al., 1999;Wang and Kriegstein, 2008, figure 3). De plus, cette séquence de maturation synaptique concerne aussi les neurones qui sont générés et qui se développent au sein d’un environnement adulte au niveau du gyrus denté (Markwardt et al., 2009). Ainsi la séquence de maturation des récepteurs est très générale et indique probablement un mécanisme intrinsèque, cellule-autonome. Par ailleurs, une action inductive directe de la transmission GABAergique sur le développement des récepteurs AMPA fut récemment démontrée dans le néocortex (Wang and Kriegstein, 2008;Wang and Kriegstein, 2010) et dans l’hippocampe (Pfeffer et al., 2009). Cependant, il est important de noter qu’une maturation différentielle des synapses gabaergiques survient probablement le long des domaines somato-dendritiques des neurones avec un délai pour le développement des synapses gabaergiques somatiques (Chattopadhyaya et al., 2007;Fiorentino et al., 2009;Marty et al., 2002;Tyzio et al., 1999). Ainsi, au moins une partie du réseau d’interneurones gabaergiques démarre les processus de maturation synaptique quelques jours avant le réseau des cellules glutamatergiques, attribuant une fonction de réseau cruciale 18 à certaines populations d’interneurones. Une des preuves que certaines populations d’interneurones puissent remplir une fonction centrale de réseau fut apportée récemment par notre équipe qui a montré que quelques interneurones exception agissent comme des « hubs » de réseaux, c’est-à-dire qu’ils représentent des nœuds à forte connectivité transmettant et relayant le flux d’information à travers une arborisation axonale dense et étendue ainsi qu’une forte excitabilité intrinsèque et synaptique (Bonifazi et al., 2009). La modification de l’activité d’un seul interneurone « hub » peut synchroniser ou désynchroniser l’activité de centaines de neurones dans l’hippocampe en développement (Bonifazi et al., 2009). Figure 3: Mise en place séquentielle des synapses GABAergiques et glutamatergiques au sein des interneurones et des cellules pyramidales au cours du développement chez le rat. Les interneurones sont représentés par des ovales rouges et les cellules pyramidales par des triangles noirs. Les 6 étapes de la figure schématisent la formation séquentielle des synapses mais ne prennent pas en compte son hétérogénéité. Les âges mentionnés représentent les âges où un nombre significatif de nouvelles synapses sont formées, en gardant à l’esprit que leur acquisition pour une population entière de neurones s’étend probablement sur 3 ou 4 jours. (a) Aucun des deux types neuronaux n’est innervé. (b,c) Les interneurones, mais pas les cellules pyramidales expriment les synapses GABAergiques (b) puis glutamatergiques (c). Notons que les axones glutamatergiques (noirs) forment sélectivement des synapses avec les interneurones et pas avec les dendrites des cellules apicales faiblement développées. Ces 3 étapes développementales ont lieu entre les jours embryonnaires E17 et E19. (d,e) Les cellules pyramidales expriment séquentiellement les synapses GABAergiques (d) et glutamatergiques (e) sur les dendrites apicales. Notons que les dendrites apicales des cellules pyramidales s’étendent progressivement dans le stratum radiatum (d) et le stratum lacunosum moleculare (e). Ces 2 étapes commencent probablement autour de E19 et continuent après la naissance. Les synapses entre les interneurones et le soma des cellules pyramidales sont formées plus tard, autour de 4 jours postnataux (f). Abréviations supplémentaires : lm, stratum lacunosum moleculare; or, stratum oriens; py, pyramidal cell layer; ra, strat radiatum. Extrait de Ben-Ari et al., 2004. 19 II.4. Une caractéristique spécifique des interneurones immatures : leur dépolarisation par la transmission GABAergique. Une autre raison de supposer une fonction de réseau importante pour certaines populations d’interneurones en développement provient du fait que la transmission GABAergique dépolarise et excite les neurones aux stades précoces du développement, dû au taux élevés de chlore intracellulaire (Ben Ari et al., 1989), lui-même dû au délai de maturation des transporteurs qui expulsent le chlore des cellules (transporteurs KCC2) par rapport aux transporteurs qui accumulent le chlore dans les cellules (transporteurs NKCC1) (Chudotvorova et al., 2005;Delpire, 2000;Payne et al., 2003;Rivera et al., 1999;Takayama and Inoue, 2010). Ce phénomène est observé au sein de la plupart des structures en développement et concerne la plupart des espèces (pour revue: Ben-Ari et al., 2007). Cependant, au sein d’une structure en développement, quelques neurones pourraient être excités alors que d’autres pourraient être inhibés par la transmission GABAergique, en fonction de leur charge intracellulaire de chlore ; cette hétérogénéité des concentrations intracellulaires de chlore fut observée grâce aux techniques d’imagerie du chlore (Glykys et al., 2009). De plus, il semble que les concentrations de chlore intracellulaire soient sensibles aux variations de l’environnement extracellulaire telles que des variations hormonales ou métaboliques. En effet, il a été montré qu’une augmentation de l’ocytocine, une hormone maternelle essentielle au moment de l’accouchement, déclenchait une réduction transitoire de la concentration intracellulaire de chlore et donc un changement de l’action du GABA qui devient transitoirement inhibiteur au cours de la naissance chez le rongeur (Tyzio et al., 2006). Plus récemment, il a été proposé que la constitution physiologique de l’ACSF pour les expérimentations utilisant les rats nouveau-nés, devrait contenir le métabolite des corps cétoniques (DL-BHB pour DL-3-hydroxybutyrate), du lactate et du pyruvate, plutôt que du glucose seul, afin de fournir l’énergie nécessaire aux cellules nerveuses immatures (Holmgren et al., 2010;Rheims et al., 2009). En effet le lait maternel serait enrichi en corps gras plutôt qu’en sucres. Les auteurs montrent qu’une telle composition de l’ACSF diminue la concentration de chlore intracellulaire et rend l’action du GABA inhibitrice. Ils suggèrent que les fortes concentrations de chlore intracellulaire et l’action dépolarisante du GABA au cours du développement, montrées au sein de nombreuses structures cérébrales et espèces animales (pour revue : Ben-Ari et al., 2007), tradui un déficit énergique du réseau neuronal immature. Cependant nous avons récemment testé cette hypothèse en imagerie et électrophysiologie (voir annexe I, article accepté dans The Journal of Neuroscience) et montré 20 que des concentrations physiologiques de DL-BHB, lactate et pyruvate, n’affectent pas l’action dépolarisante du GABA. Il est important de souligner que les potentiels dépolarisants gabaergiques postsynaptiques diffèrent des potentiels dépolarisants transmis par les récepteurs AMPA postsynaptiques. En effet, la dépolarisation GABAergique reste généralement sous le seuil de déclenchement des potentiels d’action (Valeeva et al., 2010). Le déclenchement d’un potentiel d’action au cours d’une dépolarisation GABAergique nécessite en parallèle l’activation de conductances sodium persistantes (Valeeva et al., 2010). De plus, la fidélité temporelle de la réponse GABAergique immature est imprécise due à ses lentes cinétiques, et peut réduire la synchronisation neuronale (Valeeva et al., 2010). Aussi, il n’était pas connu, jusqu’à récemment, si la transmission GABAergique exerçait des actions excitatrices sur les interneurones eux-mêmes. En accord avec leur stade avancé de maturité, il est possible que les interneurones les plus âgés présentent une concentration de chlore intracellulaire plus basse que les cellules pyramidales, résultant en une hyperpolarisation des entrées gabaergiques (Banke and McBain, 2006) alors que les interneurones les plus jeunes seront toujours dépolarisés par la transmission GABAergique (Sauer and Bartos, 2010;Tyzio et al., 2008). Ces différences proviendraient d’une augmentation générale de l’expression des transporteurs KCC2 au sein des interneurones au cours du développement (Miyoshi and Fishell, 2010). Certains sous-types d’interneurones peuvent même présenter une homéostasie spécifique du chlore qui s’étend jusqu’à l’âge adulte, par exemple, le GABA est excitateur au niveau des interneurones contenant le neuropeptide Y (NPY) de la région du hile du gyrus denté chez la souris adulte (Fu and van den Pol, 2007). Ainsi, il semble que la maturation précoce de la des interneurones gabaergiques attribue à certains d’entre eux une fonction de réseau précoce unique et ainsi une contribution majeure dans les processus de développement dépendant de l’activité. 21 Chapitre III. Les patrons d’activité neuronale corrélée des structures du système nerveux en d éveloppement partagent des principes d’organisation et de maturation communs. Bien que les patrons d’activité neuronale corrélée soient variables en terme de dynamique spatio-temporelle, chaque structure du système nerveux, aussi bien central que périphérique, les expriment au cours du développement (pour revue : Blankenship and Feller, 2010). Dans l’introduction générale, nous avions émis l’hypothèse qu’une telle universalité pourrait indiquer que les structures neuronales partagent des principes d’organisation et de maturation communs. Une première observation qui apporte un argument en faveur de notre hypothèse est l’organisation séquentielle des patrons d’activité neuronale corrélée du développement, commune à la rétine, à la moelle épinière, à l’hippocampe et probablement au néocortex (voir la table 1). 22 23 inconnu inconnu inconnu inconnu Syn (Glu + GABA dépol+ Gly dépol) E15-E18 Activité électrique rythmique spontanée Régulier (local) (GABA dépol) Syn P4-P6 Vagues de PA propagées de l’Apex vers la base Cervelet (GABA dépol) Syn P3-P10 GDPs Sans échelle Jonctions gap E18-P5 SPAs Hippocampe Non-électrique : mGluR + Libération de Ca2+ des stores intracellulaires via signal IP3 + Jonction gap E14-E20 Oscillations calciques spontanées et synchronisées des cellules de la VZ Sans échelle? Non-électrique : Libération d’ATP + Libération de Ca2+ des stores intracellulaires via signal IP3 + Jonction gap P0-P8 Domaines Néocortex (Glu) Syn P0-P4 ENOs Table 1 : Résumé des patrons d’activité neuronale corrélée de différentes structures cérébrales au cours du développement chez le rongeur. Syn: synaptique; Ach: acétylcholine ; Glu: glutamate; dépol: dépolarisant ; mGluR : Récepteurs métabotropique au glutamate ; IP3 : inositol tri-phosphate ; PA : potentiel d’action ; VZ : zone ventriculaire.
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RESPONSABILITE SOCIALE DES ENTREPRISES DANS LES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES AU BENIN : CAS DE L'USINE CHINOISE DE PRODUCTION D'ALCOOL A BASE DE MANIOC DANS LE DEPARTEMENT DES COLLINES AU BENIN
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Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 RESPONSABILITE SOCIALE DES ENTREPRISES DANS LES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES AU BENIN : CAS DE L’USINE CHINOISE DE PRODUCTION D’ALCOOL A BASE DE MANIOC DANS LE DEPARTEMENT DES COLLINES AU BENIN CORPORATE SOCIAL RESPONSIBILITY IN SMALL AND MEDIUM-SIZED ENTERPRISES IN BENIN: CASE OF THE CHINESE CASSAVA-BASED ALCOHOL FACTORY IN THE COLLINES DEPARTMENT. TCHOKPONHOUE AHODEDJI HENRI Enseignant-chercheur Institut Universitaire de Technologie Université de Parakou Centre de Recherche en Entreprenariat, Croissance et Innovation Bénin [email protected] Date de soumission : 23/09/2022 Date d’acceptation : 07/12/2022 Pour citer cet article : TCHOKPONHOUE A. H. (2023) «RESPONSABILITE SOCIALE DES ENTREPRISES DANS LES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES AU BENIN : CAS DE L’USINE CHINOISE DE PRODUCTION D’ALCOOL A BASE DE MANIOC DANS LE DEPARTEMENT DES COLLINES AU BENIN», Revue Internationale des Sciences de Gestion « Volume 6 : Numéro 1 » pp : 83 - 103 Revue ISG www.revue-isg.com Page 83 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 Résumé Cet article a pour objectif d’apprécier les pratiques de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) mise en œuvre dans l’usine de production d’alcool à base de manioc dans le département des collines au Bénin. Pour ce faire, les principaux concepts ont été cernés grâce à la revue de littérature. Nous faisons l’hypothèse que trois facteurs expliquent ces pratiques : le manque de respect des textes autorisant l’installation de l’usine, la méconnaissance des effets nuisibles sur la santé des consommateurs d’alcool à base du manioc et la détérioration des termes de l’échange. La méthodologie utilisée dans cette recherche est à la fois quantitative et qualitative. Les résultats qualitatifs sont obtenus grâce au logiciel Alceste pour l’analyse de contenu. Quant à la méthode quantitative, les variables ont été testées à l’aide du modèle de régression binaire et des indicateurs de mesure de la statistique descriptive. Les données sont recueillies auprès d’un échantillon de 1033 employés issus de 1047 ciblés aussi bien dans l’usine que dans la localité. Les résultats issus des analyses illustrent que tous ces facteurs contribuent non seulement à la baisse des performances sociales mais aussi affectent la santé des populations consommatrices de cet alcool. Mots clés: RSE ; Analyse de contenu ; Régression binaire ; Bénin. Abstract This article aimed to assess the corporate social responsibility (CSR) practices implemented in the cassava-based alcohol production factory in the department of Collines in Benin. Here, we hypothesized that three factors including the lack of respect for the texts authorizing the installation of the factory, the ignorance of the harmful effects on the health of consumers of cassava-based alcohol and the deterioration of the terms of the exchange explained these practices. This research combined both quantitative and qualitative approaches applied on a total of 1033 employee sampled either in the factory or the locality. Qualitative data were subjected to content analysis using the Alceste software. As for the quantitative variables, they were tested using a binary regression model and descriptive statistics. Our results revealed that all these factors contribute not only to the decline in social performance but also affect the health of populations who consume this alcohol. Keywords: CSR; Content analysis; Binary regression; Benin. Revue ISG www.revue-isg.com Page 84 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 Introduction Le contexte économique actuel est déterminé non seulement par la libre circulation des biens mais aussi par la constitution de grands ensembles économiques. Un autre phénomène qui vient perturber cet ordre est le changement climatique observé de nos jours. Pour Charba (2018), l’application des normes internationales en termes de protection de l’environnement est nécessaire pour endiguer l’évolution de ce phénomène puis faciliter la compétitivité tant souhaitée par les entreprises. La recherche de monopôle par les petites et moyennes entreprises (PME) à travers la compétitivité les amène à mettre un accent sur l’application de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Dans cette perspective, Guerrero (2019) et El Madi et al., (2022), estiment qu’il faut une nouvelle vision de l’environnement des entreprises afin de repenser les techniques de conduite du changement pour intégrer l'intérêt des parties prenantes. Pour ce faire, une connaissance fine des enjeux planétaires et leurs déclinaisons réglementaires contribuent à l'amélioration des processus sanitaires et sociaux dans les organisations. Cela suppose le développement au sein de l’entreprise des activités responsables formalisées et faisant objet d’une réflexion stratégique (Dia et al., 2022). Une PME socialement responsable est caractérisée par une bonne réputation et constitue une source davantage concurrentielle (Mazari, et al., 2016). Or, l’atteinte de ces objectifs fixés est subordonnée par le maintien de la santé de ses employés. Mais ce qui est à déplorer dans la plupart des PME, les produits qu’elles déversent et consommés par la population ne respectent pas le plus souvent les clauses du contrat. Parmi ces produits, l’alcool et la drogue sont indexés. Les inconvénients de l’alcool alimentaire notamment celle produit à base de manioc peuvent être énormes tant pour la population que pour la société elle-même. Cette situation peu encourageante se remarque dans la plupart des départements du Bénin. Mieux, le département des collines où est implantée l’usine de production d’alcool à base de manioc attire plus l’attention sur l’état de santé des consommateurs, l’aquaculture dans la zone et la performance de la population qui semblent dégradés. Face à ce constat, il urge de trouver des solutions idoines à cette tendance dans le pays. C’est ce qui a suscité l’intérêt de la présente réflexion sur le thème « Responsabilité Sociale des Entreprises dans les petites et moyennes entreprises au Bénin : cas de l’usine chinoise de production d’alcool à base de manioc dans le département des collines au Bénin » Revue ISG www.revue-isg.com Page 85 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 Au regard de ce thème, la problématique de la recherche est ainsi libellée : Comment s’applique la RSE au sein de l’Usine d’alcool à base de manioc ? Quel est le rôle de la RSE dans les industries ? Quelles appréciations les employés et les consommateurs de cet alcool en font ? Les réponses à ces questions permettront non seulement aux managers de réviser leurs positions en termes de pratiques RSE mais aussi aux chercheurs de fonder leurs recherches sur des théories conséquentes. Le reste de l’article est organisé en trois sections. La section II permet d’aborder la revue de littérature sur la RSE. La section III a trait à la démarche méthodologique. La dernière permet de présenter les résultats et discussion et oriente les managers vers la prise des décisions idoines pour limiter les pratiques peu orthodoxes qui ne sont pas de nature à assurer la santé humaine. 1. Revue de littérature Une lecture critique de la littérature portant sur les pratiques RSE dans les PME et notamment la place de la RSE dans les entreprises de production et de commercialisation de l’alcool en Afrique et particulièrement au Bénin a fait l’objet de cette section. 1.1. Cadre conceptuel de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) La littérature sur la RSE connaît, depuis quelques décennies, une avancée dans le monde et particulièrement dans l’évolution des recherches en gestion. Pour El akremi et al. (2015), cette avancée se traduit par une effervescence particulière, tant dans les recherches que dans les organisations. Cette dernière évolue et prospère dans une communauté grâce aux pratiques RSE sans lesquelles aucune analyse idoine en termes de rendement ne peut se faire. Pour Friedman (1970), les êtres humains sont les seuls capables d’avoir une responsabilité morale vis à vis de leurs actes. Cette conscience à la fois sociale et écologique n’incombe en rien les entreprises. La responsabilité de la hiérarchie serait d’agir dans l’intérêt des actionnaires. Selon cet économiste, les enjeux environnementaux et sociaux n’engagent en rien la responsabilité des entreprises mais plutôt l’État. Or, depuis un demi-siècle, plusieurs activités anthropiques entrainent des modifications à grande échelle au niveau environnemental et de la santé humaine. En 2002 ; l’alcool a figuré en troisième place parmi les 26 principaux facteurs de risque à l’origine de la charge de morbidité évaluée dans les pays en voie de développement, après l’hypertension et le tabagisme au niveau des jeunes (OMS, 2006). La monté galopante et rapide du volume de la consommation des produits provenant aussi bien des industries des pays du tiers monde que Revue ISG www.revue-isg.com Page 86 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 ceux du Nord est l’un des problèmes sanitaires qui touchent le monde actuel. Cet état de chose n’est pas sans conséquence sur la mobilisation des compétences des employés autour des objectifs organisationnels. Ainsi, le débat sur l’expression « responsabilité sociale » a été suscité par le besoin de plus de justice, d’éthique, de bien-être social et environnemental, fruits de nombreux scandales financiers, sociaux, environnementaux et sociétaux (Charba, 2018). Pour Bowen, (1953), toutes ces considérations ont suscité l’introduction des pratiques RSE dans le monde académique qui ne laisse pas en marge l’amélioration des conditions de travail dans le monde professionnel. Cette tendance est d’autant plus vraie pour les nouvelles générations que la RSE est considérée comme un vecteur de marque employeur. Elle favorise la fierté d’appartenance. Intégrer les principes de responsabilité sociale au centre de la stratégie et des pratiques de l’entreprise est donc un gage de pérennité (Pestre, 2011). 1.2. RSE et respect des normes Les aspects économiques, sociaux et environnementaux de la RSE renforcent la stratégie qualité de l’entreprise parce qu’elle suscite la performance au niveau des autres parties prenantes qui animent le sentiment d’appartenance. Le succès des entreprises est tributaire de leur capacité à s’adapter aux contraintes de son environnement. Une organisation performante et responsable est celle qui améliore quotidiennement sa gouvernance, son management et les relations avec toutes ses parties prenantes (Charba, 2018). La mise en valeur des actifs immatériels d’une entreprise est difficile. Or, c’est ce capital qui engendre la richesse de l’entreprise. Cette valorisation passe par l’intégration de la dimension humaine et sociale (Tchokponhoué, 2021). Ainsi, s’attacher au volet social d’une entreprise revient à s’intéresser à sa stratégie en termes de Ressources Humaines (RH). Le rôle de ces RH réside dans leurs capacités à intégrer les principes RSE. Pour certains auteurs, les entreprises qui possèdent une attraction organisationnelle et une réputation forte assurent une performance sociale plus que satisfaisante (Turban & Greening, 1997 ; Turban & Greening, 2000 ; Luce et al., 2001 ; Smith et al., 2004). Il revient donc aux RH, de veiller aux relations entre les trois aspects du développement durable : économique, social et environnemental (Gendron, 2005). Faire de la RSE sur le plan social consiste à maintenir l’aspect stratégique des RH tout en tentant de placer l’Homme au cœur de l’entreprise (Reynaud, 2011). De ce fait, pour un développement durable, Gond & Igalens, (2020) pensent que la gestion de la carrière et la gestion des compétences à travers la formation continue sont des défis importants à relever par les managers d’entreprise. Revue ISG www.revue-isg.com Page 87 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 Gendron & Ramboarisata (2005) focalisent leur attention sur certains enjeux comme : la formation des employés, la promotion de la diversité, et l’offre de conditions de rémunération avantageuses. Pour eux, la formation permet aux employés d’apprendre et de progresser dans leur carrière. La question de la diversité s’accompagne d’initiatives pour l’équité. Le dernier élément de responsabilité sociale touchant les ressources humaines ne se limite pas à la stratégie de rémunération directe mais s’étend à la reconnaissance de l’effort fournit par les employés et leur participation à l’actionnariat. 1.3. Pratiques RSE et transformation de l’homme au travail La mise en œuvre de la RSE dans les entreprises nécessite une transformation des acteurs concernés. Or, les entreprises sont davantage confrontées à la gestion des démissions de leurs salariés et en occurrence, au renouvellement de leurs talents (Tchokponhoué, 2021). L’idée d’écoconception des RH est un processus qui commence par le recrutement et la sélection. Après, il faut socialiser le nouvel arrivant, contrôler le « turnover » de l’entreprise car celui-ci est de plus en plus affecté durant la première année. L’individu doit pouvoir faire preuve de son appartenance ou non dans les valeurs portées par l’entreprise (Calisti & Karolewicz, 2005). Les compétences doivent être développées afin de répondre efficacement aux contraintes de l’environnement professionnel. Développer le potentiel permet à un employé d’améliorer ses compétences actuelles et futures puis de les recadrer. Les dirigeants peuvent donner une orientation à ces potentiels à travers des formations, le coaching et le renforcement de capacité et, ceci éventuellement en cas de crise (El Madi et al., 2022). Parler de responsabilité sociale des entreprises revient aux dirigeants de relever le défi de la croissance du potentiel des salariés afin de les préparer à l’employabilité. Pour satisfaire à ces exigences, les entreprises par le biais des managers se voient obliger de revoir leurs pratiques de GRH notamment les styles de formation des employés en élaborant des plans de formation opérationnels et rationnels. Ainsi, il est du ressort de la direction de favoriser le développement du potentiel (Poissonier & Drillon, 2008). C’est le cas par exemple de la présence de certaines firmes industrielles installées dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, qui en principe devrait mettre cette réalité en pratique. Ces attentes ne doivent pas faire déficit au sein de l’usine d’alcool alimentaire YUEKEN INTERNATIONAL Bénin SARL située à Logozohê dans la commune de Savalou et qui transforme le manioc en alcool. Mais étant donné qu’aujourd’hui, aucun développement n’est possible si le facteur humain n’est pas reconnu et valorisé à sa juste valeur. Pour ce faire, l’objectif de tout chef d’entreprise doit être avoir un personnel qualifié et compétent pouvant donner le meilleur de lui-même. Pour Revue ISG www.revue-isg.com Page 88 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 Tchokponhoué (2021), l’atteinte de cet objectif passe par la valorisation et l’actualisation du patrimoine humain. Mieux, la notion de durabilité exige l’actualisation et la valorisation en permanence du potentiel humain des entreprises qui est non seulement un défi mais aussi un levier très puissant de performance lorsqu’elle est maîtrisée. Aussi, les mutations de l’environnement amènent les responsables d’entreprises à concentrer leur attention sur les aspirations professionnelles des collaborateurs. Ces dernières participent aussi à la valorisation du capital humain de l’organisation. Elles sont des étapes indispensables pour s’inscrire dans une logique qui vise à identifier et reconnaître les besoins de progression d’un employé en échelon (Tchokponhoué, 2010). 1.4. La gestion responsable des Ressources Humaines L’implantation des usines ne respecte pas toujours les dispositions prévues par les textes ou du moins elle est parfois rattrapée par l’urbanisation et l’extension de la ville d’accueil. La relation étroite entre l’aspect social et l’aspect économique fait que la protection de l’environnement est parfois occultée. Tout ceci parce que les employés ont besoin de l’industrie et vice versa. La RSE s’applique selon la vision et l’idéologie de chaque manager au point où la gestion responsable des ressources humaines dans les entreprises industrielles laisse à désirer (El Amrani et al., 2019). Sur le plan environnemental, l’urgence est de s’assurer de la valorisation et la protection de l’environnement par les industries implantées d’une part, et en respect des bases de la politique nationale en la matière d’autre part. Cette dernière, doit rimer avec les inquiétudes touchant à la protection de l’environnement contre toutes les formes de pollution et de dégradation, l’amélioration des conditions de vie des employés. Enfin, l’identification et la spécification des orientations à suivre dans les domaines financier, technique pour le bien-être des parties prenantes des structures s’avère nécessaires (M’hamdi & Trid, 2009). Pour Beaupré et al., (2008), les pratiques de gestion durable des RH portent sur la prévention en santé et en sécurité au travail, la conciliation travail/famille, la réorganisation du travail qui maximise l’utilisation des compétences. Aux attentes de salariés concernant une GRH « durable », s’ajoutent celles de la société qui viennent renforcer les défis à relever. Gond (2006) présente ainsi des exemples de problèmes de société qui opposent des défis à une GRH durable. Ainsi, Borter et al., (2011) estiment que l’un de ces problèmes est le transfert des compétences, notamment à travers l’apprentissage et le tutorat. Ceci se révèle être un moyen sûr d’acquérir et de sauvegarder les talents nécessaires attendus pour un emploi. Pour les mêmes auteurs, les pratiques de gestion durable des ressources humaines sont celles qui Revue ISG www.revue-isg.com Page 89 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 visent une meilleure prise en compte des trois dimensions : sociale, économique et environnementale. 2. Méthodologie de recherche 2.1. Echantillonnage La démarche méthodologique mise en œuvre pour apprécier la pratique de la responsabilité sociale des entreprises usuelle dans l’usine chinoise de production d’alcool à base de manioc dans le département des collines au Bénin comporte à la fois les phases quantitative et qualitative. La collecte des données primaires s’est déroulée de novembre 2019 à janvier 2020. Elle est aussi faite à partir d’observations, des entretiens semi-directifs, des entretiens d’experts et l’administration d’un questionnaire auprès du responsable des ouvriers puis du responsable de l’usine aidé par son interprète et 1033 travailleurs résident dans certaines villes du département sur les 1047 ciblés. La sélection des interviewés qui constituent l’échantillon repose sur plusieurs critères : résident dans les localités comme : Savalou, Dassa-zoumè, Bantè, Savè, Glazoué et Ouèssè; zone de forte concentration des catégories de travailleurs non seulement de l’usine mais aussi et surtout des autres structures et être consommateur d’alcool. La méthode non probabiliste est choisie du fait que le but visé est de déterminer un échantillon susceptible de favoriser l’exploration empirique du phénomène afin d’apporter de réponses aux questions. 2.2. Choix des variables et hypothèses de recherche La variable expliquée dans cette recherche est la perception des pratiques RSE (Y). Les variables explicatives observées dans la littérature et retenues selon le modèle conceptuel sont : le manque de respect des textes autorisant l’installation de l’usine (X1), la méconnaissance des effets nuisibles de la consommation (X2) et la détérioration des termes de l’échange (X3). Elles sont des variables clés des modèles à cause de leur lien empirique avec la perception des pratiques RSE. Mais, Khenniche & Naama (2022), pensent que le rôle des RH se trouve dans leurs capacités à intégrer les principes de la RSE dans l’organisation. Quant à Attouch et al., (2020), toute entreprise qui a une attraction organisationnelle et une réputation forte engendrent une performance sociale plus que satisfaisante tant bien au niveau de ses employés qu’au niveau de la structure elle-même. Il revient donc aussi bien aux employés qu’aux dirigeants, la tâche de faire le lien non seulement entre la production et la consommation d’alcool mais aussi le respect des normes. Ainsi, l’hypothèse 1: la consommation de l’alcool à base de manioc Revue ISG www.revue-isg.com Page 90 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 dépendrait du manque de respect des textes autorisant l’installation de l’usine YUEKEN INTERNATIONAL Bénin SARL dans le département des collines. Pour Reynaud, (2011), faire de la RSE sur le plan social signifie alors le maintien de l’aspect stratégique des RH tout en essayant d’intégrer la dimension humaine au centre de l’entreprise. Rupp et al., (2006), perçoivent la RSE comme une dimension capable de concilier les besoins des salariés avec les objectifs organisationnels. Cette démarche consiste à savoir comment les hommes de l’entreprise sont traités de manière interpersonnelle. La production d’alcool à base de manioc suscite chez le manager des interrogations par rapport à ses effets directs et indirects sur les riverains et l’environnement. D’où la formulation de l’hypothèse 2 : la méconnaissance des effets nuisibles sur la santé des consommateurs d’alcool à base du manioc expliquerait le taux élevé de ces consommateurs observés. L’influence de la RSE sur les attitudes et les comportements a été analysée par certains auteurs. C’est le cas de Peterson(2004) qui examine le lien entre la RSE et l’engagement organisationnel à travers la perception des salariés. En se basant sur la théorie de l’identité sociale l’auteur explique la relation entre les deux concepts. Les attitudes et les comportements des salariés résultent des processus cognitifs (Zheng, 2011). Ainsi, la perception des salariés selon laquelle un employeur valorise et traite ses salariés de façon équitable est le facteur clé dans les études sur la citoyenneté d’une entreprise en plus des pratiques RSE (Mirvis, 2012). Ainsi suit l’hypothèse 3 : la baisse de performance sociale et individuelle serait tributaire de la détérioration des termes de l’échange. D’où le modèle conceptuel de la recherche ainsi que suit : Figure 1 : Modèle conceptuel de recherche Aspect social et juridique (Manque de respect des textes) Aspect environnemental (Pollution, Méconnaissance des effets nuisibles de la consommation) Aspect économique H3 (Chiffre d’affaire, détérioration des termes de l’échange,) H1 H2 Santé des consommateurs ; dégradation et pollution de l’environnement Perception de pratiques RSE H3 Source : Auteur 2022 Revue ISG www.revue-isg.com Page 91 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 2.3. Mesure des variables du modèle Les pratiques RSE sont appréciées à travers le scoring des items constituants chaque construit (variables exogènes et endogènes) pour ce qui est de la méthode quantitative. Quatre (04) différents construits dont trois pour les variables explicatives (X1, X2 et X 3) et un pour la variable expliquée (Y) ont été utilisés. Chaque construit comportait trois (03) items que chaque répondant a appréciés sur une échelle de Likert allant de 1 à 5 dont toutes les questions sont fermées à cinq niveaux. 2.4 Outils de traitement et d’analyse utilisés Pour la prise des bonnes décisions, la méthode analytique s’avère nécessaire. L’analytique étant avant tout une méthodologie, une démarche quantitative par étapes qui utilise des techniques de traitement et d’analyse de données (Katfi et al., 2022). Dans cette perspective, le traitement et l’analyse des résultats ont été faits à l’aide des instruments comme : le logiciel SPSS à travers la régression binaire pour la significativité des variables et le logiciel Alceste pour l’analyse de contenu. Pour tester les hypothèses formulées, la variable dépendante dans cette recherche est représentée par la perception des pratiques RSE. L'expression analytique du modèle est la suivante : Logit : p = exp(βX) / (1 + exp(βX)) où βX représente la combinaison linéaire des variables indépendantes (constante comprise). Pour estimer les paramètres β du modèle (les coefficients de la fonction linéaire), on cherche à maximiser la fonction de vraisemblance ; p étant la probabilité de survenance de pratiques RSE. Les réponses issues des représentants enquêtés des employés, du responsable d’usine et des autres ont permis d’apprécier la perception des pratiques RSE au sein de l’usine productrice d’alcool à base de manioc. 3. Résultats de la recherche Les tableaux 1, 2 et 3 illustrent les différentes matrices inter items relatives à chaque variable explicative. Revue ISG www.revue-isg.com Page 92 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 Tableau 1 : Corrélation inter items relatif à l’aspect Juridique Variables Sensibilisation du personnel et population Maitrise des lois sur la production Accompagnement extraprofessionnel 1,000 0,162 1,000 Sensibilisation du personnel et population 1,000 Maitrise des lois sur la production 0,243 0,175 Accompagnement extraprofessionnel Source : calcul de l’auteur à partir des données d’enquête, 2022 Tableau 2 : Corrélation inter items relatif à l’aspect environnemental Variables Respect de la protection Protection de la faune Existence de site de de l’environnement aquatique traitement des déchets Respect de la protection de 1,000 l’environnement Protection de la faune aquatique -0,018 1,000 Existence de site de traitement des 0,210 0,105 1,000 déchets Source : calcul de l’auteur à partir des données d’enquête, 2022 Tableau 3 : Matrice de corrélation inter items (Aspect économique) Variables Fixation du prix Consommation Fixation du prix du manioc Consommation motivée par le prix Qualité d’alcool et santé des consommateurs du manioc motivée par le prix Qualité d’alcool et santé consommateurs 1,000 -0,190 -0,203 1,000 0,629 1,000 Source : calcul de l’auteur à partir des données d’enquête, 2022 Les matrices de corrélation inter items (tableaux 1 à 3) des trois variables explicatives de cette recherche présentent des corrélations variant entre -0,203 et 0,629. L’évaluation de la consistance interne des items des différentes variables à travers le coefficient Alpha de Cronbach est nécessaire et est illustrée dans le tableau 4. Tableau 4 : Consistance des items des différentes variables Construits Aspect Juridique Nombre d'item 0,417 Ecarttype 0,418 7,4598 2,45908 Aspect 03 0,246 0,248 environnemental Aspect 03 0,109 0,204 économique Source : calcul de l’auteur à partir des données d’enquête, 2022 6,1211 2,49147 5,5576 2,09855 Revue ISG 03 Alpha de Alpha de Cronbach basé sur Moyenne Cronbach des éléments normalisés www.revue-isg.com Page 93 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 A l’issu du traitement des données, aucune de ces variables ne présentent des coefficients alpha de Cronbach supérieur à 0,7. Ce qui signifie qu’aucune des variables ne présente de fiabilité interne. Toutefois, ces items ont été générés à partir des entretiens semi-directs avec les acteurs clés de l’usine. De ce fait, ces items permettent de mesurer de façon consistante les variables étudiées. 3.1. Tests d’hypothèses Les pratiques RSE appliquées au sein de l’usine d’alcool sont testées à l’aide de la régression logistique binaire. Les résultats issus du traitement sont présentés dans le tableau n°5. La valeur du test de significativité globale de Khi-deux pour le modèle estimé est de 8,192 et est hautement significatif au seuil de 1% (p < 0,01). Le modèle permet alors de mieux prédire la perception des travailleurs et consommateurs interviewés sur les pratiques RSE usuelles dans l’usine. Deux des trois variables en étude ont une influence significative sur la perception des pratiques RSE : les variables « manque du respect des textes » et « méconnaissance des effets nuisibles de la consommation d’alcool à base de manioc » au seuil de 5% (p < 0,05). La variable « détérioration des termes de l’échange» n’est pas significative (p > 0,10) mais son coefficient positif confirme sa validité partielle. Ainsi, les deux premières variables, influencent négativement et significativement le degré d’application des pratiques RSE au sein de l’usine. La troisième variable quand bien même n’est pas significative, influence positivement ces pratiques. Tableau n°5 données issues de la régression logistique binaire Coefficient Aspect Juridique (manque du respect des Erreur standard Test de Wald Significativité -0,283 0,141 4,022 0,045 -0,257 0,127 4,087 0,043 0,140 0,146 0,919 0,338 -2,342 0,112 433,948 0,000 textes) Aspect Environnemental (méconnaissance des effets nuisibles de la consommation d’alcool à base de manioc) Aspect Economique (détérioration des termes de l’échange) Constante Source : calcul de l’auteur sous SPSS Les résultats obtenus suite aux traitements et analyses permettent de mieux appréhender les variables endogènes qui influencent la variable expliquée «Perception sur les pratiques RSE ». Ces résultats sont susceptibles d’interprétations. Revue ISG www.revue-isg.com Page 94 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 3.2. Interprétation des résultats 3.2.1 Aspect juridique et pratique RSE Les résultats issus des données de l’enquête montrent l’existence de relations plausible entre les pratiques RSE mis en œuvre et le manque de respect des textes juridiques en la matière. Les différents résultats de la statistique descriptive révèlent une disparité dans les réponses obtenues. Considérant le cas de la sensibilisation de la population par rapport à la règlementation qui régisse la production et la commercialisation de l’alcool à base de manioc, il ressort que 66,85% des enquêtés s’indignent du fait que l’entreprise ne respecte pas le contenu de ces textes. Pour 19,31% la sensibilisation est faite et 13,84% sont sans avis. Les résultats qualitatifs issus de l’analyse de contenu confirment ceux obtenus quantitativement. Des verbatim extrait des entretiens, certains citoyens déclarent « on se demande si ces chinois pensent au bien-être de leur entourage » ; « je vous assure que j’ai été obligé de chercher à savoir s’l y a des textes de lois qui autorisent la création de l’usine ». D’autres encore pensent que, « ce n’est pas la faute au chinois mais nous ne faisons rien pour faire respecter ces textes » d’aucuns exposent que « bien que leur alcool soit un pur produit destiné à la pharmacie, ils laissent nos frères se tuer progressivement en le consommant », « ceux-là, ne respectent aucun texte, je me demande si dans leur pays ; ils feront pareil». La valeur (0,417) du coefficient d’alpha de cronbach obtenue est inférieure à la valeur seuil de(0,7) illustre que la consommation de l’alcool à base de manioc dépend non seulement du non-respect des textes autorisant l’installation de l’usine dans le département des collines mais aussi de l’absence de sensibilisation des consommateurs. Ce qui rime avec le fait que la législation sur la production et les débits de boissons soulève fréquemment des questions d’interprétation de la part des personnes chargées de son application. Ces différents résultats renforcent l’idée selon laquelle certaines entreprises s’intéressent moins au bien-être de leurs employés à travers les pratiques RSE (Charba & Benazzi, 2018). Ce qui permet cependant de confirmer l’hypothèse H1 : la consommation de l’alcool à base de manioc dépend du manque de respect des textes autorisant l’installation de l’usine dans le département des collines. 3.2.2 Protection de l’environnement et production d’alcool. Par rapport aux résultats issus de l’analyse de contenu en matière de la protection de l’environnement et la production d’alcool, les impressions suivantes sont recueillies «ils ont détruit le barrage d’eau et les poissons sont rares aujourd’hui ». Selon d’autres, « les déchets provenant de l’usine sont déversés dans la rivière et ça tue les poissons jusqu’au Revue ISG www.revue-isg.com Page 95 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 fleuve zou ». D’aucuns ont déclaré « je vous dis, si la jeunesse et les autorités ne se sont pas manifestés, la voie ne sera plus praticable ». Pour d’autres, « je suis natif de la localité mais je puis vous jurer que ces chinois exploitent nos frères et sœurs, il y a de quoi se révolter ».La valeur (0,246) du coefficient d’alpha de cronbach obtenue est inférieure à la valeur seuil de(0,7). Ce qui illustre que la dégradation et la pollution de l’environnement observée sont dues au fait que la santé de la population et l’aquaculture ne font pas la préoccupation des managers de l’usine. Mieux, la perception des pratiques RSE montrée par les propos et les résultats issus des différentes analyses statistiques influencent négativement l’image de l’usine. Ainsi, l’hypothèse H2 selon laquelle la méconnaissance des effets nuisibles sur la santé des consommateurs d’alcool à base du manioc explique le taux élevé de consommateur dans le département est confirmée. 3.2.3 Aspect économique Les résultats issus du traitement des données montrent que 86,26% affirment que la fixation du prix de cession du manioc est imposée par les responsables de l’usine contre 13,74% qui ne maîtrisent pas le processus de fixation des prix. Par rapport au prix de vente de l’alcool, 84,4% déclarent que cet alcool est moins cher contre 15,6% qui ne s’y intéressent. Les propos recueillis en la matière sont les suivants : « nous n’avons jamais été associés ou consultés pour la fixation du prix du manioc, mais c’est aux chinois de fixer le prix puis nous subissons» Pour d’autres, « ils ne font rien au hasard, leur alcool est moins cher et accessible à tous les consommateurs mais ils ne cherchent jamais à sensibiliser la population sur son mode d’emploi». Ces différents résultats confirment que les producteurs de manioc sont mis dans une position de fournisseur et non de fixateur de prix. Au total, la fixation d’un prix dérisoire à l’achat de manioc renforce l’accumulation des capitaux dans un seul sens. Ce qui ne permet pas aux producteurs de faire les gains leur permettant de s’épanouir. Mieux, le bas prix de l’alcool à l’achat favorise sa consommation. Ainsi, l’hypothèse H3 : selon laquelle, la baisse de performance sociale et individuelle est tributaire de la détérioration des termes de l’échange est confirmée. 4. Discussion L’appréciation des pratiques de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) mise en œuvre dans l’usine de production d’alcool à base de manioc dans le département des collines s’avère Revue ISG www.revue-isg.com Page 96 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 utile grâce à la régression logistique binaire. La littérature est très riche en termes de RSE mais la plupart des écris sur la production d’alcool ont été codifiées dans le code de la santé publique. Les résultats de 66,85% et 86,26% relatifs respectivement au non-respect des textes autorisant la production puis la commercialisation de l’alcool et le fait que les fournisseurs de manioc ne soient pas les fixateurs de prix à la cession signifient que les managers de l’usine se soucient très peu de la santé et de l’épanouissement financière des employés et de la population environnante. En termes de pratique RSE, ces résultats corroborent ceux obtenus par la Commission Européenne pour qui la les PME n’engagent pas le plus souvent des pratiques RSE formelles. Ce qui renforce les travaux de Mazari, et al., (2016) menés sur les PME du Benin qui font de la RSE sans le savoir. En effet, elles mettent en œuvre des actions quelques fois non médiatisées voire ignorées au sein de leurs structures tel que la prise en charge partielle des accidents de travail à l’usine. Ces pratiques RSE, quoique responsables, ne sont souvent pas formalisées et ne font pas objet de réflexion stratégique (Charba & Benazzi, 2018). Les réalités théoriques telles que l’insuffisance du savoir-faire dans le domaine, les faibles moyens en termes de coût et de temps alloués aux employés sont à l’origine des différents comportements de mépris que développent les managers d’usine. La littérature suggère qu’en plus de ces comportements s’ajoute le fait que la démarche RSE ne constitue pas une priorité pour ces organisations (Quairel & Auberger, 2007). Ainsi, on peut admettre que la consommation de l’alcool à base de manioc dépend du manque de respect des textes autorisant l’installation de l’usine YUEKEN INTERNATIONAL Bénin SARL dans le département des collines. En ce qui concerne la dimension environnementale, les résultats obtenus renvoient à d’autres dispositions outre que l’autorisation d’implantation que les autorités seront obligées de prendre en vue de la protection de ce dernier. Les pratiques relatives à la prévention, au contrôle de la pollution; à la protection des ressources en eau et à la gestion des déchets doivent être incorporées dans les clauses avant l’autorisation. Ces différentes dispositions riment avec les travaux de Bommier & Renouard, (2018) sur la gestion de la pollution et les impacts environnementaux du transport. Il revient aux PME de cibler certaines actions en relation avec leurs secteurs d’activité pour rendre étroit la relation qui est attendue entre la pratique RSE et les activités qu’elles mènent. Sur la Base de tout ce qui précède, il faut retenir que la méconnaissance des effets nuisibles de l’alcool sur la santé des consommateurs d’alcool à base du manioc explique le taux élevé de consommateur dans le département. Revue ISG www.revue-isg.com Page 97 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 La consommation abusive d’alcool est parmi les principaux problèmes de santé au plan mondial. Sa nature nuisible pour la santé entraîne une charge de morbidité ainsi qu’un coût important. L’analyse des résultats grâce au logiciel Alceste montre que les problèmes liés à la consommation excessive touchent pratiquement toutes les couches sociales. Le phénomène est essentiellement remarquable au niveau des jeunes adultes qui échappent au contrôle parental et intégrant un nouvel environnement représenté par l’usine. Ces différents résultats et observations viennent corroborés les études épidémiologiques qui indiquent qu’une initiation précoce à l’alcool et une consommation excessive chez les jeunes sont des facteurs de risques majeurs futurs. Ainsi, la baisse de performance sociale et individuelle est tributaire de l’installation de l’usine d’alcool à base de manioc. Toutes ces tendances montrent qu’une fois les contrats signés, le suivi n’accompagne plus au point ou lors de la phase d’exécution, tout se déroule sans le minimum de respect des clauses. En termes d’implication managériale, le choix des différentes pratiques RSE usuelles dans l’usine de fabrication d’alcool à base de manioc dans le département des collines ne respecte nullement les clauses du contrat. Ce fait s’explique facilement lorsque la configuration appliquée est de type adhocratique où le modèle de gestion des ressources humaines est individualisant. Ces résultats riment bien avec ceux obtenus par El Madi et al., (2022), pour qui les règles dominantes au sein des structures est la négociation interpersonnelle. Ce qui montre l’utilité des facteurs hors organisations dans l’explication des traitements différenciés des employés. Malgré tous les dispositifs règlementaires contenus dans le contrat assigné, et qui, en principe devrait non seulement encadrer le fonctionnement de l’usine, mais aussi rimer avec la configuration de type bureaucratique où toutes les règles à respecter devraient être formalisées, c’est le phénomène inverse que les résultats présentent. La configuration mécaniste est donc abandonnée au profit de celle de type adhocratique qui s’explique par l’absence de suivi et de l’impunité de la part des autorités. Au regard de tout ce qui précède, le choix des employés de rechercher des opportunités d’emplois dans cette usine est non seulement lié au long temps de chômage qu’ils traversent mais aussi à l’inexistence d’autres entreprises concurrentes. Mieux, pour ce qui est de la gestion des ressources humaines au sein de la structure, la progression et la prise en compte du parcours professionnel est le dernier souci de la majorité des dirigeants. Ce qui renforce les travaux de Calisti & Karolewicz (2005) pour qui la reconnaissance et le développement du potentiel sont assurés en grande partie par les entreprises utilisatrices à travers la formation gérée par le Revue ISG dispositif GPEC. Pour Lecoeur, (2008), les dirigeants devraient offrir des www.revue-isg.com Page 98 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 opportunités de formation qualifiante aux salariés de leurs structures ce qui par ricochet devrait renforcer les compétences de ces derniers. Le fait qu’elle utilise très peu de personnel qualifié, formé ses employés n’est pas une priorité à cause du coût qu’elles engendrent. Or, les résultats de terrain et de la littérature montrent que la progression des salariés en échelon ne constitue pas une réalité dans la plupart des entreprises chinoises. Pour ce faire, la mise en place d’un système réel de gestion des ressources humaines au sein de cette usine s’avère indispensable pour une mise en œuvre efficiente des approches de solutions. Aussi, la sensibilisation sur les effets de la consommation d’alcool est aujourd’hui incontournable dans la gestion d’une entreprise (Bommier & Renouard, 2018). Cet outil important dans tous les secteurs de la vie d’une entreprise ou d’une organisation s’est diffusé progressivement. Il ne fait donc pas de doute aujourd’hui que les entreprises installées dans les pays en voie de développement se soucient très peu des pratiques RSE et de leur mise en œuvre. Conclusion Au terme de cette recherche, le constat est que les pratiques de responsabilités sociales relevées sont liées à des phénomènes complexes dont la maitrise de leur application et des éventuels obstacles est indispensable pour assurer la santé et l’épanouissement des employés et des populations environnantes. Ainsi, parmi les facteurs incitateurs des dirigeants à mettre partiellement en œuvre les pratiques de responsabilités sociales, trois sont identifiés : le premier fait référence à la volonté manifeste de ne pas respecter les textes juridiques autorisant l’installation et l’exploitation de l’usine , le deuxième est lié à la dégradation et à la pollution de l’environnement et le troisième est relatif à la détérioration des termes de l’échange. Ces variables sont principalement à l’origine de la faiblesse des pratiques RSE usuelles au sein de l’usine. Les principaux résultats sont obtenus grâce à une démarche méthodologique à la fois quantitative et qualitative. Ces résultats révèlent qu’à la place de la production de l’alcool pharmaceutique qui est autorisée, c’est plutôt celle alimentaire qui est privilégiée. L’implication managériale suggère que l’absence de suivi dans l’application des textes donne lieu à une entreprise qui accorde très peu de considération aux pratiques RSE. Elle consiste à assurer l’évolution d’une structure mécaniste à une structure adhocratique en facilitant le passage de responsable fonctionnel vers le directeur des ressources humaines qui opte pour les négociations interpersonnelles. Dans la pratique, le principe de détérioration des termes de l’échange a un impact sur l’épanouissement financier et l’absence de protection Revue ISG www.revue-isg.com Page 99 Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 Volume 6 : Numéro 1 de l’environnement influence la santé humaine. Ce travail consacré à l’analyse de comment est-ce que la responsabilité sociale des entreprises est perçue et appliquée dans l’usine de production de l’alcool à base de manioc dans le centre du Bénin, revêt un intérêt à la fois académique et managérial. Sur le premier plan, cet article contribue à mieux cerner d’autres indicateurs de performance des entreprises. Au second plan, il va permettre aussi aux managers de raviser leurs positions par rapport aux différents outils à prendre en compte désormais lorsqu’il s’agit des pratiques RSE En guise de suggestion, les entreprises peuvent disposer d’un outil d’analyse actualisé qui va leur permettre une évaluation plus objective de leurs logiques d’action afin d’éviter des pratiques qui sont de nature à jeter des discrédits sur les entreprises. Enfin, cet article a aussi le mérite de relancer le débat et d’ouvrir la voie à d’autres recherches sur les PME béninoises relative aux pratiques RSE. Il est important, de confirmer ces résultats par d’autres travaux. Ce n’est donc qu’en complétant cette étude par d’autres que nous pourrons faire reculer les limites de l’incertitude sur ces pratiques.
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Enquête II. Les travailleurs sociaux, médiateurs numériques malgré eux
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• Ensuite, pour lutter contre la connotation que ces lieux portent, une campagne de promotion pourrait être mise en place afin de présenter l’ensemble des fonctions de ces maisons et l’évolution du maillage. • Enfin, cette visibilité peut être accrue par l’intermédiaire des opérateurs de services qui peuvent promouvoir l’action locale des MSAP comme première interface lorsqu’une agence n’est pas présente à proximité. Ceci doit se faire dans une démarche concertée avec la coordination et le réseau de MSAP. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à porter tout au long des 6 ans pour la mise en valeur des actions de ce réseau Installation de la signalétique dans les deux premières années du schéma Indicateur de suivi et de résultat : Campagnes de communications réalisées Signalisations installées Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Action numéro 4.2 Coordination départementale des MSAP et Consolidation de l'offre de service Pilotage de l’action : Maison de l’Emploi et de la Cohésion Sociale Type d’action : Animation Partenaires à prendre en compte : Opérateurs de services État Conseil départemental Communauté de communes Public visé : Tout public Estimation financière : Temps de travail agents Sources de financements potentiels : Opérateurs de services État Conseil départemental Communauté de communes Objectif • Apporter une réponse coordonnée et la plus adaptée possible à la population lozérienne. Contexte : Les maisons de service au public maillent le département de la Lozère et accueillent la population en quête d’une réponse à un service d’une offre d’un des partenaires. De ce fait, des spécificités se créent dans chacun des territoires et il est important de toutes les centraliser afin de pouvoir tirer profit de l’expérience de chacun sur l’ensemble de la Lozère. Les animateurs doivent alors être prêts pour recevoir des demandes particulières à propos des services offerts par des opérateurs. Ils doivent être compétents afin de pouvoir rendre ce service de la meilleure des manières. Bien que formés, les animateurs des MSAP sont confrontés à des situations spécifiques liées à la complexité de certaines situations. Il est nécessaire de mettre en place un dispositif permettant la prise en charge de ces cas particuliers. Description de l’action : La coordination départementale des MSAP est assurée par Maison de l’Emploi et de la cohésion Sociale. Le but de cette action est de prolonger cette gestion importante pour le réseau départemental. Ainsi, la coordination des relations avec les opérateurs partenaires est assurée à l’échelle départementale permettant des modalités communes de mise en œuvre des services et une réponse cohérente à l’échelle départementale. L’animation de réseau assurée par la coordination permet de mettre au service de l’ensemble du réseau des compétences spécifiques de chacun des animateurs. Elle porte aussi sur les remontées de terrain et représente les MSAP au niveau départemental, régional et national. La consolidation de l’offre passe par l’actualisation des compétences des animateurs des MSAP. En effet, les opérateurs de services font évoluer leurs procédures au fil des années. L’objectif est d’assurer aux animateurs une formation régulière afin de se préparer aux différentes questions de la population. De la même façon, des remarques peuvent être faites au sujet de l’offre existante, et il est possible de les faire remonter au niveau de la coordination départementale et/ou au niveau des opérateurs de services lorsqu’ils en sont concernés. Une phase d’anticipation visant à préparer la mise en service de nouvelles procédures est alors nécessaire pour ces animateurs travaillant au plus près de la population. Des formations doivent être mises en place par les opérateurs lors de changements majeurs dans leurs procédures. Pour cela, un lien fort doit exister entre les opérateurs et le service de coordination départementale. L’identification d’une personne référente pour chacun des opérateurs de service doit permettre : • pour la coordination départementale, de disposer d’un interlocuteur ayant la responsabilité du lien avec les MSAP pour • anticiper les évolutions et les besoins de formation. pour les MSAP, de disposer d’une personne référente pour le traitement des cas complexes n’entrant pas dans les procédures existantes. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à porter tout au long des 6 ans Indicateur de suivi et de résultat : Présence d’un référent MSAP à la MDECS Suivi des procédures des opérateurs de services Nombre de rencontres avec les opérateurs de services Nombre de formations pour les animateurs des MSAP Identification d’une personne référente pour la coordination du réseau et de l’opérateur en question Création d’une base de donnée pour le contact de services particuliers Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Action numéro 4.3 Mise en réseau des écoles et mise en place de projets éducatifs territoriaux Pilotage de l’action : Communautés de communes Type d’action : Animation Partenaires à prendre en compte : État (Éducation nationale, DDCSPP) Public visé : Élèves des écoles primaires Personnel enseignant des écoles primaires Estimation financière : Temps de travail agent Sources de financements potentiels : Communautés de communes Communes État Objectif • Proposer un projet scolaire, péri-scolaire et extra-scolaire de qualité à tous les élèves du département Contexte : En milieu rural, on dénombre de nombreuses petites écoles à classe unique ou à deux classes. En effet, la démographie des élèves ne permet pas toujours à une même école de proposer plusieurs niveaux de classes. Cette organisation provoque l’isolement de nombreux maîtres qui échangent peu ou pas avec une équipe pédagogique. L’école reste cependant présente car c’est un des derniers services rendu sur un territoire auquel les élus locaux et la population restent très attachés. Description de l’action : Le but de cette action est de privilégier la mise en réseau des écoles primaires suivant la mesure 10 du Comité Interministériel aux ruralités du 13 mars 2015. Elle permet ainsi la réorganisation des écoles afin de mieux correspondre à la démographie scolaire du territoire. Si le regroupement des écoles peut provoquer la fermeture de sites, c’est la mise en réseau qui doit être favorisée par les élus locaux. La suppression d’une école dans le maillage actuel aurait pour incidence d’accroître les besoins de mobilité des ménages. Or, en Lozère, et notamment en Cévennes, où sont concentrées ces écoles à classe unique, les difficultés de transport sur un réseau montagneux incitent à privilégier la proximité. Cette mise en réseau peut être appuyée par l’instauration de projets éducatifs territoriaux (PEDT) qui permettent d’organiser les parcours scolaires et extra-scolaires pour chacun des élèves du territoire. Certaines communes et communautés de communes ont pu déjà mettre en application ces projets. Le but est de faire profiter tous les établissements scolaires du département de ce type de demande. Dans le cadre de ces PEDT, une organisation des temps d’activités périscolaires issus notamment de la réforme des rythmes scolaires devrait être conçue. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à renouveler tout au long du plan d’actions Indicateur de suivi et de résultat : Nombre d’écoles mises en réseau Nombre de PEDT mis en place Axe 1 : Assurer un accès aux professionnels de santé et aux soins pour la population et garantir une réponse qualitative en termes de soins d'urgences Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Action numéro 4.4 Accueil de Jour Itinérant pour l'accès aux droits & Unité Mobile de Soutien en Soins Primaires à destination des personnes vulnérables Pilotage de l’action : « Quoi de 9 » et Thibaud de la Fournière (interne en médecine générale) Type d’action : Investissement et animation Public visé : Public éloigné physiquement ou socialement des offres de services Partenaires à prendre en compte : Communes Sources de financements potentiels : Communautés de communes Acteurs encore à définir dans le domaine médico-social (partenaires institutionnels, associatifs…) Estimation financière : Objectif • Permettre aux personnes les plus éloignées physiquement ou socialement d’avoir un accès aux offres de services Contexte : Le sud de la Lozère est un territoire rural qui s’organise autour du pôle de Florac. Ce territoire très vaste implique des problèmes d’isolement et de mobilité qui ont été soulevés par l’association Quoi de 9 dans une zone où les transports en commun sont très faibles et ne permettent pas à ces personnes de se déplacer pour réaliser les démarches administratives courantes. Description de l’action : Cette action est le fruit d’une réunion de deux projets : l’accueil de jour et l’unité mobile de soutien en soins primaires. Sa philosophie première sera d’aller vers les personnes, dans une dimension globale sociale-santé, en prenant en compte la notion d’environnement de vie au sens large (dans ses ressources et ses difficultés). Cette action induira dans son fonctionnement le plus grand nombre possible de partenaires (institutionnels, associatifs …) dans une optique de lien et de coordination, de maillage du territoire et de concertation avec les acteurs dans le but d’agir sur l’isolement social et au renoncement aux soins. L’action se décompose en deux journées :une journée par semaine avec un circuit itinérant où un éducateur et un interne en médecine se déplaceront avec un fourgon aménagé qui permettra d’apporter une zone d’écoute pour les personnes vulnérables. Ce dernier sera équipé de façon à proposer un accueil et une aide aux diverses démarches administratives (clé internet, ordinateur …). Une autre journée par semaine, des ateliers collectifs seront proposés en santé primaire avec des partenaires de la structure qui seront invités à intervenir selon la thématique médico-sociale abordée. Ces ateliers changeront de lieu chaque semaine afin d’assurer une présence sur l’ensemble du territoire de façon égalitaire. Cette offre se déplace sur les territoires ruraux pour proposer : • un lieu d’écoute et d’accueil inconditionnel • un accès aux droits (logement, mobilité, couverture sociale…) • un accès aux soins de santé primaire (premiers recours, prévention, éducation, promotion de la santé) avec des consultations qui pourront se réaliser dans les locaux de partenaires ou à domicile. • un accès à une information et une orientation adaptée dans le secteur médico-social. Cette action est une expérimentation d’une durée de 6 mois où un bilan sera réalisé afin d’étendre cette durée si c’est possible. Échéance prévisionnelle de l’action : Début de l’expérimentation de 6 mois dans le courant du mois de novembre 2016 Indicateur de suivi et de résultat : Retour sur expérimentation : nombre de personnes touchées Axe 1 : Assurer un accès aux professionnels de santé et aux soins pour la population et garantir une réponse qualitative en termes de soins d'urgence Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Action numéro 4.5 Coordination des services d'aide à domicile Pilotage de l’action : Département de la Lozère Type d’action : Animation Partenaires à prendre en compte : Services d’aide à la personne DIRECCTE Public visé : Personnes bénéficiant d’une aide à domicile Estimation financière : Temps de travail agent Sources de financements potentiels : - Objectif • Proposer un service d’aide à domicile de qualité pour les résidents lozériens Contexte : Aujourd’hui différentes structures agissent dans le cadre de l’aide à domicile. La prise en charge de ces populations dans un contexte rural comme la Lozère peut entraîner des difficultés quant aux surcoûts de déplacement dans les territoires les plus isolés du département. Description de l’action : Cette action vise essentiellement un dialogue entre les différents services d’aide à la personne du territoire lozérien et le Conseil Départemental. Ce dernier, par sa compétence sociale, doit répondre aux besoins de la population qui nécessite un tel service. Des dispositifs ont été mis en place par le passé pour favoriser des échanges entre ces opérateurs mais n’ont pas abouti. Il est nécessaire de s’appuyer sur les ressources du département pour couvrir l’ensemble des demandes de la population de Lozère. Une table-ronde mettant autour de la table des différents acteurs de cette filière pourrait être organisée dans ce sens. Échéance prévisionnelle de l’action : - Indicateur de suivi et de résultat : Organisation d’une table ronde Préconisations afin d’améliorer le service au niveau départemental Nombre de bénéficiaires et de personnes non desservies malgré une demande. Axe 1 : Assurer un accès aux professionnels de santé et aux soins pour la population et garantir une réponse qualitative en termes de soins d'urgence Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Action numéro 4.6 Promotion pour le recrutement de pompiers volontaires Pilotage de l’action : Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) Type d’action : Animation Partenaires à prendre en compte : Conseil départemental Communes ou Communautés de Communes État Public visé : Maires, Présidents de Communautés de Communes Potentiels sapeurs-pompiers volontaires Estimation financière : Sources de financements potentiels : - Objectif • Avoir une couverture en termes de secours en tout temps et sur l’ensemble du territoire Contexte : L’accroissement du nombre d’interventions ainsi que de leur durée a pour conséquence l’augmentation significative de la sollicitation des personnels sapeurs-pompiers volontaires pour assurer les secours. Ceci induit à court et moyen termes la rupture du fonctionnement, sur le modèle actuel, si des mesures drastiques ne sont pas prises. Description de l’action : L’objectif de cette action est d’atteindre le nombre minimal de volontaires disponibles en journée par CIS pour l’ensemble du territoire afin de répondre à tout type d’intervention (que cela soit pour un incendie ou du secours à la personne). Pour cela, il est nécessaire de promouvoir le recrutement de nouveaux sapeurs pompiers volontaires. L’idée est surtout de mobiliser plus fortement les agents communaux, intercommunaux et départementaux avec diverses conventions permettant l’exercice des deux fonctions (comme cela est le cas avec les services du département de la Lozère). Un volontaire en service civique pourrait participer à cette prospection de nouveaux sapeurs pompiers volontaires. Échéance prévisionnelle de l’action : Action de promotion à renouveler tout au long des 6 ans de ce plan d’action. Indicateur de suivi et de résultat : Nombre de conventionnements et de nouveaux sapeurs-pompiers volontaires Effectif disponible en journées par CIS Axe 3 : Accompagner le développement des usages numériques pour garantir une égalité d'accès aux services Axe 5 : Compléter l'offre de service du territoire par des équipements structurants Action numéro 5.1 Développement de l'offre de très haut débit sur le territoire Pilotage de l’action : Conseil départemental Type d’action : Investissement Partenaires à prendre en compte : État Opérateurs de télécommunication Communautés de communes Public visé : Tout public Estimation financière : - Sources de financements potentiels : Conseil départemental Communautés de communes ou communes État Opérateurs de télécommunication Conseil régional FEDER Objectif • Garantir un accès internet très haut débit (THD) sur l’ensemble du département Contexte : Le territoire lozérien n’est pas totalement couvert par une offre d’accès à internet tout comme à la téléphonie mobile. Dans le même temps, les « besoins » de débit s’accroissent avec le développement de services comme la télévision, les jeux… pour le grand public mais aussi dans le cadre d’usages professionnels et la dématérialisation des démarches administratives. Une zone où l’intérêt commercial pour les opérateurs a été identifié est aujourd’hui en cours d’équipement en THD (territoire de la CC Cœur de Lozère). En revanche les zones les plus rurales sont délaissées par les opérateurs privés qui ne considèrent pas les projets de développement comme rentables. Description de l’action : Cette action vise à mettre en œuvre le Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique (SDTAN) qui prône le développement de l’accès du très haut débit sur l’ensemble du territoire. Le très haut débit s’est développé sur le territoire lozérien à travers différentes grandes étapes (dont 1 projet pilote à Aumont Aubrac et la desserte des ZAE proches de l’A75 et de son réseau THD). Il est nécessaire de capitaliser sur les dessertes déjà effectuées afin d’étendre le réseau sur le département et permettre ainsi à la population un accès à une connexion en fibre optique. Afin de mettre en place la commercialisation de ce réseau, une association avec deux autres départements (Aveyron et Lot) a été réalisée. En effet, les réseaux de ces trois départements vont devenir plus attractifs sur le marché pour les opérateurs de télécommunication. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à porter tout au long des 6 ans. Indicateur de suivi et de résultat : Nombre de ménages connectés au très haut débit Axe 3 : Accompagner le développement des usages numériques pour garantir une égalité d'accès aux services Axe 5 : Compléter l'offre de service du territoire par des équipements structurants Action numéro 5.2 Amélioration de la couverture en téléphonie Pilotage de l’action : État Type d’action : Investissement et observation Partenaires à prendre en compte : Opérateurs de téléphonie Conseil départemental Public visé : Tout public Estimation financière : - Sources de financements potentiels : Conseil départemental État Opérateurs de téléphonie Objectif • Permettre à toute la population d’avoir accès aux services de téléphonie fixe, 2G et 3G Contexte : La Lozère comporte sur son territoire une commune située en zone dite blanches, donc sans réseau de téléphonie mobile. De plus, de nombreux centres-bourgs sont encore en zone grise. C’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul ou deux opérateurs présents, laissant ainsi peu de choix aux clients sur leur abonnement téléphonique. Au-delà des centres-bourgs analysés pour la caractérisation des zones blanches, certains hameaux importants éloignés du bourg principal ne sont pas desservis. Pour cette raison, il est nécessaire de compter sur un réseau de téléphonie fixe efficace afin d’éviter l’isolement des personnes vulnérables. Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont soumises à des coupures de réseau, les privant ainsi d’un accès à la téléphonie fixe durant des heures ou des jours. Description de l’action : L’action vise à améliorer la couverture du territoire en téléphonie fixe et mobile. Il est nécessaire que les lieux habités puissent prétendre à l’accès aux télécommunications que cela soit par un réseau fixe mais aussi par plusieurs réseaux d’opérateurs mobiles. Il en est de même pour le tourisme : les personnes venant sur le territoire pour une courte période doivent pouvoir accéder à ces outils. Il est nécessaire dans certains cas de rénover les lignes téléphoniques fixes afin que le réseau soit de meilleure qualité. Dans le cadre du service universel, l’accès à la téléphonie fixe est un droit de chaque personne. Au titre du marché entre l’État et un opérateur privé, le réseau doit être entretenu dans des délais acceptables. Il est question de recenser tous les dépassements de ce contrat au niveau du département et de permettre de faire remonter les différentes plaintes des usagers auprès du service adéquat. Le Conseil départemental, de par ses compétences, ne peut pas installer (hors cadrage spécifique de l’État) des infrastructures de téléphonie. En revanche, il est mobilisé pour la réponse aux différents appels à projet de l’État pour la téléphonie mobile. Il faut saisir les différentes opportunités qui sont proposées notamment comme une mesure du Comité interministériel aux ruralités s’attachant à la couverture de sites d’intérêt économique ou touristique. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à porter tout au long des 6 ans. Indicateur de suivi et de résultat : Nombre de communes en zone blanche ou grise Nombre de sollicitations auprès de l’État et du Département pour des difficultés sur le réseau fixe Axe 5 : Compléter l'offre de service du territoire par des équipements structurants Action numéro 5.3 Développement de l'offre de services sportifs et culturels Pilotage de l’action : Communautés de communes Type d’action : Investissement Partenaires à prendre en compte : Conseil départemental Public visé : Tout public Estimation financière : - Sources de financements potentiels : Communautés de communes Conseil départemental État Objectif • Garantir un accès à tous aux différents équipements sportifs et culturels Contexte : Suite au Diagnostic Territorial Approfondi sur les activités physiques et sportives du département, certaines carences ont été mises en avant à propos des équipements sportifs. Par exemple, le sud de la Lozère est peu équipé conduisant les établissements scolaires à parcourir des distances importantes afin de réaliser des séances de sport et particulièrement pour la natation. De la même manière la population doit se rendre dans ces pôles afin d’exercer une activité physique mais la problématique se pose aussi avec les équipements culturels. Il est difficile d’accueillir diverses activités sur tout le territoire ce qui implique également un déplacement vers des pôles plus éloignés. Description de l’action : Le développement de ce type de services sur le territoire est nécessaire afin de pouvoir continuer le maillage en termes de services sportifs et culturels. Des actions sont déjà en cours de réflexion ou de réalisation comme une halle des sports à Villefort, ou la rénovation des équipements sportifs de Florac. Il convient de s’appuyer sur les manques établis par le DTA afin de compléter le maillage des équipements sportifs. Quant aux équipements culturels, il est difficile de rentabiliser un établissement spécifique à une seule et unique activité dans le contexte rural du département. C’est pourquoi, il convient de mutualiser les activités et cela peut être formalisé dans un schéma intercommunal d’équipement. Dans l’optique du regroupement des différentes communautés de communes, ces schémas permettraient d’avoir une meilleure visibilité des équipements du territoire. Ces réflexions pourront être intégrées dans les PLUi au titre de la stratégie et de la mutualisation concernant les équipements structurants. Échéance prévisionnelle de l’action : Indicateur de suivi et de résultat : Nombre d’équipements sportifs construits ou en projet Réalisations de schémas intercommunaux d’équipements Axe 5 : Compléter l'offre de service du territoire par des équipements structurants Action numéro 5.4 qualité et accessibilité aux structures médico-sociales du territoire Pilotage de l’action : Conseil départemental Type d’action : Investissement Partenaires à prendre en compte : Communautés de communes Public visé : Tout public Estimation financière : - Sources de financements potentiels : Communautés de communes Conseil départemental État Objectif • Assurer une offre de qualité en termes de structures sociales Contexte : Les structures sociales (crèches, EHPAD…) sont présentes sur le territoire de façon à mailler le département et ainsi proposer une offre à l’ensemble de la population. Des efforts conséquents ont été réalisés ces dernières années en termes d’investissements pour l’amélioration de la qualité d’accueil notamment dans les EHPAD. Un soutien financier départemental important a permis de maintenir le niveau des prix de journée. Description de l’action : Le maillage de ces équipements permet d’offrir une proximité et une qualité de service. Cette action ne vise pas la nouvelle création de structures d’accueil sociales mais plutôt un renforcement de ce réseau à travers des investissements permettant d’accroître leur qualité. L’ajout de nouveaux établissements pourrait déstabiliser l’équilibre territorial et ainsi mettre en danger la stabilité financière de ceux en place. À travers cette action, il est question de poursuivre l’amélioration du réseau existant en traitant les derniers établissements qui le nécessitent. Pour l’accueil de la petite enfance, les structures plus souples que les crèches seront privilégiées ainsi que le recours aux assistants maternels. Des efforts de mutualisation entre structures pourront être menés. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à renouveler tout au long du plan d’actions Indicateur de suivi et de résultat : Nombre de rencontres avec les établissements Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Axe 6 : Garantir le socle de services, indispensable à la vitalité et à l’attractivité du territoire Action numéro 6.1 Consolidation et développement du réseau de Maisons de Services au Public (MSAP) sur le département Pilotage de l’action : État Type d’action : Investissement et animation Partenaires à prendre en compte : Conseil départemental Communautés de communes Maison de l’Emploi et de la Cohésion Sociale La Poste Public visé : Population souhaitant accéder à un service porté par l’établissement Estimation financière : Fonctionnement moyen de 48 000€ Sources de financements potentiels : Communautés de communes État Opérateurs de services Conseil départemental Objectif • Créer de nouvelles Maisons de Services au Public afin de compléter la couverture territoriale Contexte : Dans le cadre des Comités Interministériels aux Ruralités (CIR), il a été annoncé la création au niveau national de 1000 Maisons de Services au Public d’ici la fin 2016. Un réseau de 9 plateformes depuis près de 10 ans existe déjà sur l’ensemble du territoire lozérien labellisées initialement Relais de Services Publics (RSP). Ils ont tous été transformés en 2016 en MSAP. Les Communautés de Communes sont les porteurs de projet de ces établissements (sauf Saint Chély d’Apcher et Marvejols) sous le couvert d’une coordination départementale assurée par la Maison de l’Emploi et de la Cohésion Sociale. En revanche, des manques persistent sur certaines zones du département où la population doit se déplacer vers le pôle équipé le plus proche. Description de l’action : Le but de cette action est d’une part d’affiner le maillage déjà existant de MSAP sur le département lozérien. Il est nécessaire de répondre aux besoins de la population dans des zones qui n’ont pas à ce jour pas cet équipement. Ainsi des manques se sont fait ressentir notamment dans le sud, dans l’est du département mais aussi en Margeride : • La communauté de communes de Margeride Est (Grandrieu) va proposer une MSAP sur son territoire grâce au partenariat national avec La Poste. Unique en son genre en Lozère, cet établissement va permettre de rapprocher les services à la population. Les modalités de fonctionnement du partenariat avec La Poste, notamment financières, ne permettent pas la présence de la totalité des opérateurs locaux. • Une MSAP est en cours d’étude dans le sud des Cévennes avec la mise en place d’une structure bi-site sur deux communes : Sainte-Croix-Vallée-Française et Saint-Étienne-Vallée-Française. L’ouverture sur deux communes va permettre d’avoir une action sur un plus vaste territoire avec des permanences plus locales dans un milieu rural où le transport des personnes reste difficile. • Une étude pour l’installation d’une MSAP au Bleymard est aussi en cours afin de compléter le maillage de l’Est du département. Cet ajout permettrait de structurer un point intermédiaire entre la MSAP de la communauté de commune de Villefort et la présence des opérateurs de services à Mende. • Au-delà de la création de ces MSAP sur les territoires identifiés à ce jour comme déficitaire, l’identification d’un besoin sur d’autres territoires, qui pour autant doivent demeurer limité pour ne pas nuire à l’activité des structures existantes, peuvent conduire à la mise en place d’une MSAP complémentaire. Il est aussi question de consolider les implantations actuelles permettant le renouvellement progressif au cours des 6 ans du matériel (informatique, visioconférence…) et adaptant les conditions d’accueil à l’augmentation de la fréquentation des sites. Échéance prévisionnelle de l’action : À l’horizon 2017 Indicateur de suivi et de résultat : Ouverture de MSAP (passage de 9 MSAP à 12 prévues) Axe 6 : Garantir le socle de services, indispensable à la vitalité et à l’attractivité du territoire Action numéro 6.2 Mise en place d'un suivi de l'accessibilité de l'offre de service Pilotage de l’action : Conseil départemental État Partenaires à prendre en compte : Estimation financière : Temps de travail agent Type d’action : Animation Public visé : Tout public Sources de financements potentiels : - Objectif • Assurer un bilan et une mise à jour régulière de ce schéma Contexte : Le schéma départemental d’amélioration de l’accessibilité des services au public propose un plan d’actions sur 6 ans. Au fil des années des changements dans le paysage des services en Lozère pourront s’opérer rendant ainsi obsolètes certaines actions ou à l’inverse confirmeraient l’urgence de certaines actions de ce schéma. Description de l’action : Les actions présentes dans ce schéma ont vocation à être réalisées d’ici la fin des 6 ans réglementaires. Un suivi annuel permettra de mettre à jour les données présentes dans ce schéma mais aussi, si nécessaire d’amender ou de prioriser certaines des actions. Pour chacune d’entre elles, des indicateurs quantitatifs sont présents afin de vérifier leur mise en application. Un bilan pourra être réalisé avec une évaluation action par action et indicateur par indicateur afin de pouvoir constater l’avancée des actions et leurs effets sur le territoire. Par ailleurs, ce suivi régulier du schéma peut donner lieu à une valorisation auprès du public pour connaître l’offre de services sur le territoire. Ceci est intéressant à la fois pour la population locale, les touristes et les potentiels nouveaux arrivants. Échéance prévisionnelle de l’action : Bilan et mise a jour annuelle des actions Indicateur de suivi et de résultat : Nombre d’actions en cours ou réalisées Axe 4 : Diffuser, organiser et rendre plus visible l'offre de service sur le territoire Axe 6 : Garantir le socle de services, indispensable à la vitalité et à l’attractivité du territoire Action numéro 6.3 Accompagnement à la transmission d'entreprises commerciales et artisanales dans le but de maintenir le maillage sur le territoire Pilotage de l’action : Chambres consulaires Type d’action : Animation Partenaires à prendre en compte : Public visé : Dispositif inter-consulaire RELANCE Tout public Réseau Accueil (Associations territoriales, Conseil départemental…) Sources de financements potentiels : DIRECCTE Conseil régional Estimation financière : Temps de travail agent Objectif • Assurer le maintien des services avec le maillage le plus efficient possible Contexte : La population lozérienne est vieillissante et le départ à la retraite de bon nombre de lozériens a une incidence sur l’offre de service du territoire. En effet, des commerçants ou artisans sont présents depuis de nombreuses années dans le monde rural mais à leur départ en retraite des services peuvent disparaître laissant la population menacée l’obligeant alors à se déplacer vers un pôle plus éloigné. Description de l’action : Le but de cette action est de favoriser la transmission d’entreprises commerciales et artisanales du territoire à travers les différents programmes du département. Ainsi des démarches RELANCE mettant en avant les offres de reprises des entreprises qui cherchent un nouveau propriétaire pourraient être généralisées à l’ensemble du territoire. Dans le cadre d’un accompagnement global par le réseau lozérien de l’accueil, la mise en relation entre les cédants et les potentiels repreneurs permet de favoriser la transmission des entreprises aussi bien au niveau de la clientèle que des fournisseurs. Cela permet aussi d’accompagner le porteur de projet pour réajuster le projet de l’entreprise afin d’obtenir les résultats économiques escomptés et s’adapter à ses envies et compétences. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à renouveler tout au long du plan d’actions Indicateur de suivi et de résultat : Nombre d’entreprises reprises par de nouveaux propriétaires en milieu rural Evolution du taux d’équipement et de la densité commerciale et artisanale Axe 5 : Garantir le socle de services, indispensable à la vitalité et à l’attractivité du territoire Action numéro 6.4 VEILLE sur la fermeture de services au public entraînant une baisse significative de l’offre de services Pilotage de l’action : Conseil départemental État Partenaires à prendre en compte : Communautés de Communes Communes Estimation financière : Temps de travail agents Type d’action : Animation Public visé : Tout public Sources de financements potentiels : - Objectif • Prévoir les éventuelles fermetures de services sur le territoire Contexte : Les services présents dans les milieux ruraux sont ceux qui sont les plus fragilisés. En effet, la faible population de ces territoires impliquent une activité inférieure par rapport aux mêmes services dans des lieux plus denses. Ainsi, pour avoir une activité suffisante, l’aire de chalandise des services notamment les commerces doit être plus importante et couvrir un plus grand territoire. Description de l’action : Les services forment un socle qui permet de proposer l’ensemble des services à la population sur un territoire donné. La perte de l’un d’entre eux peut fragiliser ce socle et ainsi accroître les besoins de mobilité de la population de ces territoires. Cette hausse engendrerait ainsi une diminution de l’accessibilité des services. Ces derniers sont aussi des éléments essentiels à la mise en place d’une politique d’attractivité du territoire. Il est donc nécessaire d’être vigilant sur la fermeture d’éventuels services au public du territoire afin de pouvoir trouver une réponse à sa disparition ou sa relocalisation. Cette action peut ainsi permettre de faire remonter les constatations des élus locaux, des agents du conseil départemental ou des services de l’État. De la même manière, le pouvoir d’alerte du Préfet pourra être déclenché si nécessaire. Échéance prévisionnelle de l’action : Action à renouveler tout au long du plan d’actions Indicateur de suivi et de résultat : Nombre de fermetures anticipées.
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French-Science-Pile
Open Science
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Importance des habitats terrestres dans la dynamique d’occupation d’Emys orbicularis (Linnaeus, 1758) sur le site Natura 2000 « Grande Brenne »
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En Brenne, il est connu que les Cistudes hivernent en queue d’étang dans la roselière et le Myriophyllo-Nupheratum (Servan 1988). C’est également le cas en région Rhône-Alpes où Thienpont et al. (2004) ont montré que les tortues de cette région hivernent en bordure d’étangs dans le Salicion cinereae, le Phragmition australis ou le Magnocaricion elatae. Ailleurs en France, d’autres habitats sont connus pour leur rôle dans l’hivernation : aulnaies, saussaies marécageuses, cariçaies, ou encore jonchaies (Priol 2009). Aucune étude en Brenne ne s’était encore intéressée précisément à l’importance des étangs forestiers et des milieux humides en contexte forestier pour l’hivernation de la Cistude. En effet, les sites d’hivernation peuvent être situés en queue d’étang ou dans des formations végétales rivulaires, ils peuvent aussi très bien correspondre à des mares et zones humides forestières. Plusieurs études font ce constat. Owen Jones (2015) indique que les Cistudes des étangs de Dordogne situées en contexte forestier n’utilisent les étangs que pour s’alimenter et thermoréguler au cours de leurs périodes d’activité et les quittent lors de l’hivernation pour des milieux annexes. De plus, dans le delta du Pô, Ficetola et al. (2004) affirment que les zones humides en contexte forestier tel que les mares forestières ou des zones humides associées seraient des habitats utilisés par l’espèce pour sa phase d’hivernation. D’autre part, les études de Thienpont et al. (2004) et Cadi et al. (2004) attestent que l’espèce est très fidèle à son lieu d’hivernation. Antoine Cadi et ses collaborateurs (Cadi et al. 2004) montrent par radiopistage de 20 individus en Isère ce comportement de « homing » important vis-à-vis des sites, puis des déplacements posthivernation avec la réoccupation d’habitats estivaux. Ce mécanisme de « homing » et l’importance de l’hivernation en zones humides intra-forestières pourraient expliquer dans notre étude la propension des Cistudes à occuper les parties du site comportant des boisements. Néanmoins, dans notre étude, le manque de précision dans la typologie paysagère ne permet pas d’expliquer précisément quels types de peuplements forestiers (et leurs zones humides) présents seraient favorables à l’espèce. On y trouve à la fois des peuplements monospécifiques de résineux, des forêts de feuillus et des forêts mixtes. La nature des peuplements forestiers et leur gestion conditionnent certainement la présence d’habitats d’hivernation. Boisements et mobilité Du point de vue de la mobilité, des études attestent que la Cistude ne serait pas dérangée par les espaces forestiers pour effectuer ses déplacements. En effet, Owen Jones (2015) a observé lors du suivi d’individus en contexte forestier qu’une grande partie des déplacements étaient bien réalisés dans ces milieux. D’après G. Nalleau (1991, 1992) qui a observé plusieurs déplacements de mâles en ligne droite à travers des boisements, les bois compteraient parmi les voies de migra- 80 tion terrestres utilisées préférentiellement par les tortues. Bien que ce milieu terrestre puisse être emprunté par l’espèce, le milieu aquatique n’en reste pas moins le choix privilégié par les individus pour se déplacer (Servan 1988). Mosaïque paysagère et ponte Si l’occupation des mailles est conditionnée par la présence d’habitats d’hivernation, il en va de même pour la présence d’habitats de ponte. On sait que l’embroussaillement des sites de pontes constitue généralement une menace importante à l’occupation de l’espèce, dans la mesure où la Cistude d’Europe utilise des espaces peu végétalisés pour déposer ses pontes (Cheylan & Lombardini 2004 ; Thienpont 2005). Les milieux connus pour être favorables à la ponte sont préférentiellement des prairies de fauches et pâturées ainsi que des jachères (Thienpont 2005). Néanmoins notre étude suggère que c’est dans la partie de la Brenne comportant une part importante (mais non exclusive) de boisements que l’occupation de l’espèce est la plus forte. Ce contexte paysagé doit donc répondre aux besoins de l’espèce de disposer de zones de pontes. D’une part, il faut noter que l’espèce n’a pas besoin de beaucoup d’espace pour pondre et peut se contenter d’habitats structurés linéairement car elle pond régulièrement sur les talus et bordures de routes, les digues d’étangs et les bordures de chemins. Il serait donc possible que les milieux en fermetures lorsqu’ils correspondent à des landes puissent répondre aux exigences de l’espèce pour la ponte. En effet, la lande cultivée (« Brande ») est le type de lande le plus rencontré en Brenne. Cette dernière est composée de plusieurs unités entrecoupées par des allées de circulation. Il est possible que ces allées et les parties ouvertes de cette « culture » soient des milieux favorables à la ponte des Cistudes. Aussi, situées sur des mauvaises terres agricoles abandonnées (Musset 1937, 1940), ces landes sont installées sur des sols séchants plus ou moins hydromorphes issus de l’exploitation et de l’appauvrissement de sols déjà pauvres. Si des parties de cette lande sont faiblement végétalisées (allées, bordures, lisières), alors elles peuvent offrir des lieux optimaux à la ponte. D’autre part, Jean Servan a montré en 2003 que les landes sèches situées au pied des reliefs de grés locaux nommés « buttons » constituent d’excellents habitats de ponte pour l’espèce (Servan 2003). Plus généralement, les interfaces entre milieux ouverts et milieux fermés pourraient être privilégiées par l’espèce. Des études ont déjà montré que la ponte peut avoir régulièrement lieu dans des zones ouvertes à proximité de boisements (Rovero & Chelazzi 1996 ; Meeske 1997). Il est possible comme le suggère Ficetola et al. (2004) que les boisements modifient les caractéristiques hydriques du sol. Les boisements contribuent à un prélèvement d’eau dans les horizons superficiels du sol et tendent à l’assécher. Dans un contexte de lisière ou en bordure de chemins forestiers, la coexistence d’une insolation suffisante et d’un sol sec pourrait ainsi être favorable à la ponte. Enfin, on peut se demander si un paysage en fermeture ne pourrait pas dans une certaine mesure jouer un rôle dans protection des pontes et des jeunes émergents vis-à-vis des NATURAE • 2020 (4) Importance des habitats terrestres dans la dynamique d’occupation d’Emys orbicularis (Linnaeus, 1758) sur le site Natura 2000 « Grande Brenne » prédateurs. Une étude actuellement réalisée dans le cadre d’une thèse par Frédéric Beau (chargé d’étude au sein de la RNN de Chérine) se focalise sur l’utilisation des habitats par les émergents. Cette étude se déroule au sein de la réserve naturelle nationale de Chérine située dans la zone nord du site « Grande Brenne » où semble se concentrer l’occupation de l’espèce. Ce travail basé sur du radiopistage des juvéniles émergents pourra possiblement apporter des réponses sur le rôle de la lande et des boisements, mais également sur la nature des habitats de « nurserie ». Surfaces cultivées, habitats peu propices à l’espèce À l’échelle de la France et de l’Europe, la Cistude d’Europe doit faire face à la disparition rapide des milieux herbacés ouverts qui lui servent de sites de ponte (Biot 2017). En Brenne, la culture céréalière est localisée dans la périphérie sud du site étudié. Cette activité y est plus favorisée par les remontées calcaires du secondaire formant les bords de la cuvette de Brenne ou de lentilles marneuses superficielles. Malgré la faible importance de l’activité sur le site, les modèles sélectionnés dans notre étude suggèrent que l’occupation de l’espèce dans ces zones cultivées est plus faible. Sur ce point plusieurs études rejoignent notre constat. En effet, l’étude de Giordano (2014) réalisée dans le Sud de l’Indre-et-Loire affirme qu’un contexte agricole prédominant autour des étangs mettrait en péril la viabilité des sites de ponte. L’étude de Thienpont (2005) montre également qu’en Isère (l’isle Crémieu) l’évolution des paysages aux abords des étangs vers une intensification agricole est une des causes de diminution du nombre de sites de pontes. Scénario de colonisation de la périphérie du site Les résultats suggèrent plutôt que les colonisations aient eu lieu entre 2011 et 2017 dans la périphérie sud du site « Grande Brenne » correspondant à la zone moins forestière. Cette conjecture est appuyée par projection dans le temps de l’occupation, qui atteste d’une légère augmentation de celle-ci entre l’année 2011 (0,62) et l’année 2015 (0,71) (Fig. 2H). On pourrait interpréter cette colonisation plus importante au sud moins forestier, comme une conséquence du fait que les zones boisées du nord sont déjà occupées, et donc ne peuvent plus être colonisées. Extinction locale et détection On ne constate pas d’influence des composantes paysagères étudiées sur la probabilité d’extinction locale. Ce constat peut suggérer que l’extinction est indépendante du contexte paysager de l’étang ou qu’une ou plusieurs autre(s) variable(s) paysagère(s) ou intrinsèque(s) à l’étang puissent intervenir sur ce paramètre. La Cistude étant une tortue aquatique, il est logique d’affirmer que les conditions hydriques de l’étang soient déterminantes pour le départ d’une population. L’effet de l’assèchement volontaire d’un an des étangs (tous les sept à 10 ans) a d’ailleurs été bien étudié en Brenne (Servan 1988 ; Owen Jones 2015). Les individus quittent effectivement l’étang lors de cet événement et migreraient sur les étangs voisins et plus particulièrement sur ceux situés en amont de la chaine. Dans notre étude, il est admis qu’un étang en état hydrique NATURAE • 2020 (4) extrême (c’est-à-dire d’un assec annuel) n’est plus occupé par l’espèce. De plus, le délai écoulé depuis le dernier assec (assecD – Tableau 1) a été intégré pour modéliser le processus de détection et se révèle déterminante pour ce paramètre. On constate que la détection d’individus est plus faible si l’étang prospecté a été mis en assec peu d’années auparavant. On peut supposer que l’espèce quitte également l’étang lors d’un déficit hydrique moins important comme cela a été démontré en Dordogne par (Naulleau 1991). Il serait alors judicieux d’explorer cette conjecture en intégrant une variable adaptée telle que la mesure des niveaux d’eau à chaque prospection ou au début de l’été. Cet axe d’étude est d’autant plus important compte tenu des modifications climatiques avérées qui vont toucher aussi les plans d’eau de Brenne. La détection de l’espèce est aussi différente selon la surface de l’étang étudié (Fig. 2). Les modèles suggèrent aussi une différence de détection suivant l’année de prospection pouvant certainement être attribuée à un effet observateur. La variabilité de température de l’air entre les relevés, l’heure du relevé et la date en jours juliens ne semblent pas avoir d’intérêt pour modélisation de la probabilité de détection dans notre étude. Approche méthodologique À partir de la typologie paysagère définie, l’utilisation de composantes multivariées, comme variable explicative s’est montrée d’un grand intérêt dans notre étude. Il est courant en écologie d’avoir recours à des modèles de régression sur composantes multivariées (« principal component regression ») pour résoudre les problèmes de colinéarités (Jolliffe 1982). L’analyse en composante principale (ACP) permet d’obtenir des composantes synthétiques orthogonales qui suppriment la colinéarité existante entre les variables paysagères, maximisent la variance et réduisent le nombre de dimensions du jeu de données (Jongman et al. 1995 ; Aguilera et al. 2006). De plus, l’ordination réduite de l’espace (« reduced space ordination ») est recommandée pour se départir des problèmes d’autocorrélation spatiale (Legendre 1993). Néanmoins, le choix des composantes à utiliser admet la perte d’une partie de la variance portée par les composantes écartées. D’ailleurs, comme l’indique Jolliffe (1982), il n’y aurait pas de raison mathématique pour qu’a priori les composantes principales présentant la plus grande variance soient les composantes qui prédisent le mieux la réponse. Dans notre cas, les deux composantes de l’analyse expliquant le plus de variance ont été tout de même retenues (Axe 1 : 44 %, Axe 2 : 29 % ) car elles reflètent bien la variabilité paysagère du site contrairement aux suivantes. En effet, elles révèlent à la fois le gradient de fermeture du paysage (Axe 1) et un gradient d’artificialisation par des cultures agricoles (Axe 2). La modélisation de l’occupation a ensuite montré la pertinence de ces variables à l’égard de la Cistude d’Europe et a permis d’extrapoler l’occupation et la colonisation de l’espèce sur l’ensemble du site « Grande Brenne ». Dans ce travail, l’étape de sélection des modèles a fait appel à une procédure hiérarchique (de type « stepwise AIC », adaptée au modèle dynamique d’occupation) et l’estimation des 81 Clarté et al. paramètres d’intérêt a bénéficié d’un traitement par « modelaveraging ». Cette approche est critiquée par certains auteurs car elle peut présenter certains inconvénients, en surestimant l’effet de taille de certains prédicteurs par exemple (Symonds & Moussalli 2011 ; Grueber et al. 2011). D’autres approches existent ou sont en développement ; elles font encore l’objet de débat dans la communauté scientifique (Doherty et al. 2012 ; Harrison et al. 2018). CONCLUSION Dans cet article, nous mettons en avant la pertinence de l’approche macro-écologique dans la modélisation de l’occupation de sites : elle rend compte de l’importance de certains habitats naturels et semi-naturels dans la gestion d’espèces d’intérêt communautaire. Appliquée à la Cistude d’Europe dans le cadre de notre étude, elle atteste que la coexistence autour des étangs d’un paysage comprenant des landes et des boisements augmente la probabilité d’occupation de l’espèce en Brenne. Cette ambiance paysagère caractéristique d’un certain niveau d’abandon de l’activité agricole est bien présente au nord du site « Grande Brenne » et forme ainsi un noyau potentiel d’occupation. Par ces résultats, notre étude remet en question l’intérêt écologique, vis-à-vis de la Cistude d’Europe, des forêts et landes sur le territoire étudié. Le rôle de ces écosystèmes terrestres est encore à approfondir. Parmi les hypothèses proposées, la présence de ces milieux terrestres fermés et en fermeture pourrait permettre de répondre aux besoins écologiques de l’espèce en ce qui concerne l’hivernation. Aussi la présence de ces milieux fermés n’empêcherait pas l’accès à des sites de pontes favorables et pourrait à leurs marges proposer des conditions favorables à la ponte. Ainsi, l’étude montre qu’il est essentiel de considérer les habitats terrestres présents autour des étangs dans la gestion de la Cistude d’Europe en Brenne. À une échelle du site « Grande Brenne », l’abandon de l’usage agricole traditionnel (élevage, polyculture élevage) au profit de systèmes agricoles céréaliers modernes serait synonyme de la perte d’habitats favorables à l’espèce. La persistance de l’espèce sur le territoire est directement liée au contexte pédogéologique du site, défavorable à l’activité agricole céréalière et qui a permis l’édification d’un nombre impressionnant d’étangs. Ce contexte pédogéologique et les orientations économiques du territoire favorisent la présence de surfaces de landes, de boisements et des prairies de petites surfaces qui forment avec les étangs enchâssés, une mosaïque paysagère diversifiée favorable à l’espèce. Enfin, entre 2011 et 2017, l’occupation des étangs semble avoir progressé dans la partie périphérique sud du site dominée par des habitats ouverts comme en atteste la projection de la colonisation. Cela pourrait s’expliquer possiblement par la saturation de l’occupation dans la partie nord du site. En termes de perspective, il nous paraît nécessaire de vérifier in situ le rôle écologique des forêts et landes pour la Cistude en Brenne, afin de déterminer plus précisément quelles sont les pratiques sylvicoles et agricoles les plus favorables à l’espèce (type de couverts forestiers, agro-sylvo-pastoralisme, etc.). En dernier 82 lieu, on pourrait recommander l’application de cette même approche méthodologique à d’autres espèces animales pour mieux appréhender les potentialités de territoires à leur accueil. Remerciements Nous tenons à remercier tous les propriétaires d’étangs sur lesquels les observations ont pu être réalisées. À titre posthume, nous sommes infiniment reconnaissants à Georges Hemery qui a su, en premier lieu, et avant même que les modèles d’occupation de site soient conceptualisés en 2002, développer l’approche pragmatique basée sur la double réplication temporelle et spatiale et, en second lieu, a posé les fondements de la sélection probabiliste de sites lors de l’élaboration du protocole de terrain. Nous remercions toutes les personnes qui ont participé aux saisons de relevés, en particulier Jean Servan (MNHN), Bruno Dumeige (PNR-Brenne), Virginie Liau (PNR-Brenne Stage), Amandine Imbert (PNR-Brenne Stage), Émilie Jourdren (PNR-Brenne Stage), Sophie Mairet (PNR-Brenne Stage), Amélie Chesne (PNR-Brenne Stage), Gaëlle Micheli (PNR-Brenne Stage), Lucie Lung (PNR-Brenne Stage), Pierre Clarté. Nous remercions les rapporteurs et relecteurs Nicolas Lieury et Hugo Cayuela pour leur regard neuf sur ce travail et la publication dans la revue Naturae. Enfin nous remercions la DREAL Centre-Val de Loire et l’Agence de l’eau Loire Bretagne qui ont soutenu financièrement cette recherche sur le long terme. RÉFÉRENCES Aguilera A. M., Escabias M. & Valderrama M. J. 2006. — Using principal components for estimating logistic regression with high-dimensional multicollinear data. Computational Statistics & Data Analysis 50: 1905-1924. https://doi.org/10.1016/j. csda.2005.03.011 Anderson D. 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Theoreme 4. Tout programme dont la speci cation des donnees est dans, et dont les procedures sont de nies a partir d'instructions elementaires, des schemas d'execution sequentielle, de selection dans une union ou dans un produit cartesien, de selection et d'iteration dans une sequence, un ensemble, un cycle ou un multi-ensemble se traduit en un systeme d'equations pour les descripteurs de complexite associes aux procedures. Ces equations sont de la forme = f, = 0 + 00, = f 0, = ( 0; f ) ou, 0 et 00 sont des descripteurs de complexite, f une fonction de la classe UR (cf theoreme 3) et l'un des operateurs i S : (; f )! f ( (z ) (z 2 ) + (z 3) ) 2.2. ANALYSE DES PROGRAMMES s S ; i M s M : s C : i C : : 69 Z 1 Qi1(1 + uzi)fi n du (; f )! n z 1 + uz n 0 n=1 (; f )! f ( (z ) + (z 2 ) + (z 3) + ) Z 1 Qi1(1 uzi) fi 1 X n (; f )! n z du 1 uz n 0 n=1 X (; f )! (kk) f (1z k ) log 1 f1(z k ) (z k ) k 1 X (; f )! (k) 1 f1(z k ) (z k ): k 1 1 X Demonstration : La premiere armation decoule des regles 8 a 19. Pour montrer la seconde assertion, il sut de veri er que le membre droit de chaque regle est de l'une des formes susmentionnees. La regle 8 (co^ut constant) donne une equation de la forme = f. Les regles 9 et 10 donnent = 0 + 00, et la regle 11 donne = f 0. Les regles 12 et 13 conduisent a = 0=(1 f ) et = 0 =(1 f )2 avec f 2 UR : or 1=(1 f ) = Q(f ) et 1=(1 f )2 = Q(f ) Q(f ) sont aussi dans UR. Tests sur la taille et la longueur Deux regles supplementaires permettent d'analyser les procedures e ectuant une selection par la taille ou la longueur des objets, et completent la preuve du caractere systematique de l'analyse des programmes de. Ces deux regles ont ete volontairement separees des autres car elles font appara^tre d'autres objets mathematiques : le test sur la taille introduit des series tronquees et des polyn^omes, tandis que le test sur la longueur introduit des series a deux variables. Regle 20. (Test sur la taille) procedure P (a : A); if size(a) <= k then Q(a) else R(a); P P (z) = Qk (z) + R>k (z) P ou Qk (z ) = j k Qj z j et R>k (z ) = j>k Rj z j. Demonstration : P (z) = Pjajk Qfagzjaj + Pjaj>k Rfagzjaj = Qk (z) + R>k (z). CHAPITRE 2. ANALYSE AUTOMATIQUE DANS 70 Regle 21. (Test sur la longueur) procedure P (a : A); ifPcard(a) <= k then Q(a) else R(a); P (z) = R(z) + k [uj ](Q(z; u) R(z; u)) j =0 Demonstration : Ici, il faut determiner les descripteurs de complexite a deux variables Q(z; u) et R(z; u) de nis par X Q(z; u) = Qfagz jajul(a). a2A Ce dernier schema n'est pas admissible au sens strict ou nous l'avons de ni, car il n'est pas possible de calculer Pn a partir des seuls coecients An, Qn et Rn. Neanmoins, l'introduction d'une variable auxiliaire u comptant la longueur permet d'exprimer Pn en fonction des coecients Qn;k = [zn uk ]Q(z; u) et Rn;k = [z nuk ]R(z; u). Exemple 18 : Considerons un algorithme prenant en entree un arbre binaire non planaire (les branches ne sont pas ordonnees), et descendant de facon aleatoire a chaque niveau dans l'une des deux branches, jusqu'a atteindre une feuille. Supposons que l'on desire etudier le nombre moyen de nuds parcourus par cet algorithme. Pour cela on commence par de nir les arbres binaires non planaires. type B = x j product (x,multiset (B, card =2)); x = atom (1); Un tel arbre est soit une feuille, soit un nud auquel est attache un multi-ensemble de deux arbres. Puis on de nit une procedure sur ces arbres, qui ajoute un co^ut d'une unite pour chaque nud parcouru. procedure H (b : B); begin count1; case b of x : count0; (x,m) : forone c in m do H(c) end end; measure count1 : 1; count0 : 0; A l'aide de l'equation (2.16) pour la traduction de l'instruction forone de ce programme conduit aux equations B(z) = z + z2 (B(z 2) + B2 (z)); c in m do H(c), H (z) = B(z) + z2 [B(z)H (z) + H (z 2)]: l'analyse 2 Exemple 19 : (Nombre de sommants d'une partition) Nous pouvons a present analyser le pro- gramme donne comme exemple introductif tout au debut du chapitre precedent. Les partitions sont de nies comme suit : type partition = multiset (entier); entier = sequence (un, card >= 1); 2.2. un =atom (1); Par application des regles 1, 4 et 6, les series generatrices P (z ) du type partition et E (z ) du type entier sont 3 2 P (z) = exp(E (z) + E (2z ) + E (3z ) + ) et E (z) = 1 z z : Quant au programme lui-m^eme, il peut s'ecrire procedure compte_sommants (p : partition); begin forall e in p do compte(e) end; procedure compte (e : entier); begin count end; measure count : 1; Soit CS (z ) le descripteur de complexite de compte_sommants et C celui de compte. Les regles 16 et 8 donnent CS (z) = P (z) (C (z) + C (z 2) + C (z 3) + ) et C (z) = E (z); ce qui prouve le theoreme suivant. Theoreme automatique 3. Le nombre moyen de sommants dans les partitions de l'entier n est n sn = [z []zPn(]Pz)(Dz)(z) (2:25) ou P (z ) = exp( 1 z z + 2(1z z ) + 3(1z z ) + ), et D(z ) = 1 z z + 1 z z + 1 z z +. En ce qui concerne l'etude asymptotique de sn, nous indiquons ici uniquement le principe de l'analyse. On utilise la \methode de col", qui s'applique aux fonctions a forte croissance au voisinage de leur singularite dominante. En e et, la fonction P (z ) est a croissance exponentielle au voisinage de z = 1 : 2 1! ~ P (z) P (z) = exp 6 1 z : Au contraire, la fonction D(z ) est a croissance moins violente : D(z) D~ (z) = 1 1 z log 1 1 z : Les fonctions P~ (z ) et P~ (z )D~ (z ) sont de la forme 2 2 3 2 3 3 2 1 exp( log (1 z ) 1 z 1 z ): 1 3 CHAPITRE 2. SE AUTOMATIQUE DANS 72 Macintyre et Wilson [MW54] ont montre que les fonctions de cette classe veri ent les conditions de la methode de col. Par consequent, nous pouvons appliquer la methode de col a P~ (z ) et P~ (z )D~ (z ). L'etape suivante consiste a dire que la fonction D~ (z ) variant beaucoup moins violemment que P~ (z), elle peut ^etre consideree comme constante dans le voisinage du point col donnant la contribution principale de l'integraleqde col. Il s'ensuit que le point col de P~ (z )D~ (z ) est le m^eme que celui, et que de P~ (z ), c'est-a-dire 1 6n 2 r [z n ]P~ (z )D~ (z ) D~ ( ) 3n log n: (2:26) 2 2 [ z n ] P ~ (z ) Pour appliquer la methode a P (z ) et D(z ), la diculte provient du fait que le cercle jz j = 1 est \frontiere", c'est-a-dire que les singularites de P (z ) et de D(z ) ont une repartition dense le long de ce cercle. Neanmoins le developpement asymptotique ci-dessus doit rester valable. Nous q 3navons compare le nombre moyen exact sn de sommants des partitions de n a l'equivalent 2 n = 2 log n donne par (2.26) : s50=50'1:27, s100=100'1:21, s200=200'1:17. 2 2.2.2 Selection, iteration et derivation Nous presentons dans ce paragraphe une methode a la fois plus elegante et plus generale pour obtenir les operateurs correspondant aux schemas d'iteration et de selection. Soit un multi-constructeur. Par de nition, l'ensemble produit par a partir d'un ensemble B s'ecrit [ (B) = (b1; : : :; bl): (2:27) (b1 ;:::;bl )2I ou I rassemble les sequences de composantes des objets de (B). Lemme 8. Soit un multi-constructeur ideal et admissible, tel que A = (B ) se traduise en A(z) = (B(z); B(z 2 ); : : :). Alors le descripteur de complexite du schema d'iteration d'une procedure Q sur A est @ (B(z); B(z 2); : : :) + 2Q(z 2) @ (B(z); B(z 2); : : :) + Pit(z) = Q(z) @x @x 1 et le descripteur de complexite du schema de selection est Psel (z ) = Z 1 0 2 @ @ @ 2 2 3 Q(z) @x + 2uQ(z ) @x + 3u Q(z ) @x + du: 1 2 3 xj =uj B (zj ) ( 2:28) ( 2:29 ) Demonstration : L'equation (2.27) donne pour les series generatrices : X jb j jblj 2 (B (z ); B (z ); : : :) = z : : :z : 1 (b1 ;:::;bl)2I Si dans le membre droit, nous remplacons chaque z jbj j par (1 +PvQfbj g)z jbj j, nous allons obtenir dans le membre gauche (B1 (z; v ); B2(z; v ); : : :) ou B (z; v ) = b2B (1 + vQfbg) z jbj, soit (B1 (z; v ); B2(z; v ); : : :) = X (b1 ;:::;bl )2I (1 + vQfb1g)z jb j : : : (1 + vQfblg)z jbl j : 1 (2:30) 2.2. En derivant cette derniere equation par rapport a v, puis en remplacant v par 0, il vient : @ (B1 (z; v ); B2(z; v ); : : :) = P (z): it @v v=0 (2:31) Or la derivee partielle de B (z; v ) par rapport a v, prise en v = 0, vaut Q(z ), ce qui donne la formule annoncee pour le schema d'iteration. Pour le schema de selection, P nous rajoutons une troisieme variable u qui compte le nombre de composantes. Soit B ( z ; u; v ) = b2B (1 + vQfbg) u z jbj , alors l'e quation (2.30) devient (B1 (z; u; v ); B2(z; u; v ); : : :) = et X ul(1 + vQfb1g)z jb j : : : (1 + vQfblg)z jblj ; 1 (b1 ;:::;bl )2I @ (B1(z; u; v ); B2(z; u; v ); : : :) = X ul (Qfb g + + Qfb g)zjb j : : :z jbl j ; 1 l @v v=0 (b ;:::;bl )2I 1 1 donc le descripteur de complexite du schema de selection est Psel (z) = Z 1 1 @ (B1(z; u; v); B2(z; u; v); : : :) 0 u @v v=0 du: Or la derivee partielle de B (z; u; v ) par rapport a v vaut u Q(z ) en v = 0. Pour le constructeur sequence par exemple, l'operateur associe est (x1; x2; : : :) = 1=(1 x1 ), qui ne depend que de x1. La derivee partielle par rapport a x1 vaut 1=(1 x1 )2 R: l'equation (2.28) donne Q(z )=(1 B (z ))2 pour l'iteration. Pour la selection, nous devons calculer 01 1=(1 ux1)2du, qui vaut 1=(1 x1 ), ce qui donne comme operateur Q(z )=(1 B (z )). Pour le constructeur multi-ensemble, nous avons (x1 ; x2; x3; : : :) = exp(x1 + x2 =2+ x3=3+ ). @ vaut (x1 ; x2; : :)=i, et que l'on multiplie a nouveau par i dans (2.28), l'operateur Comme @x i associe a l'iteration est nalement (x1 ; x2; : : :)(Q(z )+ Q(z 2)+ ). Pour la selection, l'equation (2.29) s'ecrit ici P (z) = Z1 0 [Q(z ) + uQ(z 2) + u2Q(z 3 ) + ] exp(uB (z ) + u2 B (z 2 )=2 + )du: Cette expression semble di erer de celle donnee par la regle 17, mais nous retrouvons facilement la P forme alternative (2.17) en decomposant exp(uB (z ) + u2 B (z 2 )=2 + P ) en k0 uk M;k (B; z ). Pour le constructeur cycle oriente, l'operateur de denombrement est k1 (k)=k log(1=(1 xk)). 2.3.1 Denombrement des structures de donnees Nous montrons ici que le denombrement des structures de donnees de taille n s'e ectue essentiellement en O(n2) operations par des methodes classiques. Theoreme 5. Soit une speci cation bien fondee de. Le calcul des coecients des series generatrices ordinaires des non-terminaux de jusqu'a l'ordre n co^ute O(jjn2) operations arithmetiques sur les coecients (additions, soustractions, multiplications, divisions), ou jj est le nombre de non-terminaux dans la forme normale de Chomsky de (cf section 1.2.3). Demonstration : Nous mettons d'abord en Chomsky Normal Form, puis nous utilisons l'algorithme suivant. Algorithme Calcul des coecients. Donnee : une speci cation en Chomsky Normal Form et un entier n. Resultat : les coecients Ak pour tout non-terminal A et 0 k n. pour k := 0 jusqu'a n faire E N (ensemble des non-terminaux) tant que E 6= fg faire choisir A minimal dans E : @B 2 E ; B k A (cf section 1.4.3) calculer Ak (a l'aide des formules ci-dessous) E E fAg n tant que n pour L'existence d'un A minimal a chaque passage dans la boucle while est garantie par le fait que l'ordre partiel k n'admet pas de cycle, car est bien fondee. Il nous reste a savoir calculer Ak en fonction des Bi pour i < k et des Ck pour C k A. atomes : si A! a, alors Ak = 1 si jaj = k, et 0 sinon. Le co^ut (nombre d'operations arithmetiques) est O(1). union : si A! B j C, alors Ak = Bk + Ck. Le co^ut est aussi O(1). produit : si A! B C, alors Ak = Pki=0 Bi Ck i. Le co^ut de la convolution est O(k). 2.3. COMPLEXITE DU CALCUL DES COEFFICIENTS 75 sequence : si A! B, alors A(z) = 1=P(1 B(z)) s'ecrit aussi A(z) = 1 + B(z)A(z), d'ou A0 = 1 et pour k > 0, Ak = ki=1 Bi Ak i. Le co^ut est ici aussi celui d'une convolution, c'est-a-dire O(k). multi-ensemble : si A! M(B), alors A(z) = exp(B(z)+ B(z2 )=2+ ). Soit F (z) = B(z) + B(z 2 )=2 + : A = exp(F ) donc A0 = AF 0, et Ak = 1=k[z k 1]AF 0. Supposons que l'on ait stocke les coecients de F jusqu'a l'ordre k 1. Pour calculer Ak, nous calculons d'abord Fk = [z k ](B (z ) + B (z 2 )=2 + + B (z k )=k) = Bk + Bk=2 =2 + + B1 =k, avec la convention Bk=i = 0 lorsque k=i n'est pas entier. Ensuite nous stockons Fk pour les calculs futurs, et nous determinons Ak par la convolution ci-dessus. Les calculs de Fk et de Ak un co^ut total en O(k). ensemble : la methode est la m^eme que pour un multi-ensemble, a la seule di erence que F (z ) = B (z ) B (z 2 )=2 +. cycle : si A! C (B), alors A(z) = log(1 B(z)) 1 + 1=2 log(1 B(z2 )) 1 + + (k)=k log(1 B(z k )) 1 +. Comme pour le constructeur multi-ensemble, nous stockons les coecients de G(z ) = log(1 B (z )) 1. Le calcul d'un nouveau coefcient de G s'e ectue en utilisant le fait que G0 = B 0 =(1 B ), qui s'ecrit aussi G0 = B0 + BG0. Cette derniere formule donne Gk = 1=k[z k 1](B 0 + BG0 ). Puis A(z) = G(z) + 1=2 G(z 2) + + (k)=k G(z k ) +, donc Ak = Gk + 1=2 Gk=2 + + (k)=k G1 avec la m^eme convention que ci-dessus. Les calculs de Gk et Ak co^utent O(k) operations (on suppose les (k) connus). Quel que soit le constructeur, le calcul d'un coecient Ak necessite au plus O(k) operations. Une etape de la boucle principale de l'algorithme Calcul des coecients, calculant Ak pour chaque non-terminal de la speci cation en Chomsky Normal Form, necessite O(jjk) operations. Le co^ut du calcul de tous les coecients jusqu'a l'ordre n est donc O(jjn2). Ce theoreme signi e que les regles de denombrement de la section 2.1 sont e ectivement utilisables, puisqu'elles permettent de denombrer les objets en temps polynomial. Le nombre de registres utilises par l'algorithme Calcul des coecients pour stocker les coefcients est O(jjn). En e et, pour chaque non-terminal A de la speci cation en Chomsky Normal Form, il faut stocker les n + 1 coecients Ak, 0 k n, plus eventuellement ceux de F (ensemble ou multi-ensemble), ou de G (cycle). Remarque : Le co^ut O(jjn2) donne par le theoreme est relatif aux operations elementaires sur les coecients. Or l'analyse asymptotique montre que ceux-ci croissent en An, ou A 1. 2.3.2 Calcul du co^ut des procedures Nous supposons a present que les suites de denombrement sont connues jusqu'a l'ordre n, et nous evaluons ici le co^ut additionnel pour calculer les coecients des descripteurs de complexite, toujours jusqu'a l'ordre n. Nous nous limitons ici aux programmes n'utilisant pas le schema de test sur la longueur, qui introduirait des series bivariees. E tant donne un programme bien fonde, en vertu du lemme 6, il existe pour chaque taille n un ordre partiel n sur les procedures (avec le test sur la longueur, il y aurait plusieurs ordres partiels n;k eventuellement di erents, et par consequent il faudrait calculer separement les parties correspondantes des descripteurs de complexite bivaries). De nombreuses regles induisent des formules analogues a celles obtenues pour les types. Pour ces regles, nous connaissons deja le co^ut du calcul d'un nouveau coecient Pk : les regles 8 (co^ut constant), 9 (sequence d'instructions) et 10 (selection dans une union) necessitent O(1) operations ; la regle 11 (selection dans un produit cartesien) et la regle 20 (test sur la taille) en necessitent O(k). Il nous reste a etudier les autres regles : selection et iteration dans une sequence (regles 12 et 13) : pour la selection, P = Q=(1 B) s'ecrit aussi AQ puisque A = 1=(1 B) : calculer Pk co^ute O(k) operations. Pour l'iteration, P = Q=(1 B)2 s'ecrit FQ, ou F = A2. Si l'on stocke les coecients de F au fur et a mesure, le calcul de Pk co^ute deux convolutions, c'est-a-dire O(k). iteration dans un ensemble et dans un multi-ensemble (regles 14 et 16) : P (z) vaut A(z)F (z), ou F (z) = Q(z) Q(z 2 ) + Q(z 3 ). Si l'on stocke les coecients de F (z ), le calcul d'un nouveau coecient co^ute O(k). selection dans un ensemble (regle 15) : une methode possible consiste a calculer dans un premier temps les coecients de la serie a deux variables B S (z; u) : Y Bn;k = [z nuk ] (1 + uz j )Bj ; j 1 puis a calculer les coecients de P (z ) en fonction des Bn;k (voir la section B.5 de l'annexe B pour plus de details). Les calculs sont faits au fur et a mesure, en stockant les Bn;k. Le calcul d'un nouveau coecient Pk par cette methode necessite O(k2 log k) operations sur les coecients. selection dans un multi-ensemble (regle 17) : la methode est similaire a celle utilisee pour le constructeur ensemble (voir l'annexe) ; le co^ut est le m^eme aussi. iteration dans un cycle (regle 19) : le descripteur de complexite est j X P (z) = (j ) 1QA(z(z)j ) ; j 1 2.3. COMPLEXITE DU CALCUL DES COEFFICIENTS ce qui s'ecrit egalement P (z ) = Comme F (0) = 0, Pk = k X j =1 77 P (j )F (zj ) en posant F = Q=(1 A). j 1 (j )[zk]F (z j ) = Fk + Fk=2 +2Fk=3 + + (j )Fk=j + + (k)F1 ; (2:32) avec la convention habituelle que Fk=j est nul lorsque j ne divise pas k. Les coefcients de F sont calcules au fur et a mesure par la formule Fk = [z k ](Q + AF ) (co^ut O(k)), puis on determine Pk par l'egalite (2.32), ce qui co^ute aussi O(k) operations. Theoreme 6. Le calcul des descripteurs de complexite d' un programme de la classe jusqu'a l'ordre n co^ute O(jjn3 log n) operations sur les coecients des series de denombrement et des descripteurs de complexite, ou j j est une constante dependant du programme. Lorsque n'utilise pas les schemas de selection dans un ensemble ou un multi-ensemble, O(j jn2) operations susent. En conclusion, pour les programmes de n'utilisant pas les schemas de selection dans un ensemble ou un multi-ensemble, le calcul du co^ut moyen exact sur les donnees de taille n prend un temps (mesure en operations sur les bits, bit complexity en anglais) O(n4 ) avec des algorithmes elementaires, et O(n2 log2 n) avec des algorithmes rapides En pratique, cela signi e que l'on peut calculer le co^ut moyen exact jusqu'a des valeurs de n de l'ordre de la centaine (algorithmes elementaires) ou du millier (algorithmes rapides). On peut aussi calculer les suites de denombrement en precision xe, et on obtient alors un co^ut moyen approche en temps O(n2 ) et O(n log n) respectivement, ce qui permet d'atteindre des valeurs de n beaucoup plus elevees. Exemple 20 : (Calcul du co^ut moyen du programme de derivation formelle) Le tableau ci-dessous indique pour di erentes valeurs de n, le temps de calcul en secondes du co^ut moyen exact du programme de derivation formelle par l'egalite di di n = [zn] di (z) = n En [z n ]expression(z ) CHAPITRE 2. ANALYSE AUTOMATIQUE DANS aPl'aide de Maple et sur un Sun 3/60. Pour calculer En, on a utilise le fait que la serie E (z ) = Enzn veri e une equation polynomiale de degre 2, qui se transforme gr^ace a une remarque de Comtet (voir a ce propos la section B.4) en une recurrence lineaire pour les coecients. n nombre d'expressions (ordre de grandeur) temps de calcul du co^ut moyen 10 20 50 100 200 500 1000 106 1013 1036 1074 10150 10381 10766 0:1s 0:2s 0:6s 1:3s 2:9s 13s 42s Par exemple, le co^ut moyen de la procedure diff sur les expressions de taille 100 est : di 100 = 53948521022227842309790852047460317841988456896091263247500147865073743688237 63593561548189956836235005945923008230074700083591258666929037950049099545 : Si l'on envisageait de calculer ce co^ut moyen par evaluation de la procedure, il faudrait generer toutes les expressions de taille 100, soit plus de 1073 expressions. Or par les series generatrices, en moins d'une minute, nous avons m^eme calcule di 1000, le co^ut moyen exact pour une taille dix fois plus grande, gr^ace au theoreme 6 qui garantit une complexite polynomiale pour le calcul des coecients. Nous pouvons aussi comparer le co^ut moyen exact avec les premiers termes du developpement obtenu par analyse asymptotique. Toujours pour le programme de derivation, le tableau suivant indique la di erence relative entre le co^ut moyen exact et les k premiers termes du developpement asymptotique (ligne k ). n 1 2 3 4 5 6 10 0:2 0:05 0:02 0:004 0:005 0:005 20 50 100 200 500 1000 0:1 0:08 0:05 0:04 0:02 0:02 0:03 0:01 0:007 0:004 0:002 0:0008 0:007 0:002 0:0007 0:0003 0:00006 0:00002 0:0003 0:00007 0:00002 0:000004 0:0000007 0:0000002 0:0001 0:000002 0:0000004 0:00000008 0:000000008 0:000000001 0:00008 0:0000001 0:00000002 0 : 000000002 0:0000000001 0: 00000000002 Pour cette comparaison, nous avons calcule les premiers termes du developpement asymptotique de di n (gr^ace au programme equivalent) avec 20 chi res signi catifs : di n'0:804217544085886549 n3=2 + 0:380636278367337105 n + 0:664723240102060457 n 1 =2 0:580515194149664781 0:151893511610016187 n 1 = + 0:0 35083837461738228 n 1 + O( n 1 = ): 1 2 3 2 p En regardant les colonnes du tableau, on voit bien que chaque terme fait gagner un facteur de n en precision, soit par exemple une decimale pour n = 100. D'autre part, en considerant les lignes, on constate qu'a nombre de termes xe, l'erreur relative diminue lorsque n augmente : par exemple, pour n superieur a 1000, le premier terme donne une approximation a moins de 2% pres. Le mieux qu'un homme puisse faire de sa vie, c'est de transformer en conscience une experience aussi vaste que possible. Camus ans les chapitres precedents, nous avons considere des programmes operant sur une certaine D classe de structures de donnees. Or cette classe convient mal pour modeliser certains problemes, notamment lorsqu'il existe une relation d'ordre sous-jacente aux donnees. On introduit alors d'autres types de donnees, dites etiquetees, pour resoudre ce genre de problemes. Par opposition, nous dirons que la classe se trouve dans un univers non etiquete. Les similarites sont grandes entre l'analyse en univers etiquete et en univers non etiquete, comme le font remarquer Bender et Goldman en 1970 [BG71] : While studying the enumerative uses of generating functions we have come to the conclusion that a great deal of unity underlies the enumeration of \completely labeled" and \completely unlabeled" objects. Nous presentons cependant a part l'analyse algebrique en univers etiquete car, m^eme si les di erences sont faibles en ce qui concerne les series generatrices obtenues, la de nition des structures de donnees necessite une etude separee. L'objet de ce chapitre est de montrer que l'analyse automatique est possible egalement en univers etiquete, d'enoncer et de prouver les regles correspondantes. Considerons des graphes non orientes dont chaque nud est relie a exactement deux autres nuds. Ces graphes particuliers sont dits 2-reguliers. Voici un graphe 2-regulier ayant 7 nuds : J J J (G) Dans le modele etiquete, chaque atome porte une information supplementaire, appelee etiquette, qui permet de le comparer aux autres atomes. Une incarnation possible de ce modele est de choisir les entiers de 1 a n pour etiqueter les atomes d'un objet de taille n. Ainsi, en repartissant les entiers de 1 a 7 sur les nuds du graphe non etiquete (G), nous obtenons plusieurs graphes etiquetes, toujours 2-reguliers, dont par exemple les graphes (A) et (B) : 79 CHAPITRE 3. UNIVERS ETIQUETE 7 3 6 J J 1 J 2 5 4 2 1 5 3 6 J J 4 7 J (A) (B) Ces deux graphes sont di erents car il n'est pas possible de superposer simultanement leur structure non etiquetee sous-jacente et les etiquettes. En e et, dans le graphe (A), l'etiquette 1 se trouve dans le cycle de longueur trois, alors que dans (B), elle se trouve dans celui de longueur quatre. Mais par contre, le graphe (B) et le graphe (C) ci-dessous sont identiques : il sut de tourner le cycle de longueur trois de (B) d'un angle de 2=3, et de faire faire une symetrie d axe 3-5 au cycle de longueur quatre pour obtenir (C). 6 5 4 J J 3 1 7 J 2 2 1 J J J 5 J J 4 3 J 6 (C ) ( D) Les graphes (A), (B) et (C) ont la m^eme structure non etiquetee sous-jacente, en l'occurrence le graphe (G), alors que le graphe (D) est structurellement di erent (il ne comporte pas de cycle de longueur quatre). La premiere section de ce chapitre introduira des constructeurs sur les objets etiquetes, et de nira la classe ^ des speci cations utilisant ces constructeurs. Par exemple, les graphes 2-reguliers etiquetes seront de nis par type tworegg = set (component); component = ucycle (node, card >=3); node = Latom (1); Nous verrons ensuite (section 3.2) les regles associees aux constructeurs de la classe ^. A l'aide de ces regles, la speci cation ci-dessus se traduira en 2 T^(z) = exp(C^ (z)); C^ (z) = 21 log 1 1 z 2z z4 ; ou T^(z ) et C^ (z ) sont les series generatrices exponentielles associees aux types tworegg et component. Nous de nirons a la section 3.3 une classe ^ de programmes sur ^. Les schemas de programmation de ^, comme en univers non etiquete, seront essentiellement la selection et l'iteration sur les constructeurs de la classe ^. Nous etablirons dans cette m^eme section les regles de traduction correspondant a ces schemas. Par exemple, pour compter le nombre de composantes connexes d'un graphe 2-regulier, on pourra ecrire le programme suivant : procedure visit (t : tworegg); begin 3.1. OBJETS ETIQUETES ET CONSTRUCTEURS 81 forall c in t do end; count measure count : 1; dont l'analyse algebrique produira l'equation d V (z) = exp(C^ (z)) C^ (z); qui, par analyse asymptotique, conduira au resultat suivant : Theoreme automatique 4. Le nombre moyen de composantes connexes d'un graphe 2-regulier etiquete ayant n nuds est n C^ (z)) C^ (z) ; V n = [z ] exp( [z n ] exp(C^ (z )) ou C^ (z ) = 21 log 1 1 z 2z z4, et veri e asymptotiquement 2 V n = 12 log n + O(1): Les trois premieres sections de ce chapitre sont par consequent le pendant des chapitres 1 et 2, en univers etiquete. Au passage, nous montrons une analyse automatique e ectuee sur ordinateur (page 94). La derniere section (3.4) decrit quant a elle des constructeurs et des schemas speci ques au modele etiquete. 3.1 Objets etiquetes et constructeurs Dans cette section, nous de nissons une classe ^ de speci cations en univers etiquete. Pour cela, nous de nissons les constructeurs de cette classe. Nous verrons que chaque constructeur de la classe (univers non etiquete) a un equivalent en univers etiquete. Cette correspondance a pour consequence que la determination du caractere bien fonde des speci cations est decidable dans ^ egalement. Atome etiquete : les atomes etiquetes sont de nis a l'aide du mot reserve Latom (pour Labelled atom en anglais) : type a = Latom (1): Cette declaration de nit a comme un atome etiquete de taille 1. Le constructeur Latom est contagieux : tout ensemble construit a partir d'atomes etiquetes doit ^etre entierement etiquete. Cela signi e en particulier que tous les constructeurs utilises dans la construction doivent ^etre des CHAPITRE 3. UNIVERS ETIQUETE 82 constructeurs de la classe ^. En consequence, un seul des deux mots reserves atom et Latom doit appara^tre dans une speci cation. Cette propriete de separation des univers etiquete et non etiquete nous autorise a utiliser les m^emes symboles pour les constructeurs similaires de ces deux univers. Constructeur union : les ensembles B et C contenant des objets etiquetes, l'union B[C contient l'union des objets de B et de C. Comme en univers non etiquete, cette union doit s'interpreter au niveau des arbres de derivation des objets. En Adl, nous noterons cette construction type A = B j C: Remarque : Dans une m^eme speci cation, nous ne melangeons pas objets etiquetes et non etique- tes. Par consequent, il n'est pas necessaire de choisir des symboles di erents pour les constructions etiquetees : la de nition des atomes indique a elle seule dans quel univers on se place. Constructeur produit partitionnel : si la notion naturelle d'union est analogue a celle de nie en univers non etiquete, il n'en est pas de m^eme pour la notion de produit. Par exemple, des que l'on a choisi les etiquettes de (E) parmi les entiers de 1 a 7, il y a une seule facon de respecter les ordres initiaux sur (E) et (F). Si l'on choisit 2, 3 et 7, le seul reetiquetage compatible est : 3.1. OBJETS ETIQUETES ET CONSTRUCTEURS 1 7 83 6 6 J] J 5? 2 L'un des J - 3 7 = 35 objets de 3 - 4 fE g p fF g. Le nombre de reetiquetages compatibles d'une paire ( ; ) est donc (ii+! jj!)! ou i est la taille de et j celle de. Le produit partitionnel de deux ensembles est la reunion des produits partitionnels element a element : [ A p B = fag p fbg a2A;b2B et nous le noterons product (A; B ) (nous pouvons utiliser le m^eme symbole que pour le produit cartesien car on se place toujours dans un seul univers a la fois, cf la remarque ci-dessus). Constructeur complexe partitionnel : le constructeur complexe partitionnel permet de for- mer des suites d'elements de m^eme type, comme le constructeur \sequence" en univers non etiquete. Il se de nit egalement par union et produit partitionnel : d'abord, le produit partitionnel construit des k-uplets d'objets A<k> = A| p {z p A}; k puis le constructeur complexe partitionnel des sequences de longueur quelconque A<> = A<0> [ A<1> [ A<2> [ [ A<k> [ (3:1) La notation Adl de la construction A<> est sequence (A), et les sequences seront designees a l'aide de parentheses, par exemple () represente la sequence vide. Constructeur complexe partitionnel abelien : le constructeur complexe partitionnel abelien est l'equivalent du constructeur ensemble de l'univers non etiquete. Les ensembles de k objets sont n o A[k] = fa1; : : :; ak g (a1; : : :; ak) 2 A<k> et le complexe partitionnel abelien de A est A[] = A[0] [ A[1] [ A[2] [ [ A[k] [ j En univers etiquete, la notion de multi-ensemble n'existe pas. En e et, deux elements d'un ensemble sont toujours di erents, car m^eme si leur structure sous-jacente est identique, au moins leurs etiquettes di erent (puisque les etiquettes d'un m^eme objet sont toutes distinctes). Nous noterons la construction de complexe partitionnel abelien set (A). Constructeur cycle oriente : le constructeur cycle oriente se de nit aussi a l'aide du complexe partitionnel : n o Cp(A) = [a1; : : :; ak ] k 1 et (a1; : : :; ak) 2 A<> j CH et se note cycle (A). Constructeur cycle non oriente : en univers etiquete, nous de nissons des cycles non orien- tes, qui seront notes a l'aide de doubles crochets. Deux cycles non orientes [ a1; : : :; ak ] et [ b1; : : :; bk ] sont egaux si on peut les superposer par rotation ou retournement, c'est-a-dire que [a1 ; : : :; ak ] = [b1; : : :; bk ], ou bien [a1; : : :; ak ] = [bk ; : : :; b1]. Le constructeur cycle non oriente est note UC p et ucycle en Adl : n o UCp(A) = [ a1; : : :; ak] k 1 et (a1; : : :; ak ) 2 A<> : Lorsque le nombre k d'elements du cycle vaut 1 ou 2, un cycle non oriente genere un seul cycle oriente, car le retournement ne modi e pas le cycle : quand on retourne [a], on obtient [a], et quand on retourne [a; b], on obtient [b; a], c'est-a-dire [a; b] par permutation circulaire. Par contre, pour k 3, les cycles [a1 ; : : :; ak] et [ak ; : : :; a1] sont toujours di erents a cause des etiquettes : a1 ne peut ^etre superpose qu'avec lui-m^eme, et alors a2 et ak se superposent, mais a2 6= ak car k > 2. De nition 15. La classe ^ est l'ensemble des speci cations en univers etiquete dont les productions utilisent les constructeurs union, produit partitionnel, complexe partitionnel, complexe partitionnel abelien, cycle oriente et non oriente. Le tableau ci-dessous resume les constructions ^ et leur notation en Adl. constructeur notation mathematique syntaxe Adl union j j produit partitionnel p product complexe partitionnel ()<> sequence complexe partitionnel abelien ()[] set cycle oriente Cp cycle cycle non oriente UC p ucycle atome etiquete de taille k jj = k Latom ( k ) Remarque : La construction Latom (k) de nit un atome de taille k portant k etiquettes non ordonnees entre elles. Cette declaration est donc equivalente a set (Latom (1); card = k), qu'il est preferable d'utiliser pour une meilleure comprehension. j 3.2 Analyse des structures de donnees Dans la section precedente, nous avons de ni une classe ^ de speci cations d'objets etiquetes. Les constructeurs de ^ etant similaires a ceux de nis en univers non etiquete, les algorithmes de decision du chapitre 1 sont valables ici egalement, et le caractere bien fonde est decidable dans ^. Ceci nous permet de passer directement a la partie plus interessante, l'analyse algebrique des speci cations, a n de pouvoir compter les structures de donnees. Dans cette section, nous introduisons en premier lieu la notion de serie generatrice exponentielle, mieux adaptee au denombrement des objets etiquetes que la serie ordinaire. Puis nous montrons que, tout comme en univers non etiquete, les constructeurs de la classe ^ se traduisent en operateurs sur les series generatrices. Ces operateurs ont cependant une forme plus simple, notamment pour les constructeurs complexe partitionnel abelien (analogue du constructeur ensemble) et cycle oriente. A la n de cette section sont mentionnes quelques exemples d'analyse de structures de donnees, avant d'analyser des programmes manipulant des objets etiquetes (section 3.3). De nition 16. (Serie generatrice exponentielle) La serie generatrice exponentielle associee a un ensemble A est 1 n X z ja j X ^ A(z) = jaj! = An zn! n=0 a2A ou An est le nombre d'objets de taille n de A. Dans ce chapitre, toutes les series generatrices seront de type exponentiel ; nous convenons donc d'omettre l'accent circon exe, et de noter simplement A(z ) au lieu de A^(z ). Les regles de traduction des constructeurs vers les series generatrices exponentielles sont les suivantes. Regle 22. (Atome etiquete) type A = Latom (k); k A(z) = zk! Demonstration : La declaration Latom (k) genere un seul objet, de taille k, donc la serie exponentielle associee est z k =k!. Le constructeur union se traduit en l'operateur somme sur les series generatrices. Regle 23. (Union) type A = B j C ; A(z) = B(z) + C (z) Demonstration : A(z) = Pa2(B[C) zjajajj! = Pa2B zjajajj! + Pa2C zjajajj ! = B(z) + C (z). Regle 24. (Produit partitionnel) type A = product (B; C ); A(z) = B(z)C (z) Demonstrationk+:lSi b est de taille k, et c de taille l, le nombre de reetiquetages compatibles de la paire (b; c) est k car il sut de choisir les k etiquettes de b parmi 1 : : : k + l : ! jbj+jcj X jbj X jcj j b j + j c j z z = B(z)C (z): A(z) = (fbg p fcg)(z ) = = z j b j ( j b j + j c j )! j b j! b2B;c2C b2B;c2C c2C jcj! b2B Ce qui fait que \ca marche" est le fait que le nombre de reetiquetages compatibles, jbjj+bjjcj, compense le terme (jbj + jcj)! du denominateur, et alors les sommations se separent. X X Regle 25. (Complexe partitionnel) type A = sequence(B); A(z) = 1 1 B (z ) CHAPITRE 3. UNIVERS ETIQUETE 86 Demonstration : L'equation (3.1 ) de nissant le complexe partitionnel se traduit gr^ace a la regle de l'union (23) en A(z) = (B<0>)(z) + (B<1>)(z) + (B<2> )(z) + + (B<k> )(z) + ou (B<k> )(z ) signi e \la serie exponentielle associee a B<k> ". Or par la regle du produit partitionnel (24), (B<k> )(z ) = (B (z ))k, d'ou A(z) = (B(z))0 + (B(z))1 + + (B(z))k + = 1 1 B (z). Regle 26. (Cycle oriente) type A = cycle (B); A(z) = log 1 1 B (z ) Demonstration : Chaque cycle de k objets engendre k sequences distinctes (du fait des etiquettes, les objets d'un m^eme cycle sont tous di erents). Par consequent, le nombre de cycles de k objets de B est B (z )k =k, et X A(z) = k1 B(z)k = log 1 1B(z). k 1 Regle 27. (Cycle non oriente) type A = ucycle (B); A(z) = 21 log 1 1 1 1 2 B (z) + 2 B (z ) + 4 B (z ) Demonstration : Les cycles non orientes de k elements sont au m^eme nombre que les cycles orientes pour k = 1 et k = 2, et sont moitie moins pour k 3, d'ou 1 2 X 1 k A(z) = B (z) + 2 B ( z ) + k 3 2 k B ( z ). Regle 28. (Complexe partitionnel abelien) type A = set(B); A(z) = exp(B(z)) Demonstration : Chaque ensemble de k objets engendre k! sequences distinctes, et par suite X k A(z) = B k(!z) = exp(B(z)). k 0 Cette regle de denombrement des complexes partitionnels abeliens est usuellement appelee \exponential formula " (formule exponentielle) [BG71, Foa74, Sta78]. Exemple 21 : ( Decom position des permutations en cycles) La declaration x = Latom (1) de nit l'atome etiquete x1 de taille 1 (en convenant de noter les etiquettes en indice). Alors C = cycle (x) de nit des cycles d'atomes etiquetes, comme par exemple [x4 ; x2; x1; x3]. Par consequent, la specication type P = set (C); 3.2. ANALYSE DES STRUCTURES DE DONNEES 87 C = cycle (x); x = Latom (1); de nit l'ensemble P des cycles d'atomes etiquetes. Un element de P de taille n est alors en bijection avec la permutation des entiers de 1 a n que l'on obtient en ne gardant que les etiquettes. Par exemple, l'element f[x1]; [x3; x5]; [x2; x6; x4]g correspond a la permutation (1! 1; 2! 6; 3! 5; 4! 2; 5! 3; 6! 4) dont la decomposition en permutations circulaires est f[1]; [3; 5]; [2; 6; 4]g. L'analyse de la speci cation ci-dessus s'e ectue a l'aide des regles 22, 26 et 28, et conduit au systeme d'equations : P (z) = exp(C (z)); C (z) = log 1 1x(z) ; x(z) = z: Ce systeme est triangulaire (nous disons dans ce cas que la speci cation est explicite), et nous trouvons immediatement P (z ) = 1=(1 z ). Le nombre d'objets de taille n derives de P est le coecient de z n dans P (z ) multiplie par n!, puisque dans la serie generatrice exponentielle, le nombre d'objets de taille n est multiplie par z n =n! (voir la de nition 16). Nous obtenons ainsi n![z n]1=(1 z) = n!, et nous retrouvons (heureusement) le nombre de permutations de n elements distincts. 2 Exemple 22 : (Graphes 2-reguliers) Au cours de l'introduction de ce chapitre, nous avons donne une speci cation des graphes 2-reguliers etiquetes : type tworegg = set (component); component = ucycle (node, card >=3); node = Latom (1); A l'aide des regles enoncees dans cette section, cette speci cation se traduit en equations pour les series exponentielles T (z ) et C (z ) associees respectivement aux graphes 2-reguliers (tworegg) et aux graphes connexes circulaires (component) : T (z) = exp(C (z)); C (z) = 12 log 1 1 z z z2 (3:2) 2 4 (pour obtenir l'equation de C (z ), nous avons retranche dans la regle 27 les termes correspondant aux cycles de longueur 1 et 2, c'est-a-dire B (z ) et B (z )2 =2). Nous avons a nouveau a aire a une speci cation explicite, et la serie generatrice exponentielle des graphes 2-reguliers est : z=2 z =4 3 4 5 6 7 z8 + 30016z9 + O(z 10): T (z) = e p1 z = 1 + z3! + 34!z + 125!z + 706!z + 4657!z + 3507 8! 9! L'analyse asymptotique de T (z ) est facile, une fois que l'on a remarque que sa singularite dominante se trouve en z = 1, et que le numerateur est une fonction analytique en ce point, d'ou : 3=4 [z n ]T (z ) e 3=4 [z n ] p 1 = epn + O( n1 ): 1 z Pour obtenir le nombre G2nr de graphes 2-reguliers ayant n nuds, il sut de multiplier par n! le coecient de z n dans T (z ) : G23r = 1, G24 = 3, G25r = 12, G26r = 70, G27r = 465, G28r = 3507. 2 2 Exemple 23 : (Trains aleatoires) Voici un autre exemple de speci cation explicite, mais plus complexe, inventee par Flajolet [Fla85]. CHAPITRE 3. UNIVERS ETIQUETE 88 Un train aleatoire (train) est forme d'une locomotive (locomotive) et d'une sequence de wagons (wagon). La locomotive est une sequence non vide de tranches (slice). Chaque tranche est constituee d'une partie de toit (upper), d'une partie de plancher (lower) et eventuellement d'un essieu (wheel), qui comprend un axe (center) et un cycle d'elements de roue (wheel_element). Les wagons ressemblent a la locomotive, sauf qu'ils contiennent en plus un ensemble de passagers (passenger). Chaque passager a une t^ete (head) et un corps (belly) qui sont chacun des cycles d'\elements de passager" (passenger_element). Tout ceci s'exprime par la speci cation suivante : type train = product (locomotive,wagons); wagons = sequence (wagon); locomotive = sequence (slice, card >=1); slice = product (upper,lower) j product (upper,lower,wheel); wheel = product (center,cycle (wheel_element)); wagon = product (locomotive,passengers); passengers = set (passenger); passenger = product (head,belly); head, belly = cycle (passenger_element); upper, lower, center, wheel_element, passenger_element = Latom (1); et la serie generatrice exponentielle des trains aleatoires a une forme explicite : z2 +z 3 log 1 1 z! Train(z ) = z (z +z log z )e 1 2 3 (1 z z log 1 z ) 1 1 z z log 2 3 2 2z 2 72 z 4 60z 5 6720z 6 1 1 3 log 2 1 1 1 z 7 16380z 1 z 8 + 6531840z 9 + O(z 10 ): = 2! + 4! + 5! + 6! + 7! + 1247904 8! 9! L'analyse asymptotique de cette fonction montre que le nombre de trains aleatoires de taille n est equivalent a CAn n! lorsque n tend vers l'in ni, ou A'1:93029807 et C'0:100855759 (voir le CookBook [FSZ89a], pages 78 a 87, pour une analyse detaillee). 2 Exemple 24 : (Arbres generaux non planaires) Les arbres enracines non planaires dont les nuds sont etiquetes sont d'une importance considerable en theorie des graphes. Ce sont par exemple les constituants de base des graphes fonctionnels, qui representent les fonctions de [1 : : :n] dans lui-m^eme. Il s permettent aussi de de nir les arbres non enracines, ou graphes connexes acycliques (appeles aussi arbres de Cayley ). Un arbre general non planaire (ou simplement arbre) est soit reduit a un nud, soit c'est un nud auquel sont rattaches d'autres arbres, non ordonnes entre eux, qui constituent en fait un ensemble, ou plus exactement un complexe partitionnel abelien. Le cas du nud isole n'est en realite que le cas particulier ou l'ensemble est vide, d'ou la speci cation type tree = product (node,set (tree)); node = Latom (1); Cette speci cation est implicite, c'est-a-dire recursive, et conduit a une equation recursive pour la serie T (z ) des arbres generaux non planaires. De nition 17. Le descripteur de complexite exponentiel associe a une procedure P operant sur un ensemble etiquete A est la serie generatrice exponentielle 1 A zn X d zjaj X A d P n n! P (z) = P fag jaj! = d n=0 a2A A ou d P fag est le co^ut de l'evaluation de P sur a, et d P n le co^ut cumule sur tous les objets de A de taille n. Un schema de programmation procedure P (a : A); begin : : : end est dit admissible QBn ) associees aux procedures Q se trouvant dans le si la suite (d P An ) ne depend que des suites (d corps de P, de la suite (Abn ) et des suites (Cbn ) associees aux composantes des objets de A. A Comme en univers non etiquete, nous ecrirons simplement d P au lieu de d P lorsqu'il n'y a pas d'ambigute sur l'ensemble des donnees de P. D'autre part, comme dans la suite de ce chapitre, toutes les series (series de denombrement et descripteurs de complexite) seront de type exponentiel, nous convenons aussi d'omettre l'accent circon exe et de noter P (z ) le descripteur de complexite exponentiel d'une procedure P. Les constructeurs etant les m^emes qu'en univers etiquete, et les schemas de selection et d'iteration sur ces constructeurs ayant deja ete de nis au chapitre 1 (section 1.5), nous nous contentons de donner ici les regles de traduction associees a ces schemas.
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Open Science
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AHS volume 39 issue 2 Cover and Back matter
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LE CHOIX DES ANNALES Entreprises et entrepreneurs en Afrique (XIX' et XX' siècles), 2 vols, Paris, L'Harmattan, « Racines du présent », 1983, 527 p. et 638 p. https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Africa, terra incognita, disait-on au siècle dernier ! On ne peut plus le dire désormais devant cette somme considérable de faits et de documents. Les réflexions de méthode, les multiples études d'entreprises « autochtones » ou « impériales », celles d'après l'indépendance, les relations entre les pouvoirs publics, les entrepreneurs et les entreprises, la diversité des angles d'approche, tout contribue à donner à ces deux gros volumes une place à part dans l'historiographie africaine contemporaine. Le débat sur le capitalisme hors d'Europe aux XIXe et XX* siècles et sur la nature du fait colonial en Afrique en est singulièrement enrichi. Ce bel éventail de communications rendra un important service, d'abord aux africanistes, ensuite à tous ceux qui ont le souci de replacer l'Afrique dans ses perspectives historiques. Histoire des forêts françaises. Guide de recherche, publié avec le concours du Laboratoire d'Économie et de Sociologie Rurales de l'I.N.R.A. (Orléans) et Paris, Maison des Sciences de l'Homme, C.N.R.S., 1982, 193 p. Le Guide de recherche de l'Histoire des forêts françaises profite des travaux anciens et très récents des historiens (M. Devèze, A. M. Cocula-Vaillières, A. Corvol, C. Fruhauf, D. Woronoff...), et de la réunion des recherches pluridisciplinaires en cours, de spécialistes agronomes, géographes, historiens, sociologues, pour présenter une somme de sources et de bibliographies (aux plans national, 1'•epartie; régional, 2* partie) et, ce qui est original, des thèmes de recherche (3 partie). Parmi ces derniers, on verra en particulier « La forêt entre la réalité et l'imaginaire », pp. 176-181. Encore une fois, cet excellent Guide montre qu'il y a l'avant et ('après Colbert et il met en relief la difficulté d'aborder le sujet au niveau des synthèses (sauf peut-être administratives) avant 1660 : les sources sont alors éparses, furtives, quasiment insaisissables. ALCOCK (N. W.), Warwickshire Grazier and London Skimmer 1532-1555, Londres, Oxford University Press, 1981, 282 p. Cette excellente publication commentée du livre de comptes d'un éleveur des Midlands montre d'une manière remarquable comment un exploitant anglais pouvait s'enrichir et s'élever dans l'échelle sociale au milieu du XV(* siècle grâce aux profits procurés par son troupeau de moutons.. CAZALS (Rémy), Les Révolutions industrielles à Mazamet 1750-1900, ParisToulouse, La Découverte/Maspero-Privat, « Textes à l'appui », 1983, 298 p. Malgré quelque rapidité et des défauts de composition, enfin une étude de longue durée, passionnante et éclairante (notamment sur le rôle d'entrepreneurs dynamiques), consacrée à l'un des rares centres industriels — et de tradition industrielle — du sud-Ouest de la France. Important pour l'étude de la révolution industrielle en France. FLORISTAN IMIZCOZ (Alfredo), La Merindad de Estella en la Edad Moderna : los hombres y la tierra, Pampelune, Instituciôn Principe de Viana, 1982, 400 p. Par un jeune historien espagnol, une monographie certes partielle, mais remarquablement menée et d'un très grand intérêt : croissance démographique modérée mais presque ininterrompue, quasi-inexistence de la crise du XVII* siècle, orientation vers une agriculture de marché à la fois céréalière et viticole, reconstitution des familles avec analyses comparatives permanentes. Un livre très prometteur. GELIS (Jacques) et REDON (Odile) (ouvrage collectif sous la direction de), Les Miracles, miroirs des corps, publications de Paris VIII, 2 rue de la Liberté, 93526, Saint-Denis, cedex 02,1983, 229 p. Révélatrice de l'histoire des corps, de l'évolution de son statut, l'analyse diachronique des miracles révèle un passage : celui du corps public au corps privé. Ce travail collectif foisonne d'aperçus sur l'histoire de la thérapeutique du XIII* siècle au XVIII* siècle, sur les rapports entre ecclésiastiques et médecins, etc. GUREVITCH (Aaron J.), Les Catégories de la culture médiévale, traduit du russe par H. Courtin et N. Godneff, Préface de Georges DUBY, Paris, Gallimard, 1983, 340 p. Un grand médiéviste soviétique se promène de la Scandinavie à l'Italie, dans les marges du marxisme. https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press MCNEILL (William H.), The Great Frontier. Freedom and Hierarchy in Modem Times, Princeton, Princeton University Press, 1983, 73 p. Chevauchant les siècles et les continents, William H. McNeill montre que, contrairement aux affirmations de Turner, la frontière n'est pas nécessairement synonyme de liberté et de démocratie. Quand les hommes manquent, elle peut aussi bien durcir les hiérarchies sociales. Ce qui est exceptionnel, ce n'est pas l'histoire des États-Unis, mais les conditions particulières des frontières au XIX* siècle. D'étonnants dons de synthèse étayés par une culture parfaitement maîtrisée. RAVIS-GIORDANI (Georges), Bergers corses. Les communautés villageoises du Niolu, La Calade-Aix-en-Provence, Edisud, 1983, 505 p. Une étude qui prend en compte tout ce qui fait la richesse d'une communauté, l'histoire écrite et dite, les gestes courants de la vie quotidienne, les moments fastes ou graves de l'existence, le visible et l'invisible. La longue plongée de G. Ravis-Giordani ramène ainsi au jour une foule de notations et de documents qui risquaient de disparaître pour toujours. A lire de près pour tous ceux qui s'intéressent aux hommes et aux pays de la Méditerranée. WILLCOX (William B.) (avec Douglas M. ARNOLD, Dorothy W. BRIDGWATER, Jonathan R. DULL, Claude A. LOPEZ, et Catherine M. PRELINGER), The Papers of Benjamin Franklin, volume 23, October 27, 1776, through April 30, 1777, New Haven et Londres, Yale University Press, 1983, LIX-664 p. Avec le volume 23 commence le long séjour de Franklin en France. Pendant ses six premiers mois, il entame les négociations avec le gouvernement français, cherche à financer la guerre, correspond avec une multitude de personnes qui offrent leurs services pour défendre la cause des Insurgents. Dans la sélection retenue figurent tous les documents importants, édités avec un soin minutieux, une profusion de notes explicatives. Nombre d'entre eux sont écrits en français. Une source de premier ordre pour tous ceux qui s'intéressent à la guerre d'indépendance américaine vue de France. Une pierre indispensable pour comprendre les années parisiennes de Franklin. éléments d'économie politique par Jean-Pierre et Michel TIROUFLET Comprendre l'économie, son fonctionnement, expliquer los différents rnécanismeiéconomiquesetfinanr.iersq'jilarnructHiiseiiî, tels sont lesobieuits de cet ouvrage. Avec simplicité, clarté et rigueur scientifique. Ie:> auteurs w:la;ri:nt I»' discours économique, et présentent les grands sujets an ' hpum oniKRanuumptFric leurs aspects internationaux • inflatiori-chômaçit' -déficit budgétaire. Au fil des chapitres, ils invitent à découvrir i>;? pi incipjux aijents du JL'U économique, dont les comportements fondamentaux ont étn dégagés par !a théorie micro-économique. le producteur. lu consomma M u fit : ViviAt:M«ur Ils soulignent los progrès que l'an;ilvSf!'Vonom;qiierini: fùirt- \ l'avenir pour que la machine économique si i-cmplu/o. hâtie hu > ours Je 'es ojut cinquante dernières années d'évolution inin'.-rro'nriu»:. < •vitinui: i furii"tiO'inri et à accroître le bi*n-êtrf d'un plus •ir.ir-'l nurntiri- i'Ot'.:" l—rmins Collection USciences Economiques, 33P \;i'v:- 75 F dans la même collection : L'ECONOMIE ET LA SOCIETE FRANÇAISE DEPUIS 1945 https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press par Maurice Parodi 512 pages, 111,80 F ECONOMIE INTERNATIONALE par Richard Caves et Ronald Jones T. 1 Le commerce, 320 pages : 89 F T. 2 Les finances, 224 pages : 76,60 F chez le même éditeur : LE DEFI ECONOMIQUE DU JAPON par G.C. Allen Professeur d'économie politique à l'Université de Londres, G.C. Allen s'interroge dans ce livre sur les raisons du succès et du dynamisme de l'économie japonaise depuis 1945. Une analyse des différents secteurs : finances, agriculture, industrie, investissements..., et des rapports entre lesecteur privé et l'État. 272 pages, 70,40 F ARMAND COLIN PQOMereo Arnoldo Mondadori Editore Rivista trimestrale di scienze e storia Direttore scientifico: Valerio Castronovo Comitato scientifico: M. Auge, M. Aymard, D. Bovet, P. Burke, V. Castronovo, N. Chomsky, A. Danchin, M. Détienne, U. Eco, I. Eibl-Eibesfeldt, P.K. Feyerabend, F. Fornari, L. Gambi, FM. G/7, G. Giorello, M. Godelier, H.E. Gombrich, J. Goody, F. Héritier, A.O. Hirschman, G. Holton, A. Jacquard, J. Kocka, J.D. Lajoux, V. Lanternari, J. Le Goff, R.C. Lewontin, N. Luhmann, C. Magris, G.L. Mosse, W.H. Newton-Smith, A. Oliverio, A. Piatigorsky, C. Poni, T. Regge, J. Revel, I. Sachs, G.W. Stockingjr., V. Strada, P. Sylos Labini, K. Thomas, V. Valeri, N. Wachtel. Anno II n. 5 Marzo 1984 https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Valerio Valeri: L'umano e il divino (con una pagina di C. Lévi-Strauss) Jiirgen Kocka: La rivoluzione industriale, speranze e angosce (con una pagina di Thomas Carlyle) Mirko D. Grmek: Infezione e tabù Antoine Danchin: Epigenesi Bernard Lewis: L'Europa barbara dei musulmani Gian Paolo Caprettini: Animali e simboli culturali (con una pagina di Jacques Le Goff) Frank Close: Particelle (con una pagina di E. Mach) Mary A.B. Brazier: Anima e corpo (con una pagina di Steven Rose) Tilde Giani Gallino: // mito del Graal Françoise Frontisi e Jean-Pierre Vernant: Divinità e maschere Inserto iconografico: Arte e computer, a cura di Mario Maioli Note e rassegne: Nuovi saperi: Danilo Mainardi - Che cos'è l'etologia Riproposte: J. Maynard Keynes - / libri sono cari?, a cura di Giuseppe Laterza Itinerari: André Mary - Riti e credenze del Gabon Opère e giorni: Senza dubbio si tratta di... LeonorFini, a cura di Pepa Sparti Il punto interrogativo: Nicola Gasbarro - L'amore è universale Abbonamento annuale per l'Italia: Lire 25.600 anziché 32.000 Abbonamento annuale per l'estero: Lire 29.200 L'ordine va inviato, insieme al pagamento, a: Arnoldo Mondadori Editore - Servizio Abbonamenti - 20090 Segrate (Ml)ltalia Tariffe valide per il 1984 J IlSTOIRE OOCIAUESMES "DES ORJSIWES À WOS JOURS https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press sous la direction de JEAN ELLEINSTEIN De la France à la Russie, de l'Angleterre à l'Allemagne, de l'Afrique à l'Asie, du Moyen Orient à l'Amérique latine, l'Histoire Mondiale des Socialismes-dirigée par Jean Elleinstein et une équipe d'historiens (Jean Bruhat, François Hincker, Maurice Moissonnier, Gérard Belloin, Georges Ayache, Isabelle Veyrat-Masson) n'ignore aucun pays, ni aucun continent. Des grandes utopies du passé aux réalités contemporaines, une histoire complexe, riche d'affrontements, et intimement liée à l'histoire des Peuples. Histoire des idéologies (communisme, socialisme, social-démocratie, anarchisme), histoire des systèmes politiques, économiques et sociaux (partis, syndicats, États...), histoire d'un phénomène culturel, cet ouvrage ambitieux en six volumes étudie tous les aspects du socialisme et l'ensemble de ses manifestations dans l'espace et dans le temps. Il propose une remarquable synthèse des informations et des documents disponibles aujourd'hui. Ouvrage de référence par sa conception et la qualité de ses propos, cette Histoire Mondiale des Socialismes est une contribution essentielle à l'histoire de notre temps. 6 volumes (D des origines à 1851 -(2)1852-1914 -(3)1914-1928 ® 1929-1945 -(5)1945-1960 - (6) de 1961 à nos jours chaque volume cartonné, illustré en noir et en couleurs, avec de nombreux tableaux chronologiques, des biographies, des cartes et des index, 480 pages : 350 F prix de lancement de la collection complète : 1750 F (jusqu'au 30 juin 1984) à partir du 1/7/84:1890 F ARMAND COLIN XIII INTERNATIONAL REVIEW OF SOCIAL HISTORY EDITED BY THE INTERNATIONAAL INSTITUUT VOOR SOCIALE GESCHIEDENIS, AMSTERDAM Director: J.R. van der Leeuw EDITORIAL BOARD: M. A. H. Campfens, D. E. Devreese, T. Haan, R. de Jong, G. Langkau, J. Rojahn, L. J. van Rossum, M. W. H. Schreuder, F. Tichelman, J. M. Welcker, A. V. N. van Woerden (Secretary) EDIT. ADDRESS: Kabelweg 51, Amsterdam DISTRIBUTION: Van Gorcum, Assen, The Netherlands SUBSCRIPTION : D.fl. 72.— per annum PUBLISHED: Three times per annum AU rights reserved CONTENTS OF VOL. XXVIII - 1983 - PART 2 Frederik Kool t 175 Articles https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Andrew J. Taylor, The Miners and Nationalisation, 1931-36 Larry Peterson, A Social Analysis of KPD Supporters: The Hamburg Insurrectionaries of October 1923 Barbara T. Norton, Russian Political Masonry and the February Révolution of 1917 176 200 240 Bibliography General Issues Religions and Philosophy Social Theory and Social Science History Contemporary Issues 259 259 260 262 Continents and Countries Africa America Asia Europe 262 263 264 265 Notes on Contributors 278 XIV HISTOIRE DU DROIT FRANÇAIS des origines à la Révolution Fr. OLIVIER-MARTIN Réimpression de l'édition de ig48 • description des institutions de l'ancien régime basée sur le dualisme constitué par le roi et la nation • mise en lumière des institutions les plus caractéristiques pour chaque période • apport indispensable tant à la connaissance du droit de l'ancien régime qu'à une meilleure compréhension du droit moderne https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press • rencontre des traditions romaine et germanique (ive-fin du i x e siècle) • apparition des institutions françaises (x e -xm e siècle) • développement du pouvoir royal et équilibre monarchique (xiv e x v m e siècle) • déclin et chute de l'ancien régime 16 X 24 / 776 p. / relié I S B N 2-222-03390-X 190 F i! 15 quai Anatole France. 75700 Paris CCP Pans 9061-11 Tel 555 9?-25 chez son libraire à défaut aux Editions du CNRS (chèque joint) et demande votre documentation D Sciences humaines D Sciences exactes et naturelles D Trésor de la langue Française • Revue de l'Art D D +MOUS1HE SEHVC£ XV ,é\mptess»pnïCollection réimpression dirigée par J. Revel. K. Pomian et M. Lévy Ernest LABROUSSE Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France e au XVIII siècle L'œuvre d'Ernest Labrousse (né en 1895) occupe une place centrale dans le renouvellement de l'histoire économique et sociale au XXe siècle. éditions des archives contemporaines https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press 58, rue Lhomond 75005 PARIS Tél. 336.24.04 Depuis longtemps épuisé, cet ouvrage est à nouveau rendu disponible, assorti d'une offre, exceptionnelle et limitée, aux lecteurs des Annales. Prix spécial de souscription : 350 FF ( +14 F de port) (valable jusqu'au 15 septembre 1984) Ensuite : 470 FF Deux tomes : 336 et 394 pages ISBN : 2-903928-09-1 édition complète Adresser commande et règlement à notre distributeur OFFILIB 48, rue Gay-Lussac 75240 PARIS Cedex 05 FRANCE Tél. : 329.21.32 XVI Travaux du Centre de Documentation et Bibliographie Philosophiques UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ Centre National de la Recherche Scientifique G I S 777: «Techniques nouvelles en Sciences de l'Homme» BIBLIOGRAPHIE ET INFORMATIQUE https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Les disciplines humanistes et leurs bibliographies à l'âge de l'informatique Qu'y a-t-il déplus rassurant que d'in- exige d'être désormais relayée à dexer une référence bibliographique, un niveau de réflexion intellecde la passer sur l'ordinateur à la suite tucllc et de recherches plus fonde beaucoup d'autres, et de se dire damentales dont cette réunion a qu'ainsi l'on a fait pour le mieux contribué à jeter les bases, en faveur de l'information scientiCentré au départ sur les distique ? ciplines «humaines», cet ensemble La Table Ronde du CNRS qui de discussions pluralistes a fait s'est tenue à Besançon les 19 et apparaître à l'arrivée que les 20 novembre 1982 a montré que résultats n'en étaient pas dépourles choses n'étaient pas si simples, vus de portée pour les autres Les archéologues, linguistes, histo- sciences : il y a désormais une riens, philologues, philosophes réu- dépendance de toute la communis là ont été d'accord pour le re- nauté scientifique à l'égard de connaître : non seulement les l'information qui est un phénotechniques sont appelées à évo- mène épistémologique de première luer encore, mais leur maîtrise grandeur. 1984, 178 p., 16 x 24 cm ISBN 2 7351 0079 0 Diffusion CID 131, boulevard Saint-Michel F-75005 Paris Tél. 354 47 15 Table ronde du C N R S , Besançon, 19 et 20 novembre 1982 Documents et Communications édités par Gilbert VARET ÉDITIONS DE LA MAISON DES SCIENCES DE L'HOMME, PARIS romantisme REVUE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press SOMMAIRE : Présentation (F. Gaillard) Michelle Perrot, Femmes et machines au XIXème siècle Pierre Vaisse, La machine officielle. Regard sur les murailles des édifices parisiens Georg Maag, "Les machines ne sont rien sans l'art". De l'union des arts de l'industrie, du comte de Laborde, et les réactions de la presse Michel Frizot, Le diable dans sa boite ou la machine à exploiter le sens (la photographie est-elle un art au milieu du XIXème siècle ?) Danièle Laster, Splendeurs et misères du théâtrophone Michel Gillet, Machines de romans-feuilletons Daniel Compère, Les Monstres nouveaux François Raymond, Les machines musicales de Jules Verne : esquisse pour une esthétique vemienne Geoff Woollen, Zola : la machine en tous ses effets 3 5 101 115 Le romancier et la machine : compte Jacques Noiray, (F. Gaillard) 125 19 41 57 75 79 91 rendu de l'ouvrage de 1983 41 Ce numéro : 48 F ttc Littératures — Arts — Sciences — Histoire L'abonnement 1984 : CDU-SEDES France : 160 F ttc Etranger : 190 F 88, bd Saint-Germain 75005 Paris XVIII ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES BERNARD LEPETIT CHEMINS DE TERRE & VOIES D'EAU Réseaux de transports https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Organisation de l'espace Entre 1740 et 1840 la France se dote — dans une première tentative d'aménagement du territoire menée à cette échelle — d'une infrastructure routière. Grande mutation ou progrès limité ? La longue incapacité des ingénieurs des Ponts et Chaussées à fournir une vision nationale des routes, et la complexité naturelle des réseaux expliquent les réponses hésitantes de l'histoire. Ici, des calculs de densité de desserte, l'analyse factorieUe des caractéristiques de la surface de roulement des routes, et l'analyse topologique des réseaux permettent de prendre la mesure des dénivellations de la surface de transport. Les écarts décelés sont si importants qu'ils constituent de véritables faits de structure, capables de résister aux chocs de la conjoncture politique comme aux variations courtes de l'état des chemins et des rivières. 1983. 148 p. Recherches d'histoire et de sciences sociales 7 Éditions de l'École des hautes Études en Sciences Sociales Diffusion : CID 131 bd Saint-Michel, 75005 Paris XIX REVUE ÉCONOMIQUE Publication bimestrielle coéditée par le Centre national de la recherche scientifique, l'Ecole des hautes études en sciences sociales et la Fondation nationale des sciences politiques MAI 1984 : VOL. 34 N° 3 Calcul économique — prix fictifs et contrainte extérieure C. FOURGEAUD B. LENCLUD P. PICARD Productivité-croissance — Quelle relation à moyen-long-terme ? Un rapprochement des modèles de BRECHLING B. DORMONT et KALDOR-VERDOORN C. BARRÈRE G. KEBABDJIAN O. WETNSTEIN L'accumulation intensive norme de lecture du capitalisme ? M. DELEAU Stabilisation efficace des systèmes économiques en présence d'incertitude : expérimentation avec une maquette du modèle DMS Cuong L E VAN P. MALGRANGE https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press J.-L. Investissements internationaux et dynamique des avantages comparatifs des nouveaux pays industrialisés MUCCHTETJ.T Ventes et Abonnements : Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques 27, n i e Saint-Guillaume, 75341 Paris Cedex 07 Abonnements 1984 : 6 numéros par an Prix du numéro : 75 F France Institutions Particuliers .... Etranger 405 F 405 F 265 F 265 F Rédaction : 54, Boulevard Raspail, 75006 Paris XX ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES Bibliothèque générale GÉRARD JACQUEMET BELLEVILLE AU XIX e SIÈCLE du faubourg à la ville https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Préface d'Adeline Daumard Belleville au xix e siècle — un xix e siècle prolongé jusqu'en 1914 —, est d'abord une étude d'histoire urbaine, montrant comment un village rural s'est progressivement transformé en banlieue ouvrière, puis en faubourg populaire qui, resté longtemps en marge de la ville, a fini par s'intégrer dans la capitale. Les Parisiens ont conquis Belleville avant même que 1' « espace bellevillois » ne soit absorbé par la ville, mais l'idée qu'existait un « peuple bellevillois » resta longtemps vivace dans la conscience collective. Comment ? Pourquoi ? Ces questions ont conduit Gérard Jacquemet à élargir son propos, et sa recherche renouvelle notre connaissance du monde ouvrier ou plutôt des milieux populaires urbains, présentés dans l'infinie diversité de leur condition matérielle et morale, de leur devenir individuel et familial, de leurs comportements politiques ou privés, quotidiens ou exceptionnels, de leurs croyances et de leurs aspirations. 1984- 454 PÉditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, en coédition avec Jean Touzot, Libraire-Éditeur Diffusion CID 131 bd Saint-Michel 75005 Paris XXI Librairie Touzot 38 rue Saint-Sulpice 75006 Paris HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DIRECTION : Roland QJJILLIOT CONFERENCES (suivies de débats) : • A. BOYER : Loi, rationalité et situation : Collingwood, Hempel, Popper • L. CANFORA : Qu'en est-il de la notion de progrès ? • L. FERRY : Les phifoSOphies critiques de l'histoire »E. GUIBERT-SLEDJEWSKI : Logique de l'idéologie : une fonction et son concept • F. HADDAD-CHAMAKH : L'épistémologie historique de Paul Veyne • F. HARTOG : Fustel de Coulanges et l'histoire nationale «C. JAMBET: Evénement historique et formes transcendantales »A. LAKS : Le « métier d'historien » selon W. Humboldt • G. LARDREAU : L'histoire se dit en plusieurs sens • H. MARTIN : L'apport des historiens du Moyen-Age au mouvement de « la nouvelle histoire » • K. POMIAN : La philosophie devant l'Histoire • R. QJJILLIOT : Peut-on encore poser la question du sens de l'histoire ? • P. RAYMOND : La nécessité historique • O. REBOUL : Que nous apprend l'histoire de l'éducation ? *J.-M. SPIESER : Qu'est-ce que les sciences humaines peuvent apporter à l'histoire ? «J.-L. VIEILLARD-BARON : Historicité humaine et dépassement de l'histoire «J. WIRTH : La logique dans l'histoire •J.-J. WUNENBURGER : Le comble et la catastrophe, pour une histoire hermétique. https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Si l'histoire connaît, depuis quelques années déjà en France, un tel s'iccès culturel, c'est sans doute parce que la portée d'un certain nombre de travaux des historiens actuels dépasse leur stria intérêt scientifique : et qu'ils leur permettent de traiter des thèmes et d'exprimer des préoccupations d'ordre plus général, que l'on peut peutêtre qualifier au sens large de philosophiques. C'est cet arrière-pian philosophique, parfois implicite, mais parfois aussi tout à fait explicite, des recherches des histonens contemporains - surtout de ceux que l'on range dans la « nouvelle histoire » qu'on voudrait d'abord éclairer dans ce colloque. Mais au-delà, il s'agit de réaborder, sans prétendre les traiter exhaustivement, les grandes questions que les philosophes se sont depuis longtemps posées à propos de "histoire - au double sens d'une discipline et de l'objet de cette discipline : questions concernant autant l'activité historienne, ses méthodes et ses présupposés, que la fonction de la conscience historique en général, ou que le sens et les mécanismes de l'évolution des sociétés humaines. Sur ces problèmes, il s'agira d'amener au cours de cette décade, historiens, philosophes, sociologues, à confronter leurs perspectives et à dialoguer. XXII ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES A nouveau disponible MARC BLOCH https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press MÉLANGES HISTORIQUES Marc Bloch est mort en juin 1944, assassiné par les nazis à l'âge de 58 ans. Il laissait, outre de grands livres classiques (Les Rois thaumaturges, 1924 ; Les Caractères originaux de l'histoire rurale française, 1931 ; La Société féodale, 1939), une œuvre immense, interrompue, disséminée dans des revues ou dans les actes de congrès. Ce sont les plus importants de ces articles qui, rassemblés une première fois en 1963, sont à nouveau publiés ici. On retrouvera dans ces volumes tout ce qui fait comprendre la place exceptionnelle de Marc Bloch dans l'historiographie du xx e siècle : l'audace intellectuelle appuyée sur une érudition sans faille, l'obstination du chercheur et la rigueur démonstrative, la liberté de la démarche et l'extraordinaire ouverture des intérêts de l'historien. Car c'est peut-être dans ces chantiers ouverts et que la mort a laissé inachevés, que l'on retrouve dans toutes ses dimensions l'originalité du co-fondateur des Annales. D'un texte à l'autre, il a dessiné le paysage intellectuel dans lequel nous vivons et nous pensons encore. 1984. xiv + 1108 p., 2 vol. Préface de Charles-Edmond Perrin. Réimpression de l'édition de 1963, en coédition avec Serge Fleury. Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales Diffusion : CID 131 bd Saint-Michel, 75005 Paris XXIII techniques G&culture Pour une ethnologie de l'acte traditionnel efficace Revue semestrielle Comité de patronnage Lucien BERNOT, André G. HAUDRICOURT, André LER01-G0URIIAN, Axel STKENSBERC Secrétaire général Robert CRESSWELL https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Techniques et culture comble une lacune dans littérature périodique de langue française en créant enfin un lieu où peut s'exprimer la technologie culturelle. Cette discipline explore l'interaction entre structures techniques et structures sociales. Elle comprend aussi bien l'histoire des techniques que l'analyse des outils dans leurs relations avec la- société, mais ses directions actuelles conduisent à développer l'étude de processus, de structures et imposent donc la création d'un nouveau moyen d'expression. L'intérêt de cet axe de recherche dépasse largement les querelles d'école, et les pages de cette nouvelle revue sont ouvertes à toutes les tendances scientifiques. Techniques et culture présentera des articles pouvant servir de base documentaire -histoire, descriptions, comparaisons technologiques; des analyses théoriques; des réflexions sur les applications pratiques notamment dans le domaine des transferts de techniques. Chaque numéro comportera des bilans de recherches en cours dans ce domaine, des notes et commentaires, des comptes rendus d'ouvrages. L'importance, voire l'urgence des problèmes posés par les techniques dans le monde moderne, la difficulté dans le passé de publier les résultats de la recherche fondamentale en technologie, ont appelé la création de cette revue, et justifient que soit relevé le défi que constitue tout lancement d'une nouvelle publication. N° 1 et N° 2 Actes de U Table Ronde «Technologie culturelle» 1983 Bahuchet, Balfet, Chamoux, Cresswell, Esparragoza, de France, Gast, Geistdoerfer, Koechlin, Lajoux, Leféburc, Lemonnier, Montigny-Koxlowska, Rey, Royer, Salmona, Vignet-Zum. N° 3 1984 Abcl, Bril, Gouletquer, Juillerat, Klcinmann, Lemonnier, Pascon, Tornay. Correipondance E.R. 191 CNRS 27, rue Paul Bert 94204 1VRY Cedex Abonnement France 90 F Etudiants France 70 F Etranger 110 F Institutions France 125 F Etranger 150 F Les abonnements doivent être souscrits auprès de l'EJi. 191 et let chèques libellés à l'ordre de M S H / Techniques et culture. Vente au numéro 55 F s'adresser au CID 131, boulevard Saint-Michel 75005 Paris Téléphone 354 47 15 EDITIONS DE LA MAISON DES SCIENCES DE L'HOMME PARIS XXIV Editor: Vittorio C a p e c c h i University of Bologna, Italy Associate Editors: Raymond Boudon, Université RenéDescartes, Paris, F r a n c e C h a r l e s Kadushin, Columbia University, U.S.A. https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Quality and Quantity is an interdisciplinary journal which systematically correlates disciplines such as mathematics and statistics with those oi the social sciences, particularly sociology, économies and social psychology. The journal constitutes a major point of référence for ail scholars wishing to discuss instruments of methodology for more rigorous scientific research in the social sciences. Subscription Information 1984: Volume 18 (4 issues) US $ 94.50/Dfl. 246.00, including postage QUAH3ÏÏ METHODOLOGY Some Recently Published Articles. .. Radicalising survey methodology Roy A. Carr-Hill (Scotland) Sequential moving sums of squared of OLS-residuals in parameter stability testing Anders Westlund (Sweden) Probabilistic causal Systems and the conditional probability approach to causal analysis F.S. EUettJr. and D.P. Ericson (U.S.A.) A three level measurement model Kenneth D. Bailey (U.S.A.) ELSEVIER P.O. Box 211. 1000 AE Amsterdam. The Netherlands. 52 Vanderbilt A v e. N e w York. NY 10017. The Dutch guilder price is définitive. US S priées are subject to exchange rate fluctuations. XXV ELSEVIER SOCIETY P.O. Box 211, 1000 AE Amsterdam, The Netherlands 52 Vanderbilt Avenue New York, NY 10017 The Dutch guilder price is définitive. US $ prices are subject to exchange raie fluctuations. SAMPLECQpy Editors: Rod A y a , Anthony Giddens, Martin Jay, lerome Karabel, Charles Lemert, Theda Skocpol, S h a r o n Zukin https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press E x e c u t i v e Editor: Janet W a l k e r G o u l d n e r Theory and Society is an undogmatic bi-monthly journal of the social sciences, produced by a Worldwide fellowship of scholars who seek, through synthesis of sociology and marxism, to deepen understanding of the 'présent as history' and to renew critical social theory. It is published for critical sociologists, independent marxists, and for other unpacified intellectuals. Tïieory and Society works to keep sociology and marxism open to one another, seeking to stimulate and to husband social theory's great traditions. Preserving the viable works of Max Weber, Emile Durkheim, and Karl Marx, we also develop them in créative directions. Rather than the partisan of some spécial theory, then, Theory and Society is the guardian of a larger theoretic culture. Subsidized neither by professional associations, universities, nor private benefactors, Theory and Society has grown only because it publishes work of excellence and interest to its readers. Social Theory and Peasant Révolution in Vietnam and Guatemala Visions of American Management in Post-War France Artisans and Intellectuals Afro-American Intellectuals and the People's Culture Status-Group Struggle, Organizational Interests and the Limits of Institutional Autonomy Scientific Management and Class Relations The Politics of Private Woman and Public Man Jeffrey M. Paige Luc Boltanski Alvin W. Gouldner JohnBrown Childs Jérôme Karabel Peter Meiksins Janet Siltanen and Michelle Stanworth Morality and Method in the Work of Barrington Moore Soviet Officialdom and Political Evolution, Judiciary Apparatus and Pénal Policy in the 1970's A Spécial Focus on China in the May 1984 Issue With: On Circumstance and Other Tyrannies Historical Origins of Chinese Under-development Why China Failed to Create an Endogenous Industrial Capitalism The State and Economy in Late Impérial China Dennis Smith Gabor Ritterspoon Gregor Benton Marie-Claire Bergère Mark Elvin Albert Feuerwerker A Curse on the Great Wall Vera Schwarcz > ?>.-,.5Tii*3l 1984: V o l u m e 13 (6 issues) For l i b r a r i e s a n d institutes: U S $ 87.00/Dfl. 226.00 F o r i n d i v i d u a l s : U S $ 30.75/Dfl. 80.00 Back volumes are available on request. Priées include postage. XXVI Réformisme et révisionnisme dans les socialismes allemand, autrichien et français https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Publié sous la direction de FRANÇOIS-GEORGES DREYFUS Dès la fin du XIXe siècle, la pensée marxiste a été contestée à l'intérieur même des partis socialistes, en particulier en Allemagne et en Autriche. Ainsi sont nés le révisionnisme avec E. Bernstein et l'austro-marxisme avec O. Bauer. En France, en raison de la présence des socialismes non marxistes et de l'influence de Proudhon coexistent socialismes marxistes et réformistes, tel le possibilisme de Brousse. C'est pour étudier ces mouvements d'où sont nées les scissions des années 1920 de l'Internationale ouvrière que s'est réuni à l'automne 1981 à la Maison des sciences de l'homme de Strasbourg autour de François-Georges Dreyfus, de Dieter Groh et de Léo Hamon, un colloque réunissant historiens et politologues, allemands, autrichiens et français. Ils ont examiné les racines du révisionnisme et du réformisme. Leur développement a conduit à la naissance de grands partis social-démocrates démarxisés en Europe du Nord et du Nord-Ouest. Un peu à l'écart de ce mouvement de pensée on a vu se constituer en France un socialisme d'un genre un peu particulier oscillant entre la pensée social-démocrate (la SFIO) et une idéologie plus ou moins fortement teintée de marxisme (le PS). Contributions en allemand et en français 1984, 196 p., 23 cm, 180 F. (frais d'envoi en sus) EDITIONS DE LA MAISON DES SCIENCES DE L'HOMME PARIS Diffusion : CID, 131 bd St-Michel, F-75005 Paris XXVII Tél. (1) 354-47-15 SOCIAL SCIENCE INFORMATION Information sur les sciences sociales published under the auspices of the International Social Science Council Director Ciemens Heller Editors Elina Almasy and Anne Rocha-Perazzo https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press One of the many unique journals SAGE publishes, SSI is a bilingual journal devoted to the encouragement and exploration of new fields of research. An issue of SSI will be divided into several recurring sections in which new work in thèse fields appears. A regular review is given of Anthropology of food, Biology and social life, Rationality and society, Human societies and ecosystems, Computers and the social sciences, and the global automobile industry. CONTENTS OF VOLUME 22, NUMBER 6, SUMMER 1983 Rationality and Society Amélie Oksenberg Rorty Imagination and Power Theory and Methods Monique Dagnaud and Dominique Mehl Elite, Sub-elite, Counterelite Lawrence Gouldjr Against Trivialization: A Brief Commentary on Dependency and Epistemology Johan Galtung and Fumiko Nishimura Structure, Culture and Languages. An Essay Companng the Indo-European, Chinese and Japanese Languages Anthropology of Food Pierre Aimez Violences Alimentaires et Psychometamorphoses du Corps Féminin Colloquinm 'The Occnlt, Magic and Witchcraft in American Culture' Kenneth Silverman Letters of Thanks from Hell Jeanne Chase The 1741 Conspiracy to Burn New York: Black Plot or Black Magic? Werner Sollors Dr Benjamin Franklin's Celestial Telegraph, or, Indian Blessings to Gas-lit American Drawing Rooms Social Science Information is published six times a year with one double issue. Subscription Rates 1 year 2years Institutional £44.00 £86.00 Individual £19.00 £38.00 Single copies £8.00 s SAGE Publications • 28 Banner Street London EC1T 8QE • Téléphone: (01) 253-1516 XXVIII CAHIERS DES ANNALES En vente à la LIBRAIRIE ARMAND COLIN, 103, boulevard Saint-Michel, 75005 PARIS Compte chèques postaux : Paris, N° 21 335-25 E 2. Ch. MORAZÉ, Trois essais sur Histoire e t Culture. 13. M. BLOCH, La France sous les derniers Capétiens (1223-1328), 3 e édition. 15. J. BARNAVE, Introduction à la Révolution française (présentation de F. RUDE), 2" édition. 16. M. BLOCH, Seigneurie française e t manoir anglais, 2 e édition. 17. M. DELAFOSSE et C. LAVEAU, Le commerce du sel de Brouage aux X V I I * et X V I I I * siècles. 20. H. ANTONIADIS-BIBICOU, Recherches sur les douanes à Byzance. 22. T. PLATTER, Autobiographie (texte traduit et présenté par Marie HELMER). https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press 24. M. MORINEAU, Jauges e t méthodes de jauge anciennes e t modernes. 25. J.-P. ARON, Essai sur la sensibilité alimentaire à Paris au X I X * siècle. 26. M. BLOCH, Souvenirs de guerre, 1914-1915. 27. Archéologie du village déserté, 2 volumes. 29. G. et M. VOVELLE, Vision de la mort e t de l'au-delà en Provence. 30. M. MORINEAU, Les faux-semblants d'un d é m a r r a g e économique : agriculture et démographie en France au X V I I I * siècle. 31. H.-D. MANN, Lucien Febvre. La pensée vivante d'un historien. 34. M. MALOWIST, Croissance et régression en Europe ( X i V ' - X V I I * siècle). 35. W. FRIJHOFF et D. JULIA, École et société dans la France d'Ancien Régime. 36. M. AGULHON, Le cercle dans la France bourgeoise (1810-1848). 37. P. CHAUNU, Histoire quantitative, histoire sérielle. 38. W. G. L. RANDLES, De la terre plate au globe terrestre. ÉCOLE DES H A U T E S ÉTUDES EN SCIENCES S O C I A L E S C A H I E R S DES A N N A L E S , 40 RAN HALÉVI LES LOGES MAÇONNIQUES DANS LA FRANCE D'ANCIEN RÉGIME https://doi.org/10.1017/S0395264900078094 Published online by Cambridge University Press Aux origines de la sociabilité démocratique Au lendemain de la Révolution française, le phénomène maçonnique ne fait paradoxalement l'objet d'aucun vrai débat. Partisans et détracteurs de l'Ordre s'accordent pour le présenter comme un lieu de gestation et de fermentation des idées nouvelles. Avec des accents différents, ici nostalgiques, là réprobateurs, tous écrivent une histoire téléologique. L'ouvrage de Ran Halévi rouvre le débat, en s'interrogeant sur ce que la franc-maçonnerie du XVIII e siècle a d'inédit : un mode original de sociabilité, qu'on peut appeler démocratique, car fondé sur le principe d'égalité sociale et donc étranger aux structures et jusqu'aux représentations de la société des ordres. Les contemporains l'avaient, d'emblée, perçue comme la fille des Lumières et de l'occultisme, les deux courants dominants de l'époque. C'est cette paternité que l'auteur remet en cause : étudiant l'implantation des loges provinciales en corrélation avec l'évolution démographique, économique et culturelle de la société d'Ancien Régime, il restitue au mouvement toute son autonomie au sein de la République des Lettres. Chemin faisant, il jette un éclairage neuf sur les pratiques, les représentations et les mécanismes constitutionnels qui entourent la naissance des loges françaises et leur intégration à ce corps sans cesse élargi et renouvelé à mesure que l'Ancien Régime approche de son terme. 120 p., un dépliant. armand colin ISSN 0395-2649.
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Taux de chômage de la population âgée de 25 à 64 ans, selon le niveau de formation (2005, 2008 et 2011)
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… Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 287 C2 chapitre C C2 Accès à l’éducation, participation et progression Parmi ces pays, la plupart, dont le Danemark, les États-Unis et l’Italie, ont choisi de classer les données à cet égard dans la catégorie du niveau CITE 0. Une minorité de pays n’incluent pas les programmes intégrés dans la catégorie du niveau CITE 0 pour rendre compte des aspects en rapport avec le personnel (l’Australie et la Norvège) ou les dépenses (la Corée), ou de tous les aspects pertinents (le Canada, la Grèce et la Suisse). Il convient de tenir compte de ces différences au moment de tirer des conclusions qui reposent sur des comparaisons internationales. Certains des pays qui dispensent des programmes intégrés tentent d’isoler la composante propre à l’enseignement. Ils utilisent alors différentes méthodes d’estimation pour isoler les effectifs, les dépenses et le personnel en question. Certains pays, dont la Norvège, les Pays-Bas et la Suède, ont choisi d’appliquer une méthode simple d’estimation selon laquelle 50 % des effectifs, du personnel et des dépenses sont imputables à la composante d’enseignement. D’autres pays se basent sur des résultats d’enquête, choisissent une clé de répartition différente de celle ci-dessus ou appliquent une méthode d’estimation plus compliquée. Ainsi, la Finlande pondère les dépenses au titre des programmes intégrés en fonction de l’âge des enfants, alors que l’Estonie estime la part des dépenses pertinentes à 30 %. Figure 1. Représentation schématique des systèmes du niveau CITE 0 et des approches de compte rednu dans les pays de l’OCDE Pas de programmes intégrés Exclus du niveau CITE 0 Programmes intégrés Tous inclus dans le niveau CITE 0 Part estimée à 50 % Données manquantes : Chili, Hongrie Légende : E = Effectifs D = Dépenses P = Personnel Autre méthode d’estimation (données administratives ou résultats d’enquêtes) Les pays membres de l’OCDE s’emploient ensemble à améliorer les méthodes pour rendre compte des données statistiques sur l’éducation préprimaire. Cette amélioration, qui tiendra compte de la nouvelle version de la CITE, sera intégrée dans la CITE-2011. La figure 1 présente de façon schématique les systèmes d’éducation préprimaire et les approches de compte rendu dans les pays de l’OCDE. Des informations spécifiques aux pays sont fournies à l’annexe 3 de ce rapport. 288 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 En quoi les systèmes d’éducation préprimaire se différencient-ils dans le monde ? – Indicateur C2 chapitre C Il est intéressant de constater, par ailleurs, que selon les analyses de l’enquête PISA, les élèves qui ont été scolarisés pendant au moins un an dans un programme d’éducation préprimaire tendent à obtenir de meilleurs résultats que les élèves qui ne l’ont pas été, même après contrôle de leur milieu socio-économique. Il en ressort aussi que la corrélation entre la scolarisation dans un programme d’éducation préprimaire et la performance à l’âge de 15 ans est dans l’ensemble plus forte dans les systèmes d’éducation où l’éducation préprimaire dure plus longtemps, et où les taux d’encadrement et les dépenses publiques par élève sont plus élevés à ce niveau d’enseignement (voir le tableau II.5.6 dans OCDE, 2010). Les programmes préprimaires destinés aux enfants plus jeunes sont moins courants. La capacité d’accueil des enfants âgés de 3 ans, voire moins, dans les programmes d’éducation préprimaire est largement inférieure à la demande dans certains pays, même parmi ceux qui proposent des congés parentaux de longue durée. C’est en Belgique, en Espagne, en France, en Islande, en Italie et en Norvège que les taux de scolarisation dans les programmes d’éducation préprimaire sont les plus élevés à l’âge de 3 ans. Dans les pays où le financement public du congé parental est limité, les parents qui travaillent sont nombreux à devoir chercher une solution de garde dans le secteur privé, où le budget qu’ils peuvent y consacrer influe sensiblement sur l’accès à des services de qualité, ou s’arranger avec leurs proches, amis ou voisins (voir le tableau C2.1 et Petite enfance, grands défis III [OCDE, 2011b]). L’éducation préprimaire contribue à jeter les bases de l’apprentissage tout au long de la vie et assure l’égalité des chances dans l’éducation par la suite. Certains pays en ont pris conscience et ont généralisé l’accès à l’éducation préprimaire dès l’âge de 3 ans. L’offre d’éducation préprimaire se développe rapidement dans la majorité des pays. En moyenne, dans les pays de l’OCDE dont les données de 2005 et de 2011 sont disponibles, les effectifs scolarisés dans des programmes d’éducation préprimaire sont passés de 64 % en 2005 à 70 % en 2011 à l’âge de 3 ans, et de 78 % en 2005 à 84 % en 2011 à l’âge de 4 ans. Au Brésil, au Mexique et en Pologne, les taux de scolarisation à l’âge de 4 ans ont augmenté de 20 points de pourcentage, voire davantage, durant cette période (voir le tableau C2.1). Financement de l’éducation préprimaire Un financement public pérenne est essentiel pour améliorer la qualité des programmes d’éducation préprimaire et favoriser leur développement. Prévoir un budget adéquat permet de recruter du personnel compétent et qualifié, qui est à même de stimuler le développement cognitif, social et affectif des enfants. L’investissement dans des structures et leur équipement contribue également au développement d’environnements d’apprentissage centrés sur l’enfant. Dans les pays qui ne prévoient pas un financement public suffisant pour assurer la qualité et la capacité d’accueil, certains parents sont plus susceptibles d’inscrire leurs enfants en bas âge dans des structures privées, ce qui représente un coût élevé (OCDE, 2011b), alors que d’autres préfèrent garder leurs enfants eux-mêmes, ce qui peut tenir les femmes à l’écart du marché du travail (OCDE, 2011a). Les dépenses publiques au titre de l’éducation préprimaire sont essentiellement consacrées au financement des établissements publics, mais également, à des degrés divers, des établissements privés dans certains pays. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les dépenses publiques par élève au titre des établissements publics d’éducation préprimaire (6 275 USD) représentent le double environ de celles au titre des établissements privés (3 494 USD) (voir le tableau B3.4 dans l’indicateur B3). Les dépenses annuelles (de sources publiques et privées) par élève scolarisé dans un programme d’éducation préprimaire, tous établissements confondus (publics et privés), s’élèvent à 6 762 USD, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, mais varient sensiblement selon les pays. Elles ne représentent pas plus de 2 500 USD en Argentine, au Brésil, au Mexique et en Turquie, mais passent la barre des 10 000 USD aux États-Unis, au Luxembourg et en Nouvelle-Zélande (voir le tableau C2.2 et le tableau B3.4 dans l’indicateur B3). Les dépenses au titre de l’éducation préprimaire représentent 0.6 % du PIB collectif, mais il existe des différences importantes entre les pays. Ainsi, le pourcentage du PIB qui est consacré à l’éducation préprimaire est inférieur ou égal à 0.1 % en Australie et en Turquie, mais égal ou supérieur à 0.8 % au Danemark, en Espagne, en Fédération de Russie, en Islande, en Israël et au Luxembourg (voir le tableau C2.2 et le graphique C2.3). Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 289 C2 chapitre C Ces différences s’expliquent en grande partie par la variation entre les pays des taux de scolarisation, des droits d’accès et des coûts, et de l’âge du début de l’enseignement primaire, mais aussi par la variation de la mesure dans laquelle cet indicateur couvre les structures préprimaires privées. Aux Pays-Bas et en Suisse, le niveau réel de dépenses et de scolarisation dans l’éducation préprimaire est vraisemblablement aussi sous-estimé en l’absence de données sur les programmes intégrés (voir l’encadré C2.1 pour plus de précisions), ce qui peut affecter la comparabilité de leurs données. Une certaine prudence s’impose donc avant de tirer des conclusions sur les conditions d’accès et la qualité de l’éducation et de l’accueil des jeunes enfants (voir le tableau C2.2 et l’encadré C2.1). Graphique C2.3. Dépenses au titre des établissements d’éducation préprimaire, en pourcentage du PIB (2010) Selon les sources de financement Dépenses publiques au titre des établissements d’enseignement en pourcentage du PIB Dépenses privées au titre des établissements d’enseignement en pourcentage du PIB Total % du PIB 1.2 1.0 0.8 0.6 0.4 Suisse Portugal Brésil1 Hongrie1 Australie Corée Japon Pays-Bas Royaume-Uni Finlande Italie Estonie Rép. slovaque Norvège États-Unis1 Rép. tchèque Moyenne OCDE Autriche1 Argentine Belgique Nouvelle-Zélande1 Chili Mexique Suède Pologne France Slovénie1 Luxembourg Féd. de Russie Israël1 Islande 0 Espagne 0.2 Danemark1 C2 Accès à l’éducation, participation et progression 1. Certaines dépenses au titre des services d’accueil de la petite enfance sont incluses. Les pays sont classés par ordre décroissant des dépenses publiques et privées au titre des établissements d’éducation préprimaire. Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Tableau C2.2. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868407 L’éducation préprimaire subventionnée par des sources publiques tend à être plus développée dans les pays européens que dans les autres pays de l’OCDE. En Europe, le concept d’accès généralisé à l’éducation entre l’âge de 3 et 6 ans est communément admis. La plupart des pays de cette région donnent à tous les enfants accès à deux années au moins d’éducation préprimaire gratuite subventionnée par les fonds publics dans des établissements d’enseignement, avant l’entrée dans l’enseignement primaire. Cet accès est un droit dès l’âge de 3 ans dans tous les pays sauf en Irlande et aux Pays-Bas, voire à un plus jeune âge et pendant au moins deux ans dans certains pays. Par comparaison avec l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire, c’est dans l’éducation préprimaire que le pourcentage de fonds privés est le plus élevé (18 %). Toutefois, ce pourcentage varie fortement selon les pays : il est inférieur ou égal à 5 % en Belgique, en Estonie, au Luxembourg et en Suède, mais égal ou supérieur à 25 % en Argentine, en Australie, en Autriche, en Corée, en Espagne, aux États-Unis et au Japon (voir le tableau C2.2 et Petite enfance, grands défis III [OCDE, 2011b]). Les taux d’encadrement varient fortement entre les pays de l’OCDE Des recherches montrent que les environnements riches et stimulants ainsi qu’une pédagogie de qualité reposent sur du personnel plus qualifié et que la qualité des interactions entre le personnel et les enfants sont à la clé d’un meilleur rendement de l’apprentissage (Heckman, 2000 ; Shin et al., 2009). Les qualifications sont l’un des indicateurs les plus probants de la qualité du personnel, mais le niveau de qualification n’est pas tout. Les qualifications indiquent dans quelle mesure la formation initiale du personnel inclut des cours spécialisés et de la pratique, ainsi que les types d’activités de développement professionnel qui sont proposés et suivis par 290 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 En quoi les systèmes d’éducation préprimaire se différencient-ils dans le monde ? – Indicateur C2 chapitre C le personnel ; elles montrent également l’ancienneté du personnel. Par ailleurs, les conditions de travail peuvent avoir un impact sur la satisfaction professionnelle qui peut, à son tour, avoir un impact sur la capacité et la volonté du personnel d’établir des relations avec les enfants et d’entrer en interaction avec eux ( Shin et al., 2009). La rotation élevée des membres du personnel perturbe la continuité de l’encadrement et en réduit la qualité globale ; elle sape également les efforts de développement professionnel et nuit au rendement de l’enseignement. Le taux d’encadrement est aussi un indicateur important des moyens mobilisés en faveur de l’éducation. Le taux d’encadrement d’un niveau d’enseignement est calculé comme suit : l’effectif d’élèves en équivalents temps plein du niveau d’enseignement considéré est divisé par l’effectif d’enseignants, également en équivalents temps plein, du même niveau et dans le même type d’établissements. Toutefois, ce taux ne tient pas compte du rapport entre le temps d’instruction des élèves et le temps de travail quotidien des enseignants, ni de la part de ce temps que les enseignants consacrent à l’enseignement proprement dit. En conséquence, il ne peut être interprété en termes de taille des classes. Le nombre d’élèves par classe résume divers facteurs, mais établir une distinction entre ces facteurs permet d’identifier des différences de qualité entre les systèmes d’éducation (voir l’indicateur D2). Graphique C2.4. Taux d’encadrement dans l’enseignement préprimaire (2011) Établissements publics et privés Islande Suède Estonie Nouvelle-Zélande Slovénie Finlande Hongrie Arabie saoudite Italie Luxembourg Allemagne Rép. slovaque Espagne États-Unis Rép. tchèque Autriche Moyenne OCDE Japon Pays-Bas Pologne Portugal Corée Belgique Brésil Indonésie Royaume-Uni Chili France Chine Turquie Israël 26 24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Mexique Nombre d’élèves par enseignant Remarque : la prudence est de mise lors de l’interprétation de ces données car cet indicateur compare le taux d’encadrement (soit le nombre d’élèves par enseignant) dans des pays offrant des programmes strictement pédagogiques d’éducation préprimaire et des programmes intégrés d’éducation et d’accueil de la petite enfance. Dans certains pays, les besoins en personnel de ces deux types de programmes sont très différents. Les pays sont classés par ordre décroissant du taux d’encadrement dans l’enseignement préprimaire. Source : OCDE. Données relatives à l’Arabie saoudite, la Chine et l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Tableau C2.2. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868426 Le tableau C2.2 indique le nombre d’élèves par enseignant et par membre du personnel de contact (enseignants et personnel non enseignant, comme les auxiliaires d’éducation) dans l’éducation préprimaire. Certains pays recourent beaucoup aux auxiliaires d’éducation à ce niveau d’enseignement. Douze pays de l’OCDE et du G20 font état d’un nombre moins élevé d’élèves par membre du personnel de contact (indiqué dans la colonne 4 du tableau C2.2) que par enseignant. Le nombre d’élèves par membre du personnel de contact est nettement inférieur en Allemagne, en Autriche, au Brésil, au Chili, en Chine, aux États-Unis, en France, en Israël et au Royaume-Uni. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les élèves sont 14 par enseignant dans l’enseignement préprimaire. Abstraction faite des auxiliaires d’éducation, on compte plus de 20 élèves par enseignant au Chili, en Chine, en France, en Israël, au Mexique et en Turquie, mais moins de 10 élèves par enseignant en Estonie, en Islande, en Nouvelle-Zélande, en Slovénie et en Suède (voir le tableau C2.2 et le graphique C2.4). Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 291 C2 chapitre C Accès à l’éducation, participation et progression Définitions et méthodologie Définition de l’éducation préprimaire L’éducation préprimaire (niveau CITE 0) se définit comme la première étape de l’instruction organisée, qui est essentiellement conçue pour préparer les très jeunes enfants à un environnement scolaire. C2 La distinction entre les programmes selon qu’ils relèvent ou non du niveau CITE 0 s’effectue principalement sur la base de leurs propriétés éducatives. Comme les propriétés éducatives de ces programmes sont difficiles à évaluer directement, plusieurs critères sont utilisés. Le niveau CITE 0 : Inclut les programmes : • qui sont dispensés dans une école ou un centre scolaire ; • qui sont conçus pour répondre aux besoins d’éducation et de développement des enfants ; • qui s’adressent spécifiquement aux enfants à partir de l’âge de 3 ans, mais pas au-delà de l’âge de 6 ans ; et • qui sont dispensés par du personnel dûment formé (qualifié) pour dispenser un programme aux enfants. Exclut les programmes qui ne réunissent pas ces conditions. Classification des programmes préprimaires à temps plein ou à temps partiel et implications Dans Regards sur l’éducation, deux méthodes sont utilisées pour chiffrer l’effectif d’élèves de l’éducation préprimaire à temps plein et à temps partiel : 1. soit sur la base des définitions nationales des programmes préprimaires ; 2. soit sur la base d’une estimation dérivée de la durée de la première année d’études de l’enseignement primaire (niveau CITE 1). La méthode de classification varie selon les pays, mais cela n’a pas d’impact sur les taux de préscolarisation (voir le tableau C2.1), car ceux-ci sont calculés sur la base de l’effectif total d’élèves en pourcentage de la population, qu’ils soient préscolarisés à temps plein ou à temps partiel. La variation de la méthode de classification entre les pays peut avoir un impact sur les dépenses par élève et sur les taux d’encadrement, car ces chiffres sont calculés sur la base de l’effectif d’élèves en équivalents temps plein. Différences entre les programmes strictement pédagogiques et les programmes intégrés Dans certains pays, les structures préscolaires proposent également des services de garde. Dans Regards sur l’éducation, ces programmes sont dits intégrés (puisqu’ils allient vocation pédagogique et services de garde). Les programmes strictement pédagogiques sont ceux qui dispensent principalement un enseignement pendant une brève période de la journée. Les parents qui travaillent ont souvent recours à des services d’accueil le matin ou l’après-midi. Traitement des programmes intégrés dans les dépenses au titre de l’éducation préprimaire dans Regards sur l’éducation Comme la description du niveau CITE 0 se concentre sur les propriétés éducatives des programmes, les dépenses au titre des services de garde inclus dans les programmes intégrés sont exclues des dépenses rapportées dans Regards sur l’éducation. Les pays qui sont dans l’impossibilité de déduire les dépenses au titre des services de garde de leurs dépenses sont signalés en note de bas de page dans le tableau C2.2. Il est probable que les dépenses au titre des services de garde qui sont incluses dans les dépenses varient entre ces pays. La prudence est donc de rigueur lors de l’interprétation de ces chiffres (voir l’encadré C2.1). Représentation de la variation à l’échelle nationale Il n’est pas possible de rendre compte de la variation de certains aspects à l’échelle nationale et les « caractéristiques des programmes préprimaires » ont été simplifiées dans certains cas. Ainsi, l’âge du début de la scolarisation dans l’éducation préprimaire varie entre des juridictions ou des régions dans certains pays. Dans ce cas, ce sont les données les plus courantes ou typiques qui sont fournies. 292 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 En quoi les systèmes d’éducation préprimaire se différencient-ils dans le monde ? – Indicateur C2 chapitre C Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international. Références Downey, D.B., P.T. von Hippel et B.A. Broh (2004), « Are Schools the Great Equalizer? Cognitive Inequality During the Summer Months and the School Year », American Sociological Review, vol. 69, no 5, pp. 613-635. Entwisle, D.R., K. Alexander et L.S. Olson (1997), Children, Schools and Inequality, Westview, Boulder. Hart, B. et I. Risley (1995), Meaningful Differences in the Everyday Experience of Young American Children, Paul H. Brookes Publishing, Baltimore. Heckman, J.J. (2000), The Case for Investing in Disadvantaged Young Children, CESifo DICE Report, Ifo Institute for Economic Research, Université de Munich, vol. 6, no 2, pp. 3-8, 07. OCDE (2010), Résultats du PISA 2009 : Surmonter le milieu social : L’égalité des chances et l’équité du rendement de l’apprentissage (Volume II), PISA, Éditions OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/9789264091528-fr OCDE (2011a), Comment va la vie ? : Mesurer le bien-être, Éditions OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/9789264121195-fr OCDE (2011b), Petite enfance, grands défis III : Boîte à outils pour une éducation et des structures d’accueil de qualité, Éditions OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/9789264167025-fr OCDE (2013a), « En quoi les politiques, les systèmes et la qualité de l’éducation et de l’accueil des jeunes enfants (EAJE) se différencient-ils dans les pays de l’OCDE ? », Indicateurs de l’éducation à la loupe, février. http://dx.doi.org/10.1787/5k49czkvxr0w-fr OCDE (2013b), Les grandes mutations qui transforment l’éducation 2013, Éditions OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/trends_edu-2013-fr Shin, E., M. Jung et E. Park (2009), « A Survey on the Development of the Pre-school Free Service Model », Rapport de recherche pour le compte du Korean Educational Development Institute, Séoul. Tableaux de l’indicateur C2 Tableau C2.1 Taux de scolarisation dans l’enseignement préprimaire et primaire, selon l’âge (2005, 2011) 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871751 Tableau C2.2 Caractéristiques des programmes d’éducation préprimaire (2010, 2011) 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871770 Tableau C2.3 Caractéristiques des programmes strictement pédagogiques et des programmes intégrés d’éducation préprimaire (2011) 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871789 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 293 C2 chapitre C Accès à l’éducation, participation et progression Tableau C2.1. Taux de scolarisation dans l’enseignement préprimaire et primaire, selon l’âge (2005, 2011) Taux de scolarisation (2011) Total CITE 0 CITE 1 Total CITE 0 CITE 0 CITE 1 Total CITE 0 CITE 1 Total CITE 0 CITE 1 Total 6 ans CITE 1 5 ans CITE 0 4 ans Total 3 ans CITE 1 6 ans CITE 0 OCDE 5 ans (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) Australie Autriche Belgique Canada1 Chili Rép. tchèque Danemark2 Estonie Finlande France Allemagne3 Grèce Hongrie Islande Irlande Israël Italie Japon Corée Luxembourg Mexique Pays-Bas Nouvelle-Zélande Norvège Pologne Portugal Rép. slovaque Slovénie Espagne Suède Suisse Turquie Royaume-Uni États-Unis 13 60 98 1 42 60 90 86 49 98 90 m 74 95 47 86 92 77 82 72 44 87 85 95 50 75 60 83 97 92 3 4 86 50 66 91 99 48 76 85 98 90 57 99 96 m 93 97 56 94 96 93 83 95 100 100 95 97 64 88 73 89 100 94 40 19 67 78 1 n n n n n n n n n n m n n 39 n a a n n n a n n a n n n n n n n 30 n 67 91 99 48 77 85 98 90 57 99 96 m 93 97 95 94 96 93 83 95 100 100 95 97 64 88 73 89 100 94 41 19 97 78 15 97 98 92 86 91 96 90 67 99 97 m 96 96 n 97 89 97 85 91 98 100 3 97 81 93 82 91 99 95 94 67 1 77 83 n 1 n 1 1 2 n n 1 n m n n 99 n 9 a 1 5 31 a 97 n x(9) 1 n x(9) n n 1 n 99 6 98 97 99 92 87 91 98 90 67 100 97 m 96 96 99 98 97 97 86 97 100 100 100 97 81 94 82 91 100 95 96 67 100 83 n 38 5 n 11 46 10 77 98 1 35 m 72 n n 17 2 a 1 4 1 a n 1 87 5 40 6 1 95 55 n n 14 100 58 93 99 81 50 89 14 n 99 62 m 22 98 100 81 97 100 100 89 100 100 100 100 9 95 51 93 98 1 44 97 99 86 100 97 99 99 91 96 99 91 98 100 98 m 93 98 100 97 99 100 100 93 100 100 100 100 96 100 91 100 99 97 100 97 99 100 17 47 100 m m 65 91 81 38 100 82 a 73 94 m 67 97 69 m 62 23 a 85 83 28 61 61 67 95 84 8 2 78 35 51 82 100 m m 91 93 84 47 100 93 58 91 95 m 84 100 95 m 96 70 m 96 89 38 84 74 76 99 89 38 5 60 65 2 n n m m n n n n n n a n n m n a a m n a m n n a n n n n n n n 32 n 53 82 100 m m 91 93 84 47 100 93 58 91 95 m 84 100 95 m 96 70 m 96 89 38 84 74 76 99 89 39 5 92 65 18 93 99 m m 97 84 88 56 99 93 83 97 96 m 93 94 99 m 92 88 m 3 91 48 87 85 84 100 90 90 23 n 72 72 n 1 m m n n n n 1 n 2 n n m n 7 a m 3 10 m 97 n m 3 n n n n 1 8 100 6 91 93 100 m m 97 84 88 56 100 93 84 97 96 m 94 100 99 m 95 98 m 100 91 48 90 85 84 100 90 91 32 100 78 n 39 6 m m 49 95 100 98 2 38 n 74 n m 13 1 a m 3 1 m n 1 98 3 40 4 1 96 60 n n 15 100 57 94 m m 51 3 12 1 94 58 100 25 98 m 81 100 100 m 97 100 m 100 99 1 100 54 96 99 3 40 83 100 80 100 96 100 m m 100 98 100 99 96 96 100 99 98 m 95 100 100 m 100 100 m 100 100 99 100 94 100 100 99 100 83 100 95 Moyenne OCDE Moyenne des pays de l’OCDE dont les données de 2005 et 2011 sont disponibles Moyenne UE21 67 82 2 84 81 13 94 22 77 99 64 77 1 79 77 11 88 29 70 100 70 84 1 85 82 12 94 25 73 99 64 78 1 79 77 11 88 30 69 99 77 86 3 90 83 11 94 31 66 97 73 82 2 84 83 6 89 42 61 100 Argentine Brésil Chine Inde Indonésie Fédération de Russie Arabie saoudite Afrique du Sud 37 36 m m m 70 m m 75 57 m m m 76 m m n n n m m a m m 75 57 m m m 76 m m 100 79 m m m 76 m m 1 1 n m m 1 m m 100 80 m m m 77 m m 1 49 n m m 72 m m 100 41 m m m 15 m m 100 91 m m m 87 m m m 21 m m m m m m m 37 m m m m m m m n m m m a m m m 37 m m m m m m m 62 m m m m m m m 1 m m m 1 m m m 63 m m m m m m m 63 m m m m m m m 21 m m m 23 m m m 83 m m m m m m Moyenne G20 m m 3 m m 17 m m 86 m m m m m m m m m m m C2 Autres G20 4 ans CITE 0 3 ans Taux de scolarisation (2005) Remarque : les taux de scolarisation en bas âge doivent être interprétés avec prudence ; en effet, des différences entre la date de référence des âges et la date de collecte des données sont susceptibles d’entraîner une surestimation des taux de scolarisation, tandis que l’absence de prise en compte des inscriptions tardives est susceptible d’entraîner une sous-estimation de ces taux. 1. Année de référence : 2010 (et non 2011). Seuls sont inclus les enfants scolarisés dans des structures publiques d’accueil de la petite enfance. 2. Les classes obligatoires ont été incluses dans le niveau CITE 1 à compter de 2011. 3. Année de référence : 2006 (et non 2005). Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine et l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm). Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871751 294 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 chapitre C En quoi les systèmes d’éducation préprimaire se différencient-ils dans le monde ? – Indicateur C2 Tableau C2.2. Caractéristiques des programmes d’éducation préprimaire (2010, 2011) 55.8 72.2 96.4 m 83.1 92.0 86.7 98.5 90.1 93.7 m x(6) m 75.7 m 78.3 91.8 45.2 52.5 98.8 83.6 94.2 84.8 84.6 79.0 m 82.3 79.1 73.2 100.0 m m 91.4 70.9 44.2 8 899 3 4 27.8 8 893 3 3 3.6 6 024 2.5 2.5 m m 2.5 à 5 4.5 à 5 16.9 3 544 0.25 4 8.0 4 247 3 3 13.3 9 454 n 1.0 1.5 2 533 n 3 9.9 5 372 n a 6.3 6 362 2 2à3 m m 3 3 x(9) m 4 4 m 4 773 2.5 3 24.3 8 606 n 2 m m 3 3 21.7 3 910 3 3 8.2 7 177 m m 54.8 5 550 3.0 3.0 47.5 6 739 3.0 3à5 1.2 20 958 3 3 16.4 2 280 3 4à5 5.8 7 664 3 3à4 15.2 11 495 m 3 15.4 6 610 n 1 21.0 5 737 2.5 3 m 5 977 3 3 17.7 4 306 2 3 20.9 7 744 3 3 26.8 6 685 n 2à3 n 6 582 3 m 5 186 4 5 m 2 490 3 5 8.6 7 047 3 3 29.1 10 020 3 4 Moyenne OCDE Total OCDE Moyenne UE21 68.1 74.2 24.5 19.1 19.5 17.7 12.2 11.8 14.3 13.1 0.6 0.5 0.6 82.1 88.7 17.9 11.3 6 762 6 569 7 085 Argentine Brésil1, 7 Chine Inde Indonésie Fédération de Russie Arabie saoudite Afrique du Sud 67.9 71.8 53.0 m m 99.0 m m 23.3 a 47.0 m m a m m 8.9 28.2 x(2) m m 1.0 m m m 12.6 20.6 m 17.3 m m m m 17.1 23.2 m 18.8 m 11.0 m 0.6 0.4 m m m 0.8 m m 69.3 m m m m 87.9 m m 30.7 m m m m 12.1 m m 2 427 2 111 m m m m m m (8) (9) (10) (11) (12) (13) m n m m m m m m m 1 m m m m m m C2 CITE 0 Temps plein (TPl.)/ Temps partiel (TPa ) (7) 0.1 0.6 0.6 m 0.6 0.5 1.1 0.5 0.4 0.7 m m 0.7 1.0 m 0.8 0.5 0.2 0.3 0.8 0.6 0.4 0.6 0.5 0.7 0.4 0.5 0.7 0.9 0.7 0.2 n 0.3 0.5 Âge du début de la CITE 0 scolarité obligatoire (le cas échéant) Durée de la scolarité CITE 0 obligatoire (le cas échéant) (en années) (6) m 14.0 16.1 m 21.9 13.9 m 6.6 10.8 21.1 12.7 m 11.2 5.8 m 24.2 11.8 15.6 16.3 11.4 25.2 15.5 7.2 m 16.1 15.8 12.4 9.4 12.8 6.3 m 23.1 17.1 13.1 CITE 1 Âge moyen du début du niveau CITE 1 (5) m 9.7 16.1 m 10.7 13.6 m m m 14.1 10.0 m m 5.8 m 11.5 m 14.8 16.3 m 25.2 14.3 7.2 m m m 12.3 9.4 m 6.3 m m 12.2 10.9 CITE 0 Durée moyenne (en années) (4) n x(2) m x(2) 6.3 a n 2.9 a 0.4 x(2) m a n 97.8 10.6 30.1 70.3 79.7 8.8 13.9 30.1 n x(2) 13.3 17.1 n 0.2 11.1 n 3.6 9.0 17.7 44.8 CITE 0 Âge moyen du début (3) CITE 0 Âge minimal du début CITE 0 Nombre d’élèves par enseignant (2) 75.5 28.5 52.7 7.0 57.5 1.8 19.6 a 8.7 12.5 65.1 m 6.4 12.7 a a a a 3.5 n a a 98.4 45.2 1.3 31.0 3.6 2.5 24.5 16.7 0.3 a 11.1 a CITE 0 Dépenses annuelles par élève (en USD) Nombre d’élèves par CITE 0 membre du personnel de contact (enseignants et auxiliaires d’éducation) (1) 24.5 71.5 47.3 93.0 36.2 98.2 80.4 97.1 91.3 87.2 34.9 m 93.6 87.3 2.2 89.4 69.9 29.7 16.8 91.2 86.1 69.9 1.6 54.8 85.4 52.0 96.4 97.4 64.4 83.3 96.1 91.0 71.2 55.2 Dépenses totales CITE 0 (publiques et privées) en pourcentage du PIB Pourcentage des CITE 0 dépenses totales de sources publiques Pourcentage des CITE 0 dépenses totales de sources privées CITE 0 Établissements privés indépendants Caractéristiques des programmes d’éducation préprimaire Australie Autriche1 Belgique Canada2 Chili Rép. TPl. TPl. TPl./Tpa. TPl./Tpa. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl./Tpa. TPl./Tpa. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl./Tpa. TPl./Tpa. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl. TPl./Tpa. TPl./Tpa. m 5 m m m m m m m 6 m m m m m m m 4 m m m m m m m 2 m m m m m m TPl. TPl. TPl. m TPl. m m m 1. Certaines dépenses au titre de l’accueil des jeunes enfants sont incluses. 2. Les programmes de niveau CITE 0 sont dispensés dans l’ensemble des 13 juridictions et obligatoires dans 2 d’entre elles. L’âge minimal de début, l’âge moyen de début et la durée de la préscolarisation au niveau CITE 0 varient selon les juridictions. 3. Les données relatives aux dépenses se rapportent uniquement aux structures publiques. 4. La préscolarisation obligatoire et gratuite au niveau CITE 0 vient d’être inscrite dans la loi, à l’échelle nationale. La mise en œuvre de cette loi se fera progressivement à partir de 2013. 5. La préscolarisation au niveau CITE 0 est obligatoire pendant deux années dans certaines juridictions, et pendant une année seulement dans d’autres. 6. La préscolarisation au niveau CITE 0 est obligatoire dans un tiers environ des États. 7. Dépenses publiques uniquement. Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine et l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm). Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871770 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 295 chapitre C Accès à l’éducation, participation et progression Tableau C2.3. Caractéristiques des programmes strictement pédagogiques et des programmes intégrés d’éducation préprimaire (2011) Existence et caractéristiques des programmes strictement pédagogiques et des programmes intégrés d’éducation préprimaire Répartition (en pourcentage) des effectifs d’élèves indiqués dans Regards sur l’éducation entre les programmes strictement pédagogiques et les programmes intégrés d’éducation préprimaire C2 Programmes intégrés (vocation pédagogique et services de garde) Programmes strictement pédagogiques OCDE Existant à l’échelle nationale Australie Autriche Belgique Canada Chili Rép. tchèque Danemark Estonie Finlande France Allemagne Grèce Hongrie Islande Irlande Israël Italie Japon Corée Luxembourg Mexique Pays-Bas Nouvelle-Zélande Norvège Pologne Portugal Rép. Les symboles représentant les données manquantes figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932871789 296 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 Combien d’élèves entameront des études tertiaires ? • Dans les pays de l’OCDE, quelque 60 % des jeunes adultes devraient entamer des études Indicateur C3 tertiaires de type A (largement théoriques) durant leur vie, mais seulement 3 % commenceront un programme de recherche de haut niveau. • Près de la moitié des jeunes adultes entameront des études tertiaires de type A avant l’âge de 25 ans dans les pays de l’OCDE. • Si les étudiants en mobilité internationale sont exclus des calculs, la Pologne et la Slovénie sont les seuls pays (parmi les 17 pays dont les données sont disponibles) où 7 jeunes adultes sur 10 environ devraient débuter une formation tertiaire de type A avant l’âge de 25 ans. Graphique C3.1. Taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A (2011) Australie Islande Pologne Nouvelle-Zélande Norvège1 Slovénie États-Unis1, 2 Suède Féd. de Russie1 Danemark Corée1 Finlande1 Pays-Bas Royaume-Uni1 Rép. slovaque Rép. tchèque1 Moyenne OCDE Argentine1, 3 Israël Espagne1 Arabie saoudite4 Autriche Hongrie1 Japon1, 4 Irlande Italie Allemagne Chili Suisse Estonie1 Grèce1 France1 Turquie1 Mexique1 Belgique Indonésie1 Chine1, 4 Étudiants âgés de moins de 25 ans Étudiants âgés de moins de 25 ans, à l’exclusion des étudiants en mobilité internationale Irlande Italie Allemagne Chili Suisse Estonie1 Grèce1 France1 Turquie1 Mexique1 Belgique Indonésie1 100 80 60 40 20 0 À l’exclusion des étudiants en mobilité internationale Autriche Hongrie1 % Tous étudiants confondus Australie Islande Pologne Nouvelle-Zélande Norvège1 Slovénie États-Unis1, 2 Suède Féd. de Russie1 Danemark Corée1 Finlande1 Pays-Bas Royaume-Uni1 Rép. slovaque Rép. tchèque1 Moyenne OCDE Argentine1, 3 Israël Espagne1 % 100 80 60 40 20 0 1. Les données relatives aux nouveaux inscrits parmi les étudiants en mobilité internationale ne sont pas disponibles. 2. Les taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A incluent les taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type B. 3. Année de référence : 2010. 4. Les données ventilées par âge relatives aux nouveaux inscrits ne sont pas disponibles. Les pays sont classés par ordre décroissant du taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A en 2011. Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine, la Chine et l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Données relatives à l’Arabie saoudite : Observatoire de l’enseignement supérieur. Tableaux C3.1a et b. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932868445 Contexte Le taux d’accès à l’enseignement tertiaire est une estimation de la probabilité de voir les individus entamer une formation de ce niveau au cours de leur vie. Ce taux montre le degré d’accessibilité de l’enseignement tertiaire et donne des indications sur la valeur subjective qui lui est accordée. Il permet de déterminer jusqu’à un certain point dans quelle mesure la population acquiert les connaissances et les compétences de haut niveau qui peuvent créer des économies de la connaissance et les alimenter. Des taux élevés d’accès et de scolarisation dans l’enseignement tertiaire sont le signe qu’une main-d’œuvre hautement qualifiée se développe et s’entretient. 298 Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 Dans les pays de l’OCDE, la conviction que les compétences acquises dans l’enseignement tertiaire sont davantage valorisées que les compétences des individus moins instruits trouve son origine dans le fait, réel ou craint, que des emplois dits de « routine » sont mécanisés ou délocalisés dans des pays à bas coûts, et dans le fait, de plus en plus reconnu, que le savoir et l’innovation sont indispensables à la croissance économique. Les établissements d’enseignement tertiaire doivent non seulement augmenter leur capacité d’accueil, mais aussi adapter leurs programmes de cours et leurs modes d’enseignement et d’apprentissage aux besoins variés des nouvelles générations d’étudiants. Indicateur C3 Autres faits marquants • En Allemagne, en Slovénie et en Suisse, 1 jeune adulte sur 20 devrait entamer un programme de recherche de haut niveau au cours de sa vie, mais moins de 1 sur 100 devrait le faire en Arabie saoudite, en Argentine, au Chili, en Espagne, en Indonésie, au Mexique et en Turquie. • Dans les pays de l’OCDE, les taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A restent, en moyenne, plus élevés chez les femmes (67 %) que chez les hommes (53 %). Toutefois, l’écart entre les sexes se comble avec l’élévation du niveau de formation ; cet écart est pratiquement nul dans les programmes de recherche de haut niveau. • Selon les taux d’accès actuels, on estime qu’en moyenne, 19 % des jeunes adultes d’aujourd’hui (20 % des femmes et 18 % des hommes) entameront une formation tertiaire de type B (plus courte et largement professionnelle) au cours de leur vie. • Les domaines d’études les plus prisés par les nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire sont les sciences sociales, le commerce et le droit dans tous les pays, sauf en Arabie saoudite, en Corée et en Finlande. Tendances Entre 1995 et 2011, les taux d’accès ont progressé, en moyenne, de plus de 20 points de pourcentage dans l’enseignement tertiaire de type A dans les pays de l’OCDE, alors que les taux d’accès sont restés stables dans l’enseignement tertiaire de type B. Cet accroissement s’explique par l’amélioration de l’accessibilité de l’enseignement tertiaire dans de nombreux pays, mais également par des changements structurels intervenus dans le système d’éducation de certains pays, tels que la création de formations nouvelles (pour répondre aux besoins du marché du travail) ou plus courtes (dans le cadre de la mise en œuvre du processus de Bologne). Les taux d’accès de l’enseignement tertiaire ont également augmenté sous l’effet de l’afflux d’étudiants en mobilité internationale (voir l’indicateur C4) et d’étudiants plus âgés parmi les candidats. Remarque Le taux d’accès représente le pourcentage d’individus d’une cohorte d’âge qui entameront des études, tertiaires en l’occurrence, au cours de leur vie. Cette estimation se base sur le nombre de nouveaux inscrits en 2011 et la pyramide des âges dans ce groupe. Le taux d’accès repose donc sur l’hypothèse d’une « cohorte fictive », selon laquelle le taux actuel d’accès est la meilleure estimation du comportement des jeunes adultes tout au long de leur vie. Les taux d’accès sont sensibles aux changements intervenus dans le système d’éducation, par exemple l’introduction de nouvelles formations (comme dans le cadre de la mise en œuvre du processus de Bologne) ou la variation du nombre d’étudiants en mobilité internationale. Les taux d’accès peuvent être très élevés, et même supérieurs à 100 % (ce qui indique clairement que l’hypothèse de la cohorte fictive n’est pas plausible) en cas d’afflux imprévu de candidats. En Australie, par exemple, le taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A diminue de plus de 25 points de pourcentage si les étudiants en mobilité internationale sont exclus. Au Portugal, un grand nombre de femmes âgées de plus de 25 ans ont décidé d’entamer des études tertiaires, de sorte que le taux féminin d’accès a augmenté de 40 points de pourcentage entre 2007 et 2011. Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE   © OCDE 2013 299 chapitre C Accès à l’éducation, participation et progression Analyse Accès global à l’enseignement tertiaire Le pourcentage d’étudiants qui entament des études tertiaires de type B est généralement inférieur, essentiellement parce que ces formations sont moins répandues dans la majorité des pays de l’OCDE. Ce pourcentage est inférieur à 5 % en Islande, en Indonésie, au Mexique, en Pologne et en République slovaque, mais supérieur à 35 % en Belgique, en Corée et en Nouvelle-Zélande, et passe même la barre des 50 % en Argentine et au Chili (voir le tableau C3.1a). Par contraste, en Belgique et au Chili, les étudiants seront plus nombreux à entamer une formation tertiaire de type B que de type A. Dans ces pays, le taux élevé d’accès à l’enseignement tertiaire de type B compense le taux relativement faible d’accès à l’enseignement tertiaire de type A (voir le graphique C3.2). Dans d’autres pays, en particulier en Israël et au Royaume-Uni, les taux d’accès sont proches de la moyenne de l’OCDE dans les formations tertiaires théoriques (de type A) et sont relativement élevés dans l’enseignement tertiaire professionnel (de type B). Les taux d’accès de la Nouvelle-Zélande comptent parmi les plus élevés des pays de l’OCDE dans les deux types de formation, mais ils sont artificiellement gonflés par la présence d’étudiants plus âgés et d’étudiants en mobilité internationale (voir le tableau C3.1a). Dans certains pays, des taux élevés d’accès peuvent refléter des phénomènes temporaires, par exemple la réforme de l’enseignement tertiaire dans le cadre de la mise en œuvre du processus de Bologne, les effets de la crise économique ou un accroissement important du nombre d’étudiants en mobilité internationale. Graphique C3.2. Taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A et de type B (2000, 2011) % Tertiaire de type A (2011) Tertiaire de type A (2000) Tertiaire de type B (2011) Tertiaire de type B (2000) 100 80 60 40 20 0 Australie Islande Pologne Nouvelle-Zélande Norvège Slovénie États-Unis1 Suède Féd. de Russie Danemark Corée Finlande Pays-Bas Royaume-Uni Rép. slovaque Rép. tchèque Israël Moyenne OCDE Argentine2 Espagne Arabie saoudite Autriche Hongrie Japon Irlande Italie Allemagne Chili Suisse Estonie Grèce France Turquie Mexique Belgique3 Luxembourg2 Indonésie Chine C3 Selon les estimations, dans les pays de l’OCDE, 60 % des jeunes adultes entameront des études tertiaires de type A au cours de leur vie si les taux d’accès se maintiennent à leur niveau actuel. Ce pourcentage est égal ou supérieur à 70 % dans plusieurs pays, mais inférieur à 35 % en Belgique, en Chine, en Indonésie et au Mexique (voir le graphique C3.1). 1. Les taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A incluent les taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type B. 2. Année de référence : 2010 (et non 2011). 3. Année de référence : 2001 (et non 2000). Les pays sont classés par ordre décroissant du taux d’accès à l’enseignement tertiaire de type A en 2011. Source : OCDE. Données relatives à l’Argentine, la Chine et l’Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO (Programme des indicateurs de l’éducation dans le monde). Données relatives à l’Arabie saoudite : Observatoire de l’enseignement supérieur. Tableau C3.2a. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/edu/rse.htm).
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Avant-propos Laurent Aubry (UMR ArScAn - Archéologie et systèmes d 'informations), Pierre-Marie Blanc (UMR ArScAn - Proche-Orient hellénistique et romain), Odile Daune-Le Brun (UMR ArScAn - Préhistoire en Méditerranée orientale), Virginie Lanièpce (UMR ArScAn - Archéologie et systèmes d 'informations) L 'a p p lica tio n de la g é o m a tiq u e e t des Systèmes d 'in fo rm a tio n G éo g ra p h iq u e plus com m uném ent connus sous l'acronym e S.I.G., est de plus en plus fré q u e n te en archéolog ie. C et e n g o u e m e n t provient d e deux phénom ènes distincts : 1) depuis une vin g ta in e d'années, co m m e n c é à prendre en considération en archéologie les problém atiques de transformation du milieu g é o g ra p h iq u e induite par l'hom m e, d 'archéologie du paysage (voir les séminaires du Thème Environnement, Sociétés et Espaces), il a alors fallu croiser des données de natures diverses. 2) D'un point de vue purem ent technique, les SIG sont longtem ps restés inaccessibles : ils n'existaient que sur station de travail et donc étaient réservés aux seuls spécialistes d e cartograph ie. L 'a vè n e m e n t des jeux vidéo e t d e la m icroinform atique personnelle a permis d 'a v o ir des m achines toujours plus puissantes à des prix Les éditeurs de logiciels ont com m encé onabordables. a alors à développer e t à décliner leurs produits pour différents profils d'utilisateurs, du spécialiste /co n ce p te u r à l'utilisateur. Dans un article paru en 1985, René Ginouvès soulignait dé jà l'im p o rta n c e croissante de la dimension spatiale en archéologie 1 : « Ainsi, l'o b je t de l'archéologie n'est plus seulement l'ensemble des créations matérielles dues au travail humain, mais aussi l'ensemble des transformations que l'hom m e a Le géoréférencem ent - ou spatialisation - des données perm et d 'é ta b lir une com m unication a v e c d 'a utres acteurs d e la réflexion environ- nementale. Qu'est ce qu'un Système d'information Géographique? Définir un système d'inform ation géographique est particulièrement difficile tant les ce terme englobe de réalités diverses. On peut toutefois le définir, sans s'enfermer dans un cadre sémantique trop strict, com m e étant un « système d'information » traitant d'« information géographique », selon les définitions suivantes : • Système d'information : système d e com munication perm ettant de comm uniquer et de traiter l'information (norme internationale ISO 5127-1-1983), • Information géographique : L'information géographique est la représentation d 'u n objet ou d'un phénomène réel, localisé dans l'espace à un m om ent donné (Quodverte P., 1994. Cartographie numérique et information géographique, Thèse unlv. Orléans). Dans les communications d 'autres définitions seront abordées (Robert et Costa, Aubry et Guyard) qui viendront apporter des éclairages distincts. il:!;;. 77' 'y.. ;7 ■■ 7 :■ '■ : \7 ; ; / 7^ - \.7v :7 ''y '7., t :7 - :':''':7-7--'77 1 Ginouvès R. 1985. L'archéologie e t l'homm e. Paris, Le grand Atlas de l'archéologie. Encyclopaedia Universalis. 265. "" v-: ■ Laurent Aubry, Pierre-Marie Blanc, Odile Daune-Le Brun e t Virginie Lanièpce imposées à la faune, à la flore, au milieu gé o g ra p h iq u e, et, en définitive, l'ensem ble des relations réciproques, a ve c son environnement, de l'hom m e tou t entier ». Aujourd'hui, on assiste certain em en t à un tournant, où le besoin en g é o m a tiq u e est plus la rg e m e n t ressenti et où l'é ta p e de gé o ré fé re n c e m e n t des données archéologiques vient com pléter l'enregistrement traditionnel. Au sein de l'UMR ArScAn, c e tte extension se traduit depuis cinq ans dans les diverses équipes par des pratiques réelles de formation, des achats de matériels et de logiciels. Depuis plusieurs années, des études synthétiques d 'u n territoire existaient- par exemple, sur la Vallée de l'Aisne (Protohistoire européenne, a ve c l'a id e de Michèle Chartier, géographe), le Bassin parisien (Ethnologie préhistorique) ou en Orient (Du Village à l'Etat et Proche Orient hellénistique et romain). De nouvelles recherches émergent, profitant d 'u n accès plus facile aux outils SIG et de personnes d a v a n ta g e form ées : citons le program m e transversal sur le Bassin parisien mené conjointem ent par six équipes de l'UMR (Ethnologie préhistorique, Protohistoire européenne. Environnement, Gaule, Pléistocène et A rch é o lo g ie et Systèmes d'inform ation) e t s'ap pu yan t sur les com pétences d 'u n p ôle g é o m a tiq u e (Laurent Aubry, Laurent Costa) ou encore le program m e sur l'organisation géograp hique de l'A ttique en G rèce (Archéologie du m onde grec archaïque), Dans c e processus d 'in té g ra tio n d e la géom atique, le p a rta g e d'e xpé rie nce a un rôle im portant à jouer. En regroupant le Thème Bâti et Habitat e t le Thème Outils et méthodes, nous nous sommes interrogés sur le traitem ent d'inform ation élaboré par différents archéologues travaillant sur des territoires urbains, en France e t à l'étranger. Que peut-on attendre d'un S.IG,? De manière très générale, un S.I.G. se doit de répondre à un certain nombre d e questions élémentaires liées à la gestion e t à la relation des objets localisés dans l'espace quelque soit l'échelle du phénom ène étudié : • Analyse thématique, Où se trouvent tous les objets d'un m êm e type? • Inventaire localisé, Qu'y a-t-il à c e t endroit? • Analyse spatiale, Comm ent ces deux types d e données sont ils liés 7 • Analyse temporelle, Comm ent tel phénom ène évolue dans le temps? • Modélisation, Quelles seraient les conséquences si tel scénario se produisait? Bien entendu, ce t inventaire n'est pas exhaustif et ces questions élémentaires peuvent se panacher à l'envie en fonction des problématiques et leurs évolutions..
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2.3 Mécanismes connus de la dynamique des particules en grandes rivières et estuaires 2.3.1 Introduction - Rapprochement avec le travail de thèse Les études auxquelles nous allons porter attention ont été principalement menées dans des milieux maritimes ou au cours d'études de laboratoires visant à étudier la dynamique de ces milieux. Or ce manuscrit de thèse se focalise sur des processus de versant et de petite rivière. S'intéresser à tous les niveaux du continuum est cependant une démarche qui nous est apparue fondamentale pour mieux cerner notre étude. Les mêmes processus peuvent être impliqués depuis les rivières jusqu'aux estuaires. Il s'agit cependant de savoir dans quelles proportions certains mécanismes vont dominer les autres, comme souligné par Droppo (2005). On assiste depuis un certain temps à un transfert des méthodes d'analyse et des questions scientifiques depuis l'aval vers l'amont. Ainsi, les appareil de mesure in situ de la granulométrie des particules tel le LISST, couramment utilisés en milieu estuarien (Mikkelsen et Pejrup, 2001), n'ont été utilisés en rivière que plusieurs années plus tard (Thonon et al., 2005). De même, la question de l'importance relative des différentes caractéristiques des particules (taille, masse volumique, porosité, forme) sur la vitesse de chute n'a été que récemment étudiée en rivière (Williams et al., 2008). A notre connaissance, peu d'études se sont intéressées au rapprochement des conceptualisations faites dans les bassins de tête et les milieux situés plus en aval du continuum. Il nous est donc paru pertinent de nous intéresser également aux études faites à la fois sur la structure et sur la dynamique des particules dans les milieux estuariens et de plaines. 49 2.3. Mécanismes connus de la dynamique des particules en grandes ières et estuaires Water level Primary Particles Presence Flocculation Water body Aggregation Water mixing Break-up Settling ws1<ws2 Water mixing Settling ws2 Erosion Sedimentation Clay mineral particles Interface water-bed Bed Fig. 2.23 – Conceptualisation de la dynamique des particules dans la lame d'eau. D'après Maggi (2005). 2.3.2 Conceptualisation générale Les particules fines sont considérées comme extrêmement dynamiques dans la lame d'eau, que ce soit dans les milieux estuariens (Dyer, 1989; Maggi, 2005; Mietta, 2010) ou dans les grandes rivières de plaine (Droppo, 2004). De manière générale, la dynamique des particules dans la lame d'eau est conceptualisée comme une interaction permanente entre les particules, l'écoulement et le lit (Fig. 2.23). Les particules en elles-mêmes sont des composites minéraux et organiques complexes. Cette structure organique impacte les capacités d'adsorption des flocs ainsi que leurs surfaces, ce qui peut potentiellement influencer les interactions particules-particules. Elle influence également les interactions fluide-particules via la modification de comportement des particules face au cisaillement du fluide. Enfin, elle va également avoir des effets sur les interactions ions-particules via la modification de la structure et de la charge de celles-ci. Cependant, très peu d'études quantitatives se sont jusqu'à aujourd'hui intéressées à ces effets sur les mécanismes de floculation. Dans cette partie, nous nous contenterons donc de discuter les interactions entre particules, et leurs comportements face au fluide. Nous porterons une rapide attention aux mécanismes fondamentaux de la floculation, puis décrirons la conceptualisation de ces entités dans un second temps. 2.3.3 2.3.3.1 Mécanismes de floculation et désagrégation Forces électrochimiques Les caractéristiques physico-chimiques du milieu sont importantes à considérer dans les phénomènes d'agrégation. Lorsqu'elles sont immergées dans un liquide, les particules vont se charger suite à une dissociation d'ions à leur surface. Ce phénomène crée ce que l'on appelle une double couche électrique. Elle désigne la combinaison de la charge de surface et d'ions attirés à la surface via les forces de omb. La charge de surface est quantifiée à l'aide du potentiel zeta. C'est un indicateur de l'interaction entre ions dissous en solution et particules. Une diminution du pH et une augmentation de la force ionique diminuent la valeur du potentiel zeta (Tombacz et Szekeres, 2006; Chassagne et al., 2009). On distingue dans la floculation les interactions ions-particules et les interactions particulesparticules. Les électrolytes, responsables de l'ionisation et de la conductivité de la solution, peuvent réagir avec la surface des particules, ce qui va modifier leurs charges de surface, influençant ainsi l'agrégation. Sposito (1989) (cité par Mietta (2010)) montrait que plus la valence des ions dissous était forte, plus ceux-ci étaient susceptibles de réagir avec la partie minérale des flocs. Celle-ci est principalement constituée de limons et d'argiles, éventuellement de sables. Les argiles les plus communes dans les environnements marins sont les kaolinites, illites, montmorillonites, chlorites et smectites (Mietta, 2010). Ces particules élémentaires présentent de larges surfaces spécifiques et des charges négatives dans les suspensions. Ces caractéristiques les rendent susceptibles de s'agréger sous l'effet de forces électrochimiques. Les forces en jeu sont : – les forces de Coulomb qui sont des forces électriques entre particules chargées électriquement (Tombacz et Szekeres, 2006), – les forces d'attraction inter atomiques (ou moléculaires) de Van der Waals. Elles rentrent en jeu quand les électrolytes présents en solution neutralisent les charges des particules élémentaires. La répulsion électrostatique qui s'exercait alors entre particules est affaiblie et permet la floculation due à ces forces faibles (Tombacz et Szekeres, 2006), – les pontages entre particules par des chaines polymériques (Li et al., 2006). L'influence des conditions ioniques et du pH sur l'agrégation de plaquettes d'argile a été étudiée par Tombacz et Szekeres (2006). Ils résument ces effets sous la forme du schéma présenté en figure 2.24. Quand le pH et la force ionique sont faibles (cas Â), les particules sont chargées sur les bords. Cet effet a été observé par Tombacz et Szekeres (2004) du fait d'interactions spécifiques des bords avec les ions H+. L'agrégation est permise par les forces de Coulomb. Quand le pH est augmenté (cas Ã), autrement dit quand la concentration en ions H+ est plus faible, les différences de charges sont moins prononcées. Ce cas de figure est défavorable à la floculation. Cependant, si la force ionique est augmentée (cas À), la double couche électrique se compresse. Le potentiel zeta est réduit. L' entre ions dissous et particules est diminuée, les forces de Van Der Waals permettent alors la floculation. Finalement, passer de cet état à un autre dans lequel le pH est moindre (cas Á) permet à la fois la floculation par les forces de Van Der Waals (par neutralisation des charges de surface) et les forces de Coulomb. 2.3. Mécanismes connus de la dynamique des particules en grandes rivières et estuaires Ionic strength particles charges and double layer contour aggregation mode 51 particles charges and double layer contour aggregation mode + + 2 1 + + 3 4 pH Fig. 2.24 – Schéma de l'interaction entre des particules de kaolinite, forces ioniques et pH du milieu. La ligne en continu représente la particule, entourée de sa double couche électrique, en pointillé. 2.3.3.2 Forces physiques et modélisation En suspension dans la lame d'eau, les flocs sont soumis à la turbulence de l'écoulement. Celle-ci a trois effets : elles s'oppose à la chute des particules dans la lame d'eau, facilite les collisions inter particules donc la floculation ou la désagrégation, et crée du cisaillement sur les flocs, participant ainsi à leur rupture. Les modèles de floculation se basent généralement sur deux équations phares. La première décrit l'advection du terme de concentration sous la forme : ∂Ck ∂Ck ∂ ∂Ck + wk = D ∂t ∂z ∂z ∂z! (2.27) où : – Ck est la concentration en particules au sein de la classe k (g.l−1 ), – wk est la vitesse de chute de la classe k (m.s−1 ), – D est un coefficient de diffusion turbulente (m2.s−1 ). La description des processus de floculation se fait quant à elle généralement sur la base de la théorie proposée par Smoluchowski (1917) (cité par Atkinson et al. (2005)). Elle décrit l'évolution du nombre de particules de selon l'équation suivante : ∞ X d( n k ) 1 X = α β(i, j)ni nj − nk α β(i, k)ni dt 2 i+j=k i=1 | {z } Formation dans la classe k où : – nk est le nombre d'agrégats dans la classe k, | {z } Perte dans la classe k ( 2.28) 52 – α est l'efficacité de la collision, – β(i, j) est la fonction de fréquence de collision. Les mécanismes d'agrégations sont représentés dans ce genre de modèle par la fonction β. Les trois grands mécanismes régissant la dynamique des flocs dans la suspension sont souvent considérés comme étant (i) le mouvement Brownien des particules, (ii) le mouvement de la masse d'eau et (iii) le dépôt sélectif. 2.3.4 2.3.4.1 Structure et dynamique des flocs Conceptualisation et modélisation Les modélisations et les concepts que nous venons de décrire sont principalement centrés sur une description des particules élémentaires comme étant des plaquettes d'argiles, et les agrégats comme un assemblage de particules élémentaires. C'est ce que nous apprennent les équations (2.29) à (2.31) et c'est comme cela que Maggi (2005) schématise les particules (Fig. 2.23). Cependant, il a été montré en milieu naturel que les flocs sont d'une nature bien plus complexe (comme décrit dans la section 2.2.4). Ces considérations sont importantes, car elles ont des conséquences sur la dynamique des particules. La complexité de la structure des flocs a été mathématiquement décrite par la notion de dimension fractale. Elle définit le nombre de particules 2.3. Mécanismes connus de la dynamique des particules en grandes rivières et estuaires 53 élémentaires Np dans un floc comme : Np = L dc Lp (2.32) où : – dc est la dimension fractale, – L est la longueur caractéristique du plus petit carré circonscrivant le floc, – Lp est équivalent à L pour les particules élémentaires. Atkinson et al. (2005) montr ent que la masse volumique d'un floc ρf est reliée à celle de ses particules primaires ρp par une relation du type : ρf = ρp α L dc −3 Lp (2.33) Winterwerp (1999) (cité par Mietta (2010)) montre que la dimension fractale de flocs d'estuaires est comprise entre 1.7 et 2.3. La conséquence directe de la relation (2.33) est que les flocs dont la dimension fractale est inférieure à 3 sont des particules poreuses. En conséquence, la loi de Stokes ne leur est théoriquement pas applicable. Ce résultat a également été démontré en rivière (Petticrew 2005). Dans une optique de modélisation, Winterwerp (1999) étend le modèle de Smoluchowski pour prendre explicitement en compte la dimension fractale des flocs sous la forme : ws = aw (ρs − ρw )g 3−dc Ldc −1 Lp 18bw μ 1 + 0.15Re0.687 (2.34) où : – aw et bw sont deux paramètres de forme (sans dimension), – Re est le nombre de Reynolds de particules (sans dimension). La revue bibliographique menée par Maggi (2005) nous apprend que dans les milieux naturels, la forme des particules nous renseigne sur leurs mécanismes de formation. 2.3.5 Notion de temps d'équilibre Dyer proposait en 1989 déjà un schéma décrivant l'équilibre entre taille des flocs, turbulence de l'écoulement et concentration (Fig. 2.25). L'augmentation de l'agitation de l'écoulement (représenté via le cisaillement) provoque dans un premier temps l'augmentation de la fréquence de collision. La floculation est alors favorisée, la taille des flocs augmente. Lorsque les taux de cisaillement augmentent encore, ils dépassent la résistance des flocs qui sont alors disloqués. La taille des flocs diminue alors. De la même façon, l'augmentation de la concentration favorise dans 54 Floc diam μm 200 Concentration 100 10 10 1 10 2 10 3 4 mg l -1 2 4 Shear stress dynes cm -2 6 8 Fig. 2.25 – Evolution de la taille des flocs en fonction du niveau de cisaillement dans l'écoulement et de sa concentration. D'après Dyer (1989). un premier temps les collisions et donc la floculation, puis favorise la rupture des flocs du fait de l'augmentation des collisions inter particules. Ce schéma suggère que la taille des flocs est fortement influencée par les caractéristiques de la colonne d'eau. Elle est d'autre part le résultat d'un équilibre dynamique, qui n'est atteint qu'au bout d'un certain temps dans des conditions données dans la lame d'eau. Les particules ne se mettent pas immédiatement à l'équilibre avec les conditions du milieu. Cet équilibre est bien résumé par le schéma proposé par Maggi (2005) (Fig. 2.26). He et al. (2012) ont confirmé en laboratoire l'existence de ce temps de relaxation, ainsi que celle d'oscillations autour de la position d'équilibre de la taille des particules, soulignant leur caractère hautement dynamique. Ceci souligne l'intérêt de variables macroscopiques susceptibles de décrire la turbulence de l'écoulement. C'est le rôle du terme ε présent dans l'équation (2.30). Il lui est cependant souvent préféré dans la littérature (Manning, 2004; Manning et al., 2004; Gratiot et al., 2005; Jarvis et al., 2005; Droppo et al., 2008) le paramètre de dissipation G (s−1 ), défini comme : G= r ν (2.35) Ce choix est probablement dû à une facilité d'interprétation, G pouvant être assimilé à un gradient de vitesse dans la colonne d'eau, de par son unité. 2.4. Modél isation nu mérique Breakup Aggregation Non-equilibrium Statisticaly stationary steady state Steady transition state Floc Size Distribution Time High breakup likelihood High aggregation likelihood Time Fig. 2.26 – Illustration de l'évolution du nombre des particules dans le temps à un niveau de turbulence donné dans l'écoulement. D'après Maggi (2005). 2.4 Les processus évoqués dans la revue bibliographique ont donné lieu à différentes méthodes et paramétrisations de modélisation du transport solide. Nous ferons ici une rapide revue des modélisations actuellement utilisées. N'estimant pas avoir le recul nécessaire à un tel travail, le but n'est pas une description exhaustive des modélisations existantes, mais plutôt de souligner les manques qu'il nous semble important d'aborder dans le cadre de ce travail de thèse. 2.4.1 Modélisations statistiques et empiriques La première façon d'aborder la modélisation des flux sur les versants, et plus généralement le long du continuum versant-rivière consiste à identifier une ou plusieurs variables présentant la meilleure corrélation avec les masses de particules en transit à l'exutoire, et à effectuer une régression simple ou multiple à l'aide de ces variables. Cette méthode intègre par nature tous les processus, de production et de transport, à l'oeuvre en amont du point de mesure. Cette démarche est simple d'utilisation mais nécessite une grande quantité de mesures. Un nombre représentatif d'évènements extrêmes doit également avoir été échantillonné lors des mesures afin 56 de minimiser le plus possible les extrapolations lors de telles démarches. Elle ne permet en revanche pas une compréhension des processus de production et de transport des particules, et est mise en défaut dès lors que les conditions changent dans le système (forçage et occupation des sols par exemple). Elle a cependant montré une bonne capacité à reproduire les quantités de particules observées (Serrat et al., 2001; Duvert et al., 2012). C'est dans cet état d'esprit que des équations telles l'Universal Soil Loss Equation ou USLE (Wischmeier et Smith, 1987), ou ses adaptations Revised USLE - RUSLE (Renard et al., 1991) ou Modified USLE - MUSLE (Kinnell et Risse, 1998), ont été développées. Elles se basent sur de grands jeux de données acquis sur des placettes expérimentales. La perte en terre est alors exprimée selon un certain nombre de paramètres (6 dans l'USLE) supposés contrôler les pertes en sols. Ils représentent des variables physiques, comme l'érosivité de la pluie, l'érodibilité des sols, la pente, le couvert végétal. Les modèle tels SEDD (Ferro et Porto, 2000) et AGNPS (Young et al., 1989), cité par Hafzullah et Kavvas (2005) sont d'autres exemples de modèles empiriques. Si ce genre de démarche tente d'intégrer un sens aux paramètres utilisés dans les régressions, il n'en reste pas moins que ce genre d'approche n'est pas satisfaisante dès lors que l'on doit procéder à une extrapolation, autrement dit si les parcelles considérées ne sont pas strictement représentées dans le jeu de données ayant servi à la régression. Ceci est dû au fait que d'autres conditions engendrent d'autres processus, pouvant mener à des résultats radicalement différents. 2.4.2 Ce type de modélisation s'appuie sur une conceptualisation du système considéré sous une forme simplifiée. Un exemple typique de modélisation conceptuelle est un modèle de boites. Chaque boîte est supposée reproduire un élément majeur de la dynamique du système, et interagit avec les autres boîtes du système. Dans un cas schématique simple, une boîte « sol » va produire par le biais d'une fonction de transfert des particules disponibles qui vont être stockées dans une autre boîte, supposée représenter le stock de particules disponible pour le transport. Les particules de cette dernière boite vont être exportées par une autre fonction de transfert représentant le ruissellement vers la sortie de la parcelle, la troisième boîte du système. C'est le genre de modélisation qui est mise en oeuvre dans le modèle LASCAM (Viney et Sivapalan, 1999) par exemple. Ce type de modélisation est à mi-chemin entre la modélisation empirique et statistique, et la modélisation déterministe. Elle nécessite de définir des fonctions de transfert et des boîtes arbitrairement. En revanche, elle tente de découpler les processus à l'oeuvre, et permet ainsi une conceptualisation plus physique du système. 2.4.3 Modèles à base physique De par les nombreuses approches qu'ils permettent (une ou plusieurs dimensions, à l'évènement, continu, mono-classe, multi-classes, choix des équations utilisées...), les modèles déterministes à base physique sont les plus nombreux dans la littérature. Dans une revue de ces modèles, Hafzullah et Kavvas (2005) produisent un tableau synthétique des différents modèles à base physique existants. Il a été adapté et complété dans ce manuscrit (Tab. 2.2). LISEM CREAMS WEPP WESP MHYDAS-EROSION SEM SHESED PSEM_2D DHSVM STOSEM EUROSEM KINEROS ANSWERS RUNOFF Hairsine & Rose CASC2D-SED MALHERAN MMT KINEROS2 MCST (1) (2) (3) (4) (5) (6) : : : : : : Stochastique(1) 2-D(2) Continu(3) Rigoles(4) × × × × × × × × × × Multi-classe (5) Ec × × × × × × × × × × × × × × × Auteurs De Roo et Wesseling (1996) Foster et al. (1981) Nearing et al. (1989) Lopes et Lane (1988) Gumiere et al. (2011) Storm et al. (1987) Wicks et Bathurst (1996) Nord et Esteves (2005) Wigmosta et al. (1994) Sidorchuk (2008) Morgan et al. (1998) Smith (1981) Beasley et al. (1980) Borah (1989) Hairsine et Rose (1992) Johnson et al. (2000) Wainwright et al. (2008) Morgan et Duzant (2008) Smith et al. (1995) Van Oost et al. (2004)(6) 2.4. Modélisation numérique Modèle Les variables sont exprimées via une densité de probabilité et pas une valeur unique. Dimensions employées dans la conservation de la masse, les modèles 1D effectuant une modélisation le long de tronçons. Le modèle peut-il fonctionner en continu? Description des rigoles dans la topographie. Prise en compte de l'énergie cinétique de la pluie. Modèle modifié et évalué dans Fiener et al. (2008) Tab. 2.2 – Caractéristiques principales des modèles de transport de particules. Reproduit et mis à jour sur la base du travail de Hafzullah et Kavvas (2005). 57 58 Ces modèlent se basent majoritairement sur une résolution explicite d'équation d'écoulement type Saint Venant (ou ses simplifications telle l'onde cinématique) selon différents schémas numériques. Les processus de l'érosion sont représentés selon des sélections d'expériences et de paramétrisations développées par ailleurs. La masse détachée par les processus érosifs est advectée par une équation de conservation de la masse, telle celle présentée en équation (2.15). De manière générale, ces modèles considèrent le forçage sur la base du cumul ou de l'intensité de la pluie, bien que des expériences de laboratoire aient montré que ce n'est pas forcément la variable la plus appropriée pour décrire le détachement par l'impact des gouttes de pluie. Parmi ces modèles, sept prennent en compte l'énergie cinétique de la pluie, tel EUROSEM (Morgan et al., 1998), souvent par le biais de la formule empirique développée par Brandt (1989). Rappelons que cette formule suppose une relation univoque entre l'intensité de la pluie et son énergie cinétique. Or, des variations de la taille des gouttes peuvent changer l'énergie de la pluie à une intensité donnée, mettant cette relation en défaut. Ceci souligne l'intérêt d'une prise en compte explicite de l'énergie cinétique de la pluie. Seuls neuf de ces vingt modèles prennent en compte différentes classes granulométriques. Les modèles mono-classe ne peuvent être utilisés que pour reproduire une masse totale pour un diamètre moyen ou médian. Lorsque la granulométrie des particules est prise en compte, différentes fractions sont distinguées lors de la résolution de la conservation de la masse. Aucun modèle, à notre connaissance, ne génère différentes tailles de particules lors du détachement par impact des gouttes de pluie. 2.4.4 Représentations auxquelles nous allons porter intérêt Dans le cadre de ce travail de thèse, deux points vont en particulier nous intéresser : la paramétrisation du détachement en fonction de l'énergie cinétique, et la façon de traiter les fractions granulométriques dans les modèles. Parmi les modèles identifiés, ceux qui considèrent l'énergie cinétique de la pluie sont les suivants : ANSWERS, EUROSEM, MAHLERAN, KINEROS (1 et 2), MCST et le MMT. Dans ce dernier, ainsi que dans EUROSEM, l'énergie cinétique est dérivée de l'équation de Brandt (1989) : Ec = 8.95 + 8.44 × log10 (I) (2.36) Cette équation n'est appliquée qu'à la partie de la pluie qui n'est pas interceptée par la végétation. Elle suppose que la distribution en taille des gouttes suit la loi de Marshall et Palmer (1948). KINEROS, dans ses deux versions, utilise également une formule impliquant l'intensité de pluie (Smith, 1981) : Ec = cf × k(h) × I 2 (2.37) où cf est une constante liée au sol et à ses propriétés de surface, et k(h) représente la décroissance exponentielle de l'énergie avec l'épaisseur de la lame d'eau h. Finalement, MALHERAN propose certes un détachement fonction de l'énergie cinétique de la pluie à un exposant b (Wainwright et al., 2008), mais la méthode d'estimation de cette grandeur n'est pas décrite dans l'article correspondant ni ceux qui lui sont associés (Wainwright et al., 59 2.4. Modélisation numérique 1995, 1999). Il est donc difficile d'estimer la pertinence de cette conceptualisation, donc de s'appuyer ou d'adapter la méthodologie proposée par ces auteurs. raisons laissent à penser que ces caractérisations peuvent être améliorées. La première est que l'on dispose aujourd'hui d'instrumentations permettant d'estimer directement et de manière autonome sur le terrain l'énergie de la pluie, via sa DSD. La deuxième raison découle de la première ; des mesures de terrain effectuées après sa proposition ont montré les limites de la loi de Marshall et Palmer. Des alternatives lui ont été proposées (Ulbrich, 1983; Sempere-Torres et al., 1994), par exemple pour corriger son incapacité à reproduire une DSD en forme de cloche, usuellement mesurée sur le terrain (Hazenberg et al., 2011; Yu et al., 2012). Les modèles fonctionnent soit avec une classe granulométrique de particules, soit avec plusieurs classes. Dans le cas des modèles mono-classe, un diamètre moyen ou médian est imposé. Il est impliqué dans le terme de dépôt, via la vitesse de chute, mais également dans certains processus de l'érosion, tels le détachement par ruissellement pour lequel un diamètre est nécessaire pour définir la contrainte critique de cisaillement. Pour ce type de modélisation se pose souvent le choix de ce diamètre unique, qu'il faut fixer a priori et souvent sans l'aide de mesures de terrain. La taille des particules est en effet rarement mesurée en conditions naturelles. Dans le cas des modèles multi-classes, ces dernières peuvent être définies arbitrairement. C'est le cas pour le modèle MMT, qui considère la classe des argiles, celle des limons et des sables. L'autre alternative offerte par les modélisations multi-classes est de considérer un nombre de classes variable mais choisi pour représenter l'étendue des classes granulométriques attendues. C'est le cas de KINEROS 2 (cinq fractions) et de MALHERAN (six fractions), ou du modèle de Hairsine et Rose (1992) par exemple. STOSEM utilise une densité de probabilité pour exprimer la distribution granulométrique. Il utilise donc un spectre continu plutôt qu'une discrétisation en fractions granulométriques. L'avantage principal de simulations multi-classes est qu'elles sont plus réalistes en terme de transport dans la lame d'eau, puisqu'elles permettent aux particules les plus fines de rester en suspension tandis que les plus grossières sont déposées. Ce processus s'opère au travers de la résolution de la conservation de la masse par classe granulométrique. Elle est par exemple exprimée sous la forme proposée par Tromp-Van Meerveld et al. (2008), qui adapte dans son étude le modèle proposé par Hairsine et Rose (1992) par le biais de l'équation (2.38). ∂Ci q ∂Ci 1 + = (ei − di + edi − R × Ci ) ∂t D ∂x D (2.38 où : – Ci est la concentration en particules dans la classe i (g.L−1 ), – q est le flux volumique d'eau par unité de largeur (m.2.s−1 ), – D est l'épaisseur de la lame d'eau (m), – ei et edi sont les termes de détachement et de re-détachement par la pluie dans la classe i (g.m−2.s−1 ), – di est le taux de dépôt (g.m−2.s−1 ), – R est l'excès d'intensité de pluie (mm.h−1 ). Notons que dans cet article précisément, les auteurs énoncent deux points que nous souhaitons améliorer dans le cadre de ce travail de thèse. Le premier point à noter est que le détachement se fait via une fonction de l'intensité de pluie. Or le détachement par impact des gouttes de pluie est expérimentalement plutôt décrit par l'énergie cinétique de la pluie. La deuxième remarque vient de l'hypothèse de travail posée dans le cadre de cette étude. Le détachement par la pluie est supposé être non sélectif. Cette hypothèse est, à notre connaissance, posée dans le cadre de n'importe quelle simulation numérique de l'érosion menée aujourd'hui. Or il a été montré expérimentalement que le détachement par impact des gouttes était sélectif (Legout et al., 2005), au moins au cours de pluies simulées. Un des enjeux de ce travail de thèse sera donc de tenter de développer et d'inclure un détachement par classe granulométrique dans un modèle d'érosion à base physique. Chapitre 3 Matériel et méthodes génériques 62 Chapitre 3. Matériel et méthodes génériques Avant-propos Durant cette thèse, différentes méthodes et instruments ont été utilisés. Certains ont été utilisés systématiquement tandis que d'autres sont spécifiques aux expériences auxquelles ils ont servi. Les méthodes communes à plusieurs chapitres seront présentées ici, tandis que les plus spécifiques seront présentées dans une partie méthodologique propre aux chapitres correspondants. 3.1 Mesure de la granulométrie des particules 3.1.1 Granulométrie laser : principe, avantages et limitations Le point central de cette thèse est la mesure de la taille des particules fines. En fonction des expériences menées, elle a varié sur de larges gammes, de l'ordre du micromètre jusqu'à celui du millimètre. Parmi les méthodes de mesure existantes, la granulométrie laser a été systématiquement utilisée, à l'aide d'un Malvern Mastersizer 2000, combiné à un passeur d'échantillon en voie liquide Hydro 2000G (Fig. 3.1). La seule exception à cette règle concerne le chapitre 5. Les expériences de ce chapitre ont en effet été menées dans un autre laboratoire, avec un granulomètre laser de marque CILAS 930. Les différences entre les appareils seront détaillées au cours du chapitre correspondant. Le principe de la mesure par diffraction laser est le suivant. L'échantillon à analyser est inséré dans le passeur d'échantillon. Ce dernier dispose d'un agitateur et d'une pompe, et fait ainsi circuler l'échantillon au travers d'une lentille située dans le granulomètre. Deux rayons lasers sont utilisés lors de la mesure. Leur diffraction est mesurée au travers de l'intensité du rayonnement reçue par deux bancs de capteurs. La théorie de Mie est alors utilisée pour modéliser le signal mesuré par les capteurs. La distribution granulométrique est déduite de l'ajustement du signal théorique sur le mesuré. On obtient ainsi une distribution volumique de la taille des particules. Les avantages reconnus de cette technique de mesure sont : – une bonne reproductibilité, – de petites quantités d'échantillons, typiquement de l'ordre du gramme, fonction de la taille et de la composition des matériaux, – une bonne résolution spectrale : 100 classes entre 0.01 μm et 10 000 m sont ainsi analysées. Notons toutefois que l'espace entre lentilles au travers duquel les échantillons transitent nécessite de tamiser au préalable les échantillons avec un tamis de 2000 μm au minimum, – un temps d'analyse court. Selon le constructeur, une mesure représentative est acquise pour un temps de circulation dans l'appareil de l'ordre de 30 secondes. Ce temps a été étendu à 1 minute pour cette étude. Chacun de ces avantages est cependant à nuancer. Ainsi, on peut remarquer que : – la contrainte physique sur le tamisage nécessite de combiner deux méthodes de mesures basées sur des mesures physiques non-comparables, – la reproductibilité nécessite de mesurer des échantillons qui sont théoriquement des réplicats. discutable pour des échantillons à granulométrie étendue tels que ceux mesurés en milieu naturel. On peut en effet facilement imaginer une sélectivité granulométrique (par sédimentation des particules grossières) s'opérant lors de l'homogénéisation de l'échantillon avant la mesure, – la faible quantité de matériaux nécessaire est extrêmement pratique dans le cadre d'échantillons peu concentrés, elle est en revanche problématique dans le cas d'échantillons fortement concentrés. Dans ce cas, une phase de dilution est nécessaire avant la mesure, et l'incertitude associée à ces dilutions doit être correctement estimée, en particulier au vu du problème de sélectivité évoqué ci-dessus. Autrement dit, ces deux points posent le problème du ré-échantillonnage, – le temps de mesure dépend en fait de la granulométrie que l'on cherche à acquérir : agrégée ou dispersée. Dans le cas de cette dernière, une phase de dispersion supplémentaire est nécessaire. La granulométrie laser fournit des résultats en volume sphérique équivalent ; la taille renvoyée est donc supposée être celle d'une sphère. On suppose aussi connaître les propriétés optiques des particules analysées, au travers de l'indice de réfraction à fixer pour l'analyse. Dans le cadre de ce travail, un indice de réfraction de 1.55 pour les particules a été fixé et conservé pour les mesures. L'indice de réfraction de l'eau a été fixé à 1.33. Lorsqu'il a été utilisé, celui de l'éthanol a été fixé à 1.36. 64 Chapitre 3. Matériel et méthodes génériques Pour contrôler de possibles dérives de l'appareil, par exemple par encrassement du système, des mesures régulières d'un sable de Fontainebleau, non cohésif, calibré entre 230 et μm ont été effectuées, et la lentille de l'appareil régulièrement nettoyée. Les points de discussion évoqués ci-dessus seront détaillés par la suite. 3.1.2 Combinaison de différents types de mesure Il a parfois été nécessaire de combiner tamisage et mesure laser, car les agrégats étaient trop larges pour être analysés par granulométrie laser. Or, différentes publications ont montré les différences de mesures qu'il existe entre la granulométrie laser et d'autres méthodes de mesure de la granulométrie, comme la mesure par vidéo ou pipette (Xu et Di Guida, 2003). Dans les cas pour lesquels nous avons dû combiner différentes mesures, la méthode proposée par Leguédois (2003) a été appliquée. Elle consiste à travailler par fraction et nécessite de : – tamiser les échantillons pour récupérer les particules les plus grossières (> 1000 μm et 500 − 1000 μm), les sécher 24 heures à 105 °C et les peser pour obtenir la masse des fractions grossières, – mesurer la fraction restante (< 500 μm) au granulomètre laser pour acquérir la distribution en taille des particules les plus fines, – récupérer l'échantillon mesuré de la cuve du granulomètre après la mesure, – attendre que les particules sédimentent. La sédimentation complète a été estimée visuellement et a pris, dans le cas du travail présenté au cours du chapitre 6, entre cinq jours et une semaine. Un maximum de la phase liquide est ensuite siphonné, puis les particules sont séchées et pesées, – agréger le spectre granulométrique en différentes fractions. Pour permettre la comparaison entre tamis et granulomètre, les fractions du granulomètre laser sont transformées de pourcentage volumique à pourcentage massique en considérant que la densité est constante entre fractions, – additionner les fractions > 1000 μm et 500 − 1000 μm obtenues par tamisage et granulométrie laser. Les fractions les plus fines sont celles obtenues par granulométrie laser. Le temps d'attente de siphonner le surnageant peut prêter à discussion dans le cas de particules très fines. Cependant, en appliquant la loi de Stokes : ws = 1 ρs − ρe × gD2 18ν ρe (3.1) où : – ws est la vitesse de chute des particules (m.s−1 ), – ν est la viscosité cinématique du fluide (m2.s−1 ), – ρs et ρe sont les masses volumiques des agrégats et de l'eau, respectivement (kg.m−3 ), – g est l'accélération de la gravité (m.s−2 ), – D est le diamètre des agrégats (m). 3.2 Représentativité du ré-échantillonnage dans le cadre de granulométries étendues En milieu naturel, la concentration en agrégats en suspension ne peut être contrôlée avant la mesure. La granulométrie laser est utilisée presque en routine dans les milieux à faible concentration. Ainsi, Agrawal et Pottsmith (2000), parmi d'autres, utilisaient déjà cette technique pour effectuer des mesures in situ. Ce type d'instrumentation s'est transférée plus récemment aux rivières (Thonon et al., 2005), mais principalement dans le cas de concentrations faibles. Lors des observations de terrain menées dans le cadre de cette thèse, nous avons travaillé sur des échantillons prélevés par un échantillonneur ISCO. Dès que les concentrations deviennent importantes (de l'ordre du gramme par litre), une phase de dilution est nécessaire avant de mesurer la taille des particules. Cependant, dans la littérature, cette question n'est à notre connaissance pas évoquée. Quelques tests ont donc été menés en laboratoire dans cet optique (Thiabaud, 2009). La première série de test a été effectuée en prélevant des échantillons successivement à la pipette dans un même bécher, dans lequel les particules ont été maintenues en suspension par un agitateur magnétique. Chaque pipetage a été analysé au granulomètre laser. La valeur absolue de la différence relative de taille entre chacun des différents échantillons a ensuite été calculée selon la formule suivante : | D − D 0 × 100 | D0 (3.2) où : – D est le diamètre considéré pour un échan tillon (en μm ). Ce diamètre a été considéré comme trois déciles différents pour couvrir le plus possible l'étendue du spectre granulométrique. Ainsi, trois calculs ont systématiquement été effectués, avec D=d10, d50 et d90 – D0 est le diamètre d'un échantillon supposé être le réplicat de D. Des différences conséquentes de taille ont été observées en suivant ce protocole (Fig. 3.2). Une explication possible de ces erreurs pourrait être que de la sélectivité se met en place malgré l'agitation magnétique. Un autre protocole a alors été testé. Plutôt que de ré-échantillonner des petites quantités de particules, l'idée est ici de diviser la totalité de l'échantillon de manière successive jusqu'à obtenir un échantillon de concentration convenable pour analyse. Elle a été inspirée du protocole mis en place à l'INRA d'Orléans. Ceci a été fait à l'aide d'un diviseur (Fig. 3.3). Il consiste en un tube central de 5.5 cm de diamètre, au fond duquel 40 tubes de 3 mm de diamètres sont pris dans une résine. 800 μm et 1200 μm), sur des sédiments prélevés en berge de l'Isère, mais aussi sur des échantillons des différents terrains sur lesquels ce travail de thèse a porté. En effet, suite à des plantages du logiciel du granulomètre laser, les mesures de taille ont parfois dû être reconduites, donnant autant de nouvelles occasions d'avoir une comparaison supplémentaire pour alimenter ces essais. Comme l'identification des cas de figures (i.e. quels matériaux) pour lesquels l'erreur était parfois faible, parfois forte, n'a pas été concluante, il a été choisi d'imposer l'erreur maximale mesurée, à savoir 30% sur toutes les tailles. Enfin, une opération supplémentaire a été effectuée lorsque les échantillons à analyser étaient trop concentrés pour le granulomètre laser, mais avec des concentrations qui ne nécessitaient pas de trop grands nombres de divisions (i.e. dont les concentrations étaient comprises environ entre 1 et 10 grammes par litre), ce qui aurait rendu une analyse beaucoup plus longue. Ce fut typiquement le cas des échantillons prélevés au cours du chapitre 7. Chacune des divisions a alors été mesurée au granulomètre laser. Chaque échantillon fut extrait du granulomètre après mesure, séché et pesé. La « vraie » distribution granulométrique de l'échantillon initial a alors été reconstruite en pondérant chacune des distributions mesurées par le poids de l'échantillon correspondant. Rinçage Echantillon père Tant que la concentration est trop forte Echantillons fils Fig. 3.3 – Schéma de l'instrument utilisé pour diviser les échantillons en différents sous-échantillons. 67 3.3. Protocole de mesure Valeur absolue de l'erreur relative (%) 35 d10 30 d50 d90 0 10 20 30 40 50 Numéro du test 60 70 80 . 3.4 – Valeur absolue de la différence relative de taille entre échantillons issus de différentes divisions. Cette opération a certes consommé du temps d'analyse, mais permet de s'affranchir de la source d'erreur due au réechantillonnage. 3.3 Il est désormais reconnu que deux tailles de particules sont d'intérêt, à savoir la taille agrégée ou effective (Slattery et Burt, 1997) contrôlant la vitesse de chute, et la taille dispersée ou absolue, plutôt représentative du type de matériaux et donc de la réactivité du matériau. De plus, lors de l'interprétation de mesures granulométriques de terrain, une augmentation de taille peut très souvent être interprétée comme la remise en suspension de sables depuis le lit. La possibilité de l'influx d'agrégats depuis les versants, le lit ou leur formation dans la colonne d'eau a rarement été évoquée comme piste pour interpréter des résultats de terrain. Or nous ne savons pas, à l'heure actuelle, dans quelle mesure ce point pourrait être une piste explicative pour des mesures effectuées dans des bassins versants de tête, car une information sur l'agrégation des particules en bassin de tête n'a été montré que par Woodward et al. (2002). Dans le but d'explorer cette piste, un protocole de mesure se basant sur les possibilités du granulomètre laser a été mis au point. La granulométrie a ainsi été acquise de la manière suivante : – Mesure d'une granulométrie supposée proche de l'effective, en maintenant les niveaux d'agitation et de pompe dans la cuve à 50 % des capacités du passeur d'échantillon, soit respectivement 500 et 1250 Rotations Par Minutes (rpm). – Augmentation aux niveaux maximum de l'agitation et de la pompe, soit respectivement 1000 et 2500 rpm accompagné d'ultrasons dans le passeur d'échantillons. Une mesure est ensuite acquise chaque minute pendant 10 minutes. La durée de 10 minutes a été choisie comme un compromis entre le temps consommé par une mesure et le temps nécessaire pour que les tailles ne diminuent significativement (Fig. 3.5), signe soit d'une dispersion complète, soit que le granulomètre ne fournit plus assez d'énergie pour briser les liens entre agrégats. Ce test a été effectué en laboratoire, sur des agrégats de sols. Cependant, les mesures effectuées sur les échantillons prélevés en crue au cours du chapitre 4 ont montré que la variation moyenne (sur les 47 échantillons) de diamètre médian entre la neuvième 68 Chapitre 3. Matériel et méthodes génériques 60 50 40 30 20 10 0 50 100 150 Temps écoulé (minutes) 200 Fig. 3.5 – Exemple de mesures avec sonification effectués sur des agrégats de sol. et la dixième minute de sonification était inférieure à 1%, ce qui laisserait penser que l'on est alors déjà arrivé dans la zone de faible variation observée sur la figure 3.5. Enfin, sur une idée initiale de Slattery et Burt (1997), également utilisée par Phillips et Walling (2005), un degré d'agrégation (DA) a été calculé, comme la différence relative entre le diamètre « effectif » (Ed) et le diamètre « absolu » (Ad). Autrement dit : DA = Ed50 − Ad50 × 100 Ad50 (3.3) Cet indice donne ainsi une indication sur la nature cohésive (DA 6= 0), ou non (DA ≈ 0), des particules mesurées, ainsi que sur la tendance à l'agrégation (DA < 0) ou la désagrégation (DA > 0) sous l'effet d'une contrainte donnée. Notons que ce qui peut être interprété comme de l'agrégation est sujet à caution ; en effet, tel que le protocole a été établi, des particules grossières peuvent être remises en suspension lorsque pompe et agitation sont augmentées. Il en résulterait alors des tailles supérieures, même pour des particules inertes. Un autre point critiquable est que la granulométrie considérée comme effective peut ne pas être la granulométrie représentative du moment de prélèvement. En effet, Phillips et Walling (1995) mettent en doute la valeur de tailles mesurées non-in situ. Puisqu'il n'existe aucun instrument permettant de mesurer la taille des particules dans l'écoulement pour des concentrations supérieures à l'ordre du gramme par litre ou de la dizaine de grammes par litre, ce choix de granulométrie a postériori a été une contrainte de travail. On notera que, à notre connaissance, un seul appareil est susceptible d'accomplir de telles sures (le LISST Infinite 1 ) et n'a pas été encore été testé dans la littérature. Il ne permet de plus pas de faire de mesures lorsque les concentrations sont supérieures à 30 grammes par litre, condition que nous avons rencontré au cours de ce travail. Aucun instrument ne semble capable de faire de mesures pour des concentrations supérieures. Ainsi, cette contrainte forte de la concentration nous a conduit vers des mesures de la granulométrie à posteriori. Pour s'assurer de la validité relative de ces mesures à posteriori, il était toutefois nécessaire de vérifier, à minima, deux points : que la granulométrie des échantillons ramenés en laboratoire n'évoluait 1. Voir le site Internet de Sequoia : http ://www.sequoiasci.com/products/fam_LISST_Infinite.aspx l'échantillon suivant est de 28%, soit une valeur inférieure à la valeur de l'erreur induite par le protocole. La moyenne des valeurs absolues de ces variations est de 10%. Ce résultat peut toutefois être interprété de différentes manières : soit la taille des particules n'a pas évolué, soit elle a effectivement évoluée, mais les liens crées de cette manière étaient faibles par rapport à ceux ayant créés les agrégats mesurés. Ces liens auraient alors été détruits soit lors de la division, soit lors de l'agitation dans la cuve du granulomètre. Une autre manière de comparer les résultats obtenus dans ce travail est de comparer non pas les tailles mesurées au cours des évènements observés sur le terrain, mais la relation entre leur taille et leur degré d'agrégation. En effet, si les échantillons se sont ré-agrégés après leur échantillonnage, alors ils devraient simplement se déplacer le long de cette relation taille effective-degré d'agrégation. Cette comparaison sera présentée au cours du chapitre 4. Chapitre 4 Variabilité de la taille des particules en suspension dans un petit bassin versant de tête 72 Avant-propos Ce chapitre a fait l'objet d'une publication : T. Grangeon, C. Legout, M. Esteves, N. Gratiot, O. Navratil. (2012) Variability of the particle size of suspended sediment during highly concentrated flood events in a small mountainous catchment. Journal of Soils and Sediments 12(10) :1549-1558. Soumis le 27 Juillet 2011. Accepté avec révisions mineures le 16 Novembre 2011. Publié le 20 Juillet 2012. Cet article a été adapté au format des autres chapitres sans en changer le contenu. Une partie présentant plus précisément le site d'étude a été introduite avant cet article. De nombreux processus sont impliqués dans la genèse et le transport particules à l'échelle du bassin versant, à la fois sur les versants et dans le chenal des rivières. Ainsi, la quantité et les caractéristiques des particules telles leurs tailles mesurées à l'exutoire d'un bassin versant sont le résultat des entrées fournies à la rivière par les versants, des cycles de dépôt et reprise (depuis le lit et les bancs des rivières) dans le chenal et les possibles modifications des caractéristiques des particules au sein de la lame d'eau. D'autres part, si la littérature est relativement bien documentée quant aux données concernant la dynamique des masses en suspension et sur les caractéristiques des particules dans les grandes rivières de plaines, les données dans les bassins versants de tête sont beaucoup plus limitées. Sont probablement impliquées dans cette lacune les caractéristiques des évènements de crue dans ces environnements, à savoir leur sévérité et intermittence, couplées à de fortes concentrations. Ces conditions mettent en défaut les contraintes techniques et technologiques propres aux instruments de mesure des caractéristiques des particules, telles les techniques vidéo et laser. Dans le cadre d'une étude portant sur le continuum versant-rivière, les bassins versants de tête sont considérés comme l'entité élémentaire d'étude la plus pertinente. Ce sont en effet les environnements où la dynamique des particules mesurées en rivière est la plus susceptible d'être influencée par les effets des versants. Au cours de ce travail de thèse, nous avons donc choisi dans un premier temps d'analyser la dynamique des particules à l'exutoire d'un bassin versant de tête. Cette échelle intègre en effet la totalité des processus de versant et de rivière susceptibles de nous intéresser. Ce chapitre a deux objectifs : déterminer les variables (météorologiques et de l'écoulement) présentant une bonne corrélation avec les tailles de particules, afin de nous orienter vers des processus plus spécifiques pour la suite de l'étude, et disposer d'ordres de grandeurs des variations des tailles de particules pour les comparer aux autres échelles. Une attention particulière a été portée à la détection de l'influence des versants sur les tailles de particules mesurées à l'exutoire du bassin versant. Ainsi, 47 échantillons prélevés au cours de cinq évènements de cru ont ainsi été analysés, permettant d'analyser à la fois la dynamique des particules à une échelle temporelle inter et intra crue. 73 Présentation du site et instrumentation spécifique Les travaux menés dans le cadre de ce travail de thèse se sont basés sur des instrumentations déjà existantes au sein du bassin versant du Galabre (Fig. 4.1), qui fait partie de l'ORE (Observation de Recherche en Environnement) Draix-Bléone, au sein du SOERE (Service d'Observation et d'Expérimentations pour la Recherche en Environnement) RBV (Réseau de Bassin Versant). L'instrumentation de la station de prélèvement se compose : 012343567899 7 7 99 76767767 9!979 97 67"#7 7 9 7$67%79 &9' 77 Fig. – d'un radar qui mesure en continu la hauteur d'eau. Cette dernière est convertie en débit via une courbe de tarage. Comme on peut le constater en observant l'amont et l'aval de la station (Fig. 4.2), le substratum rocheux affleure et le cours d'eau est bien contraint latéralement ; le transect et donc la courbe de tarage ont peu de possibilité d'évoluer au cours du temps. Les jaugeages ont été effectués par dilution au sel, – d'un ISCO dont les échantillons sont prélevés sur la base de la turbidité mesurée. Ces prélèvements ont été utilisés pour mesurer la granulométrie des échantillons, ainsi que leur concentration, – d'une sonde de turbidité. Elle sert d'une part, suite à calibration, à mesurer la concentration en continu dans l'écoulement, mais aussi à déclencher des prélèvements. Les prélèvements sont faits périodiquement, avec des prélèvements supplémentaires déclenchés dès que des seuils de turbidité sont franchis, – D'une centrale CR800 (Campbell Scientific) qui pilote les prélèvements effectués par l'ISCO, – D'une échelle limnimétrique, nécessaire à la lecture du niveau d'eau sur le terrain. (a) Vue vers l'amont (b) Vue vers l'aval Fig. 4.2 – Photos prises respectivement (a) vers l'amont et (b) vers l'aval du point de prélèvement. Les photos sont prises depuis le pont visible en haut à droite de la figure 4.1. La zone d'étude se compose principalement de quatre lithologies que sont les molasses, les calcaires, les marnes, ainsi que du gypse. Elles présentent une organisation spatiale assez marquée. Les calcaires occupent en effet la majorité de l'aval du bassin ainsi qu'une partie de l'amont tandis que les gypses et molasses sont présents vers le centre du bassin, en des localisations distinctes. Cette organisation est montrée par la figure 4.3. Quelques analyses concernant la représentativité d'une mesure de la granulométrie faite en un point donné de la section ont été effectuées mais ne sont pas présentées dans l'article. Elles sont donc détaillées dans le paragraphe suivant. Une question récurrente quant à la mesure par prélèvement en un point donné, telle qu'elle est faite dans ce chapitre, est celle de la représentativité de mesures effectuées en un point donné par rapport à la potentielle variation le long de la section d'écoulement. Des mesures effectuées en aval de la station de mesure (Fig. 4.4) ont toutefois permis de montrer que la granulométrie était peu dépendante de la position de prélèvement dans la section. Malgré les barres d'erreur, une tendance à l'affinement en tendant vers la rive gauche semble toutefois se développer. Ceci semble logique car c'est proche de la rive droite que l'écoulement se concentre. Le lit est, au niveau de la station de mesure, constitué de substratum difficilement érodable, avec peu d'éléments très grossiers susceptibles de faire varier le chenal principal d'écoulement. En allant vers la rive gauche, on se retrouve dans des conditions de plus faibles lames d'eau, pour lesquelles les particules les plus grossières ont probablement déjà sédimenté au moment de la mesure. Une critique de ce résultat est cependant qu'il a été effectué hors crue, et n'est donc représentatif que d'un instant donné et pas forcément des conditions dans lesquelles les échantillons mesurés en crue ont été prélevés. D'autres mesures seraient à effectuer pour compléter ce jeu de données. L'hypothèse selon laquelle les particules les plus grossières auraient sédimenté a été testée via 75 Fig . 4.3 – Localisation des zones dénudées susceptibles d'être facilement érodées, et carte géologique simplifiée du bassin versant du Galabre. D'après Legout et al. (2012b). différents prélèvements effectués dans les sédiments fins fraîchement déposés dans un rayon de deux mètres environ autour du point de prélèvement de la station, par rapport à ceux mesurés en suspension pendant une crue (Fig. 4.5). Ces figures montrent deux choses : le lit contient des particules plus grossières que celles mesurées en suspension. On retrouve cependant une certaine proportion des fines mesurées en suspension dans le lit, ce qui signifie que malgré leur très petite taille, elles peuvent subir des phases de dépôt au sein de la colonne d'eau, cet atterrissement pouvant se produire par exemple à la décrue, lorsque la lame d'eau devient faible. Une autre information intéressante vient cependant de la comparaison entre tailles agrégées et dispersées : en effet, cette comparaison permet de se rendre compte que les particules les plus grossières trouvées dans le lit sont, dans ce cas de figure, des particules cohésives, autrement dit des agrégats de sols exportés depuis les versants, ou des particules cohésives formées en suspension (flocs), voire des composites de ces deux entités. Cette mesure permet toutefois de soulever une nouvelle hypothèse pour expliquer les variations de taille mesurées durant la crue puisqu'elle montre que, dans un bassin versant de tête, les particules grossières potentiellement mobilisables peuvent être des particules cohésives. Ce point sera discuté dans l'article que nous allons maintenant présenter. 76 2 10 d10 Taille effective (μm) d50 d90 1 10 0 10 0 50 100 150 200 Distance de la rive droite (cm) 250 300 Fig. 4.4 – Mesures de la granulométrie de particules effectuées en aval du point ou se situe l'échantillonneur ISCO, dans le bassin versant du Galabre. La précision du point de prélèvement a été estimée à 10 centimètres. 10 10 Effective Dispersée 8 Suspension Lit 6 4 2 0 −2 10 0 2 10 10 Classe de diamètre (μm) (a) Comparaison suspension/lit 4 10 8 6 4 2 0 −2 10 0 2 10 10 Classe de diamètre (μm) 4 10 (b) Comparaison mesures initiales / dispersées Fig. 4.5 – Comparaison entre mesures (a) effectuées en suspension et dans le lit et (b) mesures "effectives" et "absolues" des prélèvements effectués dans le lit. Abstract Background, aim and scope There is a growing interest in the characterization of particles size due to their impact on particle dynamics, especially for connectivity purpose. This study addresses particle size measurements in a mountainous catchment, with the aim to evaluate the particle size variability during floods, their main controlling factors and if indirect information from hillslopes were useful for the interpretation of particles size measured at the catchment outlet. This work implied the development of a measurement protocol. Material and methods Samples were automatically collected from streamwater during flood events using an ISCO 3700 sampler. Five events were analyzed for their particle size distributions (PSD) using a Malvern Mastersizer 2000. Because the samples were far too concentrated, two different protocols were tested to address the errors made during the subsampling step : using a pipette and a home-made device with successive dilution phases. Comparisons with in situ measurement from other studies were made. A statistical analysis of particle size distribution and of their degree of aggregation was conducted. Results and discussion High errors occurred when using a pipette to extract particles wi- thin a stirred sample. The maximum errors were reduced from 1600% to 30% using the device described within this study. Particles were found to be aggregated at various levels whatever the discharge they were sampled. Their size were found to be either variable or stable at the event scale, and the statistical analyses revealed that discharge was the factor that correlates with particle size. The results obtained in this study seem in agreement with the few other studies in comparable environments. Some hypothesis are put forward and discussed to explain the rather good and positive relationship between particle size and discharge. Input from hillslopes seems to have a non-negligible effect in this headwater catchment. Conclusions Whilst the need of in situ measurements has long been stressed in lowland rivers, estuaries or coastal environments, it was showed that the use of an accurate dilution protocol could provide some physically interpretable measurements on the particle size distributions of a mountainous catchment. It also appears that hillslopes informations have to be considered when studying particle size measured at the catchment's outlet. Keywords Flocs or aggregates size, soil erosion, headwater mountainous catchment, laboratory measurements, laser diffraction 4.1 Introduction Suspended particles dynamics have been a subject of interest for a long time among a wide community of scientists. These efforts are justified by the numerous implications of particles 78 dynamics. Indeed, an excess of suspended sediment load in river channels has been shown to have several environmental effects (Owens et al., 2005; Accornero et al., 2008). An increase in turbidity results in a reduced light penetration depth, impacting algae, macrophytes and the fish habitat (Kemp et al., 2011). From an operational point of view, and especially in mountainous catchments, high suspended sediment yields are problematic for hydroelectric power plants, through reservoir siltation. In systems experiencing global land use and climate change, statistical relationship linking suspended sediment yield to measured variables (for instance discharge or rainfall intensity) are assumed to be unreliable for the long term understanding of particles dynamics because of the intrinsic variability of the monitored system. Physically based models, relying on the conceptualization of physical processes and subsequent mathematical formulations, are assumed to be more robust for such purposes. However, they require a clear understanding on the factors controlling particles dynamics. The measurements and conceptualization efforts that have been achieved resulted in an improved understanding of what constitutes particles and what are the main factors affecting their variability. Among those findings, one of the aspects may be that particles themselves are of high complexity. They were shown to be extremely dynamical within the flow, either because of the biological, physical and chemical conditions of their environment, as well as because of their own composition (Droppo, 2001). This assertion had several implications given that particle characteristics, such as their size, are of importance in any physically based modelling study. Indeed, particle size was shown to be one major factor influencing their settling velocity (Williams et al., 2008), one of the physically based models' key parameter, controlling transport distances.
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2002PA077112_1
French-Science-Pile
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Various open science
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Généralisation des jeux combinatoires et applications aux langages logiques
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Généralisation des Jeux Combinatoires et Applications aux Langages Logiques Jean-Vincent Lod do To cite this version: Jean-Vincent Loddo. Généralisation des Jeux Combinatoires et Applications aux Langages Logiques. Modélisation et simulation. Université Paris-Diderot Paris VII, 2002. Français. NNT :. tel00008272 HAL Id: tel-00008272 https://theses.hal.science/tel-00008272 Submitted on 27 Jan 2005 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Université Paris 7 Denis Diderot UFR d'informatique Année 2002 Généralisation des Jeux Combinatoires et Appli ations aux Langages Logiques Thèse pour l'obtention du diplme de do teur de l'université Paris 7, spé ialité informatique présentée et soutenue publiquement par Jean-Vin ent Loddo le 16 dé embre 2002 Dire teur de thèse Roberto Di Cosmo Jury M. Guy C ousineau M. François Fages M. Furio Honsell M. Roberto Di Cosmo M. Pierpaolo Degano M. Giorgio Levi Mlle Fran es a S ozzari 1 président rapporteur rapporteur dire teur de thèse 2 3 Remer iements J'adresse mes remer iements, en premier lieu, à Roberto Di Cosmo pour avoir a epté d'en adrer ma thèse et pour tout le soutien qu'il m'a oert durant longue mais très enri hissante entreprise. J'ai beau oup appris de ette ette expérien e et je lui en suis re onnaissant. Malgré leur harge a adémique, François Fages et Furio Honsell ont a epté d'être les rapporteurs de ma thèse. Je les remer ie pour l'intérêt qu'ils ont ainsi manifesté envers mon travail de re her he et pour les suggestions, fort utiles, qui ont ontribué au perfe tionnement de sineau non seulement pour avoir a e mémoire. Je tiens à remer ier Guy Cou- epté d'être président de mon jury de thèse, mais aussi pour sa gentillesse rassurante et serve ave pour les onstante au l des années, que j'ob- admiration depuis mon ins ription en DEA. Pour la même gentillesse et onseils exprimés en toute simpli ité et générosité, je remer ie Jean-Louis Krivine et Pierre-Louis Curien. Je tiens aussi à remer ier Pierre-Louis de m'avoir a ueilli en septembre 1999 dans le tout jeune laboratoire Systèmes Preuves Programmes et (PPS) de Paris 7, après mon passage au laboratoire d'informatique de l'É ole normale supérieure. Parmi les personnes qui sont venues à mon se ours à plusieurs reprises durant la réda tion de la thèse, je voudrais iter Antonio Bu iarelli, Vin ent Danos et Fran- es a S ozzari. Dans les périodes de di ulté, leur soutien moral et s ientique à été formidable, ma dette envers eux est don immense. Mer i aussi à Olivier Laurent, à Antonino Salibra et à Pierre-Louis Curien, en ore une fois, pour l'attention ave laquelle ils ont bien voulu répondre à mes questions. Ces années de thèse m'ont fait appré ier en ore plus ma formation à la fa ulté d'informatique de l'université de Pise. Je suis re onnaissant aux personnes qui ont ontribué à me donner ette formation, en parti ulier Pierpaolo Degano, pour ses Linguaggi Spe iali di Programmazione, traitant de programmation logique, a de toute éviden e laissé qualités humaines et dida tiques, et Giorgio Levi, dont le ours de plus qu'une tra e en moi. Je remer ie olle tivement tous les auteurs des logi iels libres, qui mettent à dis- position des her heurs une panoplie d'outils indispensables à l'a tivité de re her he en général et de réda tion en parti ulier. Sans les in ontournables Gnu/Linux, TEX, AT X et L X, je suis L E Y ertain que la réda tion de e mémoire aurait été bien plus pénible. Je tiens à remer ier Dominique Raharijésy, Joëlle Isnard, Noëlle Delgado et Odile Ainardi pour leur appui dans les tâ hes administratives de la vie de re her he, et pour la patien e à l'égard de quelqu'un aussi maladroit que moi dans e type de démar he. Mer i à mes amis Stefano Chessa, pour l'aide lors de mon dernier séjour à Pisa, à Pierangelo Veltri pour l'attention et les et à Viviane Gourmelon pour avoir a onseils onstamment prodigués, epté de réviser le mémoire. Mer i à Fran is o Alberti, Vin ent Balat, Sylvain Baro, François Maurel, Emmanuel Polonovsky, et les petits Mi hel et Raphaël, pour leur sympathie et leur présen e agréable au sein du laboratoire. Aux nouveaux thésards de PPS je souhaite une aussi bonne entente et fru tueuse ollaboration 4 Enn, mer i à mes parents de m'avoir en ouragé et d'avoir tout fait pour que je ommen e ette aventure. À Lelia, mon épouse, mer i de m'avoir soutenu haque jour de ette longue traversée. Je n'ai jamais été seul dans l'eort et dans les jours di iles. C'est bien notre thèse, par e-que nous l'avons menée à bien ensemble. Mer i aussi à ses parents, Rodi a et Iulian, pour leur parti ipation et leur tou hant soutien moral. 5 Résumé La théorie des jeux a développé, à ses débuts, une vo ation pour les s ien es so iales et é onomiques, ave des appli ations disparates, omme par exemple le traitement de données médi ales. Elle apparaît aujourd'hui omme un paradigme de on epts et de te hniques très général, dont le potentiel reste en ore à exploiter en informatique. Dans ette thèse nous étudions une bran he parti ulière, la théorie des jeux ombinatoires (à deux joueurs), pour en tirer béné e dans le domaine, très a tif, des sémantiques formelles des langages de programmation. D'un jeu, nous pouvons séparer l'aspe t syntaxique, inhérent aux dénouements possibles des mat hs, de l'aspe t sémantique, inhérent aux prévisions sur le gagnant et la quanti ation de son gain (en termes d'un enjeu quel onque, tel que l'argent ou le préstige). Pour modeliser la notion de gain, la stru ture d'évaluation hoisie ne doit pas for ément être elle des booléens (gagné ou perdu ), ou elle des entiers naturels ou relatifs. Il sut qu'elle vérie des propriétés, assez faibles, garantissant l'existen e d'une sémantique même lorsque le jeu donne lieu à des mat hs innis, omme dans le as du jeu de la bisimulation entre pro essus on urrents, et du jeu de la programmation logique. Dans e travail, nous étudions la ara térisation sémantique d'un langage logique (ave ou sans ontrainte) en termes de jeu à deux joueurs. Au-delà du modèle intuitif des jeux, dont la valeur pédagogique mériterait d'être approfondie, une telle interprétation permet de réutiliser un des algorithmes les plus utilisés dans la théorie des jeux ombinatoire, Alpha-Bêta, omme moteur de résolution pour les langages logiques. Les résultats ré ents et spe ta ulaires obtenus par les programmes d'é he s (souvenons-nous de la défaite du hampion du monde Kasparov ontre le programme Deep Blue d'IBM) témoignent d'une forme d'intelligen e arti ielle développée dans es programmes qui peut être transposée et exploitée dans la résolution des langages logiques. La résolution d'interrogations existentielles onjon tives dans une théorie de lauses de Horn du premier ordre est en parti ulier on ernée. En eet, la apa ité d'Alpha-Bêta à simplier le al ul ou, en d'autres termes, sa apa ité à éliminer les oups inintéressants, n'est pas intimement liée à un type de jeu ou à un type de gain parti uliers, mais demande juste des propriétés algébriques qui sont satisfaites dans le jeu de la programmation logique. La orre tion d'Alpha-Bêta est prouvée de façon formelle pour un éventail de stru tures très large. Les valeurs al ulées pourront être aussi bien des entiers naturels, omme dans le as du jeu d'é he s, que des substitutions ou des ontraintes, omme dans le as des langages logiques. Motslés Algèbres typées, arbores en es, arbres, termes, théorie des jeux ombinatoires, jeux, arènes, positions, joueurs, gain, arbres de jeu, préxes de jeu, stratégies, stru tures d'évaluation, sémantique monosémique, stru tures de o-évaluation, sémantique bisémique, sémantique pessimiste, sémantique optimiste, algorithme AlphaBêta, théorème Alpha-Bêta polymorphe, algorithme Alpha-Bêta-Gamma-Delta, Programmation Logique, LP, Programmation Logique ave ontraintes, CLP, résolution SLD, résolution CSLD. 6 7 Abstra t Game theory had, in its origins, a vo ation for so ial and e onomi s ien es, with disparate appli ations, for example in the pro essing of medi al data. It is per eived today as a very general paradigm of on epts and te hniques, whose potential still remains to be dis overed in omputer s ien e. In this thesis we study a parti ular bran h, ombinatorial game theory (with two players), in order to prot from it in the very a tive eld of formal semanti s of programming languages. Within a game, we an separate the synta ti aspe t, inherent in the possible out omes of mat hes, from the semanti aspe t, inherent in the fore asts over the winning player and, possibly, inherent in a quanti ation of prot, in terms of a stake, like wealth or prestige. To model the on ept of prot, the sele ted stru ture of evaluation should not ne essarily be the stru ture of booleans (win or loose ), or that of natural or relative numbers. It is enough for this stru ture to verify some properties, rather weak, guaranteeing the existen e of a semanti s, even when the play gives rise to innite mat hes, as in the game of bisimulation between on urrent pro esses, or as in the game of logi programming. In this work, we study the semanti hara terization of a logi al language (with or without onstraints) in terms of a game with two players. The ee t of su h an interpretation, beyond the intuitive model whose dida ti value would deserve to be examined, makes it possible to reuse Alpha-Beta, one of the most elebrated algorithms in ombinatorial game theory, as a resolution engine for logi al languages. The re ent and spe ta ular results obtained by hess programs (like the defeat of the world hampion Kasparov against the IBM program Deep Blue) testify to a kind of arti ial intelligen e a quired by these programs that might be transposed and exploited in the resolution of logi al languages. The resolution of existential onjun tive goals in a rst-order theory of Horn lauses provides an interesting ase. Indeed, the ability of Alpha-Beta to simplify al ulation or, in other words, to prune the uninteresting paths, is not losely related to a parti ular type of game or prot, but to a wellhosen set of algebrai properties, satised by the game of logi al programming. The orre tion of Alpha-Beta is formally proven for a very wide variety of stru tures. In this way, the omputed values ould be natural numbers, as in the ase of hess, or substitutions or onstraints, as in the ase of logi al languages. Keywords Typed algebras, tree stru tures, trees, terms, ombinatorial game theory, game, arena, position, players, value, game tree, game prex, strategies, evaluation stru ture, monosemi value, o-evaluation stru ture, bisemi value, pessimisti semanti s, optimisti semanti s, Alpha-Beta algorithm, polymorphi Alpha-Beta theorem, Alpha-Beta-Gamma-Delta algorithm, Logi al Programming, LP, Logi al Programming with onstraints, CLP, SLD resolution, CSLD resolution. Table des matières Introdu tion Le hasard et l'adaptation en informatique Les robots joueurs La sémantique des langages de programmation Organisation des hapitres 11 11 12 12 13 Préliminaires 17 Chapitre 1. Algèbres 1.1. Relations, fon tions et propriétés 1.2. Algèbres typ ées 1.3. Morphismes 1.4. Restri tions et extensions 1.5. Interprétation atégorique 19 20 24 29 39 41 Chapitre 2. Éléments de théorie des domaines 2.1. Préordres 2.2. Ordres Partiels 2.3. Homomorphismes d'ordres partiels 2.4 . D po et o-D po 2.5. Complétion 2.6. Sous-stru tures 45 45 50 53 57 62 66 partie 1. partie 2. Théorie des jeux ombinatoires 71 Chapitre 3. Théorie des arbres et des termes 3.1. L'algèbre des arbores en es 3.2. L'algèbre des arbres 3.3. Les algèbres des termes 3.4. Ré apitulatif 73 73 86 96 107 Chapitre 4. Syntaxe des jeux à deux joueurs 4.1. Arènes de jeu 4.2. Arbres de jeu 4.3. Préxes du jeu 4.4. Stratégies 4.5. Algèbres syntaxiques 4.6. Critères de lassi ation syntaxique 111 112 115 120 121 123 125 Chapitre 5. Sémantique des jeux à deux joueurs 5.1. Introdu tion 129 129 9 10 TABLE DES MATIÈRES 5.2. 5.3. 5.4. 5.5. 5.6. 5.7. Évaluation traditionnelle des jeux nis Interprétation d'un jeu arbitraire Sémantique des positions Sémantique bisémique Sémantique des stratégies Con lusion Chapitre 6. L'algorithme Alpha-Bêta 6.1. Introdu tion 6.2. Stru tures d'évaluations ompatibles 6.3. Théorème Alpha-Bêta polymorphe 6.4. Théorème Alpha-Bêta-Gamma-Delta 6.5. Tests de orre tion et performan e partie 3. La Programmation Logique par les jeux ombinatoires 132 134 146 150 169 180 185 185 191 199 216 231 237 Chapitre 7. Langages logiques du premier ordre 7.1. Algèbres logiques 7.2. Formules logiques du premier ordre 7.3. Ensembles de formules logiques du premier ordre 7.4. La programmation logique 7.5. La programmation logique ave ontraintes 239 239 241 245 248 250 Chapitre 8. Dénition du jeu CLP() 8.1. Arène du jeu CLP() 8.2. Stru ture de o-évaluation pour CLP() 8.3 . Ad équation à la sémantique opérationnelle de CLP() 8.4. Appli ation de l'algorithme Alpha-bêta pour CLP() 255 255 258 271 276 Con lusions 285 partie 4. Appendi e Code sour e o aml simulation.ml partie 5. Bibliographie et Index des dénitions 289 291 291 303 Bibliographie 305 Index 309 Introdu tion Les interprétations en termes de jeux ont trouvé, depuis quelques années, des appli ations de plus en plus nombreuses en informatique, en parti ulier dans l'étude des sémantiques des langages de programmation. Les appli ations les plus remarquables de la théorie des jeux on ernent l'introdu tion systématique du hasard Motwani & Raghavan, 1995 en algorithmique ( f. [ pour une introdu tion élo- quente) et, bien entendu, les programmes qui jouent à des jeux de stratégies. Le hasard et l'adaptation en informatique L'idée des algorithmes aléatoires est elle de onsidérer le programmeur un joueur ayant à sa disposition plusieurs algorithmes déterministes stratégies pures ), omme orre ts (ses et s'opposant à un adversaire, l'environnement du programme, dont les stratégies sont les valeurs possibles (ou les lasses de valeurs) pour les entrées du programme. L'enjeu sera le temps, la qualité de la solution, l'espa e mémoire o upé ou tout autre mesure d'e a ité du programme. Alors, une stra- tégie optimale (appelée mixte ) orrespondra à dénir un algorithme hoisissant dynamiquement, de façon aléatoire et selon une loi de probabilité établie, parmi les méthodes déterministes à sa disposition. Par exemple, toutes les variantes du fameux algorithme de tri qui ksort qui hoisissent de façon déterministe la position du pivot sont mises à mal ( omplexité quadratique) par ertaines permutations du ve teur d'entrée. En revan he, le qui ksort aléatoire inventé à la n des années '70 Sedgewi k, 1978 ( f. [ ), orrespond exa tement à la stratégie mixte naïve (et loin d'être optimale), qui donne la même probabilité d'utilisation à tous les qui ksort déterministes, orrespondant aux ment l'impression que hoix xes de la position du pivot. On a évidem- ette stratégie naïve est optimale si toutes les permutations a du ve teur à trier sont équiprobables. Mais la théorie des jeux permet de dénir priori des algorithmes optimaux adaptés à toute distribution onnue de probabi- lité sur les données, voire, grâ e à des méthodes d'apprentissage, de programmes qui s'adaptent (pendant l'exé u tion) aux Owen, 1968 ( f. par exemple [ ). L'idée des méthodes qui se spé ialisent ave évoque au l'expérien e n'est pas ré ente. Elle ontraire un des premiers propos, au début du vingtième siè le, de la ore théorie des jeux : la modélisation des rapports é onomiques, de l' mande, on evoir des apri es de l'environnement et la de- 'est-à-dire la modélisation des deux a teurs ayant des intérêts opposés mais onvergent vers une adaptation ré iproque. En informatique, où l'on fait ombattre une spé i ation e genre d'appro he, ontre les données qui seront soumises à son implantation, est bien entendu envisageable pour n'importe quelle olle - tion de programmes équivalents, mais plus ou moins performants suivant l'environ- Welsh, 1983 Karp & Rabin, 1987 Karp, 1991 Motwani & Raghavan, 1995 nement ( f. entre autres [ [, [ ). 11, [, 12 INTRODUCTION Les robots joueurs Nous pouvons rappeler i i les su ès ré ents et spe ta ulaires obtenus, dans le domaine de l'intelligen e arti ielle, par les programmes qui jouent aux Dames, aux É he s, à Othello ou à d'autres jeux de stratégie programme Deep Blue de IBM ontre le lassiques. La vi toire du hampion du monde des É he s, Garry Kasparov, en mai 1997, a marqué l'aboutissement de quarante années de re her he, tant sur le plan algorithmique que de la mise au point d'ar hite tures spé ialisées. Cette vi toire a, en quelque sorte, revivié les espoirs immenses soulevés par l'intelligen e arti ielle dans les dernières dé ennies, même si, à notre avis, elle a seulement démontré que les je ux sont relativement fa iles à modéliser (puisque les ma hines y atteignent l'ex ellen e), et non pas que les ma hines soient devenues intelligentes. La sémantique des langages de programmation L'étude des sémantiques des langages de programmation a, elle aussi, proté des on epts à la fois puissants et intuitifs déployés par la théorie des jeux, en parti ulier de la théorie des jeux ombinatoires. Lamar he, 1995 naires de Lamar he ( f. [ Joyal, 1995 [ En eet, après les travaux limi- Blass, 1992 ), Blass ( f. [ ) et Joyal ( f. ) qui, au début des années 90, démontrent qu'une de stratégies était ertaine atégorie - al ul, les artésienne fermée, et don représentait un modèle du Abramsky & Jagad., 1994 re her hes d'Abramsky, Mala aria et Jagadeesan ( f. [ entre autres), ont permis de donner les premières sémantiques omplètement abs- traites pour des langages fon tionnels (PCF) ou impératifs (Idealized Algol). Enn, plus ré emment, des spé ialistes de la logique linéaire omme Baillot, Danos, Eh- rhard, Harmer et Regnier ( f. [ et [ Danos & Harmer, 2000 Baillot et al., 1997 Curien & Herbelin, 1998 entre autres, ont travaillé sur les liens des jeux ave ), la géométrie de l'intera tion, tandis que Curien et Herbelin ( f. [ ) ont montré que ertaines ma hines abstraites lassiques pouvaient être interprétées omme des jeux. Si les travaux évoqués i-dessus utilisent plus le vo abulaire des jeux (joueur, oup, partie, arène, stratégie et.) que l'intuition ou les résultats propres à la théorie des jeux traditionnelle, en revan he, d'autres travaux, où l'on retrouve des on epts lefs omme eux de joueurs rationnels pro he des jeux d'une façon plus importante et a des automates, où l'a grammes, et de gain, adoptent l'ap- omplie. Par exemple, en théorie ent est mis sur la spé i ation et la véri ation de pro- ertains problèmes de modélisation de langages innis sont abordés ave Perrin & Pin, 2001 les jeux ( f. par exemple [ grammation ). Aussi, dans le adre de la pro- bisimulation entre pro essus, on urrente, les diérentes relations de introduites par une te hnique de dénition parti ulière, né essitant la notion de plus grand point xe, peuvent être réinterprétées, d'une façon bien plus intuitive, omme des jeux à deux joueurs : si un joueur est gagnant, les pro essus sont bisi- Stirling, 1997 milaires, s'il est perdant, les pro essus ne sont pas bisimilaires ( f. [ Loddo & Ni olet, 1998 et [ ). La programmation logique peut, elle aussi, être abordée par les jeux Loddo & Ni olet, 1998 toires ( f. [ un Di Cosmo et al.,1998 et [ ertain sens, armer qu'elle peut être jeu. En eet, deux joueurs s'opposent : ombina- ). On peut, dans omplètement réexpliquée en termes de haque but à satisfaire est la position initiale ORGANISATION DES CHAPITRES 13 d'une partie dans laquelle l'un des joueurs veut démontrer que le but est satisfaisable dans le programme logique (faisant o e de damier), tandis que l'autre her he à l'en empê her. Nous verrons que les réponses orrespondantes à un but dans un programme logique oïn ident pré isément ave le gain du joueur dans la position dénie par le ouple but et programme. L'obje tif prin ipal de ette thèse est, en premier lieu, de présenter, de façon rigoureuse, tous les aspe ts syntaxiques et sémantiques des jeux ombinatoires, pour ensuite appliquer au paradigme de la programmation logique les outils formels développés. Nous adapterons des notions traditionnelles, telles que l'heuristique ou la valeur d'un jeu, au adre des jeux innis, dans l'intention de onstruire une théorie apable de dé rire à la fois les jeux habituels, tels que les É he s ou les Dames, et à la fois les jeux, inattendus, de la programmation logique. La souplesse du paradigme des jeux et son aptitude à la modélisation, nous ont en ouragé à onstruire une théorie générale, nouvelle à notre onnaissan e, ave l'espoir de la réutiliser un jour pour d'autres appli ations. Organisation des hapitres Chapitre 1. Le premier hapitre est un travail de synthèse de notions générales d'algèbre universelle, telles que la signature, l'homomorphisme ou l'isomorphisme, ave les notions propres de la théorie du al ul simplement typé, telles que substitution, polymorphisme ou relation logique. Le but de e hapitre est de fournir un métalangage formel pour aborder les sujets des hapitres suivants, notamment la théorie des domaines ( hapitre 2), l'algèbre des arbres, des arbores en es et des termes ( hapitres 3), l'algèbre syntaxique d'un jeu ( hapitre 4), et l'homomorphisme sémantique des jeux ( hapitre 5). Chapitre 2. Le deuxième hapitre par ourt la théorie des ordres partiels, ave leurs propriétés de omplétude et leurs homomorphismes et isomorphismes, fournissant le support formel utile, d'une part, à la dénition des relations d'ordre, élagage et préxe, sur les arbres ( hapitre 3), et, d'autre part, à la dénition des domaines d'évaluation d'un jeu ( hapitre 5). Chapitre 3. Le troisième hapitre introduit l'algèbre des arbores en es et elle des arbres, ave la panoplie d'opérations né essaires à leur manipulation, et l'ensemble des relations qui en font des ordres partiels. Les propriétés de omplétude de es ordres partiels seront abordées et étudiées en détail. Ces algèbres fourniront les outils né essaires à la dénition des notions du hapitre suivant, onsa ré aux jeux ombinatoires, telles que la notion d'arbre de jeu ou elle de préxe de jeu. Chapitre 4. Le but du quatrième hapitre est de développer l'aspe t syntaxique des jeux ombinatoires à deux joueurs On y trouve notamment la dénition formelle d'arène de jeu, d'arbres de jeu, de stratégie et ontre-stratégie, et d'alternan e des joueurs. 14 INTRODUCTION Chapitre 5. Dans le dénis par une arène, stru ture d'évaluation inquième 'est-à-dire par une syntaxe de jeu. La notion ru iale de est introduite, et un homomorphisme est tra é de l'algèbre syntaxique (dénie dans le Cela hapitre, nous dé ouvrons le sens des jeux hapitre pré édent) vers l'algèbre sémantique d'un jeu. onduit à deux types de sémantique pour les positions d'un jeu. La première monosémique, ae te une seule valeur à haque position du heuristique ayant des propriétés adéquates vis-à-vis du appelée bisémique, ae te deux valeurs, 'est-à-dire un inter- sémantique, appelée jeu, grâ e à une fon tion jeu. La deuxième, valle, à la même position du jeu, grâ e, ette fois i, à deux fon tions heuristiques duales, l'une représentant une appro he d'évaluation tant une appro he, au ontraire, as, les deux appro hes optimiste. pessimiste et l'autre représen- Nous verrons aussi que, dans ertains onvergent vers une seule valeur sémantique qui ne tient plus à l'attitude, pessimiste ou optimiste, adoptée, mais qui représente une sorte de sémantique absolue. Pour terminer stratégies notre e hapitre, nous développerons la te hnique d'évaluation des ontre-stratégies (de l'opposant), qui deviennent, dans objets innis, tout omme les arbres des positions du (du joueur) et des adre théorique, des jeu. Chapitre 6. Le sixième algorithme Alpha-Bêta, hapitre explore, d'une part, les apa ités du fameux onçu pour les stru tures d'évaluation traditionnelles (les entiers naturels), de s'adapter à d'autres stru tures d'évaluation jeux de la programmation logique Et, d'autre part, il explore le tique, pessimiste ou optimiste, des réponses fournies par omme elle des ara tère séman- et algorithme. L'algorithme Alpha-Bêta est avant tout généralisé, faisant abstra tion de la stru ture d'évaluation utilisée, et ensuite reformulé dans le style plus formel des sémantiques opérationnelles à grands pas (big steps ). Un théorème de orre tion pré ise, par la suite, la qualité des réponses fournies. Par rapport aux travaux Di Cosmo & Loddo, 2000 présentés dans [, e résultat élargit le spe tre d'ap- pli ation aux jeux où les joueurs n'alternent pas for ément, autrement dit, les jeux où les joueurs ne laissent pas automatiquement, après haque oup, la main à leur adversaire. Cela reète l'intention d'appliquer l'algorithme non seulement aux jeux de la programmation logique (pure ou ave programmation logique ave négation, qui, ontraintes), mais aussi au jeu de la ependant, ne sera pas étudié dans ette thèse. Aussi, nous avons introduit un nouvel algorithme, que nous avons nommé Alpha-Bêta-Gamma-Delta, et un se ond théorème de le al ul des jeux évalués dans une stru ture plus orre t. Le nom hoisi évoque une orre tion an d'optimiser non distributive, où Alpha-Bêta n'est ertaine ressemblan e des prin ipes de sim- pli ations utilisés par Alpha-Bêta, mais il est important de spé ier qu'il s'agit d'un algorithme diérent, plus prudent dans l'élagage des arbres de jeu, qui évite ainsi les pièges d'une stru ture d'évaluation non distributive. Il pourrait se rendre utile, mais nous ne l'étudierons pas dans des programmes logiques, où l'abstra tion a d'une interprétation abstraite ette thèse, pour l' élère et for e la n du al ul, au prix ertaine impré ision des réponses. Les opérations sémantiques abstraites ont alors, par eet de l'impré ision tolérée, de moins bonnes propriétés algébriques, ORGANISATION DES CHAPITRES 15 et peuvent perdre, notamment, la propriété distributive né essaire à l'appli ation de la méthode Alpha-Bêta. Chapitre 8. Dans e hapitre se trouve un résumé de la théorie des langages du premier ordre à la base du paradigme de la programmation logique ave ontraintes. La présentation de le premier hapitre, ou sans ette théorie tire parti des notions introduites dans omme la notion d'algèbre typée et d'homomorphisme, et dans le troisième hapitre, omme la notion de terme, de substitution et d'environnement. Chapitre 9. Le dernier hapitre est onsa ré à la programmation logique. Les dénitions, les résultats démontrés et les méthodes énon ées au ours des hapitres pré édents sont mis au servi e d'une dénition formelle de la programmation logique en termes de jeux ombinatoires à deux joueurs. Nous prouvons l'équivalen e entre la sémantique traditionnelle (des réponses al ulées ) et la sémantique des jeux, puis nous prouvons également que la stru ture d'évaluation utilisée vérie les hypothèses d'appli ation du théorème de pouvons résumer orre tion Alpha-Bêta du es deux résultats et leur hapitre pré édent. Nous onséquen e dire te par un syllogisme : la sémantique d'un but dans un programme logique oïn ide ave la valeur sémantique d'un jeu à deux joueurs et la méthode Alpha-Bêta permet, par des optimisations orre tes, de al uler la valeur d'un jeu à deux joueurs don la méthode Alpha-Bêta permet de résoudre un but dans un programme logique, en al ulant, par des simpli ations orre tes, l'ensemble des réponses qui font du but une onséquen e logique du programme Nous verrons quelques exemples d'exé ution de l'algorithme et nous prospe terons son utilisation omme moteur de résolution en programmation logique. À l'instar de la re her he d'une stratégie gagnante aux é he s, le moteur de résolution AlphaBêta apportera son intelligen e au se ours des performan es. À la manière des fameux algorithmes bran h&bound de la re her he opérationnelle, il sera lui-même apable d'élaguer les par ours inintéressants dans l'arbre des dénouements possibles du jeu. Première partie Préliminaires CHAPITRE 1 Algèbres 1. Relations, fon tions et propriétés 2. Algèbres typées 3. Morphismes 4. Restri tions et extensions 5. Interprétation atégorique Dans e hapitre, au une nouvelle notion est introduite. Il s'agit ependant d'un travail de synthèse de théories diérentes, telles que la théorie de l'algèbre universelle et elle du al ul simplement typé. Nous verrons omme la notion fondamentale d'homomorphisme, présente à plusieurs reprises et sous plusieurs formes dans la première théorie, peut être généralisée aux opérations d'un type appartenant à un langage des types évolué. Nous prouverons la spé i ité des dénitions habituelles par rapport à la nouvelle et plus générale notion d'homomorphisme. Ce métalangage algébrique nous permettra d'expliquer de façon avantageuse les algèbres que nous ren ontrerons au ours des hapitres suivants. D'une façon informelle, les algèbres sont des stru tures omposées de deux genres d'objet mathématique : des ensembles de base, les domaines, et des onstru tions, les opérations, dénies sur es domaines, omme par exemple des relations ou des fon tions. Si en théorie des ensembles, où tout objet est un ensemble, la distin tion entre domaines et opérations (sur les domaines) n'est pas ardinale, ave les algèbres la diéren e est expli ite. D'une part, la notion de domaine est elle, naturelle, d'ensemble. D'autre part, à toute opération, qui est elle-même un ensemble, nous ae terons un type (ou une signature ) représentant une onstru tion mathématique : le domaine résultant de ette onstru tion, ontiendra l'opération. L'ae tation d'un type à une opération traduit toujours la volonté d'en adrer l'opération dans un domaine qui la ernera d'une façon plus ou moins pré ise. 19 20 1. ALGÈBRES 1.1. Relations, fon tions et propriétés 1.1.1. Ensembles de base. Dans ette thèse, nous utiliserons les ensembles de base suivants : un ensemble onstitué par un seul élément fg, noté 1, un ensemble onstitué par deux éléments f0; 1g (les booléens ) noté 2, les entiers naturels N, les entiers naturels non nuls N +, et les entiers naturels ave le symbole dénotant l'inniment grand N 1, N [ f+ g. 1 À partir des ensembles de base, nous utiliserons, pour générer de nouveaux ensembles, les onstru tions mathématiques habituelles telles que le produit artésien, l'union disjointe, les parties d'un ensemble, les relations, les fon tions, les fon tions partielles et les suites nies ou innies. 1.1.2. Produits artésiens, sommes. Étant donné deux ensembles A et B, nous noterons par AB leur produit artésien. Si leur interse tion est vide AB = ;, nous noterons A B leur union disjointe (ou somme ) et nous dirons que A et B sont les omposantes de la somme. Étant donné un ensemble D, une partie < de D (ou relation unaire < sur D), notée < : }D ou < : }(D), est un sous-ensemble quel onque de D. La partie est nie, notée < : }F (D), si elle est onstituée d'un nombre ni d'éléments. 1.1.3. Relations unaires. 1.1.4 . Relations binaires. Étant donné un ensemble D, le arré de D est le produit artésien D D. Étant donné deux ensembles A et B, une relation binaire < sur A et B est un sous-ensemble arbitraire du produit artésien A B, don notée < : }AB ; quand A = B, D, nous disons que < est une relation (binaire) sur D. La notation inxe x<y signie (x; y) 2 <. Le domaine de < est le sousensemble de A : dom(<) = fa 2 A j 9b: a<bg, le odomaine est le sous-ensemble de B : od(<) = fb 2 B j 9a : a<bg. La restri tion de < à un sous-domaine A 0 A est la relation <jA 0 B, f(a; b) 2 < j a 2 A 0 g = < (A 0 B). La restri tion de < à un sousodomaine B 0 B est la relation <jAB 0, f(a; b) 2 < j b 2 B 0 g = < (A B 0 ). L'image de < sur un sous-domaine A 0 A est le odomaine de la restri tion de < au sous-domaine A 0 : Im< A 0, fb 2 B j (a; b) 2 <jA 0 B g. Dans le as où A = B, D, la restri tion de < à un sous-domaine D 0 D est la relation <jD 0, f(a; b) 2 < j a 2 D 0; b 2 D 0g = < (D 0 D 0). Étant donné deux relations binaires <1 : }AB et <2 : }BC, la omposition <2 Æ <1, f(a; ) 2 A C j 9b 2 B: (a; b) 2 <1 ^ (b; ) 2 <2 g est une relation binaire <2 Æ <1 : }AC. La puissan e n d'une relation < : }DD, où n 2 N, n 1, est la relation <1, < si n = 1, ou la relation <n, < Æ <n-1 si n > 1. La lture transitive de < est l'union de toutes S ses puissan es : <, n1 <n. 1.1. RELATIONS, FONCTIONS ET PROPRIÉTÉS 1.1.5. Fon tions et fon tions partielles. < Une fon <!!! < 21 A vers B, telle que (a; b) 2 tion partielle de B, est une relation binaire sur A et B, notée : A Æ (a; ) 2 b =. Pour les fon tions partielles nous utiliserons la notation 9 x pour dire 9y 2 B: (x; y) 2. Puisque l'existen e implique l'uni ité, nous utiliserons la notation 9 x y pour indiquer l'existen e de l'élément en relation ave x et, en même temps, le baptiser y. En revan he, quand l'existen e ne sera pas assurée, nous noterons y=~ (x) pour signier égale s'il existe, autrement dit, si 9 x alors 9 x y. Une fon tion partielle : A Æ B devient une fon tion à plein titre, on dit aussi totale, notée : A B, quand dom( ) = A. La omposition de deux fon tions partielles f : A Æ B et g : B Æ C est, elle aussi, une fon tion partielle g Æ f : A Æ C ; la omposition de deux fon tions totales est, elle aussi, totale g Æ f : A C. La puissan e fn d'une fon tion partielle f : A Æ A (resp. totale f : A A) est, elle aussi, une fon tion partielle fn : A Æ A (resp. totale n f : A A). Étant donné un ensemble D, toute fon tion : 1 D est une onstante, que nous noterons aussi : D ; l'é riture () = x rempla e souvent l'expression () = x. De la même manière, toute fon tion partielle : 1 Æ D est une onstante partielle, que nous noterons aussi : Æ D, et l'é riture () = x pourra rempla er l'expression (; x) 2. ) <^ < < < <, < <,!! < <!!! < <! <! <!! <! < < <!! < 1.1.6. Pré di ats , propriétés. L'identité sur X, dénie par f(x; x) j x 2 Xg, est à la fois une fon tion totale idX : X X et partielle idX : A Æ A pour tout surensemble A X. Toute fon tion de type p : D 2 est un prédi at que nous noterons aussi p : 2D. Toute fon tion partielle de type p : D Æ 1 est un semi-prédi at (ou D prédi at partiel ), noté aussi p : 1. Nous utiliserons le terme générique propriété (sur D) pour dénoter aussi bien une partie (relation unaire) p : }D, qu'un prédi at p : 2D ou qu'un semi-prédi at p : 1D. Les deux derniers représentant eux aussi, bien que impli itement, une partie (respe tivement la partie fx 2 D j p(x) = 1g ou la partie dom(p)), la notation p^ sera utilisée pour signier la partie on ernée. En d'autres termes, tout prédi at p : 2D ou semi-prédi at p : 1D pourra assumer, à l'o asion, le statut d'une partie p^ : }D. Dans l'esprit d'unier la notation on ernant les propriétés, l'é riture p(x) sera utilisée pour exprimer la ondition d'appartenan e x2p ^, 'est-à-dire la ondition x 2 p, lorsque p : }D, ou bien la ondition p(x) = 1, lorsque p : 2D, ou bien la ondition (x; ) 2 p, lorsque p : 1D. Étant donné une propriété p : }A 2A 1A, où A = 6 1 et A 6= 2, et une fon tion totale f : A B, ou partielle f : A Æ B, la omposition de f et p, notée fp, est la restri tion de f au sous-domaine p^ A dénoté par la propriété : fp, f p^ = f(a; b) 2 f j p(a)g. La omposition d'une fon tion f ave une propriété p est toujours une fon tion partielle fp : A Æ B. Ainsi, à l'abri de toute ambiguïté sur l'opération dénotée, le nom omposition se justie en remarquant que la même onstru tion peut être obtenue en omposant!!!! 1!! j!! 1 Dans!! la programmation Lisp (et des diale tes omme S heme), un semi-prédi at est une fon tion qui renvoie faux, ou une autre valeur quel onque, diérente de faux, qui sera interprétée omme vraie. I i l'utilisation du terme n'est pas la même mais elle est similaire : le semi-prédi at indiquera ave exa titude une seule ondition (que la propriété est vériée), non pas sa négation ( omme dans le as des prédi ats à part entière). 22 1. ALGÈBRES (au sens de la omposition fon tionnelle) la fon tion ensembliste de la propriété : fp = f Æ idp^. f ave l'identité sur le signié 1.1.7. Relations n- aires. Les notions parti ulières de relations unaires et binaires sont généralisées au as n-aire : tout sous-ensemble d'un produit artésien : }A1 An, ou n 1 est appelé relation (n-aire) sur A1 An. Si 8i: Ai = n D nous é rivons : }D. Étant donné une relation binairen n: }DD sur un domaine D, l'extension produit à n oordonnées, notée n : }D D, est la relation 4 dénie par (x1 ; :::; xn ) n (y1 ; :::; yn ) 8i = 1:::n: xi yi. < < < < () < < Les suites nies ou innies sont des exemples de relations binaires sur N + et A. Une suite (nie ou innie) dans A, est une fon tion partielle s : N + Æ A, notée s : A! ou s : A1, telle que 9s(i + 1) 9s(i) pour tout i 2 N +. La suite vide, lorsque dom(s) = ;, est notée ". La notation xi est toujours synonyme de x(i), et l'expression usuelle s = x1 ::xn, signie s = (1; x1 ); ::; (n; xn ). S'il existe un entier j tel que 9s(j) et s(j + 1) alors la suite est nie, notée s : A ou s : A<!, et sa longueur est s, j. La longueur de la suite vide est nulle par dénition : " = 0. La on aténation de deux suites nies x; y : A, notée x:y, est la suite telle que (x:y)(i) = x(i) si i x, et sinon (x:y)(i)= ~ y(i x ). Une suite innie dans A, notée s : A!, est une fon tion (totale) s : N + A des entiers naturels non nuls N + vers l'ensemble A. Ainsi, nous savons par dénition que A! = A [ A!. Étant donné une relation binaire : }AA sur A, l'extension produit (aux suites nies ) de la relation, notée : }A A, est la relation dénie 1.1.8. Suites. ! ) f jj jj jj x< y ! jj < < ^ 8i = 1 :::n: xi <yi . L ' in lusion ensembliste sur les < () jxj jyj n suites, notée, est l'in lusion des suites non ordonnés : s s () fx 2 A j x par g 4 = = 0 onsidérées omme des simples ensembles = si ; i 2 N + y 2 A y = sj0 ; j 2 N +. 4 g f j g 1.1.9. Constru tions polymorphes. Soit 1 et 2 des lasses, i.e. des ensembles d'ensembles, et soit t : 1 2 une fon tion entre les deux lasses. Si une Y fait orrespondre à tout ensemble 2 1 une valeur fon tion p : 1 Y 2 2 p( ), notée p, appartenant à l'ensemble t( ), noté t :!!S 8 2 1 : p 2 t alors nous disons que p est une onstru tion polymorphe, notée : p : 8 : 1 : t Le type 8 : 1 : t permettra de situer les ouples ( ; p ) de la relation p d'une façon plus pré ise par rapport au type 1 Y : si e dernier nous indique Y 2 2 que ( ; p ) 2 1 Y2 Y, le premier nous indique, en revan he, que ( ; p ) 2 S 1 Y où Y = t( ).
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D’un point de vue théorique, les auteurs se réfèrent à deux classes de modèles pouvant rendre compte du traitement de stimuli non-linguistiques en tâche de détection bimodale : les modèles à activations séparées, qui supposent deux processus de détection séparés pour chaque modalité mais parallèles et synchrones, et ceux à coactivation, qui supposent combinées les activations de chaque canal, l’activation augmentant graduellement dans le temps. Grâce à cette tâche de détection, trois aspects des relations graphèmes-phonèmes ont pu être abordés : • L’existence d’effets de facilitation intermodale ; • La taille et la directionnalité de ces effets ; • L’existence d’effets d’inhibition intermodale. 470 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. Une activation entre graphèmes et phonèmes, dans les deux sens, a été mise à jour dans les trois expériences. D’un point de vue temporel, l’effet de facilitation a été obtenu dans les trois conditions suivantes : visuel – 100 ms – auditif ; auditif – 100 ms – visuel ; auditif et visuel simultanés. Les chercheurs considèrent d’après leurs résultats que ces effets sont bien de nature représentationnelle, sublexicale, et qu’ils sont automatiques. Cependant, si l’existence d’effets de facilitation intermodale semble clairement montrée, il n’en va pas de même pour les effets d’inhibition intermodale, alors qu’ils sont pourtant postulés en unimodalité dans certains modèles, tels que le modèle TRACE par exemple. La conclusion de cette étude est donc la suivante : « the existence of automatic bidirectional activation and the absence of cross-modal inhibition between graphemes and phonemes » (p. 948). Cela soutiendrait l’hypothèse selon laquelle les graphèmes joueraient un rôle dans la reconnaissance auditive de mots et les phonèmes dans la reconnaissance visuelle de mots, ce qui irait dans le sens de certains modèles duaux de reconnaissance visuelle. Comme le notent les auteurs (p. 948) : « An interesting consequence of this viewpoint would be that the recognition of an auditory target word would be influenced not only by the set of similar words within the same modality (its auditory cohort), but also by the visual counterpart of that set of word candidates ». III.5.1.3. Interactivité orthographe/phonologie : au niveau lexical Certains travaux de Grainger et de ses collaborateurs soulignent également l’étroite imbrication des deux codes, orthographique et phonologique, à un niveau lexical. Leurs études sur les homophones-hétérographes (ex : /fwa/ <fois>/<foie>) révèlent ainsi l’existence d’une interférence « phonologique » (mots homophones plus coûteux que mots non-homophones), comme il y a une interférence « orthographique » (liée aux voisins orthographiques de fréquence élevée). Pour Grainger, Nguyen Van Kang et 471 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. Ségui (2001), il semble donc aujourd’hui justifié de considérer que les codes orthographiques sont automatiquement activés lors de la présentation auditive d’un mot. Ainsi, d’après ces travaux, il semblerait : • Qu’il y ait effet inhibiteur du nombre de voisins phonologiques (densité du voisinage phonologique) en reconnaissance visuelle. • Qu’il y ait un effet facilitateur du nombre de voisins orthographiques (densité du voisinage orthographique) en reconnaissance auditive. Cela serait dû à une compétition lexicale entre mots phonologiquement similaires (« effet de voisinage phonologique »), alors que l’effet de voisinage orthographique reflèterait la régularité (« consistency ») des appariements sublexicaux entre phonologie et orthographe. Ces résultats suggèrent une fois de plus que l’information orthographique influence la reconnaissance lexicale auditive (Ziegler, Muneaux et Grainger, 2003). L’étude de Chéreau, Hallé et Ségui (1999), conduite en français, semble aller dans le même sens, puisque les auteurs, à l’aide de stimuli dont les formes phonologiques (de surface) d’une part, et orthographiques-morphophonémiques ou seulement orthographiques d’autre part, étaient divergentes, montrent que le traitement de mots parlés est influencé par le code (abstrait) orthographique et/ou morphophonémique dans le premier cas, et, dans une moindre mesure, par le code orthographique dans le second cas. Un exemple de stimulus est le mot « absurde » dans lequel la lettre « b » est prononcée /p/, pour le premier cas (préfixe « ab»), et le mot « asile », dans lequel la lettre « s » est prononcée /z/ pour le second cas. Dans chaque cas, la forme phonologique de surface et le script sont « conflictuels ». Leur conclusion est la suivante : « Orthography interacts with phonetic perception in spoken words [...] [and] both the visual and auditory processing of words engage orthographic and phonetic representations that interact in both directions ». 472 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. Il est intéressant de noter que, si cette dernière étude souligne l’influence de l’orthographe sur le traitement des formes phonologiques « de surface » (en particulier phonémique), l’étude de Ventura, Kolinsky, Brito-Mendès et Morais (2001) sur des locuteurs portugais souligne, quant à elle, l’influence de l’orthographe sur les représentations syllabiques, représentations que l’on pourrait qualifier de « profondes ». Il semblerait donc que l’influence de l’orthographe sur le traitement de la parole puisse s’exercer à plusieurs niveaux de représentation phonologique. III.5.1.4. Conclusion : de la perception à la production En guise de conclusion de cette sous-partie sur les interactions entre codes phonologiques et orthographiques dans le cadre de la perception de l’écrit et de la parole, en particulier celles témoignant de l’influence des seconds sur le traitement des premiers, il semble intéressant d’évoquer une question plus rarement abordée dans la littérature, celle de l’influence possible de l’orthographe sur la production de la parole. Damian et Bowers (2003) se sont ainsi demandé si l’orthographe pouvait, dans une certaine mesure, contraindre la production de mots isolés. A l’aide de tests d’amorce pour des sujets anglais, les auteurs ont ainsi comparé le traitement de mots partageant le même segment phonologique initial (par exemple /k/), mais épelés différemment (par exemple « coffee »-« kennel »). Les résultats semblent soutenir leur hypothèse initiale135 (p. 127) : « The study thus provides evidence for interactions between orthography and phonology in speech production, consistent with the few studies that have observed similar results in perception (and even fewer in production) ». Tout en admettant, au vu des données neurolinguistiques disponibles, une modularité fonctionnelle cérébrale pouvant être perturbée et conduire à des dissociations entre 135 Bien qu’une étude ultérieure, basée sur celle de Damian et Bowers, ne soit pas parvenue à la même conclusion (Alario et Ziegler, 2004). 473 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. traitement de l’ écrit et de l’ oral, il semblerait néanmoins que, pour des sujets adultes à l’état « stable », les codes phonologiques et ortho graphiques soient étroitement connectés . Quelle que soit la modalité de présentation (auditive ou visuelle) des stimuli, les représentations activées (sublexicales ou lexicales) sembleraient donc relever des deux types de codes, à des degrés divers selon la modalité et la tâche. Les représentations orthographiques peuvent donc exercer une certaine influence sur la perception (mais également la production) de la parole, et, a fortiori, sur son apprentissage. Le peu d’information disponible à ce sujet s’explique aisément : comme nous l’avons indiqué plus haut, tant d’un point de vue individuel que collectif, la parole est systématiquement première par rapport à l’écrit (du moins pour des sujets « nondéficients »). Il va alors de soi que, dans de telles conditions, l’on ne puisse évaluer à proprement parler l’influence de l’orthographe sur l’acquisition de la parole en langue maternelle. Le domaine de l’acquisition des langues secondes est dès lors à cet égard domaine privilégié, puisqu’il pourrait, dans une certaine mesure, offrir la possibilité d’évaluer celle-ci en langue étrangère. Dans le domaine de l’acquisition de la langue première cependant, malgré les limitations évoquées, il est une notion qui a particulièrement attiré l’attention des chercheurs s’intéressant à l’apprentissage de la lecture. Il s’agit de la notion de conscience phonologique. C’est précisément sur celleci que repose un deuxième argument majeur en faveur de l’hypothèse selon laquelle le traitement de la parole, et ainsi son apprentissage, peut être influencé par l’orthographe. III.5.2. La conscience phonologique La notion de « conscience » semble, aujourd’hui encore, délicate à manipuler, traitée tant en sciences cognitives, qu’en sciences du langage ou en philosophie. D’un point de vue neurocognitif, Mesulam (1998, p. 1042) indique : « Human consciousness is not a special faculty occupying a specific site of the brain but an integrative manifestation of many [...] systems. [...] The accessibility of an event to explicit consciousness and introspective commentary 474 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. is the by-product of a special type of cortical activity and not an automatic consequence of sensory input ». Dans la perspective qui est la nôtre, la notion de « conscience (méta-)linguistique » renvoie en partie au débat articulé autour des couples déclaratif/procéduraux, explicite/implicite, automatique/contrôlé (Laks, 1996). Dans le domaine de la lecture en particulier, la notion de « conscience phonologique » a joué un rôle non négligeable dans l’étude des relations entre perception de la parole et perception de l’écrit. III.5.2.1. Conscience phonologique précoce vs. Conscience phonémique Comme l’explique Bentin (1992), si les enfants sont capables dès leur plus jeune âge de faire preuve de discrimination phonétique et phonologique très fine, ils sont en revanche peu capables de réfléchir consciemment sur le système phonologique de leur langue ou d’en manipuler intentionnellement certains traits. C’est-à-dire que les jeunes enfants ne disposent pas d’une capacité métalinguistique de manipulation d’éléments sublexicaux, capacité nommée conscience phonologique (p. 193). Cependant, il existe différentes formes de conscience phonologique, celle-ci se révélant être une compétence métalinguistique hétérogène (p. 194). Les tests par lesquels cette compétence est évaluée diffèrent ainsi par la nature de la tâche (isolation de phonèmes, segmentation phonémique, comptage phonémique, etc.) mais aussi par la taille des unités auxquels ils renvoient (phonème, attaque syllabique, rime, syllabe, etc.). Bentin distingue ainsi trois dimensions caractéristiques de ces tests (p. 194) : 1. Opération requise (détection, isolation ou manipulation du segment phonologique). 2. Mode d’évaluation de la conscience phonologique (indirect ou explicite). 3. Taille du segment phonologique en question (syllabique, subsyllabique ou phonémique). Au vu des performances des enfants dans différentes tâches, telles que rapportées dans la littérature concernée (bonnes performances pour les unités syllabiques et subsyllabiques, moins bonnes pour les unités phonémiques), Bentin suggère de 475 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. considérer une différence qualitative entre une conscience phonologique phonémique (singleton) et une autre multiphonémique. Pour d’autres auteurs il ne s’agit pas tant d’une différence qualitative que d’un continuum, en considérant la conscience phonologique comme une capacité en développement. Cependant, en se tenant à la caractérisation en trois dimensions des tests d’évaluation, Bentin conclue qu’il n’y a que deux formes de conscience phonologique (p. 198) : 1. Conscience phonémique (« phonemic awareness ») : nécessite une connaissance explicite du segment phonémique et est démontrée par la capacité d’isoler et de manipuler des phonèmes simples ; 2. Conscience phonologique précoce (« early phonological awareness ») : se signale indirectement dans le repérage de ressemblances et de dissemblances entre les mots sur la base d’unités subsyllabiques. III.5.2.2. Apprentissage du code écrit et développement de la conscience phonologique Une fois établie la nature de la conscience phonologique, il convient de s’interroger sur les facteurs qui influent sur son développement (p. 199). Deux points de vue existent à ce sujet : certains considèrent l’apprentissage de la lecture comme un facteur déterminant, tandis que d’autres estiment que la conscience phonologique se développe préalablement à l’apprentissage de la lecture. Bentin réconcilie ces deux perspectives en estimant qu’ils ne traitent pas de la même forme de conscience phonologique : en particulier les derniers se réfèrent à la conscience phonologique précoce (celle qui traite d’unités subsyllabiques et qui est testée de manière indirecte), tandis que les premiers se réfèrent à la conscience phonémique. III.5.2.2.1. La conscience phonémique Plusieurs études, en particulier certaines conduites auprès de sujets illettrés, montrent en effet que l’apprentissage de la lecture d’une orthographe alphabétique permet le développement de la conscience phonémique : contrairement à la parole, où les phonèmes subissent les effets de la coarticulation, l’écrit permet aux phonèmes d’être clairement définis par des segments orthographiques, lettres ou graphèmes. C’est 476 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. également ce que souligne Liberman (1992), dans la perspective de la théorie motrice de la parole qui est la sienne, puisqu’il insiste sur les contraintes exercées par la coarticulation dans le développement de la conscience phonologique (p. 175) : « Experience with speech is normally not sufficient to make one consciously aware of the phonological structure of words. [...] Coarticulation [...] destroys any simple correspondences between the acoustic segments and the phonological segments they convey ». Trois arguments sont alors cités par Liberman (p. 176) : 1) « Preliterate and illiterate people [...] lack such phonological awareness ». 2) « The amount of awareness they do have predicts their success in learning to read ». 3) « Teaching phonological awareness makes success in reading more likely ». Morais, Content, Cary, Mehler et Segui (1989), en référence à leurs travaux antérieurs, rappellent ainsi que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dans un système alphabétique entraîne le développement de la capacité à analyser la parole intentionnellement en unités phonémiques. Ce développement peut ainsi conduire à de nouvelles stratégies de traitement : certaines études sur les stratégies d’écoutes montrent ainsi que les sujets lettrés semblent prêter davantage attention aux phonèmes individuels, alors que les illettrés adoptent une stratégie plus globale (p. 58). Il importe de souligner que la nature, alphabétique ou non-alphabétique, de l’orthographe ainsi apprise a son importance, comme le révèle l’étude de Him Cheung et Chen (2004) qui ont comparé les performances de deux types de locuteurs cantonnais : le premier groupe ne connaissait que le système « logographique » des kanji, tandis que le deuxième groupe maîtrisait tant les kanji que le système alphabétique Pinyin. Les résultats n’indiquent d’analyse de niveau phonémique que pour le deuxième groupe, rejoignant ainsi les conclusions précédentes : l’apprentissage d’une orthographe alphabétique influence fortement la constitution de la conscience phonologique (phonémique), ainsi que celles des représentations utilisées dans la 477 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l ’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. communication orale quotidienne. Certaines études montrent ainsi que les lecteurs à orthographe non-alphabétiques, comme ceux de Hong Kong, ont une conscience phonologique (phonémique) réduite pouvant entraîner des difficultés à traiter des nonmots ou des mots nouveaux (Holm et Dodd, 1996). III.5.2.2.2. La conscience phonologique non-phonémique Plusieurs travaux montrent cependant que la conscience phonologique précoce, ou du moins la conscience phonologique non-phonémique (attaque, rime, syllabe), peut se développer sans instruction explicite et indépendamment de l’apprentissage de la lecture. Morais, Content, Cary, Mehler et Segui (1989), par exemple, ont évalué les performances de sujets portugais adultes n’ayant pas été scolarisés dans leur enfance, dans une tâche de détection syllabique auditive (CV ou CVC). Les sujets étaient divisés en deux groupes : 20 étaient totalement illétrés ; 20 suivaient des cours d’apprentissage de la lecture pour adulte (ex-illettrés). Le point de départ de cette étude était celle menée précédemment par Mehler et ses collègues auprès de sujets français lettrés, mettant à jour un important « effet syllabique » dans une telle tâche : la cible était détectée plus rapidement lorsque celle-ci correspondait à la syllabe initiale du mot porteur (par exemple la cible « pa » dans le mot « palace », plutôt que dans le mot « palmier », et la cible « pal » dans le mot « palmier », plutôt que dans le mot « palace »). Cet effet n’apparaîssait cependant pas pour des sujets anglais, une observation notamment liée au fait que l’anglais présente davantage de consonnes ambisyllabiques (comme le /l/ dans « palace ») que le français. L’hypothèse de Morais et de ses collègues était que si le développement de la procédure de syllabification ne dépendait que des caractéristiques (phonologiques) de la langue des sujets (et absolument pas de l’alphabétisation), alors les réponses des sujets illettrés devaient présenter un effet syllabique comparable à celui des ex-illettrés. Si les résultats indiquent que les illettrés ont moins bien réussi cette tâche que l’autre groupe, un effet syllabique important a cependant été mis à jour pour les deux groupes : tant pour les illettrés que pour les ex-illettrés, les résultats étaient meilleurs 478 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. lorsque la cible (CV ou CVC) correspondait à la syllabe initiale (CV ou CVC) du mot porteur. Cet apparent « effet syllabique », comparable à celui obtenu en français pour des sujets lettrés, semble donc suggérer que la procédure de syllabification en traitement de la parole serait indépendan te de toute instruction formelle. Ainsi, tandis que certaines unités ou procédures sembleraient naturellement acquises, d’autres dépendraient davantage de la présence ou l’absence d’une instruction formelle. Il faut d’ailleurs noter que l’apprentissage de la lecture ne constitue pas l’unique mode d’instruction de compétence métaphonologique : Bentin cite par exemple une méthode d’utilisation d’indices visuels de représentation des phonèmes (p. 202). III.5.2.2.3. Conclusion Comme le souligne Mattingly (1992, p. 14), il convient de distinguer l’accès (« access ») de la conscience (« awareness »), ce qui nous renvoie à la discussion menée par Laks (1996) sur la connaissance procédurale et déclarative. Or la conscience linguistique doit en grand partie être acquise, une acquisition essentiellement stimulée par l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. « Once it has become established, the writing system itself shapes the linguistic awareness, and even the phonology » (p. 25). Les récents travaux neuropsycholinguistiques de Castro-Caldas, Petersson, Reis, Stone-Elander et Ingvar (1998) apportent de nouveaux résultats soutenant un tel point de vue. Ces derniers ont eu recours à l’imagerie cérébrale fonctionnelle (PET) afin de comparer les performances de sujets lettrés et illettrés en tâche de répétition de mots et de pseudo-mots. Pour les mots, les performances des deux groupes et les régions cérébrales activées étaient similaires. En revanche, pour les non-mots, les sujets illettrés ont eu davantage de difficultés, et les structures cérébrales activées étaient différentes de celles des lettrés : « Only the literate group had a trained system for phonological attention/awareness driving the organization and production of motor sequences not previously learned » (p. 1060). D’après ces résultats, il semblerait (p. 1054): 479 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. 1) Que l’apprentissage du code écrit interagisse avec le traitement du langage oral : « The emergence of the necessary phonological processing capacity for correct pseudoword repetition is sculptured by the learning and knowledge of reading and writing ». 1) Que cet apprentissage influence l’organisation fonctionnelle du cerveau humain adulte : « learning to read and write modifies the phonological system by adding a visuographic dimension, i.e. that of graphemic-phonemic matching ». La conclusion de Bentin (1992) est donc claire : le lien entre apprentissage de la lecture et conscience phonologique (phonémique) est indiscutable. Déchiffrer une orthographe alphabétique nécessite d’être capable d’isoler et de manipuler des phonèmes simples dans la parole, marquée par la coarticulation. L’exposition à l’alphabet déclenche donc le développement de cette capacité. Cependant il semble que ce développement ne peut se faire qu’à condition que la conscience phonologique précoce soit elle-même suffisamment développée. (p. 206). Il est intéressant de noter à ce propos, comme le fait Gathercole (1998), que les mesures de la mémoire phonologique ne sont pas sensibles au milieu socioculturel de l’enfant, alors que celles de la conscience phonologique sont fortement influencées par le statut socio-économique. Ainsi, si l’on ne peut nier l’existence d’un certain type de conscience phonologique relativement indépendant de tout apprentissage du code écrit, il semblerait que le lien entre conscience phonémique et apprentissage d’une orthographe alphabétique soit à présent indiscutable. Ce lien pourrait donc jouer un rôle important en tâche de segmentation de la parole d’une part, et d’identification phonémique d’autre part. Dans le cas d’apprenants adultes de langue étrangère, ceux-ci possèdent généralement au moins un système phonético-phonologique et un système d’écriture, ceux de leur langue première. Quatre (ou six) grands systèmes « se rencontrent » alors au cours de leur apprentissage : 480 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. Langue Première Langue Etrangère Système phonético-phonologique Système phonético-phonologique Système phonographémique/ Système phonographémique/ orthographique136 orthographique L’évaluation de l’influence du système orthographique de la langue première sur l’acquisition du système phonético-phonologique de la langue étrangère apparaît difficile à accomplir, étant donné la multiplicité des facteurs en jeu et la complexité des relations qui les unisssent. Néanmoins, il est possible de retirer quelques implications générales des questions évoquées précédemment (unités perceptives et conscience phonologique) pour les apprenants japonais de français dans certaines tâches fondamentales d’apprentissage, celles-ci impliquant en premier lieu une ou plusieurs tâches perceptives. Deux niveaux linguistiques retiennent en particulier notre attention : le niveau segmental (phonémique) et le niveau syllabique. Nous pouvons ainsi, en nous concentrant sur ces deux niveaux, formuler nos problématiques d’apprentissage, et à leur suite, d’enseignement. 136 La distinction entre les deux pouvant varier selon les langues et les contextes, nous utilisons tantôt l’un tantôt l’autre terme selon les circonstances et la pertinence du terme. Il va de soi que, dans un certain contexte et à un certain niveau d’analyse, ils constituent deux systèmes clairement distincts. 481 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. 482 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais Problématiques : Apprentissage Phonologique Multimodal La rencontre entre les termes « phonologie », strictement linguistique, et « apprentissage », à orientation psycholinguistique, élargit considérablement le champ de notre problématique initiale, hors des frontières des descriptions ou des modélisations linguistiques. Cependant, le domaine de l’apprentissage de la phonologie des langues étrangères a vu de nombreux développements récents, traités dans un cadre aussi exclusivement linguistique que possible. Avant d’aborder la question sous un angle psycholinguistique, il convient donc de l’aborder, autant que se peut, dans une perspective strictement phonologique. Cette quatrième partie se présente donc comme suit : dans un premier temps (I) nous présentons la problématique générale de l’interphonologie dans une perspective essentiellement phonologique : d’abord structuraliste-fonctionnaliste (I.2.), puis générative (I.3.) et finalement exemplariste (I.4.). Nous nous concentrons ensuite (II) sur le cas spécifique des apprenants japonais de français, vis-à-vis de certains aspects segmentaux (II.1.), puis syllabiques (II.2.), de l’apprentissage phonologique. Dans un deuxième temps (III), nous adoptons une perspective davantage psycholinguistique, en considérant le rôle potentiel des représentations orthographiques dans le développement de l’interphonologie. Après avoir présenté les variables générales qui y sont impliquées (III.1.) ainsi que les tâches didactiques et cognitives considérées (III.2.), nous examinons le rôle de l’orthographe à un niveau segmental (III.3.) et syllabique (III.4.), résumant enfin (III.5.) les problématiques psycholinguistiques que notre protocole quasi-expérimental vise à traiter. 483 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. Table des Matières Partielle I. PROBLEMATIQUE D’APPRENTISSAGE PHONOLOGIQUE : L’INTERPHONOLOGIE..............................486 I. 1. Introduction : apprentissage phonétique ou phonologique?............................................. 486 I. 2. Interphonologie : perspectives structuraliste et fonctionnaliste......................................... 494 I.2.1. Le crible phonologique.........................................................................................................................494 I.2.2. Facteurs sociolinguistiques..................................................................................................................495 I.2.3. Du crible au transfert............................................................................................................................498 - I. 3. Interphonologie : perspectives générativistes.................................................................... 499 I.3.1. Perspectives représentationnelles : Marque, Transfert et Grammaire Universelle..........................499 I.3.1.1. La Marque.....................................................................................................................................500 I.3.1.2. Le Transfert et la Grammaire Universelle...................................................................................503 I.3.1.2.1. Le Transfert L1/L2................................................................................................................503 I.3.1.2.2. L’Accès à la Grammaire Universelle...................................................................................505 I.3.2. Perspectives non-représentationnelles : optimalité et contraintes.....................................................507 I.3.2.1. Interphonologie et Théorie de l’Optimalité : une nouvelle approche du transfert....................507 I.3.2.2. Exemple 1: épenthèses et émergence du non-marqué chez des apprenants brésiliens d’anglais....... .....................................................................................................................................................................509 I.3.2.3. Exemple 2 : épenthèses et variation chez des apprenants chinois d’anglais.............................512 I.3.2.4. Exemple 3 : reclassement de contraintes et émergence du non-marqué chez des apprenants zoulous d’anglais.......................................................................................................................................513 I.3.2.5. Exemple 4 : coda et émergence du non-marqué chez des apprenants italiens d’anglais.........515 I.3.2.6. Exemple 5 : substitutions segmentales chez des apprenants japonais d’anglais......................516 I.3.2.7. Exemple 6 : groupes consonantiques et voyelles épenthétiques en interphonologie...............520 I.3.3. Synthèse................................................................................................................................................525 I.3.3.1. Marque et Transfert dans la Théorie de l’Optimalité.................................................................525 I.3.3.2. Accès à UG, Transfert et Perception dans la Théorie de l’Optimalité......................................528 - I.4. Interphonologie : perspectives exemplaristes...................................................................... 530 I.4.1. Des épisodes phonétiques aux catégories phonologiques..................................................................531 I.4.1.1. Encodage épisodique acoustique de la parole.............................................................................531 I.4.1.2. Variation allophonique et acquisition des catégories phonémiques..........................................535 I.4.2. Mémoire phonologique et émergentisme............................................................................................538 - II. INVESTIGATIONS PHONOLOGIQUES : L’INTERPHONOLOGIE DES APPRENANTS JAPONAIS DE FLE.540 II.1. Aspects segment aux ............................................................................ ................................ 541 II.1.1. Axe syntagmatique : la position du segment cible dans le mot phonologique influence-t-elle le taux de confusion segmentale?.............................................................................................................................543 II.1.2. Axe paradigmatique : la nature du segment cible dans le mot phonologique influence-t-elle le taux de confusion segmentale?.................................................................................................. ................................545 II.1.2.1. Segments consonantiques...........................................................................................................545 II.1.2.2. Segment vocalique......................................................................................................................547 II.1.2.3. Confusion phonétique ou phonologique?.................................................................................550 - II.2. Aspects syllabiques............................................................................................................. 553 II.2.1. Axe syntagmatique : la position du groupe cible dans le mot phonologique influence-t-elle le taux de confusion syllabique?....................................................................................................................................556 II.2.2. Axe paradigmatique : la nature du groupe cible dans le mot phonologique influence-t-elle le taux de confusion syllabique?....................................................................................................................................557 II.2.3. Axe paradigmatique : la structure de surface du groupe cible dans le mot phonologique influence-telle le taux de confusion syllabique?...........................................................................................................568 - 484 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphon ologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement / apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. II.2.4. Résumé................................................................................................................................................. 569 II.2.5. Aspects phonographémiques..............................................................................................................571 - III. INVESTIGATION PSYCHOLINGUISTIQUE : ORTHOGRAPHE ET INTERPHONOLOGIE CHEZ LES APPRENANTS JAPONAIS DE FLE.......................................................................................................576 III.1. Introduction : variables générales, tâches d’apprentissage et niveaux d’analyse............ 576 III.2. Nature des tâches cognitives............................................................................................. 584 III.2.1. Tâche de Lecture – unimodalité visuelle..........................................................................................584 III.2.2. Tâche de Répétition – unimodalité auditive.....................................................................................594 III.2.3. Tâche de Lecture/Répétition – bimodalité audiovisuelle................................................................601 III.2.4. Tâche de Dictée Orthographique......................................................................................................604 - III.3. Influence de l’orthographe : niveau segmental et identification...................................... 605 III.3.1. Traitement psycholinguistique « erroné » des unités phonético-phonologiques et orthographiques...............................................................................................................................................................................606 III.3.2. Variation et alternance inter-tâches et intra-tâche...........................................................................612 III.3.3. Schémas d’activation des unités phonologiques et orthographiques..............................................616 III.3.4. Protocole quasi-expérimental............................................................................................................620 III.3.5. Substitutions inattendues et stratégies d’apprentissage...................................................................622 - III.4. Influence de l’orthographe : niveau syllabique et segmentation...................................... 624 III.4.1. L’orthographe comme outil de segmentation de la parole..............................................................624 III.4.2. Le cas du japonais : contraintes phonologiques et/ou orthographiques?......................................626 III.4.3. Protocole quasi-expérimental............................................................................................................634 - III.5. Résumé.............................................................................................................................. 636 - 485 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. I. Problématique d’apprentissage phonologique : l’interphonologie Le concept d’interphonologie n’est pas récent. Même si le terme n’apparaît pas dans le travail de Broselow en 1983, qui traite plutôt de « second language phonology », ni dans celui de Tarone en 1987 qui parle de « interlanguage phonology », c’est pourtant bien d’interphonologie qu’il s’agit. L’interphonologie renvoie au pendant phonologique de l’interlangue, un système phonologique provisoire et instable, qui peut néanmoins à un moment donné, être décrit et caractérisé, en dépit d’une variation interet intra-individuelle inévitable (Broselow, 1983 ; Tarone, 1987 ; Lombardi, 2000 ; Grijzenhout et Van Rooy, 2001 ; Monahan, 2001 ; Keys, 2002 ; Lin, 2003 ; Escudero et Boersma, 2004). L’apprentissage d’un système phonologique étranger s’effectue donc de manière graduelle, à travers les développements de ce système « interphonologique », dont l’étude, notamment revitalisée par la Théorie de l’Optimalité, occupe aujourd’hui de nombreux chercheurs, comme en témoigne le récent article de Eckman (2004), qui y propose un « état des lieux » (« state of the art ») de la question. I. 1. Introduction : apprentissage phonétique ou phonologique? Lorsque l’on se penche, dans le domaine psycholinguistique, sur un modèle de production, ou bien encore de compréhension linguistique, la partie inférieure du modèle est généralement dédiée à la dimension phonétique des processus (encodage ou dé-/recodage). On ne peut donc se pencher sur les problèmes dits de « prononciation » ou bien encore plus généralement sur les problèmes de traitement de la parole au cours de l’apprentissage d’une langue étrangère, sans se pencher sur l’interface entre niveaux phonétique et phonologique, puisque si certains problèmes relèvent de l’un ou de l’autre niveau, d’autres semblent difficiles à assigner à l’un ou à l’autre exclusivement. Comme l’indiquent Leather et James (1991, p. 331) à propos de l’acquisition de la parole en langue étrangère : « rigid distinctions between (psycho-)linguistic and 486 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représent ations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. phonetic levels of investigation have come to seem unfruitful if not actually untenable ». En didactique des langues, et plus particulièrement du FLE, l’enseignement ou la correction de la « prononciation », en tant que composante de « l’oral », se trouve généralement identifié à un enseignement « phonétique », voire de « phonétique corrective », et le domaine phonologique se trouve ainsi, sinon négligé, du moins peu explicitement abordé, laissant presque croire que les difficultés des apprenants seraient d’ordre strictement phonétique, et non phonologique, même si les aspects syllabiques et phonotactiques, par exemple, de l’apprentissage, lorsqu’ils sont évoqués, soulignent l’impossibilité, toute relative, de se limiter à un niveau phonétique. L’apprentissage de la phonologie semblerait donc négligé, dissimulé sous ses aspects phonétiques. Dans le domaine de la pathologie du langage en revanche, la distinction entre niveaux phonétique et phonémique s’est toujours révélée fructueuse dans l’analyse des « erreurs », de nature pathologique, produites par des patients aphasiques par exemple (Valdois, 1990 ; Valdois et Nespoulous, 1994). Ainsi, chez les adultes, on distingue par exemple des cas de (Nespoulous, 2002) : • Dysarthrie137 : troubles phonétiques, mais pas phonémiques ; • Anarthrie pure138 : troubles phonétiques, mais pas phonémique ; • Aphasie de conduction ou de Wernicke 139 : troubles phonémiques, mais pas phonétiques. Il est vrai que, si l’on se place dans la dichotomie saussurienne Langue/Parole, et que l’on souhaite opposer le « système » au « discours », on peut en effet vouloir 137 Problèmes d'éxécution des gestes moteurs de la parole observables, par exemple, dans le contexte de la Maladie de Parkinson. 138 Problèmes de planification de la parole, en l'absence d'autres perturbation linguistiques, consécutifs à une lésion cérébrale focale cortico-sous-corticale. 139 Perturbations des processus de sélection et/ou de combinaison des phonèmes de la langue en l'absence de tout trouble de la motricité de la parole. 487 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. s’interroger davantage sur les réalisations phonétiques des apprenants, que sur leur compétence phonologique. Néanmoins, il nous semble nécessaire de nous demander si, en fonction de l’approche adoptée (segmentale, syllabique ou métrique par exemple), les problèmes rencontrés relèvent davantage de l’un ou l’autre pôle. Dans une perspective segmentale, par exemple, si l’on considère l’unité abstraite U, associée par exemple à l’une des voyelles dites cardinales, il semblerait facile de lui assigner une valeur phonémique tant en français, qu’en japonais. Pourquoi, alors, de nombreux étudiants donnent-ils l’impression de « mal prononcer » le U, comme nos étudiants qui fréquemment prononcent le mot « écouter » comme [ek"te], [ekte] ou bien [ek<te]140? On pourrait alors penser que la raison se situe simplement au niveau phonétique, niveau qui renvoie au concept d’allophonie, lequel à son tour renvoie au problème de la variation phonétique. Ainsi, les symboles de l’A.P.I. pour le U français et japonais sont différents : [u] français et [] japonais. Pourtant, lorsque l’on considère les unités au sein de leur système (vocalique dans le cas du U par exemple), on peut s’interroger sur la nature purement phonétique ou phonético-phonologique du problème. D’un point de vue phonologique, on pourrait considérer que la raison ne provient pas tant d’une déficience propre à l’unité phonémique qu’au système d’unités distinctives auquel elle appartient. Keating et Huffman (1984), en présentant le système de variation des voyelles japonaises, nous indiquent combien diffèrent les zones de dispersion des voyelles japonaises et françaises, avec des zones de chevauchement rendant bien compte de certaines confusions commises par les apprenants. Cette version acoustique renvoie évidemment à son pendant articulatoire (Lieberman et Blumstein, 1988), comme nous l’indiquent les tenants de la théorie motrice de la parole (Liberman et Mattingly, 1985). Résoudre la question nous demande ainsi de nous pencher sur les m odèles de production et de perception de la parole, puisque, si d’un point de vue phonétique le [] japonais présente une zone de dispersion pouvant recouvrir celles du [y], du [u] et du [ø] français, l’objectif, en termes essentiellement 140 Nous négligeons ici les questions suprasegmentales, notamment accentuelles. 488 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. psychoacoustiques, pour les apprenants, serait d’établir de nouvelles frontières intracatégorielles ( Har nad, 1987 a ; Schwartz, Abry, Boë et Cathiard, 2002 141 ). Nous le constatons fréquemment dans nos classes, lorsque, face à une tâche de répétition des trois phonèmes français mentionnés, contextualisés ou non, plusieurs de nos étudiants nous indiquent ne pas « entendre de différences » entre les trois stimuli. Cela exige donc aussi de ne pas oublier que les réalisations phonétiques de tel ou tel phonème ne se font précisément pas sans phonème, et donc sans une certaine valeur phonologique, plus abstraite mais pourtant bien effective. Cet aspect de l’apprentissage en pose un autre : selon quels critères juger l’acceptabilité des productions allophoniques des apprenants? Comment décider si un allophone de type [u] est un allophone du // japonais ou du /u/ français? Comme le notent Flege et Hillenbrand (1987, p. 199, note 1): « The accuracy with which a learner produces the sounds of a foreign language can be objectively assessed in a variety of ways: (1) through the use of rating scale judgements by native speakers of the target language, (2) by calculating the frequency with which L2 phones are correctly identified, and (3) through acoustic analyses ». Le choix de l’évaluation semble donc renvoyer, en partie au moins, aux objectifs et aux cibles de l’apprentissage : s’agit-il d’abord d’établir un nouveau système d’opposition phonémique (entre /y/ et /u/ et /ø/ par exemple), ou bien de privilégier l’identité phonétique de chaque unité du nouveau système? Cette question renvoie ici encore à l’articulation entre traits phonologiques et phonétiques, les premiers étant généralement traités de manière binaire {0, 1}, tandis que les seconds sont généralement décrits à l’aide d’une échelle scalaire, par exemple [0, 1] (Durand, 1990, p. 40). Mais comme le 141 Voir notamment pp. 260-261 à propos du recouvrement articulatoire-auditif pour le [u]. 489 - Th èse de Doctor at Sciences du Langage – Sylv a in DETEY Université de Toulouse II – octobre 2005 Interphonologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. rappellent Boë et Schwartz (1997), la relation entre substance (phonétique) et forme (phonologique) est une relation complexe, étant donné « la non-biunivocité entre codes symboliques et acoustiques » (pp. 52-53) : « les frontières de segments n’existent ni au niveau articulatoire, ni au niveau acoustique, ni au niveau perceptif ». Odlin (1989, p. 113) souligne ainsi la nécessité d’intégrer les deux dimensions, phonétique et phonémique, à l’apprentissage, puisque, comme il l’écrit « two languages frequently have sounds which may seem identical but which in fact are acoustically different », ce qui, dans notre cas, nous renvoie aux contrastes entre /u/ français et japonais. Cela est illustré par l’étude de Flege et Hillenbrand (1987), qui s’intéressent précisément à la question de l’apprentissage phonétique, à partir d’un exemple donné par Valdman, qu’ils citent (p. 177): « French and English /s/ differ with regard to place of articulation. The former is a dental, and the latter is an alveolar. The partial similarities he perceives in the acoustic signal of French /s/ will lead an English speaker to respond with the alveolar rather than the dental sound ». Leur étude visait à déterminer si les apprenants de L2 produisaient de nouveaux « phones » avec davantage de « précision » (« accuracy ») que les « phones » de L2 qui avaient une contrepartie en L1 (p. 177). Les résultats semblent soutenir cette hypothèse, par exemple dans le cas de sujets américains apprenant le français: « The most important finding regarding vowel production was that the American talkers matched the French talkers in producing /y/ but not /u/ » (p. 195). Il semble par ailleurs que l’expérience permette aux apprenants adultes de faire preuve de davantage de précision en production (p. 197), même si la notion de « précision » (« accuracy ») reste toujours difficile à définir et évaluer. Les résultats présentés soulignent donc que les apprenants adultes ne recourent pas toujours aux phones de leur langue première pour prononcer les mots étrangers. Ainsi, à propos des erreurs commises par les apprenants, Odlin (1989, p. 116) cite la taxonomie de Moulton, qui distingue des erreurs : 490 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylv ain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Inter phon ologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais . 1. Phonémiques : Inventaires phonémiques différents. 2. Phonétiques : Equivalence phonémique, mais non phonétique. 3. Allophoniques : Equivalence phonémique et phonétique, mais non allophonique, c’est-à-dire pas pour tous les allophones. 4. Distributionnelles : Equivalence d’unités mais pas de distribution. Wells (2000), qui donne plusieurs exemples détaillés « d’interférences » phonétiques entre le japonais et l’anglais, distingue en outre deux types d’erreurs allophoniques (p. 121) : a) Celles qui résultent de l’incapacité à acquérir des règles allophoniques appropriées en L2 et non en L1 ; b) Celles qui résultent du « transfert » en L2 de règles allophoniques pertinentes seulement en L1. Il convient donc de bien identifier les pôles dont relèvent les « erreurs » des apprenants : Perception Phonologique Production Phonétique Phonologique Phonétique On peut par exemple considérer que certains apprenants ont achevé leur apprentissage phonologique, mais pas phonétique (par exemple lorsqu’ils sont capables de discrimination phonologique en perception mais pas en production (phonétique)), tandis que d’autres semblent avoir acquis les compétences phonétiques requises, alors que, sur le plan phonologique, l’apprentissage reste encore à accomplir : par exemple lorsque certains apprenants prononcent [pti] (exemple de groupe hétérosyllabique) ou [klavje] (exemple de groupe tautosyllabique), donnant l’impression de maîtriser la syllabation du français, mais comptent respectivement deux/ trois syllabes au lieu d’une/ de deux en tâche de comptage syllabique. La structure phonétique [CCV] 491 - Thèse de Doctorat Sciences du Langage – Sylvain DETEYUniversité de Toulouse II – octobre 2005 Inter phon ologie et représentations orthographiques. Du rôle de l’écrit dans l’enseignement/apprentissage du français oral chez des étudiants japonais. correspond en fait pour eux à une structure phonologique /CVCV/, dissimulée par la rapidité du débit et d’autres phénomènes phonétiques. A ce propos, Blevins (1995, 232) s’interroge sur les discordances (« mismatches ») entre représentations syllabiques phonologiques et phonétiques, en particulier en ce qui concerne les profils de sonorité : en effet, les réalisations phonétiques sont typiquement sous-produites (« undershoot ») conduisant à des décalages entre pics de sonorité phonologiques et phonétiques. Blevins cite le cas de langues dans lesquelles des voyelles réduites non accentuées au niveau phonologique sont effacées, soit de manière facultative, soit lorsque celles-ci se trouvent entre deux consonnes adjacentes identiques, en production langagière rapide. Dans ce cas, un pic de sonorité présent au niveau phonologique est absent au niveau phonétique : la représentation phonologique est inchangée et la perte de la voyelle ne résulte que de la sous-production (« undershoot ») de la cible phonétique. Le japonais fait notamment partie de ces langues, tandis que certaines langues présentent aussi la situation inverse (1995, p. 233). Dans le domaine segmental, la question de l’articulation entre apprentissage phonétique et phonologique peut également être illustrée par l’étude de Colantoni et Steele (2005), qui, à propos de l’apprentissage du phonème /R/ par des apprenants anglophones en fonction du contexte, parviennent à la conclusion suivante, formulée ainsi dans leur résumé : « L2 learners’ acquisition of French /r/ does not proceed in an all-or-none manner. Rather, learners first master frication. Subsequently, voicing appears gradually, first in those contexts where it is articulatorily favoured, i.e. intervocalically ».
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Ivry, Vitry et Alfortville en 1878. Les espaces libres, entre fleuve et lignes de chemin de fer sont encore prépondérants. Plan directeur publié par le service géographique de l'armée, 1878-79. © Paris, BHVP. [2]. Carte industrielle de la région parisienne, 1927, localisant les multiples activités industrielles du secteur. Société de documentation industrielle. © Paris, BHVP. [3]. Vitry-sur-Seine. Vue vers la plaine de la Seine depuis le coteau. Au premier plan un secteur de logements pavillonnaires modestes, au second plan, des ensembles de logements collectifs, plus loin le secteur industriel dominé par la centrale électrique EDF. [4]. Le confluent de la Seine et de la Marne en 1989. Au premier plan Ivry-Port et ses industries. Cl. J.-B. Vialles. [5]. Vue à vol d'oiseau des forges Coutant à Ivry, 1882. [6]. Les établissements Rhône-Poulenc en 1935, encore totalement isolés de l'urbanisation. © IGN. [7]. L'usine Chelle en 1985, peu avant sa destruction. Cl. Christian Décamps. [8]. Rive droite de Choisy-le-Roi. Ancienne halle sur le quai de la Seine, abritant aujourd'hui un stockage de matériaux. [9]. Ivry-sur-Seine, quai Henri-Pourchasse en 2008, des bords de Seine à requalifier. [10]. Choisy-le-Roi en 2009. La reconversion des rives de la Seine va bon train Rive gauche, dans l'ancien quartier du port (au fond de l'image) et au premier plan, rive droite, le quai des Gondoles est également en réfection. Sauf mention contraire © Région Île-de-France. Inventaire général du patrimoine culturel, ADAGP. cliché ou reproduction Stéphane Asseline. mée, dossiers de repérage du patrimoine industriel réalisés par Olivier Cinqualbre et Hélène Jantzen entre 1985 et 1988 pour les communes d'Ivry-sur-Seine (16 dossiers), Vitry-sur-Seine (8 dossiers), Alfortville (6 dossiers) et Choisy-le-Roi (4 dossiers). • Bibliographie J. Bastié. La croissance de la banlieue parisienne. Paris, PUF, 1964. J. Beaulieu-Garnier. Atlas et géographie de Paris et de la région d'Ile-de-France. Paris, Flammarion, 1977, 2 vol. Seine, direction des affaires départementales ; Bournon, Fernand (réd.). Etat des communes à la fin du XIXe siècle Montévrain : impr. typ. De l'école d'Alembert. Alfortville, 1901. Choisy-le-Roi, 1902. Ivry-sur-Seine, 1904. Vitry-sur-Seine, 1905. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France ; O. Cinqualbre (réd.) et al. Architecture d'usines en Val-de-Marne, 1822-1939. Paris : APPIF, 1988 (réed. 2004). (Cahiers de l'Inventaire ; 12). B. Lemoine (dir.) ; [exposition, Paris, pavillon de l'Arsenal, 2006]. Paris en Ile-de-France. Histoires communes. Paris : Picard ; éd. du pavillon de l'Arsenal, 2006. J. Turgan. Les grandes usines de France Paris : Calman-Levy, 1882. tome 14, notice Forges d'Ivry, 32 p. IAURIF. La Seine-Amont : un territoire en devenir. In : Note rapide n° 277. Territoires de l'aménagement n° 4, janv. 2001. Société d'histoire de Vitry-sur-Seine : http://histoire.vitry94.free.fr/ La Seine Paris 6. Les activités industrielles 6.1 Les centrales électriques 6.2 Les centrales gazières 6.3 Les dépots pétroliers 6.4 Les sablières 6.5 Les chantiers navals 1 Les centrales électriques A la fin du XIXe siècle, la nouvelle énergie qu'est l'électricité est principalement produite pour un usage industriel. Elle fournit la force motrice des machines, notamment pour le fonctionnement des transports, chemins de fer, métropolitain et diverses lignes de tramways. Rapidement les usines aliment la distribition domestique. Les premières centrales thermiques de production d'électricité sont de grandes consommatrices d'eau et de charbon. Ce dernier, acheminé par rail ou par bateau, alimente les chaudières qui transforment l'eau, puisée dans le fleuve, en vapeur nécessaire au fonctionnement des turbines, jumelées elles-mêmes avec les alternateurs, qui convertissent l'énergie motrice en énergie électrique. Les toutes premières usines sont construites dans Paris intra-muros, avant que la capitale, saturée, ne repousse ces industries hors les murs. Les plaines de Seine amont, encore peu construites à la fin du XIXe siècle, présentent donc toutes les caractéristiques favorables pour accueillir ce type d'industrie. Les fumées de combustion sont rejetées par de hautes cheminées qui scandent le paysage. [2] [1] Avant la nationalisation de 1946 et la création d'EDF, les sociétés sont encore nombreuses qui se partagent, dans le cadre d'un régime de concession, la production et la distribution de l'électricité. Déjà en 1919, après la Première Guerre mondiale, certaines se regroupent afin de réorganiser la production et d'unifier la distribution. Dans les années 1930, les principales entreprises distributrices du secteur de SeineAmont sont les compagnies Est-Lumière (compagnie de l'Electricité de l'Est parisien) pour les communes riveraines de la Seine jusqu'à Choisy-le-Roi, Sud Lumière, au-delà [1]. Tandis que les sociétés productrices sont l'Electricité de la Seine (ES) (principales usines à Saint-Denis et Ivry) et l'Union de l'Electricité (UDE ou UE) (principales usines à Gennevilliers et Vitry). 2 Dès l'Entre-deux-guerres, la chaleur dégagée dans les centrales thermiques commence à être utilisée pour alimenter le réseau de chauffage urbain parisien. En 1927, les groupes de producteurs d'électricité de la région parisienne se réunissent pour créer la compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU). Ce réseau est lui-même bientôt également alimenté par les usines d'incinérations d'ordures ménagères de la ville de Paris, gérées, à partir de sa création, en 1922, par le Service de traitement Industriel des résidus urbains (TIRU). Les usines de ce dernier produisent à la fois de l'eau chaude et de l'électricité (pour leurs propres besoins, l'excédent étant commercialisé). L'une d'elle est construite en 1912 à Ivry-surSeine, d'abord pour fournir l'électricité aux usines des eaux d'Ivry et d'Austerlitz avant de brûler les déchets 1922 et de produire de la vapeur pour le chauffage urbain en 19441, mais ne constitue pas réellement une centrale thermique. Outre cette usine (désormais gérée par le Sytcom), huit centrales électriques sont construites en un siècle sur les rives de la Seine, à Ivry, Vitry et Alfortville [3]. Au fil des années, chacune d'elle est agrandie ou modernisée afin d'en augmenter les capacités, jusqu'à ce que son obsolescence conduise à son déclassement et à l'arrêt de la production. Ces centrales, étudiées dans les années 1980 par le service de l'Inventaire général (Olivier Cinqualbre et Hélène Jantzen) ont fait l'objet d'une publication dans laquelle leurs caractéris- tiques architecturales ont été particulièrement analysées. Le présent dossier propose une synthèse territoriale de l'histoire de cette industrie en Seine amont. 1. Un premier site de broyage des ordures ménagères avait été créé à Vitry-sur-Seine en 1906. Insuffisant et trop éloigné de Paris, il est remplacé par l'usine d'Ivry en 1922. Légende : 1. Centrale thermique des tramways de l'Est-parisien, Vitry 2. Usine d'Est-Lumière, Alfortville 3. Usine de l'Union De l'Electricité dite Vitry-Nord, vitry 4. Usine basse pression de la société d'Electricité de la Seine, Ivry 5. Usine de l'Union De l'Electricité dite Vitry-Sud Arrighi, Vitry 6. Usine haute pression EDF, Ivry 7. Centrale thermique EDF, Vitry 8. Turbines à combustion d'EDF dite usine de Vitry-centre Arrighi, Vitry SYTCOM Usine d'incinération d'ordures ménagères, plusieurs fois reconstruite, gérée d'abord par le TIRU puis par le Sytcom, dite usine d'Ivry-Paris XIII CPCU Chaufferie de la CPCU , Ivry Cogénération Usine de cogénération de la CPCU, Vitry S YTCOM CPCU 46 3 2 7 8 Cogénération 5 1 [3] 3 1 La centrale électrique des tramways de l'est parisien, Vitry-sur-Seine L'usine, implantée en bordure de la Seine 18 quai Jules-Guesde est construite en 1901. Elle emploie à cette date 60 personnes [4] et [5]. Elle comprend deux grands ateliers accolés, longs de 90 m et parallèles au fleuve. L'ensemble est réalisé en brique et chacune des halles est couverte d'une toiture à charpente métallique à deux pans. L'éclairage provient de baies latérales et des verrières zénithales. L'atelier en bord de Seine est occupé par la chaufferie ; il est encadré par deux cheminées et contient 21 générateurs à vapeur, placés en deux batteries de 10 et 11 appareils. Le second atelier contient les 7 machines actionnant autant d'alternateurs, chacun d'une capacité de 800 kw/h. Tout au bord de la Seine, un bâtiment complémentaire abrite l'administration et des lo . L'ensemble ressemble à s'y méprendre à l'usine élévatoire des eaux d'Ivry construite en 1883. L'organisation des volumes y est similaire, les machines à vapeur y actionnant des pompes et non pas des alternateurs. Ainsi, ce nouveau programme industriel n'affiche pas encore de spécificité. Lorsque la centrale est déclassée, les bâtiments sont reconvertis et les cheminées détruites. Occupés par la société Air Liquide, à partir de 1945, les deux ateliers existent toujours [6]. L'usine de la Compagnie Est-Lumière, Alfortville La seconde centrale du secteur est également construite en 1901, implantée sur 13 000 m2, 31 quai Auguste-Blanqui à Alfortville [8] et [10]. Bâtie pour le compte de la compagnie Est-Lumière, elle rejoint le groupe de l'Union De l'Electricité en 1919. Les deux halles sont encore implantées parallèlement à la Seine mais une architecture soignée [7] et une imposante façade pignon symbolisent, côté fleuve, la puissance de [7] [8] 5 la nouvelle énergie. La nef principale, qui accueille la salle des machines, est cette fois la plus proche du fleuve. Les chaudières, les cheminées et le parc à charbon sont rejetés à l'arrière du complexe. L'avant corps central de la façade principale accueille les pompes. Au bord du fleuve, deux bâtiments abritent l'administration et les logements des contremaîtres. Juste en amont, la villa Dynamo est affectée au directeur [9]. Lorsque les capacités de l'usine sont accrues, trois autres cheminées sont construites. En 1922, l'Union de l'Electricité édifit la fameuse centrale de Gennevilliers, destinée à remplacer quatre usines de la banlieue parisienne dont celle Alfortville, qui produit alors 23 000 kw. Les bâtiments sont alors vendus à l'usine de papier Catel et Farcy en 1927. Ils seront finalement démolis en 1986. La centrale de la Compagnie générale de distribution d'énergie électrique ou Thomson, puis Vitry-Nord, Vitry En 1907, la Société des grands travaux en béton construit cette troisième centrale, montée par la Compagnie française pour l'exploitation des procédés ThomsonHouston, pour le compte de la Compagnie générale de distribution d'énergie électrique [12]. La centrale est également implantée quai Jules-Guesde à Vitry, et située juste en face de la centrale d'Alfortville. On ne dispose que de peu d'informations sur cette usine, principalement connue par les cartes postales anciennes. Sa première clientèle est la Compagnie générale parisienne de tramways et la Compagnie des chemins de fer nogentais. En 1910 elle fournit la force électrique aux Tramways de l'Est Parisien, rive gauche, aux Tramways Sud (société qui appartient à la Société des transports en commun de la région parisienne, STCRP), aux Tramways Nogentais et enfin, en partie, au fonctionnement des machines électriques de la Compagnie d'Orléans, sur la ligne d'Orsay-Austerlitz. Thomson-Houston est actionnaire dans nombre de ces sociétés, ce qui explique l'autre nom de l'usine. Après 1919, lorsqu'elle entre dans le giron de l'Union De l'Electricité (UDE), l'usine est rebaptisée Vitry-nord (pour la distinguer de Vitry-sud-Arrighi). [11] La centrale est dirigée dès sa mise en service par l'ingénieur des Mines Georges Pavie, qui doit gérer coup sur coup les inondations de l'hiver 1910 (qui stoppent la production) et un incendie qui ravage le complexe, le 9 juin. Celui-ci est alors décrit comme se composant « de deux grands bâtiments situés l'un quai du Port-à-l'Anglais, à Vitry, l'autre rue du Port-à-l'Anglais, à Ivry. Ils sont reliés par un pont roulant sous lequel fonctionnent quatre turbines ». Implanté à un angle de rue, il semble que la chaufferie se développe perpendiculairement au quai et la (les) salle (s) des machines, parallèlement à celui-ci, disposant également d'une des façades sur la rue du Port-à-l'Anglais. L'alimentation en charbon s'effectue depuis un important appontement le long du quai, par un convoyeur aérien mécanisé, complété d'un système de grue et de wagonnets [11]. Après le sinistre, l'usine doit être en partie reconstruite et les machines, endom- [12] magées, remplacées. Une seconde cheminée est élevée. En 1929, la production représente 90 000 kw. La centrale aurait été démolie à la fin des années 1930, après la mise en service de l'usine Arrighi de Vitry-sud, construite pour la remplacer. En 1985, subsistait encore la passerelle métallique suspendue permettant la traversée des câbles, ainsi qu'un poste transformateur détruits depuis. Les centrales basse pression et haute pression d'Ivry-Port Conçue à partir de 1923, la centrale basse-pression est mise en service en 1927 pour le compte de l'Electricité de la Seine. Elle est destinée à prendre la relève de l'usine du quai de la Râpée pour la fourniture d'électricité au métro parisien (4 groupes d'alternateurs de 12 000 kW). La parcelle assez étroite oblige à multiplier les équipements de déchargement du charbon pour alimenter l'usine en continu [13] et [14]. Deux halles perpendiculaires au fleuve abrite les chaudières d'une part et les turboalternateurs, d'autre part. Elles affichent leur mur pignon, traités en fronton, face à la Seine. Les cheminées métalliques couronnent la chaufferie, bâtiment tout en hauteur, dont le béton est coulé au fur et à mesure du montage des chaudières. La salle des machines, malgré sa monumentalité reste une halle couverte d'une charpente métallique à deux pans [16]. Le pont passerelle sur la Seine, destinés à la traversée des câbles, prévu dès l'origine, n'est construit qu'en 1930 (voir le dossier de la passerelle industrielle d'Ivry-Charenton). La centrale est raccordée au réseau du chauffage urbain en 1942. Vieillissante, l'usine est complétée en 1953 par la centrale contiguë, dite centrale haute pression d'Ivry-Port (1 groupe [13] [14] [15] [16] 8 d'alternateurs de 40 000 kW). Son implantation est une fois encore contrainte par la petitesse du site. Malgré certaines différences (ici les bâtiments sont en béton et non en métal), la silhouette de la centrale est l'héritière du modèle initié par la centrale Arrighi au début des années 1930 : silhouettes cubiques des bâtiments aux toits terrasse, dynamisme vertical souligné par l'étroitesse la hauteur des baies [17] et [19]. L'ensemble, qui emploie 300 personnes, ne présente plus d'intérêt économique, au début des années 1970. Le charbon spécial utilisé et le nombreux personnel, indispensable à la maintenance des matériels vétustes, coûtent trop chers. De ce fait, les centrales ne sont plus utilisées que lors des périodes de forte demande. Le site cesse finalement son activité en 19742. La chaufferie de la centrale basse pression est reconvertie pour le compte de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain qui y installe des chaudières au fuel. La suppression des cheminées augmente l'effet monumental du bâtiment. Tous les autres bâtiments sont détruits en 1988/89 [18]. 2. C'est pour loger les cadres de cette centrale qu'EDF commande en 1963 un programme à l'Atelier de Montrouge. Les architectes dessinent deux petites tours, innovante sur le plan du logement collectif. L'ensemble, implanté sur une parcelle 40-44 boulevard du ColonelFabien et 22-34 rue des Péniches est inscrit Monument historique en 2003. [17] La centrale Arrighi ou Vitry-Sud Cette cinquième centrale, caractéristique d'une deuxième génération d'usine, est implantée sur une parcelle d'une vingtaine d'hectares, en amont du barrage de Port-à-l'Anglais, dans une zone non encore aménagée. Elle voit sa première tranche (110 000 kw) mise en service en 1931, une seconde dès l'année suivante [20]. Elle est construite par la compagnie l'Union de l'Electricité (UDE) afin de compléter la production de la nouvelle usine de Gennevilliers et de remplacer l'usine de VitryNord. La centrale est baptisée du nom de Jean-Antoine Arrighi de Casanova, polytechnicien, ingénieur en chef des études et du service mécanique de la compagnie, qui l'a conçu techniquement est qui décède en 1932 avant de la voir véritablement fonctionner. Deux jeunes architectes, GeorgesHenri Pingusson et Paul Furiet (qui meurt dès 1930) sont essentiellement chargés des bâtiments annexes et de l'image de la centrale (ses représentations dans les campagnes de communication). Les différents pôles de la centrale s'organisent aisément sur cette vaste parcelle. Le parc à charbon (réserve pour 35 jours), de forme triangulaire, en bord de Seine, est approvisionné soit par le fleuve (les péniches sont déchargées depuis le quai par une tour à benne preneuse d'une capacité de 200 tonnes/heure qui dépose le charbon sur un convoyeur), soit par la voie ferrée ceptionnant des rames de 1 500 tonnes [20] G Légende : A. Bâtiment des pompes B. Salle des chaudières de la première centrale C. Salle des machines D. Salle des chaudières de la seconde centrale E. Bâtiments annexes F. Tableau à haute tension G. Ancien parc à charbon D C F B A E [21] [22] 11 (poste de déchargement des wagons équipé d'un système permettant de les vider directement sur un convoyeur). Un autre convoyeur conduit le charbon jusqu'à la galerie des chaudières, parallèle à la Seine et surmontée de 4 cheminées métalliques, derrière laquelle s'implante la galerie des machines. Le bâtiment des pompes est contigu. L'ensemble est une construction dont la structure est entièrement métallique, le béton faisant office de peau. La centrale EDF de Vitry Mise en chantier en 1962, elle est implantée sur 25 hectares, très en retrait de la Seine, derrière les deux halles de la toute première centrale du secteur, sur d'anciennes sablières remblayées avec les suies et les mâchefers d'Arrighi. Typique d'une troisième génération d'usines, elle constitue un repère fort dans le paysage grâce à son batiment principal, une simple barre, et à ses deux cheminées hautes de 160 m, en béton armé [28]. L'architecte et l'ingénieur Jean Fayeton (1908-1968) participe à sa conception. Deux premiers groupes de 250 MW sont mis en service en 1966 qui sont alimentés au charbon puis, en 1971, deux autres groupes de 320 MW associés à une turbine à gaz et alimentés en charbon ou en fuel. En 1972, le complexe constitue la centrale la plus puissante de France, devant Porcheville. En 1982 une installation de récupération de vapeur la raccorde au chauffage urbain. Les chaudières, alimentées par 4 étages de brûleurs, mesurent 47 m de hauteur, pèsent 4 000 tonnes et sont suspendues à la charpente. Le parc à charbon implanté derrière l'usine est alimenté par un convoyeur connecté à une roue pelle déchargeant les péniches, qui depuis la Seine, franchit les distances nécessaires à l'alimentation de l'usine [27] à [29]. [27] 14 En 1996 l'usine est modernisée pour répondre aux nouvelles normes de rejets dans l'atmosphère. Les deux premières unités s'arrêtent en 2000. Les plus récentes peuvent encore produire 500 MW et emploient aujourd'hui près de 230 personnes. Elles sont mises en service uniquement pour les périodes d'appoint. La centrale devrait disparaître à l'horizon de 2015, lorsque normes de rejet se durciront encore. Pour l'instant, comme ailleurs en Île-de-France, EDF projette de conserver sur le site une activité de production d'électricité avec des turbines à gaz. Les deux turbines à combustion de Vitry-Arrighi [30] Elles sont implantées sur le site de l'ancienne usine de Virty-Sud-Arrighi, détruite en 1991. La première est mise en service en 1997, la seconde en 2008. Elles fonctionnent sur le principe d'un réacteur d'avion auquel on aurait ajouté un alternateur. Dans une chambre de combustion, on injecte du fioul à de l'air fortement comprimé. En s'enflammant, il produit l'énergie nécessaire pour faire tourner la turbine qui entraîne elle-même l'alternateur qui produit l'électricité. Chacune des turbines a une capacité de 152 MW. Elles ont été réalisées spécifiquement pour répondre aux demandes ponctuelles de pointes électriques, car fonctionnant au fioul domestique, leur production coûte cher [30] et [31]. Conclusion Déjà dans l'Entre-deux-guerres, l'électricité pouvait être produite au delà de la région parisienne. Ainsi une ligne double de 90 000 V acheminait jusqu'au transformateur de Chevilly l'excédent de la production de l'usine hydraulique d'Eguzon sur la Creuse, dans le massif central, appartenant à la Compagnie de chemin de fer de Paris-Orléans. En 1932, la première ligne aérienne de 220 000 V arrive également au poste de Chevilly, provenant du poste de Chaingy (près d'Orléans) et alimentée par les nouvelles usines hydroélectriques de la Truyère (affluent du Lot). Dans les années 1970 encore, quatre centrales demeurent dans le secteur de Seine Amont : la plus ancienne, celle d'Ivry est mise en réserve depuis 1966 et ne fonctionne que l'hiver. La plus récente, celle de Vitry est alors la plus puissante de France. Mais aujourd'hui, l'électricité est presque entièrement produite hors de la petite couronne, soit par des centrales hydroélectriques soit par des centrales nucléaires. Seules fonctionnent, pour les besoins d'appoint, les deux turbines à combustion de Vitry-Arrighi et la centrale de Vitry, du moins jusqu'en jusqu'en 2015. La disparition de cette usine, après toutes celles des deux premières génération, refermera la page d'histoire de la production d'électricité en Seine amont. La présence de l'électricité dans le paysage continuera de s'affirmer par l'existence de postes de transformation, de sous-stations et de lignes (elles sont autant que possible enterrées) qui assurent raccordements au réseau, interconnexions entre les différentes lignes et transformations de l'énergie en différents niveaux de tension [32] et [33]. De nouvelles usines marquent cependant le territoire en bord de Seine. Celle d'Ivry du Sytcom (syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères de la région parisienne) assure une valorisation énergétique des déchets et alimente le réseau de chauffage urbain (CPCU). Mise en service en 1969, elle pompe l'eau nécessaire à son fonctionnement (eau industrielle et eau de refroidissement) dans le fleuve. La Seine alimente encore la centrale de cogénération, 10 rue des Fusillés à Vitry-sur-Seine, inaugurée en 2001. Economique, celle-ci produit, grâce à une turbine fonctionnant au gaz naturel, à la fois de la vapeur pour le CPCU et de l'électricité pour EDF. [32] [33] 17 Table des illustrations [1] . Concessions d'électricité, 1933 . In : Henri Sellier, René Humery. Région parisienne [10 cartes]. Carte n° 8 : concessions d'électricité. Clamart : G. Peltier cartographe, 1933. Les usines de production d'électricité des compagni es l'Union De l ' Electricté (UE), l' Electric ité de la Seine ( ES ) et du TIRU sont localisées. [2]. Au loin, les 4 chemin ées de l'usine Est-lumière d ' Alfortville, vers 1910. © AD94. [3]. Carte localisant les usines de l'UDE, circa 1930. AD94 31 fi Vitry 7. 1. Centrale des tramways de l'Est parisien, vitry [4]. La centrale au début du XX siècle, vue depuis la voie ferrée, © AD94. [5]. La centrale au début du XXe siècle, vue depuis la Seine. Au premier plan, le bâtiment administratif. © AD94. [6]. Les bâtiments en 1985. 2. La centrale Est-Lumière, Alfortville [7]. Fronton de l'avant-corps de la façade pignon, sur la Seine en 1985. Cl. : P . Fortin [8] . Vue d'ensemble de la centrale depuis la Seine. Au premier plan, de gauche à droite, l'appontement et sa grue de déchargement du charbon, les deux pavil lons ( bureau x / logements) et la villa Dynamo, habitation du directeur . [9]. La villa Dynamo en 2008. [10]. Intérieur de la salle des machines. In : Génie civil, n°1039, 10 mai 1902. Repro. C. Décamps 3. La centrale de la compagnie générale de distribution d'énergie électrique ou Thomson puis Vitry-Nord [11]. Détail des installations de déchargement du charbon et du convoyeur. Coll. part. D.R. [12]. La centrale après sa reconstruction de 1910. 4. et 6. Les centrales basse pression et haute pression d'Ivry-Port et [14]. Vue d'ensemble de la centrale, au centre la chaufferie, à droite la salle des machines. La passerelle de traversée des câbles n'est pas encore construite. In : La science et la vie, 1928. repro C. Décamps. [13] [15]. Vue aérienne du site en 1989. La salle des machines de la centrale basse pression est détruite. [16]. Intérieur de la salle des machines de la centrale basse pression, vue vers la Seine, 1971. D.R. et [18]. La salle des machines de la centrale basse pression avant sa destruction et l'usine du CPCU aujourd'hui (ancienne chaufferie de la centrale basse pression). [17] [19]. Intérieur de la salle des machines de la centrale haute pression, vue vers la Seine, 1985. Cl. C. Décamps. 5. La centrale Arrighi de Vitry-Sud [20]. Plan de l' usine après la réalisation des 2 premi ères tranches . L'implantation des salles des machines et des chaudières, formant un carré, sera doublé dans les années 1950 lors de l'extension de l'usine, comme prévu sur le projet initial de la centrale, dessiné en 1927-29. [21].Vue [22]. d'ensemble. © DREIF, phot. Guiho,1990. La centrale après son extension. © Achives photothèque EDF – Sodel. [23]. La centrale en 1985. Vue extérieur : de gauche à droite, le bâtiment bas et blanc abrite les locaux annexes, le cube derrière, le bâtiment des pompe, puis au centre la chaufferie de la première centrale et ses 3 cheminées, au fond à droite, la chaufferie de l'extension, et ses deux cheminées. Cl. C. Décamps. et [25]. L'implosion de la centrale en novembre 1991. Cl. C. Décamps. [24] [26] . La salle des machines en 1985. Cl. C. Décamps. 7. Centrale thermique Vitry [27]. Vue d'ensemble de la centrale.L'usine Arrighi, à l'arrière plan, existe toujours. © EDF, médiathèque. [28]. La roue pelle et le long du quai, le système de câble qui tracte la péniche et permet son déplacement régulier au fur et à mesure du déchargement. [29]. La roue pelle servant à décharger le charbon. 8. Les turbines à combustion de Vitry-Arrighi [30]. [31]. Vue intérieure. © EDF Vue extérieure. © EDF [32]. Lignes aériennes à haute tension, Valenton. [33]. Poste de distribution EDF, 10 rue Margueriteau, Chevilly-Larue. Documentation • Sources www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00123522 établi en 1985 par O. Cinqualbre et H Jantzen. Centrale thermique dite usine des tramways de l'Est parisien, usine de l'Air Liquide, Vitry-sur-Seine. www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00123530 établi en 1985 par O. Cinqualbre et H Jantzen. Centrale thermique dite compagnie Est Lumière, puis usine à papier Catel et Farcy, Alfortville. www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00123524 établi en 1985 par O. Cinqualbre et H Jantzen. Centrale thermique dite usine Thomson, Vitry-sur-Seine. www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00123543 établi en 1985 par O. Cinqualbre et H Jantzen. Centrale thermique (centrale électrique basse pression et haute pression) dite Electricité de la Seine, puis EDF, Ivry-sur-Seine. www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00123523 établi en 1985 par O. Cinqualbre et H Jantzen. Centrale thermique dite centrale Arrighi, Vitry-sur-Seine. • Bibliographie Voir les bibliographies figurant dans les cinq dossiers d'Inventaire, ainsi que : D. Amouroux, M. Crettol, J.-P. Monnet. Guide d'architecture contemporaine en France. Paris : A.A., 1972, p. 380 (notice de la centrale thermique de Vitry). A. Beltran. L'énergie électrique dans la région parisienne entre 1878 et 1946 : Production, distribution et consommation d'électricité dans le département de la Seine. Thèse de doctorat sous la direction de Francois Caron. Université de Paris IV-Sorbonne, 1995. J. Boulesteix. La distribution de l'électricité dans le Val-de-Marne. In : Images du Val-de-Marne, publication de l'association géographique d'études et de recherches n° 5, 1973. La centrale thermique d'Ivry. In : Le bâtisseur français, mai 1953, n°6, p. 12-15. La centrale de Vitry-sur-Seine, France. J. Fayeton. In : Architecture d'Aujourd'hui, n° 133, 1967, p. 26-29. Le chauffage urbain. In : La direction générale des services techniques de Paris, supplément à Travaux, juin 1958, p.94 et suiv. La distribution de l'énergie électrique. In : La direction générale des services techniques de Paris, supplément à Travaux, juin 1958, p. 65 et suiv. 20 Electricité et architecture. n° spécial du B.I.P. (Bulletin d'information et de propagande concernant les applications de l'électricité et le perfectionnement de l'éclairage), sept. 1935. Electricité de la Seine [usine d'Ivry-Port]. In : Ecole centrale des arts et manufactures. Les grandes industries modernes et les centraux. Paris : les éditions artistiques de Paris, 1929. EDF (maintien en activité de la centrale thermique d'Ivry). In : Journal officiel, 9 mars 1974, question à l'assemblée nationale n° 3030 du 2 vrier 1974. EDF. La centrale thermique à flamme de Vitry-sur-Seine. Dossier de presse, 3 mars 2010. A. Gautier. Après le congrès du cinquantenaire, l'électricité dans la vie française [usine d'Ivry-Port]. In : l'Illustration, n° 4664, 23 juillet 1932. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France ; O. Cinqualbre (réd.) et al. Architecture d'usines en Val-de-Marne, 1822-1939. Paris : APPIF, 1988, p. 127-139. 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Electricité et Gaz en France de 1952 à 1960. In : Revue de géographie alpine. vol 49, n° 49-3, 1961, p. 401-431. www.cpcu.fr www.syctom-paris.fr La Seine en amont de Paris 6. Les activités industrielles 6.1 Les centrales électriques 6.2 Les centrales gazières 6.3 Les dépots pétroliers 6.4 Les sablières 6.5 Les chantiers navals 1 Les centrales gazières Le gaz est d'abord utilisé pour l'éclairage, puis au fur et à mesure de sa diffusion pour la cuisine, le chauffage et l'industrie [1]. Six compagnies distinctes, créées durant la première moitié du XIXe siècle, le produisent et le distribuent dans Paris intra-muros et dans certaines communes du département de la Seine. En 1855, elles se regroupent sous le nom de Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz. La nouvelle entité dispose de huit usines, dont une à Ivry (créée en 1837, elle intègre le territoire parisien après [1] l'annexion de 1860 puis ferme en 1933) [2] et une autre à Alfortville. En Seine amont, la compagnie dessert Alfortville, Choisy-le-Roi, I vry-sur-Seine, Thiais et Vitry-sur-Seine. A l'échéance de la concession, à la fin de 1905, la Société du Gaz de Paris dessert désormais Paris, tandis qu'en banlieue, le service est assuré par plusieurs compagnies dont l'importante Société d'éclairage, chauffage et force motrice (ECFM), qui se substitue, à partir de janvier 1906, à la Compagnie parisienne. La nouvelle société alimente nombre de communes de la Seine [3], dont toutes celles de Seine-Amont, à l'exception de Rungis non desservi, de Villeneuve-SaintGeorges desservi par la l'EGE (Société de l'éclairage par le gaz et l'électricité), de Valenton desservi par la DCEG (Société d'entreprise générale de distribution et concession d'eau et de Gaz) ainsi que de Villeneuvele-Roi et Ablon, alimentés par la société GFB (Gaz Franco Belge). La ECFM choisit de concentrer toute sa production dans une seule usine, à Gennevilliers. La Compagnie parisienne modernise également ses installations, ce qui conduit à la fermeture de l'usine d'Alfortville ainsi qu'à l'abandon du projet de nouvelle usine [2] [3] 2 à Vitry-sur-Seine [4]. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lors de la nationalisation, GDF poursuit cette concentration de la production, désormais regroupée, pour Paris et sa banlieue, dans trois grandes centrales : Alfortville (sur un nouveau site), Gennevilliers et La Plaine-Saint-Denis. Jusqu'alors, les usines à gaz produisent du gaz de houille, gaz combustible riche en hydrogène et en monoxyde de carbone, issu de la distillation du charbon. La houille, soumise à l'action de la chaleur se décompose d'une part en produit volatile, le gaz de houille brut, et en un résidu solide, le coke. Ce dernier est ainsi le principal sous-produit fourni par l'usine à gaz. Le gaz brut est ensuite épuré de trois manières successives, épuration physique, chimique et débenzolage. Il est mélangé à du gaz à l'eau, pour devenir le gaz de ville. Ce dernier n'est pas issu d'une distillation, mais d'une réaction chimique de vapeur d'eau sur du coke porté au rouge dans un gazogène. Le gaz à l'eau permet d'utiliser, sur le site même, le coke produit par la distillation. Les gaz fabriqués sont stockés à proximité dans des gazomètres, réserves nécessaires aux fluctuations de la consommation. Les usines sont ainsi de grandes consommatrices d'espaces, d'eau et de charbon, ce qui explique l'implantation de deux complexes successifs dans la plaine encore vierge d'Alfortville, bordant la Seine. A partir des années 1950, le gaz de houille, d'un faible pou calorifique, est peu à peu remplacé par le [4] gaz naturel (principalement composé de méthane) notamment après la découverte des gisements de Lacq. Ce gaz naturel, au meilleur pouvoir calorifique, présente également l'avantage de ne pas être toxique. Les installations industrielles doivent alors être adaptées à la nouvelle production. 3 L'usine d'Alfort L'usine, aujourd'hui totalement disparue, est construite en 1863, entre la rue Véron (au niveau du 108) et la Seine, dans la plaine devenue en 1885 la commune d'Alfortville. On connaît ses dispositions en 1879 [5] et [6]. Les installations sont modestes, en regard de certaines des autres usines de la Compagnie : un atelier de distillation, une cheminée, quelques bâtiments annexes et deux petits gazomètres. En 1894, l'ensemble a pris une certaine ampleur. [13] 6 Après la découverte du gaz de Lacq, GDF adapte le site. Divers ateliers de reformatage sont construits afin de produire du gaz à partir d'hydrocarbures. En 1964 une ligne de craquage (1 000 000 m3/j) est mise en service. L'opération consiste à produire à partir du gaz de Lacq, du gaz identique à celui que produisaient les quatre autres lignes d'Alfortville, pour répondre à l'augmentation de la consommation. La réaction nécessaire comprend deux principales étapes, une à l'aide de vapeur d'eau dans un premier four, une seconde en présence d'air dans la chambre de postcombustion. Finalement, en 1967 la production de gaz de houille cesse totalement. Deux ans plus tard, une installation de dénitrogénération du gaz de Groningue (il s'agit d'enlever l'azote qu'il contient en le liquéfiant puis en le distillant) est construite afin de produire un gaz substituable à celui de Lacq. Dès l'année suivante, une deuxième installation est créée. L'usine produit sa propre électricité lors des périodes de pointe grâce à une petite centrale équipée de deux groupes de turbo-alternateurs. 400 agents travaillent sur le site. Les quatre gazomètres télescopiques au guidage hélicoïdal de capacité de 225 000 m3 chacun [14] à [16] sont complétés d'un réservoir de 10 000 m3 affecté au gaz non-conforme et un dernier de 6 000 m3 pour la récupération des vapeurs d'essence issues des réservoirs de stockages. Toutefois, une partie de la production est désormais stockée dans le réservoir souterrain de Beynes (78). [17] Le début du démantèlement de l'usine est contemporain de la construction du viaduc de l'autoroute A86 qui enjambe la darse (1983-85) [12]. Une part importante des terrains est vendue dans les années 1990, convertie en ZAC, le parc d'activité du Val-de-Seine. Restent sur le site une unité de surpression de gaz naturel ainsi que des bureaux et des ateliers. Le bâtiment administratif, pour lequel GDF avait commandé en 1954 une mosaïque monumentale à Fernand Léger, représentant le feu, placée sur l'un des murs pignon est heureusement conservé [17] et [19] Alfortville demeure également un noeud stratégique pour GRTgaz (nouvelle entité en charge des réseaux de transport pour tous les opérateurs, depuis la libéralisation des marchés du gaz) où transite près d'un tiers de la consommation de Paris et de sa petite couronne. En 2008 la société construit une nouvelle grille d'interconnexion, sur l'emplacement du dernier gazomètre, qui était encore conservé. [18] [19] 8 Table des illustrations [1]. Elévation de différents types de candélabres parisiens. AD75 V8O1 1064. Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz. Renseignements sur les conditions de l'éclairage public dans différents pays, 1879. [2]. L'usine dite d'Ivry en 1879. in : A. Fernique (phot.). Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz : vue des usines et des ateliers, 1878-79. (AD75 Atlas 1007). [3]. Carte des concessions de gaz, 1933. In : Henri Sellier, René Humery. Région parisienne [10 cartes]. Carte n° 8 : concessions d'électricité. Clamart : G. Peltier cartographe, 1933. La première usine d'Alfortville est localisée désaffectée. [4]. Plan des usines existantes et des usines projetées de la Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz, circa 1900. AD75 V8O1 1065. et [6]. Vue et plan de l'usine de Maisons-Alfort en 1879. in : A. Fernique, op. cit. [5] [7]. L'un des deux gazomètres construits dans les années 1880. © DR. [8]. Plan de l'usine d'Alfortville en 1894. AD75 V8O1 1064. Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz. [9]. Le principal château d'eau aujourd'hui. [10]. Plan de l'usine. In : GDF. Usine d'Alfortville op. cit. [12]. L 'usine en 1976. Les anciens parcs à charbon et à coke aux extrémités droite et gauche de la vue, sont en friche. Plusieurs équipements, au centre, ont déjà été démolis. Le plan-masse d'origine, avec ses axes de traitement et ses circulations parallèles est encore parfaitement lisible . © DREIF, 1976 . [13]. Vue aérienne de l'usine en 1956 . De gauche à droite : la darse, le parc à charbon, les diverses installations de traitement, le parc à coke et les gazomètres. © GDF, 1956. AD94 2Fi Alfortville 243. et [15]. Le dernier gazomètre en position basse et haute, 1993. (Le système de guidage hélicoïdal permet de supprimer la lourde charpente qui caractérisait les anciens gazomètres) © Inventaire général, phot. Christian Décamps. [14] [16]. Détail du système de guidage hélicoïdal, 1995. © Inventaire général, phot. Christian Décamps. [17]. Le bâtiment administratif et la fresque de Fernand Léger ornant le mur pignon, 1995. © Inventaire général, phot. Christian Décamps. [18]. L atelier de compression en 1995. © Inventaire général, phot. Christian Décamps. [19]. Le revêtement mural en mosaïque et céramique conçu en 1954 et réalisé après la mort de l'artiste par Nadia Léger, sa femme. La maquette est exposée au musée national Fernand léger à Biot (06). [11]. Logements collectifs et logements individuels pour les employés. In : Technique et architecture, 1959, op. cit. 9 Documentation • Sources www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00130101 établi en 1995 par V. Belle. Usine à gaz dite première usine à gaz d'Alfortville. www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Mérimée, dossier IA00130103 établi en 1995 par H Jantzen. Usine à gaz, Alfortville. www.cultures.gouv.fr, base de données nationale Palissy, dossier IM000863 établi en 1995 par V. Belle. Relief Gaz de France, usine à gaz, Alfortville. AD75 V8O1 1062 à 1065. Compagnie parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz. • Bibliographie Alfortville à l'heure du gaz de Groningue. In : Gaz de France Information, n° 241, 1er avril 1969, p. 18-26. BASOL, Base de données nationales sur les sites et sols pollués, ministère du développement durable, http://basol.ecologie.gouv.fr/ La cokerie Paris-Sud à Alfortville / Choisy-le-Roi. In : Technique et architecture, n° 6 oct. 1959, p. 132-135. GDF. Le gaz et la région parisienne. GDF, s.d. [circa 1963]. AD94 Br 2239. GDF. Usine d'Alfortville. Neuilly-sur-Seine : les Impressions Aldines, 1966. GDF. Groupement Gazier de Production de la Région Parisienne. Usine d'Alfortville. Plan général. 1 : 2 000. mis à jour le 1/1/1961. Paris : Les Procédés Dorel imp., 1961. /1 fle ; 750 x 668. Inventaire général, direction régionale des Affaires culturelles d'Ile-de-France ; Olivier Cinqualbre (réd.). Architecture d'usines en Val-de-Marne 1822-1939. Paris : APPIF, rééd. 2004. p. 124. Un million par jour. In : Gaz de France Information, n° 204, 1er mars 1966, p. 14-26. Un nouveau banc d'étalonnage à la station d'Alfortville. In : Gaz de France Information, n° 376, 1er juil. 1980, p. 1-11. G. Vevret-Vernet. Electricité et Gaz en France de 1952 à 1960. In : Revue de géographie alpine. vol 49, n° 49-3, 1961, p. 401-431. 10 La Seine en amont de Paris 6. Les activités industrielles 6.1 Les centrales électriques 6.2 Les centrales gazières 6.3 Les dépots pétroliers 6.4 Les sablières 6.5 Les chantiers na val s 1 Les dépôts pétroliers [1] Après la guerre de 1914-18 , le pétrole est au tout premier rang des matières premières ables. Des dépôts pétroliers doivent être aménagés qui alimentent d'abord les sites industriels, puis les stations service, au fur et à mesure du développement de l'automobile, enfin les réserves de fioul des particuliers. Ces dépôts disposent de cuves / réservoirs, de postes de chargement des camions re-distributeurs et d'un bâtiment abritant l'administration du dispatching et des commandes. Ils sont d'abord alimentés par camions gros porteurs, bateaux ou wagons [1]. A partir de 1953, les produits raffinés sont acheminés depuis les raffineries de la basse Seine (premier centre de raffinage en France, proche du bassin parisien, lui-même le premier consommateur) par le réseau de pipelines Le Havre - Paris. Ce réseau appartient à la Société des Transports Pétroliers par Pipeline TRAPIL, créée en 1949. Les conduites contournent Paris par les dépôts du nord (Gennevilliers, Saint-Ouen) puis alimentent ceux d'Ivry, Vitry, Choisy-le-Roi pour aboutir d'abord à Juvisy (et aujourd'hui à la raffinerie de Grandpuits en Seineet-Marne) [2]. Les produits sont ensuite dispatchés chez les détaillants et les particuliers par camions citernes. Aujourd'hui, à cause des risques technologiques importants et de la pollution des sols qu'ils représentent, les pouvoirs publics tentent de regrouper ces dépôts. Il s'agit de trouver l'équilibre entre la nécessité de les éloigner des zones urbanisées, d'implanter d'éventuels nouveaux dépôts le long des pipelines existants tout en maintenant une desserte rapprochée de ces zones. Quatre importants dépôts (Ivry, Vitry, Choisy-le-Roi et Villeneuve-le-Roi) existent sur le territoire de Seine-Amont, [2] jusqu'aux années 2000. Deux ont déjà été démantelés (Choisy en 2002 et Ivry en 2006). Restent ceux de Vitry et de Villeneuve-le-Roi, classés établissements industriels à hauts risques dits « Seveso II seuil haut ». L'OIN ORSA a pour projet de les relocaliser à Athis-Mons afin de permettre les opérations de développements urbains en cours d'élaboration dans le secteur. Le site d'Athis-Mons, qui abrite déjà le dépôt de kérosène de 'aéroport d'Orly, passerait alors à une capacité de 240 000 m3, 4 fois plus que ce qu'il accueille actuellement. 2 Le dépôt d'Ivrysur-Seine Le dépôt de Vitrysur-Seine Le dépôt de Choisy-le-Roi Il était localisé le long de la Seine, 23, rue Maurice-Ginsbourg et employait 12 personnes au moment de son démantèlement en 2006. Ouvert en 1889 par la société Desmarais, il passa à la société Total-Fina, qui décida de le supprimer lors de sa fusion avec Elf-Antar, la nouvelle société se trouvant alors en surcapacité de stockage en région parisienne. Proposant essences, gasoil et fuel domestique, il avait une capacité de 70 000 m3 en 2000 [3] et [4]. Implanté 5, rue Tortue, il occupe un site de 4 hectares. Il existe depuis 1923, créé par la Société générale des huiles de pétrole (fondée en 1921 et devenue en 1954 la Société Française des Pétroles BP). En 2000, il affichait une capacité de 100 000m3. Il devrait disparaître à cours terme afin de permettre la poursuite des grandes opérations de rénovations urbaines de la ville [5] et [6]. Il était implanté au port, 50, quai de Choisy, de part et d'autre de la rue Paul-Carle, sur un terrain de 31 650 m2. Créé en 1927 par la Société Franco-égyptienne des pétroles dont la filiale chargée de la distribution est baptisée Société des pétroles Toneline, il appartient ensuite à la Shell. Démantelé en 2002, il avait alors une capacité de 70 500 m3. Aujourd'hui, à son emplacement, l'opération de la ZAC du Port, comprenant logements, bureaux, commerces bat son plein [7]. 3 Le dépôt de Villeneuve-le-Roi Il est implanté route des Pétroles, au bord de la darse créée par l'exploitation sablière Morillon-Corvol. Son activité commence en 1931 sous la tutelle de la Société BELPETROLE France qui devient en 1933 la Compagnie Industrielle des Pétroles, ellemême rachetée en 1954 par Mobil Oil [9]. Au début des années 1950, Esso ouvre un autre dépôt, à côté du premier. C'est un des trois dépôts de la société (avec ceux d'Orléans et de Montargis) qui desservent la région de Paris-Sud (Paris rive gauche et la partie sud des départements de la région parisienne, ainsi que le Loiret, le Loir-et-Cher et l'Eure-et-Loir). Le dépôt de Villeneuve est alors le plus moderne de France. Il est le seul dépôt en Europe à posséder des réservoirs vaposphères (ceux-ci permettent la récupération des vapeurs d'essence, perdues sans cet équipement) ce qui permet une importante économie. Il dispose d'une capacité de 31 500 m3 répartis dans vingt et un bacs de 100 à 4 000 m3 et propose du carburant automobile, du carburant aviation et du fuel oil domestique. Il emploie 53 personnes, [10] et [8]. [8] [9] [10] 4 Le dépôt de Villeneuve [11] à [13] est aujourd'hui exploité par le groupement pétrolier du Val-de-Marne (GPVM), constitué par trois sociétés associées : Esso, Carrefour et Leclerc. Il est issu du regroupement, en 1989, des deux anciens dépôts : celui de Mobil et celui d'Esso. Sur 8,5 hectares, il affiche une capacité de 85 000m3 pour dixsept bacs en exploitation. Cent à cent dix camions par jour viennent s'y ravitailler. [11] [12] [13] 5 illustrations [1]. Déchargement d'une péniche au dépôt Total d'Ivry. Vers 1900. © Service des archives, Total. [2]. [3] Plan du pipeline Trapil depuis le Havre. © www.trapil.fr et [4] Le dépôt d'Ivry, sur les quais de la Seine, localisé entre les bâtiments des deux usines des eaux. © IAUIdF, phot. C. Lebon, 1990. [5]. L'entrée du dépôt de Vitry. © IAUIdF, phot. C. Lebon, 1990. [6]. Vue aérienne du dépôt pétrolier. © IAUIdF. [7]. Vue aérienne du port de Choisy. © DREIF, Phot. Guiho, 2000. [8]. Chargement d'un camion citerne en 1957. In : J. Boné. Op. cit. [9]. Implantation du premier dépôt, au bord de la sablière, plan, 1933. In : Backouche Isabelle, Eustache S. Morillon Corvol. Une entreprise née de la Seine. Paris, Textuel, 2003. [10]. [11]. Le dépôt en 1957. In : J. Boné. Op. cit. Vue supérieure d'une cuve et de son toit flottant du dépôt de Villeneuve-le-Roi. [12]. Les postes de chargement du dépôt de Villeneuve-le-Roi. [13]. Les cuves du dépôt de Villeneuve-le-Roi. Documentation • Sources J. Boné. Esso standard SAF. Région de Paris-sud. Exploitation des camions citernes au dépôt de Villeneuve-le-Roi. Mémoire de l'Ecole supérieure de commerce de Rouen, 1957-58. (AD 94 br 2937) • Bibliographie M. Amphoux. Une nouvelle industrie française : le raffinage du pétrole. In : Annales de géographie, vol. 44, n° 251, 1935, p. 509-533. BASOL, Base de données nationales sur les sites et sols pollués, ministère du développement durable, http://basol.ecologie.gouv.fr/ BASIAS Base de données nationales présentant un inventaire historique de sites industriels et activités de services, par le BRGM (Bureau de recherche géologiques et minières) et le ministère du développement durable http://basias.brgm.fr/ B. Lemoine (dir.). Paris en Île-de-France, histoires communes. Paris : Éd. du Pavillon de l'Arsenal ; Picard, 2006. Lettre du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie en date du 26 janvier 2000, au président-directeur général de la société Totalfina, relative à une concentration dans le secteur du stockage de produits pétroliers. NOR : ECOC0000351Y F. Marie. Le démantèlement complet du dépôt pétrolier d'Ivry a commencé. In : Chantiers de France, n° 388, 2006, p. 24-25.
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623 montre Mohammed Kasdi à partir des archives des entrepreneurs du nord, constitue globalement un pic dans les exports français de coton vers l'Italie 2063. Prévenue dès la fin décembre 1810 de la promulgation des mesures favorables aux français2064, la chambre de Cologne est ensuite sollicitée par l'administration pour faciliter les échanges entre les fabricants locaux de coton et le gouvernement impérial au sujet des certificats. En février 1811, le maire Wittgenstein la charge ainsi d'annoncer aux fabricants colonais Vanhees, Scheibler, Schieffer et Wülfing que des permis d'exportation vers l'Italie leur ont été accordés par le ministre de l' intérieur. Si elle ne suffit pas à compenser entièrement les difficultés des fabricants à cause de la rupture dans le cadre du blocus des circuits d'approvisionnement en matières premières2065, malgré quelques tentatives soutenues par la chambre pour augmenter la quantité de coton brut disponible pour les fabricants2066, la mesure prise par le gouvernement rencontre à Cologne un certain succès et contribue sans doute à renforcer l'attractivité de la ville pour les fabricants de coton bergois qui décident de s'installer en France à cette époque. Au cours de nouveaux échanges en 1811 et 1812, les fabricants de coton colonais évoquent ainsi d'importantes commandes qui leur sont faites plusieurs mois à l' avance par les négociants du Royaume d'Italie et les conduisent à demander l' intervention de la chambre auprès de l'administration impériale afin d'obtenir des permis2067. A Gênes, la prohibition des produits anglais entraine dès 1806 une explosion des exports en direction du Royaume d'Italie. Le volume des produits qui sont envoyés depuis la Ligurie vers l'Italie au premier semestre de 1807 est ainsi supérieur de 60 % au même trafic au premier semestre 1806, et les décrets de 1810 bénéficient également à l'économie génoise dans la mesure où les denrées coloniales ne peuvent être exportées que par des 2063 Kasdi Mohammed, Les entrepreneurs du coton, innovation et développement économique(France du nord 17001830), 2014, Lille, Presses universitaires du Septentrion. 2064 R. W. W. A., I, 12, 6, Procès-verbal du 30 décembre 1810. 2065 Dans une lettre de 1813 évoquant les causes de la chute de la production en 1813, les fabricants colonais mentionnent des droits d'entrée « énormes » pour la matière première, qui entrainent une hausse des prix de vente et donc une baisse de la consommation. Voir R. W. W. A., I, 26, 4, Lettre des fabricants de coton à la chambre de commerce de Cologne, s. d. 2066 La chambre appuie notamment en 1812 un projet d'introduction en franchise à Cologne des cotons stockés dans les villes hanséatiques afin de compenser la diminution des réserves en cotons bruts de Géorgie et de Louisiane, mais l'administration impériale rejette cette proposition. Voir R. W. W. A., I, 12, 7, Procès-verbaux des 15 septembre et 6 octobre 1812. 2067 R. W. W. A., I, 12, 6, Procès-verbal du 6 juillet 1811 ; R. W. W. A., I, 12, 7, Procès-verbal du 11 août 1812 624 entrepôts spéciaux dont celui de Gênes2068. Comme en témoignent les échanges entre le ministre l'Intérieur Montalivet et le préfet de Gênes Bourdon de Vatry en avril 1811, la chambre intervient directement dans l'attribution des permis d'exportation des cotons manufacturés dans le Royaume d'Italie en soutenant les pétitions des fabricants génois auprès de l'administration impériale2069. 3. La distribution de primes à l' exportation Parmi les mesures compensatoires accordées aux négociants à l' époque du blocus, les primes visent comme les licences et les permis d'exportation à stimuler les échanges et à réorienter les flux commerciaux. Même si celles-ci paraissent sont peu nombreuses, et occupent une place moins importante dans les affaires des chambres, les chambres de commerce de Cologne et de Gênes s'impliquent dans la mise en place de ces primes. Dès l'an XI, un système de primes permettant d'encourager la pêche est mis en place par le ministère de l'Intérieur et apparaît au budget. Les primes étaient également utilisées pour encourager les industriels à adopter de nouvelles machines, gr âce au fonds d'encouragement pour les arts et manufactures et dans les mauvaises conjonctures comme en 1811, elles avaient été également été envisagées comme un moyen de maintenir le niveau de la production et l'emploi des ouvriers2070. A Gênes, des primes sont accordées dès janvier 1806 par l'architrésorier Lebrun aux fabricants de confitures locaux2071. 625 montant des primes devait correspondre aux deux tiers de la valeur des droits de consommation du sucre utilisé, et devait être perçu par les fabricants sur les confitures exportées, principalement vers le nord de l'Europe et l'Amérique 2074. En outre, le décret de janvier 1806 accordait également aux confiseurs un crédit de quatre mois sur le paiement des droits de consommation sur les sucres bruts tirés de l'entrepôt de Gênes, ce qui devait leur permettre de réduire le délai entre le paiement de leurs taxes sur le sucre et le versement des primes qui en remboursaient une partie. Cette mesure, demandée par la chambre de commerce à la suite de pétition des confiseurs, visait à stimuler leur activité et leurs exportations en tenant compte, comme pour les raffineurs, des changements de condition du commerce2075. La mise en application de la mesure décidée en janvier 1806 est cependant difficile, et les confiseurs ne bénéficient toujours pas de la prime en mars 1807. Sollicitée par le préfet à la suite d'une pétition des fabricants, la chambre confirme la situation et soutient les confiseurs en évoquant les difficultés financières de certains d'entre eux qui avaient anticipé sur le versement des primes en abaissant leur prix de vente et en rappelant leur incapacité à faire face à la concurrence sur d'autres marchés sans le versement d'une aide par l'administration2076. Toutefois, dans une réponse plutôt positive reconnaissant le décret de janvier 1806 comme valide, le directeur des douanes de Gênes montre que le blocage des primes est en réalité lié, plus qu'à un problème d'exécution de la loi par la douane, à l'attente de décisions de la part de l'Empereur et de son ministre des finances 2077. Les confiseurs ne peuvent donc finalement bénéficier la faveur obtenue et compenser ainsi les contraintes liées à la nouvelle organisation commerciale de l'Empire français. A Cologne, la chambre est également invitée par l'administration à contribuer à la mise en place de primes à l'exportation, en particulier dans le commerce des produits de coton manufacturé. Ainsi, en octobre 1807, la 2074 D'après la chambre, ces exportations qui atteignent 12 000 quintaux annuels et une valeur de 500 000 francs se dirigent notamment vers la Hollande et vers Hambourg. Voir A. N. F12 618, Lettre de la chambre de commerce de Gênes à l'architrésorier, 11 décembre 1805. 626 chambre est avertie par le ministère de l'Intérieur qu' une prime de 50 francs par quintal métrique pour l'exportation de toiles et de bonneteries de coton venait d'être accordée, et qu'elle était chargée par le gouvernement de prévenir les fabricants génois de la mesure afin de les inciter à augmenter leurs exportations2078. En 1811, une autre mesure est prise par le gouvernement afin de favoriser l'exportation des produits de coton français avec la mise en place, pour les mêmes produits qu' en 1807, d'une prime de 220 francs par quintal métrique pour tous les exports passant par la ville de Strasbourg 2079. A l'annonce de cette faveur par le sous-préfet de Cologne, les membres de la chambre répondent aux demandes de en diffusant l'information auprès des fabricants et négociants colonais ainsi que vers les villes proches de Bonn, et de Neuss. Toutefois, comme en témoignent les pétitions adressées à la chambre dans les semaines suivantes 2080, la nouvelle mesure ne contente pas vraiment les fabricants de la région car elle impose d'emprunter une route commerciale éloignée de Cologne qui augmente dans le même temps les frais d'exportation. Au travers de leurs activités, les chambres de commerce contribuent fortement et de diverses manières à la construction d'un mode de régulation propre à l'économie napoléonienne. Qu'elle corresponde à des droits attribués par l'administration, à de sollicitations gouvernementales ponctuelles ou à des initiatives spontanées, l'intervention des chambres se caractérise par l'exercice d'un pouvoir économique réel qui se manifeste dans la mise en oeuvre des procédures de contrôle indissociables de chaque forme de régulation. Dans l'administration des ports, la régulation des flux commerciaux, les autorisations de créations d'entreprises, les chambres participent la conception du mode de régulation napoléonien et obtiennent au cours de la période de nombreuses prérogatives officielles qui dépassent largement leurs attributions de nivôse an XI. Cependant, même lorsqu'aucun rôle n'est attribué de manière explicite à ces institutions dans la loi, l'Etat napoléonien et son administration laissent un espace considérable aux négociants membres des chambres qui témoigne d'une 2078 A. N. F12 619, Lettre de la chambre de Cologne au ministre de l' intérieur, 19 octobre 1807. 2079 R. W. W. A., I, 12, 7, procès-verbal du 23 août 1811. 2080 Les fabricants de Bonn et de Neuss adressent ainsi des pétitions à la chambre demandant la possibilité d'exporter avec primes non seulement par Strasbourg mais aussi par Cologne. 627 part de l'existence d'une coopération étroite entre le gouvernement et les milieux d'affaires, entre le monde politique et monde économique, et d'autre part d'une dépendance fonctionnelle du gouvernement vis-à-vis des institutions dans la mise en exécution de sa politique économique. Le bénéfice de cette coopération pour les élites économiques de Gênes, Bruges et Cologne est assez évident. Le maintien du droit de relâche à Cologne, l'établissement d'entrepôts et de ports francs dans les trois villes assurent aux membres des chambres, en grande majorité commerçants, des revenus qui seraient nettement amoindris en l'absence de ces formes de régulation des flux commerciaux. L'entretien et la régulation du fonctionnement des infrastructures sont également des conditions pour la stabilité de leurs affaires, voire pour le développement de leurs activités. Cependant, le soutien apporté par les chambres aux projets de créations d'entreprises industrielles, leur action régulatrice sur les prix, l'approbation quasiment systématique accordée aux demandeurs de licences de navigation dans le contexte du Blocus continental, entre autres, apparaissent également comme des mesures permettant une diminution des coûts de transaction, une stabilisation des opérations voire un accroissement du volume des affaires pour l'ensemble des acteurs économiques locaux. Si les procédures de contrôle et le pouvoir économique sont donc concentrés, au travers des activités des chambres, entre les mains d' une élite économique relativement circonscrite, l'exemple de la défense acharnée des privilèges territoriaux montre qu'une partie non négligeable des activités des chambres bénéficie, autant à des territoires économiques qu'à des groupes sociaux. L'observation de Silvia Marzagalli selon laquelle les négociants des départements annexés disposeraient de moins de moyens de compenser les contraintes liées aux régulations économiques napoléoniennes 2081, et chercheraient donc à compenser en ayant recours à des pratiques illicites, peut donc être nuancée par le constat de l'importance des prérogatives accordées par l'administration impériale aux chambres de Gênes, Bruges et Cologne. Néanmoins, les trois chambres étudiées ne jouent pas un rôle d'égale importance. S'il est difficile de quantifier véritablement l'intervention et les prérogatives variées exercées par ces institutions, les chambres de Gênes et de 2081 Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op. cit. Cologne sont davantage sollicitées par l'administration mais également plus offensives dans la défense et la conquête de leur pouvoir économique. L'explication de ces différences doit nécessairement passer par une distinction des rapports entre les acteurs institutionnels locaux, qui semblent beaucoup plus étroits à Gênes, grâce notamment à la présence de l'architrésorier Lebrun et aux rapports avec la mairie, et à Cologne en raison de l'étroite coopération entre le maire Wittgenstein et la chambre tout au long de la période. Inversement, l'affaire des constructions navales attribuées à la chambre de l'an XI ainsi que l'échec du projet d'adjudication des travaux sur les canaux en l'an XII pèsent sans doute lourdement sur la capacité de la chambre à coopérer avec l'administration afin de réguler l'économie locale. Cependant, le fort investissement personnel des membres de la chambre de Bruges dans la défense de leurs projets auprès du gouvernement impérial, illustré par exemple en 1810 et en 1813 par plusieurs interventions personnelles à Paris, montre que les Brugeois ne sont pas isolés des lieux de conception de la politique économique impériale. La participation des chambres à la mise en place de régulations dépend également de la structure propre à chaque économie. Ainsi, les spécificités liées au commerce maritime et méditerranéen de Gênes, ou les transactions liées au commerce fluvial sur le Rhin et à la présence immédiate de la frontière à Cologne constituent autant d'opportunités d'intervention régulatrices pour les chambres de ces villes dont la chambre de Bruges ne bénéficie pas, et qui expliquent en partie les disparités relevées dans le volume d' intervention des trois chambres étudiées. Chapitre 11. Les chambres de commerce et les « boulevards de la fraude » de l'Empire napoléonien Analysées à partir d'études de cas approfondies dès les années 1960 2082, la fraude et la contrebande2083 ont fait l'objet à partir des années 1990 de nouvelles réflexions qui ont contribué à un profond renouvellement des approches de l'histoire économique de la période. En effet, à la suite de la parution de la thèse de Silvia Marzagalli en 1999 2084, qui a permis de dépasser l'échelle strictement locale grâce à une enquête comparative, les historiens ont cherché à tirer les conséquences économiques de ce phénomène pour l'ensemble de l'Empire. Contrebande et fraude sont désormais considérées comme des instruments économiques majeurs grâce auxquels les négociants sont parvenus à contourner les contraintes imposées par le renforcement des règles douanières dans le cadre du Blocus continental. Preuve de la capacité du négoce à réagir face aux changement des règles du jeu commercial, le développement du commerce illicite a entrainé une restructuration des routes commerciales et des réseaux d'agents qui témoigne de l'acquisition de nouvelles ressources transactionnelles au cours de la période napoléonienne 2085. Considéré comme une véritable « passoire » par S. Marzagalli, le Blocus n'est plus désormais considéré comme un obstacle à la poursuite des affaires, et son impact sur l'évolution économique générale est donc fortement remis en question. L'action de l'Etat napoléonien en matière de politique économique semble donc aujourd'hui beaucoup moins puissante, et sa capacité à contrôler l'économie beaucoup plus limitée. 2082 Voir par exemple les travaux de Roger Dufraisse à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Dufraisse Roger, « Contrebandiers normands sur les bords du Rhin à l'époque napoléonienne», in Annales de Normandie, 1961, volume 11, n°3; idem, « Les départements réunis de la rive gauche du Rhin 1797-1814 », in Coll., Les pays sous domination française, 1968, Paris, Centre de documentation universitaire; idem, « La contrebande dans les départements réunis de la rive gauche du Rhin à l' époque napoléonienne », in Francia, 1, 1973. 2083 La distinction entre fraude et contrebande dépend du régime douanier des produits importés. Lorsqu'ils sont autorisés mais soumis à un tarif, il s'agit de fraude et les responsables risquent un maximum de 6 mois de prison. Quand il est question de produits prohibés introduits en France, leur commerce illicite est qualifié de contrebande, et soumis à des peines beaucoup plus lourdes allant jusqu'à la peine de mort. 2084 Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op. cit.. 2085 Sur la question de la réorientation des routes et des réseaux négociants, voir notamment la thèse de Boris Deschanel qui analyse en détail les nouvelles stratégies des négociants du Dauphiné entre 1792 et 1815. Deschanel Boris, Négoce, espaces et politique, Les recompositions socio-économiques du commerce dauphinois dans la Révolution (années 1770-années 1820), thèse soutenue sous la direction de Dominique Margairaz, Paris I, 2014. Dans ces nouvelles conditions historiographiques, de nouvelles interrogations émergent aussi au sujet du rôle des chambres de commerce. Qu'elles soient envisagées comme des organes travaillant pour l'administration ou comme des outils au service du négoce, l'ambiguïté de leur statut contraint les négociants qui en sont membres à se confronter, d'une part, à la volonté de l'Etat d'accroître son contrôle sur les transactions et d'empêcher les pratiques illicites et, d'autre part, aux stratégies négociantes visant à poursuivre leurs activités malgré les contraintes imposées par le Blocus. Or les travaux sur la fraude et la contrebande ont montré que les représentants de l'administration, jusqu'au plus haut niveau2086, jouent un rôle majeur dans ces trafics, qui reposent souvent sur des pratiques de corruption. L'investissement des trois chambres de commerce étudiées concernant la lutte contre le commerce illicite, dans ce cadre, n'a donc rien d'évident. A. Les départements annexés, passages obligés du commerce illicite dans l'Empire? Le commerce illicite ne concerne pas que les départements annexés de l'Empire. Les différents réseaux reconstruits par les historiens montrent que les bénéficiaires de ces trafics étaient totalement disséminés dans l'Empire. Ainsi, en septembre 1804, les autorités s'emparent à Rotterdam d'une cargaison britannique composée par 39 maisons de commerce anglaises, et destinée à être distribuée par 21 correspondants à 68 commerçants de l'Empire français, dont 19 sont installés à Paris 2087. Cependant, puisqu'il s'agit de commerce international, ces trafics passent nécessairement par les départements frontaliers, qui pour le nord et l'est de l'Empire sont également des territoires rattachés à la France à partir de la décennie révolutionnaire. En partant de données issues des archives des chambres de commerce, de celles de l'administration et de la police, on peut alors se demander si les trois 2086 R. Dufraisse mentionne ainsi la participation de sept généraux au commerce illicite en Rhénanie, tandis que S.Marzagalli met en évidence l'engagement spectaculaire du ministre plénipotentiaire français à Hambourg dans l'introduction dans l'Empire de marchandises prohibées. Voir Dufraisse Roger, « La contrebande dans les départements réunis de la rive gauche du Rhin à l'époque napoléonienne », op. cit ; Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op. cit.. 2087 Dufraisse Roger, « Contrebandiers normands sur les bords du Rhin à l'époque napoléonienne», in Annales de Normandie, 1961, volume 11, n°3. 632 départements étudiés appartiennent aux « boulevards de la fraude » de l'Empire napoléonien. 1. Une fraude massive dans les départements annexés? A quel moment le commerce illicite devient-il intéressant pour les négociants, malgré les risques qu'ils prennent et les peines qu'ils encourent? Deux facteurs principaux sont indiqués par les historiens : le différentiel des prix et le niveau des difficultés logistiques. La possibilité de revendre à un prix supérieur des produits acquis à l'étranger, lorsque l'écart entre les deux prix est important, constitue pour les négociants une forte incitation à participer au commerce illicite. Or cet écart connait une forte progression au cours de la période, à la suite de la multiplication des contraintes douanières et de la hausse des tarifs. Pour les denrées coloniales comme le sucre, le café et le tabac, les prix de vente dans l'Empire napoléonien peuvent faire espérer d'importants bénéfices aux négociants pratiquant le commerce illicite. Ainsi, le prix du café en 1812 fluctue entre 1,65 francs la livre à Tunis en territoire ottoman, et 15 francs à Milan dans la capitale très contrôlée d'un Royaume d'Italie soumis à de fortes contraintes dans le cadre du Blocus continental2088. A Cologne, le prix du café de Java passe de 5,5 à plus de 10 francs le kilo entre 1805 et 18092089. Le tabac atteint sur la rive française au moins le double de sa valeur de l'autre côté du Rhin en 1806-1807 tandis que, pour le coton brut importé de Louisiane, les prix de 1812 doublent également lorsqu'on franchit le Rhin en direction de Cologne2090. Ces différences incitent fortement les négociants locaux à se procurer ces produits par tous les moyens possibles de l'autre côté du Rhin dans un contexte où ces importations deviennent difficiles. En effet, les routes commerciales des colonies françaises sont coupées par le Blocus naval britannique, et l'importation des marchandises coloniales depuis les colonies anglaises ou par l'intermédiaire de marchands anglais est prohibée à partir des décrets de 1807 tandis que les 2088 Marzagalli Silvia, « The Continental System, a View from the Sea », in Aaslestadt Katherine B., Joor Johan (dir.), Revisiting Napoleon's Continental System, op. cit. 2089 Müller Klaus, Geschichte der Stadt Koln, Köln von der Franzoösichen zur preussichen Herrschaft, Koln 17941815, 2005, Köln, Greven Verlag. 2090 Selon R. 633 navires américains, qui jouaient jusque-là un rôle majeur d'intermédiaire entre les colonies anglaises et l'Empire français, sont soumis à un contrôle étroit et peuvent être saisis par la Marine à partir de 1809 2091. Comme l'a montré Roger Dufraisse, ces perspectives de bénéfices, d'ailleurs, influent non seulement sur les motivations des négociants, mais aussi sur l'engagement des autres participants aux réseaux de contrebande car, si le négociant peut augmenter son profit en se procurant des marchandises prohibées, les intermédiaires peuvent aussi bénéficier de rémunérations élevées2092. Cependant, ces incitations par le prix ne peuvent entrainer de développement fort du commerce illicite que si les négociants peuvent envisager sans trop de difficulté son organisation logistique. Il faut donc également compter sur une ligne des douanes qui peut être franchie sans trop de difficultés. D'après les recherches menées par Silvia Marzagalli sur les frontières douanières allemandes et italiennes, les effectifs affectés par les douanes à la surveillance du commerce illicite sont en fait très limités, atteignant un nombre de 300 préposés pour 100 km de frontière à Hambourg, et de 200 douaniers pour toute la frontière à Livourne2093. Dans la direction des douanes de Cologne en 1805, le rapport entre la longueur de la frontière et l'effectif des douaniers montre que chaque douanier doit surveiller un kilomètre de frontière sur le Rhin 2094. Plus généralement, la situation en Rhénanie révèle également un décalage entre les tâches à effectuer et les moyens affectés, puisque 3200 agents sont répartis entre les trois directions des douanes de Cologne, Wesel et Mayence, soit un ratio de seulement 241 agents pour 100 000 habitants 2095. Enfin, à Gênes en 1813, la direction des douanes qui couvre les département de Gênes, du Montenotte et des Apennins dispose d'un effectif de 1176 hommes dont 997 préposés dépendant de trois inspections installées à Savone, Gênes et la Spezia, et chargées de surveiller un littoral d'environ 200 kilomètres ainsi que 2091 Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op. cit. 2092 Dufraisse Roger, « Les départements réunis de la rive gauche du Rhin 1797-1814 », in Coll., Les pays sous domination française, op. cit. 2093 Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op . cit . 2094 Dufraisse Roger , « La contrebande dans les départements réunis de la rive gauche du Rhin à l'époque napol éonienne », op . cit . 634 l'intérieur des terres2096. Si, comme l'indique Michael Rowe 2097, le volume total des effectifs témoigne bien d'une volonté impériale de protéger ses frontières, la longueur des frontières rend la tâche impossible à l'administration de la douane, et les limites de l'Empire sont donc inévitablement poreuses. Malgré ces fortes incitations, le niveau du commerce illicite pour nos trois départements de Gênes, de la Roer et de la Lys semble variable. Sur les côtes du département de la Lys, qui ne possède pas de frontière terrestre avec l'extérieur de l'Empire, les services de renseignement anglais à Rotterdam et le blocus naval britannique gênent considérablement le commerce illicite en mer du Nord entre la Hollande et la France 2098. Cependant, malgré ces contraintes, la contrebande entre la Hollande et Anvers est très importante en 1808-1810, et plusieurs négociants anversois, comme le membre du réseau de contrebande de Gaudoit, Jean Donnet, s'enrichissent considérablement grâce à un commerce illicite qui passe souvent par la Rhénanie avant de pénétrer dans l'Empire français2099. Par ailleurs, les archives de la police témoignent de l'existence de réseaux actifs dans la Lys, et d'une contrebande portant notamment sur des textiles anglais ou des cargaisons de tabac, qui empruntent la voie maritime en passant par les villes côtières du département, et impliquent plusieurs négociants brugeois entre 1808 et la fin de l'année 18112100. Dans le département de Gênes, les conditions très strictes imposées par les Anglais au commerce maritime limitent également les entreprises de contrebande tandis que, du côté de la frontière avec le Royaume d'Italie, le nivellement des tarifs entre les deux états napoléoniens et l'extension des décrets prohibant les produits anglais décourage le commerce illicite 2101. 2096 Annuaire statistique du département de Gênes, 1813, Imprimerie de la gazette, Gênes. 2097 Rowe Michael, « Economic Warfare, Organized Crime and the Collapse of Napoleon's Empire », in Aaslestadt Katherine B., Joor Johan (dir.), Revisiting Napoleon's Continental System, op. cit. 2098 Dufraisse Roger, « Contrebandiers normands sur les bords du Rhin à l'époque napoléonienne», op. cit. 2099 Greefs Hilde, « Un rêve abruptement interrompu : illusions et désillusions dans la « nouvelle » élite du commerce international à Anvers », in Antoine François, Jessenne, Jean Pierre, Jourdan Annie, Leuwers Hervé (dir.), L'empire napoléonien, une expérience européenne?, 2014, Paris, Armand Colin. 2100 Les rapports mentionnent ainsi un certain Ballée en août 1808, ou encore un autre négociant dénommé Auguste de Bruges en septembre 1811. Voir Gotteri Nicole, La police secrète du Premier Empire, 7 vol. 1997-2004, Paris, Honoré Champion ; D'Hauterive Ernest, La police secrète du Premier Empire, bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur, nouvelle série 1808-1809, 1963, Paris, Clavreuil ; D'Hauterive Ernest, La police secr ète du Premier Empire , bulletins quotidi ens adressés par Fouché à l'Empereur, nouvelle série 1809-1810, 1963, Paris, Clavreuil. 2101 Selon Max Tacel, le traité de commerce franco-italien de 1808 instaure une situation de quasi-franchise entre la France et le Royaume d'Italie. Voir Tacel Max, « La place de l'Italie dans l'économie impériale de 1806 à 1814 », in Dunan Marcel (dir.), Napoléon et l'Europe, 1960, Paris, Bruxelles, Brepols 635 Cependant les rapports de police mentionnent la découverte d'opérations frauduleuses, portant principalement sur des produits textiles comme les mousselines, dans lesquelles apparaissent entre 1807 et 1810 plusieurs noms de négociants génois, parmi lesquels figurent selon la police les plus importants de la place2102. Autour de l'entrepôt de Gênes, à partir duquel il était possible de réexporter des marchandises en franchise, se déployait également un commerce illicite portant principalement sur les denrées coloniales, et en particulier sur le tabac2103. L'extraction de ces marchandises stockées dans des magasins fermés pouvait ainsi permettre aux négociants de revendre les produits en évitant les frais de douane, qu'ils auraient dû payer en les déclarant destinés à une consommation locale. Ces pratiques étaient suffisamment courantes dès novembre 1805 pour susciter la promulgation par l'architrésorier Lebrun d'un décret prévoyant des amendes et peines de bannissement s'appliquant spécifiquement aux fraudes autour du port franc 2104, mais les trafics se poursuivent encore au cours des années suivantes, dans le contexte du durcissement de l'augmentation des tarifs et des prohibitions liées à la mise en place du Blocus continental. Pratiqué dans les trois villes étudiées, le commerce illicite semble toutefois atteindre un niveau beaucoup plus élevé sur le bord du Rhin. En effet, la contrebande entre Cologne et la rive droite du Rhin est alimentée à la fois par des produits venant d'Allemagne et d'Europe du Nord et par les flux commerciaux arrivant des colonies en Europe par la façade atlantique. 636 nombreux, évoquent plusieurs saisies de marchandises anglaises ou de tabac, et révèlent l'envoi de missions d'agents de police infiltrés afin de lutter contre ces pratiques2107. 2. L'organisation sociale du commerce illicite Loin d'être réservée aux seuls négociants, la mise en oeuvre du commerce illicite repose sur différents types d'acteurs qui jouent chacun un rôle majeur entre l'achat des marchandises à l'étranger et leur vente à leur destinataire final. Plusieurs épisodes rapportés par la police ou l'administration montrent qu'un grand nombre de personnes appartenant à des catégories sociales variées étaient impliquées dans ces trafics en Ligurie, dans les Flandres ou sur les bords du Rhin. Ainsi, près du Golfe de Rapallo en septembre 1807, une bande d'une vingtaine de paysans armés prend d'assaut et désarme de nuit un poste de douaniers tandis qu'un autre groupe plus conséquent d'une centaine d'hommes, armés également, protège sur la côte l'arrivée d'un navire chargé de cargaisons de sel introduites de manière clandestine. La même nuit, des affrontements ont lieu entre un troisième groupe d'hommes armés et la douane de Novi à la suite de l'échec du débarquement d'un autre navire chargé de marchandises à introduire illégalement2108. A Cologne, où la douane est marquée par le fort soutien de la population locale aux contrebandiers (illustré en 1798 par une attaque de 1200 personnes visant à empêcher la saisie d'une cargaison de café de contrebande2109), les milliers de pauvres sans travail que compte la ville vers 1812 profitent des opportunités fournies par le commerce illicite pour s'employer au service de négociants en tant que transporteurs de marchandises d'une rive à l'autre du Rhin.2110 rôle de ces transporteurs est également illustré dans le département de la Lys par la découverte en décembre 1808 d'un trafic considérable de tabac dans lequel le commanditaire, le marchand 2106 Dufraisse Roger, « La contrebande dans les départements réunis de la rive gauche du Rhin à l'époque napoléonienne », op. cit. 2107 Sur cette mission de police sur le Rhin, voir Gotteri Nicole, La police secrète du Premier Empire, Volume 1, Bulletins quotidiens adressés par Savary à l'Empereur de juin à décembre 1810, 1997, Paris, Honoré Champion 2108 Rapport du commissaire général de police de Gênes du 9 septembre 1807, in D'Hauterive Ernest, La police secrète du Premier Empire, bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur, t. III 1806-1807, op. Cit . 637 Dessant, dénoncé suite à une arrestation, emploie une trentaine de travailleurs comme transporteurs de ses cargaisons2111. Cependant, ici, l'aspect le plus significatif de ce phénomène pour comprendre le rôle des chambres de commerce est probablement la participation très importante des diverses autorités administratives locales aux opérations frauduleuses, ce qui témoigne du maintien des liens étroits qui unissent la sphère politico-administrative et le monde des affaires napoléonien, au-delà du cadre de la légalité. Ainsi, à Gênes en juin 1807, une enquête de police révèle que deux officiers des douanes, Tallon et Chiabrando, sont accusés d'avoir favorisé la contrebande2112. Dans les départements belges, la coopération de la police, des fonctionnaires locaux et de la gendarmerie avec les négociants, pour organiser ou protéger les opérations commerciales illicites, est très étroite sous le Consulat et se maintient sous l'Empire 2113. Dans le département de la Lys, plusieurs affaires de trafic illicite révèlent la corruption du commissaire général de police de la ville, Lançon, arrêté en août 1810 sur ordre du ministre de la Police pour s'être constitué une fortune grâce à des sommes importantes reçues en échange de laissez-passer et de services administratifs rendus à des négociants pratiquant la contrebande de produits anglais, avec la complicité des commissaires de police d'Anvers 2114. En février 1811, à la suite de la saisie de plusieurs navires, le gouvernement découvre également que le chef du bureau de police de la préfecture de Bruges, complice des trafics entre la Lys et l'Angleterre, dissimule de volumineux paquets de lettres témoignant de contacts épistolaires importants entre le maire d'Ostende Van Iseghem et l'Angleterre2115. Sur les bords du Rhin, la participation des autorités est plus évidente avec la corruption de simples préposés mais aussi d'officiers de la douane par les fraudeurs, notamment par l'intermédiaire des principales banques de la ville2116. Les directeurs de la douane de Cologne et de celle de Clèves, Gorsas et Turc font même directement l'objet de 2111 Rapport de police du 23 décembre 1808, in D'Hauterive Ernest, La police secrète du Premier Empire, bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur, nouvelle série 1808-1809, op. cit . 2112 Rapport de police du 17 juin 1807, in D'Hauterive Ernest, La police secrète du Premier Empire, bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur, t. III 1806-1807, Paris, 1922, Perrin 2113 Verhaegen Paul, La Belgique sous la domination française, 1792-1814, t. IV, L'Empire, 1929, Bruxelles, Paris, Goemare, Plon. 638 dénonciations et d'enquêtes pour corruption en 1809. Le président du tribunal de commerce de Cologne, Abraham Schaafhausen, est personnellement condamné en 1810 à une amende de 100.000 francs pour avoir exporté illégalement des cargaisons de céréales2117, tout comme l'adjoint au maire et membre de la chambre de commerce Bernhard Boisserée, dont les marchandises sont saisies en raison de fraudes en janvier 18122118. Enfin, selon Michael Rowe, les tribunaux locaux de première instance garantissent une quasi impunité aux négociants accusés de commerce illicite en leur appliquant uniquement des amendes au lieu des peines de prison prévues par la loi2119. 3. Un phénomène qui disparaît après 1810? A partir de 1810, la politique de répression du commerce illicite conduite par le gouvernement devient plus dure. Avec les décrets de Fontainebleau des 18 et 19 septembre 1810, les peines deviennent plus lourdes et vont jusqu'à la peine capitale pour la contrebande en bande organisée tandis que, dans le même temps, de spectaculaires bûchers de marchandises prohibées sont organisés sur les places publiques afin de décourager ces pratiques, et que les perquisitions et enquêtes policières se multiplient 2120. Le système judiciaire est également réorganisé autour de tribunaux ordinaires des douanes et de sept cours prévôtales qui jugent en appel les affaires de fraude et possèdent une compétence exclusive pour les crimes de contrebande en bande organisée 2121. Le long de la frontière douanière rhénane, où la surveillance avait été renforcée en 1809 par la réorganisation de la ligne de douanes 2122, cette « terreur 2116 Dufraisse Roger, « Contrebandiers normands sur les bords du Rhin à l'époque napoléonienne», op. cit ; Rowe Michael, « Economic Warfare, Organized Crime and the Collapse of Napoleon' s Empire », op. cit. ; Janvier 1811, Réponse du comte Beugnot à une lettre du ministre de la police sur la contrebande sur le Rhin, in Gotteri Nicole, La police secrète du Premier Empire, Vol. 2, bulletins quotidiens adressés par Savary à l'Empereur de janvier à juin 1811, op. cit. 2117 Rowe Michael, « Economic Warfare, Organized Crime and the Eollapse of Napoleon's Empire », in Aaslestadt Katherine B., Joor Johan (dir.), Revisiting Napoleon's Continental System, op. cit. 2118 Horn Pierre, Le défi de l'enracinement napoléonien entre Rhin et Meuse, (1810-1814), Etude transnationale de l'opinion publique dans les départements de la Roer (Allemagne), de l'Ourthe (Belgique), des Forêts (Luxembourg) et de la Moselle (France), Thèse de doctorat d'histoire, Université Paris IV, Universität des Saarlandes, sous la direction de Jacques-Olivier Boudon et de Gabriele B. Clemens, 2013. 2119 Rowe Michael, « Economic Warfare, Organized Crime and the Eollapse of Napoleon's Empire», op. cit. 2120 Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op. cit. 2121 Les tribunaux des douanes sont situés auprès de chaque direction départementale des douanes. Les 7 cours prévôtales sont situées dans les départements annexés – Florence, Alexandrie – mais aussi dans les département de l'intérieur à Agen, Rennes, Valenciennes, Nancy et aix. Voir Almanach impérial pour l'année MDCCCXI, 1811, Paris, Testu. 2122 Dufraisse Roger, « La contrebande dans les départements réunis de la rive gauche du Rhin à l'époque napoléonienne », op. cit 639 douanière » se traduit par une augmentation des arrestations et condamnations. Ainsi à Cologne, le nombre de prisonniers pour contrebande passe de 5 à 39 entre 1806 et 1811, et les accusés envoyés à la cour prévôtale de Nancy – surtout des natifs de la Meurthe – ne peuvent plus bénéficier de l'indulgence des magistrats colonais à l'égard de leurs compatriotes 2123. Des techniques d'infiltration sont également mises en oeuvre par la police dans le cadre d'une mission commanditée à l'automne 1810 par le gouvernement, certains agents se faisant passer pour des négociants américains proposant aux hommes d'affaires colonais des cargaisons de produits prohibés2124. Enfin, à fin de décembre 1810, les rapports de police présentés à l'Empereur mentionnent de grands bûchers allumés à Cologne et à Gênes afin de détruire publiquement les marchandises prohibées confisquées par la douane locale2125. La forte réaction de 1810 ne met pourtant pas définitivement fin au commerce illicite dans les trois départements étudiés. A Bruges, des réseaux de contrebande sont encore découverts en septembre 1811. A Cologne, les rapports de police de décembre 1811 montrent bien que de nouveaux facteurs apparaissent, qui modifient la situation et incitent les fraudeurs à se spécialiser dans de nouveaux trafics, comme le commerce illicite de tabac, qui explose après l'attribution d'un monopole de fabrication aux fabriques impériales en 1810, atteignant un volume annuel de 1000 tonnes de marchandises2126. 640 gouvernement que les trafics de denrées coloniales et de marchandises anglaises ont diminué2128, comme en attestait également un rapport du comte Beugnot en février 1811 au sujet des flux entre Berg et la rive gauche du Rhin2129. A Bruges, en août 1812, le préfet Jean-François Soult rapporte au ministre Montalivet qu'aucune confiscation de marchandises anglaises n'a été effectuée dans l'ensemble du département de la Lys 2130. A Gênes enfin, la diminution du commerce illicite semble en réalité précéder la politique répressive de 1810, grâce à la mise en place dès 1809 d'une double ligne de douanes2131. Si quelques trafics apparaissent toujours après le tournant de 1810, le pic du commerce illicite à Gênes, Bruges et Cologne semble donc être atteint autour de la période 1806-1810. B. Dénoncer et contrôler la fraude. Le rôle des chambres de commerce dans la surveillance de la contrebande à Gênes, Bruges et Cologne Peu abordée par l'historiographie de la période napoléonienne, la question du rôle des chambres de commerce dans la lutte contre la contrebande est pourtant importante, dans la mesure où celles-ci sont obligatoirement confrontées, au travers des affaires personnelles de leurs membres, au développement des pratiques commerciales illicites. Que ceux-ci participent ou non à ce commerce, le volume des opérations frauduleuses et la forte circulation des informations au sein du monde du commerce leur permet de disposer rapidement d'informations très recherchées par la police, comme en témoigne la mission d'infiltration dans les milieux d'affaires organisée à Cologne en 1810. Négociants au service de l'administration impériale, les membres des chambres de commerce sont donc en théorie des agents très précieux dans la lutte au service de la répression du commerce illicite. Cette 2128 Bulletin du 4 décembre 1811, in Gotteri Nicole, La police secrète du Premier Empire, volume 3, bulletins quotidiens adressés par Savary à l'Empereur de juillet à décembre 1811, 1999, Paris, Honoré Champion. 2129 Bulletin du 26 février 1811, in Gotteri Nicole, La police secrète du Premier Empire, Vol. 2, bulletins quotidiens adressés par Savary à l'Empereur de janvier à juin 1811, op. cit. 2130 A. N. F12 501B, Lettre du préfet de la Lys au ministre de l'Intérieur, 3 août 1812. 2131 Bulletin du 6 février 1809, in D'Hauterive Ernest, La police secrète du Premier Empire, bulletins quotidiens adressés par Fouché à l'Empereur, nouvelle série 1808-1809, op. cit. 641 attente, d'ailleurs, est d'autant plus justifiée que la surveillance de la fraude et de l'exécution des lois sur la contrebande figure de manière explicite parmi les missions qui sont officiellement attribuées à ces institutions lors de leur fondation par Chaptal en nivôse an XI2132. Notre enquête sur les activités des chambres de Gênes, Bruges et Cologne montre tout d'abord que, malgré la soumission des trois chambres au même règlement général, leur implication réelle est très inégale. En effet, alors que des affaires de commerce illicite sont repérées par la police dans les trois villes, les questions de contrebande et de fraude n'apparaissent pas du tout dans les procès-verbaux de la chambre de Bruges, comme si la chambre n'avait reçu aucune attribution dans ce domaine. A l'inverse, les chambres de Gênes et de Cologne se voient confier, par les autorités administratives locales, des compétences (notamment liées à l'administration portuaire) qui impliquent de surveiller et de réprimer les pratiques commerciales frauduleuses. Ainsi, dans son décret du 8 vendémiaire an XIV organisant la police du port franc de Gênes, l'architrésorier Lebrun attribue à la chambre la charge de nommer les custodi (gardiens) chargés de surveiller les magasins de l'intérieur du port franc, ainsi que les expéditionnaires qui doivent déclarer les marchandises à la douane2133. Obtenant la responsabilité de l'organisation des employés à la surveillance et à la police du port franc, le premier préfet du département de Gênes, Bureau de Pusy, avait également délégué cette compétence à une commission composée de trois membres de la chambre de commerce, responsables du travail de l'inspecteur du port franc et de tous les employés dépendant de la préfecture2134. Cette mission de police ayant été recon e à nouveau en 18102135, la chambre est donc chargée de lutter contre la fraude et la contrebande sur l'ensemble de la période française. 2132 D'après l'article 4 de l'arrêté du 3 nivôse an XI, les chambres de commerce sont notamment chargées de surveiller « l'exécution des travaux publics relatifs au commerce, tels, par exemple, que le curage des ports, la navigation des rivières, et l'exécution des lois et arrêtés concernant la contrebande. » 2133 A. S. G., Prefettura francese, 169, Décret de l'architrésorier de l'Empire du 8 vendémiaire an XIV 2134 « Monsieur Bureau de Pusy avait daigné choisir pour cette délégation trois membres de la chambre de commerce. Il avait placé sous eux un inspecteur responsable et salarié, à chaque pavillon de magasins un concierge, et sous l'inspecteur quelques gardiens chargés de surveiller le bon ordre. On avait préparé des instructions qui fixaient les droits à la surveillance et le service de chaque employé. ( ) Monsieur le préfet actuel a bien voulu continuer la délégation à trois membres de la chambre de commerce. » A. S. G., Camera di commercio, 191, Lettre de la chambre au ministre de l'Intérieur du 7 février 1807 2135 A. S. G., Camera di commercio 193, Lettre de la chambre au ministre de l'Intérieur , 22 février 1810 642 La compétence déléguée à la chambre concerne également l'organisation logistique à l'intérieur de l'enceinte du port franc, mais l'importance de la surveillance des opérations frauduleuses s'accroît avec l'augmentation progressive des tarifs et des prohibitions au cours de la période, comme en témoigne en 1806 la création, à la demande du préfet, d'un nouveau poste de gardien spécifiquement chargé de saisir les produits de contrebande, d'arrêter les contrebandiers et d'adresser des rapports à la commission du port franc2136. A Cologne, les compétences attribuées par l'administration à la chambre afin de lutter contre la fraude sont également liées au rôle de l'institution dans la gestion de l'entrepôt et de son personnel. Ainsi, la chambre complète le règlement du port en sélectionnant, en ventôse an XIII, deux voituriers officiels dignes de confiance chargés de convoyer les marchandises entreposées à la douane de Gürzenich et dans l'Eglise Saint Laurent 2137. A la fin de l'année 1810, elle organise également la création de bureaux de vérification des passavants aux portes de la ville chargés de vérifier la nature des marchandises et de surveiller la fraude, puis sélectionne les employés de ces bureaux et planifie leur travail2138. 2136 Voir A. S. G., Prefettura francese, 169, Décret préfectoral du 15 mars 1806 2137 R. W. W. A, I, 12, 4, Procès-verbal du 11 ventôse an XIII 2138 R. W. W. A., I, 12, 6, Procès-verbaux des 13 août et 30 décembre 1810, 24 janvier 1811 2139 R. W. W. A., I, 12, 4, Procès-verbal du 10 germinal an XII 2140 En 1809, la chambre est ainsi invitée à enquêter au sujet d'un certain Fitzenreuter, candidat au poste de courtier interprète sur le port, qui est finalement exclu à cause de sa réputation de contrebandier. Voir R. W. W. A., I, 12, 6, Procès-verbal du 23 septembre 1809 643 Les moyens financiers dont disposent les chambres pour contrôler le commerce illicite sont difficiles à identifier. Certaines des activités déjà évoquées, comme la recherche d'informations pour le compte des autorités locales, exploitent uniquement le capital relationnel des membres mais ne nécessitent pas de dépenses spécifiques. Du reste, aucun poste dédié à la surveillance de la fraude n'apparait dans les budgets des chambres de Gênes, Bruges et Cologne2141. Il faut donc chercher dans les frais affectés à la police du port franc ou de l'entrepôt pour trouver trace de ces dépenses. Les travaux des commissions du port franc nommées par les préfets ne figurent pas non plus dans les budgets, et disposent probablement d'une comptabilité séparée. Des indices des moyens disponibles apparaissent néanmoins dans les documents comptables des chambres, qui permettent d'avoir une idée plus précise de ces moyens. En effet, à l'exception de ceux qui concernent Bruges, qui restent entièrement muets sur ce sujet, les tableaux budgétaires étudiés font apparaitre, parmi les dépenses extraordinaires , des postes consacrés au salaire d'employés dont le travail est directement lié au contrôle des opérations commerciales, même si celles-ci dépassent la simple dimension de contrôle du commerce illicite. Ainsi, à Cologne en 18102142, la chambre de commerce se charge de verser un salaire de 600 francs annuels à l'employé du port franc qui avait été affecté à la tenue d'un registre des certificats des denrées coloniales, ce qui permettait de garder une trace de l'origine de ces marchandises en identifiant clairement celles qui avaient été autorisées de celles dont l'entrée en France était prohibée. 2141 Voir A. N. F12 911, budgets 1810, 1812, 1813 de la chambre de Gênes ; A. N. F12 910, Budgets 1811, 1812, 1813, 1814 de la chambre de Bruges et budgets 1810, 1811, 1812, 1813 de la chambre de Cologne. 2142 A. N. F12 910, budget 1810 de la chambre de Cologne. 2143 Marzagalli Silvia, Les boulevards de la fraude, op. cit.. 644 Figure 46.Les dépenses extraordinaires de la chambre de commerce de Cologne en 18102144 Salaire de l'employé au registre des 600 F certificats dans le port franc Frais relatifs à la surveillance des travaux des ports Idem à la établissements surveillance d'industrie ou des de commerce : Salaire de l'employé aux déclarations 500 F dans le port franc Idem à l'entretien de la bourse - Voyages, expériences sur les procédés d'industrie, etc. Total des dépenses extraordinaires 1100 francs Total des dépenses annuelles 3581, 40 francs Outre l'employé aux certificats, comme le montre le tableau ci-dessus, un second salarié apparait également dans les comptes de la chambre de Cologne. Recevant un traitement annuel de 500 francs, celui-ci est affecté au registre des déclarations dans le port franc, et identifie donc la nature des marchandises présentes dans l'enceinte, ce qui permet de vérifier ensuite si les taxes qui leurs sont appliquées leur correspondent. A Gênes, les documents comptables de la chambre présentent un plus grand nombre d'employés du port franc, ce qui indique probablement une répartition différente des budgets entre la commission du port franc et la chambre. Un poste entier des dépenses extraordinaires est ainsi dédié à l'administration et à la surveillance du port franc, pour un total de 8574 francs, 2144 A. N. F12 910, budget 1810 de la chambre de Cologne 645 dans lequel sont compris les salaires d'une dizaine d'employés chargés de contrôler les opérations commerciales dans l'enceinte2145. Or ces dépenses, beaucoup plus conséquentes que celles de la chambre de Cologne, sont explicitement liées par l'administration au contrôle de la fraude. En effet, celles-ci sont principalement alimentées par un droit sur les assurances, instauré par un décret de l'architrésorier Lebrun en janvier 1806, représentant un revenu de 12.000 francs en 18122146, qui prévoyait une augmentation des ressources financières de la chambre dans la perspective de renforcer les moyens alloués à la lutte contre la fraude et la contrebande 2147. Le préambule du texte de loi justifiait ainsi la création de la nouvelle taxe et son affectation à la chambre par la « nécessité d'établir dans le port franc de Gênes une police plus sévère qui prévienne les fraudes, et la contrebande », et mentionnait dans son article 5 qu'il serait « prélevé la somme qui sera jugée nécessaire pour assurer dans le port franc une police sévère, et arrêter les progrès de la contrebande ». 646 défendent, à de nombreuses reprises auprès du gouvernement, des projets qui ne visent pas à lutter contre la fraude, et comportent parfois au contraire d'importants risques dans ce domaine. Ainsi, lorsque le gouvernement décide en thermidor an XI de fermer l'entrepôt de Cologne aux marchandises prohibées afin de lutter contre la contrebande, la chambre refuse de sacrifier les intérêts du commerce de transit traditionnel de la ville, et lance une mobilisation massive afin d'obtenir la restitution du droit de recevoir les denrées coloniales. Malgré le risque accru de voir des marchandises prohibées pénétrer dans la ville, l'annonce par le conseiller d'Etat Cretet du rétablissement du droit d'entrepôt illimité est fêtée comme une grande victoire pour la chambre de commerce de Cologne, ce qui montre bien à ce moment que la lutte contre la fraude n'est pas la priorité de cette institution2150. A Gênes, la chambre tente également d'assouplir au maximum les conditions de stockage et de circulation des marchandises en transit. Pointant les ralentissements causés par les demandes de certificats pour la circulation des marchandises coloniales de l'entrepôt en direction de Marseille, Nice ou San Remo, la chambre demande en juin 1806 la suppression de cette obligation afin de pouvoir faire circuler librement les marchandises ayant payé leurs droits dans l'Empire2151. Environ un mois plus tard, la chambre demande encore la suspension, pour plusieurs mois, des déclarations détaillées à la douane sur la quantité, la qualité, les poids et mesures des marchandises débarquées dans le port2152 avant de réclamer en décembre de la même année la suppression de l'obligation de certificats d'origine pour les marchandises convoyées de Livourne, port du Royaume d'Etrurie, vers Gênes, en territoire français, malgré la forte corruption administrative et la autorisée de produits anglais dans le Royaume d'Etrurie2153. Ces différentes démarches conduites au moment du durcissement de la politique douanière de l'Empire semblent indiquer que la surveillance de la fraude est nettement moins prioritaire pour la chambre de Gênes que la relance du commerce et la lutte contre les effets négatifs des 2150 R. W. W. A. 647 régulations imposées par le gouvernement. Toutefois, dans le même temps, le travail des chambres et des commissions de surveillance sur le contrôle des port francs, la surveillance des bateliers du Rhin près de Cologne et la transmission spontanée d'informations à l'administration révèlent une implication concrète dans la lutte contre le commerce illicite à Gênes et à Cologne. Les activités de la commission génoise du port franc montrent que les membres de la chambre et leurs employés participent activement aux enquêtes sur la fraude. En effet, comme le montre le tableau ci-dessous, au moins une dizaine d'enquêtes sont conduites entre février 1806 et août 1809 au sujet de trafics dans le port franc, et les modalités d'intervention de la commission dans ces enquêtes sont multiples. Ainsi, les employés de la commission du port franc sont parfois à l'origine de ces enquêtes grâce à leurs propres découvertes, comme en témoigne le rapport établi en février 1806 par le gardien Stefano Ampugnani, qui révèle l'existence de trafics de tabac entre le quartier San Catterina du port franc et la ville2154. Lorsqu'éclate en août 1806 une affaire de falsification des registres des déclarations de marchandises au port franc, la chambre décide également de mener l'enquête en écrivant au directeur des douanes afin d'obtenir davantage de détails, mais se préoccupe aussi immédiatement de la répression en prévoyant un renvoi rapide des expéditeurs du port franc responsables de la fraude2155. De même, la chambre participe à l'enquête et à la réflexion sur la lutte contre la fraude avec la direction des douanes, après la découverte d'une affaire de fraude sur le commerce d'huile. Si elle refuse la mise sous clef de douane de chaque stock d'huile, elle propose néanmoins un renforcement des vérifications systématiques de la des huiles à la sortie de l'entrepôt2156. En tant que gestionnaire officielle de la police du port franc, la commission de surveillance est souvent directement sollicitée afin d'exclure des fraudeurs ou de renvoyer des employés du port franc. Dans le cas de la fraude opérée en juillet 1806 par deux agents d'un négociant possédant un magasin au port franc, Pierre Dergui et Constantin Grondona, découverts par les douaniers 2154 A. S. G., Prefettura francese, Rapport du 18 février 1806 à la commission de surveillance du port franc 2155 A. S. G., Camera di commercio, 191, Lettre de la chambre au directeur des douanes, 5 août 1806. Figure 47.La participation de la chambre de Gênes aux enquêtes sur le commerce illicite au port franc 1806-1809 Marchandise Février 1806 Tabac du brésil Extraction clandestine de tabac depuis les magasins du quartier San Catterina du port franc Juillet 1806 Extraction de nuit de marchandises du port franc en fraude grâce à une ouverture vers l'extérieur Août 1806 Toutes Septembre 1806 Partie rhubarbe Complices soupçonnés Falsification des registres des Expéditionnaires du port franc déclarations du port franc de Extraction des magasins du port franc et dis simulation dans les vêtements des fraudeurs Octobre 1806 Huiles Substitution des huiles étrangères et locales dans les magasins à huile de SaintPierre d'Arena Novembre 1806 Fraudeur enfermé dans les magasins du port franc Février-Mars Café 1807 Extraction de café dans les Custode du quartier St François magasins et dissimulation dans les vêtements du fraud eur Janvier 1808 Utilisation de plusieurs Custode du quartier Sainte Marie magasins du quartier Sainte Marie du port franc comme dépôts de marchandises prohibées à introduire à Gênes Août 1809 Extraction de marchandises du Custode du port franc port franc en contrebande Août 1809 649 Tabac du brésil Stockage, filtrage et extraction Deux Custodes du port franc de tabac du port franc dissimulé sous des vêtements Les affaires dans lesquelles des employés de l'administration du port franc sont soupçonnés sont aussi particulièrement nombreuses et suscitent l'intervention des membres de la chambre de Gênes. La moitié des affaires de fraude au port franc repérées entre 1806 et 1809 débouche sur la découverte de complices parmi les employés, ce qui oblige la chambre à réagir au travers de la commission de surveillance. En mars 1807, le directeur des douanes rappelle ainsi au préfet De La Tourette une enquête contre le custode du quartier Saint François du port franc, repéré en raison de la découverte d'un grande nombre de fraudes dans zone de surveillance, qui avait abouti à son renvoi par la commission du port franc à la demande de la douane 2157. De même, à la suite d'une perquisition conduite par la douane le 14 janvier 1808, un dépôt de produits de contrebande, établi avec la complicité du custode du quartier Sainte Marie, est découvert dans l'un des magasins du port franc. Le préfet ordonne alors à la commission du port franc de le faire renvoyer et de se mettre à la disposition de la direction des douanes pour organiser son jugement 2158. Dans certains cas, plusieurs employés du port franc sont renvoyés dans le cadre de la même affaire de fraude par la commission du port franc. En août 1809, l'inspecteur du port franc Brunetta prévient la commission de surveillance que le custode Jean-Baptiste Ravenna, arrêté par la douane au moment où il sortait de l'enceinte du port franc, vient d'être pris en flagrant délit de fraude sur une cargaison de tabac qu'il tentait de faire entrer dans Gênes2159. Dès le lendemain de l'affaire, le jeune Ravenna est remis entre les mains du commissaire général de police, et le directeur des douanes demande son renvoi par la commission de surveillance2160. L'interrogatoire auquel le soumet alors la police générale révèle que Ravenna n'avait pas agi seul. Un autre employé, Paul Bontempo, qui avait été chargé d'être son tuteur en raison de son jeune âge, lui avait 2157 «Longtemps avant que je demandasse le remplacement de ce gardien, il m'était parvenu des plaintes sur la contrebande que fournissait le quartier soumis à sa surveillance. Plusieurs fois je l'avais fait avertir, mais toujours sans suite. Les abus continuaient et furent portés à un point tel que je fus obligé de provoquer les mesures de rigueur dont il vous a été donné connaissance. Entre autres preuves que je pourrais vous fournir à la charge, je vous remets copie d'un rapport de Mr Février contre un fraudeur qui s'était garni de café dans le corridor de St François. » Voir A. S. G., Prefettura francese, 169, lettre du directeur des douanes au préfet, 18 mars 1807 2158 A . S. G., Prefettura francese, 169, Lettre du préfet au directeur des douanes, 21 janvier 1808 2159 A. S. G., Prefettura francese, 64, Lettre de l'inspecteur du port franc à la commission de surveillance, 17 janvier 1808 2160 « Vous jugerez sans doute monsieur le préfet qu'outre la peine édictée à l'article 58 de la loi du 30 avril 1806 à raison de l'abus coupable que le Sr Ravenna a fait de la confiance dont il était revêtu, de le faire prononcer par la commission déchu de son emploi.» Voir A. S. G.
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Étude des espaces métriques par les propriétés de leurs sous-ensembles finis
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On définit de même un arc D/E,; la somme de E. S (Mo) et de tous les arcs C/E, 4-Ei-D, construits sur les segments QD, contigus à E.S(Mo) est évidemment un arc simple, y(Mo), d'extrémités A, B, dont la tangente varie continuement et fait en tout point, avec A (Mo) un angle < 3 a < • ce lare est entièrement déterminé par Mo ; il est situé dans la sphère S (Mo) et dans le cône de révolution d'axe A(Mo) et d'angle au sommet^- — i3o — Soient maintenant Mo et M< deux points quelconques de E; les arcs v(Mo), y ( M i ) peuvent être disjoints; sinon, je dis que leur somme ,est un arc simple à tangente continue. En effet r(Mo) et y ( M i ) ayant un point commun, il en est de même de S(M,) et S ( M ^ ) , et il est immédiat que ces sphères ont en commun un point de E; soit Ma un tel point; Pensemble v(Mo) -}- ^(M, ) est situé dans 2 (Ma) puisque S (Mo) et S ( M , ) le sont aussi. A partir <le l'ensemble E.2(M.j)je peux construire, par la même méthode que ci-dessus, un arc r(Ms) contenant E . i ( M a ) ; or, soit C,-D( un des segments contigus à E . S ( M o ) ; c'est aussi un segment contigu a E.S(Ma) : En effet les limitations des pentes relatives par l'angle a << . entraînent que la projection c',d\ de C/D/ sur A (Ma) est un intervalle complémentaire de la projection de E.S(Mg) sur A ( M 2 ) ; si c\d'i n'était pas un intervalle complémentaire de la projection de E.l(Ma) sur A ( M ^ ) , il existerait un point F/ de E2. (Ma) se projetant entre c\ et d[ ; le choix de p entraînerait alors que F, soit intérieur à la sphère S (Mo); donc c^ ne pourrait être un intervalle complémentaire de la projection de E.S(Mo) sur A (Ma), contrairement à ce qu'on a vu. En résumé, tout segment contigu à E.S(Mo) ou à E . S ( M < ) est conligu à E . 2 ( M a ) ; les arcs de raccordement construits à partir de ces segments font donc partie de r(M.»)$ donc r(Ma) contient y ( M o ) et v ( M i ) , ce qui montre bien que Y ( M y ) + y(M, ) est un arc simple à tangente continue. Or comme E est fermé, tous ses points sont intérieurs à un nombre fini de sphères S(-M); donc E est contenu dans la somme d^un nombre fini d'arcs y ( M ) ; soient Y|, y_», . . ., Y/, ces arcs et soit F==^v,. Si P est un point quelconque de F, les résultats précédents montrent que P possède sur F un voisinage contenu dans y ( P ) ^ donc un de ces voisinages est un arc simple. Donc toute composante connexe de F est, soit un arc simple fermé, soit une courbe simple fermée, à tangente continue; ces composantes sont en nombre fini. Montrons que chacun des arcs simples éventuels pris parmi ces composantes peut être prolongé en une courbe simple fermée plate : - 156 — Soit C Fun de ces arcs, à sa distance à ( F — G ) et R, S ses extrémités. On peut trouver deux points R', S' tels que ltR'=SS'<0, les segments RS\! et SS/ formant avec G un arc simple CY à tangente continue. On joint alors R' à S7 par une ligne polygonale d'un nombre fini de côtés, située a une distance << - de C, de telle sorte que cette ligne forme avec C/ une courbe simple fermée C\ Puis on remplace dans C7 les voisinages des sommets de la ligne polygonale par de petits arcs de cercle de raccordement. La ligne C"' obtenue est la courbe cherchée. Soit F' Fensemble déduit de F par ces prolongements; deux courbes simples fermées de F' sont disjointes/par construction, ce qui termine la démonstration du théorème. 8. Mesure des espaces plats. — La structure locale des espaces plats suggère qu^on peut sans doute leur attribuer localement une longueur finie. i° Cas des espaces connexes. — Un tel espace peut toujours être décomposé en un nombre dénombrable d^arcs simples fermés, ayant deux à deux au plus une extrémité en commun, tout triangle inscrit dans un de ces arcs ayant u^ne courbure << e << r- Soit AB un tel arc. Pour tout Y), on peut trouver une suite finie de points de AB Au, A| , .... A//, avec A o == A ; \n '-^ ^ et A,A,M<'/I | i = = o , i , . . . , ( / ? — i)j, ces points étant numérotés dans Fordre de rencontre de A vers B surAB. On peut montrer, par un procédé classique ( ' ) , que ^AiAi-n < tend vers une limite finie ou infinie, indépendante des points Ai ( 1 ) Voir LEBESOUB, Leçons sur l'intégration^ p. 62, Paris, 1928. — 157 - choisis, lorsque -n tend vers o. On appelle cette limite : longueur deAB. Si M et N sont deux points quelconques de AB, avec AM c AN, on a vu au paragraphe 3 a, que A M N > > 7 r — £ ; un calcul simple -montre que MN << ————— ; donc toute ligne polygonale y inscrite dans AB et d'extrémités A, B a une longueur ^ telle B qwAB<L<-^ -' == • COS£ 1 Donc AB a une longueur finie l comprise entre AB et —)—' Quand e -> o, -.-p -> i. On peut donc énoncer : AJD. THÉORÈME IV. — Tout espace métrique connexe plat peut être divisé en une infinité dénombrable d^arcs simples ayant une longueur finie ; sur chacun d'eux^ tout arc infiniment petit est uniformément équivalent à sa corde, COROLLAIRE. — Tout espace métrique plat^ compact et connexe a une longueur finie. 2° Cas des espaces non connexes. — Soient E un tel espace. M un de ses points^ V(M) un voisinage borné de M dans lequel tout triangle inscrit a une courbure < £ <^ - • En reprenant la démonstration elles notations du paragraphe 2, on voit aisément que l'ensemble W peut, pour tout nombre Y], être divisé en un nombre fini d'ensembles de diamètre <.rî, la somme des diamètres de ces ensembles étant inférieure à COS ——» en désignant £ ° par d le diamètre de W. Or on peut définir ainsi ta longueur d'un espace métrique F': Supposons que, pour tout nombre YÎ, F puisse être recouvert par un nombre dénombrable d'ensembles Vk(fî) de diamètre dk<^r]. Soit alors L(-yî) la borne inférieure de la somme ^,dk pour tous , k les recouvrements relatifs à r?. L(ïî) est une fonction non décroissante de Y?. Nous noterons : Longueur extérieure de V === lim[L(7î)]. r,>o — 138 — Dans le cas où F est un arc simple, on peut montrer que sa longueur est la même avec cette définition qu'avec la définition basée sur les polygones inscrits. Pour l'ensemble W, la remarque précédente montre que sa longueur extérieure est inférieure à ——• On peut donc énoncer : r COS £ THÉORÈME V. — Tout espace métrique plat possède en chacun de ses points un voisinage de longueur extérieure finie; pour un point donnée le rapport de la longueur extérieure d'un voisinage, au diamètre^ de ce voisinage^ est inférieur à un nombre qui tend vers i quand ce diamètre tend vers o. COROLLAIRE. — Tout espace métrique compact plat a une longueur finie. 6. Généralisations. — Tous les résultats de ce chapitre sont susceptibles de se généraliser immédiatement par les mêmes méthodes, à des espaces que l'on peut appeler « plats d'ordre n ». Prenons par exemple / i = a . Pour tout tétraèdre cartésien, il existe un plan tel que le plus grand des angles de ce plan avec les arêtes du tétraèdre soit minimum; si a est ce minimum, on appellera 2 a la courbure du tétraèdre. On dira qu'un espace métrique es.t plat d'ordre 2 en un point M si lout 4-points inscrit dans E et éventuellement isométrique à un tétraèdre cartésien, a une courbure qui tend vers o quand ses sommets tendent vers M. On peut montrer que si l'espace métrique E est plat d'ordre y au point M, ce point possède dans E un voisinage homéomorphe a un ensemble plan fermé borné : La démonstration est analogue à celle du paragraphe 2 (deuxième méthode); il faut introduire deux points Pi et Pa qui jouent le rôle du point P delà démonstration du paragraphe 2. Après avoir défini l'aire d'un espace métrique, on peut montrer que si E est plat d'ordre a en M, si l'on désigne p a r V ( p ) l'ensemble des points de E situés à une distance $p du point M, le rapport : aire(Vr) . ' n '. i. 1 — , r est inférieur a un nombre qui tend vers i quand p - > o. - 159 Pour les ensembles cartésiens uniformément plats d'ordre 2 se pose, comme pour Perdre i , le problème de les plonger dans des variétés à deux dimensions douées d'un plan tangent continu. Nous réserverons cette question pour la deuxième partie de ce travail, à cause des développements qu'elle exige. Remarque. — iNous avons défini les espaces métriques plats d'ordre 2 sans supposer-ces espaces tétraédraux. On aurait pu de même définir les espaces plats d'ordre i en les supposant simplement doués d^un écart régulier ne satisfaisant pas forcément à Finégalité triangulaire ; la plupart des propriétés des espaces plats se conservent alors, mais un arc simple plat suivant cette nouvelle définition peut avoir une longueur nulle : Exemple. — Les points de E sont ceux d'.un segment de droite [o; i ^ ; si x^ y sont deux points de ce segment repérés par leurs abscisses, on pose dans E dist.(.r, r ) == I .?• — y \ ' 1 (fi > i). Des singularités analogues se produisent dans les espaces métriques plats d'ordre 2 qui ne sont pas tètraédraiix. CHAPITRE-IV. ESPACES MÉTRIQUES SEMI-PLATS. 1. Notions préliminaires. — L/étude qui va suivre a pour origine un fait sur lequel nous reviendrons en détail dans la deuxième partie et qui, dans un cas particulier consiste en ceci : Sur toute géodésique d'une surface à plan tangent continu de &:\^ le rapport de la longueur des arcs à leur corde tend vers i quand leur diamètre tend vers zéro. Il en résulte que si ABC est un triangle inscrit dans celte géodésique, le rapport de son plus grand côté à la somme des deux autres tend vers i lorsque ce plus grand côté tend vers zéro; on vérifie aisément qu'il est équivalent de dire que le plus petit angle du triangle tend vers zéro en même temps que le diamètre de ce triangle. - 160 — En conformité avec les idées directrices de rintroduclion, nous allons faire une étude des géodésiques en nous basant sur cette seule propriété; nous étudierons ainsi du même coup une classe assez^vaste de courbes qui, nous le verrons, ,ne sont pas forcément rectifiables. Afin de pouvoir appliquer nos résultats aux géodésiques relatives à des métriques plus générales, de Finsler par exemple, nous ferons le moins d'hypothèses possible sur la métrique des ensembles étudiés. Définitions. —i. On appelle « épaisseur » d'un triangle la valeur de son plus petit angle. a. On dit que l'espace métrique E est semi-plat au point d'accumulation M de E lorsque Pépaisseur des triangles inscrits dans E tend vers o quand leurs trois sommets tendent vers M. On dit que E est semi-plat lorsque! est semi-plat en tout point. On dit que E est uniformément semi-plat lorsque répaisseur des triangles inscrits dans E tend uniformément vers o avec leur diamètre. 3. On dit qu'un espace métrique E est ^épaisseur a lorsque tout triangle inscrit dans E a une épaisseur au plus égale à a. 4. On appelle coefficient de déformation d'un arc simple cartésien AB le rapport de la distance au sens de Fréchet ( l ) entre AB et AB, à la longueur AB. 2. Structure topologique des espaces «emi-plats. — La structure topologique des espaces semi-plats s^étudie entièrement par les mêmes méthodes que celles employées pour les espaces plats. On montre d^abôrd, en s^appuyant sur le corollaire des théorèmes 1 et II du Chapitre I, que si E est semi-plat en M, ce point possède dans È un voisinage homéomorphe à un ensemble linéaire fermé borné. Il suffit alors d\ititiser le dernier théorème du Chapitre II, paragraphe 4 pour énoncer. : THÉORÈME I. — S i E est un espace métrique semi-plat^ il existe un espace métrique E< tel que EcE< CE, Ef étant une somme topologique d1 espaces dont chacun^ est homéomorphe^ ( ' ) FBÉCHFT, Les espaces abstraits^ p. i5^; Paris, i92<S. - 161 — soit à une courbe simple fermée^ soit à un ensemble linéaire fermée borné ou non. Si E est uniformément semi-plat^ on peut prendre E< = E. COROLLAIHE. — Même énoncé que pour les espaces plats, en changeant l'expression « plat » en « semi-plat ». Autre méthode. — Nous avons dû, pour énoncer le théorème précédent, utiliser complètement le théorème II du Chapitre I. Nous allons le retrouver par une méthode plus directe, qui nous renseignera en même temps sur la structure métrique locale des espaces semi-plats. Soit E un espace métrique semi-plat en M; l'espace E est aussi semi-plat en M$ donc il existe un voisinage V(M) de M dans È qui est d'épaisseur. a /pour tout a <; ^ ) . Diaprés le théorème 1 du Chapitre 1^ V(M) est compact, si l'on a pris V(M) fermé dans E, ce qui est toujours possible. On est donc ramené à étudier les espaces compacts d'épaisseur oc. Si l'on peut montrer que toute composante connexe d'un tel espace est un arc simple ou un point, il résultera du lemme 3 du théorème II ^Chapitre I) et d'un résultat déjà invoqué de M. Cohen (Chapitre I, paragraphe 6) que cet espace est homéomorphe à un ensemble linéaire fermé borné. 3. Représentation schématique plane. — Soit E un espace métrique compact d'épaisseur <x. Si l'on avait <x === o, le théorème du Chapitre II, paragraphe 1, montre que E serait, soit isométrique à un ensemble linéaire, soit un 4-points tordu. Lia question se pose de savoir si celte conclusion varie continuement avec les hypothèses, autrement dit si l'on a une conclusion analogue lorsque a est petit. Nous avons besoin pour cela d'une représentation schématique de E. Soient à le diamètre de E et A, B deux points de E distants de d, soient, dans un plan de référence, deux points a, b tels que àb === rf, et n l'un des demi-plans déterminés par la droite ab. A tout point M de E on associe le point m de II tel que le triangle amb soit isométrique à AMB. On dira que m est l'image de M LXXI. II — 163 — (un même point m pouvant d'ailleurs être Fumage de plusieurs points M). Comme E est d'épaisseur a, l'image de E est située dans une région A de H limitée par a6, doux segments portés par des demidroites faisant un angle a avec a6, et deux arcs de cercle de rayon d centrés en a et 6. Nous avons obtenu la structure des espaces d'épaisseur oc === o en écrivant que dans tout triangle MNP où M i N > M P ^ J N P , on a MN=MP-+-NP. Lorsque l'espace est d'épaisseur a 7^ o, celle égalité doit être remplacée par MN==M,P-hNP—e.(o.MN, aveco<e<i ~ " et to==2sina• 2 En utilisant cette nouvelle égalité on arrive, par un calcul assez fastidieux, mais facile, au résultat suivant : i. Ou bien pour deux points quelconques P et Q de E, on a |PQ—/?y[ <3<i).rf. a. Sinon E se décompose en quatre ensembles disjoints (St, d$, (3, 05, de diamètres inférieurs à sud, tels que 0L et (& contiennent A et B respectivem 'nt et tels que si a, (3, y, S sont des points quelconques de (9L, tô, (3, <©, respectivement^ on ait: û?—-ap<(orf; û?—v8<(x)û?; l a v — p S ; < 2()Do?; | aS —- ^ \ < îW. Ea faisant dons ces inégalités û>)==o. on retrouve les. résultats relatifs aux espaces aplatis. 11 y à donc bien continuité des conclusions. Remarque. — Lorsque a est assez polit, le deuxiènne cas ci-dessus n'est évidemment pas possible pour les espaces Connexes. Donc ceux-ci possèdent un caractère de régularité que-ne possèdent pas toujours les autres. La présence de 4-Poînls tordus ou plus généralement « a-tor«lus » (^entraîne pour l'espace une concentrntion au ( 1 ) Cette expression qualifie les configurations obtenues dans le deuxième cas ci-dessus. • - 163 voisinage des sommets de ces 4-points. Voici un exemple d'espace semi-plat E où ^e caractère est poussé à l'extrême : Soit Oo, 0<, ..., 0(, ... une suite infinie de nombres positifs inférieurs à i et tendant vers zéro. Les points de E sont les suites infinies : ai as... a,... (avec a^ssi, 2, 3 ou 4). La distance des deux points (0,1, Œo, ..., a,,...), (61, éai • * - î 611 •-) est égale à : p x 6o*8< • • •^11 n étant le nombre de chiffres de la tranche initiale maxima qui est la même dans les deux suites {ai} et {Ki\, p étant égal à 2 ou i suivant que a/i+< et bn^ sont de même parité ou de parités distinctes. On montre aîsément que E est homéomorphe à l'ensemble triadique de Canlor, et qu'il est uniformément semi-plat. E a pour diamètre 280 ç1 s^ décompose <pn quatre ensembles de diamètre aO^O^ tels que si A, B, C, D en sont 4 points respectifs, ils forment un 4 points tordu avec : ÀR pn 6o== AC == CB == BD ^ DA = ^- == -^-; il en est de même pour chacun de ces ensembles, et ainsi de suite. On conçoit que la présence dans un espace d'épaisseur a de 4-points a-lordus modifie beaucoup sa structure métrique. La structure de cet espace apparaît donc comme résultant d'un dosage de 4-poinls a-tordus et de 4-points « a-alignés ». Pour conserver aux espaces non ronnexes leur caractère «linéaire » local, il faudrait éliminer les 4-points a-tordus. Voici une façon de le faire : (ABCD) étant un 4-points de E, soit d = AB son diamètre et l la plus petite des Sommes (AC+CD 4-DB), (AD 4-DC-4-CB); appelons ^-^ «épaisseur» du 4-points (ABCD); on réalise la restriction demandée en imposant pnr exemple à répaisseur des 4-points inscrits dans E de tendre vers zéro avec leur diamètre. Nous n'utiliserons d'ailleurs pas cette remarque, car nous étudierons surtout les espaces connexes. 4. Structure métrique locale des espaces compacts quelconques. — Soient E un espace métrique compact d'épaisseur a, M un point de E, et E (p) l'ensemble des points de E situés à la distance p de M. -- 464 — Si A et B sont deux points de E(p), le triangle isocèle AMB a son angle en M au plus égal à a ou au moins égal à TT—20. Le point A étant fixe, soit e\ (p) Pensemble des points B de E(p) tels que : AMB^a et soit ^ ( p ) = E ( p ) — ei (p). Si P et P' sont deux points de ^a(p), on a PMP'^a, sinon P M P ^ T T — s a et alors 2 p c o s a ^ A P , AP', PP'^2p, ce qui entraînerait pour le triangle PAP' d'avoir une épaisseur supérieure à oc, du moins dès que a < arc cos (— i + ^/3) -#.^î°. Un raisonnement analogue montre que si P et P/ »ont dans <?<(p) et .^a(p) respectivement, on a P M P ^ T T — 2 0 ; et que si P et P' sont dans ^ i ( p ) , on a l^MP'^a. Donc e\ (p) et ^(p) ne dépendent pas de A et Fon peut énoncer le résultat : THÉORÈME II. — Dès que a -< arc cos(— i 4- \/3), il existe une partition unique de E(p) en deux ensembles ^ i ( p ) et ^a(p) tels que PiMP^a ou PMP^TC—2 a suivant que P ^ P'font partie d'un même ^-(p) o^ rf^ rfôï^.c ^i(p) différents. tjorique p varie, ces deux ensembles varient continuement, en ce sens que si p tend vers po, on peut numéroter convenablement les ensembles ^i(p) pour quePon ait PMP'^ a 4-£ ou PMP'^ÎT—2a—e suivant que P et P' sont ou non dans nu seul des deux ensembles [<?< (p) -4- ^ (po)L [^(p) 4- ^î(po)], e tendant vers zéro avec (p—po). Si donc il existe un nombre po tel que pour o < P ^ p o ^es deux ensembles <°i(p) et ^(p) ne soient jamais vides, on peut par continuité donner un numérotage bien défini à ^ ( p ) et ^(p) dès que les ensemble» ^i(po) sont numérotés. 5. Structure métrique locale des espaces compacts connexes. — Soient E un espace compact connexe d^épaisseur a << 43° et M un point de E. Quand on fait varier p de -4- oo à o, la connexité de E entraîne que tout ensemble ^'(p), dès qu^il existe popr une valeur po de p, existe et varie continuement pour les valeurs de p < ; p o ; — 165 — sinon E pourrait être décomposé en deux ensembles à la fois ouverts et fermés. Lorsque, pour tout p, E(p) se réduit à un seul ensemble ^i(p)) on dit que M est une extrémité de E; sinon on dit que M est intérieur à E. Dans ce dernier cas, posons Ci = = = ^ ç ( ( p ) (i== i ou 2); les deux p ensembles (ci-i-M) sont fermés et ont pour intersection M, donc ils sont connexes et M est une extrémité de chacun d'eux. Donc tout point M de E est, soit une extrémité de E, soit une extrémité commune à 2 continus dont Pintersection est M et la somme E. Si A et B sont deux points de E, soient Ci (A) et Ca(A) les deux continus déterminés par A; Pun deux, soit Ci(A), contient B; le point B partage c^ (A) en deux continus c\(B) et Ca(B) dont Pun contient A. Donc E est partagé en 3 continus (éventuellement vides) par A et B, Pun deux ayant pour extrémités A ei B. Eludions la structure de ce continu r d^extrémilés A et B. Dans le demi-plan de référence II, à partir des points a, b images de A et B, soit y l'image de r ; y est évidemment un continu et, par hypothèse, il est coupé par le cercle (a, ab) suivant un Fig 2. ensemble dont tous les points sont distants de 6 d'au plus a.aé.sin^; de même pour le cercle (6, ab)', donc y est entièrement situé dans le contour figuré, partie en gros pointillé, partie en trait plein, sur la figure 2. On a donc : diamètre ( r ) ^ 3 . a & = 3.AB. Or si M est un point de FéquidistantdeAet B, on voit sur le schéma que AME >7r—2 oc, — 166 — donc M est point intérieur de r; M divise F en deux continus d'extrémités respectives (M, A) et (M, B), avec MA == MB == ——— . •2COSIA (avec 2 cosa > i). v / En répétant ce procédé de division indéfiniment, on voit que F est un arc simple d'extrémités A et B puisqu'on peu île décomposer en un nombre fini de conlinns de diamètres arbitrairement petits, et formant une chaîne régulière entre A et B. Revenons à l'espace E; un point intérieur quelconque A de E partîige E en deux continus E^ et Ë2; on peut trouver sur E( une suite dénombrable de points partout dense; un point M de cette suite détermine un arc AM unique; soitE7, la somme de tous ces arcs; par construction, E\ est partout dense sur E| et c'est un arc semi-ouvert ou fermé. Si E', est fermé, il est identique à E< ; si E\ est ouvert, soit B, un point de (E, — E^); Parc ABi de E< est partout dense sur E( et il est fermé, donc il est identique à E<. De même pour Ea ; donc E <îst un arc simple. Nous avons donc démontré, par une méthode constructi^e^ en ne faisant aucun appel aux théorèmes du Chapitre I, le résultat suivant : < Tout espace métrique compacta connexe et (V épaisseur as. est un arc simple^ pour tout a tel que (x.<^arccos(^—i+^/3). Précision. — Nous avons vu qu'un arc AB d'épaisseur a a un diamètre au plus égal à 3.AB. On peut améliorer cette inégalité. Dans le schéma du demi-plan II, considérons le contour en trait plein, limité en partie par 2 arcs de cercle de rayon po==2a6.sin- centrés en a et 6; y ne peut avoir de points extérieurs à ce contour. Supposons en effet que y ait des points sur les arcs <p< <pa et 93 94 ; soient m et n deux tels points ; on a an.— a/n>4.a6. sin2 -; ~ 2' pour les points correspondants M et N de AB, on a donc MNS4.a6.5iiP 01. - 167 - Or BM^BNsaaésin?» donc ^ÎBÏÎ>a. 2 ~~ Comme Inégalité MBN == a est possible, on n'aboutit pas à une impossibilité; mais celle-ci apparaîtrait si Pon augmentait arbitrairement peu le rayon eo = 2. ab. sin - • Donc si Pi et Ps sont deux points quelconques de AB, on a PiP2^(APi4-AP2) et (PPi-t-BPs), d»où Pi Pî^I [APi-+-BPi4-APs-h BPî], Or le schéma montre que AP(-+-BP(^aA-^-2po=a6(I-^-4sin a ) pour i == i ou 2, donc PiPî^abd -+•4sin a V d'où THÉORÈME III. — Le diamètre d^un arc AB d'épaisseur a est au plus ( j ) égal à AB ( i -4- 4 sîn a )• 6. Quasi-symétrie des arcs semi-plats. Définition. — On dit que deux ensembles F et F' d*un espace métrique E sont quasi-symétriques par rapport au point I de E, s'il existe une homéomorphie entre F et F' telle que si M et M' sont deux points ïivt /\ homologues quelconques, --—7 tende vers i et MIM' tende vers ?c lorsque 1M M tend vers I. Cette homéomorphie est dite alors : une quasi-symétrie. ( 1 ) On peut améliorer cette borne supérieure de même qu'on peut préciser le domaine dans lequel est située l'image de AB dans n. Il serait intéressant de déterminer le diamètre maximum des arcs d'épaisseur a et de corde donnée, ainsi que le domaine minimum de n qui contient les images de tous les arcs AB d'épaisseur a. — 468 THÉORÈME IV. — Tout arc simple semi-plat en un point intérieur est divisé par ce point en deux arcs quasi-symétriques par rapport à ce point. Démonstration. — Soit G un arc simple semi-plat au point 1 intérieur à C. Il existe un sous-arc A1B de C (Tépaisseur a < arc cos ( — î -+- \/3 ). Soit rfun nombre inférieur à IA et IB ; soit, sur Parc IA, A,, le premier point à partir de 1 qui soit à la distance - de I (n = i , 2, . . .); on définit de même Un sur IB. Etablissons entre IA et IB une homéomorphie II qui fasse correspondre 1 à lui-même et A,( à Bn (/i == i, 2, . . .). Les résultats des paragraphes 4, 5 montrent que H est une quasi-symétrie entre les An et les B^; soit maintenant a un point deAnAn^, b son homologue surB^B^.^ et a l'épaisseur de A,, B^; dans le triangle IA^A».^, on a ^^^ A^IA^i<a, I / l a\ A^A,,.M< 7 , ^ » + 2 s m ^ } : d'où donc diamètre An A,i+i < ( i -+- 4 sin a ) -I ( î- -+- 2 sin a ) • \ ' 2/7Î\7Î î / Donc la distance de a à An (reap. b à B,,) est avec IA,, daii^ un rapport qui tend vers zéro avec -^; donc la •„•->• î lo et <\ a I b ->- ÎT , lorsque - î — ->- o. n Le théorème annoncé en résulte aussitôt. Remarque. — Pour les arcs non semi-plats, mais d^épaisseur ix. connue, il existe en tout point une quasi-symétrie d^ordre a aisée à formuler. 7. Prolongement des arcs semi-plats. — Le théorème précédent nous renseigne sur la structure locale d^un arc semi-plat en un point intérieur; ce théorème ne s^appliquant pas aux extrémités, — i69 — une diflTérence dans la structure locale de l'arc au voisinage d'un point intérieur et d'une extrémité semble possible à priori. Nous allons voir qu'il n'en est rien. LEMME. — Si l'espace métrique E est la somme de deux arcs simples IA et IB semi-plats en 1 et quasi-symétriques par rapport à ï^ce point 1 possède dans E un voisinage qui est un arc simple semi-plat en I, et dont 1 est point intérieur, Démonstration. — Le point 1 est un point isolé de l'intersection de IA et IB; sinon, soit { M i j une suite de points de cette intersection, tendant vers I. Le point M, étant considéré comme situé sur IA, soif M^ son quasi-symétrique sur IB ; Mi et M^ sont, sur l'arc IB, ,— ->i et M^ÏM^->7T quand M ( - ^ I , donc M(M^ est équivalent à alM,, ce qui est incompatible avec le fait que \e diamètre des arcs IM^ et TM^ est équivalent à leur corde^ lorsqu'ils sont infiniment petits. La structure topologique de 'E en 1 en résulte aussitôt. La démonstration du fait que E est semi-plat en 1 est presque immédiate dans le cas où E à une métrique tétraédrale; elle est plus délicate dans le cas général. Nous allons en donner le principe en traitant complètement un cas limite; la démonstration générale s'en déduira en introduisant quelques e, et en se souvenant que, si AB est un arc simple d'épaisseur a, on a, pour tout point P deAB, AP-+- BP == AB[i-4-0.^(a)] avec o < 6 < i , 'n (a) tendant vers zéro avec a. Supposons que IA et IB soient isométriques à un même segment de droite, la distance des points a et b décès arcs tels que la == 16, étant égale à ïïay pour tout point a; nous allons montrer que cette symétrie par rapport à 1 entraîne que \a -j- 16 soit isométrique à un segment. Nous noterons les points par leur distance à I; soit a un point de IA et x un point variable de" IB avec x<ia. Posons dist.(a, x) ==/(.r); f{x) est une fonction continue et telle que /(o) ==a;/(a) ==2 a, — 170 — Pour x^ < x^ on doit avoir rinégalité triangulaire /(^i)^/(^)-t-(^-.ri) ou encore l^ûizl^ll < , ; a?2--a'i donc /(^) a ses nombres dérivés supérieurs droits au plus égaux à i. Comme sur l'intervalle (o, a), la variation de/(a?) est égale à a, f{x) a donc i pour dérivée à droite en tout point; donc /(a?) = dist.(a, x) = OH- x. E est donc bien isométrique à un segment. Nous allons voir mainlenant que tout arc simple IA semi-plat en 1 peut être prolongé en un arc semi-plat en 1 et dont 1 est point intérieur; nous n'imposons d'ailleurs pas à l'arc prolongé d'être situé dans un espace ^métrique donné, question qui sera examinée seulement pour les arcs cartésiens. Définition. — Élant donnes un espace métrique E.et un point 1 de E, on appelle espace prolongé de E par rayonnement autour de I, et l'on note E^(I), l'espace métn'iue suivant : Ses points sont ceux de E et ceux d^un espace E' en correspondance biunivoque avec E, 1 étant le seul point double de cette correspondance. La distance de deux points de E est donnée par la métrique de E; la distance de deux points de E' est égale à celle de leurs homologues dans E; la distance d'un point M de E à un point M' de E' est égale à IM -+- IM'. Cette métrique satisfait à l'inégalité triangulaire : Soient par exemple M< et Ma deux points de E, M' un point de E'. On a | IM.i — 1 Ma | < Mi M 2 < IMi + IMs. Or MiM'=IMi-t-IM'; M2M'=IM3-^-1M / , d'où [ MiM'— M^M'K Mi Ma< | M i M ' - h M s M ' l. EXEMPLE. — Si E est homéomorphe à un plan, E,.(l) est homéomorpheà un cône de'révolution à deux nappes. Quoi que soit E, les sous-ensembles E et E' de E,.(I) sont isométriques et quasi-symétrique? par rapport à I. Il résulte donc du lemme précédent le théorème : THÉORÈME V. — Si un arc simple E d'extrémité? 1 est semi-plat en 1 ^ 1 ^ espace Er(I) prolongé .de E parrayonnement autour -- 171 de 1 e s t aussi semi-plat en ï et Er(I) est un arc simple dont! est point intérieur. COROLLAIRE. — Si Vare E est semi-plat^ Vare E/.(I) est aussi semi-plat. Pour certains espaces E, il existe d'autres prolongements plus naturels que le précédent. Définitions. — i° On dit qu'un espace métrique E est tétraédral en un de ses points ï lorsque tout 3-points de E forme avec 1 un 4-points isométrique à un tétraèdre cartésien. 2° On appelle espace prolongé à'1 un espace ^tétraédral en I, par symétrie par rapport à I, et l'on note E.y(I) l'espace métrique suivant : Ses points sont ceux de E et ceux d'un espace E' en correspondance biunivo]ue avec E, 1 étant un des points doub'ies de la correspondance. La distance de deux points de E est donnée par la métrique de E; la distance de deux points de E' est é^ale à celle de leurs homologues dans E. La distance d'un point Mi de E à un point Ma d»* E' s\)btienl ainsi : On construit dans un plan un triangle im\m^ isométrique à IM.iMç, on prend le symétrique m'^ de m^ par rapport à ï, et l'on pose M i M g = mi/ng. Comme tout triangle M^ MalVIi de E forme avec 1 une figure télraédrale, il en est de même de MiMaM 7 .,, ce qui montre que la métrique définie satisfait bien à Pinégalité triangulaire. Les points doubles de la correspondance entre E et E'sont les points de tous les couples A, B de E tels que ÎA = IB AB 2 Les ensembles isométriques E, E' sont cluasi-symétriques par rapport a i. Si E est un arc simple d^extrémilé 1 et semi-plat en I, la structure locale de E en 1 élimine les points doubles au voisinage de I. d'où le théorème : THÉORÈME'VI. — Si un arc simple d^ extrémité ï est tétraédral et semi-plat en I, l^ espace Ej(Ï) prolongé de E par symétrie par rapport ai est semi-plat en 1 et admet en 1 un voisinage qui est un arc simple dont 1 est point intérieur. — 172 8. Mesure des espaces semi-plats, Définition. — Soit y(^) une fonction continue et croissante de d, avec 9(0) == o. Supposons que pour tout nombre f\ > o, l'espace métrique E puisse être recouvert par un nombre dénombrable d^ensembles U^'ri) de diamètre dk< "n. Soit alors *?1l(ri) la borne inférieure de la somme ^.9(^0 pour toutes Àles décompositions de E en ensembles U^(T(); JTl(ri) est une fonction non décroissante de f\. Nous noterons Mesuré d'ordre e ( d ) de E == jn®(^)(E) = lim [JÏI(T,)J. 71>0 LEMME. — Tout espace métrique E d'épaisseur a telle J que co == 2 sin - << ^ î a une mesure nulle d ordre d^^1 dès 2^r que r ;> lo^(i •+• Sa)) log(. i-t-8oj / II suffit évidemment de démontrer le lemme pour les espaces E de diamètre fini. Or si d est le diamètre (Tun espace cTépaisseura, il résulte immédiatement du résultat du paragraphe 3, que cet espace peut être décomposé en deux ensembles de diamètre inférieur à d , , dd'+'Sw) — -4- 4 ^ d = ————————- • 2 '> Or i + 8 c o < ; 2 , donc si E a un diamètre borné, on peut par divisions successives, le décomposer en un nombre fini (Tensembles de diamètre inférieur à un nombre y? arbitraire : Soient U^y?) (k = i, 2, . . . , 7 i ) les ensembles (Tune telle décomposition et S(^)=^W1-^ x- Tout ensemble Vk(rî) peut être décomposé en deux ensembles de diamètre inférieur à k I h " co; ; la somme S'(Y?) relative à cette nouvelle décomposition est telle que s^x.s^)^)1". 173 ^ I + 8 CD y on obtient donc, par décompositions successives, des sommes 8(10) arbitrairement petites. Les quantités JH( Y?) sont donc nulles, d'où le lemme. Remarquons que og — f a ^ - > o quand co ~v 04 donc si un ^(rn^) espace est semi-plat en un point I, il existe, quel que soit r > o, un voisinage de 1 dont la mesure d'ordre d1^7' est nulle. II résulte alors du théorème du paragraphe 2, le théorème suivant : THÉORÈME VII. — Tout espace métrique E, séparable et semi-plat^ a une mesure nulle (Tordre d^ pour tout r >> o ( 4 ). Remarque. — La présence dans un espace d'épaisseur a, de 4-points a-tordus, diminue la mesure de cet espace; par exemple Fensemble construit au paragraphe 3 a une mesure nulle d'ordre dr pour tout r^> o. La question se pose maintenant d^étudier la mesure des espaces semi-plats pour des fonctions 9(0?) dont Perdre de croissance est compris entre celui de d et de d^ (pour tout r). L^élude des arcs cartésiens semi-plats nous permettra d^élucider cette question. CHAPITRE V. ARCS SIMPLES CARTÉSIENS SEMI-PLATS. Le fait pour un espace semi-plat d^être isométrique à un ensemble cartésien élimine de cet espace certaines configurations ( 1 ) Ce théorème ainsi que son iemme nous renseignent sur les triangles inscrits dans un espace métrique, lorsque la mesure d'ordre d^1' de cet espace n'est pas nulle. Plus spécialement, on sait que, dans tout ensemble plan d'aire intérieure non nulle, on peut inscrire des triangles équilatéraux et même de forme quelconque. La question se pose de savoir s'il en est de même des ensembles plans de mesure d^ordre d1' infinie pour tout r «< a. — 174 — rencontrées par ailleurs : soient par exemple A, B, C, D un 4-poinls cartésien d^épaisseur a; ces points sont sommets (Tun tétraèdre : soit AB sa plus grande arêle. Si Von représente schémaliquement ( 1 ) ce 4-P o î a tsdans un plan H à partir des points a, b (avec db == AB), il est immédiat que C D — c û f | ^ 2 A B sina; donc uri tel 4-poin^s ABCD ne peut être a-tordu ( 2 )» 1. Caractérisation des arcs simples semi-plats. — N o u s avons déjà remarqué le caractère « linéaire » local des espacesSemipluts; nous pouvons préciser beaucoup ici cette remarque. LEMME. — Tout arc simple cartésien d^épaisseur oc, a un coefficient de déformation ( a ) au plus égal à ((»)4- 2&) 2 ), avec (•)=== a sin". Soit AB un tel arc; divisons le segment AB en n parties égales par les points successifs A(»=A, A.|, ..., A,, ..., Aro=B; en parcourant AB de A vers B, soit ai le premier point rencontré qui se projoUe orlhogonaîement en A< sur AB. Comme tout point de AB est situé à une distance do AB au plus é^e à çô.AB, on a ai-t a^ ^ / ( A^ Y •+- (2 a), AB )t == A B tV^-Tœ*. Comme tout point de Parc ai_^ai est situé à une distance du. segment a^a» au plus é^ale à ^.at^.\ai cl que tout point du segment a»_ia, est situé à une dislance de A/._<A( au plus égale à (o.A^A^, la dislance maximum entre un point dea^ ai et un point de AI__(A, esl au plus égale à ([,,-K^-^-^]=, (O.AB -4- &D.af—i 0,4- A(_iA<< ABl (x) -+- (x) 1 / •î- -+- 4o)2 -+- -- | = 8. ~ | y 71n ( 1 ) Voir Cliap. IV. § 3. ( 2 ) Cette rernarque montre qir* les ensembles cartésiens non Connexes n'ont pas de propriétés très différente^ de celles <teî ensembles connexes. Il serait intéressant de voir si tout ensemble carte .ien fermé, borné, semi-plat est un sous-ensemble d'un nombre fini de courbes, simples fermées semi-plates» ( ï ) Voir Cliap. IV, § 1. Définitions. — 178 — Etablissons une homéomorphie quelconque entre AB et AB, qui fasse correspondre a; à A< (pour i= o, i, . . ., n). L/inégalité ci-dessus montre que la distance entre deux points homologues reste inférieure ou égale à ô.. Or S tend vers AB(ûi) -4- 2&) 2 ) quand n->aD^ d'où le lèmme. THÉORÈMES J. — L a condition nécessaire et suffisante, pour qu^un arc simple cartésien T soit semi-plat est que le coefficient de déformation des sous-arcs de T tende uniformément vers o avec leur diamètre. Démonstration. — Comme Vépaisseur des sous-arcs de F tendvers o avec leur diamètre, la nécessité de la condition résulte du lemme précédent. D'autre part, soient a, 6, c trois points de F, c étant sur Parc ab ; si A est le coefficient dé déformation de a6, la dislance de c à ab vaut au plus A.a6,donc lYpaisseur du triangle abc vaut au plus arc tang (2 A); d'où la suffisance de la condition. Remarque.— Appelons « écart relatif» d\in arc a(3, le rapport de A à a(3, h étant la distance maximum d^un point de <x(3 à a(3. On peut alors remplacer dans le théorème F expression « coefficient de déformation » par « écart relatif », 2. Quasi-symétrie et prolongement des arcs semi-plats. — La quasi-syméirie des arcs semi-plats par rapport à chacun dé leurs points intérieurs a été montrée de façon générale; pour les arcs cartésiens, cette quasi-sjmétrie entraîne, qu^/i tout point les contingents antérieur et postérieur sont symétriques par rapport à ce point. Tout arc semi-plat peut être prolongé en chacune de ses extrémités. Ce résultat se précise ici : Soit LA un arc simple cartésien semi-plat en I, et IA le symétrique de 1A par rapport à I. Une démonstration identique à celle du Chapitre IV, paragraphe 7, montre que Pensemblé IA-+-IA' est au voisinage de 1 un arc simple semi-plat en I, et dont 1 est point intérieur. Donc^ le fait pour un point d'un arc cartésien semi-plat^ — 176 — d'être intérieur à cet arc, n^ entraine aucune précision sur les propriétés de ses voisinages. Remarque, — Si ÏA est un arc plan, semi-plat en I, une partie du résultat précédent se généralise : Si IA' est Parc déduit de IA par une rotation quelconque autour de I, le point 1 est point isolé de IA.IA'. Tout se passe comme si IA avait une allure rectiligne au voisinage de I. 3. Représentation canonique locale des arcs semi-plats. — Nous verrons mieux la forme locale d'un arc semi-plat en donnant de cet arc une représentation canonique. Soit IA un arc cartésien semi-plat en I; posons IA==rf. et soit A( ( ( = = = 1 , a, . . .) le premier point de IA qu'on rencontre à partir de 1 et tel que IAi== -^ Lorsque l'o est assez grand, la ligne brisée A^A^i. . .A^. . . est évidemment un arc simple d'extrémité I. L'angle de deux côtés consécutifs de cette ligne tend vers o avec , parce que IA est semi-plat en I. On peut faire disparaître les points anguleux de cette ligne par de petits arcs de cercle de raccordement; on obtient alors un arc simple la tel que l'angle V de la tangente en un de ses points M avec le rayon IM, tende vers o avec IM. De plus, toute sphère (1, p) coupe l'ensemble ÏA+Ia suivant un ensemble de diamètre d tel que - tende vers o avec p; cet arc la donne donc une bonne image simplifiée de IA en I. Nous allons voir que la est semi-plat en I. LEMME. — Tout arc simple cartésien IA, ayant une tangente en tout point M distinct de I, et tel que l^angle de cette tangente avec IM tende vers 0 avec IM, est semi-plat en I. Il existe évidemment un sous-arc IA' de IA qui n'est coupé qu'en un seul point par toute sphère de centre 1 ; sur un tel arc on a, avec les notations classiques, ds = ——5 et si M< et Ma sont — 177 — deux points de IA' on a i\nr 1 r^ ^ |jp, ^^ ' donc M^Ms -,——:——T->i 1 Pi—Pîl lorsque pi et ps-^o. Comme | p i — p a I ^ M / M a ^ M i M a , on voit que M^Ma, M<Ma el | p ^ — p a l sont des innaiment petits équivalents lorsque pi et pa-^o. Donc, si M^MaM» est un triangle inscrit dans LA/, le rapport de son périmètre à son plus grand côté tend vers 2 lorsque ses sommets tendent vers I, donc son épaisseur tend vers o. Le théorème suivant résulte du lemme et des propriétés de Parc la: THÉORÈME II. — A tout arc cartésien IA semi-plat en I, on peut associer un arc la semi-plat en I, rectifiable^ ayant en tout point M distinct de 1 une tangente continue qui/ait avec IM un angle tendant vers o avec IM, et tel que Vensemble IA -4- la soit coupé par la sphère (I, p) suivant un ensemble de diamètre p.e(p) [e(p)->o avec p]. Un tel arc la fournit ce qu\m appelle une représentation canonique de IA. COROLLAIRE. — On peut prolonger tout arc cartésien semiplat C en une courbe fermée semi-plate C<, telle qu^en 'tout point de (G< — G) existe une tangente qui varie continuement sur(C,—C). Cas des arcs plans. — Soit la un arc plan fournissant une représentation canonique de l'arc plan IA semi-plat en I. Soit 9 == 6(p) Péquation polaire de la dans un système de coordonnées polaires de pôle I. On a tangV == •P7; comme V tend vers o avec p, Féquation de la s^écrit P-. ==/(p) wr ou 8=^•/ip-)^p -'po P (avec p et po>o), /(p) étant une fonction continue qui s'annule pour p === o. LXXI. 12 —178— Inversement, toute fonction de cette forme fournit un arc serai* plat en tout point, et dont les sous-arcs infiniment petits ont une longueur équivalente à leur corde. EXEMPLE I. — 2 ^ - (avec J0>o) reste borné en module quand p -^o. Alors 0(p) a une limite quand p -> o. Donc la courbe a une tangente en I. EXEMPLE II ( 4 ). —/(p) ==——=======:• On trouve la courbe p=^\ v^œ EXEMPLE IIL — On trouvera des courbes ayant en 1 un paratingent incomplet en choisissant convenablement f (p ) parmi les fonctions de signe variable» Exemple : ».n[.o^)] /(p) = ———7TT~* ^(P) on trouve e=co.[iog.^)]. Le paratingent et le contingent constituent ici un angle de deux radians. Ces divers exemples) joints au fait qu'on peut toujours prolonger un arc semi-plat par symétrie) montrent qu'en un point intérieur à un arc semi-plat, il peut ne pas j avoir de tangente ; nous verrons que Fensemb de tels points peut former tout un résiduel de l'arc. 4. Masure des ares plans semi-plats. Théorème d'existence* ~ Nous allons examiner ici le problème que nous nous sommes posé à la fin du Chapitre IV à propos de la mesure des espaces semiplats. ( 1 ) L'exemple p = e—^' a été donné par M. Bouligand comme exemple d'une courbe spirale dont les arcs infiniment petits sont équivalents à leur corde [ Vw.r BOLLIGAND, Essai sur l'unité des méthodes directes, § 29 (Mém. S. ft. de Liège, t. 29)]. - 179 — Définition. -- Nous dirons que la fonction <p(<a0 est normale et définit une mesure d'ordre <f(d) normale lorsque : i° <f(d) est une fonction continue, croissante et convexe, définie pour o^d^do^ avec <p(o)==o.
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Confiance à l'égard des institutions sociales
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L’âge effectif moyen de la retraite est déduit de l’évolution observée des taux de participation sur une période de cinq ans pour des cohortes successives de travailleurs (par groupes d’âge de cinq ans) âgés de 40 ans et plus. Le nombre estimé d’années à la retraite résulte des estimations de l’espérance de vie à l’âge de sortie de la vie active issues des Perspectives de la population mondiale des Nations Unies : Révision 2008. Le nombre potentiel d’années à la retraite donne une indication des pressions budgétaires liées au système de pension dans un contexte de vieillissement de la population. Le nombre potentiel d’années à la retraite excède 27 ans pour les femmes en Italie (pays où le chiffre est le plus élevé), en Slovénie, en Grèce et en France. Il excède 20 ans pour les hommes en Grèce (pays où le chiffre est le plus élevé), en Italie, en France, en Belgique et en Corée. De l’ordre de 19 ans, le nombre potentiel d’années à la retraite est nettement faible pour les femmes en Islande, au Mexique et en Norvège, et faible pour les hommes – aux alentours de 14-15 ans – en République slovaque, en Pologne et en Estonie. Les hommes peuvent escompter vivre de leur pension cinq ans de moins que les femmes en moyenne (SS4.1). Dans onze pays, les femmes continuent d’avoir le droit de toucher leur pension plus tôt que les hommes et, dans tous les pays, les femmes ont une espérance de vie plus longue. L’écart est d’environ 8 ans en Autriche, en Pologne et au Royaume-Uni. Cette situation fait que les femmes seront davantage exposées au risque de pauvreté à la retraite, d’autant que, dans un système où les pensions sont liées aux gains, elles sont pénalisées par l’écart de rémunération par rapport aux hommes. Les différences entre pays sont importantes en ce qui concerne l’âge effectif estimé de départ à la retraite, par opposition à l’âge ouvrant droit à pension (SS4.2). L’écart entre le pays où l’âge effectif estimé de départ à la retraite est le plus faible (Luxembourg) et celui où il est le plus élevé (Mexique) excède 14 ans pour les hommes. Les hommes prennent généralement leur retraite plus tard que les femmes, sauf en Turquie et en Espagne. La décision de partir à la retraite ne dépend pas uniquement de l’âge officiel d’ouverture du droit à la retraite. D’autres facteurs entrent en jeu comme l’état de santé, la situation du marché du travail, le montant de la retraite et son traitement fiscal, le montant de l’épargne privée, les obligations familiales, la situation du conjoint vis-à-vis de l’activité et les attitudes au travail à l’égard des seniors. Pour en savoir plus OCDE (2011), Panorama des pensions 2011, Éditions OCDE, Paris, www.oecd.org/els/social/pensions/PAG-fr. Pour les hommes comme pour les femmes, l’âge officiel d’ouverture du droit à pension dans les pays de l’OCDE est le plus souvent fixé à 65 ans (SS4.1). L’âge ouvrant droit à pension est aussi, très souvent, fixé à 60 ans. L’âge officiel de la retraite peut être plus élevé ou, à l’inverse, moins élevé, dans certains pays, de même que l’âge peut ne pas être le même pour les hommes et pour les femmes. Lorsque le régime n’est pas le même pour les hommes et pour les femmes, les femmes ont toujours la possibilité de partir à la retraite plus tôt. 64 Notes des graphiques Graphique SS4.1 : Les données pour la Turquie ont été exclues du graphique car les valeurs sont très éloignées de la moyenne, avec un âge de départ à la retraite de 41.0 ans pour les femmes et 44.9 ans pour les hommes. Graphique SS4.2 : Les données se réfèrent à l’âge effectif de sortie de la vie active. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 5. INDICATEURS DE L’AUTONOMIE 4. Nombre potentiel d’années à la retraite SS4.1. Les femmes vivent en moyenne cinq années de plus à la retraite que les hommes 59.0 57.3 57.0 60.5 60.0 60.0 60.0 60.0 60.0 57.0 60.0 62.0 27.2 26.9 26.5 25.8 25.2 25.1 25.0 24.9 24.6 81.6 24.5 84.5 24.5 86.5 24.1 89.1 65.0 23.9 86.9 63.0 23.7 82.4 83.1 81.4 21.8 86.8 65.0 21.8 82.8 61.0 21.4 21.1 21.0 20.9 20.7 20.6 20.4 20.2 20.1 19.8 19.6 19.4 19.3 86.4 86.1 86.0 85.9 85.7 85.6 85.4 85.2 86.1 84.8 86.6 84.4 86.3 90 58.7 62.0 61.7 60.0 59.0 23.4 23.3 23.1 22.4 85.4 85.0 85 80 65.0 65.0 65.0 65.0 65.0 65.0 65.0 65.0 66.0 65.0 67.0 65.0 67.0 75 70 65 60 Italie Slovénie Grèce France Belgique Corée Autriche Chili Luxembourg République slovaque Royaume-Uni Australie Japon Suisse République tchèque Israël OCDE Pologne Hongrie Espagne Estonie Canada Suède Finlande Nouvelle-Zélande Allemagne Irlande Pays-Bas Portugal États-Unis Danemark Islande Mexique Norvège 55 59.0 60.0 57.0 60.5 60.0 60.0 22.7 19.0 23.6 21.8 21.1 20.2 81.7 79.0 80.6 82.3 81.1 80.2 17.5 82.5 65.0 17.3 82.3 65.0 20.8 80.8 60.0 15.6 77.6 62.0 16.9 81.9 65.0 18.6 83.6 65.0 18.8 83.8 65.0 18.9 83.9 65.0 17.3 78.3 61.0 16.9 83.9 67.0 18.3 81.4 63.1 14.4 79.4 65.0 16.5 76.5 60.0 17.9 82.9 65.0 14.9 77.9 63.0 18.3 83.3 65.0 17.9 82.9 65.0 16.8 81.8 65.0 18.1 83.1 65.0 17.0 82.0 65.0 16.9 81.9 65.0 17.3 82.3 65.0 16.3 81.3 65.0 17.1 83.1 66.0 16.4 81.4 65.0 17.2 84.2 67.0 17.2 82.2 65.0 67.0 16.2 83.2 55 60 65 70 75 80 PRT 27.3 86.3 84.4 83.9 87.0 85.8 85.2 85.1 85.0 84.9 Partie B. Nombre d’années estimées à la retraite, hommes, 2010 Espérance de vie à l’âge Âge officiel officiel de départ de départ à la retraite Années à la retraite à la retraite CHL Partie A. Nombre d’années estimées à la retraite, femmes (), 2010 Espérance de vie à l’âge officiel de départ Âge officiel à la retraite Années à la retraite de départ à la retraite 85 90 SS4.2. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932382786 PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 65 5. INDICATEURS DE L’AUTONOMIE 5. Dépenses d’éducation Définitions et mesure On calcule le montant des dépenses d’éducation par habitant en prenant en compte le montant total annuel des dépenses consacrées à l’enseignement primaire et secondaire et le nombre d’élèves inscrits au niveau correspondant. Les données les plus récentes se rapportent à l’année 2007. Les chiffres intègrent les dépenses publiques et les dépenses privées, exprimées en USD sur la base des parités de pouvoir d’achat pour les années considérées. Les comparaisons de dépenses au fil du temps sont exprimées aux prix de l’année 2000. Le cumul des dépenses indique les dépenses cumulées par âge, entre l’âge de 6 ans et 16 ans, en pourcentage du total des dépenses publiques sur la période. Les sources des données pour les scores en lecture issus de PISA sont précisées avec l’indicateur SS3. En moyenne, en 2007, les pays de l’OCDE ont consacré 8 000 USD par enfant et par an à l’enseignement obligatoire (partie A, SS5.1). Le Luxembourg y a consacré nettement plus de 15 000 USD par enfant. Le pays qui arrive en deuxième position, la Suisse, y a consacré près d’un tiers de ressources en moins. En Turquie, le montant de la dépense était un peu upérieur à 1 000 USD. Les dépenses étaient également relativement faibles au Chili et au Mexique. Les dépenses, publiques et privées, par habitant, consacrées à l’éducation ont augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE entre 2000 et 2007 (partie B, SS5.1). Le Royaume-Uni et l’Irlande ont augmenté le montant des dépenses par habitant dans des proportions importantes – de 100 % et 60 % respectivement. À l’inverse, le niveau des dépenses, en 2007, au Danemark, en Israël et en Nouvelle-Zélande, était inchangé par rapport à 2000. Deux pays relativement loin dans le classement par le montant des dépenses – le République tchèque et la Pologne – ont, eux aussi, notablement accru le montant des dépenses par habitant. Dans l’ensemble, les pays de l’OCDE consacrent autant de ressources aux premières années de la scolarité obligatoire qu’à la seconde partie de la scolarité obligatoire (SS5.2). En moyenne, dans la zone de l’OCDE, 50 % des dépenses en faveur de l’enseignement obligatoire concernent les premières années de la scolarité obligatoire, de l’âge de 6 ans à 11 ans. Par 66 conséquent, la seconde partie de l’enseignement obligatoire, de l’âge de 11 ans à 16 ans compris, concentre également 50 % des dépenses. Les situations les plus contrastées sont celles du Chili et de la Finlande. Au Chili, plus de 60 % des dépenses vont aux premières années de la scolarité obligatoire, laissant moins de 40 % des dépenses pour la seconde partie de la scolarité obligatoire. En Finlande, les proportions sont inverses : 40 % des dépenses pour les premières années de la scolarité obligatoire, 60 % pour la seconde moitié. Il n’y a pas de relation entre la progression moyenne du score en lecture des jeunes de 15 ans sur la période 2000-09 et l’accroissement des dépenses d’éducation au niveau national, pour les enfants de 6 à 16 ans, sur la même période (SS5.3). Cette absence de relation donne à penser que d’autres facteurs comme les programmes d’enseignement, la formation des enseignants et les incitations auxquelles ils sont soumis, ainsi que les influences en dehors du milieu scolaire, jouent un plus grand rôle que l’accroissement des financements pour déterminer la progression des scores en lecture, au moins s’agissant du financement de la scolarité obligatoire. Pour en savoir plus OCDE (2010), PISA 2009 at a Glance, Éditions OCDE, http:// dx.doi.org/10.1787/9789264095298-en. Notes des graphiques Graphique SS5.1 : Les données pour la Hongrie sont manquantes pour les deux comparaisons. Les données pour l’Estonie, la Slovénie et la Turquie sont manquantes pour la comparaison dans le temps. Les dépenses récentes par personne se réfèrent à 2007 sauf pour la Grèce (2005) et la Turquie (2006). Les comparaisons d’évolution de la dépense se réfèrent à 2000 et 2007 – prix constants de 2000 – sauf pour la Grèce (2000-05), le Luxembourg (2001-07), la Nouvelle-Zélande (1999-2007), et le Royaume-Uni (1999-2007). Graphique SS5.2 : La moyenne OCDE ne comprend pas le Canada et la Turquie. La Finlande concentre les dépenses plus tard et le Chili concentre les dépenses plus tôt. Graphique SS5.3 : Les données de dépenses sont manquantes pour l’Estonie, la Hongrie et la Slovénie. Pour les données de dépenses, se référer aux notes du graphique SS5.1. PISA 2000 ne comprend pas les Pays-Bas, la République slovaque et la Turquie. OCDE (2011) ne comprend pas les performances sur l’échelle des compétences en lecture pour l’année 2000 pour l’Autriche et le Royaume-Uni. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 5. INDICATEURS DE L’AUTONOMIE 5. Dépenses d’éducation SS5.1. La plupart des pays de l’OCDE ont significativement augmenté leurs dépenses par personne en faveur de l’enseignement Partie A. Dépenses par personne, publiques et privées, pour l’enseignement obligatoire en 2007, USD PPA Partie B. Ratio des dépenses pour l’enseignement obligatoire en 2007 par rapport à 2000 (2000 = 100) Luxembourg Suisse République slovaque États-Unis Norvège Danemark Japon Autriche Pays-Bas Royaume-Uni Italie Islande Suède France Canada Irlande Belgique OCDE Allemagne Finlande Espagne Slovénie Grèce Corée Australie Portugal Israël Nouvelle-Zélande République tchèque Estonie Pologne Chili Mexique Turquie 16 632 11 688 11 403 11 301 11 152 10 469 10 286 9 801 9 355 8 681 8 661 8 626 8 530 8 511 8 225 8 118 8 116 8 070 7 670 7 558 7 322 7 200 6 817 6 493 6 232 5 811 5 786 5 146 4 941 4 619 3 753 2 682 2 339 1 246 20 000 15 000 10 000 5 000 0 151 119 134 99 139 111 128 202 114 103 113 112 120 161 124 127 117 132 125 121 148 104 112 100 99 158 166 115 112 50 100 150 200 250 SS5.3. Pas de corrélation entre la variation des dépenses d’éducation et la variation des performances moyennes PISA sur l’échelle des compétences en lecture Dépenses publiques d’éducation cumulées selon l’âge des enfants, 6-16 ans % 100 139 0 SS5.2. Au niveau de l’enseignement obligatoire, le Chili dépense plus pour les jeunes enfants alors que la Finlande dépense plus pour les enfants plus âgés OCDE Chili 127 Ratio de dépenses obligatoires en 2007 par rapport à 2000 (2000 = 100) 170 OCDE (+/– écart type) Finlande POL IRL 160 90 CZE 150 80 70 140 60 130 KOR JPN ESP CAN 120 30 100 BEL FRA AUS 10 LUX USA GRC DEU ITA SWE 110 20 NOR FIN 50 40 CHE ISL NZL MEX PRT DNK 90 0 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 Âge -40 -20 0 20 40 Variation des performances sur l’échelle de compétences en lecture entre 2000 et 2009, points Source : Base de données de l’OCDE sur l’éducation, 2010 (www.oecd.org/education/database), OCDE, PISA 2000 et 2009 (www.pisa.oecd.org/). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932382805 PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 67 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 1. Inégalités de revenus 2. Pauvreté 3. Difficultés liées au revenu 4. Capacité à sortir des minima sociaux 5. Dépenses sociales publiques PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 69 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 1. Inégalités de revenus Définition et mesure Les inégalités de revenus sont mesurées à partir des données sur le revenu disponible des ménages (voir l’encadré « Définition et mesure » de l’indicateur GE1 pour plus de détails). Le principal indicateur de la distribution des revenus retenu ici est le coefficient de Gini. La valeur de ce coefficient varie entre 0, qui correspond à une « égalité parfaite » (chaque personne reçoit la même fraction des revenus) et 1, qui représente une « inégalité parfaite » (la fraction de la population la plus riche reçoit l’intégralité des revenus). Les données relatives à l’espérance de vie sont analysées dans l’encadré « Définition et mesure » de l’indicateur HE1 ci-dessous. Les inégalités de revenus reflètent la distribution des ressources matérielles dans la société. Certains estiment que des inégalités de revenus très marquées ne sont pas souhaitables sur le plan moral. D’autres les déplorent sur le plan fonctionnel, puisqu’elles suscitent des conflits, entravent la coopération ou engendrent des tensions à la fois psychologiques et physiques (Wilkinson et Pickett, 2009). Souvent, les pouvoirs publics sont davantage préoccupés par l’évolution des inégalités plutôt que par leur niveau. À la fin des années 2000, les inégalités de revenus étaient extrêmement variables d’un pays de l’OCDE à l’autre (partie A, EQ1.1). Ainsi, le Chili, le Mexique et la Turquie se distinguent par les inégalités de revenus les plus marquées, tandis que les pays anglophones de la zone OCDE s’inscrivent en ligne avec la moyenne OCDE, voire au-dessus. Les pays d’Europe du Sud et de la Méditerranée se caractérisent également par des inégalités de revenus plus prononcées que la moyenne, contrairement aux pays nordiques et d’Europe continentale où elles sont inférieures à la moyenne. Depuis le milieu des années 80, les inégalités de revenus ne se sont creusées que modérément dans la zone OCDE (partie B, EQ1.1). Néanmoins, on observe de fortes variations d’un pays à l’autre et dans le temps. C’est en République tchèque, en Finlande, en Israël, en Nouvelle-Zélande et en Suède que les inégalités se sont le plus accentuées. Toutefois, cette tendance ne s’est pas généralisée, puisque les inégalités de revenus ont sensiblement diminué en Grèce, en Irlande, en Espagne et au Chili. 70 Les inégalités de revenus sont généralement plus marquées dans les pays plus pauvres (EQ1.2). Parmi les pays de l’OCDE où les inégalités sont les plus marquées figurent certains des pays les moins riches, comme le Chili, le Mexique et la Turquie. Le Luxembourg, l’Islande et la Norvège conjuguent richesse et égalité relatives, mais les inégalités y sont toutefois plus importantes que prévu (supérieures à la moyenne pour le graphique EQ1.2) par rapport à leurs revenus élevés. Les inégalités sont assez marquées aux États-Unis au vu de leur niveau de vie élevé (supérieures à la moyenne pour le graphique EQ1.2), la situation étant inversée en République tchèque, en Hongrie et en Pologne, qui affichent des revenus relativement bas et, partant, des inégalités peu marquées (inférieures à la moyenne pour le graphique EQ1.2). Une hausse rapide des revenus ne s’accompagne pas nécessairement d’un creusement des inégalités (EQ1.3). Certains estiment qu’une augmentation rapide des revenus implique nécessairement un renforcement des inégalités. D’autres considèrent en revanche qu’une amélioration rapide des revenus permet de gommer les inégalités. Néanmoins aucune de ces deux hypothèses n’est corroborée par les données de l’OCDE sur les inégalités de revenus. Pour en savoir plus OCDE (2008), Croissance et inégalités : Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris. OCDE (2011), Causes of Growing Income Inequality in OECD Countries, Éditions OCDE, Paris, à paraître. Wilkinson, R. et K. Pickett (2009), The Spirit Level. Why Equality is Better for Everyone, Penguin Books, Londres. Notes des graphiques Graphique EQ1.1, partie A : Pour la Grèce et la Suisse, le coefficient de Gini fait référence au milieu des années 2000. Graphiques EQ1.1, partie B et EQ1.3 : Aucune donnée disponible sur les changements intervenus en Corée, en Estonie, en Islande, en Pologne, en République slovaque, en Slovénie et en Suisse. Les données disponibles pour l’Australie, le Chili, Israël et le Portugal concernent les changements intervenus depuis le milieu des années 90. Les données disponibles pour l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la République tchèque concernent les changements intervenus jusqu’en 2000, les données issues de l’enquête EU-SILC n’étant pas comparables avec celles des années antérieures pour ces pays. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 1. Inégalités de revenus EQ1.1. Les inégalités de revenus se sont accrues Partie A. Coefficient de Gini, fin des années 2000 Partie B. Taux de croissance annuel moyen du coefficient de Gini entre le milieu des années 80 et la fin des années 2000, pourcentages Slovénie République slovaque Danemark Norvège République tchèque Suède Finlande Autriche Belgique Hongrie Luxembourg Suisse Islande France Pays-Bas Allemagne Irlande Espagne OCDE Estonie Pologne Corée Canada Grèce Japon Nouvelle-Zélande Australie Italie Royaume-Uni Portugal Israël États-Unis Turquie Mexique Chili 0.24 0.25 0.25 0.25 0.26 0.26 0.26 0.26 0.27 0.27 0.27 0.28 0.28 0.29 0.29 0.30 0.30 0.31 0.31 0.31 0.31 0.32 0.32 0.32 0.33 0.33 0.34 0.34 0.34 0.36 0.37 0.38 0.41 0.48 0.50 0.50 0.45 0.40 0.35 0.30 0.25 0.20 ISL CHE IRL CAN AUT NLD BEL DEU DNK 25 000 20 000 FIN FRA SVN ESP GRC SWE 15 000 CZE 10 000 SVK EST HUN JPN KOR 0.5 -0.1 0.3 0.7 -0.7 -0.5 0.3 0.4 -0.8 0.4 0.9 0.6 0.4 0.8 -0.2 0.6 0.5 -0.3 0.2 -0.5 -0.4 0 0.4 0.8 1.2 USA 4 PRT ESP GBR AUS AUS ITA NZL 3 OCDE CHL 2 ISR PRT GRC NLD CHL POL TUR 0.4 1 MEX 0 0.3 0.0 Taux de croissance annuel moyen du revenu médian réel des ménages entre le milieu des années 80 et la fin des années 2000, pourcentages 5 5 000 0.2 0.4 0.3 EQ1.3. La croissance rapide des revenus ne réduit pas les inégalités Revenu médian équivalent en USD courants, convertis à l’aide des PPA en 2007 35 000 LUX NOR 1.1 1.1 1.2 -0.8 EQ1.2. Les pays riches ont une plus faible inégalité de revenus 30 000 0.5 0.5 0.5 Coefficient de Gini, fin des années 2000 0 -0.8 FRA TUR HUN MEX BEL JPN NOR ISR LUX OCDE AUT USA CAN DNK GBR NZL SWE CZE FIN DEU ITA -0.4 0 0.4 0.8 1.2 Taux de croissance annuel moyen du coefficient de Gini entre le milieu des années 80 et la fin des années 2000, pourcentages Source : Données provisoires de la Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus et la pauvreté (www.oecd.org/els/social/inegalite). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932382824 PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 71 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 2. Pauvreté Définition et mesure La perception de ce qu’est un « niveau de vie décent » varie selon les pays et selon les époques. Aussi n’existet-il pas, dans les pays de l’OCDE, de mesure communément admise de la pauvreté. Comme les inégalités de revenus, la pauvreté est mesurée à partir des données sur le revenu disponible équivalent des ménages communiquées par les consultants nationaux (se référer à l’encadré « Définition et mesure » de l’indicateur EQ1 sur les inégalités de revenus). Les individus sont considérés comme pauvres lorsque le revenu équivalent de leur ménage est inférieur à 50 % du revenu médian dans chaque pays. Il découle de l’utilisation d’un seuil de revenu relatif que le seuil de pauvreté augmente avec le revenu du pays. Cette variation du seuil de pauvreté en fonction de la richesse nationale traduit l’idée que la « non-pauvreté » correspond à la possibilité d’avoir accès aux biens et services jugés « normaux » dans un pays donné. Le taux de pauvreté désigne le nombre d’individus qui se situent en deçà du seuil de pauvreté. plus importantes ont été enregistrées en Israël, aux Pays-Bas et en Suède. La Belgique, le Chili et le Portugal sont en revanche parvenus à réduire sensiblement leurs taux de pauvreté. Dans certains pays, les personnes âgées sont les plus exposées au risque de pauvreté, tandis que dans d’autres pays, c’est la pauvreté des enfants qui pose le plus problème (EQ2.2). Alors que la Corée affiche un taux de pauvreté très élevé chez les personnes âgées et très bas pour les enfants, en Turquie, la pauvreté est plus répandue chez les enfants que chez les retraités. Aux États-Unis et au Mexique, où le taux de pauvreté total est relativement élevé, les taux de pauvreté sont aussi élevés chez les personnes âgées que chez les enfants, contrairement aux pays nordiques où les taux de pauvreté de ces deux classes d’âge sont bas. L’accélération de la croissance économique est souvent considérée comme la solution aux problèmes de pauvreté (EQ2.3). Néanmoins, les 20 dernières années n’ont pas montré de corrélation étroite entre croissance économique et pauvreté au sein de la zone OCDE. Rien ne semble démontrer une relation entre pauvreté et croissance du revenu des ménages, dans un sens ou dans l’autre. Ainsi, l’Irlande a connu une croissance très rapide de son revenu sur la période, qui s’est accompagnée d’une forte augmentation de la pauvreté. En Belgique, la croissance du revenu a stagné alors que le taux de pauvreté a considérablement diminué. Le taux de pauvreté mesure le nombre relatif d’individus situés au bas de l’échelle de distribution des revenus. Les craintes de la société en matière d’inégalités sont souvent plus grandes pour les personnes défavorisées. C’est pourquoi les mesures de la pauvreté retiennent généralement plus l’attention que les mesures des inégalités de revenus. Les préoccupations sont encore plus grandes pour certaines catégories de population, comme les personnes âgées et les enfants, qui ne peuvent pas (plus) travailler pour sortir de la pauvreté. Pour en savoir plus Le taux de pauvreté moyen s’élève à 11 % dans la zone OCDE (partie A, EQ2.1). Les taux de pauvreté sont particulièrement élevés au Chili, en Israël et au Mexique, contrairement au Danemark et à la Suède où une personne sur vingt environ est pauvre. Les autres pays nordiques et les pays européens se distinguent également par un faible taux de pauvreté. Le bas du classement est dominé par les pays anglophones, les pays méditerranéens et les deux pays asiatiques membres de l’OCDE. Graphiques EQ2.1, partie B et EQ2.3 : Aucune donnée disponible sur les changements intervenus en Corée, en Estonie, en Islande, en Pologne, en République slovaque, en Slovénie et en Suisse. Les données disponibles pour l’Australie, le Chili, Israël et le Portugal concernent les changements intervenus depuis le milieu des années 90. Les données disponibles pour l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la République tchèque concernent les changements intervenus jusqu’en 2000, les données issues de l’enquête EU-SILC n’étant pas comparables avec celles des années antérieures pour ces pays. Entre le milieu des années 80 et le milieu des années 2000, les taux de pauvreté ont augmenté de manière modérée au sein de la zone OCDE (partie B, EQ2.1). Les progressions les 72 OCDE (2008), Croissance et inégalités : Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris. Notes des graphiques Graphique EQ2.1, partie A : Pour la Grèce et la Suisse, les taux de pauvreté correspondent au milieu des années 2000. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 2. Pauvreté EQ2.1. La pauvreté s’est accrue Partie A. Pourcentage des personnes vivant avec moins de 50 % du revenu médian équivalent des ménages, fin des années 2000 Partie B. Taux de croissance annuel moyen du taux de pauvreté entre le milieu des années 80 et la fin des années 2000, pourcentages République tchèque Danemark Hongrie Islande République slovaque Autriche Pays-Bas Luxembourg France Slovénie Norvège Finlande Suède Suisse Allemagne Belgique Irlande Pologne Nouvelle-Zélande OCDE Royaume-Uni Canada Italie Grèce Portugal Espagne Estonie Australie Corée Japon Turquie États-Unis Chili Israël Mexique 5.4 6.1 6.4 6.5 6.7 7.2 7.2 7.2 7.2 7.8 7.8 7.9 8.4 8.7 8.9 9.1 9.8 10.1 11.0 11.1 11.3 11.4 11.4 12.6 13.6 13.7 13.9 14.6 15.0 15.7 17.0 17.3 18.9 19.9 21.0 25 20 15 10 5 0 EQ2.2. Qui sont les plus pauvres : Les retraités ou les enfants ? 2.9 0.1 0.1 2.7 3.2 1.4 -0.2 0.9 2.1 3.7 2.1 -1.9 2.9 2.5 1.0 2.2 -0.2 0.4 -1.1 -1.3 -0.2 1.9 1.3 0.2 -0.1 -0.7 2.2 0.1 -2 -1 0 1 2 3 4 EQ2.3. L’augmentation des revenus n’est pas la solution pour réduire la pauvreté Pauvreté parmi les personnes ayant atteint l’âge de départ en retraite, pourcentages, fin des années 2000 50 Taux de croissance annuel moyen du revenu médian réel des ménages entre le milieu des années 80 et la fin des années 2000, pourcentages 6 IRL KOR 5 40 AUS Pauvreté plus élevée parmi les retraités 30 NZL AUT GRC FIN 10 0 0 10 ESP MEX ESP JPN CHE OCDE BEL IRL GBR DNK DEU ITA NOR SVK CZE FRA POL CAN ISL HUN LUX NLD SWE SVN 20 PRT 4 EST AUS 3 USA ISR CHL CHL PRT 2 TUR Pauvreté plus élevée parmi les enfants 20 30 Pauvreté parmi les enfants, pourcentages, fin des années 2000 NOR GRC MEX DNK USA TUR FRA ITA CAN HUN 1 BEL 0 -2 LUX GBR OCDE ISR FIN NZL SWE CZE AUT NLD DEU JPN -1 0 1 2 3 4 Taux de croissance annuel moyen du taux de pauvreté entre le milieu des années 80 et la fin des années 2000, pourcentages Source : Données provisoires de la Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus et la pauvreté (www.oecd.org/els/social/inegalite). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932382843 PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 73 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 3. Difficultés liées au revenu Définition et mesure Les données sur les difficultés liées au revenu sont issues de l’enquête Gallup World Poll, menée dans plus de 140 pays à travers le monde à partir d’un seul questionnaire, traduit dans les langues principales utilisées dans chaque pays. À quelques exceptions près, tous les échantillons sont basés sur la probabilité et représentatifs de la population résidente âgée de 15 ans et plus de l’ensemble d’un pays (y compris les zones rurales). Même si ces caractéristiques assurent une bonne comparabilité des données d’un pays à l’autre, les résultats peuvent être sujets à des erreurs d’échantillonnage et des erreurs hors échantillonnage. La taille des échantillons est comprise entre 1 000 et 4 000, en fonction du pays. Les données Gallup relatives à cet indicateur ne couvrent pas la Suisse et sont fondées sur les réponses fournies à la question suivante : « Parmi ces propositions, laquelle correspond le mieux à votre sentiment à l’égard des revenus de votre ménage à l’heure actuelle ? » Les répondants avaient le choix parmi les quatre réponses suivantes : « Mes revenus actuels m’assurent un train de vie confortable ; mes revenus actuels me permettent de m’en sortir ; mes revenus actuels me permettent difficilement de vivre ; mes revenus actuels me permettent très difficilement de vivre ». Les deux dernières réponses sont regroupées dans les statistiques présentées. Les taux calculés ne tiennent pas compte des refus de répondre ni de la catégorie « Sans opinion ». Ce taux de non-réponse s’élève à 11 % en Italie et à 7 % en Fédération de Russie et en Belgique. Les sources des données relatives aux revenus des ménages sont décrites dans l’indicateur CO1 et celles des données relatives à la distribution des revenus dans les indicateurs EQ1 et EQ2. Le coefficient de Gini est une mesure de l’inégalité des revenus. Les valeurs vont de 0 – égalité parfaite – à 1 – l’ensemble des revenus allant à une seule personne. référence local – et une dimension relative aux dépenses, qui ne sont pas prises en compte dans les autres mesures des revenus et des inégalités de revenus choisies ici en qualité d’indicateurs de l’équité. En Hongrie, en Turquie, en Grèce et au Mexique, plus de la moitié de la population fait état de difficultés liées aux revenus (partie A, EQ3.1), contre une moyenne d’une personne sur quatre à l’échelle de l’OCDE. Cette proportion est plus faible dans les pays nordiques, à l’exception de l’Islande en raison des effets de la crise économique. En revanche, au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède, une personne sur dix seulement, voire moins, fait état de difficultés liées aux revenus. La crise économique a eu un effet sur le nombre de personnes confrontées à des difficultés financières dans de nombreux pays (partie B, EQ3.1). Toutefois, cet impact a eu des proportions variables selon les pays. L’Autriche, l’Estonie et le Portugal semblent ainsi relativement épargnés par la crise, le nombre de personnes touchées par des difficultés financières ayant diminué. En revanche, la proportion d’individus touchés par ces difficultés a augmenté de plus de 10 % en Australie, en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Irlande, au Mexique et en Turquie. Les difficultés liées au revenu constituent une mesure absolue plutôt que relative de l’équité, du moins à l’échelle de l’OCDE (EQ3.2 et EQ3.3). S’il existe une relation forte entre les inégalités de revenus et la question des difficultés liées au revenu, la corrélation est plus marquée entre le revenu absolu des ménages et les inégalités (les diagrammes croisés sur la pauvreté révèlent une relation identique vis-à-vis des inégalités de revenus). En règle générale, les corrélations témoignent du bien-fondé de la mesure. Le coefficient de Gini est particulièrement élevé au Mexique, compte tenu de la proportion de la population faisant état de difficultés liées au revenu. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’au Mexique, de nombreux pauvres sont des paysans qui complètent leurs faibles revenus par une agriculture de subsistance importante. Notes des graphiques Une autre mesure de l’équité consiste à déterminer si les individus rencontrent ou non des difficultés à s’en sortir avec leurs revenus. Cette mesure comporte à la fois une composante subjective – difficultés évaluées par les individus eux-mêmes, éventuellement par rapport à un point de 74 Graphique EQ3.1 : Aucune donnée disponible pour l’Islande, le Luxembourg, la Norvège, la République slovaque et la Slovénie. 2006/10 pour la France, 2007/09 pour l’Afrique du Sud, l’Estonie et Israël, 2008/10 pour l’Autriche, la Finlande, l’Irlande, l’Islande et le Portugal. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 3. Difficultés liées au revenu EQ3.1. Un quart de la population de l’OCDE à des difficultés de revenus et cette proportion augmente à cause de la crise Partie A. Pourcentage des personnes qui vivent difficilement ou très difficilement avec leur revenu actuel, 2010 () Partie B. Variation entre 2007 et 2010 du pourcentage des personnes qui vivent difficilement ou très difficilement avec leur revenu actuel, points de pourcentage Norvège Danemark Suède Luxembourg Pays-Bas Finlande Autriche Japon Australie Irlande Nouvelle-Zélande Royaume-Uni Islande Belgique Allemagne Canada France Slovénie Corée États-Unis Espagne OCDE Italie République tchèque Portugal République slovaque Pologne Chili Israël Estonie Mexique Turquie Grèce Hongrie 6 6 7 8 9 11 12 12 13 15 15 16 16 16 16 16 17 19 19 21 23 24 26 29 33 36 36 38 39 40 47 49 63 73 29 37 54 79 70 60 50 40 30 1 3 -12 4 -1 10 6 1 7 2 1 -2 -5 7 11 3 5 -4 -6 -2 -1 0 -7 16 19 20 10 Indonésie Fédération de Russie Brésil Chine Inde Afrique du Sud 24 26 80 1 1 20 10 0 0 -19 -3 3 -3 16 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 EQ3.2. Les difficultés de revenus sont positivement corrélées à l’inégalité de revenus EQ3.3. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932382862 PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 75 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 4. Capacité à sortir des minima sociaux Définition et mesure Les indicateurs montrent le niveau de revenu brut exprimé en pourcentage du salaire moyen à temps plein nécessaire pour qu’un ménage atteigne le seuil de 60 % du revenu médian permettant de quitter les minima sociaux. Les minima sociaux sont versés à défaut de toute autre source de revenu. On a retenu un seuil de 60 % dans la mesure où, dans de nombreux pays, des minima sociaux existent au niveau du seuil de 50 %. Les revenus tirés des prestations englobent, en sus des prestations de base, les prestations familiales et les allocations de logement. Ils sont exprimés en pourcentage du salaire moyen à temps plein et incluent également l’impôt sur le revenu, les cotisations sociales et les avantages fiscaux. Les indicateurs concernent l’année 2009 et les parents isolés et en couple avec deux enfants de 4 à 6 ans. Dans le cas d’un couple marié, on s’appuie sur l’hypothèse d’un seul apporteur de revenu. Dans ces situations, le revenu familial est simulé à l’aide du modèle impôts-prestations de l’OCDE (voir méthodologie dans Prestations et salaires 2007 et sur le site : www.oecd.org/els/social/workincentives). Les revenus médians, issus de la publication Croissance et inégalités (2008), concernent le milieu des années 2000 et ont été convertis au niveau des prix 2009. Aucune barre n’est visible pour les pays où la somme de toutes les prestations, hors salaires, dépasse 60 % du revenu médian. Pour l’Australie, le Canada, la Corée, Israël, la NouvelleZélande, la Suisse et la Turquie, les indicateurs concernent l’année 2008. Le coefficient de Gini est une mesure de l’inégalité des revenus. Les valeurs vont de 0 – égalité parfaite – à 1 – l’ensemble des revenus allant à une seule personne. En 2009, après prise en compte des allocations logement, c’est en Irlande, au Japon et au Royaume-Uni que les ménages étaient le plus susceptibles de sortir des minima sociaux par le biais de l’emploi (EQ4.1). En fait, dans ces pays, le plein bénéfice de la prestation minimum plaçait dès le départ les ménages au-dessus du seuil de bas revenus. Néanmoins, les allocations logement n’existent que dans certains pays. Dans la mesure où elles varient souvent en fonction des coûts du logement à l’échelon local et, partant, de la région, les allocations réellement versées peuvent s’avérer inférieures aux estimations présentées ici. C’est pourquoi les résultats sont aussi présentés hors frais de logement, ce qui fait une réelle différence dans certains pays. C’est en Estonie, en Suisse et aux États-Unis que les parents en couple ou isolés ont le plus de difficulté à sortir des minima sociaux (EQ4.1). Aux États-Unis, il est nécessaire de décrocher un emploi rémunéré à 80-90 % du salaire brut moyen, le seuil étant similaire en Estonie et en Suisse. Dans d’autres pays, ce sont les couples avec enfants qui se heurtent à des difficultés pour sortir des minima sociaux. Aux Pays-Bas et au Canada, il est nécessaire de décrocher un emploi rémunéré à hauteur de 90 % du salaire brut moyen. Des minima sociaux plus élevés signifient qu’un revenu relativement bas suffit pour quitter les bas salaires des prestations (EQ4.2). Cependant, dans l’hypothèse d’un niveau donné de minima sociaux, on observe une forte variation entre les pays en ce qui concerne l’aptitude à quitter les bas salaires des prestations, ce qui tient à la diversité des régimes fiscaux (EQ4.2). Par exemple, en Nouvelle-Zélande, en Suède et en Belgique, si les minima sociaux pour les parents isolés s’établissent tous à 80 % environ du seuil de bas revenu, la rémunération nécessaire dans l’emploi doit s’établir à moins de 20 % du salaire moyen en Nouvelle-Zélande, à moins de 40 % en Suède et à moins de 50 % en Belgique. Ces écarts sont imputables aux différences d’abattement en fonction du système d’impôts et de prestations à partir du moment où les individus commencent à percevoir un salaire. Pour en savoir plus La facilité avec laquelle différents types de ménages avec enfants sont en mesure de quitter les bas revenus tirés des minima sociaux par le biais d’un emploi rémunéré est un indicateur de l’ascension sociale. Or cette facilité dépend de deux aspects clés du système d’impôts et de prestations : dans quelle mesure les minima sociaux permettent aux ménages d’accéder au seuil de bas revenus et dans quelle mesure la hausse des impôts et les prestations n’incitent pas les individus à chercher un emploi rémunéré. 76 OCDE (2007), Prestations et salaires 2007 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris. Notes des graphiques Graphiques EQ4.1 et EQ4.2 : Les données de l’Australie, du Canada, Israël, de la Corée, de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse et de la Turquie se réfèrent à 2008. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 4. Capacité à sortir des minima sociaux EQ4.1. Capacité à sortir des minima sociaux Pourcentage du salaire brut moyen nécessaire pour dépasser le seuil de pauvreté de 60 % du revenu médian, 2009 Sans les frais du logement Avec les frais de logement () Partie A. Parents seuls avec deux enfants Partie B. Couples avec deux enfants Irlande Japon Royaume-Uni Australie Danemark Allemagne Nouvelle-Zélande Pologne Israël Finlande Norvège Suède Turquie République slovaque France OCDE Pays-Bas Hongrie Belgique Grèce Portugal Autriche Corée Canada Italie Islande République tchèque Luxembourg Espagne Estonie Suisse États-Unis 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 EQ4.2. Les niveaux de prestations et les salaires nets après obtention d’un travail sont importants pour sortir des minima sociaux Revenu net des ménages sous minima sociaux en pourcentage du seuil de pauvreté de 60 % du revenu médian, 2009 Partie A. Parents seuls avec deux enfants Partie B. Couples avec deux enfants Pourcentage du salaire moyen nécessaire pour dépasser le seuil de pauvreté de 60 % du revenu médian 90 80 CHE ESP 60 ITA HUN GRC 50 CAN LUX CZE ISL PRT 80 70 KOR AUT BEL SVK TUR NLD 50 30 SWE ISR POL 20 FIN NZL 10 AUS 0 0 20 40 CHE NLD FIN NOR PRT TUR 40 NOR CAN NZL AUT LUX ESP KOR SWE ISR HUN ISL BEL CZE FRA SVK POL ITA GRC 60 FRA 40 EST USA 90 USA EST 70 Pourcentage du salaire moyen nécessaire pour dépasser le seuil de pauvreté de 60 % du revenu médian 100 30 DEU 20 DNK IRL JPN GBR 60 80 100 120 Minima sociaux en % du seuil de pauvreté de 60 % du revenu médian DEU 10 AUS GBR DNK JPN IRL 0 0 20 40 60 80 100 120 Minima sociaux en % du seuil de pauvreté de 60 % du revenu médian Source : Modèle impôts-prestations de l’OCDE (www.oecd.org/els/social/prestationsetsalaires). Les revenus médians sont issus de la publication OCDE (2008), Croissance et inégalités : Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE (www.oecd.org/els/social/inegalite) et ajustés pour l’année 2009 en utilisant l’indice des prix à la consommation. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888932382881 PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 77 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 5. Dépenses sociales publiques Définition et mesure Les dépenses sociales sont considér ées comme publiques lorsque les pouvoirs publics (à savoir administrations centrales, collectivités locales et organismes de sécurité sociale) gèrent les flux financiers correspondants. Par exemple, les prestations d’assurance-maladie financées par les cotisations obligatoires des employeurs et des salariés à une caisse d’assurance-maladie sont considérées comme « publiques », tandis que la couverture médicale assurée directement par les employeurs à leurs salariés est classée comme « privée ». Pour les comparaisons internationales, l’indicateur des dépenses sociales utilisé ici est le montant des dépenses sociales rapporté au PIB. Les flux de dépenses indiqués ici sont bruts, c’est-à-dire avant déduction des impôts directs et indirects prélevés sur ces prestations et avant prise en compte des dépenses fiscales à caractère social (« dépenses brutes »). Les dépenses effectuées à des niveaux administratifs inférieurs peuvent être sousestimées dans certains pays à structure fédérale. Les dépenses sociales privées, dont le montant est considérable dans certains pays comme la Corée et le Canada, ne sont pas prises en compte ici en raison des marges d’erreur beaucoup plus importantes dans les données. Le coefficient de Gini est une mesure de l’inégalité des revenus. Les valeurs vont de 0 – égalité parfaite – à 1 – l’ensemble des revenus allant à une seule personne. Les dépenses sociales publiques mesurent le montant des ressources allouées par les pouvoirs publics aux secteurs des retraites, des prestations (aide sociale) et de la santé. En règle générale, un niveau élevé de dépenses sociales vise à venir en aide aux catégories de population défavorisées et donc à prévenir les inégalités. En 2007, les dépenses sociales publiques s’élevaient à 18 % du PIB en moyenne dans les 34 pays de l’OCDE (partie A, EQ5.1). Les niveaux de dépenses sont très variables d’un pays à l’autre : le Mexique et la Corée consacrent ainsi entre 6 et 10 % de leur PIB aux dépenses sociales, alors que la France et la Suède y consacrent environ 20 points de pourcentage supplémentaires. Les dépenses publiques sont particulièrement élevées dans les pays d’Europe continentale, tandis qu’elles 78 sont inférieures à la moyenne dans trois des quatre nouveaux pays membres, à savoir le Chili, l’Estonie et Israël. Les pays anglophones, à l’exception du Royaume-Uni, dépensent eux aussi moins que la moyenne de l’OCDE. Toutefois, le classement des pays évolue de manière sensible lorsque l’on tient compte des dépenses sociales nettes (après impôts) : les États-Unis, qui tendent à redistribuer au moyen du système fiscal, se distinguent dans ce cas par une forte hausse de leurs dépenses sociales. Entre 1982 et 2007, les dépenses sociales ont faiblement augmenté en pourcentage du PIB dans la zone OCDE (partie B, EQ5.1), de 2.5 points de pourcentage en moyenne. Les progressions les plus importantes ont été enregistrées au Japon, au Portugal et en Turquie. Aux Pays-Bas, les dépenses sociales en pourcentage du PIB ont diminué, et ce pour plusieurs raisons : faible niveau du PIB dans l’année de référence, croissance relativement rapide du PIB et modifications dans le traitement des retraites, dans la réforme de la santé et dans l’indexation des prestations. Les pays plus égalitaires en termes de distribution des revenus, telle que mesurée par le coefficient de Gini, tendent à investir davantage dans les dépenses sociales (EQ5.2). Les pays nordiques et d’Europe de l’Ouest, où le niveau des dépenses sociales est le plus élevé, sont relativement épargnés par les inégalités de revenus. À l’inverse, le Mexique et la Turquie consacrent peu d’argent aux dépenses sociales et sont particulièrement frappés par les inégalités de revenus. Enfin, certains pays conjuguent dépenses élevées et fortes inégalités de revenus, comme le Portugal et l’Italie, ce qui tient probablement aux types de dépenses sociales consenties. Néanmoins, la hausse des dépenses sociales enregistrée ces dernières années dans certains pays ne semble pas avoir contribué à réduire les inégalités de revenus (EQ5.2). Cette situation peut tenir au fait que les dépenses sociales engagées n’étaient pas de nature à lutter contre les inégalités de revenus ou que les dépenses sociales ont été revues à la hausse dans certains pays pour tenter de compenser en partie le creusement des inégalités lié au marché ou à d’autres sources. Notes des graphiques Graphique EQ5.1, partie A : Les pays sont triés selon l’ordre décroissant des dépenses sociales publiques totales en 2007. Les autres services sociaux incluent les politiques actives du marché du travail (PAMT). 2005 pour le Brésil, 2006-07 pour l’Inde et 2008 pour la Chine. Les informations sur les données concernant Israël sont disponibles sur http://dx.doi.org/10.1787/888932315602. PANORAMA DE LA SOCIÉTÉ 2011 : LES INDICATEURS SOCIAUX DE L’OCDE © OCDE 2011 6. INDICATEURS D’ÉQUITÉ 5. Dépenses sociales publiques EQ5.1. Les dépenses sociales publiques ont augmenté dans la plupart des pays depuis les années 80 Partie B. Variation des dépenses sociales publiques en % PIB entre 2007 et 1982 (ou année disponible la moins récente), en points de pourcentage Partie A. Dépenses sociales publiques par grand domaine et dépenses sociales totales nettes, en 2007, en pourcentage du PIB Pensions Garantie de ressources au profit de la population en âge de travailler Santé Autres services sociaux Dépenses sociales publiques () Total net social (OCDE27) France Suède Autriche Belgique Danemark Allemagne Finlande Italie Hongrie Portugal Espagne Grèce Norvège Luxembourg Royaume-Uni Slovénie Pays-Bas Pologne OCDE République tchèque Japon Suisse Nouvelle-Zélande Canada Irlande États-Unis Australie République slovaque Israël Islande Estonie Chili Turquie Corée Mexique 30 25 20 15 10 5 0 6 -1 4 1 1 2 5 5 2 12 5 7 4 -1 2 -2 -7 5 2 3 7 4 0 0 -1 2 5 -3 -1 1 -1 -1 7 5 5 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 14 Brésil Fédération de Russie Afrique du Sud Chine Inde 30 25 20 15 10 5 0 EQ5.2. Les pays à fortes dépenses sociales ont une plus faible inégalité de revenus Coefficient de Gini de l’inégalité de revenus, milieu des années 2000 0.50 EQ5.3.
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9' 40 à 11 ' Verbalisations et comportements en activité réelle Sarah : alors, euh, tu fermes ce livre tout de suite! Alors je vais vous expliquer quelque chose et je vais vous demander quelque chose que j'aimerais que vous respectiez parce que je sais que la dernière fois, sur le livre précédent, vous ne l'aviez pas respecté. Euh, vous avez un livre, d'accord. Je sais que vos parents c'est vos parents hein ils veulent bien faire. Et en général ils vous font lire tout le livre. Ton masque, s'il te plaît, Milo. L'enseignante poursuit son explication. Un élève regarde ailleurs et semble inattentif. Verbalisations en autoconfrontation Sarah : je leur redonne une règle parce que je repense à la dernière fois où ils n'avaient pas fait ce que j'avais demandé. Alors je le redis là, j'insiste et j'insiste, j'explique pourquoi je ne veux pas qu'ils lisent tout. Et une réflexion pour le masque. Encore. Ca m'agace. Ça, ça n'y était pas avant. [] Après ça là je bouge pas. Je reste coincée devant, j'ai pas bougé. Chercheur : qu'est-ce qui te conduit à rester là et à ne pas bouger? Sarah : Alors après c'est que j'ai pas besoin de en général pendant la lecture ils sont assez c'est des temps assez posés et je le sais. Alors j'estime à ce moment qu'il faut pas que je les excite en bougeant. Après c'est sûr que si y'a si y'avait de l'agitation je me serais certainement levée. Mais là aussi le fait de me poser, ça pose aussi la classe l'air de dire « bon bah là c'est un moment tranquille, vous m'écoutez » et ils m'écoutent en fait. Bon y'en a qui genre lui il fait autre chose. Mais bon ça c'est toujours. Tableau 7 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 8'00 à L'enseignante enchaîne les numéros et 8'43 les élèves lèvent le doigt. Sarah : Hé! Je crois que ce n'est pas une bonne idée les deux à côté, là. Je crois que c'est pas une bonne idée. Estce que, euh, Lelya tu peux échanger Rose et Lelya Euh non non non, c'est trop près quand même. Euh, qui on va changer Camille, est-ce que tu peux échanger de place avec Rose s'il te plaît. Je sens qu'elle va faire que discuter avec Mélissa. Merci! Camille prend ses affaires et se lève. Sarah : le 16? Le 17? Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : tu fais quoi? tu dis quoi? Sarah : ah oui, c'était Rose et Mélissa à côté. Je leur dis de changer de place parce qu'elles devaient être en train de faire les andouilles. C'est pour ça qu'on les a pas mis dans la même classe les deux, on nous avait dit de les séparer. A part elles, ça se fait dans le calme quand même. Alors que c'est le genre de moment où ça peut après ça dure longtemps mais ça va vite quand même! Je dis, je relève la tête, je note. Je me dis qu'il faut qu'on finisse ça pour pouvoir commencer le travail. 49 Un élève : on commence à lire? Sarah : mais non non rien du tout! je vais vous expliquer justement. Mais Rose Si, tu te lèves, et tu vas là-bas. Le 18? L'enseignante termine de remplir sa feuille, les élèves attendent silencieusement. Rose se déplace. Tableau 8 : protocole à deux volets. 12'40 à 13'00 Verbalisations et comportements en activité réelle Sarah : tu as fait quoi toi? Mael : je sais pas. Sarah : quoi? Mael : je sais pas. Sarah : allez Mael. Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : qu'est-ce que tu es en train de faire? Sarah : Là je retourne voir Mael parce que je sais qu'il y a des chances qu'il n'ait rien fait. Lui c'est pareil, je sais que si on n'est pas à côté de lui, il fait pas. Alors lui je me mets à son niveau parce que sinon c'est je me baisse, exprès. Pour être à son niveau, pour lui parler euh Regard-regard. Autant Badr je suis restée debout, autant lui je sais pas si c'est important ou pas mais j'ai eu l'impression plusieurs fois que ça marchait mieux avec lui donc je le fais. Tableau 9 : protocol e à deux volets . Verbalisations et comportements en activité réelle 8'50 à Sarah : le nombre du jour aujourd ' hui , 9' 59 je vais vous le faire avec la monnaie. Allez. Alors aujourd'hui, alors je vous mets le nombre du jour, ça va être chut, chut, chut. Je ne veux rien entendre hein. Saona : tu l'as mis à l'envers. Sarah : pardon. Moment de flottement. Sarah : voilà le nombre du jour! Donc tout ce que vous savez sur ce nombre et bah il faut me l'écrire, en chiffres aussi. Pas l'argent parce que vous l'avez. Allez. Chut, chut, chut! Mael. Allez. Verbalisations en autoconfrontation Sarah : je disparais derrière pour récupérer les trucs pour le nombre du jour que je vais leur présenter avec le porte-monnaie. Ils vont devoir m'écrire le nombre du jour à partir de l'argent que je vais mettre au tableau. Et tu vois je leur donne la consigne mais franchement c'est euh le minimum quoi parce qu'ils connaissent l'exercice. Ils savent. Le nombre du jour, on le fait régulièrement, je leur donne soit en lettres, soit en billets Je dis beaucoup « chut », ils sont agités. Je vais vers Mael parce qu'il est assis n'importe comment. Je montre à Mael son euh son sur le tableau là, sur le côté il y a son espèce de contrat et il gagne un 50 nombre de points. S'il fait pas le travail il n'aura pas les deux points de travail donc je lui montre , je lui montre . Il sait que j'ai rien à dire, je lui montre ça et il sait que En fonction du nombre de points qu'il gagne il a des privilèges donc euh. Tableau 10 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle à Eva : maîtresse? Sarah : oui? Eva : je me suis fait percer les oreilles. Sarah : ah, tu t'es fait percer les oreilles. Bon vous me raconterez vos vacances plus tard d'accord. Allez chut. L'enseignante commence à écrire la date au tableau puis se retourne en faisant le signe « chut ». Sarah : chut chut, chut, chut! La date. Yolan : maîtresse? L'enseignante se rapproche de l'élève qui lui tend son cahier. Sarah : ah, bah pour demain Yolan. Emma, Emma, Emma, on racontera les vacances après! Chut! Allez on écrit la date. Alors, nous sommes lundi 1er mars. Mariya : quoi on est en mars??? Sarah : et oui, ça y est, c'est le 1er mars. Mariya : je croyais qu'on était en avril. Plusieurs groupes d'élèves discutent à voix basse pendant que l'enseignante termine d'écrire la date. Sarah : allez, on écrit la date! Chut! Allez, on s'applique et on écrit à trois carreaux. Tu écris la date Badr aussi. Badr : mais comment Sarah : chut, j'arrive. Chut les autres! Non mais Badr ce n'est pas le bon cahier ça. Sors ton cahier. Ce n'est pas le bon celui-là. L'enseignante traverse la classe pour Verbalisations en autoconfrontation Sarah : il y a sans doute trop de bruit pour moi, là. Je dis « chut », je leur redis qu'on doit écrire la date. Je les recentre. Mais ils se remettent à parler alors je répète qu'on écrit la date encore, je continue avec mes « chut ». Je les trouve agités. Là, je vais le voir parce qu'il me tend son cahier. C'est un retardataire. Je retourne à la date, je fais des rappels un peu à droite à gauche, ils sont bruyants ce matin. Puis là, je traverse pour aller voir Badr, pour lui sortir son cahier. Je lui montre où il doit écrire. *Rires* Là, j'ai chaud. Je me suis agitée, alors j'ai chaud et je vais poser mon truc. Je n'arrête pas avec mes « chut, chut, chut », je commence à m'agacer un peu. 51 aller poser son écharpe puis revient à côté de son élève . Sarah : il était plein celui-là de cahier? Badr : oui! Sarah : mais non regarde, là, à la fin. Tu écris là. Tu écris la date. Chut chut chut! Tableau 11 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 4'42 à Sarah : Mael ton masque! 7'02 L'enseignante efface le tableau . Sarah : alors, aujourd'hui on va travailler sur un nouveau livre. On va attaquer un nouveau livre. Donc vous pouvez fermer pour l'instant, fermez vos vous n'avez pas besoin de vos cahiers. Je vous distribuerai des petits livrets. Euh, Milo, tu mets ton masque. Donc. Alors, euh, du coup, euh je vais vous distribuer ces nouveaux livres. Mael ça ne sert à rien ce que tu fais. Alors, je vais vous distribuer ces livres. Ces livres sont numérotés du coup j'écrirai les numéros. VousvousVous me donnerez votre prénom et j'écrirai le numéro. Donc pour l'instant vous ne l'ouvrez pas le livre. Vous regardez juste la couverture. Donc ces livres sont neufs donc évidemment on en prend soin. Si vous deviez l'abîmer, bah, il faudra le rembourser. Mathis : à combien? L'enseignante se retourne et lève les yeux au ciel. Sarah : tu ne l'abîmeras pas donc tu n'auras pas le prix! Mais si on veut que ces livres durent plusieurs années bah il faut en prendre soin. Ne pas écrire dessus, ne pas les déchirer, ne pas corner les pages Hé! On arrête de parler ça m'agace. Tu distribues les livres et puis c'est tout! Pourquoi tu les gardes? La distribution se termine. Sarah : tout le monde a eu son livre? Elèves : oui! Verbalisations en autoconfrontation Sarah : Je vais au tableau. J'efface. Je me dis que j'aurais peut-être dû effacer avant. C'est marrant j'ai les mains dans les poches tout le temps, c'est bizarre. Là je commence à expliquer, je me perds et puis je m'arrête pour Mael qui doit encore être en train de faire une réflexion ou avoir fait quelque chose. Bon et puis je reprends. Sarah : *rires* T'as entendu? Je lui réponds sèchement qu'il n'abîmera pas son livre mais sur le coup je me rends pas compte. Surtout pour lui en plus! Sarah : ah bah voilà ça y est je suis agacée. Je leur dis. Oh mais dis donc ils sont bavards aujourd'hui! J'attends qu'ils se taisent, je veux compter les livres et mettre les noms. Ohlala, je me dis qu'on a toujours pas commencé à travailler hein Chercheur : comment tu te sens à ce 52 Sarah : ok. Euh, ça parle encore. Milo! Ton masque! c'est la dernière fois que je te le dis. Alors, justement, euh L'enseignante va s'assoir sur une table devant le tableau. Moment de flottement. Sarah : Alors. Le numéro 3. Qui a le numéro trois? Un élève : pas moi! Sarah : non alors non, je ne veux pas de « pas moi », il y en a un qui l'a. Vous ouvrez votre livre, à l'intérieur, il y a les numéros! Alors le 3? personne, bah si, il y en a un qui l'a, le 3. Mathis, ok. moment-là? Sarah : je sais pas exactement. Ca doit m'énerver. Je me dis qu'ils comprennent rien. Tableau 12 : protocol e à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 6 ' 20 à Sarah : allez je récupère les évaluations 7'30 pour ceux qui ne les avaient pas rendues. Il y en a d'autres qui les ont les évaluations? Des élèves disent « chut ». Verbalisations en autoconfrontation Sarah : là, moi, je finis mon tour, je vérifie que j'ai tout. Et j'en entends qui disent « chut », ils s'auto-régulent. Tu as vu, je regarde la pendule. C'est presque 9 heures et là je trouve que c'est un peu long. Tableau 13 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 7'30 à Sarah : asseyez-vous les enfants. 7'35 Verbalisations en autoconfrontation Sarah : Je vois qu'il y en a qui se lèvent. Je me dis que c'est parce que je leur ai dit que quand il y a un adulte dans la classe, il fallait se lever. Donc il y en a quelques-uns qui se lèvent, qui se souviennent. Enfin quatre hein. Et puis je souris derrière mon masque parce qu'ils se rendent compte au fur et à mesure et ils se lèvent. Ils se le disent entre eux, je vois Mariya qui fait signe aux autres. Moi, je leur dis de s'asseoir du coup. 53 Annexes 1.3 Tableau 14 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle à Philo : je vous appelle par votre prénom, si vous mangez vous dites oui, si vous ne mangez pas vous dites non. D'accord? Alors, Léa. Sarah : elle a dit « non ». Philo : ah, merci. Philomène énonce le prénom de tous les élèves un par un qui réponde par « oui » ou par « non ». L'enseignante est assise sur la table d'un élève, proche du tableau. Philo : euh, Bar euh Mariya : Badr. Philo : ouais, Badr. Badr : euh, Badr Sarah : non, tu manges pas à la cantine Badr. Philo : Walid? Walid : euh oui. Philo : Walid, il a dit oui? Sarah : oui, il a dit oui. L'appel se poursuit. Philo : Edlin? Lui normalement il mange. Sarah : il n'est pas là! Philo : ah! il est pas là ok. Mael? Moment de flottement. Sarah : euh Mael il est pas là ce matin. Il sera peut-être là cet après-midi. Et on m'a rien dit donc c'est même pas sûr qu'il soit là cet après-midi. Philo : ouais moi non plus on ne m'a rien dit. Verbalisations en autoconfrontation Sarah : on l'entend pas elle, c'est pour ça. Enfin, moi je l'entends jamais. Bon, elle appelle tout le monde, j'attends. Oh, et là, Badr. Bon, je réponds à la place de Badr *rires*. Parce que Badr il dit n'importe quoi! Puis ça continue, et je répète pour ceux qui parlent doucement et je réponds quand elle appelle les absents pour pas qu'on attende bêtement. e à deux volets. '00 Verbalisations et comportements en activité réelle à Sarah : allez, programme de la journée. Je vous explique. Donc ce matin, comme d'habitude, mathématiques. Après la récré. Ensuite, la dictée tous les mots de avant les vacances et orthographe. Si on a le temps, on fera un peu de grammaire. Oh, pourquoi c'est Verbalisations en autoconfrontation Sarah : bon, là, j'ai changé d'avis. Programme de la journée. Souvent je le fais avant la date mais là je me suis rendue compte que j'avais oublié de le faire. Mais je sais que c'est pas grave parce qu'à cette période de l'année, ils connaissent l'emploi du temps, donc je le fais plus systématiquement. Ils savent 54 mélangé tout ça. Un élève : ben c'est toi! Sarah : bah non c'est pas moi. Ensuite, après le repas de midi, on fera le la lecture. On change lesalors il y a peut-être des modifications dans les groupes de nouveau. Et moi je reviens, je resterai dans ma classe pour le je reprends, je reprends avec le groupe 1 d'accord? Donc pendant trois semaines et après on rechangera, on vous expliquera avec Mme R*******. que le lundi c'est orthographe, que le mardi enfin voilà. Les journées sont quasiment identiques et ils connaissent les jours où il y a sport, les jours où ça va être plutôt arts plastiques donc je ne me sens pas obligée de le faire. Mais là j'y pense, alors je le fais. Je montre les étiquettes, j'en change mais après je me dis que c'est pas je le construis avec eux en général mais là, on est au mois de mars et c'est bon, ils savent. Je mets les étiquettes et je me rends compte que c'est mélangé alors je le dis à voix haute. Et lui, il me dit que c'est moi. *rires* Bah non, c'est pas moi! Alors je lui dis comme ça, comme je le pense. J'énonce, j'explique, je fais des gestes pour expliquer. Tableau 16 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 4'36 à L'enseignante est debout à côté du 8'49 tableau sur lequel se trouve les étiquettes de l'emploi du temps. Sarah : Alors, programme de la journée. Alors ce matin, on va commencer par les mathématiques. Saona : comme d'habitude! Sarah : comme d'habitude. Ensuite, après la récréation on fera dictée. On fera, c'est vendredi, on fait quoi après la dictée? Elèves : lexique! Sarah : le lexique. Ok. Et, à ce momentlà, on fera de l'écriture qu'on a pas pu faire hier. Mael : mais maîtresse euh mais le 2x2? Sarah : mais on va le faire! Elèves : oui!!! Sarah : après le repas de midi, nous ferons la lecture, comme tous les jours. Ensuite après la récréation et bah, on fera questionner le monde sur le plan de la classe, ce qu'on n'a pas fini ce qu'on n'a pas pu faire hier. Saona : pourquoi on l'a pas fait hier? Sarah ; parce que vous avez mis du temps à écrire vos histoires, voilà. C'est Verbalisations en autoconfrontation Sarah : Je fais de nouveau le Je leur demande ce qui arrive après parce que je sais qu'ils savent et au moins ça remobilise certains. 55 bon? Allez c'est parti. Annexes 1.4 Tableau 17 : protocol e à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 6'20 à On frappe à la porte. 7'35 Philo : c'est pour la cantine. Sarah : pour la cantine! Philo : et oui la machine nous a fait une jolie surprise pour la rentrée! Sarah : ah bah tiens, tant qu'à faire. Philo : est-ce qu'il y a des élèves de Mme S****? Sarah : oui! J'en ai deux. Philo : alors est-ce que vous mangez? Verbalisations en autoconfrontation Sarah : Et là ça frappe. Bon, je me dis pas grand-chose quand ça tape. Je vois que c'est la cantine, et je sais que c'est rapide. Ça va durer, allez, une minute à tout casser. Chercheur : qu'est-ce que tu dis? Tu t'attendais à ça ou c'est un imprévu total? Qu'est-ce qui te préoccupe à cet instant? Sarah : Pour moi c'est pas un imprévu. Ca fait partie du enfin ça fait partie du job, l'imprévu. De toute façon dans ce métier c'est que de l'imprévu donc euh tu prépares des trucs et tu sais que à tel moment, il peut se passer tel truc et qui va complètement changer ta préparation. Chercheur : et alors comment tu vois la situation, au moment où ça frappe? Sarah : bah, je le gère en me disant que c'est pas grave, je sais que ça arrive et après je vais adapter. Je sais que dans la matinée, la porte va s'ouvrir une ou deux fois donc je suis pas surprise. J'adapte le reste. J'ai suffisamment d'expérience maintenant pour savoir que je peux raccourcir bon bah, ma partie rituel sera raccourcie pour les maths là, comme j'ai perdu beaucoup de temps sur récupérer le m atériel, toute la partie remise en route, bon bah je sais que ma partie rituel de maths, au lieu de durer, je sais pas, vingt-cinq minutes ou vingt minutes, elle va en durer que dix ou quinze. Le temps que j'ai perdu, je vais le récupérer autrement. Donc sur le coup, bon bah, ça frappe, ça frappe. Ça ne m'inquiète pas plus que ça. Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : que fais-tu? Sarah : Ah, c'est encore des papiers administratifs qui arrivent. Je peux gérer le truc parce qu'ils sont calmes. Vu qu'ils sont occupés. Je dis que j'arrive à ceux qui me parlent, d'abord je gère ça. Ensuite je prends le travail pour Badr. Je lui donne son travail et je lui explique ce qu'il a à faire, parce qu'il a pas le même travail que les autres lui. Les autres, je sais qu'ils sont occupés pendant quelques minutes, ils n'ont plus trop besoin de mon aide parce qu'ils font ça depuis le début de l'année. Badr lui il n'a pas de rituel, c'est un travail lambda 57 Emma : c'est bon j'ai fermé les rideaux. Sarah : ah c'est bon merci. Alors. Du coup j'étais en train de récupérer un travail pour toi Badr. Tableau 19 : protocole à deux volets. ' Verbalisations et comportements en activité réelle à Sarah (élève) : Aymen il faut que Sarah : ne t'inquiète pas tout à l'heure on va changer les places. Chut chut chut chut chut! Allez on y va. Alors On frappe à la porte. Sarah : oui entrez! Agent : oui c'est le travail pour les CE2. Sarah : ah oui, j'en ai 2. Merci. Tiens, un peu de conjugaison, ouh, super! Verbalisations en autoconfrontation Sarah : Et puis là, ils sont lancés. Ça reste mon rituel de maths, mais ils sont lancés, ils sont au travail, l'accueil est complètement terminé pour moi. Ils sont au travail quasiment tous, je passe dans les rangs et je régule un peu si besoin. Et on frappe à la porte, bon, ils travaillent et c'est pour le travail des CE2, donc je le prends et je le donne. Je sais que ça ne va pas perturber les miens. *rires* Bon, et je suis détendue alors je fais un petit commentaire sur la conjugaison. Tableau 20 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 4'36 à Sarah : et bah oui, tu as pris le cahier à 8'49 l'envers. Allez regarde, tu écris là. On frappe à la porte. Hakim : maîtresse ça a toqué! Sarah : ah bon? Elèves : oui. L'enseignante se dirige vers la porte pour ouvrir. Elève d'une autre classe : on a trouvé ça. Eva : ah c'est à moi! Sarah : merci. Tiens Eva. Allez on sort son ardoise quand on a écrit la date. Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : décris la situation si tu veux bien. Sarah : Je vois Badr qui est tout perdu du coup je vais l'aider rapidement. Ah ça a frappé. On est tout le temps dérangés hein. Chercheur : tu es surprise? Sarah : non non, je pourrai même pas te dire ce que je ressens vraiment parce que c'est habituel donc bon. Je poursuis tout de suite, je leur rappelle de sortir l'ardoise. Tableau 21 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 00' à L'enseignante met du gel au dernier 2'13 élève qui entre dans la classe. Les autres s'installent progressivement. Sarah ferme la porte et allume la lumière. Sarah : allez, on s'installe. Euh Toi Verbalisations en autoconfrontation Sarah : Ah et là, j'ai une élève en plus, qui n'est pas de ma classe. Donc là, je cherche une solution. Je regarde dans la classe rapidement et puis je lui dis qu'elle a qu'à s'assoir là, à la place libre. Je ne fais pas l'appel systématiquement 58 du coup tu te mets là, comme la dernière fois. EuhImran euh, bah écoute, mets-toi là si tu veux, je ne pense pas qu'il arrive. du coupenfin après là ils étaient tous là, Edlin j'ai vu qu'il était pas là en disant « bonjour », j'irai le noter à un moment donné mais je fais pas le rituel de l'appel. Je le vois au premier coup d'oeil quand on rentre, je le vois aux places vides mais je le vois aussi quand je les accueille là tu vois, sur le pas de la porte. Quand je dis bonjour, en même temps je regarde qui il manqueEnfin bref là jej'ai une élève en plus donc et je lui dis de se mettre à ce bureau. J'en ai deux même, j'ai Imran et j'ai la petite. Verbalisations et comportements en activité ré elle à Sarah : Après la récréation on fera ce que vous adorez faire, alors ce sera bon bah ça y est pas. Bon bah c'est production d'écrit donc je vais mettre jogging d'écriture mais c'est pas jogging d'écriture mais on va écrire. On va écrire des choses. Bon alors Hakim : mais c'est quoi jogging d'écriture? Sarah : non mais c'est, c'est que j'ai pas l'étiquette. Alors, lundi matin, les économies. Verb alisations en autoconfrontation Sarah : J'énonce, j'explique, je fais des gestes pour expliquer. Puis je cherche l'étiquette pour l'écriture, et évidemment, il me manque l'étiquette que je veux. *rires* Je la trouve pas alors j'abandonne. Bon, j'improvise, je trouve une solution parce que c'est quelque chose où il va falloir écrire donc euh jogging d'écriture je me dis que ça passe, c'est la même chose. Eux, ils connaissent pas le terme. Et ça y est, on peut lancer l'activité. Annexes 1.5 Tableau 23 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 5'38 à Sarah : toi non plus tu l'as pas? 6'08 L'élève fait un signe de tête pour dire « non ». Sarah : et alors? L'enseignant poursuit son tour de la classe. Sarah : j'ai récupéré tous les devoirs de vacances? Elèves : oui! Sarah : tu l'as pas fait? Aymen-Houcine : non. Sarah : du tout? T'as fait quoi pendant Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : tu ressens quoi? Sarah : je sais pas trop je suis pas euh pas vraiment surprise. C'est des petits qui travaillent pas trop à la maison, donc je tu vois je le sentais venir, en fait, venant d'eux ça ne m'a pas choqué. Donc je fais une remarque, je signale que ce n'est pas normal mais en même temps je me mets pas en colère non plus je peux rien faire. 59 les vacances du coup? Aymen-Houcine : je le garde? Sarah : Bah bah oui. à : , vér les signatures 11'25 maintenant , on sort les cahiers. Valentin : je crois que j'ai oublié Sarah : et bah dis dont Oh mais il est là le papier, regarde! Ah, mais il est pas signé. T'as rien fait pendant les vacances toi. Bon, alors du coup je te note et si demain c'est bon, j'effacerai. D'accord? Allez, Valentin, je note. Alors ensuite. Walid, c'est signé? Ouvre ton cahier. Eva c'est signé? Eva : oui. Sarah : ok. Badr tu as fait signer? Toi t'as pas fait signer? Elève : non Emma : moi non plus. Sarah : alors Emma pareil, pour demain. Mathis, c'est signé c'est bon? Mathis : oui regarde. Sarah : alors les autres c'est signé, c'est bon? L'enseignante se déplace dans chaque îlot. Sarah : est-ce que c'est signé? Et bah alors Antonia! Antonia : bah si! Sarah : bah oui, mais celui-là? Montre. Yolan c'est signé? ok là c'est signé, c'est signé. Là c'est pas signé Elève : comme d'hab. L'enseignante prend un feutre puis se tourne pour écrire sur dans la bulle « sérieux ». Sarah : alors, du coup, on avait les deux Aymen. Aymen B et AymenHoucine. Emma Il y avait Mariya c'est ça, aussi? Une élève : Mariya elle a pas fait signer. Mariya : si j'ai signé! Sarah : tu avais fait signer? Mariya : mais oui, là! Verbalisations en autoconfrontation Sarah : et bah dis donc, c'est pas encore fini mon truc! *rires*. C'était long *rires*. Je lui fais une petite remarque, bon, ça ne m'agace pas non plus. Je suis pas étonnée en fait et du coup je continue. Là, je vais au tableau noter son prénom. En fait, chaque semaine, ils doivent faire signer le cahier et ceux qui signent pas le cahier, je les note dans la bulle « pas sérieux ». Ils ont jusqu'au lendemain pour me le ramener, ils ont une deuxième chance. En général le lendemain j'efface tout le monde sauf un ou deux réfractaires mais bon. Sarah : ah oui c'est signé dessus. Je t'efface. Ok, c'est bon? Tableau 25 : protocole à deux volets. à ' Verbalisations et comportements en activité réelle Sarah : Alors je vais vous expliquer quelque chose et je vais vous demander quelque chose que j'aimerais que vous respectiez parce que je sais que la dernière fois, sur le livre précédent, vous ne l'aviez pas respecté. Euh, vous avez un livre, d'accord. Je sais que vos parents c'est vos parents hein ils veulent bien faire. Et en général ils vous font lire tout le livre. [] Je ne veux pas que vous lisiez en avance. Moi je vais vous donner un nombre de pages à lire tous les jours, je vous interdis de lire au-delà. Pour la simple et bonne raison que, quand on va travailler, on a besoin des fois, d'imaginer ce qui pourrait éventuellement se passer. Si vous lisez en avance, vous allez savoir ce qui va se passer et votre imaginaire et bah, il ne fonctionnera pas. Donc nous ce qu'on veut, c'est de poser des questions sur ce qu'on va lire, comment on imagine la suite, comment ça pourrait se passer Si vous connaissez l'histoire, et bien, tout ce travail là on ne pourra pas le faire! Et donc il n'y a aucun intérêt. Donc je sais que vos parents ils s'imaginent que si on vous fait lire beaucoup, c'est mieux non. Vous leur dites « la maîtresse elle a dit non ». Sur les devoirs, je l'ai bien écrit : ne pas lire au-delà des pages que l'on a lues. Vous pouvez relire ce qu'on a déjà lu, ça, oui, d'accord. Par contre, interdiction de lire en avance. Je préfère que vous lisiez cinq fois le même texte, de manière à ce que, quand vous lisez à l'oral, vous le lisiez très bien, par contre, interdiction de le lire en avance. On est bien d'accord? L'enseignante regarde avec insistance un élève. Verbalisations en autoconfrontation Sarah : je leur redonne une règle parce que je repense à la dernière fois où ils n'avaient pas fait ce que j'avais demandé. Alors je le redis là, j'insiste et j'insiste, j'explique pourquoi je ne veux pas qu'ils lisent tout. [] J'explique, je demande s'ils ont compris et puis je regarde Mael parce que Mael il le lit toujours en avance *rires*. Il baisse la tête du coup. Je le regarde encore. Parce qu'il le lit en avance à chaque fois. 61 Les élèves : oui! Mael : je l'ai déjà lu. Sarah ; celui-là tu l'as déjà lu? Je ne sais pas. Je ne pense pas que tu l'aies déjà lu. Si tu l'as lu déjà à la maison, bon, bah tant pis! Mais si tu l'as pas lu, mais surtout ne le lisez pas! L'enseignante regarde à nouveau Mael avec insistance. Sarah : sinon, c'est, c'est alors je sais qu'il y en a qui vont le lire quand même. A chaque fois c'est comme ça. Donc, on commence! Ce livre, on va travailler aujourd'hui sur ce qu'il y a sur la couverture. Tableau 26 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 2'15 à Sarah : euh, avant les vacances, quel 4'58 était l'élève qui était chargé des rituels? Mélissa : moi. Sarah : Mélissa ok, tu le fais et on changera après les métiers. Allez, vous sortez ce que vous avez à sortir, je vais récupérer s'il y a des choses à récupérer. Je vérifierai les signatures, y'a les devoirs de vacances aussi. C'est à qui ça? Hakim : à Mael. Sarah : à Mael ok. J'espère qu'il sera là cet après-midi. L'enseignante circule dans la classe pour récupérer les papiers. Les élèves tendent leurs papiers, certains rangent ou sortent des affaires également. Sarah : c'est à qui celui-là? Y'a pas de prénom, qui vient de me le donner? Hakim lève le doigt. Sarah : tiens, y'a pas de prénom. Merci, merci t'as pas fait signer toi, tu le feras pour demain. D'abord je récupère ce papier-là, l'autorisation. Mariya : maîtresse, tiens. Sarah : je vais récupérer, d'abord je récupère ces papiers-là, les papiers Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : là tu lances quelque chose, tu fais quoi? Sarah : les rituels. Parce que la personne qui était des rituels euh parce que c'est le jour de la c'était la rentrée des vacances, donc on ne se rappelait plus donc elle est partie faire les rituels. Je suis allée vérifier sur le tableau qui est au fond, pour vérifier qui faisait quoi. Et puis là, je récupère les papiers administratifs. Ils me sortent leurs cahiers bleus aussi et leurs cahiers violets aussi, pour vérifier les signatures. Tous les lundis matin, je vérifie les signatures des deux cahiers. Donc ils sortent avant que je dise quoi que ce soit hein, ils savent. C'est ce que j'attends d'eux. Oui, ils le savent. Ils le sortent. Alors il y en a qui le sortent pas systématiquement mais la plupart le font. Tu vois, il y en a qui rangent leurs affaires, qui sortent les affaires du sac, ils rentrent ce qu'ils ont à rentrer et et je récupère aussi en même temps les cahiers de vacances, le travail qu'ils avaient à faire pendant les vacances. Pendant ce temps, Mélissa, elle, elle fait les rituels de la classe. l'administratif. Bon, là, c'est un peu long. C'est parce que c'est le jour de la rentrée donc je récupère plus de papiers qu'habituellement. Je le sais, c'est pas une surprise quoi donc je prends le temps et je fais mes tours. Du coup j'ai fait un premier tour pour récupér er les papier s administratifs et là je fais un deuxième tour pour voir ce qui manque parce que après , il y a toujours des retardataires. Il y en a qui n'ont pas écrit le prénom, y'en a qui donc pour éviter qu'il y ait du bruit je passe plusieurs fois parce que si j'attends à un endroit, je sais qu'il y aura du bruit de l'autre côté donc il faut que je bouge physiquement aussi pour ça. Tableau 27 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 5'00 à Sarah : tu les avais défaits les tiens? 5'20 Saona : euh non mais comme comme je l'ai oublié ma maman elle me l'a photocopié. Sarah : tu l'avais oublié ah ah bah c'est malin ça tiens. Heureusement qu'Antonia était là! Euh, par contre du coup, tu as mis ton prénom partout? Saona : oui. Sarah : ok super. Verbalisations en autoconfrontation Sarah : *rires* Chercheur : tu dis quoi? Sarah : ah, je lui dis « ah bah c'est malin ». Ça me fait pas rire sur le coup mais là maintenant ça me fait rire d'entendre la manière dont je lui dis ça. Elle avait oublié son devoir de vacances donc elle en classe, donc je lui dis « c'est malin ». Par contre elle avait fait tout le travail, la maman a photocopié tout le travail sur une copine. Donc le travail a été fait mais je lui dis « c'est malin » parce que, bah, elle avait, enfin on avait tout photocopié et elle a oublié quoi! Elle a pas fait ce que j'attendais d'elle, donc je lui dis. Mais je suis pas vraiment en colère, parce qu'elle l'a quand même fait. C'est pas son genre à elle en plus, elle est plutôt vive et elle n'oublie rien en général donc là, je sais que ce n'est pas un acte délibéré de sa part. Je reviens vers elle pour prendre toutes ses feuilles du coup, puis je commence à repartir et j'me dis « ohla mais est-ce qu'il y a son prénom » donc je fais un petit demi-tour et je lui demande. Sarah : allez on va changer les métiers. Sarah : Allez, je vais me lancer sur les 14'33 Alors, je commence par ceux qui n'ont métiers maintenant. Je prends toutes les pas eu de métiers la dernière fois. étiquettes, j'enlève tous les métiers de la semaine d'avant. J'ai un espèce de Discussion avec l'élève responsable gobelet au-dessus dans lequel je mets des rituels en fond de classe. c eux qui n'avaient pas eu de métiers la semaine d'avant. Donc je prends ce Sarah : Le nouveau responsable des gobelet et eux en priorité et je complète rituels ce sera Mariya. Tu l'as déjà avec les autres. C'est le hasard. Je tire au fait? hasard après il m'arrive de Je Mariya : non. trichouille un peu on va dire. Je fais ça, Sarah : et bah ce sera toi à partir de parce que si je leur demande de choisir demain. Responsable de sport on ça prend deux heures. Au début, je tirais aura Yolan tu t'es entrainé pendant au sort un prénom et je lui demandais les vacances, à courir? on continuera « tu veux faire quoi? » et ça prenait là. Donc Yolan et Ya Les deux Y! deux heures. Donc là, tu vois, je tire au Yolan et Yasmine. Le tableau, Aymen- hasard, c'est le hasard qui décide et il Houcine. Tu seras responsable du fait très bien les choses. tableau. Euh, le facteur, ça sera Asma. Chercheur : tu t'arrêtes avant de Mélissa : euh, elle l'a déjà fait. commencer, tu fais quoi? Sarah : c'est pas grave. De toute façon Sarah : je vois qu'il y a un problème sur en général vous ne partez pas les jours, au fond. Donc je questionne beaucoup. Euh, les pots Mathis tu Mélissa. Ils n'étaient pas d'accord, j'en l'as déjà fait? ai entendu un qui râlait. Je ne vais pas Mathis : oui. vérifierEnfin je sais plus si j'y vais Sarah : plusieurs fois, hein? après, mais là sur le coup, je ne vais pas Mathis : non une seule fois. vérifier parce qu'il est déjà plus de 9 Sarah : Walid, tu l'as déjà fait les pots? heures et je veux avancer. Bref, je Les élèves : oui, oui. continue mon tirage au sort, je demande Sarah : Adil, tu as déjà fait les pots? si elle a déjà fait ce métier, je veille à ce non? Et bah tu feras les pots. Jenna tu qu'ils ne fassent pas deux fois le même as déjà fait les pots? métier, bon là, forcément en mars, ils Jenna : oui. sont déjà tous passés mais je prête Sarah : bon alors on va faire quelqu'un attention à ce que ce ne soit pas toujours qui ne l'a pas fait. Joaquim, tu as fait le même. Bon, et je déroule quoi, je tire, les pots? je demande, je mets l'étiquette. Là tu Joaquim : non vois, je fais du semi-hasard. *rires* Sarah : et bah tu le feras! Allez roi du Chercheur : décris-moi la situation, ce silence, Mathis. qui te fait rire là. mais je fais comme si je n'entendais pas, sinon on va y passer encore deux heures. Ah, j'arrive aux chefs de rangs. Chercheur : et il se passe quoi pour toi? Sarah : je réfléchis. Parce que j'ai mis un place un rang fixe, pour qu'ils soient bien rangés en fait, donc c'est pour ça. Je leur explique, parce qu'au début d'année on avait juste les chefs de rang de devant et derrière et comme ils ont beaucoup de mal à se ranger correctement et qu'il y avait des disputes j'ai établi un rang fixe. Et donc du coup, on change maintenant que par période les chefs de rangs. Donc bref, je leur dis, voilà, comme c'est le début d'une nouvelle période, on change les chefs de rangs et les derniers de rang du coup, forcément ça va modifier le rang fixe. Donc là je leur explique que je modifierai après sur mon ardoise là qui est sur le côté où le rang fixe est écrit avec les numéros de position et là, comme je sais qu'ils avaient l'habitude du rang fixe précédent et que je vais modifier, que je vais faire des adaptations parce que les nouveaux chefs de rangs vont faire changer des places. Je réfléchis déjà, je me dis qu'il faut que j'essaye de pas trop en faire changer parce qu'il y a des binômes qui fonctionnent bien donc faut qu'ils restent comme ça. J'anticipe un peu quoi. 13'00 à 14'24 Verbalisations et comportements en activité réelle Sarah : alorsAymen. Moment de flottement. Les élèves sont au travail en silence, l'enseignante circule dans la classe. Elle s'arrête aux côtés d'une élève pour regarder son ardoise puis relève la tête vers la monnaie accrochée au tableau. Sarah : tu es sûre ma grande? Regarde, regarde bien les billets. Compte sur tes doigts. Voilà 10. Donc 10 puis après Antonia : ah oui. Verbalisations en autoconfrontation Sarah : je vais l'aider, j'ai aperçu un truc qui était faux donc je vais la voir, je regarde ce que j'ai mis au tableau pour voir et après euh je lui repose la question euh je lui dis de revérifier. 65 Sarah : voilà et maintenant regarde les pièces. Antonia : il y a deux pièces de deux euros Sarah : et oui, voilà. Tableau 30 : protocole à deux volets. Verbalisations et comportements en activité réelle 11'25 à Sarah : allez on va changer les métiers. 14'12 Du coup c'est bon Mélissa? Mélissa : oui c'est bon. Sarah : alors Mathis : Mélissa, Mélissa, il en manque un là Sarah : Mathis, chut. L'élève responsable des rituels se lève à nouveau pour retourner au fond vérifier son travail. Elle discute de ce qu'elle a fait avec Mathis qui pense percevoir une erreur. L'enseignante s'occupe de retirer les étiquettes déjà en place sur la fusée des responsabilités. Sarah : alors, je commence par ceux qui n'ont pas eu de métiers la dernière fois. Mélissa, il y a un problème? Qu'est-ce qu'il se passe? Mélissa : mais Mathis il dit qu'on est le 80eme Sarah : bah oui. Mélissa : euh le 81! Sarah : non, 80. Mélissa : ah bah voilà Mathis. Sarah : c'est 80 puisque nous étions le 79. Mélissa : voilà donc je mets pas une paille dans le truc. Sarah : il n'y a pas de paille. Elle a rajouté, elle a fait son paquet de dix et elle l'a mis à côté. C'est ce que tu as fait? Mélissa : oui. Sarah : bah voilà, parfait. Il y a un problème Mathis? Mais dis Bon, tu as besoin de vacances peut-être Bon alors! Le nouveau responsable des rituels ce sera Mariya. Verbalisations en autoconfrontation Chercheur : tu t'arrêtes avant de commencer, tu fais quoi? Sarah : je vois qu'il y a un problème sur les jours, au fond. Donc je questionne Mélissa. Ils n'étaient pas d'accord, j'en ai entendu un qui râlait. Je ne vais pas vérifierEnfin je sais plus si j'y vais après, mais là sur le coup, je ne vais pas vérifier parce qu'il est déjà plus de 9 heures et je veux avancer. Bref, je continue mon tirage au sort. Verb alisations et comport ements en activité ré elle à Sarah : allez, on écrit la date. Discussion avec quelques élèves, demandes répétées de faire du silence. Sarah : chut chut, chut, chut! La date. Discussion avec un élève à propos de son cahier. Sarah : Allez on écrit la date. Alors, nous sommes lundi 1er mars. Mariya : quoi on est en mars??? Sarah : et oui, ça y est, c'est le 1er mars. Mariya : je croyais qu'on était en avril. [] Moment de flottement. L'enseignante récupère le matériel de numération puis se place devant le tableau et attend que les élèves terminent d'écrire la date.
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Contribution des mythes organisationnels à la construction de sens dans les organisations. Gestion et management. Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12, 2023. Français. &#x27E8;NNT : 2023PA120035&#x27E9;. &#x27E8;tel-04408833v2&#x27E9;
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En fait ça fait neuf mois que je suis là! » Nous produisons un autre témoignage, celui d’un officier supérieur. Il arrive au terme de son commandement de groupement121, poste qu’il a convoité ardemment dès le début de sa carrière et qu’il qualifie de « (ma) plus belle expérience ». Il nous dit « en fait lorsque vous êtes officier, on vous programme quelque part pour ce poste : celui de commandant de groupement ». Après plusieurs pistes, le gestionnaire de carrière lui propose de se consacrer à une thèse de recherche, pendant un an, en autonomie. Il nous parle du « vertige » qu’il a vécu : « Le plus marquant est l’après-groupement. Je me suis retrouvé auditeur à l’IFMI, c’est une formation en part time, donc globalement, une semaine par mois. (Nous sommes) deux officiers, un officier de l’armée de terre et moi, qui suivons ce parcours doctorant. On se retrouvait seuls [...]. Pas de bureau, plus de téléphone de service, plus de point d’accès et de poste de travail pour accéder aux gendarmeries. C’est la solitude totale. Interviewer : On vous sort quasiment de l’institution? C’est ça. J’allais travailler à la médiathèque de la ville. Surtout quand on sort d’une période qui est dense. Ça a duré six mois. Interviewer : Vous n’êtes même plus colonel. Le commandant de groupement a autorité sur les différentes unités de Gendarmerie d’un département. Effective peut voir comme ça. (Silence C'était... compliqué... (Silence). » Un autre officier, affecté à un poste d’environnement, nous décrit son travail : « Là je m’occupe de qualité [...], de process et procédures... Interviewer : On est assez éloigné de... Ce n’est pas mon métier. Je ne connais absolument pas ce métier. Il faut arriver à se remettre en action. Pas facile. Interviewer : C’est souvent passionnant? Non. (Rire) » Plus généralement, nous avons rencontré vingt-deux officiers affectés à des postes d’environnement au moment de notre échange ; pour la plupart, ils nous ont décrit des situations semblables. Ces affectations ont été suivies de plusieurs mois de flottement, voire d’incapacité à réellement prendre leur poste. Certaines personnes nous ont même avoué avoir envisagé de quitter l’institution à ce moment-là, car leurs attentes n’étaient plus satisfaites. Un sentiment de trahison des idéaux projetés sur une carrière en Gendarmerie semble poindre. La gestion de la frustration individuelle ou du manque de reconnaissance ressenti peut transformer l’action. Nous relevons deux grandes catégories de frustration individuelle, vécus comme des échecs, relevant de ce ressort : l’affectation à un poste non voulu, souvent un poste d’environnement comme vu précédemment, et l’évolution en grade trop lente. Lorsque nous avons expliqué ce que le terme « rupture de sens » recouvrait, cinq officiers nous ont parlé spontanément de la frustration vécue lorsqu’ils n’ont pas été « accrochés » au tableau d’avancement, c’est-à-dire lorsqu’ils n’ont pas été promus au grade supérieur alors que leur ancienneté et leur expérience le permettaient. « J’ai eu une grosse désillusion quant à ma non-inscription au tableau d’avancement, j ’ en ai voulu à la terre entière [...]. Et tout particulièrement à mes chefs, parce que ce sont eux qui soutiennent normalement. J’étais très amer. » 234 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale « J’étais dans l’incom préhension. Parce que j’ai toujours servi honnêtement mes chefs et personne ne s’est jamais plaint de mes services, y compris dans des postes plutôt atypiques [...]. Et là, j’arrive dans un monde que je connais, normalement, puisque c’est la Gendarmerie. [...] Tout d’un coup, j’ai l’impression de ne plus être compris ou de ne plus être intéressant. » Cette partie nous permet de mieux appréhender la notion d’équivocité telle que vécue ou ressentie par l’individu. Une distinction semble s’opérer entre les actions de commandement, sur le terrain, dans un temps court, comme le maintien de l’ordre ou l’intervention opérationnelle, et des situations de management inscrites dans la durée. Une dimension longitudinale apparaît. Les situations de rupture de sens et l’incapacité à réduire l’équivocité semblent s’installer davantage dans ce deuxième cas. Des dimensions individuelles ont également été relevées (incapacité de renoncer à des valeurs ou convictions, refus d’obéir à des ordres jugés inadaptés, affectation à des postes non souhaités), qui entravent le processus interactionniste social et itératif du sensemaking ou, au contraire, orientent l’action dans un sens non prévu – comme le désengagement. 2. Analyse de la relation aux mythes organisationnels Après ce travail de qualification des situations d’équivocité, nous cherchons à comprendre plus précisément le rôle des mythes organisationnels : dans quelle mesure les acteurs les mobilisent-ils, dans ces moments particuliers? Nous les définissons tout d’abord dans le cadre de la Gendarmerie, en utilisant notre modèle de naturalisation des mythes organisationnels (2.1). Nous notons des divergences avec les apports de notre terrain exploratoire et mettons également en lumière un schème dominant, celui de l’engagement. Puis, nous explorons l’importance des rites ou traditions (2.2). Ce travail souligne des différences notables entre nos deux terrains de recherche. En effet, si les rites et les mythes organisationnels relevant du service, de l’abnégation, et du commandement – que nous mettons en lien avec le schème de l’engagement – Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale sont largement repris dans la Gendarmerie, il n’est fait que peu mention des grands personnages, illustres anciens ou héros de l’organisation, à l’inverse de Dimension 4. 2.1 Caractérisation des mythes organisationnels dans la Gendarmerie Notre étude au sein de Dimension 4 nous a permis de confirmer notre intuition initiale : nous pouvons identifier des mythes organisationnels tels que nous les définissons dans notre cadre conceptuel et ceux-ci peuvent être convoqués en situation d’équivocité. Nous avons présenté un processus de construction et de naturalisation des mythes organisationnels. Nous reprenons ce même processus pour le mettre à l’épreuve de la Gendarmerie nationale. Figure 24 : Processus de naturalisation des mythes organisationnels (résultat du chapitre 4) Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale 2.1.1 Le rôle ambigu des héros et des récits organisationnels sur les actions passées La Gendarmerie est une organisation traversée par de grandes figures, des récits historiques, des actions d’éclat et des lieux, objets et rites chargés de symboles. Les lieux d’exercice de la mission comme les casernes, les bâtiments, les salles, les places d’armes, etc., portent bien souvent le nom d’illustres membres du passé. Des faits d’armes sont rappelés tant sur les lieux de leur accomplissement que lors de cérémonies. Plus de la moitié de nos répondants déclarent spontanément un intérêt pour l’histoire en général, et plus particulièrement pour celle de la Gendarmerie. Nous nous attendions donc à observer l’importance des mythes organisationnels autour de ces grands récits institutionnels ou autour d’illustres anciens, comme ce fut le cas chez Dimension 4. Or nous constatons que le processus de naturalisation de ces mythes organisationnels est plus complexe, au sein de la Gendarmerie nationale. Nous présentons quelques verbatims pour l’illustrer. « Avec moi, vous aurez un peu de souci sur ces grands héros et récits de la Gendarmerie. Je suis très bien dans ma culture générale dans le monde d'aujourd’hui. » « Moi, je n’ai pas de vrais héros [...] Je ne suis pas dans l’adoration de quelqu’un en particulier pour quelque chose. Je suis un homme de la structure. » « Avec moi, vous n’allez pas avoir de chance, je suis sûr que mes collègues en ont abondamment parlé, mais moi, tous ces « héros » ils ne me parlent pas. » « Ce ne sont pas des héros auxquels je m’identifie, ni même qui m’inspirent dans mon action. » Pourtant, nous pouvons réellement parler de mobilisation d’arguments scientifiques pour les faire vivre. Ces grands personnages et leurs grands faits d’armes sont abondamment documentés et communiqués. À titre d’exemple, le musée de la Gendarmerie nationale est implanté au sein même de l’EOGN, lieu 237 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale emblématique et important dans la carrière des officiers, puisqu’ils y suivent tous leur formation initiale et reviennent pour différentes formations au cours de leur carrière. Image 16 : Musée de la Gendarmerie nationale de Melun Source : P. Fleurentdidier Le musée est vu comme un objet de fierté. Un commandant nous explique qu’il en a fait un passage obligé et attendu, lorsqu’il reçoit de la visite d’amis ou de membres de sa famille : « Je suis fier de l’histoire de mon arme. Je suis fier de présenter le musée à mes connaissances ou à ma famille. Mais, je ne peux pas dire que le musée m’inspire dans ma façon d’être au quotidien. Moi, je reste très focalisé sur le pragmatisme. » Nous retrouvons des mécanismes semblables à ceux que nous avons décrits précédemment chez Dimension 4. Les grands récits sont rappelés lors des cérémonies et mis en scènes sous forme d’artefacts. Nous présentons le chant de la Gendarmerie nationale, création récente de 2021 : ce chant consacre une strophe à l’évocation de ses illustres membres érigés en modèles d’action « Moncey, Fontan, Cazals, Beltrame, voici vos fiers descendants » (huitième couplet). Image 17 : Le chant de la Gendarmerie nationale Source : Gendinfo Pourtant, la naturalisation des mythes organisationnels ne semble pas opérer dans les éléments que nous venons de décrire. Les récits, artefacts et rites ne sont pas rejetés, loin de là, car ils font partie d’une culture accueillie favorablement. Mais ils n’accèdent pas au système second tel que nous le comprenons. 239 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Figure 25 : Processus de naturalisation des mythes organisationnels appliqué aux actions illustres passées en Gendarmerie Nous proposons une piste d’explication : les schèmes dominants dans la Gendarmerie et surtout, des dimensions individuelles propres aux officiers rencontrés s’alignent moins avec des mythes organisationnels autour des illustres anciens et des actions d’éclat que ce que nous pouvions voir chez Dimension 4. Dans ce dernier cas, le schème dominant de la performance essentiellement individuelle était parfaitement en lien avec les attentes, les valeurs et les modèles de comportement des acteurs. Cet alignement est moins évident dans la Gendarmerie, avec un schème dominant qui relève davantage de l’engagement au service du collectif, ainsi que nous allons le voir. Pour la grande majorité des interviewés sur le deuxième terrain de recherche, les « héros » relèvent du récit, utile et intéressant, mais ne constituent pas un mythe organisationnel mobilisé pour agir. 240 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale 2.1.2. Des mythes organisationnels autour de l’engagement L’énoncé de notre sujet a invariablement suscité de l’intérêt auprès des officiers, dès la prise de contact. Des mythes organisationnels ou des objets qualifiés comme tels ont spontanément été cités dans la plupart de nos entretiens. 2.1.2.1 Mythes organisationnels et valeurs Les mythes organisationnels cités relèvent, dans la majorité des cas, de valeurs – des valeurs intemporelles comme sorte de « code d’honneur » (expression citée à quatre reprises). Nous présentons les valeurs qui ressortent de notre codage. L’ancrage dans le territoire, au plus proche des populations et des troupes, est mentionné par plus de la moitié des répondants. Une expression résume cette valeur : « la Gendarmerie, une force humaine ». Un officier supérieur nous en livre son interprétation personnelle : « La Gendarmerie « force humaine » [...] c’est très important. C’est rentré vraiment dans la mythologie de la Gendarmerie ça. C’est quasiment le mythe le plus important Interviewer : Vous faites quoi vous de ce mythe-là? J’essaie de l’appliquer, ça m’inspire dans mon quotidien. Parce qu’il me parle, parce que mes tripes y adhèrent. Je l’entends quand j’ai 13 ans et ça n’a pas changé [...] avec l’âge on désacralise certaines choses, mais non, le côté humain avant tout n’est jamais descendu de son piédestal. » Cette force humaine est mise en lien avec la croyance religieuse, dans certains cas. Près d’un tiers de nos répondants font un lien entre leur engagement et leur foi religieuse. « Mais la croyance m’a été imposée dans ma culture [...]. Je l’ai conservée comme guide sur certaines valeurs, comme par exemple le partage. » Parmi les valeurs importantes, la loyauté est également ressortie de manière notoire. Une loyauté acceptée, presque vénérée, qui permet de faire le lien avec des dimensions personnelles et de se mettre en action. Un lieutenant, 241 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendar merie nationale command ant d’une troupe d’intervention, nous parle de la loyauté comme guide à l’action : « Moi, je serai toujours loyal. Interviewer : À quoi? Au chef, à la parole donnée. Interviewer : Mais le chef, ce n’est pas un surhomme. Non, ce n’est pas un surhomme. [...] je serai loyal proposant plutôt de faire différemment. Et s’il me dit « oui, mais je n’ai pas le choix » [...] même si je ne suis pas d’accord avec la façon de le faire, je vais tout mettre en œuvre pour pouvoir atteindre l’objectif tant que ce qu’il me demande de faire ne touche pas à au cadre légal, à l’éthique ou à la sécurité de mes hommes. » Comme la gendarmerie est vécue comme une gardienne de la République et une gardienne des lois, une tension apparaît entre loyauté, valeur largement reprise et résistance, voire désobéissance. Un mythe organisationnel particulier illustre ce propos, celui des « baïonnettes intelligentes », qui permet de surmonter le dilemme de la loyauté en invoquant le recul, la prise de distance et l’autonomie dans la décision. Un commandant de groupement nous parle de son interprétation de l’engagement et du droit à désobéir : « Interviewer : Vous me parliez de votre visite au Mémorial de la Shoah... C’est que ces actions où j’estime qu’il est de mon devoir de résister se concrétisaient dans un événement historique. Il est exposé une situation dans laquelle un (gendarme) commandant de compagnie, celui de Grenoble en 1942, après les lois d’août 1942, donne des ordres pour aller arrêter les israélites. [...] Vous avez d’un côté, si vous voulez, des gens qui ont appliqué les ordres, qui ont appliqué la loi et de l’autre côté, quelqu’un qui manifestement a désobéi, a sauvé des vies humaines, est allé en contradiction avec ces règlements, avec les ordres, avec les directives, avec la loi. C’est à lui qu’il faut ressembler. Être capable de résister [...], c’est porteur d’espérance. » Ainsi, ce sont principalement des valeurs autour de la notion d’engagement, qui font l’objet d’un processus de naturalisation des mythes organisationnels. Nous le définissons à la fois comme un acte par lequel on s’engage à accomplir une promesse, un serment. Un lien se crée, il convient d’y faire honneur. L’engagement désigne également l’implication physique dans l’action. Ces différentes dimensions ressortent sensiblement de notre analyse. Cet engagement revêt plusieurs formes. Le service du citoyen en est une dimension importante, une sorte de contrat originel qui implique une disponibilité totale. L’engagement englobe des valeurs et concepts tels que l’abnégation, le service des autres - voire de don de soi -, la loyauté, le courage ou encore la résistance. Les mythes organisationnels qui en découlent prennent la forme de récits, de verbatims inscrits dans les lieux d’exercice de la fonction et sont rappelés régulièrement aux membres de l’institution. Ils ont été cités par de nombreux officiers (plus de 30 répondants) comme des guides, des réserves de sens qui permettent de surmonter des situations de doute, d’incompréhension, voire d’injustice. À un officier qui nous expliquait avoir été « lâché » par sa hiérarchie, nous demandions : « Interviewer : (Dans cette situation) avez-vous eu envie de quitter l’institution? J’avoue que l’idée m’a traversé la tête. Je ne savais plus que faire. Pendant des jours et de jours... Interviewer : Et? Et en fait, vous voyez, je vous parlais de « force humaine », de servir. Je me suis dit « je suis tombé sur deux trois (officiers) qui ont causé cette situation ». Mais en fait ça ne remet pas en cause la Gendarmerie. Ça ne remet pas en cause mon engagement . Interviewer : Et? Eh bien c’est ça qui m’a permis de me relancer. J’en suis sûr . Dans ce cas, les mythes organisationnels ont permis l’action. De nombreux officiers ont, dans des situations semblables, abordé un mythe organisationnel particulier, celui de la Gendarmerie. 2.1.2.2 Le mythe organisationnel de la Gendarmerie Près des deux tiers des répondants (vingt-neuf) nous ont parlé du « mythe de la Gendarmerie ». L’institution en elle-même relève d’un mythe organisationnel, tel que défini dans notre cadre conceptuel – un mythe qui dépasse ses membres. L’engagement, l’abnégation, mais également la fierté ou, pour certains, la capacité à répondre à leurs attentes profondes (points que nous creuserons plus avant en partie 3 de ce chapitre) participent du processus de naturalisation. « Et donc on l’accepte quand on rentre dans la Gendarmerie. Je ne dis pas qu’on se dissout dans la Gendarmerie, mais la Gendarmerie doit rester plus forte que nous. [...] (l’institution) doit nous animer au-delà des convictions propres qu’on peut avoir. On a le droit d’avoir, nos convictions, d’avoir nos opinions, etc. Mais à un moment donné, ce qui prime, ça nous dépasse. [...] ne pas justement risquer de faire quelque chose d’individuel qui pourrait avoir des conséquences qui nous dépasseraient, y compris sur les autres. » « J’aime l'histoire et il y a quand même une période que je trouve profondément marquante, c’est la période de l’Occupation, donc la Deuxième Guerre mondiale, dans son déroulement, mais aussi dans ses conséquences. Alors, à la fois dans ses conséquences négatives [...]. Mais il y a aussi le pendant positif [...]. Je me plais à penser que l’institution est garante de toutes les dérives, est plus forte, nous protège, vous voyez? » Dans plusieurs cas, des situations d’équivocité ont été surmontées en s’appuyant sur ces valeurs. Toutefois, dans certains cas, nous assistons à un phénomène identique à celui que nous avions identifié chez Dimension 4 : l’évolution de la relation aux mythes organisationnels, un affaiblissement de leur portée dans certains cas. Nous avons pu étudier des moments dans lesquels l’action prend une autre trajectoire, comme nous l’avons évoqué précédemment. Par exemple, lorsqu’une affectation n’est pas souhaitée, lorsqu’une situation d’équivocité managériale est mal v écue ou lorsqu’un désengagement peut se mettre en place. La relation aux mythes organisationnels peut, dans ces cas, s’affaiblir. « Le changement de ministère en 2009 est un point de bascule qui n’était pas neutre pour moi. » « J’aurais pu m'investir beaucoup plus dans le professionnel. Bon, aujourd’hui, je cherche davantage un vrai équilibre entre le professionnel et le personnel. » « La valeur, c’est ce à quoi on attache du prix. Chez moi, de plus en plus, la valeur, c’est la famille, c’est le noyau familial. » Nous n’avons pas rencontré d’acteurs ayant quitté l’institution, contrairement à Dimension 4. Nous n’avons donc pas pu tester le lien entre départ et mythes organisationnels. Nous retrouvons néanmoins le caractère instable ou non pérenne des mythes organisationnels même s’il est moins prégnant dans le cas de la Gendarmerie. Dans ce cas, l’acteur se recentre sur des valeurs personnelles, identitaires (que nous détaillons et étudions plus précisément dans le troisième temps de ce chapitre). Cette partie nous permet de montrer l’importance de l’engagement comme schème dominant au sein de la gendarmerie et d’éléments associés, la proximité avec les populations, le service, la loyauté et l’abnégation, mais également le droit à la désobéissance. Notre processus de naturalisation des mythes organisationnels est opérant pour des valeurs, artefacts et rites qui relèvent de ce schème. Nous complétons donc notre modèle. 245 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Figure 26 : Processus de naturalisation des mythes organisationnels – 2ème version 2.2 De l’importance des rites L’importance des rites – notamment les grands séminaires commerciaux saisonniers, bien souvent aux États-Unis ou dans de grands centres de congrès en Europe – a été esquissée dans notre terrain exploratoire. Ce terrain nous permet de retrouver leur importance comme moments de rassemblement et de communion autour des mythes organisationnels, notamment celui de l’engagement pour la Gendarmerie, mais également d’établir un lien avec des dimensions individuelles. Nous nous appuyons sur les apports de Barthes et Lévi-Strauss pour qui les rites jouent un rôle important en tant que moments collectifs dans lesquels les individus se connectent à travers des symboles et des significations partagés. Ils itre hési , mais également à de identité individuell . Nous rappelons tout fois, une différence notable entre l’anthropologue et le sémiologue : Lévi-Strauss s’intéresse avant tout à la dimension collective des rites, tandis que Barthes y voit davantage un renforcement des individualités122. 2.2.1 Une dimension collective des rites Pour Lévi-Strauss, les rites sont des formes symboliques qui jouent un rôle crucial dans la vie sociale et culturelle des groupes humains. Il propose une analyse structurale des systèmes de parenté et met en évidence le rôle des rites dans le maintien de l’ordre social et la régulation des relations familiales (Lévi-Strauss, 1967). Selon lui, ils fonctionnent comme des mécanismes de résolution des contradictions et des tensions sociales et symboliques, permettant de rétablir l'harmonie et l’équilibre dans les relations entre les individus et les groupes. Les rites peuvent donc être vus comme des moments collectifs durant lesquels les individus participent à des actions symboliques qui renforcent le lien social et la cohésion du groupe. Cette dimension est particulièrement importante pour plus des trois quarts des officiers (36 répondants). Une dimension de transmission est centrale dans ce processus de cohésion : « Il y a ce côté transmission. Je pars du principe qu’on n’est propriétaire de rien. Moi, je ne suis pas propriétaire de ma fonction. » « Celles (les cérémonies) qui me parlent sont celles qui honorent nos anciens. Ça, ça me parle. Leur sens du sacrifice pour la liberté que l’on connaît aujourd’hui. Même si encore une fois, ce ne sont pas mes héros. » « J’estime que c’est la moindre des choses que de leur être reconnaissant (aux anciens), même si, comme je vous l’ai dit, ils ne sont pas des modèles absolus pour moi. » Voir notre revue de littérature sur ce point Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Image 18 : Exemple de rite, la cérémonie de baptême de promotion à l’EOGN Source : DESO (département de l’enseignement des soutiens opérationnels – EOGN) La dimension individuelle, qui peut sembler contradictoire avec ce que nous venons de montrer, est également fortement présente. 2.2.2 Une dimension individuelle des rites La question de l’identité individuelle et de la signification des rites anime particulièrement Barthes (1957). Il ne rejette pas pour autant leur dimension collective. En effet, il les voit comme des moments durant lesquels les individus se connectent collectivement à travers des symboles et des significations partagées, ce qui leur permet de s’inscrire dans une communauté culturelle plus large123. Mais pour Barthes, les rites modernes relèvent davantage de dimensions individuelles : ils offrent des moments de plaisir, de gratification et de construction de soi, permettant ainsi aux individus de s’identifier à des modèles culturels et de se forger une identité en relation avec les valeurs et les pratiques sociales. 123 Il analyse divers aspects de la culture de masse et explore les rites modernes, tels que les célébrations sportives, la mode ou les médias. 248 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Les rites sont des moments de renforcement des convictions individuelles. Un commandant de groupement de gendarmerie nous parle de son rapport à ces moments bien précis : « Le fait de voir les gens rassemblés, ça me fait vibrer puisque c’est autant de personnes qui sont prêtes à donner leur vie. Je me dis : "Punaise, on n’a pas n’importe qui en face de nous" [...]. Interviewer : Ça paraît presque irréel : être prêt à donner sa vie! C’est dans la prière des gendarmes. On est vraiment dans le truc. La prière des gendarmes, c’est aussi un des moments qui me fait vibrer [...]. J’adore. » Ces moments donnent du sens et rappellent l’importance de l’engagement et de la mission. Nous illustrons ce propos avec quelques déclarations. « [...] Je les vis intensément. Personnellement, c’est un moment que je vis intensément. On va parler des symboles et des couleurs, le drapeau, la Marseillaise. Ça a du sens. Je ne le vis pas comme tout le monde. J’en suis certain. Je le vis plus intensément. » « Là, vous vous dites : "Ok, tout ça a un sens." Parce que vous êtes en groupe, mais il n’y a pas de bruit. On a le temps de faire un peu d’introspection à réfléchir au sens de l’engagement. » « J’aime bien, parce que c’est une pause. On traite énormément de choses futiles. On travaille beaucoup. Les couleurs, c’est un moment où on se pose et on réfléchit pourquoi on est là. On est militaire, on est là pour servir. » « Pourquoi est-ce que ça (me) tient à cœur? Parce que la citoyenneté, ce n’est pas quelque chose de déclaratif. C’est quelque chose qui s’incarne. Je pense que j’y participe en faisant ce genre de choses. Je suis dans mon rôle. » « La cérémonie de prise de commandement, ça me parle. La prise de responsabilité, c’est le poids des vies humaines qu’on a dans les mains. C’est très symbolique, on sent tout ce poids qui arrive sur les épaules, elle est importante. » Un sentiment de fierté est également présent pour certains « Oui, de la fierté. Un sentiment de fierté. C’est bête (rire). Toutes ces cérémonies, tout ce cérémonial, ça a du sens ». Les objets symboliques et les artefacts prennent toute leur place dans ce processus individuel. « C’est quelque chose qui est important pour moi, les décorations, les brevets, les choses comme ça, mais surtout les décorations, les médailles. Alors moi j’ai deux (enfants), et sur les deux y en a un à qui j’aimerais léguer mes médailles [...] et à l’autre mon sabre. » « Certains ne comprennent pas [...] on attache de l'importance à notre écusson. L’écusson du GIGN [...] c’est une forme de rite initiatique qui a duré 12 semaines. On a connu le froid, la faim, la souffrance. Certains ont pleuré. C’est le sang, la sueur et les larmes. [...] Arriver à obtenir cet écusson [...] Nous on y donne vraiment un sens à cet écusson. » Les rites peuvent également créer du sens en surmontant l’équivocité. Un commandant de groupement nous relate une situation dans laquelle, avec ses troupes, alors qu’il était bloqué sur le terrain et ne savait pas quelles décisions prendre face à une situation nouvelle, il a fait livrer un mât pour pouvoir hisser les couleurs dans son campement. Lorsque nous l’interrogeons sur ses motivations, il répond : « On garde notre état militaire. Les couleurs, la Marseillaise et après la journée commence. [...] C’est aussi dire que c’est une manière de rassurer et de se rassurer [...] Parce que sur le feu de l’action, on a besoin de se rassurer et de faire les choses [...], on va mettre une cérémonie symbolique. » En conclusion, le processus de naturalisation des mythes organisationnels ne semble pas opérer pour certains récits, artefacts ou symboles. Les grands anciens ou héros ne sont que très peu repris par nos répondants. Pourtant, nous pouvons réellement parler de mobilisation d’ scientifiques pour les faire vivre. 250 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Ils font l’objet d’une narration institutionnelle continue et ritualisée. Mais d’autres formes de mythes organisationnels sont bien présentes, autour d’un schème dominant – l’engagement – et de déclinaison de ce schème – proximité humaine, loyauté, résistance. Nous mettons en avant l’existence d’un schème dominant, celui de l’engagement au service des autres qui a une dimension collective. Nous avions déjà identifié un schème dominant chez Dimension 4, celui de la performance, principalement individuelle. Nous complétons notre modèle conceptuel des mythes organisationnels en introduisant l’idée que le mythe organisationnel n’émerge que si un alignement s’opère entre la mobilisation d’arguments scientifiques, le schème dominant et des dimensions individuelles124. Le système second est alors opérant. 124 Notre premier terrain, Dimension 4, laissait entrevoir ces apports. Mais nos analyses et notre panel restreint ne permettaient pas de les présenter avec robustesse. 251 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Figure 27 : Processus de naturalisation des mythes organisationnels – 3ème version 252 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale 3. Des dimensions individuelles fondamentales qui correspondent au concept de mythe individuel Nous avons montré que des dimensions individuelles entrent en dialogue avec les mythes organisationnels, tant chez Dimension 4 qu’en Gendarmerie. Nous cherchons à présent à voir dans quelle mesure nous pouvons établir des liens entre ces dimensions et le concept de mythe individuel que nous avons détaillé dans notre revue de littérature (chapitre 1) et que nous résumons rapidement cidessous. Le concept de mythe individuel est tiré de la psychologie et se réfère à une représentation symbolique, personnelle et individuelle profonde qui émerge de l’inconscient d’un individu. Il offre un cadre narratif pour comprendre notre vie, nos expériences, notre identité, nos motivations voire nos névroses, c’est-à-dire nos troubles affectifs et émotionnels sans cause anatomique (Jung & Jaffé, 1967 ; Lacan, 1978 ; Lucchelli, 2006). Il est influencé par les expériences personnelles, plus précisément par l’enfance et par notre rapport à nos parents ou à la famille au sens large, mais également par les archétypes universels, les paradigmes de pensées et les normes de comportements généralement acceptées. Pour les auteurs cités, il donne un sens à la vie et favorise la croissance personnelle. Dans ce cadre théorique, nous créons donc tous un ou plutôt des mythes individuels pour expliquer ou justifier qui nous sommes, d’où nous venons, quels sont nos principaux traits de caractère et, pour aller plus loin, quelles sont nos peurs, nos craintes, mais également les aspirations et les envies qui guident notre action. Figure 28 : Qualification des mythes individuels Nous essayons de mieux comprendre dans quelle mesure nous pouvons retrouver ces dimensions et ces articulations dans notre travail, en traitant d’abord de l’influence de l’enfance et des jeunes années (partie 1), puis du besoin d’être différents et de développer des valeurs personnelles structurantes que nous mettons en relation avec des archétypes, normes et paradigmes de comportements (partie 2). 3.1 Influence de l’enfance et des jeunes années dans la constitution du mythe individuel Il s’agit là d’une dimension essentielle du mythe individuel. Lacan, par exemple, explique dans son mythe individuel du névrosé (1967) comment l’enfance d’un de ses sujets a fait naître des névroses qui vont être constitutives de ce qu’il est et de ce qu’il va devenir. itre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale Notre travail a mis en avant un point central, l’importance de l’enfance. En effet, plus de 75 % des répondants nous en ont parlé, souvent spontanément alors que nous leur posions notre question introductive « pourquoi êtes-vous dans la Gendarmerie? ». La réponse menait assez naturellement vers un échange sur les jeunes années, pour expliquer les sources de leur engagement. Moins d’une dizaine d’officiers nous ont parlé d’une vocation plus tardive, souvent au moment de leurs études supérieures. Deux répondants ont eu une courte expérience dans le secteur privé avant de se réorienter. 3.1.1 Importance de la famille La culture familiale et l’influence des parents ont largement été abordées. Pour certains, une volonté de satisfaire et de rendre fiers les parents est à l’œuvre. Dans ce cas, la relation aux parents, notamment dans l’enfance puis dans l’adolescence, joue un rôle important. « Au lycée (on me parle) des prépas militaires [...]. Je me suis dit : militaire, je vais faire plaisir à papa. Et en plus je vais pouvoir faire du sport (rire). » « En arrière-pensée, je pensais à la fierté de mes parents, et surtout de mon grand-père. [...] Je n’avais personne de ma famille dans la communauté militaire, mais je savais bien que mes parents seraient fiers d’avoir un gendarme dans la famille ou du moins un militaire. » Au-delà de la satisfaction ou de la fierté des parents, l’image projetée de soi joue un rôle. Dans certains cas, c’est l’impossibilité de décevoir ou plutôt le sentiment d’échec ressenti qui pousse à embrasser une carrière militaire. « Et je n’aurais jamais pu, c’est là peut-être que ça peut faire le lien avec votre sujet, rentrer chez moi et dire à mon père que j’avais abandonné (les tests de sélection pour entrer au GIGN). Interviewer : Pourquoi? J’aurais eu trop honte. Ça ne pouvait pas m’arriver. » Plus généralement, plus de la moitié de notre panel déclare avoir un ancrage familial militaire. Pour un tiers, l’envie d’être militaire a toujours été là. « Pour me présenter de manière assez simple, je suis issu d’une famille de militaires. Depuis Napoléon. J’ai été baigné dans le milieu militaire. « Dans le patrimoine familial, nous ont été transmis les uniformes, les sabres de commandement de mes ancêtres. » « Il y avait une culture et une tradition militaire qui était bien ancrée dans la famille. » « Je suis rentré en Gendarmerie avant toute chose parce que [...] étant fils de militaire, le monde militaire était un univers qui me fascinait par rapport à ce qu’il véhiculait [...] » Près d’une dizaine d’officiers vont plus loin dans cette relation filiale. Une forme d’idéalisation du père est à l’œuvre. Nous citons l’exemple d’un officier dont le père est intervenu lors de la prise d’otages de Marignane, sous les ordres du commandant Prouteau, en décembre 1994 : « Ce que je vous disais, la prise d’otages (de Marignane), c’est (mon père) qui va la gérer. C’est quelqu’un qui a un certain statut pour moi, dans mes yeux de gamin, mais même au sein de la Gendarmerie [...]. Je pense qu’à ce moment-là, le lien intellectuel se fait pour dire inévitablement, je me rapproche de mon père. » À l’inverse, l’opposition au milieu familial, dans une nécessité de se détacher de ses parents voire de s’opposer à eux, est également apparue comme élément déclencheur pour un cinquième de nos officiers : « Voilà. Dans une famille qui n’est pas du tout militaire, on a tout fait pour m’empêcher d’être militaire. Ça faisait très peur, surtout à ma mère qui ne connaissait pas le milieu. Mais moi j’avais besoin de partir. » « Mon père était alcoolique. Violent. Je pense que psychologiquement, ça a dû jouer sur ma volonté de m’inscrire dans 256 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale un rôle d’action. [...] À 8 ans, les problèmes ont commencé. Je suis le seul mec de la famille, j’ai deux sœurs, mon père s’en prenait plus régulièrement à moi parce que j’étais l’autre mâle de la famille [...] » « Je veux m’engager comme gendarme adjoint. Ça a été une crise absolument horrible chez moi. En fait ça se passait très mal. Je me dis « bien sûr que je vais faire gendarme, ça me permet de me barrer ». » Nous ne présentons que quelques verbatims dans cette partie, mais de nombreuses autres déclarations l’étayent. Plus des trois quarts de nos répondants ont invoqué des raisons familiales à leur engagement – être issu d’une famille de gendarmes ou de militaires, reproduire un schéma familial ou adhérer à des valeurs communes. L’opposition aux parents, voire le rejet de la culture familiale, a également pu être le déclencheur de la vocation. Dans tous ces cas, ces dimensions liées à l’enfance font partie inhérente et intégrante de la personnalité des répondants, selon eux. Elles permettent de mieux les comprendre et expliquent leurs choix. 3.1.2. Donner un sens à sa vie Les envies, les motivations, voire les craintes et les névroses ont largement été abordées par les répondants. Nous identifions des besoins d’aventure, de découverte de soi ou d’adhésion à un groupe pour nourrir des attentes individuelles nées dans les jeunes années. 3.1.2.1. Besoin d’aventure, d’évasion Le cadre familial, les lectures de l’enfance et de l’adolescence et certaines activités comme le sport ont fait naître un goût pour l’aventure chez nos officiers. Cette expression de « goût pour l’aventure » se retrouve dans près de 25% de nos échanges. Un lien avec l’enfance, de nouveau, est bien souvent établi. « Vers 16 ou 17 ans, après la lecture de livres comme ceux du général Bigeard, tous ces gens-là qui ont fait les guerres coloniales, Erwan Bergot, les grands chefs militaires [...]. Et puis j’avais été bercé aussi par les récits de Tom Morel, et d’autres qui étaient officiers. » 257 Chapitre 5 – Analyse de second niveau ; la Gendarmerie nationale « Ce qu’on pouvait se prouver aussi à soi-même, d’une certaine manière, je dis ça maintenant de manière rétrospective, à l’époque, je pense, c’était surtout l’aventure. » « C’était plutôt le goût de l’aventure, pas tant servir son pays, qui s’est développé très tôt chez moi. » Ce besoin d’aventure est particulièrement marqué pour toute une partie des officiers rencontrés, et la Gendarmerie permet de le concrétiser et de l’assouvir. Nous avons récolté de nombreux narratifs passionnés et enthousiastes de missions d’opex (opérations extérieures), comme le maintien voire le rétablissement de l’ordre sur des territoires variés – Guyane, Nouvelle-Calédonie, Mayotte, etc. Des affections dans des pays étrangers (Afrique, Amérique latine) ont également été citées. 3.1.2.2. Importance du collectif et de la structure L’appartenance au groupe pour exister en tant qu’individu, mais également pour donner un cadre et une structure, peut également se er dans cette période. Le scoutisme est ressorti dans un tiers des échanges, tout comme la religion ou l’appartenance à un groupe constitué au sens large. « Et à l’adolescence, je me suis posé des questions sur ce que j’allais faire de ma vie [...], c’est ce sens du collectif que j’avais découvert à travers le sport et le scoutisme qui m’a plu. » « Le scoutisme, ses valeurs de camaraderie, de dépassement. J’ai retrouvé certaines choses, certaines valeurs collectives, ça m’a fait envie d’aller en Gendarmerie. » « J’ai commencé à 8 ans et j'ai fini à 22 ans (le scoutisme). Ça faisait partie de de la tradition de faire ça, mais d’y rester aussi longtemps, pas. Ça m’a plu. Le côté contact avec la nature, le côté, on se retrouve entre garçons et on fait des choses, voilà, entre nous quoi. » Cette appartenance à un collectif a permis, dans bon nombre de cas rencontrés, de nourrir des envies plus individuelles, comme une envie pour l’action, mais également du prestige et de la stature. « C’est l’action qui m’a attiré au début, quand j'étais gamin [...] J’aimais bien ce rôle un peu viril, du mec droit dans ses bottes, carré, qui n’a pas peur de mettre des claques en soirée s’il faut. Je me suis calmé depuis (rire). » « J’étais attiré par l’autorité, par les tenues, par le prestige. Un certain sens des valeurs que je savais incarnées par l’univers militaire et dans lequel je voulais me retrouver. » Dans cette partie, nous avons étayé ce qui émerge de nos propres prises de notes lors de nos entretiens : l’enfance et les jeunes années jouent un rôle, ce qui peut sembler assez évident, mais surtout, l’analyse par le codage de nos données tend à montrer que ces années sont structurantes dans bien des cas et permettent de comprendre l’engagement et les valeurs individuelles en lien avec des normes de comportement pour trouver sa voie, des paradigmes (l’aventure par exemple) et des idéaux. 3.2 Caractérisation des mythes individuels Au-delà du caractère structurant de ces années, les entretiens nous ont permis de mieux comprendre et étudier les dimensions individuelles que nous avons relevées tant au sujet de Dimension 4 qu’à celui de la Gendarmerie. Ces dimensions relèvent d’envies, de motivations et également d’aspects identitaires. Nous identifions l’engagement individuel au service du collectif, de même qu’une envie d’être différent et de trouver sa voie pour surmonter des craintes et des névroses. 3.2.1 De l’importance de l ’engagement individuel... L’engagement ressort comme notion centrale dans la quasi-totalité de nos échanges. Pour rappel, il désigne un acte par lequel on s ’engage à accomplir une promesse, un serment. L’engagement désigne également l’implication physique dans l’action. Cet engagement revêt plusieurs formes. Le service du citoyen en est une dimension importante, il implique une disponibilité totale.
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La médecine du travail : étude juridique au service d’une meilleure prévention des risques professionnels
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1547 291 leur sont prélevées, par les salariés en raison des cotisations qui sont déduites de leur rémunération, mais également et, de manière plus générale, par l‟impôt qui permet d‟assurer la redistribution, et essentiellement supporté par les travailleurs. En effet, la précarisation du salariat et les nouvelles formes d‟emploi moins protectrices, dont l‟organisation de la santé au travail peine à assurer la surveillance qu‟elles mériteraient au regard des risques accrus pesant sur la santé des travailleurs concernés, impactent ces derniers qui peuvent alterner des périodes plus ou moins longues dans l‟emploi et hors de l‟emploi. À cet égard, le risque de perte d‟emploi constitue un risque professionnel pour trois raisons : le préjudice subi réparé par l‟indemnité de licenciement, le chômage et toute perte de chance subséquente, et enfin les aléas du retour à l‟emploi. En outre, tout le droit du licenciement économique est fondé sur la responsabilité de l'employeur à qui le licenciement est imputable1554. Au-delà, l‟employeur a l‟obligation d‟adapter les salariés à l‟évolution de leur emploi, de faire en sorte qu‟ils demeurent employables pour précisément limiter le risque de perte d‟emploi. La question relative au reclassement est fondamentale en matière de perte d‟emploi lié aussi bien à des problématiques de santé du salarié qu‟économiques. Le médecin du travail est en charge de conseiller l‟employeur sur les aménagements éventuels de poste ou sur les propositions d‟autres postes afin que les changements envisagés ne soient pas de nature à altérer sa santé et que l‟emploi soit préservé. La préservation de l‟emploi participe bien de la préservation de la santé. C‟est la raison pour laquelle les procédures d‟inaptitude notamment1555 sont si rigoureuses pour précisément rendre difficile le contournement du droit de la rupture du contrat de travail par une constatation médicale qui ne donnerait pas toutes les garanties relatives au respect dû à l‟emploi, surtout en matière de contrat précaire. 1554 M.-L. Morin, Partage des risques et responsabilité de l‟emploi. Contribution au débat sur la réforme du droit du travail, Dr. soc. 2000, 730. 1555 C. trav. L. 1243-1. 292 B. La double exigence du médecin du travail 206. Une approche populationnelle, un dépistage individuel. Le rôle du médecin du travail, plus que tout autre médecin, par sa mission exclusivement préventive, est un rôle d‟anticipation. En effet, son diagnostic « pré-symptomatique » qui précède le diagnostic médical classique est particulièrement exigeant . L‟action préventive que mène le médecin du travail à destination de la communauté de travail après avoir diagnostiqué une fragilité d‟un salarié par le fait de son travail est du domaine de la thérapeutique au sens large, de même que les préconisations d‟aménagement de poste à titre individuel qu‟il est amené à faire. Le repérage des signes fonctionnels intermittents, souvent ressentis par épisodes douloureux mais aussi souvent banalisés, relèvent de la compétence du médecin du travail parce qu‟il est le plus à même de déterminer les liens entre santé et travail, au terme d‟une démarche étiologique. Cette instruction diagnostique permet ensuite la réponse thérapeutique matérialisée par l‟intervention sur la situation de travail. Souvent discrets, les symptômes vécus ne motiveraient pas le sujet à consulter un médecin généraliste. C‟est la raison pour laquelle le passage périodique devant un médecin du travail est nécessaire, de même que la consignation précise des constatations effectuées dans le cadre d‟un examen clinique sont indispensables pour être à même d‟établir le lien entre situation de travail, fragilité personnelle et préventions secondaire individuelle et primaire collective. En complément de cette immersion plus profonde dans le travail réel, les échanges entre professionnels de santé doivent être renforcés pour que les connexions et interactions se multiplient au bénéfice de meilleurs et plus précoces diagnostics et actions préventifs. Plus on se situe en amont, plus les actions seront bénéfiques sur la santé. Au stade l‟atteinte, la logique juridique a tendance à prendre le pas sur la logique médicale dans la mise en œuvre de procédures qui tiendront compte d‟autres paramètres que les seules considérations de préservation de la santé. Entre autres, la question relative au maintien de l‟emploi se posera et sera parfois de nature à déclasser la santé de son caractère normalement prioritaire. La juridicisation de l‟écrit médical est un exemple de cette réalité. Il ne faut cependant pas oublier les effets bénéfiques du caractère contraignant de ces écrits médicaux sur l‟employeur qui, en raison de son obligation de sécurité, est obligé, dans les faits, de suivre les indications du médecin du travail. 1. Un rôle préventif individuel 207. Le rôle d‟information du médecin du travail1556 est essentiel et il complète celui de l‟employeur. Leur articulation doit être renforcée et s‟inscrire dans une collaboration étroite. A cet égard, dans le cadre de la visite de préreprise consécutive à un arrêt de travail de plus de trois mois1557, le Code du travail prévoit que le médecin du travail informe l‟employeur « afin que toutes les mesures soient mises en œuvre en vue de favoriser le maintien dans l‟emploi du travailleur »1558. De plus, « le médecin du travail est informé par l'employeur de tout arrêt de travail d'une durée inférieure à trente jours pour cause d'accident du travail afin de pouvoir apprécier, notamment, l'opportunité d'un nouvel examen médical et, avec l'équipe pluridisciplinaire, de préconiser des mesures de prévention des risques professionnels. »1559 Ces quelques dispositions sont une bonne base sur laquelle il faut continuer à avancer. En période d‟arrêt, l‟employeur peut solliciter une visite avec le médecin du travail. On peut s‟interroger sur le fait que le salarié puisse s‟opposer à ce que le médecin du travail informe l‟employeur de ses recommandations concernant les mesures à mettre en œuvre en vue de favoriser le maintien dans l‟emploi du travailleur1560. N‟y a-t-il pas incompatibilité avec son obligation de loyauté de participer à la démarche d‟adaptation de poste et de reclassement s‟il s‟est opposé dès la préreprise à communiquer avec son employeur? Ne peut-on considérer que le salarié ne respecte pas, dans cette hypothèse, son obligation de sécurité1561. 1556 C. trav., art. L. 4622-2, 2° (conseil), L. 4624-1 (visite d‟information et de prévention), R. 4624-1, 5° (délivrance de conseils en matière d‟organisation des secours et des services d‟urgence), 8° (animation de campagnes d‟information et de sensibilisation aux questions de santé publique en rapport avec l‟activité professionnelle), R. 4624-11, 2° (information sur les risques éventuels auxquels l'expose son poste de travail), 3° (sensibilisation sur les moyens de prévention à mettre en œuvre), 5° (information sur les modalités de suivi de l‟état de santé du travailleur par le service et sur la possibilité dont il dispose, à tout moment, de bénéficier d‟une visite à sa demande avec le médecin du travail). 1557 C. trav ., art. R. 4624-29. 1558 C. trav., art. R. 4624-30. 1559 C. trav., art. R. 4624-33. 1560 C. trav., art. R. 4624-30. 1561 C. Radé, L‟obligation de sécurité du salarié, Dr. ouvr. 2012, pp. 578-582. 294 2. Un rôle préventif collectif 208. Sur le plan collectif, le médecin du travail a des attributions extrêmement larges. Selon l‟article R. 4624-1 du Code du travail, ses actions sur le milieu de travail comprennent notamment la visite des lieux de travail ; l'étude de postes en vue de l'amélioration des conditions de travail, de leur adaptation dans certaines situations ou du maintien dans l'emploi ; l'identification et l'analyse des risques professionnels ; l'élaboration et la mise à jour de la fiche d'entreprise ; la délivrance de conseils en matière d'organisation des secours et des services d'urgence ; la participation aux réunions du comité social et économique ; la réalisation de mesures métrologiques ; l'animation de campagnes d'information et de sensibilisation aux questions de santé publique en rapport avec l'activité professionnelle ; les enquêtes épidémiologiques ; la formation aux risques spécifiques ; l'étude de toute nouvelle technique de production ; l'élaboration des actions de formation à la sécurité et à celle des secouristes. Malgré cela, quand un salarié fait une alerte, le médecin du travail n‟est pas associé1562, c‟est le CSE qui est l‟acteur principal dans ce domaine. L‟intérêt d‟informer le médecin est pourtant évident. D‟autres dispositions existent et ne sont pas mises en œuvre. C‟est le cas de la déclaration au médecin du travail pour tout arrêt pour maladie professionnelle. Dans les faits, cette disposition n‟est pas souvent respectée. Egalement, dans une logique de santé publique tant de prévention des maladies professionnelles que d‟une meilleure connaissance de la pathologie professionnelle, l‟article L. 461-6 du Code de Sécurité sociale impose au médecin du travail de déclarer tout symptôme d‟imprégnation toxique et de toute maladie, lorsqu‟ils ont un caractère professionnel. Enfin, il peut être indiqué ici que le rôle préventif collectif du médecin du travail a été renforcé avec la loi Travail1563. En effet, désormais, l‟article R. 4624-42 du Code du travail prévoit que le médecin du travail ne peut déclarer l‟inaptitude médicale d‟un travailleur à son poste de travail que si, en plus de la réalisation d‟au moins un examen médical, il a réalisé ou fait réaliser une étude de ce poste, mais également des conditions de travail dans l‟établissement et indiqué la date à laquelle la fiche d‟entreprise a été actualisé, et procédé à un échange avec l‟employeur. Ce texte permet de mieux articuler les dispositions et les outils, comme la fiche d‟entreprise, entre eux. Bien qu‟encore insuffisant, ce texte va dans le bon sens, celui d‟un accroissement des échanges entre les protagonistes, et d‟une complémentarité des approches 1562 1563 C. trav., art. L. 4132-2 et s. L. n° 2016-1088 du 8 août 2016, art. 102. 295 individuelle et collective, permettant un renforcement de l‟approche préventive grâce à une meilleure connaissance du travail réel. Paragraphe 2. La connaissance du travail réel 209. Le travail réel. Le travail est un déterminant de santé, d‟où l‟intérêt de sa connaissance et de l‟évaluation des risques professionnels1564. « Le lien santé-travail est exploré à partir de ce que sait le médecin de l‟histoire de l‟entreprise, de la trajectoire du salarié, des éléments de compréhension de l‟organisation issus des entretiens cliniques avec d‟autres salariés, et des difficultés et conflits rapportés par d‟autres salariés de l‟entreprise, ou par l‟employeur. Ce travail médical, où le passage à l‟écrit est essentiel, pourra permettre que se déploie en écho une mise en délibération collective des difficultés de la contribution des sujets dans leur travail. Ainsi, le médecin du travail contribuera à les rendre acteurs de la transformation de leur travail, en remettant le travail réel au centre de l‟élaboration collective. »1565 L‟analyse du travail réel est la première étape, objective, que doit mener le médecin du travail, avant de se livrer à l‟analyse de la compatibilité de l‟état de santé du salarié avec le poste de travail, qui est, quant à elle, une analyse subjective car elle correspond à l‟étude des conditions de travail, c‟est-à-dire aux conditions réelles et ressenties par le travailleur dans l‟exercice de son travail. Pour ce faire, elle nécessite une immersion dans la réalité de l‟exercice du travail. Dans un premier temps, le médecin du travail doit se livrer à l‟évaluation du risque professionnel dans l‟analyse objective du poste (A). Ensuite, il doit étudier la corrélation entre poste de travail et état de santé du travail, c‟est-à-dire procéder à l‟analyse subjective des conditions de travail (B). A. L’analyse objective du poste 210. L ‟analyse objective du poste e les actions cumulatives, bien que disjointes, de l‟évaluation du risque professionnel par l‟employeur (1) et par le médecin du travail (2). 1564 J. Munoz, L‟évaluation des risques professionnels du point de vue du sociologue : entre contradictions et opportunités, SSL suppl., 8 déc. 2014, n° 1655, p. 113. 1565 http://www.e-pairs.org/colloque2014/0-ecrits-medecins-travail.html#03 296 1. L’appréhension du risque professionnel par l’employeur 211. L’obligation de prévention de l’employeur. Au titre de cette obligation, l‟employeur doit organiser une information des travailleurs sur les risques du travail pour la santé et la sécurité et les mesures prises pour y remédier1566. De plus, en fonction des risques constatés, des actions particulières de formation à la sécurité1567 sont conduites dans certains établissements avec le concours, le cas échéant, des organismes professionnels d‟hygiène, de sécurité et des conditions de travail et des services de prévention des caisses régionales d‟assurance maladie. En matière de harcèlement moral, la Cour de cassation1568 a décidé que l‟obligation de prévention des risques professionnels résulte de l‟article L. 4121-1 du Code du travail1569. On peut toutefois se demander s‟il s‟agit de « déterminer si cette obligation de prévention des risques professionnels n‟est qu‟une variation de l‟obligation de sécurité, plus adaptée aux dispositions du Code du travail, ou si elle matérialise un schisme, permettant l‟émergence d‟une obligation de prévention affranchie de l‟obligation de sécurité »1570. Encourager l‟employeur à agir constitue un message plus positif, voire progressiste, qu‟un système juridique qui n‟a pour effet que de sanctionner automatiquement une absence de résultat1571, quels que soient les moyens mis en œuvre1572, dès qu‟un risque est réalisé, ce caractère systématique étant de nature à démobiliser les efforts de prévention de l‟employeur1573. Comme l‟a souligné Jean-Yves Frouin, l‟obligation de sécurité serait une obligation de moyens et l‟employeur n‟engagerait pas sa responsabilité à condition d‟avoir respecté l‟obligation de prévention des risques qui, elle, deviendrait l‟élément central du dispositif jurisprudentiel. Il est intéressant de noter que la deuxième chambre civile ne fait plus automatiquement mention de cette obligation de sécurité dans le contentieux de la faute 1566 C. trav., art. L. 4141-1 à L. 4141-4 . C . trav., art. L. 4142-1 à L. 4142-4 . 1568 Cass. soc., 6 déc. 2017, n° 16-10.885 à 16-10.891, D. 1569 V. A. Bugada, L'obligation de sécurité pesant sur l'employeur en matière prud'homale : obligation de moyen ou de résultat?, JCP S 2014. 1450. 1570 L. de Montvalon, Le crépuscule de l‟obligation de sécurité de résultat, JSL, mars 2018, n° 449, pp. 4-7. 1571 S. Fantoni-Quinton et P.-Y. Verkindt, « Obligation de résultat en matière de santé au travail. À l'impossible, l'employeur est tenu? », Dr. soc. 2013. 229 ; B. Lardy-Pélissier, La santé du salarié : de la prévention au reclassement, Sem. soc. Lamy 2012, n° 1523. 1572 P.-Y. Verkindt, Un signe fort de la maturité sur l‟obligation de sécurité de résultat, SSL 2016, n° 1726, pp. 11-14. 1573 « L‟obligation de sécurité de résultat, poussée à l‟extrême, décourage la prévention » : Rapport « Santé au travail : vers un système simplifié pour une prévention renforcée », C. Lecocq, B. Dupuis, H. Forest, La Documentation Française, Rapport remis au Premier ministre le 28 août 2018, p. 65. 1567 297 inexcusable pour recentrer le débat sur l‟évaluation1574 et la prévention des risques, parfois aux visa des articles L. 4121-1 et suivants du Code du travail1575. Dans un arrêt du 25 novembre 20151576, la Cour de cassation opère un tournant en ne se prévalant pas de l‟expression d‟ « obligation de sécurité de résultat » mais en la préférant à celle d‟ « obligation légale imposant de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Selon le professeur Pierre-Yves Verkindt, « la Chambre sociale de la Cour de cassation est venue mettre fin à l‟automaticité de la condamnation de l‟employeur en lui ouvrant la possibilité d‟établir qu‟il a mis en place une prévention et des moyens adaptés »1577. Dans un autre arrêt du 1er juin 20161578, la Chambre sociale indique que l‟employeur « informé de l‟existence de faits susceptibles de constituer un harcèlement moral » doit avoir « pris les mesures immédiates propres à le faire cesser ». En tout état de cause, pèse sur l‟employeur une obligation de prévention1579. 212. La connaissance du risque sanitaire au travail. Prendre en compte l‟état des connaissances scientifiques et techniques pour adapter les règles de prévention des risques professionnels est une évidence. Cependant, la difficulté réside dans le degré de précaution à appliquer et des conséquences en matière de compétitivité. C‟est l‟idée selon laquelle le droit du travail serait une entrave à l‟activité économique. Or, il n‟est pas raisonnable de mettre en balance les intérêts de l‟entreprise et ceux des salariés. La santé des hommes ne peut être perçue comme une variable d‟ajustement dans le monde des affaires et la bonne santé des travailleurs participe ainsi d‟une meilleure productivité, au service de l‟ employe ur. Cette ambition ne peut être suivie d‟ effet qu‟en adapt ant la médecine du travail et même , plus large ment, la conception que l‟on a du rapport de l‟homme et du travail1580 . Le 1574 J. Munoz, L‟évaluation des risques professionnels du point de vue du sociologue : entre contradictions et opportunités, SSL suppl., 8 déc. 2014, n° 1655, p. 113. 1575 Cass. civ., 2ème, 9 nov. 2017, n° 16-22.538, D. 1576 Soc. 25 nov. 2015, n° 14-24.444, D. 2015. 2507 ; ibid. 2016. 144, chron. P. Flores, S. Mariette, E. Wurtz et N. Sabotier ; ibid. 807, obs. P. Lokiec et J. Porta ; Dr. soc. 2016. 457, étude P.-H. Antonmattei ; v. M. Babin, « L'obligation de sécurité de résultat, nouvelle approche », JCP S 2016. 1011 ; M. Keim-Bagot, E. Jeansen, « Quel devenir pour l'obligation patronale de sécurité? », RDT 2016. 222. 1577 P.-Y. Verkindt , Un signe fort de la maturité sur l‟obligation de sécurité de résultat, SSL 2016, n° 1726, pp. 11-14. 1578 Cass. soc., 1er juin 2016, n° 14-19.702, D. 2016. 1681, note J. Icard et Y. Pagnerre ; v. J. Mouly, « L'assouplissement de l'obligation de sécurité en matière de harcèlement moral », JCP 2016. 822 ; G. Loiseau, Le renouveau de l'obligation de sécurité, JCP S 2016. 1220 ; et E. Lafuma, Effectivité de l'obligation de sécurité et atteinte effective à la santé : quelle conception juridique de la prévention?, RJS 2016. 565. 1579 M. Babin, Certificat et obligations déontologiques du médecin du travail, JCP S 2018, n° 35, p. 4 ; Cass. soc. 10 févr. 2016, n° 14-26.909 à n° 14-26.914 : JCP S, 1011, note M. Babin ; Cass. soc., 6 déc. 2017, n° 1610.885 : JCP S 2018, 1051, note G. Loiseau. 1580 P. Lokiec, L‟adaptation du travail à l‟homme, Dr. soc., no 7/8, juil.-août 2009, p. 755 : « Ce n‟est pas à l‟homme de s‟adapter au travail mais au travail de s‟adapter à l‟homme. » 298 positionnement de la médecine du travail est révélateur d‟une certaine condition du salarié1581. Par ailleurs, la question relative au temps de travail est assez évocatrice. Le référentiel temps dans l‟entreprise a été bouleversé notamment sous l‟effet des 35 heures en réduisant le temps de travail effectif mais en intensifiant corrélativement le travail pour faire face à une culture de l‟urgence induisant d‟importantes modifications de l‟organisation du travail1582 et générant ainsi des troubles sur le terrain de la santé mentale1583, difficiles à mesurer tant leur origine peut être diverse et multifactorielle. Face à ce bouleversement dans la pratique du travail, la médecine du travail aurait dû être plus vigilante aux conditions de travail, aidée par l‟équipe pluridisciplinaire, tout en tenant compte de la situation de santé du salarié afin d‟avoir l‟analyse la plus fine possible au service d‟actions de prévention pertinentes. Malgré l‟évidence de cette remarque, celle-ci fait débat dans la profession. L‟explication peut-être réside-t-elle dans l‟accès qui est dénié aux médecins du travail aux données de santé des salariés et, partant de cette réalité juridique, ils considèrent qu‟ils sont en mesure de mener à bien leur mission préventive en se tenant aux seules déclarations que les salariés portent à leur connaissance lors des examens médicaux. La nature de l‟activité, la manière dont elle est organisée et la façon de l‟exercer sont également des données essentielles. Comment en effet obtenir des résultats tangibles en matière de prévention des risques professionnels lorsqu‟on se cantonne à examiner les salariés, hors de leur travail et sans connaissance fine de leur santé, lors d‟une visite médicale en cabinet, en négligeant l‟étude du poste de travail et donc les conditions de travail? En pareille situation, les compétences et l‟expertise des médecins du travail sont insuffisamment mises à profit. A la question de savoir ce qu‟est la médecine du travail, on peut répondre qu‟il s‟agit d‟une spécialité médicale qui apprécie l‟adéquation entre l‟état de santé d‟un travailleur et son travail, c‟est-à-dire le travail, entendu objectivement, et les conditions subjectives dans lesquelles s‟effectue le travail en question. Cette médecine de prévention s‟appuie nécessairement sur une politique de prévention du risque qui est fonction de la connaissance de ce dernier. 213. La complexification de l’identification du risque. L‟employeur est tenu d‟évaluer les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et de les transcrire dans le 1581 Voir sociologie du travail. S. Fantoni-Quinton, L‟évolution du temps de travail et les enjeux relatifs à la santé des salariés, Dr. soc., n° 4, avr. 2010, p. 395-400. 1583 Lancement le 12 mars 2018 de la première norme internationale ISO 45001 de système de management de la santé sécurité au travail proposant des lignes directrices et des recommandations pour mieux protéger les salariés, baisser le nombre d‟accidents du travail et développer un environnement de travail sain et sûr. 1582 299 document unique d‟évaluation des risques1584. Un regain pour le concept juridique de risque professionnel s‟est manifesté avec le centenaire de la loi du 9 avril 18981585 . Depuis cette loi visant à réparer le préjudice né de l‟accident du travail , l‟ identification du risque s ‟est complex ifiée en raison notamment du développement des formes atypiques d‟emploi, de la mobilité croissante des trajectoires professionnelles, de la temporalité des effets du travail sur la santé, rend ant plus difficile la dé monstration du lien de causalité entre le d ommage considéré et le travail suppos é être à l‟origine de ce dernier. Le risque a été redimensionné en raison de l‟intensification1586 et de la mutation du travail passant par des organisations nouvelles à l‟origine de risques nouveaux sur la santé, notamment mentale, des salariés, se traduisant par une augmentation importante des troubles musculo-squelettiques (TMS) et des troubles psychosociaux. En outre, un risque est bien souvent fonction de la personne considérée. En effet, le contexte social, environnemental et la situation de santé du salarié, les effets cumulatifs que peuvent avoir son travail et ses activités annexes sur sa santé, des sources plurifactorielles, rendent la compréhension et l‟appréhension du risque plus difficiles. Le risque, entendu de manière individualisée, est une cause d‟aggravation d‟une situation existante de santé. Dans son article R. 4412-6, le Code du travail préconise à l‟employeur, en matière d‟exposition à des produits chimiques, de prendre en compte les propriétés des agents chimiques concernés, les informations communiquées par le fournisseur de produits chimiques, la nature, le degré et la durée de l‟exposition, les conditions dans lesquelles se déroulent les activités impliquant les agents chimiques considérés, les valeurs limites d‟exposition et les conclusions notamment fournies par le médecin du travail à l‟appui des constatations qu‟il a pu faire grâce à la surveillance médicale des travailleurs visés. En amont de la réalisation du risque biologique, l‟employeur est invité à déclarer l‟utilisation d‟agents pathogènes1587. En matière d‟exposition au bruit, il doit prendre notamment en considération le niveau, le type, la durée d‟exposition, les valeurs limites d‟exposition et les conclusions du médecin du travail concernant la surveillance de la santé des travailleurs 1588. Avec la 1584 Cass. soc., 8 juill. 2014 : « Le fait qu‟il n‟ait eu aucune indication ou précision, ni de preuves sur les substances ou préparations chimiques utilisées dans l‟entreprise n‟est pas de nature à l‟exonérer de cette obligation. », D. 2014. Actu. 1552 ; RJS 2014. 602, n° 703 ; JS Lamy 2014 , n° 375-2, obs. Taquet. 1585 V. notamment les numéros spéciaux des revues Droit ouvrier ( mai 1998) et Droit social ( juillet-août 1998). Hubert Seillan, L’obligation de sécurité du chef d’entreprise, Dalloz, 1981 ; Y. Saint-Jours, N. Alavarez, I. Vacarie, Les accidents du travail (Définition – réparation prévention), Traité de sécurité sociale sous la direction d‟Y. Saint-Jours, tome III, LGDJ, 1982. 1586 « Nouvelles organisations du travail et risques pour la santé des salariés », Avis du Conseil économique et social rendu le 7 avril 2004. 1587 C. trav. R. 4427-2. 1588 C. trav. R. 4433-5. 300 complexification de l‟identification et de l‟évaluation du risque, le Code du travail donne une méthode à suivre détaillée. De plus, et c‟est remarquable, l‟employeur doit prendre en considération toute incidence sur la santé et la sécurité des travailleurs particulièrement sensibles à ce bruit. Il s‟agit là d‟une disposition visant une démarche d‟évaluation du risque individualisée. Ceci paraît aller dans le sens d‟une meilleure préservation de la santé des travailleurs. En effet, les résistances et les capacités des salariés peuvent varier de l‟un à l‟autre. Cette même précaution est rappelée en matière d‟exposition aux vibrations1589. 214. Risque professionnel1590 : risque juridique ou risque médical? La question de la nature du risque est intéressante à bien des égards. En effet, selon que l‟on donne une déclinaison ou l‟autre, l‟impact juridique n‟est pas le même. Si l‟on envisage le risque professionnel principalement comme un risque juridique, cela revient à dire que le risque professionnel qui pèse sur la santé du travailleur a pour conséquence un risque juridique et économique pour l‟employeur. C‟est parce que l‟employeur est débiteur d‟une obligation de sécurité que, si la santé du travailleur est affectée du fait ou à l‟occasion de son travail, sa responsabilité pourra être engagée. Si l‟on envisage le risque professionnel comme un risque sanitaire, un risque médical, et non d‟abord juridique, alors le questionnement change d‟orientation et c‟est bien la personne du travailleur qui est concernée. Il convient donc de mettre en place une politique exigeante de prévention du risque professionnel afin que le risque juridique pour l‟employeur soit le plus minime possible et que le risque pesant sur la santé du travailleur tende également à disparaître. C‟est d‟ailleurs parce que les intérêts des protagonistes convergent, l‟employeur souhaitant ménager sa responsabilité et minorer les risques qui pèsent sur lui, et le salarié soucieux d‟amoindrir le risque qui pèse sur sa santé et sa sécurité, qu‟ils auront à cœur de travailler au service de la non-altération de la santé des salariés du fait de leur travail. A cet égard, le médecin du travail a toute sa place pour assurer une surveillance des travailleurs et ainsi participer de cette limitation du risque professionnel sur leur santé. Mais il est difficile pour lui d‟avoir une analyse médicale pertinente du risque professionnel à l‟aune d‟une approche juridique. L‟analyse médicale doit précéder, sinon supplanter, l‟approche juridique directe qui peut contrevenir à l‟objectif de préservation de la santé des travailleurs. 1589 C. trav. R. 4444-5. M. Badel, La notion de risque professionnel : état des lieux à la lumière des évolutions récentes, RDSS, 2004, p. 206. 1590 301 2. L’évaluation des risques professionnels par le médecin du travail 215. Elaboration du DUERP sans le médecin du travail. Depuis la loi du 31 décembre 19911591, reprenant la directive européenne de 1989, et complétée par le décret du 5 novembre 20011592, tout employeur est obligé d‟évaluer les risques professionnels dans son entreprise et de formaliser cette évaluation1593 . Selon l‟article R. 4121-4, le document unique d‟évaluation des risques est élaboré par l‟employeur1594 qui peut, s‟il en fait la demande, mobiliser le médecin du travail. Cependant, selon l‟article R. 4623-1 2°, le médecin du travail « conseille l‟employeur, notamment en participant à l‟évaluation des risques dans le cadre de l‟élaboration de la fiche d‟entreprise ». Selon l‟article R. 4624-46, pour chaque entreprise ou établissement, le médecin du travail (ou l'équipe pluridisciplinaire dans les SSTI) doit établir et tenir à jour une fiche d'entreprise ou d'établissement sur laquelle il consigne notamment les risques professionnels et les effectifs de salariés exposés à ces risques. Cette fiche constitue un des premiers leviers pour mettre en oeuvre une démarche de prévention et pour aider l'employeur dans l'identification et l'évaluation des risques présents dans son entreprise. Le Code ne prévoit pas, a contrario, d‟action spécifique du médecin du travail dans l‟élaboration du document unique. Il est dommage que les deux documents-clés de l‟évaluation des risques, que sont la fiche d‟entreprise et le document unique, ne fassent pas l‟objet d‟un rapprochement quant à leur élaboration et même, pourquoi pas, d‟une fusion. Selon l‟article L. 4121-1 du Code du travail, « l‟employeur prend les mesures pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » parmi lesquelles « la mise en place d‟une organisation et de moyens adaptés ». Assurément, le document unique, qui assure la formalisation de l‟évaluation a priori des risques sous la forme d‟un diagnostic en amont, systématique et exhaustif, des facteurs de risques auxquels les travailleurs peuvent être exposés, fait partie des moyens destinés à préserver la santé des travailleurs mais le texte, très général, ne renvoie pas explicitement au document unique. Il s‟agit donc d‟une obligation, sanctionnée en cas d‟inexécution1595, pesant sur l‟employeur, avec des ramifications 1591 Loi n° 91-1414 du 31 décembre 1991. D. n° 2001-1016, 5 nov. 2001, JO 7 nov. 1593 C. trav., art. L. 4121-3 et R. 4121-1. 1594 La circulaire n° 6 de la Direction des relations du travail du 18 avril 2002, prise pour l‟application du décret n° 2001-1016 portant création d‟un document relatif à l‟évaluation des risques pour la santé et la s écurité des travailleurs , est venue apporter des éléments utiles pour élaborer le document unique. 1595 C. trav., art. L. 4161-1, R. 4121-1, R. 4741-1 ; Cass. soc., 8 juill. 2014, n° 13-15.474, n° 13-15.470. 1592 302 pénales1596, conformément à son obligation de sécurité visant à mettre en œuvre, dans chaque entreprise, une véritable politique incluant la prévention au même titre que la réparation, permettant ainsi d‟ « affirmer que la santé des salariés est une donnée essentielle de la politique menée dans l'entreprise. L'entreprise doit donc construire une réelle politique coordonnée incluant la prévention des risques tant sur le plan de la sécurité que de la santé des salariés. »1597. Porteurs, selon l‟IGAS1598, d‟une véritable logique de prévention, dans la pratique, force est de constater que ces objectifs ambitieux sont fonction du sérieux de l‟employeur dans l‟élaboration de ce document, trop souvent confiée à des juristes ou à des comptables, sans consultation de professionnels compétents, au premier rang desquels le médecin du travail et son équipe pluridisciplinaire. En effet, deux éléments font que l‟objectif ambitieux connaît un résultat plutôt décevant. D‟abord, le document unique d‟évaluation des risques est davantage pensé comme un outil juridique que mis en œuvre dans le cadre d‟une véritable expertise scientifique des risques. De surcroît, ce document ne fait pas l‟objet d‟un formalisme standardisé, ne pouvant ainsi générer la production de données objectives. Dès lors, les chefs d‟entreprise, qui ont la responsabilité de l‟élaboration de ce document, perçoivent cette dernière comme une contrainte réglementaire de plus1599, ce qui n‟est pas de nature à les enjoindre à orienter ce travail au seul profit de la préservation de la santé des travailleurs. Au contraire, ils élaborent ce document dans l‟esprit d‟une contrainte juridique qu‟ils ont à cœur d‟honorer pour des raisons de forme davantage que pour des raisons sanitaires. De plus, la coopération avec le médecin travail n‟est pas expressément inscrite dans les textes, au-delà des principes généraux. En effet, contrairement au droit italien1600 qui prévoit que le médecin du travail « coopère, au sens de l‟article 29, alinéa 1, avec l‟employeur afin d‟évaluer les risques »1601, le droit français ne prévoit pas ce type de relation entre médecin du travail et employeur en matière d‟évaluation des risques professionnels. Il s‟agit d‟une occasion ratée dans la mesure où l‟apport des connaissances scientifiques et l‟évolution 1596 D. Rebut , Le droit pénal de la sécurité du travail, Dr. soc. 2000, numéro spécial Le droit pénal du travail, sp . p. 983 et s. 1597 Rapport fait au nom de la mission d‟information sur les risques et les conséquences de l‟exposition à l‟amiante, n° 2884, enregistré à la Présidence de l‟Assemblée nationale le 22 février 2006. 1598 Rapport fait au nom de la mission d‟information sur les risques et les conséquences de l‟exposition à l‟amiante, n° 2884, enregistré à la Présidence de l‟Assemblée nationale le 22 février 2006. 1599 Rapport « Santé au travail : vers un système simplifié pour une prévention renforcée », C. Lecocq, B. Dupuis, H. Forest, La Documentation Française, Rapport remis au Premier ministre le 28 août 2018, p. 46. 1600 M. Vincieri, Le rôle du « médecin compétent » et le droit de l‟inaptitude dans la législation italienne, RDT 2017, p. 746. 1601 Décret législatif n° 81/2008, art. 2, al. 1, h). 303 des conditions de travail ont mis en évidence de nouveaux risques professionnels, qui ne peuvent, fort logiquement, être combattus qu‟après avoir été identifiés. 216. L’évaluation des risques professionnels, obligation première de l’employeur. En effet, dans cette perspective technique, médicale et organisationnelle, la démarche d‟évaluation devrait permettre de comprendre, de traiter l‟ensemble des risques professionnels et surtout de renforcer l‟analyse préventive des risques au service de la préservation de la santé des travailleurs. « L'employeur tient à la disposition des membres du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou, à défaut, des délégués du personnel, ainsi que du médecin du travail, de l'inspection du travail et des agents des services de prévention des organismes de sécurité sociale, les éléments ayant servi à l'évaluation des risques. Les résultats de cette évaluation sont consignés dans le document unique d'évaluation des risques. »1602 Base doctrinale du droit de la santé et de la sécurité au travail, la démarche d‟évaluation, transcrite dans un document, est l‟obligation première de l‟employeur en matière de risques professionnels. L‟élaboration de ce support matériel et instrument juridique de la politique de prévention dans l‟entreprise qu‟est le document unique et qui transcrit les résultats de l'évaluation des risques1603 doit être effectuée en liaison avec le CHSCT, mais elle est unilatérale1604. L'employeur doit faire un inventaire des risques, en identifiant les dangers, et en analysant les différents facteurs qui, en se combinant, peuvent créer un risque pour la santé des travailleurs. Cette évaluation des risques doit se faire par unité de travail, celle-ci étant entendue au sens large. L'objectif de cette évaluation des risques étant de mettre en place une politique de prévention effective, l'unité de travail doit être circonscrite à partir d'une analyse fondée sur l'identité des conditions de travail et donc des risques. Le renforcement de la sécurité dans les entreprises, èrement celles qui sont à risques, devrait être la conséquence immédiate de l'élaboration de ce document qui doit mener, une fois que l'évaluation des risques a été opérée de façon « globale et exhaustive »1605, à un programme annuel de prévention qui a pour objectif, selon les prescriptions de l'article L. 4121-2, de « combattre les risques à la source ». Les entreprises se trouvent confrontées à de nombreuses difficultés techniques et conceptuelles d'élaboration de ce document alors que l‟obligation 1602 C. trav., art. R. 4412-64. C. trav., art. L. 4121-2. 1604 La circulaire d'application, en date du 18 avril 2002 (Liaisons soc. 24 mai 2002, n° 8286), préconise de mener la démarche de prévention en cinq étapes : la préparation par un inventaire des risques, l'évaluation des risques, l'établissement d'un programme d'actions, la mise en oeuvre des actions de prévention, et, le cas échéant, une nouvelle évaluation des risques. 1605 Selon la circulaire, cela signifie que l'évaluation des risques doit être réajustée à chaque fois que des aménagements de postes ou transformations interviennent dans l'entreprise. 1603 304 générale de préserver la sécurité et la santé des travailleurs1606 est une exigence intrinsèque de l'entreprise qui conduit à l'élaboration, non de successions d'actions, mais d'une véritable politique de prévention1607 dans l'entreprise1608. Dans cette quête, même si elle n‟est pas explicitement exigée, rien n‟interdit une élaboration partagée du document unique. Le document unique d‟évaluation des risques, simple obligation matérielle dont l‟initiative appartient à l‟employeur1609, constitue une base tangible pour la définition d‟une stratégie d‟action dans chaque entreprise et peut être élaboré de manière collaborative avec le médecin du travail et au-delà même du seul médecin, dans une approche pluridisciplinaire. Les modalités concrètes de réalisation du document échappent au droit a priori mais peuvent faire l‟objet d‟un contrôle a posteriori par le juge. Ainsi, notamment pour ménager le risque juridique le concernant, l‟employeur a tout intérêt de solliciter la participation de son conseiller privilégié en matière de santé au travail, le médecin du travail, à l‟élaboration de ce document non seulement parce qu‟elle est possible mais surtout parce qu‟elle apparaît comme une nécessité au service d‟une démarche la plus rationnelle et pertinente possible. L‟intérêt d‟élaborer ce document en étroite liaison avec les services de santé au travail tombe sous le sens pour au moins deux raisons : la première est celle de la démonstration de la bonne foi dans le respect de l‟obligation et, la seconde, et non des moindres, est celle de donner un gage de sérieux et d‟effectivité dans la mise en œuvre de cette obligation. Le recours au médecin du travail dans l‟élaboration de ce document, aussi surprenant que cela puisse paraître, n‟est qu‟une faculté, qui transparaît seulement dans le terme génér de conseil1610, et non une obligation1611. Au regard de l‟article R. 4624-23 du Code du travail, qui prévoit l‟avis du médecin du travail dans la liste de l‟employeur des postes présentant des risques particuliers, on peut émettre quelques nuances. En effet, dans ce cas, un échange entre employeur et médecin du travail est prévu. C‟est bien dans ce sens que la santé au travail doit évoluer. Une incise est ici tentante pour s‟interroger sur la construction d‟un système dans lequel le médecin du travail aurait autorité, c‟est-à-dire qu‟il aurait toute latitude et disposerait de tous moyens, pour lui-même impulser la mise en œuvre des conditions de cette préservation en préconisant à l‟employeur toutes mesures pertinentes pour remplir l‟objectif de protection. 1606 M.-A. Moreau, Obligation générale de préserver la santé des travailleurs, Dr. soc. 2013. 410. C. trav., art. L. 4121-2 7°. 1608 M.-A. Moreau, « Pour une politique de santé dans l‟entreprise », Dr. soc. 2002, p. 817. 1609 C. trav., art. R. 4121-1. 1610 C. trav., art. L. 4622-2. 1611 C. trav., art. L. 4121-1, 3° (mise en place d‟une organisation et de moyens adaptés) ; L. 4121-2, 7° (ensemble cohérent). 1607 305 B. L’analyse subjective des conditions de travail 217 . L‟analyse subjective des conditions de travail suppose de s‟interroger d‟abord sur la corrélation entre poste de travail et état de santé du travailleur (1). En outre, par extension, une analyse individuelle au profit du collectif doit être menée (2). 1. La corrélation entre poste de travail et état de santé du travailleur 218. La référence aux postes de travail. Il appartient au seul médecin du travail d'apprécier l‟(in)aptitude1612 d'un salarié à occuper un poste précis. Cette appréciation médicale s‟opère en référence à un emploi particulier, celui occupé par le salarié1613. La notion d'(in)aptitude appelle nécessairement une connaissance fine de l'entreprise et des caractéristiques du poste occupé par le médecin du travail. Pour une appréciation médicale la plus pertinente possible, ce dernier doit également avoir une connaissance assez aboutie de la situation de santé du salarié. En effet, ce dernier peut souffrir d'une pathologie qui ne lui permet ou ne lui permettra plus d'occuper son emploi mais qui ne l'empêche pas d'en occuper un autre au sein de l'établissement. Pour que l'aménagement du poste soit possible en adaptation de la situation du salarié, ou sans reclassement dans le cas d'une constatation d'inaptitude, le médecin doit avoir la connaissance suffisante des capacités nouvelles du salarié. Pour que ce système de santé au travail fonctionne. Des connexions avec la santé publique doivent être établies. En effet, les informations détenues de part et d‟autre sont précieuses, pour la personne du salarié (aptitude au travail, maîtrise des risques professionnels et de leur impact sur la personne du salarié), pour la communauté de travail (vérification que l‟état de santé du salarié ne constitue pas un danger pour les autres travailleurs), pour la société (épidémiologie, vaccination, addiction, notion de tiers, équilibre du système de santé et de son financement...). La santé est un tout complexe qui doit être envisagé dans un système global. 219. Complémentarité entre l’analyse du poste de travail et l’examen clinique pour un suivi médical individuel pertinent. L‟analyse du poste de travail nécessite une action de terrain. Or, force est de constater que l‟action individuelle de surveillance médicale par l‟(in)aptitude prévaut très largement sur l‟action collective d‟essence préventive. La médecine 1612 1613 C. trav., art. L. 4624-1 ; L. 4624-2 ; R. 4624-24 ; R. 4624-42. C. trav., art. L. 4624-1 et R. 4624-21. 306 du travail, pour mener sa mission, doit maîtriser parfaitement la connaissance des postes de travail et des conditions dans lesquelles est exercé le travail. Pour y parvenir, l‟approche pluridisciplinaire apparaît pertinente et nécessaire pour comprendre le travail réel dans ses conséquences sur la santé des travailleurs. L‟analyse du poste de travail est la première dimension collective de l‟activité du médecin du travail dans la mesure où les constatations individuelles profitent au collectif de travail et s‟inscrit en complémentarité de l‟examen médical pratiqué dans le cadre du colloque singulier qui permet le suivi individuel du salarié. Il s‟agit du préalable nécessaire à l‟identification, d‟une part, et à la prévention, d‟autre part, des risques professionnels. Cette analyse, conduite par le médecin du travail, dans le cadre de sa mission de préservation de la santé des salariés, intervient de manière complémentaire avec l‟évaluation des risques professionnels opérée par l‟employeur dans le cadre de son obligation de sécurité déclinée en obligation d‟identification des risques par poste de travail qu‟il référence dans le document unique. Par ailleurs, l‟analyse des conditions de travail correspond aux conditions réelles dans lesquelles le travail est effectivement pratiqué. Pour ce faire, elle nécessite une immersion dans la réalité de l‟exercice du travail confié. Les conditions de la prise de décision du médecin du travail en matière d‟aménagement de poste ou d‟affection à un autre poste sont encadrées par le Code du travail1614. Ces propositions sont justifiées par des considérations relatives à l‟âge, à la résistance physique ou à l‟état de santé physique et mentale des travailleurs, permettant de prendre en compte les réalités subjectives de chaque travailleur. L'employeur est tenu de prendre en considération ces propositions et, en cas de refus, de faire connaître les motifs qui s'opposent à ce qu'il y soit donné suite. En cas de difficulté ou de désaccord, l'employeur ou le salarié peut exercer un recours devant le Conseil de prud‟hommes1615. La « proposition » du médecin du travail est faite au salarié et transmise à l‟employeur si le salarié en est d‟accord. Ce n‟est pas l‟inadaptation du poste à accueillir le salarié qui est ici pointée mais l‟incapacité de santé du salarié à occuper le poste.
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FAST outperforms GFP and mCherry in reporting gene expression in the complex environment of a living biofilm To overcome the drawback due to classical reporter dependence on O2 level, we implemented a new approach engaging FAST a small protein tag that has been recently introduced for labelling fusion proteins in living cells and organisms. FAST is a protein of 14 kDa engineered from the photoactive yellow protein (PYP) from Halorhodospira halophila to bind and activate the fluorescence of synthetic fluorogenic analogues of hydroxybenzylidene rhodanine (HBR). Because they fluoresce only when immobilized within FAST (because of conformational locking), HBR analogues do not exhibit nonspecific fluorescence in cells, enabling to detect FAST without the need for washing. FAST was shown to be functional in various expression systems including bacteria28. As its fluorescence depends only on the interaction of the protein with its cognate fluorogen, FAST is fluorescent – provided that the fluorogen is present – whatever the oxygen level. In addition, an important feature of FAST is the ability to tune its emission colour from greenyellow to orange-red by changing the applied fluorogen, providing an experimental versatility not encountered with GFP-like fluorescent proteins34. In a first set of experiments, we built a biofilm with MG1655-gfp-F cells transformed to constitutively express both GFP and FAST (see Materials and Methods). We supplied the fluorogen HBR-3,5-DOM at 2 μM in the biofilm growth medium to form an orange-red fluorescent FAST detected in the'red' channel (593/40 nm) while GFP fluorescence was collected in the 'green' channel (536/25nm), having first checked that the presence of the fluorogenic dye did not altered bacteria growth rate (SI, Fig. S3). The expression of FAST and GFP, monitored in the same biofilm, displayed quite distinct fluorescence kinetics (Fig. 6). GFP signal saturated after approx. 5 hours Figure 6: FAST-HBR-3,5-DOM, glowing in red, outperforms both GFP and μOD signal in a living biofilm. GFP (green line) and FAST-HBR-3,5-DOM (red line) fluorescence kinetics shown together with μOD (dashed blue line) signal all obtained from the analysis of a central ROI of the same biofilm of E. coli MG1655-gfp-F- FAST. All the curves have been normalized to unit at time t = 5 h. The adjustment of the experimental curves to exponential increases are shown as dotted lines of the same colour as the data lines. 81 growth while FAST fluorescence kept on increasing exponentially up to 20 hours. In between, μOD signal levelled off after 13 hours of growth as expected due to the saturation of the detection for μOD values above 0.529. Interestingly, within the first 5 hours of the biofilm development, the three signals increased similarly according to exponential functions characterized by the same constant, 0.39 ± 0.02 h–1, showing parallel report of biomass and gene expression over this initial time period (Figure 6 insert). We also examined the efficiency of the FAST protein in combination with another fluorogen, HBR-2,5-DM which emitted in the green channel. We assessed FAST:HBR-2,5-DM against mCherry, using MG1655-F cells transformed to constitutively express a mCherry-FAST fusion (see Materials and Methods). As above, we grew the biofilm in the presence of HBR-2,5-DM 2μM in the medium flow and we collected time-lapse fluorescence and μOD images. Then we compared, mCherry and FAST fluorescence signals (Fig. 7A) which diverged early in the biofilm development as expected from the results displayed above regarding the dissimilarity between mCherry and GFP saturation stages (see Fig. 5). FAST:HBR-2,5-DM complex behaved quite similarly to FAST:HBR-3,5-DOM, increasing exponentially for several hours after mCherry saturation point. Fluorescence images acquired using exposure times enabling the capture of the whole FAST:HBR-2,5-DM fluorescence dynamics show the colour shift induced by mCherry saturation (Fig. 7B and movie S1) whereas FAST:fluorogen exhibits photophysical properties comparable to mCherry (Supplementary Information, Table S1). Figure 7: FAST, glowing in green with HBR-2,5-DM, early outperforms m-Cherry in a living biofilm. (A) mCherry (red line) and FAST-HBR-2,5-DM (green line) fluorescence intensity kinetics from a growing E. coli MG1655-F expressing the FAST-mCherry fusion protein. The signal on the graph has been normalized to unit at time t = 2 h which corresponds to mCherry saturation time. The insert shows a zoom in of the first five hours of the biofilm growth. (B) Overlay of mCherry and FAST fluorescence images collected of different times of the biofilm growth. Image acquisition time in each channel was chosen to capture the whole signal dynamics inducing a striking colour switch from the mCherry red emission, dominating the signal in the first 2 hours of the growth, to the yellow-green emission of FAST which largely overpasses mCherry's after a few hours of growth. We conclude that the FAST:Fluorogen complexes provide efficient and accurate reporters of gene expression in the heterogeneous and low-O2 context of a growing biofilm. As FAST enables quantitative gene expression measurements beyond the development limits imposed by μOD signal saturation it also provides a larger time scale to determine biofilm cell biomass growth rate. We made this analysis for several characteristic edge and centre regions using exponential adjustment of the FAST fluorescence intensity versus time curves, IFAST = I0 e kt to derive k, the biofilm growth rate. Fig. 8 shows the plot of k for the different ROIs together with the saturation value of GFP at the same location which reflected the amplitude of the lack of O2 as shown above. Interestingly, we observed that O2 shortage which caused GFP fluorescence failure did not affect biofilm growth rate (Fig. 8). This means that the 82 reduction of oxygen concentration, although blocking oxygen-sensitive reactions such as those controlling GFP or mCherry fluorescence appearance, does not alter significantly biofilm growth. Figure 8: Biofilm growth rate is not affected by the local concentration of oxygen. (A) Biofilm growth rates derived from exponential adjustment of the FAST kinetics in an E. coli MG1655-gfp-F-FAST growing biofilm (grey bars, right axis) together with the saturation value of GFP fluorescence at the distinct channel locations. (B) Channel positions sketch. Discussion and conclusions Bacterial biofilm research currently goes through a rapid-fire expansion due to the diversity and the complexity of the questions raised by such a living community and its tremendous impact on our human lives and natural environment. Here, we focus our attention on biofilm real time optical imaging approaches aiming at capturing dynamically the features of the adherent community in situ, with a sufficient spatiotemporal resolution. In this context, quantitative analysis of the microscopy data is essential and very promising but raises the issue of the labels accuracy. Our work brings into question the use of the prototypical genetically encoded fluorescent reporters of the extended GFP family to do this in the living biofilm. We show that GFP and mCherry exhibit high sensitivity to the local level of oxygen, not only improper for anaerobic conditions use as Tsien and co-workers have warned the scientific community from the beginning of the introduction of the tool, but demonstrating a strict dependence on an O2 threshold concentration which values are quickly experienced under the concentrated and confined conditions of a growing biofilm, even under continuous flow. This leads to a spatial distribution of fluorescence intensities depending on both the number of contributing cells and the local O2 concentration but also the cells history involving number of divisions or biomass transport processes. We show here the details of the results obtained with GFP and mCherry, though we also observed similar behaviours using, YFP, Venus or mKate2 (data not shown). This O2-dependence is all the more critical that O2 distribution within a living bacterial biofilm very much depends on the details of the experimental configuration in which the biofilm grows. The geometry of the setup, the O2 permeability of the device material, the flow rate which controls the amount of advected O2 but also all the conditions that will impact cell division rate and consequently cell consumption of O2 such as growth medium or temperature. As well, the topography of the biofilm development will play a role. Thus, oxygen distribution is hardly able in such complex systems. Nevertheless, considering the bacterial O2 consumption given in Riedel et al. 35 for an exponentially growing population of E. coli, i.e. 1.7106 molec./s and an O2 medium concentration equal to 31022 molec./m3, we can calculate that the O2 contained in a cubic micro-volume of 100 μm side length in equilibrium with an atmospheric pressure of O2 or at the contact of a PDMS interface itself in equilibrium with atmosphere36, is fully consumed in less than 2 s by 104 bacterial cells, which corresponds to a 20 μm thick layer of cells at a 20% volume fraction on a 100μm side square. Besides, using an O2 diffusion coefficient in water of 310–9 m2/s, it can also be evaluated that the characteristic time for an O2 molecule to leave the 100μm side cubic micro-volume is about 6 s. This emphasizes the high degree of O2 consumption by the bacteria in the confined environment of a growing biofilm, consistently with the severe gradient of O2 observed in the channel for a mature biofilm. It is also worthwhile to consider the amount of O2 advected by the flow working at 1 ml/h. Using the same O2 concentration and consumption values as above, it can be shown that the 1013 molec./s contributed by the flow in the whole channel are fully consumed by a mature biofilm, underlining the micro-aerobic environment that should be expected in a millifluidic channel impermeable to the gas such as a glass channel but also the key role of the oxygen diffusing by the channel wall in a PDMS device. However, it should also be kept in mind that bacterial oxygen consumption is expected to fluctuate a lot depending on many environmental and physiological parameters. Therefore, quantitative interpretation of the fluorescence intensity of GFP and its homologs is not possible in a living biofilm. We propose here an alternative approach based on FAST, a small inducible chemicalgenetic fluorescent marker composed of a protein part interacting reversibly with an exogenously applied fluorogenic chromophore that non-fluorescent until labelling occurs. Fluorescence arises from the conformational locking of the fluorogenic chromophore within the binding cavity of FAST28,37. This unique fluorescence activation mechanism does not require molecular oxygen, making FAST a very good candidate for imaging proteins and cells in low-O2 environments. We demonstrate here that the FAST:fluorogen complexes efficiently labelled the biofilm, the small fluorogenic dyes diffusing freely and quickly in the biofilm. Materials and methods Plasmids, strains and fluorogens: Plasmids: pAG87pR and pAG101pR were engineered from pAG87 and pAG101 described in Plamont et al. 28 to replace T7 promoter with the lambda promoter pR for the expression of FAST and FAST-mCherry fusion in E. coli (details in SI). FAST is a variant of the photoactive yellow protein (PYP) containing the mutations C69G, Y94W, T95M, F96I, D97P, Y98T, Q99S, M100R, T101G28. Strains: We used an E. coli MG1655-F strain carrying a non-conjugative plasmid, a strain carrying the F pilus to promote biofilm formation30 and its fluorescent variant, MG1655-gfp-F carrying gfp-mut3 gene inserted on the chromosome under the control of the lambda-promoter pR. These strains were transformed with pAG101pR and pAG87pR, respectively, providing MG1655-F-FAST-mCherry which expressed the FAST-mCherry fusion protein and MG1655-gfp-F-FAST which expressed GFP and FAST proteins separately (details in SI). Fluorogens: FAST fluorescence was activated using synthetic fluorogenic analogues of hydroxybenzylidene rhodanine (HBR) prepared as previously described28,34. We used HBR-2,5-DM (4-hydroxy-2,5dimethylbenzylidene rhodanine) that fluoresces green light under blue light excitation when bound to FAST and HBR-3,5-DOM (4-hydroxy-3,5-dimethoxybenzylidene rhodanine), that fluoresces red light under green light excitation when bound to FAST. Microfabrication and biofilm: Millifluididic device: Millifluidic polydimethylsiloxane (PDMS) channels of 30 mm in length, 1 mm in width and height were micro-fabricated and bound to glass coverslips using oxygen plasma activation of the surfaces. Stainless steel connectors (0.013" ID and 0.025" OD) and microbore Tygon tubing (0.020" ID and 0.06" OD) supplied by Phymep (France) were used to connect fluid flow as described into more details previously29. The medium was pushed into the channels at a controlled rate using syringe pumps. When specifically required, we also used square glass capillaries, 800-μm internal-side (Composite Metal Services, Shipley, UK). Biofilm growth: All cultures were performed from LB agar plate colonies grown overnight in LB medium at 37°C in an agitated Erlenmeyer flask in the presence of 7.5 μg/ml tetracycline, then diluted in M63B1 minimal medium supplemented with 0.4% glucose to provide an exponentially growing culture with an OD600 equal to 0.2 after a few hours incubation at 37°C. Biofilm growth was then initiated by injecting - approx. 3106 cells - of exponentially growing cells with an optical density at 600 nm equal to 0.2 in the channel and allowing static settlement for 90 min before starting culture medium flow at 1ml/h and imaging bacterial development in the channel. The whole experiment was thermostated at 37°C. Imaging Microscope: We used an inverted NIKON TE300 microscope equipped with motorized x, y, z displacements and shutters. Images were collected using a 20 S plan Fluor objective, NA 0.45 WD 8.2-6.9. Bright field images were collected in direct illumination (no phase). Fluorescence acquisitions were performed using either the green channel filters for GFP and FAST:HBR-2,5-DM (Ex. 482/35, DM 506 Em. FF01-536/40) or the red ones for mCherry and FAST:HBR-3,5-DOM (Ex 531/40nm DM 562 Em. 593/40). Excitation was performed using a LEDs box (CoolLed pE 4000). Image acquisition: We used a Hamamatsu ORCA-R2 EMCCD camera for time-lapse acquisitions of 13441024 pixels images with 12 bits grey level depth (4096 grey levels) and captured an xy field of view of 330 μm  430 μm. Bright field and fluorescence images were usually collected for 24 hours at the frequency of 12 frames per hour. Excitation LEDs were set at a 50% power level and exposure times were 50 ms or 500 ms for the green emissions and 800ms for the red emissions. Image analysis: Image intensity per pixel averaged on defined regions of interest (ROIs) was collected using 86 the NIKON proprietary software NIS. The data sheets edited by NIS were next exported to Matlab for further analysis of the biofilm development kinetics and growth parameters determination. Microscopic optical density (μOD) was derived from transmitted light images according to μOD = ln (I0/I), where I0 is the intensity (averaged gray level per pixel) recorded on a channel filled with medium only and I the intensity recorded on a channel containing a growing biofilm29, the presence of which attenuates incident light transmission. Fluorescence intensities were subtracted for their respective background using the contribution to the fluorescence intensity of a channel of medium the absence of bacteria. Oxygen measurement: FLIM imaging: Lifetime images were acquired using a wide field frequency domain fluorescence lifetime imaging microscopy (FD-FLIM) setup, and a single plane illumination (SPIM) obtained using a beam expander and a cylindrical lens 45 mm of focal length. The thickness of the illuminated plane was determined to be 7±2 μm in the object plane of the microscope. The setup was equipped with a 445 nm laser diode module and an intensified CCD camera that can both be modulated synchronously from 0.1 to 200 MHz. Fluorescence lifetime was derived from the phase shift and relative modulation of the fluorescence sample when compared with a reference sample of known lifetime - here a hypericin solution, 3 ns lifetime. Oxygen probe: Dissolved O2 was measured by quenching a Ruthenium complex (Ruthenium–tris(4,7– diphenyl–1,10-phenanthroline) dichloride (Ru(dpp)); Fluka) encapsulated in micelles of (1,2–Dipalmitoyl– sn–Glycero–3–Phosphoethanolamine–N[Methoxy(Poly–ethylene glycol)–2000] (DMPC–PEG2000) 44 phospholipids; Avanti. The encapsulation of the Ru(dpp) complex in the micelles yields it biocompatible whereas free Ru(dpp) is strongly toxic for cells. Ru–micelles were added to the millifluidic channels with or without biofilm at a concentration of 8 μM for fluorescence lifetime imaging. Oxygen level was converted from fluorescence lifetime values using the Stern-Volmer relation45 and values of the quenching constant and of the zero-oxygen lifetime equal to 4.33104 M-1 and 3809 ns, respectively. . performed experiments, JF.C, C.D. C.L and MA.P. provided experiment material, A.G., P.T. and N.H. designed experiments and supervised the work N.H. wrote the manuscript text. All authors reviewed the manuscript. Supplementary Materials The inducible chemical-genetic fluorescent marker FAST outperforms classical fluorescent proteins in the quantitative reporting of bacterial biofilm dynamics Amaury Monmeyran1, Philippe Thomen1, Hugo Jonquière1, Franck Sureau1, Chenge Li2, Marie-Aude Plamont2, Jean-François Casella1, Arnaud Gautier2 and Nelly Henry1 1 Sorbonne Université, UPMC Univ Paris 06 & CNRS, UMR 8237, Laboratoire Jean Perrin, F-75005, Paris, France 2 PASTEUR, Département de Chimie, École Normale Supérieure, PSL University, Sorbonne Université, CNRS, 75005 Paris, France. Plasmids: pAG87pR and pAG101pR were engineered from pAG87 and pAG101 - carrying respectively FAST gene and FAST-mCherry gene fusion under the control of T7 promoter with a kanamycin resistance 1 as follows: T7 promoter was replaced by pR promoter digesting plasmid vectors with BglII and XbaI (Fast Digest enzymes, Fermentas) and purifying them on agarose gel. The pR promoter sequence was obtained by hybridizing two DNA oligonuleotides sequences (Eurofins): GATCGACTATTTTACCTCTGGCGGTGATAATGGTTGCATGTACTAAGGAGGTTG and CTAGCAACCTCCTTAGTACATGCAACCATTATCACCGCCAGAGGTAAAATAGTC The digested and purified plasmids were mixed with hybridized oligonuleotides and ligated using a DNA Ligation Kit (ThermoFisher). Escherichia coli DH5α strain was prepared to be heat shock transformed with the ligation product, then streaked on kanamycin selective plates. After overnight growth, the colonies were screened by adding HBR-3,5 DOM on plates and observing colonies fluorescence under the microscope. Fluorescent clones were recovered. The sequence of each clone was checked by DNA sequencing before plasmid extraction. MG1655-F and MG1655-gfp-F strains were prepared to be heat shock transformed with pAG101pR and pAG87pR, respectively. [1] Plamont, M. A., Billon-Denis, E., Maurin, S., Gauron, C., Pimenta, F. M., Specht, C. G., Shi, J., Querard, J., Pan, B., Rossignol, J ., Morellet, N., Volovitch, M., Lescop , E., Chen, Y., Triller, A., Vriz, S., Le Saux, T., Jullien, L., and Gautier, A. (2016) Small fluorescence-activating and absorption-shifting tag for tunable protein imaging in vivo, 92 Supplementary Figures Figure S1: μOD and fluorescence signals display very distinct dependence on their location in the channel. (A) μOD and ( B ) GFP fluorescen ce kinetics are shown for edge (cyan in A and light green in B) and centre (dark blue in A and dark green in B) ROIs from three different channels defined by their line stroke (solid, dashed, dotted). It appears that μOD signal (A) which reports biomass up to values of approx. 0.5 does not significantly depend on the reported position - edge or centre. In this case, the bundle of curves only gives the statistical dispersion of the measurements for distinct experiments. Indeed, no larger difference is observed between equivalent positions from distinct or same channel and edge or centre positions from the same channel. By contrast, GFP fluorescence curve collection exhibits two distinct bundles of curves clearly depending on the reported position - edge or centre. This difference largely overpasses the experimental dispersion observed for equivalent positions coming from different channels, same line stroke as for A. 93 Figure S2: GFP fluorescence displays even spatial distribution in a glass channel. (A)Threedimensional distribution of GFP fluorescence (left image) and transmitted light intensity (right image) in a mature biofilm of E. coli MG1655-gfp-F, grown during 20 hours, continuously supplied with a 1ml/h medium flow. (B) Graph of the two signals according to a transversal cross-section from the channel edge to the channel centre, the first 50 μm close the channel wall are not represented due to the optical perturbations generated by the glass wall thickness. In the glass channel the fluorescence intensity is evenly low due the absence of oxygen supply through the side walls by contrast with PDMS channels. 94 Figure S3: GFP Fluorogens do not affect bacterial growth at the concentration used in experiments and up to 20 μM. Overnight culture of E. coli was diluted in LB medium supplemented or not with fluorogen HBR-2.5-DM or HBR-3,5-DOM, at 2 or 20 μM in a multiwell plate. Cell growth was measured for all samples using a TECAN plate reader at 37°C with agitation for 24 hours. The growth curves were adjusted to exponential functions providing the generation time for each condition which were monitored in triplicate. Histograms indicate the mean value of the generation time, and bars indicate standard error. 95 Supplementary Table abs (nm) em (nm)  (M–1.cm–1)  Brightness GFP 488 507 56000 0.60 34 mCherry 587 610 72000 0.22 16 FAST:HBR-2,5-DM 494 552 50000 0.29 14.5 FAST:HBR-3,5-DOM 518 600 39000 0.31 12 Table S1: Proteins and fluorogens photophyical properties. Excitation and emission wavelength (abs and em), molecular extinction coefficient (), quantum yield () and Brightness. 96 Supplementary Movie Movie S1: Biofilm growth imaging over the first 12 hours of growth. MG1655-F-FAST-mCherry was grown in the presence of HBR-2,5-DM 2μM and mCherry (red channel) and HBR-2,5-DM (green channel) stacks of images have collected in parallel using a 400 ms and 100 ms acquisition time at a frequency of one frame very 4 mins and overlaid . Other details as in Fig. 4. 97 98 III.2. Etude cinétique du développement d'un biofilm quatre espèces sous flux Dans ce chapitre, nous allons présenter l'étude du développement en canaux millifluidiques sous flux d'un biofilm formé de 4 espèces de bactéries, issues d'un biofilm naturel. III.2.A. L'origine du biofilm 4 espèces Le biofilm fut initialement isolé dans une usine de l'industrie laitière après s'être développé au niveau d'un joint à l'extérieur d'une cuve de pasteurisation du lait (Mettler & Carpentier, 1997). Initialement composé de 13 souches de 7 espèces réparties dans 5 phyla, ce biofilm a été réduit à 4 souches qui purent être cultivées en milieu liquide et assemblées en biofilm immergé au laboratoire par nos collaborateurs de l'INRA à l'Institut MICALIS (Baliarda, Winkler, Tournier, Aymerich, & Tinsley, n.d.). Dans l'assemblage final, 4 des 5 phyla constituant le biofilm initial sont représentés, en effet le 5e phylum Staphylococcus s'est trouvé systématiquement exclu des assemblages. Le groupe de MICALIS a choisi de conserver une souche par phylum pour aboutir à un biofilm à 4 souches : Bacillus cereus, Pseudomonas fluorescens, Kocuria varians et Rhodocyclus sp Notons également que dans cet assemblage, la souche sauvage de Bacillus cereus est remplacée par la souche de laboratoire B. cereus ATCC14579T, étudiée dans le groupe et génétiquement manipulable. Sur cette base, nos collaborateurs ont étudié la formation d'un biofilm immergé dans des conditions statiques après ensemencement sur un coupon stérile en acier inoxydable. Un changement de milieu toutes les 24h est appliqué. Ils ont pu montrer en dénombrant les souches toutes les 24 heures que ces 4 espèces formaient une communauté adhérente atteignant après environ 48h, un état où les quantités et les rapports des 4 souches semblent avoir atteint un plateau. De plus, cet état stable s'est avéré robuste à des perturbations telles que l'altération des rapports aux d'ensemencement des différentes souches, suggérant que des interactions inter-espèces pouvaient dominer la formation de cet état stable. L'examen de cette hypothèse sur des assemblages réduits leur a d'ailleurs permis de mettre en évidence une interaction moléculaire négative de B. cereus vers K. varians - B. cereus produisant en effet une thiocillin, toxique pour K. varians. Néanmoins les mécanismes par lesquels cet effet se retrouve modulé en contexte 4-espèces n'ont pu être éclaircis. 99 Ces travaux ont permis d'entrevoir la possibilité d'étudier au laboratoire un modèle de biofilm multi-espèces et de tenter d'en comprendre les mécanismes de formation. Ils ont également soulevé de nombreuses interrogations sur le rôle des effets locaux à la fois du point de vue spatial et temporel ainsi que sur l'impact des échanges ponctuels de milieu lié aux investigations de biofilm en statique. C'est ainsi que, sur la base de ces observations, nous avons initié une étude du biofilm multi-espèces. Nos choix stratégiques ont été guidés par le souci (1) de travailler dans des conditions parfaitement contrôlées du point de vue physique, physicochimique et biologique (2) de pouvoir produire des données cinétiques avec une résolution temporelle suffisante (au moins l'échelle d'une demi division cellulaire), (3) d'accéder à l'information de la distribution spatiale des espèces dans le biofilm. Ces objectifs nous ont amenés à l'étude du biofilm 4S dans des canaux milli-fluidiques calibrés sous flux contrôlé de nutriments permettant la maîtrise des paramètres physicochimiques mais aussi la discrimination de la population réellement en biofilm, les bactéries nonattachées étant emportées par le flux. Nous avons également fait évoluer légèrement la composition de la communauté par rapport à nos collègues du groupe de l'institut MICALIS afin d'accéder à un suivi cinétique. Deux espèces furent échangées pour des souches très similaires, afin d'avoir des marqueurs quantitatifs de leur développement. Ainsi, nous avons substitué la souche de Bacillus cereus par deux souches différentes de Bacillus thuringiensis 407 Cry- exprimant soit de la GFP soit la protéine FAST, et la souche de Pseudomonas fluorescens par une souche de Pseudomonas fluorescens WCS365 exprimant la mCherry (Lagendijk et al., 2010). De plus, l'analyse du séquençage de la souche Kocuria varians a montré a posteriori que cette souche est en fait un Kocuria salsicia. Finalement, les quatre espèces du biofilm étudié dans ce chapitre sont Bacillus thuringiensis, Pseudomonas fluorescens, Kocuria salsicia et Rhodocyclus sp. (cf. II.1.A et fig. III.2.1). 100 Fig. III.2.1 : Images au x60 des 4 espèces de la communauté 4S, en transmission (ligne du haut), en fluorescence (ligne du bas) verte (GFP) pour Bacillus thuringiensis et rouge (mCherry) pour Pseudomonas fluorescens Les barres d'échelle représentent 5μm. Nous avons ensuite installé l'ensemble du dispositif sur la platine du microscope dans une enceinte thermostatée. Après avoir mis au point le dispositif expérimental, la première étape de notre travail fut de déterminer si un biofilm 4S pouvait se former en flux puis d'étudier sa cinétique de formation en temps réel, ainsi que sa structure. Ensuite, la deuxième étape de notre travail fut de rechercher de potentielles interactions inter-espèces en étudiant la combinatoire des différentes espèces de la communauté (cf. III.3). III.2.B. Formation et développement d'un biofilm 4 espèces en flux Pour rappel, nous avons utilisé des canaux de dimension 1mm de haut, 1mm de large et 30mm de long (cf : II.2.). Le flux appliqué était de 1 mL/h de milieu Mb (cf : II.1. et Annexe B) et les inocula toujours d'une concentration de 106 cellules par ml pour chaque espèce de bactéries, soit 1.2 x 105 cellules au total par canal (cf : II.1.D.2.). Nous avons choisi ce système sur la base des expériences de biofilms réalisées au laboratoire avec Escherichia coli (Thomen et al., 2017). Ce choix représente un bon compromis entre la vitesse d'advection des nutriments du milieu dans le canal, la force de cisaillement appliquée par le flux sur les biofilms, et la faisabilité de l'expérience à long terme (entre 30h et 65h) sans avoir à perturber le système. 101 Les canaux sont inoculés avec 106 cellules par mL de chaque souche de bactérie en phase de croissance exponentielle, puis ces inocula sont laissés à incuber dans les canaux pour 1h sans flux. Les bactéries se répartissent de manière homogène dans le canal et sédimentent durant la phase d'incubation sur la surface de verre du canal suivie au cours du temps (fig. III.2.2-1). Après le temps d'incubation, un flux de Mb de 1 mL/h est appliqué sur toute la durée de l'expérience. La vidéo-microscopie débute quelques images avant le démarrage du flux. Il semblerait que les bactéries ne subissent pas de temps de latence après la dilution des cultures exponentielles et l'injection, et qu'elles commencent à croître durant l'heure d'incubation. Cependant les premières divisions ont lieu 1 à 2 heures après l'inoculation dépendant des espèces, donc après le début du flux. Les bactéries se développent à la surface basse du canal et commencent à former le biofilm (fig. III.2.2-2). 1) 2) Fig. III.2.2 : Images en transmission de la surface en verre et au bord d'un canal milli-fluidique inoculé avec les 4 souches de notre communauté. 1) 30min après inoculation, 2) 4h30 après inoculation, soit 3h30 sous flux à 1mL/h. Les barres blanches servent d'échelles et représentent 55μm. En se basant sur l'acquisition de la lumière transmise des images de vidéo-microscopie au cours du temps d'une même position dans un canal, on peut suiv re le développement de la biomasse de la communauté bactérienne en définissant la micro densité optique (μOD) comme étant Ln(I0/I) (cf . II.3). Ainsi l'on obtient des données quantitatives permettant d'analyser la cinétique de formation de nos biofilms (Fig. III.2.3). 102 Fig. III.2.3 : Les courbes grises sont des réplicas de 6 expériences identiques (à l'exception de l'une des expériences interrompues après seulement 24h contre 38h pour les autres), la courbe noire représente la moyenne des 6 courbes et la zone grisée l'écart type. La μOD peut être calibrée et rendre compte du nombre de cellules présentes en biofilm mono-espèce (Thomen et al., 2017). Elle est ici à considérer avec précaution dans le système multi-espèces. En effet, la μOD est ici un descripteur global de la population du biofilm, représentant la biomasse totale que l'on ne peut pas relier à un nombre de cellules car chaque espèce a une taille et une morphologie différentes contribuant de manière très hétérogène à la valeur de ce descripteur. Par ailleurs, tout comme dans le système simple, la μOD est une grandeur qui sature à l'instar de la spectrophotométrie. Au-delà d'un certain seuil, sa valeur ne varie plus linéairement par rapport à la population suivie. Cependant, ce descripteur reste semiquantitatif et permet d'appréhender les tendances de croissance du biofilm, et particulièrement d'en détecter les changements de régime. Une première observation cruciale est que ces courbes de cinétique présentent une très bonne reproductibilité, particulièrement sur les 10 premières heures de la croissance. De 10 à 30h, des fluctuations qui restent néanmoins limitées apparaissent d'une courbe à l'autre. Enfin la dernière partie de ces courbes, caractérisée par une moyenne stable dans le temps est fortement bruitée. Si l'on regarde plus précisément la courbe de μOD, on observe - principalement dans les stades les plus avancés (Fig. III.2.4-1) - la présence de fluctuations ou pics aléatoires provenant le plus souvent du passage de flocs détachés emportés par le flux. Ces évènements ont 103 tendance à bruiter le signal moyen. Par ailleurs et de façon plus intéressante, on observe dans les phases plus précoces, la présence de plusieurs épaulements que l'on trouve sur toutes les courbes de façon synchrone (Fig. III.2.4-2). Ceci suggère qu'ils correspondent à des stades caractéristiques que l'on cherchera à mieux définir. 1) 2) Fig. III.2.4 : Courbes de cinétiques de la μOD en fonction du temps de différents biofilms 4S, 1) de 10h à 38h avec des flèches noires indiquant des passages de flocs, et 2) de 0 à 20h avec des flèches rouges indiquant des épaulements. Afin de confirmer cela, on applique à la courbe moyenne un lissage (rloess avec un coefficient de 0.25) de façon à s'affranchir des fluctuations ponctuelles aléatoires et à conserver la signature des épaulement synchrones (Fig. III.2.5-A), puis on calcule le signal dérivé de la courbe moyenne lissée (Fig. III.2.5-B). On constate que la dérivée reste positive tout au long du développement indiquant une croissance continue, mais on fait aussi apparaître distinctement des maxima et des minima qui signifient que la croissance est non-monotone. Sur cette base, on détermine alors plusieurs stades correspond ant à une suite de séquences où la vitesse apparente de croissance de la bio masse augmente (stade 1), puis diminue (stade 2) , augment e de nouveau jusqu'à une valeur maximale (stade 3) avant de s'amortir (stade 3') pour atteindre l'état stationnaire où la vitesse apparente de croissance est nulle (Tab. III.2.1). 104 Time (hours) Fig. III.2.5 : A) Courbes de cinétiques de la μOD en fonction du temps de différents biofilms 4S (en gris), avec la courbe moyenne de ces cinétiques (en noir) et la courbe moyenne lissée (en lavande). B) Courbe dérivée de la courbe moyenne lissée au cours du temps. Les flèches indiquent la correspondance temporelle des temps caractéristiques entre la partie A) et la partie B), avec en pointillé le moment de la vitesse de croissance du biofilm maximale. Dans la suite, nous nous attacherons à comprendre plus avant la correspondance entre ces stades définis sur la base des variations de biomasse globale et le comportement des différentes souches. 105 characteristic time (h) Biomass index Growth regime: 5 8 13 17 27 0,0494 0,0912 0,2131 0,3776 0,621 v↗ v↗ v↘ max min v↘ v≈ max Stationary state max t=0 approx. exponential growth approx. linear growth dampening of growth Tab. III.2.1 : Tableau récapitulatif des temps caractéristiques de la croissance du biofilm 4S déterminé via la μOD. La frise résume les régimes de croissance du biofilm 4S entre chaque temps caractéristique. L'indice de biomasse est donné par la valeur moyenne de la μOD au temps concerné. Pour confirmer l'hypothèse de le formation d'une communauté 4S stable et tester sa résilience, nous avons réalisé une expérience de perturbation physique (Fig. III.2.6). Après avoir suivi le protocole classique d'expérience de biofilm 4S durant 38h, nous avons fait passer dans le canal une bulle d'air de 100μL destinée à provoquer une érosion physique importante du biofilm. Nous avons alors remarqué que la μOD de notre biofilm baissait d'environ 40%, et que 2h après le passage de cette perturbation, la croissance du biofilm reprenait suivant une pente similaire à celle de croissance de 10h à 30h mais en plus bruitée dû au passage de flocs. De plus, après 17h de croissance, le biofilm semble avoir retrouvé la même phase stable qu'avant la perturbation. L'importance du bruit associé au passage de flocs, suggère que cette phase stable correspond bien à un état stationnaire résultant de la combinaison d'un certain niveau de croissance et d'évènements de détachement. Ainsi, notre communauté multi-espèces forme un biofilm sous flux. La formation de ce biofilm atteint un état stationnaire reproductible, ce qui suggère un développement déterministe obéissant à des règles. De plus, ce biofilm semble capable de retourner à cette phase stationnaire après perturbation montrant sa résilience. Cette propriété définit la stabilité d'une communauté pour plusieurs auteurs en écologie théorique (Gonze, Coyte, Lahti, & Faust, 2018). Nous disposons donc d'un modèle de communauté adhérente 4-espèces vivantes issues d'une communauté naturelle et non assemblée artificiellement dans un objectif précis. Le développement défini de cette communauté dans un système milli-fluidique parallélisable monté 106 t sur la platine d'un microscope, et donc observ en vidéo-microscopie, constitue le premier acquis de mon travail de thèse. A ce stade, nous nous sommes intéressés à comprendre plus en détail la structure de ce biofilm, c'est-à-dire sa composition, la distribution spatiale des espèces et la dynamique de leur évolution. Fig. III.2.6 : Courbes de cinétiques de la μOD en fonction du temps de biofilms 4S avec une perturbation physique à 38h de croissance (ligne bleue), en phase d'équilibre pseudo-stationnaire. Pour mener à bien cette analyse, nous avons dû chercher des grandeurs quantitatives permettant de décrire plus précisément le comportement de chaque espèce au sein du biofilm et d'établir la cinétique de leur développement respectif dans le contexte 4S. III.2.C. Etude des marqueurs quantitatifs du biofilm 4S Afin de pouvoir suivre la cinétique de développement individuel des espèces dans la communauté 4S, nous avons utilisé deux souches fluorescentes : Pseudomonas fluorescens 107 produisant de la mCherry et Bacillus thuringiensis produisant de la GFP, que nous avons ensuite substitué par Bacillus thuringiensis produisant la protéine FAST (cf. III.1) capable de fluorescer en complexe avec une petite molécule (dans ce chapitre, la molécule utilisée est l'HBR 2.5 DM, créant un complexe avec FAST qui fluoresce en vert). Dans cette partie du chapitre III.2, nous allons montrer la calibration et les limites de ces fluorophores pour l'étude du biofilm 4S. III.2.C.1 Protéines fluorescentes : Limitations en biofilm 4S Comme démontré dans le chapitre III.1, le contexte du milieu confiné sous flux pose des difficultés pour utiliser des protéines fluorescentes classiques. Rapidement la croissance du biofilm crée une forte déplétion en dioxygène (O2) et dès lors les protéines fluorescentes synthétisées par les bactéries, telles que la GFP ou mCherry ne sont plus conformées correctement et donc ne sont pas fluorescentes. Dans l'optique de pallier ce problème, nous avons mis en place l'alternative que représente la protéine FAST et la fluorescence qu'elle produit lorsqu'elle forme un complexe avec une autre molécule (ici, l'HBR 2.5 DM), comme décrit précédemment dans le chapitre III.1 sur la souche Escherichia coli. Nous avons donc remplacé la production de la GFP par celle de FAST dans la souche de Bacillus thuringiensis. Nous pouvons d'ailleurs voir sur un biofilm simple de Bacillus thuringiensis mono-espèce que la fluorescence suit parfaitement le signal de μOD (Fig. III.2.7). 108 Fig. III.2.7 : Courbes de cinétiques de la μOD (noir) et de l'intensité de fluorescence de FAST :HBR (vert) en fonction du temps d'un biofilm mono-espèce de Bacillus thuringiensis. Il sera intéressant dans la suite de suivre en parallèle le signal GFP et le signal FAST-HBR pour avoir un indicateur indirect de la possible déplétion locale en dioxygène. Reste la question de la fluorescence de mCherry que nous n'avons pas encore pu remplacer. Nous savons que comme la GFP cette protéine est sensible au taux d'O 2 et que sa fluorescence ne va plus relater proportionnellement l'abondance de Pseudomonas fluorescens à partir du moment où l'O2 sera plus faible que le seuil requis pour la cyclisation finale du chromophore. Nous cherchons à identifier ce stade de manière à pouvoir utiliser la mCherry comme descripteur quantitatif sur le début de la croissance du biofilm et comme indicateur de tendance au-delà du seuil de linéarité. Nous avons évalué cette limite en mesurant sur un film type du développement du biofilm 4S (acquisition de mCherry permettant de visualiser Pseudomonas fluorescens) l'évolution dans le temps de la fluorescence des Pseudomonas fluorescens uniques. (Fig. III.2.8). On constate que la fluorescence propre des Pseudomonas fluorescens commence à diminuer dès t=5h. 109 Fig. III.2.8 : Mesure de l'intensité de fluorescence de cellules uniques de Pseudomonas fluorescens durant les 7 premières heures de biofilm. III.2.C.2 Quantification des signaux de fluorescence Ici, nous allons déterminer quel est le rapport entre l'intensité mesurée de ces rapporteurs et le nombre d'individus qu'ils représentent dans le biofilm dans leur régime linéaire. Pour déterminer cela, nous allons définir plusieurs paramètres de nos images de microscopie en fluorescence (Fig. III.2.9). De ces paramètres, nous avons déduit la relation de proportionnalité suivante (Tab. III.2.2, pour la définition des paramètres) : 110 Paramètres I St s Isc Ib a b N Grandeur Intensité moyenne d'une image par pixel Taille totale de l'image (1376256 pixels) Taille moyenne d'une cellule (en pixels) Intensité moyenne d'une cellule Intensité moyenne par pixel du fond typique d'une image Nombre de pixels au dessus de Ib (aire totale des objets détectés) Nombre de pixels de fond Nombre de cellules contribuant au signal fluorescent Tab. III.2.2 : Tableau des paramètres utilisés pour déterminer le rapport entre l'intensité de fluorescence d'une image et le nombre de cellules fluorescentes s'y trouvant. Nous avons défini la taille des cellules comme étant l'empreinte de fluorescence des cellules sur une image. Cette taille est cependant quelque peu différente de la taille réelle de la cellule. Cette taille s est obtenue sur l'image aux temps courts d'acquisition (Fig. III.2.9-1), durant le temps d'incubation du biofilm. Nous obtenons cette empreinte de fluorescence en binarisant les images à l'aide du logiciel NIS et sa fonction autodetect ou smart-threshold. Une suspension planctonique de cellules individuelles présente une distribution log-normale de la taille des cellules (Soifer, Robert, & Amir, 2016). Par conséquent, nous ajustons la distribution des objets détectés automatiquement sur l'image à une fonction log-normale (Fig. III.2.9-2). Nous observons 1) A 2) B Fig. III.2.9 : Détermination de la taille des cellules s. 1) Images en fluorescence de la mCherry de Pseudomonas fluorescens A) après inoculation, B) une heure plus tard. 2) Distribution de la taille de la population de Pseudomonas fluorescens basée sur la détermination des cellules seuillées comme en 1.A). 111 que la distribution expérimentale présente une asymétrie droite supérieure à celle attendue de la loi log-normale. Cela se comprend aisément du fait que les cellules venant de se diviser peuvent être adhésives entre elles (cellules filles et cellules mères), et que ces ensembles de cellules sont analysés comme un objet unique par opposition à ce qui se passe dans des conditions planctoniques où les cellules sont le plus souvent isolées et donc où ce genre de problèmes est de moindre importance. En utilisant le mode de cette distribution, nous avons déterminé que la taille moyenne, via la surface occupée sur l'image, d'une cellule de Pseudomonas fluorescens est de 48.6 pixels, soit 5.29μm2, et que celle d'une cellule de illus thuringiensis est de 99.86 pixels, soit 10.86μm2. D'autre part, nous avons déterminé l'intensité moyenne d'un cellule unique I sc, avec nos paramètres d'acquisition. Sur les mêmes images que pour la détermination de la taille des cellules s, nous avons porté notre intérêt sur l'intensité de fluorescence (Fig. III.2.10). Sur ces images, on mesure l'intensité moyenne par pixel du fond Ib =151+/-1.2 a.u. pour le canal d'acquisition de l'intensité de la mCherry (Fig. III.2.10-1), et de 126.6+/-2.2 a.u. pour le canal d'acquisition de l'intensité du complexe FAST:HBR. Puis, on mesure l'intensité des cellules Isc, sur la première heure de vidéo-microscopie, soit 192.6 +/-2.3 a.u. pour les cellules de Pseudomonas fluorescens fluorescentes via la mCherry (Fig. III.3.10-2), et de de 144.91 +/- 4.41 a.u. pour les cellules de Bacillus thuringiensis fluorescentes via le complexe FAST:HBR. 2) Probability densty Probability densty 1) I (mCherry) (a.u.) I (mCherry) (a.u.) Fig. III.2.10 : Détermination des intensités moyennes des cellules et du fond. 1) Distribution de l'intensité de fluorescence de mCherry. Deux pics apparaissent, en gris l'intensité du fond du milieu, et en rose la population de cellules de Pseudomonas fluorescens. 2) Zoom sur la distribution de l'intensité de la population de cellules de Pseudomonas fluorescens. 112 A insi , en mesurant l'intensité globale d'une image nous avons pu déterminer le nombre de cellules fluorescentes de chaque canal d'acquisition de fluorescence. Par exemple, pour une intensité moyenne d'une image de 200 a.u., on obtient un nombre de cellules de Pseudomonas fluorescens (via mCherry) de 2.7x104 cellules par image et de Bacillus thuringiensis (via FAST:HBR) de 5.5x104 cellules par image soit respectivement 5.78x106 et 1.2x107 cellules par canal. Pseudomonas fluorescens Bacillus thuringiensis s (μm2) 2.29 10.86 Isc (a.u.) 192.6 144.91 Ib (a.u.) 151 126.6 Tab. III.2.3 : Tableau récapitulatif des valeurs clés de la quantification des signaux fluorescents. III.2.C.3 Le coefficient de corrélation et la dynamique spatiale au sein du biofilm. De manière à évaluer la dynamique spatiale des bactéries au sein du biofilm, nous avons mené une analyse de corrélation d'images par paires successives (image n versus image n+1). Nous avons appliqué le plugin Image correlationJ* dont le principe est le suivant : La similarité entre 2 images est évaluée en calculant le coefficient de corrélation de Pearson, R d'après l'équation suivante : R = n ̅ ∑m ̅) i=1 ∑j=1(f(mi,nj )−f )(g(mi,nj )−g (mn−1)σf σg où m et n sont le nombre de pixels ou groupe de pixels (nous utilisons une région unitaire de 3 pixels de côté) dans les directions x et y respectivement, f (mi, nj ) et g (mi, nj) sont les valeurs locales à la position locale (mi, nj ) de l'intensité de l'image (dans notre cas l'intensité de FAST moyennée sur le groupe de pixels), f ̅ et g̅ sont les moyennes respectives de l'intensité des images entières, σf et σg sont les écarts-types correspondants. Les données collectées sur l'image pour calculer R permettent également de comparer les images plus en détails en éditant le graphe de correspondance des valeurs moyennes d'intensité de l'image 1 dite « source » et de l'image 2 dite « target » pour chaque pixel ou groupe de pixel * (http://www.gcsca.net/IJ/ImageCorrelationJ.html) 113 (correlation plot) et la carte des différences comparées à la régression du graphe des correspondances (voir détails : (Syverud, Chinga, Johnsen, Leirset, & Wiik, 2007) ). Cette approche nous permettra d'évaluer dans la suite le degré de dynamique des espèces fluorescentes dans le biofilm 4S. En effet les objets très mobiles vont changer d'empreinte spatiale d'une image à la suivante, ce qui dégrade la corrélation des deux images et fait diminuer le coefficient de corrélation, alors que des objets fixes ou quasi-fixes vont produire un coefficient de corrélation élevé (Fig. III.2.11). Il faut noter qu'il est crucial d'avoir auparavant aligner les piles d'images sur un objet fixe pour s'affranchir des mouvements parasites pouvant provenir de certaines instabilités du montage (repositionnement de la platine ou micromouvements des canaux).
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Panorama des statistiques de l'OCDE
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Les dépenses exprimées en monnaie nationale pour 2010 sont converties en USD sur la base des PPA. Le taux de change PPA est préféré au taux de change du marché, car celui-ci subit l’influence de nombreux facteurs sans grand rapport avec le pouvoir d’achat relatif des monnaies dans les différents pays. Les dépenses privées sont calculées déduction faite des subventions publiques allouées aux établissements d’enseigne- En bref En 2010, les dépenses unitaires dans l’enseignement supérieur s’élevaient en moyenne, dans les pays de l’OCDE, à 13 528 USD. Elles allaient de 7 000 USD ou moins en Afrique du Sud, au Chili, en Estonie, en Indonésie et en République slovaque, à plus de 20 000 USD au Canada, aux États-Unis et en Suisse. Les dépenses dans l’enseignement supérieur représentent plus de 1.5 % du PIB dans plus de la moitié des pays membres, et dépassent 2.5 % au Canada (2.7 %), en Corée (2.6 %) et aux États-Unis (2.8 %). Trois pays consacrent moins de 1 % de leur PIB à l’enseignement supérieur, le Brésil (0.9 %), la Hongrie (0.8 %) et la République slovaque (0.9 %) Les nombreux avantages que tirent les individus de leurs études supérieures donnent à penser qu’une plus grande contribution des individus et d’autres entités privées aux coûts des études serait justifiée, dès lors que des financements sont disponibles pour les étudiants, quelle que soit leur situation économique. La part des dépenses dans l’enseignement supérieur prise en charge par les particuliers, les entreprises et d’autres sources privées, y compris des versements privés subventionnés, va de 5 % ou moins au Danemark, en Finlande et en Norvège (les droits d’inscription imposés par les universités sont faibles ou négligeables dans ces pays) à plus de 40 % en Australie, au Canada, en Israël, au Japon et aux États-Unis, et jusqu’à plus de 70 % au Chili, en Corée et au Royaume-Uni. En Corée et au Royaume-Uni, la plupart des étudiants sont inscrits dans des établissements privés (environ 80 % dans des universités privées en Corée et 100 % dans des établissements privés subventionnés au Royaume-Uni), dont le budget est financé pour l’essentiel par des droits d’inscription (plus de 70 % en Corée et plus de 50 % au Royaume-Uni). 200 Sources • OCDE (2013), Regards sur l’éducation 2011, Les indicateurs de l’OCDE, Regards sur l’éducation, Éditions OCDE. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Les grandes mutations qui transforment l’éducation, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Politiques et gestion de l’enseignement supérieur, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Examens des politiques nationales d’éducation, Éditions OCDE. Publications statistiques • OCDE (2013), Regards sur l’éducation : Panorama, Éditions OCDE. Publications méthodologiques • OCDE (2004), Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation : Concepts, normes, définitions et classifications, Éditions OCDE. • Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), OCDE et Eurostat (2013), UOE Data Collection on Education Systems, UIS, Montreal. Bases de données en ligne • Statistiques de l’OCDE sur l’éducation Sites Internet • Regards sur l’éducation : Les indicateurs de l’OCDE (matériel supplémentaire), www.oecd.org/edu/rse. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 ÉDUCATION • RESSOURCES DÉPENSES DANS L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Dépenses au titre des établissements tertiaires Dépenses par étudiant aux prix constants de 2010, dollars des EU et PPA Indice 2005 = 100 Dépenses En pourcentage des dépenses totales Dépenses par étudiant Part des sources publiques Part des sources privées 2000 2010 2000 Nombre d'étudiants 2010 2000 2010 2000 2010 2000 2010 94.1 83.0 74.8 98.2 85.7 85.4 78.8 86.0 87.8 92.2 78.4 86.3 93.3 42.3 80.8 99.8 69.5 89.7 92.6 93.7 .. 73.2 83.2 84.4 83.8 57.5 70.1 66.8 64.8 65.7 .. 86.5 77.3 .. .. 80.8 .. 78.6 .. 44.3 .. .. .. 126.4 125.5 124.0 116.6 173.0 137.5 110.3 126.1 138.0 117.0 116.2 117.3 .. 95.8 140.1 100.7 107.3 111.8 110.1 .. 126.4 105.9 127.3 120.3 120.2 113.8 127.6 140.4 106.4 108.1 117.5 101.5 .. .. 120.3 .. 147.8 .. 148.0 .. .. 92.7 .. 102.8 94.4 .. 73.1 93.4 97.8 107.5 85.5 88.6 95.0 95.3 67.5 66.3 85.2 67.6 81.8 89.7 98.9 .. 82.8 87.8 .. 85.3 80.0 90.4 71.3 72.3 93.4 .. 82.3 78.8 .. .. 86.0 .. 70.4 .. .. .. .. .. 125.3 139.4 112.4 .. 160.6 102.1 108.1 111.1 100.4 122.9 98.9 101.9 .. 86.4 109.1 116.8 108.2 97.9 96.3 .. 120.2 105.8 132.5 118.5 92.8 107.0 124.1 131.9 109.9 103.7 103.4 128.5 .. .. 113.0 .. 124.6 .. 156.0 .. .. 101.4 .. 72.7 104.0 .. 116.8 84.4 88.0 81.6 107.8 88.5 90.8 97.8 62.7 121.8 117.2 102.8 109.7 103.2 94.8 .. 88.5 94.8 .. 98.2 71.8 77.6 93.6 89.5 70.3 .. 105.1 98.1 .. .. 94.1 .. 111.7 .. .. .. .. .. 100.8 90.1 110.4 .. 107.8 134.7 102.1 113.5 137.3 95.2 117.5 115.1 .. 110.9 128.4 86.2 99.1 114.2 114.3 .. 105.1 100.0 96.1 101.5 129.6 106.4 102.9 106.4 96.8 104.2 113.6 79.0 .. .. 107.6 .. 118.6 .. 94.8 .. .. 88.2 49.9 96.3 91.5 61.0 .. 23.3 97.6 74.4 .. 37.4 97.2 84.4 99.7 .. 79.2 91.8 58.5 77.5 38.5 .. 79.4 96.3 .. 76.5 66.6 92.5 91.2 85.4 67.7 .. 91.3 .. 95.4 .. 77.4 .. .. .. .. .. .. .. 46.5 87.8 89.8 56.6 22.1 27.3 95.0 78.2 75.4 36.3 95.9 81.9 .. .. 81.2 91.2 54.2 67.6 34.4 .. 69.9 96.0 66.3 71.8 70.6 69.0 70.2 78.8 25.2 84.7 90.6 .. .. .. 68.4 .. .. .. 62.2 .. .. 11.8 50.1 3.7 8.5 39.0 .. 76.7 2.4 25.6 .. 62.6 2.8 15.6 0.3 .. 20.8 8.2 41.5 22.5 61.5 .. 20.6 3.7 .. 23.5 33.4 7.5 8.8 14.6 32.3 .. 8.7 .. 4.6 .. 22.6 .. .. .. .. .. .. .. 53.5 12.2 10.2 43.4 77.9 72.7 5.0 21.8 24.6 63.7 4.1 18.1 .. .. 18.8 8.8 45.8 32.4 65.6 .. 30.1 4.0 33.7 28.2 29.4 31.0 29.8 21.2 74.8 15.3 9.4 .. .. .. 30.6 .. .. .. 37.8 .. .. 2010 Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie .. 15 142 15 007 15 179 22 475 7 101 9 972 18 977 13 373 6 501 25 576 16 714 15 067 .. 8 745 16 008 8 728 10 730 9 580 16 015 .. 7 872 18 512 10 418 17 161 8 866 10 578 6 904 7 635 15 862 9 693 19 562 21 893 .. .. 13 528 .. 13 137 .. 7 039 .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039749 Part des dépenses privées dans les établissements d’enseignement supérieur Pourcentage 2010 2000 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037450 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 201 GOUVERNEMENT DÉFICITS ET DETTE PUBLICS DÉPENSES, RECETTES ET DÉFICITS PUBLICS DETTE PUBLIQUE ADMINISTRATIONS PUBLIQUES RÉPARTITION DES DÉPENSES ENTRE LES NIVEAUX D’ADMINISTRATION RECETTES ET DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES PAR HABITANT COÛTS DE PRODUCTION DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES TRANSPARANCE DU GOUVERNMENT DÉCLARATION D’INTÉRÊTS ET DE PATRIMOINE DÉPENSES PUBLIQUES DÉPENSES SOCIALES DÉPENSES DE RETRAITE SOUTIENS À L’AGRICULTURE ET AIDE ÉTRANGÈRE SOUTIEN DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES À L’AGRICULTURE CONCOURS PUBLICS À LA PÊCHE AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT FISCALITÉ IMPÔTS APPLICABLES AU TRAVAILLEUR MOYEN RECETTES FISCALES TOTALES GOUVERNEMENT • DÉFICITS ET DETTE PUBLICS DÉPENSES, RECETTES ET DÉFICITS PUBLICS Déficits et dette publics La capacité nette de financement des administrations publiques traduit leur situation budgétaire après prise en compte des dépenses d’équipement. Un solde positif de la capacité de financement est le signe que les administrations publiques procurent des ressources financières à d’autres secteurs, et un solde négatif qu’elles ont besoin de se procurer des ressources auprès d’autres secteurs économiques. Si la capacité nette de financement des administrations publiques est, dans le cadre du Système de comptabilité nationale (SCN), un concept important sur lequel repose la validité des comparaisons internationales, il n’est pas nécessairement le principal indicateur budgétaire retenu par les États. Certains pays, par exemple, gèrent leurs budgets en utilisant des concepts plus larges qui tiennent compte de la situation financière des sociétés publiques, tandis que d’autres privilégient au contraire des notions plus étroites comme celle d’administration centrale. Définition Les dépenses totales des administrations publiques recouvrent les éléments suivants : la consommation intermédiaire ; la rémunération des salariés ; les subventions, les prestations sociales et les transferts sociaux en nature (via des producteurs marchands) ; les autres transferts courants ; les revenus de la propriété, les transferts en capital (dus) ; l’ajustement pour la variation des droits des ménages sur les fonds de pension ; la formation brute de capital ; et les acquisitions nettes d’actifs non financiers non produits. Elles recouvrent également les impôts sur le revenu et sur le patrimoine et d’autres impôts sur la production que les administrations peuvent être tenues d’acquitter. En bref Depuis 10 ans, les soldes budgétaires, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, sont généralement négatifs. Ce chiffre masque toutefois des situations et des évolutions diverses selon les pays de l’OCDE. Après la récession mondiale de 2008-09, les déficits dans la zone de l’OCDE ont atteint en 2009 et 2010 des niveaux sans précédent. En 2010, des déficits représentant plus de 10 % du PIB ont été enregistrés en Irlande, aux États-Unis, en Grèce, au Royaume-Uni et en Islande. En Irlande, le fort déficit observé, ressortant à 30.6 %, est pour partie imputable aux dépenses réalisées ponctuellement pour soutenir le système financier. La Norvège, en revanche, a affiché la même année un excédent de 11.1 %. En 2012, on a observé une amélioration du solde budgétaire de la plupart des pays de l’OCDE pour lesquels on disposait de données. De même que pour le solde budgétaire, on constate de larges écarts entre les pays de l’OCDE, et des variations au fil du temps, pour ce qui est des dépenses et des recettes rapportées au PIB. S’agissant des recettes publiques collectées en 2012, les pays qui affichent les montants les plus faibles, en pourcentage du PIB, sont les États-Unis (30.8 %) et la République slovaque (33.2 %). En 2010, parmi les pays de l’OCDE, le Mexique est celui dont les recettes, exprimées en pourcentage du PIB, ont été les plus faibles, avec 21.8 %. À l’opposé, les pays scandinaves ont tous fait état de recettes supérieures à 50 % du PIB. 204 Les recettes recouvrent les impôts collectés (auprès des entreprises et des ménages, et ceux prélevés sur le revenu, le patrimoine, la production et les importations), les cotisations de sécurité sociale, et les revenus de la propriété et autres revenus. Comparabilité Le problème majeur qui altère la comparabilité internationale des données concerne le champ couvert par le secteur des administrations publiques. Par exemple, dans de nombreux pays, les hôpitaux ne sont pas classés dans ce secteur mais considérés comme des sociétés publiques au motif qu’ils facturent les services rendus aux prix du marché. Les pays de l’UE ont adopté la règle des 50 %, selon laquelle le produit des ventes doit couvrir au moins 50 % des coûts d’exploitation pour que les unités concernées soient considérées comme des producteurs marchands n’appartenant pas au secteur des administrations publiques. Un autre problème susceptible d’altérer la comparabilité des données réside dans la détermination de l’appartenance au secteur public. Dans le SCN, le critère retenu pour déterminer si un producteur non marchand doit ou non être classé dans le secteur public est le « contrôle par une administration publique », qui renvoie à un certain nombre de conditions en fonction desquelles on évalue si le critère est rempli. Sachant que la question est loin d’être sans importance, il est concrètement recommandé dans le SCN d’adopter une règle des 50 % en ce qui concerne le contrôle. En général, toutefois, les chiffres présentés ici sont tout à fait comparables. Pour la plupart des dépenses des administrations publiques, il n’y a guère de doute sur le fait que le traitement et la qualité des données sous-jacentes sont très satisfaisants, si bien que la comparabilité est généralement bonne. Pour tous les pays, excepté le Canada (qui consolide uniquement les transferts courants) et la Nouvelle-Zélande, les données sont consolidées. À la différence des années précédentes, toutes les données pour cet indicateur sont à présent tirées des Comptes nationaux annuels de l’OCDE. Sources • OCDE (2013), Perspectives économiques de l’OCDE, Éditions OCDE. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Études économiques de l’OCDE, Éditions OCDE. Publications méthodologiques • OCDE (2008), OECD Glossary of Statistical Terms, Éditions OCDE. Bases de données en ligne • Statistiques de l’OCDE sur les comptes nationaux. • Perspectives économiques de l’OCDE : statistiques et projections. Sites Internet • Sources & méthodes des Perspectives économiques de l’OCDE, www.oecd.org/fr/eco/perspectives/sources-etmethodes.htm. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 GOUVERNEMENT • DÉFICITS ET DETTE PUBLICS DÉPENSES, RECETTES ET DÉFICITS PUBLICS Recettes et dépenses des administrations publiques En pourcentage du PIB Capacité de financement Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie Zone euro UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie Revenus Dépenses 2000 2005 2010 2012 2000 2005 2010 2012 2000 2005 2010 2012 1.1 -1.1 -1.8 -0.1 2.9 .. 5.4 2.2 -1.0 -0.2 0.8 7.0 -1.5 .. -3.1 4.9 1.7 .. -0.9 .. 6.0 .. 15.4 .. 2.0 -3.0 -3.3 -12.3 -3.6 3.5 -3.7 3.6 -0.4 .. -0.1 0.5 .. -3.3 .. -7.0 .. .. .. -3.3 1.5 -1.8 -2.6 1.5 .. 3.4 5.0 1.3 1.6 -4.2 2.7 -3.0 -5.6 | -7.9 1.6 4.9 .. -4.5 -4.8 0.0 0.4 15.0 .. -0.3 -4.1 -6.5 -2.8 -3.2 -3.4 -1.5 1.9 -1.1 .. -2.5 -2.5 .. -2.0 .. -0.2 6.0 .. .. -4.2 -5.0 -4.5 -3.9 -5.6 0.0 1.3 -2.7 -9.6 0.2 -12.0 -2.8 -7.1 -10.8 -4.4 -30.6 -10.1 -4.6 -4.3 -8.3 -0.8 -1.4 11.1 .. -5.0 -7.9 -9.9 -7.7 -4.7 -10.1 -5.9 0.0 0.3 -2.9 -6.2 -6.5 .. -6.0 .. 1.5 -1.2 .. .. 0.1 -2.3 -2.5 -4.1 .. .. .. -3.9 -10.6 -0.2 -9.2 -2.2 -4.8 -9.0 -2.1 -8.1 -3.8 -5.1 -2.9 .. -0.6 .. 13.9 .. -4.0 -3.9 -6.5 -4.5 -4.4 -6.1 -3.8 -0.5 -0.2 .. -3.7 -3.9 .. -6.2 .. .. .. .. .. 46.2 34.7 50.1 49.0 42.6 .. 27.9 55.8 38.2 35.9 34.5 55.4 50.2 .. 44.7 36.1 43.6 .. 45.0 31.3 43.6 .. 57.7 .. 46.1 38.1 38.3 39.9 38.0 39.9 42.8 58.7 35.2 .. 46.0 45.2 .. .. .. .. .. .. .. 43.6 35.6 48.2 49.3 39.3 .. 30.0 57.8 39.7 35.2 32.2 53.0 50.6 39.0 42.2 35.6 47.1 .. 43.4 31.6 41.5 21.2 56.8 .. 44.5 39.4 40.1 35.2 39.8 40.0 43.6 55.8 34.1 .. 44.8 44.2 .. .. .. .. 40.2 .. .. 43.7 31.4 48.3 48.7 37.4 .. 31.4 55.0 36.7 40.6 30.6 53.0 49.5 40.6 45.6 34.9 41.5 37.6 46.1 32.4 42.7 23.0 56.3 .. 46.3 37.5 41.6 32.3 39.1 39.8 43.6 52.3 34.1 37.3 44.8 44.1 .. .. .. .. 38.5 .. .. 44.8 30.0 49.2 51.0 37.2 .. .. 55.5 37.1 39.2 30.8 54.5 51.8 44.6 46.6 34.5 43.6 36.5 47.7 33.3 43.7 24.4 57.2 .. 46.4 38.3 40.9 33.2 40.1 41.8 44.2 51.4 33.8 .. 46.3 45.4 .. .. .. .. .. .. .. 45.1 35.7 51.9 49.1 39.7 .. 22.4 53.7 39.2 36.1 33.7 48.3 51.7 .. 47.8 31.1 41.9 .. 45.9 38.8 37.6 .. 42.3 .. 44.2 41.1 41.6 52.1 41.6 36.4 46.5 55.1 35.6 .. 46.2 44.7 .. .. .. .. .. .. .. 46.9 34.1 50.0 51.9 37.6 .. 26.6 52.8 38.4 33.6 36.4 50.3 53.6 44.6 50.1 33.9 42.2 .. 47.9 36.4 41.5 19.0 41.8 .. 44.8 43.4 46.6 38.0 43.0 43.4 45.1 53.9 35.2 .. 47.3 46.7 .. .. .. .. 34.2 .. .. 47.9 36.4 52.8 52.6 42.3 .. 30.1 57.7 46.3 40.5 42.6 55.8 56.6 51.4 50.0 65.5 51.6 42.3 50.4 40.7 43.5 23.1 45.2 .. 51.3 45.4 51.5 40.0 43.7 49.9 49.4 52.3 33.9 40.2 51.0 50.6 .. .. .. .. 39.7 .. .. 44.7 32.3 51.7 55.0 40.6 .. .. 59.4 47.8 39.5 40.0 56.7 56.6 53.6 48.7 42.6 47.4 41.7 50.6 42.0 44.3 24.7 43.3 .. 50.4 42.2 47.4 37.8 44.5 47.9 48.1 52.0 34.1 .. 49.9 49.3 .. .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039768 Besoin de financement des administrations publiques En pourcentage du PIB Moyenne sur 3 ans à la fin de la période (2009-11) Moyenne sur 3 ans au début de la période (2000-02) 15 10 5 0 -5 -10 -15 -20 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037469 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 205 GOUVERNEMENT • DÉFICITS ET DETTE PUBLICS DETTE PUBLIQUE La dette publique cumulée est l’un des indicateurs clés pour évaluer la viabilité des finances publiques. Si l’on fait abstraction des acquisitions nettes d’actifs financiers, les variations de la dette publique au fil du temps donnent la mesure des déficits publics. Le rapport dette publique/PIB, qui correspond au montant total de la dette brute des administrations publiques d’un pays exprimé en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), est l’un des indicateurs de la santé d’une économie. Définition La dette est communément assimilée à un sous-ensemble d’éléments de passif défini en fonction des types d’instruments financiers qui y sont inclus ou qui en sont exclus. En règle générale, la dette correspond à l’ensemble des passifs donnant lieu, à une ou plusieurs échéances données, à un ou plusieurs versements de la part du débiteur au profit du créancier, au titre du remboursement du principal et du paiement d’intérêts. En conséquence, tous les instruments de dette sont des éléments de passif, mais certains d’entre eux, comme les actions, les participations et les produits financiers dérivés, n’entrent pas dans la composition de la dette. On obtient donc le montant de la dette en additionnant les éléments de passif suivants, pour autant qu’ils figurent au bilan financier des administrations publiques : numéraire et dépôts ; titres autres qu’actions, à l’exclusion des produits financiers dérivés ; crédits ; réserves techniques d’assurance ; autres comptes créditeurs. La plupart des instruments de dette sont évalués aux prix du marché. Comparabilité La comparabilité des données sur la dette des administrations publiques peut varier d’un pays de l’OCDE à l’autre en fonction de la définition du secteur public. Le degré de consolidation dans le secteur public peut également avoir des répercussions sur la comparabilité des données entre les pays de l’OCDE. L’indicateur est tiré des données consolidées pour l’ensemble des pays de l’OCDE à l’exception du Chili, de la Corée et du Japon. La situation des engagements des administrations publiques au titre des retraites de leurs salariés et la manière dont ces engagements sont traités dans les comptes nationaux diffèrent d’un pays à l’autre, ce qui nuit à la comparabilité internationale des dettes publiques. En particulier, selon le Système de comptabilité nationale (SCN) de 1993, seule la composante des régimes de retraite des fonctionnaires financée par capitalisation devrait être intégrée dans les engagements des administrations publiques. En revanche, le SCN de 2008 reconnaît l’importance des engagements des employeurs au titre de leurs régimes de retraite, qu’ils soient financés par capitalisation ou par répartition. En ce qui concerne les pensions dues par les administrations publiques à leurs salariés, les pays font preuve d’une certaine flexibilité dans la comptabilisation des engagements non capitalisés. Quelques pays de l’OCDE, à savoir l’Australie, le Canada, les États-Unis, l’Islande et la Suède, prennent en compte certains engagements non capitalisés liés aux retraites des fonctionnaires dans la dette des administrations publiques. Pour ces pays, on ajuste le rapport dette publique/PIB en excluant de la dette brute les engagements non capitalisés liés aux retraites afin d’obtenir une meilleure comparabilité entre les pays de l’OCDE. Tous les pays ont adopté le SCN de 1993, à l’exception de l’Australie, du Canada et des États-Unis qui appliquent le SCN de 2008. En bref En 2012, 17 pays de l’OCDE ont enregistré des rapports dette/PIB supérieurs à 60 %, contre 12 en 2007, les rapports les plus élevés étant ceux de la Grèce (164 %), de l’Italie (142 %) et du Portugal (128 %). Le Japon était en tête en 2011, dernière année pour laquelle des données étaient disponibles, avec 228 %. En 2012, les rapports dette/PIB les plus faibles ont été relevés en Estonie (13 %) et au Chili (19 %). C’est en Irlande que le rapport dette/PIB a le plus augmenté entre 2007 et 2012 (97 points de pourcentage), pour atteindre 125.8 % en 2012. Les autres pays ayant subi un accroissement considérable, de plus de 50 points de pourcentage, du rapport dette/PIB sur la période 2007-12 sont le Royaume-Uni (54.1 points de pourcentage), le Portugal (52.3 points de pourcentage) et l’Espagne (50.0 points de pourcentage). En Norvège, en revanche, l’endettement public a reculé, en pourcentage du PIB, de 22.2 points entre 2007 et 2012. La hausse rapide de l’endettement depuis 2007 traduit les effets de la crise sur les administrations des pays du monde entier, notamment la contraction des recettes fiscales, l’aggravation des déficits budgétaires et le coût des mesures prises par les pouvoirs publics pour venir en aide au système financier. Sources • OCDE (2013), Comptes nationaux des pays de l’OCDE, Comptes de patrimoine financier. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Perspectives économiques de l’OCDE, Éditions OCDE. Publications statistiques • OCDE (2013), Dette de l’administration centrale : Annuaire statistique, Éditions OCDE. Methodological publications • OECD, et al. (eds.) (2010), Système de comptabilité nationale 2008, Nations Unies, Genève. Bases de données en ligne • Statistiques de l’OCDE sur les comptes nationaux. Sites Internet • Statistiques financières, www.oecd.org/fr/std/stats-fin. 206 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 GOUVERNEMENT • DÉFICITS ET DETTE PUBLICS DETTE PUBLIQUE Dette des administrations publiques En pourcentage du PIB Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 60.9 36.2 70.8 113.6 104.7 .. .. .. 66.6 6.8 61.5 52.5 67.9 116.3 62.0 40.2 .. .. 123.9 141.5 .. 31.1 32.6 .. 63.9 45.4 62.4 58.6 25.1 45.8 .. 64.0 56.0 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 60.2 34.7 71.7 111.9 105.1 .. .. .. 62.0 6.7 63.9 50.1 67.2 118.4 59.9 37.1 .. 97.4 123.1 151.4 .. 31.2 31.9 .. 59.4 43.8 64.2 57.2 29.3 41.0 33.6 62.0 55.3 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 62.6 33.6 72.8 108.2 103.7 .. 19.2 .. 60.4 7.6 70.5 49.7 70.7 116.9 60.9 35.4 .. 101.6 121.8 161.8 .. 33.2 39.4 .. 60.3 55.0 68.0 49.9 31.5 41.7 34.7 61.8 61.5 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 66.0 30.9 71.1 103.3 98.7 .. 19.7 56.6 55.4 8.4 71.4 51.1 75.2 110.7 61.9 34.1 .. 107.0 119.3 172.3 .. 32.7 48.8 .. 61.4 55.6 70.2 48.3 33.2 42.0 34.1 60.4 60.5 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 69.1 29.0 70.6 98.2 94.2 .. 23.3 53.6 53.5 8.6 79.1 51.3 77.1 113.1 65.2 32.7 .. 104.9 119.7 178.8 .. 31.0 50.7 .. 61.9 53.3 73.5 45.9 33.0 44.2 34.9 59.9 61.0 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 71.7 27.7 70.6 95.9 93.0 17.4 25.5 45.4 50.8 8.2 78.1 48.5 78.9 114.9 68.5 32.7 .. 102.3 122.5 180.2 .. 31.2 47.6 .. 60.7 54.1 77.7 37.4 32.7 46.4 34.0 60.6 59.1 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 69.8 26.8 66.0 91.6 91.4 14.1 28.6 41.0 46.3 8.0 75.6 44.7 73.9 120.4 72.1 28.7 .. 90.4 121.3 180.0 11.5 28.9 58.7 .. 54.5 54.2 77.5 35.0 32.5 46.0 33.8 54.0 52.8 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 65.7 25.8 62.4 87.9 86.3 12.2 28.7 34.3 42.4 7.3 75.8 40.4 73.0 117.8 73.0 28.4 .. 88.1 116.4 180.0 11.3 28.2 56.6 .. 51.5 50.4 75.5 33.5 30.9 46.9 29.5 49.2 52.8 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 69.8 27.8 67.2 92.7 90.8 12.4 29.9 41.4 47.8 8.5 91.9 39.7 79.2 121.3 76.5 49.2 .. 87.6 118.8 184.2 19.3 30.1 55.2 .. 64.8 55.5 80.8 32.2 34.3 57.3 28.8 47.8 48.3 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 77.4 35.5 73.1 99.8 104.6 13.4 33.3 49.3 62.8 12.6 105.0 51.5 91.4 137.9 86.0 70.1 .. 89.9 132.1 207.3 19.2 37.7 49.0 .. 67.6 57.6 94.0 40.4 40.8 72.1 43.3 51.5 47.4 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 86.0 39.5 78.0 99.6 106.2 15.6 34.2 53.1 67.8 12.4 115.3 57.0 95.5 130.2 87.4 87.3 .. 86.7 130.8 210.6 26.1 .. 49.3 .. 71.9 61.4 98.1 45.9 44.7 81.6 47.5 48.8 46.1 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 85.6 43.9 79.8 102.1 109.9 18.3 35.8 59.9 78.2 9.6 120.6 58.6 99.2 108.8 86.5 102.3 .. 84.2 123.8 228.0 26.3 .. 33.9 .. 76.2 61.6 97.2 48.3 47.8 97.0 51.0 49.2 46.2 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 88.5 56.5 85.3 104.2 112.3 18.6 37.6 59.3 92.4 13.3 122.5 64.4 109.3 164.2 89.7 125.8 .. .. 141.7 .. 30.2 .. 34.4 .. 82.7 63.0 127.9 56.9 55.7 101.0 61.1 48.7 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039787 Dette ajustée des administrations publiques, hors engagements de retraite non-capitalisés En pourcentage du PIB Australie Canada Suède États-Unis 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 19.7 85.9 63.7 53.0 18.1 87.7 61.7 53.0 16.8 86.8 61.5 55.4 13.9 82.4 60.1 58.5 13.2 78.5 58.7 65.5 11.9 77.8 59.4 64.9 11.1 76.8 52.7 63.6 11.1 72.0 47.7 64.0 12.8 76.7 46.1 72.8 17.7 89.6 49.6 86.0 21.6 91.6 46.8 94.8 26.4 95.8 47.0 99.0 30.7 98.4 46.3 102.4 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039806 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 207 GOUVERNEMENT • ADMINISTRATIONS PUBLIQUES RÉPARTITION DES DÉPENSES ENTRE LES NIVEAUX D’ADMINISTRATION Administrations publiques La responsabilité de la fourniture des biens et services publics et de la redistribution des revenus est répartie entre différents niveaux d’administration. Dans certains pays, les administrations locales et régionales jouent un rôle plus important dans la fourniture des services, notamment dans la fourniture de logements sociaux ou la gestion des établissements scolaires. Les données relatives à la répartition des dépenses des administrations publiques par niveau et par fonction peuvent offrir une indication de la mesure dans laquelle les principales activités des administrations publiques sont décentralisées et déléguées à des niveaux d’administration infranationaux. Définition Les données sur les dépenses publiques proviennent de la base de données de l’OCDE sur les comptes nationaux annuels, qui s’inspire du Système de comptabilité nationale (SCN), ensemble de concepts, de définitions, de nomenclatures et de règles concernant les comptes nationaux approuvé au plan international. Le secteur des administrations publiques regroupe l’administration centrale, les administrations d’États fédérés et les administrations locales, ainsi que les administrations de sécurité sociale rattachées à ces entités. Les données relatives à la répartition des dépenses des administrations publiques entre les niveaux d’administration ne tiennent pas compte des transferts entre niveaux d’administration et donnent donc une indication approximative de la responsabilité globale incombant à chaque niveau d’administration en ce qui concerne la fourniture de biens et de services. Pour ce qui est du niveau central, les données relatives aux dépenses sont présentées ici selon la Classification des fonctions des administrations publiques (CFAP). Les données relatives aux dépenses des administra- tions par fonction tiennent compte des transferts entre les différents niveaux d’administration. Comparabilité Pour l’Australie, le Japon et la Turquie, les données relatives à la répartition des dépenses des administrations publiques entre les niveaux d’administration tiennent compte des transferts entre les niveaux d’administration. La catégorie des administrations d’États fédérés ne concerne que neuf pays membres de l’OCDE organisés en États fédéraux : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, l’Espagne (considérée comme un pays quasi fédéral), les États Unis, le Mexique et la Suisse. Pour l’Australie et les États-Unis, l’administration locale est intégrée dans l’administration de l’État fédéré. Les administrations de sécurité sociale sont intégrées dans l’administration centrale aux États-Unis, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni. L’Australie ne dispose pas de régimes publics d’assurance sociale. Les données relatives au Canada et à la Nouvelle-Zélande correspondent à 2010 et non 2011. Les données concernant le Mexique portent sur 2003 et non 2001. La moyenne de l’OCDE ne tient pas compte du Chili, du Japon, de la Pologne et de la Turquie pour ce qui est de la répartition des dépenses des administrations publiques entre les niveaux d’administration, ni de l’Australie, du Canada, du Chili, du Japon, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie pour ce qui est des dépenses de l’administration centrale par fonction. En bref En 2011, dans les pays de l’OCDE, 46 % des dépenses des administrations publiques étaient le fait de l’administration centrale. Les administrations infranationales (administrations d’États fédérés et administrations locales) représentaient 32 % de ces dépenses, tandis que le solde était imputable aux administrations de sécurité sociale. Cependant, le degré de décentralisation budgétaire varie considérablement d’un pays à l’autre. En Irlande, par exemple, 76 % des dépenses publiques sont réalisées par l’administration centrale, soit 27 points de pourcentage de plus qu’en 2001. En revanche, les dépenses de l’administration centrale représentent moins de 20 % du total des dépenses publiques en Allemagne et en Suisse, deux États fédéraux. En général, l’administration centrale consacre à la protection sociale (notamment aux pensions et aux indemnités de chômage), aux services généraux des administrations publiques (notamment au financement des organes exécutifs et législatifs et aux opérations au titre de la dette publique) et à la défense une proportion relativement importante de son budget. Dans plus de la moitié des pays membres de l’OCDE, la protection sociale représente le premier poste de dépenses du budget de l’administration centrale. En Belgique et en Espagne, l’administration centrale consacre plus de 60 % de son budget aux services généraux des administrations publiques. 208 Sources • OCDE (2013), Panorama des administrations publiques, Éditions OCDE. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2013), Value for Money in Government, Éditions OCDE. Publications statistiques • OCDE (2013), Panorama des comptes nationaux, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Comptes nationaux des pays de l’OCDE, Éditions OCDE. • OCDE (2013), Comptes nationaux trimestriels, Éditions OCDE. Bases de données en ligne • OCDE (2010), Dépense par fonction, Comptes des administrations publiques, Éditions OCDE. • "Panorama des comptes nationaux", Statistiques de l’OCDE sur les comptes nationaux. Sites Internet • Panorama des administrations publiques (matériel supplémentaire), www.oecd.org/gov/indicateurs/panoramaapu. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 GOUVERNEMENT • ADMINISTRATIONS PUBLIQUES RÉPARTITION DES DÉPENSES ENTRE LES NIVEAUX D’ADMINISTRATION Structure des dépenses du gouvernement central par fonction Pourcentage, 2011 Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie Administrations publiques Défense 28.0 .. 17.2 67.8 .. .. 14.4 41.6 63.2 15.4 11.3 19.8 30.0 30.5 27.8 14.1 22.0 17.9 31.5 .. 18.9 .. 22.6 .. 27.8 21.2 35.4 17.6 12.7 14.5 16.3 27.7 23.7 .. .. 25.6 .. .. .. .. .. .. 7.6 .. 2.7 3.2 .. .. 16.4 3.2 6.2 5.5 18.7 5.3 8.3 6.0 3.4 1.1 0.1 17.0 5.4 .. 1.4 .. 4.5 .. 4.7 4.7 3.7 4.6 3.0 5.6 3.6 5.2 8.3 .. .. 5.9 .. .. .. .. .. .. Justice et ordre publicAffaires économiques 1.2 .. 5.0 3.7 .. .. 5.2 2.5 7.1 7.4 1.5 4.4 6.3 4.3 5.5 3.9 3.8 4.1 6.5 .. 3.2 .. 2.3 .. 6.6 6.6 5.3 10.5 5.6 4.0 4.7 4.1 1.6 .. .. 4.7 .. .. .. .. .. .. 10.1 .. 12.6 7.1 .. .. 34.7 4.8 10.9 12.6 6.0 12.4 10.2 37.7 19.6 17.7 13.9 6.5 8.2 .. 11.6 .. 8.4 .. 12.9 13.5 7.1 15.7 12.8 4.7 14.9 9.8 22.9 .. .. 13.3 .. .. .. .. .. .. Protection de l'environnement Logement et équipements collectifs Santé Loisirs, culture et religion Éducation Protection sociale 1.2 .. 0.6 0.6 .. .. 1.1 0.5 0.4 -2.3 0.0 0.7 0.7 0.1 1.0 0.8 1.0 0.4 0.6 .. 1.5 .. 0.4 .. 0.8 0.7 0.2 2.3 1.4 0.9 1.4 0.5 2.3 .. .. 0.7 .. .. .. .. .. .. 0.8 .. 0.7 0.0 .. .. 1.4 0.4 0.1 0.1 2.8 1.1 1.2 0.2 1.1 0.9 0.1 0.8 1.0 .. 1.8 .. 0.1 .. 0.4 1.0 0.2 1.6 1.7 4.1 0.7 0.3 0.0 .. .. 0.9 .. .. .. .. .. .. 1.3 .. 4.5 2.8 .. .. 15.4 0.4 1.5 7.2 24.3 12.6 0.9 0.7 10.0 18.4 21.4 13.4 13.8 .. 1.8 .. 15.1 .. 6.7 4.0 17.1 9.2 5.4 18.1 11.2 4.4 0.4 .. .. 9.0 .. .. .. .. .. .. 0.4 .. 1.3 0.3 .. .. 1.6 1.9 1.7 4.0 0.1 1.8 1.7 1.1 3.3 1.4 3.2 2.9 0.6 .. 3.7 .. 1.4 .. 1.2 1.1 1.1 3.6 1.3 1.3 3.5 1.2 0.7 .. .. 1.7 .. .. .. .. .. .. 1.5 .. 13.7 4.6 .. .. 6.6 10.1 1.0 10.5 3.4 13.5 19.9 10.3 10.2 12.2 9.0 16.9 11.7 .. 14.2 .. 5.5 .. 16.5 16.8 15.2 13.4 11.9 11.5 16.4 6.6 8.8 .. .. 10.8 .. .. .. .. .. .. 47.9 .. 41.8 10.0 .. .. 3.4 34.6 8.0 39.8 31.9 28.5 20.9 9.1 18.2 29.6 25.5 20.3 20.8 .. 41.9 .. 39.8 .. 22.5 30.4 14.7 21.5 44.4 35.4 27.5 40.2 31.4 .. .. 27.4 .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039825 Répartition des dépenses entre les différents niveaux des administrations publiques Pourcentage, 2001-11 Sécurité sociale, 2011 Locales, 2011 États fédérés, 2011 Centrale, 2011 Sécurité sociale, 2001 Locales, 2001 États fédérés, 2001 Centrale, 2001 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037488 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 209 GOUVERNEMENT • ADMINISTRATIONS PUBLIQUES RECETTES ET DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES PAR HABITANT Les dépenses des administrations publiques servent à assurer la fourniture de biens et de services et à redistribuer les revenus. Pour financer ces activités, les administrations ont recours aux recettes (notamment fiscales) qu’elles perçoivent et/ou à l’emprunt. Le montant des recettes et des dépenses par habitant donne une indication de l’importance du secteur public dans l’économie des différents pays considérés. Les écarts observés entre les pays, toutefois, peuvent également traduire des divergences dans la conception des services publics et de la gestion des deniers publics (conduisant notamment à opter pour des allègements fiscaux plutôt que pour des dépenses directes). De plus, les recettes et les dépenses sont fortement tributaires des fluctuations de l’activité économique. La crise financière mondiale a eu, dans de nombreux pays de l’OCDE, de lourdes incidences sur les recettes et les dépenses des administrations publiques. Définition Les données sur les dépenses publiques proviennent des Comptes nationaux annuels de l’OCDE, qui s’inspire du Système de comptabilité nationale (SCN), ensemble de concepts, de définitions, de nomenclatures et de règles concernant les comptes nationaux approuvé au plan international. Le secteur des En bref En moyenne dans la zone OCDE, les administrations publiques ont collecté en 2011 environ 15 000 USD, à parité de pouvoir d’achat (PPA), de recettes par habitant, tandis qu’elles ont dépensé cette même année près de 16 000 USD à PPA par habitant. Le Luxembourg et la Norvège sont les pays de l’OCDE qui affichent les montants de recettes par habitant les plus élevés, puisqu’ils ont perçu plus de 30 000 USD à PPA par habitant ; ces chiffres traduisent l’importance des flux de travailleurs frontaliers et des recettes tirées de l’impôt sur les sociétés, dans le cas du Luxembourg, et des recettes pétrolières, dans le cas de la Norvège. Ces deux pays sont aussi ceux dans lesquels les dépenses publiques par habitant ont été les plus élevées (plus de 25 000 USD à PPA). La Turquie et le Mexique sont les pays dont les recettes par habitant sont les plus faibles, étant inférieures à 7 000 USD à PPA en 2011. Les dépenses publiques de ces pays sont de même très en dessous de la moyenne (puisqu’elles représentent moins de 7 000 USD à PPA par habitant). En règle générale, les pays d’Europe centrale collectent eux aussi comparativement moins de recettes par habitant, et dépensent également moins que la plupart des pays de l’OCDE. Dans tous les pays, les recettes et les dépenses des administrations publiques, par habitant, ont augmenté entre 2001 et 2011. En termes réels, sur la période 2001-11, la Corée a enregistré une croissance annuelle des dépenses publiques par habitant de 6 %, l’Estonie se classant juste derrière (avec un taux de 5 %). Sur la même période, ces deux pays arrivent également en tête pour la croissance annuelle réelle des recettes collectées par habitant (environ 5 %). 210 administrations publiques regroupe l’administration centrale, les administrations d’États fédérés et les administrations locales, ainsi que les administrations de sécurité sociale rattachées à ces entités. Les estimations sous-jacentes concernant la population sont fondées sur la notion de résidence au sens du SCN. Elles tiennent compte : des personnes qui sont résidentes d’un pays pendant plus d’une année, indépendamment de leur citoyenneté, ainsi que des personnels diplomatiques étrangers et des personnels de défense, et de leurs familles ; des étudiants suivant un cursus et des patients suivant un traitement médical à l’étranger, même s’ils demeurent à l’étranger pendant plus d’un an. Il découle de la « règle d’une année » que les résidents habituels d’un pays qui vivent à l’étranger pendant moins d’une année sont comptabilisés dans la population, tandis que les visiteurs étrangers (les vacanciers, par exemple) qui séjournent dans le pays pendant moins d’un an en sont exclus. Comparabilité Les différences apparaissant dans certains pays entre les montants, par habitant, des recettes et des dépenses des administrations publiques peuvent s’expliquer par le fait que des individus sont susceptibles d’être comptabilisés en tant que salariés dans un pays (dans la mesure où ils contribuent au PIB de ce pays en participant à la production), mais en tant que résidents d’un autre pays (auquel cas leurs traitements et salaires entrent dans le revenu national brut de leur pays de résidence). Les données relatives au Canada, à la Fédération de Russie et à la Nouvelle-Zélande correspondent à 2010 et non 2011. La moyenne de l’OCDE ne tient pas compte du Chili et de la Turquie. Les chiffres concernant le Japon et le Mexique sont estimés pour 2001. Les données relatives à la Fédération de Russie correspondent à 2002 et non 2001. Sources • OCDE (2013), Panorama des administrations publiques, Éditions OCDE. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2011), Making the Most of Public Investment in a Tight Fiscal Environment, Multi-level Governance Lessons from the Crisis, Éditions OCDE. Publications statistiques • OCDE (2013), Panorama des comptes nationaux, Éditions OCDE. Bases de données en ligne • OCDE (2010), Principaux agrégats, Comptes des administrations publiques, Éditions OCDE. Sites Internet • Panorama des administrations publiques (matériel supplémentaire), www.oecd.org/gov/indicateurs/panoramaapu. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 GOUVERNEMENT • ADMINISTRATIONS PUBLIQUES RECETTES ET DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES PAR HABITANT Dépenses et recettes des administrations publiques par habitant dollars des EU, prix courants et PPA Recettes des administrations publiques par habitant Allemagne Australie Autriche Belgique Canada Chili Corée Danemark Espagne Estonie États-Unis Finlande France Grèce Hongrie Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourg Mexique Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Pologne Portugal République slovaque République tchèque Royaume-Uni Slovénie Suède Suisse Turquie UE-28 OCDE Afrique du Sud Brésil Chine Fédération de Russie Inde Indonésie Dépenses des administrations publiques par habitant 2001 2007 2009 2011 2001 2007 2009 2011 11 899 10 057 14 838 14 115 12 508 .. 5 130 16 303 8 609 3 715 12 355 14 086 13 312 8 158 5 855 10 459 12 761 11 037 12 149 8 429 23 829 1 927 21 305 8 488 13 888 4 220 7 099 4 582 6 451 11 211 7 997 15 843 11 401 .. .. 10 751 1 704 2 450 395 3 341 274 490 15 546 13 347 18 129 17 163 15 632 .. 8 695 20 964 13 252 7 845 15 776 19 060 16 516 11 302 8 623 16 521 17 710 11 436 14 751 11 234 33 699 2 895 32 190 12 352 18 497 6 751 9 953 6 759 10 257 14 670 11 542 20 972 14 675 4 610 .. 14 647 2 963 3 494 1 097 6 804 589 712 16 087 12 846 18 915 17 595 14 922 .. 8 521 21 176 11 221 8 468 14 020 18 981 16 629 11 196 9 497 13 758 15 309 10 133 14 965 10 454 34 738 3 336 31 100 11 865 18 794 6 993 9 856 7 562 9 971 13 721 11 585 20 104 16 244 5 276 .. 14 393 2 795 3 626 1 369 7 178 587 677 17 580 13 955 20 348 19 240 15 053 .. 9 582 22 799 11 469 8 680 15 171 20 205 17 965 10 950 11 537 14 474 15 270 11 621 15 075 11 195 36 809 3 954 34 987 12 487 19 409 8 120 11 406 8 023 10 477 14 525 12 145 21 235 17 665 6 230 .. 15 419 3 098 4 272 1 897 7 706 688 832 12 721 10 228 14 894 14 015 12 315 .. 4 342 15 955 8 732 3 722 12 549 12 726 13 753 9 043 6 409 10 168 12 970 12 534 13 018 9 610 20 540 1 925 16 364 8 163 13 966 4 798 7 990 5 368 7 392 11 077 8 726 15 396 11 517 .. .. 10 716 1 784 2 638 469 3 395 422 558 15 465 13 153 18 507 17 197 15 092 .. 7 479 19 155 12 633 7 330 17 052 17 130 17 427 13 177 9 592 16 488 15 703 11 844 15 260 11 931 30 593 2 966 22 527 11 093 18 431 7 066 10 730 7 138 10 442 15 679 11 555 19 595 14 220 4 822 .. 14 177 2 824 3 754 1 048 5 874 720 750 17 183 15 315 20 524 19 658 16 769 .. 8 826 22 235 14 795 8 854 19 382 19 946 19 185 15 754 10 419 19 251 19 023 11 868 16 713 13 251 35 375 3 475 25 328 12 692 21 082 8 385 12 388 9 371 11 454 17 645 13 261 20 468 15 887 6 214 .. 16 118 3 362 3 946 1 577 7 942 893 749 17 879 15 742 21 381 20 748 17 223 .. 9 000 23 598 14 503 8 422 20 034 20 588 19 843 13 424 10 637 19 994 17 314 12 899 16 278 14 217 37 013 3 972 26 812 14 707 21 229 9 173 12 522 9 243 11 330 17 305 13 882 21 222 17 411 6 366 .. 16 548 3 537 4 564 2 004 7 917 997 862 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933039844 Recettes et dépenses des administrations publiques par habitant Dollars EU, prix courants et PPA, 2011 Recettes Dépenses 40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933037507 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2014 © OCDE 2014 211 GOUVERNEMENT • ADMINISTRATIONS PUBLIQUES COÛTS DE PRODUCTION DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES Les décisions concernant la quantité et le type de biens et de services à produire ainsi que la manière de les produire dans des conditions optimales sont souvent politiques par nature et fonction du contexte social et culturel propre à chaque pays. Si certains États choisissent d’externaliser une forte proportion de la production de biens et de services en faisant appel à des entités privées ou non contrôlées par des administrations publiques, d’autres préfèrent les produire eux-mêmes. Définition Les États utilisent en parallèle leurs propres salariés, leurs propres capitaux et des sous-traitants extérieurs (institutions sans but lucratif ou entités du secteur privé) pour produire des biens et des services. Dans ce dernier cas, on parle souvent « d’externalisation ». La notion de coûts de production et la méthodologie d’estimation de ces coûts sont fondées sur la classification existante des dépenses publiques proposée dans le Système de comptabilité nationale (SCN), ensemble de concepts, de définitions, de nomenclatures et de règles concernant les comptes nationaux approuvé au plan international. Plus précisément, les coûts de production des administrations publiques recouvrent : les frais de rémunération des salariés des administrations publiques ; le coût des biens et services utilisés et financés par les administrations publiques (y compris, aux termes du SCN, la consommation intermédiaire et les transferts sociaux en nature via des producteurs marchands payés par les administrations) ; la consommation de capital fixe (dépréciation du capital). Les données recouvrent l’emploi public et la consommation intermédiaire alloués à la production pour compte propre des administrations publiques, comme la construction de routes et la réalisation d’autres projets d’équipement par des salariés des administrations publiques. Comparabilité Les données font apparaître des différences entre les pays, dont certains, par exemple, n’enregistrent pas séparément dans leurs comptes nationaux les transferts sociaux en nature via des producteurs. Il se peut donc que le coût des biens et services produits par des entités privées pour des administrations soit sous-estimé dans ces pays. Les données relatives à l’Australie, au Chili, à la Fédération de Russie et à la Nouvelle-Zélande concernent 2010 et non 2011. Les données sur le Mexique portent sur 2003 et non 2001. Les données relatives à la Fédération de Russie concernent l’année 2002 et non l’année 2001. La moyenne des coûts de production, en pourcentage du PIB, calculée pour l’OCDE ne tient pas compte du Chili, du Japon et de la Turquie.
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Conservation et valeur alimentaire des ensilages directs de prairies naturelles : Comparaisons de trois types de conservateurs Jean Paul , , J P. ANDRIEU, C. DEMARQUILLY, J. ROUEL INRA Station de Recherches sur la Nutrition des Herbivores Unité de la Valeur Alimentaire Theix 63122 Saint-Genès Champanelle * INRA Domaine d'Orcival 63210 Rochefort-Montagnee alimentaire des ensi direct de prairies naturelles Comparaisons de trois types de conservateurs régions où la prairie naturelle constitue l'essentiel des ressources fourragères, la qualité de conservation des ensilages directs est souvent Dans les peut être améliorée par l'addition de conservateur, soit à base d'acides ou de sels d'acides, soit à base de ferments lactiques et d'enzymes. nettement insuffisante. Elle En l'absence de conservateurs efficaces et dans la mesure où les conditions de préparation des ensilages sont bien maîtrisées hachage fin, absence de terre, tassement et herméticité des silos, etc - la qualité de conservation dépend essentiellement de la composition botanique de la prairie et des conditions agrométéorologiques lors de la récolte. Aussi, l'importance et la qualité de la microflore épiphytique, les teneurs en matière sèche et en glucides solubles, le pouvoir tampon du fourrage sont les éléments déterminants de la qualité de conservation. Cependant même une conjonc- tion favorable de tous ment d'obtenir facteurs permet rareexcellente qualité de ces une conservation. Un ensilage direct n'est d'excellente qualité que si son acidification est non seulement suffisante (pH < 4,0) mais aussi très rapide. Différents types de conservateurs peuvent être utilisés pour satisfaire à ces conditions : les acides et les sels d'acides associés ou non avec des bactériostatiques et les biologiques (ferlactiques et enzymes). Les acides sont généralement les plus effipar l'abaissement brutal du pH qu'ils entraînent. Les sels d'acides évitent les désagréments liés à l'utilisation des acides. Deux caces Résumé - Dans deux essais l'influence de l'addition de conservateur sur la qualité de conservation et la valeur alimentaire pour des génisses laitières de 1 an des ensilages en coupe directe de prairie naturelle a été étudiée. Les ensilages ont été préparés à partir des mêmes prairies, sans conservateur ou avec addition d'un mélange 70/30 d'acide formique-formol, d'acide sulfurique dilué à 40%, de Lithioxine mélange de formiate de Ca, nitrate de Na et hexaméthylène tétramine, ou de Caylasil à base de ferments lactiques et d'enzymes cellulolytiques. Ils ont été distribués à volonté avec 100 g de minéraux /jour/animal, à des lots de 12 génisses en stabulation libre. Le mélange acide formique-formol a nettement amélioré la qualité de conservation et la Lithioxine a fait presque aussi bien. L'acide sulfurique dilué a entrainé intermédiaire entre l'ensilage sans conservateur et l'ensilage additionné d'acide formique-formol, et Caylasil a peu amélioré la qualité, mais le fourrage de départ était pauvre en glucides solubles (6,5 % de la matière sèche). une qualité L'addition de conservateur a peu modifié la digestibilité de la matière organique (mesurée sur moutons) des ensilages, ni leur quantité ingérée par les génisses, mais a augmenté significativement les gains de ids vif (en moyenne 275 g/jour avec l'ensilage additionné d'acide formique-formol. Ceux-ci, sauf avec les ensilages à l'acide formique-formol, ont été limités par un apport azoté insuffisant et sont étroitement liés à la proportion d'azote sous forme ammoniacale des ensilages distribués aux génisses. formulations sont actuellement sur le marché : un produit liquide, le Foraform, et un produit solide, la Lithioxine. Pour être efficaces les conservateurs biologiques doivent inoculer en très grand nombre ; par g de fourrage vert) des bactéries'à 10( r (10 lactiques sélectionnées (homofermentaires) (Gouet et al 1979) mais encore faut-il que l'activité de ces dernières ne soit pas limitée par une quantité insuffisante de substrat glucidique utilisable pour la fabrication d'acide lactique. L'apport de sucres par la plante est généralement suffisant avec les ray-grass, mais il est très souvent déficitaire avec les prairies naturelles (6 à 10 % de glucides solubles dans la MS) et a fortiori avec la luzerne et le dactyle (3 à 7 % de glucides solubles) (Demarquilly et al 1986). Pour ces fourrages il est indispensable de rame- apport extérieur de sucres (mélasse, ) la teneur en sucres totaux (plante apport) à 12 % de la MS environ (Demarquilly 1986). L'utilisation d'enzymes (cellulases et hémicellulases) capables d'hydrolyser les parois ner par un lactosérum + végétales en glucides simples peut permettre aussi d'augmenter la teneur en glucides solubles des fourrages. Compte tenu des premières observations effectuées par notre Laboratoire, les enzymes actuellement disponibles suppléent à un léger déficit (environ 3 %) et sont donc inefficaces avec les fourrages dont la teneur en glucides solubles est inférieure à - La d'un Lithioxine, mélange de sels d'acides et bactériostatique. Caylasil, conservateur biologique associant lactiques et enzymes cellulolytiques. Dans chaque essai un ensilage sans conservateur (SC) a été réalisé pour mesurer l'amélioration apportée par ces différents produits. - Le ferments 7-8%delaMS. Pour évaluer l'efficacité de ces divers types de conservateur nous avons mis en place deux essais au Domaine INRA d'Orcival comparant sur prairie naturelle : Un mélange 70/30 d'acide formique et de formol qui servait de référence. De l'acide sulfurique à 40 % qui serait d'une efficacité comparable à l'acide formique d'après les essais Irlandais (Flynn et al 1981).). - - Conditions expérimentales Les ensilages expérimentaux ont été réalisés partir des mêmes prairies naturelles récoltées les 23 et 24 juin 1987 (essai I) et les 9 et 10 juin 1988 (essai II). Ces deux années les printemps à ont été très humides et les récoltes effectuées par temps couvert mais sans pluie. Le fourrage été finement haché (brins de 15 à 20 mm) ensileuse automotrice et les conservateurs ont été incorporés au niveau de l'ensileuse avec une pompe distributrice (acides et a Résultats avec une Caylasil) ou avec un microgranuleur (Lithioxine). Dans chaque essai les silos ont été remplis simultanément en alternant les remorques afin de pallier l'hétérogénéité, liée à la parcelle, du fourrage récolté. Les traitements effectués sont précisés dans le tableau 1. Dans chaque essai, les quatres ensilages ont été distribués durant l'hiver suivant leur préparation à 4 lots de 12 génisses de race laitière (Holstein) d'âge et de poids équivalent (359 jours et 301 kg pour l'essai 1 - 402 jours et 363 kg pour l'essai II). La durée de l'expérience a été respectivement de 9 et 12 semaines après une période pré-expérimentale de 2 semaines sur un régime commun effectué pour vérifier l'homogénéité des quantités ingérées (inter- lots). ont été distribués à volonté pour seule complémentation 100 g/jour/ génisse d'un composé minéral enrichi en oligoéléments et en vitamines. Pour chaque lot de génisses en stabulation libre, les quantités distribuées et refusées ont été mesurées 4 jours consécutifs par semaine. Trois doubles pesées des animaux ont été effectuées à la mise en lot, au début et à la fin de la période expérimentale propement dite. Les gains de poids vif ont été calculés pour la période expérimentale. Les ensilages avec Les ensilages ont été aussi distribués à volonté (5 à 10 % de refus) comme seul aliment à des moutons en cages à métabolisme suivant un dispositif en carré latin (4 x 3) afin de déterminer pour chacun d'eux : ingestibilité, digestibilité et bilan azoté, suivant les méthodes déja décrites (Demarquilly et Weiss 1970, Grenet 1983). caractéristiques des fourrages à la récolte des ensilages correspondants sont données Les et _______ Composition chimique, qualité de conservation et valeur nutritive des ensilages La composition chimique du fourrage vert à la récolte est peu différente entre les deux essais. La teneur en matière sèche est supérieure dans l'essai II (+ 2 points en moyenne) et pour ce dernier la teneur en glucides solubles (7 % de la MS) se situe bien dans la moyenne des valeurs habituellement obtenues sur les prairies naturelles de la région (de 5 à 10 %), souvent riches en dactyle (Andrieu et al 1986). La qualité de l'ensilage sans conservateur est médiocre dans l'essai I. L'abaissement du pH a été insuffisant et la fer- lactique trop réduite pour inhiber les fermentations productrices d'acides acétique, propionique et butyrique ; de ce fait la protéolyse a été également importante comme en mentation teneurs élevées en azote ammoniacal (N-NH3) et en azote soluble (exprimées en % de l'azote total). Dans l'essai II, la fermentation lactique plus importante et le pH plus faible ont permis d'obtenir une meilleure qualité de conservation de l'ensilage sans conserva- témoignent les teur. mélange acide formique-formol a entraîné amélioration nette de la qualité de conservation dans les deux essais, confirmant ainsi la Le une fiabilité d'action de ce conservateur. Cependant la protéolyse n'a pas été suffisamment réduite pour que ces ensilages puissent être qualifiés les de l'ensilage, mais de façon très variable. La meilleure qualité de conservation a été obtenue avec le mélange acide formique-formol. d'excellents. Avec l'acide sulfurique dilué la qualité de conservation est, dans les deux essais, intermé- diaire entre celle des ensilages sans avec acide formique-formol. Tous les conservateurs ont amélioré conserva- teur et Avec la Lithioxine (essai I) la qualité de conservation est supérieure à celle de l'ensilage à l'acide sulfurique, mais légèrement inférieure à celle de l'ensilage avec acide formique-for- mol. La teneur en N-NH, 11,4 % de l'azote 3 total, est élevée mais ne rend pas compte du niveau exact de la dégradation des protéines, car l'ammoniac est un des produits de décomposition de l'hexaméthylène tétramine contenu dans la Lithioxine. &dquo;Caylasil&dquo; (essai II) n'a que peu amélioré qualité de conservation par rapport à l'ensilage sans conservateur. Seule la protéolyse a été légèrement diminuée. Le déficit assez important de la plante en glucides solubles n'a donc Le la pas été comblé par la présence des enzymes de sorte que les ferments lactiques n'ont pas disposé d'un substrat suffisant pour produire la quantité d'acide lactique nécessaire à inhiber les fermentations productrices d'acides gras volatils. Ces dernières ont d'ailleurs probablement utilisé une partie de l'acide lactique pour la teneur en acide lactique développer, de cet ensilage aurait dû être au moins aussi élevée que celle de l'ensilage témoin sans car se conservateur. de la matière organique des matières azotées (MAT) sont peu différentes d'un ensilage à l'autre à l'intérieur d'un essai (tableau 3). L'addition d'acide sulfurique a cependant légèrement augmenté la digestibilité des MAT dans les deux essais (+ 4,5 points), pour une raison inconnue, et l'addition d'acide formique-formol l'a diminué sensiblement dans l'essai II (- 2,3 points), peut-être par le formol qu'il contient. Tous les conservateurs ont augmenté la quantité d'azote retenue par les moutons dans l'essai 1 et seul l'acide formique-formol l'a augmenté dans l'essai II. Les (MO) L'addition de conservateur n'a pas modifié l'ingestion d'ensilage par les génisses mais a conduit à des gains de poids vif significativementt plus élevés. digestibilités et Dans l'essai II teneurs en nous avons déterminé les parois du fourrage vert et des ensiconservateur ou avec lages correspondants sans Caylasil pour étudier l'effet éventuel des enzymes (tableau 4). La teneur en parois totales (NDF) a été diminuée de 2,1 points en présence d'enzymes. Cette diminution résulte essentiellement de celle (2,5 points soit 8%) de la teneur en lignocellulose (ADF) puisque la teneur en hémicellulose (NDF-ADF) n'est pas modifiée. Les enzymes ont donc solubilisé très faible, de la cellulose vraie. une fraction, Quantités ingérées et gain de poids des génisses (tableau 5 ) Les quantités ingérées d'ensilage ont été élevées et très peu différentes d'un ensilage à l'autre à l'intérieur d'un même essai. La qualité de conservation de l'ensilage sans conservateur de l'essai I, pourtant très médiocre, n'a donc eu qu'une très faible incidence sur l'ingestion. Les croissances des génisses ayant reçu les ensilages additionnés d'un conservateur ont toutes été significativement supérieures à celles réalisées avec les ensilages sans conservateur. Entre conservateurs, seules les croissances réaavec l'ensilage Caylasil ont été significativement inférieures à celles obtenues avec l'en- lisées silage acide formique-formol. Le tableau 6 compare les besoins des génisses, calculés selon les recommandations INRA (1988), compte tenu de leur poids vif et des gains de poids vif réalisés, aux apports cal- culés à partir des quantités de matière sèche et de la valeur nutritive des ensilages donnée au tableau 4. On constate que : Avec les ensilages sans conservateur, les ingérées - apports énergétiques sont largement supérieurs aux besoins, respectivement de et 5 ble nécessaire pour réaliser un kg de gain de poids vif et la proportion d'azote ammoniacal dans l'ensilage, qui est un des meilleurs critères de la valeur azotée réelle des ensilages (Barry et al 1978, Grenet et Demarquilly 1982). 29 et de 19 % dans les essais 1 et 2. La croissance des génisses a été limitée par l'azote, les apports en PDIE correspondant environ aux besoins (+ 4 + % respectivement). ensilages acide formique-formol, les - Avec les apports énergétiques lents sont pratiquement équiva- besoins (+ 4 et + 5 % pour les essais 1 et 2), l'azote n'est plus un facteur limitant de la croissance : l'apport de PDIE est en effet supérieur aux besoins (+ 15 et + 16 % respectiaux vement). - Avec les autres conservateurs les apports sont supérieurs aux besoins : + 17 énergétiques sulfurique dans les essais la Lithioxine et dans une moindre mesure avec Caylasil (+ 7 %) alors que les apports azotés sont apparemment largement suffisants, les apports de PDIE étant respectivement supérieurs de 16, 16, 12 et 6 % aux besoins pour ces quatre ensilages. Il est probable qu'avec les ensilages acide sulfurique, Lithioxine et peut être Caylasil, la croissance des génisses a été en réalité limitée par un apport azoté insuffisant. Les teneurs en PDIE de ces ensilages ont donc du être surestimées. Elles ont été calculées en considérant que la dégradabilité de l'azote de tous les ensilages avec conservateur est de 0,70. Si cette valeur semble correcte pour les ensilages à l'acide formique dont la qualité de conservation est souvent excellente (ou très voisine de l'excellent), elle est trop faible et doit se situer entre 0,70 et 0,78 (valeur de dégradabilité théorique pour les ensilages sans conservateurs) pour les ensilages préparés avec des conservateurs entraînant une qualité de conservation souvent intermédiaire entre celles des ensilages sans conservateur et avec acide formique. et + 11 1 et 2, % avec + 12 % l'acid avec Cela est confirmé par la liaison (figure 1) quantité de matière organique digesti- entre la Discussion _______ Les écarts de gain de poids des génisses recevant les ensilages avec acide formique-formol et les ensilages sans conservateur (200 à 300 g) correspondent aux valeurs observées dans les multiples essais antérieurs (Waldo et al 1971, Dulphy et Andrieu J.P., 1976, Demarquilly et Dulphy 1977, Dulphy et Liénard 1981). L'acide sulfurique dilué n'a pas eu une efficacité comparable au mélange acide formiquecontrairement à ce que pouvaient laissupposer les essais de Flynn et al (1981). La qualité de conservation a été moins bonne, ce qui confirme que, à même quantité d'ions H+ apportée, l'acide formique est plus efficace que les autres conservateurs acides (Saue et Breirem 1969) parce qu'il a un effet bactéricide spécifique sur les coliformes, vraisemblablement renforcé dans cet essai par son association à du formol. Les performances des animaux ayant formol, ser les ensilages à l'acide sulfurique ont cependant été très satisfaisantes. En contrepartie, il importe d'attirer l'attention sur la diffirecu culté d'utilisation de cet acide dilué qui est très corrosif pour le matériel et difficile d'emploi pour les utilisateurs. La manipulation des fûts et la dilution de l'acide par de l'eau (il faut verser l'acide dans l'eau) sont dans la pratique des opérations dangereuses, qui nécessitent beaucoup de précautions. La Lithioxine a amélioré la qualité de conservation et l'utilisation de l'ensilage par les génisses. Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus avec Kofasil-plus (produit dont est issue la Lithioxine mais où la proportion de formiate de calcium a été diminuée d'un tiers) qu'il s'agisse de la qualité de conservation des ensilages (Gross et Beck 1972, Gross 1975) ou de leur utilisation (Muller 1981). Les ferments lactiques de Caylasil ont été 5 par g de apportés en quantité suffisante (5 x 10 fourrage vert) mais leur activité a été limitée par un manque de sucres, les enzymes apportés n'ayant pas permis de combler le déficit en glucides solubles du fourrage. Ce résultat n'est pas surprenant au regard des essais (non publiés) effectués dans notre Laboratoire dans des silos de 3 tonnes. Dans ces essais, 'apport de ferments lactiques (Lactobacillus Plantarum), toujours légèrement 5 par g de fourrage vert et donc supérieur à 10 non limitant, associés à des enzymes cellulolytiques a été comparé à l'absence de conservateur (témoin négatif) et à l'addition d'acide for- mique (témoin positif). La figure 2 montre que la proportion d'azote dégradée en ammoniac 3 en % N total) des ensilages sans (N-NH conservateur a tendance à diminuer quand la teneur en glucides solubles du fourrage à la mise en silo augmente, ce qui confirme que la teneur en glucides solubles joue un rôle prépondérant dans l'aptitude des plantes à l'ensilage. L'addition de ferments lactiques + cellulolytiques diminue peu ou pas la pour les fourrages contenant moins de 7 % (dans la matière sèche) de glucides solubles contrairement à l'acide formique. MANDELS M., ANDRE01'TI R., ROCHE C., 1976. Measurement of saccharifying cellulase, p. 21-23. In E.L. Gaden et al. (ed.) 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CRZV Theix, INRA, 44, 41-51. were prepared from the fields either without preservative (SC) or with addition of either a mixture 70/30 formic acid-formalin (AFF) or 40 % sulphuric acid (ASd), or Lithioxine (L), a mixture of calcium formiate, sodium nitrate and hexamethylene tetramine, or Caylasil (CAY) based on lactic ferments and cellulolytic enzymes. The silages were fed ad libitum with 100 g of minerals/ day/animal to groups of 12 loose housed heifers. DULPHY Pertes de AFF. zig, p. 603-609. DULPIIY J.P., ANDRIEU des J.P., 1976. Bilan de conservation ensilages d'herbe. Rull. Tech. CRZV Theix, INRA. 25, 25-31. J.P., DEMARQUILLY C., HENRY M., 1975. volatils lors de la détermination à l'étuve de la teneur en matière sèche des ensilages. Ann. Zoolech., 24, 744-756. FLYNN A.V.,O'KIEt,Y P., POOLE D.B.R.,1981. Sulphuric acid as a silage preservative. Animal Production. Research Report 1981, An Foras Talùtais. p 23-24. GOUET PH., GIRARDEAU J.P., RIOU Y., 1979. 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Romans contemporains de femmes : analyse des thématiques mythiques et de leurs traductions. Littératures. Université Polytechnique Hauts-de-France; Université de Mons, 2021. Français. &#x27E8;NNT : 2021UPHF0041&#x27E9;. &#x27E8;tel-03813657&#x27E9;
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p. 51 VO Dans un dîner, alors qu’il pleut dehors, une pluie fine de début d’été, elle explique à des amis ce que signifie con fuoco sur une partition. Elle parle en agitant les bras. Elle est elle-même le feu, le tournoiement de l’âme. Elle a l’apparence d’un démon. Elle est belle à tomber par terre, désirable à crever. p. 51 VES En una cena, mientras fuera llueve, una llovizna de principios de verano, explica a unos amigos qué significa con fuoco en una partitura. Habla moviendo mucho los brazos. Ella sí que es el fuego y los vaivenes del alma. Parece un demonio. Tan guapa que quita el hipo, deseable a rabiar. p. 48 VUK During a dinner, when it’s raining outside, a soft summer rain, she tells some friends what con fuoco means in a score. She waves her arms around as she speaks. She herself becomes the fire, the soul-spinning impetuosity. She looks like a demon. She’s drop-dead beautiful, to-die-for hot. p. 39 VUS During a dinner, when it’s raining outside, a soft summer rain, she tells some friends what con fuoco means in a score. She waves her arms around as she speaks. She herself becomes the fire, the soul-spinning impetuosity. She looks like a demon. She’s drop-dead beautiful, to-die-for hot. p. 39 Rétrotraduction À un dîner, alors qu’il pleut dehors, une petite pluie de début d’été, elle explique à des amis ce que signifie con fuoco sur une partition. Elle parle en bougeant beaucoup les bras. Elle devient vraiment le feu et les fluctuations de l’âme. Elle ressemble à un démon. Si belle qu’elle coupe le souffle, désirable à crever. Rétrotraduction Pendant un diner, tandis qu’il pleut dehors, une légère pluie d’été, elle dit à des amis ce que con fuoco signifie sur une partition. Elle agite ses bras en parlant. Elle devient elle-même le feu, l’impétuosité faisant tournoyer l’âme. Elle ressemble à un démon. Elle est belle à tomber raide morte, canon à mourir. Rétrotraduction Pendant un diner, tandis qu’il pleut dehors, une légère pluie d’été, elle dit à des amis ce que con fuoco signifie sur une partition. Elle agite ses bras en parlant. Elle devient elle-même le feu, l’impétuosité faisant tournoyer l’âme. Elle ressemble à un démon. Elle est belle à tomber raide morte, canon à mourir. Rien n’est non plus à signaler dans ce deuxième extrait en termes d’effets de voix et d’effets interprétatifs. Parfois, elle devient folle. Folle de rage, puis folle de chagrin. Elle se met à hurler, elle se jette sur moi, me griffe le visage avec, sur le sien, un air monstrueux. Elle est pire qu’une sorcière de conte. Elle m’en veut, de tout, de lui voler son temps, de lui voler sa jeunesse, de lui voler l’amour de sa VES A veces, Sarah se vuelve loca. Loca de rabia, y luego loca de pena. Se pone a gritar, se me echa encima, me araña la cara mientras en la suya aparece una expresión monstruosa. Es peor que una bruja de cuento. Está resentida conmigo, por todo, por robarle su tiempo, por robarle su juventud, por Rétrotraduction Parfois, Sarah devient folle. Folle de rage, et puis folle de tristesse. Elle se met à crier, elle se jette sur moi, me griffe le visage alors que sur le sien apparaît une expression monstrueuse. Elle est pire qu’une sorcière de conte. Elle m’en veut, pour tout, de lui voler son temps, de lui voler sa jeunesse, de 288 famille, de lui voler l’idée qu’elle s’était faite depuis petite de la manière dont elle doit mener sa vie. Elle ne le dit pas mais je l’entends, ça tinte à mes oreilles, voleuse, voleuse, voleuse. Elle me reproche des conneries, des tas de choses, mais au fond, je le sens, elle me reproche d’exister, d’avoir croisé son chemin, elle me reproche d’être une femme. Elle m’en veut de ne pas pouvoir, du coup, m’aimer en paix. Elle entre dans des colères flamboyantes, inoubliables. Son petit corps se transforme. Elle a l’apparence d’une bête, d’une bête furieuse, elle rugit, entièrement rouge. pp. 78-79 robarle el amor de su familia y por robarle la vida que, desde pequeña, había imaginado que tendría. No lo dice pero yo lo oigo, me repica en los oídos: ladrona, ladrona, ladrona. Me echa en cara gilipolleces, montones de cosas, pero en el fondo, lo noto, lo que me echa en cara es que exista, que me haya cruzado en su camino, me echa en cara que sea una mujer. Está resentida porque, por eso, no puede quererme en paz. Tiene arrebatos de ira flamígeros e inolvidables. Su cuerpo menudo se transforma. Cobra la apariencia de un animal, de un animal salvaje, y ruge, completamente roja. p. 73 VO Parfois, elle devient folle. Folle de rage, puis folle de chagrin. Elle se met à hurler, elle se jette sur moi, me griffe le visage avec, sur le sien, un air monstrueux. Elle est pire qu’une sorcière de conte. Elle m’en veut, de tout, de lui voler son temps, de lui voler sa jeunesse, de lui voler l’amour de sa famille, de lui voler l’idée qu’elle s’était faite depuis petite de la manière dont elle doit mener sa vie. Elle ne le dit pas mais je l’entends, ça tinte à mes oreilles, voleuse, voleuse, voleuse. Elle me reproche des conneries, des tas de choses, mais au fond, je le sens, elle me reproche d’exister, d’avoir croisé son chemin, elle me reproche d’être une femme. Elle m’en veut de ne pas pouvoir, du coup, m’aimer en paix. Elle entre dans des colères flamboyantes, inoubliables. Son petit corps se transforme. Elle a l’apparence d’une bête, d’une bête furieuse, elle rugit, entièrement rouge. pp. 78-79 VUK Sometimes she goes mad. Mad with fury then mad with misery. She screams, throws herself at me and scratches my face, with a monstrous expression on hers. She’s worse than a witch in a fairy tale. She resents me, for everything, for stealing her time, stealing her youth, stealing her family’s love, stealing the idea she’s had since childhood of how she should live her life. She doesn’t say it but I can hear it, it rings in my ears, thief, thief, thief. She gets angry with me for silly little things, all sorts of things, but deep down, I can tell, she’s angry with me for existing, for coming into her life, she’s angry with me for being a woman. She resents me because she can’t suddenly just love me in peace. She flies into blazing tempers, unforgettable tempers. Her little body is transformed. She looks like an animal, a furious animal, she roars, flushed red all over. Pp. 63-64 VO Parfois, elle devient folle. Folle de rage, puis folle de chagrin. Elle se met à hurler, elle se jette sur moi, me griffe le visage avec, sur le sien, un air monstrueux. Elle est pire qu’une sorcière de conte. Elle m’en veut, de tout, de lui voler son temps, de lui voler sa jeunesse, de lui voler l’amour de sa famille, de lui voler l’idée qu’elle s’était faite depuis petite de la manière dont elle doit mener sa vie. Elle ne le dit pas mais je l’entends, ça tinte à mes oreilles, voleuse, voleuse, voleuse. Elle me reproche des conneries, des tas de choses, mais au fond, je le sens, elle me reproche d’exister, d’avoir croisé son chemin, elle me reproche d’être une femme. Elle m’en veut de ne pas pouvoir, du coup, m’aimer en paix. Elle entre dans des colères flamboyantes, inoubliables. Son petit corps se transforme. Elle a l’apparence VUS Sometimes she goes mad. Mad with fury then mad with misery. She screams, throws herself at me and scratches my face, with a monstrous expression on hers. She’s worse than a witch in a fairy tale. She resents me, for everything, for stealing her time, stealing her youth, stealing her family’s love, stealing the idea she’s had since childhood of how she should live her life. She doesn’t say it but I can hear it, it rings in my ears, thief, thief, thief. She gets angry with me for silly little things, all sorts of things, but deep down, I can tell, she’s angry with me for existing, for coming into her life, she’s angry with me for being a woman. She resents me because she can’t suddenly just love me in peace. She flies into blazing tempers, unforgettable tempers. Her little body is transformed. She looks like an lui voler l’amour de sa famille et de lui voler la vie que, depuis petite, elle avait imaginé avoir. Elle ne le dit pas mais je l’entends, ça me tinte aux oreilles : voleuse, voleuse, voleuse. Elle me reproche des conneries, des tas de choses, mais au fond, je m’en rends compte, ce qu’elle me reproche c’est que j’existe, que j’ai croisé son chemin, elle me reproche d’être une femme. Elle m’en veut parce que, à cause de ça, elle ne peut pas m’aimer en paix. Elle a des accès de colère flamboyants et inoubliables. Son petit corps se transforme. Elle prend l’apparence d’un animal, d’un animal sauvage, et elle rugit, complètement rouge. Rétrotraduction Parfois elle devient folle. Folle de rage puis folle de tristesse. Elle crie, se jette sur moi et griffe mon visage, avec une expression monstrueuse sur le sien. Elle est pire qu’une sorcière de conte de fée. Elle m’en veut, pour tout, de voler son temps, de voler sa jeunesse, de voler l’amour de sa famille, de voler l’idée qu’elle a depuis l’enfance de la manière dont elle devrait vivre sa vie. Elle ne le dit pas mais je peux l’entendre, ça sonne dans mes oreilles, voleuse, voleuse, voleuse. Elle se met en colère contre moi pour de bêtes petites choses, mais au fond, je le vois, elle est en colère avec moi parce que j’existe, parce que je suis entrée dans sa vie, elle est en colère contre moi parce que je suis une femme. Elle m’en veut parce qu’elle ne peut pas soudainement juste m’aimer en paix. Elle entre dans des colères flamboyantes, des colères inoubliables. Son petit corps se transforme. Elle ressemble à un animal, un animal furieux, elle rugit, entièrement rouge. Rétrotraduction Parfois elle devient folle. Folle de rage puis folle de tristesse. Elle crie, se jette sur moi et griffe mon visage, avec une expression monstrueuse sur le sien. Elle est pire qu’une sorcière de conte de fée. Elle m’en veut, pour tout, de voler son temps, de voler sa jeunesse, de voler l’amour de sa famille, de voler l’idée qu’elle a depuis l’enfance de la manière dont elle devrait vivre sa vie. Elle ne le dit pas mais je peux l’entendre, ça sonne dans mes oreilles, voleuse, voleuse, voleuse. Elle se met en colère contre moi pour de bêtes petites choses, mais au fond, je le vois, elle est en colère avec moi parce que j’existe, parce que je suis entrée dans sa vie, elle est en colère contre moi parce que je suis une femme. Elle m’en veut parce qu’elle ne peut pas soudainement juste m’aimer en paix. Elle entre dans des colères flamboyantes, des colères 289 d’une bête, d’une bête furieuse, elle rugit, entièrement rouge. pp. 78-79 animal, a furious animal, she roars, flushed red all over. Pp. 63-64 inoubliables. Son petit corps se transforme. Elle ressemble à un animal, un animal furieux, elle rugit, entièrement rouge. Pour commencer, nous détectons en espagnol un effet de voix de réduction et un effet interprétatif de contraction en lien avec cet extrait lié au mythème 2. En français, Sarah acquiert une laideur dans sa colère découlant de l’impossibilité de respecter « l’idée qu’elle s’était faite depuis petite de la manière dont elle doit mener sa vie », alors qu’en espagnol, ce passage devient une colère qu’elle éprouve envers la narratrice « por robarle la vida que, desde pequeña, había imaginado que tendría ». Dans la version francophone, la société joue un rôle dans la colère de Sarah, en ce sens qu’un amour saphique comme celui qu’elle ressent n’est pas toléré par celle-ci. Cette influence externe de la société disparaît dans la version hispanophone, car la formulation y indique que la vie imaginée par Sarah sortait uniquement de son imagination, le verbe « devoir », signe d’imposition, disparaissant. Cette disparition des influences externes dans le développement de la colère de Sarah réduit l’ampleur de cette colère, ce qui marque un effet interprétatif de contraction en termes d’expressivité du mythe de Méduse. En anglais, un effet apparaît dans la traduction de la phrase « Elle m’en veut de ne pas pouvoir, du coup, m’aimer en paix », traduite par « She resents me because she can’t suddenly just love me in peace ». Le lien logique de conséquence présent en français dans l’expression « du coup » disparaît au profit d’un autre lien logique, marqué par « suddenly » et provoquant un effet de voix de déformation. Nous voyons dans ce phénomène un effet interprétatif de contraction à l’égard du mythème 2 de Méduse : l’influence de l’amour saphique qu’elle vit sur le développement de sa laideur disparaît en raison de la perte du lien logique, ce qui fait perdre de vue au lectorat la cause du développement de cette laideur, dans cette partie de l’extrait. Extrait 4 VO Elle s’offre à moi, effarante de beauté, les cuisses ouvertes sur son sexe humide du petit matin, le rideau de la fenêtre ouvert sur la campagne humide du petit matin qui défile dans un brouillard de verts. p. 89 VO VES Se brinda a mí, tan hermosa que da miedo, con los muslos abiertos al aire exponiendo su sexo húmedo del amanecer y la cortina de la ventanilla abierta al campo húmedo del amanecer que desfila en una niebla de verdes. p. 82 VUK Rétrotraduction Elle s’offre à moi, si belle qu’elle fait peur, avec les cuisses ouvertes à l’air exposant son sexe humide du matin et le rideau de la fenêtre ouvert à la campagne humide du matin qui défile dans un brouillard de verts. Elle s’offre à moi, effarante de beauté, les cuisses ouvertes sur son sexe humide du petit matin, le rideau de la fenêtre ouvert sur la campagne humide du petit matin qui défile dans un brouillard de verts. p. 89 VO Elle s’offre à moi, effarante de beauté, les cuisses ouvertes sur son sexe humide du petit matin, le rideau de la fenêtre ouvert sur la campagne humide du petit matin qui défile dans un brouillard de verts. p. 89 She offers herself to me, terrifyingly beautiful, with her thighs open to reveal her moist early-morning snatch, and the window curtain drawn to reveal the moist early-morning countryside spooling past in a fog of greens. p. 73 VUS She offers herself to me, terrifyingly beautiful, with her thighs open to reveal her moist early-morning snatch, and the window curtain drawn to reveal the moist early-morning countryside spooling past in a fog of greens. p. 73 Elle s’offre à moi, terrifiante de beauté, avec ses cuisses ouvertes révélant sa chatte humide du matin, et le rideau de la fenêtre tiré pour révéler la campagne humide du matin défilant dans un brouillard de verts. Rétrotraduction Elle s’offre à moi, terrifiante de beauté, avec ses cuisses ouvertes révélant sa chatte humide du matin, et le rideau de la fenêtre tiré pour révéler la campagne humide du matin défilant dans un brouillard de verts. Des effets sont également présents dans les traductions de cet extrait. En espagnol, l’idée du texte source « effarante de beauté » devient « que da miedo ». Nous y voyons un effet de voix d’accrétion et un effet interprétatif d’expansion, car, là où « effarante » renvoie à une idée de choc avant la peur (Le Robert), « que da miedo » renvoie directement à la peur, et donc, relie davantage la beauté et la laideur de méduse dans cette description de Sarah. Dans la version anglophone, les mêmes effets d’accrétion et d’expansion se produisent lors du choix de « terrifyingly beautiful » pour ce même passage. En outre, un autre effet de voix d’accrétion couplé à un effet interprétatif se produit lors de la traduction du terme « sexe », rendu sous la forme « snatch » en anglais. En effet, ce terme est vulgaire en anglais (Merriam-Webster), ce qui provoque un effet de voix d’accrétion, car la vulgarité est absente en français, et un effet interprétatif d’expansion, car la figure de féminité menaçante caractéristique de Méduse (Mythème 6) s’en trouve amplifié. 5.3.10.3.4 Mythème 3 : Méduse est la seule mortelle des Gorgones Extrait 1 VO Je tourne mon visage vers son corps figé, étendu sur le dos, parfaitement nu. Je détaille la finesse de ses chevilles, les os saillants de ses hanches, son ventre souple et le délié de ses bras, le rebondi de ses lèvres qui portent un sourire très léger. J’observe les meurtrissures de la maladie sur ce corps que j’aime tant, les petits points noirs du ventre piqué et piqué encore, la cicatrice près de l’aisselle, le trou sous la clavicule. Je regarde son visage tranquille, parfaitement tranquille, son menton fier, même dans le sommeil, ses joues veloutées, la ligne brusque et VES Vuelvo el rostro hacia su cuerpo quieto, tumbado de espaldas, completamente desnudo. Me fijo en la delicadeza de los tobillos, en los huesos puntiagudos de las caderas, en el vientre flexible y la esbeltez de los brazos, y en la prominencia de los labios en los que se posa una sonrisa muy leve. Observo los estragos de la enfermedad en ese cuerpo al que tanto quiero, los puntitos negros, en el vientre, de pinchazos y más pinchazos, la cicatriz cerca de la axila y el agujero debajo de la clavícula. Miro el rostro sosegado, completamente sosegado, la Rétrotraduction Je tourne le visage vers son corps immobile, étendu sur le dos, complètement dénudé. Je regarde la délicatesse de ses chevilles, les os pointus de ses hanches, son ventre flexible et la sveltesse de ses bras et la proéminence de ses lèvres sur lesquelles se pose un sourire très léger. J’observe les ravages de la maladie sur ce corps que j’aime tant, les petits points noirs, sur le ventre, à cause de piqûres et encore des piqûres, la cicatrice près de l’aisselle et le trou sous la clavicule. Je regarde le visage calme, complètement calme, le menton 291 surprenante que forme son nez, ses paupières mauves enfin closes. Je regarde son crâne entièrement chauve. Dans la pénombre de trois heures du matin, je la regarde dormir. Je ne parviens pas, dans cette nuit moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil de morte. p. 11 VO Je tourne mon visage vers son corps figé, étendu sur le dos, parfaitement nu. Je détaille la finesse de ses chevilles, les os saillants de ses hanches, son ventre souple et le délié de ses bras, le rebondi de ses lèvres qui portent un sourire très léger. J’observe les meurtrissures de la maladie sur ce corps que j’aime tant, les petits points noirs du ventre piqué et piqué encore, la cicatrice près de l’aisselle, le trou sous la clavicule. Je regarde son visage tranquille, parfaitement tranquille, son menton fier, même dans le sommeil, ses joues veloutées, la ligne brusque et surprenante que forme son nez, ses paupières mauves enfin closes. Je regarde son crâne entièrement chauve. Dans la pénombre de trois heures du matin, je la regarde dormir. Je ne parviens pas, dans cette nuit moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil de morte. p. 11 VO Je tourne mon visage vers son corps figé, étendu sur le dos, parfaitement nu. Je détaille la finesse de ses chevilles, les os saillants de ses hanches, son ventre souple et le délié de ses bras, le rebondi de ses lèvres qui portent un sourire très léger. J’observe les meurtrissures de la maladie sur ce corps que j’aime tant, les petits points noirs du ventre piqué et piqué encore, la cicatrice près de l’aisselle, le trou sous la clavicule. Je regarde son visage tranquille, parfaitement tranquille, son menton fier, même dans le sommeil, ses joues veloutées, la ligne brusque et surprenante que forme son nez, ses paupières mauves enfin closes. Je regarde son crâne entièrement chauve. Dans la pénombre de trois heures du matin, je la regarde dormir. Je ne parviens pas, dans cette nuit moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil de morte. p. 11 barbilla orgullosa aun cuando está dormida, las mejillas aterciopeladas, la línea brusca y sorprendente que forma la nariz, los párpados color malva cerrados al fin. En la penumbra de las tres de la madrugada, la miro dormir. No logro. En esta noche de calor húmedo, desnegar los ojos de su cuerpo desnudo ni de su cabeza como de cera. De su perfil muerta. Pp. 10-11 VUK I turn to look at her body as it lies, unmoving, on its back, perfectly naked. I study the delicacy of her ankles, the jut of her hip bones, her supple stomach and the slender shape of her arms, the swell of her lips, bearing the lightest of smiles. I consider the damage caused by the illness on this body I love so dearly, the tiny black dots where her stomach has been injected again and again, the scar near her armpit, the hole under her collarbone. I look at her restful face, perfectly restful, her chin proud even in sleep, her downy cheeks, the surprising, abrupt line of her nose, her mauve eyelids closed at last. I look at her completely bald head. In the halflight of three a.m., I watch her sleep. Here in the clammy darkness I can’t take my eyes off her naked body and waxy scalp. Her deathly profile. . I turn to look at her body as it lies, unmoving, on its back, perfectly naked. I study the delicacy of her ankles, the jut of her hip bones, her supple stomach and the slender shape of her arms, the swell of her lips, bearing the lightest of smiles. I consider the damage caused by the illness on this body I love so dearly, the tiny black dots where her stomach has been injected again and again, the scar near her armpit, the hole under her collarbone. I look at her restful face, perfectly restful, her chin proud even in sleep, her downy cheeks, the surprising, abrupt line of her nose, her mauve eyelids closed at last. I look at her completely bald head. In the halflight of three a.m., I watch her sleep. Here in the clammy darkness I can’t take my eyes off her naked body and waxy scalp. Her deathly profile. Pp. 23 fier même quand elle est endormie, les joues veloutées, la ligne brusque et surprenante que forme le nez, les paupières de couleurs mauve, fermées enfin. Dans la pénombre de trois heures du matin, je la regarde dormir. Je n’arrive pas. Dans cette nuit de chaleur humide, à détacher les yeux de son corps dénudé ni de sa tête comme de la cire. De son profil de morte. Rétrotraduction Je me tourne pour regarder son corps étendu, immobile, sur le dos, parfaitement nu. J’étudie la délicatesse de ses chevilles, la saillance des os de ses hanches, son ventre souple et la sveltesse de ses bras, le rebondi de ses lèvres, portant le plus léger des sourires. J’observe les dégâts causés par la maladie sur ce corps que j’aime tant, les petits points noirs où son ventre a été injecté encore et encore, la cicatrice près de son aisselle, le trou sous la clavicule. Je regarde son visage paisible, parfaitement paisible, son menton fier même dans le sommeil, ses joues veloutées, la ligne surprenante, abrupte de son nez, ses paupières mauves enfin fermées. Je regarde sa tête complètement chauve. Dans la pénombre de trois heures du matin, je la regarde dormir. Ici dans l’obscurité moite je ne parviens pas à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil mortel. Rétrotraduction Je me tourne pour regarder son corps étendu, immobile, sur le dos, parfaitement nu. J’étudie la délicatesse de ses chevilles, la saillance des os de ses hanches, son ventre souple et la sveltesse de ses bras, le rebondi de ses lèvres, portant le plus léger des sourires. J’observe les dégâts causés par la maladie sur ce corps que j’aime tant, les petits points noirs où son ventre a été injecté encore et encore, la cicatrice près de son aisselle, le trou sous la clavicule. Je regarde son visage paisible, parfaitement paisible, son menton fier même dans le sommeil, ses joues veloutées, la ligne surprenante, abrupte de son nez, ses paupières mauves enfin fermées. Je regarde sa tête complètement chauve. Dans la pénombre de trois heures du matin, je la regarde dormir. Ici dans l’obscurité moite je ne parviens pas à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux. De son profil mortel. Pour cet extrait, la version hispanophone est la seule où nous décelons un effet. La phrase « Je regarde son crâne entièrement chauve » a été omise dans la version en espagnol, ce qui débouche sur un effet de voix de réduction et un effet interprétatif de contraction, le 292 caractère mortel de Sarah/Méduse, concerné par le mythème 3, disparaissant dans cette partie de l’extrait. Rien n’est à signaler dans la traduction de cet extrait vers l’anglais. Extrait 2 VO Quand même, ce goût de sang qui ne me quitte pas. Assassine! je crois lire sur toutes les lèvres, pourtant italiennes. Meurtrière! Folle perdue! Main funeste! Je l’ai tuée alors qu’elle mourait déjà, dans cette nuit blafarde, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas qu’elle meure, je ne supportais pas que ses lèvres s’entrouvrent pour dire je ne t’aime plus, je ne supportais pas qu’elle souffre, qu’elle souffre d’une maladie que j’avais moi-même enfoncée dans son sein, son sein gauche, côté cœur, une maladie comme un poignard dans le cœur, et moi au bout de la main qui tient le couteau. Je l’ai tuée parce qu’il m’était impossible de vivre avec elle, à ses côtés, d’être sa compagne, de faire route ensemble, je l’ai tuée parce qu’elle préférait la musique, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas la vision de son corps décharné, de son crâne cireux, de son profil de morte. Pp. 117-118 VES Pues vaya con este sabor a sangre que no se me quita. «¡Asesina!», me parece leer en todos los labios, aunque sean italianos. «¡Criminal!» «¡Loca perdida!» «¡Mano funesta!» La maté a pesar de que ya se estaba muriendo, en esa noche descolorida, la maté porque no soportaba que se muriese, no soportaba que se le entreabriesen los labios para decir: «Ya no te quiero», no soportaba que sufriera, que padeciera una enfermedad que yo misma le había hundido en el pecho, en el pecho izquierdo, del lado del corazón, una enfermedad como un puñal en el corazón y conmigo en el extremo de la mano que sujeta el cuchillo. La maté porque me resultaba imposible vivir con ella, a su lado, ser su compañera, recorrer el camino juntas, la maté porque ella prefería la música, la maté porque no soportaba ver su cuerpo descarnado, su cabeza como de cera, su perfil de muerta. p. 108 VO Quand même, ce goût de sang qui ne me quitte pas. Assassine! je crois lire sur toutes les lèvres, pourtant italiennes. Meurtrière! Folle perdue! Main funeste! Je l’ai tuée alors qu’elle mourait déjà, dans cette nuit blafarde, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas qu’elle meure, je ne supportais pas que ses lèvres s’entrouvrent pour dire je ne t’aime plus, je ne supportais pas qu’elle souffre, quelle souffre d’une maladie que j’avais moi-même enfoncée dans son sein, son sein gauche, côté cœur, une maladie comme un poignard dans le cœur, et moi au bout de la main qui tient le couteau. Je l’ai tuée parce qu’il m’était impossible de vivre avec elle, à ses côtés, d’être sa compagne, de faire route ensemble, je l’ai tuée parce qu’elle préférait la musique, je l’ ai tuée parce que je ne supportais pas la vision de son corps décharné, de son crâne cireux, de son profil de morte. Pp. 117-118 VUK For goodness’ sake, I still can’t get rid of this taste of blood. Assassin! I think I see on everyone’s lips, even though they’re Italian. I killed her because it was impossible for me to live with her, by her side, to be her partner, to travel this road together, I killed her because she loved music more, I killed her because I couldn’t bear the sight of her emaciated body, her waxy scalp and her cadaverous profile. Pp. 100-101 VO VUS Rétrotraduction Et ce goût de sang qui ne me quitte pas. « Assassine! », je crois lire sur toutes les lèvres, même si elles sont italiennes. « Criminelle! » « Folle perdue! » « Main funeste! » Je l’ai tuée alors qu’elle était déjà en train de mourir, dans cette nuit décolorée, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas qu’elle meure, je ne supportais pas que ses lèvres s’entrouvrent pour dire : « Je ne t’aime plus », je ne supportais pas qu’elle souffre d’une maladie que j’avais moi-même enfoncée dans son sein, dans son sein gauche, du côté du cœur, une maladie comme un poignard dans le cœur et avec moi au bout de la main qui tient le couteau. Je l’ai tuée parce qu’il m’était impossible de vivre avec elle, à ses côtés, d’être sa compagne, de faire route ensemble, je l’ai tuée parce qu’elle préférait la musique, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas de voir son corps décharné, sa tête comme de la cire, son profil de morte. Rétrotraduction Pour l’amour de Dieu, je n’arrive toujours pas à me débarrasser de ce goût de sang. Assassine! Je crois voir sur les lèvres de tout le mondes, même si elles sont italiennes. Meurtrière! Cause perdue! Mains tueuses! Je l’ai tuée alors qu’elle était déjà en train de mourir, dans cet air de nuit blafard, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas de la voir mourir, je ne supportais pas de voir ses lèvres s’ouvrir et dire je ne t’aime plus, je ne supportais pas de la voir souffrir, de la voir souffrir d’une maladie que j’ai moi-même enfouie dans son sein, son sein gauche, où se trouve son cœur, une maladie comme un poignard en plein cœur, et moi brandissant la main qui tient la lame. Je l’ai tuée parce qu’il était impossible pour moi de vivre avec elle, à ses côtés, d’être sa partenaire, de faire route ensemble, je l’ai tuée parce qu’elle aimait plus la musique, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas la vue de son corps émacié, de son crâne cireux et de son profil cadavérique. Quand même, ce goût de sang qui ne me quitte pas. Assassine! je crois lire sur toutes les lèvres, pourtant italiennes. Meurtrière! Folle perdue! Main funeste! Je l’ai tuée alors qu’elle mourait déjà, dans cette nuit blafarde, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas qu’elle meure, je ne supportais pas que ses lèvres s’entrouvrent pour dire je ne t’aime plus, je ne supportais pas qu’elle souffre, quelle souffre d’une maladie que j’avais moi-même enfoncée dans son sein, son sein gauche, côté cœur, une maladie comme un poignard dans le cœur, et moi au bout de la main qui tient le couteau. Je l’ai tuée parce qu’il m’était impossible de vivre avec elle, à ses côtés, d’être sa compagne, de faire route ensemble, je l’ai tuée parce qu’elle préférait la musique, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas la vision de son corps décharné, de son crâne cireux, de son profil de morte. Pp. 117-118 For goodness’ sake, I still can’t get rid of this taste of blood. Assassin! I think I see on everyone’s lips, even though they’re Italian. Murderer! Lost cause! Killer hands! I killed her when she was already dying, in that pallid night air, I killed her because I couldn’t bear to see her die, I couldn’t bear to watch her lips open and say I don’t love you anymore, I couldn’t bear to see her suffer, to watch her suffer from an illness that I myself have buried in her breast, her left breast, where her heart is, an illness like a dagger to the heart, and me wielding the hand that holds the blade. I killed her because it was impossible for me to live with her, by her side, to be her partner, to travel this road together, I killed her because she loved music more, I killed her because I couldn’t bear the sight of her emaciated body, her waxy scalp and her cadaverous profile. Pp. 100-101 Pour l’amour de Dieu, je n’arrive toujours pas à me débarrasser de ce goût de sang. Assassine! Je crois voir sur les lèvres de tout le mondes, même si elles sont italiennes. Meurtrière! Cause perdue! Mains tueuses! Je l’ai tuée alors qu’elle était déjà en train de mourir, dans cet air de nuit blafard, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas de la voir mourir, je ne supportais pas de voir ses lèvres s’ouvrir et dire je ne t’aime plus, je ne supportais pas de la voir souffrir, de la voir souffrir d’une maladie que j’ai moi-même enfouie dans son sein, son sein gauche, où se trouve son cœur, une maladie comme un poignard en plein cœur, et moi brandissant la main qui tient la lame. Je l’ai tuée parce qu’il était impossible pour moi de vivre avec elle, à ses côtés, d’être sa partenaire, de faire route ensemble, je l’ai tuée parce qu’elle aimait plus la musique, je l’ai tuée parce que je ne supportais pas la vue de son corps émacié, de son crâne cireux et de son profil cadavérique. Dans la traduction vers l’espagnol de ce deuxième extrait relatif au caractère mortel de Sarah, la figure de « meurtrière » que s’auto-attribue la narratrice devient « criminal ». De la sorte, l’idée selon laquelle la narratrice aurait été responsable de la mort de Sarah disparaît au profit d’un accent mis sur les péchés de la narratrice en général, ce qui diminue le caractère mortel de Sarah et provoque donc un effet de voix de réduction et un effet interprétatif de contraction. En anglais, un effet de voix d’accrétion couplé à un effet interprétatif de contraction apparaît. L’idée de « profil de morte » a été rendue sous la forme « cadaverous profile », alors qu’elle a été répétée sous la forme « deathly profile » à plusieurs reprises dans le roman, et notamment à la fin du prologue. Ainsi, si l’effet de voix d’accrétion est provoqué par une plus grande richesse lexicale en anglais par rapport au français utilisant toujours la même expression, l’effet interprétatif de contraction est, paradoxalement, lié à cet enrichissement lexical, puisque la répétition de « deathly profile » sous la même forme réduit le caractère mortel de Sarah sur lequel l’auteure insiste au moyen d’une formulation unique et récurrente. Le visage de ma fille s’efface peu à peu de mon esprit. Je ne vois plus que les seins de Sarah, ses seins si beaux et si malades qui vont la tuer, qui ont fait que je l’ai tuée, et au-dessus des seins, les yeux de Sarah, ses yeux de serpent, et puis son profil de morte couronné par les magnolias. Pp. 185-186 VO Le visage de ma fille s’efface peu à peu de mon esprit. Je ne vois plus que les seins de Sarah, ses seins si beaux et si malades qui vont la tuer, qui ont fait que je l’ai tuée, et au-dessus des seins, les yeux de Sarah, ses yeux de serpent, et puis son profil de morte couronné par les magnolias. Pp. 185-186 VO Le visage de ma fille s’efface peu à peu de mon esprit. Je ne vois plus que les seins de Sarah, ses seins si beaux et si malades qui vont la tuer, qui ont fait que je l’ai tuée, et au-dessus des seins, les yeux de Sarah, ses yeux de serpent, et puis son profil de morte couronné par les magnolias. Pp. 185-186 El rostro de mi hija se me va borrando poco a poco de la mente. Ya solo veo los pechos de Sarah, esos pechos tan hermosos y tan enfermos que van a matarla, que me llevaron a matarla, y más arriba de los pechos, los ojos de Sarah, sus ojos de serpiente, y luego su perfil de muerta coronado de magnolias. p. 169 VUK My daughter’s face is gradually fading from my mind. The only thing I see now are Sarah’s breasts, her breasts which are so beautiful and so ill they’re going to kill her, her breasts which were the reason I killed her, and looking up higher than her breasts My daughter’s face is gradually fading from my mind. The only thing I see now are Sarah’s breasts, her breasts which are so beautiful and so ill they’re going to kill her, her breasts which were the reason I killed her, and looking up higher than her breasts, Sarah’s eyes, her snake eyes, and her dead woman’s profile wreathed in magnolias. Pp. Rétrotraduction Le visage de ma fille s’efface progressivement de mon esprit. La seule chose que je vois maintenant sont les seins de Sarah, ses seins qui sont si beaux et si malades qu’ils vont la tuer, ses seins qui sont la raison pour laquelle je l’ai tuée, et regardant plus haut que ses seins, les yeux de Sarah, ses yeux de serpent, et son profil de femme morte couronné de magnolias. Rétrotraduction Le visage de ma fille s’efface progressivement de mon esprit. La seule chose que je vois maintenant sont les seins de Sarah, ses seins qui sont si beaux et si malades qu’ils vont la tuer, ses seins qui sont la raison pour laquelle je l’ai tuée, et regardant plus haut que ses seins, les yeux de Sarah, ses yeux de serpent, et son profil de femme morte couronné de magnolias. Dans l’espagnol, aucun effet n’est à signaler pour cet extrait en particulier. Néanmoins, en anglais, un phénomène similaire à celui de l’extrait précédent se produit. Dans cet extrait, « profil de morte » est, encore une fois, répété en français, pour mettre en exergue une répétition du caractère mortel de Sarah. Cependant, la version anglophone propose « dead woman’s profile », ce qui représente une troisième traduction pour un même groupe nominal dont la répétition est centrale au livre. Ainsi, nous sommes, pour les mêmes raisons que dans l’extrait précédent, en présence d’un effet de voix d’accrétion provoquant un effet interprétatif de contraction. Extrait 4 VO C’est un printemps presque comme un autre, un printemps à rendre mélancolique n’importe qui. Un printemps détraqué, plein de nuits chaudes et de pluies froides. Je ne parviens pas, dans la chambre moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux, de son profil de morte. Une dernière fois, j’observe chaque partie de son corps, de ce corps que j’aime tant. Je veux graver en moi, VES Es una primavera casi como cualquier otra, una primavera en la que nadie se libra de la melancolía. Una primavera desquiciada, llena de noches calurosas y lluvias frías. No logro, en el calor húmedo de la habitación, despegar los ojos de su cuerpo desnudo ni de su cabeza como de cera, de su perfil de muerta. Por última vez contemplo cada parte de su cuerpo, de ese cuerpo que quiero tanto. Deseo que se me queden Rétrotraduction C’est un printemps presque comme un autre, un printemps où personne n’échappe à la mélancolie. Un printemps détraqué plein de nuits chaudes et de pluies froides. Je n’arrive pas, dans la chaleur humide de la chambre à détacher les yeux de son corps dénudé ni de sa tête comme de la cire, de son profil de morte. Pour la dernière fois je contemple chaque partie de son corps, de ce corps que 295 à jamais, ses orteils en griffe, la finesse de ses chevilles, l’arrondi émouvant de ses mollets, la tendresse de ses cuisses, son étrange sexe glabre de nourrisson et de vieille femme, son ventre indulgent. Je veux graver en moi, pour toujours, la beauté de ses deux seins. Je ne veux pas regarder son visage. J’ai peur de la voir dormir. J’ peur de la voir mourir. J’ai peur de vouloir l’embrasser une dernière fois. J’ai peur de la réveiller. J’ai peur qu’elle revienne à la vie. Là, elle dort, enfin. C’est un printemps presque comme un autre, un printemps à rendre mélancolique n’importe qui. Un printemps détraqué, plein de nuits chaudes et de pluies froides. Je ne parviens pas, dans la chambre moite, à détacher mes yeux de son corps nu et de son crâne cireux, de son profil de morte. Une dernière fois, j’observe chaque partie de son corps, de ce corps que j’aime tant. Je veux graver en moi, à jamais, ses orteils en griffe, la finesse de ses chevilles, l’arrondi émouvant de ses mollets, la tendresse de ses cuisses, son étrange sexe glabre de nourrisson et de vieille femme, son ventre indulgent. Je veux graver en moi, pour toujours, la beauté de ses deux seins. Je ne veux pas regarder son visage. J’ai peur de la voir dormir. J’ai peur de la voir mourir. J’ai peur de vouloir l’embrasser une dernière fois. J’ai peur de la réveiller. J’ai peur qu’elle revienne à la vie. Là, elle dort, enfin.
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(35) Il convient d'éviter une situation où les règles de conflits de lois sont dispersées entre de multiples instruments et où il existe des différences entre ces règles. Toutefois, le présent règlement n'exclut pas la possibilité d'insérer des règles de conflits de lois en matière d'obligations non contractuelles dans les dispositions de droit communautaire concernant des matières particulières. Le présent règlement ne devrait pas affecter l'application d'autres instruments fixant des dispositions destinées à favoriser le bon fonctionnement du marché intérieur, dans la mesure où ces dispositions ne peuvent s'appliquer conjointement avec la loi désignée par les règles du présent règlement. L'application des dispositions de la loi applicable désignée par les règles du présent règlement ne devraient pas restreindre la libre circulation des biens et des services telle qu'elle est réglementée par les instruments communautaires, par exemple la directive 2000/31/CE du Parlement européen et du Conseil du 8 juin 2000 relative à certains aspects juridiques des services de la société de l'information, et notamment du commerce électronique, dans le marché intérieur ("directive sur le commerce électronique") <6>. (36) Le respect des engagements internationaux souscrits par les États membres justifie que le présent règlement n'affecte pas les conventions internationales auxquelles un ou plusieurs États membres sont parties au moment de l'adoption du présent règlement. Afin de rendre les règles en vigueur en la matière plus accessibles, la Commission devrait publier la liste des conventions concernées au Journal officiel de l'Union européenne, en se fondant sur les informations transmises par les États membres. (37) La Commission soumettra au Parlement européen et au Conseil une proposition concernant les procédures et conditions selon lesquelles les États membres seraient autorisés à négocier et à conclure en leur propre nom avec des pays tiers, à titre individuel et dans des cas exceptionnels, des accords portant sur des questions sectorielles et contenant des dispositions relatives à la loi applicable aux obligations non contractuelles. (38) Étant donné que l'objectif du présent règlement ne peut pas être réalisé de manière suffisante par les États membres et peut donc, en raison des dimensions ou des effets du présent règlement, être mieux réalisé au niveau communautaire, la Communauté peut adopter des mesures, conformément au principe 403 de subsidiarité consacré à l'article 5 du traité. Conformément au principe de proportionnalité tel qu'énoncé audit article, le présent règlement n'excède pas ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif. (39) Conformément à l'article 3 du protocole sur la position du Royaume-Uni et de l'Irlande annexé au traité sur l'Union européenne et au traité instituant la Communauté européenne, le Royaume-Uni et l'Irlande participent à l'adoption et à l'application du présent règlement. (40) Conformément aux articles 1er et 2 du protocole sur la position du Danemark annexé au traité sur l'Union européenne et au traité instituant la Communauté européenne, le Danemark ne participe pas à l'adoption du présent règlement et n'est pas lié par celui-ci ni soumis à son application, ONT ARRÊTÉ LE PRÉSENT RÈGLEMENT: CHAPITRE I CHAMP D'APPLICATION Article premier Champ d'application 1. Le présent règlement s'applique, dans les situations comportant un conflit de lois, aux obligations non contractuelles relevant de la matière civile et commerciale. Il ne s'applique pas, en particulier, aux matières fiscales, douanières et administratives, ni à la responsabilité encourue par l'État pour les actes et omissions commis dans l'exercice de la puissance publique ("acta iure imperii"). 2. 4. Aux fins du présent règlement, on entend par "État membre", tous les États membres, à l'exception du Danemark. Article 2 Obligations non contractuelles 1. Aux fins du présent règlement, le dommage vise toute atteinte résultant d'un fait dommageable, d'un enrichissement sans cause, d'une gestion d'affaires ou d'une "culpa in contrahendo". 2. Le présent règlement s'applique également aux obligations non contractuelles susceptibles de survenir. 3. Toute mention dans le présent règlement: a) d'un fait générateur de dommage concerne également le fait générateur du dommage susceptible de se produire; et b) d'un dommage concerne également le dommage susceptible de survenir. Article 3 Caractère universel La loi désignée par le présent règlement s'applique, même si cette loi n'est pas celle d'un État membre. CHAPITRE II FAITS DOMMAGEABLES Article 4 Règle générale 1. Sauf dispositions contraires du présent règlement, la loi applicable à une obligation non contractuelle résultant d'un fait dommageable est celle du pays où le dommage survient, quel que soit le pays où le fait générateur du dommage se produit et quels que soient le ou les pays dans lesquels des conséquences indirectes de ce fait surviennent. 2. Toutefois, lorsque la personne dont la responsabilité est invoquée et la personne lésée ont leur résidence habituelle dans le même pays au moment de la survenance du dommage, la loi de ce pays s'applique. 3. S'il résulte de l'ensemble des circonstances que le fait dommageable présente des liens manifestement plus étroits avec un pays autre que celui visé aux paragraphes 1 ou 2, la loi de cet autre pays s'applique. Un lien manifestement plus étroit avec un autre pays pourrait se fonder, notamment, sur une relation préexistante entre les parties, telle qu'un contrat, présentant un lien étroit avec le fait dommageable en question. Article 5 Responsabilité du fait des produits 1. Sans préjudice de l'article 4, paragraphe 2, la loi applicable à une obligation non contractuelle découlant d'un dommage causé par un produit est: a) la loi du pays dans lequel la personne lésée avait sa résidence habituelle au jour du dommage, si le produit a été commercialisé dans ce pays; ou à défaut 405 b) la loi du pays dans lequel le produit a été acheté, si le produit a été commercialisé dans ce pays; ou à défaut c) la loi du pays dans lequel le dommage est survenu, si le produit a été commercialisé dans ce pays. Toutefois, la loi applicable est celle du pays dans lequel la personne dont la responsabilité est invoquée a sa résidence habituelle, si cette personne ne pouvait raisonnablement pas prévoir la commercialisation du produit ou d'un produit du type dans le pays dont la loi est applicable en vertu des points a), b) ou c). 2. S'il résulte de toutes les circonstances que le fait dommageable présente des liens manifestement plus étroits avec un pays autre que celui visé au paragraphe 1, la loi de cet autre pays s'applique. Un lien manifestement plus étroit avec un autre pays pourrait se fonder, notamment, sur une relation préexistante entre les parties, telle qu'un contrat, présentant un lien étroit avec le fait dommageable en question. Article 6 Concurrence déloyale et actes restreignant la libre concurrence 1. La loi applicable à une obligation non contractuelle résultant d'un acte de concurrence déloyale est celle du pays sur le territoire duquel les relations de concurrence ou les intérêts collectifs des consommateurs sont affectés ou susceptibles de l'être. 2. Lorsqu'un acte de concurrence déloyale affecte exclusivement les intérêts d'un concurrent déterminé, l'article 4 est applicable. 3. a) La loi applicable à une obligation non contractuelle résultant d'un acte restreignant la concurrence est celle du pays dans lequel le marché est affecté ou susceptible de l'être. b) Lorsque le marché est affecté ou susceptible de l'être dans plus d'un pays, le demandeur en réparation qui intente l'action devant la juridiction du domicile du défendeur peut choisir de fonder sa demande sur la loi de la juridiction saisie, pourvu que le marché de cet État membre compte parmi ceux qui sont affectés de manière directe et substantielle par la restriction du jeu de la concurrence dont résulte l'obligation non contractuelle sur laquelle la demande est fondée. Lorsque le demandeur, conformément aux règles applicables en matière de compétence judiciaire, cite plusieurs défendeurs devant cette juridiction, il peut uniquement choisir de fonder sa demande sur la loi de cette juridiction si l'acte restreignant la concurrence auquel se rapporte l'action intentée contre chacun de ces défendeurs affecte également de manière directe et substantielle le marché de l'État membre de cette juridiction. 4. Il ne peut être dérogé à la loi applicable en vertu du présent article par un accord tel que mentionné à l'article 14. Article 7 Atteinte à l'environnement La loi applicable à une obligation non contractuelle découlant d'un dommage environnemental ou de dommages subséquents subis par des personnes ou causés à des s est celle qui résulte de l'application de l'article 4, paragraphe 1, à moins que le demandeur en réparation n'ait choisi de fonder ses prétentions sur la loi du pays dans lequel le fait générateur du dommage s'est produit. Article 8 406 Atteinte aux droits de propriété intellectuelle 1. La loi applicable à une obligation non contractuelle résultant d'une atteinte à un droit de propriété intellectuelle est celle du pays pour lequel la protection est revendiquée. 2. 2. Si la loi applicable ne peut être déterminée sur la base du paragraphe 1 et que les parties ont leur résidence habituelle dans le même pays au moment où le fait donnant lieu au dommage survient, la loi applicable est celle de ce pays. 3. Si la loi applicable ne peut être déterminée sur la base des paragraphes 1 ou 2, la loi applicable est celle du pays dans lequel la gestion d'affaires s'est produite. 4. S'il résulte de toutes les circonstances que l'obligation non contractuelle découlant d'une gestion d'affaires présente des liens manifestement plus étroits avec un pays autre que celui visé aux paragraphes 1, 2 et 3, la loi de cet autre pays s'applique. Article 12 "Culpa in contrahendo" 1. La loi applicable à une obligation non contractuelle découlant de tractations menées avant la conclusion d'un contrat est, que le contrat soit effectivement conclu ou non, la loi qui s'applique au contrat ou qui aurait été applicable si le contrat avait été conclu. 2. Si la loi applicable ne peut être déterminée sur la base du paragraphe 1, la loi applicable est: a) celle du pays dans lequel le dommage survient, quel que soit le pays où le fait générateur du dommage se produit et quels que soient le ou les pays dans le(s)quel(s) des conséquences indirectes de ce fait surviennent; ou b) lorsque les parties ont leur résidence habituelle dans le même pays au moment où le fait générateur du dommage se produit, la loi de ce pays; ou c) s'il résulte de toutes les circonstances que l'obligation non contractuelle découlant de tractations menées avant la conclusion d'un contrat présente des liens manifestement plus étroits avec un pays autre que celui visé aux points a) et b), la loi de cet autre pays. Article 13 Applicabilité de l'article 8 Aux fins du présent chapitre, l'article 8 s'applique aux obligations non contractuelles résultant d'une atteinte à un droit de propriété intellectuelle. CHAPITRE IV LIBERTÉ DE CHOIX Article 14 Liberté de choix 1. Les parties peuvent choisir la loi applicable à l'obligation non contractuelle: a) par un accord postérieur à la survenance du fait générateur du dommage; ou b) lorsqu'elles exercent toutes une activité commerciale, par un accord librement négocié avant la survenance du fait générateur du dommage. Ce choix est exprès ou résulte de façon certaine des circonstances et ne porte pas préjudice aux droits des tiers. 2. Lorsque tous les éléments de la situation étaient, au moment de la survenance du fait générateur du dommage, localisés dans un pays autre que celui dont la loi a été choisie, le choix d'une loi par les parties ne peut porter atteinte à l'application des dispositions auxquelles la loi de cet autre pays ne permet pas de déroger par accord. 3. Lorsque tous les éléments de la situation étaient, au moment de la survenance du fait générateur du dommage, localisés dans un ou plusieurs États membres, le choix par les parties de la loi d'un pays tiers ne peut, le cas échéant, porter atteinte à l'application des dispositions du droit communautaire auxquelles il ne peut être dérogé par un accord, et telles qu'elles ont été mises en oeuvre dans l'État membre du for. CHAPITRE V RÈGLES COMMUNES Article 15 Portée de la loi applicable La loi applicable à une obligation non contractuelle en vertu du présent règlement régit notamment: a) les conditions et l'étendue de la responsabilité, y compris la détermination des personnes susceptibles d'être déclarées responsables des actes qu'elles commettent; b) les causes d'exonération, de limitation et de partage de responsabilité; c) l'existence, la nature et l'évaluation des dommages, ou la réparation demandée; d) dans les limites des pouvoirs conférés au tribunal par le droit procédural de l'État dont il relève, les mesures que ce tribunal peut prendre pour assurer la prévention, la cessation du dommage ou sa réparation; e) la transmissibilité du droit à réparation, y compris par succession; f) les personnes ayant droit à réparation du dommage 'elles ont personnellement subi; g) la responsabilité du fait d'autrui; h) le mode d'extinction des obligations ainsi que les règles de prescription et de déchéance fondées sur l'expiration d'un délai, y compris les règles relatives au point de départ, à l'interruption et à la suspension d'un délai de prescription ou de déchéance. Article 16 Dispositions impératives dérogatoires Les dispositions du présent règlement ne portent pas atteinte à l'application des dispositions de la loi du for qui régissent impérativement la situation, quelle que soit la loi applicable à l'obligation non contractuelle. Article 18 Action directe contre l'assureur du responsable La personne lésée peut agir directement contre l'assureur de la personne devant réparation si la loi applicable à l'obligation non contractuelle ou la loi applicable au contrat d'assurance le prévoit. Article 19 Subrogation Lorsqu'en vertu d'une obligation non contractuelle, une personne ("le créancier") a des droits à l'égard d'une autre personne ("le débiteur") et qu'un tiers a l'obligation de désintéresser le créancier ou encore que le tiers a désintéressé le créancier en exécution de cette obligation, la loi applicable à cette obligation du tiers détermine si et dans quelle mesure celui-ci peut exercer les droits détenus par le créancier contre le débiteur selon la loi régissant leurs relations. Article 20 Responsabilité multiple Si un créancier a des droits à l'égard de plusieurs débiteurs responsables au titre de la même obligation et que l'un de ceux-ci l'a désintéressé en totalité ou en partie, le droit qu'a ce dernier d'exiger une compensation de la part des autres débiteurs est régi par la loi applicable à son obligation non contractuelle envers le créancier. Article 21 Validité formelle Un acte juridique unilatéral relatif à une obligation non contractuelle est valable quant à la forme s'il satisfait aux conditions de forme de la loi qui régit l'obligation non contractuelle en question ou de la loi du pays dans lequel cet acte est intervenu. Article 22 Charge de la preuve 1. La loi régissant l'obligation non contractuelle en vertu du présent règlement s'applique dans la mesure où, en matière d'obligations non contractuelles, elle établit des présomptions légales ou répartit la charge de la preuve. 2. Les actes juridiques peuvent être prouvés par tout mode de preuve admis soit par la loi du for, soit par l' des lois visées par l'article 21, selon laquelle l'acte est valable quant à la forme, pour autant que la preuve puisse être administrée selon ce mode devant le tribunal saisi. CHAPITRE VI AUTRES DISPOSITIONS Article 23 Résidence habituelle 1. Aux fins du présent règlement, la résidence habituelle d'une société, association ou personne morale est le lieu où elle a établi son administration centrale. Lorsque le fait générateur a été commis ou que le dommage a été subi dans le cadre de l'exploitation d'une succursale, d'une agence ou de tout autre établissement, le lieu où est situé cette succursale, cette agence ou tout autre établissement est traité comme résidence habituelle. 2. Aux fins du présent règlement, la résidence habituelle d'une personne physique agissant dans l'exercice de son activité professionnelle est le lieu où cette personne a son établissement principal. Article 24 Exclusion du renvoi Lorsque le présent règlement prescrit l'application de la loi d'un pays, il entend les règles de droit en vigueur dans ce pays, à l'exclusion des règles de droit international privé. Article 25 Systèmes non unifiés 1. Lorsqu'un État comprend plusieurs unités territoriales dont chacune a ses propres règles de droit en matière d'obligations non contractuelles, chaque unité territoriale est considérée comme un pays aux fins de la détermination de la loi applicable selon le présent règlement. 2. Un État membre dans lequel différentes unités territoriales ont leurs propres règles de droit en matière d'obligations non contractuelles ne sera pas tenu d'appliquer le présent règlement aux conflits de lois concernant uniquement ces unités territoriales. Article 26 Ordre public du for L'application d'une disposition de la loi d'un pays désignée par le présent règlement ne peut être écartée que si cette application est manifestement incompatible avec l'ordre public du for. Article 27 Relation avec d'autres dispositions du droit communautaire Le présent règlement n'affecte pas l'application des dispositions de droit communautaire qui, dans des matières particulières, règlent les conflits de lois en matière d'obligations non contractuelles. Article 28 Relation avec des conventions internationales existantes 1. Le présent règlement n'affecte pas l'application des convention internationales auxquelles un ou plusieurs États membres sont parties lors de l'adoption du présent règlement et qui règlent les conflits de lois en matière d'obligations non contractuelles. 2. Toutefois, le présent règlement prévaut entre les États membres sur les conventions conclues exclusivement entre deux ou plusieurs d'entre eux dans la mesure où elles concernent des matières réglées par le présent règlement. CHAPITRE VII DISPOSITIONS FINALES Article 29 Liste des conventions 411 1. Au plus tard le 11 juillet 2008, les États membres communiquent à la Commission les conventions visées à l'article 28, paragraphe 1. Après cette date, les États membres communiquent à la Commission toute dénonciation de ces conventions. 2. Dans un délai de six mois après leur réception, la Commission publie au Journal officiel de l'Union européenne: i) la liste des conventions visées au paragraphe 1; ii) les dénonciations visées au paragraphe 1. Article 30 Clause de révision 1. Au plus tard le 20 août 2011, la Commission présente au Parlement européen, au Conseil et au Comité économique et social européen un rapport relatif à l'application du présent règlement. Ce rapport est accompagné, le cas échéant, de propositions visant à adapter le présent règlement. Ce rapport contient: i) une étude sur la manière dont est pris en compte le droit étranger par les différentes juridictions et sur la mesure dans laquelle les juridictions des États membres mettent en pratique le droit étranger conformément au présent règlement; ii) une étude sur les effets de l'article 28 du présent règlement en ce qui concerne la convention de La Haye du 4 mai 1971 sur la loi applicable en matière d'accidents de la circulation routière. 2. Au plus tard le 31 décembre 2008, la Commission présente au Parlement européen, au Conseil et au Comité économique et social européen une étude relative à la loi applicable aux obligations non contractuelles découlant des atteintes à la vie privée et aux droits de la personnalité, en prenant en compte les règles applicables à la liberté de la presse ainsi qu'à la liberté d'expression dans les médias et les questions de conflit de loi liées à la directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil, du 24 octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données <7>. Article 31 Application dans le temps Le présent règlement s'applique aux faits générateurs de dommages survenus après son entrée en vigueur. Article 32 Date d'application Le présent glement est applicable à partir du 11 janvier 2009, à l'exception de l'article 29, lequel est applicable à partir du 11 juillet 2008. Le présent règlement est obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans les États membres, conformément au traité instituant la Communauté européenne. Fait à Strasbourg, le 11 juillet 2007. Par le Parlement européen Le président H.-G. Pöttering Par le Conseil Le président 412 M. Lobo Antunes <1> JO C 241 du 28.9.2004, p. 1. <2> Avis du Parlement européen du 6 juillet 2005 (JO C 157 E du 6.7.2006, p. 371), position commun e du Conseil du 25 septembre 2006 (JO C 289 E du 28.11.2006, p. 68) et position du Parlement européen du 18 janvier 2007 (non encore parue au Journal officiel). Résolution législative du Parlement européen du 10 juillet 2007 et décision du Conseil du 28 juin 2007. <3> JO C 12 du 15.1.2001, p. 1. <4> JO C 53 du 3.3.2005, p. 1. <5> JO L 12 du 16.1.2001, p. 1. Règlement modifié en dernier lieu par le règlement (CE) no 1791/2006 (JO L 363 du 20.12.2006, p. 1). <6> JO L 178 du 17.7.2000, p. 1. <7> JO L 281 du 23.11.1995, p. 31. -----------------Déclaration de la Commission sur la clause de réexamen (Article 30) La Commission, sur l'invitation du Parlement européen et du Conseil dans le cadre de l'article 30 du règlement "Rome II", soumettra, au plus tard en décembre 2008, une étude sur la situation dans le domaine de la loi applicable aux obligations non contractuelles résultant d'atteintes à la vie privée et aux droits de la personnalité. Elle tiendra compte de tous les aspects de la situation et prendra des mesures appropriées en cas de besoin. Déclaration de la commission sur les accidents de la route Consciente de la disparité des pratiques suivies dans les États membres en ce qui concerne le niveau des indemnisations accordées aux victimes d'accidents de la route, la Commission est disposée à examiner les problèmes spécifiques que rencontrent les résidents de l'UE impliqués dans des accidents de la route dans un État membre autre que celui où ils résident habituellement. À cet effet, elle mettra à la disposition du Parlement européen et du Conseil, avant la fin de l'année 2008, une étude portant sur toutes les possibilités, notamment en matière d'assurance, d'améliorer la situation des victimes transfrontalières; cette étude préparerait la voie à un livre vert. Déclaration de la Commission sur le traitement de la loi étrangère Consciente de la disparité des pratiques suivies dans les États membres en ce qui concerne le traitement de la loi étrangère, la Commission publiera, au plus tard quatre ans après l'entrée en vigueur du règlement "Rome II" et en tout cas dès qu'elle sera disponible, une étude horizontale sur l'application de la loi étrangère en matière civile et commerciale par les juridictions des États membres, eu égard aux objectifs du programme de La Haye.
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Différenciation numérique multivariable II : Projection orthogonale et filtrage à RIF Yara Bachalany, Samer Riachy, Mamadou Mboup, Jean-Pierre Richard variable II 1, , Mama bou 3, Jean Pierre Richard4 1 LAGIS UMR 8146 CNRS, Université des Sciences et Technologies de Lille – 59651 Villeneuve d'Ascq, France [email protected] 2 Équipe Commande des Systèmes, ENSEA & Équipe projet ALIEN, INRIA Saclay 6, Avenue du ponceau. 95014 Cergy-Pontoise, France. [email protected] 3 CReSTIC - Université de Reims Champagne Ardenne & EPI ALIEN, INRIA Saclay UFR Sciences Exactes et Naturelles, Dépt. EEA – Moulin de la Housse - BP 1039 - 51687 REIMS cedex 2 [email protected] 4 Universite Lille Nord de France, ECLille & Équipe Projet ALIEN, INRIA Lille Nord Europe Laboratoire d'Automatique, Génie Informatique et Signal UMR 8146 CNRS Ecole Centrale de Lille, BP 48, Cité Scientifique. 59651 Villeneuve d'Ascq, France. [email protected] umé Cet article est la suite de [4] où nous avons présenté une famille d'estimateurs numériques des dérivées de signaux multidimensionnels bruités. Dans cette seconde partie, nous donnons une analyse détaillée de leurs propriétés structurelles. Nous en donnons une interprétation en terme de projection orthogonale, ce qui permet d'établir un lien avec les moindres carrées. Cette interprétation permet non seulement d'expliquer mais aussi de quantifier le décalage spatial observé dans les simulations, avec certains estimateurs. Finalement, une implémentation sous forme de filtre à réponse impulsionnelle finie est fournie. Mots-clés- Estimation de dérivées partielles, polynômes de Jacobi multivariables, moindres carrés. I. Introduction Dans le premier article, des estimateurs algébriques ont été développés. Nous modélisons localement le signal bruité par un développement de Taylor multidimensionnel à un certain ordre N, où N est un multi-indices : I(x) = N N X ∂ α I(0̄) α X xα Ixα x =, α! α! α=0̄ (1) α=0̄ où Ixα = ∂ α I(0̄). Ensuite, nous appliquons une transformée de Laplace multidimensionnelle donnée par : Z (2) L(f (x)) = F (s) = f (x) exp−<s,x> dx, Rn+ où <.,. > désigne le produit scalaire de deux vecteurs. L'équation (1) est transformée en : ˆ = I(s) N X Ixα, sα+1̄ (3) α=0̄ ˆ où I(s) est l'analogue opérationnel de I(x). Si nous désirons estimer la n-ième dérivée (partielle) des manipulations algébriques adéquates ont permis de calculer un estimateur opérationnel de Ixn comme suit : (−1̄)(n+κ) (n + κ)!(N − n)! ˆ Ixn (0̄; κ, μ; N ) = ΠN,n κ,μ I(s), sμ+κ+N +n+2̄ (4) avec 1 n+κ 1 N −n N +1̄ ∂ ΠN,n s (5) κ,μ = N +μ+1̄ ∂ s s Rappelons que les divisions par s correspondent à des intégrations dans le domaine spatial. Dans le cas où N = n l'estimateur a été appelé minimal parce que la dérivée nième est synthétisée à partir d'un développement de Taylor minimal d'ordre N = n. La formule des estimateurs minimaux est donnée par : 1 (−1̄)(n+κ) (n + κ)! ˆ Ixn (0̄; κ, μ; n) = n+μ+1̄ ∂ n+κ sn I(s). sμ+κ+2n+2̄ s (6) Notons que dans les équations précédentes la notation par multi-indices a été utilisée. Le lecteur peut trouver plus de détail dans le premier article [4]. Nous avons utilisé les notations suivantes. Le symbole en caractère gras x désigne un vecteur de Rr représentant le signal multivariable dans le domaine spatial. Le vecteur s ∈ Cr représente le signal dans le domaine opérationnel. X ∈ Rr représente la limite d'intégration, r ∈ N est un scalaire indiquant la dimension du signal. α, κ, μ, l, q, N et n sont des multi-indices. Les symboles admettant un indice comme par exemple κ1, sont des entiers positifs ∈ N. La lettre m est un nombre entier et sera utilisée comme un pointeur variant de 1 jusqu'à r. Dans [4], nous avons fourni une relation de récurrence entre un estimateur de dérivée non minimal et une combinaison d'estimateurs minimaux : I ̃xn (0̄; κ, μ; N ) = q X l=0̄ λ(l)I ̃xn (0̄; κl, μl, n), λ(l) ∈ Q. (7) Cet article est organisé comme suit : dans la section 2, nous rappelons le problème de l'optimisation aux moindres carrés dans une base formée par les polynômes de Jacobi multivariables. Dans la section 3, nous montrons que l'on peut exprimer nos estimateurs algébriques dans une telle base. Ceci nous permet de montrer que les estimateurs minimaux sont décalés par rapport à la dérivée formelle alors que les non minimaux ne le sont pas. Dans la section 4, nous présentons une implémentation numérique sous forme de filtres à réponse impulsionnelle finie ainsi que des simulations numériques pour l'estimation des dérivées d'un signal académique. II. Préliminaires : Polynômes de Jacobi orthogonaux multivariables et moindres carrés Cette section donne un rappel d'optimisation au moindres carrés dans la base orthogonale des polynômes de Jacobi multivariables. Ceci sera util dans la suite pour montrer que les estimateurs algébriques (4-6) correspondent à un problème de minimisation au sens des moindres carrés. Soient α, β, n, p des multi-indices de Nr et x = (x1, * * *, xr ). Une version multivariable des polynômes de Jacobi définis sur l'intervalle [0, 1]r est donnée par l'équation aux dérivées partielles suivante (formule de Rodriguez) (−1̄)n n ∂ [(1̄ − x)n+α xn+β ]. (8) (1̄ − x)α xβ Pn{α,β} (x) = n! Ces polynômes constituent une base orthogonale sur l'intervalle [0, 1]r, de l'espace des fonctions analytiques multivariables par rapport à la fonction poids ω(x) = (1̄−x)α xβ. Ils satisfont le produit scalaire : Z 1̄. < Pn, Pp >= Pn{α,β} (x)ω(x)Pp{α,β} (x)dx, (9) 0̄ où < Pn, Pp >= δnp et δnp est une version multivariable du symbole de Kronecker : δnp = 1 si (n1, * * *, nr ) = (p1, * * *, pr ) et δnp = 0 si (n1, * * *, nr ) 6= (p1, * * *, pr ). [0, 1] r est appelé interval le d'orthogonalité. Le produit scalaire induit une norme : Z 1 ̄ 2. Pn{α,β} (x)ω(x)Pn{α,β} (x)dx. Soit Hq un produit tensoriel de r sous-espaces (monodimensionnels) de L2 ([0, 1]) : Hq = Hq1 ⊗ * * * ⊗ Hqr, Il est évident que Hq est un espace de Hilbert à noyau reproduisant. Son noyau est donné par : Kq (ξ, x) = Kq1 (ξ1, x1 ) × * * * × Kqr (ξr, xr ) = q {κ,μ} {κ,μ} X Pl (ξ)Pl (x), {κ,μ} 2 kPl k l=0̄ (11) où l est un multi-indice et ξ = (ξ1, * * *, ξr ) ∈ [0, 1]r. Il est maintenant possible de définir l'approximation à l'ordre q au sens des moindres carrés d'une fonction I(x), comme étant une projection dans Hq. Nous la notons I ̃LS,q : q. X hPl I ̃LS,q (ξ) = κ,μ l=0̄ (x), I(Xx)i κ,μ Pl (ξ/X), ||Plκ,μ ||2 (12) où x ∈ [0, 1]r (voir (9)) et ξ ∈ [0̄, X]. Remplaçons dans (12) I(Xx) par ∂ n I(Xx). Nous obtenons une approximation à l'ordre q au sens des moindres carrés de ∂ n I(Xx) que nous nI appelons ∂g LS,q : q {κ,μ}. X hPl nI ∂g LS,q (ξ) = l=0̄ (x), ∂ (n) I(Xx)i {κ,μ} 2 kPl k =h {κ,μ} Pl (ξ/X) ∂n Kq (ξ, x), I(Xx)i. (13) ∂xn Signalons finalement que ∂ n I(Xx) dans l'équation précédente disparaît en effectuant des intégrations par parties. Ceci mène à la deuxième égalité de l'équation précédente. Nous attirons l'attention que l'estimation des dérivées d'un signal se fait traditionnellement [2] par projection orthogonale du signal dans une base de polynômes orthogonaux ((12) par exemple) suivit de la différenciation du polynôme obtenu. On ne garantit donc pas l'orthogonalité des dérivés des polynômes de la base et donc l'optimalité de la dérivée estimée. Par contre, notre approche fournit explicitement une projection orthogonale de la dérivée désirée. Nous montrons dans la suite que notre approche aboutit directement à la relation (13). III. Interprétation par les moindres carrés et estimateurs décalés Dans cette section, une interprétation par les moindres carrés est rattachée aux estimateurs (4). Nous démontrons que (4) correspond à une projection orthogonale dans une base formée par les polynômes de Jacobi jusqu'à un certain ordre. Cette projection va permettre de quantifier le décalage (déphasage) spatial inhérent aux estimateurs minimaux (6). Le décalage spatial signifie que les estimateurs donnés par (6), bien qu'ils soient synthétisés d'un développement de Taylor autour de x0 = (x10, * * *, xr0 ), correspondent en réalité à une estimation de dérivée en un point x0 + ξ, (ξ = (ξ1, * * *, ξr ) qui sera déterminé par la suite) différent du point x0. Nous montrons aussi que les estimateurs non minimaux (4) n'ont pas ce désavantage, i.e. l'estimation de dérivée correspond au point x0. Proposition 1 : Soient κ, μ et n des multi-indices de Nr. Désignons par ∂ n ILS,1 (x) l'approximation polynomiale au sens des moindres carrés de Ixn à l'ordre 1 dans l'intervalle [0, X]n. Alors l'estimateur minimal de la n-ième dérivée I ̃xn (0; κ, μ; n) est donné par : I ̃xn (0; κ, μ; n) = ∂ ILS,1 (Xξ) + ω̄(x), n Dans le domaine spacial l'équation précédente se transforme en : Ixn1 1 (0) = (−1)n1 +κ1 (μ1 + κ1 + N1 + n1 + 1)! (N1 − n1 )!(n1 + κ1 )!X1μ1 +κ1 +N1 +n1 +1 Z X1 Υ1 (x1 )I(x1 )dx1, avec Υ1 (x1 ) = NX 1 −n1 i=0 NX 1 +κ1 (14) j=0 où ξm κm + n m + 1 =, μm + κm + 2(nm + 1) (16) 0 N 1 − n1 i (N1 + 1)! (n1 + i + 1)! n 1 + κ1 j (n1 + 1)! (1 + j − κ 1 )! ( X 1 − x 1 )ν1 +κ1 − j−2 ( −x 1 ) i+j . ( μ 1 + κ1 − j − 2) ! m = 1, * * *, r {κ,μ} sont les racines de Pq;|q|=1 (x) (r racines correspondant cha{κ,μ} cune à un des r polynômes Pq;|q|=1 ) et où ω̄ est la contribution du bruit. Preuve 1 : Rappelons l'approximation polynomiale par les moindres carrés à l'ordre 1 définie dans (12). D'autre part, considérons l'équation (4), (5) et réécrivonsla comme suit : 1 (−1)(n1 +κ1 ) (n1 + κ1 )!(N1 − n1 )! Ixn = N1 +μ1 +1 sμ1 +κ1 +N1 +n1 +2 s1 1 1 +1 ∂ n1 +κ1 ∂ N1 −n1 sN *** 1 s1 1 Nm −nm Nm +1 1 ˆ ∂ nm +κm ∂ * * * I(s). sm Nm +μm +1 sm sm Revenant au domaine spatial, nous obtenons : Ixn (0̄) = Z 0 X1 *** Z Xm *** 0 Z 0 Xr r Y (Ωm (xm )) ∂ n I(x)dx. m=1 Nous venons de vérifier que le noyau reproduisant de l'estimateur multivariable non minimal donné par la première égalité de (11) est bien le produit des noyaux des estimateurs monovariables. La preuve est terminée en rappelant la seconde égalité de (11). En s'appuyant sur la formule (11) nous déduisons que : r Y m=1 (Ωm (xm )) = Kq (0̄, x). (17) Nous venons de monter que l'estimateur non minimal d'ordre q s'exprime sous forme d'une projection orthogonale dans une base formée par les polynômes de Jacobi multivariables d'ordre q donnée par : Ixn (0̄, κ, μ; N ) = q {κ,μ} X hP (x), ∂ (n) I(Xx)i l {κ,μ} 2 k kPl l=0̄ {κ,μ} Pl (0̄) (18) IV. Implémentation numérique et simulations A. Implémentation La forme générale des estimateurs peut s'écrire : I ̃xn (0̄; κ, μ; N ) = Z 1̄ (19) G(x)I(Xx)dx. 0̄ Fig. 1. Représentation de (22) dans le bruité Afin de pouvoir estimer les dérivées en des points différents de zéro, il suffit de faire une translation comme suit : Ixn (0̄ + x; κ, μ; N ) = Z 1̄ G(x)I(Xx + x)dx. (20) 0̄ Discrétisons le signal I(Xx + x) défini sur l'intervalle [x, x+X]r suivant un pas d'échantillonnage s = (s1, * * *, sr ) afin d'obtenir une hypermatrice Id. Evaluons G sur l'intervalle [0, 1]r, ce dernier est discrétisé avec le même nombre d'échantillons que Id. Nous obtenons une hypermatrice Gd. Soient W une hypermatrice constituée des poids correspondant à une méthode numérique d'estimation des intégrales. Soit R la matrice formée par la multiplication terme à terme de Gd et W. Une approximation de l'intégrale (20) peut être donnée par : (21) Ixn (0̄ + x) ≃ R × Id où × est le produit matriciel classique. B. Estimations des dérivées d'un signal académique Nous considérons le même signal que dans [4] en lui rajoutant du bruit. Il est donné par : 1 1 I(x1, x2 ) = sin( x21 + x22 +3)cos(2x1 +1−ex2 )+ ω̄(x1, x2 ), 2 4 (22) Son allure est visualisée sur la figure 1. Les résultats obtenus sont comparés avec les différences finies tirées de [1]. Un pas d'échantillonnage de (0.005 × 0.005) est utilisé. Les dérivées sont calculées sur une coupe de la surface 1 aux points (x1, x2 ) admettant x2 = 0 et x1 allant de −1 jusqu'à 3. En effet, en chaque point de la ligne (−1 ≤ x1 ≤ 3, x2 = 0), une surface élémentaire nécessaire pour effectuer les calculs (approximer l'intégrale (20)) est prise autour de chaque point (x1, x2 ). La surface a été bruitée avec un bruit donné par ω̄ (x1, x2 ). Le rapport signalsur bruit utilisé (en dB) est donné par SN R = 10 log10 P |I(x1,i,x2,j )|2 P i,j 2 |ω̄(x 1,i,x2,j ) | i,j. Dans les simulations un SN R de 25 dB est considéré. La figure (2) montre une coupe de la surface bruitée dans le plan x2 = 0 et pour x1 allant de −1 jusqu'à 3. Fig. 2. Coupe de la surface bruitée à 25 dB en x2 = 0 et −1 < x1 < 3, Il est important de savoir que les différences finies ne sont pas évaluées entre des échantillons successifs mais sur la même surface utilisée pour les estimateurs algébriques. Utiliser une surface relativement large pour évaluer les différences finies permet d'atténuer l'effet du bruit. En d'autres termes, les différences finies ont été réglées soigneusement afin de tirer les meilleurs résultats sur le signal considéré. Trois dérivées sont évaluées : Ix1, Ix21 et Ix1 x2. Dans chaque cas deux algorithmes ont été testés : 1. Un estimateur minimal i.e. un estimateur basé sur un développement de Taylor d'ordre minimal. 2. Un estimateur non minimal. Un algorithme de différences finies tirés de [1] pour l'estimation de la dérivée première Ix1 a été simulé. Des algorithmes de différences finies pour l'estimation de Ix21 et Ixy ont été simulés mais les résultats ne seront pas présentés vu leur mauvaise qualité. Estimation de Ix1 L'estimateur minimal est calculé en prenant n = (1, 0), N = n, μ = (0, 0) et κ = (0, 0). L'estimateur non minimal est synthétisé en prenant n = (1, 0), N = (2, 0), μ = (0, 0) and κ = (0, 0). Une surface (glissante) formée de 30 × 30 échantillons est utilisée, les résultats de la simulation sont montrés sur les figures 3 et 4. On peut voir que l'estimateur minimal est décalé par rapport à la dérivée formelle tandis que l'estimateur non minimal n'induit pas un décalage visible par rapport à la dérivée formelle. Par contre, l'estimateur mini- mal est moins sensible au bruit. L'algorithme de différen ces finies est très sensible au bruit et induit aussi une grande erreur sur l'amplitude de la dérivée. sur la figure 6, une surface glissante constituée de 60 × 60 éléments est utilisée. Les mêmes conclusions peuvent être tirées. Fig. 3. Estimation de Ix1 Fig. 6. estimation de Ix1 x2 V. CONCLUSION Fig. 4. Estimation de Ix1 par les différences finies Estimation de Ix21 L'estimateur minimal est calculé en prenant n = (2, 0), N = n, μ = (0, 0) et κ = (0, 0). L'estimateur non minimal est synthétisé en prenant n = (2, 0), N = (3, 0), μ = (0, 0) et κ = (0, 0). Les résultats de la simulation sont tracés sur la figure 5, une surface élémentaire (glissante) constituée de 60 × 60 éléments étant utilisée. On voit bien dans ce cas que l'estimateur minimal est nettement meilleur en terme de filtrage de bruit. Dans ce papier, des estimateurs de dérivées de signaux bruités ont été développés. Il a été montré que les estimateurs synthétisés correspondent à un problème d'optimisation de type moindres carrés. En même temps, une implémentation à faible coût calculatoire a été fournie sous forme de filtre à réponse impulsionnelle finie. Le développement d'estimateurs combinant les avantages des estimateurs minimaux et non minimaux (filtrage du bruit et non décalage spacial) feront l'objet d'un autre travail [5]. Nous tenons à rappeler que dans un contexte bruité, les différences finis ont fournis des résultats très mauvais. Des travaux sont en cours sur l'utilisation de ces estimateurs dans le domaine de traitement d'images, notamment dans l'estimation du mouvement dans des séquences videos. Les premiers résultats sont probants. Références [1] [2] [3] [4].
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On peut considérer aujourd'hui que c'est le cas. En théorie, aucun document n'entre ou ne sort de l'entreprise sans avoir été préalablement visé et approuvé. 8. « Influer sur l'environnement L'information peut aussi être utilisée comme levier d'action permettant de promouvoir ses intérêts dans un cadre légal (lobbying, communication d'influence, utilisation d'Internet, etc.). Inversement, l'entreprise doit demeurer vigilante face à l'emploi contre elle de ces méthodes ou même de procédés illégaux comme la désinformation. » Transamo n'est pas une entreprise de « création » au même titre par exemple qu'un constructeur de matériel roulant comme Alstom. A ce titre, elle n'a pas à défendre telle ou telle technologie contre une autre, comme ce peut être le cas pour l'Alimentation Par le Sol chez Alstom. Toutefois, Transamo doit défendre son image de leader de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage de projets de TCSP en France. Or pour l'instant, cela n'est pas aisé. En effet, il est rarement fait mention de Transamo dans les articles de la presse spécialisée, alors même qu'elle a été un des acteurs principaux dans nombre de projets d'envergure au travers de sa participation à des SEM (Montpellier ou Mulhouse par exemple). Le lobbying de Transamo doit s'exercer en ce sens, non seulement sur la presse, mais également au sein du groupe Transdev afin d'obtenir plus de visibilité. 9. « Bannir définitivement la naïveté tout en évitant de verser dans la paranoïa Il convient d'adopter une attitude pragmatique, réaliste et opérationnelle : un état d'esprit fait à la fois de vigilance et d'ouverture. » 56/65 Il est évident que la concurrence sur le marché de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage est rude le deviendra de plus en plus. Cet état de fait a bien été pris en compte par Transamo, d'où la volonté d'une part de se développer sur de nouveaux marchés, d'autre part d'obtenir une légitimité accrue au travers de l'amélioration de la qualité de son offre de service, et notamment la proposition de solutions innovantes aux autorités organisatrices. 10. « Obtenir l'adhésion de tous La réussite d'une démarche d'intelligence économique passe non seulement par la maîtrise des métiers de l'intelligence économique par un ou des professionnels, mais aussi par la participation active de tous les employés. La sensibilisation au partage de l'information et à la culture de réseau est donc essentielle. Mise en place d'une veille technologique chez Transamo Mettre en place une veille technologique peut s'effectuer selon plusieurs méthodes. On peut choisir d'employer un « veilleur » qui sera chargé d'assurer la veille technologique, de trouver, hiérarchiser et diffuser l'information ; ou bien considérer l'ensemble des collaborateurs de Transamo comme faisant partie d'une « communauté de veille » qui effectue le travail d'un « veilleur » tout en fonctionnant en réseau. La solution du génie omniscient : le veilleur attitré Cette solution implique l'embauche d'une personne chargée spécifiquement de la veille stratégique. Il a deux fonctions principales : • répondre aux besoins de ses collaborateurs en cherchant une solution aux problèmes dans les sources d'information grand public • anticiper les évolutions et présenter les innovations apparues sur le marché qui lui semble pertinentes dans le cadre du développement de Transamo afin que cette innovation soit intégrée aux connaissances de base de Transamo et puisse être proposée aux clients. Il ne s'agit pas d'un simple travail de documentation. En effet, déterminer les informations pertinentes et faire le tri impose d'être très impliqué dans le fonctionnement de l'entreprise et de disposer de connaissances scientifiques dans les multiples domaines concernés par un projet de tramway. Il faut au veilleur comprendre des documents parfois extrêmement complexes et juger de leur validité a priori. Au vu des exemples de problèmes et d'innovations précédents, on peut toucher du doigt l'ampleur de la difficulté. Outre des connaissances techniques spécifiques, le veilleur doit montrer une curiosité pour des domaines très variés pour aller chercher l'information où elle se trouve, parfois dans des domaines sans rapports directs avec la problématique des tramways ou des transports urbains. Il doit enfin susciter l'intérêt de ses collaborateurs, bien cerner les sujets qui leurs seraient utiles et présenter régulièrement le résultat de sa prospection pour insuffler l'innovation dans le fonctionnement du système de production. Sur le plan organisationnel, une excellente communication entre le veilleur et les collaborateurs est nécessaire. Il est important de formaliser les relations par le biais par exemple d'une fiche de demande de recherche afin de garder une trace tangible des échanges et de mieux cerner les besoins à l'avenir. La présentation de l'actualité technologique du tramway et des innovations afférentes pourra être effectuée par le veilleur régulièrement au travers d'une publication écrite (par exemples des fiches du type de celles présentées en Annexe 2) et/ou d'une réunion d'information interne au cours de laquelle les intérêts de chacun et de l'entreprise peuvent être discutés. Par ailleurs, les informations recueillies peuvent être classifiées informatiquement grâce à un système de gestion 58/65 informatique des documents permettant de trouver rapidement l'information lorsqu'elle existe. Les a de la solution du veilleur unique pour l'entreprise sont outre un coût relativement réduit (un poste supplémentaire), le bénéfice d'un « guichet unique » de l'information permettant d'éviter de chercher une connaissance déjà à la disposition de l'entreprise, ainsi qu'une certaine réactivité à l'innovation, la veille permettant de maintenir les collaborateurs au fait de ce qui se fait dans leurs métiers. En revanche, un désavantage certain de cette solution est qu'une bonne partie de l'avenir de l'entreprise repose sur les épaules du veilleur. Si le poste est vacant, temporairement ou définitivement, le processus d'innovation est bloqué et l'entreprise perd peu à peu sa valeur ajoutée. Or, il semble a priori que les qualités requises pour être un bon veilleur, et notamment la nécessité d'avoir une formation « multicarte » et une maîtrise d'un grand nombre de domaines ne soient pas extrêmement fréquentes sur le marché, chacun étant plus ou moins spécialisé dans un domaine précis. Il est donc difficile de remplacer le veilleur, et donc d'assurer la pérennité de la veille et de l'entreprise. La solution du réseau de veille Dans le cas d'un réseau de veille, le fonctionnement est très différent. Chaque collaborateur assure une partie de la veille technologique. Lorsqu'un problème survient, un appel est lancé pour déterminer si la solution n'est pas connue d'un des collaborateurs. Si ce n'est pas le cas, le collaborateur concerné effectue une recherche dont les résultats viendront grossir la base de données de l'entreprise. Par ailleurs, chaque collaborateur se tient informé de l'actualité technologique dans les domaines le concernant et participe à la récupération de connaissances extérieures à l'entreprise. Il participe notamment à l'organisation des dites connaissances dans le système informatique de gestion le cas échéant. Outre la mise en place d'un système de gestion de l'information, des réunions globales ou par groupe de métier fréquentes doivent avoir lieu pour échanger sur les problèmes rencontrés individuellement et sur les « trouvailles » susceptibles d'être intégrées dans le catalogue de propositions de Transamo. L'avantage de ce système pour l'entreprise est qu'il n'implique aucun surcoût direct, la veille étant assurée par les collaborateurs déjà en place. De plus, les 59/65 besoins sont définis par la personne directement concernée elle-même et la pertinence de la solution trouvée est jugée immédiatement par le bénéficiaire de l'information En revanche, l'organisation doit être absolument sans failles. Elle requiert une implication de toute l'entreprise, notamment concernant la gestion de l'information et le fonctionnement d'un système de gestion informatique des documents. Les collaborateurs doivent accepter les contraintes induites par un système formalisé pour pouvoir en tirer tous les bénéfices. La communication est au coeur du système et chacun se doit participer. De plus, on se heurte ici au coeur même du problème de Transamo : le manque de temps disponible pour effectuer une prospection. à jour L'entreprise les innovations resterait donc toujours en retrait, agissant en réaction et avec retard aux problématiques rencontrées, sans anticiper et aller au devant des difficultés et sans être une force de propositions nouvelles. La solution mixte On le constate, aucune des deux solutions précédentes ne semblent répondre exactement aux besoins de Transamo. Dans le premier cas, la veille est effectuée, mais le système est fragilisé par l'unicité de la source de connaissance. Dans le second cas, il y a de forts risques que la veille ne soit pas effectuée. Dans ces conditions, quel parti prendre? Une possibilité réside peut-être dans une fusion des deux principes. Dans cette hypothèse, la fonction de veille technologique est répartie selon les domaines entre plusieurs responsables, chacun étant expert en la matière. Les responsables de la veille seront choisis parmi les collaborateurs de Transamo. On peut ainsi avoir un responsable Matériel Roulant, un responsable Voie, un responsable Aménagements Urbains, etc Chacun dans son domaine de compétence sera chargé de la veille et aura pour mission la rédaction régulière de fiches du type de celles rédigées pour la présentation synthétique de la littérature allemande (Annexe 2) diffusées aux collaborateurs concernés. Chacun pourra alors choisir de lire plus à fond les documents présentés. Le responsable de la veille aura également pour mission d'organiser les groupes de métier et les groupes de travail dans son domaine d'intervention. Il sera chargé de tenir à jour et d'augmenter la base de données interne. On limitera ainsi les erreurs d'utilisation du système de gestion de l'information en restreignant l'édition à quelques uns, sans toutefois en restreindre la consultation. Cette solution présente de nombreux avantages par rapport aux solutions précédentes. Outre le fait que le fonctionnement du système et donc l'avenir de l'entreprise ne repose pas sur une seule personne, la veille est assurée par plusieurs personnes aux objectifs et aux compétences différents. Elle est donc plus susceptible d'être complète et pertinente. En revanche, dans ce cas comme dans le système de réseau de veille, c'est la disponibilité des collaborateurs qui est en cause. Leur charge de travail doit tenir compte de cette nouvelle fonction, par conséquent l'embauche de salariés supplémentaires doit être effectuée. Il semble toutefois qu'au vu des perspectives de Transamo, cela ne soit de toutes façons pas superflu. Ceci permettrait de répondre à plus d'offre et de se développer sur de nouveaux marchés. Conclusion La connaissance est au centre de l'offre de service de Transamo. Elle est répartie dans l'entreprise entre tous les collaborateurs, et constituée d'un mélange de connaissances explicites, physiquement palpables et de connaissance tacites, les plus importantes pour l'entreprise et qui ne sont pas aisément maintenue dans l'entreprise. Par ailleurs, l'évolution et le renouveau constant des technologies et modes opératoires dans le domaine des transports en commun impliquent une obsolescence rapide des ces connaissances. A ce titre, le management de l'innovation, alliant intelligence économique et gestion des connaissances doit être placé au coeur de l'organisation de Transamo. La mise en place d'un système performant de recueil et de traitement de l'information doit devenir une orientation stratégique majeure de l'entreprise. Ce document met en relief la nécessité de recourir à un système de gestion de l'innovation performant et a présenté quelques pistes possibles pour son développement. Toutefois, les limites de l'exercice sont rapidement atteintes. Il est nécessaire pour s'assurer d'un fonctionnement efficace de recourir au service de personnes qualifiées dans le domaine du management des connaissances pour mettre en place le processus au sein de Transamo. Ceci peut s'effectuer soit par le recours à une société de conseil extérieure, soit par l'embauche d'un spécialiste ès management de l'innovation qui aurait pour fonction première d'assurer la mise en pratique du processus de gestion des connaissances et qui chapeauterait la fonction'veille technologique' de l'entreprise. Il faut également au-delà de la difficulté de mise en place d'un système de management de l'innovation en nuancer l'impact. Transamo reste asservie à un marché de collectivités locales parfois peu enclines à l'innovation, préférant la sécurité d'une solution é prouvée. Or si Transamo peut être préconisateur, il n'est en aucun cas donneur d'ordre. De plus, ses relations avec l'industrie ne doivent pas être soupçonnées de favoritisme envers tel ou tel fabricant. Il faut souligner en outre la faiblesse des marges dans ce secteur, et donc la pression sur les coûts pour Transamo. Néanmoins, si la mise en place du système constituerait certainement un investissement conséquent, ce ne serait pas en pure perte. Transamo y gagnerait en efficacité et en compétitivité et pourrait envisager sereinement son avenir. 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Le Conseil en évolution professionnelle (CEP) : quelles évolutions dans le travail d'accompagnement ? Quels enjeux pour la professionnalisation des conseillers ?. TransFormations : Recherche en éducation et formation des adultes, 23, 2022. &#x27E8;hal-03549615&#x27E9;
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Le CEP représente le fer de lance du projet global de l’orientation tout au long de la vie, dont il est censé représenter à la fois l’avant-garde et l’instrument central. Cependant, il s’opérationnalise en priorité vers l’employabilité à court terme à partir d’un dialogue conjoncturel selon les circonstances qui s’imposent aux bénéficiaires et dans une bien moindre mesure vers l’orientation tout au long de la vie mettant en jeu des demandes et des niveaux de réalités professionnelles différents impliquant une délibération de carrière. Notons que l’OTLV ne veut pas dire un accompagnement sans fin (qui serait délétère en créant de la dépendance), mais s’appuie à la fois sur le passé, le présent et l’avenir c’est-à-dire sur « des temporalités de la discontinuité susceptibles d’intégrer en leur sein la durée limitée, de l’alternance ou de l’anticipation avec lesquelles elles vont chercher à cohabiter » (Boutinet, 2014, p.10). L’accompagnement apparait alors comme un fragment, un point de passage ponctuel et non comme une étape dans le cours d’un parcours plus global avec les bénéficiaires. À partir de ces constats, la difficulté semble porter sur l’ajustement aux circonstances que vivent les personnes (qui ne sont pas que des bénéficiaires) et qui génèrent en conseil des situations à chaque fois imprévisibles et souvent complexes confrontées « aux cadres institutionnels avec ses scripts, ses formats et ses routines » plus ou moins directifs (Orly-Louis, 2015, p.7 ; Goffman, 1974). Il semble donc qu’il y ait une tension entre un accompagnement qui permet de capitaliser son expérience, penser et préparer le futur, et un autre qui informe et opérationnalise l’employabilité à court terme, ou comme le dit Jorro (2011) un accompagnement qui se situe entre une expérience provisoire et une expérience capitalisée. À l’heure où le métier de conseiller en évolution professionnelle est mis à l’avant des vecteurs de transformation sociale dans le cadre de la loi de 2018, comment faire en sorte alors que les interactions en CEP fournissent aux bénéficiaires des aides transformatives (vs informatives) et agissantes sur leurs vies professionnelles et toutes entières? Ce sont autant de notions et de questions qui sont mises au travail au sein de cet article. Alami, S., Desjeux, D., & Garabuau-Moussaoui, I. (2009). Les méthodes qualitatives. Paris : Que sais-je? Arrêté du 16 juillet 2014 fixant le cahier des charges relatif au conseil en évolution professionnelle prévu à l’Article L. 6111-6 du code du travail. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr Arrêté du 29 mars 2019 fixant le cahier des charges relatif au conseil en évolution professionnelle prévu à l’Article L. 6111-6 du code du travail. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr Bagorski, R. (2019). Vers quelle coresponsabilité en formation par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel? Savoirs, 50, 115-128. Beauvois, C. (2018). Mission sur l’accompagnement vers, pendant et après la formation : Enjeux et propositions pour l’élaboration d’un appel à projet national dédié à l’accompagnement du développement des compétences. https://www.aefinfo.fr/assets/medias/documents/4/7/477565.pdf Beltrame, F. (2019). Conseil en évolution professionnelle : CEP 2014 vs 2019. https://www.linkedin.com/pulse/conseil-en-%C3%A9volution-professionnelle-cep-2014-vs-2019fabien-beltrame/ Boutinet, J.-P. (1993). Psychologie des conduites à projet. Paris : Ed. PUF, Coll. Que Sais-je? Boutinet, J.-P., Denoyel, N., Pineau, G., et Robin, J-Y. (2007). Penser l’accompagnement adulte, ruptures, transitions, rebonds. Paris : PUF. Boutinet, J.-P. (2014). Actualité des transitions dans les parcours de vie adulte. 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Nous avons tenté de mettre au jour comment des professionnels du conseil tirent parti du processus de circulation des savoirs par l’échange de pratiques et, en particulier, par l’analyse des expériences vécues (Morisse, 2020). Les analyses tendent à montrer qu’à l’issue de la formation, les professionnels du conseil retiennent des savoirs en actes proches de leurs attentes. Les théories constituent alors la toile de fond de leur système de pensée en vue de l’action à conduire. La discussion des résultats de cette recherche portera sur l’importance de la circulation des savoirs constitués par les échanges-confrontations lors des situations d’analyse des pratiques professionnelles. MOTS-CLÉS Professionnalisation, conseiller, circulation des savoirs, analyse de l’expérience, savoirs professionnels. 1 Recherche réalisée dans le cadre du laboratoire d’excellence HASTEC porté par l’EPHE-PSL, portant la référence ANR-10- LABX-85. 66 TransFormations – Recherches en Éducation et Formation des Adultes, 2022/1 (n° 23) INTRODUCTION Cet article porte sur les modalités de professionnalisation des conseillers en évolution professionnelle dont le projet est de construire et de développer des compétences d’accompagnement et de conseil. Dans le cadre d’un certificat de compétences, la formation proposée offre un cadre de partage et de circulation des savoirs à partir de situations professionnelles exposées par les formés, qui font ensuite chacune l’objet d’analyses et de discussions entre professionnels, puis donnent lieu à une élaboration écrite individuelle. À partir de deux sessions de formation conduites au CNAM en 2019 et en 2020, nous avons tenté de mettre au jour comment des professionnels tirent parti du processus de circulation des savoirs par l’échange de pratiques et, en particulier, par l’analyse écrite des expériences vécues (Morisse, 2020). Les analyses de 22 verbatim tendent à montrer qu’à l’issue de la formation les professionnels du conseil retiennent des savoirs en actes proches de leurs attentes. Les savoirs théoriques constituent alors la toile de fond de leur système de pensée en vue de l’action à conduire. La discussion des résultats de cette recherche portera sur l’importance de la circulation des savoirs du point de vue de l’appropriation de savoirs professionnels. CONTEXTE DE LA RECHERCHE La formation au conseil en évolution professionnelle (CEP), conçue dans le cadre d’un certificat de compétences2, vise à réunir les conditions de formation favorables à une compréhension et une mise en œuvre des compétences sous-jacentes à l’activité de conseil en évolution professionnelle. Les situations de travail vécues par les conseillers sont considérées comme des supports à la formation des compétences et au développement professionnel. La dimension expérientielle revêt une grande importance dans ce dispositif de formation puisque les situations analysées sont proposées par les professionnels afin de comprendre plus finement les ressorts des situations de conseil qu’ils ont eux-mêmes vécues. La construction de connaissances sur / pour l’action visée pendant la formation conduit à prendre en compte les processus de conceptualisation des acteurs, qui ne relèvent pas de concepts scientifiques, mais plutôt de concepts quotidiens, se formant spontanément au cours de l’expérience (Vygotski, 1985). En questionnant les routines défensives des acteurs (Argyris, 1995), leurs représentations de l’activité de conseil, des savoirs, sont explicitées à partir des analyses de situations de conseil en évolution professionnelle en vue de leur appropriation. Cette première phase collective d’analyse de l’expérience est suivie d’un travail réflexif individuel où chaque conseiller reprend son cas exposé et en fait une analyse approfondie qui le conduit ensuite à identifier les savoirs professionnels acquis en formation. La formation s’achève sur cette production réflexive qui devra être validée pour l’obtention du certificat de compétences. 2 Le certificat de compétences créé au CNAM en 2015 concerne les professionnels de l’accompagnement, de l’orientation, des ressources humaines dont les missions évolu ent vers le CEP. La formation est organisée autour de deux champs disciplinaires : la psychologie de l’orientation afin not amment d’ approfondir les compétences de l’entretien, les parcours et transitions professionnelles et les sciences de l’éducation qui explorent les questions d’accompagnement, d’expérience professionnelle, de reconnaissance . Les groupes sont volontairement limit és à 12 personnes afin de permettre un accompagnement précis des situations professionnelles exposées. 14 journées de formation sont distribuées sur 4 mois alternant apports théoriques et situations d’analyses. LA CIRCULATION DES SAVOIRS EN FORMATION La formation à l’activité de conseil concilie recherche et pratique non pas tant sur le mode de la transmission des savoirs et de leur transfert vers la pratique, mais plutôt sur celui de la circulation des savoirs à partir de l’analyse des expériences de conseil. Loin d’une approche applicationniste, la démarche réside en une réélaboration des connaissances et de savoirs en vue de la construction de savoirs professionnels. La relation entre recherche et pratique a suscité de nombreux débats sur les formes d’apprentissage en formation des adultes (Ollagnier, 2005), sur l’importance des savoirs d’usage (Malglaive, 1990), sur l’intérêt à penser ensemble les savoirs théoriques et les savoirs d’action (Barbier, 1996) et à les distinguer (Walliser, 2015). Cette relation nous apparait d’autant plus dynamique qu’elle favorise une double circulation des savoirs : d’une part, entre les professionnels qui échangent à propos des notions et concepts qui font sens pour eux et, d’autre part, entre les formes de savoirs, théoriques ou issus de la pratique, qui rendent intelligibles les situations vécues. Cette double dimension de la circulation des savoirs participe à l’appropriation progressive des savoirs en jeu dans les situations professionnelles de conseil. Si les savoirs académiques disposent d’une légitimité et d’une visibilité irréductibles, les savoirs d’action, plus circonstanciels et plus locaux, dépendent des sujets et des environnements de travail. Longtemps opposés et hiérarchisés, les savoirs théoriques et les savoirs d’action font aujourd’hui l’objet d’une reconnaissance quant à leurs spécificités (Descola, 2005). Les ethnologues Delbos et Jorion (1994) ont permis de reconnaître les savoirs issus de la pratique dans un milieu professionnel. De même, les travaux portant sur les compétences ont été un vecteur de réflexion sur les enjeux praxéologiques de la formation (Ropé & Tanguy, 1994). Cette pluralité des savoirs, reconnue dans l’espace-temps de la formation, interroge les épistémès. Le questionnement épistémique a été accentué par la perspective d’une « épistémologie de la pratique » défendue par Schön (1996) qui ouvre à la compréhension des « savoirs cachés dans l’agir ». Dès lors, la distinction savoirs théoriques / savoirs d’action permet de penser la possibilité de leur intrication dans l’activité. La formation offre l’opportunité de construire cette articulation complexe entre les dimensions théoriques, généralisables et les dimensions opératoires qui assurent l’efficacité de l’action en situation professionnelle. Ainsi, concevoir la circulation des savoirs en formation professionnalisante revient à accorder une place aux préoccupations opératoires des professionnels et donc aux savoirs de l’action tout autant qu’aux savoirs académiques. La circulation des savoirs en formation des adultes révèle les multiples sources de savoirs issues de l’action, de l’expérience, de la théorie qu’elles soient subjectives ou rationnelles. Deux enjeux, reliés à la double dimension de la circulation des savoirs, semblent particulièrement à l’œuvre. Le premier consiste en la création d’un contexte cognitif partagé où les savoirs d’action et les savoirs théoriques sont identifiés, nommés, discutés par les formés, le second concerne la possibilité de « reproblématiser » les savoirs en vue de l’action. Sur ce dernier point, Derouet (2002) analyse qu’on « ne peut plus poser le problème des rapports entre les connaissances scientifiques et l’action sans s’intéresser à ces multiples procédures de traduction et de reproblématisation qui permettra aux connaissances produites dans un domaine, de prendre sens dans un autre » (p.15). Autrement dit, la circulation des savoirs exposerait chaque formé non seulement à combiner des savoirs distincts mais aussi à les réélaborer au regard des contextes et des situations de conseil. Le processus de reproblématisation peut être suscité par les échanges que la communauté de pratique initie lors des analyses de situations professionnelles. La circulation des savoirs est rendue possible par la démarche formative d’analyse de l’expérience. L’ANALYSE DE L’EXPÉRIENCE PAR LE TRAVAIL LANGAGIER Comme précisé plus haut, la démarche de formation repose sur une approche expérient ielle au cours de laquelle les professionnels du conseil exposent une situation vécue et tentent dans un premier temps de l’analyser collectivement pour dégager des savoirs qui seront réinvestis ultérieurement lors d’un écrit individuel. La conception de la formation des acteurs à partir de l’expérience assoit l’idée que l’expérience est une source d’apprentissage et de développement puisqu’elle réfère au primat de l’action vécue. Elle est selon Dewey (2018) la vie même du fait qu’elle « emprunte aux expériences antérieures et modifie la qualité des expériences ultérieures » (p.473). Le concept d’expérience intègre également l’idée d’expérimentation, d’essai et inclut la notion d’épreuve (racine latine du mot expérience), puisque l’acteur est confronté à une « situation interpellante » et qu’il y fait face en mobilisant ses connaissances empiriques et théoriques. En tant que connaissance acquise par la pratique (Zeitler & Barbier, 2012), l’expérience vécue suppose un travail d’analyse afin qu’elle devienne une expérience acquise ou encore une expérience formatrice (Josso, 2002 ; Schwartz, 2010). Mais ce travail implique un processus de sélection et de hiérarchisation, tel que l’énonce Schwartz (2010) : « S’il y a expérience, alors il faut supposer un être pour qui il y a sédimentation du temps, hiérarchisation des événements. L’expérience ne peut être formatrice que si l’on suppose chez cet être une tentative continue d’intégrer les événements, un être concerné par eux comme totalité vivante... qui doit faire face, faire continument des choix d’usage de soi-même » (p.12). En formation, l’expérience est d’abord l’objet d’une narration souvent difficile à conduire tant elle suppose une sémantique de l’action peu mobilisée par les acteurs dans leur activité professionnelle. Morisse (2020) analyse les freins à la mise en mots de l’expérience suscités par la rationalisation du langage qui « conduit les professionnels à une déconnexion progressive avec l’expérience vécue » (p.74). La difficulté est donc de retrouver une capacité de parole, « de surmonter un langage qui tend à devenir étanche à une réalité professionnelle » (p.75), de sortir de la « clôture des mots ». Être présent à son propre discours suppose une prise de parole dans un contexte de formation ouvert aux tâtonnements, aux reprises énonciatives, où la dimension dialogique est partagée avec les pairs. La médiation sémiotique qui procède du langage (Vygotsky, 1985) permet alors la conceptualisation et lance les processus de réflexivité qui feront que l’expérience vécue devienne une expérience formatrice et enfin une expérience capitalisée. L’écriture peut favoriser ce processus de reconstruction de l’expérience, puisqu’elle organise un récit qui opère sur la reconfiguration des événements et des acteurs (Ricœur, 1983). Le récit est « non seulement le moyen par lequel l’expérience se dit et se communique, il est également le lieu où elle se donne à connaître, d’une connaissance toujours aventureuse et précaire, mais à laquelle aucune forme ne peut venir prétendre se substituer » (DeloryMomberger, 2020, p.66). Avec le travail langagier, la réflexivité des acteurs se développe et transforme leur expérience vécue en expérience formatrice pour peu que les savoirs en jeu soient identifiés et reliés aux événements et aux significations accordées aux jeux des acteurs. MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Une approche compréhensive basée sur la parole et les écrits des acteurs a été retenue au regard de la problématique de la construction de savoirs en situation d’analyse des expériences de conseil vécues par les professionnels. Cette démarche de recherche semble d’autant plus décisive dans ce champ de pratiques émergentes que « le conseil en évolution professionnelle fait partie de cet ensemble de métiers dans lesquels les effets de l’action ne sont que très partiellement accessibles et perceptibles puisque les personnes ne reviennent pas » (Mayen, 2015, p.36). L’ÉCHANTILLON DE LA RECHERCHE L’échantillon de la recherche est composé des acteurs engagés dans deux sessions de formation (avec un scénario pédagogique similaire) se déroulant en 2019 et en 2020. 22 conseillers âgés de 35 à 58 ans ont pour mission d’accompagner et/ou de conseiller des publics variés : jeunes sans emploi, cadres en reconversion professionnelle, doctorant en orientation, chômeurs. La représentation des femmes est majoritaire dans ce secteur d’activité. La motivation essentielle de ces professionnels réside dans la compréhension d’une nouvelle mission de conseil dont le législateur a dessiné les contours de façon globale. L’engagement des professionnels dans la formation est donc volontaire et en lien avec un projet de professionnalisation. La formation, organisée autour de deux types d’enseignement sur trois mois, l’un en psychologie de l’orientation (7 journées), l’autre en sciences de l’éducation (7 journées), visait la construction d’une réflexion sur les postures professionnelles du conseiller et sur la qualité de l’interaction avec le bénéficiaire autour de l’analyse du parcours professionnel et, en particulier, de l’expérience professionnelle. L’alternance d’apports conceptuels et de séances d’analyse de pratique devant permettre aux formés de réfléchir à leur conception et mise en œuvre de l’activité de conseil, afin de construire une représentation plus ajustée de la mission de conseiller en évolution professionnelle. À la fin de la formation, les formés devaient rédiger une réflexion sur leur propre expérience d’accompagnateur et de conseiller en évolution professionnelle ainsi que sur leurs apprentissages effectués par le truchement de l’analyse des situations professionnelles. LE RECUEIL DE DONNÉES Le recueil de données prend appui sur les écrits produits à la fin de la formation. Le dossier construit par chaque stagiaire intégrait trois parties : dans une première partie, les grands principes du CEP étaient énoncés (sur la base des textes institutionnels), une seconde partie reprenait et approfondissait l’analyse de la situation de conseil travaillée avec le groupe, une troisième partie intitulée « ce que je retiens en termes d’apprentissages pour ma pratique » était l’occasion de faire un bilan des apprentissages et des savoirs professionnels (Balslev, Tominska & Vanhulle, 2011) utiles pour une pratique de conseil. Cette dernière partie a été retenue dans le cadre de cette recherche pour analyser les savoirs construits et appropriés par les professionnels du conseil. L’ANALYSE DES DONNÉES Les 22 dossiers ont fait l’objet d’une analyse de contenu (Bardin, 2000) qui a permis de dégager les savoirs professionnels partagés par les professionnels du conseil en évolution professionnelle. Cinq dimensions sont particulièrement mobilisées par les conseillers. Nous présentons dans le point suivant ce que disent les professionnels à propos des savoirs professionnels en termes d’accueil du bénéficiaire, d’alliance de travail, de gestes de cadrage, de posture de conseil, de posture de distanciation. LES SAVOIRS PROFESSIONNELS IDENTIFIÉS PAR LES FORMES L’analyse des corpus met en évidence que les réflexions tenues par chaque formé témoignent de connaissances nouvelles acquises pendant la formation ou d’ajustements de savoirs professionnels. Les savoirs professionnels, identifiés par les formés comme majeurs pour l’exercice de leur mission de CEP, sont nourris de références académiques, d’orientations institutionnelles, de prescriptions contextuelles, de normes transmises dans le métier (Balslev, Tominska & Vanhulle, 2011). Ces savoirs ont été échangés, discutés, mutualisés lors des séances d’analyse de pratique et il n’est pas étonnant qu’ils apparaissent dans les écrits en fin de formation. Ces savoirs professionnels se livrent sous des formes énonciatives particulières, qui révèlent des positionnements professionnels orientés vers l’action. L’expression des préoccupations pratiques, propres à l’agir du conseiller en évolution professionnelle, gagne une dimension argumentative avec le recours à des dimensions théoriques. L’analyse des 22 écrits a permis d’identifier des savoirs professionnels partagés par les formés à l’issue de la formation. Ils concernent plus précisément les cinq dimensions suivantes de l’activité de conseil en évolution professionnelle : ▪ L’accueil du bénéficiaire : cette activité est soulignée par l’ensemble des professionnels (18/22) pour en décrypter l’importance, et parfois, comme à regret, le manque de disponibilité pour cette dimension de l’activité. Dans l’extrait du corpus présenté ci-après, la professionnelle procède à un bilan de son activité, en décèle la faiblesse et envisage de la modifier afin de faciliter la rencontre avec le bénéficiaire. « J’y accorde déjà une grande importance, néanmoins j’ai remarqué qu’avec le volume important de mon activité, il peut m’arriver de les négliger involontairement. J’ai désormais conscience de l’enjeu de mon accueil (aller chercher la personne, la regarder avec attention, l’accompagner jusqu’à la salle...) pour l’instauration d’une bonne alliance de travail. Cette posture, ces gestes d’accueil valorisent la personne, qui se sent attendue, prise en considération, non pas transparente. En outre, ils me permettent de me poser dans ma posture de conseil, de rentrer dans le rôle afin de mieux l’incarner » (SO). ▪ L’alliance de travail : La qualité de la relation avec le bénéficiaire du conseil constitue une zone de vigilance pour permettre l’élaboration de son projet professionnel. Le savoir professionnel de la conseillère s’élabore en identifiant les limites de l’activité de conseil « ne plus me positionner en sachant » et, dans le même temps, en soulignant les possibilités offertes par la relation avec le bénéficiaire « agir davantage sur les potentialités... ». L’auto-prescription qui cible trois actions constitue un élément constitutif du savoir professionnel détenu par la conseillère. Contrairement à la rationalité du savoir théorique, le savoir professionnel s’exprime par le biais d’une posture énonciative en « je » (ou en « me ») qui marque l’engagement de la conseillère jusqu’à la définition de son action future. « je n’hésiterai pas à passer le témoin à d’autres acteurs ressources en cas de nécessité afin de rester dans une alliance de travail constructive et à ne plus vouloir me positionner “en sachant”, afin de limiter au maximum ce sentiment de toute-puissance, et à agir davantage sur les potentialités que recherche le concerné, qui aura le dernier mot en se sent soutenu dans ses orientations » (LA). ▪ Les gestes de cadrage : Les gestes de cadrage sont valorisés dans la plupart des écrits (18/22) tant ils sont perçus comme déterminants dans le déroulement de la situation de conseil. Les conseillers entrevoient leur caractère structurant pour le bénéficiaire et utile pour eux dans la conduite de l’entretien. Dans cet extrait, la conseillère montre également une posture énonciative affirmée. « La formation m’a renforcée dans la nécessité d’être claire dès le début des échanges sur mon champ d’intervention en posant précisément le cadre. Le bénéficiaire est ainsi en capacité de se positionner clairement par rapport au service et à ce qu’il peut attendre de moi ». ▪ La posture de conseil : cette activité professionnelle (Lhotellier, 2001) est réfléchie sur le mode de la projection. La conseillère identifie ses manières de faire avant de mettre en évidence des dimensions plus théoriques du conseil. Le savoir professionnel s’élabore à partir du diagnostic de sa manière d’agir et dans une perspective de régulation de l’agir professionnel à mobiliser. On retrouve également une présence énonciative qui marque l’engagement de la professionnelle quant au savoir professionnel en jeu dans le conseil. « J’ai observé que j’ai tendance à aller rapidement vers des solutions, ou à de l’interprétation, même en étant dans une posture de conseil. Il s’agit, autant que possible, de laisser le temps, l’espace au sujet pour réaliser son propre travail de réflexion, de s’approprier son projet, en accueillant sa demande, pour mieux pouvoir l’aider et de lui apporter un appui sans tomber dans le guidage. Cette posture nécessite selon moi une attention permanente... Cela implique de prendre du recul et de rester amment à l’écoute de la personne » (SO). ▪ La posture de distanciation : De nombreux écrits (17/22) mentionnent la posture de distanciation comme un savoir professionnel majeur, puisque les dimensions émotionnelles de la relation au bénéficiaire peuvent être très présentes dans les situations de conseil. Ce savoir professionnel fait écho chez les formés car accueillir les nœuds et les angoisses des bénéficiaires reste une activité délicate (Jorro, 2016). L’extrait suivant montre tout d’abord une prise de conscience sur le rôle des émotions dans l’accompagnement et aboutit à une prescription. Le savoir professionnel qui est élaboré montre un tissage entre les dimensions personnelles et théoriques. « L’analyse de pratique m’a aussi conduit à poser comme vigilance dans ma pratique la gestion de mes émotions. Elle implique pour moi d’être à l’écoute afin de les connaître pour les canaliser et travailler avec. Je sais que je dois composer avec ces émotions afin qu’elles n’interfèrent pas dans mes accompagnements... j’ai appris à distinguer mes émotions de celles du “client”, à repositionner mes valeurs dans mon accompagnement et dans mon analyse. La posture professionnelle est d’être en mesure de tenir compte de ses valeurs et des valeurs de l’autre en les repositionnant dans un contexte propre à chacun. En identifiant celles-ci et en les replaçant à leur juste place, je favoriserai le recul et la distanciation ». Ces savoirs professionnels récurrents dans les écrits ont été au centre des échanges entre formés et témoignent de la circulation des savoirs. De façon plus singulière, certains formés mettront en évidence d’autres savoirs professionnels et s’attarderont par exemple sur l’analyse de l’expérience, la fonction critique dans l’élaboration du projet professionnel, le savoir discursif, l’évaluation des compétences. Par ailleurs, l’analyse des écrits révèle des traces d’engouement de certains formés pour des concepts ou des notions travaillés en formation. Le concept de reconnaissance figure comme concept clé, reconnu pour ses effets sur le bénéficiaire ainsi que sur l’agir professionnel du conseiller. « Le concept de reconnaissance, j’ai pris conscience de son caractère fondamental dans l’accompagnement. Reconnaître le sujet dans sa demande permet en effet un travail identitaire, qui facilite le travail de développement, sa légitimation en tant que personne unique, sa valorisation. Le fait de se sentir reconnu implique qu’elle assume son propre projet. Il s’agit d’un double processus identitaire et de valorisation. La reconnaissance dans l’activité de conseil comme d’une manière générale dans la société me paraît à la fois primordiale et négligée, voire inexistante. J’essaie depuis la formation de faire ce travail de reconnaissance dans ma pratique. J’ai le sentiment que les effets sont largement bénéfiques tant au niveau de l’amélioration de l’interaction avec la personne, que du sentiment induit chez elle, manifestement “à qui cela fait de bien” » (SO). Ou encore, la découverte d’un auteur en formation est un vecteur stimulant d’acquisition de connaissances nouvelles. « Je porte un grand intérêt à ma découverte de la théorie de Nancy K. Schlossberg sur la transition et au système des 4 S (Situation, Self, Soutiens, Stratégies). Avoir conscience face à une personne vivant une période de transition de l’impact de cette dernière en termes de modification des habitudes, de la façon de penser, du temps nécessaire pour l’assimiler propre à chaque individu... » (S). DISCUSSION : DE LA CIRCULATION DES SAVOIRS AUX SAVOIRS PROFESSIONNELS Le dispositif d’analyse de l’expérience permet de donner un sens aux situations vécues et de comprendre, sous différents angles, les dimensions de l’activité de conseil qui peuvent échapper aux acteurs et qu’ils découvrent en formation. La visée de professionnalisation de cette formation (Marcel et al., 2002) met les acteurs en position de décrire, questionner, interpréter la complexité des situations de conseil en évolution professionnelle. Les échanges entre acteurs permettent de revisiter les savoirs tacites, les ficelles du métier, les savoirs théoriques en vue de construire une compréhension fine de chaque situation étudiée. La dimension collective de l’analyse de pratique facilite les échanges entre les formés ainsi que l’explicitation des savoirs. Cette circulation des savoirs laisse des traces dans les écrits des formés. La réflexion portée par les formés sur les savoirs qui leur importent à l’issue de la formation correspond aux savoirs professionnels tels qu’énoncés par Vanhulle (2009), lesquels relèvent d’un tissage de dimensions praxéologiques, éthiques, épistémiques, culturelles et sociales. Les discours mettent en évidence des sources multiples comme les savoirs issus de la culture de métier, les prescriptions institutionnelles, les théories, les expériences professionnelles antérieures des professionnels (Baslev, Tominska & Vanhulle, 2011). La mise en mot de l’expérience qui pouvait se heurter à la difficulté langagière telle que l’analysent Morisse (2020) et Delory-Montberger (2020) trouve une voie d’expression dans le partage des expériences vécues lors des situations d’analyse de situations de conseil et dans la construction progressive de notions et concepts ayant été mobilisés tout au long de la formation. Nous avons identifié les savoirs professionnels récurrents (accueil du bénéficiaire, alliance de travail, gestes de cadrage, posture de conseil, posture de distanciation...) dans les écrits des formés. L’analyse du corpus montre que les formés énoncent des savoirs en situant le cadre et les circonstances des savoirs à mobiliser dans leur activité. En outre, ces savoirs ont une tonalité évaluative et auto-prescriptive. Les écrits sont traversés de prises de position, d’évaluation de l’action vécue et de régulation sur l’action à venir. Autrement dit, les savoirs professionnels se construisent dans la réélaboration subjective de connaissances pluridimensionnelles et dans la décision d’actions à conduire. Les raisonnements mobilisés par les formés rappellent les travaux de Fenstermacher et Richardson (1994) sur l’argument pratique. En effet, étudiant les formes de raisonnement des enseignants, ces chercheurs ont montré la force et la pertinence des arguments pratiques conçus comme des raisonnements à partir de pensées axiologiques, opératoires, théoriques. Dans notre recherche, les savoirs professionnels revêtent une tonalité assertive du fait des arguments posés. La posture énonciative des formés est assurée car elle prend appui sur des dimensions personnelles, contextuelles, tout en convoquant des notions ou des concepts qui donnent de l’épaisseur à leur positionnement. Les savoirs professionnels constituent des outils pour penser et agir. CONCLUSION La formation des conseillers en évolution professionnelle est une nécessité à plus d’un titre. Tout d’abord au regard des enjeux socio-économiques qui traversent la société. Mais aussi, au regard des enjeux professionnels puisque les métiers du conseil sont marqués par les caractéristiques suivantes : un travail solitaire, sans feedback, sous forme d’une intervention rapide sur la trajectoire de vie d’une autre personne (Mayen, 2015). Ce métier en émergence nécessite des retours de terrain et des remontées des situations professionnelles vécues par les acteurs pour mutualiser les savoirs professionnels. La dimension expérientielle de la formation permet de tenir compte de ces paramètres et des attentes des professionnels du conseil qui souhaitent échanger et confronter leurs savoirs et leurs connaissances. Nous avons souligné à quel point la circulation des savoirs entre praticiens du conseil et entre les formes de savoir en jeu participait au développement professionnel des conseillers. La circulation des savoirs en formation nous semble tenir les promesses de l’élaboration concertée des savoirs des conseillers en évolution professionnelle. Les savoirs professionnels agrègent des dimensions hétérogènes qui tendent à montrer la richesse de l’intelligence pratique des acteurs (Dejours, 1993 ; Dessors, 2009, Jorro, 2019). Il s’agit de tenir compte de dimensions contextuelles, institutionnelles, humaines, sociales tout en gardant le fil conducteur de la notion ou du concept clé qui structure en partie le déroulement de l’activité de conseil. Les savoirs professionnels ont, de notre point de vue, un ancrage chez les conseillers du fait même qu’ils ont pu circuler pendant les séances d’analyse de pratique et irriguer leurs réflexions et intentions d’agir. La circulation des savoirs, générée par le dispositif d’analyse de situations professionnelles, semble une voie de formation pertinente pour les conseillers en évolution professionnelle. ENCES BIBLIOGRAPHIQUES Argyris, C. (1995). Savoir pour agir. Paris : Inter Editions. Barbier, J.-M. (1996). Savoirs théoriques et savoirs d’action. Paris : PUF. Balslev, K., Tominska, É., & Vanhulle S. (2011). Entretiens de stages et construction de savoirs professionnels. Les Sciences de l’éducation pour l’Ère nouvelle, 44(2), 85-101. Delbos, G., & Jorion, P. (1994). La Transmission des savoirs. Paris : Editions de la Maison des Sciences de l’Homme. Dejours, C. (1993). Intelligence pratique et sagesse pratique : deux dimensions méconnues du travail réel. Education permanente, 116, 47-70. 74 TransFormations – Recherches en Éducation et Formation des Adultes, 2022/1 (n° 23) Dewey, J. (2018). Expérience et éducation. Paris : Armand Colin. Delory-Momberger, C. (2020). Ecrire l’expérience professionnelle. Quels effets? Quels savoirs? Education Permanente, 222, 63-72. Derouet, J.-L. (2002). Du transfert à la circulation des savoirs et à la reproblématisation. De la circulation des savoirs à la constitution d’un forum hybride et de pôles de compétences. Recherche et Formation, 40, 13-25. Descola, P. (2015). Par-delà nature et culture. 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CEP DES ACTIFS OCCUPÉS : UN DISPOSITIF DE PROFESSIONNALISATION FONDÉ SUR DES DÉMARCHES DE RECHERCHE-ACTION COLLABORATIVES Marie-Hélène DOUBLET Université de Tours, Laboratoire EES – EA7505 (France) L’objet de ce texte est de présenter un dispositif de professionnalisation du service de conseil en évolution professionnelle (CEP) des actifs occupés (hors secteur public), confié depuis janvier 2020 à des opérateurs privés. La démarche de professionnalisation est structurée par trois principes. Elle ne vise pas uniquement les pratiques de terrain des conseillers mais implique chaque niveau de service du CEP (conseiller et bénéficiaire, manager de structure, pilote du dispositif, commanditaire France Compétences). Elle est fondée sur des méthodologies de recherche-action (RA) traitant des problématiques et questionnements portés par les professionnels concernés en collaboration avec une praticienne-chercheur. Enfin, elle est conçue dans la durée, comme un dispositif permanent d’actions ponctuelles et courtes, déclenchées sur l’initiative des acteurs de l’un ou l’autre des niveaux d’intervention du CEP. Après avoir présenté plus précisément le contexte particulier du service CEP des actifs occupés et avoir argumenté les raisons de nos choix méthodologique et épistémologique, cet article décrit la mise en œuvre d’une première RA inaugurant le dispositif, traitant d’une situation problème relevée par le commanditaire France Compétences. Nous en préciserons les enjeux professionnels et les intentions de recherche, puis nous décrirons les grandes étapes pour en faire une lecture critique et en dévoiler les difficultés qui se présentent dès sa mise en œuvre. MOTS-CLÉS Conseil en évolution professionnelle, gouvernance, posture, professionnalisation, recherche-action collaborative. TransFormations Recherches en Éducation et Formation Adult INTRODUCTION L’objet de ce texte est de présenter un dispositif de professionnalisation du service de conseil en évolution professionnelle (CEP) des actifs occupés (hors secteur public), confié depuis janvier 2020 à des opérateurs privés. La démarche de professionnalisation est structurée par trois principes. Elle ne vise pas uniquement les pratiques de terrain des conseillers mais implique chaque niveau de service du CEP (conseiller et bénéficiaire, manager de structure, pilote du dispositif, commanditaire France Compétences). Elle est fondée sur des méthodologies de recherche-action (RA) traitant des problématiques et questionnements portés par les professionnels concernés en collaboration avec une praticienne-chercheur. 1Enfin, elle est conçue dans la durée, comme un dispositif permanent d’actions ponctuelles et courtes, déclenchées sur l’initiative des acteurs de l’un ou l’autre des niveaux d’intervention du CEP. Après avoir présenté plus précisément le contexte particulier du service CEP des actifs occupés et avoir argumenté les raisons de nos choix méthodologique et épistémologique, cet article décrit la mise en œuvre d’une première RA inaugurant le dispositif, traitant d’une situation problème relevée par le commanditaire France Compétences. Nous en préciserons les enjeux professionnels et les intentions de recherche, puis nous décrirons les grandes étapes pour en faire une lecture critique et en dévoiler les difficultés qui se présentent dès sa mise en œuvre. Les différents reports de planification, dus à un contexte de crise sanitaire, ne nous permettent pas de présenter des résultats aboutis2 mais nous avons orienté notre propos dans une discussion sur la pertinence, les risques et les difficultés d’une telle démarche. En quoi la démarche de recherche-action collaborative peut être une voie heuristique pour accompagner les acteurs à produi du savoir et des évolutions sur leur situation de travail? En quoi la démarche permet de mettre en dialogue les différents niveaux d’intervention, du terrain à la gouvernance, dans une même visée compréhensive, susceptibles d’alimenter des évolutions? En filigrane se pose la problématique de notre place de praticienne-chercheur et de la distance au terrain. 2 La présentation des résultats fera l’objet d’un deuxième article courant 2022. 3 Les quatre opérateurs historiques du service public de l’accompagnement professionnel : Pôle Emploi, l’APEC, les Missions Local es et Cap Emploi. ( ) interaction de tous les niveaux de réalisation du service . On peut relever trois mesures fortes pour répondre à cette ambition : ▪ ▪ ▪ la mise en place d’une comitologie conséquente4, engageant des échanges à partir d’un ensemble d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs de pilotage de l’activité, mis à disposition et débattu lors de ces rencontres ; un dispositi f de mise en réseau du niveau opérationnel (fonction conseil) visant à faire remonter les problém atiques de terrain susceptibles de renseigner la gouvernance et à créer une coopération solidaire entre pairs ; une exigence d ’accompagner les équipes par un dispositif de professionnalisation facilit ant une meilleure connaissance des réalités de terrain locales et le développement professionnel des acteurs de l’ensemble du dispositif .
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Utilisation de prismes jumelés et de prismes différentiels pour améliorer la posture
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La vision fournit des données importantes pour le contrôle de la posture, ainsi que des renseignements sur la taille et la position des dangers et des obstacles. La plupart des verres multifocaux, et certains bifocaux, ont un prisme aminci (prismes jumelés) incorporé dans leur conception, pour des raisons esthétiques et pour réduire le poids2,31. Il a été démontré que le réflexe vestibulo-oculaire (RVO) est perturbé par l’utilisation de verres multi-focaux3. L’adaptation est plus facile chez les jeunes patients, mais peut être problématique chez les porteurs plus âgés, qui ont un moins bon tonus musculaire. La prescription de lentilles unifocales, par opposition à des lentilles multifocales, a été recommandée29,32 Ce document porte principalement sur la proprioception corporelle. La perte de la force corporelle, de la masse musculaire et du tonus au fur et à mesure que le corps vieillit entraîne une courbure (Fig. 17). La tête se déplace vers l’avant et tombe. Cela déplace le centre de gravité vers l’avant. Lorsque la tête tombe, il peut être difficile de garder les yeux levés. Cela peut entraîner une perte dans le champ visuel supérieur, et des objets placés plus loin peuvent ne pas être vus. Cela réduit la capacité d’éviter les obstacles. La personne a tendance à se pencher vers l’avant et peut devoir compter sur un bâton de marche pour stabiliser le corps. Les personnes âgées ont tendance à traîner les pieds lorsqu’elles marchent, car le fait de faire un pas vers l’avant déplace le centre de gravité trop loin vers l’avant, et il y a un sentiment d’insécurité. C’est particulièrement difficile lorsqu’on se déplace dans les escaliers et sur les trottoirs. C A NA D I A N J O U R NA L o f O P T O M E T RY | R E V U E C A NA D I E N N E D ’O P T O M É T R I E VO L . 8 2 N O. 3 59 C RECHERCHE CLINIQUE Figure 17: (a) Une inclinaison de la tête causée par une perte de force musculaire chez un homme âgé. Le centre de gravité est déplacé vers l’avant. Le patient traîne les pieds et ne se sent pas en sécurité. (b) L’utilisation de prismes jumelés BB déplace l’image vers le haut. La tête est relevée. Le centre de gravité est mieux aligné. La marche s’améliore. Avec l’ajout de prismes jumelés BB, le patient a tendance à (b) relever sa tête. Le centre de gravité est déplacé vers (a) l’arrière. Le patient compense en modifiant la position de ses genoux et de son dos. L’amélioration de la stabilité et des mouvements est le résultat d’une combinaison de facteurs. Il y a une sensibilisation périphérique accrue. Les Figureune 17. (a) Head-drooping due tode lossmouvement. of muscle strength in an elderly man. The centre of gravity is moved MEO fonctionnent dans une position qui offre plus grande marge L’espace périphérique perçu augmentera. Cette augmentation du signalforward. périphérique incitera également à relever la tête. Cet effet a été noté dans The patient shuffles and feels insecure. (b) Use of a Yoked down prism raises the spatial localization. The le test Van Orden Star (VO Star)3. head is raised. The centre of gravity is better aligned. Walking improves. Lorsque les sujets commencent avec des prismes jumelés, ils traînent moins les pieds, font des pas plus facilement et donc la marche s’améliore. La longueur de foulée augmente. Le patient signale qu’il se sent plus en équilibre et en sécurité. Il devient plus facile et moins dangereux de descendre les escaliers et de descendre du trottoir. Dans certains cas, le recours à un bâton de marche est réduit. Cependant, des problèmes ont été signalés. Comme le montre la figure 17, même si la tête est relevée, la posture du dos change, ce qui crée un inconfort initial dans les muscles des jambes et dans le bas du dos. Cela peut s’améliorer avec le temps à mesure que les muscles se renforcent. L’adaptation à la nouvelle posture dépend beaucoup d’autres facteurs, comme les problèmes sous-jacents au dos et aux genoux. S’il n’y a pas de problèmes orthopédiques majeurs, le patient signale une adaptation rapide au nouvel arrangement et une amélioration générale de la mobilité et du sentiment de sécurité. Dans quelques cas étudiés, après plusieurs mois, les lunettes ont été retirées pour voir si le renforcement des muscles du corps était permanent. La posture est revenue à sa position d’origine et le patient a ressenti la même insécurité qu’auparavant pendant le mouvement. PROBLÈMES LIÉS À L A PRESCRIPTION DE PRISMES POUR ÉQUILIBRER L A POSTURE Il est important de noter qu’aucune correction prismatique de la posture ne devrait être intégrée à la prescription si elle compromet les besoins visuels ou l’équilibre musculaire binoculaire du patient. Les recherches menées par Huang et Ciuffreda suggèrent qu’il y a une adaptation sensorimotrice et perceptuelle rapide, évaluée objectivement et subjectivement, en réponse à des prismes jumelés verticaux33. Les prismes de plus de 8∆ peuvent entraîner une réduction de la qualité de la vision et doivent être évités. La perception à travers un prisme provoque l’expansion de l’image lorsque le sujet regarde vers la base, et sa compression lorsqu’il regarde vers le haut. Erismann et Köhler ont suggéré que les patients s’adaptent à cet effet34. De plus, une ligne horizontale observée au-dessus du niveau des yeux semble inclinée dans la direction de la base, tandis qu’une ligne au-dessous du niveau des yeux tend à s’incliner vers le haut. Des patients ont signalé la courbure des lignes droites dans les prescriptions de verres plano avec des prismes de 4∆35,36 Les patients qui ont des ordonnances élevées ressentent ces effets avec les lentilles unifocales lorsqu’ils regardent à l’extérieur du centre optique, mais en compensant avec l’ajustement de la tête, la vision peut être réalignée avec le centre optique. Cet ajustement n’est pas possible lorsque les prismes jumelés sont inclus dans l’ordonnance. Dans leur étude sur l’adaptation des patients aux prismes jumelés, Sheedy et Parsons2 ont noté que les primes jumelés de 2∆ ou moins étaient facilement tolérés, tandis que ceux 60 C A NA D I A N J O U R NA L o f O P T O M E T RY | R E V U E C A NA D I E N N E D ’O P T O M É T R I E VO L . 8 2 N O. 3 RAPPORT DE CAS de 4∆ prismes étaient rejetés. D’après mon expérience, les prismes jumelés verticaux de 3∆ constituent la limite. Dans des cas exceptionnels, où un prisme plus élevé était nécessaire, il s’est avéré efficace. Dans le cas des prismes jumelés horizontaux, 5-6∆ étaient tolérées. DÉTERMINER SI DES PRISMES DOIVENT ÊTRE PRESCRITS La réaction des patients qui reçoivent des prismes jumelés est idiosyncrasique. Pour tenter de réduire la nontolérance, on utilise une autre étape au moment de déterminer si des prismes jumelés conviennent. Ce test est totalement subjectif et le résultat ne peut pas être facilement vérifié par des mesures objectives. On demande au patient de dire s’il a l’impression que sa posture est droite, ou s’il se penche vers l’avant ou vers l’arrière. Comme il faut aussi tenir compte de la stabilité du patient, il est important que la puissance du prisme soit ajustée jusqu’à ce que le patient signale qu’il se sent en équilibre. Quaid a suggéré qu’en observant la marche du patient, le praticien peut avoir une idée de la pertinence de prescrire des prismes (correspondance personnelle). On demande au patient de traverser une pièce en marchant, et les changements nécessaires sont apportés à la prescription prismatique selon le sentiment de sécurité et de confort. Dans le cas d’une personne âgée, on demande au patient de se tenir debout et de marcher, sans utiliser d’aide comme un bâton de marche. Si le patient utilise un déambulateur (cadre Zimmer), l’essai est effectué avec le déambulateur. Il existe des techniques pour déterminer si les prescriptions de prismes modifient l’équilibre corporel. Ces techniques sont utilisées principalement pour prescrire des prismes horizontaux. Le sujet marche le long d’un tapis avec capteurs de pression, et on comparaison les pressions différentielles exercées par chaque pied alors qu’il marche3. Cela ne convient pas aux prismes verticaux. Les prismes jumelés changent la sensation de hauteur, et le patient peut avoir besoin de quelques jours d’ajustement. Les prescriptions élevées, négatives ou positives, sont souvent montées sur l’axe horizontal de la monture, sans que les centres optiques soient bien situés. Ceci introduit des prismes jumelés. Il est important d’en être conscient au moment de prescrire et de fabriquer des lunettes. CONCLUSION Bien que le traitement des anomalies orthopédiques par l’adaptation visuelle ait déjà été mis au point par des chercheurs, l’intégration de ces méthodes dans la pratique optométrique de routine a souvent été mise de côté. Il est rare qu’on insiste sur ces méthodes dans la plupart des programmes de formation en optométrie. Étant donné que le champ d’exercice de la profession optométrique change en raison des pressions économiques, le traitement des troubles orthopédiques par les méthodes optométriques devrait être intégré à la pratique courante. l REMERCIEMENTS Je tiens à remercier Dr Patrick Quaid de son immense aide pour clarifier bon nombre des concepts présentés ici, ainsi que du temps et des efforts qu’il a consacrés à la préparation de ce document. Les patients présentés dans cet article sont ceux que je reçois à mon cabinet et ont contribué de leur temps à mes projets. Ils ont tous donné leur permission pour que leurs dossiers soient publiés. Je les remercie de leur aide. Enfin, j’aimerais remercier mon épouse, Ruthie, du temps qu’elle a consacré à la révision de ce document. CONTAC T Courriel : [email protected] Adresse postale : POB 1282, Pardes Hanna, Israël, 37000 C A NA D I A N J O U R NA L o f O P T O M E T RY | R E V U E C A NA D I E N N E D ’O P T O M É T R I E VO L . 8 2 N O. 3 61 C RECHERCHE CLINIQUE RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 62 Kaplan M. Vertical yoked prisms. Optometric Extension Program Continuing Education Courses. Santa Ana, CA: Optometric Extension Program Foundation, 1978-1979. Sheedy JE, Parsons SD. Vertical yoked prisms-patient acceptance and postural adjustment. Ophthal Physiol Opt 1987;7(3):255-7. doi. org/10.1111/j.1475-1313.1987.tb00742. Padula WV, Subramanian P, Spurling A, Jennes J. Risk of fall (RoF) intervention by affecting visual egocenter through gait analysis and yoked prisms. NeuroRehabilitation 2015;37(2):305-14. doi: 10.3233/ NRE-151263. 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Atchison DA, Lu J, Yip C, Suheimat M, Schmid KL. Experimental study of refraction effects of nominally plano ophthalmic prisms and magnifying lenses. Optom Vis Sci 2019;96(2):111-6. doi: 10.1097/ OPX.0000000000001334. C A NA D I A N J O U R NA L o f O P T O M E T RY | R E V U E C A NA D I E N N E D ’O P T O M É T R I E VO L . 8 2 N O. 3.
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Helmut Glück, Mark Häberlein, Andreas Flurschütz da Cruz (Hg.), Adel und Mehrsprachigkeit in der Frühen Neuzeit. Ziele, Formen und Praktiken des Erwerbs und Gebrauchs von Fremdsprachen, Wiesbaden: Harrassowitz Verlag 2019, 259 p., 58 € Thomas Nicklas Université de Reims Champagne-Ardenne L'histoire de l'apprentissage des langues étrangères et de l'évolution du plurilinguisme à travers les époques est un champ de recherche relativement nouveau, situé à l'intersection de l'histoire, de la linguistique et de la didactique des langues. Dans l'espace germanophone, la société Matthias Kramer, créée en 2013 et rattachée à l'université de Bamberg, vise à coordonner et à encourager les recherches dans ce domaine (Matthias-Kramer-Gesellschaft zur Erforschung der Geschichte des Fremdsprachenerwerbs und der Mehrsprachigkeit). Cette association porte le nom d'un important linguiste allemand. Après avoir appris l'italien et l'espagnol à la cour polyglotte de l'empereur Léopold Ier, Matthias Kramer (1640-1729) s'installa à Nuremberg où il exerça comme maître de langues, tout en publiant bon nombre de dictionnaires. En le choisissant comme patron, cette association accentue l'intérêt marqué qu'elle porte au plurilinguisme comme facteur culturel important de l'époque moderne. Issu d'un colloque organisé en 2016 à la Bibliotheca Augusta de Wolfenbüttel, ce volume sur la noblesse et l'apprentissage des langues étrangères couvre toute la période étudiée. Castiglione, dans son Livre du courtisan publié en 1528 (première traduction française de 1537), avait souligné l'importance de cultiver les langues, puisqu'un homme de la cour devait maîtriser l'art de la conversation élégante en plusieurs idiomes. Les idées de Castiglione faisaient o à une pratique déjà bien ancrée dans le monde des cours italiennes et germaniques. On voit donc les jeunes princes des grandes dynasties du Saint Empire de la première moitié du XVIe siècle partir pour la France afin d'acquérir une certaine connaissance de la langue, à l'instar du jeune Louis V du Palatinat qui séjourna à la cour de France entre 1502 et 1504, sans faire toutefois preuve d'un vrai talent pour la maîtrise des langues étrangères, d'après Benjamin Müsegades (Heidelberg). Pour des raisons diplomatiques et dynastiques, toute une génération de princes dans l'empire de Charles Quint, appartenant aux maisons de Wittelsbach, de Wettin (Saxe) et de Wurtemberg, étaient versés dans la langue française, sans qu'on ait beaucoup d'informations sur leurs modes d'acquisition des connaissances linguistiques. Il importe donc d'étudier les cours princières comme lieux de diffusion d'un savoir sur les langues et d'une maîtrise par l'oral et par l'écrit de l'idiome étranger. Par conséquent, Elena Taddei (Innsbruck) s'attache à l'étude de la cour splendide des princes d'Este à Ferrare, au XVIe siècle, qui entretenait des liens étroits avec le monde germanique, notamment avec les Habsbourg de Vienne et d'Innsbruck, les Wittelsbach de Munich et les Wettin de Dresde. Alphonse II d'Este, cinquième (et dernier) duc de Ferrare, avait épousé la soeur de l'empereur Maximilien II, Barbara, à qui il écrivait des lettres en italien et en allemand. Fils d'une princesse française (Renée de France), le duc refusa toutefois de s'exprimer en français face à des visiteurs étrangers. En 1581, Alphonse reçut à sa cour un illustre voyageur français, Michel de Montaigne, à qui il ne parlait qu'en italien. On voit donc quel est le degré de complexité de la thématique, étant donné que ces nobles ne désiraient pas toujours entretenir leur connaissance de la langue. Le « désapprentissage » linguistique fait aussi partie du périmètre de cette recherche sur la pratique des langues dans les cours de l'époque moderne. Dörthe Buchhester (Hildesheim) analyse « la question des langues » pour une autre cour du XVIe siècle, située bien loin de l'Italie, celle des ducs de Poméranie, à Stettin, au bord de la mer Baltique. Les jeunes princes poméraniens parlaient bas-allemand, mais la langue de l'écrit à la cour de Stettin était de plus en plus souvent le haut-allemand. En plus, on demandait aux jeunes membres de la famille ducale d'apprendre le polonais, en raison de la proximité géographique et des liens dynastiques. Mais on ne s'arrêtait pas là, l'apprentissage du latin érudit et du français courtisan étant également souhaitable. Une autre approche du nomène investit les parcours individuels. L'archiviste Nils Jörn (Wismar) étudie le cas particulier d'un président de tribunal suédois de Wismar, dans la partie du Mecklembourg rattachée à la couronne de Suède après les traités de Westphalie, en 1648. Il s'agit d'un certain Gustav Helmfel(d)t, fils d'un feld-maréchal suédois, choisi notamment à cause de son excellente maîtrise des langues étrangères pour ce poste important. Mais le jeune talent qui venait d'être nommé comme magistrat à Wismar partit tout de suite en mission diplomatique pour la Pologne (pays dont il parlait parfaitement la langue) où ce personnage surdoué mourut subitement, en laissant vacante la place taillée à sa mesure, celle d'un magistrat maniant les langues du droit et de la diplomatie totius maris baltici. John Gallagher (Leeds) suit les traces d'un autre jeune homme, d'origine anglaise, également promis à une belle carrière, Philippe Perceval, parcourant le continent entre 1676 et 1679, et dont le périple est très bien documenté dans les archives. Un seul article compris dans le volume adopte une tout autre perspective, en ne s'intéressant pas aux apprenants, mais aux enseignants de langues. Andrea Bruschi (Vérone) présente les interprètes du roi, groupe de traducteurs et de maîtres de langue, dont les capacités pédagogiques furent appréciées par la noblesse française, en quête d'enseignants pour la formation de leurs enfants. Martin Holy (Prague) et Andreas Florschütz da Cruz (Bamberg) traitent quant à eux de l'éducation, notamment linguistique, des jeunes nobles des pays tchèques et de l'Allemagne du Sud. Au XVIIe siècle, le Grand Tour (Kavalierstour) avait, comme on le sait, pour but de parfaire les arts de la cour, dont la maîtrise des langues étrangères, des jeunes gens de la noblesse. Contrairement aux Bildungsreisen des classes bourgeoises au XIXe siècle, ces pérégrinations ne visaient pas à se forger une culture individuelle, mais à participer à une culture aristocratique commune européenne, dont un canon de capacités linguistiques faisait partie. L'importance du latin, normalement peu prisé par la noblesse, s'estompait en faveur des langues vernaculaires modernes, français et italien en tête. Il en alla tout autrement en Croatie, partie intégrante du royaume de Hongrie, où les élites restaient très attachées au latin, « langue nationale » de la vie administrative et politique. Ivana Horbec et Maja Matasovic (Zagreb) montrent très bien comment le latin résistait et se maintenait dans les territoires croates face au hongrois de la noblesse magyare et contre l'allemand des aires habsbourgeois, au XVIIIe siècle, tout en créant des symbioses culturelles avec les espaces germano- ou italophones. Ineta Balode (Riga) s'intéresse aux élites des territoires baltes, rattachés à la Russie de Pierre le Grand par le biais du traité de Nystad, en 1721, en répondant à la question de savoir comment la noblesse de culture germanique de ces régions se situa par rapport aux trois langues qui dominaient désormais le champ politique et culturel (allemand, français, russe). Vladislav Rjéoutski (Moscou) expose le début de l'apprentissage du français en Russie à l'époque de Pierre le Grand, en s'intéressant aux deux capitales de l'Empire russe, Moscou et Saint-Pétersbourg, où la nouvelle grande puissance européenne forma ses futurs diplomates.
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Guide de l'utilisateur de la norme commune de déclaration
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LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 98 – Commentaires sur la section I Commentaires sur la section I concernant les obligations déclaratives générales 1. La section I décrit les obligations déclaratives générales incombant aux Institutions financières déclarantes. Dans les paragraphes A et B, sont énumérés les renseignements à communiquer de manière générale tandis qu’aux paragraphes C à F, sont prévues une série d’exceptions concernant le NIF, la date de naissance, le lieu de naissance et les produits bruts. Il est clairement prévu dans le paragraphe 1 de la section 2 du Modèle d’accord entre autorités compétentes que les renseignements devant être échangés sont les renseignements à communiquer en vertu des règles applicables en matière de déclaration et de diligence raisonnable qui sont énoncées dans la Norme commune de déclaration, sous réserve des exceptions prévues aux paragraphes C à F de la section I. 2. Les Institutions financières déclarantes devraient souvent aviser les Titulaires de comptes (notamment via une modification des conditions et modalités) que les renseignements relatifs à leurs comptes, s’il s’agit de comptes déclarables, seront communiquées et pourront être échangées avec d’autres juridictions. Dans certaines juridictions, les Institutions financières déclarantes sont parfois tenues de le faire en observant les règles applicables en matière de confidentialité et de protection de la vie privée. Les Institutions financières déclarantes devront se conformer auxdites règles à cet égard (notamment en remettant aux Titulaires de comptes, à leur demande, une copie des renseignements communiqués). Paragraphe A – Informations à communiquer 3. Conformément au paragraphe A, chaque Institution financière déclarante doit communiquer les renseignements suivants concernant chaque Compte déclarable de cette Institution : a) dans le cas d’une personne physique Titulaire d’un Compte et devant faire l’objet d’une déclaration : les nom, adresse, juridiction(s) de résidence, NIF(s), date et lieu de naissance ; b) dans le cas d’une Entité Titulaire d’un Compte et devant faire l’objet d’une déclaration : les nom, adresse, juridiction(s) de résidence et NIF(s) ; LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section I – 99 c) dans le cas d’une Entité Titulaire d’un Compte et dont il apparaît qu’une ou plusieurs Personnes qui en détiennent le contrôle sont des Personnes devant faire l’objet d’une déclaration : (1) les nom, adresse, juridiction(s) de résidence et NIF(s) de l’Entité ; et (2) les nom, adresse, juridiction(s) de résidence, NIF(s) et date et lieu de naissance de chacune des Personnes en détenant le contrôle qui est une Personne devant faire l’objet d’une déclaration ; d) le numéro de compte (ou son équivalent fonctionnel en l’absence de numéro de compte) ; e) le nom et le numéro d’identification (éventuel) de l’Institution financière déclarante ; et f) le solde ou la valeur portée sur le compte (y compris, dans le cas d’un Contrat d’assurance avec valeur de rachat ou d’un Contrat de rente, la Valeur de rachat) à la fin de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate ou, si le compte a été clos au cours de l’année ou de la période en question, la clôture du compte ; 4. En outre, les renseignements suivants doivent également être communiqués : a) Dans le cas d’un Compte conservateur : (1) le montant brut total des intérêts versés ou crédités sur le compte (ou au titre du compte) au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate ; (2) le montant brut total des dividendes versés ou crédités sur le compte (ou au titre du compte) au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate ; (3) le montant brut total des autres revenus produits par les actifs détenus sur le compte, versés ou crédités sur le compte (ou au titre du compte) au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate ; et (4) le produit brut total de la vente ou du rachat d’Actifs financiers versé ou crédité sur le compte au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate au titre de laquelle l’Institution financière déclarante a agi en tant que dépositaire, courtier, prête-nom ou représentant du Titulaire du compte. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 100 – Commentaires sur la section I b) Dans le cas d’un Compte de dépôt, le montant brut total des intérêts versés ou crédités sur le compte au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate. c) Dans le cas de tout Compte autre qu’un Compte conservateur ou qu’un Compte de dépôt : le montant brut total versé au Titulaire du compte ou porté à son crédit, au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate, dont l’Institution financière déclarante est la débitrice, y compris le montant total de toutes les sommes remboursées au Titulaire du compte au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate. Alinéa A(1) – Adresse 5. L’adresse à communiquer au titre d’un compte est l’adresse enregistrée par l’Institution financière déclarante pour le Titulaire du compte, selon les procédures de diligence raisonnable visées par les sections II à VII. Il en résulte que, dans le cas d’un compte détenu par une personne qui est une Personne devant faire l’objet d’une déclaration, l’adresse à communiquer est l’adresse de la résidence actuelle de la personne (voir paragraphes 8 et 22 des Commentaires relatifs à la section III) sauf si elle ne figure pas dans les dossiers de l’Institution financière déclarante, auquel cas celle-ci communiquera l’adresse postale qu’elle possède. Dans le cas d’un compte détenu par une Entité dont il est apparu qu’une ou plusieurs des Personnes qui en détiennent le contrôle sont des Personnes devant faire l’objet d’une déclaration, les adresses à communiquer sont celle de l’Entité et celle de chacune des Personnes détentrices du contrôle devant faire l’objet d’une déclaration. Alinéa A(1) – Juridiction(s) de résidence 6. La juridiction de résidence à communiquer concernant un compte est la juridiction de résidence identifiée par l’Institution financière déclarante pour la Personne devant faire l’objet d’une déclaration au titre de l’année civile considérée ou de toute autre période de référence adéquate, selon les procédures de diligence raisonnable visées par les sections II à VII. Dans le cas d’une Personne devant faire l’objet d’une déclaration dont il apparaît qu’elle a plus d’une juridiction de résidence, les juridictions de résidence à communiquer sont toutes celles identifiées par l’Institution financière déclarante pour la Personne devant faire l’objet d’une déclaration au titre de l’année civile considérée ou de toute autre période de référence adéquate. La(es) juridiction(s) de résidence identifiée(s) à l’issue des procédures de diligence raisonnable visées par les sections II à VII l’est(le sont) sans préjudice de toute détermination de la résidence par l’Institution financière déclarante à toutes autres fins fiscales. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section I – 101 Alinéa A(1) – NIF 7. Le NIF à communiquer concernant un compte est le NIF attribué au Titulaire d’un compte par sa juridiction de résidence (et non par une juridiction de source). Dans le cas d’une Personne devant faire l’objet d’une déclaration dont il apparaît qu’elle a plus d’une juridiction de résidence, le NIF à communiquer est le NIF du Titulaire du compte pour chaque Juridiction soumise à déclaration (sous réserve de l’application des dispositions des paragraphes C et D).Comme indiqué à l’alinéa E(5) de la section VIII, l’expression « NIF » désigne son équivalent fonctionnel en l’absence d’un numéro d’identification fiscale (voir paragraphe 148 des Commentaires relatifs à la section VIII). Alinéa A(2) – Numéro de compte 8. Le numéro de compte à communiquer concernant un compte est le numéro d’identification attribué par l’Institution financière déclarante à des fins autres que celle d’observer les obligations déclaratives définies à l’alinéa A(1) ou, si aucun numéro de cette nature n’est attribué au compte, un équivalent fonctionnel (notamment un numéro de série unique ou tout autre numéro attribué au Compte financier par l’Institution financière déclarante pour le distinguer de tout autre compte détenu auprès de ladite Institution). Un numéro de contrat ou de police sera généralement considéré comme un équivalent fonctionnel du numéro de compte. Alinéa A(3) – Numéro d’identification 9. L’Institution financière déclarante doit communiquer son nom et son numéro d’identification (si elle en a un). Le fait de se procurer les éléments d’identification sur l’Institution financière déclarante a pour but de permettre aux juridictions partenaires d’identifier aisément la source des renseignements communiqués et, par la suite, échangés afin, notamment, de pouvoir revenir sur une erreur qui aurait pu entraîner la communication de renseignements inexacts ou incomplets. Le « numéro d’identification » d’une Institution financière déclarante est le numéro attribué à cette dernière à des fins d’identification. Normalement, ce numéro lui est attribué par sa juridiction de résidence ou celle où elle est située, mais il pourrait également être attribué au niveau mondial. Peuvent notamment faire office de numéro d’identification le NIF, le code/numéro d’inscription de l’entreprise/la société, l’identifiant mondial de l’entité juridique (IME),6 ou le numéro 6. Voir page Web du Regulatory Oversight Committee (ROC) of the Global Legal Entity Identifier System (GLEIS) à l’adresse suivante : www.leiroc.org/. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 102 – Commentaires sur la section I d’identification mondial des Intermédiaires (GIIN)7. Les juridictions partenaires sont censées donner aux Institutions financières déclarantes des orientations relatives au numéro d’identification à communiquer. Si aucun numéro de cette nature n’est attribué à l’Institution financière déclarante, seuls son nom et son adresse doivent être communiqués. Alinéa A(4) – Solde ou valeur portée sur le compte 10. L’Institution financière déclarante doit communiquer le solde ou la valeur portée sur le compte à la fin de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate ou, si le compte a été clos au cours de l’année ou de la période en question, la clôture du compte (voir paragraphe 14 ci-après). Lorsque le solde, ou la valeur portée sur le compte, est négatif, le compte doit être déclaré comme ayant un solde ou une valeur égal à zéro. Dans le cas d’un Contrat d’assurance avec valeur de rachat ou d’un Contrat de rente, l’Institution financière déclarante doit communiquer la Valeur de rachat. 11. Certaines juridictions obligent toutefois déjà les Institutions financières à communiquer le solde moyen ou la valeur moyenne portée sur le compte au titre de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate. Elles sont libres de maintenir cette obligation plutôt que d’exiger la communication du solde ou de la valeur portée sur le compte à la fin de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate, et peuvent le faire en remplaçant l’alinéa A(4) par la dispositions suivante : 4. le solde moyen [mensuel] [le plus élevé] ou la valeur moyenne [mensuelle] portée sur le compte [la plus élevée] (y compris, dans le cas d’un Contrat d’assurance avec valeur de rachat ou d’un Contrat de rente, la Valeur de rachat) constaté au cours de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate ou, si le compte a été clos au cours de l’année ou de la période en question, la clôture du compte ; Dans ce cas, l’alinéa 2(d) de la section 2 du Modèle d’accord entre autorités compétentes devra être modifié en conséquence (voir paragraphe 4 des Commentaires relatifs à la section 2 du Modèle d’accord entre autorités compétentes). 12. De manière générale, le solde ou la valeur portée sur un Compte financier est le solde, ou la valeur, calculé par l’Institution financière aux fins d’être communiqué au Titulaire du compte. Dans le cas d’un titre de participation ou de créance dans cette Institution, le solde ou la valeur du titre est la valeur calculée par l’Institution financière aux fins exigeant le 7. Le numéro d’identification mondial provisoire (en anglais Global Intermediary Identification Number (GIIN)) est un numéro d’identification attribué à certaines institutions financières par l’Internal Revenue Service (IRS) des États-Unis. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section I – 103 plus fréquemment la détermination de ce solde ou de cette valeur, et dans le cas d’un titre de créance, le solde ou la valeur du titre est son montant en principal. Le solde ou la valeur d’un Contrat d’assurance ou d’un Contrat de rente est le solde ou la valeur à la fin de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate (voir paragraphe 15 ci-après). Le solde ou la valeur portée sur le Compte ne peut être minoré au titre d’aucun engagement, ou obligation, souscrit par un Titulaire de compte au titre du Compte ou de l’un des actifs détenus sur le Compte. 13. Chacun des Titulaires d’un compte détenu conjointement se voit attribuer la totalité du solde ou de la valeur de ce compte ainsi que l’intégralité des montants versés ou crédités sur le compte joint (ou au titre du compte joint). Le même principe s’applique à : • un compte détenu par une ENF passive contrôlée par plus d’une Personne devant faire l’objet d’une déclaration, sachant que chacune des Personnes détenant le contrôle se voit attribuer la totalité du solde ou de la valeur du compte détenu par l’ENF passive ainsi que l’intégralité des montants versés ou crédités sur le compte ; • un compte détenu par un Titulaire de compte qui est une Personne devant faire l’objet d’une déclaration et ayant plus d’une juridiction de résidence identifiée, sachant que le montant total du solde ou de la valeur du compte ainsi que le montant total versé ou crédité sur le compte doivent être communiqués à chacune des juridictions de résidence du Titulaire du compte ; • un compte détenu par une ENF passive dont une personne qui en détient le contrôle est une Personne devant faire l’objet d’une déclaration et ayant plus d’une juridiction de résidence identifiée, sachant que le montant total du solde ou de la valeur du compte détenu par l’ENF passive ainsi que le montant total versé ou crédité sur le compte doivent être communiqués à chacune des juridictions de résidence de la Personne qui en détient le contrôle ; ou • un compte détenu par une ENF passive qui est une Personne devant faire l’objet d’une déclaration avec une personne qui en détient le contrôle qui est elle-même une Personne devant faire l’objet d’une déclaration, sachant que le montant total du solde ou de la valeur du compte détenu par l’ENF passive ainsi que le montant total versé ou crédité sur le compte doivent être communiqués tant en ce qui concerne l’ENF passive que la Personne qui en détient le contrôle. 14. En cas de clôture d’un compte, l’Institution financière déclarante n’est pas tenue de communiquer le solde ou la valeur du compte avant la clôture ou à la clôture, mais elle doit en revanche indiquer que le compte a été clôturé. Pour déterminer la date de clôture d’un compte, il faut se référer à la LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 104 – Commentaires sur la section I loi applicable dans une juridiction donnée. Si la loi applicable ne comporte pas de dispositions relatives à la clôture des comptes, un compte sera réputé clôturé en vertu des procédures normales de fonctionnement de l’Institution financière déclarante appliquées uniformément à l’ensemble des comptes détenus auprès de cette Institution. Un titre de participation ou de créance dans une Institution financière sera par exemple généralement réputé clôturé en cas de résiliation, de transfert, de rachat, de remboursement, d’annulation ou de liquidation. Un compte dont le solde, ou la valeur, est nul ou négatif ne sera pas un compte clôturé pour ce seul motif. Alinéas A(4) à (7) – Période de référence adéquate 15. Les renseignements à communiquer doivent être ceux arrêtés à la fin de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate. Pour déterminer ce que l’on entend par « période de référence adéquate », il faut se référer au sens donné à cette expression à la date considérée en vertu des règles en vigueur en la matière dans chaque juridiction, lesquelles doivent être appliquées de manière cohérente pendant un nombre raisonnable d’années. La période comprise entre la dernière date anniversaire du contrat et la précédente date anniversaire du contrat (notamment dans le cas d’un Contrat d’assurance avec valeur de rachat), ou encore un exercice budgétaire autre que l’année civile, seront généralement considérés comme des périodes de référence adéquates. Alinéa A(5)(a) – Autres revenus 16. Les renseignements à communiquer, dans le cas d’un Compte conservateur, sont notamment le montant brut total des autres revenus produits par les actifs détenus sur le compte qui sont versés ou crédités sur le compte (ou au titre du compte) au cours de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate. L’expression « autres revenus » désigne tout montant considéré comme un revenu en vertu du droit applicable dans la juridiction où le compte est détenu en dehors des montants considérés comme des intérêts, dividendes, produits bruts ou plus-values de la vente ou du rachat d’un bien. Alinéa A(5)(b) – Produits bruts 17. Dans le cas d’un Compte conservateur, les renseignements à communiquer sont notamment le produit brut total de la vente ou du rachat d’un bien versé ou crédité sur le compte au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate au titre de laquelle l’Institution financière déclarante a agi en tant que dépositaire, courtier, prête-nom ou représentant du Titulaire du compte. L’expression « vente ou rachat » désigne toute opération de vente ou de rachat d’un bien, indépendamment du fait que le LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section I – 105 détenteur de ce bien soit assujetti à l’impôt au titre de cette vente ou de ce rachat. 18. Un organisme de compensation ou de règlement qui détient des Comptes déclarables et procède à la liquidation des opérations de vente et d’achat de titres entre ses membres peut ne pas connaître les produits bruts tirés de ces cessions ou opérations. Lorsque l’organisme de compensation ou de règlement ne connaît pas les produits bruts, ceux-ci ne peuvent excéder le montant net versé ou crédité sur le compte d’un membre au titre de ventes ou d’achats de titres détenus par ce membre à la date de la liquidation des transactions conformément aux procédures prévues en la matière par ledit organisme. L’expression « organisme de compensation ou de règlement » désigne une entité exerçant des activités consistant à compenser des transactions sur titres pour ses membres et à transférer des titres, ou à donner des instructions à cet effet, en créditant ou en débitant le compte d’un membre sans que la remise physique des titres soit nécessaire. 19. S’agissant d’une vente effectuée par un courtier donnant lieu au versement de produits bruts, la date à laquelle ceux-ci sont réputés avoir été réalisés est la date à laquelle ils sont crédités sur le compte ou mis, par tout autre moyen, à la disposition de la personne bénéficiaire du versement. 20. Le produit brut total tiré de la vente ou du rachat correspond au montant total versé à la suite de la vente ou du rachat d’un bien. Dans le cas d’une opération effectuée par un courtier, le produit brut total de la vente ou du rachat désigne le montant total versé ou crédité sur le compte de la personne bénéficiaire du versement majoré de tout montant non versé en raison du remboursement d’un prêt sur marge ; le courtier peut (mais il n’est pas tenu de le faire) tenir compte des commissions perçues au titre de la vente dans le calcul du produit brut total. En cas de cession d’un titre de créance portant intérêt, le produit brut inclut tous les intérêts courus entre deux dates de versement des intérêts. Alinéa A(7) – Montants bruts 21. Les renseignements à communiquer, dans le cas d’un compte autre qu’un Compte conservateur ou qu’un Compte de dépôt, sont notamment le montant brut total versé au Titulaire du compte ou porté à son crédit, au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate au titre de laquelle l’Institution financière déclarante Institution est créancière ou débitrice. Ces « montants bruts » correspondent par exemple au total : • des paiements de rachat (en partie ou en totalité) au Titulaire du compte au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate ; et LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 106 – Commentaires sur la section I • des versements effectués au bénéfice du Titulaire du compte en vertu d’un Contrat d’assurance avec valeur de rachat ou d’un Contrat de rente au cours de l’année civile ou d’une autre période de référence adéquate, même si ces versements ne sont pas considérés comme Valeur de rachat conformément à l’alinéa C(8) de la section VIII. Schéma Norme commune de déclaration et guide de l’utilisateur 22. Comme prévu dans le Modèle d’accord entre autorités compétentes, les Autorités compétentes utiliseront le schéma de la Norme commune de déclaration pour échanger les renseignements devant être communiqués. Le schéma pourra également être utilisé par les Institutions financières déclarantes pour communiquer les renseignements (selon les modalités autorisées par le droit interne). On trouvera à l’Annexe 3 la représentation sous forme de diagramme du schéma accompagnée d’un guide de l’utilisateur. Le guide de l’utilisateur pourra être particulièrement utile aux Institutions financières déclarantes car il contient des informations plus détaillées sur chacune des données et sur les caractéristiques de ces données. Dans le guide de l’utilisateur, sont par exemple cités les trois éléments caractérisant précisément le lieu de naissance (c.-à-d. CountryInfo, City et CitySubentity), et il est par ailleurs précisé que, lorsque le lieu de naissance doit être communiqué, il y a lieu de communiquer les données relatives au pays (identifié par le code-pays ou le nom du pays) et à la ville tandis que la communication des données relatives aux sous-divisions de la localité (CitySubentity) est facultative. Paragraphe B – Monnaie 23. Les renseignements doivent être communiqués dans la monnaie dans laquelle le compte est libellé et, dans les renseignements communiqués, la monnaie dans laquelle chaque montant est libellé doit être précisée. Dans le cas d’un compte libellé dans plus d’une monnaie, l’Institution financière déclarante peut choisir de communiquer les renseignements dans l’une des monnaies dans lesquelles le compte est libellé, et elle est tenue de préciser la monnaie dans laquelle les renseignements sur le compte sont communiqués. 24. Si le solde ou la valeur d’un Compte financier ou tout autre montant est libellé dans une monnaie autre que celle utilisée par la Juridiction partenaire pour l’application de la norme commune de déclaration (aux fins de fixer des seuils ou des plafonds), l’Institution financière déclarante doit calculer le solde ou la valeur du compte en appliquant un taux au comptant pour convertir ce solde ou cette valeur en son équivalent en monnaie locale. Lorsqu’une Institution financière déclarante déclare un compte, le taux au comptant doit être déterminé le dernier jour de l’année civile considérée ou d’une autre période de référence adéquate au titre de laquelle le compte est déclaré. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section I – 107 Paragraphes C à F – Exceptions NIF et date de naissance 25. Le paragraphe C prévoit une exception pour les Comptes préexistants : le NIF ou la date de naissance n’a pas à être communiquer (i) si le NIF ou la date de naissance ne figure pas dans les dossiers de l’Institution financière déclarante, et (ii) si l’Institution financière n’a pas par ailleurs obligation, en vertu du droit interne, de recueillir les données correspondantes. Le NIF ou la date de naissance doivent donc être communiqués : • s’ils figurent dans les dossiers de l’Institution financière déclarante (qu’elle soit, ou non, tenue de les faire figurer dans ses dossiers) ; ou • s’ils n’y figurent pas, dès lors que l’Institution financière déclarante est tenue, en vertu du droit interne, de recueillir les données correspondantes (notamment en vertu des procédures visant à identifier les clients et à lutter contre le blanchiment - AML/KYC). 26. Les « dossiers » de l’Institution financière déclarante comprennent les dossiers principaux des clients et l’information/données susceptibles d’être recherchée(s) par voie électronique (voir paragraphe 34 ci-après). Le « dossier principal d’un client » contient le premier dossier dans lequel une Institution financière déclarante conserve les informations relatives au Titulaire du compte, notamment les informations utilisées pour entrer en contact avec lui et pour se conformer aux Procédures visant à identifier les clients et à lutter contre le blanchiment (AML/KYC). Les Institutions financières déclarantes disposeraient généralement de deux ans pour mener à bien les procédures d’examen visant à identifier les comptes déclarables parmi les comptes de faible valeur (voir paragraphe 51 des Commentaires relatifs à la section III) et pourraient donc examiner d’abord leurs dossiers électroniques (ou obtenir du Titulaire du compte son NIF ou sa date de naissance) avant d’examiner leurs dossiers sur papier. 27. En outre, même lorsqu’une Institution financière déclarante ne possède pas dans ses dossiers le NIF ou la date de naissance concernant un Compte préexistant et n’est pas par ailleurs tenue, en vertu du droit interne, de recueillir les informations correspondantes, elle est néanmoins tenue de déployer des efforts raisonnables pour se procurer le NIF et la date de naissance concernant des Comptes préexistants avant la fin de la deuxième année civile qui suit l’année durant laquelle ces Comptes ont été identifiés en tant que Comptes déclarables, sauf si l’une des exceptions prévues au paragraphe D s’applique au NIF et que celui-ci n’a donc pas à être communiqué. 28. L’expression « efforts raisonnables » signifie de véritables tentatives visant à se procurer le NIF et la date de naissance du Titulaire d’un Compte LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 108 – Commentaires sur la section I déclarable. Ces efforts doivent être accomplis au moins une fois par an au cours de la période comprise entre l’identification du Compte préexistant en tant que Compte déclarable et la fin de la deuxième année civile qui suit l’année durant laquelle ce compte a été identifié. Constituent notamment des efforts raisonnables les tentatives effectuées pour entrer en contact avec le Titulaire du compte (en personne, par courriel, par téléphone), y compris toute demande adressée avec d’autres documents ou par voie électronique (sous forme de facsimile ou de courriel), ainsi que l’examen information/ données susceptibles d’être recherchée(s) par voie électronique qui sont en la possession de l’Entité liée à l’Institution financière déclarante, conformément aux principes d’agrégation énoncés au paragraphe C de la section VII. Le fait d’accomplir des efforts raisonnables ne suppose pas nécessairement le recours à la clôture, au gel ou au transfert du compte, ni la prise de mesures imposant des conditions à son utilisation ou en restreignant l’utilisation par d’autres moyens. Indépendamment de ce qui précède, il est possible de continuer à accomplir des efforts raisonnables au-delà de la période susmentionnée. 29. Le paragraphe D prévoit une exception pour les Comptes préexistants et les Nouveaux comptes. Le NIF n’a pas à être communiqué si : a) la Juridiction soumise à déclaration concernée n’a pas émis de NIF ; ou si b) le droit interne de la Juridiction soumise à déclaration concernée n’impose pas le recueil des NIF émis par celle-ci. 30. Un NIF est considéré comme n’ayant pas été émis par une Juridiction soumise à déclaration (i) lorsque la juridiction n’émet pas de numéro d’identification, ni d’équivalent fonctionnel en l’absence d’un numéro d’identification du contribuable (voir paragraphe 148 des Commentaires relatifs à la section VIII), ou (ii) lorsque la juridiction n’a pas attribué de NIF à une personne physique ou une Entité en particulier. En conséquence, la communication d’un NIF n’est pas obligatoire pour un Compte déclarable détenu par une Personne devant faire l’objet d’une déclaration qui est résidente d’une Juridiction soumise à déclaration ou pour quiconque ne s’est pas vu attribuer un NIF. Néanmoins, si et lorsqu’une Juridiction soumise à déclaration commence à émettre des NIF et attribue un NIF à une Personne devant faire l’objet d’une déclaration en particulier, l’exception prévue au paragraphe D n’est plus applicable et le NIF de la Personne devant faire l’objet d’une déclaration doit être communiqué si l’Institution financière déclarante se procure une autocertification contenant le NIF, ou se procure le NIF par d’autres moyens. 31. Dans l’exception prévue à l’alinéa (ii) du paragraphe D, l’accent est placé sur le droit interne de la juridiction du Titulaire du compte. Lorsqu’une Juridiction soumise à déclaration a attribué un NIF à une Personne devant faire l’objet d’une déclaration détenant un Compte déclarable et que la LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section I – 109 communication de ce NIF ne peut être exigée en vertu du droit interne de ladite juridiction (notamment parce que celui-ci prévoit que la communication du NIF par le contribuable doit être volontaire), l’Institution financière déclarante qui détient le Compte n’est pas tenue de se procurer et de communiquer le NIF. Rien ne l’empêche toutefois de demander le NIF du Titulaire du compte et de le recueillir aux fins de le communiquer si ce dernier choisit de le fournir, auquel cas, elle est tenue de le communiquer. Dans la pratique, on ne dénombrera sans doute qu’un petit nombre de juridictions dans ce cas (par ex : l’Australie). 32. Les juridictions partenaires doivent procurer aux Institutions financières déclarantes les renseignements concernant l’émission des numéros d’identification des contribuables, leur recueil, et, dans la mesure du possible et du raisonnable, leur structure ainsi que toute autre spécification. L’OCDE s’emploiera à faciliter la diffusion de ces renseignements. Lieu de naissance 33. Le paragraphe E prévoit une exception pour les Comptes préexistants et les Nouveaux comptes : le lieu de naissance n’a pas à être communiqué sauf si l’Institution financière déclarante est par ailleurs tenue de se procurer et de communiquer ce renseignement aux termes de son droit interne et si le lieu de naissance figure dans les données pouvant faire l’objet de recherches par voie électronique conservées par l’Institution. C’est pour cette raison que le lieu de naissance n’a pas à être communiqué si, s’agissant du Titulaire du compte concerné : • l’Institution financière déclarante est tenue pour d’autres motifs de se procurer le lieu de naissance et de le communiquer en vertu de son droit interne ; et • le lieu de naissance figure parmi les information/données susceptibles d’être recherchée(s) par voie électronique qui sont conservées par l’Institution financière déclarante. 34. L’expression « information/données susceptibles d’être recherchée(s) par voie électronique » désigne les informations conservées par l’Institution financière déclarante dans le dossier de déclaration fiscale, le dossier principal du client ou tout autre dossier, et stockées sous la forme d’une base de données électroniques dans laquelle des requêtes standards dans des langages de programmation tels que le langage SQL peuvent être utilisées. Les informations, données ou dossiers ne sont pas susceptibles d’être examinés par voie électronique uniquement parce qu’ils sont stockés dans un système de recherche d’images (notamment s’il s’agit de documents en format PDF ou de documents scannés). L’expression « être communiqué » dans ce contexte ne porte pas sur les renseignements qui sont fournis uniquement sur demande. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 110 – Commentaires sur la section I Produits bruts 35. Le paragraphe F prévoit une exception au titre de l’année au cours de laquelle les renseignements doivent être communiqués. Il est parfois plus difficile pour les Institutions financières déclarantes de suivre des procédures destinées à obtenir le montant du produit brut total de la vente ou du rachat d’un bien. Au stade de la mise en application de la Norme commune de déclaration, les juridictions peuvent ainsi envisager, le cas échéant, d’imposer progressivement la communication du montant du produit brut total, auquel cas, les dispositions transitoires seront rédigées conformément au paragraphe F. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section II – 111 Commentaires sur la section II concernant les obligations générales de diligence raisonnable 1. Dans cette section, sont décrites les obligations générales de diligence raisonnable. Sont également traités le recours à des prestataires de services et les procédures alternatives de diligence raisonnable pour les Comptes préexistants. Paragraphes A à C – Obligations générales de diligence raisonnable 2. Un compte est considéré comme un Compte déclarable, aux termes du paragraphe A, à partir de la date à laquelle il est identifié comme tel en application des procédures de diligence raisonnable énoncées dans les sections II à VII. Lorsqu’un compte est un Compte déclarable, il conserve ce statut jusqu’à la date à laquelle il cesse d’être un Compte déclarable (notamment parce que le Titulaire du compte cesse d’être une Personne devant faire l’objet d’une déclaration ou parce que le compte devient un Compte Exclu, est clôturé ou est transféré dans son intégralité), même si le solde ou la valeur du compte est nul ou négatif ou même si aucun montant n’a été versé ou crédité sur le compte (ou au titre du compte). Lorsqu’un compte est considéré comme un Compte déclarable au regard de son statut à la fin de l’année civile ou d’une période de référence, les renseignements relatifs au compte doivent être communiqués comme si le compte était un Compte déclarable au titre de toute l’année civile ou période de référence pendant laquelle il a été identifié comme tel. Lorsqu’un Compte déclarable est clôturé, les renseignements relatifs au compte doivent être communiqués jusqu’à la date de clôture. Sauf dispositions contraires, les renseignements relatifs à un Compte déclarable sont transmis chaque année au cours de l’année civile qui suit l’année à laquelle se rattachent ces renseignements. 3. Les exemples suivants illustrent, de manière générale, l’application du paragraphe A : • Exemple 1 (Compte qui devient un Compte déclarable) : un compte est ouvert le 28 mai 00 et identifié comme un Compte déclarable le LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 112 – Commentaires sur la section II 3 décembre 01. Parce que le compte a été identifié comme un Compte déclarable au titre de l’année civile 01, les renseignements relatifs à ce compte doivent être communiqués pendant l’année civile 02 au titre de l’ensemble de l’année civile 01 et, par la suite, à un rythme annuel. • Exemple 2 (Compte qui cesse d’être un Compte déclarable) : les données factuelles sur le compte sont les mêmes que dans l’exemple 1. En revanche, le Titulaire du compte cesse, le 24 mars 02, d’être une Personne devant faire l’objet d’une déclaration et, en conséquence, le compte cesse d’être un Compte déclarable. Parce que le compte cesse d’être un Compte déclarable le 24 mars 02, les renseignements relatifs au compte n’ont pas à être communiqués pendant l’année civile 03, ni par la suite, sauf si le compte redevient un Compte déclarable durant l’année civile 03 ou durant une année civile ultérieure. • Exemple 3 (Compte clôturé) : un compte ouvert le 9 septembre 04 devient un Compte déclarable le 8 février 05, mais le Titulaire du compte clôture le compte le 27 septembre 05. Parce que le compte a été un Compte déclarable entre le 8 février et le 27 septembre 05 et a été clôturé durant l’année civile 05, les renseignements relatifs à ce compte (y compris à la clôture du compte) doivent être communiqués pendant l’année civile 06 au titre de la période de l’année civile 05 comprise entre le 1er janvier et le 27 septembre. • Exemple 4 (Compte qui cesse d’être un Compte déclarable et est clôturé) : les données factuelles sur le compte sont les mêmes que dans l’exemple 2, si ce n’est que le Titulaire du compte clôture le compte le 4 juillet 02. Parce que le compte cesse d’être un Compte déclarable le 24 mars 02, les renseignements relatifs au compte n’ont pas à être communiqués au titre de l’année civile 03. 4. Si le solde ou la valeur du compte fait partie des renseignements à communiquer, il est également utile à d’autres fins, notamment aux fins des procédures de diligence raisonnable pour les Comptes d’entité préexistants (voir paragraphes A et B, et alinéa E(1) et (2) de la section V) et des règles d’agrégation des soldes (voir alinéa C(1) et (2) de la section VII). Conformément au paragraphe B, le solde ou la valeur d’un compte doit être déterminée le dernier jour de l’année civile ou d’une autre période de référence pertinente. 5. Lorsqu’un solde ou un seuil de valeur doit être déterminé le dernier jour d’une année civile (voir notamment alinéa C(6) de la section III et paragraphes A et B de la section V), conformément au paragraphe C, le solde ou le seuil de valeur considéré doit être déterminé le dernier jour de la période de déclaration qui se termine à la fin de cette année civile ou pendant LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section II – 113 cette année civile. Si la période de déclaration se termine avec l’année civile, le solde ou la valeur considérée doit donc être déterminé au 31 décembre de l’année civile. Néanmoins, si la période de déclaration se termine pendant l’année civile, alors le solde ou la valeur considéré doit être déterminé le dernier jour de la période de déclaration, mais pendant cette année civile. Paragraphe D – Recours à des prestataires de services 6. Conformément au paragraphe D, chaque Juridiction peut autoriser les Institutions financières déclarantes à faire appel à des prestataires de service pour s’acquitter des obligations déclaratives et de diligence raisonnable qui leur sont imposées (une juridiction peut notamment autoriser les Institutions financières déclarantes à faire exécuter leurs obligations de diligence raisonnable par des prestataires de services), auquel cas elles doivent veiller à ce que les obligations qui leur sont imposées en application de leur droit interne soient respectées et elles en conservent la responsabilité (ce qui signifie notamment que les actions du prestataire de services sont imputées à l’Institution financière déclarante), y compris en ce qui concerne les obligations qui leur sont imposées en application du droit interne en matière de confidentialité et de protection des données. Cette disposition autorise une Institution financière déclarante à faire appel à un prestataire de services résident de la même juridiction qu’elle ou d’une juridiction différente. Par ailleurs, elle ne modifie en rien la date à laquelle elle doit s’acquitter de ses obligations déclaratives et de diligence raisonnable, ni la manière dont elle doit s’en acquitter, lesquelles demeurent identiques à ce qu’elles auraient été si l’Institution financière déclarante s’en acquittait pleinement elle-même. Le prestataire de services doit par exemple communiquer les renseignements de la même manière que l’Institution financière déclarante l’aurait fait (notamment les communiquer à la même juridiction) et il doit identifier l’Institution financière déclarante dont il remplit les obligations déclaratives et de diligence raisonnable. 7. L’exemple suivant illustre l’application du paragraphe D : une Entité d’investissement P est un fonds commun géré par un Gestionnaire de fonds M résident d’une Juridiction partenaire B et n’a pas le statut d’Organisme de placement collectif dispensé. La Juridiction partenaire B autorise les Institutions financières déclarantes à faire appel à des prestataires de services pour s’acquitter de l’ensemble des obligations que leur impose la NCD. Parce que l’Entité d’investissement P est une Institution financière déclarante dans la Juridiction partenaire B, l’Entité d’investissement P peut faire appel au Gestionnaire de fonds M pour s’acquitter de ses obligations de diligence raisonnable ainsi que de ses obligations déclaratives et autres obligations imposées par la NCD. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 114 – Commentaires sur la section II Paragraphe E – Procédures alternatives de diligence raisonnable pour les comptes préexistants 8. Conformément au paragraphe E, chaque Juridiction peut autoriser les Institutions financières déclarantes à appliquer (i) aux Comptes préexistants les procédures de diligence raisonnable prévues pour les Nouveaux comptes, et (ii) à appliquer aux Comptes de faible valeur celles prévues pour les Comptes de valeur élevée. Elle peut également autoriser les Institutions financières déclarantes à faire ce choix soit pour tous les Comptes préexistants concernés, soit pour toute catégorie de Comptes préexistants clairement identifiée (notamment en fonction du secteur d’activité ou du lieu où le compte est détenu). 9. Lorsqu’une Juridiction autorise l’application aux Comptes préexistants des procédures de diligence raisonnable prévues pour les Nouveaux comptes, les autres règles applicables aux Comptes préexistants restent en vigueur. Une Institution financière déclarante peut donc appliquer les procédures de diligence raisonnable aux Nouveaux comptes sans préjudice toutefois des dispositions applicables aux Comptes préexistants prévues aux paragraphes C de la section I, A de la section III et A de la section V, qui continuent de s’appliquer dans ces circonstances. En outre, conformément à l’alinéa B(1) de la section III, la déclaration d’une seule adresse de résidence pour un Compte de personne physique préexistant suffit pour satisfaire aux exigences déclaratives de la section I. LA NORME D’ÉCHANGE AUTOMATIQUE DE RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX COMPTES FINANCIERS EN MATIÈRE FISCALE © OECD 2014 Commentaires sur la section III – 115 Commentaires sur la section III concernant la diligence raisonnable pour les Comptes de personnes physiques préexistants 1. Dans cette section, sont décrites les procédures de diligence raisonnable applicables aux fins d’identification des Comptes déclarables parmi les Comptes de personnes physiques préexistants. Une distinction est faite entre les Comptes de faible valeur et les Comptes de valeur élevée. Paragraphe A – Comptes non soumis à examen, identification ou déclaration. 2.
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Nancy Université Nancy-II Campus Lettres et Sciences Humaines Ecole Doctorale « Langage, Temps, Société » U.F.R. des Sciences Historiques et Géographiques Département Sciences pour l'Action et le Développement Centre de Nancy Station de Mirecourt, Domaine du Joly 662, avenue Louis Joseph Buffet 88 500 Mirecourt 23 boulevard Albert Ier 54 000 Nancy THESE présent ée en vue de l'obtention du titre de DOCTEUR de l'Université de Nancy-II Spécialité : Histoire moderne par Fabien KNITTEL Mathieu de Dombasle Agronomie et innovation 1750-1850 Soutenue publiquement le 4 juillet 2007 Devant un jury composé de : Mme Simone MAZAURIC, Professeur d'épistémologie et d'histoire des sciences à l'Université de Nancy-II, directeur de thèse M. Jean-Pierre JESSENNE, Professeur d'histoire moderne à l'Université de Lille-III, codirecteur de thèse M. Marc BENOIT, Directeur de recherches à l'INRA, station SAD, Mirecourt, rapporteur M. Peter JONES, Professeur d'histoire de la France à l'Université de Birmingham (UK) M. Jean EL GAMMAL, Professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Nancy-II, rapporteur BREVIATIONS UTILISEES A. A. R. : Annales Agricoles de Roville A. E. : Annales de l'Est A. H. E. A. : Annales d'Histoire des Enseignements Agricoles A. H. R. F. : Annales Historiques de la Révolution Française Annales H. E. S. : Annales d'Histoire Economique et Sociale, puis Annales E. S. C. : Annales. Economies, Sociétés, Civilisations, enfin Annales H. S. S. : Annales. Histoire, Sciences Sociales A . D. M. M. : Archives Départementales de Meurthe- et- Moselle A. D. Mo. : Archives Départementales de Moselle A. D. V. : Archives Départementales des Vosges A. M. N. : Archives Municipales de Nancy A. N. : Archives Nationales B. M. N. : Bibliothèque Municipale de Nancy Cahiers E. S. R. : Cahiers d'Economie et de Sociologie Rurale CR. Acad. Agric. Fr. : Comptes rendus de l'Académie d'Agriculture de France E. G. S. : Etude et Gestion des Sols H. E. S. : Histoire, Economie, Société H. S. R. : Histoire et Sociétés Rurales I. N. R. A. : Institut National de la Recherche Agronomique J. A. T. : Journal d R H M C : Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine N. S. S. : Natures, Sciences, Sociétés Cette thèse est le fruit d'une réflexion pluridisciplinaire, et si j'ai pu la mener à son terme c'est grâce à l'écoute attentive et à l'aide prodiguée par mes trois co-directeurs. Je tiens à remercier madame le professeur Simone Mazauric qui m'a fait partager sa connaissance de l'épistémologie et de la philosophie des sciences me permettant d'enrichir mes réflexions sur le plan théorique. Marc Benoît, directeur de recherche à l'INRA m'a ouvert les portes de la station de recherche de Mirecourt dès mes premiers pas de chercheur, il y a maintenant presque 10 ans. Je lui dois une infinie reconnaissance pour m'avoir accompagné de sa bienveillance durant ces années : c'est à ses côtés que je suis devenu, peu à peu, chercheur. Mes remerciements sont aussi adressés à Jean-Pierre Jessenne qui, en quelques rencontres, très denses et fructueuses, m'a permis de renforcer mes compétences d'historien. Que les membres du jury, outre les trois co-directeurs, premiers lecteurs de ces pages, soient remerciés d'avoir accepté de juger ce travail : j'adresse donc toute ma gratitude à monsieur le professeur Peter Jones et monsieur le professeur Jean El Gammal. D'autres ont aussi manifesté de l'intérêt pour mes travaux de recherche. Georges Viard et François Roth ont soutenus les prémisses de mes réflexions d'historien en acceptant de diriger ma Maîtrise et mon DEA : j'espère que le présent travail saura trouver grâce à leurs yeux et que je me suis rendu digne de leurs enseignements en rédigeant les pages qui suivent. Paul Robin, s'est, lui aussi, tôt intéressé à mes travaux et a su m'orienter vers des pistes fécondes auxquelles je n'avais pas songé : merci à lui d'avoir joué le rôle d'éveilleur. Plusieurs ont su me faire confiance lorsqu'il s'est agit pour moi d'exposer mes idées, oralement dans le cadre de colloques ou par écrit dans des articles destinés à des revues scientifiques. Là encore Paul Robin m'a facilité la tâche ainsi que Christian Feller ou encore Jean-Paul Legros, que je remercie au même titre que Philippe Martin, Gérard Bodé, Michelle Cussenot, André Blouet, François Gaudin, René Bourrigaud, François Sigaut et Michel Sebillotte. Ils m'ont tous permis d'exposer, sous quelque forme que se soit, les premiers résultats de mes recherches. 5 INTRODUCTION Une biographie d'agronome « Il est aussi difficile de dire quand une science devient conjecturale que de dire quand un amas de grains de blé forme un tas. C'est une question de point de vue ». S. Hénin, De la méthode en agronomie, Paris, L'Harmattan, 1999, coll. « Ecologie et agronomie appliquées », p. 133. Mathieu de Dombasle (1777-1843) est un agronome lorrain qui jouit d'une grande renommée : sa statue se dresse au centre de la place Dombasle à Nancy, sculptée par David d'Angers en 1845. Détruite lors des deux Guerres mondiales elle a été restaurée à l'identique. Mathieu de Dombasle voûté, une plume à la main se tient debout, une charrue sans avant-train à ses pieds 1. En 1895, c'est Ernest Bussière qui réalise un monument en son honneur : le buste de Mathieu de Dombasle est toujours au centre de la place du village de Roville-devantBayon, contemplé par un paysan maniant la charrue, qui complète le monument 2. Plus récemment, le musée Mathieu de Dombasle et de l'enseignement agricole 3, inauguré en mai 1999, est un signe de la reconnaissance du monde agricole pour l'un de ses agronomes les plus illustres. A partir de là, il n'est pas étonnant que de nombreux travaux biographiques lui aient été consacrés, peu après sa mort, durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, et ensuite, de façon plus intermittente tout au long du XXe siècle 4. Ce n'est certes pas l'agronome le plus étudié. Pourtant un grand nombre de travaux, plus ou moins importants, lui ont déjà été consacrés : Mathieu de Dombasle n'est pas un inconnu, sa vie et son oeuvre, notamment ce qui apparaît comme son invention majeure et sur la quelle nous reviendrons de manière critique tout au long de cette thèse, la charrue sans avant-train dite charrue « Dombasle », sont connus des historiens ruralistes et des agronomes qui s'intéressent à l'histoire de leur discipline. Aussi, au seuil de notre étude, se pose la question de la pertinence d'une biographie supplémentaire. 7 passe du statut d'agronomie art à celui de science agronomique 6. Cette mise en contexte, ou plutôt en configuration au sens de Norbert Elias 7, est nécessaire et elle doit aussi permettre un changement de point de vue pour montrer la place qu'y a occupé Mathieu de Dombasle et comment son action d'agronome ordinaire a interagi avec l'ensemble de la configuration d'une agronomie en constitution 8. L'objectif de notre recherche est de montrer que Mathieu de Dombasle, pour célèbre et reconnu qu'il soit, ne détonne pas, c'est-à-dire que sa démarche d'agronome s'inscrit dans la continuité des agronomes des Lumières 9. Il n'empêche que, suivant ses aînés, il adopte une démarche innovante mais notre objectif est aussi de démontrer que celle-ci ne se trouve pas essentiellement, comme nous l'exposerons dans le chapitre III, dans la pseudo-invention de la charrue « Dombasle », mais bien plus dans l'ensemble de ses initiatives concernant la diffusion de ses idées et réalisations. L'action de Mathieu de Dombasle doit être comprise comme le passage d'une innovation technique à une innovation institutionnelle et organisationnelle. L'enseignement de l'agriculture, le développement des Sociétés d'agriculture des départements de la Meurthe et des Vosges, l'aire d'influence directe de l'agronome de Roville, la mise en place des concours de labour, réunions et autres comices agricoles sont au coeur de notre étude : c'est une mise en configuration nécessaire à la compréhension d'une trajectoire de vie individuelle qui entre en relation avec tout ce qui l'entoure et qui s'élabore à partir des liens construits avec des composantes de l'environnement social 10. Toutefois, étant donné l'importance de la charrue « Dombasle » dans le cheminement intellectuel de son concepteur, et même si l'on montre que ce n'est pas l'aspect le plus innovant de son action, une grande partie de notre travail est obligatoirement orientée vers l'analyse des techniques de 6 Gilles Denis expose clairement le processus d'institutionnalisation par phases de l' agronomie depuis les débuts de l'époque moderne : G. Denis, « Agronomie », in D. Lecourt (dir.), Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences, P. U. F., 1999, p. 24-29. On y revient dans le chapitre I. Cf. aussi A. J. Bourde, Agronomie et agronomes au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1967, 3 vol. et G. Denis, « Eléments pour une histoire de l'agronomie », l'Histoire rurale en France, Actes du colloque de Rennes (6-8 octobre 1994), Histoire et Sociétés Rurales, 1995-3, p. 8 travail du sol 11. Le labour est l'action la plus commune de ce travail du sol qui consiste à retourner la bande de terre travaillée ou, pour reprendre les mots de l'abbé Rozier, « couper, diviser, renverser et ameublir la terre » 12. La charrue, instrument aratoire équipé d'un coutre, d'un soc et d'un versoir qui, respectivement, coupe verticalement, puis horizontalement la bande de terre travaillée, avant de la retourner, est un « symbole de l'agriculture » 13. Pourtant, aujourd'hui, dans le monde, cette technique est de nouveau mise en question par certains agronomes 14. Dans l'optique de l'agriculture durable 15, le labourage, trop intensif parfois il est vrai, est jugé néfaste pour les sols 16. Nombreux sont alors les agriculteurs qui adoptent le semis-direct ou technique dite du non-labour 17. Ce n'est pas une technique nouvelle apparue avec la notion d'agriculture durable mais une pratique mise en oeuvre dès les années 1930 aux Etats-Unis d'Amérique et qui consiste à cultiver les parcelles sans jamais retourner le sol. Les résidus des récoltes sont abandonnés sur le champ, se décomposant progressivement, en attendant les nouveaux semis. Cette technique permet de préserver les sols en prévenant une érosion trop intense et les problèmes de ravinement, mais elle est loin d'être une panacée. En effet, les adventices se multiplient sur les champs non labourés et le problème du désherbage se pose. La productivité du sol est alors menacée si l'on n'a pas recours au désherbage chimique, avec des quantités d'autant plus fortes et une fréquence importante puisque aucune mauvaise herbe n'a été détruite par un travail du sol. Si Dans cette histoire d'un homme qu'est la biographie il est impossible de prendre en considération tous les aspects de sa vie : on se doit de problém atiser l'étude. Ici, c'est la carrière d'agronome qui est centrale et qui nous permet de réaliser un portrait de l'agronome Mathieu de Dombasle. François Dosse a raison de préciser que « la vie elle-même est un tissage constant de mémoire et d'oubli. Penser tout ramener à la lumière est () à la fois l'ambition qui guide le biographe et une aporie qui le condamne à l'échec ». F. Dosse, Le pari bi ographique . Ec rire une vie, Paris, La Découverte , 2005 , p. 57. 12 Abbé Rozier, Cous complet d'agriculture, 1783, t. 3, p. 53. 13 S. 9 l'on abandonne le labourage, la lutte contre l'ivraie risque d'être exclusivement la mise en oeuvre de protocoles de désherbage fondés sur l'apport de produits chimiques. Des solutions alternatives existent mais elles sont encore peu répandues : le « nettoyage » du sol s'effectue principalement grâce au labour ou à l'apport de désherbant chimiques. L'utilisation simultanée des deux techniques semblerait une approche modérée s'intégrant dans une démarche de « durabilité ». L'élimination pure et simple du labourage, technique pluriséculaire et emblématique de l'agriculture, interroge et nous amène à nous questionner sur les motivations réelles de cet abandon tant il nous semble évident que le rejet d'une technique entraîne le recours plus ou moins intensif à une autre ou, si ce n'est pas le cas et si l'abandon du labour n'est pas suivi d'une augmentation du désherbage chimique, le risque est pris de faire diminuer la production et de mettre ainsi en péril la survie économique de l'exploitation agricole et, plus globalement, l'approvisionnement alimentaire. Si le labourage est aujourd'hui parfois décrié, ainsi que la mécanisation (excessive?) de l'agriculture, la technique de labour, qu'elle soit à bras, tractée ou mécanisée, reste cependant la plus usitée par des milliards d'agriculteurs à travers le monde et ce depuis les « origines » de l'agriculture 18. Alors qu'actuellement les agronomes s'interrogent surtout sur les techniques de simplification de travail du sol, ce travail du sol était déjà central dans les préoccupations des agronomes de l'époque pré-industrielle 19. Les techniques de labour ne font pas partie des préoccupations au coeur des travaux récents des agronomes et les recherches agronomiques concernant le travail du sol sont assez souvent anciennes 20. Pourtant c' est un aspect du questionnement d'ordre agronomique qui tend à revenir au centre des préoccupations de certains agronomes, notamment lorsqu'il s'agit d'agriculture biologique. Retracer l'histoire de l'agronomie du travail du sol et expliquer le passage d'une préoccupation constante à la recherche d'alternatives nouvelles est un projet bien vaste auquel il faudrait consacrer beaucoup de temps et, sans doute, plusieurs ouvrages. Aussi, face à la gageure qui consiste à s'interroger sur le passage d'une phase d'intérêt des agronomes pour ce 18 A.G. Haudricourt, M. Jean-Brunhes Delamarre, Homme charrue du Roudart, Histoire des agricultures du monde, du néolithique à la crise contemporaine, Paris, Le Seuil, 1997, rééd. Coll. « Point histoire », 2002. 19 Et encore aujourd'hui : « le labour reste en Europe, malgré son coût, une opération clé dans l'itinéraire technique (destruction des adventices, incorporation de matières organiques, dilution des pesticides phytotoxiques, amélioration de l'état physique [du sol]). » J. Caneill, Du champ cultivé au bassin d'approvisionnement ; contributions méthodologiques à une ingéniérie agronomique, Thèse INA-PG, 1993, dactylographiée, t. I, p. 22. 20 S. Hénin (S.), Gras (R.), Monnier (G.), Le profil cultural. L'état physique du sol et ses conséquences agronomiques, Paris, Masson, 1969, 2e éd. Cf. aussi Dalleine (E.), Les façons en travail du sol, Etudes du CNEEMA, 5 tomes, 1977-1980 10 travail du sol et de promotion de celui-ci à une phase de critique et de mise en cause des techniques culturales de travail du sol nous avons choisi ici d'étudier un moment de la première phase où les agronomes promeuvent le travail intensif du sol, via l'amélioration du labour, entre 1750 et 1850, siècle d'émergence d'une science agronomique 21. Comme souvent en histoire des sciences, les premiers travaux historiques sont surtout l'oeuvre des scientifiques, ici les agronomes eux-mêmes 22, hormis la remarquable thèse d'Etat de l'historien André-Jean Bourde qui a paru à la fin des années 1960, et qui dresse un magistral tableau de l'agronomie au XVIIIe siècle 23. Cependant cette oeuvre, pour remarquable qu'elle soit, reste exceptionnelle, bien entendu de par sa portée scientifique, mais aussi par le fait qu'il existe peu d'autres travaux d'histoire de l'agronomie : « l'histoire de l'agronomie n'a suscité en France qu'un intérêt fort inégal. Certes, les historiens du monde rural ont toujours utilisé les écrits agronomiques des époques sur lesquelles ils travaillaient. Mais les traditions agronomiques proprement dites, c'est-à-dire les connaissances ellesmêmes, leur statut, leur élaboration et leur transmission, ont été relativement peu étudiées » 24. Champ d'étude nouveau, peu à peu étudié par les historiens, l'histoire de l'agronomie est un domaine de l'historiographie qui réclame une approche transversale associant plusieurs disciplines : histoire, essentiellement rurale mais aussi histoire des sciences et des techniques, agronomie, épistémologie, philosophie des sciences et, enfin, sociologie des sciences 25. Il est vain de vouloir prétendre atteindre une maîtrise de spécialiste dans tous ces domaines du savoir. 11 voisines, et éviter les erreurs d'interprétation. Maxime Rodinson indique à raison, même s'il occulte les raisons historiques de la formation des disciplines, que « toutes les frontières entre les spécialités sont artificielles, au moins à l'intérieur de vastes ensembles comme les sciences humaines et sociales » 26. Par exemple, les apports de la « nouvelle sociologie des sciences » nous offrent un cadre théorique et une méthodologie renouvelés très féconds pour l'investigation historique des sciences 27. Le principe de symétrie, issu du « programme fort » de D. Bloor, dans l'étude historique des sciences, et de la science agronomique en particulier, a facilité la compréhension du processus d'institutionnalisation : même les théories fausses, comme celle de l'humus de Thaër et diffusée par Mathieu de Dombasle, sont des étapes importantes dans le processus scientifique 28. Néanmoins, nous nous gardons bien de nous limiter à l'approche socio-constructiviste, la sociologie des sciences est partagée entre plusieurs courants et le recours à d'autres approches ou méthodes n'est pas à exclure 29. La pensée de Pierre Bourdieu (souvent critique à l'égard de la « nouvelle sociologie de la science ») est riche de ressources pour qui veut comprendre les liens entre divers groupes sociaux 30. Même si les catégories sociales sont différentes selon les époques, l'apport théorique de la notion de champ et de celle de capital symbolique est indéniablement utile à l'historien 31. L'histoire rurale, notamment les aspects agraires de cette histoire, a été en vogue dans les années 1945-1970 32. A cette époque plusieurs grandes thèses ont paru, monographies régionales le plus souvent, assurant le prestige d'une « discipline noble » au sein de l'historio française, s'inscrivant dans le courant de l'école des Annales à la suite de 26 M. Rodinson, De Pythagore à Lénine. Des activismes idéologiques, Paris, Fayard, 1993, p. 8. M. Dubois, La nouvelle sociologie des sciences, Paris, PUF, 2001, coll. « Sociologies » ; cf. N. Jas, Au carrefour de la chimie et de l'agriculture, les sciences agronomiques en France et en Allemagne, 1840-1914, Paris, EAC, 2001 qui utilise cette approche pour son étude de la « conquête » de l'agronomie par la chimie dans la seconde moitié du XIXe siècle et la plupart des travaux de Bruno Latour, comme B. Latour, Pasteur : guerre et paix des microbes, Paris, Métailié, 1984, rééd. La Découverte, 2001. 28 Sur la théorie de l'humus cf. Ch. Feller, « La matière organique des sols. Questions, concepts et méthodologie », C. R. Acad. Agric. Fr., 1997, 83, n° 6, p. 83-98. 29 Cf. Th. Bénatouïl, « Critique et pragmatique en sociologie. Quelques principes de lecture », Annales H. S. S., mars-avril 1999, n°2, p. 281-317. 30 P. Bourdieu, Science de la science et réflexivité, Paris, Raisons d'agir, 2001, coll. « cours et travaux », p. 4147 ; Id., Méditations pascaliennes, Paris, Le Seuil, 1997, coll. « Liber », p. 133-134. 31 Concernant la sociologie de P. Bourdieu, le travail de « traduction » a déjà été effectué par nombre d'historiens, parmi lesquels, par exemple, Christophe Charle ou G. Noiriel : Ch . Charle , Les él ites en France, 1880-1900, Paris, Fayard, 1987 ; Id., Naissance des « intellectuels », 1880 -1900, Editions de Minuit , 1990 ; Id., La République des universitaires, 1870-1940, Paris, Le Seuil, 1995 ; Id., « Les références étrangères des universitaires. Essai de comparaison entre la France et l'Allemagne, 1870-1970 », Actes de la recherche en sciences sociales, n°148, juin 2003, p. 8-19 G. Noiriel, Penser avec, penser contre. Itinéraire d'un historien, Paris, Belin, 2003, p. 147-170. 32 J. L. Mayaud, « Une histoire rurale éclatée (1945-1993). La France au XIXe siècle », La Terre et la cité, Mélanges offerts à Ph. Vigier (textes réunis par A. Faure, A. Plessis, J. Cl. Farcy), Paris, Créaphis, 1994, p. 2131. 27 12 l'oeuvre pionnière de Marc Bloch 33. A la même époque, l'intérêt des chercheurs des autres sciences humain , comme la sociologie ou l'ethnologie, redouble pour les études rurales. C'est d'ailleurs à ce moment (en 1961) qu'est fondée, sous l'autorité conjointe de l'historien médiéviste Georges Duby et du géographe Daniel Faucher, la revue pluridisciplinaire Etudes rurales, puis quelques années plus tard, en 1974, l'Association des Ruralistes français 34. Au sein de cette histoire rurale, véritable courant de l'historiographie française, l'histoire de l'agronomie ne bénéficie que de la portion congrue. A tel point que certains avancent l'idée que la thèse d'A. J. Bourde, si complète mais néanmoins point de départ, aurait inhibé, du fait de son ampleur (plus de 1 700 pages), la recherche historique dans ce domaine. Cela revient à donner beaucoup d'influence à un seul ouvrage et nous semble illustrer un refus d'identifier les causes d'une telle situation, sans doute plutôt à rechercher dans la difficulté de s'affronter à un sujet d'étude peu en vogue à une époque où les écoles historiques, celles des Annales, puis la nouvelle histoire, mettent en avant l'approche quantitative pour étudier les masses paysannes, reléguant quelque peu l'histoire non sérielle à la « marge ». L'histoire de l'agronomie est avant tout l'histoire des agronomes, de leurs travaux de recherches, de leurs découvertes, de leurs échecs et des institutions au sein desquelles ils oeuvrent. La série, certes parfois utile en ce domaine aussi, n'est pas au coeur de la démarche de l'historien de l'agronomie. Le phénomène de « mode » ou d' « école » n'explique pas tout mais apparaît parfois comme un des facteurs déterminants 35. On peut encore souligner le handicap pour l'histoire des sciences que représente la nécessaire familiarisation (sans aller jusqu'à évoquer une double compétence) de l'historien avec la science qu'il étudie. Ce dernier point explique pourquoi, pendant longtemps, l'enseignement et la recherche en histoire des sciences ont été effectués par des spécialistes de la discipline scientifique étudiée, fréquemment retraités ou en fin de carrière, l'histoire de la discipline n'étant pas jugée (malheureusement) comme une 33 M. Bloch, Les Caractères originaux de l'histoire rurale française, Oslo, 1931, rééd., Paris, A. Colin, 1999, préface P. Toubert. Entre autres, P. Goubert, Beauvais et le beauvaisis de 1600 à 1730. Contribution à l'histoire sociale de la France du XVIIe siècle, Paris, .H.E.S.S., 1960, 2 vol. ; A. Poitrineau, La vie rurale en BasseAuvergne au XVIIIe siècle (1726-1789), Paris, P.U.F., 1965 ; E. Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Paris-La Haye, SEVPEN, 1966, 2 vol. ; A.J. Bourde, Agronomie et agronomes au XVIIIe siècle, op. cit. ; R. Hubscher, L'agriculture et la société rurale dans le Pas-de-Calais, du milieu du XIXe siècle à 1914, Arras, Mémoire de la commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, t. XX, 1979, 2 vol. Bibliographie plus complète in J. M. Moriceau, La Terre et les paysans aux XVIIe et XVIIIe siècles, Guide d'histoire agraire, Rennes, P.U.R., Association d'histoire des sociétés rurales, « bibliothèque d'histoire rurale, 3 », 1999, p. 70-87 et G. Pécout, « Les campagnes dans l'évolution socio-politique de l'Europe (1830-fin des années 1920), H. S. R., 2005-23, p. 11-64, 2e partie, H. 36. Aujourd'hui, cependant, cette situation tend à changer et cet enseignement est de plus en plus prodigué par des spécialistes de l'histoire et de l'épistémologie des sciences. Par la suite, durant les années 1980-1990, la place de l'histoire rurale au sein de l'historiographie s'est normalisée suivant « les inflexions majeures de l'école historique française » 37. On a pu entendre évoquer une crise de l'histoire rurale pendant les années 1980. Or, ce constat ne semble pas fondé tant l'édition en histoire rurale a conservé toute sa vigueur 38. Le sentiment de crise est sans doute lié au fait que l'histoire rurale n'a plus le statut privilégié qui la caractérisait dans les années 1950-1970, où nombre de thèses concernaient le monde rural 39. Cette situation est à rapprocher du sentiment général de « crise » de l'histoire qui prévaut alors : les thématiques de recherche se sont multipliées d'où l'impression d'un « émiettement » du savoir historique, et pour les ruralistes, l'impression que la place accordée à leur objet de recherche est de plus en plus restreinte 40. En fait c'est la compétition, c'est-àdire la concurrence entre les thématiques de recherche qui est devenue plus sévère. Toutefois, pour certains, à contre-courant, cette situation est une preuve du dynamisme de la discipline. On peut donc suivre Jean-Luc Mayaud qui, optimiste, note qu' « en définitive, vers 1980, l'histoire rurale semble triompher de la crise que connaît son objet, et survit à la fin des paysans » 41. En effet, la recherche et l'édition en histoire rurale sont bien plus florissantes que la statistique du nombre d'exploitants agricoles en France en constante diminution. Cet optimisme est confirmé actuellement par une sorte « renouveau » (si l'on concède une forme de crise dans les décennies précédentes) depuis le milieu des années 1990, avec la création de l'Association Histoire et Sociétés Rurales en 1993, conjointement à la naissance d'une nouvelle revue spécialisée : Histoire et Sociétés Rurales. La multiplication des publications, la création d'une collection, « Bibliothèque d'histoire rurale », par les Presses 36 C. Salomon-Bayet, « L'histoire des sciences et des techniques », F. Bédarida (dir.), L'Histoire et le métier d'historien en France, 1945-1995, MSH, 1995. D. Lecourt, l'Enseignement de la philosophie des sciences, Rapport au ministre de l'éducation nationale de la recherche et de la technologie, 1999. 14 universitaires de Rennes et l'Association Histoire et Sociétés Rurales, la multiplication des colloques d'histoire rurale achèvent de convaincre d'un regain de vigueur 42. Aujourd'hui, donc, le champ de recherche est dynamique mais aussi diversifié où s'entrecroisent de multiples thématiques parmi lesquelles l'histoire de l'agronomie qui, elle aussi, est en plein essor. En effet depuis quelques années des thèses sont soutenues dans ce domaine et des colloques s'interrogent sur cette histoire nécessaire à la compréhension de la structuration dans le temps de la discipline 43. Les agronomes du passé, des antiques à Olivier de Serres, puis Duhamel du Monceau entre autres, ou encore Justus von Liebig, et leurs oeuvres, n'ont pas été ignorés par la recherche historique des soixante-dix dernières années mais ils ont été uniquement utilisés dans le cadre de travaux d'histoire agraire plus globale 44. L'agronomie de l'époque moderne a cependant été plus étudiée, sans doute du fait du débat autour d'une « prétendue Révolution agricole » au XVIIIe siècle et de la suprématie supposée de l'agriculture anglaise de l'époque par rapport à l'agriculture française 45. Pour autant, seule la thèse d'A. J. Bourde apparaît, 42 J. M. Moriceau, Terres mouvantes, op. cit., p. 427. L'Histoire rurale en France, Actes dans Histoire et Sociétés Rurales, 1995, 3, op. cit. ; Les enjeux de la formation des acteurs de l'agriculture, 1760-1945, colloque ENESAD, 19-21 janvier 1999 ( Act es : Dijon, Educagri, 2000) ; Col loque international Autour d' Olivier de Serres : pratiques agricoles et pensée agronomi que, du néolithique aux enjeux actu els, 27 -29 septembr e 2000 Actes : Comptes rendus de l'Académie d'agriculture de France, vol. 87, n° 4, 2001 et Presses Universitaires de Rennes/A.H.S.R., 2002, coll. « Bibliothèque d'histoire rurale, 6 »). 43 G. Comet, Le paysan et son outil. Essai d'histoire technique des céréales (VIIIe-XVe siècles), Paris/Rome, Ecole française de Rome, 1992 ; G. Denis, Les maladies des plantes de 1755 à 1807, controverses et dominances, Thèse d'histoire des sciences et des techniques, Paris I, 1994 ; P. Reignez, L'outil agricole en France du Xe au XVIIe siècle, Thèse d'histoire des sciences et des techniques, E.H.E.S.S., 1997 (éd. Errance, 2002) ; N. Jas, Au carrefour de la chimie et de l'agriculture, les sciences agronomiques en France et en Allemagne, 1840-1914, Paris, EAC, 2001 M.-C. Amouretti, F. Sigaut (dir.), Traditions agronomiques européennes. 15 comme on l'a déjà écrit plus haut, comme le seul véritable travail d'histoire de l'agronomie proprement dit, c'est-à-dire, non pas une réflexion d'histoire agraire fondée sur les écrits des agronomes, mais une recherche sur les agronomes eux-mêmes, sur leur discipline et la caractérisation de celle-ci. Démarche qui relève de l'histoire agraire mais, surtout, de l'histoire des sciences et des techniques et, en partie, de celle des institutions. Malheureusement, A. J. Bourde n'a pas été suivi et son magistral essai mérite encore d'être approfondi, enrichi et, pour certains points, réexaminé. Si l'histoire de l'agronomie a peiné à se développer, d'aucun nous objectera qu'il n'existe pas de réel intérêt pour ce domaine de recherche. A cela nous répondons qu'une demande existe, notamment chez les agronomes, soucieux de l'histoire et de l'épistémologie de leur discipline ainsi que l'on peut le constater, par exemple, à la lecture des discussions menées dans le cadre du colloque O. de Serres, en septembre 2000 46. A tel point que des agronomes ont entrepris de retracer l'histoire de leur discipline, comme Jean Boulaine, dont l'Histoire de l'agronomie est une première synthèse d'une histoire balbutiante, qui pose de nombreux jalons, mais qui, malheureusement, n'approfondit pas les pistes ouvertes par A. J. Bourde, et qui doit être regardée comme un point de départ. L'histoire de l'agronomie est donc un champ de recherche ouvert, encore peu exploré par les historiens, longtemps inclus et quelque peu « diluée » dans l'histoire rurale, qui tend à « s'autonomiser » et à devenir un domaine de recherche à part entière 47. Aussi, nous positionnons-nous ce champ de recherche neuf. Avant d'envisager une synthèse globale, l'histoire de l'agronomie a besoin d'être patiemment écrite et de se construire grâce à la multiplication de travaux, pointus et restreints, non pas dans le temps puisque, depuis Fernand Braudel, l'histoire s'écrit souvent sur la longue durée, ou la moyenne durée de l'ordre du siècle, afin de saisir les permanences, les changements lents et de mieux comprendre et interpréter les soubresauts de l'événement 48, mais dans l'espace et la thématique. Le temps des grandes synthèses, comme celles proposées par G. Duby et A. 16 plus récemment, n'est pas encore venu, et « comme une cathédrale au chantier interminable, l'édifice n'est pas encore terminé » 49. C'est pourquoi nous consacrons nos recherches à ce « territoire » encore peu exploré des historiens, et plus précisément en choisissant Mathieu de Dombasle pour porter une attention particulière au travail d'agronome sur le travail du sol. Ce choix, d'un améliorateur de charrue, est d'autant plus conforté que l'approche historique de la « modernisation des techniques de labour » est, d'après François Sigaut, un thème de recherche ouvert et fort important pour la connaissance des pratiques culturales et des systèmes de culture au XIXe siècle 50. C'est à partir des années 1750 que réflexions et études sur l'agronomie se multiplient. On assiste à un « véritable engouement éditorial » : Musset-Pathay, en 1810, dans sa Bibliographie agronomique (répertoire de 2078 titres concernant l'agronomie entre le XVe et le XVIIIe siècle), répertorie 130 ouvrages d'agronomie pour le XVIIe siècle et 1214 pour le XVIIIe siècle, dont la majeure partie est éditée après 1750 51. Une large part est consacrée à la charrue et aux techniques de labour. On constate un regain d'intérêt avec l'oeuvre de Duhamel du Monceau 52, élargissant les théories de l'agronome anglais Jethro Tull, qui fait du labour le « pivot » de l'« agriculture nouvelle » 53 : « une agriculture rationnelle scientifique et systématique » qui repose sur la culture des légumineuses (pois, vesce) et prairies artificielles (trèfle, sainfoin) en substitution à la jachère « morte » 54. Duhamel du Monceau prolonge ce système et crée la « nouvelle culture » fondée sur « le fréquent usage des la bours et l'épargne de la semence » 55. L'intérêt pour les techniques de labour n'est cependant pas né avec cette « agriculture nouvelle », le travail de la terre est au centre des préoccupations agronomiques depuis les origines, mais celui-ci s'est renouvelé. L'agriculture de Norfolk (Sud-Est de l'Angleterre) 56, décrite par J. Tull, dès 1731, dans son ouvrage Horse-hoeing 49 G. Duby, A. Wallon, Histoire de la France rurale, 4 t., Paris, Le Seuil, 1976, rééd. 1992, coll. « point histoire ». A. Moulin, Les paysans dans la société française : de la Révolution à nos jours, Paris, Le Seuil, 1988, coll. « point histoire ». Citation dans L. Wirth, Un équilibre perdu. 17 husbandry, dont les premiers volumes du Traité d'agriculture de Duhamel du Monceau sont la traduction, devient rapidement le modèle d'une agriculture moderne suivie par les grands propriétaires en France et en Europe 57. Ces apports provoquent un formidable intérêt pour les techniques de labour, c'est-à-dire pour les instruments de labour eux-mêmes, charrue et araire, mais aussi pour les pratiques du labour, et plus généralement du travail du sol. Un processus de réflexion et de tentative d'amélioration des techniques est alors engagé. Le travail du sol ne se résume pas au labourage, celui-ci n'en représentant qu'une partie. Le but du labour est de « diminuer le tassement, d'augmenter la proportion des vides, de séparer les éléments les uns des autres et de changer leur position respective dans le profil », mais ce n'est qu'un aspect du travail du sol 58. Une histoire de l'agronomie du travail du sol ne peut être restreinte seulement au travail du sol lui-même et aux conséquences pédologiques des techniques utilisées pour cultiver le sol. L'agronomie du travail du sol est bien plus large et tient compte des techniques mais aussi des outils, de la trace qu'ils laissent sur le sol ainsi que des hommes et des animaux qui travaillent ce sol, de l'organisation du travail au sein de l'exploitation agricole et, enfin, de la transmission et de l'amélioration des connaissances et savoir-faire dans ce domaine. Le hersage est une autre technique, et non des moindres, du travail de la terre. Il est difficile d'isoler le labourage des autres travaux du sol, et même si l'on insistera plus sur les techniques de labour, qui préoccupent davantage les agronomes des XVIIIe et XIXe siècles, nous souscrivons totalement à l'idée d'A. G. Haudricourt et de M. Jean-Brunhes Delamarre pour qui « l étude d'un seul instrument se trouve donc liée à celle de toutes les techniques et habitudes agricoles. Mais aussi à celle de tout l'environnement de l'outil et donc de l'homme » 59. Les techniques de labour sont intégrées dans des itinéraires techniques qui ne s'expliquent que globalement 60. Seules les techniques mettant en oeuvre des instruments de labour tractés seront ici prises en compte (les techniques de labours à bras sont donc exclues). Notre propos n'est pas d'écrire une histoire technique des techniques, néanmoins, nous aurons fréquemment recours au vocabulaire technique relatif au travail du sol et, surtout, au labour 61. On ne traitera pas des techniques de 57 L' « agriculture nouvelle » s'enrichit par la suite des réflexions d'autres agronomes tels que Buffon ou le Marquis de Turbilly (A. J. Bourde, op. cit., p. 238-253). 58 J. Boulaine , cité par G. Comet, op. cit. , p. 37. Sur le profil cultural cf. Infra chapitre III. 59 A. G.Haudricourt, M. Jean-Brunhes Delamarre, L'Homme et la charrue, op. cit., p. 55-56. 60 Sur le concept d'itinéraire technique cf. infra chapitre VIII. Voir aussi M. Sebillotte, « Analysing farming and cropping systems and their effects. Some operative concepts », J. Brossier et al. (dir.), Systems studies in agriculture and rural development. Paris, INRA éd., 1993, p. 273-290 et R. Gras, M. Benoît, et al., Le fait technique en agronomie. Activité agricole, concepts et méthodes d'étude, Paris, L'Harmattan / INRA éd., 1989, p. 54-55. 61 Cette histoire technique, concernant la charrue, est déjà, en partie comme pour la plupart des objets d'investigation historique, écrite : cf., entre autres, A. G. Haudricourt, M. Jean-Brunhes Delamarre, L'Homme et 18 labour en elles-mêmes, déjà étudiées par ailleurs, mais de l'élaboration et de l'évolution des réflexions que Mathieu de Dombasle a mené sur le travail du sol, perpétuant, d'une part, la tradition du XVIIIe siècle et devenant, d'autre part, initiateur d'expériences nouvelles. La réflexion autour de ce travail du sol permet de montrer les mécanismes de l'émergence de « nouveautés » techniques (terme pris ici dans un sens large et regroupant autant les techniques culturales nouvelles que les instruments aratoires perfectionnés et les innovations lles), de préciser selon quelles conditions les modifications techniques deviennent des innovations pour les acteurs 62 (les agronomes eux-mêmes et, plus largement, les praticiens de l'agriculture), puis de s'interroger sur l'importance de ces innovations dans le processus d'institutionnalisation de la science agronomique à la fin du XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle. Le comparatisme est de rigueur afin de bien comprendre les particularités ou les similarités de l'institutionnalisation, qui est un processus long et erratique, certainement pas linéaire, de l'agronomie par rapport aux autres sciences, par exemple la géographie qui est aussi une science « naissante » à cette époque 63. Suivant Pierre Bourdieu, on peut formuler l'hypothèse que les innovations techniques entraînent un surcroît de notoriété pour leur concepteur, donc renforcent la position (de pouvoir) de ce dernier à l'intérieur du champ dans lequel il est impliqué 64. L'agronome lorrain Mathieu de Dombasle a joué un rôle important dans l'histoire de la recherche agronomique sur le travail du sol, sur les instruments de labour et, plus encore, dans le développement de la transmission des savoirs et savoir-faire grâce à un Institut qui la charrue à travers le monde, op. cit. ; F. Sigaut, « Les conditions d'apparition de la charrue », Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée , t. XIX, 1972, 10-11, p. 442-478 ; F. Sigaut (dir.), Les hommes et leurs sols, Les techniques de préparation du champ dans le fonctionnement et l'histoire des systèmes de culture, Actes des journées d'étude « Agronomie-Sciences humaines » (5 et 6 juillet 1976), Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, n° spécial, vol. 24, 1977, 2-3, p. 67-281 ; G. Comet, Le paysan et son outil. Essai d'histoire technique des céréales (VIIIe-XVe siècles), Paris/Rome, Ecole française de Rome, 1992 La liste n'est pas exhaustive, nous n'avons sélectionné que quelques publications parmi une multitude qu'il est inutile de citer complètement ici . 62 Question qui intéresse aussi aujourd'hui les agronomes. Cf. J. Caneill, Du champ cultivé au bassin d'approvisionnement, op. cit., p. 24. 63 I. Laboulais-Lesage, Lectures et pratiques de l'espace. L'itinéraire de Coquebert de Montbret, savant et grand commis d'Etat (1755-1831), Paris, Champion, 1999. I. Laboulais-Lesage (dir.), Combler les blancs de la carte. Modalités et enjeux de la construction des savoirs géographiques (XVIe-XXe siècles), Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2004. J. L. Maigrot, « Au tournant des XVIIIe et XIX siècles, un ancêtre du développement agricole en Haute-Marne, Nicolas Douette Richardot, agriculteur à Langres », Colloque de l'Association bourguignonne des sociétés savantes, 55e congrès (1-3 juin 1984), Langres, 1986, p. 205-219. 64 La notion de champ est empruntée à la sociologie de Pierre Bourdieu qui la définit ainsi : « univers sociaux relativement autonomes () où des professionnels de la production symbolique s'affrontent, dans des luttes ayant pour enjeu l'imposition de principes légitimes de vision et de division du monde naturel et du monde social. », P. Bourdieu , Raisons pratiques. Sur la théorie de l'action, Paris, Le Seuil, 1994, coll. « points essais », p. 91 ; P. Bourdieu, « La spécificité du champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison », Sociologie et sociétés, VII, 1, mai 1975, p. 19 compte parmi les premières expériences française et européenne d'enseignement agricole 65. En effet, la charrue qu'il a élaborée, les ouvrages qu'il a rédigés sur la charrue 66, le labour, et plus généralement sur l'agriculture 67, la fabrique d'instruments aratoires et l'Institut de formation agricole qu'il a créés dans sa ferme-exemplaire de Roville-devant-Bayon sont autant d'innovations, ou présentés comme telles, dont nous ferons une étude privilégiée tant Mathieu de Dombasle occupe une place importante, mais non suffisante et non exceptionnelle (l'agronomie n'est pas liée à un seul homme) dans cette première phase d'institutionnalisation de l'agronomie. Que les agronomes s'intéressent au travail du sol, aux diverses manières de labourer, aux instruments aratoires et qu'ils tentent d'améliorer techniques et outils, n'est pas une démarche gratuite de leur part. Il existe une forme de « demande » qui émane des différents corps de la société 68. Lesquels et sous quelles formes cette ou ces « demande(s) » ont été formulée(s) sont des questions auxquelles nous nous efforcerons de donner réponses. Mais s'il est bien légitime de s'interroger sur les « moteurs » (sociaux, techniques et économiques) qui influencent les choix de travaux des agronomes, il est non moins légitime de se demander comment leurs travaux sont reçus, utilisés, voire critiqués ou rejetés, et par qui 69. Ces interactions socio-économiques, volontaires parfois, implicites la plupart du temps, doivent être analysées 70. Cette question des liens entre science agronomique et pratiques paysannes, posée depuis le XVIIIe siècle, « intéresse l'historien qui cherche à préciser l'impact entre monde rural, monde politique et monde scientifique, l'historien qui cherche à établir et comprendre les regards et les attitudes les uns des autres » 71. L'histoire des rapports entre les différentes catégories culturelles de la société est nécessaire. En choisissant l'agronomie 65 M. Benoît, F. Knittel, M. Cussenot, « Trois moments-clés de l'agronomie en Lorraine au XIXe siècle », J. F. Clément, F. Le Tacon (dir.), Sciences et techniques en Lorraine à l'époque de l'Ecole de Nancy, Actes des conférences données du 4 mars au 28 avril 1999 à la M.J.C. Pichon de Nancy, Nancy, M.J.C. Pichon éd., 2001, p. 225-239. 66 C. J. A. Mathieu de Dombasle, « Mémoire sur la charrue considérée principalement sous le rapport de la présence ou de l'absence de l'avant-train », extrait des Mémoires de la Société Royale et Centrale d'agriculture, Paris, Mme Huzard, 1821. 67 Principalement, C. J. A. 20 comme sujet d'investigations l'on est face à un « champ de rencontre entre une demande sociale, économique, politique, une pratique, un savoir paysan et des propositions scientifiques » 72. Les paysans sont au coeur des préoccupations de l'histoire de l'agronomie. Il n'existe pas de dichotomie simpliste opposant l'agronome, savant théoricien, au paysan, praticien de l'agriculture. Agronomie et agriculture sont intrinsèquement liées aussi bien que agronome et paysan, dont les relations complexes sont un élément clé de la compréhension de la structuration de la discipline agronomique. En même temps que l'on étudie les aspects techniques de l'agronomie du travail du sol, les liens, plus ou moins étroits, entre les « mondes » rural et scientifique sont examinés 73. Mais Pour l'historien de l'agronomie, le rôle des paysans est uniquement étudié par le prisme des relations qu'ils entretiennent avec les agronomes. Afin de saisir la configuration dans laquelle s'inscrit la démarche de Mathieu de Dombasle, nous développons l'étude de l'émergence de l'intérêt des agronomes pour le travail du sol à partir des années 1750 mais nous montrons aussi comment, pendant un siècle environ, le travail du sol conserve une place essentielle et, à travers l'exemple de ce thème de recherche, comment les agronomes entendent répondre aux impératifs de progrès et d'amélioration d'une agriculture qui n'est pas encore en mesure de pourvoir aux besoins alimentaires de la population. Il nous faut alors essayer d'évaluer si, pendant la période 17501850, siècle où les problèmes de subsistances tendent à devenir de plus en plus rares et où la population augmente, les propositions des agronomes en matière de travail du sol ont eu un impact bénéfique sur les progrès agricoles ou n'ont joué qu'un rôle mineur, voire aucun. Les déterminants des recherches et, de l'autre côté, la réception de ces dernières par ceux qui sont les plus à même de les faire fonctionner 74, sont les deux pôles principaux de notre réflexion qui nous amènent, par conséquent, à réfléchir à la place des innovations agronomiques comme facteurs de progrès. Le débat sur une éventuelle Révolution agricole n'est pas totalement clos 75. Si tout le monde admet les progrès indéniables de l'agriculture aux XVIIIe et XIXe siècles, les discussions portent encore sur l'ampleur des progrès, sur leur soudaineté et sur la chronologie de ces progrès. Loin de vouloir régler une telle question, nous souhaitons toutefois apporter des éclairages précis de manière à nourrir le débat historiographique. Aussi, allons-nous essayer de déterminer si l'agronomie du travail du sol a engendré des progrès 72 G. Denis, « Eléments pour une histoire de l'agronomie », op. cit. La dimension politique, certes importante, ne sera qu'effleurée ici car débordant l'objet que l'on se propose d'étudier. Cf. la fin du chapitre XII. 74 J. M. Moriceau, Terres mouvantes, op. cit., p. 251-260. 75 Cf. supra note 45. 73 21 significatifs pour les paysans. L'étude de la pénétration des « nouveautés » proposées par les agronomes aux praticiens et les moyens de diffusion de ces nouveautés permet de mesurer ces éventuels progrès. C'est un décryptage des mécanismes de diffusion d'un progrès technique du (des) concepteur(s) à (aux) l'utilisateur(s). Il faut en préciser les vecteurs, les modalités de passage (la nouvelle technique arrive-t-elle telle quelle jusqu'à l'utilisateur ou a-t-elle subi des modifications?) et la temporalité de la diffusion de l'innovation ; ou, à l'inverse, mesurer les facteurs de blocage qui gênent ou empêchent cette diffusion. L'exemple de Mathieu de Dombasle est un point d'analyse privilégié. Lorsqu'il affirme que « l'Institut [agricole de la ferme-exemplaire de Roville-devant-Bayon, fondé en 1826] et la fabrique d'instruments aratoires [fondée en 1823 au sein de la ferme-exemplaire] étaient les deux principaux moyens par lesquels devaient se propager les améliorations que l'établissement pourrait introduire dans les pratiques agricoles » 76, il s'inscrit dans une démarche de promotion des innovations techniques en direction des praticiens 77. Toutefois, lorsque l'on se place du point de vue des praticiens on n'a souvent pas la possibilité d'établir avec précision les usages des techniques proposées 78. Il est plus aisé d'analyser les mécanismes du travail agronomique, de la mise au point des techniques nouvelles, d'en appréhender les voies de diffusion que d'analyser les canaux de réception, surtout lorsque le public concerné correspond aux masses paysannes, souvent illettrées 79. Or, la France du Nord-Est est un « observatoire » privilégié étant donné le fort taux d'alphabétisation des populations paysannes à la fin de l'Ancien Régime 80. Cela signifie des potentialités de diffusion plus large de l'écrit, donc de l'information, même relayée par la culture orale. Dans tous les cas, il nous incombe aussi de nous interroger sur les « positions sociales » (et culturelles), au sein de la paysannerie, de ceux qui ont été les plus réceptifs, et, à l'opposé, de ceux qui l'ont été le moins, en passant peut-être par un « groupe » 76 Mathieu de Dombasle , A.A . R., t. IX, 1837, p. 31. Il nous faudra prendre garde aux mots utilisés et veiller au sens que les agronomes leur donnaient, notamment pour les termes praticien ou cultivateur par exemple. Cf. infra, chapitre I. 78 J. M. Moriceau, Terres mouvantes, op. cit., p. 239. 79 R. Chartier, Lectures et lecteurs dans la France d'Ancien Régime, Paris, 1982 ; J.M. Chevet, « Les transmissions des savoirs agricoles dans les processus de croissance agronomique et économique, 1650-1850, l'exemple de la région parisienne », Traditions agronomiques européennes : élaboration et transmission depuis l'Antiquité, 120e congrès des sociétés historiques et scientifiques, 23-29 octobre 1995, Aix-en-Provence, 1998. 80 L. Maggiolo, De la condition de l'instruction primaire et du maître d'école en Lorraine avant 1789, Paris, 1869 ; F. Furet, J. Ozouf, Lire et écrire, l'alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, éd. de Minuit, 1977, 2 tomes ; Id., « L'alphabétisation des Français : trois siècles de métissage culturel », Annales E.S.C., 1977, p. 488-502 ; R. Grevet, « Alphabétisation et instruction des populations rurales du nord de la France (milieu XVIIIe-début XIXe siècles) », La culture paysanne (1750-1830), Colloque du centre d'histoire culturelle et religieuse (24-26 mai 1993 ), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1993, t. 100, 4, p. 441453. Cf. infra, le chapitre VI où cet aspect est développé. 77 22 intermédiaire d'indécis 81. Là aussi, a priori les paysans les plus aisés sont aussi les plus instruits donc les mieux informés et les plus à même d'accepter des nouveautés et de les expérimenter, tandis que les plus démunis sont en marge des circuits du savoir et de l'information. Or, on peut se questionner sur leur attachement à l'habitude, la fameuse « routine » stigmatisée par les agronomes des XVIIIe et XIXe siècles, et parfois même par les historiens à leur suite, et sur leurs réticences à l'innovation et au changement 82. Enfin, la diffusion et la pénétration des « nouveautés » techniques est à mesurer en fonction des différents systèmes agraires et des structures d'exploitation : les modes d'appropriation des innovations varient en fonction des systèmes de culture des exploitations et des systèmes agraires dans lesquels elles s'insèrent. Cette dernière approche étant à croiser avec l'analyse du cheminement de l'innovation en fonction des positions sociales et culturelles. Bien entendu nous n'apporterons pas de réponses de portée générale, notre recherche reste circonscrite à un espace donné pendant une période de temps moyen d'un siècle. Le choix de la limite chronologique « haute » de notre sujet, vers 1750, ne se prête guère au débat, tant il a déjà été question dans nombre d'ouvrages, thèses, dictionnaires ou autres publications, de l'émergence du mouvement agronomique marqué par la publication des premiers volumes du Traité de la culture des terres de Henri Louis Duhamel du Monceau et, ensuite, par l'accélération de l'édition d'ouvrages d'agronomie 83. Daniel Roche évoque même un « tournant capital des années cinquante, soixante du XVIIIe siècle » 84. L'agronomie ne naît pas au milieu du XVIIIe siècle mais c'est un moment d'essor sans précédent. C'est donc là, lors de cette rupture, que nous avons choisi de débuter. D'ailleurs, lorsqu'il évoque la décennie 1750, Gérard Béaur insiste aussi sur le fait que c'est une « césure capitale dans l'histoire des campagnes françaises » 85. Cette décennie est une époque de bouleversements tant pour l'agronomie que pour une bonne part des campagnes françaises. Démêler l'écheveau des liens possibles entre les changements survenus dans les campagnes et ceux qui ent l'agronomie, repérer les rapports de causalité et déterminer le rôle moteur éventuel de 81 P. Diederen et al., « Innovation adoption in agriculture : innovators, early adopters and lag gard s », Cahiers E. S. R., n° 67, 2003, p. 29-50 et P. Raggi, F. Knittel, « Innovations à la mine et au champ : agronomes et ingénieurs des mines en Lorraine, XIXe-XXe siècles », CTHS, 130e Congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, Grenoble, 24-29 avril 2006, à paraître. 82 J. Mulliez, « Du blé mal nécessaire. Réflexion sur les progrès de l'agriculture de 1750 à 1850 », R. H. M. C., XXVI, 1, janv.-mars 1979, p. 3-47. 83 J. M. Moriceau, Terres mouvantes, op. cit., p. 426. 84 D. Roche, Les Républicains des Lettres. l'agronomie ou, au contraire l'absence d'influence de celle-ci, sont des pistes de recherche fécondes que l'on explorera sans les épuiser. Cependant, et s'il en fallait, une justification supplémentaire peut être apportée : c'est aussi à cette époque, dans les années 1750-1760, que le sens des mots agronome et agronomie, se fixent peu à peu dans la langue française. Autre signe d'une vigueur nouvelle d'une discipline scientifique en constitution 86. Les limites chronologiques ne sont pas fixées de manière stricte car l'on pense que l'histoire des idées scientifiques ne peut être entreprise dans un carcan temporel trop rigide, nous posons donc comme limite des périodes décennales, vers 1750 pour débuter, plutôt qu'une année précise. La rupture ne se fait pas toujours sur un pas de temps bref, elle peut aussi avoir lieu pendant une période étendue sur quelques années. La Révolution française en est un exemple, époque d'accélération du travail des savants et de « spécialisation des savoirs » 87. Le mot agronome ne s'est pas imposé immédiatement et il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour que le terme devienne réellement usuel, « lorsqu'une législation a créé () les institutions agronomiques » 88, terme d'une première phase d'institutionnalisation, débutée au milieu du siècle précédent. C'est aussi le terme de la présente étude, soit vers 1850, nouvelle époque de bouleversements pour la science agronomique confrontée à la concurrence de la chimie avec la mise au point des engrais chimiques 89. Marika BlondelMegrelis et Paul Robin, mettent en cause la rupture des années 1840 montrant qu'elle est le fait d'une reconstruction de Liebig lui-même qui, détenteur d'un pouvoir très important dans le champ scientifique de l' époque, a réussi à « occulter » les résultats de ses prédécesseurs, notamment de Saussure, afin de s'octroyer tous les bénéfices de ses « découvertes » 90. Néanmoins, le sentiment de rupture a existé à l'époque, c'est pourquoi l'on continue de penser, bien que les travaux de P. Robin et M. Blondel-Megrelis soient remarquables et précieux pour les nuances qu'ils apportent, que les années 1840-1850 représentent une rupture, plus ou moins importante, dans l'histoire de l'agronomie. Sur le plan scientifique la rupture est peu significative, et là nous rejoignons P. Robin et M. Blondel-Megrelis, mais sur le plan des représentations, cette période a été vécue comme rupture et présentée comme telle par la suite. Notre étude biographique de Mathieu de Dombasle s'étend donc de c.1750 à c.1850, première phase « du long processus d'émergence historique » 91 de l'agronomie au sein du champ scientifique de l'époque ; ce que Gilles Denis a appelé le « premier âge de la recherche agronomique (1750-1960) » 92, qui correspond à la « volonté d'améliorer et de développer la production et la transformation des produits agricoles » 93, et qui représente une première institutionnalisation de la discipline. L'influence de Mathieu de Dombasle est d'envergure européenne, mais pour certains chapitres nos analyses ont été restreintes aux départements de la Meurthe et des Vosges, espace d'influence directe de l'agronome de Roville et observatoire d'une grande richesse en raison de la diversité des systèmes agraires 94. L'histoire s'écrit en lien étroit avec des sources (présentées dans le chapitre I) qui sont citées ici avec l'orthographe d'origine et assez longuement car, comme François Sigaut, nous pensons qu'il n'est « rien de mieux que de relire les « grands ancêtres » de l'agronomie européenne () Ces hommes étaient pour la plupart de hautes intelligences, et dotés d'un esprit d'observation et d'un jugement sûrs. Aussi, plutôt que d'en donner de douteuses paraphrases, nous nous efforcerons de les citer aussi longuement que possible, limitant au maximum les pertes d'information qui accompagnent toute transposition, si honnête qu'elle soit » 95. L'objectif de cette thèse est de proposer, à travers une biographie d'agronome, dont nous précisons les fondements théoriques dans le premier chapitre, l'analyse d'un exemple singulier, en lien avec la configuration dans laquelle l'agronomie devient une discipline scientifique reconnue et institutionnalisée, permettant de préciser les modalités de définition des tâches de l'agronome, en insistant particulièrement sur le poids de l'innovation. 91 P. Bourdieu, Méditations pascaliennes, op. cit., p. 138. G. Denis, « Agronomie », op. cit. L'auteur considérant que ce que l'on appelle agronomie avant 1750 doit être considéré comme le préhistoire de l'agronomie. Cf. aussi, G. Denis, « Eléments pour une histoire de l'agronomie », op. cit. 93 Ibid. 94 Pour une définition de cette notion, complexe et par trop importante pour ne faire l'objet que d'une note de bas de page, cf. infra chapitre V. 95 F. Sigaut, L'agriculture et le feu : le rôle et la place du feu dans les techniques de préparation du champ de l'ancienne agriculture européenne, Paris-La Haye, Mouton, 1975, p. 5-6. 92 MATHIEU DE D OMBA SLE ET LA CHAR RUE SANS AVANT-TRAIN CHAPITRE PREMIER PROLEGOMENE CHOIX ET PARTIS PRIS METHODOLOGIQUES « Tout livre d'histoire digne de ce nom devrait comporter un chapitre ou, si l'on préfère, insérée aux points tournants du développement, une suite de paragraphes qui s'intituleraient à peu près : comment puis-je savoir ce que je vais dire? Je suis persuadé qu'à prendre connaissance des confessions, même les lecteurs qui ne sont pas du métier éprouveraient un vrai plaisir intellectuel. Le spectacle de la recherche, avec ses succès et ses traverses, est rarement ennuyeux. C'est le tout fait qui répand la glace et l'ennui » 1. Point de confession ici mais une approche qui se veut conforme au souhait de Marc Bloch, c'est-à-dire un exposé des méthodes, des démarches et des raisonnements qui permettent d'aboutir à la formulation des hypothèses. C'est pourquoi, nous consacrons ce chapitre à des questions pour une part théorique mais aussi très pratique avec une réflexion sur nos sources. Ce chapitre correspond aussi au « pacte biographique » que tout biographe passe avec son lecteur dans une sorte de « rite quasi obligé » où le « biographe fait part () de ses ambitions, de ses sources et de sa méthode » 2. 1 2 M. Bloch, Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, Paris, A. Colin, 1949, rééd. 1999, p. 23. F. Dosse, Le pari biographique, op. cit., p. 101 et p. 103-107. Mathieu de Dombasle : itinéraires biographiques, esquisses et hypothèses La biographie est un genre hybride, qui existe depuis l'Antiquité, à la frontière de l'histoire et de la littérature 3. Plutarque, avec ses Vies des hommes illustres 4, est considéré comme un des pères du genre. Perçu comme « mineur, confus, douteux », le genre biographique, paradoxalement, « jouit depuis deux millénaires, en Occident, d'un succès toujours renouvelé » 5. Du grec « écriture d'une vie », la biographie consiste à analyser le cours d'une vie humaine, « ce module existentiel fondamental » 6. Imaginaire ou romancée, la biographie appartient à la littérature mais, élaborée à partir des sources d'une vie rigoureusement critiquées, elle s'inscrit pleinement dans une écriture historique. Toutefois, histoire et biographie n'ont pas toujours fait « bon ménage ». Genre florissant à l'époque romantique en France, puis en vogue durant tout le XIXe siècle 7, la biographie a ensuite été dénigrée et rejetée par certains historiens comme étant une approche insatisfaisante, dénuée de légitimité « à dire » l'histoire. On y a vu l'influence de l'école dite des « Annales » issue des réflexions et travaux de Marc Bloch et Lucien Febvre 8. L'ostracisme du genre biographique par l'école des « Annales », très influente dans le monde historien durant les années 19501970, notamment avec des « figures » comme Fernand Braudel ou Ernest Labrousse 9 (qui développent les notions de longue durée et d'histoire sérielle) est nuancée par Christine Le Bozec qui relève, dans l'introduction de sa thèse consacrée à Boissy d'Anglas 3 Pourquoi écrire une biographie? Parce que l'Homme. L'Homme, l'être humain qui est au coeur de l'histoire et des préoccupations des historiens. Lieu commun de la pensée historiographique certes, mais il nous semble pourtant nécessaire de le rappeler ici en tête de ce premier chapitre : « le bon historien, lui, ressemble à l'ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier » (citation, M. B loch , Apologie, op. cit., p. 51).Voir D . Madelénat , La biographie, Paris, PUF, 1984, p. 20 et F. Dosse, Le pari biographique. Ecrire une vie, Paris, La Découverte, 2005, p. 57 et 70. 4 Edition de la Pléiade, 1951. 5 D. Madelénat, La biographie, op. cit., p. 10. Alors même que les mots biographe et biographie apparaissent tardivement dans la langue française, à la fin du XVIIIe siècle. 6 Ibid., p. 9 et 13. 7 B. Guenée, Entre l'Eglise et l'Etat. Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Age, Paris, Gallimard, 1987, p. 12 et F. Dosse, Le pari biographique, op. cit., chapitre II, p. 133 à 212. 8 Fondateurs en 1929 de la revue Annales d'histoire économique et sociale. 9 F. Dosse, L'histoire en miettes. Des « Annales » à la « nouvelle histoire », Paris, La découverte, 1987, rééd. en poche, coll. « Agora », 1997, p. 95 et s. 10 Ch. Le Bozec, Boissy d'Anglas, un grand notable libéral, FOL Ardèche, 1995. 28 Febvre, figure tutélaire des Annales, est l'auteur de plusieurs biographies dont Martin Luther, un destin (1925) 11. La réflexion historiographique ne peut donc être simplifiée à l'extrême et la place du genre biographique, ou des genres, car la biographie n'est pas une forme d'écriture monolithique de l'histoire, dans le courant de l'école des Annales puis de la nouvelle histoire 12 est sans doute à réexaminer. D'autant plus que durant les années 1980 nous avons assisté à un renouveau du genre biographique à l'origine duquel on trouve des tenants de la nouvelle histoire comme, par exemple, Georges Duby, qui fait paraître son Guillaume le Maréchal 13 en 1984 et, quelques années plus tard, en 1996, Jacques Le Goff, chef de file de la nouvelle histoire, publie un monumental Saint Louis 14. Les rapports entre l'Histoire, les historiens et le genre biographique sont donc complexes : il n'y a pas d'un côté les historiens des masses qui ont recours aux séries homogènes et analysées à partir des outils statistiques adéquats au service d'une histoire s'inscrivant dans le temps long ; et de l'autre des historiens de la particularité, de l'individu voire de l'individualité, préoccupés uniquement par les soubresauts des événements d'une vie unique. La situation est plus complexe, et s'est d'ailleurs complexifiée depuis l'époque dite de « renouveau » de la biographie historique 15. Aujourd'hui où l'on parle d'une « histoire en miettes » 16, période sans école dominante et où nombre de genres et d'approches cohabitent, la biographie historique est (re-)devenue une manière d'écrire l'histoire parmi d'autres, à fort potentiel éditorial (le grand public s 'est toujours passionné pour cette forme d'écriture de l'histoire) 17 mais peut-être pas encore toujours considérée à l'égal d'autres approches. Le genre biographique souffre encore actuellement de son « étiquetage » positiviste 18 alors que les biographies écrites actuellement n'ont guère de similitudes avec les histoires de grands hommes rédigées au début de la IIIe République 19.
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3) Médiation participative à un projet artistique Il existe des dispositifs de médiation plus originaux et ambitieux. Ces dispositifs vont convier le public à participer à la conception d'une oeuvre ou d'un projet avec l'artiste. Comme les décrivent Mairesse et Chaumier (Chaumier, Mairesse, 2017, p35) : "Dès lors, et dans l'absolu, le travail du médiateur ne vient pas en prolongement, comme approfondissement ou comme explication de texte du travail de l'artiste, il se situe ailleurs, pour produire fondamentalement autre chose." "() il est des cas où se croisent ces deux dimensions, lorsque l'artiste se voit plus ou moins contraint de jouer à la fois deux rôles, ou lorsqu'il les intègre dans sa démarche. La convergence peut même aller jusqu'à la confusion, l'interrelation jusqu'à l'imbrication, l'indistinction des deux démarches." Ces deux éléments seront décrits dans notre troisième partie avec le travail de Gilles Baron, chorégraphe et le travail de résidence présenté au Pavillon Blanc de Colomiers. Le studio 13-16 à Beaubourg Inauguré en 1977 avec une politique éducative à l'époque révolutionnaire, en lien avec des artistes, le Centre Pompidou a, tout au long de son histoire, cherché à innover en matière de médiation. Le studio 13-16, inauguré il y a quelques années, cherche à cibler un public spécifique – de 13 à 16 ans – particulièrement difficile à atteindre en dehors des programmes scolaires traditionnels. Les ateliers et animations particulières proposées par le studio, en lien avec les expositions, sont élaborées avec des artistes contemporains, et largement relayées par La Fabrique d'opéra La Fabrique d'opéra réalise des opéras coopératifs un peu partout en France, et notamment à Grenoble, pour sensibiliser de manière intergénérationnelle à l'art lyrique. Cela en investissant des lieux populaires et en invitant des jeunes de toutes origines à être acteurs de la production du spectacle. La médiation se fait naturellement par la participation. Source : www.lafabriqueopera.com 4) Médiation basée sur l'oeuvre "L'artiste exprime ce qu'il a à dire par son travail artistique, il doit suffire de le montrer pour emporter ou non la convi ction . Car l'oeuvre, quelle qu'elle soit, ancienne ou contemporaine, bonne ou mauvaise, exprime quelque chose." (Chaumier, Mairesse, 2017,p30) Ainsi, c'est le regardeur qui fait le tableau, selon la formule de Duchamp. On s'accorde sur l'idée selon laquelle l'oeuvre existe par son public. Dès lors, à quoi bon faire intervenir un médiateur en plus? L'artiste ne serait donc présent que pour accompagner le public vers son travail et entendre ou participer aux discussions provoquées ou non par son travail. 5) Médiation "militante" Si l'artiste crée, c'est généralement qu'il a quelque chose à exprimer. Un désir de traduire ce qu'il ressent plus ou moins confusément, avec plus ou moins de précision et de clarté, et de manière plus ou moins convaincante. L'artiste, en s'exprimant traduit des visions, des idées, des ressentis et entend parfois se mettre au service de quelque chose d'un idéal, d'une foi, d'une conviction. Association "Gaz à tous les étages" ( GaZ ) Une intervention artistique, intitulée « Gare aux Mouvements » (GaM), a été élaborée à par l'association suite aux mouvements de grève de 1995. Divers dispositifs ont été élaborés à partir de documents apportés par des sociologues et historiens. Ils consistaient à mettre en circulation des images sous forme de tracts énigmatiques et à diffuser des montages de sons (paroles, musiques, bruitage) par des systèmes portatifs ou à constituer des rassemblements « fictifs ». Les ouvriers étaient invités à participer à ces montages de sons.(Kellenberger S., 2006, p) Nombreux sont les artistes qui, par leur production interactive, impliquent le visiteur.6 Sans implication, pas d'oeuvre. L'art contempora in en fournit des exemples probants. Esthétique de l'interhumain, de la rencontre et de la proximité, il ne s'agit pas seulement de travailler les formes et d'interroger les tenants de la société de communication, mais d'inscrire l'art dans la vie, pour gommer les clivages et les coupures. 9) La place de l'artiste au sein de la structure L'intégration d'une résidence commence par un appel d'offres, défini par cette dernière, qui peut être un musée, un établissement scolaire, ou encore un hôpital, etc. Par la suite, l'artiste est sélectionné par un comité qui étudie son projet. Une fois cette étape validée, il va falloir mettre en place les modalités du séjour au niveau de la structure (espace, matériel, calendrier, ). Pour l'artiste, il y aura une préparation pour répondre aux attentes de la structure (calendrier, rencontres, ateliers, médiations, ). Cette phase préparatoire peut engendrer des questions, des formations, des apprentissages, des recherches et un réajustement du projet initial pour l'artiste et la structure. Face à ces engagements entre les deux parties, quels sont les éléments qui permettent à l'artiste de trouver sa place? Et quelles sont les actions qui vont permettrent à l'artiste d'atteindre ses objectifs? Quelques exemples de résidences vont illustrer cette problématique de la place de l'artiste et la relation avec la structure. Dans certains cas, les demandes de rencontres avec le public et de médiations impliquent de la part de l'artiste de développer des compétences nouvelles. Si le contrat de départ est clair, cela peut s'avérer complexe pour l'artiste, de s'organiser. Dans ces cas-là, il lui est possible, en partenariat avec la structure, de se préparer et de profiter des personnels de la résidence, de la documentation et d'un temps, pour préparer ses interventions. Alors, la structure devient une ressource pour l'artiste. Artiste : Marc-Antoine Mathieu Structure de résidence : Université de Tours François Rabelais Durant cette résidence d'écriture, Marc-Antoine Mathieu, auteur reconnu de Bande dessinée, doit animer des ateliers autour de l'image pendant une année scolaire (16 séances). Il a fallu une année de réflexion plus une autre année de préparation et de discussions pour finaliser cette résidence d'artiste. Ici, l'artiste s'est retrouvé sur un terrain étranger, mener une pratique longue et hebdomadaire avec une classe autour d'un sujet. Ce n'est pas une intervention ponctuelle. "() l'atelier allait le confronter à un type d'intervention et de prise de parole qui lui était étranger, celui de la pratique pédagogique." (Gerbier, 2014) Dans d'autres cas, l'artiste met à profit ses compétences pédagogiques, acquises précédemment, ainsi que son expérience pour répondre aux demandes d'animation de la structure. De ce fait, au moment de la sélection, les structures choisissent leur créateur en connaissance de cause (Cf. Troisième partie-La structure se doit de connaître la scène artistique). Artiste : L'Envoûtante Structure de résidence : L'Ampli (Agglomération Pau) Les deux musiciens de ce groupe de musique actuelle ont en parallèle de leur activité d'intermittent du spectacle, une pratique du métier d'animateur. Le chanteur notamment était animateur nature. Les deux artistes ont pratiqué et ont animé de nombreux ateliers d'écriture ou de composition musicale. La structure a pris l'habitude de les sélectionner lors de résidences pour intervenir sur des projets EAC complexes ou avec des publics à besoins particuliers (handicapés, difficultés d'insertion, ). Cette maîtrise permet à la structure de remplir ses objectifs en accueillant et accompagnant des artistes et en développant un lien social avec des publics empêchés sur des projets porteurs de sens. La place de l'artiste en résidence est paradoxale. Thierry Dufrêne, historien de l'art, souligne le caractère particulier d'une résidence d'artiste. En effet, cet espace est un lieu nouveau qui sort l'artiste de sa "zone de confort" et peut, par conséquent, perturber le travail de l'artiste. De plus, les relations de subordination peuvent aussi être un facteur inhibant. (Dufrêne, 2014, p147) On peut définir trois positions de l'artiste schématiquement : 1) L'artiste en décalage L'artiste est en décalage complet avec l'intervention et la rencontre avec les publics. Il préfère rester concentré sur sa pratique et évolue dans un univers fermé. Ce phénomène peut être exacerbé par la structure accueillante qui refuse que son artiste soit dérangé quel que soit le mode d'intervention (entretien, visite, reportage). Ces comportements peuvent s'observer particulièrement lorsque la durée du séjour en résidence est courte, car il préfère rester concentré sur sa création. Ainsi, l'animation des rencontres n'est pas son objectif prioritaire. 2) L'artiste engagé dans la médiation L'artiste s'engage dans le processus de médiation et de rencontres. Soit de son propre chef car il est dans une démarche d'apprentissage de ce mode de travail, et se pose en médiateur en devenir. Il est donc en formation, découvre et se pose des questions. Quelquefois au contraire, il peut se sentir obligé de porter de l'intérêt à la médiation car celle-ci est incluse dans son contrat. Il peut donc utiliser ces moments pour parfaire ses connaissances et expériences. 3) L'artiste en développement L'artiste utilise cette expérience dans son travail ou élabore une double activité qui lui permet de vivre grâce aux médiations tout en pratiquant son art. Il y a dans ce modèle une connexion : chaque activité nourrit l'autre. Cela peut se comparer à une symbiose dans le monde naturel. Cette rencontre est même un ferment, la base de son travail ou encore une opportunité pour tester d'éventuels projets artistiques. Il utilise ces moments pour engager le public dans son projet afin de construire une oeuvre unique à la taille de la résidence. Nous avons vu que le fait de s'intégrer à une structure est un travail en soi. L'appel à projet et les discussions en amont sont déterminantes pour faciliter l'intégration. La contractualisation des activités de rencontre avec le public en est un facteur important. L'artiste est obligé d'anticiper cet aspect de la résidence et se projeter dans ces activités. Alors que pour certains, c'est un aspect contraignant qui les éloigne de leur art, pour d'autres en revanche, c'est l'occasion de faire valoir leurs compétences et les mettre au service de la structure et de leur art. Dans ce cas, le rayonnement de la structure sera plus important et l'artiste pourra communiquer autour de son travail d'artiste et de médiateur (Cf. Troisième partie - L'artiste développe une oeuvre de médiation). 10) Les choix de la structure concernant la résidence Après nous être intéressés à la place de l'artiste, nous nous penchons à présent sur le rôle du porteur de l'offre. Les structures accueillant des artistes ne s'investissent pas sans projet. Celui-ci peut, comme celui de l'artiste, différer d'une structure à l'autre. Les partenaires de la structure qui participent à son financement sont souvent les mêmes (DRAC, représentations politiques locales, ministères, mécènes, ). Mais quels sont les choix de la structure concernant la venue d'un artiste? Puis, en quoi ces choix vont jouer dans la réussite d'une résidence? Et enfin, quels sont les bénéfices de telles pratiques pour la structure? 1. La sélection des projets et des types de résidences La résidence est mise en place à la suite d'un appel à candidature (thématiques, types de travaux, questions, ) ou d'un projet porté par un artiste. A partir du projet de l'artiste rédigé, va se mettre en place des questions autour de la logistique et de la faisabilité du projet (financier, matériel, temps, espace, ). Ce dernier, une fois défini selon les éléments cités en annexe 6, peut prendre la forme d'une charte donnant la définition de la résidence. Cette charte est établie par les différents partenaires de la résidence dont elle formalise l'engagement. Elle est utilisée pour établir la convention que signe l'artiste lorsqu'il entre en résidence (Cf. annexe 1). La charte est essentielle pour préparer la convention ou le contrat de résidence. Il faut qu'un cadre soit donné à chaque résidence et que son mode de fonctionnement fasse l'accord, dans la clarté et la transparence, entre des acteurs. 2. L'accompagnement de l'artiste dans sa formation "Le manque de formation initiale des enseignants pose question. L'éducation artistique et culturelle représente aujourd'hui un enjeu particulier au sein de l'offre nationale de formation continue. En 2013, elle est appelée à s'articuler étroitement à l'application de la nouvelle loi de programmation et d'orientation pour la refondation de l'école. De leur côté, les formations des artistes professionnels sont peu tournées vers la pédagogie."(Gibault, 2013) "En parallèle, le CESE [ Conseil économique, social et environnemental] préconise que les institutions culturelles soient chargées de développer des formations interprofessionnelles, techniques et didactiques, concernant les pratiques du spectacle , en direction de tous les intervenants de l'EAC, amateurs comme professionnels : enseignants, personnels éducatifs, artistes, animateurs, professionnels d'établissements culturels, élus et techniciens de collectivités. Au-delà des apports théoriques et techniques de la formation, la confrontation des enjeux, des modes de travail et des perspectives constitue un moteur pour l'émergence de projets innovants." (Gibault, 2013) "Les formations des artistes professionnels sont peu tournées vers la pédagogie. Or, l'enjeu principal réside dans la formation pour l'intervention en milieu scolaire. En effet, la demande de partenariat entre les établissements scolaires et les institutions culturelles est forte et doit être accompagnée d'une formation des artistes. Des actions sont donc mises en place pour les intervenants, qui peuvent être intégrées à la formation initiale ou organisées dans le cadre de la formation continue." (Gibault, Claire. «Pour une politique de développement du spectacle vivant : l'éducation artistique et culturelle tout au long de la vie», octobre 2013.) 3. Accompagner le projet artistique de l'artiste "Les résidences d'artistes qui se sont multipliées dans certains territoires (par exemple, Enfance, Art et Langages à Lyon, In Situ dans le département de la Seine-Saint-Denis, et dans l'Hérault le « collège saisi par les arts » analysé sur le temps long par une équipe de chercheurs de Lyon II conduite par Alain Kerlan) montrent que ce dispositi , délaissé à la fin des années 1990, peut être réinvesti et toucher un grand nombre d'élèves, à condition de prendre au sérieux la notion de résidence, et de laisser aux artistes et aux écrivains le temps long d'une présence significative et d'une véritable Rencontre." (Bordeaux, 2017) Du point de vue de la structure, la résidence est un dispositif de temps long : la préparation des dossiers pour financer l'accueil, les discussions autour du projet de résidence, la formation d'un jury de sélection, la rencontre des artistes, la préparation de la résidence et la communication, etc. Le rôle de la structure et de son équipe est essentiel dans la réussite de la mission de l'artiste. 11) Partenariats et financement de la résidence d'artiste Le dispositif de résidence d'artistes est encadré et financé majoritairement par l'Etat et les collectivités locales. Répondant aux politiques de décentralisation mises en place à partir des années 90, le partenariat avec les institutions publiques est un processus majoritaire en France. "Champ de liberté, objet de co-construction, force de partenariat, vecteur de liens sur le territoire avec les entreprises, les populations – notamment les plus fragiles –, mais aussi les jeunes en milieu scolaire, grâce à la permanence qu'elles instaurent, ces résidences représentent une clef importante de politique publique et se révèlent en être un ressort particulièrement dynamique." (Ministère de la Culture, 2019.) Contrairement à d'autres pays, l'Etat a encadré et développé ces financements pour des raisons politiques. Les structures que nous avons étudiées sont labellisées par le Ministère de la Culture, et sont privilégiées dans l'obtention d'aides. En parallèle à ces fonds publics, les structures utilisent d'autres moyens. Nous allons détailler quelques partenariats et sources financières afin de construire des projets de résidences d'artistes. « Actions culturelles et musiques actuelles princip aux résultats d'une enquête nationale », 2014. 1. L'état et les ministères "Le soutien accordé par l'État aux résidences d'artistes est multiforme et relève de politiques au pluriel ; il s'organise cependant autour d'une typologie définie dans le cadre 45 isation avoir des circulaires de 2006 puis 2016, développée et adaptée aux politiques interministérielles. Si le ministère tend à apparaître comme un « opérateur » parmi d'autres dans le cadre de cette politique ; il n'en joue pas moins un rôle essentiel de définition d'axes de politique." (Chevrefils Desbiolles, 2019, p4) Toutefois, les structures étatiques ont laissé les dispositifs décentrés et localisés en province afin d'encadrer ses subventions et assurer l'évaluation des dispositifs. L'implication du Ministère de la Culture, dans ces dispositifs, est rare et pointilliste et celle du Ministère de l'Education Nationale, via ses représentations départementales, est seulement celle de valider les projets engagés : dans le primaire, les projets artistiques ne sont pas financés par le Ministère). 2. La sacem (Société civile à but non lucratif) Dans le cadre des Musiques actuelles, la SACEM a une place importante dans le financement de projet de résidence et d ' EAC . Elle va débloquer des fonds7 pour des projets de développement des activités musicales dans des territoires désignés (zones sensibles, zones rurales, handicap, ). Ces fonds proviennent des prélèvements liés à la diffusion de la musique (concerts, diffusion radio et télé, streaming, ). En cette période de faible activité artistique et d'annulation des concerts et des festivals, les aides se trouvent diminuées fortement. Les structures se retrouvent avec un partenaire moins présent. François Besson, directeur de l'action culturelle de la SACEM, dans un entretien pour le site Lascène.com avoue que : "L'année 2021 est plus dure. La recette de la copie privée est en baisse de 10 % et celle liée aux irrépartissables de 13 %. Une fois pondéré, cela nous donne -11 %. Mais on augmente aussi les aides d'urgence, alors qu'on y avait mis 6 M€ l'année dernière. Nous serons à -27 % de moyens en soutien pour l'action culturelle" (Perrenou, 2021). Le responsable des actions culturelles de l'Ampli (Agglomération paloise), me confirme cette absence de subvention pour l'année 2021. 3. La région et la DRAC (Direction Régionale des Arts et de la Culture) "A partir des orientations et recommandations ministérielles, les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) ont développé des stratégies de soutien aux Les DRAC représentent la plus grande part des financements de résidences. Cette liberté est bienvenue car elle connaît bien les conditions et les acteurs locaux. Elle peut ainsi conduire une politique dépendant des recommandations nationales tout en gardant une main sur le levier local, afin d'élaborer des soutiens à des actions, des structures ou des artistes ciblés. Les structures font appel à ces fonds au travers de dossiers présentant le projet de résidence. 4. Les collectivités locales et le département Les collectivités locales sont les partenaires fidèles des structures de résidences. Elles fournissent souvent les lieux, les moyens techniques, les services de communication et des subventions pour en assurer le bon fonctionnement. Celles-ci vont intervenir sur des projets particuliers autours de certains publics cibles. Les politiques de la ville ou le travail avec les publics en situation de handicap, par exemple, sont des axes de travail que ces collectivités financent. Toutefois, le versant politique local peut être un frein au développement de certains acteurs locaux ou de certaines formes d'arts. 5. Les partenaires privés et le mécénat Le partenariat privé n'est pas développé de façon homogène: davantage dans le champ de la culture classique, que dans le secteur des musiques actuelles. Les structures associatives, elles, commencent à travailler sur ce sujet. Quant à la place du réseau des connaissances, elles aident à trouver de l'aide. Les politiques de défiscalisation permettent néanmoins de motiver ces mécènes. De nos jours, d'autres formes de financement émergent : les financements participatifs. Ces financements associent des citoyens et des projets via l'utilisation de plateforme internet. Dans le cadre de résidence, c'est encore anecdotique. 6. La structure et ses fonds propres et les usagers Les structures peuvent utiliser leur fond propre, issu des adhésions, des ventes au guichet ou des subventions de collectivités de tutelles. En quoi et comment l'artiste, dans sa place et son rôle en résidence, peut-il devenir un vé ritable levier dans la médiation auprès des publics? Les résidences sont un levier politique particulièrement adapté, non seulement pour soutenir la création, mais aussi pour produire de la solidarité avec les artistes et créer des relations vivantes avec les populations sur le territoire. Elles peuvent également contribuer à corriger des inégalités territoriales d'accès à la culture et de présence artistique. La résidence est alors dans ce cas, utilisée comme un outil de développement culturel. Pour terminer, ce dispositif permet un soutien à l'artiste résident. Les textes et les aides mises en place depuis 20 ans ont pour objet de mettre en place un cadre pour atteindre ces objectifs. L'artiste en résidence peut, de part les conventions signées, encadrer des rencontres avec les publics. Tout en concédant que la formation de ces derniers n'est pas encore très 8 L'association AAAR (Arts Visuels en Région Centre) établit une allocation de séjour à 1524 €/mois . développée, l a trouvé dans les structures de s formateurs. ) L'artiste trouve dans la résidence un moyen de se former et de développer des projets en lien avec les publics. Par conséquent, ces actions peuvent lui permettre de développer de nouveaux modes de médiation. La structure devient un bénéficiaire de ces évènements. La préparation en amont est indispensable pour que ces rencontres deviennent un moment de qualité. L'artiste doit connaître les éléments de base de la médiation devant un public ainsi que le public avec qui il interagit pour pouvoir développer une relation entre son projet et la rencontre. Dans ce cas, les rencontres restent des moments unique s qui permettent au public de partager des expériences de créateur, de visiteur, de lecteur ou de spectateur. La résidence devient alors un laboratoire dans lequel se développe une oeuvre mais aussi une relation avec un territoire et ses habitants. Loin des expositions-spectacles, cela permet à la structure de s'incarner dans un lieu, de développer sa visibilité, son dynamisme et ses relations avec d'autres partenaires (association, politiques, institutions publiques, marché de l'art). Le programme de la structure et sa communication sont marqués par ces moments de résidence. La venue de l'artiste est devenue un élément en lui-même, même s' il ne présente rien au public. Dans la première partie du mémoire, nous étayons les aspects des résidences d'artistes et nous développons notre problématique en étudiant les thématiques en jeu. Nous interrogeons les bénéfices induits par ce dispositif pour les structures et les artistes et les moyens à mettre en oeuvre pour développer des médiations par les artistes auprès des publics. Ce travail de médiation n'étant pas au coeur de leur métier, les questions autour des choix des artistes ou des structures, de l'accompagnement ou des réflexions à mener par eux seront centrales dans cette deuxième partie. Nous allons présenter notre méthodologie de recherche en décrivant les méthodes, le terrain et les publics en développant la pertinence de nos choix dans le but de répondre à notre problématique et valider ou pas nos hypothèses de travail. 1) L'analyse du terrain et de la population 1. Les structures d'accueil des artistes J'ai décidé d'étudier des structures artistiques différentes (une scène de danse et théâtre, une dédiée aux musiques actuelles et une médiathèque-centre d'art contemporain). Ce sont des institutions encadrées par des municipalités ou communautés d'agglomération importantes (Pau et Colomiers). La scène chorégraphique et l'association de musiques actuelles sont des structures labellisées par le ministère de la Culture chacune dans leur domaine. Cette pluralité va me permettre de mettre en place une analyse comparative des entretiens. Cette analyse qualitative sera couplée à une analyse quantitative via un questionnaire destiné aux élèves de l'Ecole des Beaux-Arts de Pau-Tarbes et de Toulouse. Ces structures accueillent des résidences de deux types essentiellement : résidences de création et des résidences participatives axées sur les créations en lien avec un public. ● L' Amp li L'association AMPLI oeuvre depuis 1983 sur le champ des musiques actuelles-musiques populaires. Elle est située depuis 2003 au centre de musiques actuelles (baptisé « La Route du Son » depuis 2009) au 50 Vincent Grézide - Mémoire Master Médiation et Médiatisation des Savoirs - 2021 sein du Pôle culturel Les Abattoirs à Billère. Le projet d'AMPLI a été labellisé SMAC (Scène de Musiques Actuelles) en 2012, label d'État qui fait l'objet d'une convention co-signée par la Communauté d'Agglomération Pau Béarn Pyrénées, le Département des Pyrénées Atlantiques, la Région Nouvelle-Aquitaine et l'Etat. L'Ampli tient une place importante dans le suivi des artistes locaux et la résidence est une des actions développées. La structure développe des liens avec des artistes et les accompagnent dans des activités d'EAC. Pour la structure, ce dispositif permet de répondre aux engagement attendus par les pouvoirs publics en ce qui concerne le développement artistique local et les animations culturelles au sein d'établissements publics. ● Espaces pluriels Dès l'origine, ce lieu a pour vocation de soutenir et de diffuser la création chorégraphique contemporaine et de favoriser les échanges entre les artistes et la population, toujours dans un souci de proximité et de décloisonnement. Espaces Pluriels scène conventionnée danse est une association Loi 1901 inscrite depuis 2003 dans le cadre du programme « Scène conventionnée » du Ministère de la Culture. Beau Pau et Toulouse Née de la réunion des écoles d'art de Pau et de Tarbes, l'École supérieure d'art et de design des Pyrénées est un établissement public d'enseignement supérieur artistique dont les études conduisent à des diplômes nationaux : DNA (Diplôme national d'art, homologué au grade licence) et DNSEP (Diplôme national supérieur d'expression plastique, homologué au grade de Master). L'École supérieure d'art et de design des Pyrénées est un lieu de création et de formation artistique. Établi à Pau et Tarbes, l'établissement officie dans les domaines de l'Art, l'Art-céramique et du Design graphique multimédia. Il dispense des formations post-bac à destination d'étudiants et des ateliers et cours publics ouverts à tous (enfants, adolescents, adultes). L'école, territoriale, est partenaire d'un réseau actif de structures culturelles et artistiques des agglomérations tarbaise et paloise. Un des diplômes de l'école (DNSEP DESIGN-mention design graphique multimédia) travaille sur la médiation numérique et propose de construire des interfaces numériques dans le cadre de partenariat avec le Festival ACCESS. ● Le pavillon blanc Le Pavillon Blanc rassemble deux structures, une médiathèque et un Centre d'art contemporain. Cette singularité, réunissant à la fois l'image et l'écriture, a pris le parti de la jeune création, notamment au travers de sa programmation artistique et culturelle. Le Centre d'art organise trois expositions annuelles et des événements associés (édition, résidence). Ce lieu accueille des résidences qui participent au dynamisme de sa programmation et l'implantation dans le tissu local. Ce choix permettra d'interroger et de comparer une structure municipale travaillant en accord avec les partenaires de Colomier. 2. Les acteurs interrogés ● Espaces Pluriels : Carole Rambaud (Directrice d'Espaces Pluriels)9 Après avoir travaillé dans des structures plus importantes autour des arts chorégraphiques (Le Havre et Chateauvallon), cela fait bientôt dix ans que Mme Rambaud dirige cette structure. Pour elle et le projet 9 Annexe 10 : Entretien d'une directrice de structure 52 Vincent Grézide - Mémoire Master Médiation et Médiatisation des Savoirs - 2021 artistique qu'elle a participé à rédiger, la place de l'artiste et son travail de création sont primordiaux. De plus, elle poursuit les efforts entamés il y a quinze ans sur l'accueil des publics et les relations vers les autres institutions culturelles paloises. Pour elle, aider la création contemporaine et la faire partager est le socle de son travail. ● Ampli : Stéphane Cortijo (responsable pédagogique)10 Stephane Cortijo est le responsable des EAC au sein de la structure. Il intervient dans l'organisation administrative et pédagogique des actions. Il est en contact avec le public en intervenant sur certaines activités (visite de la structure, chanson française) et en faisant le relais entre les artistes et le public. Il gère le budget des actions éducatives et la recherche de financement. Cette position permet d'avoir un regard double sur la place de l'artiste dans la résidence en travaillant sur le volet administratif et programmatique et celui directement lié aux actions publiques. Dans son travail, il recherche les partenariats pour développer des actions culturelles (EAC). Il dispose d'artistes avec lesquels il collabore depuis une dizaine d'années. Ces artistes proviennent de la scène locale dans différents types musicaux. Chacun à sa particularité. Ces artistes participent parallèlement à des résidences techniques ou créatives dans les locaux de la structure. ● Le Pavillon Blanc : Arnaud (Responsable public)11 Arnaud est le responsable des publics au sein de la municipalité pour les animations culturelles de la ville de Colomiers. Il organise et structure les évènements culturels de la municipalité. Pour lui, la résidence permet de soutenir des artistes autour de projets artistiques liés au territoire. La résidence est un dispositif dans lequel l'artiste fait société. Il travaille donc pour mettre en relation ces artistes et le public de Colomiers, son territoire. ● Ecole Gaston Phoebus - Pau : Nadège Rigaud (Professeur des écoles)12 Mme Rigaud enseigne depuis dix ans dans une école du centre ville de Pau : l'école Gaston Phoebus. Elle est adhérente aux Espaces 10 Annexe 12 : Entretien collectif (artistes et responsable) Annexe 9 : Entretien avec un responsable de structure 12 Annexe 11 : Entretien avec une enseignante 11 Pluriels et va régulièrement assister aux spectacles présentés. Elle pratique la danse contemporaine et participe aux ateliers de danse. Pour elle, les activités artistiques sont essentielles dans l'éducation des élèves. Elle partage ses coups de coeur avec les élèves. L'opportunité de la résidence et de la création participative est une chance, un évènement rare dans la scolarité des enfants. ● L'Ampli : Jérôme et Bruno (Musicien et Chanteur)13 Ces artistes participent aux EAC de l'Ampli depuis une dizaine d'années. Chacun à son domaine de compétence. 13 Annexe 12 : Entretien collectif (artistes et responsable) Annexe 8 : Entretien avec un chorégraphe Médiation et Médiatisation des Savoirs - 2021 ● Ecole Supérieure des Arts : Les Étudiants de Bordeaux, Pau et Toulouse Les étudiants sont engagés en DNA Art (Licence) ou DNSEP (Art numérique) (Master). Ces deux promotions n'ont pas suivi le même cursus. La particularité du DNSEP Arts numérique est qu'il développe des supports numériques pour la médiatisation et la médiatisation des savoirs. Nous avons fait le choix de travailler sur des terrains variés et avec des acteurs intervenant à différents niveaux (artiste, public, administratif, direction, étudiants). Les positions et les regards de ces acteurs permettent d'avoir des points de vue différents sur notre problématique. ● Ecole Supérieure des Arts : Les anciens élèves de Bordeaux, Pau et Toulouse devenus artistes Les artistes étant passés par les Écoles supérieures d'arts représentent une partie importante des plasticiens, illustrateurs ou graphistes de l'hexagone. Leur point de vue a posteriori sur leur formation vis à vis de la médiation est intéressante à récolter pour le mettre en parallèle avec celui des étudiants actuels et leur cursus. Toutefois, je n'ai pas eu de réponses au questionnaire. Mes contacts au sein de ces institutions n'ont pas eu de retour de leurs anciens élèves. 2) Mes choix méthodologiques 1. Mes hypothèses J'ai formulé trois hypothèses de départ que je rappelle ici avant de présenter les choix méthodologiques qui en découlent : ● Hypothèse 1 : L'artiste est amené à créer des relations étroites avec des structures partenaires pour développer ses projets et répondre aux appels d'offres ; ● Hypothèse 2 : L'artiste élabore des stratégies de médiations en fonction de l'appel d'offres (durée, moyens matériels et financiers, projets, ) et avec la participation de la structure accueillante; ● Hypothèse 3 : Les avantages pour la structure (communiquer, attirer des publics, ) mais également pour l'artiste (emploi rémunéré, formation/expérience, horizon professionnel, communication, ) sont réciproques ; Hypo thès es secondaires 1.1 L'artiste se forme aux activités de médiations 1.2 Les écoles des beaux arts participent à cet apprentissage 1.3 Les structures organise le suivi des activités 2.1 L'artiste construit une pratique de médiation en parallèle à son travail artistique 2.2 L'artiste éprouve des difficultés à élaborer des stratégies de médiations innovantes 3.1 La structure organise sa programmation autour des résidences en fonction de son budget (plus son budget est important moins la résidence fait partie de sa programmation : la résidence est une pratique lowcost 3.2 L'artiste utilise les activités de médiation comme une activité secondaire 2. Les méthodes de recherche et d'analyse Dans cette partie, nous allons décrire nos méthodes de recherche qui sont en lien avec nos hypothèses de travail et les terrains de recherche. Nous allons expliquer nos choix et décrire les modes opératoires. Dans un premier temps, des méthodes qualitatives ont été choisies dans le but d'analyser les positionnements des 3 acteurs principaux de cette forme de médiation : les s des structures, les artistes et le public scolaire. Dans un deuxième temps, j'ai complété mon analyse avec un outil quantitatif, à savoir un questionnaire, que j'ai proposé aux étudiants de dernière année de DNA art et de DNSEP numérique de l'école des beaux arts de Pau et de Toulouse. Ce questionnaire permettra de faire émerger des représentations d'artistes en début de carrière pendant leur formation initiale. ● La recherche qualitative (les entretiens) Les entretiens ont ainsi été menés pour interroger chacune des trois parties : les artistes, les responsables de structures et un représentant du public. Je présenterai à la suite nos attentes liées à ces entretiens, les éléments de construction des grilles d'entretien propres à chacun d'entre eux ainsi que les difficultés rencontrées. Tout d'abord, les entretiens ont cherché à faire émerger les points de vues et les démarches des acteurs de la médiation, les artistes. Nous désirons connaître leur avis sur le dispositif de résidence et sur la mise en place de médiations dans le cadre des résidences. Nous avons déjà soulevé ce conflit entre le désir de créer isolé des contraintes extérieures et l'obligation de rencontrer un public en parallèle de ce travail. D'autre part, nous désirons savoir quels sont les éléments qui permettent de réussir une résidence et une médiation culturelle. Ensuite, nous essayons de connaître leur mode de travail, leurs réflexions sur ces dispositifs de médiation dans le cadre de leur création. Concernant les responsables des structures, leur avis sur les résidences est l'élément initial de l'entretien. Ensuite, nous tentons de démêler leurs approches des résidences et de l'intérêt de les ouvrir au public. Nous les questionnons sur leur mode de sélection des s de résidence, sur leur rapport avec les artistes. Enfin, il est essentiel de découvrir les éléments à mettre en place pour que la résidence se déroule correctement et atteigne les objectifs définis en amont. Ici, nous interrogeons le rôle et la fonction de la structure en tant que promoteur d'une médiation culturelle. Le troisième acteur est le représentant des publics, Nadège Rigaud est enseignante dans une école qui reçoit des résidences artistiques. Son point de vue et sa description de deux résidences participatives (danse, chanson française) seront déterminants. Les entretiens porteront sur un aspect général du sujet étudié, structuré dans nos grilles d'entretien par thématiques. ● La méthode quantitative (le questionnaire en ligne) Le choix du questionnaire individuel s'est imposé à nous pour obtenir des informations sur le point des étudiants plasticiens. Au cours de mes recherches et de mes rencontres informelles auprès d'artistes plasticiens, d'enseignants en ESA, j'ai remarqué une différence d'approche dans la relation avec le public. Si les artistes qui se produisent devant des spectateurs (musiciens, danseurs, acteurs, ) la médiation est un élément inhérent au travail de création. Pour les plasticiens, ce lien semble plus distendu. Je propose un travail de recherche à partir d'un questionnaire en ligne auprès d'étudiants d'École des Beaux Arts. Cette analyse me permettra d'avoir un aperçu des 16 17 Grilles d'entretien : annexes 13-14-15 et Entretiens : annexes 8-9-10-11-12 Nuages de mots : annexe 16 parcours et des représentations des étudiants sur la médiation culturelle et les rencontres avec les publics18. Ce questionnaire sera mis en parallèle avec celui des artistes passés par une École supérieure des Arts. Cela permettra d'élargir les points de vues concernant la médiation culturelle à l'intérieur des résidences et d'observer l'évolution des représentations et des avis concernant notre sujet d'étude19. Synthèse Nous avons décidé de travailler en utilisant plusieurs méthodes de recherche pour pouvoir croiser les informations. Les sources sont également différentes. Entre les responsables de structures institutionnelles, les artistes et le public, nous allons pouvoir comparer les discours d'autant plus que les acteurs viennent de disciplines artistiques différentes. Le questionnaire doit nous permettre de nous renseigner sur les étudiants en école des beaux arts. Dans notre troisième partie, nous allons analyser les résultats de ces méthodes de recherche. Elles nous ront de porter un regard rationnel sur nos hypothèses. É s Art : annex e 17 : annexe 18 3. ANALYSE DES DONNÉES ISSUES DES ACTEURS DU MONDE CULTUREL Durant tout le processus de récolte des données, mes questionnements et mes idées se sont affinés. J'ai rencontré des professionnels qui m'ont décrit leur travail, leurs compétences et leurs convictions acquises tout au long de leur carrière. Chacun dans leur domaine, des mots, des idées et des priorités reviennent de façon systématique. Ces éléments vont affleurer dans l'analyse des données. Ils me permettront de tester la validité des hypothèses. 1) L'artiste construit un réseau de partenaires Hypothèse 1 : L'artiste est amené à créer des relations étroites avec des structures partenaires pour développer ses projets et r épondre aux appels d' offre s Dans notre première partie, nous avons identifié les modes de sélection des artistes en résidences (appels à candidature, contrats, information, ), ainsi que le rôle des structures et les critères de sélection. Il peut être utile de compléter cette partie par une analyse de terrain, qui apporte un nouvel éclairage sur la question. L'artiste démarche les structures pour monter ses projets Pour mettre à jour ses créations, l'artiste organise un réseau de partenaires. Il démarche les structures ou les institutions (SACEM, DRAC, Municipalités, ) pour porter des projets à des structures ou répondre à des appels à candidatures. Ce sont deux aspects de sélection en résidences. Gilles Baron nous raconte son travail de démarchage : "Donc c'est une démarche, à chaque fois il faut aller rencontrer quelqu'un, il faut prendre sa voiture. Donc on fait des rencontres () Voilà, c'est presque de la vente." "Il faut que je connaisse les gens Euh En tout cas, leur attention et leur éthique." (Gilles Baron) Cela lui demande de bien connaître le bassin régional des structures dans son domaine. "() C'est à moi à proposer quelque chose qui puisse aller dans leur sens aussi et qui, moi, me satisfasse." (Gilles Baron) L'artiste répond à des appels à candidatures Un autre moyen de rentrer en résidence correspond aux appels à candidature. Ici, pour des artistes moins référencés, c'est un moyen de rentrer en contact avec des partenaires institutionnels. Si le projet artistique fait partie de la sélection, artistes rencontrent les responsables et échangent sur leur travail. Arnaud Fourier, responsable des résidences à Colomiers, a choisi ce mode de détection et de sélection : "On fait quasiment, systématiquement, qu'on fait des appels à candidatures. Ça veut dire que les candidats postulent avec leur dossier de candidature." Ainsi, la structure s'assure de recevoir des candidats prévenus des objectifs et du type de la résidence. "Voilà, ils sont là en fonction de ces objectifs, pour cet objectif C'est plutôt des gens qui sont convaincus par la pédagogie qui viennent." (Arnaud Fourier). Ces appels à candidatures permettent de rencontrer des artistes d'autres sphères territoriales ayant un attrait pour le projet de résidence. Les responsables de structures construisent une veille informative Les artistes, notamment dans le spectacle vivant (théâtre, cirque, danse) vont rechercher des structures pour accueillir leur création. De leur côté, ces dernières partent également à la recherche d'artistes en construisant une veille informationnelle. Nous pouvons distinguer deux types de veille : push et pull20. Dans une démarche pull, la structure part à la recherche des artistes qui correspondent à ses objectifs, ses attentes, son projet artistique. En fonction de la thématique de travail, la prospection est ciblée. Carole Rambaud, directrice de structure, le suggère "() ça amène à chercher d'autres artistes qui travaillent sur cette question." Cela passe par des échanges avec les artistes et les responsables d'autres structures lors de rencontres plus ou moins informelles (vernissages, spectacles, concerts, ). "Déjà notre rôle 20 La méthode pull : le veilleur va rechercher les informations, en dépouillant la presse par exemple. Si cette méthode permet d'écarter immédiatement les résultats non pertinents, c'est un processus chronophage et très lourd. La méthode push : l'information vient au veilleur, via des agrégateurs de flux RSS, des alertes Google ou des outils spécialisés. Cette méthode a l'avantage d'automatiser sa veille, de gagner du temps, et donc de respecter une certaine régularité dans sa veille. Le problème réside essentiellement dans le fait de préciser bien en amont sa recherche afin d'éviter de se faire submerger par des résultats non pertinents ou trop larges (Wikipedia, 2020). c'est effectivement, () c'est être à l'écoute de ce que les artistes nous proposent se rendre disponible en disant "Ok on s'engage " "(Carole Rambaud). La qualité d'écoute et de projection est indispensable. Dans une démarche push en revanche, l'appel à candidature est l'élément d'accroche. Les attentes et les moyens de la structure y sont clairement définis et l'artiste prend contact directement avec celle-ci. C'est un moyen courant au sein des structures d'art contemporain. Dans une autre démarche mixte, les artistes et les acteurs institutionnels se rencontrent lors d'évènements plus ou moins formels. Stéphane Cortijo, responsable de l'action culturelle, me parle de ces lieux où les projets et les échanges d'informations se font couramment : "C'est souvent dans ces moments, devant un café, que les informations ou les futurs projets prennent forme." Arnaud Fourier nous indique l'existence du site Arts en résidence - Réseau national21 : "Il y a le réseau Art en résidences qui fédère plus de cinquante structures, qui crée des colloques, qui rassemble de la ressource, etc " Ce site a pour but de rassembler les acteurs du monde de l'art (art contemporain et danse) dans le but de partager des projets, des moyens et des compétences. Ce site est un maillon entre la demande des structures et les propositions des artistes. Du côté des musiciens, la construction d'un réseau de pairs est organisée de fait par la participation à une association. Pour répéter, il leur est souvent nécessaire de faire partie d'un lieu de répétition. Dans ce lieu, se mettent en place les premiers contacts avec les structures.(L'Ampli) La structure se doit de con aître la scène artistique Pour la structure, cela demande de bien connaître le profil des artistes qui viennent les démarcher, afin de savoir si ces pratiques artistiques sont conciliables avec leurs attentes. "mais de toute façon, je ne vais répondre qu'à des artistes dont on sait, dont on est susceptible d'accueillir le prochain projet quand il sera finalisé." (Carole Rambaud). Les structures ont non seulement des attentes en termes de création, mais également en terme de perspective pédagogique - dans le cadre des résidences participatives. "On cherche pas à remplir les cases, on cherche des gens qui vont créer une dynamique." (Arnaud Fourier). Les étudiants en École Supérieure d'Art découvre les démarches Parmi les étudiants en École Supérieure d'Art, le dispositif de résidence est connu (100% des étudiants connaissent le dispositif). mais, concernant l'entrée en résidence, ils pensent majoritairement que la réponse à l'appel d'offre est la démarche la plus évidente23. D'après l'analyse des entretiens, les artistes ont un travail de démarchage, de communication et de rédaction de projet à effectuer afin de trouver des partenaires et des lieux pour leurs spectacles ou projets artistiques. Ce travail en amont de la création est indispensable. Toutefois, ils ne sont pas les seuls à faire ce travail. Non seulement la structure accueille les propositions de projets ou rédige des appels à candidature, mais elle va également se renseigner sur les artistes en s'informant sur les projets en cours et les artistes associés, en communiquant autour de leur programmation et en poursuivant le lien avec les résidents pour éventuellement construire une collaboration sur le long terme. 2) L'artiste propose une offre de médiation singulière Hypothèse 2 : L'artiste élabore des stratégies de médiations avec la participation d'une structure accueillante et de l'appel d'offres (durée, moyens matériels et financiers, projets, ) ; Dans notre première partie, nous avons identifié des types de médiations observées chez les artistes en résidence. Nous allons voir ce qu'en pensent les acteurs du milieu artistique et leurs propositions dans ce domaine. L'artiste présente son travail de création à un public Pour tout type de médiation, dans le cahier des charges, la structure propose des moments de médiations à l'artiste. "Alors souvent dans nos appels à candidature, il y a déjà une sorte de cahier des charges qui dit ce qu'il y aura comme projet de médiation. Cela est rédigé avec le responsable de la médiation de la structure." (Arnaud Fourier) Si l'artiste est libre concernant le format d'intervention (conférence, atelier, visite, ), la structure, elle, va organiser les rencontres. Lors d'une résidence dans l'école de Nadège Rigaud, Olivier Apat, auteur compositeur, permettait aux enfants de l'école de venir le voir dans son atelier pendant 23 ANNEXE 20 : Comment un artiste fait-il pour rentrer dans une résidence d'artiste? avoirs l'interclasse. Les élèves étaient libres. On retrouve cette notion de partage dans les projets que porte l'Ampli lors de résidences (Envers du décor24). Pour Stéphane, coordinateur de l'action culturelle de l'Ampli, la présence de l'artiste fait oeuvre de démythification. "Nous, comment on pense l'action culturelle et Euh l'intervention des artistes Euh C'est pour casser ces représentations, c'est Euh faciliter cette proximité et ce sont des gens qui sont accessibles Et ensuite sur les profils, il a cette notion de partage." Pour d'autres artistes cependant, le résidence n'est pas un moment propice pour que le public fasse irruption. Carole Rambaud, directrice d'Espaces Pluriels, parle de contrainte de temps et de lieu pour organiser ces visites de plateau. Les résidences étant courtes, la création est privilégiée. Pour permettre ces rencontres, elle les dissocie des temps de résidence. Gilles Baron privilégie également la dissociation de ces moments. Il trouve que cela impacte le travail et que la présence d'un public dans ces temps parasite les danseurs. "Par contre, on peut après, ça j'essaye de le faire des sorties de résidences A un moment on a Euh On peut confronter un moment à un public et après avoir un débat sur ce que le public a perçu, ce qu'il ressent ()". La présence de l'artiste face au public pendant un moment de création est importante et rare. Mais, elle doit être pensée en amont avec le médiateur de la structure pour ne pas pénaliser les besoins de l'artistes et répondre aux attentes des publics. L'artiste utilise le public pour influer ses créations Dans le cadre de résidences de création ouvertes au public (conférences, scène ouverte, visite d'atelier) ou de résidences de création participative, l'artiste rencontre un public qui n'est pas forcément adepte de son travail. Ceci va engendrer des échanges, des remarques, des pratiques, des travaux collectifs qui influencent le travail de création artistique. Olivier Apat a utilisé les productions des élèves de Nadège Rigaud durant les ateliers de sa résidence pour construire son futur spectacle. De même, Jérôme, musicien, utilise les trouvailles élaborées en atelier pour ses créations : "Du coup, ça nous permet à nous de nous développer et ça c'est intéressant. Du coup, la pratique que l'on a ici avec les ateliers () nourrit du coup ma propre () activité artistique personnelle " (Jérôme) Le chorégraphe Gilles Baron explique que son travail de pédagogie au sein des résidences de création participative nourrit son travail de création : "() y a un chorégraphe qui donne des cours, c'est de la pédagogie, beaucoup d'ateliers, beaucoup de pédagogie et nourrit ça nourrit son travail de créativité ()." Les artistes au contact du public ou d'un territoire sont marqués par ces rencontres. En tant que musicien, Jérôme note leur importance: "() j'ai besoin de me confronter aux gens j'ai besoin d'échanger avec eux, de me retrouver dans une classe, en prison, ou dans un centre social ou etc, avec mes camarades pour nourrir cette créativité ()" Dans la première partie, nous avons parlé d'une influence du lieu, genius loci25, sur la création. Le programmateur du Pavillon blanc à Colomiers souligne la relation entre l'artiste et le public. La médiation participative peut également s'engager dans la gamme du " faire ". Dans ces cas-là, le public devient acteur dans la démarche de l'artiste et se retrouve au coeur de son travail. Cette médiation si particulière rend la présence de l'artiste indispensable et transforme l'expérience du public en un moment mémorable. Cette participation peut, par exemple, se faire autour d'une création (Chorégraphie-spectacle, performance artistique, ), dans l'atelier de l'artiste et dans la médiatisation de son univers, de sa démarche. Mais elle peut aussi être une performance construite avec l'artiste, une création chorégraphique, ou une production plastique conduite par l'artiste, dont les mains sont celles du public. Toutefois, il existe un écueil dont nous parle Bruno, auteur-compositeur, dans le cadre de son travail de création partagée en résidences : "Comment répondre de façon alternative pour ne pas être juste dans une commande? parce que la création c'est pas ça () " L'artiste doit trouver sa place dans la médiation. Il doit laisser l'espace de création aux élèves tout en partageant son identité artistique sans être simplement dans l'animation. Les artistes m'ont parlé d'un équilibre à respecter entre l'intervention du public et la leur. Si la démarche reste à leur convenance, il doit pouvoir conserver les créations du public originales. Stéphane note les dérives de certaines productions participatives : "Y a des projets d'action culturelle, t'écoutes tu Il sont où les gens? tu vois quoi pff tout est transformé alors oui ça sonne mieux mais moi honnêtement , il faut pas que la finalité artistique en tout cas soit vraiment la priorité ". Dans ce type de rencontre, l'artiste interroge sa position face au public et à la création. Gilles Baron : "Et puis voilà, questionner la réponse en tant qu'artiste "A quoi je sers dans la médiation culturelle?" "Quelle est ma place?" Autant pour la personne avec qui j'ai travaillé que pour moi Il faut que ça soit une forme de réciprocité d'action." Bruno parle de cette ligne à trouver dans les choix créatifs : "On rajoute des filtres mine de rien. Des fois, à la limite, mais pas trop non plus sinon tout le monde est perdu. Et inversement, des fois des purs animateurs, mais où tu sens qu'il n'y a pas vraiment de valeur artistique C'est un peu cet équilibre là." En tant que musicien, Jérôme développe : "Il faut aussi apprendre et bien comprendre que ce qu'on est en train de faire ce n'est pas notre morceau, notre chanson, notre oeuvre artistique Euh c'est celle d'un collectif qui est en face de nous, de jeunes C'était le fait que ça pouvait être bancal le fait que ce ne sera pas parfait, ce n'est pas notre production, mais on est là aussi pour la nourrir pour la pour faire que ça fonctionne, que ça tourne un peu rond." Dans ce collectif créé lors d'une résidence participative, chacun a son rôle : le public, la structure et l'artiste. La position de l'artiste fait partie de la démarche et représente l'intérêt du dispositif. Il peut soit répondre à une demande, soit développer un projet personnel : dans tous les cas, il doit trouver sa place entre celle du médiateur et celle du créateur. Il doit également laisser une place au public dans ce travail pour assurer un témoignage original de la rencontre. L'artiste développe une oeuvre de médiation Finalement, la place de la médiation dans les résidences et le rôle joué par les artistes a fini par faire germer de nouvelles créations qui apportent des propositions de réponses à ces questions : une oeuvre de médiation qui est soutenue par une démarche de l'artiste. Dans notre cas, c'est le chorégraphe qui a développé ce projet. "Je travaille énormément sur ce que j'appelle des oeuvres de médiation qui ne sont composées qu'avec du public amateur ou qui ne sont que des oeuvres faites avec des enfants, notamment avec uvais sucre, où là, au départ, c'est vraiment une oeuvre de médiation, on est à la croisée où j'implique mon travail de création avec une construction uniquement autour de la médiation." (Gilles Baron) Ici, l'artiste a pensé, écrit et expérimenté une démarche autour de la création avec un public. Cette démarche est son travail qu'il a pu développer au sein de résidences. Cette création pédagogique est utilisable par d'autres. Arnaud Fourier Ampli Carole Rambaud Gilles Baron Représent ation des univers sémantiques des entretiens (Annexe 17) Toutefois, la présence de l'artiste induit une réaction directe de ses interlocuteurs. Dans le cadre scolaire, son positionnement en tant qu'artiste apporte des avantages irremplaçables : "Ben que ça donne évidemment du sens à au travail fait en classe Il y a un travail sur l'écriture Euh dans ces conditions-là, il y a un sens qui est hyper motivant pour les élèves ()" (Nadège Rigaud) "c'est très valorisant pour eux et du coup ils ont envie de s'engager là dedans en retour Que ça sorte du cadre purement scolaire que d'autres personnes extérieures à l'Education Nationale rentrent dans la classe " (Nadège Rigaud) D'une part, pour le public, la présence de l'artiste est indispensable pour donner un sens à la rencontre. L'enseignante de primaire, Nadège Rigaud souligne l'importance de cette présence avec les enfants : "ça a quelque chose d'enthousiasmant de se dire qu'y a un artiste, voilà, avec eux c'est très valorisant pour eux et du coup ils ont envie de s'engager là dedans en retour."(Nadège Rigaud) D'autre part, pour l'artiste, trouver sa place entre son statut d'artiste et son intervention publique peut s'avérer quelquefois inconfortable. En effet, se considère-t-il comme un artiste en création ou un animateur divertissant un public? Même si leur participation à ces rencontres est construite avec la structure, nombre de plasticiens ont des difficultés à s'impliquer dans la médiation, estimant que cela empiète sur leur travail ou que cette démarche ne correspond pas à leur statut d' . Cette défiance est observable dans les réponses des élèves en École Supérieure des Arts (ESA). Il faut différencier les artistes plastiques des artistes de spectacles vivants. D'une part, les danseurs et musiciens sont en relation directe avec leur public durant leurs spectacles. Par conséquent, il est courant de voir ces artistes partager avec leur public de façon officieuse ou plus officielle à la demande de la structure. D'autre part, pour l'artiste plasticien, illustrateur, graphiste, la relation avec un public n'est pas primordiale. Pour eux, il y a des formations universitaires spécifiques pour travailler les compétences en médiation. "Alors souvent dans nos appels à candidature, il y a déjà une sorte de cahier des charges qui dit ce qu'il y aura comme projet de médiation.
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nous nous bornerons chapitpe n Iç o u urç. r â I Itexpérience l-es aurait ur rêve accabl-és. cocard-e rouge - bl-eu à Ia Comité gênêtaL d-e | "ecte oe la Féd.ération cisrhénane proclame l-e It novembre f (JO). s o u v e r a i n e t é d. u p e u p l e d - r e n t r e i " l e u s e r- R. h i n e t i'i o s e l l - e r r Par cet acte, les pays d-e l-a rive sauche d-u Rhln se d-éclarent fe peuple sa liberté, et indépend.ants. Pour "garantir libres - vert pour arborer la cocarde française, Ie oour aSsurer Son ind-épenfrançaise", constitution iI 'radopte Ia réunion avec Ie peuple français d.ance politique à cel-ui d.e ]a l?épublique". de son territoire et lrincorporation aclopte la de Cologne régence d-e Bonn et Ie magistrat 1l envoient des d-élégués à Paris pour rernettre au Directoire Ia réunion. acte d-e souveraj-neté ëu peuple rhénan et soll-iciter Le 16 novembre, fa d.e cette l-ettre : Cf. page 2?2.r Voici 1e passage essentiel G' 'iNun stieIr-wie l e u g n e n _ g e s o n nen. bin, zuerst z v ich keines_wegs V e r é i n i g u n g d-ad.urch z1) F r a n k r e ich m i t in mir dié'Id.ee auf, d-ie i'teine e r k l â r t e n. daB d.ieée Lânder sicii unabhângig verhind.ern, D e l g i e n G e m e i n s c h a f t w o m ô g l i c h _ d a s _Elsa9 mit G e d a n i < e nw â r e n, i n l l o l l a n d - zu r n i t ^ S c h w e j z mit in den Bund zu ziehen, d-adurch d.ie F r a n k reichs G r e n z e d e r an und- so einen Zwischenstaat verkniipfen, Lande l e t z t e r e m r l e r i n sich, v,rennes zu bild-en, unà t'eutscÉlands k o n n t e. r r wied-er anschlieBen zu etwas gekommenurâre, Ieicht 1814 à Grunert qouverneur géné. (rO) '.'i.scF.rEil,É ac, i'Jutsrr, Cf. rjAl{SEi{, îuel-Ien 228 et rrr2r{>.) I\l t 1I, - i26. CHAPTTREV liR 8+ ALLGEiiEfiiE FRIEDEN, EIN IDEAL r . IE C,A*RACTERE ET I.ES BUTS DE L I OUViiAGE sôus le régime de la ]iberté de la presse institué par la C o mmi ssi -o ni n te rmé d -iair e l- e lil août I79? pour écar ter l es entr aves mises à l-a d.iffusion des tracts et d.es écrits républicains, Gôrres put faire imprimer vers l-a fin d.e lrannée (1) essai_ "on D e r a l -l -q e me i n e F ri e den, ein Id.eal-. Une nouvel- l- e im pr im er j - e fut f o nd.é e à co b l e n ce a u cour s d- u der nier tr lmestr e de LZ9? par J o h a n n A d. a mv. L a s s a u l x ( 2 ). S e l - o n t o u t e p r o b a b i l i t é, crest d.ans l-es ateliers de Lassaulx que 1'opuscule de Gôrres a êtê imprimé. S o rti d -e s p re sse s a ux al- entour s d.u nouvel an ( r in d- êcem br eou plutôt courant janvier), il portait r-a date d.e r?9g ()). D a n s ce t o u vra g e qui était l- e fr uit d.es études et d,es r éfl ex i ons auxquelles il s'était a d. o n n éa v e c u n e l n t e n s i t é p a r t i c u l - i è r e d-epuis l-rautomne de 1795, Gôrres abord.ait Ies probl-ènes poritiques en philosophe et en théoricien - perspective totalement é t r a n g è re à l a sa ti re publiée d.ans l- e Br ur us en octobr e r 7gr. 11 vouLait confronter sa pensée avec cel-l-e de Rousseau, de Kant e i d e!'i c h t e e t f a i r e o e u v r e d _ es y n t h è s e p h i l o s o p h i o u e. T? e m i s ee n c h a n t i e r à d i v e r s e s r e p r i s e s e t d a n s d. e s s l t u a t i o n s foncièrement différentes, cette oeuvre ce jeunesse ne va pas sans disparates; les orientations de pensée d.ivergentes que lrauteur suit para11èlement ne srharmonisent pas toujours; re d_ésir d.e briller cond-uit parfois l-e jeune philosophe à des d-éveloppements flous et diffusr et ltardeur intransigeante d.e ses convictions (1) Ia préface est d.atée d.e frimair.o: oll-e a d-onc êtâ e r! çéur tribss- é. 'e entre tô zL novembre et re-aô-ââIâàui"'i?97. ( 2 ) v o l r s u p r a, p. 4, n o l e z. J '. A. L a s s a u l - x -a s s o c i a à l r e n t r e p r i s e son fil-s lËnZ'qui'avait un peu or-us à" 15 ans. :\mi,Le Gômes et Franz ne tard-a pas à jôuer un rôl_e politioue acrif. p?lriote, Lrinprinerie lassaul-;c, à laquelie fut bientôt- adjoint" une l-ibrai ri,4.,r -: -1- ^ r'* ^e r e o ] r a -l-r o^. u t e s s o r t e s d - r o u v r a g e s r p a r n i l e s q-uoèel s d e s é e r i t s et. en particulier t E s.!,v4v 'r'4. o i d.iques Gôrres. l:p"!]iq?1"" \) ).,-'.1(11îeur nrest pas-inâià"rrl"" f,ù4e l: i''fi;: r :. : : : A q vJ ingénue. lui suggère tel-l-e ou telle formulation illusoirervoire i'i a i s l r e s s a i e s t u n d. o c u m e n td - r u n i n t é r ê t c o n s i d. é r a b l - e : i l - e s t du jeune Gôrres et en la cl-ef d.e la pensée révolutionnaire éclaire 1 t arrière-plan intel-lectuel. d.e r aisonner avec la ri Sueur d.u S i l e j e u n e Gô rr es se flatte m a r q u a n t d - i s t i n g u e c e p e n d - a n t O - è sl r a b o r d. théoricienr uû trait kantien : il se montr e soucieux d.e v oi r s on o p u scu l e d -u tra ité Kant d.éboucherses vLles théoriques sur l-'actual-ité politique. proposé d.'écrire un ouvrage tnéorique d-e droit politique.' s'était d-e savoir que I'idée d-efédération entre l-es 11 lul suffisait peuples ei d-epaix perpétuelIe ntétait pas une id.ée vide, puisô r'r êI a n n i c, s a n c e d - r u n e p u i s s a n t e r é p u b l i q u e é c f a i r é e p e r m e t t a i t Ysv //r \ "-** d.ren espérer la réal-isation \*/. Gôrres se situe d.tembléed.ans l e c a d. r e p o l i t i q u e d. u p r é s e n t, s o n o u v r a g e a p o u r o bj e t l a p a c l fication en cours: il- se propose d.rexaminer "ce que ]a sévère (i). théorie statue au sujet des conditions d.e cette paixr' P r e n a n t c o m m ep o i n t d e r é f é r e n c e i d é a I u n e s c i e n c e " c o s m o p o l i #t /. Ii t n l rLr lnvt r  u vnrnr lu- /.-\ rl p v ny rr'ôvsvevn- -t v ne n^rt+ PvLru'^ç rnr^u^vÈr ^ r : a vOIICgVOl-f qUe leS linéa- stassigne pour objectif ments \t/, notre "philosophe politique" de d.éfinir les normes drune paix universelle en en d.essinant un p r o j e t i d é a l - " q u i n e t r a h i - s s e d. r a u c u n ef a ç o n l e s e x l g e n c e s d. e d- e lr hum anité" et en for mul- ant l - es l a n a tu re n i l -e s i ntér êts principes qu1 d.evront d-éterminer "sefon 1a théorle l-a plus (7). les d.roits et l-es rapporis cles Etats contractantst' stricte ( 4 ) C f. l ( A l i T, Z u m e l, r i g q q - F r 1 e d 9 n ( Z i v e i t e r D e f i n i t i v a r t i k e l ). ( 3erl-in' 1968). ;itiad.emie-Iextatsgabet. Tf Îr, pli5" (5) Cf. lrannoncà publicitaire c e I'e s s a i r G G SL, L 1 ( A n z e i g e ). (6) Cf. GGSIr2l- sq. Dans l-e siltage d-eRousseau et d-e Cond-orce Gôrres esdont il met en exerque d.es citations signiflcaiives, quisse les tâcnes rLiune future anthropologie politiq-ue et sociak sur un plan universelrdes rapportr serait d.e traiter, d.ont ltobjet ( q u a t r e ) d.es Etats avec les races et entrk e I l e s, e n t r e r a c e s d.es t-f,'+-t ^t i Lr1,, ^ ^ t t a v È ainsi oue d_es ind.ividus entr e c]es ù V e V s e U t ind.ivid_us J f l u t r J fz!1 LLY et d-'étun é c e s s a ire de la civil-isation l a n a r c h e euxi d-e tracer p a r t i e l l e t h é o r icien d u L a b â c h e c L e l a h â t e r. i : l o y e n s d-ier les s 'établ-lr q u i d e v r o n t f e s r a p p ô r t s à C. é t e r m i n e r l i m i t e aciuel se b ] a n c h e. l a E t a t s o e r a c e l e s e n t r e a v e n i r l e d.ans Droche (?) cf. Gcsr,25 -2+. 86 /i i n si Gô rre s s;r attache- t- iI à d- onner à son ouvr aqe une s o11ae a ssi se th é o ri q u e e t à fonder r atlonnellement ses opti- ons pol i tiques. lloll. livre nren est oas noins la Drofession d-e foi d.tun p a rti sa n e n th o u sl a ste et incond.itionnel de la tr évoluti on fr ançaise. Le l-ecteur est frappé dès les prenières pages d.e lressai p a r 1 a d.o u b l e rj.é mar ched.e la pensée c!.eGôr r es, 1r entr echoquer nent de la réfLexion philosophique et de Lrenthousiasme partisan que sou]iqne le style tantôt abstrait, tantôt pathétique. rrl -n e 6 p o q u e co n me la nôtr e, r er ilar que Gôr r es d.ans son Intr oductlon, nrest pas ce11e d.fune rl;flexion froid-e et sans passion',1 D a n s u n e d é d l ca ce enflemm ée, le jeune Rhénan offr e ".î l a nati on t t f i d è l e franquet' "son premler-né" oui, ircage de son pèrer pêrtage sa haine de ]a tyrannie et d.e ltoppression, nais aussi son a rd.e n t a mo u r d.e L a liber ti: et cLur éoublicanisnet'. Cette offr and.e ttp a r d - é o o sé e u n ré publicain allenand.r r aux pieds Ce Ia oui s s ante nationl "sur ltautel d.e la patrie", d.oit attester que r1e pur r é p u b l i ca n i sn e g e rr ne égalem ent sur } e sol allem and.t' ( 8 ). Oertesr €û discipre de kant, Gôrres estinre que'rla paix perp étu e l ]e e st u n i d.éal auquel Ithum anité d.oit tend.r e sans c es s e" i'r a i s so n i n sta u ra ti o n suppose à ses yeux 1e tr iom phe u ni v er s el d e l a l té vo ru ti o n e t ne pour r o se r éaliser pr einement que par r a ( 1 o ). républicanisation de tous l-es ritats sur cette route, Ia p aci fi ca ti o n g i :n é rale qui doit inter venir dans un pr oc he av eni r r e p r6 se n te ra u n e i :tape décisive. Gôm es se pr opose c.l- efor m ul er l - e s cL a u se s su r l e squell- es eIle der r ca s t ôtablir pour que s oi t a ssu ré e 1 a vi cto i re d.es pr incipes r ônublicains et que s oi ent garonties les chances d.rune paix durable. (s) fc''),Jf. G.iS Ir18. \1t\ L{ io, 4n T tLr,i,.}tt42. c f. G G S I] r r 2. 87 II. I,ES GRA}IDS fHEi'ES DE PI]ILOSOPI]IB POTIT]QUE occupent une place importante Les Céveloppements théoriques d-e Gôrres sur 1a paix générale. Ils ne forrnent pas d_ansltessai philoet ord-onné. Ltargumentation un ensembl-e suivi toutef,ois sophique les est d.iverses destinée en grand-e partie stipulations d-u traité. à expliquer Àinsi et à motiver se trouve-t-eIle frag- llous aflons exposer mentée et dissérninée à travers tout l-'écrlt. dten faire Ies thèmes essentiel-s de Irouvrage en nous efforçant Sur l-rhommet sur la synthèse. Ce sont l-es vues philosophiques la société et sur f. La d.estination I'Etat qui en constituent t I ù e I homrne et t évolution le fondement' d-e I'irUmeni!é. ré vo tu ti o nnaj.r e d- u jeune Gôr r es appar aît comm el - r un d'e d.es ressorts déterminants d-e sa pensée. Dès ltintrod-uction l -'e s s a i s u r l a p a l x o n d - i s c e r n e c l - a i - r e m e n tl a c o n c e p t i o n q u r 1 l se fait de la Révolution. I1 lrexalte parce qutil voit en elle l-'aboutissement historique nécessaire d.e l-a pensée écLairée. E l -l -e e st L e to u rn a nt décisif d.ans 1e gr and. com bat Ce la l - i ber té contre le cLespotlsme,d-es lur'rières contre l-es ténèbres. Les L a fo i i ma g e s mê me sd.o n t Gôr r es se ser t montr ent comm ent il intègr e à. Ia conception dualiste d'u m ond'e l e p h é n o mè n e ré vo l u tionnair e qu'il a héritée d-e l-a philosophie d.es tumières: d-ansl-e combat t contre l-robscurantisme, l-a Révol-ution est "l- éclair qui d-échire les ténèbres" (1). représente une étape où lrhumanitét Ltère révolutionnaire so rta n t d.e S a to rp eur r co:nm enceà pr end- r e conscience d- e s a per sonnal-lté et à récl-amer les d.roits qu'on lui a traîtreusement dérobés. "Après Ces nill-6naires d.'horreurs et d.e misèrer iI é t a i t r é s e r v é à n o t r e g é n é r a t i o n c 1 ev o i r p a r a î t r e s o u d - a i n u n e (r) cÎ. G G Sr r 2 ). 88 n ati o n p u i ssa n te q ui ar r acha à leur usur pateur les d.r oi ts d.e fl homne ren6.us méconnaissables par une rouil-l-e séculaire et les d.ans leur éctat primitif, transfigurés, à l-a face d"e l-' rétablit Europe ébl-ouie. " (2) Dans la France révotutionnaire Gôrres ad-mira le nr.otectrice fl.ela liberté et d-esdroits de Ia personne r r f +! v v! v v v A Ses yeux, cause est lrance la du d,espotisme. liguées une mission acconplii universel-l-e; son combat cel-ui que les cel-le de Ithunanité, sa lumières à lrarbitraire. et à Itobscurantisme livrent forces les humaine que cornbattent touies nous ltavons nontré, a façonné des lumières, le pensée d.u jeune Gômes. 11 en ad-opte pleinenent La pnilosophie et Ia nourri credo: l-a foi.\ -r. l.urç ê rI9 e r! nq ir J v f sl o n ind.éfinl '1.r"n i mnhor.n I n u! I +vrrryrrv! ru vl o d-roit. Cresï sur de lrhurnanitét cu etv tv n r c r s vr vi +t i O n d.e 1a et drun ord-re social cond.uira à Itinstauratlon ou'elte le en un progrès certltude tJtfannier fonCé Sur sa conception que repose ces convictions la d-e entre deux évol,ue sel-on ses théories pôIes extrêmes: au point d.e c}épart il y a "ce quron appeJ-Ie Il de barbarie où l-rhomme est enlrétat en falt état oe nature", crest "l-tétat d-e l-a core un animal- féroce; fe polnt dtarrivée, (7). d-egré d-e f rascensiont' lrultime plus haute civil-isation, les d-ivers stad.es d.e extrêmes se situent Entre ces d-eux points par tesquels passe l-thumanité au cours d-e son l-a civilisation (4) çô"""" estime que cette ascension vers évolution. Avec Àant Lthurnanité lrhistoire. ne saurait un haut d.egré d.e clvil-isation rler o'lle nature l-a fin l-es étapes a falt marche d.e fa et sublime d-e cette à d-éterminer nature" crest mise en êchec, (aen hohen Zweck) que l-a du philosophe consiste progression - c I est ce que Cond'or- à l-'irunianité. a assign[e à clécrire cet renrésente être les Le rôIe mo;rsns d'e hâter ce que Gôrres veut "cer'-te l-ente contribuer àfairz ( 2 ) C f. G G Sr,, 2 +. ( r ) 0 f. G G r jf, 4 l -. a ôrres sur les fins de Ia nature sont fortement \.4, /\'i, o s \ n r e s ô e G | Id.ee zu e:!neq al-I:reneis c l e l - e s s a i c 1 ei '. a n t i n t i t u l é : iributaire ôri47ae):T, n e n G e s c h i c ] r i ;ié" - " à i i u u " r. à " r i " n à " -'lrp/ II rl = I, P. l) - j?-. r. Et<ffisEeTextausgabe, fs B9 E n ra cl n é e d a n s 1a pensée éclair ée, la conception qu e s e fel t l e Je u n e Gô rre s d.e la destination d.e lr hom m e est for tenent l m prégnée d.e la philosophle morale d.e Kant. i )o u r Gô rre s, l th om ne est déflni par sa double natur e phy s l que e t sp i rl tu e l l e, i l est à La fois une cr ôatur e d.ouée de s ens et u n ê tre d e ra i so n, ein tter isch - gelstiges l,/esen( 5). 1" genr e h uma l n e st ca p a b l e de pr ogr esser par ce que Lfhomm e est per fec tlble. Sa vocation partlcullère est d.faccompllr la lol morale quril porte en lui et drafflrmer ainsi sa llberté et sa dlgnlté. Dans 1tétat lnltlal d.e barbarle Ithomme rragit en animal, ne reconnalssant en aucun cas la lol roorale, prenont au contraLre p our nor m e d.e sa cond.ultet' ( 6). A ce s tade, l f l e se u l l n stl n ct é go i su re e t l e g o û t d.tune indépendance sans fr ein sont l es m obi l e s fo n d -a me n te u x d.e ses actes. lies sens gr ossler s et ln édugués t yra n n l se n t sa ra l son. 11 se conpor te en bête fér oce e t fal t d.e s es fo rce s u n u ssrre lncontr ôlé aux effets d.estr ucteur s. A ltopposé, le degrê de suprêne perfectlon de Ithomme est c a r a c t é r i s é p a r 1 e r è g n e c 1 el a l o i r n o r a l e : I e s s e n s, p l e i n e n e n t d éve l o p p é s e t cu l tl v és, ser ont entlèr enent assujettis à Ia r al s on, l e d o u a l n e d.e Lr espr lt et celul d.e 1a matièr e ser ont har monieusement confond.us (7). Gô rre s é ta b l l t un Ilen entr e le pr ogr ès mor al de ltlndi v l d.u et 1tétat soclal. La llberté politique qurll ettend d.u progrès d e Ia ci vl l l sa tl o n et Ia l- iber té m or ale qur assur e le per fec tl o nn e me n t d e l ri n d.l vl du lui semblent se condltlonr r êxo Gô rre s ré su me If essentlel d.e sa foi dr Aufklâr er d.ans 1a c l tatlon d.e Condorcet qutil met à la fln d.e son ouvrages "I1 arrlvera doncr ce monent où le soleil nréclairera plus sur l a t e r r e q u e d e s h o m m e sl l b r e s e t n e r e c o n n a i s s a n t d r a u t r e i : ra ître q u e l e u r ra i son., r r ( g). ( r) V o i r GGS f r2 1 et Ir 53. Les lleitr.ïee r i.e iilchte ( cf. pl us haut p. +t) o n t ô g a i e me nt inîtuencé iffiais 11 yadesd.ivotgêD' von c es n o ta b l e s. ?_. La les Gôrres pense avec Kant que lrhurnanlté ne peut attelndre f i n s L e s p l u s h a u te s qul lui sont flxêes par la natur er c. à d. que natur ellesr 1 té p a n o u l sse me n t d e toutes ses disposltlons (9 ). 11 consacr e à ce pr oblème d' es d' év el opped an s Ia so ci é té ments lmportants qul concernent d.rune part la formatlon et 1l é vo l u ti o n d.e s so ci étésr d.r autr e par t les pr inclpes polit l ques sur lesquels un Etat doit être fond'é en d'roit. p o u r e xp l i q u e r 1r évolution des sociétés, Gôr r es fait i nter Ies unes fondées sur les venlr deux ord.res d.e constd.érations, c8uSesnature11es,1esautressur1esraisonemora1eset1a cor r espo nd- à l a d.u p ro g rè s. Cette double or ientatlon f l n a l l té la sclf o l s à u n e te n d a n ce dr espr lt de Gôr r es qul veut alller et la spéculetlon théor J.que, lr er pér ience e nce e t Ia p h l l o so p hie, d.e 1r et à sa conceptlon de la nature physlque et spirituelle souvent tentés par les phllohomme. 11 contlnue Iee efforts sophes du XVIIIe siècle pour harnoniser les d.eux manières de (lO)rurais ne parvient pas à les fond.re dans une synthèse volr v éri ta b l e. la genèse et lrêvolutlon des sociét6s. à la genèse et à l r év oD e u x p a sssg e s d.e son essai ont tr alt lraperçu Lutlon des sociétés. Dans le premlorr 9ui lllustre t h ê o ri q u e d.tu n e fu tur e sclence cosmopolltlque, Giir r es tr ac e u n e e sq u i sse trè s somm elr e de ce qufon appelait alor s l r hi s toi r e s ê p1adlt- ilr d e s p e u ples. Le phllosophe polltiquer n a tu re l l e cera à un polnt cle vue dfoù 11 pourra embrasser ]-rhumanité ent i è r e à 1 t é t a t d r a n a r c h i e, c. à d. e u s t a d. e d. fu n e a b s e n c e t o t a l e d.e soclété. fl constatera 9uêr SouS lraction d'es forces d'l (9 ) C f. I(A N T, fd e e zu einer btirqer l 1che.rËffinf -r- allsemelnen Geschichte ln w el t- ClffieffiaffieEffi schaf t der i{atur, nâmllch dle Entrvickelung (tle nocnsffiEcÉt a.ller ihrer ônlagen, in iler i,enscÉheit erreicht werd.enkann i" (X"tti" :terke, at5aerirle-I'extausgabeVIIIt32. ) - iïôt ô" pé"t'considérer que cette tentatlve d''harmonisation ôulmine âans les théories de Kant sur les fins d'e la nature. 9r et de répulsion, aussi bien physiques que morales, attraction l - e ch a o s n e ta rd.e p a s à sr or d"onner. Les atomes que sont l - es i nqui rassemblent ce qui est homodivid.us, mts par les affinités granconcentrés sur Ia mappemond-e gène r S€ trouveront -en quatre ( f f ). Et il verra d.esmasses, Ies quatre grand-esraces humaines sropérer "sous ses yeux", "par une sorte de rêaction chimiqllêt', en famil-les d.es êtres humains isolés. Sous Ia crlsta]lisation l - t e ffe t d.e s b e so i n s physiques gui poussent l- es homm esà us er d- e 1a force égoiste et d-el-a contrainte, mais aussi sous lfaction des sentiments d'humanitê qurils éprouvent, d.es soclétés se cons t i tu e n t : l e s fa mi l l e s for m ent des peuplad- es, d- es peupl ades s l (12). associent entre elles, d-esEtats nalssent fo u t se ra i t co n ventionnel- d- ans ces vues si Gôr r es ne pr éc oni s a i t p a s d. fi n t r o d. u i r e d - a n s f t é t u d. e d - e t a v i e d - e s s o c i é t é s l a r e I1 crolt déceler dans Ia genèse d-es cherche d.e l-ols naturelles. peuples Ie jeu de Lois physiques ou chimiques éIémentaires' En f a i t, i l n e ti re d.es l- ois qui r églssent les phénom ènes natur el - s que d.es analogies et d-esmétaphores. La force d-rattractlont n o t i o n d e m é c a n i q u e, e s t p r é s e n t é e d a n s c e m ê m ep a s s a g e c o m m e 'rune pui-ssante force plastiquet' qui pétrit la matière informe. Ctest sous lraction incessante d-run él-an formateur, d-rune force créatrice (Bil-d.ungstrieb) gue naissent l-es sociétés. Crest leur qui assur e aux peupl- es une exi s tenc e (l e b e n skraft) ê l an vi ta l j-on (J-7). 1nd.épend.ante r 9ui est l-e f oyer d-e leur rénovat C e s o n t l e s c o m p a r a j - s o n sb i o l o g i q u e s s u r t o u t q u e l - e s h i s t o r i un e ns d -e s i d.é e s o n t e x ami- nées attentivement. Gôr r es établ i t p ara 1 l è 1 e e n tre l a vie d.e l- t êtr e humain et cell- e d- es Etats : -Rà$ËB-ger-gt4u ( 1 1 ) Gô rre s su i t a p par emm ent Kant qui- d- ans ses essais Von d'en yer schi edene; n-!g ji et tsest i mmuns-a;s- +751. BeE _ ri ff s e i n e r i 'l e n scher = r r asse( I7Br ) distingEe luËr e r ac es : olivâtr e d' es Hindous et l a r ac e pr imitives d.e 1' Amér ique. ô ui vré e ci.e ép o p u l a ti ôns 2 2. ( 1 2 ) C f. G G Sf, 2 r à i |;ti f,â n o i i o n d,e for ce plastique gst.sans d.oute empr u ntée 1es gym nase au pr atiqué i i ô i rte n b e rg d o n t Gôges âvait $nfanqs par us et d- ont if connaissait Ies ar ticle s a à r" l \a tu rl e h re ""i i " a à iques publiés à Gôttilgen. A6ileFïa[-affiffilentif _ td- é v e l o P p é e ^d à n s l - e s t r a i t é s L a n o t i o n d, é l a n v i t a l - e s t t â r g e m à n-tluf eland'- ( cf'supra tp'41)'d-e Bror,'rn et surtoui de méd.ecine de -: +' :\-:: : /' ra :1.i4 Î,.'., q2 /_ c o m m eI t i n d - i v i d. u, u n E t a t n a Î t, s'é p a n o u l t e t m e u r t ; o n d. i s tingue dans son évol-ution des périodes analogues à l-a jeunesse, (14). I{ai.s d.ansl-tessal sur la à 1tâge mûr et à l-a vieil-lesse p ai x g é n ê ra l e ce tte analogie ne tr ouve aucun pr olongement. La conception d.run Etat organiquerau sens herd-érien ou romantique d.u terme, est alors tout à fait étrangère à Gôrres; sa philosoque la récuser. CeIa resphie politique ne poumait dtailleurs s ort n e tte me n t d -ru ne autr e cor npar aison biologique qui c onc er ne égalernent 1tévolution d.es sociétés. Dans un passage d-el-rlntrod.u cti o n, Gô rre s d é veloppe l- f id.ée que l- es peuples, for m és s oud.ai chinique, tr aver sent c om m e n eme n t p a r u n e so rte d.e pr écipitation l r e mb ryo n h u ma l n u ne phase végétative, puis une phase ani m al - e au cours d.e Iaquelle ils se cond.uisent en fauves égoistesttgui d.é vo re n t to u t a u to u r d- r eux' r r "et ne sr élèvent que tar d. i v em ent, c on fo rmé me n t à l -e u r d- estination, à l- a plus haute humani té" ( 15). S a n s d.o u te l - t i n fl u e nce des Idées d.e Her d.er est:ell- e se ns i bl e d. a n s l e s v u e s b i o l o g i q u e s e t m ê m ed a n s l e c o n c e p t d. r h u m a n i t é t 1rid.ée d-rune ascension conmais Gôrres sren sert pour illustrer tinue de l-'hunanité d.e 1tétat sauvage à Ia civilisation. D a n s l -e mê meco ntexte, Gôr r es mentionne r r l- es d.iff érenc es phy s iq u e s't q u i e xi ste n t entr e 1es peuples. El- l- es r ésul- ten t d.u c l j - mat, du ternpéramentd.es habitants, d-esd.ifférences racial-es, et Cha que peupl e d.o n n e n t à ch a q u e E tat sa physionomie par ticul- ièr e. a ses traits distinctifs, son "caractère nationaLtt (16). ( 1 4 ) C f. G G SI r 2 7. L t i d é e e s t c o u r a n t e a u X V I I I e s i è c l e r o n t r o u v e d-es comparaisons analogues chez Rousseau (cf. Contrat sociaf, chapltre Xf). livre III, (15) Cf. GGSIr21. Four Herder, cf. éd,. Suphan XIII, 52 et I+2. ( 1 6 ) C f. G G Sr, 2 7 - 2 8. 91 ta n a t u r e d e l -'E ta t et l- es for m es d.e gouvernemenr. Dans les réfl-exions de Gôrres sur la sociêtê11rexamen des principes moraux et politiques sur lesquels reposent l-es Etats for m es de gouver nement oc c upent e t I I a n a l yse d -e s d iffér entes une place consid.êrable. Gôrres penser êr disclple d-eKantr QUêl-rEtat doit favorj-ser l e s f i n s mo ra l e s d.e l t ind.ivid- u. En ver tu d- e la l- oi mor al e, tout par autr ui com m em oy en h o mmep e u t e xi g e r de nr êtr e pas tr aité e t d.e n tê tre p a s Iésé dans ses d.r oits fond.am entaux. fl - i nc om be à l-rEtat d.e garantir ces d.roits (17). I,a co n ce p ti o n p otitique de f tEtat que Gôr r es va d.év el opper e st fo n d -é e su r l e Contr at social d.e Rousseau. Confor m ém ent à l a th é o ri e d,u C o n tr at, il voit d.ans lfEtat une ém anat i on d.e l a de former un volontê générale: "Dès le momentoù Itintention E ta t e st n a n i fe sté e par une volonté génér ale, les hom m espr i m i tifs sortent de l-tétat de nature." (18) Ces nêmes théories l-ui i n sp i re n t l a d é fi n i tion suivante'tr Dr un point d .e vue f or m el, en I'Etat est lrunion d.e toutes Les ind.ivid.ualités distinctes c om m un. colLective qui a pour but l t intér êt u n e p e rso n n a l i té Pour être }égitime, une association de ce genre d.oit être déterrninée par le contrat social.rt (19) Prenant appui sur ces concepts rousseauistes, Gôrres tralte d- es Etats. Depuis qu e t'i ontes l o n g u e me n t d.e Ia for me politique qieu avait publié (en 1748) son traité De lresprit d.es Lois Itexamen des diverses formes dtEtats et le problème d.u meilleur t Bouvernement étalent à l- ord.re du jour. tà3] G G S,r r t g. GGS\ '7. GGSr,28. K A I { T r'a u! g - e r u i f i eFnr i e d e n ( E r s t e r D e f i n i t i v a r t i k e l ). 9+ r i v a l - i s e r a v e c s e s m a Î t r e s. S t i n s p i r a n t d - e l a m é t h o d - es c i e n t i it se propose d.tétablir une cl-assification fique de LinneGt)r r a ti o n n e l l -e d -a n s l a quelle soient r epr ésentées toutes l- e s for m es dtEtat possibles. f-e critère sur lequel repose le cl-assement éIaboré par Gôrres, ce sont les "d.ifférences de forme" qui dét e r mi n e n t l -a p e rso n nalité m or al- e des d.iver s Etatsr €o d.tautr es termes les principes sur lesquels est fond.ée 1r organisation d.e QZ) l e ur g o u ve rn e me n t, l eur t' égim e politlque. L r E t a t, ê t r e m o r a l _e t c o l l e c t i f, n e p e u t s e m a n i f e s t e r e n t a nt q u e te 1, ma i s d.oit for cément sr incar ner dans d.es p er s onnes d.es per sonnes qui r epr és enp h ysi g u e s p o u 1. a g i r. Cr est à par tir en recourant tent l-tEtat que Gôrres établit sa classification (2t). aux catégories kantiennes totaSelon les catégories d.e l-a quantité (unité, pluralitér l i t é ), i l d.i sti n g u e entr e la g- onar chie. qul concentr e Ia per s onn a l -i té n a ti o n a l -e d a ns un seul homm e, la pol- yar chie qui d.és i gnet a u se n s l a rg e d.u mot, tout r égime d.ans lequel l- e pouvoi r es t de per sonnesr et une form e d.r Etat d. éte n u p a r u n n o mb r e r estr eint qutil appelle holarchie, c. à d-. le gouvernement d.e tous, où la I nation tout entière est à la fois source et dépositaire de I autorité. fond.aune d.istinction D a n s Z u m e w i g e n Fr ieden, Kant établit qui m e n ta l -e e n tre l -a fo rm e d.e ]tEtat et son r 6glme politique ( €4). Gôr r e s d.éfi ni t p eu t ô tre so i t d.e spotieuêr soit r épublicain à son tour l-a nature d-es gouvernements en consld.érant les pouv ol rs so u s 1 | a n g l e d.es catégor ies kantiennes d.e la qual i té et aboutlt ainsi à un tableau négation, llmitation) plus complexe des formes d.tEtat. Dans le régime d.espotiquer l-e pouvoir législatif et Ie pouvoir exécutif sont confondus, réunis topposé, ils sont réentre l-es mains drune seufe personne. A f partis sur lrensemble des citoyens et exercés col-lectivement (réalité, sa cl-assi(21) Dans une note , Gôrres signale 1'analogie.entre fication et le système sexuel établi par Linné en botanique. (22) cf. cGS 1128 sq. ( Z l ) C f. i (r\i,i 1,'K rl tik der r einen Ver nunft ( Tr a- n- szende ntal e Logi k III T ot). S 1O). Kants \,ierke JkadGmie-Textausgabe ( 2 + ) C f. A k a d e m i e - T e x t a u s g a b eV I I f, 7 5 2 t r r. 95 d an s l a d -é mo cra tl e. Entr e ces d.eux pôIes se situe l- a g am m edes régimes polyarchiques d-anslesquels l-run et l-rautre pouvoir s on t e xe rcé s sé p a rém ent par une par tie plus ou moins lar ge ou restreinte du corps social- et qui vont d'un despotisme élargi Dans ce dernier cast l-e régime est à une démocratj-e rétrécie. est exercé d.ide nature d.érnocratlquesi }e pouvoir léglslatif si Ie peuple d.élègue l e pouv oi r r e cte me n t, i l e st r epr ésentatif à d.es représentants; d.ans Ies d.eux casr il est républicain. Pour conclure, Gôrres retient quatre formes d.tEtat principales: la forme monarchigue despotique, l-a forme polyarchlque d.e sp o ti q u e, Ia fo rme polyar chique r épublicaine et la for m e h ol -a rch i q u e d.é mo cratique. Ltoriginalité d-utableau proposé par Gômes, crest d.têtre à Ia fois un classement calqué sur les sciences naturel-Ies et un classement hiérarchigue d.esEtats qui stéLève d-esformes inférieures aux formes supérieures. Lrord.re d.ans lequel est prés en té l -e cl a sse me n t constitue aux yeux d.e Gôr r es une éc hel - l e d.es val-eurs. Au bas d-e 1téchelIe, l-a monarchie. Gôrres estime en effet querttoute monarchie pure est un d.espotismer'. Puis la mu l ti p l i ci té d.e s régimes polyar chiques qui sf étagent e ntr e l - e d.espotisme et la démocratie, mais excl-uent lrun et lrautre. Enfinr âu sommet, fa d.émocratie. E n e ffe t, ré cu sant le jugement défavor able de Kant s ur l a démocratie et les vues pessimistes de Rousseau sur l-a possib i l i té d -e l a ré a l -i s er, l- e jeune Gôm es r ompt une l- anc e en s a faveur d.ans son essai sur la paix générale- Dans le passage mentionné plus haut de Zum ewiqen Frieden, Kant écr1t querrl-a d.émocratie est nécessairement un despotisme": tous l-es citoyens et d.u pouv oi r ê ta n t i n ve sti s à l a fols d- u pouvoir léglslatif e xé cu ti f, rrto u s d é cid.ent au sujet d.r un seul- et l- e cas éc héant qui est une contrad.iction d-e1a volonté génécontre Iuirf"ce r a l e a v e c e l l - e - m ê m ee t a v e c I a l _ i b e r t é " ( 2 5 ). L t a r q u m e n t a t i o n (2r) I'Unter den drei Staatsformen ist die der Demokratie im V e rstand.e des ir jor ts notlvend- ig ein tjespoti s m us, w ei l e i g e n tl i ch e n si e e i n e e xe l <u ti ve Gewal- t gr i.ind.et, da all- e iiber und. aLf enf al l - s auch wider Einen ( aer also nicht mit einstimmt), mithin Al-lerd.ie d o ch n i ch t A l -l -e si nd, beschlieBenl welches ein l^iid- ers pr uc i l d.es i s t. " a l,/rIr -l e e me i n e n - i ii l -Ie n s r ir lt sich sel- bét und mit d.er Fr eihel t (,,i?. ) 96 contraire d.eGôrres stappuie principalement sur ltopinion d-e R o u sse a u q u e l -e s risques d.tabus concer té d.u pouvoir d- i m i nuent q u a n d.l e n o m b r e d e s c i t o y e n s q u i p a r t i c i p e n t à 1'exercice d-u p o u vo i r a u g me n te. le chapitr e d- u Contr at social- sur fa d.ém ocratie se ternine par ces phrases: I'Sril- y avait un peuple d.e d i e u x, i f se g o u ver ner ait démocr atiquem ent. Un gouvernem ent s i p a r f a i t n e c o n v i e n t p a s à d. e s h o m m e s.'r( 2 6 ) G ô r r e s n r a c c e p t e pas cette conclusion, et cette fois encore, son argumentation stappuie sur sa conception morale d.e lthommer sâ foi d.ans Ia perfectibil-ité d.e l-rind.ividu. I1 concède à Rousseau que 1a d,émocratie est exposée aux agitations intestines l-es plus n o m b r e u s e s, i l a d. m e tq u r e l l e f a v o r l s e l r e s p r i t d.e parti et verse facilement d.ans l-ranarchie. Aussi nrest-elle faite ni p o u r 1 a g é n é r a t i o n p r é s e n t e n i m ô m ep o u r 1 e s p r o c h a i n e s g é n é rations. Cepend.ant, sril est vrai que l-a d.émocratie nrest pas ad.aptéeà la soclété actuel-ler cê nrest pas sa nature qui en est l-a cause, mais Le développement moral insuffisant d.es h o mme s. L a d.é mo cr atie suppose un stad.e d.e per fection m or al e Dans la situatlon présente, qurils nront pas encore atteint. (26) Cf. ROUSSEAU, Du Contrat social-, l - i v r e f I I, c h a p i t r e I V. -406. Ed. Gagnebin (La Pl6i-adeaearîsTtr0A), t. IIIrp.4Gf (27) Cf. GGSf, note d.e l-a page 29. 97 t. Du droit n a t u r e l - a u d- r oit LIt' c ontrainte révo1u!;!o4na:!re. v enons L e s co n ce p ti o n s p h ilosophiques d- u jeune Gôr r es que nous crest sur el-l-es quril fond'e d. t e x p o s e r d. é b o u c h e n ts u r l - r a c t u a l i t é, Dans d.e longs développements théoriques, if ses vues politiques. à partir d-ud-roit naturel- et du contrat srefforce d-e justifier, social, les contraintes et l-a Suerre révolutionnaires' Dans le passage cité plus haut sur l-a genèse d-es sociétést I'A u mo ment où un cer tain nom br e d- tind- ivid- u s gui ne G ô r r e s é cri t: peu pol i s o n t d é j à p l u s ci -ep u rs bar bar es, mais d- es homm es quelque d- oux t c é s 6 râ ce à u n h e u re u x concour s d- e cir constances? un ciell-a des d-ispositlons naturell-es favorables etc., à ce momentnême l-eur s o m m ed. t i n t e l - l i g e n c e q u t i l s o n t r e ç u e e n p a r t a g e f o r m e d " a n s (28)''' i{als sein une unité mora1e, une ini;elligence collective sont encor e tr op attachés ind- ivid- ue l l - em ent c e s h o mrn e sp ri mi ti fs animal- et l - eur leur instinct à u ne i n d é p e n d -a n ce sans contr ainte, tr op p r o p e n si o n à l é se r l -es d.r oits d- e l- eur s sembl- ables sont e nc or e d' e natur e ne p u i ssa n ts p o u r q u e Ie danger d.e r echute dans ltétat à I I soit pas constant. i'/erke Puuli- qR / v a vo n s d é j à me n ti o n né l- e r ôl- e que joue d.ans sa pensée la m étaphore. Ici encore, son raisonnement part drune analogie: il a s s i m i l - e l - e s h o m m e se n c o r e p e u é v o l u é s d e l a s o c l é t é n a j - s s a n t e à u n e q u a n ti té d -e matièr e pr esque br ute, car leur com m unauté ne d-ispose encore que dtun faibl-e acquis d-rhunanité. A l-régardcol-lective le d-e cette matière, il- attribue à I t inteltigence I' El- l- e exer ce ce d- r oit en for m an t c ette d.ro i t d -ta p p ro p ri a ti o n. matière à son image, en Ia façonnant à ses finsr eD lrenfermant d.ansdes l-imites précises (7O)." En assumant cette formation d.e se consol-id.eet se perfectises membres, ItEtat encore fragile o nn e l u i -mê me. qui est collective, G ô r r e s r e c o n n a î t d - o n cà l - t i n t e l l i g e n c e qualifiée d-e "plastique",id" 'rformatrice"r uû droit d.e contrainte Sur lesmembresd.e]-asociété(']).Pourbienmarquer]-anature et les l-imites d.e ce d.roit, if précise en note que l-'ind.ivid.u n e d. o i t j a n a i s ê t r e t r a i t é c o m m eu n e c h o s e r Q u ê l e r e s p e c t d e l a p e rso n n e h u rn a i n e est d.û à tout êtr e hum ain et que Ir ex er c j - c e d.u ZueignunRsrecht ainsi conçu nrest légitime gue tant quri-l favorise le progrès moral et social ('2). collective L e l - e c t e u r s e d.
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Sagesse populaire, sagesse des Nations?
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10,875
Les auteurs des Cahiers Évangile (n° 28, p. 36) résume les motifs de la résistance en ces termes : 301 VILCHEZ-LINDEZ José, « Panorama des recherches actuelles sur la sagesse de l‟Ancien Testament », dans TRUBLET Jacques (dir.), 1995, La sagesse biblique. De l‟Ancien au Nouveau Testament, ACTES DU XVe CONGRES DE L‟ACFEB (PARIS, 1993), Paris, Les Éditions du Cerf, p. 129 263 « Le Seigneur n‟a-t-il pas toujours guidé Israël, ne l‟a-t-il pas sauvé par ses juges? Depuis le pacte de Sichem, les tribus ne sont-elles pas gouvernées par Dieu? Les traditions et les Lois n‟ont-elles pas été données par Dieu à Moïse? Alors à quoi bon se donner un roi! N‟est-ce pas rejeter le Seigneur pour se réfugier dans un monde d‟intrigues et d‟inégalités? Le roi ne va-t-il pas s‟arroger les prérogatives divines en devenant comme les autres rois? Ce qui est fondamentalement mis en cause c‟est, au nom même du Dieu dont Israël reconnaît la volonté et l‟initiative exprimées par les commandements et les événements, le principe d‟une sagesse politique qui se donne à ellemême ses propres critères, utilise tous les moyens pour parvenir à ses fins et déclare « bien ou mal » les événements selon l‟opportunité du moment » (cf. 1 S 8, 5.20 ; Dt 17, 14). La création de la royauté au Xe siècle ne pouvait trouver droit de cité dans une pensée inspirée du Yahvisme qui condamne et la royauté et la sagesse gouvernementales. Dans la Bible, il y aura cette accusation lancée aux rois d‟avoir entraîné la ruine d‟Israël par toutes sortes de politiques gestionnaires infécondes. Cette contestation sera physique (Absalon poursuivant David pour en finir avec lui), mais aussi idéologique (probablement sur la contradiction entre la rétribution temporelle de l‟homme de bien, et la souffrance du juste que le livre de Job souligne avec force (voir infra)). Qohelet ira plus loin en disant que tout est vanité, fumée, feux follets. Une solution à la crise de la sagesse sera de se rendre compte que le roi est tout autant faillible que mortel, et de ne tenir pour véritable source de la sagesse que Dieu lui-même. Selon les auteurs des Cahiers Évangile n° 28, la contestation de la sagesse politique se trouve dans les écrits donnés justement comme des documents de légitimation de la royauté ou de certains rois. Elle se trouve dans les récits de la succession de David (2 S 920 ; et 1 R 1-2) ; dans le récit magnifiant le règne de Salomon le sage (1 R 8-11) ; et dans le document yahviste. Comme le relèvent assez bien les auteurs de Cahiers Évangile (n° 28, p. 40), l‟exemple le plus frappant réside dans l‟histoire de Joseph, pourtant exalté pour sa sagesse inspirée par Dieu lui-même. Deux faits dénoncent l‟aspect astucieux de sa sagesse : la manière dont il a retenu le jeune Benjamin (Gn 44, 1-3), et l‟astuce avec laquelle il a acquis toutes les terres d‟Égypte pour pharaon (Gn 47, 13-26). Mais quelle que 264 soit son astuce, Joseph promettra fidélité aux dernières volontés de Jacob, et en même temps ne réussira pas à convaincre Jacob sur le choix du fils duquel il attend la bénédiction : le benjamin Éphraïm sera préféré à Manassé (Gn 47, 27-48, 20). Aussi grande que soit la sagesse égyptienne, elle doit se plier devant le vouloir du Seigneur, parce que seul Dieu dans la fidélité à son choix et à sa promesse est source de salut. C‟est seulement l‟obéissance au rapport qui unit Israël à Dieu qui sera objet de bénédictions devant toutes les nations (Gn 12, 3b). Ainsi, toute sainteté doit absolument se rapporter au don gratuit de Dieu qui choisit et qui confère en même temps la dignité. 5.6. LE PEUPLE Dans la sagesse populaire, la place du peuple n‟est pas à négliger. Le peuple constitue comme l‟instance de validation des lumières jaillies des esprits éveillés. C‟est le même peuple qui forge un cadre de savoir-vivre comprenant les bonnes manières dans la société. L‟imaginaire communautaire est souvent le fruit de ces sanctions du peuple, à la fois approbation explicite, réprobation et accord tacite. Même le savoir-vivre en société qui est la partie visible de l‟iceberg de l‟imaginaire communautaire s‟acquiert dans l‟école domestique. L. G. Damas302 rend compte de cette stricte éducation de l‟enfance qu‟il a eue à subir dans une littérature engagée : « Et j‟ai beau avaler sept gorgées d‟eau trois ou quatre fois par vingt-quatre heures me revient mon enfance dans un hoquet secouant mon instinct tel le flic le voyou Désastre Parlez-moi du désastre parlez-m‟en. Ma mère voulant d‟un fils très bonnes manières à table 302 L. G. DAMAS, 1962, Pigments, Édition définitive, Présence africaine. 265 Les mains sur la table le pain ne se coupe pas le pain se rompt le pain ne se gaspille pas le pain de Dieu le pain de la sueur du front de notre Père le pain du pain Un os se mange avec mesure et discrétion un estomac doit être sociable et tout estomac sociable se passe de rots une fourchette n‟est pas un cure-dents défense de se moucher au su au vu de tout le monde un nez bien droit ne balaye pas l‟assiette Et puis et puis et puis au nom du Père du Fils du Saint-Esprit à la fin de chaque repas Et puis et puis et puis désastre parlez-moi du désastre parlez-m‟en Ma mère voulant d‟un fils mémorandum Si votre leçon d‟histoire n‟est pas sue vous n‟irez pas à la messe 266 dimanche avec vos effets des dimanches Cet enfant sera la honte de notre nom cet enfant sera notre nom de Dieu Taisez-vous Vous ai-je ou non dit qu‟il vous fallait parler français le français de France le français du Français le français français Désastre parlez-moi du désastre parlez-m‟en Ma mère voulant d‟un fils fils de sa mère Vous n‟avez pas salué voisine encore vos chaussures de sales et que je vous y reprenne dans la rue sur l‟herbe ou la Savane à l‟ombre du Monument aux Morts à jouer à vous ébattre avec Untel avec Untel qui n‟a pas reçu le baptême Désastre parlez-moi du désastre parlez-m‟en Ma mère voulant d‟un fils très do 267 très ré très mi très fa très sol très la très si très do ré-mi-fa sol-la-si do Il m‟est revenu que vous n‟étiez encore pas à votre leçon de vi-o-lon Un banjo vous dites bien un banjo Non Monsieur vous saurez qu‟on ne sou chez nous ni ban ni jo ni gui ni tare les mulâtres ne font pas ça laissez donc ça aux nègres. » Il faut dire que dans la société actuelle, l‟expérience est plus que valorisée, à commencer par l‟expérience professionnelle qui ouvre les portes des débouchés, jusqu‟à une certaine capacité à se gérer soi-même et à gérer d‟autres groupes humains. D‟où son importance pour réussir sa vie. Cette expérience parait double. 268 Comme nous l‟énoncions dans l‟introduction, le peuple n‟est pas cette catégorie de masse insensible à qui tout est mâché. Au contraire, ce dernier sera le plus souvent le relais de ces lumières jaillies comme dans l‟obscurité, en vue de les perpétuer. Mais davantage, il sera l‟expérimentateur de ces inventions sur lesquelles il ne cessera d‟influer continûment à sa manière, soit en les érodant soit en les affinant ou en les perfectionnant. Pour obtenir une sagesse populaire, un tel circuit semble bien obligatoire. Ce qui fait dire encore à Louis Bouyer : « C'est ainsi que les formes rudimentaires de la sagesse des nations, comme on dit, s'édifient à partir du génie de quelques visionnaires, par la collaboration de ces esprits plus rassis qu'on appellera "les sages", mais avec l'accord tacite, voire la stimulation, et finalement la confirmation obscure, sinon de toute la masse humaine, au moins de tous ceux qui peuvent y être considérés comme des vivants à part entière, et non seulement cette espèce de tissu conjonctif dont les passivités accordées obscurément n'en offrent pas moins une confirmation définitive à la conscience progressante de l'humanité. » 303 La sagesse populaire est issue de ce travail qu‟on peut qualifier de travail collectif, à cause de la chaîne de transmission du savoir-faire qui implique un nombre important d‟acteurs ou d‟individus. La sagesse qui parle de la vie au quotidien, des drames mais aussi des joies des hommes, ne peut pas ne pas avoir les marques profondes du peuple. On peut même dire que le peuple est un acteur central pour l‟élaboration, l‟interprétation, la transmission de la sagesse. Il se retrouve en elle comme dans un miroir. Ce qui fait dire à Paul Beauchamp au sujet de sagesse d‟Israël, « Les livres sapientiaux ont pour fonction de remettre la parole au peuple à qui parlent la Loi et les Prophètes. » 304 Conclusion 303 BOUYER Louis, 1994, op. cit., p. 20 304 BEAUCHAMP Paul, 1977, L‟un et l‟autre Testament, Paris, Éditions du Seuil, Collection « Parole de Dieu », p.142 269 La sagesse populaire se sédimente dans des personnes qui, non seulement incarnent l‟idéal de la communauté, mais aussi contribuent à l‟enrichir, à l‟ennoblir. 270 CHAPITRE VI. LES SAVOIR-VIVRE : LES LECONS DE SAGESSE Qui dit sagesse populaire dit aussi école informelle où tout citoyen s‟instruit en vue de mieux conduire sa vie. Comme disent beaucoup de gens encore aujourd‟hui, on n‟a qu‟une seule existence. Inutile de la gâcher. Les enseignements qui permettent de mieux conduire sa vie sont variés et vont des conseils d‟un père à son fils aux initiations à l‟art technique, politique et oratoire, et à la capacité à dénouer les énigmes de la vie. Contrairement aux expériences qui sont des acquis dont il est difficile d‟évaluer la grandeur, les enseignements sont ce qui est effectivement partagé des nombreuses expériences. Comme pour les expériences, il existe des variantes, que l‟on se situe dans une société traditionnelle orale et communautaire comme dans les sociétés occidentales plus individualistes et les familles spirituelles fortement mystiques. 6.1. LES CONSEILS Les conseils sont souvent ces leçons issues d‟expériences passées qu‟on transmet aux jeunes générations, afin de leur donner des informations sur certains moyens de réussir dans la vie et afin qu‟elles ne soient pas déboussolées par les mutations du monde. La littérature égyptienne foisonne de ces conseils d‟un père pour son fils. Les « Maximes de Kaqimna », les « Maximes de Merikarâ » et les « Enseignements d‟Amenemhat Ier à son fils » sont reconnus de façon populaire comme des conseils de sagesse formés essentiellement de règles de savoir-vivre (réserves dans les propos, bon maintien et réserve dans le manger et le boire, danger d‟une attitude hautaine...), de conduite à tenir devant les vassaux, de l‟unité de la sagesse et de la tradition, de l‟importance de la justice et de l‟accomplissement des devoirs religieux, des responsabilités de la royauté, de l‟indexation de circonstances religieuses délicates, de la critique de la révolution, etc. Ils mettent en garde contre les amis et les confidents et recommandent une grande vigilance. Dans les sociétés traditionnelles orales, tous les moyens sont bons et les occasions favorables pour donner des conseils, mais c‟est principalement dans l‟éducation familiale 271 et les contes et légendes que ces conseils sont donnés. La présentation est suffisamment soignée pour que le néophyte soit contraint à retenir la leçon. Pour prendre un exemple, voici un conte assez moralisant : « Un jour, un paysan s‟était rendu en brousse à la recherche de termites pour ses poussins. En fouillant par hasard sous un tas de feuilles mortes, il découvrit une énorme tortue. « Te voici, tortue! cria le paysan, il y a longtemps que je te cherche. Sors, que je te mange toute crue. » - Non! répondit la tortue : on ne me mange pas crue. Je vais te dire comment tu peux me manger avec appétit. D‟abord, tu cherches une corde avec laquelle tu attacheras l‟une de mes pattes et me suspendras à une branche d‟un arbre non loin de ta maison. Après trois jours, j‟aurai éliminé toutes les saletés que j‟ai dans le ventre. Tu pourras, à partir du quatrième jour, me manger en me préparant de la façon suivante : tu chercheras une pierre plate que tu mettras sur le feu. Quand elle sera bien chaude, tu mettras du coton sur cette pierre et tu me mettras dessus. Quelques instants après, quand tu entendras un bruit, ne tarde pas à m‟ôter du feu avant que je m‟éclate. » Le paysan écouta avec attention la tortue. Il patienta et l‟emmena à la maison. Il la suspend it, comme elle le lui avait indiqué , à une branche d‟un gros arbre de vant sa maison. Puis il rentra chez lui. La tortue suspendue cherchait dans sa petite tête une ruse afin d‟échapper à cette situation dramatique. Tout à coup, elle aperçu un singe qui avançait vers elle. Immédiatement, elle commença à danser de toutes ses forces. « Pourquoi danses-tu amie tortue? lui demanda le singe étonné. - N‟interromps pas mon travail, laisse-moi tranquille! 272 - Amie tortue, pourquoi me chasses-tu ainsi? - Je suis très occupée, car le chef m‟a demandé de danser avant d‟épouser sa mignonne fille. - Toi? Comment? Épouser la fille du roi ? Ce n‟est pas possible. - Bien sûr que si! C‟est lui qui me l‟a promis et il va bientôt sortir pour me récompenser. - Sauve-toi vite de là, vilaine bête! Ce n‟est pas toi qui épouseras la fille du roi. Avec mé pris , le singe détacha la tortue et la lança au loin, puis attach a sa propre main à la branche et commença à danser. Vers le soir, le paysan sortit pour s‟assurer de la présence de la tortue. Il fut surpris de voir le singe à la place de la tortue. « La tortue s‟est transformée en singe! » cria celle-ci, de sa cachette, sous un tas d‟herbe. À l‟aide d‟un long bâton, le paysan assomma le singe, et la tortue se moqua bien de l‟infortuné. Ainsi, nous ne devons pas envier le sort des autres ni être jaloux de leur bonheur . »305 Avec des jeunes en initiation, les images captent davantage l‟attention que de vives réprimandes. Celles-ci conduisent parfois à l‟étourdissement, source de blocage psychologique dans le jeune éduqué. Et en même temps, l‟histoire fascine, la leçon passe doucement dans la vie . 305 « Le paysan, la Tortue et le Singe », dans AGBETIAFA K. et NAMBOU, Y., 1987, Contes du Togo, Paris, Nathan Afrique / Les Nouvelles Éditions Africaines, p. 28-30 273 Le style biblique est beaucoup plus direct. Et les lettres de saint Paul sont en grande partie formées de ces conseils aux nouveaux convertis que son évangélisation appelle à Dieu : « Je vous y exhorte donc dans le Seigneur, moi qui suis prisonnier : accordez votre vie à l‟appel que vous avez reçu ; en toute humilité et douceur, avec patience, support ez-vous les uns les autres dans l‟amour ; appliquez-vous à garder l‟unité de l‟esprit par le lien de la paix » (Ep 4, 1-3). Alors que ces conseils sont souvent donnés pour préparer à d‟éventuels problèmes dans la vie, la société occidentale choisit bien souvent la voie contraire : chercher les moyens seulement quand on est devant le fait accompli. Sans les problèmes, il est difficile de proposer les solutions adéquates. C‟est une question de culture, mais c‟est aussi fonction des situations qui demandent des interventions. Dans la plupart des cas, la prévention s‟impose de règle. Tous les éducateurs de toutes catégories n‟hésitent pas à faire usage de tout cet univers de conseils dans l‟éducation des individus qui se présentent à eux. La réussite de ces derniers réside dans leur capacité d‟écoute et dans leur imagination à appliquer les règles. L‟idée sous-jacente à l‟éducation par des conseils réside dans le fait de penser que les événements se répètent dans la vie et qu‟il fallait simplement appliquer les recettes de grand-père. Ironie du sort! Des écueils inopinés demandent encore aujourd‟hui l‟intervention des gens d‟expérience. Les crises et les problèmes d‟une époque peuvent être les mêmes que ceux des temps passés, mais le cadre et les individus qui les vivent ne sont plus les mêmes. Appliquer une recette toute faite n‟est pas toujours la meilleure solution. Dans certaines situations, il faudra élaborer de nouveaux principes pour faire l‟approche de certains problèmes. Mais la sagesse n‟est pas simple assimilation de recettes de grand-père. Les sages qui sortent de ces écoles, s‟ils ont vraiment acquis de la sagesse et sont prêts à affronter l‟avenir, sont aussi ceux-là justement qui considèrent que l‟éducation reçue des anciens sert plutôt à former l ‟intelligence et à préparer des personnalités capables de voler de leurs propres ailes. Sans cette capacité d‟adaptation, les conseils ne sont plus que des lavages de cerveau. 274 6.2. L‟HABILETE TECHNIQUE L‟initiation à l‟artisanat a aussi préoccupé toutes les générations, jusqu‟à une époque récente où on s‟est rendu compte que certaines universités peuvent former des diplômés qui ne savent du tout ou presque pas faire grand-chose dans le concret. Cette opinion est surtout avancée dans le domaine de l‟emploi. La sagesse populaire a toujours veillé sur la transmission de savoir-faire, et comme pour les conseils, cette transmission se fait de père à fils. Les médias de ces derniers temps révèlent combien de fabriques artisanales ferment leur porte parce que les fils et filles ne sont pas intéressés par leur reprise. Il y a bien sûr la concurrence et les supermarchés qui influent aussi, mais en général, les fermetures s‟expliquent par une pénurie de vocation. Les « Maximes de Douaouf » du genre littéraire de la « satire des métiers » décrivent combien en Égypte, dans les temps anciens, on faisait défiler devant les enfants les métiers qui peuvent être opposés au métier noble de scribe ou de notable de roi. Jusque dans un passé récent, l‟éducation ménagère était le moyen favori d‟une maman de transmettre à sa fille ses savoir-faire culinaires, et le travail de l‟atelier, celui d‟un père à son fils. Beaucoup de pratiques se transmettaient aussi bien dans l‟artisanat que dans l‟agriculture, l‟élevage, la chasse ou la pêche. Un savoir-faire est aussi particulièrement reconnu aux sages de la Bible, et particulièrement aux scribes et aux conseillers des rois (Ahitofel en est un exemple très éloquent). L‟art d‟écrire était une qualité dont certains seulement avaient la maîtrise. C‟est que l‟invention des machines n‟a pas fait que soulager l‟homme, elle a aussi contribué à écarter de la course beaucoup de vocations potentielles à l‟artisanat sous toutes ses formes. Le travail à la chaine permet de produire en quantité et en qualité, mais aussi n‟épargne pas des accidents de travail liés à ce genre d‟activité. Les produits en série ne font plus percevoir l‟habileté de l‟artiste. Aujourd‟hui, beaucoup de produits issus de l‟artisanat (produits faits main ou produits bio par exemple) sont recherchés et payés à des prix exorbitants, ce qu‟on aurait pu éviter s‟il y avait beaucoup de vocations au métier d‟artisans. C‟est que la sagesse populaire qui promeut l‟habileté technique continue d‟avoir sa place dans la société moderne que l‟industrialisation ne peut entièrement occuper. 275 La situation a beaucoup évolué aujourd‟hui et la constitution des corps de métiers offre une organisation plus technique et plus variée. Dans le domaine des œuvres d‟art, il y avait un intérêt à se mettre à l‟école des artistes pour s‟initier à certains symboles ou pour comprendre certaines productions. Il y a de plus en plus une perte du caractère mystérieux de certaines œuvres que l‟art moderne ne dispose plus. Il y a ainsi un manque à gagner dans la place de l‟interprétation qui révèle la profondeur des œuvres. 6.3. L‟ART ORATOIRE L‟art de bien dire s‟apprend. Il influence parfois l‟écrit. On dit souvent qu‟on écrit comme on parle. Soigner et mesurer le langage est facteur de sagesse. Dans les sociétés traditionnelles, deux groupes de personnes marquent l‟art de bien parler : les griots et ceux qui siè dans les tribunaux. Parfois, les uns sont pris pour les autres. Les notables sont ces juges traditionnels qui siègent dans les tribunaux coutumiers et qui décrivent les événements ou argumentent à coups de proverbes et de langages imagés. Les griots jouent des rôles similaires et sont détenteurs de la parole du peuple. Mais dans la culture akposso, ils animent les veillées, les folklores et les danses traditionnelles. Grâce à leur habileté, ils savent corriger les mœurs comme par enchantement. Leur premier but est d‟interpeler sur les dangers immédiats et lointains, mais aussi sur les bonnes manières et comment réussir dans la vie. On les considère à juste titre comme les veilleurs de la tradition. Quand ils doivent animer les veillées au clair de lune, tout le monde reste suspendu à leurs lèvres du début jusqu‟à la fin. La beauté de leur prestation est souvent renforcée par le tandem d‟orateurs qu‟ils forment parfois, se répondant l‟un l‟autre dans les narrations d‟histoires drôles. Ils sont habiles dans les agencements d‟images susceptibles de retenir l‟attention. Dans les sociétés à écriture, ce sont davantage les figures de style qui définissent l‟art oratoire. Elles permettent d‟affiner le langage. Bien qu‟elles soient le domaine favori du monde savant, ces styles ne manquent pas dans le langage familier. Pour se référer encore à l‟Égypte et à sa civilisation ou à sa littérature sapientielle, les « Plaintes du paysan » écrites sous le règne d‟un des pharaons héracléopolitains de la 9 e et 10e dynastie, 276 Nebkaourâ, sont un prototype du charme du discours ou de l‟art de parler. On se souvient que Jésus a ému par son enseignement, par les merveilles qui sortaient de sa bouche. Il ressort de l‟art oratoire que la réalité est beaucoup plus évidente à cause des images qui fusionnent comme des lumières, et qui renforcent la teneur des messages. Et pour les jeunes et les enfants, ces images permettent de vite accéder au savoir et au stade d‟adulte. La notion d‟exercice vient renforcer les effets bénéfiques de l‟art oratoire. Le jeune qui apprend à conter se familiarise avec l‟univers de l‟imaginaire communautaire et épouse les bonnes manières de la société dans laquelle il vit. À l‟art de conter s‟ajoute des exercices plus rigoureux, le déchiffrement des énigmes et des devinettes. La mémoire de beaucoup de jeunes s‟est vue acquérir des performances incroyables au contact de ces personnes qui savent dire et conter. Mais quand le langage codé devient une arme de défense, il ne sert plus la beauté de l‟art de bien dire. Son usage est détourné au profit d‟intérêts partisans. Et au lieu d‟apporter le bonheur, il provoque et entretient des discordes. Le bien dire suscite dans ce cas le mal agir. L‟art oratoire a besoin aussi de se mettre au service de la vérité qui demande à être bien circonscrite pour la compréhension de tous, et non pas un désir de parler avec beaucoup d‟emphases pour finalement ne rien dire. Les paroles vides tuent la sagesse. Le but principal des enseignements de la sagesse populaire est de faire intérioriser les normes de la société qui sont avant tout des codes de bonne conduite. En touchant en profondeur aux mœurs, ils mobilisent plus que toute norme morale professée en style direct ou tout discours moralisant explicite et de surcroit indigeste. La sagesse populaire cultive les bonnes manières. Conclusion : Quelle que soit la sagesse, l‟homme n‟est pas assez assuré de trouver une réponse à toutes les questions qui se posent à lui. Il est simplement invité à faire route parfois avec ces questions qui reviennent souvent dans la vie. Connaitre ou identifier les problèmes ne signifie pas les résoudre. À titre indicatif, on peut citer le problème de la mort, de l‟au-delà, de la souffrance, ou du mal, etc. Ces grands thèmes s‟invitent aussi dans les débats sur le désir de bien vivre. Est-ce bien vivre quand on se voit vieillir ou quand on sait qu‟on doit 277 mourir dans un futur proche? ou quand on se demande ce qui se passera après la mort? Certains comme Albert Camus n‟hésitent pas à dénoncer l‟absurdité de la vie. Et pourtant la vie vaut la peine d‟être vécue. Il faut estimer Sisyphe heureux, lui qui est contraint de faire la douloureuse expérience de l‟absurdité de la vie. Qohelet dira comme nous l‟avons annoncé plus haut que la vie n‟est que vanité des vanités et qu‟il n‟y a rien de nouveau sous le ciel. Mais il dira aussi « Autre temps, autres mœurs ». Certains pensent qu‟il n‟y a rien après la mort, alors que d‟autres croient à une plénitude de la vie, et d‟autres encore pensent à profiter au maximum de la vie quand doivent menacer des catastrophes. Les traditions orales et le monde religieux croient en une vie (à caractéristiques variables selon les religions et les philosophies), alors que des athées ne demandent qu‟un respect du corps, et des scientifiques, de continuer à philosopher sur l‟antinomie vie / mort, l‟une étant l‟être et l‟autre le non-être. Et pourquoi doit-on souffrir? Que le méchant souffre, cela est encore concevable, parce qu‟il récolterait le fruit de ses actes. Mais que penser de la souffrance de l‟innocent ou du juste? L‟exemple de Job dans la Bible exprime le drame qu‟une telle réalité produit dans la vie. Comment Dieu récompense-t-il les justes et punit-il les méchants? La crise de la sagesse que nous avons évoquée dans une rubrique de la sagesse biblique continue son chemin dans le monde et de nos jours, comme pour mettre en déroute la capacité humaine à construire un bonheur durable ou simplement à compter sur son savoir-faire. Et pourtant, tout non plus n‟est le fruit du hasard. Comme il est difficile de rester sage quand la sagesse elle-même est mise à l‟épreuve! Il y a quelque chose de fou dans le monde. Mais en fait de folie, c‟est une certaine morale des hommes qui est mise en déroute par la sagesse. Pardessus tout, ce qui importe, c‟est de trouver sens à la vie, même dans le non-sens. 278 CHAPITRE VII. LA RECHERCHE DU BONHEUR La sagesse a pour principal objectif de rechercher la vie bonne, à la fois heureuse et conforme au véritable bien de l‟homme. Il est hors de question de parler des biens particuliers comme l‟or et l‟argent, la santé, la réussite familiale, les promotions sociales, ou quelque fortune que ce soit. Il est vrai qu‟il y a un certain bonheur à disposer de ces atouts. C‟est la même sagesse populaire qui dit que l‟argent ne fait pas le bonheur. Mais nous voulons surtout parler ici d‟une orientation générale de la vie qui est le fruit de l‟idée qu‟on se fait d‟elle et de la manière de l‟aborder. Si la vie est un don, et pourquoi pas, on l‟accueille avec joie et on fait tout le nécessaire pour qu‟elle s‟épanouisse. Si elle nous est imposée, certains peuvent le penser et surtout que personne n‟a jamais demandé à naître, les surprises désagréables qu‟elle contient toujours seront conçues non seulement comme des échecs de nos stratégies d‟action, mais de la vie elle-même. L‟absurdité de la vie comme on l‟a dit nait donc de cette conception pessimiste des événements qui meublent l‟existence humaine. Pour nous, le bonheur existe et il ne reste plus qu‟à déterminer comment l‟appréhender et même l‟apprivoiser. De plus, si le bonheur existe, il n‟est pas le fruit de recettes magiques, mais le fruit d‟un travail constant à l‟intérieur et à l‟extérieur de soi. Ainsi, le bonheur est affaire d‟une bonne gestion des conflits en soi et autour de soi et une construction permanente de la personnalité autour de certains idéaux. 7.1. LA GESTION DES CONFLITS Nous avons suggéré plus haut que la gestion des conflits reste l‟une des meilleures réussites que l‟héritage de la sagesse orale et communautaire en général et la sagesse africaine en particulier a laissée à la sagesse mondiale. « Le linge sale se lave en famille », dit-on toujours. La raison de cette appréciation reste simple : les meilleurs progrès de l‟humanité et les grandes réalisations des hommes de tous les temps ont été réalisés en période de paix. Savoir gérer les conflits, c‟est postuler pour le progrès en humanité. Ceux qui y travaillent apportent un trésor inestimable à l‟humanité. On le sait trop bien, les conflits existent aussi bien à l‟intérieur de soi qu‟à l‟extérieur. Se réconcilier avec soi- 279 même et avec les autres et le monde, voilà la dimension de la gestion des conflits. On peut éviter les conflits, mais le plus souvent, il faut savoir faire avec, les affronter ou savoir les contourner. Les expériences vécues au quotidien donnent idées et moyens pour cette gestion. Le vice profond des conflits c‟est d‟instaurer un désordre dévastateur. Il existe des gestions traditionnelles communautaires des conflits, privilégiées par les sociétés à oralité et les communautés spirituelles qui ont, elles aussi, conservé la gestion communautaire. Il y a aussi le domaine judiciaire privilégié par les sociétés occidentales. Les unes adoptent un droit coutumier, les autres un droit juridique. Les sociétés traditionnelles ne sont pas les seules à disposer d‟un code de droit coutumier. La Bible en fait cas comme dans ces passages du Livre de l‟Exode appelés « Code de l‟alliance » (Ex 19, 22-24, 11) dont nous donnons un extrait : « Tu n‟exploiteras ni n‟opprimeras l‟émigré, car vous avez été des émigrés au pays d‟Égypte. Vous ne maltraiterez aucune veuve ni aucun orphelin. Si tu le maltraites et s‟il crie vers moi, j‟entendrai son cri, ma colère s‟enflammera, je vous tuerai par l‟épée, vos femmes seront veuves et vos fils orphelins. Si tu prêtes de l‟argent à mon peuple, au malheureux qui est avec toi, tu n‟agiras pas avec lui comme un usurier ; vous ne lui imposerez pas d‟intérêt. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras pour le coucher du soleil, car c‟est là sa seule couverture, le manteau qui protège sa peau. Dans quoi se couchera-t-il? Et s‟il arrivait qu‟il crie vers moi, je l‟entendrais, car je suis compatissant, moi » (Ex 22, 20-26). Mais ce qui frappe directement, c‟est le décalogue suivi ou interprété par les autres codes de lois. Il convient cependant de dire que toute vie est un foyer incessant de conflits. Considérés à l‟intérieur de l‟homme, ces conflits se muent en « passions ». Il y a toujours une tension entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, entre la liberté et la servitude, entre l‟amour et la haine, etc. L‟homme ne peut donc ne pas souffrir de ces antinomies de la vie. Le bonheur auquel il aspire ne peut se réaliser sans souffrance. Les bonheurs particuliers sont condamnés à prendre fin un jour ou l‟autre. Et c‟est l‟origine de la souffrance. L‟idée chère aux stoïciens de lutter contre les passions devient une utopie. Il en est de même de l‟idée de 280 l‟ataraxie qui caractérise la sagesse antique. La vie ne peut jamais être tranquille. Utopie que de le rêver. On est condamné à vivre avec les passions. Certaines débouchent sur des aboutissements heureux, d‟autres se soldent par des absences de solutions ou conduisent à des impasses. Diverses attitudes face aux passions se sont dessinées dans l‟histoire. Pour les sociétés traditionnelles orales et communautaires, les souffrances sont causées soit par l‟ennemi, soit par une faute personnelle, soit parce que les dieux (ou les ancêtres) se sont fâchés. La Bible garde des conceptions similaires, par exemple dans la parabole du bon grain et de l‟ivraie, ou dans celle des vignerons homicides. Ce qui donne libre cour à des rites, des sacrifices ou des démarches interminables pour réparer les torts. Pour les sociétés occidentales qui héritent de la philosophie grecque, donc de la raison, il y a des antinomies de la vie. Et s‟il arrive qu‟on vive un certain bonheur, on se demande jusqu‟à quand cela va durer. Si bien que certains vivent des angoisses permanentes. Pour Pierre Hadot par exemple, faire des exercices est la meilleure façon de guérir des passions. Cet exercice est à la fois corporel (ascèse) et spirituel (à entendre dans le sens de l‟esprit, une modification des modes de pensée par exemple). Il faudra ainsi se choisir une école (philosophique) et faire son chemin avec les principes de vie et d‟action qu‟elle énonce. La foi chrétienne a toujours aussi eu recours à des exercices spirituels dont la partie la plus visible est la confession sacramentelle. Celle-ci, peut-on dire, n‟est pas un exercice comme les autres. L‟aveu, qui constitue la partie la plus importante, demande que l‟on désigne le mal ou la faute par son nom. La mise en langage engage un processus de thérapeutique souvent extraordinaire. Il fait épancher le cœur de Dieu qui finit par accorder pardon et réparation. Il faut dire que la mise en langage est elle-même libératrice. Tous les peuples ne font pas l‟économie des sanctions. Tantôt il s‟agit de mettre un frein aux causes de divisions, tantôt on met tous les moyens en jeu pour ramener la paix disparue et la cohésion entre les individus et les peuples. La sanction dans l‟Église, loin d‟être une façon de rendre coup pour coup, est surtout orientée vers la réparation qui est un effort pour rétablir l‟ordre perdu. Faut-il encore parler de sanction? En tout cas le pardon accordé par Dieu est gratuit, parce que le tribunal de Dieu est un tribunal d‟amour. Seuls s‟excluent de cet amour ceux qui refusent de s‟ouvrir au don du pardon, et, de ce fait, ne s‟engagent pas à réparer les effets désastreux du péché. 281 Quant aux tensions extérieures (les conflits avec d‟autres), leur règlement en soi ne supprime ni le tort, ni les causes du tort. La résolution reste une disposition stable pour réduire les tensions et promouvoir l‟entente. Ce qui est louable et qui l‟est de fait, c‟est cette organisation autour des conflits qui consiste à rapprocher les adversaires. Grâce à elle, la famille humaine continue de subsister. Bien que les sanctions n‟enrayent pas le mal commis ni ne font oublier les blessures, un répit est donné avant qu‟un autre foyer de tension ne s‟enflamme. Mais les sanctions punitives, qui sont souvent des acharnements contre les victimes, n‟ont jamais réussi à instaurer une paix définitive. Des papes du Moyen-âge ont fait pire en s‟élançant dans les croisades et dans la direction de la multiplication des bulles d‟excommunication et dans la chasse aux sorcières. Non, la gestion des conflits a besoin d‟accompagnement, elle a besoin, elle aussi , d‟être sage. Les diverses gestions n‟enlèvent que peu ou pas la souffrance ou le mal en tant qu‟il est facteur de tension chez les hommes. Dans tous les cas, le mal reste invaincu, et l‟on s‟interroge incessamment sur l‟efficacité des moyens mis en œuvre pour le combattre. On a certes atténué les effets. On a donné ou trouvé sens aux souffrances et on a essayé de les orienter à la fin qui leur convient. On reste cependant dubitatif sur les moyens utilisés quand l‟histoire doit recommencer sans cesse comme si de rien n‟était, comme si l‟homme n‟a pas mémoire du passé. 7.2. RÉUSSIR SA VIE La construction du bonheur n‟est pas que négative, et ne se résume pas à la gestion des conflits. Il y a autre chose à faire, en tout cas quelque chose de positif : une construction de la personnalité qui impose des choix dans la vie. Finalement, réussir sa vie ne veut pas dire que l‟on a fini de trouver des solutions à ses problèmes. Au contraire! Évidemment la vie sera triste s‟il n‟y a que des problèmes à résoudre. Il est vrai qu‟il est louable de les identifier pour mieux se situer par rapport à eux. Ce n‟est donc pas un inventaire minutieux des réussites et des échecs qu‟il faut, ni une péréquation pour déterminer si les réussites l‟emportent sur les échecs ou si c‟est le contraire, même si ce genre d‟exercice permet de s‟orienter dans la vie. La réussite de la vie, c‟est une question d‟attitude, et donc de personnalité. Elle n‟est donc pas de l‟ordre 282 quantitatif, mais bien plutôt de l‟ordre qualitatif. Peu importe si on doit mourir jeune ou vieux. L‟essentiel est de trouver sens à sa vie. Le bonheur ne se décrète pas, ni ne tombe sur les individus à l‟improviste. Il n‟est pas d‟endroits riches ou pauvres en bonheur. Nous dirions bien volontiers qu‟il n‟est nulle part, ni sur terre, ni au ciel, ni dans l‟abîme. Il est à la mesure de ce qu‟on est et de l‟idée qu‟on s‟en fait, et donc de ce qu‟on fait avec l‟expérience des uns et des autres et des siennes propres. L‟expression « faire son bonheur » vient à point nommé, puisqu‟il s‟agit de le construire soi-même. Le bien véritable n‟est jamais défini à l‟avance. Il est indéfini. Et c‟est parce qu‟il est indéfini qu‟il devient intéressant de se livrer à sa conquête. Comment donc conquérir ou construire son bonheur? Question cruciale qui demande toute la vie pour y répondre. Cela n‟empêche pas d‟oser à notre niveau des canevas que la sagesse populaire ne cesse de tracer à la vie :  Reconnaitre que le monde est fait de bien et de mal ne suffit pas. Il faut aussi accepter que des événements de tous genres nous atteignent en plein cœur, nous concernent individuellement ou collectivement, et qu‟il est impérieux pour chacun de se sentir concerné et de prendre position. L‟attitude passive n‟est pas la meilleure.  Ne pas non plus céder ni à la panique, ni au désespoir. La panique n‟a jamais été bonne conseillère et souvent les pires décisions se prennent dans la précipitation. L‟équilibre dans ces cas vaut de l‟or.  Se rendre compte que donner sens à la vie et ordonner toute chose à la fin qui lui convient est l‟unique impératif qui vaille la peine. Cela signifie aussi que c‟est une œuvre de longue haleine que seuls la patience et l‟effort soutenu permettent d‟aboutir à la joie d‟avoir combattu pour une juste cause. Parfois, le simple fait d‟avoir essayé de faire face aux problèmes suffit à donner sens à l‟existence.  Et surtout ne pas faire économie des normes de conduite que l‟on doit tirer de toutes les expériences, les heureuses comme les malheureuses, les siennes propres comme celles des autres, pour se convaincre que toute expérience est instructive. 283 La sagesse populaire a pour fondement ces normes de conduite qui varient selon les expériences.  Enfin (sans pourtant mettre fin à la liste des dispositions), oser espérer en une victoire plus ou moins lointaine, plus ou moins proche, de la vie sur la mort, du bien sur le mal et se projeter dans l‟avenir. Mais quand on lit dans la Bible « Qui veut sauver sa vie la perdra, et qui perd sa vie... la sauvegardera » (Mc 8, 35), on comprend que réussir sa vie est du ressort d‟une réalité qui échappe aux prises de l‟homme. Le salut est en Dieu, et ainsi, réussir sa vie se profile dans l‟espérance. Jésus sera l‟exemple de celui qui va sauver sa vie en la perdant. C‟est déjà assez qu‟il s‟incarne, renonçant ainsi à la gloire qu‟il avait auprès du Père. Sa venue en ce monde est une véritable kénose. Mais parce qu‟il s‟est abaissé, Dieu l‟a élevé au-dessus de toute créature (cf. Ph 2, 8-9). Parce qu‟il s‟est soumis jusqu‟à la mort comme dira saint Paul, il sera exalté par sa résurrection, portant désormais le nom qui est au-dessus de tout nom : celui de Seigneur des vivants et des morts. Pour le chrétien donc, réussir sa vie, c‟est l‟engager pour Dieu qui seul peut la faire fructifier et la prolonger en vie éternelle. C‟est oser l‟espérance et y rester attachée. 284 TROISIEME PARTIE LA PERSONNALISATION DE LA SAGESSE : LA SAGESSE ET LE VERBE 285 Le Livre des Proverbes, à travers ses images traditionnelles, nous livre une sagesse des lieux communs, qui décline des manières d‟être et de faire. Mais c‟est aussi une sagesse créatrice et ordonnatrice du monde. « Le Seigneur a fondé la terre par la sagesse, affermissant les cieux par la raison. C‟est par sa science que se sont ouverts les abîmes et que les nuages ont distillé la pluie » (Pr 3, 19-20). Nous retrouvons les transformations et les désarticulations des discours sur la sagesse que décrivent les critères méthodologiques de Michel Foucault (voir supra). La sagesse populaire est avant tout triviale dans l‟apparence, mais elle s‟exprime aussi sous des formes éminemment transcendantes. Aucune culture, aucune philosophie, aucune religion en dehors du christianisme n‟ont poussé aussi loin la conception de la sagesse. Quand la sagesse devient une personne, elle ne peut plus être prise pour un savoir-dire, un savoir-faire ou un savoir-vivre, même si elle les suppose. Notre question sera de savoir si ce passage du trivial au transcendant se justifie, comment il se fait et quelle désarticulation il induit. La focalisation sur Jésus et le Verbe est motivée par sa particularité dans l‟héritage sapientiel et parce qu‟elle rend davantage compte de la désarticulation du discours sur la sagesse. Les textes de l‟Écriture sainte sont formels sur l‟identité de Jésus comme Verbe (Logos) de Dieu. Et ce Verbe s‟est fait chair. Le Prologue de l‟évangile de saint Jean l‟affirme : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui. En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes, et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l‟ont pas prise. Il y eut un homme, envoyé de Dieu : son nom était Jean. Il vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui. Il n‟était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l‟a pas reconnu. Il est venu dans son propre bien et les siens ne l‟ont pas accueilli. Mais à ceux qui l‟ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas 286 nés du sang, ni d‟un vouloir de chair, ni d‟un vouloir d‟homme, mais de Dieu. Et le Verbe s‟est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, fils unique plein de grâce et de vérité, il tient Père. » Le Verbe fait chair est donc ce Jésus qui se manifeste dans l‟histoire, mais en même temps qui se réclame de toutes les prophéties sur le Messie de Dieu. C‟est lui que saint Paul nomme « la Sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24). Les évangiles synoptiques après lui en ont rendu témoignage (Mt 11, 18-19 ; Lc 7, 33-35), en insistant sur sa justification aussi bien par ceux qui l‟ont reconnu et suivi que par ceux qui l‟ont rejeté, soit en donnant raison ou soit en rendant vain le dessein de Dieu sur eux. 306 Ainsi, toutes les images et les déterminations jusqu‟à lui n‟ont été que des préfigurations de cette sagesse divine révélée aux nations par l‟incarnation du Christ et par ses œuvres. Quand la sagesse se fait homme en Jésus-Christ, une nouvelle façon de vivre s‟impose. Mais avant cela, il appartiendra à Jésus lui-même de donner toutes les dimensions à la sagesse qu‟il représente. Avec Jésus, la Sagesse atteint son plus haut niveau de mutation.
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Pax deum. Les expressions lexicales et formulaires de la bienveillance divine dans l’Italie républicaine. Linguistique. Sorbonne Université; Université libre de Bruxelles (1970-..), 2022. Français. &#x27E8;NNT : 2022SORUL068&#x27E9;. &#x27E8;tel-03931275&#x27E9;
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- peracrei (en alphabet national perakni) est un composé formé sur *akno- (L. annus), le nom de l’« année ». Sur la double graphie r/n, cf. supra note 81. Il qualifie les victimes « sacrifiables âgées de plus d’un an » par opposition à sakre qualifiant les victimes « sacrifiables » (implicitement de moins d’un an). Sur ce dossier, cf. DUPRAZ 2018a, pace POULTNEY 1959 qui traduit par « perfect ». 195 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio iguvine ; les soldats [et] les institutions, les hommes [et] les bêtes, les champs [et] les fruits, purifie[-les].90 prière, clausule futu. fos. pacer. pase. tua. ocre fisi (31) tote. iiouine. erer. nomne. erar. nomne. Sois bienveillant [et] propice par ton approbation, envers la ville fisienne [et] la cité iguvine, envers le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là. 90) Notes de traduction : - persei : cette conjonction est partout suivie de l’indicatif, sauf dans persei mersei (<*mers siēt, subjonctif) ; pourtant, dans le passage parallèle de TI VIb31 (perse. mers. est) elle est suivie de l’indicatif. Nous admettons donc d’après WOU p.522 qu’il s’agit d’une variante stylistique (persei mersei formant un homéotéleute) qui ne réclame donc aucune différence de traduction. Traditionnellement rendu par « si », persei n’est en fait pas à proprement parler un marqueur d’hypothèse (cf. DUPRAZ 2013a : 362-363). En effet, dans persei mersei, il introduit une clause supposée effective et l’on pourrait alors le traduire par « puisque ». C’est en fait un équivalent au latin quod, que nous rendons par « quant au fait que », indifféremment du caractère effectif ou supposé de ce qui suit. - pusei. neip. heritu : nous n’acceptons pas de sous-entendre ici un verbe principal futu « que cela soit... », pace POULTNEY 1959 : 243-244. Le passage est en effet clairement divisé entre une longue protase allant jusqu’à pihaclu. pihafei, et une apodose constituée par la quadruple requête en pihatu. Pour autant, il est difficile de voir dans pusei. neip. heritu un simple groupe circonstanciel complétant subator. sent («... ont été négligées de manière non-voulue»), car alors, l’expiation ne s’étendrait pas aux fautes intentionnelles, qui semblent pourtant couvertes par la suite. Le passage parallèle de TI IIa4 (fetu : puze : neip eretu « cela a été fait comme non-voulu ») montre bien que la formule est rhématique : elle ajoute une qualification aux manquements, à traiter comme involontaires. Faute de mieux, nous la traduisons donc ici entre parenthèses comme une incise rhématique, mais qui n’interrompt pas pour autant la protase. - uaseto. est. pesetomest. peretomest / frosetomest. daetomest : nous avons tenté de rendre tant bien que mal l’accumulation de quasi-synonymes, dont les sens exacts sont largement débattus. Nous approuvons GUITTARD 1981 (pp.14-16) dans l’idée qu’une structure doit régir cette énumération, qui ne saurait être une simple accumulation. Pour autant, la double opposition qu’il propose – faute volontaire vs. négligence d’une part, et faute visible vs. invisible (uirseto/auirseto) d’autre part – nous paraît arbitraire. En particulier, il semble douteux que frosetomest renvoie à l’idée de « négligence invisible », là où L. fraus suggère clairement l’intentionalité. - pihafei : il ne peut s’agir d’un subjonctif, pace POULTNEY 1959. Les requêtes sont énoncées plus loin à l’impératif II (pihatu) comme il se doit : une requête au subjonctif ferait figure d’anomalie dans les prières ombriennes. La forme pihafei est en réalité infinitif passif complétif de persei. mersei. Ce point est établi depuis GUSMANI 1966, développé par RIX 1976. - nerf. arsmo : le premier terme est évidemment un nom de l’homme (G. ἀνήρ, Skr. nr̥-), que nous traduisons spécifiquement par « soldats », car c’est le mot utilisé pour désigner les hommes en armes rassemblés pour la lustratio (VIb62 : nerus. sihitir. anśihitir), par 196 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes prière, partie 2 di grabouie. saluo. seritu . o cre . fisi. salu a. seritu. tota. iiouina. di (32) grabouie. saluo. seritu. ocrer. fisier. totar. iiouinar. nome. nerf. arsmo. ueiro. pequo. castruo. fri. salua (33) seritu. Jupiter Grabovien, préserve la ville fisienne, préserve la cité iguvine ; Jupiter Grabovien, préserve le nom de la ville fisienne [et] de la cité iguvine ; les soldats [et] les institutions, les hommes [et] les bêtes, les champs [et] les fruits, préserve[- les ]. prière, clausule futu. fos. pacer. pase. tua. ocre. fisi. tote. iou ine . erer. nomne . erar. nomne. Sois bienveillant [ et] propice par ton approbation , envers la ville fi sienne [et] la cité iguvine, envers le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là. invocation conclusive di. grabouie. tio. esu. bue (34) peracri. pihaclu. ocreper. fisiu. totaper. iouina. erer. nomneper. erar. nomneper. di. grabouie. tio. subocau Jupiter Grabovien, toi, par ce bœuf de plus d’un an [en guise de] sacrifice expiatoire, pour la ville fisienne [et] pour la cité iguvine, pour le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là, Jupiter Grabovien, je t’invoque. » Notons d’emblée que les termes qui retiennent notre attention, à savoir pacer (que nous traduisons par « propice ») et pase (que nous traduisons par « approbation », comme nous l’avons fait pour L. pax en contexte religieux)91, apparaissent en deux points distincts de la prière. La première occurrence se trouve dans une formule au subjonctif de l’invocation préliminaire (fos sei opposition à ueiro dans la paire ueiro. pequo (« les hommes et le bétail »). Sur le terme arsmo et ses correspondants en ombrien, cf. supra note 88 (arsie). Le fait est qu’en traduisant par « règles », « lois » ou «rites», nous introduisons un terme abstrait dans la série des objets concrets de pihatu (problème relevé par POULTNEY 1959 : 245). Pour autant, l’interprétation de DEVOTO 1951 [1931] (pp.118 sqq., cité par POULTNEY) comme sacerdotes est peu satisfaisante. Elle donne certes une série cohérente dans les objets de pihatu (« les soldats et les prêtres, les hommes et le bétail... ») mais rend inintelligible la séquence arsmor. dersecor / subator. sent où arsmor ne peut visiblement pas désigner les « prêtres ». Notre traduction par « institutions » rejoint donc celle de PROSDOCIMI 1978 (istituti). 91) Sur ces traduction de pase et pacer, cf. §6.2.2 pp.237 sqq. 197 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio pac er sei) ; la seconde dans une formule brève et récurrente à l’impératif II, que nous qualifions de « clausule » (futu. fos. pacer. pase. tua). b/ Structure de la prière La traduction de la prière, aux incertitudes que nous avons signalées en notes près, ne pose pas de réelle difficulté. Le découpage en parties fonctionnellement distinctes repose en revanche sur une part d’interprétation. Si les commentateurs s’accordent à identifier la structure cyclique de la prière, encadrée par une invocation préliminaire (teio. subocau. suboco / dei. graboui) et une invocation conclusive (di. grabouie. tio. subocau)92, en revanche ce qui se passe entre les deux est plus discuté. La partie centrale répond à une spécificité pragmatique que traduit une spécificité grammaticale : elle est rédigée à l’impératif II (pihatu, seritu, futu), alors que les invocations sont au présent (subocau) avec ou sans subjonctif subordonné (fos. sei. pacer. sei), et que l’énoncé des offrandes se fait sans verbe conjugué (tio. esu. bue. peracrei. pihaclu). C’est donc cette partie centrale qui constitue la prière à proprement parler, comme acte de langage visant non seulement à demander mais à accomplir la bienveillance divine. L’impératif II, qui est le mode de la lex en latin93, y réalise la dimension performative du texte religieux : prononcer correctement les uerba en même temps que l’on accomplit l’offrande contraint la divinité à agir favorablement. La structure de cette partie centrale performative est débattue, et ce débat oriente d’emblée 92) WATKINS 1995 (p.216) parle ainsi d’une « nested ring composition ». On notera le chiasme [verbe + vocatif] en ouverture et [vocatif + verbe] en fermeture. Ce procédé est typique des prières ombriennes. On le retrouve dans les énumérations des parties 1 et 2 de la prière (celle en pihatu et celle en saluo seritu), où une séquence [COD + verbe] clôt à chaque fois la série des séquences [verbes + COD]. 93) Sur la valeur juridique et sacrale de l’impératif II, cf. MAGDELAIN 1978 : 23-54. L’auteur y souligne d’ailleurs le parallèle ombrien. 198 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes l’interprétation d’ensemble du texte, et celle de pax en particulier. Ainsi selon Maria Luisa Porzio Gernia, la prière toute entière est de nature expiatoire, et structurée en deux parties94 : • d’abord l’énoncé des motifs d’expiation, culminant avec l’énoncé de la mers (persei mersei), c’est-à-dire de la « loi » conçue comme juste distribution (*med-e/os-, que l’on retrouve dans le nom du magistrat osque meddíss, parallèle dans sa formation à L. iudex). Le lexème mers, situé au centre de la prière, en serait le point focal95. • ensuite la présentation des requêtes qui en découlent : pour la purificazione (pihatu) puis pour la pax (futu fons pacer), puis pour la salvezza (saluo seritu) puis à nouveau pour la pax. Il découle immédiatement de cette structure que la raison d’être de toutes les requêtes de la deuxième partie est de laver les souillures de la première partie, et que par conséquent pacer et pase eux-mêmes sont des termes à visée expiatoire. Or, l’étude des substitutions possibles dans les passages parallèles, c’est-à-dire dans les autres prières qui nous sont conservées par les Tables, dément cette interprétation. Dans la prière à Fisius Sancius (annexe 3,4) et la prière à Prestota Serfia (3,7) en particulier, on constate que l’énoncé des souillures et la séquence en pihatu sont conjointement remplacées par d’autres requêtes, tandis que les séquences en futu fos pacer et en saluo seritu demeurent inchangées. On en conclut que l’énoncé des souillures forme un bloc cohérent avec la requête en pihatu, puisque ce bloc peut être remplacé par autre chose dès lors que l’objectif de la prière diffère 96. C’est pourquoi nous 94) PORZIO GERNIA 2007 : 49-58. 95) PORZIO GERNIA 2007 (p.58) : « il termine medos, la legge come regola di misura, di giustizia emanata dal divino, è strettamente correlato con la nozione di rito come codice che la comunità deve osservare e che sta alla base del termine umbro *arsio-, codice che, se eseguito correttamente, cancella la colpa e consente alla comunità di rientrare nell'ordine voluto dalla legge divina » 96) DUPRAZ 2020a (p.23 & 61) souligne bien cette distinction entre une partie « libre » (variabel) variant de prière en prière, et une partie « fixe » (feststehend) indépendante de l’objet du rituel. 199 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio adoptons, concernant la prière centrale, la structure présentée plus haut avec le texte, et que nous résumons ici : • • partie 1 (partie libre) : énoncé des souill ures et , en con sé quence , demande d’expi ation (piha tu). ◦ clausule en futu fons pacer pase tua partie 2 (partie fixe) : requête de protection (saluo seritu) ◦ clausule en futu fons pacer pase tua Il résulte de cette structure, la seule valable selon nous, que seule la requête en pihatu est subordonnée à l’idée de souillure : dès lors, rien n’indique que pacer et pase soient des termes religieux à visée expiatoire. Sur ce point, notre analyse de la structure des prières ombriennes rejoint ce que nous avons dit sur L. pax dans la première partie de ce travail97. 6.1.2. Écarts au modèle et tentatives d’explications Cette structure canonique étant posée, il convient maintenant d’y confronter les autres prières ombriennes afin d’en mesurer la validité. La place des lexèmes pacer et pase sera naturellement notre fil conducteur à travers les deux autres prières à Jupiter (a), celle à Fisius Sancius (b), celle à Tefer Jovius (c), la prière brève à la triade serfienne (d), le cycle de prières à Prestota Serfia (e) et enfin la prière brève à Tursa Jovia (f). a/ Le cycle des prières expiatoires à Jupiter La prière du sacrifice expiatoire à Jupiter, énoncée devant la porte Trebulana (VIa22 : pre. uereir. treblaneir) possède l’étonnante particularité d’être rédigée trois fois, alors même que la plupart des prières sacrificielles ne sont toute simplement pas transmises. Cela pose deux questions : pourquoi a-telle le privilège d’être consignée intégralement d’une part, et pourquoi en trois 97) Cf. §3.2. et 3.3. en particulier. 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes exemplaires d’autre part? La réponse à la première question est simple : la prière à Jupiter sert de modèle auquel le texte se réfère pour les autres sacrifices98. Quant à savoir pourquoi c’est elle qui sert de modèle, cela tient autant à la prééminence de Jupiter sur les autres divinités qu’à la chronologie du rituel (et donc à l’ordre de rédaction qui, sur ce point, y est fidèle) ; ces deux aspects de la réponse sont de toute manière complémentaires, la place chronologique de Jupiter comme première divinité honorée tenant à sa prééminence religieuse. Pour ce qui est de la triple rédaction, la réponse demande plus de développement. Chacune des trois occurrences correspond au sacrifice de l’un des trois bœufs (buf. treif). Mais pourquoi avoir fait graver intégralement la prière à chaque fois, au lieu de se contenter d’une instruction de répétition? C’est pourtant ce qui se passe à la fin de la prière présacrificielle à Tursa Jovia99 : TI VIIa51 : este. trioper. deitu Dis cela trois fois. Cela tient peut-être à l’existence de trois légères mais signifiantes différences entre les trois versions de la prière à Jupiter. Du strict point de vue du contenu, tout d’abord, la seule variation est attendue et concerne l’énoncé de l’offrande, avant et après la prière centrale : 3,1 = TI VIa33-34 : esu bue peracrei pihaclu100 « par ce bœuf de plus d’un an [en guise de] sacrifice expiatoire » 3,2 = TI VIa43 : esu bue peracri pihaclu etru « par ce bœuf de plus d’un an [en guise de] deuxième sacrifice expiatoire » 3,3 = TI VIa53 : esu bue peracri pihaclu tertiu « par ce bœuf de plus d’un an [en guise de] troisième sacrifice expiatoire » 98) Ailleurs les Tables se content ent le plus so uvent de renvoyer à cette prière modèle et enjoignent de prier « comme devant la porte Trebulana » Cf. infra p .204. 99) Sur cette prière cf . §6.1. 2.(f ) pp . 227 sqq . 100 ) Nous citons ces passages dans une transcription épurée, sans interponction ni renvois à la ligne. Cette convention sera souvent adoptée pour les passages brefs et non ambigus. Plus significatives sont les variations de structure. En premier lieu, les prières 3,2 et 3,3 ne comprennent pas d’invocation préliminaire (teio subocau suboco) : elles commencent directement avec la phrase nominale d’introduction et d’annonce des offrandes, et ne ne comportent donc pas la séquence au subjonctif fos sei pacer sei que nous avons relevée dans la première prière. Ce constat doit nous amener à préciser la structure canonique des prières : l’invocation préliminaire n’introduit en réalité pas une prière, mais bien tout le cycle de trois prières. L’importance de son contenu – avec la mention de la bienveillance divine (pacer), celle de l’adéquation rituelle (arsie) dans le choix de la divinité, et celle de la confiance (frite) dans ladite adéquation – doit donc être revue à la hausse : elle n’introduit pas un moment précis comme l’immolatio d’un bœuf101, mais bien tout le triple sacrifice. C’est là un point qu’il nous faudra avoir en tête en étudiant la séquence fos sei pacer sei : celle-ci est en quelque sorte superordonnée à l’objet de chaque prière singulière. En second lieu, l’invocation conclusive de la troisième prière est plus développée que les deux précédentes : 3,3 = TI VIa53-55 : di. grabouie. tiom. esu. bue. peracri. pihaclu. tertiu. ocriper. fisiu. totaper (54) iouina. erer. nomneper. erar. nomneper. di. grabouie. tio. comohota. tribrisine. buo. peracnio. pihaclo (55) ocriper. fisiu. totaper. iiouina. erer. nomneper. erar. nomneper. di. grabouie. tiom. subocau « Jupiter Grabovien, toi, par ce bœuf de plus d’un an [en guise de] troisième sacrifice expiatoire, pour la ville fisienne, pour la cité iguvine, pour le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là, 101) La triple prière consignée correspond en effet à la phase d’ampentu des boeufs, c’est-àdire plus ou moins à l’immolatio latine. Rien n’indique que le bœuf soit déjà abattu à ce moment, pace PORZIO GERNIA 2007 : 49-50. La phase d’offrande à proprement parler (U. purtuvitu/L. porrectio) vient ensuite, et semble faire l’objet d’une nouvelle itération (ou triple-itération?) de la prière (TI VIa55 - VIa56 : tases. persnimu / seuom. surur. purdouitu. prosesto. naratu « qu’il prie en silence sur chaque, qu’il fasse l’offrande de la même manière, qu’il prie sur les parties coupées »). Sur ces deux phases du sacrifice et la réitération de la prière, voir DUPRAZ 2020a : 28-29, pace PROSDOCIMI 1978 (p.617) qui comprend l’ampentu exclusivement comme mise à mort (uccisione). 202 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes Jupiter Grab ovien, toi par cette triade de bœufs de plus d’un an apportée [en guise de] sacrifices expiatoires pour la ville fisienne, pour la cité iguvine, pour le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là, Jupiter Grabovien, je t’invoque. » 102 Contrairement à l’invocation préliminaire qui surplombe tout le cycle, l’invocation conclusive est donc répétée pour chaque pri ère , mais sa dernière occurrence sert aussi de coda à toute la série, puisqu’elle reprend sous forme synthétique l’ensemble des offrandes (comohota. tribrisine. buo. peracnio. pihaclo). Nous pouvons dès lors repréciser la structure de la prière du triple sacrifice expiatoire à Jupiter Grabovien, et la place qu’y occupent les lexèmes apparentés à L. pax : • INVOCATION PRÉLIMINAIRE AUX 3 PRIÈRES : fos sei pacer sei ◦ PRIÈRE 1 ▪ énoncé des offrandes : esu bue peracrei pihaclu ▪ partie 1 : pihatu • clausule : futu fos pacer pase tua ▪ partie 2 : saluo seritu • clausule : futu fos pacer pase tua ▪ invocation conclusive de la prière 1 ◦ PRIÈRE 2 ▪ énoncé des offrandes : esu bue peracrei pihaclu etru ▪ partie 1 : pihatu • clausule : futu fos pacer pase tua ▪ partie 2 : saluo seritu • clausule : futu fos pacer pase tua ▪ invocation conclusive de la prière 2 102) Notes de traduction : - comohota : participe parfait passif d’un verbe parallèle à L. commoueo, à comparer dans l’usage à L. obmoueo chez CAT. Agr. 134 : Iuppiter, te hoc ferto obmouendo bonas preces precor. Dans les deux cas, une traduction par « approcher » ou « apporter » est prudente (c’est la solution retenue par POULTNEY 1959 qui traduit « bringing forward » p.248). Mais elle ne nous dit pas, au-delà de la pure signification linguistique, quel geste rituel est ainsi dénoté. Chez Caton, le verbe renvoie spécifiquement à la phase de praefatio qui encadre le sacrifice animal. Dans les Tables, ce qui s’achève avec cette prière est la phase d’ampentu, correspondant à peu près à l’immolatio latine (cf. note 101). Se peut-il alors que l’hapax comohota dans la table VI serve en quelque sorte de participe supplétif au verbe ampetu • ◦ PRIÈRE 3 ▪ énoncé des offrandes : esu bue peracrei pihaclu tertiu ▪ partie 1 : pihatu • clausule : futu fos pacer pase tua ▪ partie 2 : saluo seritu PRI PRIÈRES Nous tenons là le modèle générique des prières accompagnant les sacrifices sanglants, aussi bien dans le piaculum que dans la lustratio. De fait, les prêtres ombriens eux-mêmes le considéraient comme un modèle auquel leur rédaction ne cesse de renvoyer explicitement. De manière plus saisissante encore, les quatre triples sacrifices sanglants de la lustratio (accomplis à Fontuli, Rubinia, trahaf : sahate et Acedonia) sont accompagnés du même renvoi au cycle de prières à Jupiter. C’est là une preuve éclatante de l’unité rédactionnelle du piaculum et de la lustratio quand bien même les rituels sont en réalité distincts dans leurs temporalité comme dans leurs objectifs. Reste à savoir quel degré d’adéquation au modèle est réellement impliqué par la conjonction puse. Il ne saurait s’agir d’une identité stricte : le nom de la divinité destinataire de l’offrande et la désignation de celle-ci, au moins, devaient varier d’une prière à l’autre. Par ailleurs, les bénéficiaires de la lustratio ne sont pas les mêmes que ceux du piaculum : l’une est accomplie popluper totar iiouinar totaper iouina (« pour l’armée de la cité iguvine et pour 204 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes la cité iguvine »103), l’autre ocriper fisiu totaper iouina (« pour la ville fisienne et la cité iguvine »). Mais dès lors, puisqu’un rite bénéficie à l’ocar et l’autre au poplo, les demandes formulées ne sauraient être exactement les mêmes non plus : de fait, les prières de la lustratio qui ont été consignées formulent des demandes nettement plus martiales que les prières à Jupiter 104. Même au sein du piaculum, les deux sacrifices finaux, à Mars Hodius et Hondus Serfus, dans les bois respectivement de Jupiter et de Coredius, sont accomplis popluper totar iiouinar totaper iouina105 comme ceux de la lustratio, ce qui suggère fortement que leur contenu de leur partie libre ne devait pas être requête pour la purification de l’ocar comme c’est le cas dans le cycle de prières à Jupiter. Il résulte de ces observations que les renvois textuels du type surur naratu puse pre uerir treblanir (au sein de piaculum comme entre la lustratio et le piaculum) ne sont pas à entendre en un sens strict : les prières non consignées devaient épouser la structure du cycle de prières à Jupiter, mais pas son contenu exact. Les adaptations de contenu (désignation du dieu, de l’offrande, et des bénéficiaires, nature de la requête) sont implicites. C’est en ce sens qu’Aldo Prosdocimi parle, à raison, d’« una comune testualità, intersa come modello-brogliaccio da riempire e modificare secondo i riti »106. 103) TI VIIa3-4, etc. 104) Cf. §6.1.2.(d) pp.214 sqq. pour la prière à la triade serfienne, §6.1.2.(e) pp.220 sqq. pour les prières à Prestota, et §6.1.2.(f) pp.227 sqq. pour la prière à Tursa Jovia. 105) TI VIIa42 et VIIa45. 106) PRO IMI 1978 : 601. 205 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio b/ La prière des opérations complémentaires à Fisius Sancius La prière à Fisius Sancius fait également partie du rituel de piaculum, mais n’accompagne pas directement le sacrifice des trois porcelets offerts à la divinité derrière la porte Tesenaca (TI VIb3 : post. uerir. tesenocir. sif. filiu. trif. fetu). Elle est prononcée plus tard dans le cadre d’« opérations complémentaires » qui suivent le sacrifice sanglant. Celles-ci consistent dans l’offrande de deux gâteaux rituels, l’un appelé uestisia107 et l’autre mefa spefa : 3,4 = TI VIb5-15 [instructions] ape. sopo. post ro. peperscust. u. estisia. et. mefa spefa. scalsie. confgos. fetu. fisoui. sansi (6) ocriper. fisiu. totaper. iiouina. eso. persnimu. uestisia. uestis. Quand il aura poussé vers l’arrière les sopa, qu’il sacrifie à genoux une uestisia et une mefa spefa dans un scalsie, à Fisius Sancius, pour la ville fisienne [et] pour la cité iguvine. Qu’il prie ceci courbé avec la uestisia :108 107) Ce lexème (en alphabet national : vestiçia) désigne un gâteau rituel. L’argument le plus clair en ce sens est que la uestisia est « pétrie » (fiktu, cf. L. fingo) au moment du rituel, et divisée à son issu entre les hommes et la divinité. Cela est de plus en plus communément admis depuis l’article de SANDOZ 1979. Il ne s’agit donc pas d’un nom de la « libation » comme on l’a longtemps cru, pace POULTNEY 1959 : 254 et PROSDOCIMI 1978. Pour une synthèse de ce débat, voir LACAM 2010 : 251-256. Sur la signification rituelle de la uestisia, cf. DUPRAZ 2020a : 61-98, et §6.3.3. pp.271 sqq. 108) Notes de traduction : - ape. sopo. postro. peperscust : cette subordonnée de temps introduit les opérations complémentaires (cf. TI VIb23 : ape. habina. purdinśust). Nous ne savons pas à quel organe renvoie le substantif sopo/supa (cf. WOU p.720), ni quel geste rituel est désigné par postro perperscust, que nous traduisons littéralement par « placer derrière » (WOU p.543 rapproche sémantiquement ce verbe de U. antentu, ententu, ustentu et ařveitu). - u.estisia : interponction fautive pour uestisia. - confgos : erreur de gravure pour conegos « à genoux » (étymologie débattue mais probablement liée au nom du « genou », L. genu, cf. - uestis : nous suivons DUPRAZ pour y voir un participe passé désignant une modalité de l’acte de prière, et plus précisément la position de l’officiant. La forme est stylistiquement rapprochée de uestisia (paronomase) dans ce passage, mais n’y est pas apparentée étymologiquement, pace : et IMI 1978 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes invocation préliminaire tio. suobocau. suboco fisoui sansi. ocrider. fisiu (7) totaper. iouina. erer. nomneper. erar nomneper. fons. sir. pacer. sir. ocre. fisi. tote. iiouine. erer. nomne (8) era. r nomne. arsie. tiom. subocau. suboco. fisoui. sanśi. asier. frite. tiom. subocau. suboco fisoui. sanśi. « Je t’invoque, invoqué [en tant que] Fisius Sancius, pour la ville fisienne, pour la cité iguvine, pour le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là, [afin] que tu sois bienveillant [et] que tu sois propice envers la ville fisienne [et] la cité iguvine, envers le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là. [Ô toi qui es] rituellement correct, je t’invoque, invoqué [en tant que] Fisius Sancius. Confiant dans [le fait que tu es] rituellement correct, je t’invoque, invoqué [en tant que] Fisius Sancius. »109 [instructions] suront (9) poni. pesnimu. mefa spefa. eso. persnimu. Qu’il prie de la même manière avec la poni. Puis qu’il prie ceci avec la mefa spefa :110 introduction, annonce des offrandes fisouie. sanśie. tiom. esa. mefa. spefa. fisouina ocriper. fisiu totaper. iiouina (10) erer. nomneper. erar. nomneper « Fisius Sancius, toi par cette mefa spefa fisouina, pour la ville fisienne [et] pour la cité iguvine, pour le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là.111 109) Notes de traduction : - fisoui sansi : le nom du dieu se présente sous deux formes distinctes dans les Tables : une brève (fiso en VIb3 ; fise en Ia14) et une longue (fisoui en VIb5, etc. ; fiiuvi en Ia17). Nous avons fait le choix d’uniformiser la traduction en Fisius. Construit sur la racine PIE *bheidh(G. πείθω, L. fido), ce théonyme renvoie à l’idée de « confiance », ce qui le place d’emblée dans la province jupitérienne (cf. le Dius Fidius romain). Il est à noter que la ville de Gubbio est elle-même désignée comme ville « de Fisius » (ocri fisiu/ukri fisiu). Cf. WOU pp.285-288. Les fonctions de ce dieu dans le rituel seront commentées au §6.3.2.(c) pp.266 sqq. - ocrider : erreur de gravure pour ocriper (« pour la cité »). - era. r : interponction fautive pour erar (démonstratif anaphorique, gén. f. sg.). 110) Notes de traduction : - poni/puni : désigne en ombrien un liquide utiliséen alternance avec le vin (TI Ib6-7 : heris : vinu : heris : / pun i feitu « sacrifie soit avec le vin, soit avec la puni »). 111 ) Notes de traduction : - mefa. spefa. fisouina : Le gâteau sacrificiel mefa spefa est ici qualifié de fisouina, faisant référence à son destinataire divin, Fisius. Le même procédé est utilisé pour nommer le sors u persuntru. tefrali offert à Tefer ( TI VIb26) et le pesondro staflare offert à Jupiter stafli ( TI VIb 37 et Ib 30-31). 207 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio prière, partie 1 fisouie. sanśie. ditu. ocre. fisi. tote. iouine. ocrer. fisie. totar. iouinar. dupursus (11) peturpursus. fato. fito. perne. postne. sepse sarsite. uou. se. auie. esone. Fisius Sancius , distribu e à la ville fi sienne [et] à la cité iguvine, aux bipèdes [et] aux quadripèdes de la ville fisienne [et] de la cité iguvine, la formulation [et] l’acquittement, le devant [et] le derrière, le sepse [et] le sarsite, dans le vœu, dans la prise d’auspice, dans le rituel.112 prière, clausule futu. fons. pacer. pase. tua. ocre. fisie. tote. iiouine (12) erer. nomne. erar. nomne. Sois bienveillant [et] propice par ton approbation, envers la ville fisienne [et] la cité iguvine, envers le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là. prière, partie 2 fi souie . san śie . saluo seritu ocrem fisi. totam . iouinam . fi souie . san śie . salu o seritu (13) ocrer. fisi. er. totar. iouinar nome. ne rf . arsmo. uiro. pequo. castruo. frif. salua. seritu. Fisius Sancius, préserve la ville fisienne [et] la cité iguvine ; Fisius Sancius, préserve le nom de la ville fisienne [et] de la cité iguvine ; les soldats [et] les institutions, les hommes [et] les bêtes, les champs [et] les fruits, préserve[-les]. prière, clausule futu. fons. pacer. pase (14) tua. ocre. fisi. tote. iiouine. erer nomne. erar. nomne. Sois bienveillant [et] propice par ton approbation, envers la ville fisienne [et] la cité iguvine, envers le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là. ) Notes de traduction : - fato. fito. perne. postne. sepse sarsite. uou.se. auie. esone : les deux premières formes sont sans aucun doute les objets de l’impératif ditu ; les trois dernières sont des locatifs. L’ambiguïté réside dans l’interprétation de perne poste (adverbes de lieu) et sepse sarsite (formes obscures). Nous considérons avec PROSDOCIMI 1978 (pp.607-609) que ces deux paires allitérantes sont des objets de ditu au même titre que fato. fito, et que chacune des trois paires doit s’entendre relativement à un des locatifs qui suivent : le « dit » et le « fait » sont des catégories relatives au « vœu » (uouse) que nous traduisons donc par « formulation » et « acquittement » ; « devant » et « derrière » sont des catégories relatives à l’observation des oiseaux (auie) (voir les prises d’auspices de Ia2 et Ib10-11). Concernant sepse sarsite, plusieurs traductions ont été avancées (cf. WOU pp.668 & 657). Comme PROSDOC IMI 1978, nous renonçons à traduire cette paire (qui doit être relative à esone « le rituel »). 208 6.1. Structure et contenu des prières om br iennes invocation conclusive fisouie. sanśie. tiom. esa. mefa. spefa. fisouina. ocriper. fisiu (15) totaper iiouina. erer nomneper. erar. nomneper. fisouie. sanśie. tiom. subocau fisouie. frite. tiom. subocau. Fisius Sancius, toi par cette mefa spefa fisouina, pour la ville fisienne [et] pour la cité iguvine, pour le nom de celle-ci [et] le nom de celle-là. Fisius Sancius, je t’invoque. Confiant dans Fisius je t’invoque. » [Instructions] persclu (16) semu. uesticatu. atripursatu. À la fin du rituel, qu’il fasse usage d’une uestisia, qu’il danse le tripudium. Cette prière est, contrairement à celle adressée à Jupiter (annexe 3,1-3) énoncée une seule fois. Il n’y a pas lieu de supposer une répétition ici : l’offrande est ici unique (une mefa spefa fisouina) et se voit donc accompagnée d’une prière unique. La formule fons pacer apparaît de la manière habituelle et aux endroits attendus : une fois dans une formule au subjonctif dans l’invocation préliminaire, et deux fois dans des clausules à l’impératif II terminant chaque série de requêtes (partie 1 libre et partie 2 fixe). Cette prière accompagnant une offrande non-sanglante épouse ainsi très largement la structure de la prièretype, à de minimes variations près. L’invocation préliminaire des opérations complémentaires à Fisius est tout à fait semblable à celle de la prière expiatoire à Jupiter. En revanche sa mise en texte diffère : elle est dis jointe de la prière à proprement parler par une série d’instructions (suront / poni. pesnimu. mefa spefa. eso. persnimu). Cela confirme et précise une certaine hétérogénéité de nature entre l’invocation et la prière stricto sensu : le passage de l’indicatif (subocau) à des requêtes au subjonctif II en est le signe le plus clair. Nous apprenons ici que l’invocation préliminaire est dite deux fois : une fois en faisant usage du gâteau uestisia, et une autre fois en faisant usage du liquide poni (suront poni 209 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio pesnimu). Il est possible qu’il en aille de même pour toutes les invocations préliminaires, y compris celle à Jupiter. Une seconde différence concerne les phrases nominales énonçant les offrandes. La mefa spefa, lorsqu’elle est nommée (en VIb9 et VIb14), n’est pas qualifiée de pihaclu, contrairement aux bœufs dans les prières du sacrifice à Jupiter. Cela signifie que le rituel de piaculum est un rituel complexe qui, bien qu’ayant dans son ensemble une visée expiatoire, peut contenir des étapes de qui ne le sont pas113. De fait, la requête formulée dans la partie 1, n’est pas une requête en pihatu. C’est autre chose que la purification de la ville qui est ici demandé : on attend de Fisius qu’il donne « la formulation et l’acquittement » (catégories valables « dans le vœu », uouse), « le devant et derrière » (catégories valables « dans les auspices », auie) et enfin « le sepse et le sarsite » (catégories obscures mais visiblement valables « dans sacrifice », esone). Les lexèmes pacer et pase ne sont donc clairement pas associés à une dimension expiatoire du rituel. Une fois encore, tout insique que la « paix » n’est pas l’enjeu d’une restauration suite à des souill d’origine humaine. La troisième et dernière différence avec les prières à Jupiter concerne l’invocation conclusive, qui se voit ici dédoublée. Au lieu d’une seule formule en subocau, on en a deux : la première est identique à celle du sacrifice à Jupiter, tandis que la seconde ajoute la mention de la confiance dans le dieu (fisouie. frite). Cette particularité de la prière à Fisius Sancius n’est pas isolée : elle se retrouve dans la complexe prière à Prestota Serfia de Serfus Martius, qui termine toujours par prestotar śerfiar śerfer martier foner frite tiom subocau114 (« confiant dans la bienveillance de Prestota Serfia de Serfus Martius, je t’invoque »). C’est donc une particularité commune aux prières non 113) Cette remarque rejoint celles faites au §3.3.2. sur la porosité des catégories rituelles (propitiatoire, expiatoire, lustratoire, procuratoire, placatoire). 114) Cf. annexe 3,7-10. 210 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes expiatoires. Ce constat, dont nous tacherons plus loin de tirer les conséquences, participe à éclairer le rapport des ombriens à leurs dieux, et le degré de confiance qu’ils manifestent ou non dans leur bonté115. Pour finir cette étude de la prière à Fisius Sancius, il convient de noter qu’elle est renouvelée dans un autre context e, lors de la phase finale de la lustratio, juste après les opérations complémentaires à Prestota Serfia : 3,10 = TI VIIa37-38 : uestiśa. et. mefa. spefa. scalsie. conegos. fetu. fisoui. sansii. popluper. totar. iiouinar. totaper. iiouina. suront (38) naratu. puse. post. uerir. tesenocir Qu’il sacrifie à genoux une uestisia et une mefa spefa dans une coupe à Fisius Sancius pour l’armée de la cité iguvine [et] pour la cité iguvine. Qu’il prie comme derrière la porte Tesenaca. L’instruction est claire : il faut accomplir ici, dans la phase conclusive de la lustratio, toutes les « opérations complémentaires » à Fisius Sancius telles qu’elles ont également lieu au cours de la phase conclusive du piaculum, derrière la porte Tesenaca, à une différence de bénéficiaire près : elles sont cette fois accomplies pour le poplo et non pour l’ocar. On a donc de nouveau une prière non consignée par le texte ombrien mais dont la structure et le contenu sont aisément restituables : • une invocation préliminaire avec la uestisia, où les mots ocrider. fisiu (VIb6) seraient à remplacer dans la lustratio par popluper. totar. iiouinar (VIIa38). Cette invocation comprendrait comme toujours la formule fons. sir. pacer. sir (VIIb7) et la mention de la confiance dans le dieu (VIIb8 : fisoui. sanśi. asier. frite). • une probable seconde invocation préliminaire avec la poni, identique à la précédente. • l’énoncé d’une offrande de mefa spefa (probablement qualifiée de fisouina) où la désignation du bénéficiaire ocriper fisiu (VIIb9) serait également à remplacer par popluper totar iiouinar (VIIa38). 115) Cf. §6.3.3. ( c) pp. 276 sqq. 211 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbi o • une prière libre méta-rituelle, réclamant la validité des catégories religieuses (fato. fito. perne. postne. sepse sarsite, VIIa11)116 ; la mention de l’ocar serait à remplacer par celle du poplo. • une clausule en futu. fons. pacer. pase. tua ; la mention de l’ocar serait à remplacer par celle du poplo. • une prière fixe réclamant la préservation (saluo seritu) d’Iguvium ; la mention de l’ocar serait à remplacer par celle du poplo. • une seconde clausule en futu. fons. pacer. pase. tua, identique à la précédente. • une invocation conclusive, qui comprendrait, comme tous les sacrifices où l’offrande n’est pas qualifiée de pihaclu, la mention de la confiance dans le dieu (VIb15 : fisouie. frite. tiom. subocau) ; la mention de l’ocar serait encore une fois à remplacer par celle du poplo. Tout ce dispositif a de quoi étonner. Tout d’abord, il montre bien que le piaculum et la lustratio sont deux rituels distincts : la lustratio n’aurait aucune raison de renouveler l’offrande de la mefa à Fisius si elle avait déjà été faite le même jour117. Pour autant, réciproquement, le système de renvois textuels entre des rituels pourtant visiblement distincts montre bien l’unité rédactionnelle du piaculum et de la lustratio. Ce retour de l’offrande à Fisius dans la lustratio nous apprend également que ce que nous avons pris l’habitude d’appeler des « opérations complémentaires » peut n’être complémentaire à rien du tout : contrairement au piaculum, la lustratio ne comprend pas de sacrifice sanglant à Fisius Sancius, et l’offrande de la mefa y est l’unique acte adressé à la divinité. La nature même de ce qui est sacrifié (un gâteau rituel) le permet d’ailleurs, là où les opérations complémentaires à Tefer, et probablement, celles à Prestota, font intervenir un sous-produit du sacrifice sanglant : respectivement le persondro 116) Sur ces trois paires de catégories religieuses et les rapports qu’elles entretiennent avec les substantifs uouse, auie, esone, cf. supra note 112. 117) Par ailleurs, de manière plus évidente encore, la distinction des deux rituels découle de la distinction des prises d’auspices qui les ouvrent . Pace PORZIO GERNIA 2007 (notamment pp.31-35 et 44-45) qui voit dans le piaculum et la lustratio un seul grand complexe rituel expiatoire, exécuté le même jour. 212 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes et un quelconque organe destiné à remplir les uesclir noir s ou blanc s 118. La singularité de l’offrande à Fisius, déconnectée du sacrifice animal, est redoublée par la singularité de la requête présentée : on lui demande toujours « la formulation et l’acquittement, le devant et le derrière, le sepse et le sarsite » et non pas une faveur de nature expiatoire (pihatu) ou lustratoire (tursitu tremitu, etc. d’une part et preuendu atero ou ahauendu atero de l’autre)119. De ce point de vue, la prière à Fisius, aussi bien dans le piaculum que dans la lustratio, a un statut à part. Elle se place sur un plan que l’on pourrait qualifier de méta-rituel : elle ne vise pas directement la purification de la ville ou la protection de l’armée, mais à s’assurer de la valeur des catégories religieuses (fato. fito. perne. postne. sepse sarsite) qui elles-mêmes contribuent à l’efficacité du rituel, et par là à la purification de la ville ou à la protection de l’armée. On notera que le dieu qui semble garant de l’efficacité des rituels porte le nom de la fides, de la confiance qu’on peut avoir en eux. Tout cela constitue une sorte de « dispositif d’efficacité » du rituel, que nous commenterons plus loin120. c/ La prière des opérations complémentaires à Tefer Jovius La prière des opérations complémentaires à Tefer Jovius (annexe 3,5 = TI VIb25-36) imite jusque dans ses moindres détails celle du sacrifice sanglant à Jupiter, à tel point qu’on peut se demander pourquoi elle a été consignée. Seuls diffèrent le nom de la divinité et la désignation de l’offrande (ici : un 118) Sur ces sacrifices et les prières les accompagnant, cf. §6.1.2.(c) pp.213 sqq. pour Tefer et §6.1.2.(e) pp.220 sqq. pour Prestota. 119) Pace PROSDOCIMI 1989 selon qui « la preghiera specifica a Fisu (...) non è piaculare ma esclusivamente lustrale » (p.492). Le contenu n’en est en réalité pas davantage lustral qu’expiatoire : il est distinct de toutes les autres prières attestées à Gubbio. 120) Cf. §6.3.2. pp.257 sqq. 213 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio sorsu persuntru. tefrali121). Celle-ci est en revanche bien qualifiée de pihaclu comme cela est attendu dans le rituel expiatoire ; son offrande est précédée (mais non suivie) de l’usage d’une uestisia. Les formules comprenant pacer et pase sont à la place attendue (dans l’invocation au subjonctif ; dans les clausules à l’impératif II). Les instructions qui suivent la prière indiquent qu’elle est récitée une deuxième fois à l’identique122, avec une deuxième uestisia et un deuxième pesondro (celui qualifié de staflare). Le destinataire de cette deuxième série d’offrandes n’est pas explicité, mais nous savons par la version courte du piaculum qu’il s’agit d’un Jupiter stafli123. Cette seconde offrande est faite netruco. persi « au pied gauche » (VIb37) alors que le sorsu persuntru était offert destruco. persi « au pied droit » (VIb23) : cela introduit une opposition spatiale symbolique dont le sens théologique implicite nous échappe. d/ La prière pré-sacrificielle à la triade serfienne La première prière citée dans la version longue de la lustratio est singulière à bien des égards. C’est d’abord la seule à être adressée à plusieurs divinités à la fois. Par ailleurs, elle est très brève, et n’accompagne pas le déroulement d’un sacrifice (sanglant ou non) : elle annonce un sacrifice à venir. Ces deux dernières spécificités sont partagées avec la prière à Tursa Jovia (annexe 3,11). 121) Le lexème persuntru (pesondro, persondru, persuntru) semble désigner dans les Tables une préparation faite à base du sang de la victime du sacrifice principale, donc une sorte de « boudin ». Cf. WEISS 2010 : 384-397. Ici il est doublement qualifié de sorsu (c’est-à-dire « de porc ») et tefrali (car dédié à Tefer : sur ce point, voir note 111). 122) TI VIb36-37 : suror. persnimu. puse. sorsu. (« Qu’il prie de la même manière qu’avec [le pesondro] de porc »). 123) TI Ib30-31. 214 6.1. Structure et contenu des prières ombr iennes 3,6 = TI VIb57-62 prière serfe. martie prestota. śerfia. śerfer (58) martier. tursa. śerfia. serfer. martier. totam. tarsinatem. trifo. tarsinatem. tuscom. naharcom. iabuscom. nome (59) totar. tarsinat. er. trifor. tarsinater. tuscer. naharcer. iabuscer. nomner. nerf. śihitu. anśihitu. iouie. hostatu (60) anhostatu. tursitu. tremitu hondu. holtu. ninctu. nepitu. sonitu. sauitu. preplotatu. preuilatu « Serfus Martius, Prestota Serfia de Serfus Martius, Tursa Serfia de Serfus Martius, la cité de Tadinum, la tribu de Tadinum, le nom des Tusci, des Naharci, des Iabusci, les soldats avec [ou] sans ceinturons [et] les jeunes avec [ou] sans lances de la cité de Tadinum, de la tribu de Tadinum, du nom des Tusci, des Naharci, des Iabusci, terrifie[-les], fais[-les] trembler, fais[-les] tomber, détruis[-les], enneige[-les], noie[-les], assourdis[-les], blesse[-les], écrase[-les], contrains[-les].124 124) Notes de traduction : - tarsinatem : cet adjectif ethnique est dérivé du nom de la cité ombrienne de Tadinum (Gualdo Tadino). À noter : tarsinat. er est une interponction fautive. - trifo : nous admettons avec WEISS 2010 (pp.189-200), que la « tribu » est ici coextensive à la tuta : il ne s’agit pas d’un « tiers » de la structure sociale, mais de la structure sociale touteentière, en tant qu’elle est tripartie. - tuscom. naharcom. iabuscom : trois ethnonymes de peuples ennemis d’Iguvium, le premier étant presque certainement identifiable aux Étrusques (L. Tusci). - nerf. śihitu. anśihitu. iouie. hostatu / anhostatu : formule très élaborée servant à désigner la totalité du corps militaire d’Iguvium. Elle est composée de trois mérismes, désignant le tout par la somme des parties ou l’association des contraires : le premier associe les nerf et les iouie, une distinction d’âge qui évoque celle entre les centuries de seniores et de iuuenes à Rome ; le second associe, parmi les soldats adultes, ceux qui sont śihitu (L. cinctos) et ceux qui ne le sont pas ; le troisième, parmi les jeunes, ceux qui sont hostatu (« porteur de lance », cf L. hasta) et ceux qui ne le sont pas. Sur ce type de tournures et sa récurrence dans les traditions poétiques indo-européennes, cf. WATKINS 1995 : 43-46.
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Figure 2.5 – Contexte d'utilisation du format de livraison défini dans [Otto et al., 2004] Thierry Badard définit, quant à lui, les lots différentiels [Badard, 1998]. Ceuxci sont fondés sur la différence d'état des objets entre deux actualités d'une base de données géographique (cf Figure. 2.6). Deux fichiers composent les lots différentiels : – Un fichier contenant les couples d'objets anciens et nouveaux livrés dans un format SIG propriétaire. – Un fichier contenant les mises à jour qu'a subies chaque objet suivant la typologie qu'il a définie. Cohérence données spatiales Figure 2.6 – Différentiel d'état Des travaux ont été entrepris à l'IGN en vu de quantifier le volume représentatif des données de mise à jour. L'étude a été menée sur deux bases de données de référence, Géoroute et BDPays, sur le département de l'Isère. Les données sont au format shape et seul le thème routier a été mis à jour. Les bases de données résultantes de la mise à jour pèsent 106Mo pour BDPays et 79Mo pour Géoroute. [Braun, 2003] montre que le volume de données tombe à 26 Mo pour la BD Pays et 16 Mo pour Géoroute si les évolutions sont structurées en lots différentiels, ce qui représente en moyenne 20% des jeux initiaux. Ce format de livraison a donc fait ses preuves, notamment à l'IGN où il a été testé sur plusieurs bases de données mais le volume de données qui transite reste quand même très important et l'information délivrée n'est pas toujours minimale. [Badard et Richard, 2001] définissent ensuite les lots d'évolution qui se basent sur la description des changements d'états entre des ensembles d'objets (cf Figure. ). Dans ce format, seule l'information permettant de définir ce qui a évolué sur l'objet est transmise. Les lots d'évolutions sont décomposés en 3 parties : – Les évolutions proprement dites qui sont décrites grâce à la typologie définie dans [Badard, 1998]. – Les métadonnées qui fournissent toutes les informations de contexte décrivant les deux versions livrées. – Les références aux objets, valeurs d'attributs, relations et primitives géométriques qui ont été modifiés entre les deux versions. La livraison par lots d'évolution s'appuie sur le format XML (eXtensible Markup Language). Ce langage à base de méta-balises, solution quasi incontournable pour l'échange des évolutions entre SIG, permet de structurer plus fortement l'information d'évolution que dans les lots différentiels et permet de garder une certaine interopérabilité entre les systèmes. Néanmoins, les lots d'évolution restent difficiles à intégrer car ils doivent être interprétés pour pouvoir être incorporés. Figure 2.7 – Exemple de lot d'évolutions défini par [Badard et Richard, 2001] Les lots d'évolution sont à ce jour les plus prometteurs en matière de format de livraison des données géographiques vectorielles. En effet, l'information délivrée est minimale car seuls les attributs modifiés sont transmis au travers d'un message. Elle est donc moins redondante que dans les lots différentiels. Intégration et propagation des évolutions L'utilisateur ayant reçu les mises à jour doit ensuite intégrer et répercuter les changements dans son jeu de données. L'intégration consiste à transformer les données provenant de sources hétérogènes afin qu'elles forment un tout cohérent et homogène [OQLF, 2004], [Sheeren, 2005]. Beaucoup d'auteurs s'entendent pour dire que l'intégration est une des tâches les plus complexes que l'on rencontre en information géographique, du fait de la diversité des conflits (au niveau géographique, sémantique ou encore temporel) qui peuvent provoquer des incohérences conséquentes entre les données [J.Pouliot et al., 2001]). Selon [Sheeren, 2005], ce qui rend le problème d'intégration particulièrement complexe, c'est l'existence de l'hétérogénéité des bases. Les bases de données dans lesquelles les données sont intégrées peuvent être différentes à plusieurs niveaux (SGBD 1, format, modélisation ou interprétation différents). Cela est d'autant plus important pour les bases de données géographiques pour lesquelles s'ajoutent les différences liés à la composante géométrique telles que le mode de représentation des données (vecteur/raster), le niveau de détail ou encore la qualité des informations contenues dans la base de données. Le problème s'accentue encore lorsque l'intégration concerne des données de mises à jour qui proviennent de sources diverses et hétérogènes. Pour remédier à cela, Thomas Devogèle [Devogele, 1997] propose l'extension d'une méthode d'intégration déclarative utilisée dans les bases de données classiques (BD), définie par Spaccapietra et Parent [Spaccapietra et C.Parent, 1996] 1. Systèmes de Gestion de Bases de Données Cohérence et mise à jour de données spatiales 36 [Spaccapietra et al., 1992] (cf Figure. 2.8). Ce processus est composé de trois phases : la pré-intégration, l'identification des correspondances et l'intégration. Figure 2.8 – Processus d'intégration des mises à jour selon S.Spaccapietra Thierry Badard et Cécile Lemarié [Badard et Lemarié, 1999] intègrent, quant à eux, séparément chaque évolution préalablement filtrée (le filtrage consiste à sélectionner les évolutions qui ne concernent que la base de données dérivée), puis propagent ces évolutions aux objets corrélés. Ils gèrent ensuite les conflits et vérifient en dernier lieu la cohérence. Les différentes étapes et les éléments nécessaires à ce processus sont indiqués dans la figure 2.9 : – Le filtrage est partiellement automatisé et consiste à ne sélectionner que les évolutions concernant la BD dérivée. Pour cela, trois types d'informations sont utilisés : Les métadonnées disponibles sur la base de données dérivées pour déterminer si la modification est pertinente en comparaison avec la résolution de la base, le processus de dérivation pour vérifier si une modification de la base de référence a un impact dans la base dérivée, et les relations de correspondances établies préalablement entre les deux bases, pour déterminer si l'objet mis à jour dans la base de référence est présent dans la base dérivée. – Chaque évolution préalablement filtrée est intégrée séparément dans la base de données dérivée. La manière d'intégrer les mises à jour dépend du type des évolutions, de la cardinalité des relations de correspondances et du processus de dérivation. – La phase de propagation se déroule en deux étapes : retrouver les objets corrélés avec ceux qui viennent d'être mis à jour et propager les mises à jour automatiquement si le processus de dérivation est parfaitement défini, sinon c'est à l'utilisateur de choisir s'il veut effectuer la mise à jour des objets corrélés ou non. – Les conflits sont détectés pendant l'intégr et/ou la propagation. Ils surviennent lorsque les contraintes d'intégrité spatiales sont violées ou lorsque des 37 Cohérence et mise à jour de données spatiales mises à jour n'ont pas été effectuées. L'utilisateur doit alors, soit résoudre ces conflits interactivement, soit enrichir la base de règles qui permet de traiter les conflits automatiquement et relancer les deux processus précédents. – Le processus de vérification de la cohérence peut entraı̂ner des retours en arrière ou des reprises de certaines étapes après enrichissement de la base de règles. Les différents tests mis en place pour cette phase sont la vérification de la topologie de la base et la mise en conformité avec les métadonnées qui ont été mises à jour. Figure 2.9 – Processus [Badard et Lemarié, 1999] d'intégration des mises à jour selon Cette méthode n'est pas entièrement satisfaisante car elle nécessite l'aide fréquente de l'expert. De plus, elle s'avère compliquée à mettre en oeuvre car elle est essentiellement basée sur les appariements et elle demande de nombreux retours-arrières. Néanmoins elle offre de bons résultats en matière de cohérence et l'idée de faire un pré-filtrage est intéressante pour "épurer" toutes les données ne concernant pas directement la base dérivée. Alors que [Badard, 2000] propose l'utilisation d'outils d'appariement pour détecter les liens de correspondance entre les différents thèmes des jeux de données et entre les données à différentes échelles pour faciliter la propagation des évolutions, d'autres proposent l'utilisation de bases de données multi-représentations. Ces bases de données permettent de représenter plusieurs visions du même espace, soit à différentes échelles, soit selon différents points de vue, dans une seule et même base de données. Le but étant de passer d'une représentation à l'autre le plus facilement possible [Vangenot et al., 2002]. Ainsi, [Kilpelainen, 2000] propose d'établir des liens bidirectionnels entre les différents objets représentés dans de telles bases Cohérence et mise à jour de données spatiales 38 de données. L'idée étant qu'en conservant tous ces liens, il est plus aisé de retrouver un objet correspondant à une évolution quel que soit le niveau de représentation. Cela permet également de propager automatiquement, sur le jeu de données dérivé, les mises à jour qui ont été saisies depuis la base de données de référence. Une autre solution est l'utilisation des bases de données fédérées. Une base de donnée édérée est une vue commune de plusieurs bases de données qui permet une coopération entre ces bases. Il faut donc créer un schéma commun à toutes les bases de données, ainsi que les règles de passage permettant à un schéma particulier d'accéder à celui de la base fédérée. [Christensen, 2001] propose en particulier de créer une base de données géographique fédérée permettant de regrouper les caractéristiques communes à certains objets provenant de différentes collectes. Dans notre contexte, nous ne pouvons malheureusement pas utiliser les bases de données fédérées car les données sont répliquées sur chaque site. En effet, aucun serveur centralisant l'information ne peut être mis en place et les données doivent être disponibles à tout moment. 2.1.3 Infrastructures de données spatiales, interopérabilité et métadonnées La mise à jour peut être facilitée par la mise en place d'une infrastructure dans laquelle une politique d'échange des évolutions peut être mise en oeuvre. Dans cette partie, nous définissons en premier lieu la notion d'infrastructure de données spatiales et voyons en quoi leur utilisation favorise l'interopérabilité. En particulier, nous nous intéressons aux métadonnées et aux différents standards qui existent pour la gestion des données spatiales. Infrastructure de données spatiales, pour qui, pourquoi, comment? De nos jours, de nombreux acteurs sont impliqués dans la collecte et la distribution des données spatiales. Cela entraı̂ne une multiplication des données ayant des types, des formats et des qualités différents. Cette redondance d'information pose le problème de l'accès, l'échange et de l'utilisation des données provenant d'organisations multiples. En effet, les données collectées auprès de divers fournisseurs ne peuvent généralement pas être intégrées sans avoir subi de nombreuses transformations qui les rendent interprétables par le système de l'utilisateur. Ce travail de transformation entraı̂ne souvent une mise en oeuvre et un coût important, non souhaitables dans un contexte de prise de décision rapide. Une solution consiste à regrouper, dans une infrastructure, les acteurs ayant un objectif analogue ou appartenant à une même organisation, afin que des décisions communes puissent être prises, notamment en matière de formatage, de partage et d'échange de données spatiales. [Vögele et Schlieder, 2002] soulignent d'ailleurs que le rôle important que jouent les données spatiales dans un certain nombre d'applications implique un besoin grandissant d'avoir des infrastructures qui savent gérer l'accès et l'échange de ces données. Cohérence et mise à jour de Une infrastructure de données spatiales (SDI) 2 est une initiative prévue pour créer un environnement dans lequel tous les acteurs peuvent coopérer et interagir les uns avec les autres pour mieux atteindre leurs objectifs à différents niveaux politiques et administratifs [Rajabifard et Williamson, 2001]. En particulier, l'utilisation d'une SDI facilite et coordonne l'accès, l'échange et le partage de données géographiques entre plusieurs acteurs, tout en utilisant un ensemble minimum de standards, protocoles et spécifications [Nebert, 2004]. Une SDI permet donc de déterminer la façon dont les données vont être utilisées à l'intérieur d'une organisation, de spécifier les politiques d'échanges qui peuvent être appliquées entre les communautés et surtout d'obtenir un gain de temps lors de la génération et de la maintenance des données. Figure 2.10 – Principaux composants d'un SDI selon [Nebert, 2004] [Nebert, 2004] souligne d'ailleurs qu'en fixant les rôles et responsabilités des acteurs, on est alors capable d'identifier les fonctions de chaque utilisateur dans l'infrastructure et particulièrement de définir les autorisations en matière de transformation, mise à jour, diffusion et intégration des données spatiales. Le mode de coordination entre les acteurs permet, quant à lui, de définir l'architecture du réseau de communication et le type de collaboration entre les différents acteurs de l'infrastructure. Les jeux de données sont des ensembles spécifiques d'informations spatiales ou des collections de données fournies par un producteur ou saisies directement depuis un système d'information géographique. Dans une SDI, les données de référence 2. On utilise souvent l'acronyme SDI correspondant au terme anglais Spatial Data Infrastructure pour désigner une infrastructure de données spatiales Cohérence et mise à jour de données spatiales 40 sont constituées par un ensemble de jeux de données nécessaires à l'intérêt commun. Un des avantages majeur d'une SDI est la possibilité de déterminer un cadre institutionnel visant à accroı̂tre l'accès, le partage et l'utilisation efficace de l'information géographique [Craglia et Johnston, 2004]. Ainsi, des stratégies peuvent être établies à différents niveaux de l'infrastructure et dépendre du rôle attribué aux acteurs, être fonction du réseau de collaboration, ou encore être attaché au type d'information utilisé. Elles ont en outre l'intérêt de restreindre les actions non souhaitées et limitent par conséquent les éventuelles incohérences entre les données échangées, particulièrement dans un contexte de mise à jour. Les métadonnées forment un ensemble formel de propriétés scriptives qui peuvent être partagées par une communauté. En particulier elles renseignent sur la nature et les caractéristiques des données. L'utilisation des métadonnées permet dès lors une gestion pertinente des données car elles fournissent à l'utilisateur certaines informations capitales telles que la disponibilité, la qualité, ou encore la localisation [Gilgen, 1999]. Des standards de description des métadonnées ont été développés suivant un processus consultatif et fournissent de ce fait une base commune aux utilisateurs [CEN, 1998], [FGDC, 1998], [ISO19115, 2003]. L'utilisation de métadonnées normalisées dans l'infrastructure favorise donc l'interopérabilité entre les différents acteurs et systèmes. Par ailleurs, [Chan et Williamson, 1999] ont défini un modèle hiérarchique de SDI composé de SDI interconnectés à différents niveaux (local, national, régional, global). Ce modèle permet ainsi aux organisations d'être en relation à différents niveaux politiques et administratifs (Cf. figure 2.11). Figure 2.11 – Modèle hiérarchique d'un SDI défini par [Chan et Williamson, 1999] Basées sur ce modèle hiérarchique, plusieurs initiatives d'infrastructures de données spatiales ont vu le jour ces dernières années, dans un premier temps, au niveau national ([FGDC, 1997], [Masser, 1998], [ANZLIC, 1998], puis aux niveaux régional et global [Rhind, 2001], [INSPIRE, 2007]). Ainsi, l'Australie et la Nouvelle Zélande ont défini une SDI nationale qui comprend quatre composants [ANZLIC, 1998] : Cohérence et mise à jour de données spatiales 41 – Un cadre institutionnel pour définir les arrangements politiques et administratifs permettant de construire, mettre à jour et utiliser les standards et données. – Des standards pour définir les caractéristiques techniques des jeux de données de référence. – Des jeux de données fondamentaux produits grâce au cadre institutionnel et conformes aux standards techniques. – Et enfin des réseaux d'entrepôts permettant à la communauté d'accéder aux jeux de données. Le comité fédéral de données géographiques américain [FGDC, 1997] a constitué une SDI pour faciliter le transfert et l'utilisation des données spatiales entre les diverses organisations nationales. L'infrastructure est composée de politiques, standards et procédures qui permettent aux organisations nationales d'interagir pour une meilleure utilisation, gestion et production des données. L'infrastructure de données spatiales nationale mise en place en Allemagne (RAVI) [Masser, 1998] est constituée d'une collection de politiques, jeux de données, standards, technologies et connaissances permettant de fournir à l'utilisateur l'information géographique dont il a besoin pour réussir une tâche. Plus proche de nos préoccupations, l'initiative européenne [INSPIRE, 2007] (www.ec-gis.org/inspire), été lancée à la fin de l'année 2001 avec l'intention de rendre l'information géographique accessible, pertinente, harmonisée et de qualité. L'objectif était de parvenir à un cadre juridique européen, en se concentrant d'abord sur les besoins de la politique de l'environnement, pour être ensuite étendu à d'autres domaines d'intérêt communautaire tels que l'agriculture, la politique régionale, et les transports. L'initiative INSPIRE vise à créer des services d'information spatiale, basés sur un réseau distribué de bases de données, dans lequel les jeux de données peuvent être combinés avec différentes sources et partagés entre de nombreux utilisateurs et applications, favorisant ainsi l'interopérabilité entre les différents systèmes européens. Interoperabilité des Systèmes L'organisation internationale de normalisation (ISO) définit l'interopérabilité comme étant un ensemble de capacités. Premièrement, c'est l'aptitude à trouver des informations et des outils de traitement, quand on en a besoin, peu importe où ils se trouvent physiquement. Secondement, c'est la faculté de comprendre et d'utiliser l'information et les outils quelle que soit la plate-forme sur laquelle ils reposent. Enfin, c'est la possibilité de participer à un marché où les biens et les services sont adaptés aux besoins des utilisateurs. Selon [Bishr, 1997], l'interopérabilité se traduit par la capacité d'un système ou des composants d'un système à partager ses données et ses fonctions avec d'autres systèmes. Plus précisément, l'interopérabilité est assurée si des messages et des requêtes peuvent être échangés entre deux systèmes et s'il est possible de les faire opérer comme une unité pour réaliser une tâche commune [Solar et Doucet, 2002] Cohérence et mise à jour de données spatiales 42 [Danko, 2005] souligne l'importance de considérer l'interopérabilité par le fait que de nos jours plus personne ne travaille seul et que les efforts doivent être mutualisés au sein d'organisations. Selon l'auteur, l'interopérabilité est la clé pour améliorer la communication, l'efficacité et la qualité des échanges entre toutes ces organisations qui coopèrent. [Leclercq et al., 1998] distinguent l'interopérabilité des systèmes d'information classiques de celle que l'on trouve dans les systèmes d'information géographiques (SIG). Ils soulignent en particulier qu'en information géographique, les problèmes d'hétérogénéité sont causés également par la géométr et que le caractère spatial des données accentue les conflits de classification ou de fragmentation. Ils définissent ensuite trois niveaux d'interopérabilité des modèles que l'on rencontre dans les SIG : – L'interopérabilité syntaxique qui s'attache à unifier les structures des données. – L'interopérabilité schématique qui a pour but de résoudre les différences au niveau des schémas. – L'interopérabilité sémantique qui doit s'assurer que les échanges ont un sens, c'est à dire que l'utilisateur et le fournisseur ont une compréhension commune de la signification des éléments qu'ils partagent. Jean Brodeur [Brodeur, 2004] constate que depuis les années 1990, de nombreuses recherches ont été effectuées pour développer l'interopérabilité des systèmes d'informations géographiques afin de résoudre les problèmes d'échanges et d'intégration des données [Bishr, 1997] [Laurini, 1999] [Sheth, 1999]. L'auteur remarque que des progrès considérables ont été faits en ce qui concerne l'hétérogénéité syntaxique et schématique [Egenhofer, 1999] [Rodriguez, 2000], néanmoins, il souligne que l'hétérogénéité sémantique doit également être prise en considération dans la solution pour qu'une complète interopérabilité des systèmes d'information géographiques soit assurée. Pour Bruno Defude [Defude, 2005], les deux formes d'hétérogénéités qui entravent essentiellement l'interopérabilité des systèmes sont l'hétérogénéité syntaxique et l'hétérogénéité sémantique. L'hétérogénéité syntaxique souvent étudiée dans la littérature pose le problème de l'accès uniforme à un ensemble de sources hétérogènes. L'hétérogénéité sémantique est bien plus complexe car il s'agit de comparer et reconnaı̂tre les similitudes et les différences entre les concepts utilisés dans les différents systèmes. Dans le cas particulier des SIG, l'auteur différencie l'interopérabilité technique qui se traduit par la capacité à échanger des requêtes et des données entre les différents SIG, de l'interopérabilité sémantique qui se traduit par la capacité à manipuler de manière cohérente les informations provenant des différents SIG (par exemple reconnaı̂tre qu'un segment quelconque d'un premier SIG correspond en fait à une route dans un second). L'auteur propose donc une architecture répartie de type fédération comprenant la définition d'un modèle canonique et une base de connaissances des conflits spatiaux afin d'aider le processus d'intégration et un modèle sémantique permettant de Cohérence et mise à jour de données spatiales 43 définir des données spatiales, numériques et cartographiques ainsi que les transformations qui manipulent ces données afin de traiter l hétérogénéité sémantique dans les systèmes d'informations géographiques [Branki et Defude , 1997]. Le projet de recherche ISIS (pour Interopérabilité des Systèmes d'Information Spatiale) a pour but de trouver une solution pour réaliser l'interopérabilité des SIG dans des environnements ouverts et évolutifs. La thèse de [Leclercq, 2000] effectuée dans le cadre de ce projet a pour objectif principal de fournir des accès transparents à des systèmes d'information géographiques hétérogènes en exploitant la sémantique des informations spatiales. L'auteur utilise pour cela une approche basée sur la médiation de contextes (contexte de référence, contextes de coopération et outils de transformation) qu'il définit grâce à des ontologies. Plus récemment, [Gesbert, 2005] a proposé de traiter l'interoperabilité sémantique grâce aux ontologies. L'objectif de ce travail est de déterminer les correspondances entre les schémas des différentes bases de données géographiques en s'appuyant sur la sémantique contenue dans les spécifications, afin d'aider l'intégration et de favoriser l'interopérabilité. Pour cela, il propose de définir un modèle formel de représentation des spécifications basé sur une ontologie du domaine qui facilite la compréhension de la sémantique. Les métadonnées, composant indispensable d'une SDI Les métadonnées constituent un des composants principaux des infrastructures de données spatiales. Le terme métadonnée vient du mot grec meta qui signifie ≪ à propos ≫ et du mot latin data qui signifie ≪ information ≫. Souvent définies simplement comme étant des ≪ données sur les données ≫, elles ont en fait un rôle essentiel d'information sur la nature d'autres données permettant ainsi leur utilisation pertinente [OQLF, 2004]. Les métadonnées sont par conséquent, utilisées dans tous les domaines où de l'information complémentaire est nécessaire pour exploiter les données à bon escient. [Bucher, 2002] précise qu'il existe trois niveaux d'utilisation de métadonnées : les métadonnées de découverte qui permettent de retrouver les données correspondant à une recherche, les métadonnées d'exploration qui permettent de savoir si les données conviennent à l'analyse qui va être faite et les métadonnées d'exploitation qui renseignent sur les moyens d'obtenir et d'utiliser les données. [Libourel, 2003] indique que les métadonnées peuvent être utilisées à des fins diverses, depuis l'aide à la structuration et à la recherche d'information jusqu'à des fonctionnalités plus complexes dans le cadre d'applications interopérables. [Tsou, 2002] exploite quant à lui les métadonnées pour aider les utilisateurs de systèmes informatiques à accéder, archiver et utiliser les informations réparties. En particulier, il utilise des métadonnées opérationnelles pour développer des services autonomes pour la description et la gestion des objets géographiques dans un environnement distribué. En information géographique, les métadonnées plus complexes que celles Cohérence et mise à jour de données spatiales 44 utilisées dans les autres domaines du fait de la nature spécifique des informations qu'elles renseignent. En effet, elles sont composées à la fois d'éléments descriptifs et d'éléments spatiaux et apportent différents renseignements tels que l'identification, l'étendue, la qualité, les schémas spatiaux et temporels ou encore la distribution des données spatiales [Danko, 2005]. Selon [Nebert, 2004], les métadonnées aident les utilisateurs de données spatiales à trouver les données dont ils ont besoin et à déterminer comment les employer au mieux. En particulier, elles permettent d'organiser et de maintenir l'investissement effectué par une communauté afin de fournir suffisamment d'information pour aider le transfert de données entre les différents acteurs de l'infrastructure [Nogueras-Iso et al., 2005]. [Danko, 2005] insiste sur l'importance croissante de l'utilisation des métadonnées par le fait que l'information géographique est de plus en plus utilisée dans diverses organisations notamment à des fins de prise de décision. Cela entraı̂ne une prolifération des données spatiales et un accroissement d'utilisateurs de données non experts. Sachant que les données géographiques sont imparfaites et incomplètes (précision, exhaustivité), les utilisateurs doivent être en mesure de connaı̂tre leur qualité avant toute utilisation. De plus, le producteur, qui doit favoriser la réutilisation des données existantes du fait de l'importance des coûts de production d'un jeu de données, ne connaı̂t pas a priori l'utilisation qui sera finalement faite des données. Les métadonnées permettent donc de faciliter la recherche, la gestion et la réutilisation des données géographiques. Mais pour fournir une connaissance partagée et cohérente des données entre les différentes communautés, il faut normaliser les métadonnées [Luzet, 1998], [Günther et Voisard, 1997], [Spéry et Libourel, 1998]. En conséquence, plusieurs normes de métadonnées consacrées aux données spatiales ont été définies pour assurer l'interopérabilité entre des utilisateurs manipulant de l'information géographique [FGDC, 1998], [CEN, 1998], [ISO19115, 2003]. Ainsi, le comité européen de normalisation [CEN, 1998] a établi une norme expérimentale pour manipuler plus efficacement l'information géographique (CEN/TC287). Aux Etats-Unis, le standard FGDC/CSDGM (Content Standard for Digital Geospatial Metadata) a été développé par le comité fédéral des données géographiques, dans le but d'être utilisé par une infrastructure de données spatiale nationale (NSDI) [FGDC, 1998]. Plus récemment, le comité international de normalisation ISO) a lui aussi proposé une norme pour la gestion et l'échange des données spatiales [ISO19115, 2003]. Ces standards ont en commun la structuration sous forme de couple (champ, valeur) et l'organisation des informations en sections contenant des caractéristiques similaires (identification, systèmes de référence, qualité, ). Cependant, la norme qui retient le plus l'attention à ce jour est [ISO19115, 2003] qui spécifie un cadre Cohérence et mise à jour de données spatiales 45 formel pour décrire l'information géographique et les services associés. Cette norme fournit beaucoup d'informations sur les jeux de données spatiaux et permet par conséquent la description de nombreuses ressources mais elle est difficile à exploiter du fait du très grand nombre d'éléments à gérer (plus de 350 éléments). 2.1.4 Cohérence et qualité des bases de données spatiales En information géographique, la notion de cohérence est étroitement liée à la qualité des jeux de données et peut être remise en cause par de nombreuses sources d'erreurs. Dans un contexte de mise à jour, c'est la capacité à satisfaire un ensemble de critères lors de l'intégration et/ou la propagation des nouvelles données et évolutions. Dans ce paragraphe, nous abordons dans un premier temps les concepts relatifs à la qualité des bases de données géographiques, puis nous évoquons les différentes sources d'erreurs qui peuvent conduire à des incohérences locales dans les ensembles de données et enfin nous terminons par un inventaire des moyens qui ont été mis en oeuvre pour gérer la cohérence globale entre plusieurs jeux de données, notamment les mécanismes de versionnement. Qualité des jeux de données spatiaux Une définition générale de la qualité a été fournie par l'Organisation Internationale de Normalisation par ≪ l'ensemble des propriétés et caractéristiques d'un produit ou service qui lui confère l'aptitude à satisfaire des besoins exprimés ou implicites ≫ [ISO8402, 1994], [ISO9000, 2000]. Dans son travail de thèse, [Bel-Hadj-Ali, 2001] souligne que la qualité des données géographiques est tellement complexe qu'il est impossible d'utiliser une mesure globale et qu'il faut par conséquent recourir à plusieurs composantes pour la déterminer. La définition de l'ISO a été spécialisée par [David et Fasquel, 1997] pour définir la qualité en information géographique. Ainsi, les auteurs distinguent deux types de qualité pour les données spatiales : – La qualité interne est l'ensemble des propriétés et caractéristiques d'un produit ou service qui lui confère l'aptitude à satisfaire aux spéci ations de contenu de ce produit ou de ce service. Cohérence et mise à jour de données spatiales 46 – La qualité externe est définie comme étant l'adéquation des spécifications aux besoins de l'utilisateur. La figure 2.12 illustre ces deux types de qualité. En information géographique, le monde est représenté par une abstraction de la réalité appelé terrain nominal, entité qui sert de base à l'élaboration de la base de données (grâce aux spécifications de production ou depuis les exigences des utilisateurs). Évaluer la qualité des données correspond à estimer l'écart en terme de distance entre la base de données et le terrain nominal. Plus précisément, la qualité interne se mesure par la différence entre les données qui devraient être produites et les données qui ont effectivement été produites. Figure 2.12 – Qualités interne et externe des jeux de données spatiaux Cela nécessite de mettre en place des outils basés sur des indicateurs. Dans ce sens, [Moellering, 1987] a spécifié cinq critères pour définir la qualité interne d'un jeu de données spatial : ✓ La généalogie regroupe l'historique des données, les indications sur les sources, les opérations de saisie, les transformations effectuées sur les données [Clarke et Clark, 1995]. ✓ La précision géométrique (ou exactitude spatiale) donne les écarts de position entre les objets de la base et ceux du monde réel. Des méthodes utilisées pour déterminer cette précision sont décrites dans [Faı̈z, 1996] et [Drummond, 1995]. Coh et spatiales ✓ La précision sémantique (ou exactitude des attributs) est la différence entre la valeur d'un attribut du jeu de données et sa valeur dans le monde réel [Goodchild et al., 1992] [Bicking, 1994]. ✓ L'exhaustivité indique si les objets du monde réel sont tous représentés dans le jeu de données. [Brassel et al., 1995] en distinguent deux types : l'exhaustivité des données et l'exhaustivité du modèle. ✓ La cohérence logique définit le degré de cohérence interne des données selon les règles de spécifications et de modélisation du jeu de données. Elle inclut la cohérence géométrique et la cohérence topologique des données spatiales. Plusieurs travaux concernant ces différents types de cohérence ont été abordés dans la littérature [Kainz, 1995], [Jeansoulin, 1997], [Ubeda, 1997] et [Puricelli, 2000]. Des composantes supplémentaires ont été ajoutées par d'autres auteurs : ✓ L'actualité (ou précision temporelle) qui détermine les dates de la de mise à jour et de la validité des données [Guptill, 1995]. ✓ La fidélité textuelle qui est une mesure de l'exactitude de l'orthographe des informations écrites. ✓ La cohérence sémantique qui fait référence à la qualité avec laquelle les objets géographiques sont décrits [Salgé, 1995] Tous ces critères ont été largement expérimentés et sont aujourd'hui utilisés dans de nombreux travaux de normalisation tels que ceux réalisés par l'organisation internationale de normalisation (ISO) ou le centre européen de normalisation (CEN). Ils forment un support pour évaluer la qualité d'un jeu de données géographiques. Cependant, si la qualité est jugée mauvaise, il faut pouvoir l'améliorer. Deux directions apparaissent dans la littérature pour y parvenir. Les travaux axés sur la recherche et la correction d'erreurs spatiales et plus particulièrement la vérification des contraintes géométriques et topologiques [Laurini et Raffort, 1994], [Ubeda et Servigne, 1996], [Ubeda, 1997], [Puricelli, 2000] et les travaux basés sur la superposition de cartes d'origines ou d'échelles différentes grâce à des techniques basées sur l'appariement [Chrisman, 1989], [Veregin, 1989] et [Matos. et al., 1997]. La pertinence des données est une notion que l'on peut lier au concept d'adéquation aux besoins (fitness for use) et en particulier à la qualité dite externe [Dassonville et al., 2002]. La notion d'adéquation aux besoins a été définie dans les années 70 par [Juran et al., 1974]. [Chrisman, 1983] a ensuite mis en évidence la nécessité d'avoir une qualité qui sert de base à l'évaluation de l'adéquation de l'utilisation de l'information géographique pour un besoin précis. [Wang et Strong, 1996] définissent alors quatre dimensions de la qualité externe des données spatiales : ✓ La qualité intrinsèque détermine la crédibilité, la précision, l'objectivité et la réputation que l'on peut accorder aux données. ✓ La qualité contextuelle s'attache plutôt à vérifier si les données sont appropriées (pertinence, valeur ajoutée) et suffisantes (complétude, volume de données) pour l'usage qui doit en être fait. ✓ La qualité représentationnelle aborde les notions d'interopérabilité et de compréhension des données. Cohérence et données spatiales ✓ Enfin, le dernier critère concerne l'accessibilité et la sécurité liées aux données. Par ailleurs, ces dernières années plusieurs trav de recherche ont été entrepris pour mieux prendre en compte la qualité externe [Bruin et al., 2001], [ReV!Gis, 2004] [Vasseur, 2004], [Devillers, 2004], [Devillers et Jeansoulin, 2005]. Deux grandes approches ont été proposées, l'une basée sur l'évaluation du risque encouru par l'utilisation de données non adéquates et l'autre sur l'utilisation des métadonnées pour analyser la similarité entre les données produites et les besoins des utilisateurs. Ces méthodes sont différentes dans leur élaboration mais aboutissent toutes deux à apprécier la qualité des données en fonction de l'utilisation qui doit en être faite. Elles permettent ainsi des interprétations mieux ciblées et des prises de décision moins risquées. [Agumya et Hunter, 1998] utilisent une approche basée sur la gestion des risques pour évaluer a posteriori la qualité des données utilisées pour une certaine application. Ce processus est composé de plusieurs étapes permettant d'identifier, d'analyser, d'évaluer, de mesurer l'exposition et d'estimer le risque afin de pouvoir lui fournir une réponse. Les auteurs proposent ainsi une méthode permettant de déterminer le niveau acceptable de l'incertitude en analysant les risques potentiels dus à une prise de décision basée sur l'utilisation de données. [Bruin et al., 2001] proposent également une méthode basée sur une évaluation du risque. Leur approche utilise la technique des arbres de décision et le concept de valeur de contrôle pour estimer le coût qu'engendrerait une décision basée sur des données incorrectes. Cette méthode permet de sélectionner le jeu de données qui limitera le risque mais suppose de savoir quantifier le risque, ce qui peut s'avérer être une tâche difficile. D'autres approches basées quant à elles sur les métadonnées ont été proposées. Selon [Frank, 1998], les descriptions actuelles de la qualité offertes par les métadonnées suivent les orientations du producteur de données et sont généralement fournies à des fins de traitement de données mais n'informent pas l'utilisateur sur l'utilisation qui peut en être faite. L'auteur suggère que la qualité soit indépendante du processus de production et utilisée dans une procédure formelle permettant d'obtenir des résultats quantitatifs de telle sorte à ce qu'elle soit opérationnelle et interprétable par l'utilisateur. Pour ce faire, il propose un métamodèle permettant de fusionner les points de vue du producteur et des utilisateurs afin d'analyser a priori la similarité entre les données produites et les besoins des utilisateurs. [Hunter, 2001] précise quant à lui, que l'utilisateur voudrait avoir la possibilité d'utiliser techniquement l'information de qualité associée à l'information géographique connaı̂tre le risque lié à une utilisation de données incertaines. Il soulève également un autre problème concernant la granularité des informations de qualité qui selon lui se trouve à un niveau très général, ne permettant pas à l'utilisateur d'obtenir une information utile. Les métadonnées fournissent des informations sur le jeu de données dans sa globalité mais il n'est pas possible d'obtenir l'information pour un sous-ensemble ou encore un objet particulier. L'auteur pense donc Cohérence et mise à jour de données spatiales 49 que les travaux de recherche à venir doivent prendre en compte ces deux points c'est-à-dire l'évaluation de la qualité externe et une meilleure identification de la granularité dans les métadonnées de qualité. [Devillers, 2004] part du constat qu'une mauvaise utilisation ou interprétation des données peut avoir des conséquences importantes lors des prises de décision. Pour réduire ce risque, les utilisateurs doivent être en mesure d'évaluer l'adéquation des données à leur utilisation c'est-à-dire leur qualité externe. Mais les techniques d'évaluation sont difficiles voire impossibles à utiliser pour des utilisateurs non experts. Pour y remédier, l'auteur propose une série d'outils permettant de structurer et de communiquer l'information de qualité à des utilisateurs experts ou à des experts en qualité afin que ceux-ci soient à même de conseiller des utilisateurs non experts dans leur utilisation des données. L'auteur utilise des indicateurs visuels pour représenter l'information de qualité en support à la prise de décision. Ces indicateurs fournissent des informations brutes ou agrégées sur la qualité des données géospatiales et sont présentés sur un tableau de bord faisant partie de l'interface du SIG. Le projet européen ReV!Gis, terminé en juin 2004, est né du constat que lorsqu'on manipule des données géographiques, on ne peut ignorer les imprécisions de mesure, les ambiguı̈tés de définition et les erreurs d'observation ou d'interprétation [ReV!Gis, 2004]. La qualité apparaı̂t donc comme l'écart entre le contenu de l'information archivée et l'information qui est souhaitée pour un usage mais cette définition est difficile à mettre en pratique. Ainsi, pour surmonter en partie ces difficultés, le développement de techniques de représentation et de raisonnement basées sur la révision des connaissances spatiales et leur intégration à des applications commerciales et scientifiques a été mis en oeuvre dans le cadre de ce projet. [Vasseur, 2004] a consacré sa thèse à la modélisation de la qualité dans les applications géographiques et s'est plus particulièrement intéressée à la qualité externe. Elle établit des relations entre l'application et les données afin d'évaluer la qualité externe de l'application. Elle s'appuie sur deux types d'ontologies définis par [Jeansoulin et Wilson, 2002] : les ontologies du problème et les ontologies du produit. L'ontologie du produit décrit une partie du monde réel telle que représentée par le producteur de données (spécifications, qualité interne, schéma des données), l'ontologie de problème décrit quant à elle l'interprétation de cette partie du monde réel par l'utilisateur en fonction du problème à résoudre (connaissance de l'utilisateur, prise de décision, qualité externe). L'auteur crée ensuite deux matrices (matrice de qualité réelle issue de l'ontologie du produit et matrice de qualité attendue issue de l'ontologie du problème) dans un référentiel commun [Brodeur et al., 2003], puis par comparaison, agrégation et normalisation, définit la matrice de qualité de l'application qui lui permet d'évaluer l'adéquation aux besoins (Cf. figure 2.13). Si la qualité est jugée insuffisante alors un retour en arrière est effectué, soit par reformulation de l'ontologie du problème, soit par analyse des données pour obtenir une matrice de qualité améliorée. Lorsque la qualité est jugée satisfaisante, la matrice d'application permet de déterminer si le jeu de données est adéquat grâce au calcul de l'utilité. L'utilité est une mesure quantitative qui provient de la comparaison Cohérence et mise à jour de données spatiales 50 entre les attentes de l'utilisateur et les données disponibles dans le jeu de données [Frank et al., 2004] Figure 2.13 – Evaluation de la qualité externe selon [Vasseur, 2004] L'utilité de la qualité dépend donc de l'utilisation qui va être faite de l'information qu'elle qualifie, en particulier lors de prises de décisions. La fonction d'utilité de la qualité se mesure donc par son pouvoir de réduction de l'incertitude dans un processus de décision [Devillers et Jeansoulin, 2005]. [Harding, 2005] signale par ailleurs que l'information géographique étant souvent utilisée à des fins de résolution de problèmes ou de prise de décision, la fiabilité des résultats est par conséquent en partie dépendante de l'utilisation prévue des données ainsi que de leur interopérabilité avec d'autres sources de données. Finalement nous pouvons assurer à la vue de ces travaux que l'évaluation de la qualité d'un jeu de données géographiques est chose délicate qu'il ne faut pas à prendre à la légère tant une base de données de mauvaise qualité peut provoquer de nombreuses erreurs et incompréhensions qui peuvent mettre en péril la cohérence des données et des systèmes dans l'infrastructure. Un autre aspect qui nous paraı̂t essentiel en conclusion de ce paragraphe est qu'il ne faut pas négliger le point de vue de l'utilisateur lors de l'évaluation de la qualité d'un jeu de données et par conséquent considérer la qualité externe des données spatiales. Cela est d'autant plus vrai dans un contexte de prise de décision où les données servent de support à l'action des acteurs. Sources d'erreur et incohérence des données L'information géographique représente un modèle de la réalité [Longley et al., 2005]. Cependant, comme le souligne [Box, 1976], tous les modèles sont faux même si certains sont utiles. Cela a pour effet de dénaturer l'information fournie par rapport à ce qu'elle est censée représenter, provoquant ainsi des erreurs, des imprécisions, des ambiguı̈tés et finalement des incohérences dans le jeu de données. [Sheeren, 2005] pense que le manque de cohérence entre les données provient principalement de deux faits : une différence dans l'actualité des bases de données et l'existence d'erreurs de saisie. Il souligne en particulier que la politique de maintenance des jeux de données n'est pas organisée à l'identique et que le rythme des mises à jour est souvent différent, ce qui provoque des incohérences entre les jeux de données. Selon [Heuvelink, 2005], l'erreur peut être définie par la différence entre une réalité et la représentation de cette réalité. L'auteur précise que les erreurs proviennent essentiellement de trois facteurs : le processus de modélisation des données (par exemple les algorithmes qui sont utilisés), les moyens technologiques (comme la précision des appareils de mesure) et le facteur humain (principalement lors de la saisie des données). En conséquence, l'ensemble des erreurs influence directement la qualité interne des données produites. Selon [Devogele, 1997], la modélisation du monde réel et de ses phénomènes n'étant pas la même d'un concepteur à l'autre, des différences (appelées aussi conflits d'intégration) interviennent dans la structure et la population des de deux bases de données. [Kadri-Dahmani, 2005] ajoute en ce sens, que les conflits perturbent la cohérence de la base de données géographiques et pénalisent les analyses spatiales, privant de ce fait l'utilisateur qui obtient finalement une information non souhaitée voire erronée. Pour limiter les problèmes de cohérence, certains auteurs de la littérature ont effectué un recensement des différents types de conflits que l'on retrouve généralement lors de l'intégration des données [Devogele, 1997], [Benslimane et al., 1999], [Defude, 2005]. Ces inventaires ont conduit à la définition de taxonomies plus ou moins détaillées. Ainsi, [Devogele, 1997] a recensé un grand nombre de conflits et a proposé une classification très complète. Il indique en outre le type et l'origine des conflits, les causes et les effets qu'ils peuvent provoquer et fournit quelques solutions permettant de les résoudre. [Benslimane et al., 1999] ont proposé une taxonomie des conflits de données qui se décompose selon trois niveaux : les conflits de modèle, les conflits structurels et les conflits sémantiques. [Defude, 2005] s'inspire quant à lui, de la classification définie par [Devogele, 1997] et propose une taxonomie simplifiée à quatre niveaux : les conflits de modélisation, les conflits de schémas, les conflits de métadonnées et les conflits de données. Nous nous appuyons sur la taxonomie de [Devogele, 1997] pour synthétiser dans le tableau 2.2 les différents types de conflits, leurs effets et les solutions proposées pour les contourner. Type de conflit Conflits de sources Conflits de modèles Effets Engendrent d'autres conflits tels que des conflits de gestion de la troisième dimension, des conflits de résolution et de précision ou encore des conflits d'intégration des données Impossibilité d'intégrer les données directement dans la base de données sans transformation des modèles Solution proposée Compléter la base de données avec des métadonnées et traiter les conflits lors de la résolution des conflits qu'ils engendrent. Définir un modèle commun dans lequel les modèles en conflit sont convertis [Shepherd, 1992] Cohérence et mise à jour de données spatiales Type de conflit Conflits de positionnement Conflits modélisation de la troisième dimension Conflits de mode de représentation de la géométrie Effets Impossibilité d'intégrer les données directement dans la base de données sans transformation des modèles de positionnement Impossibilité d'intégrer les données directement dans la base de données sans transformation des modèles d'altitude ou d'abstraction Impossibilité d'intégrer les données directement dans les bases de données Conflits de métadonnées géométriques Conflits de la topologie Engendrent données des conflits de Conflits de classification Impossibilité d'intégrer les données dans la base de données sans tranformation préalable Conflits de spécification Engendrent des conflits de données, de classification et de fragmentation Impossibilité d'intégrer les données directement dans la base de données sans transformation des modèles topologiques Solution proposée Transferer les données d'un système à un autre grâce à des outils de recalage [Fagan et Soehngen, 1987], [Rouet, 1991] Compléter la base de données avec des métadonnées décrivant l'abstraction utilisée [de Cambray, 1994] – Utiliser un algorithme de conversion raster/vecteur [Peuquet, 1981] – Conserver les deux modes pour le même objet [Günter, 1989] – Définir un modèle canonique englobant les deux modes [Ramirez, 1997], [Egenhofer et al., 1989] Conflits à traiter lors de la résolution des conflits qu'ils entrainent – Ajout de relations topologiques dans la base la moins riche [Ubeda, 1997] – Developpement de modèles génériques où des données avec des topologies différentes peuvent être stockées [David, 1991] – Developpement d' modèle permettant d'exprimer la topologie selon différentes résolutions [Bertolotto et al., 1994], [Puppo et Dettori, 1995] Fusionner, généraliser ou partitionner les classes [Larson et al., 1989], [Gotthard et al., 1992], [Dupont, 1995] Conflits à traiter lors de la résolution des conflits qu'ils entrainent Cohérence et mise à jour de données spatiales Type de conflit Conflits de fragmentation Effets Impossibilité d'intégrer les données dans la base de données sans tranformation préalable Conflits de structure Pas de correspondance explicite entre les éléments Conflits de description sémantique et géométrique Impossibilité de déterminer des équivalences entre les objets en conflits Conflits de données Impossibilité de retrouver les objets en correpondances 54 Solution proposée – Faire une segmentation dynamique [Maguire et al., 1992] – Pas de solution pour les conflits de granularité – Créer des relations entre les objets en conflits de décomposition [Dupont, 1995] Choisir parmi les structures en conflit celle qui est la moins contrainte [Spaccapietra et Parent, 1991] – Pour les conflits sémantiques : – Déclarer des fonctions de correspondances [Larson et al., 1989] – Définir des attributs virtuels [Dupont, 1995] – Ajouter des relations entre les objets – Pour les conflits géométriques : – Définir des métadonnées permettant de connaı̂tre la dimension de la géométrie [Stephan et al., 1993] – Définir une structure permettantde relier les géométries à différentes échelles [Puppo et Dettori, 1995], [Timpf et Frank, 1995] Méthodes d'appariement [Lemarié, 1996] Table 2.2 – Taxonomie des conflits proposée par [Devogele, 1997] Cohérence mise jour de données spatiales 55 Ces différentes taxonomies montrent qu'une quantité non négligeable de conflits très diverses peut se produire lors de l'intégration des données dans un jeu de données géographiques. Le contrôle de cohérence a été largement étudié dans le domaine des bases de données classiques [Gardarin, 1999], [Gançarski, 1994], [Doucet et al., 1996], [Medeiros et Jomier, 1994] et a fait l'objet de quelques recherches significatives dans les bases de données géographiques que nous présentons maintenant. [Braun, 2003] voit la vérification de la cohérence comme la justification que les données ne produisent pas une vue aberrante du monde réel. Cela implique de spécifier un ensemble de contraintes qui doivent assurer la cohérence interne des données selon des règles de modélisation et les règles inhérentes à la spécification du jeu de données. Il distingue quatre types de contraintes : – Les contraintes de cohérence sémantique qui concernent les attributs non géométriques. – Les contraintes de cohérence spatiale qui vérifient la cohérence logique de la base du point de vue géométrique (par exemple, une route ne traverse pas une rivière sauf si elle passe sur un pont). – Les contraintes d'intégrité topologique qui contrôlent la cohérence topologique de la base. – Les contraintes d'intégrité référentielle qui examinent la cohérence logique de la base. Ubeda [Ubeda, 1997] définit la cohérence spatiale des données comme étant le respect d'un ensemble de règles spatiales qui s'appliquent aux données géographiques. Ces règles peuvent être conceptuelles (respect du modèle de données), géométriques (respect des règles mathématiques de définition de la forme des objets) ou sémantiques (respect des spécifications). Il s'appuie ensuite sur une description des entités géographiques pour affiner cette définition et propose alors trois types de cohérence : – La cohérence structurelle qui définit l'adéquation entre les structures de Gestion des données réparties et réplication 56 données de stockage et le m conceptuel spatial de données. – La cohérence géométrique qui spécifie l'adéquation entre le modèle conceptuel spatial des données et les modèles mathématiques et logiques du monde réel – La cohérence topo-sémantique qui caractérise l'adéquation entre les relations spatiales des objets géographiques de la base et leur sémantique. Puricelli [Puricelli, 2000] reprend les travaux de [Ubeda, 1997] et ajoute deux autres types de cohérence permettant ainsi de maintenir une cohérence plus large, notamment entre différentes bases de données : – La cohérence inter-couches qui est la cohérence topologique entre plusieurs objets appartenant à différentes couches d'une base. – La cohérence inter-bases qui est la cohérence topologique entre plusieurs objets appartenant à des bases différentes. 2.2 Gestion des données réparties et réplication Le besoin croissant des applications à accéder simultanément à des données réparties sur plusieurs sites a conduit la communauté informatique à s'intéresser à l'étude de la réplication des données. En vulgarisant, la réplication consiste à ≪ stocker ≫ plusieurs copies d'une donnée sur des sites distincts de l'environnement réparti afin qu'elle soit plus facilement accessible. L'utilisation de la réplication comporte plusieurs avantages, notamment celui de rendre disponibles les données lorsque la donnée de référence n'est pas libre (probabilité de panne plus faible), ou encore de favoriser le partage et le parallélisme (équilibrage des charges, meilleur temps de réponse, diminution du temps de transfert des données) et d'améliorer de ce fait les performances d'accès aux données réparties. En contrepartie, la réplication implique une gestion plus complexe des mises à jour et nécessite une vérification de la cohérence entre les données répliquées et la donnée de référence (échange de messages entre les différents sites). Il existe deux catégories de protocoles de réplication : ∙ Les protocoles à cohérence forte (ou synchrones) garantissent la cohérence des copies à tout moment et sur tous les réplicats [Bernstein et al., 1987]. On utilise un protocole synchrone lorsque l'on veut que toutes les données réparties aient à chaque instant la même valeur. Cela implique de nombreux échanges entre les répliques et nécessite l'utilisation de mécanismes de verrouillage [Dedieu, 2002]. ∙ Les protocoles à cohérence faible (ou asynchrones) ne cherchent pas à assurer la cohérence immédiate des copies et permettent la divergence entre les répliques. On utilise un protocole asynchrone lorsque l'on veut pouvoir, à tout instant accéder, créer, modifier ou encore supprimer une donnée, quel que soit le site sur lequel elle se trouve. Les protocoles de réplication à cohérence faible sont de deux types : – Les protocoles pessimistes permettent la divergence ≪ ponctuelle ≫ des copies en acceptant que les données soient différentes pendant un temps limité. Les données peuvent être modifiées localement mais un contrôle des incohérences est effectué a priori avant toute intégration des mises à jour sur les autres répliques. On utilise pour cela des contraintes de communication entre les sites (protocole de copie primaire [Kronenberg et al., 1986], [Oracle, 1996], [Dietterich, 1994] ou à base de quorum [Helal et al., 1996]). Ils donnent alors l'illusion à l'utilisateur qu'il n'existe qu'une seule copie [Herlihy et Wing, 1990], [Bernstein et Andgoodman, 1983], [Bernstein et al., 1987] mais ils sont difficilement utilisables en mode déconnecté. – Les protocoles optimistes permettent également la divergence des copies et n'imposent pas de contraintes entre les sites [Demers et al., 1994], [Kermarrec et al., 2001], [Saito et Shapiro, 2005], [Oster, 2005]. Chaque réplique peut mettre à jour librement sa copie, les mises à jour sont ensuite envoyées aux autres répliques qui les intègrent directement. Dans ce cas, le contrôle de la cohérence est effectué a posteriori sur chacune des répliques. Des algorithmes de détection de conflits et de réconciliation des écritures divergentes doivent être mis en place afin de corriger les incohérences entre les répliques. Idéalement les protocoles asynchrones optimistes doivent assurer la cohérence des répliques à terme et la convergence. Cela suppose que lorsque le système est au repos, toutes les données répliquées doivent converger vers une même valeur et ne pas remettre en cause la cohérence des copies. Nous verrons dans la suite de ce paragraphe que la réconciliation des données conflictuelles est un des points critiques des travaux de recherche en réplication optimiste. Le choix entre ces différents protocoles dépend avant tout des besoins et objectifs de l'application qui doit être mise en place. De surcroı̂t, d'autres caractéristiques sont également à prendre en compte lors de la définition d'un protocole de réplication [Saito et Shapiro, 2005] : – Quel est le type des objets répliqués? – La réplication des données est elle totale ou partielle? – Quelle est la topologie du réseau (en anneau, en étoile, ad-hoc, ) ? Gestion des données réparties et réplication 58 – Quelles sont les opérations permises (insertion, suppression, modification, requête, )? – Existe t'il un journal des écritures? – Comment est gérée la mise à jour des répliques? – Mono-maı̂tre lorsque la mise à jour d'une donnée est effectuée par un site de référence qui diffuse ensuite les évolutions aux autres sites. – Multi-maı̂tres lorsque chaque site peut mettre à jour sa copie localement et diffuser ensuite ses évolutions aux autres sites. 2.2.1 Réplication dans les SGBD Une base de données (BD) est une collection cohérente de données structurées. Une entité de base de données est une paire (nom, valeur) sur laquelle des opérations de lecture et d'écriture peuvent être appliquées. Un système de gestion de base de données (SGBD) est un ensemble de logiciels permettant de gérer et manipuler de manière efficace une base de données. Il assure la structuration, la maintenance, la mise à jour et la consultation des données [Gardarin, 1999]. Une base de données est dite cohérente si elle satisfait un certain nombre de contraintes. Une transaction est une unité de travail définie par [Gray, 1980] regroupant une suite d'opérations qui doivent être exécutées sur la base de données. Une transaction est considérée comme valide par le SGBD si elle ne remet pas en cause la cohérence de la base de données. Pour être valide, une transaction doit présenter les propriétés ACID c'est à dire : – Atomicité : Elle assure qu'en cas de succès, toutes les opérations sont validées et qu'en cas d'échec aucune opération n'est appliquée. – Cohérence : La transaction ne doit pas remettre en cause la cohérence de la base de données. – Isolation : Une transaction n'a pas d'effet visible tant qu'elle n'a pas été validée. – Durabilité : Une transaction validée ne peut pas être remise en cause. Les Gestion des données réparties et réplication 59 conséquences sur la base sont persistantes et ne peuvent pas être supprimées. L'application d'une transaction valide modifie de ce fait l'état de la base de données. Une base de données répartie est constituée d'un ensemble de bases de données logiquement reliées et distribuées sur un réseau [Arcangeli et al., 2004]. Un SGBD réparti permet aux utilisateur de gérer une base de données répartie de manière transparente comme s'ils avaient accès à une seule base de données [Özsu et Valduriez, 1999]. Chaque site contient alors soit une copie de la base de données répartie (réplication totale) ou une partie de la base de données répartie (réplication partielle). Dans un SGBD réparti, la mise à jour de la base de données répartie s'effectue soit selon une approche dite de copie-primaire (la mise à jour est centralisée sur un site puis propagée aux autres sites), ou selon une approche distribuée (la mise à jour peut être effectuée sur n'importe quel site). Figure 2.14 – Propagation synchrone des transactions dans un SGBD réparti La propagation asynchrone (cf. figure 2.15) consiste à valider localement la transaction, avant de la propager aux autres répliques [Bernstein et Newcomer, 1997], [Breitbart et Korth, 1997]. Cette validation locale permet aux utilisateurs de pou- Gestion des données réparties et réplication 60 voir continuer à travailler en mode déconnecté [Bernard et al., 2003]. Une validation définitive est alors effectuée à la reconnexion lors d'une étape de synchronisation. Cependant, les opérations effectuées sur le site local pendant la déconnexion peuvent être en conflit avec d'autres opérations qui ont déjà été validées par le SGBD réparti, il faut alors vérifier la cohérence mutuelle des bases de données. La cohérence mutuelle est définie dans [LePape, 2005] comme étant le fait qu'à un instant donné, toutes les copies d'une donnée ont la même valeur. Un autre inconvénient de la propagation asynchrone est que la propriété d'atomicité ne peut être garantie [Kemme, 2000]. En effet, si une panne se produit avant qu'une transaction validée localement puisse être propagée aux autres sites alors cette transaction est perdue. Figure 2.15 – Propagation asynchrone des transactions dans un SGBD réparti Une base de données répliquée est composée d'un ensemble de répliques stockées sur différents noeuds d'un SGBD réparti, chaque réplique étant la copie d'une donnée de référence [Pacitti et al., 1999]. La réplication des données dans un SGBD réparti est un problème qui soulève encore beaucoup d'interrogations dans la communauté scientifique et qui fait toujours l'objet de nombreux travaux de recherches [Gançarski, 2006], [LePape, 2005], [Kemme, 2000], [Monnet, 2006], notamment en ce qui concerne la qualité des bases de données répliquées. Selon [Pacitti et Valduriez, 1998], la qualité d'une base de données répliquée dépend avant tout de la fraı̂cheur des données et de la cohérence. [Pacitti et al., 1999] proposent deux stratégies de propagation des mises à jour (propagation des mises à jour retardée et propagation des mises à jour immédiate) permettant d'améliorer la fraı̂cheur des données, mais l'étude est basée sur un système de réplication monomaı̂tre. [Gançarski, 2006] élargit la notion de qualité en spécifiant deux objectifs à atteindre : la cohérence et la performance. La performance est ici liée à la latence, le débit transactionnel, la disponibilité des mises à jour, ou encore la tolérance aux pannes. La qualité des bases de données répliquées est donc étroitement liée à la cohérence. Par cohérence on sous-entend, cohérence des données répliquées par rapport Gestion des données réparties et réplication 61 aux données de référence [Pacitti et al., 2001]. Cependant, comme le souligne [Gançarski et al., 2002], la notion de cohérence est subjective et dépend du point de vue, de la granularité du de vue, de l'application ou encore des besoins particuliers. Une taxonomie des différentes problématiques de la cohérence a cependant été proposée dans [Ramamritham et Chrysanthis, 1996]. Plus récemment, une analyse des travaux en matière de divergence des copies lors de la réplication des bases de données a été fournie dans [LePape, 2005]. Du côté des systèmes commerciaux, les méthodes de réplication optimiste ont également inspirées les concepteurs de base de données relationnelles car ils sont aussi confrontés au problème de l'échange des données sur des systèmes répartis. Néanmoins, la réplication optimiste multimaı̂tres ne constitue pas le premier choix des concepteurs de bases de données relationnelles car elle s'avère difficile à mettre R 2003] recommandent d'ailleurs d'utiliser en oeuvre. PostgreSQL gère le contrôle de concurrence multiversions et la journalisation des écritures. Initialement la réplication n'est pas prévue mais des travaux permettant l'ajout d'un module ont depuis été entrepris. eRServer (the enterprise Replication Server project) fut le premier projet de serveur de réplication asynchrone dédié à PostgreSQL. Ce projet est maintenant abandonné en faveur de Slony1 qui est un serveur de réplication asynchrone asymétrique basé sur un réseau de noeuds et sur un unique site maı̂tre. Slony2, serveur de réplication synchrone multimaı̂tres est actuellement en cours de développement. Aucun module de collaboration asynchrone multimaı̂tres n'a été élaboré mais PostgreSQL étant un logiciel Open Source, il semble envisageable de le concevoir. La réplication dans MySQL [MySQL, 2003] est prise en compte en interne. Tous les objets d'une base de données sont répliqués. La topologie est constituée d'un serveur maı̂tre et d'esclaves qui peuvent éventuellement travailler en mode déconnecté. Gestion des données réparties et réplication 62 Le maı̂tre garde un journal de toutes les écritures effectuées sur les répliques depuis un point fixe dans le temps. La gestion des erreurs est laissée à la charge de l'utilisateur. La collaboration dans MySql est donc asynchrone asymétrique. MySql étant lui aussi OpenSource, des routines de résolutions de conflits peuvent être implémentées. SQL Server [Seshadri et Garrett, 2000] gère également la réplication des données (tables, index, vues ). Différents rôles sont attribués aux serveurs : L'éditeur (ou serveur de publication) contient les données répliquées et les met à la disposition de la réplication vers les autres serveurs. Le distributeur héberge la base de données et stocke l'historique des données (il peut couplé à l'éditeur). Enfin, les abonnés reçoivent les données répliquées, les utilisent et propagent les modifications soit au distributeur, soit aux autres abonnés. La synchronisation s'effectue indifféremment en mode push (déclenchée par l'éditeur) ou pull (déclenchée par les abonnés). SQL Server détecte les conflits côté abonnés mais ne gère pas leur résolution. Les informations de conflit sont passées au serveur de publication afin que les conflits soient résolus au cours de la prochaine synchronisation. Pour résoudre les conflits, les résolveurs peuvent utiliser la source de la modification des données, ou bien la valeur de priorité du serveur de publication. La collaboration dans SQL Server est donc asynchrone multimaı̂tres. Le tableau 2.4 présente une synthèse des principales caractéristiques de ces protocoles de réplication. 2.2.2 Réplication optimiste asynchrone Nous présentons dans cette partie quelques travaux effectués dans le domaine particulier de la réplication des données asynchrone, optimiste et multimaı̂tres. Le recours à des méthodes de réplication optimiste s'est dans un premier temps fait sentir pour couvrir des besoins particuliers en matière d'échange de données réparties, notamment concernant l'échange de messages entre plusieurs utilisateurs (groupware [Kawell et al., 1988], Usenet [Lidl et al., 1994]), la gestion des systèmes de fichiers répartis (Coda [Kumar et Satyanarayanan, 1993], Ficus [Reiher et al., 1994], Roam [Ratner, 1998]) ou encore le travail collaboratif (LotusNote [Ellis et al., 1991], CVS [Berliner, 1990], Clearcase [Allen et al., 1995]). Des protocoles plus généralistes ont ensuite été proposés pour couvrir des besoins plus larges (Bayou [Demers et al., 1994], IceCube [Kermarrec et al., 2001]). Nous détaillons ici quelques unes de ces méthodes en précisant pour chacune le besoin cible, le type de collaboration mis en place et le degré d'automatisation des techniques de détection des conflits et de réconciliation. Le protocole Usenet assure la gestion des messages envoyés par des utilisateurs répartis sur des sites distincts et ponctuellement déconnectés [Lidl et al., 1994], [Spencer et Lawrence, 1998], [Saito et al., 1998]. La collaboration dans Usenet est Gestion des données réparties et réplication 64 asynchrone multimaı̂tres basée sur l'échange de messages. Il n'y a pas à proprement parler d'écritures conflictuelles car la règle de Thomas [Thomas, 1979] spécifiant que le dernier écrivain gagne est utilisée. Usenet ne permet pas l'utilisation d'opérations de modification et se révèle être au final un protocole ni optimiste, ni pessimiste. mobilité et la décentralisation des services ont accru le besoin d'utiliser la réplication optimiste notamment pour gérer les systèmes de fichiers répartis (Coda [Kumar et Satyanarayanan, 1993], Ficus [Reiher et al., 1994] ou Roam [Ratner, 1998]) ou encore en matière de travail collaboratif (Lotus Note [Kawell et al., 1988], [Ellis et al., 1991], [Moore, 1995], CVS [Berliner, 1990] [Cederqvist et al., 2001], Clearcase [Allen et al., 1995]). Coda [Kistler et Satyanarayanan, 1992] est un système de fichiers mobile destiné aux ordinateurs portables [Mummert et al., 1995], [Kumar et Satyanarayanan, 1993]. La collaboration dans Coda est asynchrone multimaı̂tres et utilise un modèle de cohérence à terme (lorsque le système est au repos, les données sont cohérentes entre elles). La détection des conflits est automatique et la résolution spécifique à l'application. Le modèle client/serveur sur lequel repose Coda nécessite de définir à l'avance qui sera client et qui sera serveur. La synchronisation client/client n'est pas possible. Ficus [Reiher et al., 1994] et ROAM [Ratner, 1998] sont également des systèmes de fichiers répliqués destinés à des machines ponctuellement connectées. La collaboration dans Ficus et Roam est asynchrone multimaı̂tres et utilise un modèle de cohérence à terme. La détection des conflits est automatique et la résolution dépend de l'application et du type d'objets répliqués. La synchronisation par états courants ne permet pas de connaı̂tre les écritures qui ont fait diverger les répliques. La non journalisation des écritures pose des problèmes avec les créations/destructions car ne permet pas de savoir quelle politique de résolution appliquer lorsqu'un fichier est présent sur une réplique et absent sur une autre. Lotus Note [Kawell et al., 1988], [Ellis et al., 1991], [Moore, 1995] est un logiciel de groupe de travail permettant le partage de l'information sur un support numérique à un groupe engagé dans un travail collaboratif. La collaboration dans Lotus Note est asynchrone multimaı̂tres. La détection des conflits est automatique et la résolution est spécifique à l'application ou laissée à la charge de l'utilisateur. La procédure de résolution de conflits automatique ne peut être modifiée par l'utilisateur si celui-ci souhaite appliquer une autre politique. Lotus est un système propriétaire et fermé. CVS [Cederqvist et al., 2001], [Vesperman, 2003] est un logiciel de gestion de configuration issu d'un projet Open Source qui permet l'édition collaborative de documents et qui retrouve les anciennes versions à la demande. La collaboration dans CVS est asynchrone multimaı̂tres et utilise un modèle de cohérence à terme La détection des conflits est automatique mais concerne uniquement les erreurs syntaxiques, la résolution est laissée à la charge de l'utilisateur. Le système est fortement couplé au serveur central ce qui nécessite de le définir au préalable et peut poser problème en cas de panne. Enfin depuis quelques années, des systèmes plus généralistes tels que Bayou 65 Gestion des données réparties et réplication [Terry et al., 1995] ou encore IceCube [Kermarrec et al., 2001] sont apparus. Bayou est un protocole généraliste de réplication optimiste de bases de données dans un environnement mobile [Demers et al., 1994], [Terry et al., 1995], [Petersen et al., 1997], [Edwards et al., 1997]. La collaboration dans Bayou est asynchrone multimaı̂tres et utilise un modèle de cohérence à terme.
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Les indicateurs de l'éducation à la loupe
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Les étudiants au-delà de l’âge typique Par « âge typique », on entend l’âge auquel la plupart des étudiants entament des études à un niveau d’enseignement donné. Après déduction des étudiants qui ont dépassé l’âge typique à leur inscription, des différences marquées s’observent dans les estimations des taux de premier accès à l’enseignement tertiaire calculés sur la base des étudiants nationaux ; ces taux sont compris entre 61 % et 51 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE. En d’autres termes, un peu plus de la moitié des jeunes devraient entamer des études tertiaires avant l’âge de 25 ans dans 342 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 Combien d’élèves entameront des études tertiaires ? – INDICATEUR C3 chapitre C les pays de l’OCDE (voir le tableau C3.1). Dans certains pays, toutefois, un certain nombre des étudiants qui entament pour la première fois des études tertiaires sont plus âgés. C’est par exemple le cas en Islande, en Israël et en Suisse, où 30 % au moins des étudiants qui entament une formation tertiaire sont âgés de plus de 25 ans (voir le tableau C3.2). Les taux d’accès en doctorat varient également après cet ajustement. Si 1.7 % des étudiants nationaux devraient entamer un doctorat, 0.9 % d’entre eux seulement le feront avant l’âge de 30 ans. Profil des nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire Par niveau d’enseignement Savoir à quel niveau les étudiants entament pour la première fois des études tertiaires aide à déterminer la profondeur et la longueur de la formation dans laquelle ils s’engagent. Dans la plupart des systèmes d’éducation, l’enseignement tertiaire commence par la licence. Dans les pays de l’OCDE, 74 % des nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire entament une licence et environ 9 %, un master, lequel correspond le plus souvent à une première formation de type long. En moyenne, quelque 17 % des nouveaux inscrits entament une formation tertiaire de cycle court ; ce pourcentage est toutefois égal ou supérieur à 40 % en Autriche, au Chili, aux États-Unis, en Fédération de Russie et en Turquie. Au Luxembourg, en Suède et en Suisse, plus d’un nouvel inscrit sur cinq dans l’enseignement tertiaire entame un master (voir le tableau C3.2). Participation des femmes à l’enseignement tertiaire Les femmes sont majoritaires parmi les étudiants qui entament des études tertiaires dans tous les pays, sauf en Arabie saoudite, en Inde, au Mexique, en Suisse et en Turquie. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 54 % des nouveaux inscrits sont des femmes. Les pourcentages les plus élevés de femmes parmi les nouveaux inscrits (58 %) s’observent en Islande, en République slovaque et en République tchèque. Toutefois, la parité de participation à un niveau d’enseignement donné n’implique pas que les hommes et les femmes se répartissent de la même manière entre les domaines d’études. Graphique C3.2. Pourcentage de femmes parmi les nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire dans les pays membres ou partenaires de l’OCDE, selon le domaine d’études (2014) 9e décile % Moyenne 1er décile 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Éducation Santé et protection sociale Lettres et arts Sciences sociales, commerce et droit Services Agriculture Sciences Ingénierie, industries de transformation et production Lecture du graphique En moyenne, dans les pays dont les données sont disponibles, 49 % des nouveaux inscrits dans une formation tertiaire dans le domaine des « services » sont des femmes (légende : losange). Dans 10 % des pays, les femmes représentent 65 % ou plus des nouveaux inscrits dans une formation tertiaire dans le domaine des « services » (décile inférieur, légende : triangle). À l’autre extrémité du spectre, dans 10 % des pays, les femmes représentent 31 % ou moins des nouveaux inscrits dans une formation tertiaire dans le domaine des « services » (légende : segment). Source : OCDE. Tableau C3.2. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398455 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 343 C3 chapitre C ACCÈS À L’ÉDUCATION, PARTICIPATION ET PROGRESSION Pourcentage de femmes parmi les nouveaux inscrits, par domaine d’études Les femmes sont surreprésentées dans les formations aux débouchés relativement moins rémunérateurs, à savoir l’enseignement et les soins infirmiers, tandis que les hommes sont surreprésentés dans les formations dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). C3 Dans tous les pays dont les données sont disponibles, le pourcentage de femmes parmi les nouveaux inscrits dans le domaine de l’éducation dépasse deux tiers Dans le domaine de la santé et de la protection sociale, le Japon est le seul pays où moins de deux tiers des nouveaux inscrits sont des femmes. Il existe un déséquilibre semblable dans le domaine des lettres et des arts, où les femmes représentent la majorité des nouveaux inscrits dans tous les pays (64 % en moyenne). Dans la plupart des pays, le pourcentage de femmes dans le domaine des lettres et des arts est très proche de cette moyenne. La différence entre le décile inférieur et le décile supérieur est de seulement 12 points de pourcentage (voir le graphique C3.2). Par contraste, les femmes représentent moins d’un nouvel inscrit sur quatre dans le domaine de l’ingénierie, les industries de transformation et de la production. Dans plus de neuf pays sur dix, la proportion de femmes parmi les nouveaux inscrits dans ce domaine est d’un tiers ou moins. Dans le domaine des sciences, les femmes représentent à peine plus d’un tiers des nouveaux inscrits et cette proportion ne diffère pas de manière significative entre les pays. Dans 80 % des pays, le pourcentage de femmes suivant une formation en sciences se situe entre 30 % et 42 % (voir le graphique C3.2 et le tableau C3.2). Pourcentage de nouveaux inscrits après l’âge typique La pyramide des âges des nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire varie selon les pays de l’OCDE, ce qui s’explique par des différences dans l’âge typique d’obtention du diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, dans la capacité d’accueil des établissements (admissions réglementées par le principe du numerus clausus, l’un des nombreux mécanismes utilisés pour limiter l’effectif de l’enseignement tertiaire) et dans le coût d’opportunité d’une incursion dans la vie active avant le début des études tertiaires, ainsi que par des attentes culturelles différentes. Durant la récente crise économique, de jeunes adultes ont retardé leur entrée dans la vie active et ont poursuivi leurs études. Certains gouvernements ont créé des programmes dits de « seconde chance » à l’intention des individus qui ont quitté le système scolaire de manière précoce, afin d’améliorer le niveau de compétences de la main-d’œuvre et d’accroître les possibilités d’acquérir des connaissances et des compétences pratiques. Toutefois, entamer des études tertiaires à un âge plus avancé est plus coûteux, tant pour la société que pour les individus. En effet, la productivité potentielle des individus en formation n’est pas exploitée durant une certaine période. Il en résulte une réduction des recettes fiscales, voire une augmentation des dépenses publiques (voir l’indicateur B7). Les étudiants plus âgés peuvent éprouver plus de difficultés à combiner emploi et études, et risquent de ce fait de ne pas terminer leur formation dans le délai imparti. Les gouvernements prennent des mesures pour faire en sorte que les individus terminent leur formation dans le délai prévu, car ils ont compris que les retards pris dans les études augmentaient le coût de l’éducation. Le pourcentage d’étudiants plus âgés qui commencent pour la première fois des études tertiaires peut témoigner de la souplesse de ces formations et de leur degré d’adéquation avec les besoins d’individus qui n’appartiennent pas au groupe d’âge typique. Ce pourcentage peut également traduire une perception particulière de la plus grande valeur accordée à une expérience professionnelle avant le début des études supérieures, caractéristique des pays où le pourcentage d’inscrits n’ayant pas atteint l’âge typique d’accès est peu élevé (inférieur à 75 %), à savoir le Danemark, l’Islande, Israël, le Luxembourg, la Suède et la Suisse. Le fait que les nouveaux inscrits soient plus âgés peut aussi s’expliquer par l’effet des politiques visant à développer l’apprentissage tout au long de la vie et à assouplir les conditions d’accès à l’enseignement tertiaire. Les raisons qui expliquent ce phénomène diffèrent sensiblement d’un pays à l’autre. Ainsi, il est désormais d’usage de faire une année de césure avant d’entamer des études tertiaires en Australie. En 2009/10, près d’un étudiant sur quatre a fait une année de césure, et à la question de savoir ce qui avait principalement motivé leur choix d’interrompre leurs études pendant un an, 51 % des étudiants concernés ont répondu qu’ils avaient travaillé (Lumsden et Stanwick, 2012). Pourcentage d’étudiants en mobilité internationale Dans la plupart des pays, les étudiants en mobilité internationale qui entament pour la première fois des études tertiaires dans un pays sont comptabilisés comme nouveaux inscrits, et ce quel que soit leur parcours antérieur dans d’autres pays. Pour montrer l’impact des effectifs d’étudiants en mobilité internationale sur les taux d’accès, le graphique C3.1 compare les taux d’accès avant et après ajustement (c’est-à-dire avant et après déduction des étudiants en mobilité internationale). 344 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 Combien d’élèves entameront des études tertiaires ? – INDICATEUR C3 chapitre C Le pourcentage total d’étudiants en mobilité internationale qui entament pour la première fois des études tertiaires est pratiquement nul au Chili, au Mexique et en Turquie, mais passe la barre des 40 % au Luxembourg et en Suisse. Il est également élevé (20 % ou davantage) en Autriche et en Nouvelle-Zélande. En moyenne, toutefois, dans les pays de l’OCDE, 13 % des nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire viennent d’un pays étranger (voir le tableau C3.2). Formations tertiaires de cycle court Par comparaison avec d’autres niveaux d’enseignement, c’est dans les formations tertiaires de cycle court que la diversité des profils est la plus grande. Les femmes représentent en moyenne 52 % des nouveaux inscrits en formation tertiaire de cycle court, mais ce pourcentage varie entre les pays, de moins de 25 % en Arabie saoudite, en Italie et en Norvège, à 77 % en Pologne. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 66 % des étudiants qui entament une formation tertiaire de cycle court (niveau CITE 5) sont âgés de moins de 25 ans. Les nouveaux inscrits à ce niveau ont en moyenne 25 ans, mais cet âge varie de 18 ans au Japon, à 31 ans au Danemark et au Royaume-Uni, et à 33 ans en Islande. Les étudiants en mobilité internationale sont peu nombreux, dans l’ensemble, à s’inscrire en formation tertiaire de cycle court, sauf en Nouvelle-Zélande, où ils sont environ 28 %, ainsi qu’en Islande, où ils sont 30 %. Licences La licence est le niveau le plus populaire de l’enseignement tertiaire dans tous les pays : les étudiants sont en effet plus susceptibles d’entamer une formation en licence qu’à tout autre niveau de l’enseignement tertiaire. Près de trois étudiants sur quatre qui entament des études tertiaires pour la première fois s’inscriront en licence (voir le tableau C3.2). Dans les pays de l’OCDE, quelque 59 % des jeunes devraient entreprendre une licence à un moment de leur vie (voir le tableau C3.1). Dans 26 des 32 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’entamer une licence. Les femmes représentent 60 % de l’effectif total de nouveaux inscrits en licence en Suède, et 45 % au Japon (voir le tableau C3.3). Il est de tradition d’entamer une licence dès la fin du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, et cet usage reste courant dans de nombreux pays. En moyenne, 83 % des nouveaux inscrits en licence sont âgés de moins de 25 ans, l’âge moyen d’entrée en licence étant 22 ans. Dans certains pays, l’inscription dans l’enseignement tertiaire n’intervient toutefois pas dès la fin du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, mais plus tard, après une période d’activité professionnelle ou le service militaire. Le service militaire obligatoire pour les jeunes dans certains pays retarde leur entrée dans l’enseignement tertiaire. À titre d›exemple, en Israël et en Suisse, où le service militaire est obligatoire, les nouveaux inscrits en licence sont en moyenne âgés de 25 ans (voir le graphique C3.3). Graphique C3.3. Âge moyen des nouveaux inscrits dans l’enseignement tertiaire, selon le niveau d’enseignement (2014) Master ou niveau équivalent Licence ou niveau équivalent Âge Doctorat ou niveau équivalent 40 35 30 25 Corée Belgique Indonésie Grèce Mexique Pays-Bas Slovénie Lituanie Espagne Italie Irlande Hongrie Pologne Portugal Moyenne UE22 Turquie Luxembourg Royaume-Uni Moyenne OCDE Chili Allemagne Rép. tchèque Norvège Australie Estonie Lettonie Autriche Finlande Suède Nouvelle-Zélande Danemark Israël Islande1 15 Suisse 20 1. Année de référence : 2013. Les pays sont classés par ordre décroissant de l’âge moyen des nouveaux inscrits en licence ou niveau équivalent. Source : OCDE. Tableau C3.3. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398460 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 345 C3 chapitre C C3 ACCÈS À L’ÉDUCATION, PARTICIPATION ET PROGRESSION Le pourcentage d’étudiants en mobilité internationale dans l’effectif d’inscrits en licence varie fortement entre les pays de l’OCDE, de moins de 1 % au Chili et au Mexique, à 45 % en Suisse (voir le tableau C3.3). Les pays où les pourcentages d’étudiants en mobilité internationale sont les plus élevés voient leurs taux d’accès diminuer fortement lorsque ces étudiants sont exclus de leurs chiffres. En Suisse, l’exclusion des étudiants en mobilité internationale des chiffres entraîne ainsi une baisse du taux de premier accès en licence, qui passe de 60 % à 34 % (voir le tableau C3.1). Masters En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les femmes représentent 56 % des étudiants qui s’inscrivent en master. Des pourcentages moins élevés de femmes s’observent dans l’effectif d’étudiants en master en Arabie saoudite (47 %), en Chine (46 %), en Inde (47 %), en Indonésie (48 %), au Japon (34 %) et en Turquie (44 %). Dans les pays de l’OCDE, les nouveaux inscrits en master (ou formation équivalente) ont en moyenne 28 ans. En Islande et en Israël, où seuls un peu plus de 50 % des nouveaux inscrits en master (ou formation équivalente) ont moins de 30 ans, l’âge moyen d’inscription en master est de 32 ans. Les nouveaux inscrits en master sont relativement plus jeunes en Belgique, où ils sont en moyenne âgés de 23 ans. Les masters (ou formations équivalentes) attirent davantage d’étudiants en mobilité internationale que les niveaux inférieurs de l’enseignement tertiaire. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, près d’un nouvel inscrit en master sur cinq est un étudiant en mobilité internationale. Ce pourcentage est nettement plus élevé en Australie (48 %), au Royaume-Uni (42 %) et en Suisse (40 %). C’est au Luxembourg qu’il est le plus élevé, où les étudiants en mobilité internationale représentent près de trois nouveaux inscrits sur quatre. Les nouveaux inscrits en master peuvent soit avoir déjà obtenu un diplôme de licence ou soit entamer leurs études tertiaires en poursuivant une première formation de type long. On observe toutefois des différences entre les profils de ces deux catégories d’étudiants, notamment en ce qui concerne leur âge moyen et le pourcentage d’étudiants en mobilité internationale parmi eux. Pour de plus amples informations sur les étudiants de chacun de ces types de programmes de master, veuillez consulter l’indicateur A3 de la présente publication. Doctorats La recherche académique, en particulier au niveau doctoral, joue un rôle crucial dans l’innovation et la croissance économique, et contribue dans une grande mesure à enrichir la base nationale et internationale de connaissances. Les entreprises se tournent vers les pays où ce niveau de recherche est facilement accessible (Halse et Mowbray, 2011 ; Smith et al., 2010), tandis que les individus qui atteignent ce niveau de formation sont mieux rémunérés et affichent des taux d’emploi plus élevés (voir les indicateurs A5 et A6). Plusieurs pays développent les formations de doctorat ou changent leurs politiques de financement pour attirer des étudiants en mobilité internationale. Pour un pays, attirer les meilleurs étudiants du monde revient à jouer un rôle majeur dans la recherche et l’innovation (Smith, 2010). Il n’est pas surprenant de constater que dans 6 des 28 pays dont les données sont disponibles, plus de 40 % des étudiants qui s’inscrivent en doctorat sont en mobilité internationale – un pourcentage qui est supérieur à 80 % au Luxembourg. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 59 % des étudiants qui entament un doctorat sont âgés de moins de 30 ans (voir le tableau C3.3). Dans les pays de l’OCDE, l’âge moyen d’entrée à ce niveau d’enseignement se situe entre 26 ans (au Japon et aux Pays-Bas) et 35 ans (au Portugal). Un pourcentage plus élevé d’étudiants plus jeunes peut être le signe que les taux d’abandon sont inférieurs et qu’une plus grande importance est accordée à l’acquisition de connaissances spécialisées lors d’une première formation tertiaire. Certains pays proposent des incitations, telles que des bourses, des programmes de mobilité internationale, des emplois à temps partiel ou des modules d’apprentissage à distance, pour encourager les étudiants à poursuivre des études plus poussées dès l’obtention de leur premier diplôme tertiaire. Par contraste, les frais de scolarité, l’existence de bourses et/ou les attentes culturelles, par exemple le fait que l’on attend des individus d’un certain âge qu’ils entrent dans la vie active ou qu’ils acquièrent une certaine expérience professionnelle avant d’entamer leur doctorat, peuvent expliquer pourquoi certains nouveaux inscrits sont plus âgés. Définitions Le taux d’accès est la somme des taux d’accès par âge qui sont calculés comme suit : le nombre de nouveaux inscrits d’un âge donné au niveau d’enseignement considéré est divisé par l’effectif total de la population de cet âge. Le taux d’accès corrigé des étudiants en mobilité internationale est le taux d’accès par âge qui est calculé après déduction des étudiants en mobilité internationale du numérateur. 346 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 Combien d’élèves entameront des études tertiaires ? – INDICATEUR C3 chapitre C Le taux d’accès avant l’âge typique est la somme des taux d’accès par âge dans les groupes d’âge sous l’âge typique. Les étudiants en mobilité internationale sont ceux qui ont quitté leur pays d’origine pour se rendre dans un autre pays dans l’intention d’y suivre des études. Les étudiants en mobilité internationale qui s’inscrivent pour la première fois dans une formation sont considérés comme de nouveaux inscrits. Par nouvel inscrit, on entend tout individu qui s’inscrit pour la première fois dans une formation du niveau considéré. Le taux d’accès à l’enseignement tertiaire est une estimation de la probabilité, dans l’hypothèse du maintien des tendances actuelles d’accès, qu’a un jeune adulte d’entamer une formation tertiaire au cours de sa vie. Méthodologie Les données se rapportent à l’année académique 2013/14 et proviennent de l’exercice UOE de collecte de données statistiques sur l’éducation réalisé par l’OCDE en 2015 (pour des détails, voir l’annexe 3, www.oecd.org/fr/education/ regards-sur-l-education-19991495.htm). Les domaines d’études utilisés dans l’exercice UOE de collecte de données sont conformes à la nouvelle version de la classification par domaine d’études (CITE 2011). La même classification est utilisée dans tous les niveaux d’enseignement. Les tableaux C3.1 et C3.4 indiquent la somme des taux nets d’accès à tous les âges. Les tableaux C3.2 et C3.3 indiquent le pourcentage de nouveaux inscrits par profil. Le taux net d’accès à un âge donné est calculé comme suit : le nombre de nouveaux inscrits (pour la première fois) de cet âge dans chaque type de formation tertiaire est divisé par l’effectif total de la population du même âge. La somme des taux nets d’accès correspond à la somme des taux d’accès à chaque âge. Ce taux est une estimation de la probabilité qu’un jeune entame des études tertiaires au cours de sa vie, dans l’hypothèse du maintien des taux d’accès par âge à leur niveau actuel. Note concernant les données d’Israël Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international. Références Halse C. et S. Mowbray (2011), « The impact of the doctorate », Studies in Higher Education, vol. 36/5, pp. 513-525, http://dx.doi. org/10.1080/03075079.2011.594590. Lumsden, M. et J. Stanwick (2012), « Who takes a gap year and why? », Longitudinal Surveys of Australian Youth, Briefing Paper, n° 28, National Centre for Vocational Education Research (NCVER), Adélaïde, Australie, http://www.lsay.edu.au/publications/2496.html. OCDE (2013), Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/eag-2013-fr. Smith, A. et al. (2010), One Step Beyond: Making the Most of Postgraduate Education, rapport pour le compte du UK Department for Business, Innovation and Skills, Londres, http://dera.ioe.ac.uk/470/7/10-704-one-step-beyond-postgraduate-education_ Redacted.pdf. Tableaux de l’indicateur C3 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398399 Tableau C3.1 Taux de premier accès, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2014) Tableau C3.2 Profil des nouveaux inscrits (première inscription) dans l’enseignement tertiaire (2014) Tableau C3.3 Profil d’un nouvel inscrit (première inscription) dans l’enseignement tertiaire, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2014) Tableau C3.4 Évolution des taux d’accès, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2005, 2010, 2014) Date butoir pour les données : 20 juillet 2016. Les mises à jour peuvent être consultées en ligne sur : http://dx.doi.org/10.1787/eag-data-en Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 347 C3 chapitre C ACCÈS À L’ÉDUCATION, PARTICIPATION ET PROGRESSION Tableau C3.1. Taux de premier accès, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2014) Somme des taux d’accès par âge, selon le groupe démographique Tertiaire de cycle court (2-3 ans) Partenaires OCDE C3 Licence ou niveau équivalent Master ou niveau équivalent Doctorat ou niveau équivalent Premier accès à l’enseignement tertiaire Étudiants en mobilité internationale non compris Étudiants en mobilité internationale non compris Étudiants en mobilité internationale non compris Étudiants en mobilité internationale non compris Étudiants en mobilité internationale non compris Total Total Moins de 25 ans Total Total Moins de 25 ans Total Total Moins de 25 ans Total Total Moins de 25 ans Total Total Moins de 25 ans (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) Australie Autriche Belgique Canada Chili République tchèque Danemark Estonie Finlande France Allemagne Grèce Hongrie Islande1 Irlande Israël Italie Japon Corée Lettonie Luxembourg Mexique Pays-Bas Nouvelle-Zélande Norvège Pologne Portugal République slovaque Slovénie Espagne Suède Suisse Turquie Royaume-Uni États-Unis m 35 m m 50 0 32 a a m 0 a 4 6 9 20 0 29 33 28 4 4 2 39 5 0 a 1 30 26 10 4 41 22 38 m 35 m m 50 0 28 a a m 0 a m 4 9 m m m m m 4 4 1 28 5 0 a 1 30 m 10 m 41 20 38 m 30 m m 34 0 11 a a m 0 a m 1 5 m m m m m 4 3 1 13 3 0 a 1 19 m 4 m 30 8 26 94 41 69 m 55 63 71 65 53 m 52 65 32 80 81 57 37 49 56 70 18 35 65 77 68 68 54 57 75 48 45 60 52 64 m 79 32 62 m 55 56 66 62 49 m 49 m m 68 77 55 m m m m 13 34 58 59 65 m 53 53 73 47 43 34 51 54 m 62 26 61 m 44 48 50 50 40 m 41 m m 48 68 36 m m m m 13 32 56 43 54 m 47 m 69 43 32 29 42 45 m 33 28 27 m 12 31 35 25 11 m 28 13 15 39 28 21 24 9 14 21 11 4 21 11 30 42 36 37 29 11 28 22 6 32 13 18 21 23 m 12 27 28 23 8 m 21 m m 35 23 20 m m m m 3 4 17 8 27 m 34 35 28 9 24 13 6 19 11 9 18 23 m 5 24 23 17 4 m 19 m m 17 14 9 m m m m 2 2 15 4 22 m 28 m 26 8 18 12 4 9 7 3.6 3.7 m m 0.5 3.5 3.7 2.0 2.5 2.5 5.5 2.1 1.7 2.5 3.0 1.7 1.6 1.2 3.5 1.9 1.2 0.4 1.4 3.1 2.6 3.1 3.7 2.7 2.1 2.0 2.6 4.8 0.8 4.1 1.2 2.2 2.5 m m 0.4 2.9 2.4 1.7 1.7 m 3.9 m m 1.8 2.2 1.6 m 1.0 m m 0.2 0.4 0.8 1.4 1.9 m 2.8 2.4 1.9 1.5 1.6 2.1 0.7 2.3 0.7 0.9 1.7 m m 0.2 2.4 1.2 1.1 0.8 m 4.0 m m 0.5 1.3 0.6 m 0.7 m m 0.1 0.2 0.7 0.6 0.7 m 1.3 1.9 1.4 0.9 0.7 1.6 0.5 1.3 0.4 m 70 67 m 87 69 89 m 53 m 64 m 42 86 m 70 44 80 m m 32 38 70 96 81 74 65 59 72 72 62 80 94 61 52 m 57 58 m 86 59 76 m 47 m 57 m m 70 m m m m m m 19 38 60 68 78 72 64 55 70 m 56 45 94 54 51 m 47 57 m 67 51 57 m 40 m 48 m m 49 m m m m m m 17 35 57 51 64 65 58 49 67 m 42 36 74 44 47 Moyenne OCDE Moyenne UE22 18 13 16 12 10 7 59 57 54 53 45 46 23 26 19 21 14 17 2.5 2.7 1.7 2.1 0.9 1.2 68 63 61 57 51 50 Argentine1 Brésil Chine Colombie Costa Rica Inde1 Indonésie Lituanie Fédération de Russie Arabie saoudite Afrique du Sud 53 m 35 14 m a m a 38 14 m m m 35 m m a m a 38 m m m m m m m a m a m m m 50 m 30 25 m 44 29 75 71 66 m m m 30 m m m m m 67 m m m m m m m m m m m m m 5 m 3 5 m 9 2 25 13 3 m m m 3 m m m m m 13 m m m m m m m m m m m m m 0.6 m 0.3 0.1 m m 0.1 1.5 1.7 0.4 m m m 0.3 m m m m m 1.6 m m m m m m m m m m m m m 63 m m 40 m m m 79 m 80 m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m Moyenne G20 26 25 m 52 51 m 13 11 m 1.9 1.5 m m m m Remarques : Les taux d’accès peuvent être sous-estimés dans les pays exportateurs nets d’élèves et surestimés dans les pays importateurs nets d’élèves à cause de différences de couverture entre les données démographiques et les données sur les nouveaux inscrits. Consulter l’annexe 3 pour des informations plus détaillées par pays. 1. Année de référence : 2013. Sources : OCDE. Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Chine, Colombie, Costa Rica, Inde et Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO. Lituanie : Eurostat. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). Les symboles représentant les données manquantes et les abréviations figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398407 348 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 Combien d’élèves entameront des études tertiaires ? – INDICATEUR C3 chapitre C Pourcentage de nouveaux inscrits de moins de 25 ans Âge moyen Pourcentage de nouveaux inscrits en mobilité internationale Tertiaire de cycle court Licence ou niveau équivalent Master ou niveau équivalent Éducation Lettres et arts Sciences sociales, commerce et droit Sciences Ingénierie, industries de transformation et production Agriculture Santé et protection sociale Services Pourcentage de nouveaux inscrits (première inscription) par niveau d’enseignement Pourcentage de nouveaux inscrits de sexe féminin Partenaires OCDE Tableau C3.2. 1. Année de référence : 2013. Sources : OCDE. Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Chine, Colombie, Costa Rica, Inde et Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO. Lituanie : Eurostat. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). Les symboles représentant les données manquantes et les abréviations figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398415 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 349 chapitre C ACCÈS À L’ÉDUCATION, PARTICIPATION ET PROGRESSION Tableau C3.3. Profil d’un nouvel inscrit (première inscription) dans l’enseignement tertiaire, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2014) Âge moyen Pourcentage de nouveaux inscrits en mobilité internationale Pourcentage de nouveaux inscrits de sexe féminin Pourcentage de nouveaux inscrits de moins de 25 ans Âge moyen Pourcentage de nouveaux inscrits en mobilité internationale Pourcentage de nouveaux inscrits de sexe féminin Pourcentage de nouveaux inscrits de moins de 30 ans Âge moyen Pourcentage de nouveaux inscrits en mobilité internationale Pourcentage de nouveaux inscrits de sexe féminin Pourcentage de nouveaux inscrits de moins de 30 ans Âge moyen Pourcentage de nouveaux inscrits en mobilité internationale Doctorat ou niveau équivalent Pourcentage de nouveaux inscrits de moins de 25 ans OCDE Master ou niveau équivalent (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) (16) Australie Autriche Belgique Canada Chili République tchèque Danemark Estonie Finlande France Allemagne Grèce Hongrie Islande1 Irlande Israël Italie Japon Corée Lettonie Luxembourg Mexique Pays-Bas Nouvelle-Zélande Norvège Pologne Portugal République slovaque Slovénie Espagne Suède Suisse Turquie Royaume-Uni États-Unis m 53 m m 51 59 52 a a m 74 a 64 50 43 49 24 61 51 62 57 39 46 50 20 77 a 65 48 48 49 61 48 62 53 m 81 m m 69 81 42 a a m 52 a 84 24 54 68 77 77 92 54 95 94 59 56 58 61 a 75 58 79 47 54 74 40 71 m 22 m m 24 22 31 a a m 26 a 22 33 27 24 23 18 20 27 21 20 26 27 26 24 a 24 24 23 27 27 23 31 24 m 1 m m 0 5 11 a a m 0 a 1 30 2 m m m m m 12 0 2 28 1 a a 1 1 m 0 m 0 7 2 57 55 56 m 52 58 56 57 56 m 47 54 54 59 50 58 54 45 48 52 51 50 53 58 56 54 57 57 54 55 60 48 46 55 m 77 78 96 m 80 83 77 77 80 m 81 89 89 71 85 68 89 95 98 75 90 94 95 75 80 87 86 m 92 88 75 68 84 84 m 23 23 19 m 22 22 24 23 23 m 22 20 21 25 21 25 21 18 19 23 22 20 20 23 23 22 21 m 21 21 24 25 22 22 m 16 21 11 m 0 10 7 4 7 m 5 m 5 14 6 4 m m m m 27 0 11 23 4 m 2 6 2 2 4 45 1 16 m 53 54 53 m 57 59 56 60 56 m 52 57 59 67 54 60 58 34 51 63 53 53 57 57 56 65 57 61 64 58 57 50 44 59 62 67 82 95 m 49 86 84 76 55 m 91 55 84 52 59 50 88 m 57 86 63 65 90 60 78 90 76 m 88 78 78 81 77 66 66 29 26 23 m 31 25 27 27 31 m 24 30 25 32 30 32 24 m 31 25 30 29 25 31 27 24 26 m 25 26 26 27 26 29 30 48 25 14 m 5 13 20 8 28 m 25 m 16 9 16 5 m m m m 73 1 21 29 8 m 7 6 4 20 16 40 4 42 14 50 49 m m 41 46 49 48 52 46 42 49 52 55 52 52 51 31 40 57 40 47 48 51 52 52 52 48 51 50 47 46 44 47 52 49 64 m m 45 79 59 63 47 69 73 50 71 34 59 39 55 60 40 50 67 42 89 51 45 86 36 72 69 49 55 75 65 62 73 33 30 m m 33 28 30 30 32 29 28 27 29 34 31 33 31 26 34 32 29 33 26 32 33 27 35 29 30 33 31 28 29 30 29 39 32 m m 11 18 36 15 30 m 29 m 9 29 28 6 m 14 m m 82 3 41 55 27 m 23 9 7 26 39 57 7 45 45 Moyenne OCDE Moyenne UE22 52 55 66 65 25 25 5 4 54 55 83 85 22 22 10 9 56 58 73 79 28 26 19 21 48 49 59 63 30 30 28 29 Argentine1 Brésil Chine Colombie Costa Rica Inde1 Indonésie Lituanie Fédération de Russie Arabie saoudite Afrique du Sud 40 m 46 47 m a m a 47 24 m m m m m m a m a m m m m m m m m a m a m m m m m m m m m m a 3 m m 57 m 55 54 m 46 51 53 52 50 m m m m m m m 100 89 m m m m m m m m m 19 21 m m m m m m m m m m m m m m 60 m 46 56 m 47 48 64 52 47 m m m m m m m 100 87 m m m m m m m m m 24 25 m m m m m 1 m m m m m 20 m m 54 m 38 42 m m 41 57 44 34 m m m m m m m 89 66 m m m m m m m m m 27 29 m m m m m 4 m m m m m m m m Moyenne G20 48 m m 2 51 m m 6 52 m m 19 44 m m 23 C3 Partenaires Licence ou niveau équivalent Pourcentage de nouveaux inscrits de sexe féminin Tertiaire de cycle court (2-3 ans) 1. Sources : OCDE. Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Chine, Colombie, Costa Rica, Inde et Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO. Lituanie : Eurostat. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). Les symboles représentant les données manquantes et les abréviations figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398427 350 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 Combien d’élèves entameront des études tertiaires ? – INDICATEUR C3 chapitre C Partenaires OCDE Tableau C3.4. Évolution des taux d’accès, selon le niveau de l’enseignement tertiaire (2005, 2010, 2014) Somme des taux d’accès par âge, selon l’année Tertiaire de cycle court (2-3 ans) Licence ou niveau équivalent Master ou niveau équivalent Doctorat ou niveau équivalent Premier accès à l’enseignement tertiaire 2005 2010 2014 2005 2010 2014 2005 2010 2014 2005 2010 2014 2005 2010 2014 (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) Australie Autriche Belgique Canada Chili République tchèque Danemark Estonie Finlande France Allemagne Grèce Hongrie Islande1 Irlande Israël Italie Japon Corée Lettonie Luxembourg Mexique Pays-Bas Nouvelle-Zélande Norvège Pologne Portugal République slovaque Slovénie Espagne Suède Suisse Turquie Royaume-Uni États-Unis m m m m m m 22 a 0 m 0 a 11 m m m m m 40 m m 2 a 50 m 1 a m m m m m 19 m m m 34 m m m m 25 a 0 m 0 a 16 m m 26 m m 35 20 m 3 1 48 m 1 a m m m 12 m 28 m 35 m 35 m m 50 0 32 a a m 0 a 4 6 9 20 0 29 33 28 4 4 2 39 5 0 a 1 30 26 10 4 41 22 38 72 14 m m m m 57 m 46 m 23 m 47 m m 53 m m 58 m m 27 54 75 m m m m m m m m 24 m m 85 47 m m m m 63 m 57 m 38 m 49 m m 58 m m 56 69 m 32 62 81 m m 53 m m m 58 m 34 m m 94 41 69 m 55 63 71 65 53 m 52 65 32 80 81 57 37 49 56 70 18 35 65 77 68 68 54 57 75 48 45 60 52 64 m 21 31 m m m m 21 m 26 m 23 m 21 m m 17 m m 12 m m 3 8 8 m m m m m m m m 3 m m 26 22 m m m m 28 m 8 m 20 m 5 m m 21 m m 14 8 m 4 18 9 m m 30 m m m 36 m 6 m 13 33 28 27 m 12 31 35 25 11 m 28 13 15 39 28 21 24 9 14 21 11 4 21 11 30 42 36 37 29 11 28 22 6 32 13 2.5 4.0 m m m 3.2 1.9 m m m m m 1.7 m m 2.0 m m 2.1 m m 0.3 m 1.8 2.7 m m 3.3 0.6 4.4 m 4.4 0.9 m m 3.4 7.7 m m m 3.9 3.6 2.8 m m m m 1.6 m m 1.9 m 1.0 2.7 2.2 m 0.4 m 2.9 2.9 m 3.3 4.1 5.4 1.8 m 5.0 1.4 m 1.5 3.6 3.7 m m 0.5 3.5 3.7 2.0 2.5 2.5 5.5 2.1 1.7 2.5 3.0 1.7 1.6 1.2 3.5 1.9 1.2 0.4 1.4 3.1 2.6 3.1 3.7 2.7 2.1 2.0 2.6 4.8 0.8 4.1 1.2 m m m m m m 69 m 59 m 44 m m m m m m m m m m 29 57 89 m 76 m m m m m m 43 m m m 72 m m m m 77 m 55 m 51 m m m m m m m m m m 34 66 99 m 84 m m m m 74 m 62 m 51 m 70 67 m 87 69 89 m 53 m 64 m 42 86 m 70 44 80 m m 32 38 70 96 81 74 65 59 72 72 62 80 94 61 52 Moyenne OCDE2 Moyenne UE22 16 m 16 m 17 m 46 m 55 m 57 m 16 m 15 m 19 m 2.4 m 3.2 m 2.7 m m m m m m m Argentine1 Brésil Chine Colombie Costa Rica Inde1 Indonésie Lituanie Fédération de Russie Arabie saoudite Afrique du Sud m m m m m a m a m m m m m m m m a m a m m m 53 m 35 14 m a m a 38 14 m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m 50 m 30 25 m 44 29 75 71 66 m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m 5 m 3 5 m 9 2 25 13 3 m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m 0.6 m 0.3 0.1 m m 0.1 1.5 1.7 0.4 m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m m 63 m m 40 m m m 79 m 80 m Moyenne G20 m m m m m m m m m m m m m m m 1. 2. Les moyennes ne sont calculées que pour les pays disposant de données pour l’ensemble des années de référence et peuvent donc être différentes de celles présentées dans le tableau C3.1. Sources : OCDE. Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Chine, Colombie, Costa Rica, Inde et Indonésie : Institut de statistique de l’UNESCO. Lituanie : Eurostat. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). Les symboles représentant les données manquantes et les abréviations figurent dans le Guide du lecteur. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398438 Regards sur l’éducation 2016 : Les Indicateurs de l’OCDE © OCDE 2016 351 C3 QUI ÉTUDIE À L’ÉTRANGER ET OÙ ? • Dans la zone OCDE, les étudiants en mobilité internationale représentaient 6 % de l’effectif de l’enseignement tertiaire en 2014. C’est au Luxembourg que le pourcentage d’étudiants en mobilité internationale est le plus élevé dans l’enseignement tertiaire (44 %). INDICATEUR C4 • Les étudiants originaires d’Asie représentent plus de la moitié (53 %) des étudiants en mobilité internationale en master ou en doctorat (ou formations équivalentes) dans les pays de l’OCDE. Les étudiants originaires de Chine forment le plus gros contingent d’étudiants en formation à l’étranger ; viennent ensuite ceux originaires d’Inde et d’Allemagne. • Dans les pays de l’OCDE, ce sont les États-Unis qui accueillent le plus d’étudiants en mobilité internationale en master et en doctorat (ou formations équivalentes) (26 %) ; viennent ensuite le Royaume-Uni (15 %), la France (10 %), l’Allemagne (10 %) et l’Australie (8 %). Graphique C4.1. Mobilité des étudiants dans l’enseignement tertiaire, selon le niveau de la CITE (2014) Pourcentage d’étudiants étrangers ou en mobilité internationale dans les effectifs totaux de l’enseignement tertiaire Master ou niveau équivalent Doctorat ou niveau équivalent Étudiants en mobilité internationale Étudiants étrangers2 Rép. tchèque Rép. slovaque Italie Grèce Israël Féd. de Russie3 Corée Turquie Chine Brésil Inde 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Tous niveaux tertiaires confondus Licence ou niveau équivalent Luxembourg Nouvelle-Zélande Australie Royaume-Uni Suisse Autriche Belgique Pays-Bas Danemark France Canada¹ Finlande Allemagne Hongrie Irlande Total OCDE Suède Lettonie États-Unis Portugal Estonie Norvège Japon Lituanie Slovénie Espagne Pologne Chili % 1. Année de référence : 2013. 2. Les étudiants étrangers sont définis sur la base du pays dont ils sont ressortissants. Ces données n’étant pas comparables à celles sur les étudiants en mobilité internationale, elles sont présentées séparément dans ce graphique. 3. Les étudiants en mobilité internationale suivant une formation de licence ou niveau équivalent sont inclus dans la catégorie « master ou niveau équivalent ». Les pays sont classés par ordre décroissant du pourcentage d’étudiants étrangers/en mobilité internationale dans les effectifs totaux de l’enseignement tertiaire. Source : OCDE. Tableau C4.1. Voir les notes à l’annexe 3 (www.oecd.org/fr/education/regards-sur-l-education-19991495.htm). 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/888933398531 Contexte Avec l’interdépendance accrue des économies nationales et l’augmentation des taux de scolarisation, le fait de suivre des études tertiaires à l’étranger est devenu un moyen d’élargir l’horizon des étudiants et de les aider à apprendre une langue étrangère, et à mieux comprendre les cultures et les pratiques commerciales dans le monde. L’enseignement tertiaire s’internationalise de diverses façons, notamment à travers l’enseignement à distance, les stages théoriques ou pratiques à l’étranger, les cursus enseignés par-delà les frontières et les campus satellites à l’étranger. Étudier à l’étranger est l’un des aspects de l’internationalisation de l’enseignement tertiaire qui suscite beaucoup d’intérêt chez les étudiants et les responsables politiques. Pour les étudiants, étudier à l’étranger est non seulement une expérience culturelle et personnelle importante, qui leur permet de mieux connaître d’autres sociétés et d’apprendre d’autres langues, mais c’est aussi un moyen d’améliorer leur employabilité dans les secteurs mondialisés du marché du travail.
21,323
2005LIL10036_2
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,005
Méthodologie pour la simulation numérique des vibrations induites par écoulements dans les faisceaux de tubes
None
French
Spoken
6,728
10,267
Une généralisation de cette approche est donnée dans (Souli 2001) où un tenseur des contraintes σ a du milieu continu arbitraire Ωa est introduit et modélisé afin d’éviter une trop grande déformation des petites mailles et de mieux décrire des problèmes de couches limites. On résout alors une équation sur σa dans Ωa : ∇ σa 0 avec des contraintes ou des déplacements connus sur les frontières du domaine Ω a. Il existe différents modèles pour σa en fonction des problèmes physiques considérés. On peut choisir un modèle linéaire élastique si l’on suppose le milieu incompressible : σa Cξ avec 26 3.1. Méthodologie pour le calcul fluide – σa torseur des contraintes du milieu Ωa – ξ déformation du milieu – C matrice dépendant des éléments de Ωa La matrice C est construite pour éviter la déformation des petites cellules de Ω a. La vitesse de maillage w est calculée aux centres des cellules de calcul (formulation "cell-centered"). Il est nécessaire d’extrapoler ou d’interpoler la vitesse ou le déplacement du centre des cellules du maillage aux nœuds des cellules afin d’actualiser la géométrie à chaque itération pour le calcul fluide. Pour les nœuds internes, on détermine dans un premier temps la vitesse aux centres des faces en moyennant la vitesse aux centres des deux cellules voisines de la face considérée. 1 wj 2 wk 1 wj 2 1 Ensuite on en déduit la vitesse au nœud i en moyennant la vitesse aux centres des faces possédant ce nœud. wi 1 NFac NFac ∑ wk k 1 avec : NFac le nombre de faces possédant le nœud i, wk la vitesse de maillage sur la face k, wi la vitesse au nœud i. On peut voir une représentation schématique de l’interpolation de la vitesse aux nœuds internes sur la figure (3.2). Pour les nœuds de bord, on utilise les conditions aux limites exprimées aux centres des faces de bord. Ainsi pour des conditions aux limites de Dirichlet sur la vitesse de maillage, la vitesse des nœuds de bord est prise égale à la valeur à la condition aux limites. Pour les conditions aux limites de Neumann, la vitesse aux nœuds de bord est déduite de la vitesse au centre de la cellule voisine de la face bord. Faces internes k Centre cellule j Centre cellule j−1 Noeud interne i F IG. 3.2 – Extrapolation vitesse centre cellule-nœud interne. 27 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés 3.1.4 Caractéristiques de la formulation ALE On choisit d’étudier l’effet du mouvement d’un maillage fluide imposé en espace et en temps sur la résolution des champs de vitesse et pression. Pour cela, on considère un canal plan et on se donne une déformation de maillage ou vitesse de maillage fixée en temps et en espace perpendiculaire à la longueur du canal. On définit quatre zones différentes pour la vitesse w de maillage (figures 3.3 et 3.4) : zone 1 : w 20 ω xmax x y cos ωt zone 2 : w 20 ω xmax 1 x y cos ωt zone 3 : w 20 ω xmax x 0 2 y cos ωt zone 4 : w 20 ω xmax 1 x 0 2 y cos ωt On choisit une amplitude maximale de déplacement xmax égale à 10% de la largeur du canal et une pulsation ω 2π. ZONE 1 ZONE 2 ZONE 3 ZONE 4 sens de déplacement Zones de déplacement Canal plan F IG. 3.3 – Représentation schématique du déplacement de maillage. 3.1.4.1 Ecoulement uniforme en temps et en espace On sait que la loi de conservation géométrique est vérifiée si un champ de vitesse uniforme est conservé. On choisit tout d’abord de prendre un champ de vitesse nulle u 0 et une masse volumique constante égale ρ 1 kg m 3. Le système d’équations (3.4) devient : ∂Jˆ ∂t ξ ˆ x w 0 J∇ (3.7) On retrouve la loi de conservation géométrique sous forme locale. Numériquement on retrouve un champ de vitesse et de pression nul dans le domaine de calcul et par conséquent les efforts de pression et les efforts visqueux exercés sur la paroi inférieure du canal sont nuls. On a testé dans un deuxième temps un champ de vitesse uniforme en espace u 1 5 m s 1 en imposant des conditions aux limites de symétrie sur les parois inférieure et supérieure du canal. On peut voir sur la figure (3.5) que le champ de vitesse n’est pas influencé par la déformation de maillage. Par ailleurs le champ de vitesse étant constant et la chute linéique de pression étant nulle, on retrouve comme au cas précédent des efforts nuls à la "paroi" ou faces de bord inférieur. Le déplacement des 28 3.1. Méthodologie pour le calcul fluide F IG. 3.4 – Visualisation du maillage non déformé et des maillages déformés après une demi-période et une période (déplacement amplifié 5 fois). Y Z X F IG. 3.5 – Champ de vitesse fluide uniforme avec un déplacement de maillage amplifié 5 fois. 29 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés nœuds et l’introduction de la vitesse de maillage correspondante dans l’équation de conservation de la masse n’introduit donc pas de vitesse parasite dans la résolution des équations du fluide. La loi de conservation géométrique semble être bien assurée par la formulation ALE bien que la vitesse de maillage soit déterminée aux centres des cellules et interpolée aux nœuds . 3.1.4.2 Ecoulement dans un canal plan On étudie à présent l’effet du mouvement de maillage sur l’écoulement stationnaire incompressible d’un fluide visqueux dans un canal plan (écoulement de Poiseuille plan). Cet écoulement appartient à une classe d’écoulements parallèles monodimensionnels pour lesquels on dispose d’une solution analytique (cf. chapitre 2). On sait que le profil de vitesse est parabolique en y et que la pression est linéaire en x. On veut retrouver les caractéristiques de cet écoulement avec un maillage mobile. On impose les conditions aux limites suivantes pour la vitesse fluide : u 0 sur les parois en y 0 0 et y 0 2 u umax y 0 2 y 1 5 y 0 2 y en entrée du canal x 0 0 On peut voir sur les figures (3.6) et (3.7) que l’on retrouve bien la chute linéique de pression et le profil parabolique de vitesse attendu. On observe que le déplacement de maillage induit de faibles oscillations sur l’effort de pression. De plus ces oscillations dépendent faiblement du pas de temps utilisé. On peut voir un résumé des calculs effectués en fonction du pas de temps sur le tableau (3.1) et une évolution de l’effort de pression et de la chute linéique de pression sur les figures (3.8) et (3.9). On en déduit que la formulation ALE induit une erreur de 2 6% sur les calculs des efforts de pression en présence de ce déplacement de maillage. Cet écart peut s’expliquer par l’augmentation des non-orthogonalités du maillage au cours des itérations ALE. F IG. 3.6 – Maillage coloré par la pression avec mouvement de maillage. 30 3.1. Méthodologie pour le calcul fluide F IG. 3.7 – Maillage coloré par la vitesse avec mouvement de maillage. Pas de temps dt Théorique Maillage fixe 1 30 1 60 1 120 1 240 1 480 1 900 Fp kg m s 2 1 5 10 4 1 49 10 4 1 53 10 4 1 53 10 4 1 53 10 4 1 53 10 4 1 53 10 4 1 53 10 4 Fv kg m s 2 3 0 10 5 2 82 10 5 2 88 10 5 2 88 10 5 2 88 10 5 2 88 10 5 2 88 10 5 2 88 10 5 Fp kg m s 2 0 1 57 10 11 9 82 10 8 1 02 10 7 1 04 10 7 1 05 10 7 1 05 10 7 1 05 10 7 Fv kg m s 2 0 1 12 10 11 8 07 10 10 6 33 10 10 4 92 10 10 4 06 10 10 3 49 10 10 3 15 10 10 TAB. 3.1 – Tableau comparatif des fluctuations des efforts de pression Fp et visqueux Fv et des efforts moyens de pression Fp et visqueux Fv pour différents pas de temps 31 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés dt ref=1/30 s dtref= 1/60 s dtref= 1/120 s dtref= 1/240 s dtref= 1/480 s dtref= 1/900 s Force de pression (*10000 N) -1.51 -1.52 -1.53 -1.54 -1.55 1 2 Temps (s) 3 F IG. 3.8 – Evolution au cours du temps de l’effort de pression pour différents pas de temps. 0.003 dtref= 1/30 s dtref=1/60 s dtref=1/120 s dtref=1/240 s dtref=1/480 s dtref=1/900 s Solution analytique 0.0025 Pression (N) 0.002 0.0015 0.001 0.0005 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Position (m) F IG. 3.9 – Comparaison pour différents pas de temps de la chute linéique de pression. 32 3.1. Méthodologie pour le calcul fluide 3.1.5 Contrôle de la déformation du maillage Pour le calcul de la vitesse de maillage on résout une équation de diffusion de la forme : ∇ λ ∇w 0 (3.8) avec – conditions limites données, – λ coefficient de diffusion de maillage. Le choix du coefficient de diffusion de maillage λ 1 partout a donné des résultats corrects pour les simulations effectuées. Toutefois dans l’étude des écoulements dans les faisceaux de tubes, le choix d’un coefficient de diffusion de maillage λ variable a été préféré pour conserver un maillage fin et non déformé près du tube mobile. La distribution suivante a été choisie : – λ 106 pour un rayon r rmin – λ 1 pour un rayon r rmin où – r désigne la distance du centre des cellules par rapport au centre du tube mobile. – rmin définit une couronne de rayon rmin autour du tube mobile. Pour éviter une variation trop brusque du coefficient de diffusion de maillage, une autre distribution de coefficient de diffusion de maillage a été testée : λ 106 pour un rayon r λ 106 e 2 r rmin rmin 1 pour un rayon r rmin Les déformations de maillage obtenues avec un coefficient de diffusion de maillage constante λ 1 partout dans le domaine et la première distribution sont comparées sur les figures (3.10) et (3.11). La résolution de cette équation se fait par la méthode des volumes finis. On se ramène à la résolution d’un système matriciel symétrique par une méthode de gradient conjugué préconditionné. Pour vérifier l’intérêt des ces conditions aux limites de maillage, on choisit une configuration en faisceau de tubes proche de la configuration expérimentale qui nous intéresse. On choisit de se limiter à une cellule élémentaire de 5 tubes ou 9 tubes. On impose les conditions aux limites suivantes sur la vitesse w pour la résolution du laplacien : w ws sur le tube mobile w 0 sur les tubes fixes où ws a cos ωt désigne la vitesse imposée du tube mobile d’amplitude a et de pulsation ω. On peut voir sur les figures (3.10) et (3.11) une comparaison des déplacements obtenus en choisissant pour la résolution du laplacien un coefficient de diffusion constant en espace et unitaire et un coefficient de diffusion de maillage variable en espace. Ainsi on retrouve bien sur les deux figures que la déformation de maillage est maximale près de la paroi mobile et qu’elle se diffuse et s’annule loin de la paroi. Par ailleurs on constate qu’avec une coefficient de diffusion de maillage variable en espace, le maillage se déforme en bloc sur une courone autour de la paroi mobile et que les mailles à la paroi sont moins déformées (figure 3.11). C’est cette distribution de coefficient de diffusion de maillage λ qui sera conservé par la suite pour les simulations numériques en faisceau de tubes et cylindres concentriques. 33 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés F IG. 3.10 – Comparaison du déplacement de maillage avec un coefficient de diffusion de maillage constant (bas) et un coefficient de diffusion de maillage variable λ 10 6 pour r rmin et 1 λ 1 ailleurs au même instant (haut). Déplacement max=5 201 10 mm (haut) et Déplacement max=5 191 10 1 mm (bas). 34 3.1. Méthodologie pour le calcul fluide F IG. 3.11 – Exemple de maillage (5184 cellules) et de déformation de maillage avec différentes distributions pour le coefficient de diffusion de maillage λ. λ 1 partout (gauche). λ 10 6 pour r rmin et λ 1 ailleurs (droite). 35 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés On a présenté dans cette section la formulation Arbitraire Lagrange-Euler (ALE) pour la résolution des équations de Navier-Stokes avec présence de paroi mobile. On a montré que cette formulation introduisait une vitesse de maillage w arbitraire dans l’équation de quantité de mouvement. On a pu testé la mise en oeuvre de cette formulation ALE pour un écoulement de Poiseuille plan et on a montré que l’on estimait correctement la chute linéique de pression ainsi que le profil parabolique de vitesse. On a constaté que le mouvement de maillage introduisait des oscillations négligeables sur les efforts de pression exercés sur la paroi inférieur du canal. Ces oscillations sont vraisemblablement dues à des erreurs numériques causés par les non-orthogonalités du maillage mobile. Enfin on a pu tester un algorithme permettant le contrôle de la déformation et de la vitesse de maillage sur une configuration de faisceau à partir d’une équation de diffusion. On a testé deux distributions de coefficient de diffusion de maillage constant et variable en espace et en temps. Cette dernière distribution de coefficient de diffusion de maillage a permis de conserver un maillage non déformé près de la paroi mobile et elle sera utilisé par la suite pour les simulations en configuration de faisceaux de tubes ou de cylindres concentriques. 36 3.2. Méthodologie pour le calcul structure 3.2 Méthodologie pour le calcul structure On étudie ici le mouvement d’une structure vibrant en air. On rappelle dans un premier temps l’équation mécanique régissant le mouvement de la structure. Celui-ci est décomposé suivant ses modes propres et on introduit un coefficient de masse, d’amortissement et de raideur pour caractériser la structure. Puis on décrit une classe de schémas d’intégration temporelle (schémas de Newmark) pour la résolution de cette équation différentielle. On effectue des développements de Taylor pour étudier l’ordre en temps des schémas d’intégration numérique. Enfin on compare les résultats obtenues avec différents schémas numériques à la solution analytique du déplacement d’une structure vibrant sous l’effet d’une force imposée au cours du temps et en l’absence de couplage. 3.2.1 Position du problème structure La représentation simplifiée adoptée pour l’étude de la dynamique d’un tube vibrant est la suivante : KsU Fs CsV Ms A où U, V, A désignent respectivement le déplacement, la vitesse et l’accélération du tube et M s, Cs, Ks sa masse, son amortissement et sa raideur. Pour la résolution on utilise le schéma de Newmark en accélération : Vn 1 Vn ∆t 1 Un 1 Un ∆tV n γ An γAn 1 1 2 ∆t 1 2β An 2 2βAn 1 (3.9) avec γ et β constantes à définir en fonction du schéma. Les relations du système (3.9) sont déduites des développements qui vont suivre. On écrit les développements de Taylor de la vitesse aux temps t n et t n 1 en explicite et implicite : 1 Vn Vn Vn Vn 3 ∆t 2 d 2V n O ∆t 2! dt 2 3 ∆t 2 d 2 V n 1 ∆tAn 1 O ∆t 2! dt 2 ∆ t An 1 On utilise dans le système précédent le coefficient γ : 1 γ V n 1 γ V n 1 γV n γ V n 1 1 γ ∆tAn γ ∆tAn 1 γ 1 ∆t 2 d 2V n 2! dt 2 γ 1 ∆t 2 d 2V n 2! dt 2 O ∆t 3 O ∆t 3 En retranchant les deux équations du système précédent, il vient : 1 γ V n 1 γ V n 1 γ V n γV n 1 1 γ ∆tAn γ∆tAn 1 ∆t 2 d 2V n ∆t 2 d 2V n 1 γ γ 2! dt 2 2! dt 2 1 37 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés On a par conséquent : V n 1 V ∆t 1 n γ A γA n n 1 ∆t 2 1 γ d 2V n dt 2 γ d 2V n dt 2 1 O ∆t 3 On peut écrire le développement limité suivant pour la dérivée seconde de la vitesse : 1 d 2V n dt 2 d 2V n dt 2 O ∆t d 2V n dt 2 et par conséquent, il vient : Ainsi si on choisit γ 1 2 1 d 2V n dt 2 1 2 O ∆t le développement de la vitesse s’écrit : Vn 1 ∆t n A 2 Vn An 1 O ∆t 3 De la même manière, on écrit les développements de Taylor du déplacement aux temps t n et t n explicite et implicite. Un Un Un Un 1 ∆t 2 n A O ∆t 3 2! ∆t 2 n 1 ∆tV n 1 O ∆t 3 A 2! ∆tV n 1 On introduit le coefficient β dans le système précédent : 2β U n 1 1 2 βU n 2β U n 1 2βU n 1 2β ∆tV n 1 2β∆tV n 1 2β 1 ∆t 2 n A 2 ! ∆t 2 n A 2! 2β O ∆ t 3 O ∆t 3 1 et en sommant les deux équations du système précédent, il vient : 1 1 2β U n 2βU n 2β U n 1 2βU n 1 2β ∆tV n 1 2β∆tV n 1 2β 1 ∆t 2 n A 2! 2β ∆t 2 n A 2! O ∆t 3 1 On en déduit : Un 1 ∆t 1 Un En remplaçant V n 1 2β V n 2βV n 1 ∆t 2 1 2! 2β An 2βAn 1 O ∆t 3 par le développement limité suivant : Vn 1 V n ∆tAn O ∆ t 2 dans l’équation précédente : Un 1 Un ∆t 1 ∆t 2 1 2! 38 2β V n 2β An 2βAn ∆An 2β V n 1 O ∆t 2 O ∆t 3 1 en 3.2. ∆t 2 n A 4 An 1 et en utilisant la première équation, on peut écrire : Vn 1 Vn 1 n A 2 ∆t 1 An En remplaçant dans la deuxième équation, on obtient le schéma des trapèzes d’ordre 2 : Ms A n 1 C sV n 1 KsU n 1 Fsn Vn 1 Vn Un Un 1 ∆t n A An 1 2 ∆t n V V n 1 2 On donne quelques cas particuliers de schémas de Newmark : γ 1 2, β 1 4 méthode des accélérations constantes (trapèzes). γ 1 2, β 1 6 méthode des accélérations linéaires. γ 1 2, β 0 méthode des différences centrées. γ 1, β 1 2 méthode d’euler implicite. Il peut être nécessaire dans certains cas de faire une extrapolation en temps de la force introduite dans le système masse-ressort (ordre en temps du schéma global par exemple) et il peut être intéressant d’utiliser pour cela un schéma dit α-HHT qui modifie le schéma de Newmark en introduisant un coefficient α dans l’équation d’équilibre du masse-ressort de la façon suivante : Ms A n 1 1 α CsV n 1 αCsV n 1 αKsU n 1 αU n 1 α Fsn 1 αFsn L’écriture du déplacement et de la vitesse reste inchangée par rapport au schéma de Newmark : Un 1 Un V n 1 Vn 1 2 ∆t 1 2β An 2 ∆t 1 γ An γAn 1 ∆tV n 2βAn 1 On retrouve le schéma de Newmark pour α 0. 39 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés 3.2.2 Comparaison des schémas numériques Le système mécanique décrit ci-dessous Ms d 2U dt 2 Cs dU dt KsU Fs est résolu par une méthode de différences finies. Différents types de schémas sont testés ci-dessous : – schéma Euler explicite – schéma centré – schéma de Newmark 3.2.2.1 Schéma Euler explicite On rappelle l’approximation au premier ordre en temps des dérivées première et seconde du déplacement U n (vitesse et accélération) obtenues à l’aide des développements limités : n dU dt d 2U dt 2 Un n Un U n 1 O ∆t ∆t 2 U n 1 U n 2 ∆t 2 O t Le système mécanique est approché par l’équation suivante : Ms Un 2U n 1 ∆t 2 U n 2 Cs Un U n ∆t 1 O ∆t KsU n Fsn et on en déduit le déplacement U n en résolvant le système linéaire ci-dessous : Ms ∆ t 2 Cs ∆t 2Ms ∆t 2 Ks U n Fsn Cs U n ∆t 1 Ms n U ∆t 2 2 Le schéma dit ’Euler explicite’ est du premier ordre en temps O ∆t. On initialise par : U 0 et U 1 pour amorcer le processus itératif à partir des conditions initiales. 3.2.2.2 Schéma centré Les dérivées sont approchées par des formules centrées autour de U n. On a pour la vitesse et l’accélération : dU dt d 2U dt 2 n Un n Un U n 1 O ∆t 2 2∆t 1 2U n U n 1 2 O ∆t ∆t 2 1 En remplaçant dans le système mécanique, il vient : Un On en déduit comme précédemment le déplacement U n 1 Cs Un 2∆t Cette approximation U n 40 1 U n 1 1 Cs Fsn 2 1 1 Ms ∆t 2 2U n ∆t 2 Un U n 2∆t Ms 1 Ms ∆t 2 KsU n Fsn en résolvant le système linéaire ci-dessous : Ks U n du déplacement au temps t n 1 O ∆t 2 Cs 2∆t Ms U n ∆t 2 1 est du second ordre en temps O ∆t 2. 3.2. Méthodologie pour le calcul structure 3.2.2.3 Schéma de Newmark Approche en accélération On a : Ms γ∆tCs β∆t Ks A 2 Cs ∆t 1 n 1 Fsn 1 Vn 1 Vn ∆t 1 Un 1 Un ∆tV n La meilleure précision est obtenue pour β γ 2β 2 ∆t Ks An Cs 2 γ An γAn 1 1 2 ∆t 1 2β An 2 Ks ∆t V n KsU n et γ 1 4 1 1 2 2βAn 1 avec un amortissement numérique réduit. Approche en déplacement En choisissant β 4Ms ∆t 2 2Cs ∆t et γ 1 2, Ks U n 1 1 4 on obtient : Fsn 1 An 1 Vn 4Ms ∆t 2 1 2 Un ∆t 2 Vn ∆t Vn 2Cs Un ∆t An 1 1 Un Vn 4Ms ∆t Cs V n Ms A n Quelque soit l’approche choisie, on initialise le processus itératif en calculant l’accélération initiale Ao par : Ms Ao Fso Cs V o Ks U o 3.2.3 Mise en oeuvre Pour tester les différents schémas numériques utilisés pour le calcul structure, on compare les résultats à une solution analytique du problème mécanique. On sait que la solution exacte du déplacement du problème homogène telle que : Ms d 2U dt 2 Cs dU dt KsU 0 On cherche un déplacement sous la forme d’une sinusoïde amortie. On peut montrer en supposant que le déplacement est nul à l’instant initial et en négligeant l’amortissement Cs devant la raideur Ks que : U t Uo e Cs 2Ms t sin ωt avec – Uo amplitude du déplacement, – ω Ks Ms pulsation du système mécanique. 41 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés On sait par ailleurs que la solution du problème complet est la somme de la solution du problème homogène et d’une solution particulière. Pour obtenir une expression simple du problème complet, on choisit une solution particulière et on en déduit l’expression de la force à imposer pour que le système mécanique soit vérifié. Ainsi la solution analytique est la suivante : U t Cs 2Ms t Uo e sin ωt sin ω1t avec – Uo amplitude du déplacement. – ω1 ω 2 et on impose une force Fs t de la forme suivante : Fs t sin ω1t d 2U1 Ms 2 dt U1 t Cs dU1 dt KsU1 Pour les valeurs numériques de la masse Ms, l’amortissement Cs et la raideur Ks, on prend : Ms 24992 kg Ks 13185 22 250 1160 28 kg s Cs 124 06 kg s 2 1 De plus pour chacun des schémas d’intégrations temporels, on initialise les déplacements et vitesses numériques à partir de la solution analytique. On peut voir les solutions obtenues pour les différents schémas numériques et l’erreur par rapport à la solution analytique. Au vu des résultats (figures 3.12, 3.13) les schémas centrés et de Newmark (schéma d’ordre deux en temps) sont les mieux adaptés pour ce type de problème. On a étudié dans cette section les propriétés numériques de différents schémas d’intégration temporelle : euler explicite, différences centrées et méthode des trapèzes et on a constaté que l’erreur numérique la plus faible était obtenue par une méthode des trapèzes. On conservera ce schéma numérique pour les simulations numériques du mouvement du tube en présence de couplage avec le fluide. 42 3.2. Méthodologie pour le calcul structure Schéma euler explicite Schéma centré Schéma de Newmark Déplacement (mm) 2 1 0 -1 0 2000 4000 Itérations 8000 6000 Erreur Déplacement (mm) F IG. 3.12 – Comparaison des déplacements obtenus par trois schémas numériques à une solution analytique. Schéma euler explicite Sch éma centré Schéma de Newmark 0.02 0.015 0.01 0.005 0 20 40 60 80 100 Itérations F IG. 3.13 – Comparaison de l’erreur à une solution analytique obtenue pour trois schémas numériques. 43 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés 3.3 Méthodologie pour le couplage fluide structure 3.3.1 Algorithmes de couplage Pour modéliser le couplage, on procède par itérations successives : on calcule tout d’abord les efforts fluides exercés sur la structure, on en déduit par la résolution du problème mécanique le déplacement du tube mobile et par conséquent la nouvelle géométrie pour le calcul fluide à l’itération suivante. Pour réaliser ce couplage, plusieurs schémas sont possibles : un schéma de couplage explicite du premier ordre en temps qui présente l’inconvénient de dissiper une partie de l’énergie mécanique du système global fluide-structure. Il ne faut pas produire d’énergie ni en dissiper à la frontière des domaines fluide et solide afin d’éviter l’apparition d’un amortissement numérique susceptible de perturber les résultats. D’autres schémas de couplage sont envisageables. Le premier consiste à faire la résolution des deux problèmes structure et fluide dans le même système d’équations. Il s’agit d’un couplage fort qui assure la conservation de l’énergie de fait mais nécessite de modifier la structure des codes fluide et structure. Une deuxième approche consiste à utiliser des schémas de couplage implicites qui font appel à des méthodes itératives pour effectuer le couplage comme la méthode de point fixe. Une troisième approche consiste à utiliser des schémas de couplage explicites modifiés pour réduire l’erreur due au couplage. On considère un couplage fluide structure, on peut estimer la variation d’énergie mécanique induite par le calcul fluide à chaque itération par : ∆E nf 1 T n Ff Xn 1 Xn où Ffn désigne les efforts exercés par le fluide sur la structure et X n et X n 1 les déplacements imposés par l’algorithme de couplage aux temps t n et t n 1 au solveur fluide. On suppose que la structure peut être modélisée par l’équation suivante : Ms A KsU Fs CsV où A, V et U désignent respectivement l’accélération, la vitesse et le déplacement de la structure. Cette équation peut-être résolue par le schéma de Newmark suivant : Ms A n 1 CsV n 1 KsU n 1 Vn 1 Fsn Vn 1 ∆t n 1 A An 2 ∆ t n 1 Un 1 Un V V n 2 avec Ms, Ks, Cs matrice de masse, de rigidité et d’amortissement. Ces matrices sont supposés symétriques et les matrices Ms et Ks sont de plus définies positives. On écrit l’énergie de la structure comme la somme des énergies cinétique et potentielle : 1T 1T Es V MsV U KsU 2 2 et la variation d’énergie induite par le calcul structure d’un pas temps t n à un pas de temps t n s’écrire : Esn Esn 1 Esn 1 T n 1 1 T n V V n Ms V n 1 V n U 2 2 1 1 1 1 ∆t TV n 2 Ms An 2 ∆t TU n 2 KsV n 2 ∆t TV n 1 2 ∆t TV n 1 2 1 44 Ms A n n Fs 1 2 1 2 KsU n CsV n 1 2 1 2 1 U n Ks U n 1 Un 1 peut 3.3. Méthodologie pour le couplage fluide structure Finalement il vient : Esn 1 T Un 1 Un 1 Fsn Fsn 1 2 2 ∆t TV n CsV n 1 2 La variation d’énergie induite par le second terme de l’équation précédente est due à l’amortissement de la structure Cs et n’est pas prise en compte dans le bilan d’énergie globale fluide-structure. Pour réduire les erreurs liées au couplage, il faut par conséquent s’assurer que l’égalité suivante est respectée : ∆Esn 1 T U n 1 n U Fsn Fsn 2 1 T n Ff Xn 1 X n ∆E nf 1 Le schéma de couplage doit être construit tel que les déplacements X n envoyés au solveur fluide et efforts Fsn envoyés au solveur structure minimisent l’écart entre ces énergies. On présente dans les paragraphes suivants trois types de schémas de couplage explicites et implicite conçus à cet effet. 3.3.1.1 Schéma A : Algorithme de couplage explicite synchrone Généralement pour déterminer le déplacement d’une structure au temps t n 1, on utilise la géométrie au temps t n pour la détermination des efforts fluides ( figure 3.14). Etape Fluide Tn−1 Tn Fn Tn+1 Tn+2 Tn+1 Tn+2 Vn Etape Structure Tn−1 Tn F IG. 3.14 – Représentation schématique de l’avancée en temps du schéma synchrone. Le principe de l’algorithme explicite synchrone est de prédire la position du domaine de calcul à l’instant t n 1 à partir de celui à l’instant t n en utilisant le développement suivant : Xn 1 Un α0 ∆tU̇ n α1 ∆t U̇ n U̇ n 1 (3.10) où – – – – U n désigne le déplacement à l ’ instant t n U̇ n et U ̇ n 1 les vitesses aux instants t n et t n 1 ∆t le pas de temps c ourant α0 et α 1 les coefficients du schéma de couplage Le déplacement étant connu, on déplace le tube avec ou sans sous-itération, les sous-itérations stabilisant le calcul fluide. On estime ensuite les efforts fluides exercés sur le tube et on détermine à l’aide du calcul mécanique son déplacement. Un choix judicieux des coefficients α 0 et α1 permet d’augmenter la précision du schéma. Si on prend α0 1 et α1 0 5, on obtient un schéma du second ordre voire du troisième ordre en h ω∆t, avec ω pulsation du système, si l’on s’assure qu’à chaque pas de temps les efforts exercés par le fluide sur la structure Fsn et les efforts "calculés" par le code fluide et exercés par le fluide sur la structure Ffn vérifient : Ffn Fsn 1 2 Fsn (3.11) 45 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés Cet algorithme a été introduit par Farhat et al. (1995, 1997). Il a donné de bons résultats pour l’étude des problèmes d’aéroélasticité (écoulement autour d’une aile d’avion, Piperno et al. 1995, 1997). On peut voir en annexe E le détail des calculs de l’ordre en temps du schéma de couplage synchrone pour le cas particulier α0 0 et α1 0. 3.3.1.2 Schéma B : Algorithme de couplage explicite asynchrone Le principe du schéma asynchrone consiste à ne pas effectuer les calculs fluide et structure aux 1 mêmes instants physiques. Ainsi le calcul fluide se fait à l’instant t n 2 et le calcul structure à l’instant t n 1 (figure 3.15). Etape Structure Tn Tn+1 Tn+2 Etape Fluide Tn−1/2 Tn+1/2 Tn+3/2 Tn+5/2 F IG. 3.15 – Représentation schématique de l’avancée en temps du schéma asynchrone. On estime les nouveaux déplacements par la prédiction suivante : 1 2 Xn Un ∆t n U̇ 2 Ensuite on effectue comme précédemment le calcul fluide et on estime les efforts exercés sur la structure à l’instant t n 1. Cette procédure conserve la géométrie sans violer la continuité des champs de vitesses à l’interface fluide-structure (Thomas et Lombard 1979). Cette conservation est due à la propriété du schéma de couplage (trapezoidal rule) : W Xn 1 2 1 2 X n ∆t Un U n ∆t 1 U̇ n 1 U̇ n 2 U̇ n où W est la vitesse imposé au maillage fluide. 3.3.1.3 Schéma C : Algorithme de couplage implicite On met en oeuvre ici un schéma de couplage implicite par une méthode de point fixe. L’algorithme utilisé ici est inspiré des travaux de Hermann (1999), LeTallec (2001), Mani (2003) et Abouri (2003). Cet algorithme consiste à faire une suite d’estimations explicites convergentes de la solution du système couplé fluide solide en utilisant un critère d’arrêt pour stopper le processus itératif. Ce critère d’arrêt peut être la norme de l’écart de vitesse ou de force entre une sous-itération et la suivante. L’algorithme implicite est le suivant : On part d’un état initial t n fluide (vitesse, pression, géométrie) et structure (déplacement, vitesse, accélération) et on procède en cinq étapes : 1. Calcul des efforts fluides F n 1 k 2. Estimation du déplacement X n 3. Déformation de la géométrie 46 1 k et de la vitesse structure V n Ωn 1 k 1 k 3.3. Méthodologie pour le couplage fluide structure 5. Calcul de l’erreur E 4. Détermination de la nouvelle géométrie Ωn Fn 1 k 1 Fn Fn 1 k 1 1 k 1 0 Si l’erreur E ε on continue les sous-itérations en repartant de l’état initial t n. On recommence n 1 k les étapes (1) à (5) en conservant la dernière vitesse calculée V pour la sous-itération suivante. Dans le cas contraire, on passe à l’instant t n 2. Ce processus de point fixe converge naturellement si la première estimation explicite n’est pas trop loin de la solution finale mais il est possible de l’accélérer en modifiant la vitesse ou la force par une méthode d’accélération Newton-Raphson (Abouri et al. 2003) (figures 3.16) ou de gradient conjugué (Daim et al. 2002). Pour ne pas dégrader l’ordre en temps du schéma de couplage, il convient d’utiliser des résolutions en temps d’ordre élevé équivalent à l’ordre en temps du schéma de couplage pour les solveurs fluide et structure. Force F y=x F(t) n+1 Sous−itération (F n+1 1 ) (F n+1 2 ) (F n+1 3 ) (F n+1 4 ) Force F y=x F(t) n+1 ( F n+1) 3 ( F n+1) 2 ( F n+1) 1 Sous−itération ( F n+1) 1 ( F n+1) 2 ( F n+1) 3 F IG. 3.16 – Représentation schématique monodimensionnelle du schéma de couplage implicite avec et sans accélération de Newton-Raphson (figure haut et bas respectivement). 47 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés 3.3.2 Propriétés des schémas 3.3.2.1 Position du problème Pour caractériser les propriétés des schémas de couplage explicites et implicite, on a choisi l’étude du couplage de deux ressorts en série non amortis de même raideur Ks et de masses différentes Ms1 et Ms2. Le système couplé peut s’écrire de la façon suivante : d 2U1 dt 2 d 2U2 Ms2 2 dt Ms1 KsU1 KsU2 KsU2 KsU1 où U1 et U2 désignent les déplacements des deux structures. Pour un tel système, la solution analytique du système couplé est connue. En effet en supposant par exemple que Ms2 Ms1 2 en régime harmonique, il vient : Asin ωt 2U1 t U1 t U2 t avec ω 3Ks1 Ms1 pulsation du système et A amplitude du déplacement avec les conditions initiales suivantes : U2 0 ∂U1 0 ∂t 2U1 0 0 ∂U2 2 0 ∂t On calcule les énergies fluide ∆E f et structure ∆Es des deux systèmes en faisant une analogie et en supposant que la première équation traduit le comportement de la structure et la seconde le comportement du fluide. Ainsi la force exercée par le fluide sur la structure sans correction est F fn KsU2n. Si on choisit le schéma explicite synchrone ou asynchrone, il faut imposer les deux relations suivantes pour minimiser l’énergie de couplage : Ffn Ffn KsU2n Fsn Fsn 2 1 Avec le schéma implicite, les extrapolations précédentes ne sont pas nécessaires puisque l’on approche la force fluide par sous-itérations. 3.3.2.2 Conservation de l’énergie à l’interface On peut voir que l’écart entre la variation d’énergie due au fluide et à la structure est sensiblement réduit par l’utilisation d’un schéma de couplage B ou C (figure 3.17) et que l’amortissement numérique induit par le couplage est le plus faible pour ces deux types de schéma (figure 3.18). De plus on compare sur la figure (3.19) l’erreur à la solution analytique pour les trois schémas de couplage A, B et C. On peut voir que l’erreur la plus faible est obtenue pour des schémas de couplage asynchrone B et implicite C. De plus pour ces deux schémas, l’erreur augmente faiblement au cours du temps. L’écart avec le schéma de couplage synchrone vient du fait que l’on ne peut pas assurer avec ce schéma la continuité des déplacements et des vitesses qui génère des erreurs sur la solution finale. De plus, on a comparé l’évolution au cours du temps de l’amortissement numérique dû au schéma de couplage. On constate que l’amortissement numérique est le plus faible pour les 48 3.3. Mé thodologie pour le couplage fluide structure schémas implicite et explicite asynchrone. De plus on identifie sur le tableau (3.2) l’amortissement numérique ξ dû aux schémas de couplage A, B et C pour un déplacement de la structure de la forme x xo eξωt sin ωt. On peut voir que l’amortissement numérique ξ est réduit par l’utilisation d’un schéma de couplage implicite C ou explicite asynchrone B. On effectue également une comparaison avec un code d’élements finis implicite. Les deux masses et le ressort sont modélisés par des éléments finis ponctuels et linéaires respectivement. La fréquence et l’amortissement obtenus avec ce couplage fort (solveur implicite) sont comparés aux algorithmes de couplage partitionnés explicites et implicite (A, B et C) sur le tableau (3.2). On constate que l’amortissement obtenu avec un algorithme de couplage partitionné ou un schéma de couplage implicite par méthode de point fixe est très proche de celui obtenu par couplage fort avec un solveur complètement implicite. 49 Chapitre 3. Méthodologie pour calculs couplés Schéma implicite Schéma explicite asynchrone Schéma explicite synchrone Energie (0.000001 J) 0.003 0.002 0.001 0 20 40 80 60 Temps (ms) F IG. 3.17 – Cas test structure-structure : comparaison de l’écart d’énergie pour les trois schémas A, B et C. Amortissement numérique (SI) 0.0002 0.00015 0.0001 Schéma implicite Schéma explicite asynchrone Schéma explicite synchrone 5e-05 0 20 40 60 Temps (ms) 80 F IG . 3.18 – Cas test structure-structure : comparaison de l’évolution de l’amortissement numérique au cours du temps avec les trois schémas de couplage A, B et C estimé à partir du déplacement. 50 3.3. Méthodologie pour le couplage fluide structure 0.01 Erreur solution analytique (mm) Schéma implicite Schéma explicite asynchrone Schéma explicite synchrone 0.005 0 -0.005 0 20 40 80 60 Temps (ms) 100 F IG. 3.19 – Cas test structure-structure : erreur à la solution analytique pour les trois schémas de couplage A, B et C. Schéma de couplage Explicite synchrone (A) Explicite asynchrone (B) Implicite (C) Couplage fort Solution Analytique f (Hz) 0 059 0 059 0 059 0 059 0 059 ξ 2 34 10 1 88 10 2 43 10 1 88 10 0 4 5 11 11 TAB. 3.2 – Comparaison analytique et numérique des trois schémas de couplage A, B et C avec un pas de temps dt 10 2 ms et une structure de masse Ms 2272 mg, de raideur Ks 105 48 mg ms 2 et d’amortissement Cs 0.
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(3.59) j=1 La fonction φ0 admet un prolongement par continuité en 0 en posant φ0 (0) = 0. On vérifie que φ0 ∈ Φ∗. Nous avons φ′′0 (1) = 1. En posant p = (1/k,..., 1/k) et q = p̂ = (Y1 /n,..., Yk /n) dans (3.50), on a 2 ln(Λk ) = 2nDφ0 (p̂, p). Pour k fixé, le cas a) du théorème 3.3.3 s'applique et permet d'avoir le même résultat que le théorème 3.3.2 du rapport de vraisemblance. • Plus généralement nous pouvons considérer la famille de fonctions définies par, φδ (t) : = 1 t(tδ − 1), δ(δ + 1) pour t ≥ 0 et δ > −1. (3.60) La fonction φ1 (voir (3.58)) est obtenue pour δ = 1 dans (3.60). La fonction φ0 (voir (3.59)), correspond au choix de δ = 0 (obtenue pour t ≥ 0, en prolongeant φδ (t) par continuité lorsque δ → 0). La famille de divergences définies à l'aide de (3.60) est appelée « power divergence ». Nous renvoyons à l'étude de Read et Cressie (1988). Les statistiques alors considérées peuvent s'écrire sous la forme de (3.18) c'est-à-dire, Chapitre 3. Critères probabilistes 129 Sfδ k,n (Y1,..., Yk ) = k X (3.61) fδ k, n ( Yj ), j=1 avec, n fδ k,n ( y) = 2 φδ k = 3.3.5 y n/k 2 y δ(δ + 1) (3.62) y n/k δ! −1 y ≥ 0. (3.63) Discussion Dans notre contexte, le nombre n de variables aléatoires X1,..., Xn dans X = [0, 1)d (voir le §3.2) est fixé à l'avance. Le nombre k = sd de cellules de la partition du pavé unité (voir (3.8) du §3.2)) n'est pas imposé, et peut être choisi. Pour appliquer le cas a) du théorème 3.3.3, nous devrons donc choisir k tel que sd << n. Un tel choix semble donc délicat, car ceci implique de disposer d'un nombre très important de points lorsque la dimension d de X est relativement élevée. L'exploitation du cas b) du théorème 3.3.3 implique que kn (ici, k dépend de n) doit être choisi de façon à ce que kn1+β < n (avec β ≥ 1). Bien qu'ici kn n puisse être une fonction strictement croissante de n avec kn → ∞, la condition (3.54) implique d'avoir un nombre important de points. Que ce soit le cas a) ou le cas b) du théorème 3.3.3, celui-ci s'applique dans le « dense case », c'est-à-dire lorsque le nombre moyen de variables X1,..., Xn par cellule de la partition de X considérée, noté λ (voir (3.15)), est strictement supérieur à 1. Pour revenir au « sparse case » (λ < 1), nous allons faire l'hypothèse suivante sur kn et n, nous supposerons que n pour n → ∞, kn → ∞, → λ∞, (3.64) kn où λ∞ ∈ R est une constante strictement positive. Nous verrons qu'il existe des résultats analogues à ceux du cas b) du théorème (3.3.3). 3.4 « Sparse case » Dans ce qui suit, nous ferons usage des notations du §3.2 et considérerons des statistiques de la forme de (3.18) dont nous rappelons l'expression ci-dessous : Sfn,kn (Y1,..., Ykn ) = kn X j=1 {fn,kn (Yj )}, (3.65) Chapitre 3. Critères probabilistes 130 où ici, kn est un entier qui dépend de n, et (Y1,..., Ykn ) un vecteur aléatoire de loi multinomiale de paramètres (n, 1/kn,..., 1/kn ) (voir (3.12) et (3.14)). Nous supposerons que n → ∞, kn → ∞, n → λ∞. kn (3.66) Le contexte est donc différent du §3.3 puisqu'ici, il est possible de considérer le cas où 0 < λn < 1 (avec λn = n/kn ). Ceci signifie qu'en « moyenne », le nombre de points par cellule pourra être inférieur à 1 (voir l'équation (3.15) du §3.2). Un premier paragraphe présentera des résultats issus du théorème de Holst (1972). Celui-ci permettra, entre autres, l'étude du nombre de cellules vides (i.e. ne contenant aucun point) de la partition de l'espace X (cf. §3.2). Nous parlons alors de « sparse test » (cf. L'Ecuyer et al. (2002)). Nous proposerons ensuite une stratégie dont l'objectif est de déterminer le plus grand pavé (constitué de cellules) ne contenant aucun point. 3.4.1 Application du théorème de Holst (1972) Nous désignons par Z1,..., Zkn des variables aléatoires indépendantes et de même loi de Poisson de paramètre λ : = n/kn, et nous posons, Sf⋆n,kn (Z1,..., Zk n ) = kn X j=1 μSf⋆ n,kn σS2 ⋆ f = (3.67) E [fn,kn (Zj )], (3.68) j=1 = n,kn kn X {fn,kn (Zj )}, kn X Var [fn,kn (Zj )] j=1  2 kn X 1 Cov [Zj, fn,kn (Zj )]. −  n j=1 Nous avons le théorème suivant. Théorème 3.4.1 (Holst (1972)) Nous reprenons les notations ci-dessus, et faisons les hypothèses suivantes. i) Soit gn une fonction mesurable de [0, ∞) × [0, 1] dans R telle que fn,kn (Yj ) = gn (Yj, j/kn ). (3.69) Chapitre 3. Critères probabilistes 131 ii) Soient c1 ∈ R, c2 ∈ R des constantes, ne dépendant pas de n, telles que, |gn (u, v)| ≤ c1 exp(c2 y). iii) Soient n et kn qui vérifient (3.66). iv) Soit σS2 ⋆ fn,k n qui vérifie σS2 ⋆ fn,k n 0 < lim inf ≤ lim sup n σS2 ⋆ fn,k n n < ∞. Alors, on a Sfn,kn (Y1,..., Yk ) − μSf⋆ L n,kn −→ N (0, 1). σSf⋆ n,kn (3.70) • On vérifie que le théorème 3.4.1 s'applique, entre autres, pour les « power divergence statistics », définies en (3.50) et (3.60). Nous notons, pour δ ≥ 0 (voir aussi (3.59), (3.58) pour, δ = 0, δ = 1), kn X Sfδ kn,n (Y1,..., Ykn ) = fδ kn,n (Yj ), (3.71) j=1 avec, fδ kn,n (y) = 2y δ(δ + 1) y n/kn δ! −1 pour y ≥ 0. (3.72) • Les hypothèses faites sur n et kn en (3.66) permettent aussi d'introduire, pour y ≥ 0, les fonctions indicatrices de la forme fkn,n (y) = 1 y=m avec m ≥ 0, et fkn,n (y) = 1 y≥m avec m ≥ 1. En effet, celles-ci ne pouvaient pas être considérées lorsque k est fixé et n → ∞. Dans ce cas, par la loi forte des grands nombres, les statistiques Sfk,n (Y1,..., Yk ) = Pk Pk j=1 1 Yj ≥m, convergent presque sûrement, vers 0, j=1 1 Yj =m, et Sfk,n (Y1,..., Yk ) = et vers k, respectivement. Nous posons, Seq(m) k Sup(m) k n,n n,n (Y1,..., Yk ) = kn X 1 Yj =m, pour m ≥ 0, 1 Yj ≥m, pour m ≥ 1. j=1 (Y1,..., Yk ) = kn X j=1 (3.73) Chapitre 3. Critères probabilistes 132 Seq(m) (Y1,..., Yk ) s'interprète comme le nombre de cellules Aj, j = 1,..., kn, contenant exactement m variables parmi les X1,..., Xn (cf. (3.8), (3.12)). Sup(m) k,n (Y1,..., Yk ) s'interprète comme le nombre de cellules Aj, j = 1,..., kn, n contenant au moins m variables parmi les X1,..., Xn (cf. (3.8), (3.12)). • Pour effectuer le test défini par (3.16) et (3.17) nous utiliserons les statistiques définies par, Tfδ n,kn = Sfδ n,kn (Y1,..., Ykn ) − μSf⋆ δ n,kn, σS2 ⋆ (3.74) fδ n,k n Teq(m)kn,n = ⋆ Seq(m) ( Y 1, ... , Ykn ) − μSeq(m) = ⋆ Sup(m) (Y1,..., Ykn ) − μSup(m) σS2 ⋆, (3.75), (3.76) eq(m) Tup(m)kn,n σS2 ⋆ up ( m) où μSf⋆ δ n,kn, σS2 ⋆ fδ n,k n ⋆, μSeq(m), σS2 ⋆ eq(m) ⋆, μSup(m), σS2 ⋆ up(m), sont obtenues à l'aide de (3 .68), (3.69), avec, respectivement, fδ n,kn (cf. (3.72)), fm (y) = 1 y=m, y ≥ 0, et fm (y) = 1 y≥m, y ≥ 0. Après calcul, nous obtenons, ⋆ μSeq(m) σS2 ⋆ eq(m) ⋆ μSup(m) σS2 ⋆ up(m) λm exp(−λ), m! i2 1h ⋆ ⋆ ⋆ = k μSeq(m) 1 − μSeq(m) − k μSeq(m) (m − λ), n = m−1 X λl exp(−λ), l! l=0 ⋆ ⋆ = k μSup(m) 1 − μSup(m)!#2 " m−1 X λl ⋆ l exp(−λ) − λ μSup(m), − k λ− l! = 1− (3.77) (3.78) (3.79) (3.80) l=0 et, pour δ = 1, μSf⋆ 1n,kn σS2 ⋆ f1n,k n = kn, 1 1 − [kn (λ + 1)]2. = kn λ + 4 + λ n (3.81) (3.82) Chapitre 3. Critères probabilistes 133 Par application du théorème 3.4.1 nous avons : Tfδ n,kn −→ N (0, 1), L (3.83) Teq(m)kn,n −→ N (0, 1), L (3.84) Tup(m)kn, n − → N (0, 1). L (3.85) • Pour un niveau de puissance a, on déduit de (3.83), (3.84) et (3.85) les régions critiques suivantes du problème de test défini par (3.16) et (3.17), n o Tfδ n,kn ≥ ca/2, Ra , Tfδ = ( 3.86 ) n,kn n o Teq(m)kn,n ≥ ca/2, Ra,Teq(m) = (3.87) kn,n n o Tup(m)kn,n ≥ ca/2, Ra,Tup(m) = (3 .88) kn ,n où ca/2 correspond au a/2 quantile supérieur d'une loi normale centrée réduite, N (0, 1). Lorsque m = 0, effectuer un test à l'aide de Teq(0)kn,n (voir (3.75)) revient à considérer le nombre de cellules « vides » (i.e. ne contenant aucune variable X1,..., Xn, cf. (3.12) du §3.2). La région critique (3.87) nous fournira alors les nombres minimum et maximum, (associés à un niveau de puissance a) de ces cellules vides. Ceci nous permettra de vérifier que les variables X1,..., Xn « recouvrent » l'hypercube unité de façon satisfaisante (au sens de la puissance du test a que nous aurons spécifiée) sans qu'il existe un nombre trop faible ou trop important de « trous » (i.e. de cellules vides). Lorsque Teq(0)kn,n ∈ Ra,Teq(0) (le test est rejeté), nous présentons ci-dessous une kn,n stratégie dont l'objectif est de déterminer le plus grand pavé constitué de cellules ne contenant aucun point. 3.4.2 Recherche du « plus grand pavé vide » Conformément à la notation (3.8) du §3.2, nous notons, pour un ensemble d'entiers j1,..., jd, tels que 1 ≤ j1 ≤ s,..., 1 ≤ jd ≤ s, Aj1,,jd : = [(j1 − 1)h, j1 h) × [(j2 − 1)h, j2 h) ×... × [(jd − 1)h, jd h), (3.89) une cellule de la partition de l'hypercube unité X. Nous nous intéressons à présent à « l'emplacement » des cellules et notons, Yj1,,jd = n X 1 Xi ∈Aj1,,jd, i=1 j1,..., jd ∈ {1,..., s}. (3.90) Pour un entier b ≥ 1, pour des indices, s − b + 1 ≥ j1 ≥ 1, et s − b + 1 ≥ jd ≥ 1 nous posons, Wb j1,,jd (Y1,,1,..., Ys,,s ) = j1X +b−1 r1 =j1 jdX +b−1 rd =jd Yr1,,rd. Les Wb j1,,jd, définis ci-dessus, correspondent au nombre de variables X1,..., Xn, contenues dans des pavés « carrés », union de b ×... × b cellules, dont les côtés sont parallèles aux axes de l'hypercube unité et ont tous la même longueur b/s. Nous considérerons Sminb (Y1,,1,..., Ys,,s ) = min 1 ≤ j1 ≤ s − b + 1, 1 ≤ jd ≤ s − b + 1 Wb j1,,jd (Y1,,1,..., Ys,,s ), (3.92) le pavé contenant le moins de variables. Nous ferons varier la taille des pavés à l'aide de diffréntes valeurs b1,..., bl, et retiendrons le plus grand pavé ne contenant aucun point, Wb o (Y1,,1,..., Ys,,s ) = max b∈{b1,,bl } {Sminb (Y1,,1,..., Ys,,s ) : Smin b (Y1,,1,..., Ys,,s ) = 0}. (3.93) 0.6 0.0 0.2 0.4 x(2) 0.8 1.0 Un tel pavé est illustré Figure 3.2 (en vert). Cette technique nous permettra de localiser les parties « vides » de l'hypercube unité (i.e. ne contenant pas de variables X1,..., Xn ). 0.0 0.2 0.4 0.6 x(1) 0.8 1.0 Fig. 3.2 – Représentation du plus grand pavé vide pour un ensemble de n = 150 points dans X = [0, 1)2 avec une partition en k = 25 × 25 cellules. De façon analogue, nous considérerons dans le paragraphe suivant des pavés « carrés » constitués de cellules. L'objectif sera de déterminer si ces pavés contiennent un nombre important de points en comparaison avec des variables aléatoires indépendantes et de loi uniforme dans X. Chapitre 3. Cri istes « Scan Statistics » Nous considérons l'ensemble des notations du §3.2 et étudierons ci-dessous le cas où X = [0, 1)2 (d = 2). Comme précédemment, nous testerons l'Hypothèse H0unif d'indépendance et d'uniformité des X1,..., Xn dans X. L'objectif poursuivi ici est de vérifier qu'il n'existe pas de parties de l'hypercube unité X contenant un nombre « trop important » (dans un sens précisé plus loin) de variables X1,..., Xn. Nous proposons d'utiliser des résultats issus de la théorie des « scan statistics ». Ces statistiques sont utilisées dans de nombreux domaines (santé publique, étude de séquences d'ADN, télécommunications, etc.), voir Glaz et al. (2001), et aussi, Deheuvels et al. (1988). Elles consistent à effectuer un « balayage » (« scaning ») du temps ou de l'espace à la recherche de groupes d'événements. Dans le contexte présenté au §3.2, nous prendrons en compte des groupes de variables X1,..., Xn compris dans des pavés constitués de cellules Aj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s. Pour 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, nous désignons le nombre de variables X1,..., Xn contenues dans un pavé « carré » constitués de b × b cellules par Wb j1,j2 (Y1,1,..., Ys,s ) = +b−1 j1X +b−1 j2X r1 =j1 Yr1,r2. (3.94) r2 =j2 Nous renvoyons à (3.90) pour la définition de Yr1,r2. Nous introduisons, pour un entier b ≥ 1, Mb (Y1,1,..., Ys,s ) = max 1 ≤ j1 ≤ s − b + 1, 1 ≤ j2 ≤ s − b + 1 Wbj1,j2 (Y1,1,..., Ys,s ). (3.95) Cette statistique s'interprète comme le nombre maximum de variables X1,..., Xn contenues dans des pavés « carrés » (union de b × b cellules). Lorsque les variables Yj1,j2 (voir (3.12) et (3.90)), sont indépendantes et identiquement distribuées, il est possible de déterminer la loi de Mb (Y1,1,..., Ys,s ) (voir Glaz et al. (2001)). Cependant, dans le contexte décrit au §3.2, les Yj1,j2 ne vérifient pas cette hypothèse (leur somme vaut n). 3.5.1 Approximation par une loi de Poisson conditionnelle Faisons l'hypothèse asymptotique (3.66), c'est-à-dire, supposons que n → ∞, kn → ∞, n → λ∞. kn (3.96) En considérant λn = n/kn défini comme en (3.15), l'équation (3.13) caractérisant la Chapitre 3. Critères probabilistes 136 loi des Yj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, (cf. (3.12), (3.90)) se ré-écrit, P(Yj1 , j2 = n1 ) = = n1 n! λn n−n1 λn 1− n1!(n − n1 )! n n n−n1 n 1 λn n! λn. 1− n 1 n1! n n (n − n1 )! (3.97) Pour n1 un entier fixé, pour n et kn qui vérifient (3.96), l'équation (3.97) implique que P(Yj1,j2 = n1 ) −→ λn∞1, exp(−λ∞ ). n1! (3.98) Par conséquent, pour 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, la loi asymptotique (au sens de (3.96)) de Yj1,j2 est une loi de Poisson de paramètre λ∞. De la même façon, pour n1 et n2 des entiers fixés, remarquons que l'équation (3.20) se ré-écrit, pour (jr1, jr2 ) 6= (jr3, jr4 ), P(Yjr1,jr2 = n1 ; Yjr 3, jr 4 = n2 ) = = n1 +n2 n! λn 2λn n−n1 −n 2 1− n1!n2!(n − n1 − n2 )! n n n n n 1 2 λn λn 2λn 1− n1! n2! n −n1 −n2 n! 2λn. (3.99) × 1− n +n 1 2 n n (n − n1 + n2 )! Nous obtenons, pour n et kn qui vérifient (3.96), P(Yjr1,jr2 = n1 ; Yjr3,jr4 = n2 ) −→ λn∞1 λn2 exp(−λ∞ ) ∞ exp(−λ∞ ). n1! n2! (3.100) Les équations (3.98) et (3.100) impliquent l'indépendance asymptotique (au sens de (3.96)) de Yjr1,jr2 et Yjr3,jr4. De la même façon il est possible de montrer l'indépendance asymptotique des Yj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, lorsque n et kn vérifient (3.66). Nous avons donc la proposition suivante. Chapitre 3. Rappelons que nous nous plaçons dans le contexte où le nombre n de variables X1,..., Xn dans X = [0, 1)d sera limité et le nombre de cellules k = s2, que l'on spécifiera, pourra être important (cf. a) b) c) du §3.2). Par conséquent, pour 1 ≤ j1 ≤ s 1 ≤ j2 ≤ s, les variables Yj1,j2, correspondant aux nombres de variables X1,..., Xn, par cellule Aj1,j2, prendront des valeurs faibles (par rapport à n). Ainsi, pour de faibles valeurs n1 et n2 (n1 << n et n2 << n) dans (3.97), et (3.99), les approximations données par les limites dans (3.98), et (3.100) seront justifiées. Cependant, considérer les variables Yj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, comme indépendantes reviendrait à ne pas prendre en compte le fait que leur somme vaut n (cf. le §3.2). Remarquons de plus que le théorème 3.4.1 montre qu'il n'est pas possible d'appliquer le théorème central limite (qui s'applique lorsqu'il y a indépendance). Pour considérer les variables Yj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, comme indépendantes et prendre en compte le fait que leur somme est égale à n, nous considérerons les variables conditionnelles,  Yj1,j2 s s X X j1 =1 j2 =1  Yj1,j2 = n . (3.10 2) Les Yj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s étant considérées comme des variables aléatoires indépendantes de loi de Poisson de paramètre λ = n/k, la loi jointe des variables condi- Chapitre 3. Critères probabilistes 138 tionnelles définies en (3.102) s'écrit à l'aide de la formule de Bayes,   s X s X P Y1,1 = n1,..., Ys,s = nk Yj1,j2 = n  j1 =1 j2 =1 = = = P P P Y1,1 = n1,..., Ys,s = nk, sj1 =1 sj2 =1 Yj1,j2 = n P Ps s Y = n P j1 =1 j2 =1 j1,j2 n! exp(−kλ) λn n1!... nk! exp(−kλ)(kλ)n n n! 1. n1!... nk! k (3.103 ) Les variables conditionnelles (3.102) suivent donc une loi multinomiale de paramètres (n, (1/k,..., 1/k)). Ainsi, que l'on choisisse de considérer les variables représentant le nombre d'éléments contenus dans une cellule Aj1,j2, 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, comme des variables aléatoires dépendantes de loi binomiale (cf. (3.13), (3.14)), ou comme des variables aléatoires conditionnelles (cf. (3.102)), la loi jointe de l'ensemble de ces variables est la même (loi multinomiale de paramètres (n, (1/k,.. ., 1/k))). Dans ce qui suit, nous ferons l'hypothèse que pour 1 ≤ j1 ≤ s, 1 ≤ j2 ≤ s, les variables Yj1,j2 sont indépendantes et équidistribuées de loi de Poisson de paramètre λ = n/k. A l'aide de la notation (3.95), pour un entier b ≥ 1, nous introduisons la variable conditionnelle,   s s X X (cond) Mb (Y1,1,..., Ys,s ) = Mb (Y1,1,..., Ys,s ) Yj1,j2 = n . (3.104) j1 =1 j2 =1 (cond) correspond à la « conditional two-dimensional discrete scan statisAinsi définie, Mb tic » (voir Glaz et al. (2001)). Il est alors possible d'effectuer différentes approximations de la loi de cette statistique conditionnelle. 3.5.2 Lois des « conditional two-dimensional discrete scan statistic » (cond) Nous présentons ci-dessous des approximations de la loi de Mb (Y1,1,..., Ys,s ) (cf. (3.104)). Pour une démonstration détaillée des expressions que nous fournirons, nous renvoyons à Glaz et al. (2001), Chen et Glaz (2002). Nous utilisons la nomenclature suivante. Pour un entier b ≥ 1, pour un indice 1 ≤ j1 ≤ s − b + 1, nous notons  s−b+1 \ Ej1 (m) =, Wb j1,j2 (Y1,1,..., Ys,s ) < m2  (3.105) j2 =1 0.6 0.0 0.2 0.4 x(2) 0.8 1.0 (où Wb j1,j2 est définie en (3.91)). Nous appelons « colonne » du carré unité, une bande verticale de largeur b/s constituée de b × (sb) cellules (voir Figure 3.3). L'événement Ej1, 1 ≤ j1 ≤ s − m + 1, consiste à considérer que les cardinalités des pavés carrés de b × b cellules constituant une « colonne » (dont l'abscisse inférieure gauche est en (j1 − 1)/s) sont toutes strictement inférieures à m2. 0.0 0.2 0.4 0.6 x(1) 0.8 1.0 Fig. 3.3 – Pavé (en vert) constitué de 2×2 cellules contenu dans une « colonne d'abscisse inférieure gauche 0 » pour une partition de [0, 1)2 en k = 25 × 25 cellules. Nous notons l'événement,  B =  s s X X j1 =1 j2 =1  Yj1,j2 = n. (3.106) (cond) Les approximations de la loi de Mb feront intervenir les quantités P(E1 (m)|B), P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B), P(E1 (m) ∩ E3 (m)|B) et P(E1 (m) ∩ E2 (m) ∩ E3 (m)|B). Pour calculer ces quantités, nous procéderons de la manière suivante. Soit (N1,1,., Ns,s ) un vecteur de loi multinomiale de paramètres (n, (1/s2,., 1/s2 )). Chapitre 3. Critères probabilistes 140 On déduit de (3.94) et (3.103) (où k : = s2 ), que, pour 1 ≤ j1 ≤ s−b+1, 1 ≤ j2 ≤ s−b+1 ,   s+b−1 s+b−1 X X L Wb j1,j2 ≤ m2 | B =  Nj1,j2 ≤ m − 1. (3.107) j1 =t j2 =t Ainsi, pour t = 1, 2, 3, on a    t s−b+1 s+b−1 \ X X s+b−1 \  P Er (m) |B = P Nj1,j2 ≤ m − 1, (3.108)  r=1 r=1 j2 =1 j1 =t j2 =t    s+b−1 \ s−b+1 \ X X s+b−1  P {E1 (m) ∩ E3 (m) | B } = P Nj1,j2 ≤ m − 1. (3.109)  ( t \ ) r=1,3 j2 =1 j1 =t j2 =t Pour estimer les quantités ci-dessus, nous ferons des simulations de vecteurs aléatoires N 1,1,., Nb+2,s de loi P (N1,1 = n1,1,., Nb+2,s = nb+2,s ) ∗ n (b + 2) × s n−n n 1, 1− = s s2 n1,1. nb+2,s (n − n∗ ) (3 .110) P Ps où n∗ = b+2 j1 =1 j2 =1 nj1,j2. Nous organiserons ces vecteurs sous forme de matrices de taille (b + 2) × s. Pour l'estimation de P(E1 (m) | B) nous considérerons les b premières lignes des ces matrices. Nous calculerons la proportion de ces matrices (de taille b × s) telles que, les sommes des éléments de toutes les sous-matrices carrées b × b que l'on peut définir sont strictement inférieures à m.Les estimations de P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B), P(E1 (m) ∩ E3 (m)|B) et P(E1 (m) ∩ E2 (m) ∩ E3 |B) sont analogues. (cond) (cf. (3.104)) est donnée par • Une approximation de la loi de Mb (cond) P Mb (Y1,1,. (3.111) Nous renvoyons à Chen et Glaz (2002) pour la démonstration de cette approximation. • En utilisant des lois de Poisson, il est possible d'obtenir (cond)(Y1,1,,Ys,s ) P Mb ≥m ≈ 1 − exp(−β(m)), avec, β(m) = (s − b + 1)(1 − P(E1 (m)|B)). (3.112) Chap • Par composition de lois de Poisson, nous avons (voir Ross (1993, 1994) et Glaz et al. (2001)), (cond) P Mb (Y1,1,..., Ys,s ) ≥ m ≈ 1 − exp(−β1 (m) − β2 (m) − β3 (m)), (3.113) avec, βi (m) = 1 [2π1,i + (s − b − 1)π2,i ], i i = 1, 2, 3, β1 (m) = 1 [2π1,i + (s − b − 1)π2,i ] i i = 1, 2, 3, où, et, π1,1 = P(E1 (m)|B) − P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B), π1,2 = 1 − 2P(E1 (m)|B) + P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B), π2,1 = P(E1 (m) ∩ E3 (m)|B) − P(E1 (m) ∩ E2 (m) ∩ E3 (m)|B), π2,2 = 2 [P(E1 (m)B) − P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B) − P(E1 (m) ∩ E3 (m)|B) + P(E1 (m) ∩ E2 (m) ∩ E3 (m)|B)], π2,3 = 1 − 3P(E1 (m)B) + 2P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B) + P(E1 (m) ∩ E3 (m)|B) −P (E1 (m) ∩ E2 (m) ∩ E3 (m)|B). • A l'aide d'inégalités à la Bonferroni, on montre que (voir Glaz et al. (2001)) (cond) P Mb (Y1,1 ,... , Ys,s ) ≥ m ≤ 1 + (s − b − 1) P(E1 (m)|B) −(s − b) P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B), (3.114) et (cond) P Mb (Y1,1,..., Ys,s ) ≥ m ≤ 1 + (s − b − 1) P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B) −(s − b − 1) P(E1 (m) ∩ E2 (m)|B). (3.115) Le Tableau 3.2 présente le calcul des expressions (3.111), (3.112), (3.113), (3.114), pour différentes valeurs de n, k, b, et m (voir aussi Glaz). La colonne Simu présente des estimations obtenues par simulation dans le contexte du §3.2. On fait nsimu simulations de n variables aléatoires dans le carré unité. Pour chaque simulation, on considère le nombre maximal de points contenus dans un pavé de b × b cellules. La colonne Simu donc représente la proportion de ce nombre tel que celui-ci est supérieur à m. Ce tableau montre que, dans le contexte du §3.2 la considération de Mbcond (Y1,1,..., Ys,s ) présentée Chapitre 3. Critères probabil istes 142 s 25 b 5 n 150 m 12 13 14 15 16 17 18 19 (3.111) 0.8952 0.6784 0.4006 0.1895 0.0794 0.0278 0.0100 0.0027 (3.112) (3.113) (3.114) Simu 0.945 0.722 0.415 0.21 0.085 0.038 0.014 0.006 25 5 300 0.9193 0.7766 0.5761 0.3747 0.2137 0.1097 0.0521 0.0252 0.946 0.819 0.59 0.369 0.201 0.106 0.052 0.02 (cond) Tab. 3.2 – Approximations de P(Mb (Y1,1,..., Ys,s ) ≥ m) ci-dessus fournit des résultats corrects. Pour effectuer le test de répartition uniforme des variables X1,..., Xn dans [0, 1)2, nous chercherons nb max, le nombre maximum de variables contenues dans un pavé consitué de b × b cellules. Nous rejetterons le test si (cond) P Mb (Y1,1,..., Ys,s ) ≥ nb max ≤ a, (3.116) où a est la puissance du test. 3.5.3 Cas continu Il est aussi possible d'utiliser les « scan-statistics » dans le cas continu (i.e. sans effectuer de partition de l'espace X en cellules). Pour des valeurs, 0 < u1 < 1 et 0 < u2 < 1 fixées, on désigne par Wt1,t2 (u1, u2 ; Y1,1,., Ys,s ) le nombre de variables X1,., Xn, contenues dans un rectangle [t1, t1 + u1 ) × [t2, t2 + u2 ) ⊂ [0, 1)2, où 0 ≤ t1 ≤ 1 − u1, 0 ≤ t2 ≤ 1 − u2, et on considère la statistique, Mu1,u2 (Y1,1,., Ys,s ) = max 0 ≤ t1 ≤ 1 − u 1 0 ≤ t2 ≤ 1 − u 2 {Wt1,t2 (u1, u2 ; Y1,1,., Ys,s )}. (3.117) • D'après Naus (1965), des minorations et des majorations de la loi de probabilité de Chapitre 3. Critères probabilistes 143 cette variable convergent, pour de faibles valeurs de u1 et u2 vers, n P(Mu1,u2 (Y1,1,., Ys,s ) ≥ m) = m2 (u1 u2 )m−1 + o [u1 u2 ]k−1. (3.118) s • Lorsque u1 > 0, u2 > 0, et ε > 0, sont tels que m = N u1 u2 (1 + ε) est un entier, pour de grandes valeurs de n, on a (voir Loader (1991)), P (Mu1,u2 (Y1,1,., Ys,s ) ≥ m) ≈ m2 u1 u2 (1 − u1 )(1 − u2 )ε3 B(m, n, u1 u2 ) (1 − u1 u2 )3 (1 + ε) nu2 (1 − u1 )ε nu1 (1 − u2 )ε2 + + 1 − u1 u2 (1 + ε)(1 − u1 u2 )2 (1 + ε)(1 − u1 u2 ) + B(m, n, u1 u2 ), ε (3.119) avec n (u1 u2 )m (1 − u1 u2 )n−m. B(m, n, u1 u2 ) = m (3.120) • Nous considérons à présent l'hypercube unité X = [0, 1]d. De façon analogue au cas d = 2, nous présentons la loi de Mu1,,ud (Y1,,1,., Ys,,s ), le nombre maximal de variables X1,., Xn ∈ X contenues dans des hyperrectangles de côté u1,., ud parallèles aux axes. Nous notons w = u1 × . Nous renvoyons aux équations (3.72), (3.73), et (3.104) pour leurs définitions. Comme précisé dans le §3.4 (« Sparse case »), ces statistiques permettent de tester l'hypothèse d'indépendance et de répartition uniforme de variables X1,..., Xn ∈ X = [0, 1)d. Cependant, elles s'interprètent de façon différente et permettent d'étudier plusieurs caractéristiques de X1,..., Xn. Ci-dessous, nous précisons leurs interprétations, et présentons quelques applications des tests présentés au §3.4 et 3.5. • Utilisation de Sf1 Effectuer un test à l'aide de la statistique Sf1 revient à effectuer un test d'adéquation (ou ajustement) de loi de probabilité. Nous testons en fait l'hypothèse p = (1/k,..., 1/k) où p est la loi de probabilité des 1 Aj (Xi ), j = 1,..., k (voir le §3.2). La statistique Sf1 s'interprète comme une « distance » entre la loi de probabilité p = (1/k,..., 1/k) et la loi de probabilité empirique p̂ = (Y1 /k,..., Yk /k) (cf. les §3.2 et §3.4). Nous choisirons s, tel que le nombre de cellules k soit supérieur à n (i.e. k = sd > n). Nous augmenterons ensuite s afin d'effectuer plusieurs tests. Ce test peut parfois être rejeté pour certaines valeurs de s et accepté pour d'autres. Par exemple, pour la suite de variables X1,..., X150 représentée Figure 3.4 (150 points dans X = [0, 1)2 ), pour un niveau de puissance a = 0.1, le test a été rejeté pour k = 132, 142 et accepté pour k = 152 (1 ). Pour comprendre ce phénomène, on effectuera, par exemple, différents tests à l'aide 1 il est rejeté aussi pour s = 162, 172, 182, 202 et accepté pour s = 192 itre 3. Critères probabilistes 145 0.6 0.0 0.2 0.4 x(2) 0.8 1.0 de Seq(m), ou Sup(m). Précisons que pour s = 15, le calcul de la région d'acceptation de niveau a = 0.1 (complémentaire de la région critique, cf. le §3.1), obtenu à l'aide de (3.81), (3.82) et (3.83), aboutit à Rca (Sf1 ) = [191, 259]. Nous observons une valeur de la statistique Sf1 = 249 ∈ [191, 259]. 0.0 0.2 0.4 0.6 x(1) 0.8 1.0 Fig. 3.4 – Ensemble de 150 points dans X = [0, 1)2 • Utilisation de Seq(m) et Sup(m) La première de ces statistiques, Seq(m), s'interprète comme le nombre de cellules contenant exactement m points. Lorsqu'un test effectué à l'aide de Sf1 est rejeté, on pourra utiliser cette statistique afin de caractériser une des propriétés singulières de la suite de variables X1,., Xn étudiée. Par exemple lorsque m = 0, Seq(m) représente le nombre de cellules vides (ne contenant aucune variable X1,., Xn ), et peut donc s'interpréter comme le nombre de « trous » dans la partition de X. Le rejet d'un test faisant usage de Seq(m) indique que le nombre de cellules vides est soit insuffisant, soit trop important (par comparaison au nombre obtenu lorsque X1,., Xn est une suite de v.a. i.i.d. de loi uniforme). Pour m > 0, la statistique Sup(m) correspond au nombre de cellules contenant au moins m points. Ainsi, nous pourrons évaluer si cette quantité est soit trop faible, soit trop élevée, en comparaison avec une suite de v.a i.i.d. uniformes. En pratique, k = sd doit être relativement élevé, de façon à ce que puisse être étudiée la répartition des variables X1,., Xn dans de nombreuses sous-parties (cellules) de X. Comme nous avons choisi k supérieur à n, le nombre m intervenant dans Seq(m) et Sup(m) devra être faible. En effet, pour m grand, les probabilités P(Seq(m) ≥ m), P(Sup(m) ≥ m), Chapitre 3. Critères probabilistes 146 m 0 1 2 3 4 Seq(m) 122 65 31 5 2 Rca Seq(m) [109, 122] [66, 88] [20, 32] [3, 9] [0, 2] Sup(m) Rca Sup(m) 103 38 7 2 [103, 116] [28, 37] [4, 10] [0, 2] Tab. 3.3 – Valeurs et régions d'acceptation de Seq(m) et Sup(m) pour X1,., X150 (cf. Figure 3.5) (k = 152 ) convergent vers 0. Reprenons l'exemple de l'ensemble de 150 variables dans X = [0, 1)2 illustré par la Figure 3.4. Nous fixons k = 152 et essayons de comprendre pourquoi le test effectué avec Sf1 a été accepté. 0.0 0.2 0.4 0.6 x(1) 0.8 1.0 Fig. 3.5 – Localisation d'un groupe de points à l'aide de la « scan statistic » parmi l'ensemble illustré 3.4 (k = 252, b = 5) • L'exemple présenté illustre qu'il est parfois délicat d'interpréter certains résultats de tests. Cependant, les statistiques que nous avons présentées permettent de caractériser quelques propriétés d'un ensemble de variables X1,..., Xn dans X = [0, 1)d. Par comparaison avec une suite de variables aléatoires indépendantes et uniformes, les résultats concernant l'ensemble illustré Figure 3.4 montrent que la proportion générale de variables dans les cellules semble convenable (test accepté avec Sf1 ), mais que l'ensemble présente certaines pathologies, – nombre de cellules vides élevé, Seq(0) = 122, – nombre de cellules contenant un unique point « anormalement » faible, Seq(1) = 65 < 66, – nombre de cellules contenant plus de deux variables « anormalement » élevé, Sup(2) = 38 > 37, – existence d'un groupe de variables de cardinalité importante, (cond) P Mb ≥ 18 ≈ 0.1. Par conséquent, nous rejetterons l'hypothèse d'indépendance et d'uniformité de la suite X1,..., X150. 3.7 Discussion Dans la pratique, il est nécessaire d'effectuer l'ensemble des tests présentés, et de faire varier le nombre de cellules de façon à avoir un aperçu global de la répartition de la suite de variables étudiée dans l'hypercube unité2. On pourra alors avoir recours au contrôle du risque multiple (voir, par exemple, Lallich et al. (2004)). Pour l'étude d'un ensemble de points dans l'hypercube unité, ces statistiques nous permettront, entre autres, de localiser certaines parties « vides » de l'espace (i.e. ne contenant aucune variables) voir (3.93) du §3.5. Si une spécification de points est possible en vue d'améliorer la répartition uniforme de l'ensemble, celle-ci pourra se faire dans cette partie. La « localisation » de groupes de points redondants se fera à l'aide des « scan statistics ». Si une suppression de points est envisageable en vue d'améliorer la répartition uniforme de l'ensemble, nous choisirons un (ou des) point(s) de ce groupe. L'ensemble obtenu devra faire l'objet de nouveaux tests de façon à accepter l'hypothèse de répartition uniforme. En dimension élevée la partition du pavé unité devient délicate, le nombre de cellules devient vite important puisqu'il s'agit d'une fonction exponentielle de la dimension. Les résultats concernant les lois des « scan statistics » discrètes en dimension supérieure à deux font actuellement l'objet de recherche (cf Glaz et al. (2001)). 2 Ces tests ont été programmés avec le logiciel R et sont réalisables en dimension assez grande (8 ou 9) avec un nombre de cellules inférieur à 39 (temps de calcul de l'ordre d'une heure pour le cas de la dimension 9 avec 39 cellules). Chapitre 3. Critères probabilistes Conclusion L'objectif des travaux de recherche présentés dans ce mémoire est l'analyse d'une base de données en vue d'effectuer la calibration d'un code de calcul. Nous nous sommes placé dans le contexte général où la fonction de code, c'est-à-dire le modèle représentant un phénomène expérimental, est analytiquement inconnue. Nous avons aussi supposé que la méthode de calibration, i.e. d'estimation des paramètres, n'a pas été choisie. Ainsi, l'objectif de notre étude consistait à vérifier que les données en entrée de la fonction de code occupent au mieux leur domaine de variation (ce qui correspond à la notion de « space filling »). Pour atteindre cet objectif, nous avons distingué deux approches qui se différencient par la modélisation des données, • l'approche déterministe où les données sont considérées comme des variables « déterministes », • l'approche probabiliste où les données sont considérées comme des variables aléatoires. • Concernant l'approche déterministe, nous avons introduit de nombreux critères utilisés parfois dans des contextes différents (comme l'intégration numérique). Dans ce cadre, ces critères sont quantitatifs. Les premiers critères que nous avons considérés sont définis à l'aide de distances, distances entre les points des données considérées, ou distances entre les points des données et les points de l'espace dans lequel elles sont définies, comme la dispersion (cf. §1.2.2). Ils permettent de caractériser la disposition des points dans l'espace, par exemple, la régularité des espacements entre les données, la présence éventuelle de « trous », i.e. de parties de l'espace ne contenant aucun point. Des « défauts » de la répartition uniforme des données dans l'espace peuvent ainsi être identifiés qui risquent d'entraîner une « mauvaise » calibration de paramètres par la suite (faible précision, sensibilité aux variations des données prises en compte pour l'estimation des paramètres). Nous avons ensuite étudié des critères plus généraux qui permettent de comparer le nombre de points contenus dans des pavés et le volume de ces pavés, comme les critères de discrépance (cf. §1.3). Nous avons fait le choix d'étudier la notion générale de discrépance définie à partir d'un noyau auto-reproduisant d'un espace de Hilbert convenable (RKHS pour « Reproducing Kernel Hilbert Space », cf. §2.2.2). S'agissant d'un critère général de répartition uniforme de points dans l'espace, nous l'avons utilisé pour proposer des méthodes de sélection et de spécification d'un ensemble de points en vue d'améliorer sa « qualité de répartition uniforme » (au sens des critères introduits). La considération de l'inégalité de Koksma-Hlwaka généralisée nous a permis de montrer l'existence de liens entre la discrépance et une méthode d'estimation d'un paramètre fonctionnel dite des fonctions orthogonales. Une discrépance faible d'un ensemble de points permet d'obtenir une estimation robuste (MSE faible) et de bonne qualité (IMSE faible). Parfois certaines méthodes de calibration impliquent une estimation d'un paramètre fonctionnel. Ce pourra être, par exemple, la fonction de code, ou une fonctionnelle faisant intervenir une différence entre la fonction de code et les résultats du phénomène observé. Nous avons donc formellement établi que l'utilisation de la méthode des fonctions orthogonales avec la méthodologie de sélection et de spécification des données présentée au chapitre I permettra d'obtenir une estimation robuste et de bonne qualité. Plus généralement, lorsqu'une méthode d'estimation fera intervenir des moyennes, approximations d'intégrale, l'inégalité de Koksma-Hlwaka généralisée montre que la diminution de la discrépance d'un ensemble de points permettra de réduire l'erreur de l'estimation. Cette propriété pourra aussi être utilisée dans le contexte de l'apprentissage statistique où l'on considère une fonction de risque empirique, approximation d'une ale (ceci fait notamment l'objet de recherches récentes, voir Cervellera et Muselli (2004), Marry (2005)). Ceci justifie donc les méthodes de sélection et de spécification de points proposées. Lorsque la modélisation du phénomène fera intervenir un processus aléatoire, cela reviendra à considérer des espaces de Hilbert où le noyau auto-reproduisant correspond à la fonction de covariance du processus. Comme la discrépance est définie à partir d'un RKHS, il semble pertinent d'adapter la définition de la discrépance à la fonction de covariance comme mentionnée par Hickernell (1999) et de poursuivre la recherche de relations dans ce contexte. • L'approche probabiliste nous a permis de prendre en compte le caractère aléatoire des données disponibles. Les critères de répartition uniforme des données correspondent alors à des résultats de tests statistiques. On rejette ou on accepte l'hypothèse d'indépendance et de loi de probabilité uniforme des données (considérées alors comme des variables aléatoires). Ici, les critères correspondent à des règles de décision. Précisons que la propriété d'indépendance des données n'étaient pas prise en compte par l'approche déterministe. En effet, nous prenions en compte des critères qui permettaient de vérifier la régularité des espacements entre les données. Or si les données sont régulièrement réparties, celles-ci ne peuvent pas être indépendantes. Une partition de l'espace des données en pavés disjoints (appelées aussi cellules) ayant été réalisée, les statistiques prises en compte pour ces tests permettent de comparer la proportion des données contenues dans ces pavés avec celle d'une suite de variables aléatoires indépendantes et de loi de probabilité uniforme. Nous nous sommes particulièrement intéressé au cas où le « nombre moyen » de points par cellule est faible (« sparse case », cf. §3.4). En effet, en dimension relativement élevée, le nombre de cellules intervenant dans la partition de l'espace devient très important. Conclusion En pratique, il est alors délicat de disposer d'un nombre suffisant de points pour qu'il puisse y en avoir au moins un par cellule. Dans ce contexte, les lois de statistiques classiques utilisées pour effectuer des tests sont donc modifiées. Par exemple, la statistique de Pearson et la statistique du rapport de vraisemblance ont une loi gaussienne. Nous avons aussi étudié les « statistiques par balayage de l'espace », ou « scan statistics ». L'objectif de ces statistiques est de vérifier qu'il n'existe pas de groupe de points de cardinalité trop importante parmi les données (par comparaison avec une suite de variables aléatoires indépendantes et uniformes). A l aide d'approximations (cf. §3.5.1), nous nous sommes focalisé sur les scan statistics discrètes conditionnelles. Celles-ci semblent particulièrement adaptées au contexte de notre étude. L'étude des lois de ces statistiques en dimension élevée est récente et fait actuellement l'objet de recherches (voir Glaz et al. (2001)). En pratique, il est nécessaire d'appliquer plusieurs tests à l'aide des différentes statistiques que nous avons introduites. Comme expliqué au Chapitre III, ces différentes statistiques caractérisent certaines propriétés des données. Par exemple, elles permettent d'affirmer qu'il existe de trop nombreuses sous-parties de l'espace sans point, ou qu'il existe des points redondants, i.e. un groupe de points de cardinalité élevée (tout ceci, en comparaison avec une suite de v.a i.i.d. de loi uniforme). Nous serons donc à même d'identifier certains défauts de la répartition uniforme des données, où ici, l'uniformité correspond à la réalisation de variables aléatoires indépendantes et de loi uniformes. Nous proposons aussi de faire varier le nombre de cellules formant la partition de l'espace prises en compte pour la définition de ces statistiques. Le développement de techniques appropriées dans ce contexte fait actuellement l'objet de recherches (voir Glaz et Zhang (2006)). Bien que la formalisation des données par l'approche déterministe et par l'approche probabiliste soit différente, certains critères utilisés comportent des « analogies ». Parmi les critères déterministes, la discrépance peut s'interpréter comme une comparaison entre le nombre de points contenus dans des pavés et le volume de ces pavés. Les statistiques utilisées pour l'approche probabiliste permettent de vérifier que la proportion de points contenus dans des pavés (formant une partition de l'espace des données) est « acceptable » (en comparaison avec celle de variables aléatoires indépendantes de loi de probabilité uniforme). Dans les deux cas, nous étudions donc les mêmes propriétés de la base de données à savoir, la répartition des points dans des sous-parties (des pavés) de leur domaine de variation. Le critère de discrépance tel que nous l'avons utilisé pour l'étude d'une base de données peut notamment être vu comme un critère probabiliste puisque nous considérons une valeur seuil qui correspond à une espérance ou à un quantile lorsque les données sont indépendantes et de loi de probabilité uniforme. La loi de la statistique alors définie n'est pas connue de façon explicite, et nous l'obtenons par simulation. Une perspective de recherche consisterait en l'étude de sa loi exacte. Le travail réalisé permet à la fois de une synthèse des outils pouvant être utiles à l'analyse de la qualité d'une base de données au sens de sa répartition uniforme et de proposer des techniques de sélection ou de spécification de points en vue de l'améliorer. Nous avons notamment justifié formellement l'emploi de ces techniques dans le cas de l'estimation d'un paramètre fonctionnel par la méthode des fonctions orthogonales. Dans le contexte de la calibration, les outils proposés permettront d'identifier des défauts parmi les données qui risquent d'entraîner une estimation peu robuste de paramètres. 4.1 « Connaissance » de la fonction de code Ci-dessous, nous supposons que la « fonction de code », f, représentant le phénomène expérimental, est connue analytiquement. Dans ce contexte, les méthodes utilisées pour résoudre le problème de calibration correspondent essentiellement aux techniques classiques et bien connues de régression linéaire ou non linéaire. Nous supposerons que la relation entre les résultats expérimentaux et la fonction de code peut s'exprimer de la façon suivante : y(x) = f (x, θ) + ε(x), 157 (4.1) Annexe 158 où, • y(x) ∈ Y ⊂ R est la réponse expérimentale en un point x ∈ X (cf. Introduction) ; • f (x, θ) est le résultat de la fonction de code (ou modèle) en un point x ∈ x(n), et en θ ∈ Θ ⊂ Rp, vecteur de paramètres de la calibration (cf. Introduction) ; ε(x) est une variable aléatoire représentant l'erreur entre la réponse expérimentale et la réponse du modèle au point x ∈ X, liée par exemple à des erreurs de mesure. Ces erreurs seront supposées de même loi de probabilité aux différents points x ∈ X. • De façon à écrire la modélisation à l'aide de vecteurs, nous désignerons par, • Y, le vecteur des réponses expérimentales : = (y(x1 ),..., y(xn ))′ ∈ Y n ⊂ Rn ; Y (4.2) M (θ), le vecteur correspondant aux réalisations du modèle aux points x(n) = {x1,..., xn } (xi ∈ X, cf. Introduction) connus, et en θ ∈ Θ, inconnu, paramètre à calibrer : • M (θ) = (f (x1, θ),..., f (xn, θ))′ ; (4.3) ε, le vecteur aléatoire représentant les erreurs d'observations aux points de la BDDE x(n) = {x1,..., xn } : • ε = (ε(x1 ),..., ε(xn ))′, (4.4) celui-ci sera supposé centré, et nous notons V = σ2R sa matrice de covariance, où : pour xi, xj ∈ x(n). R = (K(xi, xj ))1≤i ≤n ,1≤j≤n Ainsi, la modélisation (4.1) s'écrit sous forme vectorielle comme suit : (4.5) Y = M (θ) + ε.
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Modèle urbain oasien et stratégie touristique marocaine : quel lien? : cas du Draa et de Tafilalet. Ben Attou, ane ziki MODELE URBAIN OASIEN ET STRATEGIE TOURISTIQUE MAROCAINE: QUEL LIEN? : CAS DU DRAA ET DE TAFILALET BEN ATTOU Mohamed Université Ibn Zohr AZIKI Slimane ECOG-Maghreb - Eco consulting goup : La promotion et le développement du tourisme dans les régions oasiennes du Sud marocain doivent tenir compte de deux principes fondamentaux. D'une part, le secteur du tourisme résulte de la mise en valeur intelligente et rationnelle des potentialités intrinsèques des sites. L'objectif étant la mise en place d'un produit commercialisable générant un niveau de recettes suffisant pour amortir les investissements consentis et induire un développement socio-économique durable. D'autre part, le développement touristique des régions oasiennes ne doit pas s'appuyer uniquement sur les paramètres économiques, mais doit aussi intégrer la dimension urbaine, socio -culturel et la fragilité de l'environnement de la région : urbanisation, écosystèmes, ressources naturelles, patrimoine, tradition1 Bien évidement, les potentialités des régions oasiennes du Draa et de Tafilalt présentent de nombreuses spécificités. Celles-ci scepti bles de répondre aux besoins et aux tendances de la demande touristique : besoin d'individualité, recherche de calme et d'air, d'authenticité et de simplicité, désir d'aventure et de liberté, de découverte des traditions locales. Toutefois, il faut que les projets touristiques impulsent les villes supports comme pôles de croissance pour que ceuxci rayonnent, par les effets qu'ils émettent, sur l'ensemble des régions oasiennes. Le tourisme paraît multiplier la création d'emplois et de revenus dans les dommaines directement liés à l'activité elle-même, mais aussi dans les domaines annexes comme l'agriculture, le bâtiment, les services, l'artisanat, etc Selon l'hypothèse de 60 000 lits à l'horizon 2020 dans les régions oasiennes, les emplois créées sont estimés à environ 30 000 e »mplois directs et plus de 100 000 emplois indirects2. Dans ce contexte, et à partir de deux espace oasiens (Draa et Tafilalt) nous tenterons de vérifier, à travers cet article, est ce que la ville oasienne, support du développement, s'inscrit dans cette optique? Si oui sur quel modèle de croissance le fait-elle? A quel logique et territorialité réagit l'entreprise touristique? Est-ce que la stratégie touristique et le tourisme oasien s'inscrivent Ministère de l'A ménagement du Territoire, de Environnement et de l'Eau, 2003 : « Stratégie d'aménagement et de développement des oasis au Maroc », deuxième phase, Dirasset, p .78 . 2 Ministère de l'Aménagement du Territoire, de Environnement et de l'Eau , 2004 : « S tratégie d'aménagement et de développement des oasis au Maroc », troisième phase, Dirasset, p.78. 1 vraiment dans une dimension du tourisme durable relevant d'un développement alternatif? Mise au point méthodologique L'élaboration d'un modèle de développement urbain adapté à la ville oasienne est envisageable à partir d'une analyse systémique et d'une réflexion méthodologique faisant appelle aux sciences géographiques et au contexte d'utilisation spatiale de la ville. Les différentes études menées dans des espaces particuliers que sont les oasis ont toujours montrés le caractère particulier de ces espaces, et du même coup le caractère particulier des solutions à mettre en oeuvre. Comment proposer un projet de développement capable d'abord de fédérer acteurs et populations locales derrière un modèle de développement urbain à assise environnementale, capable de générer les interventions prioritaires à mettre en oeuvre, en l'occurrence les activités touristiques, afin de sauver l'oasis. Si parler de « modèle » de développement urbain implique certes de nombreuses difficultés, notamment dans la nécessité de l'acceptation collective du choix à mettre en oeuvre, il permet à la région d'entrevoir l'espoir de son renouveau, en visant un objectif commun à chacun, à savoir, la sauvegarde de ce patrimoine national et international par le maintien de conditions vivables pour la population locale, par la réintégration de tous les éléments qui constituent un oasis n'ont pas destiné à la survie mais aussi à être commercialisée. A cet effet, on ne peut s'attendre dans cette région à se trouver face à plusieurs choix de développement. De même, les orientations qui ressortent des différentes analyses sectorielles n'ont pour autre but que de participer à la définition de ce projet global de développement, qui se traduit ici par la définition en démarche méthodologique. 1- Est-ce que la ville oasienne dispose actuellement d'un modèle urbain quelconque? 2 Pour pouvoir répondre à cette question pertinente, plusieurs précisions s'imposent : - Avant rationaliser l ? Est ce que main l 'activité la que le est à lui prendre de l 'agriculture ? - vons-nous é à assainir la situation foncière ou à formaliser l'action de l'Etat en la matière? - Sommes-nous capable d'opérer une classification régionalisée des terres, plus détaillée que la classification habituelle ambiguë? - Avons-nous réussi à requalifier l'habitat et les zones urbains? - Avons-nous réussi à mettre en place une politique urbaine rationnelle aux défis que posent les villes oasiennes? - Pouvons nous dire que notre diagnostic environnemental n'est pas amplement en dégradation? - Avons-nous réussi à convertir les retombées de l'émigration internationale en action de développement durable? - Avons-nous des fonctions urbaines appropriées pour les villes oasiennes en dehors d'un tourisme flottant et d'une administration sécuritaire? - Les capitales régionales oasiennes sont-elles complètes au niveaux sanitaire, socio-éducatifs et entrepreneurial? Sans se référer au détail, la réponse est mitigée : un oui pour deux non. Certes, on est en phase de transition. On vient d'afficher la volonté d'un développement durable et stratégique. On vient de mettre en oeuvre des mesures d'accompagnement et d'appui aussi bien en approche qu'en financement et logistique. On a même réussi à développer et activer des programmes de grande envergure comme l'Initiative Nationale pour le Développement Humain mobilisant ainsi des fonds impressionnants et de la mobilité au plus haut niveau. Nous avons activé et réussi des programmes d'importance vitale, les barrages, l'électrification, l'équipement en eau potable. Il nous reste de bien comprendre le contexte du fonctionnement de nos entités urbaines telles qu'elles sont et non pas telles que l'on conçoit parce qu'elles sont déjà là. 1-1- Le concept de marginalité et sa pertinence dans la démarche géographique La marginalité est un fait social qui est particulièrement difficile à circonscrire. Ce terme qualifierait-il uniquement ces groupes à identité incertaine, placés aux lisières du corps social sans pleinement y appartenir? Le terme marginalité vient de marge, mais une marge n'existe que si on détermine une ligne (frontière) qui la distingue du reste ou plutôt de ce qui est perçu comme la norme. On pourrait ainsi proposer une première définition de la marginalité : c'est une situation qui est perçue par les « intégrés », ceux qui décident cette frontière, comme en étant à l'écart des normes et valeurs communément partagées dans la reconnaissance sociale ( participation à la vie collective, le travail, le lien social et familial). Les intégrés seraient ceux qui détiennent le statut social, une reconnaissance. Les autres seraient des « exclus » du fait de leurs comportements ou façons de vivre et la question de leur intégration posent dans de nombreuses villes. La péri -urbanisation dans les villes oasiennes est une forme de marginalité. L'intensité de la marginalité se mesure par la distance (a) à un foyer (b) à partir duquel se diffuseraient les valeurs dominantes (e). Mais tout ceci est très fluctuant : où se situe le foyer? Qui en décide? A partir de quelle distance estime-t-on qu'on appartienne aux marges? Il faut garder en mémoire le rôle néfaste de tous ces censeurs pour qui la déviance par rapport à des normes (communautaires ou traditionnelles) demande sanction. Or, ceux qui vivent dans les marges représentent une population très diversifiée. Le profil n'est pas figé ni unique. Se sont donc les normes et valeurs qui définissent la marginalité sociale. Quand la notion de marginalité apparaît dans l'école française de géographie vers les années 70, puisqu'elle fut d'abord expérimentée par les géographes et sociologues anglo-saxons de l'Ecole de Chicago, les mots et les discours qui l'entouraient recoupaient des approches liées à la perception, la représentation et l'imaginaire. Ainsi la marginalité apparaissait comme un concept 3 mouvant qui varie avec le temps, les lieux et les locuteurs. Chez les géographes, le terme marginalité est souvent accompagné d'un qualificatif : marginalité spatiale ou marginalité socio- spatiale. Il semble désigner un fait géographique qui caractérise des espaces présentant des handicaps (pauvreté, sous intégration physique ou socio –économique, contraintes physiques). 1-2- Principes du modèle actuel de la ville oasienne La ville oasienne dispose depuis l'indépendance d'un modèle colonial hérité ou la ville oasienne est dédoublée voire ségrégative. Les turbulences migratoires post-indépendantes aussi bien que les modes d'intervention successifs sur la ville allaient faire transiter la ville d'un désencrassement à la différenciation -marginalisation. Avec le départ de la communauté européenne et l'avènement migratoire on va entrer dans une première phase de la crise urbaine qui va influencer énormément le modèle urbain oasien. En effet, le départ des étrangers va susciter une forte mobilité cette fois centrifuge pour l'acquisition de l'espace préférentiel. C'est-à-dire le centre ou la ville coloniale. Cette dernière va exercer une forte influence sur la population du centre autochtone et sur les populations des marges extrêmes. Ces derniers combleront le vide instauré par la population des marges intermédiaires. Du coup, on a interférence de normes, de valeurs, de pratiques urbains et de marginalité à toutes les échelles aussi bien au niveau identitaire qu'au niveau comportemental. Cette nouvelle marginalité devient un mode de vie dans l'espace oasien depuis les années 70. La différentiation socio- spatiale responsable des nouvelles marginalités synonymes de la deuxième crise urbaine qui vont produire le même fait de prince du modèle colonial. La ville européenne devienne un centre aggloméré (noyau colonial+ce qui reste du centre autochtone) socialement et spatialement différentiel dont la marginalité devienne intra- marginale. On est face désormais à un nouveau modèle de lutte de classes : classe aisée (MRE) / classe moyenne (fonctionnaires)/ classe pauvre (population autochtone des nouveaux Ksar intégrés à la ville. Cette lutte de classes va permettre, par le jeu d'acquisition de l'espace préférentiel qu'il soit immobilière ou d'activité, l'élargissement du centre aggloméré au dépend des marges extrêmes évoluées. Le déroulement du processus dans son ensemble qui correspond aux années 80 et 90 va produire à son tour un effet d'urbanisation diffuse non légitime par manque d'équipement sociaux et par manque d'infrastructure de base: la péri- urbanisation est née. Déjà le modèle colonial avait instauré deux types de marginalité socio- spatiale par rapport au centre européen : une zone de marges intermédiaire accolée au centre colonial mais de normes et de valeurs spatiales « inférieures ». Ici la croissance urbaine s'articule sur un modèle d'urbanisation diffuse qui finit par produire, par fait de prince, la deuxième zone de marges extrême en auréole. 4 Spatialement, la croissance des villes moyenne oasiennes s'est faite selon un modèle toujours coloniale mais remodelé qui se constitue de deux entités séparées par une route le plus souvent par un Oued : la ville nouvelle, la ville périphérique. 1-3- La ville nouvelle La ville nouvelle se restructure et se compose de cinq unités spatiales - Les zones d'activités touristiques accueillant les principales implantations touristiques ou para touristiques (installations cinématographiques notamment) offrant de nombreux emplois et induisant des activités multiples dans les villes ; Ainsi on peut affirmer, sans risque, que le schéma d'évolution du modèle urbain oasien a finit finalement par reproduire un modèle colonial où la ville est dédoublée et davantage ségrégative. La petite ville oasienne d'aujourd'hui reflète bien ce modèle. Q'il s'agit de Boumalne- Dades, d'Agdz, de Tinghir, d'Erfoud, de Tinjdad ou d'autres petites et pseudo- villes, on s'inscrit toujours dans le même modèle. Il faut préciser que le renforcement de ce modèle colonial est aussi le fait d'intervention des pouvoirs publics qui ont à tout temps choisi les solutions faciles, celles de s'articuler sur l'existant en matière d'équipement et de politique urbaine. Même lorsqu'on raisonne aménagement de nouvelles ZUN, on n'arrive pas à se débarrasser de ce modèle fortement ancré dans la subconscience de nos concepteurs d'aménagement qui raisonnent en ratio de terrain et d'appropriation et en terme de regroupement des équipements. - Les zones d'habitat urbain nouvelles, sous forme d'importants programmes de logements de type collectif, participent à l'atténuation des tensions sur le logement et devant aider à la prise en charge des politiques de rénovation nécessaires. - Les lotissements d'habitat urbain individuel apparaissent comme la forme la plus spectaculaire. Très consommateurs d'espace mais qui relèvent d'un urbanisme réglementaire encouragé dans le cadre de l'investissement privé. On remarque cependant, l'appari d'une certaine sélectivité du recrutement des bénéficiaires des lots de villas. Ce phénomène prend de l'ampleur dans la ville moyenne oasienne qui enregistre une proportion moyenne de 5.6% de l'ensemble du parc logement pour 3.3 % à l'échelle nationale. - Les équipements et les services ont occupé des sites intégrés dans ce qu'on peut appelé schématiquement la ville nouvelle. C'est des Pour les deux villes moyennes oasiennes à savoir Ouarzazate et Errachidia, le schéma est un peut évolué par la force des chose, mais il reste articulé toujours sur le modèle colonial. La lecture du schéma du modèle urbain actuel de la ville moyenne oasienne montre toujours l'ossature coloniale sur laquelle le modèle est conçu. Cependant, les villes promues ou qui avaient reçu des programmes de développements significatifs (commandement agricole, tertiaires, sociaux) commencent à structurer et requalifier leurs espaces dans le sens d'une unicité socio- spatiale. 5 espaces vitrines et de jonction inter- quartiers. Leur impact est assez bien fonctionnel par rapport à l'objectif initialement fixé. Celui de donner une dynamique et une valorisation à la fois immobilière et sociale, et économiques aux entités spatiales dans lesquelles elles sont ancrés ou font jonctions. Le modèle urbain actuel de la ville moyenne oasienne est hérité : espace urbain et espace oasien sont conflictuels. C'est un modèle loin d'être articulé sur une planification stratégique de l'activité touristique. C'est-à-dire que la ville se construit par opposition de territoires. En fin, il s'agit d'un modèle duel produisant une territorialité relativement intégrée face à une territorialité sous intégrée. Un espace référentiel contre un espace d'éclatement de nouvelles marges. Un tel « modèle » ne peut s'inscrire dans une durabilité quelconque, encore moins dans un tourisme durable. Ce modèle permet certes la création de richesses individuelles, mais, il est loin de pouvoir créer la croissance économique escomptée. Parce qu'il est resté figé trop calqué sur le modèle colonial, il crée plutôt de la pauvreté. Bien que la ville constitue aujourd'hui une composante majeure de la réalité oasienne, bien qu'elle soit le lieu privilégié des mutations économiques, écologiques et sociales, bien qu'elle soit aussi le lieu d'accueil de la majorité des activités économiques motrices dont le tourisme est une composante essentielle, la ville oasienne de Draa comme de Tafilalt n'a pas réussi totalement à changer le cadre de vie des citoyens. Elle n'a pas non plus réussie à restructurer la société dans son ensemble dans un sens de durabilité du développement. D'une part, l'urbanisation démographique rapide est illégitime n'a pas permis un bon fonctionnement de mécanismes de régulation socio-économiques. L'emploi, le logement, les réseaux d'infrastructures et les équipements n'ont pas suivi le rythme d'évolution voulu. Ce qui fait de la ville oasienne un fait subi et non pas un fait d'entraînement d'une place centrale d'économie planifiée D'autre part, l'incapacité des activités modernes à s'auto -développer, en raison des caractères structurels de l'économie urbaine oasienne. Ce qui traduit le développement d'une économie parallèle ( secteur informels et / ou non structuré), l'extension de l'urbanisme de fait au détriment de l'urbanisme opérationnel, d'où les constructions anarchiques, les altérations écologiques ( insalubrité, problèmes d'assainissement, de desserte en eau potable, pollution), et les problèmes sociaux (pauvreté, marginalité). Tous ces problèmes sont révélateurs d'une transition inachevée qui fait de la ville oasienne un théâtre de tensions sociales et de succession d'erreurs territoriales. Qu'il s'agisse de villes oasiennes de première importance (Ouarzazate, Errachidia), des villes de second ordre (Tinghir, Zagora) ou de petites villes oasiennes émergentes ( Erfoud, Raissani, Rich, Tinjdad), il est essentiel de relever le phénomène de la ville sur la ville. Tant que l'urbanisation oasienne (phénomène majeur) reste sous un modèle conflictuel, il ne peut s'agir d'un tourisme durable. Encore moins d'une ville durable. Lorsque le SDAU de Ouarzazate constate que la problématique urbaine de cette ville provient de différentes origines liées aussi bien à la forme et au déséquilibre de la configuration urbaine de la ville qu'à l'insuffisance des équipements et des infrastructures de base dans certains quartiers notamment sur la rive droite de l'Oued Ouarzazate, il ne met pas assez en exergue que cela provient essentiellement d'une politique urbaine loin d'être rationnelle. Aujourd'hui, toute la difficulté du SDAU de Ouarzazate est de pouvoir essayer de rééquilibrer l'urbanisation de part et d'autre de l'Oued Ouarzazate car l'éclatement du tissu urbain a entraîné un très net compartimentage de la ville. Ceci représente un défi qu'il aura fallu relever dès 1980. Le territoire a sa propre logique de fonctionnement, actuellement et après 25 ans de promotion urbaine sur une partie du territoire seulement « la ville objet », la problématique urbaine se présente avec plus de complexité. D'un côté, l'axe promotionnel de la ville objet se trouve aujourd'hui stopper par le foncier militaire et l'aéroport, son extension linéaire pose un problème sérieux pour la mise en place des infrastructures publiques. Les espaces vides à l'intérieure de la ville objet ne permettent pas une meilleure maîtrise de l'urbanisation et entraînent des coûts élevés au niveau des services urbains. D'un autre côté, l'éclatement des ksour, le développement du marché insalubre et des quartiers d'habitat spontané sous équipé en infrastructures et en équipements socio- collectifs génèrent un tissu désordonné dans sa forme et dés é dans sa structure. Pour les deux côtés, la proximité de la STEP provoque des nuisances de mauvaise odeur. Les rejets des eaux usées dans l'Oued sans traitement représente une menace directe pour le lac du barrage sur lequel un projet de PAT ambitieux est programmé. A cette déperdition environnementale, s'ajoute le statut flou de la zone agricole située sur les deux rives de l'Oued Ouarzazate. Des fois, c'est une réserve naturelle de biodiversité, un espace vert et vivrier qu'il faut protégé contre une urbanisation sauvage. Des fois, c'est une réserve foncière constituée de terres collectives quoiqu'elles relèvent d'un contentieux, elle représente l'assiette foncière utile susceptible de modifier la morphologie de l'agglomératio et sur laquelle le SDAU compte beaucoup pour son fameux programme de ZUN. 1-4- La ville périphérique : On ne peut parler de véritables composantes spatiales de la ville périphérique. C'est plutôt des morceaux de ville pastiche qui configure un mélange d'espaces sous intégrés, promotionnels, mi- ruraux mi – urbains, à la fois traditionnels et récents, parfois très denses parfois très aérés. Lorsque l'Etat manifeste son pouvoir, on est devant des programmes promotionnels d'habitat social, de recasement d'urgence, le plus souvent il s'agit d'un marché immobilier insalubre qui s'installe par l'auto- construction. Celle-ci exprime une demande caractérisant un bassin d'emploi bon marché résultat d'un repli identitaire chez des groupes sociaux marginalisés ayant dépasser le stade de transition d'un monde d'agriculture, où ils étaient eux qui définissait les normes et les valeurs par rapport à des marginalisés sans terre, à un monde urbain qui les places à leur tour dans une nouvelle marginalité vis-à-vis à une ville nouvelle qui a promulgué ses propres normes et valeurs et en a même tracer la frontière. Face à cette urbanisation en doubles crises, les groupes sociaux marginaux des villes moyens oasiennes adoptent des stratégies de compétition vis-à-vis des pouvoirs publics pour le contrôle de la territorialité marginale. Les rapports de force autorisent alors un mouvement de va et vient qui tient lieu d'un « pacte urbain non déclaré » à travers le quel la ville périphérique se produit. Dans cette évolution, certaines communautés agropastorales ont préféré se tenir à l'écart de la ville, reproduisant un habitat selon leurs références socioculturelles et accordant un rôle important au lien social et aux solidarités du groupe. Elles ont mis en place des matérialités significatives auxquelles s'accroche l 'identité du groupe. Ici, l'exclusion est mieux vécue et la récupération politique n'a pas de prise étant donnée la forte cohésion sociale de ces communautés. 2- Vers un modèle environnemental urbain à dimension L'analyse du modèle urbain actuelle aussi bien pour la petite ville que pour la ville moyenne repose essentiellement sur le mode de croissance, les mécanismes et échelles de la production de la marginalité urbaine. Donc, il faut concentrer tout l'effort de conception de nouveau modèle sur la manière d'inverser les tendances de façon à maîtriser la croissance urbaine tout en agissant sur les facteurs de la marginalité. Etant donné qu'on est dans un contexte oasien et dans une conception de zone de biosphère, Etant donné aussi la conscience collective s'orientant aujourd'hui vers de nouvelles approches en matière d'urbanisme et d'habitat avec de nouveaux outils. Le concept d'Aménagement Alternatif est le plus approprié à l'environnement oasien parce que le but afficher au plus haut niveau c'est de sauvegarder l'oasis du sud marocain contenu- contenant et objectifs. La mise en oeuvre d'une Zone d'Aménagement Alternatif (ZAA) sur des terrains situés en marge des palmeraies permet ainsi de lutter contre la saturation des espaces cultivables, préjudiciables au maintien de l'activité agricole et, in fine, à l'environnement dans une région supposée réserve de biosphère. Les ZAA obéissent à une logique de délocalisation. Le choix de leur positionnement dépend ainsi de trois facteurs essentiels : d'abord leur capacité à ne pas endommager l'écosystème oasien, ensuite leur capacité à dédensifier les zones saturées (urbaines et rurales) et enfin leur capacité à promouvoir le renouveau de l'activité économique au sein de région. 2-1- Le concept de la Zone d'Aménagement Alternatif (Z.A.A) C'est sur le plan spatial que les ZAA prennent toute leur dimension innovante en tant que zones d'aménagement respectueuses de l'environnement. En effet, suite au constat de la saturation de la plupart des espaces d'habitat dans les régions oasiennes, il est nécessaire de proposer de nouvelles zones d'aménagements. Les zones d'habitat ne peuvent pas en effet continuer dans la logique d'occupation actuelle, qui voit une urbanisation mal -maîtrisée, se concentrant soit le long des voies de communication soit à proximité des espaces irrigués, des fois ancrée dans la montagne. Cette forme d'urbanisation s'avère à terme menacent pour la survie des palmeraies, venant offrir des conditions favorables à la recrudescence du phénomène de désertification. L'analyse de la crise du modèle de croissance urbaine, illustre gravement les répercussions de l'attractivité de l'ensemble urbain du TinghirDades, du Saghro- Drâa et du Tafilalet. Les villes se caractérisent ainsi par un éclatement urbain que ne pourrait accompagner ni les équipements d'infrastructure, ni les équipements de cohésion et d'intégration nécessaires dû au manque d'espace du périmètre urbain déjà excessivement élargies sans aucun mesure d'accompagnement. De manière générale, les villes moyennes et petites s'articulent difficilement, en dualité parfois, avec leurs Ksar d'origine et se caractérisent par son inadéquation avec le milieu environnemental dans une région supposée de biodiversité. Les ZAA sont des moyens d'aménagement dédensifiant les zones saturées. Elles se caractérisent avant tout par la mixité de leur fonction. Ainsi, si leur vocation est avant tout de recevoir le fruit de l'accroissement démographique en proposant des zones d'habitat, elles pourront aussi bien recevoir des activités économiques telles que des infrastructures touristiques ou des équipements agro-industriels. La mise en place des ZAA pour décongestionner une ville trop engagée dans la palmeraie alors qu'elle dispose de terrain à l'extérieur, ou corriger l'orientation longitude d'un périmètre urbain trop instrumentalisé électoralement dans le sens d'une consommation excessive de l'espace agricole, ou alors relativiser une exploitation irrationnelle d'un droit de préemption dans le mauvais sens ; est une priorité absolue. L'adoption du principe de zone tampon empruntée au concept de zonage de la conservation de la Réserve de biosphère pour isoler relativement l'urbain du rural peut s'avérer en matière d'urbanisme réglementaire une nouvelle solution de très grande importance. Cette vision d'aménagement environnemental devra bien évidement guider tout document d'urbanisme car elle comblera beaucoup de lacunes. Le nouveau SDAU du Grand Errachidia est déjà dans cette phase conceptuelle où l'effort est centré sur la mise en oeuvre des ZAA dans le but de participer à la maîtrise des centres urbains actuellement saturés, tout en garantissant la continuité de leur développement. Des sites Un grand effort est à déployer pour le choix des sites à fournir pour ne pas proposer des sites sans possibilité de développement ou qui endommageront la biosphère. A cet effet, le SDAU du Grand Errachidia s'est orienté, entre autres, vers l'application du concept de la Z.Z.A :      La promotion d'errich en pôle stratégique d'activités ; La conservation du Parc National du Haut - Atlas oriental (PNHAO), s'étalant sur les propriétés territoriales d'Outerbat, Amouguer et Ait Yahia ; La projection d'une Zone d'Aménagement Alternatif (ZAA), articulant Sidi Ayad et Mzizel, avec la création d'un nouveau noyau sur la dite articulation en arc, et la projection d une nouvelle liaison au centre touristique d'Imilchil. A l'Ouest de la ville de Rich, la promotion du centre de Kerrandou, et susceptible d'alléger la pression exercée sur les terrains agricoles de Guers Tiallaline. La maîtrise et le contrôle des extensions new -Ksarienne à la 9 lisière, et au sein du PNHAO, aussi bien qu'en plein périmètre agricole du Guers.   Valorisation et aménagement des stations thermales de My Hachem et My Ali Cherif à même d'assurer le développement économique du centre promu Kerrandou. Réhabilitation et sauvegarde des Ksour encore habités aux abords du PNHAO et particulièrement Ksar Ait Yahia Ou Sghir, Tarribant, Et intégration aux sentiers de Randonnés de Montagne (les reconversions et créations de Gîtes d'étapes sont éventuelles). 2-2. Un modèle emprunté à la RBOSM Le modèle Zone d'Aménagement Alternatif est perçu sous la même logique d'une réserve de biosphère : un cadre largement habité où l'aménagement est spatialement conduit vers un zonage en Trois auréoles Centrale, Tampon et zone alternative. La zone centrale c'est la ville, la diversité humaine, le patrimoine architectural et une partie de l'oasis altérée. C'est une zone à décongestionner par la délocalisation des secteurs d'habitat et d'activités sommaires, c'est aussi une zone à réhabiliter et à valoriser La zone intermédiaire est une zone tampon de palmeraie à préserver de l'expansion urbaine et de l'envahissement des installations touristiques informelles. Enfin la troisième auréole correspond à la zone d'aménagement alternatif. C'est une zone intercommunale destinée à recevoir le trop plein requalifié de la zone centrale (habitat, ksour, activités touristiques). Procédant selon ce modèle et dans un contexte institutionnel de réserve de biosphère (à plaidoyer vivement) avec une bonne gouvernance articulée sur l'approche volontariste et partenarial inter communale, il est possible de réhabiliter des ksour, d'interdire réellement la construction dans la palmeraie de manière à donner un choix au population celui de requalification de leurs ksour- habitat délocalisés vers la zone d'aménagement alternatif. Bien évidement, la délocalisation doit être une opération soutenue, en partie subventionnée et inter communale. Il ne s'agit donc pas, d'interdire la construction dans la palmeraie à partir d'un cahier de charge qui n'implique qu'un ou deux partenaires dans un contexte d'investissement (notamment l'Agence Urbaine et le Centre Régional d'Investissement) qui n'engage aucune action d'accompagnement. Cela marche pas et ne marchera jamais parce qu'on ne donne aucun choix aux populations et aux investisseurs. Le point fort du modèle si qu'il apporte une vision d'ensemble, construite à partir des dysfonctionnements observés et pour des objectifs clairement définis et qui s'inscrivent dans un cadre environnemental durable basé sur le partenariat inter- territorial. Les phénomènes d'extensions urbains, de bouleversements migratoires, de périurbanisation excessive, de rurbanisation systématique et de production de la marginalité socio -spatiale n'est pas l'affaire d'une ville ou d'une commune, c'est l'affaire d'un territoire oasien qu'on veut requalifier pour un meilleur fonctionnement capable de se prendre en charge et d'intégrer tous les éléments qui le compose. Bien évidement, la mise en place pratique d'un modèle Z.A.A devant orienter la conception du nouveau modèle nécessite des dispositions aux niveaux spatiaux, économiques, stratégiques et au niveau de la faisabilité aussi. En effet, sur les plans spatial et économique, il est nécessaire d'ouvrir de nouvelles zones d'urbanisation, de préserver les espaces situés à l'intérieur de la palmeraie pour l'exploitation agricole et de faire face aux difficultés de la maîtrise de l'expansion urbaine. Sur le plan économique, il faut bien comprendre que les contraintes économiques sont dus essentiellement aux limites actuelles de l'agriculture et à l'impossibilité de voir émerger d'autres secteurs d'activités, tels que l'industrie par exemple. La fragilité du milieu naturel ne permet pas le développement de secteurs d'activités fondamentalement étrangers à l'agriculture. Les 10 activités agricoles doivent perdurer au sein de la région oasien, non seulement en tant que garant du paysage oasien, mais, an tant que garant d'un savoir-faire accumulé par des siècles d'ingéniosité, mis au service d'une exploitation optimale des ressources la région et compris la gestion de la rareté de l'eau. Sur le plan stratégique, il s'agit d'un mode de développement centré autour du couple tourisme / agriculture. Ceci avec un accompagnement des mutations des modes d'agriculture dans le but d'atteindre une productivité maximale et la forme du paysage et avec une conception du tourisme émergent comme le « bol d'air » nécessaire au développement de la zone. L'importance du patrimoine naturel et culturel de la région, ainsi que des savoir-faire locaux sur le plan artisanal font du secteur touristique, le principal atout de la région oasienne. La valorisation du potentiel touristique met surtout en jeu un grand nombre d'emplois induits, aussi bien dans l'artisanat que dans la valorisation des produits agricoles locaux. Si l'émergence du tourisme constitue bien un réel moyen de donner un nouveau souffle à région, il ne permet en aucun cas de résoudre l'ensemble des maux qui affectent la région. L'émergence des activités liées au tourisme doit donc être conforme aux particularités de la région. Il est à dire ici qu'on ne peut y imaginer la construction ou l'aménagement de zones touristiques à trop grande échelle et que les efforts doivent surtout être entrepris dans l'accompagnement du développement touristique, c'est-à-dire dans la formation de personnel et dans le développement des activités artisanales. Au niveau de faisabilité, trois règles à respecter scrupuleusement : la volonté de décongestion des centres urbains par la création de zone d'aménagement alternatif ; l'encouragement de systèmes d'intercommunalité dans les zones de forte densité ; la mise en oeuvre d'un programme de valorisation de la biosphère3. 3 La valorisation de la biosphère s'avère être un impératif, tant sur le plan formel (voir règlement des réserves de biosphère à l'UNESCO) que sur le plan du développement. A cet effet, il faut mettre en place une structure capable de prendre en main la gestion de programmes inhérents aux intentions de l'UNESCO. Le Plan de Gestion de la RBOSM nous semble le cadre approprié à ce niveau pour faire aboutir cette instance La première tâche de cette-ci est de mettre en place un système d'information géographique de la zone, relevant les sites d'intérêts et les sites à 3- Agir sur le tourisme durable c'est agir sur le territoire Consolider un modèle territorial de développement urbain pour la ville oasienne articulée sur le concept de l'aménagement alternatif suppose aussi une configuration de la demande touristique en conformité avec un tourisme alternatif. En Effe , les chartes élaborés, les PAT/ PATD ne répondent pas vraiment aux objectifs qualitatifs du tourisme durable et ne peuvent s'adapter à une offre mondiale concurrentielle dans ce sens. Les besoins de la clientèle sont importants mais les exigences aussi. Alors que nos chartes et PAT restent trop alignés sur l'optimisation des voyages, les circuits, les destinations, le zoning, la signalisation. L'exemple de la charte touristique de Fès où encore le PATD de la région de Souss-Massa-Draa sont édifiants à ce sujet. préserver, afin d'élaborer des programmes de sauvegarde et de mise en valeur. 3-1. Comment opérer pour un alternatif? tourisme La diversité de l'offre touristique, la programmation des PAT ou de PDRT et les chartes de tourisme n'ont de valeur réelle que lorsque le projet touristique est avant tout une conception en en projet de territoire. Toute la difficulté c'est de trouver les outils capables d'opérer en terme de tourisme alternatif. Ce dernier est une forme de développement, d'aménagement des activités touristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales et contribue de manière positive et équitable au développement économique, à l'épanouissement des individus qui vivent,travaillent ou s'ajournent dans l'espace oasien. 3-1-1. Le Tourisme alternatif : un enjeu pour le secteur touristique lui-même Le tourisme alternatif est une voie de progrès conditionnée par l'élaboration des savoir faire, des outils adaptés à l'approche global, par la réalisation de diagnostics territoriaux les plus précis possibles moyennant l'animation, le travail du groupe, la recherche du qualité et de labellisation selon des démarches stratégiques. qu'en premier lieu il y a recherche de moralité et d'éthique acceptable. Un tourisme sexuel ou d'exploitation du travail des enfants ou des personnes locales et qui consomme excessivement les ressources naturelles selon une itinérance en zapping ne peut relever de ce type de tourisme souhaitable. Aujourd'hui le tourisme alternatif représente un enjeu pour le secteur touristique lui-même. Il faut afficher le qualitatif pour pouvoir s'adapter à une offre mondiale aujourd'hui au stade de maturité. Les besoins de la clientèle sont importants mais, les exigences aussi sont à un niveau top. Autrement dit, l'avenir de l'activité touristique par excellence c'est aux territoires structurés qui sauront l'exploiter dans le sens de l'organisation des activités touristiques dans un contexte strictement de paix sociale et d'équilibres sociaux des destinations touristiques. Ceci ne peut se faire que sous la protection d'un cadre législatif performant capable de valoriser l'expérience de développement local en matière d'élaboration de projets économiques et de maintenir les dynamiques autours des objectifs touristiques visant la création des parcs naturels, les réserves, la protection de l'environnement et la valorisation des ressources pour un développement économique durable. En effet, les chartes environnementales élaborés à l'échelle mondiale4, de même que les codes de bonnes conduite touristique et les code mondiaux de d'éthique essayent de restructurer l'offre touristique de façon à faire pression collective pour moraliser les pratiques touristiques. Pour cela, les puissances publiques porter garant des règles et des intérêts généraux. La présence de l'Etat ne doit pas consister uniquement à drainer les capitaux touristiques mais aussi et surtout accompagner l'investissement et se présenter à l'aval pour évaluer l'action. 3-1-2. Le tourisme alternatif est une affaire de pilotage technique et territorial Dans les espaces oasiens du Draa et de Tafilalt, le pilotage du tourisme au niveau des acteurs est une priorité. Gérer leur diversité via l'approche participative et l'animation professionnelle est une chose importante. D'une part, pour permettre l'adaptation collective des outils d'évaluation en L'objectif prioritaire du tourisme alternatif se n'est pas de capter un potentiel de croissance économique ou/et la recherche de bénéfice rapides. Mais c'est d'abord, une demande de clientèle en osmose avec le tourisme alternatif. C'est-à-dire 4 Plusieurs étapes sont à signaler dans ce sens : la première conférence de l'UNISCO en 1978, le Club de Rome en 1982, le Rapport Bruntland en 1987, le Sommet de laTerre à Rio en 1992, le Sommet de New York en 1997, Assemblée de Santiago en 1999. fonction de l'évolution des enjeux territoriaux. D'autre part, pour maintenir la dynamique territoriale dans le temps. Une telle procédure permettra de dresser l'état des lieux dans le but d'unifier la démarche stratégique face à la diversité des logiques des acteurs afin de caractériser les types de pratiques touristiques pour toute évaluation rationnelle ou adaptation nécessaire pour définir les mesures d'accompagnement. Le pilotage au niveau des diagnostics contradictoires et participatifs à travers l'animation professionnelle et la médiation par consensus permet de bien mettre le point sur les forces et les faiblesses nécessaires pour définir les axes stratégiques moyennant la trilogie : constats, interprétation, objectifs de développement prioritaires retenus pour le territoire. Au niveau du Plan d'Action le pilotage est un moyen pour aider à mieux cibler les moyens humaines, logistiques et financiers pour mettre en place chaque action retenue (responsables, partenaires, associés, délais, calendrier d'exécution). Enfin, le pilotage au niveau de suivi- évaluation, que ceux-ci soit directe avec les acteurs soit en partenariat avec des compétences extérieurs, vont permettre la capitalisation du contenu de chaque phase pour pouvoir piloter le tourisme alternatif dans le temps. 13 Conclusion Au Maroc, le développement d'un tourisme de qualité passe nécessairement par • Un code d'urbanisme spécifique à l'espace oasien • Une pratique d'aménagement collectif et alternatif • Le consensus, la l'intercommunalité • La recherche de la durabilité • Un code d'urbanisme l'espace oasien convergence spécifique et à Ce n'est pas en terme de polarisation des investissements en matière de tourisme (haut standing, les projets Azur) qu'on va assurer la durabilité du tourisme; On risque de créer des espaces frontières au sein des territoires oasiens. Concevoir le développement touristique interstitiel en projet de société plus qu'un créneau porteur pour la création et l'accumulation de richesses c'est d'abord une affaire de projet de territoire, de pilotage du tourisme et de restructuration de la demande touristique dans le sens de la protection de l'environnement, du développement économique et de lutte contre la pauvreté par l'action concerté et le suivi . Bibliographie -Actes de séminaire « Stratégie urbaine et urbanisme opérationnel », Rabat, Association nationale des architectes et urbanistes (ANAU), 1989. AHDA (M.), « Structures et Mutations économiques et sociales au Tafilalet 17ème et 18ème siècle : le poids des Relations avec l' Afrique Noire », Thèse de Doctorat en Histoire, Université de Toulouse le Mirail, 1989. BOUBEKRAOUI (M.) et CARCEMAC (C.), « La crise des palmeraies de la plaine du Tafilalet », Thèse de Doctorat de 3ème cycle, Institut de Géographie, Université Toulouse – Le Mirail, 1983. 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Comment promouvoir l&apos;acceptabilité des ZFE? Frédéric Martinez Auteur Frédéric Martinez : Chercheur, Responsable équipe Dynamique des changements de Mobilité, Département Aménagement, Mobilité et Environnement (AME) - IFSTTAR Titre Comment promouvoir l'acceptabilité des ZFE? Revue TEC n , juin 2019 Chapeau Afin de promouvoir l'acceptabilité des ZFE, les théories issues des sciences humaines, et notamment de la psychologie sociale, fournissent des pistes intéressantes. Explications.` 7 479 signes Le processus d'acceptabilité compte trois phases, tout d'abord la phase d'acceptabilité a priori, puis celle d'acceptation et enfin la phase d'appropriation. L'étude de l'acceptabilité a priori correspond à la mise en évidence des attitudes, de la pensée sociale autour de la mesure. Ensuite, lorsque la mesure est mise en place, il convient d'étudier les processus psychologiques sous-jacents à son acceptation par le biais d'expérimentation. Enfin, la dernière phase a pour but d'étudier l'appropriation réelle, le caractère effectif de l'usage dans une activité ordinaire. Les théories issues des sciences humaines, et notamment de la psychologie sociale, fournissent des pistes intéressantes afin d'accentuer l'acceptabilité des Zones à Faibles Emissions autour de trois notions clefs interdépendantes, le contrôle, l'influence sociale et l'utilité perçue. Située au carrefour des sciences psychologiques et sociales, la psychologie sociale développe un regard centré sur les interaction s individus / contextes pour observer et analyser les expériences, les pratiques et les perceptions des personnes et des groupes. Ainsi, la psychologie sociale propose d'étudier comment les perceptions, décisions et comportements des individus sont influencés par des facteurs contextuels liés aux modes et contenus de communication, aux interactions sociales, aux objets et situations proposées. De ce fait, la psychologie sociale peut proposer des pistes pour accentuer l'acceptabilité des Zones à Faibles Emissions. Ces pistes validées par la recherche peuvent être utilisées pour affiner les dispositifs de communication durant les trois phases, sans généralement en augmenter le coût. Le contrôle La contrôlabilité et l'auto-efficacité perçues sont deux aspects conjoints du rapport au contrôle d'une importance capitale dans les changements de comportements et les stratégies de communication. Tous les modèles de prédiction des comportements admettent que ces deux facteurs influent directement les comportements. Influence sociale Bien que le moyen le plus efficace pour acquérir un sentiment d'auto-efficacité réside dans les expériences de vie, il est possible d'accentuer ce sentiment par le biais d'expériences vicariantes, à savoir la présence d'un modèle social permettant une identification et induisant une croyance en la possibilité de contrôler son comportement. Ces éléments n'impliquent pas que la diffusion de valeurs ou de comportements nouveaux ne puisse être réalisé que par une majorité, au contraire. Les travaux en psychologie sociale démontrent le pouvoir d'influence et donc de changement social que possèdent les minorités qui apparaissent au départ radicalement alternatives, et qui restent ensuite consistantes et visibles. Toute question ou pratique sociale, dont la mobilité, renvoie à des rapports entre groupes et à des jugements de valeur portant sur des groupes. Est-il bien vu ou mal vu de se déplacer avec des modes de transport plus durables? Est-ce un vecteur de valorisation de soi, donc de rattachement à un groupe valorisé? Ces questions sont essentielles si une communication envisage de se diffuser après sa diffusion, donc de faire l'objet d'une reprise par les individus, qui en s'emparant et en s'appropriant le message assure la part la plus efficace de la diffusion d'un message. Valorisée, une pratique a davantage de possibilités de devenir visible, de constituer un support d'apprentissage social par observation et imitation. La norme sociale est considérée comme un puissant déterminant des comportements, qui peut ainsi inciter les individus à agir dans un sens donné. Utilité Une autre piste afin d'accentuer l'acceptabilité réside dans l'utilité perçue de la mesure. Les politiques publiques partent, le plus souvent, du principe que les choix des usagers de la route sont rationnels comme l'illustrent les programmes basés exclusivement sur des incitations financières et-ou une augmentation des coûts. En d'autres termes, l'individu est censé effectuer le choix le plus utile, celui qui lui rapporte le plus et qui lui coûte le moins. Les déplacements automobiles quotidiens représentent une part importante de la pollution atmosphérique qui impacte non seulement la qualité de l'air que nous respirons, mais aussi l'avenir de la planète sur laquelle nous vivons, il est donc rationnel d'accepter la mise en place des zones à faibles émissions. Pourtant, deux problèmes de décision objectivement identiques en termes de distributions de probabilités sur les issues possibles peuvent ne pas être considérés comme subjectivement équivalents par le décideur. La prise de décision est concomitante à la construction de la représentation subjective des perspectives offertes, engendrée par le cadrage du dispositif de communication. Par exemple, les conséquences de la mise en place de la mesure peuvent être présentées soit en termes de gains espérés lors de l'adoption (cadrage en gain) soit en termes de pertes attendues lors de la nonadoption (cadrage en perte). Un cadrage en perte est plus efficace pour susciter des comportements dont l'acceptation présente un risque, une incertitude, alors que le cadrage en gain est plus efficace pour susciter des comportements dont l'acceptation permet d'éviter un risque. Avant de décider quelle valence de conséquence mettre en exergue, il conviendra de se demander où se situe le risque subjectif perçu, parfois différent de celui objectif, dans la mise en place ou dans l'absence de zones à faibles émissions. Il convient également de s'interroger sur le type de bénéfices à mettre en avant. Il peut s'agir de bénéfices individuels ou collectifs, immédiats ou lointains parce que l'acceptabilité est accentuée lorsque dispositif de communication engendre une perception de cohérence. La communication sur le changement des modes de transport dans le cadre en particulier du changement climatique pourrait se révéler en effet inefficace et problématique du point de vue de sa cohérence. En effet, la juxtaposition d'un enjeu global et lointain et de solutions perçues comme se limitant à de simples « petits gestes » pourrait par son incohérence créer un profond sentiment d'impuissance, de lassitude, voire de rejet dans la population.
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Déterminants du comportement d'innovation des entreprises en Tunisie
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– changement dans l’organisation en rapport avec l’introduction de nouvelles technologies. – nouveaux logiciels professionnels (paramétrage spécifique/sur mesure ou adaptation). Les résultats montrent que 49% des entreprises enquêtées ont introduit des innovations de procédés (Tableau 3.15) : 183 entreprises indiquent qu’elles ont pu réaliser ces innovations grâce à l’utilisation des nouvelles techniques de production (65% de entreprises innovantes en procédé), 122 (43%) entreprises l’ont introduit grâce au changement dans l’organisation en rapport avec l’introduction de nouvelles technologies alors que 148 grâce à des nouveaux logiciels (51%). 3.6.4 Les innovations inachevées ou abandonnées Il peut arriver que certaines entreprises effectuent un effort d’innovation, mais ne réussissent pas à mettre un nouveau produit ou procédé sur marché. Ces entreprises ont entrepris 3.7. Les motivations de l’innovation 108 Tab. 3.15 – Innovation de procédés Secteurs IAA IBLA ICC ICH ICP IEEE IMCCV IME IMM IPPC ITH TIC Divers Total Innovation de Procédés 49 7 8 24 9 34 21 6 36 7 62 6 16 285 Nouvelles techniques 30 4 5 20 9 26 12 3 27 3 32 1 11 183 Changement organisation 24 2 1 11 3 15 10 2 12 3 30 3 6 122 Nouveaux Logiciels 22 3 2 8 2 14 16 4 21 3 35 5 10 145 Total entreprises 99 16 17 34 25 98 42 11 64 10 111 22 37 586 des activités d’innovation, mais elles les ont abandonnées ou ne les ont pas encore achevées. La disposition d’autres activités d’innovation encore en cours reflète a priori la mise en œuvre d’innovations successives qui peut s’avérer compléter l’innovation pour le marché. En effet, l’engagement dans d’autres activités d’innovation non encore finalisées ou l’abandon d’activités d’innovation engagées peut, plus particulièrement, s’intégrer dans une stratégie d’innovation produit pour le marché qui vise généralement à assurer la compétitivité de l’entreprise. 3.7 Les motivations de l’innovation Une question demande aux entreprises si elles ont été engagées dans des activités de R&D et d’innovation durant les trois années précédentes à l’enquête, ayant pour objectif de : – – – – – – – – – – – remplacer les produits qui sont supprimés ; étendre la gamme de produits ; mettre au point des produits sans danger pour l’environnement ; maintenir la part du marché ; ouvrir de nouveaux marchés ; conférer davantage de souplesse à la production ; abaisser les coûts de production ; améliorer la qualité d’un produit ; améliorer les conditions de travail ; améliorer la productivité ; réduire les atteintes à l’environnement ; Nous observons que toutes ces motivations ne concernent pas les mêmes niveaux d’objectifs pour l’entreprise : certains sont clairement stratégiques (comme la maintien de la part de marché ou l’ouverture de nouveaux marchés), mais d’autres concernent directement un type spécifique d’innovation (comme le remplacement des produits ou l’élargissement de la gamme de produits). L’amélioration de la qualité des produits est la préoccupation majeure 3.8. La perception des obstacles à l’innovation 109 de 72% des entreprises (Figure 3.7). L’ouverture de nouveaux marchés, le maintien de la part du marché et l’ mélioration des conditions de travail intéresse plus que la moitié des entreprises (voir aussi Tableau 3.16). Réduire les atteintes à l’environnement 34% Améliorer la productivité 65% Améliorer les conditions de travail 60% Améliorer la qualité d’un produit 72% Abaisser les coûts de production 59% Remplacer les produits qui sont supprimés 17% Etendre la gamme de produits 57% Mettre au point des produits sans danger pour l’environnement 21% Maintenir la part du marché 58% Ouvrir de nouveaux marchés 61% Conférer davantage de souplesse à la production 34% Fig. 3.7 – Répartition sectorielle selon les facteurs influençant l’innovation 3.8 La perception des obstacles à l’innovation L’industrie tunisienne est dominée par les petites et moyennes entreprises qui font face généralement à des difficultés dans les ressources humaines, financières ou techniques. La perception des obstacles à l’innovation identifiés par le questionnaire peut donner des indications sur les faiblesses des politiques poursuivies (Tableau 3.17 et Figure 3.8). Le manque de sources de financement appropriées est un obstacle majeur. Plus de la moitié des entreprises enquêtées (56% du total) considèrent, que parmi les facteurs économiques, une perception de niveau moyen et fort de perception des contraintes financières avec une grande proportion correspondante aux entreprises indépendantes. Cependant, la majorité des entreprises appartenant à des groupes étrangers indique que le problème de financement des activités d’innovation n’est pas contraignant. Les mêmes résultats concernent les obstacles liés aux coûts élevés de l’innovation et à la perception du risque économique excessif. 26% des entreprises interrogées indiquent que le facteur économique le plus important est le risque économique, qui est perçu comme excessif, et 40% considèrent que les coûts d’innovation sont trop élevés. Concernant les facteurs internes à l’entreprise, le manque de personnel qualifié peut mener à des rigidités internes. Les difficultés relatives au manque du personnel qualifié est un obstacle important qui peut entraver les activités d’innovation des entreprises de petites tailles. Les filiales des groupes étrangers perçoivent des barrières faibles liées à la pénurie de personnel qualifié. Pour les autres facteurs, l’obstacle le plus important est lié à la bureaucra- 3.9. Conclusion 110 tie et les conditions de réglementations défavorables qui sont perçues plus par les entreprises orientées vers le marché local. L’environnement institutionnel est perçu comme une barrière à l’innovation plus forte pour les entreprises orientées vers le marché local. Manque de réactivité du client aux nouveaux produits ou services Flexibilité insuffisante des réglementations ou des normes Manque d'informations sur les marchés Manque d'informations sur la technologie Manque de personnel qualifié Rigidités organisationnelles au sein de l'entreprise Manque de sources de financement appropriées Coûts d'innovation trop élevés Risques économiques perçus comme excessifs i é i if 0% Non Pertinent 5% Faible 10% 15% Moyen 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50% Fort Fig. 3.8 – Perceptions des obstacles à l’innovation : entreprises innovantes 3.9 Conclusion Ce chapitre s’est consacré à la description de la base de données en notre possession ainsi que les variables à utiliser pour les besoins de notre analyse statistique et économétrique. Nous avons présenté les statistiques descriptives générales des variables données par le questionnaire. Au vue de cette analyse, il est possible de déceler le lien entre l’innovation, l’effort interne en R&D et les sources externes de connaissances techniques et scientifiques. Nous observons notamment, la contribution des laboratoires et centres de recherche dans les efforts de R&D des entreprises et le rôle des organismes nationaux et aux dans l’assistance technique et la formation. L’enquête peut donner une image préliminaire de l’état de l’innovation en Tunisie. Elle comprend les informations sur les questions habituellement posées. Le questionnaire demande aux entreprises si elles sont innovantes ou non. Cependant, cette information est relativement subjective. L’une des principales limites de cette enquête réside dans la déclaration des entreprises et donc dans le caractère probablement subjectif du jugement de l’innovation (Mairesse & Mohnen 2010). Elle ne nous informe pas sur la qualité et la pertinence de cette innovation. Ainsi, il n’est pas possible de dresser une comparabilité internationale entre les entreprises innovantes selon les pays. De même, nous ne disposons pas de données sur plusieurs années qui nous permettront de spécifier les relations de causalité entre les variables. Le questionnaire distingue aussi entre les produits nouveaux pour l’entreprise et les produits nouveaux pour le marché de l’entreprise. Cette distinction nous permettra de réduire la possibilité de la subjectivité, par la considération de la définition la plus restrictive de l’innovation : seulement lorsque le produit est nouveau pour le marché de l’entreprise. 3.9. Conclusion 111 Cette étude ne nous permet pas d’identifier clairement le contenu du progrès technologique mené par les innovations réalisées ni de connaître l’impact de l’innovation sur la croissance des entreprises et de pouvoir étudier les conditions d’un transfert des facteurs des entreprises innovantes vers les entreprises non innovantes. Les structures technologiques et le réseau d’entreprises innovantes permettent d’inspirer une taxonomie des modes d’innovation par secteur (Pavitt 1984) ou de faire une analyse en terme de paradigmes technologiques (Dosi 1982, 1984) ou de systèmes techniques incorporant plusieurs technologies fondamentales (Freeman 1982). Le travail qui va suivre s’appuiera en grande partie sur ces analyses statistiques préliminaires et sur les éléments fournies par les deux premiers chapitres (les déterminants économiques de l’innovation et les caractéristiques de l’économie tunisienne). La deuxième partie de la thèse sera consacrée à l’analyse économétrique des déterminants du comportement d’innovation dans les entreprises en Tunisie, en mettant l’accent sur le le rôle des sources externes de connaissances, la relation entre l’ouverture à l’exportation et le comportement d’innovation des entreprises, et le rôle des IDE et de la participation étrangère dans l’innovation. Nous étudierons également les obstacles à l’innovation. 3.9. Conclusion Tab. 3.16 – Répartition sectorielle des entreprises selon les motivations Secteur Remplacer les produits qui sont supprimés Étendre la gamme de produits Mettre au point des produits sans danger pour l’environnement Maintenir la part du marché Ouvrir de nouveaux marchés Conférer davantage de souplesse à la production Abaisser les coûts de production Améliorer la qualité d’un produit Améliorer les conditions de travail Améliorer la productivité Réduire les atteintes à l’environnement Total par secteur IAA 18% IBLA 44% ICC 6% ICH 25% ICP 16% IEEE 16% IMCCV 19% IME 9% IMM 16% IPPC 0% ITH 11% TIC 23% Divers 24% Total 17% 57% 75% 35% 91% 76% 53% 60% 18% 69% 80% 48% 41% 49% 57% 20% 13% 18% 63% 12% 19% 19% 64% 28% 20% 13% 5% 19% 21% 66% 75% 47% 56% 68% 51% 67% 36% 69% 90% 53% 41% 49% 58% 63% 75% 53% 81% 60% 54% 69% 27% 67% 90% 61% 45% 49% 61% 38% 56% 41% 47% 16% 34% 29% 18% 44% 30% 30% 9% 32% 34% 57% 63% 35% 78% 56% 61% 69% 55% 70% 80% 57% 23% 41% 59% 79% 88% 71% 84% 60% 67% 74% 45% 81% 90% 73% 32% 62% 72% 63% 63% 59% 75% 52% 57% 69% 45% 73% 90% 52% 18% 57% 60% 68% 75% 53% 81% 48% 63% 79% 36% 77% 90% 60% 36% 59% 65% 39% 19% 41% 66% 28% 33% 48% 64% 41% 60% 17% 0% 35% 34% 99 16 17 34 25 98 42 11 64 10 111 22 37 586 112 3.9. Conclusion 113 Tab. Deuxième partie Déterminants de l’innovation en Tunisie : Analyse économétrique La deuxième partie de ce travail se consacrera à l’analyse économétrique des déterminants du comportement d’innovation dans les entreprises en Tunisie. Nous commencerons par le quatrième chapitre qui s’attaquera, à partir des mécanismes de base du processus d’innovation, aux motivations et déterminants de l’innovation en Tunisie. Le cinquième chapitre sera consacré à l’analyse de la relation entre l’ouverture à l’exportation et l’innovation des entreprises. Le sixième chapitre affine l’analyse autour de la question sur la relation entre la structure de propriété des firmes (appartenance à un groupe étranger ou participation étrangère au capital) et leurs activités d’innovation. Le septième chapitre étudiera la perception des obstacles aux activités d’innovation. Chapitre 4 Déterminants de l’innovation en Tunisie : Rôle des sources externes de connaissances 4.1 Introduction Nous consacrons ce chapitre à l’analyse empirique du comportement d’innovation des entreprises tunisiennes. À partir des mécanismes de base du processus d’innovation et des résultats existants sur d’autres pays en développement, nous allons tester un ensemble de conjectures sur les caractéristiques des entreprises innovantes en Tunisie. Dans le chapitre théorique, nous avons distingué entre les motivations des entreprises à innover et les déterminants de leurs capacités d’innovation. Cette distinction, à notre connaissance, n’a pas été explicitée dans les études empiriques malgré l’abondance de la littérature sur l’innovation et les stratégies d’entreprises. Les études se concentrent souvent sur l’analyse des facteurs internes et externes qui déterminent la réussite de l’activité d’innovation. Nous disposons de moins de travaux sur les facteurs favorisant l’adoption d’une stratégie d’innovation par les entreprises. Donc, en nous appuyant sur les observations du chapitre 1, nous essayerons de répondre à deux questions successives. La première concerne les motivations des entreprises tunisiennes quand elles s’engagent dans des activités innovantes. La deuxième question porte sur l’analyse des déterminants de l’innovation technologique en mettant l’accent sur le rôle central des sources externes de connaissances technologiques. De très nombreux facteurs internes et externes sont susceptibles d’influencer la décision de s’engager dans une activité d’innovation, ainsi que sa probabilité de succès1. L’exemple simplifié de Robinson Crusoé discuté dans le premier chapitre, montre que cet agent, dont le navire s’est échoué sur une île isolée, a besoin de mettre en œuvre de nouveaux produits et procédés. Le besoin de résoudre des nouveaux problèmes constitue l’un des moteurs principaux de l’innovation. L’élargissement du cadre d’exposition par l’intégration de la dimension sociale et interactive a mis en exergue la nécessité d’adapter la production à la La méthode de sélection à deux-étapes de Heckman (1976, 1979) est fréquemment utilisée dans l’estimation la décision de R&D et de sa probabilité de succès. Cette méthode est sensible aux déviations de la normalité et nécessite une bonne spécification du modèle de sélection dans la première étape. Karray & Kriaa (2008) estiment un modèle à deux régimes avec sélection en utilisant le niveau d’investissement en R&D. Notre objectif ici est différent. Nous cherchons à comprendre séparément les motivations et les facteurs qui expliquent l’innovation. 1 4.2. Les motivations de l’innovation 117 demande comme motivation importante des entreprises pour innover. La pression concurrentielle force aussi les entreprises à innover pour survivre. L’entreprise sera motivée par la réduction de ses coûts de production sur les marchés où d’autres producteurs proposent le même bien ou un substitut parfait. La stratégie d’innovation sera déployée dans une direction de renforcement de la position de l’entreprise sur ses marchés et produits existants. En effet, se maintenir sur des marchés ou gagner des parts de marché supplémentaires va rendre nécessaire une recherche continue d’innovations par l’entreprise. Des arguments stratégiques sont aussi susceptibles d’expliquer le comportement d’innovation. La recherche d’un pouvoir de monopole est l’une des motivations importantes des innovations, quand les entreprises peuvent s’approprier des technologies ou des nouveaux produits qu’elles créent. Ces facteurs peuvent être affectés par les structures institutionnelles qui ont potentiellement un impact sur les incitations des entreprises à innover. Ainsi, ce chapitre tâche d’étudier les variables reliées aux stratégies de l’entreprise, comme motivations de l’innovation, et d’analyser les déterminants de l’innovation des entreprises tunisiennes à travers une estimation économétrique effectuée dans le cadre d’un modèle Probit. L’analyse exploratoire par arbre de régression nous permettra d’identifier les mécanismes d’interactions donnant lieu à l’innovation et de visualiser les variables explicatives par ordre d’importance. Notre analyse distingue entre les innovations de produits et les innovations de procédés et met l’accent sur le rôle joué par les sources externes de connaissances technologiques. En effet, les entreprises tunisiennes peuvent bénéficier des sources externes des connaissances (universités, centres publics de recherches, autres organismes ou entreprises). Les variables représentant ces canaux de connaissances peuvent avoir des effets positifs sur l’innovation. Nous estimerons le rôle des activités de R&D, de l’ouverture à la concurrence internationale et à l’exportation, de la participation étrangère et de l’État dans le capital de l’entreprise et de la coopération avec des organismes locaux et étrangers ou d’autres entreprises dans l’innovation. La suite du chapitre sera organisée de la façon suivante : nous consacrons la deuxième section à la présentation et à l’examen des motivations de l’innovation des entreprises. Dans la troisième section, nous présentons les déterminants des décisions d’innovation des entreprises tunisiennes. 4.2 Les motivations de l’innovation Pourquoi les firmes cherchent-elles à innover? La réponse à cette question traitée dans le chapitre théorique fait ressortir le rôle des facteurs qui peuvent influencer le développement d’une stratégie dans l’innovation : la demande, la concurrence et la technologie. Pour cela, nous présentons en premier lieu la problématique en s’interrogeant sur les variables pouvant expliquer le comportement de l’innovation en Tunisie. 4.2. Les motivations de l’innovation 4.2.1 118 Problématique L’exemple de Robinson Crusoé, dans le chapitre 1, nous a permis de montrer que le besoin de résoudre les problèmes nouveaux est un moteur principal des innovations. La réduction des coûts et la substitution d’un facteur par un autre dans la production sont les deux motivations les plus autonomes pour innover. Nous testerons donc l’observation 1.3 du chapitre 1 (voir page 20) concernant les principales motivations des innovations : La réduction des coûts de production est une motivation courante des innovations de procédés. La réponse à de nouveaux besoins est une motivation primordiale des innovations de produits. Ces motivations possèdent une dimension quantitative (réduire les quantités d’inputs utilisés) et une dimension qualitative (changer de processus de manière à utiliser des matières premières qui n’étaient encore mobilisées). Nous avons vu, de même, que les entreprises cherchent aussi à innover pour des raisons relatives à la concurrence et à la possibilité d’accéder à de nouveaux marchés. Par exemple, le choix de mettre en place un nouveau produit peut être induit par la modification du niveau ou de la structure de la demande (Observation 1.8 du chapitre 1, page 26). Cependant, la mise en place d’un nouveau procédé ou d’une nouvelle organisation peut être le résultat de la pression concurrentielle (Observation 1.10, page 29). L’innovation ne concerne pas uniquement l’ouverture de nouveaux marchés, mais elle peut aussi offrir des méthodes permettant de satisfaire les besoins des marchés déjà existants et parvenus à maturité. La nécessité de l’adaptation à la demande du marché est une motivation importante pour les innovations de produit (Schmookler 1966), mais également pour les innovations de procédé qui ont pour objectif de proposer une meilleure offre adaptée aux consommateurs. Les conditions économiques particulières des pays en voie de développement aggravent la dépendance des entreprises aux variations de la demande. Dans ces pays, les entreprises qui comptent seulement sur la demande intérieure font face à un pouvoir d’achat très fragile2. Celles qui s’orientent seulement vers le marché extérieur sont fortement dépendantes des conditions macroéconomiques générales (fluctuations des taux de change, par exemple) et des contraintes imposées par l’extérieur. La fragilité de la demande intérieure, dans un pays en voie de développement comme la Tunisie, peut être également aggravée par l’inégalité dans la distribution des revenus, et par conséquent de la demande : une part considérable de la demande potentielle provient des ménages ayant des revenus relativement bas. Même si cette inégalité est relativement modérée en Tunisie en comparaison avec d’autres pays en voie de développement, les entreprises doivent faire face à une demande intérieure asymétrique et hétérogène. D’ailleurs, suite à l’ouverture du marché, les entreprises tunisiennes doivent partager la demande intérieure avec les concurrents étrangers. Dans un tel contexte, elles innovent afin de pouvoir servir la demande locale et étrangère pour atteindre des niveaux satisfaisants de bénéfices et pour pouvoir survivre. Pouvoir d’achat très volatile aux chocs externes et plus élastique à la variation des prix par rapport à celui des pays développés. 2 4.2. Les motivations de l’innovation 119 Servir la plus grande partie de la demande intérieure avec un pouvoir d’achat faible est possible si les entreprises réduisent leurs coûts. La même nécessité provient également de la réponse à la demande étrangère, puisque l’avantage comparatif de l’industrie tunisienne (le facteur travail) est basé sur la faiblesse des coûts. Cette nécessité peut motiver les innovations de procédé. Si les entreprises ne se spécialisent pas dans ces segments du marché, elles peuvent également essayer de servir la part de la demande intérieure correspondant aux plus hauts revenus. Mais, dans ce cas, elles se trouvent en concurrence avec des entreprises étrangères et donc doivent proposer aux consommateurs des biens avec une qualité améliorée. Cette nécessité est une motivation des innovations de produit qui exigent également des innovations en procédé. Conjecture 4.2.1 Pour réaliser des profits tout en servant la demande intérieure à revenu faible, les entreprises doivent développer des innovations de procédé pour réduire les coûts et par suite les prix. La réduction des coûts est une des motivations principales de l’innovation de procédé. Conjecture 4.2.2 Les déterminants des innovations de produit et de procédé sont différents parce qu’elles reflètent des motivations différentes. L’analyse séparée de ces deux types d’innovations peut apporter plus de précision. Les résultats de Cabagnols & Le Bas (2002) et Kannebley et al. (2005) montrent également la nécessité d’étudier séparément ces deux types d’innovations (respectivement pour la France et pour le Brésil). Donc, il nous semble nécessaire de distinguer, dans l’analyse empirique, entre les innovations de produit et les innovations de procédé. La suite de ce chapitre reprend les éléments d’un article publié dans Structural Change and Dynamics Economics (Rahmouni et al. 2010) et de deux documents de travail parus, respectivement, dans les Cahiers de GREThA (Ayadi et al. 2007) et au GREQAM (Ayadi et al. 2009). Nous commencerons par une breve introduction des différentes méthodes d’analyse. Ensuite, nous présenterons les facteurs qui stimulent la probabilité d’innovation de produit et de procédé et les résultats de l’analyse des relations d’interactions potentielles (les relations de complémentarité ou de substituabilité) entre les différentes motivations à l’innovation dans les entreprises tunisiennes. 4.2.2 Méthodes d’analyse Cette section présente les méthodes d’analyses statistiques et la stratégie d’estimation économétrique. Notre étude est effectuée principalement dans la cadre de l’analyse exploratoire par arbres de régressions et l’estimation des modèles Probit. L’objectif de l’utilisation des arbres de régressions non-paramétriques est de créer des groupes d’entreprises les plus homogènes possibles du point de vue de la variable à prédire. C’est un outil exploratoire qui 4.2. Les motivations de l’innovation 120 peut guider aussi dans la construction ou l’interprétation du modèle économétrique. Dans un premier temps, pour détecter les liens entre les différentes motivations de l’innovation, nous allons utilisé l’analyse factorielle en composantes principales. 4.2.2.1 Analyse factorielle L’analyse factorielle en composante principale nous permet de transformer les variables (les motivations de l’innovation) statistiquement corrélées entre elles en de nouvelles composantes indépendantes les unes des autres. Nous utilisons cette approche comme un outil exploratoire permettant de réduire l’information en un nombre de composantes exprimant le maximum de variance des données. La signification et l’interpretation de cette dernière sont déduites à partir des variables initiales (items) auxquelles elle est fortement associée. Le principe général de construction consiste à chercher, au sein d’un nuage de points, un axe de projection orthogonale tel que l’inertie projetée sur cet axe soit maximale (Jackson 1991). Ce qui permet de mettre en évidence des composantes latentes tenant compte de la variance totale de l’ensemble des variables initiales (générer une grandeur synthétique qui différencie le mieux les motivations de l’innovation). Les composantes latentes sont des combinaisons linéaires des variables initiales. Graphiquement, les observations sont projetées sur des axes et leurs nouvelles coordonnées sont les valeurs de la composante principale. En effet, les variables fortement corrélées sont regroupées autour d’un axe qui représente une nouvelle composante construite. Les nouveaux axes sont les vecteurs propres, ordonnés par valeurs propres décroissantes, de la matrice de covariance des données. Les tests de sphéricité de Bartlett et de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO) permettent de s’assurer de la validité des échelles de mesure (Spicer 2005). 4.2.2.2 Arbre de régression La modélisation par arbre de régression binaire ou de classification est une technique exploratoire de discrimination basée sur la division récursive d’un ensemble de données multivariées (Breiman et al. 1984). Cette méthode non paramétrique permet de clarifier la structure des observations par la visualisation des variables actives qui participent, à partir d’une population, à la construction de sous-groupes qui soient les plus homogènes possibles pour une caractéristique donnée. Elle permet de visualiser les variables explicatives les plus importantes et d’identifier les interactions entre elles (voir Venables & Ripley 1999, chap.10). L’arbre donne un ordre hiérarchique des conditions (ou attributs) sur les variables indépendantes du modèle : plus le rôle d’une condition dans la classification des cas observés est élevé, plus son ordre sur l’arbre est haut. Pour chaque condition, la branche à gauche donne les cas pour lesquels la condition est vraie et la branche à droite donne les cas qui sont compatibles avec le complémentaire de la condition (voir Figure 4.1). Pour mieux appréhender la démarche, nous allons prendre l’exemple de la Figure 4.1. 4.2. Les motivations de l’ innovation 121 Il s’agit d’expliquer la variable Y (innover ou ne pas innover) à partir de deux variables explicatives (X et Z). Le chemin menant d’un sommet vers la racine de l’arbre peut être traduit en règle de prédiction de type Condition-Valeur : si tel ensemble de conditions sur telles variables est vérifié alors le cas appartient à une telle classe (SI variable 1 = valeur 1 ET variable 2 = valeur 2). Ce processus est réitéré sur chaque sommet de l’arbre où une entreprise ne peut être située dans deux branches différentes. L’arbre correspondant est décrit comme suit : Le premier sommet est appelé la racine de l’arbre. Il est situé sur le premier niveau. Nous pouvons y observer la distribution de la fréquence de la variable à prédire, Y, selon la première condition sur la variable explicative X. Cette condition (ou aussi la variable de segmentation) produit deux branches et donc deux sommets enfants. La première branche, à gauche, sur le deuxième niveau de l’arbre, est produite à partir de la condition X ≥ 0. Le sommet qui en résulte couvre les observations correspondantes à la condition Z, la distribution des fréquences nous indique n1 entreprises vérifiant la condition Z ≤ 0. La valeur espérée E1 (Y ) est égale à la fréquence des entreprises innovantes dans les n1 qui vérifient les conditions X ≥ 0 et Z ≤ 0. Lorsque le sommet est pur du point de vue de la variable Y, c’est à dire n’ayant plus de sommets enfants, on dit qu’il s’agit d’une feuille de l’arbre. La définition d’un seuil de discrétisation (ou condition d’arrêt) permet de produire le meilleur partitionnement. La librairie rpart du logiciel R propose les techniques de construction de l’arbre de regression binaire (Breiman et al. 1984) avec des options détaillées et une procédure d’élagage. (Condition 1) X≥0 VRAI E1 (Y ) Z≤0 n1 VRAI X≥0 Z≤0 E2 (Y ) n2 (Condition 2) FAUX (X < 0) Espérance de la variable dépendante (Y ) Nombre de cas dans chaque sous-ensemble défini par les Conditions 1 et 2 FAUX X≥0 Z>0 Fig. 4.1 – Arbre de regression : une variable dépendante Y et 2 variables explicatives (X,Z) 4.2.2.3 Modèle Probit Dans notre cas, la variable à expliquer se présente sous forme d’une réponse qualitative, de type oui ou non (yi est égale à 1 si l’entreprise est innovante et 0 si non). La variable expliquée est la probabilité d’apparition de l’événement, conditionnellement aux variables explicatives. Il s’agit alors généralement d’expliquer la réalisation d’une innovation en fonction d’un certain nombre de caractéristiques observées pour les firmes. La probabilité de 4.2. Les motivation s de l’ innovation 122 réalisation de l’événement est l’espérance de la variable yi : E(yi ) = P rob(yi = 1) = pi. Ainsi, on considère le modèle suivant : pi = P rob(yi = 1|xi ) = F (xi β); ∀i = 1,...., N (4.1) où la fonction F (.) désigne une fonction de répartition. La vraisemblance associée à un échantillon de taille N est donnée par : L(y, β) = N Y pyi i (1 − pi )1−yi (4.2) i=1 Le modèle Probit bivarié permet d’estimer les deux types d’innovations simultanément. Lorsque le résultat du test de Wald montre que l’hypothèse nulle (H0 : ρ = 0) est à rejeter, cela signifie que le résultat obtenu par l’estimation du modèle bivarié est statistiquement différent de celui obtenu par l’ estimation séparée des deux modèles Probit. Nous choisissons les variables explicatives que nous maintenons dans le modèle Probit sur la base des observations théoriques du premier chapitre et la disponibilité de ces variables dans la base de données. Le modèle Probit et les arbres de regression sont deux outils d’analyse complémentaires. L’estimation par le modèle Probit mesure l’effet global des variables explicatives. Les arbres de régression jettent la lumière sur les variables qui jouent un rôle significatif dans la capacité d’innovation des entreprises et nous permettent de diviser l’échantillon d’une manière fine afin d’observer les effets communs et les interactions entre ces variables. Après cette présentation de notre méthode d’analyse, il convient de présenter les différentes variables dépendantes et explicatives qui seront introduites dans notre étude. 4.2.3 Les variables utilisées Comme nous l’avons souligné, l’objectif de cette section est d’analyser les motivations de l’innovation des entreprises. La méthode d’analyse consiste à l’utilisation des arbres de régression pour étudier l’importance des motivations des entreprises innovantes. Nous considérons l’introduction d’un nouveau produit (produit nouveau pour le marché) comme une innovation de produit, innovprod, et la variable innovproc pour l’innovation de procédé (Tableaux 4.1 et 5.2). Les motivations ne concernent pas toujours le même niveau pour les objectifs de l’entreprise : certaines sont clairement stratégiques (comme le maintien de la part du marché ou l’ouverture de nouveaux marchés), mais d’autres sont spécifiques à chaque type d’innovation (comme le remplacement des produits ou l’amélioration de la gamme du produit). Également, d’autres objectifs peuvent avoir une certaine redondance pour l’entreprise puisque, par exemple, l’amélioration de la productivité et la réduction des coûts ne sont pas des 4.2. Les motivations de l’innovation V. Dépendantes : innovprod innovproc Innovation de produit Innovation de procédé Motivations : remplaceP rod etendreGamme environnementP rod preservP artM arche ouvrirM arche f lexibleP rod reduireCout amelioreQualite meilleureCondW amelioreP roductiv reduireAttenteEnv remplacer les produits qui sont supprimés étendre la gamme de produits mettre au point des produits sans danger pour l’environnement maintenir la part du marché ouvrir de nouveaux marchés conférer davantage de souplesse à la production abaisser les coûts de production améliorer la qualité d’un produit améliorer les conditions de travail améliorer la productivité réduire les atteintes à l’environnement Déterminants : collOrgInternat collLabU nit collOrgN at collAutresF irmes collCentRech collU niv consultT ech depRD multiM arche partEtranger partEtat V entes binaire pour la collaboration avec des organismes internationaux binaire pour la collaboration avec des labo. et unités de recherche binaire pour la collaboration avec des organismes nationaux binaire pour la collaboration avec d’autres firmes binaire pour la collaboration avec des centres de recherche binaire pour la collaboration avec des universités binaire pour l’access à l’assistance technique externe binaire pour le département ou structure de R&D in rne binaire pour les firmes servant les marchés local et étranger part de la participation étrangère au capital (en pourcentage) part de la participation de l’ État au capital (en pourcentage) Ventes en million de dinars Secteurs : IAA EEEAI IM M IT HCC Industrie Industrie Industrie Industrie 123 Agro-alimentaire électrique, électronique et électromécanique mécanique et métallurgique de textile , hab illement, cuire et chaussures Tab. 4.1 – Description des variables motivations totalement indépendantes. Pour ces facteurs influençant les activités d’innovation, une question a été posée dans l’enquête : « Pendant ces 3 années (2002-2004) vous avez commencé une activité ayant pour objectif... [le facteur correspondant]? ». Le résultat de l’analyse en composante principale des facteurs est donné dans le Tableau 4.3. Cette analyse est basée sur la matrice de variancecovariance (ou de corrélation) des réponses aux variables. Puisque, l’utilisation du coefficient de corrélation de Pearson n’est pas adapté aux variables dichotomiques, nous avons utilisé donc des coefficients de corrélation polychoriques d’association entre les variables qualitatives (Olsson 1979, Rigdon & Ferguson Jr 1991). La matrice de corrélation permet de résoudre le problème technique de mesure de l’association entre les variables catégorielles. Avant de procéder à l’analyse factorielle, nous avons effectué le test de sphéricité de Bartlett de l’hypothèse nulle selon laquelle la matrice des corrélations est une matrice identité et donc qu’il n’existe aucune relation entre les items. La significativité de ce test de sphéricité indique que nos items sont suffisamment corrélés pour être factorisables (χ2 = 1970.27). Un deuxième test, celui de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO = 0.864), permet de confirmer la présence de facteurs latents liant les items entre eux par la vérification que les corrélations partielles de chaque paire d’items sont faibles lorsque l’effet linéaire des autres items est contrôlé (une valeur proche de 1 indique que les facteurs latents expliquent l’ensemble des corrélations 4.2. Les motivations de l ’ innovation Échantillon moyenne éc.type Variable 124 innovprod=1 moyenne éc.type V. dépendantes innovall innovprod innovproc 0.61 0.41 0.49 0.49 0.49 0.50 0.70 0.46 Motivations remplaceP rod etendreGamme environnementP rod preservP artM arche ouvrirM arche f lexibleP rod reduireCout amelioreQualite meilleureCondW amelioreP roductiv reduireAttenteEnv 0.17 0.57 0.21 0.58 0.61 0.34 0.59 0.72 0.60 0.65 0.34 0.38 0.50 0.41 0.49 0.49 0.47 0.49 0.45 0.49 0.48 0.48 0.27 0.83 0.28 0.72 0.80 0.42 0.70 0.89 0.70 0.78 0.42 0.33 0.27 0.36 0.32 0.26 0.31 0.49 0.50 0.48 42.97 25.09 1.76 0.22 0.09 0.21 0.17 0.09 0.18 0.58 0.72 0.49 23.21 5.11 15.65 Déterminants collOrgInternat 0.13 collLabU nit 0.08 collOrgN at 0.15 collAutresF irmes 0.12 collCentRech 0.07 collU niv 0.11 ConsultT echn 0.41 depRD 0.54 multiM arche 0.35 partEtranger (%,*) 30.98 partEtat (%,*) 7.17 log(CA) (*) 15.29 Observations 586 (*) pour les variables continues. innovproc=1 moyenne éc.type 0.59 0.49 0.44 0.38 0.45 0.45 0.40 0.49 0.46 0.31 0.46 0.42 0.49 0.22 0.75 0.29 0.71 0.78 0.47 0.72 0.90 0.71 0.79 0.43 0.41 0.43 0.46 0.46 0.41 0.50 0.45 0.30 0.45 0.41 0.50 0.42 0.29 0.41 0.38 0.29 0.39 0.49 0.45 0.50 38.20 21.52 1.57 0.20 0.09 0.22 0.16 0.09 0.15 0.59 0.65 0.44 27.14 6.08 15.64 0.40 0.28 0.42 0.37 0.29 0.36 0.49 0.48 0.50 40.94 22.87 1.61 240 285 Tab. 4.2 – Statistiques descriptives des variables entre les items). Les estimateurs polychoriques tiennent compte du fait que les variables binaires sont des mesures imparfaites des variables continue s latentes . Nous avons trouvé des similitudes dans les résultats entre la méthode standard basée sur les variables binaires originales et l’analyse basée sur la matrice de corrélation polychorique (qui tient compte du fait que les variables sont binaires). Les résultats sont très similaires en termes de poids relatifs. La détermination du nombre de facteurs à extraire est une décision critique dans l’analyse factorielle exploratoire. Le critère de l’analyse parallèle3 (Horn 1965) confirme l’existence de 3 facteurs (Figure 4.2). Les deux premières colonnes du Tableau 4.3 montrent que ces facteurs correspondent L’analyse parallèle (Horn 1965) est utilisée pour comparer la progression des valeurs propres de l’échantillon avec celle d’un échantillon aléatoire simulé. Elle permet de définir le nombre de facteurs communs pertinent (la dimension) à partir de J variables quantitatives. La procédure s’effectue par le calcul de la matrice de corrélation de ces variables, puis le remplacement des éléments de la diagonale de cette matrice par le carré du coefficient de corrélation linéaire entre chaque variable et les (J − 1) autres. La même opération est réalisée sur un ensemble de J variables simulées par une loi normale centrée réduite sur le même nombre d’observations. On compare alors les valeurs propres des deux matrices et on détermine la dimension de la matrice initiale comme égale au nombre de valeurs propres de la matrice initiale plus grandes que celles de la matrice simulée. 3 4.2. Les motivations de l’innovation 125 à ce que nous pouvons considérer comme, respectivement, la pression de la concurrence (pressionConc) et l’impulsion de la demande (impulsionDde). Étant donné la signification de ces deux facteurs nous les soulignons dans notre analyse, selon les théories de la demande et de la poussée de la technologie. Ainsi, la première composante, nommée la pression de la concurrence, regroupe les items qui peuvent être liés à la concurrence (améliorer la qualité d’un produit ; améliorer les conditions de travail ; améliorer la productivité ; conférer davantage de souplesse à la production ; abaisser les coûts de production). La deuxième dimension est désignée par l’impulsion de la demande puisqu’elle regroupe les items liés au produit (extension de la gamme de produits ; remplacement des produits qui sont supprimés) et au marché (ouverture de nouveaux marchés ; maintien de la part du marché). La troisième dimension est liée à la mise au point des produits sans danger pour l’environnement et à la réduction des atteintes à l’environnement (ce facteur pourrait être lié aux normes environnementales imposées à l’échelle internationale). Nous désignons cette dimension par la prise en compte des contraintes et exigences de l’environnement4. L’engagement dans une activité d’innovation peut être ainsi déterminé selon les conditions de la demande et de la pression de la concurrence qui incitent l’entreprise à développer de nouveaux produits ou procédés. En effet, l’évolution de la demande et sa diversification incitent l’entreprise à innover pour y adapter sa production. L’entreprise peut être incitée à étendre sa gamme de production et réaliser des innovations de produits. Le problème de compatibilité entre la demande et les conditions matérielles de production sera important face à une demande diversifiée (Observation 1.8, chapitre 1 page 26). Pour faire face à la concurrence des autres entreprises et à celle des entrants potentiels, l’entreprise cherchera souvent à innover, soit pour vendre le bien actuel moins cher que ses concurrents, soit pour ouvrir de nouvelles niches, en différenciation son produit de celui des concurrents (Observation 1.10, chapitre 1 page 29). L’analyse exploratoire par arbre de regression peut nous donner une représentation plus fine des relations entre les motivations et de l’importance de leurs effets sur les innovations. La section suivante s’interroge sur ces motivations en prenant en compte les différentes interactions potentielles entre les facteurs susceptibles d’influencer la décision d’innovation dans les entreprises tunisiennes. 4.2.4 Interactions entre les motivations Les arbres donnés dans les Figures 4.3 et 4.4 concernent les motivations des entreprises innovantes. Nous considérons qu’une entreprise est innovante en produit lorsqu’elle introduit un produit qui est nouveau pour le marché (voir Rahmouni et al. 2010). Ces arbres confirment que les innovations de produit et celles de procédé répondent à des motivations différentes. Comme on peut s’y attendre, la Figure 4.3 prouve que la motivation principale des innovations de produit est l’extension de la gamme de produit. La probabilité Il est à noter que certains facteurs peuvent être liés à l’une ou à l’autre dimension. Par exemple, l’item « maintien de la part du marché » peut être lié à la concurrence. 4 4.2. Les motivations de l’innovation 126 Tab. 4.3 – Analyse factorielle des objectifs Items / Facteurs remplaceP rod etendreGamme environnementP rod preservP artM arche ouvrirM arche f lexibleP rod reduireCout amelioreQualite meilleureCondW amelioreP roductiv reduireAttenteEnv proportion (%) proportion cumulée (%) pressionConc -0.0840 0.2082 0.0636 0.3887 0.4585 0.5248 0.6831 0.6854 0.8205 0.8092 0.3269 27.84 27.84 impulsionDde 0.6102 0.7678 0.1713 0.5234 0.5463 0.1813 0.1685 0.3046 0.0019 0.2000 -0.0338 15.99 43.83 environnement 0.3355 0.0612 0.8637 0.0931 0.0387 0.4319 0.1856 0.1132 0.1925 0.1219 0.7703 15.92 59.75 Analyse Parallèle: Méthode standard Corrélation polychorique 0 0 1 Valeurs propres 2 4 Valeurs propres 2 3 4 6 Analyse Parallèle: 0 5 Composantes ACP 0 10 5 Composantes ACP Analyse Parallèle 10 Analyse Parallèle: Fig. 4.2 – Détermination du nombre des facteurs : progression des valeurs propres Motivations des innovations de produits − Entreprises innovantes etendreGamme< 0.5 | remplaceProd< 0.5 reduireAttenteEnv< 0.5 amelioreProductiv>=0.5 ouvrirMarche< 0.5 0 n=8 flexibleProd>=0.5 0.5385 n=26 0.4211 n=19 0.7143 n=14 0.7268 n=194 preservPartMarche>=0.5 0.7719 n=57 0.375 n=24 Fig. 4.3 – Motivations de l’innovation de produit (cp = 0.005). 1 n=14 4.2. Les motivations de l’innovation 127 Motivations des innovations de procédés − Entreprises innovantes flexibleProd< 0.5 | amelioreQualite< 0.5 remplaceProd>=0.5 amelioreProductiv< 0.5 reduireCout>=0.5 0.2857 n=7 1 n=10 0.6857 n=35 etendreGamme>=0.5 0.5385 n=13 0.859 n=156 preservPartMarche>=0.5 0.7568 n=74 0.7778 n=9 etendreGamme< 0.5 0.7619 n=21 0.9355 n=31 Fig. 4.4 – Motivations de l’innovation de procédé (cp = 0.005). d’innovation est plus élevée sur le côté droit de l’arbre, quand les entreprises désirent étendre la gamme de produit (265 entreprises innovantes suivent cette stratégie) et remplacer les produits existants (57 des entreprises innovantes en produits et en procédés sont motivées par ces deux stratégies). La première branche à droite de l’arbre montre que les 194 entreprises qui suivent seulement la première stratégie (entendreGamme = 1) peuvent, néanmoins, atteindre une probabilité d’innovation de produit significative (E(P [innovprod]) = 0.73). La deuxième branche montre que le sous-ensemble des entreprises qui ne suivent aucune stratégie défensive (essayant de préserver leur part de marché) et qui se concentrent seulement aux innovations de produit, peuvent même atteindre une probabilité d’innovation en produit égale à 1 :  etendreGamme = 1 ⇒ E (P [innovprod]) = 1, n = 14. remplaceP rod = 1   preservPartMarche = 0 Au contraire, nous observons sur la branche gauche de l’arbre que les entreprises visant seulement à améliorer leurs productivités, sans prendre en considération d’autres dimensions, ne sont pas innovantes en produit, avec une probabilité d’innovation nulle (E(P [innovprod]) = 0). Seulement 8 entreprises correspondent à cet objectif : etendreGamme = 0 reduireAttenteEnv = 0 amelioreProductiv = 1 ouvrirMarche = 0        ⇒ E (P [innovprod]) = 0, n = 8.
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s.E 60% 20% a.> "0 *ac: 0 40% 20% 0 200 400 600 800 Energie Micro-Onde Absorbée (J/cm3) 1000 Figure D 1-3 Evolution du Gain de temps en fonction de l'Energie Micro-Onde Absorbée (Axe du Bas) ou de la Part d'Energie correspondante (Axe du Haut), pour une épaisseur de 10 cm Une première observation est de comparer les différentes courbes à la diagonale du graphique. On s'aperçoit alors que les courbes ont des pentes très voisines de cette dernière. Pour des Xm 0 inférieures à 40%, la pente moyenne des courbes se situe au dessus de la diagonale, et traduit qu'une part d'énergie microonde donnée entraîne un gain de temps qui lui est supérieur en pourcentage. Ceci n'est plus vrai si l'apport d'énergie électromagnétique a lieu plus tôt dans le processus. En effet, dans ce cas, on réduit l'efficacité du transfert convectif en augmentant la température de surface, et on ne réalise que la substitution e D d'une énergie par une autre. D'autre part, la première période de séchage reste courte en regard de la durée totale, et la réduire ne peut entraîner qu'un faible gain de temps. = 30%, Si l'on s'intéresse à la courbe Xmo l'énergie absorbée augmente. sa pente Ce phénomène se retrouve augmente aussi sur les lorsque autres courbes. On peut imputer cela au dépassement du point d'ébullition dans le milieu, qui entraîne une augmentation du mouvement de filtration de la vapeur vers l'extérieur. forte En effet, puissance car le augmenter temps l'énergie d'application nécessite diminue une corrélativement. élévation Chaque de courbe possède une limite horizontale, fixant pour une valeur de Xmo le gain de temps maximal. Ce dernier résulte du temps nécessaire pour atteindre la teneur pondérale en eau moyenne Xmo à partir de laquelle le chauffage diélectrique est actionné. D'autre part, la température de 110°C à ne pas dépasser dans le milieu entraîne une limitation dans les énergies déposées, et son dépassement marque généralement la fin des courbes. 100% e=lOcm h=25W/m2fOC Ts=80°C Tr=46°C 80% s"' Q (!.) E-< 60% (!.) "0 = *; 40% Cl -a 20% -o 0 0 Xmo=IO% 0% 0 5 10 15 20 Puissance Absorbée (mW/cm3) 25 Figure D 1-4 Evolution du Gain de Temps en fonction de la Puissance Micro-Onde Absorbée, pour une épaisseur de 10 cm. Vers 128 l'Optimisation Sur la figure 01-4, le gain de temps est représenté en fonction de la puissance micro-onde absorbée et pour différents Xmo* La limite précédemment évoquée est aussi visible par le palier atteint par certaines courbes. Ainsi, à partir d'un certain seuil de puissance absorb ée, une augmentation même forte de cette dernière n'entraîne pas de gain de temps supplémentaire significatif. En outre, si pour une puissance moyenne on atteint un gain de temps de l'ordre de 40% en appliquant les micro-ondes vers 20% d'humidité, en les appliquant à partir de 40% le gain de temps n'excédera pas 70% alors que la part d'énergie micro-onde aura doublé (cf figure 01-1). Ceci confirme le fait qu'il y a un optimum à trouver sur la puissance et la durée de l'apport d'énergie électromagnétique. D.I.3-2 à Xmo fixe 80% <Il o. s Xmo=30% h=25W /m2/°C Ts=80°C Tr=46°C 60% ~ E-< ~ "'c: 40% 'ëa 0 2cm 20% 0%~~--~--~----~----~----~--~~--~-----r 0 20 40 60 Puissance Absorbée (rnW /cm3) 80 Figure D 1-5 Evolution du Gain de Temps en fonction de la Puissance Micro-onde Absorbée, pour différentes épaisseurs avec un seuil d'application des micro-ondes de 30% de teneur en eau. Intéressons nous maintenant à l'épaisseur. La figure D1-5 présente le gain de temps pour des épaisseurs de 2 à 20 cm en fonction de la puissance absorbée et indique clairement l'intérêt d'utiliser des micro-ondes pour des milieux épais. La puissance moyenne doit être bien plus élevée sur un milieu fin que sur un milieu épais pour entraîner un gain de temps identique. D'autre part, les puissances supportées par les milieux épais sont plus faibles, car la température s'élève dans la zone la plus sèche alors qu'existe à l'opposé une zone humide, et la limite de la température moyenne de 110°C peut être aisément atteinte. Pourtant, rapportée au volume, la même énergie conduit à des gains de temps similaires pour toutes les épaisseurs, comme on peut le voir sur la figure D1-6. Mais, n'oublions pas qu'à énergie égale la puissance peut croître et le temps d'application décroître, et réciproquement. Pour les fortes énergies absorbées, les courbes voient leurs pentes s'accroître d'autant plus précocement que le milieu est fin. Nous avons constaté que 1' accélération finale du processus pour 1'épaisseur de 10 cm est liée au dépassement du point d'ébullition. 80% fi.) o. s 60% ~ ~ "0 = Xmo=30% h=25W /m2/°C Ts=80°C Tr=46°C 40% *; 0 20% --o- - 2cm * --o - Sem l Oc rn • 20cm 0%~~=-~~~~--~~--~~~~==~~=:~ 100 200 300 400 0 500 600 Energie Micro-Onde Absorbée(J/cm3) Figure D 1-6 Evolution du Gain de Temps en fonction de l'Energie Micro-onde Absorbée, pour différentes épaisseurs avec un seuil d'application des micro-ondes de 30% de teneur en eau. Vers l'Optimisation Pourquoi à énergie volumique égale a-t-on alors un gain de temps plus important pour le milieu fin? L'étude des courbes précédentes nous fournit une réponse, en effet la courbe pour une épaisseur de 20 cm s'écarte beaucoup plus des autres, et nous conduit à dire que ce résultat est l'effet de l'atténuation du signal qui devient sensible pour cette épaisseur. Une meilleure similitude entre les courbes existerait si le milieu recevait 1' énergie électromagnétique sur ses deux faces. D./.3-3 à densité de puissance surfacique fixée Part d'Energie Micro-onde 80% Gain de Temps 60% 40% --------o-------- 20% Sem 0%fF~--~-?--r-~~~~~--~~~~~~--~~--~ 0% 20% 40% Xmo 80% 60% Figure D 1-7 Evolution du gain de temps et de la part d'énergie micro-onde en fonction du seuil d'application des micro-ondes pour des épaisseurs de 5, 10, et 20 cm et une densité de puissance surfacique de 1000 W.m-2. La figure D 1-7 montre , pour trois épaisseurs, le gain de temps, et la part d'énergie micro-onde absorbée dans le processus, en fonction de la durée d'application des micro-ondes repérée par Xmo. La densité de puissance surfacique est dans tous les cas de 1000 W .m- 2. Les points d'abcisse 80% correspondent à une application permanente du signal On retrouve certaines 131 Partie D conclusions déjà mentionnées. L'épaisseur croissant, les points d'intersection entre le gain de temps et la part d'énergie micro-onde interviennent pour des seuils d'application des micro-ondes plus précoce dans le processus de séchage. L'intérêt de cette intersection est sa situation au commencement d'une partie de la courbe de gain de temps à plus faible pente. Au delà, on utilise une part croissante d'énergie micro-onde sans apporter de gain de temps significatif. D'autre part, sur ces courbes on discerne bien que plus l'épaisseur augmente, plus il existe un écart important et intéressant entre le gain de temps et la part d'énergie micro-onde. En résumé, pour une densité de puissance surfacique donnée, il existe un seuil d'application des micro-ondes limite, légérement croissant avec l'épaisseur, qui marque la fin d'une utilisation efficace des micro-ondes. D.I.4 Conclusion En conclusion de cette première partie sur l'utilisation des micro-ondes en fin de séchage, il convient de retenir les principaux résultats: • les micro-ondes ne doivent pas venir se substituer à l'apport d'énergie par convection lorsque celui-ci est efficace, notamment lorsque la surface du milieu est alimentée en eau par capillarité. Il est aussi préférable de ne pas élever la température de la surface afin de ne pas réduire l'efficacité de la convection. Aux faibles puissances, il y a une humidité, seuil d'application des micro-ondes, à partir de laquelle l'augmentation de puissance n'entraîne pas de gain en temps. • Le dépassement du point d'ébullition entraîne une meilleure efficacité des micro-ondes, malheureusement cela n'est pas toujours compatible avec les dégradations supportables par le produit • L'usage des micro-ondes se révèle plus intéressant sur des milieux épais que sur des milieux fins Dans cette étude, on pourra regretter que les bilans énergétiques ne prennent en considération que le produit, et n'intègre pas le séchoir tout entier. Pour effectuer cette démarche, il aurait fallu particulariser le séchoir, être en Vers 132 l'Optimisation mesure d'évaluer son rendement énergétique, intégrer des données économiques sur le coût de l'énergie Ceci aurait considérablement alourdi la procédure sans rien apporté à la compréhension des phénomènes physiques qui gouvernent les transferts de chaleur et de masse au sein du milieu. D'autre part, les conclusions quantitatives sont très dépendantes du matériau retenu pour cette analyse, qui ne présente pas d'enjeu économique particulier. Néanmoins, vers la fin du séchage, ce sont les pertes par les parois qui constituent l'essentiel des pertes de chaleur. Ces pertes restent faibles, mais ont lieu pendant une longue durée, et la réduire ne peut qu'être intéressant du point de vue énergétique. L'interêt de l'usage des micro-ondes en fin de séchage se justifie par la réduction de la durée de la période finale de séchage, à condition d'éviter une surchauffe du milieu en surface sinon cela revient à utiliser une part de 1' énergie micro-onde pour chauffer 1' enceinte. 133 Partie D D.II. VERS L'OPTIMISATION DU SECHAGE COMBINE EN DEBUT DE PROCESSUS D.II.l Limitation du problème Dans la partie B 1, nous avons montré comment le modèle a été rendu apte à décrire de façon ruissellement. Ici qualitative nous plutôt utilisons que cette quantitative aptitude pour le phénomène étudier l'intérêt de du phénomène évoqué, même si les conclusions devront rester circonspectes du point de vue quantitatif. Mais, le béton cellulaire ne présentant pas d'intérêt particulier pour le séchage combiné convection micro-onde, les résultats seront à considérer comme une illustration des potentialités du code de calcul, et des pistes de recherche pour d'autres produits. La situation physique est identique à celle de l'étude précédente. En comparaison les densités de puissances sont ici plus élevées. La seule limitation intervenue est d'éliminer les essais où la pression atteint une valeur supérieure à 3 fois la pression atmosphérique, ce qui est déjà considérable. Les conditions convectives sont données par un coefficient d'échange de 25W.m-2. °C-I, une température sèche de 80°C, et un écart psychrométrique de 32°C. Initialement le milieu est à une humidité uniforme de 130%. Afin de bien rendre compte du gain apporté par l'expulsion de liquide nous avons du choisir un critère qui détermine la fin de l'application des micro-ondes. A la lumière des premières simulations, une discontinuité brutale d'humidité se mouvant vers la surface est apparue, et la fin du ruissellement se produit lorsque ce front atteint la surface. Le critère choisi relève de cette observation puisqu'il détecte le passage du front en testant si l'humidité devient inférieure à 100% à une distance voisine de un millimètre de la surface. Choix des Ratios de l'Optimisation Comparaison Pour cette partie nous avons conservé les ratios précédemment introduits: le gain de nécessaire temps, pour la part d'énergie sécher de façon micro-onde purement comparée convective. à l'énergie totale Nous utilisons aussi l'humidité moyenne correspondant à la fin du ruissellement puisqu'elle est liée à la quantité d'eau éliminée sous forme liquide, et par suite à un gain énergétique. Les variables sont l'énergie volumique moyenne absorbée, ou cette dernière rapportée au temps d'application des micro-ondes comme densité de puissance volumique. D.II.3 Résultats et Commentaires Des simulations ont été réalisées pour trois épaisseurs 5, 10 et 20cm. Les résultats étant l'épaisseur de indications assez voisins, 10 cm seront présentés ici. seuls les résultats concernant Dans un but de comparaison des portant sur des points particuliers seront données pour les autres épaisseurs. 30% <n o. E Q.) 20% Q.) "'0 = "ëa 0 10% 0% 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 Puissance Absorbée (W/cm3) 0,7 0,8 Figure D2-1 Evolution du Gain de temps en fonction de la puissance moyenne absorbée pour une épaisseur de 10 cm Partie D La figure 02-1 présente le gain de temps en fonction de la densité de puissance volumique pour une épaisseur de 10 cm. Cette courbe présente deux aspects caractéristiques: d'une part, un palier situé vers les fortes puissances qui tend à montrer que le gain de temps est limité, et d'autre part une allure en cloche pour les puissances faibles où se situe le maximum. Ainsi, il est possible d'y distinguer trois zones correspondant à une montée des gains de diminution sensible temps, une suivie par une très faible augmentation dénommée palier. Ce palier signifie que le gain de temps apporté par le ruissellement est limité. Si le gain de temps n'augmente plus avec la puissance cela traduit d'une part que la quantité d'eau éliminée par ruissellement n'augmente pas, résultat conforme aux expériences de la partie C2, et que, d'autre part les durées de ruissellement sont alors trop courtes pour diminuer sensiblement, et influer sur le gain de temps. Pour appuyer notre propos, la figure 02-2 présente la teneur en eau correspondant à la fin du ruissellement en fonction de la puissance moyenne absorbée. Une forte augmentation de puissance influe peu sur la quantité d'eau éliminée par ruissellement. Mais, il apparaît que la courbe passe par un minimum avant de remonter, puis redescendre lentement. C'est ce minimum qui explique le maximum de gain de temps visible sur la figure 02-1. En outre, sur la figure 02-3, la décroissance asymptotique des durées de ruissellement est mise en évidence, et conforte notre propos. Vers 136 l'Optimisation 90% = 4) e 80% 4) ::sco:S 4) =::s ~.rJi:5 4)~ 70% "" ::s 4) 4) = 60% g-o E-< *tJ 4) "0 50%~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~+ 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 Puissance Absorbée (W/cm3) Figure 02-2 Evolution de la teneur en eau de fin de ruissellement en fonction de la puissance moyenne absorbée, pour une épaisseur de 10 cm -= e _, 300 e= 4) 240 Q3 - 180 ~ 120 4) *:;"'"' 4) "0 4) 60 '0 "" ::s 0 Q 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 Puissance Absorbée (W/cm3) 0,7 0,8 Figure 02-3 Evolution de la durée de ruissellement en fonction de la puissance moyenne absorbée, pour une épaisseur de 10 cm La figure 02-4 a pour but de sensibiliser le lecteur sur le lien existant entre puissance incidente, puissance moyenne ée et énergie moyenne absorbée dans le cadre de cette étude. Il existe une relation linéaire entre les deux puissances. Mais pour de faibles puissances 1' énergie consommée importante du fait d'un temps d'application trés long (cf.Figure 02-3). est très , ~ 700 0,6 4.> '4.> 600,Q 1-o 0 "' < 4.> (,) = t:l (,) 4.> '4.>,Q 1-o 0,2 500 "' < 400 *- t'I:S *-"'"'= -0 0,4,Q s,Q 4.> Oll 1-o 4.> 0,0 O,Oe+O = 300 t.t.l 5,0e+4 l,Oe+5 1,5e+5 2,0e+5 Puissance Incidente (W/m2) ---o- Puissance Absorbée (W/cm3) -o-- Energie Absorbée(J/cm3) 2,5e+5 Figure D2-4 Puissance et energie moyennes absorbées et volumique en fonction de la densité de puissance surfacique pour une épaisseur de 10 cm. 30% s" ' Q. 2 20% 4.> "0 = ~ 10% 0%~~~~~--~~~~~~~~~~~~-T~~~~+ 300 500 600 700 400 Energie Micro-Onde Ab sorb ée(J/cm3) 800 Figure D2-5: Evolution du gain de temps en fonction de l'Energie Micro-onde moyenne absorbée(Axe horizontal bas) et de la Part d'Energie Micro-onde correspondante (Axe horizontal haut) pour une épaisseur de 10 cm. Vers 138 l'Optimisation La figure D2-4 présente le gain de temps comme une fonction de l'énergie micro-onde moyenne. Elle est à rapprocher de la figure D2-1. Cette nouvelle courbe se présente sous la forme d'un arc, avec un plateau du gain de temps au centre. Ce plateau délimite une zone où le gain de temps est maximal. Pour gagner le maximum de temps deux solutions sont alors possibles: s'il est plus intéressant de privilégier une puissance forte dans l'installation, le point de fonctionnement situé du côté des énergies faibles est préférable. En revanche, consommation énergétique plus importante avec des puissances si une installées plus faibles est préférable, c'est à l'opposé du plateau que le point de fonctionnement est à rechercher. Si dans un premier temps le gain de temps augmente avec la puissance, puis est limité pour les puissances fortes s'explique de façon naturelle, l'explication de la décroissance intermédiaire l'est moins. Pour y parvenir nous avons du nous intéresser aux profils d'humidité des deux cas la délimitant (Figures D2-6b et D2-7b). Il est apparu alors que jusqu'à une certaine puissance on assiste à une saturation en liquide durable des deux faces perméables de l'échantillon, et par suite à un effet très efficace de la surpression interne qui entraîne une humidité plus faible de fin de ruissellement. En revanche au delà de cette limite, la face qui reçoit le plus d'énergie voit sa perméabilité à la phase gazeuse devenir rapidement positive, et dès lors la surpression est très efficace sur le mouvement de la phase gazeuse. Il reste maintenant à expliquer le comportement de la perméabilité à la phase gazeuse. Les profils de température (Figure D2-6bc) au voisinage de la surface fournissent une explication. Plus l'énergie reçue est forte, plus le gradient de température à la surface est important, de ce fait il limite l'épaisseur de la zone saturée pouvant exister, et qui diminuant ne peut plus assurer son office de bouchon liquide. Le rôle de l'échange convectif est très important, et pour ce cas précis, un fluide séchant à basse température et forte humidité semble indiqué. Figure D2-6a Figure D2-6b § -!-.,--.,--.,--.,--.,--.,--r-T-~+ 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 Ch35mn Ch39mn 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 X (mm) lh 8rm 1h32rm Oh41rrn 3h53mn Oh47mn 12h 7mn X (mm) ***************-***** ***** *•* 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 X (mm) Figure D2-6c Figure D2-6abcd X (mm) Figure D2-6d Profils de puissance volumique, d'humidité, de température et de surpression pour le cas délimitant la décroissance du gain de temps sur la figure D2-1, soit 0,1 W.cm-3 Vers 140 Figure D2-7 a l'Optimisation Figure D2-7b B Ei ~ ~ 0 *s -d 01.(') §+--r--r- - r- - r- - r--r--r- - ;:r --+ 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 Oh18mn Oh20mn X (mm) 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 OhZ4mn Oh21mn Oh.39mn 2h.39mn Oh23mn 8h36mn X (mm) / /*-************** ********-.*.* )<*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*--' *, ~-----------------------------.! 0 10 20. 30 40 50 60 70 80 90 100 0 10 20.30 40 50 60 70 80 90 100 X (mm) X (mm) Figure D2-7c Figure D2-7 d Figure D2-7 ab cd Profils de puissance volumique, d'humidité, de température et de surpression pour le cas délimitant la décroissance du gain de temps sur la figure D2-1, soit 0,22 W.cm- 3 Pour aborder un aspect plus quantitatif sur les différentes figures l'on voit que le gain de temps pour une épaisseur de 10 cm peut être de 25 %, et peut même atteindre 30% par rapport au séchage convectif dans les mêmes conditions En comparaison, les valeurs correspondantes pour une épaisseur de 5 centimètres sont respectivement de 25% et 33%, 55% et 75% pour 20 centimètres. L'économie apportée par cette technique est intéressante. Pour l'illustrer, nous avons reporté en fonction de la puissance (Figure D2-8) et de l'énergie (Figure D2-9) un ratio 9\ défini comme suit [1]: la masse d'eau éliminée du produit durant la phase de ruissellement, rapportée à la masse d'eau qui serait évaporée avec la quantité d'énergie électromagnétique fournie. permettre la synthèse de nombreuses conclusions Ce ratio a l'avantage de précédentes et d'avoir une réalité plus concrète. 9\ = Masse d'Eau éliminée durant la phase de Ruissellement Energie Micro-onde Moyenne Absorbée] [ Chaleur Latente de Vaporisation [ 1] 3,0 2,5 0 oo 0 - 0 2,0- 1- e:\ 1,5 0 1,0 0,5 # 0 1- 1- 0 0 1 0,0 Figure D2- 8: 0,1 1 1 1 0,4 0,2 0,5 0,6 0,3 Puissance Absorbée (W/cm3) 0,7 0,8 Quantité d'eau éliminée par rapport au pouvoir évaporatoire de l'énergie consommée en fonction de la puissance moyenne absorbée épaisseur de 10 cm pour une Optimisation 2,5 2,0 ~ 1,5 1,0 0,5 300 Figure D2-9: 400 500 600 700 Energie Micro-Onde Absorbée(J/cm3) 800 Quantité d'eau éliminée par rapport au pouvoir é vapor atoire de l'énergie moyenne absorb ée pour une épaisseur de 10 cm Pour les fortes puissances, le ratio 9t reste stable. Ceci regroupe les informations d'une quantité d'eau éliminée par ruissellement, et d'une énergie micro-onde absorbée ne variant pas sensiblement avec les puissances élevées. La conclusion pratique est d'éviter un surcoût de puissance installée inutile pour utiliser ce phénomène dans un processus. A 1' opposé pour les faibles puissances, 1'utilisation de cette technique ne se justifie pas puisqu'elle n'apporte pas de gain énergétique par rapport à une fourniture d'énergie classique où le ratio avoisine l'unité La partie intermédiaire apparaît comme la zone la plus intéressante où l'on retrouve les points de fonctionnement ayant déjà fait l'objet d'un commentaire. Ajoutons que d'une manière générale, et d'un point de vue économique, il est souvent préférable de privilégier une faible puissance électrique installée dans les processus de séchage. En effet, le coût d'installation de puissances importantes est élevée, ainsi que le coût de la consommation électrique non étalée dans le temps. Néanmoins, dans un processus continu, il peut être intéressant d'utiliser une puissance importante mais brièvement. Puis dans la deuxième partie, nous avons introduit certains concepts de l'électromagnétisme qui nous ont semblé nécessaires à une bonne compréhension des phénomènes. A partir d'un exemple de thermique pure, la comparaison de différentes formulations du terme source volumique d'énergie nous a permis d'acquérir un savoir-faire, et quelques bases de raisonnement qui se sont avérées bien utiles par la suite. L'importance de la réflexion et de l'absorption de l'énergie a ainsi pu être appréciée relativement aux différents paramètres choisis. Dans le cas particulier du chauffage d'un produit humide, il est apparu que l'épaisseur et l'humidité du milieu sont les deux paramètres importants à prendre en compte pour évaluer le terme source de chaleur au sein du milieu. Ajoutons néanmoins que la formulation de l'onde plane retenue ne prétend pas donner une image exacte de la complexité réelle mais était nécessaire pour juger de l'aptitude du code à traiter des problèmes plus réalistes. La deuxième partie s'achève en essayant de sensibiliser le lecteur à la difficulté de modéliser les transferts de chaleur et de masse dans les milieux poreux et à expliquer la phénoménologie incluse dans le modèle. L'observation expérimentale d'une période de ruissellement liquide, nous conduira à tenter d'étendre la capacité du modèle à décrire les phénomènes lorsque la phase gazeuse disparaît au cours du séchage. Elle met bien en évidence les limites du modèle, et est une invite à entreprendre un travail plus précis sur la liaison entre des approches microscopique et macroscopique de paramètres phénoménologiques, fondée sur la connaissance de la morphologie du milieu. Dans une troisième partie, nous avons validé le modèle de transferts couplés de chaleur et de masse dans plusieurs situations où la source volumique Conclusion 148 d'énergie est appréciée de façon globale. Ces expérimentations ont entraînées la réalisation d'échantillons spécifiques sur lesquels des mesures de pression et de températures ont été réalisées dans un environnement difficile. A notre connaissance, peu de travaux réunissent une confrontation aussi complète entre théorie et expérience dans le domaine du séchage combiné convection-micro- ondes. La mesure de la pression de la phase gazeuse, notamment, est assez originale, et températures. de La plus elle est comparaison parfaitement corroborée théorie-expérience se par les révèle mesures tout à de fait satisfaisante. La formulation retenue pour la source volumique d'énergie demeure empirique, mais la figure C2-15 met en évidence que l'humidité moyenne du milieu est le paramètre essentiel pour définir la puissance absorbée dans une si tua ti on donnée. La dernière partie du mémoire, portant sur l'optimisation de l'utilisation des micro-ondes est intéressante sur au moins deux points. D'une part, elle utilise une modélisation validée expérimentalement et donne ainsi un exemple concret de l'intérêt de l'approche numérique. D'autre part, elle apporte des éclaircissements sur la physique du séchage combiné convection-micro-ondes en réponse à des préoccupations industrielles. Dans tous les cas étudiés, les micro-ondes entraînent une accélération du processus conséquente, et une économie d'énergie quand l'eau est éliminée sous forme liquide. généralement pas Dans cette étude, il est apparu qu'il intéressant de remplacer n'est l'apport d'énergie convectif lorsque celui-ci est efficace, et que les valeurs moyennes de densités de puissances et d'énergie sont de bons indicateurs de la source volumique d'énergie. On rejoint ainsi les conclusions de Le Pourhiet et Bories dans la référence [16]. Pour terminer, nous voudrions récapituler les points saillants de l'étude et en indiquer quelques prolongements. D'abord le modèle numérique avec la prise en compte de l'action du gradient de pression totale en phase gazeuse aussi bien sur le transport en phase liquide que gazeuse est parfaitement apte à décrire les phénomènes de transfert de chaleur et de masse intervenant au cours du séchage combiné convection-microondes. La résolution effective du système d'équations aux dérivées partielles obtenu requiert un code numérique. De ce point de vue, il faut souligner la performance de la méthode de discrétisation par volumes finis, y compris dans les cas particulièrement ardus, qui n'est pas étrangère à la robustesse des schémas utilisés et donc à la qualité des résultats obtenus. La confrontation théorie-expérience réalisée de façon soigneuse à l'aide d'un montage expérimental bien équipé et bien instrumenté, a été suffisamment satisfaisante pour autoriser l'emploi du code de calcul comme outil d'optimisation et fournir ainsi quelques recommandations utiles. Les prolongements naturels de l'étude sont de deux ordres. D'abord, au delà du choix dans ce travail d'un matériau un peu académique, il serait tentant d'utiliser le savoir-faire acquis pour optimiser le séchage micro-ondes d'un produit industriel dans des conditions réelles de fonctionnement. D'autre part, dès que les électromagnéticiens en auront terminé avec la mise au point d'un logiciel permettant la prévision efficace de la puissance électromagnétique dissipée au sein du milieu, le code de transferts couplés voire son extension à plusieurs dimensions pourrait devenir un outil vraiment prédictif, si par excès d'optimisme, l'on admet au moins l'espace d'un instant, connaître tous les paramètres phénoménologiques Cet objectif, loin d'être inatteignable, est certainement réalisable à moyen terme. Nous esp s que le travail qui précède en jette les fondements. 150 Conclusion 151 Bibliographie REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 152 ( 1] Bibliographie C. Moyne, "Transferts couplés chaleur-masse lors du séchage: prise en compte du la phase gazeuse", mouvement de Thèse de Doctorat-ès- Sciences, INPL 1987. [2] P. Perré, "Le séchage convectif de bois résineux, choix validation et utilisation d'un modèle", Thèse de Doctorat de l'Université Paris VII, U.F.R. de Physique, 1987. [3] P. 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AUTORISATION DE SOUTENANCE DE THESE DU DOCTORAT DE L'INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE LORRAINE oOo VU LES RAPPORTS ETABLIS PAR : Monsieur ANDRIEU Julien, Professeur, Université C.Bernard Lyon 1, Monsieur ROQUES Michel, Professeur, ESI-GTI Pau. Le Président de l'Institut National Polytechnique de Lorraine, autorise: Monsieur CONSTANT Thièry à soutenir devant l'INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE LORRAINE, une thèse intitulée: "Le séchage combiné convection-micro-ondes : Modélisation - Validation 0 ptimisation" en vue de l'obtention du titre de: DOCTEUR DE L'INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE LORRAINE Spécialité : "MECANIQUE & ENERGETIQUE" Fait à Vandoeuvre le, 30 Novembre 1992 " ~la ill'_.~ Le Président de l'I.N.P.L., ~rus'•' 1' :_ : :~:~ ;, > '{ 2, avenue de la Forêt de Haye- B.P. 3- 54501 VANDOEUVRE CEDEX Téléphone: 83. 59. 59. 59- Télex: 961 715 F- Télécopie: 83. 59. 59. 55 *'i~]~~;:~l'lili:::ic'lili ANNEXES ii Annexes iii Annexes ANNEXE! Grandeurs caractérisant le Béton Cellulaire et Paramètres utilisés dans le code de simulation Teneur en eau: X = f(kg d'eau;kg de matière sèche) Porosité rr = 0,80 kg.m-3. Masse volumique de la p0 = 540 matrice solide m2. = I0- Perméabilité intrinsèque Teneur en eau Xirr = 0,30 irréductible Teneur Chaleur hygroscopique spécifique: Pression de Xhyg = 0,07 Cp= 840 + 4185 X vapeur Pvs= exp[ 23,49 - saturante: avec Pression de* vapeur.E_y_ = Pvs 3997,86 ] 2 (T + 233) T en degré Celsius 1 pour EL _ _ l Lx [2 Pvs - Xhyg J . kg *•. oc -1 X ;;: : Xhyg -x~~ pour X < Xhy g Pa Annexes iv Perméabilités relatives: krl = X*3 krg = 1 + (2X* -3) X*2 x - x irr • avec X =. x* s1 <1 [Xsat - 0,05} Xirr et x* = 1 sinon Coefficient de migration liquide isotherme: 5 * loglo (aml*Po) = ~ aiX 1 ~ i=O avec a 0 = -10,50 a 1 = 30,54 a 3 = 83,97 a 4 = -49,92 Diffusion binaire de Dv = 2,17 10 l'air et de la vapeur a 2 = -70,7 5 as= 11,88 ]1,88 _5 Patm [ T 273 + 1 p avec T en degré Celsius Diffusion gazeuse Conductivité thermique Deff = 0,2 Â. X krg X Dv = 0,142 + 0,46 X à basse température: F = 0,2+(Egmax - 0,2)(2X* - X* 2) si x< Xirr Voir Ref[ 4 7] F = Egmaxkrg Egmax est la porosité à la phase gazeuse à la teneur en eau irréductible w.m-I. oc-1 v Annexes ANNEXE II Mesures de permittivités du béton cellulaire Ces mesures furent réalisées par la Société Hyperfield Engineering et financées par Electricité de France y = 0,92693 + 0,21610x - 1,0605e-3xA2 + 1,4981e-5xA3 RA2 = 0,997 40 30 w 20 10 0 Données de "permittivités béton corrigées" -10~~~-r~~~~~--~~~~--~--~~~~ 0 20 40 60 100 80 X 1OOkg eau/kg sec y= 0,1 2385 + 0,80 188 x 120 140 160 RA2 = 0,918 1,4 1,2 1,0 ::: w 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 0,00 0,25 0,50 x 1,00 0,75 (kg eau/kg sec) 1,25 1,50 Annexes vi ANNEXE III Récapitulatif des figures de la partie C: Comparaison Théorie-Expérience 120 240 Humidité moyenne 100 - 200 80 cl:l Surpressions à mi-épaisseur et à proximité de la surface 160 ~ 60, ~.loi:, "'= 0 120 "'"' ::>< Q) 40 ""'o. 80 ""' = Cl:! 20 40 0 0 0 10 20 30 40 50 60 Temps(mn) Figure C 1-3 Evolution temporelle de l'humidité moyenne et des surpressions internes au cours d'une expérience en cavité multimode. 140 120 150 Humidité Moyenne cl:l c.loi: 100, 100 ~, ::>< = 0 80 "'"' Q) 60 ""' c. 50 40 ""'= Cl:! 20 0 4-==~--~------~----~--~--~-------+o 0 10 15 20 5 25 Temps (mn) Fi gu re C 1-5 Evolution temporelle de la perte d'humidité et de la surpression théoriques pour une puissance globale constante dans le temps. vii Annexes u 0. 120 100 <IJ à mi-épaisseur Q.) :::1 Cd Températ à coeur 80 'Q.) o. s 60 Tl (°C) E-< T2 (oC) Q.) 40 T3 (OC) 20 0 10 20 40 30 Temps(mn) 50 60 Fi gu re C 1-4 Evolution temporelle des températures internes au cours d'une expérience en cavité multimode. 140 1/2 u 0 _.. 3/8 1/4 120 100 <IJ Q.) Cd:::1 80 'Q.) o. s 60 Distances à partir de la surface en fraction de l'épaisseur Q.) E-< 40 20 0 5 10 15 20 25 Temps (mn) Figure C 1-6 Evolution temporelle des températures théoriques pour une puissance globale constante dans le temps. Annexes viii 240 120 Humidité moyenne 100 200 80 -. "= Surpressions à mi-épaisseur et à proximité de la surface ~ ~ 160._ en =,.-. ~ 60._ :;< 0 120 40 en en a.> Q. 80 ::l en 20 40 0 0 0 10 20 30 40 50 60 Temps(mn) Figure C 1-3 Evolution temporelle de l'humidité moyenne et des surpressions internes au cours d'une expérience en cavité multimode. 140 80 120 60 100,.-. 80 ~._ :;< 60 "= c:.l ~._ = Humidité Moyenne *0 40 en en a. > Q. ::l 40 20 en 20 0 ~~~~~~~~~~~~~0 40 10 50 60 20 0 30 70 80 Temps (mn) Fi gu re C 1-7 Evolution temporelle de la perte d'humidité et de la surpression théoriques pour une puissance calculée à champ constant. Annexes x 120 -u 100 "" C':l 80 38mm ~,*~ 0 _, a) 9mm 22,5mm ---- ~- = 'a) 0 s 60 Distances exprimées à partir de la surface a) E-< 40 20 0 15 30 45 75 60 Temps(mn) Figure C 2-5 Evolution temporelle des températures pour l'expérience à 90W en cavité monomode. - 100 ""a) 80 u 0 _, = C':l -a.> 0 9mm 60 s a) E-< 40 20 0 15 30 45 60 75 Temps(mn) Figure C2-18 Evolution temporelle et théorique des températures pour 1'expérience à 90 W en cavité monomode. xi Annexes 120 22mm 38,5mm -- -------------~---- 100 _ u 0 '-" <1) ~ 80 ~ ::sC':l ~ '4.) c 12mm 60 s ~ E-< 40 20 0 15 30 45 60 75 90 105 120 Temps( mn) Figure C2-10 Evolution temporelle des températures pour 1'expérience à 65W en cavité mono mode. 120 -u 100 0 '-" <1) ~ 80 ~ C':l::s ~ '4.) c Surface 38,5mm 22mm 12mm 60 s ~ E-< 40 20 0 15 30 45 60 75 90 105 120 Temp s( mn) Figure C2-21 Evolution temporelle et théorique des températures pour l'expérience à 65 W en cavité monomode. Annexes xii 100 90 - u 80 tr.l 70.a 60 '& 50 ~ 40 0 '-" ~ ~ E 9mm de la surface 30 20 0 240 480 720 960 Temp s(m n ) Figure C2-13 Evolution temporelle des températures pour l'expérience à 10 W en cavité monomode. 100 90 -u 0 -_; Cl) 80 70 ~ ;::) ~ ~ c 60 50 E ~ E-< 40 Surface 30 20 0 240 480 720 960 Temps(mn) Figure C2-24 Evolution temporelle et théorique des températures pour l'expérience à 10 W en cavité monomode.,1> •. 1 • '~ j • ~ -. h~ 1 • Mots-clés : Modélisation, Micro-ondes, Milieu 1111 l' -. .•""" Séchage, •.__~'Il • hr. • Il 'JI • 1 -~ poreux. Propriétés diélectriques, • J 1 Il; diélect~ique, Chauffage • Il • Chauffage - • volumique,. Ce travail est consacré à l'étude du séchage combiné convection~rriicro- ondes, le matériau choisi pour l'étude étant un béton cellulaire. Il comporte une partie théorique et une partie expérimentale. D'un point de vue théorique, deux points sont plus particulièrement discutés: la formulation. du terme source volumique d'énergie et la modélisation des transferts de chaleur et de masse avec prise en compte du gradient de.pression totale de la phase gazeuse. D'un point de vue expérimental, des mesures de perte de masse, de la quantité d'eau évacuée sous forme liquide, des températures et pressions internes ont été réalisées et sont comparées aux. résultats théoriques. En parallèle, une étude a été menée sur le phénomène d'expulsion du liquide observable en *début de séchage assisté par micro-ondes. Une * expérience de drainage a été mise au point. Le modèle testé dans les mêmes conditions.donne de bons résultats qualitatifs. En final, le logiciel est utilisé comme un outil d'optimisation, pour quantifier les gains de temps et d'énergie apportés par l'utilisation des micro-ondes en début et en fin de sécha e..
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Cette analyse permet de catégoriser les valeurs de contrainte à la rupture en fonction de la localisation de l'amorce : sur une arête (80 %), ou sur la surface en traction (20 %). Ainsi que sa position dans la longueur de l'éprouvette : au centre (55 %) ou à l'aplomb d'un appui supérieur (45 %). Théoriquement, la rupture est initiée au point de contrainte la plus élevée dans l'éprouvette, c'est-à-dire quelque part sur la face en traction entre les deux appuis supérieurs. Le profil longitudinal présenté dans le chapitre précédent (cf. Figure II-13) indique une contrainte légèrement plus importante au niveau des points d'appuis, ce qui explique que la moitié des ruptures s'y situe. Transversalement, les variations de contrainte sont si faibles qu'elles peuvent être négligées. Toutefois, en théorie la contrainte est légèrement plus importante sur les arêtes, plus éloignées de la ligne centrale de l'éprouvette. Les courbes de probabilité cumulées associées à la position de l'amorce de rupture sont présentées en Figure III-15. Les résultats des éprouvettes Verneuil et EFG sont regroupés sur ces graphiques, car leurs analyses séparées mènent aux mêmes conclusions. Les quatre courbes montrent bien que la position de l'amorce de rupture n'a pas d'impact sur la valeur de contrainte mesurée. Rechercher la position de l'amorce permet donc uniquement de s'assurer de la validité de l'essai. Figure III-15 : Densités de probabilité des contraintes à la rupture en fonction de la position de l'amorce. La rupture de chaque éprouvette est également étudiée à travers le nombre de fragments, et le type de rupture. Deux types de ruptures ont été observées, correspondant aux photographies de la Figure III-16. Un tiers des éprouvettes présente un unique faciès de rupture, pour les deux tiers restant, un éclat triangulaire se forme au niveau de l'amorce de rupture. Sur ces éprouvettes, l'amorce de rupture est bien visible sur les deux fragments externes, tandis que le fragment central n'a pas une section rectangulaire. Ce qui signifie qu'une fois la rupture amorcée, la propagation de fissure se fait dans deux plans. L'éclat triangulaire est créé entre ces deux plans, ce qui explique que sa section soit incomplète par rapport à celle de l'éprouvette, et que l'amorce de fissure ne soit visible que sur les morceaux externes. Les deux éprouvettes photographiées ci-dessous ne possèdent qu'une seule amorce de rupture, ce qui n'est pas le cas de toutes. De nombreuses éprouvettes présentent des faciès de rupture "secondaires", sur lesquels l'amorce de rupture ne se situe pas forcément sur la face en traction. Nous supposons alors que ces ruptures ont lieu dans un second temps, potentiellement liées à la chute des morceaux après rupture. C'est pourquoi le 76 nombre de fragment d'éprouvette après rupture est également répertorié : 22 % des éprouvettes se rompent en deux morceaux, 43 % en trois, 24 % en quatre, et 12 % en cinq fragments ou plus. Figure III-16 : Photographies d'éprouvettes cassées avec (à droite) et sans (à gauche) éclat triangulaire. Les contraintes à la rupture classées en fonction du type de rupture initiale et du nombre de fragments sont présentées en Figure III-17. Nous observons ici des différences significatives de valeurs de contrainte. Sur les deux graphiques, le nombre de fragments augmente avec la contrainte à la rupture. En effet, la rupture permet de libérer l'énergie emmagasinée par l'éprouvette lors de l'essai. Plusieurs ruptures permettent donc de libérer plus d'énergie. C'est pourquoi les éprouvettes avec des contraintes à la rupture plus élevées se rompent en de plus nombreux morceaux. Ce constat est valable à la fois pour le nombre de fragments d'éprouvette, mais aussi pour le type de rupture. Plus une éprouvette a de l'énergie à libérer, plus l'amorce de fissure aura de chance de se propager dans une seconde direction. Figure III-17 : Densités de proabilité des contraintes à la rupture en fonction du nombre de fractures. III.2.4 État de surface des éprouvettes Pour compléter l'analyse de rupture, les états de surface de deux éprouvettes de flexion quatre points non rompues ont été étudié. Ces éprouvettes ont été prélevées au hasard, dans deux lots de polissage différents. Des zones de 100 μm2 ont été observées par AFM, dont les images sont disponibles sur les deux figures suivantes. Le premier échantillon observé a une rugosité de Ra = 2 nm (Figure III-18), et le second de Ra = 1 nm (Figure III-19). Ces valeurs sont plus élevées que celles de substrats en saphir, pour lesquels la rugosité est généralement inférieure au nanomètre [Shi et al. 2015]. Ces images rendent également compte de la présence de rayures de polissage dont la profondeur peut atteindre 12 nm. 77 Figure III-18 : Image AFM (déflection) et profils de rugosité d'une éprouvette de flexion quatre points prélevée en début de tirage de la filière extérieure dans le four n° 4. Figure III-19 : Image AFM (déflection) et profil de rugosité d'une éprouvette de flexion quatre points prélevée en fin de tirage de la filière extérieure dans le four n° 7. L'arête d'une éprouvette est également observée, à la recherche de potentielles amorces de fissures. Des éclats de quelques microns de profondeur ont été mis en évidence dont deux sont présentés en Figure III-20. Les rayures visibles sur les faces des éprouvettes sont probablement creusées par des éclats de saphirs arrachés aux arêtes. En effet, l'angle droit que représente l'arête en fait un point de fragilité duquel des éclats peuvent facilement être arrachés. Les rayures, comme les éclats sur les arêtes, représentent des amorces de fissures, et peuvent impacter la valeur de la contrainte à la rupture. Ces défauts sont répartis entre les faces et les arêtes, ce qui permet d'obtenir des valeurs de contrainte à la rupture comparables où que se situe l'amorce de rupture ; comme nous l'avons vu au paragraphe précédent. Les ruptures initiées sur une arête sont en moyenne de (451 ± 83) MPa, et de (464 ± 90) MPa pour celles initiées sur une face, ce qui ne représente pas une différence significative. Figure III-20 : Images AFM de défauts sur les arêtes d'une éprouvette de flexion quatre points. Les huit cents éprouvettes ont été réparties en cinq lots de polissage. La validité des résultats passe par la vérification de l'homogénéité du polissage entre les différents lots. Plutôt que de réaliser des AFM sur des éprouvettes issues des différents lots, les courbes de probabilités cumulées par lot de polissage sont tracées en Figure III-21. Seules les distributions des éprouvettes EFG sont utilisées ici, pour lesquelles les trois lots de polissage ont été formés indépendamment des conditions de croissance. En effet, pour les éprouvettes Verneuil, les deux lots de polissage correspondent au vieillissement de l'isolant. La comparaison des valeurs de contrainte à la rupture dépend donc des deux facteurs. Figure III-21 : Valeurs de contrainte à la rupture réparties en fonction des lots de polissage. Pour les éprouvettes EFG, le polissage apparait comme homogène entre les trois lots formés, les résultats de flexion quatre points restent donc valide. Bien que les valeurs de contrainte à la rupture puissent être amoindries par la présence des défauts de surface, l'analyse des différences de résistance à la rupture a un sens. 79 III.3 Flexion bi-axiale III.3.1 Positionnement des billes L'anisotropie du cristal a soulevé des interrogations par rapport au positionnement des billes sur le disque testé. Des essais préliminaires, et des modélisations par éléments finis ont été menés afin de déterminer l'influence de la position des billes sur la contrainte à la rupture. Lors de son stage, Valentine Bouteille [Bouteille 2019] a ainsi testé une quarantaine de glaces de montres finies, en comparant deux orientations. Pour la moitié des essais, l'une des billes de charge est positionnée sur la projection de l'axe c⃗, pour le reste des échantillons, les billes sont ées de 30°, une bille est alors située sur l'axe m ⃗⃗⃗. Bille sur l'axe c⃗ Bille sur l'axe m ⃗⃗⃗ Figure III-22 : Effet du positionnement des billes lors de la flexion bille sur trois billes. Les valeurs de contrainte à la rupture mesurées, présentée en Figure III-22 ne montrent aucune différence significative entre les deux distributions. Tout comme les modélisations par élé ments finis , dont les résultats sont présentés en Figure III-23 . Les contra intes normales au plan c sont représentées sur les cart ographies pour les deux positions de bill es possible s. Les contraintes normale s au plan m sont représent ées graphique ment. La variation de contrainte liée au position nement des billes est inférieure à 1 %. Par mesure de précaution, les essais conduits dans cette thèse sont tout de même réalisés systématiquement avec une bille sur la project ion de l' axe c⃗. 80 Figure III-23 : Résultats des simulations par éléments finis sur l'impact de la position des billes. En haut : profils de la contrainte normale au plan c avec une bille sous l'axe m (gauche) ou une bille sous la projection de l'axe c (droite).En bas : superposition des profils de la contrainte normale au plan m tracée le long de l'axe m représenté sur la figure du haut (en rouge cas de la bille sur l'axe m et en vert cas de la bille sous la projection de l'axe c). III.3.2 État de surface Ces premières valeurs de contraintes mesurées par l'essai bille sur trois billes sont plus importantes que celles mesurées en flexion quatre points. Sur l'ensemble des résultats, les contraintes mesurées en flexion bi-axiale sont quatre fois plus importantes que celles de flexion quatre points. L'état de surface des disques est alors contrôlé, afin d'estimer s'il peut expliquer cet écart, les résultats sont présentés dans la Figure III-24. Sur cet échantillon, aucune rayure n'est visible, et la rugosité est équivalente à celle des substrats en saphir : Ra < 1 nm. Les variations de relief sur la surface sont inférieures au nanomètre, soit dix fois moins importantes que celles des éprouvettes prismatiques. 81 Figure III-24 : Image AFM (déflection) et profils de rugosité d'une éprouvette de flexion bille sur trois billes prélevée en début de tirage de la filière extérieure dans le four n° 4. En considérant que les essais de rupture mesurent la ténacité, KIC = σ√a, où a est la profondeur des fissures existantes, la contrainte critique à rupture mesurée est inversement proportionnelle à la racine carré de la profondeur du défaut initial. Ainsi, pour expliquer le facteur quatre entre les contraintes mesurées par les deux essais, la profondeur de défaut doit être seize fois plus importante en flexion quatre points. Seuls 200 μm2 ont été observés par AFM sur les éprouvettes prismatiques, et 100 sur les disques. Les résultats ne sont donc pas représentatifs des centaines d'éprouvettes testées. Pour autant, un facteur dix entre les profondeurs de défauts est déjà mis en évidence, permettant d'expliquer l'écart entre les valeurs de contrainte à la rupture mesurées lors des deux essais. μm2 Les résultats de flexion quatre points ne sont pas pour autant invalidés par la qualité du polissage. Comme nous l'avons vu sur la Figure III-21, le polissage est équivalent pour toutes les éprouvettes. Les valeurs de contraintes mesurées sont donc amoindries de manière systématique par la présence de rayures, mais les différences identifiées restent valables. Toutefois, la dispersion supplémentaire ajoutée par le polissage sur les valeurs mesurées peut masquer certaines différences de comportement. D'où l'intérêt de cette seconde campagne de flexion. III.3.3 Description des campagnes de mesure Pour les cristaux EFG, toutes les conditions de croissance n'ont pas pu être étudiées. Les échantillons ont été prélevés de sorte à impacter le moins possible la production. Pour les plaques fines, il n'était pas possible de prélever 200 disques pour former les quatre lots d'étude, seules les plaques épaisses sont donc étudiées. Pour la même raison, l'étude du four 7 se limite à la filière interne. En Verneuil, la capacité de production étant bien plus importante, et la forme des cristaux plus adaptée à l'usinage de disques, toutes les conditions de croissance sont étudiées. Une première campagne de mesure s'est faite sur des cristaux équivalents à ceux étudiés en flexion quatre points. Les résultats sont présentés dans le rapport de stage de Valentine Bouteille [Bouteille 2019], mais ne sont pas abordés 82 ici, car les faces des disques ont malencontreusement été gravées ce qui a affecté les résultats. D'autres éprouvettes ont donc été réalisées, afin d'obtenir des résultats non biaisés par la gravure. Les paramètres de croissance de cette seconde campagne sont identiques à l'exception de la vitesse de croissance de 8 mm*h-1 pour tous les lots. Les courbes de probabilité cumulée associées à chacune des campagnes de mesure sont présentées sur la Figure III-25. Les contraintes mesurées sur les disques Verneuil gravés (en gris), et non gravés (en bleu clair) sont significativement différentes. C'est pourquoi seuls les résultats de la seconde campagne sont abordés ici. Figure III-25 : Distributions des contraintes à la rupture en flexion. Contrairement à l'essai de flexion quatre points, l'essai de flexion bille sur trois billes ne révèle pas une différence de comportement significative entre les procédés d'élaboration Verneuil et EFG. Cependant, nous avons vu au paragraphe II.2.2.2 du chapitre précédent que la contrainte à la rupture calculée pour les échantillons Verneuil est sous-estimée d'environ 11 % par rapport à la contrainte normale au plan m menant probablement à la rupture. En prenant en compte cette correction (courbe bleu foncé), la différence entre les deux populations devient significative, avec une valeur moyenne de contrainte à la rupture plus élevée pour les cristaux Verneuil (1 845 MPa) que pour les cristaux EFG (1 763 MPa). III.3.4 Étude de rupture L'hypothèse selon laquelle les disques testés se rompent sur un plan m est vérifiée par une analyse de rupture. Très peu d'éprouvettes de flexion bille sur trois billes ont été conservées après les essais, car elle se rompent en de très nombreux fragments, et que la reconstitution de l'éprouvette initiale n'est pas toujours possible. L'étude est donc menée sur une quinzaine d'éprouvettes, sur lesquelles les angles entre la projection de l'axe c⃗ et les directions de rupture ont été mesurés. Pour l'exemple présenté en Figure III-26, trois axes principaux de rupture sont identifiés, l'un est parallèle à l'axe c⃗ en rouge sur la glace, les deux autres sont situés à 65 ° et 45 °. Ces trois axes apparaissent respectivement sur 85 %, 85 % et 92 % des disques étudiés, ils 83 correspondent donc aux plans cristallins menant à la rupture. Deux des plans de rupture sont orthogonaux à la face du disque, alors que celui situé à 65 ° de l'axe c⃗ est systématiquement incliné. Une autre fissure est visible, non rectiligne et dont l'angle par rapport à l'axe c⃗ n'est pas récurant. Figure III-26 : Photographie d'un disque testé en flexion bille sur trois billes, sur lequel la projection de l'axe c⃗ est repérée en rouge. Figure III-27 : projection stéréographique d'une éprouvette de flexion bille sur trois billes. Une projection stéréographique, de l'orientation cristalline de l'éprouvette, présentée en Figure III-27 est utilisée pour retrouver les plans cristallins correspondant aux ruptures. Sur celle-ci, l'axe c⃗ est à la verticale, comme pour l'éprouvette de l'exemple en Figure III-26. Les axes cristallins correspondant aux plans de ruptures sont donc orthogonaux aux fissures visibles sur la photographie. La rupture verticale sur l'image correspond à un plan m orthogonal au plan c⃗, dont l'axe apparait horizontalement sur la projection stéréographique. Les deux autres plans de rupture peuvent correspondre à des plans R {11̅02}. En effet, la projection permet d'identifier un plan R situé à 50 ° du plan m, orthogonal à la surface du disque. Un second plan R existe, dont la projection dans le plan de l'éprouvette est désorientée de 68 ° par rapport au plan m. Ce qui est cohérent avec les fractures systématiquement inclinées. Le plan m fait donc partie des deux plans de rupture préférentiel, La correction appliquée aux valeurs de contrainte à la rupture sur la Figure III-25 est donc judicieuse. III.3.5 Verneuil La Figure III-28 montre les courbes de probabilité cumulée des valeurs de contrainte à la rupture en fonction des paramètres procédés étudiés pour les cristaux Verneuil. Figure III-28 : Courbes de probabilité cumulée des contraintes à la rupture en flexion bille sur trois billes des cristaux Verneuil, triées par paramètres de croissance. Aucune différence significative n'est révélée sur ces courbes entre le début et la fin du cycle de vie des isolants. En revanche, la position dans le cristal, tout comme la qualité des gaz impactent significativement la valeur de contrainte à la rupture (risque  < 2 %). L'utilisation de gaz RSA permet donc d'améliorer la résistance à la rupture des cristaux. Pour ce qui est de l'évolution au sein d'un même cristal, la différence de comportement peut être liée à la présence de défauts dans les éprouvettes testées. En effet, en tête de boule chaque lot présentait au moins deux tiers d'éprouvette avec défaut, comme le montre la Figure II-35 du chapitre précédent. Une grande partie des éprouvettes testées comportent donc des défauts voiles. La Figure III-29 permet de visualiser les valeurs de contraintes à la rupture des éprouvettes prélevées en tête de boule, en fonction de la présence ou non de défaut. En retirant les valeurs obtenues avec les éprouvettes présentant des défauts la différence des contraintes mesurées entre début et fin de cristallisation n'est plus significative 85 Figure III-29 : Distributions des valeurs de contraintes à la rupture bille sur trois billes en tête de boule des éprouvettes avec et sans défaut. L'étude des valeurs de contrainte à la rupture lot par lot, dont les distributions sont présentées en Figure III-30, met également en évidence la différence de comportement entre la cristallisation par gaz RSA (courbes bleues), et avec ceux en provenance d'Arkema (courbes vertes). Cette différence s'identifie également à partir des valeurs d'écart-type et de module de Weibull de chaque lot présentées dans le Tableau III-5. Par exemple, les coefficients de Weibull pour les boules cristallisées par gaz RSA sont de l'ordre de 3, tandis qu'avec les gaz Arkema ils sont supérieurs à 4. La qualité des gaz a donc une influence sur la dispersion des valeurs de contrainte à la rupture. Le test de Kolmogorov-Smirnov est utilisé pour recenser les différences significatives entre lots. Huit couples de lot sont ainsi identifiés et présentés dans le Tableau III-6. Lot A B C D E F G H Cycle isolant Loi Normale Gaz RSA Début Arkema RSA Fin Arkema Position Tête Pied Tête Pied Tête Pied Tête Pied μ 1743 1742 1340 1860 1650 1856 1562 1563 Loi de Weibull σ0 σ2 703 1956 627 1963 356 1471 516 2051 679 1856 637 2074 447 1721 432 1718 m 2,9 3,0 4,5 4,1 2,8 3,3 4,1 4,3 Tableau III-5 : Paramètres des lois Normale et de Weibull associés aux valeurs de contraintes à la rupture relevées en flexion bille sur trois billes pour chaque lot Verneuil. 86 Figure III-30 : Distributions des contraintes à la rupture des éprouvettes Verneuil en flexion bille sur trois billes. Parmi les paramètres étudiés, la qualité des gaz, et la position de l'éprouvette dans le cristal semblent être les deux les plus influant sur la contrainte à la rupture puisqu'ils apparaissent respectivement six et cinq fois sur les huit paires étudiées. Le vieillissement de l'isolation semble avoir moins d'impact, car il est toujours combiné au moins à l'un des deux autres critères. Il est encore une fois possible que des interactions croisées soient à l'origine des différences de comportement, cependant seules les distributions de trois des huit lots étudiés suivent une loi Normale, ne permettant pas de réaliser une analyse de variance fiable. Couple C–D C–F A–C B–C F–G D–G C–E F–H Somme Gaz x x x x x x 6 Différences entre lots Position Cycle isolant x x x x x x 5 x x Risque  1% 1% 4% 4% 6% 8% 9% 10 % 3 Tableau III-6 : Couples de distributions significativement différentes, paramètres de cristallisation pouvant en être l'origine, et risque alpha associés, pour les essais Verneuil de flexion bille sur trois billes. 87 III.3.6 EFG Les cent quatre-vingt valeurs de contrainte à la rupture mesurées pour les cristaux EFG ont été regroupées par paramètre de croissance dans les graphiques de la Figure III-31. Ceux-ci mettent en évidence une différence significative de comportement entre les cristaux issus du four n° 4 par rapport à ceux du four n° 7, avec un risque associé de 7 %. Les cristaux prélevés dans le four n° 4 ont donc une meilleure résistance à la rupture par rapport à ceux étudiés dans le four n° 7. L'écart entre les courbes de distribution des filières interne et extern n'est pas suffisant pour que la différence soit significative ; tandis qu'aucune différence n'apparait entre le début et la fin de cristallisation. Figure III-31 : Courbes de probabilité cumulée des contraintes à la rupture en flexion bille sur trois billes des cristaux EFG, triées par paramètres de croissance. La Figure III-32 représente les courbes de probabilité cumulée associées à chacun des lots, les valeurs statistiques correspondantes sont répertoriées dans le Tableau III-7. Il est difficile d'identifier une tendance liée aux paramètres de croissance étudiés pour ces résultats. Même les six couples de lots, indiqués dans le Tableau III-8, identifiés par le test de Kolmogorov-Smirnov comme étant significativement différents, ne permettent pas de mettre en évidence l'influence majoritaire d'un paramètre de cristallisation sur le comportement mécanique des cristaux. Les différences identifiées entre les lots sont équitablement réparties entre les trois paramètres étudiés. Encore une fois, l'analyse de variance pourrait mettre en évidence une action croisée des paramètres de croissance sur la résistance à la rupture des cristaux. Cependant, seule la distribution des valeurs de contrainte mesurées pour le lot 10 peut s'apparenter à une loi Normale, empêchant de réaliser l'analyse de variance avec fiabilité. Figure III-32 : Distributions des contraintes à la rupture des éprouvettes EFG en flexion bille sur trois billes. Lot 5 7 9 10 11 12 Four 7 : large Loi Normale Crist. Début Fin Début 4 : moyen Fin Filière Intérieure Intérieure Intérieure Extérieure Intérieure Extérieure Loi de Weibull σ0 σ2 389 1615 587 1803 1020 2452 573 1924 604 1705 764 2165 μ 1476 1619 2176 1734 1522 1935 m 4,7 3,4 2,6 3,6 3,0 3,1 Tableau III-7 : Paramètres des lois Normale et de Weibull associés aux valeurs de contraintes à la rupture relevées en flexion bille sur trois billes pour chaque lot EFG. Couple 5–9 5 – 12 9 – 11 5 – 10 11 – 12 10 – 11 Somme Four x x Différences entre lots Filière x x 3 x x 3 Position x x x x 4 Risque α 3% 4% 4% 8% 9% 10 % Tableau III-8 : Couples de distributions significativement différentes, paramètres de cristallisation pouvant en être l'origine, et risque alpha associés, pour les essais EFG de flexion bille sur trois billes. III.4 Nano indentation : étude des pop-in Des essais de nano-indentations sont menés afin d'étudier la transition élastiqueplastique de différents cristaux. Cette transition se caractérise par un saut sur la courbe de force en fonction du déplacement appelé pop-in. Elle est facilement visualisable lorsque l'indenteur est émoussé ou s'il possède une géométrie sphérique. Pour nos essais nous utiliserons une pointe sphéro-conique en diamant. La Figure III-33 représente les différentes courbes de nano-indentation obtenues pour l'une des conditions Verneuil étudiée. Ces courbes se superposent parfaitement avant l'apparition du premier pop-in, tant que la déformation de l'échantillon est élastique. Après ce premier pop-in, les courbes se rejoignent également sur une seconde courbe théorique, celle de la déformation plastique. L'étude des pop-ins se fait de manière statistique. Dans notre cas, nous avons réalisé entre 30 et 60 essais de nano-indentation par condition de croissance. Tous les essais se sont faits à une vitesse de chargement de 20 mN*min-1, avec un temps d'attente de 10 s à la charge maximale de 20mN. Figure III-33 : Courbes de nano-indentation du lot D. Seuls neuf lots ont été étudiés par nano-indentation sur les vingt combinaisons de paramètres possibles. Pour chaque procédé de croissance un lot est défini comme témoin, puis des échantillons pour lesquels un seul des paramètres de croissance varie sont choisi. Le détail des conditions de croissance pour chaque lot étudié est présenté dans le Tableau III-9. Échantillon EFG témoin (lot 5) EFG ép. 3 mm (lot 1) EFG filière ext. (lot 6) EFG fin crist. (lot 7) EFG four n°4 (lot 9) Verneuil témoin (lot B) Verneuil tête (lot A) Verneuil Arkema (lot D) Verneuil fin cycle (lot F) Conditions de croissance Four n° 7 ép. 8 mm Début de crist. Four n° 7 ép. 3 mm Début de crist. Four n° 7 ép. 8 mm Début de crist. Four n° 7 ép. 8 mm Fin de crist. Four n° 4 ép. 8 mm Début de crist. Début de cycle isolant Gaz RSA Début de cycle isolant Gaz RSA Début de cycle isolant Gaz Arkema Fin de cycle isolant Gaz RSA Filière interne Filière interne Filière externe Filière interne Filière interne Pied de boule Tête de boule Pied de boule Pied de boule Tableau III-9 : Paramètres de croissance des cristaux étudiés en nano-indentation. III.4.1 Recherche des pop-in La recherche des pop-in sur les courbes a été automatisée par un script Python. Celui-ci calcule la dérivée du déplacement enregistré par rapport au temps, afin de pouvoir en repérer les maximums locaux. Les essais sont pilotés par la vitesse de chargement constante, cette dérivée est donc équivalent à celle par rapport à la force. Sur la plupart des dérivées, dont un exemple est présenté en Figure III-34, un seul pic est visible. La valeur de contrainte associée, ainsi que la longueur du plateau sont relevées pour le traitement des données. Figure III-34 : Pop-in identifié sur une courbe de nano-indentation (à gauche), grâce à l'identification du maximum de la dérivée de la courbe (à droite). III.4.2 Rayon de courbure de l'indenteur Les valeurs de force et déplacement associées aux pop-ins dépendent de la courbure de l'indenteur, qui peut changer avec le nombre d'essais réalisés. Deux mesures de rayon de pointe ont donc été réalisées : avant et après la campagne de mesure sur le saphir. Pour cela, un essai est réalisé dans un matériaux étalon, dont le module d'Young et le coefficient de poisson sont parfaitement connu. Nous utilisons ici de la silice amorphe ESi =73,4 GPa et νSi = 0,16. Le rayon de la pointe est déterminé en faisant correspondre une loi de Hertz à la courbe d'indentation dans son régime élastique. Pour l'essai représenté en rouge sur la Figure III-35, la courbe rouge correspond à la loi de Hertz pour un rayon de pointe de 370 nm. Les deux essais réalisés avant et après la campagne de mesure sur le saphir donnent un rayon de pointe de 370 nm, ce qui indique que le diamètre de la pointe n'a pas évolué au cours des mesures. Ce rayon est valable sur la première centaine de nanomètres de profondeur, au-delà de cette valeur la partie conique de la pointe entre en contact avec le matériau. Les valeurs des forces au moment du pop-in pourront donc être comparées entre elles sans appliquer de correction car elles sont la signature de la limite d'élasticité du matériau sollicité avec un même mode de chargement. 91 Figure III-35 : Courbe de nano-indentation dans la silice amorphe (violet) et courbe de Hertz (rouge) permettant de déterminer le rayon de courbure de la pointe de 370 nm. Une fois le rayon de courbure de l'indenteur connu, nous pouvons l'utiliser pour estimer le module d'Young des cristaux. Neuf courbes de charge, correspondant aux neufs lots étudiés en nano-indentation sont représentées sur la Figure III-36. Leurs domaines élastiques se superpose parfaitement avec une loi de Hertz, en bleue, associée à un module d'Young de 470 GPa. Cette valeur correspond parfaitement à celle mesurée par suivi optique en flexion quatre points au paragraphe III.2.1.2. Deux orientations d'éprouvettes sont étudiées ici en proportions équivalentes : l'axe a⃗, et l'axe de croissance Verneuil désorienté de 13° par rapport à l'axe a⃗. L'hypothèse émise plus tôt sur l'augmentation du module d'Young liée à la désorientation de cristalline de 13° est donc infirmée. Les cristaux étudiés possèdent donc un module d'Young supérieur à celui de la littérature, sans que l'origine soit pour l'instant identifiée. Figure III-36 : Courbe de Hertz (bleue) superposée aux essais de nano-indentation des neufs lots testés. III.4.3 Analyse des résultats L'ensemble des valeurs de force et de déplacement associées aux premiers pop-in sont répertoriés sur le graphique en Figure III-37. Comme nous l'avons vu dans les exemples précédents, en Figure III-33 ou Figure III-36, plus le premier pop-in se produit pour une force élevée, plus la longueur du pop-in est importante pour rejoindre la courbe de comportement plastique. C'est pourquoi l'ensemble des valeurs de pop-in représentées sur un tel graphique sont alignées sur une même droite. Afin de pouvoir plus facilement interpréter ces résultats, les valeurs de force sont reprises sous forme de diagramme en boite sur la Figure III-38. Les valeurs identifiées comme aberrantes par le test de Tukey apparaissent en tant que points isolés. La comparaison de chaque lot par rapport au témoin révèle que toutes les conditions de croissance sont significativement différentes, avec un risque  associé de 1 %. De même, les valeurs relevées pour les échantillons Verneuil sont significativement différentes de celles des cristaux EFG. Figure III-37 : Représentation graphique de la force du premier pop-in en fonction de sa longueur. Pour les cristaux EFG, l'échantillon témoin (prélevé en début de cristallisation, de la filière interne, d'un tirage de 8 mm d'épaisseur, dans le four n° 7) est celui pour lequel la plasticité débute à la plus grande valeur de force : 6,6 mN en moyenne. La transition élastique-plastique a lieu le plus tôt pour le tirage de 3 mm d'épaisseur, à 2,4 mN en moyenne. Les trois autres lots EFG ont des transitions assez équivalentes, qui se situent en moyenne entre 3,8 mN et 4,3 mN, avec une mesure très élevée pour le cristal de la filière extérieure à 11,7 mN. Pour les cristaux Verneuil, la transition de régime à lieu à une force plus élevée, en moyenne de 6,9 mN, que celle des cristaux EFG à 4,2 mN. De fortes dispersions de valeurs sont également observées, avec des valeurs aberrantes plus nombreuses. C'est pour l'échantillon prélevé en fin de cycle de vie de l'isolant que la transition élastique-plastique à lieu le plus tôt, à 2,2 mN en moyenne ; puis pour le cristal prélevé en tête de boule, à 3,4 mN. Cette transition à lieu en moyenne à 10,5 mN pour l'échantillon témoin prélevé en pied de boule cristallisée avec des gaz RSA, en début de cycle de vie des isolant. Enfin, c'est pour l'échantillon cristallisé avec le gaz Arkema que la transition a lieu pour la plus haute valeur de force, à 12,6 mN en moyenne. Figure III-38 : Valeurs de force du premier pop-in pour chaque cristal étudié. Ces différences de force nécessaire pour engendrer de la plasticité dépendent des mouvements de dislocations dans les cristaux, donc de l'orientation cristalline, et de la densité de dislocation initiale. En ce qui concerne les orientations cristallines, le plan testé est le plan-a pour les cristaux EFG à l'exception de celui prélevé dans une plaque de 3 mm d'épaisseur. Tous les autres cristaux ont une orientation "Verneuil", c'est-à-dire que l'axe a⃗ est désorienté de 13° par rapport à la normale de l'échantillon, comme présenté sur la Figure III-9. III.5 Les différences de comportements mécaniques observées Ces différents essais ont permis de mettre en évidence des différences de comportement mécanique significatives liées aux paramètres de croissance. Ces essais sont complémentaires et ne mettent pas tous en évidence les mêmes différences de comportement. Par exemple, seul l'essai de comparaison de géométrie, réalisé sur une orientation cristalline différente, met en évidence la meilleure résistance à la rupture des cristaux en fin de cristallisation. La nano-indentation, tout comme les essais de flexion mettent en évidence une différence entre les deux procédés d'élaboration. Le domaine élastique des cristaux Verneuil est plus important que celui des cristaux EFG, la plasticité débute donc pour des valeurs de contrainte plus importantes. Les contraintes à la ruptures mesurées en flexion quatre points mettent également en avant une contrainte à la rupture plus élevé pour les cristaux Verneuil, bien que les essais soient controversés par la présence de défauts sur les arêtes des éprouvettes, et la rugosité élevée. Cette différence est tout de même confirmée par les essais de flexion bi-axiale, une fois la correction liée à l'anisotropie du cristal appliquée aux valeurs. Au sein du procédé Verneuil, la fin de cristallisation d'une boule a montré une meilleure résistance à la rupture que le début lors des essais de comparaison de géométrie. Cette différence n'a pas été retrouvée ni lors de la campagne de mesure réalisée avec une orientation cristalline différente ni lors des essais de flexion bi-axiale. Lors de ces derniers, une différence est effectivement observée, mais elle est uniquement liée aux défauts présents dans les éprouvettes en tête de boule. Les essais de bille sur trois billes ont en revanche montré que les aux synthétisés avec des gaz RSA ont des valeurs de contrainte à la rupture plus élevées que ceux obtenus avec les gaz Arkema. Quant au vieillissement de l'isolation du four, les essais de flexion quatre points ont mis en évidence une dispersion plus importante des valeurs en fin de cycle. Enfin, les essais de nano-indentation ont permis d'établir que les cristaux prélevés en fin de cycle de vie de l'isolant, en tête de boule, ou ceux cristallisés avec les gaz RSA, auront une transition vers le domaine plastique à une contrainte plus faible. En EFG, deux paramètres de croissance semblent impacter la valeur de contrainte à la rupture, chacun ayant été mis en évidence par l'un des tests de flexion. Verneuil Verneuil / EFG Cycle isolant Gaz V. Cristallisation Tête / Pied Four Filière Début / Fin Épaisseur Flexion 4 points ≠ ≠ Flexion B3B ≠ ≠ Non étudié ≠orientation Verneuil ≠ ≠ Non étudié Nano - indentation ≠ ≠ ≠ ≠ ≠ ≠ ≠ ≠ ≠ Tableau III-10 : Tableau récapitulatif des différences significatives de comportement mécanique mises en évidence par les trois essais . Ces essais ont également permis de déterminer le module d'Young des cristaux pour une orientation proche de l'axe a⃗, de 470 GPa déterminé à la fois par nanoindentation et flexion quatre points. Les essais de nano-indentation montrent que le module d'Young est identique pour les cristaux Verneuil et EFG, car les courbes se superposent. L'identification de ces différences ne permet pas d'expliquer comment elles sont liées aux paramètres de cristallisation. Pour cela, une compréhension supplémentaire sur la qualité cristalline des cristaux est nécessaire. Le prochain chapitre est donc dédié à l'analyse structurale des cristaux en fonction des conditions d'élaboration. Chapitre IV Les défauts de structure identifiés dans les cristaux Des différences significatives de comportement mécanique ont été identifiées entre les cristaux en fonction des paramètres de croissance. Ces variations devraient pouvoir être corrélées à des différences de qualité microstructurales qu'il convient de caractériser précisément. Pour cela, nous allons chercher à identifier et quantifier les défauts cristallins présents en fonction des paramètres de croissance. Dans la structure cristalline, les défauts peuvent être ponctuels (lacunes, atomes en insertion, atomes en substitution), linéaires (dislocations), surfaciques (sous joints et joints de grains) ou volumiques (ségrégations, inclusions, bulles). Chaque technique de caractérisation employée permet de révéler tout ou partie de ces défauts. Les défauts volumiques par exemple peuvent être visible à l'oeil nu, tandis que certains défauts ponctuels seront plus facilement identifiés par thermoluminescence. Afin de caractériser le plus largement possible les cristaux à disposition, nous avons choisi quatre techniques de caractérisation : La polarisation croisée (IV.1), très facile à mettre en oeuvre, permettant d'identifier les défauts surfaciques dont les désorientations sont supérieures au dixième de degré. Les défauts linéaires sont mis en évidence par des attaques chimiques (IV.2) permettant de révéler leur point d'intersection avec la surface du cristal. Cette seconde technique est également aisée à mettre en oeuvre une fois les règles de sécurité établies. Enfin, deux techniques d'imagerie synchrotron (IV.3) sont employées : la topographie en lumière blanche (IV.4), et la rocking curve imaging (IV.5). Ces deux méthodes, largement utilisées dans le milieu des rayons X demandent tout de même l'accès à un équipement pointe. Les essais ont été réalisés à l'ESRF [European Synchrotron Radiation Facility] peu de temps avant sa fermeture dans le cadre du programme de modernisation "ESRF EBS" [Extremely Brilliant Source] visant à améliorer ses performances, qui en font désormais le premier synchrotron à haute énergie (quatrième génération) dans le monde. Les deux techniques employées permettent de révéler la majorité des défauts présents dans les cristaux (linéaires, surfaciques et volumiques), à l'exception de quelques orientations particulières, qui seront détaillées dans les paragraphes dédiés. IV.1 Polarisation croisée La polarisation croisée, dont le principe est décrit dans le premier chapitre, est probablement la technique de caractérisation du saphir la plus simple à mettre en oeuvre. L'observation d'un cristal entre deux filtres polarisants orthogonaux permet de visualiser les désorientations du réseau cristallin de l'ordre du dixième de degré. Les échantillons sont au préalable polis, afin de visualiser les joints de grains à travers la surface. Cependant cette technique n'est pas quantitative, elle ne permet pas de mesurer précisément la désorientation. Des exemples de disques représentatifs de chaque condition de croissance des différents échantillons Verneuil testés sont présentés en Figure IV-1. Les photographies ont toutes été réalisées avec les mêmes paramètres d'acquisition, et sans aucun traitement d'image. Ainsi, le contraste sur les images est proportionnel aux désorientations. Les grains pour lesquels la projection de l'axe c⃗ est verticale apparaissent noirs. Plus cet axe s'éloigne de la verticale de l'image, plus les grains sont clairs. Lors de la prise de vue, les cristaux les plus désorientés sont positionnés avec la projection de l'axe c⃗ la plus verticale possible, les grains sont donc désorientés dans les deux directions autour de la verticale. Tandis que les échantillons présentant peu de désorientations sont légèrement décalés, afin que l'image ne soit pas sombre, et que le contraste reste visible sans nécessiter de traitement d'image. Pour tous les cristaux étudiés, les joints de grains sont majoritairement orientés dans la même direction que l'axe c⃗, vertical sur les images. Ils se trouvent donc dans un plan m Figure IV-1 : Photographies en polarisation croisées pour les différentes conditions de cristallisation en Verneuil. Ces clichés montrent que les cristaux prélevés en tête de boule (fin de cristallisation), ont des joints de grains mieux marqués. Pour les cristaux prélevés en pied de boule (début de cristallisation), différents domaines cristallins sont visibles, mais la désorientation des grains les uns par rapport aux autres est moindre. Ce qui se manifeste par un contraste plus faible sur les images. Nous remarquons, en observant les cristaux de tête, que les grains sont plus nombreux et donc plus petits en fin de cycle isolant. Cette différence apparaît également sur les cristaux de pied lors de l'observation de la totalité des images, disponibles en annexe 4. Que ce soit pour les gaz RSA ou Arkema, l'une des boules échantillonnées en pied présente des joints de grains marqués en fin de cycle d'isolation, alors qu'aucune n'en présente en début de cycle. Les différences entre les cristaux obtenus avec différentes qualités de gaz sont plus difficiles à identifier. Une analyse d'image automatisée, avec détection des contours des grains, et mesure des différences de contraste permettrait peut-être d'identifier une tendance. Nous privilégierons les autres techniques de caractérisations, notamment par diffraction des rayons X pour mettre en évidence d'éventuelles différences de cristallinité. Seuls les cristaux Verneuil ont été imagés avec cette technique, les cristaux EFG ne présentent pas suffisamment de désorientation pour qu'un contraste soit observé. L'orientation cristalline mieux maîtrisée lors de la croissance EFG, permet en revanche d'estimer la densité de dislocations par attaque chimique. IV.2 Révélation de dislocations par attaque chimique L'attaque chimique demande une préparation plus longue que la réalisation des essais en eux-mêmes. Les choix du réactif et des conditions d'attaques sont primordiaux. Pour le saphir, les défauts ne sont pas révélés par les mêmes produits, ou dans les mêmes conditions, en fonction de l'orientation cristalline. Des essais sont alors nécessaires pour la mise au point du protocole. Pour chaque tentative, les fiches de risques des produits sont consultées, les EPI sélectionnés, et la compatibilité chimique du creuset avec le réactif à haute température vérifiée. IV.2.1 Mise au point du protocole Dans la littérature, de nombreux réactifs sont cités pour révéler les dislocations dans le saphir. Le Tableau IV-1 résume les réactifs employés sur les différents plans cristallins ainsi que les conditions expérimentales de l'attaque. Dans la plupart des articles, un polissage chimique est réalisé avant la révélation des dislocations. Sans ce polissage, les contraintes induites lors du polissage mécanique peuvent être révélées par le réactif. Elles apparaissent sous forme de rayures, non visibles avant l'attaque chimique. La préparation de cristaux polis s'achève systématiquement par un polissage mécano-chimique chez RSA, éliminant suffisamment les contraintes de surface. Plan Réactif KOH KHSO4 (0001) H3PO4 25% H3PO4, 75% H2SO4 15% HCl,15% HNO3 solution aqueuse Borax {112̅0} KHSO4 Borax {101̅0} {101̅1} {101̅2} {101̅4} KHSO4 H3PO4 80% KHSO4, 20% AlF3.3NaF H3PO4 80% KHSO4, 20% AlF3.3NaF Borax KOH H3PO4 {202̅1} H3PO4 {112̅3} KOH Conditions 10 minutes à 325 °C 3 minutes à 335 °C 15 à 25 secondes à 675 °C 20 à 25 secondes à 700 °C 10 secondes à 700 °C 3 minutes à 500 °C 75 minutes de chauffe jusqu'à 290 °C Chauffage de l'ambiante jusqu'à 340 °C Chauffage de l'ambiante à l'ébullition (125°C) puis jusqu'à 320 °C par la décomposition en HPO3 3 minutes à 320 °C Réf. [2] [6] [1] [2] [4] [6] [2] [4] 4 heures à 300 °C [3] 20 heures à température ambiante, observation des figures au MEB. 10 minutes entre 850 °C et 900 °C 135 secondes à 675 °C 120 secondes à 750 °C 10 secondes à 800°C 3 minutes à 600 °C 8 minutes entre 850 °C et 900 °C 120 secondes à 750 °C 3 minutes à 600 °C Chauffage de l'ambiante jusqu'à 380 °C [5] [6] [7] [8] [1] [2] [4] [6] [8] [2] [6] [4] 120 secondes à 750 °C [2] 3 minutes à 420 °C [6] 120 secondes à 750 °C [2] 6 minutes entre 850 °C et 900 °C 3 minutes à 335 °C 3 minutes à 350 °C Chauffage de l'ambiante à l'ébullition (125°C) puis jusqu'à 375 °C par la décomposition en HPO 3 minutes à 300 °C [8] [6] [6] [5] [6] Tableau IV-1 : Liste des différentes attaques chimiques pour révélation des dislocations dans le saphir. Références : [1 : Alford & Stephens 1963] ; [2 : Champion & Clemence 1967] ; [3 : Graça et al. 2014] ; [4 : Janowski & Conrad 1964] ; [5 : Scheuplein & Gibbs 1960] ; [6 : Vardiman 1971] ; [7 : Xiao et al. 2004] ; [8 : Zhang et al. 1990] Parmi tous les réactifs, nous avons choisi d'utiliser en priorité l'hydroxyde de potassium (KOH) qui permet de révéler les dislocations sans chauffage au-delà de 400°C, et sans garder le réactif en ébullition.
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Synthèse et évaluation biologique de porphyrines-polyamines en vue de leur application en photothérapie dynamique des cancers
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Une solution mère de DiOC6(3) est préparée dans l’éthanol à 95%, à la concentration de 25 μM et elle est conservée quelques jours à 4°C et à l’obscurité. Après photoirradiation, 100 μL de la suspension cellulaire sont prélevés et on ajoute 11 μL de DiOC6(3) (concentration de 2,5 μM). Cette préparation est ensuite mise à incuber 15 minutes à 37°C et à l’obscurité. Les cellules sont alors analysées par cytométrie en flux. 5.6.3 Mesure de l’activation de la caspase 9 Nous avons utilisé le dérivé “CaspaTagTM Caspase-9 (LEHD)”, commercialisé par Intergin, afin de déterminer la présence de caspase 9 active. Ce dérivé fluorescent pénètre facilement dans les cellules et il se fixe spécifiquement sur la caspase 9 lorsque cette enzyme 124 R. Levensen, I.G. Macara, R.L. Smith, L. Cantley, D. Housman ; Cell., 28(4), 1982, 855-863. 188 est activée (la forme pro-caspase 9 ne présentant pas d’affinité pour le dérivé). La spécificité de ce dérivé provient de la séquence LEHD (leucyl-glutamyl-histidyl-aspartyl). Le protocole que nous avons utilisé a été décrit par Intergin. Dans un premier temps, la solution mère de FAM-LEHD-FMK (carboxyfluorescéine-leucyl-glutamyl-histidyl-aspartylfluorométhylcétone) lyophilisée est reconstituée avec 40 μl de DMSO (concentration résultante 150×) et stockée à -20°C. Avant son utilisation, cette solution mère et diluée au 1/5 dans du tampon phosphate, pH 7,4 (30×). Après irradiation des cellules, un aliquote de 300 μL de cellules à la densité de 106 cellules/mL est transféré dans un tube. Puis 10 μL de FAMLEHD-FMK (30×) sont additionnés à suspension cellulaire et les cellules sont mises à incuber pendant 1 heure (37°C, 5% CO2). Ensuite, 2 mL du tampon phosphate sont ajoutés et les cellules sont centrifugées à 400 g pendant 5 minutes à température ambiante. Le surnageant est aspiré et les cellules sont resuspendues dans 2 ml de tampon phosphate. Elles sont centrifugées une nouvelle fois ; les cellules sont resuspendues dans 400 μL de tampon phosphate et 20 μL d’iodure de propidium sont ajoutés (0,5 mg/mL). Après 15 minutes d’incubation, l’émission est mesurée à 530 nm et l’émission de la fluorescence rouge est recueillie à des longueurs d’ondes supérieures à 600 nm. Un témoin positif a été réalisé sur des cellules incubées avec de la camptothécine (figure VI-5) à la concentration de 2μg/mL pendant 4 heures. Figure VI-5 : (A) cellules non traitées : témoin négatif. (B) cellules traitées avec de la camptothécine : témoin positif (en absence d’un inhibiteur zLEHD-FMK de la caspase 9. (C) cellules traitées avec la camptothécine : témoin positif (en présence de l’inhibiteur zLEHD-FMK de la caspase 9. Les histogrammes représentent le nombre d’évènements (events, axe des Y) en fonction de l’intensité de fluorescence (axe des X). Les cellules caspase 9 négative (-) se retrouvent dans la première décade, tandis que des cellules caspase 9 positive (+) se retrouvent à partir de la deuxième décade. 189 5.6.4 Mesure de l’activation de la caspase 3 De nombreuses études ont montré que la photothérapie dynamique induite par les porphyrines provoque l’activation de la caspase 3.125,126 C’est une caspase effectrice de la famille des protéases à cystéine et son activation sert comme marqueur précoce de l’apoptose pour les études en cytométrie en flux.127 Dans ce cas, nous avons employé le dérivé “CaspaTagTM Caspase-3 (DEVD)” afin de déterminer la présence de caspase 3 active. Ce dérivé fluorescent se fixe spécifiquement sur la caspase 3 lorsque cette enzyme est activée (la forme pro-caspase 3 ne présentant pas d’affinité pour le dérivé). La spécificité du dérivé est déterminée par la séquence DEVD (aspartylglutamyl-valyl-aspartyl) Suivant le même protocole que précédemment mais en utilisant le peptide FAM-DEVDFMK nous avons pu déterminer l’activité de la caspase 3. L’intensité de l’émission a été mesurée à 530 nm et l’émission de la fluorescence rouge a été recueillie à des longueurs d’ s supérieures à 600 nm. Un témoin positif a également été réalisé sur des cellules incubées avec de la camptothécine (figure VI-6) à la concentration de 2μg/mL pendant 4 heures. Figure VI-6 : (A) cellules non traitées : témoin négatif. (B) cellules traitées avec la camptothécine : témoin positif (en absence de l’inhibiteur zDEVD-FMK de la caspase 3. (C) cellules traitées avec de la camptothécine : témoin positif (en présence d’un inhibiteur zDEVD-FMK de la caspase 3. Les histogrammes représentent le nombre d’évènements (events, axe des Y) en fonction de l’intensité de fluorescence (axe des X). Les cellules caspase 3 négative (-) se retrouvent dans la première décade, tandis que des cellules caspase 3 positive (+) se retrouvent à partir de la deuxième décade. 125 T.J. Mc Garrity, L.P. Peiffer, D.J. Granville, C.M. Carthy, J.G. Levy ; Cancer lett., 163, 2001, 33-41. O. Inanami, A Yoshito, K. Takahashi, W. Hiraoki ; Photochem. Photobiol., 70, 4, 1999, 650-655. 127 F. Durrieu, F. Belloc, L. Lacoste, P. Dumain ; Exp. Cell. Res., 240, 2, 1998, 165-175. 126 190 5.6.5. Détection des phases précoces de l’apoptose Une des premières étapes de l’apoptose est la perte de l’asymétrie de la membrane plasmique par translocation de la phosphatidylsérine du feuillet interne vers le feuillet externe (figure VI-7). Toutefois la membrane garde son intégrité contrairement aux cellules nécrotiques. L’Annexine V est une protéine qui se lie avec une haute affinité à la phosphatidylsérine (PS) en présence d’ions calcium. Le protocole de couplage de l’Annexine V à la molécule de FITC (rapport stoechiométrique 1:1) n’altère pas cette capacité. L’Annexine V est un marqueur de choix pour mesurer la perte de l’asymétrie de la membrane plasmique. Figure VI-7 : Principe du test DAKO ApopTESTTM. Le double marquage Annexine V/FITC, Iodure de Propidium (test DAKO ApopTESTTM) permet donc de différencier quatre phénotypes (figure VI-8) : Cellules Annexine V/FITC et IP négatives : cellules viables, Cellules Annexine V/FITC positives et IP négatives : cellules en début d’apoptose, Cellules Annexine V/FITC positives et IP positives : cellules en fin d’apoptose, Cellules Annexine V/FITC négatives et IP positives : cellules en nécrose. 191 A B C D Figure VI-8 : (A) Cellules Annexine V négatif et Iodure de propidium négatif : cellules viables. (B) Cellules Annexine V positif et Iodure de propidium négatif : cellules en début d’apoptose. (C) Cellules Annexine V et IP positif : cellules en apoptose tardive. (D) Cellules Annexine V négatif et IP positif : cellules nécrotiques. L’axe des X représente le marquage avec l’Annexine V/FITC et l’axe des Y représente le marquage à l’iodure de propidium (IP). En pratique, la solution d’Annexine V/FITC est prête à l’emploi et 250 μg d’Iodure de Propidium doivent être dissous dans 1 mL d’eau distillée à la concentration finale de 250 μg/mL et stocké dans la glace. L’excitation de l’IP et de l’Annexine est réalisée par la raie à 488 nm d’un laser à argon ; l’émission de fluorescence verte de l’Annexine est collectée entre 500 et 540 nm avec un filtre “passe bande”, tandis que la fluorescence rouge de l’IP est recueillie pour des longueurs d’onde supérieures à 600 nm. Après 30 minutes d’irradiation, les cellules sont lavées avec du milieu de culture et remises en suspension dans du tampon PBS froid à raison de 105 à 106 cellules/mL ; 96 μl de suspension cellulaire sont ajoutés par tube, puis 1 μL d’Annexine V/FITC, 2,5 μL d’Iodure de Propidium et 250 μL de tampon dilué froid sont additionnés dans chaque tube. Parallèlement au marquage à l’Annexine V/FITC et à l’IP, réalisé sur des cellules ayant subi un traitement en PDT, un témoin positif est effectué sur des cellules incubées avec du paraformaldéhyde dilué à 3% dans du PBS. Annexine V: Protéine des macrophages ayant la capacité en présence de calcium de se fixer aux phosphatidylsérines et de reconnaître les cellules en apoptose. Apoptose : Mécanisme responsable de la suppression physiologique des cellules et semble être intrinsèquement programmé. Ce mode de mort des cellules équilibre la mitose en réglant la taille des tissus animaux et en intervenant dans les processus pathologiques liés à la croissance des tumeurs. Apoptosome : Complexe formé par l'association de la protéine Apaf-1, du cytochrome c et de la pro-caspase 9. Camptothécine : Composé qui inhibe sélectivement la topoisomérase humaine de type I. Caspases : Enzymes (protéases) responsables de la phase d’initiation ou d'exécution de l'apoptose. Leur activation conduit à la mort de la cellule. Catabolisme : Ensemble des réactions de dégradation biochimique de substances organiques. Cellule de Malassez : Est utilisée pour faire des dénombrements de cellules ou autres éléments observables au microscope. Elle consiste en une mince plaque de verre dans laquelle sont gravés des carrés de 50 μm de coté. Cellule leucémique promyélocytaire : Cellule maligne dérivée d’un promyélocyte ; cellule intermédiaire dans la formation d'un globule blanc à partir d'une cellule souche bloquée à ce 203 stade de maturation. Les cellules leucémiques promyélocytaires se caractérisent par une cassure et un échange entre les chromosomes 15 et 17 (une partie du chromosome 15 se rattache au chromosome 17 et inversement). Chromatine : Substance essentiellement formée d'ADN et de protéines, présente sous forme de granules dans le noyau cellulaire, fixant les colorants basiques. Homéostasie : Tendance des êtres vivants à main constantes les conditions de vie. Lysosome : Vésicule contenant des enzymes hydrolytiques permettant la destruction de composés cellulaires variés : lipides, protéines, acides nucléiques. Métabolisme : Ensemble des réactions chimiques de transformation de matière et d’énergie, catabolisées par des enzymes, qui s’accomplissent dans tous les tissus de l’organisme vivant. Nécrose : mort cellulaire “désordonnée”, provoquée par des agents physiques extérieurs ou des agents infectieux. Au cours de la nécrose, les cellules gonflent et ensuite les membranes se rompent. Paraformaldéhyde : Polymère de formaldéhyde. En solution dans un milieu tamponné, il se dépolymérise pour former du formaldéhyde. Ce dernier réagissant avec les fonctions amines des protéines et conduisant à la formation de liaisons croisées entre les sous-unités protéiques. Phagocytose : Processus par lequel certaines cellules englobent des particules ou d’autres cellules, les absorbent puis les digèrent. Potentiel mitochondrial : Différence de potentiel électrique existant entre l’espace intermembranaire et la matrice de la mitochondrie. ROS (Reactive oxygen species) : Espèces responsables d’effets toxiques pour la cellule. Ils incluent les radicaux hydroxyl, peroxyl, l’ion superoxyde, l’oxygène singulet et les peroxinitrites. 204.
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Pax deum. Les expressions lexicales et formulaires de la bienveillance divine dans l’Italie républicaine. Linguistique. Sorbonne Université; Université libre de Bruxelles (1970-..), 2022. Français. &#x27E8;NNT : 2022SORUL068&#x27E9;. &#x27E8;tel-03931275&#x27E9;
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Pax deum. Les expressions lexicales et formulaires de la bienveillance divine Italie -disciplinary the and dissemination documents, whether they or not. The documents may from and or abroad, or public research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, ou non éma des établissements d’enseignement et recherche français trangers SORBONNE UNIVERSITÉ (ED EA EDITTA) UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES (centre Philixte) THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ SORBONNE UNIVERSITÉ en Études latines et de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES en Langues, lettres et traductologie P résent ée et soutenue par : Dylan POTAGE le 19 novembre 2022 Pax deum Les expressions lexicales et formulaires de la bienveillance divine dans l ’Italie républicaine Sous la direction de : M. Alexandre GRANDAZZI – Professeur à SU M. Emmanuel DUPRAZ – Professeur à l’ULB Membres du jury : M. Alexandre GRANDAZZI (SU) M. Emmanuel DUPRAZ (ULB) M. Alessandro GARCEA (SU) Mme Audrey MATHYS (ULB) Mme Francesca PRESCENDI MORRESI (EPHE) M. John SCHEID (Collège de France) J ’ ai longtemps pensé que ces remerciements seraient brefs. Mais au moment de les écrire enfin, je réalise tout ce que ce travail, largement vécu comme une aventure en solitaire, doit en réalité à celles et ceux qui m’ont entouré. Ma gratitude va bien sûr à mes promoteurs : à Alexandre Grandazzi qui, après avoir dirigé mes recherches de master, m’a suggéré ce beau sujet ; à Emmanuel Dupraz qui, non content de m’avoir initié à la philologie italique, m’a deux années durant ouvert sa précieuse bibliothèque. Si cette thèse a pu être débarrassée d’une part non négligeable de ses coquilles, elle le doit à ses relecteur-trices : mon frère Gaël, mes parents Catherine et Jacky, Adrian, Albane, Béni, Hortense, Hugo, Johana, Maé, Myriam, Sophie, Tanaïs et Théo. Je me croyais seul face à une montagne et, au premier appel, vous avez surgi pour m’épauler, comme un évidence. Merci. Je prends sur moi la responsabilité des fautes qui resteront. Je pense aussi à mes copines bientôt docteures, sur qui je n’ai pas voulu faire porter le poids de mes relectures : Céline, Juliette, Margot, la ligne d’arrivée est proche! À tous les lieux enfin qui, d’une manière où d’une autre, ont été l’environnement de cette thèse, lieux sensibles, lieux vivants, riches de tou·te·s leurs habitant·e·s et de leurs histoires : la Maison du Poulpe, l’Augustine, BZL, la Gare, la Chapelle, l’Hôtel Flambeau, Coteaux-Conseil, l’Amazone, la rue Friedel à Paris, la rue Vaillant à Bagnolet. Aux ami·e·s que j’y ai rencontré·e·s. À mes chats, à mes abeilles, aux arbres de la Forêt de Rohanne et du Bois Lejus. Abréviations et conventions Abréviations et conventions 1. Notations linguistiques Désignations de langues PIE – proto-indo-européen (langue reconstruite) PIt. – proto-italique (langue reconstruite) L.arch. – latin archaïque L. – latin classique U. – ombrien (de Gubbio) Mrs. – marse (dialecte des Abruzzes parfois rattaché au groupe ombrien) O. – osque (méridional) Mrr. – marrucinien (dialecte nord-osque) Pél. – pélignien (dialecte nord-osque) Fre. – frentanien (dialecte nord-osque) PréS. – pré-samnite It. – italien Esp. – espagnol (castillan) Fr. – français Mess. – messapien G. – grec ancien Véd. – sanskrit védique Skr. – sanskrit classique V.pers. – vieux perse Av. – avestique Got. – gotique V.angl. – vieil anglais Angl. – anglais moderne V.h.all – vieil haut allemand All. – allemand moderne Hit. – hittite Gaul. – gaulois V.irl. – vieil irlandais Gal. – gallois Abréviations et conventions Termes grammaticaux courants nom. – nominatif voc. – vocatif acc. – accusatif gén. – génitif dat. – datif abl. – ablatif loc. – locatif f. – féminin m. – masculin n. – neutre sg. – singulier pl. – pluriel P1, P2, P3 – première, deuxième ou troisième personne subj. – mode subjonctif ind. – mode indicatif occ. – occurence Conventions de notations linguistiques [ɣ] = notation d’un son (=réalisation d’un phonème) /g/ = notation d’un phonème <c> = notation d’un graphème *peh2g- = notation d’une protoforme ou d’une forme ou tournure non attestée à l’écrit mais probable **compectio = forme ou tournure non attestée et supposée non-existante voire aberrante > = « aboutit par voie phonétique à... » // = « parallèle à... » (signale deux formes étymologiquement proches, voire identiques, dans des langues différentes) CATÉGORIE-cas = notation d’une catégorie de lexèmes dans une tournure générique (par exemple DIEU-nom. remplace n’importe quel lexème désignant une divinité au cas nominatif ; GÂTEAU-acc. remplace n’importe quel lexème désignant un gâteau sacrificiel au cas accusatif) Abréviations et conventions 2. Citations Conventions valables pour l’ensemble des citations NB : Les citations de quelques mots sont faites dans le corps du texte. Les citations plus longues sont mises en valeur par un retrait à gauche et à droite, et accompagnées d’une traduction. Soulignement = mise en valeur d’un passage-clef par nos soins. (...) = coupe dans la citation, effectuée par nos soins. | = indication d’une délimitation rythmique dans la citation (limite de vers ou de colon), quand celle-ci n’est pas indiquée par un retour à la ligne Conventions relatives aux sources littéraires latines italique = citation d’un texte littéraire latin <x> = ajout ou correction éditoriale {x} = suppression éditoriale +cummam+ = passage inter cruces dont aucune leçon satisfaisante ne peut être donnée [= Augustus] = explicitation éditoriale (par exemple développement d’une anaphore) Conventions relatives aux sources épigraphiques MAJUSCULE = citation brute d’un texte épigraphique latin italique = citation d’un texte épigraphique sabellique en alphabet latin OU citation simplifiée d’un texte épigraphique latin gras = citation d’un texte épigraphique sabellique en alphabet dit national (dérivé de l’alphabet étrusque) OU citation d’un texte messapien en transcription de l’alphabet grec de Tarente. = iota longa, notation épigraphique d’un i long dans certaines inscription lettre pointée (Ẹ) = caractère dont la lecture est jugée incertaine [---] = lacune (nombre de caractères indéterminé) [3] = lacune (de trois caractères) Abréviations et conventions Vo[lens pro]pitius = restitution certaine d’une lacune [?sanctus] deus = restitution hypothétique d’une lacune [[Nero]] = érasure L(ucius) = développement d’une abréviation ou restitution d’une orthographe canonique. iouia<i> = ajout ou correction éditoriale nois{i} = suppression éditoriale d’un caractère jugé erroné. / = indication d’un retour à la ligne // = indication d’un changement de champ épigraphique (changement de colonne, passage au verso d’une pierre etc.) Conventions relatives au traductions NB : Sauf mention contraire, toutes les traductions sont personnelles. [Cicéron] = modification apportée pour rendre l’extrait traduit compréhensible (par exemple explicitation d’une anaphore, ajout d’un pronom requis par la langue française...) [...] = coupure dans la traduction correspondant à une lacune de l’original ; ne pas confondre avec (...) indiquant une coupure volontaire dans la citation. Abréviations et conventions 3. Conventions bibliographiques Abréviations AE = L’Année épigraphique, Paris. CAG = Carte archéologique de la Gaule, Paris. CFA = SCHEID John, 1998a – Commentarii Fratrum Arvalium Qui Supersunt. Les copies épigrahiques des protocoles annuels de la Confrérie Arvale (21 av. 304 ap. J.- C.), Roma. CGL = GOETZ Georg, 1888-1923 – Corpus glossariorum latinorum, Leipzig. CIL = Corpus inscriptionum latinarum, Berlin, New York. CRAWFORD = CRAWFORD Michael H., 2011 – Imagines italicae. A corpus of Italic Inscriptions, Vol I, II et III, London. DELL = ERNOUT Alfred & MEILLET Antoine, 2001 – Dictionnaire étymologique de la langue latine, 4e éd. révisée, Paris. (1ère éd. : 1932). DHELL = FRUYT Michèle (dir.) – Dictionnaire historique et encyclopédique de la langue française, dictionnaire en ligne en cours de publication sur http://www.dhell.paris-sorbonne.fr. EDL = DE VAAN Michiel, 2006 – Etymological dictionary of Latin and the other Italic langages, Leiden, Boston. IEW = POKORNY Julius, 1959 – Indogermanisches etymologisches Wörterbuch. II Bände, Francke, Bern, Stuttgart. ILS = DESSAU Hermann, 1892-1916 – Inscriptiones Latinae Selectae, Berlin. InscrIt = Inscriptiones Italiae, Roma. LIV2 = RIX Helmut (dir.), 2001 – Lexikon der indogermanischen Verben, zweite erweiterte und verbesserte Aufklage, Wiesbaden. (1ère éd : 1998). Abréviations et conventions MLM = DE SIMONE Carlo & MARCHESINI Simona, 2002 – Monumenta Linguae Messapicae, vol. I & 2, Wiesbaden. RE = PAULY August F. & WISSOWA Georg, 1894-1980 – Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft : neue Bearbeitung, Stuttgart. SI = Supplementa Italica. Nuove serie, Roma. SRD = CORDA A. M., 2014 – Concordanze delle iscrizioni latine della Sardegna. Edizioni dei testi ed indice dei vocaboli, Ortacesus. ST = RIX Helmut, 2002 – Sabellische Texte. Die Texte des Oskischen, Umbrischen un Südpikenischen, Heidelberg. TI = Tabulae Iguvinae (Tables Eugubines, Tables de Gubbio), citées d’après POULTNEY James Wilson, 1959 – The Bronze Tables of Iguvium, Baltimore. Ve = VETTER Emil, 1953 – Handbuch der italischen Dialekte. I. Bd: Texte mit Erklärung, Glossen, Wörterverzeichnis, Heidelberg. Vindolanda = BOWMAN A.K. & THOMAS J.D., 1983-2010 – The Vindolanda writingTablets (Tabulae Vindolandenses), vol. I-IV, London. WOU = UNTERMANN Jürgen, 2000 – Wörterbuch des Oskisch-Umbrischen, Heidelberg. Éditions de textes Les textes latins littéraires sont cités d’après les volumes de la CUF, s’ils existent. Ceux cités dans d’autres éditions le sont d’après les volumes suivants : Cicéron, fragments poétiques : BAEHRENS, Aemilius, 1829 – Poetae Latini minores (vol. I), Lipsiae. Ennius, fragments des Annales : SKUTSCH Otto, 1985 – The Annals of Quintus Ennius, Oxford. Ennius, fragments de comédies : GOLDBERG Sander M. & MANUWALD Gesine, 2018 – Fragmentary republicain latin. II. Ennius, dramatic fragments, minor works, pp.210-218, Cambridge, London. Abréviations et conventions Ennius, fragment de tragédies : JOCELYN Henry D., 1969 – The tragedies of Ennius, Cambridge. (1ère ed. 1967) Festus, dictionnaire (et abrégé de Paul Diacre) : LINDSAY Wallace, 1913 – Sexti Pompei Festi De Verborum Significatu quae supersunt cum Pauli Epitome, . (abrév. L.) Grattius Faliscus, Cygeneticon : DUFF J. Wight & DUFF Arnold M., 1934 – Minor latin poets, pp.150-205, London, Cambridge. Loi des XII Tables, fragments : HUMBERT Michel, 2018 – La loi des XII Tables. Édition et commentaire, Roma. Lucilius, fragments des Satires : WARMINGTON E.H., 1938 – Remains of Old Latin, t.III, pp.1-423, Cambridge, London. Naevius, fragments des comédies (palliatae & togatae) : WARMINGTON E.H., 1936 – Remains of Old Latin, t.II, pp.74-110, Cambridge, London. Nonius, dictionnaire : LINDSAY Wallace, 1903 – Nonii Marcelli De Compendiosa Doctrina, Leipzig. (abrév. L.) Pacuvius, fragments des tragédies : WARMINGTON E.H., 1936 – Remains of Old Latin, t.II, pp.158-323, Cambridge, London. Sénèque l’Ancien, controverses et suasoires : BORNECQUE Henri, 1932 – Sénèque le rhéteur. Controverses et suasoires, t.1 & 2, Paris. Sénèque le Philosophe, fragments : HAASE friedrich, 1902 – L. Annaei Senecae opera quae supersunt. Supplementum, Lipsiae. Servius, commentaire de Virgile : THILO Georgius & HAGEN Hermannus, 1881-1902 – In Vergilii carmina commentarii. Maurus Honoratus Servius, t.1 à 3, Lipsiae. Valère-Maxime, Faits et dits mémorables (livres VII-IX) : BRISCOE John, 1998 – Valeri Maximi facta et dicta memorabilia, t.2, Lipsiae. Abréviations et conventions Table des matières INTRODUCTION GÉNÉRALE............................................................................................1 PARTIE 1 Pax deum : un concept central de la religion romaine à l’épreuve de ses sources Chapitre 1 : état de la recherche..................................................................................15 1.1. Exposé de la communis opinio.............................................................................15 1.2. Des emplois entre concept véritable et métaphore convenue....................19 1.3. Archéologie de la recherche.................................................................................22 1.4 . Pistes alternatives ouvertes dans la recherche passée.................................25 Chapitre 2 : pāx dans le lexique latin........................................................................29 2.1. Famille synchronique.............................................................................................29 2.1.1. Les formations primaires..............................................................................30 2.1.2. Les formations secondaires sur pāx et paciscor.....................................31 2.1.3. Le verbe pangō.................................................................................................33 2.1.4. Le substantif pignus........................................................................................35 2.2. Premières attestations et fréquence...................................................................36 2.2.1. Premières attestations littéraires du substantif pāx..............................36 2.2.2. Fréquence du lexème.....................................................................................38 2.2.3. Premières attestations de termes apparentés à pāx : L.arch. *pacō..39 2.2.4. Premières attestations de termes apparentés à pāx : L.arch. paca....43 2.3. Sémantisme de pax.................................................................................................53 2.3.1. Sens minoritaire (dynamique) : « accord », « traité »,« permission »............................................................54 2.3.2. Sens majoritaire (statif) : « état de non-belligérance », « état de calme », « paix ».........................58 2.3.3. Jeux littéraires entre les sens de pax..........................................................62 2.3.4. Conclusions de l’enquête sémantique........................................................65 Abréviations et conventions 2.4. Étymologie.................................................................................................................65 2.4.1. Matériel linguistique......................................................................................66 2.4.2. Les leçons des dictionnaires étymologiques............................................69 2.4.3. Hypothèse : distinction mantique de deux racines............................71 2.4.4. Formes résistant à la bipartition du dossier............................................74 2.4.5. Conclusions de l’enquête étymologique....................................................76 Chapitre 3 : le latin pax en contexte religieux.......................................................79 3.1. Constitution d’un corpus.......................................................................................79 3.1.1. Corpus littéraire...............................................................................................79 3.1.2. Corpus épigraphique......................................................................................81 3.2. Contextes narratifs : quand demande-t-on la « paix des dieux »?............82 3.2.1. Pax deum : concept de crise?.......................................................................83 3.2.2. Pax deum : concept quotidien?...................................................................87 3.3. Contextes lexicaux : termes et rituels associés à pax deum.........................94 3.3.1. Les verbes régissant pacem..........................................................................95 3.3.2. Les actes rituels associés à pax et leur visée..........................................105 3.3.3. Pax et ira..........................................................................................................121 3.3.4. Pax et uenia.....................................................................................................125 3.3.5. Pace dixerim deum........................................................................................136 3.4. Appendice : l’épiclèse pacifer.............................................................................140 Chapitre 4 : pax deum dans la mise en scène du récit historique livien....149 4.1. Éléments de contexte : l’annalistique romaine et son idéologie..............149 4.2. Études des passages concernés.........................................................................152 4.2.1. Pax deum et le destin de Rome dans les contextes militaires...........152 4.2.2. Extension de cette interprétation à d’autres contextes......................155 4.2.3. Discussion critique et conclusions............................................................160 Bilan de la première partie.........................................................................................165 PARTIE 2 *pāk- et *pāk-ri- : la faveur divine dans le monde sabellique Chapitre 5 : présentation générale des textes et lexèmes étudiés...............171 5.1. Langues et corpus.................................................................................................171 5.1.1. Le groupe sabelli que et la koinè italique................................................171 5.1.2. L’ombrien et les Tables de Gubbio............................................................174 5.1.3. Les peuples et dialectes des Abruzzes.....................................................181 5.2. Les lexèmes étudiés..............................................................................................184 5.2.1. U. pase, nom-racine.......................................................................................185 5.2.2. PIt. *pākri-, dérivé par vr̥ddhi....................................................................187 5.2.3. U. paca, ablatif lexicalisé d’un dérivé en -ā-...........................................192 Chapitre 6 : le témoignage des Tables de Gubbio................................................193 6.1. Structure et contenu des prières ombriennes...............................................193 6.1.1. Une prière type : le sacrifice expiatoire à Jupiter.................................193 6.1.2. Écarts au modèle et tentatives d’explications.......................................200 6.1.3. Dix points de synthèse sur les prières ombriennes.............................230 6.2. U. pacer et pase : étude stylistique, sémantique et pragmatique des formules.............................................................................232 6.2.1. Des formules figées, stylistiquement marquées...................................234 6.2.2. Sémantique : que demandent les formules?.........................................237 6.2.3. Pragmatique : le pouvoir des formules...................................................245 6.3. Bienveillance divine et confiance humaine dans les Tables de Gubbio 251 6.3.1. Les dieux antiques étaient-ils bons?.......................................................252 6.3.2. Un dispositif d’efficacité à l’échelle du rituel : l’offrande de la mefa.....................................................................................257 6.3.3. Un dispositif d’efficacité à l’échelle du sacrifice : l’offrande de la uestisia................................................................................271 6.4. Appendice : ocrer pehaner paca (TI VIa19-20)...............................................283 6.5. Synthèse des données ombriennes..................................................................287 Abréviations et conventions Chapitre 7 : le témoignage des inscriptions marses et nord-osques............291 7.1. Crawford TEATE MARRVCINORVM 2 : le bronze de Rapino.....................291 7.1.1 . Présentation générale..................................................................................292 7.1.2. Mrr. agine : le rituel et les divinités honorées.......................................304 7.1.3. Mrr. asignas : le problème de l’identification des viandes sacrificielles.............................................................................308 7.1.4. Mrr. feret et ferenter : le déplacement des viandes sacrificielles dans le rituel italique...........................................314 7.1.5. Mrr. asum : la destination des viandes sacrificielles...........................321 7.1.6. Interprétations d’ensemble........................................................................326 7.1.7. Les formules en pacris.................................................................................335 7.1.8. Conclusions sur la table de Rapino..........................................................347 7.2. Les autres inscriptions religieuses...................................................................348 7.2.1. LA REGINA 2017...............................................................................................348 7.2.2. CRAWFORD MARRVVIVM 1............................................................................361 7.3. Une inscription incertaine : CRAWFORD HISTONIVM 9.................................368 7.4. Les épitaphes..........................................................................................................371 7.4.1. CRAWFORD CORFINIVM 6..............................................................................372 7.4.2. CRAWFORD SVLMO 13.....................................................................................392 7.5. Appendice : le témoignage de l’anthroponymie osque...............................397 Bilan de la deuxième partie........................................................................................401 PARTIE 3 Propitius : l’expression latine de la bienveillance divine Chapitre 8 : propitius dans le lexique latin...........................................................413 8.1. Fréquence et distribution dans les sources littéraires................................413 8.1.1. Première attestation.....................................................................................413 8.1.2. Répartition au cours de la latinité............................................................414 8.1.3. Un terme privilégié du comique plautinien..........................................416 8.2. Étymologie..............................................................................................................418 8.2.1. Hypothèse 1 : un dérivé de la racine PIE *pet-......................................418 8.2.2. Hypothèse 2 : un dérivé de prope.............................................................420 8.2.3. Discussion des hypothèses..........................................................................421 8.2.4. Recherche de formations parallèles.........................................................423 8.2.5. Résultats de enquête étymologique.......................................................426 8.3. Constitution d’un corpus.....................................................................................430 8.3.1. Corpus littéraire............................................................................................430 8.3.2. Corpus épigraphique....................................................................................432 Chapitre 9 : Propitius dans la langue religieuse latine.....................................433 9.1. Associations lexicales à propitius......................................................................434 9.1.1. L’antonymie propitius/iratus......................................................................434 9.1.2. Le formulaire uolens propitius..................................................................439 9.1.3. Propitius et la famille de placare...............................................................445 9.2. Propitius : qualité divine par excellence?......................................................448 9.2.1. Vue générale du corpus...............................................................................448 9.2.2. Les dieux propices : quelques remarques..............................................452 9.2.3. Des mortels explicitement comparés à des dieux................................458 9.2.4. Entités divines et divinisées.......................................................................472 9.2.5. Un reliquat d’occurrences profanes.........................................................482 9.3. « Dieux propices » : une qualité avérée ou souhaitée?..............................490 9.3.1. Typologie des passages................................................................................491 9.3.2. Bilan : richesse et fluidité de la pensée rituelle et théologique romaine................................................................514 Chapitre 10 : Comparaison de formulaires de prières ombriens et latins525 10.1. Le lexique de la bienveillance divine au cœur de l’acte de prière........526 10.1.1. Importance quantitative des contextes de prière..............................527 10.1.2. Un rapport définitoire entre prière et bienveillance divine...........531 10.2. Comparaison de prières latines et ombriennes..........................................536 10.2.1. Présentation des textes..............................................................................537 10.2.2. Éléments de datation.................................................................................550 10.2.3. Procédés rédactionnels.............................................................................554 10.2.4. Performativité et dispositifs d’efficacité...............................................560 Abréviations et conventions Bilan de la troisième partie.........................................................................................573 CONCLUSION GÉNÉRALE.............................................................................................577 ANNEXES Annexe n°1 : L. pāx en contexte religieux - corpus littéraire...............................583 Annexe n°2 : L. pā x en contexte religieux – corpus épigraphique.......................599 Annexe n°3 : U. pase, pacer et paca..............................................................................607 Annexe n°4 : – éraire..............................................................621 Annexe n°6 : L. propitius – corpus épigraphique......................................................641 Annexe n°7 : Répartition géographique des principaux textes épigraphiques étudiés.................................................................452 BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................................657 Introduction générale INTRODUCTION GÉNÉRALE Les anciens Italiens ont habité un monde dans lequel chaque bosquet, chaque source, était le siège d’une divinité. Ils y faisaient l’expérience d’une omniprésence divine qu’en un temps pas si lointain certains chercheurs imaginaient informe et impersonnelle – comme un mana diffus nimbant le monde primitif. Cette conception a depuis lors été battue en brèche 1. Même inconnu, même mineur et étranger au panthéon de la cité, le dieu antique était un dieu personnel voire anthropomorphe. Et mieux encore : il était capable de nouer des contrats avec les hommes. Le paysan de Caton demande ainsi la bienveillance du dieu qui réside dans son bois avant d’y abattre un arbre 2 : il ne peut l’identifier ni le nommer, ni même préjuger de son sexe, mais il peut interagir avec lui comme avec un concitoyen. La négociation semble ainsi avoir été le mode privilégié de la relation au divin 3. 2) CAT. Agr. 139. 3) L’entretien entre Numa et Jupiter sur l’Aventin (OV. F. III,2777-377 ; PLUT. Num. 15,3 sq. ; ARN. V,1 sq.) est un mythe particulièrement emblématique de ce point de vue. Cf. son analyse par SCHEID 1985b. 1 Introduction générale là qu’a démarré notre enquête car l’expression, courante chez les chercheurs modernes, est en fait rare et difficile à cerner dans les sources antiques. Elle méritait qu’on s’y intéresse de manière systématique. Mais avant d’en venir là, nous devons encore faire ce constat : le monde de Caton n’est plus. La sinistre linéarité des pins Douglas promis à la coupe rase, qui enlaidit aujourd’hui beaucoup trop de nos forêts, n’accueille ni dieu ni déesse. Nul anthropologue n’ira, carnet en main, observer le rituel romain ni recueillir le témoignage de ceux qui y officiaient ou assistaient. Certes les sources abondent : monuments et œuvres d’arts, inscriptions officielles ou non, textes littéraires et commentaires érudits forment le matériau en constante évolution d’une étude toujours renouvelée des religions antiques. Mais tout cela nous laisse aussi au bord d’un fossé qui sépare implacablement ce monde enfoui du nôtre. Il faut bien voir alors de quelle nature est la connaissance que nous pouvons prétendre en avoir. Cornelius Castoriadis concluait ainsi un article consacré aux problèmes de connaissance du social-historique : « notre incapacité à revivre la Stimmung d’une société étrangère (...) ne rend pas vaine notre connaissance mais la marque plutôt d’une lacunarité essentielle »4. Que peut-on réellement connaître d’une religiosité disparue, et de quel ordre sont les lacunes? D’abord, il y a les faits : calendriers, organisation des collèges sacerdotaux, déroulé du sacrifice, intégration de nouvelles divinités à la religion poliade, etc. Ceux-ci ne sont pas une donnée brute mais le fruit d’une reconstruction minutieuse opérée depuis plusieurs siècles à partir d’éléments épars. Les sources latines, quoique nombreuses, sont souvent partielles : leurs auteurs passent sous silence des points essentiels pour nous, qui devaient leur sembler marqués du sceau de l’évidence. Les Introduction générale ombriennes, picéniennes ou encore messapiennes qui nous sont parvenues – et nous parviennent encore5 – permettent de mettre en perspective les faits latins. Ces domaines s’éclairent ainsi mutuellement par un effet de « ricochet » – rimbalzo dit la recherche italienne6 – et mettent en lumière l’existence d’une koinè italique, voire italienne7. Les faits religieux y sont rarement identiques, mais toujours comparables, signe d’élaborations et d’adaptations parallèles plutôt que d’un héritage totalisant ou d’un emprunt depuis un centre défini. Au-delà des faits bruts et reconstruits, au-delà même du « vecteur intentionnel » décrivant ce vers quoi tend factuellement une société 8, Cornelius Castoriadis décrit deux autres niveaux de connaissance du social-historique. Le premier, qu’il qualifie de « vecteur représentationnel » ou « noématique »9, concerne l’image consciente qu’une société se donne d’elle-même et du monde qui l’entoure : ses conceptualisations, ses significations imaginaires. Tout cela peut dans une certaine mesure être reconstruit, mais l’exercice impose alors à l’historien, au philologue, à l’épigraphiste de se conduire en ethnologue et de ne pas plaquer les significations de sa culture sur celles de la culture qu’il étudie. C’est dans ce domaine « noématique » que se situe l’essentiel de la tâche que nous nous sommes donnée : reconstruire certaines des représentations intellectuelles des peuples de l’Italie antique, attenant au concept de 5) La documentation des langues fragmentaires de l’Italie est en constante augmentation. La présente thèse commente notamment une inscription frentanienne publiée pour la première fois par LA REGINA 2017 (et donc absente des corpus de Michael Crawford, Emil Vetter, etc.). 6) PORZIO GERNIA 2007 : 9. 7) L’adjectif « italique » exclut par définition le messapien et l’étrusque, dont les locuteurs étaient pourtant cultur proches des latins, des osques et des ombriens. Sur la définition de ces différents groupes linguistiques, cf. §5.1.1. 8) L’« intention » constitue pour CASTORIADIS 1999 [1994] le niveau le plus accessible de l’eidos d’une société étrangère, car il se manifeste directement dans ses actions. L’intention exprimée par nos sociétés capitaliste serait ainsi « l’expansion illimitée de la ‘maîtrise’ rationnelle » (p.329). On pourrait dire alors que l’intention romaine, sur le plan religieux, réside essentiellement dans son mouvement d’adaptation continu mené pourtant dans les formes du conservatisme le plus strict. 9) CASTORIADIS 1999 [1994] : 331-332. 3 Introduction générale bienveillance divine. En nous plaçant d’emblée sur un double plan lexical et formulaire, nous cherchons comment cette bienveillance est nommée d’une part, et comment elle est demandée d’autre part – c’est-à-dire par quelle phraséologie rituelle. Nous cherchons en quoi elle consiste aux yeux des fidèles et quel degré de confiance en elle ils pouvaient témoigner. Nous cherchons en somme, sous l’un de ses aspects bien particuliers, les fragments d’une théologie implicite des peuples de l’Italie antique. Au-delà de ces représentations conceptuelles se trouve encore l’inconnaissable même, ce que Cornelius Castoriadis appelle « vecteur affectif » : « personne ne sera jamais capable de dire comment les Grecs vivaient leur religion, ni ce que l’initiation aux mystèria d’Éleusis signifiait pour un néophyte », écrit-il10. Il est difficile en effet d’aborder le concept de la bienveillance divine comme un pur objet conceptuel, sans s’interroger sur les affects qui lui étaient intimement liés. Quels sentiments la célébration du culte, public ou privé, inspirait-elle à l’officiant? et à l’assistance? En dehors même de l’espace-temps singulier du rituel, quelle était l’attitude mentale du sujet religieux vis à vis des heurs et malheurs que les volontés divines pouvaient lui réserver? Ce souci psychologique est présent dans notre enquête : il nous aide en quelque sorte à nous poser les bonnes questions. Mais il constitue en même temps une limite infranchissable, car les réponses ne se donnent à nous que sous la forme de brefs aperçus, parfois contradictoires, où la crainte devant la toute puissance des dieux le dispute à la confiance devant le rituel. Ce que cela faisait d’avoir pour concitoyens des divinités, nous ne le saurons jamais. Mais, à le problématiser, nous faisons au moins ce geste intellectuel : prendre au sérieux l’expérience antique du divin. 10) CASTORIADIS 1999 [1994] : 332. 4 Introduction générale Les concepts que nous prétendons étudier ne se donnent à nous que sous la forme du langage. Nous les abordons via trois ensembles lexicaux que nous avons constitués en corpus : le substantif pax en contexte religieux ; le substantif pase et l’adject pacer dans les inscriptions sabelliques ; et pour finir l’adjectif propitius (avec son dérivé verbal propitiare) en latin. Le lien entre les deux premiers ensembles est d’ordre génétique : pase est le correspondant ombrien direct de pax, et pacer en est un dérivé. Tous deux figurent notamment dans les amples prières consignées par les Tables de Gubbio qui, réunies, constituent la plus longue inscription de l’Italie antique, ainsi qu’un document religieux de premier plan. L’étude de pax dans l’ensemble du monde italique a donc été envisagée dès la première formulation du projet de recherche. L’inscription de propitius dans le champ de notre étude, en revanche, est arrivée plus tard. Elle découle de sa double correspondance, sémantique et formulaire, avec le sabellique pacer. Les deux lexèmes s’emploient avec le même sens (« favorable, propice ») et dans des expressions structurellement comparables : L. uolens propitius et U. fons pacer. Ces trois ensembles lexicaux se déclinent en six corpus intégralement reportés à la fin de la thèse : L. pax en contexte religieux dans la littérature (annexe 1) et dans l’épigraphie (annexe 2) ; ses correspondants et dérivés sabelliques dans les Tables de Gubbio (annexe 3) et dans l’épigraphie dialectale des Abruzzes (annexe 4) ; et pour finir L. propitius dans la littérature (annexe 5) et dans l’épigraphie (annexe 6)11. Une carte en annexe 7 précise l’aire géographique dont proviennent les principales inscriptions étudiées. Les mots sont ainsi le matériau premier de notre étude. Or, la continuité d’usage d’un mot pendant des millénaires ne garantit pas (au contraire) la stabilité de son sens. Et qu’est-ce qu’un sens, au demeurant? Le sens disséqué 11) Les modalités de constitution de chaque corpus seront présentées dans le corps de la thèse. 5 Introduction générale par l’analyse structuraliste en constituants essentiels (ou sèmes) est en quelque sorte un sens mort : il ne dit pas tout de la valeur du lexème au sein d’une réalité sociale-historique, avec les représentations mentales qui lui sont attachées. Ces pièges sont d’autant plus redoutables avec le latin que nous n’avons jamais cessé de le parler. La tentation est donc grande, en employant le même lexème (emprunté ou parvenu jusqu’à nous suivant les lois de la phonétique historique), d’imaginer l’employer de la même manière. Nous pouvons croire spontanément que pax ne dit rien d’autre que « paix », et propitius que « propice », or il n’en est rien12. Les autres langues de l’Italie, éteintes il y a deux mille ans sans laisser de descendance, nous épargnent au moins partiellement cette illusion. Traduire, du reste, ne suffit pas. Savoir si nous devons rendre pax en contexte religieux par « paix », « approbation » ou « bienveillance » n’est pas le but de notre recherche, car notre questionnement en ressortirait alors inchangé : que veulent dire « paix », « approbation » ou « bienveillance » pour un individu ayant vécu en Italie quelque part entre le V e et le Ier siècle avant notre ère? La traduction n’est donc qu’un moyen. Elle contribue seulement à éclairer les mots par le seul outil, si imparfait soit-il, que nous ayons à disposition : d’autres mots. Comment, dès lors, faire parler nos corpus, qui sont largement traduisibles mais dont il s’agit d’extraire une pensée? Face à un mot inconnu, le philologue disposerait de plusieurs outils. L’étymologie, quand la langue étudiée n’est pas un isolat, est le premier d’entre eux mais il a ses limites : le signifié étymologique d’un lexème n’est pas forcément celui qu’il a réellement dans la langue. Intervient alors la méthode combinatoire : en cherchant quels 12) De même CASTORIADIS 1999 [1994] écrit-il à propos d’un autre concept religieux : « Pistis en grec classique, fides en latin classique ont seulement une relation d’homonymie avec ce que pistis et fides, la foi , de vinrent avec le christianisme . (...) La foi, en tant que ce concept d’Erlebnisse qui est centralement et décisivement organisé autour d ’un affect , est une création historique de l’institution chrétienne de la religion . » (p.328). 6 Introduction générale autres lexèmes peuvent occuper le même contexte, et dans quels autres contextes peut apparaître le même lexème, on trouve des dénominateurs communs. Ces mêmes méthodes peuvent en fait s’appliquer utilement à des lexèmes dont le signifié brut est déjà connu. L’analyse étymologique de pax et de propitius aura ainsi son rôle à jouer dans les chapitres correspondants : si elle ne peut pas nous renseigner sur les significations historiques, elle donne une profondeur diachronique à l’étude et aide à apercevoir comment s’est constitué, par spécialisations successives, le vocabulaire religieux. Mais surtout, l’analyse et la confrontation des différents contextes d’apparition sera notre principal outil. En discernant des récurrences, on peut établir des typologies d’usages plutôt que de se laisser guider par une définition totalisante et floue. L’étude des liens entre différents lexèmes (cooccurrences de termes, parasynonymies, antonymies) permet en outre de dessiner un réseau sémantique et culturel. Les concepts apparaissent alors non pas figés par des définitions, mais mis en mouvement par la pensée. Certaines récurrences d’emplois ressortissent par ailleurs directement au volet formulaire de l’étude : L. pacem et ueniam, L. uolens propitius, U. fons pacer, etc. Par « formule », nous désignons d’abord une série de formes figée, utilisée par une sorte d’automatisme de composition « for encoding and transmitting a given theme »13. C’est donc avant tout une notion stylistique. Mais dans la prière, les formules nécessitent une analyse fonctionnelle. Elles ne sont pas seulement des stylèmes poétiques mais aussi des dispositifs qui prétendent avoir un effet sur le dieu et réclament donc d’être analysés en termes de pragmatique linguistique. 13) WATKINS 1995 : 17. Ces définitions seront reprises dans le corps de la thèse. Cf. §6.2.3. 7 Introduction générale Étudier lexiques et formules, discerner des récurrences ou au contraire des anomalies, confronter les manières dont intervient un même concept dans des corpus amples et variés, tout cela implique une règle de prudence : il faut se montrer sensible aux contextes d’emploi. Cette précaution doit s’entendre à plusieurs niveaux. Le contexte c’est d’abord, lorsque l’on traite de sources épigraphiques, celui de l’archéologie. Les inscriptions ne sont pas de purs objets textuels : ce sont des monuments matériels qui ont eu une fonction dont nous devons tenir compte. Le contexte, c’est aussi le degré d’isolement de la source. Ce que nous apprenons par exemple des Tables de Gubbio peut être extrêmement détaillé, voir décisif pour notre étude : cela ne signifie pas que les conclusions soient transposables directement en tout lieu et en tout temps de l’Italie ancienne (tentation d’autant plus grande pour les textes sabelliques qu’on les imagine souvent – à tort – nécessairement plus archaïques et plus authentiques, quoi que cela veuille dire au demeurant). À un autre niveau, nous devons évidemment tenir compte du type de texte, du registre : le compte-rendu épigraphique d’une confrérie religieuse n’est pas de même nature qu’un récit historique ; une comédie n’est pas de même nature qu’un traité philosophique. Cela ne veut pas dire que certaines sources soient illégitimes. Toutes ont quelque chose à nous apprendre sur la religiosité antique mais on doit se montrer sensible à leurs spécificités, aux déplacements qu’elles opèrent à des fins idéologiques, argumentatives ou encore comiques. Plus généralement, la variété des sources nous oblige à définir d’emblée ce que nous entendons par « vocabulaire religieux », ou Un mot comme ira, que nous rencontrerons comme antonyme de pax, appartient-il à la langue religieuse? On pourrait répondre affirmativement à cette question, dans la mesure où il est volontiers employé à propos des dieux ; mais négativement dans la mesure où il ne figure, à notre connaissance, dans 8 Introduction générale aucun texte techniquement religieux14 (compte-rendu d’un collège sacerdotal, texte de prière, commentaire d’un érudit sur une pratique rituelle...). Afin d’évacuer cette ambiguïté, nous parlons dans la thèse de « contexte religieux » quand les dieux sont simplement évoqués, et de « contexte rituel » quand un acte cultuel visant à les fléchir est au moins allusivement mentionné. Le lexique et les formules qui constituent les uerba prononcés en contexte rituel seront qualifiés spécifiquement de « langue sacrale », expression qui nous semble moins ambiguë que « langue religieuse ». Tout le reste sera qualifié de « contexte profane ». Avec le cadre intellectuel, les enjeux et les méthodes ainsi définis, l’étude sera menées selon trois grands axes correspondant aux différents ensembles lexicaux étudiés : L. pax (chapitre 1 à 4), PIt. *pāk et *pāk-ri- (chapitres 5 à 7) et enfin L. propitius (chapitre 8 à 10), chaque grande partie étant suivie de bilans intermédiaires. Le chapitre 10, en confrontant les usages rituels de propitius aux conclusions des autres chapitres, sous la forme d’une études comparées de textes de prières latins et ombriens, aura par ailleurs une portée conclusive. 14) Cela semble vrai pour ira, mais ne l’est pas pour son dérivé iratus qui a des emplois rituels (notamment) dans les defixiones . Cf . §9.3.2.(b). Introduction générale 10 PARTIE 1 Pax deum : un concept central de la religion romaine à l’épreuve de ses sources 11 12 L’entreprise d’une recherche doctorale sur pax deum débute sous les doubles auspices du manque et de la certitude. Le manque, c’est d’abord la regrettable absence de monographie consacrée à l’étude exhaustive d’une notion pourtant fréquemment évoquée. Comme l’écrit Pawel Medejski, « the pax deorum is to be find in almost every book on Roman religion. It is strange that the conception has not become a subject of research yet, and this fact was a little but puzzling only for Jerzy Linderski. »1 Effectivement, il y a déjà trente ans, Jerzy Linderski avait pris la mesure de cette absence et s’était proposé, au détour d’une note de bas de page2, de mener un examen complet de la question. Malheureusement, cet ambitieux projet n’a jamais pu voir le jour. En revanche, l’auteur a donné un état de la question dans un article de la Neue Pauly et sa traduction anglaise dans la Brill’s New Pauly3. Cette notice, si elle a le mérite de combler le manque de la Realencyclopädie (dont l’article pax n’évoquait aucune question religieuse autre que le culte augustéen de la paix 4), ne constitue pas une étude de fond, mais plutôt une utile présentation de la communis opinio. Elle sera notre point de départ. En miroir de ce manque, notre certitude était d’avoir au moins affaire à un concept religieux bien établi, bien attesté, et à peu près bien délimité : à l’objet possible d’une étude. Mais au fil des recherches préliminaires, des premières lectures et d’un examen scrupuleux des sources, le manque demeure, mais la certitude, elle, vacille. Pax deum, concept d’abord net lorsqu’on l’observe de loin, voit ses limites se brouiller, à la manière d’une image qui se pixeliserait jusqu’à en devenir méconnaissable à mesure que l’on tente d’en resserrer le cadre. Les occurrences sont rares et peu bavardes, parfois contradictoires entre elles, et peu enclines à rentrer dans le moule que 1) 2) 3) 4) MEDEJSKI 2010 : 109. LINDERSKI 1993 : 56 (note 9). LINDERSKI 2006, intégr alement cité infra pp .15 sqq. RE s.v. pax. 13 leur a fait la littérature scientifique du siècle passé. On en vient dès lors à se demander non seulement si l’on ne s’est pas trompé sur la définition de pax deum, mais aussi s’il s’agit bel et bien d’un concept pertinent, authentique, appartenant à la pensée religieuse romaine, et pas d’un simple effet de perspective découlant d’une lecture trop crédule de Tite-Live. Les chapitres qui suivent s’attacheront à présenter les grandes lignes de la communis opinio sur pax deum, ses origines, ses points d’appui textuels, mais aussi ses limites et ses impasses (chapitre 1). Suivra une synthèse sur la place de pax dans le lexique latin, en synchronie et en diachronie, tant du point de vue sémantique que morphologique et étymologique (chapitre 2). De là nous recentrerons notre regard sur un corpus d’occurrences de pax en contexte religieux, dont nous mènerons une étude exhaustive (chapitre 3), avec l’espoir de redessiner, mais autrement, la profonde pertinence de la notion. Cela permettra en retour de mieux prendre la mesure des inflexions imposées à la notion chez Tite-Live, leurs motivations et leurs conséquences sur la compréhension de pax deum par les historiens de la religion romaine (chapitre 4). 14 Chapitre 1 : état de la recherche Chapitre 1 : état de la recherche Si le concept est souvent jugé essentiel à la compréhension de la religion romaine, la communis opinio sur pax deum tient en réalité en quelques lignes (1.1.). Sous cette forme ramassée, et finalement assez peu documentée par les sources, elle en est venue à jouer le rôle de métaphore convenue du ritualisme romain (1.2.), et ce depuis plus d’un siècle (1.3.). Pourtant, de loin en loin, d’autres approches de la notion ont été esquissées (1.4.). 1.1. Exposé de la communis opinio La notice de Jerzy Linderski, ci-dessous intégralement citée dans la version anglaise de la Brill’s New Pauly5, combine tous les traits de l’opinion majoritaire sur pax deum : In the Roman mind PD meant the state of 'peace' between the populus Romanus and their gods or described their 'gracious obligingness' [1. 20-22]. In the area of state religion it was the task of the sacerdotes populi Romani (Priests) and the magistrates to see to the continuation of this state by means of the correct execution and preservation of the prescribed cult activities and ordinances (such as the Vestals' requirement of chastity). The PD could be destroyed at any time by errors in ritual, carelessness or transgression against divine legal norms [2]. In the event of such a fault the gods made their discontent known by means of extremely varied signs (omen); this also included defeat in war [3]. In order to restore the PD (pacem or veniam deum impetrare, exposcere : Cic. Font. 30; Liv. 1,31,7) it was necessary to know what error or transgression had been committed, which deities had been offended and how they 5) LINDERSKI 2006. Nous citons la notice de l’auteur avec ses propres notes bibliographiques, qui ne ne sont pas reportées dans notre bibliographie. 15 Chapitre 1 : état de la recherche could be reconciled. The omina reported were put by the magistrates before the Senate, which rejected them or accepted them as prodigies (prodigium) and could order their procuratio (expiatory rites). This usually happened on the basis of the expert opinion of the pontifices (pontifex), the quindecimviri sacris faciundis and the haruspices. The expiatory rites were carried out as ritual purification (lustratio) or as piaculum by the priests and/or the magistrates, sometimes with the participation of the people (e.g. Liv. 24,10,6-11,1; 27,23,1-4; 42,2,3-7). [1] V. Rosenberger, Gezähmte Götter , 1998 [2] J. Scheid, « Le délit religieux dans la Rome tardorépublicaine », in: Le délit religieux dans la cité antique, 1981, 117-171 [3] N.S. Rosenstein, Imperatores Victi, 1990, 54-91 ; J. Linderski, Roman Questions, 1995, 608-625 ; G. Wissowa, Religion und Kultus der Römer, 21912, 389 -394 Les affirmations centrales de cette notice se laissent aisément regrouper en quatre points : • pax deum est un enjeu central de la pratique cultuelle, un centre de gravité de la religion romaine, l’objet par excellence de l’activité des prêtres ; • pax deum désigne un état de bonne entente entre la cité et ses dieux6 ; • cet état est susceptible de rupture ; la cause de la rupture est une faute humaine ; le signe de la rupture est le prodige ; • cet état est également susceptible de rétablissement (ou restauration), par la pratique de la procuratio, c’est-à-dire de l’expiation des prodiges. On peut y ajouter un cinquième point, sur lequel Jerzy Linderski se montre ailleurs plus explicite : c’ qu’il existe une continuité conceptuelle entre la paix des dieux et le salut de la République romaine tout entière. 6) Dans la même encyclopédie, l’article litatio de SIEBERT 1999 contredit ce point en traduisant pax deorum par « Zustimmung der Götter », c’est-à-dire comme une action (approbation, adhésion) et non comme un état. 16 1.1. Exposé de la communis opinio Roman state religion was not interested in individual salvation ; its only concern was salus publica, the security of the Roman State, or, in Roman terms, the preservation of pax deorum, the peace between the gods and the state.7 Ces cinq points se retrouvent peu ou prou chez la plupart des auteurs lorsqu’ils en viennent à évoquer la notion. La définition donnée quelques années plus tard par Michael Johnson sous le lemme « pax deorum » de l’Encyclopedia of Ancient History n’ajoute ni ne retranche rien à celle de Jerzy Linderski : Pax deorum (« peace of the gods ») denotes the central goal of Roman state religion : a mutually beneficial state of peace between Rome and its deities, with the gods safeguarding Rome’s public welfare (salus publica) and the Romans providing the gods their desired worship and cult. (...) Errors in the performance of ritual (Livy 6.1.12) or contraventions of religious law (Livy 2.36.6) broke the pax deum by rousing the anger of the gods (ira deorum), who communicated their displeasure through Roman military defeat (Rosenstein 1990), plague (Livy 3.6.5), pestilence (Livy 5.14.3-4) or more frequently any number of unusual occurrences (Livy 24.10.6-11.1.) (...) The restoration of the pax deorum was a detailed procedure, in which the main task of identifying the error(s) commuted, the deities angered, and the action(s) needed to regain the divine goodwill fell to the pontifices, quindecemuiri sacris faciundis or haruspices.8 Il suffit pourtant, pour entamer la clarté de ces définitions, de signaler que non seulement les sources invoquées sont étrangement homogènes (il s’agit uniquement de l’Histoire Romaine de Tite-Live) mais qu’au surplus certains des passages concernés (LIV. II,36,6 ; V,14,3-4) ne mentionnent même pas la notion de pax um : il n’évoquent que son contraire ira deum, à partir duquel on extrapole, à tort ou à raison, la pertinence du concept de « paix ». 7) LINDERSKI 1993 : 55-56. 8) JOHNSON 2013. 17 Chapitre 1 : état de la recherche John Scheid, dont les travaux ont contribué depuis plusieurs décennies à renouveler en profondeur l’approche du ritualisme romain, s’est lui-même assez peu penché sur la notion de pax deum. Celle-ci est passée sous silence dans la plupart de ses ouvrages de recherche 9. Elle tient en revanche une place importante dans Religion et piété à Rome (1ère édition : 1985) ainsi que dans les manuels. Exposant alors avec clarté l’état de la question tel qu’on le retrouve également chez Jerzy Linderski ou Michael Johnson, John Scheid relie lui aussi l’idée de pax deum à celle de la survie de l’État romain, et énonce le concept en terme de rupture (causée par une faute et manifestée par un prodige) et de restauration : La faute religieuse, seule capable de susciter une émotion religieuse, consiste pour l'individu dans une infraction matérielle aux prescriptions cultuelles ou une négligence de la tradition, et entraîne pour la communauté une rupture de la pax deorum ('la bienveillance des dieux') souvent lourde de conséquences.10 L’élément central n'est pas le délit lui-même mais la souillure qui s'attache à la communauté, souillure qui est attestée par l'insuccès de la République. Ce malheur d'action était la pierre de touche où l'on vérifiait la rupture de la pax deorum, et c'est dans un second temps que l'on recherchait quelles étaient les responsabilités de la communauté humaine dans cette rupture.11 Les prodiges et les catastrophes apprenaient aux magistrats la colère des dieux et les incitaient à en chercher la cause. Car la colère divine était due à une offense, et non à la volonté tyrannique du souverain absolu. dénonçait un oubli, un manque, une atteinte à la dignité d'une divinité, et non la perte de la foi : un magistrat avait mal célébré un rite, avait oublié de le faire, ou avait commis un sacrilège. Une enquête établissait la 9) Ainsi, ni SCHEID 2016a [1990] (Romulus et ses frères), ni SCHEID 2005 (Quand faire c’est croire), ni SCHEID 2019 (Rites et religion à Rome), par exemple, n’appuient l’analyse des rituels sur le concept de pax deum.
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Étude des interactions PET - Eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires
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Certains auteurs [CARRILLO, J.D. et al., 2007] ont montré que les meilleures fibres étaient PA, CW-DVB et PDMS-DVB pour l’extraction des phtalates. Mais La fibre PA a été Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 2 : Les méthodes d’analyses des contaminants ciblés dans notre étude 77 exclue car elle a fourni une mauvaise linéarité et une mauvaise répétabilité surtout pour le DEHP. D’autre auteurs [POLO, M. et al., 2005] ont montré que la fibre CAR-PDMS a été la meilleure pour l’extraction du DMP et du DEP et la fibre PDMS-DVB a été la meilleure pour l’extraction des autres phtalates (DBP, BBP, DEHP, et DOP). Les deux fibres (CAR-PDMS et PDMS-DVB) ont une polarité intermédiaire mais ils diffèrent dans la taille des pores. Le carboxen présente des micropores qui seront idéales pour extraire les petites molécules et le PDMS-DVB présente principalement des mésopores pour extraire des grosses molécules [POLO, M. et al., 2005]. L’efficacité de la technique SPME dépend principalement de la quantité d’analytes qu’il est possible de concentrer sur la fibre. La répartition des composés à analyser entre la matrice de l’échantillon, l’espace de tête et la fibre est fonction de plusieurs paramètres dont les plus importants sont: le temps de contact entre la fibre et l’échantillon ; la température d’extraction : le fait de chauffer l’échantillon au cours de l’extraction permet d’atteindre l’équilibre plus rapidement, mais puisque le phénomène de désorption se fait généralement de façon thermique, il faut donc trouver un compromis ; le pH de l’échantillon : les composés doivent rester sous une forme indissociée pour être extrait facilement ; la concentration en sels : la présence de sels dans l’échantillon augmente la force ionique et diminue la solubilité des composés organiques, ce qui facilite leur migration vers la fibre ; l’agitation ; la nature de la phase polymérique appliquée sur la fibre. La SPME offre plusieurs avantages tel que : x Un temps de préparation réduit des échantillons, puisque c’est souvent limité à son prélèvement. x Une absence d’utilisation de solvant. x Un domaine d’applications très vaste aussi bien avec des échantillons de très faible volume qu’avec des mesures in situ dans l’environnement qui évitent les pertes lors des transports et le problème de la conservation des échantillons. x Une sélectivité liée au choix du polymère. x Un coût d’utilisation réduit car chaque fibre peut être réutilisée au moins une cinquantaine de fois. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 78 Partie I : Revue bibliographique x Une possibilité d’évaluer des composés de concentrations très faibles de l’ordre de quelques parties par trillion (ppt) car la sensibilité de la méthode d’analyse est augmentée par le fait que la totalité de l’extrait adsorbé sur la fibre est introduite dans l’injecteur du chromatographe. x Une automatisation à l’aide d’un échantillonneur qui élimine l’injection manuelle des échantillons et ce qui réduit les risques d’erreur. On peut toutefois noter quelques inconvénients de la SPME : x Une reproductibilité pas très élevée, fragilité des fibres et le fait que leur qualité varie souvent d’un lot à un autre. x Une analyse quantitative qui doit être conduite avec un étalonnage réalisé rigoureusement dans les mêmes conditions. x La risque d’extraction d’impuretés qui peuvent accroître le bruit de fond surtout quand on travaille en mode immersion. x La présence des pics interférents sur le chromatogramme en relation avec les caractéristiques de la fibre [BURGOT, G. et PELLERIN, F., 2003], [LORD, H. et PAWLISZYN, J., 2000]. 3.4 Headspace statique (HS) La technique Headspace est une technique combinée d’extraction et d’injection dans un système chromatographique en phase gazeuse. Cette technique est basée sur la volatilité des composés dans un espace. Le principe de fonctionnement du HS 40XL est illustré par la figure 2-4. Il comprend 3 phases principales. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 2 : Les méthodes d’analyses des contamin ciblés dans notre étude 79 Figure 2-4 : Schéma du principe de fonctionnement de l’HS 40XL [PERKINELMER]. Dans un premier temps, l’échantillon aqueux, solide ou gazeux est introduit dans un vial serti puis le vial est chauffé jusqu'à l’obtention d’un équilibre de partage entre l’échantillon et la phase gazeuse (figure 2-4 Standby). Pendant ce temps, le gaz vecteur balaye la colonne et le détecteur. Dans la deuxième phase, la pression augmente dans le vial. En effet l’aiguille perce le septum du vial et le pressurise. Par contre la colonne et le détecteur sont toujours balayés par le gaz vecteur. Dans la troisième phase (l’injection), les deux vannes situées en amont de l'aiguille se ferment, ainsi une partie aliquote de l’échantillon se trouvant sous forme gazeuse et sous pression est introduite dans la colonne chromatographique sous l’effet de la détente. Les vannes sont ensuite réouvertes de façon à introduire le gaz vecteur dans le flacon, ce qui a pour effet de stopper l'injection. La seringue monte à sa position haute, et les analytes injectés seront séparés dans la colonne puis envoyés au détecteur. La concentration d’un analyte dans l’espace de tête (HS) est proportionnelle à sa concentration initiale dans l’échantillon mais le transfert des analytes vers la phase gazeuse peut être favorisé par : optimisation de la température du four ; optimisation du temps de chauffe pour atteindre l’équilibre ; optimisation du volume de l’échantillon ou de l’HS ; modification de la matrice par ajout du sel. Cette technique d’extraction présente les avantages suivants : facilité de manipulation de l’échantillon ; rapidité de l’exécution de l’analyse ; faible contamination ; aucune dilution de l’échantillon par du gaz porteur ; rapidité du transfert du gaz en espace de tête vers la colonne ; reproductibilité élevé . Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 80 Partie I : Revue bibliographique Cette technique présente quelques inconvénients : détection de concentrations supérieures à 1 ȝJ/-1 ; injection d’une faible fraction de la phase vapeur ; utilisation d’un faible volume de l’échantillon. 3.5 Headspace couplé à un piège froid (HS-Trap) Les inconvénients de l’espace de tête statique peuvent être surmontés par un type d’échantillonneur en espace de tête couplé à un piège froid (Trap) positionné entre l’HS et la colonne du GC. Le piège contient un adsorbant permettant de retenir tous les composés volatils présents dans la phase vapeur provenant de l’espace de tête. L'instrument Turbomatrix HS40 Trap de Perkin Elmer dispose d’un passeur d'échantillons pouvant contenir jusqu’à 40 flacons. L'analyse est effectuée selon 4 phases principales (figure 2-5). Figure 2-5 : Schéma du principe de fonctionnement de Turbomatrix HS40 Trap. Dans la pre mière phase dite « phase de thermostatisation » le vial est chauffé à une température « T » avec une possibilit é d ’agitation jusqu ' à l’obtention d’ un équilibre de partage entre l’échan tillon et la phase gaz euse présent e dans l’espace de tê te. La vanne V1 est ouverte pendant que le trap est isolé. Ainsi le gaz vecteur balaye la colonne et le détecteur à une pression P1. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 2 : Les méthodes d’analyses des contaminants ciblés dans notre étude 81 Dans la deuxième phase dite « phase de pressurisation » la pression augmente à P2, l’aiguille perce le septum du vial et le pressurise pendant un temps « t » jusqu’à l’obtention d’une pression dans le vial égale à P2. La colonne et le détecteur seront toujours balayés par le gaz vecteur à une pression P1. Dans la troisième phase « phase de chargement du trap » le trap sera connecté à la seringue via la vanne 3, toute la partie vapeur contenue dans le vial est introduite par pression pulsée dans le trap assurant une préconcentration à froid (généralement à 40oC) de l’échantillon. Simultanément les vannes 4 et 5 s’ouvrent pour évacuer le gaz. La colonne et le détecteur seront toujours balayés par le gaz vecteur à une pression P1. Après le chargement du trap, la seringue revient à sa position haute. Dans le cas d’une matrice aqueuse, le trap sera purgé à froid par le gaz vecteur pendant un temps défini afin d’éliminer l’humidité piégée durant le chargement et pour augmenter la répétabilité des analyses. Les vannes 4 et 5 seront toujours ouvertes pour évacuer le gaz vecteur, alors que la colonne et le détecteur seront toujours balayés par le gaz vecteur à une pression P1. Dans la quatrième phase « phase de désorption » les vannes 1 et 5 se ferment et la vanne 2 s’ouvre, le trap est rapidement chauffé à une température « T2 » (généralement à 280oC) et les analytes sont désorbés puis entrainés vers la colonne, avec un split optionnel, par balayage du gaz vecteur. Ensuite les vannes 2, 4 et 5 se ferment, ainsi le trap sera isolé, la vanne 1 s’ouvre de nouveau et les analytes sont séparés dans la colonne à une pression P1 [BARANI, F. et al., 2006]. Les phases de pressurisation et de chargement du trap peuvent être répétées jusqu’à 4 fois avant la désorption pour augmenter la quantité extraite. La qualification et la quantification des composés organiques recherchés dans les eaux embouteillées au Liban passera donc par une combinaison de méthodes de fractionnement, de concentration et de séparation par des techniques chromatographiques. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 82 Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes P A R T I E II M atériel et Méthode s Etu de des interactions PET ET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analyti ques des risques sanitaires Layal Al Rayes Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 85 CHAPITRE 3 Matériel et protocoles expérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons. Ce chapitre présente les matériels et les méthodes auxquels nous aurons recours tout au long de ce travail. Il débute par la présentation rapide des produits chimiques et réactifs utilisés ainsi que le matériel pour le traitement de l’échantillon et pour l’analyse instrumentale. Suivent ensuite la description détaillée des méthodes d’analyse des contaminants chimiques de l’eau provenant des bouteilles en PET : les aldéhydes, les phtalates avec l’adipate, les BTEX et le styrène ainsi que les composés organiques volatils. Pour chaque méthode, la préparation des solutions, l’analyse instrumentale, l’optimisation et la concentration des contaminants, la validation de la méthode et la collecte des échantillons seront détaillées. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 86 Partie II : Matériel et Méthodes 1 PRODUITS CHIMIQUES ET RÉACTIFS Tous les produits chimiques et les solvants utilisés sont de qualité analytique et reconnus pour la chromatographie. L’eau utilisée pour la préparation des solutions étalons est une eau ultrapure, obtenue par le processus d’osmose inverse via un appareil « TKA Smart 2 Pure Water System », filtrée sur 0,45 Pm. Cette eau possède à une température de 31϶C une conductivité de 0,055 PS.cm-1. Les tableaux 3-1 et 3-2 montrent respectivement la provenance et la pureté des solvants et des produits utilisés. Tableau 3-1 : Provenance et pureté des solvants. Solvants Fournisseur Pureté % Acétonitrile Sigma-Aldrich 99,9 Méthanol Prolabo 99,9 Dichlorométhane Riedel-de Haën 99,9 L’acétonitrile est utilisé comme solvant pour la préparation des solutions standards en hydrazones (aldéhydes dérivés), pour l’élution des hydrazones sur SPE, pour la récupération de ces derniers par extraction liquide liquide et il entre aussi dans la composition de la phase mobile dans l’HPLC. D’autre part le dichlorométhane est utilisé comme solvant d’extraction des hydrazones par extraction liquide – liquide. Tandis que le méthanol est utilisé comme solvant pour la préparation des solutions standards en BTEX, styrène et phtalates. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 3 : Matériel et protocoles expérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons 87 Tableau 3-2 : Provenance et pureté des produits. Produits Fournisseur Pureté % Benzène (Bz) Riedel-de Haën et Sigma Aldrich 99,5 et 99,7 Toluène Fluka analytical 99,7 Ethylbenzène Fluka analytical 99 m-Xylène Across organique 99 o-Xylène Across organique 99 p-Xylène Prolabo 99 Styrène Across organique 99,5 fluorobenzène Sigma-Aldrich 99 Formaldéhyde (MeOH) Riedel-de Haën 37 Acétaldéhyde Fluka analytical 99 Benzaldéhyde Sigma-Aldrich 98 2,4 DNPH humidifié avec de l'eau ~ 50% Fluka analytical 99 FA-DNPH Supelco 99,9 AA-DNPH Supelco 99,9 BA-DNPH Supelco 99,9 Chlorure de sodium Fluka analytical 99,5 Citrate de sodium dihydraté tribasique Fluka analytical 99,5 Acide citrique BDH Analar 99,7 Diméthylphtalate SAFC 99 Diéthylphtalate Sigma Aldrich 99,5 Diisobutylphtalate Sigma Aldrich 99 Dibutylphtalate Sigma Aldrich 99 Benzylbutylphtalate Supelco 98,6 diéthylhexyladipate Acros organics 99 diéthylhexylphtalate Fluka 99 Dioctylphtalate Sigma Aldrich 98 benzoate de benzyl Sigma Aldrich 99 Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 88 Partie II : Matériel et Méthodes 2 MATÉRIEL Le matériel utilisé dans ce projet peut être divisé en deux groupes : le matériel adopté pour le traitement de l’échantillon et le matériel pour l’analyse instrumentale. 2.1 Matériel pour le traitement de l’échantillon Les prises d’essais pour la préparation des solutions étalons ont été prélevées par des micropipettes de volume ajustable. Pour un volume entre 5 et 40 ȝL, c’est le model « Finnpipette » fourni par Labsystems, pour un volume entre 50 et 200 L, c’est le model « Pipettor » fourni par Bibby Sterilin et pour un volume entre 100 et 1000ȝL, c’est le model « Pipetman » fourni par Gilson. Ensuite les prises d’essais ont été pesées sur une balance analytique model « ADAM PW 214 » permettant de peser un maximum de 210 g, d = 0,0001 g. Un sonicateur de type: ELMASONIC S 40 H (37 kHz) a été utilisé durant l’optimisation de la réaction de dérivatisation des aldéhydes avec le DNPH. Des filtres en Nylon, présentant des diamètres de pore de 0,45ȝm, fournis par Supelco ont été utilisés pour la filtration des solutions avant injection sur HPLC. Des papiers filtres «Cat No 1001 070 » fournis par Whatman ont été utilisés pour tout autre filtration. Un pH mètre de type « Inolab pH level 1 WTW » avec une électrode de pH type Sentix 02-WTW a été utilisée pour le contrôle du pH des solutions durant l’optimisation de la réaction de dérivatisation des aldéhydes avec le DNPH. L’exposition des bouteilles à 40oC a été faite dans une étuve « P selecta ». Le séchage de la verrerie a été fait dans une étuve « Gallenkamp hotbox oven size two ». La concentration des hydrazones a été réalisée par SPE sur un collecteur à vide SPE Visiprep TM (Sigma-Aldrich). Les cartouches utilisées pour la concentration sur SPE sont des cartouches de volume 6 mL ayant une phase stationnaire à base de silice et greffée en C18 «SampliQ C18» fournies par Agilent avec une masse d’adsorbant de 500 mg. La fibre SPME utilisée pour l’extraction des phtalates est une fibre de Polydiméthylsiloxane / Divinylbenzène (PDMS/DVB), épaisseur 65 μm, fournie par Supelco Sigma Aldrich. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risque s sanit aires Layal Al Rayes Chapitre 3 : Matériel et protocoles expérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons 89 La verrerie utilisée pour l'analyse a été tout d’abord lavée avec un détergent, puis rincée à l'eau du robinet, puis à l'eau ultrapure (3 fois), ensuite à l'acétone (2 fois) et enfin séchée dans un four à 150϶C pendant 4 h. Toute la verrerie après lavage a été bouchée avec du papier aluminium et stockée séparément du reste du matériel du laboratoire pour éviter l'adsorption dessus des contaminants provenant de l'air du laboratoire qui peuvent être surtout les phtalates. On a dédié une verrerie spécifique à chaque type d’analyses. Les solvants et les standards sont réservées exclusivement pour ces analyses, afin d’éviter toute contamination. L’utilisation de matériel en plastique a été minimisée au maximum et l’emploi du matériel en Téflon a été privilégié en raison de son inertie. Pour l’analyse des phtalates, des précautions supplémentaires ont été retenues conformément aux recommandations de certains auteurs [FIERENS, T. et al., 2012]: lavage de la verrerie au dichlorométhane avant son utilisation et pour la préparation des solutions s’abstenir d’utiliser des gants en latex qui peuvent contenir des phtalates. 2.2 Matériel pour l’analyse instrumentale Une dérivatisation chimique consiste à modifier la structure des aldéhydes, afin notamment de les rendre visibles par le système de détection de l’instrument d’analyse. Les aldéhydes ne possèdent pas de groupement chromophore dans l’ultraviolet. En faisant réagir l’hydrazine avec les aldéhydes en acide (figure 3-1), on forme des hydrazones, qui présentent une absorption maximale aux alentours de 360 nm. Aldéhydes DNPH Pka = 2.2 Hydra zones Figure 3-1 : Mécanisme de la réaction de dérivatisation des aldéhydes en hydrazones. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 90 Partie II : Matériel et Méthodes Les hydrazones (FA-DNPH, AA-DNPH, et BA-DNPH) ont été séparées et quantifiées par chromatographie en phase liquide à haute performance avec détection UV. L’appareil HPLC est de type Agilent 1100 series et est équipé d'un système de pompage quaternaire G1311 A. L’injecteur est manuel de type G1328 B et la boucle d’injection est de 20 ȝL. La séparation est réalisée sur une colonne de type Agilent Zorbax Eclipse XDB-C18 de 150 mm de longueur, de 4,6 mm de diamètre interne remplie de particules de 5 ȝPGH diamètre. Cette colonne est équipée d'une colonne de garde de même type, mais de diamètre interne 4,6 mm, de longueur 12,5 mm. La colonne et la pré colonne sont positionnées dans un compartiment thermostaté G 1316 A. le détecteur est de type VWD G1314 A (variable wavelenght detector). L’acquisition et le traitement des données se fait à l’aide d’un logiciel Agilent « Chemstation » version 2004. L’analyse des phtalates a été réalisée sur un chromatographe en phase gazeuse de type Agilent technologie 7890 A, muni d’un injecteur manuel (split/splitless) et d’un détecteur FID Agilent. Les composés sont séparés dans une colonne capillaire HP-5MS, 5% Phényle et 95% polydiméthylsiloxane (J & W Scientifique) de 30 m de longueur, 0,25 mm de diamètre interne, et de 0,25 μm d’épaisseur du film, avec l’hélium comme gaz vecteur. Un logiciel Agilent « chemstation » contrôle les composants du GC et permet le traitement des chromatogrammes obtenus. L’analyse des BTEX et du styrène a été réalisée via un échantillonneur à espace de tête de type HS 40 XL Perkin Elmer qui est composé d’un carrousel permettant l'analyse de 40 échantillons, d’un four régulé entre 0 et 210°C, d’un dispositif comportant une aiguille mobile permettant la pressurisation du flacon puis l'évacuation de la fraction gazeuse depuis le vial où se trouve l'échantillon vers le chromatographe GC-FID, et d’une ligne de transfert thermostatée. Le GC-FID est de type Perkin Elmer auto système. Les séparations chromatographiques ont été effectuées sur une colonne de type J&W Scientifique DB-1, de 30 m de longueur, 0,32 mm de diamètre interne et 1 ȝPG¶pSDLVVHXUGe phase stationnaire. Cette colonne a été reliée à l'espace de tête par une colonne inerte de silice fondue de 1,5 m de longueur et de 0,32 mm de diamètre interne. L'azote a été utilisé comme gaz vecteur. Cette même colonne a été installée sur un GC PerkinElmer Clarus 500 avec un détecteur à ionisation de flamme (FID) et a été reliée à un turbomatrix headspace trap (PerkinElmer) via une ligne de transfert inerte. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires La yal Al Rayes Chapitre 3 : M atériel et protocoles e xpériment aux pour le traitement et l’ analyse des échantillons 91 L’analyse des COV dans les bouteilles en PET et dans l’eau minérale a été effectuée par le turbomatrix headspace trap (PerkinElmer) couplé à un GC PerkinElmer Clarus 580 avec un détecteur à spectrométrie de masse MS Clarus 560 S, simple quadripôle. Le trap utilisé est de type Air Monitoring, mélange de Carbosieve et de Carbotrap. Les séparations chromatographiques ont été effectuées sur une colonne de type Rtx-5MS, cette colonne est de 30 m de longueur, 0,25 mm de diamètre interne et de 0,25 ȝPG¶pSDLVVHXUGXILOPVWDWLRQQDLUH. le gaz vecteur utilisé est l’hélium. 3 MÉTHODES POUR L’ANALYSE DES ALDÉHYDES DANS LES EAUX EMBOUTEILLÉES PAR H PLC- UV- VIS. En raison du processus de fabrication des bouteilles en PET et à des conditions de conservation non contrôlées, certains aldéhydes peuvent apparaître dans les eaux embouteillées par effet de migration. Dans cette partie nous décrirons la méthode utilisée pour l’analyse des aldéhydes (FA, AA, BA) dans les eaux minérales embouteillées en PET après l’optimisation du processus de dérivatisation, pour la validation de la méthode d’analyse avec une LQ inferieure à la LMA fixée par l’US-EPA qui est de 900 ȝJ/-1 pour le formaldéhyde. La méthodologie analytique suivie consiste, après dérivatisation, à réaliser une extraction liquide – liquide par le dichlorométhane et une extraction sur phase solide sur des cartouches en C18 des hydrazones étudiés et à les analyser par chromatographie en phase liquide couplée à un détecteur UV-VIS. Le choix de l’ELL a été fait en raison de son applicabilité dans tous les laboratoires Libanais. Ensuite cette technique sera validée suivant la norme Afnor [NF T 90210, 2009] avant d’être finalement appliquée à un lot d’échantillons d’eaux minérales. 3.1 Préparation des solutions pour l’analyse des aldéhydes Une solution mère de 500 mg.L-1 d’un mélange des 3 aldéhydes (FA, AA, BA) a été préparée dans 100 mL d’eau ultra pure, puis une dilution au centième dans l’eau ultra pure a été faite pour obtenir une solution intermédiaire de 5 mg.L-1. Ensuite cinq solutions filles ont été préparées à partir de la solution intermédiaire dans 100 mL d’eau ultra pure, de concentrations 20, 50, 100, 400 et 900 ȝg.L-1 pour la validation de la méthode. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 92 Partie II : Matériel et Méthodes La solution mère a été conservée à froid (4oC) et renouvelée chaque semaine. Les solutions intermédiaire et filles ont été préparées le jour de l’analyse. Pour la validation les solutions mère, intermédiaire et filles ont été préparées à chaque jour d’analyse. La solution de DNPH à 2 mg.L-1 pour la dérivation a été préparée dans un mélange acétonitrile/eau 60:40 (v/v). Le tampon citrate (1 mol.L-1 pH 3,4) a été préparé en mélangeant 80mL de solution d'acide citrique (1 mol.L-1) et 20 mL de solution de citrate de sodium (1 mol.L-1). Il a été utilisé pour tamponner le mélange réactionnel de dérivatisation à un pH 3,4 selon la méthode [US-EPA Method 554, 1992], et [US-EPA Method 8315A, 1996]. Afin de pouvoir calculer le rendement de la réaction de dérivatisation des aldéhydes en hydrazones, une droite de calibration a été effectuée par les standards des hydrazones dans l’acétonitrile/eau 60:40 (v/v) allant de 1 ȝJ/-1 à 10 mg.L-1 pour le FA-DNPH et pour l’AADNPH et de 1 ȝJ/-1 à 5 mg.L-1 pour le BA-DNPH. Sachant que 1 ȝJ/-1 de chacune des hydrazones correspond à 0,143 ȝJ/-1 de FA, 0,196 ȝJ/-1 d’AA et à 0,3707 ȝJ/-1 du BA. 3.2 Optimisation de la réaction de dérivatisation Les conditions opératoires pour cette réaction ont été optimisées en partant d’informations fournies par la méthode [US-EPA Method 554, 1992], et [US-EPA Method 8315A, 1996]. Plusieurs essais (figure 3-2) permettant de vérifier le taux de la réaction de dérivation ont été réalisés en faisant varier le pH du milieu (0,3 à 8), le temps de la réaction (15 min à 24 h), la température (0 à 60oC), la quantité du réactif DNPH ajoutée (0,1 à 2 mg.mL-1 d’acétonitrile), le mode d’agitation et le pourcentage d’acétonitrile (ACN) dans le milieu réactionnel (0 à 5% sachant que le pourcentage 0% était du DNPH préparé dans l’acide chlorhydrique 37% et le pourcentage 5% préparé dans 100% ACN. En ce qui concerne les pourcentages intermédiaires c’étaient un mélange ACN/H2O. Le pH a été ajusté par des tampons phosphate-citrate, citrate, acétate et phosphate. Pour l’étude de l’optimisation des paramètres de la réaction de dérivatisation, 10 mL d’eau ultra pure ont été dopé à 400 ȝJ/-1 d’un mélange des 3 aldéhydes et 0,4 mL de tampon a été ajouté pour ajuster le pH de l'échantillon. Puis, 0,6 mL de solution DNPH a été ajoutée, et l'échantillon a été maintenu pendant un certain temps afin de produire des hydrazones. Pour chaque paramètre, on fait un blanc et un étalon à 400 ȝJ/-1 répété deux fois, les valeurs du rendement sont calculées après soustraction des surfaces de l'étalon de la surface du blanc. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 3 : Matériel et protocoles expérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons 93 Figure 3-2 : Schéma du processus de l’analyse des aldéhydes La validation et l’analyse des échantillons ont été faites avec les conditions optimales et selon le mode opératoire suivant : 100 mL de la solution standard ou d'eau commerciale ont été recueillis dans des béchers en verre, et 4 mL de tampon citrate (1 mol.L-1) ont été ajoutés pour ajuster le pH de l'échantillon à 3,4. Puis, 6 mL de solution DNPH à 2 mg.mL-1 dans l’ACN/H2O (60/40) ont été ajoutés et l'échantillon a été maintenu pendant 2 heures à 0qC afin de produire des hydrazones. Ainsi le milieu réactionnel a un volume total de 110 mL (figure 32). 3.3 Concentration des hydrazones Une fois que les aldéhydes ont été transformés en dérivés hydrazones, deux techniques de pré-concentration classiques ont été évaluées pour la concentration de l échantillon: extraction liquide liquide et extraction sur phase solide. 3.3.1 Concentration par extraction liquide – liquide (ELL) Le dispositif d’extraction (ampoule de décantation, entonnoir, vial de collecte et bécher) a été rincé avec 20 mL de dichlorométhane pendant 15 min. Un blanc verrerie a été réalisé avec 60 mL de dichlorométhane (volume équivalent au volume total du solvant d’extraction Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 94 Partie II : Matériel et Méthodes des échantillons) en suivant la même procédure que pour les échantillons. Ainsi il s’agit d’un blanc qui permet de vérifier l’absence de matières actives dans le dispositif d’extraction. Ce blanc a été réalisé après chaque série de 5 extractions. Un blanc d’eau ultrapure (eau réputée exempte de traces de composés organiques) a été réalisé, en suivant la même procédure que celle appliquée pour les échantillons afin de contrôler l’absence de contamination pendant la procédure d’extraction des échantillons. Ce blanc a été réalisé chaque jour d’analyse. L’extraction des aldéhydes au moyen de l’ELL a été réalisée sur la base de la méthode [US-EPA Method 8315A, 1996]. La solution contenant les hydrazones a été transférée dans une ampoule à décanter de 250 mL et extraite avec trois portions de 20 mL du dichlorométhane. Chaque ampoule a été agitée mécaniquement pendant 15 min. Les trois fractions de dichlorométhane ont été rassemblées, 5 g de sulfate de sodium ont été ajouté pour enlever toute trace d’humidité, et la solution a été filtrée. Le filtrat a été évaporé complètement sous flux d’azote, le résidu a été dissous dans 10 mL acétonitrile eau 60:40 v/v puis filtré sur un filtre en Nylon de 0,45 ȝP. Les extraits obtenus peuvent être ensuite stockés dans des tubes en verre de 15 mL avec bouchon à vis et au congélateur (4°C) en attente de leur analyse. La surface interne des bouchons (au contact avec l’extrait) a été recouverte de papier aluminium pour éviter les contaminations. 3.3.2 Concentration par extraction en phase solide (SPE) Comme pour l’ELL, au début du travail l’ensemble de la verrerie a été traité comme décrit dans le paragraphe 2.1. Une fois les cartouches SPE SampliQ C18 (500 mg, 6 ml) installées sur l’unité d’extraction, elles ont été rincées avec 10 mL d’acétonitrile, puis séchées sous vide pendant 10 min avant le conditionnement. Des blancs dispositifs ont été réalisés, c’est à dire qu’on a vérifié préalablement l’absence de matières actives dans le dispositif d’extraction/ concentration utilisé. Ce blanc a été réalisé sur chaque poste d’extraction. Ces blancs consistent à faire passer 6 mL d’acétonitrile sur la cartouche. L’extrait a été collecté dans le vial et traité comme tout éluât (ajout de 4 mL d'eau ultra pure puis injection en HPLCUV-VIS). Pour l’extraction des hydrazones, les cartouches ont été conditionnées par 10 mL d'acétonitrile suivie par 10 mL d'eau ultra pure et 10 mL de solution tampon citrate 0,04 mol.L-1 à pH 3,4. L'échantillon d'eau avec des hydrazones a été percolé manuellement sur la cartouche à une vitesse d’environ 5 mL.min-1. Les cartouches ont été ensuite rincées avec 10 Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 3 : Matériel et protocoles expérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons 95 mL d'eau ultra pure, séchées sous vide pendant 5 min. L'élution a été réalisée avec 6 mL d'acétonitrile. Avant l'injection sur HPLC, l'échantillon a été dilué avec 4 mL d'eau ultra pure pour atteindre une composition d'ACN/H2O 60/40 v/v proche de la composition de la phase mobile. Chaque jour d’analyse, un blanc d’eau ultrapure (EUP) a été préparé pour contrôler l’absence de contaminations lors de l’extraction SPE, un échantillon de 100 mL d’EUP subit le même traitement que les échantillons d’eau. Les valeurs de concentration dans les échantillons sont calculées après soustraction des surfaces de l'échantillon de la surface du blanc d’EUP. 3.4 Analyse des aldéhydes par HPLC-UV-VIS Les hydrazones ont été quantifiés à l'aide d'un système HPLC-UV-VIS de type Agilent 1100 series, équipé d’une boucle d’injection de 20 ȝL et muni d’une colonne de type Agilent Zorbax Eclipse XDB-C18 de 150 mm de longueur, de 4,6 mm de diamètre interne remplie de particules de 5 ȝPGH diamètre (paragraphe 2.2). Une phase mobile isocratique constituée d’un mélange ACN/H2O 65:35 (v/v) a été pompée dans la colonne avec un débit de 1 mL.min-1. La colonne a été maintenue à 25oC. L'acquisition par HPLC-UV a été réalisée à 360 nm pour le FA-DNPH et pour l’AA-DNPH et à 380 nm pour le BA-DNPH. Ces longueurs d’ondes ont été choisis d’après les spectres UV-Visible tracés des hydrazones. Les hydrazones ont été élués au bout de 8 min. 3.5 Validation de la méthode d’analyse des aldéhydes L’analyse des aldéhydes par HPLC-UV-VIS après dérivatisation avec le DNPH et concentration par SPE a été validée selon la norme Afnor [NF T 90-210, 2009]. Pour cela une gamme d'étalonnage dans l’EUP a été préparée. Elle est composée de cinq niveaux : 20, 50, 100, 400 et 900 ȝJ/-1. Cette gamme a été réalisée sur 5 jours consécutifs. Chaque point de la gamme a été dérivé et extrait suivant la procédure décrite précédemment. Des tests statistiques ont été effectués pour vérifier la linéarité, test de Fisher, la stabilité de la répétabilité, test de Cochran. Le test de Dixon a été fait pour chercher les valeurs aberrantes. L'écart maximal admis a été de 10%. L’évaluation de la spécificité a été faite d’après la droite de recouvrement (grandeurs retrouvées en fonction des grandeurs théoriques) Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 96 Partie II : Matériel et Méthodes qui consiste à vérifier que la pente est équivalente à 1 et que l’ordonnée à l’origine est équivalente à zéro. La limite de quantification choisie, la plus faible concentration dans la courbe de calibration qui est de 20 ȝJ/-1 pour les aldéhydes, a été considérée comme acceptable lorsque : La concentration moyenne mesurée (n = 10) + (2 u écart type) < LQ + 0,6 u LQ, et lorsque la concentration moyenne (n = 10) (2 u écart type) > LQ 0,6 u LQ. Pour la préparation, 5 solutions standards ont été préparées à partir de l’EUP et dopées avec les 3 aldéhydes aux niveaux de concentrations 20 ȝJ/-1. Ces solutions ont été analysées sur 5 jours différents à raison de 2 déterminations par jour. Des vérifications complémentaires ont été effectuées afin de surveiller la validité et la qualité de l’essai : 3⁄4 Dopage de deux échantillons. Ce dopage permet de mettre en évidence un éventuel effet matrice au sein de l’échantillon analysé. Les effets matrices sont dus à la présence de substances interférentes dans l’échantillon, qui sont extraites en même temps que les analytes. Ces substances altèrent les performances de la méthode en diminuant ou en exaltant le signal des analytes. Pour détecter ce genre d’interférences, on réalise des dopages dans la matrice. Ces dopages consistent en l’addition d’une quantité connue des analytes dans l’échantillon soumis à l’analyse. 3⁄4 Contrôle intra-série pour chaque série d’échantillons. Ce contrôle consiste à préparer deux solutions de contrôle de concentration théorique pour les 3 aldéhydes à 20 et à 200 ȝJ/-1 dans l’EUP. Ces solutions sont intercalées entre les séries d’échantillons, afin d’évaluer la justesse et la dérive de la méthode d’analyse. La concentration expérimentale calculée ne doit pas s’écarter de 10 % de la valeur théorique, afin de valider la série. 3.6 Collecte des échantillons pour l’analyse des aldéhydes Tous les échantillons ont été analysés deux fois et un blanc a été réalisé toutes les 6 injections. 87 échantillons d’eau embouteillée dans du PET et deux échantillons embouteillés dans du verre ont été collectées sur le marché libanais, entre Septembre 2009 et Octobre 2011. Tous les échantillons ont été analysés au sein de leur date de validité (avant la date d'expiration mentionnée sur la bouteille). L’échantillonnage a été réalisé suivant la taille (0,5 ; 0,75 ; 1 ; 1,5 ; 2 ; 5 ; 6 et 10 litres) et les marques des bouteilles. En outre, l’effet du mode de Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 3 : Matériel et protocoles e xpérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons 97 stockage des bouteilles sur la migration des contaminants potentiels dans l’eau embouteillée a été aussi évalué. Pour cela, des bouteilles de cinq marques différentes parmi lesquelles quatre marques sont libanaises et une marque française de taille 1 L, 1,5 L et 2 L ont été recueillies en deux exemplaires et divisés en deux groupes équivalents. Le premier groupe a été stocké pendant 5 mois à l'obscurité à une température moyenne de 20qC et le deuxième groupe a été stocké en plein air et sous le soleil à une température moyenne de 35qC. Par ailleurs, une série de bouteilles de 17 marques différentes (13 marques libanaises, 3 marques françaises et une marque française embouteillée en verre) de taille 0,5 L, 0,75 L, 1 L et 2 L ont été recueillies en deux exemplaires et divisées en deux groupes équivalents. Le premier groupe a été conservé au frigo à 4oC jusqu’au moment de l’analyse, le deuxième groupe a été analysé après conservation à l’étuve à 40oC pendant 10 ou 20 jours, pour une évaluation de la qualité de l’eau à la date d’expiration des bouteilles. L’exposition de 10 jours à 40oC a été fixée à partir des dispositions de la directive [97/48/CEE]. Ces conditions de contact sont établies pour la réalisation des essais de migration pour des matériaux en matière plastique qui dans leur usage courant auront une durée de contact avec l’aliment supérieure à 24h. A partir de la migration à 10 jours, on peut prévoir la migration à 360 jours (1 an) en multipliant la concentration (J10) × 6. Afin d’étudier la cinétique de la migration durant les 10 jours dans l’étuve à 40oC, 5 échantillons de taille 0,5 L du même lot sont sélectionnés, parmi lesquels 4 échantillons ont été incubées à 40oC. Une bouteille en PET de contenance 0,5 L, fournie par une industrie d’eau minérale après son soufflage et avant son remplissage a été récupérée et une bouteille en verre a servie de témoin. Ces deux bouteilles ont été remplies dans nos laboratoires avec de l’eau ultra pure et conservées à 40oC pendant 20 jours. Il est important de noter que les bouteilles retirées de l’étuve ont été conservées dans le frigo à 4oC au moins 24 h avant leur ouverture, Ceci permet de minimiser le risque de perdre les aldéhydes. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 98 Partie II : Matériel et Mé thode s 4 MÉTHODES POUR L’ANALYSE DES PHTALATES DANS LES EAUX EMBOUTEILLÉES PAR GC-FID ET CONCENTRATION PAR SPME La méthodologie analytique suivie pour cette partie consiste à réaliser une microextraction en phase solide par une fibre en PDMS/DVB (65 μm) des phtalates étudiés et à les analyser par chromatographie en phase gazeuse couplée à un détecteur FID. Cette technique sera validée suivant la norme Afnor [NF T 90-210, 2009] après une optimisation des conditions de la SPME par la méthodologie de surfaces de réponse et à l’aide d’un plan d’expérience. Par la suite cette méthode sera appliquée à un lot d’échantillons dans différentes conditions de stockage et provenant de différentes origines. 4.1 Préparation des solutions pour l’analyse des phtalates Une solution mère de 500 mg.L-1 d’un mélange des 8 phtalates (DMP, DEP, DIBP, DBP, BBP, DEHA, DEHP, DOP) a été préparée dans 50 mL de méthanol, puis une dilution de celle-ci a été faite dans 100 mL d’EUP pour obtenir une solution i de 500 ȝg.L-1. Ensuite cinq solutions filles ont été préparées à partir de la solution intermédiaire dans 50 mL d’EUP, de concentrations 3, 6, 9, 12 et 15 ȝJ/-1 pour la validation de la méthode et une solution de 10 ȝJ/-1 utilisée pour établir le plan d’expérimentation pour l’optimisation de la SPME. Une solution mère de 500 mg.L-1 de l’étalon interne, le benzoate de benzyl, a été préparée dans 50 mL méthanol, puis une dilution de celle-ci a été faite dans 100 mL d’EUP pour obtenir une solution intermédiaire de 5ȝg.L-1. Les solutions mères ont été conservées à froid (4϶C) et renouvelées chaque deux semaines. Les solutions intermédiaires et filles ont été préparées le jour de l’analyse. Pour la validation, les solutions mères, intermédiaires et filles ont été préparées à chaque jour d’analyse. Les vials pour la SPME de contenance 20 mL ont été préparés en ajoutant une masse précise de chlorure de sodium sur 10 mL de l’échantillon ou sur des solutions filles standards du mélange des phtalates et de 180 ȝ/G’étalon interne prélevés de la solution intermédiaire correspondante à ce produit. Ainsi la concentration de l’étalon interne dans le vial sera de 9 ȝJ/-1. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chapitre 3 : Matériel et protocoles expérimentaux pour le traitement et l’analyse des échantillons 99 4.2 Analyse des phtalates par GC-FID L'analyse chromatographique en phase gazeuse a été réalisée sous les conditions suivantes: désorption de la fibre à une température de 250°C, (température 10 à 20°C au dessous de la température de dégradation de la fibre) en mode splitless avec un temps d'ouverture de la vanne de fuite de 6 min, temps nécessaire pour désorber tous les composés ; débit de phase mobile 1 mL.min-1 ; programme de température de la colonne 70°C pendant 1 min suivi d’une pente de 20°C.min-1 jusqu’à 300°C et d’un plateau de 3min à 300°C ; détection à une température de 300°C. 4.3 Optimisation de l’extraction par SPME Pour notre étude, la fibre PDMS/DVB (65 ȝP D pWp VpOHFWLRQQpH comme support d’extraction puisqu’elle a été identifiée dans la bibliographie (voir chapitre 2, paragraphe 3.3) comme la fibre la plus adaptée pour l’extraction des phtalates. Les facteurs opératoires à maitriser pour avoir une meilleure extraction par SPME sont : volume dans le vial ; agitation ou sans agitation ; pourcentage du sel ; mode d'extraction : HS ou immersion ; temps d’équilibre ; temps d’extraction ; température d’extraction ; température de désorption ; temps de désorption. Dans cette étude un volume de 10 mL de solution à analyser dans un vial de 20 mL a été choisi. L’agitation de la matrice aura peu d’effet pour les composés très volatils, par contre, l’agitation améliore l’obtention de l’équilibre des composés qui ont une grande affinité pour le polymère de la fibre mais une faible volatilité [BURGOT, G. et PELLERIN, F., 2003]. Comme nos composés sont des composés semi-volatils, l’agitation a été utilisée. L'ajout du sel augmente la force ionique de la solution aqueuse et de cette manière, elle peut favoriser le transfert des analytes neutres à partir de l’échantillon vers la fibre, surtout pour les analytes qui ont une grande solubilité dans l’eau. Mais l'ajout du sel peut être une source de contamination qui pourrait fausser les résultats puisqu’ils sont vendus dans des pots en plastiques. Pour réduire la contamination éventuelle, les sels ont été placé à l’étuve à 200϶C pendant 8h avant son utilisation. La quantité du sel ajouté est un paramètre à optimiser entre 0 et 0,3 g.mL-1, sachant que cette valeur maximale est suffisante pour saturer le milieu. Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes 100 Partie II : Matériel et Méthodes Les deux modes d’extraction (espace de tête ou immersion) ont été évalués pour les 8 phtalates étudiés. Pour cela, une solution d’étalon de nos 8 phtalates avec l’étalon interne à 10 ȝJ/-1 a été préparée. Nous préparons ensuite 12 vials dans lesquels nous ajoutons 10 mL de la solution préparée précédemment et 1,5 g de chlorure de sodium. 6 vials ont été utilisés pour l’extraction en mode HS et les 6 autres pour le mode immersion. Les 12 analyses ont été faites dans les conditions suivantes : avec agitation, temps d’équilibre 10 min, temps d’extraction 30 min, température d’extraction 60oC, température de désorption 250oC et temps de désorption 5 min. Pour chaque mode d’extraction un blanc système a été réalisé (il s’agit de lancer l’acquisition sur le GC-FID sans rien injecter afin de contrôler l’absence des phtalates dans le septum, le liner, la colonne et le gaz vecteur) ainsi qu’un blanc de fibre (il s’agit de désorber la fibre dans l’injecteur du GC à 250oC pendant 5 min avant une extraction sur la fibre). Un blanc d’EUP a été réalisé, en suivant la même procédure d’extraction que pour les étalons afin de contrôler l’absence de contamination pendant la procédure d’extraction des échantillons. Tous ces blancs sont réalisés à chaque jour d’analyse et lors de chaque changement des conditions de l’extraction. Les valeurs de concentration dans les échantillons sont calculées après soustraction des surfaces de l'échantillon de la surface blanc d’EUP. Le temps d’équilibre a été fixé à 10min. Le temps d’extraction dépend du niveau d’agitation, du coefficient de distribution du composé entre le revêtement et l’échantillon et de l’épaisseur de la phase polymérique. Le temps d’extraction des composés les moins volatils peut être réduit significativement par agitation de la phase aqueuse, par réduction du volume de l’échantillon et par augmentation de la température d’extraction. Ainsi le temps et la température d’extraction sont des paramètres à optimiser entre 10 et 90 min pour le temps et entre 30 et 90oC pour la température. Les bornes inférieures et supérieures des facteurs salinité, temps et température d’extraction ont été choisies d’après des études précédentes sur l’optimisation de l’extraction des phtalates, réalisées par différents auteurs. La température de désorption dans l’injecteur du GC a été fixée à 250oC. Le temps de désorption sera considéré optimal quand on observe le même blanc de fibre après la désorption qu’avant l’extraction. Les facteurs salinité, temps et température d’extraction nécessitent une optimisation statistique par la méthodologie des surfaces de réponse à l’aide d’un plan d’expérience Etude des interactions PET eau minérale dans les eaux embouteillées au Liban et approches analytiques des risques sanitaires Layal Al Rayes Chap itre 3 : Matériel et protocoles e xpérimentaux pour le traitement et l’ analyse des échantillons 101 constitu é par 3 facteurs afin de connaître en n'importe quel point du domaine e xpérimental d' intérêt la valeur d'une ou de plusieurs réponses expérimentales conduisant ainsi au point de fonctionnement optimal. Le choix d’un plan nécessite une connaissance des facteurs étudiés et du type d’expériences. Dans notre cas, nous nous intéresserons aux plans composites à faces centrées qui sont les plus utilisées pour ’optimisation des méthodes chromatographiques spécialement pour la détermination des conditions critiques des facteurs expérimentaux lors de l’optimisation des étapes d’extraction [BEZERRA, M.A. et al., 2008], [FERREIRA, S.L.C. et al., 2007].
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Boire avec les morts et la Pachamama : une anthropologie de l'ivresse rituelle et festive dans les Andes boliviennes
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700 Les sources font également état d’un autre type de population, les Umu/Amo (Sanchez 2008 : 92). Pour leur part, les Quta, guerriers réputés, étaient aussi associés à la production agricole du maïs et de la coca (on les connaissait comme les 696 599 600 Annexe IV parcelles “parsemées”. Les chacaras (champs) appelés Wayruru étaient probablement destinées à la culture d’un type spécial de coca rituelle comme il existait des parcelles de terres dans les vallées de Cochabamba désignées de même et destinées à l’Inka (Sanchez : 123). Ces différentes ethnies reçurent de Cuzco d’autres terres pour y planter les produits nécessaires à leur alimentation quotidienne (pommes de terre, maïs, coton, cacahuète, piment) et des pâturages pour leurs animaux ainsi que des cocales destinés uniquement à leurs kuraka. En échange, les kukakamayuq devaient récolter, faire sécher, mettre dans les paniers les feuilles, soit en fonction de leur tour de mit’a, soit de manière permanente, pour ensuite les acheminer vers les dépôts de Tiraque (cf. Del Rio 2010 : paragraphe 12). Malgré l’importante organisation des plantations, la production connut de nombreux aléas. Différents facteurs eurent des répercussions sur la production de coca, tels que la courbe démographique qui connut des hauts et des bas. A partir de 1550, la population indienne subit une très forte chute, conséquence d’épidémies et de répressions coloniales. Face à ce déclin, le Vice-Roi Toledo, édicta, en 1572 des ordonnances pour réglementer strictement le travail des Indiens et notamment le portage des sacs de feuilles à dos d'homme701. La Couronne chercha à freiner le développement des plantations. A son apogée en 1650, Potosi atteint entre 150 000 et 200 000 habitants dont la moitié était d’origine indienne. C’est alors l’une des plus grandes villes du monde qui n’a rien à envier à Londres ou à Paris. Pourtant, au cours de ce siècle, la production de la coca déclina car elle entra en concurrence avec l'expansion des marchés textiles, de l'élevage, de l'agriculture, de la production de guano et même du vin ou de la yerba mate (herbe stimulante bue en tisane) (cf. Bernand 2002, Saignes 1988). Saignes (1988), à partir d’un rapport sur la consommation des feuilles de coca à Potosi en 1610, de l'entrepreneur minier Capoche, déniché dans des archives privées à Madrid, associe ce déficit à un profond changement culturel (comme le développement du marché du vin702) plutôt qu’à une perte de marché due à la diminution démographique. Cependant, Meruvia souligna qu’en ce qui concerne les yungas de Vandiola, Aripucho et Chuquiuma, la production de coca destinée au marché de Potosi ne cessa d’augmenter au cours des premières décennies de la Colonie703 (Meruvia 1991, 1993, 2000). La consommation se diffusa largement parmi l’importante population indienne urbanisée mais les Espagnols et les Créoles, malgré les interdits de l’Eglise, ne sont pas en reste. Ils apprécient vivement la mastication de la coca. Un phénomène nouveau fit son apparition à partir de 1625 : des Indiens de l’Altiplano entreprirent une migration vers les vallées chaudes afin d’échapper au travail forcé. Ils se consacrèrent à la production de la coca qui représentait un débouché dans les zones minières tout en évitant les contrôles et les taxes d’une autorité coloniale peu présente dans ces terres oignées. La situation du XVIIIème siècle n’est guère encourageante, une crise minière perturbe kukakamayoq “ethniques” ; ils habitaient les yungas d’Aripucho, d’Icuna et de Chuquiuma. De même, ils étaient chargés de maintenir en bon état les routes et probablement les ponts ; en bref, comme le souligne Sanchez, c’était eux qui contrôlaient le territoire et les gens. 701 La production de feuille de coca, en 1573, est de « 2 165 paniers de 10 kilos pour les trois repartimientos (Pocona, Tarabuco et Aiquile et Totora) de la province de La Plata (...) ; par contre, pour la province de La Paz et ses huit repartimientos, la production atteint 6 117 paniers. Au total, l’audience de Charcas produit donc 8 282 paniers de coca, ou 82 tonnes environ (Dory et Roux 1998 : 27). 702 Le vin, une fois pris sa place sur le marché minier, comme l’herbe maté, et plus tard l’eau de vie, aurait agi à la fois comme un stimulant, un objet d’offrande et un bien économique (cf. Saignes 1988). 703 Son prix resta élevé entre le XVIème et le XVIIème siècle, un panier de coca coûtait alors entre neuf et douze Pesos (cf. Mangan 2005). Annexe IV l’économie et le commerce colonial. La main-d’œuvre se fait rare (épidémies), la production agricole diminue et la région vit les soubresauts des événements politiques (entre 1780 et 1782, des insurrections éclatent dans le monde andin), ce qui a une influence sur la production de coca parce que certains paysans fuient leur communauté en raison de la crise et cherchent à intégrer les réseaux de production de coca704. Et pourtant, dès la seconde moitié du XVIIIème siècle, la production pacénienne dépassa celle du Cuzco (Sanabria 1993 : 40). Le XIXème siècle est marqué par la période de l’Indépendance du pays, la production souffre des variations, elle est estimée entre 3 000 et 4 000 tonnes (cf. Dory et Roux 1998). Dans la première moitié du XXème siècle, on assiste de nouveau à une chute de la production due au ralentissement de l’économie et aux attaques parasitaires. Examinons plus concrêtement l’organisation de la production de l’hacienda Chuquioma (dans le Piémont andin derrière Qhoari). À la fin du XVIIIème siècle, la coca connut une phase d’apogée. Mais, dès le début du XXème siècle, la production baissa en raison de la concurrence avec la production de la coca des yungas de La Paz705. Pour sa part, la coca cultivée à Vandiola (actuellement le syndicat de Vandiola fait partie de la même centrale que Qhoari) rivalisait en qualité avec celle des yungas de La Paz de Qoripata et d’Ocobaya. Pour prolonger l’analyse précédemment réalisée sur les relations entre les vallées cochabambines, les hautes terres et les territoires du Piémont, il est notable dans les chroniques qu’à l’époque coloniale, ceux qui la cultivaient, hormis les propriétaires terriens de Tiraque, étaient des agriculteurs en provenance de Punata, Arani, Tarata, Cliza (donc du valle alto) et même de la ville de Cochabamba. Pendant la Colonie, la coca était transportée par d’imposants troupeaux de mules vers les mines occidentales du pays et elle était aussi vendue dans les provinces du Nord argentin comme Salta, Jujuy et Tucuman. Les revenus qui en résultaient représentaient un véritable apport pour le Trésor Général de la Nation. A Santa Rosa, en plein milieu du chemin de mules, il existait un bureau de douane de l’État qui disposait du télégraphe. En arrivant là, les hacendados de Vandiola demandaient à leurs parents de Tiraque, de Punata ou d’Arani de leur apporter les mets et les boissons qui leur avaient manqués, à eux et aux muletiers, durant leur séjour dans les yungas. L’institution de la « taripa706 » consistait à partager entre hacendado et transporteurs la nourriture qui leur permettrait d’atteindre les sommets montagneux (Crespo 2007). * On trouve la même stratégie encore aujourd’hui. Le recensement de 1937-1938 montra que le Département de La Paz produisait 97 % de toute la coca du pays et que 88 % de la production du Département de Cochabamba correspondait aux yungas de Totora alors que le Chapare (région actuelle où est produite la plus grosse quantité de coca dont une importante partie est destinée au narcotrafic) ne produisait pas plus de 1 % (Meruvia 2000). Actuellement, le Chapare produit plus de 80 % de la production nationale alors que la quantité de feuille de coca en provenance des yungas de Vandiola, malgré son excellente qualité, est devenue insignifiante. 706 Du quechua « taripay » rencontrer; aller trouv er quelqu'un; atteindre (en tendant la main); rattraper (une personne en avance). (http://jlancey.tripod.com/Peda/Quecfran.htm#T) 704 705 601 Résumé Engager une anthropologie de l’ivresse rituelle et collective dans un contexte festif – notamment funéraire andin s’avère un champ de recherche fécond et fascinant tant la chicha, cette boisson épaisse de maïs fermenté, contient tout un monde de significations et l’ivresse, dont elle découle, favori se diverses formes de mise en relation avec le monde animé environnant et avec les morts. En ce sens, elle est performative puisqu’elle permet à ces entités d’exister et de de venir de sérieux interlocuteurs pour les humain s . À partir d’une ethnographie dans la région andine de Cochabamba (Bolivie), dans la communauté paysanne quechua de Qhoari et dans le village également quechua d’Arani, l’ébriété et le boire collectif sont analysés comme une action qui consolide le lien social, renforce l’identité de groupe et rapproche du sacré. L’ivresse est alors recherchée, désirée et valorisée. En somme, elle est un moyen de communication qui permet d’établir des relations réciproques aussi bien entre les humains euxmêmes qu’entre ces derniers et la Pachamama, tous les êtres qui peuplent la nature animée. C’est à travers la boisson alcoolisée que les hommes font entendre leurs requêtes auprès de ces entités surnaturelles car ce n’est qu’en état d’ébriété avancée que l’on peut dialoguer avec elles, qu’elles nous apparaissent en alter ego. En effet, l’humide est symbole de vie, le sec renvoie à la mort. Les offrandes de libations et les sacrifices sanglants favorisent la réhydratation et l’alimentation des entités diaboliques et des morts. Prolongeant cette réflexion, c’est à travers des mécanismes somme toute très proches de ceux à l’œuvre lors des offrandes que le corps du buveur, saccagé par l’alcool, presque moribond, prend tout son sens sacrificiel. Mots-clés : Alcool, Andes, chicha, Ivresse, jeux, Pachamama, réciprocité, rites funéraires, carnaval, sacrifice de soi, saqra. Summary An Andean anthropological focus on ritual and collective intoxication within a festive setting – in particular in funeral contexts leads to a prolific and fascinating field of research since chicha, the thick fermented corn beverage, contains a world of meaning. The drunkenness it engenders promotes diverse ways of creating with not only the surrounding animated world but also with the dead. In that sense, it is performative because it makes exist these entities who become serious interlocutors for the humans. This ethnography conducted in the Andean region of Cochabamba (Bolivia), in the Quechua peasant communities of Qhoari and in the nearby village of Arani, analyzes inebriation as a collective action that consolidates social ties, strengthens group identity and even brings the sacred closer. Intoxication is therefore sought, desired and valued. In short, it is a means of communication that allows the establishment of reciprocal relations among humans and between them and the Pachamama (all beings that inhabit animated nature). It is through liquor that human requests can be heard by supernatural entities who can dialogue with them only when they are inebriated, appearing through an alter ego. In fact, wetness is the symbol of life; dryness refers to death. Offerings of libations and blood sacrifices promote the rehydration and nurturing of evil entities and the dead. It is through mechanisms very similar to those at work in such offerings that the body of the drinker, wrecked by alcohol, almost agonizing, acquires its sacrificial meaning. Keywords: Alcohol, Andes, carnival, chicha, drunkenness, funeral rites, games, inebriation, Pachamama, reciprocity, Saqra, self-sacrifice.
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3.8.2. Thème 2 : Difficultés liées à la structure même du document. Dans cette section nous présentons le Thème 2. Ce thème aborde les difficultés, que les participants ont rencontré lors de l'expérience, qui sont liées à la structure du document. A travers les termes « Structure du document » nous faisons référence à tout ce qui concerne l'édition (i.e., mise en page, format, fonte) et la rédaction (i.e., vocabulaire, tournure de phrase). Ce thème se subdivise en deux sous-thèmes présentés dans le Tableau 10 Thème 2.1 : Problèmes de comp réhension liés au vocabulaire utilisé dans le document . Un sujet a exprimé des problèmes de compréhension de certains termes utilisés dans le document. Ces problèmes de compréhension portent sur des termes spécifiques à la 3D tel que dispositifs haptiques, avatar, egocentrique et exocentrique. Thème 2.2 : Problèmes de compréhension liés au style de présentation du document . Un sujet estime que la compréhension du document lui aurait été facilitée s'il y avait une distinction par le format des différents niveaux de critère. De plus il faudrait également distinguer (par la localisation) les différents points pouvant être associés à une définition. Ce sujet estime également qu'il serait nécessaire d'associer des dessins ou des story-boards aux exemples de recommandation afin de les rendre plus explicites. Le Thème 2.1 appuie la conclusion, que nous avons établi, dans la section 3.8.1 par rapport au manque de familiarisation des participants avec les technologies 3D et des IHEVs. La nécessité de recourir à des explications sur ces points se voit donc renforcée ceci même s'il n'a été évoqué, de manière explicite, que par un participant. En effet, il est couramment admis que les personnes en situation d'évaluation ou de mesure de performance, ce qui inclut notre situation expérimentale, essayent de masquer leurs lacunes et mettent en avant leurs connaissances. On peut donc considérer, et les interprétations du Thème 1 l'attestent, que plusieurs participants ont également rencontré des difficultés liées au vocabulaire utilisé dans le document et ceci par manque de familiarisation avec les IHEVs. Il sera donc nécessaire d'amender le nouveau document avec des définitions, des termes spécifiques aux IHEVs afin de faciliter la lecture du document aux futurs évaluateurs. Par ailleurs, le Thème 2.2 nous montre qu'il est également possible d'améliorer l'édition du document en indiquant, de façon plus explicite, les différents niveaux de critères. De plus il serait utile de bien distinguer les différents points abordés dans les définitions de critères. De même, le fait d'associer des dessins ou des story-boards aux exemples de recommandations pour les rendre plus explicites, est extrêmement intéressant, il nécessite néanmoins un travail complémentaire qui comporte trois points : • Identification des exemples de recommandations qui posent réellement des problèmes (on connaît actuellement les critères élémentaires) et dont la solution passe par l'utilisation de story-boards et non par une meilleure familiarisation aux IHEVs, dans ce cas il est plutôt nécessaire d'apporter des compléments d'information. • Etude de la signifiance des story-boards afin de s'assurer qu'ils seront bien compris par les futurs évaluateurs. Intégration au document, vérifier que le couple texte/storyboard fonctionne correctement et ne dénature pas la portée initiale de la recommandation concernée. Le Thème 2 nous confirme qu'il y a réellement un problème lié au manque de familiarisation des participants avec les IHEVs, et qu'il sera nécessaire d'apporter des compléments d'informations sur les points sensibles tel que le vocabulaire spécifique. De plus, un travail complémentaire devra être effectué afin de vérifier l'apport de l'utilisation de story-boards par rapport aux compléments d'informations précédemment évoqués. Enfin, le Thème 2 justifie la révision de l'édition du document notamment en mettant plus en évidence les niveaux des critères et les différents points abordés dans les définitions. 3.8.3. Thème 3 : Problèmes de compréhension liés aux définitions de critères. Dans cette section nous présentons les résultats qualitatifs liés au Thème 3. Ce thème aborde les difficultés que les sujets estiment être liées aux définitions de critères. Les définitions de critères, telles que nous l'entendons, évoquent aussi bien l'organisation hiérarchique des critères, les dimensions couvertes par les critères, ainsi que les zones de recouvrements entre différents critères. Le Thème 3 se subdivise en quatre sous-thèmes, le dernier sous-thème couvre une remarque importante, explicitée par un participant, se rapportant à l'organisation hiérarchique des critères. L'ensemble des sous-thèmes est présenté dans le Tableau 11. Thème 3.1 : Problèmes de compréhension liés à des crit ères trop précis. Quatre participants ont rencontré des difficultés de compréhension par rapport à la subdivision de certains critères. Parmi ceux-ci certains participants ne comprennent pas pourquoi il est nécessaire de subdiviser Brièveté en Actions minimales et Concision ou encore la subdivision de Contrôle utilisateur par rapport à Contrôle explicite. Il en est de même pour la distinction à faire entre Protection contre les erreurs et Correction des erreurs, de la même manière un sujet ne comprend pas véritablement la finalité de la subdivision du critère Guidage. Thème 3.2 : Problèmes de compréhension liés à la définition du critère Incitation . Trois participants ont eu des difficultés pour comprendre la définition du critère Incitation. Pour ces participants la définition, tel qu'elle est présentée, comporte 2 notions distinctes à leurs yeux. Premièrement l'Incitation en tant que tel (amener quelqu'un à faire quelque chose, selon leurs propres termes). Deuxièmement, la Localisation de l'utilisateur (un sujet utilise le terme d'awareness) qui renvoie à la « conscience de l'endroit où l'on se trouve », selon leurs termes. Thème 3.3 : Problèmes de compréhension liés aux recouvrements entre critères. Deux participants ont éprouvé des difficultés à comprendre la distinction entre les critères Signifiance des codes, dénominations et comportements et Groupement/Distinction par le comportement. Un participant estime que le critère H o m o g é n é i t é / C o h é r e n c e et le critère de 2ème niveau Groupement/Distinction entre items sont antagonistes. Un participant estime que les sous-critères, du ère général Guidage, sont très enchevêtrés. Thème 3.4 : Remarques liées à des crit ères trop généraux. Un participant trouve que les trois premiers critères sont assez généraux, c'est-à-dire Compatibilité, Lisibilité et Incitation. En somme, il pense que ces trois critères sont à eux seuls une définition de l'ergonomie des interfaces et que, par conséquent, le fait qu'ils soient en tête de liste n'est certainement pas le fait du hasard. Le Tableau 11 (thème 3.1) nous montre que l'un des principaux problèmes liés aux définitions de critères est associé à la précision des critères. Les participants ne comprennent pas toujours la nécessité de subdiviser certains critères généraux. Cette difficulté peut s'expliquer par le manque de familiarisation avec le document et/ou avec les dimensions des critères élémentaires. Il est donc utile de justifier plus avant la nécessité de subdivisions de certains critères généraux. Cette justification est prise en charge par les amendements issus du chapitre 3.7. Par ailleurs, des participants ont également évoqué des difficultés de compréhension du critère Incitation. Pour eux, cette définition comporte deux notions différentes, l'une relève véritablement de l'Incitation et l'autre plus de la Localisation de l'utilisateur. Il sera donc nécessaire de préciser ce point lors de la modification de la définition du critère (voir Tableau 5.) Pour répondre à cette difficulté nous pensons qu'il est nécessaire de compléter la dernière phrase de la définition du critère Incitation de la façon suivante : 165 L'Incitation concerne également les informations permettant aux utilisateurs de savoir où ils en sont, où ils se localisent, d'identifier l'état ou contexte dans lequel ils se trouvent, de même que les outils d'aide à leur accessibilité. Les participants ont également évoqué un certain nombre de recouvrements entre critères que l'on retrouve effectivement dans la Matrice de confusion. Il est en effet possible de voir au paragraphe 3.7.2.1 le seul cas de confusion réciproque entre le critère Homogénéité/Cohérence et le critère Groupement/Distinction par le format, évoquée ici par un sujet comme une confusion entre le critère H o m o g é n é i t é / C o h é r e n c e et le critère de deuxième niveau Groupement/Distinction entre items. De la même manière l'enchevêtrement, évoqué par un participant, des sous-critères du critère général Guidage, dans le thème 3.1 du Tableau 11, est bien mit en évidence dans le paragraphe 3.7.3 présentant les confusions avec plusieurs autres critères élémentaires appartenant au même critère principal : Guidage. Enfin, la confusion entre le critère Signifiance des codes, dénominations et comportement et le critère Groupement/Distinction par le comportement a également été montrée dans le paragraphe 3.7.4.1.2. En conclusion, ce thème abordé par les participants lors des entretiens post-expérimentaux recouvre, les résultats issus du traitement des données quantitatives. Il apporte une indication permettant d'expliquer la différence entre les taux de recouvrement entre critères généraux (68%) et critères élémentaires (59,5%). Cette indication est le faible niveau de familiarisation avec le document (seulement une lecture), qui s'exprime à travers une incompréhension des subdivisions de certains critères généraux. Il semblerait qu'une première lecture du document permette aux participants d'acquérir, dans des proportions montrées par l'expérience, les critères généraux. On peut également supposer, et cela relève en partie du bon sens, que l'acquisition de dimensions plus précises telles que les critères élémentaires de niveau 2 ou 3 se fait à travers un apprentissage plus long et une pratique plus poussée de l'activité de classification de lacunes ergonomiques. Thème 4 : améliorations suggérées du document Dans cette section nous présentons les résultats qualitatifs liés au Thème 4. Ce thème présente les suggestions d'amélioration du document que les sujets ont proposé. Les améliorations peuvent porter, selon les sujets, sur l'ajout d'information comme des exemples d'affectations, des définitions de termes sur la 3D, des avertissements ou encore des aides au transfert d'apprentissage par rapport aux précédentes versions de C.E. Le Thème 4 se subdivise en 5 sous-thèmes, l'ensemble de ces sous-thèmes ainsi que leur description est présenté dans le Tableau 12. Tableau 12 : Améliorations suggérées du document Thème 4.1 : Amélioration du document par l'ajout d'exemples. Trois participants estiment qu'il faudrait ajouter des exemples d'affectations justifiées de lacunes ergonomiques, afin d'aiguiller d'autres affectations. Un des 3 participants estime que l'idéal serait d'avoir tous les exemples possibles et les définitions deviendraient alors secondaires, en estimant que c'est un peu utopique. Thème 4.2 : Amélioration du document en mettant en avant les similitudes avec les anciennes versions de Critères Ergonomiques. Trois participants estiment que c'est une bonne chose que ces nouveaux critères ressemblent assez aux anciens critères car, le transfert d'apprentissage s'en trouve facilité. Selon eux, il faudrait mettre l'accent sur les différences par rapport aux anciens critères et sur les exemples qui sont quant à eux une vraie nouveauté. Thème 4.3 : Amélioration du document par l'ajout de définitions sur la 3D. Un sujet estime qu'il faudrait inclure au document des définitions sur les dispositifs et la 3D en général. Il faudrait également une introduction sur les IHEVs qui est un domaine pou parfois être surprenant. Th ème 4.4 : Amélioration du document en ajoutant des distinctions entre les différents points liés à l'inspection des EVs. Un sujet pense qu'il faudrait ajouter une mise en garde au document qui explique les différents points abordés lors de l'inspection ergonomique d'EVs, c'est-à-dire faire la distinction entre les lacunes à identifier, les solutions à y apporter, les actions du système et celles de l'utilisateur. Thème 4.5 : Amélioration du document en ajoutant un modèle d'objet des IHEVs. Un sujet pense qu'il faudrait ajouter au document un modèle d'objet qui permette de décomposer les EVs avant d'entreprendre leur inspection. Le Tableau 12 nous montre qu'une amélioration du document pourrait se constituer à travers l'ajout d'exemples d'affectations justifiées de lacunes ergonomiques. Ceci est effectivement une voie possible d'amélioration. Mais comme nous l'avons déjà souligné dans la section 3.8.2 par rapport à l'idée d'ajouter des story-boards, il faudrait dans un premier temps identifier des exemples d'affectations qui soient véritablement une aide à la décision et ensuite vérifier que leur intégration au texte initial permet une amélioration des performances d'affectations. Là encore cela nécessite des travaux complémentaires. Par ailleurs, des participants pensent qu'il serait utile de faire un lien entre les C.E. adaptés aux Environnements Virtuels et les précédentes versions des C.E. afin de faciliter un transfert d'apprentissage entre les différentes versions. Ce point serait effectivement utile et il sera intégré dans l'introduction générale de la prochaine version du document, notamment à travers l'explication de la construction de la nouvelle grille de C.E. basée sur les précédentes versions. De la même manière, un sujet pense qu'une introduction sur le domaine des IHEVs, qui n'est pas un domaine avec lequel tout le monde est familiarisé, serait un plus à la liste expérimentale présentée. Il pense également que quelques définitions concernant des termes spécifiques à la 3D seraient les bienvenues. Ces différents ajouts sont bien évidemment indispensables à la prochaine version du document et seront intégrés dans son introduction générale. Un sujet nous suggère également d'apporter des clarifications par rapport aux différents points abordés pendant une inspection ergonomique d'EVs. Des commentaires et des avertissements ont été intégrés concernant notamment les distinctions à faire entre les actions utilisateurs et les actions systèmes, en particuliers par rapport au critère Feed-Back I m m é d i a t et par rapport à la Gestion des erreurs. De plus un avertissement sera intégré aux limites de la méthode, au sein de l'introduction du futur document, concernant les distinctions à faire entre les lacunes à identifier, leurs conséquences et les solutions de reconception qui sont souvent considérés comme une seule et même entité. Enfin, un participant pense que l'ajout d'un modèle présentant les éléments constitutifs d'un EV, pourrait s'avérer être une aide précieuse en situation d'inspection. Un modèle de ce type serait effectivement un bon moyen pour décomposer ce type d'interfaces qui uvent parfois être complexes et presque toujours ad hoc. Pour le moment il n'en existe pas de valide. Nous en présentons un qui est issu de l'analyse de la littérature dans la Partie 2. Mais, ce modèle n'est pas suffisamment abouti pour pouvoir être intégré au document. Il devra faire l'objet d'analyses complémentaires et surtout être étoffé avant de pouvoir être utilisé comme support à une inspection. Néanmoins, pour tenir compte de cette remarque nous intégrerons dans l'introduction générale des renvois sur les différentes publications disponibles à ce sujet. Les résultats de cette étude sont intéressants et encourageants compte tenu, d'une part, du peu de temps de familiarisation avec les C.E. adaptés aux IHEVs dont disposent les participants, et d'autre part, du fait que les participants, malgré leur expertise, sont peu initiés aux IHEVs. On peut considérer que les C.E. adaptés aux IHEVs sont valides à la hauteur des indices trouvés, à la fois en terme d'affectations par critères généraux, puisque 68% des lacunes sont affectés aux bons critères, mais également en terme d'affectation par critères élémentaires où 59,5% des affectations sont correctes. Ces indices de validité devraient s'améliorer avec les modifications des définitions, des justifications, des exemples, et en ajoutant des contreexemples, en tenant compte des confusions entre critères. Tous ces points se sont traduits par l'ajout de commentaires dans la version corrigée du document présentant les C.E. adaptés aux EVs (voir annexe B). De plus, on peut espérer que la familiarisation des futurs évaluateurs avec les IHEVs permettra d'atténuer les confusions entre critères, imputables à la nature des problèmes rencontrés. Nous avons également ajouté de nombreuses modifications à la version expérimentale du document en tenant compte des différents thèmes abordés lors des entretiens post-expérimentaux. Une partie des modifications suggérées par les sujets se trouvent dans l'introduction générale du document qui aborde les points suivants : • • • Présentation des étapes de construction de la liste des C.E. adaptés aux EVs dans laquelle s'intègre l'explication d'une stratégie potentielle d'inspection. Explication des différentes expérimentations de validation des C.E. Présentation des modifications apportées à la version expérimentale du document (modification des définitions, améliorations des es, ajout de commentaires). Présentation des perspectives et des futurs travaux. Présentation des limites du document comme étant un mode de structuration et de classification des connaissances à travers un ensemble de définitions. A laquelle s'ajoute une mise en garde sur les distinctions à faire entre les diagnostics de problèmes et leurs conséquences. L'objectif de cette étude était de valider une liste de C.E. destinés à l'inspection d'EVs et de poser les bases d'une méthode ergonomique dédiée aux IHEVs. Nous considérons que cet objectif a été atteint à la hauteur des indices trouvés pour la tâche d'affectation. Néanmoins ces critères ont nécessité des améliorations et des compléments, formulés sur la base des résultats obtenus durant cette étude, afin d'en augmenter l'efficacité. 3.10. Futurs travaux. Afin d'améliorer le pouvoir discriminant des critères évalués, au-delà des améliorations possibles à l'aide des modifications apportées sur les définitions de critères, des ajouts de commentaires, ainsi que les modifications sur le format de présentation et l'ajout d'une introduction au document, nous pensons qu'il est nécessaire d'effectuer des études complémentaires. Tout d'abord, il faudra valider le document modifié présentant les C.E., afin de s'assurer que les modifications apportées permettent vraiment des améliorations sur les performances d'affectations. Ensuite il serait intéressant d'identifier des exemples d'affectations de lacunes ergonomiques à tel ou tel critère afin d'aiguiller de futures affectations de problèmes identifiés. Il faudrait alors procéder à leur intégration au document et mettre en place une série d'expérimentations afin de vérifier l'apport de ce type d'aide dans différentes activités, en affectation, en inspection ou encore en conception. Il serait également nécessaire de joindre aux critères un modèle descriptif des éléments à inspecter dans les EVs afin d'atténuer : − le manque de familiarité des futurs évaluateurs avec les IHEVs ; − la complexité des environnements à inspecter ; − la complexité des problèmes rencontrés. Mais il apparaît, pour l'instant, que les modèles décrivant les éléments constituant un EV ne sont pas encore assez éprouvés et nécessitent des améliorations quant à leur contenu et leur représentativité. Par exemple, le modèle présenté dans la section 2.1.3, qui est issu d'une analyse de la littérature, n'a pas fait l'objet de validation par rapport à sa capacité de représentation des objets constituant un EV. Des travaux devront donc être effectués en ce sens avant de pou l'intégrer à la liste des C.E. 170 adaptés aux EVs. Puis il faudra mettre en place une série d'expérimentations afin de mesurer l'intérêt de ce type de modèles dans différentes situations. De la même manière, nous pensons qu'il serait utile de mettre à la disposition des évaluateurs un certain nombre d'illustrations de différentes situations problématiques ou d'applications de recommandations. Nous avons évoqué la possibilité d'avoir recours à des story-boards, mais il est peut-être possible d'aller plus loin. Par exemple, il serait utile de proposer une version informatique des critères qui permettrait alors d'avoir accès à des illustrations multimédias qui serait certainement plus « parlantes » que des descriptions uniquement textuelles. Partie IV : Validation des Critères Ergonomiques comme support à l'inspection d'Environnements Virtuels Cette partie décrit la démarche et l'expérimentation de validation des Critères Ergonomiques destinés aux IHEVs comme support à l'inspection d'EVs. Une expérimentation comportant différentes situations d'évaluations ergonomiques de deux EVs, a été conduite afin de mesurer l'apport des critères en situation d'inspection ergonomique. Ainsi trois groupes ont été constitués, un groupe d'utilisateurs a permis la réalisation de tests utilisateurs, un groupe d'étudiants en ergonomie a évalué les EVs à l'aide des critères ergonomiques et un groupe d'étudiants en ergonomie a évalué ces applications sur la base de leurs connaissances. Les résultats montrent que les critères ergonomiques constituent une aide significative lors de l'inspection ergonomique d'EVs par rapport à une inspection libre. Une comparaison entre l'inspection à l'aide des C.E. et les tests utilisateurs montre que ces deux méthodes offrent des performances d'évaluations équivalentes. D'autres aspects des méthodes tels que le type de problèmes identifiés, l'homogénéité interne et les recouvrements entre chaque méthode sont également présentés et comparés entre chaque méthode et application évaluée. 4. Comparaison de méthodes Cette partie traite de la capacité des C.E. a permettre une inspection ergonomique efficace d'EVs. La problématique et les hypothèses soulevées par cette validation seront formulées dans un premier temps. Puis la méthodologie de la validation expérimentale sera abordée ainsi que le matériel nécessaire à sa mise en oeuvre. L'explication de la procédure de recueil et de traitement des données introduira ensuite la présentation des résultats obtenus. La discussion de l'expérimentation et des résultats permettra enfin d identifier des futures orientations de recherches. 4.1. Problématique L'objectif principal de cette étude est de mesurer l'efficacité des Critères Ergonomiques adaptés aux EVs à être un support d'inspection ergonomique. Pour y parvenir nous avons comparé les performances des C.E. avec celles de 2 autres méthodes d'évaluation utilisées pour mettre en évidence les problèmes d'utilisabilité de 2 EVs. Ces méthodes sont : − les Tests Utilisateurs − l'inspection libre basée sur les connaissances des évaluateurs Nous chercherons donc à comparer respectivement l'apport des C.E. vis-àvis d'une méthode d'évaluation couramment utilisée celle des Tests Utilisateurs, et vis-à-vis d'une inspection libre qui sera notre groupe contrôle. Mais avant de poursuivre cette problématique en décrivant les aspects à travers lesquels il est possible d'effectuer une comparaison entre ces méthodes, il est utile de répondre à trois questions qui expliquent les choix effectués pour réaliser cette étude. Pourquoi évaluer deux applications? Nous avons évalué deux interfaces 3D afin de voir si les résultats et leurs caractéristiques mis en évidence à l'aide des différentes méthodes sont indépendants des applications évaluées. En effet, il est possible de penser que des applications différentes peuvent avoir un effet sur la quantité et/ou la qualité des résultats trouvés. Si un tel effet n'apparaît pas pour une ou plusieurs méthodes, cela nous permettrait alors de mettre en évidence une stabilité inter-application pour les méthodes concernées. Si un résultat de cette nature était mis en évidence pour l'Inspection à l'aide des C.E., il montrerait une certaine stabilité de cette méthode. 175 Pourquoi comparer une méthode d'inspection à un test utilisateur? Nous avons comparé une méthode d'inspection à une méthode d'évaluation faisant appel aux utilisateurs car les applications évaluées dans cette étude présentent des problèmes qui ne sont pas connus à l'avance. En effet, ce ne sont pas des EVs comportant un nombre et des natures de problèmes contrôlés qui seraient développés de toutes pièces pour le besoin de l'expérience, comme cela a été le cas pour des expérimentations similaires36. Au contraire, les applications qui sont évaluées dans le cadre de notre étude sont des applications commercialisées et conçues pour être a priori les plus utilisables possibles. Les problèmes ergonomiques à mettre en évidence sont des lacunes effectivement commises par les concepteurs, ils ne sont donc pas contrôlables. L'avantage de choisir ces applications est qu'elles sont similaires à celles auxquelles peuvent être confrontées des évaluateurs dans le cadre de leur activité professionnelle. L'inconvénient est que l'on ne contrôle pas le nombre et la nature des problèmes ergonomiques. Il est donc nécessaire de les mettre en évidence à l'aide d'une mesure objective de l'utilisabilité. Dans ce cas Brangier et Barcenilla (2003, p. 219) préconisent le Test Utilisateur. L'intérêt de comparer les résultats d'un Test Utilisateur aux résultats d'une inspection à l'aide des C.E. apparaît dès lors. Si les résultats sont concordants, s'ils se recouvrent par leur nombre et leur nature alors nous serions en présence d'un second indice d'efficacité de l'inspection à l'aide des C.E. Cela renforcerait la capacité de cette méthode à identifier des problèmes réels sur des applications pouvant faire l'objet d'évaluations ergonomiques dans un cadre professionnel. Pourquoi comparer l'inspection à l'aide des C.E. à une inspection libre? La comparaison entre l'inspection à l'aide des C.E. et l'inspection libre nous permettra d'évaluer directement l'efficacité des C.E., mais elle permettra également de mettre en évidence des problèmes qui ne pourraient pas être révélés du fait de l'utilisation des C.E. En d'autres termes l'utilisation des C.E. pourrait créer un cadre duquel les évaluateurs ne pourraient sortir pour voir d'autres types de problèmes. Dans ce cas cela constituerait une limite à l'utilisation de ceux-ci. Si cette limite existe, il est indispensable d'en mesurer l'importance. Remarque : Notre objectif est d'évaluer l'efficacité des C.E. 176 contrôle. Bien évidemment, cette étude permet de le faire mais cela nécessite quelques analyses complémentaires qui seront réalisées dans le cadre d'un autre projet de recherche. Nous allons à présent décrire et justifier les différents points à partir desquels nous comptons établir une comparaison entre les différentes méthodes et évaluer ainsi l'efficacité des C.E. Tout d'abord il apparaît que pour pouvoir comparer les problèmes mis en évidence à l'aide des différentes méthodes, il est nécessaire de les présenter sous un format standard, afin d'éliminer des doublons intra-méthodes qui fausseraient les mesures. Pour y parvenir nous pensons qu'il est nécessaire de classer les problèmes à l'aide des C.E. Nous avons montré dans les Parties 2 et 3 que cette classification est possible. En plus de pouvoir standardiser les problèmes que nous allons trouver dans la présente étude, l'utilisation des C.E. permettrait de vérifier qu'ils sont bien en mesure de révéler tous les problèmes identifiés et dans quelle proportion pour chacun des C.E. Si tous les problèmes identifiés peuvent être affectés au C.E. cela permettrait d'évaluer l'efficacité des C.E. sur cet aspect. En termes de comparaison de méthode, il serait alors possible de mettre en évidence ou pas des différences dans la répartition des problèmes sur chaque C.E. Pour évaluer cet aspect nous réaliserons donc une série de graphiques présentant le nombre de problèmes sur chacun des C.E. trouvés par les différents groupes expérimentaux. Un second aspect à mesurer et à comparer concerne la performance d'évaluation de l'inspection à l'aide des C.E. En effet, l'une des attentes visà-vis d'une méthode dédiée à l'évaluation de l'utilisabilité est qu'elle permette une bonne performance d'évaluation. C'est-à-dire qu'elle permette d'identifier un maximum de problèmes en un minimum de temps. Pour pouvoir le mesurer il est nécessaire de fixer le temps d évaluation des applications pour toutes les méthodes utilisées. Dans cette étude le temps d'évaluation a été fixé à 30 minutes. Cette durée semble être le meilleur compromis entre une durée minimum d'évaluation, permettant de fournir des résultats suffisamment nombreux pour effectuer des analyses statistiques, et une durée d'évaluation trop longue qui affecterait la motivation des sujets durant la réalisation de l'expérience. En effet, avec 30 minutes d'évaluation par application cela fixe la durée d'une session expérimentale à un minimum d'une heure puisqu'il y a deux applications à évaluer par sujet. La mesure de la performance d'évaluation 177 se fera à travers le calcul de la moyenne des problèmes trouvés par les évaluateurs utilisant les différentes méthodes, ceci sur les 2 applications. 4.2. Hypothèses La partie précédente a présenté les différents problèmes posés par la mesure de l'efficacité des C.E. en situation d'inspection ainsi que les différentes analyses à effectuer pour y répondre. Nous formulons ici les différentes hypothèses générales que l'on peut poser sur les résultats attendus. Hypothèse 1 Hypoth èse 2 Hypothèse 3 Tout d'abord cette étude comparera, à travers tous les aspects présentés dans la section précédente, les résultats obtenus lors de l'évaluation des 2 EVs avec toutes les méthodes utilisées. Concernant ce point nous faisons l'hypothèse que le type d'application évaluée n'aura pas d'effet sur les résultats obtenus par les différentes méthodes. Ensuite nous faisons l'hypothèse, à la lumière des précédents travaux sur les C.E. dédiés aux interfaces 2D, que tous les problèmes identifiés par les différentes méthodes pourront être affectés par les C.E. adaptés aux EVs. Concernant la comparaison de la performance d'évaluation des méthodes nous formulons 2 hypothèses. La première est que la performance moyenne d'évaluation par sujet sera supérieure dans le cas de l'inspection à l'aide des C.E. par rapport à celle du groupe contrôle (inspections libres). La seconde est que la performance d'évaluation de l'inspection à l'aide des C.E. sera similaire à celle des Tests Utilisateurs. Hypothèse 4 Hypothèse 5 L'hypothèse que nous formulons par rapport à la similitude des problèmes intra-méthodes est la suivante : les résultats trouvés à l'aide des C.E. seront plus homogènes que ceux trouvés à l'aide des autres méthodes. Enfin, nous formulons une dernière hypothèse concernant le pouvoir révélateur des différentes méthodes. Nous pensons que l'inspection à l'aide des C E. permettra de mettre en évidence une proportion de problèmes plus importante que celle des autres méthodes, par rapport à la globalité des problèmes trouvés. Méthodologie Dans cette section nous présentons la méthodologie utilisée pour réaliser l'expérience permettant de résoudre la problématique présentée et de vérifier les hypothèses formulées. Il s'agit ici de mettre en oeuvre trois évaluations ergonomiques sur 2 EVs. Nous décrirons dans un premier temps les applications à évaluer, puis nous présenterons les participants des différents groupes expérimentaux et retracerons les différentes étapes du recrutement des participants aux Tests Utilisateurs. Enfin nous évoquerons l'environnement matériel dans lequel c'est déroulé l'expérience. 4.3.1. Les Environnements Virtuels évalués. Les EVs évalués abordent deux grandes catégories d'applications respectivement focalisées sur l'apprentissage et la navigation. Le premier EV présenté propose une tâche d'apprentissage, il s'agit d'un Didacticiel de jeu vidéo en 3D. Le second EV permet d'effectuer une tâche de navigation sur une Carte 3D de la vallée de Chamonix. Ces deux EVs fonctionnent sur un ordinateur classique (écran, clavier, souris) afin de ne pas introduire de biais dans l'expérience concernant la familiarisation des sujets par rapport aux nombreuses technologies 3D (voir la Partie 1). 4.3.1.1. Description de l'Environnement virtuel d'apprentissage L'EV d'apprentissage est issue d'un didacticiel de jeu vidéo (Microsoft, 2000) qui reproduit le cockpit d'un vaisseau spatial. C'est un environnement entièrement simulé. L'interaction avec le système se fait principalement à l'aide du clavier, la souris n'est pas utilisable dans les zones de jeu mais uniquement dans les zones de configuration du système. Il est possible de choisir le niveau de complexité de la partie, il y a 3 choix de « facile » à « difficile ». Dans le scénario du jeu, l'EV est un simulateur de vol dans lequel un participant doit apprendre à utiliser un vaisseau spatial, pour pouvoir s'en servir ensuite dans les véritables missions du jeu. Dans ce simulateur de vol, nous avons évalué une mission d'entraînement, la mission 1 qui se veut être la plus simple. Dans cette mission d'entraînement un personnage virtuel explique au participant comment se servir des commandes de base du vaisseau spatial. Pour cela, ce personnage demande à l'utilisateur d'effectuer un certain nombre de 180 tâches ou d'exercices. Le guidage se fait par deux canaux sensoriels en sortie, le canal audio (le personnage explique oralement) et le canal visuel (le système affiche des messages à l'écran, fait apparaître des cibles, etc.). Le point de vue de l'utilisateur, par défaut, est un point de vue égocentrique depuis le cockpit du vaisseau, les mains de son avatar sont représentées. Ce point de vue est modifiable par l'utilisateur. Le didacticiel suit un scénario contraint, pour passer à la tâche suivante il faut réaliser la tâche précédente. Il a été nécessaire de décrire l'intégralité du scénario du didacticiel proposé aux utilisateurs. L'Encadré 7 présente un résumé des grandes étapes et quelques captures 'écrans. La description du scénario37, utile au codage des comportements des utilisateurs, présente en détails toutes les étapes et comportements de l'EV. Cette description est accompagnée d'une codification représentant les comportements de l'EV, les actions requises de la part de l'utilisateur pour que l'exercice continue (tâches), les comportements des avatars comprenant leurs verbalisations, les différents stimuli sensoriels (ici uniquement sonore et visuel). Cette retranscription nous a permis d'identifier 35 tâches à réaliser par le participant. Ces tâches ne présentent pas un niveau homogène de difficulté. Le système peut en effet demander au participant d'appuyer sur une simple touche ou encore d'effectuer une tâche demandant une planification avec des sous-objectifs à atteindre et des déplacements à effectuer. L'intégralité du scénario n'est pas inclut dans cette thèse, une description des tâches et disponible Ici l'instructeur explique oralement au participant comment se servir d'un module de communication pour donner des ordres à des co-équipiers. Ce type de tâches est très courante dans le didacticiel, l'instructeur présente un outil, une commande et demande au participant de s'en servir en indiquant sur quelle touche(s) appuyer. Ici l'instructeur, qui n'apparaît pas à l'écran, demande au participant à travers une instruction écrite d'afficher les missiles en appuyant sur une touche du clavier. Cette tâche fait partie de l'apprentissage concernant la chasse d'un petit vaisseau ennemi. Le vaisseau est ici ciblé par un cercle rouge juste au-dessus du texte affiché. L'une des tâches les plus complexes du didacticiel 3D. Il est demandé au participant de détruire un gros vaisseau en passant par la destruction préalable de plusieurs points vitaux (sous-cibles) dont certains sont de l'autre côté de la cible principale. Ceci oblige les participants à se déplacer mais le système n'a pas expliqué comment effectuer les déplacements. Le participant devra le découvrir par lui-même. Encadré 7: Résumé illustré du scénario du Didacticiel 3D 182 4.3.1.2. Description de L'Environnement Virtuel touristique L'Environnement Virtuel touristique fonctionne à l'aide du logiciel Terra Explorer 4.0.0. édité par Skyline Software (Skyline, 2002) pour fonctionner, il nécessite une connexion Internet, nous disposons dans le cadre de cette étude d'une connexion à haut débit. L'interaction avec le système se fait principalement à l'aide de la souris. Cet EV utilise uniquement l'aspect visuel, il n'y a pas de sons. Le point de vue de l'utilisateur est égocentrique, il n'y a pas de représentation de l'avatar. Les déplacements s'effectuent suivant plusieurs métaphores : − comme à l'aide d'un hélicoptère, l'utilisateur doit alors piloter ses déplacements soit directement sur la carte 3D ou à l'aide d'une interface de vol, − comme s'il bougeait la carte, dans ce cas le point de vue de l'utilisateur reste fixe et il fait bouger la carte 3D à l'aide de 3 modes. Un mode panoramique (la carte tourne autour de la position virtuelle du participant), un mode rotation (la carte tourne autour de son centre), et un mode glissement (la carte se déplace comme si elle était sur une table). − par sauts, l'utilisateur saute d'un point de départ à un point d'arrivée en voyant le déplacement qui est entièrement automatisé, − par téléportations, l'utilisateur passe du point de départ à l'arrivée sans voir le déplacement qui est instantané. Ce logiciel permet de visiter une carte 3D de la Vallée de Chamonix élaborée à partir de données géographiques (photos aériennes ou satellites). Ce logiciel permet à l'utilisateur de collecter des informations touristiques sur la vallée à travers des panneaux d'informations ou des liens vers des Web. Une description sommaire de l'interface est présentée dans l'Encadré 8, le lecteur intéressé pourra accéder à des cartes 3D similaires sur le site Web38 de Skyline Software Inc. pour se faire une idée plus précise de ce type d'applications. Voici une vue d'ensemble de la vallée de Chamonix en 3D et de l'interface d'interaction. Cette interface comporte 4 zones d'interaction. Un menu d'information en haut à gauche, une carte 3D est haut à droite, une carte 2D interactive en bas à gauche et une interface de vol en bas à droite. La carte 3D présente à divers endroits des informations touristiques concernant les différentes stations de ski et autres points d'intérêts de la vallée. Il est possible d'accéder directement depuis la carte à des sites Web. L'interface permet de nombreux types de mouvements ou de déplacements en 3D. Ici il est possible de voir les différents déplacements et vues disponibles dans le menu contextuel. Mais l'interface propose d'autres fonctions, comme prendre des photos ou suivre des visites automatiques. Encadré 8: Description sommaire de la carte 3D. Les participants pour les Tests Utilisateurs S'il est une idée bien admise dans l'ensemble de la communauté scientifique, c'est que le recrutement des sujets n'est pas une chose qui coule de source. Pour contourner ce problème, bien souvent, dans le domaine de l'IHEV (tout comme en IHM), les sujets qui participent aux Tests Utilisateurs se trouvent être les concepteurs des applications testées et/ou quelques-uns de leurs collègues. Bien évidemment, dans le cadre d'études dont la finalité est une validation scientifique, il n'est pas possible de recruter des sujets par affinité, mais bien par rapport à un profil défini en fonction de son adéquation avec la mesure à effectuer pour répondre à une problématique. Concernant notre étude nous avons cherché à faciliter la phase de recrutement en définissant un profil souhaité qui ne soit pas « introuvable », mais qui corresponde à des personnes qui soient familiarisées avec l'utilisation d'un matériel informatique classique (i.e., écran, clavier, souris), mais pas ou peu avec des applications 3D. La définition de ce profil est prévue pour répondre à deux constats. Premièrement les applications à tester fonctionnent, comme nous l'avons expliqué dans le chapitre 4.3.1, sur un ordinateur classique. Le choix de ces applications s'est lui-même effectué en partie à cause des problèmes de recrutement de candidats correspondant à un profil d'utilisateurs familiarisés, par exemple, avec des dispositifs de Réalité Virtuelle, cet aspect est une des difficultés importantes associées à ce genre d'expérience (voir Partie 1). Deuxièmement, nous avons retenu, pour le profil souhaité, que les participants soient pas ou peu familiarisés avec des applications 3D. Cet aspect a été retenu pour une raison simple liée à la validation de l'étud . En effet, il est indispensable de contrôler le facteur « sexe » en recrutant autant de femmes que d'hommes. Or, il est de plus en plus admis que les hommes jouent beaucoup plus aux jeux vidéos en 3D que les femmes. En partant de ce constat, nous avons pensé qu'il serait certainement plus simple de recruter des hommes qui jouent peu ou pas aux jeux-vidéos en 3D, que de recruter des femmes familiarisées avec ce type d'applications. De plus, rechercher des participants plutôt familiarisés avec les applications 3D aurait augmenté considérablement les chances de recruter des personnes ayant déjà joué avec le Didacticiel du jeu-vidéo à évaluer. En tout, 7 participants se servent soit d'applications 3D ou de jeux-vidéos 3D mais jamais au-delà de quelques fois par semaine. Sur ces 7 participants 5 sont des hommes et 2 sont des femmes. Cette différence s'explique par le fait que les utilisateurs de jeux-vidéos sont en grande majorité des hommes, de ce fait il est difficile de trouver des hommes entre 19 et 24 ans qui n'utilisent pas d'applications ou de jeux-vidéos 3D. Ceux présents dans ce groupe sont en tout cas des joueurs modérés se limitant au plus à quelques utilisations par semaines. Néanmoins, il n'est pas possible de dire que les profils hommes vs femmes dans cet échantillon sont parfaitement similaires, ils sont simplement très proches. Cet échantillon est donc globalement homogène quant à la familiarisation avec l'utilisation des ordinateurs. L'usage qu'en font les participants et également globalement similaire. Il existe cependant une différence de profil homme vs femme quant à l'utilisation d'applications ou de jeuxvidéos 3D, les hommes étant un peu plus familiarisés avec ce type d'environnement. 4.3.3. Les participants à l'inspection à l'aide des C.E. Les participants à l'inspection à l'aide des C.E. sont au nombre de 10 (5 hommes et 5 femmes ; age, M = 24,5 ; E.T. = 2,5). Ce sont tous des étudiants dans un DESS de Psychologie du Travail et ayant suivi une formation à l'ergonomie des logiciels. Les participants ont donc une connaissance théorique sur l'ergonomie des logiciels. Par contre, ils n'ont pas d'expérience pratique de l'ergonomie des logiciels, ils n'ont pas par exemple réalisé d'inspection ergonomique avant de participer à l'expérimentation. Il faut également préciser que ces étudiants n'ont pas eu de cours sur l'utilisation des C.E. classiques dédiés aux GUIs. Ce sont donc des étudiants que l'on peut qualifier de novices par rapport à l'inspection d'interfaces. Leurs connaissances des IHEVs sont quasiment inexistantes. Aucun d'entre eux ne connaît les EVs à évaluer. 4.3.4. Les participants à l'inspection libre Le groupe participant à l'inspection ergonomique basée sur les connaissances de l'évaluateur (groupe contrôle) est composé par 9 étudiants (3 hommes et 6 femmes ; age, M = 26 ans ; E.T. = 7). Ce sont tous des étudiants dans le même DESS de Psychologie du Travail que les participants à l'inspection à l'aide des C.E. Ils ont donc également suivi une 187 formation à l'ergonomie des logiciels. Les participants ont une connaissance théorique sur l'ergonomie des logiciels similaire à l'autre groupe expérimental. Ils n'ont pas d'expérience pratique de l'ergonomie des logiciels, ils n'ont pas par exemple réalisé d'inspection ergonomique avant de participer à l'expérimentation. Il faut également préciser que ces étudiants n'ont pas eu de cours sur l'utilisation des C.E. classiques dédiés aux GUIs. Ce sont donc des étudiants que l'on peut qualifier de novices par rapport à l'inspection d'interfaces. En ce qui concerne leurs connaissances des IHEVs on peut considérer qu'elles sont quasiment inexistantes. Aucun d'entre eux ne connaît les EVs à évaluer. 4.4. Matériel Dans cette section nous présenterons le matériel expérimental utilisé dans le cadre de cette étude. Nous présenterons dans un premier temps le matériel informatique, puis la grille expérimentale de Critères Ergonomiques utilisée dans le cadre de l'inspection à l'aide des C.E. et enfin nous présenterons brièvement le laboratoire dans lequel l'ensemble de l'expérimentation s'est déroulée. 4.4.1. Le matériel informatique Les deux Environnements Virtuels fonctionnent sur le même matériel informatique. La description de ce matériel est présentée dans l'Encadré 9. C'est une configuration matérielle très classique correspondant à celle de la plupart des ordinateurs actuels. Mb Carte son: SoundMAX Integrated Digital Audio Écran: ViewSonic - GraphicSeries G70fm, 19 pouces. Souris : Microsoft optique 5 boutons avec molette et fil Ordinateur: Guenuine Intel *86 Family 15 Model 2 Stepping 4 Processeur: Pentium 4 de 1,7 GHz Système d'Exploitation: Microsoft Win98 DE Mémoire: 128 DDR 333Mhz Configurations graphiques des EVs : Didacticiel 3D : 800*600 Détail texture: élevé Détail graphique: élevé Carte 3D: 1024*768 pixels Encadré 9: configuration matérielle des EVs évalués. 4.4.2. Les Critères Ergonomiques La grille de Critères Ergonomiques est la même que celle utilisée lors de la Validation des C.E., elle est décrite au paragraphe 3.3.2.1 et figure en annexe A. 189 4.4.3. Le laboratoire L'ensemble de l'expérimentation s'est déroulée sur la plate-forme Pergolab de l'Université de Metz, la représentation schématique ci-contre est extraite de (Brangier & Barcenilla, 2003, p. 228). Ce laboratoire d'utilisabilité est équipé d'un ensemble de dispositifs de prise de vue et de prise de son. Il est constitué de 4 zones : une zone d'accueil, une zone de test, une zone d'observation et une zone technique. Les zones de test, d'observation et technique sont équipées de glace sans tain. Dans le cadre de cette étude nous avons effectué 3 prises de vues synchronisées sur une même bande, la sortie vidéo de l'ordinateur, le clavier et la souris, le comportement du participant. Nous y avons ajouté une prise de son afin de récupérer les consignes de L'EV d'apprentissage et les verbalisations spontanées des participants. Ces informations ont été enregistrées, à l'aide d'un magnétoscope au format S VHS. 4.5. Déroulement de l'
19,658
153329fedafe32c51a27047e94b91bb6_4
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,007
Niger
None
French
Spoken
7,090
11,504
Les autorités transmettront aux services du FMI les informations suivantes : • des estimations mensuelles détaillées des recettes et dépenses, y compris les dépenses sociales et le paiement des arriérés intérieurs et extérieurs; • le tableau des opérations financières de l’État avec les données mensuelles complètes sur le financement intérieur et extérieur du budget, et la variation des arriérés (arriérés existants à fin 1999) et des restes à payer au Trésor. Ces données seront transmises mensuellement dans les six semaines à compter de la fin du mois; • des données trimestrielles sur les dépenses pour les lignes de la liste unifiée et la situation des dépenses sur ressources PPTE (sur la base des ordonnancements), dans les six semaines suivant la fin de chaque trimestre; • des données trimestrielles sur la mise en œuvre du programme d’investissement public, comprenant le détail des sources de financement. Ces données seront transmises sur une base trimestrielle dans les huit semaines à compter de la fin du trimestre; • des données mensuelles sur le service de la dette. Ces données seront transmises dans les quatre semaines à compter de la fin du mois. B. Secteur monétaire 30. Les autorités communiqueront mensuellement, dans les huit semaines à compter de la fin du mois : • le bilan consolidé des institutions monétaires et, si nécessaire, le bilan de banques individuelles; • la situation monétaire (provisoire); • les taux d’intérêt créditeurs et débiteurs; ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 52 • les indicateurs usuels de supervision bancaire pour les institutions financières bancaires et non bancaires (si nécessaire, ces mêmes indicateurs pour des institutions individuelles). C. Balance des paiements 31. Les autorités communiqueront aux services du FMI : • toute révision des données de balance des paiements (y compris les services, les transferts privés, les transferts officiels, les transactions en capital) dès leur révision; • les données annuelles préliminaires de balance des paiements, dans les six mois à compter de la fin de l’année concernée. D. Secteur réel 32. Les autorités communiqueront aux services du FMI : • les indices des prix à la consommation mensuels désagrégés, mensuellement, dans les deux semaines à dater de la fin du mois; • les comptes nationaux préliminaires dans les six mois à compter de la fin de l’année; • toute révision des comptes nationaux. E. Réformes structurelles et autres données 33. Les autorités communiqueront les informations suivantes : • toute étude, ou rapport officiel consacré à l’économie du Niger, dans les deux semaines à compter de sa publication; • outre décision, arrêté, loi, décret, ordonnance ou circulaire ayant des implications économiques ou financières, dès sa publication ou, au plus tard, dès son entrée en vigueur. ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 53 F. Récapitulatif des données à transmettre Type de données Tableaux Fréquence Délai de communication Secteur réel Comptes nationaux Révisions des comptes nationaux Annuelle Variable Fin de l’année + 6 mois 8 semaines à compter de la révision Indices désagrégés des prix à la consommation Mensuelle Fin du mois + 2 semaines Position nette de l’État vis-à-vis du système bancaire Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Tableau des opérations financières de l’État (TOFE) incluant le détail des recettes et dépenses y compris le remboursement des arriérés existants à fin 1999 et la variation des restes à payer (RAP) au Trésor Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Données sur l’encours des restes à payer au Trésor (total et RAP à plus de 120 jours) Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Situation mensuelle des comptes de dépôt des correspondants du Trésor Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Exécution du budget d’investissement Trimestrielle Tableau d’exécution des dépenses budgétaires, des dépenses inscrites sur la liste unifiée et des dépenses financées sur ressources PPTE Trimestrielle Fin du trimestre + 8 semaines Fin du trimestre + 6 semaines Balance générale des comptes du Trésor Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Formule de fixation des prix des produits pétroliers, recettes de la taxation des produits pétroliers et différentiels de prix Mensuelle Fin du mois + 2 semaines Situation monétaire Mensuelle Fin du mois + 6 semaines (provisoire) Fin du mois + 10 semaines (définitive) Bilan consolidé des institutions monétaires et, si nécessaire, bilan de certaines banques individuelles Taux d’intérêt créditeurs et débiteurs Mensuelle Fin du mois + 8 semaines Mensuelle Fin du mois + 8 semaines Indicateurs prudentiels de supervision bancaire Trimestrielle Fin du trimestre + 8 semaines Balance des paiements Annuelle Fin de l’année + 6 mois Révisions de la balance des paiements Variable À compter de la révision Encours et remboursement des arriérés extérieurs Détail des conditions liées aux nouveaux emprunts extérieurs Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Mensuelle Fin du mois + 6 semaines Finances publiques Données monétaires et financières Balance des paiements Dette extérieure ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 54 Appendice II. Niger — Relations avec le FMI (au 31 octobre 2006) I. Statut : date d’admission : 24 avril 1963; régime : Article VIII II. Compte des ressources générales : Pourcentage de la quote-part 65,80 100,00 57,19 86,92 8,61 13,09 Millions de DTS Quote-part Avoirs du FMI en monnaie du Niger Position de réserve du FMI III. Pourcentage de l’allocation 9,41 100,0 0,07 0,71 Département des DTS : Millions de DTS Allocation cumulative nette Avoirs IV. V. Encours des achats et prêts : Millions de DTS Pourcentage de la quote-part Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) 17,63 26,79 Accords financiers : Type FRPC FRPC FRPC Montant approuvé Date Date (millions de Montant tiré (millions d’approbation d’expiration DTS) de DTS) 31/01/2005 30/01/2008 26,32 17,63 22/12/2000 30/06/2004 59,20 59,20 12/06/1996 27/08/1999 57,96 48,30 VI. Projections des obligations financières envers le FMI (millions de DTS, sur la base de l'encours des ressources utilisées et des avoirs actuels en DTS) : À échoir 2007 2008 2009 2010 2006 Principal 0,09 0471 0,47 0,47 0,47 Commissions/intérêts 0,14 Total 10,96 11,51 11,31 0,47 ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 0,56 55 VII. Mise en œuvre de l’initiative PPTE I. Aide engagée au titre de l’initiative PPTE Date du point de décision Total de l’aide promise par les créanciers (millions de dollars EU)1/ dont : FMI (millions de dollars EU) (équivalent en millions de DTS) Date du point d’achèvement II. Décaissement du FMI (millions de DTS) Montant décaissé Aide intérimaire Solde au point d’achèvement Décaissement complémentaire au titre des intérêts perçus2/ Montant total décaissé Cadre renforcé 20/12/2000 663,10 42,01 31,22 avril 2004 31,22 6,68 24,55 2,74 33,96 1/ L’aide promise au titre de l’initiative initiale est exprimée en valeur actualisée nette (VAN) au point d’achèvement; celle promise dans le cadre renforcé est exprimée en VAN au point de décision. Ces deux montants ne peuvent donc pas s’additionner. 2/ Dans le cadre renforcé, un décaissement complémentaire a lieu au point d’achèvement et correspond aux intérêts perçus sur le montant engagé au point de décision, non décaissé durant la période de transition. VIII. Mise en œuvre de l’IADM : Total de l’allègement de la dette (millions de DTS)1/ dont : IADM PPTE 1/ 77,55 59,82 17,73 L’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM) prévoit un allègement intégral de la dette des pays membres admis à bénéficier du dispositif et remplissant les conditions requises. L’allègement de la dette couvre la totalité du stock de la dette envers le FMI à fin 2004, restant dû au moment où le pays membre est admis à bénéficier de cet allègement. L’IADM est financée par des contributions bilatérales et les ressources propres du FMI, ainsi que par les montants décaissés par les pays membres au titre de l’initiative PPTE (voir section VII ci-dessus). ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 56 IX. Évaluation des sauvegardes : La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est l’institut d’émission commun aux pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Une nouvelle évaluation des sauvegardes de la BCEAO a été achevée le 4 novembre 2005. L’évaluation a permis de constater les progrès du renforcement du dispositif de sauvegardes de la BCEAO depuis 2002, date de la précédence évaluation. La BCEAO publie maintenant une série complète d’états financiers audités et des améliorations ont été faites pour mieux aligner la communication de l’information financière sur les normes IFRS. En outre, une charte de l’audit interne a été adoptée, des mécanismes ont été mis en place pour améliorer la gestion et la prévention des risques, de même que le suivi des recommandations des audits internes et externes a été renforcé. La nouvelle évaluation a mis en évidence un certain nombre d’aspects dans lesquels les acquis doivent être consolidés. Les principales recommandations ont trait aux améliorations à apporter à la procédure d’audit externe (notamment par l’adoption d’une politique de rotation formelle), en dehors du renforcement de la transparence des états financiers par l’application intégrale des normes IFRS et à la poursuite du renforcement de l’efficacité de la fonction d’audit interne. X. Régime de change : Le Niger est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Le dispositif de change, commun à tous les pays membres de l’Union, est exempt de restrictions sur les paiements et transferts afférents aux transactions internationales courantes. La monnaie commune, le franc CFA, est rattachée au franc français. Le 12 janvier 1994, le franc CFA a été dévalué de 50 % et sa valeur par rapport au franc français est passée de 50 à 100 FCFA. Le 31 décembre 1998, il a été rattaché à l’euro au taux de 655,96 FCFA = 1 euro. Le 30 septembre 2006, le DTS valait 764,96 francs CFA. XI. Consultation au titre de l’article IV : Les consultations avec le Niger se déroulent selon le cycle normal de 24 mois. Les dernières ont eu lieu à Niamey en avril 2004 et ont figuré à l’ordre du jour des travaux du Conseil d’administration le 28 juin 2004. ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 57 XII. Assistance technique: Département Prestataire Période d’exécution FAD Services du FMI juin 2000 Examen des statistiques de finances publiques et amélioration des procédures budgétaires FAD Services du FMI février 2001 Administration fiscale et douanière FAD Services du FMI avril 2001 FAD Expert résident avril 2001 à ce jour Comptabilité publique, procédures de dépenses publiques et nomenclature budgétaire Élaboration du budget, comptabilité publique et informatisation de l’exécution du budget FAD Expert résident juin 2001 à mai 2003 Assistance en matière d’administration fiscale FAD Services du FMI mai 2002 Comptabilité publique et tableau des opérations financières de l’État (TOFE) STA FAD Services du FMI Services du FMI janvier 2003 octobre 2003 STA FAD Services du FMI Services du FMI Objet Mission de statistiques multisectorielles Politique fiscale et administration des régies financières mars 2005 RONC septembre 2005 Politique fiscale et administration des régies financières XIII. Représentant résident M. Pierre La Porte est représentant résident au Niger depuis décembre 2005. ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 58 Appendice III. Niger — Relations avec le Groupe de la Banque mondiale (au 30 octobre 2006) Partenariat pour la stratégie de développement du Niger 1. Le document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) du Niger, adopté en janvier 2002, présente un diagnostic complet de la pauvreté dans ce pays et énumère les principaux enjeux de son développement. Les autorités en ont confirmé les principales orientations dans un deuxième rapport d’étape qui a été préparé dans le cadre d’une concertation à laquelle toutes les parties prenantes ont participé, puis validé par les autorités. Les services de la Banque mondiale et du FMI rédigent actuellement une note d’évaluation conjointe (JSAN). La stratégie de réduction de la pauvreté du Niger décrite dans le DSRP est bien conçue et repose sur quatre piliers : i) un cadre macroéconomique qui assure la stabilité économique et financière tout en stimulant une croissance durable et vigoureuse; ii) le développement de secteurs productifs, notamment dans les zones rurales; iii) l’amélioration de l’accès à des services sociaux de base; et iv) la promotion de la bonne gouvernance et le renforcement des capacités institutionnelles et individuelles. Les autorités ont commencé à utiliser le DSRP pour améliorer la coordination des efforts de développement, notamment les activités appuyées par les bailleurs de fonds. 2. Lors du forum des bailleurs de fonds tenu à Niamey les 7 et 8 juin 2003, les donateurs ont réaffirmé qu’ils souscrivent au DSRP comme point d’ancrage stratégique de leur assistance ainsi qu’à un passage progressif du financement de projets à celui de programmes; ils ont souligné la nécessité de renforcer la coordination et l’harmonisation de leurs politiques et de leurs procédures. Le forum a abouti à la signature d’un protocole d’accord par lequel tous les bailleurs de fonds se sont engagés à coordonner leur aide au secteur de l’éducation. Les troisième (2004) et quatrième (2005) rapports de mise en œuvre du DSRP ont été transmis au FMI et à la Banque mondiale en octobre 2006. Les commentaires présentés par le FMI, l’UE, le PNUD et la Banque mondiale en décembre 2005 y ont été intégrés. Du fait des lenteurs constatées au démarrage de la préparation des documents analytiques de référence, le gouvernement accuse du retard pour la préparation du deuxième DSRP dont la rédaction devrait être achevée à fin décembre 2006. Le secrétariat du DSRP prépare une mission à Washington pour des entretiens techniques sur le deuxième DSRP, après la diffusion du projet de DSRP prévue pour fin novembre 2006. La Banque mondiale a mis en place un fonds fiduciaire DSRP pour appuyer la préparation du DSRP révisé, ainsi qu’un fond de fiducie destiné à intégrer la problématique du genre à la stratégie. Domaines dans lesquels la Banque mondiale est chef de file 3. Privatisations et réforme du cadre réglementaire. La libéralisation et la privatisation de secteurs publics clés, comme les télécommunications et l’approvisionnement en eau, ont été réalisées grâce à un crédit de l’IDA. Toutefois, la privatisation de la société d’électricité (NIGELEC) a été retardée, principalement en raison de la difficulté à trouver des entreprises privées disposées à investir les 60 à 100 millions de dollars EU nécessaires à l’expansion et à la modernisation du réseau de distribution. Celle de la société de distribution en gros de produits pétroliers (SONIDEP) a échoué en partie à cause des difficultés à trouver des ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 59 partenaires privés étrangers ayant une bonne assise financière, désireux d’investir au Niger. Avec le concours de la Banque mondiale, les autorités ont révisé les objectifs et l’approche de la fourniture d’infrastructures par le secteur privé, dans l’optique du renforcement de la gouvernance de certaines entreprises publiques (NIGELEC, SONIDEP) et de la création d’un organisme public pour la mise en œuvre des réformes nécessaires. Le FMI est aussi un partenaire stratégique dans ce dialogue, notamment à travers la mise en application continue du système de détermination des prix des produits pétroliers. 4. Développement rural. La Banque mondiale contribue à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie globale de développement rural visant à réduire la vulnérabilité et à stimuler la production de revenus qui repose sur trois grands axes : i) amélioration des débouchés économiques ouverts aux populations rurales; ii) protection des populations rurales contre les risques, renforcement de la sécurité alimentaire et de la gestion durable des ressources naturelles; iii) renforcement de la capacité des institutions publiques et organisations paysannes à améliorer la gestion du secteur rural. Un plan d’action intégrant les 14 programmes de la stratégie de développement rural a été adopté par décret en octobre 2006. La transition vers une approche de budget de programme pour le secteur rural a été enfin achevée avec l’adoption par décret, en octobre 2006, d’un CDMT regroupant les quatre ministères dépensiers. L’assistance de la Banque à ce secteur est fournie dans le cadre des opérations en cours, directement liées à la stratégie de développement rural, notamment : le projet d’irrigation privé II, destiné à accroître la production et la rentabilité des cultures irriguées à haute valeur effectuées par des petits exploitants, par l’application de techniques simples à faible coût; le projet d’urgence acridienne destiné à réduire la vulnérabilité du Niger à d’autres invasions acridiennes par un appui au renforcement des stratégies de prévention (systèmes d’alerte et de réaction précoces par exemple) et de maîtrise des risques au plan national et régional; et le programme d’action communautaire qui appuie la mise en place de mécanismes décentralisés de financement des communautés villageoises et communales, et la promotion de systèmes communautaires de gestion des écosystèmes. 5. Éducation. Dans le cadre de l’initiative de mise en œuvre accélérée ou Fast Track Initiative (FTI), le gouvernement a établi un plan de développement décennal de l’éducation (PDDE) pour 2003-2013 en collaboration avec la Banque mondiale et les bailleurs de fonds. Les principaux objectifs du programme du gouvernement, surtout centré sur l’enseignement primaire sont : i) accroissement de l’accès à l’éducation de base formelle et non formelle, en particulier pour les enfants des zones rurales, les filles et les populations démunies; ii) amélioration de la qualité et de la pertinence de l’éducation; iii) développement des capacités de gestion stratégie et opérationnelle du secteur de l’éducation à l’échelle centrale et régionale, et délégation accrue des compétences exercées à l’échelon communautaire. Un programme relatif à l’enseignement post-primaire est aussi en cours d’élaboration et aidera à établir un cadre stratégique destiné à assurer une expansion durable des segments secondaires et autres du système, pour répondre à la demande croissante provenant des élèves ayant achevé leur scolarité primaire. L’opération de prêt d’investissement de la Banque (Projet d’éducation de base de 30 millions de dollars EU) en cours, appuie le renforcement de l’accès des populations démunies aux services sociaux, qui constitue l’un des piliers fondamentaux du DSRP. En outre, le premier prêt d’appui à la politique de développement (Crédit à la réforme rurale et sociale CRRS-I) approuvé en juin 2006 aide le gouvernement à : i) exécuter les réformes visant à donner aux population un meilleur accès à l’éducation de ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 60 base de qualité acceptable; ii) améliorer la gestion et la répartition des effectifs; iii) promouvoir la gouvernance et la responsabilisation par l’échange d’information et la démarginalisation des communautés en matière d’éducation. Dans le cadre de l’initiative Fast Track, la Banque a facilité la création d’un fonds commun alimenté par les bailleurs de fonds pour financer le PDDE. Ce fonds est actuellement gelé suite aux conclusion de l’audit qui a révélé des dysfonctionnements dans la gestion des ressources. Le gouvernement prend les dispositions nécessaires en vue de la levée de cette suspension au début 2007. 6. Santé. La Banque a collaboré avec le gouvernement a l’élaboration des orientations stratégiques pour le développement du secteur de la santé. En 2002, le gouvernement a adopté une stratégie décennale de la santé (2002-2011) dont l’objectif principal est d’accroître encore l’accès aux services de santé (de 47 % en 2000 à 80 % en 2011) et de réduire l’incidence des maladies infectieuses par la promotion d’une double approche, incluant notamment la prévention. Pour rendre cette stratégie opérationnelle, le gouvernement a arrêté un plan de développement quinquennal pour la santé en janvier 2006. En janvier 2006 toujours, la Banque a approuvé un crédit SWAP de 35 millions de dollars EU qui couvre des volets de santé génésique et de lutte contre le paludisme. Les séries de CRRS aident le gouvernement à consolider et à améliorer le secteur de la santé avec : i) le renforcement de la gestion des ressources humaines par le recrutement de 715 agents qualifié en 2006; ii) l’amélioration de l’exécution du budget pour veiller à ce que des ressources suffisantes soient disponibles pour les dépenses prioritaires; iii) la réforme du système de recouvrement des coûts pour améliorer l’accès aux soins de santé 7. Population. La capacité du Niger à diminuer les niveaux de pauvreté et à atteindre les OMD est limitée par un taux de croissance démographique élevé, estimé à 3,3 % par an. Le gouvernement a récemment reconnu la nécessité de contrôler la dynamique de sa population. En 2004, le gouvernement a été doté d’un nouveau ministère de la population et de l’action sociale. Récemment, la politique nationale de la population de 1992 a été révisée, ce qui est un pas significatif vers l’élaboration d’un programme national structuré. À la demande du gouvernement, une opération démographique multisectorielle est à l’étude à la Banque, pour faire face au défi de la croissance démographique accélérée. Le gouvernement envisage aussi de lancer une stratégie de communication et de sensibilisation pour réaliser un consensus national sur les questions relatives à l’amélioration de la condition et de la protection des femmes et à l’abaissement des taux de fécondité. Dans cette optique, les séries de CRRS appuieront : i) le lancement de campagnes d’information et de sensibilisation sur les mariages précoces et la planification familiale; ii) la mise en œuvre de plans d’action visant à améliorer la condition des femmes, notamment l’organisation d’un forum national pour forger le consensus à ce sujet. 8. Suivi des indicateurs de pauvreté. La Banque a étroite collaboré avec le gouvernement pour l’élaboration du profil de la pauvreté qui a servi de fondement au diagnostic de la pauvreté inscrit dans le DSRP. Si ce diagnostic a été jugé complet et exhaustif dans la note consultative conjointe des services de la Banque et du FMI, il repose néanmoins sur les donnée de l’enquête sur les ménages de 1993. La mise à jour de la base de données existante est donc une priorité pour le gouvernement. Un recensement national vient d’être achevé et une nouvelle enquête sur les ménages qui sera financée pour partie par le gouvernement et par la banque est à l’étude en vue d’un démarrage en avril 2007. Une ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 61 enquête démographique et sanitaire est en voie de conclusion et celle sur les indicateurs fondamentaux du bien-être financée par la Banque en 2005 a été achevée en mai 2006 et validée lors de l’atelier organisé à cet effet à Niamey. Elle offre une mise à jour des indicateurs sociaux nécessaire pour la mise à jour du DSRP et pour l’évaluation des progrès vers ses objectifs. Avec d’autres bailleurs, la Banque conseille aussi les autorités sur le renforcement des mécanismes institutionnels destinés au suivi et à l’évaluation de la pauvreté dans le cadre du DSRP. La Banque a par ailleurs financé la révision de l’évaluation participative de la pauvreté de 2001, pour contribuer aux efforts déployés par le gouvernement pour actualiser et renforcer la base de données sur la pauvreté et l’évolution sociale. Domaines d’action concertée Banque mondiale-FMI 9. Stratégie de réduction de la pauvreté. En concertation avec d’autres partenaires extérieurs du Niger, la Banque mondiale et le FMI ont fourni une assistance aux autorités pour la préparation de son DSRP. Depuis l’achèvement du document, les deux institutions conseillent les autorités sur les affinements et la mise en œuvre de la stratégie. Les quatre rapports intérimaires de mise en œuvre du DSRP ont été élaborés avec l’assistance de la Banque mondiale, du FMI et d’autres partenaires pour le développement du Niger. 10. Viabilité de la dette. En avril 2005, les Conseils d’administration de la Banque mondiale et du FMI ont entériné un cadre conjoint d’analyse de la viabilité de la dette (AVD) des pays à faible revenu. Une AVD conjointe Banque/FMI s’inscrivant dans ce cadre a été effectuée en septembre 2005. L’AVD montre que le risque de surendettement du Niger reste élevé, malgré la réduction significative de la dette obtenue dans le cadre de l’initiative PPTE et de l’IADM. Il ressort de l’AVD que la situation de la dette du Niger : i) se détériorerait considérablement en cas de choc ou d’affaiblissement de la performance économique; ii) est particulièrement sensible aux conditions et à la composition des financements extérieurs. Les autorités doivent donc maintenir le cap des politiques et réformes macroéconomiques saines, en privilégiant tout particulièrement les mesures de promotion de la croissance et de gestion prudente de la dette. Le besoin immédiat de renforcement des capacités techniques et institutionnelles de gestion de la dette a été souligné par la Banque et le FMI. Diverses mesures visant à renforcer la cellule de gestion de la dette extérieure ont été prises à titre de repères structurels des programmes FRPC. Les services de la Banque et du FMI ont également soutenu l’évaluation indépendante de l’utilisation des ressources PPTE dans le cadre du Programme présidentiel spécial. Comme convenu dans le cadre de l’opération de réforme des dépenses publiques appuyé par la Banque (PERCG), les autorités ont intégré les ressources PPTE aux dépenses sectorielles de développement humain inscrites dans la loi de finances 2006 et se préparent à l’étendre aux dépenses liées au développement rural, suite à la mise en place du CDMT pour le secteur rural en juin 2006 et l’élaboration du budget de programme sectoriel. 11. Réforme du budget et des dépenses publiques. L’assainissement des finances publiques est une condition préalable à la réussite du programme global de réforme du Niger. La Banque et le FMI partagent les responsabilités dans ce domaine. Les deux institutions ont joué un rôle essentiel pour aider les autorités à réduire les arriérés intérieurs et extérieurs. Le FMI est le principal interlocuteur des autorités pour ce qui a trait aux mesures d'augmentation ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 62 des recettes, tandis que la Banque concentre ses efforts sur les réformes budgétaires, notamment sur les dépenses publiques et la gestion de trésorerie. Le FMI apporte aussi une contribution de premier plan à l’amélioration des procédures budgétaires; des mesures importantes, comme l’élaboration de lois de règlement et l’informatisation des dépenses budgétaires ont constitué des repères structurels de l’accord FRPC. En 2004, la Banque a préparé en concertation avec les autorités, l’UE et la France, une évaluation exhaustive des systèmes et des capacités de gestion des dépenses publiques du Niger (PEMFAR). La banque a épaulé les réformes budgétaires par quatre opérations de prêt à l’ajustement (CADP I et II, PERCG et CRRS I en cours). L’enracinement et l’approfondissement de ces réformes (fondées sur le plan d’action prioritaire PEMFAR) est un objectif essentiel du CRRS I qui a été approuvé par le Conseil en juin 2006. Le rapport d’évaluation des pratiques de passation des marchés publics (CPAR) du Niger a été mis à jour en 2004. 12. Réforme du secteur financier. Les autorités ont lancé un vaste programme de réforme du secteur financier en 2002. Appuyé par le prêt d’assistance technique pour le secteur financier approuvé en février 2004, ce programme porte sur le cadre réglementaire et légal, le secteur bancaire, la microfinance, les services financiers de la poste et la sécurité sociale. Des progrès sont déjà constatés. Deux banques commerciales la BCN et la BINCI et trois compagnies d’assurance ont restructurées et recapitalisées. L’audit des principaux établissements de microcrédit est achevé. Les plans de réorganisation de la Poste ont été établis et la réduction de ses effectifs amorcée. Au cours des deux à trois prochaines années, des mesures seront prises pour améliorer le cadre légal et judiciaire (modification de la loi sur l’attribution des titres fonciers, amélioration du cadre juridique des nantissements, formation des magistrats, etc.). L’établissement de crédit hypothécaire (CDN) devrait être privatisé ou liquidé à fin décembre 2006 et la Caisse de prêts aux collectivités territoriales (CPCT) restructurée. Les établissements de microcrédit seront restructurés sur la base des conclusions des audits et le service du ministère des finances et de l’économie chargé de leur supervision renforcé par la création d’une autorité de régulation des institutions de microcrédit à fin décembre 2006. La poste sera scindée en deux : Niger Poste, pour les opérations postales et FinaPoste, pour les services financiers. Enfin, l’audit actuariel de la Caisse de sécurité sociale (CNSS) a été réalisé. 13. Réforme de la fonction publique et décentralisation. La réforme et la modernisation de la fonction publique sont des composantes clés du DSRP du Niger, mais peu de progrès ont été réalisés dans ces domaines jusqu’à présent. Les autorités s’emploient actuellement à mettre en place une base de données intégrée sur la fonction publique qui, en favorisant une gestion plus transparente et plus efficace, devrait accroître la maîtrise de la masse salariale. C’est là un élément essentiel au maintien de l’équilibre budgétaire, comme l’indiquait le précédent accord FRPC qui comportait des repères quantitatifs afférent à la masse salariale. La préparation de la mise en place du cadre juridique pour la décentralisation politique de 1996 a récemment pris un nouvel essor. Les premières élections municipales ont eu lieu le 24 juillet 2004. La réforme continue toutefois de susciter de graves préoccupations, notamment avec le manque de moyens à l’échelle locale et l’incidence budgétaire de la décentralisation. Pour aider les autorités à surmonter certains de ces obstacles, le programme d’action communautaire et le projet de développement de l’infrastructure urbaine qui devrait entrer en action prochainement, aideront au renforcement des capacités des collectivités ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 63 rurales en matière de planification, d’exécution et de suivi des projets de microdéveloppement. Domaines dans lesquels le FMI est chef de file 14. Gestion macroéconomique. Les principaux objectifs du programme macroéconomique du Niger, tels que décrits dans le DSRP, sont d’assurer la stabilité économique et financière tout en favorisant une croissance forte et durable. Le FMI appuie ce programme dans le cadre de la FRPC en fournissant une assistance financière et technique et en entretenant un dialogue sur les réformes de la politique macroéconomique. Le programme a donné des résultats satisfaisants depuis l’approbation du premier accord FRPC en 2000; la plupart des repères ont été respectés et les résultats budgétaires ont été globalement positifs. Un deuxième accord FRPC a été approuvé en janvier 2005 et deux revues ont été achevées de manière concluante jusqu’à présent. Dans le cadre macroéconomique qui sous-tend le DSRP, la Banque a apporté une assistance technique au renforcement des capacités du ministère des finances et de l’économie pour le suivi des résultats économiques, l’élaboration d’un CDMT et de budgets de programme pour les principaux départements sectoriels (éducation, santé et développement rural) et l’élaboration de modèles macroéconomiques. 15. Politique budgétaire. L’assainissement des finances publiques est un objectif clé de la FRPC assorti de plusieurs critères de réalisation et repères quantitatifs. Il importe en particulier d’accroître les recettes publiques pour diminuer progressivement la dépendance de l’État vis-à-vis de l’aide extérieure, étant donné le faible niveau des recettes publiques par rapport à celui d’autres pays membres de l’UEMOA. S’agissant des dépenses, le FMI s’intéresse surtout aux enveloppes budgétaires globales, tandis que la Banque porte son attention sur les crédits inter et intra-sectoriels, et sur la protection des postes de dépenses clés de l’éducation, de la santé et du développement rural. 16. Politique monétaire. Le FMI conduit le dialogue sur la politique monétaire, qui est élaborée par les autorités monétaires régionales (BCEAO). Stratégie du Groupe de la Banque mondiale 17. Le plus récent cadre d’assistance stratégique (CAS) de la Banque pour le Niger couvrant la période 2003–2005 a été approuvé par le Conseil des administrateurs de la Banque en janvier 2003. Il a pour principal objectif d’appuyer la mise en œuvre du DSRP. Un nouveau CAS est à l’étude dans la perspective d’une présentation au Conseil pour approbation durant l’exercice budgétaire 2007 de la Banque. 18. Au 30 octobre 2006, le portefeuille de prêt de la Banque au Niger comprenait neuf opérations actives de l’IDA pour un montant total engagé de 305 millions de dollars EU dont 127,5 millions décaissés. Les concours de l’IDA ont a réduire la volatilité de l’APD en compensant les cas de diminution à court terme de l’aide d’autres bailleurs. L’IDA a aussi permis de réagir aux chocs exogènes. À titre d’exemple, le projet d’aide d’urgence pour la crise acridienne en Afrique (AELP) visant à lutter contre l’invasion acridienne en Afrique de l’Ouest a fait l’objet de décaissements durant l’exercice 2005; un programme de lutte contre la grippe aviaire et d’activités inscrites dans le programme de préparation et de réaction du ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 64 Niger aux cas de pandémie humaine est en cours d’élaboration. Un SWAP pour le secteur de la santé et le premier prêt à la politique de développement (Crédit de réforme des secteurs ruraux et sociaux CRRS I) ont été décaissés au cours de l’exercice 2006. À moyen terme et prenant appui sur les trois précédents opérations d’appui budgétaire ainsi que sur le projets d’investissement en cours, des séries de crédits à l’éducation, à la santé, aux secteurs ruraux et sociaux viseront à surmonter les contraintes politiques et les goulots d’étranglement institutionnels qui entravent : i) la gestion du secteur public; ii) la croissance et le développement agricole; iii) le développement humain, notamment la croissance démographique et la problématique hommes/femmes. Une évaluation préliminaire du programme démographique multisectoriel est prévue pour novembre 2006. Tableau 1. Niger — Portefeuille de prêts de la Banque mondiale (tous IDA) (millions de dollars EU, au 30 octobre 2006) Montant engagé Date Non d’approbation décaissé Date de clôture Crédit de réforme des secteurs ruraux et sociaux I (CRRS I) 50,0 25,0 13 juin 2006 30 juin 2007 Programme d’appui au renforcement des institutions et au secteur de la santé (ISHSS) 35,0 32,4 5 janv. 2006 30 janv. 2011 Aide d’urgence acridienne 9,9 6,6 16 déc. 2004 30 juin 2009 Privatisation/Réforme réglementaire (Assistance technique) 18,6 5,8 15 sept. 1998 31 déc. 2006 Secteur de l’eau 48,0 1,0 3 mai 2001 31 déc. 2006 Promotion de l’irrigation privée 38,7 7,4 19 mars 2002 31 déc. 2007 Programme d’action communautaire 35,0 9,3 20 mars 2003 30 juin 2007 Éducation de base 30,0 14,4 17 juil. 2003 31 déc. 2007 Prêt multisectoriel IST/VIH-SIDA 25,0 15,0 4 avril 2003 30 juin 2008 Assistance technique au secteur financier 14,8 10,6 19 fév. 2004 30 avril 2008 305,0 127,5 TOTAL 19. Le programme AAA a aidé les autorités dans divers domaines tels que l’analyse de la pauvreté, les questions de genre, la croissance démographique, les sources de la croissance et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le programme AAA vise à renforcer les capacités du secteur public à poursuivre les objectifs du DSRP et à préparer le Niger à la transition vers des prêts-programmes consolidés. Pour étayer ces objectifs des travaux sectoriels ont été menés à bien sur la population, le développement rural, l’examen de la gestion des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEMFAR), l’examen analytique de la passation des marchés (CPAR) et l’évaluation participative de la pauvreté. Un mémorandum économique-pays, centré sur l’accélération de la croissance et la réalisation ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 65 des OMD au Niger est sur le point d’être achevé, avec les observations fournies par les autorités nigériennes. Pour l’exercice 2006/07 et afin d’aider le gouvernement à réduire la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et à se doter d’une stratégie globale de protection sociale, la Banque prépare un travail sectoriel sur la sécurité alimentaire et la protection sociale au Niger. Enfin, la Banque prépare une d’enquête de suivi des dépenses publiques (PETS), dans un premier temps pour l’éducation et la santé. Le PETS a pour objet d’accroître l’efficacité des dépenses publiques afférentes aux secteurs sociaux et de renforcer les résultats de ces secteurs par des mécanismes de détection des déperditions, de suivi du taux d’exécution, des retards dans la réalisation des dépenses publiques, et de délimitation du champ des procédures administratives. 20. La Banque est déterminée à renforcer les partenariats extérieurs dans le cadre des efforts engagées par les autorités nigériennes pour mobiliser et coordonner les appuis des bailleurs de fonds à la mise en œuvre du DSRP. Outre sa collaboration étroite avec le FMI, la Banque intervient en concertation avec d’autres bailleurs dans différents domaines, notamment l’Union européenne, la Banque africaine de développement (BAfD), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les principaux donateurs bilatéraux du Niger. Préparé par les services de la Banque mondiale et du FMI. Les questions peuvent être adressées à MM. Madani Tall, Directeur-pays pour le Niger, Bruno Boccara, Économiste en chef pour le Niger, Amadou Ibrahim, Économiste pour le Niger; Mme Joelle Dehasse responsable en chef des opérations pour le Niger, ou M. Thomson Fontaine (économiste, FMI). ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 66 Appendice IV. Analyse de viabilité de la dette réalisée par le FMI et la Banque mondiale 1. Cette analyse repose sur les données relatives à l’encours de la dette extérieure à fin 2005, fournies par la Direction de la dette pour la plupart des créanciers et sur les estimations de l’encours de la dette envers l’IDA, le FMI et la BAfD établies par les services des deux institutions12. Il ressort de l’évaluation conduite par les services que le Niger présente un risque modéré de surendettement, quoiqu’il reste vulnérable à un certain nombre de chocs. 2. La mise en œuvre de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale améliore considérablement les perspectives à court terme de la dette du Niger, qui conserve néanmoins une orientation à la hausse à moyen et long terme13. Le ratio de la VAN de la dette au PIB est ramené de 22 % en 2005 à 7,9 en 2006 sous l’effet de l’IADM tandis que le ratio VAN de la dette/exportations tombe de 136 % en 2005 à 46 % en 2006. Toutefois, les besoins de financement élevés du Niger qui sont essentiels pour stimuler la croissance, pèseront lourdement sur la dynamique de son endettement (tableau 1b). Dans le scénario de référence, le ratio VAN de la dette/PIB devrait augmenter progressivement pour atteindre 22 % en 2005, chiffre encore inférieur au seuil indicatif (40 %) fondé sur la politique mise en œuvre; le ratio VAN de la dette/exportations augmenterait progressivement pour s’établir à 107 % en 2005, niveau nettement inférieur au seuil de 150 %. La tendance à la hausse fléchit dans les dernières années de la période considérée avant de se stabiliser vers 2021. 3. Les tests de sensibilité montrent que la charge de la dette du Niger s’alourdit en cas de choc macroéconomique négatif ou de fléchissement des résultats macroéconomiques. Si les variables clés restent à leur moyenne des huit années précédentes, le ratio de la dette aux exportations serait porté à 120 % en 2025. De même, une réduction temporaire de la croissance des exportations aurait un impact prononcé sur les indicateurs de la dette du Niger si le déficit extérieur courant qui en découle devait être couvert en recourant à des prêts. 4. L’obtention de conditions favorables sur les nouveaux prêts est essentielle pour la viabilité de la dette; ainsi, si les intérêts sur les nouveaux prêts étaient relevés de 2 %, le ratio de la VAN de la dette aux exportations serait légèrement supérieur au seuil indicatif, atteignant 154 % vers 2025. 5. Les résultats de l’AVD soulignent la nécessité pour les autorités de maintenir une gestion prudente de la dette, conjuguée à des politiques et réformes 12 Cette analyse ne tient pas compte de la dette intérieure pour laquelle il n’existe pas d’estimation fiable suite à l’octroi de l’assistance au titre de l’IADM en 2005. 13 Les seuils indicatifs de la charge de la dette du Niger sont : ratio VAN de la dette/exportations de 150 %; ratio VAN de la dette/PIB de 40 %; ratio service de la dette/exportations de 20 %. ©International Monetary Fund. Not for Redistribution 67 macroéconomiques saines. Elles devraient centrer leur effort sur des mesures de promotion de la croissance et sur l’investissement, tout en continuant à rechercher des financements sous forme de dons et des prêts hautement concessionnels, afin de réduire les possibilités de surendettement. L’AVD montre que si le risque de surendettement a diminué avec l’assistance fournie par les dispositifs PPTE et IADM, une extrême vigilance s’impose dans la gestion de la dette, eu égard à la vulnérabilité persistante du Niger aux chocs exogènes. La réduction de cette vulnérabilité est subordonnée à des efforts constants pour élargir la base d’exportation. Encadré 1. Hypothèses du scénario de référence Le scénario de référence et les autres scénarios pour 2006-25 reposent sur les hypothèses suivantes, qui sont globalement conformes à celles utilisées pour le document du point d’achèvement de l’initiative PPTE : • Sur la période considérée, la croissance du PIB réel devrait augmenter, passant de sa moyenne historique de 2,7 % à 4,3 % en moyenne sur la période 2006-09, puis à environ 5 % vers 2025. Ceci découle des investissements réalisés dans l’irrigation et l’infrastructure, qui permettront d’améliorer la productivité du secteur agricole. Cette amélioration, ajoutée aux efforts de diversification de l’économie, notamment par le développement du tourisme, contribuerait à réduire la vulnérabilité aux chocs macroéconomiques. • L’inflation moyenne, mesurée par le déflateur implicite du PIB, s’établirait à 1,5 % en moyenne. • Selon les projections, le ratio des recettes publiques au PIB augmenterait progressivement, de 10,4 % en 2005 à 12,6 % en 2008 et à environ 17 % vers 2025, dénotant la convergence progressive avec le taux de l’impôt sur le revenu de 17 % fixé à l’échelle de l’UEMOA. • Les dépenses publiques, établies actuellement à 19,0 % du PIB, augmenteraient sensiblement pour atteindre 23,0 % en 2009, en raison des efforts menés par les autorités pour lancer de vastes projets de promotion de la croissance. Elles retomberaient finalement à 20 % du PIB sur le long terme, les autorités progressant vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). • Le total des exportations de biens et de services, bénéficiant passagèrement de la hausse des exportations d’or en 2005, devraient croître à un rythme moyen annuel de 7,2 % en valeur sur la période 2009-25, stimulées par l’augmentation des exportations d’uranium et de produits non miniers. L’augmentation annuelle des importations devrait s’établir en moyenne à 6,7 % en valeur, chiffre globalement conforme à la croissance du PIB nominal. Ces hypothèses entraînent une amélioration du déficit des transactions courantes hors paiements d’intérêts qui passerait de 10,3 % du PIB en 2006-10 à 8,1 % du PIB environ vers 2025. Le scénario de référence pose pour hypothèse que la moitié des besoins de financement extérieur (assistance projet comprise) sera couverte par des prêts concessionnels assortis d’une élément don de 50 %, hors emprunts auprès du FMI, tandis que le reste des besoins de financement le seront par des dons et par les flux nets d’IDE. Deux autres scénarios sont envisagés, le premier reposant sur des emprunts à la moyenne des conditions historiques, et le second fondé sur l’hypothèse de prêts à des conditions moins favorables (taux d’intérêt relevés de 2 %). ©International Monetary Fund. Not for Redistribution Tableau 1a. Niger — Cadre de l'analyse de viabilité de la dette extérieure, après mise en œuvre de l'IADM, 2005-20251 (en pourcentage du PIB, sauf indication contraire) Effect.
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Sau TRAJECTOIRE DE RECHERCHE :DE L'HISTOIRE DE LYON À L'HISTOIRE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES : UN RÉCIT À L'ENVERS DE L'ÉVIDENCE Source : Archives Municipales de Lyon Membr es du Jury : Romain Bertrand, directeur de recherche à la Fond ation nationale des sciences politiques Sebastian Conrad, professeur à l'Institut Universitaire Européen Annie Fourcaut, professeur à l'Université de Paris Sorbonne-Panthéon Nancy Green, directrice d'études à l'EHESS Christian Topalov, directeur d'études à l'EHESS Bénédicte Zimmermann, directrice d'études à l'EHESS 1 I . MEMOIRE DE SYNTHESE ERREUR! SIG NET NON DEFINI. A. PROLOGUE: L'HISTOIRE URBAINE MÈNE À TOUT À CONDITION D'EN SORTIR 6 1. Histoire de Lyon8 2. Histoire de l'urbanisme et du gouvernement municipal en France14 3. Joyeux tropisme : rythmes et lieux d'une socialisation disciplinaire hors de l'espace français23 4. Urbes Orbi : la piste transnationale commence à Lyon28 B. LA PISTE TRANSNATIONALE. TERRAINS DE JEUX ET EXPÉRIENCES33 1. Bonheurs d'archives 33 2. Tâtonnements individuels et confrontations collectives46 C. NOUVEAUX MONDES69 1. Stabiliser un horizon historiographique72 2. Acquérir des connaissances, engager des conversations93 3. Autour du Palgrave Dictionary of Transnational History 107 D . RE BON DS : ORGANISATIONS INTERNATIONALES ET MONDES INFIRMIERS 128 1. Repères d'une histoire relationnelle des organisations internationales132 2. Les mondes infirmiers 1850-1950 163 II. On n'écrit pas deux fois un mémoire de synthèse pour un dossier d'Habilitation à Diriger des Recherches. Si on ne peut échapper aux contraintes du genre, qui pose la nécessité de restituer une trajectoire et d'en rendre raison, il faut donc trouver une formule qui ne laisse pas de remords à son auteur, et pour cela essayer d'éviter les écueils majeurs dudit genre. D'un côté, le risque d'exagérer la cohérence de cette trajectoire en donnant la vision forcée d'une constance ou d'un basculement paradigmatiques, de l'autre une factice mise à distance et réflexivité. L'illusion serait coûteuse, et la lucidité ne me semble pas être possible dans le cadre d'un exercice qui s'inscrit dans une pratique d'agrégation à un milieu. Entre la peste de l'illusion et le choléra de la lucidité, je choisis donc ici d'être raisonnablement malade, et en conséquence de faire naviguer à vue lecteurs et lectrices. Il s'agira donc de resituer des publications et des résultats (essentiellement ceux des travaux du dossier de publications) dans une trajectoire de recherche, en soulignant les glissements, les aléas, les chevauchements qui ont scandé celle-ci; de raconter l'histoire intellectuelle et institutionnelle des conditions de leur production, sans omettre les conséquences d'une conduite passionnelle dans le choix des sujets et des terrains ; de présenter des ensembles archivistiques marquants en faisant la part des hasards et des inventions ; de situer la démarche dans les continents historiographiques parcourus en essayant d'inscrire le parcours personnel dans des lignes de force qui ont présidé aux orientations de nombre de chercheurs en histoire ou en sciences humaines et sociales durant ces dernières années ; d'exposer, enfin, de façon synthétique les résultats principaux aussi bien que les refus d'obstacle. Le tout en tentant de ne pas confondre mes idiosyncrasies avec des principes d'intelligibilité. 3 Ces garde-fous étant posés, il y a néanmoins ici une tentation supplémentaire qui pèse sur les choix d'écriture : celle qui consisterait à présenter ma trajectoire de chercheur comme une illumination progressive. Celle-ci m'aurait fait passer d'une recherche inscrite dans un territoire borné (ma thèse de doctorat) à une recherche qui suit son objet là où il la mène, galopant désormais avec les infirmières de l'ère contemporaine de l'Asie à l'Europe ou d'une Amérique à l'autre. D'un petit sujet simple à un grand sujet complexe, pour reprendre ces chaînes qui lient notre perception des objets de savoir à des échelles spatiales. Nul besoin d'une d'imagination très développée pour anticiper les bénéfices d'une telle posture : une fois le tout placé sous l'invocation protectrice de « l'impérieuse nécessité de la réinvention périodique à laquelle tout historien devrait se livrer », la trajectoire prendrait les couleurs de l' élargissement, de la progression, de la révélation et de la montée en généralité. Rien de plus aisé. Je pourrais ainsi jouer d'une série d'oppositions modulées en unités (périphérie/centre, province/capitale, petit sujet/grand sujet) ou en binômes (local/global et particulier/général, fermeture/ouverture et archaïsme/modernité) et démontrer à peu de frais la montée en puissance de mes capacités historiennes sous l'égide d'une lucidité de bon aloi et d'un « élargissement » de mes perspectives. De surcroît, il semble que le moment soit propice à l'ostentation sur ce registre puisque que publications, séminaires, rencontres et prises de positions individuelles et institutionnelles se multiplient en France sur le créneau de « l'histoire globale »1. L'appel d'air est bien marqué, et il Un ouvrage récemment paru, auquel participent divers collègues en sciences humaines et sociales, ne s'affirme-t-il pas comme le « livre qui ouvre des fenêtres »? Voir Laurent Testot (dir.), Histoire globale ; un autre regard sur le monde, Paris : Editions Sciences Humaines, 2008. 54, 2007, p. 16 et 21). Les discussions autour de l'ouvrage dirigé par Patrick Boucheron, Histoire du Monde au 15ème siècle (Paris : Fayard, 2009) ont donné lieu à semblable positionnement, notamment durant les diverses émissions de la Nouvelle Fabrique de l'Histoire sur les ondes de France Culture (14-17 décembre 2009). Il semble donc bien qu'il y ait une « ruée sur le global », pour reprendre les termes employés par Emmanuelle Loyer dans son compte rendu du numéro que la revue Le Débat a consacré à « Ecrire l'histoire du monde » en avril 2009, numéro 154 (http://www.nonfiction.fr/article-2594-p1la_ruee_vers_le_global.htm, mis en ligne le 10 juin 2009, consulté le 4 janvier 2010). Et que cette ruée se fasse selon les tropes du « retard », de la « frontière », de « l'ouverture » et de leurs « pionniers ». 5 A. PROLOGUE : L'HISTOIRE URBAINE MÈNE À TOUT À CONDITION D'EN SORTIR Ma thèse de doctorat élaborée entre 1986 et 1992, a été la base de mon activité de recherche pendant mes premières années au CNRS2, et cela à divers titres. L'entreprise, dont on peut trouver une vision d'ensemble dans la pièce numéro 1 du dossier de travaux3, avait progressivement pris la forme d'une « histoire de l'espace », en s'attachant à cerner trois dimensions de celle-ci dans une ville française du long 19ème siècle : pratiques spatiales, représentations de l'espace et espaces de représentation. Cet usage, pour l'essentiel heuristique, de la trilogie proposée par Henri Lefebvre dans La production de l'espace4, illustre un aspect de ce travail de doctorat qui devait formater mes travaux ultérieurs. En effet, passer par ce genre de grille pour écrire l'histoire d'une ville française m'invitait à convoquer un large ensemble de travaux pour tenter de donner sens aux matériaux que j'utilisais. Pour répondre aux questions qui étaient les miennes sur le sens et le marquage des lieux, sur les conceptions de l'espace des différents pouvoirs urbains ou sur les formes des identités territoriales, les outils n'étaient pour l'essentiel pas fournis par les historiens qui en France suivaient les pistes de l'histoire urbaine. Sans doute aiguillonné par le programme éclectique de ce qui était alors la licence d'études urbaines de l'Université Lyon 2, que j'avais suivi parallèlement à une licence d'histoire5, je ne me posais pas la question du rangement disciplinaire à l'heure de constituer ma boîte à outils Lyon au 19ème siècle : les espaces d'une cité, thèse de doctorat en histoire de l'Université mière Lyon 2, 1992, direction Yves Lequin. 3 « Plaidoyer pour la mort de l'espace-prétexte en histoire », Bulletin du Centre Pierre Léon d'Histoire Économique et Sociale, 1,1994, p. 12-27. 4 La production de l'espace, Paris : Anthropos,1974. 5 Cette licence d'études urbaines incluait des cours de sociologie, économie, droit, géographie et histoire urbaine. 2 6 bibliographique. Les travaux de l'urbaniste Kevin Lynch sur les perceptions visuelles, ceux des psychosociologues Denise Jodelet ou Alain Moscovici sur les représentations sociales, les analyses à la manière des Actes de la Recherche en Sciences Sociales sur les fondements des discours territoriaux6, les travaux des sociologues de l'urbain comme Raymond Ledrut, les enquêtes de géographie de la perception d'Alain Metton, je les ai alors saisis avec un égal enthousiasme, au même titre que les grandes thèses d'Etat en histoire qui avaient dans les années 1970 érigé l'histoire urbaine en terrain de spécialisation possible pour les historiens (Jean-Pierre Bardet, Jeanne Gaillard, Maurice Garden, Jean-Claude Perrot). Mes livres de chevet, ceux d'André Vant sur Saint-Étienne7, Marcel Roncayolo8 ou Bernard Lepetit9, avaient sans doute à mon insu contribué à cette propension à parcourir le spectre des sciences humaines et sociales. Le premier, géographe dont j'avais suivi les cours, m'encourageait par l'exemple (et par la conversation) à ne pas me cantonner à une discipline. Les deux autres, par leurs écrits, leur inscription institutionnelle ou leur capacité à s'approprier des notions venues de disciplines voisines, me faisaient entrevoir la richesse des entre-deux. De manière peu sophistiquée, et sans prétendre en rien à la pluri/multi/inter disciplinarité –aucun de ces termes n'apparaît d'ailleurs dans la thèse- je me contentais de suivre les pistes bibliographiques là où elles me menaient. Rien à voir, avec la résolution des chercheurs qui se revendiquent de l'interdisciplinarité et l'établissent en principe conscient et réflexif dès le A partir notamment du numéro 35 de 1980 qui contenait, entre autres, les articles de Roger Chartier," sociale et découpage régional. Notes sur deux débats 1820-1920', et celui de Pierre Bourdieu,"Le Nord et le Midi, contribution à une analyse de l'effet Montesquieu'. 7 André Vant, Imagerie et urbanisation, recherches sur l'exemple stéphanois, Saint-Étienne : Centre d'Études Foréziennes, 1981. 8 Marcel Roncayolo, Croissance et division sociale de l'espace urbain, thèse d'état, Université Paris I, 1981. 9 Bernard Lepetit, Les villes dans la France moderne 1740-1840, Paris : Albin Michel, 1988. 6 7 début de leur recherche doctorale10. Cette disponibilité et cette curiosité allaient jusqu'à la candeur, puisque l'un de mes premiers articles, publié dans Genèses en 1994, le fut sans même être capable de mesurer ou de pondérer ce que le projet d'une revue rassemblant politistes, sociologues, anthropologues et géographes pouvait avoir d'exotique ou d'osé dans le paysage de la recherche. 1. Histoire de Lyon La thèse, et les publications qui en furent tirées, plaçaient mon activité de recherche sous le signe de l'histoire des villes. J'ai inclus trois de ces publications dans le dossier de travaux, pour rendre visible ce que j'entendais alors par une « histoire de l'espace ». La pièce 2, par exemple, est représentative d'un filon de publications qui ont traité systématiquement de la question du sens des lieux, en particulier de la manière dont celui-ci est travaillé par des procédures matérielles et symboliques11. Contrairement à d'autres éléments de ce filon qui insistent Voir les contributions r assemblées dans Michel Offerlé et Henry Rousso ( dir.), La Fabrique interdisciplinaire. Histoire et science politique, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2008. 11 « Haut lieu et lieu haut : la construction du sens des lieux. Lyon et Fourvière au 19ème siècle », Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, 40, 2, 1993, p. 202-227. Parmi les publications de cette veine, « Tempêtes dans une petite plaque d'émail bleu, les noms de rues à Lyon au 19ème siècle », Cahiers d'histoire, octobre 1990, p.133-154 ; « Le guide touristique, un outil pour une possible histoire de l'espace: autour des guides de Lyon 18001914 », Géographie et cultures, 13, 1994, p. 35-54 ; « Représentations sociales de l'espace et histoire urbaine », Histoire sociale/Social history, XXIX, 57, 1996, p. 23-52 ; « Du fauteuil à la poche. Les guides de Lyon au 19ème siècle », Revue d'Histoire du Livre, 92-93, 1996, p. 10 8 plus sur les perceptions et les usages différenciés selon les groupes sociaux et les individus, cet article est consacré à une analyse des actions conscientes visant à élaborer, fixer et prescrire le sens des lieux. Lie u de contemplation profane (panorama) et sacrée (église dédiée à la Vierge Marie), la colline de Fourvière est dans le Lyon du 19ème siècle un lieu disputé par de véritables stratégies des corps et des affects. Cette dispute gravite autour des fonctions prêtées au lieu : pratiques de découverte touristique ou de pèlerinage, regard touristique ou spirituel. En équipant le lieu haut selon ces objectifs, divers groupes religieux ou civils travaillent à l'ériger en haut lieu, et suggèrent des manières de le fréquenter (guides de pèlerinage et guides touristiques y pourvoient). 9 diagnostiqué par certains d'entre eux12, ou autour de thèmes plus précis comme celui des « icônes urbaines »13. La pièce 3 participe de la grappe de publications dérivées de l'axe « représentations de l'espace » de la thèse14. L'enquête y porte sur deux concepts importants pour la mise en ordre de la ville par les entreprises d'aménagement, ceux de « centre » et de « centralité »15. Il prend le pari d'étudier simultanément la définition et la mise en oeuvre de ces notions, à travers les pratiques des pouvoirs publics préfectoraux et municipaux lyonnais lorsqu'ils se préoccupent de remodeler la forme et la vocation de ce qu'ils appellent le coeur de la ville, mais aussi à travers les écrits des acteurs et commentateurs de la vie économique, immobilière et municipale lyonnaise entre les années 1830 et 1914. L'article proposait ainsi de faire deux pas de côté par rapport à l'historiographie de l'aménagement urbain et de l'urbanisme : en matière de posture, par rapport à une histoire intellectuelle des notions et de leurs fondateurs (typifiée, dans deux registres différents par les travaux de Michel Ragon et Françoise Choay), et en matière de terrain au regard des études sur la genèse et la mise en oeuvre des concepts de percée souvent centrées sur Paris. Un dernier écart, chronologique celui-ci, consistait à ne pas se focaliser sur la période du Second Empire, ce moment Simon Gunn, « The spatial turn: changing histories of space and place » in S. Gunn and R.J. Morris (eds), Identities in Space : Contested Terrains in the Western City Since 1850, London: Ashgate, 2001, p. 1-14. 13 Voir le numéro spécial de la revue Urban History, « Urban icons » (33,1,2006) , dirigé par Philip Ethington. Et son partenaire multimedia : http://journals.cam 14 « Center and centrality: urban concepts under the trial of locality », Journal of Urban History, 24, 4, 1998, p. 435-467. 15 En parallèle, une série d'articles revenait sur la genèse des circonscriptions administratives comme outils de contrôle et de contrainte : « Logiques de l'aggrégation, naissance de l'agglomération lyonnaise au 19ème siècle », Bulletin du Centre Pierre Léon, 1,1992, p. 2739 ; « L'Église et l'espace de la grande ville : Lyon au 19ème siècle », Revue historique, CCLXXXVIII, 2, 1993 , p . 322-348 ; « Maintien de l'ordre et contrôle de l'espace urbain au 19ème siècle: le cas de Lyon », Cahiers de la Sécurité Intérieure, 17, 1994, p. 77-85 ; « Variations autour d'un mauvais sujet : histoire des découpages administratifs à Lyon », Revue de Géographie de Lyon, 3, 1997, p. 167-171. 12 10 fondateur de l'histoire de la modernité urbaine et de remise en ordre urbaine. J'y voyais l'opportunité d'une mise en oeuvre de l'interrogation lefevrienne sur la construction historique des catégories spatiales et la spatialisation de la pensée. Cette pièce fait particulièrement sens dans ce dossier de travaux dans la mesure où, plus récemment, mes réflexions autour de la perspective transnationale m'ont ramené vers ce questionnement au sujet des catégories spatiales de l'entendement historien (voir pièce 12). Le troisième élément de la structure tripartite de la thèse consistait en une enquête sur la production de l'identité territoriale dans le Lyon du 19ème siècle. Ce volet a fait l'objet d'un ouvrage16. Celui-ci étant épuisé (certainement pas par suite de son succès, je rassure le lecteur), il ne peut être joint au dossier mais la pièce 4 permet d'en présenter les thèses principales, qui furent précisées par ailleurs dans de nombreuses publications17. Dans la pièce 418, comme dans les autres contributions sur ce thème, mon propos était de prendre au sérieux le discours sur « l'esprit lyonnais » et « l'âme lyonnaise », en évitant le double écueil de la L 'esprit lyonnais 19ème-20ème siècle. Genèse d'une représentation sociale, Paris : Éditions du CNRS, 1995. 17 « De la poupée de bois à l'emblème patrimonial: Guignol de Lyon », Le monde alpin et rhodanien, 3-4, 1993, p. 57 88 ; « Le Siège de Lyon et le culte du territoire », Cahiers d'histoire, XXXVIII, 3-4, 1993, p. 351-354 ; avec Philippe Dujardin (dir.), Lyon L'âme d'une ville (1850-1914), Lyon : Editions Lyonnaises d'art et d'histoire, 1997 ; « Le syndrome d'Aladin ou le génie des lieux comme objet pour les sciences sociales » in Daniel Grange et Dominique Poulot (dir.), Le patrimoine et les aventures de la modernité, Paris : L'Harmattan, 1998, p. 185-199 ; « Les entrepreneurs du local. Actions érudites à Lyon sous la IIIème République », in Bruno Dumons et Gilles Pollet (dir.), Élites et pouvoirs locaux. La France du Sud-Est sous la Troisième République, Lyon : Presses Universitaires de Lyon, 1999, p. 277300 ; avec Philippe Dujardin, Lumières sur le Huit. Une lecture historique de la fête du huit décembre à Lyon, Lyon: Ville de Lyon, 2002 ; « Der Kult des Lokalen. Die Institutionalisierung lokaler Identität in Lyon im 19. Jahrhundert », in Thomas Höpel und Steffen Sammler (hrsg.), Kulturpolitik und Stadtkultur in Leipzig und Lyon (18.-20. Jahrhundert), Leipzig : Leipziger Universitätsverlag, 2003, p. 231-252. 18 « Que faire du localisme? L'institutionnalisation d'une identité locale, Lyon au 19ème siècle », in Vincent Dubois et Philippe Poirrier (dir.), Politiques locales et enjeux culturels. Les clochers d'une querelle XIX°-XX° siècles, Paris : Comité d'histoire du ministère de la Culture/Fondation Maison des Sciences de l'Homme/La Documentation Française, 1998, p. 29-52. 16 11 dénonciation du « stéréotype » et de l'enregistrement pur et simple du propos identitaire au nom de son authenticité. Cette navigation était motivée par un souci de situer l'entreprise de particularisation lyonnaise dans sa relation avec l'apprentissage du fait national, un questionnement poursuivi simultanément par Jean François Chanet19, Anne Marie Thiesse20 ou Stéphane Gerson21 sans que j'en sois le moins du monde conscient. Le propos était donc de suivre la définition, la généralisation et la célébration de cet ensemble de valeurs, normes, et attitudes. « L'esprit lyonnais » se cristallise au 19ème siècle, et aujourd'hui encore sert de support pour la conduite des affaires publiques et privées22. Il s'agissait donc d'en étudier les ressorts pratiques et rhétoriques, les ressources, les vecteurs et les acteurs, les symboles et les institutions en insistant sur les usages différenciés et contestés de la thématique de l'esprit lyonnais et sur la grammaire commune qu'elle fournit pour penser, voir et agir à Lyon et sur Lyon. Cela impliquait notamment de reprendre les symboles (la marionnette Guignol) ou les formules (« colline qui prie, colline qui travaille ») de cette « âme lyonnaise » pour les soumettre à la question. Au terme de l'étude, j'ai pu inscrire la mise en place et la solidification, par le moyen du discours identitaire, de la définition d'un groupe territorial lyonnais au cours du 19ème siècle. Cette mise en place et cette solidification, qui se déroulent en parallèle à la définition des formes de l'état et de la nation, se situent au confluent de plusieurs usages. Elles s'inscrivent dans des stratégies sociales ou intellectuelles qui ont toutes en commun la Jean François Chanet, L'Ecole républicaine et les petites patries, Paris : Aubier, 1996. Anne-marie Thiesse, Ils apprenaient la France - L'exaltation des régions dans le discours patriotique, Paris : Éditions de la Maison des Sciences de l' Homme, 1997. 21 Stéphane Gerson, The Pride of Place, Local Memories and Political Culture in NineteenthCentury France, It hac a and London: Cornel l University Press, 2003. 22 Par exemple à travers la thématique de la « ville humaniste » qu'on retrouve aujourd'hui comme ingrédient de la réthorique municipale, notamment dans les exposés de motif des politiques d'internationalisation de la municipalité de Lyon et de la communauté urbaine du Grand Lyon. Le collectif Lyon, L'Humaniste. Depuis Toujours, Ville De Foi Et De Revoltes (Paris : Autrement, 2004), ouvrage de commande initié par le Grand Lyon, témoigne du redéploiement et des métamorphoses de « l'esprit lyonnais ». 19 12 préoccupation de chercher une réponse à des situations en mouvement, de comprendre le monde en créant ou en ajustant des catégories de classification de celui-ci. A chaque fois, qu'il s'agisse de penser l'avenir de la société urbaine ou la place de la cité dans l'échafaudage culturel ou économique national, le discours du territoire est une tentative de fixer un réel fluctuant. Par son insistance à vouloir ramasser la diversité changeante d'une société autour d'une essence, d'une vérité liée au milieu et à l'histoire, il traduit une inquiétude qui touche pour l'essentiel les élites sociales, politiques et économiques lyonnaises du 19ème siècle face à des modifications qui s'inscrivent jusque dans les pierres de leur cité. Leur inquiétude est ement liée à l'élargissement de leur monde, dans un élan qui les touche aussi bien que ces paysans dont Eugen Weber nous a conté les aventures dans La fin des terroirs. En ces moments où la crainte de l'effacement est omniprésente, le discours du territoire marque le passage d'une « lyonnaiseté de mémoire », évidente, indicible et pratiquée quotidiennement, à une « lyonnaiseté d'histoire » apprise, signalée et organisée autour de nombreux vecteurs (beaux livres, marionnettes, monuments, quartiers, travaux d'histoire ou listes d'illustres, revues, musées ou célébrations. Identité inquiète, malgré la sûreté de ton qui caractérise pour l'essentiel l'exaltation de « l'esprit lyonnais ». 2. Histoire de l'urbanisme et du gouve rnement municipal en France La thèse achevée, mon activité de recherche se poursuivit sur deux sujets « de rebond », qui élargissaient ou approfondissaient des thèmes abordés durant le travail de doctorat. D'une part, je commençais de travailler sur un projet d'histoire sociale de l'aménagement des villes en France23 qui proposait de traiter cette question sous divers aspects : l'incarnation de l'entreprise de contrôle et d'encadrement du développement des villes dans des réglementations, des administrations, des budgets ; l'élaboration de discours et de théories pour penser et diriger ce développement, jusqu'aux tentatives de mise en discipline de « l'urbanisme » à travers manuels, congrès et revues ; et enfin les activités foisonnantes de ceux qui prennent la parole publiquement pour orienter ce développement, notamment au sein de ce groupe émergent de spécialistes qui revendiquent la détention d'un savoir spécifique, d'une science des villes capable de fonder une expertise et une profession. Ce dernier point, celui du développement de la tentation urbaniste, au coeur des conflits de définition qui mettent aux prises architectes, médecins hygiénistes, ingénieurs sanitaires et géomètres, m'intéressait tout particulièrement parce que j'y voyais une possibilité de dialoguer avec des travaux qui m'avaient intéressés en tant que lecteur, ceux de Luc Boltanski sur les cadres et de Claude Dubard Je n'avais alors, bien que sa présence à mon jury de thèse m'ait paru une évidence et que ses travaux m'eussent procuré un horizon tout au long de mon travail de doctorat, aucune idée que c'eût été là le titre du séminaire que Marcel Roncayolo avait donné dans le DEA conjoint École Normale Supérieure-École des hautes Études en Sciences 1980 sur les identités professionnelles. Ce projet fut celui que je présentai aux concours de recrutement du CNRS entre 1992 et 1994, et sur lequel je fus finalement recruté en 1994 comme chargé de recherches par la section 39 (Espaces, Territoires et Sociétés) et affecté au Laboratoire de Géographie Rhodanienne, une formation où se retrouvaient géographes des Universités Lyon 2 et Lyon 3. Adapté en article, on le retrouve ici comme pièce 5 du dossier de travaux24. Je commençai alors l'enquête à proprement parler, en travaillant à la fois sur les matériaux issus d'archives municipales de villes de la Région Rhône-Alpes, des fonds du CARAN et du Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau, des archives de la Direction Départementale de l'Equipement du Rhône ou des périodiques et publications diverses des années 1920-1930, le tout complété par une campagne d'entretiens avec des architectes, ingénieurs ou urbanistes ayant oeuvré à différents niveaux administratifs. Ces explorations étaient étayées par une campagne de lecture des historiographies britanniques et italiennes autour de l'histoire de l'aménagement des villes à l'époque contemporaine, ainsi que par une conversation directe ou indirecte avec les architectes, historiens, politologues ou sociologues français qui avaient travaillé ces questions (Rémi Baudouï, Viviane Claude, Danièle Voldmann, Jean Pierre Gaudin, Christian Topalov, Susanna Magri). Du fait qu'il était plus facile de travailler sur les archives municipales lyonnaises et voisines que de se livrer à des plongées prolongées dans les documents qui auraient permis l'élaboration d'une histoire sociale de l'urbanisme au niveau national, les publications qui se rattachent à ce projet de recherche s'inscrivent pour l'essentiel dans l'horizon municipal25, à « Où l'auteur propose un plan de travail pour une histoire dite sociale de l'aménagement urbain », Recherches contemporaines, n°3, 1995-1996, p. 33-46 . 25 « La Ville et la ville : Les hommes et les organismes de l'aménagement urbain 19ème-20ème siècle, portraits des services municipaux de six villes de la région Rhône-Alpes », Recherches contemporaines, 3, 1995-1996, p. 121-138. ; « Au Service du plan : hommes et structures 24 15 l'exception l'article rédigé avec Viviane Claude pour le numéro spécial de la revue Vingtième Siècle"Villes en crise?"en 199926. Cet article, qui fait partie du dossier de travaux en tant que pièce numéro 6, était une tentative de synthèse exploratoire, qui incorporait le résultat de nos recherches mutuelles sur l'histoire de l'urbanisme comme discipline, politique publique et profession. Il examine le passage de l'Urbanisme comme cause majuscule à l'urbanisme comme science et ensemble de règles, passage qui se produit dans les premières décennies du 20ème siècle. 16 rythmes et des modalités différents, cette histoire de professionnalisation et de mise en administration de sociétés en voie d'urbanisation. L'article avait aussi un autre agenda, inscrit dans la trajectoire incertaine de l'histoire de l'urbanisme en France: revenir sur le plan d'urbanisme autrement que par l'analyse de ses formes, chercher dans son histoire les aspects quotidiens du travail d'urbanisme, insister sur les traces du développement d'un système professionnel, c'est contribuer à l'inscription de l'urbanisme et des urbanistes dans les processus de l'histoire sociale, de l'histoire politique ou de l'histoire des savoirs. Longtemps objet laissé aux urbanistes eux-mêmes, outil de la dispute entre métiers et individus dans leur tentative de se poser en maîtres de l'urbain (et en détenteurs des parts d'un « marché de l'urbain », comme l'avait pointé Viviane Claude dans ses travaux), l'histoire des métiers, des savoirs et des politiques de l'urbain nous semblait justiciable des sciences sociales et de l'histoire. A ce titre, il s'agissait de continuer l'entreprise commencée dans les années 1970-1980 (et notamment par Marcel Roncayolo) pour que cette histoire mobilise géographes, historiens, sociologues, politologues au coeur de leurs disciplines et pas seulement dans leurs périphéries. Même si j'ai le sentiment d'avoir abandonné ce programme, partagé par des collègues comme Danièle Voldman qui le porte aujourd'hui au Centre d'Histoire du 20ème siècle de l'Université Paris 1, cette contribution à mi chemin entre la synthèse, le bilan de recherches de première main et la note programmatique me semble devoir figurer dans ce dossier comme marque de mon activité aux lendemains du doctorat, alors que la thématique « histoire de l'aménagement urbain semblait devoir m'occuper pour longtemps. En parallèle à ce projet d'histoire sociale de l'urbanisme prenait forme une enquête sur l'histoire des services et employés municipaux. Avec Bruno Dumons et Gilles Pollet, et grâce à un financement du Programme Pluriannuel 17 en Sciences Sociales de la Région Rhône-Alpes, nous avons procédé à une analyse de la situation dans six villes de la région Rhône-Alpes entre le début du 19ème siècle et 1940, avec une attention plus particulière à la période de la III° République pour y tester le canon de la « centralisation républicaine ». Les outils de cette analyse ont été le suivi de l'organisation administrative des municipalités d'une part, et d'autre part une prosopographie des élites administratives à partir d'une sélection de services municipaux (administration générale, hygiène, voirie, assistance, finances, bibliothèques, musées, archives). Ce travail a participé du mouvement de déplacement du regard vers les gouvernements urbains comme lieux de définition de politiques publiques, d'organisation bureaucratique, dans une relation avec le pouvoir d'Etat qui ne soit pas celle de la ventriloquie ou du pouvoir périphérique. À la question « Qui gouverne? », qui avait suscité en science politique et en histoire moderne des réponses centrées sur les élites politiques ou économiques, il répondait par le moyen d'une approche centrée sur les élites administratives des gouvernements urbains et les modalités historiques du développement de ceux ci. Il était en cela proche des travaux de Dominique Lorrain, Jean Claude Thoenig, Jean-Yves Nevers ou Catherine Lecomte sur le gouvernement municipal et certaines de ses politiques sectorielles, et s'inscrivait dans la droite ligne des travaux personnels de Gilles Pollet27. Dans ce contexte, notre contribution faisait le choix d"un travail historique de première main, basé sur un échantillon de villes de taille, coloration politique et profil socio-économique varié, afin de tester les hypothèses formulées par d'autres chercheurs (sur l'organisation du pouvoir municipal) et de fournir des contributions originales (notamment sur les modes de recrutement des fonctionnaires municipaux, leur trajectoire professionnelle ou leur insertion dans la société urbaine). Le résultat de cette enquête, à travers les Gilles Pollet, « La construction de l'Etat social à la française: Entre local et national XIXe et XXe siècles », Lien social et politique-RIAC, 33, 1995, p. 115-131. nombreuses publications qui déclinèrent le fond et parfois la forme de l'ouvrage joint au dossier de publications28, mit en évidence le potentiel d'invention des municipalités dans le domaine des politiques publiques, autant que dans la logistique de leur mise en oeuvre (organisation administrative, personnel). Le développement de politiques publiques du patrimoine, de la culture, de la santé, de l'assistance, se fait sous la III° République par le truchement d'un « État local », la municipalité : la mise en administration de la société française, sinon son étatisation, furent, pour partie, un phénomène décentralisé. Ce jusqu'au coeur de leurs instruments humains, puisque l'ouvrage suggère, avec d'autres, que les phénomènes de rationalisation et de spécialisation caractéristiques de la bureaucratie et de la forme « légale rationnelle » du pouvoir furent initiés par les gouvernements municipaux euxmêmes, avec une capacité d'initiative particulièrement forte jusque dans les années 1920. Par la suite, la nationalisation et l'étatisation croissante des politiques sectorielles, mais aussi du statut ou de la formation des personnels municipaux, semblent amoindrir considérablement l'emprise des élus locaux sur les employés (avec ce paradoxe que pour un temps ceux-ci bénéficient d'une marge de manoeuvre plus conséquente, notamment par le fait des compétences spécifiques qu'ils mobilisent à travers des réseaux professionnels), et sur les politiques publiques. Mais les origines municipales Bruno Dumons et Gilles Pollet, « De l'administration des villes au gouvernement des 'hommes de la Ville' sous la Troisième République », Genèses, 28, 1997, p. 52-75 ; « Élites administratives et expertise municipale. Les directeurs du bureau d'hygiène de Lyon sous la Troisième République », in Martine Kaluszynski et Sophie Wahnich (dir.), L'État contre la politique? Les expressions historiques de l'étatisation, Paris : L'Harmattan, 1998, p. 37-54 ; « Les 'professionnels' du patrimoine sous la Troisième République. Etude prosopographique d'un personnel municipal en charge de la conservation dans six villes de la France du SudEst », in Daniel Grange et Dominique Poulot (dir.), L'esprit des lieux. Le patrimoine et la cité, Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble, 1997, p. 161-179 ; Bruno Dumons et Gilles Pollet, « Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Eclairage sur la sociogenèse de l'Etat contemporain », Politix, 14, 53, 2001, p. 15-32 ; Bruno Dumons, « Entrer au service du gouvernement de la cité. Mais cette découverte trop fragmentaire ne fut pas l'occasion d'une véritable confrontation avec ces travaux, ni de leur appropriation éventuelle pour la recherche sur les municipalités rhonalpines. Aussi, lorsque je rencontrai une collègue canadienne ayant travaillé sur la municipalité montréalaise et qui s'intéressait avec une curiosité égale à la mienne au monde gris de l'organisation des services et aux trajectoires professionnelles des employés, l'occasion étaitelle belle de pousser le bouchon un peu plus loin. En 1998, Michèle Dagenais et moi-même organisâmes donc un atelier du Congrès annuel de l'European Association of Urban Historians. L'atelier rassembla un groupe de chercheurs Bruno Dumons, Gilles Pollet et Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la Troisième République. Des villes du Sud-Est de la France, Paris : Editions du CNRS, 1998 (deuxième édition 2002). 30 Pour un bilan de cette entreprise qui se développait au même moment, et qui au delà du courant « socio-historique » incluait aussi des travaux comme ceux d'Oliver Borraz ou de Patrick Le Galès, voir le numéro spécial de Pôle Sud, « Qui gouverne les villes? », 13, 2000. 31 La rédaction des quatre chapitres de l'ouvrage a été effectuée dans le cadre d'une division du travail par chapitres ou sous-chapitres. J'ai rédigé la seconde moitié du chapitre 1 « Les systèmes municipaux : organisations et organigrammes », ainsi que celle du chapitre 2 « Un processus de bureaucratisation inachevée », le chapitre 3 dans son ensemble et la conclusion générale. 29 20 de diverses provenances disciplinaires, problématiques, générationnelles et nationales, et nous permit de traiter des situations municipales italiennes, françaises, brésiliennes, états-uniennes, britanniques ou allemandes. Il fit par la suite l'objet d'un ouvrage, paru en 2003 et pour lequel Irene Maver s'ajouta à l'équipe éditoriale32. La table des matières en est donnée dans l'annexe 8 du CV complet joint à ce dossier, et l'introduction est présentée en pièce 7 du dossier de travaux33. Cette dernière est un point historiographique sur l'histoire sociale des employés et des services municipaux, et approfondit l'interrogation sur le gouvernement urbain et la contribution des municipalités à la mise en forme des sociétés, des espaces urbains et des politiques publiques dans plusieurs pays. L'état des lieux, qui insistait aussi bien sur la richesse des historiographies allemandes et italiennes en matière d'histoire des services et des employés municipaux que sur les carences des historiographies françaises ou britanniques ou les impasses états-uniennes, revenait sur les différences des appareils légaux et des systèmes de régulation qui président aux activités des gouvernements municipaux et aux statuts des employés dans les différents contextes nationaux. Mais la confrontation des historiographies permet aussi d'interroger les raccourcis des « traditions nationales », quand elles uniformisent des statuts municipaux très variés sous le label national (comme en Allemagne, en Italie ou aux EtatsUnis), ou quand elles opposent de manière rudimentaire des « modèles » en grossissant certains traits (ainsi du contraste classique entre la France et l'Angleterre en matière de centralisation/décentralisation ou de conceptions de la municipalité). Sur cette base, et en croisant histoire administrative, histoire sociale des professions et histoire des politiques publiques, Irene Maver, Michele Dagenais and Pierre-Yves Saunier (eds), Municipal services and employees in the modern city, Aldershot: Ashgate Publishers, 2003 33 Michèle Dagenais and Pierre-Yves Saunier, « Tales of the periphery: an outline survey of municipal employees and services in the 19th and 20th century city », in Irene Maver, Michele Dagenais and Pierre-Yves Saunier (eds), Municipal services and employees in the modern city, Aldershot: Ashgate Publishers, 2003, p. 1-30. 32 21 l'introduction de l'ouvrage revenait sur les raisons pour lesquelles il nous semblait important de mieux connaître les hommes et l'organisation du travail dans les municipalités. Plus que les gouvernements nationaux, en tout cas durant tout le 19ème siècle et une large part du 20ème siècle, l'activité des municipalités se déroulait sur la frontière du marché et du bien public, sur les marches où se définissaient les notions d'expertise et de profession, dans les territoires où s'inventait le service public et en cette région incertaine et disputée du « domaine social », quelque part entre la famille, le marché et l'Etat. « Instituteurs du social » à travers des politiques de logement, de transport, d'emploi, d'éducation, les municipalités et leurs employés pouvaient aussi, avec les intérêts privés, pré à la production de l'espace urbain autour du foncier, de l'assainissement, de l'équipement des cités dans les contextes étudiés par l'ouvrage. Enfin, à l'image de certaines grandes villes, l'importance numérique des employés municipaux en faisait un groupe important dans le paysage électoral et les luttes sociales. Autant de raisons pour se mettre au travail sur le gouvernement local non seulement dans son rapport au gouvernement national, dont d'ailleurs les modalités ne se réduisent pas à des alternances de phases centralisatrices et décentralisatrices, mais aussi pour lui-même. Il me semble qu'ils découlèrent bien davantage du développement volontaire de mes activités d'historien en dehors de l'espace français, et qu'en cela l'ouvrage témoignait d'un projet de développer conversations et communautés dans un autre contexte que celui de l'espace français de la recherche. 22 3. Joyeux tropisme : rythmes et lieux d'une socialisation disciplinaire hors de l'e space français Ce développement dérivait certainement de la situation périphérique dans laquelle je me trouvais au sein de l'espace universitaire français. Historien sans agrégation, recruté dans une section pluri-disciplinaire et affecté à un laboratoire de géographie, de surcroît en section 39, je ne me sentais pourtant pas victime d'une force centrifuge qui m'aurait éloigné des foyers de reconnaissance que constituent revues, associations, colloques ou séminaires des centres de recherche qui font l'actualité de la recherche française en histoire. D'abord parce que je n'avais pas une dilection particulière pour les modes de fonctionnement du monde de la recherche et de l'enseignement supérieur en France34. Mais surtout parce que la situation périphérique évoquée plus haut ne me semblait pas une contrainte, un poids ou une entrave, mais le gage d'une liberté sans condition. En effet, elle me procurait les marges de manoeuvre qui me libéraient du respect des canons disciplinaires, de l'acquisition ou le maintien de positions symboliques dans un D'autant plus que certaines expériences préalables m'avaient fait découvrir des manières de mener la formation des étudiants et la discussion de la recherche qui correspondaient mieux à mes espérances. Deux petits séjours à l'Université de Manchester durant mon doctorat, une année passée à l'Institut Universitaire Européen de Florence en 1993-1994 comme Jean Monnet Fellow avaient été particulièrement édifiantes de ce point de vue. A Manchester, à l'occasion d'échanges autour du projet de recherche que menaient les professeurs John Breuilly, Patrick Joyce et Iorweth Prothero sur la « culture libérale » à Hambourg, Lyon et Manchester au 19ème siècle, j'avais deviné des formes de relations, entre collègues aussi bien qu'entre doctorants et professeurs, qui correspondaient mieux à mes attentes que qui réglaient le fonctionnement du centre de recherche où j'effectuais mon doctorat. À l'Institut Universitaire Européen, le Forum européen « Les identités nationales en Europe » me donna la possibilité de pratiquer l'échange sur une base quasi quotidienne avec des chercheurs appartenant à d'autres disciplines, inscrits dans d'autres univers de référence et de méthodologie, ou tout simplement parties prenantes d'une autre tradition nationale. Cette année fut un élément essentiel de la cristallisation de la manière selon laquelle je voulais pratiquer la recherche et la vie savante, mai aussi l'enseignement et la formation à la recherche. L'absence d'infrastructures en la matière ne m'avait pas permis de continuer cet apprentissage et cet usage une fois revenu en France. En août 1995, un entrefilet dans la revue anglaise Urban History, à laquelle je m'étais abonné à la fin 1994, ravivait cet intérêt. La note présentait aux lecteurs de la revue, sous le titre « Urban history at distance », la liste électronique de discussion H-Urban, qui existait depuis 1993 et fournissait à quelques 900 abonnés des informations (comptes rendus, annonces de bourses, plans de cours, appel à communications) en même temps qu'un forum pour discuter de leurs travaux ou de problèmes liés aux études urbaines. A l'automne, j'achetais un pack d'accès internet et je m'inscrivais sur cette liste où je commençais à poster au printemps 1996. L'année suivante, je me portais volontaire pour participer à l'animation de la liste, comme book review editor pour l'Europe35. A peu près en même temps, un des éditeurs de la revue Contemporary European History, Jonathan Morris36, me proposa de travailler comme book review editor pour cette revue spécialisée dans l'histoire du vingtième siècle européen en prenant en charge les ouvrages d'histoire sociale, économique et Voir l'annexe 6 du CV détaillé pour un bilan de cette activité qui s'acheva en 2001. Le lien avec l'Institut Universitaire Européen était là aussi patent, puisque c'est à Florence que j'avais rencontré J. Morris, lecturer à University College London. culturelle. Opportunité formidable d'étendre mes lectures bien au delà du secteur de l'histoire des villes, et d'explorer une autre facette de l'organisation des comptes-rendus, puisque Contemporary European History ne publiait que des review essays regroupant plusieurs ouvrages à la discrétion du book review editor en accord avec le reviewer. plaisir de la construction n'en était que plus grand : il s'agissait non pas seulement de marier un livre et un recenseur, mais de construire un corpus d'ouvrages selon un angle, un thème, une question. L'exercice me passionna et m'occupa jusqu'à 2003 à raison d'un à deux review essays à publier par trimestre37. J'en ai gardé l'habitude de lire régulièrement les catalogues et les lettres d'information des éditeurs qui se soucient de fournir ces services, ce qui me permet de me tenir au courant des publications en cours ou à venir à la fois en histoire mais aussi dans divers secteurs des sciences sociales. 25 lendemain de la thèse ont été progressivement abandonnés entre 1996 et 1999, dans un mouvement de glissement plutôt que de faille. Le ver était en fait dans le fruit depuis mon séjour florentin. Là j'avais goûté au travail sur d'autres sources que les sources françaises, par le biais d'un travail de comparaison des discours et pratiques identitaires à Florence, Lyon et Manchester qui m'amena à fréquenter les bibliothèques et surtout les archives italiennes38. Dans le même temps, la fréquentation d'une bibliothèque riche en ouvrages d'histoire urbaine en anglais et en italien donnait de nouvelles perspectives à mes projets en matière d'histoire du gouvernement municipal ou d'histoire de l'aménagement des villes. Dans le panorama bibliographique de l'histoire urbaine auquel je m'étais livré durant mon séjour à l'Institut Universitaire Européen, j'avais été frappé par les pistes que suggéraient l'ouvrage d'Anthony Sutcliffe39. Bien que de facture assez classique en ce qui concerne le « récit de fondation » qu'il véhicule au sujet du city planning, l'ouvrage rompait avec la tradition des monographies nationales célébrant les triomphes de la rationalité planificatrice dans chaque pays. Par un travail de synthèse basé sur des sources imprimées, Sutcliffe y balayait l'histoire de l'aménagement des villes dans quatre pays (Allemagne, Etats-Unis d'Amérique, France, Grande Bretagne) sur un long 19ème siècle. Chacun de ces pays était traité dans un chapitre séparé, mais la présentation des développements nationaux des législations et des savoirs en matière d'aménagement urbain était régulièrement saupoudrée qui soulignaient les échanges intellectuels entre espaces nationaux. Enfin, un chapitre final analysait le « mouvement international », en commençant par Les résultats de cette recherche exploratoire furent publiés dans « ville comme antidote? Ou à la rencontre du troisième type (d'identité territoriale) », in Heinz-Gerhard Haupt, Michael G.Müller and Stuart Woolf ( ed s . ), Regional and national identities in Europe in the XIXth and XXth century. Les identités régionales et nationales en Europe aux XIX° et XX° siècles, The Ha gue: Kluwer Law International, 1998, p. 125-164. 39 Anthony Sutcliffe, Towards the planned city. Germany, Britain, the United States and France 1780-1914, London: Basil Blackwell, 1981. 27 4. Urbes Orbi : la piste transnationale commence à Lyon Tout en continuant ma campagne de lecture sur l'histoire de l'aménagement des villes dans le cadre de mon projet CNRS, je commençai donc à prêter une attention particulière aux travaux qui permettaient de saisir les flux de personnes, de plans et de notions entre protagonistes de l'aménagement des villes, mettant à profit des séjours en Italie (1995, 1996) pour écumer les bibliothèques des écoles d'architecture ou d'urbanisme à Rome et à Venise. Cette campagne mit en évidence le rôle de l'exposition comme moment où ces flux étaient mobilisés afin de captiver et convaincre des publics et des pouvoirs. C'est ce que soulignaient en particulier les travaux de Donatella Calabi et Mario Folin sur les expositions montées par Werner Hegemann des deux côtés de l'Atlantique ou encore ceux d'Helen Meller sur les expositions britanniques, au premier rang desquelles celle du Royal Institute of British Architecture en 1910 et l'itinérante Cities and Town Planning Exhibition de Patrick Geddes40. En conséquence, alors que je peignais systématiquement les inventaires tous neufs des Archives Municipales de Lyon, alors en plein renouveau, j'étais particulièrement attentif à y repérer tout ce qui concernait échanges et contacts avec des réalisations étrangères autour des questions d'aménagement des villes. En écho avec mes lectures italiennes, je conçus alors l'idée de travailler sur l'Exposition Internationale de la Cité Moderne organisée à Lyon en 1914, qui était déjà apparue sur le radar au cours de mes travaux de doctorat. Au fur et à mesure du dépouillement systématique des fonds des Archives Municipales de Lyon, la tenue et l'organisation de cette exposition me renvoyaient avec insistance à un ensemble plus large de voyages d'études, de rès, d'organisation ou de participation à d'autres expositions, d'appartenance à des associations internationales de techniciens Donatella Calabi e Mario Follin, Werner Heggeman. Catalogo delle espozisioni internazionali di urbanistica, Berlin 1910, Düsseldorf 1911-12, Milano : Saggiatore, 1975 ; Helen Meller, « Philanthropy and public enterprise : international exhibitions and the modern town planning movement 1889-1913 », Planning perspectives, 10, 1995, p. 295-310. 40 28 et de municipalités. Je décidai donc de déplacer le centre de gravité de l'enquête au delà de l'Exposition de 1914, et de documenter systématiquement ces processus d'information, d'inspiration et d'émulation que révélait la scène lyonnaise entre les dernières décennies du 19ème siècle et le début de la Seconde Guerre mondiale. Les contacts internationaux naissent souvent de circonstances extérieures aux questions urbaines, comme avec la visite en Grande-Bretagne de 1906 qui surgit des limbes de l'Entente Cordiale, et se poursuivent sous le règne de l'opportunité. Ce culte du lien faible est en soi remarquable, et suggère que ce n'est pas dans la mise en place d'institutions ou d'organisations spécialisées qu'il faut chercher les traces de ces pratiques d'information et de prélèvement au sujet des expériences municipales étrangères, ni la mesure de leur succès, échec ou impact. Par ailleurs, l'article a repéré une rythmique chronologique du rapport à l'étranger, dans laquelle se distinguent les années d'avant et d'après 1920. Au-delà de ce moment, on identifie une conception clairement formaliste de l'information internationale urbaine, bien différente des enquêtes ad hoc des années 1906-1920. Avec l'indéniable et progressive familiarisation des services et des élus municipaux lyonnais aux questions liées à l'organisation de la ville moderne, s'est installée une certaine suffisance qui dévalorise la recherche de l'information étrangère. Celle-ci, qui n'avait acquis un statut légitime que sous l'effet de circonstances annexes ou hasardeuses, en particulier à la faveur de l'accession au pouvoir d'un jeune maire totalement inexpérimenté, ressort désormais du gimmick, du passage obligé plus que d'une volonté politique ou technique. Redoublés par les conséquences du jeu économique et diplomatique international dans les années 1920-1930, ces effets ne tardent pas à limiter la recherche d'informations internationales à un 30 jeu d'image autour du thème de la modernité. Cependant, et peut-être plus encore, il me semble qu'il y a dans ces limites la traduction d'une attitude fondamentale du maire E ard Herriot à l'égard de la question urbaine. Cette attitude est importante car le maire est, en France le pivot de l'action municipale. Elle l'est d'autant plus à Lyon, où Herriot restera en fonction jusqu'en 1957, à l'exclusion de l'intermède 1940-1945. Herriot et avec lui l'administration municipale, semblerait ainsi concevoir la question urbaine par accident et par extension. Par accident, comme semblent le signifier les « conversions-révélations » qu'opèrent successivement chez le maire le voyage aux municipalités britanniques en 1906, autour du thème de la municipalité comme acteur de politiques publiques, et celui à l'Exposition de Dresde en 1911 autour des questions d'organisation des villes. Par extension aussi, tant il semble que la question urbaine ne préoccupe le maire que comme point de passage vers la résolution de questions de politique générale qui gravitent autour de l'alliance avec les socialistes (et donc de l'engagement dans la thématique de la réforme sociale et de son versant urbain)42. Le test empirique validait donc les pistes trouvées dans Sutcliffe, augmentées de celles mises en lumière par mes campagnes bibliographiques43. A partir du point de vue fourni par la recherche qui avait donné lieu à l'article de Planning Perspectives apparaissait donc un territoire nouveau pour moi, au croisement de mes intérêts pour l'histoire de l'urbanisme et pour l'histoire du gouvernement municipal : l'histoire des activités inter-municipales, celles qui ont pour objet et pour acteurs le Sur ce point, il faut noter l'évolution de la stature personnelle d'Herriot, qui prend une envergure nationale pendant la Première Guerre Mondiale. 43 Les notes de l'article témoignent des biais de ma connaissance bibliographique. Les ouvrages qui me servaient alors d'aiguillon étaient historiques, mais pas forcément écrits par des historiens, et je n'avais alors aucune connaissance ni idée des travaux des politistes sur l'internationalisation des villes, ni des enquêtes sur les global cities, ni de la littérature économique ou anthropologique sur la globalisation/mondialisation. 42 31 gouvernement des villes, avec une attention particulière sur le secteur de leur aménagement. S'ouvrait aussi, implicitement, la possibilité d'une histoire « à partir de Lyon » qui ne soit pas une « histoire de Lyon ». Ceci pointait une opportunité logistique, dans la mesure où je pouvais commencer d'opérer sur une base financière réduite en travaillant dans des archives et bibliothèques situées à portée de bicyclette. Mais aussi et surtout une opportunité méthodologique puisque la connaissance fine que j'avais des usages lyonnais de l'inter-municipalité pouvait servir de base à un travail sur l'histoire de ces activités inter-municipales, dans leurs diverses incarnations géographiques et chronologiques, bien au delà du cadre lyonnais. 32 B. LA PISTE TRANSNATIONALE. TERRAINS DE JEUX ET EXPÉRIENCES 1. Bonheurs d'archives Les indices qui s'accumulaient au cours du travail d'enquête sur le terrain lyonnais pointaient plusieurs possibles manières de faire. Travailler à reconstituer la consistance, les formes et les impacts du milieu international pouvait se faire en suivant les trajectoires intellectuelles, sociales et géographiques de certains grands urbanistes, et en étendant cette enquête aux figures secondaires, à la manière de Christine Crasemann Collins44. On pouvait aussi parier sur une étude des réalisations et dispositifs adoptés par des gouvernements locaux ou nationaux. D'une certaine manière, cela aurait conduit à reprendre les chemins empruntés par Tony Sutcliffe en substituant une piste municipale à son cadrage national, et en basculant la méthode en direction d'un travail en archives et non pas, comme Sutcliffe, à partir d'imprimés pris comme « sources » sans être replacés systématiquement dans les logiques d'action des acteurs. Une autre solution était celle proposée par Jean Louis Cohen au travers des travaux qu'il avait coordonnés sous l'égide de l'étude de l'américanisation : la tactique était alors de saisir un ensemble de circulations polarisées sur un espace national et de le Celle-ci a récemment concrétisé son projet Hegemann avec la publication de Werner Hegemann and the Search for Universal Urbanism, New York: W.W. Norton & Company, 2005. À lire en compagnie de Caroline F lick, Werner Hegemann (1881-1936). Stadtplanung, Architektur, Politik - ein Arbeitsleben in Europa und den USA, München: K.G. Saur 2006, comme l'a fait Martin Kohlrausch dans sa recension pour H-Soz-u-Kult (http://hsozkult.geschichte.huberlin.de/rezensionen/id=8973&count=1&recno=1&type=rezbuecher& A ces pistes s'ajoutait une option qui consistait à localiser des plates-formes d'observation qui auraient permis d'appréhender sinon l'ensemble, du moins une large part des circulations de savoirs, de personnes, d'idées, de projets, de dessins. Il pouvait alors être efficace d'enquêter sur les organisations qui tentaient de systématiser la circulation des savoirs et des savoir-faire en matière de gouvernement et d'aménagement des villes sur une trame internationale. A partir du début du 20ème siècle, un certain nombre d'associations prenaient en effet ce pari, sur une base européenne ou intercontinentale. La trace en était nette dans les archives lyonnaises, malgré la distance que la municipalité lyonnaise avait maintenu à leur égard : malgré cette réticence, l'Union Internationale des Villes et la Fédération Internationale du Logement et de l'Urbanisme avaient toutes deux constamment approvisionné l'administration municipale lyonnaise en informations sur leur travaux. Une recherche comme celle de Viviane Claude autour de l'Association Générale des Hygiénistes et Techniciens Municipaux suggérait par ailleurs la richesse du travail sur les associations, leurs congrès, leurs périodiques, leur organisation et leur activité, et Helen Meller avait mis en évidence le lien entre la tenue d'une des premières expositions d'urbanisme et la fondation de l'Union Internationale des Villes46. Par ailleurs, les Congrès Internationaux d'Architecture Moderne et leurs réunions fournissaient à l'histoire de l'architecture les jalons identifiant la montée en puissance d'un style international moderne, et de l'urbanisme fonctionnaliste. Quelques indices suggéraient même des matériaux possibles pour explorer plus avant les associations internationales de l'urbain. Jean Jean-Louis COHEN, Scenes of the World to Come: European Architecture and the American Challenge 1893-1960, Montréal/Paris: Canadian Center for Architecture/Flammarion, 1995 ; Jean-Louis Cohen et Hubert Damisch (dir.), Américanisme et modernité. L'idéal américain dans l'architecture, Paris : EHESS-Flammarion, 2003. 46 « Sanitary engineering as a path to town planning: the singular role of the Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux in France and the french-speaking countries 1900-1920 », Planning Perspectives, 4, 2, 1989, p. 153-166. 45 34 Pierre Gaudin indiquai t la présence , dans le fonds du Cabinet Albert Thomas au Bureau International du Travail, de quel ques chemises consacrées à l'Union Internationale des Villes47, et des échanges sur la liste H-Net durant le premier semestre 1996 avaient pointé la richesse des archives personnelles d'un planner américain du nom de John Nolen. Celui-ci avait voyagé en Europe, envoyé ses étudiants parcourir le continent, et participé à l'activité de la Fédération Internationale du Logement et de l'Urbanisme de 1920 à 1936. Enfin, les deux associations dont j'avais trouvé trace dans les archives municipales lyonnaises, l'Union Internationale des Villes et la Fédération Internationale du Logement et de l'Urbanisme, étaient toujours actives à la fin du 20ème siècle. Sous la dénomination d'International Union of Local Authorities qu'elle adopta dans les années 1920, l'Union Internationale des Villes avait son siège à La Haye. Comme je cherchais (vainement) les moyens de passer du temps dans une bonne bibliothèque européenne afin d'y compléter le dépouillement de la bibliographie sur le thème des échanges dans l'histoire de l'urbanisme et y mener à bien un travail sur les périodiques municipaux de la fin du 19ème et du L'avenir en plan : technique et politique dans la prévision urbaine 1900-1930, Seyssel : Champvallon, 1985. 47 35 début du 20ème siècle, un ami me suggéra de candidater pour une bourse Fulbright pour utiliser les ressources des bibliothèques universitaires aux Etats-Unis. Renseignements pris, il s'avéra que les bourses Fulbright étaient accordées pour des projets de recherche impliquant la collecte de sources, et qu'une campagne de lecture en bibliothèques ne pouvait en soi constituer la base d'un dossier de candidature. Je me mis donc au travail à l'automne 1996 pour creuser la piste John Nolen, à partir des indices mentionnés ci-dessus. Mon dossier fut déposé en décembre 1996, et consistait en une demande de séjour de deux mois à Cornell University durant l'année universitaire 19971998, auprès du Department of City and Regional Planning. Ce rattachement était le résultat d'une correspondance avec le professeur John Reps, commencée sur la foi d'indices recueillis auprès de Richard Harris (Macmaster University) et Kevan Frazier (University of West Virginia) grâce à une série de messages sur H-Urban. Le professeur Reps, dont je découvris plus tard qu'il était couramment présenté comme un des « founding fathers » de l'histoire du city planning aux Etats-Unis, m'avait mis en contact avec l'archiviste de la Kroch Library qui s'occupait des papiers John Nolen. Celle-ci m'avait confirmé la présence dans ces papiers de correspondances suivies avec les city planners canadiens, mexicains et européens ( taux et britanniques), de documents liés aux voyages de Nolen (Scandinavie, Allemagne, Mexique, URSS, Grande Bretagne) et de nombreux éléments concernant l'implication de Nolen dans les congrès et l'activité associative de l'Union Internationale des Villes et de la Fédération Internationale du Logement et de l'Urbanisme. Le tout des années 1900 jusqu'à son décès en 1937. Parallèlement au montage de cette candidature, je commençais au printemps 1997 à fréquenter les archives du Bureau International du Travail à Genève. On peut difficilement imaginer outil de recherche plus immédiatement rentable que les index noms et sujets du Registry, l'outil de classification des dossiers du Bureau International du Travail. Issu des 36 pratiques du civil service anglais, ce système a fourni l'armature administrative du Bureau lorsque celui ci a pris forme à Londres, avant de déménager à Genève. Une de ses caractéristiques est l'indexage systématique des courriers entrants et sortants, et la mise sur fiche de ces entrées d'index dans des grandes séries (lieux, sujets, noms). En conséquence, le chercheur contemporain peut rapidement tester certains noms de personnes ou d'organisations, ou de thèmes, et vérifier si les dossiers du Bureau International du Travail contiennent ou non des renseignements à leur sujet. Bien d'autres outils et croisements sont ensuite nécessaires pour affiner ces premiers résultats, mais les index du Registry apportent encouragements et indices vitaux dès le premier contact. En ce qui me concerne, ces visites au Bureau International du Travail, très vite complétées par des séances dans les archives voisines de la Société des Nations, pointèrent immédiatement deux éléments nouveaux. Les dossiers du Bureau International du Travail et de la Société des Nations témoignaient des relations entre les associations qui m'intéressaient et les organisations intergouvernementales nées du Traité de Versailles d'une part, et entre les associations elles-mêmes d'autre part. Ces interactions prenaient les formes de la coopération, de la compétition ou de l'instrumentalisation, sans se laisser capturer dans une formule simple. Les associations n'étaient pas détachées des instances gouvernementales (une association de municipalités est une association de gouvernements, fussentils locaux), et les organisations intergouvernementales recherchaient le contact ou la coopération des associations, l'interface entre les deux formes organisationnelles étant so fournie par des réseaux thématiques ou idéologiques (pacifisme, socialisme, internationalisme). Ces premières visites enrichirent aussi mon paysage, puisque les organisations intergouvernementales de Versailles se révélèrent être des aimants attirant la correspondance, les annonces de congrès ou les publications des associations internationales du monde entier et sur les terrains les plus variés.
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1.3.2.3 Optimisation mono-objectif et optimisation multi-objectifs La plupart des problèmes d'optimisation ont une fonction objectif unique. Cependant, il existe des cas intéressants lorsque les problèmes d'optimisation n'ont pas de fonction objectif ou comportent plusieurs fonctions objectif. Les problèmes de faisabilité sont des problèmes dans lesquels l'objectif est de trouver des valeurs pour les variables qui répondent aux contraintes d'un modèle sans objectif particulier à optimiser. Les problèmes de complémentarité sont omniprésents en ingénierie et en économie. Le but est de trouver une solution qui réponde aux conditions de complémentarité. Des problèmes d'optimisation à objectifs multiples se posent dans de nombreux domaines, tels que l'ingénierie, l'économie et la logistique, lorsque des décisions optimales doivent être prises en présence de compromis entre deux objectifs contradictoires ou plus. Par exemple, développer un nouveau composant peut impliquer de minimiser le poids tout en maximisant la solidité; choisir un portefeuille peut impliquer de maximiser le rendement attendu tout en minimisant les risques. En pratique, les problèmes à objectifs multiples sont souvent reformulés en problèmes à objectif unique soit en formant une combinaison pondérée des différents objectifs, soit en remplaçant certains objectifs par des contraintes. 1.3.2.4 Optimisation déterministe et optimisation stochastique En optimisation déterministe, il est supposé que les données pour le problème à optimiser sont connues avec précision. Cependant, pour de nombreux problèmes réels, les données ne peuvent pas être connues avec précision pour diverses raisons. La première raison est due à une simple erreur de mesure. La deuxième raison, plus fondamentale, est que certaines données représentent des informations sur le futur (par exemple, la demande d'un produit ou un prix pour une période future) et ne peuvent tout simplement pas être connues avec certitude. En optimisation sous incertitude, ou optimisation stochastique, l'incertitude est incorporée dans le modèle. Des techniques d'optimisation robustes peuvent être utilisées lorsque les paramètres ne sont connus que dans certaines limites. Le but est de trouver une solution réalisable pour toutes les données et optimale dans un sens. Les modèles de programmation stochastiques tirent profit du fait que les distributions de probabilité régissant les données sont connues ou peuvent être estimées; l'objectif est de trouver une stratégie qui soit réalisable pour toutes les instances de données possibles (ou presque) et d'optimiser les performances attendues du modèle. 1.3.3 Méthodes méta-heuristiques Les méta-heuristiques sont une famille d'algorithmes stochastiques, apparues à partir de l'année 1980, destinées à la résolution des problèmes d'optimisation difficiles. Elles permettent d'obtenir une valeur approchée de la solution optimale en un temps raisonnable. Leur particularité réside dans leur fléxibilité, càd que celles-ci sont adaptables à la résolution d'un ensemble de problèmes dans différents domaines sans avoir à modifier le principe de base de la méthode (d'où le qualificatif'méta'). Les méta-heuristiques sont souvent inspirées de processus naturels qui relèvent de la physique (l'algorithme du recuit simulé), de la biologie de l'évolution (les algorithmes génétiques) ou encore de l'éthologie (les algorithmes de colonies de fourmis ou l'optimisation par essaim particulaire). L'ensemble des méta-heuristiques proposées dans la littérature sont partagées en deux classes: des métaheuristiques à base de solution unique et des méta-heuristiques à base de 44 population de solutions [14]. Les méta-heuristiques à base de solution courante unique manipulent un point, et décident à chaque itération quel sera le point suivant. Elles débutent la recherche avec une seule solution initiale et se basent sur la notion du voisinage pour améliorer la qualité de la solution courante. De nombreuses méthodes à base de solution unique ont été proposées dans la littérature. Parmi lesquelles: le recuit simulé, la recherche tabou, la recherche à voisinage variable, la recherche locale réitérée, la recherche locale guidée, la descente etc. Les méthodes à base de population de solutions: qui manipulent une population de points, et à chaque itération un nouveau jeu de points est choisi. Elles débutent la recherche avec une multitude de solutions. Elles s'appliquent sur un ensemble de solutions afin d'en extraire la plus adéquate (l'optimum global) qui représentera la solution du problème traité. L'utilisation d'un ensemble de solutions au lieu d'une seule solution permet une bonne diversité de la recherche et augmente la possibilité d'émergence de solutions de meilleure qualité. Une grande variété de méthodes basées sur une population de solutions a été proposée dans la littérature, commençant par les algorithmes évolutionnaires, passant par les algorithmes génétiques et arrivant aux algorithmes à base d'intelligence par essaims (l'algorithme d'optimisation par essaim de particules, l'algorithme de colonies de fourmis, l'algorithme de colonies d'abeilles, etc. Métaheuristiques (1-7) Métaheuristiques à solution unique Métaheuristiques à population de solutions Les principales étapes de l'algorithme de notre approche MPSO proposée sont les suivantes: Recuit Recherche Recherche Essaims Colonies de Algorithmes simulé tabou locale particulaires fourmis évolutionnaires • Étape 1: Attribuer les particules pour l'ensemble de l'espace recherchede méta-heuristiques en Figure 1-4de Exemples à solution unique et à population de solutions. générant leurs positions, Méthode d'essaim particulaire (PSO) vitesses 1.3.3.1 et topologie de communication.par essaim particulaire ( en anglais : Particle Swarm Optimization ) est une L'optimisation méta-heuristique d'optimisation stochastique à base de population de solutions, proposée en • Étapepar 2:James Créer Kennedy les voisinages 1995 (socio-psychologue) et Russel Eberhart (ingénieur électricien) pour viarésolution la valeur initiale du rayon.d'optimisation, plus particulièrement les problèmes à variable la des problèmes continue [15]. • Étapeest3: basée Divisersurle le traitement Elle comportement social des individus évoluant en essaim, càd, les l'algorithmesociales PSO »surentre un des « agents » appelés « particules » représentant un «deinteractions traitements: pour un objectif donné dans un espace de recherche commun où «ensemble essaim »,dedans le but d'atteindre traitement on certaine attribuecapacité de mémorisation et de traitement de l'information. chaque particule a une un thread. Dans PSO le comportement social est modélisé par une équation mathématique permettant de guider les particules durant leur processus de déplacement [15]. • Étape 4: Attribuer lesparticule lots de est influencé par trois composantes: la composante d'inertie, Le déplacement d'une particules aux threads. la composante cognitive et la composante sociale. Chacune de ces composantes reflète une partie de l'équation, Figure –5 [1]: • Étape 5: Lancer les traitements de tous les threads en parallèle pour une itération. 1. La composante d'inertie: la particule tend à suivre sa direction courante de déplacement; 2. La composante cognitive: la particule tend à se diriger vers le meilleur site par lequel elle est déjà passée; 3. La composante sociale: la particule tend à se diriger vers le meilleur site atteint par ses voisines. Figure 1-5 Déplacement de la particule. Formalisation et algorithme Une particule i de l'essaim dans un espace de recherche de dimension D est caractérisée, à l'instant t, par: • X: sa position dans l'espace de recherche, • V: sa vitesse, • Pb: la position de la meilleure solution par laquelle elle est passée, • Pg: la position de la meilleure solution connue de tout l'essaim, • f (Pb): la valeur de fitness de sa meilleure solution, • f (Pg): la valeur de fitness de la meilleure solution connue de tout l'essaim, Le déplacement de la particule i entre les itérations t et t+1 se fait selon les deux équations (16) et (1-7) [15] : 47 (1-6) (1-7) Où : • C1 et C2 : deux constantes qui représentent les coefficients d'accélération, elles peuvent être non constantes dans certains cas selon le problème d'optimisation posé [16] [17]. • r1 et r2 : deux nombres aléatoires tirés de l'intervalle [0,1]. L'algorithme de base de la méthode PSO proposé par [15], commence par une initialisation aléatoire des particules dans leur espace de recherche, en leurs attribuant une position et une vitesse initiales. À chaque itération de l'algorithme les particules se déplacent selon les équations (1) et (2) et les fonctions objectif (fitness) des particules sont calculées afin de pouvoir calculer la meilleure position de toutes Pg. La mise à jour des Pb et Pg est faite à chaque itération (voir Figure 1–6). Le processus est répété jusqu'à satisfaction du critère d'arrêt. 48 Figure 1-6 Organigramme de l'algorithme de base de la méthode PSO. o Paramètres PSO Comme toute méta-heuristique, PSO dispose d'un ensemble de paramètres qui interviennent et influencent sa performance. Le choix de ces paramètres reste critique et dépend généralement du problème posé [18] [19] mais a une grande influence sur la convergence de l'algorithme. Parmi les paramètres qui rentrent en ligne de compte nous pouvons citer : • Nombre des particules L'un des paramètres clés de la méthode PSO est le nombre de particules, ce dernier influence grandement la performance de l'algorithme, surtout au niveau du temps de calcul, puisque la 49 présence de chaque particule dans l'algorithme provoque un calcul : évaluation de la position et déplacement de la particule [20]. La quantité de particules allouées à la résolution d'un problème dépend de plusieurs paramètres, à savoir : la dimension du problème à optimiser (la taille de l'espace de recherche), le rapport entre les capacités de calcul de la machine et le temps maximum de recherche et surtout la complexité du problème d'optimisation. Le choix d'une valeur adéquate pour ce paramètre n'est pas une tâche facile, puisqu'il n'y a pas de règle pour la déterminer, seule une expérimentation massive en faisant de nombreux essais permet de se doter de l'expérience nécessaire à l'appréhension de ce paramètre. • Ce paramètre est d'une liaison directe avec le problème à optimiser, il représente l'espace de recherche et d'évolution des particules, et bien sur la dimension du problème impacte la convergence de l'algorithme, au niveau du temps de calcul : traiter un problème à 2 dimensions, ne prend pas le même temps qu'un problème à 30 dimensions, et aussi au niveau de la fiabilité des résultats : la précision des résultats à petite dimension n'est pas la même que celle liée aux problèmes dimension élevée. • Disposition des particules Avant le démarrage de l'algorithme, les positions des particules ainsi que leurs vitesses initiales doivent être initialisés aléatoirement selon une loi uniforme sur [01]. Cette disposition initiale a une influence sur le déplacement prochain de chaque particule et donc la convergence de l'algorithme, surtout dans le cas de la constitution de voisinages géographiques. Cependant, il existe un ensemble de générateurs automatiques de positions, permettant d'attribuer des positions différentes à l'ensemble de l'essaim. Plusieurs études existent dans ce sens [21]. Le générateur de séquence de SOBOL est l'un des plus performants dans le domaine, pour une disposition homogène des particules dans un espace de dimension n suite à une étude faite par [22] qui ont utilisé une certaine séquence à faible écart pour initialiser les particules. 50 Les chercheurs ont utilisé les générateurs de séquences de Halton, Sobol et Faure pour initialiser l'essaim. Ils ont ensuite testé les variantes proposées à l'aide de six fonctions de test standard. Ils ont constaté que la performance de PSO avec l'initialisation Sobol est la meilleure parmi toutes les techniques. • Coefficients de confiance Ces deux paramètres sont utilisés dans la formule de déplacement des particules, ils sont variables et pondèrent les tendances de la particule à vouloir suivre son instinct de conservation ou son panurgisme. Les variables aléatoires et peuvent être définies de la façon suivante : Où r1 et r2 suivent une loi uniforme sur [01] et C1 et C2 : sont des constantes positives déterminées de façon empirique et suivant la relation ( C1 + C2 ) ≤ 4. Vu l'utilisation importante de ces paramètres à chaque itération de l'algorithme PSO, plusieurs études ont été menées pour trouver leurs valeurs optimales • Le critère d'arrêt représente l'une des clés de succès de l'algorithme PSO, choisir un critère d'arrêt optimal n'est pas une tâche facile, et ne se fait pas au hasard, mais doit être le résultat d'une étude approfondie de la problématique ainsi qu'une expérimentation massive. Ce paramètre diffère selon le problème d'optimisation posé et les contraintes définies par l'utilisateur, il est fortement conseillé de doter l'algorithme d'une porte de sortie puisque la convergence vers la solution optimale globale n'est pas garantie dans tous les cas de figure même si les expériences indiquent la grande performance de la méthode. De ce fait plusieurs études ont été menées dans ce sens [23], différentes propositions ont eu lieu: l'algorithme doit alors s'exécuter tant que l'un des critères de convergence n'a pas été atteint cela peut être: le nombre maximum d'itérations; l'optimum global est connu a priori, on peut définir une 51 "précision acceptable", la variation de la vitesse est proche de 0. D'autres critères d'arrêt peuvent être utilisés selon le problème d'optimisation posé et des contraintes définies par l'utilisateur. o Améliorations de la méthode PSO Depuis son apparition, l'algorithme PSO a eu un grand succès dans le domaine de l'optimisation, et a intéressé une grande communauté scientifique. Plusieurs améliorations ont été apportées à l'algorithme de base de la méthode, différentes variantes ont été proposées soit en l'hybridant avec d'autres méta-heuristiques, en le parallélisant, ou en ajoutant certains nouveaux paramètres [24] -[28]. Parmi les versions proposant l'ajout de certains paramètres : • Coefficient d'inertie Le efficient d'inertie a été introduit par [29] pour contrôler l'influence de la direction de la particule sur le déplacement futur. Le but de l'introduction de ce paramètre est de réaliser un équilibre entre la recherche locale (exploitation) et la recherche globale (exploration). La formule (1-6) de calcul de la vitesse devient: (1-8) La valeur de ω est généralement constante, mais peut être variable dans certains cas, une grande valeur de ω est synonyme d'une grande amplitude de mouvement et donc d'exploration globale de l'espace de recherche. Les études menées par [29] indiquent une meilleure convergence pour entre 0.8 et 1.2. La détermination de la meilleure valeur de ce paramètre pour chaque algorithme se fait à travers des expérimentations numériques. Dans [29], les auteurs ont proposé un coefficient d'inertie dynamique qui varie au cours du temps, et diminue linéairement au cours du processus de l'optimisation. • Facteur de constriction Le facteur de constriction a été proposé par [30], dans le but d'améliorer la convergence de l'algorithme, de prévenir l'explosion de l'essaim et de contrôler la vitesse des particules afin d'échapper au problème de la divergence de l'essaim qui cause la convergence prématurée de l'algorithme. La formule de la vitesse (1-6) devient alors: (1-9) Où : Et : Selon d'autres études menées par [31], dans certains cas, le coefficient de constriction seul ne permet pas la convergence vers la solution optimale pour un nombre d'itérations donné. Pour résoudre ce problème, il peut être intéressant de fixer Vmax = Xmax en plus du coefficient de constriction, ce qui permet d'améliorer les performances globales de l'algorithme. • C'est un paramètre qui a été proposé par [32], comme solution au problème de déviation des particules au cours de leur déplacement. L'objectif été de limiter la vitesse des particules par l'intervalle [-Vmax, Vmax] dans le but de contrôler le déplacement de chaque particule dans l'espace de recherche. L'introduction de Vmax a permis un meilleur contrôle de déplacement des particules pour une convergence plus optimale. L'utilisation de ce paramètre a donné lieu à plusieurs publications [33] - [35]. 53 • Notion de voisinage Le voisinage constitue la structure du réseau social. Le voisinage d'une particule représente avec qui chacune des particules va pouvoir communiquer. Il existe deux principaux types de voisinages : Le voisinage géographique: ce type de voisinage représente la proximité géographique, c'est la notion la plus naturelle du voisinage pour les essaims particulaires, les voisins sont considérés comme les particules les plus proches. Cependant, à chaque itération, les nouveaux voisins doivent être recalculés à partir d'une distance prédéfinie dans l'espace de recherche. C'est donc un voisinage dynamique qu'il convient de définir et d'actualiser à chaque itération. Le voisinage social: ce type de voisinage représente la proximité sociale, les voisinages ne sont plus l'expression de la distance mais l'expression de l'échange d'informations, les voisins sont définis à l'initialisation et ne sont pas modifiés par la suite. Une fois le réseau des connexions sociales établi, il n y à pas besoin de le réactualiser. C'est donc un voisinage statique. La modification de la formule de vitesse (1-6) est réalisée en utilisant un nouveau terme dans l'équation. Il a été introduit par [36], son illustration paraît dans Figure 1–7 [2] : (1-10) Où : Pn: La meilleure position du voisinage. C3 : Le coefficient d'accélération, appelé aussi paramètre social. r3 : Nombre aléatoire tiré de l'intervalle [0,1]. 54 Figure 1-7 • Déplacement de la particule avec la notion de voisinage. Topologie de voisinage Le réseau de rapports entre toutes les particules est connu sous le nom de "la topologie de l'essaim". Le choix d'une topologie de voisinage à une importance cruciale, plusieurs études de topologies ont été menées à ce propos [37], différentes combinaisons ont été proposées dont les plus utilisées sont susmentionnées ci-dessous [2] : Topologie en anneau (Figure 1–8 (a)): chaque particule est reliée à n particules, (généralement n = 3), chaque particule tend à se diriger vers la meilleure dans son voisinage locale. Topologie en rayon (Figure 1–8 (b)): la communication entre les particules est faite via une particule centrale, seule cette dernière ajuste sa position vers la meilleure, s'il y à amélioration de sa position, l'information est alors propagée à ses congénères. Topologie en étoile (Figure 1–8 (c)): chaque particule est reliée à toutes les autres, le réseau social est complet, càd. L'optimum du voisinage est l'optimum global. 55 Figure 1-8 Différents types de topologies pour un essaim de particules. 1.3.3.2 Méthode du recuit simulé (SA) La méthode du recuit simulé (en anglais « Simulated Annealing »), est une méta-heuristique d'exploration stochastique proposée en 1983 par les trois physiciens de la société IBM Kirkpatrick, Gelatt et Vecchi en 1983 [38], et indépendamment par Siarry en 1984 [39] et Cerny en 1985 [40], elle est inspirée d'un processus utilisé en métallurgie pour améliorer la qualité d'un solide. o Origine et fonctionnement La méthode du recuit simulé est une généralisation de la méthode Monte-Carlo ; son but est de trouver une solution optimale pour un problème donné. On alterne dans cette dernière des cycles de refroidissement lent et de réchauffage (recuit) qui ont pour effet de minimiser l'énergie du matériau. Cette méthode est transposée en optimisation pour trouver les extrema locaux d'une fonction. Son fonctionnement se présente comme suit [14]: on commence d'abord par chauffer le métal jusqu'à une certaine température où il devient liquide (les atomes peuvent donc circuler librement). Après avoir atteint ce stade, on baisse la température très lentement de sorte à obtenir un solide. Si cette baisse de température est brusque on obtient alors du verre « état solide amorphe » ; si au contraire cette baisse de température est très lente (laissant aux atomes le temps d'atteindre l'équilibre statistique), nous obtiendrons « état solide cristallin » : des structures de plus en plus régulières, jusqu'à atteindre un état d'énergie minimale correspondant à la structure parfaite d'un cristal, on dit alors que le système est « gelé ». En fait, les thermodynamiciens ont remarqué qu'une baisse brutale de la température d'un liquide entraîne une reproduction d'un optimum local, i.e. une structure amorphe. Alors qu'une baisse progressive de la température du liquide permet d'aboutir à un optimum global, i.e. une structure bien construite. C'est l'idée prise en considération par les métallurgistes qui savent que si le métal refroidit trop vite, il contiendra beaucoup de défauts microscopiques et s'il refroidit lentement ils obtiendront une structure bien ordonnée [41]. L'algorithme SA établi le lien entre ce type de comportement thermodynamique et la recherche de minima globaux pour traiter les problèmes d'optimisation combinatoire. On dit généralement que l'algorithme SA est le plus ancien de la famille des métaheuristiques, et certainement l'un des rares algorithmes ayant des stratégies explicites pour éviter les minima locaux. L'idée fondamentale est d'accepter les solutions qui aboutissent à des solutions de qualité inférieure à celle de la solution actuelle afin d'échapper aux minima locaux. La probabilité de faire un tel mouvement est réduite pendant la recherche. o Algorithme de SA La méta-heuristique du recuit simulé s'inspire de l'algorithme de Métropolis [42], qui permet de décrire l'évolution d'un système thermodynamique, on part d'une configuration donnée, et on lui fait subir une modification aléatoire. Si cette modification fait diminuer la fonction objectif (ou énergie du système), elle est directement acceptée ; Sinon, elle n'est acceptée qu'avec une probabilité égale à exp(∆E/T) (avec E=énergie, et T=température), cette règle est appelée critère de Metropolis [43]. Pour l'algorithme du recuit simulé, on applique itérativement l'algorithme de Metropolis, pour engendrer une sé de configurations qui tendent vers l'équilibre thermodynamique : commençant par choisir une température de départ T=T0 et une solution initiale S=S0 ; ensuite générer une solution aléatoire dans le voisinage de la solution actuelle ; après comparer les deux solutions selon le critère de Metropolis; répéter les deux dernières opérations jusqu'a ce que l'équilibre statistique soit atteint ; enfin décroitre la température et répéter jusqu'a ce que le système soit gelé (atteinte du critère d'arrêt). La Figure 1–9 représente l'organigramme de l'algorithme du recuit simulé. Figure 1-9 Organigramme de l'algorithme SA. 1.4 Conclusion Ce chapitre est une initialisation aux différentes notions utilisées dans nos travaux de thèse. Il porte sur le principe général du concept de la parallélisation en informatique, en décrivant un ensemble de ses propriétés, ses différentes stratégies et modèles. Ce chapitre aborde également le concept de la programmation concurrente, utilisé dans nos modèles parallèles sur la méthode PSO. Une autre partie a été consacrée au concept d'optimisation en mettant en exergue les deux méta-heuristiques : l'optimisation par essaim particulaire (PSO) méthode approchée à population de solutions et le recuit simulé (SA) méthode approchée à solution unique. Les modèles proposés dans les chapitres qui suivent seront basés sur ces deux méta-heuristiques. Le prochain chapitre quant à lui aborde la description de deux modèles parallèles pour la méthode PSO ainsi que le développement des résultats obtenus pour les dits modèles. 59 Chapitre 2Proposition de deux modèles parallèles basés sur la méthode PSO SOMMAIRE 2.1 INT RODUCTION 61 2.2 MODELES PARALLE LES BASES SUR LA METHODE PSO 62 2.3 APPROCHES PROPOS EES : DEUX PARALLELISATIONS BASEES SUR LA METHODE PSO 66 2.3.1 Pro position du premier modèle parallèle (PPSO1) 66 2.3.2 Proposition du deuxième modèle parallèle (PPSO2) 70 2.4 DESCRIPTION DES EXPERIMENTATIONS ET RESULTATS 74 2.4.1 Fonctions tests 74 2.4.2 Paramètres expérimentaux 75 2.4.3 Résultats 77 2.4.4 Analyse des résultats 79 2.5 CONCLUSION 81 60 2.1 Introduction Pour certains problèmes d'optimisation, les méthodes de résolution dites exactes, ne permettent pas de trouver la solution optimale dans une durée de temps raisonnable. C'est l'une des principales raisons qui ont contribué à la naissance des méta-heuristiques. Cette famille d'algorithmes permet en effet de résoudre des problèmes d'optimisation complexes face auxquels les méthodes classiques manquent d'efficacité. Cependant ces algorithmes de recherche ne peuvent garantir l'optimalité de la solution trouvée. La méthode PSO a rapidement pris place parmi les méthodes les plus performantes dans la famille des méta-heuristiques dédiée à la résolution des problèmes d'optimisation complexes. Bien que cette méta-heuristique soit très populaire par sa robustesse, elle présente néanmoins plusieurs inconvénients dont les plus étudiés sont le temps de calcul élevé et la convergence prématurée. Ce chapitre présente deux modèles basés sur PSO et visant à échapper à ces deux inconvénients de la méthode. Le premier modèle propose une nouvelle notion de voisinage géographique permettant une meilleure exploration de l'espace de recherche dans le but d'améliorer la qualité de la solution et d'éviter la convergence prématurée de la méthode. Le calcul parallèle y est utilisé pour accélérer les calcul et diminuer le temps de calcul afin d'obtenir une solution optimale en un temps de calcul raisonnable. Le deuxième modèle quant à lui repose sur la division de l'espace de recherche en sous espaces, et le lancement en parallèle d'un ensemble de PSO indépendants dans chaque sous espace à la recherche de l'optimum. Cela permet une meilleure exploration et exploitation de l'espace de recherche en un temps raisonnable. Une expérimentation des deux modèles a été effectuée. Les résultats obtenus ont été satisfaisants et seront présentés en détails dans la suite de ce chapitre. 2.2 Modèles parallèles basés sur la méthode PSO Bien que la méthode PSO soit connue pour être l'une des méthodes les plus performantes dans le domaine de l'optimisation, comme toute méta-heuristique elle présente des défauts, la convergence prématurée et le temps de calcul étant les plus traités dans ce domaine. La convergence prématurée: La structure d'exécution et le principe de déplacement des particules pour la méthode PSO mènent à une convergence prématurée. A titre d'exemple: si une particule de l'essaim se dirige vers un site " contenant une solution sous-optimale", et se déclare à une itération meilleure de son groupe, cette information affectera le déplacement de toutes les particules de l'essaim lors de la prochaine itération. Les particules vont se diriger vers ce site, ce qui engendra une convergence prématurée. Le temps de calcul: tous les calculs pour la méthode PSO se font de façon séquentielle, ce qui peut amener à un temps de calcul considérable, surtout pour les problèmes d'optimisation complexes. Exemple: Si on lance l'algorithme PSO sur une population de particules de "dimension élevée", les calculs se feront à chaque itération pour chaque particule pour toutes ses dimensions de façon séquentielle ce qui provoquera un temps élevé de calcul. Comme mentionné précédemment, dans l'implémentation de l'algorithme classique de la méthode PSO, tous les calculs se font d'une manière séquentielle, c'est de là que découle l'idée de la parallèlisation afin d'améliorer les performances de l'algorithme. Plusieurs scénarios sont proposés, nous distinguons : • En 2005, dans [44], une version parallèle de l'algorithme d'optimisation par essaim de particules est présentée, ainsi que trois stratégies de communication utilisables en fonction de l'indépendance des données. La première stratégie conçue pour les paramètres de solutions indépendantes ou faiblement corrélées, telles que les fonctions test Rosenbrock et Rastrigrin. La deuxième stratégie de communication peut être appliquée aux paramètres plus fortement corrélés, tels que la fonction Griewank. Dans les cas où les propriétés des paramètres sont inconnues, une troisième stratégie de communication hybride peut être utilisée. Les résultats expérimentaux démontrent l'utilité de l'algorithme parallèle proposé. 62 • Dans [45], ont testé en 2006 à la fois les algorithmes synchrones et asynchrones des PSO parallèles pour l'optimisation des paramètres typiques des ailes d'un avion de transport. Le résultat indique que l'algorithme PSO asynchrone fonctionne mieux que le PSO synchrone en terme d'efficacité parallèle. [46] ont mis en oeuvre en 2006 un algorithme PSO parallèle asynchrone pour les problèmes de tests analytiques et biomécaniques. Les résultats expérimentaux obtenus montrent que le PSO asynchrone est 3,5 fois plus rapide que l'algorithme du PSO synchrone. • Byung et Alan en 2006 [47] ont effectué des analyses pour déterminer les performances parallèles de la méthode PSO, en évaluant quatre problèmes de test analytique et un problème de test biomécanique. Ils ont calculé les performances parallèles des tests élémentaires sur des clusters Linux homogènes et hétérogènes. Dans le cas asynchrone, ils ont considéré l'un des processeurs comme maître et les autres comme esclaves. Le processeur maître est utilisé pour initialiser tous les paramètres d'optimisation et pour mettre à jour les positions des particules. Le cas asynchrone parallèle utilise la file d'attente First-In-First-Out (FIFO) pour évaluer les particules. La communication entre les processeurs maîtres et esclaves est réalisée à l'aide d'un schéma de communication point à point mis en oeuvre avec l'interface de transmission de message. Les résultats obtenus pour les différents modèles parallèles proposés sont meilleurs que ceux du modèle séquentiel. • Dans [48] en 2007, une approche PSO parallèle nommée (MRPSO) basée sur le modèle de programmation parallèle MapReduce, dans le but de traiter les problèmes d'optimisation complexes. MRPSO a été appliquée a un ensemble de fonctions test très connues dans le domaine de l'optimisation pour leur difficulté. D'après les résultats obtenus, MRPSO peut gérer jusqu'à 256 processeurs pour des problèmes d'optimisation moyennement difficiles et tolère les pannes de noeuds. • Dans cette étude [49] effectuée en 2010, deux algorithmes sont és pour la détermination de la tarification des options en utilisant l'optimisation par essaim de particules. Le premier algorithme que nous avons développé est l'algorithme synchrone d'évaluation des options utilisant PSO (SPSO), et le second est l'algorithme synchrone parallèle d'évaluation. Les résultats de tarification obtenus de ces deux algorithmes sont proches par rapport au 63 modèle classique de Black-Scholes-Merton pour les options européennes simples. Un test de l'algorithme PSO parallèle synchrone dans trois architectures a été effectuée sur: une machine à mémoire partagée utilisant OpenMP, une machine à mémoire distribuée utilisant MPI et une architecture multicoeur homogène exécutant MPI et OpenMP (modèle hybride). Les résultats montrent que le modèle hybride gère bien la charge lorsqu'il y a une augmentation du nombre de particules en simulation tout en maintenant une précision équivalente. • Un algorithme parallèle d'optimisation par essaim de particules est décrit dans [4], proposé en 2012 pour résoudre le problème de couverture des jeux de poursuite-évasion, où plusieurs poursuivants doivent coopérer pour couvrir la zone de fuite potentielle d'un fraudeur agile dans un délai raisonnable. La zone à couvrir est complexe et donc difficile à calculer analytiquement. Avec l'utilisation de l'algorithme PSO parallèle proposé, la couverture maximale est atteinte en moins de temps, compte tenu du nombre minimal de poursuivants. Le temps de calcul peut être réduit davantage en optimisant la fonction de fitness en fonction de la localité des données. De plus, l'utilisation d'une longueur variable de trame de données de communication permet de réduire le temps de communication entre processus lorsque le nombre de processeurs augmente (plus de quatre dans l'exemple de test). Les résultats de la simulation montrent une comparaison entre l'accélération, le temps de calcul avant et après l'optimisation de la fonction de fitness et le temps de communication entre trames de données fixes et variables. Les positions et les orientations des poursuivants sont également présentées pour montrer l'efficacité de l'algorithme parallèle proposé. • Dans [5], les auteurs en 2014 introduisent plusieurs squelettes fonctionnels parallèles qui, dans une implémentation séquentielle de la méthode PSO, en fournissent automatiquement les implémentations parallèles correspondantes. Ils utilisent ces squelettes et rapportent quelques résultats expérimentaux. Ils constatent que, malgré le faible effort requis par les programmeurs pour utiliser ces squelettes, leurs résultats empiriques montrent que les squelettes proposés atteignent des vitesses d'accélération raisonnables. • En 2015, Les auteurs de [50], ont développé la problématique des problèmes de satisfaction des contraintes (Constraint Satisfaction Problems CSP qui se produisent dans 64 différents domaines. Plusieurs méthodes sont utilisées pour les résoudre. En particulier, la méta-heuristique PSO qui permet de résoudre efficacement les CSP en réduisant considérablement le temps de calcul nécessaire pour explorer l'espace de recherche des solutions. Cependant, PSO est excessivement coûteuse face à de grandes instances. Pour ce travail, un intérêt particulier a été porté aux problèmes de satisfaction de contrainte maximale (Max-CSP) en proposant une nouvelle approche de résolution qui permet de résoudre efficacement les Max-CSP, même avec de grandes instances. L'objectif était d'implémenter une méthode basée sur PSO en utilisant l'architecture GPU (Graphics Processing Unit) en tant que cadre d'informatique parallèle. 2.3 Approches proposées : deux parallélisations basées sur la méthode PSO Dans cette section, deux modèles parallèles PPSO1 et PPSO2 basés sur la méthode PSO seront développés accompagnés des résultats expérimentaux de chaque modèle. 2.3.1 Proposition du premier modèle parallèle (PPSO1) Le scénario que nous avons adopté dans ce premier modèle dénommé PPSO1 permet de paralléliser les calculs en lançant un ensemble de threads sur des lots de particules se positionnant dans des voisinages différents. Les threads, (sorte de processus Java dans notre expérimentation), s'exécutent en parallèle à chaque itération de l'algorithme. Chaque thread exécute le traitement d'une itération de son lot de particules, et attend que les autres threads finissent leurs traitements pour mettre à jour les voisinages et commencer une nouvelle itération. Ce scénario se répète jusqu'à l'obtention d'une solution satisfaisante: "atteinte du critère d'arrêt". La particularité de ce modèle consiste à profiter de la robustesse de l'algorithme PSO dans le choix du bon paramétrage afin de créer la diversité dans la recherche (dans notre cas: la répartition des particules dans l'espace de recherche et notre notion de voisinage) et dans le partage de l'information pour faciliter la convergence. Le calcul parallèle permet d'accélérer les calculs afin d'avoir une solution "optimale" dans un temps de calcul optimisé. Figure 2-1 est une représentation de l'approche proposée [51]. 66 Figure 2-1 2.3.1.1 Représentation du modèle parallèle proposé "PPSO1". Création des voisinages Pour le présent modèle PPSO1 basé sur la méthode PSO, la démarche de création des voisinages en deux dimensions est effectuée de la manière suivante: 67 1. On commence tout d'abord par la création de l'espace global de recherche selon les valeurs du domaine de recherche de la fonction objectif. 2. Ensuite, on divise l'espace global en sous espaces à travers une valeur du "pas" qu'on attribue à chaque axe: les valeurs des pas a et b sont attribuées respectivement aux axes X et Y. 3. On attribue un numéro à chaque voisinage "cellule". L'objectif est qu'à chaque itération, chaque particule doit connaître son voisinage et chaque voisinage doit connaître les particules qui le composent. 4. Pour chaque particule P nous avons ses cordonnées sur l'axe X et l'axe Y respectivement PX et PY. 5. Ensuite on divise PX par la valeur du pas " a " et PY par la valeur du pas " b " pour avoir les valeurs de quotient respectivement k et n. 6. Pour calculer le voisinage V (P) de la particule P, nous allons utiliser la formule mathématique (2-1): (2-2) V (P) = nl + k +1 Avec: l = X max / 2 Tel que: X max est la valeur maximale de l'axe X. o Exemple Ci-dessous un exemple explicatif pour une fonction dont : Le domaine de recherche est: X ∈ [ 0,12 ] et Y ∈ [ 0, 6 ]. Pour la particule P(11, 3.5), se positionnant dans le voisinage No: 24. Avec : a=2, b=1. Et : X max = 12, Ymax = 6. Si on remplace les valeurs dans la formule (2-3), on obtiendra le chiffre "24" qui représente le numéro du voisinage contenant la particule P. ( Voir la Figure 2-2). Il est à remarquer que cette approche peut se généraliser à des espaces de dimension supérieure. Figure 2-2 Exemple de la représentation des voisinages en deux dimensions. 2.3.1.2 Étapes de l'algorithme parallèle PPSO1 proposé Les principales étapes de l'algorithme parallèle proposé sont les suivantes: Étape 1: Créer l'espace global de recherche et le diviser en sous espaces de recherche (comme expliqué ci-dessus). Étape 2: Attribuer des particules pour chaque sous espace de recherche en générant leurs positions, vitesses et topologie de communication. Il est à noter que nous avons utilisé le générateur de séquence SOBOL pour l'attribution des positions aux particules, ce dernier permet une génération homogène des particules dans l'ensemble de l'espace de recherche en prenant en considération la forme de l'espace de recherche de chaque problème à optimiser, ce qui va de pair avec notre approche parallèle. Pour les vitesses, on considère que la taille de l'essaim est constante, et on attribue à chaque particule une vitesse initiale. Concernant la topologie de communication, nous avons implémenté les trois topologies (étoile, anneau et rayon), mais lors des simulations pour ce modèle, c'est la topologie étoile qui a donné les meilleurs résultats. 69 Étape 3: Diviser le traitement de l'algorithme PSO sur un ensemble de traitements: pour chaque traitement on attribue un thread. Étape 4: Attribuer les lots de particules aux threads. Étape 5: Lancer les traitements de tous les threads en parallèle pour une itération. Étape 6: Mettre à jour les voisinages (Après chaque déplacement, la particule vérifie si elle a quitté son ancien sous-espace, si oui elle se retire de son ancienne topologie et s'inscrit dans son nouveau sous-espace), et calculer les optimums Pb et Pg. Étape 7: Si le critère d'arrêt est satisfait, arrêter, sinon passer à l'étape 5. Étape 8: Le résultat est la meilleure solution obtenue parmi les threads. Il est à remarquer que l'étape 6 peut également se faire en parallèle sur les voisinages. 2.3.2 Proposition du deuxième modèle parallèle (PPSO2) Ce second modèle, comme le précédent porte sur la recherche de solutions pour une éventuelle amélioration de l'algorithme PSO: la convergence prématurée et le temps de calcul. Dans le PSO standard, toutes les particules sont mises à jour directement par leur progéniture, peu importe si elles sont améliorées. Si une particule se déplace vers une meilleure position, lors de son prochain mouvement, elle sera remplacée par cette dernière. Cependant, si elle se déplace vers une solution considérée "mauvaise", cette nouvelle position impactera son prochain déplacement ainsi que celui des autres particules de l'essaim. En fait, dans la plupart des cas la majorité des particules se dirige vers des positions sous optimales, donc tout l'essaim convergera vers un optimum local. L'exploitation et l'exploration de l'espace de recherche représentent deux comportements contradictoires, qui fonctionnent ensemble pour résoudre le problème, et le bon équilibre entre eux fait partie intégrante de la performance de l'algorithme PSO. La corrélation de ces comportements avec notre approche est remarquable, cela a été l'inspiration derrière la première partie de notre algorithme. La deuxième partie consiste à minimiser les coûts de calcul en utilisant le calcul parallèle. Notre approche basée sur l'algorithme PSO est décrite dans la Figure 2–3 [52]. 70 Figure 2-3 Représentation du modèle parallèle proposé "PPSO2". Dans ce modèle, nous commençons par créer l'espace global de recherche, ensuite on génère les sous-espaces en se basant sur un vecteur de "pas" ou un nombre de "pas" attribué à chaque axe du domaine de recherche. Ensuite, l'attribution des particules aux sous-espaces: initialisation de chaque sous-espace par un ensemble de particules via l'affectation de leurs positions et vitesses Ci-dessous une capture d'écran (voir Figure 2–4) de la partie graphique de l'interface utilisateur pour un exemple d'une distribution des particules en deux dimensions : L'espace de recherche global [0,4] est divisé en 16 sous-espaces, à travers une valeur de "pas" égale à 1 dans les deux axes de l'espace de recherche. Cha que sous-espace contient 8 particules de couleur et de forme différentes. Figure 2-4 Capture d'écran de la partie graphique de l'interface utilisateur. Ce processus de création des sous-espaces en deux dimensions est généralisé pour des dimensions plus élevées. Après avoir divisé l'espace de recherche global en sous-espaces et les avoir initialisés par des particules, le traitement de chaque sous-espace est attribué à un "thread". Notre modèle est basé sur le traitement parallèle. En fait, les threads doivent effectuer des calculs sur des lots de particules. Chaque lot de particules est situé dans son sous-espace formant un groupe. Il n'y a pas de communication entre les particules des différents sousespaces: chaque groupe cherche indépendamment la solution optimale; à la fin, lorsque tous 72 les threads terminent leur traitement, une comparaison des résultats obtenus pour chaque thread est effectuée afin de trouver la solution la plus optimale. Ce modèle est conçu pour des problèmes d'optimisation complexes, avec un large espace de recherche et plusieurs optima locaux. L'objectif principal est de mieux explorer et exploiter l'espace de recherche, non seulement sur la base d'une distribution cohérente des particules dans tout l'espace de recherche, mais également par mouvement de chaque groupe dans son sous-espace pendant tout le processus PSO. La recherche de l'optimum de la fonction objectif s'effectue en même temps pour tous les groupes. 2.3.2.1 Étapes de l'algorithme PPSO2 Les principales étapes de notre algorithme sont les suivantes: Étape 1: Créer l'espace de recherche global et le diviser en sous-espaces de recherche. Étape 2: Attribuez des particules à chaque sous-espace de recherche en générant leurs positions, leurs vitesses et leur topologie de communication. Étape 3: Créer un PSO thread * par sous-espace de recherche. Étape 4: Évaluez la meilleure solution pour chaque PSO thread. (Une comparaison des résultats obtenus de l'ensemble des groupes et affichage de meilleur résultat obtenu « l'optimum »). - * Etapes du PSO thread: Étape 1: Évaluez la fitness de chaque particule. Etape 2: Pour chaque particule, si sa fitness est plus petite que sa meilleure précédente fitness (Pb), mettre à jour Pb. Etape 3: Pour chaque particule, si sa fitness est plus petite que la meilleure de toutes les particules (Pg), mettre à jour Pg. Étape 4: Déplacer toutes les particules selon les formules (1) et (2). Étape 5: Si le critère d'arrêt est satisfait, arrêter, sinon passez à l'étape 1. 2.4 Description des expérimentations et résultats La modification de l'algorithme de base de la méthode PSO pour nos deux modèles concerne trois points essentiels: la notion de voisinage, l'adaptation des paramètres, et le calcul parallèle. Ces modifications de l'algorithme améliorent sa performance. Notre algorithme a été programmé dans JAVA 1.8, et les expérimentations ont été faites sur une machine MacBook Pro OS X 10.13.15, Core i7, 16 Go. Les threads représentent la technologie utilisée en Java pour rendre les applications multitâches. Ils partagent la même mémoire, ainsi que des ressources (en mémoire), pour ceci, les threads risquent de rentrer en concurrence et de corrompre le système. C'est alors qu'intervient la programmation concurrente qui rassemble un ensemble de fonctionnalités et de techniques pour permettre la synchronisation de tâches s'exécutant en parallèle. Java gère mieux les processus que les threads, mais les threads sont beaucoup plus utilisés parce qu'ils sont mieux intégrés au langage Java et moins gourmands en ressources mémoires. Certes Java est un langage robuste possédant beaucoup d'avantages (portabilité, réutilisation de classes, l'héritage, etc), mais c'est surtout pour la notion de la programmation concurrente (parallélisme et synchronisation) que nous avons opté pour ce langage afin d'effectuer nos expérimentations et profiter des avantages du parallélisme en terme de diminution du temps de calcul, et d'exploitation maximale des ressources matérielles de la machine. 2.4.1 Fonctions tests La qualité des méthodes d'optimisation est fréquemment évaluée en utilisant des fonctions de test standard. Cette série de problèmes créés spécifiquement pour tester les performances des algorithmes d'optimisation, telles que: la vitesse de la convergence, la qualité de la solution, la précision, la robustesse, la performance générale, etc. Dans la littérature, nous avons quatre classes de fonctions de test regroupées en classes toutes continues comme suit [53]: - (A): Unimodale, convexe, de dimension élevée, - (B): Multimodale, à deux dimensions avec un faible nombre d'extrema locaux, - (C): Multimodale, à deux dimensions avec un nombre élevé d'extrema locaux, 74 - (D): Multimodale, de dimension élevée, avec un nombre élevé d'extrema locaux. Dix fonctions de test (f1-f10) Tableau 2-1 sont utilisées dans cette simulation des classes B et C. D'une manière générale, les fonctions multimodales sont souvent considérées comme les plus difficiles dans le domaine de l'optimisation car elles possèdent des propriétés similaires aux problèmes du monde réel et fournissent une bonne base pour tester la crédibilité d'un algorithme d'optimisation, notamment du fait de leur grand nombre d'optima locaux. Dans nos expérimentations nous avons opté pour des problèmes à deux dimensions. Tableau 2-1 Descriptif des fonctions utilisées dans nos expérimentations. Fonction Domaine ƒmin ƒ1 Rosenbrock ±30 0 ƒ2 Himmelblau ±30 -3.78396 ƒ3 Beale's ±4.5 0 ƒ4 Easom ±100 -1 ƒ5 McCormick ±4.0 -1.9133 ƒ6 Three-hump camel ±5.0 0 ƒ7 Hölder table ±10 -19.2085 ƒ8 Matyas ±10 0 ƒ9 Booth's ±10 0 ƒ 2.4.2 Paramètres expérimentaux Dans l'algorithme PSO chaque paramètre a une influence importante sur le comportement des particules et donc de la convergence de l'algorithme; et même si la méthode PSO présente des résultats satisfaisants, le choix du bon paramétrage de la méthode reste un point critique ainsi qu'une des clés de succès pour tout algorithme PSO. Dans la section descriptive de la méthode PSO, nous avons présenté quelques paramètres qui influencent le comportement des particules dans leurs déplacements à la recherche de l'optimum. Le jeu 75 de paramètres que nous avons élaboré dans notre modèle consiste en l'utilisation de plusieurs paramètres variables, que l'on peut modifier depuis l'interface utilisateur dédiée pour cela. Tout dépend des exigences du problème d'optimisation posé. Une expérimentation massive a été effectuée, pour trouver le jeu de paramètres adéquat ; elle a donné des résultats que nous estimons satisfaisants. 2.4.3 Résultats Pour le premier modèle PPSO1, les expérimentations réalisées reposent sur le lancement de traitements PSO parallèles sur des lots de particules à la recherche de l'optimum "minimum" de la fonction objectif et en tenant compte des voisinages. La parallèlisation sur les lots de particules s'est avérée judicieuse. Celle concernant les voisinages paraissait coûteuse (calculs inutiles sur des voisinages vides) et a été mise de côté. Le tableau ci-dessous représente le détail de la moyenne des résultats de 1000 exécutions, à savoir les valeurs du temps d'exécution en millisecondes, le SR (Success Rate): le taux de succès qui est le pourcentage de convergence de la fonction vers la bonne solution, et le EvalIF qui représente le nombre d'évaluation de la fonction objectif, et ce pour le modèle séquentiel et parallèle du programme proposé sur un ensemble de dix fonctions (voir Tableau 2-3). Tableau 2-3 Comparaison des résultats obtenus de PSO et PPSO1. PPSO1 parallèle Fontions SR Time % (ms) Rosenbrock 100 1007.8 Himmelblau 100 Beale's EvalF PSO séquentiel SR Time EvalF % (ms) 420153 99 1010.1 420209.3 16.9 10032.1 97 18.2 12019.5 100 608.4 25590.2 100 699.3 25799.4 Easom 100 11.1 6997.7 100 11.9 7101.2 McCormick 100 814.9 29531.8 100 891.7 29771.4 Three-hump camel 100 901.5 300501 100 989.8 378721 Hölder table 100 13.9 8945 100 14.5 9000.1 Matyas 100 409.2 134731.2 100 478.9 138077 Booth's 100 11.2 6133.5 100 12.2 6990 Goldstein-price 100 15.5 10012 100 16.1 10928 D'après les résultats obtenus, nous pouvons dire que PPSO1 permet d'obtenir la solution optimale avec une probabilité plus élevée, ainsi que le temps de calcul dans PPSO1 est légèrement plus faible que celui du modèle PSO séquentiel. Pour le deuxième modèle PPSO2, les expérimentations concernent le lancement d'un ensemble de threads à la recherche de l'optimum "minimum" de la fonction objectif, chaque thread s'occupe du traitement PSO pour son voisinage (les particules de sa zone), la recherche de l'optimum s'effectue en parallèle, il n'y a pas de communication entre les différents groupes. Chaque groupe explore sa zone de recherche indépendamment, et ne communique pas ses résultats à chaque itération ; a la fin du programme, une comparaison des résultats obtenus pour chaque thread est effectuée afin de connaître le meilleur global (voir Tableau 2-4). Tableau 2-4 Comparaison des résultats obtenus de PSO et PPSO2. PPSO2 parallèle Fontions SR Time % (ms) Rosenbrock 100 891.2 Himmelblau 100 Beale's EvalF PSO séquentiel SR Time EvalF % (ms) 300123 99 967.1 301213.1 15.4 9702.5 95 23.7 11089.3 100 511.3 21760.2 100 702.4 23099.4 Easom 100 10.3 6222.2 100 12.1 7680.1 McCormick 100 702.9 26201.3 100 911.4 28901.3 Three-hump camel 100 831.6 279008 100 997.9 384098 Hölder table 100 12.8 7907.1 100 14.3 8709.8 Matyas 100 345.5 120312 100 456.7 133098 Booth's 100 9.8 5780.3 100 11.6 7002 Goldstein-price 100 13.4 8872 100 15.6 9995.4 D'après les résultats obtenus, nous avons constaté la performance de PPSO2 en terme de la qualité de la solution, il évite la convergence des particules dans des optimums locaux. Le temps de calcul dans PPSO2 est aussi plus faible que celui du modèle séquentiel. 2.4.4 Analyse des résultats A partir des différentes simulations réalisées, nous pouvons déduire que : • Le modèle PPSO1 se basant sur un voisinage géographique dynamique présente des résultats intéressants en terme de la qualité de la solution, mais reste coûteux en terme de temps de calcul, même avec sa parallèlisation, à cause de la synchronisation qui s'effectue à chaque itération.
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Le Journal d’Henry Bauchau : écriture diaristique et prière. Cahiers de littérature française, 2022, 21, &#x27E8;10.48611/isbn.978-2-406-14453-3.p.0151&#x27E9;. &#x27E8;hal-04337136&#x27E9;
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Le Journal d’Henry Bauchau : écriture diaristique et pri HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Le Journal d’Henry Bauchau : écriture diaristique et prière Si tu peux/ prier/ demande une âme vide/ attentive/ et ne présumant pas de ses forces. / Tu sens/ et si c’est voir, tu vois/ tes branches suivre la courbe / inespérée du vent.1. Bauchau, poète, romancier et psycho-thérapeute, commence à faire publier ses journaux en 1992, à l’âge de 79 ans. Il publie alors, jusqu’à son décès en 2012, une bonne part des journaux qu’il tenait scrupuleusement depuis la fin des années 1930. Les premiers cahiers suivent de près l’engendrement de l’œuvre romanesque – Jour après Jour retrace les années d’écriture d’Œdipe sur la route, le Journal d’Antigone reflète la création d’Antigone, La Grande Muraille évoque la composition de La Déchirure – alors que les derniers tendent de plus en plus vers le journal poétique et vers des formes de contemplations méditatives, parfois épiphaniques. Mais tout au long de leur rédaction la prière y occupe une place essentielle : le diariste dit prier chaque jour en une pratique s’accompagnant souvent d’ « exercices du matin », selon le titre donné à l’un de ses recueils de poèmes2. La prière est pour ce par quoi « quelque chose en moi respire3 », une « respiration naturelle de l’être4 » – et c’est aussi la définition qu’il donne de l’écriture, qui est pour lui « de l’ordre de la respiration, de la marche, de la nourriture5 ». Pendant vingt-cinq ans il se récite en particulier tous les jours l’hymne à l’amour de saint Paul dans la Première Épitre aux Corinthiens6. Dans ses dernières années il n’a plus la possibilité d’accompagner de gestes sa prière. Il se concentre alors sur la récitation des Béatitudes, et en particulier « Heureux les doux, ils auront la terre en partage », dont il tire une leçon d’abandon et de dépossession : La douceur, le continent inconnu de la bonté, comme l’appelait Apollinaire, nous ouvre le monde non pour nous l’ proprier, mais pour le voir, bénéficier de ses dons, être en lui pleinement. Peut-être lui appartenir plutôt que le posséder7. Pour le diariste qui commente les Béatitudes à travers Apollinaire et qui affirme avoir « tenté de vivre en poésie ce qui [lui] semblait valable de l’œuvre de beauté et de prière du Thoronet8 », la prière est intimement liée tant à l’inspiration poétique qu’à l’écriture diaristique. Prier c’est pour lui se laisser traverser par le « souffle du vent », c’est se rendre réceptif à cette dictée intérieure qui est aussi celle du poète, c’est, comme dans l’écriture, « laisser monter en soi ce qui vient d’une source inconnue9 ». À la suite de Michaux, Bauchau ne cesse de rappeler que « poète n’est pas maître chez lui10 » : l’épiphanie du poème est une forme d’accueil de ce qui se passe en soi – accueil qui suppose une certaine disposition intérieure faite à la fois de passivité et d’écoute11. Mais il aspire aussi à inscrire cette inspiration spirituelle dans une écriture quotidienne, répétée jour après jour comme 1 Poème inédit « Si tu peux », Revue internationale Henry Bauchau, n°1, 2008, p.13. 2 3 Henry Bauchau, Exercices du Matin, Paris, Actes Sud, 1999. Henry Bauchau, 26 mars 1985, Jour après Jour (JJ), Bruxelles, Les éperonniers,1992, p. 76. 4 Voir Un arbre de mots, entretien avec Indira de Bie, Clichy, Éditions de Corlevour, 2007, p. 20 : « Répond à la question : “Quelle définition donneriez-vous de la prière?” : “La prière, pour moi, est une respiration. Une re spiration naturelle de l’être. Je n’imagine pas que l’on puisse durablement , au cours d’une vie, se confier à ses propres forces, à moins d’être dans une illusion profonde .” » 5 Henry Bauchau, 8 août 1984, JJ, p. 31. 6 Henry Bauchau, 18 avril 2006, Dernier Journal (DJ) Paris, Actes Sud, 2015, p. 76. 7 Ibid., 22 septembre 2007, p. 212. 8 Henry Bauchau, 9 mai 2005, Le Présent d’incertitude (PI), Paris, Actes Sud, 2007, p. 245. 9 Henry Bauchau, 25 novembre 1989, Journal d’Antigone (JA), Paris, Actes Sud, 1999, p. 17. Henri Michaux, « L'avenir de la poésie », 24 septembre 1936, in Œuvres complètes, Paris, Editions de la Pléiade, 1998, t.I, pp.967-970. 10 11 « En marchant dans la rue, le long de la Bibliothèque Nationale, je sens que quelque chose se prépare à prendre possession de moi...Je n’interviens pas, je laisse faire ce qu’il veut. De loin, je le sens prendre forme. » (Henry Bauchau, 4 novembre 1984, JJ, p. 54) le sont les gestes de la prière. L’écriture diaristique fondée sur une éthique de régularité rencontre alors l’aspiration de l’orant à une ténacité qui seule permet de maintenir l’espérance : Écrire et prier avec ténacité. Comme fait la nature en somme dans son perpétuel écoulement, sa diversité, sa dépendance au soleil, sa confiance incessante en lui12. Tout au long du journal, Bauchau réaffirme dès lors le lien indissoluble entre une écriture où « se poursuit vraiment [s]on interrogation spirituelle » et la prière sans laquelle il serait « vite à court d’inspiration et très vite de respiration13 ». Aussi son journal contient-il une réflexion intense à la fois sur la dimension précaire de l’écriture poétique et sur les liens qui se tissent entre l’exercice spirituel quotidien qu’est l’écriture journalière et la prière. La prière est à la fois un texte et un acte, qui mêle mots, gestes, intentions et convictions 14. Reflet des élans de l’âme, elle suppose une prééminence des dispositions intérieures sur le contenu de la prière : l’esprit, selon les recommandations de saint Augustin, doit être « en étroite connivence avec les paroles prononcées15 ». Cette fidélité du texte à une forme d’authenticité de soi, cette « consonance » de l’écriture avec la vérité de l’être est, comme la prière, constitutive de la définition de l’écriture diariste, comme elle l’est de la démarche analytique. En ce sens Bauchau voit une analogie entre l’analyse et la prière : l’analyse est à ses yeux, comme la prière, un état d’écoute profonde, un « état de patience » – une patience qui « redonne confiance à l’inconscient et lui ouvre l’espace où se déployer16 ». Prière, écriture et rêve s’entremêlent dès lors dans une même relation profonde à l’inconscient et à ce que Bauchau perçoit comme une dictée intérieure : Il faut passer par là, cette nuit dans un moment de demi-éveil et de prière j’ai senti une grande douceur, inconnue jusqu’ici, pénétrer cette prière que je retrouvais sur mes lèvres au sortir du sommeil 17. Du « bonheur calme » qui est celui du semi-éveil émanent des mots qui prennent, dans cet instant où le poète est encore connecté à l’inconscient, une résonance particulière proche de celle de la prière18. De même, le poème est décrit comme un souffle qui le traverse « pour se charger de mots19 ». Et du reste beaucoup de ses poèmes sont, selon l’expression du Dernier Journal, « des prières inconscientes20 ». Écrire au jour le jour implique en effet à la fois une variété propre à la diversité même de l’existence, à son ondoyante dispersion, et un principe de répétition, de monotonie, où la succession des jours ne peut se dire qu’à travers une série lancinante de reprises. Comme dans la prière, le renouvellement permanent de l’écriture est une promesse de transformation intérieure et de transfiguration de la répétition en régénération. Aussi les derniers volumes du journal sont-ils traversés par ce qui apparaît comme un refrain : « Les roses trémières de Montour émeuvent toujours mon cœur : Adhésion totale à ce qui est21. » Le journal est également traversé par le verset de saint Jean sans cesse répété et commenté : « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va22. » Et bien des notations apparaissent comme des variations 13 Henry Bauchau, 14 avril 1991, JA, p. 89. Ibid., 23 août 1990, p. 110. 14 Henriet Patrick, La Parole et la Prière au Moyen-Âge. Le Verbe efficace dans l’hagiographie monastique des XI e et XIIe siècles, Bruxelles, De Boeck, 2000, p. 19. 15 Ibid., p. 32. Henry Bauchau, 9 septembre 1989, JJ, p. 303. Henry Bauchau, 9 juin 2003, PI, p. 94. 18 Henry Bauchau, 15 août 2008, DJ, p. 291. 16 17 19 Ibid, 18 janvier 2009, p.326. 20 Ibid, 22 mars 2009, p.351. 21 Henry Bauchau, 20 mars 2005, PI, p. 233. 22 Ibid, 19 août 2004, p.172 et passim. autour de la sentence paulinienne que Bauchau désigne comme « une admirable prière » : « Ma grâce te suffit. » Le jour de son quatre-vingt-troisième anniversaire, il note ainsi : Chaque jour, depuis de nombreuses années, je me redis la phrase de saint Paul, lue sur une tombe au cimetière des vignerons aux Epesses : « Ma grâce te suffit. » Cette pensée n’a cessé d’orienter ma vie et mon œuvre23. Ces refrains sont à la fois le leitmotiv, la basse continue du journal et le lieu d’approfondissements successifs. Ainsi les mots de l’Épitre de saint Paul : « Ma grâce te suffit », si souvent répétés dans ses prières matinales, prennent au fil des jours une résonance nouvelle, comme en témoigne la notation du 25 septembre 1986 : je me suis redit cela si souvent que j’avais oublié la suite dans l’Épître de saint Paul : « Ma puissance donne souvent sa mesure dans la faiblesse » [...] Ainsi la faiblesse que je ressens si fort est le lieu même où peut se manifester la puissance divine [...]. En somme il s’agit de s’effacer et cependant d’être là, d’être présent, puisque nous sommes l’instrument nécessaire d’une action plus vaste dont nous ne pouvons voir la véritable étendue 24. Mais si elle fait très souvent référence à saint Paul, cette prière n’est pas pour autant confessionnelle : La prière a une place importante dans ma vie, je ne pourrais concevoir mes journées sans elle, mais tout le grand corps de l’Église, si appesanti par l’histoire, par l’esprit doctrinal, par les tabous, n’est plus le corps mystique et libre auquel je voudrais appartenir et auquel, peut-être, j’appartiens25. Ses Exercices du matin n’évoquent les exercices spirituels de Loyola que pour s’en éloigner, pour se prosterner « devant rien » et « sans église26 ». Dans le Journal d’Antigone il exprime à maintes reprises à quel point sa prière est une interrogation profondément habitée par le mystère, sans réponse, « une interrogation abrupte, s’élevant parfois dans l’allégresse de la nature et parfois sombre et dévastée27 ». Sa « prière hésitante, difficile » s’adresse à un « dieu inconnu28 ». Le temps des appartenances confessionnelles est pour lui révolu mais pas le temps du sacré : « Le temps des dieux – et le temps de Dieu – est terminé. Mais l’essentiel qui était derrière le nom de Dieu ne disparaîtra jamais29. » La prière de Bauchau réunit alors les trois voies spirituelles de l’Évangile, du Tao et de la poésie : « Le renoncement, la douce et subtile indifférence au succès, c’est la voie difficile indiquée par le Tao Te King, par l’Évangile et, près de nous, par Mallarmé30. » Ainsi la sagesse du vent résonne à la fois de la mystique chrétienne et de l’adhésion bouddhiste ou taoïste à ce qui est. Bauchau lit et relit le Tao-tö-King et il est touché par « la justesse, la solidité, la sobriété de cette pensée31 » qui lui inspire une philosophie du non-vouloir : « Ne pas vouloir, ne pas vouloir agir, laisser se faire32. » La question qui pourrait alors se poser est celle du destinataire : l’autodestination du journal est-elle compatible avec le fondement de la prière qui est l’adresse? « Cui narro haec? », s’interrogeait ainsi saint Augustin dans les Confessions. À cette question il répondait : « Neque enim tibi, de us meus, sed apud te generi meo33 ». La parole intime ne s’adresse pas à Dieu comme à un destinataire extérieur à elle, mais comme elle s’énonce « auprès » de lui, comme habitée de lui. À l’instar de saint Augustin Henry Bauchau, 22 janvier 1996, JA, p. 442 Henry Bauchau, JJ, p. 169. 25 Henry Bauchau, 3 février 1995, JA, p. 376. 26 Henry Bauchau, Exercices du matin, éd. cit., p. 15. 27 Henry Bauchau, 13 octobre 1987, JA, p. 471. 28 Henry Bauchau, 4 novembre 1986, JJ, p. 172. 29 Henry Bauchau, 23 juin 1990, JA, p. 96. 30 Henry Bauchau, 1er août 1984, JJ, p.28. 31 Ibid., 28 juillet 1984, JJ, p.20. 23 24 32 Ibid. 33 Saint Augustin, Conf., II, III, 5. le diariste n’écrit pas à Dieu – qui de toute façon est déjà au courant de tout ce qu’il pourrait lui dire – mais auprès de Dieu. En réalité la destination externe par excellence – écrire à Dieu – est aussi impossible que la pure autodestination dans la mesure où, dans les deux cas, le narrateur se trouve dans « l’insoluble situation paradoxale d’écrire ce qu’il sait déjà34 » ou ce que l’Autre connaît déjà. La prière de Bauchau est alors moins une adresse à Dieu qu’une façon d’écrire auprès de Dieu, dans un état de réceptivité, car écrire c’est pour lui se laisser traverser par ce qui le dépasse : Ce livre sera peut-être le dernier, je l’ignore [...]. Mes forces déclinent régulièrement. Peut-être me permettentelles encore d’écrire? Ce n’est plus dans mes mains, mais dans une force plus grande, celle de la nature, celle du ciel 35. La prière est donc moins un acte de parole qu’un état particulier : Prière dans l’état de détente où je suis, la prière me vient naturellement aux lèvres indépendamment de toute demande ou de toute foi. Elle semble être un état. Du corps ou du cœur, je ne sais 36. Cette prière que Jean-Louis Chrétien définissait comme un « acte de présence à l’invisible37 » se définit moins par un contenu de paroles que par une disposition particulière faite de réceptivité à l’inspiration qui nous traverse : « Je m’aperçois très souvent, note-t-il, que la prière s’échappe de moi sans que je le veuille38. » Cet état de réceptivité auquel dispose la prière est propice à l’expérience épiphanique : J’ai prié un peu, j’ai lu quelques pages d’un livre sur Freud. Maintenant j’attends, frappé soudain, comme si c’était un visage, par une des roses qui sont dans mon bureau. J’ai sentiment d’être regardé par elle. Sentiment passager mais très fort, très plénier. Je suis regardé par elle et je la vois comme je n’ai jamais vu aucune rose39. De fait, l’écriture de Bauchau apparaît souvent comme une prière qui prend parfois la forme de l’« adoration », de la célébration, de la louange : « Écrire un magnificat est un de mes anciens espoirs, un de mes profonds désirs40. » La vie de plus en plus contemplative du diariste est trouée de brèves illuminations qui sont comme des satori : Ce matin un bref instant de soleil a illuminé le grand hêtre, ensuite le tulipier. C’était le satori, la seconde mystique des arbres puis le ciel pluvieux s’est refermé. Demi-aveugles, nous pouvons devenir voyants dans l’instant41. Ce sont de brefs instants de bonheur dans une « proximité de la présence » qui est pure présence à la vie : J’étais au lit : chaleur, douceur bien sûr, mais quelque chose de plus, une présence, une proximité de la présence. Je percevais mon bonheur. Il était moi, il suffisait de le vivre jusqu’à sa progressive disparition 42. Ce sont des instants de joie profonde auprès du prunus en fleur, moments « de joie dans l’éphémère, dans ce monde glissant, changeant et mourant perpétuellement pour renaître qui est le Voir Éric Marty, L’Écriture du jour. Le Journal d’André Gide, Paris, Se uil , 1985 , p . 15. Henry Bauch au, 1er octobre 2007, DJ, p. 216. 36 Henry Bauchau, 2 février 1963, La Grande Muraille (GM), Paris, Actes Sud, 2005, p. 269. 34 35 37 Jean-Louis Chrétien, L’Arche de la parole, Paris, Presses universitaires de France, 1999, p. 27. Henry Bauchau, 28 juin 2003, PI, p. 98. Henry Bauchau, 12 mai 1986, JJ, p. 139. 40 Henry Bauchau, 14 décembre 1991, JA, p. 128. 41 Henry Bauchau, 16 février 2006, DJ, p. 30. 42 Ibid., 27 décembre 2008, p. 313. nôtre43 ». Car qu’est-ce qui compte le plus, se demande-t-il : les périodes grises d’attente ou « le fonds lumineux » qui « se manifeste par intermittence dans la nature ou l’instant44 »? Ces louanges, ou plutôt ces Tentatives de louange, selon le titre du recueil poétique publié en 2011, sont des louanges fragmentées, intermittentes, Dieu ne se manifestant qu’en ces « instants brefs » où « il ne peut s’empêcher de briller45 » : « sans atteindre le tout, sinon par de brefs instants d’illumination qui sont des éclaircies mais non une certitude46. » S’il aspire à « former une prière de louanges », c’est en partant « de [s]a pesanteur, de [s]on inattention à ce qui est, au monde dans sa création perpétuelle47 ». La prière émise par le diariste est ainsi une prière consciente de ses manques, de ses faiblesses, de son inachèvement. Pour l’homme de doute qu’est Bauchau, la prière prend racine dans notre finitude ; elle n’est pas une délivrance mais l’entraînement quotidien à cette espérance qui seule nous permet de continuer à vivre : ll n’y a rien à espérer que l’espérance48. Prier, toujours prier, ça sert à quoi? La réponse fond sur moi : ça sert à prier49. Prier pour la prière, pour qu’elle irrigue la vie, cette pensée m’a été douce, dans un demi-réveil, un demi-sommeil encore ce matin50. Cette prière n’efface pas le doute ; elle se place en son cœur qui est le cœur même de l’inspiration poétique : Pendant mes exercices du matin, hier, tout d’un coup, cette parole dans mon oreille : « Ma prière te suffit ». Joie et interrogation : ce que je prie prie-t-il aussi? Ce matin, je redis cette parole et une autre surgit : « Mon nom te suffit ». Le nom que, peut-être, il ne faut pas nommer plus avant. En écrivant ceci, dans l’état de doute qui accompagne en moi tous les mouvements intérieurs, je saute une page de ce cahier, ce qui ne m’était jamais arrivé. Comme s’il fallait laisser une page blanche. Peutêtre pour un poème et je note ces deux vers de Gottfried Benn : Les bêtes qui sécrètent des perles sont closes Elles reposent et ne connaissent que la mer51. Au cœur de la prière il y a un nom absent, une page blanche, un silence qui est aussi l’espace d’accueil du poème. La prière survit à la mort de Dieu, ou plutôt à la disparition de son nom, car « l’essentiel qui était derrière son nom ne disparaîtra jamais », selon le mot de Jünger cité par Bauchau52. L’écriture journalière est en effet intimement liée à une conscience du caractère intermittent de la conscience humaine, qui ne peut percevoir le réel que par bribes, car « ces instants de glissement dans la profondeur et sans doute la vérité de la vie ne durent pas [...]53 ». L’éclat de la grâce ne se manifeste que dans ces brefs instants de lumière : malgré le chagrin des séparations, je me sens plus en paix que je ne l’ai jamais été [...]. Bien sûr ce sont des présents et des présences fugitifs, des instants de lumière agrandis d’un peu d’illusion, mais je suis marqué autant par eux que par le banal, l’erreur et l’absurde54. Henry Bauchau, 4 avril 2001, Passage de la Bonne Graine (PBG), Paris, Actes Sud, 2002, p. 338. Henry Bauchau, 13 août 2007, DJ, p. 201. 45 Henry Bauchau, 23 janvier 1994, JA, p. 313. 46 Henry Bauchau, 25 mai 2003, PI, p. 92. 47 Henry Bauchau, 12 avril 1988, JJ, p. 242. 43 44 48 Ibid., 1er mars 1984, p. 19. 49 Ibid., 20 juin 1985, p. 90. 50 Ibid., 3 août 1986, p. 154. 51 Ibid., 19 octobre 1989, p. 15. 52 « Il me semble que le temps des dieux – et le temps de Dieu – est terminé. Mais l’essentiel qui était derrière son nom ne disparaîtra jamais » : Henry Bauchau, 23 juin 1990, JA, p. 96. 53 Henry Bauchau, 8 décembre 1999, PBG, p. 203. 54 Ibid., 17 juillet 2000, p. 267. Ainsi le 8 septembre 1990, après avoir décrit la Vienne encore nappée de brume, le soleil sortant du grand hêtre et une mouette posée sur un tronc échoué au milieu du courant, Bauchau note dans son journal : « En ces heures du soleil levant s’élève de la matière un très simple magnificat55. » Le travail descriptif apparaît ainsi en lui-même comme une forme de prière qui débouche sur une relecture symbolique et épiphanique du paysage : la mouette qui n’était qu’une « touche claire posée sur un tronc qui ressemblait à un noyer » prend à l’aube son envol, « planant les ailes étendues56 ». Ces instants de saisie esthétique sont marqués par l’arrêt du temps, l’ébranlement du sujet, l’unicité et l’intensité sensorielle de l’expérience vécue et la dissolution du sujet dans le monde57, comme dans l’évocation de la rencontre du martin-pêcheur et des jeunes peupliers : « Aujourd’hui ils sont entrés en mon être58. » Dès lors l’écriture intime n’est pas un épanchement mais une forme d’adhésion à ce qui est. Dire « je » ne consiste pas pour le diariste à sentir « ses contours, ses limites » ; « « je » n’est pas séparé, seulement présent », écrit Bauchau le 27 août 199059, faisant écho au titre de l’un de ses recueils poétiques Nous ne sommes pas séparés : Nos petites vies sont comprises dans un grand tout, si nous les creusons pour en extraire le sens et le poème, le grand tout peu à peu s’émeut...Alors le minuscule prend corps et devient parfois vérité ou beauté 60. L’écriture du dernier Bauchau est ainsi une écriture de l’abandon – abandon à l’inconnu et à l’inespéré, à cette « nuit obscure » de Jean de La croix qu’il plaçait en exergue de Jour après jour : « Pour aller où tu ne sais pas/ Va où tu ne sais pas ». Elle est un abandon au « souffle/inespéré/du vent61 » : Si tu peux/ prier/ demande une âme vide/ attentive/ et ne présumant pas de ses forces. / Tu sens/ et si c’est voir, tu vois/ tes branches suivre la courbe / inespérée du vent.62 Si l’écriture journalière est une forme de prière, c’est que le journal est conçu moins comme l’expression du moi que comme son effacement dans une présence véritable au monde et dans un état de réceptivité. Le « lent cheminement de l’âge » est ainsi pour le diariste un parcours de dépouillement qui le conduit à « se retirer vers l’unique nécessaire63 » selon une voie spirituelle qui est celle de la désappropriation : « se désapproprier ses désirs et sa vie est donc une tâche sans fin64. » C’est en cette « faiblesse reconnue, consentie » qu’il lui semble avoir senti renaître un « espoir en Dieu65 ». Faire du journal une forme de prière c’est se souvenir qu’il est moins une écriture du moi qu’une écriture du jour, à savoir une écriture du temps, de ce temps présent qu’il s’agit de capter dans sa vibration éphémère en même temps que dans son insondable profondeur. Dans le Dernier Journal, alors qu’il est de plus en plus affaibli et que sa vue ne cesse de diminuer, le poète-diariste s’adresse directement à Dieu en des prières-poèmes-notations où se rejoignent l’écriture 55 Henry Bauchau, 8 septembre 1990, JA, p. 60. 56 Ibid. 57 Voir Raymond Michel, « Le Journal d’Antigone d’Henry Bauchau », in Henry Bauchau, une poétique de l’espérance, dir. Pierre Halen, Raymond Michel et Monique Michel, Peter Lang, 2004, p. 179-219. 58 Henry Bauchau, 7 septembre 1992, JA, p. 181. 59 Ibid., p. 112. 60 Ibid., 1er octobre 1990, p.119. 61 Henry Bauchau, 28 juillet 2007, DJ, p. 195. 62 Poème inédit « Si tu peux », éd.cit., p.13. 63 Henry Bauchau, 29 avril 2007, DJ, p. 166. 64 Ibid, 22 septembre 2007, p.213. 65 Ibid, 11 novembre 2007, p. 233. journalière, la création poétique et l’inspiration précaire. À Dieu, il demande, comme Maître Eckhart, de le délivrer de Dieu : Délivre-moi de Toi, délivré du monde fantasmé, Que je connaisse la libre efflorescence qui est, qui est là et qui seule importe. Ô Silencieux, Souterrain, Souverain, des saisons, des arbres, des plantes Et de la nourriture de tous. Il s’achemine alors vers un dépassement de la prière en ce qu’elle peut contenir d’attente, de vouloir : « Je crois que maître Eckart a raison et que je dois prier Dieu de me libérer de Dieu pour parvenir à l’état de non-vouloir dans l’espérance66. » La prière ne saurait être à ses yeux une ascèse qui le coupe du monde pour entrer en lien avec Dieu ; elle est au contraire un appel à la présence, une présence pure au monde, à ce qui est, qui s’exprime dans le journal par la contemplation. Le 27 août 2009, après une heure de solitude dans le jardin, il note ces trois mots : « Offrande. Louange. Proximité ». Mais c’est le troisième qui, dit-il, représente « la réalité spirituelle la plus accessible67 ». Le terme revient en effet dans le Dernier Journal comme une « litanie » qu’il se répète « en l’émaillant de mots sacrés68 ». Et il est au cœur des deux vers cités régulièrement tel un refrain : « Roses montant de la terre / À proximité du ciel ». Ce qu’il cherche c’est la Présence, ce « vrai présent » qui ne peut être atteint que « s’il parvient assez près de Dieu pour se fixer en lui69 » – ce vrai présent qui est aussi ce vers quoi tend fondamentalement l’écriture diaristique en ce qu’elle cherche à capter, jour après jour, le présent pur, la pure proximité à soi et au monde. Mais si sa prière s’apparente le plus souvent à une prière de louange, l’action de grâce y est traversée par une conscience de la mort et de la fragilité de l’être si intenses que ce n’est plus une prière de louange mais « une prière de faiblesse devant l’immensité de la vie, du monde, de l’histoire, de l’inépuisable fait de la mort70 ». C’est cette faiblesse qui « s’adresse par la prière à l’inconnu et à l’espérance71 ». Et le journal est sans doute la forme la plus adaptée pour exprimer cette nécessité de l’espérance, jour après jour – une espérance qui est « le souffle, le sang, la vie elle-même » et qui suppose une forme de ténacité dans l’écriture conçue comme une présence renouvelée à soi « qui nous mène à l’espérance72 ». Emmanuelle TABET CELLF, SORBONNE UNIVERSITE/CNRS 66 Henry Bauchau, 1er mai 2002, PI, p. 23. 67 Henry Bauchau, DJ, p. 374. 68 Ibid., 15 août 2008, p. 291. 69 Ibid., 29 septembre 2009, p. 379. 70 Henry Bauchau, 28 juin 2003, PI, p. 98. 71 Ibid. 72 Ibid.
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Algorithmes de couplage entre neutronique, thermohydraulique et thermique.. Physique Numérique [physics.comp-ph]. Institut Polytechnique de Paris, 2022. Français. &#x27E8;NNT : 2022IPPAX073&#x27E9;. &#x27E8;tel-04105521&#x27E9;
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Chapitre 3 : Mise en place du couplage multiphysique et des cas d’étude Pour cela, on a besoin d’expliciter trois non-linéarités des coefficients k, ρ et Cp. On suppose donc les caractéristiques de matériaux connues (k et ρCp ), caractéristiques qui peuvent dépendre de la température, ainsi que la puissance volumique. En termes de résolution, l’espace est discrétisé par différences finies et le laplacien est discrétisé comme une différence de flux de chaleur qui sont supposés proportionnels aux surfaces d’échange entre les mailles, définition consistante avec celle du laplacien en coordonnées sphériques, cylindriques ou cartésiennes. Le schéma numérique est implicite, inconditionnellement stable. Le système non linéaire obtenu est résolu avec l’algorithme de Newton. 3.1.2.2 Transitoire stabilisé Pour s’approcher du comportement usuel des codes de calcul thermohydraulique et avoir accès aux erreurs relatives commises au cours du calcul thermohydraulique, une résolution d’un état stationnaire par un transitoire stabilisé a également été implémentée pour Thedi. Il s’agit de résoudre le problème thermohydraulique comme un transitoire stabilisé avec un pas de temps dt fixe. Pour cela, on définit l’erreur entre le pas de temps n + 1 et n comme : ResTH n+1 := k∆Xn+1 k2 kXn k2 Tl P vm α ; ; 0 ; 0 ), où on a normalisé chacune des grandeurs physiques (les grandeurs α Tl0 P 0 vm avec un exposant 0 représentant des valeurs caractéristiques servant à normaliser les variables), et ∆Xn+1 := Xn+1 − Xn. Une fois qu’on a atteint la précision souhaitée εTH, c’est-à-dire que ResTH n+1 < εTH , on effectue un calcul thermique. avec X := ( 3.1.3 C3PO Pour réaliser des couplages multiphysiques entre des codes de calcul existants, il est nécessaire de pouvoir les faire communiquer entre eux, c’est-à-dire concrètement de pouvoir échanger des champs physiques, qui ont a priori une représentation propre à chacun des solveurs. De plus, ces derniers travaillant sur des maillages a priori différents, on doit être en mesure de réaliser des opérations de projections et interpolations entre les différents maillages. La librairie de couplage Collaborative Code Coupling PlatfOrm (C3PO) [c3p] a été développée au CEA pour répondre à ce besoin. Il s’agit d’une librairie Python proposant un ensemble de méthodes numériques pour réaliser les couplages entre codes calculs, ces derniers devant simplement disposer d’une interface ICoCo [DP12]. Elle s’appuie sur la plateforme Salome [RC07] notamment pour la représentation des champs physiques en MED (Modèle d’Échange des Données). Cette standardisation du stockage et de la manipulation des données permet notamment de simplifier la modularité des couplages entre différents codes de calcul. C3PO met également à disposition l’ensemble de fonctions proposées par la librairie MEDCoupling permettant d’interpoler et de projeter les champs MED échangés par les solveurs couplés entre leurs maillages respectifs. Parmi les méthodes de couplage proposées, on peut citer : — la méthode du point fixe avec relaxation ou non ; — l’accélération d’Anderson telle que proposée par Walker dans [Wal11] a été implémentée dans le cadre de cette thèse ; Section 3.2 : Mise en place des différents cas d’étude 69 — la méthode du JFNK ; Ont également été implémentées dans le cadre de ce travail la méthode de la sécante telle que présentée en section 2.1.5, celle de ’Adaptive Residual Balance telle qu’introduite au paragraphe 2.4.3.2, et sa version dynamique, détaillée en section 4.2.3. 3.2 Mise en place des différents cas d’étude Pour étudier les différentes méthodes de couplage retenues en section 2.5, on met en place des cas d’étude caractéristiques des problèmes rencontrés en physique des réacteurs. Dans la suite, on introduit les deux cas tests à partir desquels les performances des différentes méthodes de couplage sont évaluées et comparées, notamment en termes de temps de calcul ainsi qu’en termes de nombre d’itérations mono et multiphysiques. 3.2.1 Échelles de modélisations et définition du point fixe retenu Comme on l’a vu dans le chapitre 1, différentes finesses de discrétisation sont envisageables pour chacune des disciplines. On cherche dans ce travail à mener des études sur des cas représentatifs des études industrielles menées au CEA ou à EDF par exemple. Malgré tout, on souhaite trouver un compromis en termes de temps de calcul et précisions des résultats. On choisit donc d’avoir une modélisation à l’échelle crayons concernant la modélisation neutronique et thermique, tandis qu’on se place à l’échelle assemblage pour la thermohydraulique. On peut visualiser les échelles retenues figure 3.1. Il convient également de définir le problème couplé que l’on souhaite résoudre. Comme on l’a vu par exemple en section 2.3.5, plusieurs possibilités de point fixe f (x) = x existent en physique des réacteurs. Si note d’une part Pf la puissance combustible, Pw la puissance déposée dans le modérateur, Tf la température combustible et ρw la densité du modérateur, on peut ainsi introduire : — N l’opérateur neutronique qui, à partir d’une nappe de température combustible et de de la densité du modérateur calcule une nappe de puissance combustible et déposée dans le modérateur : N Tf, ρw := Pf, Pw ; — TH l’opérateur thermohydraulique, qui, à partir d’une nappe de puissance combustible et modérateur, met à jour celle de la température combustible et de la densité du modérateur : TH Pf, Pw := Tf, ρw. On peut alors considérer : — un point fixe sur l’ensemble des inconnues :   Pf P   w x :=   et f (x) :=  Tf  ρw! N Tf, ρw TH Pf, Pw ; — un point fixe sur les grandeurs thermohydrauliques uniquement : x := Tf ρw! et f (x) := TH N Tf, ρw ; 70 Chapitre 3 : Mise en place du couplage multiphysique et des cas d’étude Maillage thermohydraulique pour un assemblage Maillage thermique pour un assemblage constitué de de 17 × 17 crayons Maillage neutronique pour un assemblage constitué de de 17 × 17 crayons Exemple de cœur constitué de 3 × 3 assemblages Figure 3.1 – Description des échelles de modélisation retenues pour la neutronique, thermohydraulique et thermique. — un point fixe sur les nappes de puissance uniquement : x := Pf, Pw et f (x) := N TH Pf, Pw ; (3.2.1) On choisit dans la suite ce dernier problème à résoudre. Il permet en effet d’avoir des inconnues présentant la même unité. Dans la suite, on introduit les deux cas d’étude qui servent d’appui pour comparer les performances des méthodes numériques retenues en section 2.5 en termes de réduction du temps de calcul global, vitesse de convergence et réduction du nombre d’itérations mono et multiphysiques. Finalement, le schéma de couplage retenu est résumé par la figure 3.2. 3.2.2 Mini cœur de REP Le premier cas auquel on s’intéresse est un mini-cœur de REP constitué de 5 × 5 assemblages, développé par Cattaneo dans le cadre de ses recherches sur le développement d’un modèle High Fidelity d’un cœur de REP [Cat20, CLM+ 21]. Les assemblages sont entourés d’un réflecteur lourd, composé d’acier inoxydable à 95%, le reste étant composé d’eau. Les assemblages combustibles sont composés d’oxyde d’uranium enrichi à 4%, dont la carte de chargement en burn-up est donnée figure 3.3. D’un point de vue géométrique, les crayons sont répartis périodiquement au sein des assemblages, chacun mesurant environ 21cm de large. La partie active du cœur mesure 4 mètres Section 3.2 : Mise en place des différents cas d’étude 71 Initialisation du couplage Réaliser un pas de temps thermohydraulique non Échange de données Convergence thermohydraulique atteinte ou nombre maximal de pas de temps atteint? oui Calcul thermique Solveur TH Échange de données Étape éventuelle d’accélération multiphysique Réaliser une itération neutronique non Convergence neutronique atteinte ou nombre maximal d’itérations neutroniques atteint? Solveur N oui non Convergence multiphysique atteinte? oui Fin du couplage Figure 3.2 – Représentation schématique du problème multiphysique étudié : l’étape d’accélération multiphysique peut correspondre à une itération de l’accélération d’Anderson ou de la méthode de la sécante par exemple, ou simplement à l’application d’une relaxation fixe. 72 Chapitre 3 : Mise en place du couplage multiphysique et des cas d’étude Réflecteur 15 0 15 0 15 0 30 0 15 Figure 3.3 – Carte de chargement du quart nord-est du mini-cœur de REP ; les valeurs de burn-up sont indiquées sur chacun des assemblages et sont données en MWd/kg. Critère de convergence neutronique Critère de convergence thermohydraulique Critère de convergence multiphysique 1 × 10−5 pour le flux 1 × 10−6 pour le keff 1 × 10−8 5.5 × 10−5 Tableau 3.1 – Critères de convergence relatifs retenus pour le mini-cœur. et est entourée axialement par du réflecteur également, mesurant également 21cm radialement et respectivement 18cm et 26cm axialement, en bas et en haut du cœur. En termes de conditions nominales d’exploitation, le débit modérateur est fixé à 2450kg.s−1 et la température d’entrée du modérateur à 566K pour une pression en sortie du cœur de 157bar. La puissance nominale considérée est de 450MW thermique. L’ensemble de la puissance générée dans un assemblage, par les réactions de fission par exemple, n’est pas déposée en totalité dans les crayons combustibles. Une partie de celle- ci est directement déposée dans le modérateur. On fixe à 2. 6% la part de la puissance générée dans un assemblage qui sera considérée directement déposée dans le modérateur présent à l’intérieur dudit assemblage. Il s’agit d’une répartition classique dans les couplages entre neutronique et thermohydraulique, qu’on peut par exemple retrouver dans [Cat20]. Enfin, on considère un coefficient d’échange thermique constant pour l’épaisseur d’hélium, décrit en section 1.4.3, et ce, pour l’ensemble des assemblages. On retient : hgap = 5000W/m2 /K, ce qui correspond à une valeur typique pour des assemblages en début de cycle. Du fait des symétries, on ne simule que le quart nord-est du cœur. Finalement, on considère du vide comme condition aux limites neutronique dans toutes les direction s. Enfin, d’un point de vue neutronique, on détermine le flux via l’approximation de la diffusion, avec 8 groupes d’énergie. On peut noter qu’il s’agit ici d’une modélisation peu répandue, associée à une description à l’échelle crayon du problème neutronique : l’hypothèse de la diffusion est généralement utilisée avec 2 groupes d’énergie, pour une modélisation à l’échelle assemblage. On fait ici le choix de complexifier le calcul d’un point de vue neutronique, notamment pour rendre la résolution du problème plus coûteux en termes de temps de calcul. Finalement, on donne dans le tableau 3.1 les différents critères de convergence retenus pour ce cas d’étude. Notons qu’ils correspondent à des critères de convergence mono-physique plus poussés que les valeurs par défauts associées à chacun des solveurs, à savoir 1 × 10−4 et 1 × 10−5 respectivement pour Section 3.2 : Mise en place des différents cas d’étude 73 le flux et le keff pour Minos et 1 × 10−6 pour la thermohydraulique avec Thedi. Le critère de convergence multiphysique correspond lui à un critère plus souple que la valeur par défaut de C3PO, correspondant à 1 × 10−5. Un critère plus resserré pour la précision multiphysique aboutit en effet à un grand nombre d’itérations multiphysiques finales constitués uniquement d’une itération neutronique et d’un pas de temps thermohydraulique. La valeur finale retenue permet d’échapper à ce phénomène. 3.2.3 KAIST - Problème 1A Le problème 1A du benchmark KAIST est initialement issu d’un problème uniquement neutronique, en deux dimensions. On donne le schéma du cœur figure 3.4. L’ensemble des considérations géométriques peut être trouvé dans [kai]. Les différents types d’assemblage constituant le cœur y sont également détaillés : on retient que l’enrichissement varie d’un assemblage à l’autre et que certains crayons dans les assemblages notés BA sont constitués de gadolinium, un poison neutronique consommable dont le but est de contrôler la réactivité dans le cœur et dont les effets diminuent au fur et à mesure qu’il est soumis à un flux neutronique. Le type de combustible varie également, puisqu’en plus de l’oxyde d’uranium, on trouve du MOX, un mélange d’uranium et de plutonium utilisé en France notamment. D’une manière générale, la complexité de ce cas d’étude est plus grande que celle du mini-cœur décrit au paragraphe précédent. Réflecteur UOX-1 UOX-1 MOX-1 UOX2 UOX-1 UOX2 MOX1(BA8 ) UOX2 UOX-1 UOX2 (BA16 ) UOX2 MOX-1 UOX-1 Baffle Figure 3.4 – Représentation schématique du benchmark KAIST-Problème 1A Pour s’inscrire dans une démarche reproductible, on modifie ce cas d’étude pour le rendre multiphysique. Pour cela, on extrude la géométrie pour modéliser un cœur en trois dimensions d’une hauteur active de 2m, et, si la température combustible est fixée initialement à 900K, on la mettra à jour, tout comme la densité du modérateur, selon le schéma de couplage donnée en 3.2. 74 Chapitre 3 : Mise en place du couplage multiphysique et des cas d’étude Critère de convergence neutronique Critère de convergence thermo ulique Critère de convergence multiphysique 1 × 10−4 pour le flux 1 × 10−5 pour le keff 1 × 10−6 1 × 10−5 Tableau 3.2 – Critères de convergence relatifs retenus pour le problème 1A de KAIST. On initialise uniformément la température modérateur à 570K. Elle est mise à jour au cours du couplage en fonction de la densité du modérateur. Le coefficient d’échange thermique est également gardé constant à hgap = 5000W/m2 /K. Ici encore, du fait des symétries, on ne simule que le quart nord-est. Les conditions aux limites à l’extérieur du réflecteur sont du vide. Le débit massique est fixé à 3575kg.s−1 et la température du modérateur à l’entrée du cœur à 570K, pour une pression en sortie du cœur fixé à 157 bar. On se place à 50% de la puissance nominale, fixée à l’origine à 900MW, toutes les barres de contrôles étant extraites du cœur. On baisse le niveau de puissance pour obtenir, sans barre de contrôle, une nappe de puissance garantissant un écoulement liquide, sans ébullition. Enfin, d’un point de vue neutronique, on utilise l’approximaion SP3 pour déterminer une solution approchée du flux, avec 8 groupes d’énergie. On peut noter qu’il s’agit ici d’une modélisation classique : on peut par exemple citer les travaux de Cattaneo [Cat20], dans lesquels il précente cette modélisation neutronique comme un bon compromis entre temps de calcul et précision du résultat. Finalement, on donne dans le tableau 3.2 les différents critères de convergence retenus pour ce cas d’étude qui correspondent aux valeurs par défaut de Minos, Thedi et C3PO. 3.3 Bilan du chapitre Dans ce chapitre, on a dans un premier temps introduit les solveurs neutronique d’une part et thermohydraulique et thermique d’autre part qui sont utilisés dans la suite pour mettre en place le couplage multiphysique. Il s’agit respectivement du solveur SPN Minos d’Apollo3®, code métier en neutronique développé au CEA, et du solveur Thedi, basé sur un modèle à 4 équations. Ce dernier est le module de contre-réactions également développé au CEA pour d’Apollo3®. Ces deux solveurs ont ainsi naturellement vocation à être couplés lors d’études multiphysiques : il s’agit donc d’un cadre particulièrement adapté pour la mise en place d’une méthodologie de couplage qui se veut efficace en termes de temps de calcul et de nombre d’itérations mono et multiphysiques. De ce point de vue, le couplage est réalisé avec la librairie Python C3PO, permettant de mettre en place des schémas de couplage tel que présentés par la figure 3.2. Ensuite, on a défini le problème mathématique qu’on souhaite résoudre, correspondant au couplage entre un solveur neutronique et un solveur thermohydraulique et thermique, couplage décrivant l’état stationnaire d’un cœur de réacteur. On cherche ainsi à résoudre un point fixe sur la nappe de puissance neutronique, donné par l’équation (3.2.1), puissance générée principalement du fait des réactions de fission ayant lieu dans un cœur de REP. Les échelles retenues pour les différentes modélisations ont également été introduites : on considère ainsi une description à l’échelle cellule pour la neutronique et la thermique et une description à l’échelle de l’assemblage pour la thermohydraulique. Cette modélisation correspond à un compromis entre temps de calcul et précision des résultats physiques obtenus. Section 3.3 : Bilan du chapitre 75 Enfin, deux cas d’études ont été mis en place : l’objectif est d’étudier les performances des algorithmes de couplage retenus en section 2.5 pour différentes tailles de cœur de réacteur et différents types d’assemblage combustible. On a ainsi développé : — un petit cœur de REP constitué de 5 × 5 assemblages d’oxyde d’uranium enrichi à 4% et ayant des caractéristiques géométriques correspondantes à celles des REP français. Pour ce cas, on utilise l’approximation de la diffusion déterminer une approximation du flux neutronique solution de l’équation de transport ; — le cœur de réacteur correspondant au problème 1A du benchmark KAIST [kai], constitué d’assemblage d’oxyde d’uranium et de MOX. Les assemblages présentent des taux d’enrichissement différents et certains incluent des crayons en gadolinium, poison neutronique consommable. Par rapport au petit cœur de REP, ce cas d’étude est donc plus complexe d’un point de vue neutronique. Sa petite taille, 2 mètres de hauteur, rend en revanche le couplage plus stable. On utilise la méthode SP3 pour déterminer une approximation du flux neutronique avec Minos. On s’est donné des niveaux de précision à atteindre différents en fonction du cas d’étude, pour le problème neutronique, thermohydraulique et thermique et enfin pour le problème général multiphysique : cela permet de déterminer les performances des méthodes de couplage pour différents niveaux de précision. Conclusion de la première partie Dans cette première partie, on a introduit les différentes physiques permettant de décrire un état stationnaire d’un cœur de REP. Pour chacune d’entre elles, on s’est intéressé aux différentes échelles de modélisation possibles et on a décrit quelques problèmes caractéristiques de ces échelles de délisation. Chacun de ces problèmes peut être décrit par un système d’équations non-linéaires. On peut alors développer un solveur pour résoudre directement le problème dans son ensemble : c’est l’approche monolithique. Une autre méthode, plus simple, pour résoudre un tel système est celle du couplage en boîtes noires : il s’agit alors d’utiliser des codes de calcul mono-physique préexistants, permettant chacun de résoudre une sous-partie du problème multiphysique et d’itérer entre ces solveurs jusqu’à atteindre la convergence globale de l’ensemble. L’utilisation de codes de calcul préexistants permet de limiter les efforts de développement et de pouvoir modéliser un large éventail de situations physiques. On se restreint dans cette thèse au couplage en boîtes noires. Dans ce cadre, la modélisation multiphysique de cœur de REP peut conceptuellement se ramener à résoudre un large système d’équations différentielles non-linéaires. Concrètement, on cherche alors à déterminer le point fixe d’une fonction f rendant compte de ce système. Différentes méthodes numériques permettant de résoudre ou d’accélérer la résolution de ce type de problème ont été présentées dans un second temps. La méthode de Gauss-Seidel est la méthode la plus simple et répandue pour réaliser des couplages entre neutronique, thermohydraulique et thermique. Elle converge cependant lentement et peut présenter des problèmes de stabilité. Généralement, on peut améliorer ses performances et améliorer sa stabilité en introduisant un facteur de relaxation, dont il faut malgré tout déterminer une valeur satisfaisante, en fonction du problème étudié. La méthode de la sécante permet de s’épargner cette recherche et de calculer au fur et à mesure du calcul multiphysique un facteur de relaxation satisfaisant. L’accélération d’Anderson connaît un fort intérêt dernièrement dans la communauté de la multiphysique des réacteurs. Cette méthode cherche directement à accélérer la résolution du point fixe, en tirant parti des informations portées par les m dernières itérations. Son utilisation permet d’augmenter la vitesse de convergence et de stabiliser le calcul sans avoir à introduire de facteur de relaxation. On peut également essayer de limiter la sur-résolution entre les solveurs monophysiques au cours du calcul multiphysique. Sans augmenter la vitesse de convergence, on est alors capable de diminuer le temps de calcul global en réduisant le nombre d’itérations monophysiques effectuées par chacun des solveurs. Cela peut passer par de la convergence partielle des solveurs ou l’implémentation de méthodes de type Residual Balance. Ces dernières nécessitent d’avoir accès aux erreurs monophysiques réalisées par chacun des solveurs, à chaque appel. Enfin, les méthodes de type JFNK ont été présentées. On cherche alors à résoudre un problème équivalent à celui du point fixe, à savoir la recherche du zéro de la fonction F := f − Id. L’idée est d’approcher le produit de la jacobienne de F par un vecteur ∆x pour pouvoir mettre en place un algorithme de type Newton. Si les performances en termes de réduction du nombre d’itérations sont prometteuses, cela nécessite une étape de préconditionnement, qui dépend alors des problèmes considérés et demande des ressources en termes de développement plus importantes. L’objectif de cette thèse est de déterminer un ensemble de méthodes et stratégies de couplage entre neutronique, thermohydraulique et thermique, devant être applicables de manière systématique et efficace à un large panel de problèmes, en termes de vitesse convergence du calcul multiphysique couplé, de minimisation du temps de calcul associé et du nombre d’itérations multi et mono physiques effectuées, sans être spécifiques à chaque étude potentielle. On cherche ainsi à déterminer des algorithmes de couplage dont l’efficacité n’est pas dépendante d’une étape d’optimisation qui dépendrait du problème considéré. De ce fait, il nous paraît pertinent de s’intéresser dans la suite à la relaxation dynamique via la méthode de la sécante, ainsi qu’à l’accélération d’Anderson et aux méthodes de type Residual Balance. À l’inverse, l’importance de l’étape du préconditionnement pour la méthode JFNK nous pousse à l’écarter. Enfin, l’étude de l’introduction d’une relaxation dans la méthode de Gauss-Seidel ainsi que l’utilisation de la convergence partielle doivent nécessairement être abordées, étant donné leur utilisation systématique dans les couplages entre neutronique, thermohydraulique et thermique, notamment dans les études industrielles, et ce même si on souhaite avoir à disposition des méthodes de couplage dont les performances ne passent pas par l’optimisation de ces paramètres. Dans un dernier chapitre, les solveurs utilisés pour les aspects neutronique d’une part et thermohydraulique et thermique d’autre part ont été présentés, ainsi que la librairie de couplage permettant de réaliser les couplages. Il s’agit respectivement d’Apollo3®, de Thedi et de C3PO. On a également mis en place deux cas d’étude représentatifs de la multiphysique d un réacteur. Le premier est un mini-cœur de REP tandis que le second est issu d’un benchmark international neutronique, KAIST, qu’on a modifié pour en faire un problème multiphysique. Dans la suite, on cherche à comparer les performances de ces différentes méthodes numériques aussi bien en termes de temps de calcul qu’en nombre d’itérations mono et multiphysiques effectuées. L’objectif est ainsi de déterminer les méthodologies et stratégies de couplage les plus efficaces et générales lorsqu’il s’agit de déterminer un état stationnaire de cœur de REP. Deuxième partie Optimisation d’un couplage entre neutronique, thermohydraulique et thermique 79 Table des matières de la partie II Introduction de la deuxième partie 83 4 Mise en place d ’une méthodologie pour les couplages en boîtes noires 85 4.1 Optimisation du facteur de relaxation et du niveau de convergence partielle. 86 4.1.1 Optimisation du facteur de relaxation. 86 4.1.2 Mise en évidence du niveau de convergence partielle optimal et du lien avec la relaxation. 89 4.1.3 Apport du calcul couplé par rapport aux simulations mono-physiques. 94 4.2 Développement d’une méthode de type Residual Balance sans paramètre libre. 95 4.2.1 Implémentation de la méthode de l’ Adaptive Resid ual Balance dans C3PO 95 4.2.2 Mise en évidence de la capacit é de l’A daptive Residual Balance à contrôler la sur-résolution lors du couplage. 96 4.2.3 Développement de la mé thode Dynamic Resid ual Balance et étude de ses performance s. 100 4.3 Limites des méthodes d’accélération par rapport à la convergence partielle . 105 4.3.1 Implémentation de l’accélération d’Anderson et de la méthode de la sécante dans C3 PO . 105 4.3.2 Mise en évidence des limites des méthodes d’accélération sans convergence partielle. 105 4.3.3 Impact de la convergence partielle sur les méthodes d’accélération. 109 4.4 Bilan du chapitre. 116 5 Optimisation des couplages en boîtes noires via l’accélération de la résolution du problème à valeur propre dans Minos 119 5.1 Implémentation de l’accélération d’Anderson pour Minos. 120 5.1.1 Définition du point fixe complet à accélérer et implémentation d’Anderson dans Minos. 120 5.1.2 Validation de l’approche et mise en évidence de ses performances. 121 5.2 Optimisation de l’implémentation de l’accélération d’Anderson. 124 5.2.1 Prise en compte de la linéarité entre la source et le flux dans l’accélération d’Anderson. 124 5.2.2 Performance de l accélération d’Anderson appliquée à la source et répercutée sur le flux. 127 81 82 Table des matières de la deuxième partie 5.3 5.4 6 5.2.3 Choi x reten us dans l’implémentation d’Anderson. 129 5.2.4 Optimisation de la stratégie de lancement. 129 5.2.5 Impact mémoire de l’accélération d’Anderson. 133 Impact d’une neutronique accélérée sur les couplages en boîtes noires. 134 5.3.1 Performance des couplages avec convergence fine. 134 5.3.2 Performance des couplages à convergence partielle. 139 Bilan du chapitre. 143 Méthodologie pour les couplages intrusifs 145 6.1 Développement d’un schéma de couplage intrusif sur le flux neutronique convergé. 146 6.1.1 Conservation de la cohérence entre le flux et la nappe de puissance. 146 6.1.2 Développement d’un couplerSolverAPI. 147 6.1.3 Changement de paradigme. Dans le chapitre 4, on s’intéresse aux couplages en boîtes noires. Il s’agit dans un premier temps, d’utiliser la méthode de Gauss-Seidel et d’optimiser le niveau de convergence partielle et la valeur du facteur de relaxation. Cette optimisation est, comme nous le verrons, dépendante du cas d’étude considéré. Cela permet également d’avoir à disposition un temps de calcul global minimal de référence, qui nous servira dans la suite d’objectif à atteindre. Ensuite, on évalue les performances de l’Adaptive Residual Balance et on en propose une variante, la méthode du Dynamic Residual Balance, permettant de contrôler plus finement la décroissance monotone des précisions imposées aux solveurs au cours du calcul multiphysique. Enfin, on met en évidence les limites des méthodes d’accélération (accélération d’Anderson et méthode de la sécante) pour réduire le temps de calcul du couplage, principalement en raison de la convergence rapide des problèmes multiphysiques considérés et du grand nombre d’itérations neutroniques effectuées à chaque appel de Minos. En revanche, elles permettent de stabiliser le schéma numérique. Combinées à la convergence partielle, les performances de ces dernières méthodes sont dégradées : la convergence partielle introduit en effet l’équivalent d’un bruit numérique dans la mémoire d’Anderson ou de celle de la méthode de la sécante, ce qui dégrade la qualité des itérées accélérées produites et ralentit donc in fine la convergence multiphysique. Dans le chapitre 5, on cherche à accélérer la résolution des équations SPN dans Minos, afin de rendre compétitifs les calculs couplés avec convergence fine des solveurs. Pour cela, on implémente l’accélération d’Anderson comme méthode d’accélération de la méthode de la puissance itérée. Cela permet de réduire d’un facteur 3 à 7 le nombre d’itérations neutroniques. Il est par ailleurs possible de tirer parti de la linéarité entre le flux et la source de fission pour réduire le surcoût par itération neutronique, en termes de temps de calcul : il s’agit d’appliquer l’accélération d’Anderson aux termes sources uniquement, et de maintenir la cohérence entre le flux et la source en appliquant les coefficients d’Anderson aux composantes du flux dans un second temps. Cela permet de réduire le surcoût en temps de calcul associé à l’utilisation de l’accélération d’Anderson d’un facteur 3 à 7. Finalement, on met en évidence l’apport d’une convergence rapide du solveur Minos pour les couplages multiphysiques : on montre en effet qu’on est désormais en mesure de réaliser des calculs couplés avec convergence fine en un temps raisonnable. Combinée à des méthodes d’accélération pour le couplage multiphysique, comme la méthode de la sécante ou l’accélération d’Anderson, Introduction de la deuxième partie qu’on applique toutes les deux à la nappe de puissance, on est par ailleurs en mesure de garantir la stabilité du couplage et sa convergence en un temps de calcul comparable aux cas optimisés qu’on a déterminés au chapitre 4. Finalement, on s’intéresse dans le chapitre 6 à des couplages intrusifs. Il s’agit de mettre en place des couplages multiphysiques sur le flux neutronique et non plus sur la nappe de puissance. Cela doit permettre d’améliorer les performances de l’accélération d’Anderson, appliquée comme algorithme de couplage multiphysique, en lui donnant accès aux grandeurs bas niveaux, dont dépend l’initialisation du solveur neutronique. Dans un premier temps, on montre l’intérêt de ces couplages intrusifs, dits hybrides, en termes de réduction du nombre d’itérations neutroniques, lorsque la convergence partielle est utilisée. Pour cela, on met notamment en place un couplage dit bas niveau, dans lequel on met à jour les sections efficaces à chaque itération neutronique, ce qui implique donc un calcul de thermohydraulique. Dans un second temps, on propose une méthodologie de couplage hybride avec convergence fine des solveurs et garantissant la cohérence entre les grandeurs physiques d’intérêts du couplage. On démontre l’intérêt de cette approche en termes de vitesse de convergence multiphysique. Chapitre 4 Mise en place d’une méthodologie pour les couplages en boîtes noires L’objectif de ce chapitre est de déterminer les méthodes de couplage en boîtes noires les plus efficaces en termes de temps de calcul total et nombre d’itérations mono et multiphysiques pour le calcul d’un état stationnaire de cœur de REP. On compare donc ici les différentes méthodes qu’on a retenues à la conclusion du chapitre précédent, à savoir la méthode de la sécante, l’accélération d’Anderson et l’Adaptive Residual Balance, en termes de temps de calcul et vitesse de convergence multiphysique. On porte une attention particulière à leur caractère généralisable : on entend par là qu’une technique de couplage nécessitant une optimisation précise de certains paramètres pour permettre une convergence rapide du problème multiphysique n’est pas considérée comme étant une approche satisfaisante pour la mise en place d’une méthodologie de couplage en boîtes noires. Finalement, il s’agit de comparer ses méthodes en termes de nombre d’itérations neutroniques et multiphysiques, de temps de calcul total et de présence de paramètres numériques cas-dépendants. Pour rappel, on s’intéresse ici au problème stationnaire défini sur la nappe de puissance : x := Pf, Pw et f (x) := N TH Pf, Pw. Les définitions de Pf et Pw peuvent être trouvées en section 3.2.1 et les solveurs correspondants aux opérateurs N et TH respectivement au paragraphe 3.1.1.1 et 3.1.2.1. Dans une première section, on explore les approches avec facteur de relaxation fixé introduites en section 2.1.3 et avec convergence partielle, présentées en section 2.4.1. On met en évidence l’importance du choix de ces paramètres et leur dépendance au cas d’étude considéré. Dans une seconde section, on étudie les performances de l’Adaptive Residual Balance, détaillée au paragraphe 2.4.3.2, et on développe une méthode permettant de contrôler plus simplement la décroissance des précisions imposées à chacun des solveurs au cours de la simulation multiphysique, dite Dynamic Residual Balance. Enfin, on met en évidence les limites de la méthode de la sécante et de l’accélération d’Anderson, introduites respectivement en sections 2.1.5 et 2.3, en termes de temps de calcul par rapport à l’approche avec convergence partielle. On étudie également le comportement de ces méthodes d’accélération utilisées avec convergence partielle du solveur neutronique. 4.1.1 Optimisation du facteur de relaxation On étudie dans ce paragraphe l’influence du facteur de relaxation, pour la méthode de Gauss-Seidel relaxée introduite en section 2.1.3, sur le temps de calcul total ainsi que sur le nombre d’itérations mono et multiphysiques, pour le mini-cœur ainsi que pour le problème 1A de KAIST. On donne figure 4.1 l’évolution du temps de calcul total en fonction de ce facteur de relaxation, dans le cas où chacun des solveurs converge aux niveaux de précision souhaités, donnés respectivement dans les tableaux 3.1 et 3.2. On parle alors de convergence fine. Comme attendu et présenté en section 2.1.3, il existe pour chacun des cas d’étude un facteur de relaxation optimal, permettant de minimiser le temps de calcul et de maximiser la vitesse de convergence. Numériquement, on trouve qu’il s’agit de α ≈ 0.5 pour le mini-cœur de REP et de Section 4.1 : Optimisation du facteur de relaxation et du niveau de convergence partielle 87 Gauss-Seidel convergence fine 12000 Mini-cœur 10000 Temps total en sec. 10000 Temps total en sec. KAIST 12000 8000 6000 4000 2000 8000 6000 4000 2000 0 0 0.4 0.6 0.8 1.0 Facteur de relaxation α 0.4 0.6 0.8 1.0 Facteur de relaxation α Figure 4.1 – Évolution du temps de calcul total en fonction du facteur de relaxation pour le mini-cœur et le problème 1A de KAIST. α ≈ 0.7 pour le problème 1A de KAIST. On remarque également que l’introduction d’un facteur de relaxation est nécessaire pour le premier cas d’étude, sans quoi la méthode de Gauss-Seidel ne converge pas : pour des valeurs de α supérieures à 0.7 environ, la puissance neutronique oscille alors entre deux états, sans jamais converger vers la puissance solution. Ce n’est pas vrai pour le second cas d’étude, qui ne pose pas de problème de convergence particulier : le rôle du facteur de relaxation est alors uniquement d’accélérer la convergence de la méthode de Gauss-Seidel, et on gagne ainsi près de 40% de temps de calcul par rapport au cas sans relaxation. Dans la littérature, on trouve généralement que la valeur du facteur de relaxation choisie doit être comprise entre 0.3 et 0.6 [HBC+ 16, LC09], typiquement α = 0.5, pour faire converger le calcul : on retrouve ce résultat ici, mais on remarque qu’on n’accélérerait que de 20% le temps de simulation pour le problème 1A de KAIST avec cette valeur par défaut, par rapport à la valeur optimale de α. On donne par ailleurs figure 4.2 l’évolution de l’erreur relative commise entre deux itérations successives sur la nappe de puissance. Si on note cette dernière P (n), à l’itération multiphysique n, avec un facteur de relaxation α, cette erreur est donnée par : ∆P (n) := kP (n) − P (n−1) k2. α kP (n−1) k2 On observe qu’effectivement, pour chaque cas d’étude, la valeur du facteur de relaxation permettant de minimiser le temps de calcul correspond également à celle garantissant une convergence en un nombre minimal d’itérations multiphysiques et donc avec une vitesse de convergence maximale. En termes de temps de calcul, on observe que ce sont les premières itérations multiphysiques qui coûtent le plus : en effet, ce sont elles qui se traduisent par un nombre d’itérations monophysiques important. C’est attendu : au départ, l’amplitude des variations des contre-réactions Chapitre 4 : Méthodologie pour les couplages en boîtes noires α = 0.4 α = 0.5 α = 0.6 KAIST 100 10−1 10−1 Erreur multiphysique 100 10−2 10−3 10−4 10−2 10−3 10−4 10−5 10−5 5 10 5 Itération n 10 15 Itération n Figure 4.2 – Évolution de l’erreur multiphysique au cours du calcul multiphysique pour différents facteurs de relaxation, pour le mini-cœur et le problème 1A de KAIST. Temps de calcul neutronique Mini-cœur conv. fine, α = 0.5 Nombre d’itérations neutroniques Erreur multiphysique Mini-cœur α = 0.7 600 400 200 0 2 4 6 8 10 Itération multiphysique KAIST conv. fine, α = 0.7 2000 1500 1000 500 0 2 4 6 8 10 Itération multiphysique Figure 4.3 – Évolution de du nombre d’itérations neutroniques effectuées par itération multiphysique et du temps de calcul neutronique correspondant. Section 4.1 : Optimisation du facteur de relaxation et du niveau de convergence partielle 89 entre neutronique et thermohydraulique, plus spécifiquement l’effet Doppler, est importante, jusqu’à ce que les deux physiques convergent vers leur solution respective . Ainsi, si on prend le cas du mini-cœur avec un facteur de la relaxation de α = 0.7, le calcul multiphysique converge en 10 itérations multiphysiques. Les quatres premières correspondent à 2524 itérations neutroniques réalisées, sur un total de 3163, soit près de 80% du temps de calcul neutronique. Ce point est illustré figure 4.3. C’est ce qu’on a appelé dans la section 2.4.1 la sur-résolution. D’où l’intérêt d’introduire de la convergence partielle : on aborde ce point dans le paragraphe suivant. 4.1.2 Mise en évidence du niveau de convergence partielle optimal et du lien avec la relaxation L’objectif de ce paragraphe est de déterminer le niveau de convergence partielle optimal pour chacun des cas d’étude. Pour cela, on limite dans un premier temps uniquement le nombre d’itérations autorisées pour le solveur neutronique : en effet, Cattaneo et al. ont montré dans [CLM+ 21] que la convergence partielle de la partie neutronique du couplage permettait d’obtenir une plage de convergence plus important en termes de valeurs pour le facteur de relaxation ainsi qu’une meilleure réduction du temps de calcul, obtenant par ailleurs des résultats proches de [CPE+ 15]. Les résultats concernant les deux cas d’étude considérés dans ce travail sont donnés figure 4.4. On observe qu’il existe pour chacun des cas un niveau de convergence partielle pour le solveur neutronique optimal, permettant de minimiser le temps de calcul global. Ce niveau dépend du cas d’étude : il s’agit de N = 50 pour le mini-cœur de REP et de N = 25 pour le problème 1A de KAIST. La convergence partielle permet, en limitant la sur-résolution, de limiter le nombre d’itérations monophysiques, limitant de ce fait le temps de calcul. Le temps de calcul est ainsi divisé par 4 entre le cas avec convergence fine et α = 0.5 et le cas N = 50 et α = 1 pour le mini-cœur. Pour KAIST, on a une division par 3 entre le cas avec convergence fine et α = 0.7 et le cas N = 25 et α = 0.9. Dans les deux cas, on observe que, si on choisit un niveau de convergence partielle trop bas, on dégrade le temps de calcul par rapport au cas avec un niveau de convergence partielle optimal. Par ailleurs, on note que l’introduction de la convergence partielle pour la partie neutronique du couplage permet de stabiliser le calcul : l’ensemble des cas étudiés converge sans avoir besoin d’introduire une relaxation pour N 50. De plus, le temps de calcul total semble moins dépendant de l’éventuelle relaxation introduite par rapport aux cas avec convergence fine ou pour lesquels un nombre important d’itérations neutroniques est autorisé (N 100). L’importance de déterminer le facteur de relaxation optimal pour un niveau de convergence partielle donné semble alors limitée : il apparaît pertinent de prendre par défaut la valeur α = 1 pour un niveau de convergence partielle N 50. Dans tous les cas, on a alors un temps de calcul total inférieur au meilleur cas avec convergence fine et facteur de relaxation optimal. On donne figures 4.5, 4.6 et 4.7 les évolutions des erreurs multiphysiques pour chacun des niveaux de convergence partielle, et pour chaque cas d’étude, en fonction du facteur de relaxation. Remarquons pour commencer que dans certains cas, on converge le problème multiphysique à une précision plus basse que celle demandée initialement : c’est dû au fait qu’on impose, dans le cas de la convergence partielle neutronique, que la convergence interne à Minos soit atteinte. Tant que ce n’est pas le cas, la simulation multiphysique continue. C’est pour cela par exemple que pour le cas du mini-cœur avec N = 15 et α = 1, on atteint une erreur multiphysique finale proche de 10−6 alors que la précision cible est de 5.5 × 10−5. 90 Chapitre 4 : Méthodologie pour les couplages en boîtes noires GS conv. fine GS N = 100 12000 GS N = 50 GS N = 25 Mini-cœur 12000 KAIST 10000 Temps total en sec. Temps total en sec. 10000 GS N = 20 GS N = 15 8000 6000 4000 8000 6000 4000 2000 2000 0 0 0.4 0.6 0.8 1.0 Facteur de relaxation α 0.4 0.6 0.8 1.0 Facteur de relaxation α Figure 4.4 – Évolution du temps de calcul total en fonction du facteur de relaxation pour le mini-cœur et le problème 1A de KAIST et pour différents niveaux de convergence partielle neutronique - on a noté GS pour Gauss-Seidel et on a indiqué par N = 100 par exemple le fait que le solveur neutronique n’était autorisé à effectuer qu’au maximum 100 itérations. On observe également, pour chacun des cas d’étude, que l’influence du facteur de relaxation sur la vitesse de convergence diminue avec le niveau de convergence partielle . Ainsi, s’il y a une véritable différence selon la valeur du facteur de relaxation en termes de nombre d’itérations multiphysiques à effectuer dans le cas avec convergence fixe ou dans le cas avec N = 100 par exemple, ce n’est plus vrai pour N = 20 ou N = 15 : cela renforce la conclusion précédente, à savoir que l’introduction d’un facteur de relaxation n’est pas nécessaire dans le cas où on applique un niveau de convergence partielle suffisamment bas, c’est-à-dire pour lequel on impose un nombre maximal faible d’itérations neutroniques autorisées. Par ailleurs, on note que la convergence partielle neutronique permet de gagner non seulement en temps de calcul mais également en termes de nombre d’itérations multiphysiques par rapport au cas avec convergence fine. Dans ce dernier cas, on converge ainsi le problème du mini-cœur en au mieux 10 itérations multiphysiques (voir figure 4.2) et 9 pour le problème 1A de KAIST, avec des facteurs de relaxation optimisés. Pour N = 100, on est en mesure de converger respectivement en 9 et 7 itérations multiphysiques, là encore en ayant besoin d’introduire un facteur de relaxation α = 0.9, pour le cas du mini-cœur au moins. Pour N = 50, on peut prendre α = 1 et on converge alors en respectivement 7 et 6 itérations multiphysiques. Pour N = 25, sans relaxation, la convergence est atteinte en respectivement 19 et 8 itérations multiphysiques : ce niveau de convergence partielle entraîne donc de la sous-résolution pour le mini-cœur alors qu’il permet de réduire la sur-résolution pour KAIST. C’est également le cas pour N = 20 tandis que pour Mini-cœur Gauss-Seidel N = conv. fine ; α = 0.5 N = 100 ; α = 0.8 N = 50 ; α = 1 N = 25 ; α = 0.8 N = 20 ; α = 0.7 N = 15 ; α = 0.4 Nombre d’itérations neutroniques 3150 782 302 328 362 467 Nombre d’itérations multiphysiques 10 9 7 14 19 32 Temps de calcul total en sec. 5.5 × 103 2.0 × 103 1.1 × 103 1.7 × 103 2.1 × 103 3.0 × 103 Problème 1A de KAIST Gauss-Seidel N = conv. fine ; α = 0.7 N = 100 ; α = 0.8 N = 50 ; α = 1 N = 25 ; α = 0.9 N = 20 ; α = 0.7 N = 15 ; α = 0.5 Nombre d’itérations neutroniques 549 398 206 140 147 173 Nombre d’itérations multiphysiques 9 7 6 8 9 17 Temps de calcul total en sec. 6.0 × 103 4.4 × 103 2.4 × 103 1.8 × 103 2.0 × 103 2.5 × 103 Tableau 4.1 – Nombre d’itérations neutroniques, d’itérations multiphysiques et temps de calcul total pour le mini-cœur et pour KAIST, pour les cas optimaux de chaque niveau de convergence partielle. N = 15, on dégrade la vitesse de convergence pour les deux problèmes. On en déduit que la réduction du temps de calcul par rapport au cas avec convergence fine passe par deux mécanismes. D’une part, un contrôle de la sur-résolution se traduisant par une réduction du nombre total d’itérations neutroniques effectuées, et ce pour tous les niveaux de convergence partielle explorés ici. On peut se référer au tableau 4.1 pour le détail en termes de nombre d’itérations neutroniques totales effectuées pour différents niveaux de convergence partielle et pour chacun des cas d’étude. D’autre part, pour un niveau de convergence partielle optimal, cela s’accompagne également par une réduction du nombre d’itérations multiphysiques : c’est le cas pour N = 100 ou N = 50 pour le mini-cœur ou pour N = 100 ; N = 50 et N = 25 pour KAIST.
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Vitrectomie diagnostique dans les inflammations intraoculaires : étude d’une série rétrospective. Journal Français d'Ophtalmologie, 2019, 42, pp.618 - 625. &#x27E8;10.1016/j.jfo.2019.03.003&#x27E9;. &#x27E8;hal-03486950&#x27E9;
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Vitrectomie diagnostique dans les inflammations intraoculaires : étude d’une série rétrospective L. Malosse, K. Angioi, C. Baumann, H. Rousseau, J.-B. Conart To cite this version: L. Malosse, K. Angioi, C. Baumann, H. Rousseau, J.-B. Conart. Vitrectomie diagnostique dans les inflammations intraoculaires : étude d’une série rétrospective. Journal Français d’Ophtalmologie, 2019, 42, pp.618 - 625. �10.1016/j.jfo.2019.03.003�. �hal-03486950� HAL Id: hal-03486950 https://hal.science/hal-03486950 Submitted on 20 Dec 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial 4.0 International License Version of Record: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0181551219301913 Manuscript_8c3c2d5924ca34230777a0f2230a11b9 Vitrectomie diagnostique dans les inflammations intraoculaires : étude d’une série rétrospective Diagnostic vitrectomy in intraocular inflammations : a retrospective series Présentation lors de la SFO le 5 mai 2018 : communication orale. Auteurs : Laure Malosse1*, Karine Angioi1, Cédric Baumann2, Hélène Rousseau2, Jean-Baptiste Conart1 1- CHRU Nancy, Service d'ophtalmologie, Hôpitaux de Brabois, rue du Morvan, 54500 Vandoeuvre-lès-Nancy ; Université de Lorraine 2- Plateforme d'aide à la recherche clinique, UMDS Hôpitaux de Brabois, rue du Morvan, 54500 Vandoeuvre-lès-Nancy Auteur correspondant* : Laure Malosse, [email protected] 18 rue Verlaine, 54000 NANCY, France Titre court : Vitrectomie diagnostique dans les inflammations intraoculaires Diagnostic vitrectomy in intraocular inflammations 1 © 2019 published by Elsevier. This manuscript is made available under the CC BY NC user license https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ Résumé Objectif : Cette étude avait pour objectif d’évaluer le rendement diagnostique et fonctionnel des vitrectomies réalisées dans le cadre du bilan étiologique d’uvéites. Matériels & Méthodes : Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique portant sur les patients ayant bénéficié d’une vitrectomie dans le cadre du bilan étiologique d’une uvéite entre janvier 2011 et décembre 2016 au CHRU de Nancy. Les prélèvements vitréens ont été analysés en cytopathologie avec études morphologique et immunohistochimique et/ou en microbiologie avec culture et PCR bactériennes fongiques et virales, selon la suspicion clinique. L’acuité visuelle postopératoire a été recueillie à 1 et 6 mois et comparée à l’acuité préopératoire. Résultats : Nous avons analysé les résultats de 39 vitrectomies diagnostiques réalisées chez 34 patients. La vitrectomie a été contributive dans 36 % des cas. Les diagnostics retrouvés étaient un lymphome (10 patients), une amylose (2 patients), une rétinite à CMV (un patient) et une métastase choroïdienne de 2 mélanome cutané avec envahissement vitréen (un patient). L’acuité visuelle moyenne s'est améliorée de 1,2 ± 0,7 logMAR en préopératoire à 0,8 logMAR ± 0,7 à un mois (p<0,001) et à 0,9 logMAR ± 0,8 à six mois (p=0,05). Conclusion : Dans notre série, la vitrectomie et l’analyse du vitré ont permis de mettre en évidence un diagnostic dans un certain nombre de cas d’uvéites avec une majorité de lymphomes oculo-cérébraux. L’acuité visuelle a été améliorée chez la plupart des patients. Dans un contexte d’uvéite inexpliquée, le recours à la vitrectomie doit être envisagé en ciblant précisément les recherches en fonction des hypothèses étiologiques apportées par l’examen clinique. 3 Summary Purpose: To determine the diagnostic and functional yield of vitrectomy in patients with uveitis of unknown origin. Methods: A single center retrospective study was performed on patients who underwent a diagnostic vitrectomy for uveitis in the Department of Ophthalmology of the Nancy University Hospital from January 2011 to December 2016. Vitreous samples were analyzed in the cytology laboratory by cytological and immunohistochemical techniques, and in the microbiological laboratory by culture and bacterial, fungal and viral PCR, depending on clinical findings. Preoperative and one- and six-month postoperative visual acuity were collected and compared. Results: Thirty-four patients (39 vitrectomies) were included. Vitreous testing led to a diagnosis in 14 out of 39 cases (36%): 10 intraocular lymphoma, 2 amyloidosis, 1 CMV retinitis, and 1 choroidal metastasis of cutaneous melanoma with vitreous dissemination. Vitrectomy was negative in 20 patients. Visual acuity improved from 1.2 ± 0.7 logMAR preoperatively to 4 0.8 ± 0.7 logMAR at 1 month (p<0.001) and 0.9 ± 0.8 logMAR at 6 months (p=0.054). Conclusion: In our study, diagnostic vitrectomy and vitreous fluid analysis were useful to diagnose uveitis of unknown origin, most of which were found to be intraocular lymphomas. Visual acuity improved for the majority of patients. Diagnostic vitrectomy with appropriate vitreous analysis related to clinical examination must be considered in the evaluation of uveitis of unknown origin. Mots clés : Vitrectomie diagnostique ; Uvéites ; Lymphome intraoculaire primitif ; Acuité visuelle. Keywords: Diagnostic vitrectomy; Uveitis; Primary intraocular lymphoma; Visual acuity 5 Manuscrit Introduction La mise en évidence d’une étiologie chez les patients atteints d’une uvéite revêt d’importantes implications thérapeutiques et pronostiques. Dans certains cas, seul le recours à une vitrectomie permet d’affirmer le diagnostic grâce à la mise en évidence d’un germe ou de cellules pathologiques. Au-delà de son apport diagnostique, le geste chirurgical peut également conduire à l'amélioration de l'acuité visuelle. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer le rendement diagnostique des vitrectomies réalisées dans le cadre du bilan étiologique d’uvéites intermédiaires, postérieures, ou de panuvéites et d’étudier le devenir des patients pour lesquels la vitrectomie n’avait initialement pas permis de diagnostic. L’objectif secondaire était d’évaluer le bénéfice fonctionnel obtenu après vitrectomie. 6 Matériels et Méthodes Conception de l’étude et Population : Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive longitudinale monocentrique, réalisée dans le service d’ophtalmologie du CHRU de Nancy entre janvier 2011 et décembre 2016. L’ensemble des patients ayant bénéficié d’une vitrectomie diagnostique dans un contexte d’inflammation intraoculaire pendant cette période a été inclus. Tous présentaient un tableau d’uvéite intermédiaire, d’uvéite postérieure ou de panuvéite pour lequel un bilan étiologique dans le service de médecine interne avait été réalisé. Lorsqu'un lymphome vitréo-rétinien était suspecté en particulier, les patients avaient bénéficié au préalable d'un large bilan hématologique, d'une IRM cérébrale systématique, et le plus souvent d'une ponction d'humeur aqueuse avec dosage des interleukines 10 et 6 (IL-10, IL-6). Les patients ont pu être identifiés de manière exhaustive grâce au logiciel de codage diagnostique « ADICAP» du service d’anatomie pathologique. Le code de recherche était « LCOE » : « L » pour liquide de ponction en référence au mode de prélèvement, « C » pour cytologie en référence au type de technique, et « OE » le code organe pour œil. L’intégralité des échantillons de vitré prélevés à visée diagnostique pendant la période d’étude concernée a ainsi été colligée et la cohorte de patients constituée. 7 Données recueillies : Le dossier ophtalmologique de chaque patient a été analysé. Les données suivantes ont été relevées : l'âge, le sexe, l’acuité visuelle pré et postopératoire, le type d’uvéite, la durée d'évolution de la maladie, la latéralité, le degré de hyalite (haze vitréen quantifié de 1 à 4 +), le statut cristallinien préopératoire, le diagnostic suspecté faisant envisager la vitrectomie, le type de chirurgie réalisée (vitrectomie seule ou chirurgie combinée cataracte-vitrectomie) et les complications postopératoires. La positivité de la vitrectomie a été notée ainsi que le type de cellules ou de germe mis en évidence. Sur le plan biologique, nous avons également analysé le résultat du dosage des interleukines 10 et 6 dans l’humeur aqueuse si une ponction de chambre antérieure avait été réalisée avant la vitrectomie. Techniques : Les prélèvements de vitré ont été réalisés au cours d’une vitrectomie 3 voies, 23 Gauges de 2011 à 2013, puis 25 Gauges ensuite. Une chirurgie de cataracte était associée chez les patients phakes selon leur âge et l’état du cristallin. Un premier prélèvement de 1 mL de vitré pur (terminal d'infusion 8 fermé) et un second de vitré dilué (après ouverture de la ligne d’infusion) ont été réalisés avec une seringue reliée au vitréotome. Les prélèvements ont été envoyés immédiatement dans le service d’Anatomie Pathologique du CHRU de Nancy (délai d'acheminement estimé à 20 minutes). Les analyses cytomorphologiques et immunophénotypiques par technique d’immunohistochimie standard avec étalement sur lame ont été réalisées sur tous les prélèvements, à la recherche de cellules malignes. Il n'y a pas eu d'analyse biomoléculaire orientée lymphome vitréo-rétinien. Les prélèvements vitréens réalisés dans un contexte de suspicion d'infection (endophtalmie endogène) ont été adressés en microbiologie pour cultures conventionnelles bactérienne et fongique, avec techniques de biologie moléculaire associées (PCR pan-bactérienne et fongique). Une PCR pan-herpétique était réalisée si l'hypothèse diagnostique était une rétinite virale. Dans les cas de suspicion d'amylose, les dépôts amyloïdes ont été recherchés par coloration rouge Congo avec lecture en microscopie optique et mise en évidence du dichroïsme jaune-vert en lumière polarisée. Le typage de l'amylose a été obtenu par technique d'immunohistochimie utilisant un panel d'anticorps spécifiques (anticorps anti-chaînes légères kappa et lambda, anti-SAA, anti-transthyrétine). 9 Lorsque la vitrectomie était non contributive, nous avons étudié le devenir du patient à la recherche d’une étiologie mise en évidence ultérieurement. Pour cela, nous avons revu le dossier des patients à une date de point fixée à septembre 2017, c’est à dire un an après la date de la dernière vitrectomie incluse dans l'étude. Analyse statistique : Les caractéristiques de l’échantillon ont été décrites par les paramètres habituels : pourcentage pour les variables catégorielles et moyenne ± écart-type pour les variables continues. Le rendement de la vitrectomie diagnostique a été défini comme le nombre de vitrectomies ayant permis d’obtenir un diagnostic de certitude grâce aux analyses biologiques sur le prélèvement vitréen, rapporté au nombre total de vitrectomies réalisées. Pour évaluer le bénéfice fonctionnel de la vitrectomie, un test des rangs signés unilatéral a été utilisé comparant les acuités visuelles postopératoires à un mois et six mois aux valeurs préopératoires. Pour évaluer l’influence de la chirurgie de cataracte combinée à la vitrectomie sur le gain fonctionnel, une analyse de variance comparant le type de chirurgie « vitrectomie seule » ou « chirurgie combinée » a été 10 menée dans le sous-groupe des patients phakes. Un seuil de significativité de 5% a été retenu. Les analyses ont été conduites à l’aide du logiciel SAS (version 9.4, SAS Institute Inc., Cary, NC, USA). Résultats La population était constituée de 34 patients (39 yeux), dont 61,8 % de femmes, avec un âge moyen de 69,7 ans ± 12,1 à la première intervention. La durée d’évolution moyenne de l’uvéite au moment de la réalisation de la vitrectomie était de 7,4 mois ± 5,9 [1-18]. L'uvéite était bilatérale dans 56,8 % des cas. Parmi les 39 yeux vitrectomisés, 25 étaient phakes (65,8 %). Une chirurgie combinée cataracte-vitrectomie a été réalisée chez 10 patients (25,6%). Les caractéristiques de la population sont résumées dans le tableau 1. Pendant la durée de l’étude, 39 vitrectomies ont été réalisées chez 34 patients. Cinq patients ont subi une vitrectomie bilatérale en deux temps opératoires, en raison de la négativité du prélèvement sur le premier oeil. La suspicion d’un lymphome intraoculaire était la principale indication de vitrectomie dans notre série. Sur les 33 vitrectomies (29 11 patients) réalisées dans ce contexte, l’analyse anatomo-pathologique a confirmé le diagnostic dans 10 cas. Le diagnostic a été retenu grâce à une seule vitrectomie chez 9 patients et grâce à 2 vitrectomies (oeil droit et gauche) chez 1 patient. Il s'agissait dans tous les cas d’un lymphome non hodgkinien B diffus à grandes cellules. L’atteinte était oculaire pure et oculo-cérébrale chez respectivement 4 et 3 des 10 patients. Pour les 3 autres patients, il s’agissait d’une récidive d’un lymphome connu, récidive oculaire pure dans 2 cas et oculo-cérébrale dans un cas. Les autres indications de vitrectomie étaient la suspicion d’une rétinite virale à CMV (un patient), d'un envahissement vitréen secondaire à une métastase choroïdienne d’un mélanome cutané (un patient) et d'une amylose à transthyrétine (deux patients). L’analyse du vitré a permis de confirmer ces diagnostics. Chez deux autres patients, il existait une suspicion d’endophtalmie endogène qui n'a pas été confirmée. Dans cette série, la vitrectomie a permis d’affirmer un diagnostic dans quatorze cas sur trente-neuf[ soit 36% des cas : dix lymphomes intraoculaires, une rétinite virale à CMV, une métastase choroïdienne avec envahissement vitréen d’un mélanome cutané, deux amyloses à transthyrétine (Figure 1). 12 A la date de point fixée, nous avons analysé les dossiers des 20 patients pour lesquels la vitrectomie initiale était négative. Le recul moyen par rapport à la vitrectomie était de 42,5 mois ± 20,9 [12-74]. Pour six patients (7 vitrectomies) le diagnostic de lymphome oculo-cérébral a été porté ultérieurement. Ce diagnostic a été affirmé, grâce à l’analyse cytopathologique d’une ponction de chambre antérieure chez 1 patient, l’analyse histologique d’une biopsie cérébrale stéréotaxique chez 2 patients, et sur l’imagerie cérébrale fortement évocatrice de récidive lymphomateuse chez 3 patients ayant des antécédents de lymphome oculo-cérébral. Dans tous les cas il s'agissait d'un lymphome non hodgkinien B diffus à grandes cellules. Chez ces 6 patients, la vitrectomie avait été réalisée initialement dans un contexte de hyalite estimée à 2 croix. Pour deux autres patients, une autre étiologie a été identifiée, une sarcoïdose chez l’un et une maladie de Vogt-Koyanagi-Harada chez l’autre. Chez 12 patients (15 vitrectomies), aucune étiologie n‘avait été mise en évidence à la date de point (Figure 2). Dans notre série, le diagnostic de lymphome a été mis en évidence chez seize patients, dix grâce à la vitrectomie initiale et six ultérieurement lors du suivi clinique malgré une vitrectomie initiale négative. Une ponction de chambre antérieure avait été réalisée en préopératoire chez onze de ces patients (Tableau 2). Le dosage de l'IL10 était supérieur à la barrière de 50 13 pg/ml chez huit patients (5 dans le groupe vitrectomie positive, et 3 dans le groupe vitrectomie négative). La sensibilité du dosage de l’IL10 dans l’humeur aqueuse pour le diagnostic de lymphome oculo-cérébral était donc de 73% (8/11). Le taux de hyalite estimé initialement était comparable entre le groupe des patients avec vitrectomie positive et ceux avec vitrectomie négative. L'acuité visuelle moyenne s'est améliorée de 1,2 ± 0,7 logMAR en préopératoire à 0,8 logMAR ± 0,7 à un mois et à 0,9 logMAR ± 0,8 à six mois. Le gain visuel était significatif à 1 mois (p<0,001) et à la limite de la significativité à 6 mois (p=0,054) (tableau 3). Il n’existait pas de différence significative de gain visuel à un mois et à six mois entre les groupes vitrectomie seule et chirurgie combinée chez les patients phakes. Nous avons relevé trois complications postopératoires : un décollement de rétine rhegmatogène survenu à quinze jours de la chirurgie et deux œdèmes maculaires cystoïdes. Nous n'avons pas observé de complication à type d'hypertonie oculaire ou glaucome réfractaire chez les deux patients ayant subi une vitrectomie diagnostique dans contexte d'amylose. 14 Discussion Dans notre étude, la vitrectomie a permis de poser un diagnostic de certitude dans 36% des cas (14/39) : dix lymphomes intraoculaires, deux amyloses à transthyrétine, une rétinite à CMV et un envahissement vitréen secondaire à une métastase choroïdienne de mélanome cutané. Ce chiffre est comparable aux données de la littérature qui retrouvent des résultats variant de 14,3 à 61,5% selon les séries [1–8]. Cette grande variation des pourcentages peut être expliquée par le mode de sélection des patients, la définition du diagnostic final, les différentes techniques chirurgicales utilisées et les méthodes d’analyses du vitré variables selon les centres [1,5]. Oahalou et al, qui retrouvent un rendement diagnostique de 21% dans leur série, évoquent le problème de la sélection des patients [6]. Le rendement attendu serait plus élevé dans les séries concernant uniquement les patients chez lesquels sont suspectés une infection ou un lymphome, à l’instar de la série de Davis et al [7]. Le rendement diagnostique peut également varier selon les méthodes d’analyses utilisées et l’association de 15 plusieurs techniques peut permettre d’augmenter l’efficacité. Ainsi, en cas de suspicion de lymphome cytomorphologiques couplées vitréo-rétinien, les analyses aux analyses immunohistochimiques et moléculaires avec recherche de monoclonalité, augmentent la sensibilité diagnostique de la vitrectomie [7,9,10]. Les mêmes constatations sont observées dans les méthodes d’analyses du vitré pour suspicion d’infections. Les études n'utilisant que la culture bactérienne ou fongique [1,6] affichent des rendements diagnostiques inférieurs aux études utilisant en plus les techniques biomoléculaires de PCR visant à détecter l'ADN génomique bactérien ou fongique [7,8]. Dans notre série, l'analyse biomoléculaire n'a pas été réalisée sur les prélèvements vitréens adressés en cytopathologie pour suspicion de lymphome. Pourtant, la biologie moléculaire est aujourd'hui un outil supplémentaire dans l'arsenal diagnostique du lymphome oculaire [10,11]. En effet, la présence d'un réarrangement monoclonal des chaînes lourdes des immunoglobulines, d'une translocation t(14-18) du gène BCl2 ou encore de mutations du gène MYD88 (notamment la mutation L265P) sont autant d'anomalies qui ont été décrites comme associées aux lymphomes intra-oculaires [12–14]. Cependant, la mise en évidence de ces anomalies à l'échelle moléculaire n’est pas suffisante à elle seule pour poser le diagnostic en cas de discordance avec les analyses cyto-immunohistochimiques. La preuve 16 cytologique de malignité reste la technique de référence diagnostique du lymphome vitréo-rétinien, et est pour la majorité des équipes d'oncologie l'élément déterminant l'initiation d'un traitement spécifique. Le dosage des interleukines dans les fluides intraoculaires (humeur aqueuse et vitré) fait également partie des outils d'aide au diagnostic de lymphome vitréo-rétinien. Il a été montré qu'un taux élevé d'IL10 était retrouvé chez les patients atteints de lymphome vitréo-rétinien, alors qu'un taux élevé d'IL6 était d'avantage associé aux processus inflammatoires uvéitiques [15–18]. Récemment, le score ISOLD a été développé pour définir la probabilité de lymphome B intraoculaire grâce à une formule basée sur les dosages de l'IL10 et de l'IL6 dans l'humeur aqueuse et dans le vitré [19]. Plusieurs études ont également cherché à déterminer une valeur seuil du taux d'IL10 qui permettrait de sélectionner les patients suspects de lymphomes vitréo-rétiniens. Ainsi, avec un cutoff défini à 50 pg/ml dans l'humeur aqueuse, Cassoux et al ont montré une sensibilité de 89% et une spécificité de 93% pour le diagnostic de lymphome intraoculaire [20]. Dans la série de Pochat-Cotilloux et al, avec un seuil d'IL 10 retenu à 30 pg/ml, la sensibilité diagnostique était de 78% et la spécificité de 97%. Les auteurs soulignaient également l'intérêt d'y associer le calcul du ratio IL10/IL6 avec un seuil à 0,6 pour porter la spécificité à 100% [21]. Dans notre étude, la 17 sensibilité diagnostique du dosage de l’IL10 dans l’humeur aqueuse était de 73% en utilisant le seuil de 50 pg/ml de Cassoux, et de 82% avec le seuil de 30 pg/ml proposé par Pochat-Cotilloux. Nos valeurs de sensibilité ont été rapportées à titre indicatif car elles ont été calculées sur une série à effectif restreint. Par ailleurs, lorsqu'un prélèvement vitréen est négatif, le dosage des interleukines peut aider à définir la conduite à tenir ultérieure. Ainsi dans un algorithme diagnostique des lymphomes vitréo-rétiniens, PochatCotilloux et al proposent de renouveler la vitrectomie en cas d'IL10 supérieure à 65 pg/ml dans l'humeur aqueuse [21]. Dans notre série, la vitrectomie initiale était négative chez 6 patients (7 vitrectomies) et le diagnostic de lymphome a été porté ultérieurement. Quatre de ces six patients avaient bénéficié d'une PCA préopératoire et le dosage de l'interleukine 10 était supérieur à 30 pg/ml chez les 4, et supérieur à 65 pg/ml pour 3 d’entre eux. Il est à noter que la PCA n'a pas été réalisée de façon systématique dans notre série, notamment lorsqu’il existait une très forte suspicion clinique de lymphome vitréo-rétinien. Le bénéfice visuel attribuable à la vitrectomie diagnostique a fait l’objet de nombreuses études mais reste difficile à apprécier [1,6,22–25]. En libérant l’axe optique des opacités vitréennes, elle offre un potentiel d’amélioration fonctionnelle. Cependant, plusieurs facteurs de confusion entrent en jeu notamment le statut cristallinien, l'impact d’une chirurgie combinée (cataracte, pelage de membrane) et des thérapies médicales antiinflammatoires et immunosuppressives concomitantes. Becker et Davis dans une méta-analyse de 1981 à 2005 évaluant le devenir visuel de 1034 yeux, rapportent que l’acuité visuelle a été améliorée dans 68% des cas, inchangée dans 20% et dégradée dans 12% [23]. Ils soulignent un manque de données fréquent concernant la chirurgie de cataracte et les délais de mesures d’acuités visuelles. Dans notre série, le bénéfice fonctionnel était significatif à un mois et à la limite de la significativité à six mois. L’amélioration fonctionnelle était comparable entre les patients phakes ayant eu une vitrectomie seule et ceux ayant bénéficié d’une chirurgie combinée. Cependant, l'absence de classification du degré de la cataracte en 19 préopératoire selon une classification de type LOCS (The Lens Opacities Classification System) ne permet pas de juger de l’impact réel de la vitrectomie par rapport à celui de la chirurgie de la cataracte sur le résultat fonctionnel final. Les complications postopératoires ont été marquées par un cas de décollement de rétine rhegmatogène (2,6%). Ce taux est comparable aux données de la littérature, avec 2 cas rapportés sur 84 yeux vitrectomisés dans la série de Oahalou (2,4%), et 77 cas dans la méta-analyse de Becker et Davis incluant 1310 yeux issus de 41 articles précisant les complications postopératoires (5,9%) [6,23]. Les principales limites de notre étude résident dans son schéma rétrospectif, la faible taille de l'échantillon, l'absence de cotation du degré de cataracte en préopératoire selon une échelle standardisée pour l’évaluation du bénéfice fonctionnel attribuable à la vitrectomie, et les données manquantes concernant en particulier le dosage des interleukines sur la PCA préopératoire. Le dosage des interleukines dans l'humeur aqueuse et dans le vitré, ainsi que les techniques de biologie moléculaire sont des outils complémentaires d'aide au diagnostic de lymphome vitréorétinien. Leur positivité est un argument fort pour renouveler une vitrectomie en cas de première analyse cytologique négative, et ainsi 20 augmenter les chances d'aboutir à la preuve cytomorphologique de malignité, qui reste à ce jour l'examen diagnostique de référence du lymphome vitréo-rétinien. Conclusion Une uvéite sévère pour laquelle le bilan étiologique ne met pas en évidence d’étiologie, menace non seulement le pronostic visuel mais aussi dans certains cas le pronostic vital. L’analyse des prélèvements réalisés lors d’une vitrectomie permet dans un certain nombre de cas d’affirmer le diagnostic. Dans notre étude, le rendement diagnostique des vitrectomies était de 36% avec mise en évidence d’un lymphome oculo-cérébral dans la majorité des cas. La vitrectomie aboutit de plus chez certains patients à une amélioration rapide de l’acuité visuelle avant la mise en place du traitement étiologique. Dans un contexte d’uvéite inexpliquée, le recours à la vitrectomie doit être envisagé par le clinicien en ciblant précisément les recherches en fonction des hypothèses étiologiques. Déclaration de liens d'intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêt. 21 [1] Margolis R, Brasil OFM, Lowder CY, Singh RP, Kaiser PK, Smith SD, et al. Vitrectomy for the diagnosis and management of uveitis of unknown cause. Ophthalmology 2007;114:1893–7. [2] Fardeau C, Lee CPL, Merle-Béral H, Cassoux N, Bodaghi B, Davi F, et al. Retinal fluorescein, indocyanine green angiography, and optic coherence tomography in non-Hodgkin primary intraocular lymphoma. Am J Ophthalmol 2009;147:886–894, 894.e1. [3] Kodjikian L, Pérignon S, Sève P, Ghesquières H. Chapitre 48Lymphomes intra-oculaires. Rapp. SFO 2010 Dirigé Par ABrézin Uvéites, 2010. [4] Reux I, Merle-Beral H, Lautier-Frau M, Fardeau C, Brezin A, Cassoux N, et al. 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Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol Albrecht Von Graefes Arch Klin Exp Ophthalmol 1996;234:288–93. 24 Figure 1 : Lymphome intraoculaire (10/39) 26% Vitrectomie non contributive (25/39) 64% Amylose (2/39) 5% Rétinite virale (1/39) 3% Métastase de mélanome (1/39) 3% Figure 1 : Rendement de la vitrectomie diagnostique dans notre série : 36% Uveite indéterminée 12 patients (15 vitrectomies négatives) Lymphome intraoculaire 6 patients (7 vitrectomies négatives) VKH 1 patient (1 vitrectomie négative) Sarcoïdose 1 patient (1 vitrectomie négative) Figure 2 : Devenir diagnostique des 20 patients avec vitrectomie initiale négative Tableau 1 : Caractéristiques de la population Patients n = 34 Sexea Femme 21 (61,8) Homme 13 (38,2) Age (années)b 69,7 ± 12,1 Yeux Vitrectomisés n = 39 Degré de hyalitea 1+ 1 (2,6) 2+ 20 (51,3) 3+ 17 (43,6) 4+ 1 Inflammationa Unilatérale 16 (43,2) Bilatérale 21 (56,8) Manquant 2 Acuité visuelle préopératoire 1,2 ± 0,7 (logMAR)b Statut cristallinien préopératoirea Phake 25 (65,8) Pseudophake 13 (34,2) Manquant 1 Type de chirurgiea Vitrectomie 29 (74,4) Combinée cataracte + vitrectomie 10 (25,6) a Effectif (pourcentage) b Moyenne ± écart-type Tableau 2 : Résultats du dosage des interleukines (IL) 10 et 6 dans l’humeur aqueuse chez les 16 patients avec diagnostic de lymphome intraoculaire. Vitrectomie PCA préop IL 10 dans IL6 dans Ratio diagnostique réalisée HA pg/mL HA pg/mL IL10/IL6 Patient 1 positive oui 194 77 2,5 Patient 2 positive oui 4334 188 23 Patient 3 positive oui 141 30 4,7 Patient 4 positive oui < 30 64 < 0,5 Patient 5 positive oui < 30 137 < 0,2 Patient 6 positive oui 269 343 0,8 Patient 7 positive oui 143 11 13 Patient 8 positive non Patient 9 positive non Patient 10 positive non Patient 11 négative oui 39 < 30 > 1,3 Patient 12 négative oui 2988 150 19,9 Patient 13 négative oui 70 < 30 > 2,3 Patient 14 négative non Patient 15 négative non Patient 16 négative oui 334 16 20,9 PCA préop : Ponction de chambre antérieure préopératoire, IL 10 et IL 6 : Interleukine 10 et Interleukine 6, HA : Humeur Aqueuse. Patients 1 à 10 : Patients pour lesquels le diagnostic de lymphome a été porté grâce à une vitrectomie diagnostique positive. Patients 11 à 16 : Patients pour lesquels la vitrectomie diagnostique initiale était négative et chez lesquels le diagnostic de lymphome a été posé ultérieurement. Pour les calculs de ratio, la valeur de 30 a été retenue dans les cas où les dosages de l'IL10 et de l'IL6 étaient inférieurs à 30 (seuil de sensibilité de la technique utilisée par le laboratoire). Tableau 3 : Evolution de l’acuité visuelle Acuité visuelle N (logMAR)a Préopératoire 38 1,2 ± 0,7 Postopératoire 1 mois 36 0,8 ± 0,7 Postopératoire 6 mois 35 0,9 ± 0,8 Gain visuel (logMAR)a N p-value Postopératoire 1 mois 36 -0,4 ± 0,7 0,0002 Postopératoire 6 mois 35 -0,2 ± 0,7 0,0536 a Moyenne ± écart-type.
15,018
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23/12/1774 ADIV, 1 Ba 71 Arrêt de police générale de la cour - l'article 12 défend « à tous laquais, garçons de boutiques, gens de livrée, et à tous autres de courir la nuit, jurer et blasphemer le saint nom de Dieu ; et à ceux qui n'ont pas la qualité de porter l'épée canes, bâtons ni autres armes, de les porter, à peine de confiscation et d'emprisonnement de leurs personnes ». 22/08/1775 ADIV, 1 Ba 71 Nouvelle interdiction de chasser et de porter des armes à feu pour les gens de condition commune, sur peine de confiscation des armes et de 100 livres d'amende pour la première infraction, et de punition corporelle en cas de récidive. Ceux qui possèdent le droit de chasse ont interdiction de le faire sur les terres ensemencées avant la fin des récoltes. 455 19 /07/ 1776 ADIV, 1 Ba 71 Le 9 avril 1776, plusieurs compagnons de différents métiers se sont battus à Nantes, tous armés de pierres, cannes, bâtons et morceaux de bois. La cour énonce les condamnations et interdit à tous compagnons de Nantes ou d'ailleurs de s'attrouper, porter « armes et bâtons » sous peine d'être procédé extraordinairement contre eux. 25/09/1776 ADIV, 1 Ba 71 Arrêt de police générale de la cour - l'article 12 défend « à tous laquais, garçons de boutiques, gens de livrée, et à tous autres de courir la nuit, jurer et blasphemer le saint nom de Dieu ; et à ceux qui n'ont pas la qualité de porter l'épée cannes, bâtons ni autres armes, de les porter, à peine de confiscation et d'emprisonnement de leurs personnes ». À Rennes, « l'usage des cannes est surtout devenu général, les étudians en droit, les clercs, les facteurs, les jeunes gens de touttes les classes, arts et metiers en portent le jour et la nuit () ; il y a même de ces cannes qui renferment des épées ou des lances, ce qui donne matière a des disputes et à des batteries frequentes ». Le parlement réitère l'interdiction de porter épées, cannes, bâtons et autres armes sous peine de radiation de leur inscription pour les étudiants en droit, et de prison pour les autres roturiers, clercs, facteurs de marchands, laquais. 02/09/1778 ADIV, 1 Ba 72 Arrêt de police générale de la cour - l'article 26 fait appliquer l'arrêt du 12 août 1778 concernant le « port d'armes, cannes et bâtons ». 03/02/1779 ADIV, 1 Bf 15472 Des diverses mesures contre les compagnons : l'interdiction des sociétés des compagnons du Devoir ou du Gavot, de s'attrouper et de porter des cannes, bâtons et autres armes, de présenter de faux certificats. Les maîtres ne devront prendre des compagnons qui n'ont pas justifié leur lieu de naissance; les cabaretiers et taverniers ont interdiction de les recevoir s'ils sont plus de quatre. 21/05/1779 ADIV, 1 Bf 15472 Règlement de treize articles pour l'immatriculation des carrosses et autres voitures à cheval et autres mesures pour la « sureté des cito iens de Nantes » comme l'interdiction du port de l' épée, cannes et bâtons en raison de plus ieurs maîtres qui font « vetir leurs domestiques en habits de chasseur, houzards et autres, leur font porter des epées, sabres, coutelats 20/11/1779 ADIV, 1 Bf 15492 « Pour donner plus d'eclat à l'assemblée, les jeunes gens de la paroisse [de Réguiny] prirent les armes à la Saint-Clair 1778, armés de fusils sans en sçavoir faire un usage discret, leur troupe précedée de porte-etendard roda pendant tout le jour autour de l'eglise et dans les rues du bourg tirant des coups de fusils », ce qui provoqua plusieurs accidents. 12/10/1780 ADIV, 1 Ba 73 Arrêt de police générale de la cour - l'article 21 défend aux « écoliers, étudians, clercs, garçons de boutiques et ouvriers, ainsi qu'à tous domestiques et gens de livrée, de porter des épées, sabres, cannes, bâtons ou autres armes de jour ni de nuit, à peine de prison, de confiscation desdites armes ». 21/09/1781 AMR, FF 420 Arrêt de police générale de la cour - l'article 4 interdit « aux étudians en droit, sous peine de radiation de leurs inscriptions, aux étudians en chirurgie, aux facteurs de marchands, artisans, gens de livrée, de porter des épées, cannes ou bâtons, sous peine de prison et d'amende ». Le commerce des armes secrètes (« poignards, couteaux en forme de poignards, dagues, épées en bâtons, cannes dont la poignée en fer ou plomb est en forme de béquille, marteau ou boule, bâtons à ferremens ») est également interdit. 02/10/1782 ADIV, 1 Ba 73 Arrêt de police générale de la cour - l'article 18 fait appliquer les précédents réglements sur le « port d'armes, cannes, bâtons et armes secrètes et cachées ». 14/02/1784 ADIV, 1 Ba 73 Arrêt de police générale de la cour - l' article 3 applique l'arrêt 23 juin 1768 concernant le port d'armes des soldats en semestre. 28/04/1784 ADIV, 1 Bf 15562 Défense aux habitants de Pouldergat, Poullan et Plouaré de s'assembler, porter des armes « sous pretexte de tirer à la sibe, au blanc ou des papegauts ». Le procès-verbal relate l'échec de l'intervention du sénéchal et de son commis face à la détermination des participants de poursuivre leurs « tireries ». 30/06/1784 ADIV, 1 Bf 15562 Homologation de l'ordonnance de police de Rennes du 23 juin 1784 qui interdit aux marchands d'armes de vendre ou louer des armes à des jeunes de moins de dix-huit ans, et fait appliquer les arrêts du parlement relatifs au commerce et au port d'armes. 06/07/1784 ADIV, 1 Bf 15562 Homologation de l'ordonnance de police de Rennes du 2 juillet 1784 qui interdit aux marchands d'armes de vendre aux enfants de la poudre, des balles et du plomb, et à toutes personnes de tirer dans les villes sur les oiseaux, de tirer des coups de canon, des pétards et fusées. Cette ordonnance est le complément à celle du 23 juin 1784 qui n'a pas fonctionné car des jeunes gens continuent de porter des armes dans leurs poches, armes qu'ils achètent à des marchands. Arrêt de police générale de la cour - l'article 3 applique l'ordonnance de police de Rennes du 21 septembre 1782. Celle-ci constate qu'on porte au spectacle et dans les places publique, et qu'on vend des « épées, en bâtons, des cannes dont la poignée, en fer ou plomb, est en forme de béquille, marteau ou boule ». Elle répète donc l'interdiction de porter et faire commerce des armes secrètes. L'ordonnance interdit aux étudiants en droit et en chirurgie, facteurs de marchands, artisans, gens de livrée, de porter « des épées et autres armes, cannes ou bâtons » sous peine de prison et d'amende. 16/10/1786 ADIV, 1 Bh 2 Arrêt de police générale de la cour - l'article 7 fait appliquer les règlements relatifs aux jeux de hasard, loteries, spectacles, cafés et billards et au port d'armes. 21/03/1787 AMR, FF 420 Arrêt de police générale de la cour - l'article 6 défend aux soldats, cavaliers et dragons en congé de semestre de porter des armes de jour ou de nuit à Rennes ou dans les campagnes voisines. Ceux-ci doivent de déposer leurs armes chez le prévôt des maréchaux ou au greffe de police. 26/01/1789 ADIV, 1 Bf 1777 Au matin du 26 janvier, un « grand nombre d'habitants » se rassemble au Champ Montmorin. Cette foule se rend ensuite au parlement mais à l'occasion de la dispersion, les premiers conflits éclatent au bas de la place du palais entre les manifestants armés de bâtons et des jeunes gens armés de cannes, d'épées, de couteaux et de pistolets. L'intervention de la maréchaussée permet de rétablir le calme. En conclusions de l'arrêt, la cour interdit de s'attrouper, de porter des armes, cannes et bâtons, et ordonne la multiplication des patrouilles. Annexe 33 : Résumé des arrêts sur les émeutes Date Source Résumé 20/06/1616 ADIV, 1 Bf 230 À Fougères, le 14 juin, « il se fist une emotion en ladite ville par quelques factieux qui tascherent d'esmouvoir le peuple a sedition ». 06/08/1630 ADIV, 1 Bf 482 À Fougères, « il s'est faict émotion populaire en la maison de Ville » durant les délibérations, le 5 août. Plus de cinq cents artisans et autres habitants ont envahi les lieux obligeant les membres de la municipalité à s'échapper. 31/08/1630 ADIV, 1 Bf 482 « Nouveaux mouvements de sedition du commun peuple dudit Foulgeres sur la distribution des bledz » qui se sont déroulés le samedi 27 août puisque les marchands font des achats de blé en gros et refusent de le vendre en détail. 14/02/1631 et 19/02/1631 22/08/1635 ADIV, 1 Bf 482 « Rebellion et revolte du menu peuple » au son du tambour à Lannion contre l'exécution des arrêts de la cour concernant les « transports des bleds ». ADIV, 1 Bf 483 À l'occasion « d'un establissemant de filles dans l'hopital de Vannes pour le traitemant et service des pauvres », il s'est produit une « emotion populaire tandant a sedition » marquée par des insolences à l'égard de l'évêque et des magistrats présents. 31/05/1636 ADIV, 1 Bf 484 Une « emotion populaire » a éclaté à Saint-Malo contre les « transports de bleds lesquels ont esté pilles et enleves des barques ou bateaux ». 18 /09/1636 A DIV, 1 B f 484 Commission de quatre conseillers pour informer contre les personnes qui ont « emeu et excité » les habitants de Rennes provoquant une « sedition » les 9, 10 et 11 septembre « souz ung faux pretexte de gabelle et aultres debvoirs ou impositions et aultres faux bructz qu'ilz ont faict entandre au peuple ». 24/11/1636 A DIV, 1 Bf 484 À Nantes, le 23 novembre 1636, une émeute éclate contre des marchands portugais. Leurs maisons sont pillées, eux-mêmes et leurs familles sont maltraités. Le parlement prend leur défense, souligant leur enracinement, leur honneur et leur capacité à faire profit. Il défend de « mesfaire ny mesdire ausdicts marchandz portugais ny en public ny en partie soubz pretexte de guerre, de religion, ny aultrechoses, ny de les exclure de toutes les fonctions que comme bourgeois et naturalizés françois ». 7, 12, 29/10/1639 ; 10/11/1639 ; 27/02/1640 ADIV, 1 Bf 458 21/05/1643 ADIV, 1 Bf 458 Dénonciation de la « sedition populaire » qui s'est produite à Auray contre des marchands qui s'apprêtaient à charger du blé pour les transporter jusqu'à Nantes et Redon. 23/05/1643 et 10/06/1643 ADIV, 1 Bf 458 Réquisition du prévôt des maréchaux et de ses archers pour arrêter et aider au jugement des auteurs de l'émeute frumentaire qui s'est produite à Vannes contre le transport des céréales. La maison d'un marchand appelé Alexandre Bigot a même été pillée. 30 /09/ 1643 ADIV, 1 B f 458 Émeute à Ploërmel lors de la journée du marché contre des marchands blâtiers qui enlèvent les blés. 29/05/1647 ADIV, 1 Bf 1604 Le parlement dénonce les habitants Rennes qui commettent des violences envers les marchands. Il entend faire respecter la liberté du commerce des grains dans la province. Attaque de 500 à 600 soldats irlandais en octobre (?) 1639 par des paysans de plusieurs paroisses (Tresboeuf, la Saulnières, La Couyère, Janzé, Lalleu) qui « ont battu le tocsin et se sont assemblez et armez ». Ces soldats devaient aller se battre dans l'armée royale mais, à cause d'une tempête, ils ont dû mettre pied à terre en Bretagne au lieu de Dieppes. 458 29/03/1650 et 18/05/1650 ADIV, 1 Bf 1604 Des « rebellions et violences » à coups de pierres à Lannion contre les marchands qui ont chargé du blé dans un navire, permettant aux émeutiers de s'emparer des céréales, sans que le capitaine de la ville ne vienne s'y opposer. 16/06/1654 Le 14 juin 1654, au niveau de la porte Toussaint de Rennes, les huguenots sont pris à partie par « quelques escolliers et menus peuples ». La situation s'empire lors de l'arrivée du marquis de La Moussays, protestant, accompagné de 20 ou 30 cavaliers armés de pistolets et de laquais portant épées et bâtons. En réponse aux écoliers qui leur lancent plusieurs pierres depuis les remparts, un des cavaliers leur tire des coups de pistolets. La situation ne s'arrête pas là puisque le temple protestant est incendié. 21/03/1655 ADIV, 1 Bf 1606 Alors que des protestants se rendaient à leur prêche au temple de Cleunay, « vingt ou trante personnes de basse condition a eux incogneus qui estoient sur les murailles d'entre les portes de Toussaintz et Champdolent » leur jetèrent des pierres et profèrent insultes et menaces 19/02/1658 ADIV, 1 Bf 1607 Dénonciation des échanges monétaires qui se font en Bretagne à l'initiative des Normands et autres habitants des provinces limitrophes. Il s'en est causé une émeute à Fougères « qui vient qu'on refuse les liards au commerce dont un chascun est garny et principallement le pauvre peuple ». 10/07/1662 ADIV, 1 Bf 847 Julien Villeman et d'autres habitants de Rennes agressèrent à coups de bâtons Sébastien Gaultier, contrôleur de l'artillerie de la ville lors du transport de poudre qui était nécessaire pour repousser l'émotion populaire en cours. 19/12/1662 ADIV, 1 Bf 847 Annulation de la délibération de la ville de Josselin du 11/12/1662 à cause de son irrégularité, révélant les agissements répréhensible du syndic nommé Champoing qui veut choisir un successeur de sa « faction ». Mais face à l'opposition des notables de la ville qui essaient de forcer la serrure de l'auditoire, le syndic réussit à regrouper « une multitude de peuple », conviée à s'enivrer « afin qu'ils fussent plus capables de seconder ces desseins tumultueux ». Ils finissent par obliger les notables à se retirer à force de menaces et d'insultes. Vincent Touzé est alors nommé syndic. Mais « toute cette populace ainsi soulevée marcha le reste du jour par toutes les rues de la ville tambour battant sous la conduitte d'un certain prestre violent et seditieux comme s'il eut esté question de quelqu'expedition militaire ». 07/07/1663 ADIV, 1 Bf 847 Ouverture d'une information concernant les violences (insolences et coups) commises par des écoliers et autres personnes contre des huguenots dans la ville de Rennes. 07/02/1671 ADIV, 1 Bf 849 Le 27 décembre 1670, « plusieurs particulier hommes et femmes de la ville et parroisse d'Ambon » menés par un prêtre, ont assommé un soldat de la compagnie du sieur de Monthome Milly. Ce dernier fut maltraité à coups de pierres et de bâtons. Ces violences auraient été préméditées par un paysan ivre « qui avoit les armes a la main » et dont le fils avait été exécuté pour désertion. 19/04/1675 ADIV, 1 Bf 849 Suite à la révolte du 18 avril à Rennes contre les bureaux de tabac, d'étain, de contrôle et du papier timbré, la cour fait interdire les attroupements et le port d'armes sous peine de mort. 18/07/1675 ADIV, 1 Bf 849 Troisième émeute rennaise (17 juillet) marquée par le pillage du bureau du papier timbré situé sous les voûtes du palais. La cour demande de faire informer des violences et rappelle l'interdiction des attroupements et du port d'armes. 05/12/1681 ADIV, 1 Bf 1440 Lors de la perquisition au manoir de Lanhuron à Gouesnach (près de Quimper) par huit employés des fermes du tabac, plusieurs particuliers se révoltèrent au son du tocsin, du tambour, et des coups de fusils, contre les commis qui furent violentés. 459 12/05/1687 ADIV, 1 Bf 1441 En mai 1687, une émeute éclate lorsque des habitants de Pluvigner s'opposent violemment à l'inhumation dans l'église de Jacquette Lemeur supposée « femme d'un caquin » en jetant des pierres sur le sénéchal, le eur fiscal et le greffier de Pluvigner. 02/04/1688 ADIV, 1 Bf 1441 Commission du sénéchal de la juridiction d'Auray pour interroger les nommés Josset et Falher pour avoir participé « a coups de pierres et autres armes » à l'émeute de janvier 1688 contre l'inhumation d'un caquin dans l'église de Pluvigner. 25/09/ 1689 ADIV, 1 Bf 1441 Une émeute populaire éclate de la visite pastorale de l'évêque de Vannes à Sulniac qui invite à se conformer à l'arrêt promulgué cette même année qui interdit d'inhumer dans les églises. Les paysans s'y opposent farouchement. Ils insultent et lancent de nombreuses pierres sur l'évêque et ses domestiques qui sont forcés de se réfugier dans le presbytère. 09/07/1697 ADIV, 1 Bf 1442 À Fougères, plusieurs habitants ont empêché la vente des grains au marché en s'opposant aux marchands mais aussi aux juges qui voulaient s'interposer. 21/03/1698 ADIV, 1 Bf 1442 Dans la nuit du 27 au 28 février, plusieurs individus de Saint-Brieuc, dont des gentilshommes, ont fait battre le tambour devant la demeure des employés des fermes du tabac et en multipliant les injures. 24/10/1698 ADIV, 1 B b 621 À Rennes, les employés des fermes des devoirs se plaignent de l'insécurité qui règne dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions car il y a « des gens comme escoliers et autres de pareille sorte qui, prenans le party des fraudeurs, les insultent, les menassent et mesme en vont aux coups ». 23/04/1699 ADIV, 1 Bf 1610 Un affrontement armé a lieu le 6 avril dans l'église d'Erquy. Quatre employés des fermes du tabac avaient été avertis que des fraudeurs cachaient du faux tabac dans l'église. Ils décidèrent de s'y rendre le soir mais rencontrèrent l'opposition des contrebandiers qui déchargèrent de nombreux coups de fusils. Les commis n'ayant pas été blessés retournent au lieu de l'affrontement le lendemain matin et se saisissent d'une partie du faux tabac. 28 /09/1701 A DIV, 1 Bf 1221 Violente agression du sénéchal de Châteaugiron à coups de bèches, tranches et autres outils par des habitants obligés à réparer un chemin. 11/08/1702 ADIV, 1 Bf 1221 Le lundi 7 août 1702, une émeute éclate dans la rue Saint-Germain à Rennes contre les commis aux devoirs venus contrôler le « débit clandestin » fréquent et qui alimente la fraude. Ils sont « poursuivis avecq haches, bastons et à coups de pierres » jusqu'à leur bureau. 13/07/1709 ADIV, 1 Bf 1222 Plusieurs boisilleurs de la forêt de Villecartier attaquent des marchands de céréales sur le chemin d'Antrain, près du pont de Couasnon, lorsque ces derniers reviennent du marché, au point que l'un d'eux « a presque un bras coupé ». 03/09/1709 ADIV, 1 Bf 1222 De la spéculation d'un marchand nommé Daniaut qui achète du blé à Redon qu'il vend plus cher et en grande quantité à Savenay, ce qui entraîne des « assemblees tumultueuses pour empecher le bled d'en sortir ». 07/09/ 1709 ADIV, 1 B f 1222 Plusieurs habitants de Fougères s'attroupent et maltraitent les marchands enlèvent les blés. Menaces et violences de plusieurs habitants de Plouisy contre l'officier chargé d'appliquer l'arrêt interdisant la représentation de tragédies d'origine locale. 05/07/1719 ADIV, 1 Bf 1224 Le sieur des Loges Menard, receveur des domaines du roi dans les baronnies de Fougères, Vitré et La Guerche et ses deux commis sont menacés de mort par « une populace nombreuse mutinée » lors de leur descente à l'auberge du Chêne-Vert (Vitré). Les émeutiers refusaient de payer des droits à ces « maltotiers ». 460 03 /06/ 1719 ADIV, 1 B f 1224 À Lamballe, la cherté des grains et la crainte de la disette provoque le 28 mai 1719 une émeute qui s'étale sur plusieurs jours. Les paroissiens s'attroupent « en grand nombre », obligent les marchands de vendre les céréales au marché, pensant qu'ils étaient destinés aux pays étrangers. Le cidre est également concerné. Le parlement interdit les attroupements et prend diverses mesures pour réglementer le commerce des grains à Lamballe. 07/06/1719 ADIV, 1 Bf 1224 À Vitré « il s'éleve une espece de sedition parmy la populace au sujet de la vente des bleds qui se fait tous les jours de marché ». 17/01/1720 ADIV, 1 Bf 1224 Attroupement de nombreuses personnes pour faire enterrer de force des cadavres dans l'église de Radenac. 18/01/1720 ADIV, 1 Bf 1224 Soulèvement le 23 décembre 1719 d'« un grand nombre d'habitants » de la paroisse de Saint-Jean-de-Brévelay contre le recteur qui a voulu exécuter l'arrêt d'août 1719 interdisant les inhumations dans les églises. 08/07/1720 ADIV, 1 Bf 1224 Violences commises par plusieurs particuliers contre le recteur de la paroisse de Murde-Bretagne qui refusait l'inhumation dans l'église. 21/04/1721 ADIV, 1 B f 1443 Plusieurs habitants d'Elven ont enterré de force avec violence des corps dans l'église et ont insulé le prêtre du lieu. 29/04/1721 ADIV, 1 Bf 1443 Dans la paroisse d'Erquy, plusieurs habitants s'opposent à l'inhumation d'un cordier (Julien Havet, 102 ans) et n'hésitent pas menacer la famille du défunt et à tirer des coups de fusils contre la maison. 19 /09/ 1721 ADIV, 1 Bf 1443 À Landeleau, nouveau soulèvement des paroissiens pour faire enterrer de force les cadavres dans l'église. 30 /10/17 21 ADIV, 1 Bf 1443 « Plusieurs particuliers mutinés » de Landeleau s'opposent à l'arrêt de 1719 qui interdit l'inhumation dans les églises en s'en prenant violemment au recteur, ses prêtres, le sonneur de cloches et les autres officiers de l'église. 25/02/1723 ADIV, 1 Bf 1443 Soulèvement populaire de paysans contre les commissaires de police chargés de faire la police au marché de Carhaix. Ils sont insultés et frappés de coups de bâtons. 30/08/1723 ADIV, 1 Bf 1443 Affrontement armé dans la forêt de La Hunaudaye entre des commis de la ferme du tabac et des contrebandiers déguisés et armés de fusils. Cinq des commis décèdent à l'issue des échanges de coups de feu. 25/06/1725 ADIV, 1 Bf 1444 Dans la paroisse des Fougerêts, Perrine Le Moyne a soulevé des paroissiens pour empêcher que sa soeur défunte soit inhumée dans le cimetière. Le recteur et son curé ont dû laisser le corps devant la porte de l'église suite à l'intervention des habitants qui creusèrent eux-mêmes une fosse dans l'édifice religieux. 13 /07/1726 ADIV, 1 Bf 1444 Dans le faubourg l'Évêque de Rennes, il est formé le douze juillet vers 19 heures un attroupement de laquais armés de cannes et tons « pour enlever deux particuliers et une fille arrêtés à Montbarot et que l'on conduisoit aux prisons. 05 /09/1727 ADIV , 1 Bf 1444 Révolte des paroissiens de Plescop afin de procéder à des inhumations dans l'église. 26/07/1731 ADIV, 1 Bf 1613 Affrontement armé entre commis et contrebandiers dans la forêt de Coëtannez. La nuit 22 juillet 1729, 50 hommes en armes déposent du tabac dans une cabane. Les commis les surprennent et les décharges de fusils se font entendre. Les meneurs, Charles Kanterff, muni d'un bonnet rouge, et Roland Huon attaquent ensuite à coups de fusils deux commis venus récupérer les tabacs saisis. Trois jours plus tard, dans la matinée, Kanterff et Huon sont accusés d'avoir attaqué des commis et des cavaliers de la maréchaussée, « à la tête de plus de 500 personnes armées de fusils, pistolets, fourches, bâtons ferrez et autres armes ». 461 15/12/1733 ADIV, 1 Bf 1444 Rébellion de plusieurs habitants de Saint-Servan contre Jan Nouail chargé de faire la police les dimanches et jours de fêtes, après qu'il a fait saisir plusieurs marchandises. 06/09/1734 AMR, FF 419 Des divers attroupements armés et désordres causés à Nantes le jour de la Fête-Dieu ou lors de la représentation d'une tragédie au collège de l'Oratoire qui fut le moment d'opposition entre « séditieux » et soldats. Le parlement fait donc interdire le port de l'épée aux écoliers de droit et aux clercs de procureurs et de notaires. 10/10/1736 ADIV, 1 Bf 1445 Dans la paroisse de Neuillac, durant la fête de la chapelle des Carmes, « les danses et le son des instruments » troublent le service divin du recteur qui, cherchant à faire cesser ces excès, est accablé de pierres de la part de nombreux « mutins ». 07/07/1740 ADIV, 1 Bf 1445 Le sénéchal de la juridiction de La Magnanne et deux sergents qui l'accompagnent provoquent une émotion populaire à Andouillé, sont insultés et frappés en voulant « empêcher qu'on y eut vendu et ddébité des marchandises et des boissons pendant l'office divin ». 14/05/1745 ADIV, 1 Bb 694 Défense de s'assembler au Bois Labbé et de troubler l'exercice des commis aux devoirs après les désordres survenus le 13 mai contre ces derniers. 07/06/1752 ADIV, 1 Bf 1592 Poursuite en appel des principaux accusés de l'émeute dans la juridiction d'Ancenis contre les employés des fermes. 16/05/1754 ADIV, 1 B f 1593 Liste de 14 protagonistes qui ont participé à l'émeute frumentaire du 4 janvier 1754 à Lannion. La plupart étaient armés de pierres et de bâtons et ont « blessé dangereusement » Jospeh Blanchard, cavalier de la maréchaussée. 01/09/1755 ADIV, 1 Bf 1593 Soulèvement de plusieurs paroissiens oganisé par Yves Elard destitué de sa place de sacriste dans la paroisse de Plouénan. 09/08/ 1758 ADIV , 1 Bf 1594 Rébellion de plusieurs habitants de la paroisse de Guipavas à l'occasion de l'exhumation de Marie Liorhon, femme de Jean Coatpehen, inhumée illicitement dans l'église. 19/11/1760 ADIV, 1 Bf 1595 Oppositioon de plusieurs habitants de Bréal, armés de leurs fourches, aux huissiers et collecteurs venus prélever la somme extraordinaire de 600 livres. 07/05/1765 A DIV, 1 B f 1513 À Paimboeuf, une émeute a éclaté contre trois employés des fermes qui ont tenu des propos injurieux contre un juge. 30/04/1766 et 14/05/1766 ADIV, 1 Bf 1513 À Bais, il se commet des attroupements au son du tocsin de dizaines d'hommes et femmes munis de divers outils agricoles, menés par deux hommes armés d'épées et de pistolets, contre des charretiers et boulangers transportant du blé qui sont violemment agressés. 17/06/1766 ADIV, 1 Bf 1513 Demande d'ouverture d'une procédure judiciaire contre les auteurs de l'émeute du 16 juin à Vitré contre l'exportation de grains. 19/07/ 1766 ADIV, 1 Bf 1513 De l'émeute et agression à coups de pierres des employés des fermes à Brest le 10 juillet, ceux-ci étant tranchés dans leurs bureaux. 28/08/1766 ADIV, 1 Ba 70 De l'émeute frumentaire survenue à Vannes du 13 au 13 septembre 1765 lors « de l'achat, transport et commerce des grains », émeute menée par le nommé Perodo qui a fait sonner le tocsin, battre le tambour et armer la population. Les charretiers et marchands sont attaqués par des hommes et des femmes souvent à l'aide de pierres. L'arrêt énonce les peines pour nombre d'émeutiers. 12/09/1769 ADIV, 1 B f 1514 Interposition violente (à coups de pierres et d'insultes) d'habitants de Ploërmel dans l'achat de céréales au marché de la ville par des particuliers des environs pour leur revente au marché de Rennes 16/10/ 1775 ADIV, 1 Bf 1541 Du soulèvement des habitants de Saint-Julien-de-Vouvantes et de plusieurs centaines de pèlerins bas-bretons, armés de fusils et de bâtons contre l'application par le 462 procureur fiscal de l'arrêt du 3 août qui condamne des usages superstitieux qui ont lieu lors du pèlerinage. 22/04/1776 ADIV, 1 B f 1541 Attaques, meurtres et menaces commises par des contrebandiers attroupés et armés dans la paroisse de Juigné-des-Moutiers, à l'égard de divers individus afin de pratiquer librement le faux-saunage. 1777 Nous n'avons pas pu trouver cet attroupement les afféagements que A.-J. Lemaitre situe à Petite-Rivière. 17/10/1777 LEMAITRE, Alain-Jacques, Espace, sécurité, op. cit., p. 412. ADIV, 1 Bf 1543 01/02/1779 ADIV, 1 Ba 72 Suite au « tumulte, et même l'espèce d'émeute » du 28 janvier en divers endroits de Rennes, et notamment dans la rue Royale, la cour défend défend aux habitants de « s'attrouper en plus grand nombre que cinq ». 29/04/1779 ADIV, 1 Bf 15 472 Du refus des bouchers de Saint-Brieuc de se conformer à la nouvelle tarification au point qu'ils menacèrent le procureur fiscal avec leurs haches et couteaux. 22/04/1782 ADIV, 1 Bf 1553 « La disette de grains dans la paroisse de Melven y a occasionné une espece d'attroupement » en raison de l'enlèvement de céréales par charrette. 19/06/1782 ADIV, 1 Bf 1 5544 Révolte des habitants du village de Mortiers (paroisse de Saint-Gildas-des-Bois) en raison des « terreins vagues assez considerables » afféagés par le sieur de Guer, négociant à Nantes. À plusieurs reprises, les habitants ont détruit les barrières. La venue de l'afféagiste, du procureur fiscal et d'autres particuliers fut l'occasion pour « un grand nombre des femmes et d'hommes déguisés en femmes » de les attaquer « à coups de pierre, de baton, de beche et autres instruments ». 27/05/1782 ADIV, 1 Bf 1553 Sur le chemin entre Pontivy, Uzel et Loudéac, plusieurs émeutes ont eu lieu contre les marchands de céréales. La cour défend de « former aucun attroupement contraire à la libre circulation des bleds ». 29/07/1782 ADIV , 1 Bf 1553 Soulèvement d'une troupe de mineurs armés lors de la venue dans la paroisse de Plérin du sénéchal Saint-Brieuc, du substitut du procureur général, d'un greffier, d'un huissier et de deux commis aux devoirs. 25/06/1783 ADIV, 1 Bf 15544 Condamnation de la révolte conduise par plusieurs habitants d'Hennebont lorsqu'une famille voulut utiliser l'ancien cimetière récemment transféré . 1784 LEMAITRE, Alain-Jacques, Espace, sécurité, op. cit., p. 413. ADIV, 1 Bf 1598 A.-J. Le mai tre évoque deux rébellions qui se sont déroulées à Morlaix mais sans « aucun d étail ». Nous n'avons pas retro uvé ces arrêt s. 01/07/1785 et 16/07/1785 20/06/1786 ; 17 et 19/07/1786 ; 17/08/1786 ; 06/10/1786 ; 24/01/1787 27/04/1786 Agression de trois employés des fermes à Saint-Énogat par des contrebandiers armés de bâtons, pistolets et fusils qui attendaient dans la soirée du 12 mars 1777 une cargaison de marchandises Soulèvement armé des habitants de la paroisse de Couëron lors de la venue des cavaliers de la maréchaussée pour les empêcher de faucher dans les prairies afféagées Nouveau soulèvement en juin 1786 de 200 ou 300 paysans qui se sont opposés aux cavaliers de la maréchaussée chargés de se saisir de leurs bestiaux. Interdiction du « grand pardon de la chapelle Saint-Servais » les 12 et 13 mai en la paroisse de Duault à cause des violences rituelles qui s'y commettent notamment avec des bâtons ; lors du dernier pèlerinage, en 1785, la foule, bâtons à la main, s'est 463 soulevée contre le recteur pour le forcer à mener le pardon et a forcé la porte du presbytère pour y saisir les objets servant pour la procession. Soulèvement d'environ 400 habitants de Quimper, fomenté par un des juges du présidial contre le procureur syndic, afin de soutenir l'idée de mise en place d'un grand bailliage. En parallèle, éclate une émeute frumentaire où les habitants ont forcé un marchand à décharger de son navire les blés qu'il transportait. Récit de la journée des Bricoles à Rennes : le 26 janvier au matin, la foule de domestiques d'abord réunie au Champ Montmorin se rend au parlement pour porter des revendications. S'ensuit alors un affrontement physique et armé avec les « jeunes gens » sur la place du palais et dans les rues avoisinantes. L'interdiction de s'attrouper et de porter des armes est répétée. Le lendemain, les affrontements redoublent de violence autour du parlement. Pendant que les gentilshommes sont regroupés au couvent des Cordeliers, les étudiants réclament réparation des incidents de la veille. Vers 15 heures, un teinturier se présente, blessé à la main, au café de l'Union. Il avait été vu à l'école de droit et venait d'être maltraité par des domestiques. S'engage alors une véritable bataille rangée entre gentilshommes et écoliers, où tous sont ar d'épées, couteaux et d'armes à feu. Plusieurs individus font sonner le tocsin et pillent le magasin de la milice. Les arrêts décrivent également la volonté de la cour et de la maréchaussée de maintenir l'ordre. L'arrêt du 7 février est consacré au pillage du magasin d'armes. 11/10/1788 ADIV, 1 Bf 1601 2627/01/1789 et 07/02/1789 ADIV, 1 Bf 1777 17/03/1789 ADIV, 1 Bf 1602 Des émeutes qui ont eu lieu à Quimper en février lors du transport des grains. 18/05/1789 ADIV, 1 Bf 1602 Émeute à Arzon d'environ deux personnes, tant hommes que femmes, armés respectivement de bâtons et de faucilles, pour s'opposer à des marchands qui transportent du blé dans leurs bateaux. 464 Table des annexes Annexe 1 : Les Gens du roi au parlement de Bretagne (XVIe-XVIIIe siècles) 389 Annexe 2 : Lexique des armes (défensives et offensives) rencontrées dans les arrêts sur remontrance et les actes royaux 390 Annexe 3 : L'interdiction du port d'armes à travers les arrêts de police générale de la cour 403 Annexe 4 : Le port d'armes parmi les autres mesures prises dans les arrêts de police générale de la cour 404 Annexe 5 : Les armes dans les fêtes civiles et religieuses 406 Annexe 6 : Les armes dans les violences malouines au XVIIe siècle (en %) 408 Annexe 7 : Localisation des émeutes aux XVIIe et XVIIIe siècles d'après les arrêts sur remontrance du parlement de Bretagne 409 Annexe 8 : Localisation des émeutes au XVIIe siècle d'après les arrêts sur remontrance du parlement de Bretagne 410 Annexe 9 : Localisation des émeutes au XVIIIe siècle d'après les arrêts sur remontrance du parlement de Bretagne 411 Annexe 10 : Typologie des émeutes 412 Annexe 11 : Répartition chronologique des émeutes 412 Annexe 12 : Typologie des armes utilisées dans les 249 émeutes où elles sont mentionnées dans La rébellion française (1661-1789) de Jean Nicolas 413 Annexe 13 : Émeutes où figurent les mentions imprécises d' « armes » 414 Annexe 14 : La violence des commis aux devoirs en 1702 d'après divers témoignages 415 Annexe 15 : Localisation des affrontements à Bais 416 Annexe 16 : Représentation des affrontements lors de la journée des Bricoles 417 Annexe 17 : Principaux bâtiments et places cités lors des journées des 26 et 27 janvier 1789 (fond : plan Caze de Bove, fin XVIIIe siècle) 418 Annexe 18 : Déroulement de l'émeute du 26 janvier 1789 à Renn 419 Annexe 19 : Déroulement de l'émeute du 27 janvier 1789 à Rennes 420 Annexe 20 : Localisation des blessures lors de la journée des Bricoles 421 Annexe 21 : Sortir des guerres de la Ligue : un arrêt sur l'interdiction du port d'armes à feu aux laboureurs 423 Annexe 22 : Arrêt du parlement de 1650 décliné en 19 articles pour garantir le bon ordre dans la ville de Rennes 424 Annexe 23 : Arrêt du parlement relatif à l'armement des habitants de Rennes 427 Annexe 24 : Arrêt qui interdit la pratique de la chasse 428 Annexe 25 : Arrêt du parlement et procès-verbal concernant une « tirerie » près de Douarnenez en 1784 429 Annexe 26 : Arrêt décrivant un duel à Brest en 1683 434 465 Annexe 27 : Un commerce d'armes clandestin en 1639 435 Annexe 28 : Arrêt du parlement contre le port de l'épée par de jeunes corsaires malouins 436 Annexe 29 : Arrêt du parlement relatif à l'incendie du temple protestant en 1654 437 Annexe 30 : Témoignage de Jean Hubert, un des employés des fermes du tabac, après l'émeute au manoir de Lanhuron à Gouesnarch (1681) 439 Annexe 31 : Arrêts sur remontrance relatifs à la journée des Bricoles à Rennes (26 et 27 janvier 1789) 441 Annexe 32 : Résumé des arrêts qui interdisent le port d'armes 445 Annexe 33 : Résumé des arrêts sur les émeutes 458 466 Table des illustrations Figure 1 : Les différents types d'arrêts promulgués par les parlements 11 Illustration 1 : Billet du 8 novembre 1763 signé par frère Gaspard André, prieur de l'abbaye de Lanvaux, permettant à tous de chasser sur les fiefs de l'abbaye 110 Illustration 2 : Une chasse au loup au XVIe siècle 125 Carte 1 : Les ressorts des parlements et des conseils souverains (Ancien Régime) 19 Carte 2 : Localisation des arrêts sur remontrance interdisant le port d'armes 80 Graphique 1 : Nombre d'ordonnances, déclarations et édits royaux concernant l'interdiction du port d'armes (XVIe-XVIIIe siècles) 32 Graphique 2 : Répartition des ordonnances, déclarations et édits royaux concernant l'interdiction du port d'armes en fonction des règnes (XVIe-XVIIIe siècles) 34 Graphique 3 : Répartition du nombre d'ordonnances, déclaration et édits royaux concernant tout ou partie l'interdiction du port d'armes à feu (XVIe-XVIIIe siècles) 36 Graphique 4 : Répartition par demi-siècle des arrêts sur remontrance condamnant le port d'armes (1554-1789) 65 Graphique 5 : Répartition des arrêts sur remontrance interdisant le port d'armes par tranche de cinq ans (1554-1789) 66 Graphique 6 : Répartition mensuelle des arrêts sur la chasse 72 Graphique 7 : Évolution du nombre des arrêts prohibant le port d'armes pendant la période 1460-1610 à Toulouse 101 Graphique 8 : Qualificatifs des armes qu'il est interdit de porter d'après les 24 arrêts sur remontrance du parlement de Bretagne où ils sont précisés (1554- ) 136 Graphique 9 : Évolution des armes dont le port est condamné d'après les arrêts du parlement de Bretagne 148 Graphique 10 : Évolution du nombre d'arrêts de police générale de la cour (1676-1789) 168 Graphique 11 : Répartition des 59 arrêts mentionnant la nuit dans les interdictions du port d'armes 173 Graphique 12 : Localisation des coups portés 219 Graphique 13 : Répartition des accusés qui exercent un métier de la navigation d'après les archives judiciaires de Saint-Malo 241 Graphique 14 : Les armes possédées par les fermiers d'après les inventaires et les ventes après décès 327 Tableau 1 : Nombre d'apparition des différents catégories sociales dénoncées dans les 74 arrêts où elles sont mentionnées 88 467 Tableau 2 : Écoliers et interdictions du port d'armes (sont pris en compte les 17 arrêts où ils sont mentionnés 97 Tableau 3 : Les armes condamnées dans les arrêts sur le port d'armes 145 Tableau 4 : Les armes n'apparaissant pas dans les conclusions des arrêts interdisant le port d'armes 146 Tableau 5 : L'importance de l'épée dans les interdictions du port d'armes 150 Tableau 6 : Les armes dont le port est interdit aux écoliers, domestiques, clercs, artisans 153 Tableau 7 : Acteurs chargés du désarmement des écoliers 181 Tableau 8 : Les armes dans les émeutes d'après les arrêts sur remontrance et les procèsverbaux annexés 259 Tableau 9 : Armes utilisées par Introduction5 I. À la base de ce travail : les arrêts sur remontrance du parlement7 II. Faire l'histoire des armes15 Partie I - Le parlement de Bretagne et la réglementation du port d'armes 24 Chapitre 1 - Réglementer le port d'armes : quelle prérogative pour le parlement? 30 I. Une législation à répétition : édits royaux et arrêts du parlement 31 1. Le port d'armes : un cas d'abord royal 31 1.1. La période des guerres de religion ou l'apogée de la législation du port d'armes 32 1.2. Une complexification aux XVIIe et XVIIIe siècles 39 2. Les arrêts sur remontrance du parlement : un relai de la législation royale 45 II. À l'échelle de la province : le parlement face aux autres institutions 49 1. Quel rôle du parlement au XVIe siècle? 49 2. Le parlement, l'intendant et le commandant en chef de Bretagne : l'affaire du désarmement de 1769 52 2.1. Le contenu de l'ordonnance 52 2.2. Les différentes oppositions 53 2.2.1. Le refus de concurrence de Le Prestre de Châteaugiron, avocat général du roi 53 2.2.2. Les plaintes des autorités locales 56 3. Parlement et municipalités 59 III. Le parlement de Bretagne et les interdictions du port d'armes : dénombrer, répéter, diffuser, localiser 63 1. Évolution du nombre d'arrêts 63 2. La production réglementaire répétée : simple reflet d'une « inobservation généralisée » 69 3. Diffuser les interdictions du port d'armes 73 4. Géographie des arrêts 77 CHAPITRE 2 - Un moyen de contrôle de la population 82 I. L'interdiction du port d'armes aux roturiers 83 1. En ville : une nébuleuse urbaine à contrôler 83 2. L'exemple des domestiques et des écoliers 88 2.1. Les domestiques 89 469 2.2. Les écoliers 95 2.3. Écoliers et domestiques en armes : la responsabilité des hôteliers et des maîtres 101 3. Les autres interdictions 104 3.1. Les défenses générales 104 3.2. Chasse et interdiction du port d'armes 106 II. Port d'armes et attroupements : le problème des groupes armés 111 1. Présentation de la législation royale 111 2. Les condamnations du parlement de Bretagne 112 2.1. Le cas des nobles et des gens de guerre au début du XVIIe siècle 112 2.2. Encadrer le monde « civil » 115 III. Les autorisations de port d'armes 116 1. Nobles, officiers et militaires : entre exceptions à la règle et interdictions 117 2. Le port d'armes autorisé aux roturiers : un « privilège » temporaire 124 2.1. La chasse aux loups 124 2.2. Les habitants en armes pour les arrestations 128 2.3. Prises d'armes et levées de communes 130 CHAPITRE 3 - Les armes condamnées 132 I. Étude lexicale de l'incrimination du port d'armes 133 1. L'expression « port d'armes » 133 2. « Prohibées », « offensives », « défendue s » : qualifier les armes 135 3. Porter et dé tenir des armes 138 II. Porter quelles armes? 144 1. Les évolutions générales 144 2. Les armes blanches 148 2.1. Un matériel de guerre en désuétude 148 2.2. Les autres armes blanches 149 3. Cannes et bâtons 151 4. Les arbalètes, des armes sur le carreau 153 5. Les armes à feu 154 6. Les armes « cachées » 156 CHAPITRE 4 - « Policer » la ville 160 I. Une mesure d'ordre public 160 1. Un pilier essentiel du pouvoir de police 160 470 2. L'exemple de Rennes à travers les arrêts de Police générale de la cour 164 2.1. Définition et présent ation 164 2.2. Quelle place pour la prohibition du port d'armes? 168 3. Épées et pistolets au clair de lune : le port d'armes et la sécurité nocturne 172 II. Faire appliquer les arrêts de la cour 177 1. Les compétences pour juger le port d'armes et les forces de l'ordre mises en oeuvre pour arrêter les contrevenants 177 2. Les peines contre le port d'armes 182 Partie II - Une « culture » des armes 192 CHAPITRE 5 - Du rire aux armes : les armes au coeur des violences et divertissements 194 I. Rhétorique parlementaire et menaces armées : les propos de la violence 194 1. Les dangers provoqués par l' « abus des armes » : le parlement et la rhétorique de l'excès et de la peur 194 2. Les armes, les injures et les mena ces 197 II. La criminalité et les désordres en armes 199 1. Les armes utilisées et les types de délits 200 2. Les violences armées des écoliers, laquais et artisans 203 3. Le duel 208 3.1. « Croiser le fer » : pratiques et usages 209 3.2. Combattre cette « peste du duel » 213 4. Les corps blessés ou tués : une archéologie de la violence armée 217 III. De carte et d'épée : les armes dans les festivités et divertissements 222 1. Jeux et spectacles 223 2. Fêtes civiques et religieuses au rythme des salves de fusils 226 CHAPITRE 6 - Circulation et disponibilité des armes 232 I. Le commerce des armes 233 1. Le contrôle des fourbisseurs, armuriers, couteliers et autres marchands d'armes 233 2. Commercer avec des ennemis du roi 238 II. En dehors du commerce : o ù et comment s'équiper et s'exercer aux armes? 239 1. Les lieux « garniz d'espees et aultres armes » 239 2. Le parlement de Bretagne et l'enseignement de l' escrime : une pratique à encadrer 245 471 Partie III - Les armes dans les émeutes 251 Chapitre 7 - Les armes utilisées dans les émeutes et l'attitude du parlement 256 I. De nombreuses révoltes sans armes? 256 II. Des pierres au fusil : les armes des émeutiers 258 1. Les « armes de circonstance » 258 1.1. Au siècle des Lumières : une nouvelle rhétorique des armes 260 1.2. Une utilisation massive des « armes de circonstance » 262 2. Un véritable armement : épées, fusils, pistolets 265 3. Les armes des révoltes dans le reste du royaume : essai d'étude comparative 268 III. L'attitude du parlement de Bretagne 271 1. La condamnation de l'attroupement, le port d'armes « oublié » 271 2. Les exceptions 271 3. La condamnation plus ferme des émeutes au XVIIIe siècle 273 CHAPITRE 8 - Des diverses raisons de prendre les armes 276 I. Les émeutes frumentaires 277 1. Présentation générale 277 2. Pourquoi prendre les armes? 278 II. Les émeutes antifiscales 282 1. Les émeutes antifiscales : des manifestations diverses 283 2. Fraude et contrebande organisées 285 III. L ' espace du sa cré : les émeutes pour la religion et les croyances 295 1. Contre les protestants 295 2. Contre l'interdiction d'inhumer dans les églises 296 3. Contre les changements des cultes locaux 300 3.1. Le soulèvement de Saint-Julien-de-Vouvantes en août 1775 301 3.2. L'affaire du pardon de Saint-Servais en 1785 303 IV. Prendre les armes contre les gens de guerre 306 V. Les émeutes contre les afféagements 309 Chapitre 9 - Comportements et usages des armes 317 I. Les armes : facteurs de solidarités et de cohésion 317 II. Le genre et les armes : une confirmation globale des assignations 320 472 1. Femmes et hommes sous les armes 321 2.
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De la caractérisation microéconomique des pesticides à l’estimation de leur productivité marginale
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4.2.1 Spécification traditionnelle La spécification traditionnelle de la fonction de transformation est la suivante : F (y, x, z) = 0 (4.1) Pour le cas particulier d’une fonction de transformation à un output, nous avons la forme suivante : © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 126 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique y = f (x, z) (4.2) A ce niveau, les deux catégories d’inputs sont traitées de manière symétrique. En d’autres termes, le traitement dans la fonction de production de ces deux types d’inputs est similaire. Afin de dériver les productivités marginales de ces inputs, nous prenons la différentielle totale de la formulation précédente. Cela nous donne : dy = X i X ∂f (x, z) ∂f (x, z) dxi + dzk ∂xi ∂zk k (4.3) La productivité marginale de l’input « normal » i est donnée par : dy ∂f (x, z) = dxi ∂xi (4.4) La productivité marginale de l’input de réduction des dommages k est elle donnée par : ∂f (x, z) dy = dzk ∂zk (4.5) Les taux marginaux de substitution entre deux inputs « normaux », deux inputs de réduction des dommages et entre un input normal et un input de réduction des dommages sont donnés respectivement par : dxi ∂f (x, z)/∂xi′ dzk ∂f (x, z)/∂zk′ dxi ∂f (x, z)/∂zk =− ; =− ; =− dxi′ ∂f (x, z)/∂xi dzk′ ∂f (x, z)/∂zk dzk ∂f (x, z)/∂xi (4.6) Cette spécification est la forme la plus générale possible permettant de tenir compte des pesticides dans l’analyse. Les pesticides sont traités dans ce type de modélisation comme des facteurs de production « normaux ». Leur traitement suit celui réservé à des facteurs de production comme le travail et la terre. Les études qui adoptaient cette spécification utilisaient ement des formes fonctionnelles Cobb-Douglas pour la modélisation du processus de production et concluaient que la valeur de la productivité marginale des pesticides est supérieure à leur coût d’utilisation. Cela voudrait dire que le niveau optimal d’utilisation n’était pas encore atteint et donc qu’il y avait une certaine « sous-utilisation » de ces produits, si l’on suit une logique de maximisation du © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 127 4.2. Littérature existante profit (Headley [1968], Carlson [1977], Fisher [1970], Campbell [1976]). Ces conclusions allaient à l’encontre de la perception générale de l’époque des agronomes et des autres spécialistes agricoles, pour qui il y avait clairement une « sur-utilisation » des pesticides. Ce décalage entre les estimations économiques et la perception des agronomes de l’état de l’agriculture a fait émerger une spécification alternative qui est l’oeuvre de Lichtenberg et Zilberman [1986]. Pour ces derniers, les pesticides ne sont pas des facteurs de production normaux : ils permettent plutôt de protéger les cultures en luttant contre les ravageurs. Afin de tenir compte de ce caractère atypique des pesticides, il faudrait rajouter de la structure à la technologie de transformation définie plus haut. 4.2.2 La spécification de Lichtenberg et Zilberman Cette spécification se base sur des évidences agronomiques montrant que les pesticides sont des inputs de réduction des dommages causés par les ravageurs plutôt que des inputs augmentant les rendements. Partant de cette observation, Lichtenberg et Zilberman [1986] avancent que les études antérieures (Headley [1968] ; Carlson [1977], etc.) biaisaient à la hausse la productivité marginale des pesticides et proposent une spécification qui traite de manière asymétrique les pesticides et les autres inputs rentrant dans le processus de production, i.e. les inputs « normaux ». La spécification de Lichtenberg et Zilberman [1986] a pour point de départ la fonction de transformation suivante, qui est un cas particulier de celle présentée pour la formulation traditionnelle 1 : H(y, x, z, r) = 0 (4.7) Ce processus peut se réécrire de la manière suivante : 1. Signalons que la spécification originale de Lichtenberg et Zilberman [1986] n’inclut pas la pression des ravageurs r. La prise en compte de cette pression des ravageurs est l’oeuvre de Norwood et Marra [2003]. Nous avons préféré exposer ici d’emblée le modèle le plus général. Nous reviendrons plus tard, dans ce chapitre, sur la prise en compte de la pression des ravageurs dans la formulation des technologies de production. © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 128 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique H φ (y, x, φ(z, r)) = 0 (4.8) Cette fonction H φ, en supposant que le processus de production est à un seul output prend la forme suivante : y = hφ (x, φ(z, r)) (4.9) Si en plus nous supposons que hφ et φ sont séparables, nous obtenons : y = h(x)φ(z, r) (4.10) Cette formulation est appelée spécification de Lichtenberg et Zilberman [1986]. φ(z, r) est la fonction de réduction des dommages. Cette spécification traite de manière asymétrique les inputs de réduction des dommages et les inputs normaux. La fonction de réduction des dommages dans cette spécification est appelée fonction de réduction des dommages orientée output. h(x) est l’output potentiel pouvant découler des facteurs de production. Elle peut être vue comme étant la quantité maximale de produit pouvant découler de l’utilisation des facteurs de production . Afin de dériver les productivités marginales des deux catégories de facteur de production, nous prenons la différentielle totale de la relation (4.10). Cela nous donne : dy = φ(z, r) X i! X ∂φ(z, r) X ∂φ(z, r) ∂h(x) dxi + h(x) dzk + dro ∂xi ∂zk ∂ro o k! (4.11) La productivité marginale du i − ème facteur de production normal est donnée par : ∂h(x) dy = φ(z, r) dxi ∂xi! (4.12) La productivité marginale du k − ième input de réduction des dommages est donnée par : dy ∂φ(z, r) = h(x) dzk ∂zk © 2015 Tous droits réservés.! (4.13) doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 129 4.2. Littérature existante Les taux marginaux de substitution entre deux inputs normaux, deux inputs de réduction des dommages et entre un input normal et un input de réduction des dommages sont donnés respectivement par : dxi ∂h(x)/∂xi′ dzk ∂φ(z, r)/∂xk′ dxi =− ; =− ; =− dxi′ ∂h(x)/∂xi dzk′ ∂φ(z, r)/∂xk dzk ∂φ(z, r) ) ∂zk ∂h(x) φ(z, r )( ) ∂xi h ( x )( (4.14) Comme pour la spécification traditionnelle, cette formulation à la Lichtenberg et Zilberman [1986] permet les interactions entre les deux catégories de facteurs de production. En effet, la productivité marginale d’un input « normal » i dépend de la quantité d’input de réduction des dommages. La même remarque peut être effectuée sur la productivité marginale de l’input de réduction des dommages k. Cependant, le taux marginal de substitution entre deux inputs normaux est indépendant de la quantité d’inputs de réduction des dommages utilisée. Cela constitue la première limite de cette spécification de Lichtenberg et Zilberman [1986]. La seconde difficulté d’application amenée par la spécification de Lichtenberg et Zilberman [1986] est le choix de la forme fonctionnelle à utiliser pour modéliser la fonction de réduction des dommages. Étant donné qu’il n’existe aucune théorie économique permettant d’opter pour une structure fonctionnelle donnée, un nombre important de spécifications ont été utilisées dans la littérature pour modéliser cette fonction de réduction des dommages à la Lichtenberg et Zilberman [1986] et estimer la productivité marginale des pesticides. Carrasco-Tauber et Moffitt [1992], Chambers et Lichtenberg [1994], Lin et al. [1993], Babcock et al. [1992] etc. ont appliqué diverses formes fonctionnelles dans leurs analyses et ont aboutie à diverses valeurs de la productivité marginale des produits phytosanitaires ; certaines indiquaient une utilisation sur-optimale des pesticides et d’autres une utilisation sous-optimale. Carrasco-Tauber et Moffitt [1992] ont utilisé une fonction logistique, Weibull et exponentielle pour modéliser la fonction de réduction des dommages et dériver les productivités marginales des produits phytosanitaires utilisés en 1987 aux Etats-Unis dans 48 Etats contigües. Ils obtiennent respec- © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 130 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique tivement des valeurs des productivités marginales de 7,53 ; 6,88 et 0,11 et concluent que la productivité marginale des pesticides est très sensible à la forme fonctionnelle spécifiée pour le fonction de réduction des dommages. Kuwattanasiri et Waibel [2002], eux aussi utilisent une spécification logistique, Weibull et exponentielle pour estimer la productivité marginale des pesticides dans les rizières thaı̈landaises. Ils comparent leurs résultats à ceux obtenus avec une fonction Cobb-Douglas utilisant les pesticides comme des « inputs normaux ». Ils confirment que la modélisation Cobb-Douglas surestime la productivité marginale des produits produits phytosanitaires. Aussi selon leur analyse, les pesticides sont sur-utilisés dans les rizières analysées. Les auteurs trouvent aussi que la modélisation exponentielle de la fonction de réduction des dommages et la spécification Cobb-Douglas à la Headley [1968] donnent des résultats assez similaires. Ils confirment en fin de compte la conclusion de l’étude de Carrasco-Tauber et Moffitt [1992] qui dit que la spécification de la fonction de réduction des dommages peut modifier de manière non négligeable les résultats. Comme mentionné plus haut dans cette section, Norwood et Marra [2003] mettent eux l’accent sur le fait qu’il pourrait exister aussi un biais ramenant à la baisse l’estimation de la productivité marginale des pesticides. En effet, dans la plupart des études réalisées dans ce domaine avant leur article, la pression des ravageurs est omise alors que c’est probablement un des éléments les plus importants dans l’estimation de la productivité des pesticides. Ils utilisent comme proxy pour la pression des ravageurs la fréquence d’application des pesticides. Leur analyse montre que la non prise en compte de cette pression des ravageurs cause une sous-estimation de la productivité marginale des pesticides. Cela a été suivi par Kuosmanen et al. [2006] qui, pour estimer la productivité marginale des pesticides définissent trois niveaux de pression des ravageurs : une pression basse, une pression moyenne et une pression élevée des ravageurs. L’observation de la première limite énoncée plus haut dans cette section a amené Carpentier et Weaver [1997] à proposer une spécification plus générale permettant de prendre en compte la spécificité des pesticides dans la formulation de la technologie © 2015 Tous droits réserv és. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 131 4.2. Littérature existante de production. 4.2.3 La spécification de Carpentier et Weaver Le traitement asymétrique des inputs de Lichtenberg et Zilberman [1986], i.e. cette partition des inputs en facteurs augmentant la productivité et en facteurs réduisant uniquement les dommages causés par les ravageurs dans la modélisation de la technologie de production a été remis en cause par Carpentier et Weaver [1997]. Ces derniers partent de l’observation que la séparabilité homothétique du vecteur de facteurs de production en inputs « normaux » et en inputs de réduction des dommages n’est ni très réaliste, ni nécessaire. Elle implique, pour une exploitation agricole, que le niveau de d’input de réduction des dommages utilisé n’a pas d’incidence sur le taux marginal de substitution entre, par exemple, le facteur de production mécanisation et le facteur de production terre. Partant de cette limite, Carpentier et Weaver [1997] proposent une nouvelle spécification du processus de production, plus générale. La spécification de Carpentier et Weaver [1997] a elle aussi pour point de départ la fonction de transformation définie par l’équation (4.7). Dans cette spécification, chaque facteur de production a une fonction de réduction des dommages spécifique (φi ). Nous avons donc pour le i − ème facteur de production : xei = φi (z, r)xi (4.15) xei est l’input effectif provenant du i − ème input productif xi. Cet input productif dépend donc de l’efficacité d’utilisation des inputs de réduction des dommages. Avec cette relation, la spécification précédente peut être réécrite de la manière suivante : © 2015 Tous droit s réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 132 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique H(y, x, z, r) = H e (y, x(z, r)) = H e (y, φ1 (z, r)x1,..., φm (z, r)xm ) = H e (y, xe ) =0 (4.16) Pour un processus de production à un seul output, nous avons la relation suivante : y = he (xe ) (4.17) Cette formulation est appelée spécification de Carpentier et Weaver [1997]. La spécification de Carpentier et Weaver constitue une forme générale de la spécification de Lichtenberg et Zilberman. Nous démontrons cela dans la proposition suivante. Proposition 9. (équivalence) Soit une fonction de production de la forme y = he (xe ) = he (φ(z, r)x). Si les fonctions de réduction des dommages de tous les inputs sont identiques et que la fonction de production he est homogène de degré 1 en x, alors y = he (xe ) = h(x)φ(z, r). Démonstration. Partons de la spécification de Carpentier et Weaver : y = he (xe ) = he (φ1 (z, r)x1,..., φm (z, r)xm ) (4.18) Si nous supposons que les fonctions de réduction des dommages sont identiques pour tous les inputs (φi (z, r) = φ(z, r) ∀ i), nous avons : y = he (xe ) = he (φ(z, r)x1,..., φ(z, r)xm ) = he (φ(z, r)x) (4.19) Enfin si nous supposons que la fonction de production he est homogène de degré 1 en x, nous obtenons : y = he (xe ) = he (φ(z, r)x) = φ(z, r)h(x) © 2015 Tous droits réservés. (4.20) doc .univ- l ille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 133 4.2. Littérature existante Cette dernière expression est exactement la spécification de Lichtenberg et Zilberman. Comme pour la spécification précédente, nous calculons les productivités marginales des inputs découlant de cette spécification. Pour cela, nous prenons la différentielle totale de y = he (xe ). Cela nous donne : dy = X i ∂he (xe ) e dxi ∂xei (4.21) la productivité marginale de l’input effectif i est donnée par : ∂he (xe ) dy = dxei ∂xei (4.22) En remarquant que la différentielle totale de xei = φi(z, r)xi est donnée par l’expression ci-dessous : dxei = xi " X k # X ∂φi (z, r) ∂φi (z, r) dzk + dro + φi (z, r)dxi ∂zk ∂ro o (4.23) Nous pouvons dériver la productivité marginale de l’input productif i de la manière suivante : dy dy ∂he (xe ) dxe = e × i = φi (z, r) dxi dxi dxi ∂xei (4.24) Nous remarquons que cette productivité dépend aussi bien des inputs productifs que des inputs de réduction des dommages. Passons maintenant au calcul de la productivité marginale de l’input de réduction des dommages k associé à l’input productif i. L’expression obtenue est la suivante : ∂he (xe ) ∂φi (z, r) dy = xi dzk ∂xei ∂zk (4.25) Le taux de substitution entre deux inputs productifs i et i′ est donné par : © 2015 Tous droits réservés . doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 134 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique ∂he (xe ) dxi φi′ (z, r) ∂xei′ = dxi′ φi (z, r) ∂he (xe ) ∂xei (4.26) On remarque à ce niveau aussi que ce taux de substitution entre ces deux inputs effectifs dépend du niveau de pesticides utilisé et des quantités des facteurs de production « normaux ». Cette spécification permet donc les interdépendances entres les différentes catégories de facteurs de production utilisées. Le taux de substitution entre un input « normal » i et un input de réduction des dommages k associé à l’input productif i′ est quant-à-lui donnée par l’expression suivante : ∂he (xe ) dzk φi (z, r) ∂xei = φi′ (z, r) ∂he (xe ) dxi xi′ ∂zk ∂xei′ (4.27) Cette spécification, en permettant toutes les interdépendances entre les différents types de facteurs de production est la forme la plus complète de modélisation des processus de production tenant compte de la spécificité des pesticides. Cette modélisation a été utilisée par Oude Lansink et Carpentier [2001]. Ils comparent les valeurs de la productivité marginale des pesticides obtenues en utilisant différentes spécifications du processus de production : la spécification de Lichtenberg et Zilberman [1986], la spécification de Carpentier et Weaver [1997] et une spécification traditionnelle, i.e. traitant indifféremment les facteurs de production. Les résultats de la spécification de Carpentier et Weaver [1997] montrent que les pesticides ont des effets différents suivant les inputs « normaux », même si les fondations statistiques de ces estimations sont faibles. En effet, les paramètres estimés, en utilisant la fonction de réduction des dommages orientée input, ne sont pas significatifs. Ils attribuent cet état de fait à la spécification non linéaire adoptée. La spécification de Lichtenberg et Zilberman [1986] produit, elle, des résultats et des relations statistiquement plus significatifs même si elle impose des restrictions qui ne sont parfois que partiellement supportées par les données (séparabilité, homogénéité). Aussi, l’estimation de la forme traditionnelle ne mène pas © 2015 Tous droits réservés . doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 4.2. Littérature existante 135 à la sur-estimation de la productivité marginale des pesticides comme annonc é par Lichtenberg et Zilberman [1986]. Oude Lansink et Silva [2004] utilisent de leur côté un certain nombre de modèles non paramétriques d’estimation de frontières (DEA) pour approcher la productivité marginale des pesticides. Cette approche permet de bien prendre en compte les interactions entre les inputs standard et les inputs de réduction des dommages. Ils trouvent qu’il y a une sous-utilisation des pesticides sur la période 1989-1992 dans les exploitations agricoles de l’ouest des Pays-Bas. 4.2.4 Spécifications résultantes de la spécification de Carpentier et Weaver et de Lichtenberg et Zilberman Une variante de modélisation des pesticides est utilisée par Zhengfei et al. [2005]. Ils proposent une spécification qui permet à la productivité marginale des pesticides de pouvoir être négative 2 et qui permet aux facteurs travail et mécanisation d’avoir un rôle de réduction des dommages. Ils analysent et comparent les processus d’abattement des dommages sur un échantillon d’exploitations d’agriculture biologique (28 exploitations, 133 observations) et un échantillon d’exploitations d’agriculture conventionnelle (405 exploitations, 1746 observations) des Pays-Bas sur la période 1990-1999. Leur productivité marginale calculée est plus basse que celle trouvée dans les études antérieures. Aussi, ils remarquent que les exploitations pratiquant l’agriculture conventionnelle se basent beaucoup plus sur la mécanisation et les pesticides pour la réduction des dommages alors que les exploitations pratiquant l’agriculture biologique se basent sur la mécanisation et les changements des pratiques culturales. Il convient aussi de noter qu’une autre variante de la fonction de réduction des dommages a été réalisée par Zhengfei et al. [2006]. Ils passent d’une dichotomie inputs « normaux »/inputs de réduction des dommages à une dichotomie growth inputs/facilitating inputs, en utilisant toujours une spécification asymétrique (Lichtenberg et Zilberman [1986]) de la fonction de production. 2. L’application des pesticides peut avoir des effets négatifs en cas de surdosage. © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 136 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique Kuosmanen et al. [2006] proposent de leur côté une méthode semi paramétrique d’estimation de la productivité marginale des pesticides. Ils partent de la spécification de la technologie production de Lichtenberg et Zilberman [1986]. Nous approfondirons cette spécification dans le chapitre 6 de cette thèse. Dans les analyses que nous effectuons dans ce papier, nous nous attelons à améliorer la prise en compte de la spécificité des pesticides dans la modélisation du processus de production agricole et donc au passage à améliorer le calcul de la productivité marginale des pesticides. L’objectif principal est de dériver la valeur de la productivité marginale des pesticides et donc de pouvoir comparer les coûts et les bénéfices découlant de l’utilisation de ces derniers. Nous nous appuyons sur l’un des rares papiers tenant compte du caractère spécifique des pesticides et adoptant une approche non paramétrique d’estimation (Oude Lansink et Silva [2004]) pour dépasser les restrictions assez fortes vues plus haut provenant du choix arbitraire d’une forme fonctionnelle pour le processus de production (rendements d’échelles constants, nature des substitutions prédéfinie etc.). Cette analyse amène, en plus de n’imposer aucune forme fonctionnelle a priori à la fonction de production, deux contributions importantes. Dans un premier temps, il étend l’analyse au cas multicultures en tenant compte du fait que des productions différentes impliquent des utilisations de facteurs de production différentes. Cette différentiation est faite en tenant compte des assolements dans les calculs d’efficacités et de productivités. Dans un deuxième temps il tient compte du fait que l’application « exagérée » des pesticides peut avoir des effets négatifs sur la production via le passage de l’hypothèse de libre disposition à l’hypothèse de faible disposition des pesticides. La section suivante est consacrée à l’introduction de ces deux contributions et à la formation des programmes linéaires permettant les deux analyses exposées dans l’introduction. Ces analyses nous permettrons de comprendre le rapport des agriculteurs d’Eure-et-Loir aux pesticides. Ensuite nous présentons les variables utilisées. Dans la dernière section, les différents résultats obtenus sont analysés et discutés. © Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 137 4.3. Modèles adoptés 4.3 Modèles adoptés Nous considérons dans ce qui suit un ensemble de D exploitations agricoles utilisant une technologie commune transformant m facteurs de production en n outputs. La technologie de production de ces exploitations agricoles peut être représentée par l’ensemble fermé non vide suivant : n o Ψ = (x, y) ∈ Rm+n : x permet de produire y + (4.28) n avec x ∈ Rm + le vecteur d’inputs et y ∈ R+ le vecteur d’outputs. Cette technologie peut être estimée par des méthodes non-paramétriques (Data Envelopment Analysis, Free Disposal Hull, etc.) ou paramétriques (méthodes de frontières stochastiques, etc.). Nous utilisons dans ce chapitre une méthode non paramétrique et plus précisément la méthode Data Envelopment Analysis car aucune hypothèse n’est faite sur la forme fonctionnelle de la technologie à estimer. Cette méthodologie permet en plus toutes les interactions possibles entres les facteurs de production considérés. La totalité de la déviation séparant une exploitation agricole de la frontière estimée est cependant considérée comme étant de l’inefficacité. La plupart du temps, ces méthodes d’estimation non paramétriques considèrent que les inputs et les outputs sont librement disposables. En effet, si l’input x0 peut produire l’output y0, donc tout input x ≥ x0 peut également produire y0. De manière similaire, tout output y ≤ y0 peut également être produit à partir de x0 (x ≥ x0 ). Cela signifie que l’augmentation de n’importe quel facteur de production ne peut avoir un effet négatif sur l’output et donc élimine la possibilité, dans le processus d’estimation, d’une productivité marginale négative des inputs. Cette hypothèse de libre disposition des facteurs de production et des produits, avec celles de rendements d’échelle variables et de convexité conduisent à l’estimation de l’ensemble des possibilités de production convexe suivant pour les couples d’input-outputs observés : © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 138 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique b Ψ ( = (x, y) : D X λd yd > y0 ; d=1 D X λd xd 6 x0 ; d=1 D X d=1 λd = 1; λd ≥ 0 ) (4.29) b est le plus petit ensemble convexe couvrant les inputs et les outputs librement disΨ posés. Cependant, dans beaucoup de contextes, les facteurs de production et/ou les produits peuvent ne pas être librement disposables. Par exemple, au niveau d’une exploitation agricole, l’irrigation a un impact marginal positif sur la production mais une irrigation excessive ou des inondations peuvent négativement impacter la production agricole. Afin de prendre en compte ce type de facteur de production, nous utilisons l’idée proposée par Färe et al. [1987] de les considérer comme étant des inputs faiblement disposables. La faible disposition d’un facteur de production signifie que c’est seulement lorsque tous les inputs sont étendus de manière proportionnelle à partir de x0, que y0 demeure un niveau d’output atteignable. Cela signifie également que si les productivités marginales négatives de certains inputs réduisent le produit final, l’augmentation proportionnelle de celles des autres inputs compenseront la perte de l’output. Cette faible disposition est donc intéressante car elle permet l’estimation de productivités marginales négatives. De manière analytique, la faible disposition des inputs implique que si x0 permet de produire y0, alors βx0 permet également de produire y0 avec β ≥ 1. L’ensemble des possibilités de production estimé sous les hypothèses de convexité, de faible disposition des inputs, de libre disposition des produits et de rendements d’échelle variables pour un échantillon de D exploitations agricoles ((xd, yd ), d = 1,..., D) est le suivant : bw Ψ ( = (x, y) : D X d=1 λd yd > y0 ; D X d=1 λd xd = βx0 ; D X d=1 λd = 1, 0 ≤ β ≤ 1; λd ≥ 0 ) (4.30) La figure 4.1 représente un ensemble des moyens de production dans le cas simple d’un processus de production à deux inputs (x1 et x2 ) où x1 est librement disposable et x2 © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 139 4.3. Modèles adoptés faiblement disposable. Les points a, b, c, d and e représentent des exploitations agricoles utilisant des combinaisons différentes de x1 et x2 pour produire le même output (y = y). Les observations qui se trouvent sur la frontière de cet ensemble sont techniquement efficaces et celles situées dans l’ensemble des besoins en facteurs de production sont techniquement inefficaces. x1 s k ∗a e ∗ ∗ b ∗c r d ∗ l x 2 Figure 4.1 – Ensemble des besoins en inputs sous les hypothèses de libre et de faible disposition des facteurs de production Avec l’hypothèse de faible disposition de x2, toute extension radiale partant du point d demeure dans l’ensemble des besoins en facteurs de production correspondant au niveau d’output spécifié 3. Donc k − b − c − d − r est l’ensemble des besoins en facteurs de production correspondant au niveau d’output y, avec l’hypothèse de faible disposition de x2 et de libre disposition de x1. Notons qu’avec l’hypothèse de libre disposition des deux inputs, l’ensemble correspondant au niveau de production y est celui représenté par k − b − c − l. Dans ce chapitre, nous supposons que les exploitations agricoles analysées produisent un output agrégé (y ∈ R+ ), en utilisant des facteurs de production « normaux » (x ∈ Rm +) et des inputs de réduction des dommages (z ∈ Rl+ ). Cela nous permettra de tenir compte de l’effet négatif éventuel sur l’output pouvant découler d’une utilisation abu3. Nous avons placé sur le graphique les lettres k, s, r et l pour décrire les ensembles obtenus. Ce ne sont pas des points de production. © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 140 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique sive des pesticides. La technologie de production est alors représentée par l’ensemble des possibilités de production suivant : Ψdommage = {(x, y, z) : (x, z) permet de produire y} (4.31) Une estimation DEA de cet ensemble (Ψdommage ), pour les D exploitations agricoles ((xd, zd, yd ), d = 1,..., D), avec les hypothèses de convexité, de libre disposition des outputs et des inputs « normaux », de faible disposition des inputs de réduction des dommages et de rendement d’échelles variables est donnée par : b Ψ dommage ( = ( x, y ) : D X d=1 λd y d > y 0 ; D X λd zd = βz0 ; d=1 D X d=1 D X d=1 λd xd ≤ x0 ; λd = 1, 0 ≤ β ≤ 1; λd ≥ 0 ) (4.32) L’évaluation des exploitations agricoles se fera relativement à cette technologie estimée. Cette évaluation nous permettra de dériver des coefficients d’efficacité technique pour chaque exploitation. L’estimation des mesures d’efficacités productives qui permettent entre autres de calculer les productivités marginales des facteurs de production, dépend des objectifs assignés aux exploitations agricoles lors de l’évaluation. Ces objectifs sont modélisés par des choix de direction : une direction par objectif. Les apports méthodologiques de la fonction de distance directionnelle (Chambers et al. [1998]), permettent d’évaluer des unités productives suivant l’angle sous lequel on se place. La forme générale de ces b fonctions de distance directionnelles, relativement à la technologie Ψ dommage est donnée par : b ~ D(x, z, y, gx, gz, gy ) = Sup{θ : (x − θgx, z − θgz, y + θgy ) ∈ Ψ dommage } © 2015 Tous droits réservés. (4.33) doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 4.3. Modèles adoptés 141 gx, gz et gy spécifient les directions respectiv es en inputs « normaux », input s de réduction des dommages et output s dans lesquelles l’entité évaluée est projetée sur la frontière de production. Par exemple, dans le cas d’une mesure radiale de l’efficacité visant à minimiser les pesticides et les inputs « normaux » tout en maintenant constant les outputs nous aurons : gx = x, gy = 0 et g z = z . Dans ce chapitre, nous effectuons deux analyses distinctes mais complémentaires. La première analyse permet de faire un état des lieux de l’utilisation agricole des pesticides en Eure-et-Loir. Nous nous plaçons sous l’angle d’agriculteurs volontaristes qui sont dans une optique de réduction de l’usage des pesticides au même titre que les ~ autres facteurs de production (D(x, z, y, gx = x, gz = z, gy = 0) = θ1 ). La deuxième analyse s’inscrit dans une logique de recherche de politique publique permettant de faire baisser l’utilisation agricole de pesticides. L’idée est dans un premier temps d’estimer les niveaux de pesticides qu’utiliseraient les agriculteurs d’Eure-et-Loir s’ils étaient coût-efficaces. Cela passe par la mise en place d’un programme de minimisation des coûts et nous donnera les niveaux de pesticides rationnels et efficaces pour tout niveau de production. Dans un deuxième temps, nous estimons la réduction maximale de l’usage des pesticides possible pour tout niveau de production, tout en conservant des niveaux inférieurs ou constants des autres facteurs de production et l’output constant ~ (D(x, z, y, gx = 0, gz = z, gy = 0) = θ2 ). Dans un troisième et dernier temps nous estimons, pour chaque niveau de production également, le prix du marché qui pourrait permettre de passer du niveau de pesticides cout-efficace calculé lors de la première étape de cette analyse au niveau pesticides-efficace estimé lors de la deuxième étape de cette deuxième analyse. Cette analyse donnera des indications aux pouvoirs publics chargés d’élaborer des politiques de réduction de l’usage des pesticides en agriculture : elle éclaira sur la sensibilité des agriculteurs d’Eure et-Loir aux prix. Nous détaillons ci-dessous les méthodologies suivies dans les deux analyses. Commençons par décrire la méthodologie employée dans la première analyse. Le coefficient d’efficacité technique ou encore la fonction de distance directionnelle (θ1 ) est © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 142 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique approchée pour l’exploitation « 0 », sous les hypothèses de libre disposition des facteurs de production « normaux », de faible disposition des inputs de réduction des dommages, de convexité et de rendements d’échelles variables, par le programme linéaire suivant que nous nommons programme 1 : θb1 = arg min{ θ1 : {θ1,λ} D X d=1 λd y d > y 0 ; D X d=1 λd xd 6 θ1 x0 ; n X d=1 λd zd = θ1 z0 ; n X λd = 1} (4.34) d=1 Ce programme linéaire nous permettra de calculer la productivité marginale des pesticides au point de projection de l’exploitation évaluée sur la frontière de production estimée. Afin de tenir compte, dans l’estimation de la productivité marginale de l’input de réduction des dommages, du fait qu’au niveau d’une exploitation agricole, les stratégies de gestion des pesticides dépendent beaucoup de l’assolement, nous ajoutons à notre programme linéaire une contrainte permettant de limiter les écarts d’assolement entre l’exploitation agricole évaluée et le référentiel des optimums possibles. Cela nous permettra de ne comparer que des exploitations agricoles ayant des stratégies de gestion des pesticides potentiellement interchangeables. Les estimations obtenues seront plus fines parce que nous ne comparons pas par exemple une exploitation qui ne produit que du blé à une exploitation produisant des fruits et des légumes. La construction de cette contrainte additionnelle repose sur le concept de la distance de Hamming. Cette distance a été définie par le mathématicien américain Richard Hamming. Elle est fortement utilisée en informatique, en traitement du signal et dans les télécommunications. En télécommunication, par exemple, elle est utilisée pour compter le nombre de bits altérés dans la transmission d’un message d’une longueur donnée. Elle permet de quantifier la différence entre deux séquences de symboles. Si l’on considère deux suites de symboles de même longueur, la distance de Hamming associe le nombre de positions où les deux suites diffèrent. Plus formellement, la distance de Hamming entre deux éléments a et b d’un ensemble Λ est le nombre d’éléments de a qui diffèrent © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 143 4.3. Modèles adoptés de ceux de b. La distance de Hamming fournit donc un moyen simple permettant de comparer deux mots et plus généralement deux suites de caractères ou de lettres. Elle est définie pour deux mots a et b de même longueur comme le nombre de positions en lesquelles les deux mots possèdent des lettres différentes : Ham(a, b) = card {i | a(i) 6= b(i)} (4.35) où card désigne la cardinalité de l’ensemble. a(i) et b(i) donnent la position de i dans les mots a et b respectivement. La distance de Hamming généralisée (Hamg ) pour deux vecteurs u et v de taille D a, elle, pour expression : Hamg (u, v) = D X i=1 {u(i) − v(i)} (4.36) Elle donne une idée de la dissemblance existante sur les deux vecteurs. Nous utilisons dans cette thèse cette distance afin de comparer uniquement les exploitations agricoles ayant des assolements similaires. La contrainte que l’on va ajouter en suivant la méthodologie préconisée par Ruggiero [1998] au programme linéaire précédent est la suivante : D X {|(P art1i − P art10 )| + ... + |(P artci − P artc0 )|} ≤ H (4.37) d=1 avec P art1d la part de la surface de la première culture de l’exploitation d dans sa surface agricole utile (SAU). H est l’écart d’assolement retenu et c le nombre de cultures différentes dans l’échantillon. Avec cette variable de proportions (P art1d ), le Hamming que nous utilisons sera compris entre 0 et 2. Plus la distance entre les deux est faible plus les deux exploitations agricoles que nous comparons sont proches et similaires. Plus la distance tend vers 2, plus les deux exploitations agricoles sont éloignées et n’ont donc pas d’assolements similaires. Le programme 1 par aura avec la contrainte sur les assolements la forme définitive suivante : © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 144 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique  ′    Min θ  1       s.c .     PD     d=1 λd yd > y0     P ′  D λd xd 6 θ x0 d=1 1 PD ′     d=1 λd zd = θ1 z0    PD     d=1 λd = 1    P   1 1 c c  λd = 0 si D  d=1 {|(P artd − P art0 )| +... + |(P artd − P art0 )|     PD  1 1 c c λd ≥ 0 si d=1 {|(P artd (4.38) >H − P art0 )| +... + |(P artd − P art0 )| ≤ H La productivité marginale des inputs sera calculée en utilisant au niveau du programme 1, les variables duales associées aux inputs « normaux », aux inputs de réduction des dommages et à l’output. Nous suivons pour cela la méthodologie initiée par Ouellette et Vigeant [2015]. Les produits marginaux dérivés de cette méthode, au point de projection, pour une exploitation agricole d et en utilisant les variables duales associées ′ au programme linéaire 1 (θ1 ), sont donnés pour un input « normal » i et un input de réduction des dommages k, par les expressions respectives suivantes : P Mdi = νxdi, d = 1,..., D and i = 1,..., m νyd (4.39) P Mdk = νzdk, d = 1,..., D and k = 1,..., l νyd (4.40) ′ νxdi, νzdk and νyd sont respectivement les variables duales du programme linéaire 1 (θ1 ) associées aux contraintes sur le facteur de production « normal » i, l’input de réduction des dommages k et l’output. La deuxième analyse effectuée dans ce chapitre se déroulera en trois temps comme précisé plus haut. Dans un premier temps nous calculons, pour chaque niveau de production observé en Eure-et-Loir, la quantité de pesticides coût-efficace à utiliser. Le programme de minimisation des coûts qui permet de déterminer ces niveaux de pesticides rationnels et efficaces, pour le niveau de production y0, sous les hypothèses de © 2015 Tous droits réservés. doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 145 4.3. Modèles adoptés libre disposition des facteurs de production « normaux », de faible disposition des inputs de réduction des dommages, de convexité et de rendements d’échelles variables et en tenant compte des assolements est le suivant :  P  ce ce   Min i wxi xi + pz z        s . c .     PD     d=1 λd yd > y0     PD  λd xd 6 xce d=1 PD  ce    d=1 λd zd = z    PD     d=1 λd = 1    P   1 1 c  λd = 0 si D  d=1 {|(P artd − P art0 )| +... + |(P artd     PD  1 1 c λd ≥ 0 si d=1 {|(P artd (4.41) − P artc0 )| > H − P art0 )| +... + |(P artd − P artc0 )| ≤ H Avec pz le prix des pesticides et wxi le prix du facteur de production i. Ce programme est donc un programme de minimisation des coûts. Il permet d’avoir une idée de la manière avec laquelle les exploitations agricoles réagissent aux prix des facteurs de production utilisés. xce et zce sont les quantités permettant de rendre cout-efficace l’exploitation évaluée. Nous estimons dans un deuxième temps et pour chaque niveau de production la réduction maximale possible de l’usage des pesticides tout en conservant des niveaux inférieurs ou constants des autres facteurs de production et supérieurs ou constants de la production. Plus formellement cela s’effectue via l’estimation du coefficient d’efficacité technique (θ2 ). Il est approché pour le niveau de production y0, sous les hypothèses de libre disposition des facteurs de production « normaux », de faible disposition des inputs de réduction des dommages, de convexité et de rendements d’échelles variables, par le programme linéaire suivant : θb2 = arg min{ θ1 : {θ2,λ} © 2015 Tous droit s réservés. D X d=1 λd y d > y 0 ; D X d=1 λd xd 6 x0 ; n X d=1 λd zd = θ2 z0 ; n X λd = 1} (4.42) d=1 doc.univ-lille1.fr Thèse de Ayouba Kassoum, Lille 1, 2015 146 Chapitre 4. Productivité : approche non paramétrique Ce programme, avec les contraintes sur les assolements définies précédemment a la forme finale suivante :  ′    Min θ  2       s.c.     PD     d=1 λd yd > y0     P  D λd xd 6 x0 d=1 PD ′     d=1 λd zd = θ2 z0    PD     d=1 λd = 1    P   1 1 c c  λd = 0 si D  d=1 {|(P artd − P art0 )| +... + |(P artd − P art0 )|     PD  1 1 c c λd ≥ 0 si d=1 {|(P artd (4.43) >H − P art0 )| +... + |(P artd − P art0 )| ≤ H Nous appelons ce programme linéaire, programme 2 dans la suite de l’analyse.
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Sévérité de l'anorexie mentale et comorbidité anxiodépressive : un axe pour améliorer la prise en charge Agathe Raynal-Tacquet par Agathe NAL TACQUET Née le oût 1988 à Bois-Guillaume (76) Présentée et soutenue publiquement le 17 Octobre 2017 SÉVÉRITÉ DE L'ANOREXIE MENTALE ET COMORBIDITÉ NXIODÉPRESSIVE : Un axe pour améliorer la prise en charge PRÉSIDENT DU JURY Professeur Pris cille GÉR ARDIN DIRECTEURS DE THÈSE Professeur Nathalie GODART et Docteur Mala ï ka LAS FAR UNIVERSITÉ DE ROUEN U FR DE MÉDECINE ET DE P HARMACIE Année 2017 N° THÈSE POUR LE DIPLÔME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE par Agathe RAYNAL-TACQUET Née le 15 Août 1988 à Bois-Guillaume (76) Présentée et soutenue publiquement le 17 Octobre 2017 SÉVÉRITÉ DE L'ANOREXIE MENTALE ET COMORBIDITÉ ANXIODÉPRESSIVE : Un axe pour améliorer la prise en charge PRÉSIDENT DU JURY Professeur Priscille GÉRARDIN DIRECTEURS DE THÈSE Professeur Nathalie GODART et Docteur Malaïka LASFAR Par délibération en date du 3 mars 1967, la faculté a arrêté que les opinions émises dans les dissertations qui lui seront présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu'elle n'entend leur donner aucune approbation ni improbation. ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016 U.F.R. DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE ROUEN ------------------------- DOYEN : Professeur Pierre FREGER ASSESSEURS : Professeur Michel GUERBET Professeur Benoit VEBER Professeur Pascal JOLY Professeur Stéphane MARRET I - MEDECINE PROFESSEURS DES UNIVERSITES – PRATICIENS HOSPITALIERS Mr Frédéric ANSELME HCN Cardiologie Mme Isabelle AUQUIT AUCKBUR HCN Mr Fabrice BAUER HCN Cardiologie Mme Soumeya BEKRI HCN Mr Ygal BENHAMOU HCN Mr Jacques BENICHOU HCN Mme Bouchra LAMIA Havre Pneumologie Mr Olivier BOYER UFR Immunologie Mr François CARON HCN Mr Philippe CHASSAGNE (détachement) HCN Mr Vincent COMPERE HCN Mr Jean-Nicolas CORNU HCN Urologie Mr Antoine CUVELIER HB Pneumologie Mr Pierre CZERNICHOW (surnombre) HCH Mr Jean-Nicolas DACHER HCN Mr Stéfan DARMONI HCN Mr Pierre DECHELOTTE HCN Nutrition Mr Stéphane DERREY HCN Neurochirurgie 3 Mr Frédéric DI FIORE CB Cancérologie Mr Fabien DOGUET HCN Mr Jean DOUCET SJ Mr Bernard DUBRAY CB Radiothérapie Mr Philippe DUCROTTE HCN Mr Frank DUJARDIN HCN Mr Fabrice DUPARC HCN Mr Eric DURAND HCN Cardiologie Mr Bertrand DUREUIL HCN Mme Hélène ELTCHANINOFF HCN Cardiologie Mr Thierry FREBOURG UFR Génétique Mr Pierre FREGER HCN Mr Jean François GEHANNO HCN Mr Emmanuel GERARDIN HCN Mme Priscille GERARDIN HCN Mr Michel GODIN (surnombre) HB Néphrologie M. Guillaume GOURCEROL HCN Physiologie Mr Dominique GUERROT HCN Néphrologie Mr Olivier GUILLIN HCN Mr Didier HANNEQUIN HCN Neurologie Mr Fabrice JARDIN CB Hématologie Mr Luc-Marie JOLY HCN Mr Pascal JOLY HCN Mme Annie LAQUERRIERE HCN Mr Vincent LAUDENBACH HCN Mr Joël LECHEVALLIER HCN Mr Hervé LEFEBVRE HB Mr Thierry LEQUERRE HB Rhumatologie me Anne-Marie LEROI HCN Physiologie Mr Hervé LEVESQUE HB Mme Agnès LIARD-ZMUDA HCN Mr Pierre Yves LITZLER HCN Mr Bertrand MACE HCN M. David MALTETE HCN Neurologie Mr Christophe MARGUET HCN Pédiatrie 4 Mme Isabelle MARIE HB Mr Jean-Paul MARIE HCN Mr Loïc MARPEAU HCN Mr Stéphane MARRET HCN Pédiatrie Mme Véronique MERLE HCN Epidémiologie Mr Pierre MICHEL HCN M. Benoit MISSET HCN Mr Jean-François MUIR (surnombre) HB Pneumologie Mr Marc MURAINE HCN Ophtalmologie Mr Philippe MUSETTE HCN Mr Christophe PEILLON HCN Mr Christian PFISTER HCN Urologie Mr Jean-Christophe PLANTIER HCN Mr Didier PLISSONNIER HCN Mr Gaëtan PREVOST HCN Endocrinologie Mr Bernard PROUST HCN Mr Jean-Christophe RICHARD (détachement) HCN Mr Vincent RICHARD UFR Pharmacologie Mme Nathalie RIVES HCN Mr Horace ROMAN HCN Mr Jean-Christophe SABOURIN HCN Mr Guillaume SAVOYE HCN Mme Céline SAVOYE–COLLET HCN Mme Pascale SCHNEIDER HCN Pédiatrie Mr Michel SCOTTE HCN Mme Fabienne TAMION HCN Thérapeutique Mr Luc THIBERVILLE HCN Pneumologie Mr Christian THUILLEZ (surnombre) HB Pharmacologie Mr Hervé TILLY CB M. Gilles TOURNEL HCN Mr Olivier TROST HCN Mr Jean-Jacques TUECH HCN Mr Jean-Pierre VANNIER (surnombre) HCN Mr Benoît VEBER HCN Mr Pierre VERA CB 5 Mr Eric VERIN HB Mr Eric VERSPYCK HCN Mr Olivier VITTECOQ HB Rhumatologie Mr Jacques WEBER HCN Physiologie Mme Noëlle BARBIER-FREBOURG HCN Mme Carole BRASSE LAGNEL HCN Biochimie Mme Valérie BRIDOUX HUYBRECHTS HCN Mr Gérard BUCHONNET HCN Hématologie Mme Mireille CASTANET HCN Pédiatrie Mme Nathalie CHASTAN HCN Mme Sophie CLAEYSSENS HCN Mr Moïse COEFFIER HCN Nutrition Mr Manuel ETIENNE HCN Mr Serge JACQUOT UFR Immunologie Mr Joël LADNER HCN Mr Jean-Baptiste LATOUCHE UFR Mr Thomas MOUREZ HCN Virologie Mme Muriel QUILLARD HCN Mme Laëtitia ROLLIN HCN Mr Mathieu SALAUN HCN Pneumologie Mme Pascale SAUGIER-VEBER HCN Génétique Mme Anne-Claire TOBENAS-DUJARDIN HCN Anatomie Mr David WALLON HCN Neurologie PROFESSEUR AGREGE OU CERTIFIE Mme Dominique LANIEZ UFR Mr Thierry WABLE UFR Communication PROFESSEURS Mr Thierry BESSON Mr Jean-Jacques BONNET Pharmacologie Mr Roland CAPRON (PU-PH) Biophysique Mr Jean COSTENTIN (Professeur émérite) Pharmacologie Biochimie Mr Loïc FAVENNEC (PU-PH) Parasitologie Mr Jean Pierre GOULLE (Professeur émérite) Toxicologie Toxicologie Mme Isabelle LEROUX - NICOLLET Physiologie Mme Christelle MONTEIL Toxicologie Mme Martine PESTEL-CARON (PU-PH) Microbiologie Mme Elisabeth SEGUIN Pharmacognosie Mr Rémi VARIN (PU-PH) Mr Jean-Marie VAUGEOIS Pharmacologie Chimie Générale et Minérale Mr Jérémy BELLIEN (MCU-PH) Pharmacologie Mr Frédéric BOUNOURE Mr Abdeslam CHAGRAOUI Physiologie Mme Camille CHARBONNIER (LE ZIO) Statistiques Mme Elizabeth CHOSSON Botanique Mme Marie Catherine CONCE-CHEMTOB Mme Cécile CORBIERE Biochimie Mr Eric DITTMAR Biophysique Mme Nathalie DOURMAP Pharmacologie Mme Isabelle DUBUC Pharmacologie Mme Dominique DUTERTE- BOUCHER Pharmacologie 7 Mr Abdelhakim ELOMRI Pharmacognosie Mr Gilles GARGALA (MCU-PH) Parasitologie Mme Nejla EL GHARBI-HAMZA Chimie analytique Mme Marie-Laure GROULT Botanique Mr Hervé HUE Mme Laetitia LE GOFF Mme Hong LU Biologie Mme Marine MALLETER Toxicologie Mme Sabine MENAGER Mme Tiphaine ROGEZ-FLORENT Chimie analytique Mme Malika SKIBA Mme Christine THARASSE Mr Frédéric ZIEGLER Biochimie PROFESSEURS ASSOCIES Mme Cécile GUERARD-DETUNCQ Mr Jean-François HOUIVET PROFESSEUR CERTIFIE Mme Mathilde GUERIN Anglais Mme Sandrine DAHYOT Bactériologie ATTACHES TEMPORAIRES D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE Mr Souleymane ABDOUL-AZIZE Biochimie Mme Hanane GASMI Galénique Mme Caroline LAUGEL Chimie organique Mr Romy RAZAKANDRAINIBE Parasitologie Chimie Générale et minérale Mr Thierry BESSON Mr Roland CAPRON Biophysique Mme Marie-Catherine CONCE-CHEMTOB Mme Elisabeth CHOSSON Botanique Mr Jean-Jacques BONNET Biochimie Mr Loïc FAVENNEC Parasitologie Toxicologie Mme Isabelle LEROUX-NICOLLET Physiologie Mme Martine PESTEL-CARON Microbiologie Mme Elisabeth SEGUIN Pharmacognosie Pharmacie galénique Mr Rémi VARIN PROFESSEUR Mr Jean-Loup HERMIL UFR Mr Emmanuel LEFEBVRE Mme Elisabeth MAUVIARD Mr Philippe NGUYEN THANH UFR UFR UFR Mr Pascal BOULET UFR Mr Emmanuel HAZARD UFR Mme Lucile PELLERIN UFR Mme Yveline SEVRIN UFR Mme Marie Thérèse THUEUX UFR PROFESSEURS Mr Serguei FETISSOV (med) Mr Paul MULDER (phar) Sciences du Médicament RUAN (med) Mr Sahil ADRIOUCH (med) Mme Gaëlle BOUGEARD-DENOYELLE (med) Biochimie et biologie moléculaire (Unité Inserm 905) Biochimie et biologie moléculaire (UMR 1079 ) Mme Carine CLEREN (med) Neurosciences (Néovasc) M. Sylvain FRAINEAU (phar) Mme Pascaline GAILDRAT (med) Génétique moléculaire humaine (UMR 1079) Mr Nicolas GUEROUT (med) Mme Rachel LETELLIER (med) Physiologie Mme Christine RONDANINO (med) Mr Antoine OUVRARD-PASCAUD (med) Physiologie (Unité Inserm 1076) Mr Frédéric PASQUET Sciences du langage, orthophonie Mme Isabelle TOURNIER (med) CHEF DES SERVICES ADMINISTRATIFS : Mme Véronique DELAFONTAINE REMERCIEMENTS À Madame le Professeur Gérardin, Vous me faîtes l'honneur de présider cette thèse. Pour la qualité de votre enseignement et votre implication auprès des internes, Pour m'avoir fait l'honneur de m'accepter dans votre service au cours de mon internat, Pour m'avoir soutenue lors de mon souhait de faire un Master 2, Veuillez trouver ici le témoignage de ma sincère reconnaissance et de mon profond respect. À Madame le Professeur Godart, Vous me faîtes l'honneur de diriger ce travail. Pour m'avoir encadrée tout au long de cette année et m'avoir initiée à la recherche scientifique, Pour votre gentillesse, votre disponibilité, votre patience et la qualité de votre enseignement, Recevez ici l'expression de ma profonde gratitude et de mon plus grand respect. À Monsieur le Professeur Marguet, Vous me faîtes l'honneur de considérer et juger ce travail. Pour la confiance que vous m'accordez en m'acceptant prochainement dans votre service, Veuillez trouver ici l'expression de ma reconnaissance et de mon profond respect. À Madame le Docteur Lasfar, Pour avoir accepté de co-diriger ce travail, Pour ton implication dans l'accueil et l'enseignement des externes et des internes, Pour ton enthousiasme, ta disponibilité, ta patience et ton soutien tout au long de mon internat, Je suis très fière d avoir été ton interne et de bientôt travailler à tes côtés, Je te prie de bien vouloir recevoir mes sincères remerciements et croire en l'expression de mon amitié. À toute l'équipe du service de pédopsychiatrie de liaison du CHU de Rouen, Pour m'avoir accepté dans votre service et tout ce que vous m'avez transmis ces deux dernières années. Pour votre bonne humeur. J'ai hâte de revenir travailler avec vous. Au Dr Marc-Antoine Podlipski, Pour ta confiance, ton enseignement et ta bienveillance, Merci de m'accepter prochainement dans ton service, je suis ravie d'y faire mon assistanat. Au Dr Laure Bera, Pour m'avoir guidée dans mes débuts et éveillée mon envie de devenir pédopsychiatre, Pour ton amitié depuis toutes ses années, C'est un honneur de prendre ta suite. À toutes les équipes de pédopsychiatrie et pédiatrie que j'ai côtoyé au CHU : L'unité de psychopathologie de l'adolescent, la MDA, la pédiatrie et les urgences, Pour votre accueil, votre énergie et votre enseignement de la médecine adolescente. Aux Docteurs Goldenberg, Guerrot et Bréhin, Pour ces quelques mois passés en génétique clinique, merci de m'avoir fait découvrir cette spécialité passionnante et de m'avoir accordé votre confiance. Aux équipe du Centre de Thérapie Familiale, des CMP de Duclair et Petit Quevilly ainsi qu'au Dr Claire Miranda-Marchand, Merci pour votre accueil chaleureux, votre enseignement et votre engagement auprès des jeunes et leur famille. Au Professeur Guillin et à toute l'équipe de St Jean, Pour m'avoir fait découvrir cette unité et son ambiance si conviviale, merci pour votre gentillesse. Aux Dr Haouzir, Dr Tran et Dr Guigueno et toute l'équipe du secteur 5 Pour m'avoir accueillie en tant qu'externe puis en tant qu'interne, pour m'avoir enseigné la psychiatrie mais aussi l'art de survivre en staff. Sophie, je connais grâce à toi la définition de l'humeur selon Delay. Au dr Desbordes et à l'équipe de gérontopsychiatrie, Pour m'avoir enseigné la prise en charge des personnes âgées et les visites peu conventionnelles. Aux Dr Fouldrin, Dr Nebout et Dr Rotharmel et l'équipe de Colonna, Pour mon premier semestre passé avec vous, votre gentillesse et votre soutien. Maud, tout particulièrement, merci pour ton enseignement si riche et ta douceur. Tu as éveillé ma curiosité pour la pharmacologie et la recherche, tu m'as guidé pendant ces deux années de psychiatrie adulte. Merci d'avoir cru en moi. Enfin au Dr Loïc Marguet Pour ses précieux conseils et pour son soutien depuis toutes ces années. À mon mari, Clément, pour son amour et son soutien inconditionnel. La P2 me paraît bien loin Je t'aime tellement. À ma mère : c'est grâce à toi si j'en suis là aujourd'hui. Tu as toujours cru en moi et m'a soutenu durant toutes mes études. Tu dis toujours que tu es fière de tes enfants. Merci Maman. À ma soeur Margot : la meilleure, partie à la conquête de Paris! Fonce, ce sera bientôt à ton tour de passer ta thèse et bien sûr on sera là. Merci pour ton amour et ton soutien. À mes frères Pierre-Yves et Benjamin : Vous débutez vos études alors qu'elles s'achèvent pour moi. Vous avez la vie devant vous, éclatez vous. Je suis très fière de vous. À Anaïs, ma soeurette, avec qui je partage mon intérêt pour la psychiatrie. À mes grand-parents et toute ma famille, merci pour vos encouragements et votre soutien. À Annie et Jean-Claude, pour leur gentillesse, leur soutien et pour avoir partagé avec moi leur expérience de la médecine. À Maxou, mon pharmacien préféré. À Lauranne, ma copine devenue exploratrice aux quatre coins des îles. À Laure et Elsa : La Bera Team, les plus belles! Et Ben, jamais très loin À mes amis de longue date : Patate, Guillaume, Agnès. Aux copains de la fac de Rouen : Édouard et Chloé, Thomas et Sophie, Florian et Camille, Gabriel et Avélig, Matco, Toto, Matthieu et Laurène, Romain ainsi qu'aux nouveaux venus Jules, Léopold et Noah. À Quentin et Mathilde : à quand les prochaines vacances ensemble? Aux vernonnais : Arhtur (devenu beau-frère), Julien et Clémence, Paul et Jessica (alias JJ), Alex et Alex et tout le reste de la bande. À tous mes co-internes, sans qui les stages n'auraient pas eu la même saveur : Laura, Marianne, Elodie, Pierre, Clémence, Raphaëlle, Morgane, Rémy, Emilie, Erwan, Marion, Marie-Claire, Mélanie, Audrey, Anne-Laure, Elsa, Thomas. À mon père, TABLE DES MATIÈRES p 3 p4 INTRODUCTION p5 PARTIE I : DONNÉES ACTUELLES SUR L'ANOREXIE MENTALE, LA SÉVÉRITÉ ET LES COMORBIDITÉS PSYCHIATRIQUES ASSOCIÉES I. L'ANOREXIE MENTALE p 6 p6 1. Définition p6 2. Sémiologie p6 3. Classifications p10 4. Données épidémiologiques p12 5. Etiopathogénie p13 II. SÉVÉRITÉ DE L' ANOREXIE MENTALE p18 1. L'hospitalisation comme marqueur de sévérité p18 2. L'IMC : critère de sévérité selon le DSM-5 p22 III. COMORBIDITES PSYCHIATRIQUES ET ANOREXIE MENTALE p24 1. Définition générale de la comorbidité p24 2. Les comorbidités psychiatriques dans l'Anorexie Mentale p24 3. Comorbidités anxio-dépressives : critères diagnostiques et données épidémiologiques p27 PARTIE II : LA SÉVÉRITÉ DE L'EXPRESSION CLINIQUE DE L'ANOREXIE MENTALE EST-ELLE INFLUENCÉE PAR UNE COMORBIDITÉ ANXIODÉPRESSIVE SUR LA VIE? p33 p33 II. HYPOTHESES ET OBJECTIFS p35 III. MATERIEL ET METHODE p35 p35 2. Évaluation clinique et Critères de jugement p36 3. Echantillon p38 p39 1 IV. RESULTATS p40 1. Description de l'échantillon p40 2. Analyses univariées p42 i. comparaison de l'état clinique des patients en fonction de l'existence d'une comorbidité p42 ii. comparaison de l'état clinique des patients en fonction de la chronologie d'apparition de la comorbidité ou de son absence 3. Classification hiérarchique p44 p46 i. p14 Figure 4.a : Critères d'hospitalisation somatiques de l'AM chez l'enfant et l'adolescent p19 Figure 4.b : Critères d'hospitalisation somatiques de l'AM chez l'adulte (HAS, 2010) p20 Figure 4.c : Critères d'hospitalisation psychiatriques et environnementaux de l'AM (HAS, 2010) p21 Figure 5 : Critères de sévérité actuelle de l'Anorexie Mentale selon le DSM-5 p22 Figure 6 : Caractéristiques diagnostiques du Trouble Dépressif Majeur selon le DSM-5 p28 Figure 7 : Caractéristiques diagnostiques du Trouble Obsessionnel-Compulsif selon le DSM-5 p29 Figure 8 : Caractéristiques diagnostiques du Trouble d'Anxiété Sociale selon le DSM-5 p30 Figure 9 : Caractéristiques diagnostiques du Trouble Anxieux Généralisé selon le DSM-5 p31 Figure 10 : diagramme de flux p38 Tableau 1 : Caractéristiques cliniques de l'échantillon p40 Tableau 2 : fréquence des comorbidités psychiatriques sur la vie dans l'échantillon p41 Tableau 3 : chronologie d'apparition des comorbidités par rapport au début de l'AM p41 Tableau 4 : comparaison des moyennes des scores à l'échelle de Morgan et Russell en fonction de la présence ou non d'une comorbidité (par un test T de Student) p42 Tableau 5 : comparaison des moyennes des autres critères de sévérité clinique de l'AM en fonction de la présence ou non d'une comorbidité (par un test T de Student) p43 Tableau 6 : comparaison des moyennes des critères de sévérité clinique de l'AM en fonction de la chronologie d'apparition du trouble comorbide ou de son absence (par une ANOVA) p44 Tableau 7 : moyennes des variables représentants la sévérité clinique de l'AM en fonction des clusters p48 Tableau 8: comparaison des fréquences des morbidités en fonction des clusters (test duChi2 de pearson) p49 Tableau 9 : moyennes des variables représentants la sévérité clinique de l'AM en fonction des clusters p50 Tableau 10: comparaison des fréquences des comorbidités en fonction des clusters (test du Chi2 de pearson) p51 Tableau 11 : comparaison de la chronologie d'apparition des comorbidités ou de leur absence en fonction des deux clusters (test du Chi2 de pearson) p51 3 LISTE DES ABRÉVIATIONS AD AnxioDépressif AM Anorexie Mentale AM-BP Anorexie Mentale Binge Purging (avec crises de boulimie, vomissements ou prise de purgatifs) AM-R Anorexie Mentale EAT Eating Attitudes Test EDC Episode Dépressif Caractérisé EDQOL Eating Disorders Quality Of Life IMC MR Morgan-Russell (échelle de) TAG Trouble Anxieux Généralisé TCA TDM TOC 4 INT RODUCTION L' Anorexie Mentale est une pathologie affectant à la fois la santé psychique et la santé physique. Elle se décline selon des degrés de sévérité variables, depuis des formes brèves de faible intensité jusqu'à des formes de sévérité extrême mettant en jeu le pronostic vital et/ou se compliquant de chronicité. Les critères d'hospitalisation sélectionnent une population avec un trouble sévère. Paradoxalement les traitements proposés pour les formes sévères d'anorexie mentale, alors qu'elles présentent les moins bonnes réponses aux soins, restent peu étudiés et en particulier les soins hospitaliers. En effet, bien que la symptomatologie du trouble anorexique soit bien décrite aujourd'hui, l'étiopathogénie du trouble reste encore mal comprise. Une meilleure appréhension du trouble permettrait probablement d'élaborer des thérapeutiques plus performantes car plus individualisées. Ayant été amenés à prendre en charge des patients en phase en aiguë du trouble dans les unités d'hospitalisation, nous nous sommes interrogés sur les facteurs de sévérité de l'Anorexie mentale à l'admission. Existe t'il un lien entre le degré de sévérité de l'anorexie mentale et d'autres facteurs psychiatriques? Et si oui, connaît-on des stratégies thérapeutiques spécifiques? L'Anorexie mentale est une maladie évoluant généralement sur une longue durée. Il n'est pas rare dans l'histoire de ces patients qu'ils présentent ou aient présenté d'autres troubles psychiatriques. Parmi ceux là, les plus fréquemment retrouvés sont les troubles dépressifs et les troubles anxieux. Peu d'études ont été publiées sur le lien entre la sévérité de l'expression clinique et la présence de comorbidité psychiatrique. On sait qu'une comorbidité est un facteur de mauvaise réponse aux soins et donc de mauvais pronostic. On peut faire l'hypothèse qu'une comorbidité anxio-dépressive au un impact aggravant sur le degré de sévérité de l'anorexie mentale. Nous avons choisi d'explorer cet axe dans ce travail de thèse. La première partie est un rappel des données actuelles sur l'anorexie mentale, sa sévérité et les comorbidités psychiatriques associées. La seconde partie est une étude s'intitulant : La sévérité de l'expression clinique de l'anorexie mentale est-elle influencée par une comorbidité anxiodépressive sur la vie? 5 PARTIE I : DONNÉES ACTUELLES SUR L'ANOREXIE MENTALE, LA SÉVÉRITÉ ET LES COMORBIDITÉS PSYCHIATRIQUES ASSOCIÉES I. L'ANOREXIE MENTALE 1. Définition Dès l'antiquité, plusieurs cas évoquant l'anorexie mentale (AM) ont été décrits. Mais il faut attendre le 17° siècle pour que Richard Morton [1] fasse une première description médicale de ce qu'il nomme alors la « consomption nerveuse » (1689). Un siècle plus tard, C. Lasègue (1873) en France, et W.  persistance d'une sensation d'avoir toujours trop mangé La stratégie de contrôle de poids est omniprésente. Elle passe par une surveillance drastique des ingestas (calcul calorique de chaque repas, pesée des aliments) et excrétas. Les patients se pèsent très régulièrement (jusqu'à plusieurs fois par jour), les poids et mensurations sont généralement notés. Des conduites de purges sont parfois mises en place : vomissements postprandiaux, prises de laxatifs ou diurétiques Bien que plus rares, il faut systématiquement rechercher une potomanie (ingestion de plusieurs litres d'eau ou autre liquide par jour), un mérycisme (dans les formes de dénutrition chronique) qui peuvent avoir des retentissements somatiques graves. L'amaigrissement On définit classiquement le seuil diagnostic pondéral de l'anorexie mentale par un Indice de Masse Corporelle (IMC) inférieur à 17,5 g/m2 pour les adultes ou inférieur au 10 ème percentile pour les enfants ou les adolescents ; toutefois cette définition ne permet pas d'inclure les patients initialement en surpoids. On lui préfère donc la mesure de la perte de poids : une perte de plus de 15% du poids attendu (poids théorique pour l'âge et la taille) ou une absence de prise de poids pendant la croissance. Les signes physiques de dénutrition accompagnent cet amaigrissement : fonte graisseuse et une amyotrophie, disparation des formes marquant la féminité, cheveux secs et ternes, ongles striés et cassants. Une constipation opiniâtre peut être observée tout comme une hypertrichose et l'apparition d'un lanugo. Enfin les troubles circulatoires sont constants : cyanose des extrémités, tension artérielle basse, bradycardie. Les patients cachent parfois cet amaigrissement sous des vêtements amples ou au contraire l'exhibe. L'aménorrh Elle est définie par un arrêt de trois mois des cycles menstruels antérieurement réguliers ou un arrêt de six mois pour des cycles antérieurement irréguliers. L'aménorrhée est dite primaire lorsqu'elle constitue la non apparition des règles chez une jeune fille et secondaire lorsqu'elle marque la disparition des cycles chez une femme déjà réglée. La dénutrition n'est pas seule à 7 expliquer l'apparition de l'aménorrhée puisque dans 30% des cas elle précède l'amaigrissent et perdure parfois longtemps malgré la normalisation pondérale. A la phase d'état, les patientes sont souvent indifférentes face à cette aménorrhée et expriment parfois une satisfaction à ne pas avoir de menstruations, signe majeur d'une féminité qu'elles se refusent. Elle est l'un des derniers symptômes à disparaître. L'aménorrhée ne fait actuellement plus partie des critères du DSM-5 car elle ne permet pas détecter précocément les troubles. De plus, elle n'est pas applicable aux jeunes filles non pubères, aux femmes prenant une contraception orale ou post-ménopausée ou encore aux hommes. Cependant il faut la rechercher de manière systématique car elle a pour principale complication une ostéopénie ou une ostéoporose de gravité proportionnelle à la durée de cette aménorrhée. La perception erronée de l'image du corps Il s'agit d'une distorsion cognitive de l'image du corps, le sujet anorexique se percevant comme « trop gros » alors même qu'il est dans un état de maigreur préoccupant. Les patientes se voient et se dessinent beaucoup plus grosses qu'elles ne le sont. La perception erronée de l'image du corps peut être généralisée ou localisée (cuisses, ventre). La reprise de poids suscite une peur intense de grossir et de ne pas avoir de limites. L'hyperactivité physique L'hyperactivité physique est fréquemment retrouvée. Les conduites de négation ou de contrôle des besoins physiologiques du corps, l'envie de brûler des calories et perdre du poids, l'excitation de dépasser ses limites et une dépendance d'origine neurobiologique la sous-tendent. Les patients luttent contre la fatigue et des troubles du sommeil sont souvent associés. Cette activité souvent solitaire, automatique et sans plaisir est effectuée jusqu'à l'épuisement ou stoppée par la douleur. L'hyperactivité physique s'accompagne parfois des conduites ascétiques : exposition au froid, réduction du temps de sommeil, privations diverses Les activités domestiques sont parfois très investies (ménage du sol au plafond) et créent des conflits familiaux. L'hyperinvestissement intellectuel A l'adolescence, il traduit par un investissement massif de la scolarité chez les patientes ayant un profil perfectionniste. « L'intellectualisme pur » apparaît comme un refuge. Des études montrent un profil cognitif particulier dans l'AM avec une attention excessive aux détails, un défaut de flexibilité mentale et une tendance au perfectionnisme. Les résultats sont généralement meilleurs pour l'apprentissage que la créativité. Contrairement à une idée reçue, les patients ne semblent pas 8 avoir de capacités intellectuelles supérieures à celles de la population générale. Les résultats scolaires ou professionnels excellents en phase aiguë peuvent d'ailleurs chuter avec l'évolution de la maladie (fatigue liée à la dénutrition, envahissement psychique par les obsessions alimentaires). Les troubles de la sexualité Il est souvent noté, chez les jeunes femmes en âge d'être concernées, un désintérêt pour la sexualité. 9 3. Classifications Au fil du temps, la communauté scientifique a établi des critères codifiés et reconnus par les professionnels au plan international afin d'harmoniser la recherche clinique et d'homogénéiser les diagnostics au maximum. Ceci permet aux praticiens et aux chercheurs de pouvoir parler dans les mêmes termes des mêmes maladies. Actuellement deux classifications sont principalement utilisées : la Classification Internationale des Maladies dans sa dixième version (CIM 10) publiée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [8] et le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) [9]. Ce dernier est l'ouvrage de référence publié par l'Association Américaine de Psychiatrie (APA), dont la 5ème version est parue en 2013 (figures 1 et 2). A. Restriction des apports énergétiques par rapport aux besoins conduisant à un poids significativement bas compte tenu de l'âge, du sexe, du stade de développement et de la santé physique. Est considéré comme significativement bas un poids inférieur à la norme minimale ou, pour les enfants et les adolescents, inférieur au poids minimal attendu. B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, ou comportement persistant interférant avec la prise de poids, alors que le poids est significativement bas. C. Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l'estime de soi, ou manque de reconnaissance persistant de la gravité de la maigreur actuelle. Spécifier le type : Type restrictif : Pendant les trois derniers mois, la personne n'a pas présenté d'accès récurrents d'hyperphagie (crises de gloutonnerie) ni recouru à des vomissements provoqués ou à des comportements purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). Ce soustype décrit des situations où la perte de poids est essentiellement obtenue par le régime, le jeûne et/ou l'exercice physique excessif. Type accès hyperphagiques/purgatif : Pendant les trois derniers mois, la personne n'a pas présenté des accès récurrents de gloutonnerie et/ou a recouru à des vomissements provoqués ou à des comportements purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). Figure 1 : Critères diagnostiques de l'Anorexie mentale selon le DSM-5 10 A. Poids corporel inférieur à la normale de 15 % (perte de poids ou poids normal jamais atteint) ou index de masse corporelle de Quetelet inférieur ou égal à 17,5). Chez les patients prépubères, prise de poids inférieure à celle qui est escomptée pendant la période de croissance. B. La perte de poids est provoquée par le sujet par le biais d'un évitement des « aliments qui font grossir », fréquemment associé à au moins une des manifestations suivantes : des vomissements provoqués, l'utilisation de laxatifs, une pratique excessive d'exercices physiques, l'utilisation de « coupe-faim » ou de diurétiques. C. Une psychopathologie spécifique consistant en une perturbation de l'image du corps associée à l'intrusion d'une idée surinvestie : la peur de grossir. Le sujet s'impose une limite de poids inférieure à la normale, à ne pas dépasser. D. Présence d'un trouble endocrinien diffus de l'axe hypothalamo-hypophyso-gonadique avec aménorrhée chez la femme (des saignements vaginaux peuvent toutefois persister sous thérapie hormonale substitutive, le plus souvent dans un but contraceptif), perte d'intérêt sexuel et impuissance chez l'homme. Le trouble peut s'accompagner d'un taux élevé d'hormone de croissance ou de cortisol, de modifications du métabolisme périphérique de l'hormone thyroïdienne et d'anomalies de la sécrétion d'insuline. E. Quand le trouble débute avant la puberté, les manifestations de cette dernière sont retardées ou stoppées (arrêt de la croissance ; chez les filles, absence de développement des seins et aménorrhée primaire ; chez les garçons, absence de développement des organes génitaux). Après la guérison, la puberté se déroule souvent normalement ; les règles n'apparaissent toutefois que tardivement. Diagnostic différentiel : le trouble peut s'accompagner de symptômes dépressifs ou obsessionnels, ainsi que de traits de personnalité faisant évoquer un trouble de la personnalité ; dans ce cas, il est parfois difficile de décider s'il convient de porter un ou plusieurs diagnostics. On doit exclure toutes les maladies somatiques pouvant être à l'origine d'une perte de poids chez le sujet jeune, en particulier une maladie chronique invalidante, une tumeur cérébrale et certaines maladies intestinales comme la maladie de Crohn et les syndromes de malabsorption. Figure 2 : Critères diagnostiques de l'Anorexie mentale selon la CIM 10 11 4. Données épidémiologiques Appréhender l'incidence et de la prévalence des troubles du comportement alimentaire n'est pas aisée du fait de l'existence de deux classifications internationales proches mais non superposables d'une part et de leur révision régulière (DSM–III, IV, IV-TR puis 5, CIM-9 puis 10) d'autre part. De plus, la faible prévalence de l'AM en population générale ainsi que le déni fréquent des troubles par les patients rend l'obtention de données épidémiologiques fiables plus difficile. On estime que l'AM classique concerne principalement les jeunes femmes entre 15 à 24 ans avec un ratio décrit d'un homme pour dix femmes [10]. Deux pics de fréquence de survenue du trouble sont observés : l'un à 14 ans et demi et l'autre à 18 ans [11]. Prévalence Dans sa revue de littérature de 2013, Roux et al. [12] fait le point sur l'épidémiologie du trouble. Elle retrouve une grande disparité des résultats en fonction de l'origine de la population étudiée et de la classe d'âge. La prévalence de l'AM dans les populations dont l'âge varie de 11 à 35 ans oscille entre 0,28 et 0,9%, les valeurs les plus élevées étant retrouvées en population adolescente [10]. En 2007, une étude finlandaise retrouvait une prévalence en population générale estimée à 2,2% dont la moitié non détectée par le système de santé [13]. Les études en population masculine sont quasi inexistantes, Raevuori [14] et Hudson [15] ont trouvé une prévalence estimée entre 0,24% et 0,3%. Incidence L'incidence globale de l'anorexie mentale semble stable depuis les années 70 [16]. Selon une revue de la littérature de 2003, cette incidence varie, selon les populations considérées, entre 0,1 et 12 pour 100 000 habitants/an [17]. 5. Etiopathogénie L'étiopathogénie de l'AM reste mal connue. Ces dernières décennies des modèles de compréhension ont alterné entre des théories endocriniennes ou neurobiologiques (l'AM était par exemple perçue comme une insuffisance hypothalamo-hypophysaire, ou comme une dysrégulation de neuromédiateurs participant à la régulation de la faim et de la satiété (sérotonine, leptine, ghréline, neuropeptide Y ), des modèles psychopathologiques divers et complémentaires (approches psychanalytiques, psychodynamiques, systémiques, comportementaux et cognitifs ) et enfin des modèles socio-culturels [19]. Actuellement l'hypothèse la plus couramment admise est que l'AM est multifactorielle : elle ne dépend pas d'une cause déterminante. L'approche que nous allons développer est donc un modèle « bio-psycho-social », intégratif et plus global qu'une hypothèse étiopathogénique unidimensionnelle. Le comportement alimentaire dépend en effet de facteurs génétiques et psychologiques individuels, en étroite interaction avec des facteurs environnementaux, familiaux et socioculturels. L'AM se déclarerait chez des sujets prédisposés, à la faveur de facteurs déclenchants et seraient maintenus par des facteurs pérennisants réalisant un véritable cercle vicieux Le premier a avoir proposé un modèle intégratif est Gardner en 1993 [20]. Au fur et à mesure des avancées scientifiques, il s'est enrichi (figure 3). 13 Figure 3 : Modèle de pathogenèse issu de l'ouvrage : Troubles des conduites alimentaires de l'enfant et de l'adolescent, 2017 par le Dr Bargiacchi. 14 Facteurs prédisposants  Individuels Sur le plan biologique, une vulnérabilité génétique a été étudiée. Le sexe féminin est le principal facteur génétique impliqué sans qu'à ce jour on ait pu distinguer la part génétique, biologique ou environnementale [21]. Comme d'autres pathologies psychiatriques (troubles anxieux, addictions) les TCA ont une transmission commune dans un tiers des cas. Il est bien documenté qu'il existe une agrégation familiale : un sujet ayant un apparenté au premier degré anorexique a dix fois plus de risque de développer à son tour une anorexie mentale [22]. Des études de jumeaux montrent également que chez des jumeaux monozygotes, le risque de développer une AM lorsque l'un est atteint est de 30-50% contre 10% chez des jumeaux dizygotes. La stratégie des gènes candidats n'a pas permis d'identifier clairement de gènes associés à l'AM [23]. La piste de l'épigénétique est celle actuellement la plus étudiée en psychiatrie. Elle correspond à l'étude des changements dans l'activité des gènes, induits par l'environnement et n'impliquant pas de modification de la séquence d'ADN. Les modifications épigénétiques, bien que réversibles, sont transmises lors des divisions cellulaires. L'hypothèse est qu'il existe des interactions complexes entre une possible prédisposition génétique, l'impact de divers facteurs environnementaux sur la régulation de l'expression des gènes (épigénétique) et des processus physiologiques (régulation du stress, de l'appétit, des émotions) et les mécanismes adaptatifs qui, à l'adolescence et à l'âge , contribueront à l'apparition des symptômes anorexiques [24]. Des facteurs périnataux tels que les complications pendant la grossesse, la prématurité, un âge maternel précoce ou encore une naissance à terme très dépassé sont considérés comme des facteurs de risque de survenue d'une anorexie mentale [25] tout comme une séparation mère-bébé précoce. Ils peuvent aboutir à un attachement insécure et influencer le développement psychique du sujet. Il aura alors une certaine difficulté à réagir aux événements stressants au cours de sa vie tels que les facteurs impliqués dans le déclenchement des TCA (puberté, deuil, séparation, etc.). Si la séparation précoce est considérée comme un traumatisme, d'autres expériences d'événements aversifs durant l'enfance sont liées à la survenue d'un trouble du comportement alimentaire (agression sexuelle, épisode de vie traumatisant, stress répétés)[26]. Facteurs déclenchants L'adolescence, temps de remaniements physiques et psychiques, constituerait un terrain à risque pour le développement d'un trouble alimentaire [1]. Sur le plan biologique, la puberté entraîne une sécrétion croissante d'oestrogènes qui pourrait contribuer (via des effets sur le 16 métabolisme de la sérotonine et de l'axe corticotrope) à majorer la réponse au stress, la variabilité de l'humeur et influencer l'appétit. Sur le plan psychique, le processus identitaire, mis en jeu à l'adolescence a toute sa place dans la psychopathologie de l'AM selon Jeammet [32]: Le trouble alimentaire « devient une identité de substitution à laquelle [l'adolescente] se cramponne pour ne pas se perdre. L'interrogation se pose en ces termes : Si je ne suis pas anorexique, qui suis-je? » L'autonomie en contradiction avec la dépendance aux figures parentales est au coeur de la problématique adolescente. Cette période de vie est donc identifiée par certains auteurs comme facteur déclenchant. Brusset parle de « processus anorexique » [33]: le corps devient le support d'une idéalisation narcissique, une abstraction sur laquelle se concentre le besoin de maîtrise et d'ascétisme en identification à l'image de la toute puissance maternelle. Le risque de développer un TCA serait multiplié par 5 à 18 fois par la pratique d'un régime selon Patton [34]. Le régime, si souvent invoqué au début du trouble, semble être un mode d'entrée favorisant l'anorexie [35]. Enfin des événements de vie stressants sont rapportés dans deux tiers des cas, l'année précédant l'AM [36]. Il s'agit souvent d'événements familiaux : séparation, déménagement, maladie d'un membre de la famille ou encore départ du domicil e parental d'un frère ou d'une soeur. L'effet cumulatif de ces facteurs de stress semble plus important que leur intensité [37] en particulier pour la forme restrictive. Facteurs pérennisants Le principal facteur de maintien sont les conséquences physiologiques de la dénutrition : cette dernière entraîne entre autre, une perturbation de l'axe corticotrope via une augmentation de la CRH et de la cortisolémie, ce qui provoque une baisse de l'appétit [38]. Le tractus digestif fonctionne au ralenti et à minima lors de la période de restriction alimentaire. Lors de la phase de renutrition, la reprise d'activité peut être douloureuse et s'accompagner de troubles du transit. L'approche systémique de l'AM propose que le trouble ait une fonction de maintien de l'homéostasie familiale [39]. Cet équilibre pourrait être mis en danger par l'adolescence et la prise d'autonomie qu'elle engendre. Au total, ce modèle polyfactoriel bio-psycho-social comporte plusieurs niveaux où les différents facteurs peuvent intervenir : le poids de ces différents facteurs et le niveau auquel ils vont agir varient selon les patients. Ce modèle rend donc compte de la diversité des situations cliniques, et de la nécessité d'adaptation des prises en charge pour chaque patient. II. SÉVÉRITÉ DE L'ANOREXIE MENTALE 1. L'hospitalisation comme marqueur de sévérité L'AM peut se décliner selon des degrés de sévérité très variables, depuis des formes brèves de faible intensité jusqu'à des formes très sévères mettant en jeu le pronostic vital par des aspects somatiques (dénutrition, troubles métaboliques) ou psychologiques (tentatives de suicide) ou se compliquant de chronicité [35]. Son pronostic est sévère puisque c'est l'une des pathologies psychiatriques ayant le plus fort taux de mortalité [42]. Il n'existe pas d'outil de mesure ou de critères faisant l'objet d'un consensus international pour évaluer la sévérité de l'Anorexie Mentale. Comme pour la plupart des pathologies, plus le niveau de soin est important (ambulatoire généraliste à intra-hospitalier spécialisé), plus l'expression du trouble est en général sévère. Les critères d'admission à l'hôpital sélectionnent des sujets ayant un profil de sévérité important. C'est pourquoi la majorité des études définissent ainsi le degré de sévérité dans l'AM et appellent Anorexie Mentale Sévère les patients nécessitant une hospitalisation. 18 Les recommandations de la Haute Autorité de Santé de 2010 définissent les critères d'hospitalisation dans l'AM sur le plan somatique, psychiatrique et familial [43] (figure 4): Figure 4.a : Critères d'hospitalisation somatiques de l'AM chez l'enfant et l'adolescent (HAS, 2010) 19 Figure 4.b : Critères d'hospitalisation somatiques de l'AM chez l'adulte (HAS, 2010) 20 Figure 4.c : Critères d'hospitalisation psychiatriques et environnementaux de l'AM (HAS, 2010) 21 Sur le plan scientifique ce critère d'hospitalisation n'est pas complètement satisfaisant puisque variable d'un pays à un autre en fonction des recommandations et des politiques de santé. De plus, il ne rend pas compte de manière quantifiable de l'intensité des symptômes anorexiques ou de leurs retentissements. Enfin, l'expérience clinique montre qu'il existe des degrés de gravité au sein même des patients hospitalisés. 2. L'IMC : critère de sévérité selon le DSM-5 Depuis 2013, la cinquième version du DSM-5 a introduit la notion de sévérité jusque là absente pour l'AM. Elle est unidimensionnelle et s'appuie sur l'IMC (figure 5). Spécifier la sévérité actuelle : Le seuil de sévérité, chez les adultes, est établi à partir de l'indice de masse corporelle (IMC) actuel (voir ci-dessous) ou, pour les enfants et les adolescents, à partir du percentile de l'IMC. Les degrés ci-dessous sont dérivés de catégories de maigreur de l'OMS pour les adultes ; pour les enfants et les adolescents, il faut utiliser les percentiles de l'IMC. Le degré de sévérité peut être majoré afin de refléter les symptômes cliniques, le degré d'incapacité fonctionnelle et la nécessité de prise en charge. Léger : IMC ≤ 17 kg/m2 Moyen :IMC 16-16,99 kg/m2 Grave : IMC 15-15,99 kg/m2 Extrême : IMC< 15 kg/m2 Figure 5 : Critères de sévérité actuelle de l'Anorexie Mentale selon le DSM-5 Cf courbe IMC en annexe 22 A noter qu'elle spécifie la sévérité actuelle, elle ne prend donc pas en compte l'histoire de la maladie et son évolution. En pratique, il est par exemple difficile de mettre au même plan deux patientes ayant le même IMC, l'une avec une évolution du trouble sur plusieurs années et une bonne tolérance hémodynamique dans une forme chronique et l'autre en pleine adolescence, ayant perdu rapidement beaucoup de poids avec un retentissement somatique majeur. Quelques études récentes ont évalué sur des échantillons cliniques ce critère de sévérité. A chaque fois, les groupes de sévérité basés sur l'IMC ne semblaient pas rendre compte de l'intensité des symptômes anorexiques. : concernant les indicateurs de sévérité proposés dans le DSM-5 Mustelin et al. [44] rappelle que l'IMC seul ne semble pas être le marqueur idéal de sévérité et qu'il devrait être complété par des marqueurs de pronostic. Dans une étude de 2017, Machado et al. a évalué ce critère de sévérité proposé par le DSM-5[45]. Sur un échantillon de près de 200 patients, il les a classé en 4 groupes de sévérité de léger à extrême sur le critère de l'IMC uniquement. Il ne retrouvait pas de différence significative sur les variables démographiques (âge et genre) ni sur les mesures de la symptomatologie du trouble alimentaire à l'EDE-Q global et sur chaque souscatégorie. Gianini et al. signale dans son article que le nombre d'hospitalisations et la durée de la maladie augmentaient avec la sévérité de l'AM mais il ne retrouve pas de différence entre les groupes de sévérité que ce soit sur la symptomatologie alimentaire, dépressive ou sur le fonctionnement émotionnel ou physique rapporté dans l'AM [46]. III.COMORBIDITES PSYCHIATRIQUES ET ANOREXIE MENTALE 1. Définition générale de la comorbidité La comorbidité désigne l'association de plusieurs entités morbides présentes chez un individu [47]. Habituellement, mais pas nécessairement, on privilégie une catégorie, considérée comme primaire, et on lui associe un ou plusieurs troubles. Une comorbidité implique que deux entités morbides soient absolument indépendantes l'une de l'autre et puissent exister en tant que telles. Une association entre deux maladies n'est pas aléatoire si la probabilité de leur coexistence dépasse significativement le produit de leurs probabilités réciproques. La comorbidité d'une pathologie X avec une pathologie Y peut avoir des conséquences importantes du point de vue clinique, et en termes de Santé Publique [48]: 1) influence de la comorbidité Y sur le cours de la pathologie X (souvent plus sévère) 2) impact de la comorbidité Y sur l'efficacité du traitement de la pathologie X (traitement souvent plus complexe) 3) coût social de la pathologie X, plus élevé en cas de comorbidité Y En psychiatrie de l'adulte comme de l'enfant, la comorbidité est très fréquente si bien qu'en présence d'une maladie mentale chez un sujet on a de fortes chances d'en trouver une autre. Kessler [49] souligne qu'il peut s'agir de comorbidité au moment de l'évaluation (comorbidité actuelle) ou de comorbidité sur une période de temps définie (par exemple : comorbidité « vie entière »). 2. Les comorbidités psychiatriques dans l'Anorexie Mentale L'un des premiers à avoir répertorié l'ensemble des études de prévalence de comorbidité chez des patients TCA est Vitousek en 1994 [50]. Wonderlich [51] puis Lilenfeld [52] ont proposé des modèles théoriques de comorbidité dans les TCA. Nous allons détailler les principales comorbidités psychiatriques rencontrées dans l'AM : 24 Troubles de l'humeur La prévalence vie entière d'« au moins un trouble de l'humeur » varie dans la littérature de 31% [53] à 88,9% [54] chez les patients souffrant d'anorexie mentale ; ce terme regroupe les Trouble Dépressif Majeur, Trouble Bipolaire et Dysthymie. Le Trouble Dépressif Majeur est la comorbidité la plus fréquente avec une prévalence sur la vie aux alentours de 64% pour les AM restrictives [55][56] et 50% [57] à 74% pour les AM - Binge Purging (AM-BP) [55]. Le Trouble bipolaire a peu été évalué. Contrairement aux autres TCA, il est rarement retrouvé dans l'AM. Il est estimé entre 0,2% et 1% dans l'AM en général et jusqu'à 6% sur la vie pour le sous type AM-BP [57]. Troubles anxieux Des études en population clinique ont estimé la prévalence sur la vie d'« au moins un trouble anxieux » entre 33% [58] et 72% [59]. La seule étude comparant les sous-groupes d'AM (AM-R et AM-BP) entre eux, a rapporté que les AM-BP avaient significativement plus (55%) de troubles anxieux que les AM-R (33%) [58]. Quand on s'intéresse à la chronologie, Godart et al. [60] retrouve que 75% des anorexiques avaient au moins un trouble anxieux avant le début de leur TCA en cas de comorbidité anxieuse. Dans la littérature on retrouve par ordre décroissant de fréquence, les comorbidités anxieuses suivantes (prévalence sur la vie entière):  Phobie sociale : 24% à 55% [58][59]  TOC : 9% à 66% [58][54]  Trouble d'Anxiété Généralisée : 5% [61] à 31% [57]. A noter qu'une étude en population générale [62] a montré que l'anxiété généralisée était 6,1 fois plus fréquente chez les AM que chez les témoins.  Agoraphobie : 3% à 20% [60][58] 25  Trouble panique : 4% à 7% [61][59]  Syndrome de stress post-traumatique : 6% chez les patients souffrant d'AM-R [61] Schizophrénie La prévalence de la schizophrénie dans une population de patients TCA varie selon les études, mais reste inférieure à 10%. [63]. Il faut bien distinguer la comorbidité schizophrénie, des fausses croyances allant parfois jusqu'à des idées délirantes que peuvent présenter les patients anorexiques à chaque fois en rapport avec la prise de poids et la perception erronée de l'image du corps (par exemple, peur que la moindre bouchée se répercute sur la silhouette sur une zone précise (ventre, hanches), ou encore, refus d'appliquer de la crème émolliente sur la peau sèche de peur que « le gras » passe dans le sang). Troubles de la personnalité (TP) Les TP sont globalement très fréquents chez les sujets ayant un TCA : Rosenvinge [64] retrouve une comorbidité vie entière en moyenne de 58% de TP chez l'ensemble des patients ayant un TCA. Les AM-R seraient préférentiellement associées au TP Evitant et au TP Obsessionnelcompulsif [64], les AM-BP au trouble borderline (prévalence de 25%) [66]. La majorité des études ont ciblé des facteurs de personnalité (émotionnalité négative, perfectionnisme, manque de conscience intéroceptive, inefficacité, traits de personnalité obsessionnelle) comme prédisposants aux TCA. En particulier le trouble TP Obsessionnelcompulsif serait associé à un mauvais pronostic pour l'AM (contrairement au TP Histrionique qui serait protecteur)[67]. Addictions L'abus ou la dépendance à une substance ont été rapportés à plus de 23% chez les patients souffrant d'anorexie mentale L'alcool et les stimulants sont les produits les plus communément utilisés [68]. De plus, dans la majorité des cas, la survenue du trouble alimentaire a précédé l'apparition d'une consommation de substance. Certains auteurs proposent d'appréhender la relation entre les troubles alimentaires et la consommation de substance comme une prédisposition commune aux deux psychopathologies [69]. 26 3. Comorbidités anxio-dépressives : critères diagnostiques et données épidémiologiques Dans notre étude en seconde partie, nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux comorbidités anxio-dépressives les plus représentées dans notre échantillon : le Trouble Dépressif Majeur (TDM), le Trouble Obsessionnel-compulsif (TOC), le Trouble Anxieux Généralisé (TAG) et l' Anxiété Sociale.  Crit ères diagnosti ques Les critères diagnostiques selon le DSM-5 sont rapportés dans les figures 6, 7, 8 et 9. Il est important de rappeler que la présentation clinique des troubles anxio-dépressifs est généralement différente chez les enfants ou adolescents par rapport aux adultes. Par exemple, l'adolescent exprime rarement une plainte de nature dépressive, plus volontiers masquée derrière l'irritabilité ou l'hostilité. Ce critère majeur de dépression est retenu en remarque dans le DSM-5. A noter que l'irritabilité est plus souvent retrouvée chez les filles [69]. La chute des résultats scolaires ainsi que le repli social sont également des indicateurs de dépression à l'adolescence. Enfin l'alexithymie, symptôme connu dans l'AM, est retrouvée dans la dépression à l'adolescence. Elle se caractérise principalement [70] par une difficulté à identifier et à verbaliser les états émotionnels, à distinguer les émotions et les sensations corporelles qui y sont associées, une vie fantasmatique réduite, et un mode de pensée tourné vers les aspects concrets de l'existence au détriment de leurs aspects affectifs (pensée opératoire). 27 A. Au moins 5 des symptômes suivants ont été présents durant la même période d'une durée de deux semaines et représentent un changement par rapport au fonctionnement antérieur : au moins un de ces symptômes est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d'intérêt ou de plaisir. ◦ Humeur dépressive présente quasiment toute la journée, presque tous les jours, signalée par la personne (p. ex. se sent triste, vide, sans espoir) ou observée par les autres (p. ex. pleure). (Remarque : Chez les enfants et les adolescents, peut être une humeur irritable.) ◦ Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour toutes, ou presque toutes, les activités, la plus grande partie de la journée, presque tous les jours (signalée par la personne ou observée par les autres). ◦ Perte ou gain de poids significatif en l'absence de régime (p. ex., changement de poids excédant 5 % en un mois), ou diminution ou augmentation de l'appétit presque tous les jours. (Remarque : Chez les enfants, prendre en compte l'absence de prise de poids attendue.) ◦ Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours. ◦ Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (observable par les autres, non limités à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement). ◦ Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours. ◦ Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) tous les jours (pas seulement se reprocher ou se sentir coupable d'être malade). ◦ Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par la personne ou observée par les autres). ◦ Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées aires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. B. Les symptômes entraînent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants. C. L'épisode n'est pas imputable aux effets physiologiques d'une substance ou d'une autre affection médicale. D. L'apparition de l'épisode dépressif majeur n'est pas mieux expliquée par un trouble schizoaffectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant ou un autre trouble du spectre schizophrénique et un autre trouble psychotique. E. Il n'y a jamais eu d'épisode maniaque ou d'épisode hypomaniaque. Le diagnostic est généralement accompagné des spécificateurs de sévérité et d'évolution suivants : épisode unique ou récurrent ; léger, modéré ou sévère, avec caractéristiques psychotiques ; en rémission partielle ou en rémission complète. Figure 6 : Caractéristiques diagnostiques du Trouble Dépressif Majeur selon le DSM-5 28 A. Présence d'obsessions, de compulsions ou des deux : Les obsessions sont définies par : 2) Des pensées, des pulsions ou des images récurrentes et persistantes qui sont perçues, à certains moments de l'affection, comme intrusives et indésirables, causant chez la plupart des sujets de l'anxiété ou une détresse importante. 3) L'individu tente d'ignorer ou refouler ces pensées, pulsions ou images ou tente de les neutraliser avec une autre pensée ou action (i.e. en effectuant une compulsion). Les compulsions sont définies par : 3) Des comportements (ex : lavage des mains, classement) ou des actes mentaux (ex : prière, calcul) répétitifs qu'un individu se sent poussé à effectuer en réponse à une obsession ou à des règles établies et devant être appliquées de manière inflexible. 4) Les comportements ou les actes mentaux visent à prévenir ou à réduire une anxiété ou une détresse, ou à prévenir un événement redouté ou certaines situations. Cependant, ces comportements ou ces actes mentaux ne sont pas liés d'une manière réaliste avec ce qu'ils doivent neutraliser ou prévenir, ou sont clairement excessifs. B. Les obsessions ou les compulsions monopolisent beaucoup de temps (souvent plus d'une heure par jour) ou causent une détresse cliniquement significative ou une dépréciation sociale, professionnelle ou dans d'autres sphères importantes du fonctionnement. C. Les symptômes obsessifs-compulsifs ne sont pas attribuables à des effets physiologiques d'une substance (ex : drogue, médication) ou d'une condition médicale. D. La perturbation n'est pas mieux expliquée par des symptômes d'un autre trouble mental. Figure 7 : Caractéristiques diagnostiques du Trouble Obsessionnel-Compulsif selon le
17,848
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French-Science-Pile
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612 (6% chacun) 40 (4%) 6 (0,7%) 0 Qui a communiqué avec qui? A propos de quoi? Acteurs et activités Modalités 2 Animateurs (échanges collectifs - Espaces consignes Ecrire pour comprendre et agir (en échanges individuels ) (2 animateurs/12 étudiants) Enseignant1 étudiants Visites (total = 5434) Contributions ( total = 922) 820 (moyenne = 68 par 49(moyenne = 4 par étudiant/animateur) étudiant/animateur) 2352 (moyenne = 98 par 349(moyenne = 15 par étudiant/animateur) étudiant/animateur) 335 (moyenne = 28 par étudiant/enseignant) Enseignant2 286(moyenne = 24 par étudiant/enseignant) Enseigants3 1029 (moyenne = 29 par étudiant/activité) Espace d'échange convivial entre 290 (moyenne par étudiant étudiants durant la formation (sur = 34) 18 mois) Espace d'échange convivial entre 112 (moyenne par étudiant étudiants depuis la formation (sur = 9) 1 mois : sept 2005) 25 65(moyenne = 5 par étudiant/enseignant) 8 (moyenne = 0,7 par étudiant/enseignant) 169(moyenne = 5 par étudiant/activité) 39 (moyenne par étudiant =3) 38 (moyenne par étudiant = 3) PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP Quelles ont été les interventions étudiantes par type d'acteur? Approche quantitative Acteurs étudiants Modalités Visites (total = 5434) Animateurs (échanges collectifs Espaces consignes Ecrire pour comprendre et agir (2 animateurs en échanges individuels) Enseignant1 Enseignant2 Enseigants3 820 (moyenne = 68 par étudiantXanimateur) 2352 (moyenne = 98 par étudiantXanimateur) 335 (moyenne = 28 par étudiantXenseignant) 286(m oyenne = 24 par étudiantXenseignant) 1029 (moyenne = 29 par étudiantXenseignant) 290 (moyenne par étudiant = 34) Espace d'échange convivial entre étudiants durant la formation (sur 18 mois) Espace d'échange convivial entre 112 (moyenne par étudiant = étudiants depuis la formation (sur 1 mois : 9) sept 2005) 26 Contributions ( total = 922) 49(moyenne = 4 par étudiantXanimateur) 349(moyenne = 15 par étudiantXanimateur) 65(moyenne = 5 par étudiantXenseignant) 8 (moyenne = 0,7 par étudiantXenseignant) 169(moyenne = 5 par étudiantXenseignant) 39 (moyenne par étudiant =3) 38 (moyenne par étudiant = 3) PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP Annexe 3 - présentation du planning du groupe 2003-2005 LICENCE IUP "METIERS DE LA FORMATION" préparée à l'Université des Sciences et des Technologies de Lille, en concertation avec le CCCA-BTP PARCOURS POUR LES FORMATEURS DES CFA DU BTP - PROMOTION 2003-2005 Séances liées à l'accompagnement du projet Session s Dates Lieux Intervenants Séances liées aux modules - ressources et conn 13.10.03 USTL : D.Delache, M.Lanno Séance d'ouverture de la formation : accueil par les deux institutions CCCA-BTP : J.Lorthioir, M.La (université, CCCA-BTP), esprit de la formation, organisation générale M.A. 8h30 - 12h30 14.10.03 N° 1 Octobre 2003 14h - 18h 8h30 - 12h30 15.10.03 14h - 18h 16.10.03 17.10.03 8h30 - 12h30 CUEEP - USTL Lille Ingénierie pédagogique : analyse de l'espace éducatif, utilisa campus virtuel (formation et échanges à dis D. Delache, M. Lanno USTL Définition et programmation du projet à réaliser dans le cadre de sa m de formateur de CFA : prendre sa place dans l'organisation du projet recueil et interprétation de données. Contexte et environnement de l'apprentissage au sein d ' une b profess io T ravail individuel au CFA (journée programmée). Lor : 08.12.03 09.12.03 N° 2 Décembre 2003 Dé finition et programma tion du projet à réaliser dans le cadre de sa m de formateur de CFA : prendre sa place dans l'organisation du pro HOTEL ATRIA recueil et interprét ation de donnée s. 8h30 - 12h30 Paris Porte de Chare 14h - 18h D. Delache, M. Lanno USTL 10.12.03 14h - 18h 11.12.03 Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étra 8h30 - 12h30 12.12.03 12.01.04 Espace Langues Greta Ampère Lyon Travail individuel au CFA (journée programmée). 14h - 18h 8h30 - 12h30 13.01.04 Construction et négociation de la mission - projet du formateur en for : questions qu'elle soulève, réponses possibles et réalistes, modalités D. Delache, M. LannoyU conduite, critères d'évaluation. 14h - 18h HOTEL ATRIAParis Po Charenton 8h30 - 12h30 N° 3Janvier2004 J. Lorthioir - CCCA-BT Conjoncture et structure de la branche et représentants d'organ Enjeux économiques, sociaux et organisati professionnels 14.01.04 14h - 18h 15.01.04 8h30 - 12h30 16.01.04 N° 4 Mars 2004 Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étra Espace Langues Greta Ampère Lyon 08.03.04 14h - 18h 09.03.04 8h30 - 12h30 CUEEP - USTL Construction et négociation du tutorat professionnel au sein du CFA d'exercice. Lille Modalités et critères d'évaluation de l'action. 29 D. Delache, M. Lanno USTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 14h - 18h 8h30 - 12h30 Europe des form 10.03.04 14h - 18h 11.03.04 Usagers de la formation et leur rapport avec la for 8h30 - 12h30 12.03.04 29.03.04 J.N. Demol USTL A.C. Oudart USTL Travail individuel au CFA (journée programmée). 14h - 18h Développement d'outils méthodologiques et conceptuels favorisant la D. Delache, M. LannoyU construction du projet, modalités d'investigation locale. 8h30 - 12h30 30.03.04 14h - 18h N° 5Mars /Avril 31.03.04 Liens entre l'environnement régional / local et le contexte du CF 8h30 - 12h30 CFA-BTPLa Roche su 14h - 18h Règles de financement de l'apprentissage du 8h30 - 12h30 01.04.04 L. Peron CFA-BTP La Roche sur Yon et témoignages locau 14h - 18h N° 6 Mai 2004 02.04.04 8h30 - 12h30 24.05.04 14h - 18h 25.05.04 8h30 - 12h30 L'organisation de la formation continue dans le cadre d'un CFA d CFA-BTP Orléans Développement d'outils méthodologiques et conceptuels favorisant la construction du projet, modalités d'investigation locale. 30 D. Delache, M. Lanno USTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 14h - 18h A.C. Oudart USTL Construction de scénarios pédago 8h30 - 12h30 26.05.04 14h - 18h 27.05.04 Parcours européen d'app Analyses des pratiques dans le cadre des programmes communau 8h30 - 12h30 28.05.04 13.09.04 J.Miché CFA-BTP Orléans Travail individuel au CFA (journée programmée). 14h - 18h Investigations concernant le projet en cours de réalisation. A.C. Oudart USTL Construction de scénarios pédago 8h30 - 12h30 14.09.04 Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étra 14h - 18h N° 7Septembre D. Delache, M. LannoyU CUEEP - USTLLill Espace Langues Greta Ampère Lyon 8h30 - 12h30 F. Gantier USTL Technologies éducatives de l'information et de la commun 15.09.04 14h - 18h 16.09.04 Europe des form Préparation du séjour dans un autre pays eur 8h30 - 12h30 17.09.04 N°8 Octobre 2004 N° 9 Décembre 2004 Travail individuel au CFA (journée programmée). Séjour dans un autre pays européen, permettant de réaliser des objectifs pédagogiques négociés au préalable. 18 - 22.10.04 13.12.04 J.N. Demol - USTL M. Lawinski - CCCA-B 14h - 18h CFA-BTP Antibes Présentation et explicitation du projet en cours de réalisation : organis du texte (à présenter sous forme de mémoire ), atelier d'écriture, parc d'interprétation. 31 D. Delache, M. Lanno USTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 2004 8h30 - 12h30 14.12.04 14h - 18h Différents statuts juridiques des jeunes dans un Gestion des ressources humaines dans un CFA du Ph. Charlet CCCA-BTP Gestion de la formation continue dans un CFA du BTP : analys pra D. Borfiga CFB Antibes 8h30 - 12h30 15.12.04 14h - 18h 16.12.04 8h30 - 12h30 17.12.04 24.01.05 Travail individuel au CFA (journée programmée). 14h - 18h Atelier d'écriture et investigations concernant le projet en cours de finalisation. 8h30 - 12h30 Choix pédagogiques pour une optimisation de l'apprentissage d 25.01.05 14h - 18h N° 10Janvier20 D. Munoz CCCA-BTP CUEEP - USTLLill 8h30 - 12h30 Technologies éducatives de l'information et de la commun 26.01.05 14h - 18h 27.01.05 Europe des form Bilan du stage dans un autre pays eur 8h30 - 12h30 28.01.05 N° 11 Mars 2005 D. Delache, M. LannoyU F. Gantier USTL J.N. Demol - USTL M. Lawinski - CCCA-B 14.03.05 14h - 18h 15.03.05 8h30 - 12h30 CUEEP - USTL Présoutenance du mémoire de présentation du projet réalisé et accor Lille soutenance. Modalités d'évaluation du parcours. 32 D. Delache, M. Lanno USTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 14h - 18h 8h30 - 12h30 16.03.05 Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étra 14h - 18h 17.03.05 Analyse des modalités d'action permettant de faire vivre le pédago 8h30 - 12h30 18.03.05 25.04.05 Espace s Greta Ampère Lyon A.C. Oudart USTL Travail individuel au CFA (journée programmée). 14h - 18h D. Delache, M. LannoyU 8h30 - 12h30 26.04.05 14h - 18h N° 12Avril20 8h30 - 12h30 Derniers travaux d'accompagnement de la réalisation du projetavant CUEEP - UST LL ills outenance. Technologies éducatives de l'information et de la communication. 27.04.05 14h - 18h 28.04.05 24.05.05 F. Gantier USTL D. Delache, M. Lanno USTL 8h30 - 12h30 29.04.05 N° 13 Mai 2005 A.C. Oudart USTL Travail individuel au CFA (journée programmée). 14h - 18h 8h30 - 12h30 CUEEP - USTL Lille Soutenances individuelles des mémoires et présentation collective (devant les accompagnants individuels - professionnel et universitaire - et un représentant choisi p CCCA-BTP) d'évaluation des projet s, intégrant des technologies éducatives de l'informa de la communication. 25.05.05 14h - 18h 33 PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 26.05.05 8h30 - 12h30 34 PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP Annexe 4 – présentation du planning de formation groupe 2 (2005-2007) LICENCE IUP "METIERS DE LA FORMATION" préparée à l'Université des Sciences et des Technologies de Lille, en concertation avec le CCCA-BTP FORMATION en ALTERNANCE ( formation expérientielle et universitaire avec accompagnement médiatisé et regroupements) PROMOTION 2005-2007 Séances liées à l'accompagnement du projet Sessions Dates Lieux Intervenants Séances liées aux modules - ressources et connexes N° 1 Octobre 2005 10oct. 11oct. 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h 8h30 - 12h30 12oct. 14h - 18h CUEEP USTL Lille Séance d'ouverture de la formation : accueil par les deux institutions (université, CCCA-BTP), esprit de la formation, organisation générale USTL : D.Delache, M.Lannoy CCCA-BTP : J.Lorthioir, M.Lawinski, M.A. Le Goff Ouverture institutionnelle par le CCCA-BTP Réunion Référents Etudiants - Accompagnants: construire le partenariat "action en responsabilté" et formation M. Lannoy + présentation Anglais (Maryvonne) + présentation NTIC (Fabienne) D. Delache, M. Lannoy, J. Lorthioir, M. Lawinski+ référents professionnels utilisation du campus virtuel (formation et échanges à distance) + bureautique. D. Delache, M Lannoy Définition et programmation du projet à réaliser dans le cadre de sa mission de formateur de CFA : prendre sa place dans l'organisation du projet, recueil et interprétation de données. 35 PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 13oct. 8h30 - 12h30 14oct. contractualisé Travail individuel au CFA (journée programmée) recommandé atelier d'écriture sur le parcours et le positionnement: 1° jet M. Lannoy d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 28nov. 29nov. N° 2NovembreDécembre2005 30nov. 1déc. 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h 8h30 - 12h30 CCCA-BTP PARIS (présence de ML ou DD) SESSION COMMUNE à la LICENCE IUP et à la FORMATION CONTINUE sous la responsabilité du CCCA-BTP : "Connaissance de l'environnement et impact sur le fonctionnement du CFA" objectifs, contenus et organisation à préciser et Intervenants à définir (M. Lawinski) 14h - 18h 2déc. 8h30 - 12h30 recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs N° 3 Janvier 2006 9janv. 10janv. 14h - 18h CUEEP USTL Lille Construction et négociation de la mission - projet du formateur en formation : questions qu'elle soulève, réponses possibles et réalistes, modalités de conduite, critères d'évaluation. 8h30 - 12h30 36 M. Lannoy USTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 14h - 18h 11janv. 12janv. 8h30 - 12h30 14h - 18h Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étrangère. 8h30 - 12h30 13janv. à définir recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 6mars 7mars 14h - 18h 14h - 18h N° 4Mars2006 8mars 9mars 10mars Construction et négociation du tutorat professionnel au sein du CFA d'exercice.Modalités et critères d'évaluation de l'action. 8h30 - 12h30 8h30 - 12h30 CUEEP USTLLille Europe des formations. D. Delache, M. LannoyUSTL Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étrangère. J.N. Demol USTL à définir recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 37 PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées via : Monographie : groupe CCCA-BTP 3avr. N° 5 Avril 2006 4avr. 5avr. 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h 6avr. 8h30 - 12h30 6avr. 14h - 18h CFA-BTP Aix les Mines (présence de ML ou DD) SESSION COMMUNE à la LICENCE IUP et à la FORMATION CONTINUE sous la responsabilité du CCCA-BTP : "Choix pédagogiques pour une optimisation del'apprentissage dansun CFA du BTP et son impact sur la gestion des Ressources Humaines": 7avr. objectifs, contenus et organisation à préciser et Intervenants à définir (M. Lawinski) recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs N° 6Mai2006 15mai 16mai 17mai 14h - 18h CUEEP USTLLille M. LannoyUSTL 8h30 - 12h30 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h Développement d'outils méthodologiques et 8h30 - 12h30 19mai F. Gantier USTL recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 11sept. 12sept. N° 7 Septembre 2006 13sept. 14h - 18h 8h30 - 12h30 15sept. Technologies éducatives de l'information et de la communication. 8h30 - 12h30 14h - 18h 14sept. Investigations concernant le projet en cours de réalisation. CUEEP USTL Lille Technologies éducatives de l'information et de la communication. Europe des formations. Préparation du séjour dans un autre pays européen. Accompagnement dans l'acquisition des bases d'une langue étrangère. Investigations concernant le projet en cours de réalisation. M. Lannoy USTL F. Gantier USTL F. Gantier USTL J.N. Demol - USTL M. Lawinski - CCCABTP à définir M. Lannoy USTL recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs N°8Octobre2006 16-20??? Sous-réserve : Séjour dans un autre pays européen,permettant de réaliser des objectifs pédagogiques négociés au préalable. 39 PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d' Apprent issage via Internet : Mon ographie : groupe CCCA-BTP recommandé d' écriture ( écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 11déc . 12déc. N° 9 Décembre 2006 14h - 18h 8h30 - 12h30 14h - 18h 13déc. Spécificités du fonctionnement du CFA d' Orléans Présentation et explicitation du projet en cours de réalisation : organisation du texte (à présenter sous forme de mémoire), atelier d'écriture, parcours d'interpr étation. CFA-BTP Orléans 8h30 - 12h30 Bilan du stage Européen 14 h - 18h 14déc. Les nouvelles normes qualité CFA Parcours européen d'apprentis. Analyses des pratiques dans le cadre des programmes communautaires . 8h30 - 12h 30 15déc . J. Miché (présence ML) M. Lannoy USTL M. Lannoy, J.N. Demol, M. Lawinski, J. Miché USTL J.Miché CFA-BTP Orléans recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs N° 10Janvier2007 8janv. 9janv. 14h - 18h 9h00 - 13h00 14h - 18h CUEEP USTLLille Atelier d'écriture et investigations concernant le projet en cours de finalisation. M. LannoyUSTL Réunion Référents- Etudiants-Accompagnant universitaire Technologies éducatives de l'information et de la communication. 40 M. Lannoy USTL F. Gantier USTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 10janv. 11janv. 12janv. Technologies éducatives de l'information et de la communication. 8h30 - 12h30 F. Gantier USTL 14h - 18h Atelier d'écriture et investigations concernant le projet en cours de finalisation. M. Lannoy USTL 8h30 - 12h30 Atelier d'écriture et investigations concernant le projet en cours de finalisation. M. Lannoy USTL recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 5févr. N° 11 Février 2007 6févr. 7févr. 8févr. 14h - 18h Présoutenance du mémoire de présentation du projet réalisé et accord de soutenance. Modalités d'évaluation du parcours. 8h30 - 12h30 M. Lannoy USTL Technologies éducatives de l'information et de la communication. F. Gantier USTL Activité pédagogique et multimédia : mise en projet F. Gantier USTL 14h - 18h Présoutenance du mémoire de présentation du projet réalisé et accord de soutenance. Modalités d'évaluation du parcours. M. Lannoy USTL 8h30 - 12h Présoutenance du mémoire de présentation du projet réalisé et accord de soutenance. Modalités d'évaluation du parcours. M. Lannoy USTL CUEEP USTL Lille 9févr. M. Lannoy USTL recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs N° 12Mars2007 19mars 14h - 18h CUEEP USTLLille Derniers travaux d'accompagnement de la réalisation du projetavant sa soutenance. 41 M. LannoyUSTL PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 20mars 21mars 22mars 23mars 8h30 - 12h30 14h - 18h Technologies éducatives de l'information et de la communication. F. Gantier USTL 8h30 - 12h30 Technologies éducatives de l'information et de la communication. F. Gantier USTL 14h - 18h finalisation de la réalisation du projet 8h30 - 12h30 M. Lannoy USTL recommandé d'écriture (écrire pour se situer dans le système) = écrire pour soi et ses pairs 22mai N° 13 Mai 2007 23mai Soutenances des projets NTIC CUEEP USTL Lille Soutenances individuelles des mémoires 14h - 18h 42 F. Gantier USTL M.Lannoy, Référents Professionnels, Accompagnants Universitaires, Représentants du CCCA-BTP PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP 43 Annexe 5 – présentation de l'interface PCDAI Pratiques Collaboratives Distribuées d'Apprentissage via Internet : Monographie : groupe CCCA-BTP Annexe 6 - Statistiques d'usage second groupe avril 2006 La liste des tâches Tableau Les contributions par participant Haut du formulaire.
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French-Science-Pile
Open Science
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:<i>Les Pays-Bas Espagnols et les États du Saint Empire (1559-1579): Priorités et Enjeux de la Diplomatie en Temps de Troubles</i>
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60 Voir notamment les lettres de J. d'Autriche à l'électeur de Trèves et à G. de Hesse du 29 juillet 1577: SEA, n° 239, 77-78. J. von Eltz regrette à plusieurs reprises la résurgence des tensions dans les Pays-Bas, notamment dans ses lettres au gouverneur général du 15 et du 28 août 1577: idem, 80-81, 82-83. 61 A. de Bavière à J. d'Autriche, 3 août 1577, SEA, n° 160, 246-247. Des missives ultérieures en provenance de Munich laissent sous-entendre qu'après ce rappel à l'ordre la curiosité d'Albert V est comblée. A. de Bavière à J. d'Autriche, 1er sept. et 26 oct. 1577, SEA, n° 160,249-250,268-269. 62 Les électeurs de Cologne, de Trèves et de Mayence, ainsi que le Palatin Louis à G. d'Orange, 13 juin 1577, SEA, n° 239, 46-48, 49-51. A. de Saxe et J. G. de Brandebourg à G. d'Orange, 6 mai 1577, idem, 55-56. Voir aussi la réponse du Taciturne aux électeurs du Rhin du 19 juillet 1577, idem, 61-64. Signalons aussi les correspondances entre l'électeur de Mayence et A. de Saxe au sujet des troubles et de la pacification des Pays-Bas: SHStA (Dresde), LOC 9819, n° 3 (1574-1577). 63 Tant G. TruchseB, électeur de Cologne, que J. von Eltz, électeur de Trèves, demandent que leurs territoires soient ménagés lors des passages des soldats à la solde de Philippe II : SEA, nO 239, 27-29 (févr. 1578), 84-86 (août 1578). 64 Voir leurs échanges de courrier, assortis de nombreuses annexes, de janv.lfévr. 1578, au sujet des dégâts causés par les armées du roi d'Espagne dans la région de Kerpen : SEA, n° 236, 43,44-53,54-57, 58, 60-61, 62-64, 70-71, 72. En juin 1578, G. de Clèves exige des garanties pour les terres et les sujets qui pourraient souffrir des nouvelles levées de mercenaires au profit de J. d'Autriche: idem, 121,122,123. 65 A. de Bavière à J. d'Autriche, 22 mars 1578, SEA, n° 160, 298-299. Albert V répond à une lettre du gouverneur général datée du 4 mars 1578: idem, 296-297. 66 A. de Bavière à Farnèse, 29 oct. 1578, SEA, n° 160,357-358. 67 G. JANSSENS, Brabantin he! verweer ... , 1989, p. 364; G. PARKER, The Army ofFlanders and the Spanish Raad... , 1972, p. 278; L. VAN DER ESSEN, Alexandre Farnèse et les origines de la Belgique moderne 1545-1592, Bruxelles, 1943, p. 26-46; Alexandre Farnèse, prince de Parme, gouverneur général des Pays-Bas (1545-1592),1, Louvain, 1933, p. 198. La présence de Farnèse dans les Pays-Bas fait l'objet d'un échange de courrier entre J. d'Autriche et G. de Clèves en juin 1578: SEA, nO 236, 128, 129. 68 C. WILSON, Queen Elizabeth and the RevoIt of the Netherlands, Londres, 1970, p. 57. L'expédition du comte palatin Jean Casimir dans les Pays-Bas est elle aussi présente dans les correspondances de J. d'Autriche avec G. de Clèves (juillet 1578): SEA, nO 236, 146, 144-145. (1} G. PARKER, The Dutch Revoit ... , 1985, p. 192-193. 70 V. PRESS, «Wilhelm von Oranien, die deutschen Reichsstande und der niederllindische Aufstand», 1984, p. 696-697. Sur les distances croissantes, voire les tensions de plus en plus affirmées entre G. d'Orange et son frère Jean de Nassau-Dillenbourg, gouverneur de la Gueldre: idem, p. 698-701. 71 J. ARNDT, Das Heilige Romische Reich und die Niederlande ... , 1998, p. 61-62. Les délégués officiels du cercle de Bourgogne, c'est-à-dire de Philippe II, ne sont pas admis à la session du «Deputationstag» où Marnix présente cette déclaration. LE CONSTAT D'UN ÉCHEC 361 72 Un autre «Deputationstag» tenu à Francfort en 1577 s'est penché - sans aucun résultat tangible - sur les affaires des Pays-Bas. Le n° 230 du fonds de la SEA conserve plusieurs documents ayant trait à cette assemblée, notamment l'instruction pour les délégués des États généraux. 13 J. ARNDT, Das Heilige Ramische Reich und die Niederlande ... , 1998, p. 62, 246-247. De nombreux documents concernant le «Deputationstag» de Worms sont conservés dans la collection des «documents historiques»: SEA, nO 810. 14 J. de BrunswickàJ. d'Autriche, 7 août et 24 sept. 1578, SEA, nO 237, 130-133, 136-137. Le duc de Wolfenbüttel a déjà écrit au nouveau gouverneur général le 14 févr. 1577: NSHStA (Hanovre), Cal. Br.21, n° 1261,99-106. 75 H. KAMEN, Philip of Spain, 1997, p. 254. 76 P. LIMM, The Dutch Revol!..., 1989, p. 49-52; G. PARKER, The Dutch Revoit, 1985, p. 192-195. 77 J.C. BOOGMAN, «The Union of Utrecht. Its genesis and consequences», in: BMGN, 94, 1979, p. 377-470; S. GROENVELD, H.L.P. LEEUWENBERG (dir.), De Unie van Utrecht. Wording en werking van een verbond en een verbondsacte, La Haye, Berlin, 1979; L. DELFos, Die Anfange der Utrechter Union 1577-87. Ein Beitrag zur Geschichte der niederlandischen Erhebung, insbesondere zu deren Verfassungsgeschichte, 1941. 78 É. DE BORCHGRAVE, Histoire des rapports de droit public ... , 1871, p. 245-246. 79 W.R. WYBRANDS-MARCUSSEN, Der Kalner Pacificationskongrep 1579, 1970. Voir aussi: J. HANSEN, «Der niederUïndische Pacificationstag zu Koln im Jahre 1579», 1894; J. HANSEN (éd.), Der Reichstag zu Regensburg. Der Pacificationstag zu Kain 1579. Der Reichstag zu Augsburg 1582, Berlin, 1894; M. AKKERMANS, De vredehandel van Keulen in 1579. De bemiddeling van keizer Rudolf II in den Nederlandschen opstand (J 578-1579), mémoire de licence inédit, Louvain, 1942. Johannes Arndt retrace la chronologie des pourparlers dans: 1. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... », 1998, p. 169-179; Das Heilige Ramische Reich und die Nieder/ande ... , 1998, p. 63-66. Gustaaf Janssens décrit le «dialogue impossible»: G. JANSSENS, «Pacification générale ou réconciliation particulière? Problèmes de guerre et de paix aux Pays-Bas au début du gouvernement de Farnèse (1578-1579)>>, in: Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, 73, 1993, p. 251-278. De nombreuses copies de la main de Scharberger relatives à la conférence de Cologne sont conservées dans le n° 269 de la SEA. D'autres documents intéressants se trouvent aux Archives générales de Simancas et dans les dépôts allemands: AGS, Estado 578-579; NR-WHStA (Dusseldorf), Kurkoln VII, 10-11; Jülich-Berg II 2954; B-WHStA (Stuttgart), Büschel2. Voir aussi les «translats» de la correspondance entre Rodolphe il et don Juan, puis Farnèse, avant l'ouverture des pourparlers (janv. 1578-févr. 1579): SEA, n° 235, 9-10, 11-12, 13, 14-17. 80 V. PRESS, «Die Niederlande und das Reich in der frühen Neuzeit», 1986, p. 331. 81 Henri Pirenne a déjà souligné le rôle de la conférence de Cologne comme lieu où s'affrontent des conceptions incompatibles sur les rapports entre monarque et sujets: H. PIRENNE, Histoire de Belgique, 2, 1959, p. 347. Voir aussi: M. VAN GELDEREN, The Political Thought of the Dutch Revoit 1555-1590,1992, p. 141-143; F. RACHFAHL, «Die Trennung der Niederlande vom Deutschen Reiche », 1900, p. 106. 82 R.J.W. EVANS, RudolfII and his World. A Study in Intellectual History 1576-1612, Oxford (973), 1997, p. 49-56; B. CHUDOBA, Spain and the Empire 1519-1643, 1952, p. 157-166. 83 J. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... », 1998, p. 168. 84 De 1571 à 1577, Philippe il a dépensé plus de onze millions et demi de ducats rien que pour l'armée des Pays-Bas; la flotte méditerranéenne a coûté quant à elle sept millions de ducats: G. PARKER, The Grand Strategy of Philipp II, 1998, p. 135. 85 W.R. WYBRANDS-MARCUSSEN, Der Kalner Pacificationskongrep 1579,1970, p. 43-46. 362 LA RÉVOLTE DES PA YS-BAS 86 R FEENSTRA, «À quelle époque, les Provinces-Unies ... », 1954, p. 182-184; É. DE BORCHGRAVE, Histoire des rapports de droit public ... , 1871, p. 246. 87 J. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... », 1998, p. 170. Le pessimisme des États généraux est dû au rapprochement progressif des provinces du Sud avec Farnèse, ainsi qu'à la certitude que jamais Philippe II n'acceptera de conclure un accord avec G. d'Orange: idem, p. 172. HI! J. von Eltz demande l'élargissement de son pouvoir sur la ville de Trèves, tandis que J. Echter, évêque de Wurzbourg, affirme ses droits sur la principauté abbatiale de Fulda: J. ARNDT, Das Heilige Ramische Reich und die Nieder/ande ... , 1998, p. 63. En ce qui concerne l'électeur de Trèves: V. CONZEMIUS, Jakob III. von E/tz, Erzbischofvon Trier 1567-1581. Ein Kürfiirst im Zeitalter der Gegenreformation, Wiesbaden, 1956, p. 185-186. Seul G. de Clèves n'assistera pas en personne aux pourparlers de Cologne. 119 Si G. d'Orange se montre favorable au plan impérial, il n'en finit pas moins de poser des exigences personnelles à partir de l'été 1579, notamment la prise en charge de toutes ses dettes par la couronne espagnole: J. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... », 1998, p. 177. Sur l'attitude du Taciturne et de ses frères devant la conférence de Cologne: V. PRESS, «Wilhelm von Oranien, die deutschen Reichsstande und der niederIandische Aufstand », 1984, p.701-702. 90 Johannes Arndt estime que le nonce pontifical Giovanni Battista Castagna fait aussi partie du camp espagnol, étant donné sa position intransigeante en matière confessionnelle. J. ARNDT, Das Heilige Ramische Reich und die Nieder/ande ... , 1998, p. 64; B. DE MEESTER, Le Saint-Siège et les Troubles des Pays-Bas 1566-1579, Louvain, 1934, p. 153. 91 Voir les lettres de Terranova à Philippe II du 16 févr. et du 26 juin 1579: L.-P. GACHARD (éd.), Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d'Orange, 6, Bruxelles, 1866, p. 10-13, 13-17. 92 W.R WYBRANDS-MARCUSSEN, Der Kalner Pacificationskongrep 1579, 1970, p.77-80. Pour la liste des représentants des provinces insurgées: E. GOSSART, Espagnols el Flamands au XVI~ siècle. La domination espagnole dans les Pays-Bas à la fin du règne de Philippe II, Bruxelles, 1906, p. 111. Sur la présence à Cologne d'Albada, ancien assesseur des Pays-Bas à la Chambre impériale de Justice: M. LossEN, «Aggaus Albada und der Kolner PacificationscongreB im Jahre 1579 », in: Historisches Taschenbuch, Leipzig, 1876, p.277-362. Sur Schetz: A. WAUTERS, «Gaspar Schetz, seigneur de Grobbendonck, homme d'État (1513-1580)>>, in: BN, 8,1884/1885, col. 314-324. 93 Les envoyés des États généraux vont jusqu'à citer les «Vindiciae contra tyrannos », un ouvrage imprimé à Bâle en 1579, attribué à Philippe Duplessis-Mornay. Sur les monarchomaques: A. JOUANNA, «Monarchomaques », in: Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1998, p. 1109-1111; RN. KINGOON, «Le calvinisme et la théorie de la résistance, 1550-1580», in: J.H. BURNS (dir.), Histoire de la pensée politique moderne 1450-1700, (Cambridge, 1991), Paris, 1997, p. 175-198; M. YARDENI, «French Calvinist political thought, 1534-1715 », in: M. PRESTWICH (dir.), International Calvinism, 1541-1715, Oxford, 1985, p. 315-337; RE. GISEY, «The monarchomach triumvirs: Hotman, Beza and Mornay», in: BHR, 32, 1970, p. 41-56. Sur l'impact des théories monarchomaques dans les Pays-Bas et dans les régions limitrophes du Saint Empire: M. VAN GELDEREN, The Polilical Thought of the Dutch Revoit 1555-1590, 1992, p. 269-276; G. MENK, «Die politische Kultur in den Wetterauer Grafschaften am Ende des 16. und zu Anfang des 17. Jahrhunderts. Ein Beitrag zur Wirkung monarchomachischer Theorie auf den deutschen Territorialstaat », in: HJLG,34, 1984, p. 67-100; RH. BREMMER, Reformatie en Rebellie. Willem van Oranje, de ca/vinisten en het recht van opstand. Tien onstuimigejaren 1572-1581, 1984; C. MERCIER, «Les LE CONSTAT D'UN ÉCHEC 363 théories politiques des calvinistes dans les anciens Pays-Bas à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle», in: Revue d'Histoire ecclésiastique, 29, 1933, p. 25-73. 94 Voir la première instruction des délégués des futures Provinces-Unies, datée du 9 avril 1579: L.-P. GACHARD (éd.), Actes des États-Généraux des Pays-Bas 1576-1585. Notice chronologique et analytique, 2, Bruxelles, 1866, p. 179-180. Une deuxième instruction, moins agressive, mais tout aussi inacceptable pour le parti espagnol, est présentée le 24 mai 1579; le fonds de la SEA en conserve un exemplaire: SEA, nO 269, 99-101. En matière confessionnelle, les délégués des États généraux vont plus loin que la paix d'Augsbourg de 1555, puisque leur demande de liberté religieuse ne se limite pas aux seuls gouvernants. Les calvinistes des Pays-Bas sont en fait très proches du Palatinat électoral et ces connivences leur valent la méfiance des autres membres - catholiques et luthériens - du Saint Empire. 95 J. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... »,1998, p. 173. Voir la réponse de Terranova du 1cr juin 1569 à la deuxième déclaration des envoyés des futures Provinces-Unies: SEA, nO 269, 124-129. % W.R. WVBRANDS-MARCUSSEN, Der Ka/ner Pacificationskongrep 1579, 1970, p. 83. Voir les compte-rendus des négociations du 7, du 13 et du 21 mai, ainsi que du 8 juin 1579 entre la délégation espagnole et les commissaires impériaux: SEA, nO 269, 41-43, 64-65, 88-92, 152-154. 97 Voir les propositions des délégués des provinces insurgées (18 mai 1579): SEA, nO 269, 80-83. 98 Malgré les efforts du parti impérial à faire cesser les hostilités, le siège se poursuivra jusqu'à la prise de Maastricht, le 29 juin 1579. Cette victoire triomphale, qui sera accompagnée des exactions habituelles, amènera les représentants de Philippe II à durcir encore leur attitude. G. PARKER, The Dutch Revoit, 1985, p. 195-196; L. VAN DER EsSEN, Alexandre Farnèse et les origines de la Belgique moderne 1545-1592, Bruxelles, 1943, p. 46-51. Johannes Arndt montre que la diplomatie espagnole utilise les tentatives de médiation du Saint Empire pour détourner l'attention des adversaires de ses manœuvres militaires. Cette stratégie de diversion a permis à Alexandre Farnèse de reconquérir, par la force ou par la ruse, d'importants territoires et partant, d'affaiblir l'Union d'Utrecht au profit de l'Union d'Arras. Pendant l'été 1579 et les mois qui suivent, Malines, Groningue et Bois-le-Duc retombent ainsi aux mains de l'armée de Philippe II: 1. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... », 1998, p. 179. 99 SEA, nO 269,136-141, (8juin 1579). H~ Les propositions des envoyés impériaux, datées du 10 et du 18 juillet 1579, sont publiées: L.-P. GACHARD, Actes des États-Généraux des Pays-Bas 1576-1585. Notice chronologique el analytique, 2, Bruxelles, 1866, p. 228-230, 233-234. Voir aussi la réponse de la délégation des provinces insurgées: SEA, n° 269, 186-188, 196-201. 101 W. R. WVBRANDS-MARCUSSEN, Der Ka/ner Pacificationskongrep 1579,1970, p. 118-120. H)! Voir les échanges de courrier entre Jean Fonck et Farnèse faisant état de l'échec des négociations (déc. 1579): SEA, nO 269, 251-254, 257-258. Les accusations contre la délégation des États généraux, coupables d'avoir <<lrop ouvertement blessé (l')honneur>> de Philippe II, y foisonnent. 103 Les demandes des États généraux en nov.ldéc. 1579 sont très proches de leurs revendications initiales: J. ARNDT, «Die kaiserlichen Friedensvermittlungen ... », 1998, p. 178-179. Rappelons que Scharberger meurt sur le chemin de retour de Cologne, plus précisément à Maastricht. 104 L'archiduc Matthias aux États généraux, déc. 1579, SEA, n° 269, 260-267,268-271. CONCLUSIONS Les priorités idéologiques de la diplomatie «Puisque aucun homme n'a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes». Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, l, chapitre IV. À quoi sert la diplomatie aux Temps modernes? Quels sont les enjeux des correspondances intensives entre les Pays-Bas espagnols et les États allemands pendant le second 16e siècle? Plusieurs objectifs que Friedrich Edelmayer met en évidence dans ses travaux centrés sur l'axe Madrid-Vienne se confirment au terme de mon étude du «triangle diplomatique» Espagne-Bruxelles-Empire 1. Philippe II cherche, pour des raisons de prestige mais aussi par calcul stratégique, à perpétuer l'appartenance constitutionnelle des XVII provinces à la confédération germanique, telle que Charles Quint l'a définie en 1548. Mais il convient de mettre des bémols à cette continuité toute théorique. Le statut très particulier du cercle de Bourgogne - alliant tant bien que mal autonomie et sécurité - relève désormais de la fiction juridique: le roi d'Espagne bafoue systématiquement les contraintes fiscales et ne tolère aucune intervention concrète du Saint Empire dans les affaires des Pays-Bas. La clause qui prévoit une aide défensive allemande en cas d'agression extérieure s'avère inefficace lors des troubles politico-religieux des années 1560 et 1570, malgré les efforts répétés des deux partis pour la faire jouer en leur faveur. Véritable ciment de la Transaction d'Augsbourg, la solidarité familiale au sein de la maison de Habsbourg révèle elle aussi de profondes failles - dues à la rivalité pour la préséance et aux circonstances politico-confessionnelles très différentes-, notamment sous l'empereur Maximilien II, qui met la préservation de la paix impériale au-dessus des intérêts dynastiques. Les échecs des tentatives de pacification allemandes élargissent encore la distance entre les deux branches habsbourgeoises. Dépassée par l'évolution de la Révolte en berceau d'un nouvel État, la conférence de Cologne de 1579 se termine presque inévitablement par une impasse. 366 CONCLUSIONS Le maintien du bon voisinage avec les Allemagnes - via les correspondances diplomatiques et les services d'amitié les plus divers - ne se contente pas de contribuer au bon fonctionnement du «camino espaiiol»; il est surtout indispensable à la satisfaction des énormes besoins du pouvoir espagnol en mercenaires de qualité. S'assurer le soutien des membres du Saint Empire pour ces recrutements devient d'autant plus nécessaire à partir de 1567, lorsque les levées de troupes par les « rebelles» représentent une concurrence de plus en plus sérieuse. Les lansquenets sont enrôlés au prix fort par l'intermédiaire de chefs militaires qui bénéficient de pensions subséquentes. Incapables d'honorer leurs engagements, Philippe II et les gouverneurs généraux naviguent sans arrêt entre réclamations pressantes, appels à la patience et promesses mirifiques. L'accumulation d'arriérés pèse sur les interactions avec la plupart des États allemands, soit parce que le prince est lui-même un pensionnaire royal en attente de paiement, soit parce qu'il intercède pour des suj ets mécontents. Le recours à l'aide des voisins en matière de ravitaillement présuppose lui aussi des attentions particulières. Enfin, les ravages provoqués par des armées indisciplinées, voire mutines, menacent à intervalles réguliers la bonne entente avec les territoires connexes aux Pays-Bas. Tous ces facteurs de discorde sont contrebalancés par une diplomatie habile qui se sert de l'outil épistolaire pour neutraliser les tensions ponctuelles et préserver l'harmonie ou du moins ses apparences. D'autres priorités sont apparues au fil de l'analyse des correspondances diplomatiques, en premier lieu les enjeux d'ordre économique. Les autorités espagnoles et les princes allemands s'accordent pour chanter les louanges du libre commerce comme prémisse fondamentale de la prospérité. Les requêtes pour des marchands, liées en temps normal à des litiges douaniers ou financiers, prennent de l'ampleur avec les troubles, étant donné que les menées des Gueux de mer, mais aussi la ligne répressive du duc d'Albe font chanceler ce socle des relations avec le Saint Empire que sont les échanges commerciaux. Face aux États fidèles à l'Église romaine, Philippe II et ses représentants à Bruxelles se profilent volontiers comme des champions de la défense du catholicisme contre les «hérétiques », n'hésitant pas à intervenir dans les élections épiscopales et donc à tenter d'influer sur l'équilibre confessionnel des Allemagnes. Mais dans les missives adressées aux protestants les aspects religieux sont délibérément gommés, afin de ne pas contrarier des interlocuteurs dont le soutien ou du moins la neutralité importent au pouvoir espagnol. Le souci d'éviter les sujets délicats, pouvant engendrer des dissensions, s'impose comme une caractéristique essentielle des relations avec les différents États du Saint Empire. La Révolte des Pays-Bas met des objectifs stratégiques à effets immédiats sur le devant de la scène, puisqu'il s'agit d'empêcher à tout prix que les «rebelles» ne reçoivent des coups de pouce militaires ou politiques de la part des Allemands. Se tenir au courant de l'actualité, avant tout des agissements ennemis en Empire, devient un besoin urgent que seuls des informateurs fiables et appliqués peuvent assouvir. Dans ce contexte difficile, les correspondances diplomatiques doivent nourrir les bonnes dispositions des amis de longue date, attirer les alliés potentiels dans le camp de Philippe II et tenir en bride les membres de la confédération germanique CONCLUSIONS 367 qui pourraient lui être hostiles. Elles peuvent se targuer à tous ces égards d'une incontestable efficacité, même si le peu d'échos que les appels à l'aide des insurgés rencontrent parmi les princes luthériens s'expliquent plutôt par le rejet du calvinisme et de manière plus générale, par des politiques subordonnées à la raison d'État. Il ne faut cependant pas sous-estimer le rôle de propagande idéologique que remplissent les lettres de justification envoyées dans les Allemagnes par le Roi catholique et les gouverneurs généraux des pays de par-deçà. Afin de discréditer ses adversaires, la diplomatie espagnole utilise des arguments susceptibles de lui garantir l'adhésion de tous ses interlocuteurs en Empire. De l'étude de ces leitmotiv, se dégage une certaine conception de la royauté qui fait pendant aux théories développées par les «rebelles» des Pays-Bas. Or, tandis que les moyens que déploie l'entourage de Guillaume d'Orange dans le but de légitimer l'opposition à Philippe II ont retenu l'attention des historiens, la contre-offensive espagnole est toujours envisagée sous des angles principalement militaires et politiques 2. Les biographes de Philippe II évoquent l'offense personnelle que le monarque ressent de la «rébellion» en tant qu'atteinte à son autorité de droit divin, mais ils ne s'attardent pas sur les idées auxquelles il recourt pour contrebalancer la propagande des insurgés 3. I..:occasion est pourtant assez grave pour susciter l'élaboration d'un discours cohérent, annonciateur de ce que deviendra l'idéologie monarchique au cours des décennies suivantes. Les troubles du 16e siècle constituent en effet la seule contestation globale du pouvoir suprême dans les Pays-Bas avant la fin du 18 e siècle. Jusqu'à la proclamation de la déchéance royale en 1581, les insurgés insistent certes sur leur loyauté de principe au roi d'Espagne, mais ils défendent dès les années 1560 une vision de la souveraineté tout autre que celle prônée par Madrid. Le fossé grandissant entre ces deux positions irréconciliables est au cœur même de la Révolte. Si le combat par la plume - ou plutôt par l'imprimerie - contre la politique intransigeante de Philippe II s'organise à partir du Compromis des nobles, il ne battra son plein qu'après l'arrivée du duc d'Albe à Bruxelles et la fuite du Taciturne en Empire 4. Grâce à un vaste réseau calviniste, mis en évidence par Johannes Arndt, Guillaume d'Orange inonde les Allemagnes et les pays de par-deçà de pamphlets visant à dénigrer les autorités espagnoles, mais aussi à expliquer les motifs d'une «désobéissance» considérée comme honorable et nécessaire 5. Ces écrits polémiques s'agencent autour de quatre faisceaux d'argumentation: les «mauvais conseillers» à l'origine des erreurs du Roi catholique, la référence aux anciens privilèges bafoués par un pouvoir sans scrupules, le rappel de certaines prérogatives considérées comme « naturelles» - telle droit à la sécurité - dont le respect ne serait plus assuré, et enfin, la revendication de la liberté de conscience, démonstrations théologiques à l'appui 6. Compte tenu des annes redoutables au service du parti ennemi, l'inquiétude presque obsessionnelle de Philippe II et des gouverneurs généraux concernant les «fausses rumeurs» qui les diffameraient auprès des princes allemands n'a rien d'étonnant. Leur méfiance pennanente est d'autant plus justifiée que la riposte pro-espagnole en matière de littérature pamphlétaire accuse beaucoup de retard par rapport au débit de production des «rebelles» des Pays-Bas; elle ne prendra son envol qu'à la fin du 16e et au début du 17e siècle, lorsque les jeux seront déjà faits. La 368 CONCLUSIONS pauvreté de ces sources imprimées permettant de retracer l'interprétation «officielle» des troubles, accroît d'ailleurs l'intérêt des correspondances diplomatiques. Le thème central qui jalonne la plupart des courriers touchant les troubles des Pays-Bas est la stigmatisation de la «rébellion» comme un crime de lèse-majesté. En se soulevant sans raison valable contre leur souverain légitime, les «désobéissants» commettent le pire des délits contre l'ordre social. Leurs actes, produits d'esprits pervers et dangereux, méritent un châtiment exemplaire, ne serait-ce que pour dissuader les imitateurs potentiels. Car la révolte se caractérise - toujours aux dires de Philippe II et de ses représentants dans le cercle de Bourgogne - par un haut degré de contagiosité: si on ne veille à l'endiguer rapidement, elle embrasera, tel un feu dévorant, les régions avoisinantes, voire la chrétienté toute entière. Énoncée dans les premières lettres de justification en provenance de Madrid, cette constante idéologique ne subit que peu de modifications au fil des années. Que la diplomatie espagnole mette l'accent sur la gravité des infractions commises contre l'autorité suprême et sur la menace qui pèse sur les Allemagnes, les deux arguments les plus aptes à convaincre les interlocuteurs en Empire du bien-fondé de la répression et de la guerre, traduit une grande habileté. Tous les princes allemands, tant les catholiques que les protestants, sont en efTet attachés à leur pouvoir personnel de «souverains» territoriaux, et la mise en garde contre les dissension~ internes fait vibrer chez eux une corde pour le moins sensible. Aussi reprennent-ils volontiers, dans leurs missives au roi d'Espagne et à ses représentants successifs, la condamnation inconditionnelle de la «rébellion ». La conception de la souveraineté que reflètent les échanges épistolaires entre Bruxelles, respectivement Madrid, et les États germaniques est bien sûr diamétralement opposée aux revendications des pourfendeurs de la «tyrannie» espagnole. Alors que les insurgés invoquent le «devoir de révolte» (A. Jouanna) fondé sur la tradition nobiliaire, la doctrine monarchomaque empruntée aux huguenots, ou les théories républicaines en plein essor, Philippe II confirme, à titre personnel ou par la voix des gouverneurs généraux, ses visées «absolutistes» 7. Depuis que Nicholas Henshall s'est interrogé sur son bien-fondé, il convient de manier le concept d'«absolutisme» avec prudence, surtout en parlant des monarchies du 16e siècle 8. Mais même si le renforcement du pouvoir princier, accompagné de la centralisation accrue de l'État, relève autant de la propagande que de la réalité historique, ces deux phénomènes n'en sont pas moins des traits fondamentaux du début des Temps modernes. Dynamique commune à l'Espagne et aux Allemagnes, ils rapprochent le Roi catholique et ses représentants dans les Pays-Bas de tous leurs interlocuteurs en Empire, qu'ils soient fidèles à la « vraie foi» ou «hérétiques ». La philosophie politique de la seconde moitié du 16e siècle - à commencer par «Les Six Livres de la République» de Jean Bodin (1576) - reflète,entérine et accélère l'affirmation de la suprématie royale de droit divin 9. Si les interactions entre théorie et pratique sont difficiles à établir, elles ne manquent pas pour autant d'intérêt, dans la mesure où l'action concrète des gouvernants dépend aussi, comme le rappelle Quentin Skinner, des arguments qui permettent en dernier ressort de la légitimer III. Jean-Fabien Spitz résume ainsi la théorie bodinienne, emblématique d'une vision très répandue de la souveraineté: «une souveraineté absolue n'est rien d'autre qu'une CONCLUSIONS 369 souveraineté parfaite en son genre et cette perfection implique quatre caractères distincts: que la souveraineté ne soit ni divisée ni partagée; qu'elle n'ait ni supérieur ni égal dans l'État; que le souverain ne puisse jamais être contraint de respecter quelque règle de droit institué que ce soit; que tout droit de résistance de la part des sujets soit proscrit» Il. La rébellion ne peut donc qu'être iIJégitime, voire criminelle, puisqu'en s'attaquant au monarque, elle met en péril l'État dans son intégralité. Aux yeux de Jean Bodin, «l'adjectif «absolu» ne désigne rien d'autre que l'affranchissement de toutes les entraves qui, rendant le pouvoir imparfait, l'empêcheraient d'œuvrer efficacement à la défense des droits que les sujets ont sur leurs vies et sur leurs biens 12. D'ailleurs, la diplomatie espagnole n'insiste-t-el1e pas régulièrement sur la nécessité de sévir contre les «désobéissants» afin de protéger les «bons sujets» et de préserver le bien commun? Le leitmotiv de l'obéissance absolue, présentée comme une condition indispensable à tout gouvernement digne de ce nom, est omniprésent dans le discours officiel sur la Révolte des Pays-Bas 13. Le même constat vaut pour le thème complémentaire de l'infaillibilité royale: le monarque choisit d'office la meilleure voie, qu'il opte pour des représailles sévères ou qu'il fasse au contraire preuve d'une indulgence toute paternelle. Aux rappels du pouvoir «absolu» de Philippe II, les correspondants allemands réagissent souvent par des appels à la clémence, reconnaissant ainsi de manière indirecte sa toute-puissance 14. Que le monarque puisse accorder ou refuser la grâce à sa guise est en effet incompatible avec l'existence de certaines libertés inaliénables qui restreindraient jusqu'au pouvoir suprême. Vus au travers du prisme des Lumières et de la Révolution française, les balbutiements du 16e siècle en matière de «droits fondamentaux» paraissent évidemment bien timides; mais il ne faut pas négliger les apports considérables de cette époque marquée par les « guerres de religion» à l 'histoire des idées. Les sociétés confrontées à la division religieuse réagissent aux nouvelles donnes de la vie commune par des réflexions approfondies sur la tolérance civile 15. De l'urgence de réglementer la coexistence pacifique au sein d'États bi- ou pluriconfessionnels découle une certaine « autonomisation de la raison politique» (O. Christin), notamment en Empire, où la Paix d'Augsbourg garantit le maintien de la concorde par un savant équilibre des rapports de force. Les XVII provinces ne restent pas à l'écart de cette évolution générale, même si le processus y aboutit en fin de compte à la mise en place de deux « États» séparés, construits chacun sur le monopole ou du moins la prééminence d'une Église 16. Pendant les années 1560 et 1570, la revendication par les réformés des Pays-Bas d'une liberté de religion illimitée - liberté de culte et liberté de conscience - se trouve au centre du débat; sa collision avec l'intransigeance espagnole sur la question fera échouer toutes les tentatives de pacification 17. La manière dont ces enjeux idéologiques sont abordés dans les correspondances diplomatiques est révélatrice des attitudes du pouvoir espagnol et de ses interlocuteurs allemands. Philippe II et ses représentants à Bruxelles rejettent catégoriquement la logique de la pluralité confessionnelle: d'après eux, les « rebelles» n'ont recours à des arguments religieux que pour masquer les vraies raisons de leur insurrection contre 370 CONCLUSIONS le souverain légitime, à savoir des ambitions coupables et des pulsions destructrices. Quant aux princes luthériens du Saint Empire, ils hésitent beaucoup à se faire les avocats des calvinistes persécutés dans les pays de par-deçà. Au début de la Révolte, ils préconisent pour le cercle de Bourgogne un «Religionsfrieden» à l'allemande -la coexistence de la foi romaine et de la confession d'Augsbourg au sein d'un système qui reconnaît la liberté de religion aux seuls gouvernants -, mais ils renoncent rapidement à défendre des « hérétiques» irrespectueux de l'autorité suprême et des hiérarchies en général. La paix dans la chrétienté est sans conteste la valeur qui fait l'unanimité au sein des correspondances diplomatiques. Elle s'y présente souvent en étroite association avec la crainte du Turc, considéré comme le principal gagnant des guerres dues aux dissensions religieuses en Occident 18. La valorisation de la concorde marque toute 1'« opinion publique », tant le peuple, exaspéré par les ravages dont se doublent les mouvements militaires, que les savants et les artistes qui la comptent parmi leurs thèmes favoris 19. Henri Hauser a déjà souligné le paradoxe d'une « époque de guerres fréquentes et sauvages» qui, pour surmonter «la rupture ou le relâchement des vieux liens qui tenaient unie la république chrétienne, ( ... ) a conçu un idéal de paix» 20. Cet idéal largement partagé, aux allures d'utopie, joue un rôle-clé dans la propagande monarchique: la préservation de la paix sert en effet à fonder la légitimité du pouvoir suprême 21. Comme détenteur du « monopole de la violence» - pour parler en termes weberiens -, le souverain a la prérogative de trancher entre « guerre juste» et« guerre illégitime », c'est-à-dire de justifier le recours à la force au nom de la raison d'État, notamment pour lutter contre la «rébellion» 22. Bien que les correspondances diplomatiques allient toujours restauration de la tranquillité et retour à l'unité, elles reflètent l'adaptation des politiques étrangères à la polarisation confessionnelle et donc au nouvel équilibre des forces qui régira désormais les relations internationales. Cette étude des interactions entre les Pays-Bas espagnols et le Saint Empire aura permis de relativiser au moins une interprétation historique communément admise: la diplomatie ne connaît pas pendant le second 16e siècle la crise que Garrett Mattingly et John Elliott ont dépeinte à partir d'analyses centrées sur les ambassades permanentes et occasionnelles 23. S'il Ya déclin, il ne s'amorce qu'à partir des années 1580/90, avec le durcissement des fronts confessionnels. Auparavant, les tensions politico-religieuses et les défis que celles-ci posent au fragile équilibre européen engendrent plutôt une intensification des relations diplomatiques. Les échanges épistolaires, véritable «basse continue» des interactions entre les Pays-Bas et le Saint Empire, servent à surmonter les nouveaux obstacles nés de la division religieuse; en temps de troubles, ils deviennent même un instrument de choix au service de l'idéologie monarchique. CONCLUSIONS 371 Notes 1 F. EDELMA YER, Soldner und Pensioniire. Das Netzwerk Philipps JI. im Heiligen Romischen Reich, 1998 ; « Das Netzwerk Philipps II. von Spanien im Heiligen Romischen Reich », 1998; «La red c1ientar de Felipe II en el Sacro Imperio Romano Germanico », 1997. 2 Sur le «langage politique» de la Révolte des Pays-Bas: M. VAN GELDEREN, The Political Thought of the Dutch Revoit 1555-1590, 1992; H. DE SCHEPPER, « Le langage politique de la rébellion néerlandaise 1560-1600 », in: 1 linguaggi polWei delle rivoluzioni in Europa XVII-XIX secolo, Florence, 1992, p. 45-66; N. MOUT, « Van arm vaderland tot eendrachtige republiek. De roi van politieke theorieën in de Nederlandse Opstand », in: BMGN, 101, 1986, p. 345-365; G. GRIFFITHS, « Democratie ideas in the Revoit of the Netherlands », in: ARG, 50, 1959, p. 50-63; A.C.J. DE VRANKRIJKER, De motiveering van onzen opsland De theorieën van het verzet der Nederlandsche Opstandelingen tegen Spanje (1565-1581), Nimègue, 1933. 3 Les instruments et les contenus de la propagande monarchique sont, de manière générale et au-delà de la question du mécénat, un domaine de la recherche historique où beaucoup reste à faire. En ce qui concerne la monarchie espagnole, voir notamment: F. BouzA ALVAREZ,« La majestad de Felipe II. Construcci6n deJ mito real », in: J. MARTiNEZ MILLAN (diT.), La corle de Felipe II, 1998, p. 37-72;« Monarchie en lettres d'imprimerie. Typographie et propagande au temps de Philippe II », in: RHMC, 41,1994, p. 206-220; C. LISON TOLOSANA, La imagendel rey. Monarquia, realeza y poder rilual en la casa de los Auslrias, Madrid, 1991 ; A. PAGDEN, Spanish Imperialism and the Political Imagination, Londres, 1990. Voir aussi les analyses consacrées à Maximilien II, respectivement à Rodolphe II: M. ALTFAHRT, « Die politische Propaganda für Maximilian II. », in: M/OG, 88, 1980, p. 283-312, 89, 1981, p. 53-92; K. VOCELKA, Die polilische Propagande Kaiser Rudo(fs JI. (1576-1612), Vienne, 1981. Signalons enfin deux ouvrages collectifs qui abordent tant les «armes» artistiques et littéraires de la propagande que ses fondements philosophiques : A. ELLENIUs (dir.), Iconography, Propaganda and Legitimation, in: W.P. BLocKMANs,. J.-P. GENET (dir.), The Origins of the Modern Slale in Europe J3lh 10 181h cenluries, 7, Oxford, 1998, (Paris, 2(01); J. DUFOURNET, A. FIORATO, A. REDONDO (dir.), Le pouvoir monarchique et ses supports idéologiques aux XIV-XVII" siècles, Paris, 1990. 4 Pour un excellent aperçu de cette lutte caractérisée par un haut degré d'organisation: 1. ARNDT, Das Heilige Romische Reich und die Niederlande ... , 1998, p. 239-245; «Die Kriegspropaganda in den Niederlanden wahrend des Achtzigjahrigen Krieges gegen Spanien 1568-1648»,2001. 5 Sur le rôle des pamphlets, nouveau moyen de communication approprié aux conflits politico-religieux du 16t siècle, dans la Révolte des Pays-Bas: C.E. HARLINE, Pamphlets, Printing and Political Cullure in the Early Dutch Republic, Dordrecht, 1987; P.A.M. GEURTS, De Nederlandse Opsland in de pamfletten, 1566-1584, (1956) Utrecht, 1983. L'ouvrage de Martin van Gelderen est fondé pour l'essentiel sur une analyse approfondie des pamphlets et d'autres écrits polémiques; M. V AN GELDEREN, The Polilical Thought of the Dutch Revoit ... , 1992. Voir également un aperçu des recherches de Johannes Arndt sur les pamphlets de langue allemande dans: J. ARNDT, «Der spanisch-niederlandische Krieg in der deutschsprachigen Publizistik 1566-1648 », 1998. 6 1. ARNDT, Das Heilige Romische Reich und die Nieder/ande ... , 1998, p. 17. L'auteur passe en revue les principaux pamphlets de langue allemande en faveur des «rebelles» des Pays-Bas (p. 246-254). Il décortique aussi quelques pamphlets pro-espagnols de la fin du règne de Philippe II et des décennies suivantes (p. 266-274). Il insiste enfin par contraste sur les nombreuses publications constitutives de la «leyenda negra» qui circulent très tôt dans le Saint Empire (p. 254-266). 372 CONCLUSIONS 7 A. JOUANNA, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l'État moderne, 1559-1661, Paris, 1991. SurIa notion de résistance légitime: G. JANSSENS, «El oficio dei rey y la oposici6n legal en Flandes contra Felipe II», in: J. MARTÎNFZ MILLÂN (dir.), Felipe II (1598-1998) ... , 1998, p. 401-412. Wim Blockmans insiste quant à lui sur la longue tradition de révolte des pays de par-deçà: W. BLOCKMANS, «Alternatives to monarchical centralization: the great tradition of revoIt in Flanders and Brabant», in: H.G. KOENIGSBERGER (dir.), Republiken und Republikanismus im Europa der frühen Neuzeit, Munich, 1988, p. 145-154. Sur le républicanisme dans les Pays-Bas: N. MOUT, «Ideales Muster oder erfundene Eigenart. Republikanische Theorien wahrend des niederUindischen Aufstandes», in: idem, 1988, p. 169-194. 8 N. HENSHALL N., The My th of Absolutism: Change and Continuity in Early Modern European Monarchy, Londres, 1992. Des historiens allemands ont relancé le débat par la publication d'un ouvrage collectif autour de 1'« absolutisme» aux 16e et 17e siècles: R.G. ASCH, H. DUCHHARDT, (dir.), Der Absolutismus, ein Mythos?: Strukturwandel monarchischer Herrschaft in West- und Mitteleuropa (ca. 1550-1700), Cologne, 1996. Voir aussi une recension fort intéressante de l'ouvrage de Henshall: H. DUCHHARDT, «Absolutismus-Abschied von einem Epochenbegriff?», in: HZ, 258,1994, p. 113-122. 9 L. FOISNEAU, «De Machiavel à Hobbes: efficacité et souveraineté dans la pensée politique moderne », in: A. RENAUT (dir.), Histoire de la philosophie politique, 2, Paris, 1999, p. 205-279; G. MAIRET, Le principe de souveraineté. Histoires et fondements du pouvoir moderne, Paris, 1997, p. 17-41; Q. SKINNER, «Political philosophy», in: c.B. SCHMITT, Q. SKINNER (dir.), The Cambridge History of Renaissance Philosophy, Cambridge, 1988, p. 389-452. 10 «What it is possible to do in poUtics is general/y limiled by what il is possible ta legitimise». Q. SKINNER, Liberty before Liberalism, Cambridge, 1998, p. 105. Il J.-F. SPITZ, Bodin et la souveraineté, Paris, 1998, p. 6-7. e 12 Idem, p. 8. Sur la légitimation de l'autorité au 16 siècle: D. LETOCHA, Aequitas, aequalitas, auctoritas. Raison théorique et légitimation de l'autorité dans le XVII.' siècle européen, Paris, 1992; H. BORNKAMM, «Die Frage der Obrigkeit im Reformationszeitalter », in: Das Jahrhundert der Reformation. Gestalten und Kriifte, Francfort, 1983, p. 291-315. 13 F. OAKLEY, «L'obéissance chrétienne et l'autorité, 1520-1550», in: J.H. BURNS (dir.), Histoire de la pensée politique moderne 1450-1700, (Cambridge, 1991), Paris, 1997, p. 145-174; R. MUCHEMBLED, Le temps des supplices. De l'obéissance sous les rois absolus XY-XVIIIe siècles, Paris, 1992. 14 H. DE SCHEPPER, «Repressie of clementie in de Nederlanden onder Karel V en Filips II », in: B.C.M. JACOBS, E.C. COPPENS (dir.), Een Rijk Gerecht. Opstellen aangeboden aan Prof P.L. Nève, Nimègue, 1998, p. 341-364; G. JANSSENS, «« Barmhartig en rechtvaardig»: visies van L. de Villavicencio en J. Hopperus op de taak van de koning », in: W.P. BLOCKMANS, H. V AN NUFFEL (dir.), État et religion aux XV et XVI" siècles, Bruxelles, 1986, p. 25-42; V. POKORNY, «Clementia Autriaca. Studien zur Bedeutung der Clementi a Principis für die Habsburger im 16. und 17. Jahrhundert», in: M/OG, 86, 1978, p. 310-364. IS Il faut distinguer entre tolérance religieuse - les réflexions théologiques sur les droits de la «conscience dans l'erreur» - et tolérance civile -les conditions juridiques et politiques permettant la coexistence pacifique de deux ou de plusieurs confessions au sein d'un même État. La bibliographie sur la tolérance au 16e siècle, inscrite dans le sillage de la synthèse magistrale de Joseph Lecler, est très étoffée; voir notamment: T. W ANEGFFELEN, L'Édit de Nantes, une histoire européenne de la tolérance (XVI"-xxe s.), Paris, 1998; G. SAUPIN, Naissance de la tolérance en Europe aux Temps modernes, Rennes, 1998; H. GABEL, «Glaube-Individuu m-Reichsrecht. Toleranzdenken im Reich von Augsburg bis Münster», in: S. GROENVELD, H. LADEMACHER (dir.), Krieg und Kultur ... , 1998, p. 158-177; O.P. GRELL, B. SCRIBNER. (dir.), Tolerance and Intolerance in the European Reformation, 1996; G. CHANTRAINE, «La doctrine CONCLUSIONS 373 catholique de la tolérance au XVIe siècle », in: Naissance et affirmation de l'idée de tolérance, XVIe-XVIIIe siècles, Montpellier, 1988, p. 1-18; H. BORNKAMM, «Das Problem der Toleranz im 16. Jahrhundert », in: Das Jahrhundert der Reformation. Gestalten und Kriifte, Francfort, 1983, p. 262-291; H. KAMEN, L'éveil de la tolérance, Paris, 1960. Alain Tallon s'est interrogé sur les effets des politiques de tolérance sur les relations internationales: «Les puissances catholiques face à la tolérance religieuse en France au XVIe siècle: droit d'ingérence ou non-intervention? », in: L. BÉLY (dir.), L'Europe des traités de Westphalie' ... , 2000, p. 21-30. 16 J.J. WOLTJER, «Political moderates and religious moderates in the Revoit of the Netherlands», in: P. BENEDICT (e.a.), Reformation, Revoit and Civil War ... , 1999, p. 185-200; H. LADEMAcHER, «Freiheit-Religion-Gewissen. Die Grenzen der religiosen Toleranz in der Republik», in: S. GROENVELD, H. LADEMACHER (dir.), Krieg und Kultur ... , 1998, p. 179-209; J. ISRAEL (e.a.), The Emergence ofTolerance in the Dutch Republic, Leiden, 1997; A. PETTEGREE, «The politics oftoleration in the Free Netherlands, 1572-1620», in: O.P. GRELL, B. SCRIBNER (dir.), Tolerance and Intolerance in the European Reformation, 1996, p. 182-198; G. GULDNER, Das Toleranzproblem in den Niederlanden im Ausgang des 16. Jahrhunderts, Lubeck, 1968; A.A. VAN SCHELVEN, «De opkomst van de idee der politieke tolerantie in de 16de eeuwsche Nederlanden», in: TvG, 16, 1931, p. 235-248, 337-388. 17 M. VAN GELDEREN, «Liberty, civic rights and duties in sixteenth-century Europe and the rise of the Dutch Republic », in: J. COLEMAN (dir.), The Individual in Political Theory and Practice, in: W.P. BLOCKMANS, J.-P. GENET (dir.), The Origins ofthe Modern State in Europe 13,h to 18fh centuries, 6, Oxford, 1996, p. 99-122; M. VAN GELDEREN, The Political Thought of the Dutch Revoit ... , 1992, p. 213-259; H.R. GUGGISBERG, F. LESTRINGANT, J.-c. MARGOLIN (dir.), La liberté de conscience (XVIe-XVII" siècles), 1991 ; H.R. GUGGISBERG, « Wandel der Argumente fUr religiose Toleranz und Glaubensfreiheit im 16. Jahrhundert», in: H. LUTZ (dir.), Zur Geschichte der Toleranz und Religionsfreiheit, 1977, p. 455-481. 18 M. BOST, L'image du Turc aux Pays-Bas (XV-XVII" siècles). Contribution à l'étude des perceptions occidentales de l'empire ottoman, mémoire de licence inédit ULB, 1998; J. DELuMEAu, La peur en Occident, XIV-XVIIIe siècles. Une cité assiégée, Paris, 1978, p. 342-355; W. SCHULZE, Reich und Türkengefahr im spiiten 16. Jahrhundert. Studien zu den politischen und gesellschaftlichen Auswirkungen einer iiuj3eren Bedrohung, Munich, 1978. 19 Olivier Christin analyse une série d'allégories représentant la concorde: O. CHRISTIN, La paix de religion ... , 1997, p. 169-174. Sur le thème de la paix dans les arts, la littérature et la philosophie en général: M. VOOL, Friedensvision und Friedenspraxis in der Frühen Neuzeit 1500-1649, Augsbourg, 1996; H.-M. KAULBACH, «Friedenspersonifikationen in der frühen Neuzeit», in: ZHF, Beiheft 12, 1991, p. 191-210; R. WOHLFEIL, ««Pax antwerpiensis». Eine Fallstudie zu Verbildlichungen der Friedensidee im 16. Jahrhundert am Beispiel der Allegorie Kuss von Gerechtigkeit und Friede», in: ZHF, Beiheft 12, 1991, p. 211-258; A. JOUANNA, «Idéologies de la guerre et idéologies de la paix en France dans la seconde moitié du XVIe siècle », in: M. YARDEN! (dir.), Idéologie et propagande en France, Paris, 1987, p. 87-98. 20 H. HAUSER, La modernité du XVI" siècle, Paris, (1930), 1963, p. 51-53. c 21 C'est un lieu commun de la pensée politique du 16 siècle, des «miroirs du prince» et des «arts de gouverner» que de faire de la préservation de la paix la fin véritable du pouvoir politique et le fondement de sa légitimité. O. CHRISTIN, La paix de religion ... , 1997, p. 176. e 22 Idem, p. 30-31. Sur la légitimation de la guerre au 16 siècle: G .C. BERGER W ALDENEGG, « Krieg und Expansion bei Machiavelli. Überlegungen zu einem vernachlassigten Kapitel seiner «politischen Theorie»», in: HZ, 271, 2000, p. 1-55; K. REPGEN, «What is a Religious War?», in: E.I. KOURI, T. Scon (dir.), Politics and Society ... , 1987, p. 311-328; «Kriegslegitimationen in Alteuropa. Entwurf einer historischen Typologie», in: HZ, 241, 1985, p. 27-49; G. LIVET, Guerre et paix de Machiavel à Hobbes, Paris, 1972. 374 CONCLUSIONS 23 J. ELLIOTI, Europe Divided 1559-1598,1985, p.41; G. MATIINGLY, Renaissance Diplomacy, 1955, p. 191-208. Abréviations ADB AGR AGS ARG BCRH BHR BHStA BMGN BN BSHPB BWOG B-WHStA HHStA HJLG HZ JMH MIOG NBW NOB NJLG NR-WHStA NSHStA PCEEB PEA RBPH RHMC RVJB AlIgemeine Delltsche Biographie Archives générales du Royaume (Bruxelles) Archivo general de Simancas (Valladolid) Archiv für Reformationsgeschichte Bul/etin de la Commission royale d'Histoire Bibliothèque d'Humanisme el Renaissance Bayerisches Hauptstaatsarchiv (Munich) Bijdragen en Mededelingen bel1: de Gesehiedenis der Neder/anden Biographie nationale Bulletin de la Société d 'Histoire du Protestantisme belge Biograplzisches Worterbuch zur Deutsehen Gesehiehte Baden-Württembergisches Hauptstaatsarchiv (Stuttgart) Haus-, Hof-, und Staatsarchiv (Vienne) Hessisches Jahrbllch jiïr Landesgesehichte Historische Zeitschrift Journal of Modern History Mitteilungen des Institutsfür Osterreichische Geschichtsforschung Nationaal Biogrqfisch Woordenboek Neue Deutselze Biographie Niedersaehsisclzes Jahrbuchfor Landesgesehichle Nordrhein-Westfàlisches Hauptstaatsarchi v (Düsseldorf) Niedersiichsisches Hauptstaatsarchiv (Hanovre) Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, XIVt-XVle siècles Papiers d'État et de l'Audience (AGR) Revue belge de Philologie et d'Histoire Revue d'Histoire moderne el contemporaine Rheinische Vierteljahresblatter 376 ABRÉVIATIONS SCl SEA SHStA TvG ZBLG ZHF ZSRGK ZWLG Sixteenth Century Journal Secrétairerie d'État allemande (AGR) Sachsisches Hauptstaatsarchiv (Dresde) Tijdschrift voor Geschiedenis Zeitschriftfür Bayerische Landesgeschichte Zeilschriftfür Historische Forschung Zeilschrift der Savigny-Stifungfür Rechtsgeschichte, Kanon. Abt. Zeitschrift für Württembergische Landesgeschichte Sources inédites 1. Archives générales du Royaume, Bruxelles Secrétairerie d'État allemande, nOS 1-3. 8, 12-18. 60-61. 71, 73-78. 92. 102, 104, 106-108, 119-134, 136-142. 150-169, 170, 175-193. 211-220. 230. 235-239, 245, 249. 257-259, 261-263,265.269,702-706.754,759. 761-763. 789,806-810,836. 884. Papiers d'État et de l'Audience, nOS 176, 184,232-233,246,483,785.788,798-799,805,811, 1016,1227,169011-2,174211-2,1779/1-2, 182912-3, 183111-2,2811. 2. Archivo general de Simancas, Valladolid Secretaria de Estado, Negociaci6n de Alemania. Legajos 650-673,675-677,679-687. Secretaria de Estado, Despachos diversos. Libro 78. Secretaria de Estado, Negociaci6n de Flandes. Legajos 536, 538. 557, 581. Secretarias provinciales. Secretaria dei Consejo supremo de Flandes y Borgoi'ia. Libros 1414, 1416.1418: Legajos 2558-2562. Contadurias generales. Legajo 3068. Direcci6n general deI Tesoro (lnventario 24), Legajos 561. 568. 3. Haus-, Hof- und Statsarchiv, Vienne Belgische Korrespondenz, nOS 1-6. Mainzer Reichserzkanzler-Archiv, Reichstagsakten, nOS 185-186. Mainzer Reichserzkanzler-Archiv, Kreistagsakten. nO 377. Kreistagsakten, nOS 24-25, 29-32. Reichskanzlei Friedensakten. nOS 1-3. 4. Nordrhein-Westralisches Hauptstaatsarchiv, Düsseldorf Kurkôln Il: Erzstift Kôln-Akten (Findbuch 101.04), Auswartige und Hoheitssachen, 4995 (microfiche 8319). Kurkôln VII: Kriegsakten-Niederlandischer Aufstand (Findbuch 10 1.07).9-12. 378 SOURCES Jülich-Berg Il : Geheimer Rat und Geheime Kanzlei (Findbuch 102.09), Politische Akten, 1978 (microfiche 5115), 2959 (microfiche 6841), 4232 (microfiche 8663), 4980 (microfiche 9488); Niederlandischer Aufstand, 245 (microfiches 574-575), 2329 (microfiche 5834), 2676 (microfiches 6401-6402), 2732 (microfiche 6484), 2946 (microfiches 6810-6812), 2948, 2950 (microfiche 6819); 2954 (microfiches 6831-6836), 2955 (microfiches 6836-6839), 3759, 4956 (microfiche 9483), 4958-4959, 4979 (microfiche 9488), 5041 (microfiches 9502-9503). Kleve-Mark: Akten XXI - Beziehungen zu den Niederlanden (Findbuch 103.04). 263, 2407-2412.2414.2416. 5. Niedersachsisches Hauptstaatsarchiv, Hanovre Cal. Br.21. Herzogtum Braunschweig-Wolfenbüttel, 1257-1258, 1260-1267. Cal. Br.24. ÂuBere Angelegenheiten. Niederlande, 4135-4138. Celle Br.16. Auswartige Machte, Spanien, 1-8. 6. Sachsisches Hauptstaatsarchiv, Dresde LOC 8499. Handschreiben ChurfùrstAugust. Von Ihm, 6, 7. LOC 8501. Handschreiben Churfùrst August. An Ihn. 4a. LOC 9307. Kriegssachen. N iederlandischer Krieg 1566-1568. 1-11. LOC 9308. Kriegssachen. Niederlandischer Krieg 1569-1573, 12-23. LOC 9309. Kriegssachen. Niederlandischer Krieg 1574-1579.24-36. LOC 9819. Niederlandische Sachen. Kriegssachen. 1-3. LOC 9819. N iederlandische Sachen. Rel igionssachen, 1a. 1b. 7. Bayerisches Hauptstaatsarchiv, Munich Kasten Schwarz. Niederlande-Spanien, 292/8 (6740). 294/11 (6790), 359/7 (8636). 359/18 (8646/2).414/5 (12788),497120 (15285). Kasten Blau. Akten zur Reichs- und Aubenpolitik der Kurpfalz. 111/4. 112/4, 306/4t: 345/5. Kurbayem. Âuberes Archiv, 4385-4389. 4390-4394, 4405-4406. 8. Baden-Württembergisches Hauptstaatsarchiv, Stuttgart A 117 Niederlande, Büschel 1. 2. A 122 Spanien. Büschel 1-11.
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La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public
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Il en est de même des mesures d’investigations en matière de procédure pénale, telles que les perquisitions, visites domiciliaires et saisies de nuit affectant l’exercice du droit au respect de la vie privée et l’inviolabilité du domicile. Il résultait de la loi du 22 juillet 1996 tendant à renforcer la répression du terrorisme que ces opérations ne pouvaient avoir un autre objet que la recherche et la constatation de ces infractions 2560. Depuis la loi du 9 mars 2004 2555 2556 2557 2558 2559 2560 Article 23 de la loi n° 2001-1062 relative à la sécurité quotidienne, précitée. Article 11 de la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 relative à la sécurité intérieure, précitée. Article 12 de la loi n° 2003-239 relative à la sécurité intérieure, précitée. Article 13 de la loi n° 2003-239 relative à la sécurité intérieure, précitée. P. GAGNOUD, « L’extension du droit de fouilles des véhicules automobiles depuis la loi n° 2001-1062 du 15 novembre 2001, dite loi sur la sécurité quotidienne », op. cit., p. 3. Article 10 de la loi n° 96-647 du 22 juillet 1996 tendant à renforcer la répression du terrorisme et des atteintes aux personnes publiques ou chargées d’une mission de service public et comportant des dispositions relatives à la police judiciaire, J.O.R.F. n° 170 du 23 juillet 1996, p. 11104. 532 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public relative aux évolutions de la criminalité, ces opérations concernent aussi les crimes et délits commis en bande organisée, inscrits à l’article 706-73 du Code de procédure pénale 2561. 1359. La multiplication des restrictions apportées aux bénéficiaires des droits-libertés tient, ensuite, à la reconnaissance de nouveaux motifs justifiant le recours aux mesures restrictives de libertés. A cet égard, les mesures de sûreté, faisant suite à l’exécution de la peine et fondées sur la dangerosité de la personne, renouvellent les mécanismes de limitation des droits-libertés. Les obligations relatives au suivi-socio-judiciaire2562, les mesures prises en matière de surveillance judiciaire 2563 et de surveillance de sûreté 2564 constituent autant de mesures fondées sur la dangerosité criminologique, destinées à concrétiser l’objectif de lutte contre la récidive. 1360. Qui plus est, le législateur élargit les infractions pour lesquelles la personne a été condamnée et encourt ce type de mesures de sûreté. Par exemple, le dispositif de suivi sociojudiciaire, instauré par la loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et la répression des infractions sexuelles, était initialement applicable aux auteurs d’agressions sexuelles, de corruption de mineurs, de diffusion de messages violents ou pornographiques susceptibles d’être vus par un mineur et d’actes d’atteinte sexuelle sur un mineur 2565. Celui-ci a été étendu, par la loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive, aux crimes d’atteintes volontaires à la vie, aux crimes d’enlèvement, de séquestration et de destruction ainsi que de dégradation et détérioration dangereuses pour les personnes 2566. 1361. Non seulement l’objet des mesures restrictives de liberté se diversifie en même temps que les composantes des objectifs de préservation de l’ordre public se développent, mais aussi leur degré de contrainte est relevé d’un cran et étendu à davantage d’exige s de l’ordre public. Dès lors, la redéfinition des mesures restrictives de liberté se traduit également par une extension de leur champ d’application. 2561 2562 2563 2564 2565 2566 Article 1er de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004, précitée ; articles 706-89 à 706-84 du Code de procédure pénale. Articles 131-36-1 à 131-36-8 du Code pénal ; Articles 2, 3 et 4 de la loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs, précitée. Articles 723-29 et suivants du Code de procédure pénale. Article 706-53-13 du Code de procédure pénale. Articles 2, 3 et 4 de la loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs, précitée. Loi n° 2005-1549 du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales, précitée. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 533 2) L’extension du champ d’application des mesures restrictives de liberté 1362. Là aussi, qu’elles soient prises pour concrétiser les objectifs de sauvegarde de l’ordre public ou de recherche des auteurs d’infractions, les mesures restrictives de libertés témoignent d’une extension de leur champ d’application, dans l’espace et dans le temps. 1363. Certains dispositifs s’appliquent dans un nombre élargi d’espaces publics. Par exemple, les officiers de police judiciaire peuvent procéder à l’inspection visuelle et à la fouille des bagages à main ainsi qu’à des palpations de sécurité, en cas de circonstances particulières liées à l’existence de menaces graves pour la sécurité publique, non seulement dans les aéroports et zones non accessibles au public en vue d’assurer la sûreté des vols 2567, dans les ports maritimes2568, mais aussi pour l’accès enceintes dans lesquelles est organisée une manifestation sportive, récréative ou culturelle rassemblant plus de 1500 spectateurs2569. 1364. L’extension des lieux où les bénéficiaires des droits-libertés, et spécialement de la liberté d’aller et venir, peuvent faire l’objet de mesures restrictives de libertés, s’observe également à propos des contrôles d’identité. La loi du 10 août 1993 relative aux contrôles et vérifications d’identité avait notamment autorisé la possibilité, « dans une zone comprise entre la frontière terrestre de la France avec les Etats parties à la convention signée à Schengen le 19 juin 1990 et une ligne tracée à vingt kilomètres en deçà et dans une zone accessibles au public des ports, aéroports et gares ferroviaires ou routières ouvertes au trafic international et désignés par arrêté », de contrôler l’identité de toute personne, en vue de vérifier le respect des obligations de détention, de port et de présentation des titres et documents d’identité2570. En revanche, dans la décision du 5 août 1993 portant sur cette loi, le Conseil constitutionnel avait censuré la possibilité de porter la limite de la zone frontalière audelà de vingt kilomètres, en l’absence de justificatifs tirés d’impératifs constants et particuliers de la sécurité publique 2571. 2567 2568 2569 2570 2571 Article 25 de la loi n° 2001-1062 du 15 novembre 2001 sur la sécurité quotidienne, précitée ; article L. 2828 du Code d’aviation civile. Article 26 de la loi n° 2001-1062 du 15 novembre 2001, précitée ; L. 325 du Code des ports maritimes. Article 96 de la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003, précitée ; Articles 3-1 et 3-2 de la loi n° 83-629 du 12 juillet 1983 réglementant les activités privées de surveillance, de gardiennage et de transports de fonds, J.O.R.F. du 13 juillet 1983, p. 2155. Article 1er de la loi n° 93-992 du 10 août 1993 relative aux contrôles et vérifications d’identité, J.O.R.F. n° 184 du 11 août 1993, p. 11303 ; Article 78-2 alinéa 8 du Code de procédure pénale. Décision n° 93-323 du 5 août 1993, précitée, cons. 16. 534 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public 1365. La loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme étend la possibilité d’effectuer de tels contrôles2572. L’alinéa 8 de l’article 78-2 du Code de procédure pénale prévoit que « lorsque le contrôle à bord d’un train effectuant une liaison internationale », le contrôle d’identité « peut être opéré sur la portion du trajet entre la frontière et le premier arrêt qui se situe au-delà des vingt kilomètres de la frontière ». Sur les portions présentant des caractéristiques particulières de desserte, le contrôle peut être opéré entre cet arrêt et un arrêt situé dans la limite des cinquante kilomètres suivants 2573, augmentant de manière significative l’étendue géographique de ce type de contrôles d’identité. 1366. Il en est de même des mesures restrictives de liberté affectant le droit au respect de la vie privée. En particulier, le champ d’application des mesures de vidéosurveillance de la voie publique, auparavant relatif à certains lieux et finalités, a été singulièrement élargi. Prévus par la loi du 21 janvier 1995 et relatifs à la « protection des bâtiments et installations publiques et leurs abords, à la sauvegarde des installations utiles à la défense nationale, à la régulation du trafic routier, à la constatation des infractions aux règles de la circulation, la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés aux risques d’agression ou de vol »2574, les systèmes de vidéosurveillance visent désormais les lieux susceptibles d’être exposés à des actes de terrorisme 2575, ainsi que les zones exposées au trafics de stupéfiants et aux fraudes douanières 2576. 1367. Dans le même ordre d’idées, les dispositifs fixes ou mobiles de contrôle automatisé des données signalétiques des véhicules prenant la photographie de leurs occupants, créés par la loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme, ont un champ d’application très large2577, puisqu’ils peuvent être mis en place par les services de police, de gendarmerie et de douanes « en tous points appropriés du territoire »2578. 2572 2573 2574 2575 2576 2577 2578 F. ROLIN et S. SLAMA, « Les libertés dans l’entonnoir de la législation anti - terroriste », op. cit., spéc. pp . 977-978. Article 3 de la loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006, précitée ; article 78-2 alinéa 8 du Code de procédure pénale. Article 10 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation et de programmation relative à la écurité, précitée. Article 1er de la loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006, précitée. Article 18 de la loi n° 2011-267 du 14 mars 2011 d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, précitée. F. ROLIN et S. SLAMA, « Les libertés dans l’entonnoir de la législation anti-terroriste », op. cit., spéc. p. 980. Article 8 de la loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006, précitée. 535 L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 1368. La création de l’incrimination, par la loi du 11 octobre 2010, selon laquelle « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage » 2579, est caractéristique de l’extension du champ d’application des limites aux droits garantis. Non seulement cette mesure restreint l’exercice de plusieurs libertés – liberté personnelle, liberté d’aller et venir, droit au respect de la vie privée et liberté de manifester ses opinions religieuses –, mais elle implique aussi une interdiction générale et absolue. En s’appliquant à l’ensemble de l’espace public, elle rompt avec l’exigence d’adaptation des mesures de police aux circonstances de temps et de lieu 2580. L’émergence de l’ordre public immatériel renouvelle ainsi la définition des mesures restrictives de liberté. 1369. Le champ d’application des mesures restrictives de liberté fait l’objet d’une extension dans l’espace mais également dans le temps. Les exceptions à la règle posée à l’article 59 du Code de procédure pénale, prohibant les perquisitions et visites domiciliaires entre vingt-etune heures et six heures, se sont multipliées. Cantonnée à quelques dispositions spéciales jusqu’au début des années 19902581, l’autorisation de procéder à de telles opérations a été étendue à la recherche des auteurs de trafic de stupéfiants 2582, d’actes de terrorisme2583 et, depuis la loi du 9 mars 2004 relative aux évolutions de la criminalité, des crimes et délits commis en bande organisée inscrits à l’article 706-73 du Code de procédure pénale 2584. 1370. Par ailleurs, la durée des mesures restrictives de liberté s’est allongée. Par exemple, le placement sous surveillance électronique mobile à titre de mesure de sûreté, qui affecte à la fois la liberté d’aller et venir et le droit au respect de la vie privée, est d’une durée de deux ans, renouvelable une fois en matière délictuelle et deux fois en matière criminelle 2585. Si, lors de la surveillance judiciaire, les obligations pouvant être mises à la charge de la personne condamnée, suite à l’exécution de la peine d’emprisonnement, sont d’une durée correspondante aux crédits de réduction de peine 2586, il en est autrement en matière de suivi socio-judiciaire. En effet, l’obligation de se soumettre à des mesures de surveillance et 2579 2580 2581 2582 2583 2584 2585 2586 Article 1er de la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010, précité. A. ROBLOT-TROIZIER, « L’ordre public dans la jurisprudence du Conseil nel », op. cit., spéc. p. 317. H. MATSOPOULO, Les enquêtes de police, op. cit., spéc. pp. 565 et s., n° 675 et s. Loi n° 92-1336 du 16 décembre 1992 relative à l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal et à la modification de certaines dispositions de droit pénal et de procédure pénale rendue nécessaire par cette entrée en vigueur, J.O.R.F. n° 0298 du 23 décembre 1992, p. 17568. Article 10 de la loi n° 96-647 du 22 juillet 1996 tendant à renforcer la répression du terrorisme et des atteintes aux personnes publique ou chargées d’une mission de service public et comportant des dispositions relatives à la police judiciaire, précitée. Article 1er de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004, précitée. Article 131-36-12 du Code pénal, et sur l’ensemble du dispositif : articles 131-36-9 et suivants du Code. Articles 723-29 et suivants du Code de procédure pénale. 536 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public d’assistance destinées à prévenir la récidive peuvent être mises en œuvre pour une durée de dix ans en cas de condamnation pour délit, vingt ans en cas de condamnation pour crime et sans limitation de durée s’il s’agit d’un crime puni de la réclusion criminelle à perpétuité 2587. 1371. L’allongement dans le temps de l’application des mesures restrictives de libertés se constate également à propos de la durée de conservation des informations nominatives au sein des fichiers de police judiciaire. Plusieurs traitements de données nominatives en témoignent. La durée de l’inscription au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles est en principe de trente ans s’il s’agit d’un crime ou d’un délit puni de dix ans d’emprisonnement et de vingt ans dans les autres cas 2588. 1372. Quant aux empreintes des personnes répertoriées dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques, elles sont conservées tant qu’elles sont nécessaires à la finalité du fichier, et peuvent être retirées et effacées sur instruction du procureur de la République 2589. La durée maximale de la conservation des données personnelles appartient au pouvoir réglementaire, « compte tenu de l’objet du fichier, de la nature et la gravité des infractions concernées »2590. La durée de ces mesures affectant le droit au respect de la vie privée est donc directement fonction des exigences de l’ordre public, appréciée par l’autorité judiciaire et non prédéterminée par le législateur 2591. 1373. Tant les motifs que le champ d’application géographique et temporel des mesures restrictives de liberté révèlent la redéfinition dont elles font l’objet en droit positif, pour répondre aux exigences renouvelées de l’ordre public. Ces mesures ne visent pas davantage de droits-libertés, mais illustrent l’extension de leur degré de contrainte. Particulièrement significative du processus de redéfinition de la mise en œuvre des droits fondamentaux constitutionnels, cette expansion s’analyse aussi à propos des mesures privatives de liberté. 2587 2588 2589 2590 2591 Articles 131-36-1 et suivants du Code pénal. Article 706-53-4 du Code de procédure pénale. Articles 706-54 et suivants du Code de procédure pénale. Décision n° 2010-25 Q.P.C. du 16 septembre 2010, précitée, cons. 18. Voir notamment, les articles 21 à 25 de la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003, précitée, relatifs aux traitements automatisés de données nominatives mis en œuvre par les services de la police nationale et de la gendarmerie nationale dans le cadre de leurs missions. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 537 b) redéfinition des mesures privatives de liberté 1374. La redéfinition des mesures privatives de liberté se manifeste à la fois par l’élargissement des motifs justifiant leur mise en œuvre (1) et par l’allongement de la durée de leur application (2). 1) L’élargissement des motifs des mesures privatives de liberté 1375. La redéfinition des mesures privatives de liberté résulte, en premier lieu, des modifications apportées aux motifs justifiant leur mise en œuvre. Que ce soit pour concrétiser l’objectif de sauvegarde de l’ordre public ou de recherche des auteurs d’infractions, le législateur augmente les possibilités de recours aux mesures privatives de libertés. Ainsi, le placement en garde à vue était subordonné, jusqu’à la loi du 4 mars 2002 relative à la protection de la présomption d’innocence et des droits des victimes, à l’existence « d’indices faisant présumer » que les personnes ont commis ou tenté de commettre une infraction. Ce motif a été remplacé par une notion plus souple 2592. Seule « une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner » que la personne a commis ou tenté de commettre une infraction peut désormais conduire à un placement en garde à vue2593, ce qui accroit ipso facto le recours à cette mesure privative de liberté. 1376. De même, la loi du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice assouplit les conditions de placement et de maintien en détention provisoire. Auparavant, le Code pénal établissait une distinction en la matière entre les délits d’atteinte aux biens et les autres délits. Pour les premiers, la détention provisoire était possible sans conditions lorsque la peine encourue était inférieure ou égale à cinq ans, et sous des conditions précises lorsque la peine encourue était entre trois et cinq ans 2594. Pour les autres délits, la détention provisoire était possible dès lors que la peine encourue était supérieure ou égale à trois ans. 2592 2593 2594 T. RENOUX, « Lutte contre le terrorisme et protection des droits fondamentaux, Rapport français », op. cit., spéc. p. 219 ; C. LAZERGES, « La dérive de la procédure pénale », op. cit., p. 647 ; J. CANTEGREIL, Lutte antiterroriste et droits fondamentaux. France, Etats-Unis, Allemagne, op. cit., p. 266. Article 2 de la loi n° 2002-307 du 4 mars 2002 complétant la loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes, précitée. Lorsque la peine encourue était supérieure ou égale à trois ans et inférieure à cinq ans, la détention provisoire était possible si des poursuites, pour un délit puni d’une peine supérieure ou égale à deux ans, étaient en cours ou s’étaient terminées par une des mesures prévues aux articles 41-1 et 41-2 du Code de procédure pénale dans les six mois ou si le mis en examen avait déjà été condamné à une peine d’emprisonnement supérieure ou égale à un an sans sursis. 538 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public 1377. L’article 37 de la loi fixe désormais à trois ans, quels que soient la nature de l’infraction et l’état de récidive, le quantum de la peine correctionnelle encourue à partir duquel la détention provisoire est possible. De plus, elle peut être prolongée lorsqu’il est nécessaire de mettre fin à un « trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public », y compris lorsque la peine encourue est inférieure à dix ans. 1378. En matières correctionnelle et criminelle et à titre exceptionnel, l’article 37 prévoit que la prolongation de la détention provisoire par la chambre de l’instruction au-delà des durées maximales fixées par les article 145-1 et 145-2 du Code de procédure pénale, « lorsque les investigations du juge d’instruction doivent être poursuivies et que la mise en liberté de la personne mise en examen causerait à la sécurité des personnes et des biens un risque d’une particulière gravité »2595. En abaissant les seuils permettant le placement en détention provisoire et en modifiant les conditions de sa prolongation, le législateur accroit les motifs justifiant le recours à cette mesure privative de liberté. 1379. Cette expansion des motifs se mesure également en matière de rétention administrative. Jusqu’à la loi du 20 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, la prolongation de cette mesure était subordonnée à des circonstances exceptionnelles, tenant à une urgence absolue et une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public 2596. L’article 49 de cette loi ajoute un motif supplémentaire, « extérieur » à la situation de l’intéressé 2597. Le placement en rétention administrative peut être prolongé lorsque « l’impossibilité d’exécuter la mesure d’éloignement résulte de la perte ou de la destruction des documents de voyage de l’intéressé, de la dissimulation par celui-ci de son identité ou de l’obstruction volontaire faite à son éloignement »2598. 1380. Il en est de même à propos des zones d’attente. Depuis la loi du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, le maintien de l’étranger peut être prononcé par le juge des libertés et de la détention, non plus seulement à titre exceptionnel, mais aussi « en cas de 2595 2596 2597 2598 Article 37 de la loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice, précitée ; Décision n° 2002-461 D.C. du 29 août 2002, précitée, cons. 63-68. G. ARMAND, « Que reste-t-il de la protection constitutionnelle de la liberté individuelle? », op. cit., spéc. pp. 52-53. Décision n° 2003-484 D.C. du 20 novembre 2003, précitée, cons. 68. Article 49 de la loi n° 2003-1119 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité, précitée ; Décision n° 2003-484 D.C. du 20 novembre 2003, précitée, cons. 68-71. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 539 volonté délibérée de l’étranger de faire échec à son départ »2599. De cette manière, le législateur ajoute des motifs justifiant l’allongement de la durée de ces mesures. 1381. En second lieu, la redéfinition des mesures privatives de libertés se traduit par un renouvellement profond de leurs motifs, renouvellement auquel la loi du 25 février 2008 relative à la rétention de sûreté a largement participé. Celle-ci « marque incontestablement une rupture dans la conception des mesures privatives de liberté » 2600. La rétention de sûreté permet de maintenir en détention des condamnés ayant purgé leur peine en raison de leur dangerosité, c'est- à-dire de détacher cette dernière de la culpabilité2601. 1382. Si la rétention de sûreté altère les modalités d’aménagement de la liberté individuelle stricto sensu, en conditionnant la remise en liberté de la personne à la décision de la juridiction régionale de sûreté fondée sur sa dangerosité, elle en modifie également la mise en œuvre. Les mesures privatives de liberté, en droit pénal français, ne sont plus seulement en lien avec la culpabilité et la responsabilité pénale, mais aussi avec la dangerosité criminologique de l’individu. Qui plus est, ce motif justifie une mesure privative de liberté à durée indéterminée, puisque son prolongement est directement fonction de l’état dangereux de l’individu2602. La rétention de sûreté élargit donc l’objet des mesures privatives de liberté en droit positif et accroit, dans le même temps, leur degré de contrainte. Cela se mesure à plus forte raison à travers l’allongement de la durée légale des mesures privatives de liberté. 2) L’augmentation de la durée des mesures privatives de liberté 1383. Nonobstant l’exigence d’ordre public poursuivie, la majorité des mesures privatives de liberté prévues en droit positif ont été étendues dans leur durée par le législateur. Cela se constate au sujet des mesures intervenant au cours de l’enquête de police. A ce titre, la durée maximale de la garde à vue a été allongée depuis la loi du 9 mars 2004 relative aux évolutions de la criminalité. En vertu de l’article 63 du Code de procédure pénale, celle-ci ne peut excéder vingt-quatre heures et ne peut être prolongée d’un nouveau délai de vingt-quatre heures que lorsque les nécessités de l’enquête l’exigent. Néanmoins, depuis 2004, cette 2599 2600 2601 2602 Article 26 de la loi n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile, J.O.R.F. n° 270 du 21 novembre 2007, p. 18993 ; article 222-2 alinéa 1 du C.E.S.E.D.A .. O. BEAUD et P. WACHSMANN, « Ouverture. Le Conseil constitutionnel, gardien des libertés publiques? », op. cit., spéc. p. 9. M. DELMAS-MARTY, Libertés et sûreté dans un monde dangereux, op. cit., p. 42. Article 706-53-16 du Code de procédure pénale. 540 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public mesure de contrainte peut faire l’objet de deux prolongations supplémentaires de vingt-quatre heures chacune lorsque les infractions en cause sont celles énumérées à l’article 706-73 du Code de procédure pénale, relatives à la délinquance et la criminalité organisées 2603. La durée maximale de la garde à vue est ainsi portée à quatre-vingt seize heures en la matière. 1384. La loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme prévoit quant à elle que le juge des libertés et de la détention peut, « s’il existe un risque sérieux de l’imminence d’une action terroriste » et à titre exceptionnel, décider que la garde à vue fasse l’objet d’une prolongation supplémentaire de vingt-quatre heures, renouvelable une fois pour les infractions de terrorisme visées aux articles 421-1 à 421-6 du code pénal 2604. La durée totale du maintien en garde à vue s’étend à six jours pour ces infractions. Contrairement à ce qu’il a pu être analysé à propos des mesures restrictives de libertés, la durée et le degré de contrainte des mesures privatives de liberté sont gradués en fonction de la gravité et la complexité des infractions2605 et à l’imminence d’une menace terroriste « précisément identifiée »2606. 1385. De même, la mesure de détention provisoire a été prolongée dans sa durée. La loi du 29 août 2002 d’orientation et de programmation pour la justice autorise la chambre de l’instruction, saisie par ordonnance du juge des libertés et de la détention, à prolonger de quatre mois, renouvelable une fois, le maintien en détention provisoire en matière correctionnelle et criminelle. Ce prolongement intervient « lorsque des investigations du juge d’instruction doivent être poursuivies et que la mise en liberté causerait pour la sécurité des personnes et des biens un risque d’une particulière gravité »2607. Au total, la durée maximale en matière correctionnelle peut atteindre deux ans et huit mois pour des crimes et délits 2603 2604 2605 2606 2607 Article 706-88 du Code de procédure pénale ; article 1er de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, précité . Alinéas 7 à 10 de l’article 706-88 du code de procédure pénale, introduit par l’article 17 de la loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006, précitée. Décision n° 2004-492 D.C. du 2 mars 2004, précitée, cons. 25. Décision n° 2010-31 Q.P.C. du 22 septembre 2010, précitée, cons. 5. Article 37 de la loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice, précitée. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 541 spécifiques2608 et, en matière criminelle, deux à quatre ans et huit mois selon le quantum de la peine encourue2609. 1386. Par ailleurs, l’allongement de la durée des mesures privatives de liberté concerne celles spécifiques aux étrangers, telles que la rétention administrative. D’une durée maximale de trente-deux jours à l’issue de la loi du 20 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration2610, elle est portée à quarante-cinq jours par la loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration et à l’intégration 2611. L’étranger peut faire l’objet d’un placement en rétention par le préfet pendant cinq jours, pouvant être prolongé pour une durée de vingt jours, renouvelable une fois, par le juge judiciaire. Pourtant, dans les faits, « la durée "utile", c'est-àdire nécessaire, au-delà de laquelle l’exécution de la mesure d’éloignement devient hypothétique, se situe dans une fourchette entre dix et quinze jours »2612. 1387. L’allongement de la durée de la rétention est également fonction de la gravité du comportement de l’étranger. Il vise les cas dans lesquels l’étranger a été condamné à une peine d’interdiction du territoire pour des actes de terrorisme prévus par le titre II du livre IV du Code pénal, ou une mesure d’expulsion a été prononcée à son encontre, pour un comportement lié à des activités à caractère terroriste pénalement constatées. Dans ces hypothèses, le juge peut, s’il existe une perspective raisonnable d’exécution de la mesure d’éloignement et si aucune décision d’assignation à résidence ne permet un contrôle suffisant, 2608 2609 2610 2611 2612 Lorsque l’un des faits constitutifs de l’infraction a été commis hors du territoire national ou lorsque la personne est poursuivie pour trafic de stupéfiants, terrorisme, association de malfaiteurs, proxénétisme, extorsion de fonds ou pour une infraction commise en bande organisée et qu’elle encourt une peine égale à dix ans d’emprisonnement. La durée maximale de la détention provisoire est de deux ans si la peine encourue est inférieure à vingt ans de réclusion criminelle ou de détention criminelle ; trois ans, si la peine encourue est inférieure à vingt ans et que l’un des faits a été commis en dehors du territoire français ou si la peine encourue est supérieure ou égale à vingt ans ; quatre ans, si la peine encourue est inférieure à vingt ans, lors de poursuites engagées pour plusieurs crimes contres les personnes ou contre la Nation, l’État, la Paix publique (Livre II et IV du Code pénal), crime de trafic de stupéfiants, de terrorisme, de proxénétisme, d’extorsion de fonds ou crime commis en bande organisée. Article 49 de la loi n° 2003-1119 du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité, précitée. Article 56 de la loi n° 2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité, J.O.R.F. n° 0139 du 17 juin 2011, p. 10290 ; article L. 552-7 du C.E.S.E.D.A. O. LECUCQ, « L’éloignement des étrangers sous l’empire de la loi du 16 juin 2011 », op. cit., p. 1942. 542 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public ordonner la prolongation de la rétention pour un mois, renouvelable. La durée maximale de la rétention peut alors atteindre six mois2613. 1388. L’allongement de la durée des mesures privatives de liberté vise, enfin, les peines d’emprisonnement. Les lois du 9 septembre 20022614, du 9 mars 20042615 et du 23 janvier 20062616, respectivement relatives à l’orientation et la programmation pour la justice, à l’adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité et à la lutte contre le terrorisme, ont étendu les peines d’emprisonnement encourues pour les actes de terrorisme, réprimés aux articles 421 et suivants du Code pénal 2617. Le législateur a aussi accru la durée des peines d’emprisonnement encourues pour un nombre déterminé d’infractions, lorsque celles-ci sont commises en bande organisée 2618. L’instauration par la loi du 5 mars 2007 de seuils minimums d’emprisonnement pour les délits punis de trois ans d’emprisonnement, les crimes punis de quinze ans de réclusion ou détention criminelle et des faits particulièrement graves commis une nouvelle fois en état de récidive légale, augmente, là , la durée légale des peines d’emprisonnement 2619. 1389. La durée des mesures privatives de liberté est significative de la redéfinition de la mise en œuvre de la liberté individuelle par le législateur, afin de concrétiser les exigences renouvelées de l’ordre public. La mise en place de la rétention de sûreté nourrit d’autant plus ce processus que sa durée n’est pas prédéfinie et peut donc être infinie 2620. Tant la liberté d’aller et venir, le droit au respect de la vie privée, l’inviolabilité du domicile que la liberté individuelle sont progressivement redéfinis dans leur mise en œuvre, à travers les modalités de limitation dont ces droits-libertés font l’objet. Les droits-garanties sont également redéfinis dans leur mise en œuvre, mais différemment. 2613 2614 2615 2616 2617 2618 2619 2620 Article L. 552-7 alinéa 4 du C.E.S.E.D.A.. De même, le législateur a allongé la durée de maintien en zone d’attente des étrangers qui arrivent sur le territoire. La durée initiale de quatre jours peut être prolongée de huit jours, qui elle-même peut être prolongée de nouveau de huit jours suite à la loi du 20 novembre 2007 : Articles 25 et 26 de la loi n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile, précitée ; articles L. 221-3, L. 222-1 et L. 222-2 du C.E.S.E.D.A.. Sur ce point, O. LECUCQ, « La loi du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile, et sa constitutionnalité », A.J.D.A., 28 janvier 2008, pp. 141-149, spéc. p. 149. Article 46 de la loi n° -1138 du 9 septembre 2002, précitée. Article 6 de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004, précitée. Article 11 de la loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006, précitée. Supra, n° 498 et s. Article 6 de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004, précitée. Articles 1 et 2 de la loi n° 2007-1198 du 10 août 2007 renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs, précitée. Article 706-53-16 du Code de procédure pénale. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 543 B) Les modalités de limitation des droits-garanties 1390. Les droits-garanties constituent des « garanties pour l’individu qui en bénéficie, soit de manière générale, soit de manière spécifique en matière répressive »2621. Ils donnent à l’individu « l’assurance qu’il pourra faire valoir les autres droits dans les meilleurs conditions et que le droit lui sera appliqué de façon juste, régulière et non arbitraire »2622. Leur mise en œuvre s’envisage différemment de celle des droits-libertés. L’analyse du droit positif montre que la limitation des droits-garanties se traduit soit, par des exceptions apportées à leur exercice (a), soit, par le report de leur exercice (b). La conciliation entre ces droits et les exigences de l’ordre public conduit justement le législateur à accentuer ces deux modalités. a) Les exceptions à l’exercice des droits-garanties 1391. La limitation des droits-garanties se traduit par la détermination d’exceptions à leur exercice. Le législateur prévoit, dans des cas prédéfinis, que l’exercice de telles ou telles prérogatives fondamentales sera restreint. Le bénéficiaire ne pourra invoquer le droit-garantie que dans des conditions réduites par rapport à ce qui prévaut en droit commun, ou ce qui était prévu, antérieurement, en droit positif. 1392. La mise en œuvre du droit à l’individualisation des peines constitue un premier exemple de cette modalité de limitation des droits-garanties. Rattaché à l’article 8 de la Déclaration de 1789 2623, il implique qu’une peine ne peut être appliquée que si le juge l’a expressément prononcée, en tenant compte des circonstances propres de chaque espèce 2624. La portée de ce droit étant redéfinie par le Conseil constitutionnel, l’individualisation des peines tient désormais à ce que le prononcé de la peine ne revêt pas un caractère purement automatique, et que le juge n’est pas privé du pouvoir de l’individualiser 2625. Compte tenu de cette redéfinition, le législateur a pu prévoir des exceptions au pouvoir du juge de moduler le traitement pénal du condamné. 1393. La loi du 5 mars 2007 renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs révèle les exceptions apportées à l’exercice de ce droit. Ses deux premiers articles insèrent les 2621 2622 2623 2624 2625 L. FAVOREU et autres, Droit des libertés fondamentales, op. cit., p. 376. Ibidem. Décision n° 2005-520 D.C. du 22 juillet 2005, précitée, cons. 3. Pour ne reprendre qu’un exemple : décision n° 2010-40 Q.P.C. du 29 septembre 2010, précitée, cons. 3. Sur cette redéfinition : supra, n° 1159 et s. 544 La limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public articles 132-18-1 et 132-19-1 dans le Code pénal, relatifs aux peines minimales de privation de liberté pour les crimes et délits commis en état de récidive légale 2626. La loi impose une durée de peine d ’ em prisonnement dans ces cas précis et réduit par là même le pouvoir du juge d’individualiser la sanction . L’exercice du droit-garantie tient seulement à la faculté pour le juge, « en considération des circonstances de l’infraction, de la personnalité de son auteur ou des garanties d’insertion ou de réinsertion présentées par celui-ci », de prononcer une peine inférieure à ces seuils et, en matière délictuelle, une pe ine autre que l’emprisonnement 2627. 1394 . Surtout, l’article 132-18-1 alinéa 7 du Code pénal dispose que, « lorsqu’un crime est commis une nouvelle fois en état de récidive légale, la juridiction ne peut prononcer une peine inférieure aux seuils fixés que si l’accusé présente des garanties exceptionnelles d’insertion ou de réinsertion »2628. Pour un nombre déterminé d’infractions commises une nouvelle fois en état de récidive légale2629, les alinéas 7 à 12 de l’article 132-19-1 prévoient que la juridiction ne peut prononcer une peine autre que l’emprisonnement ou une peine inférieure aux seuils fixés « que si le prévenu présente de telles garanties »2630 et à l’appui d’une décision spécialement motivée. 1395. Ces dispositions illustrent l’impact de la redéfinition de la portée de l’individualisation des peines sur sa mise en œuvre en droit positif. Compte tenu de sa signification dans la jurisprudence constitutionnelle, le législateur multiplie les exceptions à l’exercice de ce droit, de sorte que le pouvoir de moduler la peine selon les circonstances de l’espèce devient luimême l’exception2631. En déterminant étroitement les conditions dans lesquelles le juge peut individualiser la sanction pénale, le législateur redéfinit la mise en œuvre de ce droit-garantie de manière restrictive. L’individualisation des peines est donc strictement encadrée, pour un nombre croissant d’infractions. 1396. La multiplication des exceptions apportées à l’exercice des droits-garanties se mesure également en matière de droits de la défense. Traditionnellement, ces derniers se définissent 2626 2627 2628 2629 2630 2631 En vertu de l’article 132-18-1, la peine minimale d’emprisonnement, de réclusion ou de détention est fixée à 5, 7 ou 10 ans si le crime est respectivement puni d’une peine de réclusion ou de détention d’une durée de 15, 20 ou 30 ans. Celle-ci est fixée à 15 ans si le crime est puni d’une peine de réclusion ou de détention à perpétuité. En outre, l’article 132-19-1 prévoit, pour les délits, une peine minimale d’emprisonnement fixée à 1, 2, 3 ou 4 ans si le délit est respectivement puni de 3, 5, 7 ou 10 ans d’emprisonnement. Décision n° 2007-554 du 9 août 2007, précitée, cons. 2. Souligné par nous. Délit de violence volontaire, délit commis avec la circonstance aggravante de violences, délit d’agression ou d’atteinte sexuelle ou délit puni de 10 ans d’emprisonnement. Souligné nous. C. LAZERGES, « Le rôle du Conseil constitutionnel en matière de politique criminelle », op. cit., spéc. p. 36. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 545 comme l’ensemble des garanties dont le plaideur dispose afin de défendre ses intérêts en justice2632. Yannick Capdepon affine cette définition et distingue le « principe de défense » et les « droits de la défense »2633. Le premier désigne « la norme qui, élément à part entière du droit positif, impose que toute personne soumise à un pouvoir décisionnel unilatéral soit en mesure de soutenir ou de contester la prétention qui en est l’objet ». Les seconds sont définis comme « l’ensemble des garanties de procédure qui permettent aux plaideurs d’être en mesure de soutenir ou de contester une prétention faisant l’objet d’un pouvoir décisionnel unilatéral »2634. 1397. Parmi ces garanties de défense, figure celle d’être assisté par un avocat, c’est-à-dire le pouvoir de faire effectivement appel à l’aide d’un avocat afin de se défendre en justice 2635. Rattachés à l’article 16 de la Déclaration de 1789, les droits de la défense impliquent de manière constante, dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel, le droit de la personne gardée à vue à s’entretenir avec un avocat au cours de celle-ci2636. 1398. La mise en œuvre de ce droit emporte des exceptions croissantes à son exercice. S’il résultait de l’article 3, I de la loi du 24 août 1993 portant réforme du Code de procédure pénale que la personne ne pouvait demander à s’entretenir avec un avocat que vingt heures après le début de la garde à vue 2637, la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes prévoit que cette garantie peut être sollicitée dès le début de la garde à vue 2638. La première exception à cette garantie relève de la loi du 24 août 1993. Le délai est porté à trente-six heures, lorsque l’enquête a pour objet la participation à une association de malfaiteurs, les infractions de proxénétisme aggravé ou d’extorsion de fonds ou une infraction commise en bande organisée 2639. 1399. La loi du 1er février 1994 relative au nouveau Code pénal et certaines dispositions du Code de procédure pénale ajoute une seconde exception. L’intervention de l’avocat est différée à la soixante-douzième heure lorsque la garde à vue est soumise à des règles 2632 2633 2634 2635 2636 2637 2638 2639 Y. CAPDEPON, Essai d’une théorie générale des droits de la défense, Dalloz, coll. Nouvelle Bibliothèque de thèses, Paris, 2013, p. 449. Idem, pp. 33 et s. Idem, spéc. p. 456. Idem, pp. 143 et s. Décision n° 93-326 D.C. du 11 août 1993, précitée, cons. 12 ; Décision n° 94-334 D.C. du 20 janvier 1994, précitée, cons. 18 ; Décision n° 2004-492 D.C. du 2 mars 2004, précitée, cons. 31. Loi n° 93- du 24 août 1993 modifiant la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 portant réforme de la procédure pénale, J.O . R.F. n° 0196 du 25 août 1993, p. 11991. Article 11 de la loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes, J.O.R.F. n° 157 du 8 juillet 2000, p. 10323. Article 3, IV de la loi précitée. 546 La limit ation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public particulières de prolongation, ce qui est le cas pour les infractions en matière de stupéfiants et de terrorisme 2640. 1400. La loi du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité élargit ces exceptions. D’une part, lorsque la garde à vue porte sur une infraction mentionnée aux 4°, 6°, 7°, 8° et 15° de l’article 706-73 du Code de procédure pénale relatif à la criminalité et la délinquance organisées, l’entretien avec un avocat ne peut intervenir qu’à l’issue d’un délai de quarante-huit heures. D’autre part, pour les infractions mentionnées aux 3° et 11° de cet article, l’entretien ne peut avoir lieu qu’à l’issue d’un délai de soixante-douze heures2641. 1401. La loi du 14 avril 2011 relative à la garde à vue maintient la seconde exception et étend la première. En effet, le nouvel article 706-88 du même code dispose que « par dérogation aux dispositions des articles 63-4 à 63-4-2, l’intervention de l’avocat peut être différée « pour une infraction entrant dans le champ d’application de l’article 706-73, en considération de raisons impérieuses tenant aux circonstances particulières de l’enquête ou de l’instruction, soit pour permettre le recueil ou la conservation des preuves, soit pour prévenir une atteinte aux personnes », pour une durée maximale de quarante-huit heures2642. Si cette loi encadre davantage cette exception, elle en élargit moins le champ d’application, puisque sont désormais visées toutes les infractions mentionnées à l’article 706-73 du Code de procédure pénale. 1402. L’article 8 de cette loi prévoit aussi qu’à titre exceptionnel, le procureur de la République ou le juge des libertés et de la détention peut autoriser le report de présence de l’avocat lors des auditions ou confrontations, si cette mesure « apparaît indispensable pour des raisons impérieuses tenant aux circonstances particulières de l’enquête, soit pour permettre le bon déroulement d’investigations urgentes tendant au recueil ou à la conservation des preuves, soit pour prévenir une atteinte imminente aux personnes ». La présence de l’avocat est différée pendant une durée maximale de douze heures ou, lorsque la peine encourue est supérieure ou égale à cinq ans, jusqu’à la vingt-quatrième heure2643. 2640 2641 2642 2643 Article 18 de la loi n° 94-89 du 1er février 1994 instituant une peine incompressible et relative au nouveau Code pénal et à certaines dispositions de procédure pénale, J.O.R.F. n° 27 du 2 février 1994, p. 1803. Article 14, I de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004, précitée. Article 16 de la loi n° 2011-392 du 14 avril 2011 relative à la garde à vue, précitée ; article 706-88, alinéa 6 du Code de procédure pénale (souligné par nous). Article 8 de la loi n° 2011-392 du 14 avril 2011 relative à la garde à vue, précitée ; article 63-4-2, alinéas 4 et 5 du Code de procédure pénale. L’ordre public et la redéfinition des droits fondamentaux par les limites 1403. 547 La mise en œuvre de ce droit-garantie révèle la multiplication des exceptions qui lui sont apportées en droit positif. La concrétisation d’exigences spécifiques de l’ordre public et, plus généralement, la redéfinition de la portée constitutionnelle des droits-garanties issue de leur conciliation avec les exigences de l’ordre public, conduisent le législateur à définir restrictivement leur mise en œuvre. Par ailleurs, les exceptions apportées aux droits-garanties peuvent se traduire par le report de la possibilité de les invoquer. Il s’agit de la seconde technique mobilisée par le législateur pour restreindre l’exercice des droits-garanties. b) Le report de l’exercice des droits-garanties 1404. La seconde modalité de limitation des droits-garanties consiste pour le législateur à reporter, c'est-à-dire à différer le moment où les bénéficiaires de ces droits peuvent les invoquer. Deux hypothèses peuvent être envisagées. 1405. En premier lieu, l’exercice des droits-garanties peut être reporté dans des cas précis, c'est-à-dire par exception au droit commun. Il s’agit de l’hypothèse précédemment analysée de la mise en œuvre du droit à être assisté par un avocat au cours de l’enquête de procédure pénale, et notamment de la garde à vue. Les exceptions à la possibilité de bénéficier de cette garantie dès le début de la mesure se matérialisent par le report, pour des finalités et infractions déterminées, de la présence de l’avocat auprès de la personne gardée à vue. 1406.
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Pétrographie et géochimie comparées des pellets phosphatés et de leur gangue dans le gisement phosphaté de Ras-Draâ (Tunisie). Implications sur la genèse des pellets phosphatés. Swiss Journal of Geoscience, 2010, 103 (3), pp.457-473. &#x27E8;10.1007/s00015-010-0029-x&#x27E9;. &#x27E8;insu-00520598&#x27E9;
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4.4. Implications paléogéographiques et paléo-écologiques de la sédimentation des phosphates en grains − Paléogéographie de "la mer des phosphates" Les séries phosphatées tunisiennes appartiennent au type "transgressif", sur une plateforme épicontinentale (Sassi 1974; Föllmi 1996). Le bassin phosphaté de Gafsa-Métlaoui est localisé, à l’Yprésien, entre le môle de Kasserine et le craton méridional (ou plate-forme saharienne). Il est relié, à son extrémité orientale, à la mer ouverte (Téthys) par le détroit de Shemsi qui constituait une vanne régulatrice de l’alimentation du bassin et donc de la dynamique sédimentaire. Les fonds les plus importants de la mer yprésienne ont été localisés au Nord-Nord Ouest de la Tunisie. L’origine des eaux ayant alimenté en phosphate celles de la plateforme est recherchée dans cette mer profonde. Le caractère séquentiel de la sédimentation au sein de la série phosphatée suppose que les apports de ces eaux marines aient été, eux-mêmes, périodiques, contrôlés par des variations climatiques. Sheldon (1981) et Soudry et al. (2006) ont proposé que les courants engendrés périodiquement, au nord et le long de la plateforme tunisienne, au Paléocène-Eocène ont permis le fonctionnement d’upwellings ayant activé le transfert des éléments biogènes, notamment le P, dans une tranche d’eau de quelques centaines de mètres d’épaisseur (< 300 m), au droit et au profit de la plateforme. Ces courants d’upwelling, alimentant les zones superficielles en constituants nutritifs, ont conduit à une forte productivité primaire et à l’augmentation du flux du C organique atteignant les fonds marins (Belayouni 1983; Föllmi 1996). Le régime d’upwelling est favorable à la prolifération de poissons et de nombreux organismes marins essentiellement planctoniques. L’environnement de dépôt durant la phosphatogenèse était celui d’une plate forme continentale dont le climat était aride, comme il est fréquent en présence de courants d’upwelling. − Paléoécologie de "la mer des phosphates" - 19 Le développement de la sédimentation phosphatée dans le bassin sud-tunisien, coïncide avec un accroissement de l’aridité du climat, une augmentation progressive de l’isolement du bassin et la prolifération d’un phytoplancton dans lequel dominent les dinoflagellés. Il s’agit d’un milieu marin, très peu influencé par les apports continentaux, malgré la proximité de la plate-forme saharienne émergée et de l’île de Kasserine. Le climat est aride, c'est-à-dire chaud et sec, comme en témoigne la présence d’évaporites et de faibles proportions de pollens en préparations palynologiques (Fournié 1980). Plusieurs restes de vertébrés, découverts dans les dépôts phosphatés du bassin de Gafsa-Métlaoui, indiquent des conditions marines de faible profondeur, en accord avec les données sédimentologiques. L’essentiel de ces restes, représenté par des dents, des épines, des écailleset des opercules, indique la présence de squales, de raies, des sparidés (Arambourg 1952, Noubhani et Cappetta 1997). D’après Arambourg (1952), la faune yprésienne, dans le bassin de Gafsa-Métlaoui, est dominée par des poissons marins tels quedes requins (Odontaspis macrota premut. striata ; Odontaspis robusta var. africana ; Odontaspis substriata atlasi ; Odontaspis winkleri ; Lamna obliqua ; Lamna gafsana ; Ginglymostoma maghrebianum ; Ginglymostoma blanckenhorni ; Squatirhina dartevellei ; Squatirhina numidica ; Squatina prima ; Scyliorhinus subulidens ; Scyliorhinus beaugei ; Galeorhinus minor ; Physodon tertius), des raies (Eotorpedo hilgendorfi ; Rhinoptera daviesi ; Myliobatis dixoni ; Myliobatis striasus), des téléostéens (Phyllodus toliapicus ; Eutrichiurides goberti; Trichiurus oshoshunensis). De même, les phosphates ont livré d’autres restes fossiles de reptiles marins tels que des serpents (Paleophis maghrebianus Aramb.) et des crocodiles (Dyrosaurus phosphaticus Thom. et Crocodylus aff. spenceri Owen), de chéloniens. Certains éléments fauniques tels que les foraminifères et les sélaciens témoignent de milieux franchement marins. D'autres restes fossiles de requins et de raies, par exemple, indiquent une mer épicontinentale. Au total, l’environnement de dépôt des phosphates yprésiens, est donc marin, peu profond, côtier et chaud. 4.5. Synthèse et comparaison avec d’autres gisements tunisiens et mondiaux L’origine et le mode de dépôt des phosphates sédimentaires relèvent de phénomènes complexes en partie mal connus. Parmi les travaux consacrés à l’étude des gisements phosphatés tunisiens, beaucoup l’ont été dans des gisements du bassin de Gafsa-Métlaoui (Sassi 1974, 1980; Belayouni 1983; Belayouni et Trichet 1983, 1984), du bassin de Sra-Ouertane (Zaier 1984), et du bassin de Meknassy-Mazzouna (Béji-Sassi 1984). Le faciès de "phosphates en grains" a été reconnu - 20 dans l'ensemble de ces dépôts, ainsi que les conditions diagénétiques anoxiques associées à la phosphatogenèse au sein de ces grains. Des résultats semblables ont été obtenus, dans d’autres gisements de phosphates sédimentaires, du sud de la Méditerranée (au Maroc, Rachidi 1983; Meunier-Christman 1988; Benalioualhaj 1989; en Israël, Amit et Bein 1982; Bein et Amit 1982; Nathan 1990), en Floride (Riggs 1979), ou en Australie (Sandstrom 1982, 1986). Mais même si la pétrographie en grains arrondis est reconnue dan tous ces gisements, le mécanisme de leur genèse est encore controversé. Une origine authigénique ou autochtone des pellets phosphatés s’est fondée sur des arguments sédimentologiques et biogéochimiques tels que la présence, au sein des grains de restes de constituants de la matrice, par exemple de restes de cyanobactéries (Riggs 1979; Soudry et Nathan 1980; Lamboy 1982; Soudry et Champetier 1983; Lamboy 1987, a, b; Lewy 1990; Soudry 1993). Mais de nouvelles données viennent plaider en faveur d’une origine allochtone pour les éléments phosphatés de certains gisements, à tout le moins. Telle est la thèse défendue dans cet article. Nous suggérons que les éléments à l'origine des pellets arrondis sont, pour l’essentiel, des éléments fécaux au sein desquels la diagenèse a vu l'évolution conjointe de solutions de phosphate de calcium vers des cristaux d'hydroxyapatite bien cristallisés et de matière organique d'origine planctonique (lignée II des pétroliers) vers des composés humiques. L'évolution de ces derniers a été limitée, au sein des pellets, par l'absence d'oxygène réactif dans des conditions fortement réductrices au sein des pellets. 5. Conclusion La comparaison des compositions pétrographiques, minéralogiques et géochimiques des phases – pellets phosphatés, matrices des pellets et sédiments de strates intercalaires – constituant les deux types de strates,les unes phosphatées ("fertiles") les autres non ou peu phosphatées ("stériles"), du gisement de Ras-Draâ montre une très grande similitude entre les sédiments dans les deux types de strates (matrices des pellets et sédiments des strates intercalaires) mais une différence catégorique entre les pellets et ces sédiments. Les sédiments sont essentiellement argilocarbonatés, souvent dolomitiques et siliceux (opale). Ils sont fossilifères et contiennent tant des macro-fossiles (dents de poissons, débris osseux) que des micro-fossiles (foraminifères, dinoflagellés). Les pellets sont restés des petits corps, fermés dès leur formation dans l’intestin de poissons leur ayant donné naissance. Ils ont alors hérité (1) d’importantes quantités de P et de Ca provenant d’une alimentation du poisson excédentaire en ces éléments (2) de quantités également substantielles de matière organique, d’origine phytoplanctonique. La décomposition microbienne - 21 de cette matière organique, au sein des fèces puis des pellets, transforme celle-ci en composés humiques dont l’évolution cessera précocement au sein du milieu anoxique que constitue le pellet. Les composés humiques peuvent donc être considérés comme des fossiles géochimiques, d’âge yprésien (3) la présence de microfossiles, comme des dinoflagellés, ou d’éléments de plus grande taille (fragments d’os) au sein des pellets reflète l’alimentation, non sélective, des poissons. Cette étude mérite d’être complétée par l’acquisition de données à même de confirmer et d’élargir les résultats précédents. La géochimie et la pétrographie de la matière organique, en particulier, sont à même de fournir des informations sur l’état (ou l’étape) de la dégradation moléculaire des composés humiques qui renseigneront, à leur tour, sur la précocité plus ou moins grande de la fermeture géochimique des pellets ainsi que sur l’efficacité des associations organominérales (entre apatite et composés humiques) sur la stabilité des humus. A côté de leur signification géochimique, ces associations ont également participé à la stabilisation physique des pellets par les restes microbiens qu’elles contiennent. La RMN (Résonance Magnétique Nucléaire) est, enfin, l’outil nécessaire pour analyser le statut du P au sein des composés humiques. Ce phosphore est un phosphore organique, d'origine biochimique, généralement délaissé dans les bilans réalisés sur les quantités de cet élément mesurées dans des constituants sédimentaires lorsque ceux-ci contiennent d’autres phases, phosphatées minérales (apatite diagénétique ou débris osseux) ou aqueuses (P soluble), abondantes par rapport au P organique. - 22 Références Arambourg, C. 1952: Les vertébrés fossiles des gisements de phosphates (Maroc-AlgérieTunisie). Notes et Mémoires du Service géologique du Maroc 92, 1-372. Baioumy, H.M., Tada, R. & Ghaeaie, M.H.M. 2007: Geochemistry of Late Cretaceous phosphorites in Egypt: Implication for their genesis and diagenesis. Journal of African Earth Sciences 49, 12-28. Baker, K.B. & Burnett, W.C. 1988: Distribution, Texture and Composition of modern phosphate pellets in Peru shelf muds. Marine Geology 80, 195-213. 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Les cortex clairs témoignent de la présence d’une pellicule phosphatée à la périphérie de ces grains, recouvrant le corps du pellet dont la couleur fondamentale est brune. Photo 3: Observation à la loupe binoculaire de pellets phosphatés montrant des cortex clairs parsemés de taches brunes correspondant à des alvéoles d’attachement d’autres petits pellets. Photo 4 : Observation microscopique de grains phosphatés de la couche VII de la série de RasDraâ et de leur matrice. Plusieurs grains (étoile blanche) ont un mince cortex blanc-gris apparaissant sous la forme d’une pellicule d’épaisseur < 5 µm. D’autres grains (cercle blanc) ont perdu cette pellicule. L’exogangue est essentiellement dolomitique. Au centre de l’image la matière d’un grain phosphaté se disperse au sein de la matrice. Ce processus a conféré à celle-ci une teneur en P2O5 de l’ordre de 5.80%. Photo 5 : Observation microscopique de grains phosphatés de la couche VIII de la série de RasDraâ. Certains grains montrent une structure concentrique en leur sein. Les deux grains situés en bas de la photo ont conservé une partie de leur pellicule initiale. Photo 6 : Observation microscopique de grains phosphatés de la couche V de la série de RasDraâ. Plusieurs grains possèdent des restes irréguliers de la pellicule claire ayant entouré initialement le pellet. La MO apparaît, soit dispersée au sein des pellets, soit concentrée dans le cœur de ceux-ci et au droit de particules irrégulières, noires, de quelques dizaines de micromètres de dimension moyenne (carré blanc). Le contour sub-circulaire du pellet (triangle blanc) visible en bas de l’image et s’interrompant dans la partie Nord-Ouest de celui-ci témoigne du début de la dispersion de son contenu au sein de la matrice. - 28 - 29 - 30 - 31 - 32 P2O5 SiO2 TiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO MnO CaO Na2O K2O CI Pellets CII Pellets CIII Pellets CIV Pellets CV Pellets CVI Pellets CVII Pellets CVIII Pellets 38,31 32,69 30,32 30,09 30,05 30,23 30,23 28,41 3,11 1,63 1,55 1,93 3,33 2,18 3,00 3,65 0,04 0,04 0,04 0,05 0,05 0,05 0,04 0,04 0,58 0,55 0,55 0,67 0,75 0,71 0,69 0,75 0,07 0,11 0,20 0,20 0,31 0,50 0,27 0,16 0,34 0,57 0,40 0,46 0,53 0,43 0,60 0,60 0,01 0,00 0,01 0,01 0,01 0,01 0,01 0,01 59,89 54,87 51,16 52,05 49,22 50,40 50,60 50,79 1,31 1,33 1,33 1,31 1,39 1,30 1,40 1,71 0,08 0,05 0,06 0,07 0,07 0,06 0,06 0,15 Perte au feu 9,68 11,17 11,55 12,50 11,23 11,11 11,33 11,22 CI Matrice CII Matrice CIII Matrice CIV Matrice CV Matrice CVI Matrice CVII Matrice CVIII Matrice 5,17 12,49 9,07 2,70 6,09 3,64 5,80 7,64 34,74 24,66 32,61 17,54 44,09 41,41 43,57 24,35 0,36 0,23 0,29 0,16 0,29 0,43 0,27 0,28 9,78 6,53 8,32 4,56 6,39 10,11 6,07 5,67 2,26 1,93 2,40 2,49 2,19 4,27 2,02 2,60 2,46 3,59 3,10 2,00 3,17 4,31 5,16 2,72 0,02 0,01 0,02 0,01 0,02 0,02 0,02 0,01 20,70 30,35 21,18 35,38 13,31 9,90 13,45 28,91 0,30 0,64 0,52 0,28 0,55 0,40 0,37 0,60 2,35 0,78 0,97 0,64 0,54 0,64 0,44 0,70 19,96 18,48 18,68 33,30 18,54 21,97 20,81 23,22 INT 0-I INT I-II INT II-III INT III-IV INT IV-V INT VI-VII INT VII-VIII 0,91 14,52 1,10 0,83 1,17 0,86 43,36 21,96 42,97 38,86 37,22 55,52 0,54 0,21 0,43 0,49 0,53 0,17 13,26 6,10 10,90 11,40 11,82 3,57 6,34 1,24 3,30 3,99 4,60 1,21 6,15 2,83 6,50 7,08 6,70 6,28 0,02 0,01 0,03 0,03 0,02 0,02 8,18 33,50 10,15 10,69 8,60 8,88 0,27 0,64 0,29 0,29 0,24 0,63 1,07 1,32 0,69 0,72 1,66 0,36 21,65 17,33 23,16 25,29 24,17 19,49 2,00 32,74 0,31 7,87 3,08 6,04 0,02 22,06 0,48 0,56 26,33 - 33 Liste des tableaux et figures Tableau 1 : Composition chimique des pellets phosphatés et de leurs matrices, séparés dans les strates de la série phosphatée de Ras-Draâ et des sédiments des strates "stériles". % pondéraux. CI pellets : pellets isolés de la couche I phosphatée. CI matrice : matrices des pellets dans la couche I phosphatée. INT I-II : sédiment intercalaire entre les couches I et II. Figure 1 : Carte de localisation du gisement phosphaté de Ras-Draâ dans le bassin de Gafsa-Métlaoui (Tunisie) (source : www. googleearth.com). Le rectangle rouge localise le bassin phosphaté de GafsaMétlaoui et le rectangle vert localise le gisement de Ras-Draâ. Figure 2 : Profil lithostratigraphique de la série phosphatée du gisement de Ras-Draâ. Figure 3 : Répartition des éléments chimiques (P, Ca, Si, Mg, F, S) à la surface d’une section polie d'un échantillon phosphaté brut (Couche VII) de la série de Ras-Draâ. Microsonde électronique. Echelles des concentrations (en µg/g) : P (20-1150), Ca (200-1600), Si (20-200), Mg (20-50), F (2-12), S (2-8). - 34.
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Le cancer du sein dans le budget de la nation. 31° Journées de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire (SFSPM), Lyon, 2009. Un cancer du sein : aujourd’ hui et demain, Nov 2009, Lyon, France. pp.94-95. &#x27E8;hal-03575385&#x27E9;
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Le cancer du sein dans le budget de la nation Perrier Philip HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Peut-on mesurer le coût du cancer du sein pour la société? Le cancer du sein dans le budget de la nation The breast cancer in the budget of the nation Mots-clés : Cancer – Sein – Coût – QALY. Keywords: Breast – Cancer – Cost – QALY. L. Perrier *, T. Philip** E n France, l’incidence des cancers du sein invasifs a augmenté globalement de 1 à 3 % par an depuis 30 ans. Cette progression, qui touche toutes les classes d’ âge, est encore plus importante pour les cancers in situ, du fait de la généralisation du dépistage. En 2005, le cancer du sein représentait 35,7 % des cancers féminins et 20 % de la mortalité par cancer (1). Quant à la mortalité, elle régresse à partir des années 2000 du fait du dépistage et des progrès des thérapies adjuvantes. L’ innovation étant généralement à coût marginal croissant dans un contexte de rareté des ressources, il est nécessaire de prendre en compte la dimension économique du cancer et, de façon plus spécifique ici, du cancer du sein. Ainsi, après avoir présenté l’ évolution des principaux agrégats de santé, l’ article décrit les coûts du cancer, puis du cancer du sein, dans le budget de la nation, sur la base notamment des travaux de l’Institut national du cancer (2). L’ apport de l’ évaluation économique en santé, notamment de type coût-utilité, est ensuite abordé, avec la notion de seuil d’ acceptabilité des traitements innovants, en s’ appuyant sur l’ exemple de l’ Herceptin®. Budget de la nation et dépenses de santé : évolution des principaux agrégats En 2007, la France, avec 11 % de son PIB consacré à la santé, occupe la deuxième place des pays membres de l’ OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), loin derrière les États-Unis (16 %) et à un niveau proche de la Suisse (10,5 %) et de l’Allemagne (10,4 %) [3]. En 2008, la dépense courante de santé est de 215 milliards d’euros (+ 3,9 % par rapport à 2007). La consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) atteint 170,5 milliards d’ euros. Les soins hospitaliers publics et privés absorbent 44 % de la CSBM (75,2 milliards d’ euros), les soins ambulatoires 27 % (46,8 milliards d’euros), les médicaments 21 % (34,9 milliards d’euros), le transport des malades 2 % (3,4 milliards d’euros) et les autres biens médicaux 6 % (10,2 milliards d’euros). * Université de Lyon, Centre régional de lutte contre le cancer Léon-Bérard, GATE - UMR 5824 – CNRS axe Économie de la santé, Université Lyon 1, Université Lyon 2, ENS-LSH Lyon. ** Université de Lyon, Centre régional de lutte contre le cancer LéonBérard, département Cancer et Environnement, Lyon ; Université Lyon 1. 94 Les dépenses des administrations publiques, y compris l’État, atteignent 919,7 milliards d’euros (794,1 milliards d’euros) hors santé en 2005 (4). Les dépenses de santé des administrations publiques (125,6 milliards d’euros) sont financées à 96 % par la Sécurité sociale. Le coût du cancer dans le budget de la nation Le coût de prise en charge du cancer, toutes localisations confondues, a été estimé à 10,9 milliards d’ euros à partir de l’ exploitation de la base du Programme de médicalisation du système d’information (PMSI) 2004 (2). Cette analyse s’inscrit dans la continuité d’un travail pionner effectué sur la base du PMSI 1999, utilisé comme un “traceur” de l’ activité hospitalière et de ses coûts (5-7). Les cancers de l’ appareil digestif représentent 19,4 % du coût de prise en charge du cancer, suivis du cancer du sein (13,4 %), de l’ hématologie (12,8 %) et des cancers de l’ appareil respiratoire (9,3 %). Le coût de prise en charge du cancer représente en outre 1,4 % des 794,1 milliards dépensés par les administrations publiques (hors santé). Si l’ on ajoute aux 10,9 milliards d’ euros de prise en charge le milliard d’ euros consacré à la prévention, au dépistage et à la recherche publique sur le cancer, ainsi que les 20 milliards de pertes de production relatives notamment aux arrêts de travail, le coût du cancer du point de vue sociétal est estimé pour l’ année 2004 à 31,9 milliards d’ euros, soit 2 % du PIB (1657,6 milliards d’ euros). Le coût du cancer du sein dans le budget de la nation À partir de l’ exploitation de la base PMSI 2004, le coût de prise en charge du cancer du sein a été estimé à 1,5 milliard d’ euros. Le financement des établissements de santé représente 54 % de ce coût, et les soins de ville 46 % (3). Pour obtenir le coût du cancer du sein pour la société, il convient d’ ajouter à ce 1,5 milliard d’ euros le 0,1 milliard consacré à la prévention, au dépistage et à la recherche publique et les 2 milliards d’ euros de pertes de production, soit un total de 3,5 milliards d’ euros. Le coût de prise en charge du cancer du sein représente 0,2 % des 794,1 milliards dépensés par les administrations publiques (hors santé), et le coût du cancer du sein pour la société est de 0,2 % du PIB. Le cancer du sein dans le budget de la nation Efficacité, coût des innovations et contraintes financières croissantes : l’ apport de l’ évaluation économique Dans le cadre d’ une évaluation économique de type coûtutilité, le résultat générique, habituellement exprimé en années de vie pondérées par la qualité de vie (Quality Adjusted Life Years – QALY), est mesuré en ajustant la durée de vie affectée par le résultat de santé, à l’ aide des valeurs d’ utilité des états correspondants (8). Les résultats des analyses coût-utilité sont généralement exprimés en coût par année de vie gagnée en bonne santé, c’ est-à-dire en coût par QALY gagné. Le National Institute for Clinical Excellence (NICE) retient habituellement comme seuil d’ acceptabilité d’ une stratégie un coût inférieur à 30 000 £ par QALY (9). L.P. Garrison et al. (10) montrent que pour les cancers du sein localisés, le coût différentiel du traitement avec versus sans Herceptin® s’ élève à 30 794 €. La différence en termes de QALY est, quant à elle, de 1,70, soit un coût par QALY de 18 114 €, acceptable au regard des critères du NICE. Pour les cancers métastatiques du sein, le coût différentiel du traitement avec versus sans Herceptin® s’ élève à 32 713 €. En revanche, la différence en termes de QALY est, quant à elle, de 0,56, soit un coût par QALY de 58 416 €, non acceptable au regard des critères du NICE. Fonder une décision publique sur des résultats d’étude exprimés en termes de QALY requiert toutefois que certaines conditions soient vérifiées et/ou validées (11). La règle des seuils d’ acceptabilité, qui n’ est pas appliquée en France, fait l’ objet de sévères critiques outre-Manche (12). Néanmoins, compte tenu de l’endettement croissant des administrations publiques françaises (+ 63 % en 10 ans), les agences régionales de santé pourront décider de conclure, pour une durée d’ un an, un plan d’ action visant à maîtriser l’évolution des dépenses des médicaments “hors groupes homogènes de séjours”, qui contribue largement ces dernières années au dynamisme des dépenses d’ assurance maladie. Conclusion Avec 31,5 milliards d’ euros, le coût sociétal du cancer pèse sur le PIB français, le coût des pertes de production (estimées à 20 milliards d’euros) étant quasiment deux fois supérieur au coût de prise en charge (11 milliards d’euros). Face à la rareté des ressources, l’évaluation économique, puis l’analyse de l’impact budgétaire en santé constituent une aide à la décision. Toutefois, face à la progression inquiétante de l’incidence des cancers en général, et du cancer du sein en particulier, une action renforcée de l’économique sur le comportement des individus devient plus que jamais nécessaire. ■ Références bibliographiques [1] Rochefort H, Rouesse J. Cancers du sein, incidence et prévention. Bull Acad Natl Med 2008;192(1):161-80. [2] Institut national du cancer (INCa). Analyse économique des coûts du cancer en France, collection Études et Expertises, Paris: INCa, 2007. [3] Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Dépenses sociales : premières dépenses publiques. INSEE première 2006, p.1102. [4] Direction de la , des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS). Les comptes nationaux de la santé en 2008. Etudes et Résultats 2009, p.701. [5] Borella L, Peuvrel P, Sauvage M et al. 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Dépenses nationales de santé : dépenses courantes de santé, indemnités journalières, dépenses de recherche et de formation médicales + formation brute de capital fixe du secteur hospitalier public. Dépenses totales de santé : dépenses nationales de santé + dépenses liées au handicap et à la dépendance + formation brute de capital fixe du secteur privé. Produit intérieur brut : somme des emplois finals intérieurs de biens et de services (consommation finale effective, formation brute de capital fixe, variations de stocks) + exportations et importations.
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Ambrosoli (1993) la repère ensuite dans le traité du Bas Moyen Âge de P. de Crescent et constate que sa trace se perd pourtant en Italie au XVIe siècle, alors qu'elle commence à être décrite en France. Si O. de Serres lui consacre, en effet, un chapitre, elle apparaît surtout implantée dans les régions méridionales et son importance dans l'agriculture est variable. Il désigne alors par le terme sain-foin, la luzerne pluriannuelle Medicago sativa, en précisant qu'on l'appelle luzerne en Provence et en Languedoc. Selon M. Ambrosoli (1993), ce terme sert aussi dans plusieurs cas à nommer Medicago falcata mais jamais Onobrychis viciifolia, l'esparcette ou sainfoin actuel, sa plus commune adventice. Ce dernier était, semble-t-il, cultivé au XIIIe siècle en Provence. Toutes ces plantes à destination souvent fourragère étaient, selon leur statut cultivé ou leur état spontané, tantôt exploitées comme cultures en prairies permanentes tantôt ramassées pour le foin dans divers milieux (zones humides des roselières, clairières des chênaies, etc. ; Ambrosoli 1993). Bien que la luzerne cultivée (Medicago sativa) ne soit pas identifiée dans les deux exemples choisis, il n'en reste pas moins que l'assemblage de La Cisterne, dans le contexte agronomique du dernier quart du XVIe siècle, peut être interprété comme un vestige de luzernière à Medicago polymorpha ou, du moins, d'une prairie semée à flore sélectionnée. L'assemblage où se mêlent aussi des résidus de décorticage d'orge et de blé et des grains d'avoine évoque le mélange qu'O. de Serres recommande d'effectuer dès le semis, pour préserver les jeunes pousses de luzerne en croissance de la chaleur du soleil direct. La son est réalisée cependant indépendamment et commence par la céréale ; la luzerne s'étoffant ensuite d'autant mieux à la lumière (livre IV, 4 : 272). Prairies et fourrages vant, le traité d'agriculture arabo-andalouse de Ibn Al-'Awwam (Clément-Mullet 2000) détaille les compositions recommandées de mélange d'orge et de luzerne sèche pour le fourrage qui convient aux chevaux, aux mulets de charge et aux ânes porte-bât. Il juge toutefois que la luzerne sèche seule est le meilleur des fourrages que l'on puisse donner à un cheval. LES MENTIONS ARCHÉOLOGIQUES : TÉMOINS? L'attestation de luzerne attribuée à Medicago sativa dans une maison incendiée au IVe siècle av. J.-C. à Lattes (Hérault) ajoute au questionnement et pourrait étayer l'hypothèse de la pratique de prairies semées en Gaule avant la période romaine. L'abondance de cette petite légumineuse dans les échantillons s'exprime par un taux de 7 % de graines sur un total de 2 096 restes de plantes (Buxo et al. 1996). Bien que les auteurs la rangent avec les céréales et les autres légumineuses parmi les plantes cultivées, un large éventail d'herbacées dont les semences sont mêlées dans le niveau d'effondrement de la toiture végétale, attestent la présence de cortèges de mauvaises herbes des cultures, de rudérales, de roselières, de lisières forestières ou haies, et de prairies. Medicago lupulina et Trifolium sp. ont été regroupés dans ce dernier cortège dont les restes atteignent 13 % de l'ensemble des semences du niveau. À Mont Joui, l'assemblage carpologique contient très peu d'éléments céréaliers et sa composition riche en luzerne hérissée et en trèfles diffère des ensembles de mauvaises herbes des cultures tels qu'ils sont attestés dans les sites du Midi de l'Âge du Fer notamment. L'originalité paléo-agrologique qui se manifeste dans les spectres de ces trois sites de l'Hérault suscite, en définitive, l'hypothèse de l'existence de flores sélectionnées plus probablement par semis dans le but d'obtenir des prairies contrôlées. Ces exemples reflétant deux étapes à plus d'un millénaire de distance dans l'histoire et la pratique de l'agriculture, soulèvent la question de l'apparition de telles formations dans le paysage languedocien littoral et dans celui de l'arrière-pays. Il apparaît, d'après les textes des auteurs de l'Antiquité gréco-romaine à ceux de l'Europe e de la Renaissance, que les luzernes ou, plus généralement, les légumineuses fourragères connaissent des modes variés d'exploitation. Ces cultures pouvaient ainsi être conduites tantôt dans l'espace horticole ou constituer un élément du cycle agraire à base céréalière en lieu et place de la jachère (friche post-culturale durant un an à plusieurs années non ensemencée mais au cours de laquelle la terre continue d'être labourée et intégrée dans la rotation avec une culture annuelle d'hiver ou de printemps). Ce dernier système à prairie artificielle pluriannuelle, pourtant connu de l'agronomie antique et médiévale, n'aurait été durablement adopté et diffusé dans l'agriculture européenne qu'au XVIe siècle. Il représenterait un nouveau pas dans l'intégration « toujours plus étroite de la culture et de l'élevage » (Mazoyer & Roudart 1997 : 319) en augmentant la productivité en fourrage, en bétail et en fumier et, partant, en céréales pour la population humaine. n'est pas possible de savoir si la présence de fourrage à base de légumineuses était également liée à la nécessité d'entretien d'équidés, qui pourrait aller de pair avec la monumentalité de la structure défensive du site et son rôle présumé de contrôle d'une voie de passage de l'Hérault. CONCLUSION En résumé, les conditions écologiques environnementales du site de Mont Joui en milieu plus alluvial et de celui de La Cisterne dans l'arrièrepays, et la présence avérée, au moins pour le castrum, de cheptels ovins-caprins voisinant avec des équidés de monture et/ou de transport voués aux activités commerciales, ont dû constituer autant de paramètres favorables pour entretenir l'existence de formations herbeuses spécifiques. En l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de conclure quant à leur mode de gestion. S'agit-il seulement de formations spontanées des paysages agro-pastoraux de la plaine ou des avants monts du Languedoc, favorisées au fil des générations à la fois par le parcours, les déjections, le piétinement du bétail et par les fauches répétées? Ou doit-on envisager l'existence de prairies cultivées à luzerne annuelle en/ou sans rotation avec les cultures céréalières dès l'Âge du Fer? Les fourrages et les pâtures donnent à penser tant aux modes d'élevage et aux lieux d'approvisionnement qu'aux productions agricoles censées nourrir les hommes. L'agronomie actuelle les classe, les identifie, les distingue selon la spécialisation de telle ou telle production animale. Pour l'archéobotaniste, ils sont des sujets parfois difficiles à appréhender comme tels en raison de l'ambiguïté des usages d'une espèce selon les pratiques d'une communauté, sa situation économique plus ou moins faste et la fluctuation des adoptions ou abandons d'espèces ou de pratiques au cours de l'histoire. Cet article a surtout mis l'accent sur les ressources fourragères provenant de prairies, à partir des espèces végétales et des cortèges paléoagrologiques que l'on décrypte. Il est banal de rappeler l'intérêt de chercher à appréhender la totalité du système 136 d'alimentation du bétail (cycle annuel en particulier), la complémentarité des territoires, des aliments, l'utilisation différenciée des aliments en fonction de la saison, des buts de l'élevage pratiqué, de l'état physiologique de l'animal (lactation, maladie), de son stade de développement (sevrage) et de sa fonction (bêtes de trait, de bât, de monte). Les assemblages carpologiques ont de bonnes potentialités pour rendre compte de pratiques d'affouragement et des formes de végétations exploitées au cours du temps. Mais leur interprétation souffre aussi du poids des idées communes et des archétypes en matière d'évolution des techniques agricoles, des objets historiques construits par la recherche (avoine = nourriture de chevaux ; glands = nourriture de porcs = forêt). Si le recours aux textes et à l'ethnographie permet de connaître la diversité des usages, des pratiques ou des systèmes techniques, de rendre compte de la non linéarité des évolutions des formations végétales, il est parfois inévitable d'orienter les hypothèses archéologiques en fonction de ce qui y a été recensé donc supposé avéré. Tout vestige de luzerne du XVIe siècle ne peut pas être un témoin présupposé de l'existence de prairie artificielle, tandis que les mêmes vestiges de l'Âge du Fer seraient considérés a priori comme les restes d'une formation non cultivée, liée à une agriculture jugée « évidemment » moins performante. Tout comme une formation pastorale spontanée n'est pas le signe systématique d'une agriculture ou d'un élevage extensifs archaïques en regard de l'agriculture rationalisée de l'époque Moderne. Ces schémas réducteurs fonctionnent comme si l'histoire, et partant l'archéologie, se devaient de ne révéler ou de n'étudier chaque fois que le sens du progrès des techniques. La confrontation d'assemblages carpologiques datés de périodes éloignées invite non pas à s'affranchir des sources de connaissances quelles qu'elles soient, notamment les textes de la pratique, mais à envisager la diversité des techniques et des choix qui dirigent leur mise en oeuvre. Les exemples archéologiques peuvent, par ailleurs, enrichir en retour la lecture des sources écrites. Il ne serait probablement pas sans intérêt de relire les textes en les confrontant à la question Prairies et fourrages éventuelle mise en culture ancienne de luzerne annuelle, telle qu'elle est soulevée par les assemblages de Cabrières et de Mont Joui. Les mentions de luzerne cultivée doivent-elles toujours être strictement assimilées à la luzerne pérenne (Medicago sativa) ou peut-on aussi envisager l'existence de cultures de luzernes annuelles, confondues sous leurs noms avec celle-ci ou avec d'autres légumineuses annuelles (trèfles par exemple?) et qui auraient pu échapper aux traducteurs et commentateurs? RÉFÉRENCES ABDELKEFI A. & MARRAKCHI M. 2000. - Les ressources phytogénétiques fourragères et pastorales : de l'érosion à la conservation. Cahiers Options Méditerranéennes 45 : 15-27. 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(vêtu) Légumineuses Lathyrus cicera/sativus Vicia ervilia « cotylédon Fruitiers/Forêts, lisières Vitis type sylvestris « Vitis sp. Malus sp. Messicoles/adv. Hiver Galium tricornutum « Fallopia convolvulus « fg. sem. cf. Rapistrum rugosum Cultures sarclées/adv. printemps Brassica rapa « Chenopodium album « Chenopodium gpe polyspermum « Lieux rudéraux, friches Bromus cf. sterilis Cichorium intybus « Malva sp. semences « Silene type noctiflora Pelouses, prairies Lolium perenne/rigidum Medicago cf. polymorpha « « Medicago sp. fg. Medicago/Trifolium 140 1 1 11 2 21 8 2 207 7 TOTAL sem. sem. fg. sem. sem. fg. sem. 4 2 2 - 61 10 26 4 18 11 28 1 9 1 4 9 3 7 93 13 37 1 8 27 3 18 fg. glume furca base glume base glume entre-noeud 1 1 1 5 3 3 - 2 2 1 1 8 5 3 2 graines graines - 2 1 2 - 2 2 1 pépin fg. fg. fg. pépin 1 1 - 1 1 - 1 1 1 1 semences fg. sem. semences fg. silique 2 1 2 5 - 1 - 2 5 2 1 1 graines fg. graines semences fg. sem. semences fg. sem. 7 23 - 4 3 4 1 2 7 23 1 4 3 6 fg. sem. semences fg. sem. fg. sem. semences 3 1 1 - 13 3 1 1 1 3 1 1 14 3 2 semences graines fg. graines fg. gousse graines graines 73 101 70 11 1 5 - - 1 73 101 70 5 11 26 TYPE DE RESTE fragments semences ANTHRO A 2005 40 (1) Prairies et fourrages TABLEAU 1. – Résultats bruts de Mont Joui, Florensac, 1er  ge du Fer. adv., adventices ; fg, fragments ; gpe., groupe ; sem. Semences. (suite) Phalaris sp. semences « fg. sem. Ranunculus cf. repens semences « fg. sem. Rumex cf. crispus semences « fg. sem. Rumex sp. semences « fg. sem. Trifolium fragiferum/repens graines Trifolium glomeratum/sylvaticum graines Trifolium type pratense graines Trifolium sp. graines Bords des eaux, lieux humides Carex sp. semences « fg. sem. Cyperus type semences Scirpus lacustris semences Scirpus palustris semences « fg. sem. Autres Arenaria sp. semences Avena sp. fg. sem. « fg. barbe Bourgeon ind. Bromus hordeaceus/secalinus fg. sem. Bromus sp. fg. sem. Camelina sp. graines « fg. graines Chenopodium sp. fg. sem. Matière organique carbonisée fg. Fabaceae graines « fg. graines « fg. gousse Festuca type semences « fg. sem. Lolium type fg. sem. Lychnis/Silene fg. sem. Poa type semences Poaceae fg. sem. « baguette « entrenoeud « fg. glume « fg. tige Polygonum sp. fg. sem. Polygonaceae fg. sem. Indéterminé fg. sem Total nombre de restes ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 • 40 (1) 1 1 4 14 12 23 2 5 - 1 4 1 1 1 - 1 2 1 4 14 12 4 1 23 2 5 1 26 14 2 9 - 1 1 3 - 26 15 1 3 2 9 1 40 1 7 67 17 - 1 1 1 3 1 3 2 19 5 13 60 4 78 1 1 2 1 2 5 731 1 - 1 1 50 1 67 17 1 1 4 2 19 4 5 18 65 1 1 5 84 1 1 2 2 1 104 5 1055 4 1 2 1 1 1 4 1 2 220 4 3 2 141 Bouby L. & Ruas M.-P. 142 TABLEAU 2. – Résultats bruts de La Cisterne, Cabrières, XVIe s. abd., abandon ; amén., aménagement ; bât., bâtiment ; cb t, comblement ; cend., cendres/cendreuse ; eff., effondrement ; élts, éléments ; fg, fragments ; fos., fosse : foy., foyer ; incend., incendie ; occ., occupation ; prox., proximité ; pvt, prélèvements ; pê, peut-être ; Rbl., remblai ; sdt, sédiment ; sgt, segments ; str., structure ; subd., subdivision ; US, unité stratigraphique. ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 • 40 (1) ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 • 40 (1) Prairies et fourrages 143 Bouby L. & Ruas M.-P. 144 ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 • 40 (1) ANTHROPOZOOLOGICA • 2005 • 40 (1) Prairies et fourrages.
7,052
2016AMIE0041_5
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,016
Quantification et caractérisation des écoulements sanguins dans l'arborescence vasculaire de la région cervico-faciale par Imagerie par Résonance Magnétique de flux : évaluation et application
None
French
Spoken
7,672
12,226
La Figure 4-16 montre l’influence du coefficient de pondération du gradient : lorsqu’une valeur à 0.1 (Figure 4-16.a) est paramétrée, on minimise l’influence du gradient et de l’énergie. Le contour suit correctement les parois du vaisseau, mais avec une valeur trop élevée à 4 car le coefficient de pondération donne trop de poids à l’énergie externe et le contour perd son équilibre (Figure 4-16.b). Figure 4-16 : Image d’amplitude d’une segmentation de la carotide externe. L’algorithme du contour actif a été appliqué sur cette image avec un coefficient de pondération du gradient à 0.1 (a.) et à 4 (b.) A partir de la définition (4.16) de l’énergie externe, on retrouve la formule la plus couramment utilisée lors de l’application d’un snake qui est : ∫ ‖ ‖ ∫ ‖ ‖ ∫ |⃗⃗ | (4.17) Gradient Vector Flow Le gradient de l’image est un champ de vecteur. C’est l’expression de l’énergie que l’on cherche à minimiser. Il est représenté sous la forme de champ de force. L’objectif de l’algorithme est de trouver la position du contour pour laquelle l’ensemble des forces présentes soient à l’équilibre : 97 (4.18) ∑ Généralement le champ de vecteur est filtré de manière à pouvoir réaliser le contour et cela même si le contour initial est éloigné de l’objet que l’on souhaite segmenter. Ce filtrage permet de rendre le champ plus régulier et d’assurer une bonne qualité de segmentation. Cette méthode introduit le Gradient Vector Flow développé par Xu et al. [117] où la force externe (liée à l’énergie externe) est remplacée par la force, GVF pour Gradient Vector Flow que l’on traduit par Flux de Vecteurs Gradients. L’utilisation de ce type de force permet d’être indépendant de l’initialisation du contour. Le Gradient Vector Flow est décrit comme un champ de vecteurs,. La force associée au champ de vecteur est calculée pour chaque point de l’image. On redéfinit l’énergie externe de la manière suivante : ∫ | 4.3.2.2. | (4.19) Le contour actif sur le logiciel Le logiciel applique l’algorithme du contour actif soit sur l’image de phase, soit sur l’image d’amplitude. C’est à l’utilisateur de choisir sur quel type d’image il souhaite appliquer le contour en fonction du résultat obtenu. Ce choix se fait en initialisant le contour sur l’une des deux images, Figure 4-17. L’algorithme fonctionne pour les images de phases que les pixels soient codés en blanc ou en noir. Un choix minimum de trois points pour définir le contour initial (et obtenir une surface) est nécessaire afin de faire fonctionner l’algorithme. Figure 4-17 : Initialisation du contour sur l’image de phase (a) ou sur l’image d’amplitude (b) représentant une coupe de l’artère faciale. L’algorithme peut s’appliquer à la fois sur l’image de phase et sur l’ image d’amplitude. Toutefois il est préférable de s’appuyer sur l’image d’amplitude, car il est nécessaire d’observer une différence de signal entre les pixels composant le vaisseau et les pixels de bruit. Pour une acquisition avec une vitesse d’encodage trop faible par rapport à la vitesse d’écoulement du fluide, l’intensité des pixels 98 de flux n’est pas suffisamment élevée pour les différencier des pixels de bruit et l’algorithme perd en performance. Le contraste de l’image joue également un rôle dans le fonctionnement de l’algorithme puisqu’il va permettre de faire ressortir les pixels con tenant une information sur la vitesse de l’écoulement par rapport aux pixels de bruit. Les coefficients du snake (,, et ) peuvent être modifiés pour trouver les paramètres optimums à un meilleur suivi des parois du vaisseau. La gamme de valeurs qui peut être fixée pour ces paramètres ont été déterminés empiriquement. L’utilisateur peut ensuite modifier les paramètres afin de sélectionner ceux qui seront les mieux adapté aux vaisseaux rencontrés Le coefficient d’élasticité peut prendre une valeur entre 0.1 et 10. En dessous de 0.1 on observe aucune différence sur la déformation du contour et au-dessus de 10 l’algorithme ne suit plus convenablement les contours du vaisseau. Le coefficient de courbure peut être sélectionné entre 0.1 et 10. Lorsqu’il est inférieur à 0.1 le contour est trop rigide et ne suit pas correctement les parois du vaisseaux. Lorsqu’il est supérieur à 10 le contour ne suit plus correctement les irrégularités de la paroi du vaisseau et tend de plus en plus vers un cercle. Le coefficient de pondération du gradient peut être fixé entre 0.1 et 2. Si on le fixe avec une valeur inférieure à 0.1, le gradient est trop faible est le contour dépasse les parois du vaisseau : l’algorithme ne fonctionne pas. S’il est paramétré avec une valeur supérieure à 2, l’énergie externe a trop de poids et le contour ne suit pas correctement les parois du vaisseau. Sur le logiciel tous ces paramètres sont initialisés à 1 de manière à donner un poids équivalent à toutes les énergies. L’algorithme est exécuté sur l’ensemble des images échantillonnant le cycle cardiaque. La Figure 4-18 montre un exemple de son application sur l’artère faciale. Figure 4-18 : Evolution du contour d’une coupe de l’artère faciale sur différentes images d’amplitude acquise au cours du cycle cardiaque. 99 Finalement, la courbe de la variation de la surface du vaisseau au cours du cycle cardiaque est reconstruite en plus des courbes de vitesses et de débits (Figure 4-19). Figure 4-19 : Courbes de vitesses (a), de débit (b), et de surface (c) reconstruites à partir des images IRM-PC acquises au cours du cycle cardiaque. En conclusion, le contour permet un suivi du mouvement des vaisseaux et ainsi d’obtenir une information supplémentaire sur l’évolution de la surface au cours du temps. Cependant, l’algorithme n’est pas automatique et dépend des trois paramètres de l’algorithme (élasticité, courbure et gradient) ainsi que de l’image (phase/amplitude et contraste) sur lequel le contour est initialisé. 4.3.3. Wall Shear Stress Grâce à la segmentation par contour actif on connaît la position des parois pour chaque image acquise au cours du cycle cardiaque. A partir des points définissant le contour du vaisseau il est possible d’estimer le Wall Shear Stress (WSS) indiquant la pression qui est exercée sur ses parois. Un outil de calcul du WSS a été développé sur le logiciel. Ce calcul n’est possible qu’une fois que l’algorithme du contour actif a été appliqué. La normale La première étape consiste à chercher la normale en chaque point du contour (Figure 4-20). On définit le contour comme une fonction définie à partir d’une interpolation lagrangienne, (4.20) avec l’ordonnée de l’image, les coefficients polynomiaux ( ) et est le nombre de coefficients sélectionné pour réaliser l’interpolation. Ce dernier est fonction du nombre de points qui constitue le contour, (4.21) 100 Figure 4-20 : Tangente (t) et normale ⃗⃗ au point P1 du contour. On définit l’équation de la tangente en chaque point du contour par l’équation (4.22) où est la dérivée par rapport à. La normale en chaque point du contour correspond à la droite perpendiculaire à la tangente au point et est décrite par l’équation (4.23) avec normale et les coordonnées du point dans l’image, le coefficient directeur de la l’ordonnée à l’origine. Le profil de vitesse Lorsque la normale en chaque point du contour d’un vaisseau est déterminée, on récupère les valeurs de vitesse des pixels passant par cette droite et traversant le vaisseau. Le profil de vitesse n’est pas enregistré si le nombre de valeurs qui le constitue est inférieur à 5. En-dessous de cette valeur on considère que l’on ne dispose pas d’assez d’informations pour le reconstruire correctement. A partir de l’équation de la normale, les pixels situés à l’intérieur du contour et passant par la droite sont recueillis. On reconstruit les profils de vitesse passant par chacun des points du contour (Figure 4-21). Chaque profil est enregistré dans un tableau et la première valeur est initialisée à 0 puisqu’elle correspond au point situé sur le contour. Ce dernier possède en théorie une vitesse nulle. 101 Figure 4-21 : Evolution des profils de vitesse d’une artère faciale en différentes phases du cycle cardiaque. La dérivée de chacune de ces courbes est calculée au point 0. Description de l’algorithme utilisé pour déterminer le profil de vitesse On présente l’algorithme utilisé dans le logiciel pour déterminer le profil de vitesse est indiqué ciaprès : Début algorithmeProfil() Entier,, Entier ; Le nombre de points du contour Entier ; La taille de l’image Entier Entier, ; Tableaux contenant les coordonnées en x et en y des points du contours Entier ; contient les coordonnées de la normale pour chaque point Entier ; contient les valeurs des pixels dans l’image Entier ; contient les valeurs du profil de vitesse = polyfillv( appartenant au contour, ; Matrice qui définit les points de l’image = deriv( ) ; Fonction IDL qui réalise l’interpolation Lagrangienne avec coefficients, puis calcule et enregistre la valeur de la dérivée de la fonction en chaque point 102 Pour = 0 jusqu’à ; On balaie tous les points du contour ; On calcule le coefficient directeur de la normale correspondant à l’inverse de la valeur de la dérivée en chaque point = - ; On enregistre les valeurs de l’ordonnée à l’origine Pour = 0 jusqu’à ; On balaie tous les points de l’image = * + ; On enregistre les valeurs des points de la normale Si ( et ) sont dans ; Alors ++ ; = ; ; On enregistre le profil de vitesse passant par un point p du contour en recueillant les valeurs des pixels de la matrice image passant par la normale. Fin Calcul du WSS On obtient une fonction pour chaque profil de vitesse à partir d’une interpolation lagrangienne. Le nombre de coefficients est défini en fonction du nombre de points composants le profil de vitesse, (4.24) On reprend l’équation du WSS défini en (2.22) pour le calculer en chaque point du contour. La dérivée de est calculée au point 0 et la viscosité dynamique du sang est fixée à 0.006 Pa.s. Le WSS moyen ̅ est calculé sur chaque image de phase acquise au cours du cycle. Il correspond à la valeur moyenne du WSS pour chaque point du contour,, sur une image de phase. ̅ ∑ (4.25) avec le nombre de point total du contour. Finalement, connaissant la valeur moyenne du WSS pour chaque image, on peut reconstruire sa courbe d’évolution au cours du cycle cardiaque (Figure 4-22). 103 Figure 4-22 : Exemple de la mesure d’un Wall Shear Stress moyen au cours du cycle cardiaque moyen mesuré dans l’artère faciale (a.), les courbes de vitesses (b.) et de débit (c.) sont également indiquées. 4.3.4. Traitement des séquences 4D IRM-PC Les logiciels de traitement des séquences 4D IRM-PC sont encore peu répandus et pour la plupart orientés vers le traitement des images effectuées sur le cœur. Le système cardiovasculaire concentrant la majeure partie des études réalisées sur l’IRM par contraste de phase 4D. Face à cette problématique, le choix a été fait de développer notre propre outil de traitement. Disposant d’un logiciel développé pour le traitement des séquences 2D, on profite de l’interface existant. Cela permet, également, d’avoir un outil modifiable en fonction des différentes études réalisées et des problématiques rencontrées. L’objectif est de développer un outil facile d’utilisation qui organise les données fournies par la séquence IRM-PC 4D afin de pouvoir les traiter. Le logiciel doit être capable de reconstruire le volume vasculaire afin que l’utilisateur puisse placer en post-traitement des plans de coupe permettant de se retrouver dans la même configuration que pour le traitement des séquences 2D IRM-PC. 104 4.3.4.1. Organisation et lecture des séquences 4D IRM-PC Les fichiers DICOM des séquences 4D IRM-PC sont organisés sur le même principe que les fichiers des séquences 2D, avec un DICOMDIR et plusieurs fichiers DICOM. La différence va résider dans le nombre de séries : une seule série est enregistrée dans le cas des séquences 2D IRM-PC tandis que quatre séries sont sauvegardées pour les séquences 4D (une série d’images d’amplitude et trois série d’images de phase avec pour chacune la vitesse codée selon une direction de l’espace différente). Le principe du logiciel est identique au fonctionnement du 2D, le chargement du fichier DICOMDIR permet de lister toutes les séries qu’il contient. Dans la Figure 4-23 est affichée la fenêtre du logiciel indiquant les séries que contient un examen. En rouge on observe les séries relatives à la séquence 4D IRM-PC. On remarque que les séries de la séquence 4D IRM-PC contiennent beaucoup plus d’images (2144) par rapport aux séries des séquences 2D IRM-PC (96) présentes au-dessus de l’encadré rouge. Figure 4-23 : Liste des séries contenues dans un examen. Les séries relatives à la séquence 4D IRM-PC sont encadrées en rouge. La première sans vitesse d'encodage correspond à la série d'amplitude et les trois suivantes avec une vitesse d'encodage correspondent aux images de phases. Sur le logiciel, c’est la première série (d’amplitude) qui est chargée. Cette série est identifiée comme une série 4D par le TAG DICOM :  0018,0023 pour les séquences Philips qui indique s’il s’agit d’une série de flux 2D ou 3D  0019,109c pour les séquences General Electric, ce TAG n’est présent que pour les séquences 4D IRM-PC Si la série est identifiée comme appartenant à une séquence 4D IRM-PC, une seule image par plan de coupe est chargée. Une région d’intérêt est ensuite sélectionnée sur une image d’un plan de coupe. De la même manière que pour le traitement des séquences 2D, la région d’intérêt permet de sélectionner la partie du volume où l’on souhaite se focaliser. Pour ce type de séquence, elle permet également de réduire la taille des données à traiter puisque le 4D IRM-PC contient une grande quantité d’informations ce qui ralentit le temps de chargement des images et le temps de calcul. Le logiciel va charger les images de chacune des séries appartenant et enregistrer dans des matrices les pixels des images qui sont inclus dans la région d’intérêt définie par l’utilisateur. Ainsi quatre matrices 4D sont enregistrées :  une matrice représentant l’évolution des images d’amplitude du volume d’acquisition au cours des différentes phases du cycle cardiaque 105   une matrice représentant les images de phases l’écoulement encodée suivant, une matrice représentant les images de phases  l’écoulement encodée suivant, une matrice représentant les images de phases avec la vitesse de avec la vitesse de avec la vitesse de l’écoulement encodée suivant. Ces matrices sont de taille, où et représentent les nombres de voxels composants l’image et définis par la taille de la région d’intérêt en largeur et en longueur, le nombre de plan de coupe qui composent le volume et le nombre d’images acquises au différentes phases cycle cardiaque. Pour identifier selon quelle direction de l’espace est codée l’image de phase il faut regarder le TAG 2001, 101a pour les séquences IRM-PC de Philips. Ce tag contient un tableau de 3 valeurs. Pour chacune des séries de phases une seule valeur de ce tableau est non nulle (égale à la vitesse d’encodage) et elle indique la direction de l’espace dans laquelle est codée la vitesse. Le principe est identique avec les séries General Electric pour le TAG 0019, a09f. Algorithme de chargement Début algorithmeChargement() Entier DICOM Entier Entier ; Tableau dans lequel on va enregistrer les informations contenus dans le TAG ; série image qui est chargée ; matrices dans lesquelles on charge les images de phase = (2001,101A) ; On enregistre le tableau contenant les informations sur la direction de la vitesse pour la série d’images qui est lue par le logiciel Si Si Sinon si plus grand que 0 alors = plus grand que 0 alors = plus grand que 0 alors = Sinon si plus grand que 0 alors = ; En fonction de la valeur du tableau on enregistre dans la série d’images dans la matrice correspondante. Fin Une fois la région d’intérêt sélectionnée, le logiciel affiche les matrices images dans quatre fenêtres distinctes, chacune associée à un type d’images spécifiques (Figure 4-24). A l’aide de deux curseurs on va pouvoir à la fois se déplacer dans le temps comme ce qui peut être fait pour les acquisitions 2D IRM-PC, et se déplacer dans le volume qui est l’information supplémentaire apportée par les séquences 4D. 106 Figure 4-24 : Chargement des différentes séries d’images contenues dans la séquence 4D IRM-PC en fonction de la région d’intérêt définie. Une région d’intérêt est définie sur un plan de coupe et les quatre séries d’images sont enregistrées dans des fenêtres distinctes. On remarque que logiquement l’intensité de la composante ⃗⃗⃗⃗ de la veine jugulaire, des artères vertébrales, carotides externe et interne est plus grande que ⃗⃗⃗⃗⃗ et ⃗⃗⃗⃗⃗ car l’écoulement se fait principalement dans la direction Z sur cet exemple. AV : Artère Vertébrale, VJI : Veine Jugulaire Interne, ACI : Artère Carotide Interne, ACE : Artère Carotide Externe. 4.3.4.2. L’amplitude du vecteur vitesse Une nouvelle série de données est créée à partir des 3 séries d’images de phase. Les vitesses dans les 3 directions de l’espace (⃗⃗⃗⃗⃗, ⃗⃗⃗⃗⃗ et ⃗⃗⃗⃗) permettent de reconstruire un nouveau volume où la valeur des voxels correspond à l’amplitude du vecteur vitesse ‖⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗‖ qui est calculée par : ‖⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ‖ √⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ (4.26) Le nouveau volume créé donne l’amplitude du vecteur vitesse de chaque voxel de position correspondant à chacune phases du cycle cardiaque. On dispose d’une nouvelle matrice de taille et qui contient les valeurs d’amplitude de la vitesse ‖⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗‖ . 4.3 . 4.3 . La segmentation Seuillage 3D sur l’amplitude du vecteur vitesse De manière identique au traitement des images 2D IRM-PC, la segmentation est basée sur une transformée de Fourier (cf. $4.2.1.2). Elle est appliquée sur la série d’images représentant 107 l’amplitude du vecteur vitesse et va fournir une image binaire pour chaque plan de coupe. Son objectif est de reconstruire en quatre étapes le volume de flux acquis. 1. Un plan de coupe du volume d’image est défini par l’utilisateur à l’aide du curseur. L’algorithme algorithmeSegmentation2D() est ensuite appliqué sur un plan de coupe du volume d’images reconstruit. On se trouve dans la même configuration que pour une séquence 2D IRM-PC et une image binaire est obtenue (Figure 4-25). 2. Un seuillage sur l’amplitude de la composante fréquentielle principale est réalisé (cf. $4.2.1.2.) et la valeur du seuil. 3. L’algorithme de segmentation en 2D est appliqué sur l’ensemble des coupes du volume et on obtient pour chacun d’entre eux une image binaire (en blanc les pixels de flux). 4. Une nouvelle matrice 3D, de taille qui est indépendante du temps est enregistrée. Cette matrice contient l’ensemble des images binaires du volume. Figure 4-25 : Application de la segmentation par FFT sur un plan de coupe du volume afin de définir la valeur seuil. AV : Artère Vertébrale, VJI : Veine Jugulaire Interne, ACI : Artère Carotide Interne, ACE : Artère Carotide Externe. Description de l’algorithme de segmentation du volume vasculaire Début algorithmeSegmentation3D() En tier ; Entier ; valeur du plan de coupe défini par l’utilisateur Entier ; matrice 2D binaire Entier ; Matrices dans lesquelles on charge les images de phase = algorithmeSegmentation2D( ) ; L’algorithme est appliqué pour un plan de coupe k du volume d’images d’amplitude du vecteur vitesse et la matrice binaire est enregistrée dans = définiParUtilisateur ( ) ; Une valeur seuil est définie et enregistrée à partir de l’image binaire pour bien différencier les pixels de flux des pixels de bruit. Pour jusqu’à ; On parcourt tous les plans de coupes du volume 108 = algorithmeSegmentation2D( pour chacun des plan de coupes du volume = matrice 3D, ) ; On applique l’algorithme avec une valeur de seuil fixée Pour chaque plan de coupe la matrice est enregistrée dans la. Fin Seuillage sur la phase En plus de l’information sur l’amplitude de la fréquence, la transformée de Fourier nous fournit une information sur la phase. De la même manière qu’une fréquence du signal est associée à une amplitude elle est aussi fonction d’une valeur de phase. Pour une fréquence du signal observé, la valeur de la phase sera différente qu’il s’agisse d’un signal artériel, veineux ou du LCS. Cette propriété a été mise en évidence par Balédent et al. en 2001 [48]. La phase de chaque voxel de la matrice est calculée et enregistrée. L’intérêt est de se servir de cette valeur pour différencier les pixels appartenant à un écoulement artériel, veineux ou du LCS. On crée une matrice de taille qui contient pour chaque pixel la valeur de sa phase. La valeur de la phase est comprise entre et il a été remarqué empiriquement que si la transformée de Fourier est appliquée sur un signal veineux, la phase du pixel tend vers 0, tandis que pour un signal artériel sa phase tend vers. Une valeur seuil est sélectionner par défaut où les pixels ayant une phase compris entre 0 et sont considérés comme représentant d’un signal veineux et ceux ayant une valeur de phase comprise entre et sont considérés comme représentant un signal artériel. 1. Reconstruction de l’arborescence Finalement, dans la matrice seuls les pixels contenant un signal de flux significatif (supérieur au seuillage effectué) ont une valeur égale à 1 représentant l’arborescence de l’écoulement vasculaire segmenté. Ce volume est affiché dans une nouvelle fenêtre qui permet sa visualisation en 3D et son traitement (Figure 4-26). Deux méthodes peuvent être utilisées pour reconstruire le volume 3D :  La première affiche tous les éléments de la matrice et donc le volume segmenté en entier ;  La seconde, n’affiche que les pixels ayant un lien entre eux grâce à un algorithme de propagation. Sous IDL la fonction utilisée est SEARCH3D(). Elle prend en paramètre le volume et les coordonnées du pixel de flux (apparaît en blanc sur l’image) défini par l’utilisateur. L’algorithme part du pixel défini et fait grossir le volume en agglomérant tous les pixels voisins qui ont des propriétés identiques (dans notre cas une valeur égale à 1). Tous les pixels connectés entre eux sont enregistrés dans le volume et une arborescence vasculaire peut être affichée. 109 Figure 4-26 : Exemple d’une reconstruction de l'anatomie vasculaire acquise en 4D IRM-PC. ACC : Artère Carotide Commune, ACI : Artère Carotide Interne, ACE : Artère Carotide Externe , VJI : Veine Jugulaire Interne. Grâce aux informations de phases contenues dans la matrice les vaisseaux qui composent la représentation 3D de l’arborescence sont affichés en couleur, les artères sont représentées en rouge et les veines en bleu. 2. Sélection d’un nouveau plan de coupe Un des principaux avantages des séquences 4D IRM-PC est qu’il est possible en post-traitement de reconstruire des plans de coupe 2D dans toutes les obliquités. Le module développé permet de déplacer et orienter un plan de coupe dans le volume 3D qui représente l’anatomie vasculaire segmentée. Comme lors de l’acquisition d’une série 2D IRM-PC, on positionne manuellement un plan de coupe perpendiculaire au vaisseau à quantifier à l’aide d’un curseur (Figure 4-27). Le positionnement du plan de coupe se fait par translation ou par rotation suivant un axe défini par l’utilisateur. Une fonction transfom_volume() est créée pour effectuer cette opération. Elle utilise dans son algorithme la fonction T3D() d’IDL qui permet les transformations géométriques (rotation, translation, changement d’échelle) dans une matrice 3D. Les images IRM-PC sont reconstruites en fonction du positionnement du plan de coupe à l’aide de la fonction extract_slice() fourni par IDL et qui reconstruit les points appartenant à un plan de coupe dans un volume 3D à l’aide d’une interpolation polynomiale. 110 Figure 4-27 : Boîte d’outils permettant de déplacer le plan de coupe sur le volume. Les curseurs sont encadrés en bleu. Ils déplacent le plan de coupe suivant l’axe paramétré dans « axis direction ». Le bouton « display slice » reconstruit les images en 2D par rapport au plan de coupe de coupe positionné. Sur la Figure 4-28.a on observe un plan de coupe positionné perpendiculairement aux artères carotides interne et externe. Les images de phase (Figure 4-28.b, c et g) avec la vitesse encodée suivant les trois directions de l’espace et l’image d’amplitude (Figure 4-28.f) sont reconstruites en fonction de la position du plan de coupe. L’image binaire fournit par la segmentation est également reconstruite (Figure 4-28.d). Finalement, une image supplémentaire est affichée en couleur (Figure 428.h). Sur cette image, une couleur affichée est le résultat du mélange des trois intensités de couleurs primaires : ⃗⃗⃗⃗⃗ en vert, ⃗⃗⃗⃗⃗ en bleu et ⃗⃗⃗⃗ en rouge. Cette représentation qualitative nous donne une information sur l’homogénéité de la distribution du champ des vitesses dans la direction du vaisseau. Figure 4-28 : Reconstruction des images de phase (b, c et g) et d’amplitude (f) en fonction du positionnement du plan de coupe (en jaune) sur l’anatomie vasculaire reconstruite (a). Deux images supplémentaires sont affichées : l’image binaire (d) qui vient de la segmentation et une image couleur (h). ACI : Artère Carotide Interne, ACE : Artère Carotide Externe. 111 3. Extraction des données de vitesse et sauvegarde On retrouve l’image binaire des vaisseaux segmentés (Figure 4.28.d) comme dans le cadre du traitement des images 2D IRM-PC. La démarche est ensuite identique à ce qui est fait en 2D : 1. On sélectionne le vaisseau dans lequel on souhaite obtenir les mesures de vitesses (Figure 429.a). 2. Le logiciel extrait l’évolution des vitesses maximum, minimum et moyenne au cours du cycle cardiaque pour les pixels considérés comme appartenant au vaisseau. Ainsi, les courbes d’évolution des vitesses et débit au cours du cycle cardiaque peuvent être reconstruites (Figure 4-29.b et c). 3. Si des artefacts d’aliasing et/ou de courant de Foucault sont présents sur l’image il est possible de corriger les courbes en appliquant les algorithmes présentés dans le paragraphe $4.3.4. 4. Comme pour l’IRM par contraste de phase 2D les vitesses, débits, temps, surfaces et paramètres clefs de la courbe sont enregistrées dans un fichier texte ou Excel. Figure 4-29 : Exemple d’une segmentation de la section d’une carotide interne (a). Evolution des vitesses moyenne, maximum et minimum (b) et du débit (c) au cours du cycle cardiaque dans la carotide interne. 1. Export des données vers d’autres outils de traitement Pour traiter les séquences 4D IRM-PC, plusieurs équipes utilisent des logiciels de traitement d’images qui ne sont pas exclusifs à l’analyse des images médicales (Matlab, Paraview, Ensight...). Ce sont des logiciels reconnus pour leur performance et qui offrent d’autres possibilités de traitement et de visualisation. Le volume vasculaire sur ces logiciels est enregistré vers un format Excel pour permettre son traitement sur d’autres logiciels. Les matrices,, et sont exportées dans des fichiers Excel et converties au format VTK, qui est utilisé par le logiciel Paraview. Ainsi, on peut exploiter les outils proposés par Paraview pour reconstruire les lignes de courant ou les vecteurs vitesses. 112 Conclusion En conclusion, à partir de l’interface du logiciel développé en laboratoire et des outils déjà implémentés nous avons pu ajouter nos propres algorithmes afin de répondre aux problématiques posées par les vaisseaux de la région tête et cou. Le filtrage du bruit permet de « nettoyer » l’image et de faciliter la visualisation et la segmentation. Le développement d’un algorithme de contour actif nous apporte une meilleure précision en suivant les contours du vaisseau et ajoute l’information sur l’évolution de la surface au cours du cycle cardiaque. Le suivi des contours du vaisseau a permis également de créer un algorithme de calcul du WSS offrant une nouvelle information. L’interface reste simple et conviviale et la durée de traitement des images est de l’ordre de la minute. Dans le cas des acquisitions volumique de flux, le logiciel est capable de lire et organiser les DICOM des séquences 4D IRM-PC de Philips et de General Electric. Il s’appuie sur un algorithme de segmentation original (basé sur la transformée de Fourier) pour reconstruire l’arborescence acquise. Un plan de coupe peut être positionné sur le volume vasculaire pour se retrouver dans le même environnement que celui du traitement des séquences 2D IRM-PC, cela permet au logiciel de rester simple d’utilisation. Tous les types d’écoulement peuvent être segmentés (artères, veine, LCS) peu importe leurs diamètres. Des outils de correction d’artefacts et d’enregistrement des données sont également disponibles pour le traitement 4D. 113 Chapitre 5. Evaluation des mesures de vitesses par IRM-PC Introduction L’objectif de ce chapitre est d’évaluer la précision des mesures de vitesses à partir des acquisitions IRM-PC. Pour cela, trois fantômes ont été créés, chacun possédant des propriétés différentes qui reproduisent les principales caractéristiques des vaisseaux sanguins irriguant la face. Ce chapitre est scindé en 4 parties :     La première partie est consacrée à l’évaluation des séquences 2D IRM-PC dans des tubes bifurqués de diamètres de l’ordre du millimètre. La précision des mesures de vitesses est évaluée pour plusieurs paramètres sur le fantôme de bifurcation. L’objectif est d’obtenir un protocole 2D IRM-PC précis d’acquisition des vitesses, adapté à des diamètres de vaisseau de l’ordre du millimètre et d’une durée compatible avec la pratique clinique. Dans la deuxième partie le fantôme de bifurcation est à nouveau utilisé. Des séquences 2D et 4D IRM-PC sont appliquées avec un facteur d’accélération (k-t PCA) dont on évalue l’influence sur la précision des mesures de vitesses. En troisième partie, les séquences 2D et 4D IRM-PC sont appliquées sur un fantôme flexible, l’apport des deux techniques l’apport et la précision des deux techniques sont comparés lorsque les parois du fantôme se déforment. La dernière étude, effectuée sur le fantôme d’une arborescence de la carotide externe, a pour objectif d’appliquer un protocole IRM-PC en 2D et en 4D sur une géométrie complexe, avec des contraintes similaires (diamètres des vaisseaux, positionnement des plans de coupe) à celles retrouvées chez les patients. 5.1. Influence des paramètres et du choix de l’antenne dans la précision des mesures IRM-PC 5.1.1. Introduction La quantification de l’écoulement du sang dans des vaisseaux d’un diamètre important, tels que l’aorte ou la veine cave (environ 30 mm), peut être facilement réalisée [34]. Cependant, l’évaluation du flux dans de petits vaisseaux est plus compliquée. En effet, les mesures sont alors limitées par des paramètres tels que la résolution spatiale et le rapport signal sur bruit (SNR) des acquisitions en contraste de phase [79]. Or un protocole avec une résolution spatiale très élevée augmente le temps d’acquisition de la séquence et celle-ci devient incompatible avec la pratique clinique. Il est néanmoins nécessaire de mettre au point un protocole d’évaluation des écoulements dans des petits vaisseaux par IRM-PC 2D, car de telles mesures présentent un très grand intérêt en clinique, que ce soit en neurologie pour l’étude de l’artériopathie [118] ou en chirurgie reconstructrice microvasculaire afin d’aider le chirurgien dans le choix du vaisseau receveur [119]. 114 L’objectif est de réaliser une étude in vitro sur un dispositif expérimental calibré générant des écoulements contrôlés et hautement reproductible afin d’évaluer la précision de la mesure des vitesses par IRM-PC. Parmi les études précédemment réalisées pour évaluer la séquence 2D IRM-PC, Greil et al. [79] ont utilisé un fantôme souple de 12 mm de diamètre et en faisant varier la résolution spatiale (de 0.5 x 1.0 mm2 à 1.8 x 3.75 mm2), l’épaisseur de coupe (de 4 à 8 mm), la vitesse d’encodage (de 1 à 4 m/s) et l’inclinaison du plan de coupe (de 0 à 40°). Ils ont pu constater que la résolution spatiale était le paramètre le plus influent dans la précision des mesures avec une erreur de +9% pour une section du fantôme échantillonnée en 16 pixels sur l’image. De la même manière, Bakker et al. [120] ont réalisé une étude in vitro afin d’évaluer l’influence du nombre de répétition (1 à 16), de la résolution spatiale (de 0.5 x 0.5 mm2 à 2.0 x 2.0 mm2) et de l’angle de bascule (de 7.5 à 90°) sur la précision des mesures. Dans cette étude, où un fantôme d’un diamètre de 5.3 mm est alimenté par un écoulement pulsé, ils ont démontré que pour garantir une erreur de mesure inférieure à 5%, nombre de 16 répétitions était nécessaire pour garantir un bon rapport signal sur bruit. Toujours dans le cadre d’une étude expérimentale, Meier et al. [121] ont choisi de ne pas faire varier les paramètres mais le diamètre du tube de plexiglas (16 mm et 12 mm) dans lequel circule un écoulement pulsatile, afin d’analyser la précision des mesures de vitesse en IRM-PC. Ils ont paramétré une résolution spatiale de 1.5 x 1.5 mm 2 pour une durée d’acquisition de 5 minutes. Ils ont comparé les mesures obtenues dans les deux tubes et calculé une erreur de 5% entre les deux débits moyens mesurés dans un des tubes. Toutes ces études ont donc été réalisées sur des fantômes constitués d’un diamètre supérieur à 5.3 mm et principalement à 10 mm. Aucune étude n’a jusqu’alors mis au point et évalue des séquences de mesures de vitesses dans des vaisseaux de moins de 5 mm. Nous allons analyser l’influence des différents paramètres sur le fantôme de bifurcation constitué d’une de gamme de diamètres entre 2 à 5 mm. Une résolution spatiale élevée (environ 0.5 x 0.5 mm2) est requise et l’utilisation d’une antenne de surface permet d’augmenter le rapport signal sur bruit. Les objectifs de cette partie sont : D’évaluer l’influence de différents paramètres d’acquisition (épaisseur de coupe, nombre de répétitions et fréquence de rotation de la pompe) sur la précision des mesures de vitesse en IRM-PC. Deux protocoles 2D IRM-PC sont développés, le premier avec une antenne tête 32 éléments et le second avec une antenne microscopique. Les deux antennes utilisées sont évaluées pour des paramètres d’acquisitions identiques. La précision des mesures est déterminée en fonction de la position du plan de coupe et de l’antenne choisie. Le niveau de bruit présent sur les images IRM-PC est calculé pour les images IRM acquises avec chaque antenne. 5.1.2. Matériel et méthodes 5.1.2.1. Le montage Le montage décrit dans le chapitre 3 est appliqué et le fantôme de bifurcation est utilisé (cf. $3.1.1.1.). Les capteurs de flux sont retirés du montage et le fantôme est placé dans l’IRM. Une 115 antenne microscopique et une antenne tête 32 éléments sont utilisées pour réaliser les acquisitions (cf. $3.2). 5.1.2.2. Acquisition de la géométrie du fantôme Pour chacune des deux antennes, une acquisition TOF est d’abord réalisée, celle-ci ayant pour objectif d’obtenir une imagerie de la géométrie du fantôme afin de positionner correctement les plans de coupe 2D IRM-PC. Les paramètres de la séquence TOF sont indiqués dans le Tableau 5-1. Antenne TE/TR (ms/ms) FOV (mm2) Résolution spatiale (mm2) Epaisseur de coupe (mm) Nombre de coupes NEX Angle de bascule (°) SENSE Vitesse d’encodage (mm/s) Temps d’acquisition (min) Antenne tête 32 éléments 3/23 100 x 100 0.4 x 0.4 1.2 300 1 18 2 4 Antenne microscopique 3/23 100 x 100 0.4 x 0.4 1.2 160 1 18 3 Tableau 5-1 : Paramètres de la séquence TOF réalisée avec l'antenne tête 32 éléments et l'antenne microscopique 5.1.2.3 . Evaluation des paramètres Les plans de coupe des séquences 2D IRM-PC sont placés sur les différentes branches du fantôme qui est représenté par l’imagerie TOF (Figure 5-1). 116 Figure 5-1 : (a.) Images MIP reconstruite à partir de l’acquisition TOF réalisée avec l’antenne tête 32 éléments représentant la géométrie du fantôme sur lequel les différents plans de coupe 2D IRM-PC sont placés. Images de phase acquis avec l’antenne tête 32 éléments de la branche 1 (b.), de la branche 4 (c.), de la branche 5 (d.) et de la branche 6 (e.). Images de phase acquis avec l’antenne microscopique de la branche 1 (f.), de la branche 4 (g.), de la branche 5 (h.) et de la branche 6 (i.). Les séquences 2D IRM-PC sont appliquées avec l’antenne 32 éléments puis avec l’antenne microscopique. Pour cette dernière, les acquisitions sont réalisées en deux temps, puisque son champ d’exploration (équivalent à peu près au diamètre de l’antenne (i.e. 50 mm)) n’est pas suffisant pour obtenir une imagerie de l’ensemble du fantôme avec suffisamment de signal. Les paramètres de base des séquences 2D IRM-PC appliquées avec les 2 antennes sont indiqués dans le Tableau 5-2. La résolution spatiale est moins élevée avec l’antenne tête 32 canaux puisque des champs de vue plus grand doivent être paramétrés en clinique et cela augmente la durée des acquisitions Antenne TE/TR (ms/ms) FOV (mm2) Résolution spatiale (mm2) Epaisseur de coupe (mm) NEX Angle de bascule (°) SENSE Nombre d’images par cycle Antenne tête 32 canaux 9/15 30 x 30 0.5 x 0.5 2 3 30 2 32 Antenne microscopique 9/15 30 x 30 0.2 x 0.2 2 3 30 32 Tableau 5-2 : Paramètres des séquences 2D IRM-PC réalisées avec l'antenne tête 32 éléments et l'antenne microscopique On fait varier 3 paramètres : l’épaisseur de coupe, le nombre de répétition (NEX) et la fréquence de la pompe qui est proportionnelle à la vitesse de l’écoulement dans les différentes branches du fantôme. 117 1. Dans un premier temps, l’épaisseur de coupe est modifiée à chaque acquisition : 0.5 mm, 1 mm et 2 mm. 2. On modifie ensuite le nombre de répétitions : 1, 3 et 6. 3. Finalement, on teste 3 fréquences de rotation de pompe : 60 cycles/min, 80 cycles/min et 100 cycles/min. La vitesse d’encodage des séquences 2D IRM-PC est modifiée en fonction de la branche observée et de la fréquence de pompe paramétrée (Tableau 5-3). Ces séquences sont appliquées sur les branches 1, 4, 5 et 6 du fantôme de bifurcation et sont répétées avec l’antenne microscopique et l’antenne 32 éléments. 60 cycles/min 150 250 300 350 Branche 1 Branche 4 Branche 5 Branche 6 Vitesse d’encodage (mm/s) 80 cycles/min 200 300 350 400 100 cycles/min 250 350 450 500 Tableau 5-3 : Vitesse d’encodage paramétrée en fonction de la branche observée et de la fréquence de la pompe 5.1.2.4. Evaluation des antennes L’analyse est complétée par une comparaison des mesures IRM-PC entre les deux antennes. Il est nécessaire que les paramètres des séquences soient identiques. Les mesures 2D IRM-PC sont réalisées sur les branches de la seconde moitié du fantôme. Les branches 1, 2 et 3 ne sont donc pas concernées par cette étude. On place le fantôme de manière à ce que le centre de l’antenne soit situé au point où les branches de la bifurcation (branches 4 et 5) se rejoignent pour former la branche de sortie (branche 6). Ce point est défini sur la Figure 5-2 comme le zéro des axes des coordonnées. Figure 5-2 : Positionnement des plans de coupe 2D IRM-PC sur les branches du fantôme Une imagerie TOF (Tableau 5-1) est acquise afin d’obtenir la géométrie du fantôme. Les séquences 2D IRM-PC sont appliquées avec l’antenne tête 32 éléments puis l’antenne microscopique. Les paramètres de la séquence 2D IRM-PC sont indiqués dans le Tableau 5-4. La vitesse d’encodage est fixée à 350 mm/s, 450 mm/s et 500 mm/s pour des mesures réalisées, respectivement, dans les 118 branches 4, 5 et 6. Sur chacune des branches, trois plans de coupe sont positionnés (Figure 5-2) chacun à une distance différente du zéro de l’antenne (point de bifurcation) telle qu’indiquée dans le Tableau 5-5. Séquence TE/TR (ms/ms) FOV (mm2) Résolution spatiale (mm2) Epaisseur de coupe (mm) NEX Angle de bascule (°) Images par cycle Vitesse d’encodage (mm.s-1) Temps d’acquisition (min) 2D PC-MRI 9/16 30 x 30 0.2 x 0.2 2 3 30 32 350 – 450 500 3 Tableau 5-4 : Paramètres des séquences 2D IRM-PC appliqués avec l’antenne tête 32 éléments et l’antenne microscopique Branche 4 (2mm) 5 (3mm) 6 (4mm) Coupe 1 -17 -17 17 Distance du 0 (mm) Coupe 2 -13 -13 13 Coupe 3 -9 -9 9 Tableau 5-5 : Distance des plans de coupe par rapport au zéro de l'antenne 5.1.2.5. Analyse des données Précision des mesures Les acquisitions 2D IRM-PC sont analysées avec le logiciel décrit dans le chapitre 4. Il permet d’extraire les courbes de débit à l’intérieur des branches segmentées. Les courbes de débit peuvent ensuite être comparées aux courbes de débit fournies par les capteurs de débit Le fantôme est composé de branches rigide. Comme l’eau est un fluide incompressible on peut, grâce à la conservation de la masse, additionner le débit mesuré dans les branches 4 et 5 afin de le comparer aux débits mesurés dans les branches d’entrée (Branche 1), de sortie (Branche 6) et dans les branches de la bifurcation (Branches 4 et 5) et les comparer avec la courbe de débit fournie par le capteur. La précision des mesures est évaluée en calculant la différence entre le débit théorique de la pompe mesuré par le capteur ( ) et le débit mesuré par l’IRM ( ) dans chaque branche. L’erreur de mesure est définie par l’expression : (5.1) 119 On peut de la même manière évaluer la précision de mesure de surface entre la valeur réelle mesurée sur le fantôme ( ) et celle mesurée à partir des images 2D IRM-PC ( ). Une formule similaire à la précédente est utilisée pour calculer l’erreur sur la mesure de la surface : (5.2) Rapport signal sur bruit Le niveau de bruit est évalué sur les images IRM-PC à partir de la formule introduite par Lee et al. [68], équation (2.25), et la méthode de calcul du rapport signal sur bruit est détaillée dans le paragraphe $2.2.8.1. Le niveau de bruit est déterminé pour chacune des images d’amplitude de la série et est moyenné sur les 32 images acquises le long du cycle de la pompe pour chacun des plans de coupe. 5.1.3. Résultats 5.1.3.1. Influence des paramètres Les durées d’acquisition des séquences en fonction des paramètres sont indiquées dans le Tableau 56. On observe que l’épaisseur de coupe, contrairement aux deux autres paramètres, n’a pas d’influence sur le temps d’acquisition. Plus on augmente le nombre de NEX, plus la durée de l’acquisition augmente. A l’opposé, augmenter la fréquence de rotation de la pompe diminue le temps d’acquisition. Epaisseur de coupe (mm) NEX Fréquence (cycles/min) 0.5 1 2 1 3 6 60 80 100 Durée d’acquisition (s) Antenne 32 éléments Antenne microscopique 73 250 73 250 73 250 25 80 73 250 145 500 97 290 73 250 40 230 Tableau 5-6 : Durée de l’acquisition en fonction des paramètres. L’erreur, normalisée en pourcentage, dans la mesure du débit moyen pour chaque branche observée est indiquée dans la Figure 5-3 en fonction de l’épaisseur de coupe, dans la Figure 5-4 en fonction du nombre de répétitions et dans la Figure 5-5 en fonction de la fréquence de rotation de la pompe. 120 Figure 5-3 : Précision des mesures de débit pour les différentes branches observées en fonction de l’épaisseur de coupe pour des images acquises avec l’antenne tête 32 éléments (a.) et avec l’antenne microscopique (b.) Dans la Figure 5-3, on observe que l’erreur diminue lorsque l’on augmente l’épaisseur de coupe. Pour les acquisitions réalisées avec l’antenne tête 32 éléments (Figure 5-3.a), les mesures effectuées sur la branche d’entrée possèdent une erreur plus élevée par rapport aux mesures de débit effectuées dans les autres branches. Avec l'antenne microscopique (Figure 5-3.b), la précision des mesures semble meilleure qu’avec l’antenne tête 32 éléments. Figure 5-4 : Précision des mesures de débit pour les différentes branches observées en fonction du nombre d’excitation (NEX) pour des images acquises avec l’antenne tête 32 éléments (a.) et avec l’antenne microscopique (b.) Dans la Figure 5-4, l’erreur diminue lorsque le nombre de répétitions augmente. Pour les acquisitions réalisées avec l’antenne tête 32 éléments (Figure 5-4.a), l’erreur est toujours plus élevée pour les mesures de la branche d’entrée. Cependant, pour un nombre de répétition de 6 la précision de la mesure du débit dans la branche d’entrée est équivalente à celles observées dans les branches de la bifurcation et de sortie. Les mesures acquises sur la branche de sortie restent plus précises par rapport à celles des autres branches. Avec l’antenne microscopique (Figure 5-4.b), l’erreur est homogène pour les différentes branches et les mesures sont plus précises par rapport à l’antenne 32 éléments. 121 Figure 5-5 : Précision des mesures de débit pour les différentes branches observées en fonction de la fréquence de la pompe pour des images acquises avec l’antenne tête 32 éléments (a.) et avec l’antenne microscopique (b. ) Dans la Figure 5-5, la précision des mesures ne semble pas être influencée par la fréquence de rotation et la vitesse de l’écoulement. Pour l’antenne tête 32 éléments (Figure 5-5.a), l’erreur diminue légèrement dans les branches de la bifurcation et la branche de sortie sans que cela ne soit significatif, et l’erreur dans la branche d’entrée est toujours supérieure à celles des autres branches. Les mesures effectuées avec l’antenne microscopique (Figure 5-5.b) sont proches de 0 quelles que soient la branche observée et la fréquence de la pompe. Les courbes de débit sont affichées dans la Figure 5-6 pour les images acquises pour une fréquence de 60 cycles/min, dans la Figure 5-7 pour une fréquence de 80 cycles/min et dans la Figure 5-8 pour une fréquence de 100 cycles/min. 122 Figure 5-6 : Courbes de débit reconstruites à partir des images 2D IRM-PC pour une fréquence de pompe de 60 cycles/min acquises avec (a.) l’antenne tête 32 éléments et (b.) l’antenne microscopique. Figure 5-7 : Courbes de débit reconstruites à partir des images 2D IRM-PC pour une fréquence de pompe de 80 cycles/min acquises avec (a.) l’antenne tête 32 éléments et (b.) l’antenne microscopique. 123 Figure 5-8 : Courbes de débit reconstruites à partir des images 2D IRM-PC pour une fréquence de pompe de 100 cycles/min acquises avec (a.) l’antenne tête 32 éléments et (b.) l’antenne microscopique. Pour les deux antennes, les courbes de débit reconstruites possèdent un profil similaire à ceux des courbes de débit fournies par la pompe. Dans le cas des images acquises avec l’antenne tête 32 éléments (Figure 5-6.a, Figure 5-7.a, Figure 5-8.a), les courbes de débit reconstruites dans la branche d’entrée possèdent une amplitude plus faible que celles fournies par le capteur. L’erreur dans la mesure de la surface est affichée dans la Figure 5-9 en fonction de l’épaisseur de coupe, dans la Figure 5-10 en fonction du nombre de répétitions et dans la Figure 5-11 en fonction de la fréquence de rotation de la pompe.
27,148
d0008cb533d017f00bdc3a6d537e955e_12
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,018
Niveau de cyberactivité
None
French
Spoken
6,802
12,273
12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721440 Personnes dotées d’un niveau d’instruction élevé dans la population en âge de travailler, par pays de naissance, 2015 En pourcentage du groupe correspondant, population âgée de 15 à 64 ans % 70 Personnes nées à l’étranger 23 21 0.4 30 17 22 11 29 59 15 32 18 21 14 Personnes nées dans le pays considéré 15 0.5 2 60 18 9 21 10 13 6 1 4 14 16 2 18 9 10 13 3 Pourcentage de personnes nées à l’étranger dans la population âgée de 15 à 64 ans 50 40 30 20 10 IT A CH L FI N SV K CZ E NL D ES P TU R DE U GR C SV N R CH E US A SW E DN K OC DE M EX HU N BE L PR T AU T IS L FR A X L NO T NZ LU L IR ES S R GB AU L R IS PO N CA 0 Source : Calculs de l’OCDE, d’après Eurostat, Enquête sur les forces de travail, et sources nationales, juillet 2017. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721459 Mesurabilité La collecte de statistiques sur l’éducation par l’UNESCO-OCDE-Eurostat (UOE) constitue la principale source de données sur les inscriptions et les diplômes dans le supérieur, par pays d’origine et de destination. La notion d’étudiants internationaux est plus pertinente pour l’analyse de la mobilité des étudiants. En l’absence de données sur les étudiants internationaux, on utilise celles relatives aux étudiants étrangers afin d’obtenir un panorama plus complet. La base de données sur les immigrés dans les pays de l’OCDE fournit les informations les plus complètes et comparables sur les immigrés qui vivent dans les pays de l’OCDE. Les données proviennent essentiellement des recensements démographiques et des registres de la population avec, en complément, des enquêtes sur la population active, moins précises pour les petites populations. Comme la plupart des recensements suivent un cycle décennal, on ne disposait pas de données suffisamment récentes pour offrir un panorama détaillé de la situation concernant les titulaires de doctorat. Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 127 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 4. Mobilité des scientifiques Flux bilatéraux internationaux d’auteurs scientifiques, 2006-16 Grands flux bilatéraux, par première et dernière affiliation principale répertoriée Le saviez-vous ? Les scientifiques qui entreprennent des recherches à l’étranger puis retournent dans l’économie dans laquelle ils ont publié pour la première fois contribuent à élever la qualité globale de la recherche de cette économie de 20 % en moyenne. Flux principal (dans le sens indiqué : A B) Flux inverse (B A) GBR USA USA CHN CAN USA DEU USA IND USA JPN USA FRA USA USA AUS USA KOR HKG CHN DEU GBR GBR AUS ITA USA DEU CHE ESP USA USA CHE GBR CAN FRA GBR BRA USA FRA DEU NLD USA ISR USA JPN CHN DEU AUT ITA GBR FRA CAN IRL GBR ESP GBR La mobilité des scientifiques favorise la circulation des connaissances. L’une des solutions pour l’étudier consiste à observer les changements d’établissements d’affiliation mentionnés dans les publications parues dans les revues spécialisées. Cette approche montre que la circulation des cerveaux (renouvellement) est beaucoup plus importante que les gains ou les pertes (flux nets). Au cours de la période 200616, les neuf plus grands flux bilatéraux internationaux de scientifiques ont fait intervenir les États-Unis. Sur les 40 premiers flux bilatéraux internationaux, 14 ont représenté un bénéfice net pour les États-Unis, 6 pour le Royaume-Uni et 5 pour la Chine. En 2016, les auteurs établis au Luxembourg et en Suisse affichaient les taux de mobilité les plus élevés au sein de la zone OCDE. Dans l’économie médiane, 95 % des scientifiques se trouvaient déjà là au moment de leur précédente publication. Les schémas de mobilité varient selon les économies ; par exemple, en Israël et en Italie, la majorité des entrants sont en réalité des réentrants, c’est-à-dire des chercheurs de retour dans leur pays de départ. Au contraire, en Suisse, la plupart des chercheurs affichant une mobilité internationale sont de nouveaux arrivants. À quelques exceptions près, les scientifiques qui ne changent pas d’économie d’affiliation (résidents) sont davantage susceptibles de publier dans des revues de moindre notoriété. Les sortants tendent à être associés à des publications mieux cotées que leurs homologues résidents ou réentrants. C’est cependant la tendance inverse que l’on observe aux ÉtatsUnis, où les scores obtenus par les chercheurs entrants restent supérieurs à ceux des chercheurs qui sont restés dans le pays, ce qui montre une capacité durable du pays à attirer des scientifiques de haut niveau. USA TWN FRA CHE ITA FRA NLD DEU RUS USA GBR CHN MEX USA Définitions Les auteurs scientifiques sont référencés dans la base de données Scopus des revues à comité de lecture, et associés à un identifiant d’auteur unique, attribué par Elsevier. La mobilité internationale est déterminée pour les auteurs ayant publié au moins deux articles au cours de la période de référence, sur la base des changements d’affiliation et de l’ordre de publication. Les résidents sont les scientifiques dont l’économie d’affiliation reste la même au cours de la période de référence. Les réentrants sont les auteurs qui sont de retour dans l’économie de leur première affiliation ; c’est ce qui les distingue des nouveaux arrivants. Enfin, les sortants sont évalués à partir de leur affiliation au début de la période de référence. SWE USA USA TUR CAN CHN ESP FRA NLD GBR 0 10 000 20 000 30 000 40 000 Flux Source : Calculs de l’OCDE, d’après Scopus Custom Data, Elsevier, version 4.2017, juillet 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721478 128 L’indicateur SJR (Scimago Journal Rank) mesure l’influence scientifique des revues spécialisées en tenant compte à la fois du nombre de citations dont elles ont bénéficié et de l’importance, ou de la notoriété, des revues dans lesquelles ces citations paraissent (González-Pereira et al., 2010). Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 4. Mobilité des scientifiques Mobilité internationale des auteurs scientifiques, 2016 En pourcentage des auteurs, par dernière affiliation principale répertoriée en 2016 Nouveaux arrivants % 20 Réentrants Sortants Flux nets (échelle de droite) % 5 4 15 3 10 2 5 1 0 0 -5 -1 -2 -10 -3 -15 -4 -5 LU X CH E IR L GB R AU T ZA F NZ L IS L CH L BE L CA N SW E AU S DN K ID N NL D DE U NO R PR T FR A IS R ES T FI N GR C US A M EX HU N ES P SV K SV N IN D CZ E IT A KO R BR A LV A RU S CH N JP N PO L TU R -20 Source : Calculs de l’OCDE, d’après Scopus Custom Data, Elsevier, version 4.2017, juillet 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721497 Impact attendu des citations des auteurs scientifiques, par profil de mobilité, 2016 Valeurs SJR (Scimago Journal Rank) moyennes pour 2015 Sortants Nouveaux arrivants Réentrants Résidents Valeur moyenne, SJR 2015 3.5 3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 IS L CH E US A GB R IS R NL D DN K DE U SW E CA N FR A BE L AU S AU T FI N NO R LU X IR L ES P IT A NZ L HU N JP N ES T KO R CH L PR T ZA F CH N GR C SV N CZ E M EX BR A PO L IN D LV A SV K TU R RU S ID N 0 Source : Calculs de l’OCDE, d’après Scopus Custom Data, Elsevier, version 4.2017 et valeurs SJR (Scimago Journal Rank) de 2015 des titres de la liste de revues Scopus (consulté en juin 2017), juillet 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721516 Mesurabilité Élaborés à l’origine par Elsevier (2011), les indicateurs bibliométriques donnent des informations complémentaires sur la mobilité internationale des chercheurs ; ils sont toutefois expérimentaux et doivent, à ce titre, être interprétés avec prudence (Moed et al., 2013). Les données sur la mobilité sont moins précises voire manquantes pour les auteurs qui sont moins prolifiques, ou qui intègrent ou quittent des fonctions non universitaires. Il arrive que les affiliations à des établissements soient enregistrées après un certain délai et ne reflètent pas le lieu où la recherche a été menée. Dans cette édition, les auteurs qui ont plusieurs affiliations se voient associer une « économie principale » par document (celle-ci étant sélectionnée aléatoirement si toutes les économies ont le même poids). Plus important encore, une attribution non rigoureuse des identifiants aux auteurs peut fausser les estimations de la mobilité, qui seront sous-évaluées si plusieurs identifiants sont affectés à une même personne, ou surévaluées si les personnes possèdent des noms courants. L’initiative ORCID (Open Researcher and Contributor ID) promeut l’utilisation d’identifiants uniques pouvant être associés aux résultats de recherche des chercheurs. L’OCDE a réalisé et publié une analyse du réseau de mobilité internationale des scientifiques et de ses principaux moteurs (Appelt et al., 2015). Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 129 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 5. Mondialisation de la R-D R-D des entreprises financée par des fonds étrangers, par source de financement, 2015 En pourcentage des dépenses intérieures de R-D des entreprises Le saviez-vous ? Le Royaume-Uni est le premier bénéficiaire des financements de l’UE pour la R-D dans l’enseignement supérieur : il a reçu 615 millions EUR en 2014, c’est-à-dire 8 % de la R-D dans l’enseignement supérieur. Entreprises étrangères Organisations internationales Autres fonds du reste du monde Ventilation non disponible Part des DIRDE financée par le reste du monde, 2005 ISR Dans notre économie mondialisée actuelle, les entreprises financent leurs activités de R-D de diverses manières, et notamment à l’aide de leurs propres fonds (par exemple, bénéfices non distribués) et de sources nationales et internationales. La principale source internationale consiste en des paiements en provenance d’entreprises étrangères, dont celles qui entretiennent des relations de propriété ou de contrôle avec l’entreprise qui cherche à financer sa R-D. Les subventions et les contrats de recherche émanant d’organisations internationales sont une autre source internationale importante. Dans de nombreux pays, les fonds étrangers soutiennent une part considérable de la R-D des entreprises : plus de 20 % en Autriche, en Irlande, en Islande et en République tchèque, et plus de 50 % en Israël où une large part de la R-D des entreprises est menée par des entreprises affiliées sous contrôle étranger, et en Lettonie où près de 40 % des DIRDE sont financées par l’UE. 54.3 LVA 50.4 ISL 35.9 CZE IRL AUT GBR FIN CAN HUN SVK NLD Dans beaucoup de pays aussi, les entreprises affiliées sous contrôle étranger sont responsables d’une part importante de la R-D des entreprises : plus d’un cinquième dans la plupart des pays, et plus de la moitié en Autriche, en Belgique, en Irlande, en Israël, en République slovaque, en République tchèque et au Royaume-Uni. Cette tendance met en lumière la mondialisation de la R-D des entreprises et son importance dans les entreprises multinationales. Le Japon est le dernier du classement pour ce qui est des financements par des fonds étrangers et par des entreprises affiliées sous contrôle étranger, ce qui témoigne de son degré relativement faible d’intégration à l’environnement de R-D international. NOR CHE ITA BEL UE28 NZL ZAF FRA POL GRC Les organisations internationales, et notamment l’Union européenne, financent plus de 40 % de la R-D des entreprises en Lettonie. Les fonds de la Commission européenne (CE) peuvent aussi être particulièrement importants pour la R-D menée par les établissements d’enseignement supérieur et les organismes publics de recherche. Les premiers bénéficiaires en sont l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ces fonds sont plus déterminants au Royaume-Uni où ils soutiennent 7.4 % de la R-D de l’État et de l’enseignement supérieur contre seulement 3.9 % en Allemagne – un pourcentage plus élevé que dans n’importe quel autre pays de l’Europe de l’Ouest, à l’exception de la Grèce ou de l’Irlande. EST ESP OCDE SWE SVN USA DNK DEU PRT RUS Définitions CHL TUR AUS CHN KOR MEX JPN 0 5 10 15 20 25 30 35 % Source : OCDE, Base de données sur les statistiques de la recherche et développement, http://oe.cd/srd-fr, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721535 130 Le reste du monde recouvre l’ensemble des institutions et personnes qui ne disposent pas, sur le territoire économique considéré, de site, de lieu de production ou de locaux dans lesquels ou depuis lesquels mener des activités économiques et des opérations économiques de grande envergure. Il regroupe toutes les unités (y compris parties d’entreprises, universités, organismes publics, organisations à but non lucratif, etc.) non résidentes dans le pays de référence, ainsi que les organisations internationales et entités supranationales, y compris les installations et activités qu’elles possèdent à l’intérieur du pays considéré. Les entreprises affiliées sous contrôle étranger sont les entreprises du pays de référence détenues majoritairement par une société mère étrangère. Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 5. Mondialisation de la R-D Dépenses de R-D engagées par des entreprises affiliées sous contrôle étranger, échantillon de pays, 2015 ou année disponible la plus récente En pourcentage des dépenses intérieures de R-D des entreprises 2015 % 80 2005 70 60 50 40 30 20 10 E N JP CH A US N FI A U FR DE T ES N SV IT A D NL S R NO AU N P E SW CA L PO ES T AU R K E CZ GB L BE SV L IR IS R 0 Source : OCDE, Base de données sur les activités des entreprises multinationales, http://oe.cd/amne ; Eurostat, Base de données FATS entrantes ; OCDE, Base de données sur les statistiques de la recherche et développement, http://oe.cd/srd-fr, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721554 Financement de la R-D de l’État et de l’enseignement supérieur en Europe par la Commission européenne, 2015 Millions EUR PPP, prix de 2010 R-D de l’enseignement supérieur, financée par la CE R-D de l’État, financée par la CE Ventilation non disponible R-D État et enseignement supérieur, financée par la CE, 2005 Financement > 300 millions EUR Million EUR 1 000 Financement < 300 millions EUR N LV A NO R BG R ES T SV N TU R CY P M LT HR V LU X IS L T PR GR BE FR ES SV PO CZ GB DE HU 0 LT U SW E NL D FI N AU T DN K IR L RO U 0 L 50 A IT A 200 P 100 K 400 L 150 E 600 R 200 U 800 C 250 Source : OCDE, Base de données sur les statistiques de la recherche et développement, http://oe.cd/srd-fr ; Eurostat, statistiques de la recherchedéveloppement ; Eurostat, PPP pour agrégats SEC 2010, juillet 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721573 Mesurabilité Du fait de l’internationalisation croissante de la R-D et des autres activités économiques, il devient difficile de déterminer précisément les flux financiers associés à la R-D qui circulent entre les entreprises, ainsi que la nature exacte de ces flux. Si les enquêtes sur la R-D permettent de recueillir des informations pertinentes, elles sont essentiellement axées sur les activités de R-D intra-muros nationales. Par conséquent, dans la plupart des pays, les informations sur les activités de R-D des multinationales à l’étranger sont rares, voire inexistantes. Sans compter que la collecte d’informations précises sur la valeur et la nature économique des flux transnationaux de R-D entre entreprises peut poser beaucoup de problèmes, dans la mesure où les pratiques des multinationales en la matière, y compris le financement et l’exploitation de la production intellectuelle qui en résulte, tendent à refléter des stratégies d’optimisation fiscale. La mesure de la mondialisation de la R-D au niveau des États et d’autres institutions hors entreprises n’en est qu’à ses débuts, et la comparabilité des données reste à ce jour limitée et concentrée dans un nombre restreint de pays. La dernière édition du Manuel de Frascati (OCDE, 2015) consacre un chapitre à la mesure des différents aspects de la mondialisation de la R-D (voir http://oe.cd/frascati). Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 131 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 6. Inventions internationales Co-inventions internationales dans le domaine des TIC, 2012-15 En pourcentage du nombre total de familles de brevets IP5 dans les économies Brevets liés aux TIC Tous les brevets CZE 1.2 MYS 0.8 HUN 0.7 NZL 0.9 NLD 10.5 MEX 0.8 IRL 1.3 SGP 2.4 CHE 9.8 IND 7.2 TUR 0.7 GRC 0.4 RUS 2.0 ESP 4.7 AUT 7.9 CAN 15.5 BEL 4.6 BRA 1.5 NOR 2.1 SWE 9.1 ISR 5.8 AUS 4.7 POL 1.8 GBR 24.6 DNK 4.2 HKG 1.5 UE28 223.6 ZAF 0.6 FIN 5.9 USA 177.6 ITA 14.2 DEU 95.8 BRIICS 79.3 FRA 34.7 CHN 68.0 OCDE 802.4 TWN 52.7 Nombre total de familles de brevets IP5, milliers KOR 101.3 JPN 260.1 0 10 20 30 40 % Source : OCDE, STI Microdata Lab : Base de données sur la propriété intellectuelle, http://oe.cd/ipstats, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721592 132 Le saviez-vous ? Plus de 70 % des brevets liés aux technologies de l’information et des communications (TIC) détenus par des entreprises des Bermudes, de la Barbade, des Îles Caïmans et des Îles Vierges britanniques sont inventés à l’étranger. La diversité favorisant la créativité et l’innovation, les inventions naissent souvent de collaborations au sein d’une même économie ou entre acteurs de différentes économies. Les informations contenues dans les inventions brevetées, concernant le lieu de résidence des détenteurs et des inventeurs, aident à mettre en lumière les collaborations internationales en matière d’innovation. Elles montrent également la mesure dans laquelle les innovateurs accèdent aux connaissances dans d’autres économies pour trouver les compétences et les qualifications qui répondent le mieux à leurs besoins. Sauf dans les technologies liées à la santé, la collaboration internationale entre inventeurs a augmenté dans tous les domaines technologiques et, en particulier, dans celui des TIC. Les co-inventions internationales sont plus courantes dans les TIC que dans d’autres domaines technologiques, et représentent un tiers ou plus de tous les brevets liés aux TIC pour des économies comme la République tchèque ou la Malaisie. Qui plus est, à quelques exceptions près (la Chine, notamment), les inventions brevetées qui concernent les TIC reposent, en moyenne, sur des inventeurs basés dans un nombre d’économies relativement plus élevé. Il en ressort que les entreprises des TIC ont généralement accès aux connaissances développées dans un plus grand nombre d’économies, par rapport aux stratégies d’acquisition des savoirs appliquées dans d’autres domaines. Il y a souvent découplage entre les inventeurs et les détenteurs d’inventions brevetées relatives aux TIC, une tendance plus marquée dans ce domaine technologique que dans les autres puisqu’elle concerne en moyenne 7.6 % des brevets des TIC mais 6.4 % des brevets toutes technologiques confondues. Dans la zone de l’OCDE, la part des inventions TIC étrangères que détiennent les économies varie entre 57 % (Luxembourg) et 0.6 % (Italie). Définitions Les familles de brevets IP5 correspondent aux brevets déposés auprès des cinq principaux offices de brevets (IP5). Les co-inventions internationales désignent les familles de brevets IP5 dont un coinventeur au moins est localisé à l’étranger. Les pourcentages sont calculés en divisant le nombre de co-inventions internationales par le nombre total de familles de brevets IP5, pour une économie donnée, dans le domaine technologique considéré. Le nombre d’économies de résidence des inventeurs est un indicateur fondé sur le nombre moyen d’économies dans lesquelles se situent les inventeurs des familles de brevets IP5 détenus par des résidents de l’économie en question. Les inventions étrangères détenues dans les économies correspondent à la part, dans le nombre total de familles de brevets IP5 détenues dans une économie, de celles qui sont détenues par un résident de l’économie alors qu’aucun des inventeurs n’en est luimême résident. Les brevets liés aux TIC sont recensés à l’aide des codes de la Classification internationale des brevets (CIB) (voir Inaba et Squicciarini, 2017) et alignés sur les définitions de l’OCDE du secteur des TIC (2017) et des produits TIC (2008). Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 6. Inventions internationales Nombre d’économies de résidence des inventeurs, par technologie, 2012-15 Moyennes, toutes technologies confondues, familles de brevets IP5 selon la résidence du détenteur du brevet Fourchette minimum-maximum Brevets liés aux TIC Autres brevets Nombre 1.6 1.5 1.4 1.3 1.2 1.1 N N R N CH KO JP S TW IIC DE BR OC IT A A G HK S U FR DE AU D 28 UE A NL K US R GB DN R IS N FI P T AU N E SW SG E CH CA L BE IN D 1 Source : OCDE, STI Micro-data Lab : Base de données sur la propriété intellectuelle, http://oe.cd/ipstats, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721611 Inventions TIC étrangères détenues par les économies, 2012-15 En pourcentage du nombre total de familles de brevets IP5 dans les économies Brevets liés aux TIC Dix premières économies % 100 80 % 20 Tous les brevets Autres économies 15 60 10 40 5 20 U BR B VG B HK G CY M LU X IR L SG P CH E NL D BM AU T SW E FI N FR UE A 28 US A NO R M YS GB R DE U TW OC N DE CA N PO L BR A DN K BE L KO R HU N SA U NZ L JP N AU S RU S C BR HN IIC S TU R IS R ES P IN D IT A ZA F 0 0 Source : OCDE, STI Micro-data Lab : Base de données sur la propriété intellectuelle, http://oe.cd/ipstats, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721630 Mesurabilité Les collaborations peuvent revêtir différentes formes : co-inventions internationales par plusieurs entreprises, grandes ou petites, pôles de recherche conjointe mis en place par des établissements privés et publics (par exemple, entre des entreprises et des universités ou établissements publics de recherche), ou encore réseaux formels ou informels de scientifiques. Dans le cas des multinationales, la collaboration internationale témoigne souvent d’un processus suivant lequel les entreprises s’appuient sur des installations de recherche et d’innovation implantées dans plusieurs économies pour mobiliser des savoirs géographiquement dispersés et/ou développer des complémentarités avec des inventeurs étrangers. Le degré de collaboration entre des inventeurs à l’échelle internationale peut dépendre d’un large éventail de facteurs, notamment la structure de l’entreprise ou de l’établissement auxquels ils appartiennent, le domaine technologique de l’invention, et la proximité linguistique et culturelle. Les brevets liés aux TIC recouvrent 13 domaines définis selon les caractéristiques techniques et les fonctionnalités qu’ils permettent d’obtenir (par exemple, communication mobile, réseau à haut débit, informatique de haute puissance et analytique de données massives). Comme la plupart des inventions ne sont protégées que dans certaines économies, l’utilisation des données de différents offices de brevets peut conduire à des résultats différents. Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 133 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 7. Collaboration en matière d’innovation Entreprises menant des activités d’innovation en collaboration avec des établissements d’enseignement supérieur ou de recherche, par taille, 2012-14 En pourcentage des entreprises actives dans l’innovation de produit et/ou de procédé, dans chaque catégorie de taille PME Grandes entreprises GBR +6.0 BEL +2.0 AUT +0.2 FIN -2.8 SVN -4.3 EST +5.2 NOR +1.6 ESP +1.8 NLD +3.3 DNK +0.6 DEU -1.4 ISL JPN -5.4 FRA +0.8 POL +1.8 Variation du taux de collaboration des PME entre 2012 et 2014 HUN CZE -3.7 -2.8 SVK -0.5 TUR +4.4 CHE -5.9 GRC -10.7 PRT -0.1 LVA -1.9 KOR -8.1 BRA -0.9 NZL CHL +0.8 AUS -1.9 0 10 20 30 40 50 60 70 80 % Note : La comparabilité internationale peut être limitée du fait des différences méthodologiques entre les enquêtes sur l’innovation et des profils de réponses propres à chaque pays. Les pays européens suivent le schéma harmonisé de l’Enquête communautaire sur l’innovation. Source : OCDE, d’après OCDE, Enquête de 2017 sur les statistiques nationales de l’innovation et Eurostat, Enquête communautaire sur l’innovation (CIS-2014), http://oe.cd/inno-stats, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721649 134 Le saviez-vous ? En moyenne, seules 13 % des petites et moyennes entreprises (PME) actives dans l’innovation mettent au point leurs innovations en collaboration avec des universités ou des établissements de recherche, contre 31 % des grandes entreprises. Les entreprises se spécialisent pour être plus compétitives ; la collaboration leur permet d’avoir recours à un plus grand vivier de ressources et de savoirs, et de partager les risques. Les profils de collaboration dépendent des caractéristiques des entreprises et de leurs objectifs en matière d’innovation. Par exemple, les formes d’innovation fondées sur la R-D peuvent nécessiter de faire appel à différents types de partenaires. Les travaux menés en collaboration avec des établissements d’enseignement supérieur ou des établissements publics de recherche constituent une source importante de transfert de connaissances pour les grandes entreprises. Dans la plupart des pays, celles-ci sont généralement deux à trois fois plus susceptibles d’y avoir recours que les PME. La collaboration en matière d’innovation est plus fréquente avec les fournisseurs et les clients. Dans le cas des grandes entreprises, les fournisseurs jouent un rôle dominant compte tenu de l’intégration croissante des chaînes de valeur. Dans des pays comme l’Allemagne, la Corée, la Finlande et le Royaume-Uni, la collaboration avec les clients est au moins aussi importante, en particulier pour les PME actives dans l’innovation. Cette tendance pourrait être une indication de l’importance des utilisateurs en tant que moteurs de l’innovation. Les partenaires étrangers peuvent aussi jouer un rôle majeur dans le processus d’innovation, compte tenu du rôle croissant des chaînes de valeur mondiales. Mais les taux de collaboration internationale varient sensiblement d’un pays à l’autre. Dans certaines petites économies ouvertes, les entreprises privilégient fortement la collaboration avec des partenaires étrangers, un phénomène qui pourrait être lié à des facteurs tels que la spécialisation sectorielle, des possibilités limitées de collaboration au niveau national et, parfois, à la proximité de pôles de savoir extérieurs. La taille des entreprises semble constituer un déterminant majeur de la collaboration internationale : quel que soit le taux global observé en la matière, les grandes entreprises sont bien plus susceptibles que les PME de choisir cette forme d’interaction. Définitions La collaboration en matière d’innovation implique une participation active à des projets d’innovation (c’est-à-dire visant à introduire sur le marché un produit ou un procédé nouveau ou sensiblement amélioré) menés conjointement avec d’autres organisations, mais exclut la sous-traitance pure et simple des activités correspondantes. Elle peut inclure la mise en œuvre conjointe d’innovations avec des clients et des fournisseurs, ainsi que des partenariats avec d’autres entreprises ou organisations. La collaboration internationale en matière d’innovation suppose une participation transnationale active à des travaux d’innovation collaboratifs. Le classement des entreprises selon leur taille est conforme aux recommandations du Manuel d’Oslo, et s’appuie, dans la majorité des pays, sur le nombre d’employés. Les PME s’entendent des entreprises de 10 à 249 salariés, à quelques exceptions près spécifiées dans les notes de chapitre. Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION 7. Collaboration en matière d’innovation Entreprises menant des activités d’innovation en collaboration avec des fournisseurs ou des clients, par taille, 2012-14 En pourcentage des entreprises actives dans l’innovation de produit et/ou de procédé, dans chaque catégorie de taille Fournisseurs % 50 Clients PME 30 10 10 30 50 70 Grandes entreprises IT A PR T KO R DE U CH L IR L LV A TU R NZ L LU X AU S ES P PO L CH E BR A A CZ E FR E N HU T AU SW NL IS L D FI N DN K K N GR C NO R SV N JP SV L R BE GB T ES 90 Note : La comparabilité internationale peut être limitée du fait des différences méthodologiques entre les enquêtes sur l’innovation et des profils de réponses propres à chaque pays. Les pays européens suivent le schéma harmonisé de l’Enquête communautaire sur l’innovation. Source : OCDE, d’après OCDE, Enquête de 2017 sur les statistiques nationales de l’innovation et Eurostat, Enquête communautaire sur l’innovation (CIS-2014), http://oe.cd/inno-stats, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721668 Entreprises engagées dans des collaborations internationales à des fins d’innovation, par taille, 2012-14 En pourcentage des entreprises actives dans l’innovation de produit et/ou de procédé, dans chaque catégorie de taille PME 61 57 43 53 47 55 52 24 23 38 49 53 73 19 49 33 52 56 61 47 16 55 71 43 49 R 29 N 57 KO 24 Grandes entreprises JP % 100 80 Taux de PME innovantes 60 40 20 A L BR L IS R CH U TU S T DE AU P L NZ PR L PO ES E A FR CH C GR E CZ N HU D NL LV A R NO K N DN N FI T AU SV L K BE SV R GB ES T 0 Note : La comparabilité internationale peut être limitée du fait des différences méthodologiques entre les enquêtes sur l’innovation et des profils de réponses propres à chaque pays. Les pays européens suivent le schéma harmonisé de l’Enquête communautaire sur l’innovation. Source : OCDE, d’après OCDE, Enquête de 2017 sur les statistiques nationales de l’innovation et Eurostat, Enquête communautaire sur l’innovation (CIS-2014), http://oe.cd/inno-stats, juin 2017. Davantage de données via StatLink. Voir notes de chapitre. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933721687 Mesurabilité Dans les enquêtes qui suivent le schéma de l’Enquête communautaire sur l’innovation, les taux de collaboration se rapportent aux entreprises actives dans l’innovation de produit ou de procédé. Dans les autres cas, ils portent sur les entreprises pratiquant tous types d’innovation. Le concept de collaboration en matière d’innovation varie selon les modèles d’enquêtes, lorsque les groupes d’entreprises auxquelles la mesure s’applique diffèrent. Par ailleurs, la structure et les caractéristiques des enquêtes peuvent influer sur les réponses des entreprises et, par conséquent, sur les résultats. Ainsi, les réponses aux questions sur les activités d’innovation et aux questions complémentaires sur la collaboration avec des tierces parties peuvent varier selon l’ordre des questions, le champ de l’enquête, ou la combinaison avec d’autres types d’enquêtes. Les problèmes de comparabilité qui en découlent sont examinés dans le cadre de la révision en cours du Manuel d’Oslo OCDE/Eurostat sur la mesure de l’innovation dans les entreprises (http://oe.cd/manueldoslo). Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 135 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION Notes et Références Chypre La note suivante est incluse à la demande de la Turquie : « Les informations figurant dans ce document qui font référence à “Chypre” concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu’une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations Unies, la Turquie maintiendra sa position sur la “question chypriote”. » La note suivante est ajoutée à la demande de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de l’Union européenne : « La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations Unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. » Israël « Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes ou d’un tiers compétents. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de JérusalemEst et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international. » « Il est à noter que les données statistiques sur les brevets et marques israéliens sont fournies par les offices des brevets et des marques des pays concernés. » 3.1. Excellence de la recherche et spécialisation Quantité et qualité de la production scientifique, 2005 et 2015 Les « publications les plus citées » sont les 10 % de publications les plus citées, les valeurs étant normalisées par domaine scientifique et par type de document (articles, recensions et actes de conférences). Les valeurs SJR (Scimago Journal Rank) sont utilisées en complément pour hiérarchiser les publications ayant obtenu le même nombre de citations au sein d’une catégorie. Cette mesure est un indicateur de substitution de l’excellence de la recherche. Les estimations sont fondées sur des comptages fractionnaires des documents publiés, par auteur affilié à des établissements dans chaque économie. Spécialisation et impact de citation dans quelques disciplines scientifiques, 2015 “Les « publications les plus citées » sont les 10 % de publications les plus citées, les valeurs étant normalisées par domaine scientifique et par type de document (articles, recensions et actes de conférences). Les valeurs SJR (Scimago Journal Rank) sont utilisées en complément pour hiérarchiser les publications ayant obtenu le même nombre de citations au sein d’une catégorie. Cette mesure est un indicateur de substitution de l’excellence de la recherche. Les estimations sont fondées sur des comptages fractionnaires des documents publiés, par auteur affilié à des établissements dans chaque économie. Les documents publiés dans des revues multidisciplinaires/génériques sont affectés sur une base fractionnaire aux codes ASJC des articles qui citent et des articles cités. L’indicateur de spécialisation relative a été calculé en divisant la part d’un champ disciplinaire donné dans la production scientifique totale du pays par la part de ce champ disciplinaire dans la production scientifique mondiale. S’il est supérieur à 1, le pays est très spécialisé dans le champ disciplinaire en question, autrement dit la part de ce domaine dans la production du pays a une importance relative plus élevée que la part de ce domaine dans la production scientifique mondiale en général, selon les données collectées dans la base Scopus. Les chiffres ont été arrondis. Les cas où le nombre de documents d’une économie et d’un champ disciplinaire donnés est trop faible ont été supprimés. 3.2. Excellence de la collaboration scientifique Collaboration scientifique internationale, 2015 On définit la collaboration internationale comme le nombre de publications dont un auteur au moins est affilié à l’économie de référence et dont un auteur au moins est affilié à un établissement d’un autre pays ou d’une autre économie, exprimé en pourcentage du nombre total de publications dont un auteur au moins est affilié à l’économie de référence. Ce nombre inclut une part relativement faible de documents attribués à un seul auteur affilié à plusieurs établissements dans différentes économies. La collaboration internationale comprend les documents dont l’auteur principal est affilié en premier lieu à un établissement dans l’économie de référence et les documents dont l’auteur principal est affilié en premier lieu à un établissement étranger. L’auteur principal est déterminé dans la plupart des cas sur la base de l’identité de l’auteur correspondant désigné. Pour la part relativement réduite de documents pour lesquels on ne dispose pas de cette information, c’est le premier auteur mentionné qui est considéré comme l’auteur principal. 136 Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2017 © OCDE 2018 3. EXCELLENCE DE LA RECHERCHE ET COLLABORATION Notes et Références Impact de citation de la production scientifique et degré de collaboration internationale, 2012-16 La production scientifique correspond au nombre total de documents citables (articles, recensions et actes de conférences) publiés dans des revues scientifiques indexées dans la base Scopus. L’impact de citation normalisé est le rapport entre le nombre moyen de citations que reçoivent les documents publiés par des auteurs affiliés à un établissement dans l’économie de référence et le nombre moyen de citations à l’échelle mondiale, au cours de la même période, par type de document et discipline. La normalisation des valeurs relatives aux citations est axée sur les documents (c’est-à-dire effectuée au niveau de chaque document). Si un document est publié dans une revue relevant de plusieurs disciplines, on calcule une moyenne sur l’ensemble de ces disciplines. Les valeurs indiquent la relation entre l’impact moyen d’une unité et la moyenne mondiale pour la discipline et le type de document considérés, à laquelle correspond la valeur 1 (par conséquent, un score de 0.8 signifie que l’unité se situe 20 % en-dessous de la moyenne, tandis qu’un score de 1.3 signifie qu’elle se situe 30 % au-dessus de la moyenne). On définit la collaboration internationale comme le nombre de publications dont un auteur au moins est affilié à l’économie de référence et dont un auteur au moins est affilié à un établissement d’un autre pays ou d’une autre économie, exprimé en pourcentage du nombre total de publications dont un auteur au moins est affilié à l’économie de référence. Les articles émanant d’un auteur unique affilié à des établissements de plusieurs pays peuvent ainsi être comptabilisés au titre de la collaboration internationale entre les établissements. Les chiffres pluriannuels sont des moyennes (ou des totaux) d’estimations annuelles. Production parmi les 10 % de publications les plus citées et profils de collaboration internationale, 2015 Ce graphique montre la distribution des publications les plus citées de chaque pays ou économie. Il s’agit des 10 % de publications les plus citées, les valeurs étant normalisées par domaine scientifique et par type de document (articles, recensions et actes de conférences). Les valeurs SJR (Scimago Journal Rank) sont utilisées en complément pour hiérarchiser les publications ayant obtenu le même nombre de citations au sein d’une catégorie. Cette mesure est un indicateur de l’excellence de la recherche. Les estimations sont fondées sur des comptages fractionnaires des documents publiés, par auteur affilié à des établissements dans chaque économie. Les publications les plus citées sont réparties entre plusieurs catégories, selon que leur auteur principal est affilié à un établissement du pays ou étranger (autrement dit, selon que l’auteur principal est affilié en premier lieu dans l’économie de référence ou à l’étranger). L’auteur principal est déterminé dans la plupart des cas sur la base de l’identité du premier auteur correspondant désigné. Pour la part relativement réduite de documents pour lesquels on ne dispose pas de cette information, c’est le premier auteur mentionné qui est considéré comme l’auteur principal. Les documents dont l’auteur principal est affilié à un établissement dans l’économie de référence peuvent ou non avoir fait l’objet d’une collaboration internationale, ce qui conduit à distinguer les collaborations internationales avec l’auteur principal affilié dans le pays, des documents dont tous les auteurs sont affiliés dans le pays. 3.3. Mobilité internationale des personnes hautement qualifiées Mobilité internationale des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur, 2015 Pour la Corée, l’Italie, la République slovaque, la République tchèque et la Turquie, les données se rapportent aux étudiants étrangers. Les étudiants étrangers sont définis selon leur nationalité. Ces données ne peuvent être comparées à celles sur les étudiants internationaux. Elles sont donc présentées séparément dans le tableau et le graphique. Le nombre total d’inscrits inclut l’ensemble des étudiants internationaux ou étrangers. La répartition par domaine d’étude est fondée sur le nombre d’étudiants dont le domaine d’étude est renseigné. L’enseignement supérieur correspond aux niveaux 5 à 8 de la CITE-2011. Les domaines d’étude mentionnés correspondent à des domaines d’étude et de formation de la classification CITE-F 2013. Pour les États-Unis, la catégorie Santé et protection sociale inclut tous les programmes interdisciplinaires, y compris ceux sans composante spécifique Arts et lettres. Pour le Japon, les données sur les technologies de l’information et des communications sont incluses dans d’autres domaines. Pour les Pays-Bas, le nombre total d’étudiants dans l’enseignement supérieur exclut le niveau doctoral. Doctorants internationaux et nationaux dans les domaines des sciences naturelles, de l’ingénierie et des TIC, 2015 L’enseignement supérieur correspond aux niveaux 5 à 8 de la CITE-2011. Les domaines d’étude mentionnés correspondent à des domaines d’étude et de formation de la classification CITE-F 2013. Pour le Japon, les données sur les technologies de l’information et des communications sont incluses dans les autres domaines. Personnes dotées d’un niveau d’instruction élevé dans la population en âge de travailler, par pays de naissance, 2015 Les personnes dotées d’un niveau d’instruction élevé sont définies comme étant celles dont le plus haut diplôme ou niveau de formation validée se situe au niveau 5 ou plus de la classification CITE-2011.
26,153
26/halshs.archives-ouvertes.fr-halshs-03215972-document.txt_5
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
null
None
None
French
Spoken
7,143
13,945
1 Cf. supra, 73. Saint-André-le-Bas 91 91 [début XHIe s.] - Epitaphe de Pierre de Miribel (pl. XXXII, fig. 67) A B C D - Epitaphe d'un sous-diacre et fondation d'anniversaire. - Galerie occidentale du cloître. La pierre était encastrée dans le mur nord de la cathédrale. - Pierre de 36,1 x 32,5 cm. Hauteur des lettres : 2,8 cm. + 1. IX. KALENDAS. APRILIS. OBIIT. PETRUS 2. DE. MIRIBELLO. CANONI 3. CUS. ET SUBDIACONUS. 4. QUI. DEDIT. ECCLESIE. BEATI. 5. MAURICII. LX. LIBRAS. PRO. ANNI 6. VERSARIO. SUO. ITEM. DEDIT. 7. LX. LIBRAS. PRO. BARN[A]RDO. AVUNCULO 8. EJUS. QUI. OBIIT. III. IDUS. AUGUSTI E - Le 9 des calendes d'avril [24 mars] mourut Pierre de Miribel, chanoine et sous-diacre, qui donna à l'église Saint-Maurice soixante livres pour son anniversaire. De même, il donna soixante livres pour son oncle Barnard qui mourut le 3 des ides d'août [11 août]. F - L'inscription est particulièrement bien gravée, avec un souci d'élégance particulier. L'abréviation BEI pour beati est peu usuelle. I - La terre de Miribel, aujourd'hui sur la commune de Miribel-les-Echelles, donna son nom à une famille influente sous les anciens dauphins et qui s'éteignit en 1360. Le défunt peut être identifié comme étant Pierre de Miribel, présent à l'assemblée capitulaire de Saint-Maurice, qui en 1202 ratifia la donation du prieuré de l'Isle aux chanoines de Saint-Ruf. CHAR VET, p. 790. DELORME, n° 278, p. 276 [mention]. ALLMER et TERREBASSE, t. II, n° 441, p. 43-44 [texte, trad., commentaire]. B - Galerie occidentale du cloître. Au temps d'Allmer et Terrebasse cette pierre se trouvait engagée dans la maçonnerie d'une maison prise dans les restes de l'ancien cloître. C - Pierre de 54,7 x 25,5 cm. Hauteur de la première lettre : 2,7 cm. Saini-André-le-Bas 92 D - 1. * XII : KALENDAS : APRILIS : OBIIT : AYMO : DE : ANBRO : 2. NAIO : QUI : DEDIT NOBIS : PRO : ANNIVE 3. RSARIO : SUO : X : SOLIDOS : CENSUALES : SUPER : 4. OPERATORIXJM : SUUM : QUOD EST : IN MER 5. CERIA : ANNO : GRATIE : M : CC : E - »I*Le 12 des calendes d'avril [21 mars] mourut Aymon d'Ambronay qui nous donna pour son anniversaire dix sous de cens sur son ouvroir qui est dans le quartier des merciers. L'an de grâce 1200. H - La formule de datation anno grade est peu usitée en épi graphie médiévale. À Vienne, on la rencontre uniquement dans cette épitaphe. Ailleurs, elle a été relevée en 1 121 à Montfrin dans le Gard, en 1144, 1243 et 1247 à Saint-Denis, en 121 B à Saint-Yved deBrainedans l'Aisne, en 1220 à Grandmont en Limousin et en 1273 à Narbonne dans l'Aude. I - Le mot operatorium qui désigne l'ouvroir ou la boutique d'un marchand et le substantif merceria qui signifie la mercerie et par extension le quartier des merciers suffisent à définir cette épitaphe comme étant celle d'un marchand. En assez mal considéré au Xlle s.1 par les clercs (une addition bien connue au décret de Gratien portant par exemple : Homo mercator nunquam aut vix potestDeo placere), le marchand ne se verra vraiment accepté par l'Eglise qu'à partir du XHIe s. Aymon était natif d'Ambronay ou Ambournay, petite localité du Bugey dans le département de l'Ain. ALLMER et TERREB ASSE, t. II, n° 387, p. 270-272 [texte, trad., commentaire]. WUILLE UMIER, DENI AU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 33 [mention]. B - Inscription disparue. Au temps de Chorier cette épitaphe se trouvait dans le cloître de Saint-Andréle-Bas. Elle fut recueillie par un collectionneur de Vienne qui l'aurait cédée ensuite à un musée de Lyon. Nous n'avons pu la trouver ni à Vienne ni à Lyon . D * INSPECTOR CORDIS : CUM JUDEX VENERIT ORBIS REDDERE PRO MERITIS : SINGULA PRAETERITIS DE TERRAE CASTRIS : MANSURUM DUCAT IN ASTRIS : RICHARDUM MONACHUM : GRAMMATE DOCT1LOCUM : NAM FUIT HIC BLANDUS : SUMMIS ET REBUS AMANDUS : RIXIS PACIFICUS : TRISTIBUS ET MEDICUS FINIS UT OPTAVIT : QUEM CHRISTO SANCTIFICAVIT: UT SACRA VERBA : TONANT MENTIBUS. [ET] RESONANT 1. LE GOFF (J.), Marchands et banquiers du moyen âge, Paris, 1962, p. 70-82 (Que sais-je?, n° 699). Saint-André-le-B as 93 E - 4* Lorsque le Juge du monde, qui scrute le fond des coeurs, viendra rendre à chacun selon ses mérites passés, qu'ilenconduise fut effet doux desetterrestres aimable au châteaux plus haut à ladegré, demeure pacificateur céleste le de moine querelles Richard, et médecin orateur des habile affligés, et minutieux. celui queIl sa fin a sanctifié pour le Christ, comme il le souhaita, en sorte que tonnent et résonnent dans les esprits les paroles sacrées. G - L'inscription est formée de quatre distiques élégiaques léonins riches, avec une approximation pour le deuxième pentamètre. La restitution proposée au début du dactyle cinquième du dernier vers est dictée par la métrique. Le mot gramma, atis signifie "gramme, scrupule, faible quantité". On doit pouvoir ici le compren¬ dre comme le soin minutieux que Richard apportait à chaque détail de ses prédications, et le traduire en conséquence. H - Le second hémistiche du premier hexamètre se retrouve presque exactement chez Venance Fortunat : Ille dies veniet judex cum venerit orbis et est repris par Bède le Vénérable à une lettre près : Ille dies veniet judex dum venerit orbis1. I - On ignore qui était exactement ce moine Richard que Castellane identifie, sans justification, à Richard de Sallery, prieur de Septème. On peut penser que cette épitaphe appartient, en raison de son style, à la fin du Xlle ou au début du XlIIe s., sans trop s'avancer dans ce dernier siècle, où les vers léonins ne sont plus guère employés. CHO RIER, p. 77 -78 [texte]. CASTELLANE, p. 141 [id.]. ALLMER et TERREBASSE, 1. TERCIO 1. NON AS : MAI i OBIIT i AIMIN[US] 2. PRIOR : : HUJUS : LOCI : PRESBITER CANONICUS : SANCTI i RUFI 3. * V : IDUS : OCT OBRIS i OBIIT : J OHAN NES 4. BAIO : FRATER : AIMINI i PRESBITER! CANONICUS : SANCTI i RUFI : 5. ANN[0:] AB : INCARNATIONE : DOMINI! M : CCII : V : ID US 6. AUGUSTI i OBIIT! ALDO i PRIOR i HUJUS! L OCI 1. SCIIUMANN (O.), Lateinisches Hexameter-Lexikon, III, 118. 94 E - Le 3 des nones de mai [5 mai] mourut Aimin, prieur de ce monastère, prêtre, chanoine de Saint-Ruf. 4* Le 5 des ides d'octobre [1 1 octobre] mourut Jean Bayon, frère d'Aimin, prêtre, chanoine de Saint-Ruf. L'an de l'incarnation du Seigneur 1202, le 5 des ides d'août [9 août] mourut Aldo, prieur de ce monastère. F - Le quantième des nones dans la première épitaphe a été rajouté au-dessus en plus petits caractères. Les abréviations sont placées dans les interlignes, ce qui laisse supposer que la cassure du support à l'extrémité supérieure droite a entraîné la disparition du signe abréviatif -us du nom Aimin. On notera le soin apporté à la gravure : petits fleurons aux extrémités de certaines lettres et présence de motifs décoratifs pour remplacer les trois points en fin des première et deuxième lignes. G - Le mot locus est fréquemment employé dans le sens de monastère1. I - On sait qu'en septembre 1202 le prieuré de l'Isle fit l'objet d'une donation à l'ordre de Saint-Ruf. Les deux premiers défunts cités sont qualifiés de chanoines de Saint-Ruf alors qu'Aldo ne l'est pas. Si l'on excepte une erreur de datation, toujours possible, du lapicide, il faudrait en conclure qu'Aldo, mort un mois environ avant la donation, ne peut être qualifié de chanoine de Saint-Ruf et qu' Aimin n'a pu mourir au plus tôt qu'en 1203 tandis que Jean Bayon a pu décéderen 1202. En tout état de cause les épitaphes ne suivent probablement par l'ordre chronologique. . ET ITUS. QUOS. HA 2. B EBAT. AD. THEATRUM. PRO. ANNIVERSARIO. SUO 3. ET. DIMIDIUM. MOLENDINUM. DARPOU TALI. TE 4. NORE. UT. PRIDIE. ANNI VERS ARII. SUI. UNIVERSUS 5. CONVENTUS. SICUT. IN. DIE. ANNI VERS ARII. A. RE 6. FECTORIO. PROCURETUR. OBIIT. ANNO. DOMINICE 7. INCARNATIONIS. M. CC. III 1. DIMIER (r. p. M.-A.). "Le mot locus dans le sens de monastère", Rev. Mabillon, t. LVIII, 1972, p. 133-154. Saint-André-le-Bas 95 E - de Vere nay et les revenus qu ' il avait près du théâtre pour son anniversaire et la moitié moulin d'Arpou, à la condition expresse que la veille de son anniversaire de même que le jour anniversaire le réfecturier assure un repas pour e la commun auté Il mo jour de incarnation du igneur . I - Le début du fragment conservé laisse supposer la donation d'une terre ou d'autres biens que le défunt avait en propre à Verenay, hameau situé sur la commune d'Ampuis dans le Rhône. La fondation fait également état de revenus situés à proximité du théâtre, mais on ignore où ce théâtre pouvait se trouver. Allmer et Terrebasse avancent avec une grande prudence qu'il pourrait s'agir de celu i "dont l'antiquaire Scheyder prétendait avoir trouvé les substructions au pied du mont Saint-Just". Le terme refectorius, ou refectuarius désigne l'officier chargé de l'entretien du réfectoire dans les communautés religieuses. Dans l'Eglise de Vienne cet officier cumulait cette charge et celle du procureur du chapitre. DELORME, n° 304, p. 297-298 [texte, trad., commentaire]. WUILLEUMIER, DENI AU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 33 [mention]. - Fragment ( A - anniversaire. B - Galerie occidentale du cloître. Provenance indéterminée. C - Fragment de 36,5 x 20 cm. D - 1. DEDIT 2. LIBRAS PRO ANNIVERSARIO [SUO] 3. ANNO DOMINI M CCXI E - donna...livres pour son anniversaire. L'an du Seigneur 1211. I - On ne peut pas dire grand-chose de ce fragment de fondation d'anniversaire, si ce n'est que la conservation de la date est intéressante, car on constate à partir de celle-ci l'apparition d'une écriture qui voit l'onciale se généraliser dans les épigraphes viennoises conservées. Inédit. Saint-André-le-Bas 96 97 1216, 28 avril - Epitaphe de Pétronille (pl. XXXIV, fig. 72) A - Epitaphe d'une laïque. B - Galerie occidentale du cloître. Provenance non précisée. Cependant, si l'on considère le sexe de la donatrice on peut supposer que celle-ci a plutôt songé aux moniales de Saint-André -le-Haut qu'aux bénédictins de Saint-André-le-Bas. C - Marbre de 67,4 x 32 cm. Hauteur de la première lettre : 4,2 cm. D - 1. IIII . K ALENDAS. MAI. OBIIT. PETRONILLA. U[X] 2. OR. AIMONIS. DE. BROEN. QUE. DE 3. DIT. DOMUI. SANCTI. ANDREE . III. SOLIDOS 4. CENSUALES. MILLESIMO . CC. 5. XVI E - Le 4 des calendes de mai [28 avril] mourut Pétronille, femme d' Aimon de Broen qui donna à la maison de Saint-André trois sous de cens. 1216. G - On remarquera l'absence de formule introductive pour la datation. I - Curieusement cette inscription est gravée au revers du marbre qui porte les restes de l'épitaphe carolingienne du roi Boson1. La famille de Broen, qui s'éteignit à la fin du XVIIe s., jouissait d'une influence considérable dans le Viennois. Le toponyme Broen correspond à l'actuel village de Bron, dans le Rhône, sur la commune urbaine de Lyon . ALLMER et TERREBASSE, t. II, n° 435, p. 28-29 [texte, trad., commentaire]. DESCHAMPS, pl. XXXI, fig. 56. WUILLEUMIER, DENI AU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 32 [mention]. CTI QUE BONIS 3. FRATRUM. SUORUM. LICET. TI. PI. ENSI ARBERTI 4. AB BATIS. SAN CTI. THEUDERII M MON XL LIBRAS 5. PRO. ANNIVERSARIIS. EORUMDEM. FRATRUM . ET . MABILIE. SORORIS. SUE. 6.ET.SUO E - L'an du Seigneur 1225, le 4 des calendes d'octobre [28 septembre], mourut Pétronille, abbesse de SaintAndré, qui sur les biens [qu'elle tenait] de ses frères, à savoir Humbert, archevêque de Vienne, et Arbert, abbé de deSaint-Theudère, et sa soeur Mabille donna et.. à. ce même monastère quarante livres pour les anniversaires de ces mêmes frères F - La partie inférieure de la pierre a été rognée et l'inscription est incomplète. L'écriture est particulièrement soignée et de nombreuses lettres se terminent par des fleurons. I - Humbert fut tiré de sa cellule de chartreux pour occuper, entre 1205 et 1215, le siège épiscopal de Vienne. Arbert fut abbé de Saint-Theudère entre 1 180 et 1 190. Ce monastère, fondé au Vie s. par le reclus Theudère, prit à une époque indéterminée le nom de Saint-Chef, dénomination très vraisemblablement liée à la forme du reliquaire contenant les reliques du saint fondateur. ALLMER et TERREBASSE, t. II, n° 463, p. 76-77 [texte, trad., commentaire]. WUILLE UMI ER, DENIAU , FORMIGÉ , ALBRAND, p. 33 [mention]. de la première lettre : 2,9 cm. 1.4-XIII. KALENDAS. APRILIS. OBIIT. MAGISTER. 2. UMBERTUS. SUBDIACONUS. ET. CANNONI 3. CUS. SANCTI. RUFI. ANIMA. EJUS. PER 4. MISERICORDIAM. DEI. REQUIESCAT. 5. INPACE. ANNO. DOMINI. M. CC. XX. VI : E - *ï«Le 13 des calendes d'avril [20 mars] mourut maître Humbert, sous-diacre et chanoine de Saint-Ruf. Que son âme par la miséricorde de Dieu repose en paix. F - L'inscription est gravée avec un soin particulier ; y dominent onciales et lettres ornées. Dans l'encadrement trilobé, au-dessus de l'épitaphe, on aperçoit les restes d'une peinture représentant la Vierge tenant l'Enfant sur ses genoux. Elle tend la main en direction d'un religieux en position d'orant, tandis qu'un autre clerc est agenouillé à sa gauche. Le fond de cette peinture était parsemé de losanges d'or pratiquement invisibles aujourd'hui. Saint-André-le-Bas 98 G - Forme fautive : cannonicus pour canonicus. Humbert est qualifié de magister, titre universitaire employé pour toutes les disciplines, et que l'on rencontre régulièrement en épigraphie médiévale à partir du XHIe s. Au souhait anima ejus requiescat in pace amen, caractéristique des XlIe-XIII e s. vient s'adjoindre l'incise per mericordiam Dei, qui ne se rencontre quant à elle qu'au XHIe s., à une exception près1. Ce groupe de mots est employé par l'apôtre Paul2 et figure dans un verset que l'on récitait lors de l'inhumation des défunts3. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 403, p. 309-3 10 [texte, commentaire]. DESCHAMPS, pl. XXXI, fig. 57. WUILLEUMIER, DENIAU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 33 [mention]. 100 1226, 30 novembre - Epitaphe d'Etienne et de Marie A - Epitaphe d'un laïc et de sa mère et fondation d'anniversaire. B - Inscription disparue. Provenance : église Saint-Martin. D - +11. KALENDAS DEC EMBRIS. OBIIT. STEPHANUS. QUI D EDIT : XVIII. DENARIOS. CENSUALES. IN DOMIBUS. QUE. FUERUNT. GROSSE. DE. MARINGES. PRO ANNIVERS ARIO. SUO : III. IDUS. FEBROARII. OBIIT. MARIA. MATER. STEPHANI. PREDICTI. PRO. QUA. HABET. ECCLESIA SANCTI. MARTI NI. XIV. DENARIOS IN EISDEM . DOMIBUS . PRO ANNIVERSARIO SUO . M. CC . XXVI. E - + Le 2 des calendes de décembre [30 novembre] mourut Etienne qui donna pour son anniversaire dix-huit deniers de cens sur les maisons qui furent à Grosse de Maringes. Le 3 des ides de février [1 1 février] mourut Marie, mère du susdit Etienne pour laquelle l'église de Saint-Martin a quatorze deniers sur les mêmes maisons pour son anniversaire. 1226. I - L'inscription servait de seuil à la porte d'une maison de la rue des Colonnes, voisine de l'église. La pierre qui servait de support au texte était un marbre romain réemployé, comme le montraient la volute et les feuilles d'acanthe qui décoraient la face opposée. On ignore ce qu'est devenue cette inscription qui a fait partie des collections du M usée de Vienne. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 401, p. 306-307 [texte]. DELORME, p. 181 [mention]. (1.< C.I.FM Dans l'épitaphe, 14, Var,d'un n° 8).prêtre, à la fin du Xe ou au début du Xle s., au prieuré Notre-Dame de Ceaux à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume 2. Romains XII, 1 : Obsecro itaque vos.fratres, per misericordiam Dei. 3. Anima ejus et animae omnium fidelium defunctorum per misericordiam Dei requiescant in pace (voir supra n° 44 ). Saint - André- le-Bas 99 101 [2 e quart XHIe s.] - Fondation Del mo lar ( pl . XXXVI, fig . 75) A B C D - Mention de fondation d'anniversaire. - Galerie occidentale du cloître. L'inscription provient de l'église Saint-Sév ère. - Fragment de 5 6,5 x 37,5 cm. H auteur de la première lettre : 2,6 cm. 1. ... CENSUALES. SUPER. DOMUM. SUAM 2. AULA. DELMOLAR. UXOR 3. DUNENSIS. MATER. DOMIN E . BERNARDE. DEL 4. IGNORETI. DELMOLAR * I - La seule chose que l' on puisse dire à propos de ce fragment est qu'il s'agit d'une fondation d'anniversaire faite à partir de biens gagés sur une maison appartenant aux donateurs. Par analogie avec les autres inscriptions viennoises ce texte peut être attribué au deuxième quart du XlIIe s. DELORME, n° 294, p. 295 [texte]. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 447, p. 53 \id.]. WUILLEUMIER, DENI AU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 34 [mention]. 102 2e quart X IIe s. - Fondations de la famille de L'Orme ( . X , fig. 76) A - Fondation d'anniversaire et obitu une famille. B - Pierre , e, sol. C - Cadre de x 83,5 cm. H la lett : 3,8 cm. D - 1. *111. IDUS. AUGUSTI. OBIIT. JOHANNES. DE. ULMO. QUI. DEDIT. NOBIS. L . SOLID OS . 2. CE NSUALES . IN. DOMO. SUA. DE. ULMO : ; CILICET. PRO. ANNI VERS ARIO 3. SUO. X. SOLID OS . ET. PRO. PETRO. PATR E . SUO. X. SOLID OS . ET. PRO. JOH ANNE . PATRUO. SUO. X. 4. SOLIDOS. ET. PRO. STEPHANO. PATRE. ILLORUM. X. SOLIDOS. ET. PRO. BONA. GENIT RICE . SUA. X. SOLIDOS. 5. * VIIII. KALENDAS. OCTOBRIS. OBIIT. STEPHANUS. DE. ULMO. PRO. QUO HABEMUS. X. SOLIDOS. CENSUALES. 100 6.4-IX. KALENDAS. DECENBRIS. OBIIT. PETRUS. DE. ULMO. PRO. QUO. FILIUS. EJUS. DEDIT. NOBIS. X. SOLIDOS. 7. V. IDUS. JULII. OBIIT. JOHANNES. DE. ULMO. PRO. QUO. HABEMUS. X. SOLIDOS. *. NONIS. AUGUSTI 8. OBIIT. BONA. DE. ULMO. PRO. QUA. H ABEMUS. X. SOLID OS E - *ï*Le 3 des ides d'août [ 1 1 août] mourut Jean de L'Orme qui nous donna cinquante sous de cens sur sa maison de l'Orme : à voir, pour son anniversaire : dix sous et pour Pierre, son père, dix sous et pour Jean, son oncle, dix sous et pour Etienne, leur père, dix sous et pour Bonne, sa mère, dix sous. 4* Le 9 des calendes d'octobre [23 septembre] mourut Etienne de L'Orme pour qui nous avons dix sous de cens. +Le 9 des calendes de décembre [23 novembre] mourut Pierre de L'Orme pour lequel son fils nous donna dix sous. Le 5 des ides de juillet [11 juillet] mourut Jean de L'Orme pour lequel nous avons dix sous. + Aux nones d'août [5 août], mourut Bonne de L'Orme pour laquelle nous avons dix sous. F - Régulièrement marquée par un point médian entre chaque mot, la ponctuation est indiquée une fois par trois points verticaux avant cilicet. Ces trois points introduisent l'énumération détaillée de l'utilisation des cinquante sous à raison de dix sous par anniversaire fondé. Après cette énumération sont données les dates de décès de chaque bénéficiaire de ces anniversaires, chacune étant précédée d'une croix. . . Bas 3. REQU CAT. IN PACE. AMEN. 4. Mo. CC o. XXX o. VIII o E - Le 8 des ides d'avril [6 avril] mourut maître Guillaume, prêtre, chanoine de Saint-Ruf. Qu'il repose en paix, amen, 1238. F - La graphie de ce marbre est particulièrement soignée, le lapicide ayant calculé la disposition de son texte et veillé à ce que la date, à la dernière ligne, soit également répartie dans l'espace disponible. H - Contrairement à la quasi-totalité des inscriptions de Saint-André cette inscription se réduit à une épitaphe seule, sans adjonction de fondation d'anniversaire. Le souhait final requiescat in pace amen, beaucoup plus employé lorsqu'il est précédé de anima ejus ou de cujus anima, se rencontre presque exclusivement au XHIe s. L'année de datation n'est introduite par aucune formule. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 406, p. 316 [texte]. WUILLEUMIER, DENIAU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 33 [mention]. - anniversaire. B - Galerie ouest du cloître. Les deux fragments conservés portent des numéros différents. L'épitaphe provient de Saint-Maurice et se trouvait contre le mur de la sacristie commune aux Petits-Cloîtres. C'est à cet emplacement que la vit Charvet, ce qui lui permit d'en faire un relevé complet. La pierre fut arrachée et en partie brisée lors de la démolition de cette partie de l'édifice, et la partie gauche ne fut pas conservée. C - Les deux fragments conservés correspondent. Mis bout à bout ils mesurent 122,5 cm pour une hauteur maxima de 54 cm. La hauteur delà première lettre visible est de 3,9 cm. Le texte de la partie gauche est donné d'après Charvet. D - 1. [* ANNO. DOMINI. MCCXXXIX. XIIII. KALENDAS. MA]II. OBIIT. GAUFRIDUS. BAUDOINI. LAICUS. QUI. IN. OMNIBUS. BONIS. SUIS. QUORUM SUM 2. [MA. FUIT. FERE. DUO. MILLIA. MARCHARUM. A]RGENTI. INSTITUIT. CHRISTUM. HEREDEM. ET. DEDIT. NOBIS. QUATTUOR. ANNI VERS ARIA. ET 3. [DIMIDIUM. UNUM. IN. NATIVITATE. BEATE. MARIAE. ALIU]D. DIE. OBITUS. EJUS. ALIUD. DIE. SEQUENTI. ALIUD. DIE. TERCIA. DIMIDIUM. 4. [DIE. QUART A. ITEM. DEDIT. SERVITORIBUS. QUATTUOR. A]LTARIUM. ECCLESIE. XVI. LIBRAS. ANNUALES. ET. OPERI. ECCLESIE. NOSTRE. C. 5. [LIBRAS. ET. FENESTRAM. VITRE AM MACHABJEORUM. ET. OPERI. 'an du Seigneur 1239, le 14 des calendes de mai [18 avril], mourut Geoffroi Baudoin, laïc, qui sur tous ses biens, dont la somme s leva à environ deux mille marcs d'argent, institua le Christ son héritier et nous donna quatre anniversaires et un demi jour jour ès autre jour trois jour jour. plus, donna desservants des quatre autels de l'église seize livres par an et l'oeuvre de notre église livres fenêtre vitr elle de chabées oeuvre livres vignes II ONAS. APRILIS. OBIIT. GAUFRIDUS. DE. 2. PETRA. QUI. DEDIT. DEO. ET. ECCLESIE. SANCTI. 3. ANDREE. TRES. SOLIDOS. CENSUALES. PRO. ANNIVER 4. SARIO. SUO. SUPER. DOMUM. SUAM. QUE. EST. 5. JUXTA. DOMUM. ALABOCEY. ANNO. DOMINI. M. 6. CC. XL. I. * (blanc) OBIIT. MARIA. PRO. CUJUS. 7. ANNIVERSARIO. DICTUS. GAUFRIDUS. MARITUS. EJUS. DEDIT. 8. [DUCTE. ECCLESIE. III. SOLIDOS. ANNUALES. SUPER. EAMDEM. DOMUM E - Le 2 des nones d'avril [4 avril] mourut Geoffroi de La Pierre qui donna à Dieu et à l'église Saint-André trois sous de cens pour son anniversaire sur sa maison qui est près de la maison Alabocey, l'an du Seigneur trois 124 1 sous. (blanc) annuels mourut sur la Marie mêmepour maison. l'annniversaire de laquelle ledit Geoffroi, son mari, donna à cette église I - Un espace a été laissé libre pour graver la date du décès de l'épouse de Geoffroi, et le blanc n'a pas été rempli par la suite. On ne sait à quoi correspond le nom de la maison dite Alabocey, voisine de celle de Geoffroi de La Pierre et qui sert à la situer. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 411, p. 331 [texte, commentaire]. WUILLEUMIER, DENIAU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 33 [mention]. C CC XL 2. IIII : IIII NONAS APRILIS OBIIT 3. GUIGO DE PELADRU 4. MILES ET CANONICUS SANCTI RUFI 5. QUI DEDIT NOBIS XV 6. LIBRAS PRO ANNIVERSARIO 7. SUO. CUJUS ANIMA RE 8. QUIESCAT IN PACE AMEN E - A + CÛ. L'an du Seigneur 1244, le 4 des nones d'avril [2 avril] mourut Guigue de Paladru, chevalier et chanoine amen. de Saint-Ruf, qui nous donna quinze livres pour son anniversaire. Que son âme repose en paix, 104 Saint-André-le-B as F - On notera la qualité de l'inscription : l'A et l'CO sont de véritables sculptures, auxquelles répond la présence de nombreuses lettres ornées : intérieur des D, des O, des V, horizontales de plusieurs E, fleurons terminant les jambages de A, I, M et N. I - Paladru est une commune actuelle de l'Isère, proche du lac du même nom. C'est ce lac qui avait donné son nom et des armes parlantes à une ancienne famille du Dauphiné dont Guigue faisait partie. Le prénom s'est également conservé dans cette maison et l'on trouve un autre Guigue de Paladru, seigneur de Montferrat, dans un hommage rendu le 16 juin 1379 au dauphin Charles de France. Le chevalier Guigue ne devint vraisemblablement chanoine de Saint-Ruf que peu de temps avant sa mort. ALLMER etTERREBASSE, 1. 1, n°412, p. 332-334 [texte, trad., commentaire], 107 1245 [fin janvier ou 1er février]-Epitaphe de Durand du Pont (pl.XXXIX, fig. 82) A - Epitaphe d' un prêtre et fond ation d'anniversaire. B - Galerie occidentale du cloître. La pierre se trouvait primitivement encastrée dans le mur de la nef latérale nord de Saint-Maurice. Déposée en 1 85 1 au cours d'une fouille, elle fut alors transportée au Musée. C - Fragment de 118 x 60,5 cm. Hauteur de la première lettre : 4,2 cm. D 1....KALEND AS. FEBROARII. OBIIT. [D]URANDUS. DE. PO[N]TE 2. [SAC]ERDOS. QUI DEDIT. LX LIBRAS PRO ANNIVERSARIO SUO 3. [CONV]ENTUI SANCTI MAURICII ANNO DOMINI M CC XL QUINTO E - des calendes de février mourut Durand du Pont, prêtre qui donna soixante livres pour son anniversaire à la communauté de Saint-Maurice, l'an du Seigneur 1245. I - L'inscription est presque complète, il ne manque que le quantième des calendes et les premières syllabes de sacerdos et de conventui, aisément restituables. Charvet avait lu par erreur Durandus de Podio au lieu de Durandus de Ponte. CHAR VET, p. 775 [texte fautif]. ALLMER etTERREBASSE, 1. 1, n°413, p. 335 [texte]. WUILLEUMIER, DENIAU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 33 [mention]. Saint-André-le-Bas 105 108 1249 (anc. style), 2 janvier - Epitaphe de Guigue d' Aunes (pl. XL, fig. 83) A - Epitaphe d'un prêtre et fondation d'anniversaire. B - Galerie occidentale du cloître. Cette pierre se trouvait autrefois dans les Petits-Cloîtres de SaintMaurice, contre le mur de la sacristie commune. Lorsqu'elle fut dégagée, on s'aperçut que sur l'autre face était gravée une inscription romaine. C - Pierre de 57,5 x 57,2 cm. Hauteur de la première lettre : 3,7 cm. D- 1. *ANNO.DOMINI.M.CC.XL. 2. IX : IIII. NONAS. JANUARII. OBIIT 3. GUIGO . DE. AURIES. S ACER E - F G - H I - 4. DOS. ET. SACRISTA. QUI. DEDIT. 5. ECCLESIE. SANCTI. MAURICII. VI 6. LIBRAS. PRO. DUPLICI. LIBERATIONE. IBIDEM. 7. DICTA. DIE. PERPETUO. FACI 8. END A. ITEM. DEDIT. FABRICE XX 9. EJUSDEM. ECCLESIE. IX. LIBRAS. PRO. 10. REMEDIO. ANIME. SUE +L 'an du Seigneur 1249, le 4 des nones de janvier [2 janvier] mourut Guigue dAuries, prêtre et sacristain, qui donna à l'église de Saint-Maurice cent vingt livres pour faire une double distribution, ici-même, à perpétuité, ledit jour. De même, il donna à la fabrique de cette même église cent quatre-vingts livres pour le soulagement de son âme. La première lettre du texte, très ornée, est traitée à la façon d'une lettrine de manuscrit. Plusieurs autres lettres sont également fleuries. Ce genre d'ornementation s'arrête généralement avant 1 250. Le terme liberatio employé pour la première fois dans cette inscription correspond à l'ancien français "livraison" dans le sens de la distribution des biens, en argent ou en nature. Le vocable sacrista, traduit par "sacriste" pour éviter la confusion avec "sacristain", désigne le clerc chargé d'une façon générale de l'entretien de l'église et de la garde des vases, des vêtements liturgiques ainsi que de tout ce qui touche à l'entretien matériel de l'église. On lui substitue parfois le terme de custos. L'expression pro remedio anime sue est très peu usitée dans l'épigraphie médiévale. On ne la retrouve que dans l'épitaphe de Berlion de Lay en 12521, et dans celle de Pierre Rostayn en 13 16, toutes deux conservées à Saint-André-le-Bas. Guigue d' Auries n'était pas seulement prêtre et sacriste de Saint-Maurice. 1. Voir infra, n° 110. 106 Saint-André-le-B as La famille d'Aunes tirait vraisembl ablement son nom du castrum de Auris, qui correspond à l'actuelle commune d'Auris, dans l'arrondissement de Grenoble . CHAR VET, p. 772 [texte fautif]. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 417, p. 343-345 [texte, trad., commentaire]. 109 1249, 16 décembre - Epitaphe d'Etienne (pl. XL, fig. 84) A - E pitaphe et fond ation d' anniversaire. B - Galerie occidentale du cloître. Le marbre était appliqué primitivement contre le mur mitoyen entre les cloîtres de l'abbaye Saint-Pierre et la chapelle Sainte-Barbe. C - Pierre de 44 x 29,5 cm dans ses plus grandes dimensions. Hauteur de la première lettre : 2,6 cm. D + 1. ANNO. DOMINI. M. CC. XLVIIII. 2. XVII. KALENDAS. JANUARIII (sic) OBIIT 3. STEPHANUS . QUI . DEDIT . NOBIS 4. QUINGENTOS SOLIDOS PRO ANIMA SUA 5. ET. PRO + ANNI VERS ARIO. SUO. FACIENDO E - 4«L'an du Seigneur 1249, le 17 des calendes de janvier [16 décembre] mourut Etienne, qui nous donna cinq cents sous pour son âme et pour célébrer son anniversaire. F - Le troisième I de januariii et la croix placée après le second pro, d'une écriture visiblement différente, ont vraisemblablement été ajoutés postérieurement. H - La formulation pro anima sua et pro anniversario faciendo ne se retrouve pas dans les autres inscriptions . ALL MER et TERREB ASSE , 1. 1, n° 416, p . 343 [ texte]. . Bas - Longueur totale des fragments : 84,5 cm. Hauteur . lett : cm. QU . QUI EJUSDEM 2. . QUIN . ANNI ARIA PRO SE DIE OBITUS SUI DUM . QUO D FIET DIE OBITUS 3. JUSDEM. TER CIUM . PRO ANIMABUS . B ARTHOLO MEI FRATRI S . SUI ET PON . NEPO TIS JUS QUOD IET DIE OBITUS MEI 4. QUARTUM . PRO ANIMABUS PATRI S ET MATRIS SUE. QUOD FIET FERIA QUINTA CHA ANIMARUM ILLO QUOS ESTO ALI . QUOD. . ORUM E - + L'an du Seigneur 1252 mourut Berlion de Lay, chanoine et jadis capiscol de Vienne, qui donna à la communauté de cette même église cinq anniversaires : le premier pour lui-même, au jour de sa mort, le deuxième pour Y smidon de Cordon, à célébrer le jour de son décès, le troisième pour les âmes de B arthélémi, son frère, et de Pons, son neve , à célébrer le jour du décès de B arthélémi, le quatrième pour les âmes de son père et de s a mère à célébrer la cinquième férié de Pâques [jeudi de Pâques], le cinquième pour le soulagement des âmes de ceux à qui il aurait causé quelque tort, à célébrer le jour de la fête des morts. G - La capiscol (caput scolae) était l'un des premiers dignitaires du chapitre. Selon Allmer, ses fonctions d'écolâtre le conduisaient à assister à tous les offices et à en surveiller l'exécution. La demande de réparation de tous les torts qu'on aurait pu causer est une clause fréquente des testaments. Il s'agit le plus souvent de réparation matérielle. I - Dignitaire du chapitre de Vienne, Berlion était originaire de Lay, commune du département de la Loire, tandis que Cordon, d'où Ysmidon tire son nom, est une commune de la Haute-Savoie. CHARVET, p. 790 [texte fautif]. CHORIER, p. B - TIUS. ECC LES IE. DUO. ANNI VERS ARIA 6. PRO SE. ET. PRO . BERLIONE. FRA TRE . SUO 7. CANONICO. DICTE. ECCLESIE . AMBO 8. MISTRALES. FUERUNT. HUJUS. CIVITATIS E L'an du Seigneur 1256, le 4 (ou le 8) des calendes de janvier [25 ou 29 décembre] mourut Albert de Bocsozel, chanoine et sous-diacre, qui donna à la communauté de cette église deux anniversaires pour lui et pour Berlion, son frère, chanoine de ladite église. Tous deux furent mistraux de cette ville. F - Une hésitation est permise pour le quantième du mois, à la suite de la fracture et de la disparition de l'angle de la pierre. Charvet indique le 8 des calendes de janvier, soit le 25 décembre, tandis que les auteurs qui le suivent donnent le 4 des calendes du même mois, soit le 29 décembre. On peut cependant préférer la seconde lecture, car, si le défunt était mort le jour de Noël, la datation aurait vraisemblablement été faite à partir de la fête religieuse. I - Albert de Bocsozel faisait partie d'une des grandes familles du royaume de Bourgogne qui, pendant plus de trois siècles, posséda la baronnie de Maubec. Cette famille tirait son nom d'un château situé entre Champier et La Frette, près de La Côte-Saint-André, dans l'Isère. Albert de Bocsozel s'était contenté du sous-diaconat qui était nécessaire pour obtenir un canonicat1. Les mistraux de Vienne avaient des pouvoirs beaucoup plus étendus que les mistraux particuliers établis par des seigneurs. Si ces derniers n'étaient à proprement parler que des officiers chargés du recouvrement des droits seigneuriaux, les premiers réunissaient en leur personne les fonctions de juge séculier et de gouverneur de la ville, avaient la garde des clefs, nommaient les assesseurs de leur cour de justice, ainsi que les procureurs et les notaires. Le mistral, qui ne pouvait être choisi que parmi les chanoines, était le dépositaire de la puissance temporelle que les décrets royaux avaient attribuée à l'archevêque et au chapitre. L'office demeure inamovible jusqu'en 1320, date à laquelle Jean XXII le réunit à la mense archiépiscopale et manda qu'il fût exercé par une commission révocable. CHGRIER, p. 232 [texte]. CHARVET, p. 771-772 [ici.]. CASTELLANE, p. 153 [id.]. DELORME, p. 287-288 [id.]. ALLMER et TERREBASSE, 1. 1, n° 420, p. 353-357 [texte, trad., commentaire]. WUILLEUMIER, DENIAU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 34 [mention]. Mais 1. Rappelons personnages ce sont qualifiés làqu'à les seuls Toulouse, de exemples canonici le Musée laici, relevéstitre desdevraisemblablement Augustins la dignité deconserve chanoine conféré plusieurs attribuée ad honorem épitaphes à des laïcs à dedes(C.I.F.M. lapersonnes seconde, 7,qui moitié Toulouse, fondaient du XHIe nMou63,dotaient s.,67,concernant 71 etune76).église. des Saint-André-le-Bas 109 112 1271 (anc. style) 1 1 mars - Epitaphe de Jeanne Meisons (pl. XLII, fig. 90) A B C D - Epitaphe d'une laïque et fondation commémorative. Galerie occidentale du cloître. Provenance indéterminée. Pierre de 1 19,5 x 63 cm. Hauteur de la deuxième lettre : 3,5 cm. 1. *ANNO.DOMINI.M.CC.L.XX.I. V. IDUS. MARCII. OBIIT. JOHANNA. MEISONS 2. UXOR. HUMBERTI. GARDAPERA. QUI. DEDIT. NOBIS. XX. SOLIDOS. CENSUALES 3. PRO. REMEMBRANCIA. SUA. DICTA. DIE. PERPETUO. FACIENDA. ITEM. JACENT. HIC 4. P. PATER. DICTI. HUMBERTI. JOHANNES. PATER. DICTE. JOHANNE. G. MATER. EJUSDEM. JOHANNE. ET. ERMIN 5. GARDA. MATER. DICTI. HUMBERTI. PRO. QUORUM. CUJUS. LIBET. REMEM¬ BRANCIA. PER. PETUO 6. FACIENDA. SCILICET. PRO. D[ICTO. P.] VII. IDUS. JANUARII. PRO. JOHANNE III. KALENDAS. DECEMBRIS. PRO. G. 7. VI. IDUS. JULII. PRO. ERMINGARDA. X. KALENDAS. AUGUSTI. DEDERUNT. NOBIS. DICTI. HUMBERTUS. ET. JOHANNA. V. 8. [SOLIDOS CENSUALES E - + L'an du Seigneur 1271, le 5 des ides de mars [11 mars] mourut Jeanne Meisons, femme d'Humbert Gardapera qui nous donna vingt sous de cens pour que sa commémoration soit faite ledit jour à perpétuité. Ici reposent également le père dudit Humbert, Jean, père de ladite Jeanne, G., mère de la même Jeanne et Erminie Garda, mère dudit Humbert, pour la commémoration de chacun desquels à faire à perpétuité, à savoir : pour ledit P., le 7 des ides de janvier [7 janvier] ; pour Jeanne, le 3 des calendes de décembre [29 novembre] ; pour G. le 7 des ides de juillet [9 juillet], pour Erminie, le 10 des calendes d'août [23 juillet] ; les susdits Humbert et Jeanne nous donnèrent cinq sous de cens. F - La ponctuation qui se veut régulière, par un point médian entre chaque mot, a parfois été portée mal à propos, comme dans cujus libet et dans perpetuo à la cinquième ligne. I - Allmer et T errebasse restituent les prénoms Pierre et Guillemette à partir des initiales P. et G. Cette restitution, fondée sur la fréquence de ces prénoms, est une hypothèse très vraisemblable. clo mur séparant sacr e. C - Pierre de 33,5 x 2 cm. Hauteur de la première lettre : 2,5 cm. DOS ET US. 4. DE 5. André- -Bas 6. VER . CL ERIC US. QUORUM . 7. ANIME. REQUIESCANT. 8. IN. PACE. AMEN. E - Ici furent transférés Burnon Laure, chanoine et prêtre, et Guillaume de Briort, chanoine, et Guillaume de Falavier, clerc. Que leurs âmes reposent en paix, amen. F - Bien que le lapicide ait disposé de toute la place disponible, comme le montre l'utilisation de la dernière ligne du texte, il use cependant délibérément et d'abondance de lettres liées, enclavées ou suscrites. I - Il est probable que ce transfert de sépulture a été causé par quelques changements ou réparations dans l'église. Les trois noms cités appartiennent à des familles connues en Dauphiné. Celle de Burnon Laure existait encore à la fin du XVIIe s. Guillaume de Briort ou de Briord correspond au nom d'une maison fort ancienne de Bugey qui donna plusieurs chanoines aux chapitres de Vienne et de Lyon. Quant à Falaver, il peut être identifié à Falavier ou Fallavier, nom d'un ancien château de la commune de Saint-Quentin-Fallavier . CHARVET, p. 790-791 [texte]. DELORME, p. 273-274 [texte fautif]. ALLMER et TERREB ASSE, t. II, n°443, p. 47-48 [texte, trad., commentaire]. WUILLEUMIER, DENIAU, FORMIGÉ, ALBRAND, p. 34 [texte]. I - Cette pierre a visiblement été sciée et a pu servir de réemploi, comme certaines autres, dans un édifice de la ville, avant d'être transférée au Musée. La partie droite du fragment conservé est presque complètement effacée. L'inscription, assez longue, était sans doute gravée tout autour de la bordure extérieure. Inédit. 112 116 1285, 13 novembre - Epitaphe d'Humbert Porte (pl. XLIV, fig. 94) A - Epitaphe et fondation d'anniversaire. B - Extérieur du mur nord de l'église, à droite de la porte, à 153 cm du sol. Allmer et Terrebasse signalaient cette inscription dans la sacristie de l'église. C - Pierre de 54 x 27,5 cm. HauteurXX de la première lettre : 3,2 cm. D - 1. + ANNO. DOMINI. M. CC. IIII. V. XIX. KALENDAS. DECEMBRIS. OBIIT 2. UNBERTUS. PORTA. QUI. DEDIT. CON. VENTUI. SANCTI. ANDREE 3. MONACORUM. IX. SOLIDOS. CENSUALES. SUPER. QUANDAM 4. PECIAM. TERRE. SITAM. IN. COMB A. BONINI 5. JUXTA. TERRAM. GUIGONIS. AURIOL. IN. PARO 6. CHIA. REVENTINI. E - "fr L'an du Seigneur 1285, le 19 des calendes de décembre [13 novembre], mourut Humbert Porta qui donna à la communauté des moines de Saint-André neuf sous de cens sur une pièce de terre sise dans la combe de Bonin, près de la terre de Guigue Auriol, dans la paroisse de Reventin. G - On notera l'emploi erroné du calendrier romain, dont la correction aurait exigé idibus novembris [13 novembre ] et non XIX kalendas decembris. I - Le texte précise qu'il s'agissait des moines de Saint-André, c'est-à-dire de Saint-André-le-Bas pour éviter la confusion avec la communauté des moniales de Saint-André-le-Haut, autrement dit des Nonnains, où étaient établies des religieuses. L'église de Reventin sur l'actuelle commune de Reventin-Vaugris dans le canton de Vienne-Sud, avait été donnée, comme nous l'apprend une charte du Xe s. de l'ancien cartulaire de SaintMaurice, au collège de la cathédrale, avec son territoire et ses dîmes, pour servir à l'entretien de la table et du réfectoire1. ALLMER et TERREBASSE, t. II, n°431,p. 14-15 [texte, trad., commentaire]. villa, de n" 1. Cette Vienne, 15*,in p.honore charte, 224-225). suividatée sancti d'un appendice des Saturnini, annéesde911 etchartes altéra -926, indonne inédites Casciaco juridiction sur villa, le diocèse auin honore collège de Vienne de la cathédral sancti (IXe-XIIe Mauriciiesiècles), super duas dicata (Cartulaire cd. ecclesias. U. CHEVALIER, de l'abbaye que suntLyon, desite, Saint-André-le-Bas una 1869,in appendice, Repentinis Saint-André-le-B as 113 : C - Pierre de 83,2 x 69,7 cm, brisée dans sa partie inférieure droite. Hauteur de la première lettre : 2,9 cm. D - Texte complété d'après Allmer etTerrebasse : 1. + HIC. PATER. EXIMIUS. ABBAS. FETRUS. ARNAUDI. TUMULATUR :'FOR MA : SET. ILLIUS 2. PICTURA : TRANSFIGURATUR : AFATU. BLANDUS. A. CUNCTIS. EST. VE 3. NERANDUS : PLENUS. CONSILIO. LARGUS. IN. AUXILIO : DOCTOS 4. LAUDABAT. INDOCTOS. ET. DOMITABAT SEPE. LEGANT 5. MONACHI. REX. MISERERE. SIBI : +. OBIIT. ANNO. DOMINI. M. 6. CC. LXXX. VI. XIIII. KALENDAS. SEPTEMBRIS. QUI. DEDIT. NOBIS 7. LX. LIBRAS. PRO. TRIBUS. ANNIVERSARIIS. SUIS. PERPETUO. FACIENDIS. 8. UNUM. DIE. OBITUS. SUI. ALIUD. VI. NONAS. MARCII. 9. ALIUD. III. NONAS. MARCII. ITEM. XX. SOLIDOS. CENSUALES. IN. FE 10. STO. BEATI. ALBANI. ITEM. XX. LIBRAS. PRO. ANNIVERS ARIO. PATRIS. SUI. FA 11. CIENDO . ENDO BRAS ARIO FU IS. DE PORTA. DO. . KALENDAS. APRILIS. ITEM. [X] 14. LIBRAS. PRO. ANIVERSARIO 15. QUIBUS. HABUIT 16. FACIENDO. XI 17. P . CUJUS IT. ABBACIA ILLORUM [DE] E [OSINAS] KALENDAS [APRILIS. TEM] A[EDIFICATA. FU] [CALESII] E - 4* Père éminent, l'abbé Pierre Arnaud est inhumé ici. Mais son image est transfigurée par cette peinture. Séduisant par la parole, il est, pour tous, vénérable. Largement ouvert au conseil et à l'aide, il faisait l'éloge des savants et reprenait les ignorants. Que les moines lisent souvent : O roi, aie pitié de lui. * Il mourut l'an du Seigneur 1286, le 14 des calendes de septembre [19 août]. Il nous donna soixante livres pour célébrer ses trois anniversaires à perpétuité : l'un le jour de sa mort, un autre le 6 des nones de mars [2 mars], un autre le 3 des nones de mars [5 mars] ; de même, vingt sous de cens en la fête de saint Alban [22 juin] ; de même vingt livres pour célébrer l'anniversaire de son père, aux nones de mars [7 mars] ; de même treize livres pour célébrer l'anniversaire de sa mère, le 2 des ides de mars [14 mars] ; de même dix livres pour célébrer l'anniversaire de Foulque de La Porte, le 16 des calendes d'avril [17 mars] ; de même dix livres pour l'anniversaire de ceux dont il a reçu des aumônes, à célébrer le 1 1 des calendes d'avril [22 mars], moment de la fondation de l'abbaye de Chalais. F - Régulièrement marquée par un point médian entre chaque mot, la ponctuation est en outre indiquée par trois points verticaux utilisés pour marquer la fin de chaque vers, à l'exception de ceux qui ont été placés après pictura, à la suite d'une erreur probable du lapicide. G - Le début du texte comporte cinq hexamètres et un pentamètre. Les deux premiers vers ont une rime riche commune à la finale, les trois hexamètres suivants sont des vers léonins riches et le pentamètre est seulement léonin. La poésie est de très mauvaise qualité et les erreurs de quantité parsèment les vers. Il est vrai que le vers classique latin, et la rime léonine sont de moins en moins 114 pratiqués au fur et à mesure qu'on avance dans le XlIIe s. En outre le nom Arnaudi, rajouté audessus du prénom de l'abbé à la première ligne, est à exclure de la versification. A ces réserves , on peut considérer que les vers sont les suivants : Hic pater eximius abbas Petrus tumulatur Forma sed illius pictura transfiguratur Affatu blandus a cunctis est venerandus Plenus consilio largus in auxilio Doctos laudabat indoctos et domitabat Sepe legant monachi Rex miserere sibi H - Les mots affatu blandus sont également employés, en début d'hexamètre, dans l'épitaphe de Didier, abbé de Saint-Pierre de Vienne mort en 1 1261. Les termes auxilium et consilium entrent dans la définition des devoirs du vassal par Fulbert de Chartres, dans sa lettre bien connue au duc d'Aquitaine2.
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Annexe 19 : Tableau de données du coût de revient relatif de l'AE – scénario « Or noir » : Kilométrage 30.000 +11,01% 60.000 -5,37% -24,01% 90.000 -17,71% -30,83% 120.000 -27,45% -36,34% 150.000 -35,51% -41,29% 180.000 -42,28% 210.000 -48,27% VE Renault 572 Annexe 20 : Evolution du coût de revient du véhicule diesel selon les scénarios fixés : Annexe 21 : Tableau de données du coût de revient relatif de l'AE, hors bonus – « Or noir » : Kilométrage 30.000 +32,81% 60.000 +12,09% -6,55% 90.000 -3,51% -16,63% 120.000 -15,76% -25,17% 150.000 -25,77% -31,55% 180.000 -34,18% 210.000 -41,47% VE Renault 573 Annexe 22 : Nissan Leaf - Panier de véhicules : Versions à essence Valeur neuve (en 2011) – Bonus/Malus compris BMW 118i Sport 31.900 € 2 Citroën DS4 THP 200 Sport Chic 29.750 € 16 Opel Astra GTC 1.6 Turbo 180 SP 29.500 € 4 Volvo C30 T5 R-Design Edition 32.750 € 3 Versions diesels Valeur neuve (en 2011) – Bonus/Malus compris Audi A3 Sportback 2.0 TDI 170 A 31.280 € 1 BMW 318d Lounge Plus 32.150 € 4 Citroën DS4 2.0 HDI 160 Sport Chic 29.800 € 110 Mercedes A200 CDI BlueEfficiency 31.800 € 3 Peugeot 308 2.0 HDI 163 Féline A 30.350 € 11 Renault Mégane 2.0 dCi 160 GT 30.700 € 50 Volkswagen Golf GTD 32.340 € 27 574 Annexe 23 : Prix spot de l'électricité en France – 2011-2012 : Source : Prix day-ahead base et pointe – EPEX SPOT (2012) Annexe 24 : Coût d'usage kilométrique amorti sur 6 ans et 60.000 kilomètres, par scénarios : Renault Fluence Z.E. Coût kilométrique électricité 1,53cts/km Renault Fluence dCi 13,99cts/km Coût métrique en Gasoil Scénario « Vert » Renault Fluence Z.E. Coût kilométrique électricité 1,82cts/km Renault Fluence dCi 4,93cts/km Coût kilométrique en Gasoil Tous scénarios Coûts d'entretien Kilométrages Renault Fluence Z.E. Renault Fluence dCi 30/60/90.000 6,69cts/km 13,38cts/km 120.000 7,03cts/km 15,39cts/km 150.000 7,38cts/km 17,70cts/km 180.000 7,75cts/km 20,35cts/km 210.000 8,13cts/km 23,48cts/km 575 Annexe 25 : Tableau d'amortissement du coût total de détention, par scénarios : Kilométrage 30.000 79,46 60.000 45,82 33,33 55,13 90.000 34,7 27,49 46,68 120.000 29,83 25,38 44,85 150.000 27,15 24,36 44,89 180.000 25,25 45 210.000 23,92 47,95 Scénario « Vert » VE Renault Diesel (R. Fluence) 80,79 Kilométrage 30.000 86,57 60.000 48,98 36,49 46,07 90.000 34,99 27,78 37,62 120.000 26,52 35,79 150.000 30,97,976,31 27,78 24,99 35,83 180.000 25,78 35,94 210.000 24,21 38,89 VE Renault Diesel (R. Fluence) 71,73 576 Annexe 26 : Tableau de données au coût total de détention relatif de l'AE, par scénarios : Kilométrage VE Renault 30.000 -1,64% 60.000 -16,89% -39,54% 90.000 -25,66% -41,11% 120.000 -33,49% -43,41% 150.000 -39,52% -45,73% 180.000 -43,89% 210.000 -50,11% Kilométrage 30.000 +20,69% 60.000 +6,32% -20,79% 90.000 -6,99% -26,16% 120.000 -13,47% -25,9% 150.000 -22,47% -30,25% 180.000 -28,27% 210.000 -37,75% VE Renault Annexe 27 : Valeur de revente d'une AE « avec opérateur » à 6 ans pour atteindre un seuil de rentabilité nul par rapport aux autres modalités de vente, par scénarios : Scénario « Vert » Kilométrage VESO VD V ESO VD 60.000 3.230 € 0€ 3.230 € 2.420 € 90.000 2.981 € 0€ 2.981 € 0€ 120.000 2.434 € 0€ 2.434 € 0€ 150.000 1.750 € 0€ 1.750 € 0€ 577 Annexe 28 : Elément s de définition comparée de l'économie de la fonctionnalité : Critères de définition Economie industrielle Economie de la fonctionnalité Nature de la production Production de masse de produits standardisés Production différenciée de biens personnalisés liés à l'offre d'un service Nature de la consommation Consommation de masse de produits industriels standardisés Consommation de masse de produits industriels et serviciels personnalisés intégrés Rôle du consommateur dans la définition du produit Nul Rôle de plus en plus important dans la définition du produit (co-production) Accès à la consommation Par l'achat de la propriété de biens Par la location et les enjeux d'usage (voie servicielle) Modalités d'organisation de l'entreprise Entreprise intégrée (grandes unités de production) Produit industriel standardisé Entreprise réseau/architecte (décentralisation géographique de la production) Système de produits industriels et serviciels personnalisés et intégrés Source : Vaileanu-Paun I. et Boutillier S. (2012), p.34. Autopartage Station Ecole Bureau Magasin Approche avancée (Autolib' – IdF) Ecole Maison Station Station Ecole Station Bureau Maison Bureau Approche « one-way » (Car2Go - Daimler) Bureau Maison Ecole Restaurant Magasin Source : A partir de OVE (2009.b). 579 Annexe 30 : Les étapes de la convergence industrielle : Services et marchés Fusions/acquisitions industrielles Plateformes de technologies et de réseaux Source : Commission européenne (2007) Annexe 31 : Modalités de déplacement : un panorama : TC Collectifs TRA JETS PARTAGES NOUVEAUX USAGES DES TAXIS Minibus (van pool) Semicollectifs Taxi Collectif Covoiturage Taxi Multi-Services VEHICULES PARTAGES Multivoiturage Individuels VP PARTICULIERS (ménage ou entreprise) Libre-service Automatisé Location Courte Durée ASSOCIATIONS (coopérative) ENTREPRISES (société de service) SERVICE PUBLIC (autorité organisatrice ou société concessionnaire) INSTITUTION GESTIONNAIRE Source : CERTU (2007.a), p.10 580 Annexe 32 : Liste des infrastructures exploitées par les modèles d'électromobilité : Infrastructure de charge (bornes) Infrastructure électrique Infrastructure télécoms Infrastructure énerg étique Usa gers (conducteur) Infrastructure informatique (serveurs) Habitation Annexe 33 : Solutions « durables » de déplacement : un panorama exhaustif : Transport Collectif régulier Transport à la demande Voiture particulière électrique Taxi partage Taxi Autopartage Pédibus Covoiturage dynamique Piéton Covoiturage Vélo à assistance électrique Vélotaxi Vélopartage Vélo Source : CERTU (2007.b), p.7 581 Annexe 34 : Adéquation de l'électromobilité aux trajets de loisirs : le cas des batteries amovibles : Trajet extra-urbain Forte adéquation de l'électromobilité Trajet périurbain Trajet non connu ex-ante Trajet urbain Trajet connu ex-ante Trajets semblables Trajets dissemblables Ménage multimotorisé Ménage monomotorisé Adéquation moyenne de l'électromobilité 582 Annexe 35 : Démographie des producteurs d'AE aux États-Unis (1992-2007) : 583 584 585 Source : Bainée et Le Goff (2013), p.318 Annexe 36 : Forme d'émergence des producteurs d' aux États-Unis (1992-2007) : 586 587 588 589 Source : Bainée et Le Goff (2013), p.319 Annexe 37 : Démographie et forme d'émergence des producteurs d'AE aux Etats-Unis (20072010) : 590 591 Source : Bainée et Le Goff (2012), p .321 592 Annexe 38 : Formalisation lancastérienne à la Gallouj et Weinstein (1997) appliquée au cas du commerce de proximité : Compétences du prestataire Compétences des clients Caractéristiques finales ELS Hôtesses de caisse C'i Chef de rayon Rayons Têtes de gondoles Présentoirs Etiquetage Etiquettes intelligentes Caddies Service commercial élémentaire Station service SAV Crèches Livraison à domicile Cafés/restaurants Parking Scanners Fontaines à eau Climatisation Vidéosurveillance Bornes interactives Source : Gallouj (2004), p.79 Annexe 39 : Innovations de nature recombinante et caractéristiques finales des produits : Produit 1 C11 Y11 C12 Y12 ... C1p Produit 2... Y1n C11 Y11 C12 Y12 C1p Y1n C1p+1= Y1n+1=...... C21 Y21 C21 Y21 C22 Y22 C22 Y22 C2p Y2n C2p............ Produit 3 Y2n Source : Gallouj et Weinstein (1997), p.551 593 Annexe 40 : Fisker Karma : un puzzle modulaire et géographique : Source : Presse spécialisée 594 Annexe 41 : L'îlot des « caractéristiques de l'AE » : illustrations et exemples : Caractéristiques de procédés Z1 Z2 Maîtrise des champs Technique (étroite/large) Scientifique étroite/large) Mode/méthode de fabrication En série / artisanale Assemblage/construction Architecture technique Systémique/modulaire Electrification/reconception... Zi... Za Z'1. Z'b Caractéristiques Caractéristiques techniques de services Moteur électrique Technologie (aimant,) Taille et puissance Position (roue, usuelle) Batterie d'accumulateurs Couple électrochimique Forme (cube, plate,) Position (coffre, châssis) Fixe ou amovible Electronique de puissance Courant continu/alternatif Tension supportée Auxiliaires Freinage régénératif Freinage « by wire » Susp. indépendantes Carrosserie Nombre et type de portes Encombrement Connnexion smart grids Système de mesure Système de communication Internet embarqué Système de clé 3G X1 Y1 X2..... Yi Xi Ye... Xc X'1. X'd. Y'1.. Fonctions essentielles 1 Autonomie Performances (vitesse, ) Vitesse de rechargement Fonctions essentielles 2 Capacité de stockage Perfs du convertisseur Fonctions complémentaires Nombre de passagers Volume du coffre Accessibilité aux personnes Aménagement intérieur Confort acoustique Confort thermique Y'i.. Externalités Pollution de l'air Pollution sonore Surface au sol Y'f 595 Annexe 42 : L'îlot des « caractéristiques du client et des compétences des opérateurs de mobilité électrique » : illustrations et exemples : Connaissance des parcours ex-ante Gestion des mobilités (recensement/disponibilité /réservation de bornes) Répétition des parcours Niveau d'équipement Optimisation des périodes de charge Nature déplacement Valorisation de charge Milieu déplacement Mise à disposition VE Ilot « caractéristiques du VE » Système multimédia embarqué Logiciels / interfaces Smartphone / Tablette Serveurs informatiques Smart meters Smart meters Borne de charge privée Batteries d'accus Terminal de paiement sans contact 596 Annexe 43 : L'îlot des « caractéristiques du client et des compétences des opérateurs de mobilité électrique » : agent révélateur des modèles d'électromobilité : C'1 C'2. C'g C1 C2. Ch Modèles « substitution » Ilot « caractéristiques du VE » T'1 T'2. T'k T1 T2. Tl C'1 C'2. C'g C1 C2. Ch Modèle « bouquet » Ilot « caractéristiques du VE » T'1 T'2. T'k T1 T2. Tl C'1 C'2. C'g C1 C2. Ch Modèle « multifaces » Ilot « caractéristiques du VE » T'1 T'2. T'k T1 T2. Tl Source : à partir de Gallouj et Weinstein (1997) et de De Vries (2006) 597 Annexe 44 : L'îlot des « caractéristiques du territoire » : Compétences du régulateur Politique des transports Politique d'urbanisation Politique énergétique Propriétés du territoire Politique numérique Politique de la recherche Densité population Superficie / topographie Pouvoir centralisé / décentralisé Nature mix énergétique Ilot « caractéristiques du VE » Densité / qualité des infrastructures (routières, énergétique, télécoms) Appétence population pour l'écologie Taux de préférence le futur Appétence pour l'écologie Nature interventionniste / libérale Sensibilité aux lobbys Ilot des « caractéristiques du client et des compétences des opérateurs de mobilité » Préférences du régulateur Source : à partir de Gallouj et Weinstein (1997) et de Windrum et García-Goñi, 2008 598 Table des matières Résumé de la thèse / Abstract 3 Re merci ements 5 Sommaire 11 INTRODUCTION GENERALE 15 Partie 1. Approche technico-économique de l'automobile électrique : Frontières et définitions ; potentialités et verrous 35 Chapitre 1. Analyse technico-économique du coeur technologique de l'automobile électrique. Les batteries d'accumulateurs et la motorisation électrique soumises au révélateur du concept de « régime technologique » 37 1. Le régime technologique des batteries d'accumulateurs 40 1.1. Fonctionnement des technologies de batteries d'accumulateurs avancées 41 1.2. Degrés d'opportunité et de cumulativité des batteries pour l'électromobilité 44 1.3. Degré d'appropriabilité technologique des batteries avancées 49 1.4. Etendue du marché : la demande formulée pour les batteries avancées 52 1.5. Le marché des batteries avancées : la dynamique de l'offre 55 1.6. Un corollaire : la dynamique de coût des batteries Lithium-Ion 60 2. Le régime technologique de la motorisation électrique 63 2.1. Principes de fonctionnement de la motorisation électrique 63 599 2.2. Efficience technique et efficacité énergétique globale de la chaîne électrique 66 2.3. Moteur électrique : mesure du degré d'appropriabilité technologique 70 2.4. Moteur électrique et mécanismes traditionnels de génération de valeur 73 2.5. Un corollaire : vers un déplacement des coûts de détention automobile 76 Conclusion du Chapitre 1 79 Chapitre 2. Coûts, prix et marchés de l'automobile électrique : Calcul du coût total de possession des modes alternatifs de commercialisation de l'automobile électrique 85 1. Définition et calibrage des facteurs 86 1.1. Sélection des versions et des prix de vente avant retraitement 87 1.2. Calcul des coûts de revient kilométriques 89 1.2.1. Coûts kilométriques hors énergie et hors entretien 90 1.2.2. Coûts kilométriques à l'usage : le cas de l'énergie 92 1.2.3. Coûts kilométriques à l'usage : le cas de l'entretien 94 2. Représent ations des m odèles d'affaires a lternatifs et commentaires 97 2.1. Représentations des coûts de revient alternatifs 97 2.2. Commentaires généraux sur le modèle de base 100 2.3. Eléments de précision sur le modèle de base 102 3. Amendements au modèle de base : précisions et perspective dynamique 104 3.1. Reconsidération du modèle de base : une perspective dynamique 104 3.1.1. Scénarios : hypothèses de travail 106 3.1.2. Scénarios : quelques perfectionnements 109 600 3.2. Phase calculatoire 113 3.2.1. Calcul du coût de revient relati de l'AE, en fonction des scénarios 114 3.2.2. Impact de la disparition des aides fiscales à l'achat d'AE 118 4. Reconsidération du modèle de base : Eléments de prospective 119 4.1. Les voies alternatives de commercialisation de l'AE et de sa batterie 120 4.1.1. Valorisation ex-post de la capacité de stockage de la batterie 123 4.1.2. Valorisation ex-post des batteries : la problématique du recyclage 126 4.1.3. Valorisation ex-post de l'AE : La question du marché de l'occasion 127 4.2. Valorisation concomitante de la capacité de stockage de la batterie 135 4.2.1. Marchés de l'électricité – une introduction 135 4.2.2. Complexité et plateformes d'innovation : une analogie aux systèmes d' é lect romobil ité 193 2.3. Introduction aux modèles « substitution rigide » et « substitution flexible » 195 3. Orientation « bouquet » et structuration d'une offre de bien-système 197 3.1. L'économie des bouquets et le product bundling 198 3.2. Intermodalité, multimodalité et bouquets de transports 201 3.3. Economie de la fonctionnalité et modèle « autopartage » 203 4. Orientation « intersectorielle » : convergence industrielle et propriété combinatoire 207 4.1. L'AE : enveloppe d'une technologie qui infuse le système technique 208 4.2. Emergence d'un système d'électromobilité. Une lecture par le processus de convergence industrielle 211 4.3. Introduction au modèle « multifaces » 215 Conclusion 218 Chapitre 2. Quatre modalités génériques d'émergence des systèmes d'électromobilité 223 1. Systèmes d'électromobilité associés au modèle « substitution rigide » 229 2. Le modèle « substitution flexible » 234 3. Le modèle « autopartage » 239 4. Le modèle « multifaces » 247 602 Conclusion du Chap itre 2 252 Chapitre 3. Les opérateurs de mobilité électrique et agrégateurs de charges : modèles d'affaires et rôle sur la diffusion de l'électromobilité 257 1. Opérateurs de mobilité électrique et agrégateurs de charge s : genèse et marchés 258 2. Le marché des opérateurs de mobilité électrique : un marché bifaces 265 3. Application de la notion de marché bifaces aux modèles d'affaires des opérateurs de mobilité électrique et agrégateurs de charges 270 3.1. Filiation et adaptation des préconisations de la théorie des marchés à multiples versants aux modèles d'affaires des opérateurs 272 3.2. Modèles d'affaires accessibles aux opérateurs de mobilité électrique 273 3.2.1. L'opérateur de mobilité propriétaire de la batterie d'accumulateurs. 274 3.2.2. L'opérateur de mobilité gestionnaire de la batterie d'accumulateurs 276 3.2.3. Vers un m odèle d 'affaires résolument multiface s 279 4. Opérateurs de mobilité électrique et diffusion de l'automobile électrique : les enseignements de l'économie des réseaux 282 4.1. Retour sur les notions de réseau et d'externalité de réseau 282 4.2. Modél isation 287 Conclusion du Chapitre 3 290 Conclusion de Partie 2 295 Bibliographie de la Partie 2 303 603 Partie 3. L'automobile électrique comme bien-système territorialisé 319 Chapitre 1. Une approche institutionnaliste et évolutionnaire du territoire et des dynamiques d'émergence et de diffusion de l'automobile électrique 325 1. Territoire et innovation : une revue de la littérature des approches institutionnalistes 327 1.1. La grille de lecture institutionnaliste du territoire 327 1.2. Les approches en termes d' ssages et de création technologique 332 1.2.1. Les systèmes territorialisés d'innovation 333 1.2.2. Les approches « proximistes », formes alternatives de proximités à l'appui de la création technologique 340 1.3. Les approches en termes de dynamique de territorialisation 344 1.3.1. L'approche par les ressources de Colletis et Pecqueur : une typologie en termes d'actifs et de ressources spécifiques et génériques 347 1.3.2. L'approche par les ressources de Colletis et Pecqueur : une approche de la dynamique technologique en termes de dynamique de territorialisation 350 2. Territoire, industrie et « bien système » : généralisation à partir du cas exemplaire de l'émergence d'une industrie de l'automobile électrique en Californie 354 2.1. La Californie , creuset de l'émergence d'une industrie de l'automobile électrique 355 2.2. Démographie des firmes : émergence des producteurs d'automobiles électriques aux Etats-Unis (1992-2007) 359 2.3. Emergence d'une industrie de l'automobile électrique dans la crise (2007-2010) : le rôle des recompositions macroéconomiques 364 604 2.4. Emergence d'une industrie de l'automobile électrique dans la crise (2007-2010) : le rôle central des pouvoirs publics californiens 368 2.5. La Californie et l'automobile électrique : vers la définition et l'implémentation d'un système de mobilité électrique intelligent 372 2.6. Corollaires et prolongements : transposabilité et généralisation du principe d'émergence territorialisée de l'automobile électrique 377 3. L'approche par les actifs et ressources territoriaux appliquée au cas de l'émergence des systèmes sociotechniques et de l'automobile électrique 379 3.1. Le phénomène d'alignement : le processus de verrouillage sur un système sociotechnique 381 3.2. Le phénomène de désalignement : le processus de déverrouillage d'un système sociotechnique 387 3.3. Le phénomène de réalignement : transition et reverrouillage des systèmes sociotechniques 393 Conclusion du Chapitre 1 401 Chapitre 2. Le bien-système territorialisé repensé à la lueur d'une grille d'interprétation lancastérienne 411 1. L'approche lancastérienne du bien- attrib uts et ses prolongements en termes de « characteristics-based models » 413 1.1. L'approche lancastérienne du bien-attributs 413 1.2. Une introduction aux « characteristics-based models » 426 1.2.1. Le modèle originel de Saviotti et Metcalfe (1984) 427 605 1.2.2. Le modèle générique des innovations de biens et de services par Gallouj et Weinstein (1997) 430 1.2.3. Prolongement du modèle de Gallouj et Weinstein : précisions sur le rôle des usagers dans la production des biens et services. L'apport de De Vries 433 1.2.4. Prolongement du modèle de Gallouj et Weinstein : intégration de la dimension territoriale 436 2. Représentation lancastérienne de l'émergence des systèmes d'électromobilité 439 2.1. Représentation lancastérienne des « caractéristiques de l'AE » 441 2.2. Représentation lancastérienne des « caractéristiques du client et des compétences des opérateurs de mobilité électrique » 444 2.3. Représentation lancastérienne des « caractéristiques du territoire » 447 3. Une dynamique d'émergence et de diffusion de l'électromobilité par capillarité 453 3.1. Les modèles « substitution » à l'aune d'une émergence territorialisée et d'une diffusion par capillarité 454 3.2. Le modèle « bouquet » à l'aune d'une émergence territorialisée et d'une diffusion par capillarité 456 3.3. Le modèle « multifaces » à l'aune d'une émergence territorialisée et d'une diffusion par capillarité 457 Conclusion du Chapitre 2 459 Conclusion de la Partie 3 465 Bibliographie de la Partie 3 475 CONCLUSION GENERALE 491 606 Bibliographie 515 Annexes 561 Table des matières 599 Liste des Figures 609 Liste des tableaux 613 Liste des annexes 617 607 608 Liste des figures Figure 1 : La transition sociotechnique au révélateur de la perspective multi-niveaux 24 Figure 2 : Capacités de production en batteries avancées : un panorama mondial en 11/2011 56 Figure 3 : Niveau et évolution du coût de revient d'une batterie Lithium-Ion de 15kWh 62 Figure 4 : Emissions de CO2 « du puits à la roue » : une comparaison entre les véhicules électrique et thermique 67 Figure 5 : Coût total de possession de voitures thermique et électrique en France en 2012 77 Figure 6 : Comparaison des coûts associés aux véhicules thermique et électrique 78 Figure 7 : Seuil de rentabilité de l'AE par rapport au véhicule diesel 100 Figure 8 : Différentiel de coût de revient de l'AE par rapport au véhicule thermique 101 Figure 9 : Différentiel de coût de revient de l'AE face au diesel – scénario « Or noir » 117 Figure 10 : Différentiel de coût de revient - AE / diesel, hors bonus – scénario « Or noir » 119 Figure 11 : Total Cost of Ownership – Oliver Wyman 128 Figure 12 : La chaîne de valeur du marché de l'électricité 136 Figure 13 : Le marché de l'électricité : imbrications et temporalités 136 Figure 14 : Electricité activée au titre des services système en 2010 en Europe 138 Figure 15 : Prix moyen de l'électricité activée au titre des services systèmes 139 609 Figure 16 : Modalités de valorisation de l'AE et de sa batterie dans le temps 145 Figure 17 : Coût total de détention de l'AE au terme de 6ans - scénario « noir » 151 Figure 18 : Coût total de détention de l'AE au terme de 6ans - scénario « Vert » 151 Figure 19 : Seuil de rentabilité de l'AE par rapport au véhicule diesel, par scénarios 152 Figure 20 : Alignement des sous-régimes composant un régime sociotechnique donné 181 Figure 21 : Les issues du processus de convergence industrielle 212 Figure 22 : Dendrogramme du modèle « substitution rigide » : le cas des « déplacements en voie propre » 231 Figure 23 : Dendrogramme du modèle « substitution rigide » : le cas de la « locomotion semi-rigide » 232 Figure 24 : Dendrogramme du modèle « substitution rigide » : le cas des « tournées » 232 Figure 25 : Modèle « substitution rigide » : infrastructures techniques et a cteurs 233 Figure 26 : Solutions « durables » de déplacement : quelques déclinaisons 235 Figure 27 : Dendrogramme du modèle « substitution flexible » 236 Figure 28 : Adéquation de l ' élect ro mobilité aux trajets de loisirs : un raffinement 237 Figure 29 : Modèle « substitution flexible » : infrastructures techniques et acteurs 238 Figure 30 : Dendrogramme du modèle « autopartage » 243 Figure 31 : Modèle « autopartage » : infrastructures techniques et acteurs 245 Figure 32 : Modèle « multiface » : infrastructures techniques et acteurs 249 Figure 33 : Dendrogramme du modèle « multiface » 251 Figure 34 : AE et marché bifaces : l'exemple de l'opérateur Freshmile 267 610 Figure 35 : L'opérateur de mobilité propriétaire de la batterie 275 Figure 36 : L'opérateur de mobilité gestionnaire de la batterie 277 Figure 37 : L'opérateur de mobilité propriétaire de l'AE 279 Figure 38 : Rep résent ations d ' un réseau à simple voie et d'un réseau à double voie 283 Figure 39 : Modèle de structure réticulaire déployée par l'opérateur Better Place 284 Figure 40 : Le processus d'innovation , la nature des apprentissages et l'information au sein des districts industriels 337 Figure 41 : Le processus d'innovation, la nature des apprenti ssages et l' information au sein des milieu x innovateurs 338 Figure 42 : Le processus d'innovation, la nature des apprentissages et l'information au sein des technopoles 339 Figure 43 : Démographie des constructeurs d'AE aux Etats-Unis – 1992-2007 (Extrait) 361 Figure 44 : Emergence des firmes productrices d'AE aux Etats-Unis et en Californie – 1992-2010 361 Figure 45 : Forme d'émergence des producteurs d'AE aux Etats-Unis – 1992-2007 (Extrait) 362 Figure 46 : Démographie et forme d'émergence des firmes productrices d'AE aux Etats-Unis – 2007-2010 (Extrait) 373 Figure 47 : Emergence d'une situation de verrouillage technologique 383 Figure 48 : Préférences des consommateurs pour les caractéristiques des biens 417 Figure 49 : Représentation lancastérienne des choix du consommateur en termes de caractéristiques 419 611 Figure 50 : Détermination du niveau optimal caractéristiques des biens : le cas des biens combinables 421 Figure 51 : Rep résentation lancastérienne : le cas de la variation des prix relatifs des biens 422 Figure 52 : Représentation lancastérienne : le cas d'une modification de la perception des caractéristiques par les consomm ateurs 423 Figure 53 : Représentation d'un bien en termes de caractéristiques techniques et fonctionnelles 428 Figure 54 : Le modèle complet de Saviotti et Metcalfe (1984) 429 Figure 55 : Le modèle général de Gallouj et Weinstein (1997) 432 Figure 56 : Le modèle de De Vries (2006) 434 Figure 57 : Ebauche d'une représentation lancastérienne des systèmes d'électromobilité 435 Figure 58 : Le modèle de Windrum et García-Goñi (2008) 437 Figure 59 : Représentation simplifiée de l'émergence des systèmes d'électromobilité 440 Figure 60 : L'îlot des « caractéristiques de l'AE » 442 Figure 61 : L'îlot des « caractéristiques du client et des compétences des opérateurs de mobilité électrique » 445 Figure 62 : L'îlot des « caractéristiques du territoire » 449 Figure 63 : Représentation générale de l'émergence des systèmes d'électromobilité 452 Liste des tableaux Tableau 1 : Les conditions d'un régime technologique 38 Tableau 2 : Tableau comparatif des technologies d'accumulateurs – actualisé 2012 44 Tableau 3 : Le régime technologique des batteries avancées 45 Tableau 4 : Parts de marché des principaux fabricants de batteries Lithium-Ion en 2010 53 Tableau 5: Accords entre fabricants de batteries et constructeurs automobiles en 11/2011 57 Tableau 6 : Maturation technologique des batteries Lithium-Ion sur longue période 61 Tableau 7°: Projection du coût de revient d'une batterie Lithium-Ion de 15kWh, 2008-2015 62 Tableau 8 : Niveau indicatif de rejets en CO2 des sources d'approvisionnement énergétiques 67 Tableau 9 : Accords officiels associant constructeurs automobiles et de moteurs électriques 71 Tableau 10 : Revenus des services hors ventes chez Renault et Volkswagen (2004-2010) 74 Tableau 11 : Contribution par secteur à la marge opérationnelle du groupe Renault 74 Tableau 12 : Modalités d'achat d'une AE : un panorama 89 Tableau 13 : Grille tarifaire pour la location de batterie (Renault Fluence Z.E.
33,636
5695e8044d6fb27f1d24103f477128fd_12
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,009
Évaluation internationale des élèves
None
French
Spoken
7,682
20,614
PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 TRAVAIL • RÉMUNÉRATION ET TEMPS DE TRAVAIL RÉMUNÉRATION DU TRAVAIL Rémunération du travail par unité de main-d’œuvre, économie totale Croissance annuelle en pourcentage 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Allemagne 5.4 3.2 4.7 2.7 1.6 1.3 2.0 3.3 2.4 2.1 2.0 0.1 0.6 1.3 Australie 2.2 1.5 4.3 5.5 3.6 3.1 3.1 3.9 5.0 3.1 4.1 4.0 4.4 .. Autriche 4.5 4.1 4.6 0.3 0.5 2.8 3.7 2.9 1.5 2.1 1.4 1.0 2.6 2.8 3.2 Belgique 4.6 4.4 1.4 1.4 3.4 1.3 3.5 2.0 3.6 3.8 1.7 1.9 1.9 Canada 1.1 -0.1 1.6 1.5 5.6 2.9 2.2 5.2 3.0 2.2 3.1 2.3 4.9 .. Corée 13.0 12.6 14.7 12.9 6.5 8.4 0.1 2.4 7.4 6.3 9.6 5.0 5.5 3.5 3.1 Danemark 2.4 3.8 3.3 4.8 1.8 3.1 2.8 3.2 3.9 4.5 4.1 2.4 2.2 Espagne 7.3 3.7 3.7 3.9 2.1 1.6 1.9 2.8 3.9 3.5 3.7 3.1 3.4 3.1 États-Unis 3.5 2.8 3.3 3.2 3.8 5.9 4.9 5.2 2.6 2.7 3.1 4.1 3.2 4.4 Finlande 0.5 3.4 4.1 2.6 1.6 4.5 2.2 3.7 4.7 1.8 2.8 3.6 3.8 2.8 France 3.0 1.7 3.5 1.7 2.3 2.3 2.4 5.1 3.1 6.1 3.2 1.6 3.5 .. Grèce .. .. .. 10.3 16.1 4.2 4.1 5.5 6.7 8.2 6.3 6.3 5.7 3.1 3.0 Hongrie .. .. .. 20.6 19.1 13.9 4.0 15.9 18.5 12.2 11.1 11.5 7.1 Irlande .. .. .. 4.3 5.0 4.7 4.5 8.0 7.5 5.5 6.4 6.4 5.0 4.5 Italie 3.5 4.0 4.1 4.8 4.9 -2.5 2.1 2.2 4.1 2.9 2.9 2.8 3.6 3.2 Japon 0.8 1.4 1.6 0.6 1.5 -0.1 -1.1 0.4 -0.5 -1.6 -1.4 -1.3 0.2 .. Luxembourg 5.7 3.9 1.3 1.9 2.6 0.9 4.0 5.3 3.5 3.1 2.2 3.9 3.8 4.5 Mexique .. .. .. 21.3 22.6 20.7 20.6 16.2 11.0 5.5 6.8 3.6 .. .. Norvège 1.6 3.3 4.6 4.7 5.2 7.1 5.5 6.1 7.6 5.4 4.8 2.8 4.6 5.9 Nouvelle-Zélande 3.7 2.3 1.6 2.9 3.7 -0.6 -0.6 3.3 4.2 3.9 4.6 4.4 3.1 .. Pays-Bas 2.8 2.1 1.2 1.5 2.4 4.0 3.4 4.6 4.9 4.3 3.4 3.4 1.0 2.2 Pologne 33.0 40.4 34.0 27.3 20.9 15.9 12.1 11.7 10.4 1.4 | 3.2 3.9 3.6 .. Portugal .. .. .. 6.1 6.0 5.3 5.4 6.4 4.0 3.6 3.5 2.6 .. .. République slovaque .. .. .. 9.6 15.9 14.9 6.3 11.9 6.2 13.1 13.1 8.3 3.0 6.6 6.2 République tchèque Royaume-Uni Suède .. .. .. 16.7 8.6 8.4 8.4 6.2 7.9 7.4 8.8 5.7 4.7 3.6 3.1 3.6 3.4 4.1 6.8 4.7 5.4 4.9 3.7 4.7 4.2 4.4 4.4 .. 3.6 2.4 6.3 4.6 2.6 0.8 8.5 5.7 4.5 4.3 2.4 4.1 3.2 Zone euro 4.1 3.0 3.3 2.8 0.1 0.7 2.6 2.5 2.6 2.6 2.3 2.1 1.8 2.2 Sept grands 3.1 2.5 3.1 2.6 3.2 3.4 3.0 4.0 2.4 2.2 2.3 2.5 2.7 3.9 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274268586135 Rémunération du travail par unité de main-d’œuvre, économie totale Croissance annuelle moyenne en pourcentage, 1995-2006 ou dernière période disponible 16 14 12 10 8 6 4 2 0 ell Ital i eZé e Se land e pt gr an ds Es pa gn Fin e lan de Fr an Pa ce y Lu s-Ba xe m s bo Da urg ne m ar k Ca na da Ét at sUn Au is str ali e Ro Suè ya de um eUn Po i rtu g No al rv èg e Irla nd e Co ré Ré e pu b Ré liqu Grèc pu e t e c bli qu hèq e s ue lov aq u Po e log n Ho e ng r Me ie xiq ue No uv All Ja po em n ag n Au e tri c Zo he ne eu Be ro lgi qu e -2 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/387872117825 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 149 TRAVAIL • RÉMUNÉRATION ET TEMPS DE TRAVAIL RÉMUNÉRATION DU TRAVAIL Rémunération du travail par salarié, économie totale Dollars des EU calculés à l’aide des PPA Allemagne 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 27 983.4 28 695.5 29 971.3 30 684.9 30 991.1 31 281.6 32 187.3 32 795.6 33 534.1 34 168.3 35 338.5 36 167.2 36 216.5 36 901.7 Australie 24 215.9 24 885.6 25 988.0 27 730.5 28 602.5 29 429.4 30 713.5 31 736.0 32 239.7 32 612.9 33 089.2 .. .. .. Autriche 29 533.8 30 484.5 31 411.2 31 900.4 32 277.6 33 441.5 34 349.9 35 895.0 35 683.0 36 971.4 38 176.3 39 012.9 40 180.7 41 685.9 47 797.9 Belgique 33 568.1 35 010.6 35 725.4 36 370.4 37 517.1 37 164.6 38 876.9 41 245.9 42 699.5 45 160.9 44 333.6 45 378.2 46 192.4 Canada 26 001.6 26 467.7 27 100.3 27 806.6 29 009.2 29 741.5 30 451.7 31 806.4 32 752.4 32 784.5 33 624.5 35 103.0 36 961.6 .. Corée 18 348.0 19 175.7 21 185.1 22 844.5 22 802.1 22 520.2 22 612.8 22 520.6 23 381.9 23 855.2 25 287.0 26 136.5 27 389.4 28 387.7 Danemark 23 914.9 24 065.4 25 014.3 26 150.1 27 173.2 28 528.7 29 318.4 30 397.8 30 916.9 32 564.7 32 590.7 34 026.1 34 800.3 .. Espagne 25 782.2 26 021.2 26 281.2 26 997.1 27 675.6 28 257.8 28 752.9 29 701.0 30 998.9 32 401.5 32 323.6 32 294.2 32 441.2 33 121.7 États-Unis 33 803.4 34 749.8 35 897.0 37 045.2 38 438.8 40 698.2 42 673.9 44 882.6 46 070.9 47 317.9 48 780.6 50 804.8 52 441.6 54 747.8 Finlande 21 880.5 23 029.2 24 272.5 25 109.9 25 633.0 26 621.1 27 448.4 28 618.3 29 328.9 30 134.6 30 733.0 32 741.8 33 851.8 35 380.4 43 316.1 France 28 408.7 29 017.0 30 003.5 30 781.1 31 879.8 32 711.9 34 015.0 35 716.0 37 594.1 39 169.5 38 379.5 39 950.1 41 818.0 Grèce .. .. 18 608.7 19 193.6 20 943.1 20 973.1 21 964.8 23 288.5 25 606.7 28 447.8 28 425.6 29 591.2 30 887.9 32 721.2 Hongrie .. .. 14 293.7 14 288.1 14 940.4 15 135.4 14 620.8 15 611.8 17 260.8 18 989.4 19 885.9 21 131.8 22 303.5 22 870.3 Irlande Italie .. .. 25 935.4 26 861.2 27 118.7 28 093.1 28 320.5 29 518.5 30 851.8 31 098.4 33 211.7 35 693.1 37 525.8 39 358.1 28 109.6 28 387.3 28 551.6 29 504.8 30 855.0 30 464.5 31 018.3 31 735.4 32 261.9 32 100.8 33 030.5 33 886.4 34 869.5 35 833.3 Japon 23 154.0 23 861.8 24 809.7 25 498.4 25 965.4 26 106.7 26 386.7 27 996.8 28 763.0 29 694.5 30 619.1 31 220.0 33 013.1 .. Luxembourg 36 560.0 37 780.8 38 352.0 39 565.8 39 837.7 40 812.2 43 173.8 45 781.8 46 923.8 49 145.3 50 345.2 52 755.4 54 532.3 56 981.3 Mexique .. .. 7 852.1 7 442.1 7 961.3 8 049.1 8 653.5 9 380.9 9 921.5 10 131.3 10 486.2 10 464.7 .. .. Norvège 21 847.9 22 818.0 23 574.0 25 129.6 26 019.7 27 357.7 28 600.1 29 758.9 31 122.6 32 690.4 34 306.0 36 213.7 38 029.0 39 921.3 Nouvelle-Zélande 22 088.6 22 779.1 23 090.6 23 690.7 24 554.1 24 165.8 24 261.1 24 504.1 25 489.1 25 763.0 26 484.8 28 038.4 28 252.6 .. Pays-Bas 27 506.6 27 945.5 28 275.1 28 893.5 29 460.8 30 737.4 31 749.3 33 863.7 34 872.9 36 503.9 36 492.3 38 535.1 39 227.8 40 498.4 Pologne 9 209.2 9 558.2 10 292.7 11 299.8 12 165.2 12 879.8 13 782.9 14 444.3 15 713.9 16 106.0 | 16 601.1 17 238.0 17 302.6 .. Portugal .. .. 16 360.3 17 213.0 17 918.7 18 157.4 19 353.8 20 537.4 21 227.9 21 537.0 22 663.5 23 041.2 .. .. République slovaque .. 8 285.8 9 339.5 9 768.2 11 044.1 11 916.1 11 766.3 12 367.5 13 345.5 14 387.2 14 316.5 15 048.1 16 001.0 17 184.0 .. .. 11 388.6 12 589.7 12 815.5 12 886.3 13 915.4 14 682.8 16 090.6 16 779.3 18 727.9 19 578.7 20 643.7 21 977.9 Royaume-Uni République tchèque 23 036.0 23 734.3 24 319.9 25 283.2 26 383.2 27 493.5 28 629.1 31 205.9 33 314.3 34 165.0 35 787.5 38 006.2 38 448.8 40 201.9 .. Suède 22 473.4 23 647.2 24 102.0 26 198.3 27 408.9 28 122.0 28 927.8 31 884.0 32 705.5 33 530.6 34 655.7 36 786.1 38 068.1 Zone euro 28 232.0 29 117.5 30 003.6 30 685.4 31 300.1 31 738.8 32 253.4 33 426.1 34 440.7 35 520.7 36 429.5 37 419.5 38 397.6 .. Total OCDE 25 877.6 26 601.8 27 430.4 28 264.1 29 147.8 30 141.7 31 303.0 32 893.1 33 991.9 34 872.6 | 35 851.2 .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274268586135 Rémunération du travail par salarié, économie totale Croissance annuelle moyenne en pourcentage, 1995-2006 ou dernière période disponible 7 6 5 4 3 2 1 No Alle uv ma ell g e- ne Zé lan de Ita l Es ie pa gn Zo e ne eu ro Au tri ch Be e lgi qu e Co ré e Ja po Au n str ali e Ca na d Me a xiq Pa ue ys Da Bas ne m ar k Fr an To ce tal OC D Fin E Lu land xe m e bo ur g Irla nd Po e rtu Ét gal at sUn i Ho s Ro ng ya r um ie eUn i Su èd No e rv èg e G rè Ré ce pu bli Pol Ré que ogn e pu s bli lova qu qu et e ch èq ue 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388038577326 150 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 TRAVAIL • RÉMUNÉRATION ET TEMPS DE TRAVAIL RÉMUNÉRATION DU TRAVAIL Rémunération du travail par heure, économie totale Dollars des EU calculés à l’aide des PPA 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Allemagne 18.9 19.5 20.6 21.4 21.8 22.1 22.9 23.6 24.4 25.0 26.0 26.5 26.7 27.3 Australie .. 13.8 14.4 15.2 15.8 16.2 16.9 17.4 18.0 18.3 18.6 19.5 20.1 .. Autriche 16.7 17.3 18.1 18.2 18.4 19.1 19.9 21.0 20.9 21.7 22.3 22.7 23.4 24.3 Canada 14.8 15.0 15.3 15.6 16.5 17.0 17.3 18.1 18.7 18.9 19.5 20.1 21.3 .. Corée 7.0 7.4 8.1 8.8 9.0 9.2 9.1 9.0 9.4 9.7 10.5 11.0 11.7 12.2 Danemark 15.9 16.4 17.0 17.9 18.3 19.0 19.4 20.0 20.2 21.4 21.5 22.3 22.6 23.4 Espagne .. .. 15.8 16.1 16.5 16.8 17.1 17.6 18.4 19.3 19.4 19.5 19.8 20.2 21.8 Finlande 13.4 14.0 14.7 15.2 15.5 16.2 16.7 17.5 18.0 18.5 18.9 20.1 20.9 France 17.9 18.4 19.3 19.7 20.5 21.2 22.0 23.7 25.2 26.9 26.5 27.1 28.4 .. Grèce .. .. 9.0 9.4 10.5 10.4 10.7 11.3 12.4 13.8 13.8 14.5 15.1 15.5 11.6 Hongrie .. .. 7.2 7.2 7.4 7.5 7.2 7.7 8.7 9.5 10.1 10.8 11.3 Italie 17.0 17.2 17.2 17.6 18.5 18.2 18.5 18.9 19.5 19.5 20.1 20.6 21.3 22.1 Norvège 15.0 15.7 16.4 17.5 18.2 19.1 20.0 21.0 22.4 23.8 25.2 26.2 27.5 29.1 République slovaque Suède .. .. 5.2 5.5 6.3 6.9 6.7 7.1 7.6 8.5 8.9 9.3 9.7 10.3 14.2 14.6 14.8 16.0 16.7 17.1 17.5 19.5 20.2 21.0 22.0 23.1 24.1 25.2 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274268586135 Rémunération du travail par heure, économie totale Croissance annuelle moyenne en pourcentage, 1995-2006 ou dernière période disponible 7 6 5 4 3 2 1 ue e aq èg lov rv Ré pu bli qu es No e èc Gr de Su è rie Ho ng e Fr an c Co ré e e nd Fin la ali e str Au Ca na da k Da ne m ar he Au tri c ne em ag Ita lie All Es pa gn e 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388040805737 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 151 TRAVAIL • RÉMUNÉRATION ET TEMPS DE TRAVAIL DURÉE EFFECTIVE DU TRAVAIL Dans certains pays de l’OCDE, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour permettre aux parents de mieux concilier vie professionnelle et vie de famille. Certaines de ces mesures tendent à réduire la durée du travail, notamment l’allongement des congés payés annuels, les congés de maternité ou parentaux, les possibilités de travail à temps partiel ou, moins fréquemment, la réduction de la durée hebdomadaire du travail. Définition La moyenne des heures travaillées correspond au nombre total d’heures travaillées au cours de l’année divisé par le nombre moyen de personnes occupées. Le nombre de personnes occupées est généralement déterminé à partir d’enquêtes sur la population active menées auprès des ménages ; conformément aux définitions de l’OIT, les travailleurs occupés sont les personnes de 15 ans ou plus qui indiquent avoir occupé un emploi rémunéré pendant une heure au moins au cours de la semaine précédente. La plupart des pays estiment aussi la durée effective du travail par des enquêtes auprès des ménages. Les autres enquêtent auprès des établissements, des sources administratives ou de plusieurs sources à la fois. Les estimations tiennent compte des heures normales de travail à temps plein et à temps partiel, des heures supplémentaires (rémunérées ou non), du temps consacré à d’autres activités professionnelles et des périodes chômées correspondant aux jours fériés, aux congés payés annuels, aux absences pour maladie et congé de maternité, aux grèves et conflits du travail et aux périodes d’inactivité imputables à des conditions météorologiques défavorables, à des difficultés économiques et à plusieurs autres raisons de moindre importance. Comparabilité Les statisticiens nationaux et le Secrétariat de l’OCDE veillent à ce que les données soient aussi comparables que possible, mais celles-ci proviennent d’un certain nombre de sources différentes dont la fiabilité est inégale. Par exemple, pour plusieurs pays de l’UE, les estimations sont réalisées par le Secrétariat de l’OCDE à partir des résultats de l’enquête communautaire sur les forces de travail réalisée au printemps. Ces résultats reflètent une seule observation annuelle et les données de l’enquête doivent être complétées par d’autres sources, notamment pour les jours fériés et les congés payés. Dans les autres pays, la durée annuelle du travail est indiquée par les bureaux statistiques nationaux et les estimations sont établies à partir des meilleures sources disponibles. Les données d’un pays sont comparables sur une période donnée, mais il est encore délicat de comparer les données de plusieurs pays sur une année donnée, en raison de l’hétérogénéité de leurs sources et d’autres incertitudes concernant leur comparabilité internationale. Les données couvrent les salariés et les travailleurs indépendants ainsi que l’emploi à temps plein et l’emploi à temps partiel. Source Tendances à long terme • OCDE (2007), Perspectives de l’emploi de l’OCDE, OCDE, Paris. Dans la grande majorité des pays de l’OCDE, la durée du travail a diminué entre 1993 et 2006. Cependant, dans la plupart des pays, cette diminution a été moindre en comparaison avec la baisse observée les décennies précédentes. Cette baisse entre ces deux dates tient peut-être en partie à des effets conjoncturels temporaires, les marchés du travail étant généralement plus tendus en 1992 (année proche de la fin d’une longue phase d’expansion dans beaucoup de pays de l’OCDE) qu’en 2005. Pour en savoir plus La durée annuelle moyenne du travail par personne occupée est tombée de 1 784 heures en 1993 à 1 719 heures en 2006, ce qui équivaut à une réduction du temps de travail de plus d’une semaine de 40 heures. Le tableau révèle que la durée du travail a uniquement augmenté au Danemark, en Hongrie, au Mexique et en Suède. Elle a baissé dans tous les autres pays, en particulier en Irlande, en Corée, au Luxembourg, en France et en Allemagne. Bien que, pour les raisons indiquées plus haut, il soit difficile de procéder à des comparaisons entre pays, il ressort du tableau et du graphique que la durée effective du travail est supérieure à la moyenne OCDE en République tchèque, en Grèce, en Hongrie, en Corée et en Pologne et qu’elle est relativement faible en Belgique, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Norvège. 152 Publications analytiques • Durand, M., J. Martin et A. Saint-Martin (2004), « La semaine de 35 heures : Portrait d’une exception française », L’Observateur de l’OCDE, n° 244, novembre 2004, OCDE, Paris. • Evans, J., D. Lippoldt et P. Marianna (2001), Trends in Working Hours in OECD Countries, Politique du marché du travail et politique sociale – Documents hors série, n° 45, OCDE, Paris. Publications méthodologiques • OCDE (2004), « Clocking In (and Out): Several Facets of Working Time », Perspectives de l’emploi de l’OCDE – Édition 2004, chapitre 1, voir aussi annexe I.A1, OCDE, Paris. Sites Internet • Statistiques sur l’emploi de l’OCDE, www.oecd.org/ statistics/labour. • Base de données OCDE des statistiques de la population active, www.oecd.org/els/employment/data. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 TRAVAIL • RÉMUNÉRATION ET TEMPS DE TRAVAIL DURÉE EFFECTIVE DU TRAVAIL Durée moyenne effective du travail Heures par an par actif occupé 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Allemagne 1 550 1 547 1 534 1 518 1 509 1 503 1 492 1 473 1 458 1 445 1 439 1 442 1 437 1 436 Australie 1 757 1 771 1 780 1 777 1 768 1 769 1 755 1 777 1 748 1 727 1 730 1 728 1 719 1 714 Autriche .. .. 1 857 1 902 1 927 1 878 1 922 1 888 1 864 1 888 1 857 1 849 1 909 Norvège 1 507 1 505 1 488 1 483 1 478 1 476 1 473 1 455 1 429 1 414 1 399 1 417 1 421 1 407 Nouvelle-Zélande 1 854 1 849 1 842 1 833 1 821 1 824 1 838 1 830 1 817 1 817 1 813 1 827 1 810 1 787 Pays-Bas 1 419 1 411 1 391 1 421 1 414 1 400 1 381 1 372 1 372 1 348 1 363 1 362 1 375 1 391 Pologne .. .. .. .. .. .. .. 1 988 1 974 1 979 1 984 1 983 1 994 1 985 Portugal 1 850 1 838 1 897 1 848 1 812 1 799 1 812 1 765 1 769 1 767 1 742 1 763 1 752 1 758 .. 1 854 1 879 1 840 1 834 1 798 1 808 1 811 1 799 1 746 1 673 1 708 1 741 1 749 République slovaque République tchèque 2 064 2 043 2 064 2 066 2 067 2 075 2 088 2 092 2 000 1 980 1 972 1 986 2 002 1 997 Royaume-Uni 1 726 1 740 1 743 1 742 1 740 1 734 1 723 1 711 1 714 1 696 1 677 1 672 1 676 1 669 Suède 1 582 1 621 1 626 1 635 1 639 1 638 1 647 1 625 1 603 1 580 1 562 1 585 1 588 1 583 Suisse 1 704 1 725 1 702 1 674 1 662 1 669 1 690 1 685 1 646 1 629 1 639 1 629 1 659 1 659 .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 1 918 1 918 1 918 Total UE15 Turquie 1 697 1 696 1 691 1 689 1 683 1 682 1 672 1 655 1 647 1 630 1 625 1 630 1 627 1 625 Total OCDE 1 836 1 712 1 840 1 842 1 838 1 825 1 821 1 812 1 796 1 787 1 779 1 779 1 778 1 777 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274371410400 Durée moyenne effective du travail Heures par an par actif occupé, 2006 2 500 2 000 1 500 1 000 500 Pa y sB No as rv All ège em ag ne Fr an Be ce lgi qu e Su Da ède n Lu ema xe rk m b To ourg t al UE 15 Irla nd Au e tri ch e S Ro u i y a ss um e eU Au ni str a Fin lie Ré lan pu d bli Ca e qu e s nada lov aq Po ue rtu g Es al pa To gn tal e OC DE No uv ell Jap e- on Zé lan d Isl e a Ét nde at sUn is Ita l Me ie xiq u Tu e rq uie Po log Ré n pu bli Ho e qu ng e t rie ch èq ue Gr èc e Co ré e 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388065836528 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 153 SCIENCE ET TECHNOLOGIES RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT DÉPENSES DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT INVESTISSEMENT DANS LE SAVOIR CHERCHEURS BREVETS TIC TAILLE DU SECTEUR DES TIC INVESTISSEMENT DANS LES TIC ACCÈS DES MÉNAGES À L'ORDINATEUR ET À L’INTERNET COMMUNICATIONS EXPORTATIONS DE BIENS D’INFORMATION ET DE COMMUNICATIONS ACCÈS AU SERVICE TÉLÉPHONIQUE SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT DÉPENSES DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SCIENCE ET Recherche etTECHNOLOGIES développement Les dépenses de recherche et développement (R-D) illustrent les efforts déployés par les pouvoirs publics et le secteur privé pour obtenir un avantage concurrentiel dans les domaines scientifiques et technologiques. En 2005, la R-D représentait 2.3 % du PIB de l’ensemble de la zone OCDE. Définition La R-D englobe les travaux de création entrepris de façon systématique pour accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications. Le terme « R-D » recouvre trois activités : la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement expérimental. La recherche fondamentale consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques entrepris principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application ou une utilisation particulière. La recherche appliquée consiste également en des travaux originaux entrepris en vue d’acquérir des connaissances nouvelles. Cependant, elle est surtout dirigée vers un but ou un objectif pratique déterminé. Le développement expérimental consiste en des travaux systématiques basés sur des connaissances existantes obtenues par la recherche et/ou l’expérience pratique, en vue de lancer la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs, d’établir de nouveaux procédés, systèmes et services ou d’améliorer considérablement ceux qui existent déjà. Le principal agrégat utilisé pour les comparaisons internationales est la dépense intérieure de R-D (DIRD), qui est la dépense totale, courante et en capital, afférente aux travaux de R-D exécutés par les entreprises, instituts de recherche, laboratoires universitaires et publics, etc. résidents. Elle ne comprend pas les dépenses de R-D consacrées à des travaux financés par des sociétés se situant à l’intérieur du pays mais menés dans d’autres pays. Comparabilité Les données de R-D présentées ici ont été calculées selon les lignes directrices du Manuel de Frascati. Il convient cependant de noter que pendant la période considérée, plusieurs pays ont amélioré la couverture de leurs enquêtes sur les activités de R-D dans le secteur des services (ÉtatsUnis, Japon, Norvège et Pays-Bas) et dans l’enseignement supérieur (Espagne, États-Unis, Finlande, Grèce, Japon, et Pays-Bas). D’autres pays, notamment le Japon, l’Italie et la Suède, se sont employés à améliorer la comparabilité internationale de leurs données. Certaines des modifications indiquées dans le tableau prendront en compte ces améliorations méthodologiques ainsi que l’évolution sous-jacente des dépenses de R-D. Pour la Corée, les sciences sociales et les humanités ne sont pas prises en compte dans les données sur la R-D. Pour les États-Unis, les dépenses en capital sont exclues. Les données pour le Brésil et l’Inde ne suivent pas complètement les lignes directrices du Manuel de Frascati, et sont calculées par les sources nationales. Les données du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud sont sous-estimées, ainsi que celles de la Chine avant 2000. Source • OCDE (2007), Principaux indicateurs de la science et de la technologie, OCDE, Paris. Pour en savoir plus Publications analytiques • OCDE (2006), Science, technologie et industrie : Perspectives de l’OCDE 2006, OCDE, Paris. • OCDE (2007), Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2007, OCDE, Paris. • OCDE (2008), Panorama économique du secteur spatial, OCDE, Paris. Publications statistiques Tendances à long terme • OCDE (2007), Statistiques de l’OCDE de la science, de la technologie et de la R-D sur CD-ROM, OCDE, Paris. Depuis 2000, la dépense de R-D rapportée au PIB (intensité de R-D) a augmenté au Japon et a diminué légèrement aux États-Unis. Publications méthodologiques En 2004 et en 2005, la Suède, la Finlande et le Japon étaient les trois seuls pays de l’OCDE dont le ratio R-D/PIB dépassait 3 %, soit largement plus que la moyenne de l’OCDE (2.3 %). Depuis le milieu des années 90, les dépenses de R-D (en termes réels) augmentent le plus rapidement en Islande et en Turquie, tous les deux avec des taux moyens de croissance annuelle supérieurs à 10 %. Les dépenses de R-D pour la Chine augmentent même plus vite que le PIB, impliquant une croissance rapide de l’intensité de R-D, augmentant de 0.9 % en 2000 à 1.4 % en 2006. • OCDE (2003), Manuel de Frascati 2002 : Méthode type proposée pour les enquêtes sur la recherche et le développement expérimental, OCDE, Paris. Bases de données en ligne • Les statistiques de l’OCDE STAN pour l’analyse structurelle – base de données en ligne, ANBERD : Dépenses de R-D dans l’industrie. Sites Internet • OCDE Science, Technologie et Industrie, www.oecd.org/sti. 156 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT DÉPENSES DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT Dépense intérieure brute de recherche et développement En pourcentage du PIB 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Allemagne 2.28 2.18 2.19 2.19 2.24 2.27 2.40 2.45 2.46 2.49 2.52 2.49 2.48 2.51 Australie .. 1.53 .. 1.61 .. 1.47 .. 1.51 .. 1.69 .. 1.78 .. .. Autriche 1.44 1.51 1.54 1.59 1.69 1.77 1.88 1.91 2.03 2.12 2.23 2.22 2.41 2.45 Belgique 1.66 1.65 1.67 1.77 1.83 1.86 1.94 1.97 2.08 1.94 1.89 1.87 1.86 1.85 Canada 1.68 1.73 1.70 1.65 1.66 1.76 1.80 1.92 2.09 2.04 2.01 2.01 1.98 1.97 Corée 2.12 2.32 2.37 2.42 2.48 2.34 2.25 2.39 2.59 2.53 2.63 2.85 2.98 .. Danemark 1.72 .. 1.82 1.84 1.92 2.04 2.18 .. 2.39 2.51 2.58 2.50 2.45 2.43 Espagne 0.86 0.79 0.79 0.81 0.80 0.87 0.86 0.91 0.91 0.99 1.05 1.06 1.12 .. États-Unis 2.52 2.42 2.51 2.55 2.58 | 2.62 2.66 2.74 2.76 2.66 2.66 2.59 2.62 2.62 Finlande 2.14 2.28 2.26 2.52 2.70 2.86 3.16 3.34 3.30 3.36 3.43 3.45 3.48 3.45 France 2.38 2.32 2.29 2.27 | 2.19 2.14 2.16 | 2.15 2.20 2.23 2.17 | 2.15 2.13 2.12 0.50 Grèce 0.36 .. | 0.38 .. 0.39 .. 0.52 .. 0.51 .. 0.50 0.48 0.51 Hongrie 0.95 | 0.87 0.71 0.63 0.70 0.66 0.67 0.78 0.92 1.00 0.93 | 0.88 0.94 1.00 Irlande 1.16 1.25 1.26 1.30 1.27 1.23 1.18 1.12 1.10 1.10 1.18 1.25 1.26 1.32 Islande 1.33 1.37 1.53 .. 1.83 2.01 2.30 2.68 2.96 2.97 2.82 .. 2.78 .. Italie 1.10 1.02 0.97 0.99 | 1.03 1.05 1.02 1.05 1.09 1.13 1.11 1.10 1.10 .. Japon 2.65 2.60 2.71 | 2.81 2.87 3.00 3.02 3.04 3.12 3.17 3.20 3.17 3.33 .. .. .. .. .. .. .. .. 1.65 .. .. 1.66 1.66 1.61 .. Mexique 0.22 0.29 0.31 0.31 0.34 0.38 0.43 0.37 0.39 0.44 0.43 | 0.47 0.50 .. 1.49 Luxembourg Norvège 1.70 .. | 1.69 .. 1.63 .. 1.64 .. 1.59 1.66 1.71 1.59 1.52 Nouvelle-Zélande 1.01 .. 0.95 .. 1.09 .. 1.00 .. | 1.14 .. 1.19 .. 1.17 .. Pays-Bas 1.91 | 1.95 1.97 | 1.98 1.99 1.90 1.96 1.82 1.80 1.72 1.76 1.78 1.73 .. 0.56 Pologne 0.76 0.70 | 0.63 0.65 0.65 0.67 0.69 0.64 0.62 0.56 0.54 0.56 0.57 Portugal 0.58 0.56 0.54 0.57 0.59 0.65 0.71 0.76 0.80 0.76 0.74 0.77 0.81 .. République slovaque 1.35 | 0.89 0.92 0.90 | 1.07 0.78 0.65 0.65 0.63 0.57 0.58 0.51 0.51 0.49 1.54 République tchèque .. .. 0.95 0.97 1.08 1.15 1.14 1.21 1.20 1.20 1.25 1.25 1.41 Royaume-Uni 2.05 2.01 1.95 1.87 1.81 1.80 1.87 1.86 1.83 1.83 1.79 1.73 1.78 .. Suède 3.15 .. | 3.32 .. 3.51 .. 3.62 .. 4.25 .. 3.95 3.71 | 3.89 3.82 Suisse .. .. .. 2.65 .. .. .. 2.53 .. .. .. 2.90 .. .. Turquie 0.44 0.36 0.38 0.45 0.49 0.50 0.63 0.64 0.72 0.66 0.61 0.67 0.79 .. Total UE27 .. .. 1.66 1.66 1.66 1.67 1.72 1.73 1.76 1.76 1.75 1.73 1.74 .. Total OCDE 2.11 2.06 | 2.07 2.10 2.12 2.15 2.18 2.22 2.27 2.23 2.24 2.21 2.25 .. Afrique du Sud 0.61 .. .. .. 0.60 .. .. .. 0.73 .. 0.80 0.86 0.92 .. .. .. 0.87 0.77 .. .. .. 1.01 1.05 1.00 0.97 0.91 .. .. Brésil Chine 0.70 0.64 0.57 0.57 0.64 0.65 0.76 | 0.90 0.95 1.07 1.13 1.23 1.33 1.43 Fédération de Russie 0.77 0.84 0.85 0.97 1.04 0.95 1.00 1.05 1.18 1.25 1.28 1.15 1.07 1.08 Inde 0.71 0.65 0.63 0.65 0.70 0.72 0.74 0.77 0.75 0.73 0.71 0.69 .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274374238001 Dépense intérieure brute de recherche et développement En pourcentage du PIB, 2006 ou dernière année disponible 4.0 3.5 3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 Ré pu slobliq va ue qu Gr e M èce ex iq Po ue log ne Ind Tu e rq Po uie rtu ga Af riq B l ue rés Fé du il dé S ra H tio o ud n ng de ri Ru e ss ie Ita No uv Es lie ell pa e- gn Zé e lan d Irl e an de Ré Ch pu bli No ine qu r v e t èg Lu chè e xe qu m e b Pa ourg ys To -Ba ta s lU E2 A Ro us 7 ya tra um lie eBe Uni lgi q Ca ue na d F a To ran ta ce l Da OCD ne E m Au ark t Al ric lem he a Ét gn at e sUn Isl is an d Su e iss Co e ré e Ja Fin pon lan d Su e èd e 0.0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388082850833 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 157 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT INVESTISSEMENT DANS LE SAVOIR Investissement dans le savoir pour une sélection de pays « L’investissement dans le savoir » est un indicateur synthétique conçu pour comparer les dépenses que les pays membres consacrent à leur « base de connaissances » en vue d’en tirer des avantages ultérieurs. En pourcentage du PIB Définition L’investissement dans le savoir est la somme des dépenses consacrées à la R-D, à l’ensemble du secteur de l’enseignement supérieur (secteurs public et privé) et aux logiciels. En additionnant simplement les trois éléments, on s’exposerait à surestimer l’investissement dans le savoir en raison des chevauchements qui existent entre eux (R-D et logiciels, R-D et éducation, logiciels et éducation). C’est pourquoi les données indiquées ici ont été ajustées afin d’exclure ces chevauchements. Il est à noter que le terme « investissement » utilisé ici a une signification plus large que celle qu’il a habituellement en statistiques économiques. Il comprend aussi bien les dépenses courantes, telles que l’éducation et la R-D, que les dépenses en capital, telles que l’achat de logiciels et la construction de bâtiments scolaires. États-Unis Finlande Allemagne Royaume-Uni France 8 7 6 5 4 Comparabilité L’OCDE est la source des données relatives à la R-D, à l’éducation et aux logiciels. Les années précédentes, l’élément logiciels était estimé à partir de données de source privée. Mais l’OCDE a récemment mis au point une base de données sur les services tirés du capital qui comprend des données relatives aux investissements en logiciels. Ce sont ces données que nous utilisons ici, et les chiffres sont différents de ceux des années précédentes. Il est à noter que dans le tableau, le Total OCDE exclut l’Australie, l’Autriche et le Grèce parmi le groupe des pays présentés ; le Total UE15 exclut la Grèce parmi le groupe des pays présentés. Tendances à long terme En 2004, l’investissement dans le savoir a atteint 4.9 % du PIB dans la zone OCDE. Il dépasse la moyenne OCDE aux États-Unis (6.6 %), en Suède (6.4 %), en Finlande (5.9 %), au Japon (5.3 %) et au Danemark (5.1 %). Au contraire, il est inférieur à 2.5 % en Irlande et en Italie et inférieur à 2 % du PIB au Portugal et en Grèce. La plupart des pays de l’OCDE, augmente leur investissement dans le savoir. Pour tous les pays présentés, sauf l’Irlande, leur ratio investissement dans le savoir/PIB est plus élevé en 2004 (ou 2003) qu’en 1997. De plus, l’augmentation aux États-Unis et au Japon est plus rapide que celle des pays européens pour lesquels les données sont disponibles. Pour le Japon, la Suède, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, la hausse des dépenses de logiciels est la principale source d’augmentation des investissements dans le savoir. Aux États-Unis et en Belgique, l’enseignement supérieur est la principale source de progression de l’investissement dans le savoir. C’est la R-D qui tient ce rang au Danemark, en Finlande, au Canada, en Espagne, en Allemagne, au Portugal, en Grèce, en Australie et en Autriche. 158 3 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388152475481 Source • OCDE (2007), Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2007, OCDE, Paris. Pour en savoir plus Publications analytiques • Ahmad, N. (2003), Measuring Investment in Software, Documents de travail sur la science, la technologie et l’industrie, n° 2003/6, OCDE, Paris. • OCDE (2006), Innovation and Knowledge-Intensive Service Activities, OCDE, Paris. • OCDE (2008), Panorama économique du secteur spatial, OCDE, Paris. Publications statistiques • OCDE (2007), Principaux indicateurs de la science et de la technologie, OCDE, Paris. • OCDE (2007), Statistiques de l’OCDE de la science, de la technologie et de la R-D sur CD-ROM, OCDE, Paris. Publications méthodologiques • Kahn, M. (2001), « Investment in Knowledge », STI Review n° 27, OCDE, Paris. • Kahn, M. (2005), « Estimating the level of Investment in Knowledge across OECD countries », Intellectual Capital for Community – Nations, Regions, and Cities, Elsevier Butterworth-Heinemann, Amsterdam ; Boston. Sites Internet • OCDE Mesurer la science et la technologie, www.oecd.org/sti/ measuring-scitech. • Tableau de bord de l’OCDE de la science, de la technologie et de l’industrie, www.sourceoecd.org/scoreboard. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT INVESTISSEMENT DANS LE SAVOIR Investissement dans le savoir En pourcentage du PIB Allemagne 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 3.5 3.6 3.7 3.8 3.8 3.8 3.9 3.9 3.9 Australie .. 3.6 .. 3.9 .. 4.0 3.9 Autriche .. 3.1 .. .. .. 3.3 3.4 .. Belgique .. 2.6 3.5 3.6 3.8 3.5 3.4 .. 4.5 Canada 3.9 4.0 4.6 4.6 4.9 .. 4.5 Danemark 3.8 4.5 4.7 4.7 5.1 5.3 5.1 .. Espagne 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 6.6 États-Unis 5.6 5.9 6.1 6.3 6.5 6.4 6.5 Finlande 5.2 5.3 5.5 5.7 5.8 5.9 5.9 .. France 3.9 3.9 4.1 4.1 4.2 4.1 4.3 4.3 Grèce 1.7 .. 1.7 .. 1.9 .. 1.9 .. Irlande 2.6 2.5 2.6 2.6 2.5 2.3 2.3 .. Italie 2.0 2.1 2.2 2.2 2.4 2.4 2.4 .. Japon 4.1 4.4 4.5 4.6 4.8 4.9 5.1 5.3 Pays-Bas 3.5 3.6 3.9 3.7 3.8 3.6 3.7 .. Portugal 1.5 1.6 1.7 1.8 1.8 1.7 1.7 .. Royaume-Uni 3.3 3.6 3.6 3.5 3.5 3.5 3.5 .. Suède 5.6 .. 6.2 .. 6.9 .. 6.4 .. Total UE15 3.2 .. 3.5 .. 3.6 .. 3.6 .. Total OCDE 4.2 .. 4.7 .. 4.9 .. 4.9 .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274582752121 Investissement dans le savoir En pourcentage du PIB, 2004 ou dernière année disponible 8 6 4 2 is Un s- èd e Ét at Su n de Fin lan po Ja ar k E CD Da ne m lO e na da To ta Ca Fr an c ali e str ag ne Au Ba s 5 E1 s- All em Pa y i lU To ta e- Un e um Ro ya e tri ch Au e gn Be lgi qu pa lie Es Ita e nd e Irla èc Gr Po rtu ga l 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388128763564 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 159 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT CHERCHEURS Les chercheurs constituent l’élément central du système de recherche-développement. En 2005, on dénombrait environ 3.9 millions de personnes engagées dans des activités de R-D dans la zone OCDE, dont environ les deux tiers dans le secteur des entreprises. Définition Les chercheurs sont des spécialistes engagés dans la conception et la création de nouveaux savoirs, produits, processus, méthodes et systèmes, mais aussi impliqués directement dans la gestion de projets. Ils exercent leur activité dans le domaine civil ou militaire, le secteur public, les universités, les instituts de recherche, ainsi que dans le secteur des entreprises. Comparabilité Le nombre de chercheurs est exprimé en personnel équivalent plein-temps (EPT) pour la R-D (une personne ne travaillant qu’à mi-temps à des activités de R-D comptera pour 0.5 année-personne) et comprend le personnel engagé dans des activités de R-D au cours d’une année. Les données ont été calculées selon la méthodologie du Manuel de Frascati, mais la comparabilité est dans une certaine mesure influencée par les améliorations apportées au champ des enquêtes nationales de R-D et les efforts déployés par les pays pour améliorer la comparabilité internationale de leurs données. Pour le Royaume-Uni et les États-Unis, le nombre total de chercheurs commençant respectivement en 1999 et 2000 est une estimation faite par l’OCDE. Pour les États-Unis, les données postérieures à 1985 excluent le personnel militaire. Les données concernant le Brésil et l’Inde ne respectent pas totalement les lignes directrices du Manuel de Frascati, et ont été calculées à partir de sources nationales. Les données relatives à l’Afrique du Sud et au Brésil sont sous-estimées ; il en va de même pour celles de la Chine jusqu’à l’année 2000 incluse. Source • OCDE (2007), Principaux indicateurs de la science et de la technologie, OCDE, Paris. Pour en savoir plus Publications analytiques Tendances à long terme En 2005, on dénombrait dans la zone OCDE environ 7.4 chercheurs pour 1 000 actifs occupés, contre 5.9 en 1995. Le nombre de chercheurs a augmenté régulièrement au cours des deux dernières décennies. Parmi les grandes régions de l’OCDE, c’est le Japon qui compte le plus grand nombre de chercheurs dans la population active, devant les États-Unis et l’Union européenne. La Finlande, la Suède, le Japon et la Nouvelle-Zélande affichent les plus gros effectifs de chercheurs pour 1 000 actifs. Ce taux est également élevé aux États-Unis, au Danemark et en Norvège. Parmi les pays de l’OCDE, il est faible au Mexique, en Turquie et en Italie. Parmi les grands pays non membres de l’OCDE, la progression du nombre de chercheurs a été constante en Chine, même si son taux de 1.5 en 2005 restait très inférieur à la moyenne de l’OCDE. Celui de la Fédération de Russie recule depuis 1994, mais était encore proche de 7 chercheurs pour 1 000 actifs en 2005. 160 • OCDE (2007), Science, technologie et industrie : Tableau de bord de l’OCDE 2007, OCDE, Paris. Publications statistiques • OCDE (2007), Statistiques de l’OCDE de la science, de la technologie et de la R-D sur CD-ROM, OCDE, Paris. Publications méthodologiques • OCDE (2003), Manuel de Frascati 2002 : Méthode type proposée pour les enquêtes sur la recherche et le développement expérimental, OCDE, Paris. Sites Internet • OCDE Mesurer la science et la technologie, www.oecd.org/ sti/measuring-scitech. • OCDE Science, Technologie et Industrie, www.oecd.org/sti. • Tableau de bord de l’OCDE de la science, de la technologie et de l’industrie, www.sourceoecd.org/scoreboard. PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT CHERCHEURS Chercheurs Pour 1 000 actifs occupés, équivalent temps plein 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Allemagne .. .. 6.2 6.1 6.3 6.3 6.6 6.6 6.7 6.8 6.9 7.0 7.2 7.2 Australie .. 7.0 .. 7.3 .. 7.3 .. 7.3 .. 7.8 .. 8.4 .. .. Autriche 3.3 .. .. .. .. 4.7 .. .. .. 5.8 .. 6.3 6.9 7.2 8.0 Belgique 5.5 5.9 6.0 6.5 6.7 7.0 7.4 7.5 7.8 7.4 7.5 7.8 7.9 Canada 5.7 6.4 6.4 6.6 6.7 6.7 6.7 7.2 7.6 7.5 7.5 7.8 .. .. Corée .. .. 4.9 4.8 4.8 4.7 4.9 5.1 6.3 6.4 6.8 6.9 7.9 .. 10.2 Danemark 5.3 .. 6.1 6.3 6.5 .. 6.9 .. 7.0 | 9.2 9.1 9.5 10.2 Espagne 3.2 3.6 3.5 3.7 3.8 4.0 3.9 4.7 4.7 4.8 5.2 5.5 5.7 .. États-Unis 8.2 .. 8.1 .. 8.8 .. 9.3 9.3 9.5 9.7 9.9 10.0 9.7 .. 16.6 Finlande 7.4 .. 8.2 .. | 12.3 13.9 14.5 15.2 15.8 16.4 17.7 | 17.3 16.5 France 6.5 6.6 6.7 6.8 | 6.8 6.7 6.8 | 7.1 7.2 7.5 7.7 8.0 8.2 .. Grèce 2.0 .. | 2.3 .. 2.6 .. 3.4 .. 3.3 .. 3.5 .. 4.2 4.2 Hongrie 3.1 3.1 2.9 2.9 3.1 3.2 3.3 3.8 3.8 3.9 3.9 | 3.8 4.1 4.5 Irlande 4.1 4.3 4.5 4.8 5.0 5.1 4.9 5.0 5.1 5.3 5.5 5.9 5.9 6.0 Italie 3.4 3.5 3.5 3.5 | 3.0 2.9 2.9 2.9 2.9 3.0 2.9 3.0 3.4 .. Japon 7.9 8.1 8.3 | 9.2 9.3 9.8 10.0 9.9 10.4 | 10.1 10.6 10.6 11.0 .. .. Luxembourg .. .. .. .. .. .. .. 6.2 .. .. 6.7 6.8 7.3 Mexique 0.5 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 .. .. .. 0.9 | 1.1 1.2 .. Norvège 7.2 .. | 7.5 .. 7.9 .. 7.9 .. 8.6 .. 9.1 9.1 9.2 .. Nouvelle-Zélande 5.3 .. 4.7 .. 6.2 .. 6.2 .. | 9.1 .. 10.4 .. 10.5 .. Pays-Bas 4.6 | 4.9 4.8 | 4.9 5.1 5.1 5.1 5.2 5.5 | 4.6 4.5 5.1 4.9 .. 4.5 Pologne .. 3.0 3.2 3.3 3.4 3.4 3.6 3.5 3.7 3.8 4.5 4.7 4.7 Portugal 2.2 2.3 2.5 2.7 2.9 3.0 3.2 3.3 3.5 3.7 4.0 4.0 4.1 .. .. 4.9 4.6 4.6 | 4.7 4.8 4.5 4.9 4.7 4.5 4.7 5.2 5.2 5.5 5.2 République slovaque République tchèque .. .. 2.3 2.5 2.4 2.5 2.7 2.8 3.0 3.0 3.2 3.3 | 4.9 Royaume-Uni 4.8 | 4.9 5.2 5.1 5.1 5.5 5.6 5.4 5.6 5.8 5.9 5.7 5.8 .. Suède 7.2 .. 8.2 .. 9.2 .. 9.6 .. 10.6 .. 11.1 11.3 | 12.7 12.7 Suisse .. .. .. 5.6 .. .. .. 6.4 .. .. .. 6.1 .. .. Turquie 0.7 0.7 0.8 0.9 0.9 0.9 0.9 1.1 1.1 1.1 1.6 1.6 1.8 .. Total UE27 .. .. 4.8 4.7 | 4.9 4.9 5.1 5.1 5.3 5.5 5.6 5.7 6.0 .. Total OCDE 5.4 5.9 | 5.9 6.1 6.2 6.4 6.5 6.6 6.8 6.9 7.2 7.2 7.4 .. Afrique du Sud .. .. .. .. .. .. .. .. 1.2 .. 1.3 1.6 1.5 .. Brésil .. .. .. .. .. .. .. 0.8 0.9 0.9 1.0 1.0 .. .. Chine 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.7 0.7 | 1.0 1.0 1.1 1.2 1.2 1.5 1.6 Fédération de Russie .. 9.1 9.2 8.5 8.2 7.7 7.8 7.8 7.9 7.5 7.4 7.1 6.8 6.8 Inde .. .. .. .. .. .. .. 0.3 .. .. .. .. .. .. 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/274600808805 Chercheurs Pour 1000 actifs occupés, équivalent temps plein, 2006 ou dernière année disponible 18 15 12 9 6 3 Ind Br e é Af Me sil riq xi ue qu du e Su d Ch i Tu ne rq uie Ita Po lie rtu ga Gr l èc Po e log Ho ne Ré pu P ngr Ré bliq ays ie pu ue -B bli tc as qu hè e s qu lov e aq u Ro Espa e ya gn um e eU Irla ni To nd tal e Fé UE dé ra 2 tio S 7 n d uis e R se All uss em ie ag A ne Lu utri xe ch m e To bou tal rg OC D Ca E na d Co a r Be ée lgi qu Fr e a Au nce str a No lie Ét rvèg at s- e No Da Uni uv ne s ell m e- ar Zé k lan d Ja e po Su n è Fin de lan de 0 1 2 http://dx.doi.org/10.1787/388204728881 PANORAMA DES STATISTIQUES DE L’OCDE 2008 – ISBN 978-92-64-04055-7 – © OCDE 2008 161 SCIENCE ET TECHNOLOGIES • RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT BREVETS Les indicateurs fondés sur les brevets fournissent une mesure du résultat des activités de R-D d’un pays, c’est-àdire de ses inventions. La méthodologie utilisée pour comptabiliser les brevets peut influer sur les résultats. Les comptages simples des brevets déposés auprès d’un office national de brevets présentent diverses limites, telles qu’une faible comparabilité internationale (avantage au pays d’accueil pour les demandes de brevets) et une hétérogénéité élevée des valeurs des brevets. L’OCDE a mis au point des familles de brevets triadiques, qui ont pour but de saisir exclusivement toutes les inventions importantes et qui sont comparables au plan international.
5,811
tel-04190138-118091_CADIOU_2023_archivage.txt_11
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,023
Le déploiement de la politique de méthanisation agricole en France : implications pour la transition agroécologique. Sociologie. Université Paris-Saclay, 2023. Français. &#x27E8;NNT : 2023UPASB029&#x27E9;. &#x27E8;tel-04190138&#x27E9;
None
French
Spoken
6,940
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Maintenant je fais le traitement du liseron tout de suite. Le maïs je l’implante le 5 mai, le 10 mai, trois semaines après tu peux déjà traiter du liseron qui a cette taille-là, alors que si tu l’implantes en avril, ton liseron ne se développe qu’au mois de mai, du coup ton liseron pour le premier passage herbicide (...) il n’est pas là, et le deuxième, tu le traites, mais le maïs est trop haut donc là je peux le prendre quand le maïs est encore petit et je limite à une dose d’antiliseron. » (Agriculteur W) La 2ème source d’évolution d’usage de pesticides est l’augmentation de la surface cultivée et traitée, et du nombre de cultures. Cette logique concerne les agriculteurs qui ont introduit des traitements sur des CIVE (C, J) et ceux qui ont remplacé des prairies permanentes par des cultures de maïs/CIVE (A, H, I, K). Ces derniers ont retourné des prairies pour produire des cultures annuelles : l’augmentation de surfaces en maïs et en cultures de vente, donc de surfaces traitées, augmente la consommation de pesticides sur la sole. « je faisais un insecticide à l'automne, et un désherbage tous les ans, jusque-là pas besoin de désherber, cette année y'a eu besoin, sinon ça fait 2 ans que je faisais rien. L'année dernière j'avais eu de la concurrence, j'ai perdu en rendement. Des mauvaises herbes : panic, renouée, vulpin un peu aussi. » (Agriculteur C parlant du traitement de son seigle CIVE) La 3e source est une transformation profonde de la logique du système de production (D, N, F, U, V). La conversion totale (D, N, F) ou partielle (V) en bio, et la diversification des rotations conduit à un ou à une forte diminution de l’usage direct de pesticides. « C’est une récolte précoce en tant que CIVE et que vous ensilez tout (...) Le risque pour moi en termes de salissement est vraiment limité. C’est l’avantage d’avoir une CIVE en intermédiaire que vous récoltez plante entière, c’est qu’il n’y a pas de risque de salissement majeur. » (Agriculteur N) Plusieurs agriculteurs font peu évoluer leur système de production, et la consommation de pesticides demeure globalement la même qu’auparavant (L, O, P, Q, R, T). Cependant l’évolution de leur consommation de pesticides est aussi liée à leurs consommations indirectes via l’achat de cultures énergétiques pour le méthaniseur. Les agriculteurs (A, B, D, F, G, H/I, J, O, S, V) achètent ponctuellement ou régulièrement, de quelques ha à une cinquantaine d’ha par an du maïs ensilage conventionnel pour la méthanisation. En conclusion, la méthanisation ne modifie pas la consommation de pesticides chez la plupart des agriculteurs, ou bien à la marge, en positif ou en négatif, exception faite des conversions en bio. Lors des conversions en agriculture biologique, la méthanisation joue le rôle de levier ou accompagne un système moins consommateur de pesticides. Mais la méthanisation en système bio peut continuer à consommer indirectement des pesticides comme chez les agriculteurs D et F qui achètent du maïs ensilage conventionnel pour approvisionner leur méthaniseur. En conventionnel, l’évolution de la consommation de pesticides est davantage liée à une évolution des cultures (donc des traitements 164 classiquement utilisés par l’agriculteur pour ces cultures), qu’à une dynamique de diminution/augmentation du « salissement » des parcelles, observé par les agriculteurs. L’effet CIVE potentiel sur la baisse de consommation des pesticides n’est pas documenté par nos enquêtes. On peut supposer que cela est dû à l’évolution fréquente et continue des cultures au cours du projet de méthanisation qui laisse peu le temps à l’agriculteur d’observer des effets directs et avérés sur les dynamiques des populations d’adventices et de ravageurs à moyen terme ; les agriculteurs méthaniseurs qui ont mis en place en 2018 leur méthanisation disent aussi avoir encore peu de recul sur l’évolution du salissement. 3.3.2 Diversification des cultures et impacts agroenvironnementaux associés Nous détaillons dans ce paragraphe les effets agroenvironnementaux liés aux trois stratégies d’évolution des systèmes de culture décrites précédemment. • Stratégie 1 : des effets positifs de l’introduction de cultures intermédiaires La biodiversité de la parcelle, l’activité biologique du sol, l’accumulation de carbone dans les sols, et la gestion des adventices et des maladies sont favorisées chez les agriculteurs qui introduisent des cultures intermédiaires supplémentaires et couvrent leur sol l’hiver, comme le soulignent les agriculteurs T, J et O. Les CIVE d’été contribuent aussi à ces impacts positifs lorsqu’elles lèvent, ce qui est de moins en moins fréquent ces dernières années avec le manque d’eau (R, O). En cas de non levée des CIVE d’été, les risques de pollution sont accrus, puisque leur fertilisation azotée n’aura pas été consommée par les cultures. Les CIVE d’hiver semblent ainsi avoir plus d’impacts positifs sur l’environnement que les CIVE d’été. • Stratégie 2 : des effets agroenvironnementaux contrastés La production de cultures énergétiques conduit souvent à augmenter les surfaces de maïs, qui n’est pas une culture de diversification dans notre région d’étude. La substitution « céréales par maïs » ne va donc pas dans le sens d’une diversification (A, C, E, H, I, V). Les effets de la substitution de prairies permanentes par des cultures énergétiques ou de vente (A, H, I, K) sont négatifs pour la biodiversité de la flore et du sol, et pour le stockage de carbone dans le sol. Mais la transformation des rotations s’accompagne aussi de l’introduction de cultures (intermédiaires) énergétiques d’hiver qui diversifient la rotation et couvrent le sol l’hiver, avec des effets positifs sur la biodiversité, l’activité biologique du sol, le stockage de carbone et la réduction de la pression des adventices et des maladies (Beillouin et al., 2021). Cependant les traitements et les apports d’engrais minéral réalisés par certains agriméthaniseurs sur ces CIVE limitent ces gains agroenvironnementaux. L’introduction dans la rotation d’une CIVE seigle suivi d’une prairie temporaire est particulièrement intéressante en termes de diversification de la rotation. Les CIVE d’été permettent aussi d’augmenter le nombre d’espèces cultivées chez certains agriculteur (G, B, H), améliorant alors la biodiversité et la gestion des adventices et maladies. Inversement l’agriculteur L remplace des cultures intermédiaires diversifiées avec légumineuses par des cultures davantage orientées vers la production d’énergie, ce qui n’est pas favorable à la diversité spécifique de la rotation. En général le nombre de cultures dans la rotation reste le même, ou augmente d’un point avec la CIVE d’hiver. • Stratégie 3 : des transformations systémiques vers des trajectoires plus vertueuses La transition en bio des deux agriculteurs céréaliers les a conduits à allonger et diversifier leur rotation, avec des effets bénéfiques attendus sur la biodiversité, la gestion des maladies et adventices et le stockage de carbone dans le sol. La transition des élevages de F et U vers des systèmes extensifs à 165 l’herbe les a conduits à arrêter la production de maïs pour produire respectivement du blé//prairies temporaire de légumineuses et graminées (3 ans) et du méteil avec légumineuses, donc à réintroduire une diversité spécifique favorable à la biodiversité des parcelles et à la gestion des adventices, des maladies et des ravageurs. Toutefois l’agriculteur U a retourné 10 ha de prairies permanentes, ce qui est défavorable à la biodiversité et au stockage de carbone dans le sol. 3.3.3 Concurrence feed/food et énergie : usage des sols et usage de l’eau On observe des effets contrastés sur la concurrence entre production d’énergie et production d’aliments. Les agriculteurs de la stratégie 1 limitent la concurrence énergie/alimentation sur l’usage des sols en maintenant leur production et débouchés antérieurs. Les agriculteurs de la stratégie 2 réorientent (en moyenne 15%) une partie de leurs productions de cultures antérieures pour produire des cultures pour la méthanisation. La concurrence apparaît porter davantage sur l’alimentation humaine (cultures de vente) que sur l’alimentation animale. La culture de CIVE d’hiver évite cette concurrence, mais peut diminuer les rendements sur les cultures principales. La concurrence entre feed/food/energy se joue aussi sur l’usage des ressources qui vont être à l’avenir plus rares, comme l’eau. Le manque d’eau ces dernières années est souligné par de nombreux agriculteurs enquêtés. Dans les Vosges, l’irrigation est peu pratiquée. Dans le Bas-Rhin où les pratiques d’irrigation sont plus développées en raison de la proximité du Rhin, certains agriculteurs peuvent consommer de l’eau pour une CIVE (M), une double culture (associé de N) ou une culture énergétique de maïs (V). Ils cultivent ainsi leur culture de vente ou pour la méthanisation de manières similaires, selon le besoin des plantes et leur capacité économique à irriguer. Cela pose la question des usages prioritaires d’une eau qui avec le changement climatique va être une ressource de plus en plus rare (IPCC et al., 2019). 3.4 Discussion du sous-chapitre 3 Evolution des systèmes de culture : quelles tendances introduit la méthanisation? Nous montrons à travers une analyse systémique qu’il existe une diversité d’effets agroenvironnementaux sur les rotations, qui ne sont pas toujours anticipables et généralisables. Il n’y a pas, dans nos enquêtes, un seul modèle de système de culture favorisé par la méthanisation en France, mais une diversité de stratégies d’adaptation de l’assolement aux besoins (plus ou moins importants) d’intrants méthanogènes. Ces évolutions des systèmes de culture peuvent être plus ou moins subies : l’impératif de rentabilité du méthaniseur dans des situations de disponibilité incertaine de coproduits peut conduire l’agri-méthaniseur à consommer plus de cultures en méthanisation qu’il ne le souhaiterait. Cavicchi (2016) identifie en Italie, ce même phénomène d’augmentation de la demande en cultures énergétiques face à une concurrence croissante sur les biomasses méthanisables du territoire. Plus précisément nous montrons donc la prépondérance de la logique de chaque agriculteur dans un environnement d’approvisionnement en biomasse plus ou moins contraint (besoins du méthaniseur, relations au territoire et règlementation). Ainsi quelques agriculteurs choisissent de peu modifier leur production antérieure, et y parviennent. Cela implique la capacité à assurer un approvisionnement d’intrants stables et méthanogènes, venant du territoire ou de la ferme. Ces choix dépendent notamment du contexte pédoclimatique et de la capacité des sols à produire des doubles-cultures. Mais au-delà de cette diversité, nous retrouvons une tendance globale à une réorientation partielle des systèmes de culture pour permettre une production d’énergie, tendance 166 documentée dans d’autres contextes agricoles et d’autres pays (Carton & Levavasseur, 2022; Lü kerJans et al., 2017). Il est toutefois difficile de tirer de nos résultats des conclusions claires à l’échelle de l’exploitation sur l’évolution quantitative des surfaces, car notre échantillon n’est pas représentatif 98. De plus concernant la hiérarchie des usages, les frontières d’usage en polyculture étant floues (Kemp, 2011; Launay et al., 2022; Marx, 2020), il n’est pas évident de caractériser les évolutions d’usage des sols. Cependant nous retrouvons deux tendances identifiées dans la littérature. La première correspond au développement des cultures énergétique d’hiver, dans des systèmes de double culture comme ce qui est promu dans d’autres pays avec l’initiative BiogasdonerightTM en Italie (Dale et al., 2020) et le projet de recherche Syn-Energy en Autriche (Szerencsits et al., 2015). Comme observé dans nos résultats, ces systèmes de culture ont des atouts intéressants en termes de couverture du sol et de diversification (selon les cultures de la région), mais aussi des effets négatifs s’ils sont associés à une gestion de l’azote non durable (Kemp, 2011; Launay et al., 2022). Les CIVE d’hiver non traitées et non fertilisées apparaissent intéressantes par rapport aux objectifs d’une transition agroécologique. La deuxième tendance est celle du développement du maïs, excellente culture en termes d’énergie produite par hectare, dont les surfaces augmentent fréquemment dans les régions où se développent les méthaniseurs (Carton & Levavasseur, 2022; Herrmann, 2013; Lüker-Jans et al., 2017; Ruf et al., 2021; Vergara & Lakes, 2019). Le maïs ensilage, au cours des marchés mondiaux de 2021, est bien une culture intéressante économiquement à méthaniser en France. En termes quantitatifs l’augmentation des surfaces de maïs est bien moindre en France qu’en Allemagne. Une étude FranceAgriMer (2022) estime que dans le scenario tendanciel de 2022, à peu près 5 % du maïs (fourrage et ensilage) seraient mobilisés par les projets actuellement en montage, dans les 5 années à venir. Cela équivaudrait en France à une surface agricole utilisée de 70 000 ha, à comparer avec l’Allemagne où la surface de maïs ensilage destinée à la méthanisation était estimée à 900 000 ha en 2014 (BDEW, 2015). On peut faire des hypothèses sur cette différence : une règlementation française qui limite depuis 2017 à 15% le pourcentage de cultures énergétiques ; une densité de méthaniseurs plus faible par unité de territoire en France ; une prime aux effluents qui favorise une part de 60% d’effluents d’élevage dans l’approvisionnement ; et une distinction difficile entre CIVE et cultures énergétiques en France qui conduit à sous-estimer la part de cultures principales méthanisées. La culture de maïs conventionnel pour la méthanisation en Grand Est n’a en tout cas pas de bénéfices agroenvironnementaux majeurs et tend à perpétuer des pratiques de cultures non durables en méthanisation. Sa place, qui apparaît clef dans les approvisionnements des méthaniseurs en polyculture-éle , questionne donc sur l’accompagnement à la transition vers des systèmes de culture agroécologique. La massification en France des projets en injection qui consomment davantage de cultures qu’en cogénération (ADEME & Région Grand Est, 2022) appellent à analyser plus précisément l’évolution des assolements et les bénéfices et risques associés. Bilan des effets agroenvironnementaux. Nous montrons donc que les effets agroenvironnementaux négatifs de ces transformations dépendent d’effets systémiques indirects non anticipés dans la politique du biogaz et encore peu documentés : baisse de la biodiversité des prairies permanentes liée à l’intensification de leur conduite ; baisse de la 98 Pour rappel notre échantillon a été construit afin de saisir une diversité d’effets de la méthanisation sur les systèmes agricoles 167 diversité des familles cultivées avec l’augmentation des graminées dans les successions de culture, au détriment de couverts d’interculture plus variés (Carton & Levavasseur, 2022) ; besoin en eau supplémentaires des CIVE utilisées en méthanisation et risque de concurrences avec les cultures principales (Launay et al., 2022). Le besoin en biomasse et l’augmentation du rendement des prairies peut conduire un éleveur à retourner des prairies permanentes, comme cela a été documenté en Allemagne (Lupp et al., 2014). Le retournement des prairies permanentes en lien avec la méthanisation n’est pas démontré en France comme un phénomène significatif mais nos résultats montre qu’il existe, alors qu’il est limité par un règlement au niveau européen depuis 2013 (European Parliament and Council 2013). Des travaux réalisés en Allemagne sur la valorisation des prairies permanentes en méthanisation montrent qu’elle peut être intéressante économiquement à certaines conditions de subventions, de rendements des prairies, et de valorisation de l’énergie (Blokhina et al., 2011). Nos résultats dans le contexte règlementaire français ont plutôt documenté une utilisation opportuniste des prairies permanentes en méthanisation, il serait intéressant de mener des travaux supplémentaires sur le rôle potentiel de la méthanisation dans le maintien des prairies permanentes. En ce qui concerne les effets agroenvironnementaux positifs, nous montrons que les évolutions les plus vertueuses des systèmes de culture sont liées à des trajectoires de transformation fortes des modes productifs comme la conversion en bio. Nos résultats viennent donc enrichir la littérature sur l’évaluation des effets de la méthanisation, puisqu’ils montrent qu’il est nécessaire de prendre en compte des variables sociotechniques du système de production, et du territoire, si on veut comprendre les dynamiques d’évolution des systèmes de culture et l’impact environnemental de la méthanisation. Ils montrent que les effets de la méthanisation sur les systèmes de culture ne sont pas univoques : si la ferme a besoin de produire de la biomasse pour le méthaniseur, les effets agroenvironnementaux de cette production dépendront beaucoup de la logique du système de production dans lequel elle s’inscrit. Les effets agroenvironnementaux de l’évolution des systèmes de cultures doivent encore être davantage documentés dans une diversité de systèmes de production et de contexte agricole. 4 Chez les éleveurs, la méthanisation, entre concurrence et soutien à l’élevage Les agri-méthaniseurs enquêtés appartiennent tous à des unités de méthanisation où éleveurs et céréaliers travaillent ensemble, même s’il n’y a pas toujours des éleveurs et des céréaliers au capital de l’unité. Nous avons ainsi enquêté sur notre terrain d’étude des modèles qui méthanisent une part - entre [35%-90%] – d’effluents animaux. Ce sont donc dans des contextes territoriaux où la proximité de la méthanisation à l’élevage est forte, que nous étudions les liens entre méthanisation et élevage. Nous avons choisi de distinguer les dynamiques de synergie/concurrence entre méthanisation et élevage selon différents référentiels. La méthanisation a en effet des effets différents sur l’activité d’élevage selon les liens que les acteurs de ce secteur peuvent entretenir à l’UM : éleveur au capital d’une unité de méthanisation, éleveur qui travaille avec une unité de méthanisation ou éleveur du territoire sans lien commercial avec une unité de méthanisation. Nous nous intéressons ici à ces phénomènes de synergie/concurrence au niveau du système de production de l’agri-méthaniseur, tandis que nous adoptons un référentiel différent dans le chapitre suivant, celui du territoire. Nous identifions de nouvelles dynamiques de concurrence/synergie entre l’élevage et la méthanisation selon 2 angles : 1. Les fonctions réalisées sur la ferme : gestion des effluents d’élevage (4.1) et gestion de l’atelier fourrager (4.2) 2. L’utilisation des ressources au sein de l’exploitation en fonction des priorités de l’agriculteur 4.1 La méthanisation modifie les liens entre les différents ateliers de la ferme, et a des conséquences sur leur gestion et leur fonctionnement 4.1.1 La gestion des effluents d’élevage Le fumier est un produit économiquement intéressant à méthaniser pour les agri-méthaniseurs, s’il est disponible sur la ferme ou à proximité : c’est un coproduit des ateliers d’élevage donc « gratuit », qui a un pouvoir méthanogène99 2 à 3 fois moins élevé que celui du maïs ensilage, et qui met plus de temps à être digéré par le méthaniseur. Parmi les agriculteurs enquêtés, la plupart valorisent tous leurs effluents en méthanisation, sauf dans certains projets où les agri-méthaniseurs préfèrent mettre davantage d’autres produits très méthanogènes (H/I, N/W, V avant agrandissement). Lorsque les effluents d’élevage sont produits sur des fermes éloignées du méthaniseur, cela peut ne pas être rentable de les transporter (H, K). Dans un contexte d’augmentation des prix des intrants méthanogènes, le fumier devient cependant, pour certains agriculteurs, de plus en plus intéressant à méthaniser (D, M). « On a des sites extérieurs, un site à 10km, le fumier là-bas on ne le ramène pas, c'est que les sites de *********. (...) Car sinon ça fait du transport pour rien, autant le maïs produit d'un site à l'autre on le ramène, mais le fumier non » (Agriculteur H) Parmi les unités de méthanisation enquêtées, certaines valorisent des effluents d’élevage du territoire proche (Q, M/L, D, G, R, T, V). L’échange (ou plus rarement l’achat) d’effluents contre du digestat fonctionne si les éleveurs voisins s’y retrouvent. Aux dires des agri-méthaniseurs, cela arrange certains éleveurs car cela leur évite la mise aux normes de leur infrastructures de stockage (D, G, T) ; d’autres éleveurs trouvent avantageux de déléguer l’épandage, réduisant leur coût de fertilisation (V). Cependant la méthanisation de fumier est ressentie, par certains agri-méthaniseurs (E, H), comme plus contraignante dans la gestion des infrastructures que celle d’autres intrants : comparée à la méthanisation de cultures, elle demande la gestion de plus gros volumes, pour un pouvoir méthanogène moindre, et entraîne davantage d’usure et de casse de machines (E, H). Autre inconvénient des effluents : si les animaux sortent des bâtiments, la production est saisonnière, ce qui implique que les agri-méthaniseurs doivent, lorsque leurs bêtes pâturent modifier la ration de leur méthaniseur pour compenser la baisse de disponibilité des effluents (A, I, B, C, M). L’agriculteur U a toutes ses vaches en bâtiment actuellement, il souhaiterait les faire pâturer bientôt, ce qui nécessitera d’alimenter, en période de pâturage, le méthaniseur par du méteil au lieu de fumier. Enfin il n’est pas possible de récupérer les effluents dans les certains systèmes d’élevage : l’éleveur (P) ne valorise quasiment pas ses effluents ovins, car ils sont difficilement récupérables sur ses terres de montagne, et le digestat en retour est difficilement épandable. 99 Pour rappel le pouvoir méthanogène est la quantité de CH4 produite par tonne de matière brute de matière. La récupération des effluents pour la méthanisation modifie souvent la gestion des effluents des élevages. Avant la mise en service des méthaniseurs, ces effluents étaient généralement épandus sur les terres après stockage en cuve ou en bout de champ. La méthanisation de ces effluents introduit chez certains agri-méthaniseurs divers changements de systèmes de gestion des effluents : l’éleveur avicole (L) ne sèche plus ses fientes de poules avant leur vente à des agriculteurs bio, il les méthanise et vend désormais le digestat « bio » à ces agriculteurs ; l’éleveur (R) a rassemblé son troupeau avec celui de son associé méthaniseur, et créé un nouveau bâtiment autour duquel les vaches peuvent pâturer, et au sein duquel ils récupèrent désormais directement le lisier pompé dans la fosse pour la méthanisation ; l’éleveur (E) est entré dans une dynamique d’intensification de sa production laitière soutenue par le développement de la méthanisation : avec la mise en place d’un robot de traite ces dernières années, et le maintien des vaches en bâtiment, il récupère désormais directement son lisier pour la méthanisation. Le pompage du lisier directement dans les fosses pour l’acheminer au méthaniseurs facilite sa gestion (E, J, R). Enfin la production de digestat solide a conduit certains éleveurs (F, U) à « pailler » les box des vaches avec celui-ci pour faire des économies d’achat de paille. 4.1.2 La gestion de l’atelier fourrager a) Synergies entre méthanisation et élevage au niveau des productions fourragères : une priorité fréquente à l’élevage Chez les agri-méthaniseurs, la méthanisation garantit une voie de valorisation en dernier recours des biomasses végétales produites ou achetées. Cela procure plus de souplesse à certains agriculteurs dans leur gestion fourragère : ils peuvent prendre la décision de produire plus de cultures fourragères (maïs, seigle, herbe) pour l’élevage et la méthanisation, et de faire du stock en prévision d’une potentielle sécheresse, en sachant qu’ils auront toujours un débouché économique intéressant en méthanisation pour ces matières, si elles ne sont pas utilisées en élevage (A, B, E, G, K, J). Les coupes d’herbe de faibles valeurs sont aussi valorisées facilement en méthanisation (E, A, K). « Cette année on a fait un seigle-trèfle pour faire un trèfle en deuxième coupe. Suivant les stocks fourragers, le seigle ira à la métha, ou pas » (Agriculteur K) Cela est possible car les espèces cultivées (maïs, seigle, herbe) sont utilisable pour l’élevage ou la méthanisation. Seuls les agriculteurs G et S ont décidé d’acheter des semences de maïs spéciales méthanisation afin de maximiser leur pouvoir méthanogène. Inversement, certains agriculteurs (B, C et ses associés, H, J, M) valorisent les cultures qu’ils avaient prévues pour la méthanisation, en alimentation animale : « Ça fait à peu près 2 ans, qu'y a des grosses sécheresses et qu'on fait moitié de rendement en maïs, (...) y'avait 80ha de prévu sur les 4 fermes, de maïs, à la métha on n’en a pas mis, car on en a déjà mis pour nos bêtes » (Agriculteur C) « Initialement destinés à la méthanisation, les seigles ont été en partie conservés pour les vaches (5ha). Le sorgho produit en 2022 ira aussi en priorité aux vaches, selon les besoins. La méthanisation a toujours pour recours l’achat de maïs ensilage » (Agriculteur M) « Agriculteur 1 : - ça fait 3 ans qu'on fait des années plus que moyennes en maïs. Agriculteur associé : - donc la surface soi-disant prévue pour la métha, est quand même en partie mangée 170 par les bêtes, et on achète du maïs sur pied [pour la méthanisation] » (Agriculteur B et son associé) Plusieurs agri-méthaniseurs (A, K, B, J, Q, R) considèrent en effet que l’atelier méthanisation peut toujours acheter du maïs ou d’autres produits en extérieur pour s’approvisionner, sans que cela affecte sa rentabilité. Ils priorisent donc la consommation des cultures produites sur leur ferme pour l’élevage. Pour éviter d’avoir à choisir entre élevage ou méthanisation, certains font du stock de maïs sur leur ferme (G). D’autres agri-méthaniseurs n’avaient pas l’intention de méthaniser du maïs (K, O, R), mais en raison de sécheresses répétées et de la faible production en CIVE et en maïs, ils se retrouvent acheter du maïs ensilage pour la méthanisation (K, O). « Là ça fait 3 ans de sécheresse, on récolte 25 quintaux de CIVE, et le maïs à 5 tonnes. Quand y'a des vaches, tu mets pas dans la métha. Un moment donné, le but c'était pas de produire, on a jamais fait un hectare de maïs pour la métha, c'est la première année qu'on va devoir en acheter. » (Agriculteur K) D’autres (C, U) pensent l’autonomie de leur ferme dès le départ pour limiter ces problèmes de concurrence entre ateliers : (U) a ainsi fait évoluer sa ferme pour produire assez de cultures pour les vaches et la méthanisation, ce qui fait qu’il n’a pas à choisir entre méthanisation et élevage. Ces synergies et complémentarité, au sein du système de production, n’existent pas toujours. Elles sont possibles grâce aux double cultures (3.2.1) ou se font au dépend des cultures de vente ou des prairies permanentes (3.2.2). Ainsi un agri-méthaniseur qui ne peut produire plus de cultures (surface limitée ou double culture non rentable), et qui ne veut pas diminuer sa culture existante n’a pas cette souplesse : l’agriculteur L consomme 10-15ha de maïs grain en maïs ensilage pour la méthanisation, et il doit en conséquence acheter l’équivalent en maïs grain en extérieur pour son élevage avicole. O regrette d’avoir dû en 2022 puiser dans le stock fourrager pour les bêtes pour approvisionner son méthaniseur car il n’avait pas assez de coproduits. Cette complémentarité repose donc notamment sur la possibilité d’achats supplémentaires sur le territoire pour la méthanisation. b) Méthanisation et gestion des prairies : entre synergie et concurrence Dans les Vosges et dans le Bas-Rhin les agriculteurs qui ont des prairies permanentes les fertilisent en moyenne davantage par rapport à avant la méthanisation, en y épandant du digestat. Ceux qui augmentent très significativement la fertilisation des prairies sont ceux qui les fertilisaient peu avant (A, E, J, K, T, W) avec du lisier/fumier et se sont mis à les fertiliser avec du digestat. Les autres agriculteurs qui les fertilisaient avec de l’azote minéral avant (entre 15 et 65kgN/ha) ont aussi fréquemment augmenté leur fertilisation (B, C, H, M, S – données non disponible pour D, F, G, R, T, U). Cette augmentation de la fertilisation des prairies permanentes est liée à deux facteurs. Premièrement ce sont des surfaces facilement épandables en dernier recours avant l’hiver lorsqu’il faut vider la fosse de digestat (C, K). « Tout ce qui est prairies humides je les fais à l'automne parce qu'à l'automne il faut vider la fosse pour pouvoir passer les mois d'hiver, on veut pas du tout épandre en hiver, donc octobre il faut que la cuve soit vide donc je fais toutes les prairies humides, parce qu'au printemps on n'est pas sûr de passer, et puis au printemps je fais toutes les parcelles qui portent, et ensilage, les fauches plus précoces. » (Agriculteur C) 171 Deuxièmement, la fertilisation au digestat augmente significativement le rendement des prairies. Certains agriculteurs trouvent intéressant d’augmenter leur fertilisation pour produire davantage d’herbe (C, J, K). « C'était fumier tous les ans, et c'était azote, sur 30ha que j’ensilais. Sinon un Et là avec la méthanisation? c'est 20m3 de digestat minimum, tous les ans, donc c'est plus intensif sur l'herbe avec la métha que ce que j'ai fait avant. (...) le digestat sur l'herbe ça répond vraiment bien. » (Agriculteur C) « Avant, on ne soignait pas nos prairies, moins, beaucoup moins, on mettait un petit coup d’engrais de temps en temps et puis c'est tout. C’était l’enfant pauvre de la ferme, là on a plus tendance à les soigner, car (...) le calcul il est beaucoup plus rapide qu'avec les animaux, si on a tant de tonnes, si on gagne 1 tonne de matière verte à l'ha, ça fait tant de kW, tant de pognon. Dis donc ça vaut quand même le coût de les soigner les prairies naturelles, et on peut les soigner car on a le médicament adapté, le digestat. » (Agriculteur J) Cette évolution de la fertilisation a pour conséquence une augmentation des rendements des prairies permanentes évoquée par 12 agriculteurs (A, B, C, D, E, F, J, K, M, R, S, W) et en conséquence une évolution de leur stratégie d’exploitation des prairies et de consommation d’herbe. C et J vendent désormais davantage d’herbe. A, H, I et K ont retourné des prairies pour produire davantage de cultures de ventes, pour les animaux ou pour la méthanisation. A, B, C, D, I et K valorisent leur herbe en surplus dans le méthaniseur, car ils estiment que c’est intéressant économiquement (Tableau 25). En général ils y valorisent les 2e et 3e coupe, de moins bonne qualité pour les vaches ou les surplus d’herbe non consommées par les vaches. Certains agriculteurs (E, G, H, J) valorisent aussi des prairies temporaires en méthanisation Agriculteur A D K Citation « Nous on a 18ha d'herbe, y'en a qui sont pas labourables, si une année, la production est bonne il faut nourrir le méthaniseur, on a un objectif. » « franchement, économiquement c'est pas déconnant de mettre de l'ensilage d'herbe dedans. » « y'a une partie des prairies naturelles qui peut passer en métha si on a pas assez de cam et que y'a des fonds de prairies qui sont mauvais, mais rien de dédié » Tableau 25 : Verbatim d’agri-méthaniseurs sur l’usage d ’herbe de prairie s permanentes en méthan isation c) Conséquences en termes d’évolution des rations animales de certains éleveursméthaniseurs Ces synergies ou concurrence, qui laissent plus ou moins de marges de manœuvre à l’agriculteur dans le choix de l’alimentation animale se traduisent concrètement par des évolutions de la ration animale de certaines fermes. Certains agri-méthaniseurs (F, O, R, W) s’autonomisent sur l’alimentation animale. La meilleure production d’herbe des prairies permanentes conduit les agriculteurs O, W à augmenter le part d’herbe dans la ration de leurs vaches laitières en remplacement de concentré ou de maïs. « J’ai augmenté la part d’herbe dans la ration et je me limite à 10, 12 hectares d’ensilage au lieu de 15, 16. Vu que j’ai 300 tonnes de pulpe, ça me suffit. » « Oui parce que j’intensifie la production d’herbe avec le digestat. Il y a des parcelles où je sortais 5-6 tonnes de matière sèche, avec le digestat j’en sors 6-7 parce que sur un sol sableux où tu mets un engrais organique, ton sol vit un peu mieux que juste avec de l’engrais minéral. Ça fait trente ans qu’on mettait de l’engrais minéral, maintenant que j’ai mis de l’engrais organique, c’est la forêt d’Amazonie. » (Agriculteur W) La bonne production des prairies fertilisées par le digestat est aussi un atout pour les élevages qui passent en alimentation à l’herbe (F, R). Des coopérations peuvent aussi se mettre en place entre les agri-méthaniseurs d’un projet collecti f ce qui leur permet de gagner une certaine autonomie par rapport au territoire (UM collective de N /W ). Ce projet collectif re groupe des agricult eurs et des éleveurs, dont certains ont fait co-évoluer leurs exploitations en même temps qu’ils ont mis en place la méthanisation. L’agriculteur N est ainsi passé au bio grâce à la méthanisation, et à présent il produit une culture fourragère (luzerne ou trèfle en sous-semis d’une CIVE) qu’il vend aux éleveurs du projet collectif de méthanisation. « On implante un triticale en CIVE, associée à du trèfle violet, donc on sème les deux en même temps. Une fois que le triticale est récolté, le trèfle continue sa croissance et ce trèfle est destiné aux éleveurs du groupe, ce qui permet d’avoir de nouveau une certaine autonomi e azotée pour le blé qui revient l’année d’après. » ( Agriculteur N) On a ici une forme de reconnexion entre cultures et élevage à travers un projet de méthanisation. D’autres éleveurs-méthaniseurs perdent en autonomie sur l’alimentation animale au niveau de leur système de production (E, L, Q, V). Les éleveurs avicole (L) et porcins (Q, V) sont un peu moins autonomes au niveau de leur alimentation animale. Afin de nourrir le méthaniseur, L et Q y valorisent un peu de leur maïs en ensilage ce qui fait qu’ils doivent acheter en extérieur plus de maïs grain pour leur élevage. V a perdu de l’autonomie car il a converti une part de sa sole en bio, il ne produit donc plus de maïs conventionnel pour son élevage porcin, il doit l’acheter à présent en extérieur. Enfin, comme détaillé en 1.2.1, la ferme de l’agri-méthaniseur E a une trajectoire qui illustre la conséquence possible d’un manque d’autonomie sur les cultures alimentaires et énergétiques. La méthanisation a mis une pression forte sur la production de fourrages et de cultures, et l’a conduit à arrêter son atelier de vache allaitante et ses cultures de vente, et à intensifier l’atelier laitier (tourteaux, robot de traite), afin de pouvoir approvisionner méthaniseur et élevage. Chez les autres éleveurs, la méthanisation n’a pas conduit à des modifications de la ration des animaux, , à la marge des substitutions de cultures de seigle et de cultures fourragères comme présenté plus haut. 4.2 Attractivité économique de la méthanisation : entre soutien et concurrence au maintien des capitaux en élevage? Sept éleveurs (B, H, I, J, K, O, T) disent qu’à travail égal l’atelier de méthanisation est plus rentable qu’un atelier d’élevage : « Si on parle en plus de résultats, au temps, passé, y'a pas photo par rapport aux autres ateliers » (Agriculteur K) 173 «on a fait le choix pour le moment de ne pas arrêter d'atelier, après si on se rend compte qu'on a de moins en moins de stock, qu'il faut faire plus de maïs, moi je sacrifierai les bœufs et pis voilà, économiquement, c'est beaucoup plus intéressant d'augmenter la part de méthanisation et de réduire la part élevage » (Agriculteur I) Plusieurs éleveurs partagent ainsi leur dépit que le gaz soit mieux rémunéré que les productions alimentaires : « Après, ce qui m'agace un peu, c'est qu'on nous pointe du doigt pour dire on est des pollueurs, parce qu'on produit du maïs pour de l'électricité au lieu de faire de la viande, mais le maïs pour le taurillon c'est aussi un non-sens écologique, (...) on va donner 15kg de maïs pour faire un kg de viande, on pourrait autant le donner directement. Et ça fait 20 ans qu'on fait du colza diester, c'est exactement pareil, on utilise du colza à des fins non-alimentaires. On est pointé du doigt en disant que ce qu'on fait c'est mal. Qu'on nous paye du lait et de la viande à leur juste prix, (...) si on était payé largement la tonne de lait on ne s'embêterait pas (...) à faire de la méthanisation . » (Agriculteur I) Mais certains él ev eurs (M, O, V) soulignent aussi que le revenu de la méthanisation n’est possible que grâce aux effluents d’élevage. Les deux ateliers sont interdépendants, voire, comme le souligne l’agriculteur M, la méthanisation justifie l’élevage : « On fait pas les vaches pour faire du lait, on est arrivé un peu sur ce truc là, sur ce modèle-là quoi, on a modifié une étable, construite, rénovée, on a mis 50 places en plus pour l'engraissement, mais c'est pas pour la viande, c'est pour le fumier. » (Agriculteur M) « Il n’y aurait pas eu d’élevage, il n’y aurait pas eu de méthanisation. Les deux sont liés. On observe donc un rapport ambivalent entre méthanisation et élevage, qui laisse place au niveau du système de production à des dynamiques de concurrence et de soutien entre systèmes techniques, en termes de ressources matérielles, de travail et de capitaux. 4.3 Une typologie : Synergie, concurrence ou indépendance entre structures d’élevage et méthanisation En nous appuyant sur les éléments d’analyse des relations entre élevage et méthanisation que nous venons de présenter, nous avons identifié 3 tendances d’évolution des structures d’élevage (cheptel et systèmes d’élevage). Les agriculteurs céréaliers D, N et S ne sont pas concernés par la typologie qui suit. Cette coévolution entre méthanisation et structures d’élevage peut avoir lieu dans le cadre d’un maintien des modes productifs antérieurs, ou d’une transformation vers des systèmes plus ou moins intensifs en intrants de synthèse (Figure 31). Type 1 : Synergie productive entre élevage et méthanisation (agri-méthaniseurs B, G, J, T, U). Cette synergie entre élevage et méthanisation a lieu sur cinq élevages qui ont investi dans une UM individuelle. La synergie prend différentes formes. Un premier mécanisme est la stimulation du développement de la méthanisation avec la croissance de l’élevage. Les agriculteurs T et J ont ainsi augmenté leur UM, lorsqu’ils ont respectivement repris une ferme et créé un atelier d’engraissement. Les fumiers supplémentaires apportés par l’élevage sont valorisés en méthanisation. Un deuxième mécanisme est, chez B et G, un accompagnement de la tendance à l’agrandissement des ateliers d’élevage par la présence de la méthanisation : grâce au digestat la production fourragère est à la hausse et l’élevage est optimisé via la valorisation énergétique de ses effluents. « y'en a beaucoup qu'arrêtent le lait autour de nous, nous aujourd’hui on augmente notre cheptel de vaches, grâce à la métha, au [photovoltaïque] et au compostage, grâce à tout ça » (Agriculteur G) Dans le troisième mécanisme, la synergie entre méthanisation et élevage prend la forme d’une diversification. Chez U, le nouvel atelier de vaches allaitantes Salers amène du fumier pour la méthanisation et rend plus résiliente l’exploitation auparavant spécialisée en production laitière. Type 2 : Spécialisation ou diminution de l’élevage (agri-méthaniseurs A, C, E, F, H) La méthanisation favorise une diminution ou spécialisation des élevages avec diminution des ateliers les moins rentables (vaches allaitantes) et chez certains un développement de ceux plus rentables (élevage laitier ou méthanisation). La méthanisation est donc ici une activité de diversification qui en assurant un revenu supplémentaire conduit l’agriculteur à diminuer une autre activité agricole moins rentable (A, H) ou à la transformer (conversion de l’élevage laitier en bio chez F). Ces transformations sont choisies, sauf dans le cas de E où l’agrandissement du méthaniseur a imposé cette spécialisation pour maintenir sa rentabilité. Ces évolutions ont lieu dans un contexte que les agriculteurs considèrent comme défavorable à l’élevage (prix insuffisants, sécheresses récurrentes et manque de fourrages). La 175 méthanisation vient donc conforter une tendance à la diminution de l’élevage puisqu’elle la facilite sur le plan économique. Type 3 : Indépendance-maintien entre méthanisation et élevage dans l’évolution des structures (agri-méthaniseurs I, K, L, M, O, P, Q, R, V, W) Les éleveurs de ce groupe ont établi des liens assez lâches entre la gestion de la méthanisation et de leurs ateliers d’élevage. En particulier les éleveurs L, Q et V sont des éleveurs de monogastriques chez lesquels les synergies sur le fourrage n’existent pas, et P est un éleveur ovin extensif de montagne dont l’élevage et la méthanisation sont particulièrement indépendants. Ces faibles liens entre méthanisation et élevage sont possibles car la méthanisation s’approvisionne auprès des autres éleveurs du collectif, mais surtout valorise les intrants du territoires (coproduits agroindustriels et agricoles). Ces éleveurs peuvent donc trouver des complémentarités entre méthanisation et élevage – par exemple sur la gestion des effluents ou des prairies – mais ils n’ont pas fait évoluer leur structure d’élevage en synergie avec la méthanisation. Si les structures d’élevage n’ont pas évolué, certains agriculteurs expriment cependant le fait que la méthanisation joue un rôle de maintien de l’activité d’élevage : son fonctionnement dépend en effet de l’approvisionnement en effluents d’élevage. « Après faut être conscient que sans élevage, on pourrait non plus avoir la méthanisation chez nous. » (Agriculteur O) Figure 31 : Dynamiques d’évolution des productions d’élevage en lien avec la méthanisation. On voit que les stratégies relatives à l’évolution des structures d’élevage lors du développement de la méthanisation sont diverses : d’une stimulation de leur agrandissement (chez des exploitations en polyculture-élevage en méthanisation individuelle), à un accompagnement à leur diminution, en passant par une relation d’indépendance/maintien entre évolution des structures d’élevage et méthanisation. Les concurrences et les synergies sur le travail, l’accès aux intrants ou les 176 investissements peuvent prendre des configurations diverses. Les transformations des ateliers peuvent aller vers une production plus intensive comme plus extensive en intrants (Figure 31). Toutefois, on remarque que dans les Vosges quasiment tous les élevages enquêtés ont évolué avec la méthanisation (Figure 31, Types 1 et 2), contrairement à ceux du Bas-Rhin (Figure 31, Type 3). Les dynamiques d’évolution des structures semblent davantage concerner les élevages en polyculture mixte que les élevages laitiers, extensifs herbagers ou monogastriques : les phénomènes de diminution du cheptel portent plutôt sur les ateliers allaitants des élevages mixte ou viande tandis que les synergies concernent davantage les grandes fermes en polyculture-élevage mixte. 4.4 Discussion du sous-chapitre 4 Tout d’abord, la mise en regard de nos résultats ne montre pas d’effets uniformes de la méthanisation sur la gestion des systèmes techniques d’élevage. Sur le plan technique, l’arrivée de la méthanisation présente des avantages comme des contraintes dans les élevages bovins : atouts économiques versus contraintes mécaniques de la valorisation du digestat, autonomisation versus perte d’autonomie dans la gestion fourragère, avantage productif dans la gestion intensifiée des prairies, nouveau revenu agricole ou travail accru etc. Certains mécanismes ont été identifiés dans l’étude française MethaLAE (gestion facilitée effluents d’élevage ; augmentation ou perte d’autonomie fourragère ; gestion intensifiée en azote des prairies) mais nos résultats montrent une diversité de dynamique internes aux exploitations qui est encore peu étudiée.
21,328
2021LIMO0104_5
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,021
Étude et mise en œuvre du couple de diffusion La2SiO5 / SiO2 pour l’élaboration de couches texturées et optimisées d’oxyapatite silicatée pour le domaine de l’énergie
None
French
Spoken
7,585
13,176
En outre, une quantité non négligeable d’oxyde de lanthane est encore détectée dans le mélange LSa36 (11% à 1200 et 9,8% à 1500°C, Tableau II–4 et Tableau II–5). Cet excès d’oxyde de lanthane (représentée à la Figure II–21 par de petits points noirs entourant les particules), suppose un ralentissement de la cinétique de diffusion de Si4+ vers la surface des particules, vraisemblablement lié à l’apparition de la phase La2Si2O7 qui pourrait jouer le rôle de barrière de diffusion et piéger à terme un cœur de silice, qui ne pourra plus réagir avec l’oxyde de lanthane restant à la surface. La diffusion de La3+ au travers des particules de silice va également progressivement ralentir au travers des différentes couches de silicates de lanthane formées, limitant ainsi la progression et la formation de la phase La2SiO5. Dans ce cas, il est probable qu'un broyage ultérieur permettrait de rendre de nouveau disponible le cœur de silice et de réactiver la réaction entre les réactifs et phases disponibles. Ces hypothèses pourraient alors expliquer l’instabilité observée sur le monosilicate de lanthane La2SiO5, par divers auteurs [155], [163]. Le fait d’avoir une taille de particule de silice non optimale lors de la synthèse et de re-calciner les poudres obtenues à hautes températures, pourraient réactiver le phénomène de diffusion au cœur des particules grossières de silice, non entièrement consommées. Dans le cas II, où un excès local d’oxyde de lanthane est considéré, les particules de silice colloïdale vont se disperser autour des particules d’oxyde de lanthane. Le mécanisme de réaction proposé repose cette fois sur une réaction rapide des espèces en raison d'une distance de diffusion plus courte, se traduisant potentiellement par la formation d’une très fine couche de La2Si2O7 à la surface des particules de La2O3 ou de silice selon l’élément limitant la diffusion. L'épaisseur maximale de la couche de phase La2Si2O7 correspondrait ainsi au rayon des particules de silice (20 nm). Cette distance peut être associée à la notion de distance de diffusion critique dans une réaction à l'état solide à haute température [165]. Dans ce cas, la distance de diffusion critique pour former La2SiO5 peut être Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 II–78 Chapitre II. Synthèse et caractérisation des réactifs utilisés pour les assemblages La 2SiO5 / SiO2 définie comme la distance maximale à laquelle Si4+ diffuse pour atteindre le centre d'une particule de La2O3 ou inversement pour La3+. Une diminution de la taille des particules réduit la distance de diffusion des éléments pour atteindre l’état d’équilibre chimique à haute température, ce qui accélère la réactivité du système. La couche de La2Si2O7 n’étant pas détectée en DRX (Figure II–18 (c)), il est difficile de statuer sur sa formation intermédiaire ou non, mais sa faible épaisseur ne devrait pas limiter la diffusion des espèces, contrairement au cas I où cette couche plus épaisse La2Si2O7 pourrait jouer le rôle de couche barrière à la diffusion notamment de Si4+. Les phases apatite et La2SiO5 sont les premières détectées dès 900°C avec, à nouveau une majorité d’apatite formée en dessous de 1200°C (Figure II–19). Cette tendance s’inverse pour atteindre 91,4% de phase La2Si2O5 et 7,6% d’apatite après calcination à 1500°C / 10h (Tableau II–6). En suivant ces évolutions, il semble que la couche fine de silice ou de La2Si2O7 formée, dans ce cas II, soit rapidement consommée, à la surface des particules d’oxyde de lanthane, et transformée en premier lieu en apatite puis en La2SiO5. Comme dans le cas I, la diffusion de La3+ au travers des phases silicatées ne semble pas être limitée. En effet, la réaction semble totale, car seules d’infimes traces de La2O3 (1% vol.) sont détectées après calcination à 1500°C / 10h (Tableau II–6). La configuration II conduit à une meilleure inter-diffusion des éléments entre les particules de réactifs, ce qui accélère la cinétique de réaction et la formation de la phase La 2SiO5 désirée. Elle corrobore les hypothèses émises sur l’influence et le respect d’un rapport en taille de particules dLa2O3 / dSiO2 nettement supérieur à 1. La cinétique de la réaction à l'état solide et la formation de la phase La 2SiO5 à haute température sont directement régies par le rayon des particules de silice dans la poudre de départ. Lorsque le rayon des particules de silice est petit, l'épaisseur de la couche de La 2Si2O7 formée est faible et la cinétique de formation de La2SiO5 est suffisamment rapide. Dans le cas contraire, lorsque le rayon des particules de silice est nettement supérieur à celui de l’oxyde de lanthane (plusieurs microns), la couche de La2Si2O7 formée est supposée plus épaisse et va ralentir la cinétique de formation de la phase La2SiO5. Cette phase pourrait donc jouer le rôle de barrière de diffusion à l’ion Si4+. Cette hypothèse sera reprise dans la suite de ces travaux lors de l’étude de la réactivité d’assemblage La2SiO5 / SiO2. II.5 Bilan sur le protocole de synthèse et caractéristiques des poudres L’étude de la synthèse de La2SiO5 par réaction à l'état solide entre La2O3 et SiO2, en utilisant de la silice avec des tailles moyennes de particules et des natures (amorphe ou cristalline) différentes, montre que ces facteurs affectent grandement la cinétique de cristallisation et par conséquent, la pureté de la poudre finale. Un rapport de taille de particule élevé dLa2O3/dSiO2 augmente la capacité de réaction entre ces deux oxydes. C'est pourquoi l'utilisation d'une silice colloïdale et de la voie de synthèse n°2 à la Figure II–9 a permis d'obtenir une poudre de La2SiO5 présentant la plus haute pureté (91,4%) après un traitement thermique de synthèse à 1500°C pendant 10 heures. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 II–79 Chapitre II. Synthèse et caractérisation des réactifs utilisés pour les assemblages La 2SiO5 / SiO2 Les analyses thermiques et les résultats de DRX in-situ ont permis de démontrer que la réaction entre La2O3 et SiO2, mélangés dans un rapport molaire de 1:1, ne permettent pas d’obtenir directement une phase pure de La2SiO5. Le monosilicate de lanthane se forme en parallèle des autres phases intermédiaires du système La2O3-SiO2 selon vraisemblablement deux mécanismes (Figure II–21) qui diffèrent selon la relation entre la taille moyenne des particules de réactifs. Pour favoriser la formation de La2SiO5, il semble important de pouvoir générer les conditions nécessaires pour que les espèces Si4+ et La3+ puissent facilement diffuser à travers les autres phases silicatées de lanthane formées à la surface. En réduisant la taille des particules de silice, il semble que l’épaisseur de la couche de La2Si2O7 formée reste limitée. Cette phase joue un rôle important sur les mécanismes d’inter-diffusion, car elle semble freiner la diffusion des ions Si4+ notamment. Pour cette raison, pour la synthèse à l’état solide de La2SiO5, l'utilisation de poudres de silice de grand diamètre doit être évitée, pour empêcher la formation d'une couche épaisse de La2Si2O7. Le protocole de synthèse proposé pour obtenir la phase La 2SiO5 de haute pureté est simple et reproductible, et sera donc exploité pour la fabrication de quantités suffisantes de poudres pour les études ultérieures. L'étape suivante consiste à mettre en œuvre des architectures biet multi-couches du couple de diffusion La2SiO / SiO2. Ces configurations permettent de contrôler le front de diffusion des espèces entre ces deux précurseurs et de favoriser la croissance d'une apatite texturée à l'interface. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 II–80 Chapitre III Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2Si O 5 / SiO2 Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬ Universit é de Limo ges ‫ ׀‬ 2021 Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 3 Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La2SiO5 / SiO2 Les travaux présentés dans le chapitre II nous ont permis de proposer un nouveau protocole de synthèse par voie solide du composé La2SiO5, et d’obtenir cette phase pure (audelà de 90%) de façon reproductible. Cette poudre va servir à la fabrication d’architectures multicouches, alternant les précurseurs La2SiO5 et SiO2, qui par frittage réactif devraient réagir pour former une couche d’oxyapatite dense et texturée, dans la direction des canaux de conduction ionique. L’équipe de Fukuda est la première à avoir utilisé ce principe, et proposé une technique relativement simple à mettre en œuvre, pour obtenir une texturation du matériau d’apatite, en vue d’optimiser ses propriétés de conduction ionique. La méthode repose sur la diffusion ou germination/croissance à haute température de cristaux d’apatite, à l’interface de deux pastilles de réactifs, du pseudo binaire La 2O3-SiO2 (couples de diffusion comme La2Si2O7 / La2SiO5), mises en contact par co-pressage. Cependant, ce procédé est peu reproductible, et l’épaisseur et la stœchiométrie de la couche d’apatite ée à l’interface sont difficilement maîtrisables, aboutissant à des résultats parfois aléatoires. Il est également à noter qu’une part importante de réactifs, n’ayant pas réagi, est observée à la surface du bicouche. Nous avons cherché à reproduire, comprendre et optimiser les résultats obtenus par l’équipe de Pr. Fukuda, en réalisant des architectures alternant, cette fois-ci, le couple de réactifs La2SiO5 / SiO2 non étudié jusqu’alors. Ce chapitre a donc pour objectif de présenter les procédés et paramètres expérimentaux retenus, ainsi que les caractéristiques des couches et architectures mises en jeu dans cette étude. Le schéma de la Figure III–1 résume le plan d'étude en trois parties qui sera développé tout au long de ce troisième chapitre. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–83 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 Figure III–1. Résumé du plan d'étude présenté au chapitre III Le premier axe de recherche (partie III.1 sur la Figure III–1) a été d’étudier la faisabilité du coulage en bande comme procédé alternatif à la méthode de co-pressage. En effet, ce procédé permet la production en grande quantité et à faible coût de bandes fines à partir de poudres céramiques. Les bandes en cru peuvent aisément être découpées, empilées et thermo-compressées afin d’obtenir des architectures multicouches avec des épaisseurs mieux contrôlées, ainsi que des contacts aux interfaces plus nombreux et plus intimes. La faible épaisseur des couches de réactifs (de l’ordre de quelques centaines de microns) et la multiplication possible des interfaces devraient ainsi favoriser la germination/croissance de Liz eth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–84 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 cristallites orientés, via la consommation des réactifs, pour former une couche dense, unique et homogène d’apatite. Il est cependant important de noter, que ce procédé nécessite l’emploi d’une part importante d’additifs organiques dont les effets ne sont encore pas bien connus, notamment sur la porosité ou la réactivité des couches. Par conséquent, l'impact de la porosité générée, après le départ de ces additifs, doit être questionné. Le principe du procédé de coulage en bande, et les paramètres retenus pour la conception d’architectures couches font l’objet de la première partie de ce chapitre. Le second axe de ces travaux (partie III.2 et III.3 sur la Figure III–1) a été d’étudier les phénomènes de germination-croissance se produisant à l’interface d’empilements bicouches La2SiO5 / SiO2, plus simples à mettre en œuvre et à caractériser. Ainsi, nous avons repris la technique de pressage, sans additif, du Pr. Fukuda, pour mettre en forme et étudier la réactivité du précurseur La2SiO5. Cette technique est malheureusement difficilement applicable pour obtenir et étudier la réactivité de la seconde couche de réactif en silice. Nous avons donc utilisé, la technique de dépôt par électrophorèse, qui nécessite une mise en suspension des poudres de silice, sans toutefois requérir l’ajout d’additifs organiques, et présente l’avantage d’obtenir des couches d’épaisseurs contrôlées. Ces procédés (pressage et électrophorèse) ont permis ainsi d’obtenir des couches des deux précurseurs respectifs, pouvant présenter des taux de densification ajustables par un simple traitement thermique. Afin de pouvoir mieux observer et caractériser la formation des cristallites d’apatite à la surface et dans la tranche des assemblages La2SiO5 / SiO2, nous avons fait le choix pour la conception des bicouches de déposer quelques gouttes d’une suspension du réactif complémentaire sur la surface des couches de précurseurs obtenues, soit par pressage soit par électrophorèse. Ces résultats ont servi dans le dernier chapitre à mieux comprendre les phénomènes de diffusion se produisant soit dans la couche riche en silice (SiO 2), soit dans la couche riche en lanthane (La2SiO5), en fonction de différents paramètres ajustables (densité de la couche, température de frittage réactif, etc.). III.1 Fabrication des multicouches La 2Si O / SiO2 par coulage en bande Dans le cadre de cette thèse, la méthode de coulage en bande a été envisagée pour la première fois comme procédé de mise en forme pour l’élaboration d'oxyapatites silicatées de lanthane texturées. En effet, l’équipe de Fukuda [90] a montré qu’il est possible de faire croître par frittage réactif des cristaux d’apatite dans une direction donnée (Figure III–2 (a)), à l’interface d’assemblages bicouches obtenus par co-pressage de pastilles de divers réactifs du diagramme de phase La 2O3-SiO2. Cependant, ils notent des difficultés quant à la reproductibilité de cette technique et à la maîtrise de l’épaisseur et de la stœchiométrie de la phase apatite formée, avec un fort impact sur les performances de ce matériau. Ainsi, nous avons souhaité déterminer si le fait de multiplier les interfaces (réalisation d’architectures multicouches), associé à une diminution de l’épaisseur des couches de réactifs Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–85 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 permettrait de résoudre ces difficultés (modèle proposé dans la Figure III–2 (b)). L'objectif est ici de fabriquer des architectures multicouches par poinçonnage et assemblage de bandes coulées de ce nouveau couple de diffusion La2SiO5 et SiO2. a) b) Figure III–2. a) Microstructure d’une oxyapatite texturée obtenue par l’équipe de Fukuda [90]. b) Modèle et objectif d’architectures multicouches La 2Si O5 / SiO2 par coul age en bande. Cette première partie du chapitre a pour vocation de présenter le procédé de coulage en bande utilisé dans le cadre de cette thèse, ainsi que les différents paramètres retenus pour la réalisation de ces assemblages. Les bandes obtenues sont également indépendamment caractérisées dans cette partie en vue du bilan réactionnel, présenté dans le dernier chapitre de cette èse. III.1.1 Principe et étapes du procédé de coulage en bande Ce procédé, aussi appelé « Doctor Blade process » ou « tape casting », a été développé historiquement pour la production de films ou feuilles céramiques pour la fabrication de condensateurs. Ce procédé de mise en forme est aujourd’hui largement utilisé dans l'industrie de l’électronique [182]– [185]. Cette technique est également utilisée pour la fabrication à grande échelle de couches minces d'électrolytes pour les piles à combustible à oxyde solide [103], [186]–[189]. Le coulage en bande est relativement simple à mettre en œuvre et permet d’obtenir des bandes céramiques manipulables et de grande surface avec des épaisseurs pouvant aller jusqu’au micron. Il s'agit d'un processus continu, où la pâte ou suspension céramique est étalée par un couteau, donnant un film de largeur et d'épaisseur contrôlées [183]. Le schéma du principe du coulage en bande est présenté dans la Figure III–3. La suspension est introduite dans un réservoir, qui se déplace sur un support recouvert de papier silicone, afin de faciliter le décollement de la bande obtenue après séchage. Pendant le coulage, et du fait de l’application de forces de cisaillement entre le couteau et le support, la viscosité diminue en raison du comportement rhéofluidifiant de la suspension. Après le coulage, l’augmentation de la viscosité (en raison du comportement rhéofluidifiant de la suspension ou de l’évaporation du solvant) s’oppose à la sédimentation des particules céramiques [190]. La vitesse de déplacement et la hauteur du sabot et des couteaux sont ajustées pour obtenir une épaisseur de bande souhaitée. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–86 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 Figure III–3. Assemblage d’un banc de coulage en bande La préparation de la suspension céramique est donc une étape clé de ce procédé pour satisfaire les différentes contraintes rhéologiques de la suspension et une bonne tenue mécanique de la bande en cru finale. La suspension se compose d’une poudre céramique dispersée dans un solvant (aqueux ou organique) avec l’ajout d’additifs organiques, comme un dispersant, liant et plastifiant [183], [185] [191], [192], qui permettent notamment d’obtenir une suspension stable et d’ajuster la plasticité et la tenue mécanique de la bande en cru, pour satisfaire aux propriétés finales recherchées. Les caractéristiques de ces différents composants sont décrites ci-dessous [193] :  Poudre céramique : elle a une granulométrie comprise généralement entre 0,5 et 5 microns, et une surface spécifique comprise entre 2 m 2/g et 5 m2/g, pour obtenir un bon aspect de surface des bandes en cru, et une réactivité suffisante à haute température lors de l’étape de frittage.  Solvant : il conditionne en partie la viscosité de la suspension, et il ne doit pas réagir avec la poudre céramique. Il doit avoir un point d'ébullition bas pour faciliter son évaporation au cours de l’étape de séchage.  Dispersant : il vient s’adsorber à la surface des particules de poudre pour développer des forces répulsives entre particules et éviter la sédimentation ou la formation d’agglomérats. Il en existe de différentes natures : stérique, électrostatique, électro-stérique.  Liant : le rôle liant est de fournir à la bande une certaine cohésion en cru pour pouvoir être manipulée et stockée une fois le solvant évaporé.  Plastifiant : il est ajouté pour obtenir une bonne plasticité de la bande en vue de sa manipulation. Afin obtenir une suspension bien dispersée et stable, celle-ci est généralement préparée en deux étapes. Une première étape de broyage et d'homogénéisation, où la poudre céramique est mélangée avec le solvant et le dispersant. Le broyage planétaire (avec des billes en zircone), est généralement utilisé pour cette opération de mélange/dispersion des particules dans le solvant, car il permet de fournir des forces d’impact suffisamment élevées pour casser les agglomérats présents, ou les particules de poudre. Dans un second temps, les liants et plastifiants sont ajoutés au mélange qui est à nouveau homogénéisé pendant une durée minimale de 24 heures. La suspension est ensuite désaérée pendant 24h au tourne-jarre. Après le coulage de la bande, le solvant s'évapore progressivement, à température ambiante ou température contrôlée, jusqu’à la formation d’une bande cohésive et facilement manipulable. La sélection du couple liant / plastifiant est un paramètre clé pour l'obtention d'une bande consolidée, mais suffisamment souple pour être manipulée [194]. En effet, à cette étape, les bandes peuvent être Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–87 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 poinçonnées et empilées, selon l’épaisseur désirée, par thermocompression. Cette étape permet d’augmenter la cohésion et limiter les phénomènes de délamination entre les couches. Ensuite, les additifs organiques sont éliminés lors d’un traitement thermique appelé déliantage, qui doit être effectué lentement et à relativement basse température (600°C), pour éviter les problèmes de fissuration en raison du départ des organiques, ou plus exactement du départ des produits de la pyrolyse des additifs organiques. Le déliantage est souvent couplé d'un traitement thermique à plus haute température de pré-frittage ou frittage (selon le taux de densification obtenu) pour donner une certaine tenue mécanique aux bandes céramiques, avant l’étape de consolidation finale du matériau souhaité. III.1.2 Préparation des suspensions et bandes en cru de La2SiO5 et SiO2 La poudre de SiO2 retenue pour l’élaboration des bandes de réactif, est la silice quartz C400 (Sq 12), dont les caractéristiques sont présentées dans le chapitre II (Tableau II-2). Elle a été choisie en raison des résultats obtenus dans la section II.3.1, où l’utilisation de la silice quartz s'est avérée favorable à la formation et stabilisation d’une phase apatite. Pour les bandes de La2SiO5, la poudre utilisée est celle issue de la synthèse par voie solide à 1500°C / 10h (en utilisant une silice colloïdale), comme décrite dans la section II.3. Comme mentionné dans la section précédente, la taille des particules de ces deux poudres doit être ajustée à une valeur comprise entre 1 et 5 μm pour faciliter leur mise en suspension. Ainsi, les poudres de SiO2 et La2SiO5 ont été broyées respectivement dans l’eau pendant 2h30 et dans l’éthanol pendant 45min en utilisant un attriteur « Union Procces-Szegvari ». Pour un broyage de 30 g de poudre, 150 g de billes de zircone, d un diamètre compris entre 1-2 mm, et 220 g d’eau ou d’éthanol, ont été utilisés. Le suivi granulométrique de ces poudres, en fonction du temps d'attrition, est présenté dans la Figure III–4. a) b) Figure III–4. Suivi d’attrition des poudres a) SiO2 et b) La2SiO5 pour obtenir une distribution granulométrique autour de 1μm Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–88 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 Pour la silice (Figure III–4 (a)), il faut un temps de broyage de 2h30 pour atteindre un diamètre médian (D50) de 1,16 μm et une surface spécifique de : SBET = 6,19 ±0,10 m2/g. Pour la poudre de La2SiO5 (Figure III–4 (b)), un temps de broyage de 45 minutes est suffisant pour obtenir une distribution centrée autour d’un diamètre médian de particules (D50) de 1,22 μm. La surface spécifique de la poudre de La2SiO5 est quant à elle plus faible que pour la silice, avec une valeur de S BET = 1,66 ±0,03 m2/g. Une fois la poudre broyée, elle peut être mise en suspension selon le protocole présenté sur la Figure III–5. Il est à noter que dans ces travaux de thèse, les étapes de dispersion, d'homogénéisation et de désaération décrites précédemment n'ont pas été réalisées selon la méthode classique du broyage planétaire. Dans ce cas, les suspensions ont été préparées en utilisant une technique non conventionnelle qu’est le mélangeur par centrifugation 3D. Ce dispositif « thinky mixer ARE-250 » ne nécessite pas l’emploi de corps broyants (Figure III–6). Ce type de mélangeur a l’avantage par rapport à un broyeur planétaire d’obtenir une suspension homogène sur un temps court (10-20 minutes) et un dégazage de la suspension en quelques secondes à quelques minutes, dans des récipients scellés. Figure III–5. Protocole de préparation d’une suspension de coulage en bande SiO2 et La2SiO5 à l’aide d’un mélangeur de type « Thinky Mixer » Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–89 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 Figure III–6. Mélangeur centrifuge planétaire « Thinky Mixer ARE -250 » La nature et les quantités de chacun des composés organiques ajoutés lors de la préparation des suspensions de SiO2 et La2SiO5, ont été optimisées à partir des travaux de thèse de Claire Bonhomme [122]. Les formulations retenues sont présentées dans le Tableau III–1. Tableau III–1. Formulation des suspensions de coulage pour les bandes de SiO 2 et La2SiO5 Nature Densité (g/cm3) %vol. SiO2 %vol. La2SiO5 Poudre SiO2 2,6 26,39 - Poudre La2SiO5 5,36 - 25,77 Solvant MEK/Ethanol (60% / 40%) 0,8 64,37 64,43 Dispersant Ester phosphorique 1,05 0,63 1,32 Liant Plastifiant Degalan P26 Dibutylphtalate 1,15 1,04 4,70 3,91 4,62 3,84 Les suspensions préparées ont été coulées sur du papier Mylar ®. La hauteur des couteux est réglée à 0,30 μm afin d’obtenir des bandes d’épaisseurs entre 80-100 μm, et la vitesse du sabot est fixée à 1,2m/min (soit 20 mm/s). L’atmosphère lors du banc de coulage est saturée en solvant, ce qui permet de ralentir les cinétiques de séchage de la bande, et ainsi de diminuer les risques de fissuration. Les bandes obtenues (Figure III–7) ont été séchées dans le banc de coulage (enceinte fermée sans ventilation) pendant une durée minimale de 2 s. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–90 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 SiO2 La 2SiO5 Figure III–7. Bandes de SiO2 et La2SiO5 fabriquées par coulage en bande III.1.3 Mise en forme des architectures multicouches Les différentes étapes de mise en forme des architectures multicouches sont schématisées sur la Figure III–8. Figure III–8. Schéma de mise en forme des architectures multicouches Pour faire les empilements, les bandes de SiO 2 et La2SiO5 crues sont poinçonnées sous forme de pastilles de 13 mm de diamètre à l’aide d’un emporte-pièce. En fonction de l’architecture désirée, plusieurs bandes sont empilées dans une matrice de pressage en acier inoxydable. Les différentes architectures sont ensuite compactées par thermocompression à l’aide d’une thermo-presse (Polystat 200 T, Servitec) à une température de 80°C, et avec une pression qui varie entre 10 et 20 MPa (le cycle de thermocompression est présenté sur la Figure III–9 (a). Ce cycle a été optimisé en vue de faciliter la relaxation des contraintes résiduelles, qui apparaissent au cours du séchage de la bande ou lors du poinçonnage, et d’obtenir une adhésion des couches entre elles. La densité relative en cru des multicouches mesurée est assez élevée, de l’ordre de 52%. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–91 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 Cette étape de thermocompression des bandes est suivie d’une étape de déliantage pour éliminer par pyrolyse toutes les matières organiques. Le déliantage s’effectue à une vitesse de montée en température lente (3°C/min) jusqu’à 600°C (Figure III–9 (b)), pour éviter l’apparition des fissures dues aux espèces volatiles, pouvant entraîner une délamination entre les couches. Il est suivi d’un cycle de pré-frittage, avec une première rampe de montée en température de 5°C/min jusqu’à 1100°C/4h, et une seconde rampe (même vitesse) jusqu’à 1200°C pendant 1h. Ce dernier permet de donner aux pièces une certaine cohésion et une bonne tenue mécanique pour manipuler plus facilement les multicouches avant l’étape de frittage réactif (Figure III–9 (c)). a ) b) c) Figure III–9. a) Cycle de thermocompression, b) Cycle de déliantage/pré-frittage et c) architectures multicouches en cru Lors du frittage réactif des multicouches, les différentes couches de SiO 2 et La2SiO5 vont réagir entre elles pour former une couche d'apatite dense et orientée. Il est donc primordial de bien connaître et caractériser le comportement en température des bandes seules de réactifs en SiO2 et La2SiO5, avant cette dernière étape. III.1.4 Caractérisation des bandes La2SiO5 et SiO2 obtenues Les bandes des deux composés La2SiO5 et SiO2 obtenues par coulage en bande, après l’étape de déliantage et pré-frittage, sont observées par microscopie électronique à balayage (MEB, Figure III–10). Leur porosité ouverte ainsi que leur masse volumique apparente, présentées dans le Tableau III–2, ont été mesurées par la méthode de la poussée d’Archimède. Les taux de densification ont été calculés en utilisant la densité théorique des poudres de silice (2,6 g/cm 3) et de La2SiO5 (5,4 g/cm3), obtenues avec le pycnomètre à l’hélium. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III– 92 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 a) b) Figure III–10. Microstructure des bandes après déliantage et pré-frittage : a) La2SiO5 et b) SiO2 Tableau III–2. Caractéristiques des bandes après déliantage et pré-frittage Déliantage et Pre-frittage 1200°C Porosité ouverte (%) Masse volumique apparente (g/cm3) Taux de densification (%) Bandes SiO2 36 1,45 56 Bandes La2SiO5 43 3,13 58 Les microstructures dans la Figure III–10 montrent qu'après avoir éliminé toute la matière organique, les bandes se composent essentiellement des particules de poudres réparties de façon homogène. De premiers ponts de matière se forment lors du pré-frittage à 1200°C, permettant la manipulation des échantillons. La taille des particules dans les bandes a très peu évolué, en comparaison de celle mesurée après broyage des poudres, par granulo ie laser (valeur centrée autour de 1μm, Figure III–4). Les particules de silice (Figure III–10 (b)) sont légèrement plus grosses que celles de La2SiO5 (Figure III–10 (a)). Les caractéristiques présentées dans le Tableau III–2, montrent que ces bandes ont un pourcentage de porosité ouverte élevé ainsi que de faibles taux de densification, après l'élimination de tous les composants organiques et l’étape de pré-frittage. Des analyses dilatométriques des bandes après déliantage et pré-frittage sont réalisées sous air, avec une rampe de montée puis de redescente en température de 5°C/min, jusqu’à 1550°C sans palier, afin d’étudier leur comportement en température, et notamment le retrait au frittage. Elles sont présentées sur la Figure III–11. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬ 2021 III–93 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouche s La 2SiO5 / SiO2 Bandes La2SiO5 Bandes SiO2 Retrait linéaire (%) 0 -5 -10 -15 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 Température (°C ) Figure III–11. Courbes de dilatométrie des bandes La2SiO5 et SiO2 après déliantage Un retrait des bandes, correspondant au début de densification, est observé dès 1000-1100°C pour la silice et aux alentours de 1300°C pour les bandes La 2SiO5 (expliquant leur faible tenue mécanique après déliantage à 1200°C). Remarque : Dans le cas de la silice et dans la gamme de températures du traitement thermique de déliantage et pré-frittage (jusqu’à 1200°C), il est à noter la présence d’une transformation allotropique de la variété α-quartz en ß-quartz. Cette transformation a été observée, dans le chapitre II dans la section II.2.2, à la montée en température autour de 573°C.[195], [196]. Au cours de ce « point quartz », une expansion de 0,5% en volume est attendue et correspond au décrochement observé sur la courbe dilatométrique de la silice. Ce faible changement de volume ne semble pas avoir provoqué de fissuration au niveau des bandes de silice après déliantage et pré-frittage (Figure III–10 (b)). transformation du quartz en ß-cristobalite est également détectée sur la courbe dilatométrique, à une température proche de 1400°C, sous la forme d’une expansion de volume (changement de pente). Pendant la descente, le changement observé à une température d'environ 200°C correspond à la transformation du ß-cristobalite en α-cristobalite. Au bilan, une grande différence de retrait est observée entre ces deux bandes de réactif. Le retrait linéaire final des bandes de La2SiO5 (14%) est ainsi deux fois supérieur à celui observé pour les bandes de SiO2 (6%). Cette différence de retrait peut entraîner des fissures ou délaminations aux interfaces entre les couches, ce qui est donc défavorable à un co-frittage des deux bandes de réactif ou des architectures multicouches. En effet, l’objectif est de concevoir un électrolyte dense en apatite pour les piles à combustible de type SOFC. La couche d’apatite doit être totalement imperméable aux gaz mis en jeu lors du fonctionnement de la pile. L’étape de frittage réactif du multicouche doit donc assurer la croissance de cristaux d’apatite à l’interface, ce qui implique une bonne cohésion des bandes entre Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–94 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 elles pour autoriser l’inter-diffusion entre les réactifs, et limiter les fissurations et les contraintes dans la couche d’apatite ainsi formée. Pour notre étude et sur la base des travaux publiés par le Pr. Fukuda [90], [150], [161], seules deux températures pour l’étape de frittage réactif ont été retenues : 1500°C et 1600°C, pendant 10 heures. La température et la durée du traitement thermique ont probablement une influence sur la microstructure (porosité, taille de grains, orientation des cristallites, etc.) et potentiellement la stœchiométrie en oxygène de l’apatite formée. Comme vu dans le chapitre I, ces paramètres ont donc une influence directe sur la conductivité ionique de la couche d’apatite formée, et devront donc à terme être également étudiés et maîtrisés pour optimiser ce procédé. Les bandes de chaque réactif ont ainsi été frittées séparément, à une température de 1500°C (Figure III–12) et 1600°C (Figure III–13) pendant 10 heures, pour observer l’évolution de leur microstructure. Ces clichés serviront de référence pour les comparer avec les résultats obtenus après frittage réactif des architectures multicouches (présentés au chapitre IV). a) b) Figure III–12. Microstructure des bandes après frittage 1500°C/10h a) La2SiO5 et b) SiO2 Tableau III–3. Caractéristiques des bandes après fritt age à 1500°C/10h Frittage 1500°C Porosité ouverte (%) Masse volumique apparente (g/cm3) Taux de densification (%) Bandes SiO2 32 1,58 61 Bandes La2SiO5 19 4,16 78 Dans les deux cas, la consolidation entre les grains des poudres est nettement plus visible que dans les bandes juste déliantées et pré-frittées (Figure III–10). La morphologie des grains des bandes de La2SiO5 (Figure III–12 (a)), a évolué et un grossissement notable des grains est observé au cours de l’étape de frittage à 1500°C. La morphologie des grains de silice (Figure III–12 (b)) a également évolué en comparaison de la microstructure obtenue après déliantage et pré-frittage de cette même bande. En effet, il semble qu’il y ait une formation d’une phase vitreuse à la surface des grains et entre Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–95 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 les grains de silice. La formation d’une phase vitreuse est possible, car elle est caractéristique de la transformation de la phase quartz en cristobalite [197]–[201] (analyse dilatométrique, Figure III–11). L’étude de cette transformation et ces effets sera reprise dans l’étude des supports en silice crus, élaborés par électrophorèse, et en l’absence d’additifs organiques. Les valeurs de porosité ouverte et masse volumique apparente après un frittage à 1500°C/10h (Tableau III–3) montrent que même après frittage à haute température, les bandes de silice présentent toujours un taux de densification faible 61%, qui pourrait être liée à l’augmentation du volume de la maille, observée sur la courbe dilatométrique autour de 1400°C (Figure III–11), lors du changement du quartz en cristobalite. Dans le cas des bandes de La2SiO5, un frittage à 1500°C a permis d’augmenter le taux de densification à 78%. Les bandes La2SiO5 frittées à une température de 1600°C (Figure III–13 (a)) présentent une microstructure très dense, qui est en bonne adéquation avec la valeur de porosité ouverte obtenue par la méthode de la poussée d’Archimède (3%, Tableau III–4) et le taux de densification calculé (92%). Le grossissement des grains est à nouveau notable : les grains peuvent atteindre la dizaine de microns, alors qu’initialement et après déliantage de la bande, ils avaient une taille proche du micron. Au contraire, dans le cas de la silice (Figure III–13 (b)), la consolidation des grains, bien que notable, n’est pas totalement achevée. Il subsiste un pourcentage élevé de porosité ouverte (29%, Tableau III–4), ce qui souligne la difficulté de densifier les bandes de silice (taux de densification à 1600°C de 63%), même à haute température, du fait de la formation de la variété cristobalite. Il est à nouveau difficile statuer sur une croissance des grains, du fait de l'apparition d'une phase vitreuse à la surface de ces derniers, qui modifie grandement leur morphologie. a) b) Figure III–13. Microstructure des bandes après frittage 1600°C/10h a) La2SiO5 et b) SiO2 Tableau III–4. Caractéristiques des bandes après frittage à 1600°C/10h Frittage 1600°C Bandes SiO2 Bandes La2SiO5 Porosité ouverte (%) Masse volumique apparente (g/cm3) Taux de densification (%) 29 1,65 63 3 4,95 92 Lizeth ARBELÁ EZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Universit é de Limoges ‫ ׀ ‬ 2021 III–96 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 Les travaux de thèse d'A. Pons initiés en 2014 au laboratoire IRCER [155] ont soulevé une instabilité de la phase La2SiO5 à haute température, vraisemblablement due à l’emploi de composés organiques lors de la préparation des pastilles par pressage uniaxial ou par coulage en bande. Elle a observé qu'après le frittage à 1650°C, ces pastilles se désagrègent complètement. Les analyses DRX ont confirmé une décomposition de la phase La2SiO5 en une phase apatite associée à de l’oxyde de lanthane, qui est à l’origine de la déstabilisation de la pastille lors de sa ré-hydratation sous air. C'est pourquoi nous avons décidé de vérifier, par des analyses DRX, la stabilité de nos bandes coulées en fonction de la température du traitement thermique. Le comportement des bandes coulées de La2SiO5 à haute température est présenté dans la Figure III–14. Il faut rappeler que dans les poudres La2SiO5 synthétisées par la voie solide, optimisées dans le chapitre II, il y a environ 9% de phase apatite résiduelle.  La2SiO5 Ap              1600°C    Intensité (u.a.)   1500°C 1400°C 1300°C Déliantage et pre-frittage 1200°C 15 20 25 30 35 40 2 Theta(°) Figure III–14. Analyses DRX des bandes coulées de La2SiO5 à différentes températures pendant 10h L’analyse de ces diffractogrammes confirme que lorsque la température augmente, l'intensité des pics d'apatite augmente progressivement (voir la zone encadrée sur la Figure III–14) corroborant l’hypothèse de la déstabilisation de la phase La2SiO5, en température. Néanmoins, aucun pic de la phase La2O3 n’est observé, ce qui est confirmé par la bonne tenue mécanique des bandes dans le temps. Seul un léger changement de couleur (rose pâle) a été observé sur les bandes frittées à 1500°C et 1600°C. Les mêmes analyses ont été effectuées en réalisant l'étape de déliantage et de pré-frittage sous une atmosphère riche en oxygène afin de s'assurer que tous les éléments organiques, et notamment les composés carbonés, soient bien éliminés. Le même comportement a été observé. À noter également que des traces de silice ont été décelées sur les creusets en platine, malgré les nettoyages répétés dans l’acide fluorhydrique. Ces éléments pourraient également diffuser à la surface des bandes de La2SiO5 et provoquer ces changements de phase. Bien que d'autres travaux [136], [155], [163] aient également observé une faible stabilité de la phase La 2SiO5 à haute température , aucune Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–97 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 explication fiable n'a pu être donnée à ce phénomène. La présence d’apatite en tant que phase secondaire ne devrait cependant pas être pénalisante, car c’est la phase que l’on cherche à former à l’issue du frittage réactif. Seule la présence de cristaux non orientés issus de cette décomposition, pourra éventuellement nuire à l’efficacité des propriétés de conduction ionique recherchées in fine. Ces bandes de La2SiO5 et SiO2 qui ont été caractérisées individuellement, pour bénéficier d’éléments de référence, seront assemblées en cru par thermocompression puis co-frittées pour former des architectures multicouches. Les résultats obtenus après frittage réactif de ces empilements seront présentés dans le chapitre IV. En parallèle, une étude de la réactivité de chacune des couches de précurseurs La2SiO5 et SiO2 a été menée sur des empilements bicouches, en utilisant d’autres procédés sans additif (pressage uniaxial et électrophorèse) et permettant de faire varier les paramètres de ces couches (densité, taille de grains, conditions de pré-frittage). Ces couches-supports de réactifs ont ensuite été recouvertes de quelques gouttes de suspension, du réactif complémentaire du couple La2SiO5 / SiO2 avant l’étape de frittage réactif. L’observation de la surface de ces bicouches est facilitée par une consommation presque totale du réactif en suspension, et permet de mieux identifier et comprendre le phénomène de germination/croissance des cristaux d’apatite se produisant aux interfaces La2SiO5 / SiO2, mais aussi dans chacune des couches du couple de diffusion, selon les caractéristiques du support (porosité, etc.). La suite de ce chapitre est consacrée aux présentations des protocoles de fabrication de ces bicouches : La2SiO5(support) / SiO2(suspension) et SiO2 (support) / La2SiO5 (suspension). III.2 Fabrication de bicouches La2SiO5 (support) / SiO2 (suspension) par pressage uniaxial Cette partie a pour objectif de présenter les procédés et paramètres retenus pour l’étude de la diffusion de la silice (et notamment de l’élément silicium) dans des supports de la phase La2SiO5. Pour ce faire, la poudre de La2SiO5, synthétisée dans le chapitre II, a servi à la réalisation de couchessupports par pressage uniaxial, qui seront recouvertes par une suspension de silice, pour réaliser un matériau bicouche. Les poudres de La2SiO5 peuvent facilement être compactées sous forme de pastille, sans ajout d'additifs, ce qui permet de se rapprocher des conditions de l’étude de Fukuda. Après la mise en forme par pressage uniaxial, les supports ont été frittés à différentes températures pour faire varier le taux de porosité et l’état de surface du support. Ces ajustements nous ont permis d’observer l’influence de ces paramètres sur la croissance et l’orientation des cristaux d’apatite, lors du frittage réactif. En effet, plusieurs modes de diffusion peuvent être envisagés selon le taux de porosité des couches et les conditions de traitement thermique (atmosphère, température, paliers). C’est notamment le cas de la silice qui peut diffuser par voie solide, liquide voire sous forme de SiO gazeux, au travers de la porosité de la couche de La2SiO5. La caractérisation de l’interface La2SiO5 / SiO2, semble être essentielle pour comprendre et ensuite optimiser l’orientation et la croissance des cristaux d’apatite. Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀ ‬ 2021 III– 98 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bi s La 2SiO5 / SiO2 Les paramètres de pressage, les traitements thermiques, ainsi que la caractérisation des supports de La2SiO5 après frittage, sont présentés dans cette partie. III.2.1 Mise en forme des supports par pressage uniaxial Le pressage uniaxial est l'une des techniques de mise en forme de pièces les plus utilisées en raison de sa simplicité et de son faible coût. Les poudres sont compactées dans une matrice métallique avec une pression appliquée dans une seule direction. Dans cette étude, la presse utilisée est une SODEMI allant jusqu’à 25 tonnes (Figure III–15). La pression appliquée pour réaliser les supports en La2SiO5 est de 1,5 tonnes pendant 1 minute. La matrice utilisée a un diamètre de 10 mm, et la quantité de poudre introduite est de 0,4 grammes. Figure III–15. Presse uniaxiale utilisée pour mettre en forme les substrats La2SiO5 III.2.2 Caractérisation des supports La2SiO5 Les supports de La2SiO5 ont été préparés à partir d'une poudre pré-calcinée à 1000°C et suivant le protocole de synthèse décrit au chapitre II (en utilisant de la silice colloïdale). La réaction n’étant pas totale à cette température de synthèse, ces supports sont ensuite pré-frittés à différentes températures pour avoir un taux de pureté de la phase La2SiO5 similaire à celui de la poudre utilisée pour le coulage en bande, mais aussi pour réduire la proportion de La 2O3 résiduel, néfaste à la tenue mécanique des supports. Remarque : La notation utilisée pour ces supports est la suivante : p = poudre et S = support, la température de synthèse est précisée pour ces deux données (les paliers sont systématiquement de 10h). Exemple : p1000-S1200 correspond à une poudre de La2SiO5 synthétisée à 1000°C/10h, mise en forme par pressage, puis frittée à 1200°C/10h. Une analyse DRX est réalisée sur chacun de ces supports. Elle montre qu’un support mis en forme par pressage uniaxial à partir de la poudre calcinée à 1000°C pendant 10 heures, puis traité à 1200°C (Figure III–16, échantillon p1000_S1200) réduit considérablement les traces de La2O3 par rapport à un échantillon réalisé à partir du mélange brut des réactifs et fritté directement à 1200°C (Figure III–16, Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–99 Chapitre III. Proc édé s de fabrication des architectures multicouche s et bicouche s La 2SiO5 / SiO2 échantillon pbrute_S1200). Le support p1000_S1200 est stable dans l'air, et la phase La 2SiO5 est bien majoritaire. * p = poudre *S = support  La2SiO5 Ap     La2O3  Intensité (u.a.)         p1000°C_S1500°C     p1000°C_S1200°C     pbrute_S1200°C  15 20 25  30 35 40 2 Theta(°) Figure III–16. Diffractogrammes DRX des substrats après frittage Une analyse dilatométrique a été effectuée sur un échantillon obtenu par pressage uniaxial, et réalisé avec la poudre calcinée à 1000°C (Figure III–17) afin de valider deux températures de préfrittage, et faire suffisamment varier le taux de porosité de cette couche support. Les analyses ont été faites sous air jusqu’à la température de 1550°C à une vitesse de montée et descente de 5°C/min. Support La2SiO5 Retrait linéaire (%) 0 1200°C -5 -10 1500°C -15 -20 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 Température (°C) Figure III–17. Courbe de dilatométrie des mélanges La2O3 –SiO2 pour la synthèse de La2SiO5 calcinées à 1000°C Lizeth ARBELÁEZ MORALES ‫ ׀‬Thèse de doctorat ‫ ׀‬Université de Limoges ‫ ׀‬2021 III–100 Chapitre III. Procédés de fabrication des architectures multicouches et bicouches La 2SiO5 / SiO2 La Figure III–17 montre que le retrait de l’échantillon débute dès 1200°C, et le pourcentage de retrait linéaire est d’environ 17%. À partir de ces données, deux températures de pré-frittage sont sélectionnées : 1200°C/10h (début du frittage), et 1500°C/10h. L'analyse DRX du support pré-fritté à 1500°C/10h est également présentée dans la Figure III–16 (p1000_S1500). Ce substrat est libre d'oxyde de lanthane résiduel, et la proportion de la phase apatite a considérablement réduit en comparaison du support pré-fritté à 1200°C. Ces supports pré-frittés à 1200°C et 1500°C sont observés au MEB (Figure III–18), et leur taux de porosité ouverte et leur masse volumique apparente sont mesurés par la méthode de la poussée d’Archimède (Tableau III–5).
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2021BOR30002_6
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
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Le feedback correctif à l'écrit : techniques, élaboration, acquisition : étude longitudinale dans l'apprentissage de l'italien langue étrangère chez un public d'adolescents francophones au lycée
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French
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Le participant-expert, dans ce cas l’enseignant, utilise différentes stratégies pour se faire comprendre, pour favoriser l’apprentissage, pour attirer l’attention sur les problèmes langagiers, etc. Ainsi faisant, il manipule la communication en L2 mettant en place des stratégies d’optimisation pour maximiser les processus acquisitionnels de l’apprenant (Bange, 1996). À cette fin, la structure de base de l’organisation discursive en classe, dénommée « séquence d’élicitation » par Bange (op. cit.)118, est constituée de trois étapes : 1 initiative de l’enseignant ; 2 réplique de l’apprenant ; 3 évaluation par l’enseignant. L’évaluation est l’acte qui permet à l’élève de savoir si sa réponse est adéquate (Sinclair et Coulthard, 1975). Elle peut avoir tant une valeur positive d’acceptation de la production de l’apprenant qu’une valeur négative de signalisation d’un problème dans la production. Il s’agit, dans ce cas, de feedback correctif119. Le feedback correctif ou évaluation négative entraîne l’arrêt de la progression et la reprise de certains éléments. Il est alors habituel de trouver une séquence enchâssés de reformulation (Gülich, 1985 ; Bange, 1987) qui vise au traitement d’un problème formel par la mise en place, de la part de l’enseignant, d’un certain nombre de stratégies de natures différentes, jusqu’à obtenir la réplique attendue. Or, à la différence des situations de communication exolingue où la focalisation centrale est sur l’objet thématique de l’échange, en classe de langue la focalisation est généralement sur les aspects formels. Le but du feedback – et plus généralement de toute la séquence d’interaction – peut également différer dans les deux situations. Comme nous l’avons vu (§ 2.2.1.2), le feedback du locuteur na dans la communication exolingue vise la résolution 118 Bange (op. cit.) reprend ici le modèle IRF (Initiation-Response-Feedback) conçu par Sinclair et Coulthard (1975). 119 « Rétroaction corrective » en français. 79 d’un problème de communication, l’apprentissage de la langue n’est qu’un but annexe qui doit porter à acquérir de moyens de communication adéquats en L2. En revanche, dans la séquence d’élicitation en classe, le feedback de l’enseignant vise généralement la correction grammaticale. Ce qui devrait être un moyen au service de la communication risque de devenir la fin de ce type de communication, qui se retrouve réduite à un encodage grammaticalement correct (Bange, op. cit.). Cela ne veut pas dire que la notion de SPA propre à la communication exolingue ne soit pas applicable en classe de langue. À ce propos, Causa (2002) distingue « séquences à dominante acquisitionnelle » où le focus est sur la forme linguistique et « séquences à dominante communicationnelle » où le focus est sur le contenu du message à transmettre, tout comme dans la situation de communication authentique. Dans ces séquences, au cours d’une activité à dominante communicationnelle, le feedback correctif de l’enseignant sert à attirer l’attention de l’apprenant sur la forme linguistique pour résoudre des pannes dans la communication et redevient ainsi un moyen au service de la communication. Le feedback correctif dans ces séquences peut ainsi être considéré comme une technique interactionnelle de focus on form qui, comme l’explique Long (1998 : 40), consiste à : briefly drawing students’ attention to linguistic elements (words, collocations, grammatical structures, pragmatic patterns, and so on) in context, as they arise incidentally in lessons whose overriding focus is on meaning, or communication120. Ce type d’interaction pédagogique permet aux apprenants de tester leurs hypothèses sur le fonctionnement de la langue cible et à l’enseignant de donner des informations sur la réussite communicative de leur production et, dans le cas contraire, des opportunités pour la modifier. Ces séquences d’interaction en classe, qui respectent les conditions de la communication authentique avec sa dimension actionnelle et cognitive individuelle de résolution de problème, peuvent maximiser les processus naturels d’acquisition linguistique et être considérées, en conséquence, comme potentiellement acquisitionnelles. 120 « Attirer brièvement l’attention des étudiants sur les éléments linguistiques (mots, collocations, structures grammaticales, structures pragmatiques, etc.) en contexte, au fur et à mesure qu’ils se manifestent incidemment dans la leçon où la focalisation se fait sur le sens, ou sur la communication. » (Notre traduction) 80 2.2.3 Le feedback correctif comme instrument de médiation Une fois les conditions internes d’élaboration du feedback et celles externes relatives à son administration dans l’interaction121 examinées, il nous semble nécessaire d’approfondir la notion de médiation afin de montrer la complémentarité entre les deux. La notion de médiation a été définie comme une « notion nomade » (Lenoir, 1996) car elle a différentes connotations et donne lieu à des interprétations variées selon la discipline de référence. Dorénavant nous ferons référence au domaine de la didactique des langues et par conséquent, au feedback correctif comme instrument de médiation dans l’interaction en classe de langue, qui est le contexte qui nous concerne de plus près dans cette thèse. Dans le domaine de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères la notion de médiation apparaît dans le CECRL, où elle est envisagée comme activité langagière de réception et de production et qui permet « par la traduction ou l’interprétariat, le résumé ou le compte rendu, de produire à l’intention d’un tiers une (re)formulation accessible d’un texte premier auquel ce tiers n’a pas d’abord accès direct » (Conseil de l’Europe 2001 : 18). Dans cette acception réductive, la dimension de co-construction du sens n’est pas véritablement prise en compte et la médiation se trouve réduite à la somme d’opérations de réception et production. La notion de médiation dans son sens plus large a été approfondie dans le volume complémentaire du CECRL de 2018. Ce volume, qui introduit des descripteurs très détaillés pour la compétence de médiation122, reprend l’approche proposée par Coste et Cavalli (2015). Les auteurs envisagent la médiation comme un phénomène visant la réduction de la distance, soit : « toute intervention visant à réduire la distance entre deux (voire plus de deux) pôles qui se trouvent en tension l’un par rapport à l’autre » (Coste et Cavalli, op. cit. : 28). D’après les auteurs, la fonction de l’enseignant, des manuels et de tout autre moyen/support pédagogique est d’offrir aux apprenants une médiation vers les savoirs, savoir-faire et savoir-être à acquérir. Cette acquisition passe par des « approximations successives », c’est-à-dire « des processus de réduction de la distance entre l’apprenant et les éléments de connaissance à maîtriser, réduction d’abord approchante puis de plus en plus effective » (Coste et Cavalli, op. cit. : 29). Dans cette perspective, la médiation se fonde sur deux aspects complémentaires : la construction du sens et la création des bonnes conditions pour qu’elle puisse avoir lieu. Le premier aspect correspond à la médiation cognitive définie comme un « processus de 121 Tant dans la communication exolingue (§ 2.2.2.1) que dans celle en classe de langue (§ 2.2.2.2). 122 Notamment pour les activités de médiation (médiation de textes, des concepts, de la communication) et des stratégies de médiation pour expliquer un concept et pour simplifier un texte. 81 facilitation de l’accès à la connaissance et aux concepts, en particulier lorsque l’individu se révèle incapable d’y accéder de lui-même, sans doute à cause de la nouveauté et de la méconnaissance des concepts et/ou d’une barrière linguistique ou culturelle » (Conseil de l’Europe, 2018 : 183). Le deuxième aspect correspond à la médiation relationnelle, c’est-àdire le « processus de mise en œuvre et de gestion des relations interpersonnelles afin de créer un climat positif et coopératif » (ibidem). À ces aspects s’ajoute enfin la médiation langagière représentée par les reformulations linguistiques et sémiotiques et qui rend possibles les deux autres types de médiation (Coste et Cavalli, op. cit. : 109). D’après ce que nous venons de dire, il est possible de considérer le feedback comme une forme de médiation cognitive123 qui vise à faciliter la construction du savoir chez l’apprenant. Mais en quoi consiste-t-elle exactement, cette facilitation? Comme l’affirme Andersen (1979), l’apprenant a une perception « nativisée »124 de la L2, c’est-à-dire qu’il perçoit et interprète l’input en L2 selon des critères personnels, sur la base des éléments de L2 dont il dispose et d’autres connaissances – en particulier des langues déjà maîtrisées (langue maternelle et autres langues acquises/apprises). Andersen (1983 : 20) dit à cet égard : In all the settings where the learner already has a language when he begins to acquire another, the linguistic features of his earlier-acquired language(s) are relevant to the outcome of his acquisition of the additional language. [...] The input in all these settings is perceived and processed to a large extent in terms of the existing (or simultaneously acquired) languages the learner knows and uses125. Une opération de médiation est ainsi nécessaire pour compenser la nativisation et le recours par l’apprenant à des critères exclusivement internes. Comme le précise J.-P. Narcy- Combes (2005 : 139) : [...] l’observation est nativisée. Ce que l’apprenant remarquera sera analysé en fonction de sa culture et de sa langue de départ ou d’autres critères internes. Cela imposera une médiation qui le sensibilisera à ce qu’il n’aura pu percevoir et lui évitera de construire son intake sur des perceptions nativisées, puisque les critères guidant le repérage seront également nativisés. 123 Le feedback direct par reformulation de la production incorrecte de l’apprenant avec la forme correcte peut être considéré aussi comme une forme de médiation langagière. 124 Andersen (1979 : 109) définit ainsi le phénomène de nativisation : « Nativization refers to the composite of (presumably universal) processes by which an individual language learner creates an internal representation of the language he is acquiring and the subsequent assimilation [...] of new input to the learner’s gradually evolving internal representation of that second language. » (Notre traduction : « La nativisation fait référence à l’ensemble des processus (vraisemblablement universels) par lesquels un apprenant d’une langue crée une représentation interne de la langue qu’il acquiert et à la successive assimilation [...] de nouvelles données à la représentation interne qui évolue progressivement de cette deuxième langue. ») 125 « Dans tous les contextes où l'apprenant connaît déjà une langue et commence à en acquérir une autre, les caractéristiques linguistiques de la ou des langues précédemment acquises sont pertinentes pour le résultat de son acquisition de la langue supplémentaire. [...] L’input, dans tous ces contextes, est perçu et traité dans une large mesure en termes de langues existantes (ou acquises simultanément) que l'apprenant connaît et utilise. » (Notre traduction) 82 La médiation de l’enseignant favorise ainsi le processus de « dénativisation »126, c’est-à-dire le remplacement des représentations nativisées de l’apprenant par des représentations qui correspondent au système de la L2. Ainsi Demaizière et J.-P. Narcy-Combes (2005 : 48) affirment : Un apprentissage de L2 ne peut [...] être efficace que s'il permet de passer par un travail cognitif que l'on peut qualifier de dénativisation, qui permettra d'effacer les représentations erronées et de les remplacer par celles qui correspondent bien au système de la L2. La dénativisation n'est possible que si l'apprenant est devenu lucide sur les écarts entre ses premières représentations ou interprétations et le système de la L2 et s'il s'entraîne à les réduire. Dans ce sens, comme l’affirment Swain et al. (2015 : 151) : « la médiation est le processus qui fait le lien entre le social et l’individuel », deux dimensions qui, nous le soulignons encore une fois, sont complémentaires et étroitement liées dans le processus d’appropriation linguistique (voir § 2.1.1.3). La fonction du feedback correctif en tant qu’instrument de médiation est ainsi celle de faciliter le repérage, de la part de l’apprenant, des écarts entre sa production et le système de la LC. Écarts qu’il ne serait pas capable de repérer lui même à cause de sa perception nativisée de la L2. Ce processus de dénativisation, initié grâce à la médiation offerte par le feedback correctif, se fonde par ailleurs sur le travail cognitif individuel de l’apprenant. Le feedback interactionnel est ainsi une intervention extérieure qui est susceptible de susciter chez l’apprenant un feedback cognitif interne – à savoir une évaluation du résultat de son action par rapport à son intention – qui le porte à modifier les règles de son interlangue et à les ajuster aux conditions d’emploi, les consolider ou les affaiblir pour se rapprocher de plus en plus du système de la L2 et progresser ainsi dans l’appropriation linguistique (Bange, 2005). 126 D’après la définition de McLaughlin (1987 : 113) : « Denativization consists of accommodation to the external system. During this process, the learner adjusts the internalized system to make it fit the input. [...] When circumstances cause the learner to reconstruct his interlanguage to conform more closely to that of the input, he must in effect dismantle parts of his ‘native’ system (the system that he constructed previously or that he is in the process of constructing). » (Notre traduction : « La dénativisation consiste en une adaptation au système externe. Pendant ce processus, l'apprenant ajuste le système internalisé pour l'adapter à l’input. [...] Lorsque les circonstances portent l'apprenant à reconstituer son interlangue pour le rendre plus conforme à l’input, il doit en réalité démanteler des parties de son système « natif » (le système qu'il a construit précédemment ou qu'il est en train de construire). »] 83 2.3. Débats et positionnements sur le feedback correctif Dans ce chapitre, nous allons présenter le débat autour du feedback correctif, suite aux critiques de Truscott qui, dans les années 1990, en a mis en question l’utilité. Les critiques avancées ont eu comme résultat d’attirer l’attention sur ce sujet et de nombreux chercheurs ont essayé alors de démontrer empiriquement127 la pertinence du feedback dans l’acquisition linguistique. 2.3.1. Le feedback correctif et les critiques de Truscott (1996, 1999, 2004, 2007, 2010) Dans ses articles «The case against grammar correction in L2 writing classes» (1996) et «What’s wrong with oral grammar correction» (1999), Truscott proposait d’abandonner la correction, quelle que soit la technique utilisée. Pour soutenir cette position, qu’il a défendu aussi dans les articles successifs (2004, 2007, 2010), il présente cinq arguments principaux que nous allons reporter ci-dessous :  Le premier argument porte sur la nature progressive et complexe du processus d’acquisition linguistique. Truscott bâtit notamment son argument sur le fait qu’un simple transfert d’information (sous forme de feedback) ne peut aider les apprenants à corriger leurs erreurs et, surtout, à les éviter dans les productions successives. En faisant référence aux théories acquisitionnelles sur le développement de l’interlangue, il affirme que l’acquisition d’une structure grammaticale est un processus graduel et non une découverte immédiate, comme la pratique de la correction semble le suggérer.  Le deuxième argument concerne la faisabilité de fournir le feedback au moment exact où l’apprenant est prêt à comprendre/intégrer/acquérir une forme ou structure linguistique. Se basant sur la théorie de la « processabilité » et particulièrement sur l’hypothèse de l’« enseignabilité » de Pienemann128 (1984, 1998), d’après laquelle l’acquisition de certaines structures semble suivre un ordre naturel non modifiable par l’enseignement, Truscott souligne que le feedback n’est pas efficace s’il est fourni au mauvais moment ou s’il ne respecte pas l’ordre naturel129.  Le troisième argument est que tout apprentissage dérivant du feedback n’est qu’un pseudo-apprentissage, une forme de connaissance superficielle et transitoire. Cet 127 Dans les pages précédentes (§ 2.2.) nous avons montr é les positionnements théo en fa veur du feedback correctif. 128 Pour une discussion plus approfondie de ces théories voir § 2.4.1. 129 Du coté des théories de l’apprentissage, cela rappelle la théorie socio-constructiviste de Vygotsky et, notamment, la notion de Zone Proximale de Développement (voir §2.1.1.2.). 84 argument se base sur la distinction entre « connaissance du langage » et « connaissance sur le langage », autrement dit entre acquisition et apprentissage, connaissance procédurale implicite et connaissance déclarative explicite (voir Krashen, 1982 ; 1985)130. Truscott insiste sur le fait que le feedback peut avoir une valeur limitée pour le développement de la connaissance métalinguistique déclarative et, par conséquent, n’être utile pour la révision des textes que sur le court terme ; il en exclut par conséquent l’efficacité quant à l’acquisition linguistique sur le long terme.  Quant au quatrième argument, Truscott soutient que des preuves empiriques solides sur l’efficacité de la correction manquent, et, de surcroît, que différentes études (Semke, 1984 ; Robb et al., 1986 ; Kepner, 1991 ; Sheppard, 1992) prouvent la nécessité d’abandonner la pratique de la correction à cause de son inefficacité.  Le cinquième argument concerne le plan pédagogique. Truscott affirme que donner le feedback aux apprenants peut s'avérer contre-productif car, dans certains cas et à certaines conditions, il risque de les décourager/bloquer au lieu de les motiver. Il ajoute enfin que, dans la correction des erreurs, et dans la conséquente élaboration des corrections, enseignants et apprenants perdent du temps précieux qui pourrait, au contraire, être utilisé pour des activités plus ciblées pour le développement linguistique. Dans une étude plus récente, Truscott et Hsu (2008) observent si les effets du feedback sur la révision immédiate du texte perdurent dans l’écriture d’un nouveau texte la semaine successive à la correction, ils ne trouvent pas de différences entre le groupe expérimental ayant reçu le feedback et le groupe de contrôle, et concluent que le feedback peut être utilisé comme « outil d'édition » mais non comme « outil d’apprentissage »131. Les critiques de Truscott ont eu une grande résonance et différents chercheurs 132 ont poursuivi ce débat en leur opposant des arguments théoriques et empiriques en faveur du feedback. Parmi ces chercheurs, par exemple, Lyster, Lightbown et Spada (1999) dans l’article « A response to Truscott's ‘‘What's wrong with oral grammar correction’’ » ont répondu aux critiques de Truscott sur la validité du feedback oral ; Ferris (1999) dans « The case for 130 Cela renvoie également à la « prise » et « saisie » évoquées plus récemment par Py (1996). 131 Ces résultats ont néanmoins été mis en discussion par Bruton (2009) qui affirme que le nombre restreint d’erreurs produites par les apprenants dans la première écriture ne laisse pas assez de marges d’amélioration. 132 Par exemple, Lyster et al., 1999 ; Ellis et al., 2006 ; Lyster et Saito, 2010 ; Lyster et al., 2013 pour le feedback oral et Ferris, 1999, 2003, 2004, 2006, 2012 ; Chandler, 2003, 2004 ; Bitchener, 2008 ; Bitchener et Knoch, 2008, 2009, 2010, 2015 ; Bitchener et Ferris, 2012 ; Bitchener et Storch, 2016 pour le feedback écrit. 85 grammar correction in L2 writing classes: A response to Truscott (1996) » ou encore Chandler (2004) dans « A response to Truscott » argumentent en faveur du feedback écrit133. D’un point de vue théorique, les défenseurs du feedback reprennent les théories cognitivistes et socioconstructivistes (voir § 2.2) en rappelant que la connaissance déclarative, y compris celle acquise par le feedback, peut être automatisée et transformée en connaissance procédurale. Quant au deuxième argument la capacité de fournir le feedback au moment exact où l’apprenant est prêt à acquérir une certaine forme ou structure linguistique les auteurs qui se sont positionnés contre les théories de Truscott rappellent que si le feedback se présente comme une forme d’étayage dynamique contingent et calibré aux besoins des apprenants, et que les enseignants le fournissent au moment où ils sont prêts à acquérir, il s’avère efficace. En ce qui concerne l’efficacité et le rôle de la correction fournie par l’enseignant, les chercheurs en faveur du feedback correctif citent différentes études 134 qui prouvent que les apprenants ne sont donc pas découragés par le feedback et, au contraire, qu’ils souhaitent que leurs erreurs soient corrigées. Il faut également préciser que les résultats des études sur lesquelles Truscott se fonde dans ces articles ne sont pas jugés fiables du point de vue méthodologique et cela à cause du manque d’un groupe de contrôle. À cet égard, Bitchener et Ferris (2012 : 23) soulignent que le manque de preuves solides ne permet pas de justifier les arguments sur lesquels se fonde Truscott et, conséquemment, d’abandonner une pratique consolidée comme celle du feedback correctif (écrit, dans ce cas). Ils soulignent en effet : « It is important to realize that the absence of research and, therefore, evidence on the effect of written CF across different domains is not evidence of ineffectiveness135. » Ainsi, comme nous le verrons dans les pages qui suivent, des études empiriques plus systématiques, à savoir longitudinales, reproductibles et avec la présence d’un groupe de contrôle, ont été conduites pour prouver la validité du feedback dans le développement linguistique des apprenants d’une langue. 133 Truscott a répliqué à son tour avec «The case for « The case against grammar correction in L2 writing classes: A response to Ferris » (1999) et « Evidence and conjecture on the effects of correction: A response to Chandler » (2004), entre autres. Dans ces articles, il affirme que les réponses reçues sont à la fois infondées et très sélectives, laissant une grande partie de ses critiques sans contestation et, dans certains cas, les renforçant même. 134 Entre autres, Schulz, 1996 ; Jean et Simard, 2011 pour le feedback oral et Saito, 1994 et Ferris et al., 2010 pour le feedback écrit. 135 « Il est important de comprendre que l'absence de recherche et, par conséquent, de preuves sur l'effet du feedback écrit dans différents domaines ne constitue pas une preuve d'inefficacité. » (Notre traduction) 86 2.3.2. Études expérimentales en faveur du feedback correctif oral et écrit Comme nous l’avons précisé au paragraphe précédent, les critiques de Truscott ont attiré l’attention des chercheurs sur le feedback correctif tant oral qu’écrit et de nombreuses études empiriques ont été conduites pour en prouver l’efficacité. Dans ce paragraphe nous présenterons les principaux résultats de ces études, nous concentrant particulièrement sur les études sur le feedback écrit qui est l’objet d’étude de cette thèse. Pour le feedback oral, différents études expérimentales 136 montrent que, suite à la réception du feedback, les apprenants modifient leur output de manière appropriée. Cette « prise » (uptake) de la correction est considérée « facilitatrice de l’acquisition » (Ellis et al., 2001 : 282). D’autres études137 qui prévoient un pré-test et un post-test dans leur protocole d'enquête montrent que le feedback permet également la « saisie » de l’élément objet de corrections et prouvent ainsi que les effets du feedback perdurent à moyen/long terme. Les études qui ont prouvé l’efficacité du feedback écrit sont, elles aussi, nombreuses. Nous pouvons en distinguer trois catégories :  celles qui examinent les effets du feedback sur la révision immédiate du texte ;  celles qui observent son impact sur la production d’un nouveau texte à court terme ;  celles qui évaluent son rôle dans le développement linguistique à long terme. Les deux premières catégories s’inscrivent dans le courant de recherche sur l’écriture en langue seconde tandis que les études de la troisième catégorie sont ites dans la perspective de recherches sur l’acquisition des langues secondes. La première catégorie d’études138 montrent que les apprenants des groupes expérimentaux qui reçoivent du feedback correctif obtiennent de meilleurs résultats par rapport au groupe de contrôle qui ne le reçoit pas et prouvent ainsi les effets positifs du feedback correctif sur la révision écrite. Bien évidemment, si une erreur est révisée correctement, cela ne signifie pas que la forme est acquise, mais cela signale que le processus d’apprentissage s’est mis en place (Bitchener et Storch, 2016). En ce qui concerne la deuxième catégorie d’études139, elles observent si les effets du feedback sur la révision immédiate du texte perdurent dans l’écriture d’un nouveau texte la semaine successive à la correction. Van Beuningen et al. (2008) contredisent les résultats de Truscott 136 Par exemple Russel et Spada, 2006 ; Mackey et Goo, 2007; Lyster et Saito, 2010 ; Li, 2010 ; Lyster et al., 2013. 137 Par exemple Mackey et Oliver, 2002 ; Iwashita, 2003 ; Leeman, 2003 ; Ishida, 2004 ; Mackey et Silver, 2005 ; McDonough, 2005 ; Ellis et al., 2006 ; Mackey, 2010. 138 Par exemple Fathman et Whalley, 1990 ; Ashwell, 2000 ; Ferris et Roberts, 2001, entre autres . 139 Par exemple, Truscott et Hsu (2008) et Van Beuningen et al. (2008). 87 et Hsu (2008) 140 et montrent que les apprenants des groupes expérimentaux obtiennent de meilleurs résultats par rapport au groupe de contrôle dans l’écriture du nouveau texte. Les résultats des études susmentionnées prouvent les effets positifs du feedback tant dans la révision immédiate du texte que dans l’écriture d’un nouveau texte à court terme. Cela étant dit, dans une perspective acquisitionnelle, il est essentiel de vérifier si ces effets sur le court terme perdurent en facilitant l’appropriation linguistique. Cela est fait par les études de la troisième catégorie. À cet égard, Bitchener et Storch (2016) passent en revue treize études141 sur les effets du feedback en lien avec le développement linguistique sur le long terme (de trois semaines de Shintani et Ellis, 2013, à dix mois de Bitchener et Knoch, 2010a). Les résultats de ces travaux sont considérés fiables et comparables car tous présentent un protocole d'enquête similaire qui prévoit la présence d’un groupe de contrôle. Le protocole d’enquête de ces études comprend les étapes suivantes :  un pré-test pour établir le niveau départ des apprenants ;  le traitement des erreurs avec le feedback correctif ;  un post-test immédiat pour examiner les effets du feedback sur le court terme qui montre que le processus d'apprentissage s’est mis en place ;  un post-test différé pour voir si ces effets perdurent dans le temps et, par conséquent, démontrer que le processus d’apprentissage est en phase de consolidation (Bitchener et Storch, 2016). Les résultats de l’analyse comparative effectuée par les auteurs montrent que, dans l’écriture d’un nouveau texte, les apprenants des groupes expérimentaux obtiennent non seulement de meilleurs résultats en termes d’amélioration de la correction grammaticale par rapport au groupe de contrôle, mais également qu’ils sont en mesure de retenir le feedback reçu, au moins jusqu’à dix mois142. Les études que nous venons de présenter ont été conduites dans une perspective essentiellement cognitive. Toutefois, les recherches empiriques conduites dans une perspective plutôt socioconstructiviste confirment également la valeur du feedback correctif pour le développement linguistique. Parmi celles-ci, citons notamment celle de Aljaafreh et Lantolf (1994) qui considère le feedback comme un étayage calibré et contingent selon les besoins des apprenants sur une échelle de douze niveaux, qui vont de l’autocorrection à la 140 Ces auteurs n’avaient pas trouvé de différences significatives entre le groupe expérimental ayant reçu le feedback et le groupe de contrôle (voir § 2.3.1). 141 Sheen, 2007 ; Bitchener, 2008 ; Bitchener et Knoch, 2008, 2010a, 2010b ; Ellis et al., 2008 ; Sheen et al., 2009 ; Ferris, 2012 ; Shintani et Ellis, 2013 ; Shintani et al., 2014 ; Stefanu, 2014 ; Rummel, 2014 ; Guo, 2015. 142 Durée maximale de l’étude de Bitchener et Knoch, 2010a. 88 communication de la forme correcte par l’enseignant. Dans ce travail, le développement linguistique est mesuré tant en termes d'incrémentation de la correction grammaticale dans les productions successives qu’en termes du type de soutien requis : le passage d’un type de feedback plus explicite à un feedback plus implicite étant considéré comme une preuve du développement linguistique. Pour les trois informateurs qui ont reçu le feedback oral sur leurs productions écrites, les signes de développement sont en effet observables tant en termes d’incrémentation de la correction qu’en termes de diminution du soutien requis. En ce qui concerne les études qui analysent le feedback comme une forme d’étayage dans une perspective socioconstructiviste, elles s’attachent à observer principalement le feedback oral fourni dans des sessions de discussion individuelle avec les apprenants le dialogue oral facilite la co-construction de la connaissance, notion centrale du concept d’étayage143. Néanmoins, nous concordons avec Ellis (2010) lorsqu’il souligne que fournir ce type de feedback très personnalisé requiert beaucoup de temps à l’enseignant, et bien qu’il soit réalisable avec un nombre limité d’apprenants, il s’avère plus difficile dans le contexte d’une classe plus nombreuse. 2.4. Le focus du feedback correctif oral et écrit Si, comme nous l’avons vu (§ 2.2 et § 2.3), le feedback correctif joue d’une manière générale un rôle dans le développement linguistique du sujet apprenant, certains chercheurs144 affirment qu’il n’est pas efficace sur toutes les structures linguistiques. D’autres encore pensent que le feedback n’est pas efficace si les erreurs sur toutes les structures linguistiques sont corrigées en même temps145. Pour clarifier ces points, dans les prochains paragraphes nous examinerons : a) l’efficacité du feedback – oral et écrit – selon le type d’erreur traitée ; b) la distinction entre feedback focalisé sur certaines structures linguistiques et feedback non focalisé sur toutes les erreurs produites. 143 Voir par exemple, Nassaji et Swain, 2000 ; Nassaji, 2012 ; Erlam et al., 2013. À notre connaissance, seulement deux études (Morton et al., 2014 et Storch, 2014) ont été conduites sur le feedback écrit dans cette perspective. Elles confirment une diminution progressive de la quantité de feedback requis et le passage d’un feedback plus explicite à un feedback moins explicite. Ce qui, comme nous l’avons vu, est considéré comme une marque d’acquisition. 144 Voir par exemple Ferris (1999, 2002) et Truscott (2001, 2007) dont nous parlerons au § 2.4.1. 145 Comme nous le verrons en § 2.4.2., il s’agit dans ce cas de feedback non focalisé sur toutes les erreurs produites par l’apprenant qui, d’après Sheen (2007) et Bitchen (2008) entre autres, serait moins efficace du feedback focalisé sur certaines structures linguistiques. 89 2.4.1. L’efficacité du feedback selon le type d’erreur produite Par rapport au type d’erreur produite, deux facteurs peuvent affecter l’efficacité du feedback correctif : le premier est lié aux caractéristiques formelles de la langue cible, le second au stade de développement de l’IL de l’apprenant à un moment donné de son apprentissage. Concernant le facteur proprement formel, le débat est ouvert sur l’identification des catégories linguistiques « traitables » ou, à l’inverse, « non traitables » par le feedback. Ferris (1999, 2002) opère une distinction, selon la langue, entre les structures idiosyncratiques non traitables, comme par exemple les éléments lexicaux, et les structures traitables gouvernées par des règles stables, comme les articles. D’après l’auteure, le feedback correctif serait plus efficace sur ces dernières. Cette affirmation est confirmée, par exemple, par les études sur l’anglais de Bitchener et al. (2005) et Frear (2012) qui montrent que le feedback a des effets sur les catégories linguistiques régies par des règles grammaticales, plus précisément les articles et le participe passé dans la première étude, et les verbes réguliers dans la seconde, mais il n’a pas d’effets sur les erreurs dans les catégories qu’en anglais sont plus idiosyncratiques comme les prépositions et les verbes irréguliers. En revanche, toujours faisant référence à l’anglais, Truscott (2001, 2007) affirme que l’acquisition d’éléments syntaxiques, lexicaux et morphologiques ne concernent pas uniquement la forme mais également la compréhension du sens et leur utilisation en relation avec d’autres éléments. Le feedback est donc inefficace pour les éléments linguistiques plus complexes : il peut avoir des effets seulement sur les éléments plus simples (par exemple, les erreurs lexicales comme l’affirme l’auteur : « errors that involve simple problems in relatively discrete items rather than integral parts of a complex system 146 » (Truscott, 2001 : 94). À ce propos, Van Beuningen (2010 : 13) dit que les propositions des deux auteurs sont opposées, en effet : Whereas Truscott (2001) claimed that lexical errors, for example, belong to the most correctible L2 problems because they are relatively discrete, Ferris suggested that it is precisely the idiosyncrasy of lexical errors which makes them less suitable targets for CF 147. Nous sommes de l’avis que dans l’analyse de l’impact du feedback sur une catégorie d’erreur donnée, il faudrait prendre en compte son caractère plus ou moins idiosyncratique ainsi que sa 146 « Erreurs qui impliquent des problèmes simples dans des éléments relativement discrets plutôt que des parties intégrantes d'un système complexe. » (Notre traduction) 147 Alors que Truscott (2001) affirmait que les erreurs lexicales, par exemple, faisaient partie des problèmes de L2 les plus corrigibles car elles sont relativement discrètes, Ferris a suggéré que c’est précisément l’idiosyncrasie des erreurs lexicales qui en fait des cibles moins appropriées pour le feedback correctif. » (Notre traduction) 90 complexité en termes de relations avec les autres éléments linguistiques que l’apprenant doit traiter dans son élaboration en relation avec le stade de développement de son IL. Ainsi, l’autre facteur qui influe sur la possibilité de traitement d’une forme linguistique par le feedback est le stade de développement de l’interlangue de l’apprenant. Selon la théorie de la processabilité (Processability Theory) de Pienemann (1998, 2005), la progression dans l’acquisition est soumise au développement graduel des procédures cognitives de traitement langagier. À chaque stade de développement correspondent des procédures de traitement qui permettent la production de certaines formes et constituent autant de prérequis pour accéder au stade supérieur. De même, d’après l’hypothèse de l’« enseignabilité » (Teachability Hypothesis) du même auteur (1984, 1985, 1986, 1989), l’ordre naturel d’acquisition ne peut être modifié par l’enseignement (acquisition guidée). L’enseignabilité des structures est soumise aux mêmes contraintes psychologiques qui modèlent l’acquisition non-guidée : est « enseignable » ce que l’apprenant est prêt à acquérir (developmental readiness). Ainsi, l’enseignement grammatical s’avère efficace si fourni quand l’apprenant se trouve dans un stade de son interlangue qui est proche du stade où la forme en objet aurait pu être acquise naturellement. Ainsi : A structure can only be learned under instruction if the learner’s interlanguage has already reached a stage one step prior to the acquisition of the structure to be taught 148 (Pienemann, 1984 : 186). Ces hypothèses mettent l’accent sur le fait que, comme toute forme d'enseignement grammatical, le feedback correctif doit être calibré selon le stade de développement de l’IL de l’apprenant (developmentally moderated feedback), c’est-à-dire concerner les structures grammaticales qu’il est prêt à acquérir. Dans le cas contraire, le processus d’élaboration de l’information (voir § 2.2.1.) ne se produit pas et le feedback s’avère, par conséquent, inefficace. Dans leur étude sur l’apprentissage de l’italien par des apprenants australiens, Bettoni et Di Biase (2009) ont testé empiriquement l’efficacité de ce type de feedback calibré selon le stade de développement de l’apprenant. Leur étude montre que les apprenants du groupe expérimental qui reçoivent du feedback oral calibré selon leur stade de développement (focalisé seulement sur la concordance entre nom et adjectif) obtiennent de meilleurs résultats par rapport au groupe de contrôle qui reçoit du feedback non focalisé sur toutes les erreurs produites149. Ainsi, les premiers améliorent la précision grammaticale des structures focalisées et passent plus rapidement au stade successif de développement. 148 « Une structure peut être apprise par instruction à condition que l’interlangue de l’apprenant ait préalablement atteint un stade qui se situe juste avant le stade d’acquisition de la structure à enseigner. » (Notre traduction) 91 Conformément à ces résultats, dans leur étude sur le feedback oral, Grassi et Mangiarini (2010) observent que les apprenants d’italien L2 qui étaient prêts à acquérir la structure focalisée par la correction150 bénéficient davantage du feedback reçu et obtiennent de meilleurs résultats sur le long terme par rapport aux apprenants qui n’avaient pas le niveau de développement adéquat pour élaborer la structure focalisée. La théorie de la processabilité, et la conséquente hypothèse de l’enseignabilité, concernent spécifiquement l’acquisition et l’enseignement des langues secondes. Un parallèle pourrait être établi ici entre l’idée que l’intervention de l’enseignant doit porter sur ce que l’apprenant est prêt à acquérir et donc la notion de developmental readiness, pensée pour rendre compte de l’acquisition des structures linguistiques en L2 et, du côté des théories socioconstructivistes de l apprentissage, la notion de Zone Proximale de Développement (voir § 2.1.1.2) d’après laquelle l’intervention de l’expert, pour être efficace doit porter sur la ZPD du novice. 2.4.2. La distinction entre feedback focalisé et feedback non focalisé Concernant le focus du feedback correctif oral ou écrit, l’autre aspect à prendre en compte est le degré d'exhaustivité de la correction, c'est-à-dire la quantité d'erreurs qui sont corrigées (Van Beuningen, 2012). À ce propos, une distinction est faite entre feedback non focalisé et feedback focalisé. Le feedback non focalisé est une technique exhaustive qui prévoit la correction de toutes les erreurs produites par l’apprenant dans son discours ou dans son texte, peu importe la catégorie linguistique de ces erreurs ; le feedback focalisé est, en revanche, une technique sélective qui prévoit la correction de certaines catégories d'erreurs uniquement. Les erreurs qui ne rentrent pas dans la catégorie choisie ne sont pas corrigées. Chaque technique peut être plus ou moins appropriée selon la situation, le contexte et l’objectif visé. De nombreuses études151 montrent que le feedback focalisé sur l’utilisation de l’article en anglais a facilité l’acquisition de cette structure. Les chercheurs qui ont conduit ces études pensent qu’il est plus probable que les apprenants remarquent et comprennent les corrections quand elles sont focalisées sur une seule catégorie d’erreurs, ou sur une gamme restreinte de catégories (Ellis et al., 2008). Si le noticing est essentiel pour l'acquisition (Schmidt, 2001), le feedback focalisé peut alors avoir un plus grand impact sur le développement linguistique. À 149 La distinction entre feedback focalisé et non focalisé sera approfondie au prochain paragraphe (§ 2.4.2). 150 La troisième personne des pronoms clitiques en italien. 151 Bitchener et al. 2005 ; Bit chener , 2008 ; Bit chener et Knoch , 2008 , 2009 , 2010 a et 2010 b ; Sheen, 2007 ; Ellis et al., 2008 ; Shintani et Ellis, 2013 ; tani et al., 2014 ; Stefanou, 2014 conduites sur le feedback écrit. 92 ce propos, Sheen (2007) et Bitchener (2008) affirment que le feedback focalisé est plus efficace par rapport au feedback non focalisé. L’efficacité de ce dernier serait limitée par la capacité d'élaboration des apprenants (surtout au niveau débutant) : leur demander d'analyser toutes les erreurs produites pourrait causer une surcharge cognitive et inhiber l'élaboration du feedback. De plus, comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, fournir du feedback sur les structures linguistiques que les apprenants ne sont pas encore prêts à acquérir en fonction de leur niveau de compétence risque de ne sortir aucun effet, il vaudrait mieux alors focaliser le feedback sur les structures qui correspondent au niveau de développement des apprenants. Dernier argument en faveur du feedback focalisé, et pas le moindre : la correction de toutes les erreurs présentes risque d'être démotivante pour les apprenants. Les études susmentionnées prouvent l’efficacité du feedback focalisé sur certains types d’erreurs, et notamment des erreurs sur des structures considérées «traitables» au sens de Ferris (op. cit.) car gouvernées par des règles (voir § 2.4.1). Néanmoins, leurs résultats ne sont pas généralisables pour les autres catégories linguistiques et des recherches ultérieures sont nécessaires pour étudier les effets du feedback focalisé sur d’autres catégories et sur d’autres systèmes linguistiques. Quant au feedback non focalisé, les chercheurs152 qui supportent cette technique corrective affirment que, d'un point de vue pratique, focaliser les corrections seulement sur certaines erreurs pourrait être insuffisant car l’un des objectif principaux de l'enseignant consiste à améliorer la correction grammaticale globale des apprenants, et non uniquement l'utilisation d'une forme grammaticale à la fois. De plus, la correction de es erreurs et l’omission d’autres, surtout à l’écrit, pourrait engendrer de la confusion chez les apprenants (Van Beuningen, 2012). De toute façon, les résultats des quelques études (Ellis et al., 2008 ; Sheen et al., 2009 ; Bettoni et Di Biase, 2009153) qui comparent les effets du feedback focalisé avec ceux du feedback non focalisé ne concordent pas. Pour Ellis et al. (2008) les deux types de correction sont également efficaces ; en revanche, pour Sheen et al. (2009) et Bettoni et Di Biase (2009) le feedback focalisé est plus efficace que le feedback non focalisé. La question de l’efficacité relative des deux techniques nécessite ainsi d’être étudiée davantage car il n’est pas possible, à présent, d’établir quel type de feedback (focalisé ou non focalisé) soit le plus efficace. En ce qui nous concerne, bien que la comparaison entre ces deux techniques correctives ne rentre pas dans les objectifs de notre étude, nous avons également dû choisir entre fournir à 152 Voir par exemple les travaux de Ferris, 2010 ; Storch, 2012e ; Van Beuningen et al., 2008, 2012 sur le feedback écrit. 153 Voir § 2.4.1. 93 nos informateurs du feedback focalisé ou non focalisé. Après une attentive réflexion, nous avons opté pour le feedback (écrit) non focalisé sur toutes les erreurs produites. Bien que les résultats des différentes études susmentionnées154 ont prouvé l’efficacité du feedback focalisé, le feedback non focalisé nous semble mieux refléter les pratiques généralement adoptées par l’enseignant en classe. En effet, l’objectif de ces études 155, à savoir examiner l’efficacité du feedback sur l’acquisition d’une structure linguistique donnée, ne coïncide pas avec l'objectif des enseignants, qui, comme nous l’avons vu, consiste à améliorer la correction globale des apprenants, et non leur utilisation d'une structure cible spécifique. De fait, il est rare que dans des situations d'enseignement authentiques, le feedback des enseignants (à différence de celui des chercheurs) soit limité à une ou deux structures présélectionnées (Ferris et Kurzer, 2019). Le choix du feedback non focalisé nous semble ainsi mieux garantir la validité écologique de notre étude qui a été menée dans une classe authentique et qui vise à obtenir des résultats qui reflètent les conditions dans lesquelles les langues sont effectivement enseignées et qui soient concrètement applicables en classe. Concernant le problème des limites de la capacité d’élaboration du feedback non focalisé qui pourrait causer une surcharge cognitive, nous sommes persuadée que cette limite concerne davantage l'élaboration du feedback oral en temps réel que l'élaboration en différé du feedback écrit pour laquelle les apprenants ont à disposition plus de temps (Sheen, 2010a)156. De plus, fournir du feedback sur toutes les erreurs produites nous permettra d’analyser ses effets non seulement pour le traitement des erreurs sur les structures considérées comme traitables (voir § 2.4.1) – en fonction de la catégorie linguistique intéressée et du niveau de compétence des apprenants – mais également pour le traitement des erreurs qui portent sur les structures jugées non traitables. Cela nous permettra de vérifier si effectivement le feedback correctif ne peut sortir aucun effet sur les structures non traitables. Cela est un aspect qui, à notre avis, mérite d’être analysé davantage car, comme nous l’expliquerons dans la suite (§ 2.6.1), l’efficacité du feedback sur une structure linguistique donnée peut varier en fonction de la technique corrective – directe ou indirecte – adoptée. 154 Bitchener et al., 2005 ; Bitchener, 2008 ; Bitchener et Knoch, 2008, 2009, 2010a et 2010b ; Sheen, 2007 ; Ellis et al., 2008 ; Shintani et Ellis, 2013 ; Shintani et al., 2014 ; Stefanou, 2014. 155 D’ailleurs, elles ont été conduites pour la plupart dans un laboratoire et non dans une classe de langue authentique. 156 Ces différences entre feedback oral et écrit seront approfondies davantage en § 2.6. 94 2.5. Les contextes Le feedback correctif peut être fourni en différents contextes. Par exemple, selon le medium utilisé nous pouvons distinguer feedback oral, écrit et télématique. Dans ce chapitre, nous passerons brièvement en revue le feedback oral (§ 2.4.1) et celui télématique (§ 2.4.2), tandis que le feedback écrit, sujet de cette thèse, sera traité plus en détail dans le prochain chapitre (§ 2.6) Si en général, dans cette partie, nous faisons référence à la modalité de feedback la plus commune, c’est-à dire celui fourni par l’enseignant, une brève mention sera au faite au § 2.5.3 à une modalité de feedback qui a amplement attiré l’attention des chercheurs ces dernières années, à savoir le feedback entre pairs. L’accent est mis, dans ce cas, sur la personne qui fournit le feedback plus que sur le medium employé. 2.5.1. Le feedback correctif à l’oral La question de l’utilité du feedback oral pour le développement linguistique a été déjà traitée, tant du point de vue théorique qu’empirique, dans les chapitres 2.3 et 2.4. Dans ce chapitre nous aborderons plus particulièrement les techniques adoptées par l’enseignant pour le fournir. Les premières études sur ce thème, principalement descriptives, ont élaboré différentes taxonomies, dont nous reprenons ici celles que nous jugeons les plus significatives. Commençons par la taxonomie de Lyster et Ranta (1997) qui identifient sept techniques principales :  la correction explicite (explicit correction) : l'enseignant donne la forme correcte indiquant clairement que l'énoncé de l'apprenant est erroné ;  la reformulation (recast) : l'enseignant reformule l'énoncé de l'apprenant en éliminant l'erreur ;  la demande de clarification (clarification request) : l'enseignant signale ne pas avoir compris l'énoncé de l'apprenant et en sollicite une reformulation ;  l’indice métalinguistique (metalinguistic clues) : l'enseignant donne des informations métalinguistiques sur la nature de l'erreur afin que l’apprenant s’auto-corrige ;  l’incitation (elicitation) : l'enseignant demande explicitement à l'apprenant de corriger son énoncé erroné ; 95  la répétition (repetition) : l'enseignant répète l'énoncé erronée de l'apprenant (éventuellement il souligne par l'intonation la présence d'erreurs) afin que l’apprenant s’auto-corrige ;  la correction multiple (multiple feedback) : l'enseignant combine plusieurs de ces techniques. Dans leur article de 2007, les auteurs développent cette taxonomie et regroupent ces techniques de correction en deux macro catégories : les «signalements», c’est-à-dire tout type de feedback qui signale l’erreur et demande à l’apprenant, plus ou moins explicitement, de s’autocorriger (comme l'indice métalinguistique, l’incitation, la répétition) et les reformulations, à savoir tout feedback qui prévoit la reformulation de l'erreur par la forme correcte (par exemple la correction explicite, la reformulation simple ou avec explication linguistique).
33,943
2015INPT0145_4
French-Science-Pile
Open Science
Various open science
2,015
Approche in vivo/in vitro du métabolisme de perturbateurs endocriniens chez le poisson zèbre (Danio rerio)
None
French
Spoken
6,973
12,797
Avec l’objectif d’évaluer l’activité biologique de plusieurs UGTs du poisson zèbre, Wang et al. ont exprimé dans les cellules HEK293T les protéines correspondantes puis ont vérifié leur fonctionnalité à l’aide de substrats de référence. Les composés phénoliques et les acides carboxyliques sont majoritairement pris en charge par les UGTs de la famille 1. Les UGT 1A1, 1A7, 1B1 possèdent la plus forte activité envers ces substrats. L’UGT1A1 est, par exemple, la plus fortement impliquée dans la conjugaison du bisphénol A. Contrairement à la famille 1, les UGTs de la famille 2 et 5 possèdent une faible activité envers les composés phénoliques. Par ailleurs, il a été montré que la prise en charge de l’œstradiol (E2) était principalement réalisée par les UGT1A1, 1B1, 5A5, 5B2 et 5E1, celle de la testostérone par les UGT5A5 et 5E1, et celle de la bilirubine par le 1B7 (Wang et al. 2014). 71 Tableau 13. Taux d’expression des gènes UGTs (ARNm) dans différents tissus issus du poisson zèbre adulte âgé de 6 mois u1 et u2 sont des variants des isoformes. D’après (Wang et al. 2014). Les SULTs Chez l’Homme, quatre familles de SULTs ont été identifiées (SULT 1, 2, 4 et 6) regroupant 13 isoformes (Gamage et al. 2006). Chez le poisson zèbre, 20 SULTs réparties en 6 familles (SULT 1, 2, 3, 4, 5 et 6) ont été mises en évidences (Sugahara et al. 2003; Kurogi et al. 2013). Chez l’Homme, les SULTs de la famille 1 sont : SULT1A1 et 1A2 (considérés comme les principales SULTs impliquées dans les processus de détoxication), SULT1A3 (spécifiquement impliquée dans la conjugaison de la dopamine et des cathécholamines), SULT1B1 (sulfatation des hormones thyroïdiennes), SULT1C2 et 1C4 (impliquées notamment dans la bioactivation des hydroxyarylamines) et SULT1E1 (métabolisme 72 des œstrogènes). Parmi la famille 2 on trouve : SULT2A1 (sulfatation de la déhydroépiandrostérone), SULT2B1a (métabolisme du cholestérol), SULT2B1b (métabolisme de la prégnénolone). Enfin, il a été montré qu’une SULT de la famille 4 est présente au niveau cérébral. Quant à la SULT 6, elle n’est pas encore totalement caractérisée (Kurogi et al. 2013). Chez le poisson zèbre, un recouvrement très important des substrats endogènes et exogènes des SULTs a été mis en évidence (Tableau 14). Toutefois, les SULT1 (ST1, ST2 et ST3) ont montré les plus fortes activités envers de nombreux médicaments, même si des SULTs appartenant à d’autres familles sont également impliquées dans leur prise en charge (Kurogi et al. 2010; Kurogi et al. 2013). Tableau 14. Exemples de substrats endogènes et gènes des SULTs du poisson zèbre D’après (Liu et al. 2010; Kurogi et al. 2013). Famille de SULT Isoforme de SULT Substrats endogènes Substrats exogènes ST4 Déhydroépiandrostérone, dopamine, estrone, thyroxine Déhydroépiandrostérone, L-dopa, dopamine, estrone, thyroxine Déhydroépiandrostérone, L-dopa, dopamine, estrone, thyroxine Déhydroépiandrostérone, estrone, thyroxine ST5 Hormones thyroïdiennes ST6 Estrone, 17β-œstradiol ST7 Non connu ST8 Non connu 17β-œstradiol, prégnénolone, déhydroépiandrostérone 17β-œstradiol, estrone, prégnénolone, déhydroépiandrostérone Corticostérone, 17β-œstradiol, déhydroépiandrostérone, pregnénolone 17β-œstradiol, estrone, prégnénolone, déhydroépiandrostérone Corticostérone, 17β-œstradiol, pregnénolone, hydrocortisone Corticostérone, 17β-œstradiol, pregnénolone, hydrocortisone Dopamine, thyroxine Daidzéine, acide gallique, génistéine, 2-naphtol, pnitrophénol, 3-chloro-4-biphenylol Daidzéine, acide gallique, génistéine, 2-napthol, pnitrophénol, 3-chloro-4-biphenylol Daidzéine, acide gallique génistéine, 2-naphtol, pnitrophénol, anisole hydroxybutylé Génistéine, 2-naphtol, p-nitrophénol, anisole hydroxybutylé Bisphénol A, anisole hydroxybutylé, génistéine, 2-naphtol, p-nitrophénol anisole hydroxybutylé, génistéine, 2-naphtol, p-nitrophénol Paracétamol, daidzéine, génistéine, 2-naphtol, PCBs hydroxylés 3-chloro-4-biphenylol, daidzéine, PCBs hydoxylés ST1 ST2 ST3 1 ST1 2 ST2 ST3 ST1 3 ST2 ST3 6 - Non connu Non connu Non connu Bisphénol A, di thylstilbestrol, 17α-éthynylestradiol, tetrachlorobiphényldiol, 3-chloro-4-biphenylol 3-chloro-4-biphenylol, désipramine, diéthylstilbestrol, 17αéthynylestradiol, tetrachlorobiphényldiol Bisphénol A, désipramine, diéthylstilbestrol, dextorphan, hydrozine, minoxidil, troglitazone Daidzéine, acide gallique, p-nitrophénol 73 Chez la larve de poisson zèbre, la nature des SULTs exprimée est moins bien caractérisée. Il est cependant notable qu’elle est très variable selon les heures de développement (Tableau 15). Tableau 15. Taux d’ARNm des SULTs selon le stade de développement du poisson zèbre La quantité d’ARNm est représentée par les nuances de gris allant du blanc (absence d’ARNm) au noir. NF : œuf non fécondé, hpf : heure après fécondation (hours post fertilization), M : mâle, F : femelle, IND : indifférencié, n.r.: non recherché. D’après (Yasuda et al. 2005a; Yasuda et al. 2005b; Yasuda et al. 2006; Yasuda et al. 2008). SULTs 1 2 3 Semaine après fécondation Hpf NF 0 1 3 6 12 24 48 72 1 2 3 4 ST1 ST2 ST3 ST4 ST5 ST6 ST1 ST2 ST3 ST1 ST2 II.3.2.2. Mois M 3 n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. F IND 3 3 n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. n.r. Capacités de biotransformation liées aux UGTs et aux SULTs dans des modèles in vitro issus de poissons et de l’Homme. La caractérisation de l’expression des transcrits des UGTs et SULTs dans les modèles cellulaires humains et hépatiques montre que les UGTs sont davantage exprimées dans les hépatocytes humains en culture primaire, et le modèle cellulaire HepaRG que dans les cellules HepG2 (Tableau 16). Pour les SULTs, l’expression des transcrits semble être la même entre ces modèles cellulaires. Aucune ou très peu d’informations sont disponibles pour les lignées cellulaires humaines issues des glandes mammaires (MELN, T47DKBLuc) et les modèles cellulaires de poissons (Hépatocytes en culture primaire, ZFL et PLHC-1). Ce défaut d’information montre la nécessité d’approfondir la caractérisation des capacités de biotransformation de ces modèles in vitro utilisé en toxicologie. 74 Tableau 16. Caractérisation des capacités de biotransformation liées aux UGTs et SULTs dans un panel de modèles cellulaires humains et de poisson Origine Utilisation Hépatocytes (H) Foie Toxicologie hépatique HepaRG (RG) Hépatocarcinome Toxicologie hépatique ARNm des UGTs et SULTs UGTs HepG2 (G2) Hépatocarcinome MELN Lignée cellulaire Poisson Culture primaire T47D-KBLuc Cancer du sein. Cellules MCF-7 modifiées Cancer du sein. Cellules T47D modifiées Hépatocytes de truite arcen-ciel Foie d’Oncorhynchus mykiss adulte Hépatocytes de poisson zè Foie de Danio rerio adulte ZFL Foie normal de Danio rerio adulte PLHC-1 Hépatocarcinome de Poeciliopsis lucida II.3.3. Toxicologie hépatique - Expression des ARNm des UGTs 1A, 1A6, 2A3, 2B4, 2B15, 2B17, 2B28, 3A1 et 8 Expression des ARNm des SULTs 1A1, 1A2, 1B1, 1C2, 1C4, 1E1, 2A1 - (Hart et al. 2010) (Westerink et Schoonen 2007) - (Harrington et al. 2006) - (Harrington et al. 2006) - - - - - - - - - - Test ostérone Æ conju gué sulfat e 1- na phthol Æ conju gués glucuroni de et sulfat e (Thibaut et al. 2009 ) Globalement : H=RG=G2 H, RG et G2: 1A1, 1A2, 2A1 > 1B1 1C2, 1C4, 1E1 -G2: 2B28, 2A3 > 1A, 2B4, 2B15, 3A1, 1A6, 2B17, 8 Toxicologie hépatique et criblage de xénoœstrogènes Toxicologie hépatique et criblage de xénoœstrogènes Toxicologie hépatique Toxicologie hépatique (Hart et al. 2010) (Westerink et Schoonen 2007) (Hart et al. 2010) -RG: 1A, 2B4, 2B15, 2B28 >1A6, 2A3 > 2B17, 3A1, 8 Criblage de xénoœstrogènes Référence - Globalement : H>RG>G2 Criblage de xénoœstrogènes Activité fonctionnelle SULTs -H: 1A, 2B4, 2B28 > 2A3, 2B15, 3A1 > 1A6, 2B17, 8 Lignée cellulaire Humain Culture primaire Modèle cellulaire MCF-7 : UGT2B15 T47D : UGT2B15 Exemples de biotransformation chez le poisson zèbre par les EMX de phase I et II Il n’existe pas beaucoup d’exemples pour lesquels une comparaison directe et détaillée puisse être faite entre poisson zèbre et mammifères. L’une des comparaisons de biotransformation actuellement les mieux étayées par la littérature est celle du 17β-œstradiol (E2). Chez les mammifères, les CYP1 et 3A sont majoritairement responsables de la biotransformation de l’E2 en métabolites oxydés tels que la 2-OH-E2, la 4-OH-E2, la 16α-OHE1. Contrairement aux mammifères, il semble que chez le poisson zèbre, les CYP1A et 1C soient les principales isoformes impliquées dans la biotransformation 75 l’E2 (Scornaienchi et al. 2010a) avec des taux plus élevés de biotransformation lors d’incubations réalisées avec les CYP1A et 1C1, et dans une moindre mesure pour celles réalisées avec le CYP 1C2. Quant aux CYP1B1, 1C2 et 3A65, ils ne sont responsables que de la formation en faible proportion des métabolites. Différentes études ont montré la capacité du poisson zèbre à prendre en charge la biotransformation de la testostérone. La formation de la 6β-hydroxytestostérone démontre la présence d’une activité équivalente à l’activité CYP3A4/5 humaine dans la prise en charge de la testostérone chez la larve (Alderton et al. 2010; Chng et al. 2012), les hépatocytes de poisson zèbre (Reschly et al. 2007) ainsi que les microsomes hépatiques de poisson zèbre (ZLM) (Chng et al. 2012). Chez la larve, un seul métabolite hydroxylé a été identifié alors que quatre l’ont été dans les hépatocytes, à savoir les métabolites de la testostérone hydroxylés en position 6β, 15α, 16α et 16β. Chng et al. a mis en évidence encore davantage de métabolites formés suite à l’incubation de la testostérone dans les ZLM : 2α-, 6β-, 16β-hydroxytestostérone, et 3 autres métabolites potentiels non identifiés. Cette même étude a également mis en évidence la formation de la 6β-hydroxytestostérone ainsi qu’un conjugué glucuronide et un métabolite non identifié dans les homogénats de larves âgés de 5 dpf et dans le milieu de culture. Les études de docking in silico de Chng et al. semblent indiquer l’implication des CYP3A65 et 3C1 dans le métabolisme de la testostérone. Les profils de biotransformation de la testostérone semblent différer selon les espèces. Bien que le métabolite majoritaire (la 6β-hydroxytestostérone) soit commun, davantage de métabolites hydroxylés semblent être formés par les ZLM que par les HLM (human liver microsome) (Chng et al. 2012). Chez l’Homme, différents CYPs (2E1, 1A2, 3A4) peuvent être impliqués dans la bioactivation du paracétamol en un métabolite réactif, la N-acétyl-p-benzoquinone imine (NAPQI), inactivée par la conjugaison au glutathion. L’hépatotoxicité du paracétamol, médicament de référence, a également été démontrée chez le poisson zèbre (North et al. 2010) pour qui la formation du NAPQI a été mise en évidence avec les ZLM. Toutefois, la formation de NAPQI semble être quantitativement inférieure à celle obtenue avec des HLM (Chng et al. 2012). Des différences de cytotoxicité et de biotransformation du paracétamol ont déjà été observées entre le rat, la souris et l’Homme (Jemnitz et al. 2008). Les études de docking de Chng et al. mettent en avant l’implication possible des CYP3A65 et 3C1 dans la bioactivation du paracétamol (Chng et al. 2012). Cet exemple illustre la nécessité de caractériser les capacités de biotransformation des modèles biologiques utilisés à des fins toxicologiques, et ce notamment lorsque des comparaisons inter-espèces doivent être faites avant de pouvoir extrapoler les données. L’étude de la biotransformation d’un autre médicament, l’ibuprofène, a été réalisée chez le poisson zèbre à l’état larvaire (Jones et al. 2009). Le principal métabolite formé chez les mammifères, l’hydroxy-ibuprofène, a été retrouvé dans l’eau et dans les homogénats de 76 larves. Ces résultats démontrent qu’à un stade précoce de développement (72-96 hpf), la larve est déjà dotée de capacités oxydatives rappelant les activités CYP2C9 et 2C19 humaines. D’autres études ont montré la capacité de la rve de poisson zèbre âgée de 7 dpf à réaliser des oxydations, mais aussi des Net des O-déméthylations, des N-déalkylations, des sulfatations et des glucuronidations (Alderton et al. 2010) de composés pharmaceutiques comme le cisapride, le vérapamil et la chlorpromazine. Le cisapride est majoritairement transformé en N-sulfate par la larve âgée de 7 dpf. Chez les mammifères, ce métabolite est minoritaire et n’a été observé que chez le chien. Les principales biotransformation de phase I et II du cisapride (pipéridine N-déalkylation, oxydation du noyau flurophényl, oxydation en 3hydroxy cisapride, glucuronoconjugués) observées chez l’Homme ne sont pas retrouvées chez la larve de poisson zèbre. La biotransformation du vérapamil par la larve donne lieu à la formation de métabolites également retrouvés chez l’Homme. Toutefois, d’autres métabolites oxydés ont été retrouvés chez la larve. L’ensemble de ces données montrent que le poisson zèbre est doté de capacités de biotransformation des xénobiotiques non seulement chez les adultes mais également au stade larvaire. La majorité des informations disponibles sont relatives à des taux d’expression de transcrits d’EMX et non à une caractérisation fonctionnelle des enzymes. De plus, ces informations (stades de développement, activité enzymatique, répartition tissulaire) sont variables selon la nature des enzymes considérées (CYPs, UGTs, SULTs). Il est évident que la caractérisation de capacités de biotransformation des modèles cellulaires du poisson, et notamment du poisson zèbre est encore parcellaire. Une caractérisation plus approfondie à des fins toxicologiques est nécessaire non seulement pour mieux caractériser le modèle poisson zèbre, mais aussi pour permettre des approches comparatives entre espèces et entre stades de développement. Enfin, l’expression de ces EMX dans les modèles in vivo et in vitro étant sous le contrôle de mécanismes de régulation, la compréhension de ces mécanismes et de leur modulation par les xénobiotiques constituent également des considérations clefs pour l’interprétation des résultats toxicologiques. 77 II.4. Mécanismes de régulation de l’expression des enzymes de biotransformation L’exposition des organismes (ou des systèmes cellulaires) à des xénobiotiques peut conduire à l’induction ou à la répression de l’expression d’EMX (phase I et II) et des protéines de transport (phase III). Ces mécanismes de régulation vont en général dans le sens d’une détoxication et d’une meilleure élimination des xénobiotiques et de leurs métabolites (Figure 27). Au travers de l’interaction avec des récepteurs nucléaires, les xénobiotiques peuvent non seulement entrainer la survenue d’un effet biologi , mais aussi moduler l’induction ou la répression de leurs propres enzymes de biotransformation. WŚĂƐĞ/ ͲK, DyĚ͛ŽdžLJĚĂƚŝŽŶ ZĠĐĞƉƚĞƵƌƐ ŶƵĐůĠĂŝƌĞƐ ŚZ Z WyZ >yZ ZZ WWZƐ 'Z EƌĨϮ sZ WŚĂƐĞ// ͲKͲĐŽŶũƵŐƵĠ ͲĐŽŶũƵŐƵĠ DyĚĞĐŽŶũƵŐĂŝƐŽŶ WŚĂƐĞ/// dƌĂŶƐƉŽƌƚĞƵƌ WƌŽƚĠŝŶĞƐĚ͛ĞĨĨůƵdž 'ğŶĞƐĐŝďůĞƐ Figure 27. Principe de la régulation de l’expression des EMX de phase I et II et des protéines d’efflux (phase III) par l’interaction des xénobiotiques avec les récepteurs nucléaires D’après (Nakata et al. 2006). De nombreux récepteurs nucléaires dont le AhR (aryl hydrocarbon receptor), Nrf2 (nuclear factorerythoroid 2 p45-related factor), CAR (constitutive androstane receptor), PXR (pregnane X receptor), LXR (liver X receptor), PPARs (peroxisome proliferator-activated receptor), RAR (retinoic acid receptor), RXR (retinoid X receptor) sont des molécules clefs impliquées dans les mécanismes de 78 modulation de l’expression des protéines de phase I, II et III (Tableau 17 et 18). Les récepteurs CAR et PXR sont considérés comme des récepteurs sentinelles hautement sensibles à la présence des xénobiotiques. Toutefois, à ce jour, il semble que chez le poisson le CAR soit absent. Sa fonction serait assurée par un récepteur CAR/PXR provenant d’un gène ancestral. Les CAR et PXR humains présentent une grande redondance de ligands. Chez le poisson zèbre, un plus faible nombre de ligands est capable d’activer le PXR de part la structure plus restrictive de la poche de liaison aux ligands de ce récepteur (Ekins et al. 2008). Tableau 17. Exemples d’interactions ligand/ récepteur et de leurs effets sur l’expression des enzymes de phase I et II, et des transporteurs, chez l’Homme D’après (Nakata et al. 2006). Ligand Récepteur nucléaire Elément de réponse Xénobiotiques AhR XRE Xénobiotiques (dont phénobarbital) CAR DR-3, DR-4, DR-5, SR6, ER-6 Xénobiotiques Stéroïdes SXR/PXR DR-3, DR-4, DR-5, SR-6, ER-6 Gène cible (+ induction, répression de l’expression) Phase I Phase II Phase III CYP1A1 (+) CYP1A2 (+) CYP1B1 (+) CYP2A6 (+) CYP2B1 (+) CYP2B6 (+) CYP2C9 (+) CYP2C19 (+) CYP1A1 (+) CYP2B6 (+) CYP2C9 (+) CYP2C19 (+) CYP3A4 CYP3A7 CYP7A1 (-) CYP3A (+) Oxystérols LXRα, β DR-4 CYP2B6 (+) CYP3A4 (+) Acides gras Fibrates PPARα DR-1 CYP4A1 (+) CYP4A3 (+) CYP7A UGT1A1 (+) UGT1A6 (+) ABCG2 (+) UGT1A1 (+) ABCC2 (+) ABCC3 (+) ABCC4 (+) SULT2A1 (+) UGT1A1 (+) UGT1A3 (+) UGT1A4 (+) ABCA1 (+) ABCB1 (+) ABCB11 (+) ABCC1 (+) ABCC2 (+) ABCC3 (+) ABCG2 (+) UGT1A9 (+) UGT2B4 (+) ABCA1 (+) ABCG1 (+) ABCG4 (+) ABCG5 (+) ABCG8 (+) ABCA1 (+) ABCC2 (+) ABCD2 (+) ABCD3 (+) 79 Tableau 18. Exemples de substrats (inducteurs ou répresseurs) des EMX de phase I et II chez les mammifères et le poisson * : cas du poisson zèbre. D’ après (Miranda et al . 1998; Song 2001; Harris et al. 2004; Thibaut et Porte 2004 ; Waring et al. 2008 ; Creusot 2011; et al. 2013; Kubota et al. 2013). Enzyme Inducteur CYP1A1 MAMMIFERES CYPs UGT1 UGT1 et 2 UGTs UGT1A1 SULTs POISSONS 1A2 CYPs UGTs SULTs HAP, oméprazole HAP, TCDD, oméprazole, Rifampicine Carbamazépine Barbituriques, Phénytoine Benzo[a]pyrène, TCDD b-naphtoflavone, Quercetin, Sulforaphane, Eicosanoïdes, Bilirubine Phénobarbital, Péhytoine, Carbamazépine, Rifampicine Récepteur nucléaire AhR AhR PXR CAR CAR/PXR AhR Répresseur α-naphtoflavone, Kétoconazole, Clotrimazole Nrf2 PXR/CAR Bisphénol A Fibrates PPARα - Methotrexate, Genistéine, Acide rétinoïque - Flavonoïdes, Phénols, Plastifiants (Bisphénol A), Alkylphénols CYP1A HAP, dioxines, furanes, PCB - CYP2AA1* CYP2AA2* α-naphtoflavone, Parathion, Clotrimazole, Kétocon azole, Miconazole, Elliptiscine, Isosafrole, Pipéronyl butoxide TCPOBOP, Phénobarbital PXR CYP3A Kétoconazole, Nonylphénol, Rifampicine, TCDD, Dexaméthasone, Fluoxétine - CYP3A65* - Dexamethasone, Rifampicine, TCDD - AhR2 - α-naphtoflavone, Parathion, Clotrimazole, Kétoconazole, Miconazole, EE2, Nonylphénol, Isosafrole, Pipéronyl butoxide Alkylphénols, Phtalates, Orgénoétains Alkylphénols, Phtalates, orgénoétains Par ailleurs, il existe des communications croisées (crosstalk) entre les différents récepteurs nucléaires qui rendent moins prévisible la régulation des gènes cibles. Le crosstalk P -CAR/ER, par exemple, entraine une diminution du taux d’hormones circulantes par l’augmentation de l’expression des enzymes prenant en charge la biotransformation des stéroïdes endogènes (Kliewer et al. 1999). Le crosstalk AhR/ER, via la formation de l’hétérodimère AhR-ARNT-ERE, participe au contrôle de l’expression des gènes cibles du ER (Ohtake et al. 2003). En conclusion, ce chapitre consacré au métabolisme des xénobiotiques montre la complexité de la biotransformation des substrats endogènes et exogènes et l’impact potentiel des biotransformations sur les réponses toxicologiques. Différents paramètres tels que les activités enzymatiques, la répartition tissulaire des enzymes, les différences et similitudes entre espèces et entre modèles (in vitro et in vivo) ainsi que les mécanismes de régulation de l’expression des EMX sont, par conséquent, à prendre en considération notamment dans le contexte de l’évaluation du danger liés aux xénobiotiques. Actuellement, trop peu d’informations relatives aux capacités de biotransformation des modèles et outils biologiques sont disponibles, et ce en particulier pour des modèles alternatifs de plus en plus utilisés en toxicologie comme le poisson zèbre. 80 III. CONTEXTE REGLEMENTAIRE ET OUTILS BIOLOGIQUES POUR L’ETUDE DES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS Le poisson zèbre est un modèle qui présente de nombreux avantages pratiques et un intérêt scientifique évident. Plusieurs modèles in vivo et in vitro ont été développés ou sont en cours de développement à partir de cette espèce, avec comme objectif d’identifier le potentiel perturbateur endocrinien et notamment œstrogéno-mimétique de substances chimiques. La mise en place de ces modèles (cellules transfectées, animaux transgéniques, criblage haut-débit...) constitue des défis techniques et scientifiques mais doit aussi répondre à des exigences réglementaires. L’impact délétère des perturbateurs endocriniens sur l’environnement et le danger qu’ils représentent pour l’Homme a conduit les instances européennes et internationales à réfléchir à la mise en place d’un cadre réglementaire visant à répertorier, évaluer et autoriser l’usage des substances chimiques. Ce cadre réglementaire qui exige une évaluation rapide du potentiel toxique de substances chimiques, a renforcé la nécessité de développer de nouveaux outils biologiques. De nombreuses équipes œuvrent en ce sens afin d’améliorer nos connaissances des modèles biologiques et de mettre au point de nouveaux outils de criblage. III.1. Etude des PE : des modèles intégratifs aux modèles de criblage L’effet d’un PE peut être évalué à différentes échelles biologiques, de la cellule à l’organisme. Un grand panel de modèles biologiques peut être utilisé. Ces modèles sont d’une complexité biologique variable. Les modèles in vivo (non humains) permettent une évaluation toxicologique dans un système intégratif. Les variations de paramètres biochimiques mesurés in vivo sont dans ce cas le reflet de perturbations physiologiques globales. Cette complexité biologique ne facilite cependant pas la compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans ces troubles physiologiques. Les modèles in vitro permettent d’accéder à l’échelle moléculaire en écartant toute possibilité immédiate de vision intégrative à l’échelle de l’organe ou de l’organisme. On comprend alors aisément la complémentarité que représentent ces deux approches (Figure 28). Toutefois, les modèles in vivo sont peu compatibles avec une approche de criblage toxicologique haut débit de contaminants chimiques dont la variété augmente au fur et à mesure de l’industrialisation. La durée d’exposition, la 81 surveillance des animaux, les temps nécessaires aux prélèvements des échantillons biologiques, les coûts associés, et les considérations éthiques sont autant de facteurs limitant l’utilisation d’expérimentations in vivo (Tableau 19). Ce n’est pas le cas des modèles in vitro, qui sont les mieux adaptés aux besoins de criblage. Cependant, les modèles in vitro, qui peuvent toutefois être combinés, peuvent ils apporter des réponses suffisantes quant à l’évaluation toxicologique comprise à l’échelle de l’organisme? Car in fine c’est bien l’effet du contaminant dans le système global et complexe qu’est l’organisme qui intéresse les évaluateurs du danger et du risque toxicologique. Le choix du ou des modèles biologiques utilisés dépend alors de la question scientifique posée : mettre en évidence l’activité biologique d’une substance chimique, ou bien mettre en évidence les effets délétères de cette substance chez l’organisme cible. KDW > y/d/K>K'/Yh^ DK> ^ WĞƌƚŝŶĞŶĐĞŵĠĐĂŶŝƐƚŝƋƵĞ WĞƌƚŝŶĞŶĐĞƉŚLJƐŝŽƉĂƚŚŽůŽŐŝƋƵĞ KƵƚ ŝů ƐĚĞĐƌŝďůĂŐĞ ŝŽĞƐƐĂŝƐ KƵƚŝůƐŝŶƚĠŐƌĂƚŝĨƐ Figure 28. Paradigme des analyses en toxicologie Tableau 19. Avantages et inconvénients des modèles in vivo et in vitro dans les analyses toxicologiques OUTILS BIOLOGIQUES Avantages Inconvénients In vivo In vitro Intégratif Réponse globale Sensibles Spécifiques Rapides Peu couteux Sans problème éthique Adapté au criblage Identification possible des mécanismes en jeux Risque de faux positifs Risque de faux négatifs Simplicité relative des systèmes Prise en compte d’autres facteurs biologiques notamment ADME (absorption, distribution, métabolisme, élimination, pharmacodynamie) Durée d’exposition Coûts Ethique Sous l’influence de facteurs externes non ou partiellement maitrisés pouvant influencer la réponse biologique Difficulté à identifier un mécanisme sous-jacent à l’effet biologique observé Ne reflète pas une réponse à l’échelle de l’organisme Pas de prise en compte ou prise en compte partielle des paramètres ADME 82 Il est important de noter que les modèles in vivo embryonnaires du poisson zèbre sont, au sens réglementaire, des modèles in vitro jusqu’à 5 jours après fécondation, c'est-à-dire tant que les larves se nourrissent en puisant leurs nutriments dans le sac vitellin (UE 2010). Bien que le stade de développement soit précoce, la majorité des organes sont fonctionnels. Ce modèle embryo-larvaire peut également être plus aisément utilisé pour du criblage haut débit. Par conséquent, il constitue une alternative intéress au modèle in vivo classiquement utilisé dans les études toxicologiques. III.2. Cadre et problématique réglementaires relatifs aux perturbateurs endocriniens La question de la réglementation des produits chimiques dotés de propriétés de perturbateur endocrinien a été prise en considération par les institutions publiques à partir de la fin des années 1990. Pour autant, les premières publications scientifiques faisant état d’altérations de la reproduction chez des animaux sauvages (poissons, batraciens) remontent aux années 1970. C’est en 1991 que le terme de « perturbateur endocrinien » fut employé pour la première fois lors d’une conférence scientifique réunie à l’initiative de Theo Colborn et connu sous le nom de « conférence de Wingspread ». Devant l’accumulation d’observations de troubles hormonaux chez de nombreuses espèces animales, puis avec les études épidémiologiques montrant une augmentation des troubles de la reproduction chez l’Homme et une diminution de la fertilité masculine, la Commission Européenne publia en 1999 une stratégie communautaire sur les PE. Différentes agences nationales, européennes, américaines et internationales participent aujourd’hui à l’évaluation du danger et du risque que représentent les PE pour l’Homme et l’environnement : l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), l’ECHA (agence européenne des produits chimiques), l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments), l’EPA (agence américaine de protection de l’environnement), la FDA (agence américaine des produits alimentaires et des médicaments). D’autres structures s’attachent au développement et à la validation de nouveaux tests scientifiques destinés à l’évaluation des PE : l’EURL ECVAM (centre européen pour la validation des méthodes alternatives) et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). 83 III.2.1. La question de la définition des perturbateurs endocriniens : un enjeu scientifique et réglementaire La notion de PE a été officiellement définie pour la première fois en 1996 à Weybridge au RoyaumeUni, lors d’un colloque réunissant la Commission Européenne, l’OCDE, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et l’industrie chimique européenne : « une substance chimique étrangère à l’organisme qui produit des effets délétères sur l’organisme ou sa descendance, à la suite d’une modification de la fonction hormonale » (UE 1996). Contrastant avec cette définition, celle de l’EPA proposée lors d’un groupe de travail avec Kavlock et al. (1996), insiste davantage sur les modes d’actions de ces PE que sur leur nocivité : « un agent exogène qui interfère avec la production, la libération, le transport, la liaison, l’action ou l’élimination des ligands naturels responsables du maintien de l’homéostasie et de la reproduction, du développement et/ou du comportement ». Aujourd’hui, la définition de l’OMS émise, en 2002 à la suite du programme international sur la sécurité chimique est la plus consensuelle : « une substance ou un mélange exogène altérant une ou plusieurs fonctions du système endocrinien et provoquant de ce fait des effets néfastes sur la santé de l’organisme intact ou sur celle de sa descendance » (OMS 2002). L’EFSA s’est inspirée de la définition de l’OMS pour établir la suivante : « tout produit chimique susceptible d’interagir directement ou indirectement avec le système endocrinien, et par voie de conséquence de produire un effet sur ce dernier et d’impacter les organes et les tissus » (EFSA 2010). La notion de PE potentiel a ensuite été introduite : « une substance ou un mélange exogène possédant des propriétés dont l’on peut attendre qu’elles conduisent à une perturbation endocrinienne sur un organisme intact ou sa descendance ». Au-delà de ces définitions, la notion d’ « effets néfastes » a été précisée en 2009: « changement dans la morphologie, la physiologie, la croissance, la reproduction, le développement ou la longévité d’un organisme, se traduisant par une perte de capacités fonctionnelles ou une perte de capacité à compenser un stress additionnel ou une sensibilité accrue aux effets nocifs découlant d’autres influences environnementales » (OMS 2009). Bien que la définition d’un PE ait évolué au cours des années et présente quelques différences parfois notables entre les instances, il n’en reste pas moins à définir les critères scientifiques à transposer de manière réglementaire afin de statuer sur le caractère de « perturbateur endocrinien » d’une substance chimique. En 2007, l’Union Européenne a mis en place le règlement « REACh » relatif à l'enregistrement, l'évaluation, l'autorisation et les restrictions des substances chimiques. Ce règlement a pour objectif de rationaliser et d’améliorer l'ancien cadre réglementaire de l'Union européenne sur les produits chimiques. Toutefois, il n’est pas spécifiquement dédié aux PE. Et d’ailleurs la pertinence des méthodologies suivies dans le cadre de REACh pour les PE est discutée. Mais en l’absence de critères scientifiques et réglementaires au sujet des PE, l’Europe ne peut réellement revoir leur réglementation. A la fin de l’année 2011, un rapport commandé par la direction générale de l’environnement de la 84 Commission Européenne et ayant pour objectif de faire un état des lieux sur les PE a fait évoluer la considération des instances politiques sur les PE. Ce rapport, écrit sous la direction d’Andreas Kortenkamp (Kortenkamp et al. 2011) reprend l’ensemble des avancées scientifiques sur les PE depuis 2002 et pose des recommandations relatives à la question des PE dans la législation européenne relative aux produits chimiques : révision et actualisation des méthodes d’essais validés internationalement, récusation de la notion de seuil d’exposition relativement rigide comme critère de définition au profit de critères de nocivité prenant en compte les modes d’action endocriniens. En 2013, à l’initiative d’Andreas Kortenkamp, la sonnette d’alarme est tirée par 89 scientifiques mondialement reconnus par la publication ’un manifeste intitulé « déclaration de Berlaymont » invitant la Commission Européenne à réagir face aux dangers et aux risques sanitaires liés aux PE. Toutefois, certains scientifiques en désaccord avec les notions toxicologiques que posent les PE et le principe de précaution, font savoir leur mécontentement et publient un éditorial accompagné d’une lettre ouverte à la conseillère scientifique du président de l’Union européenne. Un consensus est finalement trouvé mais cette mésaventure n’a fait que retarder les prises de décisions européennes. Face à cette problématique, la France a été le premier payé européen à réagir en prenant en considération les alertes au sujet du bisphénol A. Le Parlement français a voté en 2012, la suspension de la fabrication, de l’importation, de l’exportation et de la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de tout conditionnement comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec des denrées alimentaires destinées aux enfants âgés de moins de trois ans. Cette loi, en vigueur depuis le 1er janvier 2013 est également destinée aux consommateurs de tous âges à compter du 1er janvier 2015. En mars 2012, l’ANSES a publié un avis relatif à une demande d’appui scientifique et technique concernant la révision de la stratégie européenne relative aux PE (ANSES 2012). L’Etat français a demandé à l’agence (1) d’élargir ses analyses à des substances chimiques suspectées d’être des PE et relevant de la réglementation des biocides et substances chimiques couvertes par REACh, (2) de donner un avis argumenté sur les critères « PE » déjà proposés dans d’autres pays (Allemagne, Royaume-Unis, Danemark) ainsi que par des organisations non gouvernementales et des industriels de la chimie, (3) de proposer, si besoin est, d’autres critères pertinents de perturbation endocrinienne qui s’appliquent aux réglementations concernées (phytopharmaceutiques, biocides, substances chimiques couvertes par REACh). En 2013, le parlement européen a remit un rapport sur la protection de la santé publique contre les perturbateurs endocriniens (EU 2013). Ce document comporte d’importances avancées dans la prise en considération du danger que représentent les PE et met en avant la nécessité de mettre en adéquation les données toxicologiques propres aux PE avec la réglementation européenne. C’est ainsi que l’on peut lire « [...] l’absence de connaissances précises, notamment d’éléments établissant un lien inconstatable de cause à effet, ne doit pas faire obstacle à des mesures de protection sanitaire prises en vertu du principe de précaution, sous réserve qu’elles respectent le principe de proportionnalité ». Aujourd’hui, en France, les critères scientifiques d’identification d’un PE applicables aux réglementations REACh, biocides et pesticides sont basés sur ceux des autorités danoises. C’est ce qui a été proposé par l’ANSES en 2012 (ANSES 2012). Les PE sont ainsi divisés en deux catégories (catégorie 1 : avérés ; catégorie 2 : potentiels). La catégorie 2 est elle-même divisée en catégorie 2a (PE suspectés) et 2b (substances avec des interactions de perturbation endocrinienne). Enfin, en juin 2014, la Commission européenne a publié sa feuille de route relative à la définition des critères d’identification des PE dans le contexte de la mise en œuvre du règlement relatif à la protection des végétaux et du règlement relatif aux produits biocides. Plusieurs options de définitions des critères d’identification des PE y sont abordées. Les options proposées se caractérisent soit par un status quo, soit par les critères émis par l’OMS en 2002, soit par ces mêmes critères en introduisant différentes catégories (PE avérés, PE suspectés, substances avec des indications de perturbation endocrinienne), soit par ces mêmes critères de l’OMS en ajoutant la notion de « potentiel » comme élément participant à la caractérisation du danger. Concernant les différentes approches de prise de décision au niveau réglementaire, est notamment proposée l’introduction de considérations socio-économiques comprenant la notion de bénéfice/risque. 86 III.2.2. Le cadre de l’évaluation réglementaire des PE par l’OCDE Le groupe d'étude spécial de l'OCDE pour l'essai et l'évaluation des perturbateurs endocriniens, mis en place en 1998, est chargé de la mise au point des méthodes d'essai permettant de répondre aux besoins de criblage des PE avec des tests validés. Aujourd’hui, plusieurs tests sont validés au niveau international par l’OCDE afin d’évaluer certaines propriétés biologiques relatives aux perturbations endocriniennes de substances chimiques, aussi bien pour l’Homme que pour les espèces sauvages, sur la base de la mesure de paramètres biologiques définis. Ces outils biologiques mammaliens et non mammaliens sont regroupés dans un schéma conceptuel de tests à 5 niveaux. Le niveau 1 concerne des données existantes sur des substances chimiques ou obtenues par des moyens autres que des tests biologiques. Les niveaux 2 et 3 correspondent à des tests in vitro donnant des informations sur des mécanismes d’action définis. Le niveau 4 correspond aux tests in vivo donnant des informations sur des effets délétères, d’après des paramètres définis de perturbations endocriniennes. Le niveau 5 correspond à des tests in vivo donnant des informations permettant une meilleure compréhension des effets délétères sur la base de paramètres définis de perturbations endocriniennes allant au-delà du cycle de vie de l’organisme considéré (effets transgénérationnels). L’ensemble de ces tests biologiques permet de mettre en évidence des propriétés endocriniennes de substances chimiques via des effets médiés par les récepteurs aux œstrogènes, les récepteurs aux androgènes, les récepteurs aux hormones thyroïdiennes, et les perturbations de la stéroïdogenèse. Les tableaux 20 et 21 présentent les tests, validés ou en cours d’étude, spécifiques à l’identification des PE. Tableau 20. Lignes directrices des tests spécialement développés ou actualisés pour l’identification ou l’évaluation de propriétés endocriniennes de substances chimiques D ’après ; OCDE, 20 septembre 2014 ; http://www.oecd.org/env/ehs/testing/oecdworkrelatedtoendocrinedisrupters.htm En gris: test réalisable (ou en partie réalisable) chez le poisson zèbre Ligne directrice 440 407 (actualisée) 211 (actualisée) 441 229 230 231 455 233 Titre Test utérotrophique chez le rongeur : essai de dépistage à court terme de propriétés œstrogéniques Etude de toxicité à doses répétées pas voie orale sur 28 jours chez les rongeurs Année d’adoption Test de reproduction chez la Daphnie (Daphnia magna) 2011 Bio-essai de Hershberger chez le rat : essai de dépistage à court terme de propriétés (anti)androgéniques Test de reproduction à court terme chez le poisson Essai de 21 jours chez les poissons : essai de dépistage à court terme de l’activité œstrogénique et androgénique, et d’inhibition de l’aromatase Bio-essai de métamorphose des amphibiens Essai d'activation transcriptionnelle faisant intervenir le récepteur d'œstrogène alpha humain transfecté de façon stable pour la détection de l'activité œstrogénique agoniste des substances testées Essai de toxicité sur le cycle de vie des chironomes dans un système eau- 2007 2008 2009 2009 2009 2009 2009 2010 87 sédiment chargé ou eau chargée-sédiment Essai de développement sexuel des poissons Essai de stéroïdogenèse H295R Essai de transactivation faisant appel au récepteur des œstrogènes BG1Luc pour identifier les agonistes ou antagonistes des récepteurs des œstrogènes 234 456 457 2011 2011 2012 Tableau 21. Pays USA/JPN/DEU USA USA/JPN FRA FRA USA SWE DEU/GBR/FRA/DNK USA USA/EC/DEU/JPN JPN E EC EC OECD Secr. DK Les capacités de biotransformation des tests biologiques appliqués aux PE : une priorité scientifique et réglementaire? Comme expliqué précédemment, les biotransformations d’un xénobiotique dans un modèle biologique considéré peuvent considérablement moduler la réponse toxicologique mesurée. Or ces capacités de biotransformation varient selon les modèles biologiques. Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de différences dans ces capacités de biotransformation. Pour les modèles in vivo de tels facteurs sont par exemple l’espèce, le stade de développement, la durée et la voie d’exposition à un xénobiotique. Pour les modèles in vitro ces facteurs sont, entre autres, l’espèce de provenance, la durée d’exposition et les conditions de culture. L’un des reproches que l’on peut faire au sujet des tests in vitro est, en règle générale, leur faible capacité de biotransformation en comparaison avec les tests in vivo. Or les considérations éthiques actuelles et les recommandations scientifiques vont dans le sens d’une 88 moindre utilisation des modèles in vivo au profit des modèles in vitro. Dans ce contexte, la question est de savoir dans quelle mesure les tests in vitro peuvent rendre compte de l’effet biologique qui serait observé chez l’animal (et chez l’Homme), sans oublier de prendre en compte la biotransformation des xénobiotiques. Ainsi la comparaison des résultats visant à évaluer l’activité endocrinienne de substances chimiques, d’une part entre des tests in vitro aux capacités de biotransformation différentes, d’autre part entre des tests in vivo, et enfin, a fortiori entre des tests in vitro et in vivo, peut conduire à des différences importantes d’interprétation comprenant notamment des faux positifs et négatifs à l’échelle de l’organisme considéré. Dans le cas où le métabolite d’un composé présente une activité biologique pour la cible considérée similaire à celle du composé parent, il est logique de ne pas observer de différence d’effet biologique entre un système qui ne métabolise pas et un système qui métabolise (au final, la concentration en substances actives sera similaire). En revanche, dans le cas où le métabolite d’un composé peu actif présente une activité biologique pour la cible considérée plus importante que le composé parent, alors un système biologique métaboliquement compétent indiquera une toxicité beaucoup plus importante qu’un système biologique dépourvu de capacité de biotransformation. Ceci peut être observé dans le cas de SERMs (Selective Estrogen Receptor Modulator) tels que le tamoxifène qui est métabolisé en hydroxy-tamifène. En 2007, l’OCDE a publié un rapport sur l’utilisation de systèmes de biotransformation pour l’évaluation in vitro de l’activité endocrinienne de substances chimiques (OCDE 2008). En 2012, l’OCDE a émis un nouveau rapport afin d’évaluer les besoins à venir en termes de réglementation concernant des tests in vitro de biotransformation et de biodisponibilité pour les PE (OCDE 2012). La nécessité absolue et prioritaire d’évaluer le métabolisme des PE dans le cadre de leur évaluation toxicologique a été rappelé par Myriam Jacobs en 2013 (Jacobs et al. 2013). Dans son rapport publié en 2008, l’OCDE, conclue que la solution idéale serait une évaluation simultanée de l’activité endocrinienne et du métabolisme des substances chimiques, mais que cet objectif est difficilement atteignable dans un futur proche. Toutefois, ce rapport met en avant l’utilisation possible de combinaisons de tests déjà disponibles. Par exemple, ce rapport préconise la caractérisation des capacités de biotransformation de tests déjà utilisés dans l’évaluation de l’activité endocrinienne des produits chimiques, ou bien encore parmi d’autres propositions, le développement de systèmes exprimant spécifiquement des enzymes de phase I et/ou II, ou encore la mise en place d’approches permettant une extrapolation in vivo à partir de tests in vitro. Or, depuis 2008, relativement peu d’avancées ont été réalisées et traduites en termes réglementaires. Dans certains cas, il peut être intéressant d’utiliser des modèles biologiques dépourvus de capacités de biotransformation (la levure par exemple) pour attribuer sans équivoque une activité biologique au composé testé. Toutefois, dès que l’objectif est de comprendre le comportement d’un xénobiotique dans un modèle in vitro suffisamment « riche », alors le recours à d’autres modèles notamment cellulaires ou à des 89 modèles animaux à un stade de développement très précoce et considérés réglementairement comme des modèles in vitro, est nécessaire. Certains efforts ont permis d’établir des critères de standardisation pour l’obtention et l’utilisation des fractions subcellulaires hépatiques S9 de poissons pour évaluer les biotransformations de composés chimiques (Johanning et al. 2012). De plus, les modèles in vitro déjà en place, validés par l’OCDE ou très largement utilisés dans les laboratoires de recherche sont invités à faire l’objet d’un travail de caractérisation de leurs capacités de biotransformation, illustrées par l’étude du devenir de substances chimiques clefs (Jacobs et al. 2013). Des recommandations à court, moyen et long terme ont été émises par l’OCDE (2008, 2012) et relayés et renforcés par M. Jacobs et al. en 2013. Brièvement, à court terme, les objectifs sont (1) de fixer une liste de substances de référence pour l’étude de leur biotransformation dans des systèmes biologiques dédiés à l’évaluation des activités endocriniennes, (2) de valider des tests in vitro S9 au sein des systèmes biologiques in vitro validés pour l’évaluation des activités endocriniennes, (3) de caractériser les capacités de biotransformations des modèles cellulaires (validés ou non) utilisés pour évaluer les activités endocriniennes des substances chimiques. On peut citer par exemple des modèles comme les cellules MCF-7 (MELN) (Balaguer et al. 1999), les cellules T47D et d’autres modèles notamment des modèles en développement dont Z et ZELH-zfERs (Cosnefroy et al. 2012) et le EASZY assay (Brion et al. 2012). A moyen terme, les propositions sont notamment d’intégrer des tests de biotransformation dans les différents niveaux du cadre conceptuel des tests de l’OCDE. A long terme, l’objectif serait de développer les modèles prédictifs in silico sur la base des données in vitro et in vivo en termes de biotransformation (harmonisation des bases de données, définition des voies métaboliques, développement d’outils prédictifs). Au final, il existe déjà un certain nombre d’outils pour évaluer les capacités de biotransformation des modèles biologiques et pour évaluer le devenir des substances chimiques. Mais le développement de modèles et de tests complémentaires, et la bonne intégration de ces tests par rapport aux modèles biologiques déjà validés, restent à être menés dans le cadre réglementaire de l’évaluation de l’activité endocrinienne des substances chimiques. Le poisson zèbre continue de faire l’objet de recherches afin de développer des modèles à la fois sensibles, spécifiques, et faciles d’utilisation, pour améliorer nos capacités à évaluer le caractère perturbateur endocrinien des substances chimiques, que celles-ci représentent un danger pour la santé humaine ou environnementale. 90 III.3. Place des modèles issus du poisson zèbre dans l’étude des perturbateurs endocriniens œstrogéniques Le poisson zèbre est l’une des espèces à partir de laquelle ont été développés différents modèles biologiques visant à évaluer le caractère perturbateur endocrinien de substances chimiques. Les modèles poisson zèbre peuvent être utilisés à différentes fins : mise en évidence de propriétés (anti)œstrogéniques et (anti)androgéniques, étude des rétrocontrôles hormonaux, de la fonction gonadique, et du système thyroïdien (Tableau 22). Le poisson adulte représente le principal modèle utilisé pour ces études. Certains modèles in vitro/in vivo (cellules transfectées et larves transgéniques) ont par ailleurs récemment été développés afin de mettre en évidence l’activité œstrogénique des xénobiotiques. Les larves âgées de moins de 5 jours après fécondation, qui sont dépendantes des nutriments présents dans le sac vitellin, ont l’avantage d’être considérées comme des modèles in vitro d’un point de vue réglementaire (UE 2010). Ces larves bien qu’en développement, représentent un modèle assez intégratif puisque la majorité des organes est déjà fonctionnel à ce stade. Tableau 22. Liste non exhaustive de l’utilisation du poisson zèbre comme modèle biologique destiné à l’étude des perturbations du système endocrinien Perturbations endocriniennes Potentiel œstrogénique et anti-œstrogénique Modèles et paramètres mesurés Taux de vitellogénine (ELISA) ou de ses transcrits (RT-qPCR).
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7,242
11,771
Cette courbe présente bel et bien une tangente horizontale, en x\ = | ^5 + \/5^ « 1.81, qui correspond à une instabilité dans l'ensemble canonique dans le cadre de notre calcul (bain thermique). Le contraste de densité correspondant est 77-4 ~ 10.71. 6.3.3 Conclusion du modèle Une conclusion raisonnable de cette étude est qu'un système coeur-halo dont le contraste de densité est plus important que 77-4 est instable s'il est entouré d'un bain thermique de même température que la sphère. Cette instabilité conduit à l'effondrement du coeur du système. Cette instabilité pourrait être à l'origine de l'absence de coeur dans le résultat de l'effondre ment d'un système inhomogène. La courbe calorique peut être calculée dans les mêmes conditions pour des systèmes coeur-halo idéalisés de pentes différentes. Nous les avons rassemblés sur la figure 6.2. La même instabilité 5. C'est une hypothèse simplificatrice mais raisonnable compte-tenu de l'analyse faite sur le modèle de King par exemple 56 CHAPITRE 6. GRAVITATION ET INSTABILITÉS Figure 6.1 - Courbe calorique du modèle isotherme idéalisé possédant un halo de pente -4 A Figure 6.2 - Courbe calorique pour des systèmes coeur-halo de pente a = 2,4,5,6, 7, 8 57 6.3. STABILITÉ DE L'ÉTAT POST-COLLAPSE est toujours présente. Dans le cas a = 2, les calculs sont identiques, ils conduisent au couple : #*(*) = idS-iAEw) \(~\ - 3x(15a-14-101n(a))(a;-2) A\X> - 20(x-l)(3x-2)2 (6-20) 91 \ (O.ZiJ Nous remarquons que lim(À,/n)x^oo = (-|,2) correspond bien à la sphère isotherme. La tan gente verticale n'a pas résisté à l'idéalisation, par contre la tangente horizontale reste présente pour une valeur x\ - 3.48 correspondant à un contraste de densité IZ2 = 12.1. Cette valeur est environ trois fois plus petite que la valeur exacte (32.1) mais la transition stable/instable est bien respectée par le modèle approché. Il semble légitime de penser que la valeur de TI4 trouvée pour le modèle coeur-halo de pente -4 soit également un peu sous-estimée. 58 Troisième partie Simulations 59 Chapitre 7 Sommaire 7.1 7.2 7.3 Le programme de simulation 61 7.1.1 Calcul du potentiel : fcd-Tree 61 7.1.2 Lissage de la force 62 7.1.3 « Saute-mouton » et pas de temps 63 64 7.2.1 Le modèle de King 64 7.2.2 La sphère de Hénon 64 7.2.3 Bain thermique 64 Observables des simulations 65 7.3.1 Recentrage 65 7.3.2 Masse et densité 65 7.3.3 Energie et potentiel 66 7.3.4 Anisotropie des vit esses et forme de l'amas 66 7.3.5 Température cinétique 68 Après avoir évoqué diverses propriétés des amas globulaires de notre galaxie puis étudié certains résultats analytiques concernant les propriétés dynamiques des systèmes auto-gravitant (sag), nous allons maintenant mener des expériences numériques. Nous présenterons dans un premier temps le code d'évolution dynamique que nous avons utilisé, puis les conditions initial de nos expériences et enfin les différentes observables de nos simulations. 7.1 Le programme de simulation Les expériences numériques que nous souhaitons réaliser ont pour objectif de modéliser l'évo lution dynamique d'un système auto-gravitant placé dans un bain thermique. Dans ce contexte, le programme que nous utilisons pour faire évoluer notre système est Gadget-2 1 (voir Springel [2005] et Springel et al. [2001]), écrit par Volker Springel.1 2 Ce programme allie un octree pour la gestion spatiale des particules et un algorithme de type « prédicteur-correcteur » pour la partie temporelle. 7.1.1 Calcul du potentiel : kd-Tree Un calcul direct des forces d'interaction entre chaque particules nécessite N2 opérations. Bien que très coûteuse, cette méthode est encore très utilisée pour suivre finement la dynamique d'un amas. A ce jour, la plus grosse simulation /V-corps directe est le travail de D. Heggie avec presque 300 000 particules (voir sa présentation au trimestre Gravasco) en utilisant la version 1. http://www.mpa-garching.mpg.de/gadget/ 2. dont nous n'utiliserons que la partie « tree-code » 61 7.1. LE PROGRAMME DE SIMULATION FIGURE 7.1 - Critère d'ouverture : un cône vert indique un carré qu'il n'est pas nécessaire d'ouvrir, un cône rouge indique un carré à ouvrir. GPU de NBODY6. Nous aurons parfois besoin d'un grand nombre de particules pour représenter la fonction de distribution dans l'espace des phases. Nous avons donc besoin d'une approche nous permettant d'accélérer les calculs. Il existe de nombreuses méthodes le permettant. Celle que nous utilisons est basée sur un algorithme en arbre. Cet algorithme, nommée « treecode », a été mis au point par Barnes and Hut [1986]. Les particules sont organisées dans un arbre modulable appelé kd-Tree. En dimension d = 3, et avec une division dichotomique (k = 2), cet arbre est un octree. Le principe est de subdiviser un espace cubique en 8 sous-cubes, eux-mêmes subdivisés en 8 nouveaux sous-cubes Chaque cube est à nouveau divisé s'il contient encore trop de particules. Dans notre propre mise en oeuvre de cette algorithme, nous nous arrêterons lorsqu'un cube contiendra au plus Nmax = 15 particules. Les carrés et les points de la figure 7.1 montrent la structure d'un quadtree (k = 2, d = 2) se construisant de la même façon. Avant de continuer il peut être utile de définir un peu de vocabulaire lié aux arbres : - la racine constitue la base de l'arbre ; - un noeud est un cube ayant un père et des fils, il s'agit d'un embranchement ; - une feuille est un cube n'ayant plus de fils, et donc terminant une branche de l'arbre ; - une branche est le chemin à suivre pour aller de la racine vers une feuille. Une fois l'arbre construit, le calcul de la force ou du potentiel se fait en descendant dans les noeuds tant que l'angle d'ouverture reste supérieur à une valeur critique. L'angle d'ouverture correspond à la taille angulaire du noeud vue par la particule sélectionnée. Si cette taille est suffisamment petite, nous n'entrons pas à l'intérieur et résumons le contenu du cube à une macro-particule, sinon la descente continue. Le critère d'ouverture est illustré par la figure 7.1. 7.1.2 Lissage de la force Comme nous souhaitons observer l'effet d'un bain thermique sur un SAG, nous aimerions pouvoir contrôler l'effet des collisions sur le système, et notamment diminuer leurs effets. Pour cela, nous allons jouer sur le paramètre de lissage de la force e dont l'effet est d'adoucir le potentiel gravitationnel à petite échelle, ce qui peut s'exprimer par exemple, dans le cas le plus simple, par le potentiel effectif suivant : N ÿ{n) = -G (7.1) où rij est le module de distance entre les particules i et j. Afin de minimiser suffisamment les collisions, nous devons choisir ce paramètre tel que d'une part la sphère de rayon e contienne un nombre Ne suffisant de particules mais que d'autre part Ne soit suffisamment petit devant le nombre total de particules du système. Ce nombre Ne peut s'évaluer de la façon suivante ; considérons le paramètre Pe a = Pmoy où pe est la densité d'un petit volume de rayon e et pmoy la densité moyenne de l'objet. Toutes les particules ayant la même masse, nous pouvons écrire : Ne = aN G3 (7.2) RJ N étant le nombre total de particules de l'amas. Les paramètres TV, R et a étant fixés, nous sommes ainsi libres de choisir Ne ou e pour répondre à nos besoins. Notons que le code Gadget-2 utilise une expression différente de l'équation (7.1), que nous n'avons pas écrite par simplicité, consistant à approximer les particules par des nuages de taille e et dont le profil suit une fonction spline. 7.1.3 « Saute-mouton » et pas de temps Gadget-2 utilise un schéma d'intégration temporelle à pas de temps variable de type « prédicteur-correcteur ». Il se ramène à un saute-mouton (« leap-frog » en anglais), lorsque le pas de temps est constant. Le saute-mouton est un schéma d'intégration symplectique d'ordre 2. Il a la particularité d'introduire un décalage entre l'évaluation des positions et des vitesses : les positions vont être évaluées tous les nAt tandis que les vitesses vont l'être tout les (n+^At. Ce schéma d'intégration s'écrit : Vn+1/2 = Vn-1/2 + Atd(fn) < fn+1 = fn + Atvn+i/2 où a est l'accélération. La figure 7.2 illustre le fonctionnement de ce schéma. t t + At t + 2At Figure 7.2 - Principe de fonctionnement du « saute-mouton » sur deux pas de temps. L'algorithme utilisé par Gadget est basé sur ce schéma saute-mouton, excepté que les vitesses sont actualisées par demi pas de temps pour permettre leur synchronisation avec les positions, comme illustré par la figure 7.3. Cette modification simple du saute-mouton permet d'utiliser un pas de temps lentement variable, dont la gestion fine est contrôlée par l'accélération : Le paramètre r] permet de contrôler la précision de l'intégration. De plus, GADGET-2 gère un pas de temps unique pour chaque particules . 63 7.2. CONDITIONS INITIALES Vl Vl/2 V2 V3/2 t,2 - t\ + A t t, + Al L I V3 t ^2 + A/7 M FIGURE 7.3 - Principe de fonctionnement de l'intégrateur temporel de GADGET-2 sur un pas de temps, qui permet de synchroniser les positions et les vitesses et ainsi de mettre en oeuvre un de temps variable avec A t' 7^ A t. 7.2 Pour mener à bien nos expériences numériques, nous avons besoin de pouvoir générer plu sieurs types d'objet : une sphère de King, une sphère de Hénon et un bain thermique. 7.2.1 Le modèle de King Les particules du modèle de King, de paramètres Wo, o et rc sont générées en utilisant une méthode d'acceptation-rejection que nous allons décrire. A partir de ces 3 paramètres, nous pouvons résoudre l'équation de poisson (5.4) donnant le potentiel pour le modèle de King. Nous pouvons alors calculer le potentiel central?/>(0) et l'énergie de libération Toutes les particules de la sphère de King ont une vitesse dont le module est inférieur à une valeur umax et leurs distance au centre est inférieure à un rayon R. La vitesse maximale umax est donnée par la relation : Kmax= P-3) Le rayon R de la sphère est obtenu en résolvant numériquement p(R) = 0. Les paramètres R et umax étant connus, nous tirons aléatoirement les positions xi, yi, Zi telles que \ fi\ < R; puis les vitesses vf, vf, vf telles que \vi\ < umax. Nous utilisons alors la fonction de distribution du modèle de King (voir la relation (5.1)) normalisée à 1 comme une densité de probabilité, en utilisant l'énergie E{ - \mv\ + m^(rj), pour accepter ou rejeter la particule i fabriquée. Le taux de rejection est de l'ordre de 99.99% mais la vitesse des ordinateurs permet d'utiliser cette méthode très simple pour fabriquer un modèle de King discret. 7.2.2 La sphère de Hénon La sphère de Hénon (Hénon [1964]) est une sphère de densité constante po possédant une distribution de vitesse suivant une loi de Gauss : fH{r,v) = p0e~v2/a2 (7.4) Nous générons donc indépendamment les positions selon une loi uniforme, et les vitesses selon 2 Ec s une loi gaussienne centrée et réduite. En fixant le rapport du viriel initial 7 = -- à une valeur h/p donnée, nous pouvons calculer la dispersion de vitesse à attribuer au système. 7.2.3 Bain thermique Lors de notre étude numérique, nous allons avoir besoin de créer un objet nous permettant de simuler un bain thermique. Pour ceci, nous allons utiliser un cube homogène de côté Rc possédant un distribution de vitesse gaussienne de dispersion ac. Nous jouerons sur ces deux paramètres pour tester l'influence du bain. APITRE 7. OUTILS NUMÉRIQUES 7.3 Observables des simulations Lors de nos expériences numériques, nous souhaitons étudier l'évolution des paramètres de nos systèmes. Nous avons donc construit un code effectuant le calcul de différentes observables spatiales (densité, position, rapport d'axes, etc) et cinétiques (énergies, température, etc). Toutes les courbes présentées dans cette section correspondent au test de ces différentes observables calculées pour un modèle de King de paramètre Wq - 6, rc - 3.5pc et crv = 2.9km.s-1 généré avec 100 000 particules. 7.3.1 Recentrage Pour calculer avec précision les différentes quantités physiques qui nous intéressent, il est important d'avoir la meilleure détermination possible du centre du système, qui a tendance à se déplacer. Ce déplacement peut se produire car la vitesse moyenne du système n'est pas exactement nulle, ou encore parce que des particules sont jectées loin du système, emportant une partie notable de l'énergie. Plusieurs méthodes sont envisageables pour recentrer le système. La première est de calculer le centre de gravité. Le problème posé par cette approche est que les particules très éloignées du centre système ont le même poids statistique que les particules proches du centre. Le calcul du centre de gravité peut s'en trouver largement affecté. Par conséquent, nous devons calculer un centre en donnant plus de poids aux particules se trouvant dans des zones denses du système. Il s'agit du « centre de densité », tel que décrit dans Casertano and Hut [1985]. Le principe est de chercher les j plus proches voisins d'une particule afin de déterminer un volume caractéristique pour cette particule et d'en déduire la densité locale : 3 ~ 1 (7.5) m V(rj) avec j le nombre de voisin, p) la densité locale à la particule i, V(rj) le volume dans lequel se situent les j voisins, et m la masse d'une particule. Pour obtenir le centre de densité, nous faisons un calcul similaire au centre de gravité mais en pondérant chaque position par sa densité locale. Ce calcul peut s'avérer numériquement coûteux, nous avons donc adapté l'algorithme de l'octree pour accélérer ce calcul. 7.3.2 Masse et densité Le calcul de ces observables est primordial et repose sur la construction d'histogrammes. Le premier histogramme que nous générerons sera celui représentant la masse en fonction du rayon. Notre objet étant sphérique, nous allons le découper en coquilles d'épaisseur dr^ variable. Pour la calculer, nous comptons le nombre de particules dans chaque chaque coquille sphérique de largeur dr, puis, après avoir multiplié par la masse d'un particule, nous sommons, pour le bin j, tous les bins inférieurs. En même temps que nous calculons la fonction de masse, nous pouvons calculer la densité en divisant la masse dans un bin par le volume du bin : Mfc>in Figure 7.4 - Découpage de l'amas gé Pbin Ébin néré pour des coquilles espacées linéai rement. p{n + dr4) = M(n + dr*) M(n) V(n + dr*) - V {ri) 65 (7.6) 7.3. OBSERVABLES DES SIMULATIONS avec Mri=0 = 0. Nous utilisons deux calcul de ce type pour obtenir la densité : l'un utilisant des bins espacées logarithmiquement, l'autre utilisant des bins de pas constant. La densité obtenue et celle prévue par la résolution numérique sont très proches, comme le montre le graphique 7.5. Le second graphique montre l'erreur relative en fonction du rayon. Figure 7.5 - Comparaison entre la résolution numérique et la densité donnée par le générateur. La courbe rouge correspond à la densité théorique, la courbe verte à la densité utilisant les intervalles espacés logarithmiquement et la courbe bleue à la méthode décrite ici. Nous pouvons voir que l'accord entre les courbes théorique et calculées est toujours meilleur que 20%, sauf au centre et au bord du système. Ces deux régions sont en général trop pauvres en particules pour que nous puissions y avoir une précision correcte avec notre méthode de calcul. 7.3.3 Énergie et potentiel Nous allons calculer le potentiel avec la méthode décrite dans la section 7.1.1. La méthode en arbre décrite dans la section 7.1.1 nous permet de calculer le potentiel gravitationnel avec précision. La figure 7.6 montre le potentiel obtenu avec un angle d'ouverture de 0.5, et sans lissage, superposé au modèle de King décrit plus haut. Le second graphique représente l'erreur relative en fonction du rayon sur la calcul du potentiel. L'erreur sur le calcul est extrêmement faible. En plus du potentiel, nous en profitons pour calculer l'énergie cinétique pour obtenir finale ment l'énergie totale du système et le rapport du viriel 7 = 7.3.4 Anisotropie des vitesses et forme de l'amas Nos conditions initiales correspondront généralement à des systèmes sphériques et isotropes en vitesse, mais qu'en est-il de l'état final? Afin de suivre l'évolution de la forme et de l'anisotropie des vitesses de nos systèmes au cours du temps, nous avons développé deux observables : l'indicateur d'anisotropie et les rapports d'axe de la matrice d'inertie. L'indicateur d'anisotropie des vitesses est défini comme suit : (3(r) = 1 - °t(r) 2cq?(r) 66 (7.7) CHAPITRE 7. OUTILS NUMÉRIQUES 2 0.0 i i i i i 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 r [m] 3.0 lel 7 Figure 7.6 - Comparaison entre le potentiel théorique (courbe rouge) et le potentiel donné par le générateur (courbe bleue). où cq est la dispersion de vitesse tangentielle et oy la dispersion de vitesse radiale. Pour ob tenir ces dispersions, nous calculons, pour chacune des coquilles de la figure 7.4, les vitesses tangentielles moyennes et les vitesses radiales moyennes, puis les dispersions de vitesses corres pondantes. Lorsque fi(r) = 0, le système est isotrope, pour /3(r) -1 le système présente une anisotropie radiale dans l'espace des vitesses et enfin quand (3(r <0 le système est tangentiel. Cet indicateur va nous permettre de déceler l'apparition d'une éventuelle instabilité d'orbite radiale. Pour surveiller l'évolution de la forme du système, nous calculons les valeurs propres Ai > À2 > À3 de la matrice d'inertie : ( A 3 = -D \ ~E -D ~E \ B - F -F C Toutes les particules ayant la même masse, il suffira de prendre : N N A = Y.y2i+zï D = 2=1 XiVi z=1 N B = Y,xï + zï E = Yu XiZi z=i 2=1 N N F = 2=1 Vizi 2= 1 où Xi, yi, Zi sont les coordonnées de chaque particules du système. Une fois ces valeurs propres obtenues, nous traçons l'évolution des rapports d'axe (« axial ratio ») ai = A1/À2 et a? = A3/A2. Quand ai = 02 = 1, le système est sphérique. Si < 1 et ai = 1, le système présente une forme allongée caractéristique de l'instabilité d'orbite radiale; et enfin, pour ai > 1 et 02 < 1 le système est triaxial. Cette observable va donc nous être très utile pour détecter l'apparition d'instabilités morphologiques comme l'instabilité d'orbite radiale. 7.3. OBSERVABLES DES SIMULATIONS Les indicateurs de structures que sont les rayons à 10% (Rio), 50% (R50) et à 90% (Rgo) de masse sont également calculés. 7.3.5 Température cinétique La dernière observable que nous souhaitons obtenir est la température. La température que nous calculons est la version discrète de celle donnée dans le chapitre 5 : /oo v2f(x,p)dp / f{x,p)dp 1 [T) = J-00 - W)2 (7-8) 2=0 où (v) est la vitesse moyenne. Cette observable va nous permettre de savoir si les sphères sont chauffées ou refroidies par leurs interactions avec un bain thermique, et à quelle rythme. La figure 7.7 montre l'évolution, avec le rayon, de la température calculée par l'équation (7.8) et la théorie. Nous pouvons voir ici que l'erreur relative est beaucoup plus importante que sur les autres observables. Figure 7.7 - Comparaison entre la température théorique (en rouge) et celle calculée (en bleue). Toutes deux sont normalisées. 68 Chapitre 8 Comparaison entre Gadget et un code Vlasov Sommaire 8.1 8.2 8.3 Description du code Vlasov 69 Comparaison entre les simulations Vlasov et Gadget-2 70 8.2.1 Tests préliminaires : sphéricité et isotropie dans les simulations iV-corps 8.2.2 Le cas 7 = -0.5 71 8.2.3 Le cas 7 = -0.1 72 Discussion 71 72 Dans ce chapitre, je vais présenter un travail de comparaison de la mesure de la fonction de distribution dans l'espace des phases et du profil de densité entre le code iV-corps Gadget-2 et un code résolvant numériquement l'équation de Vlasov pour un système sphérique. Ce projet a été réalisé dans le cadre d'une collaboration avec Stéphane Colombi, Sébastien Peirani, Thierry Sousbie et Yasushi Suto (Colombi et al. [2014], inclut en annexe page 107, plus loin C2PSS). Après une description du code Vlasov dans la première section, les résultats de mon travail seront présentés dans la section 8.2.1. Ils correspondent à une étude préliminaire dont les conclusions nous ont conduit à écrire un article sur le sujet, dont je résumerai les résultats principaux dans la discussion de la section 8.3. Pour que nos comparaisons aient un sens, il faut que le système préserve au mieux sa symétrie sphérique car nous utilisons Gadget-2 tel quel, notamment sans modification du calcul de la force qui imposerait par exemple qu'elle soit purement radiale. La sphère de Hénon, introduite dans la section 7.2.2, représente dans ce cadre un excellent cas test car elle est sujette à une évolution dynamique non triviale et il a été prouvé dans de nombreuses études qu'elle est très peu sensible numériquement aux formes d'instabilités qui conduiraient à des déviations par rapport à la symétrie sphérique, telles que l'instabilité d'orbite radiale (voir par exemple van Albada [1982], Roy and Perez [2004], Barnes et al. [2009]). Nous effectuerons nos analyses pour deux types de conditions initiales : un cas « chaud » correspondant à un rapport du Viriel 7 = -0.5 et un cas « froid » correspondant à 7 = -0.1. 8.1 Description du code Vlasov Le solveur de Vlasov que nous utiliserons dans ce travail sera désigné par Vlasolve. Il a été écrit par Thierry Sousbie en se basant sur l'article de Fujiwara [1983]. Il est présenté en détail dans Colombi et al. [2014] et j'en résume ici le principe. L'équation de Vlasov en symétrie sphérique s'écrit : <9/ df (j2 M(r)\ df _ dt r dr y r3 r2 J dvr 69 (8.1) 8.2. COMPARAISON ENTRE LES SIMULATIONS VLASOV ET GADGET-2 avec / = f{r,vr,j,t) la fonction de distribution dans l'espace des phases du système au temps t, r la position radiale, vr la vitesse radiale et j le moment angulaire. La fonction M(r) donne la masse contenue à l'intérieur de la sphère de rayon r. Dans cette équation, et comme il le sera fait dans tous le reste de ce chapitre, nous avons choisi les unités telles que la constante gravitationnelle vaut G = 1. Pour résoudre l'équation, l'espace des phases est discrétisé sur un maillage tridimensionnel de dimensions (7Vr, Nv, Nj) et tel que (r, vr,j) G ([rmin; rmax], [-uTMax; u"ax], [0; jmax]) avec r évo luant logarithmiquement, vr linéairement et chaque tranche k de j telle que j = jmax (k - 1 /2)2 /Nj. Pour suivre numériquement l'évolution de /(r, vr,j, t), un schéma dit de « splitting » est utilisé, inspiré d'un article de référence de Cheng and Knorr [1976]. Dans ce schéma, chaque point i du maillage est considéré comme une particule virtuelle. Pour calculer f(r,vr,j,t + Ai) en ce point, on remonte la trajectoire de cette particule virtuelle d'un pas de temps en arrière en séparant l'équation (8.1) en deux opérateurs : - un premier opérateur permet d'obtenir la trajectoire balistique d'une particule, incluant la partie inertielle : df_ df_ dt Vr dr f_9f_ _ n r3 du - un second permettant de calculer l'accélération gravitationnelle : df_ _ M {r) df = dt 2 dvr Ces deux opérateurs, alliés à un schéma de type « saute-mouton », permettent d'obtenir la position de la particule virtuelle correspondant à chaque point du maillage au pas de temps précédent. La densité dans l'espace des phases est mesurée en ce point par interpolation sur la grille en utilisant des splines d'ordre 3. Elle est alors affectée au point i de la grille au temps t + At par application directe du théorème de Liouville. Notons que chaque tranche de moment angulaire j peut être traitée séparément étant donné que le moment angulaire est un invariant du système. Cette méthode ne permet de suivre qu'une fonction de distribution suffisamment lisse, no tamment à cause de l'interpolation utilisée. Comme nous allons le voir, les variations des vitesses orbitales des différentes composantes du système induisent la filamentation de / dans le sous- espace (r, vr). 8.2 Comparaison entre les simulations Vlasov et Gadget-2 Dans cette section, nous discutons des comparaisons détaillées de Gadget-2 et Vlasolve que nous réalisons pour des rapports du viriel 7 = -0.5 et 7 = -0.1. Etant donné le choix des unités (masse totale du système unité, taille initiale R = 2), on peut donc s'attendre à ce que le système plus froid (7 = -0.1) évolue dynamiquement plus vite que l'autre système comme argumenté par exemple dans Fujiwara [1983]. Par conséquent, les analyses ont été réalisées en des temps plus petits pour 7 = -0.1 que pour 7 = -0.5. 70 CHAPITRE 8. COMPARAISON ENTRE GADGET ET UN CODE VLASOV Pour conduire les comparaisons, les simulations Vlasolve réalisées ont une grille de ré solution (Nr, Nv, Nj) - (1024,1024,512) et un pas de temps At = 5 x 10"4. Les simulations Gadget-2, quant à elles, composées de 106 particules, utilisent un paramètre de lissage de la force e = 10"3 et un pas de temps maximum de At - 0.1.1 Les autres paramètres de Gadget2 sont ceux par défaut, notamment l'angle d'ouverture 6 - 0.5 et la tolérance sur l'erreur ErrTolForceAcc = 0.005 pour le calcul de la force. 8.2.1 Tests préliminaires : sphéricité et isotropie dans les simulations A/-corps Comme mentionné dans l'introduction de ce chapitre, la sphère de Hénon est connue pour préserver la symétrie sphérique. L'hypothèse de la sphéricité étant un élément fondamental de nos analyses, nous allons donc vérifier sa validité dans nos simulations A"-corps. Cela est fait dans les figures 8.1 et 8.2 pour 7 = -0.5 et 7 = -0.1, respectivement. En accord avec les résultats de la littérature, les rapports des valeurs propres du tenseur d'inertie restent très proches de 1 avec un écart maximum de l'ordre du pourcent pour 7 = -0.5 et de 3% pour 7 = -0.1. L'analyse des propriétés d'ellipticité du système peut être complétée par la mesure de l'ani- sotropie dans l'espace des vitesses f}. En effet, cette dernière, si elle est trop prononcée, peut être la source d'instabilités d'orbites radiales (voir la section 6.1). Nos conditions initiales imposent (3 = 0. La figure 8.3 montre que pour 7 = -0.5, (3 reste très proche de 0 et donc que le caractère isotropique du système dans l'espace des vitesses est presque parfaitement préservé. En revanche, pour 7 = -0.1 (figure 8.4), (3 devient positif, plus particulièrement au moment du croisement des trajectoires (t ~ 3) puis son amplitude diminue et se stabilise à /3 ~ 0.4. Cela veut dire que la composante radiale des vitesses est significativement amplifiée par rapport à la composante tan- gentielle, mais les valeurs propres du tenseur d'inertie ne montrent pas d'évolution significative. Le système ne développe donc pas d'instabilité d'orbites radiales essentiellement parce qu'il n'y a pas de germe sur laquelle elle pourrait se développer, comme attend d'après les discussions de la section 6.1. En conclusion, nous pouvons considérer que nos sphères de Hénon conservent suffisamment leur caractère sphérique pour pouvoir sans crainte effectuer des comparaisons de la structure fine de la fonction de distribution dans l'espace avec le solveur Vlasolve. 8.2.2 Le cas 7 = -0.5 Les panneaux du haut et du milieux des figures 8.5, 8.6 et 8.7 montrent l'évolution de la fonction de distribution dans l'espace des phases pour j = 0.425 et intégrée sur j. L'accord entre Gadget-2 et Vlasolve est très bon jusqu'à t - 45. A t = 45, des irrégularités commencent à être visibles dans la structure filamentaire des enroulements de la fonction de distribution dans l'espace des phases, ce qui est le signe de l'apparition d'instabilités. L'accord entre les deux simu lations se détérioré. Premièrement, la simulation Vlasov présente comme attendu des effets de diffusion significatifs. Deuxièmement, les deux simulations ne semblent plus exactement synchro nisées. Notamment, les irrégularités mentionnées plus haut ne sont pas exactement positionnées au même endroit. Cette désynchronisation n'apparait pas dans les simulations présentées dans C2PSS. Les principales différences entre les simulations présentées dans ce chapitre et celles de l'article sont le paramètre de lissage de la force e et le pas de temps maximal autorisé. La figure 8.8 montre que e n'a pas d'influence importante sur la dynamique. La seule explication du désaccord observé est donc le pas de temps, dix fois supérieur ici par rapport aux simulations montrées dans C2PSS. Les panneaux du bas des figures 8.5, 8.6 et 8.7 nous informent sur l'évolution du profil de densité projetée. Excepté au centre et sur le bord du système, où le nombre de particules devient trop faible, l'accord entre Vlasolve et Gadget-2 est excellent, même dans les régions de ible densité. 1. Sachant que le temps dynamique initiale est de l'ordre de 2ir. 71 8.3 . DISCUSSION 1 1 1 1 1 1--1 1 1.4 1.4 1.2 1.2 CS CS! 10 3 0.8 1.0 e - 1 " 0.8 - 0.6 0.6 1 0 20 1 40 1 1 60 80 100 0 1 1 1 1 20 40 60 80 t Figure 8.1 - Évolution 100 t des rapports Figure d'axes ai et a2 pour 7 = -0.5. 8.2 - Évolution des rapports d'axes ai et a2 pour 7 = -0.1. Figure 8.3 - Évolution de l'anisotropie Figure 8.4 - Évolution de l'anisotropie pour 7 - - -0.5. pour 7 = -0.1. 8.2.3 Le cas 7 = -0.1 Les résultats correspondant à 7 = -0.1 sont similaires aux précédents mais un peu plus complexes. En effet, si nous regardons le profil de densité à différents temps (voir les panneaux du bas des figures 8.9, 8.10 et 8.11), l'accord entre Gadget-2 et Vlasolve est excellent (toujours à l'exception du centre et du bord du système). Lorsque l'on s'intéresse à l'espace des phases, les temps t < 10 (les panneaux du haut et du milieu des figures 8.9 et 8.10) montrent là encore un excellent accord. Aux temps plus grands, par exemple à t - 25, comme illustré par la figure 8.11, les espaces des phases ne sont plus en aussi bon accord, mais cela n'est pas un problème de synchronisation comme c'était le cas pour 7 = -0.5. Ici, on note que la simulation Vlasov, outre une légère diffusion, est sujette à un effet d'aliasing numérique conséquent, mais qui ne semble pas avoir d'effet sur la dynamique. La simulation Gadget-2, quant à elle, développe une instabilité, visible sur les enroulements extérieurs, qui n'est pas présente dans la simulation Vlasov. Cette instabilité est étudiée en détail dans C2PSS et nous montrons qu'elle est entièrement due aux effets collectifs du bruit blanc des particules. En effet, elle ne dépend ni de e, ni du pas de temps, ni des paramètres contrôlant les erreurs sur la force. Il semble de plus qu'elle apparaisse plus tardivement quand on augmente le nombre de particules jusqu'à N = 107. En revanche, une simulation comportant 100 millions de particules semble aussi instable qu'une simulation n'en comportant que 10 millions. Ceci suggère que l'instabilité observée est bien physique mais se développe trop tôt quand le nombre de particules est trop petit. Cette instabilité n'est pas présente dans la simulation Vlasolve, mais cela pourrait être dû aux effets de diffusion qui pourraient empêcher certains modes instable de se développer. 8.3 Discussion Dans ce chapitre, nous venons de comparer Gadget-2 à un code Vlasov et les résultats de nos analyses, tant pour l'inspection visuelle dans l'espace des phases que pour le profil de densité p(r), montrent un bon accord général entre les deux méthodes numériques à condition d'utiliser 72 CHAPITRE 8. COMPARAISON ENTRE GADGET ET UN CODE VLASOV Figure 8.5 - Comparaison de Gadget-2 à VLASOLVE pour 7 = -0.5 : conditions initiales. En haut : densité dans l'espace des phases pour une tranche de moment angulaire dans l'intervalle j G [0.4; 0.45] (à gauche VLASOLVE et à droite Gadget-2) ; au milieu : densité intégrée sur j ; en bas : profils de densité projetée p{r). La courbe bleue correspond au code Vlasov et la courbe verte à la simulation iV-corps. 73 8.3. DISCUSSION r r r Figure 8.6 - Comparaison de Gadget-2 à Vlasolve pour 7 = -0.5 : t = 13. Suite de la figure 8.5. 74 CHAPITRE 8. COMPARAISON ENTRE GADGET ET UN CODE VLASOV Figure 8.7 - Comparaison de Gadget-2 à Vlasolve pour 7 = -0.5 : t = 45. Suite de la figure 8.6. 75 8.3. DISCUSSION ( a ) e = 10 -4 (b) e = 10 -3 r r (c) e = 10 2 (d) e = 10 1 Figure 8.8 - Représentation de l'espace des phases à j = 0.425 et t = 45 pour 7 = -0.5 et différents e. 76 CHAPITRE 8. COMPARAISON ENTRE GADGET ET UN CODE VLASOV Figure 8.9 - Comparaison de Gadget-2 à Vlasolve pour 7 = -0.1 : conditions initiales. En haut : densité dans l'espace des phases pour une tranche de moment angulaire dans l'intervalle j G [0.4; 0.45] (à gauche Vlasolve et à droite Gadget-2) ; au milieu : densité intégrée sur j ; en bas : profils de densité projetée p{r). La courbe bleue correspond au code Vlasov et la courbe verte à la simulation A-corps. 8.3. DISCUSSION 10 " 2 10'1 10° r Figure 8.10 - Comparaison de Gadget-2 à Vlasolve pour 7 = -0.1 : t = 5. Suite de la figure 8.9. 78 CHAPITRE 8. COMPARAISON ENTRE GADGET ET UN CODE VLASOV Figure 8.11 - Compa raison de Gadget-2 à Vlasolve pour 7 = -0.1 : t = 25. Suite de la figure 8.10. 79 8.3. DISCUSSION les bons paramètres pour réaliser les simulations. Nous notons cependant l'apparition d'une inst abilité numérique dans les simulations Gadget-2 dans le cas 7 = -0.1. Cette instabilité pourrait être physique bien que dans C2PSS, nous ayons montré une dépendance manifeste par rapport au nombre de particules utilisées dans les simulations TV-corps. Ici, j'ai utilisé des simulations avec TV = 106 particules et je n'ai testé que les variations (très faibles) induites par le choix du lissage de la force. Dans C2PSS, des tests supplémentaire sont réalisés, notamment en variant le nombre de particules entre TV - 104 et TV - 108, le pas de temps et les paramètres de tolérance sur l'erreur de la force. Clairement, la quantité la plus déterminante est le nombre de particules. En particulier, il semble nécessaire d'avoir au moins de l'ordre de 100 millions de particules pour réaliser correctement une simulation de la sphère de Hénon avec 7 = -0.1! Dans C2PSS, des analyses quantitatives supplémentaires sont réalisées pour compléter l'ins pection visuelle de la fonction de distribution dans l'espace des phases. Pour réaliser ces mesures additionnelles, de nouveaux estimateurs statistiques sont introduits : des corrélateurs et des es timateurs de l'entropie, tous deux basés sur une écriture de la vraisemblance que les simulations TV-corps représentent des réalisations localement poissoniennes des simulations Vlasov. L'analyse statistique confirme les impressions visuelles et apporte quelques informations supplémentaires. Notamment, on remarque que pendant la phase de relaxation, l'accord entre les simulations TV-corps et les simulations Vlasov se dégrade temporairement. Cet évènement est de plus faible amplitude et apparaît plus tardivement quand le nombre de particules augmente. Ce qu'il faut conclure de ce chapitre, c'est que les simulations TV-corps sont capables dans les cas relativement chauds considérés ici de suivre avec précision la structure fine de l'espace des phases, mais il est nécessaire d'utiliser un grand nombre de particules et cela d'autant plus que le système est froid. Chapitre 9 Sommaire 9.1 Description des conditions initiales 81 9.2 82 9.3 Seconde étude 82 Focalisation sur les simulations intéressantes 86 9.4 9.4.1 Instabilité d'orbites radiales 86 9.4.2 Evolution de la pente avec l'âge (effets de relaxation) 91 Après avoir étudié les propriétés observationnelles des amas globulaires et des galaxies, nous avons mis en évidence un certain nombre de résultats analytiques sur diverses sphères isothermes. Nous allons maintenant entreprendre des simulations numériques visant à illustrer ces divers résultats et constats. Les expériences que nous allons mener consistent à étudier la dynamique d'un système auto- gravitant (sag) placé dans un bain thermique. Ces conditions respectent celles du problème détaillé dans la section 6.3. Afin de préserver l'intégrité de nos différents systèmes, nous avons imposé aux particules du bain et du SAG d'avoir la même masse. 9.1 Description des conditions initiales Nous avons utilisé principalement deux types de bain : Un thermostat : ce type de bain est construit de sorte à se comporter comme un ther mostat. Il s'agit d'un cube périodique, dans lequel les particules massives sont réparties spatialement selon une distribution uniforme. La température est fixée par la distribution gaussienne attribuée aux vitesses. Un thermostat maintient une température sans être affecté par le système avec lequel il est en contact. Nous faisons donc en sorte que les par ticules de ce bain puissent influer sur les particules du SAG sans que celles-ci n'affectent celles du bain en utilisant une option de Gadget. Un réservoir thermique : il s'agit d'un système composé de particules massives répar ties uniformément dans un cube périodique et dont la température est aussi fixée par une distribution gaussienne des vitesses. Contrairement au thermostat, les particules du réservoir ressentent l'interaction gravitationnelle des particules du SAG. Les paramètres du réservoir et du thermostat sont les suivants : - le nombre de particules iV& ; - la température T ; - le côté du cube Rc. Ces paramètres sont indépendants et constituent une partie de l'espace des paramètres de nos simulations. La stabilité du réservoir thermique va dépendre des valeurs de ces paramètres, notamment à travers le critère de Jeans (voir la section 6.2). 81 9.2. Bain I I SAG Rc Figure 9.1 - Condition initiale des simulations. L'effet d'un thermostat sur le SAG ne peut a priori se faire qu'aux travers des collisions l, les particules du thermostat ne pouvant être capturées par le SAG. L'effet correspondant ne peut alors apparaître que sur des temps grands devant le temps dynamique du SAG. Un réservoir thermique sera a priori plus efficace, les interactions gravitationnelles pouvant amener une partie des particules du réservoir à être capturées par le SAG, ou réciproquement. Des effets peuvent donc apparaître plus rapidement. Nous avons utilisé deux types de SAG : - un modèle de King, dont les paramètres (définis dans le chapitre 5) sont Wo, cr, rc et le nombre de particules Nk ; - une sphère de Hénon, de rayon initial iè, de masse M, de viriel initial 7 et contenant TV// particules. La figure 9.1 représente la répartition initiale du bain et du SAG. A ce moment, des particules du bain se trouvent déjà dans le SAG. 9.2 Une première série de simulations a consisté à placer un modèle de King, de paramètre Wq = 5.2, gc = 2.9 km.s-1 et rc - 3.5 pc, dans un thermostat. Les paramètres de chaque simulation étaient la température du bain, la taille de la boîte et le nombre de particules utilisées dans chacun des deux systèmes. La taille de la boîte nous permet de jouer sur la densité du bain. La température était calculée pour être un multiple k de la température moyenne de la sphère de King initiale. Nous avons fait varier k dans l'intervalle 1CU3 à 105. Chaque configuration initiale a évolué sur des périodes de temps allant de ÎOX^ à 120T^, où est le temps dynamique de la sphère de King initiale (voir le chapitre 2). De plus, nous avons ajusté le paramètre de lissage de la force e de sorte que le SAG utilisé ne soit pas affecté par les effets de relaxations à deux corps. Ni la densité du SAG ni les autres paramètres n'ont jamais montré de véritable évolution lors de ces simulations. Face à ce constat, nous avons augmenté la sensibilité de nos simulations en remplaçant le thermostat par un réservoir thermique et la sphère de King par une sphère de Hénon. 9.3 Seconde étude Une seconde série de simulations est construite en utilisant une sphère Hénon de rayon R - 2, de masse M = 1, de viriel 7 = -0.5, contenant TV// = 30000 particules et placée dans un réservoir thermique. Nous utiliserons ici le même système d'unité que dans le chapitre 8, dans lequel le temps dynamique du SAG est T^=0 = 2ir. De la même façon que lors de l'étude précédente, nous allons utiliser les caractéristiques du réservoir comme paramètres des simulations : le nombre de 1. par collisions, nous entendons des interactions à deux corps. CHAPITRE 9. EXPÉRIENCES NUMÉRIQUES particules iV&, la taille du cube Rc et sa température crc. Globalement l'évolution dynamique de ce système montre toujours deux phases successives. Dans un premier temps, la sphère de Hénon s'effondre et forme, comme attendu pour 7 = -0.5 (Roy and Perez [2004], Joyce et al. [2009]), une structure coeur-halo de pente a ~ -4 (ch4) à l'équilibre (7 - -1). La durée de cette phase initiale est de l'ordre de quelques temps dynamiques de la sphère de Hénon initiale. Cette phase d'effondrement n'est pratiquement pas affectée par les paramètres du réservoir, excepté pour certaines simulations. L'intersection des deux systèmes (bain et S AG) n'étant pas vide, le nombre de particules du bain contenu dans le S AG est variable, ce qui explique la légère variation observée des paramètres post-effondrement. La figure 9.2 indique, après l'effondrement, les valeurs des différents rayons, axes d'inertie, viriel, température et anisotropie en fonction des paramètres du réservoir thermique pour une partie représentative de nos simulation. Ces valeurs sont calculées en faisant la moyenne de chaque paramètre dans l'intervalle [1T^=0; 1.5Tj=0]. Cette phase d'effondrement est la traduction de l'instabilité de Jeans. L'évolution dynamique post-effondrement de cette structure de type CH4 est alors influencée par le bain. Cette influence est modulée par les paramètres du réservoir thermique. Nous avons effectué plus de 300 simulations dans l'espace des paramètres, la table 9.1 résume l'évolution dynamique d'une partie représentative de ces simulations. Cette évolution s'étend jusqu'à un temps correspondant à 15.9Tj=0. Les observables étudiées sont celles définies dans le chapitre 7, nous avons regroupé leur évolution dynamique en différentes classes associées aux symboles suivants : N Rc 33.3 7 nom a \ / \ ^3,1 0 Z* 0 ^3,2 0 Z1 0 ^3,3 0 Z1 \ ^6,1 0.06 \ \-0.11 0 Z1 0 ^6,2 0 U UC \-0.12 0 / 0 ^6,3 a \ Z1 0 ^6,1 a \ Z 0 P 0 0.15 7°'43 0 U U2 \-0.1 Rio, R50, R90 ai, ü2 1CT3 • ht1 • 2 1CT1 • 0 1(T3 • 0 ht1 • 0 2 HT1 • 1 105 66.6 T P (Le 0.02 \ \-0.11 0.08 \ \0.03 2 105 66.6 1(T3 • 0 0.1 A017 4 105 66.6 1(T3 • 0 0.1 / 1 106 66.6 1(T3 • 0 0.12 / a \ Z 0 ^6,3 1(T3 • * ^ \0.33 a \ Z1 \ R3,1 10-1 • 0 u ub \o.o 0 Z \ R'3,2 2 HT1 • 0 \-0.05 0 Z 0 -63,3 1CT3 • 0 7(0.42 a \ Z \ #6,1 ht1 • 0 0.06 \ 0 Z 0 Bo,2 2 10-1 • 0 0.06 \ \-0.1 0 Z' 0 Bç,,3 7(0.37 a \ Z1 \ C3,4 \0.03 0 Z' \ C3,5 0b 0 Z1 \ ^3,6 0.15 /*abY a \ Z" \ C6,i U Ub \-0.07 0 z 0 ^6,2 0 Z* 0 Co,3 0; \ z \ 33.3 3.25 105 66.6 33.3 1CT3 • é ht1 • 0 2 HT1 • 0 ïcr3 • * ht1 • 0 2 HT1 • 0 5.5 105 66.6 1856250 70.23 7(0.27 0.03 \ 0.11 / \-0.1 0.5 / 0.07 \ c b >t.
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Une approche géographique des environnements ordinaires. L'accompagnement de la restauration des petites rivières. Géographie. Panthéon-Sorbonne, 2022. &#x27E8;tel-04033566&#x27E9;
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Du fait du coût des opérations, l’argument financier est un levier important. Les aides accordées sont conditionnées aux solutions choisies : il est plus avantageux pour le propriétaire de se tourner vers le scénario le plus ambitieux. Cette option est aussi promue comme définitive : elle libère le propriétaire des charges de gestion et d’entretien de son ouvrage. Ainsi, même dans les secteurs non pris en charge à 100% (hors liste 2 ou ouvrages prioritaires), la subvention de 80% est acceptée lorsque le technicien met en regard la somme restante au coût de remplacement ou de gestion des vannages. Les scénarii promus par les gestionnaires se révèlent régulièrement plus coûteux que ceux défendus par les propriétaires. C’est le cas sur le moulin Guerson dans la vallée du Léguer où les propriétaires, après avoir ouvert une brèche dans leur ouvrage, souhaitaient pouvoir le conserver en partie afin notamment de maintenir une zone humide située en amont. Seulement, ces derniers n’ayant pas les moyens de financer l’opération la plus simple (60 000 € environ financé au maximum à 60%) se sont retrouvés contraints de souscrire à l’opération la plus coûteuse (280 000 €) totalement prise en charge : un arasement complet de l’ouvrage accompagné de lourds travaux de réaménagement (suppression de la pisciculture et remise en état du terrain, etc.). La relation bilatérale est parfois aussi l’occasion de négociations qu’on pourrait qualifier de « marchandage » durant laquelle les financeurs proposent la prise en charge de travaux pour obtenir l’adhésion du propriétaire (Vina 2016). Convaincre un propriétaire amène à proposer des compensations qui peuvent être technicoéconomiques (maintenir la possibilité d’abreuver les bêtes pour un agriculteur qui utilise l’eau de la rivière par exemple en installant des pompes à nez) ou d’agrément. Les secondes sont les plus courantes chez les particuliers : elles concernent le réaménagement des abords de la rivière dans la propriété privée (plantations horticoles, travaux paysagers, terrassement, installation d’une passerelle, etc.). Ces mesures d’accompagnement permettent de « faire passer la pilule », de faire accepter l’arasement. Ces mesures sont onéreuses et représentant une part non négligeable du budget nécessaire au simple arasement des ouvrages. Par ailleurs, ces mesures d’accompagnement ayant un coût, une discussion personnelle était privilégiée pour ne pas ébruiter ces possibilités auprès des 229 propriétaires voisins. Cette pratique pose de nombreuses questions. Pourra-elle être poursuivie à moyen ou long terme et les prochains propriétaires à opter pour l’arasement pourront-ils eux aussi bénéficier du même accompagnement? C’est une crainte relevée par un propriétaire qui se dit qu’il faut sans doute accepter d’intervenir maintenant avant que les financements disparaissent. Le financement de ces mesures pose également des problèmes éthiques lorsqu’elles concernent des sites exclusivement privés et que leur montant représente une part négligeable du prix des travaux. Cela pose la question de la nécessité de fixer, comme dans la délégation territoriale Seine aval, un seuil maximum pour ces mesures d’accompagnement (30% maximum du budget global), et de déterminer ce qui est légitime de financer avec des fonds publics et de ce qu’il est normal de payer à des particuliers pour encourager la restauration écologique. L’identification systématique et fine des propriétaires ayant bénéficié de trav aux révélerait sans doute également qu’une partie de ces bénéficiaires s’inscrivent dans une logique d’opportunisme : les mieux informés, les plus connectés aux structures de gestion sont-ils mieux servis? Les aspects lacunaires et très inégaux des bases de données (dossiers d’aides notamment) ne permettent pas d’investiguer plus précisément ces différents aspects. 5.1.5 Entre solidarités de bassin versant et crainte des opposants Le dialogue avec les propriétaires n’est cependant pas strictement bilatéral. Plusieurs techniciens témoignent de leur souci de ne pas aborder un propriétaire individuellement : « On avait regardé l'ensemble du cours d'eau, ce qui était bien dans la discussion avec les propriétaires, parce que du coup, ils ne se sentaient pas isolés et juste "piqués". Et dire : il y a un fort intérêt jusque-là, on va voir aussi vos voisins. [...] ils ont adhéré à la démarche assez rapidement au final parce qu'on avait vu cet ensemble » (chargé de mission, fédération de pêche). Outre d’éviter de stigmatiser un propriétaire, cette stratégie permet de démontrer de manière pédagogique ce en quoi consiste la restauration de la continuité écologique en ciblant une série d’ouvrages problématiques. Il s’agit de travailler par axe et non au cas par cas pour créer une dynamique collective. Au-delà il s’agit d’impulser une solidarité écologique à l’échelle d’un linéaire. Lorsqu’elles s’inscrivent dans une démarche globale d’étude, ces discussions bilatérales sont aussi suivies de l’organisation de réunions publiques avec l’ensemble des propriétaires. C’est le cas sur le Léguer ou la Sienne par exemple où les gestionnaires ont convié l’ensemble des propriétaires à la présentation des résultats d’une étude. Cependant cette option expose les gestionnaires à la critique. Beaucoup redoutent ce passage et certains y renoncent. La venue d’associations de défense de moulins (du secteur ou bien voisines) est en particulier redoutée. La crainte est de ne plus pouvoir maîtriser les échanges et d’offrir une tribune aux opposants à la restauration de la continuité écologique. Beaucoup ont le souvenir d’avoir participé à une réunion qui a dérapé : « je crois que j’ai fait une connerie de faire venir ce type, il va tout nous foutre en l’air » (TR, Risle, 2018). Qu’ils aient des représentants sur le bassin ou non, les Amis des moulins sont très présents dans le discours des techniciens. L’absence de réunion ne les fait d’ailleurs pas disparaître puisqu’ils parviennent à participer à des rendez-vous : « Ça n'a pas été facile au démarrage. Le propriétaire a un peu changé d'avis, la première fois que je l'ai rencontré, il avait les Amis des Moulins qui étaient invités. C'est assez dogmatique, la position. Nous, après, on était là pour proposer une aide, dans une voie » (TR, Eure, 2019). Le discours des opposants circule de toute façon via les réseaux sociaux et Internet notamment : « Quand les propriétaires se renseignent, quand on les aborde avec des sujets de RCE, les premiers sites sur lesquels ils tombent : effectivement, on a tout un contre-argumentaire à faire pour ramener les propriétaires, ce qu'on arrive à faire. Ça nous demande une énergie, alors que quelque part, si on avait à la base pu communiquer aussi efficacement qu'eux sur ces thématiques, on n'aurait pas ce travail de désamorçage à faire à chaque fois » (TR, Eure, 2020). Différents scénarios sont proposés aux propriétaires selon les résultats des diagnostics. Certains y sont totalement opposés parce qu’ils sont incompatibles avec leur projet de remise en marche d’une production hydroélectrique ou parce qu’ils refusent que quiconque interfère dans la manière dont ils gèrent et aménagent leur propriété. S’ils peuvent porter des démarches de concertation collective, les 230 gestionnaires n’ont in fine aucun pouvoir pour convaincre les propriétaires de mettre en œuvre les décisions arrêtées puisque ces derniers ne rendent des comptes qu’aux services de l’État. Au lieu d’intervenir selon une progression logique de l’aval vers l’amont, les gestionnaires sont alors obligés face à ces blocages d’agir en fonction des opportunités : ils rétablissent la continuité sur les sites où des propriétaires sont prêts à accepter les solutions proposées. Cela semble être le seul moyen d’avancer tandis que dans le même temps les injonctions à agir de la part de l’État et des Agences de l’eau sont fortes. Cette situation encourage une partie des gestionnaires à privilégier une négociation bilatérale plutôt que collective. 5.2 Faire sans concertation : l’échec de la Sélune Sur le terrain, chaque opération fait l’objet d’une trajectoire de concertation spécifique. Il existe des opérations dans le cadre desquelles la concertation est absente. C’est le cas pour la suppression des barrages de la Sélune (Germaine et Lespez 2014; Germaine et Lespez 2017). La reconstitution des itinéraires de concertation (Beuret, Pennanguer, et Tartarin 2006) permet de mettre en évidence un processus long et complexe qui ne suit pas une trajectoire linéaire (Fig. 66). La suppression des barrages est discutée sur de multiples scènes par des collectifs dont la configuration évolu au fil du temps. Les moments d’incertitude et en particulier les phases d’interruption jouent un rôle crucial. L’opération de suppression des barrages est conduite conjointement par l’État (propriétaire du barrage de Vezins) et EDF (propriétaire du barrage de la roche-qui-Boit). Ces derniers prennent en charge les travaux techniques (vidange, gestion sédimentaire, démolition des infrastructures, remise en état de la vallée) tandis que l’État souhaite confier le foncier libéré et la reconversion paysagère et économique de la vallée aux collectivités locales. Après l’annonce de la décision par le gouvernement fin 2009, la mise en œuvre du projet est confiée au Préfet de la Manche et ses services avec l’impératif qu’elle constitue « un véritable plan de mise en valeur de la vallée » et vise « l’excellence environnementale tout en intégrant les facteurs de développement locaux » (Jouanno, 2009)104. Alors que la population locale, et la majorité des élus (à l’exception du président de la CLE) exprime leur opposition au projet, l’ensemble du processus est marqué par une incapacité à résoudre cette situation initiale conflictuelle. L’opposition, incarnée par l’association des Amis du barrage créée en 1993 au moment de la vidange du lac de Vezins, semble avoir été négligée. 104 Extrait du discours de la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, à l’occasion du lancement du PARCE (Plan national de restauration des cours d’eau) en novembre 2009 au bord de la Touques (Calvados). 231 Figure 66 – Les étapes du dialogue à l’œuvre dans le projet eff des 2017, ) 5.2.1 Un déficit de portage politique Une des premières difficultés réside dans le portage politique du volet de reconversion. La décision s’appuie sur un vote de la CLE sollicitée par l’État. Le Syndicat Mixte de la Sélune inscrit dans le SAGE le « souhait de programmer la fin d’activité des barrages à court terme ». Il envisage la suppression des barrages comme une opportunité pour dynamiser la vallée et construire un projet global assumant des objectifs aussi bien sur le plan halieutique (pêche et station d’observation des saumons) que vers des activités récréatives (comme le kayak) ou des aspects depuis laissés de côté (comme les énergies renouvelables). En 2009, lors de l’annonce de la suppression des barrages, le SAGE se trouve pourtant abandonné par l’État qui ne le soutient pas et ne le prévient pas de la décision alors qu’il a été la cheville ouvrière initiale de la réflexion. Pour assurer l’intéressement des élus locaux, l’État s’engage à ce que la vidange et la démolition des barrages n’interviennent qu’après qu’un dispositif d’accompagnement défini en concertation permette de doter la vallée de la Sélune d’un nouveau projet de territoire. Concrètement, les élus des 232 quatre cantons concernés cherchent à obtenir des mesures d’accompagnement sur les sujets qui les concernent directement. L’État s’engage alors dans un processus de traduction en plusieurs temps de façon à enrôler chacun des acteurs en présence dans le nouveau dispositif. Pour lever les réticences, des discussions bilatérales sont menées avec les élus et de nouvelles études techniques sont commandées pour répondre aux craintes quant au maintien de l’alimentation en eau potable, à la gestion des sédiments et aux inondations. Des solutions sont mêmes trouvées pour compenser la disparition de la pêche aux carnassiers ou pour prévenir les inondations à l’aval. Par ailleurs, des discussions spécifiques sont conduites avec les élus et gérants de la base de loisirs de la Mazure, installée sur les berges du lac de Vezins, qui apparaît comme le problème le plus urgent. Chacune de ces négociations s’accompagne de promesses financières permettant d’assurer la réalisation des alternatives retenues. Ainsi sont décidées la création d’un plan d’eau de 8500 m2 hors du lit majeur pour pérenniser les activités nautiques à la Mazure, la reconversion d’anciennes carrières en étangs de pêche ou la révision du système d’alerte des crues. À une échelle plus globale, le compromis entendu entre l’État et les élus conduit à la réalisation du schéma de développement durable de la vallée (Etheis Conseil, SetUp Environnement, Aménagement et Tourisme, Géophen 2012) qui vise à dégager des pistes de reconversion. Cependant, on assiste plutôt à des résolutions partielles du problème qu’à l’émergence d’un véritable projet de territoire : les mesures compensatoires et les subventions constituent les contreparties de l’intéressement des élus mais aucune dynamique ou véritable appropriation ne s’enclenche. Le dispositif reste fragile et au moment où l’État souhaite passer le relais à l’échelon local, il ne trouve aucun élu pour assurer le portage politique du projet. Ainsi, l’aboutissement de cette scène de concertation repose finalement sur un processus plus contraignant. Face au boycott par les maires des communes riveraines des lacs des ateliers organisés pour produire un schéma de reconversion de la vallée, l’État lance un ultimatum aux élus en imposant un portage partagé entre l’État, le Pays de la Baie du Mont Saint-Michel et le Syndicat Mixte du bassin de la Sélune. Les premiers interlocuteurs de l’État étaient les élus des cantons riverains des lacs (SaintJames, Ducey, Isigny-le-Buat, Saint-Hilaire-du-Harcouët) mais l’accord est, lui, opéré avec le Syndicat mixte du Pays de la Baie du Mont-Michel créé en 2010. Il a pour mission d’assurer « un développement équilibré de son territoire par la réalisation d'études préalables sur des projets d'aménagement du territoire et de développement économique, considérés d'intérêt supra-communautaire ». L’imposition de ce portage tripartite marque un tournant entre une phase pilotée par les services de l’État et une seconde phase durant laquelle le Pays de la Baie passe aux commandes d’une nouvelle étude visant à déterminer concrètement les modalités de reconversion de la vallée. Confié à un consortium de bureaux d’études, les Maîtres du Rêve, elle débouche sur la présentation d’un projet de 20 millions d’euros comprenant divers aménagements (cheminements, reconversion des bâtiments, passerelles,...). Fidèles aux principes retenus par le bureau d’étude mandaté par la DDTM deux auparavant, la réception de ce nouveau projet est cependant bien meilleure du fait du changement de commanditaire. Le Pays traduit en effet les enjeux de développement économique local et non la réglementation. Les élus participent aux différentes réunions du comité de pilotage de cette étude. Certains ouvertement opposés à l’arasement justifient leur participation à la construction de ce projet en invoquant leurs responsabilités de maire : « je suis bien obligé d’envisager l’aprèsbarrage. Si je ne le faisais pas, je serais un mauvais maire » (2012). Les élus sont donc contraints de s’emparer de la dimension socio-économique du projet tout en continuant à s’opposer à l’arasement : « c’est le début d’un processus pour une vallée qu’on va dessiner nous-mêmes... il faut qu’on se projette parce que si on ne se reconnaît pas dans cette identité, on ne pourra pas la vendre [...] mais le chemin n’est pas fait dans nos têtes, on est encore dans la défense des barrages et avec force! Mais, si elle va être vidée, il faut absolument qu’on y réfléchisse » (maire, 2011). Il s’agit donc d’y être pour anticiper un événement dont on pense qu’il ne va pas se produire, au cas où finalement. L’adhésion des élus au projet reste donc timide : ils s’expriment très peu lors des réunions du comité de pilotage laissant les experts présenter leur projet, et à aucun moment un vote n’est organisé pour qu’ils manifestent leur désaccord ou leur soutien aux différentes propositions. Après une phase de remise en cause du projet de suppression des barrages (Germaine et Lespez, 2017), celui-ci revient sur le devant de la scène fin 2017. En mars 2018, le préfet tente d’impulser une nouvelle dynamique en proposant aux élus l’organisation de groupes de travail (itinérance, agriculture et paysage, patrimoine, pêche, communication). C’est alors la Communauté d’Agglomération Mont SaintMichel Normandie, créée en 2017, qui devient l’interlocuteur de l’État. Ces groupes de travail se tiendront de manière très erratique105 sans qu’ils ne soient jamais portés politiquement par le président de la Communauté d’Agglomération. L’État demande à la Communauté d’Agglomération de lui fournir un projet tandis que cette dernière réclame un budget dans un dialogue sans fin. En revanche, les élus des communes riveraines (Isigny-le-Buat, Saint-Laurent-de-Terregatte, Saint-Hilairedu-Harcouët, Ducey, Saint-Martin-de-Landelles) adressent en décembre 2020 un courrier à l’État pour signifier leur mobilisation pour construire un projet global de valorisation de la vallée de la Sélune. Faisant état de l’intérêt des nouveaux paysages dévoilés par la vidange, ces élus, dont les plus moteurs sont des femmes, réclament qu’un projet émerge et proposent plusieurs pistes concrètes : aménagement d’un cheminement de fond de vallée et de franchissements, aménagement de zones d’embarquement, etc. Ces propositions ne sont officiellement pas reconnues par la communauté d’agglomération qui se désintéresse du projet : « J’ai peur que l’aménagement de la vallée ne soit pas une priorité, ça n’avance pas du tout, on n’en parle jamais dans l’ordre du jour » (élue, 2021). Le portage politique fait donc défaut. Le temps long du projet a conduit à des reconfigurations multiples des collectivités renforcées par les réformes territoriales106. Cette situation met en lumière la difficulté des élus locaux à faire reconnaître leurs points de vue au sein d’instances de la taille des collectivités actuelles : la communauté d’agglomération regroupe 93 communes et près de 90 000 habitants tandis qu’Isigny-le-Buat n’en représente que 3 300 alors même qu’il s’agit d’une commune canton. La vallée de la Sélune pourrait constituer un axe structurant pour consolider la cohésion de ce périmètre issu de la fusion de cinq communautés de communes mais les enjeux semblent plutôt tournés vers la ville centre, Avranches, et la Baie avec laquelle le lien ne parvient pas à se faire alors même que c’est l’embouchure de la Sélune. Dans les mois à venir va donc se poser la question de la capacité de l’État à dialoguer avec les élus riverains plutôt qu’avec la communauté d’agglomération ou des « petits » élus à imposer l’aménagement de la vallée à l’agenda de la communauté d’ag ération. Il s’agira aussi d’observer quelles seront les possibilités concrètes de transfert du foncier et de portage financier des projets qui seront validés si jamais le projet ne parvient pas à s’imposer à l’échelle communautaire. 5.2.2 Un mauvais contrôle du temps Une seconde difficulté tient au contrôle du temps. L’itinéraire de concertation est caractérisé par des phases d’adhésion au projet qui sont mal utilisées. À chaque fois, ces moments charnières (ou turning points) constituent des opportunités non saisies pour faire rebondir le projet et lui donner un nouvel élan. L’absence de communication et de porte-paroles à ces moments clés ne permet pas de tracer de perspectives qui permettraient de présenter une véritable alternative à la situation présente, susceptibles de bouleverser les représentations dominantes et de déclencher une adhésion plus large. Cette absence de congruence des temps du projet est observée à cinq reprises au sein même de la scène de concertation qui construit le collectif des partisans du démantèlement. En 2005, alors que le collectif local s’est mis en situation de réaliser le projet, l’État n’est pas prêt. Après le vote de la CLE, l’État ne rend pas sa décision quant au renouvellement de la concession de l’exploitation hydroélectrique par EDF qui est donc reconduite tacitement. En 2009, alors que les services de l’État sont en ordre de marche, les partisans locaux ont été marginalisés progressivement par l’émergence des opposants qui ont utilisé au mieux les 4 années de latence pour se mobiliser. Après avoir accompli un important travail, dans l’attente d’une décision 105 La crise sanitaire liée au COVID19 puis les élections municipales de juin 2020 freineront à leur tour la préparation d’un projet. 106 Plusieurs communes ont par ailleurs fusionné durant la même période. 234 gouvernementale, le Syndicat Mixte du bassin de la Sélune (SMBS) est privé de son projet majeur auquel beaucoup de choses sont subordonnées. Sa légitimité sera largement remise en cause pendant les 4 ans de vacance. Au lendemain de la décision, des études complémentaires sont lancées afin de rassurer les élus, qui dans le même temps s’insurgent parce qu’« on lance les études après la décision, ce n’est pas tolérable » (février 2012). Ce temps de latence favorise au contraire la consolidation du collectif favorable au maintien du barrage. L’attente « imminente » d’une décision de l’État le contraint à agir vite et de manière forte. Il occupe ainsi le terrain et se développe à l’échelle locale. Structuré et en ordre de marche, ce collectif est alors réactif dès l’annonce du démantèlement en 2009. À l’opposé, la décision tardive de l’État et son positionnement dans une stratégie nationale (Grenelle) décrédibilise le collectif localement en faveur du démantèlement des ouvrages. Le projet qui rebondit en 2009 devient une opération d’envergure nationale voire mondiale visant à répondre à des enjeux globaux et n’a ainsi plus de relais local en dehors des services et des agences de l’État. Quand le collectif tente de trouver de nouveaux appuis, il les cherche à l’extérieur comme le montre le poids des ONG réunies au sein du collectif les Amis de la Sélune créé en 2011 qui mettent l’accent sur la biodiversité et la protection d’une espèce (le saumon) aux enjeux internationaux. Parallèlement, le Syndicat Mixte du Bassin de la Sélune continue d’être mis de côté. L’accord tripartite de 2013 lui laisse les seuls aspects environnementaux qui consistent essenti en des aspects contraignants visant l’amélioration de la qualité de l’eau tandis que les aspects de valorisation, sur lesquels le SMBS avait pourtant travaillé (paysage, sports de nature, éducation à l’environnement), sont confiés au Pays de la Baie. Enfin, de manière très concrète, le SMBS voit ses forces vives littéralement fondre puisque demeure seulement sa directrice après le départ de l’ensemble des techniciens (bocage, rivière, bassin versant) dont les postes n’ont pas été soutenus par l’AESN favorable à ce que la compétence GEMAPI soit prise en charge par les collectivités. Enfin, la disparition soudaine du président de la CLE début 2015, seul élu soutenant l’arasement des barrages, a laissé le syndicat sans véritable pilotage politique. En 2014, alors que le contexte local est à nouveau mûr pour s’engager dans le projet avec le Pays de la Baie, le Ministère envoie des signaux forts de remise en cause du projet. Ce rebondissement intervient alors que les différentes procédures administratives obligatoires à l’aboutissement du projet sont sur le point de s’achever. Une enquête publique est organisée à l’automne. La participation est forte puisque plus de 4500 avis sont recueillis. Les conclusions sont publiées en novembre 2014 : la commission donne un avis favorable s’appuyant sur 53% d’avis positifs (Néron, Aubry, et Cordier 2014). Il s’agit de la dernière étape légale avant de publier un arrêté de démantèlement des ouvrages. Cependant, après une visite sur le site en décembre 2014, la ministre S. Royal commande une nouvelle expertise et décide de suspendre la décision d’arasement à une inspection des ouvrages : « il faut que le rapport qualité-prix soit raisonnable. On ne met pas 53 millions d'euros pour faire passer les poissons ». Remis en juin 2015, le rapport du CGIET et du CGEDD conclue à l’impossibilité de concilier production d’énergie et circulation des poissons migrateurs renvoyant la décision à un choix politique. Celui-ci intervient en mars 2016 par un arrêté ordonnant la vidange de Vezins (non assorti d’une suppression des barrages) : il porte un coup d’arrêt à la dynamique du projet politique porté par le Pays de la Baie depuis 2013. En mars 2017, la vidange et les travaux de gestion sédimentaire débutent dans ce contexte d’incertitude laissant renaître l’espoir de conserver les barrages. Il faut attendre novembre 2017 pour que la suppression des lacs redevienne d’actualité à travers un communiqué de presse de N. Hulot, Ministre de la Transition Ecologique, qui confirme la suppression des barrages. Celle-ci n’est cependant traduite juridiquement qu’en octobre 2018, alors que l’assec complet de Vezins vient d’être atteint, avec la publication d’un arrêté de démolition des barrages de Vezins et de la Roche-qui-boit. La retenue de Vezins devra cependant être remplie de nouveau quelques jours plus tard. La démolition ne peut pas intervenir en hiver. Or, le barrage n’étant pas conçu pour être vide d’eau, EDF qui poursuit l’exploitation seulement dans le cadre des « délais glissants »107 refuse de le gérer dans ces conditions. 107 Le barrage ne peut être abandonné : tant que l’arrêté de fin de concession n’a pas été signé par le Préfet de la Manche sur décision de la Ministre, l’entreprise est tenue de poursuivre la gestion des équipements. 235 La DDTM craint par ailleurs que les crues hivernales perturbent les travaux de stockage sédimentaire. Alors que le niveau de l’eau ne devait plus remonter, l’agenda politique a entraîné un retour en arrière paysager. Celui-ci vient entretenir la confusion et les incertitudes quant au devenir des barrages. Le barrage de Vezins est finalement détruit durant l’été 2019. Enfin, en octobre 2021, le Ministère annonce le report de la démolition du barrage de la Roche-quiBoit initialement prévu à l’automne. À la demande de l’OFB, la DDTM demande à EDF de reporter la démolition pour éviter les risques de départs de sédiments à l’aval en cas de crue. L’impossibilité de mener des travaux de démolition en hiver s’était déjà pourtant posé trois années auparavant et aurait pu être anticipé. Ce dernier revirement retarde de nouveau la mise à l’agenda effective de la construction d’un nouveau projet de territoire, les techniciens considérant que « rien ne sera possible tant qu’un des barrages sera en place » (TR, 2021). Le soutien au projet n’est donc pas synchrone aux différentes échelles concernées. Le cheminement est donc lent, ponctué de remises de rapports, d’échanges de courriers et de réunions successives qui ne laissent pas paraître beaucoup de progression. Dans les comités de pilotage, beaucoup font part de leur impatience. Les élus soulignent que le cas de la Mazure est très délicat à gérer tant qu’aucune information n’est donnée sur le niveau des lacs dans les mois à venir - « le projet de reconversion est prêt, on l’a déposé en 2009 mais ce n’était pas assez ambitieux [...] nous sommes dans l’impossibilité de vendre la saison 2015 » (élu, CLI, février 2014). Surtout les multiples revirements politiques et leurs traductions concrètes dans le paysage entretiennent un climat d’incertitude qui empêche les élus de se projeter véritablement. Leur position est ambivalente puisqu’ils gagnent un temps qui va se révéler précieux pour envisager de nouvelles solutions permettant le maintien des barrages et le rétablissement de la continuité écologique. Ainsi, les Amis du barrage suggèrent d’abord d’installer une station de transfert d’énergie par pompage couplée à une passe à poissons puis, en décembre 2014, la Ministre de l’Environnement envisage plusieurs pistes pour concilier les deux enjeux (transport en camion des poissons capturés à l'aval, aménagement d’ascenseurs à poissons ou de canaux de contournement) alors que l’entreprise Valorem, candidate depuis 2015 à la reprise des ouvrages, propose un dispositif de capture-transport pour assurer la montaison et dévalaison des poissons migrateurs ainsi qu’un système de collecte des sédiments. Ainsi, aucune des nombreuses étapes du processus de construction du projet ne donne lieu à une avancée significative, à plus de visibilité et ne permet de les incertitudes jusqu’à la démolition du barrage de Vezins en juillet 2019. Cela semble un processus sans fin et personne y compris dans le collectif des partisans du démantèlement n’est jamais vraiment certain que le démantèlement se fasse un jour. Les acteurs sont aujourd’hui suspendus à la démolition du barrage de la Roche-qui-Boit tout en redoutant que son report au printemps 2022, qui sera aussi une période électorale, ne lui fasse connaître de nouveaux rebondissements. 5.2.3 Une absence de prise en compte des usagers et habitants Enfin, l’échec de la concertation autour du projet Sélune tient au faible investissement des promoteurs dans l’information. Concrètement, une fois la décision annoncée, l’État a tenté de reconfigurer la scène de concertation pour obtenir une adhésion au projet. La DDTM propose un dispositif de gouvernance afin de rétablir le dialogue entre les différents acteurs. Il s’appuie sur : − − un groupe projet restreint composé des services de l’État (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement – DREAL), d’EDF, de l’Agence de l’eau et de trois élus locaux : il commande les études, un comité de pilotage ouvert à d’autres élus, dont le président de la CLE, ainsi qu’aux administrations et établissements publics comme l’ONEMA (OFB) : il valide les études et oriente éventuellement les travaux en cours, 236 − une commission locale d’information, originellement étendue au grand public mais en réalité accessible seulement sur invitation, réunie à six reprises seulement entre juillet 2009 et mars 2022. Ce dispositif ne laisse aucune place aux habitants et usagers. Ces derniers ont été totalement laissés de côté jusque-là à l’exception de l’enquête publique durant laquelle ils ont pu s’exprimer. Celle-ci a eu lieu entre le 15 septembre et le 17 octobre 2014 au titre de la loi sur l’eau et du code de l’urbanisme. À cette occasion, un dossier décrivant le projet a été mis à disposition du public : il se compose de plusieurs documents dont la description des travaux envisagés et l’étude d’impact (600 pages sans compter l’atlas cartographique). Comme les rapports d’études, il s’agit de documents relativement inaccessibles pour le grand public tant par leur volume que par leur technicité (Blatrix 1996). La participation a été forte (elle concerne surtout la loi sur l’eau) avec 4 565 avis déposés (Tableau 14). La consultation a été ouverte à tous. À la demande de la préfecture, elle a même été élargie via la mise en place d’une e-enquête permettant de déposer un avis par e-mail. Les personnes s’étant exprimés dans les mairies, donc des locaux, sont pour l’écrasante majorité défavorables tandis qu’à l’inverse les contributions par mail sont pour près de 85% favorables. La commission d’enquête déplore que l’objet de l’enquête n’ait pas été compris par les participants. Les commissaires rappellent que cette procédure vise à intervenir sur la pertinence des modalités d’un projet et non à remettre en question son opportunité. Or, de nombreux contributeurs se sont saisis de cet outil pour exprimer leur opposition à l’arasement. Si la « méconnaissance des procédures » est mise en avant, il paraît important de rappeler que cette enquête intervient alors qu’aucune opportunité ne s’est présentée aux habitants pour exprimer leur point de vue108. À l’attachement local exprimé en faveur des barrages, des associations extérieures au bassin versant (y compris internationales : WWF, AIDSA, NASF,...) ont répondu par leur engouement pour ce projet. Le rapport d’enquête souligne que « l’essentiel des observations soutenant leur démantè lement provient d’un public demeurant hors du département et qui associe, pour ce qui relève de structures identifiées, des acteurs du monde de l’environnement, de celui de la pêche en eaux vives, d’instances et de personnels scientifiques, etc. » (Néron, Aubry, et Cordier 2014). De fait, le mécanisme de l’enquête publique joue en faveur des intérêts déjà constitués et des acteurs rodés à ce type de démarche comme peuvent l’être les associations de protection de l’environnement (Fromentin 2005). Par exemple, le collectif des Amis de la Sélune a organisé une campagne de mobilisation auprès des adhérents des associations membres afin que ceux-ci envoient un avis type par courriel aux commissaires enquêteurs, organisant même une « cyber-action » qui a permis l'envoi de 1023 avis favorables à la commission109. Si l’ouverture de l’enquête à Internet permet l’expression de personnes ne pouvant se déplacer, elle pose aussi la question du périmètre des individus légitimes à apporter leur avis sur le devenir d’un territoire. Ainsi, pour un habitant rencontré, « l’enquête publique a été faussée avec internet, avec des gens de l'extérieur qui nous disent quoi faire. Il aurait fallu rester uniquement sur notre région ». L’ouverture de l’enquête à tous renforce le sentiment de dépossession des acteurs locaux. Cette observation pose la question des périmètres légitimes de consultation des populations au sujet des projets dont la lecture varie d’une échelle à l’autre. Bien que suggéré par la ministre S. Royal, un référendum local est ici impossible. Les barrages sont situés sur une rivière classée : la Sélune figure sur un décret de classement des cours d’eau normands paru en février 1924 définissant l’obligation d’assurer la libre circulation des poissons. Leur maintien nécessiterait de réviser le classement des cours d’eau, ce qui ne relève pas des collectivités. Si le gouvernement s’appuie sur la décision de la CLE pour annoncer et justifier l’arasement des barrages, celle-ci ne relève en fait pas du pouvoir local. Les habitants ne peuvent donc pas se prononcer sur cette question. Une consultation électorale locale comme organisée pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est donc pas envisageable. 108 Les réunions publiques que nous avons organisées dans le cadre du programme scientifique ont connu le même sort : en l’absence de lieux de dialogue et d’information sur le projet, les espaces disponibles ont été utilisés pour contester le projet même si ce n’était pas leur objet. Celui-ci aurait cependant poser les mêmes questions de légitimité et du périmètre pertinent des populations à inviter à prendre part au vote (Rivière 2016). Dans le cas de l’enquête publique, l’ouverture aux contributions électroniques a de facto positionné le projet comme d’envergure nationale. C’est dans ce contexte confus qu’une consultation populaire a néanmoins été organisée par les Amis du barrage. Pour contrer l’enquête publique officielle, à l’automne 2015, soit un an plus tard, l’association a déposé des urnes et des bulletins chez de nombreux commerçants et tenu des bureaux de vote lors de foires locales. Au total, 19 276 bulletins sont recueillis parmi lesquels une écrasante majorité (98,89%) est opposée à la destruction des barrages. À l’inverse, les défendeurs de l’arasement se sont saisis de ce contexte réglementaire pour porter le débat sur le plan juridique. La fédération de pêche de la Manche et l’Union régionale des fédérations de pêche Bretagne – Basse-Normandie – Pays de Loire ont mené conjointement des actions. Celles-ci se sont soldées le 26 novembre 2010 par un arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes concluant qu’« EDF est mis en demeure de prendre toutes les dispositions nécessaires de nature à assurer la libre circulation des poissons migrateurs au droit des barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit au plus tard le 31 décembre 2013 ». L’Union régionale comme les Amis de la Sélune répètent dans leurs communiqués de presse le cadre réglementaire pour dénoncer l’exploitation irrégulière des barrages par EDF depuis 1991 (soit 5 ans après le classement de 1986 au titre de la libre circulation des poissons migrateurs, reprenant luimême un classement de 1924) et le non-respect des autres réglementations (plan Anguille notamment depuis 2010) et décisions (CLE, SDAGE, etc.). Support de transmission Courriers Mails Consignations (registres) Total Ventilation des avis Interventions favorables à l’autorisation 27 3% 2386 84,5% 6 0,7% 2419 53% Interventions défavorables à l’autorisation 855 97% 440 15,5% 851 99,3% 2146 47% Tableau 14 – Résultats de l’enquête publique organisée à l’auto mne 2014 à propos du démantèlement des barrages de la Sélune (Néron, Aubry, et Cordier 2014) Dans ce contexte de non-concertation, notre activité de recherche basée sur des enquêtes individuelles mais aussi collectives auprès des habitants et usagers a occupé une place particulière car menée dans le cadre d’une recherche fondamentale sans commande ni de l’Agence de l’Eau SeineNormandie ni des collectivités locales (Encadré 6). Encadré 6 – Les limites et difficultés du travail du chercheur dans des démarches participatives autonomes Dans le cadre du programme Sélune, nous avons développé des démarches participatives (ateliers de type focus group) afin de collecter la parole des habitants et usagers sur la vallée. Un premier atelier a été organisé en novembre 2017 réunissant 18 participants. Celui-ci a permis de qualifier la relation historique des habitants à la vallée aussi bien d’un point de vue personnel (souvenirs, pratiques) que collectif (en identifiant des périodes contrastées, des évènements marquants, des éléments qui font patrimoine, des regards partagés sur les dynamiques à l’œuvre). Un second atelier a été organisé en novembre 2021 réunissant 22 habitants et usagers. Celui-ci était clairement tourné vers l’avenir de la vallée. Alors que le barrage de Vezins était démoli et que la vidange de la Roche-qui-Boit était commencée, il s’agissait de proposer aux participants de se prononcer sur leurs attentes quant à la future vallée. Si ces deux expériences ont été riches et ont permis de collecter des informations précieuses, chacune d’entre elle pose la question de la légitimité de ces initiatives. Dans les deux cas, nous sommes 238 intervenus en tant que scientifiques engagés dans un programme de recherche mais nous ne bénéficiions pas d’un quelconque support des collectivités en charge de la mise en œuvre d’un projet de territoire ou des services de l’État en charge de la maitrise d’œuvre du projet de restauration. Nous avons alors joué de multiples précautions répétées auprès des participants pour bien spécifier ce cadre d’intervention qui ne pouvait donner lieu à la traduction opérationnelle d’avis quant à l’avenir du territoire. Il s’agit d’une position délicate puisque les synthèses de ces deux ateliers ne sont attendues par aucun des décideurs comme un élément à prendre en compte dans leur réflexion. Tout au long du projet Sélune, nous avons défendu l’idée qu’il était nécessaire de se préoccuper de l’avis des populations locales et de les écouter sans que cela soit véritablement entendu par l’État et les élus. En revanche, nous n’avons jamais pris parti quant à l’opportunité de démantèler les barrages et considéré que notre travail intervenait en aval de cette décision. Notre engagement ne consistait pas à soutenir un parti face à un autre mais bien à défendre la nécessité de prendre en considération les habitants et usagers dans la construction de ce projet. C’est dans cette optique que les ateliers ont été organisés comme un moyen de collecter l’avis des habitants de manière collective. Le second atelier, plus opérationnel et inscrit dans une temporalité nouvelle, a cependant révélé les limites de cet exercice, comme en témoigne cet échange entre des participants lors des débats qui ont suivi la présentation des synthèses chacun des groupes : F. : « je suis venu en me disant : « Ça fait longtemps qu’on n'en parle plus [du projet Sélune], on a l’impression que... » et là, ce ne sont pas des personnes du coin qui viennent, ce sont des gens de l’extérieur qui font des recherches, qui viennent nous faire réagir. Ce que j’en conclus, je me dis : « Voilà, les personnes qui sont intéressées » [les chercheurs, et les participants présents dans la salle] et donc les élus ne voient pas forcément ces choses-là. G. : « Je n’ai rien contre vous [l’équipe de recherche], mais c’est quand même dommage de faire venir des gens de Paris pour nous faire parler d’un sujet qui est chez nous et on a vraiment l’impression que les élus du coin n’entrent pas du tout dans la démarche. Je ne sais même pas si eux-mêmes sont intégrés dans une quelconque démarche et les décisions sont très dures à prendre, ce qu’on peut comprendre mais on ne sait pas ce qui se passe, s’il se passe quelque chose, on ne sait pas combien, on ne sait pas où, on ne sait pas qui et c’est super chouette de nous donner la parole aujourd’hui, mais c’est dommage que ce ne soit pas nos élus ou que ce ne soit pas notre super agglo gigantesque ». Face à ces échanges, il nous a semblé important de répéter notre rôle et de ne pas poursuivre cette démarche (que nous avions initialement imaginé pouvoir avoir une suite avec une collaboration avec des paysagistes pour aller plus loin dans la définition des attentes des participants) afin de ne pas susciter de malentendus sur notre rôle. Ces démarches ont néanmoins permis de révéler qu’au-delà de l’opposition au projet de restauration, les habitants avaient un intérêt pour l’environnement. C’est donc bien un travail sur la forme qui reste à engager afin de construire des projets écologiques qui s’intègrent véritablement aux projets de territoire en tenant compte des attentes des populations ordinaires. Ces ateliers ont aussi joué un rôle révélateur dans le sens où le second en particulier a participé à identifier des individus isolés (ne se connaissant pas, et ne formant pas un collectif) désireux de prendre part à la définition d’un projet pour leur territoire. Une synthèse de cet atelier sera donnée aux participants et il sera intéressant de suivre la manière dont ils s’en emparent ou pas par la suite. Sur le même terrain conflictuel, la diffusion du film « Sur les bords » a rencontré le même type d’obstacles puisqu’au-delà des restrictions liées au COVID c’est surtout le refus des acteurs locaux (associations, collectivités) de projeter le film qui nous a contraints à reporter son partage avec les 239 habitants. Chacun des « produits » construits n’a ainsi pas trouvé preneur en quelque sorte sur ce terrain et nous a placés dans une position délicate dans le cadre de nos enquêtes puisqu’il était assez peu compréhensible pour la plupart des acteurs rencontrés que nous puissions mener un travail de recherche autonome dont les résultats n’étaient attendus par personne. Dans les deux cas, nous avons cependant livré les produits réalisés aux élus et gestionnaires, ainsi qu’aux participants, comme annoncé dès le départ, afin que ces derniers s’en emparent comme ils le souhaitaient. Deux réunions sont néanmoins prévues en avril et mai 2022 avec les élus locaux, les services de l’État et des représentants des usagers pour visionner le film « Sur les bords » et présenter les résultats du questionnaire diffusé durant l’été 2021 et d’un atelier organisé en novembre 2021 avec des habitants tous les deux à propos du futur de la vallée. Au-delà des informations livrées quant aux attentes des habitants vis-à-vis de l’avenir de la vallée, ces rendez-vous pourront être l’occasion d’échanger sur la place de la recherche sur ce territoire. Le contexte particulièrement conflictuel à l’œuvre sur ce terrain nous a incités à beaucoup de prudence de ce point de vue alors que la tenue d’ateliers du même type n’a pas posé autant d’enjeux sur la Risle ou le Morbras par exemple où le contexte était beaucoup plus isé et permettait d’explorer des questions plus aisément. 5.2.4 Une information très déficitaire Enfin, l’ensemble du processus se caractérise par un déficit d’information. L’annonce de 2009 est d’abord formulée à distance : c’est au bord de la Touques, au Breuil en Auge, à plus de 150km de la Sélune, que la secrétaire d’État à l’écologie déclare la fin des barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit. Aucune réunion publique n’a été organisée pour informer de la décision, des raisons et objectifs du projet à la population locale. La DDTM a diffusé des informations via deux supports papier (Fig. 67) : quatre numéros d’un journal de l’opération d’effacement des barrages de la Sélune intitulé « la Sélune au long cours » ont été édités entre décembre 2012 et septembre 2014. Ils étaient distribués dans les boites aux lettres des riverains immédiats. Chacun des numéros présente une dimension spécifique du chantier : les sédiments, le schéma de développement durable de la vallée, les travaux de gestion sédimentaire et les inondations. Le contenu est orienté vers des aspects techniques. Surtout ces informations concernent directement les travaux faisant l’impasse sur l’origine du projet aussi bien du point de vue réglementaire qu’écologique. Cherchant à diffuser une nouvelle image de marque du territoire, ce journal affiche un logo des « gorges de la Sélune » sur sa première page. Une nouvelle série de plaquettes a été édité entre mars 2017 et décembre 2018 pour accompagner la phase de travaux (Fig. 67). Trois numéros « Infos travaux » ont été publiés. Ils présentent les différentes étapes de la gestion sédimentaire. Ils sont complétés par des panneaux installés sur le pont des Biards, le pont de la République et à l’amont du barrage de Vezins. Le logo des gorges de la Sélune est conservé alors que le projet d’arasement était suspendu au moment du commencement des travaux. L’ensemble de ces documents sont en ligne sur le site de la DDTM en téléchargement mais y accéder n’est pas très aisé. Aucun site Internet n’a été créé pour communiquer sur cette opération pourtant réputée la plus grande d’Europe. Le chantier de la Roche-qui-Boit géré par EDF bénéficie d’une couverture plus conséquente avec 6 panneaux installés plus précocement sur site et 5100 flyers distribués aux riverains. Celui-ci s’intitule « EDF renature le barrage de la roche-qui-Boit » (Fig. 68). Parallèlement, un site Internet dédié a été construit110. Celui-ci rappelle le contexte de la déconstruction décidée par l’État et décrit les différentes étapes du chantier. Des cartes, croquis et vidéos sont utilisés. Des informations sont régulièrement mises à jour sur l’avancement du chantier. Un « baromètre chantier » est publié chaque mois : un document synthétique récapitule l’avancement des travaux, les bénéfices pour l’environnement, les 110 https://www.edf.fr/la-roche-qui-boit/le-projet-en-bref 240 interactions avec le territoire, les partenariats et l’information du public. L’entreprise s’appuie sur un service performant pour communiquer via la presse ou la télévision. L’absence d’information rejaillit dans la connaissance que les riverains ont de l’opération. Les résultats de l’enquête par questionnaire mené par Ludovic Drapier (2019) montrent qu’une majorité des répondants ne sont pas ou plutôt pas satisfaits par les informations qu’ils ont reçues par rapport à l’opération de suppression des barrages : 54 % des personnes interrogées se déclarent insatisfaites ou très insatisfaites des informations qu’elles ont pu recevoir en lien avec le projet de démantèlement.
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De façon commune aux autres types de cancers et autres pathologies graves, les patientes atteintes de cancer du sein ressentent souvent une épée de Damoclès peser sur leur vie et celle de leur entourage suite à l'annonce du cancer. Un cancer affecte la patiente mais également leur famille et leurs proches, les aidants ayant aussi une part importante dans ces combats. Mon expérience personnelle ne peut que l'attester. Outre les aspects médicaux et « l'angoisse de la mort », une particularité spéciale les caractérise néanmoins : l'impact psychologique et psychosocial inhérents à la dimension physique que représentent les seins chez une femme. En effet, les seins sont associés à l'attractivité, la sexualité, la féminité, et à la maternité d'une femme. En raison de l'impact sociétal de l'aspect physique et extérieur d'une personne, l'apparence d'une 44 femme ayant vécu un cancer du sein s'en retrouve altéré, ce qui peut provoquer un manque d'estime de soi, notamment de par les chirurgies lourdes subies (mastectomies, etc même si des situations permettent parfois une reconstruction esthétique rapide ou l'adoption de protocoles de traitement ; ie neoadjuvants ; qui tendent réduire les tailles de tumeur au maximum afin de permettre le conservation du sein malade) mais également de par les effets secondaires des traitements qui affectent aussi la qualité de la peau, les muqueuses, la prise de poids, la baisse de la libido, la fatigue etc. Le second traumatisme expérimenté par certaines femmes concerne de la perte des cheveux causée par l'emploi des chimiothérapies. En effet, la chevelure est synonyme de beauté dans de nombreuses cultures et est souvent vécu de façon encore plus négative que la perte d'un sein car elle est associée à l'identité d une personne et demeure un élément visuel extérieur et un rappel visible de l'état de malade du cancer. Le bien-être intérieur se retrouve souvent bouleversée en cas de cancers du sein bien au-delà de l'image corporelle, ce qui touche au vécu intime, aux émotions et aux ressentis. L'appréciation de soi et les relations à l'autre même inconscientes peuvent être source de mal-être. A l'extrême, des sentiments douloureux sur le plan psychique peuvent survenir et être source d'une véritable détresse pour les patientes confrontées au cancer avec manifestation de troubles anxio-dépressifs chez certaines d'entre elles (Fallowfield et al., 2010 ; Lewis-Smith et al., 2015). Ces considérations, notamment dans le contexte des résultats identifiés au cours de ce travail de thèse sur les effets potentiels des antidépresseurs dans le cancer du sein mènent à certains questionnements épidémiologiques ; nous reviendrons sur ces aspects plus loin dans ce mémoire. Chapitre 2. Les Cancers du Sein Triple Négatifs 1. Epidémiologie et profil clinique Comme précédemment énoncé, 15 à 20% des cancers du sein appartiennent au sous-groupe triple négatif. Ces cancers se définissent par l'absence d'expression des 3 marqueurs considérés de façon historique pour classer les cancers du sein (absence d'expression du récepteur aux oestrogènes RE, à la progestérone RP et absence d'amplification et de surexpression de HER2). Selon les cohortes et les méthodes de significativité pour définir les seuils de positivité, l'incidence varie quelque peu (Carey et al., 2007). Néanmoins, toutes les études montrent un âge au diagnostic plus jeune dans cette population ainsi qu'une proportion de stades avancés plus forte que dans les autres cancers du sein non-TN. Il s'agit de cancers particulièrement agressifs, à fort potentiel métastatique et qui demeurent incurables à l'heure actuelle. En effet, moins de 30% des femmes possédant un cancer TN métastatique survit à 5 ans (Foulkes et al., 2010 ; Brouckaert et al., 2012). En raison de l'absence de thérapie ciblée validée utilisable en clinique, la majorité des femmes finissent par décéder malgré les chimiothérapies. Leur pronostic reste particulièrement sombre du fait d'un risque important de rechute précoce (Figure 35) et de décès dans les 5 premières années suivant le diagnostic initial en comparaison des autres sous-groupes (Figure 36). Les sites métastatiques ont également des sièges un peu différents des autres types de cancers, avec observation de métastases pulmonaires et cérébrales plus fréquentes (Figure 37). Figure 35. Illustration du taux de rechute métastatique dans les cancers du sein au cours du temps. Issu de Dent et al., 2007. La courbe représentant les cancers TN (cercles pleins) montre un taux de rechute précoce élevé (dans les 5 premières années) comparativement aux autres sous-types (représentés en cercles vides). Percent Five-Year Survival 100 80 60 40 20 0 0 10 20 30 40 50 60 months Figure 36. Comparaison du taux de survie à 5 ans des cancers TN versus non-TN selon le stade au diagnostic. Issu de Bauer et al., 2007. 46 Figure 37. Sites métastatiques les plus fréquents des cancers du sein TN comparés aux autres formes de cancers non-TN. D'après Foulkes et al., 2010. La présentation clinique de ces cancers TN en fait souvent des cancers dits d'intervalle, c'est-à-dire survenant entre 2 mammographies. En effet, les tumeurs TN se développent rapidement et peuvent échapper au dépistage par mammographie ou touchent des femmes jeunes qui ne sont pas encore concernées par ce dispositif. La taille tumorale est souvent déjà importante au moment du diagnostic, le grade élevé et l'envahissement ganglionnaire plus fréquent (Dent et al., 2007). De plus, il existe des disparités ethniques et sociologiques rapportées aux USA, où les cancers TN sont plus fréquemment observées chez les femmes afro-américaines et hispaniques (Figure 38 ; Carey et al., 2006). Figure 38. Caractéristiques des différents sous-types de cancers du sein au diagnostic. Adapté de Carey et al., 2006. Encart rouge : la prévalence des cancers du sein de type Basal est deux fois plus importante dans la population afro-américaine (AA) comparée à la population caucasienne (White). Actuellement, les femmes atteintes d'un cancer du sein dans sa forme TN ont des options de traitement limitées puisque seule la chimiothérapie demeure le traitement systémique disponible. Le protocole comprend notamment des anthracyclines (doxorubicine ou epirubicine) associés à des taxanes (docetaxel ou paclitaxel). Du fait de leur niveau prolifératif élevé, ces tumeurs sont initialement plus chimiosensibles que les autres types de cancers du sein comme l'illustrent les gènes définissant le cluster « Proliferation » enrichi dans le sous-type TN et cibles de la plupart des agents cytotoxiques usuels (Figure 39). Cependant, leur forte instabilité génétique génère rapidement des mécanismes de résistance aux traitements. Figure 39. Clustering hiérarchique montrant l'expression de gènes de prolifération et cibles de chimiothérapies dans les tumeurs TN. Source : Lecture Lisa A Carey, 2010. L'identification de nouveaux traitements et de nouvelles cibles thérapeutiques constitue donc un enjeu majeur de la prise en charge de ces patientes et représente actuellement un domain e actif d'investigation. 2. Anatomopathologie des cancers TN Du point de vue histologique, les cancers TN sont essentiellement des carcinomes canalaires de haut grade, présentent souvent des zones nécrotiques et arborent de nombreuses atypies cellulaires. Ces tumeurs présentent un index mitotique élevé, mesurent la plupart du temps une taille supérieure à 2 cm (2/3 des cas ; Dent et al., 2007) et semblent pousser la frontière avec les tissus voisins (ie marges refoulantes alias « pushing invasion borders »). Le pléomorphisme cellulaire est très marqué, un infiltrat lymphytaire stromal est souvent retrouvé ainsi que des emboles (Rakha et al., 2006 ; Livasy et al., 2006 ; Foulkes et al., 2010). 48 3. Classification Basal-like (BLBC) et dénomination TN Comme décrit dans les chapitres antérieurs, 5 à 6 profils moléculaires ont été modélisés dans les cancers du sein (Perou et al., 2000 ; Sorlie et al., 2001 ; Sorlie et al., 2003 ; Rakha et al., 2008 ; Reddy et al., 2011). Parmi eux, le sous-groupe basal-like (BLBC) dont l'expression génique est proche des cellules basales mammaires et qui représente 8 à 20% des cancers du sein (Perou et al., 2000). Cette nouvelle classification basée sur les analyses génomiques des cancers, permet de rapprocher les cancers TN de de ces cancers basal-like bien que les deux entités ne soient pas strictement superposables. En effet, d'importantes similitudes les unissent comme l'âge jeune au diagnostic, la taille tumorale plus élevé, l'invasion ganglionnaire plus fréquente, la survie globale et sans récidive plus courtes et la surreprésentation dans la population afro-américaine (Milikian et al., 2008). Il existe un débat sur l'intérêt de la différenciation des TN et BLBC. Pour certains, les deux populations sont quasiment équivalentes et leur distinction sans impact thérapeutique (Rakha et al., 2007, Reis-Filho et al., 2008). De plus, l'identification des BLBC nécessite des méthodes anatomopathologiques plus complexes, coûteuses et incomplètement validées qui ne permettent pas de classer en routine clinique les tumeurs avec la même facilité que la catégorisation triple négative. Pourtant, si les appellations TN et basal-like sont souvent considérées comme synonymes, elles ne le sont pas complètement : les données cliniques, transcriptomiques et immunohistochimiques ont montré que les cancers du sein TN et BLBC étaient bien des sous-types distincts. D'autres auteurs défendent donc la dénomination précise basal-like en s'appuyant sur la classification génomique montrant une différence de pronostic indiscutable en défaveur du sous-groupe basal-like (Bertucci et al., 2008). Pour ces derniers, une méthode d'identification des BLBC aurait un intérêt pratique pour certaines thérapies ciblées (inhibiteurs de PARP, anti-EGFR et anti-cKit). La discrimination de ces deux formes de cancers est donc bien avérée et bien qu'il existe un grand recouvrement entre eux, il n'est pas total : 20% à 30% des tumeurs triple négatives ne sont pas basal-like et 20% à 40% des tumeurs basal-like ne sont pas triple négatives La concordance imparfaite entre les deux désignations est illustrée dans la figure suivante : Figure 40. Figure 40. Comparaison des entités triple négatives et basal-like. Adaptée de Frères et al., 2010 et de Ballinger et al., 2016. Le diagramme de Venn illustre un chevauchement de 75% entre les entités définies selon une classification immunohistochimique ou un profil moléculaire (ie d'expression génique). 4. Lien BRCA1 Il est également essentiel de définir ici le lien entre les cancers TN, BLBC et le statut BRCA1. En effet, la majorité (60 à 70%) des patientes présentant une mutation familiale du gène BRCA1 ont un aspect morphologique de type basal-like ou TN (Kreike et al., 2007 ; Foulkes et al., 2010, Oakman et al., 2010, 49 Carey et al., 2010 ; Stover et al., 2016). Leur profil immunohistochimique a montré une superposition dans 75% à 95% des cas (Foulkes et al., 2003), tout comme leur degré d'instabilité génétique liée à une anomalie de la réparation de l'ADN (Mullan et al., 2006). Leur aspect évolutif est également assez semblable (Foulkes et al., 2004). L'hypothèse d'une corrélation entre les tumeurs sporadiques triples négatives ou de type basal et un disfonctionnement du gène BRCA1 a donc été évoquée sachant que, selon les études, 10% à 18% des cancers TN ou basal-like comportent une mutation du gène BRCA1 (Turner at a, 2004). Le concept de BRCAness a ainsi été rapporté dans environ 15% des cancers du sein : ces tumeurs présentent un phénotype BRCAness c'est-à-dire un déficit fonctionnel de BRCA1 qui eut être dû à des mutations de ce gène, mais qui peut être également provoqué par d'autres biais, comme par exemple une expression réduite notamment par méthylation de son promoteur, ou une inactivation d'autres gènes impliqués dans la même voie de réparation comme le gène Fanconi Anemia (Turner at a, 2004 ; Matros et al., 2005 ; Turner et al., 2007 ; Rakha et al., 2008 ; Alli et al., 2009). Figure 41. Diagramme de Venn illustrant les chevauchements entre les cancers du sein TN, BLBC et le statut BRCA1. Adaptée de Carey et al., 2010 ; Stover et al., 2016. Les fréquences de chaque entité et leurs caractéristiques moléculaires sont indiquées. Les défauts de réparation des cassures doubles brins par re combin aison homolog ue observés dans ces tumeurs les rendent plus susceptibles aux chimio thérapie s. Cette déficience de fonction BRCA1-like est notamment exploitée dans la notion de létalité synthétique lors de l'utilisation d'agents ciblant les mécanismes de réparation de l'ADN tels que les inhibit eurs de PARP (ex. Olaparib) qui augmentent le nombre de cassures doubles brins. Les agents alkylants tels que les sels de platine, sont également proposés comme traitement de ces cancers en raison de leur capacité à induire de cassures irréversibles via la formation de liaisons interbrins dans l'ADN. Ces deux types de molécules montrent en effet une efficacité supérieure dans un contexte BRCA1 (Figure 42). 50 Figure 42. Efficacité des traitements Olaparib et cisplatine dans les cancers TN comparés aux formes BRCA1 mutées. Source : Lecture Lisa A Carey, 2010. Figure adaptée de Tutt et al., 2009 ; Byrski et al., 2010 et Silver et al., 2010. (A) Etude démontrant la supériorité de l'olaparib dans les cancers BRCA1 mutés par rapport aux cancers TN (67% versus 50%). (B) Etude démontrant de même la supériorité de réponse au cisplatine (83% versus 22%). 5. Autres classifications : la distinction du sous-groupe Claudin-low Parmi les cancers de type basal, une première sous-catégorie a été identifiée en 2007 par Herschkowitz et al., 2007 définissant le groupe « Claudin-low ». Ces tumeurs ont ainsi été nommées de par leur sousexpression de gènes impliqués dans l'adhésion cellulaire (Occludin, E-cadherine, Claudin 3, 4 et 7). Les claudines sont des protéines situées au niveau des jonctions serrées qui se trouvent au pôle apical des cellules épithéliales et qui permettent les contacts cellule-cellule (Figure 43). Il existe 24 membres de la famille des claudines (CLDN), mais seules les CLDN -1, -3, -4, et -7 sont exprimées au niveau de la glande mammaire humaine (Tokes et al., 2005). Figure 43 : Représentation schématique des jonctions intercellulaires dans l'épithélium mammaire. Adapté de Cyr et al., 2016. Les jonctions serrées sont retrouvées du côté apical des cellules luminales, près du lumen, et sont notamment constituées des protéines de la famille des claudines et de l'occludine. 51 Les tumeurs claudin-low sont aussi caractérisées par un niveau d'expression élevé de gènes impliqués dans la transition épithélio-mésenchymateuse (SNAIL1, SNAIL2, Vimentine, TWIST1, TWIST2, ZEB1, ZEB2), présentent des caractéristiques des cellules souches avec un enrichissement fort des marqueurs CD44+/CD24-/low et possèdent en particulier une forte expression de gènes du stroma notamment de type lymphoid T CD8+ (Figure 44) en accord avec la présence d'un infiltrat immunitaire dense (Hennessy et al., 2009 ; Prat et al., 2010). BL: basal-like, CL: claudin-low, H2: HER2-enriched LA: luminal A, LB: luminal B, NBL: normal breast-like. Figure 44. Représentation de l'expression des principaux gènes discriminant le sous-groupe claudin-low dans les cancers du sein. A gauche, carte de chaleur des marqueurs de la transition epithélio-mesenchymateuse (vimentin [VIM], Snail-1 [SNAI1], Snail-2 [SNAI2], TWIST1, TWIST2, ZEB1, ZEB2, E-cadherin [CDH1], et claudines 3 [CLDN3], 4 [CLDN4] et 7 [CLDN7]). A droite, expression des signatures de gènes du stroma et immunitaire T CD8+. Tiré de Prat et al., 2010. Le sous -groupe a de puis été décrit dans plusieurs études (Prat et al., 2010 ; Prat et al., 2011 ; Perou et al., 2011). Sur le plan clinique, ces tumeurs représentent jusqu'à 30% des cancers TN, sont généralement RE-/RP-/HER2- (Figure 45), affichent fréquemment une différenciation métaplasique ou médullaire et sont de moins bon pronostic que les tumeurs de type basal-like. Prat et al., 2010 ont ainsi montré chez ces patientes un faible taux de réponse complète après chimiothérapie néo-adjuvante à base d'anthracyclines et de taxanes (38.9% versus 73.3% pCR rates ; p = 0.08). Figure 45. Distribution des sous-types intrinsèques de cancer du sein. Tiré de Prat et al., 2010. Les valeurs indiquées représentent le pourcentage de tumeurs appartenant aux différents sous-types de cancers du sein en considérant la classification claudin-low (ici en jaune). 52 6. Hétérogénéité évidente des cancers TN : les autres classifications Comme illustré par Stacoffe et al., 2017, les cancers du sein triple négatifs sont une « pseudo-entité en cours de démembrement » (Figure 46). Véritable boite noire nommée par défaut, elle définit une entité nébuleuse de sous-catégories de cancers, démontrant sa que hétérogénéité à la fois clinique et biologique. Figure 46. La « nébulleuse » des cancers TN. D'après Stacoffe et al., 2017. Les cancers TN sont cerclés de pointillés bleus, les profils moléculaires basal-like sont en rose et les claudin-low en violet. La présence d'une mutation BRCA1 est représentée par un double cercle vert. Les formes histologiques sont cerclées en trait plein : formes agressives en rouge, formes plus indolentes en vert et formes avec aspect médullaire en jaune (de pronostic intermédiaire). D'ailleurs, une des difficultés majeures pour l'identification de nouvelles cibles thérapeutiques, est sans doute liée à cette forte hétérogénéité des tumeurs TN. Les travaux de Lhemann et al., 2011 ont encore plus bouleversé ces classifications en montrant une diversité encore supérieure à celle déjà illustré pour ces cancers. Ils ont analysé 21 datasets publics comprenant 587 tumeurs TN qu'ils ont pu classer en 6 sous-types moléculaires sur la base de leur transcriptome (Figure 47) : deux « basal-like » (BL1 et BL2), un « immunomodulatory », un « mesenchymal » et un « mesenchymal stem-like », et un « luminal androgen receptor » (LAR ). Figure 47. Identification des 6 sous-types de TNBC. Tiré de Lhemann et al., 2011. Analyse en Composante Principale (ACP) montrant la répartition des différents sous-groupes dits « de Lhemann » : UNS en rouge, BL1 en rose, BL2 en bleu, IM en orange, M en gris, MSL en marron et LAR en vert.  Basal-like1 (BL1) : ce sous-type se caractérise par un niveau élevé d'expression des gènes impliqués dans le cycle cellulaire et la réparation des dommages de l'ADN. Basal-like 2 (BL2) : sous-type en présentant un enrichissement de gènes intervenant dans la signalisation des facteurs de croissance et en marqueurs myoépithéliaux. Immunomodulatory (IM) : est caractérisé par l'expression de cytokines et de gènes engagés dans la transduction du signal immunitaire. Mesenchymal (M) : sous-type qui exprime des impliqués dans la transition épitheliomésenchymateuse, la motilité cellulaire ainsi que des facteurs de croissance. Mesenchymal stem-like (MSL) : proche du sous-type M, il s'en différentie par l'expression de gènes de l'angiogenèse, associés aux cellules souches et par la faible expression de gènes prolifératifs. Luminal androgen receptor (LAR) : il se caractérise par l'expression de gènes luminaux contrôlés par la signalisation du récepteur aux androgènes. Mayer et al., 2014 ont étudié cette nouvelle dissection proposée des cancers TN : le croisement des 6 sous-types moléculaires nouvellement identifiés avec les 5 sous-types intrinsèques définis par Sorlie et al., 2001 indique : 1) que les cancers des sous-types BL1, BL2, IM et M appartiennent majoritairement au groupe basal-like, 2) que le sous-types MSL se clusterise principalement avec les sous-groupes basal-like et normal-like, et 3) le sous-types LAR correspond essentiellement au sousgroupe HER2 (Figure 48). Figure 48. Correspondance entre les 6 sous-types TN et la classification PAM50 appliquée aux données du TGGA. D'après Mayer et al., 2014. Les diagrammes circulaires représentent chacun des 6 sous-types de Lhemann, les proportions Basal-like, HER2, Normal-like, Luminal A et Luminal B. Ce sous-typage des cancers TN a aussi été analysé de façon rétrospective sur 160 tumeurs TN du consortium TCGA (Mayer et al., 2014). Cette analyse a mis en évidence que les patientes de type IM, BL1 et MSL avaient une médiane de survie sans rechute (DFS) et globale (OS) environs deux fois plus longue que les patientes appartenant au sous-type BL2, M et LAR. Les patientes ayant le meilleur pronostic étant de sous-type IM, tandis que celles du sous-type LAR présentent le cas de figure le plus sombre dans cette étude (Figure 49 ; Mayer et al., 2014). 54 Figure 49. Etude des survies sans rechute et globales selon les sous-types définis par Lhemann et al., 2011. D'après Mayer et al., 2014. D onnées du TCGA montrant pour chaque type de cancer TN les média nes de sur vie sans rechute (DFS : Disease Free Survival ) et globales (OS : Overall Survival ). Les valeurs sont exprimées en mois. Le nombre de cas étudi é pour chaque sous-type est indiqué ainsi que leur pourcentage relati f (entre parenthèses). Sur cette base des sous-types de TN Masuda et al ., 2013 ont également étudié la réponse à la chimiothérapie néoadjuvante dans ces différentes populations de patientes dans une cohorte de 130 tumeurs disponibles dans les bases de donnée s. Les résultats (Figure 50) font apparaitre que la réponse pathologique complète corrèle avec le sous-type moléculaire de cancer TN. Les sous-types BL1 possèdent le plus fort taux de pCR (52%) et à l'opposé les sous-types BL2 et LAR ont les taux les plus faibles (0 et 10% respectivement). Figure 50. Comparaison des taux de pCR (réponse complète pathologique) en fonction des sous-types de cancers TN definis par Lhemann et al., 2011. D'après Masuda et al ., 2013. Le nombre de cas en statut de pCR ou non-pCR sont indiqués pour chacun des sous-types de TN, ainsi que leurs taux de pCR et les intervalles de confiance à 95% associés. Le sous-type est un prédicteur indépendant du statut de pCR. En 2015, un autre groupe d'investigateurs américains a proposé une version légèrement modifiée définissant quant à elle 4 sous-types présumés plus stables que la classification de Lhemann. Les auteurs identifient à partir de 198 tumeurs TN les sous-types LAR (Luminal/Androgen Receptor), MES (Mesenchymal), BLIS (Basal-Like Immune Suppressed), et BLIA (Basal-Like Immune Activated) aux pronostics distincts (Figure 51 ; Burstein et al., 2015). Les tumeurs BLIS possèdent le pronostic le plus péjoratif et à l'inverse les tumeurs BLIA connaissent la meilleure survie. Leurs résultats basés sur le profil génomique de ces tumeurs, fait aussi apparaitre des paternes spécifiques d'amplifications 55 géniques avec notamment les gènes CCND1, EGFR, FGFR2 et CDK1 amplifiés dans les sous-types LAR, MES, BLIS et BLIA respectivement. Figure 51. Identification des 4 sous-types de cancers TN par Burstein et al., 2015. A gauche, carte de chaleur représentant les signatures d'expression génique et à droite, les courbes Kaplan-Meier associées à chacun des 4 sous-types identifiés (survie sans rechute en haut et survie globale en bas). La même année, une équipe française propose elle aussi une classification des cancer s TN en 3 cluster s (C1, C2, C3) définis par des profils fonctionnels spécifiques ( C 1 : iation épithéliale et métabolisme hormonal ; C2 : adhésion cellulaire, locomotion et chimiotaxie ; C3 : réponse immunitaire) et un devenir distincts (Figures 52 et 53 ; Jezequel et al., 2015). Age EE Ki67 Sorlie's SSP Hu's SSP PAM50 SSP Proliferation score TNBC type Teschendorff subtypes Claudin-low subtypes VEGF score Glycolysis score Figure 52. Catégorisation des 107 tumeurs TN en 3 clusters définis par Jezequel et al., 2015. Annotations fonctionnelles des sous-types C1 (en bleu), C2 (rouge) et C3 (en vert) selon l'âge, le grade histologique Elston-Ellis, le Ki67, différentes classifications publiées (Sorlie ; Hu ; PAM50 ; etc ) et divers scores (de prolifération, du VEGF et de glycolyse). 56 Figure 53. Comparaison des clusters C1, C2 et C3 sur la survie globale et sans évènement des cancers TN. D'après Jezequel et al., 2015. Courbes Kaplan-Meier des différents sous-types C1 (en bleu), C2 (en rouge) et C3 (en vert) à 14 ans. (A) analyse de la survie globale (OS : Overall Survival) et (B) de la survie sans évènement (EFS : Event-Free Survival). L ' année suivante, Lhemann et al., 2016 revoit sa première classification et re-propose une version ajustée ne comprenant plus que 4 sous-types moléculaires précédemment définis : BL1, BL2, M et LAR. Les différentes attributions sont résumées dans le tableau de synthèse proposé par Hubaleck et al., 2017 : Figure 54. Figure 54. Tableau comparatif des classifications de Lhemann (TNBCtype, TNBCtype4) et de Burstein. Issu de la revue Hubaleck et al., 2017. Des approches plus centrées ont aussi été tentées comme Sabatier et al., 2011 qui fournit une classification des cancers basal-like basés sur l'expression du kinome et qui sépare deux souspopulations de pronostics différents. Milioli et al., 2017 apportent aussi une version à deux populations nommées basa I et II ou tout récemment Prado-Vazquez et al., 2019 qui par une nouvelle approche d 'analyse met en évidence l'existence d'un sous-type luminal immune - positif parmi les cancers TN. La pléthore des classifications proposées pour les cancers TN illustre l'intérêt de la communauté scientifique pour ces cancers encore mal définis et mal appréhendés d'un point de vue thérapeutique. 7. Caractérisations génomiques des cancers TN : mutations et altérations du nombre de copies A partir des années 2010, un grand nombre d'équipes ont montré la grande hétérogénéité des cancers du sein, tant par des études transcriptomiques que par des études génomiques. L'émergence du séquençage de masse et de projets à large échelle telles que METABRIC (Curtis et al., 2012) ou le TCGA (TCGA Network, 2012) ont permis d'établir le profil moléculaire de nombreuses tumeurs TN (Saha et al., 2016 ; Nik-Zainal, et al., 2012 ; Nik-Zainal, et al., 2016). Bien que le cancer du sein soit relativement peu muté (Figure 55 ; Alexandrov et al., 2013), la forme TN présente une fréquence élevée de mutations génétiques avec une charge mutationnelle tumorale (TMB en anglais) de 1,68 mutation somatique par Mb de région codante et on estime qu'en moyenne 60 mutations somatique sont présentes dans chaque tumeur. Figure 55. Prévalence des mutations somatiques dans différents cancers. D'après Alexandrov et al., 2013. Chaque point noir représente une tumeur et la barre rouge indique la médiane. La prévalence est exprimée ici en nombre de mutations somatiques par mégabase d'ADN (Mb). Le panorama génomique des cancers du sein a aussi été exploré de façon massive en vue notamment d'identifier de potentielles altérations actionnables. Le paysage décrit pour les cancers TN fait référence à une grande montagne entourée de plus petites collines. Cette analogie fait écho à la fréquence élevée de mutations p53 retrouvée dans ces tumeurs, de l'ordre de 50 à 70% des mutations (Figure 56) alors qu'il semble moins prépondérant dans les autres sous-types non-TN. Le second gène muté le plus fréquemment est le gène PIK3CA avec un taux de mutation d'environ 10%, puis suivent quelques gènes récurrents mais observés de façon très peu fréquente (5% à moins de 1% ces cas) : MLL3, USH2A, CDH1, PTEN, RB1, NF1, FOXA1, ERBB2, MYC (TCGA Network, 2012, Polyak et al., 2012 ; Nik-Zainal, et al., 2016). Les altérations détectées par ces approches de NGS (de type whole exome sequencing ou par approche ciblée) révèlent ainsi une multitude de gènes mutés (TCGA Network, 2012 ; Pereira et al., 206 ; Weisman et al., 2016). Cependant, si les cancers arborent de nombreuses altérations génétique somatiques seule une petite proportion de ces gènes confère un avantage sélectif et oncogène connus sous le nom de drivers (Vogelstein et al., 2013). Les auteurs ont donc tenté au maximum de rapprocher les différentes altérations identifiées génomiques selon leur appartenance à des voies de signalisation ou les mécanismes moléculaires pouvant être dérégulés telle que la voie PI3K/AKT, RAS/MAPK, la réparation des dommages à l'ADN, le cycle cellulaire ou encore la rég translationnelle (Figure 57), en accord avec le constat effectué par Balko et al., (2014). Ces derniers ont en effet constaté que plus de 90% 58 des patientes ayant une tumeur résiduelle post chimiothérapie néoadjuvante possédaient au moins une altération des voies évoquées ci-dessus. Figure 56. Snapshot des 21 gènes les plus fréquemment mutés dans les différents sous-types de cancers du sein. D'après Polyak et al., 2012. Les valeurs renseignées correspondent aux % de mutations pour les gènes considérés dans les cancers du sein pris dans leur globalité (All) ou spécifiquement dans les sous-types Luminal et TN. Figure 57. Classification des gènes altérés ou mutés dans les cancers du sein TN regroupés par voies cellulaires. D'après Garrido-Castro et al., 2019. Les gènes considérés sont indiqués pour chacune des voies ainsi que la fréquence de l'altération (% entre parenthèses) lorsque celle-ci est disponible. Ainsi, une grande proportion d'altérations dans la voie de signalisation PI3K/AKT est rapportée dans les cancers TN. Selon les données du TCGA, des mutations du gène PIK3CA intervient dans 7% des cas, une amplification d'AKT3 dans 28% des cas et une mutation ou délétion de PTEN est observée dans 35% des cas ; qualifiant potentiellement ces patients pour de potentiels essais cliniques appariés sur les anomalies de cette voie (Basho et al., 2017). Des molécules exploitant ces différentes voies de signalisation ont ainsi été explorées lors d'essais cliniques, principalement en combinaison avec d'autres traitements du fait de leur efficacité limitée en tant qu'agent unique, avec une amélioration clinique constatée (Garrido-Castro et al., 2019). Shah et al., 2012 ont analysé 104 tumeurs TN primaires en combinant du séquençage d'exome et du génome complet, du séquençages ARN ainsi que l'analyse du nombre de copies. Ils ont alors montré d'une part que le nombre de mutations somatiques varie beaucoup d'une tumeur à l'autre, mais ils ont surtout mis en lumière que seules 36% seulement des mutations sont exprimées, ouvrant une réflexion sur l'utilité et l'intérêt clinique du ciblage des différentes altérations retrouvées par les techniques de haut débit, et de leur signification biologique. Si l'on considère cela en plus de la complexité génomique des TN, l'analyse de mutations isolées de gènes potentiellement driver ou impliqués dans des voies de l'oncogenèse semble insuffisante. Prendre en compte différents processus tels que les erreurs de réplication, les défauts de réparation de l'ADN, l'âge, l'exposition aux carcinogènes et l'effet des cytidine deaminases de la famille APOBEC qui modélisent les profils de mutations apparait plus judicieuse. Parmi les 21 signatures mutationnelles des cancers décrites par Alexandrov et al., 2013, cinq ont ainsi été rapportées par les travaux de NikZainal, et al., 2012 dans les cancers du sein dont la signature APOBEC et une signature d'hypermutation (ie kataegis) notamment constatée à proximité de réarrangements somatiques (Figure 58). Un travail de recherche supplémentaire est encore nécessaire pour comprendre pleinement les implications thérapeutiques et pronostiques de ce type de signatures mutationnelles. Figure 58. Signatures mutationnelles identifiées dans les cancers du sein par Nik-Zainal et al., 2012. La figure représente la contribution de chaque type de mutation (ie transition de base) dans chaque contexte pour les 5 signatures mutationnelles identifiées. 60 Comme nous avons déjà pu le dire, les cancers TN sont aussi associés à des mutations du gène BRCA1 et des défauts des mécanismes de réparation de l'ADN qui se traduisent par un haut degrés d'altérations génomiques. Cette instabilité génétique a été constatée par différents auteurs signalant une fréquence élevée de surexpressions/amplifications et de répressions/délétions (Chin et al., 2006 ; Curtis et al., 2012 ; TCGA Network, 2012). Comme illustré dans la figure 59, les tumeurs de type basal présentent un enrichissement relatif du nombre de gains (régions 3q, 8q, and 10p) et de pertes chromosomiques (régions 3p, 4p, 4q, 5q, 12q, 13q, 14q, and 15q) tandis que les amplifications fortes de locus sont assez peu fréquentes (Figure 59). Gains Pertes Amplicications Sous-type Basal Sous-type HER2 Sous-type Luminal A Sous-type Luminal B Figure 59. Anomalies récurrentes identifiées dans 145 cancers du sein. Adapté de Chin et al., 2006. La fréquence des altérations du nombre de copies sont représentées en fonction de leurs localisations chromosomiques. Les traits pleins verticaux représentent les limites de chaque chromosome et les traits hachurés leur centromère. (A) en noir : les gains et en gris : les pertes chromosomiques. (B) les amplifications sont illustrés en noir. (C-J) le même type de représentation qu'en A et B est utilisé mais en considérant cette fois le sous-type des tumeurs tel que (C) et (D) représentent les cancers Basal-like, (E et (F) les cancers HER2, (G) et (H) les cancers Luminal A et enfin (I) et (J) les cancers Luminal B. Ces anomalies du nombre de copies ont pointé certains gènes situés dans ces régions chromosomiques : des amplifications des gènes PIK3CA, KRAS, BRAF, EGFR, FGFR1, FGFR2, IGFR1, KIT, MET ou des délétions du gène PTEN ont été retrouvées à des fréquences variables (de 1-40%) dans les différents jeux de données. Plus récemment, des analyses de réarrangements chromosomiques ont permis l'identification de gènes de fusion TMEM87B-MERTK, MYH9-NFYC, NPTN-CLUAP1, FBXO3CD59 et IL6R-RPL29P7 dont certains produits s'avèrent actionnables cliniquement (Shaver et al., 2016). 8. Caractérisations multicouches des cancers TN En combinant différents niveaux d'informations, les chercheurs tendent à comprendre derrière l'hétérogénéité manifeste des cancers TN quelles sont leurs vulnérabilités et comment exploiter leurs faiblesses (Judes et al., 2016). De nombreux articles sont publiés chaque année en ce sens : par exemple, Zaman et al., (2013) ont été l'un des premiers groupes à intégrer des données génomiques, transcriptomiques et RNAi à large échelle (interférence ARN) permettant de créer des réseaux de gènes spécifiques des sous-groupes basal versus luminal et à proposer une liste de gènes dits essentiels à chacun de ces types de cancers et manipulables pharmacologiquement (Figure 60). De la même manière, Patel et al., (2018) ont pu identifier de manière sélective 37 gènes impliqués dans la dépendance maligne les tumeurs TN dont un cluster de 13 gène d'addiction fréquemment couprégulés (FOXM1, LIN9, MYBL2, CHEK1, DTL, RHNO1, UBE2T, MASTL, BUB1, BUB1B, NUF , TTK et KIFC1). Figure 60. Identification de certains gènes actionnables pharmacologiquement spécifiques de certains soustypes dans les cancers du sein. D'après Zaman et al., 2013. Liste de 12 gènes dont les prédictions indiquent une spécificité envers le sous-type Basal (gènes SRC, TUBB1, IGF1R, JAK2, EGFR, MAP2K1/MEK12) ou le sous-type Luminal (gènes AKT1, AKT2, ESR1, MDM2, mTOR, HSP90). Récemment, d'autres études ont pointé l'importance de l'épigénétique dans la progression tumorale, et éclairé les interférences complexes existant entre le génome et l'épigénome. Les altérations épigénétiques (anomalies de la méthylation de l'ADN et modifications post-traductionnelles des histones) donnent lieu à des anomalies qu'on nomme épimutations qui participent, en plus des altérations génétiques, au développement tumoral. Dans le cadre des cancers TN, Roll et al., 2013 ont évalué que 60 à 80% de cancers basal-like et claudin-low montraient hyperméthylation aberrante de l'ADN avec notamment une méthylation extensive des ilots CpG de promoteurs de 9 gènes proposés comme biomarqueurs épigénétiques de ces cancers (CDH1, CEACAM6, CST6, GNA11, ESR1, MUC1, MYB, SCNN1A, et TFF3). En parallèle, des régions promotrices hypométhylées ont aussi pu être détaillées comme par exemple pour les gènes CD44, CD133, et MSH1 liés au phénotype des cellules souches (Kagara et al., 2012). Des défauts de régulation de la chromatine, incluant des modifications des histones sont aussi associées à des différences d'expression entre les différents sous-types de cancers du sein. Karsli-Ceppioglu et al., 2017 ont ainsi observé un enrichissement de gènes associés à la marque d'histone H3K27me3 dans les tumeurs luminales tandis que les tumeurs non-luminakes (ie TN et HER2) se caractérisaient par des gènes régulés par la modification H3K9ac. Les histones deacetylases ont ainsi été proposées comme cibles thérapeutiques dans les cancers du sein TN (Garmpis et al., 2017). 62 C'est tout naturellement que des thérapies ciblant ces différentes modifications épigénétiques ont été évaluées dans les cancers TN comme les inhibiteurs des ADN méthyltransferases DNMTs (5-azacitidine, decitabine) ou les inhibiteurs des histones déacetylases HDACs (entinostat, vorinostat) mais les résultats pour ces agents se sont avérés décevants jusqu'à présent. Une nouvelle approche de la modulation épigénétique de la transcription des gènes est en cours d'exploration avec l'utilisation des inhibiteurs des protéines à bromodomaine BET (Ocana et al., 2017). Ces inhibiteurs ont la comme effet d'inhiber et/ou dégrader les protéines BET mais induisent également la suppression aval de MYC. D'un point de vue mécanistique, des épidrogues se lient aux résidus lysine acétylées des histones déplaçant les protéines à bromodomain de la chromatine ; inhibant la transcription des gènes (Belkina et al., 2012). Cette stratégie de thérapie épigénétique « nouvelle génération » semble montrer un effet antitumoral fort dans les formes TN de nature basale et à tendance cellule souche Shu et al., 2016. Figure 61. Identification de kinases associées aux récidives dans les cancers TN. Issu de Zagorac et al., 2018. Carte de chaleur représentant le profil d'activité de 702 phosphopeptides. Encart noir : mise en évidence de 159 phosphopeptides plus spécifiquement exprimés dans les cas TN ayant récidivé. 63 Comme on peut le voir, les cancers du sein TN deviennent un défi à la fois clinique et scientifique. La myriade d'informations collectées doit permettre de modéliser un système biologique complexe, sur la base du « More is better ». Toutes les approches complémentaires à large échelle utilisant le suffixe « omique » sont en marge de révolutionner la compréhension de toutes ces maladies définies historiquement par défaut. Toutes des strates participent jusqu'à présent à leur discernement (Figure 62). A terme, on imagine sans problème que les autres méthodes analytiques qui permettent d'explorer, sans à priori, l'ensemble des objets biologiques (métabolome, secrétome, etc) viendront enrichir leur définition, leur étiologie et espérons-le combler le manque de traitement optimal. Figure 62. Vision des interactions complexes entre les différentes classifications des cancers TN. Issu de Garrido-Castro et al., 2019. Schéma reprenant les entrelacements de classifications basées sur les données génomiques, transcriptomiques, protéomiques, épigenomiques et immunitaires. Mut : mutant, CNA : altération du nombre de copies, RTKs : récepteurs à activité tyrosine kinase, MMR : mismatch repair (ie réparation de non concordance des bases issues des erreurs de réplication), HRD : homologous recombination deficiency (ie défaut de la recombinaison homologue). 9. Traitement du cancer TN Les cancers du sein TN ne bénéficient pas de thérapies ciblées dans la pratique courante. Dans ce contexte le traitement de basés sur la radiothérapie et l'utilisation d'agents cytotoxiques. 9.a. les chimiothérapies usuelles Dépourvus de l'expression des récepteurs aux oestrogènes, à la progestérone et de l'amplification de HER2, les cancers TN sont dans l'impossibilité de bénéficier de thérapies ciblées. La chimiothérapie constitue la seule option thérapeutique possible pour ces cancers de mauvais pronostic qui métastasent précocement avec une grande fréquence même à un stade localisé. Le protocole usuel est basé sur une polythérapie administrée de façon séquentielle. Le schéma habituel considéré pour les cancers TN associe 3 à 4 cycles FEC (5-FU/Epirubicine/Cyclophosphamide) + 3 à 4 cycles de Taxanes (généralement Docetaxel) espacés de 3 semaines. Ce protocole FEC+T s'étale sur une durée totale de 4 à 6 mois, et allie des périodes de traitement suivies de périodes de repos. 64 D'un point de vue moléculaire, ce traitement combine donc des approches complémentaires (atteintes portées à l'ADN et inhibition du fuseau mitotique) pour entraver la prolifération cellulaire et la croissance des tumeurs. 9.b. place des sels de platine Les sels de platine sont proposés en raison de leur aptitude à causer des cassures double brins dans l'ADN ce qui semble séduisant au regard de l'instabilité génomique des cancers TN, en particulier dans un contexte BRCA1. Sirohi et al., 2008 ont décrit un taux de réponse complète de 88% pour l'entité TN contre 55% pour les autres tumeurs mammaires. Ces données cliniques encourageantes ont depuis été confirmées par d'autres études et méta-analyses (Liu et ., 2013 ; Tian et al., 2015 ; Poggio et al., 2018 ; Walsh et al., 2019) mais demandent à être validées par des études de phase III. 10. Réponse à la chimiothérapie et résistance au traitement des cancers TN Le paradoxe des TN réside dans le fait que ces cancers soient de mauvais pronostic alors qu'ils présentent une meilleure chimiosensibilité par rapport aux autres sous-types. En effet, en situation néoadjuvante, de nombreuses études ont montré que les TN avaient un taux de pCR plus élevé que les autres tumeurs du sein (Rouzier et al., 2005 ; Carey et al., 2007 ; Keam et al., 2007, Liedtke et al., 2008). 65 Figure 63. Survie globale des cancers TN comparés aux autres formes de cancers selon la réponse à la chimiothérapie néoadjuvante (pCR) ou la présence de maladie résiduelle (RD). D'après Liedtke et al., 2008. Il apparaît de plus en plus clairement que c'est précisément la réponse au traitement qui constitue le facteur pronostique le plus important. Néanmoins l'évaluation de l'efficacité des molécules dans le cancer du sein n'est pas tâche facile. La plupart du temps, les tumeurs sont, au moins au début, sensibles aux traitements administrés puis arrêtent de répondre après une période variable. En cas de rémission, les cancers peuvent aussi récidiver après un certain temps. La difficulté réside dans le fait que ce laps de temps varie considérablement selon les différents sous-types de cancers du sein. Celleoni et al., 2016 ont rapporté que la plupart des récidives locales se produisaient dans les 5 premières années après le diagnostic. Plus spécifiquement, les tumeurs RE négatives ont un plus grand risque de récidive durant cette période que les tumeurs RE positives, tandis que la tendance est inversée après ces 5 ans et toujours observée même après plus de 20 ans de suivi. Définir si une tumeur a résisté ou pas au traitement sur une période donnée est donc compliquée. De plus, l'amélioration des traitements anti-tumoraux conduit probablement à un allongement de ces périodes de risques. Les cancers du sein TN illustrent bien la difficulté de définir la réponse au traitement : en effet, et malgré une bonne réponse initiale à la chimiothérapie, plus de la moitié des tumeurs ne répondent pas aux chimiothérapies, 60 à 70% n'atteignent pas de réponse pathologique complète, les tumeurs résistent aux traitement et récidivent d'où leur pronostic particulièrement sombre. Un des enjeux de la recherche consiste donc à identifier quelles patientes vont ou pas répondre au traitement et vont donc bénéficier d'une chimiothérapie. A l'inverse, pouvoir identifier quelles patientes vont résister permet également de leur éviter des traitements inutiles et accompagnés de leurs effets secondaires. Il s'agit à la fois d'une stratégie de gestion des coûts de ces traitements parfois inappropriés, mais également d'économie du temps perdu dont on sait qu'il peut être précieux sachant le profil évolutif particulièrement rapide des cancers TN dans les toutes premières années suivant le diagnostic. 66 Puisque le bénéfice des traitements n'est pas le même pour toutes les patientes et ce malgré des facteurs pronostiques identiques, apparaît important de définir des facteurs prédictifs de la réponse tumorale à un traitement donné. Les cancers TN sont donc perçus comme des tumeurs particulièrement résistantes. Les mécanismes de résistance de la cellule cancéreuse aux anticancéreux peuvent être de différente nature : - Résistance pharmacocinétique :  Accessibilité de la tumeur (par exemple l'inaccessibilité des molécules à certains endroits de l'organisme comme dans le cerveau en cas de métastases cérébrales)  Variabilité pharmacocinétique individuelle (ex. métaboliseurs lents ou rapides, polymorphismes génétiques, exposition, âge, obésité, volume de distribution, clairance) - Résistance pharmacodynamique : la cible • Diminution de l'entrée et/ou augmentation de la sortie de l'anticancéreux dans la cellule par mutation du transporteur transmembranaire (transporteurs et pompes d'efflux ex. MDR1) • Détoxification de l'anticancéreux (enzymes de phase I) • Altération de la cible de l'anticancéreux (mutations, etc) • Altérations de voies en aval de la cible (mutations, surexpressions, etc) Cette résistance peut être médiée par des facteurs qui préexistent avant même l'administration des traitements (on parle alors de résistance intrinsèque) ou alors ces résistances sont acquises, et notamment induites par les traitements eux-mêmes qui créent une pression de sélection forçant les cellules tumorales à évoluer pour échapper aux traitements. Grace à leur instabilité génomique et à leur plasticité, les cellules malignes vont mettre en place des réponses adaptatives et activer des voies de signalisation compensatrices (Longley et al., 2005). D'autre part, différentes sous-populations de cellules peuvent être sélectionnées sous pression thérapeutique avec émergence de clones résistants du fait de l'élimination des clones sensibles. Plusieurs mécanismes de résistance aux drogues ont ainsi été rapportés dans la littérature (Bouwman et al., 2012 ; Holohan et al., 2013 ; McMillin et al., 2013) dont certains exemplifiés dans le cas des cancers TN (O'reilly et al., 2015 ; Figure 64) :  Le mécanisme moléculaire le plus évident pour empêcher un médicament d'agir consiste à le retirer. Ce processus d'efflux des xénobiotiques est exploité par les cellules cancéreuses pour diminuer la concentration intracellulaire en agent cytotoxique et prévenir une future mort cellulaire. Les transporteurs de phase III tels que MDR1/P-g, MRP1 or BCRP ont ainsi été impliqués dans la résistance aux inhibiteurs de topoisomérases (ex. anthracyclines), aux taxanes (ex. paclitaxel) et aux antimétabolites (methotrexate).  Les poisons du fuseau bloquent la dynamique des microtubules. Il a été montré qu'une modification de la cible (ici incorporation de la β tubuline de type III ; retrouvée presque exclusivement dans les neurones de manière habituelle) était liée à la résistance aux taxanes.  La résistance à l'apoptose induite par les agents cytotoxiques est également source d'inefficacité : des défauts de la balance entre les signaux de survie cellulaire et les signaux de mort apoptotique ont été établis dans la chimiorésistance et en particulier concernant la répression de la caspase effectrice casp-3.  Une réduction de l'expression ou de l'activité de la topoisomérase de type II, cible des anthracyclines induit une résistance à ces molécules.  Un défaut des gènes de réparation des dommages de l'ADN (MSH2 et MLH1) et l'instabilité des microsatellites associée confèrent une résistance aux inhibiteurs de la topoisomérase de type II.  Une surexpression des protéines of ALDH1A1 and ALDH3A1 résulte en une inactivation plus grande du cyclophosphamide. De la même manière, une augmentation de l'activité du glutathion et de la glutathion-S-transferase inhibe l'effet des agents alkylants tels que le cisplatine. Figure 64. Principaux mécanismes de résistance au traitement des cancers TN. Tiré de : O'reilly et al., 2015. A : Efflux des chimiothérapies au travers de transporteurs ABC ; B : surexpression des cibles des agents cytotoxiques ; C : mutations des enzymes de réparation de l'ADN ; D : altération des gènes impliqués dans l'apoptose des cellules ; E : inactivation et détaxificaton des molécules et F : implication du gène NF-κB. De surcroit, le microenvironement joue aussi un rôle dans la résistance aux traitements. La vascularisation anarchique constatée dans les tissus avoisinant la tumeur empêchent les agents anticancéreux d'accéder et de pénétrer dans la masse tumorale. L'architecture des tissus, l'organisation de la matrice extracellulaire et les adhésions cellulaires ont aussi été illustré dans l'établissement des résistances (McMillin et al., 2013). Sans être exhaustif, l'hypoxie, la senescence, les cellules souches cancéreuses, l'autophagie, la voie NFkB, la phosphorylation d'AKT médiée par la surexpression de KIF14, etc ont été avancés dans la mise en oeuvre des systèmes de résistance aux différents agents employés en clinique. Dans ce contexte de 68 dérégulation majeure, l'identification de cibles actionnables présentes dans les tumeurs résiduelles n'ayant pas répondu aux chimiothérapies conventionnelles se présente comme une alternative séduisante pour contourner cette résistance. La contribution de la chimiothérapie néoadjuvante permet d'obtenir du matériel tumoral obtenu post chirurgie pour analyse. Balko et al., 2014 ont ainsi étudié 71 tumeurs TN ayant subi un protocole néoadjuvant et constaté une grande diversité moléculaire entre ces tumeurs. En effet, la plupart des altérations génétiques identifiées sont présentes dans moins de 5% des échantillons. Très peu de gènes sont retrouvés de façon fréquente : TP53, MCL1 (89% et 54% de mutations respectivement) et MYC amplifié dans 35% des cas. Ces résultats suggèrent que les patients ayant résisté à la chimiothérapie ne possèdent pas de profils mutationnels similaires. Néanmoins, les auteurs ont pu mettre en avant que si ces altérations étaient catégorisées fonctionnellement, la grande majorité des tumeurs contenaient des altérations de gènes potentiellement ables par des thérapies ciblées actuellement disponibles. Etant donné l'hétérogénéité colossale des cancers TN, la médecine de précision représente un espoir pour le traitement des 70% de patientes qui présentent une maladie résiduelle. 11. Les thérapies ciblées 11.a. le récepteur à l'EGF : EGFR Le récepteur de la famille à l'EGF (ou HER1) est souvent surexprimé dans les cancers TN, de l'ordre de 50 à 70% des tumeurs. Ce récepteur situé à la surface cellulaire médie des signaux de prolifération et de survie cellulaire donc les chercheurs ont envisagé comme thérapie l'utilisation d'anticorps bloquants (cetuximab) ou des molécules de type TKI (erlotinib, gefitinib) qui inhibent l'activité tyrosine kinase du récepteur pour empêcher la croissance de ces cancers. Les résultats de ces tests n'ont pas montré d'important bénéfice clinique notamment en raison d'une compensation de l'absence de l'EGFR par l'augmentation des niveaux d'une molécule réceptrice de la même famille, HER3 par les cellules tumorales. 11.b. l'inhibition de l'angiogenèse La néo-angiogenèse est l'une des caractéristiques fondamentales du cancer ; favorisant le développement et la progression tumorale. En effet, les tumeurs nécessitent un apport continu et croissant de nutriments tout comme l'élimination de certains déchets. Ceci est rendu possible par la formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui vont venir alimenter les cellules tumorales, notamment suite à un stress hypoxique. Il a été montré que le VEGF, premier facteur de croissance régulateur de l'angiogenèse, jouait un rôle important dans la dissémination métastatique de la maladie (Bando et al., 2007). Linderholm et al., 2009 ont montré que les patientes TN possédaient notamment des niveaux élevés de VEGF associés à une survie plus courte. Contrer cette vascularisation via l'emploi de d'agents anti-angiogéniques serait donc une stratégie pour lutter contre ces cancer particulièrement agressifs et évolutifs. Le bevacizumab (Avastin®) a donc été développé en ce sens : il s'agit d'un anticorps monoclonal anti-VEGF. Le taux de réponse observé en monothérapie pour cet anticorps reste faible, mais associé au paclitaxel, il a pu montrer une augmentation significative de la survie sans rechute (11 mois versus 6 mois pour la chimiothérapie seule) mais n'a pas montré d'effet sur la survie globale (Miller et al., 2007). c. les inhibiteurs de PARP et de la réparation des dommages à l'ADN Les cancers TN sont caractérisés par des défauts de réparation de l'ADN. Exploiter cette défaillance en inhibant les gènes impliqués dans les systèmes de réparation de l'ADN est un concept actuellement étudié pour forcer les cellules à entrer en apoptose du fait de la présence de nombreuses cassures de l'ADN.
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Revêtements glissants sans fluor à base de siloxanes : une structuration multi-échelles de polymères dépendante de l'humidité. Polymères. Université Paris-Saclay, 2022. Français. &#x27E8;NNT : 2022UPAST151&#x27E9;. &#x27E8;tel-03966560&#x27E9;
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[23] M. Ge, C. Cao, F. Liang, R. Liu, Y. Zhang, W. Zhang, T. Zhu, B. Yi, Y. Tang, Y. Lai, A “pDMS-inwater” emulsion enables mechanochemically robust superhydrophobic surfaces with self-healing nature, Nanoscale Horizons. 5 (2020) 65–73. https://doi.org/10.1039/c9nh00519f. [24] G. Graffius, F. Bernardoni, A.Y. Fadeev, Covalent functionalization of silica surface using “inert” poly(dimethylsiloxanes), Langmuir. 30 (2014) 14797–14807. https://doi.org/10.1021/la5031763. [25] L. Auvray, M. Cruz, P. Auroy, Irreversible adsorption from concentrated polymer solutions, J. Phys. II. 2 (1992) 1133–1140. [26] O. Guiselin, Irreversible adsorption of a concentrated polymer solution, EPL (Europhysics Lett. 17 (1992) 225. [27] J.P. Cohen-Addad, Silica-siloxane mixtures. Structure of the adsorbed layer: Chain length dependence, Polymer (Guildf). 30 (1989) 1820–1823. [28] H. Teisala, P. Baumli, S.A.L. Weber, D. Vollmer, H.J. 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Nous avons aussi étudié l’effet du roulement des gouttes d’eau sur la surface. La stabilité de la couche externe de ces échantillons a été évaluée par mesure d’angle de contact, hystérèse et angle de glissement pour des gouttes d’eau, ainsi que par microscopie optique à contraste de phase, avant et après chaque type de dégradation. Il est alors montré que la couche externe du revêtement réalisé à RH = 25 % est plus stable que celle du revêtement RH = 85 %. Cependant, la couche externe du revêtement réalisé à RH = 85 % étant la plus prometteuse en matière de glissement, nous nous sommes concentrés sur cet échantillon et nous avons cherché des voies de stabilisation de cette couche, notamment pas des procédés de réticulation (thermique, photochimique, radiochimique). Les propriétés de mouillage, la topographie des revêtements et la quantité de matière de PDMS en surface ont alors été étudiées avant réticulation (état initial), après réticulation et après réticulation puis rinçage abondant au toluène (afin d’évaluer l’efficacité de la réticulation). Le procédé de réticulation radiochimique s’est avéré être le plus prometteur en termes de réticulation des polymères faiblement adsorbés. Cependant, le glissement n’est pas conservé, il est même nettement dégradé. Cette étude doit donc être approfondie. MOS TABLE DES MATIÈ RES 1. Stabilité des couches faiblement adsorbées des revêtements réalisés à faible et haute humidités.............................................................................. 238 1.1. 1.1.i. Revêtement réalisé à humidité faible................................................. 238 1.1.ii. Revêtement réalisé à humidité élevée............................................... 239 1.2. 2. Effet du vieillissement en conditions ambiantes....................................... 238 Effet du glissement des gouttes d’eau à la surface................................... 241 Stabilisation par réticulation de la couche externe du revêtement réalisé à haute humidité........................................................................................... 244 3. 2.1. Réticulation par irradiation (radiochimie)................................................. 244 2.2. Réticulation thermique et photochimique................................................. 251 Conclusion............................................................................................... 252 . ................................................................ 253 CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS 1. STABILITÉ DES COUCHES FAIBLEMENT ADSORBÉES DES REVÊTEMENTS RÉALISÉS À FAIBLE ET HAUTE HUMIDITÉS 1.1. EFFET DU VIEILLISSEMENT EN CONDITIONS AMBIANTES Afin d’étudier la stabilité des revêtements et notamment de la couche faiblement adsorbée (couche externe), deux revêtements réalisés à RH = 25 ou 85 %, rinçage H2O+iPrOH ont été entreposés en conditions ambiantes. L’évolution du glissement et de la topographie de la surface de ces revêtements a été suivie sur un an. 1.1.i. REVÊTEMENT RÉALISÉ À HUMIDITÉ FAIBLE Dans un premier temps, les propriétés d’une lame de verre couverte d’un revêtement dont la condensation a été réalisée à humidité relative faible (RH = 25 %) avec un rinçage H2O+iPrOH ont été suivies. Ainsi, la Figure 6.1 montre que les propriétés de mouillage (angle de contact CA, hystérèse CAH, angle de glissement SA) pour des gouttes d’eau, tout comme la topographie de ce revêtement restent stables sur toute la durée de notre étude (1 an), en conditions ambiantes (température et humidité relative ambiantes). La variation de contraste observée entre t = 0 et t = 24 h est probablement due à un artefact optique causé par un résidu d’iPrOH sur les îlots, suite au rinçage. Après 24 h en conditions ambiantes, ce résidu s’est évaporé. De plus, aucune variation des propriétés n’est observée après 2 h de chauffage à 90 °C (Annexe A.5). La couche faiblement adsorbée à cette humidité est donc stable vis-à-vis de l’oxydation de l’air. 1. STABILITÉ DES COUCHES FAIBLEMENT ADSORBÉES DES REVÊTEMENTS RÉALISÉS À FAIBLE ET HAUTE HUMIDITÉ a 120 80 CA CA CA 60 CA Toluène SA 100 SA 40 20 0 0,1 1 10 ieillissement de la surface 100 1000 ours b t t h t an m Figure 6.1. a) Angle de contact CA, hystérèse CAH et angle de glissement SA pour des gouttes d’eau ; b) Images de microscopie à contraste de phase, pour un revêtement réalisé à RH = 25 % puis rincé H2O+iPrOH, en fonction de la durée de vieillissement en conditions ambiantes (indiquée en abscisse du graphique ou en bas à droite des images). Les valeurs de CA, CAH et SA en noir (à droite du graphique) représentent les valeurs obtenues après rinçage toluène du revêtement initial, utilisées comme données de référence pour un revêtement sans couche externe. Les barres d’erreur sont indiquées pour chacune des mesures sur la figure. L’échelle est inscrite en bas à droite et est identique pour toutes les images. 1.1.ii. REVÊTEMENT RÉALISÉ À HUMIDITÉ ÉLEVÉE Dans un second temps, le vieillissement sur un an d’une lame de verre couverte d’un revêtement dont la condensation a été réalisée à humidité relative élevée (RH = 85 %) avec un rinçage H2O+iPrOH a été étudié. En microscopie optique à contraste de phase, nous observons une légère évolution de la topographie de la surface à partir de t = 5 mois jusqu’à t = 1 an, corrélée à une légère augmentation de la valeur de l’hystérèse et de l’angle de glissement mesurés pour des gouttes d’eau : CAH = 4 ± 2° et SA = 5 ± 2° à t = 0 contre CAH = 9° et SA = 7° à t = 1 an (Figure 6.2). La couche externe, faiblement adsorbée, est donc moins stable si la condensation est réalisée à RH = 85 % qu’à RH = 25 %. Comme présenté dans le chapitre précédent, lorsque le revêtement est réalisé à humidité élevée, les polymères de la couche externe sont moins denses et plus petits que ceux présents dans la couche externe du revêtement réalisé à humidité faible. Les interactions entre les polymères de la couche externe du revêtement RH = 85 % sont donc plus faibles et cette couche est moins stable. 239 CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS Cependant, même si les valeurs de l’angle de glissement et de l’hystérèse se dégradent avec le vieillissement à l’air pour RH = 85 %, elles restent inférieures à celles mesurées sur RH = 25 %. Ainsi, comme ces deux revêtements (RH = 25 ou 85 %, rinçage H2O+iPrOH) ne subissent que très peu de dégradation après 1 an de vieillissement à l’air, nous en concluons que la couche adsorbée protège d’un éventuel changement d’état de surface (réorganisation des chaînes de polymères due à l’humidité ou à la lumière). a 120 CA 80 CA CA 60 SA Toluène CA SA 100 40 20 0 0,1 1 10 ieillissement de la surface 100 1000 ours b t t h t mois t an m Figure 6.2. a) Angle de contact CA, hystérèse CAH et angle de glissement SA pour des gouttes d’eau ; b) Images de microscopie à contraste de phase, pour un revêtement réalisé à RH = 85 % puis rincé H2O+iPrOH, en fonction de la durée de vieillissement en conditions ambiantes (indiquée en abscisse du graphique ou en bas à droite des images). Les valeurs de CA, CAH et SA en noir (à droite du graphique) représentent les valeurs obtenues après rinçage toluène du revêtement, utilisées comme données de référence pour un revêtement sans couche externe. Les barres d’erreur sont indiquées pour chacune des mesures sur la figure. Si elles ne sont pas visibles, cela signifie que l’écart-type est faible et qu’elles sont plus petites que la taille des symboles utilisés. L’échelle est inscrite en bas à droite et est que pour toutes les images. Bien que le revêtement réalisé à humidité élevée soit plus glissant que celui réalisé à humidité faible, il semble moins stable en conditions ambiantes : les interactions entre les polymères présents dans la couche adsorbée de ce revêtement (RH = 85 %) sont moins fortes. Cependant, même après 1 an de vieillissement en conditions ambiantes, le revêtement réalisé à humidité relative élevée possède toujours de meilleures propriétés glissantes que celui réalisé à humidité faible. 1. STABILITÉ DES COUCHES FAIBLEMENT ADSORBÉES DES REVÊTEMENTS RÉALISÉS À FAIBLE ET HAUTE HUMIDITÉ 1.2. EFFET DU GLISSEMENT DES GOUTTES D’EAU À LA SURFACE Nous ne nous attarderons pas ici à définir précisément si les gouttes d’eau glissent ou roulent sur la surface (par effet Marangoni de diffusion de molécules) car ce n’est pas l’objet de notre étude. Notre objectif ici est d’analyser le comportement et l’évolution de la topographie des deux revêtements RH = 25 et 85 %, rinçage H2O+iPrOH, face au glissement répété de gouttes d’eau sur la surface. En effet, Hourlier-Fargette et al. ont réalisé des études sur le comportement d’une goutte d’eau déposée sur une surface de PDMS faiblement réticulé [1]. Ils ont montré qu’en présence d’une ligne de contact H2O/air/PDMS, les chaînes de PDMS libres migrent à l’interface H2O/air jusqu’à saturation de l’interface. Dans le cas d’une goutte en mouvement, les chaînes de PDMS présentes à l’interface H2O/air sont ainsi évacuées avec le glissement de la goutte. Afin de vérifier cet effet sur nos revêtements, une zone a été délimitée sur la surface des deux échantillons et a été observée en microscopie optique à contraste de phase afin d’imager l’état initial de ces revêtements. Ensuite, une goutte d’eau de 20 μL a été déposée sur cette zone et l’échantillon a été incliné à 1°⋅s-1. La Figure 6.3 montre alors que le revêtement réalisé à RH = 25 % ne subit pas de dégradation de la surface après glissement de 20 gouttes d’eau, tandis que pour RH = 85 %, la topographie de la surface change dès le glissement de la 2e goutte d’eau. Ce changement induit alors une augmentation des valeurs d’hystérèse CAH et d’angle de glissement SA mesurés pour des gouttes d’eau, jusqu’à quasiment atteindre les mêmes propriétés qu’en rinçage H2O+iPrOH+toluène à partir de la 6e goutte (Figure 6.4). Pour le revêtement réalisé à RH = 25 %, la stabilité de la topographie est aussi liée à la stabilité des valeurs d’hystérèse et de glissement (Annexe A.6.1). Nos résultats sont en accord avec les observations de Hourlier‐Fargette et al. : en rinçage H2O+iPrOH, comme la couche externe du revêtement RH = 85 % est moins dense que celle de RH = 25 %, les chaînes de PDMS libres, adsorbée à la surface de ce revêtement RH = 85 % sont plus facilement évacuées par le glissement des gouttes d’eau. R a nitial Après gouttes nitial Après gout tes R b A partir de la e goutte m Figure 6.3. Images de microscopie à contraste de phase, pour un revêtement réalisé à a) RH = 25 % ou b) RH = 85 %, puis rincé H2O+iPrOH, après roulement de plusieurs gouttes d’eau sur la surface. Le nombre de gouttes est indiqué en bas de chaque image. L’échelle est inscrite en bas à droite et est identique pour toutes les images. 241 CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS 30 CA SA 25 15 10 Toluène CA SA 20 5 0 0 5 10 15 20 ombre de gouttes Figure 6.4. Hystérèse CAH et angle de glissement SA pour des gouttes d’eau sur un revêtement réalisé à RH = 85 % puis rincé H2O+iPrOH, en fonction du nombre de gouttes d’eau qui ont roulé sur la surface. Les valeurs de CA, CAH et SA en noir (à droite du graphique) représentent les valeurs obtenues après rinçage toluène du revêtement. Le revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH a aussi été observé par cartographie ellipsométrique après glissement de trois gouttes d’eau. Sur la Figure 6.5, deux zones sont identifiables : en haut de l’image, le revêtement est dans sa configuration initiale avec des îlots d’environ 10 – 15 nm d’épaisseur et un fond de 3 nm d’épaisseur (comme étudié dans le Chapitre 4, partie 2.1), tandis qu’en bas de l’image, nous observons que l’épaisseur des îlots et du fond a diminué. Cette partie de l’image, correspondant à la zone de glissement des gouttes d’eau, montre que les polymères de la couche externe du revêtement, faiblement adsorbés, ont été retirés par le passage des gouttes, menant aux épaisseurs caractéristiques de la surface réalisée à RH = 85 % et rincée H2O+iPrOH+toluène (fond de 1,4 nm d’épaisseur et îlots de 2,4 nm). La partie du haut de cette image d’ellipsométrie est alors comparable à l’image obtenue dans le Chapitre 4 (partie 2.1, Figure 4.16) pour un revêtement réalisé à RH = 85 %, après rinçage H2O+iPrOH (mêmes conditions de procédé que celles utilisées ici), tandis que la partie du bas est comparable à ce même revêtement après rinçage H2O+iPrOH+toluène. Notons que, dans la Figure 4.16, pour le rinçage H2O+iPrOH+toluène, l’échelle était différente, expliquant que nous n’observions pas les mêmes contrastes. Cet effet de rinçage par glissement de gouttes est accentué par l’utilisation d’une goutte de liquide dans lequel le PDMS est soluble comme le tétradécane ou le toluène (Annexe A.6.2). Pour ces liquides, une seule goutte suffit à retirer la couche adsorbée : le même effet de rinçage est alors observé entre le glissement d’une goutte et l’immersion dans ces solvants. 1. STABILITÉ DES COUCHES FAIBLEMENT ADSORBÉES DES REVÊTEMENTS RÉALISÉS À FAIBLE ET HAUTE HUMIDITÉ 15 nm 10 5 0 Figure 6.5. Image de cartographie ellipsométrique (700 x 1200 μm) d’un revêtement réalisé à RH = 85 % puis rincé H2O+iPrOH. Trois gouttes d’eau ont été déposées sur la zone en bas de l’image (identifiée par l’accolade) et ont été éliminées par glissement. L’échelle est inscrite en bas à droite. Comme les interactions entre les polymères présents dans la couche adsorbée du revêtement réalisé à RH = 85 % sont moins fortes que dans celui réalisé à RH = 25 %, la couche externe du revêtement réalisé à humidité élevée est moins stable face au glissement des gouttes d’eau. En présence d’eau, les chaînes libres de PDMS migrent à l’interface eau/air et sont ainsi évacuées par le g lissement des gouttes. CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS 2. STABILISATION PAR RÉTICULATION DE LA COUCHE EXTERNE DU REVÊTEMENT RÉALISÉ À HAUTE HUMIDITÉ La couche externe du revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH étant la plus prometteuse en matière de glissement, nous nous sommes concentrés sur cet échantillon et nous avons cherché des voies de stabilisation de cette couche, notamment par réticulation partielle des chaînes libres de PDMS. Dans l’industrie, l’irradiation est un procédé de réticulation des polymères bien connu et largement utilisé. Son utilisation s’est développée suite à la découverte par Charlesby, en 1952, de la formation d’un gel insoluble de polyé ène après irradiation [2]. Depuis, la polymérisation par irradiation est utilisée en industrie pour de nombreuses applications comme l’agroalimentaire [3], la biomédecine [4] ou encore l’automobile [5]. Ce procédé améliore les propriétés mécaniques, la stabilité thermique et la résistance chimique des polymères. Il est simple, rapide, économique et écologique [6]. De plus, la réticulation du PDMS par voie radiochimique est un procédé connu depuis des dizaines d’années [7]. Nous avons donc souhaité utiliser un procédé de réticulation par irradiation (radiochimie) afin de stabiliser la couche externe de notre revêtement. 2.1. RÉTICULATION PAR IRRADIATION (RADIOCHIMIE) Pour réaliser la réticulation par irradiation (radiochimie), le revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH, a été placé devant un faisceau d’électrons. Ce procédé a l’avantage d’être relativement rapide (quelques minutes suffisent) et il ne nécessite l’ajout d’aucune molécule. Pour cette étude, nous avons utilisé l’accélérateur linéaire d’électrons (LINAC) Titan Beta, Inc. ALIENOR (Accélérateur Linéaire d’Electrons NanOseconde pour l’étude de la Radiolyse) (Figure 6.6.a) [8]. Cet appareil génère des électrons pulsés avec une énergie de 10 MeV pour une durée de 10 ns. Un canon à électrons génère le faisceau d’électrons par effet thermo-ionique (filament chauffé par un courant électrique). Ce faisceau est ensuite accéléré dans un guide d’ondes alimenté par un klystron [9] et entouré par des bobines magnétiques de focalisation. Le faisceau d’électrons traverse enfin une fine feuille de titane avant d’atteindre l’échantillon. Cette barrière métallique est assez fine pour permettre aux électrons de la traverser, mais assez résistante pour contenir le vide à l’intérieur du guide d’ondes (10-8 mbar). Nous avons travaillé à une fréquence de 5 Hz. Comme nos échantillons ne sont pas sensibles à l’échauffement, cette fréquence permettait de diminuer la durée de mesure (30 min à 1 Hz contre 8 min à 5 Hz pour une dose de 40 kGy). L’échantillon est placé devant le faisceau d’électrons à l’aide d’adhésif (Figure 6.6.b). La surface d’irradiation est de 1 cm2. 244 STABILISATION PAR RÉTICULATION DE COUCHE EXTERNE DU REVÊTEMENT RÉALISÉ À HAUTE HUMIDITÉ a b Figure 6.6. a) Photographie du LINAC ALIENOR et b) lame de verre, après revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH, placée devant le faisceau d’électrons. L’efficacité de la réticulation de la couche adsorbée suite à différentes doses d’irradiation par faisceau d’électrons (entre 20 et 100 kGy) a été évaluée. En effet, la dose correspond à la quantité d’énergie de rayonnement absorbée par unité de masse, par le matériau. Une dose équivalente permet de comparer des expériences d’irradiation réalisées à partir de différents instruments et de différentes sources d’irradiation (rayonnement gamma, X, faisceau d’électrons ou d’ions). Après irradiation, une coloration marron de la lame de verre apparaît, dont l’intensité croit avec la dose irradiée (Figure 6.7.a). Ce phénomène est bien connu dans les études d’irradiation du verre [10]. Une étude de Brow en 1994 a notamment montré que cette coloration était due à la production de sodium métallique (Na0) et à la transformation d’oxygènes non-liés (Si-O-) en oxygènes liés (Si-O-Si), à l’intérieur du verre [11]. Pour plus de clarté et afin de pallier cette coloration, la luminosité des images de microscopie à contraste de phase des revêtements après irradiation, a été augmentée de 50 % (Figure 6.7.b). m Figure 6.7. a) Photo de deux lames de verre avec un revêtement réalisé à RH= 85 %, rinçage H2O+iPrOH, après irradiation sous faisceau d’électrons à 20 kGy (haut) ou 100 kGy (bas) ; b) Microscopie à contraste de phase de ces deux mêmes échantillons avant (gauche) et après (droite) augmentation de la luminosité de 50 %. 245 CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS Les images de microscopie à contraste de phase du revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH, après irradiation et après irradiation puis rinçage abondant au toluène montrent que la couche externe (faiblement adsorbée) a bien été réticulée à partir d’une dose d’irradiation de 20 kGy (Figure 6.8). En effet, après rinçage au toluène des revêtements, la présence de la couche externe est légèrement visible sur les images pour une dose de 20 kGy d’irradiation et plus nettement pour une dose plus importante. m Figure 6.8. Images de microscopie à contraste de phase d’un revêtement réalisé à RH= 85 %, rinçage H2O+iPrOH, avant (0 kGy) et après irradiation sous un faisceau d’électrons à une dose de 20, 40, 60, 80 ou 100 kGy. Ces observations sont réalisées a) après irradiation et b) après irradiation puis rinçage au toluène. 246 2. STABILISATION PAR RÉTICULATION DE LA COUCHE EXTERNE DU REVÊTEMENT RÉALISÉ À HAUTE HUMIDITÉ Les propriétés macroscopiques du revêtement ont ensuite été évaluées. Les valeurs des angles de contact CA, des hystérèses CAH et des angles de glissement SA pour des gouttes d’eau ne varient que très peu, avant (Figure 6.9.a) et après rinçage au toluène (Figure 6.9.b), pour une même dose irradiée. Par exemple, pour une dose de 40 kGy, CA = 101 ± 2°, CAH = 24 ± 5° et SA = 47 ± 9° après irradiation, contre CA = 101 ± 2°, CAH = 24 ± 5° et SA = 39 ± 3° après irradiation puis rin age au toluène. De plus, la valeur de l’angle de contact CA diminue de 107 ± 1° à 95 ± 2° avec l’augmentation de la dose d’irradiation (Figure 6.9). a 120 CA CA SA CA CA SA 100 80 60 40 20 0 0 b 20 40 60 80 ose d irradiation par faisceau d électrons 120 CA 100 y CA SA CA CA SA 100 80 60 40 20 0 0 20 40 60 80 ose d irradiation par faisceau d électrons 100 y Figure 6.9. Angle de contact CA, hystérèse CAH et angle de glissement SA pour des gouttes d’eau mesurés après irradiation des revêtements réalisés à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH par différentes doses sous un faisceau d’électrons, a) avant et b) après rinçage au toluène. Les flèches noires indiquent la tendance de variation de CA en fonction de la dose irradiée. En effet, l’irradiation du PDMS peut induire une réticulation et une scission des chaînes [12], rendant la distribution de taille des polymères plus large et l’apparition éventuelle de groupes hydroxyles. La diminution de CA en fonction de l’augmentation de la dose irradiée a aussi été observée par Huszank et al. suite à l’irradiation de PDMS par un faisceau d’ions 4He+ [13]. Ils ont alors montré que l’irradiation avait provoqué la formation de groupes Si–OH, qui rendent donc le revêtement plus hydrophile. Cet effet d’oxydation du PDMS avait été mis en lumière par St Pierre et al. en 1960 suite à l’irradiation par faisceau d’électrons du PDMS à 464 kGy [14]. Aussi, l’augmentation de la quantité de Si–OH dans le PDMS en fonction de l’augmentation de la dose CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS irradiée par rayons gamma (dose comprise entre 250 et 400 kGy), en conditions ambiante, a été prouvée par Meléndez-Zamudio et al. [15]. Ils ont alors montré que l’oxygène présent dans l’air participait à la transformation d’un groupe Si–CH3 en Si–OH. Ces résultats permettent donc d’en déduire que, dans notre système, l’augmentation de la dose d’irradiation a probablement généré une quantité croissante de groupes Si–OH dans le revêtement, même si les doses d’irradiation que nous utilisons sont inférieures à celles des études auxquelles nous faisons référence La diminution de CA est accompagnée d’une nette augmentation des valeurs de SA. Deux raisons peuvent alors expliquer ce résultat. La première hypothèse serait que la réticulation ait rigidifié les chaînes du fait de la création d’un réseau. Le revêtement aurait perdu de sa mobilité et ne présenterait plus un comportement « type-liquide ». La seconde hypothèse serait directement liée à la formation de groupes OH : la surface serait alors plus hétérogène chimiquement, ce qui expliquerait l’augmentation de l’hystérèse et de l’angle de glissement avec l’irradiation (Figure 6.9). La valeur de l’angle de glissement la plus faible, après irradiation puis rinçage au toluène, est obtenue pour une dose de 40 kGy (SA = 39 ± 1°). Ces revêtements, après irradiation par faisceau d’électrons puis rinçage toluène, ont été analysés en spectroscopie FTIR. Les spectres obtenus nous permettent donc de confirmer la réticulation d’une partie de la couche adsorbée : la quantité de PDMS réticulé (pic correspondant au signal de l’élongation de la liaison C–H dans les CH3 à σν = 2963 cm-1) croît avec la dose d’irradiation (Figure 6.10.a). Nous constatons également un effet singulier pour une dose d’irradiation de 60 kGy, pour laquelle la présence de CH2 est détectée dans le revêtement (σν = 2850 cm-1). Cet effet à 60 kGy n’a cependant pas pu être expliqué. Afin de confirmer l’augmentation de la quantité de groupes hydroxyles en fonction de la dose d’irradiation, nous nous sommes intéressés plus en détails à la zone IR comprise entre 3300 et 3800 cm-1 (Figure 6.10.b). Cependant, aucun effet significatif n’a été détecté sur les spectres entre 3720 et 3750 cm-1 (encadré en pointillés sur la Figure 6.10.b), c’est-à-dire dans la zone correspondant au signal de l’élongation de la liaison O–H dans les Si–OH (σν = 3745 cm-1 [16,17]). En effet, le substrat (verre) coupe une grande partie du signal IR pour σ > 3600 cm-1 donc il peut être difficile de détecter le signal de la vibration d’une liaison au-dessus de cette valeur. Aussi, l’irradiation induisant une polymérisation (perte d’OH) et une scission des chaînes (création de OH) [12], un équilibre dans la quantité de OH totale présente au sein du revêtement peut être maintenu. La détection de ces variations dans la quantité d’hydroxyles en IR sera donc difficile. 2. STABILISATION PAR RÉTICULATION DE LA COUCHE EXTERNE DU REVÊTEMENT RÉALISÉ À HAUTE HUMIDITÉ a Absorbance u a E E E E E O i rO y y y y réf toluène toluène toluène toluène y toluène O i rO toluène réf y 2870 3100 3000 2850 2900 ombre d onde cm 3600 ombre d onde 3500 cm 2830 2800 Absorbance u a b 3800 3700 3400 3300 Figure 6.10. Spectres FTIR en transmission mesurés après irradiation des revêtements réalisés à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH par différentes doses sous faisceau d’électrons puis rinçage au toluène a) entre 2800 et 3100 cm-1 et b) entre 3300 et 3800 cm-1. La flèche noire sur la figure a) indique le sens de variation de l’intensité du pic en fonction de l’augmentation de la dose irradiée. L’insert correspond à un agrandissement de la zone entre 2830 et 2870 cm-1. Les spectres en b) ont été décalés selon l’axe y pour plus de visibilité. Tous les spectres ont été obtenus après soustraction du spectre du verre brut. CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS Par analyse de l’aire sous la courbe des pics correspondant au signal des CH 3 (σν = 2963 cm-1), nous avons pu calculer le pourcentage de molécules adsorbées réticulées par l’irradiation par la formule suivante : % réticulé = 100 × Aire avant réticulation − Aire après rinçage toluène sans réticulation Aire après réticulation et rinçage toluène − Aire après rinçage toluène sans réticulation avec Aire après rinçage toluène sans réticulation = 0,042. Les résultats de ces calculs sont présentés dans le au 6.1. Nous confirmons donc bien que la quantité de PDMS réticulé croît avec la dose d’irradiation. Tableau 6.1. Pourcentage de molécules adsorbées réticulées après irradiation sous un faisceau d’électrons, en fonction de la dose irradiée. ose d’irradiation (kGy) Aire sous le pic des CH3 avant irradiation Aire sous le pic des CH3 après irradiation et rinçage au toluène % réticulé 0 0,215 0,042 - 20 0,175 0,052 7,5 40 0,169 0,061 15,0 60 0,181 0,094 37,4 80 0,175 0,082 30,1 100 0,166 0,108 53,2 Ainsi, nous proposons en Figure 6.11 deux mécanismes de réticulation dits de type H (par liaison Si-C-Si) et de type Y (par liaison Si–O–Si). En conditions ambiantes (présence de O2 et de H2O due à l’humidité), la réticulation de type Y est favorisée [16]. Les Si–CH3 peuvent être transformés, via un intermédiaire peroxyde, en Si–O• seulement à la condition que l’environnement contienne des molécules de dioxygène ou d’eau. Cette condition est donc validée si l’expérience est réalisée en conditions ambiantes. Afin d’apporter une confirmation plus rigoureuse sur la présence des hydroxyles, nous pourrions réaliser une expérience de silylation de surface avec de l’HMDS comme dans le chapitre précédent (Chapitre 5, partie 1.2.iii). Cette expérience pourrait même permettre de savoir si l’angle de glissement est dégradé à cause de la présence de ces groupes OH (dans ce cas, la silylation permettrait d’améliorer le glissement) ou si cette dégradation est bien directement liée à la réticulation du revêtement. Pour s’affranchir de l’action de l’oxygène de l’air, la réticulation de la couche adsorbée par irradiation pourrait aussi être réalisée en enceinte fermée, sous azote ou argon. 2. STABILISATION PAR RÉTICULATION DE LA COUCHE EXTERNE DU REVÊTEMENT RÉALISÉ À HAUTE HUMIDITÉ EB Réticulation de type O2 / H2O Avec n 4 et : chaîne de PDMS Réticulation de type Figure 6.11. Proposition de schémas réactionnels de réticulation par irradiation sous un faisceau d’électrons (EB pour electron beam) envisageables à partir d’oligomères du DMDMOS, en conditions ambiantes (adapté de [16]). Le procédé de réticulation radiochimique par ir radiation par fais ceau d’électrons (10 MeV) est efficace, car il permet de stabiliser la couche externe, faiblement adsorbée, du revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH. Cependant, le glissement est nettement dégradé à la suite de l’irradiation. Des études plus approfondies do ivent être menées pour savoir si cette dégradation est seulement due à la présence de groupes hydroxy les ou à la rigidification du revêtement. 2.2. RÉTICULATION THERMIQUE ET PHOTOCHIMIQUE Deux autres procédés de réticulation ont été étudiés afin de stabiliser la couche externe du revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH. Le premier est un procédé de réticulation par voie thermique (2 h à 90 °C). Le deuxième est un procédé de réticulation par voie photochimique (exposition UV, λ = 365 nm, jusqu’à 10 min à une puissance de 49,2 mW⋅cm-2). Cependant, aucun de ces deux procédés n’a permis de stabiliser la couche externe : après rinçage au toluène, les polymères faiblement adsorbés en surface sont tous évacués. Les résultats détaillés de ces études sont disponibles en Annexe A.7. Ces résultats étaient attendus, car les poly s présents dans la couche adsorbée du revêtement ne comportent pas de groupes chimiques thermosensibles ou photosensibles (vinyles ou acrylates). Or, ces groupes sont nécessaires à l’activation de la réticulation par un procédé thermique ou photochimique [18–21]. Cependant, ces expériences nous permettent d’en déduire la stabilité au chauffage (au moins jusqu’à 2 h à 90 °C) et aux UV (au moins jusqu’à 10 min à une puissance de 49,2 mW⋅cm‐2) du revêtement réalisé à RH = 85 %, rinçage H2O+iPrOH, et de ses propriétés. CHAPITRE 6 – STABILITÉ ET STABILISATION DE LA COUCHE EXTERNE DE REVÊTEMENTS À BASE DE DMDMOS 3. CONCLUSION Pour conclure sur ce chapitre, la stabilité de la couche externe, faiblement adsorbée à la surface des revêtements à base de DMDMOS, réalisés à RH = 25 ou 85 %, rinçage H2O+iPrOH, a été évaluée en conditions ambiantes. La robustesse de cette couche a aussi été évaluée face au glissement des gouttes d’eau. Nous avons montré que la couche externe sur le revêtement réalisé à RH = 25 % est plus stable que celle sur le revêtement RH = 85 %. Les deux revêtements sont stables en conditions ambiantes au moins jusqu’à 1 an de vieillissement. Cependant, la couche externe du revêtement réalisé à RH = 85 % peut facilement être enlevée par action d’un solvant (adapté à la solubilité du PDMS, comme le toluène) ou même par l’action mécanique du roulement de gouttes d’eau. Lorsque le revêtement est réalisé à faible humidité, les chaînes de PDMS adsorbées dans la couche externe forment un réseau fort et dense à la surface tandis que, lorsque le revêtement est réalisé à haute humidité, les chaînes de PDMS restent plus mobiles, facilitant le glissement, mais diminuant la stabilité. Afin de stabiliser le revêtement réalisé à RH = 85 % (rinçage H2O+iPrOH) tout en conservant le glissement de la surface, trois procédés de réticulation douce de la couche externe faiblement adsorbée ont été évalués. Nous avons montré l’efficacité du procédé de réticulation par irradiation par faisceau d’électrons sur notre système (la réticulation des polymères faiblement adsorbés est observée à partir d’une dose d’irradiation de 20 kGy). Cependant, cette réticulation détériore le glissement de la surface. Des expériences de silylation de surface ou d’irradiation en enceinte fermée, sans oxygène, pourraient être réalisées afin de conclure sur le lien entre la présence de groupes hydroxyles en surface et la détérioration du glissement. Les procédés de réticulation thermique (2 h à 90 °C) et photochimique (exposition UV, λ = 365 nm, pendant 10 min à une puissance de 49,2 mW⋅cm-2) n’ont montré aucun effet significatif. Des températures plus élevées ou des durées d’exposition UV plus importantes pourraient être étudiées. Cependant, nous pensons que les trois techniques de réticulation évaluées mèneront à une réticulation sur la totale de la profondeur du revêtement et pas seulement de la couche externe. D’autres voies de réticulation plutôt chimiques pourraient alors être investiguées (utilisation de réticulant, traitement acide) afin de cibler les polymères présents dans les premiers nanomètres du revêtement. BIBLIOGRAPHIE [1] A. Hourlier-fargette, J. Dervaux, A. Antkowiak, A. Hourlier-fargette, J. Dervaux, A. Antkowiak, S. Neukirch, A. Hourlier-fargette, J. Dervaux, A. Antkowiak, Extraction of Silicone Uncrosslinked Chains at Air Water – Polydimethylsiloxane Triple Lines, 2018. [2] A. Charlesby, Cross-linking of polythene by pile radiation, Proc. R. Soc. London. Ser. A. Math. Phys. Sci. 215 (1952) 187–214. [3] M.A. Salem, A. Hussein, M.A. El-Ahdal, Study of the effect of gamma irradiation on carbon black loaded low-density polyethylene films, J. Polym. Mater. 20 (2003) 361–365. [4] C. Albano, J. Reyes, M. Ichazo, J. Gonzalez, M. Brito, D. Moronta, Analysis of the mechanical, thermal and morphological behaviour of polypropylene compounds with sisal fibre and wood flour, irradiated with gamma rays, Polym. Degrad. Stab. 76 (2002) 191–203. [5] R. Sonnier, E. Leroy, L. Clerc, A. Bergeret, J.M. Lopez-Cuesta, Polyethylene/ground tyre rubber blends: Influence of particle morphology and oxidation on mechanical properties, Polym. Test. 26 (2007) 274–281. [6] V. 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Qin, Ultrafast and Continuous Fabrication of a Polydimethylsiloxane Membrane by Ultraviolet‐Induced Polymerization, Angew. Chemie. 131 (2019) 17335–17339. https://doi.org/10.1002/ange.201908386. [21] Y.C. Yeh, E.A. Corbin, S.R. Caliari, L. Ouyang, S.L. Vega, R. Truitt, L. Han, K.B. Margulies, J.A. Burdick, Mechanically dynamic PDMS substrates to investigate changing cell environments, Biomaterials. 145 (2017) 23–32. https://doi.org/10.1016/j.biomaterials.2017.08.033. 254 CHAPITRE 7 SILOXANES CYCLIQUES ET FORMULES ALTERNATIVES Dans ce chapitre, nous utiliserons les connaissances acquises dans les chapitres précédents sur le système DMDMOS – H2SO4 – iPrOH afin d’étudier l’efficacité (glissement, angle de contact) de nouvelles formules de revêtement. Nous tenterons tout d’abord de transposer le procédé optimisé dans le Chapitre 3 pour le DMDMOS à des siloxanes cycliques (hexaméthylcyclotrisiloxane (D3), octaméthylcyclotétrasiloxane (D4) ou décaméthylcyclopentasiloxane (D5), en conditions acides dans l’iPrOH). Ces siloxanes cycliques présentent un intérêt pratique indéniable puisqu’ils sont plus accessibles industriellement et moins chers que le DMDMOS. Cependant, nous montrerons que cette transposition n’est pas directe. De nouvelles études d’optimisation seront menées afin de pouvoir atteindre des propriétés de glissement intéressantes avec ces solutions de siloxanes cycliques. Des résultats encourageants seront obtenus. Enfin, nous réaliserons deux nouvelles formules de revêtement avec, d’un côté, la substitution du DMDMOS par du diméthyldiéthoxysilane (DMDEOS) et, de l’autre, la substitution de l’iPrOH par de l’éthanol (EtOH) dans le système classique DMDMOS – H2SO4 – iPrOH. Nous comparerons les propriétés de mouillage (angle de contact, hystérèse, glissement) obtenues sur des lames de verre après revêtement réalisé à partir de ces nouvelles solutions et de la solution initiale, pour un même procédé. Ces divers essais nous permettront de proposer des formules alternatives à la solution initiale de revêtement, qui permettent d’atteindre des propriétés de surface similaires à celles obtenues avec la solution initiale. Cependant, ces nouveaux systèmes nécessitent des analyses plus approfondies afin d’être mieux compris. 255 CHAPITRE 7 – SILOXANES CYCLIQUES ET FORMULES ALTERNATIVES 256 TABLE DES MATIÈRES 1. Du DMDMOS aux siloxanes cycliques.................................................... 258 1.1. Intérêts et préoccupations : de nouveaux enjeux..................................... 258 1.2. Transposition du procédé optimisé pour une solution de DMDMOS à une solution de D4....................................................................................................... 259 1.3. DMDMOS, D3, D4 et D5 : des siloxanes différents, mais une polymérisation identique............................................................................................................... 261 2. 1.3.i. Étude de la polymérisation................................................................. 261 1.3.ii. ouveaux paramètres d’optimisation................................................. 263 Formules alternatives : utilisation du diméthyldiéthoxysilane ou de l’éthanol......................................................................................................... 266 3. CHAPITRE 7 – SILOXANES CYCLIQUES ET FORMULES ALTERNATIVES 1. DU DMDMOS AUX SILOXANES CYCLIQUES 1.1. INTÉRÊTS ET PRÉOCCUPATIONS : DE NOUVEAUX ENJEUX L’utilisation des siloxanes cycliques comme l’hexaméthylcyclotrisiloxane (D3), l’octaméthylcyclotétrasiloxane (D4) ou le décaméthylcyclopentasiloxane (D5), dont les formules développées ont été présentées dans le Chapitre 2 (partie 1.1.ii), présente un fort intérêt pour l’industrie et la fabrication des revêtements omnifuges. En effet, ils possèdent les mêmes propriétés physico-chimiques que leurs homologues linéaires : faibles énergies de surface, propriétés hydrophobes, stabilités thermique et aux UV, transparence [1]. Le D4 et le D5 ont aussi l’avantage d’être largement utilisés dans les industries cosmétiques [2] et médicales. Ainsi, chaque année, des quantités importantes de D3, D4 et D5 sont produites en Europe (environ 230 000 tonnes en 2019 d’après INERIS, l’Institut National de l'Environnement industriel et des RISques). De ce fait, ces siloxanes sont facilement accessibles et leurs tarifs peuvent souvent être négociés, ce qui constitue deux atouts majeurs pour l’industrie. Toutefois, de nombreuses études sont apparues au cours des dernières années, décriant les siloxanes cycliques, et en particulier le D4 et le D5, pour leurs impacts sur la santé (possibles perturbateurs endocriniens, effet sur la peau ou le système nerveux [1,3]) et sur l’environnement (composés persistants et bio-accumulables [3–5]). Des études antérieures ont également signalé une demi-vie longue dans les sédiments pour le D4 (588 jours à 25 °C) et le D5 (3100 jours à 25 °C) [6]. Notons aussi que, ces siloxanes cycliques étant volatils (Pvap,D4 = 1,3 hPa à 20 °C et Pvap,D5 = 0,3 hPa à 25 °C), ils sont rejetés en grande quantité dans l’atmosphère. Compte tenu de ces éléments, le D4 et le D5 suscitent donc de nouvelles préoccupations. À cet effet, le D4 a été classé comme toxique pour la reproduction par le règlement (CE) dès 2008 [7]. En 2015, le Comité des États membres de l'ECHA (European Chemical Agency) a déclaré que le D4 et le D5 répondent tous deux aux critères vPvB (très persistant/très bio‐accumulable) de l'Annexe XIII de REACH. Finalement, depuis 2018, le D4 et le D5 sont classés comme « substances extrêmement préoccupantes, candidates en vue d'une autorisation » dans l’annexe XVII de REACH. Ainsi, leur utilisation a été interdite dans les produits cosmétiques utilisés ou éliminés avec de l’eau dans des concentrations égales ou supérieures à 0,1 % en poids de chacune des substances [7]. Pour notre étude, l’objectif est d’ouvrir ces siloxanes cycliques afin de déclencher une réaction de polymérisation. Par conséquent, nous pourrions bénéficier de leur faible coût et de leur accessibilité tout en se soustrayant aux problématiques environnementales et de toxicité : les cycles seraient transformés en chaînes linéaires, adsorbées ou greffées sur nos substrats (Figure 7.1). De plus, notons que, dans l’état actuel des connaissances, le D3 n’est pas suspecté comme peuvent l’être le D4 et le D5, ce qui est un atout pour notre étude. Figure 7.1. Schémas réactionnels d’ouverture de cycle pour le D3, le D4 et le D5 (de haut en bas), en présence d’eau et d’un acide fort. 1.2.
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JOHN RAE. - On some physical properties of Ice ( Sur quelques propriétés physiques de la glace); Philosophical Magazine, t. XLVII, p. 56; 1874 Duclaux To cite this version: Duclaux. JOHN RAE. - On some physical properties of Ice ( Sur quelques propriétés physiques de la glace); Philosophical Magazine, t. XLVII, p. 56; 1874. J. Phys. Theor. Appl., 1875, 4 (1), pp.281-282. 10.1051/jphystap:018750040028100. physiques se forme dans de l'eau salée qu'on refroidit est-elle Certains entre autres physiciens, Faraday et T3 ndall, prépure? tendent que oui. D'autres expérimentateurs soutiennent le contraire, pour avoir trouvé dans l'eau résultant de la fusion de cette glace du sel en proportions sensibles, quoique toujours plus faibles que dans le liquide initial. Il est probable que tous ont raison, et que tout dépend de la rapidité de la congélation et de la quantité d'eau mère qui rcste interposée cntre les cristaux. A cette première explication toute naturcllc 1~I. J. Rae en ajoute une autre assez inattendue. 31. Rae est un habile et courageux explorateur des régions arctiques, qui a souvent eu l'occasion de faire fondre de la glace, et qui a toujours trouvé invariablement trop salée pour pouvoir servir à la boisson celle qu'il prenait in situé, c'est-à-dire reposant en couche continue et irrégulière sur la surface de la mer. Au contraire, lorsqu'il trouvait des glaces à surface décliiquetée et irrégulière, ayant vu passer un été, et vieilles, par suite, de plus d'un an, elles étaient toujours fraîches, à la condition de dépasser de 1 pied ou 2 pieds le niveau de la mer. Pour expliquer ce fait, AI. Rae adrnetque, lorsquc la glace se forme, les sels de la mer ne prennent pas la forlne solide, mais ils restent en solution concentrée dans les interstices des cristaux ou dans de trèspetites cavités de la glace; puis, lorsque, par suite d'une circomstance quelconque, celle-ci vient à s'élever un peu au-dessus de son niveau primitif, il se produit une espèce de drainage à la suite duquel, s'il est assez complet , la glace peut devenir parfaitement (loitce. Dans le travail que nous analysons plus loin ct qui a été entrepris pour vérifier l'explication de 1B1. J. Rac, mais qui s'est beaucoup étendu dans une autre direction, 31. F. Gutlirie substitue au drainage une action osmiquc, en vertu de lacluelle les petites portions d'eau mcre laissées dans la glace seraient remplacées par de l'eau de mer moins concentrée, qui se congèlerait, par suite, là où l'eau mérc restait liquide, et donnerait de la glace pure, plus une La glace qui plus petite, chassée à son tour comme preniière, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des traces de sel. la DUCLAUX. FRÉD. GUTHRIE. 2014 On salt solutions and attached Water (Sur les solutions salines et l'eau adhérente); Philosophical Magazine, t. XLIX, p. 1 -206-266; 1875. Lorsqu'on refroidi t des dissolutions de sel marin de concentration différente, la température à laqucllc la glace commence à se former est d'autant plus basse que la teneur en sel est plus grande, et tombe graduellement au fur et à mesure que le liquide se concentre jusqu'à la limite de - 22 degrés,C., tempéra ture à laquelle la portion qui reste liquide renferme environ 23, 8 pour i oo de sel. Si l'on est parti origiuairement d'une solution saturée renfermant à 8 degrés 26, 2 ~ pour i oo de sel, il se produit à -7 degrés un dépôt de bihydrate Na CI -~-2H2 0, qui diminue la concentration et la raméne peu à pcu à la limite de 23,8 pour i oo, en même temps que la température tombe encore à - &#x3E;2 degrés. Si l'on prcnd alors toute la portion liquide à cette température, et si on la soumet au mélange d'acide carbonique solide et d'éther, elle se prend en masse, formée de cristaux aciculaires semblables à ceux que donne une solution sursaturée de sulfate (le soude. La température reste fixe à - 22 degrés pendant la solidification, et diminue rapidement aussitôt qu'elle est terminée. La masse cristalline, soumise à une fusion ménagée, donne un liquide qui présente du commencement à la fin la méme composition, correspondant à peu près à la formule 2 N a CI + 2 1 1-l0, ou bien 1 a Cl -E- i o 1-10, en admettant que l'excès d'eau soit du à une condensation de l'humidité à la surface du composé froid. Ce fait n'est pas spécial au sel marin, et tous les autres sels étudiés donnent de même un lydrate qui restc liquide a la température la plus basse que l'on puisse produire en mélangeant le sel et l'eau, et qui parait présenter une composition constante. L'auteur nomme ces composés des cr j~olzy-drates, à raison des circonstances dans lesquelles ils sc forment, et n'est pas éloigné d'admettre que c'est la chaleur de fusion de ce cryollydrate qui commande l'effet 1.
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Catégorisation rapide des scènes naturelles : L'objet, le contexte, et leurs interactions par Olivier R. Joubert Le 30 Septembre 2008 Titre : CATEGORISATION RAPIDE DES SCENES NATURELLES: L'OBJET, LE CONTEXTE, ET LEURS INTERACTIONS JURY Pr. Aude Oliva – Brain and Cognitive Sciences – MIT, Boston Rapporteur Dr. Catherine Tallon-Baudry - LENA - CNRS, Paris Rapporteur Dr. Muriel Boucart - LNFP - CNRS, Lille Examinateur Dr. Jonathan Grainger – LPC - CNRS, Marseille Examinateur Pr. Jean-Michel Lassalle - CRCA - U. Paul Sabatier, Toulouse Examinateur Ecole doctorale : CLESCO Unité de recherche : CERCO - CNRS, UPS, UMR 5549 Directeur(s) de Thèse : Dr. Michèle Fabre-Thorpe « Partout où l'homme apporte son travail , il la isse aussi quelque chose de son coeur » Henryk Sienkiewicz Quand on entre en thèse, on ne sait pas forcément ce que l'on va rechercher Quand on en sort, on ne peut qu'apprécier tout ce qu'on y a trouvéUn épanouissement professionnel cert es , mais également et surtout des rencontres humaines . Car ils ont été d'une manière ' mes tés long cette erveilleuse aventure, tiens à exprimer mes remerciements et mon amitié A Michèle Fabre-Thorpe, J'ai tant de raisons de te remercier Malgré tes responsabilités de directrice de laboratoire, tu as su rester disponible Tu as sculpté l'âme de chercheur latente au fond de moi en y gravant l'organisation, la minutie, la rigueur, la liberté, la patience, le courage, la soif d'apprendre J'ai tout autant apprécié nos enrichissantes discussions scientifiques que nos impétueux débats Mais tout cela n'est rien à côté du soutien et du réconfort que tu m'as apporté à tant d'occasions, aussi bien au niveau professionnel qu'extra-professionnel et il y en a eu quelques unes! Merci d'avoir été présente à mes côtés et jusqu'aux derniers mots de ce mémoire A Denis Fize, Parfait complément de Michèle, cette thèse n'aurait pas eu la même saveur sans toi Tu as été pour moi un encadrant à part entière et une aide précieuse. A ma famille, ma marraine et plus particulièrement à ma mère, Aucun mot ne pourra décrire tout ce qu'une mère peut apporter à son fils, Si le sang nous lie, c'est l'amour qui nous réunit, Et surtout n'oublie pas Quand tu diras à tout le monde combien tu es fière de ton fils, Rappelle toi combien ton fils est fier de toi A Magali, Marianne, Rudy, Rufin, Mes débuts au CerCo n'auraient pas été les mêmes sans vous quatre Partages quotidiens, évasions nocturnes, délires impromptus et soutiens en toute circonstances ont été les clés de ce fabuleux quintet. Si on a tendance à s'éparpiller autour du globe, c'est pas pour autant que je vous oublieraivous, et toute l'aide que vous m'avez apporté! A Sébastien, Compagnon de bureau, compagnon de voyage, compagnon d'escapades, et ami jusqu'au cou! Surtout reste comme tu es, car même tes quelques faiblesses (de tête en l'air) se transforment en qualité Merci aussi à toi Tevy, la belle amazone, pour toute l'amitié que tu as su me porter A Ludovic, On a partagé pas mal de choses, plus ou moins racontables, mais c'est dans ces moments là qu'on sait sur qui on peut compter. Et merci à Mylène de nous avoir supporté A Nathalie, Tant de choses à te dire, pourtant inutiles quand on se comprend sans se parler Je me contenterai juste de te dire : Crois en tes rêves et fais tout ce que tu peux pour les réaliser Et finalement, merci d'avoir été là, tout simplement A Catherine et Claire, Fidèles au poste, vous facilitez grandement la vie de tous les étudiants du laboratoire, Et surtout de ceux (comme moi!) qui peuvent parfois bouder l'administratif et la recherche bibliographique A toutes les âmes du CerCo présentes, passées, et peut être futures, et plus particulièrement à Simon, Marc, Nadège, Leila, Vince, Julien, Zoe, Yanica, Florence, Mathieu, Yves, Maxime A Sophie, Lucille, et Charlène, Grâce à vous, j'ai beaucoup grandi, beaucoup muri, et beaucoup appris sur moi même Ce genre de relations n'a pas de prix. A mes précieux amis de Bordeaux, et plus particulièrement A Pierre. En moins de 10 ans, tu es devenu d'un ami, un frère On a tout partagé, des soirées de fêtes aux instants plus tristes, et en chaque instant, j'ai su que je pouvais compter sur toi (et quelquefois sur ton papa). Merci pour tous ces moments partagés à tes côtés! A Mathieu. On a beaucoup de points en commun, et pas toujours les meilleurs. Mais on s'en tire à chaque fois avec le sourire. C'est ainsi qu'on apprend à affronter la vie Bon d'accord, un peu de techno et d'alcool à l'occasion, ca aide aussi Merci de rester fidèle à toi même Sans oublier Aude, Nancy, Racha, Jean-Baptiste, Julien, Vous m'avez chacun apporté des instants de bonheurs à votre façon. C'est toujours un réel plaisir de partager du temps avec vous, on ne se lasse jamais des personnalités hors du commun Liste de publications 1 – Articles Publiés • • • Rousselet, G.A., Joubert, O.R., & Fabre-Thorpe, M. (2005). How long to get to the "gist" of real-world natural scenes? Visual Cogn, 12 (6), 852-877. Joubert, O.R., Rousselet, G.A., Fize, D., & Fabre-Thorpe, M. (2007). Processing scene context: Fast categorization and object interference. Vision Res, 47 (26), 3286-3297. Joubert, O.R., Fize, D., Rousselet, G.A., & Fabre-Thorpe, M. (2008). Early interference of context congruence on object processing in rapid visual categorization of natural scenes. (accepté pour publication) 2 – Articles en révision ou en préparation • • Olivier R Joubert, Guillaume A. Rousselet, Michèle Fabre-Thorpe and Denis Fize en revision dans Journal of Vision). "Rapid visual categorization of natural scene contexts with equalized power spectrum and increasing phase noise." Marc Macé, Olivier R. Joubert and Michèle Fabre-Thorpe (soumis). "The animal before the bird: feature diagnosticity and categorization speed." 3 – Résumés de conférences publiés • • • • • Olivier R. Joubert, D. Fize, Guillaume A. Rousselet and Michèle FabreThorpe. "Categorization of natural scene : global context is extracted as fast as objects." European Conference on Visual Perception 2005, A Coruna, Spain. Perception suppl, volume 34, abstract 0375. Olivier R. Joubert, D. Fize, Guillaume A. Rousselet, and Michèle FabreThorpe. "What about background and context influences on ultra-rapid object categorisation?" European Conference on Visual Perception 2006, StPetersburg, Russia. Perception supplement, volume 35, abstract p.76. Marc J. Macé, Olivier R. Joubert and Michèle Fabre-Thorpe. CATEGORISATION VISUELLE DU CONTEXTE 1. Quelles informations physiques bas-niveau mises en jeu? 1.1. Un cadre d'étude basé sur le spectre de Fourrier. 1.2. Influences des informations de phase et d'amplitude dans la catégorisation rapide du contexte à un niveau superordonné 1.2.1. Objectifs et protocoles 1.2.2. Les informations d'amplitude facilitent la catégorisation des scènes naturelles 1.2.3. Diagnosticité supérieure des informations de phase « Env. Man. » 1.2.4. Précision sur la D-T Value 1.3. Article n°1: Rapid categorization of Natural or Man-made scene contexts : different effects with amplitude and phase alterations. 2. A quelle vitesse peut-on catégoriser un contexte? 2.1. Objectifs 2.2. Accès à la catégorie visuelle basique d'un contexte en 450 ms 2.3. Accès à la catégorie visuelle superordonnée d'un contexte en moins de 400 ms 2.4. Article n°2: How long to get to the « gist » of real-world natural scenes? 2.5. Article n°3: Processing scene context : fast categorization and object interference. 83 83 85 88 88 89 90 91 96 98 98 99 100 101 103 105 105 110 110 110 111 113 115 143 143 144 146 149 177 III. DES INTERACTIONS OBJET/CONTEXTE PRECOCES ET BIDIRECTIONNELLES 191 1. Des interactions objet/contexte de différentes natures 1.1. Des interactions physiques aux interactions de plus haut-niveau 1.2. Le problème de la segmentation et du liage perceptif. 1.3. Avant l'influence contextuelle, l'apprentissage des régularités 1.4. Interactions objet/contexte au sein des scènes naturelles 2. Modèles d'interaction objet/contexte 2.1. « Perceptual model » et l'architecture triadique 2.2. « Priming model » Le modèle d'amorcage et le modèle de Bar 2.3. « Functional isolation model » Le modèle d'isolation fonctionnelle 2.4. « Interactive model » Le modèle interactif 2.5. Quelques données cliniques 3. Une influence de l'objet sur la catégorisation du contexte 3.1. Analyse post-hoc : méthodologie 3.2. Résultats résumés 3.3. Discussion 4. Influence immédiate du contexte sur la catégorisation de l'objet 4.1. Objectifs 4.2. Les objets isolés ne sont pas catégorisés plus rapidement que les objets en contexte 4.3. Les objets sont plus rapidement catégorisés dans un milieu congruent 4.4. Article n°4: Early interference of context congruence on object processing in rapid visual categorization of natural scenes IV. 193 196 198 200 208 208 SYNTHESE, MODELE ET PERSPECTIVES 259 1. Bilan des résultats et implications pour un modèle de catégorisation 262 2. Discussion des résultats et des modèles déjà proposés 275 3. Modèle de catégorisation rapide des scènes naturelles 278 4. Etudes en cours et perspectives 281 Floride, 17 Mai 2007 La conférence internationale Vision Sciences Society réunissant les plus grands chercheurs en neurosciences visuelles s'est conclue il y a quelques jours. 1500 scientifiques venus de tous les horizons pour présenter leurs travaux et se tenir au courant des nouvelles découvertes de par le monde Tant de noms déjà rencontrés dans la littérature scientifique Neuropsychologues, cogniticiens, physiologistes, modélisateurs, toutes les disciplines se sont mélangées pour partager leur savoir avec toujours le même objectif Arracher ses derniers secrets au plus mystérieux des mondes notre cerveau Parmi ces explorateurs d'un nouveau temps, 3 jeunes doctorants françaisPour eux aussi, la conférence a tenu ses promesses de nouvelles rencontres, un savoir un peu plus conséquent, et surtout des idées plein la têteA leur retour en France, la motivation sera d'autant plus grande à élucider de nouvelles questions, à mettre en place de nouvelles expériences dans leur champ de recherche respectifUne recherche qui vous ravit autant qu'elle vous frustre Sans fin, elle répond à vos questions par d'autres questions Séductrice et tentatrice, elle se donne chaque jour un peu à vous, juste assez pour s'assurer que vous lui serez fidèle le jour suivantEt si pour quelques jours, nos 3 jeunes étudiants lui étaient infidèles? Et si pour quelques jours, nos 3 jeunes chercheurs en profitaient pour explorer un autre monde, la Floride Terre de paradoxe, mêlant urbanisme démesuré et terres sauvages Les voilà filant en voiture sur la route 75 qui longe le Pacifique. La nuit est calme, chaude et humide comme toujours en cette saison. A la frontière des Everglades largement réputées pour être le plus grand marécage des Etats Unis, les 3 compères se dirigent vers Miami et les Keys à toute allure, espérant admirer les premiers rayons de soleil sur les mers du sud. Au travers des vitres, le paysage presque menaçant défile Une végétation abondante, humide et dense, qui se laisse bercer au gré des courants d'air, abritant sans nul doute une faune silencieuse qu'on devine sans pour autant percevoirUne flore sauvage qui menace de reprendre ses droits sur cette route interminable L'homme ici encore a dominé la nature, signant son passage d'une encre de bitumeEt toujours aucune autre voiture que la leur, ils pourraient presque s'imaginer pionniers Les phares avant de la berline concourent avec la lune pour éclairer leur progression au gré des kilomètres qui défilent vite peut être beaucoup trop vite Il s'en est fallu de quelques secondes pour éviter l'accident! Cette minuscule surface sphérique réfléchissant la lumière des phares à l'extrémité d'une forme obscure, indéfinie, allongée sur l'asphalte 2 ou 3 mètres d'écailles humides reflétant les rayons de la lune Et combien de millisecondes pour identifier l'animal? Combien de millisecondes pour que notre système cognitif puisse transcrire l'information cachée dans les photons frappant notre rétine? Combien de temps pour que notre cerveau puisse détecter, catégoriser et reconnaître le danger sur la base des quelques indices perçus? On peut d'ailleurs se demander quelles caractéristiques de l'animal se sont avérées diagnostiques? Sa forme, sa texture, sa couleur, sa position dans l'espace? Aurait-on simplement détecté l'animal s'il n'avait pas été au beau milieu de la route? Aurait-on eu besoin d'un temps supplémentaire si l'environnement avait été différent, si l'action s'était déroulée dans la cathédrale Saint Sernin, plutôt qu'au milieu des maré cages de Floride? Finalement, combien de millisecondes auront été suffisantes pour qu'une action salvatrice, ici la décision de freiner, soit déclenchée sur la base d'une information visuelle peut être encore incomplète? Quelles que soient les réponses à ces questions, nous pouvons affirmer que le cerveau s'est une nouvelle fois avéré réellement efficace et rapide dans une situation qui aurait pu mettre en danger la vie d'êtres humains. Brillant produit de l'évolution des espèces et du développement de l'individu, son efficacité semble en majeure partie reposer sur de simples décharges de neurones en accord avec les lois physiques et électrochimiquesDes neurones interconnectés, tissant une toile en 3D dans l'enceinte de notre crâne, alliant des systèmes responsables de différentes fonctionnalités telles que la vision, l'audition, la spatialisation, le langage, la mémoire, ou encore la conscience et les émotions C'est une infime parcelle de ce vaste monde cérébral que je vous propose d'explorer à mes côtés A l'orée des études sur la perception visuelle rapide des objets, une nouvelle voie de recherche est en défrichage un sentier battu sinueux, entre objets isolés et scènes naturelles intégrales que l'on appelle contexte Un contexte porteur d'informations que vous utilisez de manière inconsciente en chaque instant, alors que seuls les objets vous semblent d'intérêt Mais si aucun contexte n'avait été décrit précédemment, si l'action ne s'était pas déroulée à la lisière des marécages de Floride, aurions-nous simplement pensé au même animal? I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques 1. Les scènes naturelles et leurs caractéristiques Prenons un instant pour découvrir de nouveau ce monde qui chaque jour nous entoure De nombreux objets participent à notre environnement. Ils ont des formes variées, des surfaces plus ou moins grandes, respectent des règles physiques qui leurs sont propres, et pourtant, ils ont tous un point commun : en absence totale de lumière, leurs existences visuelles cesseraient. On perçoit le monde qui nous entoure uniquement grâce à la présence d'une source de lumière, la plupart du temps extérieure aux objets. Cette source de lumière peut être naturelle comme le soleil, les flammes d'un feu de camp, les lucioles mais peut être également artificielle comme les lampes électriques. La nature de la lumière a cependant été longuement débattue. Jusqu'au 18ème siècle, en grande partie sous l'influence d'Isaac Newton, de nombreux scientifiques prêtent à la lumière une nature corpusculaire : la lumière serait constituée de particules élémentaires, qui seront appelées plus tard « photons ». Par la suite, diverses expériences menées par Thomas Young et Augustin Fresnel (19ème siècle) mettant en évidence les phénomènes d'interférences et de diffraction de la lumière supporteront grandement l'hypothèse d'une nature ondulatoire de la lumière. S'il était scientifiquement important de définir physiquement et entièrement la lumière, sa nature ondulatoire s'avère dans notre domaine de recherche la plus intéressante. En effet, tandis que l'ensemble des ondes électromagnétiques se distribuent sur un spectre large dépassant les limites des infrarouges et des ultraviolets, seules les ondes dont la longueur d'onde se situe entre 380 nm (violet) à 780 nm (rouge) sont perceptibles par l'oeil humain. C'est donc la proportion des différentes longueurs d'ondes de ces photons qui va coder pour 24 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques l'intensité lumineuse et les couleurs, tandis que les variations de proportions coderont pour les contrastes globaux et locaux, seront à la base des contours et des formes et à la base de notre percept visuel de l'environnement dans sa globalité! Il était donc bien normal de rendre hommage à la lumière en ce début de mémoire 1.1. Définir la notion de scènes naturelles Il n'existe pas de scène naturelle plus pure et plus détaillée que notre environnement. On estime qu'un seul exemplaire de scène naturelle équivaut à plus de 1000 mots (Friedman, 1979). Que l'on soit à l'intérieur d'une cuisine, allongé sur le bord de la plage, ou encore en ballade en forêt, le monde environnant rassemble un nombre de propriétés visuelles importantes que tout chercheur dans le domaine de la vision se doit de comprendre et si possible de quantifier. Cependant, si de nombreuses dimensions physiques visuelles plus ou moins complexes ont été définies, rien ne prouve que nous soyons au bout de nos découvertes. Une approche de la question consiste à prendre comme point de départ les propriétés même de la lumière reflétée par le monde alentours, et d'en extraire le maximum de variables. Etant donné que la valeur des variables divergent légèrement entre la scène naturelle même et sa capture photographique, nous traiterons de ces variables dans le cadre des photographies, stimuli utilisés dans notre sujet d'étude. Il faut cependant garder en tête que la photographie n'est qu'une image statique de la scène en un instant donné et dépourvue de profondeur stéréoscopique. 1.2. Caractéristiques physiques bas-niveau des photographies 1.2.1 Couleurs Il existe dans notre monde deux types de lumières : les lumières monochromatiques et les lumières polychromatiques. Tandis que les rayonnements monochromatiques ne sont constitués que d'une longueur d'onde, les rayonnements polychromatiques renferment un ensemble de longueurs d'ondes appelé spectre. L'oeil humain n'a cependant pas une physiologie lui permettant de capter l'ensemble du spectre, mais seulement les ondes 25 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques s'étendant de 380 à 780 nm, on parle de spectre visible. En effet, les cônes, photorécepteurs au sein de la rétine sont divisés en 3 catégories : les erythrolabes, les chlorolabes, et cyanolabes, respectivement appelés respectivement cônes rouge (564 nm), cônes vert (534 nm) et cônes bleu (420 nm). Or si les objets reçoivent l'ensemble de la lumière naturelle, leur nature et leur texture vont définir quelles longueurs d'onde seront absorbées, lesquelles seront renvoyées, et ainsi leur couleur perçue. Dans une image électronique, le codage RVB est le plus souvent utilisé : les couleurs sont retranscrites sur 3 couches de couleurs : rouge, vert, bleu en fonction de l'intensité de chacune des 3 composantes en chaque point de l'image (Figure 1). Figure n°1 : Chaque image polychromatique peut être décomposée en 3 canaux de couleurs rouge, vert, bleu. Au niveau de l'oeil humain, les 3 familles de photoré cept eurs traitent spécifiquement une des 3 composantes colorimétriques de l'image. S'il est clair que la couleur est naturellement présente dans notre environnement, il est cependant intéressant d'évaluer son influence sur les traitements visuels nous permettant d'appréhender notre environnement et ainsi de donner un sens aux objets et à la scène globale. Des études menées sur la dénomination et la reconnaissance d'objet ont montré qu'au moins au niveau basique, nous étions aptes à reconnaître des objets isolés aussi rapidement et précisément en niveau de gris qu'en couleurs (Biederman, Blickle, Teitelbaum & Klatsky, 1988, Davidoff & Ostergaard, 1988, Ostergaard & Davidoff, 1985). Les couleurs pourraient cependant s'avérer importantes dans les tâches de dénomination ou de catégorisation plus fine des objets. En réponse à cette interrogation, Biederman (Biederman et al., 1988) a démontré que même des objets caractérisés par une couleur hautement diagnostique (telle qu'une Les scènes naturelles et leurs caractéristiques orange) étaient aussi rapidement reconnus sur un dessin en noir et blanc que colorés. D'un autre côté, ils semblent que certaines catégories comme les fruits et légumes soient dénommés plus rapidement lorsqu'ils sont présentés en couleur (Davidoff & Ostergaard, 1988) que l'objet soit affiché clairement ou flou (Wurm, Legge, Isenberg & Luebker, 1993). De manière assez logique, les fruits et légumes sont moins rapidement dénommés quand des couleurs anormales leurs sont ajoutées (Price & Humphreys, 1989). Un léger avantage des stimuli colorés est également observé lors de la catégorisation rapide d'aliments présentés dans une scène complexe alors qu'elle est quasi-inexistante lors d'une catégorisation animal/nonanimal (Delorme, Richard & Fabre-Thorpe, 2000) et cet avantage n 'est pas enregistré sur les réponses les plus précoces. Les informations colorimétriques pourraient donc être utilisées de manière tardive pour dénommer ou catégoriser finement un objet uniquement lorsqu'elles sont diagnostiques. Des traitements visuels de l'information achromatique pourraient donc être effectués rapidement par le système magnocellulaire de la voie ventrale, que je décrirai ultérieurement, afin de proposer une description grossière de l'image. Cette représentation rudimentaire de l'objet pourrait être par la suite complétée par l'intégration des informations chromatiques dépendantes du système parvocellulaire plus lent (Macé, Thorpe & Fabre-Thorpe, 2005), également décrit par la suite. Nous verrons cependant tout au long de ce mémoire de thèse que les informations visuelles caractérisant le contexte et la représentation globale d'une scène divergent des informations visuelles nécessaires à la reconnaissance d'un objet. Il reste donc à déterminer si la couleur constitue une information essentielle pour la reconnaissance du contexte. 1.2.2 Luminance Comme on l'a vu précédemment, les couleurs d'une photographie sont codées sur 3 couches respectivement pour les couleurs : rouge, vert, bleu. Dans mes travaux, lorsqu'il s'agira de s'affranchir de la composante chromatique, on va transformer l'image en niveau de gris. Chaque pixel sera un pixel gris codé par une seule valeur entre 0 et 255 correspondant à la luminance de ce point dans l'image. Cependant, la luminance de gris n'est pas égale à la luminance moyenne des 3 composantes de couleurs de l'image originale. Le C.I.E 27 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques (Commission Internationale de l'Eclairage) propose ainsi pour une image électronique visionnée sur un écran d'ordinateur la fonction de conversion suivante : Cette formule prend en compte la perception des 3 composantes colorimétriques par l'oeil. On peut ainsi trouver une valeur d'intensité de gris pour chaque pixel de l'image et de là obtenir une distribution de luminance de l'image. De nombreuses études contrôlent désormais le biais potentiel engendré par la luminance moyenne de stimuli variables. On peut en effet modifier la luminance de chaque image afin que tous les stimuli aient la même luminance moyenne. Il faut cependant savoir que cette opération peut entraîner une saturation des pixels ayant une luminosité extrême. Mais quelle est l'influence de la luminance globale des scènes naturelles sur les performances comportementales? Peu d'études à ce jour ont étudié concrètement cette question. Les résultats d'une expérience de catégorisation rapide animal/non-animal menée chez l'homme montrent que la luminance moyenne des stimuli n'a qu'une influence très faible sur les performances (Macé, 2006). Tandis que les images étaient flashées 28 ms, une ba isse de précision d'à peine 2% et une augmentation des temps de réaction moyens de 20 ms ont été enregistrées pour des images dont la luminance des pixels avaient été déplacée de +/- 48 sur l'axe de luminance (Figure 2). Une autre étude cette fois basée sur l'enregistrement de saccades oculaires démontre une très faible sensibilité du système visuel à des changements globaux de luminance entre deux fixations oculaires (Henderson, Brockmole & Gajewski, 2008). D'un point de vue plus local, la luminance d'une région donnée de la scène contribue entre autres à l'intégration des informations relatives aux couleurs, aux textures (Hanazawa & Komatsu, 2001), à la segmentation des surfaces (Fine, MacLeod & Boynton, 2003). Figure n°2 : Figure et légende tirées de (Macé, 2006). A : Même image vue dans toutes les conditions de présentation . B : Histo gramme de distribution des valeurs de luminance des pixels de l 'image en A. Lorsqu ' on divise le contraste par 2, l'écart de la luminance d'un pixel donné par rapport à la luminance moyenne de l'image est divisé par deux. Cela a pour effet de resserrer l'histogramme de distribution des luminances de tous les pixels d'une image autour de sa luminance moyenne (N/2) et de limiter la proportion de pixels saturés à 0 ou 255 dans les conditions -48 et +48. C : Exemples de stimuli utilisés dans la tâche animal/non animal. 1.2.3 Contraste global et local On appelle contraste global la variance de la luminance, correspondant à l'écart-type de la distribution de luminance des pixels au sein d'une image. Tandis qu'une augmentation du contraste se traduit par une distribution de la luminance des pixels plus étalée, une réduction du contraste d'une image se traduit par un resserrement de la distribution. L'image apparaît alors moins nette comme si la photographie avait été prise dans le brouillard. Le contraste local d'un pixel donné peut quant à lui être calculé selon la fonction suivante, Michelson contrast : (Lmax-Lmin)/(Lmax+Lmin). Un contraste local d'un pixel proche de 0 suggérera souvent l'appartenance du pixel à une surface relativement uniforme étant donné 29 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques que les pixels voisins sont de luminance similaire. Un contraste local proche de 1 suggérera l'existence d'un contour. Une analyse effectuée sur deux pixels voisins permettra de déterminer l'orientation privilégiée du contour. Dans tous les cas, le contraste local définit la netteté et l'intensité des contours. Une fois de plus, peu d'études ont soulevé la question de l'influence du contraste sur la reconnaissance des scènes naturelles. Une première étude se basant sur une expérience de reconnaissance d'objets dessinés en noir et blanc montrent que les performances humaines restent bonnes pour des conditions de contrastes supérieures à 10% (Avidan, Harel, Hendler, Ben-Bashat, Zohary & Malach, 2002). De plus, la réduction du contraste global ne semble avoir qu'un faible effet sur notre faculté à détecter des visages (Lewis & Edmonds, 2003). L'influence du contraste sur les traitements catégoriels a également été testée dans une tâche de catégorisation rapide plus proche de notre paradigme d'étud , au cours de laquelle les sujets devaient répondre le plus rapidement possible dès qu'ils apercevaient un animal dans des scènes flashées pendant 28 ms. Les photographies achromatiques avaient été au préalable altérées par une réduction de contraste plus ou moins importante. Les résultats démontrent des performances humaines robustes à la réduction du contraste puisque les sujets humains sont largement au dessus du niveau chance (70-80% correct) pour des conditions de contrastes réduit à 12/10% du contraste initial. Une augmentation maximale des temps de réaction de 60 ms est également constatée pour les images dont le contraste a été réduit à 8% du contraste initial (Mace et al., 2005, Figure 3). A part dans l'étude précédente, l'importance du contraste local dans la perception des contextes de scènes naturelles n'a jamais été étudiée à ma connaissance. Une explication simpliste de cette apparente lacune réside dans le fait que l'étude des contrastes locaux est directement liée à l'étude des contours et surfaces. Si ce type d'étude est relativement aisé avec des stimuli simples, elle l'est beaucoup moins avec des scènes naturelles. Une approche alternative consiste à évaluer la capacité de notre système visuel à extraire l'information présente dans les fréquences spatiales d'une scène naturelle. 30 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques Figure n°3 : Tiré de (Mace et al., 2005). 1. Exemples de stimuli pour les 8 conditions de contrastes testées dans l'étude. Le contraste résiduel pour chaque condition (de N à N/32) est calculé en fonction du contraste de l'image originale (N) considéré à 100%. A. La même image présentée dans 8 conditions de contraste différentes. B. La distribution de luminance des pixels de l'image en A pour chaque condition, centrée sur la même luminance moyenne. C. et D. Des exemples de cibles (C) et de distracteurs (D) dans les 8 conditions de contrastes testées. 1.2.4 Fréquences spatiales On définit une fréquence spatiale comme étant l'inverse d'une distance angulaire. On peut par exemple décomposer l'évolution de l'intensité du niveau de gris selon une orientation donnée. La fréquence spatiale correspond alors à l'inverse de la période d'une sinusoïdale selon laquelle le motif de l'image se répète. Or, selon la théorie de Fourier, toute fonction périodique de fréquence f, peut se décomposer en une somme infinie de fonctions sinusoïdales de fréquences multiples de f (Figure 4). 31 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques Figure n°4 :: La fonction périodique A peut se décomposer en une somme infinie de fonctions sinusoïdales de fréquences multiples de A. a1, a2, a3, a4 sont les 4 fonctions sinusoïdales majeures de A. Leur sommation suffit à recomposer grossièrement le signal A En d' autres termes, en effectuant une sommation linéaire de plusieurs fonctions spatiales sinusoïdales, on obtient un signal spatial linéaire plus complexe. Bien sûr, toutes les fréquences spatiales ne vont pas contribuer de manière équivalente à la composition du signal, certaines fréquences spatiales peuvent être absentes du signal. La participation de chaque fonction est ainsi pondérée par un coefficient appelé coefficient de Fourier, correspondant à l'intensité de la fréquence spatiale. Un exemple de décomposition d'un signal linéaire effectué sur deux scènes naturelles : un environnement manufacturé et un environnement naturel est présenté figure 5. En bas de la figure sont représentées les 3 fréquences spatiales majeures composant respectivement chaque scène. En décomposant le signal de diverses images, on constate rapidement que les fréquences spatiales basses sont spécifiques de motifs larges (de larges surface comme la plage ou la mer) tandis que les hautes fréquences spatiales sont spécifiques de motifs répétés de manière rapprochée (plutôt des contours comme ici, les contours verticaux des immeubles). Cette décomposition du signal effectuée dans l'exemple selon une unique orientation horizontale (0°) peut s'effectuer également sur l'ensemble des orientations (de 0 à 360°). On 32 I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques évalue ainsi la contribution de chaque fréquence spatiale dans l'image distribuée sur l'ensemble des orientations. Procédant ainsi, on s'aperçoit que des scènes naturelles complexes et chargées en détails vont être en moyenne composées d'un plus grand nombre de hautes fréquences spatiales que des scènes naturelles ayant de larges surfaces homogènes. Un exemple d'application de la théorie de Fourier est le filtre passe-bas d'images. Si tout signal complexe peut être décomposé en une infinité de composantes périodiques, il est également possible de reconstituer un signal complexe connaissant la contribution de chaque composante périodique. On peut donc décomposer une image en fréquences spatiales, puis recomposer l'image en ne préservant que ses fréquences spatiales basses par exemple. Un des articles de ce mémoire évalue la contribution des dimensions de l'espace de Fourier dans les traitements catégoriels. Une présentation plus approfondie de l'espace de Fourier et un état de l'art spécifique de la question seront présentés dans un chapitre ultérieur. I.1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques Figure n°5 : A. Deux exemplaires de scènes naturelles : un environnement naturel et un manufacturé dont on isole la ligne de pixels centrale. B. Transcription de l'information visuelle des lignes de pixels en intensité lumineuse. C. Les 3 fréquences spatiales pondérées par leur intensité majoritaires dans le signal lumineux : Les environnements manufacturés sont caractérisés par des fréquences spatiales hautes plus importantes. 1.2.5 Organisation spatiale Les informations visuelles extraites de notre environnement permettent au système visuel de générer une représentation spatiale cohérente du monde alentours. La reconnaissance des objets, du contexte et la perception de notre corps dans l'espace serait impossible si les coordonnées spatiales de chaque information visuelle n'étaient pas relativement préservées. Relativement car on peut imaginer qu'une partie de l'information est traitée en termes de position relative et donc non absolue. En effet, les aires visuelles selon leur niveau dans .1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques l'organisation pseudo-hiérarchique du système visuel ne semblent pas coder la position de la même manière. Au niveau de l'aire V1, les petits champs récepteurs des neurones préservent la localisation spatiale de l'information rétinienne selon une organisation rétinotopique. Au contraire, dans le cortex occipito-latéral (LOC), les champs récepteurs majoritairement invariant à la position absolue des stimuli, tendraient à coder une information de position plus relative mais suffisante à l'intégration de formes complexes cohérentes (Rousselet, Thorpe & Fabre-Thorpe, 2004). Cependant, même dans cette aire haut-niveau, certains biais concernant la position des champs visuels persisteraient. En effet, les résultats d'une étude IRM tendent à laisser penser que la notion de champ visuel central vs. périphérique persisterait dans les aires haut-niveau et modulerait la représentation d'objets complexes. La représentation complexe d'objets nécessitant une prise d'information détaillée en région fovéale (tel que les visages) serait plutôt effectuée par des cellules du LOC fortement associée aux traitements de l'information centrale tandis que la représentation des objets considérés comme majoritairement périphériques (bâtiments, objets contextuels) se fortement associée aux traitements de l'information périphérique (Levy, Hasson, Avidan, Hendler & Malach, 2001). Paradoxalement, une étude de catégorisation animal/non-animal effectuée avec des scènes naturelles présentées en périphérie démontrent que l'être humain est encore capable de détecter un animal affiché en périphérie lointaine à une excentricité de plus de 75° (Thorpe, Gegenfurtner, Fabre-Thorpe & Bulthoff, 2001). Dans ce sens, il serait intéressant de tester les performances des sujets dans une tâche de catégorisation de contexte périphérique. 1.3. Les photographies : des stimuli assez proches de la réalité Tout au long des études présentées dans ce mémoire, nous avons utilisé comme support expérimental les photographies, stimuli assez proches de la réalité sans en être une réplique exacte. En effet, contrairement à notre environnement réel, la photographie est dépourvue de la dimension de profondeur stéréoscopique. Quand nous observons le monde réel, nos deux yeux extraient des informations visuelles 2D similaires mais légèrement décalées spatialement (disparité verticale et horizontale) nous permettant ainsi d'appréhender la profondeur du monde par une vision 3D stéréoscopique. Cette vision 3D permet de porter un jugement sur la taille réelle et la forme des objets en fonction de leurs distances estimées. Les Les scènes naturelles et leurs caractéristiques ont aussi le désavantage d'être statiques et donc dépourvues de dimension de mouvement. Tandis que les changements dans notre environnement apparaissent majoritairement par un côté de champ visuel, les photographies fournissent une information visuelle immobile, constante, immédiatement disponible. Malgré ces quelques lacunes, la photographie d'une scène naturelle reste l'un des stimuli les plus complexes parmi la liste des stimuli utilisés dans le domaine de la vision. La majorité des études jusqu'à présent ont travaillé sur des stimuli plus simplifiés : « Random Dot kinetograms », gabors, formes non-figuratives, dessins faits main La plupart des expériences de catégorisation d'objets ou de scènes ont jusque là été réalisées sur des représentations graphiques d'objets et de scènes dessinées à la main, accentuant grandement l'importance des contours. Contrairement aux photographies, ces dessins « faits main » fournissent peu ou pas le rendu des dégradés colorimétriques, de textures, ou encore d'ombrages. Certains s'affranch même des occlusions entre objets d'une même scène. Cet ensemble d'indices visuels est pourtant caractéristique d'une perception 3D monoculaire permettant d'estimer la taille réelle, la distance et l'orientation des objets. Dans le cadre de nos études sur la reconnaissance de scènes à partir d'informations visuelles brièvement disponibles, les photographies contenant la gamme complète des informations chromatiques, lumineuses, fréquentielles, spatiales et 3D monoculaires semblent donc un atout majeur pour nos expériences. De plus, ces caractéristiques physiques sont distribuées sur l'ensemble de la scène naturelle tant pour l'objet que pour son contexte. C'est aussi pour ce type de stimuli que notre système visuel a été façonné par l'évolution. 1.4 Scènes naturelles et information visuelle bas-niveau D'un point de vue écologique, on peut supposer que le fonctionnement de notre système visuel s'est construit à partir des régularités de l'environnement. Attneave (Attneave 1954) et Barlow (Barlow, 1961) furent les premiers à suggérer que notre système visuel aurait pu s'adapter au cours de l'évolution et de notre développement aux statistiques du monde environnant (« efficient coding »). Avec l'avancée de la technologie, de nombreuses études se sont déjà attachées à faire le lien entre les statistiques des scènes naturelles et les mécanismes visuels bas-niveau (Bell & Sejnowski, 1997, Field, 1987, Field, 1994, Olshausen, 2003, Olshausen & Field, 1996a, Simoncelli & Olshausen, 2001). Dans une économie d'énergie, un I. 1 Les scènes naturelles et leurs caractéristiques des points forts du système visuel reposerait donc sur sa capacité à coder l'ensemble de l'information importante via l'intervention d'un nombre minimal de neurones (« sparse coding ») tout en limitant la redondance, pourtant hautement présente dans les scènes naturelles. Sur une photographie, la probabilité de corrélation entre deux pixels voisins par exemple est énorme : ils auront sûrement la même luminance, la même couleur Si on peut donc apparenter la transcription de l'information visuelle au niveau des photorécepteurs à un codage pixel par pixel, il semble que dès V1, des fonctions de réponse indépendantes distribuées sur un ensemble de cellules de V1 seraient de mise (Olshausen & Field, 1996b). Ces fonctions pourraient s'intégrer à un modèle visuel bas-niveau conçu tel un analyseur de Fourier (Marr, 1982, Westheimer, 2001). Si l'hypothèse d'une transformée de Fourier sur l'ensemble du champ visuel (Westheimer, 2001) a été mise de côté, l'hypothèse d'une analyse par bandes de fréquences (Koenderink, 1984) ou par « ondelettes» (Mallat 1987) reste tout à fait envisageable. Elle présente d'ailleurs un avantage sur l'encodage pixel par pixel : elle permet d'encoder dans le même temps la dimension spatiale et le contenu fréquentiel (Daugman, 1984, Daugman, 1985). Cependant, un tel modèle est viable uniquement s'il se base sur le traitement d'un signal n'ayant subi jusque là que des opérations linéaires. Ce prérequis est respecté au niveau physiologique. En effet, Enroth-Cugell et Robson (EnrothCugell & Robson, 1966) ont montré chez le chat que les cellules ganglionnaires « X-cells » sommaient de manière linéaire les stimuli sur l'ensemble du champ récepteur, que les régions du champ soient excitatrices ou inhibitrices. Cette sommation linéaire a également été retrouvée chez le singe par Hubel et Wiesel lorsqu'ils ont attribués aux cellules simples de V1 cette fonction de détecteur de barre (« bar-detector »). D'ailleurs, si les cellules de l'aire V1 répondent de manière optimale à des barres orientées de longueurs et largeurs diverses, cela signifie qu'elles sont sélectives aux dimensions de taille et d'orientation (Blakemore & Campbell, 1969), elles répondent donc de manière spécifique à des régions de l'espace 2-D de Fourier. Suite à ces travaux, Campbell et Robson ont également suggéré un modèle visuel constitué de canaux indépendants et spécifiques aux fréquences spatiales (Campbell & Robson, 1968). Adelson et Bergen (Adelson & Bergen, 1991) ont tenté de préciser la nature de l'information visuelle bas-niveau en tentant de définir ce que le système visuel était capable d'extraire de son environnement. Quelles informations sont contenues dans la distribution de lumière d'une région de l'espace? En réponse à cette question, ils ont proposé une fonction appelée « plenoptic function ». Cette fonction à la base indépendante d'un organisme ènes naturelles et leurs aractéristiques fique, peut s'appliquer au primate en prenant en compte 5 paramètres différents P = P(x,y,t,λ,Vx). : les 2 coordonnées spatiales de la région spatiale considérée (x et y), la variable temps (t), les longueurs d'ondes caractéristiques de la couleur et intégrées par les 3 types de cônes chez l'humain (λ) et un dernier paramètre V prenant en compte la notion de disparité. Une bonne estimation de cette fonction peut être obtenue par le calcul de la moyenne de dérivés locales de cette fonction aboutissant à ce qu'Adelson et Bergen appelle des «low-order derivative operators ». Il est intéressant de noter que l'ensemble des opérateurs obtenus peut facilement s'intégrer à la structure des champs récepteurs de cellules simples. De plus, la description dans le domaine de Fourier de ces opérateurs dérivés correspond à un filtre de bande passante, et donc peut être assimilé à un canal de fréquences spatiales. Ce type d'opérateurs peut représenter une solution pour l'intégration d'informations basniveau et servir de base à la construction de représentations haut-niveau interprétables. 38 I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? 2. 2.1. Définition de l'objet Comment définir la notion d'objet? En allant chercher dans un dictionnaire, tel que le Petit Larousse (1993), on peut trouver la définition suivante : Objet : n.m. (lat. objectum, chose placée devant). 1. Toute chose concrète, perceptible par la vue, le toucher 2. Chose solide considérée comme un tout, fabriquée par l'homme et destinée à un certain usage Etendant la définition vers des aspects moins matériels 3. Ce sur quoi porte une activité, un sentiment, etc. 4. But d'une action, d'un comportement Ainsi, l'objet est une entité concrète, visuellement cohérente sur laquelle on va pouvoir effectuer une action. Une chaise n'est chaise que si elle dispose de 4 pieds placés en dessous de l'assise, elle-même orthogonale au dossier de chaise. Henderson & Hollingworth précisent la définition de l'objet en lui attribuant une dimension spatiale : « objects are smaller-scale discrete entities that are manipulable (e.g. can be moved) within the scene » (Henderson & Hollingworth, 1999). Ainsi, l'objet devrait être de petite taille et manipulable. On peut ici supposer un lien direct entre la taille et le fait qu'on I.2.Définition du contexte , de l'objet : une problématique en soi? puisse le bouger. Un avion peut-il alors dans ce cas être considéré comme un objet? L'avion est par exemple plus gros et lourd qu'un arbre, mais sa propriété mobile le rend plus « facilement » déplaçable qu'un arbre. Finalement, l'étymologie du mot objet apporte une nouvelle information : l'objet est une chose placée devant. Il ne fait donc pas partie de la structure de la scène ou de l'arrière-plan qu'on peut apparenter au contexte. 2.2. Définition du contexte On trouve également une définition du contexte dans le dictionnaire qui apparaît encore plus évasive. Contexte : n.m. (lat. contexere, tisser ensemble). 1. Texte à l'intérieur duquel se situe un élément linguistique et dont il tire sa signification ou sa valeur. 2. Circonstances, situation globale où se situe un événement Un peu plus loin, on peut trouver la définition d'un autre mot qui aurait peut être été plus à propos. Contexture : n.f. (de contexte) Façon dont sont assemblées les différentes parties d'un tout. Structure. Le contexte consisterait donc en une organisation globale, à priori également cohérente et apporterait un supplément d'information, un cadre de référence, pour les éléments figurant en son sein. Cependant, contrairement aux objets dont les composantes sont disposées selon une configuration bien définie, les scènes semblent moins soumises à des règles spatiales précises. Une scène de plage sera toujours perçue comme une scène de plage, peu importe la position cohérente du sable, de l'eau, du ciel, des palmiers, ou encore des chaises longues. Une fois de plus, Henderson et Hollingworth apportent des informations supplémentaires dans le domaine des recherches sur la perception visuelle : « Background elements are taken 40 I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? to be larger-scale , immovable surface s and structures, such as ground , walls , floors, and mountains » ( Henderson & Hollingworth, 1999 ). Le context e, contrairement à l'objet, serait de plus composé de surfaces et structures figées de tailles importantes, tel que le sont les sols, les murs ou encore les montagnes Parallèlement à cette définition, un autre point de vue sur le contexte peut être envisagé. Le contexte d'une scène, son environnement, peut être considéré comme la généralisation spatiale et perceptuelle d'une configuration d'objets (Tversky & Hemenway, 1983). Ces deux définitions du contexte ont l'avantage de mettre d'ores et déjà en avant une problématique importante dans le cadre de la recherche sur les scènes naturelles. Doit-on considérer le contexte comme une entité à part entière ou comme une dérivée de la collection d'objets présents. 2.3. Est-ce un objet? Est-ce un contexte? Dans la définition de l'objet et du contexte, l'accent est donc mis sur les propriétés de mobilité et de taille. L'objet se veut mobile et de taille raisonnable tandis que les éléments du contexte sont immobiles et de tailles importantes. Pourtant, les propriétés de spatialité dépendent en grande partie du point de vue de l'observateur. Ainsi, dans un souci de précision, je souhaite définir dès lors deux types de contexte sur lesquels je m'appuierai tout au long de ce mémoire : le « contexte relatif » et le « contexte absolu ». Lorsqu'on porte son regard sur les deux scènes naturelles de la figure 6, on comprend quasi-immédiatement que cette photographie a été prise à l'intérieur d'un bureau selon un plan relativement large (A) ou selon un plan plus rapproché (B). Ainsi, on peut considérer que le bureau est le « contexte absolu ». Quel que soit le point de vue ou l'orientation des photographies, la scène représentera un bureau. 41 I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? Figure n°6 : Selon notre position dans l'espace, selon les entités présentes dans notre champ visuel et selon la tâche à effectuer, nous ne considérons pas les mêmes objets comme objet d'intérêt (à gauche : la femme, à droite : le clavier par exemple). De plus, en avançant vers le bureau, ce dernier ayant jusque là le statut d'objet est devenu contexte. Cependant, dans la scène A, notre attention est immédiatement capturée par la jeune femme qui travaille tandis que le clavier, l'écran d'ordinateur ou encore la table de réunion apparaissent de peu d'intérêt. Dans cette scène, la femme est considérée comme un objet biologiquement pertinent car animé (on peut interagir socialement avec elle, elle pourrait même nous agresser ; New, Cosmides & Tooby, 2007), tandis que les autres objets de la scène sont peu pertinents, ils sont dès lors contextuels et composent le « contexte relatif » à la femme. Si maintenant on se désintéresse de la femme pour s'intéresser aux objet posés sur son bureau (B), le clavier est alors susceptible de devenir le principal objet d'intérêt. Dans ce cas, les pots à crayons situés juste derrière font partie du contexte relatif au clavier. Si au contraire, nous étions venus dans cette salle pour chercher de quoi écrire, les pots à crayon serait l'objet pertinent tandis que le clavier serait contextuel. Ainsi, selon des critères encore relativement méconnus, certains objets attirent ou capturent notre attention plus que d'autres. La nature de l'objet pertinent et du contexte relatif à cet objet est donc modulée par le but visé, par ce que l'on cherche, par la relevance des objets à un instant donné. Le contexte relatif est de ce fait évolutif contrairement au contexte absolu qui est fixe. Suite à cet exemple, il semble que les propriétés de mobilité ne soient pas essentielles à la caractérisation du contexte et de l'objet. Quant à la dimension spatiale, il y aura en effet toujours un élément de l'ensemble contextuel de taille bien supérieure à l'objet d'intérêt. Le contexte absolu constitue une structure spatiale de référence pour localiser et évaluer I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? La composante attentionnelle modulant la nature de l'objet du contexte peut être également mise en évidence dans certaines images bi-stable telles que la désormais fameuse « Rubin's vase-faces ». Dans cette image bi-stable (Figure 7), il s'avère bien difficile de déterminer quel est l'élément objet et quel est l'élément contextuel. Figure n°7 : Illustration d'un Rubin's vase-faces. En fonction d'où l'on porte l'attention, on distingue un vase ou des visages se faisant face. Au premier regard, il est clair que le vase constitue l'objet d'étude. Mais dès que notre regard se porte sur les zones noires et que notre système visuel y discerne des visages, le vase capturant moins l'attention devient alors contexte. Dans un tel cas, la discrimination objet/contexte reviendrait à effectuer une ségrégation figure/fond. 2.4. Localiser chaque entité dans un espace en 3 dimensions Chaque information visuelle de la scène peut à mon sens être placée dans un espace en 3 dimensions en fonction de son niveau d'intérêt, de la nature de son analyse et de son étape de traitement. 43 I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? Un premier axe situerait l'information sur un continuum de pertinence, les informations caractéristiques de l'objet étant généralement des informations d'intérêt traitées en région fovéale ou capturant l'attention tandis que les informations relatives au contexte seraient traitées en région plutôt périphérique et serviraient de cadre de référence. Un deuxième axe situerait l'information visuelle sur un continuum de résolution. Il permettrait ainsi de définir la nature du traitement perceptif, global ou local, mais également sa finesse. Un troisième axe situerait l'information visuelle sur un continuum physico-sémantique. En fonction de l'étape de traitement de l'information, son intégration serait plus ou moins aboutie. Les deux extrêmes de l'axe sont respectivement les caractéristiques physiques de l'information et sa représentation sémantique. 2.5. Le contexte est-il fonctionnel? Comme on l'a vu, définir le contexte n'est pas une tâche aisée. La définition la plus aboutie qu'on a pu finalement mettre en place réside dans l'idée suivante. Le contexte serait une structure spatiale globale et cohérente de taille importante servant de référence pour l'appréhension des objets d'intérêt en son sein. Il n'est pas fonctionnel comme peuvent l'être les objets, et pourtant on peut se demander si les objets auraient une fonction sans contexte? A quoi correspondrait un monde sans contexte? Peut-on imaginer se trouver dans un espace incohérent et voir autour de nous une collection d'objets flottants, aléatoirement disposés, de taille non définie? Les tableaux de René Magritte et la scène composée par Isabelle Bülthoff peuvent être envisagés comme les premiers pas vers un tel monde (Figure 8) Les objets présents dans ces tableaux ont sans nul doute une fonction qui leur est propre. Le peigne sert à coiffer, le verre à boire, la pipe à fumer, peu importe leurs taille et positions respectives. Qu'en est-il de la fonctionnalité de l'objet? Face à ces tableaux, nous serions tentés de dire qu'il n'a pas de fonction propre, il sert les objets, les organise, leur donne une référence spatiale, une cohérence, une existence L'incohérence de la scène « Les valeurs personnelles » provient uniquement d'une échelle spatiale attribuée à chaque objet incongru avec le contexte. Dans « Golconde », l'incohérence est liée à l'inexistence d'un support pour chaque objet. Finalement, dans la scène des chaises d'Isabelle Bülthoff, nous sommes I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? capables de faire la part des choses entre les chaises réelles et les formes de chaises uniquement grâce au contexte. A noter que comme le disait René Magritte, tout objet peint dans un tableau n'est pas un objet mais uniquement sa représentation. Figure n°8 : De gauche à droite et de haut en bas : « Les valeurs personnelles » de René Magritte, « Golconde » également de Magritte, une conception graphique de Isabelle Bülthoff (essayez donc de compter le nombre de chaises), et « Ceci n'est pas une pipe » de Magritte. Dans le cadre de la théorie écologique de Gibson (Gibson, 1979), le contexte peut contenir des « affordances », c'est à dire des propriétés actionnables par l'individu. Par exemple la mer, considérée habituellement comme contexte, contient l' « affordance » « aller nager ». Doit-on alors considérer que l'eau devient objet? Les principales caractéristiques du contexte résident dans sa stabilité et sa régularité. Dans la vie de tous les jours, l'environnement est permanent. Il ne change pas à chaque instant, il est stable. Nous pourrions dire qu'il préexiste aux objets. Nous pouvons nous imaginer dans 45 I.2.Définition du contexte, de l'objet : une problématique en soi? un couloir dépourvu d'objets, seulement 2 murs, un plafond, un plancher à fournir un repère spatial cohérent. La perception visuelle de notre contexte module d'ailleurs la représentation 3D mise en place par notre système proprioceptif. La preuve en est des expériences effectuées sur des astronautes en mission dans l'espace qui continue à utiliser les repères « plancher »/ « plafond » pour discriminer le haut du bas, même si le plafond se trouve orienté à ce moment là vers la terre. Dans ce cadre de recherche dans l'espace, une étude démontre merveilleusement bien l'influence du contexte sur nos capacités perceptivomotrices (McIntyre, Zago, Berthoz & Lacquaniti, 2001). Le mouvement de saisie d'une balle tombant du plafond a été évalué chez des astronautes alors qu'ils étaient soumis à une gravité de 0G (dans l'espace) et 1G (sur terre). Tandis qu'à 1G, la balle qui tombe subit une accélération due à la pesanteur, cette même balle tombe à vitesse constante à 0G. Les résultats montr ent que les astronautes dans l'espace ont tendance à initier leur mouvement de saisie de balle précocement comme si la balle était soumise à l'accélération. Les auteurs suggèrent que malgré des preuves conscientes évidentes de l'absence de gravité (objets flottants, pression sur la peau), la présence des murs, du plancher, du plafond, des lumières au-dessus de la tête des astronautes leurs confèrent la sensation d'être toujours dans un référentiel contextuel habituel soumis aux lois de la gravité.
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L'inégalité des conditions et le mythe des élites. Réflexion sur les imaginaires sociaux du Chili contemporain.
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137 Quijano, Alejandro, « Raza, etnia, y nación en Mariátegui : cuestiones abiertas », Estudios Latinoamericanos, Universidad Nacional Autónoma de México, 1995, Vol 2, Noo3 138 Svampa, Maristella, « Debates latinoamericanos. Indianismo, desarrollo, dependencia, populismo », Ed. Ciudad autónoma de Buenos Aires, Edhasa, 2016, p.2 100 Dans la pratique, donc, les relations entre individus et les pratiques politiques se sont formées depuis l’idée que les européens disposaient d’une supériorité biologique originelle : les indiens avaient en effet des dispositions physiologiques inférieures.139 Mais il faut aussi constater que ce racisme est un racisme « interne, pour reprendre l’expression de Pablo González Casanova. Dans les sociétés Nord-Atlantique modernes, on comprend le racisme comme un problème vers « l’extérieur, » dirigé vers l’étranger, vers « l’autre. » Mais ici, « l’autre » n’en est pas véritablement un car il est mon concitoyen ; c’est un problème interne, d’où la complexité à cerner les nuances du « racisme social » et ses fondements. Nous devons compléter ceci avec une autre observation fondamentale : c’est lorsque les indiens se sont unis aux colons, et ont emprunté leurs mœurs et leur religion, que le mélange des races a produit la figure du métis ; se forment alors des barrières institutionnelles, morales et surtout symboliques entre les « supérieurs » et les « inférieurs. » Nous émettons donc l’hypothèse que c’est le mélange avec les indiens qui créa la hiérarchisation qui règne encore sur le continent latino-américain aujourd’hui, ce pourquoi le problème de la race reste aussi actuel. Je voudrai aussi insister sur ce point, car il n’est pas vraiment pris en compte par les historiens. Aux États-Unis, les « trois races », comme le dit Tocqueville, ne se sont pas véritablement mélangées. Chacun vivait dans sa propre société, les noirs étaient exclus des cercles blancs, et les indiens vivaient en nomades. C’est donc le mélange des races et la figure du métis qui produit la panoplie de frontières sociales et symboliques qui existent encore aujourd’hui en Amérique latine. Ajoutant à ceci l’origine sociale des colons, venus d’une société déjà fortement hiérarchisée, ainsi que leurs motivations, et cela produit une société fondamentalement différente de ces consœurs nord-américaines. En effet, un des facteurs clés qui différencie les deux cas est la disparition presque complète des indiens au nord du continent, alors qu’au sud, il se produit un mélange racial. Comme le montre Tocqueville lui-même, aux États-Unis les pilgrims fondèrent des sociétés très égalitaires entre eux mais la colonisation provoqua, en fin de compte, la disparition presque complète des indiens. Selon lui, dans les treize états originaires, il ne restait plus que 6.373 indiens140 et il d toutes leurs misères et leurs vagabondages. Sans cesse chassés de leurs terres, les indiens furent décimés par la disparition de leur habitat naturel, les maladies, l’alcool et leurs propres coutumes qui 139 140 Quijano, Alejandro, op.cit. Tocqueville, Alexis de, op.cit., Tome I, p. 432, note no2. 101 considéraient le travail comme le comble de la déchéance. Tocqueville souligne également une différence fondamentale entre les indiens du nord et du sud du continent américain : les premiers étaient nomades, alors que les seconds étaient agriculteurs et installés sur leurs terres ; ceci était la source, d’après lui, de toute possibilité de civilisation. Les espagnols n’ont pas pu massacrer tous les indiens, car ils étaient déjà installés ; il met en lumière une différence essentielle entre les deux types de sociétés en formation : « Les Espagnols lâchent leurs chiens sur les indiens comme sur des bêtes farouches ; ils pillent le nouveau monde ainsi qu’une ville prise d’assaut, sans discernement et sans pitié ; mais on ne peut tout détruire, le reste des populations indiennes échappées aux massacres finit par se mêler à ses vainqueurs et par adopter leur religion et leurs mœurs. La conduite des Américains des États-Unis envers les indigènes respire au contraire le plus pur amour des formes et de la légalité. Pourvu que les Indiens demeurent dans l’état sauvage, les Américains ne se mêlent nullement de leurs affaires et les traitent en peuples indépendants ; ils ne se permettent point d’occuper leurs terres sans les avoir dûment acquises au moyen d’un contrat. (...) On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l’humanité. » 141 La grande différence est donc que les Espagnols ont tenté de massacrer tous les Indiens par la seule force et la violence, mais n’ont pu éviter, au final, que ceux-ci intègrent leur société ; les Américains du nord, après avoir presque décimés les indiens, ont par la suite respecté la légalité et acheté les terres aux peu d’entre eux qui restaient, à vil ; résultat, les indiens ont presque tous fini par périr, faute de pouvoir s’adapter. Ce qui est important est qu’ils les ont maintenus hors de leur société. Mais, en Amérique latine, ils les ont intégrés à la société par le système de l’encomienda qui dépendait d’eux pour la force de travail. Et surtout, ils se sont mélangés, progressivement, avec eux, même si le mélange des races n’était pas complet, au contraire. Les colons espagnols sont restés fortement soudés entre eux, établissant des liens avec des individus blancs ou se mariant avec des cousins, etc. Tout d’abord, il est nécessaire d’insister sur la division en castes qui règne durant les XVIe et XVIIe siècles. Les indiens, peu après la colonisation, sont une « récompense » du Royaume aux colons pour avoir colonisé les territoires. Les indiens sont donc utilisés comme force de travail et ceci s’établit par le régime de l’encomienda. Ce système confie au conquistador un grand groupe d’indiens pour l’exploitation des mines d’or, des terres, les services domestiques, etc. En échange, le conquistador avait pour mission de les évangéliser et de les protéger, mais dans les faits, ce système était très cruel et très rude.143 L’encomienda se fonde sur l’idée du « bon sauvage » ou de l’indien vu comme un être faible et inférieur, qu’il faut protéger au vue de sa condition. Tout le système colonial, à l’origine, se fonde donc sur une hiérarchisation et une séparation complète des races, où l’indien occupe une condition presque animale ou, au mieux, infantile. Il existe donc un lent processus de formation de la société sur la base d’une population indienne soumise aux guerriers espagnols. Ces derniers étaient le groupe privilégié. L’aristocratie formée par les conquistadores devait pourtant partager les bénéfices et les privilèges avec les autres espagnols qui débarquaient régulièrement comme renforts ou autre. Nous sommes donc, à ce moment, dans un schéma de castes. 142 Barozet E., Valenzuela C.Y.,Verdugo R.A., Herrera L., Acuña M., Llop E., Moraga M.,Berríos S., Di Genova A., Digman D., Symon A., Asenjo S., López P., Bustamante M.L. Pezo -Valderrana P., Suazo J., Caba F., Villalón M., Alvarado S., Cáceres D., Salgado K., Portales P., Loira N., Maass A and Cifuentes L. « The Chilean Socio-ethno-genomic cline. Biodemography and Social Biology », Article non publié 143 Voir : Villalobos, Sergio et co-auteurs, op.cit., Campos Harriet, Fernando, Historia constitucional de Chile, Editorial Juridica de Chile, Santiago, 1983 et PNUD, op.cit., 2017, pp103-113 103 Le déclin vertigineux de la population indienne et l’augmentation croissante des « métis » provoquèrent des changements dans le système de l’encomienda. Il n’y avait plus assez d’indiens pour soutenir ce système, et donc, commencèrent à apparaître des métis salariés et des travailleurs libres, qui se regroupèrent au sein de l’hacienda. Dans d’autres pays d’Amérique latine, la traite des noirs remplaça l’encomienda des indiens, comme au Brésil. Mais le système de l’hacienda qui commença à être primordial dans l’économie aura des répercutions très importantes sur toute l’histoire postérieure de l’Amérique latine en générale, et surtout du Chili. De nouveaux groupes sociaux se formèrent avec la progressive « criollización », c’està-dire l’augmentation des individus d’origine espagnole mais nés sur le sol latinoaméricain. Au Chili en particulier, ce processus fut très important. Au groupe d’aristocrates espagnols déjà présent s’ajouta un groupe qui s’enrichit grâce aux fonctions publiques et au développement économique, et les individus natifs du Chili finirent par être le groupe le plus important, à la cime de la société. On passa donc d’une aristocratie militaire, formée par les conquistadores espagnols et leurs descendants directs, à une aristocratie de créoles, qui étaient fondamentalement des propriétaires terriens et des marchands. De plus, un autre processus se déploya durant ces années coloniales. Il existait en effet un groupe intermédiaire d’espagnols issus du bas peuple, qui dépendait complètement des aristocrates mais qui n’avait pas pu obtenir d’avantages. Ce groupe se divisait en deux : d’une part existait ceux qui maintenaient leur statut de proto classe moyenne, et d’autre part, ceux qui définitivement appartenaient au peuple. Ce dernier groupe social n’avait pas de voix propre et était quelque peu invisible. Commencèrent donc à se former les couches sociales qui donneront lieu aux classes sociales à proprement parler.144 Dans l’évolution on voit donc comment l’idée de la race se matérialise progressivement dans une division raciale et un mélange racial, qui, finalement, débouche sur la formation des classes sociales. 144 Pour toute cette partie voir : Villalobos, Sergio et co-auteurs, op.cit., et PNUD, op.cit., 2017 104 2. Ethos égalitaire versus imaginaire d’inégalité À l’origine, il faut cependant souligner un grand paradoxe sur lequel je reviendrai: l’un des idéaux qui guidaient la couronne espagnole durant la période allant de la Conquista jusqu’au début du 18e siècle était celui de « l’intégration sociale » et cette question pèse comme un fantôme sur toute la pensée latino-américaine actuelle encore aujourd’hui.145 Devant les abus des Conquistadores durant la colonisation, la Couronne espagnole, surtout sous le règne des Habsbourgs, avait érigée sur plusieurs siècle des lois qui peuvent se résumer par le concept de « Derecho Indiano » ou « Droits des Indiens. » Ces lois visaient non seulement à évangéliser mais aussi à mieux traiter les indiens, qui avaient besoin d’être protégés : « La couronne avait décrété que les peuples natifs des colonies étaient des personnes libres et ne pouvaient être soumis à l’esclavage ou forcées à travailler. »146 Cependant, non seulement la réalité des faits contredisait grandement ces principes, qui restaient alors seulement théoriques, mais aussi, à partir du 18e siècle, la couronne espagnole changea de maison, et ce fut désormais sous le règne des Bourbons, beaucoup plus enclins à l’absolutisme, que se déployèrent les principales idées.147 En effet, jusqu’au XVIIIe siècle, la Couronne espagnole était plus encline à respecter le droit des indiens et les droits locaux : les rois d’Espagne, jusqu’alors, exerçaient leurs pouvoirs en prenant soin de respecter l’espace communal et la souveraineté e, et certains droits tels que la propriété communale ou le droit de vote des autorités municipales étaient maintenues. Il y eu donc, chez les colons espagnols puis leurs descendants une tradition qui respectait cette souveraineté locale.148 Car les idéaux égalitaires qui provenaient des Lumières étaient arrivés, quoique de manière 145 Weffort, Francisco C., Cuál Democracia, Ed. San José, Flacso, 1993, p.87 PNUD, op.cit., 2017, p.105 147 Voir sur ce thème : Montero, Darío, A Taylorian approach to social imaginaries. The origins of Chile’s democratic culture. Comme l’explique très bien Richard Morse, cet idéal politique originel contrastait -et était complètement incohérent, avec son organisation sociale réelle.153 L’intégration passait, dans les faits, par la séparation : « les publicistes ibéro-américains de la fin de la période coloniale étaient témoins de la progressive articulation de leurs futures nations dans le système économique mondial. Mais pour cela, un processus de 149 Therborn, Göran, « Desigualdades en América Latina : desde la ilustración hasta el siglo XXI », in Castillo, Mayarí, Maldonado, Claudia (comp.), Desigualdades, Tolerancia, legitimación y conflicto en las sociedades latinoamericanas, Ril editores, 2015 p. 96 150 Therborn, Göran, « Desigualdades en América Latina : desde la ilustración hasta el siglo XXI » op.cit., pp.96-97 151 PNUD, op.cit., 2017, p.105 152 Therborn, Göran, op. cit ., p.97 153 Morse, Richard, op. cit ., p.90 106 désarticulation était plus évident : l’effondrement de l’idéal ibérique de « l’incorporation sociale » et la dichotomisation de la société entre « gens de raison » et une plèbe toujours plus enragées et inassimilable. »154 Il y a donc un contraste entre l’éthos égalitaire qui n’est resté qu’une idée, et un imaginaire inégalitaire qui s’est développé dans les mœurs, les pratiques sociales et politiques. Ce débat continue aujourd’hui. La question de « l’apartheid social » selon l’expression de Weffort, à des conséquences jusqu’à nos jours. Pour certains, comme Weffort, c’est la démocratie qui doit être le moyen d’intégrer les « déshérités de la terre ». En effet, au début des années 1990, la situation de l’Amérique latine est vécue comme un chaos, une anomalie, au milieu de la crise économique, des dettes internes et des problèmes de démocratisation. Les sociétés civiles sont scindées en deux, comme conséquence de cette scission originelle. La solution serait donc d’approfondir la démocratisation, et non revenir à des régimes militaires, aux vieilles oligarchies qui ont caractérisé les nations sud-américaines durant la seconde moitié du XXe siècle. En cela, il explique que selon lui, l’Amérique latine s’est « trompée » : il faut démocratiser plutôt que « d’oligarchiser », si je puis dire. Il entend revenir à cet idéal primitif « d’intégration sociale » de la couronne espagnole. Mais on serait en raison de se demander : comment construire et approfondir la démocratie sur un sol marqué par un « apartheid social » selon l’expression de Weffort? Car pour cet auteur, deux problèmes se posent : d’une part, le problème récurrent des « exclus » et d’autre part, les intérêts des classes dominantes, c’est-à-dire les descendants des classes « aristocratiques » décrites plus haut, dont les intérêts ne se confondent pas avec ceux du reste du pays, et restent donc à part. De son point de vue, la démocratie serait donc le moyen de combler les écarts entre ces classes, et ainsi, d’entrer dans une réelle phase de modernité. La clé du problème passerait donc par la « structure » politique et non par le problème des mentalités et des pratiques sociales qui sous-tendent ces institutions. Mais si on regarde de plus près, le problème du régime politique formel, c’est-à-dire de la démocratie comme régime politique, va de pair avec celui de l’inégalité de considération enracinée dans les mœurs et les pratiques sociales, construites durant la période coloniale. Revenir à la comparaison avec les Etats-Unis permet d’éclairer le problème. Aux États-Unis, comme l’explique Morse, l’esclavage était une institution « extra- 154 Morse, Richard, op.cit., p.97 107 sociale », cantonnée à une fraction de la population qui était isolée.155 Les noirs n’étaient pas intégrés à la société comme les indigènes ou les noirs en Amérique latine, où la présence massive d’institutions serviles ainsi que l’origine indienne ou noire d’une très grande partie de la population ont empêché une vision sociale consistante. La grande diversité de types sociaux qu’a généré le mélange des populations en Amérique du Sud a provoqué une polarisation entre castes et criollos, blancs et basanés, c’est à dire, en fin de compte entre « civilisation et barbarie ».156 Dans ces conditions, l’idéal de « l’incorporation sociale » n’était tout simplement pas réalisable, tout comme le fait de penser que tous les individus étaient « égaux » sur le sol des États-Unis au temps de l’esclavage était une chimère. C’est aussi ce que Tocqueville souligne fortement lorsqu’il évoque le problème des trois races et de l’esclavage. Mais en Amérique latine la division sociale de la population et la « polarisation » ont empêché de penser la société comme une véritable cohésion nationale ; chose qui, au États-Unis, a pu se faire car le nombre des esclaves était malgré tout très réduit, et les indiens avaient conservés leurs habitudes, sans que l’influence de l’homme blanc vint les changer profondément comme en Amérique latine.157 Le succès et la profondeur de la démocratie américaine vient principalement de la cohésion et de l’égalité qui existait entre les individus blancs, qui étaient, somme toute, très majoritaires. Son grand problème continue d’exister : comment nier le problème racial aux États-Unis, alors que les noirs continuent d’être discriminés et assassinés par des policiers blancs? Le problème aux États-Unis est la race, purement et simplement, et le racisme ne se superpose pas au problème des classes sociales. Ainsi, la polarisation des sociétés latino-américaines, résumée par l’idée de « l’apartheid social » est très difficile à intégrer dans un régime démocratique formel. Je prends donc le problème à l’envers : le problème de la démocratie sur le continent latino-américain est avant tout un problème qui trouve son origine dans la structuration sociale et n’est pas, seulement, politique. Bien entendu, les classes dirigeantes ont une énorme part de responsabilité dans ce processus. Étant les garantes de l’ordre politique, imposé « depuis le haut », elles sont responsables non seulement de l’agencement social mais aussi de la conduite politique. Je soutiens, avec Morse, que la 155 Morse, Richard, op.cit., p.95 Morse, Richard, op.cit., p.9 157 Tocqueville, Alexis de, De la Démocratie en Amérique, op.cit., Tome I p. 334 voir note de bas de page . 156 108 marginalisation d’une grande partie de la société dans le monde ibéro-américain était précisément un moyen « d’intégration » de la nation dans le creuset mondial, qui servait à l’État, à l’économie et surtout, à eux-mêmes. Mais pour s’intégrer, il fallait donc vivre séparés. Dans la pratique, le continent s’est divisé entre « civilisation » et « barbarie ».158 Mais il existe aussi une autre explication de la persistance de l’apartheid social en Amérique latine. Le continent ne s’est jamais caractérisé par des processus « révolutionnaires » ni par des guerres qui remettent à plat l’ordre social établi durant la période coloniale.159 Ceci est une différence notoire et décisive avec les États-Unis et l’Europe. Les États-Unis ont connu la guerre de Sécession, qui a remis au cœur du débat le problème de l’esclavage et des noirs, autour de la question de la « race » et de la relation des blancs avec leurs esclaves ; de plus, la seconde guerre mondiale, même si elle n’a pas eu lieu directement sur le sol Américain, est un facteur de grand chamboulement social. L’Europe, de son côté, connut le trauma de la Révolution française, qui, comme nous l’avons vu dans le chapitre II, détruisit les barrières hiérarchiques et remit à plat la question sociale. Même si l’Europe ne se caractérise pas par un problème nettement racial, la révolution a déstructuré l’Ancien Régime et a fondé de nouvelles sociétés sur la base de l’égalité. Rien de tel sur le sud du continent américain, bien que les guerres aient fait rage au XIXe sur la question des frontières, comme la Guerre du Pacifique entre le Chili et le Pérou entre 1879 et 1883. En ce sens, nous pouvons considérer le Chili comme archétype : la structure sociale du pays est restée inchangée jusqu`à la réforme agraire des années 1950-1970, et la seule tentative de « révolution » avec l’Union Populaire d’Allende finit en contre-révolution, par l’une des dictatures les plus dure du continent. 158 Bataillon, Gilles, « Situation de la démocratie », in Problèmes d’Amérique Latine, ESKA, 2017/3 (N° 106-107) 159 Barozet, Emmanuelle, Mac-Clure, Oscar, « Tolerancia a la desigualdad y justicia social. Una agenda teórica de investigación » in Castillo, Mayarí, Maldonado, Claudia (comp.), Desigualdades, Tolerancia, legitimación y conflicto en las sociedades latinoamericanas, Ril editores, pp.151-182, 2015 109 3. L’imaginaire d’inégalité des conditions : l’inégalité de considération et la « cartographie mentale du classisme » Comme on le voit, le processus de formation des classes sociales en Amérique latine introduit une panoplie d’images, de représentations et de normes sociales qui proviennent en fait de la division raciale originelle. Un éventail de différenciations symboliques et sociales se met donc en place au sein de ces sociétés, qui donne lieu, à des degrés divers, au phénomène du « classisme ». Nous verrons qu’au Chili, le classisme est un structurant particulièrement important. Je résumerai cet éven tail de processus de différenciation sociale par l’expression « cart ographie mentale du classisme », c’est - à- dire tous les éléments qui permettent de construire imaginairement la pyramide sociale et qui normalisent les inégalités. Cette cartographie provient directement de l’inégalité de considération, et deux processus sont essentiels : le travail des frontières symboliques et sociales [boundary-work] qui permet de mettre en évidence la construction de l’Autre [work of otherness], c’est-à-dire l’individu duquel on se différencie. Précisons que les processus de différenciation existent, bien entendu, dans toutes les sociétés. Ce n’est pas pour rien que Pierre Bourdieu a spécifiquement étudié ce sujet au sein de la société française dans La Distinction et que d’innombrables études abordent le problème des processus de différenciation et des frontières symboliques entre les individus. Ceci est une conduite universelle, si l’on peut dire. Mais je postule ici qu’il existe une différenciation particulière en Amérique latine, qui débouche non seulement sur une différenciation mais aussi et surtout sur une hiérarchisation morale entre les individus, qui débouche ensuite sur une pyramide sociale ségrégative. La différentiation s’articule par l’utilisation de marqueurs symboliques et sociaux précis, qui tendent à exclure symboliquement, imaginairement puis concrètement certaines classes ou groupes sociaux, et à les constituer en « autre », c’est-à-dire ce qui est considéré comme altérité radicale, ce qui est rejeté, exclu ou stigmatisé. Le travail des frontières symboliques et sociales émane d’une longue tradition au sein des sciences sociales, à commencer par Les formes élémentaires de la vie 110 religieuse de Durkheim160 et Économie et société de Max Weber.161 Depuis, une panoplie d’études au sein de diverses disciplines a utilisé et développé ces concepts. Je suivrai une définition proposée par Michèle Lamont de ces deux concepts, car frontières symboliques et frontières sociales sont deux choses différentes.162 D’un côté, les frontières symboliques peuvent se comprendre comme des distinctions conceptuelles faites par les acteurs sociaux pour catégoriser les personnes, et les pratiques sociales. Ce sont les outils par lesquels les individus et les groupes sociaux embrassent la réalité. Ces catégorisations s’effectuent par toute une gamme de marqueurs sociaux, qui reposent sur des symboles et représentations symboliques permettant la différenciation entre individus mais aussi entre classes sociales. Ainsi, ces frontières symboliques séparent les individus en groupes et engendrent un sentiment de similarité et d’appartenance. Ils sont le moyen essentiel par lequel les individus acquièrent leur statut et monopolisent les ressources. Ces frontières symboliques se manifestent donc davantage au niveau intersubjectif ou microsocial. De l’autre côté, les frontières sociales sont les formes objectivées de différences sociales qui se manifestent dans l’accès inégal et l’inégale distribution des ressources et des opportunités sociales, qu’elles soient matérielles ou non. Les frontières sociales émanent avant tout de groupes d’individus. Elles se révèlent dans des schémas comportementaux stables de ces groupes. Cependant, les frontières symboliques peuvent se transformer en frontières sociales quand elles revêtent un caractère restrictif et modèlent les interactions sociales. Elles se transforment alors en frontières sociales et peuvent devenir des schémas d’exclusion sociale, de classe ou de ségrégation raciale. En effet, comme nous verrons dans l’étude empirique, les frontières symboliques modèlent grandement les frontières sociales au Chili, même si elles ne sont pas les mêmes au niveau théorique ; les deux concepts ne sont pas équivalents. Les frontières symboliques et sociales sont importantes car elles en viennent, en fin de compte, à la construction de l’autre. Par l’utilisation de ce concept je postule qu’il existe une construction sociale imaginaire de la figure de l’autre au sein des sociétés latino-américaines qui est différent des autres sociétés. Il est clair que toutes les sociétés fondent leur identité en fonction d’un « autre », mais la question est ici : qui est 160 161 162 Durkheim, Emile, Les formes élémentaires de la vie religieuse, CNRS, Paris, 2014 Weber, Max, Économie et sociétés, Tome I et II, Plon, Paris, 1971 Lamont, Michèle, Molnár, Viràg, op.cit . 111 « l’autre »? C’est Edward Saïd dans l’Orientalisme163 qui développe tout d’abord l’idée de construction identitaire de l’autre, dans ce cas précis, comment l’Occident créa l’Orient. Il démontre tout au long de cette œuvre en quoi l’Orient est l’objet des passions occidentales, qu’elles soient belliqueuses ou tout simplement la curiosité pour l’exotisme de la région. L’Orient était donc le grand « autre » de l’Occident. Cette réflexion de Saïd s’inscrivait dans le sillage des études post-colonialistes et nous fournit un outil d’analyse des processus au sein d’autres pays « colonisés » et permet de porter un regard critique sur ce phénomène colonial et ses conséquences. Je trouve que l’idéephare de Saïd se prête bien au cas des sociétés latino-américaines, même si, bien entendu, la « colonisation » ne fut pas la même qu’en Orient. Comme le montre Danilo Martuccelli,164 il existe un problème particulier en Amérique latine par rapport à la construction de l’autre, car le big bang de ce continent est sans nul doute la colonisation et la confrontation de deux mondes : « l’Occident » et les « populations indigènes ». Il affirme donc, et je pense à juste titre, qu’il y a une « invention de l’autre », de « l’indien », du « bon sauvage », qui se matérialise au travers d’un récit particulier, qui met l’accent sur la différence de l’autre qui rime avec subordination. Ce récit se transforme en un projet explicite visant à contenir les secteurs populaires; par conséquent, la marque de « l’autre » ou de « l’altérité » est passée des indiens à ces secteurs, qui sont considérés depuis lors comme une menace. « Le peuple » inculte et capable de se rebeller à tout moment contre l’autorité est le grand « autre » dans ces sociétés. Ainsi, pour cerner l’inégalité de considération aujourd’hui, il faut donc cerner comment se construit cette figure de l’altérité, lorsque les individus définissent et parlent de leurs relations sociales, des classes sociales et de la société en général. Comment définissent-ils et identifient-ils les « autres » versus eux-mêmes? Comme parlent-ils de ceux auxquels ils s’assimilent, de ceux qui sont exclus de leurs cercles ou envers lesquels ils montrent un rejet, même partiel? Je montrerai donc, dans la partie empirique, comment ce processus de construction des frontières symboliques et sociales produit la hiérarchisation morale de la société. Ce qui est important, c’est de voir que ces frontières symboliques et sociales, qui construisent « l’autre », proviennent du répertoire collectif de l’imaginaire social au sein desquelles les individus puisent pour 163 Saïd, Edward W., L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Seuil, 2005 Martuccelli, Danilo, Existen individuos en el Sur? LOM, Santiago, 2010, p.119 et voir Chapitre 1 164 112 caractériser et construire leur réalité sociale. Ces frontières sont des normes collectives qui dénotent un certain ordre du monde et un entendement collectif de celui-ci. C’est pourquoi elles permettent de voir comment se construit l’inégalité de considération entre les individus et que ce processus de différenciation particulier est issu, lui aussi, de l’histoire et est reproduit au fil du temps. Étudier l’inégalité de considération nous permettra donc par la suite d’inclure la matérialisation des deux autres inégalités, celle des chances et celle politique et juridique dans nos réflexions. Il nous faut maintenant analyser plus spécifiquement le cas Chilien pour voir les particularités culturelles qui s’y sont développées, afin, ensuite, de plonger dans l’étude de cas empirique à proprement parler. 113 CHAPITRE IV LE CHILI, ARCHÉTYPE DE L’INÉGALITÉ DES CONDITIONS Quelles sont les spécificités du cas Chilien par rapport au reste de l’Amérique latine? Pourquoi penser que le Chili représente comme un archétype de l’imaginaire d’inégalité des conditions? Si l’on regarde d’un peu plus près la situation des différents pays d’Amérique latine, et notamment dans le cône sud, le Chili se démarque non seulement par la proportion des Indiens qui ont survécu au massacre, mais aussi les différentes races encore présentes. Contrairement au Pérou ou à la Bolivie, où la proportions d’indiens est encore très grande, le Chili se démarque par sa mixité raciale, contre ce que voudraient soutenir les défenseurs de « l’homogénéité » de la race au Chili, même s’il existe un phénotype dominant. Il existe toute une gamme de mélanges, allant de la personne très blanche jusqu’aux Mapuches, qui restent encore aujourd’hui de pur sang indien. Ceci est prouvé par les études sur les gènes raciaux, dont une récente présente clairement la conclusion suivante : « Plus la classe est aisée, moins l’on trouve un mélange de sang amérindien ».165 Selon Svampa, 11% de la population au Chili est encore purement indienne.166 Les Mapuches sont les seuls Indiens ayant victorieusement repoussé les espagnols, malgré les massacres postérieurs à la Conquista ; beaucoup vivent encore dans leurs communautés séparées du reste de la population. Contre l’idée qu’il existerait une relative homogénéité des races au Chili, je soutiens au contraire que le processus de mélange racial durant des siècles, accompagnant la domination d’une élite blanche très soudée qui ne s’est presque pas mélangée ou seulement avec des races européennes, permet de mieux comprendre pourquoi l’inégalité considération est aussi importante. En effet, est-ce un hasard si l’Uruguay, ou encore l’Argentine sont, de manière générale des sociétés beaucoup plus « blanches » et que celles-ci présentent des traits beaucoup 165 Barozet E., Valen zuela C.Y.,Verdugo R.A., Herrera L., Ac uña M., Llop E., Moraga M.,Berríos S., Di Genova A., Digman D., Symon A., Asenjo S., López P., Bustamante M.L. Pezo-Valderrana P., Suazo J., Caba F., Villalón M., Alvarado S., Cáceres D., Salgado K., Portales P., Loira N., Maass A and Cifuentes L. op.cit 166 Svampa, Maristella, op.cit., p.23 114 plus égalitaires? Le Chili n’a pas connu de vagues d’immigration européennes importantes comme en Argentine ou en Uruguay. Ceci a une influence cruciale sur les mentalités ; on peut observer dans les origines même de la République argentine fondée sur un idéal plus égalitaire ; la constitution de 1853 a ainsi encouragé une immigration européenne massive.167 De même, certains dirigeants argentins, tels Mariano Merino ou Domingo Faustino Sarmiento avaient une vraie révérence pour la démocratie comme forme politique, contrairement aux dirigeants chiliens.168 L’origine des colons et leurs liens avec l’Europe est une différence très importante également. Les différences méritent d’être évoquées, car, contrairement à ce que l’on peut entendre, ceci ne tient pas aux seules structures politiques ni aux institutions. Les institutions politiques, depuis la théorie de l’imaginaire social, émanent avant tout des mentalités. La persistance d’une mentalité égalitaire et « horizontale » en Argentine,169 matérialisée par les institutions de Perón par exemple, tient peut-être plus au fait que le génocide des indiens se termina par leur éradication presque complète, laissant donc la place aux élites blanches européennes pour cimenter une société différente du reste de l’Amérique Latine. De fait, Svampa défend l’idée que l’Argentine a tout fait pour nier ses origines indigènes.170 Ces différences entre les deux pays n’ont cessé d’attirer mon attention depuis mon arrivée sur le continent et, l’une des premières choses que l’on peut remarquer en Argentine , est une population est racialement très différente du Chili. De même est-ce un hasard si le Brésil est, tout comme le Chili, structuré par une mentalité très inégalitaire, comme le montre très bien Guillermo O’Donnell dans son fameux essai sur la sociabilité entre l’Argentine et le Brésil? Ceci n’est pas étonnant, car le Brésil a connu une forte immigration d’esclaves entre 1500 et 1850, ce qu’a joué énormément sur l’imaginaire. 168 Bataillon, Gilles, op.cit. 169 O’Donnell, Guillermo, « ¿Y a mí, qué me importa? Notas sobre sociabilidad y política en Argentina y Brasil, » CEDES, Buenos Aires, 1984. 170 Svampa, Maristella, op.cit., p.26 171 Voir les écrits de José Murilo de Carvalho. 115 descendants des esclaves marque une différence fondamentale d’avec le Chili. Mais les origines politiques du Brésil sont monarchiques, ce qui est en accord avec cette mentalité, ou tout au moins, est plus logique, que les origines Républicaines du Chili. Il y a une cohérence, au Brésil, entre les structures mentales forgées par l’idée de servitude et les institutions de caractère monarchique ou vertical. On voit donc ici apparaître des différences qui permettent d’expliquer pourquoi le Chili est différent de ces voisins en termes raciaux et quelque peu contradictoire dans ses origines, ce qui a une grande importance pour l’imaginaire inégalitaire. L’autre différence essentielle est la présence d’une élite blanche très soudée jusqu’à aujourd’hui. Ceci peut s’expliquer par un facteur simple : les élites au Chili ont dû se protéger des Mapuches qui leur ont résisté durant des siècles, ce qui créa des liens étroits entre eux et forgea une mentalité élitiste contre les « barbares ». De fait, plusieurs études sur les élites en Argentine et au Brésil montrent les différences d’avec le cas chilien172 En Argentine, on ne parle pas d’une « élite » à proprement parler (ce qui en dit déjà long sur la mentalité) mais de classes aisées. Au Brésil, les élites sont beaucoup plus ouvertes aux politiques redistributives qu’au Chili.173 Ce facteur me semble déterminant à l’heure d’étudier l’imaginaire chilien. À partir des facteurs raciaux, on peut tenter d’expliquer la présence très ancrée de l’imaginaire d’inégalité des conditions par rapport aux autres sociétés par deux facteurs primordiaux : le modèle culturel de l’hacienda et ce que j’appelle le “mythe des élites”. Nous verrons comment l’histoire sociale, politique et constitutionnelle du Chili repose en grande partie sur ces deux premiers facteurs et comment celle-ci ancre la prédominance de l’imaginaire inégalitaire sur l’imaginaire égalitaire-individualiste. 172 Gessaghi, Victoria, « El trabajo de formación de ‘la clase alta’ argentina. Un abordaje desde la antropología social », Intersecciones antropolo. vol.13 (no.2) Olavarría, 2012 [en ligne] http://scielo.org.ar/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S1850-373X2012000200006 et Moraes Silva, Graziella, López, Matías, « Brazilian people in the eye of the elite : repertories and symbolic boundaries of inequality », Sociología & Antropología, Vol 05.01 :157, Río de Janeiro, pp.157-182, Avril 2015 173 Voir sur ce point tous les travaux de Jorge Atría. 116 I L’ENRACINEMENT DE L’IMAGINAIRE D’INÉGALITÉ DES CONDITIONS 1. Le modèle de l’hacienda : l’enracinement de l’inégalité de considération Le modèle culturel de l’hacienda est, pour moi, l’une des raisons principales qui permet d’expliquer pourquoi l’imaginaire d’inégalité des conditions est l’imaginaire structurant du Chili. Deux facteurs sont essentiels : 1) la division sociale et la conformation des classes sociales sur la base de facteurs raciaux et 2) l’ancrage du modèle de l’hacienda dans les mœurs jusqu’aux années 1960. Revenons un peu à l’évolution historique des races pour comprendre les origines de l’hacienda. Et il est surprenant de voir, dans la description que fait Sergio Villalobos des couches sociales au Chili telles qu’elles se trouvent à la fin du 18e siècle, que cellesci n’ont fondamentalement pas changé depuis ce temps. Comme le dit Óscar Contardo, les changements se font à un rythme tectonique au sein de la société chilienne.174 Et à en croire les descriptions de Villalobos, ainsi que de différents historiens, on est tenté de lui donner raison. Les profils sociaux étaient déjà définis à cette époque. La stratification, les matrices de race, la distribution de la richesse et même les mentalités de chaque groupe social étaient constitués avec leurs caractéristiques propres. Ce sont ces profils sociaux qui donnent naissance, par la suite, aux classes sociales. Trois couches sociales se dessinent donc depuis la fin du 18e siècle, à l’aube de l’indépendance du pays de la Couronne espagnole. À l’intérieur de chaque couche se profile une homogénéisation : les caractéristiques physiques se confondent pour former des « types » plus ou moins uniformes. Ceci ne signifie en aucun cas que toute la société s’homogénéise racialement, au contraire, elle se constitue en strates qui reflètent toutes un prototype racial particulier175 : « La stratification sociale avait un composant racial très fort. Les classes aisées étaient fondamentalement des personnes blanches, les couches intermédiaires réunissaient les blancs sans fortune et les métis, et les couches 174 Contardo, Óscar, Siútico, Arribismo, abajismo, y vida social en Chile, Editorial Planeta Chilena, Santiago de Chile, 2013, p.20 175 Villalobos, Sergio et co-auteurs, op.cit. p.255 117 populaires se distinguaient par la couleur de la peau, de plus clair à plus foncée. »176 Ces trois couches sociales vont marquer l’histoire sociale du pays. Ce que décrit Villalobos sur l’histoire du Chili et le thème est race est essentiel pour notre réflexion postérieure : « Le système social de la colonie ne se comprendrait pas si l’on ne prenait pas en compte le facteur racial. (...) La supériorité de la civilisation amenée par les espagnols, la défaite et la soumission des indiens et l’importation de noirs qui étaient en bas de l’échelle culturelle a déterminé, avec le triomphe des blancs, l’emprise de préjugés raciaux, que la misère et l’abjection des vaincus paraissaient justifier. La paresse, les vices et toute classe de problèmes moraux étaient considérés comme inhérents à la race indienne et noire, en contraste avec la supériorité de l’élément blanc. Cette valorisation de la blancheur pesait fortement sur la distribution des individus dans l’échelle sociale. Ceux qui affichaient des traits blancs étaient sûrs de conserver leur situation et de l’améliorer, et dans aucun cas ne descendraient-ils dans l’échelle sociale. Mais, en revanche, un métis qui accusait des traits indiens marqués ne pouvait en aucun cas monter dans l’échelle sociale. Par ailleurs, un individu de sang mélangé, s’il avait un aspect d’espagnol, pouvait espérer améliorer sa situation. Le problème n’était pas tant la provenance ethnique de la personne que son aspect. De cette manière, le préjugé racial agissait comme facteur de stratification social et au travers des siècles il continuerait de peser fortement. » Comme cette citation le démontre, l’histoire de la société chilienne se construit dès le début à partir des divisions raciales (qui sont aussi morales) et, par conséquent de l’apparence physique. Ceci est dû au mélange entre blancs et indiens, et à l’accroissement de la population métis. Le mélange conditionne ainsi l’idée qu’il faut dresser des barrières symboliques pour se différencier. Ces barrières se retrouvent aujourd’hui dans les discours de mes interviewés, comme nous le verrons dans la seconde partie. Il est ainsi crucial de voir ici que le thème de l’apparence était déjà fondamental durant la colonie. C’est cette inégalité de considération, la division entre « supérieurs » et « inférieurs » moraux et symboliques, qui structure toute la société : le 176 PNUD, op.cit., 2017, p.112 118 système de l’hacienda est, finalement, la matérialisation directe de la division raciale originelle. En effet, l’agriculture au XVIIe et XVIIIe siècles prend une importance décisive dans le développement économique du Chili, notamment la culture du blé. Ceci demande de développer les haciendas, où augmente maintenant « l’inquilinaje » et où apparaît la figure du « peón », c’est-à-dire du travailleur libre et volatile, qui cumule tous les vices et tous les préjugés sociaux.177 En effet, ce sont désormais les métis, qu’ils soient inquilinos ou peones, qui se chargent de cultiver la terre des grands propriétaires terriens.178 Les latifundistes donnent un lot de terre aux inquilins et en échange, ceux-ci travaillent les terres du domaine. Se développe aussi ce que l’on appelle les « pulperías », c’est-à-dire des petites boutiques qui vendaient de tout sur le domaine, et où les inquilins faisaient leurs achats. La société rurale se structurait donc autour de l’hacienda et des patrons espagnols blancs : « une couche d’employés qui réunissait des espagnols pauvres, des fils métis des patrons et quelques indiens de confiance assistaient les patrons dans l’administration. En bas de l’échelle sociale se trouvaient les inquilins, qui, initialement, étaient des espagnols pauvres ou des métis. »179 Ces deux processus, la division raciale et l’émergence de l’hacienda, sont essentiels pour comprendre comment l’inégalité de considération s’est matérialisée dans la société chilienne. Le système latifundiaire découle entièrement de l’encomienda. C’est seulement parce que la population métisse libre augmenta tellement que cette ancienne institution n’était plus nécessaire, mais la figure de l’inquilino est, en fait, dans le sillage direct de l’encomienda : elle s’est forgée à partir de la division sociale et raciale historique originelle du Chili. En effet, les métis, descendants du mélange entre indiens et colons sont donc salariés et théoriquement libres, mais ceci n’est pas vrai dans les faits : à cause de la pauvreté permanente, les inquilins devaient utiliser la pulpería ; mais ils achetaient souvent à crédit et s’endettaient ainsi auprès du patron. Se créait un système d’endettement où les employés devaient parfois des mois de travail, et ceci forgeait un cercle vicieux qui liait l’employé à son patron. La possibilité de changer de patron ou de domaine se réduisait donc considérablement. Aucun roman ne résume mieux l’esprit et le caractère de l’hacienda que Gran Señor y Rajadiablos, qui narre l’histoire d’un patron d’une hacienda depuis son enfance 177 Bengoa, José, Historia rural de Chile central. Tomo II. Crisis y ruptura del poder hacendal, LOM, 2015, voir chapitre 5 178 PNUD, op.cit., 2017, pp.109-110 179 Ibidem, p.109 119 à sa mort, sa lutte pour vivre au milieu d’une terre où il faut tout inventer, tout contrôler, mais aussi ses cruautés et défauts, ainsi que toutes les attributions archétypales de ce type de figure patronale, qui est toujours décrit comme « européen » au travers des yeux des inquilins : « Sous le chêne vert centenaire, flou dans l’ombre humide, immobile comme un renard qui se cache, se trouve le patron...quelque chose de significatif renferme les moments de cet homme, pour se mettre au-dessus des autres de cette façon....le poncho de vigogne tombe de ses fortes épaules sur toute sa longueur et sur ses talons rustres. Je vois l'éclair de ses yeux clairs, qui se reflètent sur la barbe blonde, parée en pointe. »180 L’image de la Hacienda, du patron et des rôles sociaux n’a pas changé durant des siècles, et au moment où est écrit ce roman en 1948, l’hacienda est toujours en vigueur. Certains ont même critiqué l’œuvre en disant qu’elle faisait apparaître la figure du patron comme héroïque, au détriment des héros qui étaient les paysans.181 Cette culture de l’hacienda est mise en lumière dans une grande étude empirique dirigée par Alberto Mayol et ses co-auteurs.182 Lorsqu’ils expliquent les raisons des grandes inégalités socio-économiques actuelles, ils se posent la question l’ordre social inégal et de sa légitimation. Ils en viennent, presque logiquement, au système de valeurs qui légitime cet ordre social, et ses inégalités : « il est évident que la couche culturellement prédominante est fondée sur le système de valeur du Chili de l’hacienda et ses adaptations oligarchiques post-indépendance. »183 Ils expliquent ce modèle de valeur et cet ordre symbolique par une « culture de l’inégalité » qui promeut, explique, justifie et légitime les inégalités. En effet, les inégalités ne peuvent pas seulement s’expliquer par des causes structurelles. Il faut plonger au cœur des imaginaires et de leurs causes historiques pour trouver des justifications plus profondes.
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Un assemblage de restes de bovins au sein de l'établissement élitaire laténien de Palaiseau « les Trois Mares » (Essonne). Revue archéologique d'Île-de-France, 2023, 13, pp.179-212. &#x27E8;hal-04288763&#x27E9;
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Un assemblage de restes de bovins au sein de l’établissement élitaire laténien de Palaiseau “ les Trois Mares ” (Essonne) Cyril Giorgi, Grégory Bayle, Lionel Gourichon, Wejden Ben Dhafer, EvaMaria Geigl HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Un assemblage de restes de bovins au sein de l’établissement élitaire laténien de Palaiseau « les Trois Mares » (Essonne). Cyril GIORGI1, Grégory BAYLE2, Lionel GOURICHON3, Wejden BEN DHAFER4, EvaMaria GEIGL4 1 Inrap / UMR 5189 – HISOMA; [email protected] Inrap / UMR 7324 – CITERES; [email protected] 3 Université Côte d’Azur, CNRS, CEPAM (UMR 7264), Nice ; [email protected] 4 Université de Paris-CNRS / UMR 7592 – Institut Jacques Monod, équipe Épigénome & Paléogénome ; [email protected]; [email protected] 2 Résumé Le site des « Trois Mares » à Palaiseau (Essonne) a fait l’objet de nombreuses opérations d’archéologie préventive depuis le début des années 2000. Ces opérations ont mis au jour un important établissement d’une élite gauloise locale, initié dès La Tène moyenne et perdurant jusqu’à la période gallo-romaine. Il se caractérise par un habitat au sein d’un enclos fossoyé imposant, d’un secteur artisanal en métallurgie, et de pratiques agro-pastorales. La fouille menée en 2012, dans le secteur artisanal de cet établissement, a révélé, dans une fosse, un assemblage osseux homogène et original regroupant les têtes osseuses et les extrémités des membres de quatre bovins, deux vaches et deux veaux. Ces animaux ont été traités au cours d’un même évènement pour récupérer les parties les plus charnues. La quantité et la qualité de la viande produite confirment pleinement l’importance de cet établissement et, à notre connaissance, sa singularité. Dans ce contexte, la découverte de cet assemblage pose question les motivations qui ont conduit à l’abattage de ces quatre bovins simultanément, à en récupérer les parties les plus charnues mais à en délaisser certaines, notamment les têtes, pourtant appréciées à la période gauloise. Mots-clés : La Tène, Parisii, élite gauloise, dépôts, bovins, archéozoologie, ADN, cémentochronologie Abstract The site of Les Trois Mares at Palaiseau (Essonne, France) was excavated during several operations in rescue archaeology since the early 2000s. These excavations revealed a large establishment occupied by a local Celtic elite from La Tène C until the Gallo-Roman period and seemingly of regional importance. It is characterized by a habitat inside an imposing ditch enclosure, a metallurgical workshop area and by farming practices. The 2012 excavation of a pit in the artisanal zone revealed a homogeneous and original faunal assemblage, consisting of the heads and the hands and feet of two cows and two calves. The animals have been butchered simultaneously and the meatiest parts had been recovered. The quality and quantity of the meat produced fully confirm the importance of this establishment, and, to our knowledge, its singularity. In this context, the discovery of this assemblage raises questions about the motivations that led to the simultaneous slaughter of four cattle and the removal of the meatiest parts. Some of them had not been consumed but left in the pit, notably the heads, yet much appreciated during the Celtic period. Keywords : La Tène, Parisii, Celtic Elite, Deposit, Cattle, Zooarchaeology, DNA, Cementochronology I. Le site de Palaiseau « Les Trois Mares » I.1. Cadre général Le site des « Trois Mares », est localisé dans la partie est du plateau de Saclay, à mi-distance des franges sud et nord du plateau, sur la commune de Palaiseau, dans le département de l’Essonne (figure 1). Il a été mis au jour à proximité de l’École Polytechnique, lors d’un diagnostic réalisé en 2000. Depuis, une dizaine d’opérations archéologiques effectuées dans le cadre des travaux préalables à l’aménagement de la ZAC de l’École Polytechnique, ont eu lieu aux abords du site, notamment sur les communes de Saclay et de Palaiseau (GIORGI 2018 ; 2021). Celles-ci ont progressivement permis d’avoir une idée plus globale des différentes occupations de l’établissement, sur une surface comprise entre 10 et 12 ha. Les vestiges identifiés ont pu être mis en relation, dans la plupart des cas, avec ceux découverts sur quelques sites limitrophes et, plus globalement, insérés dans le programme de recherche engagé sur le plateau de Saclay et intitulé « Dynamique d’occupation du plateau de Saclay, du Néolithique à l’époque Moderne » (Action collective de recherche, PAS-Inrap 20759-2021, GIORGI 2021). Sur la majeure partie des opérations, les principales occupations ont pu être datées des époques laténiennes, gallo-romaines et médiévales. De manière très ponctuelle, quelques vestiges du Paléolithique, du Néolithique et de la transition Bronze final – Hallstatt ancien ont également été mis au jour, sans pour autant marquer de manière notable les sols et l’environnement du site. I.2. Un établissement pérenne de La Tène moyenne à la période antique L’occupation gauloise est la plus représentée. Les vestiges de cette occupation, datés de La Tène C2 jusqu’à la période augustéenne, ont permis d’identifier un vaste établissement rural de type habitat groupé, présentant les témoins d’un artisanat du fer conséquent. La trame fixée au cours de La Tène moyenne, et principalement à La Tène finale, aurait perduré pendant tout le Haut-Empire, avec une modification progressive des espaces au cours de la fin du Ier/ milieu du IIe siècle apr. J.-C. pour atteindre au cours des IIIe/début du IVe siècle apr. J.C. un complet renouveau, puis un abandon global du site, vers la fin du IVe/début du Ve siècle apr. J.-C. L’occupation gauloise, principalement datée de La Tène finale, a pu être identifiée par la présence et la succession de vastes enclos fossoyés, de nombreuses structures en creux de type puits, fosses et trous de poteau. Les fossés en « V » atteignent parfois plus de 2,5 m de largeur pour des profondeurs pouvant aller de 1 à 2 m. Leurs comblements relativement similaires sont souvent marqués par des vestiges mobiliers abondants. Plusieurs bâtiments à charpente de bois ont pu être identifiés, et plusieurs autres ensembles de structures suggèrent la présence d’unités architecturales variées (bâtiments de stockage, habitats, palissade, structures de franchissement...). Les vestiges mobiliers sont très variés, et on recense de nombreux éléments céramiques, lithiques, fauniques et métalliques. L’ensemble de la céramique protohistorique est daté de La Tène C2 jusqu’à la période augustéenne, avec des répertoires céramiques caractéristiques des contextes d’habitat de ces périodes, ainsi que des amphores italiques témoignant d’importation de vin et d’échanges à longues distances. Un artisanat lié à la métallurgie du fer (nombreux vestiges d’un atelier de forge), ainsi qu’aux activités de mouture (meules rotatives en grès et en pierre à meulière), y est fortement illustré. Ainsi, au cours de trois phases plus ou moins distinctes, le site voit la mise en place d’un établissement de grande ampleur, organisé autour de réseaux fossoyés complexes (figure 2). L’occupation antique semble reprendre la trame fixée à l’époque gauloise et se développer par la suite vers une occupation à fonction agropastorale, de type villa. Les vestiges mobiliers sont variés et bien conservés mais ne reflètent pas un statut élevé des occupants. Ils comprennent de nombreux vestiges scoriacés, des éléments céramiques (dont certains complets), fauniques, métalliques (monnaies, clous, éléments de parure...) et architecturaux (torchis, imbrices, tegulae...). Certaines structures témoignent d’une activité liée à la métallurgie du fer (foyer de forge). Le mobilier céramique, daté entre le règne des Julio-claudiens (27 avant J.-C./69 apr. J.C.) jusqu’à la seconde moitié du IIe ou le IIIe siècle, permet, de plus, d’envisager une continuité entre les deux occupations. La période charnière entre La Tène finale D2b et le gallo-romain précoce revêt un caractère très particulier avec une réelle continuité dans l’occupation des espaces, des réseaux fossoyés et autres constructions architecturales, souvent réutilisées, voire restaurées. Sur la majeure partie des parcelles étudiées, entre le Ier et le IIIe siècle apr. J.-C., de nouveaux réseaux fossoyés sont mis en place et ceux issus des phases précédentes sont progressivement remblayés. Une architecture maçonnée émerge, en lieu et place des principaux bâtiments sur charpente de bois, bien que l’on puisse penser que certains continuent à perdurer. Progressivement, il est possible alors d’identifier une réelle occupation des espaces venant s’intégrer aux vestiges déjà perçus lors des précédentes fouilles. Ces vestiges permettent d’entrevoir un établissement rural important, mais dont les limites et les spécificités fonctionn laissent encore de nombreux doutes, au regard de la mauvaise conservation du terrain. I.3. Organisation et statut de l’occupation gauloise Pendant la quasi-totalité de l’occupation laténienne, le statut des occupants des lieux est notable tant par la présence de nombreux bâtiments à l’architecture complexe que par l’organisation spatiale des différents composants bâtis ou fossoyés. En effet, la régularité imposée de cette organisation suggère un statut qui dépasse nettement la plupart des établissements ruraux laténiens, notamment en des lieux non circonscrits par un enclos. L’occupation de cette parcelle reflète, à n’en pas douter, un témoignage bien différent des vestiges propres aux fermes à enclos classiques, et s’inscrit au titre d’habitat groupé de personnes détenant un statut privilégié, en lien probable avec l’élite dirigeante (GIORGI 2016 ; 2018). L’organisation spatiale reste sensiblement la même d’une phase à l’autre. Les fossés, dont les limites ne sont pas toutes appréhendées (notamment au nord), sont généralement orientés selon un axe N-S, ou E-O. Le système de réseau fossoyé, couvrant une large surface, s’organise selon une trame bien particulière et ne semble pas témoigner d’une installation standard de type ferme fossoyée. Néanmoins, certains espaces semblent se dessiner selon le modèle des enclos accolés et emboités, marquant nettement la présence d’espaces différenciés et respectant une ordonnance assez régulière dans la structuration des espaces bâtis. Ces espaces bâtis, qui conservent la même rigueur dans leurs alignements sur les parcelles fouillées, sont caractérisés par la mise en place et la permanence d’une architecture complexe, de taille importante. Dans la plupart des cas, l’architecture de ces bâtiments dits « à double absides » ou « à pans coupés » comprenait vraisemblablement une association de charpente à fermes, soutenues par des entraits, et de parois dites projetées. La présence de nombreux bâtiments de ce type à différents endroits du site soulève quelques interrogations, dans la mesure où cette architecture est souvent attribuée à l’habitat principal au sein des établissements ruraux laténiens possédant un ou plusieurs enclos. De plus, l’association des différentes parcelles étudiées au sein d’un tissu bien plus large, intégrant les fouilles et diagnostics effectués entre 2000 et 2020, comme le suggère le tracé des différents réseaux fossoyés, laisse apparaitre la trame d’une organisation spatiale dont l’occupation totale constituerait un vaste ensemble habité, estimé à plus de 10 ha (sans compter le domaine agropastoral). Le caractère particulier de cette occupation se révèle également au regard de la variété et la qualité des vestiges mobiliers rencontrés. En effet, bien que le comblement des réseaux fossoyés n’ait, en raison d’une politique apparente assez stricte du traitement des déchets, livré que peu de vestiges mobiliers, ces derniers sont, en quelques points notables, abondants et variés. Ces vestiges reflètent les activités domestiques propres aux diverses unités d’habitat (stockage, mouture, filage, tissage...) ainsi que les activités agropastorales d’après les différents carporestes et autres témoins liés à l’élevage. Les vestiges fauniques témoignent d’un élevage manifeste de bovins, porcs, chevaux, caprinés et d’une alimentation carnée variée, faisant apparaitre une consommation d’animaux abattus jeunes voire très jeunes, quelle que soit l’espèce (BAYLE 2018). Les vestiges carpologiques et ceux propres à la mouture témoignent quant à eux d’une production céréalière, basée principalement sur la culture du blé nu et la production de farines panifiables (LEPAREUXCOUTURIER 2016). Sachant qu’en Île-de-France ces blés n’apparaissent le plus souvent qu’après la conquête romaine, leur consommation et leur production presque exclusive signaleraient peut-être des relations précoces avec les régions méridionales (TOULEMONDE 2016 ; 2018). Sur les différentes parcelles, les liens avec d’autres régions, continentales ou méditerranéennes, paraissent bien attestés, et ce dès La Tène moyenne. La présence d’amphores est marquée par quatre provenances différentes : la côte tyrrhénienne de l’Italie, probablement la côte adriatique de l’Italie, la Méditerranée orientale et la Bétique (SÉGUIER 2016). Outre la présence d’activités domestiques liées ou non aux activités agropastorales (travail de la laine, mouture, activités culinaires...) inhérentes au contexte rural, la présence d’un artisanat spécialisé sur le site, conséquent et développé, atteste d’une économie basée sur autre chose que le simple rendement agricole ou pastoral. En effet, la nature des opérations de forge mises en évidence sur le site désigne assurément la présence d’un forgeron maîtrisant un ensemble de techniques complexes et œuvrant de manière permanente et à plein temps dans son atelier. Les différents vestiges mis au jour permettent d’attest que le site se place à un niveau important (niveau 2) du réseau d’acquisition/redistribution régionale de la matière première, et qu’il apparaît comme moteur et en grande partie fournisseur de matière première / d’objets pour les sites aux alentours (BAUVAIS, LORQUET 2016). Il ne serait pas ainsi étonnant que le statut élevé de l’établissement provienne de cette activité. D’autres vestiges témoignent du statut des occupants, et ce sous la forme de rejets, objets de parures ou autres dépôts spécifiques. Les principaux rejets, liés aussi bien aux contextes de fosses ou fossoyés, illustrent une série d’évènements collectifs (rejets culinaires, de vaisselle, d’amphores...), dont le nombre est encore difficile à déterminer. Le rôle politique et religieux de ces manifestations, accompagnées de banquets, semble ainsi être très affirmé. Au-delà des rejets relatifs à cette série d’évènements propres aux consommations collectives, on notera par exemple la présence d’une amphore ovoïde républicaine parmi les rejets, découverte qualifiée d’exceptionnelle. En effet, elle semble être la première du type à être identifiée en contexte rural en Gaule septentrionale. Sous réserve d’un inventaire plus précis, les seules autres mentions sur le territoire des Gaules se situent à Bibracte, le Mont-Beuvray, et Toulouse (SÉGUIER 2016). Le contenu de ces récipients constitue l’autre originalité de cette amphore, puisqu’il semble qu’il faille y voir des conteneurs réservés à la diffusion d’une huile de très grande qualité, peut-être originaire du Vénafre en Campanie, produit fort rare et fort cher, réservé aux élites (usage culinaire, soins du corps...). Le contexte de découverte témoigne donc d’une importation d’huile étonnamment précoce en dehors des agglomérations (SÉGUIER 2016). De plus, au sein de certaines fosses et certains fossés, trois vestiges illustrent la présence de véhicules, destinés au transport et/ou à l’apparat. Le premier, en alliage cuivreux, est identifiable comme un fragment d’anneau passe-guides décoré. Les deux autres correspondent à des cerclages de 10 et 15 cm de diamètre respectivement, qui semblent appartenir aux pièces de renfort de moyeu de char. Le domaine du transport apporte, à travers la découverte du passeguides, un témoignage sur la présence sur place d’une population d’un niveau social conséquent. En effet, si les pièces techniques comme les renforts d’essieu, les goupilles d’axe ou les bandages de roues sont utilisables sur tout véhicule, il n’en va pas de même avec les anneaux décorés destinés au maintien des rênes, qui ne se retrouvent qu’avec des véhicules d’apparat, souvent de petit module. Sur les sites franciliens, les fragments de mors se retrouvent plus fréquemment, comme à Louvres « le Vieux Moulin », Gonesse « les Tulipes Nord » ou de Varennes-sur-Seine « la Justice » (LECONTE 2018). I.4. Des dépôts particuliers laténiens Au-delà de ces différents témoignages, mais également de ceux se rapportant aux vestiges liés à la parure (perles, pendentifs, fibules...), ou encore aux monnaies identifiées (potins, bronze frappés...), plusieurs secteurs du site sont marqués par la présence de dépôts particuliers évoquant certains aspects socio-culturels voire cultuels des habitants de ce vaste établissement. On évoquera rapidement le dépôt métallique identifié dans la fosse FS 1160, le dépôt céramique de la fosse FS 1180, le dépôt d’amphore de la fosse FS/VP 1317 ou encore le dépôt métallique de la fosse FS 1458 (figure 3) La fosse FS 1160, située à proximité d’un atelier de forge, se distingue par le mobilier qu’elle contient. De forme circulaire, cette fosse présentait en son centre cinq objets métalliques paraissant comme installés, suggérant aisément une volonté de dépôt à cet endroit du site. On recense ainsi un soc d’araire, deux cerclages, une barre à douille (currency bar), ainsi qu’un outil à tranchant de type herminette. Ces vestiges, qui présentent des caractéristiques bien différentes, semblent faire écho au travail du fer, à l’agriculture, et à la possible présence de chars sur le site. Ce rassemblement d’objets, lourds et tous symboliques soit d’une activité importante, le travail du fer et l’agriculture, soit d’un statut social élevé par l’usage du char, apparaît comme non fortuit. Il est possible que l’affirmation du statut social des occupants des lieux, de leur emprise sur les terres et les hommes, ait pu être symbolisée, notamment, par ces dépôts d’objets complets, composés d’une forte masse de métal et souvent liés au fer, matière première comme source d’un savoir-faire essentiel. Le dépôt d’amphore de la fosse FS/VP 1317 illustre la pratique probable de l’enchytrisme avec la présence d’une amphore de type Dressel 1A, coupée dans le sens longitudinal, entourée de fragments de meule (méta) également datés de La Tène finale. Si l’utilisation de vase-cercueil est courante dans l’Antiquité pour des sujets immatures (PIOT 2001), cela n’est pas le cas pour l’âge du Fer, à plus forte raison dans une amphore de type Dressel I. Ce dépôt lié soit à la sphère funéraire ou à un geste rituel serait inédit en Île-de-France. Le dépôt/rejet céramique de la fosse FS 1180 est inclus au sein d’un creusement circulaire de petite dimension (0,60 m de diamètre pour une profondeur de 0,22 m). Il regroupe près d’une centaine de restes céramiques, associés à une jarre et un bol, dont la datation est comprise entre La Tène D1 et La Tène D1b/D2. Aucune fonction n’a pu être associée à ce « rejet » situé aux abords d’un système de franchissement de fossé. Le dépôt métallique de la fosse FS 1458, situé au droit d’un bâtiment sur poteau, a livré en son centre l’assemblage d’une paire de forces, d’une tige métallique et de quelques fragments céramiques. Ces vestiges sont associés à un rejet constitué de pesons et de fusaïoles mis au jour au sein du comblement du fossé situé immédiatement au nord de la fosse. Cet ensemble a pu être associé aux activités de parcage, tonte, filage et tissage, définies dans le secteur N-O du site. Le dernier dépôt ou rejet présent sur le site est celui sur lequel nous nous attarderons le plus ici. Il concerne la fosse FS 1253. II. La fosse à ossements de bovins II.1. Présentation de la fosse laténienne FS 1253 La fosse FS 1253 a été mise au jour au cours de la fouille préventive menée en 2012 dans le secteur artisanal de cet établissement gaulois, spécialisé dans la métallurgie comme le révèle la présence de fosses, de foyers et de mobiliers liés à cette activité. Elle est située entre les fossés FO 1207 et FO 1178 et à proximité du bâtiment UA13, correspondant probablement à un habitat. Ces structures partagent une même orientation S-N (figure 4). La fosse FS 1253 est reliée par un petit canal à un ensemble fosse/foyer FS/FY 1254. Cette structuration est observée ailleurs sur ce site, notamment avec l’ensemble FS/FY 1074 et FS 1096. Elle témoigne d’activités métallurgiques, notamment d’une forge, par la présence d’un foyer, de parois rubéfiées et de nombreux caractères communs à l’ensemble FS/FY 1074 et FS 1096, distant de 60 m à l’est, où des vestiges d’activités métallurgiques ont également été observés (culot, battitures, scories, etc.). La fosse FS 1253 semble donc avoir été une fosse de travail d’une forge. Cette fosse est de forme quadrangulaire, avec un profil en cuvette à bords évasés. Les dimensions observées sont de 2,65 m de long, 2,04 m de large et 0,39 m de profondeur. La longueur totale de la structure avec FS/FY 1254 mesure 3,62 m. Les vestiges mis au jour dans cet ensemble, hors restes fauniques, sont peu nombreux. Il se composent de quelques tessons de céramique, datés entre le début et la fin de La Tène D, de quelques clous en fer et d’un aiguisoir en grès quartzite. Il s’agit très probablement de mobilier résiduel, piégé dans le comblement de cette fosse, après la mise en place de cet assemblage. Les datations radiocarbones sur deux os de cet assemblage osseux confirment en partie cette attribution chronologique : l’un est daté entre 168 ans avant J.-C. et 5 apr. J.-C. (2055 ans +/30 BP, GrA 59799, Groningen) et l’autre entre 197 ans et 46 ans avant J.-C. (1940 ans +/- 30 BP, GrA 59801, Groningen). Le comblement sédimentaire de cette fosse est assez homogène, constitué d’un limon argileux gris, variant selon une teinte claire ou foncé et selon la densité de charbons. Cependant, un creusement a pu être mis en évidence dans la partie sud-est de la fosse, postérieurement à l’utilisation du foyer de la forge. Ce creusement, conservé sur environ 1,5 m de long sur 1 m de large, a été le réceptacle de la plus grande partie de l’assemblage de restes osseux en question. Cette dernière est en effet concentrée dans l’angle sud-est, au fond de la fosse, à une altitude de 152,03 m NGF. Une autre petite partie se trouve au bord du creusement, plus élevée, à une altitude de 152,37 m NGF, et distante de 50 cm, vers le sud-ouest. II.2. Composition de l’assemblage osseux Cet assemblage se caractérise par les restes osseux de quatre têtes et de quatre paires d’extrémités de membres de bovinés. Les têtes osseuses et les os des extrémités sont complets. Ces derniers se composent des phalanges, des os sésamoïdes, des os métapodiens, des os carpiens et de la rangée distale du tarse. Les têtes osseuses comprennent le crâne, la mandibule et l’os hyoïde (figure 5). D’après les stades d’éruption et d’usure des dents et d’après l’état d’ossification, ces restes peuvent appartenir à quatre individus dont deux adultes, individus 1 et 2, et deux veaux, individus 3 et 4 (figure 6). Les bovins ont été individualisés grâce à leurs caractères morphologiques et aux connexions anatomiques. Les éléments de la partie sud-ouest sont constitués de deux extrémités des membres antérieurs de l’individu 1, associées à quelques phalang d’un des deux veaux. L’amas principal, au sud-est, regroupe les quatre têtes et la majorité des extrémités des membres. Les os des têtes des quatre individus se trouvent presque systématiquement au-dessus des extrémités. D’après la disposition des ossements, il semble que les os des adultes aient été placés avant ceux des veaux (les extrémités des membres et les têtes des veaux sont au-dessus de celles des adultes). L’agencement de ces ossements permet de formuler deux hypothèses : 1) les extrémités des membres auraient pu être encore rattachées à la peau entière de l’animal ; 2) les têtes auraient pu être disposées dans la peau des animaux. Cependant, la disposition des quatre extrémités des membres de l’individu 2, par exemple, ne présente pas de cohérence anatomique et n’entoure pas la tête. L’ordre du dépôt serait alors en premier lieu les extrémités des membres, puis les têtes par-dessus. Cet ordre implique une séparation préalable de ces parties avant le dépôt. Mise à part la séparation de cet assemblage en deux ensembles distants de 50 cm et de rares éléments dispersés, les os sont en contact direct. Des remontages articulaires ont pu être effectués entre les deux ensembles. La formation de cet assemblage semble donc synchrone. L’origine de cette séparation ne peut pas être identifiée assurément. Néanmoins, elle implique un mouvement post-dépositionnel. L’altération et le léger pendage des ossements de la partie sud-est semblent en effet indiquer un effondrement. Il se peut qu’initialement ces parties étaient placées sur un plancher ou un support périssable, disposé dans la moitié ouest rehaussée, mais au-dessus d’un espace vide dans la moitié est. La rupture ou la fragilisation de ce support aurait entrainé l’effondrement d’une partie des ossements au fond de la fosse. Dans ce scénario, les éléments de la partie sud-ouest seraient donc en position primaire, à proximité immédiate du foyer de la forge. Après leur mise en place, les ossements ont été recouverts rapidement, au vu de la bonne qualité de leur conservation (comparée notamment à l’ensemble des autres os collectés sur le site, très dégradés), par des remblais ou des détritus composés, entre autres, de quelques restes osseux erratiques d’autres animaux, de charbons et de tessons de céramique. II.3. Les individus représentés et leur traitement L’usure des dents des deux adultes est relativement comparable. D’après les travaux de Gillian G. Jones et Peta Sadler (2012) sur des mandibules de bovin, ces adultes seraient âgés entre 6 et 10 ans, probablement vers 6 et 8 ans (code GRANT 1982 sur les jugales inférieures : 45). En considérant les données du site laténien de Varennes-sur-Seine, « le Marais du Pont », dans l’Essonne (HORARD-HERBIN 1996), la circonférence de la base de leurs chevilles osseuses, courtes et de faible section, correspondraient à celles des vaches (128 et 95 mm). Le sexe des deux veaux n’a pas pu être identifié. Leur dentition est également comparable. Ils seraient âgés entre 6 et 12 mois (figure 7). Il est possible de préciser un âge vers 10 mois, ce qui peut correspondre, en considérant leur naissance au printemps, à un abattage au cours de l’hiver. Cependant, des veaux peuvent naître à d’autres périodes de l’année ce qui rend très discutable cette hypothèse (VEILLAUX 2010). Pour en savoir plus, nous avons choisi de faire appel à la cémentochronologie, une méthode susceptible de fournir des données sur la saison de mort des animaux, indépendamment de la connaissance de leur période de naissance. Elle s’appuie sur l’étude des structures incrémentielles du cément dentaire, un tissu en partie minéralisé qui se dépose continuellement autour des racines – parfois aussi sur la couronne chez certains taxons hypsodontes (bovidés, équidés...) – jusqu’à la chute de la dent ou la mort de l’individu (NAJI et alii 2015). D’après les travaux des biologistes menés depuis les années 50 sur un grand nombre d’espèces de mammifères (e.g. GRUE, JENSEN 1979 ; KLEVEZAL 1996), y compris sur l’être humain, la croissance du cément varie selon des rythmes saisonniers qui affectent la vitesse du dépôt (rapide ou ralentie). Ces variations se manifestent par une alternance de couches d’épaisseur variable dont les propriétés optiques diffèrent en fonction du degré de minéralisation et/ou de l’orientation des fibres de collagène qui constituent la matrice organique du cément (NAJI et alii 2015). Chez les ongulés des régions tempérées ou froides, les fines couches à croissance ralentie (ou d’arrêt de croissance), appelées annuli, apparaissent généralement à la fin de l’automne ou durant l’hiver tandis que les larges couches à croissance rapide, dites aussi « zones de croissance » (ZC), se forment le restant de l’année. Ainsi, du fait de la périodicité annuelle de la cémentogenèse, l’âge d’un individu peut être estimé à partir du nombre de paires de dépôts de cément (ZC+annulus) observées au microscope sur une coupe transversale ou inale de dent et en prenant en compte l’âge d’éruption de la dent en question. L’information qui nous intéresse surtout ici, la saison de mort, est déduite de la nature et de l’épaisseur de la dernière couche à s’être déposée au moment de l’abattage de l’animal. Nous avons donc testé cette méthode sur des échantillons des individus de la fosse FS 1253. Pour cela, nous avons sélectionné des dents inférieures dont les racines se prêtent plus facilement à la découpe (dents mono- ou biradiculées). Afin de préserver le mieux possible l’intégrité des éléments et d’éviter d’endommager trop sévèrement les mandibules pour en extraire les dents, deux seulement ont été sélectionnées : la I2 gauche de l’individu 1 et la I1 gauche de l’individu 2. Les dents sont en général dans un bon état de conservation (figure 8a et b). Sur les racines des incisives, le cément présente un aspect relativement lisse, sans fissure ni altération de surface notable, et une couleur orange-rouge plus prononcée sur la I1 que sur la I2. Le protocole de réalisation des lames minces consiste en plusieurs étapes successives de préparation des échantillons sur les incisives déjà désolidarisées des mandibules. Les spécimens ont été photographiés sous toutes les faces puis nettoyés délicatement avec de l’éthanol à 90° pour les débarrasser des impuretés superficielles (poussière, sédiment). Après séchage, les racines ont été consolidées en les plongeant dans une résine époxyde transparente à polymérisation lente et sans retrait (DBF d’Escil) coulée dans des microtubes plastiques type Eppendorf. Le dispositif d’enrobage a ainsi permis la préservation de la quasi-intégralité de la couronne de telle sorte que la dent puisse être soumise ultérieurement à d’autres analyses si besoin (isotopique, génétique, de micro-usure dentaire, etc.). Avant que la résine ne polymérise, les spécimens ont été placés durant une dizaine de minutes dans un appareil à imprégnation sous vide pour éviter autant que possible que des bulles d’air ne se forment entre le cément et la résine. Une fois endurés, les blocs ont été découpés à l’aide d’une scie rotative à vitesse lente (Isomet 1000 de Buehler) pour obtenir quatre sections transversales de 500 à 600 μm d’épaisseur. Les fines tranches de racines ont ensuite été fixées sur des lames de verre non dépolies avec de la colle époxyde (Geofix d’Escil) puis amincies jusqu’à une épaisseur d’environ 50 à 80 μm à l’aide d’une rectifieuse semi-automatique (Petrothin de Buehler). Les sections transversales réalisées sur les incisives ont été montées deux par deux sur des lames de verre. Enfin, une lamelle de verre a été collée sur la face supérieure de chacun des échantillons. Cette rnière étape permet d’éviter la phase de polissage manuel, très chronophage et habituellement exécutée pour finaliser les lames minces pétrographiques, et d’assurer une qualité optique optimale pour les observations microscopiques. Les lames minces obtenues ont été examinées au microscope transmis polarisant selon un protocole d’analyse standardisé (NAJI et alii 2015 ; RENDU et alii sous presse). Les régions d’intérêt (ROI) qui offrent les conditions les plus favorables pour étudier les marques de croissance, et notamment la dernière couche à s’être déposée, se trouvent dans le cément acellulaire à fibres extrinsèques (CAFE), l’une des principales variétés de cément dentaire avec le cément cellulaire à fibres intrinsèques (CCFI) et le cément cellulaire mixte stratifié (CCMS), ce dernier étant une combinaison des deux premiers (SCHROEDER 1986). Le CAFE, qui se situe sur le premier tiers cervical de la racine et peut s’étendre plus bas encore vers l’apex, est caractérisé par des bandes saisonnières régulières, parallèles à la surface de la dentine et d’épaisseur relativement homogène selon le type de dépôt (ZC ou annuli), et par l’absence de cémentocytes, contrairement au CCFI et au CCMS. L’ensemble du cément est inspecté sous des grossissements variant de x100 à x400 pour rechercher des ROI où l’alternance et la continuité des bandes sont suffisamment nettes pour déterminer leur nombre ainsi que la nature du dernier dépôt. D’autres structures histologiques comme la couche granulaire de la Tomes et la couche hyaline, à la jonction de la dentine et du cément, doivent normalement être bien identifiables. L’examen se fait en lumière « naturelle » (polarisée parallèle) puis en lumière polarisée (croisée) en utilisant aussi la lame d’onde λ pour mieux contraster la biréfringence des différents tissus. Les ZC apparaissent comme des bandes larges et claires et les annuli comme de fines lignes sombres. Lorsque l’ est partielle, les observations faites sur plusieurs ROI d’une ou plusieurs lames minces issues de la même dent peuvent être comparées afin de compléter le tableau et reconstituer ainsi la dynamique générale des marques de croissance. Sur la I2 (individu 1), la couche de cément est morcelée par endroits par des microfissures transversales qui n’étaient pas visibles macroscopiquement. Sauf dans quelques zones où apparaît du cément mixte le CAFE présente une épaisseur générale régulière. Du point de vue taphonomique, les tissus n’ont subi aucune altération microbienne mais le cément est de couleur rouge-orangée, avec une teinte plus sombre pour les incréments les plus externes. Cette coloration d’origine probablement minéralogique (fer?) obscurcit la lecture des bandes saisonnières, même sur les sections les plus fines. Les marques de croissance sont plus nettes dans les sections prélevées au niveau du premier quart cervical de la racine mais les premiers dépôts sont difficiles à identifier. D’après les recoupements de diverses observations sur tout le périmètre de la racine, au moins quatre ZC d’épaisseur à peu près égale se succèdent. Même si le manque de clarté et des effets optiques de bordure ne permettent pas de préciser si un annulus constitue le dépôt final, la dernière ZC paraît complète (figure 8c). La première incisive de l’individu 2 présente des altérations importantes qui correspondent à des destructions focales post-dépositionnelles d’origine microbienne (MFD : microbial focal destruction ; cf. HACKETT 1981 ; HEDGES et alii 1995 ; GEUSA et alii 1999). La dentine est par endroits complètement déstructurée par des faisceaux de tunnels linéaires produites par des activités bactériennes ou fongiques. Comme dans l’incisive précédente, le cément est fortement teinté rouge-orangé avec un dégradé de plus en plus foncé vers la partie externe. Malgré ces altérations sévères, quelques ROI ont pu être trouvées. Au moins cinq ZC ont été identifiées sur plusieurs d’entre elles, avec des limites intérieures et extérieures du cément bien définies, ce qui indique une bonne conservation du CAFE sur toute son épaisseur. Les premières bandes ne sont pas facilement repérables mais les deux dernières le sont, avec un dernier dépôt correspondant à une ZC complète voire à un annulus (figure 8d). Sur les deux incisives analysées, seule la I1 a présenté des altérations microbiennes. Le cément des deux incisives a subi une coloration post-dépositionnelle qui masque partiellement les incréments finaux. Néanmoins, quelques informations ont pu être extraites des observations microscopiques. Chez les deux individus adultes de la fosse FS 1253, la dernière couche à s’être déposée est une zone de croissance rapide complète voire un annulus. Il existe à ce jour très peu d’études sur la cémentogenèse des bovins domestiques, et encore moins sur le calendrier des rythmes de croissance du cément (GRUE, JENSEN 1979). Les travaux de Klevezal et Pucek (1987) sur des bisons européens, des hybrides bisons-bovins et quelques bovins domestiques d’âge et de date de mort connus suggèrent que les annuli se forment à la fin de l’automne et en hiver, précisément entre octobre et février, dans la région de Pologne où ont vécu ces animaux, autour de la latitude 52°N. Puisque la latitude semble être un facteur déterminant dans la séquence chronologique de la formation du cément (SAXON, HIGHAM 1969 ; PIKE-TAY 1991), ces données peuvent être retenues pour la population bovine du site de Palaiseau « les Trois Mares » qui est situé un peu plus au sud (environ 49°N) que les populations polonaises. Ainsi, nous pouvons estimer que ces deux animaux ont été abattus soit à la fin de l’automne, soit en hiver. La précision de l’estimation est trop large pour démontrer qu’ils ont été abattus simultanément, mais la similitude des résultats obtenus dans un contexte où leurs ossements étaient en étroite association plaide pour cette hypothèse. La cémentochronologie est une méthode qui permet également de déterminer l’âge des animaux. La première couche de CAFE se dépose au cours de l’éruption de la dent, avant que les racines soient complétement formées (MILLS, IRVING 1969 ; PIKE-TAY 1991). D’après les données recueillies par I. A. Silver (1969) sur les dates d’éruption dentaire des bœufs de races modernes, la première incisive sort un peu avant l’âge de 2 ans, la I2 entre 30 et 36 mois, la M2 entre 15 et 18 mois et la M3 après 2 ans. Cette chronologie est variable selon les populations mais concorde parfaitement avec celle établie par les travaux de Brown et ses collaborateurs à partir d’animaux d’âges connus et de diverses races domestiques (BROWN et alii 1960). À l’aide de ces données, les estimations suivantes peuvent être proposées pour les individus étudiés : - individu 1 de la fosse FS 1253 : au moins 4 ans (nombre de ZC observés) + 3 ans (âge d’éruption complète) = 7 ans ou un peu plus ; - individu 2 de la fosse FS 1253 : au moins 5 ans + 2 ans = 7 ans ou un peu plus. Ces âges minimums sont en adéquation avec les âges estimés pour les vaches à partir du degré d’usure dentaire (6-10 ans et 8-10 ans respectivement). Cette première étude montre à la fois tout le potentiel et les limites de la cémentochronologie pour l’étude des saisons d’abattage des bovins. D’après la longueur des os métapodiens, les deux vaches auraient une hauteur au garrot moyenne estimée entre 112 et 113 cm pour la vache 1 et entre 114 et 116 cm pour la vache 2 (figure 9). Ces valeurs sont comparables aux moyennes observées chez les bovins dans le nordouest de la Gaule à La Tène finale (DUVAL et alii 2012). Localement, les données obtenues sur les os métacarpiens sont comparables à celles des vaches des sites de Souppes-sur-Loing « à l’Est de Beaumoulin », Seine-et-Marne (SÉGUIER, AUXIETTE 2006), de Varennes-surSeine « le Marais du Pont » et « la Justice », en Seine-et-Marne (HORARD-HERBIN 1996, 2000 ; AUXIETTE 2013), de Nanterre « les Guignons » et « avenue Jules Quentin », Hauts-deSeine (AUXIETTE 1998 ; AUXIETTE 2006) et de Wissous « zone sud-ouest de l’aéroport d’Orly », Essonne (AUXIETTE 2018). D’après ces mesures, la vache 2 serait un peu plus grande que la vache 1 (figure 10). De même, le veau 3 serait un peu plus grand que le veau 4. Une étude paléogénomique a été entreprise afin de caractériser l’identité génétique des bovins mis en évidence sur le site de Palaiseau « les Trois Mares ». Les objectifs étaient de mieux connaître les caractères des bovins à l’âge du Fer dans le Bassin parisien, d’établir leur spécificité génétique par rapport à des bovins d’autres régions et époques ainsi que d’éventuels liens de parenté entre les quatre individus, les deux vaches adultes et les deux veaux et, finalement, de déterminer le sexe des veaux. Dans un premier temps, l’équipe « Epigénome et Paléogénome » de l’Institut Jacques Monod a analysé des os longs des quatre bovins selon des procédures publiées auparavant (GORGÉ et alii 2016). Après extraction et purification de l’ADN, une approche quantitative d’analyse ciblée par réaction de polymérisation en chaîne (PCR) a été poursuivie (PRUVOST, GEIGL 2004). Cette approche est très puissante et adaptée à l’analyse de l’ADN ancien très dégradé. En effet, l’ADN préservé dans des vestiges archéologiques, appelé ADN ancien, est dégradé par des processus biologiques et chimiques ayant lieu après la mort de l’organisme, la conséquence en étant que les molécules d’ADN sont très fragmentées, certaines bases nucléotidiques chimiquement modifiées et la quantité d’ADN ancien est extrêmement réduite (PÄÄBO 1989). Ceci constitue un défi méthodologique qui nécessite un grand nombre d’adaptation des méthodes de la biologie moléculaire. Souvent, l’ADN dans les ossements archéologiques est trop dégradé pour pouvoir être analysé. La faible quantité des molécules d’ADN ancien rend son analyse sensible à la contamination par des molécules d’ADN moderne ce qui pose un problème particulier pour l’analyse des ossements bovins car les réactifs utilisés pour analyser l’ADN sont souvent contaminés par de l’ADN de bovins actuels (CHAMPLOT et alii 2010). Pour cette raison, il fallait développer des méthodes qui minimisent les résultats erronés due à la contamination avec l’ADN moderne (Ibid.). Ces méthodes ont été utilisées pour l’analyse paléogénétique de la région hypervariable de l’ADN mitochondrial des quatre bovins de Palaiseau « les Trois Mares ». L’ADN mitochondrial est le génome présent dans des organites des cellules produisant l’énergie pour la cellule. Chaque cellule portant plusieurs dizaines de ces organites et chacun hébergeant un à dix molécules d’ADN, la probabilité que ces molécules soient préservées dans des ossements archéologiques est plus élevée que pour l’ADN nucléaire dont seulement deux copies sont présentes dans le noyau de chaque cellule.
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French-Science-Pile
Open Science
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Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 14. AU SERVICE DES CITOYENS L’accessibilité financière de l’éducation 14.9. Dépenses privées en matière d’enseignement (2013) Préprimaire % 100 Primaire, secondaire et post-secondaire (non supérieur) Enseignement supérieur 90 80 70 60 50 40 30 20 10 L CR I LT U RU S CO N US A CH L AU S IS R NZ L CA N GB R PR T HU N IT A M EX LV A ES OC P DE NL D SV K CZ E IR L FR A TU R PO L ES T DE U SV N BE L SW E IS L DN K AU T NO R FI N LU X JP KO R 0 Source : oCde (2016), Regards sur l’éducation 2016, tableaux b3.1 et C2.3. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540408 14.10. Taux de scolarisation aux âges de 3 et 4 ans dans des structures d’éducation de la petite enfance et d’enseignement primaire (2014) Taux d’inscription à l’âge de 3 ans dans des structures d’éducation de la petite enfance Taux d’inscription à l’âge de 4 ans dans des structures d’éducation de la petite enfance et d’enseignement primaire % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 A CR I LT U RU S BR IR L GR C M EX US A TU R CH E E N SV K PO L CH L FI FR CZ A BE L IS R DN K ES P NO R DE U SW E IT A KO R NZ L LV A GB R SV N JP N NL D HU N PR OC T DE AU T AU S LU X 0 Source : oCde (2016), Regards sur l’éducation 2016, tableau C2.1. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540427 14.11. Taux de première inscription dans l’enseignement supérieur (2014) Taux de première inscription dans l’enseignement supérieur En excluant les étudiants internationaux Moins de 25 ans uniquement (hors étudiants internationaux) % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 L LT U CO X EX N LU M IT A HU FI N US A IS R AU T CZ E OC DE BE L PR T DE U SW E GB R SV K R CH E JP N PO L ES P SV N NL D L IS NO K CH L DN R TU NZ L 0 Source : Regards sur l’éducation 2016, graphique C3.1 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540446 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 243 14. AU SERVICE DES CITOYENS Accès aux services juridiques et judiciaires l’accès égal de tous aux services juridiques et judiciaires est une condition essentielle pour un bon fonctionnement de l’état de droit. Cette égalité d’accès est également évoquée dans le cadre des objectifs de développement durable fixés à l’horizon 2030 (odd n° 16). les enquêtes en population offrent des indications utiles pour évaluer les obstacles qui entravent l’accès aux démarches juridiques et à l’assistance correspondante. toutefois, il faut interpréter les données qui suivent avec prudence, car elles se fondent sur un nombre limité de répondants, peuvent subir l’influence de biais culturels et n’ont été recueillies qu’en zone urbaine. Pour mieux étudier l’accès des citoyens à la justice, il serait important d’améliorer la qualité des données qui sont tirées des enquêtes en population et des sources administratives. les données disponibles semblent montrer que les besoins juridiques non satisfaits peuvent être coûteux pour les individus, les collectivités et les économies. un tiers environ des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête en population générale réalisée par le World Justice Project en 2016 ont indiqué avoir été parties à un différend au cours des 12 mois précédents. Parmi ces individus, 38 % environ, en moyenne de la zone oCde, avaient pris des mesures pour régler ce différend. au sein de la zone oCde, les habitants qui s’étaient abstenus de prendre de telles mesures ont justifié leur choix, le plus souvent, en indiquant que le différend s’était rapidement réglé sans heurts, ou qu’ils n’en avaient pas ressenti le besoin. environ 26 % d’entre eux ont indiqué s’être abstenus en raison d’un manque de confiance à l’égard des mécanismes de règlement des litiges de leur pays. environ 23 % ont invoqué l’existence d’entraves, y compris d’ordre financier, et un manque d’information et de connaissances sur les procédures. toujours d’après la même enquête en population générale, environ 31 % des individus de la zone oCde avaient bénéficié d’une assistance et de conseils juridiques pour régler leur différend. Cette assistance pouvait être assurée par un large éventail d’intervenants, y compris des avocats ou des services officiels, entre autres. le simple fait d’avoir bénéficié d’une assistance juridique ne signifiait pas nécessairement que les personnes interrogées avaient pris des mesures pour régler leurs différends. dans la plupart des pays de l’oCde, les habitants qui s’étaient abstenus de solliciter une assistance juridique ont justifié leur choix, le plus souvent, en indiquant qu’ils n’avaient pas jugé que des conseils juridiques étaient nécessaires. environ 16 % des personnes interrogées au sein de la zone oCde ont invoqué des entraves d’ordre financier. C’est en allemagne et en turquie que ce pourcentage était le plus bas, et en Corée qu’il était le plus élevé. Par ailleurs, environ 12 % des personnes interrogées au sein de la zone oCde ont invoqué leur méconnaissance des interlocuteurs à contacter pour obtenir une assistance juridique. enfin, certains répondants ont indiqué ne pas avoir cherché à obtenir une assistance juridique parce qu’ils ne faisaient pas confiance aux avocats, parce qu’ils les considéraient comme inefficaces ou pour d’autres raisons encore. Méthodologie et définitions les données proviennent d’une enquête en population générale du World Justice Project (2016). les réponses ont été fournies par un échantillon probabiliste de 1 000 répondants des trois plus grandes villes de chaque pays. les répondants (qui comptaient autant de femmes que d’hommes) ont été interrogés en face à face ainsi qu’en ligne. les intervalles de confiance de 95% sont fourni dans les H. les différends englobent tous les différends qu’un ménage ou un individu a pu avoir avec des parents, des individus, d’autres ménages ou les autorités au cours des 12 derniers mois. il peut s’agir de différends fonciers, de différends administratifs, de cas de divorce/ séparation, de violence domestique, de questions d’héritage, de différends au travail ou de tout autre type de différend. Ces différends peuvent relever de la compétence des tribunaux, de la police, des autorités ou de tout autre organisme. l’assistance juridique correspond aux conseils juridiques ou à l’aide obtenus auprès d’une autre personne ou d’un autre groupe, tel qu’un responsable local, un avocat ou un membre du personnel parajuridique. les entraves correspondent aux cas dans lesquels les personnes interrogées ont indiqué n’avoir pas pris de mesure parce qu’elles ne savaient pas quoi faire ni où s’adresser, parce que la personne susceptible de les aider était trop loin, parce que le coût aurait été trop élevé ou parce que les tribunaux étaient trop lents. les personnes interrogées avaient le choix entre les réponses suivantes : « Je ne pensais pas avoir besoin de conseils », « Je ne pensais pas avoir les moyens financiers d’obtenir des conseils juridiques » et « Je ne savais pas à qui m’adresser ». les données relatives au thème « accès à la justice et aux mécanismes alternatifs de règlement des litiges (indicateurs composites) » sont disponibles en ligne (voir annexe F). Pour en savoir plus sur la méthodologie sous-jacente, veuillez consulter le site http://worldjusticeproject.org/ rule-of-law-index. Pour en savoir plus World Justice Project (2016), The Rule of Law Index 2016, World Justice Project, Washington. Notes relatives aux graphiques les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les statslinks. la France émet des réserves sur l’utilisation d’une seule source, le World Justice Project, qui repose sur un nombre limité de répondants et ne permet pas de refléter la situation objective en matière d’accès et de qualité des services judiciaires. 244 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 14. AU SERVICE DES CITOYENS Accès aux services juridiques et judiciaires 14.13. Pourcentage d’individus ayant pris des mesures et ayant bénéficié d’une assistance juridique pour résoudre un différend au cours des 12 derniers mois (2016) Pourcentage d’individus ayant pris toute mesure pour résoudre un différend % 70 Pourcentage d’individus ayant bénéficié d’une assistance juridique 60 50 40 30 20 10 F ZA S RU D IN L CO N N JP CH R KO R A FR TU U L PO DE L BE DE OC E SW R P ES GB S AU D NL US A 0 Source : World Justice Project, enquête en population générale 2016. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540465 14.14. Motifs invoqués par les individus n’ayant pas pris de mesure pour résoudre un différend (2016) % 70 Différend résolu sans heurts / pas de nécessité de prendre des mesures Défiance à l’égard du mécanisme Entrave Autres 60 50 40 30 20 10 F ZA S RU D IN L CO N CH S AU L BE D NL A R KO FR U DE A US E SW P ES DE R GB OC N JP L PO TU R 0 Source : World Justice Project, enquête en population générale 2016. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540484 14.15. Trois principaux motifs invoqués par les individus n’ayant pas cherché à bénéficier d’une assistance juridique pour résoudre un différend (2016) Pas nécessaire % 90 Pas abordable Méconnaissance des interlocuteurs à contacter 80 70 60 50 40 30 20 10 F ZA S RU D IN L N CH CO R KO D NL A FR L P ES BE S AU R GB DE OC U DE A US N E SW JP L PO TU R 0 Source : World Justice Project, enquête en population générale 2016. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540503 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 245 14. AU SERVICE DES CITOYENS La réactivité des systèmes de santé face aux besoins des patients dans tous les pays de l’oCde, la prestation de soins de santé réactifs et axés sur le patient occupe une place grandissante au sein des politiques de santé. les pays sont de plus en plus nombreux à recueillir des éléments de mesure de l’expérience déclarée par les patients (Prem) et des résultats déclarés par les patients (Prom), dans le cadre d’une transition consistant à se détourner d’un modèle de gestion des ressources sanitaires axé sur le volume en faveur d’un modèle axé sur la valeur (institut canadien d’information sur la santé, 2015). de longs délais d’attente suscitent un mécontentement chez les patients, parce qu’ils repoussent à plus tard les bénéfices attendus des traitements, et parce qu’ils prolongent la douleur et l’incapacité liées à la maladie. de tels délais peuvent aussi avoir des répercussions sanitaires néfastes, lorsqu’une prise en charge pourtant nécessaire tarde à être assurée. les délais d’attente résultent d’une interaction complexe entre l’offre et la demande de services de santé. la demande est déterminée par l’état de santé de la population, les préférences des patients et l’étendue de la prise en charge des frais de santé par la collectivité. de longs délais d’attente peuvent résulter d’une pénurie de personnel médical ou infirmier dans l’ensemble du pays ou dans certaines régions, mais ils peuvent aussi parfois s’expliquer par une mauvaise organisation du travail ne permettant pas de faire face aux demandes de soins (siciliani et al., 2013). dans le cadre de l’enquête internationale 2016 du Commonwealth Fund sur les politiques de santé, qui a été menée auprès de 11 pays de l’oCde, moins du tiers des habitants de l’australie, de la nouvelle-Zélande et des Paysbas interrogés indiquaient ne pas avoir pu obtenir un rendezvous le jour même ou le lendemain avec leur médecin habituel ou un autre médecin la dernière fois qu’ils avaient eu besoin de consulter. Cette proportion passait à au moins la moitié des personnes interrogées au Canada et en norvège. or, des délais d’attente plus longs peuvent conduire à une aggravation des problèmes de santé des patients et aboutir à un recours accru aux urgences hospitalières, ce qui entraîne des coûts plus élevés. au Canada, plus de 40 % des personnes interrogées déclaraient avoir recouru aux urgences hospitalières au cours des deux années précédentes, ce qui correspondait au pourcentage le plus élevé des onze pays couverts par l’enquête. indiquaient avoir dû attendre plus de deux mois avant d’obtenir un tel rendez-vous. Cette proportion s’échelonnait entre moins de 10 % en allemagne, aux États-unis, en France, aux Paysbas et en suisse et environ 30 % au Canada et en norvège. or, de tels délais d’attente peuvent retarder l’établissement d’un diagnostic précis et le début du traitement requis. s’agissant de la communication et de l’interaction avec leur médecin habituel, les patients se déclaraient généralement satisfaits. moins de 20 % des personnes interrogées en australie, en nouvelle-Zélande, aux Pays-bas, au royaume-uni et en suisse déclaraient que leur médecin habituel ne leur consacrait pas suffisamment de temps pendant les consultations ou ne leur fournissait pas d’explications formulées dans un langage clair et compréhensible. Cette proportion était légèrement plus élevée en France et en suède, et elle augmente depuis 2013. diverses caractéristiques et politiques des systèmes de santé peuvent influer sur le comportement des médecins à l’égard des patients et, donc, sur l’expérience vécue par ces derniers ; on peut notamment citer l’organisation de la prestation des soins de santé, les modes de rémunération et les politiques médico-juridiques visant à protéger les intérêts des patients. Méthodologie et définitions les données proviennent de l’enquête internationale 2016 du Commonwealth Fund sur les politiques de santé, qui couvre 11 pays de l’oCde. les données ont été recueillies dans chaque pays au moyen d’enquêtes téléphoniques réalisées du mois de mars au mois de juin 2016 auprès d’échantillons représentatifs à l’échelon national de personnes âgées d’au moins 18 ans. les échantillons nationaux comptaient, en définitive, entre 1 000 et 7 124 individus. les données ont été pondérées afin d’assurer des résultats finals représentatifs de la population adulte de chaque pays. Pour en savoir plus il existe également d’importantes différences au niveau des délais d’attente selon le revenu. dans tous les pays de l’oCde (sauf les Pays-bas), les personnes dotées de faibles revenus faisaient état de délais d’attente plus longs pour accéder aux soins dont elles avaient besoin. en allemagne et au Canada, plus de 35 % des personnes interrogées dotées de faibles revenus déclaraient avoir dû attendre au moins six jours pour obtenir un rendez-vous chez le médecin la dernière fois qu’elles avaient eu besoin de soins, alors que le pourcentage était de 27 % pour les personnes dotées de revenus plus élevés. iCis – institut canadien d’information sur la santé (2015), « les temps d’attente pour les interventions prioritaires au Canada », ottawa. Pour les rendez-vous chez les médecins spécialistes, les délais d’attente variaient là encore beaucoup selon les pays. en moyenne, 14 % des habitants de la zone oCde interrogés Notes relatives aux graphiques 246 Commonwealth Fund (2016), « 2016 international Health Policy survey in eleven Countries », novembre 2016. siciliani, l., m. borowitz et V. moran (2013), Waiting Time Policies in the Health Sector: What Works?, Études de l’oCde sur les politiques de santé, oCde, Paris. les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les statslinks. Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 14. AU SERVICE DES CITOYENS La réactivité des systèmes de santé face aux besoins des patients 14.17. Pourcentage de patients n’ayant pas obtenu de rendez-vous le jour même ou le lendemain auprès de leur médecin habituel ou d’un autre médecin la dernière fois qu’ils ont eu besoin de consulter (2016) 14.18. Pourcentage de patients ayant dû attendre au moins six jours pour obtenir un rendez-vous auprès de leur médecin habituel ou d’un autre médecin la dernière fois qu’ils ont eu besoin de consulter, en fonction du niveau de revenu (2016) CAN Ensemble des autres adultes Adultes à faibles revenus NOR DEU DEU CAN FRA USA CHE SWE USA NOR GBR FRA SWE GBR OCDE OCDE AUS CHE NZL AUS NLD 0 10 20 30 40 50 60 % Source : enquête internationale 2016 du Commonwealth Fund sur les politiques de santé. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540522 14.19. Pourcentage de patients ayant dû attendre au moins deux mois pour obtenir un rendez-vous chez un médecin spécialiste (2016) NZL NLD 0 FRA NOR SWE NZL NOR GBR CAN SWE USA OCDE OCDE AUS DEU CHE GBR NLD CHE USA NZL FRA AUS DEU NLD 10 20 30 40 50 60 Source : enquête internationale 2016 du Commonwealth Fund sur les politiques de santé 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540560 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 20 30 40 50 60 14.20. Pourcentage de patients considérant que, souvent, leur médecin habituel leur consacre trop peu de temps ou ne leur fournit pas d’explications claires (2016) CAN 0 10 Source : enquête internationale 2016 du Commonwealth Fund sur les politiques de santé 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540541 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Source : enquête internationale 2016 du Commonwealth Fund sur les politiques de santé 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540579 247 14. AU SERVICE DES CITOYENS La réactivité des systèmes éducatifs face aux besoins des élèves dans tous les pays de l’oCde, les systèmes éducatifs s’emploient à répondre aux besoins d’élèves présentant des profils divers sur le plan du milieu social, du niveau de revenus et des conditions de vie. la réactivité des systèmes éducatifs peut s’apprécier à trois échelons différents : au niveau du système éducatif, à celui des établissements d’enseignement et à celui des enseignants. au niveau du système éducatif, l’indice de pénurie de supports pédagogiques fournit des renseignements précieux. l’édition 2015 de l’enquête Pisa montre l’existence d’une association négative entre le manque de supports pédagogiques ou leur qualité médiocre et les résultats des élèves. au sein de la zone oCde, les pénuries de supports pédagogiques sont particulièrement importantes en Hongrie, en italie et au Japon, et c’est en australie, au Canada et en islande qu’elles sont les plus faibles. toutefois, il est à noter que ces données sont issues d’enquêtes d’opinion, et que l’appréciation de ce qui constitue une pénurie peut varier selon les pays. en moyenne, la pénurie de supports pédagogiques pèse davantage sur la possibilité d’assurer une instruction dans les établissements des zones socioéconomiquement défavorisées et rurales que dans les établissements des zones favorisées et urbaines. au niveau des établissements d’enseignement, les programmes d’aide aux devoirs proposés dans les locaux de l’établissement peuvent offrir aux élèves des conditions leur permettant de finir leurs devoirs et de gagner en confiance, surtout s’agissant des élèves qui, sinon, ne participeraient pas à des programmes se déroulant après le temps scolaire. dans le cadre de l’édition 2015 de l’enquête Pisa, on a demandé pour la première fois aux chefs d’établissement si l’école mettait à la disposition de ses élèves une salle où faire leurs devoirs et des membres du personnel pouvant leur assurer une aide en la matière. sur l’ensemble de la zone oCde, environ trois élèves sont quatre sont inscrits dans des établissements où une salle est mise à leur disposition pour qu’ils fassent leurs devoirs, et trois élèves sur cinq fréquentent des établissements où des membres du personnel sont à leur disposition pour leur assurer une aide en la matière. au Japon, au luxembourg et au royaume-uni, au moins 95 % des élèves de 15 ans ont accès à une salle pour faire leurs devoirs à l’école ; en Grèce, au mexique et en république slovaque, ce pourcentage est inférieur à 50 %. au danemark, aux États-unis, au luxembourg, au royaume-uni et en suède, plus de 90 % des élèves fréquentent des établissements où des membres du personnel sont à leur disposition pour les aider à faire leurs devoirs ; en autriche et en italie, c’est le cas de moins de 30 % des élèves. au niveau des enseignants, des méthodes pédagogiques et d’instruction pertinentes jouent un rôle crucial s’agissant d’intéresser les élèves à divers thèmes, d’améliorer leurs résultats et d’enrichir leurs acquis. en moyenne de la zone oCde, 45 % des élèves indiquent que leurs enseignants adaptent de nombreuses leçons, ou toutes les leçons ou presque, aux besoins et aux connaissances de la classe, et 48 % indiquent que leurs enseignants fournissent une aide individuelle aux 248 élèves qui ont du mal à comprendre un sujet ou une tâche. les méthodes d’enseignement qui s’adaptent à l’élève sont positivement corrélées aux résultats scolaires en sciences. Méthodologie et définitions Pour tous les graphiques, les données sont tirées de l’enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) 2015, dans le cadre de laquelle ont été évaluées les compétences des jeunes de 15 ans en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences (l’accent étant mis sur les sciences) dans 72 pays et économies. 14.21. l’indice de pénurie de supports pédagogiques a été calculé à partir des réponses fournies par les chefs d’établissement, qui étaient invités à indiquer dans quelle mesure (pas du tout, très peu, dans une certaine mesure ou beaucoup) la capacité de leur établissement à assurer une instruction était entravée par une pénurie ou une inadaptation au niveau des infrastructures physiques telles que les bâtiments, les systèmes de chauffage et de refroidissement et les espaces d’enseignement ; et au niveau des supports pédagogiques tels que les manuels, les équipements de laboratoire, les supports d’instruction et les ordinateurs. une valeur positive signifie que les chefs d’établissement considèrent plus que la moyenne oCde que la capacité à assurer une instruction est entravée par une pénurie de supports pédagogiques ; une valeur négative signifie que les chefs d’établissement considèrent moins que la moyenne oCde que la capacité à assurer une instruction est entravée par une telle pénurie. 14.22. le profil socioéconomique est mesuré par l’indice Pisa de statut économique, social et culturel (sesC). 14.23. porte sur les méthodes d’instruction signalées par les élèves comme étant suivies par leurs enseignants pour de nombreuses leçons ou pour toutes les leçons ou presque. Pour en savoir plus oCde (2016), Résultats du PISA 2015 (Volume II) : Politiques et pratiques pour des établissements performants (version française à paraître), Éditions oCde, Paris, http://dx.doi. org/10.1787/9789264267510-en. Notes relatives aux graphiques les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les statslinks. informations sur les données concernant israël : http://dx.doi.org/ 10.1787/888932315602. Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 14. AU SERVICE DES CITOYENS La réactivité des systèmes éducatifs face aux besoins des élèves 14.21 Indice de pénurie de supports pédagogiques (2015) Index score 1 0.8 0.6 0.4 0.2 0 -0.2 -0.4 -0.6 -0.8 A CO L CR I ID N LT U PE R RO M RU S BR JP N IT A HU N M EX IS R KO R GR C IR L ES P TU R BE L PR T FI N DE U SV K ES T GB OC R DE NO R NZ L CZ E LU X FR A LV A NL D DN K AU T SW E SV N CH L US A PO L CH E AU S IS L CA N -1 Source : oCde, base de données Pisa 2015, tableau ii.6.2. 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540598 14.22. Pourcentage d’élèves inscrits dans des établissements où les formes suivantes d’aide aux devoirs sont fournies (2015) Salle(s) où les élèves peuvent faire leurs devoirs % 100 Membres du personnel pouvant assurer une aide aux devoirs 90 80 70 60 50 40 30 20 10 A CO L CR I ID N LT U PE R RO M RU S BR LU X GB R JP N DN K NZ L FR A SW E CA N AU S BE L IR L SV N NL D PR T KO R US A CH E CH L PO L IS OC L DE DE U ES P LV A AU T NO R HU N ES T CZ E IT A FI N IS R TU R M EX SV K GR C 0 Source : oCde, base de données Pisa 2015, tableau ii.2.46 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540617 14.23. Pourcentage d’élèves indiquant que leur enseignant adapte son enseignement pour de nombreuses leçons de sciences, ou pour toutes les leçons de sciences ou presque (2015) L’enseignant adapte la leçon aux besoins et aux connaissances de ma classe L’enseignant fournit une aide individuelle quand un élève a du mal à comprendre un sujet ou une tâche % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 A CO L CR I LT U RU S BR IS R LU X FI N CZ E SV K NL D ES T BE L IT A HU N DE U IR L AU T IS L PO L FR A PR T LV A DN K M EX JP N CH L CA N NZ L NO R AU S KO R TU R ES P US A SW E GB R CH OC E DE GR C 0 Source : oCde, base de données Pisa 2015, tableau ii.2.22 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540636 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 249 14. AU SERVICE DES CITOYENS La rapidité des services de justice civile l’inaptitude à assurer une réponse efficace et rapide aux besoins d’ordre juridique peut restreindre l’accès aux ressources économiques, renforcer le piège de la pauvreté et empêcher les individus d’exprimer leur potentiel. la réduction de la durée des procédures judiciaires civiles constitue une priorité pour un certain nombre de pays de l’oCde et de pays partenaires. les dernières données disponibles montrent que le délai estimatif de traitement des affaires civiles, commerciales, administratives et autres affaires non pénales s’est globalement amélioré entre 2010 et 2014 dans les pays de l’oCde/ue couverts par l’évaluation de la CePeJ. toutefois, on constate d’importants écarts selon les pays. en 2014, ce délai estimatif était inférieur à 40 jours au danemark et en estonie, alors qu’en 2012 (dernière année disponible pour ces deux pays), il était supérieur à deux ans au Portugal et supérieur à 18 mois en Grèce. si l’on s’intéresse uniquement aux procédures contentieuses civiles et commerciales telles que, par exemple, les procédures contentieuses en matière de divorce ou en matière contractuelle, des progrès ont également été réalisés sur le plan de la durée des procédures, mais d’importants écarts persistent entre les pays. en 2014, la durée estimative des procédures était inférieure à 6 mois en autriche, au danemark, en estonie, en Hongrie, au luxembourg, aux Pays-bas, en république tchèque et en suède, alors qu’elle était supérieure à un an en italie et en république slovaque. Pour les affaires administratives, la durée estimative des procédures est généralement plus longue que pour les procédures contentieuses civiles et commerciales. Cette durée varie entre moins de 4 mois en slovénie et en suède, plus de 4 ans en Grèce et plus de 2 ans et demi en italie, pour la dernière année disponible. d’importants progrès ont été réalisés s’agissant de la durée des procédures d’ordre administratif en lettonie et au royaume-uni, tandis que la situation s’est dégradée en république slovaque. Pour offrir des services réactifs en matière de justice civile, il faut non seulement assurer des procédures rapides, mais aussi fournir un éventail de services adaptés aux besoins et aux capacités des individus, y compris en recourant à des dispositifs spéciaux pour les justiciables les plus vulnérables, mais aussi en proposant toute une gamme de mécanismes alternatifs de règlement des litiges. la durée des procédures correspond au délai estimatif nécessaire pour qu’une affaire soit tranchée par le tribunal, c’est-à-dire au délai nécessaire au tribunal pour arriver à une décision en première instance. on obtient cette durée en divisant le nombre d’affaires pendantes à la fin de la période considérée par le nombre d’affaires résolues au cours de la même période, puis en le multipliant par 365. Cet indicateur ne correspond pas à une estimation du délai moyen de traitement d’une affaire, mais à une moyenne théorique de la durée d’une affaire au sein d’un système spécifique. s’agissant d’interpréter les comparaisons internationales, la prudence s’impose, car il peut y avoir des différences, d’un pays à l’autre, au niveau des affaires et des types de tribunaux couverts, ainsi qu’au niveau de la collecte ou de la classification des données. de plus, pour établir avec exactitude la durée moyenne des procédures, il serait nécessaire de disposer de données relatives à la durée effective des affaires issues de systèmes informatiques fonctionnels. des notes détaillées relatives aux graphiques peuvent être consultées en ligne : http://ec.europa.eu/ justice/effective-justice/scoreboard/index_en.htm. dans le cadre de la méthodologie de la CePeJ, on englobe toutes les affaires civiles et commerciales, contentieuses comme non contentieuses, les affaires non contentieuses portant sur l’inscription à des registres (y compris les registres fonciers et les registres du commerce), les autres affaires non contentieuses, les affaires de droit administratif et les autres affaires non pénales. le contentieux civil (et commercial) correspond aux litiges opposant des parties – au sujet d’un contrat, par exemple. en revanche, les affaires civiles (et commerciales) non contentieuses portent sur des procédures – injonctions de paiement, par exemple – non contestées. les affaires commerciales relèvent de la compétence de juridictions commerciales spécialisées dans certains pays, et des juridictions ordinaires (civiles) dans d’autres. le contentieux d’ordre administratif oppose les citoyens aux autorités locales, régionales ou nationales. les affaires administratives relèvent de la compétence de juridictions administratives spécialisées dans certains pays, et des juridictions ordinaires (civiles) dans d’autres. Pour en savoir plus Méthodologie et définitions les chiffres sont tirés du tableau de bord 2016 de la justice dans l’union européenne et se fondent sur l’évaluation des systèmes judiciaires réalisée par la CePeJ en 2016. les pays sont rangés par ordre croissant de délai nécessaire, en nombre de jours, lors de la dernière année disponible. CePeJ (2016), « systèmes judiciaires européens : efficacité et qualité de la justice », Études de la CePeJ n° 23, http://www. coe.int/T/dghl/cooperation/cepej/default_fr.asp Notes relatives aux graphiques les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les statslinks. 250 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 14. AU SERVICE DES CITOYENS La rapidité des services de justice civile 14.24. Délai de résolution des affaires civiles, commerciales, administratives et autres (première instance, en nombre de jours, 2010-14) 2010 2012 2014 Jours 1 200 1 000 800 600 400 200 M RO LT U T PR C A FR GR P ES IT A K SV LV A E N FI CZ N SV E D NL SW N HU L T AU PO T ES DN K 0 Source : tableau de bord de la justice dans l’ue, d’après l’étude n° 23 de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CePeJ, 2016). 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540655 14.25. Délai de résolution des affaires contentieuses civiles et commerciales (première instance, en nombre de jours, 2010-14) 2010 2012 2014 Jours 700 600 500 400 300 200 100 M RO LT U IT A K SV A FR T C GR PR P ES FI N LV A N SV L DE PO U K E CZ DN E N HU SW D T AU NL T ES LU X 0 Source : tableau de bord de la justice dans l’ue, d’après l’étude n° 23 de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CePeJ, 2016). 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540674 14.26. Délai de résolution des affaires administratives (première instance, en nombre de jours, 2010-14) 2010 2012 2014 Jours 2 500 2 000 1 500 1 000 500 M RO LT U C GR L BE IT A E K SV CZ P ES U DE N FI A D NL FR R GB LV A N HU T ES X L PO LU E SW SV N 0 Source : tableau de bord de la justice dans l’ue, d’après l’étude n° 23 de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CePeJ, 2016). 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540693 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 251 14. AU SERVICE DES CITOYENS La qualité des soins de santé Chaque jour, les prestataires de soins de santé doivent prendre en charge un large éventail de problèmes de santé, parmi lesquels les maladies infectieuses, les maladies chroniques et les maladies et blessures mettant en jeu la vie du patient. les maladies cardiovasculaires (y compris les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, entre autres) et les différents types de cancers font partie des problèmes de santé les plus répandus et les plus graves au sein de la zone oCde. il s’agit, de loin, des deux principales causes de décès dans les pays de l’oCde : les différentes maladies cardiovasculaires et les différents types de cancers sont à l’origine, respectivement, d’environ le tiers et le quart de l’ensemble des décès. s’il est peut-être possible de réduire la survenance des problèmes cardiovasculaires et des cancers en redoublant d’efforts de prévention (dans le cadre de la lutte contre la consommation de tabac, par exemple), les systèmes de santé ont un rôle majeur à jouer dans la détection précoce de ces problèmes de santé et dans la fourniture rapide de traitements efficaces quand ces problèmes sont diagnostiqués. un bon indicateur de la qualité des soins aigus pour les patients ayant fait un infarctus aigu du myocarde (iam, crise cardiaque) est le taux de létalité calculé 30 jours après leur admission à l’hôpital. Cet indicateur reflète l’efficacité des processus de prise en charge (par exemple : transport rapide des patients à hôpital) et des interventions médicales et il varie d’un minimum d’environ 4% en australie et en suède, à un maximum de 28% au mexique. dans la plupart des pays (à l’exception du mexique), le taux de létalité des iam a baissé sur la dernière décennie, ce qui reflète une amélioration de la prise en charge par les services d’urgence en amont de l’arrivée du patient à l’hôpital et immédiatement après son admission. après le cancer du poumon, le cancer du sein représente la principale cause de décès liés au cancer pour les femmes. il est possible de réduire la mortalité liée au cancer du sein grâce à un diagnostic plus précoce et à des traitements plus efficaces. la proportion de femmes âgées de 50 à 69 ans ayant fait l’objet d’un dépistage au cours des deux à trois dernières années a progressé dans la plupart des pays de l’oCde sur la dernière décennie, mais elle reste faible dans plusieurs pays. en 2014, plus de 80 % des femmes de 50 à 69 ans avaient bénéficié d’un dépistage récent au danemark, aux États-unis, en Finlande, au Portugal et en slovénie. au mexique et en république slovaque, cette proportion était inférieure à 30 %, mais cela représentait néanmoins un net progrès en l’espace d’une décennie. la Corée et le Japon avaient eu aussi enregistré une augmentation substantielle de la proportion de femmes ayant bénéficié d’un dépistage du cancer du sein. sur la même période, les taux de mortalité du cancer du sein ont baissé d’environ 3.5 p.p., en moyenne, dans la zone oCde. Cette baisse reflète les progrès réalisés sur le plan de la détection et du traitement précoces de ce cancer. la mortalité a fortement diminué en nouvelle-Zélande, aux Pays-bas et en république tchèque, avec une baisse de plus de 6.6 p.p. en l’espace d’une décennie. le danemark faisait lui aussi état d’une baisse 252 considérable, mais continuait d’enregistrer en 2014 le taux de mortalité le plus élevé. À l’inverse, en Corée, au Japon et en turquie, les taux de mortalité du cancer du sein avaient augmenté en l’espace d’une décennie, mais continuaient de figurer parmi les taux les moins élevés de la zone oCde. Méthodologie et définitions le taux de létalité des iam correspond au pourcentage de patients âgés d’au moins 45 ans qui décèdent dans les 30 jours qui suivent leur hospitalisation pour un iam. les taux fondés sur des données d’admission font référence aux décès intervenus dans l’hôpital où le patient a été initialement admis. les admissions aboutissant à un transfert du patient ont été exclues pour tous les pays sauf l’australie, la belgique, le danemark, la Hongrie, l’irlande, israël, le Japon, le luxembourg, le mexique, les Pays-bas, la république slovaque et la suède. on aboutit généralement, avec cette exclusion, à un taux plus élevé que pour les pays qui n’excluent pas les transferts. les taux sont standardisés par rapport à l’âge et au sexe en fonction de la population des habitants de la zone oCde de 2010 âgés d’au moins 45 ans admis à l’hôpital pour un iam. les taux de dépistage se fondent sur des enquêtes ou des données relatives à des programmes, ce qui peut influer sur les résultats. les données d’enquête peuvent être faussées par un biais de mémorisation. les données relatives à des programmes sont souvent calculées dans une logique de suivi des programmes nationaux de dépistage, et des différences au niveau de la population cible et de la fréquence des dépistages peuvent entraîner des écarts selon les pays au niveau de la couverture du dépistage. les taux de mortalité proviennent de données brutes qui ont été extraites de la base de données de l’oms sur la mortalité en juin 2016 ; ils ont été standardisés par rapport à l’âge en fonction de la population de la zone oCde de 2010, afin de supprimer les écarts liés aux différences de structure d’âge entre les pays et au fil du temps. des données supplémentaires sur les taux de mortalité sont accessibles en ligne (voir annexe F). Notes relatives aux graphiques les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les statslinks. informations sur les données concernant israël : http://dx.doi. org/10.1787/888932315602. Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 14. AU SERVICE DES CITOYENS La qualité des soins de santé 14.27 Taux de mortalité trente jours après une admission à l’hôpital pour un IAM (2003, 2008 et 2013 ou années les plus proches) 2003 2008 2013 Taux pour 100 admissions standardisé par rapport à l’âge et au sexe, patients d’au moins 45 ans 35 30 25 20 15 10 5 NO R IS L LU X FR A SV K BE L NL D GB R CH E ES P OC DE KO R DE U PR T AU T ES T JP N HU N CH L LV A M EX E R IS CZ L N CA NZ L N FI IR A K DN IT A US AU S SW E PO L SV N 0 Source : statistiques de l’oCde sur la santé 2015, 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540712 14.28. Taux de dépistage (par mammographie) pour les femmes de 50 à 69 ans (2004 et 2014, ou années les plus proches) 2004 2014 PRT DNK FIN SVN USA ESP NLD IRL BEL GBR NOR NZL ISR KOR OCDE CZE LUX ISL EST POL ITA DEU AUS FRA GRC CAN CHE HUN JPN LVA CHL TUR SVK MEX 14.29. Taux de mortalité du cancer du sein chez les femmes (2004 et 2014 ou années les plus proches) 2004 2014 DNK IRL ISR SVN BEL HUN ISL NLD SVK GBR DEU LUX FRA NZL LVA ITA AUT GRC EST POL CAN OCDE CHE USA CZE PRT AUS NOR SWE FIN ESP CHL JPN MEX TUR KOR ZAF RUS LTU CRI COL BRA LTU 0 0 20 40 60 80 100 % de femmes ayant bénéficié d’un dépistage Sources : statistiques de l’oCde sur la santé 2015 et base de données de l’organisation mondiale de la santé, 2016, 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540731 Panorama des administrations Publiques 2017 © oCde 2017 10 20 30 40 50 Taux standardisé par rapport à l’âge pour 100 000 femmes Sources : oeCd Health statistics 2015 and World Health organization database, 2016 12 http://dx.doi.org/10.1787/888933540750 253 14. AU SERVICE DES CITOYENS Les résultats des élèves et l’équité en matière éducative les systèmes éducatifs des pays de l’oCde et des pays partenaires visent avant tout à doter les enfants et les adultes des connaissances et des compétences nécessaires pour exprimer pleinement leur potentiel. en 2015, au sein de la zone oCde, ce sont le Canada, l’estonie, la Finlande et le Japon qui ont obtenu les meilleurs scores en sciences : dans tous ces pays, les élèves ont obtenu un score moyen supérieur à 525 points, contre un score moyen de 493 pour la zone oCde. Ce sont le Chili, le mexique et la turquie qui ont obtenu les scores moyens les plus faibles de la zone oCde. sur la dernière décennie, le score Pisa moyen en sciences a nettement progressé en israël, en norvège et au Portugal, avec un gain de plus de 10 points ; c’est en Finlande, en Hongrie et en république slovaque qu’il s’est, à l’inverse, le plus dégradé, avec une chute supérieure à 25 points. au-delà des moyennes nationales, les pourcentages d’élèves parvenant aux divers niveaux de compétence indiquent dans quelle mesure les pays réussissent à redresser les résultats des élèves en difficulté tout en œuvrant en faveur de l’excellence. il est particulièrement important d’atteindre au moins le niveau 2 de compétence, qui est considéré comme un socle minimum que tous les jeunes adultes devraient maîtriser pour avoir la possibilité de se perfectionner par la suite et pour pouvoir participer pleinement à la vie sociale, économique et civique de sociétés modernes à l’heure de la mondialisation. en matière de sciences, les élèves qui atteignent le niveau 2 peuvent s’appuyer sur leur maîtrise des connaissances et procédures scientifiques de base pour trouver une explication appropriée, interpréter des données et repérer la question à laquelle une expérience simple vise à répondre. au Canada, en estonie, en Finlande et au Japon, la proportion d’élèves très performants (niveaux 5 et 6) est plus forte que la proportion d’élèves peu performants (résultats inférieurs au niveau 2). aux niveaux 5 et 6, les élèves manient des idées ou des concepts scientifiques abstraits pour expliquer des phénomènes, évènements et processus plus complexes et non familiers impliquant de multiples liens de causalité. au mexique et en turquie, on trouve peu d’élèves très performants, alors que la proportion d’élèves peu performants est très élevée, puisque plus de 40 % des élèves n’atteignent pas le niveau 2. les élèves socioéconomiquement défavorisés sont près de trois fois plus susceptibles que les élèves favorisés de ne pas acquérir le socle minimum de compétences en sciences (oCde, 2016). en moyenne de la zone oCde, 13 % de l’écart de performance en sciences peut s’expliquer par le statut 254 socioéconomique des élèves. Ce statut explique moins de 10 % de l’écart de performance en sciences dans des pays comme le Canada, l’estonie, l’islande, l’italie, la lettonie, la norvège et la turquie ; en revanche, il explique plus de 18 % de l’écart de performance en France, en Hongrie et au luxembourg. sur la dernière décennie, la part de l’écart de performance en sciences due au statut socioéconomique des élèves a nettement baissé au Chili, aux États-unis et en turquie ; à l’inverse, elle a augmenté particulièrement nettement en Corée et en république tchèque. outre les effets du statut socioéconomique, on constate de nets écarts entre les scores des élèves immigrés et non immigrés dans certains pays membres de l’oCde. Méthodologie et définitions Pour tous les graphiques, les données proviennent de l’édition 2015 de l’enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), qui a permis d’évaluer les compétences des élèves de 15 ans de 72 pays et économies. dans le cadre de l’enquête Pisa, on estime le statut socioéconomique d’un élève en calculant un indice de statut économique, social et culturel (sesC) à partir de plusieurs variables liées au milieu familial de l’élève : niveau éducatif des parents, profession des parents, équipements du foyer considérés comme indicatifs du niveau d’aisance matérielle et nombre de livres et d’autres ressources éducatives présents dans le domicile. les élèves favorisés et défavorisés sont ceux qui se classent dans la tranche supérieure/inférieure des 25 % des valeurs de l’indice sesC pour leur pays. le graphique relatif à l’écart de performance en sciences entre les élèves immigrés et non immigrés pour 2015 est disponible en ligne (voir annexe F). seuls les pays comportant un pourcentage d’élèves immigrés supérieur à 6.25 % y figurent. Pour en savoir plus oCde (2016), Résultats du PISA 2015 (Volume I) : L’excellence et l’équité dans l’éducation, Éditions oCde, Paris. http://dx.doi. org/10.1787/9789264266490-en. Notes relatives aux graphiques les notes relatives aux graphiques sont accessibles dans les statslinks. informations sur les données concernant israël : http://dx.doi.org/ 10.1787/888932315602.
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Place des neuroleptiques atypiques dans la prise en charge des troubles bipolaires en milieu hospitalier : enquête au centre hospitalier de Saint-Egrève Céline Paquet JOSEPH FOURIER FACULTE PHARMACIE DE GRENOBLE Année: 2006 PLACE DES NEUROLEPTIQUES ATYPIQUES DANS LA PRISE EN CHARGE DES TROUBLES BIPOLAIRES EN MILIEU HOSPITALIER. ENQUETE AU CENTRE HOSPITALIER DE SAINT-EGREVE Céline PAQUET Le 1er décembre 2006 DEVANT LE JURY COMPOSE DE : Président de jury : Monsieur le Professeur Jean CALOP Membres : Madame Magalie BAUDRANT-BOGA, docteur en pharmacie Madame Isabelle DEBEAUCHAMP, docteur en pharmacie Monsieur Benoît ALLENET, pharmacien maître de conférence Madame Diane BOURDERY, docteur en médecine UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE PHARMACIE DE GRENOBLE Domaine de la Merci 38700 LA TRONCHE Doyen de la Faculté: M. le Professeur P. DEMENCE Vice-Doyenne: Mme A. VTLLET BAKRI Abdelaziz BURMEISTER Wilhelm Biophysique CALOP Jean DANEL Vincent Toxicologie DECO UT Jean-Luc DEMENGE Pierre DROUET Emmanuel FAVIER. Alain GOULON Chantal Bi~physique GRIL LOT Renée Parasitologie LECLERC Gérard MARIOTTE Anne-Marie Pharmacognosie PEYRIN Eric RIBUOT Christophe ROUSSEL Anne-Marie Biochimie SEIGLE-MURANDI Françoise STE IMAN Régine WOUESSID.JEWE Denis PROFES SEUR ASSOCIE (PAST) ON Bernard ALDE BERT ALLENET BARTOLI BOUMENDJEL BRETON CHOISNARD DE LETRAZ DEME!LLERS DESIRE DIJOUX-FRANCA DURMORT-MEUNIER ESNAULT FAURE FAURE-JOYEUX FOUCAUD-GAMEN GEZE GERMI GILLY GODIN-RIBUOT GROSSET GUIRAUD HININGER-FAVIER KRIVOBOK MORAND NICOLLE PINEL RAVEL RAVELET RIO ND EL SEVE TARBOUR!ECH VANHAVERBEKE VILLEMAIN VIL LET Delphine Benoit Marie-Hélène Ah cène Jean Luc Martine Christine Jérôme Marie-Geneviève Claire Danielle Patrice Marie Jacqueline Annabelle Raphaële Catherine Diane Catherine Pascale Isabelle Serge Jean-Marc Edwige Claudine Anne Corinne Jacqueline Michel Nicolas Cécile Danielle Annick Parasitologie Pharmacie Clinique Pharmacie Clinique et Biotechn. Pharmacognosie Parasitologie <'* Pharmacotechnie et génie de la formulation Droit Pharmaceutique Economie Biochimie Chimie Bioorganique Pharmacognosie Virologie Chimie Analytique Biochimie Physiologie-Pharmacologie Immunologie Pharmacotechnie Galénique Bactériologie Chimie Thérapeutique Physiologie - Pharmacologie Chimie Analytique Biologie Cellulaire et Génétique Biochimie Botanique- Cryptogamie Chimie Thérapeutique Chimie Organique/ Chimie Thérapeutique Parasitologie Chimie Analytique Chimie Analytique Physiologie - Pharmacologie Ens. Physique/ Rech. "UTABDUL.3Jr jurr, ru prr,arnrr ûr,a maîirrn br lu furulir, ûrs rnnsrillrr,a br l'nrûrr ûrs μ4armurirns ri br mrs rnnûisriplrs : i1'4nnnrrr rrux 11ui m'ont instruit ûμnn lrs prrrrpirn br mnn art rt br lrur trmnignrr mu rrrnnnatanunrr ru rrstunt fiûi>lr it lrur rna rignrmrnt. fil'rxrrrrr, nana l'intrrrt br lu nuntr publi1111r, mu prnfr1rninn uurr ronfiri:rnrr,ri ûr rrnprrtrr nnn nrulrmrut lu lrginlattnn ru uigurur, mais aunni lrn ri>glrE br 1'4nnnrur, Dr la μrnhitr rt nu ûrnintrrrnnrmrnt i3r nr jumaîn ouhlirr ma n~nμonBahilifr rt mrfi ûruoirs rnurrn lr maluû r ri sa ûignU~ fyumuînr ; ru aurntt ras jr nr. ronnrnfirui it uiilîsrr mrs ronnaifinanrrn ri mnn :Hat ;pnur. rorromprr Lrn mnrurs ri fuuorinrr ûrn urtrn rriminrls. ©ur lrn 4nmmrs m'arrnrb.rn1 lrur rntilnr ni jr suîn fiûi>lr à mrs promrsnrn. (J?ur jr noin rouurrt b'n si j'y . REMERCIEMENTS Je remercie les membres du jury, Monsieur le Professeur Jean Calop, Grâce votre enseignement, vous avez su me transmettre les principes et tout l'intérêt de la phannacie clinique, qui fait du métier de phannacien un des plus beaux métiers du monde. Je suis très fière que vous ayez accepté d'être le président de mon jury de thèse. Madame Magalie Baudrant-Boga, Sans vous, ce travail n'aurait jamais été possible. Merci de m'avoir fait profiter de vos connaissances et de votre pratique professionnelle, sans oublier votre dynamisme. Merci également pour vos remarques constructives quant à l'élaboration et à la finalisation de ce travail. Madame Isabelle Debeauchamp, Merci, de m'avoir fait partager votre expérience professionnelle tout au long de ce travail et de m'avoir encouragée dans mes démarches à chacune de mes visites au centre hospitalier de Saint-Egrève. Vos remarques pertinentes en ce qui concerne la rédaction de mon travail m'ont été très utiles. Monsieur Benoît Allenet, Je suis très fière que vous ayez accepté de participer à ce jury et de m'avoir fait partagé votre expérience en ce qui concerne la méthode d'élaboration de ce travail. Madame Bourdery Diane Merci pour votre participation à mon jury de thèse et de votre collaboration au cours de cette étude, je suis très fière que vous ayez accepté de représenter la médecine psychiatrique. Tous les médecins qui ont participé à cette étude : Dr Favre, Dr Balaguer, Dr Chardronnet, Dr a Bensaadi, Dr D' Anterroches, Dr Giraud, Dr Pouilles. À mes soeurs, Lili et Didi, Vous avez su me remonter le moral dans les moments difficiles. Je serai également toujours là pour vous. À mes grands parents, pépé Momo, mémé maimaine, et mémé Yvonne, Vous avez toujours été là pour moi. Merci d'avoir toujours cru en moi. À mes beaux parents, Michèle et J acky, Vous avez également toujours été là pour moi et je vous en remercie du plus profond de mon coeur. Merci pour tout. À tous mes amis, Eric, Willy et laurène, Anthony, Thomas, Steph et seb Céline B, Céline S, Jess, Mimi, Aurélie, Elsa, Caro, Audrey, Bergie Laurie et Benoît, Blandine et Julien et leur petit bout de choux, À toute ma famille. A toute l'équipe de la Pharmacie Berger TABLES DES MATIERES INTRODUCTION 5 LES TROUBLES BIPOLAIRES 8 1. Historique 8 2. Définition et Classification 10 12 3.1 Prévalence 3.2 Sexe ratio 3.3 Age de dé but 3.4 Retentissement social et conséquences médico-économiques 3.5 Facteurs génétiques et environnement aux 4. Signes cliniques 4.1 L'épisode dépressif 4.2 L'épisode maniaque 4.3 L'hypomanie 4.4 Les états mixtes 4.5 La cyclothymie 5. Les comorbidités 5.1 Les troubles anxieux et trouble panique 5.2 Les troubles du contrôle des impulsions 5.3 Le trouble obsessionnel compulsif 5.4 Les troubles de la personnalité 5.5 Les addictions 5.6 Le suicide 12 14 14 15 16 17 17 18 18 19 19 19 20 21 22 22 22 23 6. Les recommandations de pratique clinique 24 6.1 Le consensu s américain (1996) 25 6.2 Rapport de consensus du Texas de 2000 26 6.2.1 Recommandations pour la prise en charge de la manie/hypomanie 26 1 6.2.2 Recommandations pour la prise en charge des symptômes dépressifs 29 6.3 American Psychiatrie Practice (AP A)Guideline (2002) 31 6.3.1 Recommandations pour la prise en charge de l'épisode maniaque ou mixte. 6.3.2 Recommandations pour la prise en charge des symptômes dépressifs . 31 32 6.4 Recommandations de la British Association for Pyschopharmacology (2004). 33 6.4.1 Recommandations pour la prise en charge des symptôme s maniaques ou mixtes 6.4.2 Recommandations pour la prise en charge des symptôme s dépressifs 6.4.3 Choix du traitement au long cours 6.5 Recommandations de mai 2004 7. Les trait ements 33 34 34 35 38 i 1 1 7.1 Les traitements pharmacologiques 7.1.1 Le lithium (Téralithe® et Neurolithium®) 7.1.2 L'olanzapine =Zyprexa® 7.1.3 La rispéridone =Risperdal® 7.1.4 Comparaison de la rispéridone et de l'olanzapine 7.1.5 La clozapine =Léponex® 7.1.6 Comparaison entre la clozapine, l'olanzapine et la rispéridone 7.1.7 Le valproate de sodium 7.1.8 La carbamazépine = Tégrétol® 7. l.9Ssituations cliniques influençant le traitement 7.2 Les médicaments ne suffisent pas 38 1 1 38 39 43 45 45 45 46 47 47 1 1 1 1'1 1 1 1 1 49 i 1 1 1 1 PLACE DES NEUROLEPTIQUES ATYPIQUES DAN RISE DES sultats 2.1 Dom1ées socio-démographiques 2.1.1 2.1.2 2.1.3 2.1.4 2.1.5 2.1.6 Age et sexe des patients La situation professionnelle Le niveau d'étude La situation familiale Age d'apparition des troubles psychiatriques Délai entre apparition des troubles psychiatriques et diagnostic de troubles bipolaires 2.1. 7 Type d'hospitalisation 2.1.8 Motif d'hospitalisation 2.1.9 Les comorbidités 2.2 Place des neuroleptiques atypiques dans la prise en charge des troubles bipolaires. 2.2.1 2.2.2 2.2.3 2.2.4 2.2.5 2.2.6 Place des différentes classes de molécules Place de chaque molécule Utilisation des neuroleptiques seuls ou associés Association thymorégulateurs/neuroleptiques atypiques Les effets indésirables Autres traitements prescrits chez les patients bipolaires 3. Discussion 3.1 Données socio-démographiques 3.1.1 Age et sexe des patients 3.1.2 La situation socio-professionnelle et familiale 3.1.3 Age d'apparition des troubles psychiatriques 3.1.4 Délai entre l'apparition des troubles psychiatriques et le diagnositc de troubles bipolaires 3.1.5 Type et motif d'hospitalisation 3.1.6 Comorbidités 54 54 55 56 57 57 58 59 59 60 61 61 62 63 64 67 67 69 69 69 69 70 70 71 71 3 3.2 Place des neuroleptiques atypiques dans la prise en charge des troubles bipolaires. 3.2.1 Place des différentes classes de molécules et modalités de prescriptions des neuroleptiques atypiques. 3.2.2 La tolérance des neuroleptiques atypiques 3.2.3 Les traitements associés aux neuroleptiques atypiques. 3.2.4 Le respect des autorisations de mise sur le marché 72 72 75 75 77 3.3 Les limites 77 3.4 Les perspectives thérapeutique 78 CONCLUSION 81 BIBLIOGRAPHIE 84 ANNEXES 90 4 INTRODUCTION Les troubles bipolaires, antérieurement dénommés psychose maniaco-dépressive ou PMD représentent, pour les patients, un handicap majeur de part l'ampleur des conséquences sanitaires et sociales engendrées. Ils font partie des troubles de l'humeur et s'expriment par une alternance de phases dépressives et maniaques plus ou moins prononcées. Ces dernières années, un regain d'intérêt vis-à-vis des troubles bipolaires s'est manifesté suite à l'évolution de différents facteurs. D'une part, de nouvelles conceptions nosologiques sont venues élargir le champ des troubles de l'humeur au point désormais de parler de« spectre bipolaire». D'autre part, les progrès thérapeutiques réalisés ces dernières années offrent non seulement des alternatives au lithium, mais aussi des stratégies thérapeutiques spécifiques, selon la catégorie du trouble bipolaire. Enfin, l'épidémiologie insiste depuis peu sur l'important sous repérage des troubles bipolaires de l'humeur soulignant leur fréquente évolution péjorative liée au non accès à des thérapeutiques efficaces ou à des prescriptions inadaptées. 5 Le stabilisateur de l'humeur « idéal» devrait permettre de traiter les épisodes maniaques, dépressifs et prévenir les rechutes aussi bien maniaques que dépressives, mais aussi assurer le traitement des cycles rapides, des états mixtes et posséder un effet préventif sur les tentatives de suicide. Une telle médication n'est pas disponible à ce jour, ce qui nécessite fréquemment le recours à une combinaison de 2 ou 3 traitements stabilisateurs de l'humeur pour obtenir une réponse satisfaisante au traitement. Le lithium constitue une thérapeutique efficace et est très souvent utilisé chez les patients présentant une manie franche, ainsi qu'en prévention des épisodes maniaques. Il est connu pour avoir un effet sur le risque suicidaire, alors que peu de données l'ont confirmé pour le valproate de sodium et la carbamazépine. Ces thérapeutiques sont plus efficaces que le lithium dans les états mixtes, les cycles rapides et lors d'associations avec la prise de substances addictives. Cependant, pour certains patients résistants à une monothérapie, ou une bithérapie de thymorégulateurs, une prescription de neuroleptique en monothérapie ou associé à un thymorégulateur peut être envisagée aussi bien dans la phase aiguë que dans la prise en charge au long cours. Les neuroleptiques classiques sont utilisés depuis plus de 40 ans en association au lithium. En effet, les neuroleptiques classiques, dont l 'halopéridol est le plus connu, sont très souvent utilisés dans la prise en charge des troubles bipolaires et peuvent rapidement diminuer les symptômes de la manie. Ils sont souvent utilisés en association avec le lithium dans le cadre des symptômes psychotiques sévères et les phases d'excitation aiguës lors des épisodes maniaques. De nombreux patients sont traités pendant de longue périodes par des neuroleptiques classiques, même si le risque d'apparition de dyskinésies tardives est élevé. L'ensemble des effets indésirables dus aux neuroleptiques classiques peut induire une mauvaise observance des patients. Les neuroleptiques atypiques, présentant moins d'effets 6 indésirables, semblent constituer une alternative intéressante. Différentes études ont montré leur efficacité dans la prise en charge des troubles bipolaires. Une étude menée en France sur 137 patients diagnostiqués bipolaires et hospitalisés entre janvier 1998 et juin 1999, a analysé les traitements prescrits durant les 3 mois suivant l'hospitalisation. Cette étude a montré que 30 % des patients étaient sous neuroleptiques atypiques contre 79 % sous neuroleptiques classiques. 7 LES TROUBLES BIPOLAIRES 1. HISTORIQUE : La première intuition d'un lien entre manie et mélancolie provient d' Arétée de Cappadoce (Ile siècle après JC) 1. Cependant, on retrouve les premières traces de la manie et de la dépression bien avant l'ère chrétienne, à l'époque d'Hippocrate, au fondement même de la médecine. C'est un médecin Romain, Celse, qui décrivit le premier les signes de dépression majeure comme la mélancolie. C'est dans le Dictionnaire Universel de Médecine, de James, paru en France en 1746, que l'on retrouve les principaux éléments de la psychose maniaco-dépressive du siècle suivant. Au début du 19ème siècle, la folie, alors appelée aliénation mentale, est considérée comme une maladie unique regroupant plusieurs espèces : la manie, la mélancolie, la démence et l'idiotisme. En 1854, à l'Académie de médecine, Baillarger, expose comme une découverte, une pathologie nommée « la folie à double forme : geme de folie caractérisée par deux périodes régulières, l'une de dépression, l'autre d'excitation.» Dans le même temps, Jean-Pierre Falret publie un mémoire sur la folie circulaire, forme de maladie mentale caractérisée par la reproduction successive et régulière de l'état maniaque, de l'état mélancolique et d'un intervalle lucide plus ou moins prolongé. Son fils décrira plus tard la folie à formes alternes, où il distingue formes à courtes périodes et formes à longues périodes en fonction de la durée de l'intervalle libre. En 1882, Magnan, définit enfin la folie intermittente : « espèce pathologique se traduisant par la répétition d'accès maniaques ou mélancoliques, isolés ou combinés de diverses manières, 8 mais présentant toujours une évolution, une marche et des caractères généraux communs.». Elle regroupe la folie circulaire, la folie à double forme et la folie alterne. En 1899, Krae utilise le terme de «Folie maniaco-dépressive» se caractérisant par une évolution spontanée, un caractère endogène et héréditaire, donc peu influencée par les facteurs extérieurs. En 1907, deux médecins, Deny et Camus introduisent le terme de « psychose maniacodépressive » (PMD). Le terme psychose remplace alors celui de folie traduisant trois états de fait : 1- ce trouble est purement endogène ; 2- la vie psychique est totalement envahie ; 3- il existe un déni des troubles de la part de celui qui en est atteint. L'association « maniacodépressive » permet de bien insister sur la continuité entre la manie et la dépression. Ainsi, la PMD semble marquer la fin définitive de l'existence de la manie et de la mélancolie en tant qu'entités séparées et autonomes. 2. DEFINITION ET CLASSIFICATION: Les troubles bipolaires sont caractérisés par la survenue généralement répétée d'épisodes dépressifs, maniaques, hypomanes ou mixtes, séparés par des périodes au cours desquelles les sujets sont a priori indemnes de dysfonctionnement psychique majeur 2 • La phase maniaque s'accompagne fréquemment de troubles du comportement qui ont des conséquences majeures sur l'insertion du sujet et qui peuvent conduire à des poursuites judiciaires. La phase dépressive est à l'origine d'un état de souffrance, pour le sujet et l'entourage, d'une perte d'activité, d'un risque majeur de désinsertion et surtout d'un pourcentage élevé de conduites suicidaires et de suicide. Les troubles bipolaires sont caractérisés par une vulnérabilité à présenter des fluctuations de l'humeur de manière récurrente. Les caractéristiques des accès et leur évolution dans le temps permettent de distinguer plusieurs formes cliniques répondant à la classification suivante (tableau 1) 3 • Bipolaire I Episode maniaque+/- épisode dépressif majeur Bipolaire II Episode dépressif majeur + hypomanie spontanée Bipolaire III Episode dépressif majeur + hypomanie induite Bipolaire IV Episode dépressif majeur + Antécédent familial positif Bipolaire V Cyclo thymie Table au 1 : Le spectre des troubles bipolaires 10 - La bipolarité classique ou trouble bipolaire de type I : Elle recouvre la psychose maniaco-dépressive. La condition nécessaire et suffisante du diagnostic est l'existence d'au moins 1 épisode maniaque franc sur la vie entière du patient pouvant être l'épisode actuel. A cet épisode maniaque peuvent s'associer: - 1 ou des épisode(s) dépressif(s) d'intensité variable, - 1 ou des épisodes maniaques ou une hypornanie, - la coexistence symptômes ayant une polarité opposée, c'est à dire maniaque et dépressive. Le diagnostic positif de ce trouble est difficile, ce qui peut expliquer le retard de prise en charge qui varie de 8 à 10 ans. Ce type de trouble bipolaire est le plus fréquent : Plus du tiers des troubles bipolaires sont potentiellement mixtes 4. - Le trouble bipolaire de type II : Il s'agit d'un état dépressif majeur associé à des phases hypomaniaques spontanées. Ils sont souvent mal diagnostiqués, car les épisodes hypomaniaques sont difficiles à repérer à l'examen. De plus, devant des signes cliniques non spécifiques, il n'est pas toujours simple de d'évoquer un diagnostic de trouble bipolaire. De par l'expression des troubles bipolaires de type II, une fréquence élevée de divorces, de séparations est retrouvée dans cette population. De plus, des difficultés à la fois scolaires et professionnelles, des comportements antisociaux et de fréquents abus d'alcool et de drogues sont décrits chez les patients bipolaires de type IL - Le trouble bipolaire de type III : Ce diagnostic repose sur l'existence d'un état dépressif majeur associé à des phases hypomaniaques induites par les anti-dépresseurs. 11 - Le trouble bipolaire de type IV : Dans ce cas, l'état dépressif majeur est associé à des antécédents familiaux de trouble bipolaire ou à un tempérament hyperthymique. - Le trouble bipolaire de type V ou cyclothymie : Il constitue une représentation atténuée d'une alternance de manifestations hypomaniaques et dépressives d'intensité modérée. Les symptômes prédominants sont l'humeur irritable et le «tempérament hyperthymique », caractérisé par une extravagance dans le domaine financier, des changements répétés dans le cadre de la vie professionnelle ou de la vie amoureuse, des déménagements fréquents et une consommation excessive d'alcool et de drogue. La léthargie alterne avec l'euphorie. Ce sont des personnes chaleureuses, extraverties, optimistes et exubérantes qui cherchent des contacts sociaux et affectifs, débordent de projets, et qui ont souvent trop confiance en elles 8 * 3. EPIDEMIOLOGIE Les troubles bipolaires sont fréquents, responsables d'une surmortalité, et coûteux pour le sujet qui en souffre, mais également pour sa famille et la société. 3.1 Prévalence : En population générale, la prévalence des troubles bipolaires se situe entre 0,3 % et 5,1 % suivant les pays, 1,5 % pour l'Amérique du nord et l'Europe 2 • En un peu plus de 2 décennies, le monolithe « maniaco-dépressif», né au début des années 1900 s'est effacé au profit d'un ensemble de« Trouble Bipolaire» 3 • L'épidémiologie des troubles bipolaires a en effet longtemps été restreinte à celle de l'ancienne psychose maniaco-dépressive, caractérisée par la succession dans le temps de récurrences dépressives et maniaques et rebaptisée aujourd'hui trouble bipolaire de type I. 12 Son taux de prévalence était de 1% et 19% des patients maniaco-dépressifs décédaient par suicide. Ce taux augmente significativement dès l'instant où l'on élargit la définition aux formes bipolaires de type 2 et aux symptômes maniaques et hypomaniaques subsyndromiques 4. En effet, on considère actuellement les épisodes bipolaires à symptomatologie franche, classique et complète comme les 2 pôles extrêmes d'un continuum de troubles dont les manifestations cliniques sont en fait très diversifiées et qui correspond à un véritable « spectre bipolaire» (Tableau 1). La principale conséquence de cette évolution nosographique est donc une extension considérable du diagnostic du trouble bipolaire. Dans cette conception, la prévalence des troubles bipolaires est ainsi comprise entre 5 et 8% selon les auteurs, contrastant nettement avec la fréquence classiquement exprimée de 1% environ pour la psychose maniacodépressive. Par ailleurs, le rapport trouble bipolaire/trouble dépressif unipolaire avoisine 1, ce qui revient à dire que, en pratique, 1 trouble de l'humeur d'allure dépressive sur 2 appartient à la maladie bipolaire 3. Une étude multicentrique française réalisée sur un échantillon national de patients présentant un épisode dépressif majeur (EDM) au sens du DSM IV a mis en évidence l'importance du sous repérage des formes bipolaires par rapport au trouble unipolaire. Les patients ont suivi deux visites, une pour la sélection des EDM et l'autre pour la recherche de la bipolarité atténuée. Le trouble bipolaire II qui était de 21, 7 % à la première visite, a pratiquement doublé (39,8 %) après la recherche systématique de l'hypomanie à la deuxième visite 6. De nombreuses formes ne sont en effet pas repérées et ce sous repérage est lié à la fréquence des formes atténuées et sub-syndromiques, aux conséquences pourtant tout aussi péjoratives, à un diagnostic le plus souvent rétrospectif, difficile à effectuer pour les médecins et au fait que le caractère morbide du trouble n'est pas toujours perçu par le patient et son entourage. 3.2 Sexe ratio : Contrairement aux autres troubles de l'humeur (en défaveur des femmes), le sexe ratio est de 1 en ce qui concerne les troubles bipolaires, mais des différences entre les deux sexes sont observées pour différents critères : l'âge de début, le caractère évolutif, la présentation clinique et la réponse au traitement. Le premier épisode maniaque et le premier épisode dépressif surviennent en moyenne 3 à 5 ans plus tard chez les femmes que chez les hommes. Les femmes font plus d'épisodes dépressifs et pâtissent d'un retard diagnostique en moyenne de 2 ans par rapport aux hommes 7 • 3.3 Age de dé but : Le début des troubles se situe à la fin de l'adolescence et au début de l'âge adulte (leur apparition plus tardive doit faire rechercher une cause organique). Le trouble bipolaire est une affection chronique du sujet jeûne, l'âge moyen de début se situant aux alentours de 20 ans 4 • Des études récentes ont permis de distinguer 3 groupes de patients bipolaires en fonction de l'âge de début des troubles : avant 20 ans (précoce), autour de 30 ans et au delà de 45 ans (tardif). Les troubles bipolaires à début précoce seraient de moins bon pronostic, avec des épisodes plus sévères, une réponse moins bonne aux thymorégulateurs, des comportements suicidaires plus fréquents et une évolution d'installation chronique. De plus, des études ont mis en évidence une association entre un risque familial accru aux troubles de l'humeur et un âge d'entrée dans la maladie précoce 8 • 14 3.4 Re ten tissement social et conséquences médico -économigues: Les troubles bipolaires constituent une pathologie handicapante, classée au 6ème rang parmi les 10 maladies les plus handicapantes dans les pays industrialisés selon l 'OMS. De plus, elle est potentiellement grave du fait des risques de suicide, de comportements dangereux, de désinsertion socioprofessionnelle et familiale et de comportements violents 8. Cette pathologie semble cependant paradoxale. En effet, elle a permis la réussite de grands hommes, en contribuant à leur génie, à leur créativité ou à leur sensibilité. On peut citer notamment parmi eux : Alexandre le Grand, Honoré de Balzac, Napoléon Bonaparte, Winston Churchill 9 • L'impact social et professionnel du trouble bipolaire est considérable : 57 à 73 % des patients bipolaires divorcent; le taux de chômage dans cette population est de 30% ; la fréquence des handicaps scolaire et/ou professionnel est élevée (arrêts de travail, mutations, licenciement ou changement de carrière) et 55 % des patients bipolaires rencontrent des difficultés financières 10, 11 Les troubles bipolaires sont à l'origine d'importantes conséquences psychosociales, affectant les patients non seulement dans leur relation avec leur conjoint, leurs enfants et les autres membres de leur famille mais aussi dans leurs occupations quotidiennes y compris dans leur travail, et ceci même pendant les périodes d'euthymie 12 • En France, on évalue le coût des troubles bipolaires (direct et indirect) à 10 milliards d'euros par an (chiffre incluant les troubles unipolaires), par extrapolation à partir des données internationales : le coût moyen pour un patient en décompensation maniaque étant évalué à 22 297 euros en 3 mois 13 • 15 3.5 Facteurs génétiques et environnementaux: Auparavant, cette pathologie était considérée comme exclusivement d'origine endogène, mais en réalité, il s'agit d'une affection multidéterminée. En effet, il existe une vulnérabilité génétique mais des facteurs environnementaux sont généralement nécessaires pour déclencher la survenue de la pathologie sur ce terrain génétique. Le risque de développer un trouble bipolaire chez un apparenté du 1er degré de patient bipolaire est de 10,3 % en 1989, alors que la prévalence des troubles bipolaires dans la population générale est évaluée à 1,5 % 14 • Les études de jumeaux, effectuées entre jumeaux monozygotes (100 % du génome en commun) et les jumeaux dizygotes (50 % du génome en commun) montrent de façon constante une concordance (probabilité que les 2 jumeaux aient la même pathologie) plus importante chez les monozygotes (67%) que chez les dizygotes (19%) en ce qui concerne les troubles bipolaires. Cependant elle n'est jamais de 100%, démontrant ainsi que le déterminisme n'est pas purement génétique 15. Les études d'adoption ont également montré l'implication de facteurs génétiques en observant une plus grande fréquence de troubles de l'humeur chez les parents biologiques (31 %), comparés aux parents adoptifs (12%) des sujets adoptés ayant un trouble bipolaire Ceci montre clairement que les troubles bipolaires résultent à la fois 15. de l'interaction de facteurs génétiques et environnementaux. Des études récentes ont montré l'impact potentiel d'évènements de vie traumatiques précoces sur le déterminisme ou la gravité des troubles bipolaires 9 • De nombreux facteurs environnementaux au cours de la vie sont de possibles déclencheurs de la maladie ou de la récurrence des épisodes : - des facteurs de stress positifs : mariages, naissances ; - des facteurs de stress négatifs : deuils, pertes, ruptures sentimentales, cassures 16 des rythmes sociaux comme une rupture dans le rythme de sommeil lié souvent à un surcroît d'activité professionnelle, certains médicaments antidépresseurs non associés à un thymorégulateur, des produits illicites : psychostimulants, cannabis, alcool peuvent déstabiliser l'état émotionnel d'un sujet et donc déclencher un épisode thymique. Dans 30% des cas, les troubles débutent dans le mois suivant un épisode stressant: problème professionnel, financier, juridique, difficultés conjugales, relationnelles, situation de. 10. harce'l ement, surmenage, agress10n 4. SIGNES CLINIQUES : Le diagnostic de trouble bipolaire intègre l'association de 2 types de données: - des données transversales qui incluent le recueil des éléments symptomatiques permettant d'évoquer le diagnostic: les symptômes dépressifs, maniaques ou hypomaniaques (symptomatologie regroupée en épisode affectif), - des données longitudinales incluant la recherche d'éléments biographiques pertinents permettant de confirmer le diagnostic 3 • 4.1 L'épisode dépressif Il peut se manifester par des troubles du sommeil, des troubles du comportement alimentaire, des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions, le ralentissement ou l'agitation, la perte de l'estime de soi, le pessimisme, la culp abilité, la perte d'énergie ou la fatigue, des pensées suicidaires ou des idées noires, des troubles physiques (douleur, troubles digestifs). Cet épisode est dominé par le sentiment d'incapacité, d'inutilité, de culpabilité et d'incurabilité. 4.2 L'épisode maniaque Il peut se manifester par l'euphorie ou l'irritabilité, un besoin de sommeil réduit, un débit très rapide de la parole, la fuite des idées, la distraction, un sentiment de pouvoir, de toute puissance, de grandeur, des troubles du jugement, des dépenses d'argent inconsidérées, une hyperactivité sexuelle, des projets sans limites, des activités inhabituelles. 4.3 L'hypomanie Elle constitue dans la population générale, le trouble de l'humeur le plus fréquent (3,4 à 4,4 %) en dehors de la dépression majeure unipolaire (8%) 3 • Pourtant, les patients ne consultent jamais durant cette phase, pas plus qu'ils ne s'en plaignent spontanément pour la simple raison que l'hypomanie est souvent vécue comme socialement avantageuse et donc non pathologique. Cet état comporte schématiquement: une humeur joviale, une hyperactivité, et une apparente facilitation intellectuelle qui s'opposent même parfois aux difficultés caractérielles habituelles (manque de confiance en soi, timidité, pessimisme ). Cependant, chaque médaille a son revers, et l'aspect délétère de l'hypomanie ne doit jamais être négligé. En effet, les troubles du caractère tels que l'impatience, l'agressivité et l'irritabilité peuvent entraîner des difficultés relationnelles. Mais on peut retrouver également des troubles intellectuels et mnésiques secondaires à une attention et une concentration diminuées, ainsi qu'une altération du jugement provoquant l'apparition de conduites déraisonnables. Il est à noter également que l'hypomanie est, selon de nombreux travaux, fréquemment associée à la dépendance et aux abus d'alcool et de toxiques, et à un risque suicidaire élevé. Tout ceci étant d'autant plus grave que les troubles 4.4 Les états mixtes : Théoriquement, syndrome dépressif et mamaque s'excluent mutuellement. Cependant, l'association des symptômes dépressifs et maniaques est très fréquente, puisqu'ils représentent 30 à 40 % de la totalité des épisodes. Selon le tableau clinique, on évoque une manie dysphorique (syndrome maniaque auquel s'ajoute quelques symptômes dépressifs) ou bien une dépression mixte dans le cas inverse 3. 4.5 La cyclothymie : C'est une succession, sur une durée minimale de 2 ans, de périodes hypomanes et dépressives, sans que les critères des épisodes majeurs soient pour autant réunis 3 • Comme l'hypomanie, la cyclothymie n'est pas étiquetée en tant que telle et les sujets présentant ce trouble sont diagnostiqués le plus souvent comme présentant des perturbations du caractère ou des troubles de la personnalité : antisociale, borderline ou limite ou narcissique. 5. LES COMORBIDITES: Depuis quelques années des études cliniques et épidémiologiques mettent en évidence un taux élevé chez les patients de troubles comorbides associés aux troubles bipolaires. Des données récentes suggèrent que ce taux s'élève à 65%, dont 42% de troubles anxieux, 42% d'usage de substances addictives et 9,5% de troubles du comportement alimentaire. On retrouve aussi associé, le trouble obsessionnel compulsif, les troubles du contrôle des impulsions et les troubles de la personnalité 16. Dans le trouble bipolaire, la comorbidité est associée à un début plus précoce de la maladie, à une accélération des cycles et à une plus grande sévérité des épisodes, ayant pour conséquence un accroissement de la sévérité de la maladie et un pronostic défavorable. 19 Le trouble bipolaire est plus souvent pnmaire que secondaire au trouble comorbide. L'apparition d'un trouble morbide peut parfois être analysée comme une tentative par le sujet de réguler son comportement ou de soulager un symptôme 17. De plus, l'existence d'une comorbidité, de troubles de la personnalité sous jacents (trouble borderline et personnalité antisociale), constituent des facteurs de gravité et de résistance thérapeutique. 5.1 Les troubles anxieux et le trouble panique Les troubles anxieux sont fréquemment associés aux troubles bipolaires. En effet le taux de troubles anxieux parmi les patients atteints de trouble bipolaire est compris entre 16 et 42 % 18 • Les possibilités thérapeutiques sont les antidépresseurs et les psychothérapies, notamment cognitivo-comportementales. Cependant, les antidépresseurs peuvent aggraver l'évolution d'un trouble bipolaire en induisant un virage maniaque, hypomaniaque ou mixte, ou en induisant une accélération des cycles, c'est pourquoi il est conseillé d'obtenir une stabilisation correcte de l'humeur avant de les utiliser pour traiter les symptômes anxieux résiduels. L'utilisation des antidépresseurs est uniquement envisagée associée à un thymorégulateur. Quand leur utilisation est nécessaire, les antidépresseurs à prescrire sont les ISRS, car ils entraînent moins de virages de l'humeur que les antidépresseurs tricycliques 17 • En ce qui concerne le trouble panique, 10 à 33 % des patients atteints de trouble bipolaire expriment ce trouble. Il est plus facile à diagnostiquer que les autres anxieux 18. 5.2 Les troubles du contrôle des impulsions • L'impulsivité : Les patients ayant un trouble bipolaire sont plus impulsifs, ce qui les expose à des tentatives de suicide plus fréquentes et plus graves. De plus, cette impulsivité est présente à toutes les phases de la maladie et pourrait constituer un trait de caractère fortement lié à la bipolarité 5. • Les achats compulsifs : Les achats incontrôlés constituent l'une des expressions comportementales les plus spectaculaires de la désinhibition pulsionnelle et du sentiment de toute puissance de l'accès maniaque. Le patient maniaque est persuadé que ses ressources sont inépuisables. Même s'il se trouve dans une situation financière difficile, la perception mégalomaniaque de son état, de ses possibilités et de ses talents l'incite à s'engager dans des investissements les plus hasardeux. Ses achats se font dans un état d'agitation et d'irritabilité extrêmes, sans hésitation ni réflexion. Les conséquences médico-légales parfois graves (endettement, crédits multipliés, chèque sans provision, vente inadaptées de biens ) imposent souvent une hospitalisation en urgence 5 • • Les jeux d'argent pathologiques : La symptomatologie maniaque et la désinhibition qui l'accompagne peuvent déterminer une conduite de jeu d'argent pathologique. Même quand il perd, le patient joue de plus en plus souvent et acquiert une technique de jeu qu'il considère comme infaillible. Il se croit protégé ou soutenu par la chance, le destin, le hasard 5 • Les troubles du contrôle des impulsions comporte également le trouble explosif intermittent, la kleptomanie, la pyromanie et la trichotillomanie 17• 19 -21 (annexe 2). 21 5.3 Le trouble obsessionnel compulsif (annexe 2) : Il semble particulièrement associé à des formes atténuées de bipolarité : hypomanie typique, hypomanie brève récurrente, cyclothymie. Il serait 2 fois plus fréquent dans le trouble bipolaire (21 %) que dans le trouble unipolaire (12%) 18. 5.4 Les troubles de la personnalité Ils sont évoqués quand les traits de caractères et les attitudes habituelles d'un sujet sont rigides, inadaptées, et qu'ils sont responsables soit d'une altération significative du fonctimmement social ou professionnel, soit d'une souffrance subjective. 5.5 Les addictions : Les troubles bipolaires s'accompagnent très souvent d'abus et de dépendance aux substances psychoactives. Parmi elles, l'alcool est de loin majoritaire, mais d'autres substances comme la cocaïne, les amphétamines, les opiacés et le cannabis représentent également un problème majeur en terme de diagnostic et de prise en charge. Une étude épidémiologique récente retrouve 46% d'abus ou de dépendance à l'alcool chez les patients bipolaires contre 13% dans la population générale, et 41 % d'abus ou de dépendance aux drogues contre 6% dans la.'' 1e 12. Le trouble bipolaire s'associe à une consommation aigue d'alcool, notamment lors des épisodes mamaques du fait d'un niveau élevé de recherche de danger et d'aventure, de recherche d'expériences et de désinhibition. Cette association est également retrouvée dans le cas de cyclothymie et de l'hyperthymie 17 • L'alcoolisme chronique serait, quant à lui, surtout caractéristique du trouble unipolaire. L'alcool est utilisé surtout chez le jeune comme une sorte d'automédication vis-à-vis de l'instabilité de l'humeur. Il est également utilisé pour lutter contre l'insonmie et l'anxiété caractéristiques des 2 phases, dépressive et maniaque, mais aussi en tant que stimulant pour augmenter l'énergie et les performances sexuelles, 22 associées à l'hypomanie. Même si l'alcoolisme chronique semble moins fréquent que l'abus d' alcool chez les patients bipolaires, sa prévalence reste élevée. Des études retrouvent un taux d'abus d'alcool de 46% et un taux de dépendance à l'alcool de 39%. Parmi les patients bipolaires, la proportion d'hommes alcooliques est supérieure à celle des femmes comme dans.'' 1e 23. 1a popu1at ion genera Chez les patients ayant un trouble bipolaire et un alcoolisme, le trouble thymique apparaît habituellement plus tôt et les états mixtes sont plus fréquents. En ce qui concerne la prise de cannabis, elle peut être recherchée, dans un premier temps, pour canaliser une hyperactivité émotionnelle. Cependant, une aggravation des fluctuations d'humeur peut apparaître et est souvent à l'origine de phénomènes psychotiques 19 • La consommation de drogues est associée à une rémission moins fréquente et plus lente, une augmentation du risque suicidaire et un pronostic péjoratif. L'association des deux troubles rend donc le traitement particulièrement difficile. La prévention est capitale : il est primordial d'informer le patient de sa vulnérabilité. 5.6 Le suicide : Le taux de mortalité induit par cette pathologie est trois fois plus élevé que dans la population générale 2 • 25 à 50 % des patients bipolaires font au moins une tentative de suicide au cours de leur existence et 18,9 % en décèdent 24 • 23 Le risque de tentative de suicide est plus élevé chez les patients bipolaires de type II, par rapport aux patients bipolaires de type I. Les patients présentant des troubles dépressifs majeurs ont un taux de tentative de suicide le plus bas 25 * Les patients bipolaires ayant des antécédents familiaux et personnels de comportements suicidaires ont plus de risque de faire une tentative de suicide que les patients bipolaires sans antécédents. Il en est de même pour ce qui est des comorbidités addictives : prise d'alcool, de cannabis, de tabac Par conséquent, chez les jeunes gens ayant des antécédents familiaux de troubles bipolaires, l'apparition précoce d'un trouble anxieux, d'une addiction, de traits de personnalité borderline ou d'un trouble du comportement alimentaire doit faire évoquer un trouble de l'humeur, notamment un trouble bipolaire, à l'état de prodrome. 6 LES RECOMMANDATIONS DE PRATIQUE CLINIQUE: Le développement de nouvelles thérapeutiques thymorégulatrices, tout aussi efficaces que le lithium et bien souvent mieux tolérées, encourage le clinicien dans son travail de dépistage des troubles bipolaires. Afin de montrer l'évolution des pratiques dans la prise en charge des troubles bipolaires, les recommandations sont ici présentées par ordre chronologique, des plus anciennes au plus récentes. 6.1 Le consensus américain (1996) La p nse en charge doit être obligatoirement globale. En 1996, trois médicaments sont efficaces et couramment utilisés : le lithium, le valproate et la carbamazépine 26. Le lithium, le valproate, la carbamazépine et l'électrochoc sont les agents primaires du traitement des patients bipolaires. L'électrochoc est généralement réservé aux patients qui ne sont pas en état d'attendre en toute sécurité l'efficacité d'un traitement médicamenteux, aux patients non répondeurs ou supportant mal les effets indésirables des traitements pharmacologiques, ainsi qu'aux patients qui émettent une préférence pour l' électrochoc26 • L'ensemble des données disponibles tend à favoriser le lithium, mais certains patients ou psychiatres choisiront le valproate ou la carbamazépine, selon les préférences, pour tel ou tel profil d'effets indésirables ou selon l'existence d'antécédents de non réponse ou d'intolérance au lithium. L'utilisation d'antidépresseur doit être arrêtée ou évitée sauf dans le cas où la poursuite du traitement est nécessaire, après avoir évalué le rapport bénéfice/risque, en prenant en compte notamment le risque de virage maniaque. Il en est de même pour le choix de l'antidépresseur. Le traitement d'appoint par benzodiazépine ou neuroleptique peut être utilisé pour gérer les symptômes d'agitation, de psychose ou tout autre comportement dangereux en attendant le plein effet des thymorégulateurs, ou pour augmenter les effets des thymorégulateurs. Si le patient n'est pas substantiellement amélioré dans les 2 ou 3 semaines, un second thymorégulateur peut être ajouté au traitement. L'insomnie peut être soit un facteur précipitant, soit un indicateur précoce de manie ou de dépression. Les mesures éducatives et l'utilisation occasionnelle des benzodiazépines peuvent être utiles dans la prévention du développement d'un épisode maniaque. L'arrêt du traitement doit être progressif pour éviter les rechutes. 25 6.2 Rapport de consensus du Texas de 2000 De puis 1996 , de nouveau x traitements pour la prise en charge des troubles bipolaires ont fait leur apparition 27. Un nouvel examen par un comité d'experts a été entrepris, afin de combler les lacunes entre les résultats de recherche et la pratique clinique. Ce consensus traite de nombreuses stratégies thérapeutiques, incluant le traitement aigu et préventif de la manie, la dépression, les cycles rapides, les troubles résistants à certaines thérapeutiques et le traitement privilégié en présence de troubles comorbides28. 6.2.1. Recommandations pour la prise en charge de la manie/hypomanie • la phase aiguë Voici les différentes alternatives thérapeutiques que peut envisager le clinicien. La progression vers le stade suivant se fait si la réponse clinique est insuffisante ou s1 le traitement n'est pas bien toléré par le patient. 1èr stade : Le traitement consiste en une monothérapie à base de lithium, de valproate ou d'olanzapine pour les patients présentant une manie euphorique (annexe 2) ou hypomanie. L'olanzapine a été rajoutée en tant que monothérapie, suite à des études contrôlées en double aveugle montrant son efficacité dans la prise en charge de la manie aiguë 29 • Pour ce qui est des états mixtes ou manie dysphorique (annexe 2), il est plutôt recommandé de limiter son choix au divalproate de sodium ou à l'olanzapine. En effet, un certain nombre d'études ont suggéré une réponse moindre au lithium des patients chez qui des symptômes maniaques et dépressifs cohabitaient30. Le divalproate de sodium est recommandé en monothérapie pour tous les types d'hypomanie/manie, plutôt que l'acide valproïque, du fait de sa meilleure tolérance 31. 26 ime stade: Le traitement est constitué de deux thymorégulateurs. Le clinicien a le choix entre le lithium, le divalproate de sodium, l'oxcarbazépine, l'olanzapine et la rispéridone. La carbamazépine disparaît peu à peu des recommandations et laisse place à une molécule similaire, l' oxacarbazépine 32, 33. 3ème stade: Le clinicien utilise une association de deux thymorégulateurs, différente de celle essayée au stade 2 28. 4ème stade: Un neuroleptique atypique est instauré en association avec le lithium, le divalproate ou l' oxcarbazépine. Pour les patients présentant une manie psychotique, il est recommandé de passer directement au stade 4 dans le cas où le stade 1 ne se révèle que partiellement efficace ou inefficace (neuroleptiques atypiques: olanzapine, rispéridone, quietiapine ou ziprasidone) 28 • La prise en charge consiste en une trithérapie associant le lithium, un anticonvulsivant (divalproate de sodium ou oxcarbazépine) et un neuroleptique atypique. 6ème stade: L'electroconvulsivothérapie est une alternative efficace pour la prise en charge de l'épisode maniaque, mais la sécurité et la tolérance placent cette alternative pratiquement en dernier recours, contrairement aux recommandations de 1996. La clozapine peut représenter une alternative à ce mveau, en association avec d'autres traitements. Cependant, celle-ci doit être envisagée après avoir tenté une prise en charge par 27 d'autres neuroleptiques atypiques en raison de son profil de tolérance et du suivi médical qu'elle impose. En effet, dans une étude menée sur 17 patients présentant des troubles bipolaires réfractaires aux monothérapie de lithium, divalproate de sodium, carbamazépine, neuroleptiques, ainsi qu'aux associations et à l'electroconvulsivothérapie, ou présentant des dyskinésies tardives, l'utilisation en monothérapie de la clozapine s'est révélée être un thymorégulateur efficace, réduisant le nombre d'épisodes affectifs et le nombre d'hospitalisations chez ces patients 34. 7ème stade: Ce stade inclus d'autres alternatives thérapeutiques pouvant être utilisées en complément d'un traitement partiellement efficace, mais dont les données sont encore limitées. On peut citer le topiramate, l'association de deux neuroleptiques atypiques, les neuroleptiques... c1ass1ques, et 1a 1amotngme 35 36 '. En effet, la lamotrigine peut constituer une éventuelle alternative thérapeutique efficace chez les patients résistants à d'autres thymorégulateurs, même si les bénéfices potentiels doivent être pesés par rapport aux éventuels effets indésirables, notamment à type de rashs cutanés pour les plus courants. Suite à une réponse positive au traitement, celui-ci doit être continué au moins trois mois à la dose efficace lors la phase aiguë, fréquence à laquelle le patient doit être examiné. Lorsqu'un traitement en cours est diminué, la posologie ne doit pas être diminuée de plus de 25% par semaine et ceci pas avant 3 mois de rémission complète 26 • • Au long cours : Pratiquement tous les patients ont besoin d'une thérapeutique préventive contre les épisodes maniaques. Il est recommandé de maintenir le traitement à la plus faible posologie possible, tout en restant dans la fourchette thérapeutique efficace. 28 En pratique générale, le traitement préventif est instauré pour la vie entière à la suite de deux épisodes maniaques, ou suite à un épisode sévère et/ou un terrain familial de trouble bipolaire ou de trouble majeur dépressif. Dans le cas où il s'agit d'un premier épisode maniaque sans antécédent familial, la diminution puis l'arrêt éventuel du traitement peut être envisagé après une période de rémission complète d'environ de 6 mois 28 • 6.2.2. Recommandations de prise en charge des symptômes dépressifs : • A la phase aiguë : Chez le patient bipolaire, la prise en charge de la dépression doit impérativement se faire en association à un thymorégulateur, du fait du risque d'induction de virage maniaque. En effet une étude longitudinale menée sur 51 patients présentant un trouble bipolaire a examiné les effets possibles des antidépresseurs sur l'apparition d'un épisode maniaque et une accélération des cycles. Cette étude a montré que pour un patient sur 3, l'épisode maniaque n'est pas lié à l'évolution naturelle de la pathologie bipolaire, mais a été induit par le traitement antidépresseur. De même, les cycles rapides ont été induits chez un patient sur 4. De plus, la manie induite par un antidépresseur pourrait être un facteur de vulnérabilité à une accélération des cycles 37. Pour le choix de l'antidépresseur, il doit être fait au cas par cas, en fonction des effets indésirables possibles, du potentiel de toxicité et des interactions médicamenteuses. Voici les différentes alternatives thérapeutiques pouvant être envisagées par le clinicien. La progression vers le stade suivant se fait si la réponse clinique est insuffisante ou si le traitement n'est pas bien toléré par le patient. 1er stade : Il consiste à optimiser le traitement thymorégulateur, soit en augmentant, soit en diminuant les posologies. 2ème stade: L'épisode dépressif est assez sévère pour nécessiter une prise en charge par un traitement antidépresseur. Il peut s'agir d'un ISRS (fluoxétine, paroxétine, sertraline, fluvoxamine ou citalopram), du bupropion ou de la lamotrigine. 3eme stade: Le clinicien peut, soit instaurer un traitement par lithium, soit changer d'antidépresseur (venlafaxine ou nefazodone), ou ajouter un deuxième agent du stade 2. 4ème stade: Il repose sur l'association de deux antidépresseurs de classe différente parmi les ISRS, le bupropion, la lamotrigine, la nefazodone et la venlafaxine. 5ème stade : Il est recommandé à ce mveau de changer de thérapeutique pour un IMAO ou un neuroleptique atypique. 6ème Les stade: alternatives recommandées à ce stade sont l'electroconvulsivothérapie, les antidépresseurs tricycliques, les neuroleptiques classiques, l'acupuncture Les antidépresseurs tricycliques se situent au stade 6 du fait de leur profil de toléJance peu favorable, leur étroite marge de sécurité, leur plus grande tendance à induire des virages maniaques que les ISRS. 30 • Au long cours : Suite à une réponse positive au traitement, la conduite à tenir est identique celle de l'épisode mamaque. 6.3 American Psychiatrie Association (APA) Practice Guidelines, 2002 6.3.1 Recommandations pour la prise en charge de l'épisode maniaque ou mixte • la phase aiguë : Pour les patients présentant des épisodes modérés, le traitement correspond à celui du 1er stade du consensus du Texas (2000), et il en est de même pour les épisodes mixtes 38 • Un traitement de courte durée benzodiazépine peut parfois être nécessaire. En deuxième intention, suite à l'absence de réponse après 10 à 15 jours, les associations médicamenteuses sont alors nécessaires. Dans le cadre des épisodes sévères, le traitement utilisé en première intention est celui du stade 4 du consensus du Texas de 2000. Pour les épisodes sévères et agités chez des patients incapables de prendre leur traitement par voie orale, les neuroleptiques pouvant être administrés par voie intra-musculaire seront privilégiés. Les neuroleptiques atypiques seront préférés aux neuroleptiques classiques, pour leur meilleure tolérance, notamment l'olanzapine et la rispéridone 39 • Les alternatives sont la carbamazépine et l'oxacarbazépine. Les antidépresseurs devraient être diminués ou interrompus si possible. Chez les patients réfractaires et les cas les plus sévères, 32 l'électroconvulsivothérapie peut constituer une bonne alternative. La psychothérapie peut être utile lorsqu'elle est associée au traitement médicamenteux. Lorsque un patient décompense sous traitement, une optimisation des posologies est dans un premier temps envisagée. Lorsque le traitement de première intention n'est pas efficace, les alternatives suivantes sont: l'addition de lamotrigine, de bupropion ou de paroxétine. Ensuite, il peut être introduit soit un ISRS ou la venlafaxine ou un IMAO. Les épisodes dépressifs accompagnés d'éléments psychotiques requièrent en général un traitement par neuroleptique. • Au long cours : Le traitement instauré au long cours fait appel aux molécules qui ont permis d'atteindre la rémission. 6.4 Recommandations de la British Association for Pyschopharmacology (2004): 6.4.1 Recommandations pour la prise en charge des symptômes maniaques ou mixtes : Dans le cadre de patients non traités présentant un épisode sévère, la mise en place d'un traitement par neuroleptique par voie orale ou le valproate en raison de leur effet antimaniaque rapide, est envisagée. Les neuroleptiques atypiques doivent être préférés aux classiques en raison de leu meilleur profil de tolérance 39 • Lors d'apparition d'insomnies, Les problèmes d'insomnies, celles-ci peuvent être traitées par des benzodiazépines et les antidépresseurs doivent être interrompus 40. Lors d'une rechute chez un patient en traitement à long terme, il est nécessaire tout d'abord de s'assurer que le traitement en cours est prescrit à la dose offrant le meilleur ratio efficacité/tolérance et que l'observance est correcte.
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Various open science
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The language of Burkinabè masks: an esoteric discourse?
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French
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Louis Millogo Louis Millogo, Professeur titulaire au Département de Lettres Modernes, Université de Ouagadougou, Burkina Faso. Le language des masques burkinabè : un discours ésotérique ? Le language des masques burkinabè : un discours ésotérique ? Les masques burkinabè sont un langage a priori ésotérique compte tenu de leur caractère initiatique, mythique et secret. Cependant ils sont aussi exotériques en tant qu’expression sociale et religieuse communautaire. Ils sont un langage parce qu’ils ont une fonction expressive. Ils sont des messages pour l’ensemble de la communauté où ils se manifestent. Leur antinomie, ésotérisme/exotérisme, explique leurs deux aspects. Premièrement, les masques ont un volet réservé à une élite qui y accède uniquement par enseignement secret (ésotérisme) et qui détient les mythes explicatifs et les techniques de fabrication. Deuxièmement, les masques ont une fonction socio-religieuse qui est communautaire et populaire c’est-à-dire ouverte à la connaissance de tous (exotérisme) : ils expriment les croyances fondamentales, les prières d’expiation, de demande de prospérité et de paix de toute la communauté. Cela est dit à tout le monde. Beaucoup de signes utilisés dans les manifestations des masques appartiennent du reste au code symbolique lisible par tous (les formes animales ou imaginaires des masques, leurs espaces d’évolution, leurs gestes, leurs danses, les dispositions du public …). Mots clés : masques burkinabè, langage, exotérisme, ésotérisme. «Le langage des masques burkinabè : un discours ésotérique ?» L’intitulé de notre sujet est formulé avec la modalité de phrase interrogative. Cet énoncé a quelque chose d’une interrogation rhétorique qui affirme plutôt fortement le caractère ésotérique des masques qui semble être une vérité fondamentale pour les usagers burkinabè du concept de « masque ». Dans ces conditions, la problématique qui nous est posée est : comment comprendre l’ésotérisme des masques burkinabè ? Comprendre peut comporter aussi, quelle que soit la certitude du sujet, une part de remise en cause, de mise à l’épreuve de la certitude du bon sens. Pour traiter la question de l’ésotérisme des masques africains, nous proposons de l’éclater en trois aspects que nous examinerons successivement : les concepts de base de la problématique : masque, langage, discours, ésotérisme ; l’exotérisme ou le non ésotérisme des masques comme manifestation démonstrative collective, populaire et religieuse ; et l’ésotérisme des masques : secrets, formes de transmission, problèmes face au modernisme. 322 23 Millogo_F 03.pmd TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 322 2/7/2007, 1:40 PM Les concepts de base : masque, langage, discours, ésotérisme Le masque africain Les intellectuels africains sont souvent contraints d’utiliser des concepts et des mots occidentaux (français, anglais, espagnol…) pour traduire les réalités culturelles africaines. Autant cette pratique peut compter des commodités, autant elle recèle des inconvénients de nature à travestir ou à fausser totalement les valeurs africaines. Le mot masque fait partie de ces termes pièges avec lesquels des précautions sont nécessaires avant leur usage. En effet les concepts de masques occidental et burkinabè rendus en français par le même mot « masque » sont fondamentalement différents. « Masque » dans la perception de la culture française, voir occidentale renvoie à certaines notions fondamentales propres. Le masque se présente essentiellement comme un objet matériel avec lequel on dissimule le visage. Il peut être aussi une vêture qui recouvre tout le corps à partir de la tête. Par extension de l’usage du mot, on peut concevoir le masque comme la totalité de la vêture et de l’homme revêtu. Puisqu’il s’agit fondamentalement de se couvrir la figure, tous les objets de protection recouvrant le visage sont des masques comme le masque à gaz, le masque contre les abeilles. La fonction du masque n’est pas spirituelle. Elle est protectrice ou ludique (carnaval). Le masque peut même servir à dissimuler l’individu qui veut faire du mal. Il découle même de tout ceci une connotation péjorative du mot. Il tend à traduire l’immoralité dans bien des cas. Ainsi on démasque les malfaiteurs, les hypocrites… Les traits définitoires du masque occidental constituent la description négative du masque burkinabè, c’est-à-dire ce qu’il n’est pas ou ce qu’il ne peut pas se contenter d’être. La couverture corporelle à réaliser pour obtenir le masque burkinabè ne concerne pas seulement le visage mais obligatoirement tout le corps. Le masque ce n’est plus l’homme revêtu. Ceci est très important : c’est un autre être. L’homme revêtu par un faire transformateur cognitif devient un esprit qui a des fonctions hautement spirituelles, religieuses et aussi souvent esthétiques. Le langage et le discours des masques Les masques sont un langage et un discours. Un langage est un système de communication et d’expression. L’unité de base de tout langage est le signe. Selon le matériau de ce dernier il y a deux grandes classes de langage. • Le langage verbal est fait de ce que les linguistes appellent les langues naturelles ; leurs signes sont verbaux (bissa, fulfulde, moore, anglais, français etc.). • Le langage non verbal est celui qui utilise tous les autres signes différents de ceux du verbe, de la parole, de la langue naturelle. Les masques constituent dans leur manifestation un langage non verbal. Le signe principal est évidemment l’être qu’on appelle « masque » et qui s’appréhende à travers TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 23 Millogo_F 03.pmd 323 323 2/7/2007, 1:40 PM des sous signes (analysables en signes plus petits) : l’objet sculpté et peint, l’ensemble de la vêture et l’homme revêtu, la totalité de l’être physique, iconographique, représenté et créé, l’être spirituel. Ce à quoi on ne fait pas suffisamment attention, c’est que le langage du masque dépasse ce premier signe fondamental. Il intègre sa situation de manifestations par laquelle il élargit son langage (Millogo 1988, 1996, 1999). Ces données de prolongement expressif sont : • la gestualité du masque lui-même qui parle en gestes ; • les éléments de l’espace et de l’environnement qui signifient ; • la musique qui parle au masque et le fait agir ; • les acteurs humains qui sont autant de signifiants en rapport avec le masque : les symboles des croyances religieuses. Le langage du masque lui-même puise à un langage plus vaste, un ethno-langage, un langage africain qui reconsidère tous les éléments sensibles de l’environnement et de l’expérience pour en faire des signes à travers un système d’images, de symboles fondés sur la connotation. L’eau est rafraîchissante ; à l’opposé du feu et du soleil qui brûlent, elle sera le symbole de la paix et de la vie. La brousse qui abrite les animaux sauvages et les génies représentera le danger, le mystère et la source de la connaissance considérée comme la maîtrise de la nature (Millogo 1995). Les masques s’inscrivent dans un langage, le langage non verbal. Ils constituent, dans leurs actualisations diverses, des discours. Il ne s’agit pas du sens de « discours » comme dans un discours politique, discours de circonstances. Les langues et les langages sont des potentialités : quand un communicateur, un destinateur recourt à leurs éléments pour traduire un message ici et maintenant, la séquence communicative est un discours avec la forte connotation qu’il faut y voir la manifestation du sujet qui s’exprime et des circonstances dans lesquelles il est appelé à livrer son message ou à libérer son expression. A ce titre la sortie des masques d’une communauté (village ou société de masques) est un discours. Cette communauté ou cette société s’exprime ; elle dit, avec le langage ethnique ou négro-africain mais de façon particulière, ses émotions et ses aspirations. C’est ce qui laisse sentir des masques, malgré une variété infinie de créativités selon les lieux et les cultures, une forte impression de phénomène unique qu’on ne saurait confondre avec d’autres. Le discours des masques réalise une successivité significative qui se fait texte descriptif ou texte narratif. L’animal représenté par le masque dans sa forme et dans ses actions est une description. Au Burkina, les masques qui arrivent de la brousse, encadrés par les jeunes initiés portant des houes, des fouets ; l’accueil au village par la musique, cette dernière qui humanise l’être de la brousse en le captivant et en le faisant danser ; l’intégration dans le cercle des hommes ; tout cela est une syntaxe narrative qui relate la conquête et la victoire de l’homme sur la nature (Millogo 1996). 324 23 Millogo_F 03.pmd TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 324 2/7/2007, 1:40 PM Image : Salaka Sanou, 2006. Masque de fibres (ethnie nouna), province du Sanguié. Apparaît en saison sèche pour célébrer la fin des récoltes. La notion d’ésotérisme Nous avons présenté ci-dessus la notion du masque comme langage et discours pour cerner ce à quoi nous appliquons la notion d’ésotérisme. Il est nécessaire de s’arrêter également un moment sur ce concept avant de disséquer la nature à proprement parler de l’ésotérisme du masque. Etymologiquement les mots « ésotérisme » et « ésotérique » nous viennent du grec ancien. En grec, « éso » veut dire « à l’intérieur », « esoterikos » veut dire « de l’intérieur ». « Eso » est un adverbe dont dérive « esoterikos » par le biais du suffixe « ter » servant à opposer un côté à un autre. Et nous avons justement opposé à « esoteriskos », « exoterikos » = « du dehors » (Baumgartner 1996). Historiquement, l’ésotérisme et exotérime sont des pratiques pédagogiques très répandues chez les philosophes grecs de l’Antiquité. L’enseignement exotérique est ouvert à tout le monde ; il est de ce fait extérieur (exo = au dehors). Il portait sur les données simples, à la portée du grand public. Il avoisine la vulgarisation pour parler en terme moderne. L’enseignement ésotérique est réservé aux disciples initiés, avancés et choisis. Il porte sur un niveau complexe et élevé de connaissance non à la portée de tout le monde. Un glissement sémantique a amené progressivement les termes « ésotérisme » et « ésotérique » à être respectivement les équivalents d’« hermétisme » (caractère de ce qui est obscur, impénétrable) et d’« hermétique » (obscur, difficile à comprendre). Une connotation de « secret » va aussi avec l’hermétisme. L’ésotérisme avec son qualificatif, s’est appliqué aux doctrines fermées qui ne TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 23 Millogo_F 03.pmd 325 325 2/7/2007, 1:40 PM s’adressaient qu’aux initiés. C’est ainsi que le Christianisme à ses débuts (IIe et IIIe siècles) a connu ce qu’on a appelé la « gnose » (connaissance ésotérique des choses divines) et cela a donné lieu au « gnosticisme » (tradition secrète). Revenons au sens pédagogique premier en grec du terme « ésotérisme ». Il nous permet de dégager deux types de savoir : le savoir public ou commun / le savoir réservé. Des conditions de passage du savoir public ou commun au savoir réservé se dégagent deux principaux types d’ésotérisme. • L’ésotérisme du niveau de compétence est celui dont les conditions d’accès au savoir sont une question de niveau de connaissance. Le savoir déjà acquis par le disciple ou le candidat l’autorise à bénéficier de l’enseignement d’un savoir complexe et difficile. C’était la pratique pédagogique la plus générale des philosophes grecs. • L’ésotérisme secret ou initiatique relève des sociétés secrètes. L’acceptation du candidat est liée à des procédures et à des rituels tels que le niveau de compétence à lui seul ne suffit pas pour accéder à la connaissance. Les sociétés initiatiques africaines, la francmaçonnerie, la rose-croix, les sectes fermées relèvent de ce type d’ésotérisme. Le langage et le discours des masques burkinabè et peut-être africains de façon générale n’échappent pas à l’ésotérisme qui est un mode de gestion et de diffusion universel des connaissances humaines. L’ésotérisme marque très fortement les masques burkinabè. Mais sa pratique a des particularités qui méritent qu’on s’y arrête. L’ésotérisme ou le non ésotérisme des masques L’ésotérisme dans l’acception populaire du masques burkinabè est comme le noyau sémantique de son approche dont l’importance et l’évidence sont telles pour l’imaginaire qu’on ne laisse plus la place à d’autres perspectives dans l’interprétation. C’est pour cela que nous nous interrogeons d’abord sur l’exotérisme ou le non ésotérisme du masque burkinabè. En effet on peut le considérer aussi et peut-être même surtout comme un discours populaire et comme l’expression publique d’une citoyenneté et d’une religion communes. Le masque burkinabè : un discours populaire Le masque burkinabè est un discours comme nous l’avons défini plus haut. Le phénomène du masque burkinabè se manifeste concrètement en divers discours (actualisations diverses hic et nunc d’un même langage). La popularité du discours des masques est dans son langage commun, dans son énonciation participative et dans son énoncé adressé à tous. 326 23 Millogo_F 03.pmd TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 326 2/7/2007, 1:40 PM Le langage des masques est un langage populaire parce qu’il puise dans une symbolique déjà existante. Celle-ci appartient au patrimoine de tous. Elle s’est formée à partir de l’initiation et de l’expérience collective. En outre la société prend soin, comme pour mieux assurer la lecture et la mémorisation communautaires, d’organiser des apprentissages collectifs des symboles, de l’esprit des symboles et de leur mécanisme. C’est le rôle par exemple (dans un ordre croissant d’apprentissage pour tous) des devinettes, des contes, des proverbes et enfin des légendes et des mythes (Millogo 2005). Les devinettes apprennent aux enfants de façon systématique comment des correspondances existent entre les choses, les êtres, les actions. Les contes seront des illustrations des symboles, étendues et complexifiées en récits. Les proverbes sont leurs maniements artistiques et oratoires qui impressionnent les oreilles et l’intelligence au quotidien. Les mythes contiennent des symboles plus complexes réservés aux adultes pour les niveaux plus élevés. Tout le monde sait que la nature et l’existence sont des réseaux de symboles. Chacun a appris à sentir et à analyser ces derniers. L’énonciation du discours des masques est un acte participatif. Ce n’est donc pas le fait d’un illuminé ou d’un groupe d’illuminés, qui conçoit et construit l’énoncé des masques de façon absolument exclusive. Toute la communauté est énonciatrice. Cela s’organise conformément à l’articulation des classes de la société : les enfants, les jeunes filles, les femmes, les jeunes hommes, les hommes, les vieux, les non initiés et les initiés, chaque groupe constituant sa part selon ses fonctions, ses capacités et ses responsabilités dans l’exécution de l’énoncé global des masques (leur manifestation totale). Le texte final ainsi produit est une propriété collective. Tout le monde est auteur, propriétaire. A qui est destiné l’énoncé ainsi produit ? L’énoncé est public. Le temps, l’espace dans lesquels il se réalise sont choisis de façon à permettre à tout le monde d’être destinataire. La manifestation des masques, en d’autres termes, est un spectacle, un message public. Il intègre des métadiscours explicites en langue ayant une mission explicative. Pour retenir facilement l’attention, ces discours sont chantés (Millogo 1988). Le masque : pratique citoyenne et religieuse commune La manifestation des masques est une pratique à la fois citoyenne et religieuse. Il est important de noter ici que se confondent en une unité la vie du citoyen et celle du croyant. Le discours des masques est un acte de citoyenneté. Cette dernière est une affaire commune et publique. Parce qu’elle concerne tout le monde, personne n’est censé ignorer la loi. La participation à l’énonciation des masques n’est pas libre. Elle est une obligation de chaque membre de la cité. Elle est l’expression et le symbole de la solidarité, vertu cardinale de la survie de la communauté. Elle permet d’affirmer, clairement pour tous, l’obligation de l’intégration avec la place précise qui est assignée à chacun. TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 23 Millogo_F 03.pmd 327 327 2/7/2007, 1:40 PM La pratique des masques est une religion de la cité et partant une religion d’Etat. Tout le monde doit le savoir et tout le monde doit être pratiquant : car le culte des masques est un acte purificateur de la cité ; c’est une prière pour requérir la protection de tous et la prospérité de la communauté. C’est également la liturgie des masques qui ouvre la cité des ancêtres aux morts (Sanou 1995 ; Millogo 1991). L’ésotérisme des masques Nous venons de voir que le langage et le discours des masques, du point de vue de l’accès à leur connaissance, relèvent de l’exotérisme, le contraire de l’ésotérisme. Cependant, si le masque sait s’ouvrir au public, le sentiment de son ésotérisme largement partagé est une réalité fascinante : la notion du masque s’attache aussi à la notion de secret, à l’initiation caractérisée comme pratique réservée. Cet ésotérisme des masques conçu par une société traditionnelle est un problème face au modernisme. Le secret sur la nature des masques Malgré le caractère public très prononcé du discours des masques, il y a cependant une volonté délibérée et ferme de la communauté de bâtir le secret autour de lui. Cela se traduit par un ensemble d’interdictions et de prescriptions dont le strict respect se fait religieux. On ne doit pas dire la nature matérielle du masque. Il ne faut jamais déclarer qu’il est un assemblage ou un tissage de feuilles ou de fibres ni qu’il est de bois sculpté et peint. Il faut dire et croire que le masque est un être de la brousse (animal ou génie), ou l’âme réincarnée d’un ancêtre, c’est aussi et essentiellement le fils de l’esprit Do, luimême fils de Dieu. Ici la connaissance se confond avec la foi. On ne peut y parvenir qu’en croyant. Tout se résume en une obligation de se taire, en une obligation de montrer un croire ou de faire croire. Pourtant, mis à part les enfants, tout le monde connaît la vraie nature des masques : matériaux végétaux, homme porteur. Alors, pourquoi cette mise en scène du secret ? Nous sommes face à une volonté d’insistance sur la représentation qui doit avoir la meilleure illusion du vrai. N’est-ce pas d’ailleurs l’effet recherché par toutes les œuvres artistiques et littéraires ? Cette discipline du secret officiel fait apprendre les emblèmes communs des valeurs de la société. Apprendre à se taire est une force de cohésion et de cohérence du groupe qu’un seul membre ne saurait trahir. Le secret du masque ou la volonté de la mise en scène réussie du secret est une méthode de dramatisation (l’illusion du vrai), une manière de faire croire effectivement, enfin une méthode pédagogique populaire pour réunir la communauté autour d’une valeur. Le secret c’est donc tout cela à la fois. On ne doit pas montrer les techniques de fabrication des masques qui sont connues par les initiés. Elles doivent rester secrètes comme on ne doit jamais savoir 328 23 Millogo_F 03.pmd TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 328 2/7/2007, 1:40 PM Image: Salaka Sanou, 2006. Masques bwaba de feuilles, province du Tuy. Apparaissent avant la saison des cultures pour demander la bienveillance des ancêtres. quand et où on fabrique les masques. Les techniques de fabrication doivent être gardées secrètes contre les autres communautés de masques que l’on doit battre techniquement. On ne doit pas soupçonner la fabrication des masques ; cela contribue au renforcement du sentiment de l’identité communautaire. L’initiation formelle et rituelle Les masques, tout en ayant une manifestation et une fonction publique, sont initiatiques. L’initiation est l’introduction à une connaissance, à un savoir-faire. Il existe des initiations rituelles fermées et secrètes où se transmet la tradition de valeur. C’est cette connotation de fermeture et de secret qui caractérise ce qu’on appelle les initiations africaines dont l’une nous intéresse ici : l’initiation collective par classe d’âge. Elle marque un passage important d’un citoyen d’une classe d’âge à une autre avec prise de responsabilités nouvelles. Ces responsabilités exigent des savoir-être, des savoirfaire et des connaissances qui sont transmis aux candidats par les classes d’âge supérieures. Les masques constituent, chez les communautés qui en ont, des programmes d’initiation. La classe d’âge initiée aura la responsabilité des masques ; pour ce faire, elle doit être instruite des techniques, des mythes et des comportements relatifs aux masques. L’initiation des classes d’âge étant secrète, elle exige une retraite des candidats le plus souvent en brousse. Au Burkina Faso, chez les Bobo, les Bwaba, les Nouna, les TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 23 Millogo_F 03.pmd 329 329 2/7/2007, 1:40 PM Toussian… la fin de la retraite des initiés correspond à leur entrée triomphale dans le village avec les masques, signes de leur acquisition des secrets (Nao 1989). Ce caractère de l’initiation des classes d’âge est ésotérique. Est évidemment ésotérique aussi l’enseignement des masques qui y est dispensé. Il faut remarquer que ce n’est pas tous les aspects du masque qui relèvent de l’ésotérisme. Par exemple sa manifestation est publique comme nous l’avons dit plus haut. Le secret concerne essentiellement les techniques de fabrication, la connaissance des mythes, l’art de maintenir le mythe autour des masques. L’ésotérisme des masques face au modernisme L’ésotérisme des masques africains, par la force des choses, se trouve confronté à ce qu’on appelle le modernisme comme d’ailleurs l’ensemble des valeurs spécifiques du monde africain. Venant du latin classique « modo » qui veut dire « récemment » ; « modernus » du bas latin ou latin tardif veut dire « récent », « actuel ». Il donnera, en français, « moderne », au XIVe siècle puis « moderniser » au XVIIIe siècle, « modernisme » « modernisation », « modernité » au XIXe siècle (Baumgartner 1996). « Moderne » en Afrique contemporaine comme « modernus » en latin, c’est ce qui est récent, ce qui ne relève pas de la tradition. La spécificité sémantique dans ce contexte est que ce qui est « tradition » est africain (de l’Afrique pré-colonial) et ce qui est « moderne » occidental (colonial ou post-colonial). Le modernisme dont nous parlons ici s’inscrit dans ce sens. Les nouveaux Etats africains qui forgent de nouvelles nations s’organisent politiquement, économiquement, socialement et culturellement dans le sillage de ce « modernisme » quand bien même ils veulent donner à ces structures des ancrage africains (= traditionnels). Quelle chance de survie l’ésotérisme des masques africains a-t-il dans le modernisme de l’Afrique actuelle ? L’ésotérisme qui est un mode de transmission du savoir, comme nous l’avons vu, perd progressivement son cadre de transmission au fur et à mesure que l’école moderne (autre type de transmission) avance. Les jeunes à initier sont de plus en plus soit à l’école moderne qui n’est pas souvent au village ou quand elle y est, elle est parallèle aux structures du village traditionnel (=africain) ; soit dans des circuits de production économique qui les arrachent au village et qui les rattachent à d’autres mondes. Ainsi les vieux perdent leurs candidats à l’initiation. Quand il y a encore au village des candidats à l’initiation, ils sont déjà marqués par la société de consommation individualiste dont les valeurs sapent les fondements de la société traditionnelle. Les masques, dont le côté festif, esthétique et touristique retient encore l’attention des jeunes, tendent à « s’épurer » de leur ésotérisme qui leur donnait une âme grave. Ainsi « allégés », les masques risquent de tomber dans le folklore ; ils risquent même 330 23 Millogo_F 03.pmd TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 330 2/7/2007, 1:40 PM de disparaître faute non seulement d’ésotérisme mais aussi de transmission. C’est peut-être avec la prise de conscience de cette problématique que naissent et se développent avec succès des associations dynamiques de soutien et de renouveau des masques. Citons à titre d’exemples les festivals de masques de Pouni (ethnie des Nouna), de Boulsa (ethnie des Mossi), de Dédougou (ethnie des Bwaba). Ces mouvements culturels qui respectent les traditions ont pour objectif de soutenir et de promouvoir la vie des masques. Des responsables de masques eux-mêmes sont de plus en plus modernes (ayant effectué des études universitaires et évoluant dans le système de la vie moderne). Beaucoup de communautés de masques intègrent de plus en plus les spectacles de ces derniers aux manifestations politiques et culturels modernes. Il est en train de se constituer peut-être un nouveau cadre de transmission des masques. Conclusion L’ésotérisme des masques africains n’est pas total comme dans certains rites initiatiques antiques (grecs) modernes (rose-croix) ou africains (sociétés secrètes). Il y a une ressemblance partielle avec l’ésotérisme des philosophes grecs qui enseignaient une partie (accessible) de leur pensée au grand public et qui réservaient une partie (plus difficile) aux initiés. Mais des aspects (fabrication, mythes, transmission initiatique) restent réservés aux initiés et relèvent donc de l’ésotérisme. Ce sont ces points qui posent des problèmes à la vie moderne africaine. Bibliographie Baumgartner E. & Ménard P.H. 1996. Dictionnaire étymologique et historique de la langue française. Paris: Librairie générale française. Boni N. 1962. Crépuscule des temps anciens. Paris: Présence Africaine. Millogo L. 1988. Littérature et tradition orale: pour une symbiose des genres artistiques; la sortie des masques chez les Bobo, un art total. Annales – Littérature burkinabé. [175-188]. Ouagadougou: Université de Ouagadougou. _____. 1991. Le forgeron, le Do, le masque et l’initiation. Colloque International sur le mythe dans la littérature orale négro-africaine, Abidjan 11-12 Avril 1991. Abidjan: Université de Cocody, Université de Urbino. _____. 1995. Discours des masques et problématique de l’environnement. Cahiers du Cerleshs n° 12: 189-221. _____. 1996. Sémiotique topologique de la sortie des masques dans l’arène, cas de Léna et de Séyou. Analyses n° 5: 5-25. _____. 1999. Le frappeur de dépotoirs (recyclage de masques et recyclage bobo). In J. Villeneuve (ed.). La mémoire des déchets. Essais sur la culture et la valeur du passé. Quebec: Nota Bene, 119-132. _____. 2005a. Parcours génératif de l’art des masques bobo du Burkina Faso. Cahiers du Cerleshs n° 23: 159-191. _____. 2005b. Discours des masques et littérature ou poétique comparée. Annales Université de Ouagadougou, 265-286. Nao O. 1989. Le masque à lame chez les Mossé, les Nuna, et les Bwaba (Thèse de doctorat). Paris : Université la Sorbonne. Sanou S. 1995. Le masque et sa fonction sociale chez les Bobo de Tondogosso. Cahiers du Cerleshs n° 12: 237-255. TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 23 Millogo_F 03.pmd 331 331 2/7/2007, 1:40 PM Image : Amadou Bissiri, 2006. A young girl in a traditional moaaga outfit. Petite fille en habit traditionnel moaaga. 332 23 Millogo_F 03.pmd TYDSKRIF VIR LETTERKUNDE • 44 (1) • 2007 332 2/7/2007, 1:41 PM.
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Dans le contexte d'un article de recherche où les conseils trop directs envers les pairs pourraient être considérés présomptueux, la proposition conditionnelle permet d'atténuer la force de ces conseils ou recommandations. L'exemple (5) fournit également un bon exemple de l'interaction polyphonique, effectuée à l'aide de l'opérateur si. Les avantages procurés par cette procédure médicale sans curage, sont attribués à un pronom « on » avec une portée très large et indéfinie, comprenant à la fois l'auteur lui-même, les autres équipes médicales mentionnées dans les références entre crochets, et aussi peut-être les lecteurs. De cette manière l'auteur trouve de bonnes justifications pour la recommandation plutôt directe de la proposition Q : « Si ce que nous (et d'autres) disons s'avère, voici ce qu'on peut conseiller en conséquence. » Les hypothèses dans l'article de recherche médical sont exprimées d'une façon très prudente. Dans ce corpus il n'y avait qu'un seul exemple d'une prédiction classique (si + présent + futur) exprimant ainsi une hypothèse probable. Dans tous les autres cas il s'agissait d'hypothèses potentiellement réalisables, où l'auteur cherche à se distancier par rapport à ses prédictions au moyen de verbes modaux, de formes verbales du passé ou d'expressions lexicales d'incertitude. (6) Si une telle analyse était réalisée de manière systématique, la valeur prédictive des emboles pour déterminer l'envahissement ganglionnaire augmenterait probablement de manière importante. 3 Les autres types de conditionnelles de réglage (« refocusing ») sont illustrés en [THOM 07]. existe également des cas où l'hypothèse est attribuée à d'autres auteurs (7) Si l'on en croit la Société de pneumologie de langue française, le Cyfra 21-1 est actuellement le seul marqueur tumoral dont la valeur pronostique est clairement démontrée dans le cancer bronchopulmonaire primitif non à petites cellules [4]. Nous avons néanmoins pu constater (). Le recours à l'hypothèse d'un autre est ici un stratagème rhétorique. Comme l'explique G. Achard-Bayle (2005), l'emploi de la conditionnelle peut servir à suspendre la valeur de vérité. Dans cet exemple, l'auteur invoque les théories des autres, à l'aide de l'opérateur si, afin de les contester et de promouvoir ses propres idées. Dans la troisième grande catégorie de fonction dégagée, celle des fonctions discursives, il s'agit d'orienter l'attention du lecteur d'un sujet à un autre ou d'un espace textuel à un autre, passant par exemple du texte au schéma : (8) Si nous étudions plus précisément la nature des 39 discordances, nous notons qu'elles se répartissent en deux types : les sous-évaluations et les problèmes d'échantillonnage. Dans l'exemple (8) l'auteur attire l'attention du lecteur sur un schéma dans l'article. Il ne s'agit pas vraiment de signaler une relation particulière entre P et Q, mais de signaler un cadre provisoire (espace sémantique) fourni par la proposition subordonnée dans le contexte où il est pertinent d'énoncer Q. Toutefois, cette catégorie est peu représentée dans les articles de recherche, Comme les articles suivent un format très rigide avec de nombreux sous-titres et sous-sections, les indications metadiscursives sont souvent redondantes. En revanche, on relève nombreux exemples de ce type dans les communications de congrès (cf. infra). Globalement, dans les articles de recherche en médecine, ce sont les fonctions factuelles des phrases conditionnelles qui sont les plus employées et les fonctions discursives qui sont de très loin les moins sollicitées. Cependant, il existe des différences assez frappantes dans l'emploi de conditionnelles factuelles et de conditionnelles du type « refocusing » chez les trois groupes d'auteurs. Ces différences sont résumées dans la partie suivante. 9.1.3 Comparaison français/anglais Comme on l'a déjà constaté, sur le plan quantitatif global la fréquence des phrases conditionnelles est assez semblable dans les articles anglais et français. Cependant une comparaison de la répartition de ces mêmes occurrences dans les différentes sections de l'article de recherche fait apparaître des différences marquées. 60 50 40 30 20 10 0 Abs. Introd. Meth. Results En - % 2,5 Fse - % 1 Fr - % 3 Disc. 3,5 56 11 27 3 46 6 44 6 21,5 18,5 51 Figure 2. Distribution d'occurrences selon la section de l'article chez les trois groupes d'auteurs [THOM 07 : 156]. Tous les articles de recherche de ce corpus possèdent des sections bien distinctes et suivent le schéma IMRED. Comme il a déjà été souligné (cf. Swales 1990 ; Salager-Meyer 1994 et chapitre 5 supra), les différentes sections de l'article de recherche remplissent des fonctions rhétoriques spécifiques. Il est habituel d'établir une frontière assez nette entre les sections plus descriptives de l'article et les sections plus analytiques. Les sections « Méthodes » et « Résultats » sont essentiellement descriptives et informatives. En revanche, les sections « Introduction » et « Discussion » sont plus analytiques. Les auteurs fournissent une justification de leurs projets de recherche ou proposent des interprétations des résultats obtenus. Dans les articles en anglais des auteurs anglophones (En), la plus grande proportion des phrases conditionnelles se trouvent dans les parties plus descriptives de l'article, surtout dans la partie « Méthodes » (56% des occurrences). En revanche, dans les articles en français (Fr), la plus grande proportion des occurrences se trouvent 214 dans la partie « Discussion » (51% des occurrences). Pour le troisième groupe d'auteurs (les articles anglais rédigés par des auteurs francophones), la distribution des occurrences se situe entres deux extrêmes. Ces résultats suggèrent que les auteurs d'articles de recherche en français (Fr) ont un grand recours aux phrases conditionnelles dans des contextes argumentatifs, une tendance qui est aussi observée (dans un moindre degré) dans le cas des auteurs francophones d'articles en anglais (Fse). En revanche, les auteurs anglophones (En) ont un plus grand recours aux phrases conditionnelles dans les contextes descriptifs. Ces tendances se reflètent dans la distribution des trois catégories fonctionnelles de conditionnelles chez les trois groupes d'auteurs. 70% 60% 50% 40% Fonctions factuelles Fonctions de refocusing 30% Fonctions discursives 20% 10% 0% En Fse Fr Figure 3. des catégories fonctionnelles chez les trois groupes d'auteurs [THOM 07 : 161]. Comme la figure 3 le montre, si les fonctions discursives sont peu représentées chez les trois groupes d'auteurs, les deux autres grandes catégories de fonctions identifiées ne sont pas distribuées de la même manière. Chez les auteurs anglais (En), ce sont les fonctions factuelles qui priment (68%). Les auteurs anglais ont plus recours à ce type de construction afin de présenter leurs décisions méthodologiques et thérapeutiques que les auteurs français (41%). (L'emploi des fonctions factuelles par les auteurs Fse se trouve à michemin entre les deux). Les auteurs anglais semblent, par exemple, employer 215 presque systématiquement une conditionnelle pour établir les critères d'éligibilité pour les malades impliqués dans les différents tests : (9) Patients were excluded from the study if they had evidence of metastases, a documented history of cardiac disease or previous cancer () FSE La légitimité de la relation entre P et Q est ainsi circonscrite à un sousensemble. En revanche, dans les articles français les chercheurs adoptent souvent d'autres moyens syntaxiques pour annoncer les critères d'éligibilité pour une expérience : (10) Les critères d'exclusion étaient ceux habituels pour la technique du GS : un stade TNM supérieur à T1 ou N1, un cancer multifocal, une chimiothérapie préalable, une allergie, obésité () Le fait que les auteurs français annoncent les critères d'éligibilité de cette manière, sans recours à si donne l'impression d'une position plus affirmative, par opposition aux chercheurs anglophones, où la valeur suspensive ou « non assertée » de la proposition laisse au lecteur la possibilité de remettre en cause la décision prise par les auteurs. Notre deuxième grande catégorie, les fonctions de réglage, « refocusing functions », est plus représentée dans les articles français. Les auteurs français exploitent plus le potentiel argument des constructions avec si que ne le font les auteurs anglophones avec if. (Le troisième groupe d'auteurs, les auteurs francophones d'articles en anglais, se trouve de nouveau à mi-chemin entres ces deux groupes). Ces différences trouvent leur origine en partie dans l'utilisation variable des constructions conditionnelles concessives par les trois groupes d'auteurs. Les constructions conditionnelles concessives avec even if ou même si sont particulièrement utiles dans l'article de recherche afin d'anticiper les objections potentielles des lecteurs. (11) Notre pourcentage est plus élevé que dans l'étude multicentrique, même si une comparaison est difficile compte tenu que 13 patientes de notre étude ont été incluses dans cette étude multicentrique. En employant une phrase conditionnelle concessive, le chercheur prévient d'éventuelles critiques de la part de ses lecteurs. Cependant, si les trois groupes d'auteurs ont recours aux conditionnelles de ce type, les auteurs français (Fr) les emploient deux fois plus que les auteurs anglais (En). Une comparaison stricte entre les deux langues s'avère néanmoins difficile à cause de la plus grande gamme de valeurs assurée par la conjonction si. En français, si peut souvent être employé à la place d'une autre conjonction concessive telle que bien que, pour signaler une relation concessive pure, non conditionnelle (Paillard 1989). Le corpus d'articles de recherche en français contient plusieurs exemples de ce type : (13) La limitation de la dissection du curage axillaire au seul étage I, si elle diminue le taux de complications, n'apparaît pas être une alternative satisfaisante ; le taux de faux négatifs observé étant de 10% à 15%. En anglais de tels emplois sont peu fréquents. Quand la réalité de la proposition P est présupposée, l'anglais préfère employer un autre subordonnant concessif tel que although (Ranger 1998 ). Toutefois, même en écartant les concessives pures comme en (13), les chercheurs français ont largement plus recours aux conditionnelles concessives, et aux conditionnelles du type « refocusing » en général, que les auteurs anglais. Ce constat semble indiquer une volonté d'adopter une position argumentative plus prononcée de la part des auteurs français, plutôt qu'une simple différence linguistique liée à la gamme de valeurs plus large de si en français. Les résultats présentés ici ont souligné à plusieurs reprises l'emploi un peu particulier qui est fait des phrases conditionnelles par le troisième groupe d'auteurs (Fse), les auteurs francophones des articles rédigés en anglais. Ces auteurs présentent en effet un profil hybride. D'une part, ils suivent les auteurs anglais en exploitant les fonctions factuelles des phrases conditionnelles. D'autre part cependant, comme dans les articles en français, ils exploitent plus le potentiel argumentatif de if que ne le font les auteurs anglophones. Je reviens dans la partie suivante sur d'autres différences dans l'emploi des phrases conditionnelles par les locuteurs anglophones et non anglophones, cette fois-ci dans les communications de congrès. 9.2 Emploi des phrases conditionnelles dans les communications de congrès Les communications de congrès et les articles de recherche sont des genres proches. Ils sont gérés par les mêmes communautés discursives (la communauté des chercheurs universitaires) et peuvent être qualifiés d'exemples de « research genres » (Swales 2004). Une communication de congrès donne souvent lieu à un article scientifique ou vice versa. Toutefois, comme il a déjà été démontré dans les chapitres précédents (par exemple section 7.2) certaines conditions spécifiques aux communications de congrès, et en particulier les contraintes liées à leur mode de transmission et à leur statut épistémologique, entraînent des choix syntaxiques bien particuliers. L'emploi de phrases conditionnelles en est un exemple frappant. Je propose donc dans les paragraphes suivants de passer en revue certaines spécificités du fonctionnement des phrases conditionnelles dans les communications de congrès [THOM 08a et 08b]. Je passe ensuite à une comparaison de l'utilisation faite de cette structure par les conférenciers anglophones et non anglophones [THOM 08b]. Le corpus employé pour ces études comprenait trente communications de congrès faites en anglais dans le domaine de l'oncologie, quinze des conférenciers étant d'origine anglophone et quinze d'origine francophone4. Ce corpus de communications orales a été comparé à la partie anglaise du corpus d'articles de recherche en oncologie décrite plus haut (9.1.1). Seules ont été analysées les phrases conditionnelles en if. 4 Les détails sur ces corpus peuvent être consultés en [THOM 08b : 45]. 218 9.2.1 Fréquences, fonctions et formes (Contrastes avec l'article de recherche) Genre # textes Communication de congrès 30 dont : En 15 Fse 15 Articles de recherche 60 dont : En 30 Fse 30 Total 90 # mots # occ. Taux if/1000m. 72 106 216 3 39 454 152 3,85 32 652 64 1,96 226 298 217 0,96 111 907 119 1,06 114 391 98 0,85 298.404 433 1,45 Tableau 1. Fréquence des phrases conditionnelles : communication de congrès vs articles de recherche ( table au adapté de [THOM 08b]). En= Chercheurs d'origine anglophone ; Fse= Chercheurs d'origine francophone. Comme le tableau 1 le démontre, les phrases conditionnelles sont trois fois plus fréquentes dans les communications de congrès que dans les articles de recherche. Ces résultats corroborent ceux d'autres études (Ford et Thompson 1986 ; Biber et al. 1999 ; Ferguson 2001) qui ont également conclu que les phrases conditionnelles sont plus fréquentes à l'oral qu'à l'écrit. Cependant, il existe également un décalage assez important dans l'emploi des phrases conditionnelles par les conférenciers anglophones et les conférenciers d'origine francophones, différence qui sera abordée dans la partie suivante (9.2.2). Les traits formels des phrases conditionnelles dans la communication de congrès sont aussi très différents de ceux employés dans l'article de recherche À la différence de l'article de recherche, c'est le positionnement initial de la subordonnée qui est privilégié. Genre # Occ. Communication de congrès Article de recherche Position de la subordonnée (%) Initiale Médiane Finale 216 75,5 11,1 12,6 217 43,3 3,2 53,4 Tableau 2. Position des su bord onnées en if (Tableau adapté de [THOM 08b]). Cette préférence pour le positionnement initial semble très liée aux contraintes cognitives du traitement d'un discours en temps réel. Afin d'éviter des malentendus éventuels, il est souvent important d'établir un terrain en commun, 219 de savoir qu'il s'agit de P et non pas ~P, avant d'énoncer la proposition en Q. Les orateurs ont besoin aussi de fixer l'attention des auditeurs sur les nouveaux référents qui vont figurer dans le discours ultérieur. Ces fonctions « présentationnelles » des phrases conditionnelles sont manifestes dans plusieurs exemples du corpus des communications de congrès : (14) If we look now at the plasma concentrations measured in the patients versus the days on therapy with the drug, we can see that in no case were plasma levels over 125 nanograms per milliliter. La fréquence plus élevée de la position médiane de la subordonnée semble aussi être liée aux contraintes de la communication en direct. Un orateur peut décider d'interrompre une phrase en cours afin d'insérer, comme une quasiimprovisation, une subordonnée en if pour expliciter les conditions de l'assertion dans la proposition principale : (15) This tumor is very amenable if it's a carcinoma by biopsy to local excision. Ce type d'improvisation serait écarté dans un document écrit. Concernant les formes verbales, les trois séquences prototypiques sont de nouveau peu exploitées (cf. supra). Bien que légèrement plus fréquentes que dans les articles de recherche, ces séquences représentent seulement 12,5% des occurrences et il n'y a aucun exemple de la conditionnelle « 3 » (si + plus que parfait + conditionnel passé). Il y a de nouveau un éventail d'autres séquences verbales, la plus fréquente étant une séquence comportant deux verbes au présent. Deux autres configurations assez fréquentes dans les communications de congrès sont les conditionnelles tronquées et les conditionnelles sans apodose [THOM 08b : 51]. Les communications de congrès et les articles de recherches n'exploitent pas les mêmes fonctions des phrases conditionnelles. Bien que l'on trouve presque la même proportion de conditionnelles du type « refocusing » dans les deux genres, les fonctions factuelles des phrases conditionnelles sont beaucoup moins exploitées dans la communication de congrès (41% contre 61% dans les articles). Dans les articles de recherche, la plupart des conditionnelles 220 factuelles se trouvent dans la section « Méthodes ». Or, dans les communications de congrès, les explications sur la méthodologie sont généralement courtes : les conférenciers cherchent plus à souligner l'originalité de leurs travaux et/ou de leurs résultats aux dépens d'une présentation détaillée de leur méthodologie (Swales 2004). Pour ce faire, ils ont donc moins recours aux fonctions factuelles. Au contraire, c'est le recours aux fonctions discursives des conditionnelles qui caractérise mieux la communication de congrès. Alors qu'il y avait très peu de phrases conditionnelles discursives dans le corpus d'articles de recherche, les communications de congrès contenaient soixante occurrences (26%) de conditionnelles discursives. 100% 80% Fonctions ives Fonctions de refocusing Fonctions factuelles 60% 40% 20% 0% Comm. Article Figure 4. Fonctions des phrases conditionnelles : communication de congrès vs articles de recherche. Adapté de [THOM 08a]. La catégorie de fonctions discursives regroupe les fonctions qui sont liées à la gestion du discours. Comme on l'a constaté plus haut, ces fonctions sont peu exploitées dans l'article de recherche. La structure très formatée de l'article de recherche dispense souvent les auteurs d'indications métadiscursives supplémentaires. Or dans la communication de congrès la situation est tout autre. Dans un monologue dense, tel que la communication de congrès, les marqueurs organisationnels sont nécessaires afin de segmenter le flot discursif continu en de petites portions plus digestes et de signaler la structure informationnelle désirée. Comme le rappelle Péry-Woodley (2000 : 136), 221 « structurer revient toujours à segmenter », c'est-à-dire à la fois à diviser et à rassembler. Les conditionnelles du type discursif permettent aux orateurs de signaler explicitement le thème/topique, tout en créant des segments plus faciles à traiter pour les auditeurs. En voici un exemple : (16) If we now go on to discuss the other problem, that is the local recurrence problem, this is a serious problem. Une autre caractéristique de la communication de congrès qui favorise ce recours aux fonctions discursives est liée à la gestion de ressources visuelles. Les conférenciers doivent constamment veiller à intégrer les informations visuelles projetées à l'écran dans la trame linguistique de leur communication verbale. L'emploi d'une conditionnelle discursive permet d'attirer poliment l'attention des auditeurs sur une image ou un schéma que le conférencier serait en train de montrer : (17) If you look at the number of patients that were treated, there () Comme il a été souligné dans le chapitre précédent (8.2), l'emploi de phrases conditionnelles de ce type contribue également à créer un rapport direct avec les auditeurs présents dans la salle de conférence. 9.2.2 Comparaisons : conférenciers anglophones/conférenciers non anglophones Parmi les résultats que l'on peut retenir de la comparaison sur l'emploi des phrases conditionnelles chez les deux groupes de conférenciers, deux points me semblent particulièrement significatifs. Le premier concerne leur fréquence (cf. tableau 1 ci-dessus). Si globalement les phrases conditionnelles sont trois fois plus fréquentes dans les communications de congrès que dans les articles de recherche, c'est principalement parce que les communications des conférenciers anglophones contenaient deux fois plus de phrases conditionnelles que celles des confrères non anglophones : 3,8/1000 dans les communications des chercheurs anglophones contre seulement 1,9/1000 dans les communications des chercheurs d'origine française. Autrement dit, les chercheurs francophones semblent beaucoup moins différencier les deux situations de communication que leurs confrères anglophones. La transition d'une syntaxe écrite vers une syntaxe orale est moins nette. Ces constats 222 permettent d'étayer certaines hypothèses déjà avancées dans mes travaux précédents sur l'emploi d'autres structures syntaxiques telles les phrases pseudo-clivées, les inversions ou les passifs [THOM 01 ; THOM 05d]. Dans tous ces cas, les structures caractéristiques du discours scientifique écrit sont réutilisées dans les communications des conférenciers non anglophones, tandis que les structures caractéristiques de la communication scientifique orale sont beaucoup moins en évidence. Un deuxième point important qui ressort de cette comparaison entre les deux groupes d'auteurs concerne l'emploi de phrases conditionnelles discursives. Les conférenciers anglophones exploitent beaucoup plus les fonctions discursives des phrases conditionnelles que ne le font les conférenciers non anglophones. Il y avait quarante-sept occurrences (31%) dans le premier groupe contre seulement neuf occurrences (14%) dans le deuxième groupe. Bien que conférenciers d'origine francophone emploient les fonctions factuelles et les fonctions du type « refocusing », ils semblent peu familiers avec cet emploi pragmatique des phrases conditionnelles, sans doute parce qu'ils n'ont jamais utilisé ces fonctions dans leur apprentissage de l'anglais. Or comme on vient de le voir, les conditionnelles du type discursif peuvent jouer un rôle important dans l'organisation d'une communication, permettant aux orateurs de structurer leur discours et ainsi de faciliter son traitement par les auditeurs. L'incorporation de certaines explications sur de telles fonctions dans un enseignement de la syntaxe plus axé sur le genre pourrait donc être très utile pour les apprenants (cf. section 9.4 infra). 9.3 Emploi des phrases conditionnelles dans les éditoriaux spécialisés Le troisième genre abordé dans mes travaux sur les phrases conditionnelles est l'éditorial spécialisé médical. Les éditoriaux spécialisés constituent un genre bien particulier, partageant certains traits du discours scientifique et d'autres du discours journalistique. Ils ont pour objectif de soulever des questions propres à la vie interne de la communauté, mais aussi d'attirer l'attention sur des faits ou des polémiques qui peuvent toucher toute la société Les éditorialistes des 223 revues médicales scientifiques travaillent ainsi à l'interface de la recherche scientifique et de l'opinion publique. À la différence des éditorialistes de la presse généraliste, ils ne sont pas généralement des journalistes mais des chercheurs et des membres de la communauté spécialisée concernée. De son côté, le lectorat des éditoriaux médicaux est assez hétérogène. Il comprend des chercheurs spécialistes, mais également des généralistes et parfois aussi la communauté scientifique dans son ensemble au sens large. À travers une comparaison avec l'article de recherche, il semblait donc intéressant d'essayer de cerner le rôle des phrases conditionnelles dans ce genre un peu hybride Le corpus employé pour cette étude comportait soixante-quatorze éditoriaux de deux revues médicales de recherche, The Lancet Oncology et International Journal of Radiation Oncology. Ces éditoriaux étaient comparés à trente articles de recherche, en partie extraits des mêmes revues [THOM 09b] 9.3.1 Fréquences, fonctions et formes (Contrastes avec l'article de recherche) Genre Editoriaux Articles # textes 74 30 # mots 95 143 111 907 # occ. 171 119 Taux if/1000m. 1,8 1,06 Tableau 3. Fréquence des phrases conditionnelles : communication de congrès vs articles de recherche (tableau adapté de [THOM 09b]). Comme le tableau 3 le démontre, les phrases conditionnelles sont plus fréquentes dans les éditoriaux médicaux que dans les articles de recherche. Ces résultats corroborent ceux de Ferguson (2001), qui a trouvé un taux similaire dans ses propres travaux sur l'emploi des conditionnelles dans le discours médical. Autrement dit, les éditorialistes semblent avoir plus besoin des phrases conditionnelles que les auteurs des articles de recherche Il existe également une grande différence entre les traits formels et fonctionnels des phrases conditionnelles dans le cas des éditoriaux spécialisés et dans le cas des articles de recherche Dans le cas des éditoriaux spécialisés, les traits correspondent beaucoup plus à ce qui est généralement considéré comme les traits prototypiques des conditionnelles. Les conditionnelles hypothétiques sont 224 fréquentes et les trois types « canoniques » de séquences verbales sont par exemple beaucoup plus employés que dans les articles de recherche. Séquence 1 Séquence 2 Séquence 3 Séquences traditionnelles (1, 2, 3) Éditoriaux 18 14 5 37 (21,6%) Articles 2 4 1 7 (5,9%) Tableau 4. Séquences verbales « canoniques » : comparaison éditoriaux /articles. Les conditionnelles du type 1 (présent + futur) sont souvent employées dans les éditoriaux pour émettre des prévisions concernant sociopolitique de la médecine : (18) If the lack of charity regulation in Scotland is allowed to persist, future scandals will inevitably occur. Une telle affirmation serait difficile à envisager dans l'article de recherche, car dans une enquête clinique sur les origines d'une maladie ou de son diagnostic la certitude absolue est difficile à assurer. En revanche, dans le domaine social, l'éditorialiste peut plus facilement se permettre de faire des pronostics assez fermes. La plupart des conditionnelles du type 2 et tous les exemples du type 3 dans les éditoriaux sont des conditionnelles contrefactuelles, et leur emploi semble également largement déterminé par les objectifs argumentatifs du genre. Ces types d'hypothèse permettent aux locuteurs d'envisager les conséquences éventuelles des actions ou faits qui ne se sont pas produits dans le passé ou qui ne sont pas actuellement valides (Akatsuka and Strauss 2000). Ils permettent ainsi aux éditorialistes de critiquer les actions entreprises (ou non) par d'autres chercheurs. (19) In the context of previous trials in solid tumors (), one needs to consider the question of what the likely outcome would have been if the primary end point of this study had been survival, and the study had been continued despite the emergence of a statistically significant difference in progression-free survival. Dans cet exemple, l'éditorialiste émet des critiques sur une étude qui a été arrêtée trop vite pour fournir des informations valables sur la guérison des malades. Il est évident que, dans un article de recherche, un chercheur ne mettrait pas en question ses propres travaux de cette manière. Les autres séquences verbales exploitées par les auteurs des articles et les éditorialistes sont également très différentes. Dans les articles de recherche, la majorité des séquences comportent un verbe au passé. En revanche, dans les éditoriaux, les formes du passé sont rares. L'argumentation est solidement ancrée dans le présent, avec 50% des séquences contenant un présent simple dans l'une ou les deux propositions de la phrase conditionnelle. Les fonctions jouées par les phrases conditionnelles sont distribuées aussi d'une manière très différente dans les deux genres. Dans les éditoriaux, les fonctions factuelles sont rarement exploitées : 10% des occurrences contre 61% dans les articles. Les éditorialistes ne rendent pas compte de recherches primaires et ont par conséquent peu besoin des fonctions factuelles des conditionnelles qui servent dans les articles de recherche essentiellement à présenter les décisions de méthodologie et de traitement choisies par les chercheurs. En revanche, c'est surtout le recours aux fonctions de « refocusing » des conditionnelles qui caractérise ce corpus d'éditoriaux spécialisés : 87% des occurrences. Les phrases conditionnelles se trouvent dans les contextes argumentatifs où elles fournissent un certain potentiel de manoeuvre aux éditorialistes pour traiter des questions polémiques et pour émettre des hypothèses sur les conséquences ou les suites à donner à la recherche examinée. Le profil d'emploi des phrases conditionnelles dans les éditoriaux est donc globalement très différent de celui rencontré dans les articles de recherche. L'une des seules similarités semble concerner le positionnement de la subordonnée dans les deux genres. Bien que le positionnement initial de la protase ait été légèrement plus fréquent dans les éditoriaux (55%), ce pourcentage reste beaucoup plus près de celui relevé dans les articles de recherche (43%) que celui par exemple des communications de congrès (75%). Le mode de transmission semble er ici un rôle déterminant. Cependant, ces différences potentielles dans le fonctionnement des phrases conditionnelles 226 entre l'écrit et l'oral font rarement l'objet d'une présentation dans les grammaires pédagogiques (cf. infra). 9.3.2 L'étude de quatre variantes Jusqu'ici nous avons surtout porté notre attention sur le schéma de base des phrases conditionnelles, la forme If P, Q. Toutefois, de la même manière que les formes verbales impactent le sens des phrases conditionnelles, il existe aussi plusieurs variantes aux schémas de base dont chacun ajoute une nuance particulière à la signification [THOM 09b] (Dancygier 19985). Dans la section qui suit, je propose de brièvement résumer le rôle de quatre de ces variantes dans les éditoriaux : [If P, then Q], [Q only if P], [even if P, Q] ou [Q even if P] et [if P, Q?]. Ces variantes sont très fréquemment rencontrées dans les éditoriaux, représentant 26% des occurrences par rapport à seulement 7,5% des occurrences dans les articles de recherches. Le rajout de ces lexèmes, then, only et even et l'emploi d'une conditionnelle à l'apodose interrogative peuvent être extrêmement révélateurs quant aux stratégies rhétoriques des éditorialistes. Variante Éditoriaux Articles If P, then Q 12 4 Q only if P 7 0 Even if 11 5 If P, Q? 14 0 Total 44 9 26% 7,5% Tableau 5. Quatre variantes de If P, Q [THOM 09b] 5 Dancygier (1998 : 6) identifie un certain nombre de facteurs susceptibles d'impacter sur l'interprétation d'une construction conditionnelle, dont le rajout de lexèmes, les formes verbales, la « structure » (ordre des propositions) et l'intonation. 227 If P, then Q Comme B. Dancygier (1998) et Dancygier et E. Sweetser (1997) l'ont montré, l'ajout de then dans l'apodose de la phrase conditionnelle permet de renforcer la relation de dépendance entre les propositions P et Q et de contraindre ainsi l'interprétation du récepteur. La variante avec if P, then Q est plus catégorique que la simple avec if P, Q. Les éditorialistes sont censés prendre position sur des questions d'actualité dans le monde médical et l'emploi de cette forme leur confère un certain statut d'autorité : (20) If the provision of such services is not kept in touch with the increasing number of cancer survivors then the importance of quality of life in cancer will no longer be sustainable (ED 11). En revanche, chez les auteurs d'articles de recherche où une telle manifestation d'autorité pourrait apparaître présomptueuse, on trouve beaucoup moins d'occurrences de cette variante. Q only if P Cette variante est seulement employée dans les éditoriaux, car elle implique de nouveau un positionnement qui pourrait être perçu comme trop autoritaire dans le contexte d'un article de recherche. Grâce à la signification restrictive de only, la proposition en P est présentée comme la seule et unique condition pour l'assertion en Q. (21) The project will succeed only if there are enough adequately trained radiologists to operate the equipment and interpret the results. Cette structure confère à l'éditorialiste un statut de pouvoir, l'autorisant à faire des déclarations définitives qui écartent toute autre option que le lecteur pourrait être tenté d'envisager. Even if P, Q ou Q even if P L'addition de even impose une interprétation concessive sur la phrase conditionnelle. Comme il a été démontré dans les sections précédentes (section 9.1.3), les conditionnelles de ce type peuvent jouer un rôle important dans l'argumentation dans la mesure où elles permettent de prévenir les critiques éventuelles de la part des lecteurs. Toutefois, comme mes travaux contrastifs 228 anglais/français l'ont montré [THOM 07], tout en étant fréquemment employées par les auteurs d'articles de recherche en français, les conditionnelles concessives sont peu sollicitées par les chercheurs anglais. En revanche, les éditorialistes anglais s'en servent plus fréquemment afin de combattre des arguments concurrents et de défendre leur propres positions [THOM 09b] : (22) Even if a ban on smoking in public places only reduced the number of passive smokers presenting with tobacco-related diseases, a substantial saving would be made, both in human and economic terms. If P, Q? Les conditionnelles à l'apodose interrogative apparaissent seulement dans le corpus des éditoriaux. Ces constructions ont tout d'abord une fonction interactionnelle importante. Le lecteur est invité à prendre part à la discussion. Cependant, en même temps, l'emploi de cette forme permet à l'éditorialiste d'exercer un certain contrôle sur l'interprétation du contenu. Les questions posées sont celles choisies par lui et auxquelles il a une réponse à suggérer. Il peut ainsi conduire les lecteurs vers l'interprétation souhaitée. (23) If "fit elderly" patients can tolerate aggressive multimodality therapy, does mean that all older patients should be treated this way? The answer is no. Dans l'exemple (23), en répondant à sa propre question, il adopte une attitude clairement didactique. Dans d'autres cas, l'intention de l'éditorialiste apparaît explicitement critique : (24) After the serious limitations of this analysis are taken into careful consideration, the question remains: If a graft-versus-lymphoma effect does exist, why was evidence of it not observed in this analysis? En (24), l'emploi de la conditionnelle hypothétique dans la proposition P permet d'abord de mettre en doute les résultats de la recherche examinée, avant de les combattre avec force dans la forme interrogative en Q. Dans l'article de recherche, où rédacteur et lecteur sont beaucoup plus sur un pied d'égalité, de telles questions seraient considérées sans doute comme méprisantes. Les recherches présentées dans cette section ont démontré que les phrases conditionnelles sont employées très différemment dans les articles de 229 recherche et dans les éditoriaux spécialisés. L'examen du fonctionnement de ces quatre variantes de la construction conditionnelle a été en particulier très révélateur des stratégies rhétoriques spécifiques adoptées par les éditorialistes. Alors que dans les articles de recherche l'argumentation est surtout établie sur des bases empiriques, dans les éditoriaux les opinions sont souvent exprimées d'une façon explicite et personnelle. Les éditorialistes sont censés prendre position par rapport aux polémiques dans le monde médical. L'emploi des variantes examinées, tout comme par exemple l'emploi de conditionnelles contrefactuelles, leur permet d'adapter leurs stratégies rhétoriques aux besoins du genre, afin de faire des conjectures, d'avertir, de critiquer, ou d'émettre des hypothèses contraires. 9.4 De la théorie à la pratique Les études présentées dans les sections précédentes ont montré que les phrases conditionnelles fonctionnent très différemment dans ces trois genres. Leurs fréquences, leurs formes et leurs fonctions présentent un profil très différent en fonction du genre examiné. Dans deux précédents travaux [THOM 08a et 08b], nous avons cherché à confronter la réalité de leur usage dans ces trois genres professionnels avec les présentations des phrases conditionnelles faites dans la littérature linguistique sur les conditionnelles et dans les grammaires pédagogiques destinées aux apprenants de l'anglais. Ces recherches révèlent qu'il existe un grand décalage entre ces usages dans le discours spécialisé et les présentations des phrases conditionnelles dans les cours de langues6. Dans les grammaires pédagogiques et les manuels destinés aux apprenants, l'accent est surtout placé sur la morphologie verbale. On distingue habituellement trois séquences verbales canoniques dans lesquelles les formes verbales sont associées à différents degrés de probabilité. Le positionnement initial de la subordonnée est généralement présenté comme la position par défaut, et on trouve peu d'attention accordée aux fonctions 6 Si mes remarques portent surtout sur l'enseignement de l'anglais comme langue étrangère, d'après mes observations la situation en FLE (Français langue étrangère) est très similaire. 230 discursives des conditionnelles ou à leur rôle potentiel dans l'argumentation. Or si les chercheurs non anglophones se fient à ces types de description qu'ils auront sans doute rencontrés dans leur apprentissage de l'anglais, ils risquent d'être mal préparés pour à la fois comprendre et employer les phrases conditionnelles dans leur vie professionnelle de chercheur. Nous avons formulé ces remarques critiques de la façon suivante en [THOM 08a] : Restricting conditional meaning to degrees of hypotheticality, isolating only a very limited number of tense sequences, and ignoring discipline-specific forms of argumentation gives an impoverished picture of discourse practice. Any NNS7 researchers relying too strongly on the above sequencing and explanations are therefore likely to experience a great discrepancy between their previous linguistic exposure to this structure and its uses and values in the highly focussed, purposeful disciplinary genres. This can be expected to lead to difficulties for them both in decoding actual usage – reading research journals or listening to research communications in their field – and in producing discourse that is rhetorically appropriate [THOM 08a :] L'exemple des conditionnelles habituellement étiquetées comme des irréelles du passé ou des conditionnelles contrefactuelles permet de bien illustrer ce décalage potentiel entre les réalités du discours spécialisé et les exemples des manuels. Ces conditionnelles occupent habituellement une place importante dans les présentations pédagogiques traditionnelles des conditionnelles. Or comme notre recherche l'a démontré, les contrefactuelles sont quasiment absentes dans les articles de recherche et dans les communications de congrès. L'exemple suivant est l'un des rares exemples que j'ai relevé dans un article de recherche en français : Une coelioscopie en fin d'intervention aurait permis d'éviter ce cancer, voire d'éviter sa survenue, si la patiente n'avait pas eu de contre-indication à cette voie d abord (obésité sévère). L'absence des exemples de ce type peut s'expliquer par les objectifs très particuliers de ces deux exemples de « research genres » où les chercheurs essaient de donner l'impression que « tout ce qui a pu être fait a été fait ». Si 7 Non native-speaker. 231 les chercheurs accordaient trop d'importance aux actions alternatives, leurs arguments se trouveraient affaiblis. Les approches ou les actions alternatives qui mettraient en doute leurs propres conclusions ne sont donc pas mentionnées. En revanche dans les éditoriaux, les contrefactuelles sont bien en évidence car les critiques des actions des autres font partie du mandat des éditorialistes. Enseigner les formes des conditionnelles sans prendre en compte leurs fonctions dans le discours semble peu utile. Une autre caractéristique des phrases conditionnelles qui souligne ce décalage entre ce qui est prédit dans la littérature et l'usage dans le discours spécialisé est la question du positionnement de la subordonnée conditionnelle au sein de la construction conditionnelle. La position initiale est souvent présentée comme la position par défaut. Or d'après nos données le choix de positionnement serait surtout lié au mode de transmission et ne serait pas un attribut de la construction elle-même. Les typologies des phrases conditionnelles proposées dans la littérature linguistique apparaissent de la même façon peu adaptées à l'étude de ces discours spécialisés. Une difficulté majeure avec les classifications proposées par Sweetser (1990) ou Athanasiadou et Dirven (1997) réside dans le fait que ces typologies sont fondées sur des exemples décontextualisés et par conséquent semblent trop peu détaillées pour la description du discours spécialisé. Comme Ford et Thompson l'ont signalé à juste titre : Baseline data on what types of conditional occur and how they relate to their discourse contexts are essential if we hope to explain how conditionals are used rather than how we think they are used. (1986 : 354) Sweetser (1990) dégage par exemple trois catégories de conditionnelles : les conditionnelles de contenu, illocutoires. les Toutefois, tandis que épistémiques les et les épistémiques et conditionnelles illocutoires sont largement absentes dans nos corpus spécialisés, les conditionnelles de contenu semblent en revanche trop peu nuancées pour être utiles dans la description. C'est pour cette raison que 232 nous avons proposé notre propre classification fondée sur une approche de genre (cf. section 9.1.2 supra). Enseigner les conditionnelles de façon très générale en s'appuyant sur des exemples décontextualisés, sans tenir compte des besoins spécifiques des genres, ne permet pas de bien préparer les apprenants aux réalités des discours spécialisés qu'ils peuvent rencontrer dans la vie professionnelle. Dans l'enseignement de structures courantes telles que les conditionnelles, une approche plus liée au genre s'avère fort utile. Une telle approche passe par une familiarisation avec les spécificités des configurations syntaxiques que les apprenants sont susceptibles de rencontrer en lisant, en écrivant ou en parlant le discours de leurs communautés spécialisées. et contexte Texte et contexte : pour une approche fonctionnelle et empirique, le titre donné à ce mémoire reflète les grandes orientations adoptées dans mes travaux de recherche depuis une dizaine d'années. Pour conclure, je propose de brièvement revenir sur ces options théoriques et méthodologiques avant d'ébaucher quelques aspects applicatifs de mes recherches. 10.1 Options méthodologiques Textes et contextes sont irrévocablement imbriqués. Si dans mes travaux j'accorde une place importante à la notion de texte et aux phénomènes de cohésion et de cohérence textuelles, il est tout aussi important pour moi de prendre en compte les contextes énonciatifs. Les formes textuelles examinées sont mises en relation avec des situations d'énonciation précises. Il est surtout question de l'interaction entre texte et contexte et de leur relation d'interdépendance. Mon objectif est d'examiner l'impact de certains choix linguistiques sur l'interprétation du texte en cours et en même temps d'évaluer l'influence des facteurs contextuels sur les choix qui sont faits. Ce sont donc les approches fonctionnelles qui correspondent les mieux à ces objectifs. Comme le précise, entre autre S. Dik (1997 : 4), une approche fonctionnelle doit rendre compte de deux types de systèmes de règles, celles du système de la langue utilisée, et celles souvent moins conscientes liées au contexte de communication et aux règles pragmatiques qui le gouvernent Autrement dit, l'un des défis principaux de ces approches est d'expliquer les fonctionnement de certains choix de structures et de formulations syntaxiques par rapport aux situations dans lesquelles elles sont employées. Linguistic expressions can be understood properly only when they are considered as functioning in settings, the properties of which are co-determined by the contextual and situational information available to speakers and addressees. (1997 : 6) Dans les travaux présentés ici, il a surtout été question du rôle structurant de la syntaxe et des instructions qu'elle véhicule au sein de certaines situations 234 communicatives déterminées. L'hypothèse qui sous-tend mes travaux est que l'organisation textuelle laisse forcément des traces à la surface des textes – des traces qui peuvent aider le ré eur dans la reconstruction du discours d'origine. Or l'identification (ou l'utilisation) de ces traces passe par une prise en compte de la situation linguistique qui a engendré le texte. Dans la démarche proposée ici, le travail empirique sur corpus joue un rôle central et difficilement remplaçable. La description des traces ou instructions à la surface textuelle ne prend tout son sens que dans la mesure où elles sont rapportées au discours par lequel elles sont produites. Il devient alors impossible de se contenter d'exemples attestés. Il est essentiel dans ma conception d'un corpus d'avoir accès, non seulement aux textes intégraux, mais aussi de pouvoir situer très précisément le contexte extralinguistique des produits textuels sous étude. L'interaction entre texte et contexte et leur relation d'interdépendance trouvent un terrain d'analyse particulièrement fructueux dans l'étude de différents genres textuels du milieu de la recherche scientifique institutionnalisé. Les pratiques sociales récurrentes dans ces milieux font que ces genres manifestent souvent une configuration stable d'acteurs, d'objectifs, de rôles et de patterns d'organisation textuelles. Il devient possible ainsi de dessiner les contours des genres avec précision, et de garantir de cette manière les conditions optimales pour mettre à jour les corrélats entre des traits linguistiques et des fonctions discursives 10.2 Aspects applicatifs Si mes recherches sur les textes spécialisés impliquent nécessairement une analyse syntaxique fine, ces analyses ne sont pas entreprises dans une visée seulement descriptive. Des considérations d'ordre applicatif sous-tendent aussi la majorité de mes travaux. Une première application concerne la pédagogie et, plus précisément, l'enseignement ainsi que l'évaluation de l'expression écrite dans les cours de langues. La tendance assez répandue chez les apprenants d'une langue étrangère à vouloir s'occuper en priorité de la précision phrastique est souvent faite au détriment de l'organisation à un niveau textuel plus global. Or une sensibilisation à la structuration informationnelle des énoncés permet de franchir le passage de la phrase au texte et ainsi d'encourager les apprenants à devenir plus attentifs à certains défauts dans leur rédaction à un niveau interphrastique. Une prise en compte de cette dimension informationnelle aide aussi les enseignants à faire des corrections plus efficaces. À mon avis, l'appareil analytique de la structuration informationnelle présente des atouts qui ne sont toujours pas suffisamment exploités dans les méthodes didactiques. Plus spécifiquement, mon intérêt grandissant pour l'analyse de textes scientifiques me permet d'envisager un certain nombre d'applications didactiques destinés aux chercheurs non anglophones et/ou des chercheurs novices dans l'organisation de leurs textes spécialisés en anglais (articles de recherche ; communication de congrès ; abstracts ; thèses, rapports). Ces 236 applications comprennent, par exemple, une sensibilisation à l'organisation rhétorique de ces textes, aussi bien qu'une sensibilisation aux marqueurs de la structuration informationnelle les plus sollicités dans les genres examinés. Texte et contexte sont ici étroitement entremêlés. Afin de comprendre pourquoi l'article de recherche scientifique privilégie l'emploi de certains types de configurations syntaxiques (telles les passifs et l'extraposition avec it), tandis que la communication de congrès en privilégie d'autres (telles les phrases pseudo-clivées ou les phrases conditionnelles), il est nécessaire de replacer ces structures dans leur contexte situationnel complet. La notion de genre nous aide à fixer ce contexte, à identifier les principaux enjeux de la communication et les stratégies nécessaires pour atteindre ces objectifs. Les structures syntaxiques dont vont avoir besoin des étudiants pour mener à bien les stratégies organisationnelles et rhétoriques appropriées vont dépendre de ce contexte et des contraintes qui y sont associées. Comme Enkvist l'a souligné : The syntactic arrangment of the sentence is not independent but subservient to a text strategy. (1991 :16) Tout en enseignant les formulations linguistiques les plus usitées, il me semble aussi très important de montrer leur motivation contextuelle en situant cet enseignement au sein d'une approche de genre. Un autre aspect applicatif de mes recherches que j'aimerais approfondir à l'avenir concerne les possibilités de modéliser certains aspects de structuration rhétorique des textes scientifiques afin de faciliter la recherche d'informations ou l'acquisition des connaissances. Les articles de recherche scientifiques contiennent, par exemple, certaines étapes rhétoriques quasi obligatoires qui se manifestent par des configurations récurrentes de formulations syntaxiques ou lexicales. On sait par exemple que le move lors de l'introduction dans lequel les auteurs « établissent leur niche » (Swales 1990 ; chapitre 6 et chapitre 8 supra) sera souvent signalé par un connecteur adversatif, tel however, et que ce move sera habituellement lui-même suivi de près par un move signalent les objectifs de l'article (In this paper, we propose ()). Les modèles de moves de Swales (1990) ont déjà fourni le point de 237 départ pour des schémas d'annotation en vue de la production des résumés automatiques (Teufel et Moens 1999).
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2020PERP0022_11
French-Science-Pile
Open Science
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L’influence du parcours linguistique sur l’apprentissage d’une langue étrangère (espagnol) pour les collégiens des établissements en éducation prioritaire
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200 Si le passage à l’écriture peut susciter, par rapport à la pratique orale, une réorganisation et une prise de conscience génératrices de progrès pour les élèves, on peut se demander si à l’inverse le passage de l’écrit à une pratique orale à travers l’oralisation (comme la reformulation, etc,) ne constitue pas également une activité de transcodage dont les décalages et les tensions avec l’écrit source peuvent être générateurs de prise de conscience et de progrès 437 (Nous soulignons). Il s’agit, en somme d’initier les apprenants à la confrontation des codes que suppose la mise en contact de deux langues-cultures, selon Lagarde : 438 La complexité du champ de l’éducation interculturelle et du noyau que forment le plurilinguisme et la pluriculture [nécessite] plus que jamais (...) la prise en compte, sans faux fuyants, d’une telle complexité. Il découle de cela deux évidences : celle du besoin de poursuivre dans les années à venir, et sur la lancée d’acquis déjà conséquents, une réflexion théorique approfondie dans ce domaine ; celle de la mise en œuvre, dans chaque cas, de procédures de préparation et d’accompagnement (manuels, modules de formation, etc.) adaptées aux différents publics concernés et aux diverses formes que revêt la démarche éducative. A propos de la polyphonie des codes de communication (l’oral, la lecture et la compréhension du sens d’un texte, les notes que les élèves peuvent prendre en groupe afin de préparer un exposé oral, etc...) qui peuvent s’imbriquer dans une salle de classe, loin de revêtir un caractère cacophonique, nos élèves de troisième en comprennent la finalité même si certains avouent qu’ils manquent souvent d’outils pour y faire face. En effet, Steve Drevet (Professeur de Lettres Modernes) et moi-même avons organisé, pendant une heure de cours, un débat informel concernant les différentes manières de communiquer pendant un cours. Ce débat est venu à la suite d’un exercice d’espagnol concernant le langage abrégé (SMS) en espagnol : mêlant oral et compréhension de l’écrit, il fallait trouver les règles inhérentes au langage abrégé espagnol afin qu’il devienne compréhensible. Pour y parvenir, ils ont été invités à comparer les sigles espagnols avec ceux du français. La découverte des règles (suppression des voyelles inutiles, l’utilisation de signes facilitateurs de la compréhension comme les idéogrammes, émoticons...) a largement contribué à la compréhension des expressions. Le travail final consistait à réécrire chacune des expressions dans un registre formel : par exemple, q t l? devenait ¿Qué tal? ; n s t # devenait No sé (tengo) tu número (de teléfono). La séance a été filmée. Nous reproduisons intégralement les réflexions (souvent très pertinentes) produites par les élèves de troisième LV2 concernant les différents codes de communication existant dans la langue de scolarisation, à savoir, le français. 437 Nonnon, op. cit., p. 78. 438 Lagarde, Christian, Enseigner (à) l ’étranger, Introduction au colloque L’Etranger, op. cit. 201 Partant du langage abrégé et son utilisation par les élèves, un élève nous donne un exemple : 439 E1TFQ qui veut dire? PJe ne sais pas. (un autre élève souffle la réponse à S. Drevet) euh.. Tu fais quoi? E1Voilà. P-Pourquoi on ne parle pas en langage texto dans la langue courante? E1Parce que si je suis avec quelqu’un je ne vais pas lui dire TFQ! (rires) (Voix off d’un élève : vous riez mais c’est ça!) PPourquoi tu n’écris pas en français courant dans les textos? E2Parce que c’est le poids de tout écrire et de conjuguer et de faire des phrases... PAlors, les émoticons ça te sert à quoi? E3Bah, moi, j’utilise.., en général, quand j’utilise les émoticons c’est parce que si j’en utilise pas le problème c’est que par exemple on peut mal comprendre, là vu que c’et pas vocal, mais sur un texte, parfois on peut mal comprendre ce contexte-là. On peut pas savoir si lorsque je le dis si je suis énervé, je suis amical ou si je parle d’un ton normal. (un élève évoque les différents modes d’expression) E4-Ca dépend du sujet que l’on parle en français. Le langage soutenu -celui de Louis XIVon ne comprend pas. La langue française a évolué ; aujourd’hui on ne parle pas la langue de Louis XIV, la langue a évolué en plus simple. PAlors, est-ce que vous pensez qu’il vous manque de vocabulaire? (certains répondent oui et d’autres non) PQu’est-ce qui vous manque comme vocabulaire? Vous aimeriez connaître plus de vocabulaire? -oui PVous en avez assez? E2 On n’en a jamais assez. E1En vérité j’aimerais bien parler. PSi vous écrivez en langage texto à un professeur qu’est-ce qu’il va se passer? -Il ne va rien comprendre... -Pourquoi il ne va pas comprendre? E2Si, Monsieur, il peut comprendre parce qu’un prof aussi il envoie des textos et ça a Facebook et ça a Snapchat et ça parle sur Internet, etc... les réseaux sociaux... 439 Ibidem, 6’13’’ – 10 ’ 50 ’’. Partie « Langue ou langage »? 202 PElle a dit (élève5) quelque chose d’intéressant : elle a dit que les profs ça parle mieux, c’est ça? E5oui. PÇa parle mieux, c’est-à-dire? E5Ils ont plus de langage que nous, ils ont fait des études et nous on parle juste entre nous. PDonc, en fait, tu es en train de dire que puisque tu n’as pas fait assez d’études, tu ne peux pas...? E5Non, c’est forcément... ils connaissent plus de choses que nous. En fait, vu qu’ils sont adultes ils sont dans un milieu où ils doivent parler bien sinon on ne les prend pas au sérieux. Alors que nous, entre nous, on peut parler comme on veut. PDonc, est-ce que tu es d’accord pour dire que si tu parles correctement le français standard on te prendra au sérieux? E5Ça dépend... PÇa dépend? E5Ça dépend comment on parle auprès... PDonc tu es d’accord avec moi pour dire que comme tu es en train de parler maintenant est-ce que tu veux qu’on te prenne au sérieux? E5Bah oui (Rires de l’enseignant) PDonc, tu utilises un autre langage pour toi, une autre langue? E5Non. PNon? E5Je parle toujours comme ça... PTu parles toujours comme ça. D’accord. Et, est-ce que quand tu sera s adulte tu parleras comme ça? E5Je ne sais pas... peut-être... (sourire). P-Peut-être? D’accord. Et qu’est-ce que tu en penses? Tu aimerais parler comme maintenant ou autrement? E5Bah, normalement. PNormalement... Pour toi c’est quoi, normalement? E5(Silence). E2Tous les langages, savoir tous les langages! (...) PSavoir tous les langages? E2On s’adapte... PQu’est-ce que ça veut dire, on s’adapte? 203 E2S’adapter s’il faut parler soutenu on parle soutenu, s’il faut parler familier on parle familier et s’il faut parler couramment on parle couramment. PD’accord. Alors toi, tu fais la différence entre trois façons de parler, c’est ça? E2Oui, d’accord. POui, tu veux ajouter quelque chose? (A l’élève qui a parlé des émoticons) E3Bah oui, au fur et à mesure des années le langage il évolue. Oral minimal, écrit total 440 PQuelle est la différence entre l’oral et l ’écrit ? E2 La différen ce entre l’oral et l’écrit c’est qu’à l’oral on parle et on peut se faire comprendre ou approximativement, alors qu’à l’écrit, si on n’écrit pas ce que l’on veut que la personne comprenne, il comprendra pas. PAlors, tu me dis qu’à l’écrit si tu veux que la personne comprenne , elle ne comprendra pas? c’està-dire? E2Si faut que la personne elle comprende, euh, elle comprenne ce qu’il faut lui dire, il faut l’écrire, alors qu’à l’oral elle peut savoir approximativement sans vraiment lui dire. PD’accord. Donc, ce qui veut dire qu’à l’oral, même si tu ne t’exprimes pas bien, tu seras compris. E2Oui. PEt à l’écrit? E2Il faut tout dire, tout mettre! Penser l’écrit ou écrire sa pensée? 441 E1L’oral et l’écrit? En fait l’écrit on le pense mais... une fois qu’on l’a écrit on n’a pas les mêmes idées que ce qu’on pensait au début. Force est de constater, après ces interventions des élèves, qu’ils sont bien conscients des différents registres de la langue française – en même temps que ceux de l’espagnolet de leurs limites lexicales en français. Nous avons évoqué dans le chapitre précédent le caractère problématique que revêt le possessif lorsque nous associons le français à leur langue. En effet, comment considérer la langue de scolarisation de ces élèves – le français comme leur langue véhiculaire alors qu’ils sont issus pour la plupart d’une culture plurilingue? Ne serait plutôt plus approprié de considérer que ces élèves, scolarisés dans un établissement d’Education Prioritaire Renforcée (REP +), apprennent, finalement, le français comme s’ils apprenaient une LVE? D’où la pertinence, nous semble-t-il, pour l’apprentissage de 440 Ibid., 11’ 26’’ – 12’ 06’’. 441 Ibid., 11’ 02’’ – 11’ 12’’. 204 l’espagnol, ainsi que du français, d’appliquer une pédagogie interculturelle, telle que pratiquée dans la didactique et la pédagogie du FLE. Langue et culture sont indissociables. En effet, concernant les élèves scolarisés dans les établissements REP+, la question de leur hétérogénéité est centrale. La diversité des attitudes des élèves confrontés aux apprentissages peut relever de la singularité (un élève qui a un problème très spécifique), ou d’une constante (comportements scolaires largement partagés par les apprenants). L’extrait filmique supra montre que les avis des élèves divergent concernant la nécessité ressentie d’emmagasiner du vocabulaire scolaire à des fins personnelles (pouvoir être mieux compris, parler comme les adultes peut entraîner plus d’égards à leur encontre) ; certains revendiquent même -dans une sorte de provocationleur langage des jeunes comme signe de reconnaissance et / ou d’appartenance groupale face à un langage adulte, qu’ils ne considèrent pas utile. Ils convergent toutefois à l’unisson pour indiquer que le langage standard, voire, soutenu est un attendu du collège pour réussir leur scolarité. Ce décalage culturel peut trouver sa source dans les disparités sociales enkystées depuis de nombreuses années, provoquées, en grande partie, par les non-politique de la ville évoquées précédemment. Cependant, tous les élèves scolarisés dans des REP+ ne sont pas en difficulté. Ce sont ceux qui cumulent plusieurs disparités au sein même de leur famille qui rencontrent des difficultés, parfois très importantes. Le site Canopé, dans son article Penser l’hétérogénéité et en tirer profit... De la contrainte... à la ressource442 souligne que les élèves issus des milieux populaires affrontent une difficulté plus grande que les élèves des milieux favorisés vis-à-vis de l’école : En effet, plus que les autres, ils se trouvent au milieu de deux mondes sociaux aux logiques, aux exigences et aux attendus souvent contradictoires (...) Car c’est dès sa prime scolarisation que l’enfant se trouve confronté à des exigences qui remettent tout ou partie en question ce qu’il est : son langage, sa gestuelle, ses manières de faire, de dire, de se tenir. Il s’agit pour lui de renoncer à ce qui le constitue en vue de répondre à ce qui est exigé de lui par l’école s’il veut réussir 443 Et il cite Eribon l’école : (Nous soulignons). 444 afin d’illustrer ce rapport au monde familial de l’enfant transformé par Ne pas m’exclure -ou ne pas être excludu système scolaire m’imposait de m’exclure de ma propre famille, de mon propre univers. Tenir les deux sphères ensemble, appartenir sans heurts à ces deux mondes n’était guère possible. Pendant plusieurs années, il me fallut passer d’un registre à l’autre, d’un univers à l’autre, mais cet écartèlement entre les deux personnes que j’étais, entre les deux rôles que je devais jouer, entre les deux identités, sociales, de moins en 442 Expression empruntée à Philippe Meirieu. http://www.reseau-canope.fr Consulté le 20 novembre 2019. 443 Ibidem, pp. 42-43. 444 Eribon, D., Retour à Reims, Paris, Flammarion, 2010. 205 moins compatibles entre elles, produisait en moi une tension bien difficile à supporter, et, en tout cas, fort déstabilisante (Nous soulignons) 445. L’aide personnalisée préconisée par le ministère de l’EN vise donc à prendre en compte chaque enfant en tant que personne, à développer sa personnalité et son identité, comprise par l’institution comme (...) son expérience, ses aptitudes, ses manières d’agir, ses acquis, ses besoins, ses aspirations pour la construction de son parcours scolaire446. Or, la notion d’identité est complexe, compte tenu des différentes identités que l’on peut trouver dans un établissement comme le nôtre : le développement de l’identité comprend les mêmes questionnements pédagogiques pour un élève issu d’un milieu défavorisé que pour celui issu de la migration et d’ un milieu défavorisé? Le cumul de situations qui font obstacle à un apprentissage serein -langue et culture parfois très différentes de la langue et de la culture françaisesest un problème sociétal que tant l’institution que les enseignants ainsi que les autorités administratives doivent résoudre. Joaquim Dolz, dans sa préface à l’ouvrage Esquisses pour une école plurilingue, 447 affirme sans ambigüité que : à l’école, une vision restreinte des pratiques langagières peut contribuer à l’exclusion et à l’échec. En effet, pour ce dernier, la diversité culturelle et l’hétérogénéité linguistique de la classe doivent faire l’objet d’une réflexion et de propositions de démarches de différenciation en fonction des profils des élèves. Il propose six facteurs associés aux contextes, afin d’analyser les situations d’enseignement et d’apprentissage des langues : 1. Le premier concerne la vitalité et les rapports entre les langues en contact (langues en présence, relations de proximité ou de distance entre ces langues...) De quel multilinguisme sommes-nous en train de parler? Quelles sont les relations entre les langues dans le contexte social et à l’école? 2. Le deuxième fait référence aux attitudes et aux représentations sur les langues en présence (notamment à propos des langues d’origine et d’accueil). Il est évident que les langues dites régionales et que les langues de l’immigration n’ont pas toujours le même statut que les langues « d’Etat ». 3. Le troisième, centré sur les apprenants, renvoie à leur profil linguistique. Il implique une prise en considération du niveau de développement des différentes langues en cours d’apprentissage, de l’itinéraire linguistique, des phénomènes d’interlangue, des réactions dans les situations exolingues, etc. Sous cet angle-ci, la connaissance de la réalité des élèves, de leur vécu, de leurs capacités langagières à l’oral et à l’écrit dans les différentes langues s’avère déterminante. 4. Le quatrième facteur a trait aux phénomènes migratoires et aux réalités des communautés plurilingues. Il concerne l’intégration des apprenants aux langues et aux cultures d’accueil. Dans un système d’enseignement plurilingue, le niveau d’intégration des différentes langues de l’école peut effectivement marquer les 445 Réseau Canopé, op. cit., p. 43. 446 Ibidem, p. 14. 447 Rispail M. (dir.), Jeannot C., Tomc S.et Totozani M. (éd), Esquisses pour uneécole plurilingue. Réflexions sociodidactiques. Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 8-10. 206 apprentissages. Le passage de la langue familiale aux langues de l’école n’est pas identique selon les situations des élèves. 5. Le cinquième dépend de la prise en compte des niveaux socio-économiques et culturels des parents, ainsi que de leurs propres capacités et représentations langagières. 6. Le dernier facteur concerne la place de ces langues dans l’institution scolaire, leur traitement curriculaire et les formes d’alternance suivant lesquelles s’organisent leurs enseignements et apprentissages. (Nous soulignons). 448 D’après Leconte et Delabarre, l’hétérogénéité linguistique des élèves relève beaucoup plus du conflit de normes que d’une méconnaissance de la langue : Selon les enseignants, le problème tient essentiellement au fait que les élèves ne disposent pas du bagage langagier nécessaire à l’école. Mais peut-il en être autrement dans la mesure où pour les enseignants « hétérogénéité » va de pair avec lacune, pauvreté de vocabulaire ou manque de communication. La norme langagière de l’institution scolaire reste la surnorme académique fondée sur l’écrit littéraire quand bien même les enseignants doivent composer lorsque cette norme est complètement étrangère à leurs élèves. Pour certains enseignants exerçant dans des ZEP de l’Académie de Rouen, les normes non maîtrisées sont analysées non pas tant en termes de manque qu’en termes de rejet : « L’écrit importe peu ». L’activité langagière écrite est associée chez les élèves au domaine de la contrainte, de la norme et de la faute mais n’est en aucun cas considérée par eux comme un moyen d’expression à leur disposition. De plus, les adolescents se sentant stigmatisés par leur appartenance sociale géographique (la cité), ont alors tendance à rejeter ce qui représente leur relégation sociale : la conformité à un modèle scolaire dont ils se sentent exclus (...). P3 Y a pas de norme pour eux / la norme c’ est ce qu ’ ils parlent / nous on les embête La norme c’est la leur c’est le langage oral 449. En France, l’hétérogénéité des apprenants est souvent posée comme une évidence, et surtout comme un problème pédagogique. En effet, selon Claude Caitucoli, 450 l’hétérogénéité à l’école, contrairement à la diversité, n’est pas principalement une richesse. Les professeurs s’appuient sur la diversité des élèves pour développer des pratiques pédagogiques innovantes mais sont confrontés à leur hétérogénéité. Dans ces conditions, Caitucoli propose de sortir de ce qui nous contraint soit à occulter l’hétérogénéité, soit à la considérer comme un problème : Il faudrait envisager une politique qui, face à l’hétérogénéité, ne cherche ni à la nier, ni à la réduire, mais la transforme en objet de savoir 451. 448 Leconte F. et Delaba rre E., L’Eva luation de l’hétérogénéité linguistique par les enseignants au collège, in Ca itucoli C. (Dir.), Situations d’hétérogénéité linguistique en milieu scolaire. UPRES-A CNRS Dya lang, Université de Rouen, 1999, p. 79. 449 Ibidem, p. 77. 450 Ibid., p. 119. 451 Ibid., p. 133. 207 Grâce à ses travaux, Marielle Rispail, 452 affirme le plurilinguisme des apprenants, mais également le choix des langues dicté par la présence de tel ou tel locuteur et de ses compétences linguistiques présumées. Les jeunes tentent visiblement, sauf exception, d’aller vers des consensus linguistiques plutôt que de se différencier ou de choquer. En effet, d’après Rispail, l’école serait espace à l’interface entre acquisition et apprentissages linguistiques et qui actualise des volontés politiques. Liée à la notion de territoire, l’identité, sans doute plurielle, des enfants, pouvait se construire dans et par le 453 milieu scolaire. Christian Lagarde454 développe la notion d’identité en citant Ricoeur,455qui la dénomme l’ipséité. Elle (...) ne se borne pas à l’autonomie mais (...) suppose une ouverture à l’autre. Elle invite à se considérer soi-même comme un autre, c’est-à-dire à prendre conscience du fait que, dans la complexité de sa propre identité, il existe une part de l’autre (d’altérité) et que par conséquent, accepter sa propre complexité (...) permet d’accepter celles de l’autre, de lui tendre la main (à travers des identifications communes), de ne pas le considérer a priori hostile ou dangereux (...). Revenons à notre classe-pilote d’espagnol LV1 avec laquelle nous avons expérimenté pendant quatre années scolaires. Rappelons-nous la diversité culturelle de ses élèves (bien qu’il y ait eu des départs et des arrivées, le taux d’élèves plurilingues est resté sensiblement le ème même). Nous sommes en octobre 2016. Ils sont, donc, en 4 et ont deux années d’espagnol LV1 derrière eux. Nous allons analyser les rapports qu’ils entretiennent avec leur langue maternelle ainsi qu’avec l’espagnol grâce au support filmique de notre DVD. En effet, dans la partie Attraper le monde avec la langue, 456 un garçon et une fille se présentent dans leur langue maternelle à ma demande, selon la modalité d’expression orale en continu (EOC). La fille se présente en espagnol, nous indique son nom, son prénom, son âge, son lieu de naissance et les langues qu’elle parle ainsi que celle qu’elle est en train d’apprendre (anglais LV2). Son expression orale est excellente aussi bien en espagnol qu’en français (elle vit en France depuis 5 ans), nous sentons qu’elle a du plaisir à s’exprimer dans sa langue maternelle. Quant au garçon, il s’exprime en arabe, son expression orale dans cette langue est fluide, il maîtrise cette langue également. Né en France, d’origine Algérienne, cet élève éprouve 452 La sociodidactique au service des langues minorées : exemples de recherches dans l’aire francique, in Esquisses pour une école plurilingue. Réflexions sociodidactiques. op. cit., p.p. 46-47. 453 Ibidem, p. 45. 454 L’« unité du sujet » et la citoyenneté, comme objectifs de l’enseignement institutionnel des langues-cultures en France? in Les langues modernes, Revue de l’APVL (4/2018, pp. 14-23). 455 Ricoeur,P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990. 456 Op. cit.,12’ 10’’ – 13’ 57’’. 208 toutefois des difficultés à garder son sérieux. Ses phrases, pourtant correctes, sont motif de rires pour lui... Il m’avouera par la suite qu’il ressentait de la honte en s’exprimant en arabe. Pourtant, il avait accepté de se présenter ainsi. Ces deux bons élèves, ayant de bons résultats en français également, n’ont pas pour autant le même rapport avec leur langue maternelle. Ils utilisent au moins deux langues à la maison, ce qui peut corroborer la thèse d’une meilleure solidité des matières linguistiques (Français, LV1 et LV2) pour les élèves qui ont plus d’un bagage culturel et linguistique dans leurs compétences. Le garçon aurait-il pris conscience -à tortque la langue arabe, puisque non enseignée, est une langue moins utile que les langues enseignées et apprises à l’école? Dans ce sens, accorderait-il une place moins valorisante à sa langue maternelle? Selon Lagarde,457 la solution de continuité entre les origines, le quotidien des quartiers et un avenir, dont l’Etat, à travers les politiques migratoires, de la ville, éducatives et linguistiques porte une écrasante part de responsabilité, met-elle ces jeunes en mal d’identification (...). Billiez 458 corrobore de la sorte les propos de Lagarde : Ce qui ressort de leurs attitudes vis-à-vis de l’arabe c’est cette valorisation d’une langue qu’ils ignorent mais qui leur permet une représentation mythique de se reconnaître des racines, ce qui exprime très bien sous forme de paradoxe cet adolescent : « Ma langue c’est l’arabe mais je la parle pas ». Dans tous les cas, ce rapport ambigu (dans le sens que pour lui la langue arabe est la langue de l’affect, de la famille, du domaine privé ou de voisinage) que ce garçon entretien avec sa langue maternelle ne représente pas un obstacle pour poursuivre ses apprentissages de manière satisfaisante. Foued Laroussi, 459 insiste sur la nécessité de concevoir l’identité non comme un concept figé mais comme un processus d’identification socialement et interactionnellement situé. Pour l’auteur, ce ne sont pas les différences culturelles elles-mêmes qu’il faut retenir, mais la façon dont celles-ci sont utilisées en tant que symboles de différenciation inter-groupe. En effet, ses recherches lui permettent d’affirmer que contrairement à certaines thèses assimilationnistes, la déperdition des langues des origines n’est pas totale. Si l’acculturation des populations issues de l’immigration maghrébine demeure un processus inévitable, la présence encore importante de la langue des origines au sein de la famille témoigne aussi de l’importance accordée à la culture des origines. On est donc encore loin du processus de l’assimilation 460. 457 Op . cit ., pp . 14-23. 458 Billiez, J., La langue comme marqueur d’identité, in Revue européenne des migrations internationales, vol. 1 / 2,1985, 95-104. 459 Laroussi F., Les langues de l’immigration maghrebine, in Caitucoli C. (Dir.), s d’hétérogénéité linguistique en milieu scolaire. Op. cit., p. 17-18. 460 Ibidem, p. 25. 209 Cependant, l’usage de l’alternance langues des origines / français constitue l’une des stratégies communicationnelles les plus répandues chez les familles maghrébines ou issues de l’immigration. Mais l’alternance n’apparaît pas comme le résultat d’un déficit linguistique dans l’une ou l’autre des langues impliquées dans l’interaction ; elle fonctionne plutôt comme une stratégie verbale à laquelle le locuteur fait appel lorsque le besoin s’en fait sentir : L’usage du français au sein de la cellule familiale (...) pour s’adresser à ses enfants, même avec difficulté, revêt une valeur symbolique et dénote une volonté de composer avec la société d’accueil. Dans ce contexte, il me semble qu’on ne peut plus interpréter l’usage du français comme le « code eux » et les langues des origines comme le « code nous ». Le français 461 constitue aussi la langue de communication « entre nous ». Quant à la fille, non seulement l’espagnol est une langue enseignée et apprise au collège ; elle a une renommée assez importante lors des choix des élèves français en général. Après l’anglais, l’allemand et l’espagnol sont les langues les plus choisies par les élèves sauf dans des régions particulières. Ceci a un impact sur la confiance en soi des élèves et de leur capacité à apprendre. Plus leur langue maternelle est prestigieuse, plus ils y auront recours de manière inconsciente afin de développer une grammaire interne pour la langue cible, selon les termes de Paradis, cité supra. 2. Je sais dire , donc je sais écr ire? Bien s’ approprier la langue orale pour mieux appréhender l’écrit. Le rapport à l’espagnol dans cette même classe est présenté dans notre vidéo 462 sous forme de tâche d’entraînement incluant une compréhension de l’oral (support filmique montrant quelques personnages qui se présentent et qui exercent tous la même profession : statues humaines à Barcelone463) et de prises de notes afin de pouvoir renseigner une grille avec les prénoms des personnages, nationalité, statue représentée, etc. La compréhension orale a bien fonctionné dans la mesure où la vidéo apporte des éléments oraux mais aussi visuels, ce qui facilite la compréhension et que le visionnage pouvait être répété autant de fois que les élèves le jugeaient nécessaire. En effet, les élèves ne semblaient pas anxieux à l’idée de ne pas avoir recueilli une information importante afin de remplir la grille fournie par l’enseignant puisqu’ils pouvaient la recueillir la fois d’après. Ce travail en 461 Ibid., p.p. 39-40. 462 10’ 50’’ – 11’ 01’’ et 11’ 12’’ – 11’ 24 ‘’. 463 DVD du manuel d’espagnol Gente Joven 1, Encina A., Martínez Sallés M. et Sans N. Paris, Maison des Langues, 2008. 210 autonomie a bien fonctionné car il a pris en compte l’ensemble des élèves, la rapidité des uns, la lenteur des autres, la meilleure compétence auditive ou visuelle de chacun, etc. La tâche finale consistait à présenter oralement chacun des 5 personnages selon les informations que l’enseignant leu avait demandé de fournir (en s’aidant de la grille). Notre exemple illustre les réflexions de Nonnon, citée supra en rapport avec le passage de l’écrit à une pratique orale comme source de progrès. Ce qui revient à dire que notre cercle : activité orale (réception audio, dans ce cas précis) – écriturelecture de la grille ou oralisation de la grille, a des résultats satisfaisants. Cependant, même s’il s’agit d’un exercice en autonomie (chaque élève doit remplir la grille seul), nous avons conscience que l’autonomie en interaction est bien plus efficace quant à l’apprentissage de la grammaire externe : ème Une classe de 4 LV2, avait pour consigne de préparer par îlots une description de l’enseignante et d’eux-mêmes à l’oral. Ils devaient utiliser obligatoirement les verbes SER, TENER et LLEVAR pour une description du caractère, du physique et vestimentaire sans mélanger la signification des verbes TENER et LLEVAR (Avoir et Porter sur soi). Deux phrases complètes pour chaque verbe étaient demandées. ème S’agissant d’une révision de l’année dernière (ils avaient commencé l’espagnol LV2 en 5 ), ils avaient assez de vocabulaire quant à la description physique. Quant aux vêtements, nous 464 leur avons fourni un exemplaire du manuel de notre collègue Paso a Paso, excellent outil, à notre sens, pour l’apprentissage de vocabulaire espagnol en situation, réuni par thèmes et centres d’intérêt, en édition bilingue. S’appuyant sur le vocabulaire du manuel, l’intérêt de la tâche résidait dans la construction de phrases dont le genre et le nombre des adjectifs étaient respectés. Selon notre méthode, l’oralisation de ces phrases préparées soit grâce à des notes soit dans leur tête, a permis d’insister sur la signification des verbes TENER et LLEVAR (qu’ils échangent sous l’influence du français) ainsi que sur les accords des adjectifs : La profesora : ES simpática / alegre / rubia... TIENE el pelo rubio, los ojos marrones LLEVA gafas negras, un pantalón negro botas grises... Cet exemple écrit au tableau, une fois exploité de manière interactive entre le professeur et les élèves, ils devaient faire de même pour eux en faisant attention à la personne de ces trois verbes. 464 Nieto E., Paso a Paso, Ed. Lindavoz, 2017. 211 Le travail en îlots, réalisé en espagnol, à l’aide du manuel pour le vocabulaire des vêtements et de l’entraide des élèves, a permis à tous de préparer une description personnelle d’abord orale, puis écrite. Le but de cet exercice était de préparer un examen écrit pour la semaine suivante. Le travail en interaction leur a permis de construire leurs réponses selon leur rythme, en opérant des choix, et d’anticiper la réflexion nécessaire à l’apprentissage d’une leçon. Plutôt que de leur demander un apprentissage par cœur, nous avons préféré laisser les élèves agir en tant qu’acteurs de leurs apprentissages et de préparer les réponses de leur choix en parfaite autonomie. Le contrôle ne portait que sur deux questions : 1. Describe a la profesora con los verbos SER, TENER y LLEVAR con dos frases por verbo (6 en total). /10 2. Descríbete a ti mismo con los verbos SER, TENER y LLEVAR con dos frases por verbo (6 en total). /10 Cette méthode de préparation d’un contrôle ressemble à la méthode Antibi cité supra, à savoir, que les élèves savent à l’avance les questions qui seront posés lors de ce contrôle. A la différence que l’apprentissage par cœur n’est pas utile ici puisque la grammaire de l’espagnol a été intégrée de manière d’abord inconsciente – par l’oral-, puis consciente par la suite les accords grammaticaux ayant été expliqués par l’enseignant en cas d’erreurs (selon les préceptes de l’ANL). De plus, les élèves avaient droit, si besoin était, d’avoir recours au manuel pour le vocabulaire des vêtements, la difficulté se trouvant dans la construction de groupes nominaux corrects du point de vue du genre et du nombre. Contre toute attente, un grand nombre d’élèves n’a pas souhaité prendre le manuel, -ce qui démontre leur confiance en leur capacitéset les résultats ont été très satisfaisants : sur deux ème classes de 4 LV2, (44 élèves présents au contrôle), 84% des élèves ont atteint la note maximale : 20/20. Sur les élèves restants, les résultats allaient de 13/20 à 18/20. Tous les élèves ont réussi l’épreuve, y compris les élèves en situation de handicap (les ULIS). 100% de réussite à une épreuve est une source de satisfaction tant pour l’enseignant que pour les élèves d’autant plus que la motivation de tous (y compris celle de l’enseignant dans la pratique adopt ) est consolidée de manière optimale. Bien entendu, ce genre d’exercices préparatoires convient plutôt aux plus jeunes, étant donné que les phrases modélisantes et les points grammaticaux abordés en contexte ont un caractère restreint (Ellis et Segalowitz, cités supra). Le collège demande aux élèves de 3 ème une double compétence en espagnol : une expression orale fluide ainsi qu’une compétence écrite définie par le CECRL comme le niveau A2. Ces compétences sont déclinées en quatre volets : CO, CE, EOC EE. (voir supra). 212 Notre classe-pilote de LV1 comptait, en 3 ème, 14 élèves : six filles et huit garçons. En début d’année, un exercice noté concernant une double compétence écrite espagnol/français (traduction de phrases soit en espagnol soit en français que l’on utilise pendant le cours, voir annexe), nous a permis de faire un état des lieux de leurs connaissances des grammaires explicites des deux langues. Bien évidemment, nous n’avons noté que l’orthographe en espagnol. Quant aux phrases en français, les fautes de traduction (qui dénotaient une mauvaise compréhension des phrases espagnoles) ont été les seules à être évaluées, et non pas l’orthographe. Etant donné la spécificité de cette classe, notamment la présence de deux filles et de trois garçons anciennement UPE2A provenant tous de La Catalogne Sud (5 élèves sur 14) mais également le plurilinguisme actif des élèves nés en France (arabe maghrébin, berbère, espagnol combiné avec le français) sauf trois, qui n’utilisent que le français, il nous a paru très utile de comparer les performances en espagnol et en français de tous ces élèves au début de cette année charnière qui prépare non seulement le Diplôme National du Brevet, mais qui détermine également leur orientation pour la classe de seconde (Générale ou Professionnelle). Notre but était de vérifier si les élèves plurilingues (11 élèves sur 14) avaient plus de difficultés en français que les élèves monolingues et en même temps de vérifier les performances en LVE pour ces élèves monolingues en les comparant aux élèves plurilingues : Performances en français pour les élèves plurilingues : les filles plurilingues ont de meilleurs résultats en français que leurs homologues garçons. Qu’elles soient des anciennes UPE2A ou des filles nées en France, 3 filles sur les 5 ont de bons résultats en français. Un seul garçon sur les 6 élèves plurilingues a de bons résultats en français. Cependant, ces résultats sont excellents. Performances en espagnol pour les élèves plurilingues : tant pour les filles que pour les garçons, les résultats sont meilleurs en espagnol. Performances en français pour les élèves monolingues : Sur les trois élèves monolingues, une fille et un garçon ont de bons résultats en français. Le garçon restant éprouve de grandes difficultés pour cette matière. Performances en espagnol pour les élèves monolingues : la fille et l‘un des garçons obtiennent de très bons résultats en espagnol. Le garçon restant rencontre des difficultés en espagnol. Au vu de ces résultats, nous pouvons apporter les conclusions suivantes : 1. Une grande partie des élèves plurilingues a de bons résultats en français, voire très bons, pour un élève de la classe. 2. Les élèves monolingues n’ont pas de meilleurs résultats en français que les élèves plurilingues. 213 3. Presque la totalité des élèves plurilingues obtient de meilleurs résultats en espagnol LV1 qu’en français. 4. Pour les élèves monolingues, la performance en espagnol est très bonne pour ceux qui ont un bon niveau en français. Somme toute, nous pouvons confirmer deux hypothèses : - Les élèves plurilingues ont en général de meilleurs résultats en espagnol LV1 que les élèves monolingues. - Il existe bien une corrélation entre le niveau de langue maternelle et ce lui de la L2. En effet, si l’élève a de bonnes compétences dans sa langue maternelle (L1), il obtiendra de bons résultats en L2 et en L3. Nous avons observé si ce principe de corrélation persiste quant aux résultats de fin d’année de ème 3 pour cette classe : les résultats du DNB de 2018 pouvaient nous apporter des informations intéressantes de ce point de vue. Sur nos 15 élèves, 10 ont réussi le DNB (66,66%) -le taux de réussite de l’ensemble des élèves de 3 ème a été de 61,23%: cinq ont été admis et les cinq autres ont obtenu une mention. Les élèves admis sont 3 filles et deux garçons. Une fille a obtenu la mention Assez bien. Une fille a obtenu la mention Bien et les 3 élèves restants ont obtenu la mention Très bien : deux garçons et une fille. Il est à noter que sur les trois élèves qui ont obtenu la plus haute mention, une fille et un garçon font partie des anciens UPE2A. Le garçon qui reste est monolingue. Si l’on comptabilise le nombre total d’élèves plurilingues de cette classe qui ont réussi les épreuves du DNB 2018, nous trouvons sept élèves sur les dix. Quant aux mentions, rappelons-le, sur nos cinq lauréats, une élève plurilingue a obtenu la mention Assez bien, et une fille et un garçon plurilingues et anciens UPE2A ont obtenu la mention Très bien. Pour les élèves monolingues, un garçon a été admis, une fille a obtenu la mention Bien et un garçon a obtenu la mention Très bien. Nous constatons un nombre plus important d’élèves plurilingues lauréats du DNB y compris les élèves allophones (UPE2A) que d’élèves monolingues. Cette proportion s’explique par deux facteurs : 1. Le taux d’élèves plurilingues dans notre établissement oscille entre 60% et 70%. 2. Les élèves plurilingues ont, en général, de meilleures compétences quant au pôle linguistique (Français, LV1 et LV2). 214 Ce dernier facteur est à prendre avec précaution. En effet, les élèves monolingues peuvent aussi avoir de bonnes compétences dans le pôle linguistique. Mais cela dépend du niveau de langue française utilisé à la maison. Si le lexique et la syntaxe de la langue utilisée ne correspond pas au langage standard, ces élèves monolingues retrouvent les mêmes difficultés en français que les élèves nés à l’étranger ou issus de l’immigration. Le tableau suivant illustre cette corrélation : plus les élèves monolingues sont en difficulté en français, plus basse sera la moyenne dans le pôle linguistique. Six élèves de la classe ont demandé la 2nde Générale dans le lycée du secteur. Comparons les er résultats de ces élèves en fin de troisième et au 1 Trimestre de la Seconde Générale : ème ANNEE 2017-2018 Moyennes de l’année de 3 Elève Français (Pôle linguistique) LV1 Espagnol LV2 Anglais Moyenne Pôle Garçon monolingue 07,13 16.5 10.53 11,38 Fille plurilingue 11,16 13,68 12,73 12,50 Garçon plurilingue 08,27 18,33 12,75 13,11 Fille monoling ue 12,19 17,67 10,77 13,50 Fille plurilingue 13,21 18 11,43 14,21 Garço n 15,26 20 19,37 18,21 plurilingu e UPE2A 215 En guise de conclusion, si la notion de Maitrise de la Langue en rapport avec les différentes disciplines détient une place prioritaire dans les textes ministéri depuis la réforme Bayrou de 2015, la mise en œuvre de cette réforme revêt, nous avons vu, différentes pratiques pédagogiques qu’il faut développer. Il s’agit d’une remise en question d’une pédagogie unique non adaptée à la réalité linguistique et culturelle de ces élèves : • l’éveil aux langues sera développé dès la maternelle. • La réforme du collège de 2016 a prévu un allègement du temps de travail des élèves ainsi que l’introduction de la LV2 dès la 5ème. L’anglais deviendra la première langue vivante. • La différenciation pédagogique, la collaboration entre les élèves et l’inclusion seront privilégiées pour l’enseignement/apprentissage de toutes les LVE afin que l’élève devienne acteur de ses apprentissages dans la communication. La centration sur l’apprenant, l’apprentissage par l’action et la coopération entre les élèves sont les mots-clef cités par les nouveaux textes ministériels afin de mieux enseigner et apprendre les LVE. Partant de et s’appuyant sur la pluralité de nos élèves, l’apprentissage de la LVE se fera par la communication authentique et l’interaction. L’approche par projets prend parti pour l’enseignement et l’apprentissage par l’action. Cependant, la formation des enseignants prévue pour ces démarches pédagogiques plurielles (EVLANG, TLBT, Approche interculturelle...) reste essentiellement théorique s’appuyant quasi exclusivement sur les sciences cognitives. La mise en pratique des différentes théories pédagogiques proposées par le Ministère de l’Education Nationale au sein de ma classe ne va pas de soi... L’Evaluation par contrat de confiance, prônée par Antibi et largement répandue par le Ministère, s’est avérée non adaptée pour les élèves en grande difficulté ou en décrochage scolaire. Toutefois, la confiance demeure essentielle pour l’image qu’a l’élève de lui-même et pour qu’il consente à entrer dans les apprentissages. L’ e x p é r i m e n t a t i o n s u r c h a c u n e d e s c o m p é t e n c e s d u C a d r e C o m m u n d e Référence (Compréhension de l’oral, Compréhension de l’écrit, Expression orale en continu et Expression écrite) dans le cadre de ma classe pilote notamment, montrent l’influence de la langue maternelle pour la construction du sens tant à l’oral qu’à l’écrit. L’intérêt de l’approche neurolinguistique (ANL) réside dans le développement d’une structure linguistique interne (ou inconsciente) et une structure linguistique externe (ou consciente). 217 Le passage de la communication orale à l’écrit, loin d’avoir un rapport dichotomique, peut être une interaction (certes complexe) possible et, surtout, efficace. Enfin, l’hétérogénéité linguistique ainsi que le bagage culturel des élèves scolarisés en REP+, source pour certains élèves de problèmes identitaires ou d’acculturation, doit être perçue et utilisée par les enseignants non pas comme un obstacle mais comme un atout pour la réussite des élèves. Telle est la vocation des démarches pédagogiques plurielles. 218 CONCLUSION La didactique des LVE a connu une évolution longue et semée d’obstacles, d’une part à cause de la prégnance de la Méthodologie Traditionnelle (MT) -la LVE était enseignée et apprise essentiellement à partir de la grammaire et de la traduction, héritage de l’enseignement latin-, d’autre part par l’insuffisance et les contradictions de la formation issue de l’Inspection Générale (Puren). L’Instruction officielle de 1950 modifie approches précédentes en dirigeant l’enseignement/apprentissage de la LVE vers l’intégration didactique autour du texte. Cependant, l’extrême formalisme de cette méthodologie sera atténué par l’introduction progressive des cours audiovisuels intégrés au premier cycle d’abord, évoluant par la suite vers la Méthodologie Active (MA), dans laquelle la forme orale du langage primera sur l’écrit. Le nouveau statut de l’oral remplacera la compréhension écrite en oralisant le texte écrit -compréhension orale, lecture et répétition orale de l’enregistrement. La Méthodologie Audio-Visuelle (MAV) a reçu une forte influence du structuralisme (Bloomfield), quant à la nette distinction entre le code oral et le code écrit. D’autres théories viendront renforcer cette méthode : le béhaviorisme et le structuro-globalisme (Guberina, Rivenc). L’association de l’image et du son et les exercices structuraux prendront une importance capitale comme technique d’exploitation du matériel linguistique introduit audiovisuellement. Cependant, la coexistence d’une linguistique qui a pour objet d’ étude la phrase (structuralisme) et celle dont le champ d’investigation est le discours (Khan) était contradictoire : la sociolinguistique fera évoluer (vers la fin du XXème) la didactique des LVE vers un enseignement/apprentissage axé sur la communication. Les notions d’acte de parole et de situation (ou contexte, Porquier et Py) seront indissociables. Dès lors, l’apprenant aura une place prépondérante dans un rôle de communicant. Le langage et la construction de celui-ci opposera les théoriciens innéistes et les cognitivistes. Le générativisme (Chomsky) a apporté l’analyse des processus mentaux impliqués dans l’apprentissage en tant que mécanisme indépendant du langage (Slobin). En revanche, le connexionnisme (Laks, Smolensky) défendra que le langage doit être fondamentalement envisagé dans une perspective de construction de . Enfin, pour Bialystok et Vogel, l’acquisition des LVE suit un processus d’élaboration et de vérification successives d’hypothèses sur la structure de la langue-cible (influence directe de l’input). Ce sont les recherches sur le bilinguisme qui ont contribué à la prise en compte des caractéristiques spécifiques de l’environnement linguistique et son éventuelle influence pour l’apprenant. Le concept d’interlangue a été développé par Vogel, pour qui il s’agit d’un processus naturel pour l’acquisition d’une L2. Il postule une identité entre les processus 219 d’acquisition de la L1 et la L2, à savoir que les attitudes et les stratégies mobilisées pour l’apprentissage des deux sont identiques. L’interlangue étudie les productions correctes en même temps que les structures fausses. La revalorisation du rôle de la langue première dans l’appropriation de la L2 est l’un des principaux apports de travaux qui s’efforcent de croiser appropriation, enseignement, bilinguisme et hétérogénéité. La L1 n’est plus considérée comme une menace pour le développement de l’interlangue. Cet intérêt pour les activités cognitives de l’apprenant aux prises avec une langue nouvelle conduira à un renouvellement de stratégies de communication et d’apprentissage que l’on ne peut plus envisager hors d’une perspective conversationnelle cognitive (Véronique). Le modèle proposé est un enseignement cognitif-communicationnel qui devrait être réalisé dans un enseignement bilingue immersif (Bange, Gaonac’h). D’un point de vue psycholinguistique, Gaonac’h émet l’hypothèse d’un appui réciproque entre la L1 et la L2. Mieux, il atteste la corrélation entre performance en langue maternelle et performance en langue étrangère. Cependant, quelques réserves ont été émises à propos des pédagogies d’immersion: il faut s’assurer d’un niveau de compétence suffisant en langue maternelle, et notamment dans la lecture en langue maternelle, avant d’introduire un enfant dans un programme d’immersion (Hagège). Les odèles immersifs du Québec, de l’Andorre et le Val d’Aoste montrent les avantages mais aussi les limites de cet enseignement/apprentissage. Le rôle du Conseil Européen a été décisif dans le développement de différentes politiques linguistiques de promotion de l’apprentissage des LVE. En effet, la compétence à favoriser est l’interculturalité : ce qui prime, c’est l’apprenant, dans ses diverses appartenances langagières et culturelles. Identité et altérité se combineront dans un enseignement plurilingue, qui fait partie d’une approche plurielle (enseignement bilingue, CLIL ou Emile). Il s’agit d ‘un projet ambitieux pour la réussite scolaire et personnelle des individus en Europe (EVLANG, CECRL, CARAP), axé également sur la lutte contre l’abandon scolaire et une plus grande mobilité en Europe (programmes Erasmus +, Erasmus Mundus). La lutte contre le décrochage scolaire et les problèmes rencontrés par des élèves défavorisés, le fait de permettre la réussite de tous les élèves où qu’ils se trouvent dans le spectre académique, y compris les enfants issus de l’immigration (Stratégie Europe 2020) sont les majeurs du Conseil Européen. objectifs La corrélation entre l’origine sociale et difficultés scolaires provoquera des politiques publiques en direction des anciennes ZUP en France, regroupées sous le terme de politique de la ville. Les écarts entre les résultats scolaires dans les zones à forte concentration d’élèves issus de milieux sociaux défavorisés et les autres périmètres on conduit à une action commune entre les politiques urbaines et celles de l’éducation afin de contrebalancer l’inégalité face aux services publics (principe de compensation). Nées aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, la politique d’éducation compensatoire et les Education Priority Areas respectivement ont inspiré la France pour concentrer l’action de 220 l’Etat dans les territoires les plus défavorisés. L’école s ‘est donné la mission de lutter contre l’inégalité scolaire et sociale le cadre d’une politique dite de différenciation. En 1981, le ministre Savary créé les Zones d’Education Prioritaire (ZEP). Cette action positive (Armand et Gille) concentrera des moyens supplémentaires humains et financiers dans des territoires définis localement là où les inégalités socio -économiques étaient les plus accusées. Chaque académie a choisi sa propre méthode pour définir les indicateurs qui reflétaient les zones qui cumulaient le plus de difficultés. Une circulaire de 1998 a créé les Réseaux d’Education Prioritaire ainsi que les Contrats de Réussite : formés par un collège et les écoles primaires de son ressort, le Contrat de réussite est la formalisation d’un projet éducatif dont le but est celui de rompre l’isolement de certains établissements en ZEP. La volonté de réduire les écarts de résultats entre les élèves scolarisés en REP et ceux hors REP a contribué à la création de périmètres définis par une labellisation grandissante envers la concentration de difficultés scolaires : ces réseaux deviendront les RRS et les RAR, rebaptisés par la suite ECLAIR. Tout était à faire concernant la didactique et la pédagogie à adopter dans les établissements en ZEP. La mise en place d’un dispositif d’expérimentation au niveau des collèges devait contribuer à sélectionner des stratégies innovantes pour améliorer les résultats, dans une perspective pluriannuelle. La plus grande disparité à propos des résultats globaux au DNB semblait plutôt dépendre du contexte précis de chaque établissement plus que du contexte socio-culturel. Ce contexte n’étant pas réservé à la France, les conseils européens de Lisbonne (2000), Barcelone (2002) et Bruxelles (2003) ont abouti à l’adoption de critères européens de référence : compréhension de l’écrit, sortie prématurée du système scolaire, accomplissement de l’enseignement secondaire et participation de l’adulte à l’éducation et à la formation tout au long de sa vie.
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Résumé : Après un premier article sur l'édition des textes du XVIIe s. au XVIIIe s., nous continuons au notre enquête sur la modernisation massive de la littérature française classique. Dans l'histoire de ce choix ecdotique, le XIXe s., moment de l'apparition de la philologie romane, nous apparaît comme un tournant à partir duquel les médiévistes et les dix-septiémistes ont développé des traditions éditoriales très différentes, et ce malgré une nette volonté des spécialistes du Moyen Âge d'influencer leurs collègues. Anstract : After a first article on editing 17th c. texts in the 18th c., we continue our survey on the modernisation of French classical literature. In the history of this ecdotical choice, the apparition of romance philology during the 19th c. is a turning point, since which medievalists and specialists of 17th c. French have developed different editorial traditions, despite a clear attempt from the specialists of the Middle Ages to influence their colleagues. Mots-clef : philologie, ecdotique, littérature, dix-septième siècle, ponctuation, ographe, graphématique La préservation des systèmes graphiques de l'ancien français 2 La préservation des systèmes graphiques du français moderne 3 Le rôle des Paris 5 Trois époques, deux pratiques 8 En fin de compte 10 Bibliographie primaire (manuscrits) 13 Bibliographie primaire (imprimés) 13 Bibliographie secondaire 14 15 Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs Le XIXe s. tient une place particulière dans le coeur des philologues en général, et des médiévistes en particulier. Encore aujourd'hui, ces derniers reviennent encore inlassablement sur cette époque (CORBELLARI 1997, BÄHLER 2004) pour des raisons scientifiques, voire sentimentales Mais il en va autrement des spécialistes de la littérature classique, qui, s'ils gardent encore en mémoire quelques grandes éditions (pensons à SÉVIGNÉ, éd. MONMERQUÉ 1862), ont souvent oublié l'importance de Karl Lachmann (1793-†1851), de Paulin Paris (1800-†1881), de Paul Meyer (1840-†1917) et d'autres, pour une discipline qu'ils ont peut-être tout autant oubliée. Au cours de ce siècle, l'approche matérielle des textes a connu en France une lente mais sûre révolution, avec comme tournant majeur l'introduction vers 1860 de la linguistique romane par Gaston Paris (1839-†1903), qui y a été initié par son fondateur, Friedrich Diez (1794-†1876), lors d'un séjour d'étude à Bonn. Cependant, si cette nouvelle approche a profondément influé sur la pratique éditoriale des médiévistes, il n'en va pas de même pour les dix-septiémistes, dont les éditions sont restées en grande partie imperméables à cette approche (DUVAL 2015). En France, la rencontre entre la littérature du Grand siècle et la philologie romane n'a donc pas eu lieu, bien que le dialogue entre les spécialistes des deux champs ait été engagé. En dépit de l'intense réflexion menée par les médiévistes sur l'ecdotique, les éditeurs de textes du XVIIe s. français continuent de moderniser massivement la langue. C'est sur cette spécificité que nous nous proposons de revenir une nouvelle fois (cf. GABAY 2014 et 2018), en nous intéressant à quelques éditions marquantes du XIXe s. et aux critiques qu'elles ont reçues, pour tenter de comprendre cette rencontre manquée. La préservation des systèmes graphiques de l'ancien français S'appuyant sur la documentation rassemblée par Bon-Joseph Dacier (1742-†1833), JeanAlexandre Buchon (1791-†1846) publie chez Verdière les Chroniques de l'auteur médiéval Jean Froissart (†c. 1410) en 1824. Le succès tant apparemment au rendez-vous, une réédition paraît chez Desrez une dizaine d'années plus tard, en 1835, avec l'addendum suivant : Beaucoup d'érudits m'ont reproché, ainsi que je l'avais prévu dans ma première édition [FROISSART, éd. BUCHON 1824:LXXX], d'avoir adopté un système unique et plus moderne d'orthographe pour les quatre livres des Chroniques qui offraient mille variétés orthographiques. Je persiste à croire que j'ai eu raison. S'il eût existé un seul manuscrit qui portât bien authentiquement l'orthographe approuvée par Froissart lui-même, j'aurais dû le respecter, au hasard d'en rendre la lecture plus difficile ; mais chacun des copistes de chacun des manuscrits dans les diverses provinces et dans les différens temps a modifié cette orthographe pour l'adapter à la prononciation de sa province et de son temps. Qui eût pu guider le lecteur à travers ce labyrinthe de difficultés? et quel droit pouvait avoir à être respecté, un copiste souvent ignorant, qui n'avait respecté luimême ni le fond du texte ni la forme des phrases? Il m'a fallu quelquefois dix manuscrits divers pour compléter non-seulement un livre mais même quelques chapitres. Quand on n'imprime ni Corneille, ni Bossuet, ni aucun des écrivains du grand siècle avec leur orthographe réelle, pourquoi ferait-on une loi plus impérieuse pour un écrivain déjà assez difficile à comprendre sans cela? [FROISSART, éd. BUCHON 1835:406] 2! Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs Le fait que des « érudits » reprochent à Buchon son choix de « franciser »1 la langue en ce deuxième quart du XIXe s. est déjà une révolution en soi et montre un profond changement de paradigme : contrairement au XVIIIe s., les choix éditoriaux regardant la conservation des systèmes graphiques anciens sont non seulement justifiés, mais aussi débattus par un groupe de spécialistes qui n'hésitent pas à contester les options prises par leurs pairs2. Le problème est que Buchon n'a pas intégré ce changement de paradigme et que, malgré des efforts certains de collation, il se comporte encore en copiste plus qu'en éditeur. En effet, comme l'explique l'archiviste et historien Pierre Daunou (1761-†1840) dans le Journal des savants (qui commente alors le travail de Buchon) : L'une des études qu'on peut se proposer de faire en lisant Froissart, est de reconnaitre l'état de la langue parlée de son temps ; et nous n 'en aurons pas le moyen, si on ne nous laisse plus voir comment ses premiers copistes avaient, autant qu'il leur était possible, représenté son langage [] il y aurait une sorte d'anachronisme à transporter au XIVe s. les voix et les articulations nouvelles qui ont été peu à peu substituées à celles des Français de cet âge. [DAUNOU 1824:542] Daunou rappelle ici à Buchon que si la distinction fondamentale entre langue de l'auteur et langue du copiste est importante, la première comme la seconde méritent l'attention du bon éditeur. L'absence de manuscrit autographe n'est donc pas un argument valable pour défendre une quelconque intervention : il convient de décentrer la personne de l'auteur dans l'approche du texte pour redonner toute sa place à la copie. D'une part, si la langue de cette dernière est une source secondaire pour l'étude de l'oeuvre, elle reste une source primaire pour le linguiste. D'autre part, la langue du copiste sera toujours plus proche de celle de l'auteur qu'une modernisation anachronique. Étonnamment, la comparaison avec les éditions modernisées de Bossuet et de Corneille n'appelle aucune remarque alors que, contrairement à Froissart, nous conservons beaucoup d'autographes du premier3 et que le second a supervisé lui même l'édition de ses oeuvres complètes en 1663. Dès le début du XIXe s., il semble ainsi acquis que les éditeurs de textes classiques prennent un chemin différent des textes médiévaux, ces derniers étant tenus à une rigueur linguistique dont les premiers semblent s'exonérer. La préservation des systèmes graphiques du français moderne 1 Comme il l'explique par la suite, cette appropriation linguistique reste d'ailleurs relativement limitée : « Qu'eût gagné le lecteur à ce que j'eusse supprimé la ponctuation et les accens parce qu'il n'en existe pas dans les manuscrits, et a ce que j'eusse laissé des u et des i au lieu de v et de j, forme actuelle de la même lettre ; et qu'au lieu de l'é j'eusse laissé l'ancienne forme es, lorsque ce seul changement qui ne dénature en rien la langue contribue cependant à rendre la phrase plus intelligible? Telles sont pourtant les seules modifications réelles que j'aie faites au texte des manuscrits. Je n'ai jamais remplacé un mot ancien par un mot plus moderne, et même lorsque l'orthographe ancienne indiquait une forme conjugative ou étymologique je l'ai scrupuleusement respectée. Ainsi j'ai laissé, par exemple, escripre pour écrire, ils prindrent pour ils prirent, et de même pour tous les autres mots. Je me suis toutefois rangé à l'avis des critiques sur les noms propres de lieux et d'hommes, que j'ai conservés avec toute la variété qu'offrent les manuscrits. Dans ma première édition, pour mettre le lecteur sur la voie, j'avais donné la véritable orthographe ou la signification des mots en parenthèse ; je me suis convaincu que cela gênait le lecteur ; j'ai adopté dans celle-ci une autre marche. » 2 Sur les réactions au travail de Buchon, cf. PINEAU-FARGE 2008:285. 3 Voir par exemple Paris, BNF, Français 12811-12844. 3! /! 15 Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs Le cas des documents autographes du XVIIe s. 4 Sur Champollion-Figeac, cf. FOUCAUD 2011. Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs Cependant, les Champollion font exception : les Historiettes de Tallemant publiées par Louis Monmerqué (1780-†1860) en 1834, ou les Pensées de Pascal publiées par Armand Faugère (1810†1887) en 1844 sur la base des excellents travaux préparatoires (1843) de Victor Cousin (1792†1867), sont publiées avec une orthographe modernisée. Il est intéressant de préciser que dans ces deux cas les éditeurs connaissent et utilisent des manuscrits autographes : il est donc impossible de justifier la modernisation par l'absence de document original comme le faisait Buchon avec Froissart. Ce parti pris, contestable au vu des évolutions de la pratique des médiévistes, n'est cependant pas restée longtemps sans opposition. L'édition par Charles Walckenaer (1771-†1852) des Caractères de La Bruyère parue en 1845 a ainsi appelé le compte-rendu suivant dans La Revue indépendante : Je comprends parfaitement le motif qui a porté l'estimable éditeur, dans l'intérêt de la clarté du style, à modifier la ponctuation de La Bruyère, à la rendre plus logique et plus nette. Malgré cela, pour mon compte, je serais moins hardi ; je laisserais à nos vieux auteurs, à La Bruyère comme à Montaigne par exemple, pour parler d'un écrivain plus éloigné encore, leur ponctuation ainsi que leur orthographe. Et cela pour trois raisons : la première, déjà exprimée, parce que la ponctuation et l'orthographe sont inhérentes à la langue d'un écrivain comme le costume d'un personnage historique est inhérent à sa physionomi ; la seconde, parce qu'une fois entré dans la voie des changements on ignore où l'on s'arrêtera ; la troisième enfin, parce que je mets en fait qu'un lecteur qui, à la dixième page d'un vieux livre, n'est pas déjà familiarisé avec la ponctuation et l'orthographe propres à l'auteur, ne sera pas plus apte à le comprendre dans une édition récente que dans une édition ancienne. [D'ORTIGUE 1846:474] On y retrouve nombre des arguments qui reviendront continuellement : celui du respect de la langue de l'auteur, celui de l'effet « boule de neige » (où arrêter la modernisation?) et enfin celui de la capacité du lecteur à comprendre un texte présentant un système graphie ancien. Il est significatif que l'auteur de cette note soit le musicographe Joseph d'Ortigue (1802-†1866), spécialiste entre autres choses de musique médiévale, et qu'il faille donc attribuer ses remarques à l'influence qu'exerce l'édition de textes médiévaux sur les spécialistes du Moyen Âge. Le rôle des Paris Tout au long du XIXe s., les médiévistes continueront à peser de manière plus ou moins directe sur la pratique des dix-septiémistes. Le cas le plus flagrant est probablement celui du célèbre Paulin Paris (1800-†1881), qui, comme Balzac avec Volupté, décide de refaire l'édition des Historiettes par Louis de Monmerqué. Il justifie sa nouvelle édition en préface : Surtout, j'ai pu rendre ce texte parfaitement conforme à l'orthographe de l'auteur. [] J'ai donc, autant que les corrections définitives du prote d'imprimerie me l'ont permis, respecté ces archaïsmes, qui pourront bien d'abord déplaire au lecteur et l'indisposer contre moi, mais auxquels il s'habituera facilement, s'il veut bien accorder que chez les ecrivains de valeur, comme est notre des Réaux, la façon de rendre les pensées tient par des liens délicats à la forme et à la prononciation des mots. En imposant aux contemporains de Voiture et de Balzac l'orthographe de Voltaire ou de 5! ! Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs M. de Lamartine, on donne au style elegant et facile des premiers je ne sais quel ton criard et quel air emprunté qui les en lève à leur temps et ne les met pas encore du nôt re. Tous les bon s littérateur s ne reconno issent-ils pas l' incon vénient 'imprimer à la moderne les Marot, les Rabelais, les Montaigne? La nouvelle orthographe rendroit pourtant ces excellens auteurs plus intelligibles : mais que gagnerions-nous à ne pas respecter l'orthographe et l'accentuation qui suffisoit aux meilleurs ecrivains du grand siècle, puisque cette réforme prétendue ne sauroit ajouter à la facilité de les entendre? [TALLEMANT, éd. PARIS 1854:V et VIII] Comme d'Ortigue, Paris replace diachroniquement la langue classique et ses « archaïsmes » avec celle de la Renaissance en la distinguant par le haut du bloc formé par celles des XVIIIe s. (Voltaire) et XIXe s. (Lamartine). Essayons quelque peu de contextualiser ce geste éditorial. Considérant avec justesse que le maintien traditionnel du morphème de l'imparfait en -o- est incohérent avec la modernisation, Havet propose donc d'abandonner cette pratique pour une modernisation intégrale de la langue du XVIIe s. Si ce choix est effectivement logique, il évacue 5 Bibliothèque du château de Chantilly, Ms 926. 6! Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs cependant l'autre possibilité qu'est la conservation de l'ancien système graphique, comme le font les éditeurs de textes de la Renaissance. Contrairement à Paris et Ortigue, il semble donc voir une rupture nette, qu'il ne justifie pas, entre les états de langue du XVIe s. et du XVIIe s. Probablement étonné par cet argumentaire, un jeune chartiste d'une trentaine d'années, auteur d'un thèse sur l'Histoire poétique de Charlemagne (1865), se propose alors de faire un compterendu de cette édition : il s'agit du fils de Paulin Paris, Gaston (1839-†1903), qui remplace alors régulièrement son père au Collège de France avant de définitivement lui succéder (et y retrouver d'ailleurs comme collègue Louis Havet, le fils d'Ernest). Après de sincères louanges sur le commentaire, Gaston Paris se prend à rêver : A côté de l'édition de M. Havet [] il y a donc place pour une édition sans commentaire, destinée aux vrais admirateurs du grand chrétien. Nous avons cette bonne fortune unique de posséder l'autographe, et plus encore, le premier jet de cette originale et sublime pensée : il faut en jouir mieux qu'on ne l'a fait ici (sauf l'essai de M. Faugère). Nous rêvons une de bibliophile, avec l'orthographe ancienne, reproduisant toutes les ratures et toutes les corrections, ne cherchant ni la clarté ni la commodité, mais la fidélité scrupuleuse, exécutée avec l'élégance la plus recherchée, en petit format, propre à être emportée en promenade, et mettant le lecteur directement en face de Pascal pensant, et pris pour ainsi dire sur le fait. Nous avons été parfois jusqu'à souhaiter qu'on offrît aux Pascalistes zélés une reproduction photographique du manuscrit []. [PARIS 1868:110] C'est très certainement à la lumière de ce passage qu'il faut lire l'introduction aux Provinciales du même Ernest Havet, où il déclare : Cependant je n'en ai pas conservé l'orthographe, et je le donne avec l'orthographe de notre temps. Le contraire ne tardera pas peut-être à devenir une obligation pour les éditeurs des classiques, et cette exigence tient à un goût d'exactitude et de vérité, qui est certainement très respectable. Mais la liberté sur ce point subsiste encore ; [] Je ne puis lire nos classiques imprimés avec l'orthographe de leur temps sans un sentiment désagréable ; il me semble qu'elle me sépare d'eux, tandis que la pensée et le plus souvent la langue elle-même m'en rapprochent. Ce sont des amis avec lesquels on m'empêche de converser à mon aise. D'ailleurs, suivant le système des orthographes diverses, il faudra que les enfants dans nos écoles apprennent plusieurs sortes de français, comme aussi les élèves de nos lycées plusieurs sortes de latin. Mais si on revient à l'orthographe, pourquoi ne reviendrait-on pas aussi, quand on lit à voix haute, à la prononciation du temps, qui paraîtrait, il faut en convenir, fort étrange? Si on ne le fait pas, et qu'on se résigne à répéter les discours du XVIIe siècle avec la prononciation d'aujourd'hui, pourquoi ne pas aussi les écrire avec l'orthographe d'aujourd'hui? Et puis, qu'on y prenne garde, la curiosité historique n'est pas près d'être satisfaite. Si on s'y abandonne, on arrivera à vouloir lire les classiques, non seulement avec l'orthographe, mais aussi avec les caractères et les reliures de leur temps, et pour les auteurs antérieurs à l'imprimerie, on demandera des fac-similés de parchemins ou de papyrus. Qu'on me pardonne de m'en tenir ici à l'ancien système. [PASCAL, éd. HAVET 1887:6] 7! s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs À la fin du XIXe s., le débat repart donc de presque zéro, sans qu'il ne soit véritablement tenu compte des avancées scientifiques ni des précédentes expériences. Il est en effet étonnant de voir Havet employer l'argument du rapport sentimental à l'auteur et au texte (« Ce sont des amis avec lesquels on m'empêche de converser à mon aise ») : le développement de la philologie romane et de la linguistique historique au cours du siècle a pourtant déjà démontré à cette époque que, pour une édition universitaire sérieuse, le respect des systèmes graphiques anciens ne devrait probablement pas être une affaire de « goût » mais de science. Havet ajoute alors deux arguments tout aussi contestables. Le premier est celui de la supposée complexité à lire un texte non-modernisé, qui nécessiterait l'enseignement d'une multitude de français (et de latins), – un phénomène dont il est pourtant le témoin vivant avec la création de la première chaire d'ancien français au collège de France dès 1853 et la parution d'ouvrages comme la Grammaire historique de la langue française d'Auguste Brachet (1845-†1898) en 18686. Le second est celui d'un « effet boule de neige », selon lequel respecter l'orthographe ne peut aboutir in fine que par reproduire des fac-similés de papyrus, alors que les centaines d'éditions de textes médiévaux publiées jusqu'alors7 ont clairement démontré que les éditeurs, quand ils ne « rêvent » pas comme Gaston Paris, savent généralement faire preuve de mesure et maintenir la philologie dans les limites du raisonnable. Trois époques, deux pratiques Havet dit cependant se penser comme une exception et estime que sa position modernisatrice ne subsistera pas dans le temps : il est très probable que cette crainte ne soit que rhétorique, et donc une excuse. On observe en effet en 1887 un divergence nette entre les pratiques éditoriales concernant la littérature de la seconde moitié du XVIIe s. et celles concernant les siècles précédents (médiévale, renaissante et baroque) qui ne laisse aucunement présager de l'évolution (apparemment) pressentie par Havet. Mais doit-on cependant considérer que les (seuls) responsables soient les éditeurs? Il semble que non. Charles Marty-Laveaux (1823-†1899), lui aussi ancien élève de l'École des chartes, publie une édition très peu retouchée de Rabelais, critiquant au passage certains de ses prédécesseurs qui étaient, selon lui, intervenus trop lourdement sur le texte8 : M. Jannet [] s'il a fort sagement respecté l'orthographe jusque dans ses variations & dans ses incertitudes ; à d'autres égards il a singulièrement modifié la physionomie de l'ouvrage qu'il reproduisait. Il n'a tenu presque aucun compte des majuscules, il a « distingué les i des j, les u des v ; » en fin il a pensé que la ponctuation « était à refaire entièrement, comme dans tous les vieux auteurs ; » & il l'a établie à nouveau [] [RABELAIS, éd. MARTY-LAVEAUX 1868:IV] Cf. RIDOUX 2001, p. 182. Quatre cent vingt-cinq entre 1800 et 1870 d'après CLOT 2002. 8 La question de la modernisation des oeuvres de Rabelais au XIXe s. mériterait un article à elle seule. Pour un rapide résumé, voir CHEVALIER 1868:17. Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs L'éditeur conserve les mêmes scrupules lorsqu'il édite les OEuvres complètes de La Fontaine (chez Jannet!) en 1857 : En général, notre texte est, pour chaque ouvrage, la reproduction rigoureuse de celui de la dernière édition publiée sous les yeux de La Fontaine ; lorsque, par un motif quelconque, il n'a pu en être ainsi, les notes l'indiquent. Nous avons corrigé les fautes d'impression évidentes,,mais les bizarreries orthographiques ont été soigneusement respectées. Dans le même conte, le même mot se trouve souvent sous deux ou trois formes ; nous avons pris grand'peine pour les conserver toutes : choisir la plus moderne, c'étoit rajeunir notre auteur ; adopter la plus ancienne, c'étoit donner à ses oeuvres un aspect archaïque qu'elles ne doivent avoir. (LA FONTAINE 1857, éd. MARTY-LAVEAUX, Avertissement [n.p.]) Ces préceptes ne seront cependant pas appliqués dans son édition des oeuvres de Corneille. Ce choix est étrange, dans la mesure où, contrairement à beaucoup d'autres auteurs, l'auteur du Cid a explicitement théorisé son orthographe au seuil de ses oeuvres complètes de 1663 (CORNEILLE 1663:III)9. Fin connaisseur de cette question (Cahiers, éd. MARTY-LAVEAUX 1863), l'éditeur décide cependant de ne conserver l'orthographe originale que pour l'exposé par Corneille de ses opinions sur ce sujet (CORNEILLE 1862:4). Il est probable que ce choix soit dû au directeur de la collection des « Grands écrivains de la France », Adolphe Régnier (1804-†1884), pourtant au fait des pratiques des philologues en tant que germaniste et spécialiste de grammaire comparée. Le rôle des directeurs de collection ne doit en effet pas être négligé. Arthur de Boislisle (1835-†1908), éditeur des Mémoires de Saint-Simon dans la même collection, précise ainsi que : Nous suivrons la règle adoptée pour toute la collection des Grands écrivains, et emploierons l'orthographe moderne, sauf l'oi, qui est de constant usage dans les textes antérieurs au dixneuvième siècle, et excepté aussi un très-petit nombre de mots qui, par leur forme, rappellent quelque cas intéressant d'étymologie ou de prononciation. [SAINT-SIMON, éd. BOISLISLE 1879:VII] La raison de cette modernisation est très certainement le souci de lisibilité pour le lectorat – préoccupation noble, dont se soucient tout autant des médiévistes comme Paul Meyer dans ses fameuses Instructions pour la publication des anciens textes français : [] l'usage des accents a certains avantages, de même que la distinction de l'i et du j, de l'u et du v et autres artifices typographiques. Il facilite la lecture et empêche de confondre livre et livré, jure (et ivre) et juré. Nous transportons légitimement à l'ancien français un usage qui ne s'est établi chez nous que du XVIe au XVIIe siècle. [MEYER 1910:226] 9 Sur l'orthographe de Corneille, voir PELLAT 1992. 9 ! ! Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs Si les médiévistes retouchent donc leur texte pour faire un pas vers le lecteur, ils interviennent moins que leurs collègues dix-septiémistes malgré des textes nettement plus difficiles à comprendre. Comptent-ils sur un lectorat plus motivé? Ce n'est pas impossible Il n'est cependant pas certain qu'il faille uniquement pointer la responsabilité des directeurs de collection. Ludovic Lalanne (1815-†1898), archiviste-paléographe comme les Champollion, Gaston Paris et Marty-Laveaux, propose une édition modernisée des Mémoires (1857) et de la Correspondance (1858) de Bussy-Rabutin, alors que la documentation autographe ne manque pas10 et est bien connue de lui (LALANNE 1853). À l'inverse, le même Lalanne publie une édition nonmodernisée des Mémoires d'Agrippa d'Aubigné (1552-†1630) chez le même éditeur dans laquelle « sauf dans quel ques endroits où les erreurs du copiste [lui] ont paru évidentes, [il a] respecté scrupuleusement le style et l'orthographe » (D'AUBIGNÉ, éd. LALANNE 1854:XII) du manuscrit autographe - il fera de même pour Brantôme (éd. LALANNE 1864). Il semble donc que dans ce cas c'est bien l'éditeur qu'il faille incriminer : c'est lui qui décide de traiter différemment la langue baroque de la langue classique. Lorsque Lalanne décide de proposer une édition de Malherbe (1555-†1628) pour la collection des Grands écrivains où son parues les OEuvres (modernisées) de Corneille ou de Saint-Simon, il semble ainsi qu'il tente de proposer une version non-modernisée : Les éditeurs de ce volume avaient d'abord formé le projet de publier simultanément deux éditions des Grands écrivains de la France. Dans l'une on aurait suivi l'orthographe adoptée par le Dictionnaire de l'Académie de 1835. L'autre aurait été, au point de vue orthographique, un facsimile des éditions originales, et il n'est pas besoin de faire ressortir l'intérêt qu'elle aurait eu pour l'histoire, nous ne dirons pas de notre langue, mais des variations, souvent capricieuses, peu logiques, et pourtant curieuses à connaître, de sa forme extérieure. Malheureusement, au moment de l'exécution, on s'est trouvé en présence d'obstacles de plus d'un genre. Pour n'en signaler qu'un, le principal de tous, il n'est guère douteux que la plupart du temps on aurait, dans cette édition archaïque, offert moins l'orthographe de l'auteur, que celle de son imprimeur ou de ses imprimeurs, orthographe pleine d'inconséquences et de contradictions. [MALHERBE, éd. LALANNE 1862:II] Cet avertissement signé « L. Hachette et Cie » (probablement dû à Adolphe Régnier, le directeur de la collection) montre que la question de la modernisation est traitée différemment pour la littérature baroque et pour la littérature de la fin du XVIIe s., tant par les éditeurs commerciaux que scientifiques. En fin de compte Le XIXe s. semble donc se terminer avec une nette préférence pour la modernisation des textes classiques. Évidemment, ce choix n'est pas unanime : Charles Adam (1857-†1940) et Paul Tannery 10 Voir par exemple le BNF Fr . 24422.! /! 15 10 Éditer le Grand Siècle au XIXe s. Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs (1843-†1904) décident de ne pas moderniser la langue de Descartes, alors que l'argument poétique ne joue ici aucunement : L'orthographe de Descartes vaut donc la peine d'être exactement reproduite dans une édition nouvelle de ses oeuvres, non pas seulement pour la plus grande joie des amateurs de vieux langage, et pour la satisfaction bien légitime des philologues, mais parce qu'on retrouve jusque dans les formes des mots la marque personnelle du philosophe. Puis ce langage tout émaillé de vieilles expressions, comme derechef, sonuenance et ressouuenir, ouyr, etc., avec de vieilles tournures, comme les pour ce que et les encore que, dont il ne craint pas d'abuser, pour bien montrer la solide charpente des phrases et en faire saillir les jointures, tout cela a besoin aussi, ce semble, d'une vieille orthographe, surtout si on imprime avec des caractères anciens et dans l'ancien format : nos façons d'écrire, toutes modernes, feraient avec un pareil texte le plus choquant disparate. On donnera donc scrupuleusement l'orthographe de Descartes, sans omettre la moindre particularité (ni même la moindre faute), toutes les fois que la chose sera possible, c'est-à-dire lorsqu'on aura le texte écrit de sa main. [DESCARTES, éd. Ch. ADAM et P. TANNERY 1897:CIII] Paradoxalement, le coup de grâce a pu être apporté par les médiévistes eux-mêmes. Dans ses Études critiques, le grand médiéviste Joseph Bédier (1864-†1938), après une analyse fine des divers témoins de L'entretien de Pascal avec M. de Saci, propose une version intégralement modernisée du texte (BÉDIER 1906:19). Il semble que celui qui est resté dans l'histoire de l'ecdotique comme le chantre de la non-intervention n'applique pas ses propres règles dès lors qu'il s'agit d'un auteur du Grand Siècle L'exemple de Bédier permet de faire remarquer que si les études dix-septiémistes se sont tenues à l'écart de la philologie sur la question orthographique, certains des apports de cette science ont bien été intégrées par les spécialistes du XVIIe s. Du rapport de Victor Cousin sur la nécessité d'une nouvelle édition des Pensées de Pascal (1843) à la monumentale édition de la correspondance de Madame de Sévigné par Monmerqué (1862), accompagnée d'une étude linguistique en deux volumes par Édouard Sommer (1866) et d'un copieux apparat critique, il est évident que la technique ecdotique a considérablement évolué. La question orthographique montre cependant la persistance d'un angle mort, malgré des plusieurs tentatives de revenir sur cette question, souvent dues à des éditeurs marqués par la médiévistique. Il nous semble cependant que ce manque soit plus grave qu'il ne paraisse à première vue. Comme l explique Paul Meyer dans son rapport sur les progrès de la philologie romane, « la principale utilité de ces restitutions orthographiques est d'amener l'éditeur à se poser mainte question jusque-là non soulevée »(MEYER 1874:650). Le système graphique, ponctuation comprise, constitue en effet la lettre du texte, et doit donc être l'objet d'une attention particulière. Évidemment, la moderernisation du texte n'empêche aucunement d'apprécier l'oeuvre : la réputation de Molière, Pascal et d'autres n'en a pas été entachée, et des monuments de la littérature ont survécu à des mutilations bien plus graves (e.g. Casanova). Mais la modernisation massive a probablement amené avec elle une lente décrépitude de la pratique ecdotique des dix-septiémistes! (DUVAL 2015), qui explique la multiplication d'éditions que nous qualifierons pudiquement de contestables, et de quelques analyses discutables. Neuchâtel Paris BNF, Français Paris, BNF Français 24422. [ 9063103g] Bibliographie primaire (imprimés) Cahiers de remarques sur l'orthographe françoise pour estre examinez par chacun de Messieurs de l'Académie avec des observations de Bossuet, Pellisson, etc., éd. Ch. MARTY-LAVEAUX, Paris : Gay. [https://books.google.ch/books?id=u5Y5AQAAIAAJ] BRANTÔME 1864 : OEuvres complètes de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme, éd. L. LALANNE, Paris : Vve Renouard, t. 1. [ark:/12148/bpt6k2063457] BUSSY-RABUTIN 1857 : Mémoires de Roger de Rabutin, comte de Bussy, éd. L. LALANNE, Paris : Charpentier, t. 1. [https://books.google.ch/books?id=gy48hiwmWvQC] BUSSY-RABUTIN 1858 : Correspondance de Roger de Rabutin, comte de Bussy avec sa famille et ses amis, éd. L. L ALANNE, Paris : Charpentier, t. 1. [https://books.google.ch/books? id=6QgaAAAAYAAJ] CORNEILLE 1663 : Le Théâtre de P. Corneille, Paris : de Luyne. [ark:/12148/cb302712390] CORNEILLE 1862 : OEuvres de P. Corneille, éd. Ch. MARTY-LAVEAUX, Paris : Hachette, 1862, t. 1. [ark:/ 12148/bpt6k51124] D'AUBIGNÉ 1854 : Mémoires de Théodore Agrippa d'Aubigné, éd. L. LALANNE, Paris : Charpentier. [ark:/ 12148/bpt6k39850h] DESCARTES 1897 : OEuvres de Descartes, éd. Ch. ADAM et P. TANNERY, Paris : L. Cerf, t. 1. [https:// archive.org/stream/uvresdedescartes01desc] DESCARTES 1988 : Correspondance, éd. Ch. ADAM et P. TANNERY, Paris : Vrin, t. 2. FROISSART 1824 : Chroniques de Jean Froissart, éd. J. A. BUCHON, Paris : Verdière. [https:// books.google.ch/books?id=58MWAAAAQAAJ] FROISSART 1835 : Les Chroniques de sire Jean Froissart, éd. J. A. BUCHON, Paris : Desrez, t. 3. [ark:/12148/ bpt6k29761p] LA BRUYÈRE 1845 : Les Caractères de Théophraste, traduits du grec avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle, éd. Ch. WALCKENAER, Paris : Firmin-Didot frères. [https://books.google.ch/books? hl=fr&id=3d5IAQAAMAAJ] LA FONTAINE 1857 : OEuvres complètes de La Fontaine, éd. Ch. MARTY-LAVEAUX, Paris : Jannet, t. 2. [https://books.google.ch/books?id=lelTAAAAcAAJ] MALHERBE 1862 : Les Poésies de messire François de Malherbe, éd. L. LALANNE, Paris : Hachette. [https:// books.google.ch/books?id=_YQy AJ] PASCAL 1844 : Pensées, fragments et lettres de Blaise Pascal, éd. A. FAUGÈRE, Paris : Andrieux, 1844. [ark:/ 12148/cb31062750q] PASCAL 1866 : Pensées de Pascal, éd. E. HAVET, Paris : Delagrave, t. 1. [https://books.google.ch/books? id=gZY9AAAAYAAJ]! Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques édit eurs PASCAL 1887 : Les Provinciales de Pascal, éd. E. HAVET, Paris : Delagrave, t. 1. [https://archive.org/details/ lesprovinciales02havegoog] RABELAIS 1868 : Les OEuvres de maître François Rabelais, éd. Ch. MARTY-LAVEAUX, Paris : Lemerre, t. 1. [https://archive.org/stream/lesoeuvresdemais01rabeuoft] RETZ 1825 : Mémoires du cardinal de Retz, éd. A. PETITOT, Paris : Foucault, t. 1. [ark:/12148/bpt6k36320g] RETZ 1837 : Mémoires du cardinal de Retz, éd. J.-J. et A. CHAMPOLLION-FIGEAC, Paris : Ed. du commentaire analytique du Code civil. [ark:/12148/cb37342095p] SAINT-SIMON 1879 : Mémoires de Saint-Simon, éd. A. DE BOISLISLE, Paris : Hachette, t. 1. [ark:/12148/ bpt6k52571] SÉVIGNÉ 1862 : Lettres de Madame de Sévigné, de sa fameille et de ses amis, éd. L. MONMERQUÉ, Paris : Hachette. [ark:/12148/cb31358254g] T ALLEMANT 1834-1835 : Les Historiettes de Tallemant Des Réaux, éd. L. M ONMERQUÉ, H. de CHATEAUGIRON et J.-A. TASCHEREAU, Paris : A. Levavasseur. [ark:/12148/cb314302816] TALLEMANT 1854 : Les Historiettes de Tallemant Des Réaux, éd. L. MONMERQUÉ et P. PARIS, Paris : Techener, t. 1. [https://books.google.de/books?id=FonaCjMBQcMC] Bibliographie secondaire BÄHLER, U. 2004 : Gaston Paris et la philologie romane, Genève : Droz, 2004. BÉDIER, J. 1903 : L'établissement d'un texte critique de l'« entretien de Pascal avec M. de Saci », Études critiques, Paris : Armand Colin. [https://archive.org/stream/tudescritiquesl00bdgoog#page/n37/ mode/2up] BREUIL, E. 2015 : Histoire et théories de l'édition critique des textes modernes en France, du XIXe siècle à nos jours, du papier au numérique, Lyon : Université Lyon II - Lumière [thèse]. 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Remarques sur les choix (ortho)graphiques de quelques éditeurs.
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Glanures myrmécologiques en 1922
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88 A. FOREL noire), les pattes foncé que chez est plus étroit antérieurs; en et les antennes sont le type. En outre, que chez le type, arrière, elles d'un les roussâtre stries du bien plus pronotum, qui sont longitudinales sur les divergent obliquement de 2/» chaque côté. J'ai reçu cette variété d'Australie sans autres indications Mayr sulcato-tesserinoda de localité. Bothroponera Longueur deux tesserinoda : 8mrn, 2 — 9mm,l. espèces, un peu aussi à bruns et comme plus rapprochée la soror B. non Madura, taille, de Em., cyriluli multidenticulé. que chez bicuspis, avec quelques stries sur espacés, sans poils rieur de l'épistome se ses bords et le mais sur que à et qu'épais tous ; les les rapproche un peu ont bord en les et lisière. sont les pétiole est Ressemble scapes en sont de assez à distincts, son rectangulaire, bien derrière bien plus large convexes, à bord postérieur situés de dernier article du premier et plus quatrième épais pronotum que au de funicule environ longs. distinctement longues et fins anté- milieu, fort un convexe postérieur l'aire que ; frontale distinctement plus devant, à largement, mais fai- assez convexes. Le milieu, moins au que obtu- Bord liers ainsi Pl. pointillées, foncé. devient mais Yeux plus nombreux appointi l'épistome la terminal peu roussâtre arrière l'occiput rieurs du avec légèrement dépasse autres un de microscopiquement d'un Puis Tête un outre, bords, convexe, frontal. peine troisième entre tesserinoda. et Se sont, fortement large, scape la du cuisses subopaques, blement concave. large de mandibules Elles latéraux sillon côtés les sa recourbe longue l'épaisseur les 9,nm,l — 9mm,6. sément et mais celle intermédiaire sp. Em., aplati est mais n. bicuspis peu forme v. (Rothney). Longueur; points La n. rouges. Inde Platythyrea $>. la v. son épaisseur. un peu plus longs aussi épais que longs; antérieurs supé- Angles marqués, mais sans Second, former de dents. la face basale de se bordée termine longues. convexe, bordé, l'épinotum, qui que mésoépinotale déclive M Pronotum notum et la GLANURES le peu et par Une dent avant, au bas du aussi haut que long, rieure, convexe supérieure passant seulement, est avant, une pourvue dent térieure du pétiole concave, et de courte dent presque aussi de l'épinotum un à très est et larges que grande et dirigée en sa face l'antérieure qui, en bas dessous, en face pos- la segment En distincte. côté le postésa bordée (longue largeur devant, verticale, à presque milieu, distincts. obtuse que plus rectangulaire, au face peu que perpendiculaire chaque large basale surtout d'angles longue épaisse face long courbe distincte, sa un une méso- que plus plus le longue la peu que plus Pétiole par passe promésonotale triangulaires dessus, et suture mésosternum. en mésonotum la concave, peu le 89 longue Bien un que LOGIQUES plus distincte. latérale MECO est ; dents K ainsi pronotum assez deux Y de La toute part, presque face supérieure par chez bicuspis). Postpétiole abdominal suivant. une Pattes moyennes. Tout ment, le corps mais très postpétiole, assez le microscopique, d'un les membres densément corps réguliers. Noire, et pointillés. a partout, en Pilosité dressée nulle correspondant membres roussâtre mats, à bruns; foncé, presque Sauf outre, l'abdomen de ; le points épars pubescence grise quasi fine et extrémité de l'abdomen les et gros la comme microscopique- dense ponctuation. et des n. stirps. tarses mandibules. Angola. Diacamrna 5>. bispinosum Longueur: par le derrière que du type de postérieur stries de la postpétiole dernières a plus de des reçu à comme suit. La des côtés et fines, mais nettement le le Piessemble mais stries dans saussurei tête, plutôt vers v. la distinct sont convergent Halmaheira, strié l'espèce, tète Guill. 12ram — 13mm. Em. bord Le bord temps la s'en tête plus serrées et transversales, M. H. subsulcata distingue, plus postérieur par var. large ainsi a un convexes. Les distinctes. Le mais les du segment. de Saussure. 90 A. FOR Diacamma EL rugosum Le Guill. r. vagaîis de v. indica For. par Sm. v. andamana n. v. Se distingue un peu la moins nombreuses et L'intervalle des stries plus pétiole a la anceps Em., mais ses reste, même taille et même pilosité dressée çf. Longueur: arrondi ; même plus la sur arrière ; Neoponera Longueur ailes Noir, tibias, tarses, mandibules segments abdominaux Sud. rugosum s. str. son pétiole égale à moins comprimé entièrement verenae ses mandibules d'avant noir. n. v. le type de l'espèce. que Les près d'un quart de leur cinquième chez le type). Articles du funicule aussi Les côtés de plus la tête rend est clairement est ; de qui être bien grand l'occiput longs. l'épinotuni des plus est longue plus ; est Plus peu plus plus La (plus la tête sont notablement large au milieu. La séparée de la du déclive face basale, sans pétiole est plus longue, type). Du reste identique. javanus Mayr r. : Comme base courte (Christopherskn longueur face nettement bordée. hauteur Pachycondyla striés. 10,nm. un Panama ou v. d'un sa rugueux Latr. plus ce partie apicalis (de et rugueux abdomen dépassent comprimé sommet, son : corps. au du ; la base. postérieur courbées mais la bord D. indica, à et de Du Abdo- brunes c? longues. dents. cuisses Le et sans et Andamanes For. triangulaires, antennes Kyd, v. Le Pétiole en Ile tête. birmana plus le la robuste. mats, jaunâtre. de que tête roux convexes, couleur luisant d'un scapes peu fortes, rugueux. v. un Pétiole base des plus sur moins sont courtes, leur en contraire Plutôt stries régulières lisse, abondante 6mm,5. sauf sont au épines mandibules et brunies; forme, est men lisse. Thorax est plus des chez le. (Ectomomyrmex) mate mus l'ouvrière; tête For. 9 (non décrite). Longueur rétrécie et échancrée derrière, tivement petits. La à base llinm, côtés du fort postpétiole convexes. est Yeux rela- subopaque, plus GL AN HP ES M Y RM EGO LOG I Q U B S 91 fortement pointillée luisant et presque Victoria Pic, Eciton (Labidus) cf. plus : courts de Vatriceps Rio environ Tête Ris. petit le type; d'un des yeux. Mandibules jusqu'au les que bas jusqu'à leur et les ocelles par moi-même. yeux récolté Tetrainorium Mayr. ses téguments son par Tetramorium autres base. Il n'a pas relativement. Longueur: vers la base, armées quelques poils. Tête aussi lmm,6 de que Situés petits sont convexes, Epistome à légèrement triangulaire. Les scapes n'atteignent au moins de de 3 dont épais que longs plus épais que être de du forme pour fois plus composés ordinaire, ayant simple 5 , à bord que le large antérieur de la tête, 18 à 20 grandes avancé, presque Aire frontale distincte. distantes, divergentes, courtes. postérieur de la tête. Antenne 12 articles; massue très distincte, aussi long que les la massue bord terminal Les 3 articles qui précèdent les 3 (ou ?), qui 4 striées large peu le ; lisses, convexes, de un carène de habitat une peu tiers antérieur le des son Mandibules côtés 3/* sans pas peut dents réunis. à frontales par et sp. énorme grands, crénelé, il, 7 arrière bord Arêtes articles, dents, en Xiphoniyrmex n. 6 1 subg. lisses. Trapu. à n. exiguité, bahai longue, peu son — lram,7. excavé, un des par relativement large largement Cephalomorium espèces (Cephalomorium) 5 facettes. Dr. Plus étroites Colombie, et yeux le 15rnm. tête, thorax. par v. énorme postérieur jaune rembrunies. n. par carrée, reste elsbethcte des néarctique du v. distingue Rogeria droit, récoltée noire ni sont est Sm. Sous-Genre les siles l'abdomen Latr. et scapes, Frio, Se Kong, recourbées les l'ouvrière; Les coecum clair. fortement chez lisse. Hong Longueur bien que longs. Le premier 1 fois plus précèdent article de ces deux précé- sont aussi derniers, sont funicule est assez sutures dis- long. Thorax environ 72 tinctes. Pronotum et long mésonotum que larges large, et à fortement convexes; 92 A. face basale pointues de un FOKEL l'épinotum à moins longues triangulaire, à peu le pétiole est vu d'en haut, peu plus large que long; renflées au milieu. Cuisses Lisse les et il est luisant joues sont partout, convergent assez longue plus 2/3 fois peu de très distincte, abondante sur les testacé se membres, clair. La sauf sa base, sont d'un nes, surtout la massue, puis le du Nord, sont dedans. Une tête, tout Caroline moi-même des dressée, est ; mandibules, et tibias. foncé. tibias et et oublié. Une Etats-Unis, seule récolté Les anten- des cuisses jadis par Le scape. Myrmica punctiventris Rog. v. isfahani n. v. Longueur: 3""", 8. peu plus robuste que le peu rétrécie dépasse yeux, Un la tête qui peu sans bord postérieur distinct, du pétiole est encore sculpture encore plus long], Wh. Le pédicule que le type, la chez teuse (moins Du reste 9- distinctement comme le Longueur: l'ouvrière, surfaces nœuds et J'ai trouvé Mt. de feuilles 5> de. de 4ram?3— 4mm,7. dorsales de la brunes, le cette variété dans les sont brun : 2""", 5. foncé. au en les Mêmes à de v. la plus court grossière et rabo- à plus mat. fond plutôt plus longues. pour tête, du des deux reste d'un Elle testacé de (N. C, était fort moins Plus et grande thorax, pieds For. plus les que 3.400 peu derrière différences vinelandica Tête contraire épines Alleghennies un (Allopheidole) Longueur d'un mais Rhododendrons. Washington Pheiclole 5> jadis un ridée type, l'abdomen Mitschell des est type. très pinetorum type, et rembrunis. Faisons, du front elle les peu un stries corps ; pétiole. le les les des le pilosité le sauf milieu que ; sur brun profil, émoussé seuls long oblique de Postpétiole large épars; sur épines Vu arête. en voit deux sommet en points au à plus striés de intervalle. et 1 et l'abdomen, base grossièrement munie leur presque dehors jaune que large, du D'un convexe, large très assez joues peine large U. ocreux. haut, S au bas A.) dans craintive. Deux typiques. nebrascensis bien plus derrière. foncée n. v. que le 93 G LAN UR ES MYRMECOLOGIQUES QJ.. Longueur: échancrée 3mra,l. derrière plus convexes. 9- Longueur devant du corps brun. Cette que chez D'un : Tête le Tête promésonotum plus type roussâtre 6mm. variété bien ; foncé bien roux les variétés et plus largement les côtés sont aussi avec l'abdomen brun. large que plus d'un rappelle large brunâtre longue. ; buccalis bien Tête et le reste du et cerebrosior Wh. d'Arizona par sa large tête et son large elle en diffère par sa taille, par sa couleur et par la convexité des bords de tête chez le récolté par M. aciculatus Sm. de la var. bruneicor- la Nebraska, Messor <5 nis. Longueur: For. tibias Japon. couverts de plus claires, antennes courts. La taille mononiorphe. scapes ; membres à la <5. La très par ses par ses mandibules peu plus encore plus base des et de ses l'extrémité un peu var. petite dent à de son corps tranchés à c'est à dire M. : large le Dr scapes un et la Ris. Rog. r. 5mm,2 — 6mra. goliathula n. st. surtout, de la du type de l'espèce, longue, Voisine, en diffère, ainsi que tête, bien plus large que son bord postérieur distinctement en avant; mais faiblement concave, et ses yeux plus courte que la est presque deux fois de l'épinotum deux fois plus courtes divergentes (chez le sont plus longues pas ses une par mais Bien et a très convexes. ses espèce hérissés ses et ramassée poils par scapes plus senegalensis Longueur suit. hérissés, que Leptothorax. récolté comme diffère voisin peu obtus, Em, Très un sont des v. aussi nombreux robusta n. et est Crématogaster risiana rousses, les Shang-Hai, Willy. n'en poils Cette façon v. Il mais %. 4mm,2 — 4ram,7. du postpétiole, type sont face plus que ses longues et chez la que la face var. plus est la large que basale). largement et face Le les bord plus basale longue pointues robusta rétrécit grands déclive, épines se et et fort épines ne antérieur 94 A. FOREL du pétiole est est nettement convexe jusqu'à plus du rieur des côtés (presque droit chez robusta). peu concave derrière, mais sans trace un tiers Le de postpé sillon l tudinal médian. Tête entièrement ponctuée, en mate, outre et et finement densément surtout sur l'épistome, côtés, sauf une vertex à l'aire densément Faire étroite frontale, quant. Thorax frontale, bande où elle plutôt le dos de se réticulaire très fine sur et luisant le est plus fine sur pétiole qui est et sur rouge ; foncé abdomen très visible ou rides base le et des épines. postpétiole sur roussàtre. fort les les courts tibias. ir longitudi et su rares cuisses surtout grossièrement se Quelques corps, cente éparse, en épars. le les peu allant Abdomen sous sur un et mat. points nuls joues entièrement des cules, les en médiane, large avec surtout rétic ridée quelques la et bruns avec sur sur D'un plus et dressés front, continue subopaque, Tépinotum ponctuation le longitudinale lièrement réticulé-ponctué, sur assez finement sur les Pubescence membres. Scapes, cuisses et noir. Angola. Crematogaster ( Sphaerocrema) kneri Mayr st. amita Forel v. caffra n. = C. kneri Arnold 1920 (non Mayr 1862J. <£ . Longueur: 4mm — 4mm,3. Voisin de la var. bassuto Sauts (in lit.) do dillère par le gastre plus foncé, noir brunâtre avec la base éclaircie (pre entièrement ocre jaune chez bassuto, avec J'apex à peine plus foncé) le d'un jaune rougeâtre, un peu plus brunâtre chez les grandes ouvrières. épines longues comme les deux tiers de leur intervalle basai. Le pétiole plus arrondi latéralement plus transversal chez les £ " que chez les " £ est nettement trapézoïdal et ses angles arrondis. Transvaal, dans l'estomac d'un Pangolin (Manis). Le C. kneri Mayr. est de la Côte d'Or et fait passage au groupe pron Sants. La race amita Forel et ses races sont de l'Afrique australe. Dr F. Santsc P. S. (Forel) Ç. Longueur: 10mm,5. Abdomen comme l'ouvrière, th pétiole et postpétiole, d'un brunâtre un peu plus clair que l'abdomen. dents pointues à l'épinotum. Pétiole nettement eu trapèze. Postpétiole n ment échancré à son bord postérieur. Cf. Longueur: 3mm,5. Ailes hyalines. Couleur semblable à celle de la Q 95 GLANURES MYKMJËCOLOGIQUES J'avais envoyé au Dr Santschi seulement l'ouvrière, car je n'avais qu'un seul cf et une seule Q; mes yeux ne me permettaient plus de distinguer les <£ dans ce groupe si complexe. Je suis reconnaissant à mon cher collègue et ami, d'avoir décrit cette variété et déterminé sa place. Dr A. Forel. Cremastogaster Longueur: long, (Physocrema) 3mm,6 — 4m,n,5. un peu obliquement, tes du reste et l'épistome convexe bord postérieur en avant, surtout au milieu du milieu. son 1 à 2 articles 8 les fois plus plus un peu rétrécie convexes, situés épais sont loin d'attein- de la il s'en faut d'i tête; que que article du funicule long; les cinq massue qui n'est et la longs. les peu à scapes est massue carrée, Les gros de convexes, reste, yeux qu'il épais mandibules) de ; premier extrémité 9 (sans latéral. à la du 5> épais de épistome, petites Le quoique ; les épaisseur. luisan- milieu chez leur points, antérieur peu fois gros en Bord côtés postérieur long, au ridées dents. à bord épaisses, cinq concave, bord sp. quelques de Tète dre le 72 avec échancré au n. Mandibules pourvues déprimé, fort fulmeki Le septième, précédents, que sont aussi ne de trois épais que 72 est aussi suivants sont plus épais fait pas partie articles. Les longs ; que le der- nier seul est de 1 72 à 2 fois plus long qu'épais. Pronotum large ; nents. Suture ses angles antérieurs promésonotale distincte, notum bien moins renflé que chez de chez vacca, pas plus large que le que le mésonotum Sa face basale derrière par dont il est rectangulaire, deux longues for dents, mésonotum mis, à peu pronotum, mais séparé plus obtusément par large que épaisses de une rond. près longue, à l'extré- longues que base dedans, obtuses ayant peu l'air de deux haute que la basale, visible au face déclive est subverticale, elle passe par une dernière. Pétiole élégamment élargi parallèles et et distincte. très se plus concavité fortement en Ces surtout milieu cornes. à de cette antérieur, puis à son tiers de lyre dont les côtés chacun par une dent pointue, deux dents comprennent, Sa laquelle rétréci forme terminent un plus suture. termine en bout, haut se recourbées au comme profonde la Epi- plus mité, distinctement larges, proémi- entre deviennent aplatie elles, un 96 A. FOREL bord postérieur concave. large que long, long par un plus sillon domen court, relativement les large que médian qui cordiforme, courtes Luisant Postpétiole et tout du partage en deux moitiés. Ab- antérieur Une longue pubescence gri- et sur les membres, sur les Fourmis qui sont D'un brun presque brunes. Tarses et obliques noir. aussi d'un Physocrema par Deli dans les branches est voisine de vacca distingue, pour trapus, Wheeler, mais elle par ses membres de trois articles, tum et par la Dr se Fr. courts par et les forme Maidl, dents aberrante Dr récolté creuses For. basale est bien plus est fort var. paulinae. Du est la ainsi $ basse, même,. Mêmes épines son Nuclea. le moins, de toutes par sa massue épaisses de deux antennaire son épino- pétiole. var. de l'épinotum longue que v. For., la presque le reste, la forme rétrécie en que la taille. n. v. mais d'un noir longues. La face déclive qui face c'est peu pepo plus que un Léo stethogompha la mais le de tandis différences, d'indi- et cornues de d'une paulinae les antennes par et de avec et rappelant fait foncé, scapes. terne, 9 plus ou rougeâtre For. voisin plus beaucoup ranavalonae à à Chez (Oxygyne) Tout difficile toutes pattes Crematogaster • fort sur inflata. reçu espèce le les rougeâtres. est du sur Mandibules, funicules vidus, l'épinotum Pattes dans corps poils droit. obliques sur le Des Cette presque postpétiole, sur huileuses. la traversé le sâtre partout à et longitudinales thorax. Fulmek pétiole, stries le Sumatra, le Des sur couleur plus épars. directions la f°is antennes. et ainsi */* les (?) moins points stries 1 comme l'occiput des à épaisses, sur distinguer '/s abord des diverses 1 le avec joues, de contraire arrière moins chez les la tête que chez de nettes 9cf. Je ne celui de l'espèce typique. de Madagascar. St-Marie puis trouver de différences sensibles entre lui et GLANURES Cephalotes atratus L. MT r. RM ECO quadridens LOG I Q De U Geer E S 97 v. dehnowi et de la dont les bords n. v. $> par. Longueur sa tête : 10mra. Diffère nettement plus du type longue de l'espèce que large, race (arêtes frontales roussâtres) convergent distinctement en avant, le antérieur étant étroit (c'est à arêtes fron- bord Epines pro- bord plus tales moins avancées devant) que le ayant elles-mêmes une dent vers elles deux. notales dent ni tubercule entre tales sont face basale leur base, que celle-ci, quoique large que leur intervalle. Tout subverticales, de presque l'épinotum, leur milieu longues fois le élargie, corps et aucune épines épino- longues divergentes, peu les postérieur. Les deux très dire comme la si rapprochées à est presque aussi est mat, abdomen y indication plus exacte de compris. Reçu autrefois d'Amérique, sans localité. Cryptocerus (Cyathocephalus) varians Sm. v. jamaicensis n. v. <£. Longueur: Mann, de Haïti, aussi il pas les longues n'a 4mm — 4mm,5. grand Voisin et épines de presque de son la r. jnargïnatusWh. aussi foncé pétiole et qu'elle, de son et mais post- pétiole, qui n'ont chez la v . jamaicensis que des dents obtuses. La tête le est moins large, ses qui recouvrent varians typique deux variétés aucune trace La Jamaïque ainsi bien et de dents ; moins bien indiquées que ni jardin les plus par ses noir son de frontales de plus rous- mandibules. Plus grand que que Il diffère des lui. épinotum dentelure botanique arêtes au qui bord Kingston, ne présente latéral. récolté par moi- même. Acromyrmex moelleri For. r. panamensis For. v. ochraceola n.v. Longueur: le moelleri de panamensis, 2mm,2 — 5mm,3. typique. mais Elle se elle s'en Plus petit et plus ramassé que rapproche de la var. angustata For distingue par sa petite taille, par 98 A. FOR EL ses yeux bien plus petits bien moins plats que chez épines antérieures celles de un peu les épines du un le peu type et par roussàtre, surtout la sur l'épinotum convexes (quoique par longues moelle ri), qui sont plus longues (jue couleur d'un jaune d'ocre, parfois la sont moins de pronotum, l'épinotum, de et tête. plutôt Chez plus les la var. angustatà longues que celles du pronotum. Rio de Janeiro, Delichoderus récolté autrefois par feu le (Hypoclinea) gibbosus Sm. intermédiaire entre gibbosus Dr. Gôldi. v. gibboso-analis n. v. Cette race variété analis Em. a la médiaire, mais qu'on et voit je chez l'ai le Prenolepis. Même gros et convexes, Wh. du Faisons,. aussi membres S. à Porto Gabello Wh. v. mais les encore plus rétrécie même. Texas, mais la tête est cette variété (Nylanderia) parvula Mayr v. j'ai en à la peu moins peu parvula 3min — 3mm,l. longs, plus par que la foncés moi-même que à Vénézuela. chez tête Hagemann n. v. sont bien moins derrière et l'abdo- de la aussi plus étroite. la mePeut- melanderi. moi-même. grandula nombre, un la au Relativement, tête de M. à par sa inter- par Voisine bien récoltée côtés yeux la taille faisonensis type, Nord, un Para et n. v. mais bien plus scapes sont les peu plus large et la parvula typique. Morganton, Caroline du les Nord, A. melas par de du Camponotus £ reçu rattacher une des l'ai est de Récoltée convexité taille longue un le tête mieux Identique grande, forte arenivaga typique premier, La Caroline Prenolepis U. foncé. vaudrait-il <5 Je que la du la moi-même taille men plus être plutôt (Nylanderia) ^ landeri couleur second. récolté le sa (Myrmoturba) Longueur: 9""", 3 — 1 Em. de et stature maculatus lmna. thoracicus ramassée ; Un F. voisin v. F. r. peu voisin sanctus aussi du ruzshyellus à For., la n. st. fois de xantho- de ce dernier fedtschenhoi Mayr. GLAXURES Mandibules assez fortement courbées 7 dents, subopaques, avec espacés et d'environ peu deux. Têle un MYRMÉCOLOGIQUES peu presque plus longue côtés très bord postérieur. peu rectangulaire ; assez la Le guère plus convexe ; carène médiane ne la son et, selon men, subopaque sur tête. Les membres joues ont de ailleurs. Pilosité sur corps, le piquants sur brune de écaille et Nov. au tiers postérieur bord postérieur de la thorax est médiocrement Le plus haute son pattes sont plus moins ou luisant plutôt subopaques. Les nombreux gros points dressée et pubescence les membres. tibias. tibias d'un jaune d'un Mandibules jaune antennes faiblement roussâtre. reçu de feu M. , l'une de 9mm, 3 l'autre de près de fort peu l'une de l'autre ; la tête Mais je ne puis savoir si plus petite n'est pas cas la Camponotus (Myrmotliri.r) wagneri v. v. Plus plus n. élancé longues. que Le le scape grande elle abdominalis Ta sur la et les sont épars éparses de sauf petits l'extrémité brunes. Ruzsky. llmm. un Ce Elles peu un maximum F. r. Thorax, diffèrent plus ; sont en large. tout minimum. stercorarius de a constitue un scapes clair, et la l'autre rangée Turkestan, et l'abdo- extrêmement Margellan, deux$ densément sur qui Une des l'abdomen. ou enfoncés inférieure et sa les sont cuisses que sommet; l'un face courte de que partie sur tête mince variable, en de plus et et et nulle tête est thorax la Abdomen, Arènes situés densité le au lobe. finement cette à jusqu'au plus très arrière, court, bien est en est plutôt est corps élargie elle épistome L'écaillé courtes. mandibules, l l'épinotuin plus entre- pas épaisseur. à leur va le tranchante points échancrés de ne gros largement de xanthomelas, les armées et déclive chez dans peu face basale. réticulé-ridé très Yeux dépasse de nombreux sans fortement antérieur que le large, divergentes. face Tout que l'extrémité, réticulées-ridées Lobe scape de rectangulaire; convexes, la frontales tête. denséinent vers 99 typique grande $ ; stercorarius pattes dépasse le et bord For. antennes posté- 100 A. FOHEL rieur de la tête ment chez roussâtre, d'un Du de reste le de deux type de brun même fois son épaisseur (d'une tête est aussi le stercorarius la race). La presque noir chez taille, mais très nettement fois seule- moins foncée, plus typique. svelte. Pérou. Camponotus guttatus For Ne diffère (Myrmothrix) v. rabbani de la tête, etc. segments les abdominaux entière- terne, mais clair. Birmanie par M. Bingham. gouldianus n. caréné, au le court éloignées à le sa presque largeur, un peu Pattes très aussi large petits de 2 dos inésonotum. longues pas L'écaillé derrière, très leur ; fron- longs longueur. face basale aussi Le lon- pronotum du pétiole est très sa hauteur et son sommet est base que inclinée en avant ; sans que convexe. sa tibias vont Epistome, déclive, vers longues; forment et Les fois face fort arêtes devant Chameau la tête articulaire. x\z de la mais d'angles, concavité. mais longue presque une mésonotum, plus très par que (épaisse), côtés l'autre longue le à de plus que sans l'une milieu long Tête Les en bien dents. six de occipital convexe, de longue trace occipital fort le sans bord Promésonotuni lui- plutôt bords Mayr. et antérieur. rapprochées leur dépassent l'épinotum lobe cinereus lisses de les bord du est des sp. large, yeux, postérieur, feu courtes, elle les rejoindre aussi aussi Derrière tiers tales sont gue que parallèles; postérieure, un Voisin courbées, convexité avec scapes 8mm. que derrière. directement environ longue que simple ?) plus devant situés en 72 presque convexes, Valley armées convexes, arrondi. est espacés, peu que Fourmi points 1 est la des mandibules mais bruns, : les une sont fortement santes, avec bariolent qui (Myrmophyma assez qui l'ab- l'extrémité Ye Mandibules gouttelettes par et de Longueur en que scapes naguère minor. exiguo- les d'ocre, Camponotus typique r. mandibules, jaune la exiguoguttatus tachetures ment d'un Reçu 5 des Sauf Mayr. v. race sence complète la n. nicobarensis piquants. G Tout le corps ment et et d'une les plutôt pubescence un membres densément sés, roussâtres, et LAN ES MYRMÊCOLOGIQHES 101 sont subopaques, très fine- réticulés-ponctués, couverts de poils dres- courts obliques sur les tibias) d'aspect gri- d'un roux 1914, dans plus (un ou peu moins abondante, sâtre. Noir, pattes, antennes et bord des Australie, récolté mandibules foncé. Sealake, Dans la Victoria, mes Revue C. sous suisse de ephippium connaître £ Myrmophyma. Je Myrmophyma. Mais des espèces renflé chez la mon type le C. révélée dès égard et au C. gouldianus, En $ est-ce là une le $ ? Em. dont attendons ce petit travail 1869, donc J'ai je vendu compte il Fourmis. y a que ma l'y vertex permets reconnais en type des pour sup- relativement n'est à nullement d'en douler en lui donnant comme $ est connue. Quant grande nous prononcer «Le je prends congé après avoir publié 53 ans Aujourd'hui Néanmoins, gique sur n'attendent me pour article myrmécologie, tent plus. le sans une comme My rmocamelus le être suffisante dont la lors je capito My r m ocamelus en les Je donner Myrmocamelus, raison sous-genre collègues j'étudie C. de et de que sa découverte. terminant en cet le sous-genre soit à en tort s'est Emery, gambeyi grand qui M. grande le sous-genre australiennes maintenir grande eu du primer simplement celles Gould. Camponotus^ décrits j'ai peccavi avec M. type major, fais temps, des Zoologie, comme sa même genres par les Monde leur mais mes cinq spécial y yeux volumes des il mes mon a ne chers premier bien 67 ans me le permetbiolo- de mon ouvrage Fourmis» sont tous que écrits et Genève et impression. collection transférer ; de de Fourmis sous peu. au Je Muséum prierai de alors mes chers 102 A. FOR EL collègues, visiter avec lesquels je n'ai toujours diaux rapports, de s'adresser à toire naturelle de Genève, quand la dite collection et la échanger eu que Direction ils du voudront des les plus cor- Muséum d'his- consulter doubles. ou REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE Vol. 30, n« 4. — Septembre 1922. Note critique sur quatre de espèces Sertularella PAR A. BILLARD Professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers Avec De nouvelles picta, mediterranea lons, m'ont mes travaux primordiale ces sur et et certaines caractères formes les laxa, à j'avais surtout larnes internes que pour il nouveaux premier point attaché de échantilvue. une raison, je les formant qu'une seule espèce ; compte suffisant de particularités ; mais en et, ne entrer peuvent être séparées de ces type été gueur est la je avais je de consi- n'avais pas l'hydrothèque et forme de pense maintenant que ces compte que ces ligne de spécifiquement1. et Précisons donc espèces. gaudichaudi (Lamouroux) unique 2 a une conservé à sec, il grande que sa aussi Dans importance cette formes aussi a de gaudichaudi, l'hydrothèque Sertularella comme Sertularella l'examen antérieurs, doivent L'échantillon texte. les mon un caractères le modifier dérées comme de dans présente différentes tenu figures recherches conduit aux alors 5 taille de 6cm,5 environ ; sa lon- estflabelliforme (fig.l)et hauteur; abondamment il est et 1 Je me range donc à l'avis de Stechow (1919, p. 26) en ce qui concerne le S. gaudichaudi et le S. mediterranea. 2 Pour la description de cette forme j'ai revu l'échantillon type qu'a bien voulu me communiquer M. le professeur Viguier de Caen et je l'en remercie bien vivement. Comme je l'ai dit dans un travail antérieur (1919, p. 317) auquel je renvoie pour la bibliographie, cette espèce figure dans la collection Lamouroux sous le nom de Sertularia quoyi. Rev. Suisse de Zool. T. 30. 1922. 8 Forel, Auguste. 1923. "Glanures myrmécologiques en 1922." Revue suisse de zoologie 30, 87–102. https://doi.org/10.5962/bhl.part.144519. View This Item Online: https://www.biodiversitylibrary.org/item/148555 DOI: https://doi.org/10.5962/bhl.part.144519 Permalink: https://www.biodiversitylibrary.org/partpdf/144519 Holding Institution American Museum of Natural History Library Sponsored by BHL-SIL-FEDLINK Copyright & Reuse Copyright Status: Public domain. The BHL considers that this work is no longer under copyright protection. Rights Holder: Muséum d'histoire naturelle - Ville de Genève This document was created from content at the Biodiversity Heritage Library, the world's largest open access digital library for biodiversity literature and archives. 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uteur Dialecte Continuum Italien Francesco Mère 1872 2.9% (14.3) 45.3% (42.2) 51.8% (42.7) Francesco Père 160 4.4% (17.5) 71.1% (43.9) 24.5% (40.9) Tableau 23 – Moyenne des pourcentages de mots dialecte, continuum, italien des usages généraux de Francesco vers les parents ; déviation standard entre parenthèses, nombre d'énoncés en italiques En ce qui concerne la production de Francesco vers sa mère, nous constatons l'ordre des usages suivant : 1/ italien 2/ continuum 3/ dialecte. Les trois pourcentages moyens peuvent être considérés comme significativement différents (test de Friedman : chi2 = 1263.9, p < 0.0001). Les énoncés enfantins adressés à la mère sont constitués majoritairement de mots italiens (51.8%). Conformément aux résultats obtenus dans l'analyse précédente (§ 6.2), le dialecte représente un faible pourcentage parmi les mots utilisés par l'enfant dans les énoncés qu'il produit en direction de sa mère (2.9%). La proportion de mots dialectaux utilisés dans cette dyade est significativement moins importante que celle observée dans la catégorie italien (test de Wilcoxon : z = -28.9, p < 0.0001). La production enfantine de mots du continuum en direction de sa mère révèle des pourcentages significativement plus élevés que les taux dialectaux (z = -27.9, p < 0.0001) et significativement plus faibles que les taux italiens (z = -2.6, p = 0.008). En ce qui concerne la production de l'enfant à l'intérieur d'un échange dyadique avec son père, nous constatons une légère modification de l'ordre des usages par rapport à celui observé dans la dyade avec la mère : 1/ continuum 2/ italien 3/ dialecte. Les différences entre les trois taux de production est significative (chi2 = 111.6, p < ). Vers le père, l'enfant produit 71.1% de mots appartenant à la catégorie continuum. Le dialecte est le moins représenté dans la production de Francesco, qui réalise en moyenne 4.4% de mots dialectaux par énoncé adressé à son père. Ce taux est significativement plus faible que celui du continuum (z = -10, p < 0.0001). Les pourcentages moyens de l'italien se situent entre les taux de production du dialecte et du continuum : 24.5% de mots des énoncés de Francesco adressés à son père appartiennent à cette catégorie. La proportion de mots italiens est significativement plus élevée des taux dialectaux (z = -5.1, p < 0.0001) et plus faible de la proportion de mots du continuum (z = - 6.3, p < 0.0001). L'ensemble de ces résultats indique que l'enfant a un usage différencié des mots de la catégorie italien et de la catégorie continuum à l'intérieur des énoncés qu'il produit en direction de ses deux parents. Nous allons maintenant chercher des explications de cet usage divergent dans la parole adressée à l'enfant par sa mère et par son père. 6.3.2 Comparaison de la répartition des usages dans les dyades « Francesco-père » et « Francesco-mère » Dans les deux graphiques de la figure 8, la tendance de Francesco à utiliser des mots issus des trois catégories, dialecte, continuum, italien est mise en relation avec cette même tendance dans les énoncés que lui adressent ses parents à l'intérieur du même échange dyadique. Ces deux graphiques rapprochent les données examinées dans l'analyse précédente, relatives aux usages de Francesco vers ses deux parents (voir 6.3.1, page 261) et les données concernant la production du père et de la mère vers Francesco (voir § 5.3.3, page 230). Dans les deux graphiques, les barres noires désignent la production de Francesco en direction du parent concerné, tandis que les barres blanches reproduisent les taux du parent en question lorsqu'il s'adresse à son fils. Les pourcentages du père se situent dans le graphique de gauche, ceux de la mère se lisent dans le graphique de droite. 263 80 80 71,1 70 70 60 60 50,1 47,4 50 40 30 24,5 20 10 4,4 63,6 51,8 50 45,3 40 35,3 30 20 10 2,5 2,9 0 1,1 0 Dialecte Continuum Francesco vers Père Italien Père vers Francesco Dialecte Continuum Francesco vers Mère Italien Mère vers Francesco Figure 8 – Usages du dialecte, du continuum, de l'italien dans la dyade Francescopère (à gauche) et dans la dyade Francesco-mère (à droite) Ces deux graphiques illustrant la production à l'intérieur de la dyade Francesco-père (graphique de gauche) montre une proximité entre l'ordre des usages des deux interlocuteurs. En effet, leurs énoncés sont principalement composés de mots situés sur le continuum ; en deuxième position se situent les usages italiens, tandis que la catégorie du dialecte est la moins représentée dans leurs énoncés S'agissant des productions observées à l'intérieur de la dyade mère-enfant (graphique de droite), on retrouve la même proximité entre l'ordre des trois catégories dans les énoncés enfantins et dans les énoncés maternels. Contrairement à l'ordre observé dans les énoncés produits dans la dyade Francesco-père, dans la dyade Francesco-mère, la catégorie de l'italien est la plus représentée dans les énoncés produits par ces deux interlocuteurs. Viennent ensuite les taux de production correspondant aux formes se situant dans le continuum. Comme nous l'avons noté dans l'interaction dyadique avec le père, la catégorie dialecte est la moins représentée dans les choix lexicaux de l'enfant. Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) 6.4 ÉVOLUTION DES USAGES GÉNÉRAUX DE FRANCESCO DANS LES QUATRE SOUS-PÉRIODES DU SUIVI LONGITUDINAL Les usages de Francesco étudiés jusqu'ici ne prennent pas en compte les quatre périodes développementales élaborées à partir du suivi longitudinal. Les prochaines analyses sont consacrées à l'évolution des choix de langue de l'enfant entre 17 et 30 mois. Dans cette section, nous observons la manière dont les taux de mots dialecte, italien et continuum évoluent entre 17 et 30 mois dans les énoncés de Francesco. Le tableau 24 affiche les proportions moyennes de mots relevant des trois catégories en fonction des quatre étapes développementales. Usage Tranche 1 (17 – 19 mois) Tranche 2 (21 – 23 mois) Tranche 3 (25 – 28 mois) Tranche 4 (29 – 30 mois) Dialecte 2.3% (14.4) 16.9% (33.6) 1.3% (8.5) 0.4% (3.4) Continuum 54% (48.8) 62% (43.5) 39.4% (38.8) 33.5% (35) Italien 43.7% (48.7) 21.1% (36.3) 59.3% (38.9) 66.1% (35) 453 617 708 432 Nombre d'énoncés/ tranche d'âge Tableau 24 – Moyenne des pourcentages de mots dialecte, continuum, italien des usages généraux de Francesco dans les 4 tranches ; déviation standard entre parenthèses L'ordre des trois catégories n'est pas systématiquement le même à l'intérieur de chaque tranche d'âge. Dans les deux premières, l'ordre des usages est le suivant : 1/ continuum 2/ italien 3/ dialecte. Ces proportions d'usages sont d'ailleurs significativement différentes les unes par rapport aux autres (test de Friedman pour la première tranche : chi2 = 9.1, p < 0.0001 et pour la deuxième tranche : chi2 = 264.8, p < 0.0001). À partir de la troisième tranche d'âge, l'ordre est le suivant : 1/ italien 2/ continuum 3/ dialecte. Les pourcentages moyens sont également différents entre eux dans chacune des deux dernières périodes (pour la troisième tranche : chi2 = 639.8, p < 0.0001 et pour la quatrième tranche : chi2 = 490.9, p < 0.0001). Les taux qu'on observe dans la catégorie dialecte varient entre 0.4% (tranche 4) et 16.9% (tranche 2). À l'exception de la deuxième tranche d'âge – nous reviendrons sur ce point – le lexique dialectal est extrêmement peu représenté dans les énoncés de Francesco et, malgré la hausse repérée dans sa production lorsqu'il avait entre 21 et 23 mois, le lexique dialectal reste le moins représenté par rapport aux deux autres catégories. Les taux d'usage du continuum sont plus importants. Leur variation s'établit dans une fourchette située entre 33.5% (tranche 4) et 62% (tranche 2). Sur le plan descriptif, on note que le continuum est davantage utilisé dans les deux premières périodes et qu'il l'est moins dans la troisième et la quatrième tranche d'âge. Globalement les taux du continuum sont plus importants que ceux du dialecte dans toutes les tranches (test de Wilcoxon, pour tranche 1 : z = -14.6, p < 0.0001 ; tranche 2 : z = -13.3, p < 0.0001 ; tranche 3 : z = -17.6, p < 0.0001 et tranche 4 : z = -14.1, p < 0.0001). Les variations quantitatives dans la catégorie de l'italien sont globalement dans la même gamme de valeurs que pour la catégorie continuum et s'étalent entre 21.1% (tranche 2) et 66.1% (tranche 4). Malgré cette proximité des valeurs, ces dernières divergent toutefois significativement à l'intérieur de chaque tranche d'âge. Pour les deux premières, les taux italiens sont significativement plus faibles que les taux figurant dans la catégorie continuum (Wilcoxon pour tranche 1 : z = -2.2, p = 0.03 et pour tranche 2 : z = -11.8, p < 0.0001), alors que dans les deux dernières tranches, les taux s sont plus élevés par rapport à ceux du continuum (pour tranche 3 : z = -6.2, p < 0.0001 et pour tranche 4: z = -16.8, p < 0.0001). Par ailleurs, Francesco utilise significativement davantage de mots italiens que de mots dialectaux. Les valeurs des taux s'étalent entre 21.1% et 66.1% pour l'italien contre 0.4% à 16.9% pour le dialecte. En outre, les tests opposant les deux catégories sont significatifs à l'intérieur des tranches d'âge, à l'exception d'une différence tendancielle à l'intérieur de la deuxième période développementale (test de Wilcoxon pour tranche 1 : z = -13, p < 0.0001 ; tranche 2 : z = -1.8, p = 0.08 ; tranche 3 : z = -20.1, p < 0.0001 et tranche 4 : z = -16.8, p < 0.0001). Nous avons ensuite calculé des tests de Kruskal-Wallis afin d'évaluer si les taux caractérisant chacune des trois catégories ont évolué dans l'ensemble des quatre temps longitudinaux. Nous constatons en effet que, pour chacune entre (corpus longitudinal) des trois catégories, les proportions de mots fluctuent au cours du recueil longitudinal (tests de Kruskal-Wallis, pour le dialecte : H = 58, p < 0.0001, pour le continuum : H = 115, p < 0.0001 et pour l'italien : H = 314, p < 0.0001). Cependant, ces tests non paramétriques signalent simplement qu'une des moyennes est différente des trois autres et ne précisent, en aucune façon, le sens de l'évolution. Pour mettre en évidence les modifications développementales, nous avons utilisé le test non paramétrique de Mann-Whitney (tableau 25), qui permet d'analyser les évolutions entre deux tranches d'âge consécutives pour chacune des trois catégories codiques. Ils indiquent, par exemple, que la production dialectale de l'enfant varie significativement entre la tranche 1 et la tranche 2 (voir deuxième ligne de la deuxième colonne du tableau). Usage Tranche 1 - Tranche 2 Tranche 2 - Tranche 3 Tranche 3 – Tranche 4 Dialecte U = 111261, p < 0.0001 U = 149856, p = 0.04 U = 174139.5, p < 0.0001 Continuum U = 174139.5, p = 0.02 U = 141840, p = 0.03 U = 156488.5, p < 0.0001 Italien U = 108414, p < 0.0001 U = 139537.5, p = 0.01 U = 109646.5, p < 0.0001 Tableau 25 – Tests de Mann-Whitney des usages dialecte, continuum et italien de Francesco par groupes de deux tranches consécutives On constate que tous les changements entre tranches d'âge consécutives sont significatifs, quelle que soit la catégorie codique. L'observation simultanée des moyennes du tableau 24 et les tests du tableau 25 permettent de distinguer deux patrons généraux dans l'évolution des catégories d'usage. − Premièrement, les taux du dialecte et du continuum augmentent entre la première et la deuxième tranche et diminuent ensuite entre la deuxième et la troisième tranche et entre la troisième et la quatrième tranche. − Deuxièmement, l'évolution des usages de l'italien suit la direction inverse : on assiste à une diminution entre la première et la deuxième tranche et à une augmentation entre la deuxième et la troisième tranche et entre la troisième et la quatrième tranche d'âge. Afin d'avoir une idée du sens général des évolutions de la production enfantine lors du suivi longitudinal, nous comparerons les différents taux des trois catégories – dialecte, continuum et italien – entre la première et la dernière tranche d'âge. La baisse du dialecte entre ces deux tranches (2.3% pour la 267 première et 0.4% pour la quatrième) n'est pas significative (test de MannWhitney : U = 96582, p = 0.2, ns). L'évolution des usages de Francesco semble globalement très structurée. Par ailleurs, nous avons mentionné une limite imposée par notre recueil, à savoir l'inconstance de la participation de chacun des interlocuteurs adultes. Bien que le père soit présent à la plupart des interactions, les tours de parole qu'il échange avec son fils ne sont toutefois pas assez nombreux pour établir des comparaisons à différents moments du recueil longitudinal. En revanche, nous disposons d'un nombre important d'énoncés entre Francesco et sa mère. Ainsi, les prochaines analyses sont consacrées à de l'observation des usages au sein de la dyade mère-enfant, afin de mettre en relation l'évolution de la production et de la réception enfantine dans la période développementale allant de 17 à 30 mois. 6.5 ÉVOLUTION DES CHOIX LANGAGIERS DE FRANCESCO VERS LA MÈRE AU COURS DU SUIVI LONGITUDINAL L'objectif de l'analyse qui suit est la description quantitative des taux de production à l'intérieur des catégories dialecte, continuum et italien dans les énoncés que Francesco et sa mère s'échangent mutuellement. Comme il a été évoqué précédemment, la quantité élevée des données issues de la Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) production de ces deux interlocuteurs autorise un approfondissement des pratiques langagières de l'enfant et leur mise en relation avec les usages de la mère. 6.5.1 Évolution des usages de Francesco dans une interaction dyadique avec sa mère dans les quatre souspériodes Le tableau 26 contient la distribution des scores relatifs aux trois catégories langagières obtenus à partir des énoncés de Francesco lorsqu'il s'adresse à sa mère au long du suivi longitudinal. Usage Tranche 1 (17 – 19 mois) Tranche 2 (21 – 23 mois) Tranche 3 (25 – 28 mois) Tranche 4 (29 – 30 mois) Dialecte 2.2% (13.8) 8.7% (24.2) 1.3% (8.5) 0.4% (3.5) Continuum 48.6% (48.8) 65.4% (41.7) 39.1% (38.7) 33.2% (34.8) Italien 49.2% (49) 25.8% (38.8) 59.6% (38.8) 66.4% (34.8) 337 414 703 418 N. d'énoncés par tranche Tableau 26 – Moyenne des pourcentages de mots dialecte, continuum, italien produits par Francesco dans la dyade avec la mère dans les 4 tranches ; déviation standard entre parenthèses L'ordre des trois catégories dans les énoncés enfantins adressés à la mère est relativement stable, avec toutefois une légère modification dans la deuxième tranche. Dans la première, la troisième et la quatrième tranche, l'ordre est le suivant : 1/ italien 2/ continuum 3/ dialecte (test de Friedman, pour tranche 1 : chi2 = 158.7, p < 0.0001, tranche 3 : chi2 = 639.7, p < 0.0001 et tranche 4 : chi2 = 478.8, p < 0.0001). Dans la deuxième tranche, l'ordre change légèrement mais les différences entre les trois valeurs restent toutefois significatives : 1/ continuum 2/ italien 3/ dialecte (chi2 = 252.3, p < 0.0001). Les pourcentages moyens estimant la production dialectale de l'enfant varient entre 0.4% (tranche 4) et 8.7% (tranche 2) des mots d'un énoncé. Bien que l'usage dialectal augment manifestement dans la deuxième tranche, ce pourcentage reste toutefois limité lorsqu'on le compare aux pourcentages caractérisant les catégories continuum et italien. S'agissant des usages enfantins de la catégorie continuum, ils varient entre 33.2% (tranche 4) et 65.4% (tranche 2). Remarquons que ces taux sont significativement plus importants que ceux de la catégorie dialecte dans les quatre tranches d'âge (test de Wilcoxon : tranche 1 : z = -11.9, p < 0.0001 ; tranche 2 : z = -14, p < 0.0001 ; tranche 3 : z = -17.5, p < 0.0001 ; tranche 4 : z = -13.8, p < 0.0001). Enfin, les taux italiens varient entre 25.8% (tranche 2) et 66.4% (tranche 4). Les proportions de mots italiens sont systématiquement plus importantes que celles de mots dialectaux dans les quatre tranches d'âge (test de Wilcoxon : tranche 1 : z = -12.1, p < 0.0001, tranche 2 : z = -6.5, p < 0.0001 ; tranche 3 : z = -20.1, p < 0.0001 ; tranche 4 : z = -16.6, p < 0.0001). Comparées aux proportions de mots appartenant au continuum, les taux de mots italiens à l'intérieur des énoncés adressés par Francesco à sa mère sont significativement moins élevés dans la deuxième tranche (z = -9, p < 0.0001) et plus importants dans la troisième et la quatrième tranche (respectivement, z = -6.4, p < 0.0001 et z = -8.4, p < 0.0001). Au contraire, les proportions de mots appartenant à ces deux catégories ne sont toutefois pas significativement différentes dans la première tranche (z = -0.2, p = 0.8). Compte tenu de la variation des taux entre les tranches d'âge, il nous faut maintenant considérer leur évolution globale au cours des onze mois du suivi longitudinal. Dans ce but, nous avons d' effectué des tests de KruskalWallis. Les résultats indiquent globalement que les taux de mots dialecte, continuum et italien varient significativement entre les tranches d'âge (respectivement, H = 13.1, p < 0.0001 ; H = 114.8, p < 0.0001 ; H = 189.7, p < 0.0001). Afin de mieux décrire les évolutions des usages enfantins adressés à la mère, nous avons comparé, par le test de Mann-Whitney, l'évolution des taux de production dans chacune des trois catégories entre deux tranches d'âge consécutives. Les résultats de ces tests sont résumés dans le tableau 27. NÉES Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) Usage Dialecte Continuum Italien Tranche 1 - Tranche 2 Tranche 2 - Tranche 3 Tranche 3 – Tranche 4 U = 61938, p < 0.0001 U = 129580, p < 0.0001 U = 144216, p = 0.06 U = 57379.5, p < 0.0001 U = 96099, p < 0.0001 U = 136222, p = 0.03 U = 53107, p < 0.0001 U = 81349, p < 0.0001 U = 134102, p = 0.01 Tableau 27 – Tests de Mann-Whitney des usages dialecte, continuum et italien de Francesco vers sa mère par groupes de deux tranches Les changements qui affectent le taux du dialecte entre la tranche 3 et tranche 4 sont uniquement tendanciels. À l'exception de cette tendance, tous les autres changements entre tranches d'âge consécutives sont significatifs. De ce fait, l'analyse conjointe des taux de production de Francesco vers sa mère (voir tableau 26) et des tests de Mann-Whitney autorise quelques observations concernant les patrons d'usage des trois catégories dans les énoncés de Francesco, qui sont d'ailleurs parallèles aux patrons repérés dans sa production générale. − Premièrement, le dialecte et le continuum augmentent entre la première et la deuxième tranche, alors que les taux figurant dans ces deux catégories sont en diminution entre la deuxième et la troisième tranche aussi bien qu'entre la troisième et la quatrième tranche. Précisons toutefois que les usages dialectaux tendent à rester très faibles, dans les deux dernières tranches d'âge en particulier. − Deuxièmement, les taux de l'italien suivent une direction inverse, par rapport aux deux autres catégories. En effet, entre la première et la deuxième tranche, la production de l'italien à l'intérieur des énoncés enfantins est en baisse alors qu'elle augmente progressivement à partir de la deuxième tranche. La question qui se pose à ce stade concerne la tendance générale des évolutions pendant la période longitudinale. La procédure adoptée pour donner suite à ce questionnement a consisté à comparer les taux représentant chaque catégorie dans les deux temps extrêmes de la période d'observation, à savoir entre la première et la quatrième tranche. Cette comparaison a été effectuée par le test de Mann-Whitney. Cette analyse indique que, parmi les différents usages que Francesco adresse à sa mère, le dialecte stagne à l'intérieur de valeurs très basses, alors que le continuum tend à diminuer et l'italien à augmenter. Globalement, ces tendances manifestent ainsi un éloignement du pôle dialectal et un rapprochement du pôle italien de la situation plurilingue. Dans la section suivante, nous allons mettre en relation la production de l'enfant adressée à sa mère avec la production que sa mère lui adresse. 6.5.2 Les usages dans la dyade « Francesco-mère » : évolution lors du suivi longitudinal Les quatre graphiques de la figure 9 mettent en perspective l'évolution des usages de Francesco (barre noire de l'histogramme) et de sa mère (barre blanche de l'histogramme) au long des quatre tranches d'âge. E 2 ANALYSES DES DONNÉES Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) Tranche 1 (17-19 mois) Tranche 2 (21-23 mois) 80 80 68,2 60 48,6 50 49,2 40 30,2 30 70 Pourcentages moyens 70 20 2,2 38,6 40 25,8 30 20 8,7 1,6 2,3 0 0 Dialecte Continuum Dialecte Italien Tranche 3 (25-28 mois) Continuum Italien Tranche 4 (29-30 mois) 80 80 50 39,1 40 33,5 30 59,6 60 66,4 70 66,2 70 Pourcentages moyens 59,1 50 10 10 65,4 60 59,9 60 50 39,7 40 33,2 30 20 20 10 10 1,3 0 0 0,3 Dialecte 0,4 0,4 Dialecte Continuum Italien Continuum Francesco vers Mère Italien Mère vers Francesco Figure 9 – La production de dialecte, continuum et italien dans la dyade Francesco-mère dans les 4 tranches d'âge La figure 9 permet de constater visuellement que les valeurs dialecte, continuum et italien relevant de la production de Francesco s'ajustent progressivement aux valeurs de ces trois catégories observées dans la production de la mère vers l'enfant. Afin de faire apparaître plus clairement cet ajustement progressif, nous avons calculé les différences entre les scores de Francesco et ceux de sa mère. Les résultats sont synthétisés dans le tableau 28 qui suit. Dans la colonne « usage » s'affichent les trois catégories langagières à partir desquelles nous avons calculé les différences entre la production de l'enfant et celle de la mère. Les autres colonnes du tableau correspondent aux quatre tranches d'âge. Nous y reportons les valeurs prises en compte pour calculer les différences ainsi que le résultat de la soustraction, donné en valeur absolue. Par ailleurs, nous utilisons le symbole « » pour illustrer le cas où la production 273 enfantine est plus élevée par rapport à celle de la mère et le symbole « » pour cas où elle est moins élevée. Par exemple, dans la première tranche d'âge, l'enfant et la mère produisent respectivement 2.2% et 1.6% de mots dialectaux par énoncé lors des échanges dyadiques. Ainsi, l'enfant produit en moyenne 0.6% de mots dialectaux par énoncé en plus de sa mère (« 0.6% »). En revanche, la production italienne de Francesco dans cette même tranche, est plus faible par rapport à celle de sa mère. PARTIE 2 – DÉMARCHES : E, ANALYSES DES DONNÉES Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) 6.6 DISCUSSION : EXPOSITION ET PRODUCTION LANGAGIÈRE DE FRANCESCO ENTRE 17 ET 30 MOIS Les analyses constituant ce chapitre ont été opérées dans l'objectif d'examiner la production de Francesco d'une part, et de la mettre en perspective avec celle observée au sein de son environnement quotidien proche, d'autre part. L'exploration de ces deux volets s'est effectuée à partir du corpus longitudinal, composé de 13 heures et demi de sessions d'enregistrements. Avant l'exposition de la discussion concernant les observations issues de ce chapitre, nous listons brièvement les principaux résultats obtenus. Analyses de la nature et de la variabilité de la production de l'enfant et de son entourage à travers l'étude des transitions lexicales entre les 3 catégories dial e ct e, co nti nuu m et it ali en ( § 6.1) 1/ Deux patrons généraux apparaissent : la paire (II) est dominante lorsque Francesco est impliqué dans l'échange, alors qu'entre adultes, la paire (DD) est la plus représentée. 2/ Dans l'en semble des usages, le s paires de mots interc odi ques (DI, ID) sont faiblement représentées, alors que les paires de mots monolingue s (I I, DD) sont les plus fréq ue ntes. Le s paires impliquant le continuum occupent une position intermédiaire. 3/ L'ordre relatif des différentes paires (II, CC, DD, ID, DI, etc.) dans les interactions entre adultes n'est pas corrélé avec l'ordre relatif de ces mêmes paires dans la production de l'enfant et dans le discours maternel adressé à lui. Inversement, l'ordre relatif des différentes paires dans les énoncés maternels adressé à l'enfant est corrélé avec celui des énoncés généraux de Francesco et de ceux qu'il adresse à sa mère. Analyses de la contribution des unités lexicales des 3 catégories aux énoncés généraux de Francesco (§ 6.2) et à ses én oncé s en fonction de ses interlocuteurs ( § 6.3) 1 / Les catégories italien et continuum – dont les proportions relèvent d'usage s similaires – sont les plus représentées dans le répertoire de l'enfant, alors que le dialecte ne compose qu'une proportion limitée des mots de ses énoncés. 2/ Francesco semble reproduire, dans les énoncés qu'il adresse à chacun de ses deux parents, l'ordre exact des trois catégories noté dans les énoncés que chacun des deux parents lui adresse. Une observation sous-tend les résultats issus des analyses de ce chapitre : on constate une très grande proximité entre la contribution des unités lexicales des trois catégories dialecte, continuum et italien aux énoncés de Francesco et cette même contribution aux énoncés qui lui sont adressés directement. Cette Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) proximité s'est d'abord manifestée dans les corrélations positives entre les fréquences relatives des paires de mots adjacents dans la production enfantine d'une part, et dans le discours de la mère adressé à son enfant d'autre part. Ce rapprochement entre les usages enfantins et ceux présents dans l'input directement adressé à l'enfant s'est précisé davantage lors de l'étude de la production de Francesco dans des interactions dyadiques avec chacun de ses deux parents et, en particulier, avec sa mère. Les résultats suggèrent que, dans la période développementale s'étalant entre 17 et 30 mois, Francesco semble ajuster progressivement les taux concernant les trois catégories codiques aux proportions que ces catégories représentent dans les énoncés que la mère et le père lui adressent. Il est important de souligner que l'ordre des trois catégories diffère selon qu'on considère l'échange « mère-enfant » (1/ continuum ; 2/ italien ; 3/ dialecte) ou « père-enfant » (1/ continuum ; 2/ italien ; 3/ dialecte). Dans la dyade impliquant l'enfant et sa mère, l'italien est le plus représenté. Les échanges dyadiques où sont impliqués l'enfant et son père se caractérisent par un emploi majoritaire de mots issus de la catégorie continuum. Ainsi pour les deux catégories de l'italien et du continuum, chaque parent semble créer de nombreuses occasions dans lesquelles Francesco peut récupérer les mots ou les séquences de mots issus de ces catégories et les associer à des fonctions en les réutilisant en production. D'une part, le père propose à l'enfant de nombreux éléments du continuum que l'enfant réutilise avec lui et, d'autre part, la mère lui propose de nombreux éléments de l'italien qu'il réutilise aussi avec elle. Une question importante est de savoir pourquoi l'enfant ne réutilise pas avec la mère les mots continuum qu'il apprend avec le père ou avec le père les mots italiens qu'il apprend avec la mère. Conformément à l'hypothèse de Tomasello (2003a), l'enfant mémoriserait et réutiliserait les mots ou les séquences de mots les plus souvent réalisés par sa mère, et les intentions communicatives qui y sont associées. Progressivement, ces énoncés enfantins finiraient donc par présenter la même répartition codique que les énoncés maternels et éventuellement les énoncés paternels. Par ailleurs, la variation de l'ordre des catégories en fonction de l'interlocuteur – dans notre cas, le père et la mère – suggère que les choix lexicaux de l'enfant ne sont pas seulement sensibles aux régularités générales de l'environnement langagier, mais qu'ils dépendent des paramètres de la situation d'interaction, plus précsément des interlocuteurs qui y participent. Même si l'ajustement progressif sur une longue période des scores de Francesco avec ceux de sa mère suggère fortement l'éventualité d'un apprentissage statistique, nous devons remarquer que ce type d'apprentissage ne s'effectue pas indépendamment des interactions verbales où s'inscrit l'exposition à l'input. Passons maintenant à l'examen de la nature de la variation qui affecte les usages enfantins et ceux des parents. Nous avons observé que les énoncés de la mère adressés à Francesco étaient composés principalement de mots italiens, alors que les énoncés paternels vers l'enfant sont constitués principalement de mots issus de la catégorie continuum. Par définition, les mots du continuum peuvent figurer aussi bien dans un contexte italien que dialectal. En outre, dans la discussion du chapitre précédent (§ 5.5, page 248), nous avons émis l'hypothèse que les unités lexicales du continuum pouvaient, lors de la perception, être associées à l'usage – dialectal ou italien – quantitativement le plus représenté dans l'interaction. Ainsi, dans les énoncés qui lui sont adressés, l'enfant pourrait associer le continuum à l'italien, qui est la langue majoritaire dans ce type d'échange. À ce sujet, remarquons que les taux de production de l'enfant dans la catégorie continuum ne sont pas significativement différents de ceux dans la catégorie de l'italien (§ 6.2, page 260). Il est donc possible que l'enfant traite les unités lexicales appartenant au 278 Chapitre 6 : Production et réception de l'enfant entre 17 et 30 mois (corpus longitudinal) continuum comme des unités du lexique italien à la fois dans la production et dans la compréhension. Il pourrait s'agir, bien évidemment, d'ajustements opérant par un apprentissage statistique progressif, au cours d'une exposition longue à une source stable d'input, comme celle que représente la production maternelle. Toutefois, comme nous l'avons déjà remarqué, ces ajustements ne s'effectuent pas par un alignement des usages enfantins sur les usages globaux de l'environnement langagier, mais ils dépendent de l'interlocuteur et des paramètres de la situation d'énonciation. On peut donc supposer qu'il manifeste également une capacité naissante à utiliser les langues en présence à des fins pragmatiques. Cette alternative que nous venons d'esquisser – apprentissage statistique ou stratégies pragmatiques – sera examinée plus précisément dans le chapitre 7. productions langagières enfant LES PRODUCTIONS LANGAGIÈRES DAN VIR ORDINAIRE DE L'ENFANT : BILAN, CONCLUSIONS ET SPECT La mise en perspective de la production enfantine et la production des adultes a souligné la grande affinité entre les caractéristiques des usages de l'enfant et celles des usages qui lui sont directement adressés. Une telle approche nous permet également de prendre en compte les aspects interactionnels dans le cadre d'analyses quantitatives de l'input. Nous avons souligné deux tendances contrastées : 1/ le discours entre adultes et donc le discours auquel l'enfant est indirectement exposé est principalement formé d'énoncés consttués de mots dialectaux ; 2/ le discours de l'enfant et le discours qu'il reçoit directement se caractérisent par des énoncés formés principalement de mots italiens. La disponibilité de formes italiennes dans l'interaction dyadique entre un adulte et l'enfant favoriserait donc l'emploi et le réemploi de formes issues de cette catégorie. Ainsi, la prévalence de l'italien dans ce type de dyade pourrait s'interpréter en termes d'opportunités de production offertes par ce type d'interaction. La sensibilité de l'enfant à repérer les propriétés statistiques dans l'input (Elman, 1993 ; Saffran, Aslin et Newport, 1996 ; Saffran, 2003 ; Perruchet et Pacton, 2006) se traduirait ici par l'intégration et la réutilisation des formes italiennes, c'est-à-dire la catégorie dont l'usage est rendu le plus disponible par les choix langagiers des interactants, en l'occurrence les parents. Cependant, l'intégration des formes entendues dans le discours directement adressé n'exclut pas la réceptivité de l'enfant à l'é de la production indirecte. En effet, les résultats issus de travaux consacrés à la description de l'environnement langagier précoce dans différentes cultures 281 soulignent l'importance de la production autour de l'enfant, qu'elle soit directement ou indirectement adressée à l'enfant (Ochs, 1983 ; Schieffelin, 1985 ; Schieffelin et Ochs, 1986b ; Ochs, 2002). Même si l'étude des productions au sein de l'environnement quotidien de de l'enfant soulignent l'effet de l'input direct sur ses choix langagier, il est possible que l'examen de ces situations de production routinières occultent d'autres processus d'apprentissage intervenant précocement. En effet, nous avons eu un aperçu de la sensibilité de l'enfant à l'égard de la production dialectale lors de la deuxième période développementale. Pendant cette période marquée par la présence des grands-parents au domicile parental, tous les locuteurs augmentent leur production dialectale et l'enfant ne fait pas exception à cette tendance. Précisons que les grands-parents n'ont pas participé à tous les enregistrements de la deuxième tranche. Ils n'ont été présents que lorsque l'enfant était âgé de 21 et 22 mois. PARTIE 2 – DÉMARCHES EMPIRIQUES : MÉTHODOLOGIE, ANALYSES DES DONNÉES Chapitre 7 : Productions dans un environnement nouveau 7 – PRODUCTIONS DANS UN ENVIRONNEMENT NOUVEAU Dans les chapitres théoriques, nous avons souligné les enjeux pragmatiques liés aux interactions multipartites. Ces enjeux sont particulièrement prégnants dans les sociétés où les adultes n'adressent pas directement la parole à l'enfant. Dans ces sociétés, les enfants, même s'ils ne parlent pas directement aux adultes, participent à des interactions multipartites à partir desquelles ils extraient des indices pragmatiques qu'ils leur fournissent d'importantes informations liées à l'usage approprié des formes de la langue en cours d'acquisition. Plus précisément, à travers les indices pragmatiques, l'enfant déduirait les appariements entre les formes avec leurs fonctions communicatives. La présente partie a pour but l'exploration des capacités pragmatiques de Francesco, telles qu'il les met en oeuvre dans une situation d'interactions multipartites. Ainsi, nous nous demanderons si, dès l'âge de 25 mois, Francesco est capable d'ajuster rapidement ses usages à ceux de locuteurs qu'il n'a pas rencontrés depuis longtemps. C'est la raison pour laquelle nous avons examiné les usages de Francesco en dehors de son entourage ordinaire, dans un environnement qui ne lui est pas complètement étranger, mais avec lequel il n'entre que rarement en contact. Nous avons recueilli un ample échantillon de productions langagières, lors du séjour annuel de la famille de au domicile des grands-parents en Afrique du Sud. Ce corpus est constitué de 15 heures et 50 minutes d'enregistrements, soit 10.383 tours de parole (voir page 177, pour des informations supplémentaires). Rappelons que les grands-parents de Francesco ont immigré en Afrique du Sud dans les années quatre-vingt-dix. Chaque année, la famille de Francesco a l'habitude de passer les vacances de Noël chez les grands-parents maternels. Rappelons également que le grand-père maternel est chirurgien et la grand-mère était enseignante d'italien, aujourd'hui retraitée. La tante de 283 Francesco est la rédactrice de cette thèse et vit en France ; elle aussi se rend une fois par an au domicile des grands-parents maternels en Afrique du Sud129. Le choix de ce lieu d'enregistrement est fondé sur les trois raisons suivantes. Soulignons également que les parents de l'enfant n'entretiennent pas de liens sociaux avec les Sud-africains car ils ne s'y sont jamais installés. − Troisièmement, dans ce nouvel environnement, les interactions multipartites impliquant plusieurs interlocuteurs adultes familiers aboutissent sans doute à l'augmentation de la quantité de dialecte à laquelle Francesco est habituellement exposé, au sein d'interactions dyadiques, typiques de son environnement ordinaire (voir § 6.3.2, page 263). De ce fait, nous nous intéressons plus particulièrement à la production dialectale de l'enfant, en examinant si elle se modifie lors du contact avec l'ensemble des adultes. Ce chapitre s'organise de la façon suivante. Dans une première partie, nous cherchons à décrire précisément la production des adultes qui entourent Francesco dans ce nouvel environnement (§ 7.1.1, page 286). Leur production est d'abord étudiée généralement puis, nous l'observons en contrastant deux types d'interactions : 1/ le cas où les interlocuteurs de ce nouvel environnement s'adressent à un autre adulte et 2/ le cas où ils s'adressent à l'enfant (§ 7.1.2, page 289). Nous nous interrogeons alors sur la production reçue indirectement par l'enfant (lors des échanges adulte-adulte) et sur les usages produits directement à son adresse (lors des échanges adulte-enfant). Dans une seconde partie, les analyses se centrent sur la production générale de l'enfant, puis sur sa production en fonction des adultes auxquels il s'adresse lors des interactions multipartites (§ 7.3, page 297). Nous affinerons ensuite cette analyse en étudiant les usages de Francesco en fonction de sa familiarité avec ses interlocuteurs. Nous opposons ainsi les usages de l'enfant envers les parents, qu'il fréquente quotidi nement, et ceux qu'il adresse aux membres de la famille élargie, qui ne contribuent pas quotidiennement à son environnement langagier : la tante et les grands-parents maternels (§ 7.3.3, page 302). Dans la troisième partie, nous mettrons en relation les proportions de mots issus du dialecte, du continuum, de l'italien observées dans les productions de l'enfant et dans son environnement langagier lors de cette rencontre familiale (§ 7.4, page 309). Une quatrième partie est centrée sur l'analyse qualitative des interactions étudiées (§ 7.6, page 322). Nous chercherons à étudier la façon dont les xhoix de langues se manifestent au sein de l'interaction. 7.1 PRODUCTION DE L'ENTOURAGE DE FRANCESCO DANS UN ENVIRONNEMENT NOUVEAU Dans cette partie, notre attention se porte sur les usages généraux des interlocuteurs qui entourent Francesco en Afrique du Sud. Nous décrivons ces usages d'abord généralement puis selon l'interlocuteur auquel ils s'adressent (un autre adulte ou l'enfant). 7.1.1 Usages généraux des interlocuteurs de l'enfant L'analyse des données a consisté à examiner les usages généraux des locuteurs sur l'ensemble du séjour sud-africain. Mis à part les parents, les grandsparents et la tante de la parenté maternelle ont contribué à l'input de l'enfant, dont les scores de production s'affichent dans le tableau 29. La première colonne présente les cinq locuteurs, ainsi que le nombre de tours de parole produits par chacun d'eux (en italiques). E 2 ANALYSES DES DONNÉES Chapitre 7 : Productions dans un environnement nouveau Locuteur Dialecte Continuum Italien Grand-mère 2156 36.4% (33.5) 35.3% (25.8) 28.2% (33.8) Grand-père 1112 45.7% (33.8) 35.3% (29) 20.5% (30.1) Tante 1318 40.9% (32.8) 38.6% (28.6) 20.5% (31.9) Mère 2456 27.5% (33.8) 34.7% (28.1) 37.7% (38) Père 1229 24.4% (31.8) 40.8% (28.8) 34.8% (35.5) Tableau 29 – Moyenne des pourcentages de mots dialecte, continuum et italien par énoncé, en fonction des adultes, pour l'ensemble du séjour ; nombre d'énoncés au total en italiques ; déviations standard entre parenthèses L'ordre des trois catégories pour la grand-mère, le grand-père et la tante est : 1/ dialecte 2/ continuum 3/ italien. Pour chacun de ces trois interlocuteurs, les scores des trois catégories peuvent être considérés comme différents (test de Friedman, pour la grand-mère : chi2 = 190.6, p < 0.0001 ; pour le grandpère : chi2 = 260.9, p < 0.0001 ; pour la tante : chi2 = 321.4, p < 0.0001). La production des parents manifeste un ordre différent des usages. L'ordre des usages maternels est : 1/ italien 2/ continuum 3/ dialecte (test de Friedman : chi2 = 63.9, p < 0.0001), alors que celui des usages paternels est : 1/ continuum 2/ italien 3/ dialecte (test de Friedman : chi2 = 120.9, p < 0.0001). Les taux correspondants à la catégorie italien sont significativement moins importants que les pourcentages dialectaux dans la production de la grandmère (test de Wilcoxon : z = -4.8, p < 0.0001), du grand-père (z = -10, p < 0.0001) et de la tante ( = -9.2, p < 0.0001). En revanche, les taux italiens sont significativement plus importants que ceux du dialecte dans les productions de la mère (z = -8.2, p < 0.0001) et du père (z = -5.7, p < 0.0001). En revanche, les usages du continuum se manifestent différemment par rapport aux trois autres interlocuteurs. Pour la mère, les taux continuum sont plus élevés par rapport à la catégorie dialecte (test de Wilcoxon : z = -2.5, p < 0.01), mais ils sont moins importants que la catégorie italien (test de Wilcoxon : z = -19.4, p < 0.0001). En revanche pour le père, les taux du continuum sont significativement plus importants que les taux de l'italien (test de Wilcoxon : z = -3.6, p = 0.0003) et du dialecte (z = -11.7, p < 0.0001). La production dialectale varie en moyenne entre 24.4% produit par le père et 45.7% réalisé par le grand-père. Globalement, l'ensemble des usages dialectaux fluctue significativement entre les locuteurs (Kruskal-Wallis : H = 270.3, p < 0.0001). Les scores moyens individuels de mots italiens se rapprochent de la gamme des usages dialectaux : ils s'échelonnent entre 20.5% pour le grandpère et 37.7% pour la mère. Comme pour les usages dialectaux, les scores calculés pour la catégorie italien varient significativement entre les locuteurs (Kruskal-Wallis : H = 214.7, p < 0.0001). Enfin, les taux du continuum s'étendent sur une fourchette plus réduite par rapport aux autres usages. Ils s'échelonnent entre 35.3% pour les grands-parents et 40.8% pour le père. Bien que l'étendue de cet usage soit restreinte, il varie significativement entre les cinq interlocuteurs (Kruskal-Wallis : H = 51.6, p < 0.0001). À ce stade de l'analyse, on constate que les locuteurs peuvent être répartis en deux groupes en fonction des taux d'usage dans la catégorie du dialecte. D'un côté, peuvent être regroupés les locuteurs dont les scores dialectaux sont parmi les plus élevés, soit les grands-parents maternels et la tante, dont les pourcentages moyens sont compris entre 36% et 46%. D'un autre côté, on trouve les locuteurs dont les taux de dialecte sont plus limités – soit la mère et le père de l'enfant, dont la production est toujours inférieure à 28%. Un regroupement similaire pourrait évidemment être fait sur la base des taux de l'italien. Les parents produisent une quantité d'italien plus importante (34.8% pour le père et 37.7% réalisé pour la mère) que celle des grands-parents et de la tante, dont les taux de cette langue sont toujours inférieurs à 29%. Bien que les scores du continuum se distinguent de façon statistiquement significative, il y a moins d'écarts entre les locuteurs. 7.1.2 Production entre adultes versus production des adultes vers Francesco Dans cette partie, nous tentons de mieux appréhender la manière dont les cinq interlocuteurs mobilisent leur répertoire verbal selon qu'ils s'adressent à un autre adulte ou à Francesco. Le but est de comparer les usages auxquels l'enfant est directement exposé à ceux auxquels il est indirectement exposé. Les scores des cinq locuteurs adultes – dont les statuts familiaux figurent dans la première colonne – sont listés dans le tableau 30. Pour chaque colonne dialecte, continuum et italien, nous avons spécifié le contexte communicatif, à savoir si le locuteur adulte s'adresse à un autre adulte – désignée'vers adultes' – ou bien s'il s'adresse à l'enfant, à savoir Francesco. Dialecte Grand-père Tante Mère Père Italien Vers adultes Vers Francesco Vers adultes Vers Francesco Vers adultes Vers Francesco 53.9% (29.3) 4.8% (15) 35.8% (25) 34.4% (27.2) 12% (21.8) 60.8% (29.9) 846 711 846 711 846 711 49.9% (31.9) 20.5% (34.9) 35.8% (27.5) 32.9% (34.6) 14.2% (26.1) 46.6% (39.2) 435 163 435 163 435 163 50% (30) 1.9% (11.4) 40.4% (28.1) 30.9% (29.3) 9.4% (20.1) 67.2% (30.3) 540 193 540 193 540 193 54.3% (30) 1.9% (10.2) 36.3% (26.5) 33.2% (29.4) 9.8% (21.2) 65% (30.3) 653 980 653 980 653 980 44.9% (32) 2.3% (12.4) 40.4% (27.2) 41.2% (30.3) 13.1% (24.3) 56.3% (31.5) 297 484 297 484 297 484 Locuteur Grand-mère Continuum Tableau 30 – Moyenne des pourcentages de mots dialecte, continuum, et italien par énoncé produit par les cinq adultes vers un autre adulte et vers l'enfant ; déviation standard entre parenthèses, nombre d'énoncés en italiques D'abord, nous analysons les modifications d'usages lorsque les cinq interlocuteurs s'adressent à l'enfant ou aux autres adultes. Dans ce but, nous avons construit le tableau 31, où s'affichent, pour chacun des interlocuteurs et pour chacune des trois catégories – dialecte, continuum, italien – les 289 différences arithmétiques entre les scores correspondants aux usages adressés à l'enfant et ceux qui correspondent aux usages adressés à un autre adulte, ainsi que les tests de Mann-Whitney déterminant si ces différences entre ces scores sont statistiquement significatives. Par exemple, selon le test de MannWhitney, les usages dialectaux de la grand-mère se différencient significativement selon que le destinataire est un adulte ou un enfant (U = 58441.5, p < 0.0001). Chapitre 7 : Productions dans un environnement nouveau Les colonnes italien dans le tableau 30 et le tableau 31 affichent une tendance inverse : l'ensemble des locuteurs augmente significativement leur usage de l'italien lorsqu'ils s'adressent à Francesco. On constate à nouveau la place particulière du grand-père, qui manifeste une augmentation moins importante des scores italiens par rapport aux autres interlocuteurs, dont l'augmentation est systématiquement supérieure à 42%. L'observation des scores correspondant au continuum nous conduit à formuler les deux remarques suivantes. − Premièrement, les usages continuum se situent, à nouveau, dans une fourchette plus réduite par rapport aux taux observés dans les deux autres catégories. On voit, dans le tableau 30, qu'ils varient entre 30.9% (la tante vers Francesco) et 41.2% (le père vers Francesco), alors que les taux du dialecte et de l'italien sont nettement moins restreints. Les productions dialectales varient entre 1.9% (la tante et la mère vers Francesco) et 54.3% (la mère vers les adultes) et les taux italien s'étalent entre 9.4% (la tante vers un adulte) et 67.2% (la tante vers Francesco). − Deuxièmement, l'analyse des différences entre les taux de production du continuum vers les adultes et vers Francesco dans le tableau 31 permet de constater que 1/ même si la plupart des scores changent significativement en fonction de l'interlocuteur, les différences repérées sont systématiquement plus réduites (de 0.3% à 10%, en valeur absolue) et 2/ pour deux des locuteurs adultes (le père et la grand-mère), les taux d'usage de continuum ne changent pas selon qu'ils s'adressent à l'enfant ou aux autres adultes. La présence de l'enfant provo donc des changements dans les usages des adultes. Ces derniers, lorsqu'ils s'adressent à Francesco, accentuent leur utilisation de l'italien et diminuent celle du dialecte, qui est la langue habituelle des interactions entre adultes. Différents indices suggèrent que la catégorie continuum marquerait, pour sa part, un espace langagier qui présente deux caractéristiques. Premièrement, le continuum manifesterait, comme on l'a vu également dans les productions dans l'environnement quotidien de l'enfant (évoqué dans la discussion 5.5, page 248), une certaine neutralité du fait qu'il est peu mobilisé dans les adaptations pragmatiques en fonction de l'interlocuteur. Deuxièmement, la catégorie continuum serait un espace 291 commun partagé par des interlocuteurs qui se positionnent différemment dans l'alternative italien versus dialecte. 7.1.3 Point de vue synoptique sur les choix langagiers dans l'environnement nouveau de Francesco La description de l'environnement langagier auquel l'enfant a été exposé lors de son séjour en Afrique du Sud a permis de dégager les pratiques langagières des différents interlocuteurs de l'enfant. − Premièrement, la description des productions des adultes met en évidence deux groupes d'interlocuteurs. D'une part, les parents réalisent généralement davantage d'Italien que de dialecte et, d'autre part, les grands-parents et la tante produisent, globalement, plus de dialecte que d'italien. Soulignons, par ailleurs, que cette répartition entre deux groupes d'interlocuteurs coïncide avec le niveau de fréquentation de ces adultes avec l'enfant. En effet, les parents contribuent régulièrement à l'input de l'enfant, alors que les grandsparents et la tante n'y contribuent qu'occasionnellement. − Deuxièmement, nous avons constaté que les adultes réduisent leur production dialectale en direction de l'enfant, alors qu'ils augmentent la prodution de l'italien. En outre, l'observation de ces hausses et de ces baisses nous a permis en outre de dégager le statut particulier du grand-père. En effet, lorsque ce dernier s'adresse à Francesco, il est le locuteur qui baisse le moins sa production dialectale et augmente le moins sa production italienne. − Troisièmement, la catégorie linguistique du continuum se distingue des catégories dialecte et italien par deux caractéristiques : 1/ les taux d'usages dans cette catégorie varient moins d'un locuteur à un autre, 2/ la catégorie du continuum est moins mobilisée par les adultes pour modifier leur façon de parler selon qu'ils s'adressent à un autre adulte ou à l'enfant. Au-delà de ces variations inter-individuelles, résultats obtenus à l'issue de cet examen montrent que les comportements langagiers se rapprochent globalement de ceux qui ont été relevés dans l'environnement ordinaire de Vénétie. Ainsi, les interactions entre adultes sont caractérisées par un usage dialectal important, alors que l'italien est la langue la plus employée dans une Chapitre 7 : Productions dans un environnement nouveau interaction impliquant l'enfant comme interlocuteur. Les modulations individuelles qui atténuent cette tendance générale seront exploitées dans la suite de nos analyses. Remarquons que les valeurs des taux d'usage du continuum se situent, pour la plupart des cas, entre les valeurs correspondant aux taux d'italien et aux taux du dialecte, à la fois dans les usages généraux (voir § 7.1.1) et dans la production des adultes en fonction de l'interlocuteur (voir § 7.1.2). La position moyenne du continuum, entre le dialecte et l'italien, semble donc commune aux usages adulte-adulte et aux usages adulte-enfant. Nous allons opposer maintenant plus précisément les usages des deux groupes d'interlocuteurs dont la répartition a été effectuée à partir de variations dans la production dialectale. 7.2 USAGES ADRESSÉS À FRANCESCO PAR DEUX GROUPES D'INTERLOCUTEURS : LES PARENTS VERSUS LES GRANDS-PARENTS ET LA TANTE Dans cette section, notre analyse s'articule en deux temps. Dans un premier temps, nous explorons les usages généraux des grands-parents et de la tante ainsi que ceux des parents lors des échanges avec l'enfant. Dans un deuxième temps, nous précisons notre examen, en suivant au jour le jour les usages de ces deux groupes d'interlocuteurs, tout au long des onze jours de la rencontre familiale en Afrique du Sud. Les usages généraux des deux groupes d'interlocuteurs lorsqu'ils s'adressent à Francesco sont présentés dans le tableau 32. 293 Groupes de locuteurs Dialecte Continuum Italien Grand-mère, grand-père et tante 1067 6.7% (19.9) 33.5% (28.9) 59.8% (32.1) Parents 2.1% (11.1) 35.8% (29.9) 62% (31) 1465 Tableau 32 – Moyenne des pourcentages de mots dialect e, continuum et italien par énoncé produit par les 2 groupes d'interlocuteurs vers Francesco ; déviations standard entre parenthèses On constate à nouveau que la répartition des usages des deux groupes est la même que celle que l'on rencontre habituellement lorsque généralement les adultes s'adressent à l'enfant. L'italien est prioritaire, vient ensuite le continuum et en dernier le dialecte. Pour chacun des deux groupes, le test de Friedman indique que les taux correspondant à chacune des trois catégories sont significativement différents entre eux (test de Friedman, pour le groupe « grand-mère, grand-père et tante » : chi2 = 1005, p < 0.0001 et pour le groupe « parents » : chi2 = 1761, p < 0.0001). Si on compare maintenant les taux de production de la grand-mère, du grand-père et de la tante versus ceux des parents, on s'aperçoit que le continuum et l'italien sont reçus par Francesco dans des proportions similaires (le test de Mann-Whitney n'est que tendanciel pour l'italien : U = 750584.5, p = 0.08, et pour le continuum : U = 752013.5, p = 0.1). Du point de vue de la réception de l'enfant, la proportion de ces deux catégories dans l'input varie donc peu en fonction du groupe d'interlocuteurs. En revanche, en ce qui concerne le dialecte, les deux groupes d'interlocuteurs manifestent des utilisations de cette langue différentes (U = 700860.5, p < 0.0001). Conformément à ce que nous avons constaté lors de l'analyse globale des usages des s présents dans l'environnement langagier en Afrique du Sud (voir § 7.1, page 286), la production dialectale de la grand-mère, du grand-père et de la tante est globalement trois fois plus importante (6.7%) que celle des deux parents (2.1), lorsque ces interlocuteurs s'adressent à Francesco. Nous allons maintenant préciser l'examen de la composition des énoncés que les adultes adressent à l'enfant pendant les jours où se sont effectués les enregistrements. Les jours figurant dans la première ligne du tableau 33 sont ordonnés selon la succession chronologique des enregistrements effectués lors 294 PARTIE 2 – DÉMARCHES EMPIRIQUES : MÉTHODOLOGIE, ANALYSES DES DONNÉES Chapitre 7 : Productions dans un environnement nouveau du séjour. Comme on peut le constater, nous ne disposons pas d'enregistrements pour chacun des onze jours du séjour. D'une part, certains enregistrements ont été écartés en raison de fortes différences proxémiques130 avec les autres situations d'interactions analysées et, d'autre part, en tenant compte de la disponibilité des participants aux interactions, nous avons essayé d'effectuer les enregistrements à des points « stratégiques » du séjour : au début (Jour 1), au milieu (Jour 5 et Jour 6) et à la fin du séjour (Jour 10 et Jour 11). Le tableau 33 trace les évolutions dans les productions des adultes, en opposant les réalisations des grands-parents maternels et la tante à celles des parents. Usage Locuteurs Dialecte Grand-mère, grand-père et tante Parents Continuum Grand-mère, grand-père et tante Parents Italien Grand-mère, grand-père et tante Parents Jour 1 Jour 5 Jour 6 Jour 10 Jour 11 2.8% (11.4) 5.8% (17.1) 6.5% (20.7) 9.1% (25.1) 10% (23.6) 268 228 144 199 228 0.6% (4.1) 2.1% (9.3) 3.5% (15.5) 1.4% (9.1) 2.8% (12.8) 277 275 329 307 277 34.3% (28.4) 30% (28.4) 33.2% (28.7) 33.3% (28.3) 36.6% (30.2) 268 228 144 199 228 34.2% (28.6) 34.7% (27) 35.8% (29.8) 38.4% (32.5) 35.8% (31.2) 277 275 329 307 277 62.9% (29.9) 64.2% (32.3) 60.2% (32.4) 57.5% (32.2) 53.3% (33.2) 268 228 144 199 228 65.3% (29) 63.2% (27.7) 60.6% (31.5) 60.2% (32.8) 61.3% (33) 277 275 329 307 277 Tableau 33 – Moyenne des pourcentages de mots dialecte, continuum et italien par énoncé adressé à Francesco par les 2 groupes d'interlocuteurs ; déviations standard entre parenthèses, nombre total d'énoncés en italiques Pour comparer les usages des deux groupes d'interlocuteurs lorsqu'ils s'adressent à l'enfant, nous avons effectué des tests de Mann-Whitney, dont les résultats sont reportés dans le tableau 34 qui doivent se lire parallèlement au Nous nous référons ici à la sortie à la réserve des animaux. Nous avons écarté cette interaction puisque la proxémique divergeait des autres interactions : les interlocuteurs se trouvaient dans une voiture. En outre, la grand-mère n'a pas participé à cette interaction (voir chapitre consacré à la méthodologie, page 171). 33. Ces tests estiment si – pour chacune des trois catégories codiques – la production des parents diffèrent de celle du deuxième groupe d'interlocuteurs (la grand-mère, le grand-père et la tante).
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